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Benjamin YAMB,
ESSEC1Université de Douala, gsyamb@yahoo.fr
Maxime BIKOUE,
ESSEC Université de Douala, maximebikoue@yahoo.fr
Bob NGAMOE,
IUT Université de Douala
Résumé
L’objet du papier est de mettre en évidence les déterminants des emplois
multiples chez les enseignants des Universités d’Etat au Cameroun. La
méthodologie utilisée pour y parvenir, recourt à l’analyse log linéaire sur
données d’enquête auprès des enseignants. Les résultats d’enquête montrent
que, outre les déterminants classiques des emplois-multiples (contrainte horaire
dans l’emploi principal, revenu salarial dans l’emploi principal, revenu salarial
dans l’emploi secondaire), le genre et localisation des Universités y jouent
également un rôle majeur. Les statistiques descriptives révèlent que le
phénomène des emplois-multiples déteint sur la qualité des enseignements
dispensés En définitive, les auteurs préconisent des mesures incitatives
gouvernementales pour essayer d’endiguer le dit phénomène.
Mots clés : pluriactivité, interaction, rapport de chance, modèle loglinéaire,
Classement JEL : J20, J24, J40, I23
Abstract
The paper analyzes the determinant of multiple jobs holding of the
Cameroonian state Universities lecturers using a log linear analysis on
Cameroonian state Universities lecturers sample survey data. The survey results
show that in addition to the classical determinants of multiple jobs holding
(hours constraint in the main employment, salary in the main employment,
salary in the second employment), gender and the University localization are
also likely to play a major role. Some statistics show that the multiple jobs
1
BP 1931, Douala, Cameroun
75
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
holding phenomena come off on the quality of the teachings dispensed. The
authors finally suggest some policy economic measures to try to hold back that
phenomena.
Keys words: multiple jobs holding, interaction, odds rations, log linear model
JEL classification: J20, J24, J40, I23
1. Introduction
La pluriactivité est un phénomène caractéristique du marché du
travail des économies contemporaines. Elle traduit le fait d’un individu d’avoir
un emploi principal et un ou des emplois secondaires. Le phénomène prend
alors parfois le nom d’emplois multiples, d’emploi double ou de double
emploi, etc. L’étude de la pluriactivité est digne d’intérêt car le phénomène
traduit le comportement de rationalité des agents économiques soucieux
d’améliorer le bien être matériel ou de développer les stratégies de survie.
Depuis les recherches pionnières de Shishko et Rostker (1976), la
littérature économique retient comme déterminant principal de la
pluriactivité, les contraintes horaires dans l’emploi principal (O’connell, 1979,
Krishnan 1990, Conway et Kimmel 1995, 1998, Theizen 2005). A ce
déterminant majeur, la littérature ajoute d’autres facteurs explicatifs tels le
revenu salarial dans l’emploi principal, le revenu salarial dans l’emploi
secondaire. Le présent papier s’inscrit dans le sillage de ces travaux pionniers
mais, va bien au delà des déterminants classiques, en y ajoutant dans le cadre
des emplois double des enseignants des universités d’Etat du Cameroun deux
autres variables explicatives : le genre (sexe) et le lieu de localisation
(Université de grande métropole ou université de petite ville).
Si la littérature économique utilise pour l’essentiel les modèles
linéaires d’optimisation sous contrainte pour analyser les déterminants des
emplois double, le présent travail quant à lui recourt aux modèles log-linéaire
pour affiner cette analyse.
Alors que le modèle linéaire usuel essaie de prédire ou d’expliquer
une variable Y, mesurée sur une échelle continue, à partir d’un ensemble de K
variables explicatives X1, ...,XK qui peuvent être continues ou catégorielles, le
modèle Log-linéaire est quand à lui plus approprié pour rechercher des
relations entre un certain nombre de variables qualitatives. Il a la particularité
de ne pas nécessiter, a priori, de distinction entre la variable à expliquer et les
B. YAMB, M. BIKOUE, B. NGAMOE, Pluriactivité des enseignants d’Universités d’Etat…
qui n’a pas de contrainte horaire. Abdukadir (1992) de son côté a examiné la
possibilité que le double emploi soit dû aux contraintes financières de court
terme.
Ehrlich (1973), Shishko et ¨Post Ker (1976); Conway et Kimmel
(1998), Expliquent les emplois multiples par le différentiel de salaire entre le
secteur formel et le secteur informel, ce dernier donnant plus d’opportunités
de gains pour un niveau donné de risque. Krishnan (1990), Paxson et
Sicherman (1996), Ahn et Rica (1997) analysent les emplois doubles comme
la résultante de l’importance du chômage ou plus généralement les
contraintes horaires dans l’emploi principal. De ce dernier point de vue, ces
auteurs adhèrent à la thèse des travaux empiriques d’autres économistes sur
les mêmes mobiles [O Connell (1979), Krishnan (1990, 1993), Shishko et
Rostker (1976)].
Rose (1994), Kim (2005), Desai et Idson (2000), Braith Waite (1994),
Foley (1997) et Kolev (1998) montrent que les emplois tiennent à deux
mobiles principaux : la survie et l’esprit d’entreprise, notamment dans les
économies en transition, la référence étant faite ici à l’Europe de l’Est.
Guariglia et Kim (2004) insistent sur le fait que la probabilité d’exercer des
double emplois est d’autant plus élevée que le niveau de formation est lui
aussi élevé. Commander et Tolstopiatenko (1997) expliquent la pluriactivité
des individus par la demande des facteurs, en particulier le travail. Selon eux
les firmes auraient le choix soit des emplois à temps partiel dans l’informel (le
travail au noir) soit à plein temps dans l’informel.
Cependant bien que les récentes recherches aient commencé à
examiner plus rigoureusement le comportement de la pluriactivité, on sait
encore peu de choses au sujet des mobiles sous-jacents à ce comportement en
Afrique en général et au Cameroun en particulier. La présente recherche vise
donc à combler ce vide dans la littérature à travers le contexte camerounais en
général et plus particulièrement celui des enseignants des universités d’Etat
du Cameroun.
2
En Avril 2008, ont eu lieu les émeutes de la faim au Cameroun. Ce qui a conduit
l’Etat à procéder à une augmentation des salaires au niveau de la fonction
publique de l’ordre d’environ 20%.
B. YAMB, M. BIKOUE, B. NGAMOE, Pluriactivité des enseignants d’Universités d’Etat…
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Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
opinion) retenue comme proxy pour des contraintes horaires dans l’emploi
principal et le revenu salarial dans l’emploi secondaire(RDU) avec quatre
modalités (consistante, moyenne, insignifiante, sans opinion). Le sexe
(homme, femme) et la zone de localisation de l’Université ((UO), (Douala,
Dschang)) ont également été pris en considération comme facteurs explicatifs.
Enfin, pour la variable expliquée nous avons posé aux enquêtés une question à
laquelle il fallait répondre par oui ou non à savoir : exercez vous d’autres
activités en dehors de vos activités d’enseignement et de recherche à
l’université ? Ceci a été retenu comme proxy pour la variable
pluriactivité(PLURI).
niveau du genre (environ 78% chez les hommes et 70% chez les femmes).
Nous pouvons tenir ce même raisonnement par rapport au tableau ci-dessous
sur la zone de localisation de l’université.
linéaire général pour chacun des six tableaux de contingence obtenus par
croisement de trois variables catégorielles se présente sous la forme suivante :
((effet (uo)(pluri)). Par contre, les revenus des enseignants issus des emplois
secondaires ne dépendent nullement de la région de localisation de
l’université (effet (rdu)(uo)).
Tableau 4.4 : Modèle (rdusexe, rdupluri, sexepluri)
Source DF Chi- Square Pr > ChiSq
Rdu 2 12.50 0.0019
Sexe 1 47.50 <.0001
Pluri 1 0.24 0.6242
(rdu)(sexe) 2 2.21 0.3305
(rdu)(pluri) 2 39.95 <.0001
(sexe)(pluri) 1 3.48 0.0622
Likelihood Ratio 2 1 ,74 0,41
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1.6806 0.0001
( rdu )( sexe ) -0.2164 0.7492
11
0.9274 0.0751
Modèle 5 11( chc )( sexe ) 0.4702 0.5165
B. YAMB, M. BIKOUE, B. NGAMOE, Pluriactivité des enseignants d’Universités d’Etat…
0.7191 0.1817
( chc )( uo ) 0.1111 0.8489
11
1.6920 0.0001
Nous avons juste présenté les paramètres issus des effets d’interaction entre
les différentes variables afin d’illustrer les différentes associations entre ces
variables et la variable pluriactivité ceci étant donné certaines variables de
contrôle. Par exemple pour le modèle d’association homogène de la forme
( sexe )( pluri )
qui est de
(csasexe, csapluri, sexepluri), la valeur positive de 11
1.0366 stipule tout simplement que si les variables sexe et pluriactivité avaient
été indépendantes, un enseignant de sexe masculin serait le plus souvent plus
disposé que prévu à exercer des emplois multiples ceci étant donné la
condition salariale actuelle.
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de chance d’exercer les emplois multiples que leurs collègues de sexe féminin
d’une part et d’autres part, ceux des enseignants se trouvant à l’université de
douala ont 5.36 fois plus de chance que leurs collègues de Dschang d’exercer
plus d’un emploi ;ce qui n’est sans doute pas surprenant dans la mesure où
Douala étant une ville cosmopolite et en même tant la capitale économique du
Cameroun, il y est plus facile de trouver un emploi secondaire par rapport à
Dschang qui se présente beaucoup plus comme une ville universitaire
présentant moins d’opportunité d’emploi. les effets d’interaction (sexe)(pluri)
et (uo)(pluri) étant significatifs (voir tableaux 3 et 4 d’analyse de la variance).
On peut donc conclure que quelque soit le niveau de revenus non issus de
l’emploi principal, la région de localisation de l’université et le sexe seraient des
facteurs explicatifs significatifs de la pluriactivité
Enfin, lorsque nous contrôlons par rapport à la variable contrainte
horaire dans l’emploi principal (modèle (chcsexe, chcpluri, sexepluri) et
(chcuo, chcpluri, uopluri)) nous constatons toujours une forte propension des
hommes par rapport aux femmes à exercer des emplois multiples et
également une forte dominance des enseignants de Douala par rapport à ceux
de Dschang dans la pluriactivité. Notons par ailleurs que l’effet d’interaction
(genre)(pluri) dans le modèle (chcsexe, chcpluri, sexepluri) n’est pas
significatif en d’autres termes, lorsque nous contrôlons par rapport à la
variable contrainte horaire, la pluriactivité n’est plus fonction du sexe, mais
plutôt de la région de localisation de l’université (voir tableaux 5 et 6 d’analyse
de la variance). Par rapport au sexe, ceci est d’autant plus pertinent que les
charges horaires annuelles indépendamment du sexe se répartissent comme
suit :
93
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variance). On pourra donc conclure que les revenus issus des emplois
secondaires seraient des composantes explicatives de la pluriactivité quelque
soit le sexe ou la région de localisation de l’université.
Enfin, les modèles (csasexe, csapluri, sexepluri) et (csauo, csapluri,
uopluri) nous montre la relation entre pluriactivité et salaire issu de l’emploi
principal, les variables de contrôle étant le sexe et l’université. Ces modèles
prédisent que indépendamment du sexe ou de la région de localisation de
l’université, plus la condition salariale est bonne, moins on aura tendance à
exercer les emplois doubles. Nous constatons cependant que l’interaction
(csa)(pluri) par rapport au modèle (csasexe, csapluri, sexepluri) n’est pas
significative lorsque nous contrôlons pour la variable sexe (voir tests sur les
effets d’interaction du tableau du modèle n°1 sur l’analyse de la variance). Par
contre, le second modèle (csauo, csapluri, uopluri) quant à lui nous montre
une significativité à la marge de l’interaction (csa)(pluri) lorsque nous
contrôlons pour la région de localisation de l’université (voir tests sur les
effets d’interaction du tableau n°2 sur l’analyse de la variance). Nous pouvons
donc conclure qu’il ya un lien entre le revenu issu de l’emploi principal et les
emplois secondaires uniquement lorsque nous tenons compte de la région de
localisation de l’université et non du sexe ; ces résultats à une certaine mesure
corroborent avec ceux de Shishko et Rostker (1976) selon lesquels l’offre de
travail dans l’emploi secondaire diminue avec l’accroissement du niveau de
salaire dans le premier emploi.
6. CONCLUSION
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facteurs nous avons constaté que certaines variables de contrôle tels le genre
et la région de localisation de l’université ont également une influence
significative dans l’explication des doubles emplois. Ceci est d’autant plus
révélateur que la plupart des études sur la pluriactivité ne tiennent souvent
pas compte de ces variables. La particularité de notre étude a été de mettre en
relief les effets d’interaction entre la variable pluriactivité et d’autres variables
susceptibles de l’expliquer ceci à travers les rapports de chance. Les données
d’enquête nous emmène à penser que les emplois multiples des enseignants
des Universités d’Etat ont pour effet de détériorer la qualité des
enseignements dispensés. Pour essayer de réduire l’ampleur de ce
phénomène d’emplois multiples, l’Etat devrait mettre en place un système
d’incitations qui peut se décliner en trois volets. D’abord, créer un cadre de
travail attractif, notamment des bureaux équipés avec Internet haut débit et
climatiseurs, notamment à Douala. En effet, à Douala comme à Dschang, seule
une minorité d’enseignants ayant des responsabilités administratives,
bénéficient de bureaux dans les campus universitaires. La conséquence en est
que la majorité des enseignants rasent les murs dans les campus à la fin d’un
cours ou entre deux cours, et ont tendance à aller vendre leur savoir et savoir-
faire ailleurs dans le secteur privé. Ensuite, une révision des taux horaires de
rémunération datant du début des années 1970, c'est-à-dire il y’a de cela
quatre décennies. Les taux actuellement pratiqués ne tiennent pas compte de
l’évolution du coût de la vie, certains biens de première nécessité ayant vu
leurs prix décupler en quatre décennies. Il y a donc urgence à adapter ce taux
au coût actuel de la vie. Enfin, une revalorisation substantielle des salaires de
base des enseignants qui pourraient être rapprochés de ceux des pays
africains de niveau de développement comparable.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
economy in transition economies', Working Paper No. 122, Ann Arbor, MI:
William Davidson Institute at the University of Michigan Business School,
http://www.bus.umich.edu./KresgeLibrary/Collections/Workingpapers
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division to moonlight', Labor Economics, 5(2), pp. 135-166.
Conway, K. S. and Kimmel, J. (1995), "Who moonlights and why? Evidence
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Ehrlich, I.(1973). ‘Participation in illegitimate activities: A theoretical and
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Kolev, A. (1998). 'Labor Supply in the Informal Economy in Russia during
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http://www.cepr.org/pubs/new-dps/dplist.asp?dpno=2024.
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the Study of Public Policy, University of Strathclyde,
http://www.cspp.strath.uk/index.html?abs227.thml.
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Theisen, T. (2005), "Tanzanian formal sector workers’ participation in
informal production", Applied Economics, 37, PP. 2469-2485.
3
Les chiffres entre parenthèses de la variable pluriactivité représentent les
fréquences attendues, utilisées également dans le calcul des rapports de chance
estimés.
B. YAMB, M. BIKOUE, B. NGAMOE, Pluriactivité des enseignants d’Universités d’Etat…
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CSA*PLURI )
4 2
Les meilleurs modèles sont ceux qui présentent la plus petite valeur G
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(PLURI*UO,
CSA)
log( ijk ) iuo jpluri kcsa ij( uo )( pluri )
Indépendance conditionnelle
(UO*PLURI, 4 6,66 0,15*
UO*CSA) log(ijk ) iuo jpluri kcsa ik(uo)(csa) ij(uo)( pluri )
4 4,52 0,34*
(CSA*PLURI log(ijk ) i
sexe
pluri
j
csa
k
(csa )( pluri )
jk (uo)( pluri )
ij
, 3 18,28 0,05
UO*PLURI)
log(ijk ) i
sexe
pluri
j
csa
k
(uo)(csa)
ik ( pluri )(csa)
jk
(UO*CSA ,
PLURI*CSA)
(UO*CSA ,
Association homogène 2 2 ,06 0,35*
CSA*PLURI log(ijk ) jpluri kcsa ij(uo)( pluri) ik(uo)(csa) jk( pluri)(csa)
i
uo
,
UO*PLURI)
(RDU*UO, PLURI)
Indépendance mutuelle
7 94,63 <0,00
log(ijk ) isexe jpluri kcsa ik(csa)(uo) 01
(RDU*PLURI, UO)
7 33,56
(PLURI*UO, RDU)
log(ijk ) iuo jpluri kcsa jk(csa)( pluri) <0,00
9 83,40 01
log(ijk ) iuo jpluri kcsa ij(uo)( pluri)
<0,00
01
(UO*PLURI,
Indépendance conditionnelle
6 68,07 <0,00
UO*RDU) log(ijk ) iuo jpluri kcsa ik(uo)(csa) ij(uo)( pluri) 01
6 7
(RDU*PLURI,
UO*PLURI)
log(ijk ) isexe jpluri kcsa jk(csa)( pluri) ij(uo)( pluri) 0,32*
4 18,23
(UO*RDU , log(ijk ) i
sexe pluri
j
csa
k
(uo)(csa)
ik ( pluri)(csa)
jk <0,00
PLURI*RDU) 1
(UO*RDU ,
Association homogène
3 1 ,33 0,72*
RDU*PLURI, log(ijk ) iuo jpluri kcsa ij(uo)(pluri) ik(uo)(csa) jk(pluri)(csa)
UO*PLURI)
B. YAMB, M. BIKOUE, B. NGAMOE, Pluriactivité des enseignants d’Universités d’Etat…
Rémunération en dehors de
l’université(RDU)*Sexe(SEXE)*Pluriactivité(PLURI)
MODELE TYPE DL G2 P-VALUE
Indépendance complète
(RDU, SEXE, 9 53,07 <0,0001
PLURI) log(ijk ) isexe jpluri krdu
Indépendance mutuelle
(RDU*SEXE, 6 46,91 <0,0001
PLURI)
log(ijk ) i
sexe
pluri
j rdu
k ( rdu )( sexe )
ik
6 18,59 <0,004
(RDU*PLUR,
SEXE) log(ijk ) isexe jpluri krdu jk(rdu)( pluri) 8 23,08 <0,003
103
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Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
Charge hebdomadaire de
cours(CHC)*Sexe(SEXE)*Pluriactivité(PLURI)
MODELE TYPE DL G2 P-VALUE
Indépendance complète
(CHC, SEXE, 7 18,48 <0,01
PLURI) log( ijk ) isexe jpluri kchc
Indépendance mutuelle
(CHC*SEXE, 5 13,37 <0,02
PLURI) log( ijk ) isexe jpluri kchc jk( chc )( pluri )
5 13,15 <0,02
(CHC*PLURI, log(ijk ) isexe jpluri kchc ij( pluri )( sexe )
SEXE) 6 11,73 <0,06
(PLURI*SEXE,
CHC)
Indépendance conditionnelle
(SEXE*PLURI, 4 6,63 0,15*
SEXE*CHC) log(ijk ) isexe jpluri kchc ik(sexe)(chc) ij(sexe)( pluri)
4 6,40 0,17*
(CHC*PLURI log(ijk ) isexe jpluri kchc jk( pluri)(chc) ij(sexe)( pluri)
SEXE*PLURI) 3 8,04 <0,04
log(ijk ) isexe jpluri kchc ik(sexe)(chc) jk(chc)( pluri)
SEXE*CHC,
PLURI*CHC)
Association homogène
(SEXE*CHC , 2 2 ,46 0,29*
CHC*PLURI , log(ijk) jpluri kchc ij(sexe)(pluri) ik(sexe)(chc) jk(pluri)(chc)
i
sexe
SEXE*PLURI)
B. YAMB, M. BIKOUE, B. NGAMOE, Pluriactivité des enseignants d’Universités d’Etat…
105
L. B. TCHEKOUMI, The financing of private firms in Cameroon
Abstract: The aim of this article is to show that there exist several sources of
finance for private firms in Cameroon. From a description of the
characteristics of the financing and considering the distribution rate, it seems
that in addition to bank financing, private entrepreneurs can self-finance their
productive investments or resort to informal sources of finance. These are
sources of finance with specific characteristics. They are the sources mostly
used for the creation of SMEs in contrast to large firms which still have access
to bank loans. The diverse nature of these resources expresses the diversity of
firms and channels of financing. This urges banks to invest more in the
production of information, private firms to improve on their governance and,
the state to improve on the business climate of the country.
Key words: Finance, private firm, medium of finance, characteristics.
1
We thank C. CHI for his remarks and comments. However the author of the
article remains solely responsible for any error.
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1. Introduction
The significant weight of private firms in the economy is a common
characteristic of all developing countries. With the more or less favourable
economic atmospheres and the efforts carried out since 1990 to ameliorate
the macroeconomic environment, private firms in Cameroon continue to play
a major role in the economy. The modern sector made up of firms with
normalised accounting practices contribute about 57% of GDP. This sector
employs about 30% of the population and contributes to more than 30% of
exports (NIS2, 2010). In the last few years, the good performance of private
firms in Cameroon has been noticed through the improvement of economic
returns by about 11.8% (NIS, op cit). The banking sector has also experienced
a significant increase in liquidity. Nevertheless, the cost of loans has remained
high and the supply of credit concentrated on large foreign firms and some
important public firms and this has reduced the amount of bank loans offered
to small private firms in the country.
The reasons for this reduction have been highly discussed in the
literature. Thus according to Martinez Peria (2009), the fact that loans to the
African private sector cannot exceed the ceiling of 18% of GDP is explained by
the excessive risk perceived by local and international financial systems. This
fall in credits is explained by the fact that the access to traditional financing
proposed by credit or funding institutions is difficult due to the lack of
collateral and the weak level activity level of these firms (Fion, 1998). Collier
(2009) holds that African banking systems have long been facing high risks
and transaction costs when financing private firms. These constraints largely
contributed to restrict access to formal credit markets by these private firms.
The difficulty to obtain maturities corresponding to the payback
period of most projects which are often greater than ten years on the one
hand, and the difficulty to find equity partners due to insufficient venture
capital instruments and the volatility of short term assets in local financial
markets, or the absence of long term investment opportunities also hinder the
financing of private firms by banks.
The financial system has difficulties in pooling local and foreign savings
for the financing of profitable projects (Arnold et al., 2011). In the category of
2
National Institute of Statistics
60
L. B. TCHEKOUMI, The financing of private firms in Cameroon
bank financing, Kwenda and Money (2008) believe that the most used sources
for the financing of investments are those of development banks and other
specialised financial institutions whose structures of stable resources are
more appropriate to finance investments. Meanwhile, the Cameroonian
banking industry is essentially made up of commercial banks which are less
motivated in financing investment projects. Development banks do not exist.
This therefore hinders economic initiatives and investment projects and
reveals the dissuasive nature of existing sources of financing as regards the
conditions for obtaining them.
Also, the embryonic nature of the financial market and the lack of
stock exchange culture by social actors and, weak bond financing explain the
weakness in the financing of private firms.
All these studies have something in common. They are interested only
in bank financing whereas there exist other forms of financing with specific
characteristics. This study is aimed at analysing the characteristics of different
types of sources of finance for the Cameroon private enterprise. In other to do
this we are going to begin with the presentation of the structure of enterprises
in Cameroon according to taxation criteria followed by the analysis of the
finance circuits of these enterprises.
Our procedure will be in two steps. The first section analyses the
structure and financing channels of private firms in Cameroon. The second
section will deal with the characteristics of the financing of private firms in
Cameroon.
61
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3
Public and Private
4
Sole proprietorship, company with only one associate and company with several
associates
5
By the medium class
62
L. B. TCHEKOUMI, The financing of private firms in Cameroon
not take into account the homogeneity of structures and economic behaviours
within each category.
According to tax declarations and NIS (2010), 2 963 private enterprises
exist in Cameroon. They are divided into the 31 branches of the nomenclature
of economic activities as follows:
63
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the plastic and rubber industry (3.3%), banks and insurance companies
(3.0%), grains and the production of floor (6.6%), hotels and restaurants
(5.2%), furniture and services to enterprises (4.7%), electricity water and gas
(2.0%).
-Branches with economic returns close to the average; the stable revenue of
consumers, the amelioration of the quality of products, accompanied by a
targeted and aggressive marketing policy and the adjustment of world prices
and many others are the reasons which justify the level of economic returns
close to the average of about ten branches of activities; different
manufacturing industries (12.9%), manufacturing of drinks and tobacco
(12.2%), transformation of agricultural products (11.9%), the chemical
industry (11.3%), grains (10.7%), the manufacture of shoes and leather
industry (10.1%), extractive industry (8.8%), textile industry (8.4%), the
manufacture of mechanical and electrical equipment (8.4%), bakery industry
(8.3%) and the basic metallic industry (7.5%).
-Branches with high economic returns; these are those with the highest rates
of economic returns. Among them we have the construction of transport
material, (34.2%), retail and wholesale trade (23.2%), agricultural industry
and exports (13.1%), manufacture of construction material (20.3%),
transportation, warehousing and public works (19.6%), manufacture of paper
and material with paper (15.0%), services to collectivities, social services
(14.0%). All the branches benefit from a favourable economic environment.
Whatever the branch or level of economic returns, all enterprises
need finance. Thus they have to choose between formal and informal means of
financing.
of savings through the banking system, thus the question of the existence of
the bank such as the cost of money, services offered by banks among others.
The second constraint is related to the guarantee of credits. It leads to the
problem of the professionalism of banks in the evaluation of projects and risk.
It supposes some minimum authority in terms of contract enforcement. This is
accompanied by a transparent system of property rights and an efficient
management of these rights6 (Albagli and Henualt, 1996; Neil et Stoyan,
2001).
There are two types of instruments in the credit market. First, bank
loans with the aim of increasing the sales capacity of the enterprise. These
instruments facilitate the financing of exports by simplifying them. Thus, it
favours the national and international expansion enterprises. Second, there is
insurance. An enterprise that does not quickly recover the equivalent of
damages incurred can face serious treasury difficulties and may go bankrupt
(Henni, 1991).
Like all other type of financial markets, the credit market has risks
linked to its operations but much more to its entrepreneurial function. These
risks can also be related to the existence or not of collateral or the nature of
the collateral7.
In Cameroon, bank loans are either local or international. The first
type of financing is from BCAS8 in the form of rediscount of bills within the
framework of medium term credits and by commercial banks. These later
offer credit very selectively based on a certain number of criteria amongst
which we have; financial autonomy, profitability of projects, the good state of
the treasury, collateral and the quality of the manager amongst others (Bloy
and Mayoukou, 1994; OCDE, 2011). Until recently international finances are
carried out through open credit lines with the guarantee of the Cameroonian
state. Thus ADB9 and EIB10 have enabled the finance of some entrepreneurial
projects.
6
Ownership deeds, land survey, etc
7
Treaty, warrant, etc
8
Bank of Central African States
9
African Development Bank.
10
European Investment Bank.
65
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
11
Small and Medium Size Enterprise
67
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
68
L. B. TCHEKOUMI, The financing of private firms in Cameroon
his project and/or sector of activity. Then credit rationing which is one of
bank activities.
Thus in Cameroon, relationships between banks and entrepreneurs are
characterised by information asymmetry. The lenders of funds do not have
enough information on the activities of borrowers and this is at the origin of
the handicap they have in the calculation of the probability of default of
projects and prefer to reject borrowers instead of taking the risk of engaging
in very risky projects (Caprio and Hononan, 1991). Due to corruption motives
or fiscal distractions firms propose several financial statements and
accounting documents. This often justifies the lack of seriousness and
responsibility by the entrepreneur.
Lets consider the fact that it is difficult to separate the proprietor of
the enterprise and the manager of the enterprise. The loan request can be
rejected. Because of the size of the market it is difficult for the bank to know if
the funds lent are used as required by the objectives or for personal motives.
Under these circumstances it is difficult to evaluate the degree of confidence
attributed to a client.
The loop holes of the information structure make the measurement of
the risk of non reimbursement difficult. But the credit scoring technique
makes it easy (Metenier and Mulot, 1991). Its objective is to identify amongst
the information on the borrower those which enable the better understanding
of its solvability. A score is attributed to all information and the sum of the
score is compared with the score that is initially chosen. It is this score that
will enable to accept or eject loans. All the scores which are inferior to the
reference score are potentially solvable and the loan requests related to these
scores are rejected.
In Cameroon, the forestry industry benefits from bank loans easily.
The main reason is that, the main activities of the enterprises in this sector are
based on exports. It is an activity that generates a lot of foreign currency thus
firms in this sector reimburse commercial banks without a lot of difficulties. It
is apparent from the analysis of banks that they can grant loans with respect
to the opportunities of the firm and its sector of activity.
69
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
rules satisfy the fundamental credit principles. The non compliance or respect
of one of them can lead to an interruption of the contract, the initiation of the
recovery procedure, a judicial liquidation or a default. In all the cases, the risk
of non recovery makes banks to be very cautious when granting loans.
However, the generally low nature of this mode of finance is at the
origin of informal finance.
4. Conclusion
71
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
Bibliography
73
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Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
74
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
Abstract
The adoption of the accounting norms of the IASB within this last ten years
constitute the policy mostly employed by many developed countries in the
framework of their accounting information system. The debate when we turn to
this strategy in these developing countries have not given an unanimity of the
1
Enseignant – Chercheur, Laboratoire de Recherche en Finance et Comptabilité ( LARFIC ) - Faculté
des Sciences Economiques et de Gestion Appliquée ( FSEGA ) - Université de Douala ( Cameroun ) -
Tél : 00.237. 77.32.19.69 / 96.93.73.92 ; E.mail : ndjetcheu@yahoo.fr
2
C’est le cas de plusieurs organismes internationaux tels que la banque mondiale ; l’IFAC ; le FMI et
l’IOSCO, qui soutiennent les actions de l’IASB et qui sont pour l’adoption de ces normes comptables
IAS / IFRS par les pays en développement.
33
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
1. Introduction
Comme tout phénomène politico – économique, la comptabilité s’adapte
toujours à son environnement. Depuis plus d’une décennie, on assiste à une
multiplication des implantations des entreprises à l’étranger et à un
développement des cotations des sociétés étrangères sur les différentes places
financières internationales. Dans cette tendance d’ouverture et d’intégration
économique, il est plus que jamais nécessaire d’harmoniser les pratiques
comptables entre les différents pays. . A cet effet, les normes IAS / IFRS,
d’inspiration américaine, ont été imposées en Europe à partir de l’année 2005
dans l’intention d’arriver à un langage universel en matière de représentation
comptable.
Cependant, les incompatibilités existantes entre les normes IAS / IFRS et les
réalités socioéconomiques et culturelles des pays francophones d’Afrique
peuvent constituer des entraves à cette volonté de la diffusion des normes
internationales sur le plan mondial de manière à rendre possible la
comparabilité des entreprises dans le temps et dans l’espace. Cette entrave a
été relevée en 2011, lors d’une discussion entre le Pr Alain Burlaud de l’INTEC
de Paris et M. Wanssy Pierre alors président de l’Ordre des Experts –
34
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
37
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
Environnement
Externe
Culture
Systèmes éducatifs
Structure
Autres Systèmes Institutionnelle
Système Juridique
Système Comptable
Entreprises
Organismes Professionnels
Pratiques comptables
38
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
En revenant sur l’analyse faite par Doupnik et Salter (1995), et compte tenu
des spécificités de l’environnement dans les pays de l’espace OHADA, nous
avons retenus cinq facteurs environnementaux pouvant expliquer le blocage à
la transposition des normes IAS/IFRS en Afrique francophone. Ces facteurs
portent sur les variables culturelles, l’environnement économique et politique,
le mode de financement des entreprises, l’organisation sociale, le statut de
l’éducation comptable et le statut de la profession compta.
39
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
3
Une économie gouvernée par l’individualisme et l’éloge du profit. Ce profit représente une juste
rémunération d’une part du sacrifice par les épargnants en s’abstenant de consommer pour investir, et
d’autre part du « risque » pris par les détenteurs du capital investi en espérant être rémunérés par des
revenus futurs incertains
4
Le rejet de l’Etat en tant qu’instance régulatrice et surtout rédistributrice de revenu.
40
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
même l’application des politiques d’ajustement structurel n’a pas permis leur
affaiblissement.
Raison pour laquelle la question de l’Etat providence et celle de la
souveraineté nationale engagent l’Etat en Afrique à jouer un rôle de premier
ordre dans la vie de la société. En effet, l’Etat est un agent économique aux
multiples casquettes dans la mesure où il est à la fois consommateur,
producteur et régulateur de la vie économique. Le rôle de l’Etat revient donc à
concevoir et à améliorer l’environnement institutionnel, à dynamiser les
institutions du secteur privé, à promouvoir la concertation Etat / secteur
privé, à faire respecter la loi, à collecter et à redistribuer les richesses
nationales et à réguler l’activité économique.
C’est en vue d’assurer la régularité du financement de ses dépenses publiques
que l’État en Afrique a tenté de se doter d’institutions, de textes législatifs et
réglementaires régissant l’activité économique. Dans ce cadre, une multitude
de codes sectoriels et de lois ont été adoptés par les législateurs. Il s’agit, entre
autres, du code des investissements, du code du travail, du code des douanes,
du code des impôts, du code des marchés publics, du code de l’environnement,
du code forestier, du code minier, du code de la pêche, du code de la marine
marchande, du code des assurances, du code de procédure civile, de la loi
bancaire, du droit comptable, etc... Il s’avère que loin de favoriser l’activité
économique, la pléthore de textes vise plutôt à la contrôler. Ce qui traduit à
souhait, la prépondérance de l’Etat dans la société africaine. Ce rôle
transparaît clairement dans l’approche macroéconomique et fiscale attribuée
à l’information comptable et financière en Afrique.
De même, le blocage peut provenir du degré d’appréciation du risque et de
l’incertitude dans les prises de décision. En effet, la norme comptable IAS /
IFRS de la « fair value » ou de la « juste valeur » génère de l’incertitude dans la
comptabilité avec ses effets pro cycliques sur les actifs de l’entreprise
Benabdellah et Teller (2006). Ces deux auteurs s’alignent sur l’option prise
par Colasse (2005) et les pays de l’espace francophone OHADA de se référer
sur le « principe de prudence » à travers l’évaluation des actifs à leur coût
historique5.
5
Ces auteurs recommandent de choisir avec sagesse la méthode du coût historique
qui a l’avantage d’entraîner des conséquences beaucoup plus prévisibles
41
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
42
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
6
Ces auteurs considèrent que le développement économique est la variable fondamentale qui influence
le développement de la comptabilité puisqu’ il affecte les autres fonctions dans la société.
43
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
gouvernement, dans une lutte d’influence. En effet, dans les pays développés
du Nord, la réglementation de la comptabilité est l’affaire des organisations
professionnelles privées avec une forte participation de la profession
comptable, ce qui demande une profession comptable bien développée et
formée. Pourtant, en Afrique francophone, la réglementation comptable reste
une affaire des pouvoirs publics, et la profession comptable est très mal
formée et mal organisée dans des pays où il existe un ordre national des
experts comptables. Il faut noter pour le regretter que plusieurs décennies
après les indépendances, la formation des comptables en Afrique francophone
reste toujours contrôlée par le colonisateur dans un schéma de formation
complètement extraverti et désuet7 Parmi les experts comptables, très peu ont
des diplômes supérieurs dans le domaine comptable. La plupart sont des
anciens comptables des sociétés et qui ont été tout simplement reversés dans
le corps des comptables agrées lors de la mise en place d’un semblant ordre
des experts comptables. Cette incompatibilité entre cette réalité de
l’environnement comptable et les exigences de maîtrise technique en matière
de normalisation comptable pourrait handicaper la diffusion des normes IAS /
IFRS en Afrique francophone.
Une fois de plus, le niveau de développement économique doublé à la fragilité
de l’organisation des professionnels de la comptabilité, permettent de justifier
sans aucun doute, le choix de toujours recourir au législateur politique pour
faire passer la loi et par conséquent la modification de toute mutation sur le
plan comptable. Ce qui peut justifier la résistance opposée à cette perte de
souveraineté subséquente au passage aux normes internationales.
D’après ce qui précède, nous pouvons en déduire notre deuxième proposition
de recherche :
Proposition n° 2 : un développement économique faible et une organisation
professionnelle comptable fragile influent négativement sur la diffusion des
normes IAS / IFRS en Afrique
7
Dans les pays développés les experts comptables sont aujourd’hui formés dans des universités. En
Afrique francophone, c’est une institution privée en France qui gère la formation des comptables, avec
un contenu centré sur la France et très pauvre en matière de réflexion théorique ou d’épistémologie de la
comptabilité. C’est sans doute ce qui justifie l’absence de ces professionnels dans les instances de
normalisation comptable en Afrique.
44
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
même entité au cours d’une même période de temps. ( un bilan pour le fisc
dont le résultat est minoré au maximum dans une optique d’optimisation
fiscale, un bilan pour les institutions financières dans lequel on présente de
belles perspectives pour la PME et enfin un bilan pour les associés qui reflète
l’image fidèle de l’entreprise ).
Nous pouvons ainsi avancer notre troisième proposition :
Proposition N° 3 : La faible ouverture de l’économie influe négativement sur la
diffusion des normes IAS / IFRS en Afrique
46
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
Variables
Culturelles
P1
Diffusion des
normes IAS / IFRS
P3 en Afrique
Francophone
P2
Faible développement
économique &
Faible ouverture de organisation
professionnelle
l’économie comptable
fragile
3. La méthodologie de recherche
La présente recherche, qui s’inscrit dans le cadre d’une analyse exploratoire,
suit une méthodologie constructiviste. Elle essaie de confirmer ou infirmer les
propositions de recherche émises précédemment. L’approche qualitative
adoptée repose sur l’exploitation d’un guide d’entretien. Une analyse du
contenu permettra de recueillir des données sur les facteurs
environnementaux de blocage de la diffusion des normes IAS / IFRS en
Afrique francophone. Une discussion des résultats sera suivie des implications
managériales.
3.1 – Echantillon des personnes interrogées
L’échantillon de personnes à interroger se recrute parmi les chercheurs
universitaires dans le domaine de la comptabilité, ainsi que parmi les cabinets
47
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
TOTAL ////////////////// 10
48
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
8
On note une prépondérance pour la spéculation, le marchandage des prix au détriment de la loi de
l’offre et de la demande
49
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
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50
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
9
Il s’agit de: Ernst & Young ; KPMG ; PricewaterhouseCoopers ; Deloitte Touche
Tohmatsu.
51
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5. Conclusion
10
De plus, cette transposition des normes IAS / IFRS en Afrique aura pour effet de réduire les coûts de
production de l’information comptable dès lors qu’en Afrique ces filiales sont obligées de tenir leurs
états comptables et financiers dans le référentiel OHADA avant de les traduire dans les normes IAS /
IFRS
52
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
BIBLIOGRAPHIE
54
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
Préambule
55
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
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56
L. NDJETCHEU, Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS/IFRS
IV - Questions finales
Nous aimerions aussi savoir si, d'une manière générale, les normes IAS /
IFRS sont des sujets qui vous intéressent personnellement et que vous
57
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
58
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
Résumé
La pollution des milieux aquatiques empêche l’exploitation durable des crevettes
au Cameroun. Le présent article le démontre à l’aide du modèle de Beverton –
Holt. Ce modèle comporte deux paramètres indiquant respectivement la taille
des mailles de filet et le taux naturel de mortalité des ressources, et une variable
désignant le taux de mortalité par pêche. En y intégrant aussi un indicateur de
l’influence de la pollution de l’environnement sur le rendement des ressources
halieutiques, nous montrons par une série de simulations qui prennent en
compte le taux de pollution de l’eau que, toutes choses restant égales par
ailleurs, le niveau de prélèvement de crevettes est d’autant moins important que
le taux de pollution de l’eau est élevé. Ces résultats valident une politique de
protection contre la pollution, dans une perspective de pêche durable.
Mots clés : crevettes, pollution, exploitation durable, modèle de Beverton –
Holt, externalité.
JEl. : Q2 ; Q5
106
H. NDAME MAKEMBE, Impact de la pollution sur la production des crevettes au Cameroun
state therefore has to look for means to fight this pollution externality, in the
perspective of sustainable fishing.
KeyWords: prawns, pollution, sustainable exploitation, Beverton-Holt model,
externalities.
JEl. : Q2 ; Q5
1. INTRODUCTION
107
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
1
Cf les Rapports annuels d’activité de la Délégation Provinciale du Littoral du
Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales, Exercices 1982/83
– 2004.
108
H. NDAME MAKEMBE, Impact de la pollution sur la production des crevettes au Cameroun
2
« Ce résultat (…) peut être considéré comme le second théorème fondamental de l’économie des
ressources (après celui de HOTELLING concernant les ressources épuisables en propriété privée) »
(FAUCHEUX et NOEL, 1995).
109
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
3
Lire aussi Faucheux et Noël (1995, p.148-149).
110
H. NDAME MAKEMBE, Impact de la pollution sur la production des crevettes au Cameroun
111
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
La biomasse totale donnée par la génération sur sa vie entière est donc :
∞ ∞
= =∫ ( ) ( ) = ∫
( )
( )
Il est intéressant de souligner que l’ «on peut aussi interpréter cette dernière
expression comme la biomasse obtenue annuellement en équilibre d’une
population de poissons consistant en générations d’âges différents. La preuve,
donnée par Beverton et Holt, est que, à l’équilibre, ce que rapporte la ième
génération durant un an est égal à ce que rapporte une génération quelconque
pendant la ième année de sa vie. En faisant les sommes sur i, on voit que ce que
rapporte par an l’ensemble des générations est exactement égal à ce que une
seule génération pendant toute sa vie » Faucheux et Noël, 1995, P. 149). La
fonction ( ) est de la forme suivante :
Y
W0
Y0
Yw
mp
Cette figure montre que pourMpw 0
une taille de maille de filet w donnée, il existe un
niveau de rendement optimal W°(m°pw, Y°w).
112
H. NDAME MAKEMBE, Impact de la pollution sur la production des crevettes au Cameroun
3.HYPOTHESES ET METHODOLOGIE
4
Seules quelques sociétés ayant cessé d’opérer au début des années 2000 (SCLM,
SOCIAA, MBUTCHO et Cie) n’ont pas été prises en compte.
114
H. NDAME MAKEMBE, Impact de la pollution sur la production des crevettes au Cameroun
5
FAO (2006), Evaluation des ressources forestières mondiales. Etude thématique
sur les mangroves, Cameroun, Profil national. FAO, Rome.
115
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
Par ailleurs, en tant que dérivée première, est, par définition, un taux
d’accroissement. Son signe négatif implique une diminution de la production
suite à une augmentation infinitésimale de la pollution. Cette diminution
s’assimile à une perte de ressources. C’est pourquoi représente, en valeur
absolue, le taux de mortalité des crevettes par la pollution sur la période
considérée. On a ainsi = | |.
La valeur de ainsi estimée va servir de point de départ des simulations en
vue de vérifier la seconde hypothèse. Plus précisément, pour vérifier
l’hypothèse H2, nous montrons par une série de simulations qu’en faisant
varier le taux de pollution du niveau = | | vers des valeurs de en plus
élevées, la courbe représentative de la biomasse totale = se
rapproche de l’axe des abscisses, c’est-à-dire du niveau zéro, qui signifie
l’épuisement des ressources. Cela permet de vérifier cette hypothèse.
5. RESULTATS ET IMPLICATIONS
Les résultats sont liés à la vérification des deux hypothèses formulées, et il en
découle certaines implications socio-économiques et environnementales.
= + + , où = , ,…,
trimestres, a donné les résultats consignés dans le tableau suivant :
Tableau 1 : Régression de la production désaisonnalisée sur la pollution
117
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
′
( ) ′
= = (1)/ (1), car la crevette atteint son poids maximal à un âge
( )
= =1 .
On obtient alors :
−
+ + 18
Nous rappelons que dans cette fonction, = + = + 0,045, car
≈ 0,045.
Pour vérifier l’hypothèse H2, nous allons montrer que plus le niveau de
pollution de l’eau augmente, plus le la courbe représentative de la fonction
= tire vers le bas.
Remarquons d’abord que dans le recrutement présent dans la fonction
est une constante positive qui n’a pas d’influence sur la forme de la
courbe de cette fonction. Ici, nous choisissons de façon quasi arbitraire un
recrutement = 51 375 000 crevettes, équivalent à 1000 tonnes de crevettes
118
H. NDAME MAKEMBE, Impact de la pollution sur la production des crevettes au Cameroun
6
CAMECRUS : SOCIETE CAMEROUNASE DE CRUSTACES. La
classification à laquelle nous faisons allusion a été notée en 2004. Aujourd’hui,
cette société n’existe plus.
7
Cf. Le Programme National de Recherche Crevettière (PNRC) malgache.
119
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
45000000
40000000
35000000
30000000 y,me =0,147
25000000 y, me = 0,3
20000000 y, me = 0,5
15000000 y, me = 1
10000000
y,me =5
5000000
0
0 2 4 6 8 10 12 14
120
H. NDAME MAKEMBE, Impact de la pollution sur la production des crevettes au Cameroun
producteurs). Les coûts par unité d’effort auront alors tendance à diminuer,
alors que les coûts unitaires de l’effort vont augmenter. Cette évolution se fera
jusqu’à dissipation totale du surplus des producteurs, et même au-delà dans la
mesure où les ajustements ne sont pas instantanés (coûts de sortie,
opportunités d’autres activités …) » (Gilly, 1989). L’absence de régulation des
pêcheries entraîne ainsi, entre autres, une diminution de revenu et des pertes
d’emploi pour des pêcheurs, ce qu’on peut éviter en appliquant le modèle
spécifié ici.
7. CONCLUSION
8
Cf. Les Cahiers de Mutations, Cameroun – Périls sur l’environnement, mai 2005.
121
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
Outre la protection des milieux aquatiques, la pêcherie doit être régulée pour
assurer une activité durable à tous les pêcheurs.
Une application de ces mesures entraîne, en plus du maintien des équilibres
écologiques, une incidence positive sur la pêche en général : accroissement
des revenus des principaux acteurs du fait de l’augmentation de la
productivité, maintien voire création des emplois, accroissement des
quantités offertes sur le marché national avec baisse possible des prix,
augmentation probable des exportations et diminution possible des
importations.
A l’Etat donc de jouer son rôle, dans la perspective d’une pêche durable et
rentable au Cameroun.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Développement et changement climatique. Nouveaux Horizons, Washington
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ELDRED B. et al. (1977), Biological Observations on the Commercial Shrimp,
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conserv. Mar. Res.lab. (3). 193 p.
FAO (1988), Rapport du groupe de travail ad hoc sur l’évaluation des stocks de
crevettes (penaeus duorarum notialis) du secteur Côte d’Ivoire – Congo, Comité
des pêches pour l’Atlantique Centre – Est, FAO, Rome.
FAO (2006), Evaluation des ressources forestières mondiales. Etude thématique
sur les mangroves, Cameroun, Profil national. FAO, Rome.
FAUCHEUX S. et NOEL J.F. (1995), Economie des ressources des ressources
naturelles et de l’environnement, Armand Colin, Paris.
122
H. NDAME MAKEMBE, Impact de la pollution sur la production des crevettes au Cameroun
123
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
124
H. NDAME MAKEMBE, Impact de la pollution sur la production des crevettes au Cameroun
∞ ( )
Si nous posons =∫ ( ) , avec ( ) = (1 −
6 ) , alors :
∞
= ( ) (1 −6 )
125
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Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
∞
= (1 − 3 +3 −
∞
= .∫ (1 − 3 +3 −
∞
Si =∫ (1 − 3 +3 − , alors :
∞ ∞
= + −3
∞ ∞
+ 3 + −
= (−1⁄( + ))
+ (3⁄( + + 6))
∞
+(−3 ( + + 12)) + (1 ( + + 18))
C’est – à – dire :
Comme = . , on a :
= 1⁄ + − (3⁄( + + 6))
+(3⁄( + + 12)) − (1⁄( + + 18))
Finalement, puisque = = . , on a :
126
H. NDAME MAKEMBE, Impact de la pollution sur la production des crevettes au Cameroun
1 3
= = −
+ + +6
3
+ −
+ + 12 + + 18
127
ISSN 1563 – 3756
Comité de rédaction
Professeur Alexis NGANTCHOU, FSEGA, Université de Douala.
Professeur Georges Bertrand TAMOKWE, Université de DOUALA
Dr Georges Dieudonné MBONDO, Université de Douala.
5
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet –Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July – December 2013
Contenu/contents
Maurice FOUDA ONGODO
Penser le Management en Afrique à l’ère de la globalisation
des économies …………………………………………………..………….7-32
Louis NDJETCHEU
Les pays de l’espace OHADA et les normes IAS / IFRS : analyse
d’une impossible quête de l’universel en matière comptable
…………………………………………………………………………………33-58
6
M. FOUDA O., Penser le management en Afrique
Résumé
Abstract
1. Introduction
S’adapter à la mondialisation et à la complexité est aujourd’hui une
exigence pour l’individu, l’entreprise et la société. Dans ce contexte nouveau,
7
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
1
Dans le rapport de la SFI 2005 on peut lire ce qui suit : «Le taux de croissance de l’Afrique s’est établi
à 4,4% durant l’année civile 2004, contre 3,1% en 2003. La région a bénéficié de la reprise de
l’économie mondiale, de la hausse des cours des produits de base, du renforcement de la stabilité
macroéconomique et de l’évolution dans différents pays. Ce taux reste néanmoins inférieur à l’objectif
de 7% jugé nécessaire pour atteindre les objectifs du développement pour le millénaire 2015. L’Afrique
doit surmonter des obstacles considérables pour assurer le développement du secteur privé et est en
butte notamment à un climat d’investissement peu porteur, à l’insuffisance des infrastructures, au
VIH/SIDA, à des conflits et à la pénurie du capital humain » voir rapport :
http://www.ifc.org/ifcext/publications.nsf
2
Voir rapport Africa Competitiveness 2004.
8
M. FOUDA O., Penser le management en Afrique
3
Cette expression ou cette terminologie selon Détrie (2005) «désigne l’aptitude d’une entreprise/entité
à satisfaire conjointement les quatre finalités suivantes : l’utilité à la société, la satisfaction des clients,
la performance pour les propriétaires, l’accomplissement du travail des salariés» (P. XIII).
4
La question de la symbiose entre tradition et modernité apparaît comme question centrale de la
gouvernance, question encore mal résolue dans le contexte africain où les structures modernes et
traditionnelles se superposent (Dia, 1996 ; Kamdem, 2002 ; Terence, 2004).
9
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
5
Le terme entreprise dans la conception du meilleur climat d’investissement désigne selon la Banque
Mondiale «tout l’éventail des agents économiques privés, depuis les agriculteurs et les micro-
entrepreneurs jusqu’aux entreprises manufacturières et aux multinationales, et ce quels que soient leur
taille, leur activité et leur statut juridique ou formel»
6
Voir Titre rapport Banque Mondiale 2005
10
M. FOUDA O., Penser le management en Afrique
11
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
7
Pour les comparaisons entre ancien institutionnalisme et néo-institutionnalisme on peut se référer aux
textes de Powell et Dimaggio, 1991, pp. 11-15, de Nee, 2003, p. 21-36)
12
M. FOUDA O., Penser le management en Afrique
8
Dans le document de politique générale du PNUD de 1997, on peut lire ce qui suit sur les
interrelations entre la bonne gouvernance et le développement durable : «La gouvernance et le
développement sont indissociablement liés. Le développement humain ne saurait être durable sans la
bonne gouvernance. La gouvernance ne peut être judicieuse que si elle soutient le développement
humain.»
9
Ces objectifs transparaissent dans la définition que le PNUD donne au concept du développement
durable : «par développement humain durable, on entend l’élargissement des choix offerts à toutes les
personnes qui constituent la société, ce qui signifie que les hommes et les femmes – en particulier les
pauvres et les personnes vulnérables – sont placés au centre du processus de développement.
L’expression fait également référence à la protection des possibilités des générations futures et des
systèmes naturels dont dépend toute forme de vie»
10
Comme le relèvent Capron et Quairel-Lanoizelée (2005) : «On est donc aujourd’hui face au paradoxe
suivant : l’effacement des Etats et des organismes supranationaux conduit à conférer aux entreprises un
rôle accru dans la conduite des affaires du monde, alors même qu’elles subissent une crise de légitimité
et de confiance et qu’elles doivent faire des efforts très important pour regagner cette confiance auprès
de la société.»
13
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
jusqu’à la fin des années 70 et la pensée systémique venue par la suite avec
pour objectif de modéliser les interactions sans toucher aux allocations de
ressources semblent aujourd’hui supplantées par une pensée de nature
globale, poussée par l’approche du développement durable (Dubigeon, 2002,
2005). Aussi, la demande d’actions favorables au DD et les risques associés à
la pratique du management dans les entreprises avec les programmes qui
intègrent la préoccupation du DD appellent à l’émergence d’un «Sustainability
Management Model» (d’Humières, 2005). De l’avis de d’Humières, «le
management durable se caractérise par l’addition de plusieurs démarches
constitutives de la recherche d’une combinaison de performances économique,
sociale et environnementale, en relation avec les enjeux généraux de
l’environnement international, dans lequel l’entreprise est immergée. C’est donc
une intégration complexe des démarches récentes d’amélioration de la conduite
des entreprises : prospective stratégique, démarche qualité, gestion du risque,
bonne gouvernance, à laquelle s’ajoute la responsabilité sociétale dont on a
tendance à considérer qu’elle englobe désormais toutes les autres, tant elle
résume par son intention l’objectif de la satisfaction de tous les publics de
l’entreprise : citoyens, consommateurs, capital et collaborateurs » (d’Humières,
2005). Ainsi, de l’avis de Stephany, (2003) «le développement durable
consiste pour une entreprise à assurer un développement, par une approche
globale de la performance, maintenu dans le temps et résistant aux aléas,
respectueux d’un système de valeur explicité, impliquant différents acteurs
internes et externes, dans une logique de progrès continu». Dans le contexte
de la prise en compte des impératifs du DD dans les entreprises, divers
facteurs et acteurs nouveaux vont s’imposer à l’entreprise et exercer des
pressions externes qui vont inexorablement influencer son fonctionnement et
son évaluation.
Aussi par le biais du DD, la problématique de la RSE est désormais
inscrite dans la logique d’évolution du modèle capitaliste. De l’avis de David et
al. (2005), la problématique de la RSE est en phase avec trois caractéristique
du capitalisme contemporain : En premier lieu, il apparaît clairement que la
RSE s’ajuste assez bien à la dynamique du capitalisme contemporain poussé
par l’économie de la connaissance ; en second lieu, la thématique du
management responsable semble s’accorder avec les nouvelles pratiques de
l’après-taylorisme dans l’entreprise ; troisièmement enfin, le management
responsable constitue une pratique en phase avec la montée de nouvelles
14
M. FOUDA O., Penser le management en Afrique
11
Expression que Chanlat emprunte à son collègue Déry, (voir p. 19)
15
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
à partir des catégories de gestion», est bel et bien inscrit dans l’expérience
sociale contemporaine et vise, en tant que produit d’une société de
gestionnaire, à rationaliser toutes les sphères de la vie sociale. Conçu de cette
manière, le «managérialisme» atteste d’une situation où le rapport entre
sciences sociales et gestion est plus que jamais d’actualité. Cette mise en
perspective des rapports entre gestion et sciences sociales, suscite quelques
interrogations12 et amène Chanlat à plaider pour l’élaboration d’une
anthropologie générale. L’anthropologie des organisations à laquelle Chanlat
invite à contribuer «est une anthropologie adiscplinaire. Elle se veut une
synthèse de connaissances fondamentales que nous avons sur l’humanité ou,
pour parler comme Mauss, elle renvoie au «total des sciences qui considèrent
l’homme comme être vivant, conscient et sociable» (1968, p. 285). Une telle
anthropologie repose, d’une part, sur une certaine ouverture disciplinaire et,
d’autre part, sur le retour de dimensions centrales souvent oubliées par le monde
de la gestion» (op. cit. p. 78). Le recours à l’anthropologie pour une meilleure
compréhension des sciences de gestion apparaît aussi comme une nécessité
pour chez Airaudi (1994) qui invite à «faire de l'anthropologie le fondement des
sciences de la gestion, de la science économique et de la sociologie. Les grandes
sciences de l'homme universel (science de gestion, de l'économie et de la société)
doivent être réinterprétées à partir de l'anthropologie, c'est-à-dire de la science
de l'homme concret, «formé au sein d'une culture, d'une société spécifique».
Ainsi, pour cet auteur, placer l'anthropologie à la base des sciences de
l'organisation permet non seulement le dépassement du dualisme entre
stratégie générale et opérations spécifiques, pensée globale et action locale ;
mais aussi de comprendre que la culture est indissociable de toute forme
d'existence des hommes, de toute constitution du monde et a fortiori de toute
mondialisation. Il importe donc de comprendre le fonctionnement et le
management des organisations en Afrique, organisations qui évoluent dans un
contexte complexe, en adoptant une approche multidisciplinaire et en
intégrant les dimensions oubliées par les approches dominantes dans la
conception des théories managériales.
12
Les interrogations suscitées par les rapports entre gestion et sciences sociales : Quelles formes prend
ce rapport ? Quelle est la contribution des sciences sociales dans la compréhension du management et
quelle place doivent-elles occuper dans la formation en gestion aujourd’hui ? (Chanlat, op. cit. p. 21)
16
M. FOUDA O., Penser le management en Afrique
13
Voir l’ouvrage collectif : L'Entreprise de demain (1994), Paris, Nouveaux Horizons, Éditions Village
Mondial.
17
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
14
"La diversité de regards disciplinaires se conjugue avec les débats internes ou les clivages qui ne
manquent d'exister au sein de telles ou telle discipline" (Desreumaux, 1998, p.10)
19
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
la société d’une part et, de la science d’autre part. Pour rendre compte de la
structuration du champ social, Burrell et Morgan proposent une typologie
reposant sur deux dimensions : la première oppose les approches
objectivistes et subjectivistes, quant à la seconde elle sépare les démarches
qui privilégient le changement radical à celles qui mettent l’accent sur la
régulation. Dans le cadre de la première dimension on va observer des
oppositions d’ordre épistémologique (positivisme contre anti-positivisme),
ontologique (nominalisme contre réalisme), méthodologique (méthodes
idiographiques contre méthodes nomothétiques) ou encore relevant de la
nature humaine (volontarisme contre déterminisme). Dans le cadre de la
seconde dimension, la vision de la société sous l'angle de l'intégration ou de
l'ordre s’appose à celle de la société sous l’angle des conflits ou de la
coercition. Les oppositions manifestes peuvent ainsi relevées entre : stabilité
et changement ; intégration et conflit ; coordination et désintégration ;
consensus et coercition. Au regard de cette conceptualisation de la réalité
sociale, quatre paradigmes, reposant sur des principes tellement différents
sont ainsi censées expliquer la réalité sociale : l’humanisme radical, le
structuralisme radical, l’interprétativisme et le fonctionnalisme. Mais jusqu’ici,
le paradigme qui a rencontré le plus de faveur en sciences des organisations
est celui du fonctionnalisme15.
Face à cette pluralité d’approches, il se pose un double problème celui
de l’étude de l’organisation et celui de la méthodologie à adopter pour saisir la
réalité complexe dans les organisations. La compréhension du phénomène
organisationnel en Afrique peut ainsi se situer par rapport à certaines
approches (néo-institutionnalisme et théories de contrôle externe), épouser le
cadre des niveaux d’analyse tels que proposé par Belhing (1978) et appeler à
la nécessité de concilier approches méthodologiques qualitatives et
quantitatives.
15
En effet, "le paradigme fonctionnaliste qui a dominé la sociologie en général, a fortement imprégné la
sociologie des organisations. Ce phénomène a été amplifié par l'existence d'une idéologie managériale
qui a trouvé dans l'approche fonctionnaliste des organisations un courant de pensée lui permettant de
valoriser l'équilibre, le statu quo et le maintien des structures organisationnelles existantes. Si la
sociologie et la gestion n'ont pas au départ des orientations similaires, la première étant orientée vers
l'analyse, la seconde vers l'action, il y eut entre l'analyse fonctionnaliste des organisations et la pensée
managériale un mariage de raison, peut-être même d'amour, fructueux puisqu'il a permis d'appréhender
certaines dimensions de l'organisation." (Séguin et Chanlat, op. cit. p. 6).
20
M. FOUDA O., Penser le management en Afrique
16
Les théories post-modernes et de la sociologie de l’action (voir Rojot, 2003, pp. 439-457) peuvent
aussi contribuer à la compréhension du phénomène organisationnel en Afrique.
21
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
17
A ce sujet voici ce que relève V. Nee (2003) «For a new economic sociology to make advances in
explaining the role of institutions and institutional change, it is important to have a definition of
institutions appropriate for analysis from the sociological perspective which emphasizes the causal
effect of social structure. Institutions are not simply the formal and informal constraints that specify the
structure of incentives, as defined by North (1981), or discrete institutional elements – beliefs, norms,
organizations and communities – of a social system (…), but fundamentally they involve actors,
whether individuals or organizations, who pursue real interests in concrete institutional structure. An
23
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
institution in this view is defined as a system of interrelated informal and informal elements – custom,
share beliefs, conventions, norms, and rules – governing social relationships within which actors
pursue and fix the limits of legitimate interests. In this view, institutions are social structure which
provide a conduit for collective action by facilitating and organizing the interests of actors and
enforcing principal agent relationship” (p. 23)
24
M. FOUDA O., Penser le management en Afrique
18
Au sujet des différents arcs et liens établis dans la figure 01, O. Belhing fait le commentaire ci-
après : «Figure indicates the between levels nature of OS. The four boxes represent the four hierarchical
levels […]. The head of each arrow indicates the levels the level at which the phenomenon to be
explained is conceptualized, and the butt-end the level at which the explanation of that phenomenon is
sought. Thus, for example, link BB (ORG-IND) indicates an attempt to explain individual behaviour or
characteristics by reference to organizational practices or states. Link H (IND-GRP) represents an
attempt to explain the nature of actions or groups in terms of the nature or behaviour of the people who
make them up” (p. 198)
19
Ces exemples sont aussi repris par Desreumaux (1992, pp. 18-19)
25
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
A C D SOCIETIES G I L
SOC
SOC
ORG
ORG
SOC
SOC
D G
GRP
GRP
ORGANIZATIONS
B E H K
SOC
SOC
ORG
SOC
IND
IND
GRP
ORG
ORG
ORG
C E H J
GROUPS
IND
IND
F I
SOC
GRP
ORG
IND
A B F INDIVIDUALS I K L
26
M. FOUDA O., Penser le management en Afrique
20
Weber repris par Grawitz, p .97
27
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
21
Lincoln et Guba, 1985, repris par Marchildon, 2002.
28
CONTEXTE DE
GLOBALISATION RÉFÉRENTIEL DURABLE
DES ÉCONOMIES
CADRES D’ANALYSE
- Cross- Culturel CADRES
- Interculturel MÉTHODOLOGIQUES
- Genre
- Quantitatif
- Institutionnalisme (NEO)
- Qualitatif
- Théorie du contrôle externe
- Grounded-Theory
- Système et contingence
- Anthropologie Générale
(Chanlat)
- Classification conceptual
frameworks (Behling)
MANAGEMENT ET PERFORMANCE
DES ORGANISATIONS EN AFRIQUE
Bibliographie
30
M. FOUDA O., Penser le management en Afrique
31
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/ APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle N°07, Juillet – Décembre 2013/Semestrial Review N°07, July –December 2013
32
M. TCHAKOUNTE NJODA, M. NOUROU, G.D. MBONDO, Développement financier…
DEVELOPPEMENT FINANCIER ET ACCELERATIONS DE LA CROISSANCE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
RESUME
Ce papier examine la relation entre le développement financier et la
croissance, pour un échantillon de pays d’Afrique subsaharienne, en
considérant l’hypothèse de l’effet d’une accélération du second par le premier.
Si cette influence existe, ce n’est certainement pas par le biais de l’épargne,
maillon essentiel du rôle positif que peut provoquer le développement des
banques sur la croissance économique, grâce à l’allocation d’une plus grande
quantité de ressources qu’elle permet de canaliser vers les investissements.
Les résultats prouvent également qu’il importe de donner plus de flexibilité à
la politique monétaire (masse monétaire M2 et taux d’intérêt) afin de lever le
frein à la croissance.
ABSTRACT
This paper examines the relation between the financial development and the
growth, for a sample of country of sub-Saharan Africa, while considering the
129
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle n07, Juillet-Décembre 2013 / Semestrial Review n07 July-December 2013
INTRODUCTION
1
L’Afrique subsaharienne telle que considérée dans cet article se compose des nations suivantes :
Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap-Vert, République Centrafricaine,
Tchad, Comores, République Démocratique du Congo, République du Congo, Côte d'Ivoire, Guinée
Equatoriale, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Kenya, Lesotho,
Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria,
Rwanda, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Afrique du Sud, Swaziland,
Tanzanie, Togo, Ouganda, Zambie, Zimbabwe.
130
M. TCHAKOUNTE NJODA, M. NOUROU, G.D. MBONDO, Développement financier…
subsaharienne vit en dessous du seuil de pauvreté. Il a été établit que si l’ASS
veut réduire de moitié la pauvreté monétaire d’ici à 2015, il lui faut
enregistrer une progression du PIB réel par habitant d’environ 5 %. Même si
les facteurs d’une croissance vigoureuse et durable dans cette région sont
encore mal connus, il est intéressant d’analyser les évolutions récentes.
131
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle n07, Juillet-Décembre 2013 / Semestrial Review n07 July-December 2013
L’objet de cet article est d’analyser la relation qui existe entre la situation du
secteur financier et l’accélération de la croissance qui semble se manifester
dans plusieurs pays d’ASS. Pour ce faire, on présente une revue critique de la
littérature sur la question (section 1). Ensuite, on analyse les chiffres de la
croissance en situation de fragilité financière (section 2). Enfin, on construit
un petit modèle implicite (section 3), que l’on estime (section 4).
Les études entreprises par Schumpeter (1912) ont permis de voir un plus
clair. D’après Schumpeter, les services financiers sont primordiaux dans la
promotion de la croissance économique. Le bon fonctionnement des services
financiers en particulier les banques stimule l’innovation technologique et la
croissance économique par l’identification et la recherche des entreprises
avec toutes les chances d’œuvrer avec succès pour l’innovation des produits et
les processus de production, lesquels sont capables de générer des niveaux de
productivité élevés. Quelques décennies plus tard, Robinson (1952) soutient
l’idée que le développement économique crée une demande d’un certain
2
Hicks écrit que « [l’invention et le développement des machines-outils a été] un épisode qu’on doit
considérer comme d’une importance majeure dans l’histoire économique de l’Angleterre, mais qui
apparaît quelque peu secondaire lorsqu’on l’envisage dans un contexte plus large » (J. Hicks, Une
Théorie de l’Histoire Economique, Seuil, Paris, 1973, p. 157).
132
M. TCHAKOUNTE NJODA, M. NOUROU, G.D. MBONDO, Développement financier…
nombre de services financiers fournis automatiquement par le système
financier. Selon cet auteur, « where entreprise leads finance follows ». Ainsi, le
système financier répond passivement à la croissance économique et ne peut
donc jouer un rôle même fonctionnel dans le développement économique. Ce
point de vue implique le fait que le développement financier soit juste un
enchaînement du développement économique.
133
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle n07, Juillet-Décembre 2013 / Semestrial Review n07 July-December 2013
A la fin des années 80, des auteurs comme Jung (1986) ont soutenu qu’il est
possible de penser que la meilleure explication du développement des
systèmes financiers, outre des contraintes réglementaires ou des
interventions publiques, serait le développement de la sphère réelle. Le sens
de causalité de la finance vers la croissance ne s’exerce que dans les périodes
initiales de développement, puis il s’inverse avec la maturité de l’économie.
Dans cette optique Greenwood et Jovanovic (1990) précisent que durant l'état
initial de développement où l'échange n'est pas encore organisé, la croissance
économique est faible. A mesure que le revenu national augmente, les
structures financières s'installent progressivement et la croissance
économique devient plus rapide. Arrivée à son stade de maturité, une
économie dispose de structures financières complètement développées et
d'un taux de croissance plus élevé par rapport au stade de développement
initial. Ainsi, plus un système financier est développé grâce à la croissance
économique, plus la croissance économique est susceptible de développer la
finance. Compte tenu de cette opinion partagée, peut-on penser avec Lucas
(1988) que les économistes surchargent le rôle de facteurs financiers dans le
processus de croissance économique ?
134
M. TCHAKOUNTE NJODA, M. NOUROU, G.D. MBONDO, Développement financier…
liquidation prématurée d’investissements rentables, améliorent la
productivité du capital, et stimulent donc la croissance économique. Cet
aspect du débat a été examiné dans de nombreux travaux empiriques dont
celui de King et Levine (1993a). Un niveau de développement financier plus
élevé est significativement corrélé avec le taux de croissance économique, le
taux d'accumulation du capital physique et l'amélioration des performances
économiques. Rousseau et Wachtel (1998) montrent que le développement du
secteur financier et la quantité non-négligeable de services d'intermédiation
financière sont associés à la croissance économique. Les modèles de Pagano
(1993), Berthelemy et Varoudakis (1996), mettent l’accent sur le fait que le
taux de croissance dépend positivement du pourcentage d’épargne converti à
l’investissement ; c’est-à-dire que l’important canal à travers le quel
l’approfondissement financier affecte la croissance, c’est la quantité d’épargne
transformée en investissement.
135
ECONOMIE ET GESTION APPLIQUEES/APPLIED ECONOMICS AND MANAGEMENT
Revue Semestrielle n07, Juillet-Décembre 2013 / Semestrial Review n07 July-December 2013
Il ne fait aucun doute qu’au cours des quatre décennies passées, les pays d’ASS
ont souffert d’une part, de faibles taux de croissance réalisée par rapport aux
autres régions du monde, et d’autre part de l’instabilité du taux de croissance.
La stagnation, et parfois le déclin, du PIB moyen a conduit à une pléthore de
recherche donnant lieu à des interprétations toutes aussi diverses (voir
notamment Arcand et al. (2001) ; Collier et Gunning, 1999a, 1999b). Mais avec
l’application dans certains de pays de mesures politiques et économiques
136
M. TCHAKOUNTE NJODA, M. NOUROU, G.D. MBONDO, Développement financier…
appropriées et à la faveur de la conjoncture internationale, les signes positifs
de croissance sont de nouveau apparus. On peut remarquer à la figure 1 une
tendance nette vers une croissance soutenue à partir de la fin des années 90,
tendance qui se prolonge jusqu’en 2003. Selon Nduluet O'Connell (1999),
(2000), le taux de croissance moyen du PIB par tête pendant ces années en
ASS était plus élevé que dans les autres pays en voie de développement.
10
8
6
4
Taux
2
0
1961
1964
1967
1970
1973
1976
1979
1982
1985
1988
1991
1994
1997
2000
2003
-2
-4
Année
Taux de croissance…
Figure 1 : Evolution du taux de croissance moyen dans les pays d’ASS (1961-
2003)
Source de données : World DevelopmentIndicators, 2008.
Nous convenons avec Hausmann et al. (2004) que la recherche empirique sur
la croissance traditionnellement axée sur le long terme peut masquer des
aspects importants de l’évolution de la croissance d’une économie. En
regardant de près les rebonds de la croissance à moyen terme, il est possible
de mettre à jour ou de déterminer l’origine des accélérations ou à-coups de la
croissance. De tels à-coups de la croissance sont difficiles à prévoir et, les
changements dans la politique économique et l’évolution des conditions
extérieures n’ont pas suffi à améliorer les choses, sauf dans des cas extrêmes.
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Maurice 1984 7,3 5,6* Guinée 1994 2,3 0,0
Mozambique 1986 6,0 2,4* Guinée 1994 29,7 18,5*
équat.
Ouganda 1986 3,9 4,1* Malawi 1994 4,8 -3,5
Seychelles 1987 5,7 2,6* Mozambique 1994 7,1 5,1*
Tanzanie 1985 2,3 -1,6 Rwanda 1996 2,6 …
Tchad 1983 3,3 1,4 Sénégal 1994 2,2 1,5
Zimbabwe 1986 2,6 -1,2 Seychelles 1995 7,5 …
Sierra Leone 1999 10,9 …
Tanzanie 1999 4,0 …
Tchad 1999 8,3 …
Zambie 1999 2,1 …
Notes : * épisodes ayant duré au moins 10 ans.… données indisponibles.Source :
Pattillo, Gupta, et Carey (2005).
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L’intermédiation financière, activité principale des banques, consiste en la mobilisation des dépôts des
agents en excédent de financement en vue de les prêter par la suite aux agents en déficit de financement.
140
M. TCHAKOUNTE NJODA, M. NOUROU, G.D. MBONDO, Développement financier…
Tableau 3 : Indicateurs de l’efficience dans les pays d’ASS en moyenne (2000-
2003)
Population Nombre Ratio de Prêts Marge Frais
détenant un d’agences fonds (% improd d’intérêts générau
compte pour des actifs uctifs (% des x (% des
bancaire 100 000 pondérés (% du actifs) actifs)
officiel (%) habitants en total des
fonction prêts)
des
risques)
Afrique 12,6 2,6 15,5 14,7 8,2 7,4
subsaharienne
Pays à faible 7,0 1,2 15,7 17,5 8,5 7,7
revenu d’ASS
Pays à revenu 25,3 5,6 16,5 6,8 6,7 6,4
intermédiaire
d’ASS
Sans l’Afrique 21,9 5,6 16,9 7,5 6,6 5,2
du sud
Source : Beck, Demirguc-kunt, et Peria (2005) ; Claessens (2005),
FMI, Profils des secteurs financiers ; calculs à partir des données bancaires de la BID.
Il faut quand même signaler que dans les pays à revenu intermédiaire d’ASS
(Afrique du Sud, Angola, Botswana, Cap-Vert, Gabon, Guinée Equatoriale,
Maurice, Namibie, Seychelles et Swaziland) les secteurs financiers sont plus
vastes et plus diversifiés. Il n’est donc pas surprenant que presque tous ces
pays ait enregistré au moins une croissance accélérée au cours des deux
décennies 80 et 90. La gamme des établissements y est étendue par rapport à
ceux des pays à faible revenu. Au tableau 2, on remarque que le crédit au
secteur privé tout comme la masse monétaire au sens large (en % du PIB) des
pays riches d’ASS sont demeurés supérieurs à ceux des pays pauvres d’ASS de
1990 à 1999 et de 2000 à 2004. Les mêmes écarts se perçoivent lorsqu’on
examine les indicateurs d’efficience des pays d’ASS (tableau 3). Grâce à leur
grande taille, les secteurs financiers des pays à revenu intermédiaire offre aux
populations un important accès aux services financiers plus qu’ailleurs. Il
convient de prendre en compte le poids de l’Afrique du Sud qui dispose d’un
système financier particulièrement développé. Il convient surtout de séparer
les pays qui tirent l’essentiel de leur richesse du pétrole à savoir l’Angola, le
Gabon et la Guinée Equatoriale dont la situation se rapproche de celle des
pays à faible revenu. Étant donné la rareté des possibilités de prêts dans le
secteur non pétrolier, le crédit au secteur privé y reste limité et le nombre
d’agences est faible.
141
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4
Selon Detragiache, Gupta, et Tressel (2005) et Gulde et al. (2006), l’inflation, la corruption et la
concentration sont néfastes à l’efficience des banques.
142
M. TCHAKOUNTE NJODA, M. NOUROU, G.D. MBONDO, Développement financier…
important par rapport à la population et au revenu. Dans d’autres, comme
l’Ethiopie, une seule banque commerciale domine.
Par ailleurs, l’activité bancaire donne parfois lieu à d’énormes prêts
improductifs (voir tableau 3 pour les chiffres globaux et figure annexe 1 pour
les détails par pays). En 2004, la part moyenne des prêts improductifs était
évaluée à 15 % du total des prêts. Dans 11 pays sur plus de 40 recensés, cette
part se situait au-delà de 20 %. De tels prêts sont accordés en marge des
considérations économiques, par exemple : raisons politiques, complaisances
des contrôleurs, etc. Parallèlement, les banques disposent de liquidités
excédentaires et la présence des marchés interbancaires ne favorise
malheureusement pas les transactions. Toujours en 2004, le coefficient moyen
des réserves obligatoires sur le total des dépôts atteignait 13 % (figure annexe
1). Les pays à haut taux de réserves comme la Guinée Equatoriale (plus de 40
%) ou le Tchad ont récemment enregistré une hausse de leurs recettes
pétrolières. L’Ethiopie, la Guinée-Bissau, le Comores bénéficient quant à eux
de l’aide étrangère.
Manifestement, il est clair qu’une bonne partie des systèmes financiers dans
les économies d’ASS souffrent de nombreux maux. Plusieurs facteurs se
dressent sur le chemin du développement financier dans cette région :
déficiences de l’environnement juridique, entraves à la supervision,
insuffisance d’instruments de politique monétaire, etc. Par ailleurs, et assez
surprenant que cela puisse paraître, ces économies ont connu une croissance
accélérée, au moins pour certaines d’entre elles. C’est la raison pour laquelle
un réexamen empirique de la relation qui existe entre le développement
financier et la croissance s’impose.
3. MODELE ET DONNEES
Nous admettons qu’à chaque période il existe des activités économiques
considérées comme des fuites et notées Yit (i = indice pays, t = indice temps)
qui empêchent l’ajustement de la croissance réelle (ou d’équilibre) git* à une
croissance dite optimale git .
143
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apparaît car les pays d’Afrique subsaharienne ne sont pas homogènes en ce
qui concerne l’accélération de la croissance. Cela oblige à identifier pour
chaque pays les épisodes d’accélération de la croissance et à faire recourt aux
techniques d’estimation de panel (pour l’ensemble des périodes) et de coupes
transversales (pour chacune des sous-périodes). La vérification empirique
porte sur les 29 pays d’ASS5 qui ont connu une accélération de leur
croissance pendant l’une ou l’autre des sous-périodes6 et pour lesquels nous
disposons d’informations statistiques : Angola, Bénin, Botswana, Burkina
Faso, Burundi, Cap-Vert, Tchad, République du Congo, Côte d'Ivoire, Guinée
Equatoriale, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Malawi,
Maurice, Mauritanie, Mozambique, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone,
Tanzanie, Ouganda, Zambie, Zimbabwe. D’autre part, si la taille de
l’échantillon l’avait permis, il serait possible de travailler avec les groupes de
pays, par exemple les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire.
Au rang de variables exogènes, nous utilisons l’épargne en % du PIB,
l’investissement en % du PIB, la masse monétaire M2 en % du PIB, les crédits
domestiques au secteur privée en % du PIB, le ratio des IDE sur le PIB, le ratio
des dépenses publiques sur le PIB, le taux d’inflation, le taux d’intérêt réel, le
taux de change effectif réel, le PIB par tête, l’indicateur de bonne gouvernance.
Les informations statistiques viennent de la banque de données World
DevelopmentIndicators de 2010 publiée par la Banque Mondiale. Elles ont été
complétées par les données de la gouvernance produites par « Freedom
House »7.
Au terme des régressions, nous avons identifié des variables qui accélèrent ou
décélèrent la croissance et celles qui n’ont aucune influence sur la croissance
5
Gelbard et Leite (1999) ou Allen et Ndikumana (2000) ont suggéré de ne pas inclure dans l’échantillon
les pays d’Afrique subsaharienne à systèmes financiers relativement bien développés comme l’Afrique
du Sud et l’Ile Maurice. Ces deux pays ne semblent pas être touchés par l’accélération de la croissance.
Par conséquent, ils ne rentrent pas dans notre échantillon.
6
C’est notamment au cours des décennies 80 et 90 que la croissance s’est accélérée dans chacun des
pays de l’échantillon (Cf. tableau 1).
7
En l’absence d’indicateur sur les variables de l’environnement légal, de la qualité de supervision et de
régulation des banques pour les pays africains, on utilise comme proxy l’indice de liberté civile de la
base de données de Freedom House. Cet indice est compris entre 1 (pour les pays à degré de liberté
civile élevé) et 7 (pour les pays à faible degré de liberté civile).
145
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8
Les travaux de Beck, Levine et Loayza (2000) portant sur un panel de 63 pays sur la période 1960-
1995 apportent encore la confirmation d’une relation de long terme, très robuste entre le développement
financier et la croissance de la productivité globale des facteurs, mais aussi avec le taux d’épargne, et le
taux d’accumulation du capital.
146
M. TCHAKOUNTE NJODA, M. NOUROU, G.D. MBONDO, Développement financier…
toujours évidente dans les pays d’ASS. Les faibles revenus chez les ASS conduit
à des faibles taux d’épargne et par ricochet à des contraintes de liquidité
fortes. Si l’on exclut les cas notables de la République du Congo (46,39 %
d’épargne en % du PIB en 1984) et du Botswana (41,31 % en 1996), la plupart
des pays de l’échantillon ont réalisé des performances d’épargne en dessous
de 30 %. On a pu observer au tableau 2 que les dépôts bancaires qui
représentent l’épargne intermédiée constituaient seulement 15 % du PIB, ou
19 % dans le meilleur des cas, contre 38 % en moyenne dans les autres
régions. Ce constat semble s’éloigner du canal de croissance endogène avec
intermédiation financière décrit par De Gregorio et Guidotti (1995) et
modélisé par Bencivenga et Smith (1991).
Aucun effet émanant du taux d’intérêt n’est perceptible pendant les années
1980. Par contre, tant sur l’ensemble de la période d’étude que sur la seconde
période, le taux d’intérêt décélère la croissance. Ces années ont été marquées
en Afrique par la répression financière dont les conséquences d’après King et
Levine (1993b) se résument à une réduction des services proposés par le
système financier aux épargnants, entrepreneurs et producteurs, l’entrave de
toute innovation, et l’affaiblissement du taux de croissance de l’économie. Les
études empiriques ont depuis longtemps souligné l'impact incertain du taux
d'intérêt sur le niveau de l'épargne. Selon les partisans de la théorie de la
libéralisation financière, l’épargne financière constitue le préalable à
l’investissement, ce dernier étant à l’origine de la croissance. Dans cette
perspective, si la croissance est insuffisante dans les pays sous-développés,
c’est parce que l’épargne financière se révèle insuffisante pour permettre le
financement des projets d’investissement rentables. Comment alors expliquer
l’influence exercée sur l’accélération de la croissance par l’investissement et le
taux d’intérêt au cours de la décennie 90 ? En suivant la thèse de la
libéralisation financière9, celle-ci est supposée permettre un accroissement du
volume et de la qualité de l’investissement.
9
Dans le schéma explicatif, cette influence positive s’exerce d’abord à travers un changement structurel
de l’économie : la hausse des taux d’intérêt réel permet l’unification du marché des capitaux grâce à
l’absorption du marché financier informel. D’autre part, des taux d’intérêt plus élevés provoquent une
augmentation des taux de rendements marginaux de l’investissement. Enfin l’intermédiation financière
centralisatrice de l’épargne s’exerce dans le cadre d’un marché des capitaux parfaits ; un tel système
permet à l’économie de bénéficier d’externalités qui sont supposées ne pas pouvoir être atteintes lorsque
le marché des capitaux est fragmenté à cause de la répression financière (Levine et King, 1993b ; Fry,
1995).
147
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en moyenne plus élevée dans les années 80 qu’en 90 : d’où son impact négatif
sur la croissance.
Le ratio crédit au secteur privé / PIB possède un net avantage par rapport aux
agrégats monétaires M2 ou M3 parce qu'il représente plus clairement l'actuel
volume de fonds canalisés vers le secteur privé. Ce ratio est ainsi plus
directement lié à l'investissement et à la croissance économique. Lorsque le
crédit au secteur public y est exclu, il illustre d'une manière plus appropriée le
rôle des intermédiaires financiers dans la canalisation des fonds vers les
participants privés au marché. Si le crédit au secteur privé apparaît être
l'indicateur le plus approprié pour le degré d'intermédiation financière qui se
produit à travers le système bancaire, il peut être un faible indicateur de
développement financier en sens large, puisqu'une partie significative du
développement financier dans les pays développés 10 se produit au-delà du
système bancaire. Son influence dépend donc du degré de développement des
économies. Les régressions font valoir que ce ratio accélérerait la croissance,
car il permet de relâcher un peu la contrainte de liquidité.
10
Cette situation est plus caractéristique des pays industrialisés qui ont connu de fortes innovations
financières non-bancaires. Dans les pays africains, au contraire, la plupart du développement financier a
eu lieu dans le système bancaire. Pour cette raison le crédit au secteur privé capte bien le
développement financier en sens large.
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CONCLUSION
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développement et la fragilité du système financier, auxquels s’ajoute un
fonctionnement bancaire imparfait. Mais au cours de la décennie 90, les
systèmes bancaires sont devenus solvables, ont engrangé d’abondantes
liquidités, et l’insuffisance des fonds propres a été comblée. D’autre part, on
note un regain de croissance ; celle-ci s’est même accélérée dans certains pays
d’ASS. Il importe donc de voir si l’influence du système bancaire aurait facilité
ces accélérations.
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ANNEXES
Zimbabwe
Zambie
Ouganda
Togo
Tanzanie
Swaziland
Afrique du Sud
Sierra Leone
Seychelles
Sénégal
Sao Tomé et Principe
Rwanda
Nigeria
Niger
Namibie
Mozambique
Maurice
Pays Mali
Malawi
Madagascar
Liberia
Lesotho
Kenya
Guinée-Bissau
Guinée
Ghana
Gambie
Gabon
Ethiopie
Erythrée
Guinée Equatoriale
Cote d'Ivoire
République du Congo
République Démocratique du…
Comores
Tchad
République Centrafricaine
Cap-Vert
Cameroun
Burundi
Burkina Faso
Botswana
Benin
Angola Taux
-20excédentaires
Réserves 0 20 40
/ Total dépôts 60 80
Figure annexe 1 : Taux des prêts improductifs et des réserves excédentaires par pays
en 2004
Source: FMI, Profils des secteurs financiers ; et Saxegaard (2006)
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