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Université de Sousse

Module : Macroéconomie Niveau : Première Année


Licence en Gestion
Chargée du cours : ATTIA R. Ecole Internationale de
Management de Sousse 2019- 2020

Chapitre 3. La fonction de demande de monnaie


NB :
Le document comprend deux parties :
1. une première partie qui comporte des rappels de notions déjà étudiées en classe ;
2. une deuxième partie qui correspond à la suite du cours.

Rappels

Section 1. Les motifs de demande de monnaie chez Keynes

La monnaie est demandée pour trois motifs :

1.1. Le motif de transaction


1.2. Le motif de précaution
1.3. Le motif de spéculation

 Le but de tout spéculateur est de réaliser des plus-values en capital : acheter à prix intéressant
(prix bas) des actifs (réels ou financiers) et de les revendre quand le prix augmente.

 Le motif de spéculation développé par Keynes porte sur l’allocation de la richesse ente :
- Actifs monétaires
- Actifs financiers
Les agents vont ainsi composer leur portefeuille avec ces deux types d’actifs.

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 La question qu’on se pose : Qu’est-ce qui pousse les agents économiques à détenir une partie de
leur richesse sous forme de monnaie plutôt que sous forme d’actifs financiers qui rapportent des
revenus (des intérêts) ?

Autrement dit,
La spéculation (la D de monnaie spéculative) résulte d’un arbitrage entre :
 Actifs monétaires qui ne rapportent rien et qui sont sans risque ; et
 Actifs financiers qui sont risqués (risque de perte en capital ; de subir des moins-values et qui
rapportent.

 Il existe une relation entre l'évolution du taux de marché et l'évolution des cours des titres : c'est
une relation inverse appelée effet balançoire.

Suite du cours

Pour justifier la DMS, Keynes met l’accent sur le rôle des anticipations des agents quant à
l’évolution du taux d’intérêt, i.e., les AENF anticipent l'évolution du taux d'intérêt afin d'anticiper
l'évolution des cours des titres. Ainsi,

1er cas

Si le taux courant est jugé faible par rapport au taux anticipé : les AENF anticipent une
augmentation du taux (dans le futur qui est synonyme d’une baisse des cours et donc d’une perte
en capital (moins-value)  ils préfèrent alors détenir de la monnaie plutôt que des titres et leur
portefeuille sera composé essentiellement de monnaie : ils expriment une Préférence Pour la
Liquidité forte (PPL) leur demande d’encaisses spéculatives est élevée.

Conclusion1 :

La demande d’encaisses spéculative est ELEVEE lorsque le taux courant est FAIBLE.

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2éme cas

Si le taux courant est jugé élevé par rapport au taux anticipé, autrement dit les AENF anticipent
une baisse du taux qui est synonyme d'une augmentation des cours, les agents anticipent une
baisse du taux (dans le futur), ce qui est synonyme d’une augmentation des cours  il y a donc
possibilité de réaliser une plus-value ou gain en capital  ils préfèrent détenir des titres (D titres
↑) i.e. toutes leurs disponibilités (leurs liquidités) seront placées sous forme de titres : leur
portefeuille sera composé essentiellement de titres: ils expriment une Préférence Pour les Actifs
Financiers forte (PPAF)  leur D d’encaisse spéculative est faible.

Conclusion2 :

La demande d’encaisse spéculative est FAIBLE lorsque le taux courant est ELEVEE.

Ainsi,

La D de monnaie pour motif de spéculation est une fonction décroissante du taux COURANT.

Section 3. La fonction de demande de monnaie

Pour déterminer la demande globale de monnaie il faut intégrer les 3 motifs : MT + MP +MS
Ainsi, la demande de monnaie sera notée L (comme Liquidité) admet deux composantes L1 et L2

DM ou L = DMT + DMP + DMS

L= L1 + L2

Keynes note cette fonction : L = L1 + L2

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L1
C’est la quantité de monnaie demandée en fonction du revenu global, i.e. celle due aux motifs de
transaction et de précaution : toute augmentation du revenu entraîne, toute chose égale par
ailleurs une augmentation de L1.
L1 = L1(Y) = α Y avec L1’>0

L2
La 2ème composante de la D globale de monnaie est la demande d’encaisse spéculative :
L2 = L2(r) = - β r avec L2’<0

Donc, nous avons:

L = L1(Y) + L2(r) = α Y - β r

Toutefois, Keynes estime que cette fonction n'est pas valable que pour des niveaux du taux
compris entre deux bornes :

 Une borne inférieure ou taux minimum (rm très faible, taux plancher) en dessous duquel cette
fonction n'est plus valable.
 une borne supérieure ou taux maximum (rM, taux plafond) au-dessus duquel cette fonction n'est
plus valable.

Explication : se trouve dans la relation inverse entre taux et cours

* Lorsque le taux d’intérêt est jugé trop faible (i→im) cad qu’il ne peut raisonnablement baisser
encore, les agents estiment que les cours ont atteint un maximum ; donc ne peuvent pas
augmenter davantage  ils n’espèrent donc plus réaliser de plus-value, mais, au contraire ils
anticipent une baisse des cours synonyme d’une perte de capital (dès que le taux remonte)  Ils
préfèrent vendre tous leurs titres : ils affichent une très forte préférence pour la liquidité et leur
patrimoine est donc exclusivement composé de monnaie : trappe à la liquidité.

* Keynes considère une borne supérieure à cette fonction L2 :


Il considère que lorsque le taux d’intérêt est trop élevé (i→iM), la D de monnaie à des fins
spéculative s’annule.

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Etant donné que le taux d’intérêt est jugé trop fort cad que les agents estiment la rémunération de
leurs titres est très forte (les prix sont très bas)  ils renoncent à la détention d’encaisses
spéculatives. Leur portefeuille est exclusivement composé de titres (on peut remarquer qu’on
retrouve ici l’hypothèse classique selon laquelle la monnaie n’est pas détenue pour elle-même
mais uniquement pour réaliser des transactions ; L = L1(Y)

Le taux d’intérêt varie donc entre ces deux cas extrémités et les portefeuilles des agents dans la
zone intermédiaire sont composés à la fois d’actifs monétaires et financiers.

Graphiquement, la fonction L = L1(Y) + L2(i), peut être représentée comme suit :

- pour i > iM L2(i)=0 et donc L=L1(Y) qui ne dépend pas du taux d’intérêt mais seulement du
niveau de revenu (et de production) ; ce dernier est considéré comme fixe en courte période  la
courbe de D de monnaie en fonction du taux d’intérêt est donc représentée par un segment de
droite parallèle à l’axe des ordonnées puisqu’elle ne dépend pas dans ce cas du taux d’intérêt.

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