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CORPUS

D. DIÈGUE, reste seul SYLVESTRE


Si vous n’abrégez ce récit, nous en voilà pour
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! jusqu’à demain. Laissez-le-moi finir en deux mots.
Son cœur prend feu dès ce moment. Il ne saurait
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie,
plus vivre, qu’il n’aille consoler son aimable affligée.
Et ne suis-je blanchi dans les travaux Ses fréquentes visites sont rejetées de la servante,
guerriers devenue la gouvernante par le trépas de la mère :
Que pour voir en un jour flétrir tant de voilà mon homme au désespoir. Il presse, supplie,
lauriers ? conjure : point d’affaire. On lui dit que la fille,
Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne quoique sans bien, et sans appui, est de famille
admire, honnête ; et qu’à moins que de l’épouser, on ne
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, peut souffrir ses poursuites. Voilà son amour
augmenté par les difficultés. Il consulte dans sa
Tant de fois affermi le trône de son Roi,
tête, agite, raisonne, balance, prend sa résolution :
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour
le voilà marié avec elle depuis trois jours.
moi !
SCAPIN
Ô cruel souvenir de ma gloire passée ! J’entends.
Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! SYLVESTRE
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur ! Maintenant mets avec cela, le retour imprévu du
Précipice élevé d’où tombe mon honneur ! père, qu’on n’attendait que dans deux mois ; la
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte, découverte que l’oncle a faite du secret de notre
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la mariage, et l’autre mariage qu’on veut faire de lui
honte ? avec la fille que le seigneur Géronte a eue d’une
seconde femme qu’on dit qu’il a épousée à Tarente.
OCTAVE
Et par-dessus tout cela mets encore l’indigence où
se trouve cette aimable personne, et l’impuissance
où je me vois d’avoir de quoi la secourir.
SCAPIN
Est-ce là tout ? Vous voilà bien embarrassés tous
deux pour une bagatelle. C’est bien là de quoi se
tant alarmer. N’as-tu point de honte, toi, de
demeurer court à si peu de chose ? Que diable ! te
voilà grand et gros comme père et mère, et tu ne
saurais trouver dans ta tête, forger dans ton esprit
quelque ruse galante, quelque honnête petit
stratagème, pour ajuster vos affaires ? Fi ! peste
soit du butor ! Je voudrais bien que l’on m’eût
donné autrefois nos vieillards à duper ; je les aurais
joués tous deux par-dessous la jambe ; et je n’étais
pas plus grand que cela, que je me signalais déjà
par cent tours d’adresse jolis.

Selon vous, quels peuvent être les indices majeurs pouvant justifier le sous-genre
spécifique à chacun de ces extraits ?
Vous argumentez votre réponse.
INTRODUCTION :
Situer les passages : titres, dates auteurs, le sous-genre, actes et scènes – exposition, nœud ou
dénouement – (chacun ayant des spécificités qui lui sont propres).

DÉVELOPPEMENT :

• Aspect typographique :

LE CID LES FOURBERIES DE SCAPIN


Monologue : épanchement des émotions : Dialogue axé sur certaine légèreté : les
pathos/pitié éveillé chez le lecteur. tirades longues sont explicatives car il s’agit
d’une scène d’exposition sise en début
d’Acte.

• Le registre langagier (lexique, stylistique, rhétorique, syntaxique…)

Texte en vers : la tragédie selon BOILEAU Texte en prose : selon BOILEAU, réservé
(L’Art Poétique) en vers : noblesse de la au genre mineur
langue. Registre trivial ou le lexique familier :
Recherche stylistique tutoiement « te voilà grand et gros »
Sublime (« ennemie infamie »/ « lauriers- associé à la familiarité = grotesque :
guerriers ») grossièreté du langage qui accentue le
Registre soutenu burlesque, la ridicule utilisation des
Rhétorique : tournures de style : jurons populaires « peste du butor », que
richesse en figures de style se rapportant diable »
au registre tragique : le 1er vers : Rhétorique présente même si le style est
énumération avec de Ô vocatif, signe de trivial mais respecte le registre familier :
pathétique : « rage, désespoir, vieillesse « cette charmante affligée » : un oxymore
ennemie » : lamentation qui évoque la ironique tonalité très usitée dans le
peine du personnage, vaincu par l’âge registre comique.
La répétition anaphorique et
synecdoque « mon bras » : met l’accent
sur la force guerrière de DON DIÈGUE
« travaux guerriers » et justifie sa peine
due à son honneur perdu.
Le rôle essentiel des valeurs morales
dans la tragédie : honneur, devoir,
courage, (valeurs chevaleresque) ; DON
DIÈGUE se sent affaibli, bafoué « précipice
élevé d’où tombe mon honneur » : la
chute fatale : allégorie qui valorise
l’honneur important dans la tragédie.

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