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Perception d'un texte

Mister

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Perception d’un texte

Précisions sur mon jugement et les questions


posées pour l’établir, lors de la lecture d’un texte dont
je ne connais pas l’auteur.

Il existe autant de manières de percevoir un texte


qu’il existe de lecteurs et lectrices pour le lire. Tout
dépend de ce que l’on préfère et le résultat ressort
d’expériences qui ont forgé un jugement, bon pour
ceux qui s’y reconnaissent, mauvais pour ceux qui ont
appris à ranger autrement leurs ressentis et étayer
différemment leurs analyses.

En dehors du fait que ma perception dépend de


facteurs externes non maîtrisables (fatigue, humeur,
ressenti sur des lectures précédentes, etc.), tout
d’abord, je tire une réaction immédiate, spontanée,
irraisonnée.
Ensuite, seulement, j’analyse.

Ma perception passe par 3 filtres :


– Le premier bloque sur la forme proprement dite :
typographie, erreurs de français, syntaxe maladroite,
construction du texte, etc.
– Si le premier filtre ne retient que peu d’impuretés,
le second filtre se met en place et contrôle la

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cohérence et la crédibilité de l’histoire, ainsi que le
style d’écriture.
– Quand le texte passe les deux premiers filtres, je
peux (enfin !) commencer à réellement lire. Ce dernier
filtre sera sensible au rythme, au ton employé, à la
voix qui transparaît, aux jeux de mots intelligents, aux
sous-entendus émis avec délicatesse, aux idées
révolutionnaires, aux messages transmis, à tout ce qui
n’est pas clairement écrit mais que l’on donne à
deviner, tout ce qui fait qu’un texte restera imprimé
dans une circonvolution de mon cerveau. Ce n’est
qu’après le passage par ce dernier filtre que je peux
donner un avis sur le fond d’un texte.

Ce qui suit présente les différentes mailles des


différents filtres que j’emploie.

Je range mes réactions dans deux gros cartons :


– L’affect
– L’intellect

Le premier carton, l’affect, est divisé en deux


logements :
– L’affect général, ou le ressenti a priori
– La présentation, ou la vente du produit

Le second carton, l’intellect, est lui divisé en 4


logements :
– L’écriture
– Les personnages
– Le sujet
– L’intrigue

La conclusion se base sur les réponses apportées à


l’ensemble des questions posées. Elle peut être
différente des premières réactions à chaud.

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Le travail de l’auteur n’est pas pris en compte. Seul
le résultat, le produit fini, est posé dans la balance. Je
ne suis pas là pour apporter du baume au cœur : votre
jouissance, c’est à vous de la trouver, dans ce que je
vous laisse ou dans ce que je vous donne.

Je ne porte qu’assez rarement de jugement de


valeur sur le fond. Tout sujet est potentiellement
intéressant ; à l’auteur de faire en sorte qu’il le
devienne.

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I - L’affect

L’affect général, ou le ressenti a priori. Les


premières impressions.

– J’aime ou je n’aime pas ?


– Une réaction vive est-elle déclenchée ? Ai-je ri,
pleuré, joui, bondi, etc. ?
– Ai-je compris, ou cru comprendre ?
– Est-ce crédible ?
– Y ai-je trouvé un intérêt ? Dans quelle mesure ?
– Quelle(s) émotion(s) se dégage(nt) ?
– Ai-je appris quelque chose ? Fait une découverte ?
– Est-ce original ?
– L’approche est-elle superficielle ? Ou, va-t-on au
fond des choses ?
– Cela donne-t-il à cogiter ?
– Ai-je ressenti une dynamique ?
– Ai-je ressenti des points attractifs (style, sujet,
persos, etc.)
– Me prend-on pour quelqu’un d’intelligent, d’idiot,
pour un con ?
– Sur le long terme, que me restera-t-il ?
– Un message fort est-il passé ?

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II – La vente

La vente du produit, ou la présentation. Ce qui


donne envie de se plonger dedans.

– La couverture. Est-elle réussie, artistiquement ?


Donne-t-elle envie de lire l’accroche ou le résumé, de
feuilleter un extrait ? Se rapporte-t-elle au contenu ?
– Le titre. Est-il clair, visible ? Original, percutant,
intrigant ? Correspond-il au contenu ?
– L’accroche. Est-elle suffisante, inexistante, ou trop
longue ? Est-elle bien rédigée, concise, cernant le
domaine abordé en gardant une part de mystère ?
– Le résumé. Résume-t-il ? Donne-t-il toutes les
indications nécessaires (auteur, éditeur, où trouver
l’ouvrage, public visé) ?
– Le choix de la catégorie. Est-il judicieux ? Le type
est-il clairement identifiable (nouvelle, roman, poésie,
recueil, etc.) ? Le genre est-il clairement signifié
(polar, noir, SF, fantastique, etc.) ?
– La typographie. Les normes sont-elles
respectées ?
– La mise en forme. Les paragraphes sont-ils aérés ?
La mise en forme des poésies soignée ?
– L’accès. Peut-on trouver l’œuvre facilement ? La
télécharger ? Vérifier ses références ?
– Les annexes. Les notes sont-elles posées là où il

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faut ? A-t-on besoin de compléments d’information ?
La bibliographie est-elle fournie ?
– La présentation du contenu. Présente-t-on
succinctement le sujet, les personnages, l’intrigue ?
– La promotion. Y a-t-il un effort de fait ? Y a-t-il une
relation engagée avec le lecteur (ce peut être sous
forme de participation à des échanges informels,
commentaires, etc.) ?

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III - L’écriture

L’écriture, côté techniques. Le style, la qualité


littéraire.

– Les idées sont-elles clairement exprimées ?


– Les phrases sont-elles fluides ? Les enchainements
logiques ?
– Les images formées sont-elles nettes ? Les clichés
employés à bon escient ?
– N’y a-t-il pas trop de mots compliqués, abscons,
de termes régionaux ou appartenant à un langage
inusité ? Le vocabulaire est-il recherché, adapté ?
– L’écriture a-t-elle été clarifiée ? Recherche des
mots justes, allègement du trop-plein d’adverbes, de
mots en –ant –ent, des répétitions, des bouche-trous,
conjonctions en tous genres ?
– l’expression est-elle minimaliste ? Ampoulée ? Les
explications sont-elles surchargées ?
– La relecture a-t-elle été effectuée correctement ?
Orthographe, fautes d’accords, mots manquants.
– La ponctuation est-elle adaptée ? Y a-t-il abus de
certains signes, tels les points de suspension, points
d’exclamation, etc ?
– Les règles du genre sont-elles respectées (les
caractères typiques des groupes de fantasy (un troll
n’est pas une fée, par exemple), les rimes et pieds en

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poésie classique, etc.) ?
– Le rythme est-il agréable et soutenu ?
– En survolant le texte (lecture très rapide), perçoit-
on l’essentiel et a-t-on un bon résumé de l’œuvre ?
– Éprouve-t-on le besoin de relire ?
– Page turner ?
– Crescendo au long de la lecture ?
– Fait-on appel à tous les sens ? Odeurs, matières et
matériaux, images, sons et musique, saveurs et
rapports alimentaires.
– Nous montre-t-on ou nous dit-on ?
– Un regard original ou particulier transparait-il ?
– L’auteur a-t-il écrit pour lui ou pour le lecteur ?
– Y a-t-il un ton ?
– Y a-t-il une voix ?

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IV – Les persos

Les personnages. Le narrateur. La place de l’auteur.


Les dialogues et les monologues.

– Les personnages sont-ils caractérisés ? Ont-ils une


profondeur ? Ne sont-ils pas trop clichés ?
– Les personnages (y compris le narrateur) sont-ils
attachants ? Émouvants ?
– Visualise-t-on les persos, le narrateur
éventuellement ?
– Décèle-t-on la psychologie des persos ?
– Les persos ont-ils une histoire ? Des traits de
caractères qui les humanisent ?
– Les persos sont-ils interchangeables, ou non ?
– Les persos sont-ils indispensables à l’intrigue, à
l’appui du sujet ?
– Les personnages secondaires ont-ils une âme ?
– S’identifie-t-on à l’un des personnages ou au
narrateur ?
– Les dialogues sont-ils bien gérés ? Utiles ? Bien
placés ?
– Les dialogues sont-ils lourds, ou trop légers ?
Sonnent-ils juste ? Font-ils vrai ?
– Les dialogues apportent-ils des éléments
indispensables à l’intrigue ? Sont-ils nécessaires à la
dynamique de l’intrigue ?

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– Reconnait-on aisément chaque personnage dans
les dialogues ?
– L’auteur intervient-il dans son exposé ?
– Quelle est la place du narrateur ? Est-elle intégrée
à la forme du texte ? Le narrateur est-il bien choisi
pour mettre en valeur le propos ?
– Perd-on des personnages en cours de récit ?

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V – Le sujet

Le sujet traité. L’univers ou le domaine. Le message


à faire passer.

– A-t-on un bon exposé du lieu, du temps, des


personnages ?
– Le narrateur est-il présenté ?
– Chaque scène est-elle un argument ?
– Les thèmes abordés, l’univers sont-ils bien cernés
et servent-ils le sujet ?
– Y a-t-il un message envoyé ? Une conclusion vers
laquelle tend le récit ?
– La réflexion, l’argumentation sont-elles logiques et
crédibles ?
– Les références sont-elles vérifiables et
acceptables ?
– La structure du récit. Y a-t-il progression, linéaire
ou pas ? Les enchainements sont-ils maitrisés ?
– La créativité. S’ennuie-t-on ? Y a-t-il des passages
à vide, ou trop faibles ?
– Le texte parait-il être complet ? Des précisions
auraient-elles été nécessaires ?
– Est-on pris dans l’histoire ? N’y a-t-il aucun
élément qui en fasse sortir (crédibilité, changements
intempestifs de rythme, interpellations malvenues,
agressions intellectuelles, spirituelles ou politiques) ?

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– Le texte permet-il une exploration en profondeur
du sujet ? Ou la narration reste-t-elle assez
superficielle ?

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VI - L’intrigue

L’intrigue. L’histoire. Le déroulement des faits ou la


logique déroulée pour parvenir à la fin du texte. La
structure du récit.

– Le déroulement des faits est-il cohérent, crédible ?


– Y a-t-il une logique qui mène au dénouement ?
– Chaque scène est-elle cohérente et logique ? N’y
a-t-il pas de télescopages irrationnels,
d’anachronismes ?
– Se repère-t-on bien dans le temps ? Dans les
lieux ? Dans les rôles portés par les personnages ?
– Comment est géré l’attrait de l’histoire ? Y a-t-il
du suspense ? Une progression sensible ?
– L’auteur joue-t-il avec la psychologie des
personnages (failles/évolution des persos) ou celle du
lecteur (objectifs/rebondissements) ?
– La fin est-elle une surprise ? Est-elle
satisfaisante ?
– A-t-on répondu à toutes les questions posées le
long de l’intrigue ?
– Les sous-intrigues. Ont-elles une utilité et un
rapport avec l’intrigue principale ? S’imbriquent-elles
agréablement ?
– Comment sont présentées les descriptions (pavés
informatifs, à travers les dialogues, par petites

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touches, poétiquement) ?
– Certains passages sont-ils ennuyeux ? Sont-ils
nécessaires ?
– La dynamique est-elle entretenue sans faiblir, avec
changements de rythmes ?
– Les conflits sont-ils circonscrits ? Tente-t-on de les
faire évoluer ? Leurs évolutions apportent-t-elles des
solutions transposables dans la vie réelle ?

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FIN

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