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Phlou 0035-3841 1990 Num 88 77 6620 t1 0109 0000 3
Phlou 0035-3841 1990 Num 88 77 6620 t1 0109 0000 3
Follon Jacques. Jean-Joël Duhot, La conception stoïcienne de la causalité. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième
série, tome 88, n°77, 1990. pp. 109-113;
https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1990_num_88_77_6620_t1_0109_0000_3
limité des témoignages authentiques dont nous disposons» (p. 7). Mais
cette seconde possibilité était elle-même peu satisfaisante étant donné le
nombre fort restreint des témoignages, qui empêchait qu'on pût, «en les
comparant, distinguer l'essentiel de l'accessoire et déterminer les
éventuelles erreurs de perspective dues souvent à leur caractère critique»
(p. 8). L'A. a cependant trouvé le moyen d'échapper à cette redoutable
alternative et de briser le cercle vicieux en question. C'est que la
physique et la psychologie du Portique, qui sont beaucoup mieux
connues, se fondent inévitablement sur une certaine conception
implicite de la causalité. Dès lors, en dégageant celle-ci des textes stoïciens,
de loin plus nombreux, qui traitent de physique et de psychologie, il
devenait effectivement possible «de déterminer les cadres
philosophiques de la question et (d')orienter ensuite (la) recherche dans le
domaine lacunaire de l'étude des textes explicitement consacrés à la
cause» (p. 8). Une fois reconstitué, par ce moyen, l'essentiel de la
conception stoïcienne de la causalité, l'A. pouvait alors «envisager une
étude critique générale des témoignages incertains», avec «le risque de
voir apparaître une contradiction, mais aussi la possibilité d'enrichir les
conclusions précédentes» (p. 8). C'est cette méthode qui a déterminé le
plan général de la thèse de M. Duhot, celle-ci comportant cinq parties
intitulées respectivement «Les problèmes», «La place et le rôle de la
causalité dans la physique stoïcienne», «La conception stoïcienne de la
cause», «Le corpus», et «Cause, destin, liberté». A ces cinq parties ont
été joints en annexe: (1) une traduction du chapitre 9 du huitième livre
des Stromates de Clément d'Alexandrie (chapitre consacré à la question
des causes); (2) un court appendice sur la cause partielle; et (3) une
traduction d'un texte de Galien sur les causes synectiques. Enfin,
l'ouvrage de M. Duhot se termine par un index nominum, un index
verborum et une bonne bibliographie. On déplorera cependant quelques
fautes d'impression qui pourraient être facilement éliminées dans une
éventuelle seconde édition. Ajoutons néanmoins que pour le reste, le
livre en question est écrit dans une langue claire et heureusement
dépourvue des artifices et des snobismes littéraires qui déparent trop
souvent le propos des philosophes français actuels.
Au total, nous pouvons donc dire que M. Duhot, qui est également
bien connu dans le monde de la musique, nous a donné là un excellent
travail sur un sujet qui peut à première vue paraître secondaire, mais
qui en réalité est au cœur de la métaphysique et de la morale
stoïciennes. De ce fait, son ouvrage apporte certainement une contribution de
valeur à notre connaissance de la philosophie du Portique et même, par
delà celle-ci, à l'étude de la notion de cause dans la philosophie
ancienne en général.
Jacques Follon.