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Peu après le Déluge, alors qu'ils parlent tous la même langue, les hommes atteignent une plaine dans

le pays de Shinar et s'y installent. Là, ils entreprennent de bâtir une ville et une tour dont le sommet
touche le ciel, pour se faire un nom. Alors Dieu brouille leur langue afin qu'ils ne se comprennent
plus, et les disperse sur toute la surface de la Terre. La construction cesse. La ville est alors nommée
Babel.

Le récit se trouve dans le Livre de la Genèse (Gn 11,1-9) :

« Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l’orient, ils
trouvèrent une plaine au pays de Shinar, et ils y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons
des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment.
Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et
faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. L’Éternel
descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Éternel dit : Voici, ils
forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant
rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons
leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de
là sur la face de toute la terre et leur donna tous un langage différent ; et ils cessèrent de bâtir la
ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de
toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre5. »

Le Livre des Jubilés précise la durée du travail de construction et donne des détails sur les dimensions
:

Miniature par le Meister der Weltenchronik (vers 1370)

« Voici que les enfants des hommes sont devenus malveillants par leur mauvais dessein de se
construire pour eux une ville et une tour dans le pays de Shinar. Car ils sont partis vers l’Est du pays
d’Ararat à Shinar, et dans ces jours ils ont construit la ville et la tour en se disant : – Allez, qu’ainsi
nous montions au ciel. Et dans la quatrième semaine ils commencèrent à construire et ils firent des
briques au feu et les briques leur servaient de pierre et ils les cimentaient ensemble avec l’argile qui
est l’asphalte qui vient de la mer et des fontaines d’eau du pays de Shinar. Et ils construisirent ça ; 43
ans pour construire ça. La largeur d’une brique était de deux briques et la hauteur était le tiers
d’une ; sa hauteur comptait 5433 coudées et deux paumes et la superficie d’un mur était de treize
stades et trente stades de l’autre6. »

L' Apocalypse grecque de Baruch (vers 70 de notre ère) précise que les dirigeants de ce projet étaient
tellement mauvais qu'ils permettaient pas même à une femme en train d'accoucher d'abandonner
son poste de travail7.
Le récit de Flavius Josèphe dans Les Antiquités judaïques (fin du ier siècle) ajoute une justification
rationnelle à la décision de construire cette tour :

« Celui qui les exalta ainsi jusqu'à outrager et mépriser Dieu fut Nemrod (Nébrôdès), petit-fils de
Cham, fils de Noé, homme audacieux, d'une grande vigueur physique ; il leur persuade d'attribuer la
cause de leur bonheur, non pas à Dieu, mais à leur seule valeur et peu à peu transforme l'état de
choses en une tyrannie. Il estimait que le seul moyen de détacher les hommes de la crainte de Dieu,
c'était qu'ils s'en remissent toujours à sa propre puissance. Il promet de les défendre contre une
seconde punition de Dieu qui veut inonder la terre : il construira une tour assez haute pour que les
eaux ne puissent s'élever jusqu'à elle et il vengera même la mort de leurs pères. Le peuple était tout
disposé à suivre les avis de Nemrod, considérant l'obéissance à Dieu comme une servitude ; ils se
mirent à édifier la tour avec une ardeur infatigable, sans se ralentir dans leur travail ; elle s'éleva plus
vite qu'on n'eût supposé, grâce à la multitude des bras. Mais elle était si formidablement massive
que la hauteur en semblait amoindrie. On la construisait en briques cuites, reliées ensemble par du
bitume pour les empêcher de s'écrouler. Voyant leur folle entreprise, Dieu ne crut pas devoir les
exterminer complètement, puisque même la destruction des premiers hommes n’avait pu assagir
leurs descendants ; mais il suscita la discorde parmi eux en leur faisant parler des langues différentes,
de sorte que, grâce à cette variété d'idiomes, ils ne pouvaient plus se comprendre les uns les autres.
L'endroit où ils bâtirent la tour s'appelle maintenant Babylone, par suite de la confusion introduite
dans un langage primitivement intelligible à tous : les Hébreux rendent « confusion » par le mot
babel8. »

Les commentaires du Midrash offrent diverses précisions sur les mobiles de cette entreprise et le défi
que les hommes avaient ainsi lancé à Dieu et à Abraham. C'était aussi une façon d'éviter une
répétition du déluge. Selon le Sefer Ha-Yashar, six cent mille personnes auraient pris part à cette
entreprise. La tour avait atteint une telle hauteur qu'il fallait un an pour amener les matériaux au
sommet. Lorsque Dieu confond les langues, le maçon qui avait commandé du mortier recevait plutôt
des pierres, ce qui entrainait des colères; certains des ouvriers sont transformés en singes, en
mauvais esprits, en démons ou en fantômes7.

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