Vous êtes sur la page 1sur 17

Thème N°24 : LA JUSTICE SOCIALE

Introduction

Dans son discours du Trô ne de 2018, Sa Majesté le Roi a souligné qu’« Il est insensé que plus de cent
programmes de soutien et de protection sociale, de différents formats et se voyant affecter des dizaines
de milliards de dirhams, soient éparpillés entre plusieurs départements ministériels et de multiples
intervenants publics ».
Sa Majesté le Roi a également précisé qu’« En fait, ces programmes empiètent les uns sur les autres,
pèchent par manque de cohérence et ne parviennent pas à cibler les catégories effectivement éligibles».
Cependant, c’est à partir des années 1990 et selon le rapport sur les 50 ans de développement humain au
Maroc, les pouvoirs publics reconnaissent à la fois l’existence et l’étendue de la pauvreté et de l’exclusion
sociale. Le développement social est devenu prioritaire, en raison des impacts du Programme
d’Ajustement Structurel (PAS) de 1983 sur l’emploi et les secteurs sociaux (l'éducation, la santé,
l'habitat, le transport…). Pour y remédier, l’Etat a mis en place une stratégie sociale axée sur la lutte
contre la pauvreté et la réduction des inégalités, à travers le programme des priorités sociales, les
programmes d’approvisionnement en eau potable, de désenclavement et d’électrification rurale,
le programme de logement social et la compensation.
Les pouvoirs publiques ont commencé par remplacer partiellement le système de compensation par des
subventions plus ciblées, efficace et équitable, tels que les programmes sociaux qui sont en effet pris en
charge au niveau du budget général (éducation, santé, habitat, équipement, etc.), de certains comptes
spéciaux du Trésor (INDH, Fonds pour le développement rural et des zones de montagne, Fonds d’appui
à la cohésion sociale, etc.) et de certains services de l’Etat gérés de manière autonome (centres
hospitaliers,..).

Système de Compensation
 Les produits compensés constituent un enjeu financier considérable. Entre 2011-2015, la valeur de
leurs importations a dépassé les 200 milliards DH, important coû t d’opportunité par rapport à
l’investissement public, le développement de l’infrastructure, ou à l’acquittement d’une partie de la
dette de trésor. L’action de l’Etat dans ce domaine devrait être à la hauteur de cet enjeu ;
 La compensation est présentée comme un instrument pour la maîtrise de l’inflation et le soutien à la
compétitivité des entreprises et comme moyen de préservation du pouvoir d’achat des
populations et de stimulation de la demande et, par voie de conséquence, de la croissance
économique ;
 En revanche, la compensation crée des effets pervers et des comportements antiéconomiques :
 gaspillage de ressources ;
 découragement pour l’utilisation des énergies renouvelables et pour l’efficacité énergétique ;
 non incitation à la recherche de réduction des coû ts ;
 effets de distorsion.
 Dans les faits, c’est le contribuable qui supporte la charge de compensation en lieu et place du
consommateur, qu’il soit particulier ou professionnel ;
 Globalement, le système de compensation est administré par l’Etat à travers, en particulier, la
fixation de la structure des prix. Bien que ce système ait été réaménagé de façon ponctuelle, il n’a
pas connu, pour autant, de réforme en profondeur ;
 Le poids de la charge de compensation :
 accentue la vulnérabilité macro-économique ;
 réduit les marges budgétaires notamment en matière d’investissement ;
 présente un risque majeur pour la croissance économique et l’emploi ;
 En effet, la charge de compensation creuse le déficit budgétaire de l’Etat et celui de la balance
commerciale et des comptes extérieurs ;
 Censée profiter principalement aux couches les plus défavorisées, la compensation s’est
transformée, au fil du temps, en une dépense budgétaire qui subventionne les producteurs,
notamment ceux opérant dans le secteur du transport et dans la production de l’énergie électrique,
des plantes sucrières et même dans certains secteurs industriels. Une part significative de la charge
de compensation profite aussi à l’Etat et aux autres organismes publics qui bénéficient de produits
compensés pour leur exploitation et leur parc de véhicules. Ces producteurs et professionnels
bénéficient de près des deux tiers des subventions de la compensation. Les ménages n’en
bénéficient que du tiers environ ;
 Ainsi, le système de compensation a dévié de sa vocation originelle de stabilisation des prix
des denrées de base pour se transformer en mécanisme d’aide qui fausse la réalité des coûts
et masque la vérité des prix, en particulier dans les secteurs de l’énergie électrique et du
transport ;
 Le système d’indexation des produits pétroliers liquides, mis en place en septembre 2013, présente
l’avantage de maîtriser la charge de compensation par rapport aux crédits inscrits dans la loi de
finances. Ce système ne permet pas, pour autant, de résoudre la problématique de cette charge et
pourrait même pérenniser son caractère structurel ;
 Néanmoins, les mesures prises par le gouvernement en 2013 et 2014, sont de nature à atténuer la
charge de compensation à l’avenir ;
 La fiscalité des produits compensés alourdit la charge de compensation supportée par l’Etat ;
 La compensation finance indirectement les collectivités territoriales au titre de la part de la TVA qui
leur est affectée ;
 La charge de compensation est amplifiée du fait de l’intégration des taxes intérieures à la
consommation dans l’assiette de calcul de la TVA applicable aux produits compensés.
Vers une décompensation graduelle
A l’issue d’une décompensation progressive qui a commencé en 2012, les produits pétroliers liquides
ont été libéralisés en décembre 2015, ce qui a contribué à la baisse du poids de la charge de
compensation de 6.5 % du PIB en 2012 à 1.4 % du PIB en 2016.
Les marges dégagées à travers cette réforme ont permis dans un premier temps de ramener les
dépenses aux seuils autorisés par la loi de finances, d’apurer les arriérés de la compensation, puis de
renforcer les budgets alloués aux secteurs sociaux dans le cadre d’une transition qui vise à améliorer
l’efficience des dépenses publiques et un soutien plu ciblés des populations pauvres et vénérables.
Une réforme structurelle accompagner par un changement de paradigme est indispensable vers
une justice sociale
A la lumière de ce qui précède, il se dégage que, hors réforme structurelle, rien ne laisse présager une
baisse permettant une baisse de la charge de compensation à un niveau soutenable pour les finances
publiques. Ces constats militent en faveur d’une réforme destinée à recadrer le système de compensation
selon une logique de rationalité économique et de ciblage social.

Constats Et Etats Des Lieux Sociaux


L’éducation et de la formation
Sur le plan social, les déficits structurels continuent à peser sur les secteurs de l’éducation et de la
formation professionnelle. Ainsi, la rentrée 2016/2017 a révélé plusieurs dysfonctionnements :
 Notamment ceux relatifs au recrutement d’enseignants n'ayant pas une formation adaptée aux
métiers de l’éducation et de la formation ;
 La surcharge des classes.
En outre, le développement des effectifs au sein de l’enseignement privé pose la question de la mixité
sociale et interpelle sur la fracture sociale que peut engendrer un système d’enseignement à plusieurs
vitesses et peut constituer une menace pour la cohésion sociale et une perte de confiance des
citoyens dans la capacité à évoluer socialement à travers l’école.
La formation professionnelle :
 Le secteur connait certes une hausse importante des effectifs inscrits ;
 L’incidence du chô mage parmi les lauréats de ce cycle reste élevée et dépasse celle des étudiants
issus de l’enseignement généraliste.
Cette situation renvoie au besoin de renforcer les mécanismes d’orientation et de mettre davantage
l’accent sur la qualité que sur les capacités d’accueil.
La santé
 La généralisation de la couverture médicale de base se poursuit, atteignant 60% de la population à
fin 2017, en lien notamment avec la poursuite de l’inscription des étudiants ;
 Toutefois, et en dépit de l’adoption, en 2016, de la loi sur la couverture médicale pour les
indépendants, celle-ci n’est pas entrée en vigueur en 2017 ;
 Malgré l’avancée dans la généralisation de la couverture médicale de base, des dysfonctionnements
liés au financement du dispositif et à la gouvernance du secteur sont à relever aussi bien pour
l’AMO que pour le RAMED. Ainsi, pour l’Assurance Maladie Obligatoire, le reste à charge des
ménages connait depuis plusieurs années une hausse permanente, notamment dans le secteur
privé ;
RAMED :
 Il a totalisé 11,7 millions de bénéficiaires à fin 2017 ;
 Seulement 7,4 millions de personnes disposent de cartes actives, en raison d’un faible taux de
renouvellement des cartes notamment parmi les populations
vulnérables (31%) ;
 La généralisation du RAMED n’a pas été accompagnée par une hausse correspondante des
financements et des ressources humaines du secteur de la santé publique pour leur permettre de
répondre à la croissance des besoins en termes de soins.
Logement
 Les indicateurs montrent un engouement pour le segment de l’habitat à 250 000 dhs ;
 Une faible adhésion au programme de logement à faible valeur immobilière, dont le prix est fixé à
140 000 dhs.
 Le Programme « Villes sans bidonvilles » lancé en 2004, celui-ci a mené à l’éradication de ces
habitations dans 58 villes à fin 2017.
L’égalité de genre
 La prééminence de la pauvreté, du chô mage et du faible taux d’activité parmi les femmes ;
 Les indicateurs concernant les violences faites aux femmes, l’amélioration de leurs conditions de
vie et leur autonomie économique demeurent à des niveaux préoccupants ;
 Le niveau de l’accès des femmes au marché du travail qui connait une baisse tendancielle, en dépit
de la généralisation de l’éducation pour les filles et de leur accès, dans des proportions de plus en
plus importantes, à l’enseignement supérieur.
La situation des catégories vulnérables
 Il convient de relever la nécessité de renforcer les mécanismes de lutte contre le travail des enfants
et d’améliorer leur gouvernance ;
 Parmi ces mécanismes, le programme « Tayssir », destiné à appuyer financièrement les familles
pour lutter contre la déscolarisation des enfants, est confronté à plusieurs difficultés relatives
notamment à la faiblesse du montant des bourses et à l’irrégularité des versements aux
familles.
 L’amélioration de la gouvernance des dispositifs incitatifs actuels est d’autant plus importante que
le travail des enfants continue d’exister dans notre pays. Le « travail dangereux des mineurs entre 7
ans et 17 ans », concernait 162 000 enfants en 2017, soit 65% des enfants au travail.
Les personnes en situation de handicap
 La mise en œuvre de la politique publique intégrée pour la promotion des droits des personnes en
situation de
handicap, adoptée en 2015, s’est réduite à la création du Centre National d’Observation,
d’Etudes et
de Documentation sur le Handicap ;
 Les textes d’application de la loi-cadre n°97-13 relative à la protection et à la promotion des droits
des personnes en situation de handicap, adoptée en 2016, n’ont pas été publiés en 2017,
retardant de ce fait la mise en place des outils prévus par la loi pour la lutte contre la discrimination
que peuvent subir ces personnes.
La migration
 La deuxième vague de régularisation des immigrés, lancée en 2016, s’est poursuivie en 2017. Elle
s’est soldée par le dépô t de 25 600 dossiers à fin novembre ;
 Sur le plan législatif, il convient de relever le retard de mise en place des lois prévues sur le droit
d’asile et sur l’immigration.
Les personnes âgées
 L’évolution démographique et les changements des structures sociétales imposent de mettre en
place une politique sociale dédiée à cette catégorie, particulièrement pour les personnes en
situation de dépendance ;
 En outre, il convient de renforcer la protection sociale pour les personnes â gées en généralisant la
couverture médicale et en renforçant l’offre de soins gériatriques.
La lutte contre la criminalité
 541 140 arrestations liées à des affaires criminelles ont été enregistrées et présentées devant le
parquet en 2017 ;
 L’attention des autorités doit être particulièrement prêtée aux délits altérant le sentiment de
sécurité chez le citoyen souvent relayés et amplifiés par les réseaux sociaux ;
La population carcérale
 La hausse permanente des effectifs, dont 40% en détention provisoire, pose la problématique de
surpopulation et du coû t du système carcéral pour la société ;
 Questionne surtout l’efficacité des peines privatives de liberté.
Le dialogue social
 L’année 2017 n’a pas enregistré d’avancées notables entre les partenaires sociaux.
Climat social
 154 mouvements de grèves dans le secteur privé, menés dans121 entreprises, ont eu lieu en
2017, engendrant 178 289 journées de grèves ;
 La cause principale des grèves reste le non-respect du code de travail par les employeurs ;
 Ce constat devrait alerter sur les conditions de travail dans notre pays et sur l’application du code
du travail.
Focus de la Cour des Comptes sur Les Programmes de Cohésions Sociales
Pensé comme outil de financement de programmes d’appui social, le Fonds d’appui à la cohésion sociale
est loin d’atteindre les objectifs escomptés :
 En chiffres, depuis sa création en 2012 jusqu’à fin 2016, le total des recettes transférées à ce Fonds
s'est élevée à 15.257 MDH, alors que le montant total des dépenses a atteint 6.674 MDH : retard
dans l’exécution des programmes sociaux ;
 L’absence d’une stratégie intégrée pour la mise en œuvre des programmes d’appui social et un
manque de programmation cohérente de ses ressources et de ses dépenses, ainsi qu’un retard dans
le décaissement des contributions au profit des programmes sociaux (à partir de 2014) ;
 L’accumulation « d’un solde important s’élevant à 8.584 MDH à fin 2016, alors que ses
programmes connaissant un manque de financement ;
Un million de cartables
 Une hausse du nombre de bénéficiaires sur la période 2012-2016, pour atteindre un nombre de
4.013.897 élèves bénéficiaires durant l’année scolaire 2015/2016 ;
 La méthode de ciblage utilisée se base sur le critère du milieu et sans prise en compte du niveau
socio-économique des familles ;
 L’existence d’un retard dans la distribution des kits scolaires par rapport à la date de la rentrée
scolaire ;
 Des problèmes au niveau du système de prêt qui sont liées, essentiellement, à l’absence des lieux de
stockage des manuels utilisés et leurs états délabrés ;
Programme TAYSSIR
 La problématique du ciblage fait encore une fois défaut. Sur fond de progression du nombre de
bénéficiaires du programme Tayssir – leur nombre étant passé de 87.795 au cours de l'année
scolaire 2008/2009 à 828.000 en 2015/2016 ;
 L’absence de mécanisme de ciblage direct des bénéficiaires ;
 L’exclusion de certaines collectivités territoriales, en raison de l'approche adoptée en matière de
ciblage ;
 Des insuffisances liées à l’application informatique adoptée ;
 Des insuffisance des ressources allouées au programme et un retard dans le versement des bourses
aux bénéficiaires qui peut atteindre plus d’un an, ainsi que l’absence de coordination et d’un cadre
contractuel pour l’exécution du programme.
Programme d’appui aux personnes en situation de handicap
 Une répartition régionale inégale des associations opérant dans le domaine du handicap ;
 Un faible taux de couverture en milieu rural ;
 Un nombre insuffisant des bénéficiaires (4.744 bénéficiaires sur 33.000 recensé en 2014), vu
l’insuffisance de l’enveloppe financière allouée à l’amélioration des conditions de scolarisation des
enfants en situation de handicap ;
 Un retard dans le déblocage des subventions aux associations bénéficiaires.
Programme du Régime d’assistance médicale (RAMED)
 Retard dans la préparation des cartes permettant de bénéficier du RAMED par rapport au délai
règlementaire de 60 jours ;
 Problème dans l’identification des personnes éligibles compte tenu de la croissance du secteur
informel et l’adoption du système déclaratif en ce qui concerne le revenu ;
 Absence de système de pilotage ;
 Chevauchement des compétences entre l’ANAM (Agence Nationale de Maladie) et le ministère de
tutelle pour ce qui est de la gestion financière ;
 L’apport limité de la commission de pilotage et de la commission technique chargées de la réforme
du RAMED, ainsi que l’absence d’un système d’information intégré pour gérer ce régime ;
 La filière de soins n’est pas respectée, entrainant une pression sur les centres hospitaliers
universitaires, et que les hô pitaux publics sont confrontés au manque de ressources et des
équipements nécessaires pour faire face à la demande croissante des bénéficiaires du RAMED ;
 La couverture du coû t de ces prestations souffre d’un manque d’un tiers payant et d’un système de
facturation basé sur un référentiel de coû t des prestations offertes.

Les recommandations du Conseil Economique, Social et Environnemental


Parmi les nombreux déficits confirmés par le diagnostic de la situation sociale en 2017, le Conseil a
particulièrement mis l’accent sur deux aspects, à savoir, la nécessité de « renforcer l’engagement en
faveur de la promotion d’une égalité de genre effective » et « d’ériger l’élargissement et la
préservation de la classe moyenne en tant qu’axe prioritaire des politiques publiques »
 A cet égard, la révision et un contrô le renforcé des tarifs appliqués par le secteur de la santé
s’imposent, dans le cadre du RAMED afin de maintenir son rô le social ;
 Cependant, il est nécessaire que la politique de l’habitat ne se limite pas uniquement à la
construction de logements, mais devrait s’étendre à une politique sociale intégrant l’emploi,
l’éducation, la santé, la culture et la mobilité ;
 En outre, il est urgent d’apporter une solution aux conditions de vie difficiles des migrants
clandestins établis dans des camps de fortune ;
 La poursuite des efforts déployés en matière de communication afin d’empêcher la propagation
d’informations erronées liées à la criminalité ;
 Accélérer d’un cô té la réforme sur la procédure et la durée de la détention provisoire et d’un autre
cô té, d’introduire les peines alternatives dans le code pénal en tant que moyen de lutte contre la
récidive et d’allégement de la pression sur les centres de détention ;
 Le Conseil appelle à mettre en place les jalons d’une reprise d’un dialogue social constructif et
concluant ;
 S’agissant de la classe moyenne, le CESE préconise de :
 accorder une place primordiale à la qualité de l’emploi, à cô té de l’aspect quantitatif, pour offrir
aux jeunes diplô més des emplois décents qui faciliteraient leur ascension sociale ;
 éviter un affaiblissement des syndicats afin de préserver le pouvoir d’achat des salariés et veiller
au respect effectif du code de travail, tout en veillant à ce que le niveau des salaires soit
compatible avec le niveau de productivité des travailleurs ;
 œuvrer, en plus du ciblage des subventions qui profitera aux classes modestes, pour le
renforcement de la protection du consommateur et d’une politique de concurrence effective
assortie de sanctions, qui lutte contre les monopoles, les rentes de situation, les ententes sur les
prix et l’abus de positions dominantes sur le marché ;
 veiller à ce que la charge fiscale sur la classe moyenne reste soutenable et garantir plus d’équité
et de progressivité en matière d’impô t ;
 assurer un suivi régulier et minutieux de l’endettement des ménages ;
 améliorer l’accès et la qualité des services sociaux qui impactent le plus le niveau de vie de la
classe moyenne et sa capacité d’ascension sociale, en particulier l’éducation, la santé et le
logement avec ses dépenses connexes (énergie, eau...) ;
 promouvoir une plus grande participation des représentants de la classe moyenne au processus
de prise de décision et notamment son implication dans la vie politique.
 Pour promouvoir une égalité de genre effective, le Conseil préconise de :
 mettre en place un programme scolaire de sensibilisation continue sur l’impact des
comportements discriminatoires sur l’égalité des chances entre les filles et les garçons ;
 faire évoluer les pratiques pédagogiques et y bannir tout comportement allant à l’encontre des
principes de l’égalité des sexes ;
 réviser les manuels scolaires afin de lutter contre les stéréotypes basés sur le genre et les
représentations réductrices des femmes ;
 encourager les médias à renforcer leur engagement en faveur de l’égalité de genre.

Conclusion d’une Justice Sociale

Cependant, comme l’a souligné Sa Majesté le Roi, dans son message Royal au 3ème Forum parlementaire
sur la justice sociale en février 2018, le modèle de développement du Maroc « ne permet plus, désormais,
de répondre aux demandes et aux besoins croissants des citoyens, ni de réduire les inégalités sociales et
les disparités spatiales. Il ne peut, en conséquence, favoriser l’avènement d’une justice sociale ».
L’instauration d’une meilleure justice sociale ne peut être réalisée, de mon point de vue, sans un
diagnostic précis, une vision claire, un changement moins fréquent des lois, une appropriation de la
légistique par les acteurs, un respect de la loi et une reddition des comptes.
Un diagnostic fiable de la situation de la justice sociale exige une information plus rigoureuse et
transparente sur les revenus et les patrimoines. Le Haut-Commissariat au Plan en est conscient. Il
reconnait que « la mesure des revenus sur la base des déclarations des ménages présente des difficultés.
Si la dépense des ménages permet de donner une mesure exacte des conditions de vie de la population,
elle ne donne pas une image exacte du revenu de cette dernière ». Aussi, est-il indispensable de lier les
phénomènes macroéconomiques tels que la croissance, la privatisation, l’accumulation du capital ou la
dette publique « aux tendances microéconomiques concernant les inégalités (notamment les revenus des
individus et les transferts sociaux, le patrimoine et l’endettement des ménages) ». Cette méthode
novatrice consiste donc à combiner entre les données de la comptabilité nationale et celles de la
comptabilité du secteur public. Ce diagnostic permet de mieux connaitre les réalités sociales sur le
terrain et de rendre claire la vision des pouvoirs publics en vue d’élaborer des politiques sociales plus
adaptées. Au Maroc, force est de constater que la volonté de réduire les inégalités est indéniable.
Toutefois, certaines mesures prises pour faire face à une conjoncture défavorable ont eu pour résultat de
brouiller l’image pour les opérateurs économiques et ont généré bien évidemment des distorsions qui
ont poussé les agents économiques à modifier leur comportement.

Vous aimerez peut-être aussi