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S6V10
–
Interview
avec
Bernard
Pâque
sur
le
lien
entre
stratégie
et
performance
des
entreprises
Alain
Vas
Bonjour
à
toutes
et
bonjour
à
tous
!
Aujourd’hui,
nous
avons
le
plaisir
d’accueillir
Bernard
Paque.
Bernard
est
expert
en
stratégie,
avec
20
ans
d’expérience
dans
le
bureau
de
conseil
de
McKinsey.
Et
nous
allons
nous
entretenir
de
ce
lien
entre
stratégie
et
performance.
Alors,
Bernard,
peut-‐être
une
première
question
:
comment
vois-‐tu
cette
articulation
entre
stratégie
et
performance
?
Bernard
Paque
Je
crois
que,
ce
qui
est
très
important,
c’est
1.
D’avoir
en
tête
la
stratégie
globale
de
l’entreprise,
mais
d’un
autre
côté
de
développer
des
indicateurs
qui
vont
nous
permettre
en
fait
de
mesurer
la
performance
de
cette
entreprise
sur
de
multiples
dimensions.
Ce
n’est
pas
que
de
la
dimension
financière.
On
va
regarder
à
la
clientèle,
on
va
regarder
aux
processus
internes,
on
va
regarder
aux
talents
et
au
développement
du
personnel.
Et
donc,
on
va
devoir
lier
ces
indicateurs,
de
manière
assez
précise,
aux
objectifs
de
la
stratégie.
Et
c’est
en
créant
cette
vue
holistique
entre
une
série
d’indicateurs
bien
pensés
et
bien
structurés,
et
les
objectifs
stratégiques
que
l’on
va
pouvoir
lier
performance
et
stratégie.
Alain
Vas
Alors,
c’est
vrai
que
ces
indicateurs
sont
très
importants
pour
l’entreprise.
Mais
finalement,
comment
on
arrive
à
avoir
une
fiabilité
suffisante
des
données
qui
sont
collectées
dans
le
cadre
de
ces
indicateurs
?
Bernard
Paque
Question
clé
!
Si
les
indicateurs
ne
sont
pas
mesurés
de
manière
fiable,
on
n’a
pas
un
bon
outil
de
la
performance.
Donc,
il
faut
absolument
s’assurer
que
ces
mesures
soient
fiables,
et
on
va
devoir
utiliser
différentes
méthodes.
La
première
méthode
est
simplement
une
méthode
de
triangulation,
qui
va
vouloir
dire,
on
va
mesurer
les
choses,
on
les
a
mesurées
dans
le
passé,
…
On
va
faire
des
comparaisons
historiques.
On
va
aussi
utiliser
de
l’étalonnage,
du
benchmarking
pour
voir
si
on
a
des
mesures
similaires
chez
les
concurrents,
ou
sur
le
reste
du
marché.
Et,
on
va
aussi
s’assurer
que
l’équipe
avec
laquelle
on
travaille,
et
que
les
incitants
pour
les
personnes
qui
vont
fournir
les
données
à
l’intérieur
même
du
système,
sont
alignés,
c’est-‐à-‐dire
qu’il
ne
faudrait
pas,
par
exemple,
que
certains
membres
du
personnel
aient
des
incitants
différents
que
ceux
des
actionnaires.
Et
donc,
essayer
d’éviter
les
processus
de
fausses
informations
insérées
dans
les
systèmes
pour,
par
exemple,
faciliter
les
évaluations.
Donc,
il
faut
absolument
s’assurer
que
l’on
a
un
système
qui
va
trianguler
de
manière
assez
large,
sur
plusieurs
dimensions,
afin
d’avoir
une
base
de
données
fiable.
Alain
Vas
C’est
ça.
Donc,
à
la
fois
fiabilité
des
données
et
incitants
pour
l’équipe
de
direction
qui
soient
en
phase.
Bernard
Paque
Oui,
et
dans
ce
cas
là,
l’un
des
incitants
les
plus
faciles,
mais
parfois
très
difficile
à
mettre
en
œuvre,
c’est
par
exemple
de
permettre
aux
équipes
de
personnel
d’être
eux-‐mêmes
actionnaires
de
l’entreprise,
comme
ça
on
aligne
les
intérêts
des
fonctionnaires
et
des
équipes
dirigeants
par
exemple.
Alain
Vas
C’est
vrai
que
toute
cette
réflexion.
Elle
peut
se
faire
(elle
doit
se
faire
d’ailleurs)
régulièrement.
Mais
est-‐ce
que
tu
as,
de
ton
expérience,
un
délai
optimum
pour
systématiquement
remettre
sur
le
métier
ce
tableau
de
bord
prospectif
?
Bernard
Paque
Je
crois
que
la
première
question
à
se
poser,
c’est
quelle
est
la
dynamique
de
l’industrie
dans
laquelle
on
travail.
Si
on
est
en
phase
«
moving
consumer
goods
»,
on
va
travailler
à
une
vitesse
différente
que
si
on
est
en
pharmacie
où
on
a
des
cycles
de
développement
de
10
ou
15
ans.
Donc,
d’abord,
quelle
est
la
vitesse
à
laquelle
l’industrie
de
développe
?
Deuxièmement,
quels
sont
les
indicateurs
?
Il
y
a
des
indicateurs
qui
se
mesurent
par
année,
parce
qu’on
ne
sait
pas
le
faire
autrement.
Il
y
a
des
indicateurs
qui
se
mesurent
à
la
minute
ou
à
la
journée,
parce
qu’ils
sont
real
time.
Donc,
par
exemple,
ce
sont
les
statistiques
de
ponctualité
des
avions
dans
une
société
low-‐cost
par
exemple,
on
arrive
à
mesure
par
avion
et
par
journée
quelle
a
été
la
ponctualité.
Mais
par
contre,
parfois,
quand
on
fait
des
calculs
de
part
de
marché,
on
ne
peut
pas
faire
ses
calculs
à
des
fréquences
plus
élevées
que
le
mois
ou
le
trimestre
parce
que
les
données
ne
sont
pas
disponibles
de
cette
façon
là.
Donc,
je
crois
qu’il
y
a
les
contraintes,
mais
il
y
a
aussi
l’environnement
dans
lequel
on
est.
Il
faut
développer
des
indicateurs
qui
sont
adaptés
à
la
vitesse
et
à
la
dynamique
de
l’environnement
dans
lequel
on
est.
Et
ça
se
fait
par
indicateur.
Alain
Vas
Et
donc,
dans
ces
indicateurs,
aujourd’hui,
on
sent
une
mouvance
vers
des
indicateurs
qui
sont
liés
plutôt
à
ce
que
l’on
appelle
la
responsabilité
sociétale
de
l’entreprise,
c’est-‐à-‐dire
cette
capacité
à
pouvoir
élargir
la
finalité
de
l’entreprise
autour
d’indicateurs
à
la
fois
économiques,
environnementaux
et
aussi
sociaux.
Quelle
est
ta
position
par
rapport
à
cette
évolution
?
Bernard
Paque
Pour
moi,
je
dirais
que
c’est
un
petit
peu
la
beauté
et
le
gros
avantage
de
la
méthode
que
l’on
a
discutée
:
du
balanced
scorecard
ou
tableau
de
bord
prospectif.
C’est
que,
en
fait,
on
les
construit
en
fonction
des
objectifs
que
l’on
se
donne.
Et,
ici,
on
peut
très
bien
adapter
la
méthode
en
étendant
le
portefeuille
d’indicateurs
à
des
indicateurs
qui
vont
par
exemple
mesurer
la
performance
environnementale
d’une
entreprise.
On
peut
mesurer
les
d’éjections
de
carbone,
on
peut
mesurer
le
pourcentage
d’énergie
photovoltaïque
utilisée.
On
peut
démultiplier
les
indicateurs,
mais
il
faut
toujours
bien
se
dire
que
1.
Il
ne
faut
pas
en
avoir
de
trop,
il
faut
être
bien
focalisé
sur
les
objectifs.
Et,
il
faut
que
l’ensemble
soit
balancé.
Donc,
si
on
doit
balancer
des
mesures
financières
par
rapport
à
des
contraintes
environnementales,
il
faut
que
l’outil
qu’on
utilise,
et
le
nombre
d’indicateurs
que
l’on
utilise,
soient
structurés
par
rapport
aux
pondérations
des
différents
objectifs
que
l’on
a.
Alain
Vas
Alors,
on
voit
finalement
que
cette
perspective
du
tableau
de
bord
peut
être
adapté.
Il
suffit
de
bien
choisir
les
indicateurs
en
fonction
des
objectifs
qui
sont
poursuivis
par
l’entreprise.
Peut-‐être
pour
conclure
cet
entretien,
est-‐ce
que
tu
peux
mettre
en
avant
finalement
comment
on
fait
ce
lien
entre
ces
mesures,
ces
indicateurs
mesurés,
mais
aussi
les
initiatives
très
concrètes
qui
sont
mises
en
place
dans
l’organisation
?
Puisque
c’est
vraiment
l’objectif
poursuivi.
C’est
de
s’assurer
que
la
mise
en
œuvre
de
la
stratégie
soit
effective.
Bernard
Paque
Lorsque
l’on
développe
les
cartes
de
suivi
des
indicateurs
dans
la
méthode,
on
a
toujours
évidemment
cette
vue
globale
des
liens
entre
les
différents
indicateurs
par
rapport
à
la
stratégie.
Et
puis,
pour
chaque
indicateur,
on
va
aussi
développer
des
initiatives
spécifiques,
qui
sont
des
initiatives
stratégiques
en
fait,
qui
visent
à
améliorer
la
performance
sur
les
indicateurs
tels
qu’ils
ont
été
mesurés.
Donc,
par
exemple,
si
on
a
une
cible
qui
est
de
dire
«
il
faut
que
la
ponctualité
des
avions
qui
atterrissent
à
Charleroi
soit
au
maximum
de
5
minutes
de
retard
sur
10%
des
vols
».
Eh
bien,
ça,
c’est
un
objectif
de
ponctualité.
Maintenant,
l’initiative
qui
va
peut-‐être
devoir
être
mis
en
route,
c’est
que
l’on
va
devoir
améliorer
la
gestion
informatique
de
l’arrivée
des
avions,
ou
on
va
devoir
améliorer
l’entretien
de
la
piste,
ou
on
va
devoir
améliorer
le
contrôle
de
la
tour
de
contrôle
à
Charleroi
afin
de
s’assurer
que
l’on
va
améliorer
cet
indicateur.
Donc,
il
y
aura
une
série
d’initiatives
stratégiques
par
indicateur,
mais
aussi
par
état
de
variance
de
l’indicateur
par
rapport
à
sa
cible,
ou
de
variance
de
l’indicateur
par
rapport
à
la
performance
des
concurrents,
où
l’on
va
aussi
développer
des
stratégiques
qui
vont
viser
à
réduire
le
fossé
qu’il
y
a
entre
notre
performance
et
la
performance
du
concurrent.
Mais
de
nouveau,
cela
va
être
très
spécifique,
et
ça
peut
permettre
de
générer
un
portefeuille
d’initiatives
qui
est
lié
au
portefeuille
des
indicateurs,
et
qui
est
lié
à
la
stratégie
que
l’on
a.
Alain
Vas
Alors,
peut-‐être
pour
conclure
cet
entretien,
si
tu
devais
résumer
finalement
pour
toi,
qu’est-‐ce
que
la
performance
d’une
entreprise
en
quelques
mots
?
Comment
tu
pourrais
synthétiser
finalement
ce
concept
?
Bernard
Paque
Pour
moi,
la
performance
d’une
entreprise,
ce
n’est
jamais
qu’une
analyse
que
l’on
fait
après
que
l’on
ait
décidé
quelle
va
être
la
stratégie
d’entreprise.
Ce
que
l’on
doit
d’abord
avoir
en
tête,
c’est
qu’est-‐ce
que
l’actionnaire
veut
faire
?
Qu’est-‐ce
les
parties
prenantes
de
l’entreprise
veulent
comme
résultat
?
Une
fois
que
l’on
a
défini
ces
objectifs
stratégiques,
au
niveau
de
la
mesure
de
la
performance,
on
va
essayer
de
générer
une
série
d’outils
qui
vont
permettre
aux
gestionnaires
de
se
dire
:
«
est-‐ce
que
l’on
va
vers
la
réalisation
de
ces
objectifs
ou
non
?
».
Et
si
on
n’y
est
pas,
cela
va
nous
permettre
de
décliner
des
initiatives
stratégiques
qui
sont
très
ciblées
par
rapport
aux
vrais
problèmes
qui
sont
à
résoudre.
Et
on
ne
va
pas
aller
perdre
son
temps
sur
des
problèmes
qui
n’en
sont
pas,
ou
des
problèmes
inutiles.
Alain
Vas
Merci
beaucoup
pour
cet
entretien
autour
de
ce
thème
:
stratégie
et
performance
de
l’entreprise.