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OBSERVATIONS DU GOUVERNEMENT DE LA REPUBLIQUE
FRANCAISE SUR LA RECEVABILITE ET LE BIEN-FONDE DE LA
REQUETE °29953/08 DE L’A.S.P.A.S. ET DE MME LASGREZAS ¢. la
FRANCE DEVANT LA COUR EUROPEENNE DES DROITS DE L'HOMME
aRequéte 0°29953/08, ASP.AS. et LASGREZAS e/France
Observations initales du 15 janvier 2010
Par courrier en date du 28 septembre 2009, & Ia suite d'un examen
préliminaire de sa recevabilité, la Cour européenne des droits de l'homme a
communiqué au Gouvernement francais a requéte n°29953/08 formée par
PASPAS et Mme LASGREZAS en application de l'article 34 de la Convention
européenne de sauvegarde des droits de homme et des libertés fondamentales et
enregistrée au greffe de la Cour le 2 juin 2008 et I'a invité & présenter ses
observations sur la recevabilité et le bien-fondé de cette requéte
Le Gouvernement a l'honneur de présenter la Cour les observations
suivantes.
LENFAIT:
1. L’exposé des faits établi par le Greffe de ta Cour a partir des éléments
produits par le requérant appelle les précisions suivantes de la part du
Gouvernement.
2. Mme LASGREZAS était partie requérante dans l’affaire jugée par la
Cour dans son arrét Chassagnou et autres c. France du 29 avril 1999
(Requétes nos 25088/94, 28331/95 et 28443/95)
3. Opposante a la chasse et désireuse de longue date d’exercer un droit
opposition Papport de ses terrains a des associations communales de
chasse agrée (ACCA), elle a néanmoins attendu prés de deux semaines
aprés expiration du délai transitoire ouvert par la loi ayant tiré les
conséquences de la violation constatée par la Cour dans l'arrét
«Chassagnou » précité (Voir infra le droit interne pertinent) pour
solliciter le retrait de ses terrains du périmatre des ACCA.
4 Elle se plaint aujourd’hui devant la Cour de s'étre vue alors opposer un
délai moins favorable.
I EXPOSE DES GRIEFS :
5. Sur le fondement du Protocole n°, les requérantes se plaignent d’une
ingérence dans le droit au respect de leurs bien. Elles estiment que
apport foreé de terrains & ACCA durant plusieurs années a rompu le
juste équilibre entre la sauvegarde du droit de propriété et les exigences
de intérét général, Elles soulignent qu’en raison de cet apport, Mme
26.
7.
8,
9,
Requiéie n°29953/08, AS P.AS. el LASGREZAS c/France
Observations initiates du 15 janvier 2010
LASGREZAS n'a pas pu jouir de ces terrains pendant la période de
chasse.
Sur le fondement de l'article 11 de la Convention, les requérants se
plaignent d'une ingérence dans Ia liberté d'association de MME.
LASGREZAS, dans la mesure ou celle-ci a été contrainte d'adhérer
pendant plusieurs années une association dont objet est profondément
contraire a ses convictions.
Invoquant l'article 14 de fa Convention, combing avec les articles 11 et 1
du Protocole n°l, les requérantes alléguent une discrimination dans
Pexercice et la jouissance du droit au respect des biens et de la liberté
d’association. Elles estiment que Mme LASGREZAS a été victime d'une
discrimination fondée sur la fortune puisque les proprigtaires dun terrain
d'une superficie supérieure a vingt hectares ne sont pas tenus d’apporter
leur terrain ni d'adhérer a |"ACCA, ainsi que d’une discrimination fondée
sur son lieu d'habitation, dans la mesure oii seul un tiers du territoire est
soumis au régime des ACCA
La Cour a invité le Gouvernement a présenter des observations sur les
points suivants
«al. L'obligation pour la seconde requérante de maintenir son terrain
dans le territoire de chasse de l'ACCA, en application de la loi du 26
juillet 2000, constitue-t-elle une ingérence dans le droit an respect de
‘ses biens tel que défini par larticle I du Protocole n°1 ?
Dans Vaffirmative, cette ingérence trouve-t-elle une justification dans le
second paragraphe dudit article ?
2. L'obligation d'adhésion de la seconde requérante @ VACCA jusqu'é
expiration de la période en cours telle que prévue par la loi du 26
Juillet 2000 constitue-t-elle une violation de la liberté. d'association
garantie par Varticle 11 de la Convention ? »
IL LE DROIT ET LA PRATIQUE INTERNE PERTINENTS :
le Gouvernement souhaite apporter les précisions suivantes s’agissant de
Vexposé du droit interne établi par le Greffe de la Cour a partir des
éléments produits par les requérants,
10. L’état actuel de la législation en matiére de droit d’ opposition ou de retrait
des personnes opposées a la chasse est issu de l’adoption de la loi n°2000-
698 du 26 juillet 2000 relative & la chasse, qui a modifié le code rural pour
permetire aux propriétaires opposés a la pratique de la chasse de
demander le retrait au nom de leurs convictions personnelles15.
Requéte 0°29953/08, A.S.P.AS t LASGREZAS c/France
‘Observations initiales du 15 janvier 2010
Cette réforme a mis le droit interne en conformité avec fa jurisprudence
de la Cour, comme I’a relevé le Comité des ministres du conseil de
Europe dans une résolution adoptée le 25 avril 2005, jugeant qu’en
raison de la « modification de la loi du 10 juillet 1964 (dite loi Ferdeille)
incriminée par la Cour dans son arrét dans le sens d'une objection de
conscience cynégétique, permettant ainsi d’éviter de nouvelles violations
similaires d celles constaées par la Cour & V'égard d'opposants a fa
chasse », « le gouvernement frangais avait rempli ses fonctions en vertu
de l'article 4682 de la Convention dans la présente afaire »
Le droit 4’ opposition pour convictions personnelles est aujourd'hui préve
par Particle L. 422-10 du code de l'environnement (anciennement article
L. 222-10 du code rural), aux termes desquels « L'association communale
est constituée sur les terrains autres que ceux : (..)5° Ayant fait objet de
Vopposition de propriéiaires, de V'unanimité des copropriétaires indivis
gui, au nom de convictions personnelles opposées a la pratique de la
chasse, interdisent, y compris pour eux-mémes, l'exercice de la chasse sur
leurs biens, sans préjudice des consequences liées d la responsabilité du
propriétaive, notamment pour les déydts qui pourraient etre causés par le
gibier provenant de ses fonds »
Cotte opposition ne prend effet qu’au moment ol la composition de
PACCA est réexaminée, c'est-a-dire tous les cing ans a partir de la date
anniversaire de l’agrément de l'association. Aux termes de J'article
L. 422-18 du code de l'environnement (anciennement article L. 222-17 du
code rural), « Llopposition fornulée en application du 3° ou du 5° de
Tarticle L. 422-10 prend efjet & expiration de la période de cing ans en
cours, sous réserve davoir été notifiée six mois avant le terme de cette
période, A défaut, elle prend effet & Vexpiration de la période suivante, La
rpersonne qui la formule la notifie au préfet (..) »
Parallélement, le loi du 26 juillet 2000 a réduit, de maniére générale, la
durée de l’apport de six & cing ans. Les dispositions pertinentes figurent
aujourd'hui a article L, 422-9 du code de l'environnement, aux termes
duquel « 4 la demande de association comnunate, (les) apports sont
réputés réalisés de plein droit pour une période renouvelable de cing ans,
si dans le délai de trois mois qui suit l'annonce de la constitution de
Tassociation communale par affichage en mairie et par lettre
recommandée avec demande davis de réception adressée @ tout
propriétaire ou détenteur de droits de chasse remplissant les conditions
‘préwues a Varticle L. 422-13, les personnes mentionées aux 3° et 5° de
article 1. 422-10 n'ont pas fait connaitre par lettre recommandée avec
demande d‘avis de réception leur opposition justifiée & Vapport de leur
lerritoire de chasse »
‘Afin de ne pas bouleverser brutalement la gestion des ressources
cynégétiques & Ia date de l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions, ta
Joi du 26 juillet 2000 a prévu, a tire transitoire, que, dans le cas des
associations constituées avant la date entrée en vigueur de ladite loi, le
4Requéte n°2995¥08, A SPAS. et LASGREZAS c/France
Observations initiaes du 15 janvier 2040
droit d'opposition (notamment) ne s'appliquerait « @ Mexpiration de ta
période de six ans en cours di cette date »
16. C'est ce délai qui a été opposé 4 Mme LASGREZAS lorsqu’elle a
demandé le retrait de ses terrains,
17. A Vinverse, ainsi que les requérantes omettent de le préciser a la Cour et
18. Ain;
afin de protéger les intéréts légitimes des opposants a la chasse, le loi du
26 juillet 2000 a prévu des dispositions transitoires favorables les
concernant
, un droit opposition leur a été ouvert, abstraction faite du délai de
droit commun, pendant un délai d'un an & compter de l’entrée en vigueur
de la loi, c’est-a-dire du 27 juillet 2000
19. Le I de article 16 de cette loi disposait en effet que « opposition
formée en application du 50 de Varticle L. 222-10 du méme code ef
notifiée au représentant de Etat dans le département dans année qui
suit entrée en vigueur de la présente loi prend effet six mois aprés cette
notification »
20. Tel est le délai dont Mme LASGREZAS aurait pu bénéficier si elle avait
2
fait preuve de diligence
IV. EN DROIT:
(4°) Sur ta qualité de victime de PASPAS
L’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages et du
patrimoine naturel) est une association crée sous le régime de la loi du 1
juillet 1901, et active dans le domaine de la protection de
environnement, et notamment des animaux
22. A ce titre, elle s'intéresse légitimement a l’évolution de la législation en
matiére de protection de environnement, en ce compris la question de la
régiementation de la chasse, Cela lui donne intérét agir, en droit interne,
dans un certain nombre de contentieux, tels que par exemples ceux relatifs
4 la légalité de textes réglementaires portant atteinte aux intéréts dont elle
a la charge.
23. Cela ne suffit pas cependant a lui conférer dans le présent dossier la
qualité de victime au sens de l'article 34 de la Convention,
24. En effet, dans sa requéte commune avec Mme LASGREZAS, |ASPAS se
plaint, notamment, d'atteintes aux droits protégés par les articles 11 et 14Requeéie 1°29953/08, AS P.A S. el LASGREZAS c/France
Observations initiales du 15 janvier 2010
de la Convention et 1 du Protocole n°} en raison de l’inclusion dans des
ACCA de terrains appartenant 4 Mme LASGREZAS et de l'adhésion
25. Elle n'est pas elle-méme proprisiaire des terrains en cause, ni n'a été
conduite & adhérer aux ACCA.
26 Elle ne saurait done étre considérée elle-eméme comme victime d'une
quelconque violation de la convention en raison des faits relatés dans la
requéte
irrecevable en ce
27. Le Gouvernement prie donc de déclarer la requéte
qu'elle est présentée pour le compte de |’ ASPAS.
2® Sur les violations alléguées de 1a Convention :
ation alléguée de |’article | du Protocole n°)
28. Aux termes de l’article | du Protocole n°
« Toute persone physique ow morale a droit au respect de ses biens
Nul ne peut étre privé de sa propriété que pour cause d'wiilité publique
et dans les conditions prévues par la loi et les principes généraux dir
droit international.
Les dispositions précédentes ne portent pas ateinte au droit que
possédent les Etats de mettre en vigueur les lois qu'ils jugent nécessaires
pour réglementer usage des biens conformément & l’iniérét général ow
pour assurer le paiement des impdts ow d'autres contributions ou des
‘amendes. »
G3) A cet égard, la Cour a interrogé le Gouvernement sur le point suivant
« L‘obligation pour la seconde requérante de maintenir son terrain dans
Ie territoire de chasse de U'ACCA, en application de la loi du 26 juillet
2000, constitue-t-elle une ingérence dans le droit au respect de ses biens
tel que défini par l'article I du Protocole »°1 ?
Dans l'affirmative, cette ingérence touve-t-elle une justification dans le
second paragraphe dudit article »
30. A titre préliminaire, le Gouvernement rappelle qu’aucune ingérence n'a
eu lieu dans le droit de IASPAS au respect de biens qui lui
appartiendraient
31. Le Gouvernement ne conteste pas en revanche l’existence d'une
ingérence dans le droit de Mme LASGREZAS au respect de ses biens32,
34.
35,
36.
37.
38
39,
40.
Requeéle 1°29953/08, A.S.P-AS. et LASGREZAS /France
‘Observations initiales du 15 janvier 2010
Cette ingérence était en revanche justifiée sous l'angle du second
paragraphe de l'article 1 du Protocole n°]
Certes, dans son arrét Chassagnow précité, la Cour avait considéré que,
nonobstant les buts légitimes recherchés par la loi dite « Verdeille » au
moment de son adoption, « le systéme de apport forcé qu'elle prévoit
aboutit @ placer les requérants dans une situation qui rompt le juste
équilibre devant régner entre la sauvegarde du droit de propriété et les
exigences de I'intérét général », et qu’ obliger les petits propriétaires
faire apport de leur droit de chasse sur leurs terrains pour que des tiers
en fassent un usage totalement contraire & leurs convictions se révéle une
charge démesurée qui ne se justifie pas sous l'angle du second alinéa de
Varticle 1 du Protocole n° I ». Elle en avait conclu qu’il y avait en
espéce violation de cette disposition.
Elle avait toutefois fondé ce constat sur le fait que les propriétaires
opposés a la chasse n’avaient aucune possibilité d'exiger le reirait de leurs
terrains du périmétre de I ACCA (Voir le § 82 de l’arrét Chassagnou).
Or, cette situation a été profondément modifige avec la réforme, en 2000,
du régime des ACCA, qui permet désormais, & chaque date anniversaire
de lagrément de ACCA, d’obtenir s'ils le souhaitent le retrait de leurs
terrains du périmétre de l'association
Une fois expirée la période transitoire exposée plus haut (§§ 15 a 20), les
propriétaires opposés 4 la chasse peuvent obtenir, tous les cing ans, le
retrait de leurs terrains du périmétre de ' ACCA.
Ainsi qu’il a été indiqué, dans le cas des associations constituées avant la
date d'entrée en vigueur de ladite loi, le droit d'opposition ne s’appliquait,
en principe, qu’« @ ‘expiration de la période de six ans en cours & cette
date », sachant qu’avant entrée en vigueur des nouvelles dispositions, la
durée de lapport d’un terrain 4 PACCA était de six ans renouvelables,
durée qui a été ramenée a cing ans, A chaque échéance de ce délai, la
composition du territoire de l' ACCA est réexaminée
sonnable,
Ce délai ne saurait étre considéré comme dér
En effet, il est justifié par un souci d’équilibre entre, dune part, la volonté
de respecter les droits des propriétaires en évitant de leur imposer un délai
d'attente trop long pour l’exercice de leur droit de « non-chasse », et,
dautre part, Pintérét général en jeu, a savoir éviter une pratique
anarchique de la chasse et favoriser une gestion rationnelle du patrimoine
cynégétique
La Cour, dans 'arrét Chassagnou, a d’ailleurs admis (§ 79) « qu'il est
assurément dans V'intérét général d'éviter une pratique anarchique de la
Q4h
4l
42
3
44
48
46
47.
48,
Requéte n°2995¥/08, AS P.AS. et LASGREZAS effrance
‘Observations initiates du 15 janvier 2010
chasse et de favoriser une gestion rationnelle du patrimoine
cynégétique ».
Elle a par ailleurs rappelé que « la Cour reconnait 4 I'Etat une grande
marge d'qppréciation tant pour choisir les modalités de mise en euvre
que pour juger si leurs conséquences se trouvent légitimées, dans I'imérét
général, par le souci d'atteindre l'objectf de la foi en cause (arrét Fredin
¢, Suede (n° I) du 18 février 1991, série A n° 192, p. 17, § 51.) »
En prévoyant pour Wexercice du droit de retrait un délai de quelques
années, I'Etat n’a pas outrepassé cette marge d’appréciation
Prévoir un délai de récxamen beaucoup plus court aurait, en créant une
rop grande instabilité, nui a la prévisibitité de l’action de ACCA, et & la
réalisation de ses objectifS, dont notamment une bonne organisation
technique de la chasse et le développement du gibier et de la faune
sauvage dans le respect d’un véritable équilibre agro-sylvo-cynégétique,
sans compter le besoin, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité, de
permettre aux chasseurs de connaitre le territoire et d’en connaitre les
limites
II n°est pas inutile de rappeler que fe Comité des ministres, dont certes les
résolutions ne lient pas la Cour, a approuvé les modalités du nouveau
droit dopposition créé par le législateur, qu'il a considéré comme
« permetiant d’éviter de nouvelles violations similaires d celles constatées
par la Cour @ égard d’opposants & la chasse » (Voir supra § 11).
En tout état de cause, Mme LASGREZAS, qui ne saurait prétendre
ignorer la modification de la législation inspirée par un arrét de la Cour
quelle a contribué a susciter, a été mise a méme, griice aux dispositions
transitoires prévues par la loi, d’exercer son droit d'opposition durant
toute l'année qui a suivi l’entrée en vigueur de cette demiére.
Flle a choisi de ne pas saisir cette opportunité, en attendant
inexplicablement que ce délai soit expiré depuis un peu moins de deux
semaines pour adresser au préfet sa demande de retrait
Elle est donc particuliérement mal fondée @ se plaindre aujourd’hui
devant la Cour d'avoir a subir un retard dans l'exercice de son droit
Popposition qui n'est da qu’a sa propre négligence
Le Gouvernement prie done la Cour de rejeter le grief tiré de la violation
de article 1 du Protacole n°1 comme manifestement mal fondé49.
50,
31
52
Requéte n°299SM08, A.S,P.A.S. et LASGREZAS c/Prance
Observations initiales du 15 janvier 2010
b) Sur la violations alléguée de I’ article 1] de la Convention
Aux termes de larticle 1] de fa Convention
«1. Toute personne a droit @ ta liberté de réunion pacifique et la
liberté d'assaciation, y compris le drott de fonder avec d'autres des
syndicats et de s‘affilier & des syndicats pour la défense de ses intéréts
2. Leexercice de ces droits ne peut faire l'objet d'autres restrictions
que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires,
dans une société démocratique, & la sécurité nationale, & la sireté
publique, la défense de Vordre et é la prévention du crime, a la
pprotection de la santé ou de la morale, ow & la protection des droits et
libertés d'autrui. Le présent article n'interdit pas que des restrictions
légitimes soient imposées & lexercice de ces droits par les membres des
forces armées, de la police ou de l'administration de Etat, »
A cet égard, la Cour a interroge le Gouvernement sur le point suivant
«Lobligation d'adhésion de la seconde requérante & VACA jusqu a
Fexpiration de la pértode en cours telle que prévue par la foi du 26 juillet
2000 constitue-t-elle une violation de la liberté d association garantie par
Varticle 11 de la Convention ? »
A titre préliminaite, le Gouvernement rappelle qu’aucune ingérence n'a
eu lieu dans la liberté d’association « négative » de |’ ASPAS.
Le Gouvernement ne conteste pas en revanche existence d'une telle
ingérence s’agissant de Mme LASGREZAS.
Cette ingérence était néanmoins incontestablement « prévue par la [oi »
Elle était de plus justifiée par un « but légitime » (Voir le § 108 de larrét
Chassagnou)
Elle était enfin « nécessaire dans une société démocratique »
Certes, dans son arrét Chassagnow précité, la Cour avait considéré que
«les motifs avancés par fe Gouvernement ne (sulfisaient) pas & monirer
qu'il était nécessaire d astreindre les requérants & devenir membres des
ACCA de leurs commmes, en dépit de leurs convictions personnelles », et
que « Contraindre de par la loi un individu a une adhésion profondément
contraire @ ses propres convictions et l'obliger, du fait de cette adhésion,
4 apporter le terrain dont il est propriéiaire pour que l'association en
question réalise des objectifs qu'il désappronve va au-dela de ce qui est
nécessaire pour assurer un juste équilibre entre des intéréts33
34
58.
56,
37.
58,
59.
60.
Requéte n°2995W08, A.S.P.AS. et LASGREZAS e/France
Observations initiales du 15 janvier 2010
contradictoires et ne saurait étre considéré comme proportionné au but
poursuivi »
Elle avait done conclu 4 une violation de l'article 11 de la Convention.
Elle avait toutefois fondé ce constat sur la circonstance que « les
requérants (n° avaient) raisomablement pas la possibilité de se soustraire
cette affiliation ». En effet, « pourvu gue leurs terrains soient sités sur
le territoire d'une ACCA et qu ils ne soient pas propriétaires de terrains
d'une superficie leur permenant de faire opposition, leur affiliation (était)
obligatoire »
Tel n'est cependant absolument plus le cas depuis que la loi du 26 juillet
2000, tirant les conséquences du constat de violation de larrét
Chassagnow, a créé un droit d’opposition pour convictions personnelles.
Tout d'abord, les personnes opposées a la chasse ne peuvent plus se voir
contraintes, Jors de la création d'une ACCA, ni de lui apporter leurs
terrains, ni d’y adhérer :
En effet, ainsi qu'il a été indiqué, Particle L. 422-9 du code de
Fenvironnement prévoit qu’ A la demande de l'association communale,
(les) apports sont réputés réalisés de plein droit pour une période
renouvelable de cing ans, si dans le délai de trois mois gui suit Fannonce
de la constitution de association communale par affichage en mairie et
par lettre reconmandée avec demande davis de réception adressée ¢ tout
propriétaire ou détenteur de droits de chasse remplissant les conditions
prévies a Varticle L, 422-13, les personnes mentionnées aux 3° et 5° de
Larticle L. 422-10 n’ont pas fait connaitre par letire recommandée avec
demande d'avis de réception leur opposition justifiée 4 Happort de leur
territoire de chasse »
Sagissam des ACCA déja créées, le droit d’opposition peut étre exercé
tous les cing ans, avec un délai transitoire de six ans pour les ACCA
constituées avant la promulgation de la loi (Voir supra §§ 13, 15, 36 et
37)
La encore, ce délai n’est pas déraisonnable
Une stabilité est nécessaire pour que puisse étre assuré un équilibre entre
les droits des opposants 4 la chasse et lintérét général poursuivi, & savoir,
outre exercice démocratique de la chasse, la sécurité, la bonne
organisation technique de la chasse et le développement du gibier et de la
faune sauvage dans le respect d'un véritable équilibre egro-sylvo-
cynégétique. Ces derniers objectifs nécessitent, ainsi qu'il a été dit plus
haut (§ 43), une certaine prévisibilité,Requéte n°29953/08, A.SP.A'S et LASGREZAS /France
‘Observations intiles du 15 janvier 2010
61, Surtout, i convient de rappeler que Mme LASGREZAS a été mise
méme, grace aux dispositions transitoires prévues par la loi, d'exercer son
droit d’ opposition durant toute l'année qui a suivi V’entrée en vigueur de
cette derniére
62, Si elle n’a pas fait usage de cette possibilité qu’elle ne peut prétendre
avoir ignorée, c'est en raison de sa propre négligence (Voir supra § 45 a
47) ow de son souhait, & raison de ses convictions, de voir modifié
P’équilibre trouvé par la Iégislation nouvelle plutdt que de ne pas adhérer a
une ACCA.
63. Le Gouvernement prie done la Cour de bien vouloir rejeter le grief tiré de
la violation de l'article 11 de la Convention comme manifestement mal
fondé.
Par ces motifs, le Gouvernement prie la Cour de rejeter a requéte comme
manifestement mal fondée en tant qu'elle a été présentée pour le compte de Mme
LASGREZAS, et irrecevable en tant qu'elle a été présentée pour le compte de
PASPAS.
L'agent du Gouvernement L’agent-adjoint du Gouvernement
( fon fe
_-Antié-Frangoise TISSIER Emmanuel JAUFERET
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