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CHAPITRE 3 : LES PRINCIPAUX APPORTS DE LA LOI COMPTABLE

SECTION 1 : LES APPORTS JURIDIQUES, INSTITUIONNELS ET DOCTRINAUX


DE LA LOI COMPTABLE

11. EMERGENCE D’UN DROIT COMPTABLE AUTONOME

12. L’INFLUENCE ATTENDUE DU DROIT COMPTABLE SUR L’EVOLUTION


DES AUTRES BRANCHES DU DROIT DES AFFAIRES

13. RECUL PREVISIBLE DE L’INFLUENCE DE LA LEGISLATION FISCALE

14. ANCRAGE IRREVERSIBLE DU COURANT INTERNATIONAL DE LA


NORMALISATION COMPTABLE

11. EMERGENCE D’UN DROIT COMPTABLE AUTONOME

La lente maturation du processus de modernisation de l’économie marocaine entrepris au début


des années 80 dans le cadre du programme d’ajustement structurel, a intégré dès le départ la
nécessité de réformer les structures et supports de l’information financière.

La loi comptable qui vient d’être promulguée est le couronnement d’un effort intense de
conception et de clarification, initié à partir de 1982, et qui a comporté une série d’étapes
progressives (voir n° 20 et suivants).

Au terme de cette réforme, le Maroc dispose désormais de tous les supports législatifs,
réglementaires, et incitatifs qui caractérisent l’existence d’un droit comptable autonome.

Ces supports peuvent être représentés ainsi :


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TABLEAU 32 : SUPPORTS DU DROIT COMPTABLE

CHAMP INSTRUMENTS DU CADRE ACTUEL

LEGISLATIFS REGLEMENTAIRES INCITATIFS

1. Réglementation - Décret introduisant


de la production Loi comptable le CGNC dans les
de l'information entreprises
publique(1 )
- Décret réglementant
la profession de
comptable agrée
2. Généralisation et - Avis du CNC portant diffusion :
adaptation à Décret de création du • de plans comptables
toutes les entités CNC sectoriels
économiques
• des adaptations de la loi à
des opérations spécifiques
3. contrôle et aide à Dahir portant - Avis sur les domaines
la bonne création de l'Ordre Décret d'application comptables
application National des Experts du dahir - Recommandations à l'usage des
comptables( 2 ) membres de l'Ordre
- Rapports d'audit

1
Réglementation obligatoire pour les entreprises du secteur public, mais quasi-obligatoire pour les autres entités
(voir n°31 et suivants)
2
Ce dahir devrait être incessamment complété par une loi réglementant les missions de commissariat aux
comptes.
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A travers le CNC, conçu comme étant l’organe permanent d’incitation à l’harmonisation


des modalités d’application de la loi comptable, les Pouvoirs Publics ont créé le moyen
d’adapter continuellement la législation comptable à la réalité de l’entreprise dans le temps, dans
l’espace et dans son propre secteur.

Ainsi, dans cette perspective, et compte tenu des priorités actuelles, le CNC a adopté lors de sa
deuxième séance plénière du 27/7/1994 la création de Commissions techniques spécialisées ayant
pour objectif de concevoir et de proposer au CNC les instruments d’adaptation de la loi
comptable aux différents types d’entités économiques (en particulier les institutions financières),
afin que le conseil puisse les examiner avant de les diffuser au public, par voie d'avis.

A ce jour, les deux premiers avis émis par le CNC ont concerné les modalités d’application de
la loi sur les aspects suivants:

1. Etablir le lien entre la loi comptable et le CGNC, en incitant les entreprises non
publiques à adopter les dispositions du CGNC comme étant les modalités d’application
de la loi comptable.

Cet avis permet ainsi d'inciter à rendre applicable au sein des entreprises à caractère
commercial et industriel toutes les disposition prévues par le CGNC en matière :

n de plan de comptes (Plan Comptable Général des Entreprises, PCGE) ;

n de modalités de leur fonctionnement ;

et de mettre implicitement au même niveau de réglementation aussi bien les entreprises du


secteur public que celles du secteur privé.

2. Expliciter l’objectif de la loi à l’égard des commerçants dont le chiffre d’affaires est
inférieur à 7,5 millions, et desquels il est requis de fournir uniquement le bilan et le CPC.

L’avis du CNC, se basant sur l’intention du législateur d’alléger la charge comptable de ces
assujettis, et en l’absence de précisions de la loi à ce sujet, propose que les assujettis ci-dessus
visés ont à fournir leurs bilan et CPC annuels sur le format du modèle simplifié tel qu’annexé
à la loi ; le modèle normal étant réservé aux commerçants dont le chiffre d’affaires annuel est
supérieur à 7,5 millions de dirhams.

Ainsi, à travers les supports mis en place, il ressort que la comptabilité des entreprises repose
désormais sur l’application correcte d’un ensemble de textes législatifs et réglementaires qui
révèlent un caractère autant obligatoire qu'autonome.
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En effet les articles 25 et 26 de la loi ont nettement précisé que les articles 10 à 13 du code de
commerce, (qui étaient la source majeure de la comptabilité au Maroc), deviennent caducs dès
le 1/1/1994, donnant ainsi l’autonomie complète à la comptabilité normalisée.

Cette nouvelle situation ne manquera pas d’exercer quelques influences sur les autres branches
de droit.

12. L’INFLUENCE ATTENDUE DU DROIT COMPTABLE SUR L’EVOLUTION DES


AUTRES BRANCHES DU DROIT DES AFFAIRES

La comptabilité, devenant une branche autonome du droit des affaires, induira nécessairement
une influence sur les autres législations traitant de l’entreprise. Ceci sera remarquable notamment
dans les domaines suivants :

ß Le mode comptable de détermination du résultat social deviendra juridiquement comme étant


le seul admissible dans les autres branches de droit ; tout renvoi à la notion de résultat ne
pourra plus se faire que par référence au résultat social tel que défini par le droit comptable.

ß La finalité première des états de synthèse étant désormais juridiquement définie comme ayant
l’objectif de refléter fidèlement une image du patrimoine, de la situation financière et des
résultats de l’entreprise, la législation sur les sociétés, et notamment le commissariat aux
comptes, en seront nécessairement influencés. Les diligences futures du commissaire aux
comptes viseront, normalement, en premier lieu à s’assurer si les états de synthèse atteignent
effectivement cet objectif, alors que jusqu’à présent les diligences s’arrêtaient à un examen de
cohérence globale pour établir un rapport d’information «sur le bilan, sur la situation et sur
les comptes présentés par les administrateurs».
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13. RECUL PREVISIBLE DE L’INFLUENCE DE LA LEGISLATION FISCALE

Jusqu’à nos jours, bien que la législation fiscale en matière d’IS et d’IGR (revenus
professionnels) précisait que le résultat fiscal d’une entreprise est déterminé d’après son résultat
comptable, la réglementation et la pratique comptable demeuraient en fait très fortement inspirées
par le droit et la doctrine fiscales.

Avec l’avènement de la loi comptable qui marque l'émergence d’un droit autonome, le législateur
fiscal limitera son champ d’intérêt à ce qui est strictement fiscal et confortera sa référence à la loi
comptable plutôt qu’à des dispositions fiscales de nature comptable.

Ainsi, le législateur fiscal s’attachera désormais uniquement à déterminer le champ des


déductions et réintégrations à opérer extra-comptablement sur le résultat social de l’entreprise
pour en obtenir le résultat fiscal imposable.

De fait, l’article 23 de la loi met implicitement les dispositions comptables comme première
source législative, en précisant que «l’Administration fiscale peut rejeter les comptabilités
qui ne sont pas tenues dans les formes prescrites par la présente loi et les tableaux y annexés».
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14. ANCRAGE IRREVERSIBLE AU COURANT INTERNATIONAL DE LA


NORMALISATION COMPTABLE

Au niveau mondial, les organisations qui ont pour objectif de favoriser la normalisation
internationale des principes d’élaboration et de présentation des états financiers peuvent être
classées en deux groupes : Les structures dites «publiques» formées de représentants des
Gouvernements des différents pays (dites aussi structures intergouvernementales ), et des
organisations dites « privées» réunissant les professionnels de la comptabilité, tels que les
experts comptables et les commissaires aux comptes (dites aussi organisations
professionnelles).

Les membres des structures intergouvernementales ont en général la charge d’élaborer les règles
applicables dans leurs pays, alors que les professionnels ont pour vocation de contrôler leur
bonne application au cas de chaque entreprise auditée.

La normalisation marocaine, consacrée par la loi comptable du 30/12/1992, permet au Maroc


de se situer parmi les pays d’avant-garde où les règles d’élaboration et de présentation des états
de synthèse sont le plus en avance dans le monde, si l’on compare le dispositif de cette loi au
contenu des règles éditées par l’ONU, l’OCDE, la CEE et l’IASC, et en particulier au regard des
états de synthèse, qui sont considérés par la doctrine marocaine comme «la Colonne vertébrale»
de la normalisation comptable au Maroc.

En effet la comparaison du bilan marocain avec ceux prévus par l’ONU, l’OCDE, l’IASC et
la CEE, ne fait ressortir aucune distorsion au désavantage du document marocain. Au contraire,
les rubriques prévues dans le CGNC sont plus détaillées que celles des modèles de l’ONU et de
l’IASC.

La présentation du bilan marocain est plus formelle et complète que celle de toutes les autres
sources (ONU, OCDE, IASC et CEE) dans la mesure où elle est la seule à intégrer totalement la
classification des différentes rubriques composant le patrimoine de l’entreprise (actif, passif)
selon leur lien avec le cycle d’exploitation d’une part et la notion stable - circulant d’autre part.

C’est en particulier vrai pour les créances, dettes, les provisions et les écarts de conversion actif,
passif qui ont été éclatés selon leur nature stable ou circulante et intégrés dans les différents
postes qui composent le bilan:

.. ACTIF IMMOBILISE .. FINANCEMENT PERMANENT


.. ACTIF CIRCULANT .. PASSIF CIRCULANT
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Le bilan marocain est également le premier à isoler la trésorerie des éléments circulants, en
créant deux postes spécifiques :

ß Trésorerie Actif - Trésorerie Passif,

alors que les modèles ONU, IASC, CEE et OCDE intègrent :

ß la Trésorerie-Actif parmi l’actif circulant


ß la Trésorerie-Passif parmi les dettes

La distinction de la trésorerie Actif-Passif dans le bilan marocain permet de rendre l’architecture


de celui-ci totalement fonctionnelle et faciliter ainsi toutes les analyses de gestion et financières
souhaitées (1 )

Au niveau des masses et postes du bilan marocain, l'"Actif immobilisé" a la même


dénomination et globalement le même contenu que celui de la CEE et correspond aux "Valeurs
immobilisées" de l'IASC. Cependant, contrairement aux autres modèles, le CGNC a isolé de
manière très nette :

ß les immobilisations en non-valeurs en haut de l’actif immobilisé, et leur a conféré une


dénomination très expressive ainsi que des règles strictes de rattachement aux résultats.

ß les écarts de Conversion-Actif qui sont la contrepartie des pertes de change potentielles sur
les créances en devises immobilisées ou sur les dettes de financement en devises contractées.

L’actif circulant du modèle marocain, qui regroupe, comme les modèles CEE, les actifs
générés par le cycle d’exploitation ainsi que les débiteurs hors exploitation :

ß ne comprend pourtant pas les éléments de Trésorerie-Actif qui sont isolés dans un poste
spécifique, en bas du bilan,

ß présente ces éléments, en rapport avec leur fonction dans le processus économique et non pas
selon le critère dépassé de liquidité.

Le passif du bilan dans le modèle marocain, présente également quelques innovations par
rapport aux modèles internationaux qu’il est intéressant de relever.

1
Cf. section 3 et 4 ci-dessus
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Le financement permanent est un regroupement nouveau par rapport à la doctrine internationale,


dans la mesure où, cette masse est formée du total:

1. des capitaux propres à l’entreprise, lesquels sont l’expression exclusive du capital social,
réserves, reports à nouveau ou résultats en instance d'affectation, définitivement acquis à la
communauté des actionnaires.

2. des capitaux propres assimilés, isolés dans un poste spécifique qui regroupe toutes les
provisions et subventions à caractère de réserves mais qui n’ont pas encore acquitté l’impôt
sur les résultats correspondants.

3. des dettes de financement, qui correspondent aux emprunts à caractère durable contractés par
l’entreprise pour compléter ses moyens internes de financement permanent.

4. des provisions à caractère durable constituées pour faire face aux risques et charges.

5. des comptes à caractère durable de liaison entre succursales et établissements stables.

6. des écarts de conversion-passif qui correspondent à des profits potentiels sur des créances ou
dettes à caractère durable contractées en devises.

Le passif circulant du bilan marocain, symétrique à l’actif circulant, est assez proche du
modèle CEE et regroupe :

ß les passifs générés par le cycle d’exploitation

ß les dettes diverses non liées au cycle ainsi que les provisions pour risques et charges n’ayant
pas un caractère durable.

ß les écarts de conversion-passif représentant des profits potentiels sur les éléments circulants
de dettes et créances.

Les dettes de trésorerie sont également isolées dans un poste spécifique en bas du passif.

Dans tous les autres modèles apparaissent de manière distincte et non regroupée :

ß la situation nette qui correspond au total des capitaux propres et des capitaux propres
assimilés du modèle marocain, alors que ces derniers n’ont pas encore acquitté l’impôt, et que
de ce fait le total de la «situation nette» n’exprime pas véritablement un agrégat
définitivement acquis à la Communauté des actionnaires, tant au plan juridique qu’au plan
financier.
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ß les dettes, soit éclatées en dettes long terme, court terme (modèles IASC, ONU) soit en dettes
financières, dettes d’exploitation, dettes diverses ; (modèle CEE) sans considération de leur
terme ou de leur caractère durable ou non (1 ). Ces dettes contiennent bien entendu les
concours bancaires courants et les soldes créditeurs de banques.

ß les provisions pour risques et charges ainsi que les produits constatés d’avance, sans
distinction de caractère durable ou non.

La comparaison du compte "Produits et Charges" marocain avec celui du compte "Profits


et Pe rtes" (dénomination de l’ONU, CEE) ou du compte de résultats (IASC) révèle des
disparités importantes qui montrent que, de toutes les présentations en rapprochement, la
structure du CPC est certainement la plus détaillée.

La seule faiblesse que le CPC présente, est le fait qu’il n’offre pas, comme le préconise la 4ème
directive, la possibilité de choix entre une présentation des produits et charges par nature, et une
autre, par fonction dans l’entreprise.

Le CPC présente les produits d’exploitation comme le font les modèles ONU, CEE, IASC ; c’est-
à-dire hors taxes.

De plus, seule l’OCDE est plus précise en prévoyant que la rubrique des ventes inclut les
«montants résultant de la vente des produits et de la prestation des services correspondant aux
activités ordinaires, déduction faite des rabais, de la taxe sur la valeur ajoutée et d’autres impôts
directement liés au chiffre d’affaires».

Les ventes à l’exportation ne sont pas mentionnées dans tous les modèles; de même l’ONU et
l’IASC n’indiquent pas où leurs modèles font figurer :

. les variations de stock de produits finis et d’encours


. la production immobilisée
. les subventions d’exploitation
. les reprises sur amortissements et provisions.

Concernant les charges d’exploitation, le modèle IASC ne donne aucun détail particulier, alors
que le modèle ONU préconise trois rubriques distinctes :

. coûts de production (y compris les corrections de valeur)


. coûts de distinction (y compris les corrections de valeur)
. frais généraux administratifs

1
Des notes annexes précisent l’échéance des dettes à plus ou moins d’un an
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La présentation des charges d’exploitation dans le compte Résultats par fonction de la CEE se
rapproche nettement de celle du modèle ONU, alors que la présentation par nature de la CEE est
moins développée que celle du modèle marocain.

Les produits financiers dans le modèle de l’ONU ne sont envisagés que sous deux rubriques :

. produits financiers et produits de portefeuille


. participation aux bénéfices des sociétés associées.

Par contre, l’IASC éclate en deux, la première rubrique ci-dessus et offre ainsi trois rubriques
pour traiter des produits financiers.

Le modèle de la CEE n’est pas plus développé que celui de l’IASC, alors que le modèle marocain
traite ces produits en :

. produits des titres de participation et des autres titres immobilisés


. gains de change
. intérêts et autres produits financiers
. reprises financières, transferts de charges.

Symétriquement, les comptes de charges financières sont plus développées que dans le modèle
ONU, CEE et IASC.

Les produits et les charges non courantes, du modèle marocain correspondent aux "Produits et
charges exceptionnels" des autres modèles. Toutefois, le modèle marocain a préféré baptiser ces
rubriques "Non courantes" plutôt "qu’exceptionnelles" pour bien préciser qu’elles doivent
enregistrer toutes les opérations exceptionnelles/inhabituelles, y compris les transactions liées à
l’exploitation, mais qui sont "non courantes" du fait de l’importance inhabituelle de leur montant
par rapport à l’exploitation normale de l’entreprise.

Enfin, aucun organisme international ne ventile par rubrique, comme le fait le modèle marocain,
les opérations de l’exercice en :

. opérations propres à l’exercice


. opérations des exercices antérieurs

Par ailleurs, l’ONU, l’IASC et l’OCDE considèrent que le tableau de financement, (appelé
ressources et emplois de fonds par l’OCDE) est vraiment nécessaire, quoique n’exigeant pas tous
le même niveau de détail :
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- l’ONU détaillant beaucoup plus que l’OCDE les éléments devant être contenus dans
le tableau,

- et l’IASC (Norme n° 7 d’Octobre 1992) prévoyant en fait un tableau de financement


et de trésorerie établi à travers le calcul de l'excèdent de trésorerie, d'exploitation.

La CEE n’a pas prévu d’obligation à ce sujet. Certains pays comme la France l’ont rendu
obligatoire à partir de certains seuils effectif > 300 salaires ; CA > 120 millions FF).

Le modèle marocain se distingue donc par deux innovations majeures :

- le tableau de financement est un état de synthèse obligatoire au même titre que le


bilan et le CPC, et de ce fait, découle automatiquement des comptes, normalement
sans aucun retraitement extra-comptable de la balance finale de clôture ;

- tout en étant "neutre", la structure de l’état est complète, puisqu’elle exprime en


même
temps :

.. la variation du fonds de roulement fonctionnel


.. la variation du besoin en fonds de roulement
.. la variation nette de la trésorerie qui se vérifie automatiquement par la
différence algébrique entre les deux premières variations.

Par ailleurs, aucun modèle ne prévoit l’état des soldes de gestion (ESG), obligatoire dans le
modèle marocain, et qui explique, à partir des comptes et sans aucun retraitement extra-
comptable, l’origine de la formation du résultat final.

Enfin, l’ETIC du modèle marocain répond aux exigences servies par tous les modèles réunis :

- objectif d’information en 3 tableaux sur les méthodes utilisées, les dérogations, les
changements de méthodes,...

- objectif d’information servi en 15 tableaux sur chacun des postes et rubriques de


l’actif, du passif et du CPC (analyse des variations des principales rubriques ;
ventilation des créances et dettes par type de tiers, échéance ; informations sur les
sûretés, gages, cautions données et reçues ; détail des opérations de crédit-bail, de
TVA,...) ;

- objectif d’information complémentaire en 5 tableaux sur les principaux chiffres-clés


qui caractérisent l'entreprise, et les événements postérieurs à la clôture, ainsi que la
datation des états de synthèse.
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En définitive, le modèle marocain de la normalisation comptable, rapproché à celui des


Organisations intergouvernementales comme l’ONU, l’OCDE et, la CEE, ainsi qu’à celui
préconisé par l’IASC, se révèle être:

- une base de données comptables de premier plan, présentant toutes les


caractéristiques d’une information fiable.

- parfaitement à jour avec le mouvement international de normalisation, sinon en


avance sur un certain nombre d’aspects d’analyse (analyse fonctionnelle du bilan ;
état des soldes de gestion, et tableau de financement obligatoires).

Le seul regret que l’on pourrait exprimer est que le modèle marocain n'ait pu consacrer
définitivement son avancée en prévoyant :

- un modèle de bilan, facultatif, qui distingue tous les éléments du patrimoine en :


Exploitation, Hors-exploitation, afin de permettre l’établissement d’un tableau de
flux de trésorerie, tel que prévu par l’IAS 7 (Octobre 1992) ,

- un modèle de CPC facultatif qui distingue les produits et charges d’exploitation par
fonction :

.. de production
.. de distribution
.. administrative.

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