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2 types d’approche, 2 formes d’appareils conceptuels qui sont liés à des violences
historiques dans un sens large, en considérant la problématique de l’exil et des
réfugiés. Études mémorielles/études postcoloniales/gender studies.
Du Bois est le fondateur du relèvement des questions coloniales et de l’esclavage. Il
est né juste après la guerre de sécession. Après la seconde guerre, il voyage en
Pologne. Métisse, Du Bois physiquement a des traits européen et la peau noire. Il
incarne la question : à quel point un noir américain peut vivre aux Etats-Unis après la
guerre de sécession, étant héritier à la fois d’une violence, celle de l’esclavage, et
d’un blanc ? Il a une position d’intellectuel militant, anti-esclavage, qui lutte pour
l’abolition.
Les Âmes du peuple noir -> Ecris dans un moment où deux cultures existent : celle
qui défend la conscience du peuple noir et le mouvement abolitionniste et celle du
KKK, Birth of a Nation.
Le concept de la double conscience permet d’explorer la condition de ceux qui sont
intégrés dans une société, qui ont été éduqués et cultivés dans cette société, mais
qui en même temps ont une histoire où ils ont été forcés d’y entrer par un acte de
violence extrême, privés de leur propre culture et de leur propre terre. La question
du double, la « double vue dans [le] monde américain », est fondamentale pour eux.
Ils sont inscrits dans une autre monde, en sachant que cet autre monde s’est créé
dans un conflit (le génocide de la population indigène). Cette conscience dédoublée,
de toujours se regarder depuis les yeux d’un autre, d’être un sort de spectacle, est
au noyau de la question du noir.
Cette culture hybride permet le noir de trouver une conscience de soi-même.
Le rapport entre violence et culture qui construit une civilisation n’est pas du tout le
même entre les USA et l’Europe.
Il y a une transmission de la violence qui naît des successives viols commis par les
blancs contre les femmes noires. Leurs fils sont marqués par cette violence violatrice
et corruptive.
Spivak – Les subalternes, peuvent-elles parler ?
Un dialogue avec Deleuze et Foucault pour déconstruire leur pensée dans la mesure
où elle est très occidentale et ne permet pas de mettre en question les questions
que subissent les femmes de la sphère indo-pakistanaise.
La conscience des subalternes naît d’un « texte social de l’impérialisme ». Son silence
est sa définition
Gramsci définit les « subalternes » dans des termes marxistes en tant que les
dominées des dominés, la cible d’une condition de domination de classe, de race et
de genre à travers l’histoire.
En tant que femmes, la violence de la condition féminine à travers l’esclavagisme, la
colonisation, est encore moins visible. Elles sont effacées de la discussion à travers la
négation au droit d’une éducation qui rendrait possible d’écrire sa propre histoire.
L’épistème donnerait aux opprimés la condition de séparer l’inqualifiable
scientifiquement du qualifiable, de prendre conscience de la narrative crée par les
dominateurs et de celle qui serait la sienne.
Deleuze et Guattari – Kafka. Pour une littérature mineure.
LIT COMPARÉE (2)
Caryl Phillips – « West » in Crossing the River
7ème roman de Phillips, aborde une problématique remontée vers une mémoire des
origines, mais d’une origine brisée par une expérience de grande violence qui a
rompue les attaches. Est-ce que l’origine vient avant de la rupture (une origine
ancestrale) ou est-ce que la rupture arrive à devenir l’origine (l’arrachement forcé de
son endroit) ou même en dédoubler ?
S’agit-il de soi en tant que personne ou de sa communauté (non pas une
communauté ancestrale, mais la communauté à laquelle l’on appartient) ?
Cette problématique se passe d’entre des références à des auteurs africains,
caribéens et africain-américains.
La façon dont il la présente montre beaucoup d’ambiguïté – une ambiguïté qui
mimique celle de l’existence de l’esclave/homme libre noir américain.
On retrouve dans le journal du capitaine de navire négrier britannique (in Crossing)
une réalité de la dureté du trajet et les conditions du voyage qui étaient modulées
par le système capitaliste.
Les deux pays que l’on rencontre dans le chapitre sont la Sierra Leone et la Libéria,
des pays créés pour recevoir les esclaves libérés qui désiraient rentrer en Afrique. Un
mouvement de retour à une terre qu’ils n’ont jamais connu, mais poussée par une
renaissance de l’identité des noirs libres comme africains et non pas américains. Ce
retour en Afrique d’un peuple éduqué et chrétien crée une sorte d’aristocratie
nouvelle, une double conscience de son état d’africain, mais d’africain supérieur,
puisqu’il est rentré en Afrique occidentalisé.
Cette double conscience participe d’une stratégie de survie, mais d’une ambivalence
socialisée qui travaille dans l’intérieur de l’identité de l’africain-américain. Elle se
construit par des détours et le retour.
Crossing the River est organisé de façon à adopter des principes d’une pluri
focalisation et d’une démultiplication des voix. L’incipit lui-même introduit une
écriture qui d’emblée joue avec le temps, la notion du temps et de cette histoire, et
l’introduit comme un élément fantastique. D’autre part, elle enchâsse à l’intérieur
du propos qui est censé être celui du père des propos qui sont de celui qui a acheté
ses enfants.
Le premier paragraphe est un mélange de voix qui vient d’une père fictif et multiple
(le « chœur des langues multiples », les blancs, les noirs qui vendaient d’autres noirs,
l’Afrique elle-même) et le deuxième paragraphe d’emblée nous signifie qu’on est
dans un autre temps.
Dans West, la fin du premier paragraphe « père, pourquoi m’as-tu abandonnée ? »
fait référence au passage biblique, mais aussi à un rapprochement au cadre culturel
américain, une religion qui lui est apparue lors de son arrivée et qui devient une
partie de son identité. Elle se rappelle du passé en y pensant déjà depuis sa nouvelle
personne, une africaine-américaine. Un cadre d’interprétation du passé et aussi de
l’avenir. Cette phrase revient à l’incipit, mais dans un autre moment de l’histoire
américaine, après la guerre de sécession. Ces moments sont séparés par une
distance non temporelle, mais plutôt historique très violente et épaisse. Il s’agit d’un
autre temps, un temps mythique par opposition à un temps linéaire qui naît d’une
narrative historique.
Cette écriture de l’histoire qui se nourrit des slave narrative, mais considérée comme
neo-slave narrative, va se démarquer de l’histoire occidentale, l’histoire écrite par les
blancs. La linéarité est brisée pour donner l’image du traumatisme et de la violence
de l’expérience esclavagiste, avec une anachronie et une achronie.
Martha regarde son être d’avant, quand elle est arrivée comme si elle était elle-
même étrange ou comme si elle était étrange à elle-même. Son expérience en sol
américain lui a irrémédiablement changé, la Martha du temps du discours est
américaine, parle anglais, et est très loin de celle qui a été amenée en bateau lors de
son adolescence.
L’actions de l’ensemble du récit se situe sur plusieurs endroits, les voix sont multiples
et de diverses origines (comme le capitaine et le seigneur d’esclaves qui font
opposition aux voix de Martha ou Nash). La multiplicité des lieux vient faire écho aux
ruptures des temporalités qui introduisent ce que l’on pourrait appeler « l’histoire
différentielle » (Guha ; Spinak).
Le retour de Nash au Libéria est un récit où un esclave émancipé qui est adopté par
Edward Williams (un modèle de paternalisme blanc) montre la mission de
l’évangélisation et l’élitisme des africains-américains qui reviennent en Afrique.
West
L’on a un récit cadre qui commence par la fin du récit, la mort de Martha. Le début
du récit commence à la fin de sa vie, dans une succession de mises en abîme qui ne
sont pas chronologique et qui constituent sa propre histoire comme un récit
d’esclave qui s’est émancipé. Elle se retrouve à Denver où elle mort, relativement au
centre des Etats-Unis.
Elle fait le chemin pour la Californie, une sorte de terre promise, l’ouest américain où
les noirs pouvaient vivre sans peur. Là, l’esclave sans droit deviendrait un pionnier,
un colon. Martha part vers l’ouest, à la direction inverse de son origine africaine, où
les nouvelles frontières permettraient que les choses soient un peu mieux que
mauvaises.
Si l’on prend la composition du récit, on a la transformation de l’esclave en pionnier
et puis, dans le même paragraphe, Martha revient au récit cadre comme si à chaque
fois on avait des ouvertures qui lui permettraient de donner un regard sur sa vie
passée. Un lien entre se sentir dans la mort et d’avoir déjà vécue qqch qui est du
côté de la mort – l’arrachement de sa fille.