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« L'adjectif hors de sa catégorie »

6ème Colloque de linguistique française et roumaine


organisé par

Grammatica
Université d'Artois
UFR de Lettres et Arts
Salle LM3

23-24-25 mai 2007

Résumés des communications

Diana Andrei .............................................................................................................................. 2


Dany Amiot & Nelly Flaux ........................................................................................................ 3
Eugenia Arjoca-Ieremia ............................................................................................................. 4
Cyril Aslanov ............................................................................................................................. 5
Mirela-Ioana Borchin ................................................................................................................. 5
André Borillo.............................................................................................................................. 7
Injoo Choi-Jonin......................................................................................................................... 8
Alexandra Cunita...................................................................................................................... 10
Anne-Sophie Dumoulin............................................................................................................ 12
Ilie Minescu.............................................................................................................................. 13
Michèle Noailly........................................................................................................................ 13
Liana Pop.................................................................................................................................. 14
Catherine Schnedecker ............................................................................................................. 14
Fayssal Tayalati........................................................................................................................ 16
Maria Tenchea.......................................................................................................................... 17
Adina Tihu................................................................................................................................ 18
Marleen Van Peteghem ............................................................................................................ 20
Daciana Vlad ............................................................................................................................ 21
Diana Andrei
(Université de l'Ouest, Timisoara)

Quelque/quelques dans les constructions avec quantificateurs cardinaux

Dans le présent article, nous nous proposons de démontrer l’incompatibilité entre certains
quantificateurs cardinaux- selon la terminologie employée par Corblin - n au moins, n au
plus, n exactement, presque n, moins de n et les adjectifs à valeur quantifiante
quelque/quelques placés devant des noms concrets indiquant la quantité.
Nous allons dédier une première partie de notre article à la catégorie des quantificateurs
cardinaux afin de mettre en évidence les raisons pour lesquelles des énoncés comme (1) ou
(6) :
(0) Quelques élèves ont été impliqués dans un grave accident de circulation.
(1) Au moins quelques élèves ont été impliqués dans un grave accident de
circulation.
(0) On lave l’enfant avec quelque eau tiède.
(6) On lave l’enfant avec au moins quelque eau tiède.
sont considérés corrects, alors que des énoncés de type :
(2) *Au plus quelques élèves ont été impliqués dans un grave accident.
(3) *Quelques élèves exactement ont été impliqués dans un grave accident.
(4) *Presque quelques élèves ont été impliqués dans un grave accident.
(5) *Moins de quelques élèves ont été impliqués dans un grave accident.
(7) *On lave l’enfant avec au plus quelque eau tiède.
(8) *On lave l’enfant avec exactement quelque eau tiède.
(9) *On lave l’enfant avec presque quelque eau tiède.
(10) *On lave l’enfant avec moins de quelque eau tiède.
Les conclusions que nous espérons en tirer sont :
- dans les constructions ci-dessus, quelque/quelques expriment l’indétermination interprétée
quantitativement sous la forme d’un seuil minimal ou d’une limite inférieure, jamais
maximale ou supérieure. D’où l’incompatibilité des constructions en quelque/quelques avec
les quantificateurs cardinaux qui expriment une limite supérieure, comme dans (2) ou (7).Les
mêmes constructions ne sont pas compatibles non plus avec les quantificateurs cardinaux qui
expriment une quantité précise, comme dans (3) ou (8) à cause de l’idée d’indétermination
exprimée par les premières. Nous considérons les énoncés (4) et (5) toujours incorrects parce
que quelque/quelques, exprimant déjà une limite inférieure, sont incompatibles avec des
quantificateurs qui expriment des quantités inférieures au seuil posé par les constructions en
quelque/quelques. Selon nous, le seul quantificateur cardinal qui n’altère pas l’intensité
relativement faible exprimée par quelque/quelques est au moins. Tout en prenant la quantité
posée par les constructions en quelque/quelques comme point de départ, au moins les
modalise, tout en exprimant une légère orientation vers le haut de l’intensité déjà contenue.

Bibliographie
BOSVELD, M., PETEGHEM, Van M., VAN DE VELDE, D., 2000, De l’indétermination à
la qualification des indéfinis, Artois Presses Université.
CORBLIN, F., 1997, «Les indéfinis: variables et quantificateurs», Langue française 116, 8-
32.
LACA, B., TASMOWSKI-DE RYCK, L., 1996, «Indéfini et Quantification», Recherches
linguistiques de Vincennes 25, 107-128.

2
Dany Amiot & Nelly Flaux
(Université d’Artois, Grammatica)

Les adjectifs dérivés de noms non intensifs

La propriété exprimée par un adjectif peut être intensive, elle est alors susceptible de
variation en degré (plus ou moins beau / plus ou moins courageux, etc.), ou non intensive,
auquel cas elle n’est pas susceptible de ce type de variation (*plus ou moins immortel / *plus
ou moins morte /*plus ou moins cellulaire, etc.). Les propriétés non intensives sont a priori
extrêmement nombreuses (une figure carrée, la biologie cellulaire, la législation eugénique,
etc.).
Il est par ailleurs normalement aisé de construire, en français, des adjectifs sur base
nominale ; de nombreux suffixes le permettent : -esse (tendre → tendresse), -ude (complet →
complétude), -ité (amène → aménité), etc. Néanmoins, nous avons cru remarquer que ce
« passage » de la catégorie adjectivale à la catégorie nominale ne s’opère pas toujours avec la
même facilité, mais dépend (entre autre ?) du caractère intensif ou non intensif de la propriété
exprimée par l’adjectif : il n’existe par exemple pas de nom de propriété qui corresponde à
carré, cellulaire ou eugénique.
A partir de ce constat, la communication que nous proposons se donne plusieurs
objectifs : (i) vérifier sur corpus ce qui n’est à l’origine qu’une intuition forte, (ii) voir si cela
se vérifie pour tous les types d’adjectifs (simples ou construits), et pour tous les types de
suffixes (cf. les suffixes précédemment nommés, mais aussi d’autres ; cf. -aire, -ien, -ique,
etc.), (iii) mettre au jour les raisons de cet état de fait ; pourquoi en effet la langue préfère-t-
elle « passer » par des tournures comme le caractère triangulaire de cette figure / le caractère
eugénique de cette législation ?

Bibliographie
Bartning I. (1976), Remarques sur la syntaxe et la sémantique des pseudo-adjectifs
dénominaux en français, Stockolm, Göteborgs Offsettryckeri AB.
Bosredon A. (1988), « Un adjectif de trop : l’adjectif de relation », L’information
grammaticale 37, 3-7.
Mélis-Puchulu A. (1991), « Les adjectifs dénominaux : des adjectifs de “relation” », Lexique
10, 33-60.
Nowakowska M. (1996), « L'adjectif : une catégorie hétérogène », Studi italiani di linguistica
teorica ed applicata 25/3, 547-560.
Tamba-Mecz I. (1980), « Sur quelques propriétés de l’adjectif de relation », Travaux de
linguistique et de littérature XVIII/1, 119-132.
Van de Velde D. (1995), Le spectre nominal, Leuven, Peeters.

3
Eugenia Arjoca-Ieremia
(Université de l’Ouest, Timisoara)

Les métamorphoses linguistiques des adjectifs court, bref vs long et de leurs


correspondants roumains.

Les adjectifs court, bref vs long, considérés comme primaires, ainsi que leurs
principaux correspondants roumains scurt, ă et lung, ă ont été hérités du latin : court < curtus,
bref < brevis, long < longus ; scurt < *excurtus, lung < longus. Pourtant, brevis, e ne se
retrouve pas en roumain, de sorte que beaucoup de sens et d’emplois spécifiques à bref sont
exprimés par l’adjectif scurt, ă. Les adjectifs roumains caractérisés par une riche flexion en
nombre, genre et cas, sont employés, tout comme leurs correspondants français, dans deux
champs notionnels, celui de la dimension (spatiale) et celui du temps.
Notre recherche devra préciser : a) dans quelles conditions syntaxiques les adjectifs
choisis admettent un emploi adverbial ou substantival ; b) la structure des locutions
adverbiales et prépositionnelles (pour saisir les similitudes et les différences entre le français
et le roumain); c) les modifications d’ordre sémantique dues au passage des adjectifs vers
d’autres parties du discours.
Les adjectifs choisis quittent leur catégorie d’origine pour fonctionner dans le discours
comme adverbes (auprès d’un verbe) : couper court = a i-o tăia (reteza) cuiva scurt ; parler
bref = a vorbi pe scurt. Pourtant, on peut isoler quelques verbes auprès desquels l’emploi
adverbial des adjectifs est exclu. Parfois, les adjectifs forment des locutions adverbiales :
prendre quelqu’un de court (= a lua pe cineva din scurt) ; être à court de (= a-i lipsi ceva
cuiva) ; en bref = pe scurt. Din scurt et pe scurt sont des locutions adverbiales en roumain
aussi. Bref (= pe scurt) fonctionne aussi comme un véritable «mot de discours» : Bref, je ne
veux pas ! L’adjectif long illustre bien le passage vers l’emploi nominal : tomber de son long
= a cădea cât este de lung. Quand le nom le long est employé dans les locutions adverbiales
de long, en long, l’équivalent roumain est le nom lungime (dérivé de l’adjectif lung) : coupe
pratiquée en long = tăietură (făcută) în lungime. L’adjectif long, substantivé, entre dans des
locutions prépositionnelles telles que : au long de, (tout) le long de, traduites en roumain par
la locution prépositionnelle de-a lungul, dans laquelle à l’adjectif lung on adjoint l’article
défini –(u)l, qui le transforme en nom.
Des observations d’ordre typologique pourraient compléter finalement notre étude.

Bibliographie

1. Goes J., (1999), L’adjectif. Entre le nom et le verbe, Paris – Bruxelles, Duculot.
2. Langue française 136, L’adjectif sans qualité(s), C. Schnedecker (éd.).
3. Nica D., (1988), Teoria părŃilor de vorbire, Iaşi, Editura Junimea.
4. Noailly M., (1999), L’adjectif en français, Paris, Opyrus.
5. Picabia L., (1978), Les constructions adjectivales en français, Genève, Droz.
6. Popescu – Marin M., (2005), «Adjectivul» dans Gramatica limbii române, I,
Cuvântul, Bucureşti, Editura Academiei Române, pp. 141-178.
7. Riegel M. et al, ( éd 1997), Grammaire méthodique du français, Paris, PUF.
8. Stati S., (1979), La sémantique des adjectifs en langues romanes, Paris, Éditions
Jean– Favard.

4
Cyril Aslanov
(Université hébraïque de Jérusalem)

Le complément de qualité en français moderne entre biblisme et cultisme

Le français moderne possède deux adjectifs de qualité d’origine très différente. L’un qui fait
intervenir un adjectif qualificatif avec le substantif est l’adaptation d’un tour emprunté au latin
classique (type puer egregiæ indolis ‡ un enfant d’un tempérament remarquable. L’autre
consiste à employer un substantif non déterminé comme complément de qualité (ex . : le roi
de gloire; un homme de génie; l’île de beauté; une journée de folie). Dans ces constructions,
le substantif déterminant employé comme complément de qualité est en fait l’équivalent
syntaxique d’un adjectif ou du moins d’une épithète, comme le prouvent les tests de
permutation : le roi glorieux; un homme génial; l’île belle; une folle journée. Je voudrais
proposer une étude diachronique du complément de qualité sans déterminant adjectival
français en essayant d’y percevoir la marque de l’influence du style de la Vulgate sur le
français. On sait en effet que le style de traduction de la Bible latine préserve souvent
l’hébraïsme consistant à conférer une valeur d’épithète au substantif déterminant. Une fois
démontrée l’origine biblique de cet emploi épithète du substantif déterminant, je tâcherais
d’analyser les processus de convergence ou de chevauchement qui se manifestent en français
moderne entre la tournure héritée du latin biblique et le complément de qualité déterminé par
un adjectif, emprunt savant contracté directement auprès du latin classique.

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Mirela-Ioana Borchin
(Université de l’Ouest, Timisoara)

Adjectifs qualificatifs roumains fonctionnant comme opérateurs modaux à l’intérieur du


GV

Le travail analyse les conséquences de nature morphosyntaxique et pragmatique de


l’opération de conversion par laquelle les adjectifs qualificatifs à valences modales deviennent
des adverbes modalisateurs.
En roumain, la conversion des adjectifs qualificatifs en adverbes est un procédé très
courant, contrôlé par la compatibilité sémantique de l’adverbe „converti” avec le verbe qui
représente son régissant dans le nouveau contexte d’occurence.
Les adjectifs qualificatifs occupent des positions d’adjoints tant dans le groupe
nominal, où ils ont une fonction d’épithète (v. nominalizare posibilă / imposibilă / probabilă /
certă / exclusă / necesară / obligatorie / permisă / interzisă / facultativă etc.; nominalisation
possible / impossible / probable / certaine / exclue / nécessaire / obligatoire / permise /
interdite / facultative, etc.) que dans le groupe verbal, où ils ont la fonction d’attribut (v.
Nominalizarea este posibilă / imposibilă / probabilă / certă / exclusă / necesară / obligatorie
/ permisă / interzisă / facultativă etc.; La nominalisation est possible / impossible / probable /
certaine / exclue / nécessaire / obligatoire / permise / interdite / facultative, etc.).
En changeant de contexte distributionnel, suite au remplacement d’un régissant
nominal par un régissant verbal, de tels adjectifs qualificatifs deviennent des adverbes qui
appartiennent à la classe pragmatique des modalisateurs. Les adverbes modalisateurs,

5
provenus pour la plupart des adjectifs, jouent le rôle d’opérateurs modaux. Ils figurent comme
adjoints dans des groupes verbaux qui régissent une proposition introduite par les
conjonctions subordonnantes să, că:
E posibil să ai probleme din cauza asta./ Il est possible que tu aies des problèmes à
cause de cela.
E cert că l-ai convins. / Il est certain que tu l’as convaincu.
Certains adverbes modalisateurs occupent même la position de centre dans le groupe
verbal, suite à la commutation avec zéro du verbe copule et implicitement du transfert de la
prédicativité sur l’adverbe:
Posibil să explodeze. /[Il est] possible qu’il explose.
Probabil că n-a aflat încă. / [Il est] probable / Probablement qu’il ne l’a pas encore
appris.
Imposibil să abandonezi acum./ [Il est] impossible que tu abandonnes
maintenant./Impossible d’abandonner maintenant.
Sigur că vreau să te ajut./ Bien sûr que je veux t’aider.
De tels groupes verbaux représentent des structures modales typiques,
extraprédicatives, correspondant au modus dans les représentations de dicto des jugements
modaux. Ils fonctionnent comme des opérateurs modaux dans les principaux types de
modalités logico-linguistiques:
- modalités aléthiques: <necesar> (e necesar să...), <posibil> (e posibil să...),
<imposibil> (e imposibil să...), <contingent> (nu e necesar să...) // <nécessaire> (il est
nécessaire que ...), <possible> (il est possible que...), <impossible> (il est impossble que...),
<contingent> (il n’est pas nécessaire que...);
- modalités épistemiques: <cert> (e cert că...), <probabil> (e probabil că...),
<exclus> (e exclus să...), <incert> (nu e cert / sigur că...) // <certain> (il est certain que...),
<probable> (il est probable que...), <exclu> (il est exclu que...), <incertain> (il n’est pas
certain / sûr que...);
- modalités déontiques: <obligatoriu> (e obligatoriu să...), <permis> (e permis să...),
<interzis> (e interzis să...), <facultativ> (nu e obligatoriu să...) // <obligatoire> (il est
obligatoire de...), <permis> (il est permis de...), <interdit> (il est interdit de...), <facultatif>
(il n’est pas obligatoire de...).
Dans ces positions, les groupes verbaux modaux formés d’un verbe copule et d’un
adverbe de modalité peuvent etre substitués par des verbes modaux et des semiauxiliaires de
mode, ce qui atteste leur spécialisation pour marquer des sens-repère dans le domaine de la
modalité. Du point de vue pragmatique, la distance qui sépare les adjectifs à référence
modale, qui déterminent un objet, et les adverbes de modalité, qui réalisent la relation entre
l’énonciateur et l’énoncé, est énorme ; elle accompagne les différences de nature
grammaticale des deux classes lexico-grammaticales, l’adjectif et l’adverbe.

Bibliographie minimale
BORCHIN, M., Modalitatea şi predicatul verbal compus, Timişoara, Ed. Helicon, 1999.
***, Études contrastives. Les modalités, Bucureşti, TUB, 1981.
GHERASIM, P., Semiotica modalităŃilor, Iaşi, Ed. Demiurg, 1997.
LE QUERLER, Nicole, Typologie des modalités, Université de Caen, 1996.
PANĂ-DINDELEGAN, G., Preliminarii la semantica modalizatorilor, dans AUBLLR,
XXXIV, 1985, pp. 15-28.
TUłESCU, M., L’auxiliation de modalité, Bucureşti, EUB, 2005.

6
André Borillo
(UTM, ERSS)

Des adjectifs du côté des participes passés

Il est bien connu que la forme simple du participe passé peut avoir en français, sous
certaines conditions, une valeur verbale ou une valeur adjectivale (cf notamment Goes 1999).
Mais à l'inverse, il a été également noté que certains adjectifs manifestent des propriétés qui
les rapprochent nettement des participes passés et ceci sans qu'il y ait nécessairement une
relation de dérivation morphologique entre l'adjectif et le verbe à partir duquel se forme le
participe passé (cf Borillo 1996). C'est à l'identification de ces adjectifs que nous voudrions
consacrer cette étude.
Parmi les différents tests syntaxiques - certains plus fiables que d'autres (cf Ruwet
1991) - utilisés en français pour établir une distinction entre verbes intransitifs et inaccusatifs
– nous notons qu'il y en a quelques uns portant sur des constructions participiales qui ont
l'intérêt de mettre en lumière une forte ressemblance de comportement entre certains
participes passés et la sous-catégorie d'adjectifs qui nous intéressent ici (cf Legendre &
Sorace 03). Nous nous attacherons donc à ces tests, notamment à ceux concernant les
participes absolus (avec contrôle ou non par le sujet de la principale) car il nous semble que ce
sont ceux qui mettent le mieux en évidence le parallélisme qui peut être fait avec ces adjectifs,
surtout si la relation temporelle est rendue explicite par l'ajout de l'expression une fois, sitôt ou
à peine : une fois la nuit venue, on s'enferme à double tour. Une fois la terre prête, ils
commencent les semailles. Mais nous intéresserons également à d'autres tests syntaxiques qui
montrent eux aussi qu'on peut avoir des comportements semblables chez ces adjectifs et chez
les participes passés de verbes passifs ou inaccusatifs qui s'interprétent comme le résultat de
changements d'états ou comme l'aboutissement d'une action ou d'un processus. Parmi ces
tests, on citera par exemple l'application de constructions verbales du type se retrouver (Il
s'est retrouvé blessé. Il s'est retrouvé tout nu), quand + passé simple du verbe être (Quand ils
furent partis/ Quand ils furent libres) ou encore la modification par des adverbes temporels
comme déjà, enfin, etc.
Ces adjectifs à rapprocher de participes passés sont pour beaucoup (mais pas tous) des
adjectifs à partir desquels sont dérivés des verbes, mais plus précisément des verbes
susceptibles de dénoter une action ou un processus menant à un état final (verbes téliques).
Propriété qui se manifeste de plusieurs manières, notamment par le fait que le verbe peut
construire son participe passé avec l'auxiliaire être et qu'il peut être modifié par un
complément temporel de forme en x temps, ex. sécher, mûrir, vider, durcir, compléter,
dénuder, s'apprêter, libérer (parmi ces verbes, certains étant à la fois transitifs et
inaccusatifs). Ceci n'est pas vrai de tous les verbes dérivés d'adjectifs, certains dénotant un
changement gradable (V de plus en plus, rendre plus Adj) et pouvant en tant qu'inaccusatif se
construire parfois avec avoir et être modifiés par pendant x temps, ex baisser, empirer,
grandir, vieillir, grossir, pâlir, alléger, améliorer, amoindrir, adoucir, enrichir, etc. (Certains
susceptibles de donner lieu à une interprétation télique ex. prématurément vieilli)
En conclusion, nous essaierons d'établir pour le français la liste des adjectifs que l'on
pourrait légitimement constituer en sous-ensemble sur la base de propriétés syntactico-
sémantiques (rapidement esquissées ici) qui les rapprochent de certaines catégories de
participes passés.

Quelques références
Borillo A. (1996) “Les adjectifs et l'aspect en français”, Cahiers Chronos n° 2
Goes, J. (1999) L'adjectif. Entre nom et verbe, Paris, Duculot

7
Legendre G. & Sorace A. (2003) "Auxiliairesq et intransitivité dans les langues romanes"
dans D. Godard Les langues romanes, Paris, CNRS Editions
Ruwet N. (1991)"Weather verbs and the unaccusativity hypothesis" dans Syntax and Human
experience, Chicago, The University of Chicago Press.

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Injoo Choi-Jonin
(UTM, ERSS UMR 5610)

La classe adjectivale existe-t-elle en coréen ?

En coréen, les adjectifs fonctionnent comme des prédicatifs comme les verbes et dans
une structure déterminative, ils peuvent assumer la fonction de modifieur du nom tête grâce
au suffixe adnominalisant –n, ce qui se passe aussi pour les verbes. Or, selon Dixon (2004),
bien que dans certaines langues, les adjectifs aient des propriétés grammaticales similaires à
celles des noms et/ou des verbes, il existe toujours quelques critères grammaticaux – parfois
quelque peu subtils – permettant de distinguer la classe adjectivale des autres classes de mots.
Dans les langues comme le coréen, ce serait par exemple les différentes possibilités
combinatoires avec des suffixes aspecto-temporels ou modaux qui permettraient de distinguer
les verb-like adjectives des verbes. La combinabilité avec le suffixe (nŭ)n, qui marquerait,
selon les manuels de grammaire coréenne, l’aspect progressif au présent du mode déclaratif,
est en effet le critère adopté par la plupart des grammairiens et linguistes coréens pour
distinguer les deux classes.
Le classement appuyé sur ce critère pose cependant certains problèmes. Tout d’abord,
les prédicatifs, combinés avec le suffixe (nŭ)n, ne dénotent pas toujours l’aspect progressif.
Par ailleurs, la valeur temporelle du présent qui serait associée au suffixe en question est pour
certains prédicatifs représentée par le suffixe ŏs, considéré, dans les grammaires coréennes,
comme un suffixe du passé. Enfin, il existe des prédicatifs qui peuvent être employés aussi
bien avec le suffixe (nŭ)n que sans ce suffixe. Un même mot serait alors à la fois adjectif et
verbe, selon qu’il est employé ou non avec le suffixe verbal. De plus, la présence du suffixe
(nŭ)n peut être due au contexte discursif dans certains cas. Il s’avère ainsi que la possibilité
combinatoire avec le suffixe (nŭ)n ne constitue pas un critère opératoire pour distinguer les
adjectifs et les verbes parmi les prédicatifs.
Parmi les critères cités par Dixon, pour distinguer les verb-like adjectives des verbes,
figurent également les différentes possibilités dans des constructions comparatives et les
différentes possibilités dans la formation des adverbes. Selon le premier critère, on peut
distinguer, en coréen, deux types de prédicatifs, à savoir les prédicatifs gradables et les
prédicatifs non gradables. Les premiers peuvent être employés dans une construction
comparative seulement avec le terme comparant, sans avoir besoin d’un terme intensif
(comme Elle est (plus) jeune que moi, mais la présence de plus n’est pas obligatoire en
coréen), alors que les seconds nécessitent la présence d’un terme intensif en plus du terme
comparant (du type Elle est plus vieille que moi). Les prédicatifs gradables ne recouvrent
cependant pas tout à fait les contenus sémantiques typiques qui, selon Dixon, seraient
représentés par des adjectifs. En effet, les termes ‘jeune’ et ‘vieux’ qui appartiennent tous
deux au concept d’AGE ne fonctionnent pas de la même manière dans la construction
comparative.

8
Concernant la formation des adverbes, les prédicatifs peuvent se combiner en coréen
avec le suffixe adverbialisant –ke. La forme ainsi adverbialisée peut être employée dans une
construction causative. En revanche, son emploi comme modifieur du verbe est limité à
certains prédicatifs tels que ceux signifiant ‘être heureux’, ‘être joli’, ‘mourir’, ‘éclater’
(comme Elle vit heureusement, Elle est habillée joliment, Elle peine à mourir, Elle mange à
(faire) éclater (son ventre), mais les formes adverbiales sont représentés en coréen par la
forme suffixée de -ke). Les prédicatifs signifiant ‘mourir’ et ‘éclater’ ne dénotent cependant
pas des contenus sémantiques qui seraient représentés typiquement par des adjectifs.
L’examen de différents critères morphosyntaxiques montre la difficulté qu’il y a à
cerner la classe adjectivale en coréen, qui s’avère, tout compte fait, former une sous-classe
sémantique des prédicatifs.

Références
Choi-Jonin I., Park O.-H., You J.-S., 1994, Les prédicatifs en coréen, SCOLIA 2, 13-53.
Choi-Jonin I., 2001, L’aspect progressif en coréen, Bulletin de la Société de Linguistique de
Paris 96/1, 389-418
Dixon R.M.W., 2004, Adjective Classes in Typological Perspective, in Dixon R.M.W. &
A.Y. Aikhenvald (eds.), Adjective Classes. A Cross-Linguistic Typology, Oxford University
Press, 1-49.
Sohn Ho-Min, 1999, The Korean Language, Cambridge, Cambridge University Press
Sohn Ho-Min, 2004, The Adjective Class in Korean, in Dixon R.M.W. & A.Y. Aikhenvald
(eds.), Adjective Classes. A Cross-Linguistic.

9
Alexandra Cunita
(Université de Bucarest)

Unités lexicales à double statut – d’adjectif et de substantif – dans la communication


spécialisée

Les deux séquences ci-dessous :


(1)L’avènement, en 1996, des trithérapies, qui associent trois médicaments
antirétroviraux, a
révolutionné le traitement du sida […].(Science & Vie No 1018 / 2002, 26)
(2)La prescription d’antirétroviraux […] aux femmes enceintes séropositives pendant
la
grossesse a réduit le taux de transmission materno-fœtale du VIH […].(Ibid., 27)
contiennent une même unité lexicale : antirétroviral employée successivement comme adjectif
et comme nom. Le cas n’est pas isolé1, loin de là : dans la communication (plus ou moins)
spécialisée, nombreux sont les adjectifs qui admettent ce double emploi, manifestant un
comportement syntaxique hybride.
Ayant la forme d’un adjectif et les deux traits nécessaires à cette catégorie : l’accord en genre
et en nombre avec le nom qu’il modifie et la fonction d’épithète postposée (Goes, 1999 ;
Noailly, 1999 ; Salles, 2004), le lexème antirétroviral ne répond toutefois pas aux critères
typiques énumérés dans la littérature :
a) il refuse la gradation par très : *des médicaments très antirétroviraux ; b) en tant
qu’épithète, il n’accepte pas le mouvement de la postposition à l’antéposition :
*d’antirétroviraux médicaments ; c) il ne se laisse pas employer comme attribut aussi
facilement que les adjectifs prototypiques :
(3)( ?)*Ce médicament est antirétroviral.
alors qu’on dit :
(4)Ce médicament est efficace.
et, d’autre part :
(5)Ce médicament est un antirétroviral.
Aux yeux du lexicologue, l’adjectif antirétroviral se présente comme un dérivé dont la
structure est bien complexe : ainsi que de nombreux autres adjectifs spécialisés, il est
l’aboutissement d’un processus dérivationnel impliquant un cumul de procédés (à la
différence de l’adjectif viral – gènes viraux / enzymes virales – par exemple). Pour ce qui est
de son comportement syntaxique, on constate que, si l’on peut toujours dire, avec un adjectif
prototypique (Hulk, 1996 : 44) :
(6)Il y a deux pizzas de chaudes.
(7)De chaud, il y a deux pizzas.
il est malaisé, sinon inacceptable, de dire :
(8)( ?)*Il y a deux médicaments d’antirétroviraux.
(9)*D’antirétroviral, il y a deux médicaments.
Par contre, il n’est pas impossible de dire :
(10)Des antirétroviraux, il y en a plusieurs maintenant.
Dans ce dernier exemple, l’adjectif antirétroviral devient le centre du GN disloqué à gauche et
thématisé, recevant le déterminant quantitatif des, à l’instar d’un vrai nom. Sémantiquement
parlant, cet « adjectif en position substantive » (Noailly,1999 : 132) se laisse interpréter grâce
1
Le Guern (2003: 32) affirme que « l’opposition entre nom et adjectif est pertinente pour la syntaxe,
mais non pour le lexique », ajoutant dans la note 2 : « Le bon fonctionnement d’un analyseur
morphosyntaxique du français impose de considérer que, dans le lexique, le nom et l’adjectif font
partie d’une seule et même catégorie. »

10
à une opération de récupération de l’élément manquant - la vraie tête lexicale du GN - : le
nom médicament ; les exemples (1) et (2) nous montrent que c’est le calcul anaphorique
(Noailly, 1999 : 133) qui rend possible cette récupération.
Si, dans ce cas, le coût de l’opération n’est pas du tout élevé, vu que l’adjectif pris en exemple
se combine -de manière préférentielle sinon exclusive - avec le nom médicament(s), et que
l’on découvre sur le lexème transformé en centre du GN tous les indices de sa dépendance
syntaxique réelle par rapport à la tête lexicale absente, les choses se compliquent dans de
nombreuses autres situations : une machine éolienne-> une éolienne, mais : l’énergie éolienne
->*l’éolienne2. Rappelons aussi, d’autre part, que les anorexiques ne sont pas des troubles
anorexiques, mais des individus ou des personnes anorexiques.
Quel est donc le rôle de l’adjectif spécialisé dans les GN où il apparaît en tant que modifieur
du nom tête lexicale ? L’interprétation de l’ « adjectif en position substantive » (centre du
GN) repose-t-elle toujours sur le même mécanisme ? Et, si non, quels sont les facteurs qui
interviennent dans chaque cas et quelles sont les opérations que les locuteurs accomplissent
dans l’un ou l’autre de ces cas ? Quels sont les rapports entre l’aspect morpholexical de
l’ « adjectif en position substantive » , la structure syntaxique de départ et la fonction à
laquelle cette unité hybride est destinée ?
Voilà, en gros, les questions auxquelles notre recherche se propose d’apporter une réponse.

Bibliographie
GOES, J., 1999 – L’adjectif. Entre nom et verbe, Paris – Bruxelles, Duculot.
HULK, A., 1996 – « L’<autre> DE : une tête quantificationnelle ? », Langue française 109,
44-59.
LE GUERN, M., 2003 – Les deux logiques du langage, Paris, Editions Champion.
NOAILLY, M., 1999 – L’adjectif en français, « L’essentiel », Paris, OPHRYS.
SALLES, M., 2004 – « Adjectif et adjectivité ou comment un substantif peut être plus adjectif
qu’un adjectif », L’Information grammaticale no 103, 7-11.

2
Si l’exemple de l’expression le nucléaire est imité dans ce nouveau domaine, il faut bien trouver une
explication convenable pour des particularités formelles que ni l’idée de calcul anaphorique ni celle
d’ellipse ne parviennent à expliquer.

11
Anne-Sophie Dumoulin
(ULCO, HLLI)

Les emplois non adjectivaux de bon.

Le lexème bon dans les parties de discours est généralement considéré comme un adjectif.
Cependant l’observation des diverses utilisations de ce lexème nous a permis de constater que
ce dernier ne fonctionne pas toujours dans la phrase conformément à son statut, ce fait
s’explique soit par le transfert d’une catégorie à une autre soit par l’intégration à une locution.
Le transfert est un pur et simple changement de classe tandis que l'intégration d'un mot dans
une locution n'est qu'un éloignement de la classe d'origine, d'autant plus grand que la locution
est fortement figée. L’accent de nos recherches sera mis sur les emplois non adjectivaux de
bon, qualifés par les grammaires traditionnelles et les dictionnaires d’adverbes à cause d’un
phénomène morphosyntaxique : l’invariabilité. Bon a différents types d’emplois non
adjectivaux : nominal (un bon, une bonne issus vraisemblablement de l’adjectif), interjectif et
adverbiaux, notre travail se focalisera ici sur les emplois adverbiaux de ce lexème. Les
recherches effectuées sur l’adjectif invarié se sont essentiellement centrées sur son emploi en
position postverbale, ces usages inattendus de l’adjectif ont surtout été observés jusqu’ici
comme étant une variante d’adverbe en – ment. Il semble donc étonnant que dans les divers
énoncés où bon ait un emploi non adjectival que son correspondant de forme en _ment, c’est –
à – dire bonnement soit rarement usité. Notre examen des emplois dits « adverbiaux » de bon
nous dévoilera s’il est possible ou impossible de les substituer. Dans ces diverses phrases,
nous nous poserons la question de savoir si bon a toujours un emploi adverbial, en le
commutant également avec le lexème bien considéré par Emile Benveniste (1974, p. 118)
comme la conversion adverbiale du lexème bon. Bon se singularise des autres caractérisants
car il a pour comparatif de supériorité non pas un comparatif analytique mais un comparatif
synthétique qui est meilleur, considéré en langue comme un adjectif. Comme les adjectifs les
adverbes sont variables en degrés, c’est pour cette raison que nos recherches seront
concentrées sur les emplois adverbiaux de bon en distinguant les cas dans lesquels meilleur
est susceptible d’être le comparatif de bon et ceux dans lesquels la substitution est irréalisable.

Bibliographie.

ABEILLE, A. et GODARD, D. (2002c) « L’adjectif adverbial comme complément léger », in


FRANCOIS, J., ed, L’adjectif, CRISCO, Université de Caen.
BENVENISTE, E. (1974) Problèmes de linguistique générale, Tome II, Gallimard, Paris.
GRUNDT, L. O. (1972) Etudes sur l’adjectif invarié en français, Universitetsforlaget,
Bergen-Oslo.
GUIMIER, Cl. (1989) « Sur l’adjectif invarié en français », Revue des langues romanes, 93,
1, PUB de l’université de Montpellier III, pp. 109-119.
GUIMIER, Cl et LASSAD, O. (2006) « Le degré de figement des constructions « verbe +
adjectif invarié » », Composition syntaxique et figement lexical, Presse Universitaire de Caen,
pp. 17-38.
MOIGNET, G. (1963) « L’incidence de l’adverbe et adverbialisation des adjectifs », TRA. LI.
LI., pp. 175-194.
NOAILLY, M. (1994) « Adjectif adverbal et transitivité », Cahiers de grammaire, 19, pp.
103-114.
TASKAL, J. (2000) La transposition en français contemporain, Praha, Karolinium.

12
Ilie Minescu
(Université de l’Ouest, Timisoara)

Adjectifs -marqueurs conversationnels

Notre communication porte sur l'analyse de certains adjectifs/adverbes ayant des valeurs de
marqueurs discursifs/conversationnels.Le corpus analyse (le conversationnel)nous permettra
de voir comment ces adjectifs fonctionnement dans le discours conversationnel, en tant que
marqueurs de transition ou de clôture des séquences conversationnelles.

____________________________

Michèle Noailly
(Université de Brest)

L'adjectif, quand il est invariable, sort-il pour autant de sa catégorie?

On considère dans la plupart des travaux sur l’adjectif que son aptitude à varier en genre et en
nombre est définitoire. Autrement dit, un adjectif qui ne jouirait pas de cette capacité n’en
serait plus un. Les circonstances qui peuvent rendre un adjectif invariable sont pourtant à la
fois nombreuses et très variées. Outre l’invariabilité très arbirtaire des adjectifs composés (des
vestes gris-bleu), il reste deux catégories de cas : ceux où l’invariabilité est syntaxiquement
obligatoire (Antoine achète beau, Jules a fait court), et ceux où elle est possible(Scandaleux,
cette façon de procéder ; scandaleuse, cette façon de procéder).
On s’intéressera ici aux cas très particuliers où l’adjectif fonctionne seul (sans nom à
proximité), régi par la préposition en. On peut distinguer deux séries de cas,: soit en Adj
s’emploie comme une sorte de locution adverbiale susceptible, selon les cas, d’opérer une
connexion interphrastique: en clair, en bref, en général, en vrai, en gros, ou une localisation :
en haut, en bas, en creux ; soit il fonctionne comme argument indirect d’un verbe transitif qui
exprime le passage à une couleur déterminée : peindre le mur en jaune, faire teindre une
étoffe en noir, voir la vie en rose. A voir ces derniers cas, on pourrait penser que l’adjectif est
traité après en comme substantivé sans déterminant (cf. voir la vie en couleur).
Mais N.B. aussi l’emploi de en Adj, avec un adjectif au comparatif : Lise, c’est Rose en moins
blond. Sa maison, c’est une villa vénitienne, en plus petit, en moins beau, en plus neuf, etc.
On essaiera de dégager si ces divers emplois ont une unité, ou s’ils relèvent de schémas
explicatifs différents.

Quelques références bibliographiques :


Noailly M. 1999 : L’adjectif en français
Salles M. 2004 : « Adjectif et adjectivité, ou comment un substantif peut être plus adjectif
qu’un adjectif », dans L’Information grammaticale 103, p. 7-12.
+ les travaux de J. Goes, sur l’adjectif, et de C. Molinier sur les adjectifs de couleur.

13
Liana Pop
(Université Babeş-Bolyai Cluj)

Adjectifs à sens procédural

Ma communication veut apporter des explications aux changements de sens subis par certains
adjectifs devenus « instruments métacommunicatifs » ou « discursifs », dont les sens sont
ceux de donner des instructions sur la gestion des mots ou, plus généralement, du discours. Il
s’agit pour la plupart des cas d’adjectifs évaluatifs, comme beau/bel(le), bon, vrai en français,
ou curat, adevărat, bun en roumain, fonctionnant comme « attracteurs » ou marqueurs de
structuration discursive et qui témoignent d’une activité métalinguistique ou métadiscursive
chez les locuteurs / scripteurs. Au niveau syntagmatique et lexical, les exemples discutés
seront notamment du type : fr au beau milieu, un vrai ours ; ro curat murdar, un adevărat urs,
tandis qu’au niveau discursif, particulièrement pour les emplois des fr bon, ro bun, les
exemples seront des séquences de discours plus amples. Une formulation de leurs sens
procéduraux sera tentée, en concordance avec les études cognitives.

____________________________

Catherine Schnedecker
(Strasbourg 2, EA1339, LILPA, Scolia)

Les adjectifs entre affectivité et intensité : le cas de sacré

Sacré fait partie des unités restées en marge des études sur les adjectifs avec ses prétendus
synonymes satané, maudit, fichu, foutu. Et pour cause. D’abord, il relève, d’après les
dictionnaires, d’un registre de langue « populaire » ou « familier » par les dictionnaires, d’où
sa marginalité par rapport à « la » norme ou aux emplois du français « standard » et donc par
rapport aux objets d’études consacrés.
D’autres raisons motivent plus légitimement sa mise à l’écart, comme sa valeur sémantique,
difficile à cerner. D’abord parce que, d’après les dictionnaires, cette valeur dépend de la place
qu’occupe l’adjectif dans le SN. Celle des emplois postposés est relativement homogène car
elle renvoie au divin, au religieux ou au moral :

« qui appartient à un domaine séparé, inviolable, privilégié par son contact avec la divinité et
inspirant crainte et respect »// « inspiré par le sacré » // « sens plus moral que
religieux » (TLFi)
Temple sacré, rite sacré, drame sacré, fureur sacrée, liens sacrés, etc. (TLFi)

Par contraste, la valeur dans les emplois antéposés est nettement plus hétérogène. D’après le
TLFi, en effet, elle change selon l’environnement proche (i.e. le N adjacent) ou large de
l’adjectif, ainsi qu’en atteste le tableau ci-dessous qui distingue quatre emplois :

14
Emplois de sacré d’après le TLFI

Caractérisation du Valeur intensive « Qui cause du Avec une nuance Pour renforcer un
TLFi désagrément » admirative ou juron
ironique
Exemples Madame Lorilleux, Ces sacrées bottes Sacré Xénia, qu’elle Pas de monsieur,
jusque-là très … elles sont très était belle à sacré nom d’une
convenable laissa difficiles … elles l’époque ! pipe ! (Queneau)
échapper un : sacré glissent mal (Cendrars)
salaud ! (Zola) (Mirbeau)
Types de N cités N de « personnes » N d’inanimés : Sacré toupet ; sacrée Sacré diable ; sacré
Sacré bavard, Sacré (brouillard, allure, chance Dieu ; sacré nom de
menteur, numéro, pays, rhume, trou ; Dieu, sacré nom
soiffard (TLFi) affaire+vie) d’un chien, sacré
nom d’un petit
bonhomme
Synonymes Bougre de, espèce fichu, foutu, satané // //
de, fichu, foutu,
satané

Ensuite, l’antéposition de sacré constitue une anomalie morphosyntaxique dans la mesure où,
en tant que participe passé, il devrait se postposer systématiquement au N :

*Une (distinguée+cultivée) jeune femme

Au plan sémantique toujours, les deux études consacrées à ce genre d’adjectifs par J.-C.
Milner (1978) puis J. Giry-Schneider (2005), tout en reconnaissant leur caractère
« marginal », divergent. Le premier en effet leur dénie tout sens précis (op. cit., 208) alors que
la seconde y discerne une double valeur, intensive et affective avec () où elle rejoint J.-C.
Milner pour qui ces adjectifs « indiquent une appréciation » :

Léo a une fichue fièvre (ibid.)


Cette fichue fièvre ne diminue pas (d’après J. Giry-Schneider, 2005)

Enfin, la variété des emplois de sacré est telle, allant des jurons à des emplois semi-figés en
passant par la modification des noms dits de qualité ou des noms propres, qu’on ne peut
manquer de se demander s’ils entretiennent des liens et le cas échant lesquels :

Sacré nom de Dieu, comme je rage ! (Flaubert, corresp.,1853)


La linzertorte de Lucie a pris un sacré coup : il n’en reste plus une miette !
(Ce) sacré Pierre ! (J.-C. Milner, 1978, 209)
Quel sacré con !

Paul a une sacrée veine !

Notre objectif sera donc triple. Nous commencerons par rappeler les propriétés syntaxico-
sémantiques qui font de sacré un adjectif « sans qualité ». Puis nous essaierons de voir par
quelles voies sacré en arrive à dénoter des valeurs tout à fait « laïques ». Enfin, nous
discuterons les propositions de J.-C. Milner et de J. Giry-Schneider pour proposer à partir de
là une valeur sémantique propre à rendre compte de la diversité des emplois de sacré.

15
Bibliographie
AUSTIN J.L. (éd. 1970) Quand dire, c’est faire, Paris, Seuil.
BACHA J. (2000) L’exclamation. Approche syntaxique et sémantique d’une modalité
énonciative, Paris, L’Harmattan.
BENVENISTE E. (1974) Problèmes de linguistique générale (tome 2, chap. 18) Paris,
Gallimard.
CAHIERS DE PRAXEMATIQUE 34 (2000) L’interjection en français, Montpellier, Univ. P.
Valéry.
DRESCHER M. (2000) « Eh tabarnouche ! c’était bon ». Pour une approche communicative
des jurons en français québécois, Cahiers de praxématique 34, 13-160.
GIRY-SCHNEIDER J. (2005) Les adjectifs intensifs : syntaxe et sémantique, Cahiers de
lexicologie 86/1, 163-178.
GOES J. (1999) L’adjectif entre nom et verbe, Bruxelles, Duculot.
HUSTON N. (éd. 2002) Dire et interdire, chap. 5, Paris, Payot.
LANGUE FRANÇAISE 136 (2002) L’adjectif sans qualité(s).
LANGUE FRANÇAISE 161 (2006) L’interjection : jeux et enjeux, Paris, Larousse.`
LE GOFFIC P. (1993) Grammaire de la phrase française, Hachette, Paris.
MARTIN R. (1987) Langage et croyance, Bruxelles, Mardaga.
MILNER J.-C. (1978) De la syntaxe à l’interprétation. Quantités, insultes, exclamations. Pris,
Seuil.
MULLER C. (1996) La subordination en français, A. Colin, Paris.
OLIVIER C. (2000) L’interjection mon Dieu : variabilité sémantique et situation de discours,
Cahiers de Praxématique 34, 161-189.
RYS K. (2006) L’exclamation : assertion non stabilisée ? le cas des exclamatives à mot qu’-,
Revue Romane, 41/2, 216-238.
SCHNEDECKER C. (à par.) L’adjectif sacré dans Sacré nom de Dieu, p !: du juron à
l’émotion, Scolia.
SEARLE J. (éd. 1979) Sens et expression, Paris, Minuit.

____________________________

Fayssal Tayalati
(Lille III, STL, UMR 8163)

Adjectifs ou adverbes : quelques remarques à propos de certains adjectifs datifs


atypiques
63
Dans la littérature, il est habituel de soutenir que tous les adjectifs français n’entrent pas dans
les catégories traditionnelles d’adjectifs qualificatifs ou relationnels (cf. entre autres, Giry-
Schneider 1997 ; Noailly 1999 ; Goes 1999 ; Van Peteghem 2000, articles dans Langue
française 2002/136 et les références citées dedans). L’objet de ma proposition est d’étudier
les prédicats datifs coutumier, familier, habituel, inhabituel, particulier et propre qu’on peut
catégoriser comme des adjectifs qualificatifs du fait qu’ils entrent dans la structure attributive
exemplifiée ci-dessous :
(1) Ce tic est propre à Paul.

16
(2) Il est habituel à Paul de marcher sous la pluie tête nue.
Après avoir fourni un faisceau de critères syntaxiques et sémantiques qui motivent leur
groupement et expliquent leur mode de fonctionnement sémantique dans les constructions
dans lesquelles ils figurent, je produirai un ensemble d’arguments qui déterminent en quoi ils
se distinguent des adjectifs qualificatifs (datifs) pour se rapprocher des adverbes et/ou de
certaines locutions adverbiales, ce qui milite en faveur de leur statut d’ « adjectifs
adverbiaux ». Je défendrai donc l’hypothèse que les adjectifs étudiés fonctionnent dans la
construction attributive avec être, sur le plan sémantique, comme des « modifieurs » de la
relation prédicative qui unit le référent du sujet à celui du complément au datif, et qu’ils ont
pour variante contextuelle les adverbes (ex. habituellement, etc.) et les locutions adverbiales
(ex. en propre, etc.) correspondants.

Bibliographie
GIRY-SCHNEIDER J. (1997), « Sur quoi peut porter un adjectif épithète ? L’expression du
temps et de l’aspect dans les groupes nominaux », Langages 126/1 : 11-38.
NOAILLY M. (1999), L’adjectif en français. Paris : Ophrys.
GOES J. (1999), L’adjectif entre nom et verbe. Paris-Bruxelles : Duculot.
LANGUE FRANÇAISE (2002), L’adjectif sans qualité(s), numéro 136, coordonné par C.
SCHNEDECKER. Paris : Larousse.

____________________________

Maria Tenchea
(Université de l’Ouest, Timisoara)

Bun et rău : emplois non adjectivaux et équivalents en français

Nous nous proposons d’étudier deux lexèmes adjectivaux du roumain extrêmement


fréquents, bun „bon” et rău „mauvais”, dans leurs emplois hors de la catégorie de l’adjectif.
A partir de l’analyse d’un corpus, nous définirons les contextes dans lesquels se réalise la
conversion - grammaticale ou pragmatique - de ces adjectifs et les significations qu’ils
acquièrent.
Le fonctionnement de ces lexèmes du roumain n’est pas tout à fait symétrique. Tous
les deux peuvent être employés avec une valeur nominale ou adverbiale, cependant seul bon
est employé comme mot du discours (« interjection »).
L’étude des emplois nominaux et adverbiaux des adjectifs de qualité bun et rău et de
leurs équivalents français implique, obligatoirement, la mise en rapport avec les adverbes
correspondants, pour les deux langues envisagées.

Bibliographie
Academia Română, Gramatica limbii române, Editura Academiei Române, Bucureşti, 2005.
O. Ducrot et al., Les mots du discours, Les Editions de Minuit, Paris, 1980.
J. Goes, L’adjectif. Entre nom et verbe, Duculot, 1999.
M. Grevisse, Le bon usage, 13e éd. refondue par André Goosse, Duculot, 1993.
M. Noailly, L’adjectif en français, Paris, Ophrys, 2006.

17
Adina Tihu
(Université de l’Ouest, Timisoara)

Adjectifs roumains utilisés adverbialement dans l’expression du haut degré et leurs


correspondants français. Regard sur le langage publicitaire

Dans notre monde, tout est devenu méga, super, hyper. C’est du moins l’image que
nous inculque, habilement, la publicité, de plus en plus agressive dans la société de
consommation. Elle abonde d’hyperboles et de superlatifs.
En dehors des procédés grammaticalisés de rendre le haut degré, l’idée de superlatif
est réalisée par d’autres moyens aussi, marqués stylistiquement. En roumain, la construction
adverbe+de+adjectif: extrem de scump (« extrêmement cher ») est un procédé très répandu.
Les adverbes utilisés dans de telles structures sont à l’origine des adjectifs ayant subi un
processus de conversion, phénomène très courant. On pourrait dire que l’adverbialisation de
l’adjectif constitue la règle, parce qu’il y a très peu d’adverbes dérivés d’adjectifs (par le
suffixe –eşte ou par d’autres suffixes encore plus rares) et les adjectifs ne supportant pas la
conversion sont peu nombreux.
Ce moyen très expressif d’exprimer l’intensité forte est basé sur le sémantisme de
l’adverbe, qui implique l’idée de superlatif. Il s’agit du degré maximal d’une quantité
(colosal, imens de) ou d’une qualité (extraordinar, fantastic de), le dépassement d’une
certaine limite (excesiv, exagerat de). On doit y ajouter des adverbes provenant des participes
adjectivisés à la forme négative (neînchipuit de /« comme on n’a jamais pu imaginer »), tout
comme des formations avec le suffixe –bil (incontestabil, incredibil de). C’est toujours ici
qu’on doit placer les adverbes « du désagreable » : groaznic, cumplit de (« terriblement »,
«affreusement ») (v. Gramatica Academiei, 2005; Avram, 1997).
Nous nous sommes proposé d’analyser certains de ces adverbes, les plus utilisés dans
la presse et surtout dans le langage publicitaire. En roumain, ils ont la même forme que
l’adjectif d’origine (le contexte seul, respectivement le terme régissant, décidant de la classe
grammaticale à laquelle ils appartiennent); ils ont pour correspondants français des formations
adverbiales en –ment.
Si extrem de/extrêmement marque, en roumain comme en français, l’intensité forte
sans polarité positive ou négative: virus extrem de periculos (« virus extrêmement
dangereux »); fată extrem de frumoasă (« une jeune-fille extrêmement belle »); allerte
extrêmement critique; le téléphone ethylotest de CG extrêmement populaire), d’autres
adverbes sont moins neutres du point de vue expressif. Nous allons insister sur ceux qui
devraient normalement obéir à des contraintes sémantiques fortes, car l’adjectif modifié par
l’adverbe a lui-même des traits négatifs, désagréables. On constate, à côté des énoncés où le
sens de l’adverbe et de l’adjectif convergent, d’autres, basés par l’attraction des contraires,
mais d’autant plus éloquents. Certains adverbes reçoivent une connotation valorisante, à côté
de celle initiale, négative :
- incredibil de/incroyablement : cel mai incredibil de irezistibil show din România
(« le plus incroyablement irrésistible show de Roumanie »); un notebook incroyablement fin ;
- teribil de/terriblement: teribil de plictisitor/inteligent (« terriblement ennuyant/
intelligent »); terriblement angoissé, terriblement drôle/beau;
- îngrozitor de/affreusement: îngrozitor de trist/adevărat (« affreusement triste/
vrai »); îngrozitor de tânăr (« affreusment jeune »); affreusement laide; les jeux vidéos
affreusement violents; Drôlement triste ou affreusement comique ?
- periculos de/dangeureusement: imagini periculos de comice (« des images
dangeureusement comiques ») ; sos periculos de gustos (« une sauce dangeureusement
bonne ») ; dangeureusement intelligent/cultivé.

18
- oribil de/horriblement: arbitraj oribil de prost (« arbitrage horriblement
mauvais »); îngheŃată oribil de bună [sic!] (« une glace horriblement bonne »); horriblement
incorrigible! horriblement intéressant/bon.
On remarque aussi la possibilité d’ajouter encore un adverbe à celui marquant
l’intensité forte, par une sorte de surenchère: Chippendales. Sunt 12. Fiecare aproape
imposibil de perfect. (« Ils sont 12. Chacun presque impossiblement parfait »); Absolut
extraordinar de frumoasă (« Absolument extraordinairement belle »). L’analyse montre, en
général, une convergence des usages dans les deux langues (les termes sont utilisés souvent
dans les mêmes contextes, surtout que beaucoup sont empruntés au français) et des degrés
d’expressivité similaires. Il est surprenant de constater parfois... les mêmes abus dans l’usage.
On arrive à associer des sens totalement opposés dans des constructions bizarres, l’oxymoron
résultant étant souvent déconcertant.
Notre analyse vise les contraintes sémantiques et syntaxiques de l’utilisation de ces
structures dans les deux langues, les convergences, mais aussi les divergences qui s’y
présentent.

Bibliographie minimale
Avram, M. (1997) Gramatica pentru toŃi, Bucureşti, Editura Humanitas.
Goes J., (1999), L’adjectif entre le nom et le verbe, Paris – Bruxelles, Duculot.
Gramatica limbii române, I, Cuvântul, (2005), Bucureşti, Editura Academiei Române
Langue française 136, L’adjectif sans qualité(s), C. Schnedecker (éd.).
Riegel M. et al., (1997), Grammaire méthodique du français, Paris, PUF.

19
Marleen Van Peteghem
(Université de Lille III – UMR 8163 STL)

Quand l’adjectif seul se comporte comme un adverbe : seul SN vs SN seul

Dans ses emplois adnominaux, notamment en position initiale et finale du SN, l’adjectif seul
se comporte syntaxiquement et sémantiquement comme un adverbe et se rapproche par là de
son correspondant adverbial seulement. Du point de vue syntaxique il occupe une position
normalement pas accessible aux adjectifs, dans la mesure où il peut modifier même des
pronoms ou des noms propres :
Seul lui le sait. Lui seul le sait.
Seul Pierre le sait. Pierre seul le sait.
Du point de vue sémantique, il change légèrement de sens par rapport à celui qu’il a dans son
emploi prédicatif (où il signifie grosso modo « non accompagné ») dans la mesure où il
fonctionne comme une particule de focalisation restrictive, impliquant l’existence d’un
ensemble d’alternatives qui sont présentées comme étant exclues. Ainsi, la phrase seul Pierre
est venu véhicule deux informations : (i) Pierre est venu et (ii) personne d’autre n’est venu.
Dans la présente communication, je me propose d’examiner deux de ces emplois focalisateurs
de seul : en position initiale et en position finale du SN. Dans un premier temps j’examinerai
les contraintes syntaxiques sur ces deux emplois : seul en position initiale n’est en effet
possible que lorsque son focus figure en position de sujet, contrairement à seul postfocal, qui
ne subit pas cette contrainte.
J’examinerai ensuite les contraintes sur le type de SN avec lesquels se combine seul dans ces
deux emplois et je montrerai que l’emploi postfocal est nettement plus contraint par le type de
déterminant que l’emploi préfocal et force quelquefois une interprétation « adjectivale » de
seul. Par contre, l’emploi postfocal est nettement plus fréquent avec des pronoms, ce qui
suggère que la thématicité du focus influence la position de seul, hypothèse qu’il nous faudra
vérifier.

Références
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German, Natural Language and Linguistic Theory 19, 229-281.
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Gardent (eds), Interpréter en contexte, Paris, Hermes, 31-80.
MARENGO S. & LEARD J.-M. 2005, Ni qualification, ni relationnels : la place des adjectives
référentiels au sein d’une classification sémantique globale, Cahiers de lexicologie 86,
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NØLKE, H., 1983, “Remarques sur la focalisation”, in Herslund, M. et al., 1983, Analyses
grammaticales du français. Etudes publiées à l’occasion du 50e anniversaire de Carl
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(éds), Analyse linguistique et approches de l’oral. Recueil d’études offerts en
hommage à Claire Blanche-Benveniste, Orbis Supplementa 10, Paris, Leuven, Peeters.
PIOT M. 2003, Conjonctions de subordination et adverbes conjonctifs « focalisateurs » : les
opérations en cause, Linguisticae Investigationes XXVI, 2, 311-328.
R AYNAL C. 2005, [[Seul NP] VP] : Formalisation de la restriction”, Actes du colloque JETOU
2005, Rôles et place des corpus en linguistique, pp. 139-150.

20
REIS M. 2005, On the syntax of so-called focus particles in German – A reply to Büring and
Hartmann 2001, Natural Language & Linguistic Theory 23, 459-483.
ROOTH M. 1992, A Theory of Focus Interpretation, Natural Language Semantics 1, 75-116.

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Daciana Vlad
(Université d’Oradea)

Adjectifs à emploi interjectif. Etude contrastive (français-roumain)

Nous nous proposons de faire une étude de quelques adjectifs qui peuvent être
employés en tant qu’interjections, tels que chic, mince et bon, tout en essayant de trouver leur
correspondants roumains.
Nous accorderons une attention particulière à l’interjection bon !, qui peut fonctionner
comme marqueur discursif. En vue d’en étudier les fonctions pragmatiques nous adopterons
une approche polyphonique, qui nous permettra de distinguer entre marqueurs polyphoniques
et marqueurs non polyphoniques. L’examen de l’attitude du sujet parlant par rapport à son
propre discours ou par rapport à un discours autre qu’il évoque dans son discours nous
conduira à isoler des emplois marquant l’adhésion ainsi que des emplois polémiques de cette
interjection.

Références
DUCROT, O. (1984), Le dire et le dit, Minuit, Paris.
Le Trésor de la Langue Française Informatisé, http://atilf.atilf.fr/tlf.htm
NOAILLY, M. (1999), L’adjectif en français, Ophrys.
NØLKE, H., FLØTTUM, K., NORÉN, C. (2004), ScaPoLine. La théorie scandinave de la
polyphonie linguistique, Kimé, Paris.
RIEGEL, M., PELLAT, J.-Ch., RIOUL, R. (1998), Grammaire méthodique du français, 4e
édition, P.U.F., Paris.
ROULET, E. et al. (1985), L’articulation du discours en français contemporain, Peter Lang,
Berne.
WILMET, M. (2003), Grammaire critique du français, 3e édition, Duculot, Bruxelles.

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