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1)- Introduction
Nous étudions dans ces pages les principaux points du symbolisme
alchimique en essayant d'en relier chacun de façon rationnelle avec
des procédés chimiques véritables : ce sont les ouvrages de Fulcanelli
(Le Mystère des Cathédrales, les deux tomes des Demeures philosophales) et
d'Eugène Canseliet (Études alchimiques in Alchimie, Deux Logis
1
alchimiques, l'Alchimie expliquée sur ses Textes classiques) qui retiennent
e
l'attention au XX siècle. Précisons immédiatement que l’alchimie n’est
nullement une discipline ésotérique. Le processus alchimique est
commenté habituellement sous une forme allégorique et cabalistique
qui en voile le sens mais il n’a point de rapport avec l’ésotérisme tel
qu’il peut être assimilé à l'occultisme ou à la théosophie. L’approche
que nous abordons s’efforce donc de concevoir de manière rationnelle
l’ensemble du grand oeuvre. Nous ajouterons que chaque auteur
alchimique (encore appelé par tradition Philosophe Chymique ou Adepte quand il
parvenait à fabriquer la pierre philosophale) avait son propre système de
codage. Fulcanelli, par exemple, a dispersé les phases du grand
oeuvre dans ses trois livres. Nous avons choisi le système de la toile et
des renvois alternés.
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Georges Ranque [Laffont, 1972], très différent du premier livre en
ce qu'il insiste davantage sur le symbolisme ; qui plus est,
plusieurs traités y sont annexés, chose rare vers la fin du XXe
siècle : leur lecture peut être pénible et plonger dans la perplexité.
Au vrai, on peut ne rien comprendre à ce qui y est dit ; à cela peut
s'ajouter comme une sorte de dégoût, résultant de l'impression
que l'on perd pied dans un dédale égarant le sens ; la lecture de
certains passages donne plus l'impression d'un poème surréaliste
que d'un texte auquel, en bonne éducation cartésienne, on est
habituellement confronté. En ce sens, ces textes se révélent d'une
remarquable modernité ; en même temps, le style en est
archaïque et bien sûr, on n'y trouve pas trace de la moindre
substance chimique... Dès lors, l'impression de se trouver devant
un texte écrit par un fou ou un illuminé va croissant et l'on a plus
qu'une envie : refermer le livre pour ne plus jamais l'ouvrir... C'est
là que les vieux alchimistes arrivent encore et toujours à séparer
les impétrants : les vrais étudiants vont au-delà des difficultés et
arrivent à démêler l'écheveau entrelacé ; les autres prenant à la
lettre les indications données par les hermétistes se perdent en «
mille brouilleries » pour reprendre l'expression de Nicolas Flamel.
Mais ce n'est pas tout que de tenter d'expliquer des textes, des
allégories ou de risquer des jeux de cabale improbables. Encore
faut-il tâcher de faire oeuvre utile en structurant l'ensemble, ce qui
revient à disposer les fils de son propre labyrinthe. Le lecteur sera
donc amené par le biais de liens alternés, à errer sur les crêtes
des vieux textes ou dans les remous de commentaires ou encore
dans l'eau étale de sections d'explication rationnelle. Dans ce
travail, nous essayons toutefois d'éviter le plus possible la
redondance et de présenter dans chaque section, dans chaque
texte, une nouveauté permettant d'isoler ici, un point particulier de
symbolisme, là un point de pratique chimique ancienne, ailleurs
enfin un point relevant du plus pur hermétisme. Dans tout ce que
nous écrivons, nous sommes charitables [c'est ainsi qu'on appelle
vulgairement les alchimistes qui ont écrit des choses vraies, par opposition
aux « envieux », c'est-à-dire à d'autres alchimistes qui disent
systématiquement le faux pour le vrai] ce qui ne veut pas dire «
simplistes ». Au lecteur de s'éclairer lui-même sur des points, et
ils sont vraiment rares, où l'obscurité demeure et, s'il s'intéresse à
cette discipline d'Hermès, c'est pour lui un devoir que de
s'acquitter d'un minimum d'effort personnel. La seule chose que
nous réclamons du lecteur, c'est de bien considérer qu'il ne s'agit
pas ici d'un site à vocation ésotérique mais d'un lieu où la lumière
s'efforce de sortir des ténèbres pour reprendre le titre, Lux
obnubilata..., d'un des classiques de l'alchimie. Cela ne signifie
pas que les personnes qui goûtent l'ésotérisme soient à mépriser ;
du moins est-il nécessaire que cet intérêt ne soit pas entaché d'un
caractère sectaire, qui représente le contraire de la liberté. Que
des savants aussi éminents que Carl-Gustav Jung, Eugène
Chevreul, Marcelin Berthelot, Isaac Newton, Robert Boyle,
Ferdinand Hoefer et bien d'autres encore, aient consacré plus
qu'une part non négligeable de leur activité, de leur vie en un mot,
3
doit forcément peser dans l'un des plateaux de la balance qui
jauge l'honnêteté et les scrupules qu'habitent tous les « vrais
disciples d'Hermès », auxquels s'adresse dans une Lettre, Limojon
de Saint-Didier.
" tout corps peut être transformé en un autre, de quelque sorte qu’il soit, et
tous les degrés intermédiaires de qualités peuvent être produits en lui ."
4
sûr des métaux que gouvernaient les planètes [cf. mon zodiaque
alchimique]. Un livre semble émerger des écrits attribués à
Hermès-Thot qui pourrait bien être un pont jeté entre l’alchimie et
l’astrologie : le Liber Sacer ou livre sacré d’Hermès où se trouvent
des catalogues de décans ainsi que de pierres et de plantes en
sympathie avec chaque décan. À la Renaissance, c’est pour
l’essentiel Paracelse (6) qui impulsa une force nouvelle à
l’alchimie - créant d’ailleurs pratiquement une néo-alchimie - par
l’intrusion, dans les concepts issus du Moyen Âge, d’éléments
hermético-kabbalistiques ; ces éléments précipiteront la survenue
du mouvement R+C. Nous retrouverons Paracelse lorsque nous
aborderons le chapitre consacré à la matière première des
alchimistes mais nous pouvons préciser qu'il est fort douteux que
Paracelse ait été alchimiste ; sans nul doute, il est pour une
bonne part à l'origine du mouvement R+C de même que l'un de
ses élèves Gerhard Dorneus [sur lequel Jung a beaucoup travaillé dans
ces études d'herméneutique alchimique ; cf. Jung, Synchronicité et
e e
Paracelsica, § 4, pp. 223-237]. Au XVII et XVIII siècles,
apparaissent d'une part les grands recueils d'alchimie [cf.
bibliographie], ceux que l'on verra commentés [cf. textes divers] et
d'autre part les premières grandes études historiques et critiques.
Deux noms émergent alors : l'abbé Lenglet Dufresnoy [Histoire de
la Philosophie hermétique, Paris, 1742] et Dom Pernety qui a laissé
une somme considérable avec ses Fables Égyptiennes et Grecques
[Paris, 1786] et son Dictionnaire mytho-hermétique [Paris, 1788].
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problème posé par l’interprétation de Jung réside dans son
absence de prise en compte d’une part d’une perspective
historique [les auteurs sont cités surtout à titre d'exemple d'un point de
psychologie ou de mythologème] et d’autre part d’une perspective
chronologique des différentes phases du grand œuvre. On
ajoutera que pas une seule entrée de l'appareil critique n'existe,
chez Jung, pour des substances chimiques ; son abord est donc
purement spéculatif et nie d'emblée toute possibilité factuelle [ce
qui le conduit peut-être à des contresens dans l'opposition Dieu-Soufre :
θειον-θειος, dans l'interprétation de l'υδορ θειον,
l'Eau divine de
Zosime]. Enfin, Jung a surtout étudié les images que ses patients
voyaient et qu'il a identifiées à celles que l'on retrouve dans
l'iconographie [notons que l'analyse de certains rêves de Psychologie et
Alchimie provient d'un matériel que Jung tire de sa relation thérapeutique
avec Wolfgang Pauli, l'un des pères de la mécanique quantique] ; mais
l'iconographie va bien au-delà de la représentation de cercles ou
de mandalas et la version que donne Jung de l'alchimie nous
paraît parfois réductrice. Il n'en reste pas moins que nous
sommes en droit de voir en Jung l'un des derniers grands témoins
de la quête hermétique et que les ouvrages qu'il a consacrés à
l'alchimie sont incomparables. Citons Psychologie et Alchimie,
Psychologie du Transfert, Essais sur la symbolique de l'esprit, Racines
de la conscience et surtout le Mysterium conjunctionis en deux
ème
volumes, un 3 volume ayant été publié par Marie-Louise von
Franz : l'Aurora consurgens.
6
elle analyse l’alchimie de Newton et en particulier le climat
intellectuel de l’époque. Elle révèle notamment l’existence d’un
véritable groupement d’intellectuels, autour de la figure de
Samuel Hartlib (13). Hartlib (1600-1662) fut l’âme d’un cercle
d’érudits et d’amis qui avaient pour but de favoriser le
rassemblement, la communication et la diffusion d’informations
diverses dans des domaines très variés. Les hommes ont
commencé alors à découvrir un nouveau modèle de coopération
sociale dans leurs efforts pour rassembler et diffuser les
connaissances. L’alchimie « scientifique » qui fut pour beaucoup
dans ce nouvel état d’esprit attira ainsi - et a priori
paradoxalement - des esprits soucieux de réforme et de raison.
Ce nouveau modèle de référence devait permettre par la suite à
l’homme de science de jouer un rôle de plus en plus influent dans
la société. Ben David (14) situe le moment crucial de cette
évolution au milieu du XVIIe siècle au sein des cercles influents
de Hartlib et dans l’Angleterre de cette époque alors que le génie
de Newton rayonnait en plein et que ses amis (Isaac Barrow (15),
Henry More (16) et sans doute Ezekiel Foxcroft (17)) lui révélaient les
traités d’alchimie. À cette époque donc, l’expérimentation en
alchimie était des plus actives : l’alchimie dans sa forme pratique
a bel et bien existé. Trois siècles plus tard, l'alchimie continue
d'intéresser les esprits et plusieurs livres de vulgarisation sont
publiés notamment au début des années 70 ; ils ont contribué
auprès d’un large public à créer une prise de conscience
renouvelée de l’alchimie ; on citera Le Trésor des alchimistes [J’ai
Lu, 1970] et Le Grand art de l’alchimie [J’ai Lu, 1975] de Jacques
Sadoul, la Pierre philosophale [Laffont, 1972] de Georges Ranque,
les Transmutations alchimiques [J’ai Lu, 1974] de Bernard Husson.
On peut y rattacher le Savoir caché des alchimistes, de C.A.
Burland [Laffont, 1969]. L'iconographie a fait l'objet d'une recension
poussée de la part de Jacques Van Lennep [l'Alchimie, Dervy,
1985]. La plupart des traités d’alchimie sont en effet devenus
introuvables et ce sont, essentiellement, des compilations et des
recensions qui ont pu nous éclairer sur les textes anciens.
[des sites spécialisés proposent sur internet des copies de nombreux textes
originaux ; quelques-uns en français, parmi lesquels se distinguent la
Librairie du merveilleux et le site Chrysopée. Ces deux sites proposent un
choix de textes importants et on peut y consulter en particulier le
Dictionnaire mytho- hermétique et les Fables Egyptiennes et Grecques.
D'autres sites sont en anglais, en particulier le levity.com qui propose un
nombre de textes et des références impressionnantes. Citons encore, en
Espagne la bibliothèque Complutense ; en Italie le site Azogue. En
allemagne, la Herzog August Bibliothek et en France, la BIUM].
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bas de page, si souvent négligées ainsi que les préfaces. Ces
livres ont succédé aux études du XIXe siècle où s'illustrèrent, en
particulier, Eugène Chevreul et Marcelin Berthelot.
Cette section est illustrée par le texte et l'image. Des textes, je cite
les extraits de quelques traités classiques où se sont illustrés
plusieurs noms :
8
Pierre Dujols (1862-1926), alias Magophon
9
ce trio mais Jacques Sadoul [le Trésor des Alchimistes] a observé
qu'il signait ces ouvrages du pseudonyme de Magophon
[Hypotypose au Mutus Liber] et que donc, il ne voyait pas l'intérêt
qu'il en ait signé d'autres sous un second pseudonyme. Cela ne
nous semble pas constituer un argument valable et l'on a vu des
écrivains qui signaient sous différents pseudonymes. Les autres
hypothèses sont bien improbables et notamment, celle qui verrait
en Jules Violle [né le 16 novembre 1841 à 1 heure du matin, à Langres,
Haute-Marne ; décédé en 1923] Fulcanelli. C'est aussi sur la date de
sa mort que l'on s'est fié (1923) car elle précède d'un an la
publication des Demeures Philosophales. Mais là encore, ce n'est
pas une raison suffisante. La seule chose qui paraît assurée, c'est
que le Mystère des Cathédrales a été écrit d'une seule main, alors
qu'on en devine plusieurs dans les Demeures philosophales. Les
notes de bas de page indiquent des dates dépassant l'année
1900 et il est possible qu'elles aient été ajoutées par E. Canseliet
; cette assimilation de Fulcanelli à J. Violle repose enfin sur un
malentendu. Il s'agit de la couleur violet où l'on a voulu voir un
signe. Or, la couleur violet est une constante dans les textes
alchimiques parce qu'à un certain moment dans l'oeuvre, cette
couleur symbolise des chaux métalliques qui s'apparentent aux
roches cyanées [les Symplegades] qui se signalent à la sortie du
Pont-Euxin par analogie à la fin de la période de dissolution. Cela
dit, on ne voit pas comment Jules Violle aurait eu le temps, non
seulement d'oeuvrer au fourneau, mais encore de rédiger les
textes qu'on lui a attribués. De plus, J. Violle n'était pas en bonne
santé alors que le travail que l'on devine derrière les trois
Fulcanelli est considérable. Cette hypothèse ne nous convainc
donc pas. Certains ont vu dans Camille Flammarion un autre
Fulcanelli mais rien dans la biographie de l'astronome ne vient
conforter cette hypothèse. Du même tonneau : des chimistes qui
auraient gravité du côté de chez Eugène Chevreul, l'académicien
féru d'alchimie, qui possédait une bibliothèque considérable,
acquise en partie grâce à son fils [cf. biographie de Chevreul] : le
nom de Ferdinand Hoefer surgit naturellement... Au vu des textes, là
encore, rien ne vient étayer cette hypothèse [cf. minéralogistes]. Le
mystère Fulcanelli demeure une énigme et il paraît probable que
plusieurs auteurs ont collaboré à la rédaction de cette somme.
Jusqu'à preuve du contraire, nous défendrons l'hypothèse que
Fulcanelli est un personnage de légende comme tant d'autres
dans l'alchimie.
10
encore au temps de Philalèthe ou du Cosmopolite. Il faut ensuite
mettre ces textes en parallèle avec ceux du passé ; certains sont
d'un abord relativement aisé comme le De Lapide Philosophorum
de Lambsprinck que l'on va voir immédiatement, d'autres se
révèlent des plus délicats à interpréter comme l'Introïtus de
Philalèthe ou même l'Hermès Dévoilé de Cyliani qui est pourtant un
auteur du XIXe siècle. Voici d'abord un texte de Ferdinand Hoefer
:
11
la pierre philosophale et de la panacée universelle. Mais comme cette
recherche était intimement liée à des croyances mystiques et
religieuses, et que d'ailleurs le plus grand nombre ne trouvait pas
dans ce monde le bonheur qu'ils y cherchaient, il fallait absolument
franchir les limites de la sphère terrestre pour venir planer dans les
régions supérieures de la vie spirituelle. C'est alors que l'adepte
cherchait à s'identifier avec l'âme du mondeg, cette troisième pierre
philosophale (que l'on pourrait appeler la pierre philosophale à l'état
spirituel), afin de jouir par anticipation, dans la communauté des
démons, des anges et des esprits, à ce bonheur qu'il lui avait été
impossible de se procurer par la voie naturelleh. En résumé, il y a
trois catégories distinctes de l'art sacré, ainsi que de l'alchimie : 1° la
pierre philosophale ; 2° la panacée universelle; 3° l'âme du monde.
Dans la première, on cherchait la richesse matériellei ; dans la
seconde, une longue viej ; et dans la troisième, le bonheur au sein de
la Divinité ou dans le commerce avec les démonsk. Mais qu'on ne
s'imagine pas que ces trois catégories soient toujours bien tranchées
dans les oeuvres des adeptes, et faciles à démêler. Le ciel et la terre,
tout se confond dans le labyrinthe des doctrines néo platoniciennes,
labyrinthe où la raison se perd et l'imagination s'égarel. Cependant,
au milieu de cette confusion même, on remarque toujours un principe
fondamental : la suprématie de l'esprit sur la matière. Avant de rien
entreprendre, l'opérateur invoque le Saint des saints pour la réussite
de son oeuvre; il emploie les combinaisons dans lesquelles les
démons ou les anges sont supposés se complaire. Aussi l'œuvre qu'il
pratique s'appelle-t-il grand, et l'art qu'il cultive, sacré et divinm. Les
derniers commentateurs païens de Platon et d'Aristote sont comptés
au nombre des maîtres de l'art sacré. Mais ils appartenaient plus
particulièrement à la troisième catégorie, qui avait pour objet l'âme du
monde, ou la félicité suprême au sein de la Divinité ou dans le
commerce des démons. Comme la vie et les doctrines mystiques des
néo platoniciens semblent avoir en quelque sorte servi de modèle aux
alchimistes des siècles suivants, nous allons en communiquer ici un
aperçu rapide, afin de n'avoir pas besoin d'y revenirn. [...]
12
venons d'évoquer, qui doit être dépuré dans la susbtance du mercure
avant d'être remis dans un corps neuf : c'est le processus dit de
réincrudation. [cf. Aurora consurgens I et II] : il consiste dans la
descente de l'Âme dans le corps, ce que l'on peut aussi appeler
anima consurgens .
e. l'arsenic est souvent appelé Zandarith dans les vieux textes par
assimilation avec l'arsenic rouge ou σανδαρακη. Quant à la
cadmie, il ne s'agit pas d'oxyde de zinc comme nous l'avons précisé
en note de l'Introduction à la Chimie des anciens, VII de Berthelot.
f. stricto sensu, la teinture mercurielle symbolise le Lion rouge ou
Mercure philosophique.
g. harmonia mundi ; Robert Fludd en traite dans ses ouvrages, cf.
Utriusque Cosmi. Cette âme du monde personnifie le sulphur; Jung
en parle comme de l'anima mundi qui est une des formes du
Mercure.
h. C'est là un point de connexion fondamental entre le monde
matériel et le monde spirituel : la sublimation du Soufre dans le
Mercure est l'exact équivalent de la Passio Christi, cf. retable
d'Issenheim et saint Jean Baptiste. Par ailleurs, la proximité de l'ange
et du démon permet de passer de la trinité à la quaternité . Cf.
Aurora consurgens II.
i. à traduire, en terme d'alchimie non chimérique, par la dépuration
des matières viles.
j. idem : le mercure est nommé aqua permanens parce que la coction
doit durer longtemps pour des raisons que nous exposons ailleurs.
k. idem : sublimation dans le Mercure ou incarnation de l'âme, cf.
gravures du Rosarium Philosophorum.
l. nous venons de montrer très simplement qu'avec une grille de
lecture tenant compte de la connaissance des textes et du
symbolisme, on peut se retrouver dans ce labyrinthe par un fil
d'Ariane : la caable hermétique.
m. cette prééminence de l'esprit de la matière s'exprime à deux
reprises : lors de la 1ère sublimation où le métal perd sa forme dans
la dissolution mercurielle ; lors de la 2ème sublimation où la
réincrudation n'opère que si l'esprit lui-même se dissipe.
n. sur Platon et la doctrine alchimique, cf. idée alchimique, V.
13
De Lapide Philosophorum, prima figura [Musaeum hermeticum, p. 343]
texte :
« Faites attention et comprenez bien que deux poissons nagent dans notre
mer. »
légende :
« La Mer est le Corps, il y a deux Poissons, l'Esprit et l'Âme. »
[le Corps est identifié à la résine de l'or : c'est le squelette de la future Pierre
dont la forme physique est une chaux métallique ; on peut dire qu'il s'agit du
principe SEL. Il est d'habitude associé au signe mais ce n'est pas là le
principe SEL des vieux alchimistes. Nous proposons l'idéogramme suivant,
14
qui associe l'idée de feu et celui de terre : .
- l'Esprit est le Mercure philosophique : c'est l'Alkaest des anciens
alchimistes ; il est vraisemblablement constitué d'au moins deux substances
dont l'une est congénère de l'alkali fixe. On peut identifier cet alkali au
serpent Python que Cadmus cloue contre la croix [cf. les Figures
Hiéroglyphiques]. Le moyen de fixation du Mercure - le lien du Mercure - est
l'un des grands secrets de l'Oeuvre et constitue la 2ème partie de l'Alkaest ;
l'ensemble forme le Mercure philosophique. C'est le principe MERCURE.
Mais là encore, il faut distinguer deux Mercure : l'un est le 1er Mercure, qui
correspond à l'eau-vive prime de Limojon de Saint-Didier, avant l'infusion des
Soufres. C'est le 2ème qui forme vraiment le double Mercure ou Mercure
Philosophique.
- l'Âme est la teinture ; Artéphius et tant d'autres en parlent comme d'une
substance qui teint non seulement en surface mais aussi en profondeur :
c'est la teinture radicale qui oriente définitivement la Pierre. Il s'agit là
encore d'une chaux métallique. C'est le principe SOUFRE.]
15
par E. Canseliet dans ses Deux Logis alchimiques ; l'abeille se retrouve
sur le poêle alchimique de Winterthur entre autres]. Le renard, en
particulier, s'avère être un hiéroglyphe hermétique de transition, ni
fixe, ni volatile ; il se rapproche du phénix, l'oiseau fabuleux
d'Égypte.
texte :
légende :
« L'Esprit et l'Âme doivent être conjoints et ramenés à leur corps. »
16
Ici, ce sont les composants du feu secret qui sont décrits ; nous
verrons dans une autre section que ce feu secret (ou Mercure)
peut comporter des substances différentes selon la voie d'attaque
qu'on utilise [voie sèche ; voie humide] et selon la « résine » de la
Pierre que l'on a décidée d'élaborer [la nature de la Terre employée].
Manifestement, Lambsprinck ne donne pas à l'Esprit ou au Corps
le même sens que d'autres Adeptes [en suivant les écrits d'alchimistes
comme Senior, il aurait dû écrire que le Corps et l'Âme doivent être
conjoints en étant ramenés à l'Esprit, cf. Azoth]. Attardons-nous à
présent sur le filet. Il s’agit d’une substance cristallisée à laquelle
Isaac Newton a consacré un certain temps, substance au moyen
de laquelle il pensait « extraire » le Soufre et le Mercure des
métaux. Newton écrit à ce sujet :
"De même que sont cueillies les violettes pourpres, de même les poissons
gras (c'est-à-dire sulfureux) et les poissons argentés sont pêchés : il est sûr
que le mercure devient blanc dans les dernières sublimations."
[ce qui n'est pas faux en soi... le cinabre est le nom de cabale du Mercure
que les Anciens nommaient κινναβαρις ou cambar, cf. Artephius,
Turba. La pyrite contient du vitriol vert, source du ; quant à l'antimoine, il
17
un matras scellé. Enfin, Newton a travaillé sur l'antimoine et
notamment sur l'obtention du fameux régule étoilé d'antimoine.
Laissons-le (12, p.196 ; 31) s'exprimer sur le sujet :
"... par le pouvoir de notre soufre qui gît caché dans l’antimoine, car
l’antimoine était dénommé Ariès par les Anciens. Parce que Ariès est le
premier signe du zodiaque dans lequel le Soleil commence à être exalté et
que l’or est surtout exalté dans l’antimoine".
légende :
18
"putréfaction"
texte :
"... Qu’il y a dans la forêt une bête sauvage, toute environnée d’une couleur
noire, Si quelqu’un lui coupe la tête, Alors elle rejette la noirceur et prend la
couleur blanche la plus resplendissante... la noirceur est nommée tête de
corbeau". (32)
19
1ère survenant dans la séparation (dissolution par destruction du sujet
initial). Nous retiendrons que la putréfaction, telle qu'elle est
envisagée par la plupart des auteurs, se place au début du 3ème
oeuvre, lorsque les Soufres sont infusés dans le Mercure [en son
premier état] et y disparaissent. Il s'agit donc d'une putréfaction qui
est, bien sûr, totalement cabalistique. Il ne faut pas y voir une
noirceur qui s'exprimerait par la couleur noire. Mais il y a dans la
préparation du Mercure [et c'est alors le 2ème oeuvre] des moments
où une couleur noire peut réellement apparaître [par exemple, le
résidu qui se dépose dans la cornue, lors de l'attaque du salpêtre par un
vitriol, en vue d'obtenir le Nitre philosophique].
texte :
"Désormais sans inquiétude, sachez que dans la forêt sont cachés le cerf et
20
l'unicorne".
légende :
"La licorne est aussi la longue opération par laquelle les artistes, en de
fréquentes réitérations, recueillent et rassemblent l'âme sulfureuse montant,
peu à peu, du sein de la terre rouge, à travers le bain mercuriel, afin qu'elle
prenne un corps nouveau à la surface. Dans la parfaite réunion des deux
principes, spirituel et corporel, celui-ci, qui est le sel, prend la belle couleur
verte de celui-là, expliquant le rôle allégorique de la végétation, de la forêt..."
21
Cybèle
"Parmi les pierres vénérées, celles qu’on avait vues tomber () du ciel, les
météorites, paraissent avoir occupé une place à part. Telle était la masse
recueillie à Pessinonte, en Phrygie, qui devint l’objet d’un culte sous le nom
de Cybèle ou de Mère des dieux et qui fut transportée, en 204 avant notre
ère, à Rome, au temple de la Victoire, avec la plus grande pompe, suivie
d’un cortège brillant de dames romaines..."
22
En relisant le Mystère des Cathédrales, on aura noté que Fulcanelli
cite les Figures Hiéroglyphiques de Nicolas Flamel : il donne le
texte original - attribué faussement à Nicolas Flamel -
accompagnant la troisième figure. En effet, le Livre d’Abraham le
Juif n’a jamais existé et c’est le pseudo-Flamel, peut-être Arnauld,
sieur de La Chevalerie, qui en introduction à son propre voyage
initiatique, semble l'avoir inventé de toutes pièces :
"Au cinquième feuillet, il y avoit un beau Rosier fleuri au milieu d'un beau
jardin, appuyé contre un Chêne creux ; au pied desquels bouillonnoit une
Fontaine d'Eau très blanche, qui s'alloit précipiter dans des abîmes, passant
néanmoins premièrement entre les mains d'infinis Peuples qui fouilloient en
terre, la cherchant ; mais parce qu'ils étoient aveugles, nul ne la connoissoit,
hormis quelqu'un qui en considéroit le poids"
L'heureux élu qui trouve cette fontaine d'eau très blanche connaît
le poids : cela doit nous rappeler l'une des sentences de Basile
Valentin que Fulcanelli évoque (DM II, p.75), dans un passage où
le poids n'apparaît pas de manière explicite puisque c'est en
apparence du feu secret qu’il est question :
23
trad. oecuménique :
"... Or, comme le tonneau est fait de bois de chesne, de même le vaisseau
doit être en bois de vieux chesne, tourné en rond en dedans, comme un
demi globe, dont les bords soient fort épais en quarré ."
24
couvraient en leur face interne de sel de tartre. C’est ce dont parle
très exactement Nicolas Flamel. La fontaine d'eau très blanche
dont parle Flamel tombe dans les abîmes, c'est-à-dire dans le «
Tartare » ; cette fontaine voile la préparation du Mercure
philosophique. Le pot contient deux fleurs [allusion aux principes] et
une tige verticale : il s’agit du symbole du tartre tel qu’il apparaît
dans la table des principaux caractères chymiques du Cours de
chymie de Nicolas Lemery (30) :
25
"C’est la substance qui, au cours des sublimations, s’élève au-dessus de
l’eau, qu’elle surnage comme une huile ; c’est l’Hypérion et le vitriol de
Basile Valentin, le lion vert de Ripley... en un mot la véritable inconnue du
grand problème."
"La mort du corps laisse apparaître une coloration bleu foncé ou noire,
affectée au Corbeau, hiéroglyphe du caput mortuum de l’Oeuvre. Tel est le
signe et la première manifestation de la dissolution, de la séparation des
éléments... la cendre, calcinée, abandonne ses impuretés grossières et
adustibles..."
26
Cette mort du corps ressemble fort à la calcination d'un métal où
l'on recueille sa cendre, c'est-à-dire sa chaux ; le caput mortuum
serait donc une chaux métallique, un métal brûlé ce qui
expliquerait la coloration - à prendre au sens figuré - qui
désignerait un corps de couleur violet, rappelant l'ιος des Grecs.
Mais il faut que l'étudiant fasse bien attention à ceci, que le
corbeau est le signe allégorique de la putréfaction qui survient
dans le travail au début du 3ème oeuvre, alors que l'opération
décrite par Fulcanelli semble se rapporter à une substance bien
déterminée. Rapprochons ces textes de ce que nous dit Philalèthe
dans son Introitus (IV, 2 : De l’Aimant des Sages) :
"En outre, je déclare que notre aimant a un centre caché, où gît une
abondance de sel. Ce sel est une menstrue dans la sphère de la Lune, et
peut calciner l’or."
"... Mais, si tu sais irriguer cette terre aride avec une eau de son propre
genre, tu élargiras les pores de cette terre, et ce larron externe sera chassé
au-dehors avec les opérateurs du désordre, l’eau sera purgée par l’addition
d’un soufre véritable de ses ordures lépreuses..."
"... prends quatre parties de notre Dragon igné, qui cache dans son ventre
l’Acier magique, et neuf parties de notre Aimant ; mêle-les ensemble avec
l’aide du torride Vulcain, de façon qu’ils forment une eau minérale où
surnagera une écume qu’il faut rejeter..."
27
Cette dilatation correspond à une « ouverture » du métal,
c'est-à-dire à une oxydation. Fulcanelli dans ses Demeures
philosophales (DM, I, p.275) ajoute :
"Car notre pierre noire, couverte de haillons, est souillée de tant d’impuretés
qu’il est fort difficile de l’en débarrasser complètement "
"... Ainsi les sages observèrent-ils finalement que dans le Mercure il y avait
des crudités aqueuses et des impuretés terreuses qui... ne pouvaient être
éliminées qu’en renversant tout le composé."
28
Demeures philosophales, une explication qui nous semble adaptée
:
Le mot résidu [faex] peut se traduire par tartre [lie, dépôt]. En grec,
nous trouvons λειµµα [avec l'acception demi-ton, dièse], proche
phonétiquement de λειµων [tout lieu humide, pré, prairie], épithète
évidente pour signifier le salpêtre [à entendre comme un sel contenant
du potassium comme le tartre vitriolé ou le sel de Seignette de La Rochelle].
Nous voyons qu'une grande partie du symbolisme dégagé par ces
« impuretés, résidus, fèces » tourne autour de composés qui
cristallisent lentement. Nous renvoyons le lecteur à un passage
cité infra où nous examinons davantage ce « truc » de l'oeuvre
dont parle E. Canseliet. Il nous précise que la couleur de cette
matière est noire, d’odeur cadavérique [à entendre dans un sens
allégorique, comme le disait Nicolas Flamel « ayant reconnu la senteur forte
», c’est-à-dire le bon sentier, la bonne voie] et a l’aspect d’une écume
infecte, bulleuse et putride, c'est-à-dire en fait d'une substance
efflorescente, d'apparence « affreuse » et friable. Selon Canseliet,
c’est cette écume que recueille le couple du Mutus Liber dans
l’allégorie de la planche 4 que voici :
29
Mutus Liber, planche IV
" Mais outre cette purgation essentielle, il faut au Mercure une purification
accidentelle pour laver les fèces externes que l’opération de notre vrai
soufre a rejetées du centre à la surface..."
à rapprocher de Canseliet :
30
Ici s’arrête pour nous provisoirement l'intérêt du texte de
Philalèthe. Il nous faut poursuivre avec d’autres auteurs. Peut-être
Cyliani dans son Hermès dévoilé (1831) nous apportera-t-il
quelque secours... Dans une allégorie en forme de rêve, son
héros voit une nymphe qui le transporte dans un palais dont
l’entrée est gardée par un dragon [analogue au dragon Ladon qui
garde l'entrée du jardin des Hespérides] possédant un dard à trois
pointes ; Cyliani tue le dragon et s’empare dans le temple de
plusieurs bocaux bouchés à l’émeri. Il ouvre le premier en forme
d’urne qui contient la matière androgyne et les deux natures
métalliques puis en remplit son vase. En sortant du temple, il
passe près du monstre :
"... que j’avais vaincu, je vis qu’il ne restait plus de lui que ses dépouilles
mortelles et de nulle valeur."
"... Faites bien attention ici qu’à la suite du gonflement de la matière dans la
fermentation qui suit la dissolution, il se forme à la partie supérieure de la
matière une espèce de peau sous laquelle se trouvent une infinité de petites
bulles qui contiennent l’esprit. C’est alors qu’il faut conduire avec prudence
le feu, vu que l’esprit prend une forme huileuse et passe à un certain degré
de siccité."
31
"... les quantités réciproques de matières diverses, en vue de leur mélange
régulier et convenable..."
"... le poids de nature est toujours ignoré, même des plus grands maîtres.
C’est là un mystère qui relève de Dieu seul et dont l’intelligence demeure
inaccessible à l’homme."
"La vertu du soufre ne s’étend que jusqu’à certaine proportion d’un terme."
a)- plusieurs matières premières (dont l'une au moins, le sujet minéral, est
symbolisée par un dragon écailleux) sont indispensables à la conduite de
l'oeuvre ; la chaux et un alcali semblent à cet égard incontournables ;
b)- ces matières fournissent d'une part les éléments du dissolvant universel
des vieux auteurs et d'autre part les éléments chaulés de la Pierre à partir
d'argiles pures ;
c)- l'attaque de la matière première conduit à une « séparation » qui procure
une substance se présentant sous forme d'un résidu que l'on nomme caput
mortuum ; le moment où cette opération intervient n'est pas évident car
cette couleur noire (nommée aussi tête de corbeau) peut survenir à
différents niveaux de l'oeuvre ; le caput mortuum est une substance que
nous analysons en détail dans la section du tartre vitriolé ;
d)- le composé qui doit être traité par le feu secret est nommé soit sel des
philosophes soit mercure des philosophes ; dans Myst., p. 141, Fulcanelli
assure qu’il faut : "cuire le Sel céleste qui est le Mercure des philosophes
avec un corps métallique" ;
e)- ce sel des philosophes est en rapport avec le principe « Corps » de la
Pierre et correspond à la résine de l'or ou Toison d'or décrite par
Trismosin.]
32
cela vaut qu’on s’y attarde :
"La mort du corps laisse apparaître une coloration bleu foncé ou noire... Tel
est le signe et la première manifestation de la dissolution, de la séparation
des éléments et de la génération future du soufre, principe colorant et fixe
des métaux... Le corps mortifié, tombe en cendre noire ayant l'aspect du
poussier de charbon..."
"... un précipité blanc comme un limon, lequel étant le Mercure précipité par
le soufre du Plomb..."
33
Nous aurons l'occasion d'aborder l'étude d'autres algues qui
semblent davantage se rapporter à Poséïdon qu'à Zeus. La Lune
renvoie aussi à Artémis (Diane). E. Canseliet sans son Alchimie
expliquée sur ses Textes classiques (p.31) nous prévient de la
difficulté :
34
Fulcanelli (dans le Myst. Cath.) semble formel quand il nous parle
(p. 107) du feu secret qui est censé conjoindre le Soufre et le Sel
des Sages [à propos de l'un des bas-reliefs du portail central de Notre
Dame de Paris ; il s'agit de l'un des médaillons des Vices et des Vertus : la
Charité, cf. Gobineau] :
"un homme expose l’image du Bélier et tient de la dextre un objet qu’il est
malheureusement impossible de déterminer aujourd’hui. Est-ce un minéral,
un fragment d’attribut..."
et de citer Pernety :
"Les Adeptes disent qu’ils tirent leur acier du ventre d’Aries, et ils appellent
aussi acier leur aimant." [Dictionnaire mytho-hermétique]
a)- en premier lieu, Mars est le symbole du fer, qui peut jouer un
rôle en tant que principe Soufre - la teinture du Sel - dans
35
l'élaboration de la pierre ;
b)- en second lieu, Mars fait référence à l’antimoine à en croire
Newton [rapprochement par cabale phonétique entre Arès et Ariès] ; Mars
est de façon générale le symbole de toute substance vitriolique : il
peut donc s'agir d'argile, de gypse, sans compter les vitriols bleu,
vert, blanc, calciné en blancheur et les « gurhs » vitrioliques - [cf.
dragon écailleux] ;
c)- en troisième lieu, le Bélier pouvant aussi faire référence à
Jupiter Ammon, nous avons émis l'hypothèse que l'ammoniac jouait
un rôle dans l'Oeuvre -sous forme combinée à de l'alun mais ce
qui n'était pas satisfaisant (pourquoi les Anciens auraient-ils eu l'idée de
joindre de l'ammoniac à l'alun ?) ; mais l'ammoniaque est de l'alkali
minéral, volatil, qui n'a pas sa place dans la voie sèche. Voyez ce
que nous en disons dans la voie humide ;
d)- en dernier lieu, une lecture des Figures Hiéroglyphiques nous a
conduit à rapprocher Jupiter (figuré par Mars) de la figure de
Thémis, déesse de la Justice et à poser l'hypothèse que sous
Thémis - dont notre FIGURE I illustre le « lut de Sapience » - se
dissimulait par symbolisme la chaux.
36
portail central de Notre-Dame de Paris, l'Orgueil
Un autre feu que l’on a déjà évoqué et dont les Adeptes nous
assurent qu'il ne mouille point les mains, est le feu secret des
philosophes (le dissolvant universel sur lequel le chimiste Kunckel a
glosé, cf. Chevreul, critique de Hoefer). C’est ce dernier feu, excité par
la chaleur vulgaire émanée du feu de roue, qui fait littéralement
tourner la roue et évoluer le Rebis. Une autre technique
37
alchimique typique est la réincrudation : il s’agit d’un terme de
technique hermétique qui signifie « rendre cru », c’est-à-dire
remettre dans un état antérieur à celui qui caractérise la maturité
ou rétrograder [paradoxalement, selon Jung, cette rétrogradation
constitue l'individuation]. Nous y consacrons une section spéciale.
Nous avons mis en évidence plusieurs types de réincrudation :
4)- Le chêne
38
Laiton qu’on doit laver puis après blanchir. Les anciens Sages Cabalistes
l’ont décrite dans les Métamorphoses sous l’Histoire du Serpent de Mars, qui
avoit dévoré les Compagnons de Cadmus, lequel le tua en le perçant de sa
Lance contre un Chêne creux. Remarque ce Chêne ."
39
est adsorbé, l'allégorie du Mercure fixé, le Mercure et les
colombes de Diane symbolisées elles-mêmes par la noix de galle.
Le symbolisme alchimique du chêne (1) est des plus complexes et
renvoie à des corps différents en fonction de la voie utilisée, et
pour la même voie, plusieurs Mercures philosophiques peuvent
être employés ; il est clair, toutefois, que la voie du Mercure qui
passe par le carbonate de potasse a dû être la plus fréquemment
utilisée par les Adeptes. Le terme de laiton désigne l'amalgame
au 3ème oeuvre, c'est-à-dire le mélange des deux Soufres. Ce
terme ne doit pas nous abuser. Pour les chimistes modernes,
c’est un mélange de cuivre et de zinc [corps qu'employaient - sans
savoir qu'il s'agissait d'un métal particulier - les Romains dans la fabrication
de l'airain ; cf. chimie et alchimie] ; d’autres auteurs l’ont appelé airain
et nous avons montré que l'Airain était le Rebis dans son premier
état [cf. Limojon : 1, 2]. Fulcanelli (Myst., p.60) insiste sur
l’équivalence hermétique entre le signe ank (pour croix ansée) et
l’emblème de Vénus ou Cypris, le cuivre vulgaire. Bernard le
Trévisan parle aussi du « laton non net » dans son Verbum dimissum
dans la phase où le compost est en putréfaction :
"Merle de Jean. Un Philosophe s'est exprimé ainsi, pour signifier le noir qui
survient à la matière par la putréfaction. Merle blanc; c'est la pierre au blanc,
la Lune des Sages, Diane, etc." [Dictionnaire mytho-hermétique]
40
pendant le règne de la Lune.
MAGNESIE ROUGE . C'est le soufre rouge des Philosophes, leur or, leur
Soleil.
Raymond Lulle ( Theor , cap. 30.) donne le nom simple de Magnésie à la
terre feuillée des Philosophes, ou leur matière parvenue à la blancheur.
Cette terre est, dit-il notre magnésie dans laquelle consiste tout notre secret;
et notre secret final est la congélation de notre argent-vif dans notre
magnésie au moyen d'un certain régime.
MAGNESIE DES PHILOSOPHES est le nom que Planiscampi donne à un
amalgame fluide d'argent et de mercure.
MAGNESIE LUNAIRE est le régule d'antimoine, de même que la
MAGNESIE SATURNIENNE . Qui est aussi appelée Plomb des Philosophes
et le premier Être des métaux." [Dictionnaire]
41
et sème les dents du monstre, qui donnent naissance à une
multitude de géants [kadmoi] qui s’entre-tuent. Ces géants
s'apparentent bien sûr aux Titans que, par cabale, on peut
rapprocher de τιτανος qui constitue l'un des composants du feu
secret. Notons que dans cette version, Cadmos ne tue point le
serpent mais un dragon [cette fable est davantage commentée dans la
section Matière]... Fulcanelli nous reparle de Cadmus (Myst. Cath.,
p.119) en nous renvoyant à Philalèthe ainsi qu’à l’une des Douze
Clefs de Basile Valentin :
42
Typus Mundi, 25ème gravure
Retenons aussi cette allusion au lièvre (mis pour lepus : lupus, loup)
que nous retrouverons quand Fulcanelli examinera la cheminée
alchimique du château de Fontenay-le-Comte.
43
récoltait le suc de ces tumeurs pour leur richesse en tanin. Un
secret de cabale se cache derrière la galle et le tan [voir : Introïtus,
VI - Fig. Hier. - Matière - voie humide]. Galle, employé au masculin,
renvoie au prêtre de Cybèle et d’Attis [voir Aurora consurgens, III] et
nous voici revenus à la FIGURE VI qui est probablement l’allégorie
de l’Athanor et partant, du feu secret. Et, au vrai, la fonction des
Galles était à l'identique de ce que nous dit Philalèthe des
colombes de Diane. La XIIe Clef de Basile Valentin est donc un
condensé des opérations nécessaires à l’élaboration du feu
secret. Quant à ce parasite du chêne, cette noix de galle, il s'agit
d'une des allégories les plus subtiles du symbolisme alchimique :
c'est en quelque sorte la « rouille » du chêne, assimilable à un
métal brûlé ; c'est donc un oxyde. Le chêne et la noix de galle
représentent le Compost tel qu'il doit être préparé dans le 3ème
oeuvre. Nous l'évoquons davantage dans le commentaire sur
l'Introïtus, VI de Philalèthe. Nous ajouterons ici les différentes
acceptions de κηκις [matière qui fond sous l'action du feu ; bave de la
poix ; noix de galle] qui ne feront que nous conforter dans le sens
hermétique à lui donner. Le sens cabalistique du chêne nous est
à présent devenu plus familier par le truchement de son parasite,
la galle. Cette noix de galle a des rapports avec l'ionosphère dont
parle E. Canseliet dans ses Études de symbolisme. En effet, sous
le rapport même du volume, on ne sera pas étonné que les
proportions soient presque semblables entre d'un côté la masse
du Compost et celle du Soufre, comparées de l'autre côté à celles
du chêne et de la galle ou teinture. Sous cette allégorie d'une
grande poésie, les alchimistes ont caché un haut point de science
sur lequel nous pouvons donner à présent quelque
éclaircissement. Et d'abord, prenons le chêne ; en latin, on a vu
qu'il en existait de plusieurs sortes : le chêne kermès ou chêne
méditerranéen, le chêne rouvre, dédié à Jupiter [donc à Thémis] et
le chêne robur [variété très dure qui symbolise l'airain, i.e. l'amalgame
philosophique]. En grec, le chêne [δρυς] contracte des rapports,
par voie d'assonance avec πρις, la fleur du chêne kermès [i.e.
kermès] par le truchement de πρινος [chêne yeuse et aussi chêne
kermès] et aussi avec l'action de « fixer, attacher, serrer fortement »
par πριω. Le chêne constitue donc cet Airain sur lequel vient se
fixer la « noix de galle » ou κηκις
[l'airain est cette matière qui fond sous l'action du feu : il s'agit de la matière
philosophique qui se dissout par l'intermédiaire du feu secret ; elle permet
par κηκας de comprendre pourquoi les adeptes parlent de façon imagée
« d'outrages, d'insultes »].
44
expériences d'Ebelmen, que le constituant du cristal de roche sert
de « fixateur » au médiateur salin qu'il empêche de se volatiliser
précocement : il peut s'agir du lien du Mercure. Nous reverrons
bientôt l'emblème du chêne en liaison avec le bouclier lors de
l'évocation de l'écu de Tentzel.
5)- la fontaine
"La mythologie la nomme Libéthra et nous raconte que c’était une fontaine
de Magnésie, laquelle avait, dans son voisinage, une autre source nommée
la roche. Toutes deux sortaient d’une grosse roche dont la figure imitait le
sein d’une femme..."
45
Les Anciens nommaient sous l'épithète de magnésie toutes sortes
de terres argileuses ou calcaires, parmi lesquelles la terre de
Chio ou la terre Cimolienne ; autre exemple, la creta cirulis faisait
partie des terres magnésiennes. Libéthra renvoie aux Muses et à
deux fontaines, celle d’Aganippé et celle d’Hippocrène. Aganippé
est une source située en Béotie au pied de l’Hélicon et la légende
raconte que cette source a jailli sous le sabot du cheval Pégase ;
dans une autre acception, Aganippé est aussi l’épouse d’Acrisius
et la mère de Danae. La légende raconte que Danae fut enfermée
dans une tour d’airain par son père à qui un oracle avait prédit
qu’il serait tué par le fils de sa fille ; Zeus se métamorphosa en
pluie d’or et parvint jusqu’à la couche de Danae [voir les sections
Cosmopolite et les Douze Traités pour la pluie d'or] ; de leur union
naquit Persée qui tua par accident son grand-père Acrisius. Nous
parvenons ainsi à comprendre que de cette fontaine doit jaillir un
composé à caractère « dur et inébranlable ». Voyons à présent cette
autre source nommée « la roche ». De roche ou rocher, il est
question aux DM, I, p. 276 où Fulcanelli précise :
"Sachez aussi que notre rocher, - voilé sous la figure du dragon - laisse
d’abord couler une onde obscure, puante et vénéneuse, dont la fumée,
épaisse et volatile, est extrêmement toxique. Cette eau, qui a pour symbole
le corbeau, ne peut être lavée et blanchie que par le moyen du feu..."
"... frappe le rocher, c’est-à-dire la matière passive, et en fait jaillir l’eau pure
cachée dans son sein"
46
manifestement du Rosarium Philosophorum].
"... une petite créature qui file, jambes, ailes et bras parallèlement étendus,
vers une lanterne suspendue dans le ciel au milieu d’un cercle de lumière
radiante ."
"Ce secret icy surpasse tous les secrets du monde, car vous pouvés en peu
de tems, sans grand soin ny travail, parvenir à une grande projection, de
laquelle voyés Isaac Hollandois qui en parles plus amplement "
"Chacune de ces réitérations prend le nom d’aigle... [ce mot], d’où les sages
ont tiré leur terme d’aigle, signifie éclat, vive clarté, lumière, flambeau..."
47
"... et sache que le Mercure d'une, deux ou trois aigles commande à
Saturne, à Jupiter et à Vénus, de trois à sept aigles, il commande à la Lune,
enfin il commande au Soleil quand il en a de sept à dix."
48
symbole de Vénus sont semblables aux deux faces d'une même
médaille [ou d'une Vertu, voir la Prudence dans la section des Gardes du
corps ; cf. aussi Gobineau]. Enfin, la double couronne tressée est
l'illustration du feu de roue qui est la manifestation de la coction.
Cette couronne d'épines est de sinople sur un champ de sable ;
où l'on trouve la couleur de la chaux métallique et la qualité du
lien mercuriel. La croix d'or est le creuset où s'élabore le travail
dans le 3ème oeuvre ; Quant aux trois globes d'azur en pointe, ils
rappellent les trois clous de la crucifixion [ηλος], en rappelant la
nature soufrée [ηλιος] intervenant à ce stade de l'oeuvre. E.
Canseliet nous donne deux autres versions de cet écusson,
figurant à la fin de L’Harmonie Chymique de David Laigneau dont
nous analysons complètement la deuxième version dans le rébus
de St Grégoire. S’il en était besoin, nous ajouterions qu’une note de
bas de page [on ne dira jamais assez l’importance des notes et des
préfaces d’E. Canseliet qui se révèle en la matière plus redoutable que son
maître Fulcanelli] de son Alchimie, pp. 132-135, se révèle au sens
hermétique absolument lumineuse :
"A la suite du manuscrit original de l’Aurore, déjà fort mal écrit, se trouve un
autre traité, destiné sans doute à le compléter, et qui porte pour titre : L’Ami
de l’Aurore. Cette seconde partie de l’ouvrage est absolument illisible. Les
lignes du recto et celles du verso, par dommage superposées, se sont
interpénétrées à travers la pâte du papier. L’encre, acide et trop peu
gommée, s’est étalée dans les intervalles, rongeant les caractères, soudant
les mots en larges traits opaques... L’ami de l’Aurore, ruiné par l’influence
du temps et des réactions chimiques, demeure indéchiffrable, et la pensée
de l’auteur est probablement perdue à jamais."
49
procédés. Il se rendit compte néanmoins de la différence
fondamentale - que l'on connaît maintenant en terme de degré
d'oxydation - dans les termes suivants :
"... [Une] solution de mercure dans de l'Aqua fortis, étant versée sur du fer,
du cuivre, de l'étain ou du plomb, dissout le métal et libère le mercure ; cela
ne démontre-t-il pas que les particules acides de l'Aqua fortis sont attirées...
plus fortement par le fer, le cuivre, l'étain et le plomb que par le mercure" (in
Newton, Opticks, p. 381, cité par Dobbs).
50
chercheurs ; mais s’agit-il vraiment de la bonne étoile ? E.
Canseliet l’affirme, Fulcanelli semble très sceptique… Autre
énigme désespérante. Quoi qu’il en soit, Newton préconisait la
formule suivante pour obtenir le régule étoilé d’antimoine :
"Le Régule Martial est fait en jetant 2 parties d’antimoine sur 1 de fer
chauffée au blanc dans un creuset et en les mélangeant bien ensemble avec
un peu de salpêtre pour activer la fusion. Lorsque c’est froid, on trouve au
fond le régule, lequel, de nouveau mélangé 3 ou 4 fois avec du salpêtre, est
ainsi purifié et lorsqu’il est froid il possède une surface plane (sous le
salpêtre qui est alors couleur d’ambre claire) avec des dessins en étoile et
on l’appelle Regulus Martis Stellatus." [MS Don.b.15, f. 4v, cité in Dobbs, p.
190]
Les alchimistes ont très souvent fait référence à leur Aimant, leur
Acier, à l'Étoile du Nord mais toujours de façon imagée. Plusieurs
étoiles, au moins deux, sont citées ; Fulcanelli, dans Myst., parle
de l'étoile de Jacob, de l'étoile des Mages, de l'étoile du matin, de
l'étoile hermétique, de deux étoiles et de l'étoile terrestre. Est-ce
la même étoile, diversement interprétée ? Nous donnerons
d'abord la définition de l'étoile hermétique, selon Pernety :
"Comment pourrais-je maudire celui que son Dieu ne maudit pas ? Comment
donc menacerai-je celui que Jéhovah ne menace pas ? Ecoutez ! ... Je la
vois, mais pas maintenant ; je la contemple, mais pas de près... Une étoile
51
se lève de Jacob et le sceptre sort d'Israël..." (Num., XXIV, 47)
"C'est une figure radiée... dite Etoile des Mages... qui rayonne à la surface
du compost, c'est-à-dire au-dessus de la crèche où repose Jésus,
l'Enfant-Roi."
"La conception était figurée par une étoile qui brillait sur la couverture en
contact avec le ventre de la femme..."
52
"[...] un homme richement vêtu du pourpoint à manches, coiffé d'une sorte de
mortier, et la poitrine blasonnée d'un écu montrant l'étoile à six pointes."
Fulcanelli assure que cet astre est la substance qui, au cours des
sublimations, s'élève au-dessus de l'eau, qu'elle surnage comme
une huile et que c'est l'Hypérion de l'oeuvre [qu'il faut lire par cabale,
υπερ−ιον] C'est le lion vert de Ripley. Le mortier désigne deux
matières entrant dans la préparation du dissolvant [αµµοκονια =
poussière et chaux] et la coiffe [καλυπτηρα] est l'épithète de ce
qui recouvre ; analogie avec le tombeau qui correspond à la
dissolution radicale des corps et à l'ouverture des métaux. On
relèvera la liaison, riche de cabale, entre αµµοκονια et la «
Maistre Pierre du coignet » [les Mystères, p. 61] par laquelle l'Adepte
définit la pierre angulaire de l'Oeuvre. Nous ferons remarquer au
lecteur que αµµοκονια peut s'écrire par permutation
αµµονιακο ; nous retrouvons le sel ammoniac des Anciens.
- DM, I, p. 375 :
" C'est le signe de l'union et de la concorde qu'il faut savoir réaliser entre le
feu et l'eau... les deux superposés forment l'image de l'astre, marque
certaine d'union... car étoile (stella) signifie fixation du soleil."
Voyez ce que nous disons dans les Douze Portes de Ripley sur les
éléments. C'est cette digamma que nous présentons à la FIGURE
XVI d'après le traité alchimico- kabbalistique attribué à Abraham
Eleazar (Erfurt, 1735 - Jung semble confondre Abraham Eleazar avec
Abraham Juif ; il est beaucoup plus ancien, cf. Psychologie et Alchimie,
réf. 162). Nous retrouvons aussi le symbole de la Terre et du
Mercure. Le cercle figure une roue et symbolise également le feu
de roue. La digamma est le « scel » de l'Eau et du Feu ; elle
représente l'eau pontique qui assure la dissolution des corps tout
en constituant le lien du Mercure.
53
Au centre, le cercle crucifère figure l'albâtre des Sages. La
conjonction de la digamma montre avec assez d'insistance à quel
point le feu est lié à l'eau dans la préparation du lait d'Apollon.
Encore dans l'Aureum Seculum Redivivium de Mynsicht.
- DM, I, p. 436 :
- DM, II, p. 57 :
Notez encore que cette alternative vaut pour un texte, mais que
dans le même texte, elle peut encore s'exprimer : le Livre secret
d'Artéphius est à cet égard édifiant. Dans ce traité sur l'Eau
permanente apapraît un changement de ton qui exprime la
54
transition entre l'eau-vive prime et l'eau-vive seconde,
considérées selon Limojon de Saint-Didier.
"La matière a subi une première préparation, le vulgaire vif-argent s'est mué
en hydrargyre philosophique... La route suivie est sciemment tenue secrète."
55
signe (stella) d’un traitement correct des matières employées. Il
convient d’indiquer aussi que Basile Valentin sous-entendait que :
"Certains ont pensé que cette étoile était la véritable substance de la pierre
philosophale. Mais ceci est une idée fausse et ceux qui l’entretiennent
s’égarent…"
"Cet autre Chalybs (justement nommé) est l'antimoine, car il est créé
naturellement de lui-même (sans artifice) et c'est le commencement de
l'oeuvre ; et il n'y a pas là plus de deux principes, le plomb et l'antimoine."
Newton avait sans doute vu juste pour le plomb qui fait sans doute
partie du dissolvant universel dans certains procédés - ces
procédés ont plutôt à voir avec la spagyrie qu'avec l'alchimie - mais
l'antimoine vulgaire n'est d'aucun usage pour l'obtention de la
pierre au rouge. Plus loin, voici un autre passage ou Sendivogius
parle de l'eau mercurielle (ou eau permanente) :
"Notre eau est attirée comme par merveille, et c'est la meilleure chose qui
est attirée par le pouvoir de notre Chalybs, lequel est trouvé dans le ventre
d'Aries."
"Aries ou Bélier. Ces termes sont mystérieux dans les écrits des
Philosophes Chymiques; ils disent que leur matière se tire du ventre d’Ariès.
Quelques-uns prenant ces termes à la lettre ont cru que cette matière était
de la fiente de Bélier; mais les Philosophes parlent du Bélier, signe du
Zodiaque, et non du Bélier animal." [Dictionnaire mytho-hermétique]
56
saint Christophe, bas relief de l'hôtel Lallemand, Bourges
57
poêle alchimique du Winterthur : la ruche
58
aux DM, I, p. 381 quand il parle des :
"... chercheurs qui ont, avec succès, surmonté les premiers obstacles et
puisé l'eau vive de l'antique Fontaine, possèdent une clef capable d'ouvrir
les portes du laboratoire hermétique."
avec en annexe :
"Cette clef était donnée aux néophytes par la cérémonie du Cratère qui
consacrait la première initiation dans les mystères du culte dionysiaque."
Car ce cratère n'est autre que cette coupe, ou vase sacré, ou urne
funéraire (arcula, arca). Arca est là pour l'arche de Noé et Arcas est
le fils de Jupiter et de Callisto en rapport avec l'ours et l'étoile
polaire, outre qu'Arcas renvoie aussi à Mercure.
[j'ouvre une parenthèse pour assurer le lecteur que les alchimistes étaient
parfaitement informés de l'augmentation de poids des matières dans le
processus dit de « l'ouverture des métaux » :
« Certes, les Alchimistes savaient que les métaux augmentent de poids par
oxydation, Stahl lui-même l’avait constaté; mais ce n’est point l’exactitude
des pesées, c’est l’idée que la matière seule est pondérable qui a fait la
Chimie de Lavoisier. C’est encore l’idée de molécule avec les conséquences
qu’elle comporte qui a fait la Chimie organique. » [Albert Colson, contribution
à l'histoire de la chimie, chap. I, Hermann, 1910, p. 12 ]
cf. Chevreul, critique de Hoefer, II et Berthelot, Chimie des Anciens, III. Eck
de Sulzbach est de ceux qui, au XVe siècle, ont eu la prescience de ce que
le génie de Lavoisier put conceptualiser ; l'apport de Jean Rey est
indiscutable]
59
de la préparation des régules étoilés (University Library, Cambridge,
collection Portsmouth MS Add. 3975, f. 42 r, v pp. 81-82). Au cours des
années 1670-75, Newton pratiqua un autre type d’expériences :
les amalgamations. Il s’agit d’opérations qu'il menait à des
températures élevées. Dans tous les cas, figurait le régule étoilé
d’antimoine et très souvent le mercure commun (vif-argent vulgaire).
Il est remarquable que deux métaux apparaissent très souvent
cités dans les essais réussis : l’étain et le plomb qui sont des
métaux mous et relativement fusibles. Il semble aussi que Newton
ait employé le bismuth. Ces amalgames avaient une note
commune : le mercure est instable par rapport aux autres métaux
et il n’est pas toujours possible de former un amalgame en
ajoutant du mercure à la suite d’un autre métal en fusion, car le
mercure se volatilise à cause de la chaleur dégagée par la masse
en fusion. Le point de fusion bas de l’étain et du plomb permettait
donc d’y inclure du mercure avant que celui-ci ne se volatilise.
B.J. Dobbs met très bien en évidence, en outre, que la démarche
de Newton faisait intervenir un concept alchimique très important :
la médiation.
60
De Lapide Philosophorum, undecima figura, Musaeum hermeticum, p. 363
légende :
"Le Père et le fils sont unis par les mains avec le conducteur. On doit
sous-entendre ici le corps, l'Esprit et l'Ame"
texte :
"Le père, un vieillard est issu d'Israël, - Il n'a qu'un fils unique... - Un
conducteur lui impose douleur sur douleur... - Le conducteur a parlé en ces
termes au fils : - Je suis venu ici afin de te conduire en tous lieux, - À
l'extrême cime de la montagne la plus haute..."
61
indication sur l'un des composés du Lion vert [calx] : la chaux.
Toujours en grec, la chaux [τιτανος] se dit aussi καλιξ,
homonyme grec du latin : calix [coupe à boire, cette même coupe que
l'on aperçoit sur l'un des panneaux du Winterthur qui est semblable au
cratère qui consacrait la cérémonie dionysiaque].
Sur le vieillard :
"On l'appelle encore dragon noir couvert d'écailles, serpent venimeux, fille
de Saturne..." [DM, I, p. 241]
"notre vieillard est notre mercure ; que ce nom lui convient parce qu'il est la
matière première de tous les métaux ; le Cosmopolite dit qu'il est leur eau..."
(DM, I, p. 338) ;
" (il faut) unir un vieillard sain et vigoureux avec une jeune et belle vierge."
[DM, II, p. 279]
62
extraits ? Nous sommes enclins à le croire...
Le Cosmopolite affirme :
"(L'air) est la matière des anciens philosophes... C'est l'eau de notre rosée,
de laquelle est extrait le Salpêtre des philosophes... c'est notre pierre
d'aimant... [à laquelle] j'ai donné le nom de Chalybs ou Acier... et que ce que
le vent porte dans son ventre, à savoir le Sel Alkali, que les philosophes ont
appelé Sal Armoniacum, et végétal, est caché dans le ventre de la
Magnésie." [Novum Lumen chymicum, cité in B.J. Dobbs, op. cit., pp.
200-201]
63
masquant un sel de chaux. Des détails supplémentaires sur la
rosée sont donnés dans héraldique et alchimie. Le salpêtre des
philosophes se rapporte au sel alkali qui conttribue à former le
Mercure philosophique ; il n'a donc à voir qu'indirectement avec le
nitre dont l'emploi est antérieur et se place plus tôt, lors de la
préparation du Mercure. Le texte du Cosmopolite se place à un
moment du travail qui se situe au début du 3ème oeuvre et dont
l'objet est d'animer ce Mercure qui, seul, peut « ouvrir » les
métaux. Cette eau des sages, c'est aussi le lait de la Virgo paritura,
maintes fois évoquée, dont le nectar nourrit Apollon. Notre
observation, finalement, se rapproche d'une note de bas de page
(DM, I, p. 350) où Fulcanelli précise qu'Ammon-Râ était
ordinairement représenté avec une tête de bélier et parfois avec
des cornes spiralées. Fulcanelli rappelle que :
"... le bélier est l'image de l'eau des sages... Ammon, médiateur salin..."
"Ammon. Le même que Jupiter, Dieu des Égyptiens Voyez le livre 1 des
Fables Egypt. et Grecq. Dévoilées, sect. 3, chap. 8. Ammon fut adoré en
Libye sous la figure d’un bélier, soit parce que Jupiter, en se sauvant avec
les autres Dieux en Égypte, pour se soustraire à la poursuite des Géants,
prit la forme de cet animal; soit, comme le disent d’autres, que Jupiter sous
la figure d’un bélier, ait fait sourdre une fontaine, pour désaltérer l’armée de
Bacchus." [Dictionnaire mytho-hermétique]
64
De Lapide Philosophorum, préface, in Musaeum hermeticum, 1678, p. 339
"Ainsi les philosophes ont une mer à eux... où viennent à naître des petits
poissons gras ou d'autres mouvants dans leurs écailles argentées ; celui qui
apprend à les envelopper dans un filet finement noué et à les extraire mérite
d'être considéré comme un pêcheur d'une grande habileté." [D'Espagnet,
Oeuvre secret d'Hermès, cap. 54]
"Argo. Nom que la Fable a donné au navire que montait Jason, quant il fut à
la conquête de la toison d’or avec Hercule, Hylas, Orphée, Etalide, Amphion,
Augias, Calais, Castor, Pollux, Céphée, Iphicle, Eson, Lyncée, Meopse,
Méléagre, Pélée, Télamon, Zetis et plusieurs autres. Les Alchymistes
expliquent cette expédition comme une allégorie de la pierre Philosophale, et
particulièrement parce que le navire était fabriqué des chênes parlants de
Dodone. Voir. JASON, ARGONAUTES, et le traité des Fables Egypt. et
Grecques dévoilées, liv. 2, chap. 1." [Dictionnaire myhto-hermétique]
65
même sens cabalistique que χρισµα [graisse liquide, mélange de
plâtre et de chaux] et explique les supplications incessantes
[λιπαρεω] à Dieu [au Soufre] que les alchimistes recommandent
aux impétrants d'effectuer fréquemment. Encore : le lien à établir
entre les îles Liparies et le dieux boiteux Héphaïstos [cf. Philalethe,
Introïtus, VI].
Quant aux « poissons mouvants », c'est bien sûr à Aphrodite
[Ασταρτη, déesse phénicienne reconnue par les Grecs comme
Aphrodite] qu'ils font allusion par le truchement d'assonances,
telles que αστασια [instabilité], ασταθµτος [non fixé, instable,
mobile] et αστατεω [être errant, vagabond], tous qualificatifs
mercuriels. Sur l'habileté requise à la capture des poissons, elle
livre le nom du composé non assujetti au joug, au mors, de
caractère ardent et impétueux : δεξιος [Arès]. On a vu plus haut
que Newton considérait que sous Arès était voilé l'antimoine.
Nous retiendrons qu'Arès fut retenu en prison dans un vase
d'airain durant de longues années et que seule Aphrodite conçut
un fol amour pour ce dieu qui symbolisait la force passionnelle et
sensuelle ; on retient de lui qu'il est ivre de carnage, buveur de
sang et qu'il est le dieu des larmes. Tous ces épithètes le
désignent comme un « Mercure » non contrôlé. Arès a aussi un
rapport avec le dragon que Cadmos tua et dont il sema les dents
d'où émergèrent les σπαρτοι [les Thébains]. Newton considérait
que les dents du dragon constituaient la première matière. Ce
dragon gardait une source, à Thèbes, nommée αρηδια. Le
rapport entre Thèbes et le grand Oeuvre est direct : c'est Cadmos
qui fonda la ville ; plus tard, Zéthos et Amphion régnèrent sur la
ville, le premier transportant des pierres pour établir les remparts
de la ville, le second jouant de la lyre et charmant, même, les
matériaux de construction.
66
parties grossières et terrestres..." [Myst., p. 115]
"Or, la mère des fous, la Mère folle, n'est autre que la science hermétique...
le grand fou sculpté [l'homme des bois]... est en réalité un sage, puisqu'il
s'appuie sur la Sapience, arbre sec et sceptre de la Mère folle." [DM, I, p.
422 - sur le Mercure]
67
physionomie ne s'est constituée que tardivement. En effet, il est
aussi connu comme un enfant ailé dont les caprices et les
espiègleries causèrent maints tourments. Sa malice ne respectait
même pas sa mère. Celle-ci devait parfois le punir en le dépouillant
de ses ailes et de son carquois [c'est-à-dire en le calmant, en
l'adoucissant]. En bref, ce sage nous apparaît comme un
personnage à la fois raisonnable et patient. Pour nous, il constitue
l'hiéroglyphe du sel harmoniac. E. Canseliet, dans ses Études de
symbolisme, s'est aussi penché sur ce sceptre sous la figure du
bâton en commentant la page de titre du Musaeum Hermeticum dont
une partie de l'illustration reproduit l'emblème XLII de l'Atalanta
fugiens de M. Maier. J'ajouterai que l'homme des bois se confond
avec l'homme de nature, l'homme primitif [cf. les états symboliques de
Rousseau in philosophie et alchimie].
"Ce feu, ou cette eau ardente, est l'étincelle vitale communiquée par le
Créateur à la matière inerte..." [Myst., p. 106]
68
fontaine du vertbois, à l'angle des rues st Martin et du Vertbois (1712)
à coté d'une tour de l'enceinte du prieuré de St Nicolas - détail
69
semble avoir une certaine importance dans l'analyse du feu secret
des philosophes. Fulcanelli (DM, I, p. 103) évoque avec nostalgie
l’ésotérisme égyptien renié et corrompu par la Renaissance en
citant Lavinius. L'importance de ce texte est confirmée (DM, I, p.
208) par une nouvelle citation lors de l’examen de l’eau ignée au
sein de laquelle se baignerait le soleil hermétique :
70
grec, se dit par ailleurs κρασπεδον et possède comme acception
la crête d'une montagne ; on peut rapprocher ce mot de κρας,
sommet de montagne et de κρασις, action de mêler deux
substances qui se combinent en une seule [ιος].
Dès lors, on comprend mieux pourquoi, dans le De Lapide
Philosophorum de Lambsprinck, le conducteur porte le prince au
sommet d'une montagne. Il peut s'agir d'un alliage de métaux, et
ici, de l'amalgame philosophal ou Rebis où doit s'exprimer l'union des
contraires. On trouve très bien décrit dans les Deux logis
alchimiques [op. cit., p. 227] cette allégorie de l'union des contraires
lors du combat de l’Aigle et du Lion ; E. Canseliet examine l’un des
vingt-quatre caissons où l’on aperçoit un aigle hybride ayant un
corps en forme de serpent et une tête de rapace. Il rapproche ce
caisson de l'une des Figures Hiéroglyphiques où l’on voit deux
dragons, l’un ailé, l’autre aptère :
" ... nous dirons cependant que l’Esprit universel, corporifié dans les
minéraux sous le nom alchimique de Soufre, constitue le principe et l’agent
efficace de toutes les teintures métalliques. Mais on ne peut obtenir cet
Esprit, ce sang rouge des enfants qu’en décomposant ce que la nature avait
d’abord assemblé en eux." [Myst., p.138]
71
alors qu'il s'agit d'une allégorie concernant le Mercure.
- Sur le 2èmeSoufre :
"... ne peut acquérir cette puissance que par une série de cuissons
ultérieures avec le Soufre... ce qui constitue la multiplication."
72
De Lapide Philosophorum, octava figura, Musaeum Hermeticum, p. 357
texte :
"On trouve dans l’Inde une très agréable forêt - En laquelle sont réunis deux
oiseaux - L’un est de couleur très blanche, l’autre rouge - Ils s’entre-tuent en
se mordant à l’envi - L’un dévore l’autre et le consume..."
légende :
"Il y a deux oiseaux nobles et de grand prix, le corps et l’Esprit, l’un consume
l’autre"
73
Esprit se sublime en se dévorant lui-même et laisse un nouveau
Corps formé des éléments du Rebis, réincrudés en une nouvelle
forme qui est le lapis philosophorum. L'orientation de cette Pierre est
déterminée par l'Âme [cf. Soufre]. Celui qui sait trouver le moyen
de faire en sorte que l'Esprit « retarde » à s'évaporer - il s'agit du
lien du Mercure - connaît le secret de faire l'oeuvre par le seul
Mercure. Cet Esprit, c'est le Mercure philosophique, objet des
travaux du 2ème oeuvre : il se présente comme une « eau sèche -
seiche » qui a le pouvoir de procurer « l'humide radical métallique » en
brûlant les métaux. C'est donc d'une action ignée que procède sa
nature. Il nous faut étudier le mécanisme qui catalyse et entretient
cette action ; cette médiation passe par ce que les alchimistes
appellent le « vase de nature » dont bien des caractéristiques le
rendent proches de celles qui sont les attributs du potier, du
céramiste qui travaillent, l'un sa pâte, l'autre sa glaçure.
Revenons à Cybèle qui constitue par excellence l'hiéroglyphe de
ce feu, à la fois igné et aqueux.
74
sorte de vernis de couleur noire. Les minéralogistes reconnurent
que ces pierres étaient composés de minéraux parmi lesquels les
alliages de fer et de nickel et les silicates magnésiens comme le
péridot, le pyroxène ; on reconnut aussi que la structure des fers
météoriques présentait des réseaux très réguliers et qu'ils étaient
attaqués de façon singulière par les acides, qui leur donnaient un
aspect moiré. Enfin, fait troublant, le chimiste Laugier reconnut le
chrome, dont la fréquence est très remarquable. Nous arrêterons
là cette digression un peu fastidieuse en ne nous empêchant pas,
au demeurant, de signaler de possibles rapprochements avec ce
que nous avons dit des « possibilités de nature » quand nous avons
soulevé, dans héraldique et alchimie, l'hypothèse que le Mercure
existait dans la nature [cf. Nature de la Pierre].
La Phrygie, Κονιαιος, est en proche assonance de κονια
[chaux, cendre] et de κονιαµα [enduit de chaux]. Cybèle est liée, par
cabale, à l'une des matières premières, expressément désignée
par les auteurs comme brillante et rayonnante, resplendissante,
tous épithètes du marbre [µαρµαρος]. C'est la pierre angulaire
de l'Oeuvre, appelée aussi la « maîstre pierre du Coignet » par
Fulcanelli [Myst., p. 61]. Cette pierre noire est donc en fait une
pierre on ne peut plus blanche :
75
Notre Dame de Paris, chapelle absidiale, du côté de la rue du
Cloître-Notre-Dame
76
Orieut, où elle fit plus de bruit encore. Rosvitha de Ganderesheim, au
dixième siècle, la mit en vers latins, de même que Marbod, évêque
de Redon, dans le onzième. Elle a été également le sujet d'un poème
allemand, et il est peu d'histoires qui aient eu autant de vogue au
moyen âge. Pierre d'Amiens, saint Bernard, saint Bonatenture, Albert
le Grand et les missels des couvents eu font souvent mention.
Théophile était économe de l'église d'Adana. C'était un étant venu à
vaquer, le clergé et le peuple le désignèrent unanimement pour
remplacer l'évêque défunt; mais il refusa cet honneur. Porté devant le
métropolitain, il se jeta à ses pieds, embrassa ses genoux, se
déclarant indigne à cette charge. L'assemblée, touchée de ses
prières, lui accorda trois jours de réflexion ; et comme au bout de ce
temps il persistait dans son refus, le métropolitain en nomma un autre
à sa place. Quelques hommes, jaloux à l'économe, persuadèrent au
nouvel évèque de donner sa place à un autre, et Théophile se retira
chez lui. Il supporta d'abord avec résignation cet affront ; mais bientôt
le démon sut exciter des pensées coupables dans son cœur; la
vengeance et l'ambition s'emparèrent de lui : il commença à mettre la
gloire temporelle au-dessus des biens célestes, et pour arriver à la
première il ne craignit pas d'avoir recours à la magie. Il y avait dans la
ville un Juif exercé dans tous les arts diaboliques, et qui avait entraîné
beaucoup d'âmes dans l'abime. Théophile alla le trouver la nuit, se
plaignit du tort que l'évêque lui avait fait, et réclama son assistance.
Le juif lui répondit :
« Qu'il renie le Fils de Marie et tout ce que je hais, et qu'il mette cela
par écrit, s'il veut obtenir ce qu'il désire. »
77
Cependant Dieu, se souvenant de la vie édifiante qu'il avait menée
autrefois, toucha le coeur de cet orgueilleux; de sorte que, rentrant en
soi-même, il se mit à considérer ce qu'il avait fait, et à penser qu'il se
préparait un malheur éternel, et qu'il avait changé la lumière contre
les ténèbres. Ses angoisses angmentaient encore quand il se
demandait ce qu'il répondrait au jugement dernier, à cette heure ou
les secrets des coeurs seront dévoilés, qui aurait pitié de lui et le
protégerait alors. Après avoir été tourmenté pendant longtemps par
ces pensées, il se sentit inspiré d'invoquer le secours de Marie,
refuge de tous les pécheurs. S'adressant à son âme plongée dans
l'état du péché, il lui dit :
78
Si nous envisageons ce bas-relief sous une vision hermétique, il
est facile de voir dans la scène de droite, la materia prima - sous les
dehors de Théophile - en proie au Diable, c'est-à-dire au Mercurius
: il s'agit d'une allégorie sur la nigredo . À gauche, il s'agit au
contraire de l'allégorie de l'albedo, par l'appel de Théophile à la
Vierge [voir les aquarelles de l'Aurora consurgens]. L'acte de contrition
de Théophile est tout autant une rédemption qu'une remise de la
corruption du diacre. Par le pacte qu'il scelle avec le Diable,
Théophile est l'une de ces nombreuses figures qui illustrent la
légende de Faust. Ce pacte funeste par lequel Théophile devient
riche est celui-là même qui le corrompt et fait de lui l'équivalent -
dans l'oeuvre alchimique - d'une chaux dissoute, illustrée par
l'hiéroglyphe ou ιος. Dans un temps ultérieur, miné par le
remords, c'est-à-dire travaillé par l'esprit [animus = spiritus
79
relief de Théophile, détail, abbaye de Souillac
80
"... d'aspect peu engageant. Il joint à la noirceur une odeur désagréable,
souille les mains de ceux qui le touchent, et, fort disgracié de la nature,
réunit de la sorte tout ce qui peut déplaire..." [L'alchimie, E. Canseliet, in Le
Symbolisme alchimique, p.138, paru dans le Trésor des Lettres, janvier
1936] ;
"Il prophétisa, avant comme après la Chute [cado], que le monde devrait être
renouvelé, ou plutôt purifié, par l'eau. Ses successeurs érigèrent en
conséquence deux tables de pierre sur lesquelles ils gravèrent un abrégé de
tous les arts physiques, afin que cet arcane puisse être connu de la
postérité. Après le Déluge [stagnum], Noé trouva l'une de ces tables au pied
du Mont Ararat."
81
attèle à son char.
On trouve souvent dans les allégories ces chars traînés par des
chevaux. Le char, en latin, se dit jugum, qui est aussi la
constellation de la Balance et le sommet d'une montagne [avec
idée de hauteur, de cime et idée aussi d’une couleur bleu foncé : violette
ιον]. Le char de triomphe représente l'allégorie suivante : il s'agit
de l'entrée solennelle à Rome du général victorieux qui monte au
Capitole sur un char traîné de chevaux blancs, revêtu lui-même
de la toga picta et de la tunica palmata, la tête ceinte de lauriers [
tenue de Jupiter Capitolin]. La tunica palmata fait référence par tunica
au cocon (coque, coquille) et palmata renvoie à « victoire » et
cabalistiquement au mont de la Victoire, c’est-à-dire au Mont-Joie
dont Fulcanelli nous parle dans Myst., p. 68 : c’est une allégorie
sur la Rosée de mai qui s’élève jusqu’au mont de la Magnésie
(Mont-Joie). Le mot coquille donne là encore une indication sur le
sujet minéral qui est brillant et étincelant. Là encore, le sommet de
la montagne donne une idée de rapprochement entre deux
Principes.
82
M. Maier, Atalanta fugiens, emblème XLI
"Adonis. La Fable nous rapporte qu’Adonis fut aimé de Vénus; qu’il fut tué à
la chasse par un sanglier furieux, et que Vénus en étant informée, accourut
à lui pour le secourir; elle rencontra dans son chemin un rosier à fleurs
blanches, aux épines duquel s’étant piqué le pied, il en sortit du sang qui
changea en rouge la couleur blanche des fleurs. Les Syriens adoraient
particulièrement Adonis, comme les Égyptiens Apis; l’un et l’autre
signifiaient la matière Philosophique, qui aimée de Vénus, c’est-à-dire de la
Lune Philosophique, se réunissent ensemble et se prêtent un secours
mutuel. Isis et Osiris étaient le mari et la femme, le frère et la sœur, le fils et
la mère; et les deux histoires sont tout à fait semblables. Un sanglier tue
Adonis, Venus y court; Typhon tue Osiris, Isis y accourt : celle-ci ramasse
les membres dispersés d’Osiris; Vénus cache Adonis blessé sous une laitue.
Tout cela représente allégoriquement ce qui se passe dans le vase
Philosophique, comme le savent les Adeptes. Voyez l’explication de cette
fiction dans les Fables Égyptiennes et Grecques dévoilées, T. 2."
[Dictionnaire mytho-hermétique]
83
Ici, Pernety assimile Adonis et Vénus, respectivement au Soleil et
à la Lune, dès qu'il évoque Isis et Osiris. Adonis figure le Soufre à
l'état de dissolution. Mais en ce cas, le sanglier, loin de figurer
Arès, doit être Cronos... Revenons un instant aux parents
d’Adonis ; ils ont un rapport inattendu avec le sel des Sages :
Cinyras renvoie à Chypre (île de la mer Égée où l’on honorait Vénus). Il
serait trop facile de penser qu'il existe une liaison directe entre
Chypre et le cuivre ; le cuivre, en latin, aes, a aussi la valeur
d'airain, de laiton [M. Berthelot a bien insisté sur le sens vague du mot
aes, dans son Introduction à la chimie des Anciens]. À Chypre, Pline
nous parle encore d'une terre astringente [d'une qualité inférieure à la
terre de Chio] qui pourrait avoir un rapport avec l'une des deux
colombes de Diane. Enfin Cyprium aes, cité par Pline, est du cuivre
cyprien [fait avec le minerai nommée cadmie, oxyde de zinc]. Cinyra est
encore un instrument à cordes (lyre) et cinnus signifie mixtion,
breuvage composé.
"C’est donc à la pierre brute et vile qu’il faut s’adresser, sans répugnance
pour son aspect misérable, son odeur infecte, sa coloration noire, ses
haillons sordides. Car ce sont précisément ces caractères peu séduisants
84
qui permettent de la reconnaître, et l’ont fait regarder de tout temps comme
une substance primitive... Mais les philosophes ont découvert qu’en sa
nature élémentaire et désordonnée, faite de ténèbres et de lumière... ce rien
contenait Tout..."
" ... la clef de l’arcane majeur est donnée, sans aucune fiction, par l’une des
figures qui ornent le présent ouvrage. Et cette clef consiste tout uniment en
une couleur, manifestée à l’artisan dès le premier travail..." [Myst,
85
introduction, p. 13]
"Il serait intéressant de savoir pourquoi nos enfants, entre tant d'admirables
découvertes dont ils ont sous les yeux l'application quotidienne, connaissent
plutôt Pascal et sa brouette, que les hommes de génie auxquels nous
devons la vapeur, la pile électrique, le sucre de betterave et la bougie
stéarique." [DM, I, p.76]
Il s'agit d'une allusion directe à l'un des moyens d'obtenir l'un des
composants du feu secret (1) : c'est dans l'une de ces phrases
d'apparence trompeuse que l'on trouve les clefs fondamentales
qui permettent à l'étudiant de progresser ; l'invention de la bougie
stéarique est due à Eugène Chevreul [1, 2] dont l'intérêt pour
l'alchimie a toujours été très vif.
86
d’oiseau. Il est cependant incontestable que la partie blanche
l’emporte et de loin sur la partie rouge. La partie introductive des
Myst. nous aidera à y voir plus clair ; Fulcanelli nous y décrit ce
que devait être une initiation dans un temple voué à Cybèle ou à
Cérès. Rappelons au passage que le prêtre qui officiait au temple
de Cybèle et d’Attis était appelé « Galle ». Les ministres du culte
se répartissaient en quatre degrés et l’on portait dans les
processions un œuf, symbole du monde. A Rome, on appelait ces
processions les Céréalies ; elles se déroulaient alors que le Soleil
était dans le signe du Bélier et elles duraient huit jours. On y
sacrifiait des porcs. Dans son Alchimie, J. Van Lennep nous
précise qu’en néerlandais, le sanglier se dit wild zwijn,
littéralement porc sauvage. Cela nous ramène à l’emblème XLI de
l’Atalanta fugiens et dévoile un peu mieux la nature hermétique du
sanglier : il s’agit bien du Mercure dans son 1er état, non assagi,
c'est-à-dire et de façon paradoxale, non animé. Car c'est de son
animation que procède son contrôle.
"Balayés par les vents d’ouest, sept siècles de rafales... ont effrités [les
motifs]..." [Myst., p. 115]
87
À un siècle, en langage hermétique, correspond un jour ou plutôt
une génération. Il s’agit d’une indication concernant l’œuvre au
rouge ainsi qu’en témoigne l’allusion au griffon : il symbolise le
résultat de la réincrudation du Soufre, désormais corporifié et du sel
: le griffon emprunte sa tête et sa poitrine à l’aigle et au lion le
reste du corps. Les corps se sont fixés et nous avons passé le
stade des combats dont nous parlions supra. Le vent d'ouest,
c'est-à-dire Zéphyre, atteste de cette évolution ; quant aux sept
siècles, ils renvoient indirectement à Apollon ; il n'est pas jusqu'au
terme « effrité » qui n'évoque quelque fondant bien connu des
potiers... :
"[il s’agit de] l’un des emblèmes majeurs de la science, celui qui couvre la
préparation des matières premières de l’Oeuvre... Le griffon marque le
résultat de l’opération... Du combat que le chevalier, ou soufre secret, livre
au soufre arsenical du vieux dragon, naît la pierre astrale, blanche, pesante,
brillante comme pur argent, et qui apparaît signée..." [DM, II, p.274-277]
[En fait, nous pensons qu'il y a deux matières premières. L'une, symbolisée
par des adjectifs comme « brillant, resplendissant », et dont l'art se sert en
ronde bosse ; les Anciens utilisaient surtout les flambeaux et Fulcanelli nous
dit que lors des processions, c'était des cierges verts qui étaient utilisés
[κερος] ; c'est cette substance qui a une couleur blanche ; l'autre est une
terre cimolienne d'où l'on extrait deux substances qui sont d'essence divine.
La confusion entre les deux matières est entretenue du fait que la blancheur
les caractérise toutes les deux ; µαρµαρος pour l'une et αργινοεις
pour l'autre, dévoilant ainsi l'hydrargyre philosophique.]
88
Notre-Dame de Paris, portail central, la Chasteté
"[du] sel central, incombustible et fixe, qui garde sa nature jusque dans les
cendres des métaux calcinés, et que les Anciens ont nommé Semence
métallique."
Il nous faut parler à présent d’une étape non décrite jusque là, qui
résulte de l’animation du Mercure. C’est de ce combat dont parle
Savinien De Cyrano Bergerac dans une partie de son Histoire
comique, contenant les Estats et empires du soleil (Paris, Charles de
Sercy, 1662). Fulcanelli rapproche ce combat d’une lutte à outrance
de créatures dissemblables. Voici le texte auquel se réfère
l’adepte :
" Au monde de la terre d’où vous êtes, et d’où je suis, la bête à feu s’appelle
salamandre, et l’animal glaçon y est connu par celui de remore. Or vous
saurez que les remores habitent vers l’extrémité du pôle, au plus profond de
la mer glaciale ; et c’est la froideur évaporée de ces poissons à travers leurs
écailles, qui fait geler en ces quartiers-là l’eau de la mer, quoique salée. La
plupart des pilotes, qui ont voyagé pour la découverte du Groenland, ont
enfin expérimenté qu’en certaine saison les glaces qui d’autres fois les
avaient arrêtés, ne se rencontraient plus ; mais encore que cette mer fût libre
dans le temps où l’hiver y est le plus âpre, ils n’ont pas laissé d’en attribuer
89
la cause à quelque chaleur secrète qui les avait fondues ; mais il est bien
plus vraisemblable que les remores qui ne se nourrissent que de glace, les
avaient pour lors absorbées. Or vous devez savoir que, quelques mois après
qu’elles se sont repues, cette effroyable digestion leur rend l’estomac si
morfondu, que la seule haleine qu’elles expirent reglace derechef toute la
mer du pôle. Quand elles sortent sur la terre, car elles vivent dedans l’un et
dans l’autre élément, elles ne se rassasient que de ciguë d’aconit, d’opium et
de mandragore... Cette eau stigiade de laquelle on empoisonna le grand
Alexandre et dont la froideur pétrifia les entrailles, était du pissat d’un de ces
animaux. Enfin la remore contient si éminemment tous les principes de
froidure, que, passant par-dessus un vaisseau, le vaisseau se trouve saisi
du froid en sorte qu’il en demeure tout engourdi jusqu’à ne pouvoir démarrer
de sa place. C’est pour cela que la moitié de ceux qui ont cinglé vers le nord
à la découverte du pôle, n’en sont point revenus, parce que c’est un miracle
si les remores, dont le nombre est si grand dans cette mer, n’arrêtent leurs
vaisseaux. Voilà pour ce qui est des animaux glaçons."
Nous avons pointé les passages qui nous ont semblé les plus
importants. Comme d’habitude, nous serons obligé de passer par
quelques digressions et de nous arrêter aussi sur le rémora. La
salamandre symbolise l'un des composants issus de l'attaque du
dragon écailleux [pris dans le sens de vieux Mercure]. C'est l'occasion
d'évoquer la difficulté d'interprétation des textes quand l'auteur
veut tenir le bon chemin sciemment caché : ainsi, lorsque
Fulcanelli évoque la salamandre dans Myst., p. 181 par le mythe
de Tristan de Léonois [groupe de Tristan et Yseult, dans la chambre du
Trésor du Palais Jacques-Coeur], il confond la première opération de
l’œuvre [l’obtention du premier Mercure par séparation initiale] avec les
opérations qui conduisent à l’obtention du dissolvant universel. Il
vaut qu'on s'arrête sur ce passages des Myst. où Fulcanelli se
montre particulièrement envieux :
90
frontispice et se termine avec le Sundial d’Édimbourg en manière
d’épilogue : c’est indiquer exactement le résultat de l’œuvre au
blanc et la nature saline de certains des composants du Lion vert
ou encore la forme que peut acquérir la Pierre au rouge dans
certaines conditions. Profitons-en pour signaler dans les DM, I, p.
250, une chausse-trape tendue à nouveau par l’Adepte : il crée
une confusion entre le feu secret et le résultat de la destruction
[i.e. la mort, dissolution ou véritable putréfaction] du dragon écailleux. Le
discours s’éclaircit néanmoins à la citation de Limojon de
Saint-Didier, extraite de la Lettre aux vrays disciples d’Hermès (in le
Triomphe hermétique, Henry Wetstein, Amsterdam, 1699) :
"Je vous plaindrois beaucoup si comme moy, apres avoir connu la véritable
matière, vous passiés quinze années entierement dans le travail, dans
l’estude et dans la meditation, sans pouvoir extraire de la pierre le suc
precieux qu’elle renferme dans son sein, faute de connoistre le feu secret
des sages, qui fait couler de cette plante seiche et aride en apparence
uneeau qui ne mouille pas les mains" [DM, I, p. 250]
91
De Lapide Philosophorum, decima figura, Musaeum Hermeticum, p. 361
"De sorte qu’elle meurt et laisse écouler la vie avec son sang... Elle gagne
par son sang une vie éternelle - Et ne peut plus périr d’aucune mort après
celle-ci... Car son sang chasse toute maladie...Les Sages y ont puisé leur
Science - Et par là sont parvenus au don céleste - Qu’on nomme Pierre des
Philosophes... La Salamandre vit dans le feu - Et le feu l’a changé en une
couleur excellente" (in la Pierre Philosophale, G. Ranque, op. cit., pp.
178-179).
"Celui qui sait faire l’œuvre par le seul mercure a trouvé ce qu’il y a de plus
92
parfait, - c’est-à-dire a reçu la lumière et accompli le Magistère."
"C’est pourquoi les Sages, sachant que le sang minéral dont ils avaient
besoin pour animer le corps fixe et inerte de l’or n’était qu’une condensation
de l’Esprit universel, âme de toute chose ; que cette condensation sous la
forme humide, capable de pénétrer et rendre végétatifs les mixtes
sublunaires, ne s’accomplissait que la nuit, à la faveur des ténèbres, du ciel
pur et de l’air calme... les Sages, pour ces raisons combinées, lui donnèrent
le nom de rosée de Mai" [ Myst., p.138]
93
Dampierre-sur-Boutonne, caisson n°3, série 3
"... [l’eau pontique], notre mercure, la mer repurgée avec son soufre... l’eau
de notre mère, c’est-à-dire de la matière primitive et chaotique appelée sujet
des sages..." [DM, II, p. 205]
94
De Lapide Philosophorum, nona figura, Musaeum Hermeticum, p. 359
texte (extrait) :
légende :
95
agitation dure jusqu’à ce que le rémora... arrête enfin, comme une ancre
puissante, le navire allant à la dérive" [DM, II, p. 187]
.PERCVTIAM.ET.SANABO.
"C’est l’unique matière dont nous avons besoin. En effet, cette eau sèche,
quoique entièrement volatile, peut, si l’on découvre le moyen de la retenir
longtemps au feu, devenir assez fixe pour résister au degré de chaleur qui
aurait suffi à l’évaporer en totalité... son endurance au feu... lui font attribuer
le renard." [Myst., p. 140]
"Je vis alors un nuage qui sortait du sein de la terre, qui nous enveloppa et
nous transporta dans l'air. Nous parcourûmes les bords de la mer où
j'aperçus de petites bosses." [Hermès Dévoilé]
96
symbole de l'artifice ou ruse qui permet de fixer le Mercure avant
qu'il ne se dérobe par sublimation [c'est l'équivalent du filet de
Vulcain]. Ailleurs, cette autre allusion à propos de la planche de
l’Hôtel Lallemant (cf. supra).
Georges Ripley (mort en 1490), chanoine de Bridlington, rassembla
son savoir dans le Compound of Alchemy ou les Douze portes
d’Alchimie (d’abord édité à Londres, en 1591), puis sous le titre
(Cassel, 1649), traduit en français en 1979 (Bernard Biebel). Voici
cette note :
"Il n’entre qu’un seul corps immonde dans notre magistère ; les Philosophes
l’appellent communément Lion vert. C’est le milieu ou moyen pour joindre les
teintures entre le soleil et la lune." [Liber 12 Portarum]
97
"Portant ainsi, sur une branche supérieure, un oiseau noir, l’arbre symbolise,
plus clairement encore, cette racine métallique qui résiste à merveille au
pouvoir d’oxydation, et qui assure, dans l’harmonie, la naissance du
corbeau, de cette terre obscure et nettement distincte de la partie
sous-jacente, blanche et volatile. Deux hommes, âgés et remplis
d’expérience, discutent, avec animation, sur le problème de la capture pour
laquelle vigueur et habileté sont nécessaires." [L’arbre alchimique,
p.105-125]
"… redissoudre cette terre ou ce sel dans la même eau qui lui a donné
98
naissance, ou, ce qui revient au même, dans son propre sang, afin qu’elle
devienne une seconde fois volatile, et que le renard reprenne la complexion,
les ailes et la queue du coq... Ainsi naîtra la première pierre, non absolument
fixe ni absolument volatile, toutefois assez permanente au feu, très
pénétrante et très fusible..."
" ... et les faict voller comme un oyseau, tant qu’il sera besoin, et le coq
mangera le renard, et se noyera et estouffera dans l’eau, puis, reprenant vie
par le feu, sera [afin de jouer chacun leur tour] dévoré par le renard "
99
semblable analogie avec le blé dont on connaît l’importance du
symbolisme en alchimie ; tout comme il existe une noix de galle,
maladie de la feuille de chêne, le blé à aussi sa maladie, qui
s’appelle la nielle ou rouille du blé. Sa racine renvoie à rubig, robig
ou robigo. C’est une divinité peu connue, Robigus, à laquelle un
culte était rendu dans le souci de défendre les blés contre cette
maladie. L’adjectif français rubigineux évoque ce qui est couleur
de rouille et la rubine (ruber) était l’ancien nom de divers corps
chimiques de couleur rouge. Nous noterons pour finir avec la
nielle, qu'elle se traduit par nebula dont le sens signifie obscurités
et ténèbres.
100
frontispice du Triomphe hermétique, Limojon de saint Didier
a)- les alchimistes ont écrit que les travaux hermétiques devaient
débuter à l'équinoxe de Printemps, époque où sont réunies les
conditions optimales « d'influx astral ». Ces signes zodiacaux sont
décrits par Fulcanelli () quand il aborde le portail nord de la
cathédrale de Paris :
"On rencontre en premier lieu, et de bas en haut, Ariès, puis Taurus, et,
au-dessus, Gemini. Ce sont les mois printaniers indiquant le début du travail
et le temps propice aux opérations." [Myst., p. 137]
101
- le Bélier ou Jupiter Ammon ; nous attirons l'attention du lecteur sur
le piège possible tendu ici par Fulcanelli quant à l'équivalence
posée entre Jupiter et l'étain. L'examen des textes - en particulier
les Figures hiéroglyphiques - est sans équivoque à ce sujet et
donne à penser que, derrière le symbolisme de Jupiter, pourrait
se cacher celui de la Justice, Thémis, qui permettrait de
comprendre pourquoi cette déesse occupe une place si
importante dans l'iconographie (Clef VII de B. Valentin, frontispice du
lut de Sapience de M. Faust) ; en outre, le Bélier masque sans doute
le sel des Sages [dont le nom vulgaire est le vitriol, quelle que soit sa
couleur ; on peut en rapprocher la terre de Chio, la terre cimolienne et sans
doute aussi la pierre à Jésus] par le biais d'Aries.
102
L'arche de Noé », fresque de la nef de St-Savin-sur-Gartempe (Vienne) ©
M.Deneyer/CIAM
chez Cyliani :
"Une comète, qui a été en premier lieu une nébuleuse peut par son action en
s'approchant trop près d'une planète soulever ses eaux, donner lieu à un
déluge en abaissant ou relevant son axe, ce qui change le lit des mers, met
à jour ce qui était couvert par les eaux..." [Hermès Dévoilé]
103
Basile Valentin et certaines de ses découvertes, dont le colloïde d'or
rubis :
104
planche I du Mutus Liber), au sceptre. Le sceptre ou
aspalathus [plante qui fournit la gomme adragante et qui est une sorte
d'armoise : sa traduction en latin est artemisia, plante d'Artémis, et
phonétiquement, proche de artemo (voile de proue, mât) et de arte (d'une
manière serrée)]. Artémis renvoie bien sûr à Diane.
- Le gnome de gauche qui correspond au principe féminin
(Mercure) présente un bec- de-lièvre (et permet de jouer sur
l'assonance lepus : lupus) c'est-à-dire une gueule de loup et un
casque écailleux. Le loup (lupus) peut être aussi une espèce
d'araignée ou un mors armé de pointes (assimilable au rémora, au
grappin) et évoque aussi le loup gris - assimilé alors à la stibine -
que l'on voit sur la planche I des Douze Clefs attribuées à B.
Valentin.
"C'est pourquoi, si tu veux travailler par nos corps, prends le Loup gris très
avide qui, par l'examen de son nom, est assujetti au belliqueux Mars, mais,
par sa race de naissance est le fils du vieux Saturne...Jette, à ce loup même
le corps du Roi, fais un grand feu et jettes-y le Loup pour le consumer
entièrement, et alors le Roi sera délivré. Quand cela aura été fait trois fois,
alors le Lion aura triomphé du Loup..." [Les Douze clefs de la Philosophie]
105
seulement qu'il faudra que l'artiste, après s'être armé d'endurance
et de patience, s'arme de courage pour briser, l'épée à la main, le
sceau vitreux d'Hermès. Du Mercure philosophique, nous parlons
plus avant dans la section qui lui est consacrée
[cf. aussi : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23,
24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45]
"... d'où cette difformité buccale, cabalistique, qui imprime au visage de notre
gnomide sa physionomie caractéristique." [DM, II, p. 378]
106
Mercure philosophique. Le texte étudié par Canseliet est une
partie de la traduction établie par Cancellieri :
"... HABENS LACUM, PROPE LUCUM, UBI LUPUS NON, SED LEPUS SEPE LUDIT...
: il y a un lac près de la clairière, ou non le loup mais le lièvre souvent
s'amuse..."
107
L'Hôtel Lallemant [voir caissons de la chapelle] a été aménagé à
partir de 1951 en Musée des Arts Décoratifs. Les collections
comportent du mobilier, principalement français, dont un rare
cabinet d'ébène sculpté et gravé (XVIIe siècle), des meubles en
marqueterie ou en laque de Chine, un ensemble de tapisseries du
XVIe et XVIIe siècles, ainsi que des objets d'art: faïences, émaux,
ivoires, verrerie, horlogerie, mobilier miniature, meubles de
maîtrise. Des peintures des XVe-XVIIIe siècles (France, Italie,
Pays-Bas) complètent cette présentation intimiste. On y remarque
des oeuvres du peintre berruyer Jean Boucher (1575-1633), un
chef d'oeuvre de Simon Vouet et de Nicolas Tournier (XVIIe siècle),
des natures mortes hollandaises et des portraits ainsi qu'une
peinture de Lemoyne (XVIIIe siècle).
108
"C'est un corps minuscule, - eu égard au volume de la masse d'où il
provient, - ayant l'apparence extérieure d'une lentille biconvexe, souvent
circulaire, parfois elliptique. D'aspect terreux plutôt que métallique, ce bouton
léger, infusible mais très soluble, dur, cassant, friable, noir sur une face,
blanchâtre sur l'autre, violet dans sa cassure..."
"... Mais il ne subsiste rien, rien que le calcaire rongé, grisâtre et fruste. Le
lion de pierre conserve son secret !" [Myst., p. 123]
"Qu'est-ce donc que RER ? - Nous avons vu que RE signifie une chose, une
matière ; R, qui est la moitié de RE, signifiera une moitié de chose, de
matière. RER équivaut donc à une matière augmentée de la moitié d'une
autre ou de la sienne propre. Notez qu'il ne s'agit point ici de proportions,
mais d'une combinaison chimique indépendante des quantités relatives."
[Myst., p. 205]
109
Quant à la grenade, elle symbolise la forme de la Pierre [ροµβος
= toupie, losange ou rhombe] et une substance liquide [ροιας = qui
coule, par assonance avec ροια = grenadier]. Le mot ροια évoque en
français la rouille commune mais nous laissons au lecteur le soin
d'apprécier le sens de cette réflexion. La grenade est aussi un
fruit qui est consacré à Aphrodite et qui est évoqué dans le Jardin
des Hespérides et dans les Figures hiéroglyphiques. [cf. encore
l'Atalanta fugiens, cap. XLII].
"[le tartre] a pour racine le verbe trugô - dessécher, sécher, qui exprime
l'action même du feu, et l'on pourrait, au surplus, le comparer, de manière
fort suggestive, au français familier " truc", ayant le sens de procédé caché,
de moyen adroit ou subtil... [le mot truc]... signifie surtout user par le
frottement, épuiser, fatiguer, harceler, tourmenter... C'est en tourmentant [la
matière philosophale] que le feu la dessèche, la calcine et la scorifie." [DM, I,
p. 37, préface]
110
pendant 6 jours au moins des températures supérieures à 1200°C] ; c'est
là que s'élabore la Grande Coction qui aboutit au rajeunissement
du roi. Cette étape est évoquée par E. Canseliet en ses Deux
Logis alchimiques, au chapitre L'Homunculus ou le Fils de l'homme
consacré à l'une des évocations de la porte alchimique de la villa
Palombara où une phrase est à retenir et à méditer :
"Notre fils mort vit. Le roi revient du Feu et par le mariage caché se réjouit"
111
L'Adepte veut par là signifier que le composé sera volatilisé [de
frustrer = frustrari : voler], faute de la connaissance du lien du
Mercure.
Notes
1. Newton, Richard Westfall, Flammarion (1994) ; voir aussi Loup
Verlet, la Malle de Newton, Gallimard, 1993
2. Isaac Newton, un alchimiste pas comme les autres, Pierre
Thuillier, in La Recherche, 876-887, 212, 1989 ;
3. Giordano Bruno et la tradition hermétique, Frances A. Yates, trad.
Dervy (1996) ;
4. Sur Hermès Trismégiste, André Marie Festugière : La révélation
d’Hermès Trismégiste, Les Belles Lettres, (3 vol., réed. 1990) ;
5. cf. Les Demeures philosophales, Fulcanelli, Pauvert (1964) (DM,
II) p. 307 ;
6. Mystiques, spirituels, alchimistes du XVIe siècle allemand,
Alexandre Koyré, Gallimard (1971), notamment pp. 75-129, texte
tiré de la Revue d’Histoire et de Philosophie religieuses (1933) ;
7. Fulcanelli est formel sur ce point :
112
dans son Entlarvte Alchemie (1713). La majorité des historiens
tiennent l’Aurora consurgens comme un écrit pseudo-aquinate ; le
titre du livre est un extrait du Cantique des Cantiques (VI, 10) ;
rappellons qu’il s’agit d’un des livres de la Bible, signifiant le
Cantique par excellence, attribué à tort à Salomon et qui a dû être
rédigé au Ve siècle av. J.-C. ;
11. L’orientation de cette vision renvoie sans doute par analogie
au sens très particulier qui s’exprime au travers de la musique.
La musique en effet ne veut rien dire (beaucoup de grands
musiciens le pensent comme Stravinsky par exemple) et pourtant
elle est signifiante en ce sens que, par sa perception, elle renvoie
à notre conscience l’image même de son miroir ;
12. Les Fondements de l’alchimie de Newton, Betty J. Teeter Dobbs,
Guy Trédaniel (1981) ; étude remarquable mais Dobbs ne semble
pas connaître Alexandre Sethon et cite toujours Sendivogius en lieu
et place du Cosmopolite.
13. Un commentaire sur Hartlib et son groupe a été édité dans
Samuel Hartlib and the Advancement of Learning, University Press,
Cambridge (1970) où y est traité notamment l’influence des textes
antiques sur Hartlib, de ses prédécesseurs et ses amis. On peut
consulter aussi : Les réformistes anglais en médecine des la
révolution puritaine : un aperçu sur la Société des Physiciens
chimistes, Ambix, 16-41, 14, 1967 ;
14. The Scientist’s Role in Society, A Comparative Study, Joseph Ben
David, Prentice-Hall (1971), notamment pp. 69-74 ;
15. Isaac Barrow (1630-1677) fut le premier professeur de
mathématiques de Newton. Isaac Barrow. His Life and Times, Percy
H. Osmond, Society for Promoting Christian Knowledge, Londres
(1944) ;
16. Henry More (1614-1687) a entrepris une étude critique de la
philosophie de Descartes. Il a notamment publié L’Immortalité de
l’âme (1659) que Newton mentionne dans ses carnets de
1661-1665 ;
17. Il s’agit d’un personnage qui apparaît dans les papiers de
Newton comme " Mr F " et qui est donc probablement Ezekiel
Foxcroft, nommé membre de King’s College en 1652 ; il a traduit
Les Noces Chymiques de Valentin Andreae [alias Christian
Rosencreütz] (1459). Dans cet ouvrage, l’action se passe du jeudi
Saint au mercredi d’après Pâques. C’est un voyage au ciel qui
ressemble à ceux représentés par des alchimistes arabes dans
des récits initiatiques - on pourra se rapporter aux travaux de
l’historien des religions et de la philosophie antique R.
Reitzenstein (Himmelwanderung und Drachenkampf in der
alchemistischen und früschriftlichen Literatur, Festschrift, Leipzig,
1916) ;
18. Le Mystère des Cathédrales et l’interprétation ésotérique des
symboles hermétiques du grand œuvre, Fulcanelli, Pauvert (1979
pour la dernière édition) apparaissant dans mon texte comme Myst. -
Les Demeures philosophales et le symbolisme hermétique dans ses
rapports avec l’art sacré et l’ésotérisme du grand œuvre, Fulcanelli,
Pauvert (1983 pour la dernière édition) apparaissant dans mon texte
113
comme DM, I ou DM, II ;
19. Deux Logis Alchimiques, Eugène Canseliet, Pauvert (1979 pour
la dernière édition) - Alchimie. Études diverses de Symbolisme
hermétique et de pratique Philosophale, Eugène Canseliet, Pauvert
(1978 pour la dernière édition) - L’Alchimie expliquée sur ses Textes
classiques, Eugène Canseliet, Pauvert (1988 pour la dernière
impression, réédition 1980) ;
20. LesDouze Clefs de Philosophie, attribué à Basile Valentin (Moët,
Paris, 1659, réédition Éditions de Minuit, 1956) ;
21. Azoth sive Aureliae occultae philosophorum, attribué à Basile
Valentin (Londres, 1613 ; Paris, 1624). Selon Fulcanelli, l’auteur
de ce traité serait Senior Zadith à qui l’on doit la Tabula chymica,
e
ex arabico sermone latino facta (XII siècle) ; cf. bibliographie.
22. Chymische Werke, Nicolas Flamel (Hambourg, 1681, rééd Vienne,
1751) - Le Livre des Figures Hiéroglyphiques (Explications des figures
hiéroglyphiques du cimetière des Saints Innocents à Paris, in Salmon, tome
II). Ce livre a été publié en 1612 par Arnauld de la Chevalerie,
auteur présumé et réédité par A. Poisson (Paris, 1893) et par R.
Alleau (Paris, 1972) avec une introduction d’E. Canseliet ; l’édition
de R. Alleau correspond au Sommaire philosophique ;
23. La Fontaine des Amoureux de Science, attribué à Jean de
Meung ou Meun (auteur du Roman de la Rose). L’œuvre est en fait
de Jehan Perréal, enlumineur ; elle fut écrite en 1516 et dédiée à
François Ier. C’est Jacques Gohorry qui publia en 1561 ce recueil
avec le Sommaire philosophique de Flamel (réédité par S. Klossowski
de Rola in : Alchimie, s.l., pp 19-29, 1974) ;
24. Opera omnia, George Ripley (1649) dont Newton prit des notes
et qu’il copia intégralement (Trinity College, NQ. IO149). Georges
Ripley fut chanoine de Saint-Augustin à Bridlington (York) et fit,
comme Flamel, un voyage initiatique, mais qui semble réel, à
Rome (1477). Il a écrit The Compound of Alchimy or the ancient
hidden Art of Archemie, Londres, 1591 (Ferguson, vol II). Ce recueil
a été traduit sous le titre Les Douze Portes, Paris (1979) par B.
Biebel. On lui attribue les Ripley Scrowles qui sont des rouleaux
peints et manuscrits dont certains revêtent une importance
certaine dans la conduite de certaines opérations, notamment la
cohobation, sur laquelle nous reviendrons.
25. Currus triumphalisantimonii. Fratris Basilii Valentini Monachi
Benedicti. Opus Antiquioris Medicinae et Philosophiae Hermeticae
studiosis dicutum. E. Germanico in Latinum versum opera, studio et
sumptibus Petri Ioannis Fabri Doctoris Medici Monspeliensis. Et notis
perpetuis ad Marginem appositis ab eodem illustratum (Tolosae:
apud Petrum bosc., 1646).
26. Le Secret Livred’Artephius, dans Trois Traitez de la Philosophie
naturelle non encore imprimez. A Paris, chez Guillaume Marette
(1612) ainsi que le précise - de façon toujours si désuète et assez
précieuse - Eugène Canseliet dans son Alchimie (Pauvert, 1978),
p.160, dans le Talisman de Marly-Le-Roi (article publié dans le Trésor
e
des Lettres, 1935). Le texte pourrait dater du XII siècle ; Ces Trois
Traitez incluent les Figures Hiéroglyphiques de Flamel et le Livre du
docte Abbé Synésius ;
114
27. L’Épître, John Pontanus (Epistole de Igne Philosophorum, MS du
XVIe siècle, n°19969 de la Bibliothèque Nationale) sur le feu secret et le
De Lapide Philosophico, Francofurti, 1614 ; Cet alchimiste n'est cité
ni par Louis figuier [l'alchimie et les alchimistes, Hachette, 1860] ni
par Albert Poisson [Théories et symboles des alchimistes, Chacornac,
1891]. Fulcanelli en parle d'une part dans Myst. (p. 205) quand il
aborde le Vase des philosophes, c’est-à-dire le fameux vase de
nature sans lequel rien n’est possible. Fulcanelli le met à l'égal
d'Artephius pour avoir été un des rares à parler du dissolvant
universel ou Lion vert. Dans les DM, Pontanus est évoqué au
tome II, p.74 et p.76 lorsque Fulcanelli aborde le thème de la
lanterne :
et :
" Ce feu, ou cette eau ardente, est l'étincelle vitale communiquée par le
créateur à la matière inerte ; c'est l'esprit enclos dans les choses, le rayon
igné...Nous touchons ici au plus haut secret de l'oeuvre... "
" Le chat des contes hermétiques de Charles Perrault, réservés aux enfants,
fait, à lui seul, la fortune de Carabas, c'est-à-dire de bas carat, et figuratif de
l'or jeune, vert et immûr. "
" Sulphures nostri quod latet in Antimonio. Antimonium enim apud Veteres
115
dicebatur Aries quioniam Aries est primumu Zodiaci in quo Sol incipit
exaltari & Aurum maxime exaltature in Antimonio " ; cf. mss. alchimiques de
Newton.
116