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RÉPUBLIQUE DU BÉNIN
CBJ1183
SOMMAIRE
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Liste des sigles et acronymes
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I - LE SECTEUR ET LES ENJEUX
Environnement institutionnel
Le secteur de l’électricité au Bénin est régi par l’accord international portant code bénino-
togolais de l’électricité (CBTE) signé entre le Bénin et le Togo en 1968, revu en 2004, créant un
territoire électrique unique aux deux pays, et la loi de 2007 portant code de l’électricité au Bénin.
Ce code confère à la Communauté électrique du Bénin (CEB) le monopole de la production, du
transport et des importations/exportations de l’énergie électrique sur l’ensemble du territoire des
deux États. La fonction de distribution de cette énergie est confiée aux deux sociétés de
distribution nationales : la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE) et la Compagnie
d’énergie électrique du Togo (CEET). Ces deux sociétés possèdent toutefois depuis plusieurs
années quelques unités de production visant à pallier le manque d’approvisionnement de la CEB.
Cette situation de fait a été régularisée par une décision du Haut Conseil interétatique de la CEB
de décembre 2013, autorisant chaque État à couvrir le déficit d’approvisionnement de la CEB par
ses propres moyens de production.
Au Bénin, le secteur de l’électricité est placé sous la responsabilité du ministère de l’Énergie, des
Recherches pétrolières et minières, de l’Eau et du Développement des énergies renouvelables
(MERPMEDER). L’Agence béninoise d’électrification rurale et de maîtrise de l’énergie
(ABERME) a par ailleurs été créée en 2004 avec pour mission de soutenir la mise en œuvre de la
politique de l’État dans les domaines de la maîtrise de l’énergie et de l’électrification rurale.
L’Autorité nationale de régulation (ANR) créée par décret en mai 2009 n’est quant à elle pas
encore opérationnelle.
Caractéristiques du secteur
Le Bénin accuse un retard aigu en termes d’accès à l’électricité, en particulier en milieu rural.
En 2013, le taux d’électrification était de 29,2 % au niveau national1, dont 56,4 % en milieu
urbain et seulement 5,5 % en milieu rural, alors même qu’environ 80 % des localités non
électrifiées au Bénin sont à moins de 10 km du réseau, ce qui rend le coût marginal de nouvelles
connexions plus faible.
Le Gouvernement du Bénin a défini en 2003 la politique énergétique du pays avec quatre grands
objectifs :
accroître les capacités de production, les moyens de transport et de distribution ;
promouvoir l’électrification rurale et la maîtrise de l’énergie ;
mettre en place une politique adéquate de tarification et de financement du secteur ;
développer les capacités institutionnelles et réglementaires.
L’État a de nombreuses fois tenté de réformer le secteur (notamment en 2001 dans une volonté
de mise en concession de la SBEE ; en 2007 pour la scission de la SBEE en une société publique
de patrimoine et une société mixte de gestion ; via l’adoption du concept de concessions
d’électrification rurale sur la base d’appels d’offres) avec pour finalité de garantir l’équilibre
financier du secteur, d’attirer les investissements privés et de minimiser les coûts de fourniture
de l’électricité. Ces réformes n’ont néanmoins pas pu aboutir, notamment en raison de la
situation dégradée du secteur. Un plan de redressement technique, financier, commercial et
organisationnel de la SBEE a toutefois été mis en œuvre depuis quelques années, sur décision du
gouvernement, qui conduit à des résultats globalement satisfaisants aujourd’hui, la situation
financière de la société s’étant nettement améliorée depuis 2010.
Le développement de l’électrification rurale figure parmi les priorités du gouvernement qui s’est
fixé pour objectif un taux d’électrification des ménages de 33 % en 2015.
Le déficit en énergie électrique (50 MW en 2013) représente l’une des plus fortes contraintes à la
croissance économique et au développement du Bénin.
II - LE PROJET
Le diagnostic réalisé par la SBEE sur les déséquilibres de son réseau électrique national a mis en
évidence un besoin d’investissement important sur les réseaux de Cotonou, d’Abomey-Calavi et
ses environs au vu des surcharges et des chutes de tension anormalement hautes1 dans la zone,
des nombreuses coupures et délestages constituant par ailleurs des freins au développement
économique.
2.1 - Objectifs
1. Ces études ont fait apparaître des surcharges et des chutes de tension jusqu’à quatre fois supérieures aux limites
usuellement admissibles.
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la réhabilitation et l’extension des réseaux de distribution des centres urbains et périurbains
de la commune d’Abomey-Calavi et du département de l’Atlantique, prévoyant notamment :
la création de deux postes sources (63 KV/15 KV/20 KV) à Cococodji et Calavi ;
leur raccordement par deux lignes 63 KV souterraines (35 km) entre Vedoko et
Cococodji, et Vedoko et Calavi, avec une liaison de bouclage souterraine 63 KV entre les
postes de Cococodji et de Calavi ;
l’extension de lignes moyenne tension (15 KV) pour une longueur globale d’environ
40 km ;
la création de 71 postes de transformation moyenne tension/basse tension dans la zone
d’Abomey-Calavi ;
la densification du réseau basse tension (environ 650 km) afin de permettre
l’électrification complète de la zone de couverture et de diminuer les réseaux informels1.
un programme de raccordement dans la ville d’Abomey-Calavi et les zones périurbaines
proches avec un objectif de branchements de 33 000 nouveaux ménages en milieu urbain,
soit 264 000 personnes2, et 12 000 branchements supplémentaires en régularisation de
branchements illicites sur les réseaux en « toile d’araignée », ce qui porterait le taux
d’électrification en milieu urbain dans le département de l’Atlantique de 59,6 % en 2013 à
79 % en 2016.
1. Un grand nombre d’habitants étant alimentés par des réseaux basse tension informels (en « toiles d’araignée »).
2. Objectif basé sur une hypothèse d’électrification de 70 % en zone urbaine dense, 50 % en zone urbaine et 20 % en
zone périurbaine, sur la base de huit personnes par ménage.
3. Programme d’électrification de 105 localités sur tout le territoire du Bénin, financé notamment par l’Union
européenne (UE), la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) et l’AFD.
4. Selon des indicateurs de potentiel de développement des villages, tels que la santé, l’éducation et l’économie
locale. Cette approche permet de dimensionner les investissements en fonction de l’impact de l’électrification
(personnes bénéficiant indirectement des avantages de l’électrification au travers d’infrastructures communautaires
tels que centres de santé, écoles, services de pompages d’eau… dans le village central électrifié et les villages et
habitations périphériques) plutôt qu’en fonction de son résultat quantitatif (nombre d’abonnés uniquement).
5. Avec une hypothèse de taux d’électrification de 50 % des nouveaux villages et huit personnes par ménage.
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Les bénéfices attendus du projet sont, pour la SBEE :
la réduction des pertes techniques et commerciales grâce à la réhabilitation des réseaux,
l’installation de compteurs individuels à prépaiement pour l’ensemble des branchements
urbains et ruraux et une meilleure qualité de service ;
l’augmentation des ventes par la réduction de l’énergie mal distribuée pour cause de chutes
de tension, et la desserte de nouveaux clients par un réseau désormais non saturé.
Les travaux seront exécutés en plusieurs lots par des entreprises recrutées sur appel d’offres
international ou national selon les cas (« clé en main » pour les postes 63 KV/15 KV et les lignes
63 KV, fourniture et pose pour les lignes moyenne tension/basse tension, fourniture pour les
compteurs).
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La réhabilitation du réseau va permettre d’améliorer la qualité de l’électricité produite dans la
zone d’Abomey-Calavi, la banlieue ouest de Cotonou, principal centre de consommation du
Bénin (réduction du nombre de délestages et/ou de la durée des coupures électriques, des
variations de tension excessives), et ainsi favoriser le développement économique de cette zone,
de nombreuses entreprises ne s’y installant pas actuellement faute d’accès à l’énergie.
Le suivi avant mise en œuvre concernera en particulier la finalisation des études détaillées
(APD), le suivi financier, le suivi du plan de gestion environnementale et sociale (PGES)
rattaché à l’étude d’impact. En phase de réalisation, il sera demandé la transmission d’un rapport
semestriel d’avancement du projet. Une attention particulière sera portée à la définition de la
mission du maître d’œuvre, notamment dans son volet supervision de l’IMS, et à son
recrutement pour garantir la qualité de la supervision et réduire le risque fiduciaire. Une
prestation d’évaluation (à mi-parcours et ex post) pourra par ailleurs être confiée à un prestataire
après appel d’offres international. Cette prestation portera sur la qualité des réalisations et les
impacts sociaux, économiques et environnementaux du projet.
- Enseignements retirés des activités principales de l’AFD et des autres acteurs de l’aide
française dans le secteur :
Le projet s’inscrit par ailleurs dans les deux axes suivants du cadre d’intervention sectoriel
énergie :
sécuriser et renforcer les systèmes énergétiques ;
réduire la fracture énergétique et développer l’accès en zones rurales et suburbaines.
Au-delà de la stratégie de l’AFD, le projet s’inscrit dans les objectifs de l’initiative SE4All de
l’Union européenne.
IV - FINANCEMENT DU PROJET
Le coût global du projet comprenant les travaux, le coût des branchements, la maîtrise d’œuvre
et le renforcement des capacités de la maîtrise d’ouvrage est estimé à environ 65,4 M€.
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Raccordements en milieu rural (9 800 ménages, environ 80 localités) 2,2
Maîtrise d’œuvre y compris intermédiation sociale 5,2
AMO (assistance à maîtrise d’ouvrage), formations, audit, suivi-évaluation du
1,6
projet
TOTAL projet 65,4
L’AFD et la BEI ont étudié le financement de ce projet et le mettront en œuvre dans le cadre de
l’initiative MRI (Mutual Reliance Initiative), l’AFD étant désignée comme lead financier.
L’AFD a par ailleurs déjà obtenu une subvention de 20 M€ auprès de l’ITF de l’UE, au titre du
programme SE4All (Sustainable Energy For All).
Le secteur de l’électricité est un secteur d’application pertinent pour l’octroi de prêts souverains
par sa forte contribution au développement économique et social. Le prêt sera d’une durée de
20 ans avec une période de différé de cinq ans. Il présentera un taux de sortie de 1,12 %
permettant de respecter le minimum de concessionnalité du FMI, et mobilisera 3,47 M€ de coût
État, soit un effet de levier de 5,76. Ce prêt sera rétrocédé à la SBEE aux mêmes conditions
(c’est-à-dire sans commission ni marge d’intérêt supplémentaire).
Compte tenu d’un volet d’électrification rurale significatif dans le périmètre du projet,
l’obtention d’une subvention était nécessaire pour assurer la rentabilité économique globale du
projet pour la SBEE (TRI – taux de rentabilité interne – économique de 19 % sur 20 ans), et lui
permettre ainsi de s’endetter sur le volet urbain du projet.
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