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Thierry Benoit
avec la collaboration de
Dominique Nadaud
idées reçues
sur
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entre les
emmes
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Le Cavalier Bleu
ED I T I O N S 1
Thierry Benoit
Il a, tour à tour, travaillé dans des associations, en entreprise
et dans l'administration sur les thématiques de la discrimi-
nation, de l'égalité entre les femmes et les hommes, d'emploi
et de lutte contre le chômage. Dans ces domaines, il a participé
à plusieurs recherches universitaires. Créateur de démarches
pédagogiques comme « Les ateliers du changement »,
fondateur des Boutiques Club Emploi, il est actuellement le
Secrétaire Général de l'association LA BOUCLE. Co-initiateur et
Directeur des études du diplôme « Conseiller-e-s/référent-e-s
égalité entre les femmes et les hommes » (universités de la
Sorbonne Nouvelle, et Pierre et Marie Curie), il intervient
par des conférences et des formations auprès de l'administra-
tion, des collectivités territoriales, des entreprises et des
associations.
Dominique Nadaud
Elle est déléguée aux Droits des Femmes et à !'Égalité de
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Haute-Corse. Dans le cadre de son travail au sein des services
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de l'État, elle met en œuvre des dispositifs et des actions en
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faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes, comme
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par exemple la mixité professionnelle auprès de l'éducation,
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> des entreprises et des différentes institutions ou bien la lutte
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u contre les violences faites aux femmes.
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Des mêmes auteurs :
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ï:::: - (Thierry Benoit) Parle-moi de l'emploi... , !'Harmattan, 2001.
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u
0 - (Thierry Benoit) Le P'tit Abécédaire de l 'égalité entre les femmes
et les hommes, éditions LA BOUCLE, 201 O.
- (Thierry Benoit et Dominique Nadaud) Penser et construire la
mixité professionnelle, DRDFE et DIRECCTE Haute-Corse, 2015.
ÉGALITÉ, n. f. - Caractère de ce qui est égal. Le fait pour
les êtres humains d'être égaux devant la loi, de jouir des
mêmes droits.
« Il est faux que l'égalité soit une loi de la nature. »
(Vauvenargues). Pendant des siècles, Le principe d'égalité
entre les individus était basé sur les droits des hommes
avec pour base une domination masculine.
L'égalité entre les femmes et les hommes ne signifie pas
égalitarisme, c'est simplement la possibilité d'être à égalité
dans tous les domaines de la vie quotidienne, privée,
professionnelle et citoyenne. C'est-à-dire avoir les mêmes
opportunités, les mêmes choix et les mêmes possibilités
pour chacune et chacun.
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Introduction .. ............. ..................... .... 11
Vie privée
« Le genre est une théorie qui ne fait pas
la différence entre les femmes et les hommes. » .. . 17
« À la préhistoire, les hommes étaient des chasseurs
et les femmes cueillaient. » ......... . .. ... .. . ...... . . 19
« Les femmes n'ont pas le sens de l'orientation. » . 20
Vie professionnelle
« Maintenant, elles font des études supérieures
comme les hommes ! » .......... . ...... . ..... . . ..... 49
« Tous les métiers ne sont pas mixtes. » ... . ........ 51
«Les femmes ont des compétences naturelles. »... 53
« Si elles font des métiers d'hommes,
elles vont perdre leur féminité . » .... . . .. . . . .. . .. .. . 55
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« Elles peuvent déstabiliser s'il n'y a
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:µ que des hommes dans une équipe. » .... . . . . . ...... 56
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« Les femmes sont souvent absentes. » .......... . .. 57
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« Entre la crise et les obligations légales,
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l'égalité ce n'est pas la priorité. » ... . .... . .... . ..... 59
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N «Les fem1nes de1nandent n1oins qu'un hon1111e
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.....
.!::: en termes de salaire et d'avantages. » . . ............. 61
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0 « Si elles n'occupent pas certaines responsabilités,
c'est qu'elles le veulent bien. » ..... . .. . .... . .. . ..... 64
« Ce n'est pas le sexe qui compte, ce sont les compé-
tences. Ce serait dévalorisant pour les femmes que
de les promouvoir parce qu'elles sont femmes . » .. 66
«Les hommes ont plus d'autorité
que les femmes. » . . . ..... . . ... . .... .. . .. . .. . .. ....... 68
« Elles sont encore plus terribles entre elles
que les hommes. » . .. .... . . . . ... .. .. . . .. .. .. ... . .. . .. 71
« La promotion canapé ça n'existe plus. » .. ........ 72
Vie publique
« Tous les hommes sont des machos. » .. . . . .. . .. . .. 79
« Seuls les hommes ont des idées reçues
envers les femmes. » ...... . ............ . .. . ..... . ... . 80
« Il n'y en a plus que pour les femmes.
On parle d'inégalités mais ce sont elles qui ont le
vrai pouvoir. » . ..................... . ................. 84
« Elles rendent les hommes fragiles.
Il faudrait arrêter de culpabiliser les hommes. » . .. 86
« Elles veulent tout et son contraire. » .. . . . . .. . ... . 89
« Il y a déjà égalité entre les femmes
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et les hommes. » . . . .. . . . .. . ... . . . . . .. . .. ... .. ....... . 91
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·<ll « Le féminisme, c'est un combat d'arrière-garde. » 92
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« Féminiser à tout prix le langage est ridicule. » . .. 94
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« Vous avez vu ce que ça donne
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lorsqu'elles sont au pouvoir. » . . .. . . ... . . .. .... . .. ... 97
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« Elles manquent souvent d'humour. » . . . . .. . .. . . 1OO
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a. «Si elle s'habille sexy, c'est bien
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pour plaire, non ? » ............. . ............ . .. . .. 102
« C 'est quand même aux hommes de faire
des avances ! Alors, il ne faut plus être galant ?
Il faut savoir ce que l'on veut. » ................ . .. 104
« Il y a des sports de garçons
et des sports de filles. » . . . .......... . ..... . ...... . . 106
« Les femmes ne savent pas conduire. » .... . ...... 108
« Le peu de femmes artistes peintres ou sculptrices
connues montre bien que les hommes sont plus
créatifs. » ... .. . .. . ...... ...................... .. ..... 110
Annexes
L'histoire de l'égalité entre les femmes
et les hommes ...................................... 118
Pour aller plus loin .. . ................. . .. . .. . ..... 125
L'association LA BOUCLE ....................... . . 127
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Introduction
11
qu'il nous faut rester vigilant-e-s, car malgré les nom-
breuses avancées, ce n'est pas « parce qu'on en parle
. ».
que c' est acquis
12
L'idée est ainsi née d'écrire un ouvrage qui repren-
drait ces idées reçues pour les questionner et faire
réfléchir de manière pratique et simple, sans parti-pris
et agressivité, afin d'engager une réflexion, d'informer
sur les lois en vigueur, de donner les chiffres de
l'inégalité, de définir les concepts, d'analyser la cons-
truction sociale des stéréotypes et de combattre les
discriminations liées au sexe.
La thématique de l'égalité entre les femmes et les
hommes nécessite un point de vue interdisciplinaire
et transversal. Ainsi, nous proposons trois parties
décryptant les idées reçues dans la vie privée, la vie
professionnelle et la vie publique.
Cet ouvrage essaie de répondre point par point à
toutes ces idées reçues et tente de lever la chape de
plomb du sexisme ordinaire et des inégalités dans
notre société. Les mots qui suivent s'emploient à en
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fixer les contours, les enjeux et les pratiques.
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Même si nous n'en avons pas toujours une cons-
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<1l cience aiguë, depuis plusieurs années, une page s'écrit
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<1l qui invente certainement un nouvel avenir entre les
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ro femmes et les hommes.
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VIE PRIVEE
La valeur d'égalité des sexes n'est pas une réponse; c'est une
autre façon de poser les questions, et qui ne va pas sans question.
Cornélius Castoriadis, La Montée de /'insignifiance, 1996
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« Le genre est une théorie qui ne fait
pas la différence entre les femmes
et les hommes. »
17
insiste le sociologue Éric Passin (Homme, femme,
quelle différence ?, 2011), spécialiste de ces questions.
La notion de genre est donc une construction sociale
qui se décline dans tous les niveaux d'organisation de
la société et traverse différents champs sociaux. À
l'intérieur même des études de genre, plusieurs écoles
existent, comme dans tous les domaines des sciences
sociales.
L'expression « genre » est issue du vocabulaire
anglo-saxon, utilisée dans le cadre des recherches
féministes « gender studies ». En français, nous
employons le même mot « sexe » pour désigner le sexe
biologique et l'identité sexuée comme par exemple
sur notre carte d'identité. La langue anglaise utilise
le mot « sex » pour le terme biologique et le mot
« gender » pour l'identité sexuée. Dans certains pays
comme l'Australie ou le Népal, les individus ont
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c même désormais le choix d'appartenir au genre
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masculin, féminin ou transgenre.
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La sociologue féministe Christine Delphy (L'Ennemi
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<1l principal : penser le genre, 2001) souligne, « le genre
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u
ro possède au moins potentiellement les moyens de
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déplacer le regard des rôles de sexe vers la construction
0
N mêni.e de ces sexes ».
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......
.!::: Cette construction de genre présente une double
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>-
a. dimension: sociale qui s'incarne dans des comporte-
0
u
ments et des statuts différentiés selon le sexe avec
pour conséquence une répartition inégale dans les
espaces sociaux, notamment celui du travail ; mais
aussi symbolique qui renvoie aux représentations
et aux valeurs déterminées comme « masculin » ou
« féminin ».
L'idée reçue qui persiste à insinuer que le genre est
une théorie qui ne fait pas la différence entre les sexes
se situe résolument dans le cadre d'une représentation
d'un monde dominé par les hommes où les femmes
18
occupent une fonction « naturelle ». Un monde
« assez bien réparti » puisque chacun est à sa place
« naturellement » et qu'il serait donc inutile de faire
évoluer ou de changer.
.
« A la préhistoire, les hommes étaient
des chasseurs et les femmes
cueillaient. »
19
participaient ainsi au dépeçage et les hommes ne
chassaient donc pas vraiment.
Larchéologue Jeannine Davis-Kimball a découvert,
en 1997, la tombe d'une femme « homo sapienne »,
au Kazakhstan, enterrée avec des armes de jet mon-
trant ainsi son statut de guerrière. Nous sommes
bien loin du mythe de la femme protectrice des
enfants attendant patiemment que l'homme rentre
de la chasse. Enfin, l'anthropologue Paola Tabet (La
Construction sociale de l'inégalité des sexes. Des outils et
des corps, 2000) constate que la plupart des ethno-
logues ne s'intéressent pas à la différenciation des
outils selon le sexe des individus dans ces sociétés
comme relation de complémentarité mais plutôt
comme fondement des « limites » que la nature
imposerait aux femmes. Après avoir étudié différentes
tribus, elle démontre ainsi que « l'emploi et le
Vl
c
contrôle des outils par les femmes sont limités de
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façon précise, ce qui suggère que ce sont les outils
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<1l qui déterminent l'attribution des différentes activités
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<1l aux femmes ou leur exclusion. » Comme on peut le
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ro constater, la division sexuelle du travail n'est pas
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récente et deviendra un instrument de la domination
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masculine relayée par les images d'Épinal dans les
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......
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livres d'histoire .
Ol
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a.
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u
20
La femme qui prend le sens inverse de sa direction
initiale en voiture, cela peut arriver. Et l'homme qui
se perd dans un lieu connu, aussi. Seulement, dans le
premier cas, on le fait remarquer : « C'est normal,
t'es une femme ! » Pour justifier cela, une explication
soi-disant historique est souvent fournie : à l'origine
les hommes chassaient et les femmes gardaient la
grotte, donc pour la survie de l'espèce il fallait que les
mâles aient une boussole dans la tête. Seul problème,
rien ne prouve que la répartition des tâches se faisait
ainsi à l'époque.
On a aussi longtemps cru que ces différences de
performances étaient liées au fait que les hommes
utiliseraient plus volontiers leur hémisphère cérébral
droit, spécialisé dans la représentation spatiale et le
raisonnement mental, tandis que les femmes s' ap-
puieraient plus sur leur hémisphère gauche, dédié au
Vl
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langage et au raisonnement analytique. Pour légitimer
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cette idée reçue, une célèbre étude menée auprès des
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<1l chauffeurs de taxi londoniens avait ainsi montré
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<1l qu'une zone de leur hémisphère droit s'activait
ro
u
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ro quand on leur demandait de penser au trajet d'un
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déplacement. Au vu des derniers résultats de la
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recherche scientifique, on est en droit de se demander
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ce que signifie réellement cette étude. Et si on avait
Ol
ï::::
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a.
testé des femmes chauffeures de taxis, n'aurait-on pas
0
u constaté le même phénomène ? Car les observations
récentes faites avec l'imagerie moderne montrent que
les deux hémisphères cérébraux sont en communica-
tion et en interaction permanente. Il a pu être montré
que les performances du cerveau n'ont pas de liens
avec le sexe de la personne. En effet, les différences
entre deux individus d'un même sexe peuvent être
plus importantes que celles constatées chez deux
individus de sexe opposé.
21
«Les femmes et les hommes
n'ont pas le même cerveau.»
22
dans les tests scolaires. Lorsque l'on présente un test
comme un test de géométrie, les garçons réussiront
mieux que les filles, et ce sera le contraire si celui-ci
est proposé comme un test de dessin. Pourquoi ? Tout
simplement parce que dès le plus jeune âge à l'école
les garçons ont été confortés dans le fait qu'ils avaient
plus d'aptitudes et étaient meilleurs dans les matières
scientifiques et techniques alors que les filles seraient
plus performantes dans les matières littéraires et artis-
tiques. En effet, lorsqu'un individu se sait porteur
d'un stéréotype, il va déclencher celui-ci pour le légi-
timer selon le contexte et l'environnement. Ainsi, une
fille pourra échouer ou ne se projettera pas à l'école
dans certaines matières afin de justifier inconsciemment
cette pression sociale stéréotypée.
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« Les hommes ont des besoins sexuels
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plus importants que les femmes. »
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De toutes les hormones présentes dans le corps de
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l'homme et de la femme, la testostérone est celle dont
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on parle le plus : elle est dans notre imaginaire celle
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a.
qui correspond à des valeurs viriles, elle est synonyme
0
u de force et de puissance ou d'agressivité. Certains
vont même jusqu'à dire que l'on pourrait expliquer la
domination masculine par ce surplus de testostérone
qu'auraient les hommes.
23
imparfaite à l'échelon individuel du fait de l'interaction
avec d'autres facteurs d'altération du désir sexuel et de
la testostérone. En effet, le désir sexuel ou libido est
une pulsion psycho biologique, qui s'alimente de deux
sources : sensorielle exogène, à l'extérieur de l' orga-
nisme, et endogène, correspondant aux fantasmes et
aux idées sexuelles de l'individu.
Chez les hommes, la production de cette fameuse
testostérone se situe dans les testicules et c'est en
grande partie elle qui est responsable de la croissance
de l'adolescent, de l'arrivée des poils pubiens, de
l'agrandissement du pénis, du bon maintien de la pro-
state et du comportement sexuel. Ces valeurs toutes
masculines ont sans doute fait occulter longtemps que
les femmes produisent également de la testostérone
(mais en moindre quantité) aux niveaux des ovaires et
des glandes surrénales.
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Comme le souligne Catherine Vidal : « malgré les
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apparences, ce n'est pas la testostérone qui est déter-
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<1l minante pour induire le comportement sexuel mâle,
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<1l mais l' œstradiol, hormone femelle ! En effet, testosté-
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u
>
ro rone et œstradiol sont chimiquement très proches.
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Chez l'humain, il est maintenant clairement établi
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que ces deux hormones sont produites, l'une et l'autre,
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chez un même individu mais dans des proportions
Ol
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>-
a.
différentes. Les bains hormonaux qui modèlent
0
u chaque sexe ne sont donc pas foncièrement différents.
Raisonner en opposant l'action de la testostérone à
celle des œstrogènes est une vue simpliste qui ne
correspond pas à la réalité biologique. »
Une autre raison historique et culturelle peut être
avancée. Pendant des siècles, la suspicion a pesé sur le
désir féminin. Le danger était qu'une femme trop
désirante recherche ailleurs que chez son mari la
satisfaction de ses pulsions, avec le risque d'enfants
adultérins. On a donc longtemps préféré croire que le
24
désir féminin était tout entier tourné vers la mater-
nité, et qu'il devait s'y cantonner. Et les femmes de
s'en convaincre ! Aujourd'hui, avec la liberté sexuelle
et la reconnaissance du plaisir chez la femme, les
rôles ont considérablement évolué, mais de nombreuses
femmes restent encore inévitablement porteuses de
cette histoire.
25
versions, le rôle de l'homme est prédominant puisque
c'est grâce à lui que le processus de la reproduction est
activé. La femme était alors considérée comme un
« réceptacle ». Comme le souligne, l'anthropologue
Françoise Héritier (Masculin-Féminin, 1996) « dans
ce système de valeurs, ce sont les hommes - actifs -
qui possèdent cette maîtrise, qui transforment la
nature». Même si on ne nie plus ouvertement de nos
jours le rôle de la femme dans le système reproductif,
l'idée reçue de la femme passive en « attente » perdure
encore cependant dans le langage : ne dit-on pas qu'une
femme « tombe » enceinte et « attend » un enfant,
verbes à connotation éminemment passive !
26
mariant sa fille à quelque représentant d'une autre
puissance). Une autre raison peut être évoquée, celle
de la transmission des biens au niveau économique
par le père et d'ailleurs le mot « patrimoine » du
latin patrimonium signifie littéralement « héritage du
père ». Le Code civil en 1804 confirmera par la loi
cette supériorité du mari puis du père. On peut
raisonnablement penser que toute cette mémoire
historique reste profondément inscrite dans l'incon-
scient collectif. Le langage, lui-même, contribue à
donner une certaine primauté au fils. En effet, on
parlera d'un garçon et d'une fille pour désigner de
quelconques enfants mais on utilisera un terme spéci-
fique « fils » pour nommer son propre garçon et la
fille restera « une » fille !
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Avec la maternité, les femmes
«
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développent un instinct maternel. »
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Qu'est-ce que l'instinct maternel ? Une femme naît-
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elle instinctivement nourricière et protectrice? Est-ce
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......
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que quelque chose se modifie en elle pendant la grossesse
Ol
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>-
a.
et la rend maternelle? Cette réactivité accrue est-elle due
0
u à la stimulation du nourrisson? Une femme peut-elle
«perdre» son instinct maternel ? Si les femmes aiment
«instinctivement» leurs bébés, alors pourquoi trouve-
r-on tant d'exemples de femmes ayant contribué,
directement ou indirectement, à leur mort ? Pourquoi
des mères adoptent-elles vis-à-vis de leurs propres
enfants des comportements discriminatoires ? Et les
pères ? Auraient-ils eux aussi un instinct« maternel» ?
Un père peut ne pas éprouver de soi-disant instinct
sans pour cela ne pas aimer son enfant. Si les hommes
27
ont peut-être plus de retenue, c'est que les discours et
les normes sociales ont davantage privilégié la relation
entre la mère et l'enfant.
L'instinct au sens littéral signifie impulsion, une
tendance innée commune à tous les êtres vivants d'une
même espèce : l'instinct de survie, l'instinct de repro-
duction, etc. Pour légitimer cet instinct maternel, une
lecture naturaliste réduite à l'observation des animaux
est souvent utilisée. L'anthropologue et sociobiologiste
américaine Sarah Blaffer Hrdy (Les Instincts maternels,
2002) dénomme cet attachement émotionnel des mères
vis-à-vis de leurs enfants dans les heures suivant la
naissance par le terme « Velcro » , utilisé lors d'études
scientifiques sur les moutons et les brebis. En effet, les
brebis sont intransigeantes dans la discrimination des
agneaux qu'elles acceptent. Elles imprègnent ceux-ci
de liquide amniotique juste après la naissance et
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rejette tout autre qui n'a pas cette odeur. Extrapoler
0
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les comportements des brebis aux mères humaines
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<1l paraît bien évidemment un raccourci dangereux!
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L
<1l Car ce qui est observable chez les animaux ne l'est
ro
u
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ro pas pour les êtres humains puisque ceux-ci sont dotés
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d'un néocortex leur permettant d'exercer un libre-
,....,
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arbitre et des sentiments qui se traduiront par des
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choix de comportements, quelques fois inconscients
Ol
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>-
a.
dictés par la pression sociale.
0
u Cela ne signifie pas que les mères n'éprouvent
pas de sentiments vis-à-vis de leurs enfants. Bien
entendu, le temps passé avec son bébé juste après
l'accouchement stimule sans doute le désir de la mère
de poursuivre une activité aussi gratifiante. Le fait de
reconnaître son bébé, d'apprendre son odeur et, sur-
tout, le début de la lactation modifient l'état physio-
logique de la mère.
Mais que de questions et de débats lorsqu'on
aborde le thème de l'instinct maternel ! La philosophe
28
Élisabeth Badinter dans son ouvrage Le Conflit
(2010) souligne que « l'idée que la femme est natu-
rellement mère peut être considérée comme un retour
à une tradition millénaire ». Catherine Vidal, neuro-
biologiste (Le cerveau évolue-t-il au cours de la vie ?,
2009), ajoute : « La question de l'instinct maternel est
une question propice à l'idéologie. Qu'il existe un
instinct maternel chez l'animal, c'est une évidence. Le
problème de fond est l'extrapolation à l'humain que
l'on voudrait réduire à une machine cérébrale qui
obéirait simplement aux hormones. »
Ce qui existe réellement, c'est un ensemble de
valeurs, d'idéologies connotées moralement qui
conduisent les femmes à ne pas se ressentir « femme »
si elles n'éprouvent pas le désir d'avoir des enfants,
et encore moins « mère » si elles ne ressentent pas un
élan affectif spécifique vis-à-vis de leur enfant.
Vl
c
Il suffit d'observer la pression exercée par l' entou-
0
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rage sur un jeune couple avec cette question récur-
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<1l rente : « C'est pour quand ? » pour comprendre que
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L
<1l non seulement la femme se doit d'être mère mais
ro
u
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ro qu'elle doit savoir qu'elle en retirera aussi des bénéfices
~
\0
secondaires qu'elle ignore en développant un instinct
,....,
0
N
maternel unique.
@
......
.!:::
Ol
ï::::
>-
a.
Une lecture naturaliste de l'instinct maternel permet
0
u de positionner la femme à une place « naturelle » qui
serait celle de faire des enfants et qu'elle n'aurait
jamais dû quitter. L enjeu concernant l'égalité entre
les femmes et les hommes est alors considérable car le
schéma traditionnel de la femme à la maison s' occu-
pant des enfants (puisque c'est naturel !) et l'homme
tourné vers l'extérieur pour subvenir aux besoins du
foyer prend, ici, toute sa dimension culpabilisatrice et
empêche toute autonomie.
29
«C'est quand même bien les femmes
qui éduquent les enfants ! »
30
l'activité professionnelle des femmes. Et les pratiques
d'éducation ont par conséquent changé. Néanmoins,
les transmissions des idées reçues entre générations
restent très prégnantes car inscrites au plus profond
de notre mémoire individuelle et collective. Certes,
les méthodes éducatives se transforment et progressent
mais très lentement.
31
des activités et que celles-ci vont venir chercher leurs
enfants.
Aujourd'hui, de nombreux pères revendiquent une
place à part entière dans l'éducation des enfants.
Cependant, lorsque la responsabilité est partagée par
les deux parents, alors la distribution des rôles reste
sexuée. Les pères vont s'occuper davantage des loisirs
et des activités extérieures, les mères gérant plus l' édu-
cation quotidienne comme l'hygiène ou les devoirs.
Le partage traditionnel des rôles sexués dépendra
aussi de l'appartenance à la classe sociale d'origine des
parents. Ces dernières années, les divorces, les gardes
partagées et les autres évolutions de la vie conjugale
ont fait considérablement évoluer les postures dans le
sens d'une responsabilité polyvalente du père et de
la mère dans l'éducation des enfants, toutes classes
sociales confondues. Les rôles parentaux dans les
Vl
c
jeunes générations adultes changent et sont l'amorce
0
:µ
-0
de la construction de nouveaux rôles sociaux dans
'<ll
::::>
<1l les familles.
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
\0
,....,
0
N
« Le rose, c'est pour les filles ...
@
......
.!:::
et le bleu, pour les garçons. »
Ol
ï::::
>-
a.
0
u
32
habitude qui perdure si ce n'est la reproduction de
stéréotypes où l'acquis se transforme véritablement en
inné et qu'il est difficile d'y échapper tant la « dicta-
ture » du rose est omniprésente dans le « royaume »
marketing des petites filles.
Alors, pourquoi rose et bleu ? Plusieurs hypothèses
sont avancées. Il semblerait que dans la Grèce
antique, on attribuait la couleur bleue aux familles
ayant un garçon (ceci était une richesse car celui-ci
plus tard pourrait travailler dans les champs) et on
disait que ces familles étaient bénies des dieux ... Et
les dieux grecs habitaient dans l'Olympe qui se situe
dans le ciel bleu de la Grèce ! La couleur rose repré-
sentait la chair du bébé. Mais d'autres hypothèses
sont avancées, ne parle-t-on pas de sang bleu pour
le sang royal ? La couleur des uniformes de la guerre
de 14-18 était bleue et ce pourrait être aussi l'une des
Vl
c
références.
0
:µ
-0
Ces symboles du rose et du bleu, prétendument
'<ll
::::>
<1l affectés aux filles et aux garçons depuis la nuit des
ëi5
L
<1l temps, ne sont guère crédibles. Le célèbre tableau
ro
u
>
ro d'Auguste Renoir Madame Charpentier et ses enfants,
~
\0
en 1878, ne nous montre-t-il pas un garçon et une
,....,
0
N
fille vêtus d'une même robe bleue? D'ailleurs, au
@
......
.!:::
début du :xxe siècle, le blanc et les robes étaient la
Ol
ï::::
>-
a.
norme pour les enfants jusqu'à l'âge de cinq ans.
0
u Il faut davantage situer l'omniprésence du rose
pour les filles par l'avènement de la poupée Barbie en
1959 et les films de Disney où la couleur rose devient
un symbole de marketing reconnaissable, permettant
aux petites filles de s'identifier au monde merveilleux
des princesses.
Il est intéressant de constater que l'imaginaire
social de ces deux couleurs perdurent dans de nom-
breuses sociétés dans le monde avec pourtant des
cultures, des histoires et des religions différentes.
33
« Les garçons préfèrent jouer avec
des camions et des ballons. »
34
pages, les couleurs bleue et rose apparaissent accom-
pagnées de tous les stéréotypes et symboles sexués.
Pour les garçons, on retrouvera des jouets faisant
appel à la vitesse, à la violence, au bricolage ou à la
mécanique et pour les filles, ce sera le ménage, les
poupées ou bien les princesses. Quelques fois, on
trouve un garçon et une fille réunis dans la même
page, mais, là encore, le marquage sexué est très net.
Outre les photos des jouets, il est intéressant d'analyser
la présentation de ces derniers. À titre d'exemple, sur
la même page d'un catalogue récent d'une marque
d'hypermarché, on découvre un petit garçon devant
un « chariot médical tronic » avec le commentaire
suivant : « Le chariot idéal pour jouer au médecin.
15 accessoires avec fonctions lumineuses électro-
niques. Fonctionne avec 4LR44 incluses ». Quant à la
fille, elle se retrouve devant un « Clean service », avec
Vl
c
cette description : « Super, ton chariot pour faire le
0
:µ
-0
ménage dans toute la maison. Livré avec de nombreux
'<ll
::::>
<1l accessoires pour tout nettoyer ». Il est proposé au
ëi5
L
<1l garçon un métier loin d'être inintéressant, il a droit à
ro
u
>
ro des informations techniques alors qu'on s'adresse à
~
\0
la fille en la tutoyant, certainement parce qu'elle fait
,....,
0
N
le ménage!
@
......
.!:::
Aujourd'hui, de nombreux parents vous diront
Ol
ï::::
>-
a.
qu'ils incitent leurs enfants à jouer de manière indif-
0
u férenciée en achetant une poupée à leur garçon et un
camion à leur fille. Même si cette volonté est louable,
c'est sans compter sur la pression sociale et le regard
des autres à l'extérieur, à l'école ou ailleurs. De plus,
la projection de la future orientation sexuelle de l'en-
fant est profondément intériorisée par les parents. On
s'inquiètera davantage de l'attitude d'un garçon de
dix ou onze ans jouant à la poupée en se posant des
questions sur son orientation sexuelle, sans imaginer
qu'il peut se préparer à son futur rôle de père. On sera
35
beaucoup moins troublé par le jeu d'une fille avec un
camion car la connotation sexuelle ne sera pas ressentie
de la même manière.
Suite à de nombreuses revendications d' associa-
tions, des magasins essayent de se positionner autre-
ment et éditent des catalogues de jouets moins
stéréotypés. C'est le cas des magasins U qui depuis
trois ans ont lancé une initiative en proposant des
pages où l'on voit des filles jouer avec des camions
et des garçons jouer à la poupée. Néanmoins, tout
ceci est relatif, car les rubriques « filles » et « garçons »
demeurent.
36
invoquant l'instinct maternel ou bien la tradition
d'une éducation maternelle et que certains pères
devant l'immensité de la tâche à venir renoncent
facilement et s'arrangent avec cette décision.
Néanmoins, l'évolution des mœurs et des mentalités,
ainsi que l'implication des pères dans l'éducation
des enfants ont pour conséquence une forte augmen-
tation de la garde alternée puisqu'elle a progressé
de 70 o/o entre 2003 et 2012. Et de plus en plus de
parents vont même jusqu'à habiter à proximité pour
ne pas perturber l'environnement social des enfants.
Aujourd'hui, un divorce, lorsqu'il est consenti
mutuellement, n'a plus la même résonance ce qui
implique un regard social différent. Mais paradoxale-
ment, beaucoup vont encore plaindre un père qui se
retrouve seul avec ses enfants : « Comment fait-il ? Il
est bien courageux ! » Évidemment, une mère, seule,
Vl
c
avec ses enfants, c'est la normalité. Les mentalités et
0
:µ
-0
les représentations progressent plus lentement que
'<ll
::::>
<1l les faits.
ëi5
L
<1l C'est lorsque le divorce est conflictuel (10 % des
ro
u
>
ro cas) que les enfants deviennent souvent un objet de
~
\0
chantage de part et d'autre et que les pères peuvent
,....,
0
N
ressentir le fait d'être désavantagés. En effet, d'après
@
......
.!:::
une étude du ministère de la Justice, dans 63 °/o des
Ol
ï::::
>-
a.
cas, c'est la mère qui obtient la garde contre 19 °/o au
0
u père. Est-ce que les juges, dans un réflexe stéréotypé,
tiennent compte des troubles psychologiques des
enfants dus au conflit entre les parents et pensent que
la mère saura plus les protéger ? C'est une bonne
question, mais n'oublions pas quand même que les
juges prennent en considération différents critères
comme par exemple: qui se charge davantage de
l'éducation des enfants ? Et, là, ce sont encore les
' . .
meres en ma1onte.
/
37
Il y a de plus en plus d'hommes qui
«
participent aux travaux domestiques. »
38
mimétisme, soit par apprentissage. Les hommes,
même s'il ne faut pas généraliser, ont sur le sujet une
mémoire historique beaucoup plus sélective. Comme
le souligne l'anthropologue Françoise Héritier, depuis
que l'être humain est apparu sur Terre, le symbole des
femmes était l'eau et les hommes le feu. Ainsi, installez
un barbecue au milieu d'un jardin, et vous verrez des
hommes tourner autour !
- La reproduction des stéréotypes de genre à tra-
vers les livres pour enfants ou bien les jouets ne font
qu'accentuer cet apprentissage des tâches domestiques
par les filles. Dans la plupart de ces livres, les femmes
sont souvent en activité et occupées à des tâches
domestiques.
- Les femmes intériorisent cette dimension comme
un « élément » constitutif de leur personnalité au
détriment de leur trajectoire professionnelle en choi-
Vl
c
sissant des métiers « adaptés » au rythme scolaire
0
:µ
-0
(pour le choix d'un emploi, 26 o/o des femmes sélec-
'<ll
::::>
<1l tionnent en fonction des horaires contre 10 °/o des
ëi5
L
<1l hommes). Elles s'éloignent moins du domicile que
ro
u
>
ro les hommes et participent moins à des sessions de
~
\0
formation continue (32 % des femmes contre 45 %
,....,
0
N
des hommes). Parmi la population travaillant à temps
@
......
.!:::
partiel, les femmes sont représentées à 84 °/o, et ce
Ol
ï::::
>- « choix » est bien souvent subi pour concilier les
a.
0
u différents temps de vie entre le travail et la maison.
- Quelques fois les hommes, pour justifier cette
absence d'engouement pour les travaux domestiques,
utilisent des arguments plus ou moins fallacieux
comme, par exemple, le fait d'évoquer que les femmes
seraient plus compétentes dans les travaux domes-
tiques. En effet, celles-ci ont développé plus de savoir-
faire du fait de leur éducation mais nous savons
qu'avec un peu de bonne volonté ou par nécessité,
tout cela s'apprend facilement.
39
- Une autre raison, moins souvent évoquée par les
femmes mais qui fait fréquemment débat au sein des
couples, est que, même si les hommes veulent bien
aider, les femmes ne leur laissent pas toujours de la
place et vont même jusqu'à les empêcher d'exécuter
la tâche car elles anticipent que ce ne sera pas fait
comme elles le voudraient. Combien d'hommes
devant le lave-linge ont entendu cette phrase :
« Laisse tomber cela, tu vas me mélanger les cou-
leurs ! » Si les femmes veulent avancer vers un partage
équitable des tâches, il faut aussi qu'elles admettent
que ce sera fait différemment.
40
médecin ou bien pour faire faire les devoirs ou aller à
la réunion de parents d'élèves.
Cette question du partage des tâches domestiques
n'est pas un simple problème privé, car il peut être
facile de dénoncer les inégalités dans la sphère
publique ou professionnelle alors que le premier
obstacle à l'égalité se trouve chez soi ! En Suède, où le
congé parental est entièrement rémunéré (sa durée
est de 480 jours, 60 réservés à la mère et 60 au père,
les 360 jours restants sont librement partageables), le
partage des tâches domestiques reste néanmoins
inégalitaire (60 o/o contre 70 % en France). Cependant,
les pères suédois consacrent 4 h par semaine à
s'occuper des tout-petits contre 2 h pour les pères
français. Ce qui démontre l'importance de mesures
positives en ce domaine.
Vl
c
0
:µ
-0
'<ll
::::>
<1l « Il y a aussi des hommes battus. »
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
\0
Ce n'est pas une idée reçue et il est stupide de nier
,....,
0
N
ce phénomène : oui, c'est une réalité, il existe bien des
@
......
.!:::
hommes battus par leur conjointe : ce sont 77 000
Ol
ï::::
>-
a.
hommes qui ont déclaré avoir été victimes de violences
0
u physiques ou sexuelles intra-ménage en 2013, dont
6 % qui ont porté plainte (source : Secrétariat d'État
aux Droits des femmes et à l'égalité). À ces statis-
tiques, il faut certainement ajouter un certain nombre
d'hommes qui n'osent pas le déclarer par honte.
Néanmoins, nous sommes en présence de déclara-
tions et en l'absence de toutes statistiques précises ou
recherches approfondies et sérieuses sur l'ampleur
du phénomène, il est donc difficile de se prononcer
définitivement.
41
Néanmoins, cette violence faite aux hommes
demeure encore un tabou et le silence règne sur cette
situation. L'idée reçue de la femme qui, par « défini-
tion », est douce, fragile et a moins de force qu'un
homme et, par conséquent, ne peut pas le battre, est
profondément inscrite dans les esprits.
Dans le cadre de cette violence, l'homme se retrouve
fragilisé au niveau de ses repères construits depuis
l'enfance. En parler à d'autres devient presque impos-
sible car cette question est très peu médiatisée et sou-
vent ignorée ou tournée en dérision.
Les femmes sont-elles donc capables de violence ?
Elles peuvent l'être tout autant que les hommes. Dans
son livre Fausse Route (2003), Élisabeth Badinter cite
maints exemples de violences perpétrées par les femmes,
de la participation active de femmes nazies à l'entre-
prise de destruction massive des camps de la mort
Vl
c
pendant la Shoah, aux maltraitances sur leurs propres
0
:µ
-0
enfants dont certaines femmes se rendent coupables,
'<ll
::::>
<1l en complicité ou non.
ëi5
L
<1l En France, un homme meurt tous les 13 jours
ro
u
>
ro assassiné par sa conjointe ou compagne mais il convient,
~
\0
toutefois, de nuancer ce chiffre car, même s'il est
,....,
0
N
inacceptable, dans 75 o/o des cas la femme était en état
@
......
.!:::
de légitime défense .
Ol
ï::::
>-
a.
Il est encore compliqué de s'intéresser au conjoint
0
u battu car l'ignorance sur le sujet est générale. Peu de
chercheurs questionnent cette problématique et peu
de statistiques crédibles existent. Il y a encore trente ans
le phénomène des femmes victimes de violences se
heurtait au déni de la société et prêtait même quelques
fois à sourire. Tout le travail de sensibilisation et d'infor-
mation mené par les associations puis relayé par l'État
donne aujourd'hui des résultats, il faut espérer qu'il ne
faudra pas attendre aussi longtemps pour que ces
hommes battus puissent le dire sans avoir honte.
42
« Si elles sont battues ...
elles n'ont qu'à partir ! »
43
de production dues aux décès, des incarcérations, de
l'absentéisme et, enfin, des coûts humains.
Pour beaucoup de personnes, la question reste tou-
jours la même « Si elle est battue et si mal, pourquoi
ne part-elle pas ? » C'est souvent l'incompréhension,
si on ne connaît pas le cycle de la violence au sein
d'un couple. Maryse Jaspard, l'une des auteures de la
première enquête qui a permis de dévoiler l'ampleur
du phénomène (ENVEFF, 2001), donnait cette défi-
nition : « La violence est fondée sur un rapport de
force ou de domination qui s'exerce par les brutalités
physiques ou mentales entre au moins deux personnes.
Il s'agit d'imposer sa volonté à l'autre, de le dominer,
au besoin en l'humiliant, en le dévalorisant, le harce-
lant jusqu'à sa capitulation et sa soumission. »
Ce cycle des violences qui a été étudié se répète
toujours de la même manière. Ainsi l'homme et la
Vl
c
femme s'enferment dans la spirale de la violence qui
0
:µ
-0
croît en fréquence et en intensité. Dans la majorité
'<ll
::::>
<1l des cas le comportement du conjoint violent est de
ëi5
L
<1l plus en plus dangereux et s'aggrave avec le temps.
ro
u
>
ro Cette évolution peut se développer sur de très longues
~
\0
périodes. Il peut y avoir violence psychologique et
,....,
0
N
verbale pendant des années avant la première agression
@
......
.!:::
physique. Ces agressions peuvent être concomitantes
Ol
ï::::
>-
a.
et entrecoupées de périodes de calme.
0
u
44
Que dit la loi ?
45
entre les sexes qui demeurent dans l'ensemble des
champs de notre société développent ces comporte-
ments de violences. Lutter contre les violences faites
aux femmes, c'est combattre aussi toutes les violences
symboliques qui renforcent la domination masculine
et sont les prémisses des violences physiques.
Vl
c
0
:µ
-0
'<ll
::::>
<1l
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
\0
,....,
0
N
@
......
.!:::
Ol
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>-
a.
0
u
46
''
VIE PROFESSIONNELLE
Françoise Giroud
Vl
c
0
:µ
-0
'<ll
::::>
<1l
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L
<1l
ro
>
ro
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,....,
0
N
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......
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Ol
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>-
a.
0
u
Vl
c
0
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-0
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<1l
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
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,....,
0
N
@
......
.!:::
Ol
ï::::
>-
a.
0
u
« Maintenant, elles font des études
supérieures comme les hommes ! »
49
lors de l'entrée dans les classes préparatoires aux
grandes écoles puisqu'elles sont 42, 1 o/o. Et la réparti-
tion au niveau des disciplines est significative :
29,7 °/o dans les préparations scientifiques, 54 % dans
les préparations économiques et 73, 7 % dans les
préparations littéraires (source : ministère de !'Éduca-
tion, 2013). Enfin, au niveau des diplômes, elles
ne sont que 28 °/o parmi les ingénieurs.
Il est d'ailleurs intéressant de constater que même
lorsqu'elles parviennent à devenir ingénieures dans
une discipline technique ou scientifique, leurs trajec-
toires professionnelles bifurquent bien souvent vers
d'autres types de métiers comme les ressources
humaines ou bien la communication. Est-ce l'effet du
« plafond de verre » (c'est-à-dire la ségrégation verti-
cale ou les barrières virtuelles excluant les femmes des
niveaux hiérarchiques les plus élevés dans la majorité
Vl
c
des organisations) ou bien les stéréotypes de sexe
0
:µ
-0
reproduits par l'entourage, les organisations et les
'<ll
::::>
<1l filles elles-mêmes ? Certainement, une combinaison
ëi5
L
<1l des deux.
ro
>
ro
u
~
\0
Les filles, depuis les années 1970, réussissent tou-
,....,
0
N
jours mieux dans les études et, ce, quelles que soient
@
......
.!:::
les matières. Mais elles se projettent dans des études à
Ol
ï::::
>-
a.
moins longue durée que les garçons car elles ont une
0
u projection familiale plus précoce que ceux-ci et elles
intériorisent ce que la société véhicule, c'est-à-dire le
fait d'avoir moins de compétences que les garçons en
se dirigeant vers des études prétendument réputées
plus faciles et plus féminines comme les disciplines
littéraires ou généralistes.
50
Tous les métiers
«
ne sont pas mixtes. »
51
professionnels et à des métiers plus « féminisés » : 12
des 87 familles professionnelles concentrent environ
50 o/o des femmes. Parmi ces professions, on retrouve
les domaines suivants : l'aide à la personne, l'enseigne-
ment, l'accueil, l'écoute ou bien la santé qui font appel
à des compétences soi-disant naturelles des femmes.
« Vous savez combien pèse un sac de ciment ? C'est
trop lourd pour une femme ! » Voici une phrase que
l'on peut entendre souvent lorsque des personnes
défendent le fait qu'il est normal que tous les métiers
. .
ne soient pas mixtes.
Vous le savez, vous, combien pèse un sac de ciment?
Eh bien, depuis 2002, en limitant à 35 kg au lieu de
50 kg le poids des sacs de ciment, les industriels ont
provoqué dans la profession une véritable révolution.
D'ailleurs, 35 kg, c'est aussi lourd pour un homme!
Mais s'interroge-t-on sur le poids que soulève en
Vl
c
moyenne en une heure une femme travaillant à la caisse
0
:µ
-0
d'un hypermarché (environ 800 kg) ou bien celle
'<ll
::::>
<1l exerçant dans les métiers d'aide à la personne où il
ëi5
L
<1l faut souvent retourner un corps dans un lit?
ro
u
>
ro Lon voit bien dans ces exemples que l'ancrage
~
\0
profond des images stéréotypées définissant un métier
,....,
0
N
comme «masculin » fait souvent référence à la force
@
......
.!:::
physique. D'autres notions doivent être prises en
Ol
ï::::
>-
a.
considération et notamment des critères historiques,
0
u économiques et sociologiques.
Par exemple, pendant la Première Guerre mondiale,
les femmes ont pu occuper les places des hommes dans
les usines sans que cela ne trouble qui que ce soit. À
Renault Billancourt, la population féminine en janvier
1914 représentait 3,8 °/o des effectifs pour atteindre
31,6 % au printemps 1918. N'oublions pas, non plus,
que jusqu'en 1965, les femmes devaient demander
l'autorisation de travailler à leur mari, et certains bas-
tions masculins sont restés hermétiquement fermés aux
52
femmes jusqu'à peu. Ainsi, pendant huit siècles, les
Compagnons du devoir du tour de France sont restés
entre hommes. Elles n'étaient qu'une dizaine en 2004,
lorsque l'association ouvrière a enfin décidé, lors d'une
assemblée générale, d'admettre les élèves de l'autre
sexe. Les filles représentent désormais 10 o/o des pro-
motions de cette institution prestigieuse.
La notion de mixité des métiers est bien une cons-
truction socioculturelle selon les sociétés. Par exemple,
dans les anciens pays de l'Est ou d'Asie, les femmes
exercent de manière indifférenciée les mêmes métiers
que les hommes. Ailleurs, les représentations des métiers
« féminins» et « masculins » seront inversées comme
en Afrique ou en Turquie où la couture est un métier,
valorisé, majoritairement occupé par les hommes. Dans
d'autres lieux, les femmes ne se contentent pas d'occuper
les mêmes métiers que les hommes, elles exercent aussi
Vl
c
les plus hautes responsabilités dans les entreprises.
0
:µ
-0
Ainsi, la Géorgie (40 %) , la Russie (36 °/o), Hong
'<ll
::::>
<1l Kong et les Philippines (35 %) arrivent en tête des pays
ëi5
L
<1l où les femmes sont les plus représentées dans les postes
ro
u
>
ro de direction (étude publiée en 2014 par le cabinet
~
\0
d'audit et de conseil Grant Thorn ton). En conclusion,
,....,
0
N
oui, tous les métiers sont mixtes, il suffit peut-être
@
......
.!:::
d'une volonté politique collective et de s'organiser
Ol
ï::::
>-
a.
pour favoriser cette mixité professionnelle.
0
u
53
une fée, la fée du logis. Évidemment, ces expressions
renforcent les « compétences naturelles » de la
femme pour les travaux domestiques. Il n'existe
d'ailleurs pas d'équivalent masculin au mot « fée ».
Ainsi, les femmes choisiraient tout « naturellement »
des métiers dits féminins où elles excelleraient ! Bien
souvent, ces métiers font appel à des compétences
liées au « care » et à l'éducation des enfants : la santé,
l'éducation, l'accueil, l'écoute, l'aide à la personne,
etc.
Sur 450 métiers répertoriés, les femmes se retrouvent
à 80 o/o dans 20 métiers mettant en œuvre ces
compétences « naturelles » . Il est donc nécessaire de
travailler sur le choix des jeunes filles en informant
sur d'autres métiers développant d'autres compétences
et évidemment de sensibiliser à ces stéréotypes susci-
tant des réflexes de genre « naturels ».
Vl
c
0
:µ
-0
Cette question de la naturalisation de certaines
'<ll
::::>
<1l compétences peut être aussi observée pour certaines
ëi5
L
<1l populations qui seraient particulièrement adaptées
ro
u
>
ro à certaines tâches du fait de leur morphologie ou
~
\0
couleur de peau. L ethnicisation des tâches désigne
,....,
0
N
un certain type de discrimination stéréotypée à l'en-
@
......
.!:::
contre d'une personne du fait de son appartenance
Ol
ï::::
>-
a.
ethnique. Par exemple, des entreprises ne vont recruter
0
u que des femmes asiatiques parce qu'elles sont soi-
disant minutieuses ou bien les gardiens de sécurité
dans un hypermarché ne pourrait être que des hommes
de fortes corpulences et d'origine africaine. Les
représentations stéréotypées sont telles qu'une
femme championne de karaté ne pourrait pas exercer
ce métier car la force ne fait pas partie du registre de
ces compétences « naturelles ».
54
« Si elles font des métiers d'hommes,
elles vont perdre leur féminité. »
55
«Elles peuvent déstabiliser s'il n'y a
que des hommes dans une équipe. »
56
Par sa simple présence et son autorité « naturelle »,
l'homme imposerait une harmonie entre les femmes.
Pourtant, ne dit-on pas qu'il faut faire attention
lorsque le coq est lâché dans le poulailler ! Alors, com-
bien de temps encore les femmes seront considérées
comme ces éternelles perturbatrices d'un monde du
travail au masculin ? La mixité s'apprend et doit être
l'affaire de toutes et de tous.
57
hommes. Mais dans les dix dernières années, leur
nombre a augmenté deux fois plus vire pour les
femmes (+179,5 °/o) que pour les hommes (+91,9 o/o),
(source : ANACT, 2011).
Différents éléments objectifs sont à prendre en
considération quant à l'absentéisme des femmes :
- L'articulation des temps entre la vie profession-
nelle et la vie familiale : toujours entre deux tâches, les
femmes sont contraintes quelques fois de faire le choix
des enfants car ... elles n'ont pas le choix! Dans de
nombreux cas, s'il y a un problème à l'école ou à la
crèche, c'est bien souvent la mère, et non le père, que
l'équipe éducative appelle. Et lorsqu'il y a une « petite »
maladie de l'enfant, le matin au réveil, généralement,
c'est la mère qui prendra sa journée.
- La pénibilité physique des activités est moins
visible tant elle semble intégrée à certains postes majo-
Vl
c
ritairement féminins. Qui prend conscience qu'une
0
:µ
-0
caissière à l'hypermarché porte en moyenne 800 kilos
'<ll
::::>
<1l par heure avec des conséquences musculo-squelettiques
ëi5
L
<1l inévitables ? La pénibilité du cariste dans la réserve
ro
u
>
ro du magasin est reconnue car ce métier a toujours été
~
\0
considéré comme un travail de force pénible alors que
,....,
0
N
les nouvelles technologies ont considérablement dimi-
@
......
.!:::
nué l'effort à fournir. Le travail permanent des femmes
Ol
ï::::
>-
a.
devant un écran dans les pools de secrétariat ou bien la
0
u pression constante exercée au niveau des plates-formes
des standards téléphoniques peuvent causer une cer-
taine forme d'absentéisme.
- La charge mentale de nombreux métiers exercés
par les femmes est très élevée mais pas toujours recon-
nue. Les femmes se retrouvent concentrées dans un
certain nombre de métiers liés à la santé, l'écoute, l' ac-
cueil, l'éducation où elles sont en contact permanent
avec le public ou bien confrontées avec des personnes
en situation de détresse.
58
- Les horaires atypiques dans les métiers de service
ou de nettoyage dans les bureaux ou les hôtels peuvent
conduire à un épuisement bien compréhensible.
Lorsqu'au niveau des entreprises, les tâches sont plus
finement analysées en matière de risques professionnels
et que celles-ci sont traitées en termes de genre, alors le
diagnostic peut conduire à des mesures préventives
efficaces.
Il ne s'agit pas, ici, d'opposer le travail des hommes
à celui des femmes mais simplement de constater que
l'absentéisme des femmes est dû à des contingences
propres aux professions exercées majoritairement par
celles-ci et aux charges qu'elles doivent assu1ner par
ailleurs dans la vie familiale.
Néanmoins, hors les congés maternité, les femmes
restent disponibles et même après l'arrivée des enfants,
les femmes françaises travaillent : 73 °/o restent en acti-
Vl
c
vité pour un enfant de moins de 12 ans, 64 o/o pour
0
:µ
-0
'<ll
deux enfants et 40 % pour trois et plus. Encore une
::::>
<1l fois, la frontière entre l'imaginaire et le réel reste très
ëi5
L
<1l aléatoire.
ro
>
ro
u
~
\0
,....,
0
N
@
......
.!:::
« Entre la crise et les obligations légales,
Ol
ï::::
>-
a.
l'égalité ce n'est pas la priorité ! »
0
u
59
famille monoparentale, etc.) ainsi que le développement
de la précarité font que les femmes travaillent non plus
pour un salaire d'appoint mais parce qu'elles ont
besoin de travailler : au niveau économique mais aussi
au niveau du sens qu'elles donnent à leur vie en tant
qu'individu (femme) libre ne dépendant pas toute la
vie d'un autre individu (homme).
La loi du 13 juillet 1983 (dite loi Roudy, ministre
des Droits des femmes) est la première loi en France
qui consacre le principe del' égalité entre les femmes et
les hommes pour l'ensemble des aspects de la vie pro-
fessionnelle.
Cette loi instituait, notamment pour les entreprises
de cinquante salariés, l'obligation de produire un rap-
port annuel de situation comparée (RSC) sur la situa-
tion professionnelle des femmes et des hommes dans
l'entreprise. Ils' agissait d'analyser les écarts et les inéga-
Vl
c lités professionnelles aussi bien au niveau des salaires
0
:µ
-0
'<ll
que de la promotion, des congés, de la formation
::::>
<1l
ëi5
continue, etc. Malgré les bonnes intentions de cette loi,
L
<1l on ne peut pas dire qu'elle a été très respectée par un
ro
>
u
ro manque de sensibilisation aussi bien de la part des ser-
~ vices des ressources humaines que des syndicats mais
\0
,....,
0
N aussi par un manque de sanctions. Il faut souligner
@
......
.!:::
aussi que la problématique de l'égalité professionnelle
Ol
ï::::
>-
a.
n'était pas très porteuse dans un monde d'hommes au
0
u niveau de l'encadrement.
Depuis de nombreuses lois ont été promulguées et le
processus s'est accéléré avec la loi Génisson (2001), la loi
sur l'égalité salariale (2006) et dernièrement la loi sur
l'égalité réelle entre les femmes et les hommes (2014).
Alors pourquoi, malgré toutes ces lois, l'égalité pro-
fessionnelle entre femmes et hommes demeure encore
un mythe dans notre pays ? L'évolution reste très lente
car ces lois n'étaient pas assez coercitives, notamment,
en termes de sanctions financières. Désormais, les
60
obligations des sociétés sont beaucoup plus strictes
pour les entreprises de plus cinquante salarié-e-s. Les
entreprises qui n'auraient pas mis en place un plan
égalité professionnelle ne pourront plus répondre à un
appel d'offres et l'amende s'élèvera jusqu'à 1 °/o de la
masse salariale. D'autre part, la loi fixe des quotas de
femmes dans les conseils d'administration et de sur-
veillance des grandes entreprises de plus de cinq cents
salariés ayant un chiffre d'affaires de plus de
50 millions d'euros (entreprises publiques et entre-
prises cotées en Bourse). Il est prévu que ces instances
comptent au moins 20 °/o de femmes en 2014 et 40 o/o
en 2017. Le non-respect de ces quotas entraînerait
la nullité des nominations (sauf celles des femmes).
On peut constater l'efficacité de ces mesures puisque
le chiffre de 30 % de femmes représentées dans les
conseils d'administration des grandes entreprises a été
Vl
c
0
atteint en juin 2014. Cet exemple démontre que l' éga-
:µ
-0
'<ll
lité professionnelle réelle entre les femmes et les hommes
::::>
<1l
ëi5
doit être encadrée par la loi avec la mise en œuvre de
L
<1l
ro
mesures coercitives si elle n'est pas respectée. Néanmoins,
>
u
ro il faut nuancer ces avancées car toutes ces mesures ne
~
\0
,....,
concernent toujours que les entreprises de plus de cin-
0
N quante salariés. Les autres n'ont aucune obligation et il
@
......
.!::: ne faut pas oublier que le tissu des entreprises françaises
Ol
ï::::
>-
a. est majoritairement constitué de PME et PMI.
0
u
61
souvent intériorisé, à tort, que leurs compétences
étaient moins monnayables que celles des hommes.
Actuellement, l'écart de salaire, tout confondu,
entre les femmes et les hommes est en moyenne de
25 o/o. Lécart s'explique par l'« effet temps partiel »
majoritairement utilisé par les femmes. Sil' on compare
les salaires à temps complet, l'écart est alors de 17 °/o. Si
l'on prend le salaire horaire, il y a encore 14 % d' inéga-
lités, enfin, l'écart sera de 9 °/o à poste identique.
On connaît les facteurs explicatifs habituels : Pour
certains, c'est l'effet du temps partiel et il faudrait donc
l'écarter du calcul comme si c'était un choix pour la
plupart des fen11nes (sur la part des personnes tra-
vaillant à temps partiel, les femmes sont représentées à
84 % ) . Autre explication avancée : la ségrégation
professionnelle (50 °/o des femmes dans 12 métiers
et seulement 10 % de cheffes d'entreprises). Enfin, le
Vl
c
« capital humain » : les filles sont plus diplômées que
0
:µ
-0
'<ll
les garçons mais elles sont seulement 26 °/o parmi les
::::>
<1l élèves ingénieurs. Et, bien sûr, il ne faut pas oublier la
ëi5
L
<1l discrimination salariale pure et simple.
ro
>
ro Nous pouvons donc affirmer, en tenant compte de
u
~ ces facteurs, que le salaire des femmes est en moyenne
\0
,....,
0
N inférieur de 25 % à celui des hommes, comme l'ex-
@
......
.!:::
plique l'économiste Rachel Silvera dans son livre Un
Ol
ï::::
>-
a.
quart en moins (2014).
0
u C'est en 1918 que Pierre Hamp, alors inspecteur
du travail, dénonce le « régime du quart en moins »
appliqué aux femmes dans les usines de guerre. Les
femmes étaient donc payées un quart en moins que les
hommes et ceci était justifié par une aide éventuelle
masculine pour l'utilisation des machines. Mais ce
régime s'appliquait même lorsque le travail était
manuel et qu'il n'y avait pas de machines!
Au cours de l'histoire du travail des femmes, de
nombreux arguments vont justifier le salaire féminin.
62
Pour la plupart des économistes du XlXe siècle, derrière
chaque femme se cache un père, un mari ou même un
«petit ami». J.-B. Say disait« telle fileuse qui ne gagne
pas la moitié de sa dépense est ... mère ou fille, sœur,
tante ou belle-mère d'un ouvrier qui la nourrirait
quand même elle ne gagnerait rien ... » Quid des autres
femmes (veuves, célibataires ou divorcées ... ) ?
D'autres arguments sont encore plus pernicieux, les
femmes mangeraient moins ! Ou bien, elles seraient
moins rentables (jamais démontré mais appliqué pen-
dant longtemps).
Finalement, le salaire des hommes est défini en
fonction de deux critères : la« valeur » de son travail et
les besoins de sa famille mais il n'en va pas de même
pour les femmes. Le salaire d'un homme est « familial »
(même s'il est célibataire) ; celui d'une femme est
toujours d'appoint (même si elle est veuve avec des
Vl
c
0
enfants ... )
:µ
-0
'<ll
Le salaire féminin a été institutionnalisé dans l'entre-
::::>
<1l
ëi5
prise très tôt (Office du travail 1891-1893 pour la
L
<1l
ro
Seine : salaires féminins < de 63 o/o dans métaux,
>
u
ro 53 % caoutchouc, papiers, 55 °/o construction méca-
~
\0
,....,
nique ... ). Dans les premières conventions collectives
0
N (1919), et mê1ne sous le Front populaire, on a 1nain-
@
......
.!:::
Ol
tenu un abattement sur les salaires féminins (50, 30, 20
ï::::
>-
a. et 10 %). C'est ce que Rachel Silvera appelle le prin-
0
u
cipe de la double échelle des salaires, l'une pour les
hommes et l'autre pour les femmes (maintenu jusque
dans les années 1960 en Suède !) .
C'est seulement en 1946 (arrêté Croizat), que le
salaire féminin disparaît des textes (mais pas de la pra-
tique). Ainsi, le salaire des femmes a toujours été perçu
comme un salaire d'appoint dans les mentalités et
dans les faits, même si dans un couple le conjoint
gagne le même salaire que la femme. Il est d'ailleurs
intéressant d'observer, par exemple, lorsqu'il y a un
63
compte commun, à quoi servent les chèques libellés
par l'homme et ceux émis par la femme. Les femmes se
contentent des « petits » achats (course, garderie, etc.)
et l'homme plutôt les frais afférents à l'habitation ou à
la voiture considérés comme des « gros » achats, même
si aujourd'hui, c'est tout de même moins le cas, notam-
ment dans les classes sociales plus élevées.
Sans des mesures et des lois répressives, Margaret
Maruani, sociologue et spécialiste de l'histoire du travail
des femmes, souligne qu'au rythme actuel on arriverait
à une égalité de salaire et de niveau de responsabilité
sans doute à la fin du siècle prochain et elle écrit : « Il
n'y a pas de pente naturelle vers l'égalité» (Travail et
emploi des femmes, 2000).
Vl
c
Si elles n'occupent pas
«
0
:µ
-0
'<ll
certaines responsabilités,
::::>
<1l c'est qu'elles le veulent bien. »
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
\0
C'est peut-être aussi qu'on leur laisse très peu de
,....,
0
N
place lorsqu'elles commencent à progresser dans la
@
......
.!:::
hiérarchie. Même si le taux d'activité des femmes en
Ol
ï::::
>-
a.
France est l'un des plus importants de l'Union euro-
0
u péenne, elles restent encore très minoritaires dans
les instances de décision et leur promotion évolue très
peu: 17 o/o de femmes à la tête des 500 premières
sociétés françaises et 33 % de femmes parmi les cadres
alors qu'elles réussissent mieux dans les études que les
garçons. À titre indicatif, les femmes sont représentées
à 59,6 % dans la catégorie A de l'administration, alors
qu'elles ne sont que 17 °/o à être nommées dans les
postes à décision du gouvernement, soit la plus haute
administration.
64
Cette situation excluant bien souvent les femmes
de la hiérarchie supérieure dans les entreprises et dans
l'administration est illustrée par l'expression de « pla-
fond de verre» ou de « plancher collant» pour les
Québécois. En effet, il s'agit bien pour les femmes d'un
véritable parcours d'obstacles pour franchir les diffé-
rentes étapes de la promotion professionnelle avec le
risque permanent de se heurter à ce fameux «plafond
de verre».
Et, même, lorsqu'aujourd'hui des femmes accèdent
à un niveau hiérarchique supérieur, il est intéressant de
constater que des portes restent encore fermées. Elles se
retrouvent davantage dans des filières moins considérées
socialement et monétairement comme la communica-
tion ou les ressources humaines. Ainsi, leur carrière
stagne et elles restent plus proches du bas de la hiérarchie
supérieure. Certains hommes vous diront que c'est un
Vl
c
choix car les femmes seraient plus à l'aise dans les
0
:µ
-0
relations humaines et certaines femmes confirmeront
'<ll
::::>
<1l ce choix. Est-ce subi ? Est-ce que l'intériorisation d'avoir
ëi5
L
<1l moins de compétences joue un rôle prédominant?
ro
u
>
ro La question reste posée. Néanmoins, des femmes com-
~
\0
mencent à se révolter contre cette « fatalité » en dénon-
,....,
0
N
çant ces discriminations. Et, récemment, avec l'aide du
@
......
.!:::
Défenseur des Droits, une femme a, par exemple, porté
Ol
ï::::
>-
a.
plainte pour dénoncer le fait qu'en tant que directrice
0
u des ressources humaines, son rôle était tout aussi
primordial que celui du directeur financier et qu'elle
réclamait la même rémunération et le même déroule-
ment de carrière. Le tribunal lui a donné raison et le
jugement fait désormais jurisprudence.
65
ajouter, aujourd'hui, la notion de « mur invisible ».
Lorsque les femmes franchissent ce « mur invisible »
pour accéder à des postes de direction, elles doivent
bien souvent être transparentes et développer des
comportements à l'image des hommes ou alors devenir
leurs complices en renforçant les règles du jeu entre
« pairs ». Sinon, elles peuvent être perçues comme des
potentiels dangers menaçant l' « ordre sexué ».
Même s'ils sont souvent invisibles, les obstacles
à franchir pour accéder à certaines responsabilités
demandent encore pour beaucoup de femmes trop de
sacrifices et de souffrances.
66
Par leur spécificité anatomique, les femmes sont le
prototype même de «l'altérité». Elles sont le symbole
de la différence (notamment par la maternité) et
elles témoignent de l'impossibilité de la création d'un
monde du « même » où la référence est l'homme. Alors
pour que les femmes ne soient pas les «empêcheuses
de tourner en rond », il n'y a que deux solutions :
les exclure, les faire taire ou bien les rendre complices.
La division sexuelle du travail a permis de les exclure
d'un grand nombre de métiers, l'inégalité salariale et
le « plafond de verre » les ont fait taire.
Avec les nouvelles lois en vigueur, notamment au
niveau de la participation des femmes aux instances
de décisions dans les entreprises, dans les jurys de
concours ou bien la parité en politique, un nouveau
débat se fait jour avec de plus en plus d'insistance sur
la mise en œuvre de quotas pour établir une égalité
Vl
c
réelle. Mais l'universalisme républicain « interdit » par
0
:µ
-0
principe les quotas.
'<ll
::::>
<1l En effet, pour le courant « universaliste », issu de la
ëi5
L
<1l Révolution française, l'égalité entre tous les membres
ro
u
>
ro de la société repose sur l'intégration de ceux-ci, quelles
~
\0
que soient leurs différences. Par principe les femmes
,....,
0
N
sont donc égales aux hommes et lorsque des inégalités
@
......
.!:::
sont trop criantes, on n'admet pas d'établir des quotas
Ol
ï::::
>-
a.
mais des mesures correctives (voir par exemple la loi sur
0
u le taux d'handicapé-e-s dans une entreprise).
Les femmes peuvent parfois aussi être source de
ressentiment de la part des hommes ou un sentiment
d'illégitimité peut apparaître chez les femmes nom-
mées. Ainsi, certains évoquent de manière un peu per-
verse que ce serait dévaloriser les femmes que de les
choisir uniquement parce qu'elles sont femmes. Même
si, dans le cas de recrutements, il est toujours précisé
qu'une candidature féminine peut être privilégiée à
compétences égales. Il ne s'agit donc pas de nommer
67
une femme parce qu'elle est femme. Mais cette inter-
prétation douteuse légitime la continuation du plafond
de verre. En effet, sil' on n'impose pas de quotas à com-
pétences égales, les entreprises ont tendance à prendre
des hommes car cela évite le« risque » de congé mater-
nité, etc. (il faut écouter les réflexions que subissent
les femmes qui partent en congé maternité de la part
de leurs collègues masculins). [égalité professionnelle
entre les femmes et les hommes se décrète mais
s'organise aussi ! Et la question des quotas en matière
de recrutement ou de promotion doit être posée et
admise, non comme une faveur ou un passe-droit fait
aux femmes, mais comme le respect de l'équité.
68
humain » et des chartes d'éthique, ce système perdure
sous une autre apparence. Il n'y a qu'à se pencher sur
le vocabulaire employé dans les entreprises pour com-
prendre : conquête des marchés, stratégies, tactique,
offensive, campagne, agressivité, etc. Une constante
demeure, il s'agit d'une affaire d'hommes basée sur
l'affrontement et la compétition où tous les coups
sont permis à l'extérieur et au sein de l'entreprise. Mais
toutes ces représentations dominantes de l'homme
dans l'espace du travail ne se sont pas seulement cons-
truites avec l'avènement de l'ère industrielle. Déjà, en
1884, dans L'Origine de la famille, de la propriété privée
et de l'état, Engels écrivait que l'homme dans un
régime esclavagiste se conduit comme un maître vis-
à-vis de sa femme.
Confrontées à ces stéréotypes du mâle guerrier et
dominant, les femmes trouvent difficilement leur place
Vl
c
car elles ont été beaucoup moins formatées pour
0
:µ
-0
adopter ce type de posture. Il est vrai qu'à l'école ou
'<ll
::::>
<1l dans la famille, la femme lorsqu'elle est jeune n'est pas
ëi5
L
<1l « préparée » à consacrer l'essentiel de sa vie à sa carrière
ro
u
>
ro professionnelle et encore moins « fabriquée » pour la
~
\0
concurrence. Mais la question demeure: dans le cadre
,....,
0
N
de relations sociales basées sur des rapports de force au
@
......
.!:::
sein des entreprises, pourquoi les femmes en position
Ol
ï::::
>-
a.
hiérarchique supérieure agiraient-elles différemment ?
0
u Face à la symbolique de l'autorité masculine, les
femmes n'ont pas beaucoup de choix pour se situer :
soit elles en font « trop », soit elles n'en font pas
« assez » ! Lorsqu'elles ont un discours virulent, elles
sont comparées à des « mecs » ou alors elles sont « hys-
tériques » et lorsqu'elles montrent une certaine sensibi-
lité, elles sont réputées « faibles ». Il faut comprendre
les mécanismes du pouvoir et ce que les femmes
endurent encore lorsqu'elles exercent une autorité :
remarques sexistes, contournement des décisions,
69
parole publique négligée ou dédaignée, etc. Pour toutes
ces raisons, elles pourraient être « tentées » de sur-jouer,
dans une posture ou une autre, dans le cadre d'un rôle
qui ne leur appartient pas.
Cependant, les positionnements évoluent. Il est,
d'ailleurs, un exemple remarquable, c'est celui de
l'autorité des femmes dans la police et la gendarmerie.
En effet, dans un premier temps, lorsque les femmes
furent autorisées à entrer dans ces institutions, elles
sont arrivées par le biais des concours à tous les niveaux
hiérarchiques au même moment, et non en grimpant les
échelons les uns après les autres comme dans d'autres
administrations. Ensuite, le premier principe de ces
institutions est d'obéir aux ordres de la hiérarchie ce
qui annihile tout effet de contournement des décisions
et qui légitime l'autorité des femmes sans que cela pose
question. Ainsi, les ordres donnés par les femmes sont
Vl
c
exécutés par les hommes sans jamais être contestés.
0
:µ
-0
La concurrence est une variable de plus en plus
'<ll
::::>
<1l prégnante dans le contexte de notre société actuelle, et
ëi5
L
<1l cette concurrence peut être entre individus du même
ro
u
>
ro sexe ou entre individus de sexe opposé. De plus en plus,
~
\0
face à cette violence des relations sociales dans l'entre-
,....,
0
N
prise, des hommes revendiquent le droit de se situer et
@
......
.!:::
d'agir dans un registre qui serait perçu comme « fémi-
Ol
ï::::
>-
a.
nin ». Et, c'est l'appartenance à la symbolique féminine
0
u qui change progressivement.
Il ne faut pas penser cette question de l'autorité
en termes d'opposition mais plus en termes de contra-
diction entre un certain type de pouvoir « masculin » qui
essaiera de détruire toute forme d'opposition et un
pouvoir « féminin » plus globalisant visant à réduire les
oppos1t1ons.
Néanmoins, même si les attributs du pouvoir sem-
blent se transformer, les idées reçues demeurent et l'auto-
rité« naturelle » d'un homme est rarement contestée.
70
« Elles sont encore plus terribles
entre elles que les hommes. »
71
alors que les hommes auraient des propos plus neutres
et plus objectifs, permet de légitimer une nouvelle fois
une prétendue infériorité des femmes qui les empêche-
rait des' occuper des choses sérieuses.
En renforçant ce propos, par le constat qu' « elles
sont encore plus terribles entre elles que les hommes »
et qu'elles ne sont même pas capables d'exercer une
« solidarité » entre femmes, on signifie que les hommes,
eux, sont capables de faire front contre la gent fémi-
nine. Les hommes se posent ainsi au-dessus de la mêlée
et renforcent leur position dominante dans un rôle
d'arbitre.
« La promotion canapé
ça n'existe plus. »
Vl
c
0
:µ
-0
'<ll
::::>
<1l Il y a vingt-cinq ans, le film de Didier Kaminka,
ëi5
L
<1l Promotion Canapé, relate l'histoire de deux femmes
ro
u
>
ro qui, entrées dans le service public, se rendent compte
~
\0
que leurs carrières risquent d'être accélérées si elles
,....,
0
N acceptent de céder aux avances de leurs supérieurs
@
......
.!:::
hiérarchiques .
Ol
ï::::
>-
a.
En utilisant cette expression « promotion canapé »,
0
u héritière de l'humour « gaulois », on sous-entend que
les deux protagonistes sont consentantes à avoir une
relation sexuelle pour obtenir une promotion et que ce
n'est pas bien grave et peut-être normal. En fait, cette
formule masque une toute autre réalité plus doulou-
reuse qui est celle du harcèlement sexuel car, bien
évidemment, l'un des deux acteurs n'est pas toujours
consentant, même s'il ne dénonce pas les faits. En
énonçant que cette « promotion canapé » n'existe plus,
on nie un phénomène sur lequel une chape de plomb
72
est posée au niveau des entreprises, des administrations
ou du monde politique.
Le harcèlement sexuel, exercé par un ou une supé-
rieure qui fait miroiter un avantage quelconque :
promotion, augmentation salariale, embauche, etc.,
s'applique aussi bien pour les femmes et les hommes,
hétérosexuels ou homosexuels. Ces actes sont dénoncés
bien souvent à mots couverts mais il est difficile de
présenter des preuves pour la personne qui a subi cette
situation. Et, les agresseurs agitent souvent le spectre
de la diffamation ou bien laissent entendre que ce ne
sont que des rumeurs. Sur ce sujet, les rumeurs vont
d'ailleurs bon train et il n'est pas rare qu'une suspicion
de « promotion canapé » circule dans un service
lorsqu'une femme obtient un avancement pour ainsi
délégitimer ses compétences.
Vl
c Lhistoire nous apprend que ces pratiques existent
0
:µ
-0
'<ll
depuis que les femmes sont devenues salariées au
::::>
<1l XIXe siècle. Dans le prolongement de l'idée reçue du
ëi5
L
<1l droit de cuissage du seigneur sur la femme du serf
ro
>
u
ro pendant la nuit de noces au Moyen Âge, le patron vis-
~ à-vis del' ouvrière ou le bourgeois vis-à-vis de la femme
\0
,....,
0
N de chambre ne voyaient pas ce qu'il y avait de répré-
@
......
.!:::
hensible à disposer des corps de ces femmes .
Ol
ï::::
>-
a.
En 1804, dans le code Napoléon « la femme mariée
0
u est reconnue comme incapable », cela signifie que la
femme a un statut de mineure au niveau économique
et au niveau physique puisque le « devoir conjugal »est
une obligation qui fait partie intrinsèque du mariage.
Ce code a érigé en principe inaliénable le patriarcat et
le pouvoir des époux et des pères sur les femmes, les
mères et les filles. Jusqu'en 1907, les maris disposent
du salaire de leurs femmes et c'est seulement en 1965
qu'une femme n'a plus besoin de l'autorisation de son
mari pour travailler.
73
Que dit la loi ?
(Source : legifrance.gouv.fr)
74
Et comme l'écrit Marie-Victoire Louis, sociologue
et fondatrice de l'AVFT (Association européenne
contre les violences faites aux femmes au travail) : « Les
pressions cumulées des pères et des maris, des patrons
et des contremaîtres auxquels elles devaient chacun
pour leur part obéissance contribuèrent dans un pre-
mier temps à accentuer les rapports de subordination
comme de soumission qui faisaient d'elles des êtres
dépendants qui n'avaient d'autonomie, ni économique,
ni juridique, ni sexuelle. Les droits d'usage du corps
des femmes, y compris, bien sûr dans sa dimension
sexuelle, se sont donc perpétués au sein des rapports
salariaux. » (Le D roit de cuissage en France, 1860-1930,
1994).
Cet « héritage » est quelques fois considéré comme
« normal » par certains hommes en position de pou-
voir. Aujourd'hui, où l'emploi devient un privilège
Vl
c
pour beaucoup de femmes, différents témoignages
0
:µ
-0
montrent que lors du recrutement ou lors d'une
'<ll
::::>
<1l possibilité d'avancement les sous-entendus liés à une
ëi5
L
<1l relation sexuelle ne sont quelques fois même plus
ro
u
>
ro implicites. La frontière entre la « promotion canapé »
~
\0
et le harcèlement sexuel devient alors ténue.
,....,
0
N
@
......
.!:::
Ol
ï::::
>-
a.
0
u
75
Vl
c
0
:µ
-0
'<ll
::::>
<1l
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L
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''
VIE PUBLIQUE
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......
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Ol
ï::::
>-
a.
0
u
« Tous les hommes sont des machos. »
79
de l'autre sont devenues fondamentales. C'est pour-
quoi le dialogue et le partage ont pris plus de place
dans l'intimité. »
Désormais, les rôles dans un couple se distribuent
d'une autre manière et s'occuper des enfants n'est plus
une tâche exclusivement féminine même si, comme
nous l'avons constaté, nous sommes encore loin d'un
partage égal. Dans le monde du travail, les hommes sont
confrontés quelques fois à des femmes hiérarchiquement
supérieures. Et, même au niveau de l'imaginaire, des
romans, des films ou des chansons mettent en scène
des hommes ressentant des émotions dites féminines.
Le macho serait-il donc une espèce en voie de
disparition ? Si les notions de masculin et de féminin
ne sont plus autant dissociées et en opposition
qu'auparavant, elles restent néanmoins des valeurs
« refuge » lorsque les représentations du monde se
Vl
c
transforment et sont fragilisées. En effet, face aux
0
:µ
-0
profondes mutations de notre société au niveau de
'<ll
::::>
<1l l'économie, du travail, de la famille, de la commu-
ëi5
L
<1l nauté, des mœurs et de la sexualité, l'individu peut
ro
u
>
ro avoir tendance à retrouver un équilibre et un sens
~
\0
dans une masculinité ou féminité excessive. Ainsi
,....,
0
N
revendiquer haut et fort : «Je suis une femme ... »,
@
......
.!:::
«Je suis un homme ... » en forçant le trait en
Ol
ï::::
>-
a.
« bimbo » pour les femmes et en « macho » pour les
0
u hommes devient une affirmation de soi.
80
idées reçues vis-à-vis des hommes qu'il est temps de
déconstruire.
81
des femmes. Il est exact qu'une majorité d'hommes
nourrit dès l'enfance aux retransmissions télévisées
des matchs de foot et aux jeux de ballons dans la cour
de récréation est adepte de ce sport mais pas toujours
pour le pratiquer, excepté dans le fauteuil du salon
devant l'écran. Là encore, les mœurs évoluent et de
nombreuses femmes commencent à devenir de ferventes
supportrices. Elles sont aussi toute une nouvelle
génération à s'inscrire dans des clubs de football avec
des résultats très positifs au niveau international et
les hommes méprisent de moins en moins ce jeu de
« garçons »joué par des « filles ». Il faut préciser aussi
que de nombreux hommes peuvent affirmer désormais
qu'ils n'aiment pas le foot sans être exclus de la
communauté masculine, ce qui est un changement
de mentalité considérable.
Vl
c Les hommes ne sont pas doués pour les travaux
«
0
:µ
-0
'<ll
domestiques. » Ce serait « naturel », ils ne savent pas
::::>
<1l
ëi5
faire ! Ce sont souvent des femmes qui expriment
L
<1l ainsi cette opinion comme si elles excusaient ou
ro
>
u
ro légitimaient le manque d'enthousiasme des hommes
~
\0
,....,
pour les tâches domestiques. Si, bien évidemment,
0
N l'éducation et la reproduction des stéréotypes jouent
@
......
.!::: un rôle fondamental dans cette participation restreinte,
Ol
ï::::
>-
a. les femmes ont certainement une responsabilité dans
0
u
cette situation. D'une part, par l'éducation dispensée
en tant que mère aux garçons, mais aussi, d'autre
part, du fait qu'elles préfèrent réaliser les tâches elles-
mêmes afin que celles-ci soient accomplies comme
elles le désirent, ce qui laisse parfois les hommes dans
l'approximation au niveau de la qualité du service.
Relativisons toutefois cette attitude des femmes car il
est évident que le chemin reste encore très long avant
que le partage soit égal même si de nombreux hommes
se mettent désormais à la tâche et que les hommes
82
célibataires assurent en général à 1OO o/o l'ensemble
des travaux domestiques.
Vl
c
«Les hommes sont lâches!» Lorsque des femmes
0
:µ
-0
expriment cette idée reçue, elles parlent bien souvent
'<ll
::::>
<1l de la lâcheté des hommes au niveau des sentiments. Il
ëi5
L
<1l paraîtrait que beaucoup plus d'hommes que de femmes
ro
u
>
ro annoncent une rupture par texto, Twitter ou Facebook
~
\0
pour ne pas devoir affronter l'autre. Les femmes ont été
,....,
0
N plus habituées et autorisées à parler de leur sentiment.
@
......
.!:::
Il est intéressant de remarquer que les hommes vont
Ol
ï::::
>-
a.
affronter l'adversité et ne seront pas lâches lorsqu'il
0
u s'agit d'une situation où la force physique et la virilité
sont en jeu. Toutes choses étant égales par ailleurs, cette
question de la lâcheté fera certainement plus référence
à l'intériorisation de processus psychiques par un indi-
vidu, femme ou homme.
83
« Il n'y en a plus que pour les femmes.
On parle d'inégalités mais ce sont
elles qui ont le vrai pouvoir. »
84
(Les Deux Gouvernements: la famille et la Cité, 2000)
« cette séparation des sphères domestique et publique
est avant tout une séparation des gouvernements,
gouvernement domestique et gouvernement politique. »
Jean-Jacques Rousseau dans le Contrat social pose
la dissociation entre domestique et politique, entre la
famille et la Cité. Cette séparation signe la fin d'une
comparaison quant à l'exercice du pouvoir car l' exté-
rieur, donc le politique, géré par les hommes englobe la
sphère domestique et légifère sur celle-ci.
D'un supposé matriarcat à l'image de la mégère
que l'homme devrait « apprivoisée », les assertions
ne manquent pas pour déculpabiliser les hommes
de l'exercice du pouvoir. L'anthropologue Françoise
Héritier (Masculin, féminin, 1996) souligne le fait
que « les seuls exemples que l'on a [des sociétés
matriarcales] sont mythiques. Des sociétés où le
Vl
c
pouvoir serait entre les mains des femmes avec des
0
:µ
-0
hommes dominés n'existent pas et n'ont jamais existé. »
'<ll
::::>
<1l En revanche, on trouve des sociétés matrilinéaires où
ëi5
L
<1l l'héritage passent par les femmes. Mais l' anthropo-
ro
u
>
ro logue Maurice Godelier (La Production des Grands
~
\0
Hommes : pouvoir et domination masculine chez les
,....,
0
N
Baruyas de Nouvelle-Guinée, 1982) - qui a particulière-
@
......
.!:::
ment étudié les Baruyas, tribu de Papouasie-
Ol
ï::::
>-
a.
Nouvelle-Guinée, où les femmes se transmettent
0
u ainsi entre elles l'héritage - a montré que même dans
ce cas, où l'on pourrait penser que le pouvoir est
entre les mains des femmes, les hommes le détournent
à leur avantage par le biais des rituels religieux et
coutumiers en s'appropriant la notion de filiation.
En devenant les seuls responsables de la reproduction,
ils affirment ainsi leur suprématie et cultivent leur
domination.
Désormais, des femmes, encore largement minori-
taires, exercent des pouvoirs que ce soit en politique
85
ou au travail, et l'arrivée de celles-ci fragilise certains
hommes qui se sentent menacés. Ils vivent cette
situation comme une incursion dans leur domaine
réservé et les femmes deviennent alors des adversaires.
Si les femmes considèrent cette ascension juste et
normale, elles ne se positionnent pas, pour la plupart,
en concurrence. Les hommes et les femmes ont-ils
donc la même vision del' égalité ? Certainement pas,
les perceptions des hommes et des femmes demeurent
très différentes. Principalement car l'éducation des
filles se situe beaucoup moins dans un esprit de
performance et de compétition. Mais que les hommes
se rassurent cette idée reçue des femmes exerçant le
« vrai » pouvoir est encore loin d'être une réalité !
Vl
c
« Elles rendent les hommes fragiles.
0
:µ
-0
'<ll
Il faudrait arrêter de culpabiliser
::::>
<1l les hommes ! »
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
\0
S'il est exact que certaines femmes « extrémistes »
,....,
0
N
reprochent aux hommes leur domination et les culpa-
@
......
.!:::
bilisent en permanence sur une « faute originelle »
Ol
ï::::
>-
a.
qu'ils devraient en quelque sorte expiée, il ne s'agit
0
u pas, loin de là, de la majorité des femmes. La domi-
nation masculine existe, c'est un fait historique et
sociologique que l'on ne peut contester et il faut,
ensemble, femmes et hommes, avancer vers un même
objectif: l'égalité et la justice.
Mais lorsque certains hommes énoncent cette idée
reçue que les femmes rendent les hommes fragiles à
force de les culpabiliser, ils expriment un ressenti
lié bien souvent à une incompréhension de nouvelles
postures des femmes dans la société. En effet, l' exi-
86
gence des femmes vis-à-vis des hommes a changé
. . .
et ceux-ci ne comprennent pas toujours certaines
attitudes. Des comportements apparaissent comme
ambigus lorsque la demande est formulée sous forme
d'injonction paradoxale. Ils doivent protéger tout en
laissant une indépendance, être forts, même un peu
« macho », parfois, mais en signifiant de la douceur,
partager les tâches domestiques en les exécutant
comme elles voudraient que ce soit fait, etc. Bref, les
messages sont perçus de manière contradictoires et
certains hommes y perdent leurs repères car ils ont
l'impression de ne jamais bien faire, de ne pas être à
la hauteur et sans vraiment assurer. De par leur édu-
cation, ils n'ont pas été habitués à être contredits, à
avoir de multiples rôles ou à se soumettre. Alors, ils
culpabilisent en accusant les femmes sans vraiment
s'interroger sur ces changements.
Vl
c
On peut raisonnablement penser que l'augmenta-
0
:µ
-0
tion du nombre de divorces ces trente dernières années
'<ll
::::>
<1l trouve ses fondements dans cette nouvelle distribu-
ëi5
L
<1l tion des rôles entre femmes et hommes.
ro
u
>
ro D'autres éléments sont à prendre en considération
~
\0
et notamment les mutations sociétales, les mutations
,....,
0
N
des individus, l'évolution des lois et des mœurs et les
@
......
.!:::
mutations de l'emploi avec le chômage comme épée
Ol
ï::::
>-
a.
de Damoclès. Les repères traditionnels changent et
0
u les certitudes sur lesquelles reposaient l'identité
masculine, doucement, se fragilisent. L'homme allant
à l'extérieur pour rapporter de l'argent pour faire
vivre sa famille ne sera bientôt qu'une image d'Épinal.
L'incertitude de conserver son emploi ou bien la pro-
gression du chômage ont complètement bouleversé
les schémas traditionnels. Et, ces derniers temps, un
discours rencontre un certain écho auprès d'hommes
démunis, socialement, affectivement et financièrement.
Il consolide l'idée chez ceux qui vivent une situation
87
fragile ou de précarité que c'est l'ascension sociale
des femmes qui est certainement responsable de
leurs difficultés. Il faut bien un bouc émissaire et les
femmes deviennent alors un coupable idéal !
Devant toutes ces mutations, certains développent
un raisonnement excessif et deviennent extrémistes.
Ainsi est né, dans les années 1980 au Québec, le
mouvement masculiniste. Celui-ci commence à trouver
aujourd'hui un écho favorable en France. Pour ses
membres, l'égalité entre les femmes et les hommes
est déjà atteinte depuis longtemps et, au contraire, ce
sont les hommes qui subissent des discriminations
imposées par les femmes. Une minorité prône même
un monde où les femmes et les hommes v1vra1ent
séparément sous un régime d'apartheid.
88
« Elles veulent tout et son contraire. »
89
avec l'homme, est d'humeur changeante, on explique
et légitime par la nature que la femme n'est pas douée
d'une nature raisonnable et qu'il est normal qu'une
domination masculine s'exerce pour la contrôler et la
protéger d'elle-même.
Pendant longtemps, on a donc pensé qu'il existait
un mal féminin, lié à la nature même de la femme, et
dont l'hystérie serait la forme la plus complète (hys-
térie : de hustera « utérus », adjectif souvent attribué
aux comportements féminins).
Néanmoins, aucune étude sérieuse sur la question
de l'hystérie n'arrive à démontrer un lien avec une
explication hormonale. Au parlement, un député
ayant un comportement excessif sera un homme qui
sait défendre avec véhémence ce qu'il veut. En revanche
pour une députée, le même comportement sera
considéré comme « hystérique » !
Vl
c
Aujourd'hui, si le cerveau a été reconnu comme
0
:µ
-0
régulateur des cycles biologiques, on sait également
'<ll
::::>
<1l que le rôle des hormones sexuelles et que les expé-
ëi5
L
<1l riences émotionnelles sont déterminantes.
ro
>
ro
u
~
\0
Il est intéressant de remarquer que l'idée reçue
,....,
0
N
que seules les femmes auraient des sautes d'humeur
@
......
' pregnante et que ces comportements ne
reste tres /
.!:::
Ol
ï::::
>- « peuvent » être liés qu'à une différence physiologique
a.
0
u qui « démontre » bien la faiblesse des femmes. Les
hommes, eux, bien entendu, sont toujours maîtres
d'eux-mêmes et si toutefois, ils ont des sautes
d'humeur, c'est qu'ils ont certainement de « bonnes
raisons » et des « soucis » à la hauteur de ces change-
ments de comportement.
90
« Il y a déjà égalité entre les femmes
et les hommes. »
91
à part égale. La notion de droits des femmes, elle, appa-
raît notamment à la fin des années 1960 et au début
des années 197 0. Il s'agit d'une reconnaissance de
droits que les femmes n'avaient pas contrairement aux
hommes. Et d'après la loi, une discrimination survient
lorsque« dans une situation comparable, on réserve un
traitement défavorable, pour un motif illégal, à une
personne ou une catégorie de personne, et que ce trai-
tement entraîne un préjudice ».
En fait, il existe une confusion permanente entre la
question del' égalité et celle de la différence. Les femmes
et les hommes sont différents par nature mais égaux
devant la loi, et aucun discours ne peut justifier l'iné-
galité. Les hommes ne sont pas toujours conscients des
inégalités qui perdurent dans notre société vis-à-vis des
femmes, car eux, ne rencontrent pas les mêmes obstacles.
D'où cette idée reçue d'une égalité déjà existante entre
Vl
c
les femmes et les hommes et ils ne perçoivent pas tou-
0
:µ
-0
jours pourquoi il faudrait continuer à en parler.
'<ll
::::>
<1l [égalité ne signifie pas égalitarisme qui viserait à
ëi5
L
<1l l'égalité et la parité absolue en matière politique et sociale.
ro
u
>
ro Les femmes et les hommes sont différents et il n'est pas
~
\0
question de contester ce principe de base. Le concept
,....,
0
N
d'égalité signifie simplement de permettre aux femmes
@
......
.!:::
et aux hommes d'avoir les mêmes choix, les mêmes
Ol
ï::::
>-
a.
possibilités et les mêmes opportunités quel que soit le
0
u domaine, ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui.
92
commencent ainsi une prise de parole. Dans l'esprit
de nombreuses personnes, femmes ou hommes, le
terme « féminisme » laisserait croire qu'il veut privi-
légier la femme au détriment de l'homme.
Comme l'écrit l'historienne Christine Bard : « se
dire féministe aujourd'hui est courageux: mal baisées,
sectaires, bourgeoises, moches, gauchistes, bas-bleus,
ringardes, hystériques, hommasses, puritaines ... l'image
de la féministe ne fait pas rêver! » (Le Féminisme au-
delà des idées reçues, 2012). La caricature décrit souvent
les féministes comme étant dans l'incapacité d'allier
féminisme et féminité. Comment expliquer une vision
aussi négative alors que la reconnaissance des droits des
femmes fait consensus?
Au XIXe siècle, le mot « féminisme » désigne un
homme présentant certains caractères du sexe fémi-
nin, c'est-à-dire efféminé. Ce serait Alexandre Dumas
Vl
c
fils qui l'aurait utilisé pour la première fois, en écri-
0
:µ
-0
vant en 1872 dans L'Homme-femme : « Les féministes,
'<ll
::::>
<1l passez-moi ce néologisme, disent : Tout le mal vient
ëi5
L
<1l de ce qu'on ne veut pas reconnaître que la femme est
ro
u
>
ro l'égale de l'homme et qu'il faut lui donner la même
~
\0
éducation et les mêmes droits qu'à l'homme ;
,....,
0
N
l'homme abuse de sa force, etc. Vous savez le reste.
@
......
.!:::
Nous nous permettrons de répondre aux féministes
Ol
ï::::
>-
a.
que ce qu'ils disent n'a aucun sens. [ ... ] Vouloir
0
u réunir les deux natures en une seule, ce serait l'herma-
phrodisme, qui est l'impuissance mâle et femelle.
[.. . ] Dieu tout-puissant, l'homme médiateur, la
femme auxiliaire, voilà le triangle. La femme ne peut
rien sans l'homme, voilà la vérité éternelle, absolue,
immuable. »
Le féminisme est un ensemble d'idées politiques,
philosophiques et sociales cherchant à promouvoir
les droits des femmes et leurs intérêts dans la société
civile, et à combattre les inégalités fondées sur le sexe.
93
Même si le féminisme est soutenu principalement par
les femmes, de nombreux hommes approuvent et
défendent les idées féministes.
Aujourd'hui, il existe un paradoxe, dans la société
française, en effet, le féminisme souffre encore d'une
image globalement négative : dépassé, ringard, belli-
queux, excessif, tout en reconnaissant que ce mouve-
ment des droits des femmes a été primordial dans la
libération des femmes. De nombreuses jeunes femmes
favorables à l'égalité entre les femmes et les hommes
ne veulent pas se reconnaître dans le féminisme car il
demeure une représentation stéréotypée d'une fémi-
niste à laquelle personne n'a envie de s'identifier.
Et, pourtant, si les féministes n'étaient pas vigilantes,
même dans notre société actuelle, des régressions en
matière de droits des femmes pourraient se produire
comme récemment dans des pays de l'Union euro-
Vl
c
péenne, où des droits comme l'avortement ont été
0
:µ
-0
remis en cause.
'<ll
::::>
<1l
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
\0
« Féminiser à tout prix
,....,
0
N
le langage est ridicule. »
@
......
.!:::
Ol
ï::::
>-
a.
0
u Souvenons-nous de notre apprentissage de la
grammaire et de cette terrible phrase nous permettant
de comprendre les accords : « Le masculin l'emporte
sur le féminin ». Dans une salle de 1OO femmes , il
suffit qu'un seul homme soit présent pour que l'on
dise « ils » grâce à celui-ci. Le langage est un vecteur
important de stéréotypes sexistes et participe à la
construction de l'identité sexuée sans que l'on en ait
toujours conscience. Apprendre dès le plus jeune
âge à décrypter ce langage pour prendre le recul
94
nécessaire devrait être l'une des premières étapes de
l'égalité.
Par exemple, l'invisibilité du féminin dans la
grammaire peut avoir des conséquences dans le
choix professionnel des jeunes filles. Comme le dit
Chrystel Breysse, sociolinguiste, dans une interview
au journal Libération : « Si le nom de métier ou si le
statut n'existe pas au féminin, il est difficile pour les
femmes de s'y projeter. Refuser de nommer, c'est
refuser de donner une place, de rendre visible. »
En effet, malgré une circulaire du 11 mars 1986
puis une autre en 1998 approuvée par l'Assemblée
nationale prescrivant la féminisation des noms de
métier, fonctions, grades ou titres dans les textes
réglementaires et dans tous les documents officiels
émanant des administrations et établissements
publics de l'État, de nombreuses femmes dans l' admi-
Vl
c
nistration préfèrent se faire appeler madame le
0
:µ
-0
Directeur au lieu de madame la Directrice, au mépris
'<ll
::::>
<1l de ces circulaires existantes. La situation est d'ailleurs
ëi5
L
<1l la même dans le secteur privé. Ces femmes pensent,
ro
u
>
ro par mimétisme avec les hommes, qu'elles renforcent
~
\0
leur autorité en adoptant le titre au masculin. Mais
,....,
0
N
aussi, elles se rendent ainsi invisibles au milieu des
@
......
.!:::
hommes et ne se distinguent pas, comme si leur place
Ol
ï::::
>-
a.
dans la hiérarchie supérieure était une usurpation.
0
u Pour justifier l'absence de nom de métier au
féminin, on entend souvent que les mots féminisés
sonnent mal et de citer pour exemples pompier-
pompière, cafetier-cafetière, etc. Nous n'avons
simplement pas l'habitude de les entendre et de les
employer. Si c'était le cas plus souvent, ils ne sonne-
raient pas si mal. Qui confond le cadre d'un tableau
avec le cadre d' une entreprise ? Avec l'usage une
cafetière pourrait tout à fait désigner l' ustensile et le
métier au féminin.
95
Le langage n'est pas neutre, selon qu'on utilise le
masculin ou le féminin pour le même mot, le change-
ment de genre impliquera un changement de sens, le
passage au féminin peut par exemple engendrer une
dévalorisation: un gars/une garce, un entraîneur/une
entraîneuse, un homme léger/une femme légère, etc.
En 2012, une circulaire du Premier ministre préco-
nisait la suppression du terme« mademoiselle »de tous
les documents officiels. Il faut rappeler que cette déno-
mination n'est pas l'application d'une quelconque loi
mais résulte de l'usage courant. Cette décision suscita
de nombreuses polémiques démontrant la symbolique
du langage dans les rapports sociaux sexués.
Le terme « mademoiselle » est généralement employé
pour désigner ou pour s'adresser à une jeune fille ou
une femme (présumée) non mariée. En fait, on ne peut
ignorer la connotation sexuelle de cette appellation. En
Vl
c effet, il s'agissait bien de distinguer une femme ayant
0
:µ
-0
'<ll
eu des relations sexuelles d'une demoiselle réputée
::::>
<1l
ëi5
« vierge » ou d'une « vieille fille » pour une personne
L
<1l plus âgée n'ayant jamais connu d'homme. Si le terme
ro
>
u
ro « puceau » ou « vieux garçon » peut être employé
~ parfois pour un homme, on n'utilise plus depuis long-
\0
,....,
0
N temps le terme « damoiseau ». Alors pourquoi conti-
@
......
.!:::
nuer à utiliser le terme « demoiselle » pour les femmes ?
Ol
ï::::
>-
a.
Proust dans Du côté de chez Swann, est, lui-même, hési-
0
u tant lorsqu'il écrit : « L'incertitude où j'étais s'il fallait
lui dire madame ou mademoiselle me fit rougir. » Si, à
l'époque, la gêne de Proust, dans cette phrase, expri-
mait bien la connotation sous-jacente de ce terme
« mademoiselle », il n'en est plus de même aujourd'hui.
On sait bien que la plus grande majorité des femmes
ne sont plus vierges avant le mariage. La question à se
poser est : pourquoi persiste-t-on à utiliser un terme
pour identifier une femme sans mari alors qu'il n'en
existe pas pour un homme? Cette différenciation, non
96
nécessaire, ne fait que discriminer la femme célibataire
en la présentant comme hors norme.
Le genre masculin ou féminin est une construction
sociale et n'est pas neutre puisque c'est en 1647, lorsqu'il
s'agit d'unifier et construire les règles de grammaire
à l'Académie française que le grammairien Vaugelas
déclara que « c'est pour une raison qui semble être
commune à toutes les langues que le genre masculin
étant le plus noble doit prédominer toutes les fois que
le masculin et le féminin se trouvent ensemble. »
Certains détracteurs de la féminisation du langage
diront que c'est un combat d'arrière-garde porté par
des fé111inistes qui ne savent plus quoi inventer pour
légitimer la domination masculine. Pourtant, force est
de constater que le rapport entre féminin-masculin en
grammaire est axé sur la hiérarchisation des genres. Il
n'est pas question pour autant de revenir sur les bases
Vl
c
de la grammaire française comme certaines et certains
0
:µ
-0
'<ll
le préconisent. Il s'agit davantage d'être vigilant et uti-
::::>
<1l liser dans la mesure du possible un langage épicène
ëi5
L
<1l lorsque c'est possible. C'est-à-dire choisir un mot qui
ro
u
>
ro désigne indifféremment l'un ou l'autre sexe et qui ne
~ varie pas morphologiquement au masculin et au fémi-
\0
,....,
0
N nin comme par exemple : je, enfant, personne, etc.
@
......
.!:::
Ol
ï::::
>-
a.
0
u
97
sexes ». En effet, c'est en se fondant sur l'analyse des
représentations et non des pratiques que l'on peut
interroger les liens entre les inégalités construites et
la relation au pouvoir. Lorsque les femmes se retrouvent
en position hiérarchique de pouvoir, elles sont
toujours « trop » ou pas « assez » et quel que soit le
domaine : la politique, l'entreprise, le sport, etc. Et
pour légitimer cette idée reçue, les exemples ne
manquent pas : de Angela Merkel, trop autoritaire, à
Édith Cresson (Première ministre du 15 mai 1991 au
2 avril 1992) pas assez compétente. Celle-ci restera
d'ailleurs dans les mémoires comme la victime poli-
tique d'un mémorable lynchage médiatique.
Il est vrai que pour accéder au pouvoir de nom-
breuses femmes ont dû se battre pour acquérir ces
places et que par mimétisme certaines d'entre elles
pensent que le pouvoir ne peut s'exercer que d'une
Vl
c seule manière, c'est-à-dire « masculine » et qu'il faut
0
:µ
-0
'<ll
affirmer son autorité en se situant essentiellement
::::>
<1l
ëi5
dans des rapports de pouvoir exacerbés. Dans notre
L
<1l société, la notion de pouvoir reste fondée sur des
ro
>
u
ro valeurs d'agressivité, de risque, d'hyperactivité et de
~ lutte des places qui seraient des valeurs soi-disant
\0
,....,
0
N masculines.
@
......
.!:::
Dans L'Ordre sexué (2007), la politologue Réjane
Ol
ï::::
>-
a.
Sénac souligne que les femmes qui ont réussi en
0
u politique, Margaret Thatcher ou Angela Merkel, ont
adopté la même stratégie. Elles sont entrées complè-
tement dans le moule du masculin dans leur façon
d'être et de s'exprimer. Existe-t-il un autre modèle
possible pour les femmes ? Car, aujourd'hui, force est
de constater que les femmes et les hommes ne sont
pas présents à égalité dans les lieux de pouvoir. Que
ce soit le pouvoir économique ou le pouvoir poli-
tique, l'essentiel est détenu par les hommes. Les
hommes se cooptent entre eux pour se partager le
98
pouvoir et ils cherchent « l'autre soi-même ». De
tous temps, les hommes ont développé des lieux de
rencontre ou d'activités permettant d'échanger des
informations : clubs, cercles, confréries, cafés, asso-
ciations sportives, etc.
Les stratégies qui ont permis aux femmes d'arriver
dans ces lieux de pouvoir sont très différentes de
celles des hommes. On peut repérer deux stratégies
différentes : l'une consiste à se rendre le plus invisible
possible et se conformer à l'image des hommes ;
l'autre, sera comme les « fémocrates », dans les pays
du nord de l'Europe et en Australie, d'intégrer l' appa-
reil d'État pour développer leurs propres réseaux
de femmes pour essayer de s'entraider et d'accéder, à
terme, à ces sphères de pouvoir.
Fondamentalement, il n'y a pas d'énormes diffé-
rences dans l'exercice du pouvoir. Le plus souvent,
Vl
c ceux et celles qui sont arrivés au pouvoir partagent
0
:µ
-0
'<ll
les mêmes caractéristiques. L'idée reçue que les
::::>
<1l femmes seraient plus sensibles et plus humbles est
ëi5
L
<1l un cliché et des femmes comme Indira Gandhi ou
ro
u
>
ro Golda Meir ont été encore bien plus redoutables
~ que certains hommes dans l'exercice du pouvoir. Il
\0
,....,
0
N ne faut pas confondre les femmes « de » pouvoir et
@
......
.!:::
les femmes « au » pouvoir, pour qui celui-ci n'est
Ol
ï::::
>-
a.
qu'un outil nécessaire pour développer des activités
0
u ou faire avancer des idées.
L'idée que les hommes seraient « naturellement »
plus aptes au pouvoir est une notion « essentialiste »
difficilement acceptable. Pour autant, l'éducation
des hommes et des femmes n'étant pas la même, il est
évident que les représentations du positionnement
social seront différentes.
99
« Elles manquent souvent d'humour. »
100
arusuque de la primauté donnée à la liberté d'ex-
pression dans la Constitution, encore faut-il pouvoir
justifier qu'il s'agit bien toujours de cela lorsque l'on
s'aventure sur ce terrain glissant, au risque d'être
accusé d' « injure » ou de « diffamation ».
« On peut rire de tout, oui, mais à condition
d'être drôle », pourrait-on dire. L'enjeu est là, et il est
de taille. Entre l'humour, l'humour paillard et
graveleux (vieille tradi tian française !) , la vulgarité, le
sexisme et l'injure, les frontières sont très floues. Et,
elles mériteraient d'être enseignées à l'école afin d'en
mieux connaître les limites pour éviter des relations
sexuées souvent imprégnées d'un « sexisme ordinaire ».
Et, comme l'écrit Brigitte Grésy, Secrétaire générale
du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle
entre les femmes et les hommes, « il s'agit de forcer
le territoire de l'autre, de déstabiliser et non pas de
Vl
c
séduire [ ... ] entre collègues, le recours, en présence
0
:µ
-0
d'une femme, à des propos graveleux prononcés
'<ll
::::>
<1l comme des mots de code de reconnaissance mascu-
ëi5
L
<1l line peut être une formidable machine d'exclusion
ro
u
>
ro [... ] La femme rit d'abord; elle fait bonne figure
~
\0
pour ne pas paraître coincée ; elle y va même de son
,....,
0
N
couplet si vraiment elle est en forme, et puis tout à
@
......
.!:::
coup c'en est trop : elle ne suit plus le rythme ; elle
Ol
ï::::
>-
a.
sent ce qui se joue, c'est un truc d'hommes, un truc
0
u de clan qui vous exclut. Elle se sent humiliée ; elle ne
peut plus faire face. » (Petit traité contre le sexisme
ordinaire, 2009).
À la question : « Peut-on rire de tout ? », l'humo-
riste français Pierre Desproges répondait, de façon
presque définitive : « On peut rire de tout, oui, mais
pas avec n'importe qui. » Il faut certainement conce-
voir le rire comme un « vouloir rire ensemble » entre
femmes et hommes. Cette expression résume bien
une envie de ne pas exclure, de considérer l'humour
101
comme un acte rassembleur, que la loi respecte alors
au plus haut point.
102
qui l'enferment de nouveau en imposant et diffusant
largement les critères en vogue et « la » manière de se
vêtir pour toutes les couches sociales féminines de la
population. Les médias portent une responsabilité
évidente en rappelant sans cesse aux femmes comment
elles doivent s'habiller pour être dans les canons de la
beauté et séduire.
Lorsque la styliste anglaise Mary Quant conçoit la
minijupe en 1962, celle-ci devient très vite un des
symboles de la libération de la femme. À l'époque, le
droit à la liberté sexuelle commence à être revendiqué
par les femmes et le droit de s'habiller comme elles
l'entendent, « sexy » ou non, est l'une des revendica-
tions.
Le choix d'un vêtement n'est pas anodin et d'autant
plus pour les femmes qui se savent sans cesse regarder.
En 1998, le sociologue Pierre Bourdieu explique que
Vl
c
« les femmes savent sans le savoir que, en adoptant
0
:µ
-0
telle ou telle tenue, tel ou tel vêtement, elles
'<ll
::::>
<1l s'exposent à être perçues de telle ou telle façon ». Est-
ëi5
L
<1l ce que les femmes ne se rendent pas compte de ce
ro
u
>
ro que tel vêtement peut signifier parfois chez les
~
\0
hommes ? Ainsi, certains d'entre eux considèrent
,....,
0
N
les filles qui sont habillées de manière « sexy »
@
......
.!:::
comme des provocatrices et des « proies » faciles. De
Ol
ï::::
>-
a.
là, à conclure que tous les hommes qui les regarde-
0
u raient, auraient un cerveau uniquement constitué de
représentations sexuelles, il y a une limite qui est
difficilement franchissable.
Plus grave encore, c'est, depuis ces dernières
années, l'hypersexualisation vestimentaire des petites
filles qui émerge. On vend maintenant des strings
pour des filles de huit ans. L'interdiction des
concours de mini miss en janvier 2014 à contribuer
à mettre un terme à des exhibitions plus ou moins
douteuses.
103
L'intériorisation de ces représentations sexuelles ne
peut avoir qu'un effet négatif sur la façon de s'habiller
de ces petites filles lorsqu'elles deviennent adultes.
Elles ont appris à être « sexy » dès le plus jeune âge et
que les regards se portent sur elles.
La responsabilité et l'éducation des parents, dans
ces cas, sont évidemment en cause. Néanmoins, on
peut espérer que la plus grande majorité connaît les
normes de la bienséance en vigueur. L'égalité entre
les femmes et les hommes, c'est aussi permettre de
s'habiller comme on le désire que l'on soit femme ou
homme, celas' appelle aussi la liberté d'agir à sa guise.
104
autre signification lorsqu'ils se transforment en sexisme
insidieux. Nous ne pouvons pas nier qu'une « ombre
sexuelle » plane en permanence sur les rapports
sociaux sexués au travail mais aussi dans la sphère
publique. Il suffit d'observer une femme marchant
dans la rue sur un trottoir : en général elle regarde
droit devant elle ou vers le sol, elle a le regard fixe
pour ne pas croiser le regard des hommes. Et pourtant,
cette femme qui marche ne pense pas que tous les
hommes sont des prédateurs. Non, bien évidemment,
mais elle a intériorisé toute l'ambiguïté de deux
regards qui se croisaient. Et l'homme, lui-même,
peut être gêné d'une intention qu'on a pu lui prêter.
Ce trouble, que nous le décelions ou pas, fait partie
intégrante de la vie quotidienne de chacune et chacun
et des relations sexuées entre femmes et hommes.
Cependant, il n'est pas question de faire abstraction
Vl
c
du harcèlement de rue auquel les femmes sont cons-
0
:µ
-0
tamment confrontées.
'<ll
::::>
<1l Entre la galanterie et le sexisme, la frontière est
ëi5
L
<1l parfois ténue. Tout est question de contexte, le sexisme
ro
u
>
ro insidieux est cet « autre sexisme » plus discret mais
~
\0
aussi plus sournois que le sexisme hostile du macho
,....,
0
N
ou du misogyne. Il est très difficile parfois d'identifier
@
......
.!:::
un comportement à connotation sexuelle d'un com-
Ol
ï::::
>-
a.
portement de galanterie. La femme pourra ressentir
0
u et interpréter de manière différente le même type de
comportement ou de posture selon le contexte dans
lequel il s'exprime. Par exemple, le cheveu délicate-
ment retiré sur l'épaule d'une femme par un ami
prend un tout autre sens si le même geste est effectué
par un collègue de bureau et encore plus si c'est un
supérieur hiérarchique.
Toutefois, les femmes et les hommes reconnaissent
et ressentent parfaitement les signes d'attirance
lorsqu'elles ou ils sont consentants pour être séduits
105
ou séduire et les expressions presqu'invisibles de
regards ou de gestes ne trompent pas dans ces situa-
tions.
Dans notre société, la loi interdit toute manifesta-
tion d'hostilité flagrante vis-à-vis de l'autre sexe. Le
sexisme insidieux permet d'insinuer sans être outrancier
et une phrase comme celle-ci:« Je n'ai rien contre les
femmes, au contraire, j'aime être tout contre elles »,
n'est pas une expression d'une certaine galanterie car
celui qui prononce ces quelques mots sait très bien
qu'il sexualise la relation et met son interlocutrice
en position de fragilité. Mais la société tolère cette
galanterie insidieuse et les femmes n'ont alors plus
qu'une réponse : trouver cela drôle et sympathique!
Que ceci soit bien clair, les femmes ne se réjouissent
jamais de ce genre de situation. Les femmes savent
très bien ce qu'elles veulent et font la différence entre
Vl
c
galanterie et séduction et sont tout aussi capables que
0
:µ
-0
les hommes de faire des avances.
'<ll
::::>
<1l
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
\0
« Il y a des sports de garçons
fü et des sports de filles. »
@
......
.!:::
Ol
ï::::
>-
a.
8 « Une olympiade de femelles est impensable, elle
est impraticable, inesthétique et incorrecte » ( 1896).
Qui aurait pensé cela de Monsieur de Coubertin ? À
cette époque, les femmes sont interdites aux Jeux
olympiques! Lhistoire du sport est fortement marquée
par la tradition militaire et les pratiques masculines.
Même, si fort heureusement, aujourd'hui, les
pratiques sportives ont considérablement évolué, les
interdits et les stéréotypes de sexe sont toujours très
prégnants chez les jeunes filles au niveau du sport.
106
Celles-ci pensent encore que certains sports sont
inenvisageables. Cette projection trop limitée est la
conséquence d'un manque d'informations mais aussi
de représentations déformées.
« On ne saurait laisser les attributs de son sexe
au vestiaire », écrit Catherine Louveau, sociologue
du sport (Sociologie du sport, 2007). Les parents sont
souvent les premiers à inciter leurs enfants à choisir
certains sports correspondant à des représentations
sexuées : danse classique pour les filles développant une
certaine « féminité », foot ou rugby pour les garçons
suscitant un esprit d'équipe et de combativité.
À l'exception du double mixte au tennis et au
badminton, les autres sports ne se jouent pas en équipe
mixte. Léquitation ou la voile permettent aux filles et
aux garçons de concourir dans les mêmes compétitions
(81,3 °/o des licenciés de la fédération française d' équi-
Vl
c
tation sont des femmes). Néanmoins, on peut constater
0
:µ
-0
quelques évolutions dans les « nouveaux » sports où il
'<ll
::::>
<1l y a moins de connotations sexuées comme les sports
ëi5
L
<1l aquatiques : les planches, etc. ou bien les sports urbains
ro
u
>
ro avec les rollers ou maintenant le jogging où l'on voit
~
\0
beaucoup de femmes pratiquer. Progressivement, les
,....,
0
N
femmes entrent même dans des territoires autrefois
@
......
.!:::
exclusivement réservés aux hommes comme le football
Ol
ï::::
>-
a.
où récemment Corinne Diacre est devenue la première
0
u femme entraîneuse d'une équipe professionnelle
d'hommes en France.
Cependant, il faut reconnaître que la promotion
des femmes au niveau de la pratique du sport n'est
pas encore dans les mentalités des fédérations et des
clubs l'une des premières préoccupations car celles-ci
sont dirigées majoritairement par des hommes sur
112 fédérations sportives, 11 seulement sont prési-
dées par des femmes ! Les équipements sportifs sont
occupés majoritairement par les garçons, et les filles
107
ont difficilement accès à ceux-ci et se retrouvent à
« regarder » les garçons.
Un autre phénomène est à prendre en considération.
Le sport féminin ne bénéficie pas de la même couver-
ture médiatique que le sport masculin aussi bien dans
la presse écrite (25 o/o de la surface rédactionnelle)
que sur les chaînes de télévision sous prétexte que ce
n'est pas rentable. Et les commentaires des journalistes
font encore souvent davantage référence à la « plas-
tique irréprochable» de telle tenniswoman qu'à son
jeu. Ainsi, les filles ne se projettent pas dans les
exploits des championnes et n'ont pas véritablement
de modèles. Pour lutter contre cette faible médiatisa-
tion du sport féminin, le ministère des Sports a créé
en 2013 un fonds de soutien pour le financement de
la production audiovisuelle.
Il est évident que le chemin est encore long pour
Vl
c
arriver à une réelle égalité des chances entre les
0
:µ
-0
hommes et les femmes au niveau de la pratique des
'<ll
::::>
<1l sports, pourtant, des championnes comme Florence
ëi5
L
<1l Arthaud ou Hélène Mac Arthur en voile et bien d'autres
ro
u
>
ro encore ont montré en leur temps qu'elles pouvaient
~
\0
rivaliser avec les hommes et qu'elles pouvaient tout
,....,
0
N
autant pratiquer leur sport avec succès si on leur lais-
@
......
.!:::
sait un petit peu de place pour le faire .
Ol
ï::::
>-
a.
0
u
108
reçue que les femmes ne savent pas conduire est
tellement présente que les femmes, elles-mêmes, inté-
riorisent ce stéréotype. Marie-Line Felonneau, maître
de conférences en psychologie sociale à l'université de
Bordeaux, démontre lors d'une expérimentation l'im-
pact de celui-ci. Il suffit de dire à un groupe de femmes
qu'on va leur faire passer un test de code de la route
susceptible de révéler des différences entre les femmes
et les hommes au niveau de la conduite automobile
pour que les scores s'effondrent alors qu'il n'en est pas
de même pour un autre groupe sensé répondre à un
test de sécurité routière.
Pour répondre à cette idée reçue « les femmes ne
savent pas conduire », il faudrait se poser la question
suivante : pourquoi dans ce cas les femmes ont moins
d'accidents que les hommes ? Au volant, les femmes
sont généralement plus prudentes et prennent moins
Vl
c
de risques que les hommes. Et, il n'y a pas encore si
0
:µ
-0
longtemps, les assureurs automobiles avaient pris en
'<ll
::::>
<1l considération cette donnée en octroyant une réduction
ëi5
L
<1l de la prime d'assurance (celle-ci a été interdite depuis
ro
u
>
ro par l'Union européenne pour discrimination).
~
\0
Si les femmes ont plus d'accrochages, les hommes
,....,
0
N
ont beaucoup plus d'accidents mortels. Les hommes
@
......
.!:::
auront davantage une conduite dangereuse et seront
Ol
ï::::
>-
a.
aussi plus souvent en état d'ivresse au volant (92 °/o des
0
u hommes sont responsables d'accidents mortels dus à
l'alcool (Observatoire national interministériel de la
sécurité routière, 2014). Il est aussi évident et incontes-
table que les symboliques de la voiture puissante et de
la vitesse restent encore très présentes dans les repré-
sentations masculines même si celles-ci tendent à
s'estomper ces dernières années.
Dans l'univers très macho du sport automobile,
cinq femmes seulement ont eu l'opportunité de piloter
une Fl lors d'une course pour environ 700 pilotes
109
masculins ! Néanmoins, lorsqu'on leur donne les
moyens, les femmes peuvent conduire tout aussi bien
que les hommes en compétition et la carrière de
Michèle Mouton est exemplaire à ce niveau puisqu'elle
est parvenue à se hisser au plus haut niveau mondial en
remportant quatre rallyes et à lutter pour le titre WRC
1982 jusqu'à la dernière épreuve. Sur circuit, Michèle
Mouton s'est aussi distinguée aux 24 Heures du Mans
en gagnant la catégorie 1 601 à 2 000 cm3 en 1975.
En 2011, le taux de permis pour les hommes est
de 52 °/o contre 48 °/o pour les femmes (statistiques rou-
tières, 2011). Désormais, le fait de conduire est devenu
l'un des symboles de l'accès à l'autonomie et à la liberté
des femmes. Néanmoins, lorsque l'on observe les couples
en voiture, ce sont encore les hommes qui tiennent le
volant dans de nombreux cas ! Mais que les hommes se
rassurent, les femmes conduisent tout aussi bien qu'eux
Vl
c
et il n'existe pas de gène de la conduite automobile.
0
:µ
-0
'<ll
::::>
<1l
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
«Le peu de femmes artistes peintres
\0
,....,
0
ou sculptrices connues montre bien
N
@ que les hommes sont plus créatifs. »
......
.!:::
Ol
ï::::
>-
a.
0
u
110
demande même si les « vénus » du paléolithique supérieur
ne seraient pas des autoportraits de femmes enceintes.
Au Moyen Âge, les femmes artistes étaient bien
souvent cantonnées à la pratique du textile et à la fabri-
cation de tapisseries comme celle de Bayeux par exemple.
Avec le développement de l'humanisme à la Renaissance,
Christine de Pisan (La Cité des dames, 1405) est consi-
dérée comme la première femme reconnue à avoir vécu
de son art, mais elle fait figure d'exception. LAcadémie
royale de peinture et sculpture lors de sa création en
1648 admet les femmes mais en nombre très restreint
puisqu'elles furent seulement 15 académiciennes en 130
ans. Il ne faut pas non plus oublier le rôle prépondérant
des femmes dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle qui
dirigeaient des salons littéraires et ont permis la divulga-
tion des idées des philosophes des Lumières. Pendant la
période révolutionnaire, l'École des Beaux-Arts, créée en
Vl
c
1796, exclut les femmes ; elles ne seront autorisées à y
0
:µ
-0
'<ll
entrer que vers 1896.
::::>
<1l Il faut bien comprendre quel' art symbolise par l'image,
ëi5
L
<1l le son, ou l'écriture la représentation que se font les
ro
>
ro individus d'une société et, en excluant les femmes de la
u
~
\0
création, ce monde reste éminemment masculin.
,....,
0
N Vierges, muses ou prostituées, les femmes ont été,
@
......
.!:::
pendant des siècles, une source d'inspiration des écri-
Ol
ï::::
>-
a.
vains, peintres, sculpteurs ou autres musiciens et ont
0
u joué un rôle dans la production artistique mais essen-
tiellement comme modèles. Comme l'écrit la philosophe
et historienne Geneviève Fraisse, « [. .. J la muse est tou-
jours l'autre d'un sujet, ombre, inspiration, ange ; et le
génie toujours le soi, l'auteur. Si la muse fut vigoureuse-
ment requise et maintenue à sa place par le poète des
années 1800, c'était pour conjurer l'avènement du génie
féminin : la femme devait rester dans l'altérité plutôt que
d'être soi», (Muse de la raison, démocratie et exclusion des
femmes en France, 1995).
111
Heureusement, le xx.esiècle a vu l'émergence d'artistes
femmes et le temps où les femmes n, avaient même pas
le droit de s'exercer à tel ou tel art pour des raisons de
bienséance est révolu.
Néanmoins la plupart des arts sont majoritairement
masculins et les chiffres restent très préoccupants.
Aujourd'hui, le domaine de la création artistique est
toujours très marqué par de fortes inégalités : par
exemple, pour la saison 2013-2014, 22 °/o des spectacles
ont été mis en scène par des femmes et elles dirigent
seulement 3 o/o des concerts (source: Opéra de Paris).
D'après le Secrétariat aux Droits des femmes : 92 °/o
des théâtres cofinancés par l'État sont dirigés par des
hommes, 97 % des musiques ont été composées par
des hommes et 85 °/o des textes au théâtre ont été écrits
par des hommes. Les plus célèbres comédiennes ont des
cachets nettement inférieurs à ceux des hommes avec
Vl
c qui elles partagent l'affiche. La création artistique reste
0
:µ
-0
'<ll
donc encore une affaire d'hommes dirigée par des
::::>
<1l
ëi5
hommes. Et les arts nouveaux comme la bande dessinée,
L
<1l le graffiti ou les vidéos n'échappent pas à la règle, les
ro
>
u
ro hommes s'y retrouvent majoritairement, et les femmes
~ ont des difficultés à s'y faire une place. Force est de
\0
,....,
0
N constater, hélas, que l'égalité entre les femmes et les
@
......
.!:::
hommes n'existe pas encore réellement dans l'art comme
Ol
ï::::
>-
a.
dans les autres domaines tels que la vie professionnelle,
0
u la politique ou bien le sport. Il ne s'agit pas d'un
manque de créativité de la part des femmes mais bien
de l'histoire de la place des femmes dans notre société
et d'une éducation stéréotypée bloquant l'expression
artistique de celles-ci.
112
Conclusion
113
d'acuité et de nombreux hommes se considèrent,
désormais, défavorisés ou discriminés par rapport
aux femmes. Ce serait un peu, pour eux, comme un
déni des normes masculines, un dépit face à une
double dépossession professionnelle et privée et un
désir aussi d'un nouvel équilibre. Tout en reconnais-
sant le principe de l'égalité, ces hommes ne com-
prennent plus ces repères qui changent et se sentent
en concurrence et menacés par « ces » femmes qui
voudraient tout.
Le politiquement correct change subrepticement
et des voix masculines mais aussi féminines s'élèvent
pour un retour à des rôles bien déterminés. On
confond facilement l'égalitarisme et le concept d' éga-
lité. En effet, défendre et faire progresser l'égalité
entre les femmes et les hommes, c'est simplement
permettre aux femmes et aux hommes d'avoir les
Vl
c
mêmes possibilités, les mêmes opportunités et les
0
:µ
-0
mêmes choix, ce qui n'est pas encore le cas en France
'<ll
::::>
<1l actuellement. Mais, cela ne signifie pas que les femmes
ëi5
L
<1l et les hommes doivent faire les mêmes choses et avoir
ro
u
>
ro les mêmes préoccupations. Bien heureusement, des
~
\0
différences existent et même si elles ont été construites
,....,
0
N
socialement, notamment par l'éducation, c'est dans
@
......
.!:::
le cadre d'une complémentarité que l'égalité pourra
Ol
ï::::
>-
a.
être réelle.
0
u
114
égalité aient toute leur place et ne se sentent pas
exclus. C'est une lutte de tous les jours en termes de
décryptage qui ne pourra se faire qu' ensemble : femmes
et hommes pour vivre autrement et plus harmonieuse-
ment les rapports sociaux sexués aussi bien dans la vie
privée, la vie professionnelle et la vie publique.
Vl
c
0
:µ
-0
'<ll
::::>
<1l
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
\0
,....,
0
N
@
......
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Ol
ï::::
>-
a.
0
u
115
Vl
c
0
:µ
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'<ll
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<1l
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
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0
N
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......
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Ol
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>-
a.
0
u
''
ANNEXES
Vl
c
0
:µ
-0
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<1l
ëi5
L
<1l
ro
>
ro
u
~
\0
,....,
0
N
@
......
.!:::
Ol
ï::::
>-
a.
0
u
L'histoire de l'égalité
entre les femmes et les hommes
1789
Essai sur l'admission des femmes aux droits de cité par
Condorcet.
1791
Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne par
Olympe de Gouges.
Après la Terreur, les rassemblements de plus de cinq femmes
deviennent illégaux.
1804
Le Code civil affirme l'incapacité juridique totale de la femme
mariée.
1810
Le code Napoléon interdit aux femmes mariées de percevoir
elles-mêmes leur salaire, de travailler sans l'autorisation du
Vl
c mari, de signer un contrat, de gérer leurs biens, de partir à
0
:µ
-0
l'étranger sans autorisation.
'<ll
::::>
<1l Il instaure :
ëi5
L
<1l L'adultère de la femme devient un délit, passible de prison,
ro
>
ro celui du mari n'est passible que d'une simple amende, si les
u
~ faits ont lieu dans le domicile conjugal et de façon répétée.
\0
,....,
0
Les filles-mères et les enfants naturels n'ont aucun droit. Le
N
@
« devoir conjugal » est une obligation, il n'y a pas de viol
......
.!:::
Ol
entre époux. De lourdes peines contre l'avortement.
ï::::
>- 1816
a.
0
u
La loi Bonald interdit le divorce.
1836
Création de l'enseignement primaire pour les filles (ordon-
nance du 23 juin).
1848
Le suffrage universel exclue les femmes.
1850
La loi Falloux rend obligatoire la création d'une école de filles
dans toutes les communes de plus de 800 habitant-e-s.
118
1874
Interdiction du travail des femmes dans les mines et les
carrières.
1880
La loi Camille Sée organise l'enseignement secondaire féminin
mais celui-ci n'est pas sanctionné par le baccalauréat
1881
Une femme mariée peut ouvrir un livret de caisse d'épargne
sans l'autorisation de son mari.
1881-1882
Les lois jules Ferry (28 mars) instaurent l'enseignement primaire
obligatoire, public et laïc, ouvert aux filles comme aux garçons.
1907
La loi accorde aux femmes mariées la libre disposition de leur
salaire.
1909
La loi institue un congé de maternité de 8 semaines sans
Vl
c
0
:µ
rupture de contrat mais sans traitement.
-0
·<ll
::::>
1910
<1l
ëi5 Création de la journée internationale des droits de la femme.
L
<1l
ro
>
ro
1919
u
~ Création d'un baccalauréat féminin. Les filles ont accès aux
\0
,....,
0
universités.
N
@ 1924
......
.!:::
Ol
ï:::: Équivalence entre les baccalauréats féminin et masculin.
>-
a.
u
0
1937
Les femmes sont autorisées à enseigner le latin, le grec et la
philosophie.
1938
Les femmes peuvent s'inscrire à l'université sans l'autorisation
de leur mari.
La puissance maritale est supprimée: l'épouse n'est plus
tenue au devoir d'obéissance à son mari . Mais ce dernier
conserve le droit d'imposer le lieu de la résidence et d'autoriser
ou non l'exercice d'une profession par sa femme. Il reste
119
le chef de la famille (18 février). La femme mariée peut obtenir
une carte d'identité et un passeport.
1942
Les femmes mariées peuvent travailler, même si leurs maris
travaillent à condition de ne pas occasionner le licenciement
de ces derniers.
L'avortement de délit (1923) devient« crime contre la sûreté
de l'État» et est passible de la peine de mort.
1944
Obtention du droit de vote et d'éligibilité pour les femmes.
1946
Suppression de la notion de salaire féminin, les textes indiquent
« à travail égal, salaire égal » (arrêté du 30 juillet).
Le principe d'égalité entre les femmes et les hommes est
désormais inscrit dans le préambule de la Constitution.
1956
Fondation de « La Maternité heureuse » qui deviendra en 1960
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le Mouvement français pour le planning familial.
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-0
·<ll 1957
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<1l
ëi5 Traité de Rome : Chaque État doit assurer l'égalité des salaires
L
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entre les hommes et les femmes pour un même travail.
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u 1965
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,...., Possibilité d'exercer une activité professionnelle sans le
0
N consentement du mari.
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......
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Ol
Les femmes le cas échéant peuvent percevoir l'allocation prin-
ï::::
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a.
cipale de chômage.
0
u
Réforme des régimes matrimoniaux, la femme mariée peut
administrer ses biens propres (loi du 1 3 juillet) mais le mari
administre seul les biens communs et ceux des enfants.
1967
Les femmes sont autorisées à entrer à la Bourse de Paris, ce
qui était interdit depuis un arrêté royal de 1 724.
1970
Substitution de l'autorité parentale conjointe à la puissance
paternelle. La notion de « chef de famille » est supprimée du
Code civil.
120
1972
Reconnaissance du principe d'égalité de rémunération entre
les hommes et les femmes pour des travaux de valeur égale
(loi du 22 décembre),
L'école Polytechnique devient mixte: huit femmes sont
reçues et l'une d'entre elle (Anne Chopinet) sera major de
promotion.
1973
L'éducation sexuelle est introduite dans les programmes des
collèges et des lycées.
1974
Loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse qui ne sera
définitive qu'en 1979.
1975
Loi contre les discriminations sexistes à l'embauche.
Obligation de la mixité dans les établissements scolaires
publics primaires et secondaires (loi Haby).
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0
Ouverture de la première structure pour femmes victimes
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-0 de violences à Clichy, qui porte le nom de Flora Tristan, l'une
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<1l des initiatrices du féminisme en France au x1xe siècle.
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<1l 1983
ro
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u
ro Loi d'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes,
~ interdiction des discriminations fondées sur le sexe dans
\0
,....,
0 l'emploi (loi Roudy du 13 juillet).
N
@ Suppression de la notion de chef de famille dans le droit fiscal.
......
.!:::
Ol
ï::::
>- 1984
a.
0
u Le congé parental d'éducation est ouvert à chacun des
parents salarié-e-s (loi du 4 janvier), sans distinction de sexe.
1986
Une circulaire préconise la féminisation des noms de métier,
fonction, grade ou titre (11 mars).
1989
Lancement de la première campagne nationale d'information
sur les violences conjugales et création de commissions
départementales d'action contre les violences faites aux
femmes.
121
1993
Principe de l'exercice conjoint de l'autorité parentale à l'égard
de tous les enfants (légitimes ou naturels) quelle que soit la
situation des parents (mariés, concubins, divorcés, séparés),
1997
Le rapport parlementaire sur la représentation des femmes
dans les livres scolaires souligne la persistance des stéréotypes
et une présentation surannée des activités féminines,
1999
Loi constitutionnelle du 8 juillet portant égal accès des hommes
et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions élec-
tives (articles 3 et 4 de la Constitution),
2001
Loi Génisson sur l'égalité professionnelle, Elle vise, dans un
titre premier, à modifier le Code du travail pour renforcer la
loi Roudy et, dans un second, à mieux assurer l'égalité
professionnelle dans les trois fonctions publiques (fonction
publique de l'État, fonction publique territoriale, fonction
Vl
c
0 publique hospitalière).
:µ
-0
'<ll Novembre : Loi de lutte contre les discriminations. Les critères
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<1l
ëi5 invoqués par la loi sont l'origine, le sexe, les mœurs, l'orien-
L
<1l tation sexuelle, l'âge, la situation de famille, l'appartenance
ro
>
ro ou la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une
u
~ nation, une race, les opinions politiques, les activités syndicales,
\0
,....,
0
les convictions religieuses, l'apparence physique, le patronyme,
N
@
les caractéristiques génétiques et l'état de santé ou le handi-
......
.!:::
Ol
cap .
ï::::
>-
a.
0
2002
u
Congé de paternité facultatif de 10 jours à 1OO % du salaire.
2004
Création du label Égalité-e.
2006
Loi sur l'égalité salariale : les entreprises de plus de 50 salarié-
e-s ont 5 ans pour supprimer les disparités salariales entre
hommes et femmes.
Convention interministérielle pour l'égalité entre les filles et
les garçons dans le système éducatif.
122
La loi du 4 avril renforce la prévention et la répression des vio-
lences au sein du couple, notamment en élargissant le champ
d'application de la circonstance aggravante à de nouvelles
personnes (Pacsés, et ex-conjoints).
2008
Modification du premier article de la Constitution.
La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux
mandats électoraux et fonctions électives ainsi qu'aux respon-
sabilités professionnelles et sociales.
2011
Loi « Copé-Zimmerman ». Elle fixe des quotas de femmes
dans les conseils d'administration et de surveillance des grandes
entreprises de plus de 500 salariés (entreprises publiques et
entreprises cotées en Bourse) ayant un chiffre d'affaires de
plus de 50 millions d'euros. Il est prévu que ces instances
comptent au moins 20 % de femmes en 2014 et 40 % en
2017. Le non-respect de ces quotas entraînerait la nullité des
nominations (sauf celle des femmes).
Vl
c Décret du 7 juillet 2011, issu de l'article 99 de la loi du 9
0
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-0
novembre 2010 portant sur la réforme des retraites. Il instaure,
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au 1er janvier 2012, une pénalité financière contre les entre-
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prises de plus de 50 salariés qui n'auraient pas conclu d'accord
<1l
ro collectif ou de plan d'action en faveur de l'égalité au 1er janvier
>
ro
u 201 O. La pénalité, jusqu'à 1 % de la masse salariale, peut
~
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cependant être revue à la baisse en fonction des efforts consta-
,....,
0
N tés en matière d'égalité et en cas de difficultés économiques.
@
......
.!:::
2012
Ol
ï::::
>-
a. Décret du 12 décembre renforçant les contraintes : le nombre
0
u de thèmes à traiter impérativement dans les accords ou les
plans d'action passe de trois à quatre; le traitement de la
rémunération est désormais obligatoire. Les entreprises
auront l'obligation de déposer leurs plans d'action auprès des
services de l'État. Le texte introduit une primauté de la négo-
ciation sociale pour les entreprises de 300 salariés et plus qui
ne pourraient adopter de plan d'action unilatéral uniquement
en cas d 'échec attesté des négociations.
2014
Loi du 4 août pour l'égalité réelle entre les femmes et les
hommes. La première loi-cadre pour le droit des femmes est
123
tout entière construite pour assurer une pleine effectivité des
droits, La loi prévoit ainsi 38 dispositions qui permettront de
réduire les inégalités de rémunérations et de parcours profes-
sionnels, les inégalités dans la répartition des tâches domes-
tiques, les inégalités au moment des séparations, les inégalités
dans l'accès aux responsabilités politiques, sociales, profes-
sionnelles ou encore dans la représentation médiatique. Elle
crée un cadre juridique renouvelé pour apporter une réponse
plus rapide, plus protectrice et plus efficace aux femmes
victimes de violences.
Vl
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0
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,....,
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u
124
Pour aller plus loin
125
Grésy B., Petit traité contre le sexisme ordinaire, Belin, 2009.
Comment débusquer, comprendre les mille et un traits du
sexisme ordinaire dans le monde du travail ?
126
L'association LA BOUCLE
127
Titres parus dans la même collection