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POLLUTION ET DÉPOLLUTION DES SOLS

I - DEFINITIONS
La loi n° 96-766 du 3 octobre 1996 portant Code de l'Environnement de Côte d’Ivoire
donne les définitions suivantes/
L'environnement est l'ensemble des éléments physiques, chimiques, biologiques et
des facteurs socio-économiques, moraux et intellectuels susceptibles d'avoir un effet
direct ou indirect, immédiat ou à terme sur le développement du milieu, des êtres
vivants et des activités humaines.
L'environnement humain concerne le cadre de vie et l'aménagement du territoire.
L'environnement naturel comprend :
- le sol et le sous-sol,
- les ressources en eau,
- l'air,
- la diversité biologique,
- les paysages, sites et monuments...

L'étude d'impact environnemental et social est un rapport d'évaluation de l'impact


probable d'une activité envisagée sur l'environnement.
L'audit environnemental est une procédure d'évaluation et de contrôle des actions
de protection de l'environnement.
L’Autorité Nationale Compétente est une entité unique ou un groupement d'entités
dont les compétences sont définies par décret.
Article 2
Le présent code vise à :
- protéger les sols, sous-sols, sites, paysages et monuments nationaux, les
formations végétales, la faune et la flore et particulièrement les domaines classés,
les parcs nationaux et réserves existantes ;
- établir les principes fondamentaux destinés à gérer, à protéger l'environnement
contre toutes les formes de dégradation afin de valoriser les ressources naturelles,
de lutter contre toutes sortes de pollution et nuisances ;
- améliorer les conditions de vie des différents types de population dans le respect
de l'équilibre avec le milieu ambiant;
- créer les conditions d'une utilisation rationnelle et durable des ressources
naturelles pour les générations présentes et futures ;
- garantir à tous les citoyens, un cadre de vie écologiquement sain et équilibré ;
- veiller à la restauration des milieux endommagés.
Article 6
Sont soumis aux dispositions de la présente loi ;
- les installations classées telles que définies dans leur nomenclature : les usines,
dépôts, mines, chantiers, carrières, stockages souterrains ou en surface,
magasins et ateliers ;
- les installations exploitées ou détenues par toute personne physique ou morale,
publique ou privée qui peuvent présenter des dangers ou des inconvénients, soit
pour la commodité, soit pour la santé, la sécurité et la salubrité publique ;
- les déversements, écoulements, rejets et dépôts' susceptibles de provoquer ou
d'accroître la dégradation du milieu récepteurs.

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II - POLLUTION DES SOLS
La pollution du sol peut être diffuse ou locale, d'origine industrielle, agricole (suite à
l'utilisation massive d'engrais ou de pesticide qui s'infiltrent dans les sols). Ces
pollutions agricoles peuvent avoir plusieurs impacts sur la santé humaine, en
touchant des nappes phréatiques.
Aujourd'hui, des techniques agricoles consommant moins de fertilisant et de
pesticides sont au point, de même que des pratiques antiérosives.
Malheureusement, ces techniques ne sont utilisées que sur une très faible partie des
sols de sorte que les dégradations physiques et chimiques ne diminueront guère au
cours de la prochaine décennie. Le nombre de pollutions ponctuelles en provenance
des industries et décharges ne devrait plus s'accroître mais le nombre des sites
contaminés est tel que leur remise en état demandera un effort soutenu bien au delà
de l'horizon 2000.
Pollution d’origine industrielle
Depuis plus de deux siècles de notre histoire, l’industrie a généré une très importante
pollution essentiellement localisée, à l’époque, à la périphérie des villes, désormais
en site urbain. De nombreux et importants types d’activités industrielles, telles que la
métallurgie, les charbonnages, l’industrie minière, l’industrie chimique, ont contribué
à la pollution actuelle des sols. De façons diverses et variées, ces activités ont
injecté dans le sol des quantités incalculables de produits toxiques, donc dangereux
pour l’homme et les animaux.
Les principales matières toxiques que l’on trouve dans les sols des anciens sites
industriels sont les hydrocarbures volatils ou peu volatils (kérosène, fioul, gasoil), les
cyanures, les métaux, les divers polluants organiques, les PCB, les HAP… Leur
diversité et les types de polluants sont telle ment importants qu’il est difficile à ce jour
de dresser un bilan exact par types de polluants et sites concernés. Aussi, en
matière de pollution industrielle, nous verrons plus clairement, dans les chapitres
concernant les mesures et les traitements, leur impact sur l’environnement.
Pollution d’origine agricole
Il est plus courant de parler de pollution industrielle que de pollution agricole ;
toutefois, cette dernière est loin d’être négligeable. En effet, la pollution agricole, par
les divers nitrates, phosphates, engrais chimiques, effluents d’élevages ou
agroalimentaires et les produits phytosanitaires, « impacte » largement, en matière
de pollution, les eaux superficielles et souterraines.
Ces diverses pollutions interdisent souvent l’utilisation de l’eau à la consommation
courante, tant pour l’homme que pour les animaux. Par ailleurs, les divers fertilisants,
nitrates et phosphates utilisés dans l’agriculture concourent à l’eutrophisation, c’est-
à-dire à la prolifération des algues.
Cette dernière contrarie particulièrement l’activité de la pisciculture et de la
conchyliculture et concourt à la dégradation générale de l’environnement.

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Les pollutions diffuses, liées à l’utilisation intensive des fertilisants et des produits de
traitement des cultures des champs, concernent des millions d’hectares de terrains
agricoles. Les statistiques annoncent que les quantités d’engrais azotés chimiques
se montent à 90 kg/hectare/an auxquels s’ajoutent les 50 kg/hectare/an provenant
des effluents d’élevage. Pour leur part, les quantités de phosphore répandues dans
les exploitations agricoles sont de l’ordre de 30 kg/hectare/an dont 60 % sont
d’origine chimique. On sait que les phosphores issus des engrais de ferme sont
concentrés dans les zones d’élevage intensif où les teneurs en cette matière sont
déjà importantes.
Pour ce qui concerne les produits phytosanitaires, un rapport de l’an 2000 affirme
une préoccupation croissante de leur présence dans les sols.
En matière de pollution agricole, une centaine de molécules sont répertoriées à des
teneurs et des fréquences variables ; toutefois, seule une dizaine d’entre elles, dont
essentiellement les herbicides de la famille des triazines, sont génératrices de
pollution.
L’on sait que la pollution des sols est en partie due à la réinjection des eaux souillées
en nappe phréatique ; les estimations et simulations établies affichent que 25 % des
rejets de polluants dans l’eau sont d’origine agricole, 25 % d’origine industrielle et les
derniers 50 % d’origine domestique.
On constate que ces pollutions touchent prioritairement les eaux de surface, les eaux
côtières et de fleuves et rivières, mais également les eaux souterraines pourtant
censées être mieux protégées.
III - DIAGNOSTIC POLLUTION DES SOLS
Le diagnostic de pollution des sols d'un site consiste à déterminer :
- les sources de pollutions: citernes, cuves, canalisations, aires de
stockage/entreposage (fûts, bidons, sacs...), déversements accidentels ou
chroniques, déchets enfouis, sols pollués, etc.
- les modes de transfert de ces pollutions : les vecteurs possibles sont : les eaux de
surface, les eaux souterraines, l'air (dissémination par les vents) ;
- les cibles menacées ou atteintes par ces pollutions : êtres humains, faune, flore...
L'objectif étant de connaître l’état du sol et du sous-sol d’un site, des campagnes de
mesures sont réalisées à partir de prélèvements de sol qui sont ensuite analysés.
Les mesures tiennent également compte des conclusions de la recherche historique
du site qui vise à retracer l’ensemble des activités qui y ont été exercées dans le
passé.

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L'ampleur de l'étude et des investigations est proportionnelle aux caractéristiques du
site et à ses usages futurs prévus:
- le diagnostic pollution des sols doit comporter un historique du site qui notifie les
polluants potentiels devant être recherchés.
- les investigations doivent être conduites suivant une densité adaptée au site: un
seul prélèvement fait au hasard, même sur un site de petite taille, ne saurait être
représentatif.
IV - GESTION DES SITES ET SOLS (POTENTIELLEMENT) POLLUÉS EN
FRANCE
Les instructions ministérielles du 8 février 2007 ont conduit à une refonte des guides
méthodologiques élaborés par le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et
Minières), pour la gestion des sites et sols (potentiellement) pollués.
Quand réaliser une étude de sites et sols pollués ?
- en application de la réglementation des sites pollués, pour les ICPE (Installations
Classées pour la Protection de l'Environnement) en activité ;
- en réponse à une demande de l'administration formulée par arrêté préfectoral ;
- pour évaluer l'état du site et les éventuelles mesures de remise en état, pour les
ICPE en cessation d'activité ;
- afin de connaître l'état du sol, dans le cadre d'un audit environnemental ;
- lors de la mise en place d'un système de management environnemental ;
- pour estimer le passif environnemental, dans le cadre d'une transaction foncière
(cession/acquisition de terrain ou d'installation).
Nouvelle méthodologie
- la visite du site ;
- le schéma conceptuel et le modèle de fonctionnement ;
- le diagnostic du site ;
- l'interprétation de l'État des Milieux (IEM) ;
- le plan de gestion ;
- l'Analyse des Risques Résiduels (ARR).
Visite du site
Objectifs
- Faire un premier état des lieux ;
- Mettre en place les premiers éléments du schéma conceptuel ;
- Le cas échéant, mettre en place des mesures d'urgence afin de réduire les risques
immédiats, liés aux sources, aux transferts ou aux usages.
Méthodologie
- Questionnaire type à remplir ;
- Collecte d'informations sur le site et son environnement proche, les pollutions, la
vulnérabilité des milieux, les propositions d'action.
Schéma conceptuel et Modèle de fonctionnement
Objectifs
- Pour la démarche d'Interprétation de l'État des Milieux (IEM) : caractériser l'état
des différents milieux d'exposition susceptibles de poser problème au regard de
leurs usages constatés

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- Pour la démarche du plan de gestion : caractériser l'état du site et des milieux
concernés par le projet de réaménagement, jusque représenter le projet dans sa
configuration finale (schéma évolutif)
Méthodologie
- Recherches bibliographiques
- Enquêtes auprès des utilisateurs du site ou du milieu
- Campagnes de mesures (prélèvements et analyses de terres, d'eaux superficielles
ou souterraines, de végétaux, de poussières ou d'air)
Diagnostic du site
Objectifs
- Connaître l'état des milieux et les enjeux, pour définir une stratégie de gestion
propre au site et à son environnement
- Faire évoluer le schéma conceptuel et le modèle de fonctionnement du site
- Analyser les enjeux liés à l'état du site et aux usages identifiés
- Quantifier les volumes de terre à traiter, préparer le chantier de réhabilitation
- Vérifier les expositions résiduelles
- Argumenter le plan de surveillance des milieux à mettre en place
Méthodologie
- Collecte de données visant à caractériser les sources, les voies de transfert et les
milieux d'exposition, ainsi que les mécanismes de propagation des pollutions
constatées
Interprétation de l'État des Milieux (IEM)
Objectifs
- S'assurer que les milieux étudiés ne présentent pas d'écart par rapport à la
gestion sanitaire mise en place pour l'ensemble du territoire
- Distinguer les milieux qui ne nécessitent aucune action particulière, de ceux qui
doivent faire l'objet d'actions simples ou d'un plan de gestion
Méthodologie
- Interprétation du schéma conceptuel, analyse des risques liés aux usages du
milieu
- Le cas échéant, réalisation d'investigations plus ciblées
- Comparaison des résultats avec le milieu naturel (bruit de fond), les valeurs
réglementaires en vigueur, ou utilisation d'une grille de calcul spécifique
Plan de gestion
Il s'agit d'une démarche lourde, que l'on entreprend :
- Lorsqu'une installation classée est mise à l'arrêt définitif, et que ses terrains sont
susceptibles d'être affectés à un nouvel usage
- Lorsqu'une IEM conclut à la nécessité de mettre en œuvre des mesures de
gestion
- Lors de la réhabilitation d'anciens terrains industriels, qu'il s'agisse de l'emprise
d'une ancienne installation classée ou non
Objectifs
– Maîtriser les sources de pollution, ou à défaut, leurs impacts
Méthodologie
- –Détermination des mesures de gestion en fonction du bilan coût-avantages
– Engagement des travaux de réhabilitation nécessaires

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– Réalisation d'une Analyse des Risques Résiduels (ARR) lorsque des voies de
transfert subsistent, pour savoir si les risques sur le plan sanitaire sont
acceptables (en tenant compte des usages constatés ou futurs)
Analyse des Risques Résiduels (ARR)
Objectifs
Définir les modalités de l'évaluation quantitative des risques sanitaires dans le
contexte du plan de gestion, lorsque celui-ci ne permet pas de supprimer tout contact
entre les pollutions et les populations cibles.
Méthodologie
- Réalisation de la configuration finale du schéma conceptuel, tenant compte de
l'ensemble des mesures de gestion du projet et les usages futurs du site et des
milieux
- Détermination des expositions résiduelles, au moyen de modélisations et de
calculs
- Caractérisation (prédictive) des risques sanitaires
Si l'ARR conduit à un risque résiduel acceptable, on poursuit le chantier de
réhabilitation. Les expositions résiduelles sont vérifiées par des mesures/contrôles :
en cas de différence significative par rapport aux expositions calculées (i.e. remise
en cause de l'acceptabilité du risque), il convient de refaire une nouvelle ARR, basée
sur les résultats de mesures. Si le risque demeure inacceptable, l'ensemble du projet
(en particulier l'usage futur du site) est à revoir.
V - DIFFÉRENTS MODES DE DÉPOLLUTION DES SOLS 
Les traitements biologiques mis au point dans les années 1990
Ces techniques visent à utiliser des bactéries pour dépolluer les sols. Celles-ci se
développent avec l’oxygène et accumulent les polluants dans leur organisme, voire
les dégradent (comme les hydrocarbures). Ces traitements sont actuellement les
moins coûteux mais les plus longs. La dépollution par des plantes (phyto-
remédiation) capables de fixer les métaux lourds est aussi utilisée en traitement
d’appoint.
Les traitements par extraction
Lorsque le sol est chauffé (traitement thermique), les polluants qu’il contient se
volatilisent. L’air chargé en polluants est brûlé. Cette extraction par la chaleur est
réalisée grâce à des unités mobiles. Elle est rapide mais onéreuse. L’extraction peut
aussi se faire en lavant les sols avec de l’eau ou un solvant (traitement par lavage).
Des techniques plus récentes consistent à réaliser l’extraction par aspiration : de l’air
passe dans le sol et se charge de polluants avant d’être traité.
Le confinement
Il consiste à laisser sur le site l’essentiel de la pollution et à l’isoler pour éviter que
l’homme n’entre à son contact. La terre peut être recouverte par des géomembranes
pour éviter la propagation de la pollution. Des alvéoles peuvent être aménagées pour
encapsuler les terres polluées du site. Quand, il n’y a pas de place sur les sites pour
le confinement, les matériaux les plus dangereux sont transférés vers une décharge.
VI - ORGANISATION DE L'ÉVALUATION DE RISQUE SANITAIRE
Ce volet doit être organisé en deux (2) parties :
1ère partie :

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- synthèse claire de la situation considérée
- définition précise des objectifs de l'étude
- définition de l'aire de l'étude
2ème partie
Analyse des effets sur la santé basée sur la démarche d'évaluation des risques
structurée en quatre (4) grandes étapes.
Identification des dangers
Elle consiste à recenser les effets indésirables tels qu'une maladie, un traumatisme,
un handicap ou un décès que les substances (pouvant être émises dans
l'environnement du fait de projet en fonctionnement normal et en mode dégradé) sont
intrinsèquement capable de provoquer chez l'homme. Par extension, le danger
désigne tout effet toxique, c'est-à-dire un dysfonctionnement cellulaire ou organique,
lié à l'interaction entre un organisme vivant et un agent chimique, physique ou
biologique;
Définition des relations dose-réponse
Cette étape concerne la procédure de choix d'une valeur toxicologique de référence
(VTR) pour chaque agent dangereux inclus dans l'étude. Cette VTR correspond à
l'estimation de la relation entre la chose ou le niveau d'exposition aux substances et
l'incidence et la gravité de ces effets; elle varie donc selon la voie d'exposition (orale,
respiratoire, cutanée).
On distingue en évaluation des risques des effets à seuil (de doses) dits
déterministes et des effets sans seuil dits stochastiques qui correspondent aux effets
cancérigènes et qui s'expriment en probabilité de survenue des effets.
Ces VTR ne sont pas établies par le pétitionnaire sauf cas exceptionnel mais sont
sélectionnés dans la littérature ou à partir des bases de données toxicologiques.
Evaluation de l'exposition
Elle consiste à déterminer les voies de passage du polluant de la source vers la cible
ainsi qu'à estimer la fréquence, la durée et l'importance de l'exposition. Une
description de la population concernée avec une attention particulière portée sur les
populations sensibles sera réalisée. Les niveaux de pollutions des différents milieux
de vie seront estimés en recourant à une modélisation ou à l'analyse d'échantillons
prélevés dans les milieux environnants des installations existantes similaires.
Caractérisation des risques
Elle correspond à la synthèse des informations issues de l'évaluation de l'exposition
et de l'évaluation de la toxicité sous la forme dans la mesure du possible d'une
expression quantitative et qualitative du risque.
Pour un effet sans seuil (cancérigène), l'estimation du risque se présente sous la
forme d'un excès de risque individuel (ERI) qui représente la probabilité que la cible
a de développer l'effet associé à la substance pendant sa vie du fait de l'exposition
considérée. Le produit de cet excès de risque individuel par l'effectif (n) de la
population exposée fournit l'excès de risque collectif, représentant une estimation du
nombre de cancers en excès attendu au sein de cette population, lié à l'exposition
étudiée.

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Pour les effets à seuil, l'estimation du risque est représentée par un indice de risque
(IR). Lorsque cet indice est inférieur à 1, la survenue d'un effet toxique apparaît peu
probable même pour les populations sensibles. Au-delà de 1, la possibilité
d'apparition d'un effet toxique ne peut être exclue.
Relation Dose-Réponse
Valeurs toxicologiques de référence (VTR)
La VTR est une appellation générique regroupant tous les types d'indice
toxicologique qui permettent d'établir une relation entre une dose et un effet pour les
toxiques à seuil d'effet ou entre une dose et une probabilité d'effet (toxiques sans
seuil d'effet). Les VTR sont établies par des instances internationales telles que
l'OMS ou le CIPR ou des structures nationales telles que l'US-EPA et ATSDR aux
USA, RIVM aux Pays-Bas, Health Canada, le CSPHPF en France.
De façon générale, on distingue deux (2) catégories d'effets:
Effets cancérogènes
Pour ces effets, la relation entre l'exposition et l'apparition de l'effet est sans seuil:
c'est un phénomène probabiliste. L'US-EPA exprime ce mécanisme par un Excès de
Risque Unitaire (ERU).
L'ERU correspond à l'excès de décès attendu dans une population exposée sur une
vie entière (estimée à 70 ans) pour une pathologie donnée à la suite d'une exposition
unitaire. Par exemple, un ERU de 6.10 -6 (g/m3)-1 signifie qu'une exposition de 1
million de personnes, pendant 70 ans, à une concentration de 1 g/m3 de la
substance considérée est susceptible d'induire 6 cas supplémentaires de la maladie
par an, pendant la même période.
Effets systémiques
Pour ces effets, il existe un seuil d'effet : c'est un phénomène déterministe. L'EPA
exprime ce mécanisme par une dose de référence (RfD) ou une concentration de
référence (RfC). Ces doses de référence sont déterminées à partir des Doses Sans
Effet Nocif Observé (DSENO : NOAEL en anglais) ou des Doses Minimales Induisant
un Effet Nocif (DMENO : LOAEL en anglais), divisés par des facteurs de sécurité
(facteur 10 pour passer de l'animal à l'homme,…).
Selon la voie d'exposition, on parle de Dose Journalière Admissible (DJA) exprimée
en mg/kg/j pour la voie orale et Concentration Admissible dans l'Air (CAA) en g/m3
pour la voie respiratoire.
Selon l'organisme considéré, le nom de la valeur toxicologique et les méthodes
d'évaluation changent (exemple : MRL, VTR des effets systémiques pour l'ATSDR).
Concernant les différentes substances identifiées comme source de danger pour
l'homme dans les industries agroalimentaires et après consulté les principales bases
de données toxicologiques de l'IRIS (US-EPA), d'ATSDR, de Health Canada, de
l'OMS et du CIRC, un certain nombre de VTR ont pu être répertoriées dans le
Tableau n°4 ci-après.
Cependant, pour les substances chimiques contenues dans les produits de
nettoyage, les organismes classiques d'évaluation n'ont pas étudié ce type de
substance et donc aucune VTR n'est disponible; les seules informations sur les
éventuelles relations dose-réponse proviennent d'études sur de expositions au travail

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donc concernant des concentrations très élevées que l'on peut trouver dans les
fiches toxicologiques de l'INRS. Bien que les Valeurs Limites d'Exposition (VLE) et
les Valeurs Limites Moyennes d'Exposition (VME) qui y sont définies ne puissent être
considérées comme des VTR, elles peuvent tout de même donner un ordre d'idée
des concentrations toxiques.
Valeur Limite d'Exposition des substances chimiques contenues dans les détergents
Substance chimique Valeur Limite Moyenne Valeur Limite d'Exposition
d'Exposition (VME) (VLE)
Hydroxyde de sodium 2 mg/m3
Acide phosphorique 1 mg/m3 3 mg/m3
Peroxyde d'hydrogène 1,5 mg/m3
Aldéhyde formique 0,61 mg/m3 1,23 mg//m3
Acide peracétique
Eau de javel
Pour les risques microbiologiques, l'évaluation est plus délicate et la relation dose-
réponse dépend de nombreux paramètres; en effet, l'infection résulte d'un processus
dynamique entre le microorganisme et son hôte, qui peut être défini comme étant
fonction du nombre de pathogènes ingérés, de leur infectivité, de leur virulence et de
l'état immunitaire de l'hôte.
Il existe des modèles donnant la probabilité d'infection à partir d'un niveau
d'exposition donné. Les trois (3) modèles existants sont des modèles sans seuil:
- le modèle log Normal : son emploi tend à disparaître car les estimations qu'il
fournit divergent de celles des deux autres modèles;
- le modèle exponentiel : modèle décrivant le mieux les relations dose-réponse de
Giardia lambia et de Cryptosporidium parvum;
- le modèle Bêta-Poisson. Selon différents auteurs, le modèle semble le plus
pertinent pour de nombreux microorganismes lors de l'application des données
disponibles.
Caractérisation du risque
Principes
Il s'agit de synthétiser les informations scientifiques recueillies lors des étapes
précédentes pour estimer le risque sanitaire encouru par une population donnée
dans des conditions d'exposition données.
Le calcul des estimations des risques est différent selon le type d'effet toxique:
Pour les effets toxiques à seuil
Un Quotient de Danger (QD) appelé aussi Indice de Risque (IR) est calculé en
faisant le rapport entre la Dose journalière totale d'Exposition (DMJ) ou la
Concentration Moyenne dans l'Air (CMA) et la VTR de la voie d'exposition
considérée (DJA ou CAA):
DMJ CMA
QD  ou
DJA CAA
voie d' exposition

Quand QD est inférieur ou égal à 1, cela signifie que la population exposée est
théoriquement hors de danger.
Quand QD est supérieur à 1, cela signifie que l'effet toxique peut se déclarer avec
une probabilité inconnue.

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Pour les effets cancérogènes et mutagènes
On calcule la probabilité d'occurrence du cancer pour la vie entière des sujets
exposés qui vient s'ajouter au risque de base non lié à cette exposition, appelé
Excès de Risque Individuel (ERI) :
ERI voie d' exposition
 DMJ  ERU ou CMA  ERU

Le produit de ce risque par l'effectif de la population exposée fournit l'excès de risque


collectif (ERC), appelé "impact".
D'après l'US-EPA, un risque cancérogène est considéré comme acceptable quand
son ERI est inférieur ou égal à 10 -6 par personne sur une vie entière et concernant le
risque microbiologique quand celui est estimé à 10 -4 par personne et par an (10 -
4
/personne/an).

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