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Master juristes d’affaires

Module : Droit Fiscal

Le champ d’application de l’IS


Un travail préparé par :

 AMRHAR Imane
 BENNANI Hassnae
 SAFI Rim

Sous la direction :

 De Mr BENTAHAR Mustapha

Année universitaire : 2020 /2021

1
Sommaire
Introduction
Chapitre 1 : La délimitation du champ d’application de l’I.S

Section 1 : les sociétés et organismes assujettis à l’impôt sur la société

Sous-section 1 : les personnes obligatoirement imposables

Sous-Section 2 : Personnes passibles de l’impôt sur les sociétés sur option

Section 2 : les sociétés exclues du champ d’application de l’impôt sur la société

Sous-section1 : les sociétés de personnes

Sous section2 : les sociétés civiles

Chapitre 2 : les exonérations relatives à l’impôt sur les sociétés

Section 1 : les exonérations et réductions permanentes

Sous -Section 1 : Exonérations permanentes

Sous-Section 2 : Réductions permanentes

Section 2 : les exonérations et réductions temporaires

Sous-Section 1 : : Exonérations temporaires

Sous-Section 2 : Réductions temporaires

2
L’impôt sur les sociétés (IS) a été introduit au sein de l’arsenal fiscal
marocain en 198612et appliqué à partir du 1er janvier 1987. Il est venu se
substituer à l’ancien IBP (Impôt sur les bénéfices professionnels) qui
s’appliquait aussi bien aux personnes morales qu'aux personnes physiques. Cette
réforme de l’IBP, s'est imposée notamment parce que son rendement était
devenu faible et concentré sur un petit nombre d’entreprises, alors qu'une forte
majorité se trouver dispensé faute de bénéfices imposables déclarés.
Contrairement à l’IBP, l’impôt sur les sociétés vise essentiellement les
bénéfices des entreprises constituées sous forme de sociétés de capitaux telle la
société anonyme ou la société en commandite par action… La société à
responsabilité limitée est aussi imposable à l’IS vu son caractère hybride. Cela
n’empêche pas certaines sociétés imposables à l’IR d’opter pour l’IS lorsqu’elles
le souhaitent. Il s’agit principalement des sociétés en commandite simple, des
sociétés en nom collectif et des sociétés en participation.
L'impôt sur les sociétés est un impôt direct et déclaratif qui s'applique à
l'ensemble des bénéfices et des revenus des sociétés qui entrent dans son champ
d'application. Il est établi sur la base du résultat réalisé au cours d'un exercice
comptable. Les sociétés soumises à l’IS déclarent et paient spontanément l'impôt
établi en leur nom. Elles disposent, de la personnalité morale mais surtout de la
personnalité fiscale indépendante de leurs associés.3 Cela résulte de l'existence
d'un patrimoine propre à la société.
Cependant, le taux de l’IS a connu plusieurs changements dès le moment de
son instauration. Il est passé de 45% à 30% puis un barème proportionnel a été
introduit par la loi de finances de 2016 dont les taux varient entre de 10% à 31%
a pris place. Actuellement, l’IS est devenu progressif avec un barème de : 10%,
17,5%4 et 31% L’objectif recherché par l’Administration lors de ces
changements multiples concernant le taux de l’IS est de déterminer d’une part,
un taux permettant de maintenir l’équilibre budgétaire et d’autre part, de réduire
le niveau de pression fiscale sur les entreprises tout en encourageant les
entreprises à se regrouper ou à se transformer pour devenir plus compétitives et
pour se conformer aux normes.
Ce sujet pertinent nous ramène à la problématique suivante : Comment se
manifeste la délimitation du champ d’application de l’IS à travers le code
général des impôts ?
1
L’IS a été instauré au Maroc par la loi n° 24-86 promulguée par le Dahir n°1-86-239 du 28 rabii II 1407 (31
décembre 1986) et publiée au bulletin officiel n° 3873du 21 janvier 1987.
2

3
Mohamed Mounir, Fiscalité de l’entreprise , 3ème Edition , p:167
4
La loi de finances de 2019 a modifié le taux intermédiaire en le ramenant de 20% à 17,5%

3
Dans cette optique, la présente recherche aura pour objet de présenter les
personnes assujetties à l’IS, ainsi que certains avantages fiscaux accordés par le
CGI. Pour réussir à couvrir ce sujet entièrement, il faudrait donc cerner
successivement :

Chapitre 1 : Le champ d’application de l’I.S


Section 1 : les sociétés et organismes assujettis à l’impôt sur la société
Section 2 : les sociétés exclues du champ d’application de l’impôt sur
la société
Chapitre 2 : les exonérations relatives à l’impôt sur les sociétés
Section 1 : les exonérations et réductions permanentes
Section 2 : les exonérations et réductions temporaires

4
Chapitre1 : le champ d’application de l’IS
Les personnes morales imposables à l’IS s’entendent essentiellement des
sociétés de capitaux, des établissements publics, des associations et des
coopératives. Mais son champ d’application ne peut s’étendre à certaines
personnes morales5 .On traitera alors dans un premier temps les personnes
imposables et les critères de territorialité (Chapitre1) et dans un deuxième
temps, il sera question des personnes exclues du champ d’application (chapitre2)
Section1 : les sociétés et organismes assujettis à l’impôt sur la société
§1 : les personnes obligatoirement imposables
Par mesure de simplification, on peut schématiquement dire que l’impôt sur les
sociétés s’applique à l’entreprise de forme sociétaire. Mais, l’impôt sur les
sociétés ne s’applique pas d’office à toutes les sociétés.
Suivant l’article 2 du code général des impôts, sont obligatoirement passibles de
l’impôt sur les sociétés :
a) Les sociétés :
Quels que soient leur forme et leur objet à l’exclusion de celles visées à
l’article 3 du CGI. A cet égard, dans un premier lieu, les sociétés de
capitaux entrent obligatoirement dans le champ d’application de l’impôt,
ainsi l’IS impose de plein droit les sociétés anonymes (SA), les sociétés à
responsabilité limitée (SARL) et les sociétés en commandite par action
(SCA)6. Dans un second lieu, certaines sociétés de personnes entrent
également de manière obligatoire dans le champ d’application de l’IS
lorsque l’un ou plusieurs de leurs associes sont des personnes morales, à
savoir les sociétés en nom collectif (SNC) et les sociétés en commandites
simples (SCS). Soulignons que ces sociétés sont exclues du champ de
l’impôt lorsqu’elles ne comportent que des personnes physiques.

b) Les établissements publics et les autres personnes morales :


Les établissements publics ou toute autre personne morale de droit privé ou
public sont soumis à l’impôt lorsqu’ils exercent des activités à caractère
industriel, commercial ou de prestation de services. Cependant, ces
établissements ne sont pas passibles de l’IS lorsqu’ils ont un caractère
administratif consistant à fournir un service public. Mais dans le cas où
l’établissement public à caractère administratif se livre à des opérations à but

5
Mohamed Mounir/Fiscalité de l’entreprise 3eme édition p : 169
6
Ibid ;P169

5
lucratif, il est passible de l’impôt au titre des bénéfices provenant de ces
opérations7. En outre, par autres personnes morales, il faut entendre tous les
groupements ou collectivités, privés ou publics, autres que ceux visés ci-
dessus. Il s’agit, notamment des coopératives8 . Et leurs unions et des autres
organismes ayant la personnalité morale.9

c) Les associations et les organismes légalement assimilés :


Les associations, qui constituent des groupements de personnes exerçant des
activités à caractère social, éducatif ou humanitaire, entrent dans le champ
d’application de l’IS. Mais elles en sont exonérées à condition de réaliser des
opérations conformes à leurs objets. Toutefois, une association qui s’adonne à
des activités à caractère lucratif (ventes de biens ou prestations de services
moyennant un prix) est imposable à l’IS de plein droit10 . Comme on entend par
organismes légalement assimilés, les entités de même nature juridique que les
associations et qui œuvrent dans un but charitable, scientifique, culturel,
littéraire, éducatif, sportif, d'enseignement ou de santé11;
d) Les fonds 12:
Créés par voie législative ou par convention ne jouissant pas de la personnalité
morale et dont la gestion est confiée à des organismes de droit public ou privé,
lorsque ces fonds ne sont pas expressément exonérés par une disposition d’ordre
législatif 13, Fonds d’assurance des notaires, Fonds de Garantie Logement
Education - Formation, Fonds OXYGENE (don de l’USAID), Fonds de garantie
des crédits jeunes promoteurs et jeunes entrepreneurs etc. Ces fonds, ayant leur
propre identifiant fiscal, sont imposables en tant qu’entité autonome au nom de
l’établissement gestionnaire.). L’imposition est établie au nom de leur
organisme gestionnaire.

7
Mohamed Mounir « Fiscalité de l’entreprise »3eme édition p : 170
8
Les coopératives sont des groupements de personnes physiques et/ou morales réunies pour créer une
entreprise chargée de fournir, pour leur satisfaction exclusive, le produit ou le service dont elles ont besoin
9
NOTE CIRCULAIRE N° 717 RELATIVE AU CODE GENERAL DES IMPOTS/ titre premier p : 17
10
Op.cit. ;p :171
11
Citons comme exemple : la Ligue nationale de lutte contre les maladies cardio-vasculaires créée par le dahir
portant loi n° 1-77-334 du 25 chaoual 1397 (9 octobre 1977) ;
12
Les fonds sont créés dans le cadre de mécanismes de soutien la Fondation Hassan II pour la lutte contre le
cancer créée par le dahir portant loi n° 1-77-335 du 25 chaoual 1397 (9 octobre 1977) ; la Fondation
Mohammed V pour la solidarité aux politiques gouvernementales tels que la garantie et la promotion des
exportations, l’accès au logement et à l’éducation, la garantie des crédits jeunes promoteurs et jeunes
entrepreneurs, etc.
13
Il s’agit à titre d’exemple des fonds suivants : Fonds public de réserve (relatif à l’assurance à l’exportation)
Fonds d’assurance des notaires, Fonds de Garantie Logement Education - Formation, Fonds OXYGENE (don de
l’USAID), Fonds de garantie des crédits jeunes promoteurs et jeunes entrepreneurs etc. Ces fonds, ayant leur
propre identifiant fiscal, sont imposables en tant qu’entité autonome au nom de l’établissement gestionnaire.)

6
Ces organismes gestionnaires doivent tenir une comptabilité séparée pour
chacun des fonds qu’ils gèrent faisant ressortir ses dépenses et ses recettes.
Aucune compensation ne peut être faite entre le résultat de ces fonds et celui de
l’organisme gestionnaire14.
e) les établissements des sociétés non résidentes ou des groupements
desdites sociétés15 .

§2 : Personnes passibles de l’impôt sur les sociétés sur option

Sont imposables à l’IS par option certaines formes de sociétés qui se


trouvent normalement dans le champ d’application de l’impôt sur le revenu
(IR), telles que les sociétés en nom collectif et les sociétés en commandite
simple.
L’option pour l’IS est irrévocable, et elle est ouverte à ces sociétés à
condition qu’elles ne comprennent que des personnes physiques.
L’option est également ouverte aux sociétés en participation (SEP) qui sont
des sociétés occultes dépourvues de la personnalité morale et ne possédant ni
raison sociale ni patrimoine16.

§3 : la territorialité de l’IS
Aux termes de l’article 5 du CGI, les sociétés, qu’elles aient ou non leur
siège au Maroc, sont passibles de l’IS au titre des produits, bénéfices et
revenus se rapportant aux biens qu'elles possèdent, et aux activité qu'elles
exercent et aux opérations lucratives qu'elles réalisent au Maroc, même à titre
occasionnel, ou des produits, bénéfices et revenus dont le droit d’imposition
est attribué au Maroc en vertu des conventions tendant à éviter la double
imposition en matière d’impôts sur le revenu.17
L’imposition des bénéfices des sociétés diffère selon qu’elles sont résidentes
ou non au Maroc18.
a. Les sociétés résidentes19 :
Il s’agit des sociétés ayant leur siège social au Maroc. Celles-ci sont
imposables à l’IS sur la totalité de leurs bénéfices ou revenus réalisés au Maroc.

14
Article 3 du CGI
15
Article 7 de la loi de finances n° 80-18 pour l’année budgétaire 2019
16
Op.cit.
17
NOTE CIRCULAIRE N° 717 RELATIVE AU CODE GENERAL DES IMPOTS/ titre premier p : 31

18
Op.Cit ;P :172
19
Mohamed Mounir/Fiscalité de l’entreprise 3eme édition p : 173

7
Quant à leurs revenus de source étrangère, ils sont imposables lorsqu’ils sont
réalisés à partir du Maroc, ainsi :
- Les sociétés résidentes ne possédant pas d’établissement stable à
l’étranger sont imposables sur les revenus provenant d’activités
commerciales ou de prestation de services réalisées en dehors du territoire
national.
- Les sociétés résidentes disposant d’un établissement stable à l’étranger ne
sont pas imposables sur les bénéfices réalisés par l’intermédiaire dudit
établissement, ou lorsque ceux-ci résultent d’un circuit commercial
complet.
- Par contre, les rémunérations qu’elles perçoivent en contrepartie des
prestations qu’elles fournissent à leurs établissements, sont
obligatoirement imposables.
Il est à noter que les dividendes perçus par les sociétés résidentes et les autres
revenus générés par les titres étrangers inscrits à leurs actifs sont imposables de
plein droit.
b. Les sociétés non résidentes20 :

Les sociétés non résidentes sont imposables sur :


- Les revenus et les plus-values générés par les biens que ces sociétés
possèdent au Maroc (loyers, profits immobiliers, dividendes…)
- Les revenus provenant de l’exercice d’une activité au Maroc par
l’intermédiaire d’un établissement stable21, ou à travers la réalisation
d’opérations qui s’inscrivent dans un circuit commercial complet.
- Les produits bruts qu’elles rendent pour le compte de leurs établissements
au Maroc, ou pour le compte de personnes physiques ou morales
domiciliées au Maroc.

20
Mohamed Mounir « Fiscalité de l’entreprise » 3eme édition p : 173
21
On entend par établissement stable : un siège de direction, une succursale, une agence, un chantier de
construction ou de montage ou un magasin de vente

8
Section 2 : les personnes exclues du champ d’application de l’IS
L’article 3 du CGI dresse une liste qui détermine les personnes exclues du
champ d’application de l’IS tels que les sociétés de personnes, les associations
en participation, les sociétés de fait, les sociétés immobilières transparentes ainsi
que les groupements d’intérêt économique.22
§1 : les sociétés de personnes et sociétés de fait
A- sociétés de personnes :
Les sociétés de personnes comprenant uniquement des personnes physiques et
les associations en participation sont exclues du champ d’application de l’IS.
Mais ces personnes morales ont la faculté d’opter de manière irrévocable pour
leur assujettissement à cet impôt.
B- Sociétés de fait ne comprenant que des personnes physiques :
On entend par société de fait toute société voulue et crée en tant que telle avec
une forme bien déterminée. Mais par suite d’un vice affectant sa validité ou
d’une irrégularité entachant sa constitution, la société sera annulée après avoir
fonctionné un certain temps23 .
Les sociétés de fait ne comprenant que des personnes physiques sont exclues du
champ d’application de l’IS. De même, elles n’ont pas la possibilité de se placer
par option sous le régime de l’IS.
§2 : les sociétés civiles
C-Sociétés immobilières transparentes :
Quelles que soit leur forme juridique, les sociétés qui ont un objet immobilier
sont exclues du champ d’application de l’IS lorsqu’elles sont transparentes
fiscalement. Comme pour les sociétés de fait, les sociétés immobilières
transparentes n’ont pas la possibilité de se placer par option sous le régime de
l’IS. Est réputée transparente fiscalement toute société immobilière qui répond
aux conditions suivantes :
- avoir un capital qui soit divisé en parts sociales ou actions nominatives ;
- avoir pour actif un logement qui soit occupé par tout ou partie des membres de
la société, ou avoir pour objet l’acquisition ou la construction d’un immeuble
collectif en vue d’accorder statutairement à chacun de leurs membres,
nommément désigné, la libre disposition de la fraction d’immeuble
22
Voir article 3 du CGI,2021
23
M.El Mernissi « l’essentiel du droit des sociétés »,ed The Mena collection,2019 p.217

9
correspondant à ses droits sociaux. Les sociétés immobilières qui ne remplissent
pas l’une ou l’autre des conditions de la transparence fiscale, sont
obligatoirement soumises à l’IS abstraction faite du caractère civil de leur
activité (société civile immobilière par exemple)
D-Groupements d’intérêt économique
Le groupement d’intérêt économique est une entité constituée de deux ou
plusieurs personnes morales pour une durée déterminée ou indéterminée, en vue
de mettre en œuvre tous les moyens propres à faciliter ou à développer l’activité
économique de ses membres et à améliorer ou accroître le résultat de cette
activité. Le groupement d’intérêt économique jouit de la personnalité morale à
dater de son immatriculation au registre du commerce, quel que soit son objet.
Mais n’ayant pas pour but la réalisation de bénéfices pour lui-même, le
groupement ne peut exercer qu’une activité à caractère auxiliaire par rapport à
celle de ses membres 24.
L’imposition des groupements d’intérêt économique était établie au nom des
groupements dans les conditions de droit commun, en raison de la personnalité
morale dont ils jouissent, en matière d’impôt sur les sociétés 25.Dans le but de
consacrer le principe de la transparence fiscale, la loi de finances pour l’année
2001 a prévu la non soumission des groupements d’intérêt économique à l’impôt
sur les sociétés et l’assujettissement des membres du groupement à raison de
leur part dans les résultats réalisés par ledit groupement. A cet effet, chaque
membre du groupement est personnellement imposé à l’impôt sur les sociétés
pour la part des bénéfices correspondant à ses droits dans le groupement. La
quote-part de chaque membre dans le résultat net bénéficiaire du groupement est
considérée comme un produit accessoire ou financier à inclure, le cas échéant,
dans la base de calcul de la cotisation minimale.
Corrélativement, si le groupement subit des pertes, leur montant constitue une
charge déductible au prorata des parts de chacun des membres à moins qu’il ne
soit décidé, à titre exceptionnel, de les inscrire provisoirement en report à
nouveau au niveau du G.I.E.
Les résultats réalisés par le groupement d’intérêt économique sont imputés aux
membres du groupement au terme de chaque exercice du seul fait de leur
constatation au niveau dudit groupement.

24
Le groupement ne peut se substituer à ses membres dans l’exercice de leur activité, ni exploiter leurs fonds
de commerce sous quelle que forme que ce soit; il peut cependant, à titre accessoire, exploiter certains
éléments de ces fonds ou créer un fonds accessoire
25
Il est à rappeler que les groupements d'intérêt économique restent imposés dans les conditions de droit
commun à la taxe professionnelle, la taxe de services communaux et la taxe sur la valeur ajoutée.

10
Chapitre 2: les exonérations relatives à l’impôt sur les sociétés

En vertu de certaines dispositions de la loi, l’exonération de l’IS est accorder soit


définitivement soit temporairement soit totalement soit partiellement 26. On distingue alors
d’une part entre les exonérations et réductions permanentes et les exonérations et réductions
temporaire d’autre part .
Toutefois pour pouvoir bénéficier de ces avantages fiscaux , certaines conditions sont prises
en compte.(Article 7 du CGI)

Section 1-Exonérations et réductions permanentes :


Sous-section1: Exonérations permanentes

1. Exonérations permanentes :
Sont totalement exonérés de l'impôt sur les sociétés les associations et les organismes 27
légalement assimilés à but non lucratif, pour les seules opérations conformes à l'objet défini
dans leurs statuts.
Toutefois, cette exonération ne s'applique pas en ce qui concerne les établissements de ventes
ou de services appartenant aux associations et organismes précités.
Ex :
▪ La Ligue nationale de lutte contre les maladies cardio-vasculaires
▪ La Fondation Hassan II pour la lutte contre le cancer
▪ La Fondation Mohammed V pour la solidarité pour l'ensemble de ses activités ou
opérations et pour les revenus éventuels y afférents
▪ La Fondation Cheikh Zaid Ibn Soltan
▪ L’office national des oeuvres universitaires sociales et culturelles

2. Exonération permanentes en matière d'impôt retenu à la source :


L'impôt retenu à la source est un impôt recouvrant plusieurs formes d’impôts. Les deux
principales catégories étant la retenue à la source et le prélèvement à la source .
La retenue à la source est un dispositif fiscal permettant à un État de prélever l'impôt sur des
sommes versées à un non-résident fiscal du pays. Tandis que, le prélèvement à la source est
une technique de prélèvement fiscal consistant à faire retenir par un tiers payeur, au fil des
revenus qu’il verse à la personne concernée, l'impôt dû au titre de ces mêmes revenus.
En vertu du code, sont exonérés de l’impôt sur les sociétés retenu à la source :
Les produits des actions , parts sociales et revenus assimilés tels :

26
Mohamed Abou El Jaouad, « Fiscalité appliquée de l’entreprise marocaine », 2éme édition 2007, Éditions
Maghrébines,
27
Une liste exhaustive de ces organismes est mentionné à l’article 6 du CGI

11
Les sommes distribués provenant des prélèvements sur les bénéfices pour l'amortissement du
capital des sociétés concessionnaires du service public .
Les intérêts et autres produits similaires servis aux :
Ex:Fonds de placements collectifs en titrisation (F.P.C.T.)
Organismes de placement collectif en capital (O.P.C.C.)
Organismes de placement collectif immobilier (O.P.C.I.)
Les revenus de certificats de sukuk28 :
Ex:Fonds de placements collectifs en titrisation (F.P.C.T.) précités ;
Organismes de placement collectif en capital (O.P.C.C.) précités ;
Organismes de placement collectif immobilier (O.P.C.I.) précités;
Les intérêts perçus par les sociétés non résidentes au titre:
Ex:Des prêts consentis à l’État ou garantis par lui ;
Des dépôts en devises ou en dirhams convertibles ;

Sous-section2 : Réductions et exonérations suivies de réductions:

1. Exonérations suivies de l’imposition permanente à taux réduit :

a- Exonération suivie de plafonnement de taux réduit de 17.50%


Bénéficient d'une exonération totale pendant une période de cinq (5) ans consécutifs qui
court à compter de l'exercice au cours duquel la première opération d'exploitation a été
réalisée, suivi d'un plafonnement du barème de l’IS à 17,5 % de façon permanente les sociétés
exerçant les activités suivantes :
-Les entreprises exportatrices de produits ou de services pour le montant du chiffre d'affaires à
l’export, à l'exclusion des entreprises exportatrices des matériaux de récupération.
*L’exonération et l'imposition au taux réduit en faveur des entreprises exportatrices
s'appliquent à la dernière vente effectuée à la dernière prestation de services rendus sur le
territoire du Maroc et ayant pour effet direct et immédiat de réaliser l'exportation elle-même. 29
-Les entreprises hôtelières au titre de leur chiffre d'affaires réalisé en devises et dûment
rapatrié par elles ou pour leur compte par les agences de voyage.
Les entreprises hôtelières s’entendent des:
- Hôtel et motel
- Maison d’hôtes
- Auberge et camping-caravanings…
Bénéficient également des mêmes avantages fiscaux les sociétés de gestion des résidences
immobilières de promotion touristique et les établissements d'animation touristique.
28
Les Certificats de Sukuk sont des parts de même valeur représentant un droit indivis de propriété sur des actifs aquis par le
Fonds.
Ils sont émis sur la base d'un règlement de gestion et des avis du CSO qui organisent leur émission et négociabilité.
Les Certificats de Sukuk prévus par la loi au Maroc sont :
1. Sukuk de Financement : Istisna’e, Mourabaha, Salam;
2. Sukuk d’Investissement : Wakala, Moucharaka, Moudaraba; et
3. Sukuk Portefeuille d’investissement.
29
Mohamed Nmili Professeur à la FSJES Fés , support de cours « Fiscalité de l’entreprise » , p:6

12
b-Exonération suivi de l’application du taux de 8,75%
Bénéficient d’une exonération totale pendant cinq ans, suivie de l'imposition permanente au
taux spécifiques de 8,75 %, les sociétés de services ayant le statut « Casablanca Finance
City »30. Le délai de cinq court à partir de la date de l'obtention du dit statut .
Le statut CFC est accordé à certaines entreprises dans le cadre de la création d'une place
financière internationale à Casablanca. Cette place est dédié à l'installation d'entreprises
financières et non financières pour exercer des activités régionales ou internationales.
Les entreprises obtenant le statut CFC bénéficient des avantages fiscaux précités au titre de
leur chiffre d'affaires réalisé à l'export et au titre des plus-values mobilières nettes qu'elle
sréalisent.
Le CFC est destiné essentiellement au :
–établissement de crédit
–entreprise d’assurance
–Siège internationaux des sociétés…
Toutefois les opérations réalisées par ces sociétés sur le marché national sont imposables à
l’IS dans les conditions normales.

3.Imposition permanente aux taux réduits:


Cette imposition est accordée aux sociétés minières exportatrices selon un barème plafonné à
17,5 % de façon permanente , elle est appliquée à compter de l'exercice au cours duquel la
première opération d'exportation a été réalisée.
Bénéficiant aussi de ces taux réduits , des entreprises minières qui vendent leurs produits à
des entreprises qui les exportent après leur valorisation.
Toutefois ne bénéficie pas de ces taux réduits les entreprises exportatrices des métaux de
récupération.

Section 2-Exonérations et réductions temporaires :

Sous-section1 : Exonérations temporaires

Il s’agit d'exonérations limitées dans le temps et suivies de l'imposition selon le barème en


vigueur ou de l'application de taux réduit.
Le barème de l’IS en vigueur à partir du 1er janvier 2019 est un barème progressif comportant
trois taux :
-10 % pour les bénéfices fiscaux de zéro à 300.000 dh
-17,5 % pour les bénéfices fiscaux de 300.001 à 1.000.000 dh
-31 % pour les bénéfices fiscaux supérieur à 1.000.000 dh31
30
Casablanca Finance City est une initiative financière marocaine. Elle vise à attirer les entreprises financières
internationales et à faire de Casablanca un hub financier régional en Afrique. Son actuel président est Said
Ibrahimi.
31
Op.Cit

13
Ce barème s'applique aux exercices ouverts à partir du 1er janvier 2019.
L'application de taux réduits consiste à :
-Plafonner le barème à 17,5 %, c'est-à-dire appliquer surtout à la tranche de résultat fiscal qui
lui correspond mais également à la tranche supérieure ( au délai de 1 millions de dirhams)
-Appliquer un taux spécifique de 8,75 %. Ce taux bénéficie à des entreprises installées dans
certaines zones d’activité.32

Sous-section2: Réductions temporaires

Certaines entreprises sont imposables au taux réduit de 17,5 %. C'est-à-dire que le barème de
l'impôt appliqué à leur bénéfice fiscal est plafonné à 17,5 %, et cependant dans les cinq
premiers exercices suivant la date de début de leur exploitation. L'application du taux réduit
est suivie de l'imposition selon le barème en vigueur. Ce sont :
▪ Les entreprises artisanales dont la production est le résultat d'un travail essentiellement
manuel
▪ Les établissements privés d'enseignement ou de formation professionnelle
▪ Les sociétés sportives…
▪ Promoteurs immobiliers, personnes morales, qui réalisent des opérations de
construction de cité, résidence les campus universitaires, et ce au titre des revenus de
location de ces édifices. Mais pour bénéficier de cet avantage , la construction doit
être réalisé au cours d'un délai de trois ans à compter de la date de l'autorisation de
construire, et doit porter sur un minimum de 250 chambres dont la capacité
d’hébergement maximale est deux lits chacune.

§3 : Autres réductions

1.Réduction de l’impôts en faveur des sociétés dont les titres sont introduit en bourse
Selon l’Article 6 de la loi de finances n° 73-16 pour l’année budgétaire 2017 , les sociétés qui
introduisent leurs titres à la bourse des valeurs, par ouverture ou augmentation du capital,
bénéficient d'une réduction au titre de l'impôt sur les sociétés pendant trois années
consécutives à compter de l'exercice qui suit celui de leur inscription à la cote.
Cette disposition vise à dynamiser le marché boursier marocain en incitant les sociétés à
introduire leurs titres à la bourse des valeurs.
Le taux de ladite réduction s’applique au montant de l'impôt calculé selon les taux en
vigueur ils sont fixé comme suit:
• -25% pour les sociétés qui introduisent leurs titres en bourse par ouverture de leur capital au
public et ce, par la cession d'actions existantes.
• - 50% pour les sociétés qui introduisent leurs titres par augmentation de leur capital d'au
moins 20%.
Signalons que certaines sociétés sont exclus du bénéfice de cette réduction. Il s'agit
notamment des:
32
Mohamed Mounir, Fiscalité de l’entreprise , 3ème Edition , p:176

14
• Etablissements de crédit ;
• Entreprises d'assurance et de réassurances ;
• Sociétés concessionnaires de services publics ;
• Sociétés dont le capital est détenu totalement ou partiellement par l'Etat ou une collectivité
publique ou par une société dont le capital est détenu à au moins 50% par une collectivité
publique. 33
Pour bénéficier de la réduction visée au 1 ci-dessus, les sociétés doivent fournir au service
local des impôts du lieu de leur siège social ou de leur principal établissement, en même
temps que la déclaration du résultat fiscal et du chiffre d'affaires, une attestation d'inscription
à la cote de la bourse des valeurs délivrée par la société gestionnaire prévue à l'article 4 de la
loi n° 19-14 relative à la bourse des valeurs, aux sociétés de bourse et aux conseillers en
investissement financier promulguée par le dahir n°1-16-151 du 21 kaada 1437 (25 août
2016).34

2.Réductions d’impôt en faveur des entreprises qui prennent des participations dans le
capital des jeunes entreprises innovantes en nouvelles technologies (STARTUP)

Il s'agit d’une mesure introduite par la loi de finances pour l'année 2018 et qui vise à
promouvoir le financement des entreprises innovantes à travers des prises de participation à
leur capital. Elle consiste à accorder aux sociétés imposables de l’IS une réduction d'impôt
dans le cas d'une prise de participation dans le capital de jeunes entreprises innovantes aux
nouvelles technologies.
La réduction d'impôt octroyé est égale au montant de l'impôt théorique correspondant au
montant de la prise de participation dans le capital de l'entreprise innovante. Elle est imputé
sur l’IS dû au titre de l'exercice au cours duquel a eu lieu la prise de participation.

Le bénéfice de cette réduction d'impôt est subordonné au respect des conditions suivantes :
- La prise de participation au capital de la start-up doit être réalisé par apports en numéraire.
- Le capital souscrit doit être entièrement libéré au cours de l'exercice concerné.
- Les titres de participation à qui doivent être conservés pendant une durée minimale de 4
ans à compter de la date de leur acquisition.
- Le montant de la prise de participation au capital de chaque start-up est plafonné à 200.000
dirhams.
- Le montant global de la réduction ne doit pas dépasser 30 % de l'impôt dû au titre de
l'exercice concerné.

Sont considérées comme jeunes entreprises innovantes précitées, les sociétés dont
-La création date de moins de cinq ans à la date de la prise de participation et dont le chiffre
d’affaires au titre des quatre derniers exercices clos est inférieur à cinq millions (5.000.000)
de dirhams par an, hors taxe sur la valeur ajoutée.
-Les charges de recherche et développement, engagées dans le cadre de ses activités
d’innovation, représentent au moins 30% des charges admises en déduction de son résultat
fiscal.35

33
Article 6 , CGI , III/1 , p:23
34
Article 6 , CGI , III/2 , p:24
35
Op.Cit

15
16
Bibliographie

 Les ouvrages :
 Mohamed Mounir, Fiscalité de l’entreprise, 3ème Edition
 Mohamed Abou El Jaouad, « Fiscalité appliquée de l’entreprise marocaine », 2éme édition
2007, Éditions Maghrébines,
 M.El Mernissi « l’essentiel du droit des sociétés », de The Mena collection,2019

 Les articles :
 Mohamed Nmili Professeur à la FSJES Fès, support de cours « Fiscalité de
l’entreprise »
 NOTE CIRCULAIRE N° 717 RELATIVE AU CODE GENERAL DES IMPOTS

 Les textes de loi

 Le code général des impôts institué par l’article 5 de la loi de finances n°43-06 pour
l’année budgétaire 2007, promulguée par Dahir N°1-06-232 du 10 Hija 1427 (31
décembre 2006) rel que modifié et complété

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