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UNIVERSITE MOHAMMED V DE RABAT ANNEE UNIVERSITAIRE 2020–2021

ECOLE SUPERIEURE DE TECHNOLOGIE – SALE FILIÈRE: GIM2

Analyse vibratoire des machines tournantes


CHAPITRE I : Vibrations et grandeurs associées

I. Généralités
L’analyse vibratoire est un des moyens utilisés pour suivre la santé des machines tournantes en
fonctionnement. Cela s’inscrit dans le cadre d’une politique de maintenance prévisionnelle de l’outil
de production industrielle.
Les objectifs de l’analyse vibratoire sont de :
 réduire le nombre d’arrêts sur casse ;
 fiabiliser l’outil de production ;
 augmenter son taux de disponibilité ;
 mieux gérer le stock de pièces détachées, etc.

II. Notions fondamentales


II.1. Définition théorique
La maintenance conditionnelle exécutée suite à une prévision obtenue grâce à une analyse répétée
ou à des caractéristiques connues et à une évaluation des paramètres significatifs de la dégradation
du bien. « NF EN 13306 : octobre 2010 ».

La norme ISO 2041 « Vibrations et chocs - Vocabulaire (Août 1990) » définit la notion de vibration
: Variation avec le temps de l’intensité d’une grandeur caractéristique du mouvement ou de la position
d’un système mécanique, lorsque l’intensité est alternativement plus grande et plus petite qu’une
certaine valeur moyenne ou de référence. En fait, un corps est dit en vibration lorsqu’il est animé d’un
mouvement oscillatoire autour d’une position d’équilibre ou de référence. Source « NF E 90-001,
NF E 90 002, NF E 90-xxx».

II.2. Types de vibration


II.2.1. Vibration périodique
Le motif d'une vibration périodique consiste en la superposition, c'est-à-dire l'addition algébrique
d'une vibration pure fondamentale et de vibrations pures harmoniques.
Les fréquences des harmoniques sont des multiples entiers de celle du fondamental. Par exemple,
le mouvement d’un piston d’un moteur à combustion interne génère des oscillations harmoniques.

1 Préparé par : M.LAHLOUH


Figure 1: Vibration périodique.

II.2.2. Vibration aléatoire


La forme d'onde des vibrations n'a pas toujours une structure aussi simple que celle des vibrations
pures et des vibrations harmoniques. Très souvent, on ne peut plus y distinguer la répétition d'un
motif. La forme du signal vibratoire évolue au contraire constamment de manière anarchique. Ce sont
les vibrations aléatoires.

Figure 2: Vibration aléatoire.

II.3. Caractérisation d’une vibration

L’exemple le plus simple d’un système en vibration est sans doute donné par le mouvement d’une masselotte
suspendue à un ressort et relâchée après traction.

Figure 3: Système masse-ressort.

Si le mouvement est entretenu par une force d’excitation périodique :


 La masselotte oscille entre des limites supérieures et inférieures, et l’écart entre chacune de ces
limites et la position d’équilibre est appelé « amplitude ».
 La masselotte oscille autour de sa position d’équilibre un certain nombre de fois par seconde ou
par minute. Ce nombre de cycles répétés à l’identique pendant une unité de temps s’appelle la «
fréquence » et, à l’inverse, la durée du cycle s’appelle la « période ».

2
Si le mouvement est entretenu par une impulsion purement aléatoire :
 La fréquence apparente sera donnée par la réponse du système mécanique et tributaire de sa
capacité d’amortissement (fréquence de résonance du système).
 Une autre caractéristique importante des vibrations sera donnée par le rapport qui existe en
l’amplitude A du mouvement vibratoire et la durée de son cycle, c’est-à-dire sa périodicité T.
Ce rapport A/T donnera en effet une indication intéressante sur la nature et le caractère plus ou
moins brutal du phénomène générateur, traduisant selon qu’il sera faible ou important.

II.3.1. Période

La période T correspond à un tour complet de l'aiguille ou au temps que met la masse pour faire un
aller-retour, l’unité s’exprime en secondes.

Figure 4: Vibration sinusoïdale.

II.3.2. Fréquence

La fréquence f, qui est le nombre de cycles par seconde, et qui est l'inverse de la période T ; l’unité
est le Hertz (Hz).
1
f 
T

L’unité normalisée (unité SI) de la fréquence est le Hertz (Hz), on peut l´exprimer aussi en CPM
(nombre de cycles par minute) ou encore en RPM (nombre de rotations ou révolutions par
minute).
1CPM 1RPM
1Hz  
60 60

II.3.3. Amplitude

L’amplitude est la première sensation ressentie lorsque l’on pose la main sur le palier d’une machine
qui vibre. Théoriquement est la valeur absolue maximale de la vibration ou la valeur crête. La
complexité d’un signal vibratoire réel conduit à définir plusieurs grandeurs pour caractériser son
amplitude.

3
 L’amplitude « crête (Ac) ». Elle représente l’amplitude maximale du signal par rapport à sa
valeur d’équilibre.
 L’amplitude « crête à crête (Ac-c) » appelée « peak to peak » (Ap-p) en anglais. Elle représente
l’écart entre les amplitudes extrêmes du signal pour un temps d’observation donné. Dans le cas
d’une vibration sinusoïdale, elle est parfois appelée « amplitude double » (Ac-c = 2Ac).
 L’amplitude «efficace (Aeff) » ou RMS en anglais (Root Mean Square). Comme en électricité,
elle représente l’amplitude corrigée « statique » du signal redressé, indiquant ainsi l’énergie
donnée par le mouvement vibratoire.

Figure 5: Représentation des différentes amplitudes caractéristiques dans le cas d’un signal sinusoïdal (en a), complexe (en b),
impulsionnel périodique (en c).

Dans le cas d’une vibration sinusoïdale, les amplitudes crête, crête à crête et efficace sont liées par
les relations suivantes :

2
Aeff  Ac  0.707 Ac Acc  2 2 Aeff  2.828 Aeff
2
Dans le cas d’un signal vibratoire complexe, il n’existe pas de relations mathématiques liant les
valeurs crête et efficace. Ces trois grandeurs, dont deux ne peuvent donc se déduire l’une de l’autre,
devront donc être mesurées ou calculées simultanément par l’appareil de mesure suivant les formules

1 T 2
Ac c  max  s (t )   min  s (t ) 
T 0
Aeff  s (t )dt Ac  max  s 2 (t ) 

Avec :
– max [s(t)] : amplitude instantanée la plus élevée atteinte par le signal pour la période d’observation T.
– min [s(t)] : amplitude instantanée la plus faible atteinte par le signal pour la période d’observation T.
– s(t) : fonction représentative du signal.

4
II.3.4. Grandeurs représentatives de l’amplitude

La vitesse n’étant que l’expression d’une distance parcourue en un temps donné et l’accélération
n’étant que l’expression d’une variation de vitesse par unité de temps, il s’ensuit que la vitesse est
définie comme étant la dérivée du déplacement et l’accélération comme la dérivée de la vitesse (ou
la dérivée seconde du déplacement).
Donc, si pour un mouvement tournant, le déplacement X est représenté par :
x(t )  X .Sin  2 Ft   

En dérivant cette équation, on obtient la vitesse v du mouvement vibratoire :


dx(t )
v(t ) 
dt
Et en dérivant à nouveau, on obtient son accélération :

dv(t ) d 2 x(t )
 (t )  
dt dt 2

Dans le cas d’une vibration purement sinusoïdale, les valeurs mesurées en Déplacement, Vitesse et
Accélération sont liées par des fonctions simples faisant intervenir la fréquence :

A V A
X X V
4. 2 .F 2 2. .F 2. .F

Attentions aux conversions d’unités


Les unités usuelles sont le micromètre (µm) pour le déplacement, le mm/s pour la vitesse et le g
(9.81 m/𝒔𝟐 ) ou le m/𝒔𝟐 pour l’accélération, ce qui donne les relations suivantes, X représentant le
déplacement :

 2 F  X ( m)
2
2 FX (  m)
Vitesse en (mm / s)  Accélération en (m / s 2
)
1000 
2
1000

 2 F  X (  m)
2

Accélération en (g) 
9.81 1000 
2

III. Les capteurs de vibrations


III.1. Types et caractéristiques des capteurs
La première étape conduisant à l'obtention d'une lecture de vibration consiste à convertir la vibration
mécanique produite par une machine en un signal électrique équivalent. Cette opération est réalisée
au moyen des capteurs de vibrations. On retrouve parmi les capteurs les plus couramment utilisés le
proximètre (mesure de déplacement), le vélocimetre (mesure de vitesse) et l'accéléromètre (mesure
d’accélération).

5
Un capteur de vibration est caractérisé principalement par :
 Sa bande passante (plage d’utilisation) : plage de fréquences à l’intérieur de laquelle
l’amplitude mesurée par le capteur ne dépasse pas une marge d’erreur fixée par le constructeur
(par exemple + 3 % ou + 3 dB de [3–8000] Hz).
 Sa gamme dynamique (gamme de mesure d’amplitude) : gamme comprise entre la plus
petite et la plus grande amplitude acceptée par le capteur.
 Sa sensibilité : relation entre la grandeur électrique délivrée à la sortie l’amplitude du
mouvement mécanique qui lui donne naissance (sortie électrique / paramètre de vibration).
Elle est donnée par le constructeur du capteur, généralement sous forme de courbe
d’étalonnage qui devra faire l’objet d’une vérification périodique.

Le proximètre
Le proximètre, ou sonde de proximité est un capteur de
déplacement sans contact qui produit un signal électrique
directement proportionnel au déplacement relatif de la vibration
d'un arbre ou d'un rotor.
Les mesures en déplacement ne sont pas quantifiables dans toutes
les gammes de fréquence. Ces mesures seront limitées aux basses
fréquences (< 100 Hz). Figure 6: Proximètres et leur driver.

Le vélocimètre
Les capteurs de vitesse, ou vélocimètres, sont constitués d’une
sonde à contact dite sonde sismique qui mesure le mouvement
absolu de l’organe sur lequel elle est fixée.
Les vélocimètres les plus courants sont constitués d’une masse
sismique reliée au boîtier par un ressort et solidaire d’une
bobine qui se déplace dans un champ magnétique permanent
crée par un barreau aimanté (figure 7).
La fréquence de résonance de ce type de capteurs se situe Figure 7: Schéma de principe d’un vélocimètre.

généralement entre 8 et 15 Hz et la gamme dynamique s’étend de 10-20 Hz à 2000 Hz environ.

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L’accéléromètre
Un accéléromètre piézoélectrique (figure 8), est
composé d’un disque en matériau piézoélectrique
(quartz), qui joue le rôle d’un ressort sur lequel repose
une masse sismique précontrainte. Quand la masse se
déplace sous l’effet d’une accélération, elle exerce sur
le disque des contraintes, induisant à la surface de ce
dernier une charge électrique proportionnelle à cette
accélération. Les accéléromètres piézoélectriques
Figure 8: Schéma de principe d’un accéléromètre piézo-
tendent à devenir les capteurs de vibration absolue électrique.
les plus utilisés pour la surveillance.

III.2. Choix entre déplacement, vitesse et accélération


Les tableaux suivants montrent la gamme dynamique et la gamme de fréquence qu’on peut capable
d’atteindre en fonction du type de capteur utilisé.
Tableau 1: Choix du type descripteur.

Gamme de fréquence (Hz) Descripteur de vibration Exemples d’utilisation


Mesure de vibration dans les pâtes
0-10 Déplacement
et papiers ; jeux ; dilatation
Mesure des vibrations mécaniques
10-1000 Vitesse
de balourd et lignage.
Surveillance des engrenages, des
> 1000 Accélération
roulements, turbulences, fuites

Tableau 2: Gamme d’utilisation des capteurs.

Capteur Gamme dynamique (dB) Gamme de fréquence (Hz)


Déplacement 40 0-1000
Vitesse 60 10-1000
Accélération 146 0.1-10000

Pour les machines dont les fréquences sont généralement générées entre 10 et 1000 Hz, la vitesse
vibratoire est souvent le meilleur indicateur.
On peut constater que les accéléromètres suffisent pour enregistrer les données sur toute la gamme
de fréquences usuelle des machines. Il suffira d’intégrer le signal dans le domaine fréquentiel pour
obtenir une lecture en vitesse ou en déplacement selon le cas.
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IV. Principaux outils de diagnostic

Le diagnostic, est un outil particulièrement utile dans le cadre de la mise en place d’un concept de
maintenance prévisionnelle. La démarche du diagnostic repose sur l’analyse systématique du signal
vibratoire, tant sa forme spectrale que temporelle, pour l’identification de la nature des défauts à un
stade précoce. Dans la pratique, la présence des défauts aux fréquences caractéristiques n’est pas
toujours facile à déceler.
Pour les mettre en évidence, on fait appel à des techniques d’investigation généralement plus poussées
que le simple suivi d’indicateurs scalaires, commandées par la complexité et la précision du diagnostic
demandé en fonction des enjeux économiques liés à la panne redoutée. Ces techniques de diagnostic
peuvent se présumer comme suit :

IV.1. Analyse globale

L’analyse globale consiste à mesurer, à l’aide de capteurs, le niveau global d’un ou de plusieurs
indicateurs (déplacement, vitesse ou accélération), à suivre son évolution dans le temps et à le
comparer à des normes ou des mesures précédentes. Certes, toute évolution est due à une dégradation
de la machine. Cela permet de mettre en évidence l’existence d’une anomalie à un stade précoce et
de faire une première idée des types de défauts qui affectent la machine, mais ne permet pas d’établir
un diagnostic précis. Les principales étapes de cette technique sont :

1. Mesure des signaux vibratoires (d, V ou g) dans la bande [10-1000Hz]) dans les directions
radiales et axiales ;

Radiale oblique Radiale verticale

Axiale
Radiale horizontale

2. Calcul des valeurs efficaces (valeurs RMS radiales et axiales) du paramètre mesuré (d, V ou g) ;
3. Déduction de la plus grande valeur efficace des signaux mesurés (radiales et axiale) ;
4. Passage de d ou g à V à l’aide d’un nomogramme ;

8
Figure 9: Nomogramme.

5. Comparaison de la valeur RMS de la vitesse à des seuils prédéfinis ;

Figure 10: La norme ISO 10816.

Figure 11: La norme ISO 2372.

9
Figure 12: La norme E90-3002.

6. Jugement de l'état de la machine.

IV.2. Analyse fréquentielle

L’analyse fréquentielle consiste à relever le signal vibratoire mesuré sur la machine et de procéder à
une analyse fréquentielle pour rechercher la présence d’images vibratoires de l’ensemble des défauts
susceptibles d’affecter l’installation considérée. Cela permet d’accéder au diagnostic, c’est à dire,
d’identifier avec précision la nature de l’anomalie et si possible en préciser la gravité. Les étapes
utilisées dans cette stratégie sont :
1. Mesure du signal vibratoire (signal temporel) ;
2. Conversion du signal temporel en un signal fréquentiel, par l’utilisation de la Transformée de
Fourier (TF) :

0,8

0,6

0,4

0,2 TF
0 t
-0,2

-0,4

-0,6

-0,8 f

Figure 13: Transformée de Fourier d'un signal temporel.

3. Extraction des différents pics du spectre (analyse spectrale) ;


4. Mesure de la phase des pics significatifs (analyse de phase) ;
5. Détection des défauts à l'aide de tableaux de synthèse :

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Tableau 3: Tableaux de reconnaissance de défauts.

Cause Pic à la fréquence

Tourbillon d'huile de 0.42 à 0.48Fr

Balourd 1 Fr

Défaut de fixation 1, 2, 3, 4 Fr

Défaut d'alignement 2, 3 ou 4Fr

Excitation électrique 1, 2, 3, 4 x 50 Hz

Courroie en mauvais état 1, 2, 3, 4 Fc

Engrenage endommagé Fe =N.Fr (N nombre de dents)

Faux-rond pignon Fe ± Fr pignon

Frottement, jeu, fissuration. peignes de raies de pas 1/2Fr

Excitation hydraulique n.Fr (n nombre d'aubes)

Détérioration du roulement Hautes fréquences

Avec :
Fr : fréquence de rotation
Fc : fréquence de passage de la courroie

IV.3. Analyse cepstrale

Le cepstre C(t) d'un signal x(t) est : C(t) = TF-1{log(X(F))} avec X(F) = TF{x(t)}.
Le cepstre est une fonction du traitement du signal qui consiste à partir du domaine temporelle, à
passer dans le domaine des fréquences, et à revenir dans le domaine temporel.

-1
TF TF

L'objectif du cepstre est la détection de périodicité dans le spectre


 recherche des harmoniques dans le spectre ;
 recherche des bandes latérales dans le spectre.

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IV.4. Analyse d’enveloppe

La modélisation des phénomènes de dégradation des machines tournantes montre l’existence de


phénomènes de modulation. L'analyse d'enveloppe permet de mettre en évidence ces modulations et
d'en déterminer les paramètres qui permettent d'identifier le défaut.

Signal

Dans cette étape, on filtre le signal par un filtre passe


Filtrage passe-bande
bande autours de la fréquence de résonance de la structure

Démodulation Après le filtrage on utilise la transformée d’Hilbert pour


extraire l’enveloppe de signal

Calcul de spectre Dans cette étape on calcule le spectre de signal

Détection de défaut Détection de la présence d’un défaut par analyse du


spectre

Figure 14 : Etapes de la mise en œuvre de la technique d'analyse d'enveloppe.

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