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Rech. Transp. Secur.

(2011) 27:178-199
DOI 10.1007/s13547-011-0013-5

ARTICLE ORIGINAL / ORIGINAL ARTICLE DOSSIER

Une méthode d’analyse spatiale des espaces piétons


au service d’un urbanisme orienté vers le rail ?
A spatial analysis method of pedestrian areas as a tool for rail-oriented urban development?

V. Stransky
Reçu le 17 novembre 2010 ; accepté le 5 mai 2011
© IFSTTAR et Springer-Verlag France 2011

Résumé La recherche de solutions en faveur de villes plus improvement of walking conditions all along the footpaths
durables constitue, ces dernières années, l’un des enjeux leading to rail stations is proposed. In this paper, an observa-
majeurs de l’urbanisme ; dans ce cadre, un urbanisme orienté tion grid as well as a set of criteria for footpath attractiveness
vers le rail pourrait devenir une alternative à un urbanisme de are first proposed as a tool (or methodological approach) for a
l’automobile qui façonne les formes urbaines depuis plu- spatial diagnosis. This tool is then tested on the Carnot rail
sieurs décennies. L’un des leviers pouvant être mobilisé station in Saint-Etienne, a city in Eastern France. Besides the
pour contribuer au succès du mode ferré face à l’automobile assessment itself (showing assets and challenges of the areas
pourrait être l’amélioration des conditions de rabattement to be redesigned), this case study leads to proposed planning
piéton en direction des gares au travers de dispositifs spa- principles, in terms of recommendations meant to improve
tiaux relatifs aux parcours convergeant vers ces dernières. footpath quality significantly. To cite this journal: Rech.
Dans cet article, un outil original d’aide au diagnostic spa- Transp. Secur. 27 (2011).
tial, complété par des critères permettant d’apprécier la qua-
lité d’un parcours piéton — préalable indispensable à toute Keywords Urbanism · Rail · Pedestrian · Spatial analysis ·
démarche de projet — est tout d’abord proposé. Cet outil est Rail station
ensuite testé, à titre illustratif, sur une étude cas — le quartier
de la gare Carnot à Saint-Étienne — débouchant sur une
esquisse de proposition de réaménagement des espaces
Introduction
piétons, guidée par une logique d’un urbanisme du rail.
Pour citer cette revue : Rech. Transp. Secur. 27 (2011).
La recherche de solutions en faveur de villes plus durables
Mots clés Urbanisme · Rail · Piéton · Analyse spatiale · constitue, ces dernières années, l’un des enjeux majeurs de
Gare l’urbanisme. Un récent rapport de recherche réalisé pour le
MEEDDAT1 souligne à cet égard l’importance fondamen-
Abstract In recent years, the quest for a more sustainable tale, pour la construction de réponses aux problèmes posés
urban planning and street design has gained importance par le changement climatique, de la question des relations
among practitioners and researchers. An urbanism oriented entre transports et urbanisme, projet de transport et projet
towards rail is a valid alternative to the long standing urbain [1].
practices of urban planning and street lay out based on the Menée entre 2007 et 2009, la recherche–action franco-
individual car, which have conditioned the development of allemande Bahn.Ville 2 (succédant à Bahn.Ville 1, 2001–
cities for several decades. Among different tools that could 2004) s’inscrit dans cette mouvance. Intitulé Un urbanisme
be implemented to improve rail travel attractiveness, a radical orienté vers le rail, ce projet, rassemblant professionnels
et chercheurs appartenant à différentes disciplines, s’est
attaché à étudier divers dispositifs et moyens d’action sus-
ceptibles de favoriser l’usage du mode ferré [2], l’objectif
V. Stransky (*) in fine étant — à l’instar d’autres travaux, tels ceux [3]
LVMT (Laboratoire Ville Mobilité Transport)–École ayant abouti au concept de TOD (Transit Oriented
des Ponts-ParisTech, 6 et 8, avenue Blaise-Pascal,
cité Descartes, Champs-sur-Marne,
1
F-77455 Marne-la-Vallée cedex 02, France Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et
e-mail : stransky@mail.enpc.fr de l’Aménagement du Territoire.
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Development) ou les réflexions autour du modèle de la ville disponibles3. Dans ce contexte, une contribution à un décryp-
creuse [4] — de contribuer à construire un cadre à la fois tage fin des espaces parcourus par le piéton — l’infrastructure
théorique et opérationnel d’élaboration d’outils d’aide à la support, ses équipements, son environnement sensible —
réalisation de projets urbains plus parcimonieux en termes peut donc s’avérer utile, d’autant plus que nombre de travaux
énergétiques et d’espace, car moins dépendants de la voiture suggèrent l’impact, en termes d’attractivité, du « design
particulière. urbain en faveur du piéton », que Calthorpe (l’un des fonda-
L’un des volets de cette recherche–action concerne plus teurs du New Urbanism) ou Cervero font d’ailleurs figurer en
spécifiquement la question des cheminements piétons vers la bonne place parmi les principes du TOD [15,16].
gare. Indépendamment de l’intérêt de la marche à pied (voire L’objet du présent article est de présenter une partie de la
de ses vertus) en soi, sur des registres variés — préservation démarche originale mise au point à l’occasion de l’action
de l’environnement [5], lutte contre l’obésité ([6,7] et, plus spécifique évoquée précédemment — focalisant sur les che-
généralement, aide au maintien en bonne santé ([8], outil minements piétons — du projet Bahn.Ville 2. Cette démarche
d’observation, voire même moyen d’ « expression d’une relève du diagnostic spatial (dont la méthodologie est présen-
posture sur la ville et l’urbain » ou d’ « incorporation des tée au chapitre (Proposition méthodologique d’un outil d’aide
rituels sociaux en public » ([5]… —, l’hypothèse est donc ici au diagnostic spatial) de l’article et la mise en œuvre in situ au
que parmi les différents leviers pouvant être mobilisés pour chapitre [Atouts et faiblesses des espaces des parcours pié-
contribuer au succès du mode ferré figurent les conditions tons vers la gare]), en vue de la formulation de propositions
dans lesquelles s’effectue le rabattement des usagers se concrètes potentiellement susceptibles d’améliorer la qualité
déplaçant à pied. Cette idée s’inscrit dans la continuité des des parcours piétons convergeant vers une gare (présentées
réflexions menées sur le pôle d’échanges [9] dont la fonction au chapitre [Propositions d’aménagements de parcours piéton
urbaine (à côté de sa fonction transport et de sa fonction vers la gare en tant que contribution à un urbanisme du rail],
services) est donnée, notamment, par les liens que ce dernier à titre d’exemple d’exploitation des résultats du diagnostic
tisse avec son environnement plus ou moins immédiat. Dès précédent), conformément à la vocation prospective de la
lors, des aménagements spatiaux ad hoc des parcours recherche–action Bahn.Ville.
empruntés par les piétons pour se rendre à la gare — donc L’apport de cette contribution est donc essentiellement
des dispositifs relevant de l’urbanisme — pourraient encou- d’ordre méthodologique : si la démarche présentée a été
rager la pratique du mode ferré. mise en œuvre sur deux stations ferroviaires spécifiques
Ce dernier point présuppose que l’impact incitatif de tels — Carnot et Le Clapier à Saint-Étienne, dont seule la pre-
dispositifs soit avéré. Il est vrai que la connaissance dans ce mière a été reprise ici en guise d’illustration —, elle est aisé-
domaine reste encore lacunaire, comme le montrent Forsyth ment transposable à d’autres terrains d’étude.
et Krizek dans un article s’attachant à analyser un important
corpus de plus de 300 études de cas (menées dans différentes
régions du monde — Amérique, Europe, Océanie…) en vue Proposition méthodologique d’un outil d’aide
d’en dégager les principaux enseignements relatifs aux stra- au diagnostic spatial
tégies pouvant être mobilisées afin d’encourager la pratique
de la marche à pied et du vélo [10]. En particulier, force est Éléments de cadrage
de constater que si les effets de certains aspects de l’environ-
nement urbain — comme la densité [11], la mixité fonction- Préalable indispensable à tout projet (et plus généralement à
nelle [12] ou le maillage des rues [13] —, en termes toute action), le diagnostic porte ici sur l’environnement de
d’attractivité pour le piéton ou le cycliste, commencent à la gare, dans les limites de distances praticables à pied. Dans
être solidement établis, ceux de l’infrastructure support du le cadre de l’action relative aux cheminements piétons du
déplacement passent pour être plus discutables. Cependant, projet Bahn.Ville 2, ce diagnostic a mis en œuvre deux
le constat d’absence d’effets reconnus de ce facteur2 ne approches complémentaires, en confrontant deux visions
pourrait-il résulter d’une insuffisante finesse d’analyse de indépendantes — celle de l’usager et celle du chercheur en
ce dernier ? À cet égard, Forsyth et al. reconnaissent que, urbanisme.
comparativement aux autres dimensions prises en compte La vision de l’usager résulte de l’acquisition, par ce der-
dans l’étude du rôle incitatif pour la marche à pied d’un nier, d’une connaissance empirique d’un trajet emprunté
environnement urbain, celle de l’infrastructure et des équipe- plus ou moins fréquemment (quotidiennement — voire
ments afférents l’est de manière peu détaillée, notamment en plus — pour certains) ; cette partie du diagnostic s’est atta-
raison de la rareté et du caractère lacunaire des données chée à rendre compte de cette connaissance par le biais d’une

3
« Measurements of this dimension have been the least developed
2
« […] infrastructure has unclear utility», [10]. because data are often incomplete or unavailable », [14].
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collecte d’informations via parcours commentés, complétés l’expert4 : les recommandations suggérées par les conclu-
par des questionnaires administrés et autoadministrés avec, sions de son diagnostic, certes, mais surtout, sa démarche.
pour ces derniers, réalisation de cartes mentales [17]. C’est cette dernière qui est au cœur de ce premier chapitre,
La vision de « l’expert » — sur laquelle focalise plus dont l’objet est d’expliciter la réflexion ayant pour finalité de
spécifiquement cet article — repose sur une observation fournir le cadre d’un outil méthodologique d’aide au diag-
directe sur le terrain (avec réalisation de photographies, de nostic spatial, indispensable à tout travail de nature
schémas, de croquis…), complétée par une analyse de docu- prospective.
ments (plans, photos aériennes). La partie du travail sur le Car avant de proposer des recommandations, encore faut-
terrain a été réalisée en plaçant l’expert dans les conditions il identifier (et localiser) les différents problèmes de nature
de l’usager (ou plutôt : des usagers empruntant différents spatiale susceptibles de s’opposer à la réalisation dans de
cheminements), auquel il a tenté de s’identifier. À cette fin, bonnes conditions des déplacements à pied entre une gare
il a réalisé à pied l’ensemble des parcours des personnes et sa zone de chalandise piétonne.
interrogées lors des enquêtes relatives à la perception des Un tel énoncé nécessite deux précisions préalables :
parcours piétons autour de la gare de Carnot et de la halte
du Clapier, mais sans prendre connaissance au préalable des • l’une sur les critères de qualité : qu’est-ce qu’un déplace-
résultats de ces enquêtes, pour éviter d’être influencé par les ment réalisé dans de bonnes conditions ?
réponses des usagers enquêtés. • l’autre sur la notion même d’espace : qu’est-ce qu’un
Afin de faciliter la confrontation de ces deux points de problème de nature spatiale ?
vue, une même grille de lecture a servi de fondement aussi
bien à la trame d’un des questionnaires proposés à l’usager
Critères d’un cheminement piéton de bonne qualité
qu’au travail d’observation sur le terrain du professionnel.
Ce fondement commun s’est directement inspiré de la grille
d’analyse spatiale élaborée à l’occasion d’une étude sur les La proposition de critères de qualité d’un cheminement
pôles d’échanges [18] : c’est en effet sur la base de cette pédestre est fondée sur l’idée qu’une amélioration, du point
grille qu’a été établie une liste de questions qui ont été de vue du piéton, des espaces parcourus par ce dernier vers la
posées aux usagers et que le professionnel s’est posées. gare, est susceptible d’encourager la pratique de la marche à
Pour assurer un traitement équitable aux deux visions lors pied sur ces itinéraires (et donc de constituer un facteur
de la confrontation proprement dite des deux points de vue, — parmi d’autres — favorable à l’usage du mode ferré).
cette dernière a été réalisée, lors d’une étape ultérieure, par S’il est vrai qu’à certains égards, cette idée — brièvement
une tierce personne. discutée en introduction générale de l’article — relève de la
Les éléments de diagnostic issus de ces travaux ont voca- conjecture, elle semble néanmoins partagée par un certain
tion à servir de préalable à des suggestions en vue de favo- nombre d’auteurs. Reposant sur les résultats de travaux aca-
riser l’intermodalité marche à pied/train. Car par-delà l’état démiques, mais également sur des retours d’expériences in
des lieux, la recherche–action sur laquelle repose le présent situ et des avis de professionnels, une abondante littérature
document intègre une dimension prospective, l’objectif sou- — tant française5 qu’anglophone6 — s’attache ainsi à présen-
haité étant, idéalement, d’arriver à formuler — toujours dans ter un choix de bonnes pratiques en termes d’aménagement
la double optique usagers/professionnel — des principes
4
concrets d’intervention. Le travail relatif à la vision de l’usager (non abordé dans cet article,
donc), réalisé de manière parallèle mais totalement indépendante (à
C’est pour cette raison que, dans les questionnaires ayant
l’exception du « socle commun » que représente la grille d’analyse
servi (en complément des parcours commentés) pour les spatiale), fera quant à lui l’objet d’une autre publication, focalisant
enquêtes auprès des usagers, il a été proposé à ces derniers sur la confrontation proprement dite des deux visions, analysant les
de faire des suggestions d’améliorations. convergences et divergences constatées, pouvant ainsi contribuer à
alimenter la question de « l’habitant expert » soulevée dans certains
C’est pour cette raison également que, dans le présent
travaux récents sur la démocratie participative [19].
article, il est question non seulement des aménagements, 5
Depuis plusieurs décennies, un certain nombre de guides, de recueils
infrastructures, équipements ou services existants le long de savoir-faire et d’ouvrages destinés aux responsables, professionnels,
de l’itinéraire ville–gare, mais également de ceux souhaita- techniciens et projeteurs de la voirie urbaine, ont été édités notamment
par le CETUR (puis le CERTU). Le document, intitulé Bonnes
bles et de leur localisation.
pratiques… : à pied, à vélo…, publié par le GART en avril 2000,
C’est pour cette raison, enfin, que le diagnostic s’efforce offre un bon aperçu synthétique dans ce domaine. Depuis cette date,
de répertorier — outre les attentes, besoins et souhaits expri- il est d’ailleurs cité dans la bibliographie de nombre de publications
més — les opportunités et disponibilités (notamment fonciè- ayant trait à la mobilité durable : fiches synthétiques [20],
publications de l’IAURIF [21], rapports réalisés à l’occasion d’études
res) le long des cheminements et/ou à proximité de la gare.
dans le cadre de la mise en place de PDU [22], etc.
Dans le cadre du présent article, cependant, le choix a 6
Par exemple, guides techniques à l’usage des professionnels [23],
été fait de ne développer que la seule phase réalisée par publications s’inspirant des principes du TOD [3,15,24,25]…, etc.
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des espaces publics urbains en vue de répondre aux besoins travaux mettant en exergue l’importance de la mixité
de la marche à pied (pedestrian-oriented infrastructures). d’usage comme facteur favorisant la pratique de la marche
L’étude de ces publications permet de mettre en évidence, [12,23] —, ainsi que des dispositifs améliorant le confort
par recoupements, un certain nombre d’éléments consen- du piéton : arbres (ombrage), éclairage [14], bancs, pro-
suels censés contribuer — du moins potentiellement — à tection contre le bruit [26]…
l’attractivité pour le piéton (walkability) de ces espaces. • l’ambiance, renvoyant à des notions telles que l’agré-
Ces éléments peuvent faire l’objet de différentes classifi- ment des itinéraires par le biais de mobiliers urbains,
cations (ou regroupements par catégories), selon le niveau de de vitrines attractives, de plantations végétales [26],
détail souhaité. Celle qui a été établie ci-dessous n’est certai- l’art urbain [5] et, plus généralement, l’esthétique
nement pas la seule possible. La distinction qu’elle opère [25,30], la culture et l’histoire au travers d’éléments don-
entre cinq critères (c’est-à-dire cinq familles d’éléments ou nant du sens aux lieux [23]… est certainement le critère
cinq listes, n’aspirant d’ailleurs pas à l’exhaustivité) est gui- le plus malaisé à formaliser, notamment en raison d’un
dée par un souci de simplicité et de « mise à plat », puisque déficit de travaux académiques dans ce domaine [25,30],
faute de connaissance solidement établie relative aux poids mais qui est mentionné dans la littérature spécialisée des-
respectifs de ces critères, aucune hiérarchie ne saurait être tinée aux professionnels et concepteurs de la voirie et des
établie. L’ordre de présentation des cinq critères est, lui espaces publics de manière suffisamment fréquente pour
aussi, fortuit : justifier la nécessité de sa prise en compte.

• la fluidité renvoie de manière générale à l’absence d’entra- En supposant que la pertinence de ces cinq critères soit
avérée, les caractéristiques susceptibles de rendre très attrac-
ves — au sens large et à toutes échelles — à un déplace-
ment piéton. Un maillage dense de rues à l’échelle de la tif un cheminement piéton vers la gare — et par voie de
ville ou du quartier [13,15], l’existence de raccourcis conséquence, de favoriser le mode ferré — seraient donc, a
pour piétons évitant le contournement d’un îlot [23,26], minima, de pouvoir se déplacer dans un cadre agréable
l’absence d’obstacles sur un trottoir et la qualité du revête- (ambiance), sans interruptions, sans heurts, sans obstacles,
ment de ce dernier [26,27]… constituent autant d’exem- sans détours (fluidité), en toute quiétude, sans danger (sécu-
ples de facteurs relevant de ce critère ; rité) et en trouvant sur son chemin le maximum de commer-
• la sécurité renvoie non seulement à la minimisation (réelle ces, services et éléments de confort (services), selon un
itinéraire sans ambiguïté et ne prêtant pas à confusion,
ou perçue) de risque (notamment d’accident), mais égale-
ment, de manière plus générale, à un état d’esprit confiant vers une destination — la gare — facilement identifiable et
résultant de l’impression (pas forcément fondée) d’absence repérable de loin (lisibilité).
de danger. Par exemple, des dispositifs de suppression (ou Dans cette hypothèse, mieux les conditions d’un parcours
de limitation) de conflits d’usage ou de modération de la — idéalement sur la totalité de sa longueur, mais au moins
vitesse automobile [23,26], le traitement des traversées de (et impérativement) dans sa partie terminale, celle proche de
la chaussée [27], les pratiques de stationnement [28], une la gare, incluant les abords immédiats de cette dernière —
configuration favorisant la surveillance naturelle [25], correspondent à cet énoncé, meilleures sont les chances que
l’éclairage des espaces publics [14]… figurent au nombre ce parcours soit fréquenté. Mais si la satisfaction des cinq
des éléments relatifs à ces logiques ; critères suffirait à rendre un cheminement « très attractif »,
• la lisibilité, s’inspirant de l’idée fondatrice de Lynch [29] a contrario, la non-satisfaction d’un seul d’entre eux lui ferait
perdre ce qualificatif, voire le rendrait inadapté aux objectifs
à laquelle nombre de récents travaux anglophones relatifs
aux aménagements favorables aux modes doux semblent d’un urbanisme du rail. Par exemple, se faire plaisir à
faire de plus en plus volontiers référence [25,30], cette marcher du fait d’un environnement (architectural, végétal,
notion renvoie ici à la qualité d’un espace selon la plus sonore…) agréable — de surcroît en direction d’une gare
ou moins grande facilité de décryptage — et donc de repé- elle-même attractive — constitue un élément (critère de
rage — que ce dernier offre au piéton marchant vers la l’ambiance) susceptible, selon la conjecture retenue, de
gare. Configurations facilitant la perception de la trame faire basculer un usager dans son choix modal depuis la voi-
piétonne [26], agencements spatiaux rendant la gare ture vers le train7. Mais il ne suffit pas : d’autres
mieux visible, dispositifs spécifiques aidant au jalonne-
ment, à la signalisation, au repérage [23,26]… sont autant
7
d’éléments, parmi d’autres, renvoyant à ce critère ; Il est à noter que, compte tenu du thème abordé dans cette action du
• les services que le piéton marchant vers la gare trouve sur projet Bahn.Ville 2, d’autres critères que ceux — traités ici — relatifs
aux aménagements spatiaux des cheminements piétons et des abords
son itinéraire sont à considérer ici selon une acception très
de la gare, sont tout aussi importants — voire plus — dans le choix
large, puisque par ce terme sont désignés également les d’utiliser le train : ponctualité, fréquence, fiabilité, régularité, qualité
commerces — dont la prise en compte fait référence aux du matériel roulant, etc.
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caractéristiques — relatives à chacun des quatre autres critè- Les quatre composantes de l’espace :
res — sont tout aussi indispensables.
Il convient d’ailleurs de noter qu’un même facteur peut
• la composante dimensionnelle traduit des notions comme
la distance, la taille (largeur, longueur, hauteur), la den-
contribuer — ou s’opposer — à la satisfaction de plusieurs
sité, etc. ;
critères (des poubelles encombrant un trottoir nuisent aussi
bien à la fluidité qu’à l’ambiance), mais que le « signe » de
• la composante géométrique renvoie à des oppositions
telles que droit/courbe ; allongé/trapu, plan/accidenté,
son effet — positif ou négatif — peut varier d’un critère à
simple/complexe (à propos d’un itinéraire, par exemple),
l’autre (un dispositif séparant physiquement flux automobi-
etc. ;
les et piétons est susceptible d’améliorer la sécurité tout en
détériorant la fluidité piétonne, voire l’ambiance), situation
• la composante topologique permet des distinctions telles
que inclus/exclu (ou dedans/dehors), attenant/non attenant,
nécessitant un arbitrage en fonction de priorités explicitées et
continu/discontinu, connecté/déconnecté, en interaction
argumentées.
avec/coupé (isolé) de, planaire/non planaire (au sens de
la Théorie des graphes), etc. ;
Matrice composantes/acceptions — • la composante non formelle regroupe toutes les caracté-
ristiques de l’espace ne relevant d’aucune des trois com-
outil d’aide à l’observation des espaces urbains
posantes précédentes — dimensionnelle, géométrique et
topologique (suffisant, selon les typomorphologues, à
Les cinq critères précédemment énoncés relèvent tous — à
caractériser les rapports formels) : fonction8, texture, cou-
une échelle ou à une autre — des espaces traversés par les
leur, éclairage, opacité, matériaux… autant d’aspects ne
piétons. Mais pour apprécier la non-satisfaction (ou la satis-
relevant pas de la forme de cet espace, mais participant
faction, au moins partielle) d’un tel espace à ces critères,
néanmoins à sa caractérisation.
encore faut-il préciser la nature de ce que l’on observe. En
d’autres termes, la réalisation d’un diagnostic des espaces Les quatre acceptions de l’espace :
(urbains ou non) constituant le support des cheminements
piétons vers la gare suppose que soient posés, au préalable,
• l’espace aménagé renvoie à la dimension physique la plus
concrète (la plus banale pourrait-on dire) de ce dernier ;
certains jalons permettant d’orienter le choix des aspects
spatiaux à observer. À défaut d’une telle réflexion préa-
• l’espace perçu se situe sur le registre du sensoriel (l’espace
tel qu’il nous est révélé par notre vue, notre ouïe, notre
lable, le travail de terrain risque de manquer d’homogénéité
odorat, etc.) ;
et, de ce fait, de rendre impossibles les comparaisons entre
études de cas [31]. L’utilisation d’une grille d’analyse
• l’espace représenté procède d’une réinterprétation (intel-
lectualisation) de l’espace perçu : il se construit « en inté-
spatiale peut, à cet égard, se révéler utile, en raison de la
grant le patrimoine idéologique (individuel et collectif)
complexité et de la polysémie de la notion même d’espace,
des individus qui le fabriquent »9 et, de ce fait, porte la
justifiant pleinement que cette dernière soit abordée de
marque de certaines valeurs et codes culturels. Ainsi, à la
différents points de vue et en faisant appel à diverses disci-
différence de l’espace perçu, l’espace représenté se charge
plines. C’est pour cette raison que l’approche proposée
d’une dimension symbolique et peut être porteur d’un
— reprenant, en les adaptant aux cheminements piétons,
jugement de valeur, positif ou négatif : par exemple, un
la grille construite pour l’étude des pôles d’échanges
espace perçu comme dégagé et clair peut être représenté
[18] — s’appuie sur des travaux cherchant à appréhender
— ou interprété —, dans un contexte culturel donné,
cette notion de manière plurielle afin de rendre compte de
comme agréablement aéré et ouvert ou au contraire
cette diversité. Parmi les auteurs s’étant attelés à cette tâche,
comme hors d’échelle, anonyme et sans intimité. Dans
il convient d’évoquer notamment :
le domaine auditif/sonore, un espace perçu comme
• Di Méo [32,33] qui, partant de différentes conceptions bruyant peut être interprété comme agréablement animé
philosophiques de l’espace, propose un certain nombre ou au contraire comme cacophonique. Des notions telles
d’acceptions possibles de cette notion ; que coupure, continuité, bruit, etc. renvoient ainsi à
• certains typomorphologues [34,35], dont le regard d’archi- l’espace perçu, alors que les termes dégradation, valorisa-
tectes vient compléter l’approche précédente en proposant tion, etc. sont de l’ordre de l’espace représenté (par
une méthode d’analyse spatiale de la forme urbaine.
8
Une fois adaptés et complétés par d’autres sources Cet aspect « fonction » de la composante non formelle introduit, entre
[36–41], les travaux de ces auteurs sont à la base de la grille autres, la fameuse mixité fonctionnelle (mise à l’honneur dans nombre
de travaux, notamment anglophones, car identifiée comme étant
d’analyse spatiale proposée, consistant, d’une part, à décli-
facteur d’attractivité) en tant qu’objet d’observation à prendre
ner l’espace en quatre acceptions et, d’autre part, à aborder nécessairement en compte lors du diagnostic spatial.
9
chacune de ces acceptions selon quatre composantes. [32]
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exemple, une coupure n’est pas forcément représentée l’espace13, mais plutôt comme un outil méthodologique
comme négative — elle peut être, au contraire, un facteur souple et adaptable, pouvant servir de guide à une réflexion
d’intimité). Il est à noter aussi que la représentation gra- et à l’élaboration d’une liste raisonnée de critères spa-
phique des espaces (plans des réseaux, plans de la ville et tiaux pertinents lors de l’étude d’un lieu. Une démarche
du quartier, signalétique…) relève également de l’espace d’analyse spatiale s’appuyant sur cette matrice ne correspond
représenté, dans la mesure où il s’agit de la traduction sur qu’à une lecture possible — parmi d’autres — de cette
un support (papier, écran…) d’une certaine vision de dernière, et ne saurait donc en aucun cas être mécanique
l’espace ; ou déterministe.
• l’espace vécu fait référence à la réappropriation10 de Dans le cas présent, cette grille d’analyse a été utilisée
l’espace par le biais des usages (ou pratiques) — usages comme mémento dans l’appréciation des espaces (aussi
effectifs, ne correspondant pas forcément à ceux prévus bien ceux des parcours que ceux des gares et de leurs abords),
lors de la conception d’un lieu (le vécu est une acception afin que ces derniers soient décrits sous toutes les facettes
essentielle de l’espace dans la mesure où les pratiques semblant pertinentes compte tenu des objectifs. Mais point
contribuent à définir ce dernier). n’est besoin de recourir forcément aux 16 cases de la
matrice, certaines pouvant s’avérer être sans objet pour un
Évidemment, ces quatre acceptions de l’espace sont en
cas donné (ce choix étant laissé à l’appréciation du chargé
interdépendance étroite : par exemple, un même espace
d’étude). Simplement, la matrice aide à éviter des oublis sur
perçu peut être représenté comme désert et déprimant ou
le terrain (l’omission d’un aspect important est d’autant
convivial et animé selon les pratiques du lieu, c’est-à-dire
plus gênante que les possibilités de visites du terrain sont
l’espace vécu.
rares, par exemple en raison de son éloignement).
Croisant ces quatre composantes et ces quatre acceptions
À titre illustratif, voici un exemple sommaire de quelques
de l’espace, la grille d’analyse proposée peut être représentée
éléments d’appréciation d’un trottoir du point de vue de sa
par une matrice à quatre lignes et quatre colonnes (16 cases).
largeur— c’est-à-dire d’une de ses caractéristiques dimen-
Chaque case — correspondant à une composante de l’espace
sionnelles (deuxième ligne de la matrice) — et ce, selon
selon une certaine acception — contient une courte liste non
les quatre acceptions de l’espace : « Mesurant environ 1 m
exhaustive d’exemples illustrant quelques-uns des aspects
depuis la chaussée jusqu’à la façade (espace aménagé, pre-
spatiaux relevant de cette case (Tableau 1). Cette décompo-
mière case de la ligne), le trottoir apparaît, depuis l’endroit
sition d’une réalité complexe — l’espace — ne doit cepen-
où je suis, relativement large (espace perçu, deuxième case)
dant pas occulter le caractère parfois artificiel d’un tel
et bien dimensionné pour une personne marchant de front
découpage. En effet, de nombreux aspects de l’espace sont
(espace représenté, troisième case), mais en cas de nécessité
transversaux au sens où, faisant appel non pas aux compo-
de dépassement ou de croisement d’une personne munie
santes isolées mais à des combinaisons de ces dernières, ils
d’une valise, il devient nettement insuffisant et nécessite de
relèvent de plusieurs cases11. À l’inverse, une même case
descendre sur la chaussée (espace vécu, quatrième case de la
peut regrouper plusieurs aspects spatiaux méritant d’être
ligne) ».
abordés séparément12.
Voici maintenant un exemple d’éléments d’appréciation
Procédant d’une logique de mise à plat d’aspects spatiaux
de ce même trottoir selon l’acception de l’espace perçu
susceptibles d’être abordés à l’occasion de l’étude d’un lieu
(deuxième colonne de la matrice) et ce, par des éléments
ou d’une succession de lieux (par exemple un chemine-
issus des quatre composantes de l’espace : « Le trottoir pré-
ment), la matrice n’a cependant pas à être considérée
sente un revêtement sombre, d’aspect mat et fissuré14 (com-
comme un carcan contraignant, imposant un découpage
posante non formelle, première case de la colonne), depuis
rigide et un cloisonnement strict des différents aspects de
l’endroit où je suis, il apparaît relativement large (compo-
sante dimensionnelle, deuxième case de la colonne), son
10 tracé paraît rectiligne (composante géométrique, troisième
[40]
11
Par exemple, un cheminement peut susciter chez l’usager un case) en direction de la gare, mais est coupé visuellement
sentiment de pénibilité (colonne espace représenté) pouvant être lié de cette dernière (composante topologique, quatrième case
aux quatre composantes à la fois — dimensionnelle (distance de la colonne) par une rangée d’arbres ».
importante à parcourir), géométrique (complexité du tracé du
cheminement), topologique (ruptures, interruptions dans le
cheminement) et non formelle (traitement architectural peu
engageant, éclairage déficient, signalétique inexistante ou peu lisible). 13
Le statut du tableau — malgré l’impression qu’il peut susciter —
12
Par exemple, la composante non formelle de l’espace aménagé n’est donc pas celui de « mode d’emploi pour une étude spatiale en
(première case du tableau) regroupe des caractéristiques spatiales 16 paragraphes ».
14
liées aussi bien au traitement de la chaussée et du mobilier urbain du Une appréciation du type : « un revêtement de trottoir de couleur
cheminement qu’à la nature des équipements (services, commerciaux,…) lugubre et en piteux état » relèverait de l’espace représenté,
le long de ce dernier. correspondant à la troisième colonne.
184

Tableau 1 Grille d’analyse spatiale, aide à l’observation des espaces des cheminements piétons ville–gare

ACCEPTION ESPACE AMÉNAGÉ ESPACE PERÇU ESPACE REPRÉSENTÉ ESPACE VÉCU


« physique » de l’ordre du sensoriel (vue, ouïe, de l’ordre de l’interprétation de l’ordre de l’usage des espaces.
odorat,…) (jugement de valeur), de
l’intellectualisation ou de la
COMPOSANTE symbolisation
NON FORMELLE : Nature des équipements et services Nature des équipements et services Sentiment de facilité/difficulté à se Usages de l’espace du
- fonction présents sur le cheminement et ses perçus depuis le cheminement. repérer au cours du cheminement cheminement et de ses environs
- matériau environs. Absence de perception (dû à la signalétique),… (p.e. dynamique commerciale liée
- couleur Matériaux, plantations, revêtements, d’équipements/services présents à Sentiment, impression (p.e. aux flux de piétons entre « la
- éclairage éclairage, signalétique (verticale et proximité du cheminement. d’harmonie, cacophonie, malaise, ville » et « la gare » ?)
-… horizontale), …le long du Teintes, lumières, textures, bien-être, froideur, chaleur... ?) Nature des pratiques le long du
cheminement matériaux, signalétique, sons, suscité par matériaux, couleurs, cheminement, p.e. leur conformité
bruits, odeurs,… perçus lors du sons, odeurs,… avec les usages prévus (différentes
cheminement. formes d’usages détournés ?),…
DIMENSION : Longueurs et largeur des Proportions (ample / resserré), Sentiment de facilité/pénibilité dû à Densité d’occupation des espaces
- métrique cheminements piétons (depuis échelle (vaste/exigu) des espaces du la longueur des cheminements,… du cheminement par les usagers
- échelle différentes origines vers la gare) cheminement, Distance représentée Gare/ville Densité d’occupation des abords du
- densité Densité, hauteur et dimensions du proximité/éloignement,… perçus (p.e. :on a l’impression que l’on sort cheminement par différents
-… bâti et des espaces non bâtis le long Démarcation/fusion du de la ville et que l’on s’éloigne usages : commerçants, riverains,…
du cheminement cheminement dans son beaucoup de la ville pour aller à la (p.e. : abords désertés),…
environnement par ses dimensions, gare).
échelle,… Impression de télescopage
d’échelles cheminement/site,...
GÉOMÉTRIE : Tracé des cheminements piétons Simplicité/complexité perçue des Sentiment de facilité/pénibilité (dû à Répartitions des usagers (agrégats,
- allongé/trapu (droit, accidenté, dénivelé,…) cheminements,… la complexité des tracés, y compris files,…),…le long du cheminement
- haut/bas Géométrie des espaces bâtis et non Démarcation/fusion du les dénivelés) des cheminements,…
- plan/accidenté bâtis le long du cheminement. cheminement dans son Réussite/échec de l’insertion
-… environnement par ses géométrique (espaces) du
caractéristiques géométriques,… cheminement dans son
environnement,…

TOPOLOGIE : Position du site (cheminements) « Type » de cheminement perçu Sentiment d’enfermement/ Relations/interactions entre
- dedans/dehors dans la ville (dans/hors zone dense (sans rupture / ponctué d’étapes / ouverture (par rapport à usagers/usagers ou usagers/services
- connecté/coupé ou centre), invitant au détour,…),…. l’environnement),… ou usagers/riverains du
- planéarité Passages à niveau, carrefours, Coupures/continuités (voisinages) Sentiment de facilité/pénibilité (dû cheminement ou
-… passerelle/passages souterrains,… perçues depuis l’espace du p.e. aux liaisons verticales,…),… usagers/commerçants le long du
Le cheminement en tant que lien cheminement avec l’environnement Dégradation/valorisation du quartier cheminement : échanges,
gare-ville plus ou moins immédiat (p.e. les par la présence de ce cheminement évitements, blocages,…
commerces et services du site, « la (p.e. du fait des connexions/
ville »,...) ;… coupures qu’il crée dans la ville),…
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Mode d’emploi, statut, intérêt et limites dans cet article relève de la question des échelles : des fac-
de l’outil méthodologique proposé teurs tels que ceux évoqués plus haut (densité de population,
mixité d’usages, maillage…) font sens surtout à l’échelle
Concrètement, lors du travail de terrain dans le cadre du d’un quartier ou, au minimum, celle d’un îlot. Bien entendu,
diagnostic, chacun des critères de qualité d’un cheminement d’un point de vue spatial (au sens large), ils se manifestent à
peut être appréhendé du point de vue de chacune des com- des échelles inférieures. Mais d’autres aspects spatiaux
posantes et de chacune des acceptions de l’espace. Cette sont en revanche spécifiques à l’environnement directement
combinaison de cinq critères d’attractivité avec les 16 cases perceptible par le piéton et relèvent du domaine du « micro-
de la matrice composantes/acceptions suggère donc urbanisme » (tronçon de rue, mobilier urbain…) ou de
5 × 16 = 80 catégories de questions susceptibles d’être sou- l’architecture. Ce sont aussi ces derniers — non pas spécifi-
levées (pas forcément toutes pertinentes dans chaque cas de quement mais complémentairement aux précédents — que la
figure) pour qualifier un espace traversé par le piéton lors de démarche proposée doit aider à identifier.
son cheminement vers la gare. C’est cette démarche qui a été C’est d’ailleurs l’une des raisons justifiant le parti d’avoir
mise en œuvre lors de l’observation des espaces parcourus abordé ici la question du rabattement vers les gares du seul
en vue de les évaluer, par identification de tout ce qui, selon point de vue du piéton (et non pas de celui du cycliste), alors
l’expert chargé du diagnostic, était en accord ou désaccord que de nombreux travaux sur les déplacements urbains non
avec chaque critère, décliné selon la grille d’analyse spatiale. motorisés [13,15,27,30] traitent conjointement de la marche
Bien entendu, cette déclinaison (« déconstruction ») de et du vélo comme relevant d’un même groupe (homogène ?)
l’espace des itinéraires piétons et de leur environnement sen- de modes durables. Le choix de focaliser ici sur le piéton
sible ne présume en rien de l’importance relative de tel ou tel uniquement est motivé par le rapport privilégié qu’entretient
facteur du point de vue de son effet potentiel sur l’attractivité. à l’espace la marche à pied [43] qui, contrairement aux
Il convient de préciser à cet égard que le parti retenu — et autres modes (y compris le vélo), « implique une immersion
pleinement assumé — dans l’ensemble du travail (préalable complète dans l’environnement de déplacement, appréhendé
au diagnostic) présenté dans ce premier chapitre s’inscrit non de manière plus sensible » [44] et présente la particularité de
pas dans une logique de production directe de connaissance permettre de « changer de destination ou d’en inventer de
stricto sensu, mais, de manière moins ambitieuse, dans celle nouvelles à chaque pas » [45,46]. Par ailleurs, en termes
de l’aide à l’observation (collecte de données). L’objectif d’aménagements destinés aux modes doux, si les questions
n’était donc autre que celui d’élaborer un outil d’aide à la posées et la nature des problèmes à résoudre se rejoignent
réalisation d’un état des lieux, en termes d’attributs spatiaux parfois (interactions avec les flux motorisés, par exemple),
supposés — du moins potentiellement — être impliqués elles diffèrent souvent15. Ces deux modes requièrent donc
dans le choix de recourir, ou non, à la marche à pied. Par des approches distinctes, des analyses spécifiques [10].
rapport à des travaux ayant contribué à mettre en évidence Contrairement aux travaux pouvant trouver indistinctement
l’impact de certaines caractéristiques de l’environnement des applications aux domaines de tous les déplacements non
bâti (densité, mixité fonctionnelle, maillage des infrastructu- motorisés [13], les échelles d’étude (diagnostic) et d’inter-
res, présence de trottoirs…) sur l’attractivité de la marche vention (propositions) spatiale dont relèvent les aspects trai-
[11,42], il s’agit ici seulement de fournir au chargé d’étude tés dans le présent article sont donc, pour nombre d’entre
une grille de lecture permettant, au travers d’une mise à plat eux, plus spécifiquement celles de la marche à pied. C’est
structurée, d’expliciter et d’orienter le choix des aspects spa- ce qui justifie l’utilité de la très grande finesse d’observation
tiaux à observer. Cette forme de systématisation des travaux à laquelle la grille proposée invite et qui est susceptible de
de terrain — mais non pas automatisation, puisque chaque soulever des questions non abordées par les travaux
chargé d’étude est censé utiliser cette grille d’une manière existants.
qui lui est propre — peut présenter l’avantage de faciliter Au total, l’outil proposé — encore au stade expérimen-
la recherche de collaborations et de complémentarités entre tal — est destiné à être mis en œuvre, si possible, par diffé-
praticien et chercheur : l’évocation, par le premier, d’un rents utilisateurs sur différents terrains, en vue d’un futur
aspect spatial résultant de sa lecture du terrain d’étude au retour d’expériences qui, d’une part, permettent d’en asseoir
travers du prisme de la grille est susceptible de donner au la pertinence et le caractère opérationnel et, d’autre part, de
second des idées de variables à analyser plus finement du multiplier les observations empiriques et donc d’enrichir la
point de vue de ses « effets ». En d’autres termes, l’un des
intérêts d’études de cas de ce type serait de nature explora-
toire en attirant l’attention sur des aspects hypothétiquement
15
Une étude portant spécifiquement sur l’intermodalité vélo-train — et
traitant également de la question des itinéraires cyclistes de rabattement
attractifs d’un itinéraire piétonnier.
vers la gare — a été menée récemment dans le cadre du projet Port
Une autre forme de complémentarité entre travaux exis- Vert, recherche effectuée dans le cadre du programme interministériel
tants et ceux que pourrait susciter l’approche développée sur les transports (PREDIT), rapport remis en février 2011.
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« boîte à idées » pour des recherches plus académiques qu’apparaisse graphiquement, de manière claire, l’existence
visant à approfondir le rôle de catalyseur de tel ou tel aspect de tronçons communs à plusieurs parcours.
spatial pour la pratique de la marche à pied vers la gare. Le découpage d’un parcours en tronçons résulte directe-
La portée des deux chapitres suivants est donc, par ment de la succession d’embranchements. Par exemple, le
essence, limitée : les éléments de diagnostic du chapitre parcours 3 (rue Charles-de-Gaulle, au départ de la place
(Atouts et faiblesses des espaces des parcours piétons vers Jean-Jaurès) vers la gare de Carnot comporte trois tronçons
la gare) ont pour seule vocation d’illustrer, sur un cas (Fig. 1) : le tronçon 1, depuis la place Jean-Jaurès jusqu’au
concret, une telle mise en œuvre expérimentale, c’est-à-dire carrefour avec la rue Boucher-de-Perthes (où deux autres
la manière dont un chargé d’étude a pu se saisir de cette grille parcours, le 4 et le 5, rejoignent le parcours 3 — premier
d’observation, qu’il a complétée par une interprétation et un embranchement) ; le tronçon 2 est délimité par ce dernier
avis d’expert personnels, forcément subjectifs ; la proposi- et le carrefour avec la rue du Grand-Gonnet (où les parcours
tion esquissée au chapitre (Propositions d’aménagements de 3, 4 et 5 sont rejoints par les parcours 1 et 2 — deuxième
parcours piéton vers la gare en tant que contribution à un embranchement) ; le tronçon 3 (désormais commun à cinq
urbanisme du rail) — s’inscrivant dans le volet « action » parcours) se termine à la gare. Dans la description de chaque
du projet Bahn.Ville 2 (qui associe chercheurs et profession- tronçon (description très détaillée, retranscrite à partir des
nels) — n’a quant à elle d’autre ambition que d’illustrer enregistrements vocaux réalisés tout au long des parcours),
comment un bureau d’étude, par exemple, pourrait appuyer où est notamment évoquée son ambiance générale, liée aux
un parti d’aménagement sur le diagnostic précédent. caractéristiques (selon différentes acceptions et composan-
tes) de l’espace parcouru (c’est-à-dire l’infrastructure viaire
et son environnement), certains éléments particuliers (contri-
buant à définir cet espace et cette ambiance) sont résolument
Atouts et faiblesses des espaces mis en avant : la chaussée et son traitement (le trottoir — sup-
des parcours piétons vers la gare port physique du cheminement piéton — faisant l’objet d’une
attention toute particulière) ; les éléments rapportés ou dépo-
Mise en œuvre des outils méthodologiques proposés sés sur la chaussée (mobilier urbain, plantations, signalétique
verticale et horizontale, objets divers…) pouvant éventuelle-
Pour être à même d’établir un diagnostic des parcours ment faire obstruction ; les façades délimitant latéralement le
convergents vers les gares retenues (gare de Carnot et halte tronçon (aspect et fonctions) ; le lien (notamment visuel) avec
du Clapier, dont seul l’exemple de la première est repris dans la gare, compte tenu des éléments précédents.
le cadre de cet article), la personne en charge de cette tâche Outre les cheminements, les abords immédiats de la gare,
devait acquérir une connaissance in situ aussi complète que ainsi que la gare elle-même font également l’objet d’une
possible de l’ensemble des cheminements piétons parcourus description.
par les personnes interrogées lors de l’enquête, en vue de
la confrontation escomptée (vision des usagers/vision de
l’expert, non abordée dans cet article). À cette fin, elle a Traitement et synthèse
tracé ces cheminements sur une carte détaillée, avant d’ef-
fectuer elle-même ces parcours à pied en commentant et en Afin de faciliter le travail de synthèse, les points jugés signi-
notant (enregistrement sonore, notes écrites, croquis, photos) ficatifs (par rapport à l’un ou l’autre des cinq critères retenus)
tout élément pertinent au regard des cinq critères de qualité dans les descriptions précédentes ont été rassemblés sous
considérés sous différents aspects (cases de la matrice) des forme de tableaux, dont chaque ligne correspond à un tron-
espaces traversés. çon et chaque colonne à l’un des cinq critères. Chaque case
contient donc, sous forme abrégée (mots clés renvoyant à
différents développements dans les retranscriptions), une
Collecte de l’information liste de caractéristiques de (ou d’éléments relatifs à) l’espace
d’un tronçon, du point de vue d’un critère.
Les parcours réalisés par les personnes interrogées sont Pour les besoins de la présentation de la synthèse réalisée
numérotés de 1 à 14 (Fig. 1). à partir de ces tableaux, une distinction a été opérée entre
Le point de départ de chaque parcours est repéré par un deux types d’espaces (aux frontières relativement floues) :
nombre entouré d’un cercle, l’ordre des numéros a été fixé la gare et ses abords, d’un côté, les tronçons (tels que définis
arbitrairement (le premier numéro est au sud-ouest, puis on précédemment), de l’autre.
tourne autour de la gare dans le sens trigonométrique). Compte tenu des objectifs prospectifs de la recherche–
Les tracés des différents parcours sont représentés de action, les tronçons ont par ailleurs été subdivisés en deux
manière à ne pas se superposer (mais à se juxtaposer), afin catégories, en fonction de leur rapport plus ou moins direct à
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Fig. 1 Parcours réalisés par les personnes interrogées


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la gare (aboutissement de tous les parcours) : les tronçons pro- être composé d’espaces visuellement disjoints du fait, par
ches (sous-entendu proches de la gare) et les tronçons loin- exemple, d’un tracé géométriquement complexe et, de ce
tains. Les premiers sont ceux dont l’une des extrémités est fait, non caractérisable dans son ensemble. Pour cette raison,
la gare ; un tronçon proche est ainsi un espace contigu à la portée spatiale (tout le tronçon, une partie du tronçon ou
celui de cette dernière et de ses abords immédiats et consti- simplement ponctuelle) de chaque élément du diagnostic est
tue donc un espace de transition entre celui du parcours et systématiquement précisée dans les tableaux.
celui de la gare ; tous les autres tronçons sont considérés Afin de faciliter la lecture des tableaux susmentionnés
comme lointains. Ce premier critère de distinction — critère (et donc la synthèse), diverses indications figurent entre
topologique (la contiguïté) — entre les deux types de tron- parenthèses à côté de chaque élément présent dans une case
çons est doublé d’un critère fonctionnel, celui de la fréquen- (Tableau 2, comportant, à titre d’exemple, quatre tronçons
tation (du moins potentielle) par les usagers : constituant, en extraits du tableau synthétique relatif aux tronçons proches
quelque sorte, la dernière ligne droite d’un parcours avant la de la gare de Carnot).
gare, un tronçon proche est, par définition, plus fréquem- La première indication est relative au caractère valorisant
ment utilisé (ou : commun à un nombre plus élevé de ou dévalorisant (à l’aune des cinq critères retenus) dudit élé-
parcours) qu’un tronçon lointain. ment pour l’espace auquel il se rapporte. Ainsi, (+) signifie
Il convient enfin de préciser que s’il est assez aisé de carac- une compatibilité avec le critère ; (–) une incompatibilité
tériser globalement le premier type d’espace (celui de la gare partielle ; (– –) une grave incompatibilité.
et de ses abords immédiats) en raison de sa (relative) conti- Par exemple, architecture (+) dans la colonne ambiance
nuité, il semble bien plus délicat de dégager des éléments signifie que l’architecture des façades bordant le tronçon
de diagnostic généraux à partir d’un corpus hétérogène de contribue à une ambiance agréable ; propreté (– –) dans la
cheminements dans la ville. Car non seulement chacun de colonne fluidité indique que la présence d’ordures ou de déjec-
ces derniers constitue a priori un cas à part entière (puisqu’il tions sur le trottoir nuit gravement à un cheminement fluide.
concerne des espaces au moins partiellement distincts de D’autres indications peuvent compléter cette apprécia-
ceux d’autres tronçons), mais de plus, il peut, lui-même, tion, notamment celles relatives :

Tableau 2 Lorsqu’un même tronçon est commun à plusieurs parcours, il possède plusieurs identifiants (chacun relatif à un parcours)

Parcours– Ambiance Fluidité Sécurité Services Lisibilité


tronçon
P1–T3 Architecture (+) Largeur (–D) File parking (+) Variété (+) Signalisation (– –)
P2–T3 Chaussée (+) Largeur (+G) Sens unique (+) Nombre (+) Contact visuel (– –)
P3–T3 Entretien (+) Chaussée (+) Chaussée (+)
P4–T3 Plantations (+)
P5–T4 Commerces (+)
Tramway (+)
P7–T2 Architecture (– –) Largeur (–) File parking (+) Nombre (–) Signalisation (– –)
P6–T2 Saleté (– –P) Mobilier urbain (– –P) Traversée rue (– –P) Intérêt (–) Contact visuel (– –)
Entretien (– –P) Revêtement (–P) Affichage (– –)
Revêtement (– –P) Détour (– –P)
P10–T2 Architecture (+D) Largeur (+G) Barrière (+G) Variété (+) Signalisation (– –)
P11–T3 Commerces (+D) Largeur (–D) File parking (+D) Nombre (+) Contact visuel (– –G)
P14–T3 Ouverture (+G) Commerce (– –PDT) Commerce (– –PDT) Contact visuel (+D)
Parc (+G) Traversée rue (– –P) Traversée rue (–P) Architecture (–D)
Revêtement (– –G) Affichage (–D)
P12–T2 Architecture (+G) Largeur (+D) File parking (+) Nombre (–) Signalisation (– –)
P13–T3 Arbres (+G) Poubelles (–PG) Traversée rue (– –P) Variété (–) Antisignalisation (– –)
Stationnement (–PD) Contact visuel (– –G)
Traversée rue (– –P) Contact visuel (–D)
Architecture (–D)
Affichage (– –D)

P10–T3 = parcours no 10, tronçon no 3.


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• à la portée spatiale de l’élément cité, c’est-à-dire au carac- Exemples : stationnement (– –GP) dans la colonne
tère ponctuel (P) ou global (en l’absence d’indication, la fluidité signifie que, ponctuellement, des véhicules en
portée spatiale est globale, c’est-à-dire concerne tout le stationnement réduisent de manière drastique la largeur
tronçon ou une partie significative du tronçon) ; du trottoir côté gauche (voire bouchent complètement le
• à la portée temporelle de cet élément (la lettre T, signifiant passage) ; commerce (– –T) dans la colonne sécurité
que l’élément est temporaire, n’est cependant utilisée indique que le débordement temporaire d’une activité
qu’en cas de nécessité pour apporter une précision commerciale sur le trottoir oblige (temporairement,
pertinente : en effet, dans le cas d’une poubelle ou d’un donc) le piéton à descendre sur la chaussée, hors passage
véhicule en stationnement sur le trottoir, par exemple, le clouté.
caractère temporaire de l’obstacle est évident, et l’utilisa- Parmi les quelques centaines de photos prises à l’occasion
tion de la précision T est inutile) ; du diagnostic, les quatre présentées ci-dessous (Figs. 2–5)
• au positionnement à droite (D) ou à gauche (G) de l’élé- proposent, à titre illustratif, une vue de chacun des quatre
ment (en marchant en direction de la gare). tronçons du Tableau 2.

Fig. 2 P1–T3 : l’un des deux accès sud vers la gare de Carnot, Fig. 4 P10–T2 : accès nord vers la gare de Carnot. Aucun élément
visible en fond de perspective (« passerelle » abritant les quais) architectural de la partie visible (quais couverts) en fond de pers-
mais difficilement identifiable comme telle pective ne permet de reconnaître la gare

Fig. 3 P7–T2 : l’autre accès sud (parallèle au précédent) vers la Fig. 5 P12–T2 : accès ouest vers la gare de Carnot. Notons la flè-
gare de Carnot. En fond de perspective, les arches du viaduc sur che directionnelle Carnot qui pointe vers la gauche, alors que la
lequel passent les rails gare, non identifiable, se trouve droit devant
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La section suivante résume les principaux éléments de Cette absence de lisibilité pose un grave problème de
diagnostic spatial que cette démarche a permis de mettre en repérage et devra faire l’objet d’une attention toute particu-
évidence au sein du quartier de la station Carnot. lière dans la proposition du chapitre (Propositions d’aména-
gements de parcours piéton vers la gare en tant que
Éléments du diagnostic : l’exemple de la gare de Carnot contribution à un urbanisme du rail).

La gare et ses abords Parcours–tronçons proches

• Ambiance • Ambiance

L’architecture du bâtiment, de même que la vétusté, le L’ambiance est manifestement l’un des points forts des tron-
manque d’entretien et la saleté des abords posent problème çons proches de Carnot : à part quelques exceptions, géné-
en nuisant gravement à l’attractivité de la gare. ralement ponctuelles et correspondant à des problèmes
Le problème est accentué en raison d’un effet de contraste théoriquement simples à éliminer (réparations ponctuelles
avec les espaces (extrémités des tronçons proches) environ- de certains trottoirs, propreté, nettoyage de certaines façades,
nants, bénéficiant d’une ambiance bien plus agréable, incitant entretien), ces tronçons possèdent de nombreux atouts struc-
à se tourner vers eux plutôt que vers la gare, qui ne donne pas turels (architecturaux, paysagers, de transports publics, etc.)
envie d’entrer : on préfère changer de trottoir ! pour être des « fins de parcours piétons » agréables et
attractives.
Ce potentiel constitue un élément fort pouvant être mobi-
• Fluidité lisé (notamment pour servir de catalyseur) au niveau de la
proposition du chapitre (Propositions d’aménagements de
La fluidité des cheminements verticaux à l’intérieur de la parcours piéton vers la gare en tant que contribution à un
gare pose problème : l’ascenseur étant (apparemment sou- urbanisme du rail).
vent) en panne, le dénivelé important (l’équivalent de quatre
étages !) ne peut être franchi qu’en empruntant un escalier • Fluidité
labyrinthique comportant cinq paliers intermédiaires.
Concernant les abords, le traitement des espaces publics Mis à part des problèmes ponctuels et/ou conjoncturels — en
connexes ne « canalise pas » le piéton vers cette gare, au théorie simples à gérer ou à éliminer (revêtement de trottoir
contraire. localement abîmé, stationnement abusif, présence de poubel-
les, débordement de commerce sur le trottoir) — et quelques
• Sécurité trottoirs semblant quelque peu sous-dimensionnés, la princi-
pale entrave à une bonne fluidité des cheminements se situe
Dans le cas présent, cette question relève plus de la sécurité au niveau de l’articulation entre l’espace des tronçons pro-
subjective : l’état de vétusté, de saleté et la présence de ches, d’un côté, celui de la gare et de ses abords immédiats,
recoins sombres donnant par endroits une impression inquié- de l’autre.
tante de quartier mal famé font naître un sentiment d’immi- Notamment, la coupure, entre la gare et la place Carnot,
nence d’un danger. par le boulevard Jules-Janin au trafic dense et dont la traver-
sée (en deux, voire trois temps) nécessite d’emprunter suc-
cessivement plusieurs passages cloutés (fin du tronçon 2 du
• Services
parcours 10) réglés par feux en faveur des véhicules, nuit
gravement à la fluidité de l’accès vers la gare. En effet,
Ni la gare elle-même ni ses abords immédiats (le « parvis »)
ces derniers mètres (ou plutôt : ces dernières secondes, si
ne comportent de services, mis à part ceux liés au transport
l’on attend que le feu passe au vert) d’un parcours peuvent
ferré stricto sensu (billetterie).
faire rater un train.
Or, la plupart des tronçons proches sont ainsi coupés de
• Lisibilité l’espace tenant lieu de parvis à la gare par des infrastructures
routières souvent difficiles et/ou longues à traverser. Autre-
Le traitement architectural du bâtiment n’est pas de nature à ment dit, moins de la moitié des trottoirs-parcours est arti-
faire comprendre qu’il s’agit d’une gare. Les seuls éléments culée à la gare de manière fluide, c’est-à-dire ne nécessitant
permettant de la reconnaître comme telle sont les quelques ni détour ni attente.
inscriptions intégrées à certaines de ses façades (SNCF, Une meilleure continuité de ce point de vue entre l’espace
Accès aux quais…). de la gare et l’extrémité terminale du plus grand nombre
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possible de tronçons proches sera à rechercher dans la vertical du bâtiment de la gare n’est pas visible, quelle que
proposition d’amélioration du chapitre (Propositions soit la direction d’où l’on vienne, à de rares exceptions près.
d’aménagements de parcours piéton vers la gare en tant Et même dans ce cas, les inscriptions sur seulement certaines
que contribution à un urbanisme du rail). de ses façades (SNCF, Accès aux quais…) ne sont, pour la
plupart, lisibles que lorsqu’on se trouve à proximité immé-
• Sécurité diate, donc en fin de tronçon.
Concernant l’élément horizontal abritant les quais (« pas-
Les problèmes de sécurité rejoignent ceux de la fluidité : serelle jaune ») qui, lui, est bien visible depuis un certain
quasi inexistants sur l’essentiel du tracé des tronçons nombre de tronçons, rien dans son aspect ne permet
proches, ils se concentrent à l’endroit de l’articulation entre d’imaginer qu’il s’agit de quais d’une gare : on voit juste un
l’espace de la gare et l’extrémité terminale de la plupart des viaduc, qui pourrait très bien être routier (voire, si l’on est un
tronçons. peu plus loin, une passerelle entre deux parties d’un magasin
Car le problème de fluidité évoqué plus haut est suscep- occupant deux immeubles de part et d’autre d’une rue).
tible de poser celui de la sécurité, l’usager pressé voyant
arriver son train pouvant être tenté de prendre de graves Parcours–tronçons lointains
risques en traversant hors passages cloutés et/ou lors de la
phase rouge pour piétons (très longue). • Ambiance
La proposition du chapitre (Propositions d’aménage-
ments de parcours piéton vers la gare en tant que contribu-
Force est de constater que, globalement, l’ambiance caracté-
tion à un urbanisme du rail) devra s’attacher à trouver une
risant les tronçons lointains est plutôt positive et que, de
solution à ce problème.
surcroît, parmi les problèmes identifiés, beaucoup sont tem-
poraires et/ou de nature à trouver des solutions théorique-
• Services
ment simples (saleté, entretien).
Parmi les faiblesses « structurelles », il en est une qui
Les tronçons terminaux des parcours aboutissant à la gare
mérite d’être soulignée — le partage de la chaussée (en
comportent, pour beaucoup, un large choix de commerces
faveur de l’automobile) et le bruit du trafic dans le boulevard
et de services potentiellement utilisables par les usagers
Jules-Janin, par ailleurs responsable de l’important effet de
de la gare. Avec l’ambiance — à laquelle la présence de
coupure identifié au niveau du diagnostic des tronçons
commerces, qui anime et diversifie les façades contribue
proches.
d’ailleurs positivement —, ce point constitue également un
atout important. La proposition du chapitre (Propositions d’aménage-
La question se pose néanmoins si certains commerces et ments de parcours piéton vers la gare en tant que contribu-
services ne font pas défaut à proximité immédiate de la gare tion à un urbanisme du rail) devra donc d’autant plus intégrer
et, a contrario, si la présence de certains autres commerces et le traitement de cette infrastructure, les deux problèmes
services (en plus de ceux existants) ne seraient pas de nature évoqués étant liés.
à inciter d’autres personnes à utiliser le mode ferré.
Se pose également la question de l’éloignement de ces • Fluidité
commerces et services de la gare : rares sont ceux se trouvant
à proximité immédiate de cette dernière. Par ailleurs, compte Mis à part les problèmes récurrents de poubelles (rarement
tenu des coupures évoquées plus haut, certains commerces de déchets) ou de véhicules en stationnement encombrant
et services, bien que proches à vol d’oiseau, le sont-ils les trottoirs (en sachant que, dans tous les cas observés,
réellement ? Cela vaut d’ailleurs également pour ce service ces obstacles sont ponctuels, jamais de nature à nuire à la
particulier qu’est le service transport assuré par les stations fluidité d’un tronçon dans son ensemble), il est un aspect
de bus et de tramway, non intégrées à l’actuel « parvis » de la plus préoccupant car non conjoncturel — celui de la largeur
gare du côté de la place Carnot. des trottoirs, souvent insuffisante. On observe d’ailleurs
Se pose enfin la question de la compatibilité horaire de également une variabilité importante entre le côté gauche et
ces commerces et services avec les temporalités des usagers le côté droit de ce point de vue. En d’autres termes, dans
du train. nombre de tronçons, le problème de la largeur ne concerne
qu’un des trottoirs (ou ne le concerne pas d’une manière
• Lisibilité « grave »).
Dans le même ordre d’idée, au niveau de certains carre-
L’absence complète de lisibilité de la gare est un problème fours, l’absence de passage clouté d’un côté de certains
récurrent à la quasi-totalité des tronçons proches. L’élément tronçons a également été relevée, ce qui oblige le piéton
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qui ne souhaite pas emprunter un itinéraire non sécurisé à • Lisibilité


faire un détour.
De même que pour les tronçons proches, l’absence de lisibi-
• Sécurité lité de la destination — la gare — est une constante, com-
mune à l’ensemble des tronçons lointains.
La sécurité des tronçons lointains compte parmi les atouts L’absence de contact visuel n’est certes pas inquiétante
de ces derniers, les problèmes identifiés étant plutôt rares. pour un tronçon de ce type : il est plutôt normal que la
La plupart d’entre eux sont directement liés aux problèmes gare ne soit pas visible depuis un tronçon lointain. En revan-
ponctuels et conjoncturels de fluidité, par exemple lorsque che, on pourrait s’attendre à ce qu’elle soit indiquée d’une
le piéton est obligé de contourner un obstacle en descendant manière ou d’une autre (signalisation verticale ou horizon-
sur la chaussée. La résolution des problèmes de sécurité tale), comme c’est souvent le cas, par exemple, en banlieue
passe, dans ce cas, par celle de la fluidité. Bien entendu, la parisienne, où la direction d’une station ou gare RER est
question de la sécurité se pose de manière d’autant plus indiquée au moyen d’un panneau directionnel.
prégnante que la largeur du trottoir est faible. À cet égard,
comme pour la fluidité, des différences nettes sont régulière- Conclusion du diagnostic
ment observées entre le côté droit et le côté gauche du
tronçon, les manquements au principe de la sécurité ne Carnot est l’exemple typique d’une gare peu attrayante et
concernant souvent que l’un des deux trottoirs. difficilement identifiable, aux abords dont le traitement et
l’entretien laissent fortement à désirer, mais bénéficiant
Les détours rendus nécessaires par le déficit, en termes
d’un environnement (les tronçons) — aussi bien proche que
de passages cloutés, signalé à propos de la fluidité, ont évi-
lointain — comptant de nombreux atouts (notamment en
demment une incidence directe sur la sécurité du chemine-
termes d’ambiance et de services — d’urbanité, pourrait-on
ment, l’usager étant tenté de couper au plus court. En
dire).
somme, à ces endroits, il est amené à opérer un arbitrage
L’enjeu des propositions du chapitre (Propositions d’amé-
entre fluidité et sécurité.
nagements de parcours piéton vers la gare en tant que contri-
bution à un urbanisme du rail) sera donc :
• Services
• de corriger ce qui peut l’être au niveau de la gare (locali-
À quelques exceptions près, les tronçons lointains sont plu- sation, architecture et entretien) ;
tôt démunis de ce point de vue. Rien d’inquiétant cependant • de tirer parti de ces atouts et de ce fort potentiel, notamment
à ce constat : pour que l’ensemble des cheminements poten- en atténuant les contrastes et les coupures entre l’espace de
tiels vers une gare soit pourvu de services et de commerces la gare et de ses abords, d’un côté, l’espace des tronçons,
sur toute leur longueur, il faudrait que l’ensemble des rues de de l’autre ; à cette fin, l’amélioration de la fluidité et de la
la ville soient commerçantes, ce qui n’est évidemment ni sécurité des espaces de transition semble indispensable.
possible ni souhaitable. Les principaux aménagements lourds pressentis concer-
Au contraire, il est plutôt rassurant de constater, en com- nent donc la gare elle-même et ses abords.
parant les tronçons proches et les tronçons lointains, que Il convient de signaler également qu’à l’échelle de toute la
— très schématiquement — la densité des commerces est ville se pose un problème de lisibilité des gares en tant que
corrélée à la proximité de la gare. Car de ce fait, un marcheur telles — du moins autres que celles de Châteaucreux — pour
vers la gare est susceptible de trouver de plus en plus de ser- les automobilistes. Les seules indications (signalisation
vices en s’approchant de cette dernière et, a contrario, un verticale) relatives à Carnot (et cela est vrai également pour
piéton à la recherche de commerces et de services en trouvera la halte du Clapier) ne concernent que des aménagements
(statistiquement) d’autant plus aisément qu’il se rapproche de spécifiquement automobiles. Carnot n’est pas signalisé
la gare. Ce dernier point pourrait être, dans une optique de en tant que station SNCF, mais en tant que parking, de
construction d’une chaîne de déplacement quotidienne par un sorte que, pour une personne non familière des lieux, Car-
usager potentiel (mais non effectif) du mode ferré, un élément not = aménagement pour voitures.
(parmi beaucoup d’autres) d’incitation à utiliser ce mode. Certes, ce seul constat ne suffit pas pour qualifier les prin-
En d’autres termes, le contraste du point de vue des den- cipes d’urbanisme mis en œuvre à Saint-Étienne comme
sités de services entre tronçons proches et tronçons lointains relevant spécifiquement d’un urbanisme de la voiture parti-
autour de la gare de Carnot constitue un atout de cette der- culière. Mais en même temps, ces principes ne peuvent pas
nière en termes d’attractivité : on peut être tenté de faire un non plus être considérés comme ressortant de l’urbanisme
détour par le quartier de la gare (donc être amené à se rap- orienté vers le train, dans la mesure où aucun aménagement
procher de la gare) pour faire des achats. n’a été pensé en fonction de la gare. Il est intéressant de noter
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que, de par les choix de partage de l’espace public et des Concrètement, les dispositifs pouvant être mis en œuvre
équipements annexes, le transport collectif (tramway et en vue de cette mise en conformité sont nombreux et variés.
bus) occupe — du moins par endroits — une place hono- Sans chercher à en dresser une liste exhaustive, nous en don-
rable. Le piéton et le cycliste ne sont pas maltraités non nons quelques exemples relatifs à chaque principe :
plus. S’il est donc sans doute possible de parler, au moins
dans une certaine mesure, d’un urbanisme des transports • principe d’amélioration de l’ambiance : mesures d’embel-
lissement (rénovation des façades, mobilier urbain de qua-
collectifs, il ne s’agit pas, répétons-le, d’un urbanisme orienté
lité, minéral ou végétal) ; toute mesure relative à la
vers le train, qui canaliserait les usagers vers la gare et veil-
diminution du bruit (notamment de trafic automobile) et
lerait à un aménagement ad hoc des abords de cette dernière
l’élimination des mauvaises odeurs ; entretien ; propreté… ;
et de ses abords, faciliterait sa lisibilité (repérage visuel ou
signalisation appropriée). Concernant ce dernier point, on • principe d’amélioration de la fluidité : politique de par-
tage de l’espace public en faveur des infrastructures pour
pourrait presque parler, en l’état, d’un anti-urbanisme du
piétons (dimensionnement ample des trottoirs, par exem-
train. Ce constat est d’autant plus étonnant que, de toute
ple au détriment de la chaussée) ; géométrie adaptée des
évidence, des efforts ont été consentis en faveur des trans-
tracés ; topologie non contraignante ; politique d’élimina-
ports collectifs, mais pas en faveur de l’utilisation du train
tion des obstacles (permanents et temporaires) ; gestion
au travers d’une incitation des piétons à se rendre à la gare.
des conflits d’usages en faveur du piéton (par exemple
En somme, le terrain d’étude évalué dans ce diagnostic
durée de la phase verte sur les passages cloutés) ;
possède un indéniable potentiel — des rues commerçantes
convergentes vers la gare, des espaces plus lointains de la • principe d’amélioration de la sécurité (et sûreté, tant
objective que subjective) : barrières de protection ; sépa-
gare souvent agréables à parcourir à pied,… —, mais ce
ration flux piétons/flux automobiles ; dispositifs de ralen-
potentiel n’a pas été exploité dans le sens mis en avant
tissement du trafic automobile (voire son élimination à
dans le projet Bahn.Ville 2 — celui d’un urbanisme orienté
certains endroits) ; éclairage suffisant ; revêtement des
vers le rail. Des options et des choix d’aménagement diffé-
trottoirs en bon état et non encombrés d’objets pouvant
rents auraient en effet pu être mis en œuvre en faveur de
nuire à la sécurité (par exemple glissants) ;
l’utilisation du train.
C’est à la formulation de suggestions allant dans ce sens • principe d’amélioration de l’offre de services : politique
foncière (à l’échelle de toute la ville) en faveur de l’implan-
que s’attache le chapitre suivant.
tation des commerces et services (outre les inévitables piz-
zerias, snacks et autres cafés de la gare) identifiés comme
utiles aux usagers du train à proximité de la gare ;
Propositions d’aménagements de parcours
piéton vers la gare en tant que contribution • principe d’amélioration de la lisibilité : signalétique
verticale et horizontale indiquant la direction de la gare
à un urbanisme du rail
(balises à tous les carrefours) ; une architecture et un posi-
tionnement de la gare favorables à une bonne perception
Introduction : les cinq principes d’aménagement
visuelle et une identification claire de cette dernière ; éli-
miner les obstacles visuels pour favoriser le rapport visuel
L’objet de ce chapitre est de proposer des aménagements
gare/ville.
susceptibles de pallier les dysfonctionnements constatés au
chapitre précédent, c’est-à-dire de rendre l’ensemble des Ces principes généraux doivent être complétés par des
espaces étudiés conformes aux cinq critères ayant servi de indications quant aux possibilités de leur déclinaison et de
trame au diagnostic. leur mise en œuvre sur un terrain d’étude concret. Car
La non-satisfaction de n’importe lequel de ces critères chaque type d’espace requiert des mesures propres, prenant
peut en effet être corrigée par la mise en place d’un dispositif en considération les contraintes qui y sont liées. La nature
spatial, technique ou réglementaire ad hoc. Or, tout aména- des interventions pertinentes — et réalistes — varie donc en
gement de ce type relève de l’urbanisme du rail, car mieux fonction du type de tronçons. Pour ceux proches de la gare
les cinq critères sont respectés, plus les cheminements vers la (selon la définition proposée au chapitre [Atouts et faiblesses
gare sont attractifs (selon la conjecture du chapitre [Proposi- des espaces des parcours piétons vers la gare]), des aména-
tion méthodologique d’un outil d’aide au diagnostic gements lourds peuvent se justifier, dans la mesure où ces
spatial]), ce dont profite — du moins potentiellement — le tronçons sont susceptibles d’être empruntés par un nombre
mode ferré. Pour cette raison, cinq principes d’aménagement important d’usagers ; cela vaut évidemment aussi, a fortiori,
découlent directement des cinq critères retenus, chaque pour les espaces des abords immédiats de la gare et pour
principe consistant simplement en une préconisation de ceux de la gare elle-même. En revanche, dans le cas des
mise en conformité des cheminements piétons avec le critère tronçons lointains, les améliorations proposées ne pourront
correspondant. raisonnablement — sauf exception à préciser — être que
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ponctuelles et légères, les flux de piétons marchant vers la travée verticale néoclassique, colonne grecque, architecture
e
gare au sein de ces tronçons étant, a priori, trop diffus pour XIX siècle en fonte et briques, architecture fonctionnaliste de
justifier leur mise en conformité à l’urbanisme du rail16. type Bauhaus, architecture contemporaine d’escalier et
Dans la suite du chapitre, nous nous attacherons donc à ascenseur entièrement vitré illuminé de l’intérieur… le tout
proposer une déclinaison possible — pour chaque type d’es- est qu’elle attire l’œil et, si possible, se réfère à une typologie
pace — des cinq principes d’aménagement susmentionnés, architecturale de gares).
sous forme de suggestions concrètes de dispositifs (notam- Conçu comme gare verticale et placé de manière à être vu
ment — mais pas seulement — d’aménagements spatiaux) depuis le plus grand nombre possible de tronçons (proches,
susceptibles d’apporter une réponse à l’ensemble des man- voire lointains, si la morphologie urbaine s’y prête), ce bâti-
quements aux cinq critères identifiés par le diagnostic. ment devrait faire l’objet d’un traitement particulièrement
Il est important de préciser que ces propositions n’enga- soigné pour être attractif. Par ailleurs, son architecture inté-
gent que le seul chercheur chargé de cette étude, qui les rieure et ses équipements techniques (escaliers amples et
assume pleinement. agréables, ascenseurs fiables, voire escaliers mécaniques)
devraient être de nature à résoudre les problèmes de fluidité
Aménagements favorables à un urbanisme du rail : interne. En outre, vis-à-vis de ses abords, il devrait être
suggestions pour la gare de Carnot conçu de manière à ne créer aucun recoin sombre ou en
impasse au niveau des espaces publics environnants qu’il
La gare et ses abords contribue à délimiter et à définir.
En complément à la suggestion précédente, le bâtiment
horizontal abritant les quais serait refait (selon un parti repre-
La proposition présentée ici est guidée par le souci d’apporter
nant des éléments de typologie architecturale de gares, par
une solution à l’ensemble des problèmes — et à tirer parti de
exemple) et chacune de ses deux façades, nord et sud,
l’ensemble des atouts — identifiés lors du diagnostic de la
accueillerait un logo SNCF (et/ou une inscription gare de
gare et de ses abords, d’une part, celui des tronçons proches,
Carnot), en très grands caractères illuminés la nuit et placé
d’autre part, les problèmes et atouts des deux types d’espaces
dans l’axe des rues Charles-de-Gaulle (parcours 3) au sud et
étant en effet liés. Elle comporte des recommandations
Bergson (parcours 10) au nord, afin de les rendre percepti-
concernant la localisation du bâtiment de la gare, son traite-
bles de très loin, même depuis des tronçons n’étant pas en
ment architectural, les espaces contigus à la gare et la gestion
relation visuelle avec l’élément vertical.
de la complémentarité des services avec les tronçons proches.
Ce projet en termes d’aménagements physiques serait
accompagné par des mesures susceptibles de résoudre de
• Localisation du bâtiment de la gare
manière durable les problèmes récurrents de propreté et
et traitement architectural
d’entretien (graffitis sur façades, revêtement du sol en mau-
vais état) : contrats d’entretien, de gardiennage, etc.
Une manière d’améliorer le contact visuel entre la gare et
les accès consiste à utiliser l’élément vertical — renfermant
• Espaces jouxtant la gare
l’ascenseur et l’escalier — comme repère (en l’état, ce bâti-
ment n’est absolument pas perceptible, d’où que l’on vienne,
La lisibilité de la gare passe également par le traitement des
à de rares exceptions près). À cette fin, il devrait être déplacé
espaces publics contigus. En particulier, l’idée de parvis est
vers le nord-ouest, de manière à être au moins partiellement
souvent associée à la gare. La réalisation de ce parvis du côté
visible aussi bien depuis l’axe nord-sud (rue Charles-
de la place Carnot semble d’autant plus pertinente qu’elle
de-Gaulle, rue Bergson) que depuis l’axe est-ouest (boule-
pourrait, par ailleurs, apporter une réponse satisfaisante aux
vard Augustin-Thierry, boulevard Jules-Janin).
problèmes de fluidité et de sécurité mis en exergue dans le
Cet élément phare, pour jouer son rôle de repère, devrait diagnostic : le tracé du boulevard Jules-Janin pourrait
par ailleurs être architecturalement fort (peu importe le style : être localement modifié, au niveau de la gare, pour faire
une chicane ample (une trentaine de mètres) en direction
16
À moins, bien entendu, d’une politique délibérée de piétonisation du nord, empiétant sur la place Carnot.
globale des rues à l’échelle de toute la ville : le piéton marchant vers
Cette chicane, associée à un traitement local du revête-
la gare n’étant qu’un cas particulier d’un piéton tout court, toute
mesure favorable au second l’est aussi au premier. Dans le cadre d’un ment de la chaussée (pavés), calmerait le trafic devant la
tel urbanisme du piéton, il est probable que les quatre premiers gare, d’où une plus grande sécurité et une ambiance moins
principes (amélioration de l’ambiance, de la fluidité, de la sécurité et bruyante aux abords de cette dernière. Une limitation régle-
de l’offre de services) seraient de facto mis en œuvre. Dans cette
mentaire de la vitesse à 30 km/h et une durée de la phase
hypothèse, le seul apport spécifique de l’urbanisme du rail à cet
urbanisme du piéton relèverait de la mise en œuvre du principe verte plus favorable aux piétons lors de la traversée vers la
d’amélioration du repérage de la gare. gare à cet endroit pourraient encore renforcer la sécurité du
Rech. Transp. Secur. (2011) 27:178-199 195

piéton et la fluidité des cheminements de ce dernier depuis la favoriser le report modal en faveur du train : faire en sorte
place Carnot, et donc atténuer fortement l’effet de coupure qu’un nombre aussi grand que possible de chaînes de dépla-
de cette infrastructure routière. cements logiques passe par une gare, constitue en effet une
La réalisation de cette chicane dégagerait par ailleurs un manière d’inciter à utiliser le mode ferré.
espace plus vaste devant le bâtiment de la gare — le fameux Une fois ces besoins, souhaits et chaînes logiques identi-
parvis dont il est question — englobant les stations de tram- fiés, c’est évidemment une politique à l’échelle de l’ensem-
way et de bus (qui devraient être déplacées vers le sud-est) et ble de la ville (ou tout au moins du quartier) en termes de
résolvant du même coup l’actuel problème de coupure entre localisation/délocalisation de ces commerces et services
ces dernières et la gare. Pour rendre possible la présence de qui devrait être mise en œuvre.
ces stations de TC sur l’espace du parvis, le tracé du tram-
way et du couloir bus devrait être localement modifié à la Parcours–tronçons proches
manière d’une chicane vers l’est (c’est-à-dire, en arrivant par
le nord : inflexion vers l’est et redressement avant l’entrée Le dispositif (réaménagement lourd) proposé pour le bâti-
sur le parvis, inflexion vers l’ouest sur le parvis, puis nou- ment de la gare et ses abords (parvis) serait également de
veau redressement, afin que le tracé se retrouve aligné avec nature à résoudre la plupart des problèmes identifiés au
celui empruntant la rue Charles-de-Gaulle). De cette façon, niveau des tronçons proches, notamment ceux de lisibilité
l’ensemble (gare + parvis) deviendrait un pôle d’échanges de et celui d’effet de coupure nuisant gravement à la fluidité
plein air entre ces trois modes de TC. et/ou sécurité de certaines extrémités de parcours.
Une attention toute particulière serait apportée au traite- Le projet pourrait être accompagné du réaménagement de
ment du sol (jeu de pavages) et au mobilier urbain du parvis, certains des tronçons proches. En particulier, pour répondre
qui pourrait par ailleurs comporter de petites constructions aux problèmes de fluidité/sécurité de la rue Bergson dans sa
abritant divers services de proximité (kiosque à journaux, partie proche de la gare (tronçon 2 du parcours 10), le trottoir
sandwiches et boissons, boîte aux lettres, cabines téléphoni- de droite pourrait être élargi de manière conséquente (libé-
ques, abri sécurisé pour vélos favorisant l’extension du pôle rant ainsi plus d’espace devant les commerces) au détriment
d’échange au mode vélo, peut-être même quelques emplace- du trottoir côté gauche (inutilement large dans sa configura-
ments automobiles pour la pratique — souhaitable ? — du tion actuelle). L’axe de la rue (ainsi que les sites propres du
kiss and ride…), voire une fontaine (pour l’ambiance tramway et du bus) s’en trouverait décalé vers la gauche ce
sonore) et des œuvres d’art (minérales ou végétales), afin qui, combiné au décalage proposé pour l’élément vertical de
de rendre l’ensemble attractif pour le piéton. la gare (vers la droite), rendrait ce dernier très visible depuis
Les schémas des Figures 6,7 permettent d’apprécier la cette rue. Bien entendu, comme signalé dans le projet pro-
différence entre l’état actuel et un projet s’inspirant des quel- posé, ce décalage serait rattrapé par la chicane précédem-
ques éléments de réflexion évoqués ci-dessus. ment décrite (de la chaussée et des rails du tramway) vers
la droite au niveau du parvis, afin d’effectuer le raccord avec
• Question des services la rue Charles-de-Gaulle, au sud du viaduc ferroviaire.

À cet égard, le diagnostic soulevait plus d’interrogations Parcours–tronçons lointains


qu’il n’identifiait de problèmes.
Avant de prendre d’éventuelles mesures en faveur d’une Les principaux problèmes identifiés au niveau des tronçons
complémentarité efficace entre services de la gare et servi- lointains concernent, rappelons-le, la fluidité, la sécurité et la
ces de son environnement (les parcours), la première démar- lisibilité.
che consisterait à compléter l’information existante en La question des trottoirs très peu larges n’offrant pour
identifiant, par voie d’enquêtes, les besoins des usagers seule possibilité de dépassement ou d’évitement l’utilisation
actuels, afin de favoriser le rapprochement de la gare de de la chaussée pourrait trouver une réponse d’ordre régle-
ceux des commerces et services les plus demandés. mentaire, consistant à classer systématiquement de telles
Mais ce complément d’information — issu, notamment, rues zone 30, ou encore zone semi-piétonne (piéton priori-
d’études sur les pratiques quotidiennes effectives des rési- taire par rapport à l’automobile sur la chaussée) pour les
dents et employés du quartier — devrait également concerner cas particulièrement flagrants (trottoirs et chaussée très peu
les usagers seulement potentiels, notamment les automobilis- larges, et trafic automobile relativement dense, comme la rue
tes, l’hypothèse étant que la présence de certains services du Grand-Gonnet, parcours 1 et 2). Sans exclure l’automo-
(crèche, maternelle, services médicaux, activités sportives et bile, priorité serait ainsi donnée à la sécurité du piéton, ainsi
de loisirs en salle…) et commerces (lesquels ?) à proximité de qu’à la fluidité des cheminements, puisque ce dernier, admis
la gare (mais pas forcément bien accessibles en automobile comme prioritaire sur la chaussée, déborderait sur cette
et/ou ne proposant pas de places de stationnement) pourrait dernière en cas de besoin.
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Fig. 6 État actuel : une gare non lisible, dénuée de parvis et coupée de la station de tramway par une infrastructure routière au trafic
dense, difficile à traverser pour le piéton

Néanmoins, cette mesure assez contraignante ne serait Une solution consisterait donc à identifier systématique-
mise en œuvre que sur les tronçons où le problème de largeur ment, dans tous les tronçons, de tels trottoirs privilégiés, les
de trottoir très insuffisante concerne les deux côtés. Car, améliorer là où nécessaire (notamment au niveau des traver-
rappelons-le, une différence nette — aussi bien du point de sées de la chaussée et des changements de direction — créa-
vue de la fluidité que de celui de la sécurité — a souvent été tion de passages cloutés là où ils manquent, au besoin réglés
observée entre les deux trottoirs (gauche et droit) d’un même par feu en faveur du piéton), y soigner le mobilier urbain, la
tronçon : dans beaucoup de cas, l’un des trottoirs est privilégié qualité du revêtement (éliminer les rugosités) et l’entretien,
en termes de largeur de cheminement piéton. Or, point n’est éliminer systématiquement tous les obstacles, aussi bien
besoin, en marchant vers la gare, d’utiliser les deux trottoirs. fixes que temporaires (politique répressive).
Rech. Transp. Secur. (2011) 27:178-199 197

Fig. 7 Projet issu des réflexions orientées vers l’urbanisme du rail : une gare visible de loin depuis les principaux accès (car déplacée, par
rapport à la configuration actuelle, dans l’axe), un parvis faisant également office de pôle d’échanges (train, tramway, bus, vélo…), une
infrastructure routière au trafic fortement calmé (chicane, revêtement, signaux lumineux en défaveur de l’automobile), l’ensemble étant
conçu pour favoriser le piéton et lui offrir des prestations (commerces, services, esthétique, ambiance visuelle et sonore) de haute qualité

Cette mesure serait complétée par un marquage au sol donc au sol le cheminement « le plus fluide et le plus sûr
(signalisation horizontale) de ce trottoir privilégié (raccordé vers la gare » de tous les tronçons lointains, serait systéma-
aux trottoirs privilégiés des autres tronçons), par exemple tiquement complétée, aux endroits stratégiques (certains
sous forme de ligne de couleur fléchée, complétée par un carrefours notamment), par une signalisation verticale.
logo facilement identifiable (SNCF, petite locomotive…). Les problèmes de fluidité, de sécurité et de lisibilité pour-
Cette signalisation horizontale sur le revêtement de celui raient être résolus par ce dispositif relativement léger, qui
des trottoirs (gauche ou droit) optimisant le cheminement présente par ailleurs l’avantage de ne pas mobiliser l’ensem-
vers la gare (en évitant détours et attentes), matérialisant ble de l’espace des tronçons, mais seulement l’un de ses
198 Rech. Transp. Secur. (2011) 27:178-199

côtés. L’autre côté pourrait être plus libéral en termes, différent de l’urbanisme de l’automobile ? En d’autres ter-
notamment, de débordement de commerces sur le trottoir, mes, ne traduisent-elles pas simplement un changement de
pratique qui constitue, certes, un obstacle à la fluidité, mais point de vue, selon lequel les aménagements pour piétons
qui participe à l’urbanité, donc à l’ambiance agréable, du pourraient ne pas figurer — comme c’est souvent le cas
parcours — autre critère important qui, en tant que tel, dans bien des projets — à doses homéopathiques compara-
doit être pris en compte dans toute proposition relevant de tivement aux largesses dont bénéficie la voiture particulière ?
l’urbanisme du rail. Est-il nécessaire de rappeler que le projet d’urbanisme a pour
Toutes ces mesures pourraient être étendues à l’ensemble objet de se projeter dans un avenir qui n’est pas forcément
des rues de la ville, ou en tout cas, à toutes les rues dans un celui du statu quo et qu’il peut — ou plutôt doit, dans la
certain rayon (à définir) autour de la gare. logique de l’urbanisme du rail — être guidé par des objectifs
soucieux d’un développement plus durable, considérés
comme alternative souhaitable à la situation présente ?
Conclusion

Les quelques suggestions esquissées sur la base du diagnos- Références


tic spatial — dont la méthodologie originale, discutée en
conclusion du chapitre (Proposition méthodologique d’un 1. Collectif Ipraus, Bowie K, Grillet-Aubert A, et al (2010) Archi-
outil d’aide au diagnostic spatial), constitue le principal tectures du transport 2008–2009, rapport final réalisé pour le
apport de cet article — n’en sont qu’au stade d’idées préli- Meeddat par l’Ipraus. Laboratoire de l’ENSAPB, département
de l’UMR no 3329 AUSSER du CNRS
minaires, dont la pertinence et la faisabilité auraient à être
2. Collectif 2 Bahn.Ville 2 – Coordinateur : L’Hostis A (2009)
vérifiées, notamment au travers d’une connaissance plus Concevoir la ville à partir des gares – Rapport final du projet
approfondie du contexte des terrains d’étude. À cet égard, Bahn.Ville 2 sur un urbanisme orienté vers le rail
ces propositions mériteraient d’être non seulement confron- 3. Calthorpe P (1993) The next American metropolis: ecology, com-
munity, and the American Dream, Princeton Architectural Press
tées aux aspirations des usagers réguliers, mais également
4. Maupu JL (2006) La ville creuse pour un urbanisme durable
soumises aux professionnels et techniciens de l’urbanisme — Nouvel agencement des circulations et des lieux, L’Harmattan
stéphanois ; des compléments d’enquêtes, notamment auprès — Villes et entreprises, Paris
d’automobilistes, seraient également souhaitables pour tester 5. Thomas R (sous la direction de) (2010) Marcher en ville — Faire
le bien-fondé de ces recommandations dans l’optique d’un corps, prendre corps, donner corps aux ambiances urbaines. Édi-
tion des archives contemporaines, Paris
report modal depuis la voiture vers le train. 6. Frank LD, Schmid T, Sallis JF, et al (2005) Linking objectively
Cela étant posé, ces propositions ont malgré tout pour measured physical activity with objectively measured urban
ambition d’être réalistes, à condition néanmoins de supposer form. Driving, Walking, end Where You Live : Links to Obesity.
acquis un principe (ou parti) d’aménagement — sans doute Am J Prev Med 28 :117–25
7. Minster C (2010) Tackling obesity by urban planning? Recent
hypothétique dans la réalité, mais pleinement justifié ici,
research and a European case Study. Built Environment 36
compte tenu des objectifs du projet Bahn.Ville 2 — selon (4):415–28
lequel l’urbanisme est clairement affiché comme un outil 8. Demers M (2008) Pour une ville qui marche : aménagement
mobilisé en faveur de l’utilisation du train par des personnes urbain et santé, Édition Écosociété, Montréal
se rendant à la gare à pied, c’est-à-dire un urbanisme qui, 9. Menerault Ph (sous la direction de) (2006) Les pôles d’échanges
– état des connaissances, enjeux et outils d’analyse. Certu, Lyon
dans le partage des espaces publics, favorise le piéton… ou, 10. Forsyth A, Krizek, Kevin J (2010) Promoting walking and bicy-
tout au moins, considère ce dernier comme étant aussi res- cling: assessing the evidence to assist planners ». Built Environ-
pectable et digne d’égards que l’automobiliste en termes de ment 36(4):429–46
moyens alloués. À défaut de cette précaution (qui n’est pas 11. Forsyth A, Oakes JM, Schmitz KH, Hearst M (2007) Does resi-
dential density increase walking and other physical activities?
de pure forme), certaines des suggestions présentées peuvent Urban Stud 44(4):679–97
sans doute paraître disproportionnées (voire fantaisistes), 12. Cervero R (1996) Mixed land-uses and commuting: evidence
compte tenu du faible intérêt (en termes de fréquentation from the American Housing Survey. Transp Res part A 30
actuelle) des gares étudiées. (5):361–77
Mais prendre la faible fréquentation actuelle des gares 13. Héran F (2009) Des distances à vol d’oiseau aux distances réelles
ou de l’origine des détours ». Flux 76–77:110–21
comme argument pour justifier la faiblesse des moyens 14. Forsyth A, Hearst M, Oakes JM, et al (2008) Design and desti-
mis en œuvre en faveur de l’usager du train, n’est-ce pas nations: factors influencing walking and total physical activity ».
capituler à l’avance face au mode automobile dominant ? Urban Stud 45(9):1973–96
Par ailleurs, au regard des aménagements habituellement 15. Dittmar H, Ohland G (sous la direction de) (2004) The new tran-
sit town – Best practices in Transit-Oriented Development. Island
consentis en faveur de ce dernier, les propositions présentées Press, Washington–Covelo–London
ici sont-elles réellement si disproportionnées ? Ne sont-elles 16. Cervero R, Kockelman K (1997) Travel demand and the 3Ds:
pas, simplement, à la hauteur des ambitions d’un urbanisme density, diversity and design ». Transp Res part D 2(3):199–219
Rech. Transp. Secur. (2011) 27:178-199 199

17. Collectif 1 Bahn.Ville 2 – Coordinateur : L’Hostis A (2008) – quoi de neuf ? Marne-la-Vallée, 20–22 janvier 2010 (en ligne :
Favoriser le développement d’un urbanisme orienté vers le rail http://villes-environnement.fr/uploads/stransky.pdf)
– Rapport intermédiaire du projet Bahn.Ville 2 sur un urbanisme 32. Di Méo G (1998) De l’espace aux territoires : éléments pour une
orienté vers le rail archéologie des concepts fondamentaux de la géographie »,
18. Stransky V (2006) Les espaces des pôles d’échanges : de multi- L’information géographique no 3. Sedes, Paris, pp 99–110
ples composantes et des acceptions variées. In: Menerault P (ed) 33. Di Méo G (2000) Que voulons-nous dire quand nous parlons
(sous la direction de) Les pôles d’échanges, état des connaissan- d’espace ? Logiques de l’espace, esprit des lieux, géographies à
ces, enjeux et outils d’analyse. Certu, Lyon, pp 80–95 Cerisy, Paris, pp 37–48
19. Bacqué MH, Sintomer Y (sous le direction de) (2010) La démo- 34. Borie A, Micheloni P, Pinon P (1980) Formes urbaines et sites de
cratie participative inachevée : genèse, adaptations et diffusions. méandres, GEFAU–CORDA
In: Michel Gap Y (ed.) Adels–Revue « Territoires », Paris 35. Borie A, Micheloni P, Pinon P (1984) Forme et déformation des
20. Certu (2006) Les piétons au cœur de l’aménagement de l’espace objets architecturaux et urbains, GEFAU
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the city for walking and cycling : a case study of Lancaster. Built interministériel sur les transports (Predit II), groupe thématique
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