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et interactions fondamentales
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Figure 1 – Parité
1.3 Modèle des quarks
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D’après ce qui précède, nous pouvons conclure que si C et P les interactions. Ce nombre quantique leptonique est caractéris-
sont des symétries exactes des interactions fortes et électromagné- tique de chaque famille de leptons.
tiques, T l’est également. En revanche, si le produit CP est violé En fait, les leptons sont les particules qui interagissent par inter-
dans l’interaction faible, T l’est également, et de la même quantité. action électrofaible et certaines, bien que de masse relativement éle-
Le théorème CPT a pour conséquence l’égalité des masses et vée, restent rangées dans les leptons. On connaît actuellement trois
des durées de vie d’une particule et de son antiparticule. familles de leptons, ce nombre ayant été mesuré au Centre Européen
de Recherche Nucléaire (CERN) en étudiant la désintégration du
boson Z 0 (§ 3.2).
1.3.2 Nombres quantiques Les trois leptons, chargés négativement, portent le nombre
quantique leptonique + 1 et à chacun d’eux est associé un neu-
1.3.2.1 Charge électrique trino, particule légère et sans charge, de nombre quantique lepto-
nique lui aussi égal à + 1.
La charge électrique d’un système physique est une grandeur
mesurable à l’échelle macroscopique. Cette grandeur se retrouve à Le tableau des leptons, de nombre quantique leptonique + 1,
l’échelon microscopique, portée par les particules qui composent peut se présenter comme suit : (0)
le système physique. Ainsi, l’électron a une charge négative de
– 1,6 × 10 –19 C et le proton une charge positive de + 1,6 × 10 –19 C.
Par convention, on attribue à la charge de l’électron le nombre
charge électrique –1 e µ τ
quantique de charge – 1. Ainsi, pour le proton, ce nombre quantique charge électrique 0 νe νµ ντ
vaut + 1, et est nul pour une particule neutre.
Ce nombre quantique est un nombre quantique additif, conservé
Comme pour les baryons, à chaque lepton est associé un anti-
dans toutes les interactions. Il explique la stabilité de l’électron qui,
lepton de nombre quantique leptonique – 1, de charge positive pour
particule la plus légère de toutes, ne peut se désintégrer en un sys-
les trois leptons chargés et de charge nulle pour les trois neutrinos.
tème moins lourd qu’elle. Cette conservation traduit en fait la conser-
vation de la charge électrique dans l’Univers qui est, et reste,
globalement neutre. 1.3.2.5 Étrangeté
Ce nombre quantique, né de l’observation expérimentale de la
1.3.2.2 Charge baryonique création ou de la disparition de certaines particules, a été introduit
par M. Gell-Mann dans les années cinquante. Pour expliquer le para-
Lorsque l’on regarde les particules lourdes, constituants de l’Uni-
doxe de la production associée du méson K et du baryon Λ dans
vers, on constate que le neutron, à l’état libre, se désintègre avec
l’interaction pion-proton (π – + p → K 0 + Λ 0) et une durée de vie
une vie moyenne de 15 minutes environ en un proton, un électron
longue laissant supposer une désintégration par interaction faible
et un antineutrino :
du méson K 0 en une paire π + π –, M. Gell-Mann introduit une qua-
–
n → p + e + νe trième charge appelée étrangeté.
Cette charge, caractérisée par le nombre quantique d’étrangeté,
En revanche, le proton reste stable avec une durée de vie
33 est conservée dans les interactions fortes et électromagnétiques et
τ p 10 ans , laissant supposer que sa désintégration violerait la n’est pas conservée par l’interaction faible.
conservation d’un nombre quantique spécifique.
Par convention, on attribue un nombre quantique baryonique ou 1.3.2.6 Isospin
charge baryonique + 1 au proton et, grâce à lui, on peut déterminer L’indépendance de charge des forces nucléaires (interaction
le nombre quantique baryonique de toutes les particules. p – p = interaction p – n = interaction n – n ) a conduit à considérer
Ainsi, comme le proton, le neutron possède un nombre quantique proton et neutron comme deux états différents d’une même parti-
baryonique égal à + 1, les leptons et les mésons des nombres quan- cule, le nucléon. Pour les différencier, on utilise un formalisme iden-
tiques baryoniques égaux à 0. tique à celui du spin. Ainsi, en attribuant un nombre quantique
1
d’isospin I = ---- au nucléon, nous avons deux possibilités pour la
1.3.2.3 Antibaryon 2
Comme vu précédemment (§ 1.3.1.1.2), l’équation de Dirac, asso- 1
projection I 3 de ce nombre quantique, à savoir I 3 = + ---- et
ciant à toute particule une antiparticule, est encore vraie pour les 2
baryons. Ainsi, symétriquement au proton et au neutron, il existe 1
un antiproton et un antineutron ayant pour nombre quantique I 3 = – ---- .
2
baryonique (– 1). La règle de conservation du nombre quantique 1 1
baryonique explique pourquoi la réaction de création d’antiprotons On choisit I 3 = + ---- pour le proton et I 3 = – ---- pour le neutron.
2 2
dans une collision proton-proton nécessite des protons de 5,6 GeV,
la réaction fondamentale s’écrivant : 1.3.2.7 Résonance
p+p→p+p+p+p Dans les années soixante, la mise en fonctionnement de nouveaux
accélérateurs d’énergie supérieure à 1 GeV, les progrès sur les détec-
nombre quantique baryonique 1 + 1 = 1 + 1 + 1 – 1
teurs de particules et les possibilités d’analyses plus fines ont permis
Comme le montre l’écriture de la réaction, le proton incident doit, de mettre en évidence de nouvelles particules : les résonances.
dans le système du centre de masse de la réaction, apporter une Ces dernières sont des états instables dont la durée de vie est de
énergie égale à la somme des masses de la paire proton-antiproton l’ordre de 10 –23 à 10 –24 s. Indétectables directement car leurs par-
créée, soit 2 m p c 2, ce qui correspond, dans le système du labora- cours sont trop faibles, c’est par la reconnaissance de leurs produits
toire, aux 5,6 GeV précédemment cités. de désintégration qu’elles sont repérées et que toutes leurs carac-
téristiques sont mesurées. Cependant, il convient de noter que la
relation d’incertitude d’Heisenberg ∆E∆ τ ≈ , conduit à une incer-
1.3.2.4 Nombre quantique leptonique titude sur la valeur de la masse d’environ 100 MeV/c 2.
Comme pour les baryons, les particules légères, ou leptons, sont
caractérisées par un nombre quantique leptonique, conservé dans
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1.3.2.8 Hypercharge
On introduit un nombre quantique supplémentaire, appelé hyper-
charge Y et valant la somme des nombres quantiques baryoniques
B et d’étrangeté S :
Y=B+S
Ce nombre quantique est lié à la charge électrique q et à la
Y
projection du spin isotopique I 3 par la relation : q = I 3 + ---- .
2
2
3 1
3
1
u + --- e , d – --- e et s – --- e (figure 7) et, conformément à la
3
théorie de Dirac, chacune d’elles est doublée par son antiparticule,
de même caractéristique quantique et de charge opposée.
Ainsi les hadrons apparaissent comme des combinaisons de
quarks et d’antiquarks.
Les baryons sont des systèmes de trois quarks, symboliquement
|qqq > et les mésons des systèmes quark-antiquark, symboli-
quement q q > .
Exemple : le proton est un état |uud >, le neutron un état |udd >.
Le méson π + est un état ud > , le méson π – un état u d > , le
méson π 0 un état uu + dd > . Figure 6 – Multiplets des baryons
■ Remarque
Le succès du modèle des quarks a été conforté par ses possibilités le Ω – de masse 1 672 MeV/c 2 et d’étrangeté – 3 (état |sss >) a été
3+ prédit avec ses caractéristiques quantiques avant d’être découvert
prédictives. Ainsi, dans le doublet des baryons de spin-parité --- , en 1964.
2
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Parmi tous les états pouvant être construits avec les quarks c et
b, deux ont des caractéristiques remarquables. Ce sont le charmo- 1.7 Familles
nium, état lié cc > et le bottonium, état lié bb > .
Le fait essentiel réside dans la grande masse de ces quarks qui 1.7.1 Leptons
permet d’utiliser une approximation non relativiste et donc de faire
des calculs à l’aide de l’équation de Schrödinger. Ainsi, tous les états Nous avons vu précédemment (§ 1.3.2.4) que l’on décompte
sont repérables par les nombres quantiques traditionnels (principal actuellement trois leptons (e, µ, τ ) auxquels on associe trois neu-
n, orbital ) et la notation spectroscopique est utilisable. On retrouve trinos (νe , ν µ , ν τ ). Chacun des couples (e, νe ), (µ, ν µ ), (τ, ν τ )
pour n = 1, = 1 l’état 1P, n = 2, = 0 l’état 2S, etc. constitue une famille que l’on représente schématiquement de la
Les niveaux d’énergie ont permis de déterminer les caractéris- manière suivante :
e µ τ
tiques du potentiel d’interaction unique pour les états cc > et bb > .
Ces états, comme les états excités atomiques, se désintègrent radia-
νe
,
νµ
,
ντ
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1.7.2 Quarks
On connaissait cinq quarks (§ 1.5), ce qui permettait de construire
toutes les particules connues. En 1994, un sixième quark, le quark
top ou toponium t, a été mis en évidence et cette découverte a été
confirmée en 1995. Sa grande masse comprise entre 175 et
200 GeV/c 2, nécessitant des expériences dites de hautes énergies,
explique sa découverte tardive. Les six quarks se regroupent, comme
les leptons, en trois familles que l’on représente en doublets :
u c t
d , s , b Figure 10 – États du charmonium
----
2
–1 105,65 (2,191 03 ± 0,000 04) 10–6
1
νµ ----
2
0 < 0,77
1 0
τ ----
2
–1 1 777,1 (295,6 ± 3,1) 10–15 µ – ν µ ντ , e – ν e ντ , π – π ντ
1
ντ ----
2
0 < 31
Fermions
Masse
Particules Spin Charge Étrangeté Charme Beauté Top I I3
(MeV/c 2)
1 2 1 1
u ---- + ---- 2<M<8 0 0 0 0 ---- ----
2 3 2 2
1 1 1 1
d ---- – ---- 5 < M < 15 0 0 0 0 ---- – ----
2 3 2 2
1 1
Quarks
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2. Interactions fondamentales Pour les différentes interactions, les valeurs de la portée sont :
— interactions de gravitation et électromagnétique : r 0 → ∞ ;
— interaction forte : r 0 ≈ 1 fm = 10 –13 cm ;
2.1 Les quatre interactions fondamentales — interaction faible (depuis la découverte du boson W et du
boson Z ) : r 0 < 10 –16 cm.
Dans la nature, toute interaction entre deux particules peut être ■ Remarque
ramenée à une des quatre interactions suivantes.
Un point important, qui représente une des principales préoccu-
■ Interaction de gravitation pations des physiciens des particules élémentaires, est de savoir si,
Connue depuis très longtemps, elle est responsable du mouve- partant de ces différences fondamentales, 10 –39 < C < 15 et la por-
ment des planètes et, plus proche de nous, de la pesanteur. Elle se tée variant de 10 –16 cm à l’infini, il est possible d’unifier ces quatre
manifeste chaque fois que des masses sont en jeu. interactions.
■ Interaction faible
Elle se manifeste lors de la désintégration β des noyaux et
souvent lors de la désintégration de particules.
2.3 Formalisme : théorie quantique
relativiste
■ Interaction électromagnétique
C’est elle qui assure l’existence des atomes en liant les électrons,
chargés négativement, au noyau, chargé positivement. Elle se Le monde de l’atome, du noyau et des particules n’obéit pas aux
manifeste chaque fois que des charges électriques sont en jeu. lois de la mécanique classique mais à celles d’une nouvelle méca-
nique, quantique et relativiste. Cette théorie permet d’expliquer la
■ Interaction forte création et l’annihilation des particules selon la règle de conservation
Elle est responsable de la cohésion nucléaire et lie les protons et globale matière-énergie d’Einstein. La théorie quantique a de plus
les neutrons dans les noyaux. Elle est la manifestation d’une force la vertu d’expliquer comment une force peut s’exercer à distance
plus forte qui lie les quarks entre eux dans les hadrons. entre deux objets. Selon elle, le champ de forces entre deux parti-
cules en interaction est matérialisé par un quantum d’énergie.
Dans le cas de la force électromagnétique, c’est le photon qui
2.2 Propriétés élémentaires quantifie le champ. Il est bien connu des physiciens car présent dans
tous les phénomènes lumineux, rayonnements X et γ , ondes
des quatre interactions fondamentales hertziennes, ainsi que dans les interactions entre particules chargées
(figure 12 et § 2.6).
Ces quatre interactions ont des propriétés très différentes que
Pour la force de gravitation, on parle de graviton encore difficile
l’on peut caractériser, en premier lieu, par leur intensité comparée,
aujourd’hui à intégrer complètement dans les théories quantiques.
encore appelée constante d’interaction.
Pour l’interaction nucléaire, la force fondamentale s’exerce entre
les quarks composant les hadrons, les quanta du champ fort étant
2.2.1 Intensité ou constante d’interaction appelés gluons.
Enfin, l’interaction faible a livré ces dernières années (1983) son
C’est un nombre sans dimension attaché à la force de l’interaction. secret. Elle est véhiculée par un boson dit boson intermédiaire,
L’échelle des grandeurs des constantes de couplage, entre la gra- existant sous les trois états chargés : W +, W –, Z 0 (figure 13).
vitation et l’interaction forte, s’établit comme suit :
2
Gm p
C g = --------------
,c
≈ 6 × 10 – 39
Cf = GF mp
2
≈ 10 – 5
e2 1
C e = ------- = ---------- (constante de structure fine)
,c 137
Figure 12 – Interaction entre deux électrons par échange
2 d’un photon virtuel
C F = -------- = 15
4π
avec constante du potentiel de Yukawa.
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Le tableau 3 résume les forces fondamentales, les quanta de Ainsi ϕ ( x ) , annihile une particule ou crée une antiparticule,
champ qui en sont les vecteurs et les particules qui leur sont +
ϕ ( x ) , son conjugué hermitique, crée une particule ou
sensibles. (0) annihile une antiparticule.
ϕ (r , t ) = ϕ (x)
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2.7.2 Jauge
■ Les électrons
2.7.1 Électrodynamique classique Les électrons sont décrits par un champ complexe obéissant à
l’équation de Dirac [4] [5] [6]. Ce champ, à quatre composantes
■ Équations de Maxwell indépendantes ψ, correspond aux deux états possibles de spin
Les composantes du champ électrique E et du champ magné- pour la particule e –, l’électron, et son antiparticule, e +, le positron.
tique B doivent vérifier les quatre équations suivantes :
■ Les photons
Ils sont décrits par un champ quantique A, qui est en fait le quadri-
ρ potentiel A µ.
div E = ----
ε
-
0
∂B 2.7.5 Interaction électron-photon
rot E = – ---------
∂t
Comme déjà vu (§ 2.6), les termes d’interaction sont représentés
avec ρ ( r , t ) densité volumique de charge, par un hamiltonien d’interaction lié aux graphes représentés
figure 15.
div B = 0 L’hamiltonien d’interaction s’écrit :
∂E
rot B = µ j + ε µ --------
- µ
0 0 0
∂t H int = e
2 4
d x [ j (x ) Aµ (x )]
avec j ( r , t ) densité de courant. µ µ
avec j = ψγ ψ courant électromagnétique,
■ Conservation locale de la charge ψ champ conjugué de ψ,
dρ
La relation div j + ------- = 0 impose la conservation de la charge.
dt
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2.8.1 Existence
H int = G F d 4 x [ V eµ – A eµ ] [ V µµ – A µµ ]
+
L’existence de l’interaction faible date de la découverte de la
radioactivité β – des noyaux qui n’est autre que la manifestation de Cet hamiltonien est à la base d’une théorie de l’interaction faible
la désintégration du neutron suivant le schéma : n → p + e – + ν e . appelée théorie V – A :
À l’instar du neutron, beaucoup de particules se désintègrent par • V comme vecteur : les parties des courants V eµ et V µµ se trans-
interaction faible. forment dans une inversion d’espace comme un vecteur ;
Exemple : • A comme axial : les parties des courants A eµ et A µµ se trans-
forment dans une inversion d’espace comme un vecteur axial.
— muon µ – → e – + ν e + ν µ
— méson π – → µ – + ν µ Lorsque l’on fait les produits des courants, il apparaît des pro-
duits VA ou AV qui violent la symétrie d’espace et conduisent à la
— méson K 0 → π + + π –
non-conservation de la parité de l’interaction faible (§ 1.3.1.1.1).
De plus, ces courants sont des courants chargés car ils contiennent
2.8.2 Théorie de l’interaction faible : dans leur produit des termes chargés et non chargés (par exemple
modèle de Fermi ψ e et ψ νe pour V eµ ), ce qui signifie que l’on passe d’une particule
chargée à une particule non chargée.
Considérons la réaction de désintégration du muon, à savoir :
■ Généralisation de la théorie V – A
µ– → e– + ν e + νµ L’hamiltonien d’interaction peut s’écrire comme le produit de deux
courants, soit :
On peut, de manière la plus simple possible, supposer l’inter-
action ponctuelle et représenter cette désintégration (figure 17). H int = G F d 4 x [ J µ ( x ) J +µ ( x ) ]
En accord avec ce qui a été dit précédemment (§ 2.6), ce graphe
conduit à un hamiltonien d’interaction qui contient :
–
— l’annihilation du muon µ → ψ µ
— la création du neutrino ν µ → ψ νµ 2.9 Unification des interactions
— la création de l’électron e → ψ e
– électromagnétiques et faibles
— la création de l’antineutrino ν e → ψ νe
La théorie courant-courant, développée ci-avant (§ 2.8.2), ne satis-
La forme générale de l’hamiltonien d’interaction s’écrit :
fait pas à deux données essentielles de la théorie des champs :
H int = G F 4
d x [ ψ e ( x ) O ψ νe ] [ ψ ν µ ( x ) O ′ ψµ ( x ) ]
— la portée de l’interaction faible est prise strictement nulle ;
— le principe, que toute interaction est véhiculée par un quantum
de champ, n’est pas respecté.
En fait, O et O ’ sont des combinaisons de matrices de Dirac
introduites dans l’interaction électromagnétique. À partir des résul-
tats expérimentaux, en tenant compte que la création d’un ν e est 2.9.1 Hypothèse
équivalente à l’annihilation d’un νe :
Par similitude au photon qui transporte l’interaction électroma-
H int = G F d 4 x [ ψ e ( x ) γ µ ( 1 – γ 5 ) ψ νe ( x ) ] [ ψ µ ( x ) γ µ ( 1 – γ 5 ) ψ νµ ] +
gnétique, il existe un boson qui transporte l’interaction faible.
Par exemple, pour la désintégration du muon µ – → e – + ν e + ν µ ,
le boson permet de passer du muon µ – à l’électron e – (figure 13).
À la différence du photon qui est neutre, ce boson W transporte
une charge + ou – suivant l’interaction envisagée.
En poussant l’analogie avec l’interaction électromagnétique,
l’hamiltonien d’interaction s’écrit comme le produit du courant faible
par le champ W.
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ϕ ( x ) → ϕ ′ ( x ) = exp i q α ϕ ( x )
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Ce modèle contient un paramètre (l’angle de Weinberg θ w ) qui peut être étudié. De plus, elle ne rend compte du phénomène qu’à
lie les constantes de couplage au courant d’isospin faible et que haute énergie où les quarks peuvent être considérés comme libres
l’on mesure dans les expériences avec courants neutres : à l’intérieur des hadrons.
Néanmoins, la CDQ représente actuellement le meilleur guide
sin 2 θ w = 0,229 ± 0,010
théorique de l’interaction forte susceptible de développements pré-
Les masses des mésons W et Z 0 sont alors fixées et sont : dictifs intéressants dans les années à venir.
Les caractéristiques des bosons de jauge sont présentées dans le
M w2 tableau 4.
M Z2 = -----------------------
cos 2 θ w
πα 1 2.12 Conclusion
avec M w2 = ------------------------------------------ et α = ----------
2 G F sin 2 θ w 137
Les valeurs théoriques ainsi obtenues sont : Avec ce qui précède, on peut schématiser l’image de la matière,
par exemple l’atome de deutérium (figure 20).
Mw = 77,8 GeV/c 2
MZ = 88,6 GeV/c 2
Ces valeurs montrent la validité du modèle théorique lorsqu’on
les compare aux valeurs expérimentales :
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3. Point de vue expérimental : Lorsqu’il est produit, le boson Z 0 se désintègre très rapidement,
soit en paires de leptons (Z 0 → e + e –, µ + µ – ou τ + τ –), soit en pai-
nécessité de l’énergie res de quarks-antiquarks ( Z 0 → uu , dd , s s , c c , bb ). Dans ce
dernier cas, les quarks, non visibles à l’état libre, se réhabillent
pour donner un état final hadronique composé de baryons et de
Ainsi que nous l’avons montré, l’unification des interactions élec-
tromagnétique et faible nécessite la création et l’étude de particules mésons. Ainsi, un boson Z 0 peut conduire à un état final allant de
de masse d’environ 100 GeV/c 2 : les bosons W ± et Z 0. Dans la théo- deux à plusieurs particules stables. Cela explique la complexité et
rie électrofaible, une paire électron-positron peut non seulement l’herméticité du détecteur qui doit détecter et identifier toutes les
s’annihiler en un photon, via l’interaction électromagnétique, mais particules produites, mesurer leur direction et leur énergie.
également en un boson neutre, le Z 0, via l’interaction faible. En par- La figure 22 montre le détecteur ALEPH, à géométrie cylindrique
ticulier, si l’énergie de la paire e + e – est de l’ordre de grandeur de et constitué de sous-détecteurs spécifiques imbriqués les uns dans
la masse du boson Z 0, les deux modes sont comparables. Ainsi, en les autres.
dirigeant face à face un électron et un positron ayant chacun une Il est construit autour d’un champ magnétique homogène
énergie de 50 GeV, leur annihilation par collision frontale se fait par de 1,5 tesla dont le but est de courber la trajectoire des particules
création de bosons Z 0, environ une fois sur deux. C’est ce qui est chargées. Les mesures de la courbure et du pas de l’hélice de cette
réalisé dans le plus grand accélérateur jamais construit au monde, trajectoire déterminent la quantité de mouvement et la direction de
le LEP (Large Electron Positron) au Centre Européen de Recherche la particule.
Nucléaire à Genève. Cet immense collisionneur est installé dans un
tunnel circulaire de 27 km de long pour une section droite de 3,8 m ■ Structure du détecteur
de diamètre. Il est enterré entre 50 et 170 m de profondeur dans le À partir de la ligne de vol des faisceaux, on rencontre successi-
pays de Gex, entre le lac Léman et les monts du Jura. vement les éléments suivants.
Les dimensions du LEP sont liées directement à la nature des par- ● À l’intérieur de la bobine supraconductrice :
ticules accélérées, électrons et positrons, ainsi qu’à l’énergie que l’on — le détecteur de vertex qui permet de reconstruire le point de
souhaite leur communiquer. Ces particules légères perdent, par désintégration des particules de très courte durée de vie ;
rayonnement synchroton, une partie de leur énergie dans les — la chambre interne à dérive (ITC : Intern track chamber ) : qui
aimants de déviation nécessaires à la courbure de la trajectoire. Le permet de reconstruire les premiers points de la trajectoire des
rayon de cette dernière doit alors être optimisé pour permettre particules chargées ;
d’atteindre l’énergie souhaitée. Le LEP, dans cette phase de produc- — la chambre à projection temporelle (TPC : Time project
tion du boson Z 0, peut être considéré comme une usine à produire chamber ) : soumise au champ magnétique, elle assure la mesure
cette particule. de l’impulsion des particules chargées par le rayon de courbure de
La vue aérienne présentée sur la figure 21 schématise l’ampleur la trajectoire ;
des installations. — le calorimètre électromagnétique (ECAL : Electromagnetic
calorimeter ) qui permet d’identifier les électrons et les photons par
la gerbe électromagnétique développée dans des plaques de
plomb constituant ce détecteur.
3.1 Expérience : ALEPH ● À l’extérieur de la bobine supraconductrice :
— le calorimètre hadronique (HCAL) permettant d’identifier des
ALEPH (Apparatus for LEP physics) est une des quatre grandes hadrons par la gerbe hadronique développée dans des plaques de
expériences conçues pour fonctionner auprès du LEP avec pour fer qui servent également au retour du champ magnétique ;
but de tester la théorie électrofaible, à un niveau de précision — les chambres à muons : ce sont des chambres à fils entourant
s’approchant de celui de l’électrodynamique quantique (≈ 10–9). le calorimètre hadronique et servant à l’identification des muons
qui, seuls, traversent tout le détecteur.
Grâce à des systèmes informatiques puissants, l’ensemble des
informations données par ces détecteurs est enregistré très rapide-
ment, avant que puisse se produire une nouvelle collision, soit dans
un temps inférieur à 20 microsecondes. Ces informations sont
ensuite analysées par les divers groupes de recherche collaborant
à l’expérience, afin d’obtenir les résultats physiques proprement dits.
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_____________________________________________________________________________ PARTICULES ÉLÉMENTAIRES ET INTERACTIONS FONDAMENTALES
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PARTICULES ÉLÉMENTAIRES ET INTERACTIONS FONDAMENTALES ______________________________________________________________________________
Références
bibliographiques
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