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Institut National des Sciences de Gestion Enseignant : Vincent de Pierre OKWE Ndong

Cours de Droit des Sociétés Commerciales Docteur en Droit Privé


Année-académi que : 2019-2020

CHAPITRE II : LA PERSONNALITE MORALE DES SOCIÉTÉS COMMERCIALES

Le contrat de société n’est pas un contrat ordinaire, simplement destiné à créer des droits
et obligations des parties. L’accord de volonté qui est exprimé donne naissance à un « être
nouveau » distinct des cocontractants signataires des statuts. Cet être nouveau doté de la
personnalité juridique est appelé « personne morale ». Sa création est ainsi entérinée par un
certain formalisme contraignant orienté autour de deux axes : la précision écrite (rédaction des
statuts) et un souci de transparence (publicité). En principe, les conditions de forme sont celles
communes à toutes les sociétés, mais les formalités additionnelles ou supplémentaires sont
prévues par l’AU en ce qui concerne les sociétés faisant appel public à l’épargne.

Aux termes des dispositions de l’art. 97 de l’AU : « A l’exception de la société en


participation qui n’est pas immatriculée au RCCM, et dont le caractère est occulte, toute
société doit être immatriculée au registre du commerce et du crédit mobilier », quelle que soit
leur forme. L’accomplissement des formalités en vue de l’immatriculation au RCCM donne vie
à la société, car elle acquiert, dès cette immatriculation, la personnalité morale (section 1),
acquisition qui lui confère un certain nombre d’attributs (section 2) identiques à ceux d’un
individu. L’art. 38 de l’AU dispose ainsi que : « toute personne immatriculée est présumée,
sauf preuve contraire, avoir la qualité de commerçant ». Somme toute, l’inobservation des
règles de publicité et d’immatriculation expose les contrevenants à des sanctions qui, compte
tenu des intérêts en jeu, sont soumises à un régime particulier.

Section 1 : Acquisition de la personne morale

Selon les dispositions de l’art. 98 de l’AU « Toute société jouit de la personnalité


juridique à compter de son immatriculation au RCCM, à moins que le présent Acte uniforme
en dispose autrement ». Cette immatriculation est soumise à des modalités. Ce sont de simples
formalités administratives qui donnent naissance à la personne morale. La personnalité morale
ne peut donc exister sans la volonté étatique.

L’immatriculation de toute société est entreprise dans le mois de sa constitution par les
gérants ou administrateurs dans le RCCM du lieu du siège social. Les succursales ou les
établissements, quant à eux, doivent être immatriculés dans le mois de leur ouverture. Si les
commerçants ou les sociétés qui les ouvrent ne sont pas immatriculés au Gabon, une
immatriculation sécuritaire est requise pour les commerçants immatriculés au Gabon, dans le

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lieu d’exploitation des établissements secondaires ou des succursales. De toute évidence, l’acte
écrit représente la plus grande force probante au regard du droit. En fixant par écrit les
principaux caractères de la société qu’ils souhaitent créer, les associés expriment pleinement
leur volonté. Ils rédigent ainsi les statuts par acte authentique ou seing privé : une sorte de
« fiche d’état civil » de la société. Cette « déclaration d’intention » ou acte de la société doit
comporter, à peine de nullité, un certain nombre de mentio ns obligatoires (voir chap. I).

Section 2 : Les attributs de la personnalité morale

Avoir la personnalité morale signifie pour la société avoir les attributs comparables à
ceux des personnes physiques. Autrement dit, la personnalité morale des sociétés commerciales
est identique à celle des Êtres humains.

A- Le nom ou la dénomination sociale

Le nom de la société est librement choisi par les associés. Ceci étant, si la raison sociale
– nom de certains associés – est rarement utilisée, la dénomination sociale est plus largement
employée Ainsi, l’art. 14 de l’AU dispose que : « Toute société est désignée par une
dénomination sociale qui est mentionnée dans ses statuts » (SEEG, par exemple). Le nom d’un
ou plusieurs associés ou anciens associés peut être inclus dans la dénomination, sauf disposition
contraire de la loi. La dénomination sociale peut être fantaisiste (Exemple, la société « la Perle
rose »). Le nom commercial de la société, droit de propriété incorporel, fait l’objet d’une
protection juridique par une action en concurrence déloyale contre toute imitation ou usurpation
(art. 16 de l’AU). Son changement peut intervenir et doit s’accompagner d’une modification
des statuts. Ce changement doit également faire l’objet d’une immatriculation au RCCM.

La dénomination sociale doit figurer sur tous les actes et documents venant de la société
et adressés aux tiers (art. 17 de l’AU). Pour éviter une certaine confusion, la loi oblige les SA
et le SARL notamment de faire suivre leur nom commercial de la forme de la société et du
capital social (par exemple, « Yves Saint Laurent la mode pour tous SARL » au capital de
2.000.000 frs CFA).

B- Le patrimoine de la société

Le patrimoine de la société est géré d’une façon autonome par la société et se distingue
du patrimoine de chacun des associés (cas des sociétés de capitaux et de la SARL). La société

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est propriétaire des biens qui lui ont été apportés par les associés (au moment des apports). Elle
acquiert d’autres biens après sa constitution et au cours de sa vie sociale (capital social). En tant
que personne morale, la société va être titulaire des droits et des obligations. Il en résulte
quelques conséquences : c’est la société qui va se comporter comme propriétaire du capital
social ; les créanciers sociaux ont le gage exclusif, non pas sur le patrimoine des associés, mais
sur le patrimoine de la société ; à la mort de l’un des associés, ses héritiers ne peuvent prétendre
à aucun droit directement sur les biens qui composent le patrimoine social (exemple en faisant
apposer les scellés) ; la liquidation des biens de la société a plus ou moins d’effets à l’égard des
associés selon le type de société. Dans les sociétés de personnes, elle entraîne celle des associés.
Dans les sociétés par action et les SARL, la liquidation de la société se limite à celle-ci.

C- Le siège social ou le domicile de la société

Le siège social est le domicile de la personne morale. Ce domicile est distinct de celui
des associés. Le siège social est fixé par les statuts. Il est le centre des affaires de la société.
L’art. 23 de l’AU dispose que : « Toute société doit avoir un siège social mentionné dans ses
statuts ». Le siège social doit être localisé, avoir une adresse ou une indication géographique.
« Il ne peut être constitué uniquement par une dénomination à une boîte postale » (art. 25 de
l’AU).

Selon la jurisprudence, le siège social se trouve là où sont les organes de direction et de


contrôle. C’est le lieu où se manifeste le pouvoir de décision, donc la volonté de la personne
morale. Cependant, une certaine opinion voudrait que le siège social puisse être fixé librement
par les associés à un quelconque des centres qui correspond à la réalité. Cette approche va dans
le même sens que l’art. 24 de l’AU qui précise que : « Le siège social doit être fixé, au choix
des associés, soit au lieu du principal établissement de la société, soit à son centre de direction
administrative et financière ». Son changement ne peut intervenir que dans le cadre d’une
modification des statuts.

Le siège social statutaire n’est pas opposable aux tiers, s’il n’est pas le siège réel. Ce
principe est important notamment en matière fiscale et en cas de litige. Il permet de déterminer
le tribunal compétent, mais aussi la nationalité de l’entreprise. A remarquer que, le tiers peut
assigner la société auprès du tribunal du lieu d’une succursale (théorie jurisprudentielle dite des
« gares principales »). Enfin, en cas de transfert du siège social dans le ressort d’un autre

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tribunal, la société doit faire l’objet d’une nouvelle immatriculation. Le changement du siège
social est possible d’un endroit à un autre, d’un pays à un autre.

D- La nationalité de la société

A l’instar d’une personne physique, une société a également une nationalité. Celle-ci,
rattache une société à un État. L’étude de la nationalité d’une société revêt ainsi trois intérêts :

- La loi applicable à sa constitution et à son fonctionnement ou sa dissolution ;


- La possibilité d’invoquer les droits réservés aux nationaux. Exemple, la loi sur la
propriété commerciale ;
- La possibilité d’échapper aux mises sous séquestre en cas de guerre.

Dans le cas de modification (changement de forme juridique, cession de tous les droits
sociaux, mise en sommeil, etc.), la personnalité morale ne disparaît pas, elle est maintenue.
Cette règle avantage les créanciers, les cocontractants, les salariés et la société elle-même qui
n’a pas à subir les lourdes conséquences fiscales d’une dissolution. En somme, le principe est
que la société a la nationalité du lieu de son siège social réel. Exceptionnellement, on attribue
la nationalité de ceux qui ont fourni les capitaux et qui dirigent la société. Ce critère est appliqué
lorsque la législation a réservé des droits particuliers aux nationaux et édicté des mesures
restrictives à l’encontre des étrangers.

E- La capacité juridique de la société

La société a la pleine capacité juridique distincte de celle des associés. De ce fait, ses
dirigeants accomplissent des actes en son nom. Elle acquiert des droits, assume des obligations,
conclut des contrats, este en justice et encourt des responsabilités.

Section 3 : La portée et les limites de la personne morale

La création de la personnalité morale, en plus de prévoir l’étendue de son activité (B),


doit également envisager sa fin (A).

A- La durée de la personnalité morale

La durée de la personnalité morale est bornée par l’immatriculation au RCCM, elle dure
tant que vit la société. En principe, la durée de vie d’une société ne peut excéder 99 ans (art. 28
de l’AU). Une prorogation est néanmoins possible (art. 32 de l’AU). Toutefois, alors qu’il existe

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des situations où la fin de la société n’emporte pas la perte de la personnalité morale (2),
d’autres, par contre, peuvent prévoir cette perte (1).

1- Evènement entraînant la perte de la personnalité morale

Plusieurs causes peuvent entraîner la disparition de la personne morale : elle peut ainsi
disparaître par l’effet d’une absorption par une autre société ou par l’effet de la dissolution.

L’absorption de la société peut être le résultat d’une fusion ou d’une scission. La


scission est l’opération par laquelle le patrimoine d’une société est partagé entre plusieurs
sociétés existantes ou nouvelles. La fusion de la société, quant à elle, aboutit à une augmentation
du capital de la société absorbante qui émet des titres nouveaux à attribuer aux associés de la
société absorbée en rémunération de leur apport.

La dissolution de la société, entraîne la liquidation et le partage de l’actif social.


L’opération consiste à payer les dettes de la société, à restituer les apports aux associés et à
partager le boni de liquidation. Plusieurs causes sont à l’origine de la dissolution d’une société :

- Arrivée du terme (art. 30 de l’AU) ;


- La disparition de l’objet sociale ;
- La décision des associés prise en assemblée générale extraordinaire en vue d’une
dissolution anticipée de la société ;
- L’annulation du contrat de société selon les dispositions prévues par l’art. 253 de l’AU ;
- Les causes de dissolution prévues par les statuts. Ils peuvent, par exemple, prévoir que
la société sera dissoute si l’un des associés décède (sociétés de personnes, commandité
dans les SCS notamment) ou encore à la suite de trois exercices consécutifs déficitaires ;
- La dissolution judiciaire pour justes motifs (art. 200-5 de l’AU) : en cas d’inexécution
de ses obligations contractuelles par l’un des associés ou de mésentente entre associés
empêchant le fonctionnement normal de la société. Le juge apprécie le juste motif en
fonction de l’intérêt de la société pour en déduire le juste motif ;
- La réunion de tous les titres en une seule main dans les hypothèses de société dont la
forme unipersonnelle n’est pas autorisée, c’est-à-dire la SNC, la SCS. La dissolution
sera prononcée par décision de justice.

Par ailleurs, pendant les opérations de liquidation, la personne morale est maintenue
jusqu’à la clôture de la liquidation : c’est la survie exceptionnelle de la personne morale (art.
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201-3 de l’AU). Les créanciers peuvent donc pendant les opérations de liquidation s’adresser à
la société pour réclamer le recouvrement de leurs créances.

2- Evènement n’entraînant pas la perte de la personnalité morale

L’art. 99 de l’AU prévoit que la transformation régulière d’une société en une société
d’une autre forme n’entraîne pas la création d’une personne morale nouvelle. Cette
transformation peut se définir comme le fait de donner à la société une forme nouvelle, tout en
maintenant inchangée sa personnalité morale : par exemple, la transformation d’une SNC en
SARL. La transformation s’analyse en une modification des statuts qui permet à la société
d’adapter sa structure à des besoins nouveaux. Dès lors, pour y parvenir, il convient de respecter
les conditions de fond ou de forme requises pour la modification des statuts.

B- L’étendue de l’activité de la personnalité morale : sa vie juridique

Par le système de la représentation, la société a une vie juridique propre. Elle a la


capacité juridique, dans la limite de son objet social, elle peut ainsi :

- Passer les contrats, ester en justice, par l’intermédiaire de ses représentants ;


- Sa responsabilité civile peut être mise en jeu ;
- En matière pénale, la loi prévoit la responsabilité des personnes morales pour les
infractions commises pour leur compte par leurs organes ou représentants. Cette
responsabilité n’exclut pas celle des personnes physiques co-auteurs ou complices des
mêmes faits.

CHAPITRE III : LES DIFFÉRENTES FORMES DE SOCIÉTÉS COMMERCIALES

Parmi les diverses formes de sociétés commerciales, nous distinguons, d’une part, les
sociétés de personnes (section 1), qui sont en général des sociétés à risque illimité et dans
lesquelles l’intuitu personae est très important, et les sociétés de capitaux, dans lesquelles la
responsabilité des associés est limitée au montant de leurs apports, d’autre part (section 3).
Parmi ces sociétés, nous avons la SARL (section 2), dont le caractère demeure hybride. Dans
ce type de sociétés, le capital prime et sont qualifiées de sociétés à risque limité. Cette
distinction guide dans la plupart des cas, le choix de la structure pour les personnes qui désirent
créer une société. En somme, lorsque le risque de perte pour l’associé ne se limite pas au
montant des apports effectué, on parle de société à risque illimité. Autrement dit, les associés

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de cette catégorie de société peuvent être tenus responsables au-delà du montant de leurs
apports. Ils peuvent ainsi engager leur responsabilité jusqu’à leur patrimoine personnel. Ce qui
n’est pas le cas pour des sociétés à risque limité. L’étude des différents types de sociétés intègre
enfin le GIE (section 4).

Section 1 : Les sociétés de personnes

Ce sont des sociétés dans lesquelles la considération de la personne ou l’intuitu personae


est déterminante. L’entrée dans ce type de société n’est pas permise à n’importe qui, et ces
sociétés ne peuvent être unipersonnelles. Elles sont au nombre de quatre. De façon générale,
les sociétés de personnes peuvent être regroupées suivant qu’elles sont immatriculées (A) ou
non immatriculées (B).

A- Les sociétés de personnes immatriculées

Il s’agit des SNC (1), des SCS (2) pour lesquelles l’AU n’a pas prévu de capital
minimum pour leur constitution.

1- La Société en Nom Collectif

La société en nom collectif est celle dans laquelle tous les associés sont commerçants et
répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales. Elle est réglementée par les arts.
270 à 292 de l’AU. Société de personnes par excellence, la SNC a des caractéristiques tenant
à sa constitution (a), son fonctionnement (b) et sa dissolution (c). Cette forme de société est
normalement réservée aux personnes qui se connaissent bien.

a- Constitution

La création de la SNC obéit aux conditions de fond et de forme. Les conditions de fond
sont celles exigées dans la formation de tout contrat, à savoir le consentement, la capacité,
l’objet et la cause, ainsi que les conditions de forme et de publicité. La SNC est une société
de personnes dans laquelle tous les associés ont la qualité de commerçant, et sont
responsables indéfiniment et solidairement des dettes de la société . Ce qui représente le
principal inconvénient de la SNC. En effet, chacun des associés peut être poursuivi pour la
totalité des dettes de la société, après mise en demeure de la société et non-paiement de la dette
sociale par celle-ci (art. 276 de l’AU). Par ailleurs, deux époux ne peuvent être associés d’une
société dans laquelle ils seraient tenus des dettes sociales indéfiniment ou solidairement (SNC).
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Cela risquerait de compromettre les intérêts du ménage. Cette interdiction s’applique


quel que soit le régime matrimonial. Le gérant associé peut éventuellement engager, hormis son
apport, ses biens personnels. Les mineurs non émancipés ne peuvent pas non plus être associés
dans une SNC.

b- Fonctionnement

Il est relatif, d’une part à la gérance, et aux droits de contrôle des associés, d’autre part.
Ainsi, la SNC est dirigée par un ou des gérants statuaires (désignés dans les statuts) ou non
statutaires (désignés après la constitution de la société). Conformément à l’esprit de la SNC, le
gérant doit être désigné à l’unanimité. Toutefois, les dispositions statutaires peuvent en décider
autrement. Le gérant statutaire ne peut être révoqué que pour « juste motif » qui prend sa source
dans une faute de gestion, par exemple une divergence d’opinion quant à la conformité de la
gestion de l’intérêt social. Par conséquent, toute révocation sans « juste motif » donne lieu au
versement des dommages et intérêts. Le gérant peut faire tous les actes de gestion envers les
tiers comme les associés, sauf clauses limitatives de ses pouvoirs dans les statuts. Il présente
les comptes annuels qu’il n’est pas nécessaire de déposer au greffe du tribunal de commerce.
Le gérant est responsable envers la société, les associés et les tiers des fautes qu’il commet dans
l’exercice de ses fonctions. Il est révoqué soit sur décision de justice, sur décision des associés.

Par ailleurs, les associés ont un droit de contrôle dans la gestion de la société. Ils peuvent
mettre en œuvre la procédure d’alerte et solliciter une expertise de gestion. La SNC étant fondée
sur l’intuitu personae, les parts sociales sont intransmissibles et incessibles par exception, elles
pourront être cédées, mais avec le consentement unanime des associés.

Les associés doivent se réunir obligatoirement en assemblée, lorsque celle-ci est


demandée par l’un des associés et pour l’approbation annuelle des comptes. L’assemblée
décide, à l’unanimité, pour la révocation d’un associé, pour la continuation de la société malgré
la révocation, pour la cession de parts sociales ou la transformation de la société ; à la majorité,
dans tous les autres cas. Cette majorité peut être soit celle des parts sociales, soit celle des
associés. De même, la SNC est composée d’un Conseil d’Administration présidé par un
président, désigné par ses pairs. Sous sa responsabilité, le président du CA assure la direction
générale de la société. Il doit justifier de certaines qualités (capacité civile, nombre d’actions

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possédées, etc.) Les administrateurs ont droit au versement d’une indemnité de fonction (art.
430 de l’AU).

En somme, le capital de la SNC, dont la loi n’a pas déterminé le montant minimum, est
divisé en parts sociales de même valeur. Celles-ci, ne peuvent être cédées que par écrit et avec
le consentement unanime de tous les associés. Toute clause contraire est réputée nulle (art. 274
de l’AU).

c- Dissolution

En dehors des causes communes de dissolution à toutes les sociétés, il y a des causes
spéciales de dissolution d’une SNC tenant à l’intuitu personae. En principe, le décès d’un
associé entraîne la dissolution de plein droit de la S.N.C, puisque le contrat de société est conclu
en fonction de la personne même des associés. Cependant, les statuts peuvent prévoir la
continuité de la société avec soit les associés survivants, soit avec tous les héritiers soit avec
certains héritiers de l’associé décédé. Dans le cas de la succession, il doit y avoir agrément à
l’unanimité des coassociés. Cependant, la cession des parts de la société demeure toujours
possible, et ce avec l’accord des coassociés. En plus du décès d’un associé, d’autres causes
peuvent entrainer la dissolution de la société notamment l’incapacité, la faillite ou l’interdiction
d’un associé.

Avec la dissolution de la société, il s’agira de liquider la société, c’est-à-dire réaliser


toutes les opérations destinées à régler le passif de la société dissoute. En cas d’actif social
supérieur au passif, le boni de liquidation sera partagé conformément aux parts sociales ou
proportionnellement aux apports. En revanche, si le passif est supérieur à l’actif, chacun des
associés pourra être poursuivis individuellement pour régler la totalité de ce passif.

2- La Société en Commandite Simple (SCS)


a- Constitution

La SCS est une société de personne (art. 293 à 308 de l’AU) qui se caractérise par la
coexistence de deux catégories d’associés, d’une part le ou les commandités qui sont des
commerçants tenus indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales, et d’autre
part le ou les commanditaires qui n’ont pas la qualité de commerçants, et qui ne sont tenus des
dettes sociales que proportionnellement à leurs apports.

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b- Fonctionnement

Les commandités sont dans une situation identique que les associés dans la SNC. Ils
sont commerçants et doivent obligatoirement avoir la capacité juridique. Les commanditaires,
quant à eux, ne sont pas commerçants et n’ont pas besoin d’avoir la capacité de faire le
commerce. Ils ne sont responsables que dans la limite de leurs apports et ne peuvent s’immiscer
dans la gestion de la société (art. 293 de l’AU). Le commandité peut faire un apport en industrie,
en numéraire ou en nature. Au contraire, le commanditaire ne peut faire qu’un apport en nature
ou en numéraire.

Un des associés, pris parmi les commandités (commerçants), peut assurer la fonction de
gérant (art. 298 de l’AU). Les associés commanditaires ne pouvant, en aucun cas accomplir les
actes de gestion et ce, même en vertu d’une procuration (art. 299 de l’AU). Il s’ensuit que le
commanditaire qui s’immisce dans la gestion de la société s’engage personnellement et
indéfiniment. Cependant, leur consentement est nécessaire pour tous les actes graves, excédant
les pouvoirs des gérants et qui peuvent porter atteinte à leurs intérêts.

Le capital social de la SCS est librement fixé par les statuts. Il est divisé en parts sociales
dont la cession fait l’objet de règles spécifiques, compte tenu de la double qualité d’associés.
Autrement dit, les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec le consentement de tous les
associés sauf clause statutaire contraire.

c- Dissolution

Toutes les causes communes de dissolution des sociétés, ainsi que les causes de
dissolution propres à la SNC sont applicables à la SCS. Cependant le décès, l’incapacité, la
faiblesse ou l’interdiction d’un commanditaire n’entraîne pas la dissolution de la société. La
dissolution de la SCS a pour effet la liquidation et la répartition du boni entre les associés. La
répartition des pertes est faite en tenant compte de la limitation de responsabilité des
commanditaires.

Exercice d’application n° 2

Acquisition de la personnalité morale.

Eléments permettant l’individualisation d’une personne morale.

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