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« Cours de Mécanique des Sols » Chapitre 2

Chapitre 2 : Propriétés physiques des sols

2.1 Introduction
2.2 Nature et formation des sols
2.3 Eléments constitutifs d’un sol
2.4 Paramètres physiques d’un sol
2.4.1 Diagramme des phases
2.4.2 Paramètres dimensionnels
2.4.3 Paramètres adimensionnels
2.4.4 Relations entre les paramètres
2.4.5 Densité relative
2.5 Détermination expérimentale des paramètres physiques d’un sol
2.5.1 Essais en laboratoire
2.5.2 Essai in-situ
2.6 Essais d’identifications
2.6.1 Analyse granulométrique
2.6.2 Limites d’Atterberg
2.7 Classification des sols
2.8 Compactages des sols
2.8.1 Essai Proctor
2.8.2 Interprétation et extrapolation des résultats
2.9 Conclusions

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« Cours de Mécanique des Sols » Chapitre 2

2.1 Introduction :

Ce chapitre se rattache à l’étude de l’aspect physique des sols. En premier lieu on s’intéresse à
spécifier l’origine des sols et leur composition. Par la suite, on définit les paramètres physiques des
sols et les essais qui permettent de les obtenir. En second lieu, on donne les essais d’identification et
les méthodes de classification des sols. Enfin, on étudie le compactage des sols afin de définir les
conditions d’exécution des ouvrages en terre.

2.2 Nature et formation des sols :

Les sols, cohérents et pulvérulents, correspondent à l’ensemble des roches meubles. Ils
rentrent tous dans la catégorie des roches sédimentaires. Ces roches sont d’origine détritique
(matériaux en débris) et se forment à partir de tous les déchets de la nature. Elles comportent alors :

 minéraux : provenant de l’altération et l’érosion des roches


 végétaux : transformation chimique de fibres végétales
 animaux : dépôts de coquillage, squelette.

Les sols sont formés par altération des roches sous forme de dépôts qui se consolident sous
l’effet de la pesanteur. On distingue alors trois catégories, à savoir :

 les sols résiduels : qui sont formés sur place dues au seul effet d’altération
 les sols transportés : qui sont le résultat du transport de leurs éléments par divers agents
naturel (air, eau, mer) et sous diverses formes (solide, en solution) suivi du dépôt dans
des bassins de sédimentation.
 les sols organiques : qui comportent une forte proportion de matière organique.

Les sols et roches sédimentaires possèdent les propriétés suivantes :

 stratification : pratiquement horizontale


 anisotropie : liée au mode de dépôt
 paléontologie : l’étude des fossiles permet de les dater.

2.3 Eléments constitutifs d’un sol :


Un sol est un mélange d’éléments solides constituant le squelette solide, l’eau pouvant
circuler ou non entre les particules et l’air. Il est donc constitué généralement de trois phases, à
savoir :

 grains solides : phase solide


 eau : phase liquide
 air : phase gazeuse.
Pour les sols organiques on peut ajouter les éléments organiques qui peuvent être
caractérisées par leur pourcentage pondéral.

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 Les grains solides : la forme et les propriétés des particules solides des sols influent sur le
comportement global du sol. On distingue plusieurs formes de grains solides : lamelles,
arrondie, et angulaire. L’arrangement de ces grains au sein du massif du sol et le nombre
de contact qu’ils forment entre eux conditionnent la réponse mécanique du milieu : c’est
à dire compressibilité, résistance, etc.

lamelle arrondie angulaire

 L’eau interstitielle entre les grains : on distingue deux types d’eau :

 eau libre qui occupe totalement ou partiellement les vides entre les grains. Elle peut
circuler sous l’influence d’un gradient hydraulique. Elle s’évapore complètement
lorsque le sol est porté à une température légèrement supérieure à 100°C. Cette eau
n’est pas pure, elle comprend notamment des gaz dissous, qui apparaissent sous
forme de bulles lorsque la pression diminue.
 eau adsorbée qui constitue un film autour de chaque particule solide. Cette eau a des
propriétés physiques différentes de l’eau libre, caractérisée par une viscosité élevée.
Son élimination est difficile. En général, il faut chauffer le sol à une température de
200 à 300°C.

 Le gaz : il se trouve dans les vides entre les grains. Il est généralement un mélange d’air
et de vapeur d’eau. Une partie de ce gaz peut être dissous dans l’eau interstitielle lorsque
le sol est proche de la saturation et que la pression de l’eau soit élevée.

air et vapeur d’eau eau adsorbée


grain
ménisque d’eau

eau libre
grain
Sol non saturé
Sol fin saturé

2.4 Paramètres physiques d’un sol :


Comme le sol est constitué de plusieurs phases, il est nécessaire pour définir sa composition
d’analyser chacune de ces phases, puis de décrire dans quelles proportions volumiques ou
pondérales elles se trouvent. Cela conduit à définir d’une part des paramètres dimensionnels et
d’autre part des paramètres adimensionnels. L’ensemble de ces paramètres constituent les
paramètres physiques du sol.

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2.4.1 Diagramme des phases :

Pour faciliter l’étude des relations entre les phases, les différents constituants du sol sont
arbitrairement séparés dans un diagramme qu’on appelle « diagramme des phases ». Les volumes
des différentes phases sont indiqués à gauche et les poids à droite.
air
grain
solide
Va air Wa ≈ 0
s
VV
V  V
Vw eau Ww
W
eau
Vs solide Ws

Volume élémentaire Diagramme des phases


d’un sol
V : volume total du sol W : poids total du sol avec les relations suivantes :
VV : volume des vides Ww : poids de l’eau V = VV + Vs
Va : volume de l’air Ws : poids des grains solides VV = Va + Vw
Vw : volume de l’eau W = Ws + Ww
Vs : volume des grains solides

2.4.2 Paramètres dimensionnels :

Les poids volumiques sont les paramètres dimensionnels qui caractérisent chacune des phases
(hormis la phase gazeuse dont le poids est négligé). On définit alors :

W
 γ : poids volumique total du sol à son état naturel 
V
Ws
 γs : poids volumique des grains solides s 
Vs
W
 γw : poids volumique de l’eau  w  w  9,81 kN / m3 10 kN / m 3
Vw
W
 γd : poids volumique du sol à l’état sec d  s
V
W   wVV
 γsat : poids volumique du sol à l’état saturé  sat  s
V
 γ’ : poids volumique déjaugé du sol  '   sat   w

En fait l’expérience montre que le poids volumique des grains solides varie peu en fonction
du type de sol, comme l’indique le tableau suivant :

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Type de sol γs (kN/m3)


Gravier, sable 26,5
Sable limoneux 26,7
Limon (silt) 27
Argile limoneuse 27,5
Argile 28

En pratique, par manque de données, il est souvent admis d’utiliser la valeur γs = 27 kN/m3
quel que soit le type de sol.
 27
On peut aussi définir la densité des grains solides du sol par : Gs  s   2, 7
 w 10
2.4.3 Paramètres adimensionnels :
Les paramètres sans dimensions indiquent dans quelles proportions volumiques ou pondérales
se trouvent les différentes phases d’un sol. Leur importance est grande car ils caractérisent l’état
dans lequel se trouve le sol. Ces paramètres sont :

 w : teneur en eau ; est définie comme étant le rapport du poids de l’eau au poids des
grains solides. Elle s’exprime comme :
W
w  w  100 %
Ws
 e : indice des vides ; qui permet de savoir si les vides sont importants ou non, c’est-à-dire
si le sol est dans un état physique lâche. ou serré. Il est définit comme étant le rapport
entre le volume des vides et le volume des grains solides. Il est donné par :
V
e V
Vs
 n : porosité ; dont la signification est analogue à celle de l’indice des vides. Elle est
définit comme étant le rapport entre le volume des vides et le volume total du sol. Elle est
donnée par :
V
n V
V
 Sr : degré de saturation ; qui indique dans quelle proportion les vides sont remplis par
l’eau. Il est définit comme étant le rapport du volume de l’eau au volume des vides. Il
s’exprime comme :
V
S r  w  100 %
VV
- si Sr  0 % : sol sec (2 phases : grains solides + air)
- si 0 %  Sr  100 % : sol partiellement saturé (3 phases : grains solides + eau + air)
- si Sr  100 % : sol saturé (2 phases : grains solides + eau).
Il est important de noter que l’indice des vides et la teneur en eau sont les paramètres les plus
importants dans la définition de l’état physique d’un sol. L’indice des vides est le paramètre utilisé
pour définir l’état physique d’un sol granulaire alors que la teneur en eau est utilisée pour définir
l’état physique d’un sol fin.

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2.4.4 Relations entre les paramètres :


Tous les paramètres définis précédemment ne sont pas indépendants. Il arrive souvent de
déterminer des relations existantes entre certains d’entre eux. On cite à titre d’exemples les relations
suivantes :
e n
n ; e ; w Gs  Sr e
1 e 1 n
1 w
   d (1  w) ;   s
1 e
Ces relations peuvent être établies en utilisant le diagramme des phases comme il est indiqué
ci-après

On pose Vs  1 m 3 ; on aura alors :


Ws Ws
s    Ws   s air
Vs 1
e
W W Sr e eau s
w w  w  Ww  w  s 1 e 1    s
Ws s
W  Ws  Ww   s  w  s  (1  w) s 1 solide s
V V
e  V  V  VV  e
Vs 1
V V
S r  w  w  Vw  S r e
Vv e
V  Vs  VV  1  e

On peut alors retrouver les relations à partir de la définition du paramètre à relier. Par
exemples :
Vv e W 1 w
n  et   s
V 1 e V 1 e
Ainsi, on montre alors que :

 pour un sol donné (3 phases : grains solides + eau + air) ; il suffit de connaitre 3
paramètres indépendants pour déterminer tous les paramètres physique du sol

 pour un sol à l’état sec (2 phases : grains solides + air) ou un sol à l’état saturé (2
phases : grains solides + eau) ; on a besoin de connaitre que 2 paramètres indépendants
pour déterminer tous les paramètres physique du sol.

2.4.5 Densité relative :


L’indice des vides est le paramètre le plus important dans la définition de l’état physique d’un
sol granulaire. Il permet de donner en première approximation une idée sur la disposition des grains
(structure d’un sol) en indiquant si cette dernière est lâche ou compacte (dense).

Dans un sol lâche, les grains auront peu de contact entre eux, ce qui conduit à beaucoup de
déformabilité et peu de résistance. L’inverse biensûre caractérise l’état de sol dense. La figure ci-
dessous illustre ce phénomène en donnant une représentation schématique des arrangements
extrêmes de billes sphériques identiques.

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h

état lâche état compact


(n=0,48 ; e=0,92) (n=0,35 ; e=0,25)

Pour caractériser l’état de compacité d’un sol granulaire on utilise la densité relative, notée Dr
et définie comme :
e e
Dr  max  100%
emax  emin
avec emax : indice des vides du sol à l’état le plus lâche
emin : indice des vides du sol à l’état le plus dense
e : indice des vides du sol à son état naturel

Il est à noter que l’indice des vides maximal emax et l’indice des vides minimal emin sont
mesurés expérimentalement en laboratoire.

L’état de compacité d’un sol pulvérulent est alors définit selon le tableau suivant :

Densité relative Dr (%) Etat de compacité


0 – 15 Très lâche
15 – 35 Lâche
35 – 65 Moyen
65 – 85 Dense
85 - 100 Très dense

2.5 Détermination expérimentale des paramètres physiques d’un sol :


En pratique, on dispose de deux types d’essais pour effectuer les mesures expérimentales.
Selon la nature du sol, on peut :

 soit réaliser des essais en laboratoire, sur des échantillons de sols dans chaque couche. Il
existe deux méthodes de prélèvement d’échantillons ;

 ou encore des essais in-situ, pour le cas des sols granulaires pour lesquels le prélèvement
d’échantillons « intact » est pratiquement impossible.

2.5.1 Essais en laboratoire :

a) Poids volumique total du sol (échantillon intact) :

Pour déterminer le poids volumique total du sol, on doit mesurer la masse et le volume d’un
échantillon intact. La procédure est la suivante :

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 on pèse l’échantillon
 on enveloppe l’échantillon avec de la paraffine et on le pèse une deuxième fois
 on immerge l’échantillon dans l’eau et on mesure le volume d’eau déplacé.

m1 : masse totale de m2 : masse de l’échantillon V =Véch + Vp


l’échantillon avec de la paraffine

Le poids volumique du sol est donné par :


Wéch m1 g
  avec Véch  V  Vp
Véch Véch

mp m2  m1
Le volume de la paraffine est calculé comme : Vp  
p p
Conventionnellement, la masse volumique de la paraffine est pris égale à  p  0,88 g / cm3 et
correspond à une première utilisation.

b) Poids volumique des grains solides (échantillon remanié) :


Pour déterminer le poids volumique des grains solides du sol, on doit mesurer la masse et le
volume d’un échantillon de sol sec après passage à l’étuve. L’essai est conduit sur un échantillon de
quelque dizaines de grammes. La procédure de l’essai est la suivante :

 on pèse la tare (pycnomètre)


 on verse l’échantillon de sol dans le récipient et on pèse l’ensemble
 on remplit le récipient avec de l’eau désaérée jusqu’à l’index et on pèse l’ensemble.

V
grains solides

m1 : masse de la tare (pycnomètre) m2 : masse des grains solides + tare


pompe

V
°c

graisse

m3 : masse des grains solides + tare+ eau

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Ws ms g
Le poids volumique des grains solides est donné par :  
Vs Vs
m3  m2
avec ms  m2  m1 et Vs  V  Vw  V 
w
En général, la masse volumique de l’eau est prise selon la température de l’essai égale à :

 w  0,999 g / cm3 pour 12 C    18 C


 w  0,998 g / cm3 pour 18 C    24 C
 w  0,997 g / cm3 pour 24C    30 C
c) Teneur en eau (échantillon remanié) :

La teneur en eau est déduite à partir des masses d’un échantillon de sol mesurées avant et
après passage à l’étuve à 100°C. Elle est donnée alors par :

Ww W  Ws m  ms
w   avec m : masse totale du sol à l’état naturel
Ws Ws ms
ms : masse du sol à l’état sec après passage à l’étuve

Il est à noter que la masse sèche du sol ms est atteinte lorsqu’on obtient les mêmes valeurs
pour deux mesures successives à intervalle de temps donné.

Ainsi, on peut obtenir expérimentalement trois paramètres indépendants qui sont suffisant
pour calculer les paramètres physiques du sol.

2.5.2 Essai in-situ :

Sur place, pour mesurer le poids volumique du sol on utilise le densitomètre à membrane.
Cette méthode consiste à mesurer le volume d’une cavité en utilisant l’eau contenue dans une
membrane souple étanche. Cet essai est souvent utilisé comme un essai de contrôle de la compacité
du sol mis en place lors de l’exécution des ouvrages en terre.

Dans son principe, l’essai consiste à creuser une cavité, à recueillir et peser la totalité du sol
extrait, puis à mesurer le volume de la cavité à l’aide du densitomètre à membrane. L’appareil est
doté d’un piston qui, sous l’action de l’opérateur, refoule un volume dans une membrane souple
étanche qui épouse la forme de la cavité. Une tige graduée permet de lire directement le volume.

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La pression de l’eau appliquée déforme la cavité, ce qui engendre une erreur dans la mesure
du volume. Ainsi, en pratique on peut déterminer le volume de la cavité en la remplissant d’un sable
sec de masse volumique connue, dans des conditions de mise en place définies. Le volume est
calculé comme :
m
V avec  sable est déterminé en laboratoire dans les mêmes conditions
 sable

2.6 Essais d’identifications :


Les essais d’identification permettent avant tout de connaître le type de sol rencontré. Ils
peuvent par ailleurs nous donner des renseignements sur les propriétés physiques et des indications
sur les propriétés mécaniques ou hydrauliques du sol.

Les sols naturels sont le plus souvent constitués d’un mélange de grains de différentes tailles
pouvant comporter des particules d’argile, du sable, des cailloux et des matières organiques. Les
diverses proportions de ces particules élémentaires influent sur les caractéristiques mécaniques du
sol et ses différentes propriétés. Aussi, est-il important d’étudier la granulométrie du sol, c’est à dire
la répartition des grains suivant leurs dimensions.

2.6.1 Analyse granulométrique :

L’analyse granulométrique a pour but de déterminer les proportions des grains de différentes
tailles dans le sol. Elle s’effectue :
 par tamisage pour les grains ayant un diamètre > 80 m,
 par sédimentométrie pour les grains plus fins.
a) Sédimentométrie :

Le principe de mesure est basé sur la détermination de la quantité de sol reste en suspension.
Le diamètre équivalent de ces grains qui restent en suspension est déduit à partir de la loi de
Stockes, qui donne la vitesse limite v d’une particule sphérique de diamètre d et de poids volumique
gs tombant en chute libre sous l’action de la pesanteur dans un liquide visqueux de poids volumique
gw et de viscosité nu. Cette loi s’exprime comme :

s w 2 H  H : hauteur de chute


v d avec v où 
18 t  t : temps écoulé

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pipette
passage
à l’étuve

rhéostat
20°C Véch : volume de ms : masse des
H l’échantillon grains solides
Densité moyenne des   ms ( g / cm3 )
moy
temps grains solides : Véch
écoulé t1 t2 t3

Méthode de la pipette

Densité des particules


en suspensions
(g / cm3)

rhéostat
20°C
H

temps écoulé : t
Méthode au densimètre
b) Tamisage :

Pour un poids de sol donné et une série de tamis normalisée, on tamise le sol à travers
l’empilement de tamis. Le poids du sol retenu sur chaque tamis appelé refus est ensuite enregistré.
Les résultats ainsi obtenus sont reportés graphiquement sur une courbe appelée « courbe
granulométrique ».

Tamis normalisé
refus

Table vibrante

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c) Courbe granulométrie :

La courbe granulométrique donne les pourcentages cumulés des éléments retenus ou passant
à travers chaque tamis. Pour caractériser la forme de cette courbe, on définit deux coefficients, à
savoir :
 le coefficient d’uniformité Cu donné par :

d 60  Cu  2 : granulométrie uniforme
Cu  exemples : 
d10  Cu  2 : granulométrie étalée
 le coefficient de curvature Cc donné par :
d302
Cc 
d10  d 60
avec d10 , d30 et d 60 correspondent respectivement aux diamètres lus pour 10%, 30% et 60% de
tamisat.

Selon la forme de la courbe granulométrique on peut donner une qualification pour la


répartition des grains d’un sol. La figure ci-dessous donne quelque exemples de courbes
granulométriques ainsi que leur désignations.

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2.6.2 Limites d’Atterberg :

Dans les sols fins, où la surface spécifique des grains solides est grande, l’eau joue un rôle
important par son influence sur les contacts entre les grains et les forces qui s’exercent entre eux.

Selon la valeur de la teneur en eau, la structure d’un sol fin varie et ses propriétés mécaniques
évoluent depuis celles d’un solide (w faible) jusqu’à celles d’un liquide (w élevée). Entre ces deux
états, pour des valeurs moyennes de la teneur en eau, le sol possède des propriétés plastiques.

eau adsorbée eau libre


grains

0 w
Etat solide wp Etat plastique wL Etat liquide
V
Structure microscopique d’un sol fin

La transition d’un état à l’autre est très progressive, c’est pourquoi toute tentative pour fixer la
limite entre deux états comporte une part d’arbitraire. Néanmoins, on utilise des limites définies
d’une manière conventionnelle par Atterberg et précisées ensuite par Casagrande. Ces limites
représentent des teneurs en eau critiques marquant le passage du sol d’un état à un autre Ce sont :

 wL : limite de liquidité qui sépare l’état plastique de l’état liquide

 w p : limite de plasticité qui sépare l’état solide de l’état plastique.

Ces limites d’Atterberg dépendent de la nature du sol fin et doivent alors être déterminées
expérimentalement.

a) Limite de liquidité :

La limite de liquidité peut être déterminée par deux méthodes, à savoir :

 à l’appareil de Casagrande

 à l’aide du pénétromètre à cône.

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 Appareil de Casagrande :

Le principe de l’essai consiste à donner à un échantillon de sol initialement subdivisé en deux


parties des chocs avec une cadence régulière. On compte alors le nombre de coups nécessaire à
rapprocher les deux parties sur une longueur de 1 cm environ. Par convention, la limite de liquidité
est la teneur en eau corresponde à 25 coups.

wL = 31,6 %

On note que la mesure dépend considérablement de l’expérience de l’opérateur.

 Pénétromètre à cône :

Le principe de l’essai consiste à mesurer l’enfoncement d’un cône normalisé qui tombe en
chute libre sur un échantillon de sol contenu dans un récipient. Par convention, la limite de liquidité
est la teneur en eau corresponde à un enfoncement de 17 mm.

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wL = 40,4 %

b) Limite de plasticité :

Pour déterminer la limite de plasticité on roule à la main un échantillon de sol en forme de


cylindre qu'on amincit progressivement. Par définition, la limite de plasticité est la teneur en eau
d’un rouleau de sol qui se brise en petits morceaux au moment où son diamètre atteint 3 mm.

tige métallique Φ= 3 mm

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c) Interprétation des résultats :

Les résultats obtenus permettent de définir des paramètres utilisés pour identifier et classifier
le sol. Ces paramètres sont :

 Indice de plasticité I p : détermine l’étendue du domaine plastique du sol

I p  wL  w p

Indice de plasticité Degré de plasticité


0 < Ip < 5 non plastique
5 < Ip < 15 plastique
15 < Ip < 40 moyennement plastique
40 < Ip très plastique

Indice de plasticité Type de sol


Ip < 1 Sol pulvérulent
1 < Ip < 7 Sable argileux
7 < Ip < 17 Argile sableuse
17 < Ip Argile

 Indice de consistance I c : définir l’état de consistance du sol à son état naturelle


wL  w
Ic  avec w : teneur en eau naturelle du sol
Ip
Indice de consistance Consistance du sol

Ic  0 liquide
0  I c  15 plastique
Ic  1 solide plastique
Ic  1 solide ou semi-solide

 Indice de liquidité I L : détermine l’étendue du domaine plastique du sol

w  wp Indice de consistance Consistance du sol


IL 
Ip
IL  0 très dure
0  IL  1 dure à très plastique
IL  1 liquide

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2.7 Classification des sols :


Les sols naturels sont le plus souvent constitués d’un mélange de grains de différentes tailles
pouvant comporter des particules d’argile, du sable, des cailloux et des matières organiques. La
proportion des particules la plus pondératrice est utilisée pour la nomination du sol.

D’une manière conventionnelle, les sols sont classés d’après la grosseur des grains comme
l’indique le tableau suivant :

Type de sol Dimension des grains (mm)


Cailloux  > 20
Gravier 2 <  < 20
sable gros 0,5 <  < 2
sable moyen 0,2 <  < 0,5
sable fin 0,02 <  < 0,2
limon ou silt 0,002 <  < 0,02
argile  < 0,002

Ainsi, pour classifier le sol rencontré on utilise les résultats de l’analyse granulométrique et
les limites d’Atterberg. Généralement, on utilise :

 l’analyse granulométrique pour classifier les sols granulaires (ex : sable);


 les limites d’Atterberg pour classifier les sols fins (ex : argile).

2.8 Compactages des sols :


Pour les ouvrages en terre tel que les barrages et les remblais d’autoroute, la mise en place du
sol s’effectue par couches successives accompagnées d’un arrosage d’eau.

Pour une certaine énergie de compactage, il est donc nécessaire de déterminer la teneur en eau
optimale qui permet d’obtenir la densité maximale du sol en place.

Ce phénomène peut être expliqué comme suit :

 lorsque la teneur en eau est faible, le frottement entre les grains est maximal ; ce qui
empêche leur réarrangement

 lorsque la teneur en eau est importante, une partie de l’énergie de compactage va être
transmise à l’eau, et il n’y a pas d’arrangement.

Cette teneur en eau optimale est appelée « Optimum Proctor ». Elle dépend de la nature du sol
utilisé (ex : dimensions et formes des grains solides) et ne peut être déterminée que
expérimentalement.

2.8.1 Essai Proctor :

L’essai Proctor a pour but de déterminer, pour un compactage d’intensité donnée, la teneur en
eau à laquelle doit être compactée un sol pour obtenir sa densité sèche maximum.

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L’essai consiste à compacter dans un moule normalisé, à l’aide d’une dame normalisée et
selon un processus bien déterminé (C.B.R. ou Proctor), l’échantillon de sol porté à une teneur en
eau donnée. On pèse alors son poids total et on détermine sa teneur en eau moyenne par
prélèvement de deux échantillons dans la partie supérieure et inférieure. On répète l’essai plusieurs
fois de suite en ajoutant l’eau d’une manière croissante. On détermine ainsi plusieurs points qui
permettent de tracer une courbe représentative des densités sèches en fonction des teneurs en eau.
Cette courbe présente un maximum dont l’abscisse est la teneur en eau optimale Proctor et
l’ordonnée la densité sèche maximale Proctor.

On distingue deux types d’essai Proctor. Le choix du type d’essai est imposé par la granularité
du matériau et l'utilisation envisagée des résultats de l'essai comme il est indiqué ci-dessous. Ces
essais sont :

 L’essai Proctor normal dont le compactage n’est que moyennement poussé. Il est très
souvent utilisé pour les remblais en terre (barrages, digue) ;

 L’essai Proctor modifié dont le compactage est beaucoup plus intense. Il est utilisé pour
déterminer les caractéristiques de compactage des matériaux destinés à constituer la
fondation ou le corps de la chaussée des routes et des pistes d’aérodromes.

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Nature de l’essai Caractéristiques de l’essai


Masse de la dame 2490 g
Essai Proctor normal Diamètre du mouton 51 mm
(Moule Proctor) Hauteur de chute 305 mm
Nombre de couches 3
Nombre de coups par couche 25
Masse de la dame 4535 g
Essai Proctor modifié Diamètre du mouton 51 mm
(Moule CBR) Hauteur de chute 457 mm
Nombre de couches 5
Nombre de coups par couche 56

2.8.2 Interprétation et extrapolation des résultats

Théoriquement, en se basant sur le diagramme des phases on peut écrire :

 s
Sr e 
w air
 s  e
e  Gs Sr e eau s
Sr  w Sr 1 e 1    s
 s Sr  s
d  s   s
1 e 1  Gs S r   Gs
1 solide

Sr
Pour le cas d’un sol saturé, on a :
s
d  : c’est une hyperbole asymptotique à l’axe des abscisses et coupe l’axe
1   Gs
des ordonnées au point   0,  d   s 

ligne des optimums

ligne de saturation Sr  100 %


Poids volumique sec γd

Proctor normal
 dmax Proctor modifié

Optimum Proctor Teneur en eau 

Diagramme Proctor

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« Cours de Mécanique des Sols » Chapitre 2

2.9 Conclusions :

 Un sol est un mélange de trois constituants qui se présentent sous différentes phases.

 Le sol est physiquement définit à partir de mesures de trois paramètres indépendants.

 L’état d’un sol granulaire est définit par son indice des vides et l’état d’un sol fin par sa
teneur en eau naturelle.

 On utilise l’analyse granulométrique pour identifier un sol granulaire et les limites


d’Atterberg pour identifier un sol fin.

 Les conditions de compactage d’un sol sont définies expérimentalement par la


détermination d’une teneur optimale appelée Optimum Proctor.

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« Cours de Mécanique des Sols » Chapitre 2

Annexe 1 : Classification des sols

Tableau 1 : Classification des sols granulaires

Classification L. P.C. des sols grenus


(plus de 50 % des éléments > 0.08 mm)

Définitions Symbole Conditions Appellations


s

D60
CU  4 et
d’éléments < 0.08 mm

Gb D10 Grave propre bien


(Gw) graduée
moins de 5 %

2
Plus de 50 % des éléments > 0.08 mm

D
Cc  30
compris entre 1 et 3
D10  D60
Ont un diamètre > 2 mm

Gm Une des conditions de GB non satisfaite Grave propre mal


GRAVIERS

(Gp) graduée
d’éléments < 0.08 mm

GL Limite d’Atterberg au-dessous de la ligne A Grave limoneuse


plus de 12 %

(GM)

GA Limite d’Atterberg au-dessus de la ligne A Grave argileuse


(GC)

D60
CU  4 et
d’éléments < 0.08 mm

Sb D10 Sable propre bien


(Sw) gradué
moins de 5 %

D302
Cc 
Plus de 50 % des éléments > 0.08 mm

compris entre 1 et 3
D10  D60
Ont un diamètre < 2 mm

Sm Une des conditions de GB non satisfaite Sable propre mal


(Sp) gradué
SABLES

d’éléments < 0.08 mm

SL Limite d’Atterberg au-dessous de la ligne A Sable limoneux


(SM)
plus de 12 %

SA Limite d’Atterberg au-dessus de la ligne A Sable argileux


(SC)

Lorsque : 5% < % inférieur à 0.08 mm < 12 %  on utilise un double symbole

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« Cours de Mécanique des Sols » Chapitre 2

Tableau 2 : Classification des sols fins

60
Argiles très plastiques
At

WL = 50%
50
Indice de plasticité I p

40
Argiles peu plastiques
Ap Ligne A
Ip = 0.73 (WL – 20)
30

Limons très plastiques Lt


20

10
LimonsLimons
Lp et Sols
Lp Sols organiques très
organiques Op plastiques Ot
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Limite de liquidité W L

Symboles U.S.C.S.

Lt : Limons très plastiques MH


Lp : Limons peu plastiques ML
At : Argiles très plastiques CH
Ap : Argiles peu plastiques CL
Ot : Sols organiques très plastiques OH
Op : Sols organiques peu plastiques OL

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« Cours de Mécanique des Sols » Chapitre 2

Annexe 2 : Principaux sols et roches sédimentaires

On distingue deux catégories de roches sédimentaires : les roches meubles ou sols et les
roches monolithes proprement dites.

Argiles : Ce sont les sols cohérents faisant pâte avec de l’eau et ne présentant pas de
stratification apparente ou en tout cas pas de schistosité. Elles comportent une forte proportion de
minéraux de même nom ( < 2) obtenu par altération des feldspaths et des micas et de la
cristallisation des carbonates. Les familles principales sont : la kaolinite, l’illite et la
montmorillonite.

Ces sols sont :


- sensibles à l’eau,
- pratiquement imperméables,
- susceptibles de tasser ou de gonfler.

Marnes : Les marnes sont formées principalement de minéraux d’argiles et de carbonates de


chaux. Leurs propriétés sont variables selon les proportions de l’un et de l’autre.

Elles forment une famille de sols qui se situent entre les argiles et les calcaires.

- Argile % carbonate < 10%


- Argile marneuse 10% < % carbonate < 30%
- marne 30% < % carbonate < 70%
- Calcaire marneuse 70% < % carbonate < 90%
- Calcaire % carbonate > 90%

Les argiles marneuses et les marnes ont des propriétés voisines à celle des argiles. Leur
sensibilité à l’eau diminue lorsque la proportion de calcaire augmente.

Sables et graviers : Matériaux pulvérulents de provenance divers. Ils peuvent être classés
selon :
- la nature minéralogique,
- les dimensions moyennes des grains,
- le mode de dépôt.

Limons ou silts : Ce sont les sols composés d’éléments dont la taille varie entre celle des
sables et celle des argiles.

Vases et tourbes : Ce sont des dépôts très récents qui contiennent des matières organiques en
proportions variables.

Les tourbes sont constituées par le pourrissement de débris végétaux en site aquatique.

Craie : Elle est formée par l’accumulation et la cémentation en masse énorme de coquillages
et de microfossiles. Elle possède de bonnes caractéristiques mécaniques mais très sensible au
remaniement.

Conglomérats : Il s’agit de bétons naturels que l’on distingue selon la nature du liant. Ex :
conglomérats marneux, calcaire, siliceux.

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« Cours de Mécanique des Sols » Chapitre 2

Grès : Il s’agit de roches de même nature que les conglomérats et qui se sont formés par
cémentation d’un sable. La nature du liant permet de les distinguer comme grès siliceux ou grès
argileux.

Calcaires : Les calcaires sont les roches les plus répondues. Elles sont constituées
essentiellement de carbonate de chaux. Il existe de nombreuses variétés de calcaire qui possèdent
des propriétés assez variables allant des roches les plus tendres à des roches très dures.

Gypses : Ils sont solubles dans l’eau et peuvent provoquer des vides à l’intérieur après
circulation de l’eau.

Lorsque les bancs gypseux sont soumis à des circulations d’eau, il y a dissolution du gypse.
L’eau circulant contient alors du sulfate (eau séléniteuse) qui est très dangereuse pour les bétons.

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