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Chapitre 2

Principe de la modélisation des


incendies

M. Boubakeur & M. Bousbai


QHSE-GRI, Ecole Nationale Polytechnique
2

II.1. Introduction
Les rejets accidentels des gaz ou liquides inflammables représentent les
causes principales de la survenus des phénomènes dangereux (incendie,
explosion et dispersion).
Avant d’entamer les modèles permettant de modéliser les effets des
phénomènes dangereux, nous allons présenté les mécanismes et les
méthodes de calcul des différents rejets.
Types de rejets
1) Rejet gazeux
Le but recherché à travers la simulation du comportement dynamique d'un gaz
comprimé dans un récipient, est d'estimer la réduction de sa pression et de sa
température due à un rejet gazeux.
En général, cette simulation suit une procédure numérique itérative, où
l'écoulement de gaz est décrit suivant des pas de temps.
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1) Rejet gazeux à travers la rupture d’un réservoir


a) Rupture partielle d’un réservoir
Le calcul du débit massique à la sortie, d'un gaz sous
pression à travers un orifice, causé par une rupture
locale de la paroi d'un réservoir, se fait suivant une
procédure itérative.

Pour un réservoir de volume V, contenant un gaz


soumis initialement à une pression P0 et une
température T0, le débit initial à travers un orifice est
approché par l’expression suivante : Fig. 1 : Rejet d’un gaz
comprimé à travers un
orifice d’un réservoir

Cd : Coefficient de vidange, (sans dimension)


A : Section de l’orifice (m2),
R : Constante des gaz parfaits, R= 8,314 J/mol K
Wg : Masse molaire du gaz, (kg/mol)
 : Rapport des chaleurs spécifiques, ( = Cp/Cv)
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Le coefficient K dépend du régime d’écoulement à travers l’orifice.


La vitesse des gaz à travers l’orifice, uj, est exprimée en général par un nombre
adimensionnel, le nombre de Mach :

où uson est la vitesse du son, (m/s).


Pour un gaz parfait, la vitesse du son est donnée par l'expression suivante :

La vitesse des gaz à la sortie d’un jet en expansion est donnée par l'expression :

Tj : Température du jet à l’expansion, (K)


R : Constante des gaz parfaits, R= 8,314 J/mol K
Wg : Masse molaire du gaz, (kg/mol)
 : Rapport des chaleurs spécifiques, ( = Cp/Cv)
5

 Régime subsonique : la vitesse des gaz à la sortie est inférieure à la vitesse


du son. C'est-à-dire, le nombre de Mach, Mj < 1.
Le coefficient K correspondant est donné par :

Et le nombre de Mach est donné par la formule suivante :

La vitesse du gaz à l’orifice, peut être calculée à partir de l'expression :


6

 Sonique ou supersonique : la vitesse des gaz à la sortie est supérieure à la


vitesse du son. C'est-à-dire, le nombre de Mach, Mj  1.
L'expression suivante peut être considérée comme critère pour dire que
l'écoulement est supersonique (ou sonique) :

Pa est la pression du milieu ambiant, (Pa)


Le nombre de Mach est donné par :

A noter que le régime supersonique est généralement rencontré à l’échelle


industrielle.

Dans le modèle implémenté dans le logiciel Phast, la vitesse à la sortie de la


zone d’expansion est limitée à 500 m/s.
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La pression du gaz à la sortie de l’orifice, P0, est donnée par la corrélation


suivante :

La température, Τo, peut être calculée à partir d'un bilan énergétique entre
l'intérieur du récipient (condition "s") et l’orifice (condition "o"), tel que :

Par substitution : us = 0 (point de repos), , et uo par


l’expression précédente pour Mj=1, on obtient :

Ts est la température du gaz à l’intérieur du récipient


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Dans le cas d'un écoulement adiabatique (par exemple, une expansion rapide
du gaz), les relations suivantes peuvent également être utilisées pour le calcul
de la pression Po et la température de réaction, Tj (K) à la sortie de l’orifice :

Cette expression est largement utilisée dans le cas où le débit massique du


rejet est inconnu.
9

Dans ce cas le coefficient K est donné par :

L’atténuation de la masse volumique,  et de la température du gaz en


expansion, T, au cours d’un laps de temps, t, peut être approchées par :

et

En faisant incrémenté le t, on calcule l’atténuation du débit massique


correspondant.
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Exemple 1
Calculer le débit massique d'un rejet gazeux de l'hydrogène comprimé à
travers un orifice causé par une rupture locale de la paroi d'un réservoir.
Les données sont les suivants :
Volume du réservoir : V= 50 m3,
Le gaz contenu dans le réservoir est soumis à une pression initiale : P0 =
50 bars
Température initiale du gaz : T0= 15 °C = 288,15 K
Diamètre de l’orifice : dj = 10 cm
Coefficient de vidange : Cd = 0,62
Masse molaire de l’hydrogène : Wg = 0,002 kg/mol
Chaleur spécifique à volume constant : Cv = 10,24 kJ kg-1 K-1
Rapport des chaleurs spécifiques :  = 1,4

Solution :
11

Tab. 1 : Calcul de
l’atténuation du débit
massique d’un rejet gazeux.
12

Cas d’un rejet à travers un orifice d’un pipe relié à un réservoir

Fig. 2 : Rejet d’un gaz comprimé à travers


un orifice d’un pipe relié à un réservoir

La pression effective est obtenue par itérations successives jusqu’à la


convergence.
Dans ce cas, le débit massique est donné par :
13

Pour un gaz parfait, il y a une solution analytique de l’expression précédent :

Ap, lp et dp sont, respectivement, la section, la longueur et le diamètre de la


conduite, (m)
 est la masse volumique du gaz, (kg/m3)

Le coefficient de frottement de Fanning, fF , peut être calculé en fonction du


nombre de Reynolds, Re= u dp/, où  est la viscosité dynamique du fluide. Il
est donné par :
14

Exemple 2
Calculer débit massique d'un rejet gazeux de monoxyde de carbone
comprimé à travers un orifice dans un pipe relié à un réservoir.
Les données sont les suivants :
Volume du réservoir : V= 50 m3,
Le gaz contenu dans le réservoir est soumis à une pression initiale : P0 = 15
bars
Température initiale du gaz : T0= 15 °C = 288,15 K
Diamètre du pipe : dp= 15 cm
Longueur du pipe : lp= 100 m
Diamètre de l’orifice : dj = 10 cm
Coefficient de vidange : Cd = 0,62
Masse molaire de l’hydrogène : Wg = 0,028 kg/mol
Chaleur spécifique à volume constant : Cv = 745 J kg-1 K-1
Rapport des chaleurs spécifiques :  = 1,4
Viscosité dynamique :  = 17,3 Pa s
Solution :
15

Tab. 2 : L’atténuation du débit massique dans le temps


16

b) Rupture totale d’un réservoir


La rupture totale d'un réservoir contenant un gaz comprimé, indépendamment
de la cause, a généralement les trois conséquences suivantes:
 Dégagement du gaz contenu,
 Rupture du réservoir avec projection des fragments,
 Apparition d'une onde choc due à l'expansion du gaz comprimé.
Le dégagement du gaz comprimé peut avoir comme conséquence des effets
secondaires tels que la survenue d'une boule du feu, le feu instantané,
l'explosion du nuage de vapeur (UVCE) ou la dispersion du nuage toxique.
L'apparition de ces effets secondaires dépendent entièrement des limites
d'inflammabilité et de la toxicité du gaz contenu. Généralement, il y a deux
causes de la rupture totale d'un réservoir :
 La pression interne dépasse la pression de conception du réservoir,
L'augmentation de la pression interne d'un réservoir peut être la conséquence
d'un trop-plein, d'une surchauffe provenant de sources internes ou externes,
d'une défaillance d'un régulateur de pression, d'une réaction d’emballement en
chaîne, d'une explosion interne, etc.
17

 La résistance de la cuve est réduite du fait de sa durée de fonctionnement.


La réduction de la résistance de la paroi du réservoir peut être la conséquence
de l'oxydation, de la corrosion, de la surchauffe, de la fatigue des métaux, de
l'impact d'un autre objet, etc.
2) Rejet gazeux à travers la rupture totale d’un pipe
La rupture instantanée d'un pipe transportant un gaz comprimé est un autre
cas qui peut conduire à un rejet important de gaz.
Selon le modèle de Bell, le débit massique du pipe est calculé en fonction du
temps à travers l'expression suivante :

Avec :

Le débit massique fait référence au débit massique à travers un orifice, obtenu


à partir des formules précédentes. Dans le cas de la rupture totale du pipe, le
coefficient de vidange Cd est égale à 1.
18

La masse initiale, Μ (kg), du gaz contenu dans le pipe est calculée par la
formule :

lp et dp sont, respectivement, la longueur et le diamètre du pipe.


 est la masse volumique du gaz circulant dans le pipe.

Le temps caractéristique tB est donné par l’expression empirique suivante :

Le modèle de Bell est valable uniquement pour un temps tE est égal à :


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Exemple 3
Calculer le débit massique d'un rejet transitoire du propane issu de la rupture
brusque d'un pipe.
Les données sont les suivants :
Pression initiale à l’intérieur de la conduite : P0 = 5 bars
Température initiale du gaz : T0= 15 °C = 288,15 K
Diamètre du pipe : dp= 1 m
Longueur du pipe : lp= 10 000 m
Coefficient de vidange : Cd = 1
Masse molaire du propane : Wg = 0,0441 kg/mol
Chaleur spécifique à volume constant : Cv = 745 J kg-1 K-1
Rapport des chaleurs spécifiques :  = 1,19
Viscosité dynamique :  = 82 Pa s

Solution :
20

b) Rejet liquide
Le débit massique d’un rejet accidentel de liquide issu d’une brèche en ras de
parois se calcule à partir de la formule suivante déduite du théorème de
Bernoulli.

a) Rejet à travers un orifice d’un réservoir


Le débit massique du rejet est donné par :

 : masse volumique du liquide (kg/m3),


Cd : Coefficient de vidange, (sans dimension)
Il dépend du type de l’orifice et de la vitesse
du fluide à travers celui-ci.
A : section de l’orifice (m2), Fig. 3 : Rejet à travers un orifice
d’un réservoir
h : hauteur du liquide (m),
P : différence de pression entre la surface libre du réservoir et l'air ambiant (Pa)
21

b) Rejet à travers un orifice d’un pipeline

Fig. 4 : Rejet à travers un orifice d’une conduite

Dans le cas d'un liquide en écoulement dans un pipe, nous pourrons utiliser
l'expression de Fanning, pour le calcul de la chute de pression, P, dans une
canalisation de diamètre dp et de longueur longueur lp :

fF : Coefficient de frottement de Fanning (sans unité),


u : la vitesse du fluide dans la conduite (m/s)
22

Dans ce cas, le débit massique est donné par l’expression suivante :

Exemple 4
Calculer le débit massique d'un rejet du cyclohexane liquide à travers un orifice
issu de la rupture de la paroi d’un réservoir cylindrique (à raz du fond du
réservoir), sous la pression atmosphérique.
Les données sont les suivants :
Température initiale du liquide : T0= 25 °C = 298,15 K
Volume du réservoir: V = 6000 m3
Hauteur du réservoir : h=15 m
Coefficient de vidange : Cd = 0.62
Coefficient de remplissage : Ø = 0.75
Masse volumique du cyclohexane :  = 773.1 kg/ m3
Diamètre de l’orifice : do = 0.1 m
Solution :
23

c) Rejet diphasique
Le rejet des gaz liquéfiés pressurisés, est un cas beaucoup plus compliqué car
il dépend de plusieurs paramètres.
Dans ce qui suit on va traiter le cas particulier de la rupture totale d’un réservoir
contenant un gaz liquéfié pressurisé à une température supérieure à la
température de son point d' ébullition.

La rupture totale du réservoir a comme conséquence la vaporisation et la


dispersion instantanées de son contenu liquide dans toutes les directions,
formant ainsi un nuage de vapeur avec des gouttelettes liquides (également
connues sous le nom d'aérosol), jusqu'à ce que ce nuage soit refroidi à une
température plus basse, de la température du point d'ébullition du liquide.

Ce phénomène apparaît la plupart du temps dans des réservoirs de stockage à


haute pression, des liquides de faible volatilité. Ce phénomène est
particulièrement dangereux lorsque le liquide est toxique, le nuage toxique
résultant peut être très nocif aux personnes et dépend de la toxicité du liquide
et de la taille des gouttelettes.

 Des gouttelettes de diamètre de 1 à 10 μm restent dans l'air pendant une


longue période sous forme de brouillard dense et pénètrent dans le corps
humain par inhalation.
24

 Des gouttelettes de diamètre de 70 à 100 μm affectent les personnes à


travers le contact par la peau, ou indirectement par un dépôt sur le sol.
Si le liquide est inflammable, le nuage inflammable peut provoquer un
embrasement instantané (flash fire) ou une explosion de nuage de vapeur
(UVCE).

Le comportement d’un liquide après la rupture d’un réservoir (ou pipe), peut
être décomposé en trois étapes :
 Dans la première étape, le liquide s'échappe instantanément et se dilate
sans pré-mélange avec l'air ambiant. Un nuage, constitué d'air et de
gouttelettes, est formé. Une partie de ces gouttelettes précipite sur le sol.
 Dans la seconde étape, l'air est entraîné à l'intérieur du nuage de
gouttelettes et de vapeur, ce qui provoque un mélange et une évaporation
supplémentaire de la phase liquide.
 Dans la troisième étape, les gouttelettes s'évaporent et le nuage
homogène se disperse dans l'atmosphère.
25

Fig. 5 : Décomposition des étapes de dispersion suite à la rupture d’un


réservoir (ou un pipe)

Dans cette section nous examinerons d'abord les conditions juste avant et
juste après l'explosion d'un réservoir. Ensuite le rayon équivalent du nuage, la
vitesse d'expansion et la fraction des gouttelettes déposées sur le sol seront
calculés.
Les conditions initiales avant l'explosion du réservoir sont calculées à partir
de : la température initiale T0, la pression initiale P0, la masse totale M du
liquide et la fraction massique initiale, w0 de la phase vapeur.
26

La pression initiale, de travail, exercée sur la paroi du réservoir est la pression


de rupture du réservoir, facilement calculée à partir de ses caractéristiques de
conception. Si ces données ne sont pas disponibles, on peut supposer une
pression et une température critiques du réservoir. Selon le cas, la fraction de
masse initiale de la phase vapeur peut être prise égale à zéro.
Les conditions finales après l'explosion seront : la température finale Tf , la
pression finale Pf et la fraction de massique finale, wf de la phase vapeur.
La pression finale est égale à la pression ambiante Pa (Pf = Pa). Après
l'expansion de la phase liquide de la pression initiale P0 à la pression
atmosphérique Pa, la température diminue jusqu’à la température du point
d'ébullition normal, Tb, donc Tf = Tb. La fraction massique finale, wf, de la
phase vapeur peut être calculée en supposant un changement isentropique à
travers un bilan de matière :

(*)
27

où Sv et Sl sont les entropies de la phase vapeur saturée et de la phase liquide


saturé à l'état initial "o" ou à l'état final "f " et  est la chaleur de vaporisation
dans les conditions correspondantes. S'il n'y a aucune donnée de l'entropie, la
différence d'entropie (Sl,o - Sl,f) peut être calculée comme fonction de la chaleur
spécifique moyenne, CPL de la phase liquide, sous pression constante, tout en
supposant que o/f  1. L'équation (*) devient :

(**)

Dans le cas où le réservoir contient uniquement une phase liquide (wo = 0) et


en supposant que Tf = Tb , les équations (*) et (**) se simplifient.

Rayon équivalent du nuage


Le volume, Vf , du nuage après son expansion initiale soudaine, peut être
calculé en fonction de toute la masse, M , rejetée , de la façon suivante :
28

où f est la densité moyenne aux conditions finales de température et de


pression (Tf, Pf), calculé à partir de l'expression :

l,f et v,f sont les densités de la substance dans la phase liquide saturé et de la
phase vapeur saturée, respectivement, aux conditions finales de température et
de pression. La densité, l,f de la phase liquide peut être calculée à partir
d'une équation d'état, tandis que la densité, v,f , de la phase vapeur est
calculée à partir de la loi des gaz parfaits.

Le nuage résultant du rejet intermittent (dû à l'explosion), est supposé de forme


hémisphérique, le rayon, Rf, du nuage peut être obtenu à partir de l'expression
suivante :
29
Vitesse d’expansion du nuage
Dans son état initial à l'intérieur du récipient, le liquide est considéré au repos.
Pendant l'explosion du réservoir, le nuage résultant se dilate avec une vitesse uf,
calculée à partir du principe de la conservation d'énergie, tenant compte du
transfert de l'énergie vers l'air ambiant. Si Hv,o et Hv,f sont les enthalpies de la
vapeur saturée aux conditions initiale "o" et finale "f ", respectivement, et W est
le travail dissipé vers l’air ambiant, alors le bilan énergétique par unité de masse
peut s'écrire comme suit :

Puisque le liquide à l'intérieur du réservoir est au repos, uo = 0

où Pa est la pression ambiante et 0 la densité moyenne de la substance dans le


réservoir (aux conditions initiales) est égale à :
30

Les observations expérimentales ont montré que la vitesse d'expansion du


nuage est plus petite à celle calculée, car le processus n'est pas entièrement
isentropique et une partie de l'énergie cinétique est transformée en chaleur.
La valeur réelle de la vitesse d'expansion du nuage est calculée à partir du
rendement de détente par rapport à l’isentropique, estimée à 0.8 (80%).
Par conséquent la vitesse d'expansion du nuage, uf, peut être calculée à partir
de l’équation du bilan énergétique par unité de masse :

Contamination du sol par la précipitation des gouttelettes


Il n'y a aucun modèle théorique qui permet de déterminer la fraction de la
précipitation des gouttelettes sur le sol dans le cas d'une rupture soudaine
d'un réservoir. La procédure de calcul proposée (ΤΝΟ 2005) est basée sur
des observations expérimentales.

TNO, 2005, "Methods for the Calculation of Physical Effects due to Releases of Hazardous Materials
(Liquids and Gases)", van den Bosch C.J.H, Weterings R.A.P.M. (Eds.), Yellow book, Report CPR 14E,
3rd Ed., 2nd Rev.
31

L'évaluation de la précipitation des gouttelette dépend directement de la


fraction massique finale, wf, de la phase vapeur après vaporisation. Plus la
fraction massique finale de la phase vapeur est grande, le liquide sera moins
présent dans le mélange et, par conséquent, la fraction de gouttelettes sera
plus petite.
Deux cas peuvent être distingués :
 wf > 0.5 : on suppose qu'aucune gouttelette ne se produira.
 wf < 0.5 : on admet que le double de la quantité initiale de la substance
vaporisée subsiste dans l’air. C'est-à-dire :

Mrem (kg) est la masse subsistante dans le nuage (vapeurs et gouttelettes), M


(kg) est la masse initiale de la substance contenue dans le récipient.

Il est à noter que la nouvelle fraction massique, wf,rem, de la masse


subsistante de vapeur sera toujours égale à 0.5, en raison de la précipitation
des gouttelettes.
32

Exemple d’illustration
Supposant un réservoir contenant, initialement, 1000 kg de propane, la
fraction massique, wf de la phase vapeur après rupture totale du réservoir, est
égale à 0.3.
Ainsi donc, 300 kg de la masse du propane sont des vapeurs et 700 kg
représentent des gouttelettes liquides.
Puisque wf< 0.5, la masse subsistante, Mrem (kg), dans le nuage est égale à :
Mrem = 20.31000 = 600 kg
Ce résultat indique que pendant cette première étape d'expansion, des
gouttelettes liquides d'une quantité égale à 400 kg seront déposées sur le sol.
Par conséquent 300 kg de vapeur et 300 kg de gouttelettes liquides
subsistent dans le nuage.
Ainsi, la nouvelle fraction massique, wf, rem, de la masse subsistante dans le
nuage est égale à 0.5.
33

Diamètre des gouttelettes déposées


Dans la pratique toutes les gouttelettes présentent dans la vapeur ne sont pas
de mêmes tailles. Pour le calcul et la simulation, on définit, généralement, un
diamètre moyen "représentatif ", dd (m), des gouttelettes, qui peut être estimé
(TΝΟ 2005) à partir de l'expression empirique suivante :

où s (Pa.m) est la tension superficielle (sa valeur pour les substances


organiques est comprise entre 0,02 et 0,03 Pa.m), uf est la vitesse
d'expansion et a la densité de l’air ambiant. Le paramètre, Cds, est obtenu
expérimentalement et prend des valeurs comprises entre 10 et 20;
généralement Cds = 15.

L'évaluation du diamètre des gouttelettes est nécessaire pour la détermination


des effets des substances toxiques car elle définit la manière avec laquelle
pénètrent dans le corps humain (par inhalation ou par le dépôt sur la peau).
34

Entraînement d'air et dispersion atmosphérique


On va s'intéresser maintenant aux phénomènes qui caractérisent l'entrée d'air
au nuage. Une approche approximative sera discutée pour le calcul de la
vitesse d'expansion du nuage et la variation temporelle du rayon équivalent du
nuage.
Comme nous l'avons déjà mentionné, le nuage résultant de l'explosion est de
forme hémisphérique avec un rayon initial, Rf .
Ce rayon augmentera au cours du temps, en raison de entraînement d'air, qui
évapore, également, les gouttelettes restantes et rend le nuage homogène.
L'augmentation du rayon du nuage continue jusqu' à sa valeur finale, Rfin, où la
vitesse d'expansion du nuage devient égale à la vitesse de l'air ambiant.
A partir de la conservation de la masse (en négligeant la différence de densité
entre le nuage et l'air, la vitesse d'expansion du nuage, u (t), est donnée par :

Rf est le rayon du nuage au moment où l'expansion est terminée, alors que


R(t), est le rayon du nuage à tout un instant après.
35

En appliquant u=dR/dt dans la formule précédente, nous pouvons écrire


l'expression correspondante pour l'augmentation de rayon comme suit :

où tf (s) est le temps requis pour la conclusion de la rupture après l'explosion


(généralement considérée négligeable).
36

Exemple 5
Calculer les dimensions d'un nuage résultant de la rupture instantanée d'un réservoir
contenant une masse M= 5 tonnes de propane à une température T0=291 Κ et une
pression Ρ0 =0,78 ΜΡa, la fraction massique initiale de la phase vapeur w0 = 0,05.
Les données sont les suivants :
La température d' ébullition à Pa : Tb= 230,9 K
La pression ambiante : Pa =0,1 Mpa
La densité du liquide à (T0, P0) : l,0 = 505 kg/m3
La densité du vapeur à (T0, P0) : v,0 = 14,3 kg/m3
La densité du liquide à (Tb, Pa) : l,f = 584 kg/m3
La densité du vapeur à (Tb, Pa) : v,f = 2,33 kg/m3
L’enthalpie de vapeur à (T0, Pa) : Hv,0 = 483 kJ/kg
L’enthalpie de vapeur à (Tb, Pa) : Hv,f = 383 kJ/kg
La chaleur de vaporisation : 0 = 342 kJ/kg
La chaleur de vaporisation : f = 426 kJ/kg
La chaleur spécifique moyenne : CPL= 2,41 kJ/kg K
La vitesse du vent : us = 3,5 m/s

Solution :
37

Diamètre efficace
Le diamètre efficace Ds est un concept largement utilisé en modélisation de
jet; il représente, pour un écoulement supersonique, le diamètre virtuel d’un
 et à la vitesse uj.
orifice libérant de l’air de masse volumique ρa à un débit m
Il s’écrit pour un rejet gazeux :

où uj : Vitesse du gaz à l’orifice, (m/s)


a : Masse volumique de l’air ambiant, (kg/m3)
d0 : Diamètre d’expansion, (m)
d0 est le diamètre de l’orifice considéré en régime subsonique.

Le paramètre Ds contient toutes les informations relatives à la fuite.


38

II.2. Calcul du taux de chaleur dégagée par un feu


(Rappel)

Avant de décrire les approches sur l’estimation du taux de chaleur dégagé par un
incendie, nous essayerons d’abord de définir les paramètres qui contrôlent et
caractérise un incendie.

1.2.1. Facteurs contrôlant le taux de dégagement de chaleur

Le taux de la chaleur dégagée par un incendie (HRR) dépend essentiellement :

 des caractéristiques du combustible, du rapport surface/masse,


de l’orientation, de l’arrangement, de la géométrie etc.

 la quantité du combustible;

 En plus des paramètres liés à l'enceinte (exemple du confinement)

HRR : Heat Release Rate


39

a- Taux de combustion
Le taux de combustion représente la quantité de combustible vaporisée et
brûlée par unité de temps. Il est exprimé généralement en kilogrammes par
seconde ou en grammes par seconde et est notée par . Il peut aussi être
exprimé comme un débit massique par unité de surface, typiquement des
kilogrammes par mètre carré par seconde et noté par .
Il est donné par la relation suivante :

Le flux chaleur net délivré par la


flamme au combustible pour libérer
les substances volatiles, (kW/m2)

Chaleur de gazéification, (kJ/kg)


40
Remarque:
La chaleur de gazéification n’est pas une propriété intrinsèque des combustibles solides,
mais, une propriété fondamentale pour les combustibles liquides. En raison de la difficulté à
déterminer quantitativement le flux thermique net à la surface du combustible, l’équation du
taux de combustion, telle que définie, est rarement utilisée dans la pratique, en général nous
recourons aux résultats expérimentaux pour estimer le taux de combustion.
b- Effet du confinement
Lorsqu'un élément brûle à l'intérieur d'une enceinte, deux facteurs influencent principalement
l'énergie libérée et le taux de combustion: (1) les gaz chauds cumulés au niveau du plafond
qui chauffent le plafond et les surfaces des murs. Ces derniers et les gaz chauds
transmettent de la chaleur vers la surface du carburant, augmentant ainsi le taux de
combustion. (2) les ouvertures (portes, fenêtres, les zones de fuite) limitent la disponibilité de
l'oxygène nécessaire à la combustion. Cela provoque une diminution de la quantité de
combustible brûlé, ce qui conduit à une diminution du taux de chaleur et une augmentation
de la concentration de gaz non brûlés.

Fig. 6 : Effet du confinement


sur le taux de combustion
41

1.2.2. Calcul du taux de chaleur dégagé sur la base de mesures


expérimentales (cas d’un feu libre)
Le moyen pratique pour déterminer le taux de dégagement de chaleur d'un
combustible est obtenu par une mesure directe. Dans le cas d’un feu libre, les
effets de l'enceinte sont minimisés, il n'y a pas de limitation sur la source d'air.
Les résultats peuvent être utilisés par les ingénieurs de conception de feu pour
un scénario donné. Dans le cas des combustibles liquides, ces mesures sont
traduites par des expressions qui permettent de calculer le taux de chaleur
dégagée, pour un diamètre de la source donné.
a.Techniques de mesure et paramètres mesurés (consommation
d’oxygène)
La base de cette méthode est de définir un invariant pour la plupart des gaz, des
liquides et des solides, correspondant à une quantité plus ou moins constante
de chaleur libérée par unité de masse d'oxygène consommée.
Soit : 13.100 kJ par kilogramme oxygène consommé avec une précision à
quelques exceptions près de ± 5% pour de nombreux hydrocarbures
(Huggett, 1980)

Huggett, C., “Estimation of Rate of Heat Release by Means of Oxygen Consumption Measurements,” Fire and
Materials, Vol. 4, pp. 61–65, 1980.
42

Fig. 7 : Schéma d'une calorimétrie


à consommation d'oxygène

Après l'allumage du feu, tous les produits de combustion sont collectés dans
une hotte et évacuées par un conduit d'évacuation. Le débit et la composition
des gaz sont mesurés dans le conduit. Ceci conduit à la connaissance de la
quantité d'oxygène utilisée pour la combustion. A travers la connaissance de
l’invariant énergétique, de 13100 kJ/kg d’O2 consommé permet de calculer le
taux de chaleur dégagée.
43

Fig. 7 : Calorimètre conique (http://www.fire-testing.com/)


44

Exemple 6
Les gaz issus de la combustion d'une plaque de polyméthacrylate de méthyle (PMMA)
sont collectés dans une hotte et évacuées par un conduit d'évacuation. Le débit
volumétrique du gaz et la température sont mesurés, ce qui permet de calculer le débit
massique du gaz, soit 0,05 kg/s. La fraction massique en oxygène est mesurée autour
d’une valeur moyenne de 15%. Donner une estimation du taux de l'énergie moyenne
libérée par le combustible ?

Solution :
La fraction massique de l'oxygène dans l'air est d'environ 23%. Le débit massique de
l'oxygène utilisé pour la combustion est donc (0,23 - 0,15)·0,05 kg/s. Chaque
kilogramme d'oxygène utilisée donne 13.100 kJ d'énergie.

L'énergie libérée, ou l'effet du PMMA en feu, est donc calculé à travers l’expression
suivante:l

Remarque:
Le PMMA brûle à un taux à peu près constant, alors que les combustibles solides
produisent un taux qui varie avec le temps, o admet alors dans le cas général, un taux
de dégagement d'énergie variable dans le temps.
45

b. Calcul du taux de chaleur dégagée par la mesure du taux de combustion ou perte


de masse

Une autre méthode d'évaluation du taux de chaleur dégagée est basée sur la mesure du
taux de combustion, ou le taux de perte de masse. Ceci est réalisé par la pesée du
combustible qui brûle, en utilisant des dispositifs appropriés de pesage. L’estimation du
taux de chaleur exige la connaissance de l’enthalpie de combustion. Il est donc évalué par
la relation suivante :

où est le débit des gaz brulés, donnée en kg/s, ou en g/s et est l’enthalpie de
combustion effective, souvent donnée en kJ/kg ou en kJ/g.

Le taux de combustion moyen de très nombreux matériaux est déterminé


expérimentalement dans les tests de combustion libre. Pour de nombreux matériaux le
débit de combustion est rapporté à la surface horizontale de la nappe en feu, et est
donné en kg/m².s. Si la surface et l’enthalpie effective de combustion sont connues,
l’équation précédente devient :

Où est la surface de combustion horizontale du combustible. Notez que lorsque le


taux de combustion est donné par unité de surface, il est désigné par le symbole .
46

Tab. 3 : Taux de combustion moyen par unité de surface de


divers matériaux, mesuré dans des tests de combustion libre
47

Remarque Importante

Il est important de distinguer entre l’enthalpie de combustion effective et


l’enthalpie de combustion complète

Pour illustrer la distinction entre les deux quantités, nous allons examiner le cas du
PMMA brûlant où il n’y a pas beaucoup d’oxygène. Lorsque les produits ont brûlé
complètement la réaction est :

L’enthalpie de la combustion complète est:

Lorsqu’il y a moins d'oxygène, le monoxyde de carbone sera formé, et une partie


du carbone peut être utilisée pour former des particules de suie. Si on suppose que
la combustion se produit selon ce cas, le réaction s’écrira alors:

L’enthalpie de la combustion dans ce cas est :


48

L'efficacité (rendement) de combustion serait :

Le schéma ci-dessous (Fig. 8) montre graphiquement l'efficacité (rendement) de combustion.

Fig. 8 : Enthalpies de combustion pour le PMMA pour deux mélanges différents


49

Les alcools tels que le méthanol et l'éthanol, brûlent avec une flamme qui est
à peine visible, ce qui indique que très peu de suie son produites; par
conséquent, ils présentent un rendement de combustion proche de l'unité.
Ceci est également vrai pour de nombreux combustibles gazeux tels que le
méthane.

Pour les combustibles qui produisent des flammes avec des suies, comme
l'huile, le rendement de combustion est nettement plus faible, typiquement de
l'ordre de 60 à 70%.
Les valeurs du débit de combustion (pour des diamètres relativement grands)
et de la chaleur de la combustion complète donnée dans le tableau
précédent peuvent être utilisées pour calculer le taux de la chaleur dégagée
pour divers matériaux à l’aide de l’équation suivante :
50

Exemple 6
Supposons que le PMMA dans l'exemple précédent a été pesé en brûlant,
donnant le taux de perte de masse moyenne de 3 g/s. La chaleur de
combustion complète du PMMA a été trouvé pour être à peu près 25 kJ/g (voir
tableau). En supposant que l'efficacité (rendement) de la combustion est de
70%, estimer le taux de chaleur dégagée qui en résulte. Donner aussi une
estimation approximative de la taille de la plaque de PMMA ?
51

c. Feux de nappe
Les déversements accidentels de combustibles liquides dans les installations
industrielles (zone de stockage, centrales électriques) peuvent constituer un risque
sérieux par rapport à un incendie. Certains liquides sont très volatiles à température
ambiante; ils peuvent s'évaporer et former un mélange inflammable avec l'air, ce qui
conduit à une possible explosion.
Dépendance au diamètre de la nappe
Les expériences d'incendie dans les réservoirs réalisées pour une large gamme de
liquides ont montré que, pour les diamètres supérieurs à 0,2 m, le taux de combustion
augmente avec le diamètre jusqu'à une certaine valeur asymptotique en régime établi, il
est rapporté au débit de perte de masse , donné en (kg/m2 s), Fig. 9.

Fig. 9 : Taux de perte de masse pour


les réservoirs de carburant de
différents diamètres (Babrauskas).

Babrauskas, V., “Burning Rates,” SFPE Handbook of Fire Protection Engineering, 2nd ed., National Fire Protection Association,
Quincy, MA, 1995.
52

Les valeurs du taux de combustion données dans le tableau 4 sont généralement pour
les grands diamètres de réservoir. Pour les petits diamètres le taux de combustion diminue.
Une relation typique peut être vue dans la Fig. 9. où le taux de perte de masse en fonction
du diamètre est montré.

Tab. 4
53

Le taux de perte de masse d’un réservoir en combustion libre (non confiné) dépend
non seulement du diamètre du réservoir, mais aussi de deux coefficients empiriques
qui caractérisent la particularité du combustible et sont, fonction du flux de chaleur
radiatif de la flamme vers la surface du combustible.

L'un d'entre eux est le coefficient d'absorption - extinction de la flamme, notée k, et


l'autre est un correcteur de longueur de faisceau moyen, notée β.

Pour le calcul des feux de réservoir les deux coefficients sont introduits sous forme
d’un produit « k β ». L'utilisation d'un grand nombre d'expériences de feux libres
avec des liquides dans des réservoirs de différents diamètres a conduit à la
déduction de la corrélation suivante:

est le taux de perte de masse de la combustion libre;

et kβ dépendent du combustible utilisé et sont donnés dans Tab. 4

Pour le diamètre D, le réservoir est supposé circulaire. Les réservoirs carrés ou de


formes similaires en configuration peuvent être traités avec un diamètre équivalent :
54

Exemple 7
Une panne de pompe provoque un déversement de 20 litres d'huile de
transformateur sur un plancher de 2 m2 de surface. L'huile chaude
s’enflamme. Estimer l'énergie libérée et la durée de l'incendie ?
On suppose un rendement de combustion de 0,7.
55

II.3. Modélisation des effets thermiques radiatifs

II.3.1. Modélisation des feux de nappe

Le rayonnement est le mode de transfert privilégié de la chaleur dans un


plan horizontal pour des feux de grande taille. Ainsi, il convient de
s’intéresser en priorité à ce mode transfert de chaleur, notamment lorsqu’il
s’agit de déterminer des distances d’effets thermiques sur l’homme.

Deux modèles simples peuvent être mis en œuvre :

 le modèle du point source : le flux thermique transmis par radiation est


supposé émis par une source ponctuelle.

 le modèle de la flamme solide : la flamme est assimilée à un volume de


géométrie simple (cylindre, cône ou parallélépipède rectangle) rayonnant
de manière uniforme sur toute sa surface.
56

II.3.1. 1. Modèle du point source

Le modèle du point source est basé sur les hypothèses suivantes :

 La flamme est assimilée à une source ponctuelle ;

 Cette source ponctuelle est supposée rayonner avec une puissance


équivalente à celle de la totalité de la flamme ;

 La densité de flux thermique radiatif reçue varie inversement au carré de


la distance entre la source et la cible.

Il existe de nombreuses variantes de cette méthode, qui est d’usage


relativement répandu. La formule donnée ci-dessous est issue de la
méthode développée par Drysdale (1985).

La densité de flux thermique radiatif, , reçue par un récepteur situé à


une distance R de la flamme (voir figure 6) est donnée par la formule
suivante :

DRYSDALE (1985), An introduction to fire dynamics ; John Wiley & sons, New York, 1985
57

avec :
: puissance totale rayonnée (kW),
R : distance cible/source ponctuelle en mètres
: densité de flux radiatif surfacique reçu par la cible (kW/m²)

L est la hauteur de la flamme

Fig. 10 : Configuration
pour le modèle de la
source ponctuelle
58

Cette expression pour le modèle du point source, suppose au préalable


une estimation de la puissance totale rayonnée par la flamme.

De manière simplifiée, cette dernière, notée , peut être estimée comme


une fraction de la puissance thermique totale générée par l’incendie,
grâce à la formule suivante :

Avec
: puissance totale rayonnée par la flamme (kW/m²),
: fraction radiative de l’incendie (sans unité),

La fraction radiative dépend de la nature du carburant et la surface de la


nappe. D’après SFPE, elle est donnée par la formule suivante :

Assessing Flame Radiation to External Targets from Pool Fires,” SFPE Engineering Guide, Society of Fire
Protection Engineers (SFPE), Bethesda, MD (1999).
59

Fig. 11 : La fraction radiative en fonction du diamètre de la nappe (la ligne


solide est la meilleure droite des points expérimentaux)
60

D’autre part, il convient de déterminer la position de la source ponctuelle


correspondant au calcul de la hauteur de flamme.

Méthodes de calcul de la hauteur de la flamme

La corrélation de Heskestad représenté par H sur la figure 12 couvre toute la gamme


de à l'exception du régime de quantité de mouvement (jet de flamme) et a la
forme suivante donnée par McCaffrey :

Tel que :

: Taux de la chaleur totale dégagée (W ou kW)

: Taux adimensionnel de la chaleur dégagée. Il a été introduit dans les années


70 par Zukoski (1975) et d’autres pour classifier les types du feu et pour déterminer
certaines corrélations liées au comportement du feu comme la hauteur de la flamme.
61

Fig. 12 : Corrélations de la hauteur de flamme représentées par McCaffrey


62

En fait, cette corrélation a été, initialement, présentée sous la forme

Tel que :

En pratique elle se met sous la forme :

Tel que:

Elle se ramène dans les conditions normales à la forme suivante :

( en kW)
63

Exemple 8
On considère une nappe de feux de 1.5 m de diamètre, le combustible est
de l’alcool méthylique dont le pouvoir calorifique Hc =21100 kJ /kg. La
quantité de chaleur dégagée est de 500 kW/m2, avec un rapport
stoichométrique r = 6.48
Calculer la hauteur moyenne de la flamme pour des conditions
atmosphériques :
– d’une pression de 760 mm Hg, et une température de 293 K.
– d’une pression de 630 mm Hg et une température de 310 K.

Solution :
64

Résumé du modèle du point source

1. Déterminer le diamètre, D, de la nappe de feu,

2. Déterminer le taux de la chaleur totale dégagée ,

3. Déterminer la fraction radiative de la flamme ,

4. Déterminer la puissance totale rayonnée par la flamme ,

5. Déterminer la position équivalente du point source, P (donc il faut


calculer la hauteur de la flamme),

6. Calculer la distance, R, de la position équivalente du point source à


la position de la cible,

7. Calculer la densité de flux radiatif surfacique reçu par la cible


65

La figure 13 montre une comparaison de toutes les données expérimentales


disponibles avec les calculs obtenus par le modèle du point source. Au-dessus
environ 5 kW/m2, un écart est observé entre les deux approches.

Fig. 13 : Comparaison entre le flux radiatif mesuré et calculé de grands feux de


nappe en utilisant le modèle du point source (les lignes droites indiquent l'égalité
des flux de chaleur mesurés et calculés à l'aide du modèle de point source)
66
Un facteur de sécurité de 2 est recommandé pour l'utilisation du modèle de point source
aux flux de chaleur inférieurs à 5 kWm2. La figure 14 montre une comparaison des flux
de chaleur calculés et mesurés avec l'introduction du facteur de sécurité. La ligne
verticale représente la limite du flux de chaleur où le modèle du point source pourrait être
utilisé. La figure montre clairement la surévaluation des données expérimentales par le
modèle du point source avec un facteur de sécurité de 2. Le facteur de sécurité de 2 est
recommandé pour l'utilisation dans des applications de conception.

Fig. 14 : Comparaison entre


le flux radiatif mesuré et
calculé de grands feux de
nappe en utilisant le modèle
du point source et un facteur
de sécurité de 2.
67

Limitations du Modèle du point source

Le modèle de la source ponctuelle est un modèle relativement simple qui


permet de donner rapidement des ordres de grandeur du flux reçu à une
certaine distance. Toutefois, son utilisation doit être réservée aux cas de
cibles situées à des distances importantes de la flamme, pour
lesquelles l’hypothèse d’une flamme ponctuelle peut être jugée raisonnable.
De manière tout à fait générale, il est possible de considérer que cette
hypothèse s’avère valable pour une cible situé à une distance
supérieure à 5 fois le diamètre de la nappe.
68

Mini-projet

Etablir un programme avec Matlab en prenant en compte les étapes


citées précédemment (le choix du combustible est arbitraire pour chaque
étudiant)

Étudier l’effet des deux paramètres suivants :

a) Effet de la surface de la nappe (prendre 10 valeurs)

– Tracer la courbe donnant l’évolution de la densité du flux radiatif


surfacique reçu par la cible en fonction du diamètre, D, de la nappe.

b) Effet de la distance entre le centre du feu et la cible (prendre 10


valeurs)

– Tracer la courbe donnant l’évolution de la densité du flux radiatif


surfacique reçu par la cible en fonction de la distance, d.
69

II.3.1.2. Modèle de la flamme solide


Dans le modèle de la flamme solide, la flamme est assimilée à la surface extérieure d’un
volume opaque de géométrie simple (cylindre, parallélépipède rectangle…). Ce modèle
repose notamment sur les hypothèses suivantes :
 La surface visible de la flamme émet des radiations thermiques vers la cible alors que
la partie non visible n’en émet pas,
 La flamme est assimilée à la surface extérieure d’un volume géométrique simple
(cylindre, parallélépipède, cône..). La base de ce volume correspond alors à la base du
feu et sa hauteur à la hauteur pour laquelle la flamme est visible 50 % du temps.
a) Modèle de Shokri et Beyler
La densité du flux thermique radiatif reçu par un élément extérieur à la flamme est
calculée par l’expression suivante :

E : pouvoir émissif de la flamme, qui correspond à la quantité d’énergie rayonnée, par


unité de surface de la flamme (kW/m²)
F12 : facteur de vue entre l’élément extérieur et la flamme (il dépend de la position de la
cible, de la hauteur de flamme et du diamètre, il est compris entre zéro et un)
70

La flamme est assimilée à un cylindre de diamètre égal au diamètre de la


nappe et une hauteur égale à la hauteur de la flamme (voir la figure 15).

(a) (b)

Fig. 15 : Géométrie cylindrique de la flamme illustrant le facteur de vue pour


des cibles verticales (a) et horizontales (b) au niveau du sol

M. Shokri and C.L. Beyler, “Radiation from Larger Pool Fires,” SFPE Journal of Fire Protection
Engineering, 4, 1, pp. 141–150 (1989).
71

Fig. 16 : Représentation à deux cylindres du facteur de vue pour


des cibles situées à une hauteur du sol
72
Pour un diamètre et une hauteur donnés de la flamme, le facteur de vue,
F12 , est déterminé en utilisant les expressions suivantes :
73

Avec :
d : la distance séparant la cible du centre de la flamme,
L : la hauteur du cylindre et de la flamme,
D : diamètre du cylindre.

La résultante du facteur de vue est donnée par :

Le facteur de vue calculé pour différents rapports L/R est représenté sur
les figure 17a et 17b .

Remarque importante
A noter que pour une cible à une hauteur l du sol (Fig. 16), il suffit de
décomposer le cylindre de flamme en deux selon un plan horizontal à
l’altitude l afin de pouvoir appliquer les formules précédentes sur chaque
moitié du cylindre.
74

Quand une cible est très proche de la flamme, le facteur de vue tend vers
l'unité parce que tout ce qui est vu par la cible est la flamme.

a) L/R=2 b) L/R=6
Fig. 17 : Facteur de vue pour un feu de nappe avec deux rapports L/R
75

Shokri et Beyler (1989) ont proposé une formule empirique donnant le


pouvoir émissif efficace de la flamme en se basant sur les mesures
expérimentales du flux de chaleur radiatif provenant des feux de nappe vers
des cibles externes.

Le pouvoir émissif efficace du feu de nappe en fonction du diamètre de la


nappe est donnée par la corrélation suivante :

Le pouvoir émissif décroit avec l'augmentation du diamètre de la nappe en


raison de l'importance croissante de la fumée noire à l'extérieur de la flamme
qui obscurcit le rayonnement de la flamme lumineuse.
76

Fig. 18 : Pouvoir émissif efficace en fonction du diamètre de la


nappe, déterminé par Shokri et Beyler
77

Résumé du modèle de Shokri et Beyler

1. Déterminer le taux de la chaleur dégagée ,

2. Déterminer la hauteur de la flamme,

3. Calculer le facteur de vue. Si la cible est située à une hauteur du


niveau de sol, alors une représentation de deux cylindres est
nécessaire,

4. Déterminer le pouvoir émissif efficace de la flamme,

5. Calculer densité du flux thermique radiatif reçu par un élément


extérieur à la flamme.
78

Facteur de sécurité
Un facteur de sécurité de 2 est recommandé pour l'utilisation du modèle de
Shokri et de Beyler. Souvent ce modèle est applicable pour des flux de
chaleur inférieurs à 5 kW/m2.
b) Modèle de Mudan
Mudan a présenté un modèle pour estimer la densité du flux thermique
radiatif reçu par un élément à l'extérieur d'un feu de nappe pour les cas sans
et avec vent.
La densité du flux thermique radiatif reçu par un élément à l'extérieur de
l'enveloppe de la flamme est donnée par la formule suivante :
(Cette formule est utilisée pour une
flamme assimilée à un cylindre verticale
ou incliné)

E : Pouvoir émissif de la flamme (kW/m²)


F12 : Facteur de vue.
 : Facteur de transmissivité atmosphérique
K.S. Mudan, “Thermal Radiation Hazards from Hydrocarbon Pool Fires,” Progress Energy Combustion
Science, 10, pp. 59–80 (1984).
79

La corrélation utilisée pour calculer la hauteur de la flamme dans ce modèle


est basée sur la corrélation de la hauteur moyenne de la flamme de diffusion
turbulente (en absence du vent), développée par Thomas :

D: Diamètre de la nappe (m),


: Taux de perte de masse par unité de surface de la nappe (kg/m2s),

a : Masse volumique de l’air ambiant (kg/m3),

g : Accélération de la pesanteur, (9.81 m/s2)

P.H. Thomas, “The Size of Flames from Natural Fires,” Ninth Symposium (International) on
Combustion, Combustion Institute, Pittsburgh, pp. 844–859 (1962).
80
Effets dus au vent
De manière schématique, les effets associés à l’action du vent sur le
comportement de la flamme sont :
 l’inclinaison de la flamme par rapport à la verticale,
 la modification de la hauteur moyenne de flamme (selon les vitesses de vent),

Fig. 19 : Effet du vent sur


le comportement de la
flamme
(Jiang & Lu, 2016, Procedia
Engineering 135, 261 – 274)

 l’élargissement de la base des flammes dans la direction du vent.


81

Les corrélations disponibles traduisent le fait que la hauteur moyenne de


flamme est inversement proportionnelle à la vitesse du vent.
Thomas propose la corrélation suivante :

est la vitesse adimensionnelle du vent donnée par l’expression suivante :

uv est la vitesse du vent (m/s)


82

Fig. 20 : Géométries illustrant le


calcul du facteur de vue pour des
cylindres droit et incliné
83

En présence d'un vent important, la flamme ne peut pas rester vertical, et


un angle d'inclinaison de la flamme à cause du vent est adéquat pour
l'estimation du flux thermique radiatif.

American Gas Association (AGA)* a proposé la corrélation suivante pour la


détermination de l’angle d’inclinaison de la flamme :

avec :
est la vitesse adimensionnelle du vent et uv la vitesse du vent
mesurée à une hauteur de 1.6 m du sol.

* “LNG Safety Research Program,” Report IS 3-1, American Gas Association (1974).
84

Facteur de vue dans le cas sans vent


Les composantes horizontale et verticale du facteur de vue d'un cylindre
vertical sans vent sont données par :
85

Avec

d: la distance séparant la cible du centre de la flamme,

L : la hauteur du cylindre et de la flamme,


D : diamètre du cylindre.

Remarque importante
Si la cible est au niveau du sol ou à la hauteur de la flamme, un cylindre
peut représenter la flamme.
Si la cible est située à une certaine hauteur du sol, deux cylindres doivent
être utilisés pour représenter la flamme.
86
Facteur de vue dans le cas avec vent
Le facteur de vue pour une flamme soufflée par le vent a été donné par
Mudan, qui a utilisé une approche intégrale développée par Sparrow pour
déterminer le facteur de vue d'un cylindre incliné.
Les composantes du facteur de vue pour une flamme assimilée à un cylindre
incliné avec une base circulaire sont données par :
87

Où :

Le pouvoir émissif, E, de la flamme est donné par la corrélation suivante :

Emax : pouvoir émissif maximum des parties lumineuses de la flamme (140 kW/m2)
s : Coefficient d'extinction égal à 0.12 m-1
Es : pouvoir émissif des fumées (20 kW/m2)
88

Cette corrélation présente l’avantage de prendre en compte l’influence du


diamètre du feu sur le comportement thermique de la flamme.

En effet, pour les feux d’hydrocarbures générant beaucoup de suies, le


pouvoir émissif peut être réduit par l’effet d’écran joué par les fumées.

Un observateur est ainsi soumis de manière intermittente au rayonnement des


parties lumineuses visibles de la flamme et au rayonnement des fumées.

Le terme e-SD est représentatif de la fraction surfacique de la flamme non


recouverte de fumées.

Cette corrélation établie notamment à partir de feux de kérosène, GPL… n’est


adaptée qu’à des feux produisant des suies en quantité significative.
89

Facteur de transmissivité atmosphérique


Le facteur de transmissivité atmosphérique traduit le fait que les radiations
émises sont en partie absorbées par l’air présent entre la surface radiante et
la cible.

Ce facteur de transmissivité vaut (1 – le facteur d’absorption). Quant au


facteur d’absorption, sa valeur dépend des propriétés absorbantes des
particules de l’air en relation au spectre d’émission du feu.

Les principaux constituants de l'atmosphère qui absorbent le rayonnement


thermique sont la vapeur d'eau (H2O) et le dioxyde de carbone (CO2). Le
tableau 3 indique la composition des divers gaz dans l'atmosphère.

La teneur en CO2 dans l'atmosphère est généralement constante à environ


330 ppm en volume. La teneur en vapeur d'eau varie fortement avec la
température et l'humidité.

ppm : partie par million


90

Concentration dans
Gaz
l'atmosphère (%)
Azote (N2) 78.088
Oxygène (O2) 20.949
Argon (Ar) 0.93
Dioxyde de Carbone (CO2) 0.033
Néon (Ne) 1.8  10-3
Hélium (He) 5.24 10-4
Méthane (CH4) 1.4  10-4
Krypton (Kr) 1.14  10-4
Protoxyde d'azote (N2O) 5.0  10-5
Monoxyde de carbone (CO) 2.0  10-5
Xénon (Xe) 8.6  10-6
Hydrogène (H2) 5.0  10-6
Ozone (O3) Variable
Vapeur d’eau (H2O) Varie avec la température et
l’humidité relative

Tab 5 : Composition de l’atmosphère au niveau du sol


91

A une température donnée, l’atténuation est fonction de la distance de la cible


à la flamme et de l’humidité relative de l’air. Elle est due principalement à :

 l’absorption des radiations infrarouges par la vapeur d’eau et le dioxyde de


carbone contenus dans l’atmosphère,

 la diffraction par les poussières et les suies en suspension

Le facteur de transmissivité est donnée par :

: absorption des radiations thermiques par la vapeur d’eau

: absorption des radiations thermique par le dioxyde de carbone

La procédure à suivre pour calculer l'absorption dans la bande de la vapeur


d'eau est la suivante :
1. Déterminer la pression partielle de la vapeur d'eau dans l’atmosphère en
utilisant l’expression suivante :
92

RH : Humidité relative
Ta : température ambiante en K
2. Définir une longueur de trajectoire, d (en m) de la surface de la flamme à
l'observateur. Déterminer le paramètre pression partielle – longueur de
trajectoire :

Ts : température de surface de la source (K)


Ta : température ambiante (K)
3. Pour une température de la source et pwd, déterminer l'émissivité de la
vapeur d'eau, w , en utilisant le diagramme d'émissivité donné par la figure 21-a
4. Calculer le coefficient d'absorption de la vapeur d'eau :
93

Fig. 21-a : Emissivité totale de la vapeur d'eau dans un mélange de pression totale de 1 atm
94

Fig. 21-b : Emissivité totale du dioxyde de carbone dans un mélange de pression totale de 1 atm
95

La procédure pour déterminer l'absorption du dioxyde de carbone est


similaire à celle de la vapeur d’eau. La pression partielle de CO2 reste
relativement constante à environ 310-4 atm. Le coefficient d'absorption est
donnée par :

Résumé du modèle de Mudan

1. Déterminer la hauteur de la flamme (L) et l'angle d'inclinaison (),

2. Calculer le facteur de vue F12 (selon la configuration étudiée : cylindre


droit ou incliné),

3. Déterminer le pouvoir émissif de la flamme E,

4. Calculer le facteur de transmissivité atmosphérique ,

5. Calculer la densité du flux thermique radiatif reçu par une cibe.


96

Exemple 9
Un réservoir de toluène se renverse formant ainsi une nappe sur une surface de 12 m de
diamètre. Cette nappe s'enflamme par la suite. On suppose que la distance du centre du
feu au bord de la cible est de 30 m.
Calculer la densité du flux radiatif surfacique reçu par la cible au niveau du sol en
utilisant les modèles :
a) du point source,
b) de Shokri et Beyler,
c) de Mudan.
On donne les propriétés du toluène : Hc = 40 550 kJ/kg ;
Les propriétés de l’air à 20 °C : a =1.2 kg/m3

Solution :
97
Exemple 10
Calculer le flux radiatif, émis par un feu de nappe de toluène, reçu par une
cible située à une hauteur de 2m du sol et à 12 m du centre du feu (sans
vent) en utilisant les modèles :
a) de Shokri et Beyler,
b) de Mudan

Solution :
98

II.3.2. Modélisation des feux de torche


Les feux de torche ou feux de chalumeau, phénomènes potentiellement
dévastateurs en milieu industriel, sont le résultat de fuites accidentelles de
fluides inflammables ou d'évacuations intentionnelles de sous-produits par
l'intermédiaire de torchères (Fig. 23)
Les fuites accidentelles proviennent généralement de la rupture d'un raccord
ou d'une vanne, ou de la rupture d'une canalisation (Fig.22) .

Fig. 22 : Inflammation d'un gaz sous haute pression Fig. 23 : Brûlage des gaz (torchage)
suite à la rupture d'un pipeline (Texas, 2010) d'une installation pétrolière
99

Les feux de torche sont caractérisés par un pouvoir émissif plus important
que les feux de nappe.

Régime d’écoulement

Le nombre de Reynolds traduit le taux de turbulence présent au sein de


l’écoulement. Plus précisément, ce nombre s’interprète comme le rapport
entre les forces d’inertie et les forces visqueuses.

uj dj
Re 

où uj (m/s) et dj (m) sont respectivement la vitesse et le diamètre du jet, 
est la viscosité cinématique du gaz à l’orifice (m²/s).
Une flamme peut s’établir sous différents régimes d’écoulement. Elle peut
être laminaire, transitoire ou pleinement turbulente. Son régime d’écoulement
dépend de la vitesse du jet à l’orifice et par conséquent du nombre de
Reynolds. La Figure 20 schématise la longueur de flamme et le taux de
turbulence en fonction de la vitesse de sortie du jet pour un même diamètre
d’orifice.
100

Fig. 24 : Longueur de flamme d’un feu torche en fonction de la vitesse du jet


101

En régime laminaire, c’est-à-dire pour de faibles vitesses de jet, la flamme


prend l’aspect d’un fuseau au contour bien défini dont la longueur augmente
avec la vitesse du jet.
A partir d’une certaine vitesse seuil correspondant à la longueur maximale de
flamme, l’extrémité de la flamme commence à vaciller et ce phénomène
progresse dans la flamme au fur et à mesure que la vitesse du jet augmente,
avec une légère diminution de la longueur de flamme. Ce comportement
caractérise le régime transitoire. Cette transition entre régime laminaire et
turbulent intervient pour un nombre de Reynolds supérieur à 2000. Hottel &
Hawthorne donnent des valeurs de ce nombre de Reynolds critique
déterminant la transition entre une flamme dite « laminaire » et une autre dite
« turbulente » pour différents combustibles dans le Tableau 6.

Tab. 6 : Nombre de Reynolds critique en fonction du combustible


H.C. HOTTEL, W.R. HAWTHORNE, diffusion in laminar flame jets, 3rd Symposium on
Combustion, Flame and Explosions, pp. 254-266, 1949.
102

Qualitativement, la diminution de la hauteur de flamme d'une valeur maximale


dans la région de transition à une valeur constante dans le régime pleinement
turbulent est liée à l'augmentation de l'entraînement d'air générée par la
vitesse et la turbulence de l’écoulement qui se traduit par une combustion
plus efficace et donc une augmentation du taux de réaction.

Terme source

Les modèles de feu torche ont pour données d’entrée les caractéristiques du
combustible au point de rejet telles que la vitesse, le débit et la température.
Ces caractéristiques sont directement dépendantes de la pression régnant au
point de fuite, de la température de stockage et de la taille de fuite.
103

Modélisation des effets thermiques d’un feu de torche

Parmi les modèles les plus utilisés pour modéliser les effets des feux de
torche, on cite les modèles semi-empiriques :

 Modèle du point source (PSM),

 Modèle A.P.I. ou modèle du point source simple (SPSM),

 Modèle de Brzustowski et Sommer (BSPSM),

 Modèle de points sources multiples (MPSM),

 Modèles de la flamme solide (modèles de SHELL)


104

II.3.2.1. Modèle du point source (PSM)


Ce modèle consiste à assimiler la flamme en une source ponctuelle centrée
sur son axe, centre géométrique du feu de torche (figure 25) et qui est
supposée rayonner avec une puissance équivalente à celle de la flamme.
La densité de flux thermique radiatif, reçue par une cible située à une
distance R de la flamme et perpendiculaire au rayonnement du point source
est donnée par la formule suivante :

 : Facteur de transmissivité atmosphérique


105

Fig. 25 : Configuration pour le modèle du point source (cas d’un feu de torche)
106

Le taux de la chaleur dégagée est donné par la formule :

où dj, uj et j sont, respectivement, le diamètre, la vitesse et la masse


volumique du jet.
 : rendement de combustion
HC : enthalpie de la combustion complète
La puissance totale rayonnée par la flamme (kW/m²) :
La vitesse du jet et la fraction radiative sont données par :

L'augmentation de de la vitesse du jet, uj, engendre un fort entraînement qui


améliore le mélange et permet d’avoir une combustion plus efficace. Par
conséquence, la fraction radiative de la flamme diminue.
107

La position du point source dans la flamme est donnée par :

où l’angle  est déterminé par :

uv est la vitesse du vent (m/s)

Straitz (1977) a placé le point source à un tiers de la distance de l’orifice à


l'extrémité de la flamme. La position choisie influe clairement sur les distances
de sécurité entre la cible et le feu de torche (Tableau 7)

Straitz, J.F., O'Leary, J.A., Brennan, J.E. and Hardan, C.J., 1977, CEP, Loss Prevention 11, 23-30.
108

La meilleure supposition est celle de la position centrale du point source de la


flamme. Cependant, la meilleure solution est d'utiliser un modèle de points de
sources multiples. Les valeurs de cos  utilisées pour l'obtention des valeurs
du tableau 7 sont données dans le tableau 8. Pour l'orientation "maximale", la
normale à la cible est dirigée vers le point source, cette dernière configuration
est vérifié quelque soit la géométrie de la cible.
Densité du flux Orientation de la cible
Modèle radiatif
(kW/m2) Maximale Verticale Horizontale
12.6 N/A N/A N/A
Point source
situé au 4.7 53 N/A 40
centre 1.6 113 107 75
Point source 12.6 24 N/A 19
situé à un
4.7 61 53 44
tiers
(Straitz) 1.6 116 113 73

Tab. 7 : Distances de séparation (m) pour un feu de torche (propane)


Hauteur de la torche, h =15 m ; diamètre, dj=0.5 m ; Nombre de Mach, Mj=0.2

N/A (non applicable) : la densité du flux radiatif n'a jamais été atteinte
109

Orientation Cos  Domaine d’application


Verticale (perpendiculaire à (x-xc)/R x  xc
l'axe des abscisses) (xc-x)/R x  xc
Verticale (parallèle à l'axe x0
y/R
des abscisses) y0
Horizontale (zc-z)/R z < zc

Tab. 8 : Cosinus de la cible

Fig. 26 : Géométrie de la cible


normale et du point source
(Modèle du point source)
110

Les prévisions du modèle de point source, pour un milieux atmosphérique stable,


sont montrées sur la figure 27. Les valeurs obtenus sont jugées cohérentes,
cependant si le feu de torche a été positionné au sol, la densité du flux radiatif
calculée par le modèle PSM serait trop faible à cause de la position centrale du
point source.

Fig. 27 : Profils de rayonnement d’un feu de torche obtenus par le modèle du point
source central (comparaison entre les cibles horizontales et verticales)
111

Longueur de la flamme
La longueur visible, L, d'un feu de torche peut être calculée par l'équation
suivante :

CT : Concentration volumique du combustible dans l’air à la stœchiométrie,


Tf : Température effective de flamme, (K)
Tj : Température du jet à l’orifice, (K)
T : Nombre de moles de réactifs sur le nombre de moles de produits de
combustion à la stœchiométrie

Cette formule a été validée par Raj (1974) pour beaucoup de carburants. Les
conditions auxquelles cette corrélation s'applique sont ; les vitesses élevées et
les petits diamètres de torche.
Raj, P.P.K. and Kalelkar, A.S. , 1974, "Assessment Models in Support of the Hazard Assessement
Handbook", Report No. CG-D-65-71, Washington, D.C.
112

Quand le débit moyen du jet dépasse un nombre de Mach de 0.2, le


décollement se produit et la flamme brûle à une distance, a, de la sortie, qui
peut être calculée par :

Les vitesses élevées de vidange provoquent l'entraînement d'air qui se


traduit par un pré-mélange de la flamme. Les jets enflammés peuvent avoir
des températures qui s'approchent des valeurs adiabatique et une valeur ne
dépassant pas 2300 K a été suggérée par Craven (1972). L'hypothèse d'une
température stœchiométrique adiabatique peut apparaître insatisfaisante, il
est à noter que la modélisation sur cette base a été utilisée pour prédire
l'entraînement d'air dans les jets enflammés et les feux de nappes.

Craven, A.D., 1972, I.Chem.E. Symposium Series No. 33, 7-11.


113

II.3.2.2. Modèle A.P.I. ou modèle du point source simple (SPSM)


Le SPSM() est utilisé pour calculer la distance de séparation, R, entre le feu
de torche et une cible.

Pour des feux de torche verticales, la longueur de la flamme est donnée par :

()

En présence du vent, l'inclinaison de la flamme est déterminée comme suit :

1) Déterminer uv/uj,
2) Estimer L à partir de l’équation ()
3) Lire y/L et x/L de la figure 28,
4) Déterminer la position du point source par rapport à la base de la torche
La position horizontale (avec vent) : xc = 0.5 x
La position verticale : yc = 0.5 y + h
()“Guide for Pressure-Relieving and Depressuring Systems" 1982, API - Recommended Practice
521 , 2nd Edition, American Petroleum Institute, Washington, D.C.
114

Fig. 28 : Modèle du point source simple (API)


115

La densité de flux thermique radiatif peut alors être prédite; dans le SPSM en
supposant que la cible est perpendiculaire à la droite séparant la cible du point
source.

Le SPSM peut être amélioré en tenant compte l'orientation de la cible et en


calculant les valeurs appropriées de .

Cible horizontale :

Cible verticale :

x  xc
116

II.3.2.3. Modèle de Brzustowski et Sommer (BSPSM)


Ce modèle est basé sur des études des écoulements froids (sans feu) en
particulier la dispersion des jets d'hydrocarbure en présence du vent. Les
limitations de ce modèle sont les suivantes :

– Sous prédit la hauteur de la flamme en aval due à la négligence de la


flottabilité,
– Mauvaises prédictions près de l'orifice où le régime de quantité de
mouvement est prédominant,
– Surestimations de la longueur de la flamme. Cette erreur diminue lorsque
uj/uv ( 110 uniquement) augmente.

Des équations ont été développées pour pour différentes orientations de


la cible.

Cible Horizontale

zc > z
117

Cible verticale (perpendiculaire à l’axes des x)

Cible verticale (parallèle à l’axe des x)

Avec :

Le modèle du point source simple (SPSM) et le modèle de Brzustowski et


Sommer (BSPSM) SPSM et BSPSM ont été utilisés pour le propane, les
comparaisons entre les deux modèles sont données dans le tableau 7. Le 1er
modèle donne des distances de séparation plus conservatrices et la position
du point source est plus proche de la cible, que celles données par BSPSM.
118

Densité du flux Orientation de la cible


Modèle radiatif
(kW/m2) Maximale Verticale
12.6 56 54
SPSM 4.7 92 72
1.6 146 96
12.6 45 43
BSPSM 4.7 81 61
1.6 135 85

Tab. 9 : Comparaison entre les modèles SPSM et BSPSM


Distances de risque (m) entre la ligne centrale de la torche de propane et la cible
Vitesse du vent uv = 10 m/S, Hauteur de la torche, h =15 m ; diamètre, dj=0.5 m ;
Nombre de Mach, M=0.2

Localisation du point source de point dans les coordonnées cartésiennes :


Modèle SPSM (28 , 25); Modèle BSPSM (17 , 25)
119

II.3.2.4. Modèle de points sources multiples (MPSM)


Le modèle MPSM surmontent certaines insuffisances du modèle SPSM et
inclut :
 Prédiction du rayonnement nul quand une cible verticale est située
directement sous le point source,
 Lorsque le feu de torche est situé au niveau du sol, une distance
significative existe entre une cible située au niveau du sol et le point source,
 Le choix arbitraire de la position du point source.
Le modèle MPSM tient compte de la géométrie de la flamme; ceci a un effet
bénéfique sur les aspects des différents modèles, Il existe trois types du
modèle MPSM : linéaire, curviligne, curviligne modifié

a) Modèle MPSM linéaire


Dans le système d’un feu de torche représenté sur la figure 29, la densité du
flux radiatif, , à une position (x, y, z) est donné par :
120

Où :

Fig. 29 : Modèle de points sources Fig. 30 : Modèle MPSM linéaire en


multiples (MPSM) linéaire présence du vent
121

Les équations suivantes ont été développées pour la géométrie représentée


sur la figure 29.
Cible horizontale

Cible verticale

Où : V = x (cible perpendiculaire à l’axe des x)


= y (cible parallèle à l’axe des x)
et
122

La densité du flux radiatif, , reçue par une cible représentée sur la figure
30 peut être prédite par l'équation suivante :

Avec :

et

Cible Horizontale
123

Avec :

Cible verticale (perpendiculaire à l’axe des x et en dehors de la flamme, x xL)

Avec : et
124

L'élément de la cible vertical est un plan de 1 m2 avec une épaisseur


infinitésimale. Lorsque la position de ce plan est située à une distance inférieure
à la longueur de la flamme sous l’effet du vent, chaque côté du plan reçoit une
proportion de la flamme (Figure 31). Ceci s’explique par la proportion du
rayonnement reçu par les deux côtés de la cible.

Par analogie à une personne en face de la direction des abscisses, x, recevant


un rayonnement à travers le face et le dos du corps.

Dans ce cas, la densité du flux radiatif, , reçue par une cible verticale est
donné par :

()

Avec : et
125

et ;

Fig. 31 : Position de la cible verticale située à une distance inférieure à la


longueur de la flamme xL
126
L'équation () donne une valeur qui n'est pas directement utilisable dans
l'analyse du risque. Cependant, chaque terme peut être utilisé séparément pour
donner une évaluation complète des dégâts thermiques.

L'équation suivante a été développée pour le modèle MPSM relatif à une cible
verticale (parallèle à l'axe des abscisses, x).

b) Modèle MPSM curviligne (CMPSM) et MPSM curviligne modifié (MCMPSM)


Fumarola et al. ont examiné le comportement des feux de torche du méthane et
du GPL, dans une soufflerie (torche: 10 cm de haut, diamètre de 1 à 4 mm;
uj/uv: 4 à 76) en développant le modèle CMPSM.

Plus tard, De Faveri et al. ont suggéré le MCMPSM comme étant une
enveloppe de flamme solide, dont les sections plus épaisses sont plus
radiatives que les sections plus minces.

Les deux modèles améliorent la similitude physique aux feux de torche réels
mais l'utilisation de ces modèles augmente la complexité de l'approche.
127

II.3.2.5. Modèles de SHELL


Les modèles de SHELL ont été développés au centre de recherche de Shell à
Thornton (UK). Ces modèles dits « semi-empiriques » ont été validés par des
essais effectués par la Société Shell sur des gaz de pétrole liquéfiés (GPL) et
sur du gaz naturel. On peut citer :
 Modèle de Chamberlain
Le modèle de Chamberlain a été à l'origine développé pour modéliser des feux
de torche verticaux/inclinés (angle d’inclinaison  45° de la verticale) résultants
de rejets gazeux.
 Modèle de Cook
 Modèle de Johanson

Ces modèles sont combinés au modèle de la flamme solide pour la


détermination des flux radiatifs.
128

Ces modèles tiennent compte :


– de la pression et de la température de stockage du gaz,
– de la nature du gaz,
– de la température extérieure,
– du degré d'humidité,
– de l'élévation du rejet,
– de la vitesse du vent,
– de la direction du rejet et du vent,
– de l'angle entre l’axe du jet et le vent.

A travers des équations basées sur la physique et des corrélations


expérimentales, les modèles permettent de définir une géométrie de flamme
assimilée à un tronc de cône décollé du point de fuite.

L’enveloppe de la flamme est assimilée à un tronc de cône défini par sa


longueur RL, la largeur de ses deux bases W1 et W2, et son angle
d’inclinaison α par rapport à l’axe de l’orifice (Figure 32).

La Figure 33 représente le schéma général du jet enflammé et les différents


paramètres calculés dans les modèles de Shell.
129

Fig. 32 : Représentation schématique d’un feu de torche


(Modèle de Shell)
130

A) Calcul des caractéristiques géométriques de la flamme


a) Longueur de la flamme
La longueur, L, de la flamme peut être calculée à partir de l'expression
empirique (Kalghatgi 1983, 1984) suivante :

La longueur de la flamme dans l’air au repos s’écrit comme une fonction de la


variable adimensionnelle Y et du diamètre effectif Ds telle que :

Les deux expressions précédentes donnent de très bons résultats dans le cas
des feux d'hydrocarbures.
La variable Y est obtenue itérativement à partir de l’équation suivante :
131

où :

Ds : diamètre efficace (m),


uj : vitesse du jet à l’orifice (m/s),
Wg : Masse molaire du combustible, (kg/mol)
Qjv : angle entre l'axe de l’orifice et le plan horizontal dans la direction du vent (°)

b) Angle, , entre l'axe de l’orifice et l'axe de la flamme


Peut être calculé (Kalghatgi 1983, 1984) en fonction du rapport de la vitesse du
vent à la vitesse du jet :

Pour de faibles valeurs du rapport Rv (Rv  0,05), le jet est dominé par la quantité
de mouvement. Dans ce cas, l’angle  est donné par :
132

Pour de grandes valeurs du rapport Rv , l'angle, , est très influencé par la


vitesse du vent. Dans ce cas :

où Ri est le nombre de Richardson, donné par la relation :

Le nombre de Richardson, Ri, correspond à l’inverse de la racine cubique du


nombre de Froude et permet d’estimer l’importance de la convection naturelle
(flottabilité) par rapport à la convection forcée. Il est souvent utilisé dans la
combustion.
133

c) Distance de décollement
La distance de décollement, a, du tronc conique peut être calculée à partir de
la relation géométrique suivante :

Elle peut être écrite comme suit :

où : K = ()/

Dans ce cas, le paramètre Κ est empiriquement relié (Chamberlain 1987),


avec le rapport de vitesse, Rv comme suit :

Quand α = 0º ou 180º, le décollement est réduit à ΚL, qui égale à 0,2 L dans
le cas sans vent (α = 0º) ou 0,015 L pour des feux avec la présence de vent
fort (α = 180º).
134

d) Longueur du tronc de cône


La longueur du tronc de cône peut être calculé à partir de la relation
géométrique suivante :

e) Diamètre des bases du tronc de cône


Les diamètres des bases du tronc de cône, W1, peuvent être calculés à partir
des expression empiriques (Chamberlain 1987) suivantes :
135

Où :

et :

On peut constater que lorsque le rapport de vitesse, Rv, tend à zéro :


 La valeur du diamètre de la base du tronc de cône, W1 approche la valeur
du diamètre équivalent, Ds.

 W2 = 0,26 L (résultat qui est vérifié par des observations expérimentales).

e) Surface de l’enveloppe de la flamme


Cette enveloppe comprend la surface latérale du cône tronqué ainsi que les
disques des deux extrémités de la flamme telle que :
136

Exemple 11
Calculer la vitesse de sortie du jet et les dimensions géométriques d'un feu de
torche résultat d'un rejet de débit massique de 30 kg/s suite à la rupture d'une
canalisation de gaz naturel à haute pression.
Les données sont les suivants :
La pression initiale à l’intérieur du pipeline : Ps =10 Mpa
La vitesse du vent : uv = 5 m/s
Chaleur spécifique à pression constante : Cp = 1.52 kJ/kg K
Température ambiante : Ta = 288 K
La pression ambiante : Pa = 0.1 MPa
Masse molaire du gaz naturel : Wg = 0.0186 kg/mol
Masse molaire de l’air : Wair = 0.029 kg/mol
Angle entre l'axe de l’orifice et l’axe du vent : Qjv = 85 °

Solution :
137

B) Calcul des effets thermiques


a) Pouvoir émissif maximal de la flamme
Le pouvoir émissif maximal de la flamme, SEPmax (Surface Emitting Power),
correspond à la quantité de chaleur rayonnée par unité de surface de flamme
si aucune suie n'est présente. Il s’exprime alors en fonction de l’enthalpie de la
combustion complète Hc, du taux de combustion, de (kg/s) et de la
surface de l’enveloppe de la flamme, A :

Le pouvoir émissif surfacique est une donnée primordiale nécessaire au calcul


des distances d’effets thermiques radiatifs par la méthode dite «de la flamme
solide».
Pour des grands feux, la fraction radiative r est donnée par une loi empirique
prenant uniquement en compte la vitesse du jet au point de fuite uj
(Chamberlain 1987) :

Pour des petits feux, cette expression surestime la fraction radiative.


138

b) Pouvoir émissif réel de la flamme


Le pouvoir émissif maximal de la flamme, SEPmax (calculé précédemment),
se rapporte à la quantité de la chaleur rayonnée par unité de surface de la
flamme dans le cas où il n'y a pas de présence de suie.
Les suies engendrent une diminution de la chaleur rayonnée.
Le pouvoir émissif réel SEPréel (kW/m2), en tenant compte la présence de la
suie est calculé comme suit :

Où :
SEPsuie : pouvoir émissif des suies (kW/m2),
s : fraction de la surface couverte par les suies (sans unité),
En général, pour des produits pétroliers, le paramètre s est pris égal à 80%,
et le SEPsuie = 20 kW/m2 (Hagglund et personne 1976).

Particulièrement dans le cas des jets enflammés, la fraction de la surface


couverte par la suie est considérée très petite et ainsi s=0. Dans ce cas :
SEPréel = SEPmax
139

c) Facteur de vue
Le facteur de vue correspond à l’angle solide sous lequel la cible voit la
flamme. Dans le cas des feux de torches, la flamme est généralement
considérée comme un cylindre incliné avec un diamètre égal à la moyenne
des diamètres des disques des deux extrémités du tronc de cône. Les
équations décrites en feu de nappe dans le cas avec vent (modèle de Mudan)
peuvent être utilisées avec les changements suivants (on doit utiliser d' au
lieu de d et ' au lieu de ) :
140

Fig. 33 : Tronc de cône assimilé à un cylindre incliné

d) Densité du flux radiatif


la densité du flux radiatif, , est donnée par :
141

Pour le calcul du facteur de transmissivité atmosphérique, l'expression


empirique suivante (Bagster et Pittblado 1989) peut être utilisée :

Pw : pression partielle de la vapeur d'eau dans l’air (Pa),


d : distance entre le récepteur et le centre du feu de rayon R (m),
c4 : constante égale à 2.02 Pa0.09m0.09

La pression partielle de la vapeur d'eau dans l’air peut être calculée à partir
de la pression de vapeur de saturation, , dans l'air et l'humidité relative,
RH :
142

Exemple 12
Pour le feu de torche résultant d’une fuite à travers un orifice d’une
canalisation de gaz naturel à haute pression de l'exemple 11, calculer la
densité du flux radiatif à une distance, au sol, de 50 m du centre du jet.
Les données sont les suivants :
Enthalpie de la combustion complète : Hc = 38 MJ/kg
Pression de vapeur d'eau de saturation : Pw  2 320 Pa
Humidité relative : RH = 0.7

Solution :
143

II.3.3. Modèles à zones


Les modèles à zones sont des modèles destinés à prédire l'environnement à
l'intérieur d'un bâtiment dans lequel se sont développés un ou plusieurs feux.
Ils sont basés sur une simplification tirée d’observations expérimentales qui
est le découpage en 2 zones à peu près homogènes (en température, en
espèces chimiques, en densité optique, etc.) du volume d'une pièce lors du
développement d’un feu dans un espace clos (figure 34).

Fig. 34 : Volumes de contrôle


d’un modèle à deux zones
144

Le modèle à zones est basé sur la résolution d’équations différentielles


ordinaires à conditions initiales avec comme termes sources : des débits
massiques (transferts de masse en kg/s) et des enthalpies (transferts de
chaleur en W).

Ces équations sont déduites des équations de base de conservation de la


masse, de l’énergie, de la quantité de mouvement et de la loi des gaz parfaits.

Ces équations sont appliquées aux systèmes formés par les zones (zones
chaudes et froides).

Lors d’un calcul, au temps t=0, la couche basse prend tout le volume d’un
compartiment puis par les transferts de masse et de chaleur, la couche haute
augmente en volume alors que le volume de la couche basse diminue.

Chaque couche est supposée complètement homogène ce qui constitue une


des limites du modèle car il n'est pas possible de calculer par exemple des
gradients de température dans une zone.

Parmi les logiciels qui utilisent le modèle à zones, on cite le logiciel CFAST
(Consolidated Fire Growth and Smoke Transport Model).

La première version 1.0 du logiciel CFAST est rendue public en juin 1990.
145

Equations du modèle
Un compartiment est divisé en 2 zones. A chaque zone est attribuée une masse,
une énergie interne, une densité, une température respectivement définies par mi,
Ei, ρi, Ti et le volume Vi où i=B pour la couche basse et i= H pour la couche
supérieure. Le compartiment est soumis à une pression P.
Pour une zone i, ces 11 variables sont calculées à partir des équations suivantes :
Type d’équation Equation différentielle

dmi
Masse pour la couche i  m i
dt
dP   1  
Pression  hB  hH
dt V
dEi 1  dP
Energie pour la couche i  hi  V
dt  dt

Volume pour la couche i


dVi

1
  1hi  Vi dP
dt P dt
146

Type d’équation Equation différentielle

di 1  Vi dP
Densité pour la couche i  hi  c p m i Ti 
dt c p Ti Vi   1 dt
Température pour la dTi 1  dP
 hi  c p m i Ti  Vi
couche i dt c p i Vi dt

Dans CFAST, tous les compartiments ont deux zones distinctes à l’exception
du compartiment où se développe le feu qui a une zone additionnelle pour le
panache.

Paramètres d'entrée
Pour un calcul de base, relativement peu de paramètres d'entrée sont
nécessaires ou utiles.
En fait, il existe 2 types de calculs liés à la connaissance plus ou moins bonne
de la réaction de combustion générant l'incendie :
147

 un calcul pour un feu contraint par la quantité d'oxygène disponible.


 un calcul pour un feu non contraint supposant la réaction de combustion
totale.
Pour pouvoir considérer un feu contraint, il est nécessaire de disposer de
données sur l'évolution des propriétés chimiques du combustible et des
produits de la combustion, ce qui est rarement le cas en pratique. Ce cas est
cependant intéressant car il est possible de calculer des concentrations
d'espèces telles que l'oxygène ou le monoxyde de carbone dans chaque zone
d'un compartiment.

a) Le feu non contraint


La définition du feu est basée sur les données de base suivantes :

Q : Puissance thermique dégagée en fonction du temps (kW),

m : Taux de combustion (kg/s),

H C : Enthalpie de combustion ((kJ/kg).

Ces trois paramètres sont reliés par la formule : Q  m


 H C
148

Ainsi la définition de 2 paramètres sur les 3 définit complètement la source.

La fraction de radiation r est également une donnée de base puisque


l'énergie dégagée Q se décompose principalement en 2 parties : une
puissance rayonnée définie par la formule Q r   r Q et une puissance
C
convectée donnée par Q  1   r  Q .
En général, r est compris entre 0,15 et 0,5.

b) Le feu contraint

Pour un tel calcul, il est nécessaire de définir la limite inférieure


H O
d'inflammabilité, les propriétés du combustible  ,  ainsi que les
C C
concentrations des produits de combustion  HCl HCN CO Suie 
 , , , 
 Fuel Fuel CO2 CO2 
au cours du tems.
149

Généralement, il est difficile voire impossible de pouvoir fournir ce genre de


données.

Fig. 35 : Interface graphique du logiciel CFAST


150

II.3.4. Modélisation des effets thermiques radiatifs à l’aide des


modèles à champ (Field Models)
Les modèles CFD s’appuient sur une résolution des équations de Navier-
Stokes par des techniques numériques. Les solutions de ces équations sont
générées grâce à une discrétisation spatiale (généralement en volume
élémentaire) et temporelle (par pas de temps), et en ayant recours à des
modèles complémentaires simplifiés.
Ils existent plusieurs logiciels qui utilisent des modèles à champ. On peut citer :
Gratuits
FDS (Fire Dynamics Simulator) : développé par National Institute of Standards
and Technology “NIST” (USA) - https://pages.nist.gov/fds-smv/
 ISIS : développé par l'Institut de Radioprotection et de Sûreté
Nucléaire “RSN” (France) - https://gforge.irsn.fr/gf/project/isis/
 FireFOAM est une version du logiciel OpenFOAM :
https://github.com/fireFoam-dev
Payants
ANSYS Fluent (une version éducative est gratuite) : http://www.ansys.com/

FLACS (FLame ACceleration Simulator) : http://www.gexcon.com/flacs-software


151

Equations de transport
Pour un écoulement tridimensionnel d'un fluide incompressible et newtonien,
les équations mathématiques qui gouvernent le comportement de
l’écoulement sont les équations de Navier – Stokes, de l’énergie, des
espèces chimiques et de la continuité :

Equation de conservation de la masse :


t
 
 div  u  0

Conservation de la quantité de mouvement :


t
   
 u  div  u  u   p  div    g
où:  est le tenseur des contraintes visqueuses, dont les composantes sont
données par :
 ui u j 2 uk 
 ij       ij 

 x j xi 3 xk 
 est la viscosité dynamique
152

1 si i  j
𝑖𝑗 est le symbole de Kronecker :  ij  
0 si i  0
Equation des espèces chimiques :


t
  
 Ye   div  u Ye  div  De Ye  m e''' 
où : m e''' est le débit massique par unité de volume de l’espèce e ;
De est le coefficient de diffusion de l’élément e ;
Ye est la fraction massique de l’espèce e
Equation de conservation de l'énergie :


t
 
 h  div  u h   q '''  div q"
dp
dt
Où h est l’enthalpie sensible

q ''' est la chaleur dégagée de la combustion par unité de volume


153

q" représente les flux de chaleur conductifs et radiatifs :


q"  k T   e
h   D e Ye  
q "
r
espèces e

q r" est le flux radiatif. k est la conductivité thermique. T est la température. he


est l’enthalpie massique de l’espèce e :
T
he   C p , e dT  h0f , e
T0

Cp,e est la capacité calorifique de l’espèce e.


h 0f ,e
est l’enthalpie de formation de l’espèce e à pression constante et à
température de référence T0.

 he Ye  
On a alors : T
h T0  0
C p,m dT h f , e Ye
espèces e  espèces e
Enthalpiesensible

Cp,m est la capacité calorifique du mélange : C p ,m  e C p ,e Ye


154

Dans l'équation de conservation de l'énergie :


dp p
  u  p
dt t
représente la dérivée particulaire de la pression p.
La pression p se décompose en 3 termes par la relation :

p  p0   g z  ~
p
~
avec p fluctuation de pression et p0  p0 (t ) ,   est une masse volumique
de référence.

Equation d’état pour un gaz parfait :

Pour des faibles nombres de Mach, on a de plus l'équation d'état des gaz

 RT
parfaits :
p0 (t ) 
M
où: R est la constante universelle des gaz parfaits : R = 8,314 J.mol-1.K-1
155

M est la masse molaire du mélange :

1 Ye
M
1
 xe M e ou  
N espèces e M espèces e M e

Quelques notions sur la turbulence


Le régime de propagation des fumées est, généralement, turbulent.

Figure 36 : Explosion d'un nuage de vapeur (UVCE) causant l’incendie simultanée de 17


réservoirs de stockage d'hydrocarbure au terminal pétrolier de San Juan, Puerto Rico –
Caraïbes (23 octobre 2009)
156

Il est important de rappeler ici quelques notions de la turbulence ainsi que sa


modélisation.
Les principaux caractéristiques de la turbulence
Phénomènes instationnaires et non linéaires : Les écoulements turbulents
sont fortement instationnaires avec des variations très irrégulières ;
Phénomènes dissipatifs : C'est la viscosité du fluide qui est à l'origine de la
dissipation de l'énergie cinétique produite aux grandes échelles ;
Phénomènes tridimensionnels et rotationnels : Même si l'écoulement moyen
est bidimensionnel, les fluctuations induites par la turbulence sont
nécessairement tridimensionnelles et le champ de vitesse est rotationnel ;
Phénomènes diffusifs : les écoulements turbulents ont la propriété de
favoriser le mélange par diffusion de la quantité de mouvement, de chaleur
et de masse. Cette propriété est particulièrement intéressante pour de
nombreux process industriels ( combustion, génie chimique, dispersion
atmosphérique .....) ;
Grand nombres de Reynlods : La turbulence a toujours lieu à des grands
nombres de Reynolds.
157

Modélisation de la turbulence
Ils existent trois techniques principales pour la simulation de la turbulence :

 Simulation numérique directe “DNS” (Direct Numerical Simulation),


 Simulation à grandes échelles “LES” (Large Eddy Simulation),
 Modélisation statistique en un point “RANS” (Reynolds-Averaged Navier-
Stokes).

La DNS est basée sur la résolution des équations tridimensionnelles


instationnaires de Navier – Stokes pour toute la gamme du mouvement turbulent
des plus grandes échelles jusqu’aux échelles dissipatives.

La DNS ne nécessite aucune modélisation, cette approche donne simultanément


toutes les échelles spatiales et temporelles du mouvement turbulent.

Ces méthodes sont très fiables, mais exigent plus d’espace mémoire et de temps
de calcul que les méthodes de simulation des grandes échelles. Cette technique
nécessite alors des moyens de calcul très sophistiqués et coûteux.
158

La simulation à grandes échelles (LES) est une technique très prometteuse pour
la prédiction et l'analyse des écoulements turbulents instationnaires. L’idée de la
simulation des grandes échelles LES est d’obtenir, par résolution directe des
équations de Navier – Stokes, les caractéristiques des grandes échelles de la
turbulence, alors que les petites échelles seront prises en compte au moyen
d'un modèle statistique appelé modèle sous – maille.

Fig. 37 : Technique de la simulation à grandes échelles LES


159

Modélisation statistique en un point (RANS) repose sur un traitement


statistique des équations de Navier – Stokes, moyennant la décomposition
de Reynolds, qui consiste à représenter chaque variable aléatoire en une
partie moyenne et une fluctuation.

Fig. 38 : Composante longitudinale de la vitesse instantanée

Chaque grandeur peut être décomposée en valeur moyenne et une


fluctuation, comme suit :

u = U + u’ ; v = V + v’ ; w = W + w’ ,  = Q + ’
160

Les valeurs moyennes sont calculées à partir des équations de Navier –


Stokes moyennées RANS. Les tensions de Reynolds apparaissent dans les
équations de Reynolds moyennées comme des inconnues supplémentaires.
Le problème central de l’analyse statistique des écoulements turbulents
consiste en la modélisation de ces tensions. En effet, pour résoudre les
équations présentant l’écoulement moyen, il faut établir un modèle
permettant le calcul des tensions turbulentes à partir des variables de cet
écoulement moyen. Ce problème est désigné généralement sous le nom
« problème de fermeture ».
161

Fig. 39 : Différentes approches pour la modélisation de la turbulence


162

Références bibliographiques

1) Assael Marc J., Kakosimos Konstantinos E. (2010), Fires, explosions, and toxic gas
dispersions Effects Calculation and Risk Analysis, CRC Press.
2) Borghi B., Destriau M. (1995), Combustion et les flamme, editions Technip
3) Drysdale D. (2011), An introduction to fire dynamics, 3rd edition, John Wiley & Sons.
4) Crowl D. A. (2003), Understanding explosions, Center for Chemical Process Safety.
5) Ingason H., Li Y. Z., Lönnermark A. (2015), Tunnel Fire Dynamics, Springer.
6) Karlsson B., Quintiere J. G. (2000), Enclosure fire dynamics, CRC Press.
7) Lee J. H. W. , Chu V. H. (2003) , Turbulent jets and plumes - A Lagrangian approach,
Kluwer Academic Publishers.
8) Morgan J. Hurley (2016), SFPE Handbook of Fire Protection Engineering, 5th Edition,
Springer.
9) Quintiere J. G. (2006), Fundamentals of Fire Phenomena, John Wiley & Sons.
10) Quintiere J. G. (1998), Principles of fire behavior, Delmar Cengage Learning.
11) Sernenov N. N. (1942), Thermal theory and combustion, and explosion-III : Theory of
normal flame propagation, NASA TM No.1026.

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