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INT IlODU C1'ION


Objet dn volume. Les ohligations. Définition. Généralités, f. - Príncipe moderne
du pouvoir de la volonté, 3. - Division du volu1ne, 3.

L IVRE PREMIER. - THÉOR!E GÉNÉRALE DES OBLfGATIQNS


'fITRE PRE:\IIER. - OBLIGATIONS SIMPLES
CI-1,\PITRI~ PREl\llER. - Effet des obligations.
SECTION l. - Etendue de l'obligation du débiteur.
Effet de l'inexécution de son obligation.
0
§ 1, - ETENIJUE DE L 0IlLIGATION DU DÉDITEUR, 6.
Obligations de donner, de faire et de ne pas faire. Oblig1ttions successi,es, 6. -
Libération du débiteur. Théorie de la faute contractuelle, 7. - lnexécution non
imputable au débiteur. Cas fortuit et force majeure, 9. - Exception 11ux regles ·
générales sur la responsabilité du débiteur. Clauses u'exonération, 12.
§ 2. - SATIS~'ACTION IIUF. AU GIIIÍANCIER, 14,
I. - Exécution di1·ecte, 14.
1° ~lise en demeure du déhiteur, li. - 2° Exécution forcée. Cas oü elle est possi-
hle, 16.
1
11. - E,'xécution par équivale11t. T/iéorie des domn1ages-intér~ts, 19. '
1• l<'ixation des dommages-intérets par le juge, 21. - 2º Fixation des dommages-
intéréts par les parties. Clause pénale, 23. - 3° Particularités relatiYes aux obli-
gations ayant pour objet une somme d'argent, 26. - A. Dommages-lntérets dans
les obligations ,le sommes d'argent, 26. - B. Regles concernant les intéréts des
intéréts non acc1uittés par le débiteur. Anatocisme, 29. - 4° Théorie des astreln-
tes, 32.
SECTIO~ II. - Réalisation pécuniaire des droits des créanciers.
Généralités. llistorique. L'exécution sur la personne puis sur les biens, 35. -
Contrainle par corps, 36.
:; 1. - s¡;n LE PATIIIMOINE DU lJIÍUlTEVII, 38.
AssI&TTE llT ÉTliXUUE Ut: DHOIT llES CIIÉ:ANCIEl<S
''
Príncipe de l'égalité des créanciers. Leur droit de gage général, 38.
~ 2. - Pnocli:uli:s lJE HÉALISAT[ON nu GAGI! lJBS CIIÉANCIEI\S, 40.
1 º Procédés d'exéculion,• iO. - 2° Procédés de préserYa!ion, 41.
1. - E'xercice des droit.~ el actio11s du tiébiteur par le créancier (art. 1166), 42.
11. - Action rét•ocaloire 011 actioit Paulienne (art. 1167), 48.
Arri¡:Nuic~ 1. - Actio11 Paulie11n'I en coa de faillite, 60.
ArrKNllici: 11. - Action e11 declar11tion de aimulatior,, Gi.

(1) Les chilfres ren,oient aux pages.

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1


VIII · TABLE A~ALYTIQUE

SECTION 111. - Des obligations naturelles.


Notion générale de l'obligalion naturelle, 63. - I,es obligations naturclles en Droit
romain, €4. - L'Ancien Droit franqais, 65.
· § 1. - DANS QUEJ,S CAS Y A-T-IJ. OBLIOATION NATUI\ELLE, 66.
Systeme doctrinal classique, 66. - Systeme de la jurisprudence, 69.
§ 2: - QUll:LS SONT LES EFFETS DE J.'ODLIGATION NATl'RELLE, 10.
Elfels de l'obligation naturelle romaine écartés par le Droit uctuel, 73.

Cll,\PI'fRE If. - Ex:tinction des obligations.


;\lodes d'extinction des obligations, 74.
SECTION l. - Du paiement.
§ 1. - Du P.IIEMl!iXT PUR ET sr»PLE, 75.
l. - Regles générales du paiement, 7.i.
1° Qui peut payer, 76. - 2° A qui doit ~tre fait le paiement, 77. - 3° Que doit
comprendre le paiement, 78. - 4º Epoque, lieu et frais du paiement, 80.
11. - Jmputatio11 des paiements, 80.
JI!. - Offres de paien1ent et consigna/ion, 81.
IV. - Des oppositio11s á paiement et 1/e la .~aisie-arrét, 83.
V. - Cession de biens, 88.

§ 2. - Du PAIEIIIENT AVEC SUBROGATION,'89.

I. - Subroga/ion conventionnelle, 91.


t• Subrogation consentie par Je créancier, 91. - 2° Subrogation consenlie par le
déhiteur, 92.
JI. - Subroga1io11 léga!e, 94.
111. - Effets du paiement auec subroga/ion, 91.
IV. - Co111paraison entre la subro_qation et la cession de créa11ce, 100.
SECTlON 11. - Novation et délégation.
§ f, - DE LA NOVATION, 101.

Définition, mér.anisme de la novation, 101. - Comparaison de la novation du Droit


romain et de la novation moderne, 103.
l. - Conditions requises po11r qu'il y ail novation, 104.
11. - EUets de la nouation, 106.
§ 2, - DE LA DKLÉGATION, 107,
Délégation parfaite et Délégalion imparfaite, 108. - Comparaison entre la délé-
gation parfaite et la cession de créance, l 09. - Elfets de la délégation au regarrl
• du déléguant, 110. - Elfets de la délégalion nu regard dn délégué. Caractéris-
tique essentielle de :1a délégation, i 11.
SECTlON 111. - Compensation.
Déftnition, utilité, applications Je la co1npensation, 113.
§ i, - THIÍOIIIK llE LA COMPENSAT!Oli EN DIIOIT t'IIAN~:A1s, 115.
Cnractere légal de la comp~nsation en Droit fran<:,ais, 115. - 1:ondilil•n de la com -
pensntion découlant de cette ldée que la com¡,ensation est un paiement, 116.
Des ~as exceptionnels oí1 la compensation est écartée, 118.
§ 2. - Co&trARAISON ENTIIE LA r:OMPRNSATION t'IIANCAISll t:r CEJ.Lli JJU IIROIT Al,J.EllAlilJ, 120.
SECTION IV. - Confusion.
DéRnitlon. Ilypoth1\ses pratiqucs de confusion, 122. - Elfets de la confusion, 123.
SEC1'10N V. - Remisa de dettes.
Déflnition. Réglemenlntion générnle, 123. - Présomption légale de libération r15-
sultnnt de la remlsc volontaire du litre de crénnce ful te pnr le crénncier au déhi-
teur, 125. - l\emise de dcttc résultant d'un concordnt, 126.
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T.\.llLE A.'i.-\LYTIQUE IX

SECTION VI. - Perte de la chose due ou impossibilité d'exécution.


Elfet de l'impossibilité fortuite d'exécntion en cas de contrat synallagmatique.
Théorie des risques. Regle de l'artirle 1138, 128. - Carartére exceptionnel de
la regle de l'article l 138. Solution du Uroit com1nun, 130. - La question des
risques en cas d 'ohl iga t ;on de donner condi t ion nellc, 132.
Sí~CTION VII. - Résolution et résiliation.
~~ 1. DE LA IU(SOLUTIOX JUllJCIAIHE, 13-í.
Le príncipe. Son fondcment en droi t et en éqnilé, 134. - Origine hi,torique et
portéc de la regle de l'article 1184. Caracterejudi;:iaire de la résolution actuellc,
135. - Condilions d'exercicc de l'action en résolution, 13i. - llyputhesc d'une
clause du contrat prononQant éventuellement la résolntion, 138. - Chan1p
d'application de l'action en résolntion, 139.
§ 2. DE LA IIÉSILIATION, 140,
SECTION VI 11. - Prescription extinctive ou libératoire.
Défini tion. Généra Ji tés, 142.
§ 1. - THÉOlllE GÉNIÍHALE llE LA PllESClllPTJON EXTINCTIYE, 144.
l. - ll11rée de la pl'escription extinctii•e, 144.
Prescription de cinq ang des loyers, fermages, intérets, nrrérages, 14,. - Petites
prescriptions fondées sur l'idée d'une présomption de libération, 146. - Autres
courtes prescriptions, 148. - Conventions qui modiflent le délai Jégal de la
prescription, 149.
11. - Poinl de départ de la prescription, 1:í1.
111. - ,',uspension de la prescri¡•llon, 152.
IV. - lnterruption de la prescription, 1r.3.
Etfets de la reconnaissance de dette sur les petites prescriptions, 1ii4.
V. - Effets de la prescription. Renonciation a la prescription acquise, 15:j.
§ 2, - PRESCIIIPTION llES .-\CTJONS EN Nrl.LIT~; ET EN IIESCISION, 156,
l. - Domaine, origine, fonde111ent et caractere tle la prescriptio11 de l'article 1:JOí, 1~6.
11. - l'oint de départ du délai, 160.
111. - Effets de l'expiration du délai, 162.

c:IIAl'lTRE II\ - 1'1•11nsmission eles ol1ligalio11'>.


La transn1issibilité de l'obligntion n'est pas une idée ar.cienne, 16,. - Généralités
sur la cession de créance, 164.
§ l. - CoNDJTIONS DE L.\ CESSION DE cn~;~NCE, 166.
Conditions dilférentes inter pa,·tes et a l'égard des tiers, 1G6. - Quels sont les
tiers qui pcuvrnt se prévaloir dn déíaut d'accomplissement des íormnlités de
l'artir.le 1690, 167. - 1'ransmissions de créances ou autrcs droits auxquels ne . '

s'npplique pas l'article 1690, 1iO.


~ 2. - EFFETS nt; !.A CESSION llE CIHlANCt;, 171.
APPENDICE. - /Je la cessio11 de dettes, 1 i3.

'l'l'l'I\l~ 11. - OBLIGATIONS OOMPLEXES

Cll,\PITl\1~ Pl\1~!\IIEI\. - l\lodalités.


8EC1'ION r. - Condition.
Nollon gr.nrrnle de la con di tíon, 17i.
§ 1. - DIVISIONS llES CONlllTIONS, 178. •
1 '
C.ondltlon suspensivc ~t condition résolutoire, 178. - Condilions potcslatives,
cnsuelles, mixles, 179. - Condllions positives et négatives, impossihlcs, immo-
rnlcs, illlcitcs, 180. ·
X TABLE A '\'ALí'flQGE

.§ 2. - EFFETS DE LA CONDITION, 182.


Rétroactivité de la condition, l.84.
SECTION Il. - Terma.
Définition du terme. Différences avec la condition, l.81. - Déchéance du term ,
188. - Di fféren tes· espéces de termes, 190.

ClI\.lll'fRE ll. - Pluralité d'ol,jets 011 de1 sujets.


Pluralité d'objets. Ohligalions conjonctives, nlternatives, facultatives, 193.
SECTIO:'I I. -
Obligations coojointes.
Déflnition. D01naine de l'ohligation plur¡,le dile conjointe, 195.
SECTIOX 11. - Obligations solidaires.
§ 1. SoLID.\íl!Tll ACTI\'E, 191.
~ 2. - SOLID.\RITIÍ P.\SSJ\'E 1 \ 99.
1. - Sources de la solidarité entre 1/ebiteurs, 199.
II. - Effets de la solida, ité dans les rapports des codébiteurs so]idai,·fs avec le créan-

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Efl'ets principaux. l:nit{, d'ohjet de l'ohlignlion ; pluralité de liens, 203.' - Elfets
du déciis de !'un des codébiteurs sol id aire~ sur l'obligHtion, 205. - Elfets secon-
daires de la solidarité, 205. - Idée de la représentation mutuelle des codéhiteurs,
207. - Conception difl'érenlc de In solidnrité dans a·autres législations, 209, -
La solidarité produit-l'lle toujours les n1émes elt'ets? 210.
III. - Recours du codébiteur solvens contre les uutres codébiteurs solidaires, 210 .

SEC'l'ION III. - Indivisibilité.
Définition. Généralités, 211. - Quand une ohligation est-elle indivisible ? 2i2. -·
Effets de l'indivisihilité, 214.
• • A llllENDICE. - Des 111•euves.
Déílnition. Généralités. Classiflcation des preuves, 216.

SEC'l'ION 1. - De la preuve littérale.


~ 1. - 1'11~;~¡1'.:nE Gl,\SSIFIC.\TION l>ES ÉCIIITS, ;\CTES SIGNÉS ET NOX SIGNIÍS 1 219.
S 2. - SECONDE IJl\'ISION UES IÍGlll'fS, AcTES AUTIIE:-iTIQCES El' ACTES HOCS SEING PRIVÉ, 221.
1. - Di/fére11ce relative aux for111alités de 1·édaction. J,'orme de.~ acles notariés, 222.
l~ll'et des acles nuls co1nme authenti<.¡ues, 22¼. - Acles sous seing privé soumis
ii des for1nrs déter111i11i~es. Actrs i·elatant des conventions synnllagmatiques ou
des ohligations nnilalérales df.' sommes d'argcnt, 225.
II. - 01!fére11ce relatit•e t, /11 (o,·ce e:i:écutoire, 228.
111. - /Ji/fere,ice r¡11a11t il la (oi due ti /'écrilure, 2~9.
IV. - /Ji¡fére11ce 1¡11a11t il fa fui due au contenu d,· l'acte, 280.
V. - l)ifTére11ce re/a11ve 11 la (ni dile ci la date des acles, 232.
llegh! de l'article 1328. Date crrtai11ll des écrits privés envers les th,rs, 233.
VI. - Dilfére11ce r1!lative i1 la valeur des copies, 23:i.
~ 3. - '1'1101s1?'.llE 111\'JSION l>ES PIIIIU\'ES I.ITTIÍIIAJ.t;s. AcTt:s rnlMOIIIJIAUX. AcTES IIÉCOGNITIF~.
A,:TES co:,;t·111:.1.1T1Fs, :i:lG.
llt')gles relalil'eS aux 1\c1·its conllr111atifs et, plus g,1néralernent, it la conflrmntion
des acles annulahles, 237.

SECT!t)~ 11. - De la preuve testimoniale.


llistoriqut'. (;1\11éralit,1s, 240. - l're1nicrr. regle: lnterdiction de In preuvc testimo-
1.1iulc au-d1·sHus de cent-cinqnantc fr.incs, l!41. - Deuxierne regle : lnterdlction
d,! prouvcr par tt\1noins outre et contrc le contcnu de l'écrit, 243. - Exceptlons
/i la prohihition de la preuve tcsthnonlale, ~44.
TABLE A:'IALYTlQUE XI

SEC1'JON 111. - Des présomptions.


§ :l. - Ttt~:ORIE Gf;NÉIIALE DES PIIÉSOMPTIONS, 246.
I. - Préson1ptions sin1ples, 24 7.
11. - Préson1ptions léqal,s, 24 7.
Présom ptions relati l'es et présomptions absolues, 249.
§ 2. - ETUIIE SPÉCL\LE DE LA PllÉSOMPTION D'.IUTORITÉ DE LA CIIOSE JUGÉE, 250.
I. - Conditions de la regle, 251.
A quelles décisions appartirnt l'autorité de la chose jugée, 251. •- A quelles de-
mandes s'oppose l'rxr,rption de ch ose jugée 253.
11, - Autorité au civil de la e/tose jugée au crin1inel, 257.
SEG1'10N IV. - De l'aveu.
Notion de l'aveu, 259.
I. - Ave u e:rtrajudicia1re, 261.
11. - Aveujud1ciaire, 261.

SECTION V. - Du serment.
Définition. Di,·erses sortes de serment, 263.
1. - Serment décisoire. 2R4,
I l. - Sern1e11/ súpplétoire, 267.
111. - Sertnent u in litern », 267.

Ll VRE II. - LES SOURCéS DES OBLIGAT/ON1

TI'fRE PJ{El\lIER. - THÉORIE GÉNÉRALE


Classilii:ation du Code civil. Sa critique. Critique particu!Jere de la notion de quasi-
contrat, 269. - Essai d'une classiflcation rationnelle, 271.

l1 IlE~IIJ~:Itl~ 11 ,\.llTIE. - LES CONTRATS



Délinition, 273. - Principe de la pleine libe1 té conlractuelle; ses ]acunes, 213. -
Que] est le domaine du contrat? 275.

CII,\I1 rr111~ JlJll~\IIEil. - c:111ssiflcations dive,·ses des cont1•als.


1. - P,·e111iere c/a.~sificat1011 : Co11trats il litre gratuit. Contra Is a litre 011ére11:r, 217.
11. - Seconde class1fic11lio11: l'ontrats synallagr11atiques. <,·ontrats uni/aJéraux, 278.
111. - Troisie111e cla,sification: Contrats consensuels, réels, sole1111e/s, 279.
Caractere consensn,·l dt•s législalions mod!'rnes. Comment elles se sont dégagées
du formalisrne primilif, 280. - Renaissance indirecte du formalisme dans la lé-
gislalion des preuves, 282.
IV. - Quatrieme division : l'onll'ats co111n1utati{s. Confrats aléatoires, 283.

Cll,\.Pl'l'IlE II. - Condition de f'o1•mation et de


\'aliditc\ eles eo11ll'ats.
SEC'J'lON l. - Le consentement.
~ l. . - CoNSf;NTEllt:NT ou A•:conn IJES \"01,0NTt;s, 28'4.
llypolhiise d'une adh,:sion non si1n11ltanée des parties. Explicalion de l'effel obli-
gatoire des si,nplcs pollicilalions, 28:;. - A que! n1on1cnt se fo1·me le contrat
concln par corrcspontlanc,i? 288. - Comment se fait la 1nanifeslation de ,·olonté
• dans le contral '/ .\laniff'slallon dirccte 1it indirecte, 289. - Le silence peut-il
valoir acq11iesce1nent '/ 290.
~ 2. - 1'11i::0111t; IJKS VICES ll~: !.A VOI.ONTI::, 291,
¡. - ne
l 'erreur, ~'>9"_ .
1I. - Dol el violence, 298.
111. - /Je la lésion, 30i.
XII TA.DLE ,\:\',\LYTIQUE
\
SECTION 11. - Objet du contrat.
Que faut-il entendre par J'objet du contrat? 306. - Regles théoriqnes concernant
l'objet des obligations. Clanse de porte-fort, 307. - Les choses hors du com-
n1erce ne peuvent etre l'ohjct d'un contrat, 309. - Les successions non encore
. ouvertes ne peuvcnt etre l'objet des contrats, 309.
SECTION 111. - De la cause.
Déflnition de la cause, 313. - 1º Cause des conventions iJ. titre onéreux, 314. -
Des cas ou le motif est pris en considération dans les contrats a titre onéreux.
316. - 2° De la cause dans les donations, 318. - De J'obligation dont la cause
n'est pas indiquée, :l!J.

Cil,\.PI'l'RE 111. - Efl'ets {Jéné1•a11x tles contrafs.


S ECTIO:-l 1. - Effets des contrats entre les parties.
Que les ~ontrats font loi entre les parties. Pouvoir d'interprétation du jugc, 323.
SECTION I[. - Effets des contrats a l'égard des ayants-cause des parties.
1° Successeurs il litre universel, 32,;. - 2° Créanciers, 326.-,\vantscause

a litre
parlic111ier, 327. - 1'hlorie des contre-lettres, 329.
SECTION 111. - Effets des contrats a l'égard des tier3. Stipulation pour autrui.
Principe de la relativité des contrats. Exceptions qu'il comporte, 331.
§ l. - LA LlDf:llTf; DES STIPULATIONS POUII AUTRUI 1 333.
Les solutions du Code civil. 336. - Application pratique de la stipulation pour
autrui, 337. - Comparaison entre la stipnlation pour autrui el la délégation,
339.
§ 2. - Ef'ff;TS f)E (,,\ STIPUL.\TIOX POIJII AUTIIUI. DnoITS ET ACTIONS QUf: f'AlT XAiTIIE LA STIPli-
LATlOX, 339.
1° t>remicrc proposilion. Droit acquis directement pnr le tiers hénéflciaire, 340.
- 2° Deuxien1e proposition. Faculté de révocation du stipulant, 343. - Rapports
juridiques créés pnr la stipulntion entre les divers intéressés, 344.
3. - DE r.A STIPULATIOX POUII AUTIIIII FAITE AU PIIOFIT J)f; p~;nsoXNES f'UTUllf:, ou INlllÍTER-
)llSEES, 346.

DEUXIl~'III~ t>AJ\'fll~. - SOURCES D'OBLIGATIONS


NON CONTRACTUELLES

CII,\ l'l'I'RI•: l'Il E'IIIEI\. - Dí,lits et t¡11asi-délits.


Signillcation des mots délit ni responsabilité dtllicluelle, 349. - llifférence cntrr les
délits et les quasi-délits, :150. - Distinction dn délit civil et ,tu d, 11it pénal, 351.
- I\ésultnt de l'action en rcsponsabilité. ll,1 paration du délit, 352.
SECTIO:i J. - Historique de l'idée de respousabilité délictuelle.
Les peines privées dnns les législations prirnitives. Le ()rolt romain, 3,í3. - L'An-
cien llroit francais.

Formation de l'idée moderne, 3:í5. - ldées directrices du
Code civil. L'idéc, d11 faute. 'I'h,1orie classiq11e, :¡5¡;_ - 'fhéorie nouvelle. Sys-
ti!111e de la responsabilité ohjective, 356.
SEC'l'ION 11. - Fo11ctioanement de la responsabilité délictuelle.
~ 1. - COXlllTIOXS lit: I.A llf:Sl'ONS.\Ull,11'1(, 361,
I. - Pre,nie,· elé111e11t 1/e la responsahilité : le /)0111r11a,qe, 3(il .
Dorn1n11ge mntéril'I on p11tri1nonlal el Do1nn1nge rnoral, 362.
11. - Deu:rie111e elé111e111 : /,<1 Fau te, 3<i3.
I• Imputahilité, 363. - I\esponsnhilitú des personnes nrornles, 364. - 2• Culpnhi-
lité. ~·nute propren1cnt dite, :166. - Différence entre In fnutc délictuellc et In
faule contrnctuelle, 368. - 'l'héorie de l'nhus du llroil, 371.
TAIJLE A~ALYTIQ[E XIII

SECTION III. - Responsabilité du fait d'autrui et du fait des choses.


§ 1. - HESl'OXSAlllLITI\ l>U FAIT 1>'AUTHUI, 3i6.
l're111ier groupe: Responsables autorisés a con1batlre la présornption, 37i.
1. -
1° Les perc el mere. :li7. - 2° LPs institutrurs, 3i9. - 3° Les artisans, 381.
11. - IJe11xién1e _qroupe: l'erso1111es contre lesquelles la loi crée une préso111p1io11 de faule
irréfra_qab{¿, 381.
1° Sens des n1ots dorncstiqucs et préposés, :183. - 2° llans que lle rncsurc !e rnaitre
ou le con11nettant est-il responsable des acles du dornestique ou préposé, 3S3.
~ 2. - fiESPOXSABILITf: IJU FAIT DES CH OSES, 38:i.
-
1. - Responsabililé du don1ma9e causé par les anú11a11x, 38;:;.
11. - Re.<ponsabilité du foil d,•s báti111ents, 38S.
111. - /fe.~ponsabilitr' du fait des choses inani111ées en gé11éral, 3S9.
APPENOICE. - Du risque professionnel en matiere d'accidents dt1 travail.
Le príncipe, 3()2.
s~ 1. ETEXIH;f; li',IPPLlC.\TlON DE L.\ LÉGISLATJO:; SPl(CL\LI•:, 393.
§ 2. fIXATIO:; l>ES l:',;lli-;lJl\lTIÍS, 39:i.
§ 3. GAH.l!'.TIE lll! P,\IEllE,';T lll'5 INl>Ell!'.ITIÍS, 391.

(:111\.l'l'l'l\J~ JI. - E111 icl1iSSl'JllClll i11,i11sle.


SEC'l'ION I. - Répétition de l'indu.
Action en répétition de l'indú. Son fon<lernent, 398.
I. - Conditio11s de la ,·épétition, 399.
11, - r:1e11due de la restit ution qui incon1be a l'a.-cipiens, 402.
Action "de in rem verso».
SEC'I'IO~ 11. -
Origine histurique de la regle, 403. - l)cnrichisscrncnt sans cause et l'action
de in rern verso dans Je Droit civil acluel, 405.

'l'l'l'lll~ II. - PRINCIPAUX CONTRATS USUELS


l'l{E~Ill~l\E l'All'l'IE. - LA VENTE
Oéllnition et irnportanee de la vente. Son raractcre translatif, 410. - Son carac-
tcre purement consenstiel. Exceplions á la r~glc, 411.

(;IJ1\PI'J'I\I~ PIIE'IIIEI\. - CtJntlitions et n1odalit1~s lle l:t VCilll!.

SECTION I. - Du consentement.
~ 1. - :,u CONS!sNTJ,;M~:r.T.
AcTUAl,l'l'I:; Pn\lllESSES l>E \'ENTE, 413.
Ocs lorations-ventes, 417.
§ 2, - J\l01>ALITl(S l>E LA \'léNTE, 418.
1. - 1·,,,11e avec résl'rl'e d'élection d'a111i cu de déclaration de co111111and, 418.
JI. - l'enles s11bordo1111ées il certainc.~ 0¡1iratio11s 11ltérieures, -'.19.
Sl~C'l'IO~ 11. - Capacité.
1. - I11cap11cités fondees .~,,,. l'i11tér1_:1 des creancier.~ saisissa11ts ou in.~crils sur l'in1111euble,
20.
/11capacité de certains fo11ctio1111aires fo,ulée sur 1111e sus¡,icion légiti,ne, 421.
11. -
I 11. - /11ca¡¡11cité des r1e11s de justice d'acr¡ueri,· <il'S tlroits /1tigie11x, 421.
IV. - /11capar1ité de.~ ,11a11data1res r.hary¿s de vendrc, e/is ad111i11islra1e11rs des biens des
co1111111111l'S el des /uteurs, !¡~~- '
V. - /11cap11cilé dl's époux c11tre e11.i:, !i23.
SEC'J'ION 111. - Objet de la vente.
·1 •
~ - 1~.\ .1,,,-
CIIOSI-., t- ; • ..
1. -· Nricessit,i de l',·xisle11ce a11 111oi11.s éve11111elle de la cho.se, 421.
1. - Nécessité r¡11e la e/tose 11e toit ¡,as ho,·s du co111111erce, 421,

1.
XIV TAllLE ANALYTIQUE
II. - Nécessité que la ch ose puisse ~/re t1·ans111ise en prop1·iété á l'acquéreur. l\'ullité de
la vente de la chose d'autrui, 430.
§ 2. - Lr-: PRJX.
1° Uétermination du prix, 43_5. - Regles spéciales pour les ventes a temprrament
de valeurs dr. bourse. 436. - 2° Nécessité d'un prix sérieux, 436. - 3° Nécessilé
d'un juste prix. Rescision pour cause de lésion des ventes d'immeubles et des
ventes d'engrais, 437.

ClIA.l'lTlll~ ll. - Effels de l:t ,·e11te.


Sr-:C1'ION I. Obligations du vendeur.
~ 1. - D~'LI\'IIANCf; IJE LA CIIOSE, 446.
§ 2, - LA GAIIA:-.TJE, 4í8.
1. - Garantie contre /'évictio11, 450.
1° Faits qui clonnent liPu a la garantie rlr rlroit, 450. - A. Eviction totale uu
partielle, 450. - B. 'l'ro11hle de rlroit et trouhlc de fait, 4;;3, - C. Charge
non diiclarie, 455. - Cas d·inrxi,IPncP cl'unc servituile active rléclarée, 457. -
2° Elfets ile l'ohligation ele ga1·antie: Est elle indivisible? 4,;7. - A. Pre1niere
oblígation dn garant: Ne pas troubler l'arhPtPur, 458. - Il. Seconile ohligalion.
Garantie incidrnte, 458. - C. 'J'roisien1e ohligation: lléparer l'éviction consom-
' mée, 459. - a) Cas d'éviction totale, 460. - bl Cas d'éviction parliPile, -163. -
c) Hypothese de ~harge n1Jn déclarée. 464. - 3° De la garantie de fail, t,64.
l I, - Garantie co11tre les vices de la chose, 46i.
1° Rep;lrs générales en matiere de viees rédhibitoires, 468. - 2° Effet des vices de
la chose en matiere de vrntc il'ani1na11x don1t·sliques. Dualité des législations
applicables, 412. - A. Nullilé de la Yente des animaux contagi1111x, 474. -
B. Garantie pour vices rédhibitoires des anin1aux domestiqt1es, 475.

SEC1'11)N 11. - Obligations de l'acheteur.


I. - Prenr1ere o,~ligation: J•,'11/ever la citase. 4i6,
11. - Seco11de obligatio11: Payer les f'r<1is, 477.
111. - 1'roisie111e 01Jligatio11 : Payer le prix, -íi7.
Quelles sonl les suites du d11faul rle p11ien1rnt du prix? Action r,n r,\solulion, 4i0.
- Limitalion a l'aclion en résolullon, 480.

Cll,\l'l'l'Ill~ III. - De quelq11es varlétés pnrliculit,1•es de ,·(inte.


Sr-:C1'ION 1. - Vente a réméré.
§ 1. CoNI>ITIONS 1>'Ext;11c1cE (IF: L.\ FACUt:n:; IIE 111\MÉIIÉ, 487.
§ 2, Ef'FETS l>U 111:;111::111'.:, 490 •.
1° EIJ'cts du ril111éré nprcs son cxrrcicc, ,190. - 2• Situation des parties penden/e
co11ditio11e, 492.
SEC'I'l(l:'l 11. - Vente d'hérédité.
l're1nii,re idéc : J,e vcndrur c1\dr. tont I'én1ol11111cnl de In successlon, 494. - S1·-
eonde id(,e: La vente d'hérédití, est une trnnsn,ission 1\ litre univers1,1, 1!l't. -
1'roisicn1c idéc: La ccssion n'est pas opposablc nux créanciers héréditaire~, 4!1;;.
sr-:CTlllN 111. - Cession des droits litigieux.
Le retrnlt litigicux, 496.
SEC'l'ION IV. - Dation en paiement.
üéllnition. Génér1dil11s, !iOI. - Con>pnraison t•ntrn la 1lation en pnie1nent et la
vente, 502.

1)1•:UXll~~IE l'.,\ l\'1'11•:. - LE LOUAGE


Déllnitions. Clnssillcntions, GO~.
'', ., .

TABLE A'iAL,"l'I<21'E

Cll,\.Pl1'llE 1>1\E,\l lEll. - Le l0L1:t{JC tle cboses.


SECTION I. - Car2cteres généraux et nature juridique
du louage de cboses.
Déflnitiou. Comparaison avec les a u tres contrats, 50i. - Caractcre de pcrsonnn-
lité du droit du preneur, i:i!O. - Ten1prra1nent de l'artir,le 1i43. Opposabilit,: du
droit du preneur aux tiers acquéreurs, 511.
SEC1'ION II. - Louage d'immeubles. Regles communes au bail
a ferme et au bail a loyer. ·
§ 1. - CONDITIONS DE FOHIIATION DC DAIL, 516.
I. - Le bail e.si un acle de sin1ple administration, iL est essentiP.l/e,ne11t ten1po1·aire, 51 ü.
Duré e et fin des locations, 51 i. - Capacité ou pouvoirs nécessaires pour passer
un bail, 518.
11. - le bail est soumis á des régles de preuve spéciales, :i19.
Exceptions :,u príncipe de la nécessité d'une preuvc écrite. Tacitc rcconduction.
v--.
r;99

§ 2, - ÜBLl<JATIONS IIU DAILLEllll, 524.


Délivrance, 524. - Entreticn, ,i2:.i. - Hisr¡ue du ,:ontrat, 525. - Garanlie, ij26.
§ 3, - ÜDI.IGATIONS DU PH~:NECII, ~28,
1" User corrccten1ent, 529. - Sous-Iocation el cession de hnil, 530. - Rapports
du sous-preneur et du propr1étaire. Queslion de l'action directe, 531. - Excep-
tion au prinr.ipe de la liberté des sous-localions, 534. -.2º Obligalion de parer les
loycrs ou fermages, 535. - 3° Réparations loca ti ves, 536. - 4° Obligation de rcs-
tiluer les lieux npres jouissnncc, fj36. - 5° Ohligation de veiller it In conser\'a-
tion de la chose. Responsabililé du preneur en cas d'incendie, 537.

SECTION 111. - Regles spéciales aux baux a ferme et aux baux a loyer.
§ :1. - DES DAUX A J.OYEII, 1i43, ¡'

§ 2. - Dt:S DAUX A FEllllE, 544,


1. - IJail i1 prix d'arge11t ou de droit co111111un, 544.
11. - Jlait d fruits ou il colo11age partiarre, U47,
111. - Bt1il il cheptet, 1i49.

CII1\.l1 I'l'RE 11. - Louage tl'i111IL1st1•ie.


SECTION I. - Généralités. Différences avec les autres contrats.
Dilférenr,es uvec le contrat de travail, 551. - ,\ vec le rnandut, 552. -- A rpc la
vente, 553. •
SE( ;1·10N 11, - Effets du louage d'ind ustrie.
§ 1, - l\t:SPONSAHll,JTI\ lll' « LOCA'fOII 01'1,IIIS », ;j:j.j,
to Avant 1'11chi•1-p111e11l du tra,·ail, 5fj4, - ~• lrresponsnhilité conséculive i1 la r,;,
ceplion en n1ntil•re n1uhilii-r1•, ,i:iG. - 3° llrsponsahililé consé,:utivc en n1atii·r.-
de bi\liruenls, G56.
§ 2, - AC1'10N 1>11\ECTE DES OU\'IIIF.11S EN r.úSSTIIIICTION, 1i64,

SEC1'l()N 111. - Fin du louage d'industrie.


~lodcs spécinux de terrninaison du contra!, 566.
SECTlt)l'\ 1V. - Contrats d'entreprise spéciaux.
§ 1. - Cosc~;ssJON 1111 MON/JPOl,J-:S PUJll,l(:s, 5(i7.
l

§ 2, - ENTIIF.l'IIISB IIF. TIIA NSl'Oll'l', (jfi8, '

1 • Comn1enl el entrr qui se for1nc le contrnl de trnnsport, :;r.8. - :!• Responsal,i-


'
•,

lité du trnnsport1·11r, tiiO. - 3° Des slipulntions d'irrcsponsahililé, !iil. _ .\• J•:x-


plration <le I'nclion contre le voiturier, 1i73.

·'
XYI TAIILE A~ALYTIQUE

'l'l\OISil~?!IE P1\l\'l'IE. - CONTRAT DE TRAVAIL


Uéfinilion et dénomination, 5i5. - Le contrat de lravail dans le Code civil et

dc¡,uis, ;;,G.
SECI'l(J~ 1. - Formation et preuve du contrat de travail.
~ 1. Fonlt.lTIOX :i,8.
[1\J CO:'ITll.\T,
Interdiclion des engagernents á ~ie, 5,8. - Accord des ,olontés. l\eglement d'atc-
licr, ,ji9.
;; :2. - Pnt:rYE [I¡; COXTll.lT, 580.
L'articlc 1 ,81 du Codc civil abolí par la loi du 2 ao(rt i8G8, :;so.
SECTIO:"I 11. - Paiement et protection du salaire.
1. 1/egles desti11ées á assurer le paie111ent loyal et régulier du salaire, :i81.
11. lletenues que ten1p/09eur peut (aire au 1110111e11t de la paye, 582.
SEC1'10:\' I 11. - Extinction du contra t.
l\ésiliation unilat,:rale du conlrat i, duréc indétcrrnintle, fiS6.
~ 1. - LE llÉl •. 11-t:ONiól\ UU llÉL.11 l>E PIIÉA \'IS, 587.
~ :!. - llr(GI.E!IENTATION l.liGISI.ATIYE "º lll\OIT l)E n1'.s11.IATION UI\ILATÉII.ILF., 589.
1° et 2° Lois du 18 juillct 1901 et du 2i novr,nhre 1909, fi89. -3" La loi du 21 dé-
cr111brc 1890 el l'abus du clroit Lle risiliation, 589 - La greve ruet-cllc fin au
contrat de travail ou n'en est-ellc qu'unc suspension mornentanée? :;91,.

1° Assur:1ncl's ele choscs, !j9G. - 2° Assurance des personnes, ,i9i. -


t.:tilité <JUe
pr11~Pnterait une r(,gl,•rnenlalion législ:,lire du contrat d'assurance, :j98. - )lé-
l'anisrne de rassurance. ~l11tualité. Calcul des prohahilités, 598.

<:II,\I>rr11E 1'111~:\IIEil. - l.es :1ssu1·1111t!cs e11 !J{\oé1•nl.


SEC"J'ION 1. - Bases fondamentales du contrat.
s~ 1. - E1.f:i11-:XTS CONSTITLlTIFS ,,u CONTII.IT, (iOI.
1. - le 1·is,¡11e. 6G 1•
11. - /.a ¡,ri111e, 60:l.
111. - l'inde11111ité, 60i.

~ 2. - Füllll.lTIO~ l>U CONTIIAT, ti05.


)
sr:l:·r10N 11. - Elfets du contrat.
t)111.IGATIUNS IIE 1.',1ssr111-:u11, 601.
§ 2. r.'ASSl'lll::, G08.
Ülll.11;.\TIONS llf:
1. - Obli_q11tio11 avaut farr,i·ée d11 risque, 609.
Prrrnit'·r,i ohligation: Le pnirrnent ,le la ¡,ri111r, l>09. - Deuxiúrnc ohligation: Dé-
clarPr a11 111cn1P11l dn ronlrat toutPs Jps cireonstanrl'S de nalure 1\ inlluer sur
In risqt11·. ti 10. - 'l'rnisii'!IIH' ohligation : llt'!,·lar!'r, dans le 1•.onrs clu c·ontrnt, lr.s
circonslanl'l'S no11,·1•1les d,i nat11rt• u aµ-grarl'r le risque, 611.
11. - Obliq11tio11.~ 1111 1110111e11t de /11 r,:11/isa/1011 ár, riSIJIII!, Gl2.
~ :l. - IJf: 1..1 l'llf:sr:1tll'TIOX, Gl:l.

SEc1·10:\' 111. - Extinctio11 du contrat d'assura11ce.


lli1·ersPs 1·a11sl's ,1'exti111·tio11, 61I. - App1•n,lice: Cornpr'•tcnce en 111nli1'•rc <l'nss,1,
ra11cl'. Loi du 2 janvi1•r l!l02, (i!!i.

<:IIAl'l'l'l\l•: 11. - 1::1ssurn111•1• 1le res¡1011s11l1ilil1'•.


llroils de la \'ictirnc du do1n111:igc ~111 I'in,ll~11111ilé, lil7.
TABLE ANALYTIQUE XVII

CHAPITRE III. - Les asst1r-ances si11• la vie.


SECTION l. - Notions générales.
1. 0 Assurances en cas de déces, 619. - 2• Assurances en cas de vie, 620.
SECTION II. - La prime. La réserve mathématique.
I. - La prime, 621.
II. - la réserve mathématique, 623.
SECTION 111. - L'assurance sur la vie au profit d'un tiers.
I. - Disignation d1t tie,-s bénéficiaire et analyse juridique de son droil, 626.
I I. - Rappor/s juridiques de t'assuré et du tiers hénéficiaire, 629.

CINQUIE~fE PAR'l'IE. - PETITS CONTRATS


CH.-\.lllTRE llREi\IIER. - De la société.
DéHnition, insuffisance des regles du C'Jde civil, 632.
SEC1'ION l. - Eléments caractéristiques de la société. Sociétés diversas.
§ :1, - TRAITS ESSENTIELS IJE LA SOCIIÍTI(, 633.
But lucratif de la société. Comparaison de la société et de l'association, 634. -
Groupements intéressés exclus de la catégorie juridique des sociétés, 636.
§ 2. - DIVEIISES ESPt:CES nE SOCIÉTÉS, 638.

SECTION 11. - Régime juridique des sociétés.


§ i. - PERSONNALITIÍ JUlll!JIQUE DE l,A SOGIIÍTIÍ, 6\.1.
§ 2. - CONDITION DK VAl,IDITIÍ DU CONTIIAT IJE SOCIÉTÉ, 644,
t• Des sociétés entre époux, 644. - Caractere illicite de certaines sociétés, 646.
- 3° Forn1e et preuve du contrat de société, 648.
SECTION III. - Engagements des associés entre eux et a l'égard des tiers.
Rapports des associés entre eux, 648. - Obligations des associés envers les tier~.
650.
SECTION IV. - Fin de la société.
i° Causes de dissolution, 652. - Conséquences de la dissolution, 653.

APPENDICE. - Ou conlr11t ,1·association.


Déflnition de l'association. l)iH'érences avec la congrégation, 65i.
§ i. - FOIIHATION IIU CONTIIAT n'ASSOCIATION. CoNDITIONS DE LA PERSONNAL[TÉ, 655.
§ 2. - CAPACITÉ JIES ASSOCIATIONS, 651\.
§ 3. - 0ISSOI.UTION DES ASSOCIATIONS, 6~!1.

Cll1\ l'l'fl\J•: ll. - (:0I1lr11 t tic ¡>ret.


Déllnilion. lliverses espcl'CS de pret, 661. - C.aracli•res juridiques du contrat de
pr(\t, 661!.
SECTION I. - Du prét a usage ou commodat.
Oblig11tions crééc~ par le co1111nodat 1 G63.
SEC'l'ION 11. - Prét de consommation simple.
(lbligallons de l'e1n¡,runtr.ur, 666.
SEC'l'IO~ 111. - Prét a intárét.
~ 1. - NOTIONS Gl::N~:IIAI.ES. !(JSTOIIIE llU l'IIElº A INT1tl1fZ:T, 6(ii.
§ 2. - LJMITATIO:,¡ nt: 1.'INT~nt':r CONVF.NTIO:-i~l-:1. t:N MATI?:1111 r:1v11.t:, Gil.
§ 3. - l,r-; T.\u, J.J(UAI, !Jt: J.'JNTÉllfZ:T, fii3.
XVIII TABLE .\~A.LYTIQUE

CH.\PITRE III. - Dépot et séquestre. 1


SECTION I. - Dépót proprement dit.
Formation du conlrat, 676. - Effets du contrat. Obligations du dépositaire, 611.-
Du dépót irrégulier, 679. - Du dépót nécessaire et du déput d'hótellerie, 680.
SECTION II. - Du séquestre.

CHAPITRE IV. - Contrats aléat<Jires.


SECTION 1. - Jeu et pari.
Regle fondamentale : Pas d'action pour le jeu et le pari, 685. - De l'exception de
jeu en 1natiere de march.és it termc, 687.- Autres exceptions opposables par le
perdant, G89.
SECTION II. - Constitution de rente viagere.
Constitution it titre gratuit et it litre onéreux, 690. - Conditions de formation du
contra!, 691. - Conditions spécialcs des articlrs f974 et 1975, 692. - Différence
entre les rentes viager1Js et les rentes perpétuelles, 694. - Du baila nourriture,
695.

CI-1 ..\.PITRE V. - l\landat Pt {Jestion d'atfaires.


SECTION l. - Du mandat.
§ f. GÉNÉRALJT~;s, 696.
Déllnition, 696. - Mandal. graluit, mandat salarié, 697. - Distinction du mandat
et du louage de serviePs, 098.
§ 2. -• CoNDITIONS DE t'OHMATION llU IIIANDAT, 700.
§ 3. - ()nl.IGATIONS DU IIIA:\llATAIIIE, 103.
~ 4. - ()n(.IGATIONS llU MANDANT, 706.
s r•
" ". - }IAPPOIITS l•U IIIANDANT ET DU HANOA,TAIRK AVF.C I.F.S l'IERS, 701.
§ 6. - l~XTINCTION DU MANDAT, 708.
SECTION Il. - Gestion d'affaires.
s~ 1 . NoTIONS GÉNÉIIAI.ES, ii0.
§ 2. - ÜBI.IGATIO);S DU Gl1RANT. n' At'I'AIRES, 114.
§ 3. - ÜDLIGATIONS nu MAiTRE, 71,1,.

CI-IAPITllE VI. - Trru1saction.


Uéflnition. Caracterc de In transaction, 716. - I\approchement nvec le jugement,
7f8. - Nullité de la transaction, j{U.

LIVl\E Ill. - SURETÉS PERSONNELLES ET RÉELLES


Clussillcntion des stiretés, 721.

'ff'l'llE t>Rl~~IIEll. - SURETÉS PERSONNELLES.


GA UTIONNEMENT
SEC1'10N I. - Natura, étendue, formation du oautionneme11t.
1. - Notions yénérales, 72,1,.
11. - [)es obligatio11s ,¡ui ¡1euve11t ~/re cautio,111ées, 127.
111. - Diverses e.,¡1éces de ca111io1111e111enl. l'onditions auxquelles doit satis/aire /011/e
caution, í28.
SECTION 11. - Etfets du cautionnement.
1. - EYfets du ca11tionne111en1 entre le crtiancier el la caution, 129.
'f ABLE AN,\LYTIQUE XIX

1 • Cautionnement non solidaire, 731. - A. Bénéfice de discussion, 731. - B. Bé-


néfice de division, 732. - 2° Cautionnément solidairc, 732.
II. - Elfets du cautionnement entre le débiteur et la ,caution, 734.
1° Premiere hypothese : La caution a payé la dette, 734. - 2° Deuxii~me hypo-
these : La caution n'a pas encore payé la dette, 736.
111. - Effets du cautionne111enl enll'e les cofidéjusseurs, 737.
SECTION 111. - Extinction du cautionnement.
Premier groupe: Causes éteignant l'ohligation principale et, en meme temps, celle
de la r,aution, 737. - Deuxien1e groupe: Hypotheses d'extin•ction de la caution
avec su1·vie de I'obligation principale. Bénéfice de suhrogation, 738. - Compa-
raison entre la situation créée par le cautionnement et d'autres situations ana-
logues, 741.

TITRE 11. - SURETÉS RÉELLES

PRE:\flERE P,\.RTIE. - SURETÉS DÉPOSSÉDANT LE DÉBITEUR


'
''
'
CHAPITllE lll{El\,llER. - Nantissement.
SECTION I. - Antichrese.
Définition. Tnconvénients de l'antichrese, 74i. - CJ1nparaison avec la cession de
loyers ou fer1nages non échus, 745.
1. - J<'ormes du co11tl'at d'a11tichrese, i 46.
11. - Droits et obligations du créa11cier antichrésiste, 746.
SEC1'ION 11. - Gage.
§ 1. - CoNUITIONS DE FOIIMATION UU CONTIL\T DE G.\Gg, 7',9.
I. - Dépossession du débiteur, 750.
11. - Co11di1ions requises pour la validité du contra/ á l'é,qard des tiers, 752.
1 º Rédaction d'un acte écrit, 752. - 2° Forma lité spéciale il l'engagement des
créances. Sigr.ification au déhiteur, 754. - l\egles particulieres du gage com-
mercial, 751,.
§ 2. - EFFETS DU CONTRAT llE GAGE, 756.
1. - Droits du créancier, 756,
11. - Obligatio11s du créa11cier ga,qi.~te, 759.
§ 3. - Du GAGE SANS DÉPI.ACEHENT, 760.
1. - Des warrants a_qricoles, 761.
11. - Le warra11t-h/J1e/ier, 765.

CIIAl>ITI\E II. - Droit de 1•etention.


,

§ f. - CAIIACT1'.:11~;s ~;T EFFETS lllT llllOIT l>E 11~:TEXTIOIS, 769.


§ 2. - Q111,;1,s SONT LES CllllANCl~:ns AIIMl\s llU l>HOIT l>E 11~:TENTION? 170.

DEUXIE1\1E i',\.l\1'11~. - PRIVILEGES ET HYPOTHEQUES

CII,\I>I'I'I\E l'lll~l\lIEll. - Les privil1,ges.

Définit.ion et trnils caractéristiques, 778. - Notions historiques, 779. - Nature


juridique des privili~ges, 780.

SECTION l. - Privileges généraux.


Quels sont les privilcgcs générnux, 783.
XX T.lBLE A'.'jALYTIQl1 E

SECTION JI. - Privileges spéciaux sur les meubles.


Notions générales. Quatre groupes de priviléges mobiliers spéciaux, 790.
§ t. - PRIVILEGE IJIJ DAILLEUII ll'IMMEUDLE, 792.
I. - A qui appartie11l le privilé_ge, i93.
JI. - Objels ~ur lesr¡uel~ purte le privilége, 794.
111. - Droit de revend1catio11 du batlleur, 797.
IV. - Créances garanlies par le privilége, 799.
1° Régime du Code civil applicable aux locataires nutres que les commer()ants et
les fermicrs, 800.
2° l\~gime applicable en cas de faillite ou Je Jiquidation judiciaire du preneur, 802.
3° Régin1e applicable aux biens ruraux, 803.
§ 2. - Pll!VILEGE DU VENOEUII l>E MEUDI.ES, 804.
1. - Du privilége, 806.
1 º Ventes donnant Jieu au privilege, 806. -
2° Causes d'extinction du privilege, 808.
1I . - De l'action en revendication du vendeur de ,neubles, 812. ,
§ 3. - AUTRES PIIIVILf;GES MODILIERS SPÉCIAUX, 814. '
I. - Privilége des so1111nes dues pour les sc:111ences ou pour les frais de la récolte de
l'an11ée, 815.
II. - Frais fait.v po111· la conservation de la chose, 816.
111. - l'rit-ilége de l'aubergistP, 811.
IV. - l'rivilége du voiturier. 819.
V. - Privilége su,. le cautionne,nent des fonctionnaires p11blics pour les créances ré-
sultant de leurs abus et prévarications. 819.
VI. - l'rivili>ge de la sépnration des patri,noines sur les meubles de la .vuccession, 820,
Vil. - Privilege porta11t su,· certai11es crénnces, 821.
VIII. - l'riviléges établis par des lors spéciales, 821>.
§ 4. - CLASSEMENT DES 1'111\"ILf;c;Es ldOUJLJt;ns, 825.

CIIA.Pl'l'l\E

11. - i>ri ,·ilé{JCS s¡Jéeiattx su1• les i1n1ueubles .
Définition. Enu1nération, 831. - Comparaison du privilege immobilier et de l'l1y-
pothcqt1e, 832.
0
§ 1. - P111v11.1;GE 11¡; VE;>;DEUII ll IMMEUULE, 832.
~ 2. 1'1111•11.i-:GE !ll.; COPAIITAGf:Al'iT, 8'i3.
§ 3. - l'IIIl"ILEGE IJF.S AIICIIITECTES, ENTIIEPIIENEUIIS, IIA(,ONS ET AUTIIES OUVIIJEIIS SUR LA PLUS•
\"ALUE IIONNIÍE A J.'!M)IEUULE PAi\ J.ES TIIAVAUX EXÉCUTÉS, 848.
§ 4. - St:PAIIATION llES PATIUMOINES, 852.
§ 5. - l'IIIl"Il.t;GES IMIIOUILIEIIS lll(SUl,TANT DE l,OIS SPÉCIALKS, 859.
§ ti. - CLASSt:MENT JlES Plll\"ILJ;Gt:S Sl!ll J,ES IMllEUDJ.KS, 860.

(;IIAPl'l'l\E III. - Des l1ypotl1eques.


SEG1'11)N 1. - Généralités.
Déllnilion. Notions générales, 862. - Statislique. Le Crédit foncier de France, 863.
~ f. - JfJSTOIIIQllE 1111 ll~;GJIIE II fPOTIIIÍCAIIII! t"RAN(,AIS, 864.
§ 2. - 'fnAITS CAII.ICTi:111STIQUt:s l>K 1.'JJTPOTIIEQUK, 872.
l,'/1ypothéque est un droit récl ncccssoire, 812.
1. -
11. - L'lty¡J11thét¡11e est 1111 droit i111111obilier, 873.
111. - L'lt!!/Jothéque esl 1111 Jroit i11divisible, 87i.
§ 3. - Jhe:NS SUSCKPTIIIJ.t;s 1,"JJYPOTJJt:QUK, 875.
I. - l111meubles qui peut·e11t 11/re h!!/JOlhéqués, g¡¡;.
11. - l111possibilité d'hypothéquer les 1n1111bles, Si9.
§ 4. -
0
AsSIETTt: l!K L 11\'POTHi:QUE, 882.
TABLE A~ALYTIQUE XXI

' Assiette des l1ypotheques générales, 882. - Assiette de l'hypotl1eque spéciale. Son
application aux accessoires et améliorations, 883.
§ 5. - DIVERSES ESPf:CES n'nYPOTlli:QUES, 884.

SECTION 11. - Hypotheques légales.


§ i. - ffYPOTHf:QUE LIÍOALE DU MINEUII ET DE L'JNTERDIT SUII LES BIBNS DU TUTEUR, 885.
§ 2. - ffYPOTllllQUE L~:GALE DE LA FEll;IIE l!AIIIÉII:, 892.
1. - Historique, 892.
II. - Réglenienlation générale, 89i.
111. Dan, que/le n1e.fure l'hypotheque de la femme est-elle soumise á la publicité 1 Son
ran,r¡, 896.
1 V. Des actes par lesquels la fen1n1e transmet aux créanciers de 10n mari ou aux
acquéreu1·s de .~,15 in1n1eubles le bénéfice de l'hypothéque légale, 900.
V. - Appréciation critique de l'hypothéque légale de la femme mariée, 910.
§ 3, - ffYPOTIIEQUES DE L'ETAT, DES DÉPARTEIIENTS, DES COIIMUNES ET ÉTABLISSEIIBNTS PUBLICS,
911.

SEC1'ION 111. - Bypotheque judiciaire.


Généralités. Dua\ité des cas visés par le Code, 912.
§ 1. 1-IYPOTIIECUE IIÉSVLT.~NT DES JUGEMENTS !)E RECONNAISSANCE ou DE VÉRIFIC.~TION D'ÉCRI-
TUIIE, 913.
§ 2. - ffYPOTHI~QUE IIÉSULTANT DES JUG.EIIENTS DE GONDAMNATION, 916.
I . - Origi11e historique de l'hypothéque judiciaire, 917.
11. - Décisions qui emportent l'hypothéque judiciaire, 917.
111. Gas ou la loi enléve au:r, créanciers le béné{ice de l'hypotheque judiciaire, 92i.
IV. - Critique de l'institution, 922.
SEC1'10N IV. - Bypotheque conventionnelle.
§ 1. Co:,inJTIONS IIEQUISES DANS LA PERgONNE DU CONSTITUANT, 924. •
1• Etre propriétaire de J'immeuhle, 924. - 2° Etre capable d'aliéner, 928.
§ 2. - FORMES IJU CONTIIAT DE CONSTIT\;TION D'IIYPOTIIEQUE, 930. '1

1. - Néce$SÍlé d'u11 acle notarié, 930. '

II. - 1''orn1es de rédaction de l'acte, 932.


§ 3, - 933.
SPIÍCIALJTÍ: DE L'IIYPOfllEQUE,
1° Spécialité de la créance, 934. - 2° Spécialité du gage, 935.
§ 4. - INTERDICTION D'IIYPOTIIÉQUEII LES DIENS A VENIR, 939.

Cll1\. l'l'l'l\J~ l V. - Fo11ctio11nement et extinction des hypotheques


et des privileges immobiliers.
SECTION l. - Eft'ets de l'hypotheque. ' .
~ f. - C0Ns1::QUENC~ DE L'IIYPOTll?:ous A L'ÉOAIIII DU DÉDITEUR, 941.
§ 2, - AVANTAGES QUI( !.'IIYl'OTlli:QUE l'llOC:URE AU CRÉANCIEH A L'JÍGARll llES TIEIIS, 944.
I. - le droit de prt!/érence, 941,.
Premiere regle: Nécessité de l'inscription, 944. - Evénements qui empllcl1ent le
créancier d'inscri1·e son hypotheqne, 945. - Deuxieme regle: L'l1ypotheque n'a
de rnng que du jour de l'inscription. Exceptions ¡\ la regle, 949. - Appendice:
Conllit entre hypolheques frappant tous les biens d11 débiteur et l1ypotheques
grevant un bien déterminé, 9tii.
11, - Le droit de suite, 9ü4.
1° lles cos oiI il y a lieu i\ exercice du droit de suite, 9ti4. - 2• Conditions requi-
ses pour I'exercice du droit de suite, 956. - 3• Exercice du droit de suite, 959.
- Exceptions que le tiers délenteur peut opposer aux poursuites du créancier.
Bénéllce de discussion, 959. - l 1 artis qui s'ouvrent au tiers détenteur aucas
011 il n'n pns ,i'cxception a opposer au poursuivnnt. l'urger, 962.- Payer, 962.
'
J
- Délaisser, 963. - Se laisser exproprier. Effets du jugement d'adjudication,
965, - l~xtinction ex nunc de la propriété du tiers détenteur eaisi, 967. -
llll TABLE ANALYTIQUE

Comptes a régler entre les créanciers et le tiers détenteur saisi, 968. - Recours
du tiers-détenteur exproprié, 970.
SECTI()N II. - Purga des privileges immobiliers et des hypotheques.
Notion générale. justiOcation économique, historique de la purge, 971.
§ i. - QUI PEUT PURGKR, 973.
§ 2. - ACQGISITIO:'i NE DONNANT PAS LIEU A I.'E.!IPLOI DE LA PURGE, 976.
§ 3. - 978.
foRMALITÉS llE LA PURGE 1
I. - Transcription du eontrai d'acquisition, 979.
II. - Formalités que doit remplir racqué,-eur a fégard des créanciers inscrits, 980.
Premiere phase: NotiOcation, 980. - Deuxieme phase: Option des créanciers, 983.
111. - Formalités qu¡,, doit remplir l'acquéreur a .l'égard des créanciers a hypotheques
occultes, 395.
0
§ 4. - i¡:FFETS DE L ADJUDICATIO; ~UR SCRENCHERE DU DIXIEME, 989.
'
SECTION III. - Inscription des·privileges et hypotheques.
§ i. - ÜRGANISATION DE L.t CONSER~ATION DES IIYPOTIIEQUES ET TENUE DES REGISTRES, 993.
0
§ 2. - ÜU ET COMMENT SE FAIT L INSCRIPTION, 994.
0
§ 3. - DA.NS QUELLE MESURE L INSCRIPTION CONSERVE-T-ELLE LES INTÉllETS A YE:Slll DE LA CREANCE
GARANTIE, i001.
§ 4. - RENOUVELLEMENT DÉCENNA.L DES INSGRIPTIONS ET PÉREllPTION OES INSCRIPTIO!\S NON
RENOUVELÉES, i 004.
§ 5. - ftADIATION ET REDUGTION DES INSCRlPTIONS, 1008.
SECTION IV. - Extinction des privileges immobiliers et des hypotheques.
0
§ i. - INDICATION GÉNÉRALE DES CAUSES DIY~!!lil::§._D EXTl:SCTIO:S, 1011.
~--.-~~- •
L 1,wPO;rt#l~UEl t,jfN__.
1
§ 2. - PRESCRIPTION EXTINC.T!Vt: Dt:
,--\,~• .·•>··'
§ 3. - SunVIE POSSIBLE DU DHOIT niy~·BttENCE .... ~•t(n,~,i'r\ DE Sl'ITE, !020.
APPENDICE. - Ava~tages coffi.r~s\~u 0,.-~dit ~~cier pour favoriser ses préts
hypothécaires, 1022. , -;_ .. \ .\ - , · ·/
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Page 149, ligne 32, adde: par les délils de pecl1e (loi du 15 avril 1829, art. 62,
1nodifiée par la loi du 18 novembre 1898).
- 149, lignes 33, 311 et 35, supprimer les 1nots :et de délits de peche (loi du 15 avril
1829, art. 62).
- 1180. ligne 3, au lieu de : ne seront en aucun cas restitués, lire: ne seront pas
reslilués (L. 18 janvier 1912).
- 485, ligne 23, au liell de: (5,5o o/o en malicrc immobilicre), tire: (7 o/o en
malicre i111111obilicre).
- 51 ü, ligne 3o, au lieu de : Section III, lire : Section II.
·- 570, note, ligne 10, all liell de: (L. 5 nivóse an IV, art. 24), lire: (L. 5 nivóse
an V, art. 1!1).
- 610, lig11e 36, au lieu de: (Iloue11, motifs, 21 janvier 1876), lire: (Cf. Ro11en, ele.).
- 629, ligne 27, au lieu de: (Bordeaux, 27 octobre 1908), lire: (Cf. Bordcaux, ele.).
~ 823, lignc 32, au lieu <le: 31 mai 1905, lire: 31 111ars 1905.
- 850, lignc 26, au Lie1i de: Paris, 3 féYrier 1909, lire: Adde, Paris, ele.
- 926, lignc 21, au lieu de: (Rcq., 29 juin 1870, S. 71.2.9), lire: (Caen, 29 juin
1870, s. 71.2.29).
- 926, ligr1cs 2!1 el 25, all lieu de: (Algcr, 2 novcmbrc 1885, D. J. G., Privilege
el hypolheque, s. ¡88), tire: (,\lgcr, 2 novembre 1885, D. J. G., Supp., 11 rivile!JC
el hypotheque, n. 788, S. 86.2.132).

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Objet du volume. - Les obligations. - Dé:finition. - Généralités.

Da11s ce vol11111c, r1ous éL11dierons les Obligalio,is 011 J)roils ¡Jersonnels.


<¡ui co11slil11e11t, a11res les Droils réels, él11diés par nous lla11s notre 1Jren1icr
vol11111e, la seco11cle série lles Droils pltlri111oniau;c.
íJ1111eul llófi11ir l'o]Jligatio11 u11e 11écessitéjuridiqite JJrtr l'effel ele laq11ell11
lllle JJe/'S0/1/le est (lSll'ei,ite e,ivers ll/le Clltlre a lllle JJ/'eslctlio,i soit JJOSilii•e,
soit 11ég11tive, c'esl-1't-1lire 1't 1111Ju,it 0111't 1111e 1tbslentio11, 011, c1Jr11111e le clil le
Cocle (arl. 1101), h clo1111er h faire 011 a 11e pas faire q11elq11e cl1ose. On appelle
créa,icier, celui auc111el apparLient le 1Jot1voir el'exiger cette ¡Jreslation, et
débile1t1·, cel11i <111i esl aslreir1L a l'exéc11ter.
1,n maliere eles obligaLions est i 1nmense. Les rapports des olJligalions
for1r1e11t, e11 elfeL, la lra111e 1le l<t uie j11ricli1¡1te. Presc¡ue loules les i11slilt1-
tions juridiques clu llroit privé ont a leur )Jase des ra1)porls d'olJligatio11
entre le:, iodivicl11s.Le Droit de fan1ille lui-111c111e peut ctre considéré con1111e
l'e11se1r1!Jle des olJligalions que le n1ariage et la comn111naut{'. ele sa11g crée11t
entre les person11es. I~t, elar1s le Droit d11 palri111oine, no11s avor1s vu c¡11e le
co11trat, c·est-a-clire l'acte essentiellement gé11érate11r cl'obligations, est le
procélié le plus us11el ele l'acq11isi Lio11 eles droi ts réels (art. 1 , 38).
Nolo11s ici <1ue q11elq11es a11Leurs, exagérar1t encare cetle ir11porta11ce des
ol1Iigatior1s, or1t vot1!11 y faire er1lrcr la 11otion 111<~n1e de Droit réel. Q11'est-ce,
011l-ils clit, c¡11'un droit réel, par exe111ple le droit de propriété, sino11 l'obli-
galio11 tlo11r 1011s les clres l1umains aulres r¡uc le p1·opriétai1·c, de respecter
I'aclio11 exclusive ele celui-ci s11r la cl1osc donl il cst le n1aitre ~ Nons consi-
cléro11s cctlc 111a11i<'\rc <le voir comme erro11óc. ll y a une diíl'érc11ce ¡1rofoncle
<le 11alure e11lre les <lroils róels et les <lroits tic créance. Ccux-ci sci11t des
<lroils relrtlif~ C<Jnsisla11t tlans 1111 rapport e11lrc clcux ¡icrso11nes, do11t l'1111e
voiL 11nc ¡1artic ele sa lilJerLú 11atnrclle rnisc au servicc <l'a11lr11i, tlo11t l'at1lrc
1ioss<')1le sur aulrni 1111 riouv<lir de co111111ancle111ent. A11 conlraire, le llroil
rócl esl 1111 1/roil 11/Jsoltt. Or, le 1lroit rtfJsoltt 11'r.st 11l11s 1111 rap¡lorl entre cle11x
i11<livi1lns; c'csl 11ne ¡lrérogalivc accorcl1\e a 1111 i11clivi<l11_el cor1sislar1L, c¡11a11cl
il s'agiL cl'1111 rlroit r1 1el, clu <lr<lil ele pro¡1riélé par exc1n¡1lc, clans le pouvoir
<l'11ser, clo jouir clo la chriso, 1l'c11 Lircr l11nlc l'utilitú <¡11'cllc csl susceplililc
1lc clonncr, c11 1111 1111Jl, 1lans u11 po11voir s'cxerc;a11L direcle111e1tl s11r la cl1ost'.
l~t :'i cel.to cliff{\rencc f'o11cla1nc11l.ale se rallacl1enl 1lcs conlraslcs no111lJrcu,.
l,c 1!1·oil r11el esl ¡>e111Jtuel, 1lesli11é 1'1 1l11rcr aulanl <111e son tJlijct. 11 se lrans-
1'on1c I I 1

'
l~TRODUCTIO'í

mel d'11r1e perso1111e a 11r1c autre sansjan1ais disparaitre. Le clroil ele créa11ce,
a11 co11lraire. esl lJar esse11ce 1111 ra¡J¡1orf fen1poruire entre lleu,c i11divid1Ls,
desti11é a :5'étei11dre par u11 événen1ent ¡Jr{·vu. le paie111e11l. Dire q11e le dro i t
réel se ra111e11e á 11ne olJligalio11 passivc u11iverselle, c'est clonner du clrciit
réel u11c 110Lio11 i11co111¡Jlele, i11~11ffisa11tc. 1~11 oulre, c·ce,l délour11er le 1110[
cl'obligali01i de so11 ser1s j11riclique, c'est luí altri!Juer 1111e sig11ificalion 11011-
velle, car J'o!Jligatio11 cst essenlicllcme11L c111elc111e cl1ose d'a11or111al, 1111c
exceptio11 au clroit co111n111n,c¡ui csl J"incl<'•1Jenda11ce r{·ri¡Jroc1ue des incliviclus
el ~on l'~s~11jettiss~~11e11t_ cle l'n11 it l'aulre, la11cl!s q11c cclle ~~rt:te11clue olili-
gat1011 generale cl11 puLl1c de res¡Jecter le elro1l de ¡Jro¡1r1elc· 1.el L<1us les
droits absolusJ, ce 11'esl précisén1e11t que le Droit co111111u11, la co11dition
essenlielle et 1Jrir11orcliale ele loule ·vie socialc.
La 111aliere des obligations se co111pose ratio1111elle111e11t de deux ¡Jarlics,
UllC partie GÉ'íÉII.\.LE et Ul!C partie :SPÉCI.\.LE.
J,a PAHTIE G1;xi'.:uALE, con~acr/•e i1 l'cx1Josilior1 clcs ¡Jri11ci11es. eles regles fo11-
da111c11lales, se s11l)divisc elle-n1e111c c11 <leux. bra11cl1cs:
I:i':lucle ele l'o!Jligatio,1 co11siclérée e11 elle-111e111c, al)slraclion faite dtt fait
j11rielic¡11c crui l'enge11clre.
L'óluele eles fails juriclic1ues qui c11ge11elre11L les 0Lligalio11s et c¡11i, d'apres
ur1e lraclitio11 doclri11ale elo11l 11011s auro11s el'ailleurs a faire la critiq11e,
S<)nl: les co11frl1fs, les 1¡11usi-co11trats, les délifs et q11asi-cfélits, la fui.
Les ¡Jri11cipc,;, c¡11i co11sli tue11t la l)arlie g·ér1úrale, ¡lré,,.c11te11t ce gra11cl
i11t<'·ret c¡u'ils so11l ap¡)licalJ!cs, 11011 se11le111e11t a11x obligatio11s acl11ellc1r1er1L
a
e11 usag·e, 111ais {:gale111e11L celles que les tra11sformatio11s de la vie éc<Jt10-
111ic1ue fo11L apparailre. C'est la 1Jarlie stalJle, elt1rable, cl11 droit des obli-
galio11s. I•:Ilc 11'a g·ut)rc cl1a11g·é de¡)11Ís le Droit ro111ai11.
I,a P 1.1tT1E Sl'É<:11. LE co111¡ire11cl l'<'xposilio11 eles rc'.!glcs a1)¡JlicalJlcs aux di-
, erscs <l¡J/•ratio11s j11riclic¡11es c¡ui s·acco111¡Jlisse11t entre les l10111111es et
a
alio11lisse11L créer eles olJligalions. C'esl la ¡Jartic cl1a11g·ca11lc, 111c1l)i!e, cl11
Oroit clns ol)lig·alicl11s. 1~11 clret, avec les Lransfor111atio11s poliliq11r,s et éco-
1101nicr11es cl'1111c sociél/•, certai11s co11lrals ccssc11l cl'c':trc cn1ployés et elispa--
raissPlll IH'IJ ll pcu : l.c•ls, c11 l◄'rance, les contrats ele ))ail ;'¡ re11te et cle re11Lc
co11stil11i'·c·, 011 lcs cunlrals i~s11s cl11 l>roil fé<Jclal. l)'llltlres se clévcl<lPll<'lll ele
11l11s c11 ¡il11s el 1ire1111e11l une i1npc1rla11ce pri'·1Hi11cl/·ranle: lc1ls, clc JHlS jcu1rs.
le C<)lllral de lravail, le crJ11lrat cl'as,,.ocialÍ<>ll, le C<lntral clc trans¡Jorl. De
1iou1•ellcs 0¡1éralio1ts a¡J1)araissc11l c111i 11'c'·taic11t ¡)as a11¡iara,ant 11siló<'s: lelles
so11l les ass11rar1ccs contre l'i11ce11clie, sur la vie. conlre les accidenls, Ple.
~Iais loules ces for111cs 11cJ11velles reslcnl SíJIIS la clircclio11 eles 1irinci¡)es
g·é11ér:111.\ c1ui for111er1l le ca(lrn ele la 111atic\rc eles íl])lig·aLi<JIIs.
Ces ¡>ri11ci1ics g<:11c'•raux ll<HIS ,iP1111enl clu l)roil. rci111ai11. ll 11'y a ¡)as ele
ra111eau d11 Droil civil <Jui soil resté ¡Jiu~ ro111ai11 c111C) cclui-ci. C'csl clans le
Dr<>il ro111air1 c¡n'il ¡ilong·e tci11les ses racincs. 11 est vrai c¡ue, cl11ra11L ¡ilu-
si<"urs sieclcs, le i\loycn 1\g·c a c<J1111u un aulrc syst<'•111e foncli'i sur clns icl<\cs
dilrércntcis; 111ais ,\ JJartir clc la réncJvali<>II eles /:Luelcs cl11 l)reiit ro1nai11 e11
Occidn11t, la Ll1éoric eles CJ)Jlig·ations a <'·Lú rcco11str11ite avec son a11<·ie1111c,
pl1ysio110111 ic.
"

I~TR()DUCTIO~ 3
Principe moderne du pouvoir de la volonté. --- II y a cepe11da11t
<111clq11c cl1ose e.le 11ou,ea11 (la11s r1otrc tl1éorie des ollligatio11s ou plntót des
acles les 1)l11s usuels c¡11i le11r elo1111e11t 11aissa11ce, a savoir les co11trals. C'est
1111 pri11ci1Jr <¡uc les co11trals se for111er1t par le seul cor1senlcn1ent (les parties,
tlar le si111¡Jle accnrel de leurs volo11tés (art. 113'1). ,, Or ela11s le droit de J11s•
li11ic11, sauf quele111es co11Lrats co11sensuels rcco1111us de1Juis lor1gte111ps par
le l)r,)il ci,il. sa11f (¡11elq11cs pactes exce1Jtio1111elle1uc11l f,1,orisés llf~r le
Jll'("leur ou ¡Jar les constilutio11s i1r11Jérialcs, se11ls les co11lrals réels ou for-
111alisles so11t 111u11is d'1111c aclio11. 1>011 r clc,e11ir e¡)Jligatoire, il fallail eu
1)ri11cipe e1ue la convc11tio11 e1il élé co11léc da11s le 1110ÍJle ele la stipulatio11 011
exécutéc JJar l'u11e des ¡Jarlics )) (l~s111ei11, /;es contrats lla11s le tres a,,cien
1/roiljra,u:ais, Il2v. !1ist., 1880, ¡l. G3D_1. Da11s le l)roit 111oc.Icr11e, a11 co11-
Lraire, fa sc11le volo11lé ¡Jrocl1iil des oúligrllio,is.
Eta11t 11111111<'· en pri11ci11e, a11jo11rcl'l1u i fonelar11e11Lal, on co111¡Jre11el aussi-
tt'>l que le l)roil eles olJ!ig-atio11s csl la ¡iartic clu l)roil civil ot'1 la volo11Lé
dPs indi,idus jouc le rl'\lc lP 1il11s i111¡1orlanl, car la ¡1ri11cipalc so11rcc de
l'l'IJligalion esl le co11trat, el ce son Ll<'s JJarties c¡ui fixe11l elles-111er11es libre-
111e11l, C<)111111e clics le ,c11le11t, les efl'cls juri1liq11r,s que va produire Jeur ac-
cord.Le l{-gislale11r 11'a clo11c ici le JJ!us gi',11éralc111e11l c111'it Jlri',ciscr les ell'ets,
11111s ou 111oi11s disti11clc111ent apcrt;us llar les parlics, eles accorels auxquels
clics se livre11l, et elo11l le fo11cle111c11t se lrou,c da11s l'a11lono111ie ele leur
,-olo11té. 11 i11terprele pl11tót (111'il 11e co111111ande. Le se11l cas ou ses disposi-
tio11s ¡1re1111cr1t 1111 caract,~re i111¡1t',ralif, c'rsl lcirscr11'il y a lie11 ¡Jo11r l11i cl'éta-
lllir des barrieres á la Yolo11té des JJarlics, 11011r e11111ecl1er que leur accorcl
11e porte altci11lc ;i l'orelre pul1lic.

Division du volume. - Le ¡lrésc11l Y(>l11111e sera divisé 011 lrois livres: •


Dar1s le pre111ier, 11ous tracero11s la 1'/1 éoric r11:1iérale des ol)ligalio11s e11 vi-
g-/:es er1 elles-111e111es, soit si111¡>les, soil co111plexes, c'est-a-dire afl'ecté es de
111odalités, l'ell'et eles obligalions, leur cxli11clio11, leur lra11sn1ission.
f,e sccond livrc sera cli ,isé en dc11x Litres :
'
Dans le ¡1re111ier, 11ous Lrailcrc111s eles Sources eli,-erscs des ollligatio11s:
les Co11trals el les so11rccs aulrcs c¡11c les co11lrals, Délils et Quasi-délits,
f211asi-ccJ11Lrals, e11ll11 Ollligati1111s !<',gales.
l)ans le sc,c11ncl tit,re, Jl<Jus él111liero11s les ccJnlrals les Jllus 11s11els, \'e11te,
l,011agc, Snciéti'•, (:011trat dr lravail, ~la111l al, 1)/.JJtd, rte ... <:e Litre corres- •

lltllldra ú ce 1¡11i, 11011:-- a¡1¡it>lio11s JJl11s hanl la Jlarlic s¡ii:ciule clu Droil des
()hligalio11s 1 •

t. On l'f!marquera que le Cod(1 civil n'a pas sui\'i 1n(\me plan. 11 niélange ronsla1n-
)p
1nrnt df'llX points de vue : r-rlui dr l'ohligation Pnvisagre ,-n soi, rrlui de l'ncte 011 du fait
g,\n11 ralPur de l'ohligation. Partan! de l"idée d'aillPnrs exacte q111, les ronlrals sont la
caus" la plus fréqucnte dPs ohligntiuns, il a pris l'ºll'' lype l'uhligalion ron,Pnl.ionnelte,
et inlit11I,', le litre 111 du livrf' 111 de.~ Co11/r11t.~ ou des 11bhy11/i'r111s c,n11'e11/t'o1111el/,,s, Le
chapilrll 11 ,·•n11n11'.re les condition, essenlif'lies po,11 la vnlidité dPS ,·onv(•nlions, pnis les
cl111pll1'f'S 111 1\ VI sont ,·onsacrés a11, ri•glPS qui s'appliq111•nl /t loulPs IPs ohligations,
flll"II" q11·1•n suit la suurcc. EnOn dans un litre IV, il aho1·d(1 les PngagenrPnls !Jlli se
fornrenl snns conventiun, el y étudie les nutres suurces des uhligntiuns, le quasi-contrnt,
4 I'iTRODrCTIO~

E11fi11 tla11s le troisie111e liYre 11011s 1\Lucliero11s les Súrelés, 11ue la loi ot1
la ,,olo11té des IJarties pe11venl atlacl1er aux oblig·ations po11r c11 assurer l'cffi-
cacité. Xous exposerons da11s ce li·vre les reg-Ic~ j11ricli<[tll'~ concer11anl le
Crédil, et en particulier le Créclit lzypothécaire.

le délit 1,t le quasi-délit, la Joi. En suivant cette division, les rédacteurs du Code se sont
d'ailleurs conformés i\ la tradition. Les Institutes de G,,'ius, comm. 3, § 88 et s. et celles
de Justinien (liv. III, tit. 13 rt s. et liv. IV, tit. 1 a 5, étudient en clfet les sources des
ohligations: contrats, quasi-contrats, délits, et nos anciens autcurs suivent les mémes
errements .


LfVRE PREl\1lEI-l

THÉORII~ GÉNÉRALE DES OBLIGA1 IONS 1 1

'fl'l'RI~ PREMIER

OBLIGATIONS SIMPLES


CfIAPI'l'RE PllE:V11Ell

Idées générales. - E11 t\11'.·se g·é11érale, l'efl'et cl'une olJligatio11 ¡)arfaite


011 civile csl <ttte le clélJilc11r c•st lc1111 cl'acco111¡Jlir la prcstatio11 c111i en fa it
l'c>IJjet. S'il rcf't1sc ele l'accor11¡1lir ,olcJ11lairc111c11t, le créancicr a· le droit de
l'y co11lrai11dre e11 faisa11l ap11rl ¡'¡ la force 1>ulJlic¡11c, ou, lorsq11c l'exécution
e,i 11alure n'esl ¡>as possil>lc, de se fairc paycr eles domn1ages-intérels,n1ode
<I<' salisl'acli<HL <111'1¡11 ¡1e11l a¡i¡1cler e.,;1:c1tlio11 ¡>a1· /r¡11il'rzle11/.
l11J11r garantí r el ri'-aliscr s1•s 1lrflils, le cri'·ancic·r ¡>cut 1ire111lrc ccrlaines
111cs11rcs, cxerccr ccrlaincs aclicirts, en ,ue cl'e111pt\c\1cr le clé11érisse111e11t des
lJiens 1111 cl(dJill't1r,el ele se ¡>ayer sur le 111011la11l ele la so111n1e rcliréc de la
saisic clr ses IJic11s .
.·\ litre excc¡>IÍ<>1111el. il y a ccrlai11cs olJligatioris i111parfaitcs, <111i ne do11-
11r11l ¡>as au créaucier le clrciil cl'c11 po11rst1ivrc l'exécuti1111 ftircée. ('.e sont les
of1lir¡1tlio11s 11a./1trelles . .

1. Baudry-Lncanlinerie et llnrdc, des Obligatio11s, 3• édil. ; Laro1nhil!re, 1'/uJorie et


pr11tiq11e des obli_qntio11s, nou v. éd i t., t 885 ; Salei lles, Et11de sur in théorie gé11érale
de l'obligntio11 d'aprés le pre111ier projet de Code civil po11r /'e111pire a/len1a11d, 3• éd.,
Parls, 1~1i.
6 LIVRE PRE,IIER. - TITI\E PRE)IIER. - CIIAPITI\E i'RE)IIER

SEC1'ION l. - 0
I~TE'íl)l"E ])E L 0BLIG.\1'10'í l)t: l)ÉBITECJI.
0
EFFET !)E L I'iE"\ÉCl.TIO'í l)E SO"\ OIILIG.\TIO'í.

$ t. - Ett•11d11c de l'oltll~a•tlo11 110 1léltitc11 r.

Obligations de donner, de faire, ou de ne pas faire. Oblígations


successives. - D'apr<'•s l'arlicle 1101, les til>ligalions se llivisent en trois
catégories: les f>blig·atio11s ele llo1111er, les ol>lig11tions el<•Jaire, i<'s t>l>ligalio11s
ele ,ie pas .f11ire.
1º f,'oliligatio11 ele 1/onner est celle e¡ui a po11r ol>jet 11011 la Ji,raiso11 cl'u11r
chose, n1ais l'acr¡1iisilio11 par le créa,icier s1zr cetle chose tl'u,z 1/roil réel, le
plus so11,·ent elu droit ele proprit'lé. Do11ner cst done pris ici elans le sens
ron1ai11 de dare. 1\"011s avons Y11 r111'it la clifférr11ce el11 Droit ro111ai11 el ele
l'ancien Droit frani;ais e¡ui, ainsi d'ailleurs <IIH! le Cuele ci,il allen1and, llis-
ti11g11rnl soigne11semenl ]"acle g<'~nérate11r de l"o!Jligatio11 de clon11er (venir,
do11alion, écl1ange) et l'aclc tra11slalif(traelitio11) c1ui 1'.lci11elra l'obligalio11
par son accon1plissen1ent, notre Droit moeler11e (arl. 1138) a suppri111é l'in-
tervalle entre les de11x opéralio11s. Le 111eme acle, par leq11el le eléliile11r (le
vendcur, par exen1ple) s'e11gage a lransférer la propriété (ou a constilucr 1111,,
droit r<'·el), it clo11ner en 1111 1not, réalise ccltc lranslalion ou cette coilstil11-
tion. E11 príncipe elo11c, elans 11otrc Droil, l'(ililig·alion ele do1111er esl e.cécrz-
tée rtussilol qu'elle a ¡iris 11c1issa11ce. Elle 11'cxisle r¡u'u11 insla11l de raison.
'l'oulefois 11011s 1,nppclons e¡u'il y a eles l1ypoll1escs cn'1 la llén1nrcalio11 eles
de11x opéralions subsiste. Il en est ai11si 11ota111111e11t lorsc111e ]'acle gén{·ra-
teur de l'obligation ele elonner ,ise, no11 1111 corps cerlain et (lélern1iné exis-
ta11L acl11cllr111c11l, 111ais, soil u11c cl1osc fulurc, s<>il eles cl1f>Ses c11visagécs sP11-
le111cnl i,i ge11ere, la11l llP sacs lle l'ari11e ele pre111iere e111alit{·, lanl d'l1Pclarrs
de lJois taillis da11s lcl arr<H1tlissc111cnl, ele. 1\l<Jrs la cr)11,cntio11 11'e11gcn1lrc
qu'une ol)ligalio11 de do11ner. C'est 11ne 0¡1éralio11 11llérie11rc (111i réalisera le
transferl ele ¡1r(>11riélt·. Cettc op<'•ratio11 sera la li11raison, ou, })l11s exaclc-
n1er1l e royor1s-no11 s, la rlél er11ii11n/ iu11 tles o lijels, le11 r s¡)i':ci fica ti 011, par cxe 111-

ple a11 n1oye11 el11 prsage 011 clu 111es11rage (V. arl. 1:i8:i et 1:>86).
:l" L' <>bl iga tion 1le {11ire csl CPI le<¡ u i a ¡io11 r 0l1jc:l 1111 fa i l acli f e¡11e le elélii l011r
s' cngage a' accon111 l'1r, fa1l . :111lrc <¡ne 1e Ira ns 1·crl Il e I a ¡)roprrcl(', ' ' ' 011 I a cr111s-
titulio1111'1111 clroil ri'·el. (:e 11r•11t 1\lrc 1111 fail 11111/l:l'icl, con11nc le fait de la

part tl'11n c11lrc1irenc11r Je co11slr11irc 111111 111aiso11, ri11 1111 fail j1tritlir¡1t1',
con1111e le fait <lP- la 1>arl tl11 liailleur <111 d11 vc111le11r ele lra11sf'<':rcr a11 localairc
011 a l'acl1cleu1· la posscssio11 ele la cl1(1se i(i11{·e 011 venel11e.
3° L'ol1ligalio11 ele 11c ¡111s J'i1ire <•si cl'lle ú raisc>n 1lc Jaquel le le (lt•liile11r csl.
len11 de s'alislenil' ele ccrlai11s acles c1111', 1l'n¡1r1\s le elr<1il cr)1111111111, il c1il. <'·Ir'•
libre d'acco111¡1lir 011 ele nP ¡>as acco1111ilir /1 son gl'<\. ]>ar cxe111¡>lc, cPlui r¡ui
vcr1el 1111 1'011els <le ccJ111111crcc, co11tracte l'ol>lig-alion 1lc nJ pas fairc cci11c11r-
rence á l'acl1ete11r e11 ouvranl 1111 11011vca11 fo11Js 1la11s le voisi11agP. l)e 111<\111<>,
• un ingónie11r qui e11tre clans 1111 1•talilisse111e11t i11cl11stricl, s'c11gagc ¡\ ne pas
dévoiler les JJr<ic,~clés secrels ele fal>ricat.i1i11.
EFFE'r DES OBLIGATIO:'iS 7
Une ol)servatio11 co1111111111e aux cililigatio11s de do1111er, ele faire et ele 11e
pas faire tro11ve ici sa lllace. l,a JJreslalion c¡ui for111e l'o)¡jel ele l'o)Jligalio11
pe11l elre réalisc'·c 011 acco1111ilie 11ar 1111e se11le 01Jératio11, ou, a11 cei11lraire,
in1poser a11 clél)ilet1r 1111c série cl'acles d'ex/'.c11lion réparlis s11r un cerlain
ten1ps. Da11s ce clcrnicr cas, 011 clil <¡ue l'obligalio11 est s11ccessi1 1e. 1:0Lliga-
Lio11 ele ne pas faire est lo11jo11rs successive, puisc¡11'elle olJligc le <lébileur
á s'abstr11ir cl'1111 acle, dar1s toutcs les occasions qu'il aurail ele l'accon1plir.
~Iais ce n'esl JJas la seule c111i JJrésenle ce caractcre. 1\insi, <la11s le co11lra·l ele
louagc cl'i111n1rublc, le liailleur est le1111 ele faire jouir le prene11r eles Iic11x
lo11és penda11l toule la <l11r/·c clu liail; c'est ur1e oLligalion successive ele faire.
De so11 colé, le ¡1rcne11r est olilig·ó de 11aycr son loyer aux ter111es conve11t1s;
c'est une olJligatitJ11 s11ccessi,e ele clo1111er.

Libération du débiteur. Théorie de la faute contractuelle. - Le


déLitc11r, en ¡1ri11cipc, 11·cst li]Jér{· c111c 11ar l'exéc11lio11 de la prcstatio11 .\
lac¡11cllr· il c:-;t astrcinl. Le fail ele 11e pas l'exéc11ler, ou, ce q11i revie11l a11
1neme, ele 11e 11as l'exéc11ler a11 1no111ent con,•enu, co11slil11e ce c¡11'or1 appelle
la faizte co11tracl1ielle, c¡11'il scrait pl11s correct de llé11on1111er pl11s généra-
le111enl fc11tle lllt llébiteur.
Le d(•!Jileur en faute, 11011 seule111e11t 11eut C·tre contrai11t par la force pu-
bli<¡11e ii px{·cu ter la presta Lio11 c1u'il doi t, si la cl1ose est possible, mais
cncorc enccn1rt u11e responsctbililé, c'esl-a-clirc c111'il doit i11clemniscr le
créancicr ele loul le pr<'j11dice rés11ltar1t ele sa fa11te.

a
J<~sl-il 11{·ccssaire c¡11e la fa11te clu el{•lJitr11r, JJ011r clon11cr 11aissance cettc
respor1sar)ilil<'•, atteig11c u11 certai11 clcgré ele gravit{~? C'est la q11cslion clas-
siquc de la grc1clatiq11 <les fa11les, queslion sur lac1uelle les a11ciens aulrurs,
,\ccursc, .\lcial, Cujas, D11are11, aYaient exercé let1r sulJtilité. Ils a,·aient
in1agi11ó 1111e tl1éorie com1Jli!¡11ér,clo11l ils avaienl cru lrouver !'origine clans
les lexlcs cl11 l)ig·este, 11ota1111ne11l cla11s u11 fragn1enl d'Ulpie11 (5, § 2, Co1n-
1noclali. l). \JIJ, G,:. Potl1ier l'cx11ose e11 appc11dice dans so11 Traité des
obligatio11s e,·. {·clil. l311g·11et, t. II, J>. 'igí)- Elle disting·uait quatrc degrés
dar1s la faute: 1° J,r (lol ci11 fa11te 111écl1ante, i11ler1lio11nelle; 2: la culpa
lata 011 faule lour<le, <e c1ui consiste 11 110 ¡1as ap¡Jorlcr á l'alfairc d'a11Lrui le
.. soi11 que les perso1111es les 1noins soigncuses el les plus stupides ne rr1an-
<111en t 11as cl'a¡1¡1orler a le11rs aíl'aires n; cetle faute est assirr1ilée a11 dol;
3" la 1·11l¡ia ll'1•is 011 lel'ior, la j'n.c1le léf¡cre, c'esl-a-clirc cclle qui consiste a ne
pas a¡ipol'lcr :\ l'afl'airn <l'a11t1'11i le soi11 qun le co1111111111 eles l1on1n1es ap-
portc oreli11ail'e111e11l /1 ses all'aires; /1" la le1 1issi111<t cttlpa 011J<c1tle tres légere, j
u q11i consiste :'t 11e pas apporler le soi11 e¡ue les person11es les pl11s altentivcs ..·,,
.,
'
apporlenl ú leurs afTaircs n.
J,cs 111er11cs aule11rs ,li,·isaient <'•galP111er1l lcs co11lrats el c111asi-conlrats e,1 ,·_;;

t.rois g·r<J11pcs :
.. .,.,
•.
.'
. ,~
-:1
1° Ceux r¡11i sonl l'aits ¡101,r le s,·11[ i11tércl (/u c,·éancier, ¡1ar exe1n¡Jle, le
<li·p<>l. l)ans ces contrals, le clél>ile11r 11'esl len11, <lisaie11t-ils, e¡11c <le sa
fa11ln lo11rllc;
·1" Cnux r¡ui se f<Jnl ¡iottl' l'i11lércl réci¡1ror¡ue des ¡iarlies, lels <¡11e la vc11lc,

le lo1111g<', la socil'.t{·, ele. Le cl<'·l>ite11r y cst te1111 de sa faule légcrc; ,,, .....
._. ,t,,
'
~

- :A'
.' ...,'
8 LIVRE PREl\fIER. - TITRE PREl\llER. - CHAPITRE PREMIER

3º I~nfi11 ceux qui sont concll1s <la11s le seul i,ztérel <llt débile1ir, co111n1c
a
le pret usage. Le débitcur cloil ªPlJOrler U l'exécutio11 (le SOll olJligation le
soin le plus exacl, et y ré1Jo11d de la faute la ¡Jlus légere.
Le Code a f,1it allusion á cette dislinclion traditionnelle dans s011 arli-
clc 1137, 11 propos d'une olJligatio11 1Jarticu litirc, celle de veiller a la co11scr-
vatio1i de la cliose, obligatio11 de faire ql1i cst e11 gé11éral l'accessoire d'une
oblig·ation de do11ner.L'article 1137. al. 1·•·, re1Jousse cl'ailleurs la disti11ctio11,
(( llllIS ingéniet1se t¡11'utile », dit Bigot-l>rt'•a111e11e11 tlans l'Exposé des n10- '
a
tif's, et (( propre ré1Janelre une fausse l11el1r ii. « L'o)Jligatio11 de veiller a
la co11serYatio11 de la cl1ose n, dit le lexte, <( soit que la co11,·entio11 n'ail
pour objet que l't1tilité de l'une des parties, soit qu'elle ait po11r objel
le11r utilité con1111une, soun1et celui qui en est cl1argé á J apporter tous les
soins d'un bo,i pere de jamille. n 1\i11si, le principe consacré par la loi,
a
c·est qu'il faut cornparer la conduile dl1 elé)Jite11r celle d'un bor111s ¡1ater
ft1milias, e' est-á-di re elu I ype abstrai t el'1111 prli¡Jriétai re ele diligence, rl' i11-
lellige11ce 1noye1111es, et ,oir si elle a été co11for111e a11x erre111e11ls l1alJi-
t11els d'11n i11dividu ele ce ge11re. Si elle 11e l'a pas été, il ). a faute d11 dé)Ji-
teur, et il encourl la respo11sabililé du do1n111age sulJi llar le créa11cicr. On
expri111e quelquefois cetle solution e11 disant (Jue le clébiteur est tc11u en
gt'-11éral de la culpa leuis i11 abstrc1cto. Le Coclc et
vil allen1and <lit (arl. 276)
t¡u'il y a nt'-gligence I faute) ele la part tlu dé)Jile11r, s'il 11'a ¡Jas pris « les
soir1s exigés tlans les rapporls d'all'aires ».
La 1nesure généralecle la respo11sa)Jilité clu dt'•)Jite11r rec;oit d'aille11rs (l'ar-
licle 1137 l'an11ohce dans s011 seco11cl alinéa) di verses exceplio11s.
Parfois, con1me dans le con1111odat, 011 ¡Jret it usagc, il fa11dra exiger du
débiteur qu'il fasse pre11ve d'l1ne clilige11ce ¡Jl11s alle11live. L'article 1882 du
Code civil dit c¡11e, si la cl1ose á lui prelée a 1i<'•ri par 1111 cas fortuit do11l
l'en1prunteur aurait lllI la gara11 tir e11 e111ploya11l la sie1111e pro1Jre, ou si,
11e pouva11l co11serve1.· c¡ue l'u11e eles cleux, il a préféré la sie1111e, il csl res-
ponsable de la perle.
Parfois, a11 co11traire, 011 apprt'-ciera la co11cl11itc cl11 el{lJiteur d'aprt~s ses
a11técédents ¡Jcrson11cls (i11 coricrclo), el 11011 <l'a¡ires le ly¡ic a)Jslrait cl11 lio11
pere ele fa111illP. ,\insi, l'article 19:17 11011s elit: « J.c tl<'-1J<Jsilairc cluil aJJlJOr-
ter, da11s la garlle lle la cl1osc tl{•¡J(ist'·c, les 111c\111cs soi11s 1¡11'il ap¡Jorle cla11s
la garde des cl1l1scs tJ11i lui ap¡Jartie1111c11l. n De rr11\111e, l'arlicle 804 clit q11c
l'l1éritier q11i a acce¡Jté la s11cccssio11 so11s !Jt•11{•flcc cl'i11,c11lairc el cst cl1ar-
gó, co1n111e te!, cl'ad111i11istrer les l1ie11s. 11'l'sl te1111 t¡11c 1le:; f'a11tcs graves (V.
encore les art. 1gg:i, :i• al., 1374).
Nous esli111ons que, sous l'e11111irc ele la tratlilio11, le Codea fait f'a11sse
a
rol1le c11 s'allacl1a11t <;11 et lit une soi-clisant graclaticin eles f'aulcs cl11 dé)Ji-
leur. La vérilé c'esl q11e le déliileur est. to11jo11rs te1111 (le la 1111'!111c chuse,qui
est d'exéc11ler s011 oliligalion,. Da11s les elivcrs conlrat.s, la se11lc c111c1stio11
qui se pose est de savoir quel esl au juste le co11/e1111, c'esl-a-clire l'objcl ele
l 'obliga tio11. Si ,en n1a tic re <le d <'~p1'>t (art. 1!):! 7) ,tle 111a 11tla t gral11 i t (a rl. 1!19 :i ) •
le cléliile11r r1'est lc1111 c111c ele la tliligencc <111'il ap1111rlc 1\ ses ¡>ro¡Jres all'aires,
a
c'cst q11e c'est celle prestatio11 t}tie l'inte11tio11 co1111111111e eles 1iarties a e11-
EFFET DES OBLIGATIOXS 9
lc11elu l'astrei11drc. Si ortli11aire1nc11l, a11 co11trairc, Je délJilcur csl ter111
d'ap¡Jorter asa concl11itc 11nc diligc11cc tcllc c¡11'011 JJC11t l'atlenclrc d'u11¡Jaler-
fa111ilias ele la IJ01111c 111oyc11ne, c'cst ¡Jarcc q11e so11 créa11cier a co111pté sur
11ne prestatio11 ele celle 1nesure seulen1enl. Des q11'il y a r11a11quen1ent b
l'olJligation, le clélJiteur est en fautc, il est clo11c rcs¡JonsalJlc .
.\joutons toulcfois aussitót q11e le 111a11e111eme11t b l'obligalio11 doit elre
i111¡Julable au fail dit 1lébileur. Et tellc cst la for111ule, IJic11 ¡JréféralJJc a
Loulcs cclles qui é,~oc¡ue11t l'idée de fautc, que le Code e111ploic da11s un
gi;,a11el non1]Jrc el'arliclcs (art. 10/12, al. 2, 1245, 1610, 1933). La prc11,·e
c¡u'cllc est seulc co11for111c i1 la réalitt'·, c'cst qu'il scrait in1possible croyons-
11ous, de citer 1111c scule clécisio11 j11diciaire cxo11éra11t 11n débitcur,par cette
raisor1 q11e l'exéc11tion ele son o)Jligatio11 cut requis 11nc diligence supérieure
:\ celle d'un bo1i11s ¡1ale1fan1ilias ; les seules causes d'cxo11éralion q11'on peut
rclc,•er <lans la jurispr11clc11ce sont cellcs q11c nous allons étudier, á savoír :
le cas fortuil, la force 111ajc11rc, 011 la ¡Jroprc fa11!c d11 créa11cier.
En so111n1c, ,oici la doulJlc regle qu'il faut su!Jstituer aux distinctions
s11lJtilcs et suran11écs e111c 11011s avons rappclées.
Le clébiteur est c11 faule el, par co11séquent, respo11salJlc du }Jréjudice causé
a11 créancicr, des lors eruc son obligalion 11'a pas été exécutée par s01i fait.
a
A11 contrairc, le débiteur n·est pas en fa11le, il écl1a¡Jpe to11tc responsa-
))ilité, lorsquc l'i11cxécution de l'olJligatior1 est in1p11tablc a u1ie caiise qui
l11i esl élra,igere (''· art. 1147) '.

lnexécution non imputable au débiteur. Cas fo1·tuit et force ma-


jeure •. - Les cas ou le dé!Jitcur est li)Jéré, !Jie11 q11e l'obligalion r1'ait ¡Jas
{·té cxécutéc sont, avons-nous dit, cc11x oi'1 cctle i11exécutio11 ¡Jrovier1t d'unc
cause q11i lui C'Sl {•lrangerc. Celtc cause })Clll elrc ;
rº Soil le fail lllt créa1icier l11i-111é1ne. Jl;1r exc111¡Jlc, il cst ¡Jrouvé q11c si
la 111arcl1ar1disc tra11sporlt'·e par u11c con11Jag11ic de cl1e111i11s de fer n'a pas
{·té livréc en IJ011 élal au cleslir1alairc, c·est par suite du 111auvais arrin1age,
du 111auvais c111lJallagc 011 llt1 défa11l ele }Jr{•ca11lions el<' l'expéditeur. La Co111-
1>ag11ic csl cxo11ér<'.·c (A11gcrs 1 1:{ juin I!ll 1, (;r1::,. l'al., :>.e> Jl(JYc111Jjre 1g11).

i. N'y a-1-il pas P.xception aux deux principes que nous venons d'énonc!'r, dnns drux
hypothl!srs ou l'exonérntion du débitPur rst prononcée par In loi, alors que l'inexécu-
tion rlc l'obligalion provient bien de son fait, rnais d un fail e.reusable, CP qui r,lintroclui-
rnit ic.i t'idtle ele lautP '! La prPrniere de crs hypol111'.sps Pst crlle ,lt, l'articlc 1935, d'aprcs
lequel l'hériti(•r du dépositaire. 1¡11i a ,·,·ndu de Lonne foi la chose déposér, n'est trnu de
rcslituPr au déposnnl qu,~ IP prix qu'il a rP<¡U, ou ile lui céd,•r l'aclion ,,n paie1nenl du
prix, s'il n'n pas été payé. L'nutrP hypolhi!se esl cPlle dP l'articlc 1:180, d'aprús IPqnPI, en
cns de palPment de l'incl11, l'accip,e11s c¡ui a vendu de bnnne foi la chose ind11n1ent payée,
est libiré envers le solve11s en lui versanl le prix de V!'llle. Nous croyons que ces textes
s'cxplic¡uent pnr cellc idée qne le do111111uge supplé111en taire c¡ui reste II la rhargc du
dépo~1111l ou du sotv,11s, est causé par l'i111prudence qu'ils ont com1nise, le premil!I', en
faisnnt un dépól lt un parliculier exposé lt des chances de 1norl, le second, en payant ;\
In léglirc ce qu'en réalité il ne devait pas. l.'inexéculion partielle de l'ohligalion est done
ln1put11hle lcl n une cnuse étrnng/>re nu f11it du d,1hileur.
2. Sur le cns fortuit et la force rnajeure, V. In note di! ~t. Amhroisc (~olin sous D. P.
1904.2.13 nvec les références; 1'hnllcr, 1'raité élém. de Droil con1111ercial, 4' éd., p. 602,
no 1198 ;· Ann. de /Jroil con1n1ercial, 189:i, 2• pnrtie, p. 154-, 1~6. Uourgoin, These Lyon,
i902.
JO LIVRE PREMIER. - 1'ITRE PRE~IIER. - CIIAPITRE PRE~IIER

:iº Soit le cas forluil ot1 la fo1·ce 1nnjc11rc (art. , , ,18).


Il co11vie11l ele s'arr«\ler a ces ex¡)rcssi<J11s tres usuellcs 1lc c11s J"orliiil el ele
force ,najcurc (arl. 11!17 el 11 (18), ¡)arce r¡11'elles ont fait, cla11s ces derniers
ten1ps, l'objet cl'i11léressa11lrs disc11ssior1s.
J,a pl11part eles auleurs voicnt ela11s les 111ols cas .fortiiit et force 111ajeiire
des sy11ony111es signifia11l i11clifl'ére111111e11l lo1tlc cr111se élra11gcre ctu 1lébiteur,
q11i a 111is ollslru::lc a l'exéc11lio11 ele l'olJlig·atio11. J•:t en ell'ct les réclacleurs
d11 Coclc accolenl e11 gt'·11t'•ral les eleux expression~. 011 se111llle11t r11en1r '
les e1111lloyer i11elifl'ére111n1e11t l'1111e 011 l'autre po11r ex¡)ri111er la 111e111e idéc
(V. arl. 85!í, 130'.l, 1722, 1730, 1733. 1769, 1772, 1773. 178!1, 188:i, 1929,
1934, 1954\. Du reste, le cas forlt1it 011 la force 111ajeure ¡)rocluise11t le
n1en1e ejfel libératoire; ils exonerent le elélJite11r.
_\jouto11s toutefois q11e la ca11se ólrangcre, cas forluil 011 force rnaje11re,
c111i a ernpecl1é le clólJile11r cl'exéc11ler so11 olJligalio11, 11e le lilJere c1ue si elle
a
était i111pré1•11e (et 111en1e i1111)ossible l)l'ÓYOÍI'!. JI f'a11l applic¡11er ici la regle
de princiJH' ele l'articlc 11:í7. Le délJiLcur esl rcs¡1cH1sal)lc ele la clécc¡)tio11
qu'il a caust'·c a11 créa11cier, lorsq11'clle rt'-sullc cl'1111 ÓY<'ne1ner1t. cxtérieur il
est vrai, n1ais lcl qt1'il clevail etre prév11 Jlar 1111 bo1tllS ¡Jctlerfa111ilias, /1 pl11~
forte raiso11, lorsc¡ue cel óvé11e111e11t a étó occasionné par so11 propre fail
(V. art. 1807, 18811. La jt1rispruele11ce a fait 111aintes a1lplications de cette
1'd'ce. I)· ar excn1¡) 1c, 1·1 a e't'e Jt1gc
. ' c¡uc 1a greve
' 11 ' exo11ere
' ¡las ¡··111cI ustr1e
. l d es
engage111e11ts t)ris c11,r•rs sa clic11li'·I<', lorsc¡t1'il Ólail IlOssi!Jlc (le la prévoir c11
· conlracla11I, 011 Iorsr¡u'clle a été provoquée par I'arrc1ga11ce el1111alro11, par se~
cxige11ces it l'í)g·arcl eles 011vriers (Ilennes, 28 jui11 189!1, D. 1). 95.2.21/1,
S. 95.2.108; llo11e11, 8 ao1i.t 1900, 1). J>. 1go3.2.389, S. 1no4.2.42 ; Donai.
28jui11 1901, D. t>. 1902.1.133, S. l!Jo1.:i.8; Cf. lleq., 1;>j11in 1911, D. I>.
101'!.I.181.
l;nc a11lre i11lcr1>r<'•lalio11 clcs 111ols casfor/11il elj'orce 111aje11re a él{i clo11-
,
11ee. J)' apres
' cer l a1ns
. a11le11rs, l a ✓r.orce Jll(ljClll'C
. -' ' .
ues1g11cra1t . I' o1Jslac l e a'
l'exéc11lio11 lle l'r1J¡Jigalio11 réscclta,,t (!'u11e fo1·ce élrangcrc; le C<lS forluit dé-
sig11erait l'o)Jstacle i1iler11e, c'cst-i1-elire provcna11L des co11cli Lio11s 111e1nes d<'
l'exploilatio11 d11 elt'·liilc11r, 1·~ccidc11t ele matériel, la faule lle l'cn1¡)loyt'•,
ele.· l 1 n ~yslL•n1r. un pcu difl'érf'nl voil clans Jp cas f'ortuil l'i111¡Jossibil1lé re-
lativc cl'ext'·culio11, e'f'sl-:'t-<lir<i Cf'llc c¡ui a p11 e11lraYer l'nclion rlu clt'•.l>ileur
cr1visagó, soil e11 l11i-1111\111c, soil ccJ111111e u11 /,0111,s JJalc1;(0111ilir1s orcli11airf',
mais clont une vcilci11Ló n1iet1x ar111{·c, 111io11x outillóe a11rnil ¡)11 lrio111pl1er.
ce q111) les Allrn1a11cl~ ap¡1cllf'11l l'im¡111i.~sance el11 1lél1ite11r, li111 1cl'n1,,ge1i
(V. art. :>.¡;i, :iº al., C. civ. al!C"111ancl). J,a jol'ce 111aje11rc, C<' serail l'i111¡ios-
sibilité af>.~olc1c provcnar1t cl'1111 of>slacle il'résistible, i111¡Jr1'1'll et irn¡Jrévisible
(tem1J1\lc, f',iu<lrf', t.rc111lilc1r1r11l ,le Lrrre, gucrre, fail cl11 ¡1ri11cr.).
~llllS ado¡ilo11s cetlc seco11cle i11tcr¡)rt·lulio11 loul e11 esli111a11l e¡11'e11 gé11{·-
ral, il 11'y a pns i11t1'.rel 11 clisting11er le cas forluit el la force 11111je11rc, parce\
q11c 1'1111 el l'a11lr<1 entrai11e11I. l'r.xor1{,rali<)ll cln cl{•liitPur. <:<,Ja Psi. co11formP
a l'{,q11il~. cnr 011 ne pc11l exi~f'r cl11 el{,Jiite11r J>l11s e¡uc ce <tt1'1111 110111111c
inlelligc11l de la l>onne n1oye1111e esl. ca¡>alile ele f'o11rnir.
~fais, si lcl csl lf' ¡>ri11ci¡>e, il y a des l1y¡iotl1escs 01'1, par exccplion, le clé-
'. ,, . : .,.

EFFET DES OBLI<;,\ TIO\S 1I

liileur, lilJóré riar la force n1ajct1re, 11c le sera ¡1oi11l 11ar le cas forluil,cc c¡11i
1lonne t111 gra11cl iutérc'it it 1listi11g11er entre les dct1x causes de lilJi'~rali<Jll.
011 peul considérer c¡t1'il e11 cst ainsi e11 ce qt1i conccrr1e l'obligat_io11 e¡t1c
la loi du g avril 1898 n1ct it la cl1arg·e du cl1ef d'e11tre11rise, at1 cas 011 u11
accicle11l 1/11 lrcivail fra¡J¡Je l'u11 ele ses ou, ricrs. Q11a11tl l'acci1lc11l cst clu au cas
fortuit, c'est-á-clire á u11 risque ir1!1érent au n1étier, par exen11Jle la r11pturc
cl'u11e cl1a11eli1•re, 1111 óclal ele 111ót.al, 11n 111ouvc111e11L ir1volo11taire de l'o11vricr,
ele., le cl1ef cl'cnlrcprise est olJ!igé de Pª)'Cr les inde111r1ilés fixées par la loi.
Si, au cr111lrairc, 1·accidcnt a ét<'· occasion11é Jlar la force rnajcurc, c'esl-a-dire
llar u11e force étrangere, i11dó11endanle ele l'excrcice 111en1e du n1étier, 011ra-
g·an, ino11dation, fo11dre, tre111]Jle111e11L ele terre, le cl1ef cl'entreprise r1e doit
a11cu11e i11de11J11i té.
De 111e111e ela11s le bail 11 ./'er111e, la 111ise eles cas forluits i1 la cl1arge du
fer111ier sli¡111l(e cla11s le l)ail, ne l'astreinl q11·aux cas forluits orclinaires
!grcle, feu du ciel, geléc 011 coul11re), et non aux cas forl11ils exlraor(li1iaires
a
(ra,·ag·es <le g11crrP, i11011tlalio11) q11i corrcsponele11t ]Jicn ce que, clans le se-
concl syste1r1e ci-dess11s ex pos,\, 011 a¡)pelle force 111c1jl'11/'e :.arl. 1772, 1773),
Une elistinction analog11e (et re111011la11L d'ailleurs a11 Droit ro111ain_) se
rc11conlre ii propos ele la res1Jo11:-alJilité eles hotelier:; el a11be1·r¡i:;les, sa11s
el 011te e11 raiso11 tle ce faiL que les ,oyage11rs 11e les con11aissc11t pas e11 géné-
ral ava11t ele les choisir, et so11vcnl 111e111e 11'011l pas le cl1oix. 11 ri'•sulte des
articles 1953, 195{1 qt1e les l1utcliers, 11011 respo11sal1les Je la perle ou ele la
rlétérioratio11 eles.effets eles voyage11rs, lorsq11'elles ri'·sulter1L d'un vol a 111uin
ar111ée 11 011 aulres ccts de fo1·ce 111aje11re n, sont, a11 co11Lraire, responsables
011 cas de vol ele lenrs préJJosés ou cl'étra11gers allar1t et ,•ena11L da11s
l'l11'Jtelleric. '
Er1fi11, 011 a s011te1111, en i11voc111a11L la trnclitio11 clu l)roit ror11ni11 (lJlpien 3,
¡). 1, D, nc111lce ca11po11es, 1\., 9) el le ra¡)procl1e111e11t des articlcs 1784 du
Code civil, 97, 98, 1o3 et 10(1 d u Code ele comn1erce, que les e11/repreneurs
ele tra11s¡1orls 11e seraient liLérés a11 regard Je le11rs clients q11e par la force
n1ajeure,ct 11011 ¡Jar le cas fort11i t, clisti11ction que justifierai t le 1non.opole de
.fail clonl ils s011t ir1vestis ela11s lcur cx¡)loitalio11. ·
Q11oi qu'il en soit, c'esl uu débile111· (ftt'il i11cor11/Je de prou1•er le cas forlltil
(011 1le force 111(1jeureJ qu'il allegue, el l'irr1possilJilité d'exéc11tcr c¡11i en est
rc'•s11Itl·e ¡1011r l11i (art.. 13o'.i, al. 3). (:elle r<·g·le 11'est q11e Í'applicalion ll11
llri11ri¡>e de l'arlicle 1:~1:í 1lu (:nde civil: << 1lclori i11r11111bil 1.1rol,c1lio. 1> C'esl
¡\ cc~lui r¡ui in,<ic¡ue u11 fait. Cflnl.raire it l'orclre 11or111al 1les cl1osr.s, 011 la a
\
sil11al.iti11 ¡irósenlt~, /1 «'·lal)lit· CP fail. ()r, si 1'011 su1Jpose faite la pre11ve de
l'olJligalio11, le elólJilcur Joit exéc11lcr sa Jellc. C'est llonc a lui c¡11'i11comJJe
la ¡1rc11,·e de sa_lilJóralio11, et lll11s gé1H'•rale111e11t cl11 fait q11i le clispcnse ele
, l'IOn.
1,eXCC\I
N<)lons lt111Lef1iis e¡11'il 11'esl 11as LL111jo11rs 111\cessairc q11e le: 111\!Jileur pro11,·e
(Jrécisó111e11t le fail cxtóricur ca11se <le l'i11ext'·culicir1. 11 lui sera ¡Jarf<>is permis
(ce <¡11i cst souve11t plus facile) <le pro11ver1¡11'il s'est con1pelrló e11 IJ011 ¡Jcre de
f11111ill(), (;'esl ai11si r111e tl'a¡>ri,s l'arliclc !1, al. '..>., lle la lcJi cl11 18 j11illel 1889
sur le bail ;\ ccilo11at ¡iartiairP, en ras d'i11ce11clie, le coJ,¡11 ¡Je11L s'alfra11cl1ir de


I2 LIVIIE l'RElllEII. - TITI\E PIIE~IIEI\. - CIIAPITI\E l'IIEllllEII

a
toute rcsponsa!Jilité en 1Jrot1va11l qt1'il a veillé la garelc et la conservalio11 a
ele la cl1ose. ll n'y a ¡Jas Ja·, 1Jot1rrait-011 dire, tinc tlérogatio11 it la rt'·gle ele
l'article 1302, 111ais u11c applicalio11 <les principes e11 111atiere de JJreuve ..
Le cas fortuit et la force n1ajet1re, fails et 11011 ¡Jas acles juridiq11es,
¡Jeu,·e11t se prot1ver par tous les n1oyens possilJles, 11ota111n1e11l llar sirr1¡J)c
¡Jréso111¡Jlion. Si le débiteur démo11lre c¡t1'il s'est con1¡Jorté en toul e11 !Jo11

¡>ere tic fan1ille, il )" a pr<'·so111plio11 q11e le fait qui a 111is olJstacle i1 l'exé-
c11tio11 ele son e11g·age111cnl 11c pr,11t <\trc e¡t1'u11 cas fort11il 011 ele force r11ajeurc.

Exceptions aux regles générales sur la responsabilité du débi-


teur. Clauses d'exonération '. - llar cxcc¡Jtio11,la rcs¡Jo11salJilitéd11 dél1i-
le11r ¡Jet1l se trouver soit aggravée, soit diminuée.
1º 1lggrcivatio1i. - Le débiteur répond n1cme des cas fort11its el des cas
ele force 111ajeure :
!\. - ()ua11<l il a été ,nis e11 llc111curc (sauf la réscrve ele l'arliclc 1302-2" ,.
' '
l\. - l,orsq11c. par 11r1e tlisposilio11 s¡Jécialc. la lc>i 111et les ri.~1¡1tes a sa
cl1arg·c. 11 e11 est ainsi ¡Jot1r le ,·ole11r (art. , 302-!1º), el ¡Jo11r celui e111i, de
111a11vaisc f11i, a accc¡ité e11 paie111c11t 1111e cliose e¡ui r1e lt1i était 1ias dt1e
(ar!. 1379, iriji,ie).
e:. - Lorsq11c le cor1trat co11lie11t t1nc clause'en ce se1Js ou, co1111nc (lit
l'articlc 130:>., 2• al., lorsq11e le dé!Jitcur s'cst 1< clinrgé des cas forl11its ».
(~clic clnusc cst <¡11clqt1cfois }Jrésu111ée. Il c11 esl ai11si e11 cas tic cl1eptcl
(lt)1111é a11 fcrr11icr avcc csti111atior1 (art. 18:1;>), 011 en cas ele prct 11 11sagc,
lors(¡t1e le c:011!.t·at. co11ticnt ur1c csti111alion tle la cl1ose (art. 1883 ¡. U11e tellc
cla11sc est évielc111111ent licite. C'cst co111111e si le débite11r se faisait asst11·eur
(lu cr{·a11cicr c1)11trc les rise¡11cs qt1i 111c11accr1t sa créa11cc. Ccpenda11t, par-
l'ois, la loi li111ilr' l'pJl'cl ele ccltc clausc (l'aggraYalion. \ous en avons vu 1111
C\Cllllllc clallS lt) )Jail a ferrrtc (ar!. 177:>., 177:1).
])P 111<\111e, elans le contrat ele cltcJllcl si1r1¡llP, l'arlicle 181 1, al. 2, i11ter-
llit <l<' sti¡iulcr r¡uc le prc11c11r s11p1lorlcra la perle tolalc du cl1eptcl, arrivée
¡1ar cas forluit el sa11s sa fat1lc. C'cst une regle traditio1111clle de protection
cl11 cl1c¡llclier, e¡ui s'cxplic¡11c ¡Jar l'int'·galit{~ ele sil11ati<Jn eles co11traclanls.
•l'' J•,',1;0111:rn/i1111. - J.:st-il ¡1er111is aux 1>arties di' sti¡iulcr e¡u<' le elt'\liitc11r
111• st'ra JHts rcs1H111sal>IP, cla11s l1• cas 111e111c ot'1 l'i11Pxt'·c11lio11 ¡11·11vi1111elrait ele
s1J11 ¡iroprc fait :1 ),a 11ucsti1111 a {tt'· trt':s <lisc11tt'·P.
1111<' fa11t 11as la c11111"011clrc a,1•c celle1 <le l'nss11ra11cecn11lre IPsconsóq11c11-
ccs <les faulcs <(111' 1'011 JH'lll ccn11111Pllrc. (:Ptlc ass11rance, elite ass11rn11cc lle
rc.~¡1011sabilit,:, ,~si I rt'•s l'rt'·1111e11I.P. )lar Pxe111¡ile 11011s ciler1¡11s l'ass11ra11cc c!C's
111'lici1•rs 111 i nislt'•1•ip)s c.11111 l'l' 1<~11 rs l'au les ¡1rofessit11111Pllcs, l'assu ra11cn ele l'a11-
to1111Jliilist1· cc,111.rc les acci<lcnts qu'il JH'III causer au\'. Liers. J:111it'.•ratio11 esl
ccrlai11e111P11l ,alal1lP et. <111 IP1ul /1 a1l1111)llrn auj,1111·1l'h11i, <111'elle garanlit
l'assuri· 111¡\111c c1i11lrt• ses fa11tes l1111r1l1•s ..·\i11si, lt•s ¡>11lices el'ass11ra11ces
C1)11lre les acci<le11ts d11 lravail 1:Ioi <111 !l avril 18!)8) garanlissonl I<' cl1cl' cl'o11-
trc11risc,111c111<· (Jllan<l J'accitlent. a Í\lt'• ca11si- 1iar sa faul!• i11exc11sal>l<'. lla1·Pil-
1. ll011la11.J, l)~s c/au.ie.~ de 11011-respo11sabilité et de /'assura11cc de 11011-res¡1011subili1e
des faulcs, l'nris, 1895.
EFFET DES Oíll,I(;ATIO~S

leme11t, les polices (l'ass11ra11ces co11tre les accide11Ls (l'a11ton11)!Jilcs co11vre11I


la respo11sallilité,111e111e pour le cas 01'1 celui qui conll11it l'a11lo111oliile a11rail
élé e11 état d'ivresse. Les objections so11t no111llreuses co11tre la Yaliclit1'· 1lc
telles stipulations. 'l'outefois 011 pe,1t dire 1111e s'assurer co11tre les co11sé-
c¡ 11cnces ele ses fau tes, ce n' est ¡las s' en exonérer ; e' est si111¡lle111e11 t co11ve-
11 ir avec u,i tiers, l'ass11re11r, q11e, moyennant uno prin1e a11n11elle, il ¡iaiera
lui-111t~111e l'i11cler1111ité. J;assuré se gai·antit par 11n sacrifiee a111111cl (les co11-
s{·e111e11ces ¡iécu11iaires ele ses fa11tes. Ce co11trat n'est poi11t co11Lraire ;1 J'or-
<l re pul1lic. 11 est n1e111c, en q11ell¡ue n1es11re, avantageux pour les victin1cs
cl'11ne fa11le éventuclle, car il assure le11r i11lJ.e11111isation.
,rais lorsq11'il s'ag·it de la co11ve11Lion el'irrespo11saliilitó 1Jassée c1vec celui-
ilt 111e111e qui serait l'icti,ne (le la f aiite e11t1isagée, e11 1111 111ot ele la clause tic
ce gc11rc inséréc Jlar un dóliilcur (la11s u11 co11lral, la j11ri:-¡Jrt1lle11ce fait
u11e elislinclion c11trc le clol el la ja11te lo11rlle el'11nc ¡Jarl, les Jau/es /1;{/l\l'es
ele l'a11lre. L'exor1ératior1 eles eler11iercs cst ael111ise, ccllc clu (l(ll el (le la
faule lourclc, llolo a'<Jlti¡Jolle11s,esl au conlrairc rc11011ssóc (CiY., 1:í n1ars 18¡6,
J). ll. ¡6.1.{¡4(), S. ¡6.1.3:1¡, 11otc ele ~l. Lal1l1é). Cetle <listi11clio11 e;,;L c11 ,-oi
forl raiso1111ablc. S'il est acl1r1issiblc c¡11'1111 (lÓl)ilc11r pt1issc,da11s 1111 cor1lrat,
slip11ler sor1 irrcs1>or1sal1ilitt':, pour le cas ou il cor11111eltrait 1111e fa11te oreli-
11airc, e111pecl1ant 011 rctarda11t l'exéc11tio11 lle s011 ol1lig·ati1Jn,il ne pc11l
c11glol)er clans cello irresponsal>ilit.é le cas 01'1 ilco111111ctt.rait 11110 fa11le lo11rcle.
11 est 11n 111i11in1u111 ele pr{caut.ion, ll'att.ention, 1¡u un débiteur lioil apporter
elans ]'cxéc11Lion ele so11 ol>ligat.iou. II 110 faut. ¡>as l11i }lc1·111ellrc de s'f'11
décl1argcr. Et, po11r ce qui esl elu clol, c'esl a-elire de la f1t11le i11le11lio1111ellc,
s'e11gagcr er1 se ri·serva11t la fac11ltó ele s'alJstcnir Yolontairc111c11t cl'acco111¡Jlir
so11 e11gag·c111c11l, ce serait 11n acto elérisoire q11i to111!Jerait sous le cou1J de
la 1111llilé pro11011cóc ¡>ar la loi co11Lre les obligalio11s sous co11clition 1>ure-
r11e11l llolcstative (arl. 11¡!1).
Ccpenda11t, 1111\1110 ainsi rc,;t.rci11tc, la clause cl'irrcs¡Jonsal1ililé est da11s
,:ertains cas cnliero111c11t. prol1ibéc, soit par la loi, soit par la juris¡)r11cle11cc.
Cela a lic11, sf'111IJ!e-l-il, lorse¡11'il y a cr1tre les contracla11ts u11c i11óg·alité c¡11i
11'a pas pcr111is au créa11r.icr ele clisculcr celtc cla11sc avcc s011 clél>itcúr. C'cst
ai11si c1uc, la loi clu 17 mars 1905 (arl. 103, ::i• al., C. Con1.), <lite loi Rabier,
a a11nuló les cla11s0s d'irrc1sponsal>ililó insérées par les co111¡lag11ies ele cl1c-
111i11s ele fer cla11s les Larifs spc'·cia11x de tra11sport ele 111nrcl1a11(!ises. Et en
j11ris1>r11clc11ce, 11011s cilero11s 1111 ar1·1\t <le la Co11r lle cassalion ((~iv., :)1 clé- '

cc111l1re '!Iºº· 1). !). 1¡¡1>:).1.17, :.i" es¡><'•ce, IH)le eie '\l. Sarr11t., S. 1901.1./101,
11cilc lle ~l. l~.-11. llcrrea11) cla11s lc)<fllel la Cour s11pr<~111c a eléclaré sar1s
,aleur 11110 cla11sc inst'·r{•e 1iar une vi lle,;\ l'occasio11 el'1111e ex1Josition i11dt1s-
tricl!c), 1la11s les ccl11lrals 1111'p[Jc 1iassait avcc les cx¡iosa11Ls, et c11 YPrl11 1le
laq11c~llc <!lle se tlt':cltargeait cln toule gara11l.ic en cas el'i11cc11dic, acciclc11ls,
clc':gi11.s, tlt'·LcJ11r11e1111•11ls. l,a (~1)11r 1le ~tr,nt¡>cllier, 1la11s · 1a 111~111c afl'aire,
avail sc111l)JÚ f'aire 1111e dislincli<>II c11lrP la faulc légt'!re el la fa11te i<JIJl'(lc;
n1ais la ('.l1a111l>re civilo ne clisti11g11c 1111lle111c11t entre l'1111c et l'aulre, el
lli':clarc e11 t1•r111cs gt':11éra11x <111'il 11'csl ¡>as J>er111is <le s'cxcl11ércr el'avancc
<le ses pr1J1Jrcs f'a11lcs. l,a solt1li1111 serait évi<lc1111r1c11l cxccssiYe si on ne
..
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. J /1 LIVRE PRE)llER. - TITI\E PRE~1IEll, - CII.tl'lTIIE PI\E.\IIEI\

l'expliquait ici par ce fait que c'était, en réalité, la ,ille qt1i avait fait la Ioí
des co11trals passés avec les ex1)osa11ts.

r ~ ~- - Sailsf"actio11 cl11e au c1•~•a11cle1·.

Les clroits du créancier 1Jeuve11I ai11si se ré:-t1111er:


l. Droil el'exiger, da11s la 111es11rP cl11 JH>ssi)Jlc, l'exéculieJ11 clirccle;
11. Droit d'olJte11ir eles dor11111ages-i11tércts e11 cas ele retare! elans l'exécu- '

tio11, 011 el'i11exéculio11 ele l'o!Jlig·alion.

l. - Exécution directe.
LP elé!Jilcur esl tcnt1 d'exéc11ter s011 o)Jligatio11 dans le ten1¡Js et de la 111a-
11il·rc co11ve11us. S'il 11c In f'ail, IPcr<'•a11cier eloit el'alJorcl le 1netlree11 cle111e11.re.
11 !lCt1t cns11itc clP111a11r!Pr l\~x<'.·cuticin c11 11alnrc ele• l'lJIJligation lorsqt1'elle
esl iiossilJlc. l1 onr n!Jtenir J'px{•ct1lio11 e11 11aturc, il ah sa clisrJositic,n divers
1iroc<'·<l<'-s c¡11i varic11t s11iva11I l'olijel el<' l'o)Jlig·aliclll. II a, en oulrc, ccr!ai11s
111u,Yc11s inclirects: la co11lrai11tc JJ:11' cor¡i,-;, da11s ccrtai11s cas aujot1rd'l111i ex-
ce1ilio1111Pls, la co11cla11111alic111 .clu clt'.•IJitc11r 1111110 aslrei11le.

1" Mise en demeure du debiteur. - l,orse111e le elé!Jiteur r1'acco111plil


¡)as son tililig·ation, le créa11cier lloil, 10111 tl'alJor<l. le 111eltre e11 1/e11ze1trc
cl'ex<'cuter 1arl. 11:~8, 2" al., 1139 el 114ü., ..En etl'cl. la11l e1u'il cle111c11re
i11rrlc el 11c récla111e l)as, il csl censé 11e ¡¡as soull'rir cllt retare!. }lo11r c¡ue
cetle Jlri'·so1r1JJlio11 cesse, il f'aul q11'il de111a11elc l'exéculiou IJa1· un acle e:xlra-
judiciairc. 'l'a11t que cctte 111ise e11 ele111e11re 11'a l)as cu lic11, le débilcttl',
.f1it-il e11 relar1l 1l'exéc1tler, 11'esl ¡ias e11. fctttle 1Civ., 11 ja11vicr 1892, D. ll.
!ri.1.'.i;Í7, Il<}lc ele ~I. 1i1a11iol, S.!)?..1.117·,.
(~elle 11t'ccssité cl'u11c 111isn c11 llc111e11rc se co111¡)rc11tl aisé111e11l lorsq11e le
co11lral 11c fixe pas lle elale cll~Lcrn1i111'.e [Jüt11· l'exéculio11. T\fais, da11s le cas

co11traire, 011 JJCt1L se dc111a11cler pot1rq11<JÍ l:1 loi i111posc au créa11cier les
J'rais d'une 111isc en de1ncure,lcsqt1cls ll'aille11rs reto1nbero11t. c11 der11ier licu
s11r le clél>iteur. Cclui-ci n'esL jl ¡)as suflisa111111c11I ¡1révc1111 í1 1\ussi, 1101111Jre
lle lt'·gislalions cl<'·citlcnl-clles qu'cn cas ele lerllH) lix<' 1io11r l'exí:c11lio11, l'é-
cl1éa11ce ele ce tcr111c suffil ¡)(Hit' la 111ise <'11 liC'111eurc tlu <l<'·hit.c11r. /Jil's i11ter-
¡1ellal ¡1ro /10111i11c (V. (;, ciY. ilalie11, arl. 1 :.1•1:~, al. 1"• ; allc111a11<I, arl. 28!1,
,11. 2).'l'elle Ólait aussi la sol11lio11 acl111is<i ¡,ar 11(1:,; a11cie11s n11lc11rs eles :x v1" et
,v11• siccles. ~Iais la rt)gle c<,11traire, tl'aille11rs :,;cnlc co11f'or111c aux lrallitio11s
clu l)roil ro111ai11 ', a préYal11 a11 :xv111• sit'·cle tlllill1ier, (Jbli[¡r1tiu1zs, 1/1t1) el a
óté co11sacr<'·e par le C:ode civil. Cela clécoule lle l'arliclc 1,:{¡), cl'a11rcs lequel
l'1\cl1éa11ce <111 ler111c 11'e1111)orlc 111isc en <lc111c,1rc c¡nc si la ceJ11ve11lici11 le
<11'.~claro cx¡ircssé111c11l.
La 111ise en tlc111e11rc se fail, clil l'arlicl<' 1 ,;{!), ¡iar 11110 .~011111111fiu11, c'csl-
1'1-di1·e l)ar 1111 acl.c sig-nilit', l)at' 1111 l111issicr, 011 ¡¡ar l<>ul acle t'•1¡uivale11!,
1iar cxc111¡,le, 1111 cci111111a11ele111e11l, 1111c· saisie. 011 c~11ccirc une cilalio11

1. Voir Girard, 1ll1111uel tilé111. úo 1/roit ro111a111, !i' (•dit., p. li48.


...... ~-----,
.

EFFET DES OBLIG!\.TIONS 15

c11 justice, 011 mc111c une citatior1 en co11ciliatio11. Il fa11t ajouter a cctte
liste to11t acle ayant la 111c111e force qu'u11e son1111ation, c'est-a-dire to11t acl.e
/·n1ané íl'1111 officicr ¡)11l)lic et 111a11ifcstar1t d'1111c fac;on for111cllc l'inlcr1tio11
ílt1 créa11cier cl'o}Jtc11ir l'exécutior1 (Civ .. 25 avril 1893, D.P.93.1.350, S.96.
1.32!1). Ai11si, l'aycrtissc111e11L do1111é par le rccevcur 111unicipal tl'unc co111-
111u11c a11 fcrn1ier eles e111placerne11ts p11blics de cclte co1111r1u11c, en relard
<le pa~·cr so11 loyer, cst 1111 acle éc¡uivale11I a u11c so111111atio11, lorsqu'il ré-
,;ulle <le son co11texlc et des circor1stanccs q11'il a été aclressé au tlé)Jitcur
une inlerrinllalion suffisa11le.
En revar1cl1e,il résulle de l'article 1139 qu'n11e si111plc lettre 111err1e reco111-
111a11dée 11e vaudrait pas r11ise c11 de111eurc, a
,noins <¡11c cela n'ait été <lit
da11s la co11vcntio11 (llio,11. G juillcl 1912, c;11::. />a/., 10 aoí1t 1912). 'foute-
f'ois. e11 111atiérc co111n1crciale, l'usag·c a a1Jporlé 1111e 111oclificatio11 a cette
ri~g·lc, el. il est ad111is q11e la 111isc en clen1eurc 11e11t se faire par u11c lctl.re
111issive ou par télég·rar11111e, JJ011rv11 c¡u'ils co11Lie1111e11l réc¡11isitio11 d'un paie-
111c11t ir11111édiat.
Q11a11t aux elfels íle la 111ise c11 de111e11rc, ils so11L au 11or11bre ele deux.
D'a)Jord l<Jrsquc l'obligatio11 a pour objel u11 cor1Js cerlai11, la 1nise e11
<le111eure 111el lci chose rtitx risq11es du débite11r (arl. 1138, :>.e al., art. 1302,
1 º"al.). Cela veut tlire q11e si, postérienrer11er1t á la rr1isc en cle111eure, la

cl1osc ,ienl ii pé1·ir sa11s la l'a11le du délJiteur, la 11crte esl 11éann1oi11s a sa


cl1arge; il tloit payerat1 créancier la ,·aleur de l'olJjet. r\ tJuoi l'arl.iclc r3o:i,
:>,º al., apporle u11 ler11péra111e11l, car il 1Jer111et an d(dJilet1r de se décl1arger
1•11 tJro11vant c¡ue la cliose cut ég·ale1r1e11t péri cltcz le créancier, si elle lui
avait été li,rée.
En second lieu, le clélJiteur est 1·es¡Jo1tsable clésor111ais du retard, c'esl-a-
clire c111'il d<Jil ¡Jayer <les do1n111ages-intérets a11 créa11cier á raison du retare!
1lar1s l' exéc11 Lion.

Cas ou la mise en demeure n'est pas exigée. - Par exception a la


regle c¡11i 11r<'·ccde, il y a des oblig·atio11s dans lesc¡11elles la 111ise e11 de111e11re
n'cst pas rcí¡11isc JlOtll' q11'il y ail fr11tle dtt débileltl' (et ¡¡ar co11séq11c11t, rcs-
{lonsabilité de celui-ci et, mise.s'il y a lieu, des risf¡ues a sa cl1arge). Ce sor1l
les suivanles:
A. - l)'allor<l ccrtai11es oliligatior1s c¡ui, ¡1ar lettl' 1tc1f1trc 111e111e, 11e se 1>r1':-
lenl ¡1as a• IIIIC r111se . e11 l 1e111e11re, H ' sa\()11':
.
a) l,n,- ol1ligatio11s lle ne ¡1as ./íiirc. 1< Celui <111i y cunlrevio11l doit des do111-
111agns-i11l<'rcls ¡1ar·ln snul fait lle la co1tl.rave11Lic111 » (arl. 11t,ri1;
b) l,l\S <>llligations (de do11ne1· f111 <le faire1 <la11s lesquelles la cl1ose f¡ue le
déllitenr s'<isl ollligé tic <lo1111er 011 lle faire u ,,e ¡101t1Jciil elrc 1lon1iée oufaitc
1¡1ie cl1111s 1111. ce1·tai11 le1n¡1s, 1¡1t'il el laissé ¡1asser n (arl. 1146J. Exe111¡1le: l,;11e
1icrs1in11c sl.i¡iulc c¡11'1111 cnl.re¡>rencur l11i co11slruira 1111 sla11ll )l011r u11c
OX}lí>Silil>n l.rrn¡1orairc, el. le c<>11slr11ctcur laissc J.>asser le 11111111c11t e.le l'cx-
¡iosilif>n. (Ju liic111 e11c1irc, <lit a <llllllli'\ .'1 1111 c1l'lici1ir 111i11isli'•ricl 111a11tlat de
fnirc ap¡>c\l ,1'1111 j11¡.:-e111cnt., el. il laissc extJirer le <l(dai.
()11 JH)lll rallacl11)1' ;'1 C<)l.lc ri':g·lc 1live1·scs sol11Li<.lllS e1111i1·1111l1'es .'1 la juris-
16 LIVRE PRE~IIEII. - - TlºfllE PllE~llEI\, - CIIAPITI\E Pl\E~IIEI\

})l't1ele11ce, et c1t1i se111ble11t llie11 con1111a11dées, elles aussi, ¡)ar l'arliclc 114U.
,\insi, u11 i11d11striel s'cst engag·é ii enlrelenir e11 lio11 élal le 111alériel rc)tl-
la11t cl't1n ca111i(Jllneur .. \ sup¡i<>SPr <¡ne l'c::-;sic11 cl'1111e Y()Íl11rc ,ic1111e it
se rompre. el c¡11e cct accicle11t. ca11sc 1111 ¡>rc'juclice au ca111ionne11r, celui-ci
pourra récla111cr eles clo111111ag·cs-intt'•r(\(s it l'i11cl11slricl, llic11 <111'il 11c l'ait })a,;
111is c11 clc111eurc. 11 s'agit lit, 011 cll'cl, cl'1111e olilig·alior1 ele fairc e111i cloil
s'ext'·culer d u11e Jaro11 rér¡11li1~re el s11i1•ic, et,cli::-; lor:-;, 11e do1111e pas lie11 it eles
111iscs en de111ct1re rite<¡., :1<ija11,ier 1911, )). ll. 191?..1.l18, S.1!)11.1.:1:161.
De 111e111f', la 1r1i:-;f' c11 clf'111c11re 11'csl ¡)as 11i·cessairc lor:-<111c le dt'·Lilc11r a.
¡1ar sa fa11te, rc11el11 i111possi)Jlc J'exéculion ele l'ol>lig·atio11 : ¡>ar exe111¡ilc
il a laissé ll<'rir, fa11te ele scii11s. 1·ol)jel c¡11 il elc,ail li,rer.
1~. - La loi déclare e¡11e le volc11r est loujo11 rs res¡Jo11salJ!e ele la perle for-
t11ile de lºoJJjet ,·olé, c111ancl 111e111e •i1 nºa ¡las étt'· 111is e11 cle111eure de le resli-
tuer iart. 1302, al. 41. 11 <'11 Psi dP 1111\n1r ,le ccl11i ,¡ni a re91l c1z¡1aie111c1zl 11nc
cl1osc, alors t¡11 il sa,ait 11·1\tre IJas crr•anciPr iart. ,:\79). l)i11clélicatesse (}tI'il
cr1111n1el Pll accPJJlant f'I r<'lenanl ccllc cl1osr, le fail assi111iler á t1n ,olc11r.
c. - 11 se })eul (}lle, cl'aj)l'l\.~ ltl COllL'l'llfio11, le dr•!)iletll' (loi,e et.re C()llSÍ-
J1\rt': co111111c e11 dcn1eure sa11s c¡u'il soil IJPsoir1 el ·act,~ et ¡lar la seulc t'·clu'·a11c('
cl11 ter111e (art. r r 39). Dans cecas, ilies i,iter¡Jellal ¡1rn /10111i1ze. ,\joulons ,¡11e
c'esl lit 11ne stipulatio11 qu'on lrouve fr{•c1ucn.1111ent clans les co11trals. :\insi,
¡iar exe111ple, e11 111atie.re d'assura11ces et 11otan1111e11t ,1·ass11ra11cPs co11trc
l'i11cenclie, les JlOlices elt:clare11l fré,111e111111e11t <[ll<' la se11le ócht'·ancc d11
tcr111e assig·né a11 paic111e11t lles {lrin1Ps Ctlnstituera 1·ass11ré er1 rlf'111~11re, sa11s
e111'il soit llcsoi11 ¡J'a11c11n acle.
\'oto11s lo11tcfois c¡11e l0rsc¡11e la clelte csl r¡uérable, ce ({IIÍ est le clrc,il co111-
n1un (art. 12!17, al. 1), la cla11se clis¡>ensa11l le créancicr ele r11eltre le d(\]Ji-
teur r11 clen1cure 11e le <lis¡)cnsc ¡>as ele se ¡ir<'·sr:11ler cl1ez l11i le juur el"
1·<'·cl1éa11ce.
1). - E11fi11 lorse¡ue l'¡))Jligatio11 a sa so11rce cla11s 1111 ilélil 011. f/llCLSi-clélil,
la jurisprucle11ce atl111et ({UC le créa11cier ,,·a 1ias ]Jcsoi11 de 111ctlrc le dc\bitcnr
c11 cle111e11re; celui-ci s'y lrouvc ele plein clroil par l'ell'et ele sa fa11le (l{e<J.,
'1 févricr 1868, D. I>. G8.1.27r, S. G8.1.!111). (:elle sol11licl11 est logic¡tu·.
Co111111cnl J'i11(livi1l11 <¡11i clevic1it 1lt'•IJileur par suite, ¡J'1111 <lélit po11rrait-il
con11)ter s11r la ¡Jalic11ce el11 cr{anciPr)

~• Exécution forcée. Cas oil elle est possible. - J•:11 ¡lri11cipc, lors(JllP
le délJilet1r refuse cl'cx1\culcr so11 oliligalio11. le,• crc'•ar1cic1·, a11 1r1oins lors<¡11'i 1
esl 1111111i d'11n Litre exéc11toire, j11ge111e11l 011 grt)ssc cl'1111 acle 11olarÍ<), a li·
<lroil llP rc,courir a la force p111ili<111e plltJI' l'y conlrainclrc,
Ce¡icnelanl, 11 prc,r11ierc vuc, il :-cn,lile <¡11e le (;o,le civil ait. a,lo¡ilt': ¡)1>11r
cerlai11s cas 1111c r<'·gle ditrl~re11le, car l'article 11 /1:1 dóciele <¡ue « loute oliliga-
Lion ele f()ire 011 lle 11c ¡Jas faire se rés<iul 011 elon1111ages-i11lér1'Ls. P11 cas
<l'incx{•c11Lio11 ele la parl cl11 clél>iteur n. <J11an<l llonc l'<il>ligalio11 csl ele fai r<· 1H1
<_le 11c ¡>as fairc, le crt')anci1)r ne ¡Jo11rrail ja1nais exiger l'cx<'•c11Lior1 c111111t11r<'.
Cctle cxéc11Lio11 tlirccle forc{·e 11e serait all111issil>le <¡11e <lans les oliliga-
EFFET DES ODLIG1\ TI0:-1S

tio11s de do1i1ier. Quelc¡ues at1let1rs 011l résu111é celle prétenelue distinction


entre l'obligation de clo11ner et l'obligalion de faire dans 11n adage : !Vemo
prcecise cog i ¡Jotes t acl f actun1, q11'ils on t e111 prur1 té aux glossa teurs. l\fais
celle i11terprélalior1 pure111enl li ttérale de l'article 1142 est dot1ble1nent
inexacte.
Est-il vrai cl'a)Jorcl de dire que l'olJligation de don1.1er soil lo11jours ex~-
cutoire en nalure ~
Oui, cerles, cela est vrai clans l'in1n1ense 1najorité des cas. DºaJJorcl ¡Jarce
c¡u'en général l'obligatior1 ele elo11ner est (art. 1138) aussitot exécutée qu'elle
a pris naissance (V. nolre 'f. I, p. 926) ; le juge n'a done pas a intervenir.
Me1ne dans les l1ypotl1eses 011 le lransfert de la JJropriélé 011 du droit réel
11'est pas efl'ectu<\ par la seule co11clusior1 d11 co11lrat, l'exéculion adéquate
ele l'olJlig·alio11 peul loujot1rs elre proc11rée au créancier. En ell'et, (!01111er,
c'csl-ú-dire lrarrsférer la ¡1ro¡1riété, le droil réel, c'est ii11 acle abslrait de
l'o!o11lé qtte le j11g<l pc11l. to11jo11rs s11pplt'·er, tenir po11r acco1npli. Par
exe111¡Jle, il ). a cu vente el'un corps certain, avec cetle clause e¡11e la pro-
¡1riété 11e passerait it l'acl1eleur c¡11'a une dale ullérie11re. Cetle dale ve11ue, le
juge liendra le lra11sfert pour accompli, el a11lorisera au !Jesoi11 l'acl1e-
teur it se meltre e11 possessio11 de la cl1ose. Ou bien encore, il y a eu vente
ele cl1oses envisagées i,i ge,iere, tar1t de lJarriques de ,·in de telle année,
lant d'hectares d'une concessior1 au Maroc. Le juge pe11t a11toriser le créan-
cier a se procurer la qua11lilé de ces cl1oses it laquelle il a clroil.
Ce¡Je11da11t, par exceplion, il y aura des cas 01'1 l'ex.éc11lior1 acléq11ale ne
sera pas possiblc, el ou le créa11cier devra se contenter dºune ex.écutio11 par
équivale11t, c'esl-a-dire de clor11n1ages-intérels. 11 e11 sera ai11si a11 cas d'obli-
galio11 de clo1111er u11 cor¡Js cerlai11, si cet o!Jjel a été détruit par la faute du
clébile11r, ot1 cacl1é par luí. ~le111e solution ¡Jour I'o!Jligalion de do1111er des
cl1oses envisagécs i1t genere, si le genre 11'est pas asscz éte11clu ¡Jo11r qu'il
soit p<Jssi!Jle au créa11cier ele s'cr1 ¡Jrocurer un exe1nplaire. IJar ex.e111ple,
ur1 I1orliculleur a ve11du u11e cerlai11e c¡111111lilé cl'orcl1iclées d'11ne vari{>té
a
clo11t il e1>l sc11l déle11teur, el il se rcfuse la livraiso11. ·
lr1versemenl, il 11'esl ¡¡as vrai que les obligatio11s de faire ou de ne ¡Jas
!'aire se rósolvenl lo11jo11rs, en cas d'inex.écutio11, en do1nmages-i11lérets.
1,'aclagc 11e1110 ¡ir:ccise cor¡i ¡Jolesl <tdf(ic/11111 csl so11vc11l i11ex.acl.
ll e11 esl ai11si <l'abor1l 1la11s clc11x. l1y1>oll1i':ses ex.tJressé111cnl visées 11ar les
arliclcs 11/1!1el11/13. 1\rl. , ,1111 : <1 l,e crt')a11cicr ¡ic11l, e11 cas el'i11ex1\cution
(cl'1111c olJligalio11 <le fltire), elre a11lorisé ii !'aire cx.éc11ler l11i-1111)111e l'olJliga-
1ior1 a11x. dé¡iens du clébile11r. i> - Arl. 11!13: u Le créar1cicr a le droit de
cle1r1an<lcr c111e ce l¡11i at1rail élt': fail ¡>ar co11travc11lio11 a l'c11gage111c11l (de ,
11c pas f aire) Sl>i l clétrt1i l ; el i 1 1Je11l se f'ai re a11loriser it le délruire a11 x.
ll1'.¡icns cln clé]Jilc11r,sa11s ¡>réjuclicc eles llo111111ages el i11térels, s'il y a lien. »
l)a11s cl'aul.res l1y¡ioll1óses e11ccire, il e11 sera 1le 111c\111c, el le crt'•a11cicr d'11r1c
ci)Jligali<>11 ele !'aire llo11rra sollicilcr el <JIJlcnir <111 juge, a l'enco11lre d'ur1
llt•!Jile11r r(:calcilr:111l, 1111c salisl'acli<>JI <'Il 11al11rc adéc¡uale it l'cJIJligalion.

1'ornc 11 2

18 LIVRE PRE,IIEI\. - TITRE PIIE,1IER. - CIIAPITIIE PIIE,IIEII

et 11cn des do111111ages-i11lérels. Il e11 est ainsi lorsque le fail ¡)ron1is co11-
siste dans un acle juriclie¡11e, clans un consente1ne11l ultériet1r 11ro111is. :\i11si,
la pro111esse ele ve11le se lransforr11era en Ye11le, par l'efl'ct de la dócisio11
a
du juge e111i au torisera l"acl1eleur se n1eltre CTI possessio11.
l\ll\111e sol11tion si la pron1essc clu elélJite11r l"engngeait ¡\ 11e pas s'op¡losrr
a ur1 acle ele jot1issa11cc direclc el11 crénncier. C'cst le cas pour le loua,\tt>
d'un i111111euble, JJOur la ccssion elu elr<Jil ele cl1assc. Si· 1e débiteur, c'est-it-
dire le bailleur 011 le c<':cla11t, rcf11se de s'exéc11 Lcr, le j11ge pourra lcnir so11
a
asse11limenl 11011r clon11{,, et a11loriscr le cr<'·ancier e11lrcr er11Jossessior1 drs
lie11x, ú cl1asser s11r les terrains conc{·dés, com111e si le de\Li teur )' con sen lai 1.
et a11 Lesoin, s'il rencontre un obslacle, it l'écarler en faisarit appel it la
force p11l1lie¡ue IV. Poll1ier, Lo11age, 11° GG).
En so1nme - Pt la pra tiq11e est c11 ce ~ens -· voici la forn1ule c1u'il fau 1
subslil11er lt la elisti11clio11 i11ael111issi!JIP <le J'arliclc 1141 e11,isagé la lellre. a
En pri11ci¡1r, le cr<\nncicr a lo11jo11rs le clrl1il ele récla111er l'exécution en
11a/11rc ele l'oblig·alior1, cha1¡ue j'ois 1!11 111oi11s 1¡1t'il y a ¡iossibilité úe l'imposer,
e11 recot1ra11t a11 )Jrsoir1 ú la f<lrcc ¡1t1lJlic1uc.
Par cxccplion (il esl vrai q11e les cxccplio11s sor1l r1on1bre11ses), le créa11-
cier doil se conle11ler ele dornn1r1ges-i11lércls, c'est-á-dire d'11ne sat.isfactio11
par éq11iYalenl, lors<111c l'cxéculio11 en 11al11rc esl ir11possilJlc á lni proc11rer.
ll c11 esl ai11si cla11s clc'ux cas.
D'alJord cr1 cas el'i1npossiúilité 111alériellc, ce 11ui a lie11 11ota11111ie11t lorsc¡11<•
le fait llro111is est urt acle du dél1ite11r, cnvisag·é 110n da11s s011 rés11llat n1a-
tériel (car alors il }' a11rait licu it ap1llicalio11 ele l'art. 1 1!13), 111ais c11 lui-
1ner11e, en un n10I, 11r1 acle tira11l sa Yalc11r de la 1)crso11ne c¡11i l'accomplil.
co111111e l'o11Yragc cl'1111 arlislr, el'1111 011Yrier l1alJi!e, cte.
E11 seco11cl lie11, er1 cas d in1¡iossiliilité TTIOl'llle, c'est-ú-clire lorsc1ue la sa-
Lisfactio11 en 11nl11re 11011rrail :'t la rig·ue11r elrc 11rocuréc a11 créancier, n1ais
a11 prix ele ,oies ele fail r¡11i frraic11t sca11clale. Par cxe1nplc, si u11 acle11r,
au n1<'¡1ris ele so11 cngage111e11L cn,·ers la Co111éclie franc;aisc, joue sur 111H'
sct'llC riYale, l'ael111i11islraleur cl11 'J'lu'•,11.rc fra11\ais 11c ¡1011rra pas dema11cle'r
c¡u'il s,,it a¡1¡1rt'-l1e1HI{ a11 cor¡is el <'XJJJils<\ ele la sct'IH' <H'1 il j<HJr, clHisc .'1 la
rigucur possililr, 111ais sca11dale11se; il 11c J><Jtirra cunclurr) 1¡11':'1 ll<)S do1r1111a-
ges-i 111 <'· re\t s.
l,cs 'l'ravnux ¡ir<'•paraloircs PI la <l<iclri11c l.racliLic1r111cllc so11l l1ie11 ela11s 11·
se11s ele n11lrr, inlcr¡1r<'·lalio11. l,r, lll<)lif ele l'arliclc 11/1:1, a <lit Iligot-llr<'·a-
111rn<'.11 r,x¡1lic¡11a11l cell() <lis11<Jsilio11, csl c¡uc « 1111I Il!l 1)1)111 < 1tre c1inlrainl
cla11s sa (l<'l"S<Hlllc h fairr <111 i1 ne ¡ias fairc q11<•l1¡11c chosc, el <¡11e si cela {'.[ail
possililr,, f'<' snrail 11nc YiolPIICP qui llP ¡1r11I ¡ias <\lre 1111 111111Ie el'cxéc11lio11
eles co11lrats H (J<'rnet, l. \111, ¡>. 11:~:1). J•:t c'cst. liicn l.'1 la rc¡1rocluclio11 ele la
elciclrinc ele I>otl1ir•r <(IIÍ <lisail. (1'r11iti! 1/e lri 1•e11/c, 11" /17(¡, é<l. llugnel, t. 111,
¡). 1n1): u l,a r<'·gln 1\11·1110 ¡iolcsl CO[/Í r11lji1tl1L111, el cclle c111e lcs e1l>ligati1111s
<¡uai i11 .f11cier1llo co11sisl1111l se rés,>lvPnt n<1ccssaire111c11l c11 cl(1n1111ages 1·1
i11l<'•rc'Ls, 11c rc<;e)iYc11~ el'a11¡1licali<111 <¡11'¡\ l'<')garcl •les 1Jl1ligatio11s ele fails cxlt'·-
ricurs et corporels, !elle <111'esl l'ohligalio11 lle cclui qui se scrail ol,ligt'· (IP
EFFET DES OBLIGATIOXS 19
copier 111es cal1iers, lcs(¡ucls faits ne 1Jc11ve11t se su1J1Jlécr <1ue par 1111c
co11da11111atio11 (IC (!(Jllllllag·es-i11Lércls n •.
11. - Exécution par équivalent. Théorie des dommages-intéréts.
Conditions requises pour que les dommages·intéréts puissent
étre réclamés.
Le retard da11s l'cxéculi<:HI, ou l'i11exécution {léfi11itivc des oblig·ations tlo11-
11e11t au créancier le drtiit tl'olitcnir tics do111111ages-i11térets, · c'cst-a-dire 1111e
son1111c <l'arge11t er1 réparatio11 cl11 préju(licc qui lui est causé par la fa11le rlu
délJilcnr. Dans le cas <le rcll1l'cl, ils fJOrlcnt le non1 de dommages-intérets
moratoires ; dans le cas cl'inexécution défi11iti,·e, de clo111111ages-i11térets co,11-
pensaloires. Les u11s et les au tres su i Ye11 t, e11 g·é11éral. les 111en1es regles qua11t
a leur détcr111i11atior1. i\Iais, l1ie11 e11ter1du, leur cl1iffre diíl'erc; e11 oulrc, c11
cas tlc si111¡Jlc rclard, le créar1cicr c1111111le l'inde11111iLé c¡u'il re<;oit ayec l'e,é-
culio11 ele l'oblig·ation.
Quclles sor1l lcs cor1ditio11s req11ises llOtir que le créancier puisse récla-
n1er des tlomn1agGs-inlércls ~ ,

Nous connaissons díjii cleux de ces conditions:


1• D'abord il faul que le relard ou l'inexéculion proviennent de lafa1tle d11
débiteur. On di Lgénéralen1ent qt1'ici, en maliere co11lracluellc, la chargc de la
prcuve, en ce qui concerne la faute, i11co111bc au débiteur. Quclques i11tcr-
preles vont me111c jusqu'a dire qu'il y a u11e ¡Jrésoniplio,i defaute de la part
du déhilcur qt1i n'a pas exécuté sor1 oJJlig·atio11. Ce sont la des donnécs c11
partic i11exactcs. Er1 réalité, il y a si111plen1e11t a applir1uer ici le 1Jrincipe
général (l'apres lc(¡uel (arl. 1315) c'cst lo11jours a celui qui allegue UTl f'ait
contrairc ¡\ u11c sil11alio11 acquise. ú fairc la <lé1no11slratio11 de ce faiL. ])es
lors, l'1Jbligalil)ll étail clic 1111e o!J!igalior1 posilive (par cxcn1JJle, le débilcur
dcvail cxéculcr 1111 Lravail dólcr111i11é), le créancicr r1'a q11'a pro11vcr le fait ele
l ()l>lig·ali(111. (:e fail 11nc fois pr<l11vé, c'csl au dé!Jileur a dén1onlrer qu'il s·est
0

ac11111Llé de so11 Lravail, 011 (111'il a i\té libéré llar cas f1)rtuit ou force rnajP11re.
Retts in exci¡Jie,i,lo fil 11clor. S'agil-il d'11r1c o!Jligal1on r1égative (lc-débile11r
s'étail c11gagó a 11c pas !'aire JJasser <le voi Lurcs par ur1 cl1emin qui lui était
inlcrtliL), le cróa11cier doit pro11vc1· 110n seule1ner1l l'existence de l'obligalio11,
111ais cnc(ll'C l'acco111¡1lissc111cnl 11ar le clél)itcur du fail <111i lni était ir1lcrdit.
2º 1~11 sccoutl licn, et 11011s 11e rcvic11dro11s pas sur ce poiul, le créa11ci1•r

tioil avoir 111is le tlliliitcur cu (le111c11rc;


3° U11c Lr<Jisi1~111c et rH111ielle co11tlitio11 11écessairc pour que le clébitcur
¡Juissc elrc co11da11111t'•. :'1 <les tlo111111agcs-i11Lórcls, en cas d'incxécutio11, c'cst
q11e l'exéc1Llio1i e,i Jt(lltire ,te l'oblir¡rtlio,i 11e soil JJl11s possible a i,nposel'. I•:11
ctl'el, La11t c¡u'il c11 esl aulrc111cnl, le créa11cicr a droil a la prcslalio11 ¡1ro-
111isc, el le <lélJitcnr ne 1>e11l elrc C(>ll<lar1111é qu':'1 cPllc prcslalior1. D011c, <•11
prir1ci ))C, la CIJll(la111 na Li1111 ¡'¡ tics <lo,11 n1ages-i ll Lórels doi l el re pr{:cédt)()
cl'une c1J111la11111alio11 (•11j1Jig11a11t au débileur cl'cxócul.cr la prestation ¡>ar
lui ¡>r(1111isc. 11 lusic11rs c<JIISÓ<¡11c11ces se rallacl1enl ¡\ ccllc cor1dilio11.
t. V. snr toutP i:rtt1• qnP.slinn: l\l"ynial,
/.a sanctio11 ,,¡,,¡/µ d,·s obligalions de (aire ou
de ne pas /aire, Hcv. pral. de droll franr,nis, 1884, t. fi6, p. :1x.-,.
20 LIVRE PRE~IIER. - TITRE PRE~IIEI\. - CHAPl1.RE PRE~IIEII

i\. - Un créancier 11e peut, dans ses co11clusions, cle111a11cler des elo111-
mages-intérets que subsidiai,·e,nenl. J~n pre111iere lig·11e, il eloit co11cl11re a
l"exécution de la prestation pro111ise. Il 11'e11 serait difl'éren1n1e11t c1ur s'il
était d'ores et déja certain e1ue la prestation pro111ise r1e pe11t elre réali:-<'·e,
par exen1ple si, s'agissant d'une obligatio11 11égative, le débiteur a,·ait déja
a
acco111pli certains acles lui interdits par le contrat.
n. •- Lé débiteur c111i, poursuivi par le créa11cier, ofl'rirait des don1n1ag·es-
intérets, ne ferait ¡)oint d'o.ffres satisfacloires. 011 ap1Jelle ainsi les otl'res
du défe11deur c1ui or1t pour efl'et de mettre les frais ele l'in:olance la cl1arge a
du den1andeur, aucas ou celui-ci s'obstine poursuivre. a
C. - 11 rentre dans l'office du juge de toujours conda111ner le dél)iteur
a la prestation n1en1e q11·¡1 doit, de lui enjoindre de l'exécuter, sauf pro- a
a
noncer une condan1nation des clon11nages-intérets subsidiaires pour le cas
ot'1, da11s un délai qu'il in1parlirait, le débite11r 11e se serait pas exécuté.
!1° E11fin il faut q11e le retard 011 le défaut d'exéc11Lion ait ca11sé 11n ¡1réju·
a
dice au créancicr. C'est ce elernier a 011 faire la preuve. l>resque Loujours,
a
cellc-ci sera fort simple adn1i11islrcr. Nous vcr1·011s 111crnc q11e, c1uand il
s'agit d"une obligation de payer une som111e d"arge11t, le créancier n'a ricn a
prouver, le préjudice est présun1é. E11 fait, il sera bien rare que le rctard 011
l'i11exécution ne cause auc11n domn1agc a11 créar1cier. En voici cepcnda11t u11
exc111ple : L'avoué qui, cl1argé de produire cla11s u11 orclre, a néglig·é ele le
fairc, r1c doit etre condan1né a
des don1n1agcs-intércts cnvcrs so11 clicnt,
que si le juge rcconnait qu"il y aurait cu collocation utile er1 cas ele JJro--
duction (Civ., 26 nove111brc 1890, D. I>. 91.1.18, S. 91.1,72. Cf. Civ., 5 n1ars
1913, Gaz. Pal., 16 mars 1913).
a
()uan t l' évaluatior1 des do111111ages-i 11 Lérels, ¡Jou r clétcrm i11cr les rL·g·lcs
a
c¡11i la co11ccr11cnt, il fa11t se référer trois l1yplill1escs difl'érc11tes:
rº Celle ele la fixatio11 des domn1ages-i11Lércls ¡1ar lejitge: c·cst l'l1yp0Ll1esc
ordinairc.
2° Cclle d'u11e flxatior1 par les pal"ties elles-mcmes: c'cst l'l1ypoll1esc ele la
clause ¡1énale.
3° Cellc d'u11c Gxaliort forfailairc ¡1a1· la loi: elle se rc11cc>11tre c11 ce r¡11i
co11ccrne les do1111nagcs-i11Lércts 111oratoircs tla11s les <>l)ligatior1s ele so111111es
el 'urgen l.
i\1J11s étuclicrons s11cccssivc111c11t ces trois l1y¡loll1escs; apres c¡11oi Il<)11s
CII cxarni11cro11s 1111c c¡11alrió111c, ccllc 01i. les elorr1111agcs-int[!rcls son!. c111
¡>loyés )llll' le j11gc co111111e 1111 111oye11 ele conlrainte 1Jt111r forccr le d/dJilPIII' ;\
l'cxt\c11lit>11 ele l'obligalion (ll1éoric des <1slrci11l1:s).
l~n loul cas, il y a m1 1>rc111icr JlOÍnl ;, rclcnir, c'csl r¡uc les clu111111ag·cs-
i11tércls c1¡11sistenl lllujo11rs cla11s l'attril)11li1Jn 1l'1t1te so111111c cl'r.1rr¡e11l <lcsli11éc
a co111¡Jc\11ser le clo111111agc ca11sé par le relar1l 011 l'ir1cxéc11Li<J11. l,e (~c>tl1\
civil 11'é11tJrtcc pas cx1ircssé111er1L cctle rt'~glc, 111ais t)11 ¡icul cliro ,¡11c ltHJs les
arlicles rPlalifs a11x clt>111111ag·cs-intérels (arl. 11/12 el s., 11/1!) el s.), l'acl-
111ctlcnl i111¡>licilc111e11l. llie11 11!11s, l'article 11fJ2, llarlnrtl clu cas 1>1'1 les
parlies 011 t t\ l' a va11cc fi xú le ch i fl're eles clo111111ages-i 11 lérels, s111J11ose <J 11 '(') les
011l co11,e1111 ele lll so111r11e c111c clevra 1>aycr le clébilc11r.
EFFET DES OBLIGATIO'IS 21

rº Fixation des dommages-intéréts par le juge. - J,a loi indiql1c


au jugc sur quclles !Jases il clc,·ra s'a¡)puycr pour évaluer les do111n1ages-in-
térels cl11s au créa11cier. 11 devra tenir co111ptc de deux élén1e11ts (art. 1149¡;
D'abord, de la perle faite par le créa11cier, dam,111111 e,nergens;
·· Er1 scconcl licu, clu gain dor1t il a été }Jriv<', fucr1i111 cessa11.s.
IJar exe111plc, 11n com111er<;a11t co111 n1ande ¡\ un i11duslriel des produits
a
dcsti11és elre revcndus. Ces 1Jroduits 11e l11i s011t pas li,rés, et il est o!Jligé
de se les procurer ailleurs. ],es clomn1ages-inlérels cl11s pour inexéc11tio11 d11
marcl1é co111prcndro11t : en pre111ier lieu, la cli1Tére11ce entre le ¡Jrix de
con1n1ande et le prix cl'acl1at ell'eclif (1lam111111i eniergens); et,e11 second lieu,
les !Jé11éflces c¡u'aurai L proct1rés ali co111111cr<;an t la ,ente qu'il a manq11ée
par suite d11 défaut de Ii,raison ,:tcicrtl/11 cessn11s'i.
La loi Ii111ite, par 11n do11lJle ten1péra111e11t, l'élend11e des don1n1ages-
in térels :

1\.- Premiar tempérament.- Les do111n1ages-intérets 11e doivent co111-


prendre q11e <( ce qui est 11ne suite i1111nécliate et direcle de l'inexéculion ele
la conventior1 » (art. , 151).
l)oll1ier cilait, a litre cl'applicatio11, l'exe111ple suivant: il y a cu ,·e11le
cl'une vacl1e n1alade faite par 11n n1arcl1and qui connaissait la maladie et l'a
dissimulée. La bcte con1n1unique sa n1aladie aux autres bestiaux de l'ache-
tc11r et tous n1curent. Voila le do111n1age direct, dont le ve11deur devra cer-
tainen1ent la réparation. l\fais si la contagian, qui a été communiquée a ses
bestiaux, a en1¡Jecl1é l'acl1eteur de culliver ses Lcrres, d'cn tircr u11 re,e11u,
et a entrainé la saisie de ses bie11s, le débiteur 11'est pas tenu de ces clon1-
mages indirccls. Et la raison, c'est q11'ils ne sont ni cerlainement ni exclusi-
veme11t ¡1e11t-elrc la s11ile éloignée de la fa11le du clélJileur. L'acl1eteur a11rait
pu, en efl'et, no11olJsla11t la perle ele ses IJeslia11x, olJvier au défaut de cul-
ture, e11 faisa11t c11ltiver ses terres par d'aulres )Jcstiaux qu'il aurait acl1elés
ou loués, 011 cncore en afl'er111a11t ses terres (V. Potl1ier, Obligatio11s, n•• 166-
167, éd. Ilugnet, t. II, p. 80-81).
De rr1l'\111c, 11n construclc11r de 111acl1i11es agricoles ne peut compJ·endre
a
ela11s l'i11de1nr1ité q11'il récla111e l1nc co1111Jagnie ele cl1en1i11s de fer, pour
avaries ca11sécs 11 une n1acl1inc par lui expé·diéc ¡\ 11n agriculte11r, le montant
de la 1Jerle des co111r11a11des q11c les propriétaircs voisins a11raicnt failcs, s'ils
avaie11t v11 fonclio1111er la 111acl1i11e. En cll'<'l, ri<'rt ne pro11ve r¡11c, 111('\111e a11
cas ele róussitc eles cx11<'·ric1ic<'s, ces co111111anelcs se f11sse11l 1Jroduiles i,Civ.,
3 111ars 1897, 1). 11. !)8.1.118, S. 97.1./111. Cf. 1\lger, 7 eléccrnbre 1891,
D. 11 . !)2.2.l1/1, s. 92.2. 1 ,G).

13.- Deuxieme tempérament.- A11x Lcrn111s de l'articlc 1 ,5o,<( le el<'•IJi-


tel1r 11'est. te1111 1¡11c eles clo1r1111agcs-inlérets c111i oril été prév1is 01t qu'on. n ptl
JJl'éooir l11rs clu Cllltlral, lorsq11e ce 11'est poinl 11ar so11 clol q11e l'oblig·alio11
11 ' es l pr1111l
. excc11Lc11.
' ' »
C'cst cr1coro )1(Jlliior 1¡11i 11ous fourr1ira 1111e application Lopic¡ue de cclle
regle. Si, clit-il (Obligalio,is, n" 1(i1, <'~el. 13ug11cl, l. 11, }), 77), j'ai llorint': a
!l .l LIVRE PREMIER. - TITRE PRE~IIER. - CHAPITRE PRE~IIER •

loJer pour 18 ans u11e maison que je croyais 111'apparle11ir, et q11'apres 10 ou


, ?. ans, le localaire en soi l évincé par le vrai propriélaire, je serai te11u de
rer11bourser au locataire les f1·ais c¡11e cel11i-ci est ol)ligé ele faire pour son
délogen1ent, << con1n1e aussi ceux résulta11t ele ce c¡ue, le prix des loycrs de
n1aison éta11t augmenté dep11is le liail, il a du ·lo11er une 111aisor1 plus cl1er
pe11dant le ten1ps qui restait á expircr elu lJail .... l\lais si ce locataire a,
depuis le liail, étal)li un con1n1erce da11s la n1aison louée et que son délo-
gen1ent luí ait fait perdrc des ¡ira tiques et causé 11n Lort dans son cor11111erce,
je 11e serai 1Jas tenu ele ce dom111age, c1ui n'a pas été pr<'Y11 lors d11 co11trat ».
A tJl11s f'orle raison, ajo11te J>otl1ier, « si, dans le cléloge111ent, quelques
r11e11)Jles précieux de mon locataire ont été brisés, je 11e serai JJas tenu de ce
do111111age ».
C'est une questio11 classiq11e de savoir si le débiteur doit avoir ¡JréYu ou
¡JtI pré,•oir se11len1ent la cause cl11 elo111111age ( e' est-it dire sa 11a lure ), ou encore
sa qiiolité (c'esl-a-clirc son cl1iflºre), pour c¡11e le créa11cier ait droit a i11den1-
11isalion. flar exe111ple, ,·oici une Compag11ie de cl1e1nins de fer qtri égare u11e
malle; elle eloil, bien entcnd11, rembo11rser no11 seulement le prix ele la
111alle, r11ais celui des Yele111enls qu'elle · contenait. J~11 acce¡Jta11t ce colis,
elle con11aissait le gen re de préjudice que sa perle causerai I au ,·oyag·e11r.
Mais s11pposo11s que celui-ci prouve que la n1alle conter1ail des fo11rr11res,
eles denlelles. eles bijo11x cl'1111e valeur ir1solite, la Compag·nie "sera-l-elle
resrionsa!Jle de l'i11Lég·ralité ele celle perle. do11l la [1¡110/ité 11e 1iouvail r,·i-
dc111ment entrer dans ses prévisio11s ,1
l•~n gér1ér11l. la-j11risprude11ce se co11tenle d'exiger la prévisi<.>11 de la ca11se
d.11 don1mage et non celle de sa quotité. Elle est assez Jogiq11e puisq11e, en
prir1cipe, l'ir1demnisalio11 cloit couvrir to11t le llam11iim emerge,,.~. De pl11s,
l'arlicle 1633 aslr~ir1t le Yer1de11r, en cas cl'é,iclio11 de l'acl1cle11r, ú i11clen1 -
11iser cel11i-ci de loulc la ¡>lus-value que la chose ve11cl11e a11rait ac1111isc clepuis
la vente, et cela saos er1 excP¡Jter l'l1~·potl1ese 01'1 celte plus-val11c a11rait
altcint 1111 cl1iffre impossihle 11 prévoir (I>a11, 1 r ao1)l 1no3, D. 1>. 19o!i .2.302,
S. 1903.2 309; llaris, :i3 cléce1nl>re 1910, Gaz. Pal., fí 111ai 1911).
TI fa11l reco1111ailre q11e, cep_endant, la solulio11 cei11lrairc serail plus pra-
tic1ue el plus <'~<¡11il.alile. [,es 1iorr1ai11s fi,aiPnl un 111axi111u1111111 111onla11t des
1·é1)aratio11s <¡11e p<>uvail enlrai11er l'i11exi·culio11 ele I olilig-alio11; c'l\lait le
clo11blc de la vale11r de la cl1osc ¡iron1ise par le cl{·hi lcu r (';· co11sl. 1111iquc,
C., lle se11i. qu:r pro co, VII. ti¡). 1,a lt'·g-islalion l'ra11<;aisc csl enlr{•c, rla11s
cclle voie d'11nc limitatio11 ele la respor1salJilit.<'· r><:cu11iaire d11 d<'~liiteu1·. J,a
loi du 8 avril r911, 111odifiar1l l'article 1n53 cl11 Cocle civil, lixe i't 1.ocio l'rancs
le 11u1xi111un1 de ce clo11L les l1c'>leliers ¡)euvenl t~t.re res¡>onsalilcs envers les
voyageurs JJ1)11r la ¡>erle cl<>s es¡lóces 111on1111yées, Yaleurs, titres, liijo11x et
o!Jjets précieux eic lo11le 11alure 11011 cl{i¡Jos{is rÍ)elle111e11t. entre lc111·s 111ains.
l>a11s l'hypoll1esc spÍ!ciale dt1 lrans¡iorl ll'11nc 111alle re111¡ilie el'elfets 1Jré-
cie11x, 11c po11rrait-011 pas clirc c111e le Y<>yag-c1 1 r a co1r1111is 1111<· f'a11tc, e11 11é-
gligea11l d'averlir le lra11s¡Jorlc11r ele la ,·alc11r e·xcc¡ilio11111!lle eles objels <¡u 'il
lui c(i11fiail? Et, di.is lors, la respo11sal>ilil.<! clu <lí·liilc11r ne 1lc,rail-clln ¡ias
ct1·e alté1111ée, p11isqu'il y a Ja11le co1111n1111c i1111iulalile ¡ic>ttr ¡inrlie il so11
EFFET DES OBLIG~TIO~S

Jiropre défau l lle s11rYeilla11ce, el. po11r partic a11 llt'-fau t el' avert issen1en t de
la 1)artd11 cróa11cier il (V. e11 ce sc11s, arl. 25!1, :iº al., C. civ. allcr11a11cl).
011 aura re111arq11ó c1ue la reg·lc de l'article 1150 11e s'applique qu '¡'¡ l'l1ypo-
tl1ese ou la faute clu délJileur ne se co111pliq11e ¡Jas cl'i11lenlio11 clolosive. S'il
~- a (/o! de sa parl, le dé!Jite11r est tenu indif1'¡'·re111n1e11t clu dor11111agc llrév11
et ll11 llon1111ag<· 11011 próvu. La ¡lre111iere li111itat.ion de sa responsabilité,
celle ele l'article 1151 reslreigna11t l'inde11111isalio11 it ce qui est 11ne suite
i 111111éeliate el di recte de sa faule, su!Js.iste se11le.
<:omr11ent expliquer cette dill'érc11ce e11tre l'l1)potl1ese d11 dol et celle de
l'i nexécution no11 dolosive ~ 011 ré¡lfJ11d e11 g·é11éral en disa11t q11e le fonde-
111e11l lle la responsalJilité d11 dél>ileur 11'est ¡1as le 111én1e da11s les deux cas.
J,rirsqu'il y a simple faute de sa ¡Jart. sa res¡JonsalJilité est co1itract11elle;
<·lle cst délict11elle el rósulte ele l'article , 382, lorsc1u'il a co111n1is un dol.
(~etle explication 11ous parait i11exacte,et 11ous croyo11s q11e la respo11sa!Jilité
d11 cli'•)Jite11r a, lla11s tous les cas, sa !Jase dans le co11trat. II est toujo11rs e11
f'a11te, lionc re~¡Jo11salJle, des lors lflI'il a 111a11qué aux soi11s qu'il s'était e11-
;.rag·c', h fo11rnir clans l'inléret cl11 créancier. Or, il 11'a, en princi¡)e, pré111u11i
ce cleruier c¡11e co11tre les dangers ¡1révus ou ¡JossilJles a prévoir; il 11e doil
Jias le prér11unir co11Lre les do111n1ages in1prc'•,,us el i11solites et, des lors.
11'esl ¡Jas respo11sa!Jle lorsq11 'ils se produise11 L. '\'oila pour le pri11ci1Je de
l'article 115o. ~[a is s'il a con1111 is 1111 don1r11ag·e par clol, il sera rcsponsalJle,
c¡ucl c111e soil ce llo111n1age, ¡Jarce c¡ue, dans lous les cas, il )' a n1anque-
n1cnt it son o)Jligalio11,le dé)Jile11r s'obligeant to11jo11rs a agir avec bon,ie foi.

2°, Fixation des dommages-intéréts par les parties. Clause pénale


(art. 1152, 122G /1 1231). - II arrive frél¡ue111111er1t c111e les parlies fixenl
ii l'avance clans le co11trat la s0111111e q11i sera due par le dé!Jiteur, pour le
cas cJÚ il 11'cxéc11tcrait pas sor1 olJlig·ati(>n, 011 pc111r le cas 011 il y aurail
rclartl llans l'exéc11Lior1. On llit alors q11'il J a clause JJé1iale.
l1 ar exen1ple, les Co111pag·nies de lrans1Jort use11l sou,·c11l de ce procédé,
en v11e de li111iter l'élendue de lc11r res¡Jonsa)Jililé er1 cas de perle ou de dé-
l c'.-rioration des objets Lra11sportc\s, surlo11 l ll ua11cl cc11x-ci doi ver1 l l' clre aux
1·1111ditio11s de larifs s¡Jéciaux. c'csl-it-dirc de larifs it prix réduits.
l>e 111cn1e, les 1·egle11ients üctlelier rédigés ¡Jar les cl1efs d'e11lrcprise pour
i'·1lict.er les 1r1esures ele clisci1ilinc inlórie11re ele l'alclier applicalJles au per-
s111111cl, sa11clio1111e11l ccs 111csurcs ¡1ar <les a111e11lles, a11xc111ellcs la j11ris11r11-
de11c1\ rcco1111ait. le caracli·rc ele claus<'s Jll)llai<'s.
l~nli11, les cahiers ,tes ch,1ry1•s d1)s 111arrltés 1lc lra,a11x ¡1ulJlics co11tie11-
11e11t le ¡il11s souvc11t 1111e clausc aslreig·11a11l ¡>ar ava11ce l'aclj11dicalaire it
(>il}er 1111e so111111c cl«')lcr111i11«'·c, ¡1ci11r cl1aq11cjt>11r lle retard da11s l'acl1cven1c11l
1les lra,·a11x. l~l 111 111e111c cliSJHJsition se l'CllCOlllre tres souve11l e11lre }Jar-
liculiers ela11s les conlrals ele f'<Jlll'IIÍlures ou <le lravaux.
l,'11x Jll'essio11 1le cl1111se ¡1é11.11le {'.vci1111e le sc1uve11 ir de la sli¡>1tlr1lio ¡1ce11re d11
l)roiL r<Jn1ai11, rl ¡><Jllrrail ¡Jorlcr /1 croire c¡11·¡¡ y a si111iliLude c11Lrc les dcux
i11slil11tio11s. 1111'e11 est rien cc¡Jc11<la11t. I~,1 Oroit ro111ai11, éLa11l don11éc l'effi-
1:acité de la ¡1r11111rsse n.bslraife cxr>ri111c'•e s<ius f'<1r111e ele stip11lation, la .~lip1l-
24 LIVRE PllE~IIER. - TITRE PRElllER. - CIIAPITRE PREllIER

laiio JJce11x servait a attribuer des effets juridiques a des engagen1ents qui,
autrement, n'auraie11t pas cu d'ell'et obligatoire jure civili. La slip1ilatio
p ce11x était c11 effet considéréc co1n111e co11lenant 11ne JJro,nesse JJri11.cipale ele
pei,ze so11s co11diiio11,et la co11dition élait l'i11accon1plisse111ent ele la preslation
a lac¡uelle 011 voulait astreindre le pro1nettant.De nosjours,la clause pénalc,
malgré son 11on1, n"oll'rc pl11s de tels caractóres. C'est seulen1ent l'évalua-
tion forfailaire faite d'a,·ance par les parties, dans une clause accessoire d11
contrat ¡lri11ci¡)al, des do111111ag·es-i11térels co111pensaloires 011 111oratoircs
auxquels pourra donr1er licu l'i11exécution d11 co11lrat' (V. art. 1229, al. 1''1.
a
C'est cetle definitio11 que l 011 peut rattacher tous les traits de lºinstit11lio11 .

.\. - Conditions d'application de la c]ause pénale. - Elles sont au


non1bre de deux :
a) Il faut que l'inexécution provie11ne de la fa11le (ltt clébileur. C'est c11
a
effet cette condition que des do111mages-intérets sont dus. Done, le di'•IJi-
te11r 11e doit pas ¡1ayer la so111111e co11ve11ue, si l'inexécution provic11t cl'1111
cas fort11it 011 de force n1ajeurc. l1 ar exc111ple, l'industriel q11i esl en1pecl1é
par 1111 événcme11t ele force 111ajcure, ur1e greve notam111ent, ele livrer ses
co111n1a11dcs a11 jour <lit, ne doit pas l'inden111ité con,·c11uc au contra!. De
1nen1c cncore, le débitcur 11'est pas olJligé de payer l'indemnité,si l'ir1cxécu-
tion provie11t du fait du créa11cicr. 1\i11si, dans 11n contrat ele travail, il a
été sti1111lé c1u'cn cas ele r{~siliatio11, l'en1ploycur pa)·erait it l'c111ploy{: 11nc
i11den111ilé {•galc. it six 111ois de trailcn1ent. L'e111ploy{~ 11·aura ¡Jas droit it
l'inde11111ité, s'il comn1et t111c fat1le gra,·e qt1i aul(irise l'c111¡Jloyc11r ;\
le congédier.
b) Il faut que le débiteur ait été ,nis e,z denieure (art. 1230). On se sot1-
vient en effet que, ta11t q11e le créa11cier 11·a pas n1is le débitet1r en de111eurc
d' cxéc11tcr, ccl11i-ci r1'cst pas tc11u des don1111ages-intérels r11oratoires.
Ces deux co11llilions sont 11t'·cessaires, rnais elles s011{ a11ssi s11ffisa11tcs.
Le e réar1cier n'a pas besoi11 lle JJ1·011ver le préjullice <¡ue tui cc111se, soil le relarll,
soil l'i11exéc11lior1. E11 effel·lcs co11tractanls, en insérant la cl1111sc ¡Jé11alc, or1t,
en somn1e, cor1ve11u d'avance q11e l'i11exéct1tion ou le relarll serail tot1jours
prés11mé c11trair1cr un préj11rlicc éval11é cl'ava11cc á tclle somn1e 1,,;• art. 1:i:ili!.

13. - Caractere forfaitaire de la clause pénale. - La cla11sc ¡it'·1111le csl


un forf'ait clor1l le juge 11c ¡>cut 1>as r11odiller le cl1ill'rc. « JI ne pe11l, <lit l'arti-
cle 1152, ctre allo11é ¡, l'a11trc 1>arlie une son11r1e t>lus forle, 11i n1oindrf'. 1)
Ce lle rt•gle csl fort in1portantc <'l la j11ris11ru<lc11ce l'applic¡11c tres frí·<¡11f'111-
me11t. Ai11si, en 111atiere <le r<'>glc•111cr1l d'alelier, la Co11r <le cassation ll<~ciclc
ql1C les trilJ11nat1x n'o11l llHS le clroil lle 1n<J<lifler Je cl1ifTrc ele l'a111c11cle i11-
fligéc ú J'o11vricr, n1t111e s'ils la tro11venl exag{·réc (Civ., 1/1 f'{·vrier 1886, 1).
P. 66.1.85, S. li(i.1.1!¡/1; :i:i t\'.vrif'r I!Jog,/111//c/i,11/c l'Offlce cl1t lral'ail, 1909,
1. It y a cependant une hypothcse dans lnquelfe In slipulalion d'une clause pénale
conserve son cnract~re de véritnhle com1ninnlion de peine. 11 rn est ainsi dnns Je par-
tnge d'nscendnnt. 11 est fréqul'nt que t'nscl'ndant, qui partage ses hlPns entre ses l•nfnnt8,
inscre dnns l'ncte une clnuse déclarant que &i l'un des enfants par lui nportionnés ntta-
que In composition des lots, In part héréditnire de ct•t enfnnt sera réd11lte 1t sn réscrvr,
et In quotlté disponible nttribuée 1t litre de préciput nuK nutres cnfnnts,
EFFET DES OBLIGATIO:'.S

p. 673, Ci,·., 12 décc111lJrc 1911, Caz. Pal., 5 janvier ID12). Cctlc solll-
a
Lion 1Jarail, prcn1icre vue, comn1ar1dée par le princi1Jc de l'articlc 113!1,
a savoir c1uc la con,·e11tior1 fait la loi eles ¡Jarties. Ccpendant l'ancic11
Droit adn1ellait u11c solulio11 conlrairc. Potl1icr nous a1Jprcncl que, de
so11 ten1ps, la peine po11vait, lorsc111'elle était excessi,·e, ctre réduite
et 111odérée par le j11gc (Oúligalio,is, 11° 345, éd. Ilugnet, t. II, p. 179).
En efTel, dit-il, apres Dumoulin, « il est contre la nat11re de celte clause
qu'clle puissc elre portée a11 dela des IJornes que la loi prescrit aux clo1n-
n1ages-intérets ». Et il ajoute celte considération d'éq11ilé que, le plus
so11ve11t, le débiteur, en conlractant, acceJJle le cl1i1fre fi'xé pour la clause
JJénale, dans « la fausse confiance q11'il ne n1anquera pas a son obligation ;
il croit ne s'engagcr a rien en s·y so11n1ctla11t >>. Il serait done, certains a
égards, plus équitable de pern1ettrc a11x trilJu11a11x de n1odérer, au besoin,
le n1011tant de l'inde11111ité convenue, dans les cas ou elle lcur paraitrait ex-
ccssiYe. Le Code fédéral suisse eles O}Jligations (art. 163, al. 3) et le Coclr
civil allemand (art. 3!13, al. r) admellent l'un et l'autre q11e lejuge peut di-
111ir1ucr la peine, s'il la lrouvc excessive. lis décidcnt al1ssi, par réciprociti'>,
c¡uc le créancicr peu t, de so11 colé, o}Jte11ir de 1Jlus am1Jlcs don1n1agcs-
intércls, s'il prou,•c •111c la ¡Jcine cst inférieure au préj11dice ca11sé par
l'incxéculion (art. 161, al. 2, Codc fédéral des OIJlig.; art. 340, al. 2, C. ci,.
ali.). 11 est vrai que, dans ces conditions, l'11lilité pratique de la clause
pénale, qui cst d'é,itcr les proccs, disparait 1Jrcsquc enliere111e11t.
Quoi qu'il en soit, il convient de signaler 11n tempérament in1porta11t la a
regle de l'arlicle 115:i. ,\ux tcrn1es de l'arliclc 1231, lorsquc l'obligalion a
été exécutéc en partic, le juge pc11 t n1odifier la 1Jeinc. Ce ten11Jéran1e11t était
néccssaire, car il cst fort 1Jrobable que l'exéculio11 partielle procure un avan-
tagc corrcspor1da11l au créar1cicr, et diminl1e l'i111portance clt1 don1n1age c¡ui
lui esl ca11sé.

C. - Caractere accessoire de la clause pénale. - Voici les co11sé-


q11cnccs q11i se ratlacl1er1t a cctle caractéristiq11e csscnticllc de la clausc
¡)énalc dans le droit fran<;ais.
a) l)'a1Jrt~s l'article , 2'.l8, l< le créancier, a11 lieu de clcr11anclcr la peine
slipulée co11lre le clél)ite11r <111i cst en den1c11rc, pe11t 1Jours11ivre 1·cxécutio11
ele l'ol)ligalic>n l)rincipale n. Il ne fa11t ¡Jas co111prcndrc ce textc com1ne signi-
l1a11!. <¡111) lr cr<'•a11cier ¡1011rrail., cl1cz 11011s, ¡\ so11 cl1c1ix (ai11si que le lui pcr-
r11ettrail le <:od<) civil allen1a11d, arl. 3!1o), elc111a11llrr soit l'cx1'c11lio11 ele
l'1Jliligalio11, sc>il le ¡1ain111e11t clr la 11cine sli1111l1'e. Sil er1 était ai11si,
11011s scrions e11 1>rése11c<', 11011 1l'u11e ol1ligalio11 sous cla11se lJ<:nalc, 111ais
cl'1111c <>lili¡;alio11 aller11ali1•e. (;e c¡uc l'arliclc 1228 vcul clirc, c·est que la
:-.ti¡111lal.i1i11 ele la clause ¡){•11alc 11'inlcrclil pas a11 cr{•ar1cicr de elcn1a11clcr
l'cxéc11Lil>ll ele 1·,,11IigaLio11 1>rir1ci1>ale. (:e r1'esl c¡11'a11 cas 01i ccllc-ci csl
i11111ossil1lc q11'il <loil se cont.cnlcr ele clo111r11agc)s-i11L{•rcts.
ú) J,a ¡1reslalio11, ol>j11l. <le J'oliligation ¡1rinci¡Jale, et la ¡)cinc slip11l1\c 11c

pc11,·e11L se c1111111lcr. « 1,c cr<'•a11cier 11e pc11l tlc111a11der e11 1111}111e tc11111s le
¡1ri11ci¡1al el. la 1>eine, /1 111e1i11s 1111°1\lln 11'ail {•11'• sti¡111l{·e p1111r le sin111Ic
rclar<l )> (art. , :.1:19, al. :1).

\
:¡t_j LIVRE PREMIER. - TITRE PREMIER. - CHAPITRE PREAIIER

e) La nullité de lºollligation 1)ri11cipale cntraine cclle lle la clause pénale ..


t:n rcvancl1e, la nullité lle la cla11se pé11ale 11'entraine point celle ele l'ollli -
galio11 prir1cipalc (art. 1227).

3° Particularités relativas aux obligations a.yant pour objet une


somme d'argent. - Nous avo11s ici u sig11alei· <lc11x ordres de regles spé -
ciales :
/1... - Celles qui 011t Lrait u la fixatio11 eles do111111ages-intércls clus au
'
crca11c1er. d' 11ne sor11111e <l' arge11t r1or1 ¡1ayee
' a' l' ec
' 11eance.
'
B. - Les regles concerna11t les i1ilél'cls des intél'cls l)roduils par la so1111nc
d'arge11t el 11011 acc1uittés ¡Jar le débiteur.

A. - Dommages-intérets dans les obligations de sommes d'argent.


- On re111arquera tout d'allord que, da11s les olJligatio11s ayant po11r olJjct
u11e so111n1c d'argent, le cléfaul ele paycn1c11l 11c do1111c jamais lieu á eles
clo111111ages-i11térc\ts co11z¡Jcnsaloil'cs, ¡J11isque le créa11cicr non payé a l'é-
cl1<'·a11cc 11'a qt1'á ¡Joursuivrc, ¡Jar les voies de clroil, le re111llourse111e11t des
denirrs c¡11i l11i so11l dus. 11 ne ¡Je11t s'agir ici que de domn1ages-i11l{•rt~l s
11101·(1loil'es. c'est-u-elire corres¡1011da11t au préjudice soufl'crt par le crt'.•a11cier,
ciu fait c111'il 11'a 1Jas rcc;.u l'argc11L c111i lt1i ótail du, au n10111c11L oú il étail cu
droit de co111pler le recevoir.
l,a fixalio11 lle C<'s clo111111agcs-i11Lérets esl sot1r11isc u <liYcrses llispositions
s¡,écialcs. <Jtli f'<llll {•r:ltl'C aux reg·lcs dt1 elroit Cllllllflllll, el se trouve11t éuic-
lt'•es cla11s l'arliclc 1153, lec¡11el a été gra11clc111c11l 111e,difié J)ar la loi dt1
7 aY ril 1900.
Ces 1Jartic11larités, a11 non1bre ele trois (elles étaicut q11alre avant la loi
tic 1qoo,, s011t lcs suiYa11lcs:
' '

a i [)l'C/11 icre j)l(l'/ icu lari té: l)is¡Jl'/ISC 1ll' la f)/'Clll'C 1!11 j)l'(u 111/icc. - Le créa 11-
ciC'r a le clr<1it <l'ol>l<•nir ele:- llo111111ag·cs-i11tt'·r<\ls sa11s c¡11'il soit Le11u de
justifier el'a11c1111c J)erle (art. 1153, al. :i). 011 co111¡Jrend aisén1e11t la
raisor1 de cell.c ¡1résor11plio1i de ¡1réjiiclice, lac111elle es! u11e présomption alJso-
l11c. C'est c111e la 11rivatio11 cl'1111e son1111e cl'arg·cnl s11r lacyuelle il elc!vait
,01111>tcr, en use lci11jtJ11rs ttn dor11111ag1~ a11 cr<'·ancicr .. \ s11¡>¡><Jscr c11 ell'et <[UC
ccll<' st111111H111<• ft11 ¡ias <lPslint'~c <lan:,; son es1iril ¡\ 1111 cn11iloi s¡u'•cial, il
¡>t)IIYail to11j<i111·s la ¡>Jacer, et lui fair<· ainsi ¡>rtirluirc <lc·s i11lÓr<\ls c¡ui eus• ·
sc11I aug·111e11lt\ ses rcYt•nus.
()11 re1r1arc111cra que l'article 1153 ne <léroge ¡>as a11 l)ruil cc1111n1t111 en ce
1¡11i co11ccr11c l"attlre conclitic111 <les clo111111ages-i11t1\r1\ls, lJUi esl. la Jau/e cl11
tl1'liilPur. l>t'·s lors, I<' clél>il.Pur ,1·1111e so111111e <l'arg1•11l ne :;era 11as cc,11cla111né
.i clc•s tl1>111111ag-rs-i11lérel:--, s'il 11e11I dt'.•111011lrnr <(Uf' c'esl J>ar suite <i'u11 cas
jorl11il <>11 <le ./'orce 11111,jl'll/'1' <111'il a <'·l<'• 111is IH>rs d't'•lat <In s'cxtcult•r.
lJ) l)ett.cic111c ¡1ar/ic1ilaril1!: ¡;¡_,.l(/io11 ,/'01:faitairc ele l'i11llcr1111it,: ,'t l'irtlt:,.,11
IL:f/'tl. - J,cs ll<>111111ag·<',-;-i11tt'·rel,-; 1111>raloirns ne ct>11sisl<'11l ja111ais c1ue clans
la cn11lla11111nli<J11 a11x i11lt'ir<\ls lixés d'a,anc<' 1>nr la I,,i. cn1 i11lél't:l l11r111/. (;eci
1•sl 1111c rt!glc lracliti<llllH'll<! dn nrilre l>r11il. H <J11it·t11u111<• clciil ele 1'arg-P11L,
soil tl<lur 1111 ¡Jrel 1n1 pour tl'a11lrPs ca11scs, 11n <l<1il 111>111· l11ut <1<111111111¡;<', s'íl
ne 11ait• 11as. <Jll<' l'i11tt'•r1\I rt'·µlt'· ¡>ar la Ji,i n (l>11111at. /,ui.,· 1·il'ilcs, lir. 111, til. ,,.
1 . . •' '

EFFET DES OBLIGATIO~S

éd. ller11y, l. II, 11. 95; Poll1ier, Oblir¡a!io11s, 11° 170, écl. l~ug11et, t. 11, J). 82).
I~t la raiso11 c¡ue clo1111aie11t clc celte reg·le nos a11cic11s aule11rs, c'esl c111e
l'arg·er1t, ayar1t u11 11sag·e général, et po11va11t servir il acl1eter lo11lcs sortes
cle cl1oses, le do111111age qui peut résullcr ele sa privatio11, varie il l'infir1i
s11iva11t les i11di,·idus. Si do11c cl1aque créa11cier JJouvait ir1voc¡11er le do111-
111ag·e J)erso1111el que lui cause le cléfaut de paye111ent, ces den1andes do11-
11eraie11l lieu /1 de lor1g11cs cliscussions et seraient fort difficiles it trancl1er.
(~'est 1)011rquoi il a par11 11écessairc de les prévcnir en fixar1l ú l'ava11ce,
¡)ar 11nc <'•valuation ftJrf'aitaire, le n1011la11t de l'indem11ité d11e au créa11-
cier. (~eltc i11de111nité est calc11lée s11iva11t le reven11 q11e l'arger1t aurait
J)rocluit po11r le créa11cier,si cclL1i-ci avai t llll le 11laccr au n1on1ent fixé po11r
sa réceplion. ·

Ici, les rt•g·les étalJlies ¡1ar le Coele civil 0111 s11!1i. du fait Lle la loi du 7 avril
, 900, de11x i111¡)orla11tes 111oclifications :
(/.. TaLt:1; tlc l'i11téret légal. - La loi d11 3 se¡Jle111!Jrc 1807 a,ait fixé l'inté-
a
rel l{·gal ele lºargc11t 5 o/o en 1naliere civile, el G o/o Cll 111aliere de CO!ll-
111erce. L'al1aisserr1e11t d11 loyer des capitaux a cl{·terr11int'· le législalcur de
1uoo ,\ r{·cluirc ce ta11x, q11i n'élail plus e11 rap¡Jort a, ec la réalité des faits.
0

l,a loi du 7 avril I uoo l'a (lo11c ra111c11i'· it !1 o/o e11 111alierc civile et 5 o/o e11
1r1atierc con11r1erciale.
~- Do111111c1ges-i11térets s11pplémentaires.- En ¡1rincipe, le juge ne peut ¡Jas
accorLler ali créa11cicr t1nc indcn111ilé supérieurc a11 taux légal de lºinlérct .
. (:'cst la ra11Go11 (le l"t1,a11tage q11c l11i ¡1rocurc la préso111ption ele préj11dice
·1
1 onl Iºl}''f'º . ,¡\·., IL¡'1".
JCIIC !Cle 1\'('' C\l"lt'l" 1Ull 1 DI>
• • l!Jll.l.'.J.I GS
, ,. l!JII.J.Iq.¡1.
'l.

_\ ce princi¡Jc, sous l'en1pire d11 CoLle civil de 1804, il 11•~- a,ait 1¡l1c lrois
clérog·a tio11s :
- Cll lllíl tirre ele l!Ol!-J)llie,11e11/ cl'1111e le tire ele cha11r1e art' r 78, I 8 J,
r_

(~. con1.), le 111011ta11t 1lc la 11ol1velle lellrc ele cl1ange pouva11l co1n¡)rc11-
tlre, 011lrc le capital df1 et l'i11tércl l{~g·al. le ¡Jrix du 11011vca11 cl1ange et les
frais su¡>portt'.·s ¡Jar le tireur.
- en r11atiere (le caittionnen1ent (art. ?.028, i11ji11e), la ca11tior1 q11i paye
¡>our le clt'•lJile11r princi¡lal, aya11t. clroit a11.rcn1l1tl11rse111e11l ir1Lég·ra~ du ¡1ré-
j11dice Jlar elle P11couru, ce <tui s'ex11liq11c ¡Jar la co11sidératio11 cll1 serYice
µ·rat11it r¡ui a {·tó rend11 ¡1ar la caulio11.
- c11 111aliL\l"C tic société enfi11 (arl. 18!1G i. i1 raiso11 de l'irléc cl'{•galilé co111-
pletc {jllÍ dtiil ('\Íslcr CIJ[.re lPS associ{•s. '
(:c¡1cnLlant, la j11ris¡Jr111l1·11c1• a,ail. 1111Jnlr{· 11n1• lc11cla11c1• i11co11leslal1lc
ú s'afl'rancl1ir tlr la lir11ilali1J11 l"1lrl"ailairP 11Ps intórets ti11s a11 créa11cier
<l'unc st1111111c d'.argcnl. l,e rais<lllllcn1cnl s11r lcc111cl elle s'a111)11yait «'1lait
le s11ivanl: J,a li111italion i'·dic:l/•1i ¡1ar l'arlicl1.• 115:1 ne vise 1111c le dom11iar¡e
rés11l/r111l 1/11 ri:lrircl 1la11s l'c:r1:c11/iu11. Si Ll<Jnc, it CL>lé llt1 retarll, il y a e11
t111 aul.rc l'ail 1líi111111agcal1lf'. 1111c a11lrc faulc C<l1n111isc par le cléliil<~11r, si,
c11 Ll'aulrPs lt•r111<'s, l'i11cx{•cul.i<111 r{•s11llL• tl'1111c fa11lc Llll 1lél1ilc11r, et c1uc
'
ccl.lc faulc ail causé a11 cr<'•anci<'r 1111 prc\j11llice ¡1l11s granLl 1¡11c• la si111plc
' '
flrivati<111 des i11l.i'•r1\t.s, le cri'•ancicr a drciil ¡'¡ clns do111111agc\s-i11t{~r1\ts su11¡¡l{)-
111ent.aires. 11 s'agit al11rs, n11 Pl1°Pl., 11011 pl11s de <lo111111ag·cs-i11tér1~ls n1oratoi-
28 LIVRE PRElIIER. - TITRE PRE~IIER. - CIIAPITRE PRE~IIER

res, 111ais de do111mages-intérc~ts co111pe11saloires. Par exemple, le dé)Jitcur


a résisté mécl1an1111cnt, a,iimo 1ioce11cli, it la den1a11cle du créa11cier, ou !Jie11
sa résista11ce, c¡11oique n'éta11t pas inspirée 1iar l'inte11tio11 de 1111ire, co11sti-
t11e une faule, parce qu'elle 11'est pas for1dée sur des motifs sérieux; ou liie11
encore le retarcl el11 débiteur a entrainé la n1ise e11• faillite du créancier (ReeJ ..
13 110v. 188~¡, D. J>. 90.1.37, S. 90.1·.2!1; Civ .. 3 111ai 1897, D. P. 97.1.31¡).
S. 97. 1.319; Civ., 26 ja11vicr 1898, sol. i1n1Jl., D. I>. 1900.1.80, S. 98.2.2381.
J,ors ele la rcvisio11 clt1 lexte ele l'articlc 1 ,5;~, c11 1900, le 11.'.·gislalcur a voul11
co11sacrcr cette juris¡irudc11ce et, en conséquc11ce, il a 11jo11té a cet 11rticle u11
ali11éa ainsi COil(,'.11: << J,e créancier a11c111el so11 cléliitc11r en retarcl a ca11sé,
par sa 111a11vaise foi, u11 1iréjudicc indéJJe11da11t ele ce rclard, 1ie11t olJle11ir
eles clomn1ag·es et intérets clistincts des i11térets moratoi res de la créance. n

Cette rédactio11 semlile n1arquer un recul, par rapport a laj11risprudence
antérieure, que cependant, nous l'avo11s dit, le législateur ~'était proposé de
consolider.
D'une part, les do111111agcs-intérels co111plén1cntaircs rcc¡uerront la pre11ve
cl'1111 llréjuclice i11dé¡Je11cla11t 1/e celtti ¡{11 retare!. l\fais u11 pr{·juclicc supérieur
a cel11i c111i résulle orclinairen1ent d11 retard, par exe1nple ccl11i d'une n1ise
c11 faillitc dt1 créa11cier causée par le retard cl11 clébite11r, semble devoir etrc
cxclu.
Et d'1111 autre c('\té, la loi ne vise c1ue le cas ot'1 ce l)l'L~juclice i11dépe11elanl
a <'.·té causé 11ar la 111n1t1•r1ise ioi
, elu cll.'.•lJilc11r. Cetlr solulion, !Jic11 r111'assez
co11for111c a la r<~gle tics arlicles 115o et , 151, se111blc a voi r été perdue ele
v11c 1iar la Cour rlc cassatio11 q11i, ¡Jlus fidelc a so11 a11cicn11e j11risprude11cc
c111'au texle de la loi r1011vellc, se co11te11tc, po11r justifier les clor11111ages-i11-
tércts co111¡Jlé1nc11taires, d'11ne fa11te ele néglige11ce, (t caractéristic¡ue d'un
quasi-d{·Iit >> (Civ., 1G jui11 190:), D. }}. 1903.1.407, S. ;905.1.2Go).
c1 1'roisie111c JJ<irticttlarilé: f,ir11ilalio1i ,te l'iritéret co11ve1ilio1i11el. - k:11
principe, 11011s l'avci11s v11, les parties ¡ic11venl fixer cllcs-111c1r11cs le 111011ta11t
eles clo111111agcs-i11tér<\ts. Cette lilierlé, ael111isc c11 1804 po11r les oliligalio11s ele
som111es el'argcnl con11nc ¡)011r les a11Lres (art. 1907), a été,e11 ce qui concerr1e
les premíeres, reslrei11te ¡Jar la loi t!u 3 scpte111)Jre 1807 c1ui, })011r eles 1110-
liís ll'or,Irc pn]Jlic et ele 111(iralité. a li111ité le la11x. 111axi11111111 <le l'i11/ér11l
co111•c11lio1111el /1 5 <i/ci c11 1natit•r1• civilc et li o/o c11 rnati<'·rc c(i111111erciale
(c'csl-h-dirc 1)récis<'.•111e11l alt)t'S au cl1ilfre ele l'i11tért\t )/·gal).
L'alJrogati<JII ele la loi ele 1807 el le rcl<.llll' ¡'¡ la liberlé<lcl'i11lér<1L C<J11vc11-
lio1111el tllll {·Lt'. 111ai11Lcs fois réclar1H'•s ¡iar les <'•cci11<1111islcs clils lilJéranx. a11
C<Jurs d11 x1x• sit'.clc. lis 0111 rir<'·len<lu c¡ue la li111ilalic111 csl conlrairc _¡\ la l<>i
ele l'offre et de la tle111a11de, car le lo)'er tic l'arge11t Yaric s11iYa11L les licux
et les risc¡ucs tic l'o¡Jérati()ll, el 111t1111c 11 l'i11t1•r(1l \Jie11 c11lc11<!11 <les c1111)r1111-
let1rs. lis 011L i11Yoq11é, e11 (>lllre, les Il<Jlltlirnuscs dl.'.·rt>galio11s <[lle le légis-
latcur av11it auloris(·es e11 111ati<~rc ele co111111<•rce. J,a Icii 1(11 1 '.! ja11vic1· 1886,
ct'·ela11t cr1 partie it ces critic111es, a ado¡it/: 1111<\ S<>lulif>ll el<' C<lnciliati<>rt. [~lle
a s111i¡iri111<~ le 111axi11111111 en 111atit'~rc c<i111111erciale, 111ais l'a 111ai11Lenu e11
111aticrc civilc. J,e législaleur a co11sicléró <111'il ¡lo11vail sans cla11g·er cc,11sacrer
la lilicrlé du Laux ele I'i11tér<~l C<l11ve11li1J1111<\l e11111aticre co111111Prcialc,it ca11sc
EFFET DES OBLIGATIO'."S

ele la concurrencc qui s'étalJlit cla11s les grands centres er1tre les !Ja11c1uiers,
concurrence qui défc11d l'en1¡Jrt111let1r co11tre les préte11tio11s exagérées clu
}Jreteur. ~fais il e11 est a11Lren1e11t en 111aliere civile, car il est plus difficilc
au parliculier, q11i 11e fait ¡Jas d'op{•ratio11s co111111erciales, ¡Jarticulieremenl
ll l'agriculteur, de Lrouver un prele11r; et des lors, il {)CUt se l1e11rler Udes
exigences excessives ele la parl des capi talisles. Nous relrouverons cettc
c111eslio11 en étudia11t le l)l'Ct ll i11térct.
d) Quat,·ienie parlic1ilarilé su¡Jpri111ée. 1Vécessilé dºu11e de,na,ide e1i justice.
-- Avant la loi du 7 avril 1900, I'arlicle r 153 elécidait que les intérels lé-
g·aux n'étaient clus que du jour 01'1 le créa11cier aurait forn1é contrc so11
débiteur une dema11de e1iji1stice. Celle dérogalio11 aux regles ordinaires de
la n1ise en de111et1re (tail u11e i1111ovalio11 eles rédacle11rs clu Coclc, car dans,
a
11otre a11cien Droil, les i11lérets co111111er1i;aient co11rir co11Lre le clélJileur d11
jour cl'une sin1plc so111111alio11 (llotl1ier, ()bligr1lio11s, nº 170. écl. Bugnet,
t. 11, p. 83). On i11voc1uait, ¡Jo11r justifier l'in11ovalio11, le préter1clu avanlage
<l11 dóbiteur, qu'il fallail, clisail-011, ¡Jrl·vc11ir par u11 acle catégoric¡uc, ne
laissa11t aucu11 doute sur l'inte11lio11 du créa11cier. )lais la lJl"etive la 111eilleure
<1ue cetle regle no11velle ótait n1al co11i;uc, c'esl qt1'elle était con1111e sub-
111ergée par le flol eles exceplio11s édictées par la loi elle-111en1e c1ui, da11s
des l1ypotl1eses 110111breuses, clécidait que les i11tércts étaie11t d11s, soit de
lllein droit a
partir d'un certai11 1110111e11t, soil á co1npter d'u11e si111ple
son1mation (V. arl. !15G, 85G, 13í8, 1440, 1!173. 1570, al. 1, 1846 1 2028,
'.!' al., 1996, cte.).
Dept1is la loi cl11 7 a,ril 1900, et aux ter111es ele l'arlicle 1153 nou,eau •
r:al. 3), les intérets so11t dus llajottl' de tri s011i11ialio11 <le payer (de payer le
capital¡. Sur ce poi11t, le droil co111111un a <lo11c reJJris son er11pire.

B. - Regles concernant les intéréts des intéréts non acquittés par


le débiteur. Anatocisme. - Logiq11e111e11t, lorsque le débileur d'u11
capital produclif d'ir1lércls ne paye ¡Jas ces i11lór1~ls atix ócl1éa11ces conve11ues,
a
le créancier devrait etrc acln1is ele111andcr la ró1Jaralion clu 1Jréjt1<;Iice que
lt1i cause ce défaut de Jlaye111e11t, el celle ró¡1aratio11 <ievrait consisler á.
lrailer les i11tércls 11011 ¡Jayés co111111c u11 capital JJroduisa11t lui-n1<1111e
t111 i11lét·<~l a<latcr d11 jo11r ele lcur ócl1éa11cc. Une ccJ11vc11lio11 sli¡l11la11l for-
111clle111c11l 1111e les clto:,;cs se ¡iasscro11I ai11sí ªllllarail cot11111c 1iarfait.c111e11l
valalilc.
Cellc ca1iilalisali1111 ,Je:,; i11lór1\ts esl <i1'sig·111'.i• so11s le 11on1 d'1111alo-

ClSll/e.
l\lais, <Jll cc1111¡lrend aisé111enl co11i]Jic11 l'a11alocis111c a11g111e11le rapidc111e11t
le cl1ill'rc ele la elellc. ,\ti l.a11x <l11 l1 <l/tl, :;'il elure 11e11cla11L 1/1 a11s, il arrive á e11
clciuliler le 111ti11la11I. l,'a11al1>cis111c esl do11c l'tirl cla11gc1·e11x 11011r le <lí'.liilcur,
'
clan[ <l ()flllC' Slll'l.Olll <111 ' eu cas d e lll'l'I.
' (I' llllC Sl)IIIIIIC ( l' arg·er1 L• e' es l l e Cl'l\1111-
' í
cier <¡ni fail la loi <111 co11lral, el <111e le clídJileur IJesog-11c11x co11ser1t lout a '

ce <¡11c vrul. In ¡)l·t~lcur. 11 acce¡ilera <l'a11la11l JJl11s vol1i11l.i<~r:; 1111c cc111vculio11


I
d'a11altlcis111c, <¡11'il ) vcrra l'ava11lage (le 11c ¡>as el r<~ 1¡)Jligé ele ¡layer les '1
• J
i11Lt'.rels a11 jour <le J'écl1óa11ce. Or, les el<~l>ilc11rs so11l des gens pe11 pré-

' 1
3o LIVRE PRE~IIER. - TITllE PRE)IIEU. - CHAPITUE PRE)IIEU

voyants; ils ne songent c1u'au ca¡Jilal tlor1t ils ont. l1csoi11, et lc11r ¡Je11séc 11e
s'arrcte pas a11 jo11r ou il fauclra le rendre.
Le droit ele J11stinie11 a,ait do11c prol1i!Jé a!Jsol11111e11t les co11,e11lio11s
d'anatocis111e 128, . C. de 11s1t1·is, 1,1
, 32). .
Da11s 11olre a11cie11 Droit, l'intercliclio11 t!u ¡Jret a inlérct cnlcvait l1ca11-
coup d'11tililé á celte prol1il1itio11 ele l'a11alocisn1c. Er1 re,·a11che, da11s les
cas 01'1 i11d{•¡Jc11dan1111c11l c\'1111e co11venlio11 tle pr(~t, des inLéreLs 111oraloirc~
étaient dus par le d("l>iteur, notre ancie11 I)roit a,ait i11troduit cetlc-
rcgle q11e la capi lalisalio11 sera i l ¡Jarcillen1c11 t i11 lcrcli le. L' orclonna11c(•
de 111ars I lií9· litre 6, art. 2, le procla111ait cxpressé111e11l ( \r. l<'erricre.
Dictio,i,i. de llroit et lle p,·atique, 4" édit., ''º J11téri!l lles i,ztérets, t. 2,
p. 56; Domat, Loixciviles, ¡¡,,_ IIJ, Lit.5,sect. 1, 11º9, éd. ll{'.1ny, t. II, ¡J. 110_.
E11 111atiere de rente cor1stitut'·e, 011 cl("ciclail 111en1c c1ue le clé!Ji-rc11ticr 11c
pouvait pas rc111placer le paye111e11l des arr{)ragcs ¡>ar la co11slitution d'u11c
11011vclle rc11tc au profit clu cr('ancier, ¡Jarcc c111c cetlc o¡Jt'.•ratio11 était consi-
dérée co111n1c 1111e es pece <l'analocis111c co11lrairc at1x lois (l)ol l1icr, · Cont,·at
lle co11stit11tio1i de 1·e11le, 11º 38, é<l. ]3ug11et, t. III, p. !150).
Le droit i11ter111édiairc, q11i a a11lorisé le pret a i11léret, 11·avait ¡)as CCJ)CTI-
dar1t abolí la prohibilion de l'a11atocisme. Ce so11t les r{•dacleurs du Co<lc
qt1i onl écarté celle ar1tiq11e prol1ibilio11. lis se s011l C(>t1Le11tés cl'éclicler,

cla11s I'arliclc 1154, trc>is clisptJsilio11s c11 fa,cur cl11 clt'·l)ilcur:
a) J)our faire cot1rir les intérets des inlérets, il ne suffil ¡>as (JUC le créa11-
cicr fassc u11c so111111alio11 tic les paycr a11 cl(•l)ileur; il fa11l t111'il i11lcnlc u11e

llctio,i s¡1éciale e,ijustice c11 vt1e cl'obte11ir.ccttc capilalisatio11.
b) La ca¡Jilalisation ne peul se fairc c¡11'auta11L <¡u'il s·agit cl'intéret d11s
a11 r11oi11s po11r u11e a1111ée e11licre. l)o11c, la ca1)ilalisatio11 11c J)Cut pas con1-
111c11cer a,a11l l'ex1Jiralio11 de l'a11nt'•1•, i1 cl1ac111c lri111eslro 1)11 /1 cl1ar111c se111cs-
lrc d'écl1éa11ce. Ccllc SCC(J11clc clis¡)ositio11 a <l'aillcurs 111oi11s (!'11Lilité r111'il
11e sc111ble. La ca1>italisaliou a1111uellc 11c relar<le pas scnsible111cnt l'ac-
croisse111er1t de la dctte du débiteur. Si elle se fail au Laux de 5 o/o, clic
doulJle la dclte en r & 11ns, 21. Quar1tl elle a lic11 ¡Jar r11ois, au 111c111c ta11x,
elle la clo11J;lc c11 1:) ans. !):l.- J,a clill't'·rP11cc esl inscnsililP. IJ 11'c11 rcstP ¡)as
111oi11s ccl avanlagc c111e 1(1 cr{·ancicr JH' ¡>Pul 1>as a1'.c1111111ler l<'S frais, c11
rc11011\'cla11l ú cl1aq111\ écl1{·a11ce sa cle111a11<Je e11 j11slice 1·11 , 11<' cl'i1J;Lc11ir la
capi talisalion.
e) Er1fl11 les int{•ri\ts 1lcs ca1iila11x ne ¡)e11vc11t })J'ocl11irc eles i11l1\r1~Ls r111'a11-
la11l i¡u'ils so11L t:c/1t1s.
Q11'cst-cc <¡uc cela vc11l rlirc ~ ()11 a lica11co11p (lisc11ló sur 1·p (Hii11t.. I,'i11-
ter¡)rélati1J11 la ¡il11s salisfaisaulP csl, ;1 JH>lrc a,is, la suiva11lP: LPs ¡iarties 11<!
peuvcnl ¡>as 1ia11s 1111 Clllllral cln 1>r1\l, st.i¡>11ler 1'1 !'avance (jlH' si le 1li'diit.cur
r1c payc J)as les int,'•r(\ts co11,e1111s aux i'~chéances fixi':cs, ce11x-ci Jlrod11iro11t.
eux-111(\111cs i11l{·r1\t (ft\ 1>IPi11 1lr(1il. c:1~ll11 co11,1•11Li<>11 ne J)Cnl ,~trc fait(i ((lle
lorsc¡ue l'{:('ht'·ancc csl arriv(•e, Pl sP11lc111P11l ¡i1111r les i11ti'·rels {'.cl111s nl 11011
l)/l)'("s. JI fa111lra <l(lllC la rP111i11v,•lcr 1\ ¡iril(l(Js (In cha<¡un (·ch{:ance a111111PIIP,
de lello 111a11it'irc <¡uc, cl11u¡11c a1111i'·P, le di'·liil()lll' Sliit. 11hligú <l'riuvrir les
ycux,cl 1¡u'u11c co11vc11lici11 s1>{·ciale lni a1J[>re1111c 1¡11e sa 1lell(\ grossil l.r>llj(>t1r:,;,
EFFET DES 011 LIG.-\ TIO:'iS
l\lall1eureuserr1er1t, il y a tles at1le11rs el lles clócisions lle j11ris1)rt1llencc <111i
i11Ler¡)rele11t lo11t aulre111e11L les 11101.s « i11tórels écl111s ». (:es 1111)ls sig11ifie-
raie11l toul si111plc111cnt <111e les intt'•rels ne ¡Je11,c11t 1Jrocluire i11léret a,a11t
le11r écl1éancc, ce qt1i esl presque u11e 11a"i,elé el rcvic11l ¡\ rt'·ll11irc i1 ric11 la
clis¡Josition de l'article 1154, puisque, dans celte i11lcr1Jri'•talio11, la convc11-
tion cl'analocisn1e serait pcrmise a11 n1on1c11t d111Jr<~t. ,:·est cP11cr1cla11t c<·lls·
a
i11ter¡)rélalio11, 11otre avis inexacte, qui a lrion1pl1é <leva11t la c:011r ele cassa-
tior1 11\eci., 10 aout 1859, l). l). 59.1.!141, S. 60. 1./156), et deva11t cerlainf's
~ours d'appel (i\lo11L¡Jellier, 7 liécernl1re 1go5, D. ll. 1907.2.15:1, S. 1907 .-1.
203 ; Paris, 19 n1ars 1go3, S. 1906.'.1.41, 11ote ele :\l. \Val1l). 11 est vrai q1 1e
des arrels dissidcnts (:\ancy, 1G d(\ce111l1re 1880, D. P. 82.2. 1!io, S. 81.2.
135 ; Cour de la l\éur1io11, 27 111ai 18¡-o, so11s Cass. I). J). ¡-!1 • 1.25, S.
I -
7.,.1.1:.:i; r ar1s,
. LI/ r11a1. 100:J,- D . 11 . l()OJ.2.c¡
- / ti3 , s . 1go:.:i.2.2no;
- e• ,,.,ancy, ·11
110,·e111l1re 1008, S. 1900.2.:i.4) se so11l. pro11oncós en fave11r ele 11otre 0¡1i-

111011.
011 ren1ar<¡11era <¡ue cellc lroisie111e <lis1Josilio11 de l'arlicle 115!i ,ise 11011
• sculc111er1t la co11ve11lio11 (t'a11alocis111.e, 111ais la (!e111a11<le e,i j11stice, faite en
',ue li'ol1te11ir la ca1Jilalisalio11 <les i11Léret:- écl1t1s. Il faut do11c, cla11s 110Lr,· '
i11lcr¡Jrélalio11, q11e le créa11ci<'r i11lenle 1111c acti<111 11ouvclle pour cl1aq11P
a11néc ll'i11L{·rets écl111s. Le Lril1unal 11c pot1rrai 1 ¡1as or<lon11er á l'a,a11c,·
la ca¡)ilalisatio11 lles inlérels nor1 cncore écl1us, a
daler du jour ele le11r
écl1{,a11cc f11L11rc.

Exceptions aux dispositions de l'article 1154. -- JI y a ¡Jl11~ict1r,-;


a
exceplior1s la regle (le l'arlicle 1154:
a') La pre111icre vise les co,11ples COll/'(lJliS. 011 acln1et,e11 111aticre co111111er-
ciale, c¡ue les i11térels eles co111¡Jles co11ra11Ls se capitalise11t lors de cl1aque
rcglcmc11l, ele ¡1lci11 droil,cl c¡11a11d 111e111e les parties 11'auraie11L fait a11c1111"
cor1,·c11tio11 s11r ce poi11t. De 1ne111e, celle capilalisation co111111ence a cl1aq1H~
regle111ent, IJie11 c¡11e cclui-ci ¡>orle sur u11e périotle ir1férieure h un a11.
Quelle est la r<!isor1 tl'etre tic celle tlo11lile exce1itio11 ~ On a <lit 1Jour l'c,-
¡1liqucr: (< U11e fois le cci111¡1Le arr(!Lé, le solde esL réJHlt(\ payt ¡Jar ia partin
q11i le doit, p11is rc11du a l'a11lrc 011éralcur a un Litre 11ouvcau. C'cst u_n ca- ''
t>i tal <111i 11e laissc ¡1l11s trace tl'i11térels a11ciens ,, ('l'l1aller, 'J'r<iilé élé111e11lair,·
de (/ruif co111111crcial, !1" <'·<l., 11" 1íili¡¡, 1>. 81G-81¡-}.
b') l,'arl.icle '.>.8 cl11 tlt'·crcL el11 -,.8 l'{~vricr 18:>:J. sur les sociélés ele créditj'o11-
'
cier 1l{~citle ([tic L<n1l. sP111Pslr•· 1l'a111111il<'·s 11011 ¡>ayó ¡Jar l'c11111ru11lc11r ú
l'{~cl1{~a11ce ¡>orle inL,;r(\[. lle J>IPi11 1lroit PI sans 111ise c11 tlc111eure, au profit
1lc la scH:i{·t{·, sur In ¡iiP<I <IP ;i <i/o ¡iar a 11. ('.el.In 1l{!rogaLio11 i'-lait_ 11écessairP,
<''.la11I 1l(>r111ó le caracli'!l'C 1lcs ¡1r(\ls l'ails ¡)ar le Cr<'·dil f1111cicr, lesf111els so11!. ' .
lles ¡>rels a111(1rlissalil<'s ¡u1r Ye>ic tic rc111lio11rscn1e11t ¡JúrioclitJue.'
e') E11 fi 11, a 11 \ Lcr111cs ele l 'a I liclc 1 1;¡;i. !(•s rt'·g·les rcla ti ,es i, 1a ca ¡1i Ialisa t.io11
tles inl{•r(\ls 11P concer1u:11l e111!i les 1·r,!a11ces ,1_yr111l ¡101tr objl'l 1les cu¡Jil,1i1,;,;
t';ci¡¡ibles. 1·:llns 11e s'a¡i¡ili1pH•11l d1111(' 11:1s a,1x l'l'l.'1'Jtlls <:chus, lels <Jtte Jer-
lltrt¡¡e.~, lo.Y('/'S, a11:1. arrt'·rag·cs 1!Ps rentes, aux r,•.~lil11lio11s 1le fruils, aux
ir1L{~rets 1>ay{\S ¡>ar 1111 li,•rs C/1 f'111·1¡11il 1/11 1/ébile11r.

32 LIVRE PI\E)IIEII. - TITIIE PRE~IIEII. - CIIAPITI\E PRE~IIER

Pourc1uoi en esl-il ai11si :1 C'esl q11e, clans ces clifT{·renls cas, le d(•l)ileur
• 11e cloit JJas u,i ca¡Jilc1l ai1c111el ces ¡Jrcslalions vie1111e11t s'ajo11ler. D011c,
leur capitalisalio11 ne présenle 1Jas le 111e111e i11co11vé11ier1t. En co11séc¡11e11ce,
il no11s sen1ble qu'il esl per111is ele sli¡J11ler ai1 jo11r 111en1e ele la cor1vcnlio11,
r111'er1 cas de 110n paie111ent de ces prestatio11s a11x écl1éances co11ve11ues,
C'lles produiront i11térel de plein elroit.
'l'elle est elu n1oi11s l'i11terprélatio11 logir1ue de l'arlicle 1155 d11 Code civil.
;\1ais le texte est réelig·t'~ el'1111e fac;o11 olJscure. II ¡)arle encore des re,·en11s
éc/111s, el ele lit cerlai11s auleur:; co11cluenl c¡ne la co11ve11tio11 el'ar1alocis111e
faite a l'avance, est i11lerelile po11r ces 1Jrestalions com111e ¡)011r les ca1Jitaux
exigi!Jles. D'a1Jres eux, l'arlicle , 155 11e dérogerail qu'i1 la seco11ele elis1Josi-
tion ele 1·article 115{1, et ¡Jer111ettrait si111ple111enl la ca1Jitalisatio11 des a
écl1éances plus co11rles 1¡u·1111c a1111(:e. ,\11 s11rplus, la e111eslio11 n'a'¡Jas granele
i111porta11ce praliq111·. car il 11'esl 11as el'usa,irc ele slip11ler, ela11s urte co11v-e11-
tio11, la capilalisnlion d1!s i11lór<'·ls r1011 ¡)ayt'·s, 11uar1el il s'ag·il de reve11us tels
c1ue ceux clonl ¡Jarle l'arlicle 1 1,15.
Quoi qu'il e11 se>il, les revc11us ó11011cés par l'arlicle , 1fi5 11c ¡Jroel11ise11l •
ir1térct q11'a co111pler ele la (le111a11cle e11 justice, ele lllClllC e1ue les int(·rels
eles capitaux. L'arlicle 1155 le dil ex¡)ressó111e11t.

!1° Théorie des .\sT11E1\TEs '. En quoi consiste l'astreinte, son origine.
- La tl1óorie des astrei11les s'esl grefTée sur celle des elor11111ages-i11LÓl'ets,
elo11l elle est u11e cléforrnl1lio11. \'oici e11 gros e11 e¡uc>i clic cc>I1sisle.
Lorsque le débileur rcfuse el'exécuter son obligatio11, les lrib1111aux e111-
ploie11t co11ran1111c11l, po11r vai11crc sa résislance, le procécló suivant. lis lui
1)relo1111e11l (l'cxéculcr ela11s 1111 eli'·lai fixt'·, el le C'<)nela11111c11l,¡)ou!' le cas oú il
11'o)Jéirail ¡Jas, i1 µayer au créa11cicr 1111e cerlai11c so111111c }litl' ju11r <le rclal'tl.
1<:11 ¡)ralie¡uc, eles co11cla11111alio11s <le celle 11alt1!'e so11l J)l'OI1<>11ct'·cs ela11s les
lt)'J)Oll1cses les pl11s varióes, ¡iar excn11Jlc, e11 cas ele rcfus JJar 1111 é¡1011x,
a¡Jl'cs sé11al'alior1 <le cor1Js cJ11 elivorce, ele rc111cllre les e11fa11ls a l'é1Jo11x <Jlli
t•11 a oble1111 la garcle ; ou lJie11 e11core ¡)011r assurcl' l'cx<'·r11lio11 cl'c>l)lig·alions
Je caraclerc J)alri111011ial, lcllPs <111c C()llcs ele Ji,rl'r un 11IJjcl 1l/:tcr111i11é,
1le renllre C<J111¡)lc, de 11re><lnirc elPs 11i<'·ccs, (J'exi'·c11lcr tl<'s lravaux, ele.
Ce fJrocéclé co11slil.11e 1111 11111y1111 ele ClJ11lrai11tc cl'unc ¡iurl(:c i11c1J11lcslalJI<'.
Les clo111111ages-i11tér,\ts, e11 cas 111! r1'sisla11<:(i ¡¡rul1>11g·/·1i 1lu cl<'•hile11r, cloivenl
finir ¡Jar allcin<ll'e 1111 cl1ifl'rc é11orn1c. l 1<Jlll' éviler la rui11c, 11: 1l1'IJilcur ¡ir/·-
fé!'cra s'cxéc11ler. l)'aillc11rs la conela11111alio11 esl ¡11·0¡,isoire, el le jug·c s,•
réserve ele stalucr 11llórie11rcn1e11l, c11 cas 1l'i11cx/:c11I it>n, s11r 1,\ cl1ifl'rc cléfi-
11ilif a111¡u,:I le elólJileu!' sera cc>11,la11111(.
\TeJici co111111c11l la j11ris¡ir11(lc11cc s'('sl f'or111é(, en cclt,, 111aliere.
011 1ieul la co11siel1!1'CI' C(JllllllC l'Clll(llllalll i1 11,·s 11/•ci,;ie)ll::, I'Cll(llleS Cll /11-
l'Cll/' <Í11 dl:bilc11r (arre!:- cl1i la Cour 1le cassali<Jll clu ~ 1 j11i11 180() el clu

i. V. Esnu•in, 1/ev. tri111. de [)roil ,,;,,;1, t!J,1:1, p. 'i .. t. s11iv. ; ~t,•yninl, Sa11ctio11
ci11ile eles obli,qatio11.~ de (aire 011 de 111! )'IIS (airl', //e11. ¡ira/. de droit /ra11,11is, 188-1,
t. !i!i, p. 3NU; Lahhi, //e11. pral. de /)roil fr1111¡-11is, 1881, t. ~O, p. G2 et suiv. ; IIPrryer,
thi,sc, Pari~, 1903.
EFFET !)ES OBLIGATIO:'.\'S 33
22 ja11vier 181'.!). Le llé)Jitet1r avait été condan1né a l'exécutio11 lle son obli-
gatio11 par t1ne décision lui i rnpartissant un délai ele grcice, 1nais fixant u11
chilfre de dommages-intérets qu'il devrait payer si, au jour <lit, il ne s'était
pas exécuté. Le débiteur, ayant laissé passer ce délai fatal, offrait l'exécution
en nature de l'obligation. 11 fut jugé que cette offre pouvait encare etre
admise. Voila l'idée essentielle de la théorie déja dégagée, celle d'une con-
damnation p11ren1ent provisoire ou, comme on <lit, par une cxpression ·
empruntéc a la jurisprt1dence de l' Ancien Parlement de Bretagne, conimina-
ioire.
Plus tard,la tl1éorie se dévelop1Je et acq11iert sa pl1ysiono1nie actuelle. On
prend l'habitude de fi xer les elon1n1ages-intér1)ts 11011 en bloc, mais a tant
par jour de retard. 11 est vrai crue le juge peut, au jour d11 reglement défi-
nitif des conséquences de l'inexécution,revenir sur sa décision pre111icrc pot1r
réduire le cl1iffre total ele la condan1nation, s'il le trouve en fin de corr1ptc
exagéré. 11 cst vrai q11e, réciproc111e111ent, on verra les tribunaux admettre
l'inversc et 111odificr leur sentcnce, non pour diminuer la condamnation,
mais pour l'augn1cnter. si la pre111icre astreinle n'a pas donné le résultat
attendu. La pratique jurisprudentielle, d'abord inspiréc par l'intérct dudé-
bitcur, s'est retournée contre lui.
Un exe111ple fra1Jpa11t du procédé de l'astreinte no11s est fourni par un
arrct de la Cl1ambre des requctes du 1º' décembre 1897 (D. ~- 98. 1. 289, S.
99. 1. 17!1), 11 s'agissait d'un proces entre le propriétaire d'un hotel de París
et 11ne co111pagnic ele fourniture de l'éclairagc électriq11e. Le propriétairc.
de l'l1ótel aya11t reft1sé ele payer le prix de I'énergie conso111111ée, en récla-
1nant un rabais a ue¡uel il prétendait avoir droit, l'entrepreneur avait
arrclé I'éclairage. Sur la den1ande elu propriétaire, il fut condan1né par
le Lrili11nal de con1111erce ele la Seine h fo11r11ir, dans 11n délai fixé, le
coura11t éleclrique, sot1s peine cl'11ne astreinte de 100 francs par jour, a,·ec
réserve, po11r le de111andcur, du clroit, aprcs l'expiration d11 délai, de
lJrcndre telles conclnsions qui seraient les plus conforr11es a ses i11Lért-ts.
La Con1pag11ie ayant refusé d'obtempérer a cclle condarnnation, le propri{'.-.
taire s'a1lressacle nouvea11 a11 tribunal, et der11anda 11ne astreinte de 10.000 fr.
par jo11r tic retard, f{tii lui fu_t accorclée par le tribunal et la Co11r 1lc 1•aris.
La C1i111pag11ie forma 11n po11rvoi en cassalion, en se fo11dant sur ce motif
c111c )p lril>11nal 1le c:(l1n111Prce avait violó lPs arlicles 1, 111 et s11iva11ls <l11
Cocle civil, c111Jrono11c:a11L 11nc SPcon1le asl.rcinlc\ s11¡J1'•ric11rc :'t la JlrP111icrc,
olors r¡11<', llar le Jlrc1r1icr j11gc111cr1L il avait c'•¡J11isé so11 llroit it cet 1'.gard.
l,a Cha111l>re 1les rcc¡nc)les rejcta le Jl011rvoi, et lléclara 1¡11e l'arrc~l allaq11c~
n'avail vicilc'i a11c11ne Ioi, p11is1¡11e les tlroits rlu ller11ande11r avaient été réser-

,·es ¡lar une 1lc'\cision a11tc'·ric11re ele la Co11r.
l~11fin, 1\L llarallóle111e11L ¡'¡ ce ¡irocess1is, la j11rispr11(le11ce a acco1npli u11
lroisic\111c\ st.a<le, en trans¡Jorla11L le proc/•tlé 1les clci111111ages-i11tért'.ils ccl1n111i-
nal.c>ircs 1lc la s¡>l1i'~re eles intér,~ls patri1111Jniaux clans cello <les <lllligalio11s
ele fa111illn, 1le caracl.1\rP ¡J11re111e11L 1r1oral, s11scPplilJles, sP111J¡Jc L-il. 1111iq11e-
lllP111. 1l'1111P c1xc'\c11Li1i11 fc¡rcc'•n PII r1ature. Jlar 111, les cl1ln1111ages-i11l.c'\r1'ls, 1noclc•
<le 1·ú1iaratio11 cl'1111 ¡Jréj111lice acl11cl et co11sta11t, Jlt'P11ai1'11l cléf111itivement •
'1'01ne 11 :1
',/

34 LIVRE PllE~IIER. - TITRE PRE~IIER. - CHAPITRE PRE\IIEll

;
la pl1ysiono111ie d'un 111oyer1 ele conlraindre la ,olonlé récalcilranle clu dé-
l!ileur. L'application la plus caractéristique de cette co11ce1)lio11 se re11co11tre
cla11s l'aOºairc J3eaufl're111ont; proces céle!Jre c1ui 111it a11x prises, pen<la11L l)lus
de dix a11s, les trib11naux fran;:;ais, lielg·es el saxons. U11e astreinte de
500 francs llar j1Jur ele relar<l pour le }Jre1111er 111ois, <le 1 .ooo fraucs llar
jour po11r les 111ois s11ivanls, fut prono11cée conlre 1111e 111ere lJour la con-
train<lre a reslituer ses e11fa11ls a11 n1ari q11'ellc avail aban<lo11né (\'. l)aris,
13 février 1877, D. ll. ¡8.2. 1~5, S. 78. 1. 193).

Analyse et critique du procé<lé de l'astreinte. N011s po11vons


111ai11te11ant rele,·er el é11u111érer les caracteres pri11cipaux du procédé de
l'astrei11te.
,\.. -. C'esl une conda11111alio11 1)ror1011¡;a11t non u11e son1n1e fixe <le dom-
1t1ages-intérets, 111ais u11c q11otilt'· ¡Jar jour de retard. c'cst-a-dirc u11e con-
cla 11111a tio 11 i1idélerr11i1tée.
D. - C'est 11ne conclar11nalio11 1)ro11or1cée iri f1ili1r11111.
C. - C'esl llile COIIClar1111alio11 a <les do111111ages-inlérels s11périe11rs ou
cleslinés a eleven ir SltJJérie11rs a1t pr·éj1idice causé.
D. - C'est 11ne co11clá1n11alion sirnplcr11enl cornm.i,iatoire; lej11ge,e11 clÍ\l)Íl
eles pri11cipes de la cl1ose jugéc, 1Jouva11t ens11ite reve11ir sur sa décisio11 el
la rc,is<'r, soil ponr aug·111entcr la sa11cl.io11. S(JÍL, le 1Jlus so11Ye11l, 1io11r la
réduire (Civ., :io 111ars 1889, D. 89.1 .38'.-!, S. 9:i.1.565; 25 j11illcl 188:.1, D. !J.
83.1.2!¡3, S. 83.1.34.:i; '1'011louse, 3ojui11 1905, S. 1909.2.272; Civ., 2oja11-
vicr 1913, D.~). 1913.1.357, S. 1913.1.386).
a
On tlevi ne (111elles critill11es ¡Je11 t llonr1er lieu une lelle pratique. Il est
a
{·vicle11l ({lle si l'aslr<>inle c:,;l 11ne co11da111natio11 des don1n1ages-inlércls,
1:lle, iol<' la l<JÍ, en 11c JJl"<J¡Jorlio11ua11l ¡¡as ces elo111111agcs a11 1Jr{-j11<lice causó
¡ arl. 11l1!J). Elle viole aussi les 1Jri11cipes gé11éra11x ele 11olrc <Jrga11isation

ju<liciaire, qui i11ter<lisenl a11x lrib1111aux ele reprenclre la co1111aissancc d'u11e


alfairc lors<111'ils 011l ¡Jr1i11or1cé le11r se11le11ce. La jurisprudence belg·e s'esl
<lo11c 111ontréc peu favorable a la. pralic1ue des astreintes. Elle a (tres correc-
len1c11I, croyon,;-11<J11s-), <1/•ci_clé <111e 1< si, er1 cas <l'i11cxéc11lio11 el'1111e obliga-
Liu11 <le f,iire <•11 <IP 11<~ ¡>as f'air<•. les trili1111a11x 1Jcu,·011l alloucr 1111e so111111c
cléler111i11t'.•e ¡iar j<)lll' de relar1I, ce 11'csl 411'?1 lilrn <l'i11de11111itó 11 rais<Jtl <lu
<lo111u1age ca11sé, el 11011 it litre <le ¡Jure co11lr11i11le el pour ass111·er l'cxécu-
lio11 el'unc se11le11ce 11 (l3rux.clles, 1°' 111a1·s 1909, S. l!J0!},/1.15. l)a11s le
111c111e sc11s, Cass. <le l!clgiquc, l\l ja11vier 1881, S. 8:1.l1. 19. Voir JJ011rlant
Cass. ele llelgiq11e, :i3 juin 1887, l). {>. 88.:.i.tlr 1).
l~u l•'rance, a11 conlraire, (>Ú laj11ris¡>r11elcr1ce e111pl11icc<Jt11·ar11111c11l ce ¡)rO-
céclt'•,<1<1111. les aYanlages ¡Jraliques s1,11t i111111c11scs, el'1\111i11c11ls a11le11rs se so11l
a
aJJpli1j11t'is j11slifler l'aslrcinle. Celle-ci, 011l ils <lit, 11'csl pas e11 róalit1í u11c
C<)11<la11111ati<J11 .'1 <les clo111111ag·cs-i11t1\r<'ls; c'esl 1111e vúrilable ¡iei11e J)ro11011céc
Cl)llllllC saucli<)ll el UllC i11j1>11clilJII é111a11a11l lill pou.uoil' 1ie COl/llllllll<Íen1e11{
des 1nagislral:,;, elisti11cl ele leur poitvuir 1/c j11ri1liclio1t. U11 se11l arrel 1111rail
a1>cr¡;11 ce caraclerc (l\eq., :i:i 11<i,·c111lire 1841, S. !1:.1.1. 170), car 011 y lit
cclle }Jl1rase to1Jiq11c e¡11' (1 il f'aul elisli11g·uc1· e11lre. les or1li11aloria }Lt1lici11
. et
• .
EFFET DES ODLIGATIONS 35
les decisoria ,judicia >>. L'astreinte appartie11drail a la 1Jren1iere calég·orie.
a
011 invoque l'appui de cetle 111ani<'•re ele voir des témoibrnages non1bre11x
tirés de nos anciens auleurs, u11 passage en1prunlé h un 011vrng·e écrit en
181 o (llenrion de Panse:y, De l'autorité jizdiciai,·e lla,1s les gouver11er11c11ts "

1no11archiques, p. 101 et st1iv.),dans lec¡uel l'auteur écril q11c lej11g·e n1odernc


11e11t ¡1rescrire et déje11clre, et enfi11 le texte de l'arlicle 1036 clu Code de.
llrocédurc civile, a11x: ter1ncs duq11el (e les trilJu11a11x, suivant la gra,·ité des
circ(Jnstances, pourro11t, dans les causes dont ils seront saisis, JJro,ioncer ' • .
n1J1ne ll'ofjice des injonctio11s, suppri111er des écrils,les déclarer calon111ieux,
et ordor1ncr l'i111pression et l'afficl1c de le11rs juger11c11ts. n
Ccttc argun1entalion nous parail pc11 co11Yaincante. L'article 1036 du
(:ocle de procédu re doit etre écarlú du clél1al. 11 vise la poli ce ele l'audience,
ou, tout au pl11s, les n1es11res /1 ¡Jre11dre po11r la décot1verte ele la véri le'.· da11s
les i11sta11ce,; j11diciaires. Il s11ffit, po11r apercevoir sa porlée v<\rital1le, ele Ir
ra¡JJJ1'0cl1Pr cl'autres disposili<ins !.elles c¡11e l'article 512 du Codc ele ¡Jrocé-
<lurc, l'arlicle 5o4 llu Codc cl'inslructio11 cri111i11rllc, l'articlc 23 de la loi clu
17 n1ai 1819 s11r la presse, l'article 10'.l d11 clécrcl du 3o n1ars 1808 s11r les "
!
co11rs et LrilJ11naux. D'aille11rs, si 1nen1c l'on devait adn1cttre q11c l'arti-
cle 1036 <lt1 Cude de procédurc ait visé la praliq11c des astreintes,qui 11e s·est '
i11L1·01iuile qi1c tres ¡1ostérieuren1enl, il c11 clevrait rés11ller que les jug·es au- ·,

raie11t le clroit de prononcer d'ofji<:e des astrei11tes. Or c'est ce q11i n'aja1r1ais


él{· soutcnu. Le jugo qui pro11oncerait une astreinte, sans que le clen1andeur
ait .conclt1 en ce scns, slat11erait ccrtainc111cnt 11.llrrt ¡1etillt.
a
Q11a11t la pl1rasc de Ilc11rion de Jlanse~·, clic cxpri 111c ce Lle v{ri té i nct)n-
l.estable que les juges pe11,·ent (et doivent) prescrire l'cxécutio11 en 11at11rc
de l'obligation (de faire), 1léje1idre la violaLion de l'olJligatio11 (de 11e pas
faire). ,1ais cet auteur ui aucun a11tre r1'011L ¡i11 soute11ir q11'il a¡)J)arlc11ait au
juge de forgcr de to11tes picces 11nc sanctio11 arl>ilraire.Lesjuges de l'ancien
Droit pouvaient le faire, n1ais il s'esl produit depuis une transfor111ation
radicale, par l'effct de l'inlroduclio11 du príncipe de la séparalion des pou-
,·oirs et ele la su¡lpression de tout pouvoir réglemcntaire pour lejuge. Si l'as- 1.

trei11tc, comrne on nous le <lit, cst 1100 pei,ie, c'esl clone u11e peir1e arbi-
a
traire, une peine pécuniaire dont le montant est desti11é lo1nber, non daos
le Trésor, n1ais daos le patrimoí11e d'un ¡Jarticulicr. 'fout cela cst inad1nis-
sil1l<'.
II vaudrait 111ie11x rcco1111ail.rc <111e 1·a~lrei11le esl 1111c prati,1uc llr1:Loric11-
11e, aulrc111e11t <lit illt'·g·alc. i\lais so11 11lililó <'·Yiclc11l<! cxigcrail q11c cl1cz 11ous
· le l<'•gislalc11r la rt•g11laris1\L, ¡\ l'cxe111¡ile cl11 Cotle de procéd11re alle111and. '
' '

Sl~C'l'l()N 11. - ]\ÉALIS,\'1'10~ P.ÉCIJ"IAll\E l)U lll\(JIT l)ES CII.É,\.",ClEI\S. •

Généralités. Historique. L'exécution sur la personne puis sur


les biens. - Oucls
, 111ovcns
. 011t les cr<'~a11ciers po11r la r<\aJisat.io11 péc11-
niairc <le l,111r <ll'<>it, c'r,sl-li-<lirc ¡1011r cJl>te11ir les son1n1cs <l'11rgc11L t¡11i
pe11ve11l lc11r elrc dues, s<>il er1 verl11 <le l'ol>ligation 111e111c, soil en verlu de
., •

. -
36 LIVRE PRE,IIER. - TITRE PRE~IIER. CIIAPITRE PREMIER

la liquidation opérée par une condan1nation du débiteur a des do111111ages-


a
intércts? C'est ce que nous avons indiquer, en laissanl de coté tout ce c1ui
touche 'plus spécialement a la Procédure civile.
L'évolution du Droit en cette matiere a consisté dans un adoucissen1c11l
progrcssif et constant de la co11dition du débiteur, dans le passagc de l'exé-
a
cution sur la personne l'exécution sur les biens.
a
Dans les législations anciennes, Ron1e notarr1111e11t, c'est la perso,ine d11
débiteur qui réponcl de ses engagen1ents. A défaut de paiement, celui-ci e11-
a
co11rt des pei11es tres rudes. Peut-elre, l'origine, pouvait-il etre tué,dépec1~
par ses créanciers ; le fa111eux parles seca11lo ele la loi eles XII 'falJles se réfé-
rerait a cette pl1ase. En to11t cas, l'l1istoire peut déter111iner t111e époque oi'1
le délJiteur insolvable était asservi, emprisonné dans l'ergastule 1Jrivé d11
créancier, pour tra,•ailler au profit de celui-ci. Qui ,ion solvit in &re luat in.
a
cute. ~fais cette rigucur pri1nitivc s'adoucit l{on1e. Des la JJériode des ac-
tions de la loi, 011 voil a1)1Jarailrc ccrtains l)rocéclés cl'ex1~c11tion sur les biens
avec la ¡1ig11oris capio et la bonorti11i cessio. ,\. l 't':poque ele la procéclure for-
n111laire, vers la fin elu YI' siecle U. C., les créanciers recourror1l a u11 pro-
cédé nouvea11, cl'applicalion gé11érale, la ,nissio i,i possessio11cr11 suivie de la
bonorttm ve,iditio, ,·er1te e11 bloc d11 patrin1oine elu débiteur, 1node de liqui-
dation ressc111blanl par bcauco11p ele points i1 11nc faillile civile. Le caraclere
pé11al ele la sa11clion de l'insolva!Jililé s11IJsi~lc 11t'·an111oins c11core, en ce c¡uc
la bo1tor1t11z vc,tdilio fail c11cot1rir l'infa111ie au clt':IJiteur. Enfin, elr1Juis '!'ra-
jan el _\.nlo11in, apparaissc11t eles 111esures clc réalisalio11 s11écialc a11alogue~
a 110s saisics: la banor1t1n (lislraclio. le pig,ius i,i ca1tsaj1tllÍc!lli ca¡Jtu11i .
•\pres la cl1t1tc ele l'E1npire ron1ai11, on reYie11l penlla11L <¡uclquc Len1p:-
aux a11cicnnes co11c<'lllio11s, a11x pi':11alilés co111111inécs co11lrc les rlól)itcurs
i11solvalilPs. t:cux-ci c11co11rront st)il eles pei11cs cor1)orcllcs co1111ne la f11sti-
galio11, l'e1111Jriso1111c111c11l, soit <les ¡)cines religicuscs co111111e l'cxco111n111-
11ica li<)II. Cc¡Jc11lla11 l, des le XIIIº sieclc, s' orga11ise11 t les 111esu res el' exéculion
s11r les !Jicns, el'alJorcl sur les 111eulilcs sc11ls, puis sur l<JUS les bicns, 111e11-
bles et i111meubles. ,\ c<\Lé de ces voies d'cxéc11tio11 1Jatri111011iale, sulJsisle
ccpr,n<la11t la prison pot1r cleltcs. I,e Co<le civil, h so11 tour, orga11isa cel
c111¡irisf>1111i:111Pnl. ~<>11s ln 1101111IP co11fr11i11le ¡1111' /'OIJJS. l~lln a t'·ló s11¡J¡iri111t'•c,
sa11f clans ccrlair1cs 1le ses ap¡>licalio11s, ¡¡ar la loi d11 '.>.'.>. juillcl. 18G7.
De 110s jo11rs, l't':vol11lio11 ¡>eul 1l1)11c <~lre Cl)llsi<lért':e C<Jr11111e lcr111in<'ie. C<•
n'est ¡Jl11s vrai1ne11L la 11crs<>n11c <¡ui cloil, c'csl. so11 1>alri111oir1e. 'J'o11l au ¡1l11s
pe11l-011 retro11ver le vcstige eles a11cie1111cs ¡Jí:11alitós co11lrc les i11sc>lval,lcs,
<lans les <lé]Jris encore s11IJsisla11ls ele la co11l.rai11l.e par cor1>s,1•I clans lPs <lé-
cl1(·anccs q11i alleignent les co111111er<:ants l'aillis. I•:ncorc cclles-ci <>nl-elles ,'•t{:
forl att1\111H'•cs, s11rlf>11l 11ar la l<ii 1111 /1 111ars 188(1, 1inrla11L 111<Hiilicalio11 1\ la
lt'·gi~lalio11 <les faillilcs el i11slil11a11t 11ola1111111H1l 1111 cli111i1111lif de ccllc-ci,
la li<¡11iclatio11 jnlliciairc.

Contrainte par corps. - J,'i11stit11tio11 clan~ la1¡11cllc se 111a11ifesle IP pl11;


clairc111e11t la s11rvivanc1: <lc•s ancic1111cs C<>ll<'<!JJLio11s <'ll cPlle 111aliere esl,
<lisio11s-11011s, cell1: tic la 1:011/r(li11fc ¡1111' cor¡is. JliPn 1¡t1'elle St>il a11,i<i11rcl'h11i
rétluile <:I 11111tilée, il i11111orlc encc>rc cl'c11 clt>1111cr 1111c iclt'·c s•>111111airc.

EFFET DES OBLIGATIONS

La co11trai11te par corps était l'en1¡)riso1111e111ent du débitet1r á la requete


cl'un créa11cier, n1u11i d'un titre exécutoire. La loi avait permis et organisé
cet emprisonnement, co111me un·moyen tres efficace de forcer un débiteur
récalcitrant á s'exécuter, a
faire apparaitre des ressources dissimulées par
a
lui, ou encore d'amener sa famille lt1i faciliter l'exécution de son obliga-
tion.
Pour l'e111¡lloi de la co11trair1te par corps, il y avait une elistinction essen-
a
tielle faire :

A. - E,i 111alie1·e co1111nerciale (Loi du 15 ger111inal an VI et loi du 17


avril 1832), la contrainte par corps était possible, a
raison de toutes les
dettes atteignant au moins 200 francs.

B.- E,i ,natierc civilc att contraire (V. le titre XVI (aujourd'l1ui abrogé)
d11 livre 111 clu Cocle civil, arl. 2059 á 2070), elle ne pou,·ait etre e111¡)loyée
q11e dans les cas é11t1n1érés llar les articles 2059 á 2062 (stellionat, dépot
11écessaire, ele.). llors de ces cas déterminés, il était défendu aux jugos de
la prononcer (art. 2063). E11 oulre, la contrainte ne po11vait pas etre pro-
11oncée conlre les mi11eurs, ni pour une so111111e rnoindre de 300 francs
(art. 2064, 2065).
Le débiteur qui se trouvait l1ors d'état ele payer ses dettes, avait un
a
n1oyen d'écl1apper la contrai11te par corps; c'était de faire la cessio,i ele ses
bie,is á ses créanciers (art. 1265 á 1270). Cette cession pouvait etre volon
taire ou jucliciairc. J,e trill11nal e11 accordait le llénéfice at1 dél)iteur n1all1eu-
reux el de llonne foi. 1\ la difl'érencc de la cessio11 volo11Laire, c¡ui élait le
résullat d'un accorcl des parties, la cessio11 j11cliciaire 11c pouvait elre refu-
sée par les créa11ciers. La cessio11 de llier,s judiciaire ¡Jer111ellait at1x créa11-
ciers ele ve11dre les bie11s clu clébileur, et d'e11 percevoir les reve11us jusq11'á
la ve11le, 111ais le débite11r reslail ¡Jropriélaire. La cession ,·olo11taire Jlro-
elt1isait orcli11aire111enl le 111en1e effel. Celle opéralio11 ele la cession ele biens
a percl11 presque to11t i11lt'•ret pratique dep11is l'a)Jolitio11 de la conlrai11te par
corps. Ceper1da11t le Cocle civil (art. 802-1º) en contient encore 1111e a¡lJllica-
tio11, parfois 11sitée, clans l'aba11clo1i ele successio,i c¡11'il autorise l'l1éritier
a
!Jé11éficiairc fairc aux créanciers. De lllus, en toul at1lre cas, 11n dé!Jiteur
l)ourrail IJie11 enlc11du c11core t1ser de la ccssion ele bicns, si. ses créa11ciers
,. C(J11sc11laie11l; 111ais cela ne se voit 1)as, si ce 11'esl. r,f e11corr, lri'·s rarc111e11l,

ele la ¡iarl llP C<J111111er\a11ls 11011 e11corc 111is P11 f'aillilP ( \·. I\Pq., 11 111ai
1908, l). ll. 1no8.1.:{?.8, S. I\Jº!l·'·l1!)7; (irc11olilc, ?.1ja11Yicr 18nG, 1). ll.97.
:1.10:1; llc<t-, 7 ja11vier 188\¡, 1). ll. !)0, 1./1:1:>., S. !)'.!. 1.:{7:1 ; (~iv., 25 111ars
J!)f>:{, 1). ll. 1\)04.1.273, 11<ile <le l\l. (;11i'·11t'•e, S. I\JOG.1.:{:11, 11ole \\.al1!).
(;, - T~11fi11, c,i 111alit'·rc /il:ll(lle, la co11lrainle 1iar cor1ls t'~tait to11jot1rs
¡>cr111ise (art. 5:i, l1G7, !1!i\J, (;. J)t~11.).
l,a J,ii 1!11 :1:1 juillct. 18G7 a s111i¡iri111t'· la co11lrai11l<' ¡>ar corris ¡i<i11r les elelles
ciYilcs el cc1111111crcialcs, el IH) )'a laiss1) sulJsislcr <¡11'e11 r11ali<'·rc Jlt•nalc. Ce
sonl des cri11si1l{•rations el'l1u111a11it1\ et d'r)rclrc éco11omique c¡11i 011t eléter-
111i111'1 le vol.e <I<' CPlle l1Ji. ],a c<>11l.rai11 le esl s11p¡lri111ée cl'111u) 111a11ierc abso-
lue, 111e111c ¡\ l't'•ga1·cl des élra11gcrs .


·' ..

38 LIVRE PREl\llER. - TITRE PRE~IIER. - CHA.l'ITIIE PREl\lIER



A.u contraire, la conlrainte par cor1)s est n1aintenue en 111atiere crin1i-
1ielle, correction11elle et ele si111¡}le poi ice, pour loutes les co12séqize1ices JJé-
cu11iai1·es, pé11ales el civiles que peut en1porlcr la co11dan111ation, y co111pris.
depuis la loi clu 19 décembre 1871, le paien1ent des Jrais auxquels a été
co11dar11né le déli11quant. II en résulte c¡uc •la co11dan1nation a eles clo111-
111ages-inlerets, c11 ré¡Jaratio11 cl11 pr<'j11dicc causé i1 la ·victi111c ¡Jar u11e
infraclion pé11ale, con1¡Jorte, l1 clefa11t cl'cxéc11lio11 volontaire, l'en11Jloi ele la
co11lrai11le par corps. 11 c11 cst ai11si 111e111c si la co11clan111atio11 a été pro11011-
céc par les lri]Ju11aux civils; 111ais il faul,c11 1Jarcil cas, c111'u11c décisio11 é111a-
11ée ele la juriclictio11 JJi'•nale ait co1iela11111é le débiteur co111111c coupable d'u11
crir11e, elélit 011 conlrave11tio11. On ren1arquera que la loi ele 1867 n1air1-
Lient la co11trainle par corps, n1en1e quand l'infraction co111n1ise provie11t
d'une sin1ple imprudence ou 1iég-Iige11ce, car la loi 11e fait auc11ne disli11c-
tion .
•\11 conlraire, si le fait do111r11agca)Jle 11e constitue pas 1ine infraclio1i
pénale, il 11e doni1e jarr1ais lieu a co11lraintc par corps, alors n1eme qu'il
aurait été coi11111is de 111au,aise foi 011 clans l'inte11lion de nuirc ..i\insi, le
délil de slclli<Jnat, le fail de poursuiYre u11c 1Jerso11ne er1 j11slicc sa11s rai-
so11 séricuse, dans la scule i11le11tio11 ele l'o]Jligcl' a eles fl'ais, pcu,·cr1l IJiPn
e111porlel' t1ne co11da111r1alior1 péc11niaire, 111ais 11or1 la co1ilrai11tc par corps.
"\jo11l011s c¡11e la co11tl'ainlc J)ar corps n'éla11t attacl1ée (Ju'a11x cor1lla11111a-
Lio11s prono11cées pour crin1cs,délits Oll co11lra,·c11lio11s, 11c peul elrc {·tc11clue
aux concla111nalio11s a11x frais pI'ouoncées cor1tre la parlic ciYilc qui s11c-
cornbe.

~ t. - A.sl!!llette et t>tendue d11 drolt des créanclers sur le


1•at1•l1nol11e ,tu délalte11r.

Principe de l'égalité des c1·éanciers. Leur droit de gage général.


- Le droit du créancier porte sur le patri111oine du débiteur, c'est-a-dirc
sur l'e,isemble de ses biens.
ll résullc ·tic celle for111ulc que le créanciel' ¡1eul s'ap11ro¡Jricr, pour se
pa}Cl', la valcur de to11s les droils patri11101iiatlx d11 llóbilcur, tlroils 11erso11-
ncls, récls c>u ir1lcll<:cl11els, 111ais <¡u'il 11·a a11cu11c ¡Jrise sur les clroils el11
llébilc11r <¡L1i 11c JJréser1tc11l ¡Jas 1111e ,alc11r ¡Jécu11iairc.
El, (l'a11lrc ¡Jarl, le tlroil du cr<'·ancicr porl<1 sur l'e11se111ble eles bic11s, sur
le palri111oinc enYisag·i', en la11l c¡u'u11ivcrsalité jurieliq11e, c'csl-:i-dire sur les
l>ie11s fut11rs COllllllC sur les bic11s }Jri',sc11ts. llar la acllC\C ele se précis<:r
I'{:Ytil11lio11 l1isl<Jric¡uc el(inl 11011s avcl11s tracó l'esc¡11issc. Jatlis, le elrciil ele
po11rsuilc clu cr<\a11ci<•r ¡>orlail s11r la lH)l"S<>1111c <111 elóbitcur lut1l e11tit',re;
111ai11tc11a11t l'llc allt'Ínl c<,I.IP ¡H,rs<11t1H•, c11,isagóe 1111Ífjlll'l11cnt. tlans 1111 ele
ses altri!Juls, s11 ¡111issa11l'c sur les r!toscs 1111 1110111le t:J:fc:riettr, car tell<• <:si,
Jl(Jtis l'ayons ,11 (\'. ll<>lre l. I"'', ¡i. (i!¡:l s.), la cl{·li11ilic>n elu 11alri111oi11c.
'fo11l ce c¡ue 11ous Y<'ll<>ns <le tlirc lie11l c·n se111111u, 1Ja11s la feJr11111lo tic l'ar-
liclc '.lO!)'.l : <1 IJuic<l111¡11e s't•sl <>l>lig{· (il scrail. ¡1l11s corrcct ele clire : c111ic<Hl-
c¡11e esl olJliyt:), esl le•1111 1!11 rc1111>lir scin cngage:111c11l sur tous Sl'S l>ie11s
11101Jiliers el i1n11tl>Lilic•rs, ¡>r<':se11ls el /1 vc11ir. H

,. . .. ..

EFFET DES OBLIGATIONS 39


ll rés11lte du principe forn111lé dans ce texto for1da1nental, que le créancier
a
a le droit de faire servir la ,·ale11r de tous les l)iens du débi te11r 1·acq11i tlc-
mc11t ele la dctte. Ce droit, il lºexcrce sur n'in1¡Jorte qt1els biens, car les élé-
me11ts individuels du patri111oi11e, en tant e1u'ils constituent la garantic
du créancier, ne sont appréciés q11e par leur valeur pécur1iairc et offrc11t
e11tre eux t1ne co1nplete fongibilité. La regle con1portc cepe11dant trois
exce11tions :
1" ,\11x ter111es de l'article 2206, les in1meubles d'un mi11cur 11e 1Jeu,·c11t
e tre saisis par son créancier qt1' apres ses 1neubles.
2" Le créancier liypotliécail'e doit co1111ne11cer par saisir l'in1n1e11blc
l1ypothéqué .. C'cst seulen1c11l cns11ite c¡u'il pr¡urra, s'il n'est pas entiercn1ent
désintéressé, saisir les aulres IJiens elt1 délJiteur (art. 2:jo9).
3° Les in11neulilcs i11clivis 11e 1Jeuvent ctre saisis ¡Jar le créansi0r person-
nel d'11n des copropriétaires indivis, tar1t c¡ue dure l'indivisio11 (art. 2205).
a
Deux olJscrvatio11s ca¡Jilalcs doive11t ctrc faites propos ele ce droit du
créa11cicr s11r l'ense111lJle du patrin1oine du débiteur:
1° 011 ex¡iri111e <irdi11aire111e11t la regle de l'article 2092 e11 clisa11t que le
créancicr a u11 dl'oit de gage gé,iél'al sur to11s les bie11s elt1 elébiteur. Cela
sig11ific c1u'il pc11t saisir ou réaliser tous ces bicns. ~fais la for111t1le ne
co11slitue c¡u't111c si111ple 111étapl10re, si 1'011 s'atlacl1e au sens technique du
n1ot gctr¡e. 1.e clroit des créa11ciers cliirogra¡iliai,·es, c'est-a-elire ar111és du seul
d1·oil ele gage général de l'article 2092, differe profondément de cel11i des
créa11ciers investis d'un droit ele gnge, au sc11s étroil el pr1\cis elu mot, c'est-
aTdire d'ur1 clroit réel portnnt sur tel ou tel ]Jien déler111ir1é du lléliileur et
résultant soit d'un ¡Jrivilcge, soit d'une l1ypotl1eqt1e, soit d't1n 11a11tissen1er1l.
Voici les deux différences essentielles que no11s relevor1s des a présent e11tre
les lleux si l11alio11s :
A. - Les créa11ciers inveslis d'u11 droit de gage proprement <lit, c'esl-á-
dire d'11n clroit réel, portan.t spéciale111e11t sur tel ou tel bien détern1iné ele
leur débiteurr s011t ar111és ll'u11 d1·oil ele ¡iréfére,ice, c'esl-a-dire que la valet1r
ele ce bien est exclusiven1e11t consacrée it assurer leur satisfaction. Ce n'est
a
q11'apres let1r Cülllplet paicn1enl que le bien afl'ecté leur gage peul serv_ir a
la satisfactio11 <l'aulres créanciers gagisles de rang inférieur, ou des créan-
ciers cl1i rograpl1aires.
1\u cc>r1lraire, les créancicrs invcslis du soi-disa11t gage gé11éral ele l'arti-
cle :iog:i 11'011t a11cu11 1lroil lle ¡iréférr11cc, ¡ias 111c111e it l'c11co11lrc eles cr(\a11-
ces 11ées poslL·ric11re111c11l ¡'¡ la lcur. 'fo11s les créa11ciers cl1irograpl1aires
011l 1111 elroit t',gal s11r cl1ac1111 eles liicns elu cli',liileur, quelle que soit la
date ele le11r crc'·a11ce.(:'csl le ¡irinci¡1e lle l'rgalil{) eles créa11ciers (cl1irographai-
res) f1Jr1r1ulé par l'arlicle :i0\)3 : H Les Lie11s clu cléLiteur s011l le gage co111-
n1u11 ele ses créa11ciers, el le ¡)rix s' en clistriLue e11lre eux 1iar contrilJulio11,
,\ 111c,i11s c¡u'il 11'y uil c11lrc les créa11cicrs des ca11ses légili111es de préférc11cr. ))
JI s'e11 fa11l ce11e11cla11t 1¡ue cetlc i',galiló tl1éoriquc des créar1cicrs soit
prali1¡11P111cnl lcJ11j(J11rs rc'.•alis{·e ; a11 111e>i11s en cst-il ni11si c11 l)r<>il civil,
car le l)rciil Cllt11111crcial a cJrganisi'- a11 ¡ir<>fil eles créa11ciers le 1>r<>cécli\
de ltt .f11illite, a\'l'C scin 1li111i1111lif 1ln la li<¡1ticlalio11 ¡111/iciaire, 1>rocédés c¡ui
4o LIVRE PREMIER. - TITRE PRE~llEI\. - CHAPITRE PRE~IIER


arrivent a réaliser cette égalité, n1ais au prix de forn1alités trop couteuses et,
par conséquent, d'une notable déperdition d'actif. La déco,ijilure, état elu
11on-con1n1er<;ant qui a cessé ses paie111e11ts, 11·est pas régle111e11tée de n1e111e
par le Droit civil. C'est une questio11 de savoir si on peut lui éteudre
certaines des regles de la faillite. E11 tou l cas, •
ou ne peut lui appliquer les
pri11cipales, celles qui assurent vrai111ent l'égalité entre créanci ers, a savoir
le dessaisissen1ent de l'insol,-able et la 1}rocéelure collective de réalisation
de ses bieus.
B. - Les créanciers investís d'u11e l1y1}oll1eque s11r u11 i111n1euble ont u11
droit de suite sur ce bien, c'est-a-dire que les tiers a11 1}rofit-desquels le
débitel1r alie11e le bien engagé, doivent respecter le droit de ces créanciers.
Au contraire, les chirographaires n'ont pas de droit de suite. Les aliéna-
tions, constitutions de droits réels faites par le débiteur, leur sont oppo-
sables; ce qu'on exprime parfois, assez i11correcten1ent d'ailleurs, en disant
qu'ils sont toujours représe11tés par leur clélJileur dans tous les acles de
celu i-ci, ou e11core qu'ils sont au r10111IJre eles ciya11ls ca1tse 1t1iiversels de leur
débiteur.
2° Le príncipe de l'article 2092 comporte certai11es exceptior1s. Certain s
bie11s du débiteur so11t en ell'et placés en del1ors du droit de gage général des
créanciers. On dit alors qu'ils so11t i11saisis$ables.

§ 2. - Procédés de ••éallsatlo11 d11 gage des créanclers.

Tableau général de ces procédés. - 11 y a lieu ele elisti11guer ici les


procédés d' exéculio,i, et les procéelés ele préservatio,i elu g·age gt'•11éral de l'ar-
ticlc 2092.
1° Procédés d'exécution.- lis co11sister1t ela11s ce fail <1ue le créancier se
paie sur la valc•ur péct1niaire eles bie11s ele son elélJileur, valet1r c1u'il so11s-
trait, par conséquent, ali patri111oine ele celui-ci polir la faire cntrer cla11s le

SieII.
Cetl.e réalisalio11 s1111pose e11 gé11éral c¡11c la crt'•a11ce esl cer/11i11e, c'esl-a-
<lire fer111r PI 11011 t':vP11t11Pllc, fü¡ui(ll', c'rsl-i1-clir(' cl'1111 1no11la11l clt'·ler111 ir1t'·,
exigible, c'esl-/1-clire 11011 s11s¡1p11d111· par 1111 IPr111P 1111 1111e co111litio11,
e11fi11 111u11ic cl'1111 litre exécitloire, c·1~sl-i1-clirc cl'1111 cirdrc ele l'a11loritó ¡J11lili-
q11c e11joig11a11l ti ses agc11ts ele ¡Jri'\Ler 11111i11-1',Jrln a11 IJes11i11 a11 cr1\arlcicr.
Ce! or1lre se trouve cla11s In f/l'Osse, ou 11rc111 i1')rc exp1\cJ ilion eles j11r¡e111e11ts et
clPs 11ctes 11olr1riés.
11 y a 1le11x J}I'<lcóclés cl'exéc11Lio11 possilJle.
:\. - l.'c•xt'•c11lio11 i111lirecte. - ]~lle co11sislc i1 conlrai1Hlre le. cli·l1ile11r /1
.

vc11clre 1111 cic :,;c•s l1ic11s PI:\ s'e1111inrer 1111 JJrix fourni ¡>ar l'ac1¡11Í•rc11r. (;'esl
le sysló1111• c111¡il,iyó 11011r lPs s1tisies 1u.>rla11t. s11r le:-- liic11s cor¡iorcls du
dt'•IJi lc11 r, saisie i111111ofiifi,\1·e sur les i 111111c11 l1!Ps, s11isie-e,1:éc1tlio1t sur les
111c11l1ll's.
1~. - - l,'exéc111i,.>11 1/irccfl'. - l•:111• c,insistc Pll ce c¡11e le crí·ancicr se s11listi-
' EFFET DES OBLIGATIO:-IS

Luc au débiteur da11s l'exercice de ses droits, jusqu'a ce cru'il e11 ait tiré des
so111mes suffisantes pour se désintéresser. C'esl le syslcn1e en1ployé pour la
réalisalion des l)iens i11corporels du débiteur, parliculicre1nent de ses créan-
ces. Le moyen de procédure mis ici par la loi au service du créancier, est la
saisie-arrel ou saisie-opposition, en vertu de laquelle le créancier co111mence
par liéfendre au débiteur de son débiteur de payer celui-ci, puis, faisant_
a
un pas de plus, se fait autoriser par la justice recevoir lui-mcme ce paie-
n1ent. La saisie-arret est particuliereme11t expéditive,en ce qu'elle ne requiert
poi11t, chez le créancier saisissant, un litre exécutoire, ni n1eme une créance
liq11ide.

2° Procédés da préservation. - Les créanciers cl1irograpl1aires out


a
toujours redouter que les !Jiens ele leur débiLeur ne disparaissent, soit que
cel11i-ci les alic,ie, soit qu'il les transforn1e e11 valeurs fuciles a dissir11u-
ler, soil cru'il ,iéglige de les co1ise1·ver lui-meme. La loi organise done da11s le
Co<le de procédure civile, et dans le Code civil, toute une série de n1esures
par lesquelles le créancier préservera son gage. Ces mesures sont préve,itives
ou ré¡Jaratrices.
A. Les mesures préve,ilives sont elles-111emes de diverses sortes :
a) Les niesures conservatoires proprement dites, n1esures destinées évi- a
ter les déLournen1ents matériels: nous citerons l'ap¡Jositio,i des scellés el
l'i,iventaire, en cas de failliLe ou de déces du débiteur.
b) L'indispo,iibilité qui cst la co11séquence de la saisie des )Jiens. Cette
inclisponibililé se produit d'ailleurs ¡\ des 1110111e11ts cliYers, s11iYa11t la saisie
1nise en jeu. Ce sera, par exe111ple, s'il s'agit d'un i111111eu)Jle, le n1on1ent ele
la transcription ele la saisie; ¡\ partir de ce 1nome11t, l'i111111eu!Jle est placé
sous la main de jitstice; le clé)Jilc11r 11c 1Je11t 1Jl11s l'aliéner valable111enl
(arL. 686, C. proc.). l\lall1eureusen1ent, l'organisaLion ele celte indisponibi-
lité ofl're 11ne doul)le i111perfection pour les créanciers. D'1111e part, elle se
produil en général troJJ tard, sauf pour la saisie-a,·ret, qui est vraiment
préve11Live, et po11r cerlaines saisies secor1daires con1111e la saisie-reve,idi-
calion du bailleur, la saisie-r¡agerie. Ce relarcl fait q11e le clé)Jile11r conserve
pe11da11t ll'Ol) lo11gte1111Js la l)Ossi)Jililé de 111ellre son l1ie11 e11 sureló. D'aut1·e
part, l'i11clispor1ilJilitó esl e11 général i11co111plele,. car si elle emJJecl1e le dé!Ji-
Le11r el'aliér1er le bier1 saisi, elle 11e le prive pas ele la fac11lLé ele co11Lrac-
ler valalile111c11l (le 11011velles oliligal.ions (JtJi, ,u le Jlri11ci¡Je (!<' l'í•galité eles
cr{·ar1cicrs, ser<JIIL ext'·c11Loires sur le liic11 saisi, el (!i111i1111cro11l J'aulant le
gage cl11 saisissa11L.
e) E11 troisic1ne licu, le créa11cier a parfois ur1 cerlain 1lroil 1l'i11lerve1itio,i
da11s les alfaires 011 <la11s les liquiclaLi<>r1s q11i i11Lóressent so11 cló!Jiteur, et
a
cela'ali11 d'óviter q11e l'1J11 agisse so11 i11s11, e11 v11e <le lui déro!Jer la con-
naissa11ce <!'acles qui l'ir1Lércsscraicnl. NcJ11s verro11s des exen1plcs ele ce (!roiL
<l'inlerve11lio11 cla11s n(llre 'l'o111c 111, (!roiL cl11 cróancier (l'inlerYe11ir da11s
1111 ¡larlagn <le s11ccession i11Lt'\ressa11L so11 <lÓl>iLe11r (ar!.. 88'.!), 011 (la11s un
llroci:s e11 sí\parali<lll de )Jie11s llirigó C<J11Lre l11i (arl. , /1/17). Nous e11 avo11s
cléj.\ re11co11l.ró 1111 c11 111alit':re cl'11s11fruil (arl. 618, '.!" al.).
42 LIVRE PRE\llER. - TITRE PRE~IIER. - CHAPITRE PRE~IIER

1!) Enfin, si le débileur néglig·e d'exercer des clroits et actions dont l'exer-
cice produirait un résultat pécuniaircn1cnl utile pot1r so11 1)atrin1oir1e et,
par la, pot1r le gage ele ses créanciers, cc11x-ci ont le droit d'agir er1 son lieu
et place, par l'aclion dile obliqz¡e ou inclirecle ou encore subrogatoire de l'ar-
ticle 1166. ,
B. - (¿ua11 t aux n1esures réparatrices organisées ¡Jar la loi e11 faveur tlu
créancier et -dans la me111c 11cnsée de préservalio11 de son gage, elles consis-
tcnt essentiellement clar1s l'actio,i Pazilienne Oll révocc1loire de l'articlc 110¡,
qu'il pet1t dirigcr conlrc les acles cl'aliénation frat1cl11le11x de son débite11r.
~011s no11s occupero11s s1Jéciale111c11t ici:
l. - De l'aclion obligue de l'article 1166.
11. - De l'action Paulienne de l'article 1167.

l. - Exercice des droits et actions du débiteur par le créancier '.


,\RT. 1166. - <( Les créancicrs pcuvent excrccr tous les droits et actio11s
a
de leur <lébileur, l'exceplion ele ceux qui sont cxclt1sive1ucnl attacl1és l1 la
perso11ne. n
11 est facilc de voir JlOurquoi la loi dor1nc ce droil aux créa11cicrs. ll se pc11t
qtt'il y ait dans le patri1noi11c d11 débitcur, des droils el aclions e¡11c ccl11i-ci
110 fait pas ,·aloir, précisé111cul parce c¡u'il csl i11sol,allle el sail q11c lous ses
lJicns sonl alisorli<'-s 1iar ses licites. t>ar rxe111ple, le <lél1ile11r 11<igligc tl'inlcr-
ro111prc une Ilrcscri1Jtio11 qui s'acco111plit a s011 clétri111e11L, cl'acccpt.er u11e
a
succcssion laqt1elle il esl appclé, ele dcn1andcr le 1Jarlage de ccllc succ<'s-
sion. Da11s ocs divers cas, le droil de saisie du créa11cier ne peul s'cxcrccr ;
car la saisie n'est praliqucn1c11t possiblc q11e tJour les l1icns d'ores et d<'-ja
cxisk111ts c11 11alurc <la11s le 11alri111oinc tlu cli'-llitcur el 11our les créa11ccs,
1nais 11011 pour les aclio11s. J,a saisic el 1nisc e11 vc11lc cl'1111e aclio11 i1111110-
bilierc 011 111obiliere s crai L Lic11 i1 la rigt1c11r co11ce,al1lc, 111ais clic 11e clon-
11crait c11 gé11éral aucu11 résultat llratiquc,. car l'aclion 111isc c11 vente ne
trouverail ¡Jas facilc111cnl acq11é1·eur. •
C'est pourquoi la loi pcr111ct aux cróancicrs d'cxcrccr eux-111e111es á l'e11-
co11lre des licrs les clroils et aclions ele lc11r d<'-IJilc11r.
La dis1>osilio11 ele l'arlicle 11G(i a <'·Lé c111¡1ru11l<'·c ¡iar les ré<laclt)urs cl11 Co<lc
a 110s ancic11s a11lc11rs c¡11i, eux-111e111<'S,rallacl1aicnl l'aclio11 i1illireclc au Drc1il
romain (V.Do111at,/,oi.'.C civilcs. liv. ll, Lil.X. écl. l\c111y, l. l, ll, 495; l1 0Ll1ier.
Obligalio,zs, 11º 440, i'-tl. l311b'11el, l.11, ¡i. 238; Co,itrat de vente, 11º 3¡ 1, ibid .•
t. III, Jl. 156). Mais, dans cellc lí·gislatit1n, ccllc aclion clill'érait }Jl't>fo11clé-
111cnl el<' ce <111'cllc Psl a11jourcl'l111i.I•:11 ell'cl elle était cxcrci·c 11ar 1111 curateur,
a11 110111 el ¡1u11r lt! ct11111ite ele /011s les c1•J¡z11ciers a11 prc1lil. 1lcsr1ucls avait
íilé pro11011ci'-1~ la 111issiu i,i ¡1osse~siu11,•111 11<'s l>ic11s clu cl<'·l1ilcur. C'étuil
<lo11c 1111 ¡1roc<'-1lé ele Li1111i1laliu11 colleclil'c, alors c¡uc, el<' ll<Js j1111rs. c'esl 1111c
111csurc i1i<liviclucl/,: ,le Jll'l:scr1•11lio11.

1. Labhé, De l'e:xercice des clroils d'u11 dt'biteur par s011 c1·é1111cier, llcv. crit., 18:iG,
t. IX, p. 209 et s. ; Louis Hose, 1~·111de sur le droit des créa11ci1·rs d'exercer les 11ctio11s ele
le11r dt!biteur. Thesc Alx, 1902.
EFFET DES OBLIGA.TIO:'.S !13
Co1r1¡Jlélo11s ces Yt1es gér1érales st1r la r<\gle tle l'article 11 GG l)nr les de11\.
ol)scr,alions st1i,ar1 les :
1° La prc111it•re se rallacl1e at1 caractcre de 1ncs11re i11clivilluellc que préser1lc
l'aclion indirectc. Il rés11ltc ele ce caractcrc c¡ue l'article 1166 ne s'applie¡ue pa:,;
lorsq11e le d{•l)ileur es! 11n co111111er<;ant,et r¡11'il ~- a í'll clt'·claralio11 de faillitc
011 liquielalion j11diciaire. I~n efl'et la faillite s11:,;J)Pnd les po11rs11ites i11di,i-
eluclles eles créanciers. C'est le syr1elic qui inte11 te au 110111 ele la r11assí' les
droits et aclio11s d11 failli. 11 er1 csl de mcme en cas ele lic¡uiclatio11 jutli-
ciairc. Si dorio la Jaillile civile était orgar1isée da11s 11otre clrc,il, co1-.-1n1e t1ll
l'a sou,ent réclan1é, l'article 11G6 ¡>erclrail presqt1e tout ir1téret, car ce scrait
égalen1ent le représenta11t ele la r11assc e¡11i e\.ercerait les droits el aclio11s
du déLiteur insol,a})!e, au 110111 ele lcn1s ses créancier,_;.
2° Dans la JJratic1ue, la 111es11re ele l'arlicle r I üG r1'r:,;t ¡)as at1ssi :,;ou,·er1l
<'111pl o~·<\c q11·011 JJ011rrail le croire. Certes il arri,c q11c les créa11ciers 11~P11l
ele la fac111 té r1u i leur apparlien t el' ex ercer certaincs act io11s ele le11r tlélJi tc11 r.
11ota111n1er1t l'actior1 e11 ¡iartag·e cl'11nc succession tlans laq11cllc cclt1i-ci
possede 11r1c parl ir1cli,isr. l\lais, ce so11t la des l1y1JollH\ses en so111111c ex-
ce¡1tior1nelles. C'esl q11'e11 efl'el, dans la pluparl eles cas, le tlroil el11 cl<'·liite11r
contrc 1111 tiers consiste da11s 1111e cr(•ar1ce ele sorun1c cl'arge11t. Si le cr<'·an-
cier se con lentai t d' ex ercer l' aclion i11directe, il 11e serai t pas sur el' olJle11 ir
so11 11ayc111c11l; car le déLile11r J><>urrait détourner ri11 dissi111uler la so1nn1e
que le ticrs serait condamné b luí payer. 1\ussi, en pareil cas, le procédé
le plus cfficace po11r le créancier cst-il la saisic-arrcl.

Quelle action et quels droits du débiteur peuvent étre exercés



par ses créanciers? - En principe, les créanciers pcu,·ent exercer lous les
clroils et actions du clél>ileur aJa11t une ,alcur 11¿•c1111iaire. llar exen11Jlc, ils
pct1vcnl ¡Jre11clrc inscription d'1111e !1)-IJOll1ec¡uc garar1lis:-anl une créancc de
leur cléLiteur, fairc Lrar1scrire une acquisilion in1mobilicre, agir en rcvendi-
cation contre le ¡iossesseur cl'1111 in1111e11!1lc l11i ap¡1arter1ant, altaq11er un tes-
la111enl c¡ui le d{·sl1érile, acccplcr 1111c s11cccssio11 it lt1i 1\cl1ue, er1 clcmander
le 11arlagc, ir1tenler l'aclio11 c11 ré111éré, l'actio11 c11 résol11tion el'11ne ,•ente
po11r défa11t de paie1r1cnt clu 11rix, agir en garantic contre le Ye11deur ·c1·un
in1111c11lilc, ¡1011rsuiYrc la ré,•ocalion d'unc dor1alion faite par lui 011 ses
a11IP11r:,; 11011r i11cx<\cutic111 tics co11ditio11s ¡iar le clo11atairP, etc ...
1\11r1\s le ¡iri11ci¡1P, l'PXC<'l>lion. ll:1r111i les clrc,ils <'I acli11ns cl11 dc'•l1ile11r,
il e11 <'SI 1111i {cha1ipe11l ii la r,\g]c. (:e so11t <• cc·ux c111i so11l c:cclusi1•e111c11l
<1ll<tl'!1és ¡\ la ¡icrsor1ric 11. (_>neis droils re11lre11l clans celtc cal{·g·orie ~ 11 y c11
a ele 11I11sicurs S<)rl.cs:
1\. - (;¡\ sonl cl'aliorrl les drciils e:1:/rr1-¡1r1/ri111011i,111;1J, c'csl-i\-<lire ceux
q11i l.P11<le11t .'t anlrc chose ']ll 11 fairc e11lrcr 1111c vale11r clans le palrir11oinc
0

clu d{·l,it1•11r, c111i 0111. lrait, 11ar í'X<'In¡ile, 11 l'/.lal, a11 slalul fa111ilial tic ,
ce dcrnic\r. Ainsi, l<1s cr<'•an1·i<)l'S 11c p<n1rraie11l i11lP11ler au 110111 ele lcnr
<léliileur, ni 11J1c aclinn c)Jl ,I{·saven, 11i 1111c acli<111 en rccl1ercht' <le la filia-
lici11, ni 1111<\ acli<>ll c11 di,<irc<: <>ll en s<'•11aralio11 cln cor¡>s, ni 11nc acli<>ll cr1
1111lli lé 1le 111ariagc.
44 LIVRE PRE'.\IIER. - TITRE PREl\lIER. - CHAPITRE PRElflER


Toutefois, en ce qui concerne celte derniere actio11, on se souvient que
l'article 191 permet aux créanciers d'exercer, au nom de leur débileur, une
actio11 en nullité absolue de son 111ariage, lorsqt1'ils y ont u11 i,itéret né et
actizel, c'est-a-dire un intéret pécuniaire. Par exemple, les créanciers du
n1ari demandent la nullité de son mariage, pour éviter d'ctre pri111és ¡)ar
I'l1ypoll1eque légale de la femn1e sur les i111Í11eubles de leur débiteur (V.
notre t. I••, p. 176). ~lais il semble que cetle faculté ne se rattacl1e pas pour
les créanciers a l'action indirecte de l'article 1166. L'action en nullité
absolue peut, en efl'et, par définition 111en1e, etre exercée par toute perso,ine
i1iléressée. E11 l'i11le11tant quand ils y ont intéret, les créanciers exerce11t
do11c u11 droit propre (\r. cependant, C1,·., 3ojuillet 1900, D. Jl. 1901.1.317,
S. 1902. 1 .225).
De n1e111e, on se souvient que si l'action e11 désaveu ne peut etre exercée
par les créanciers du mari, lors-que celtc aclio,i est aux n1ains de ce clcr11ier,
il e11 est aulren1ent lorsc¡11'elle se lrol1ve, exceplionnellement, aux n1ains
des l1ériliers d11 111ari. Dans cecas, on considere que l'action en désave11
per<l to11t caractere n1oral, fan1ilial, qu'elle ne tend plus qu'a un résultal
péc1111iaire, a un profit de succession. Aussi adn1ettra-l-on les créanciers
des l1éritiers du n1ari a agir au nom de ce11x-ci (V. nolre t. I"'·, p. 326,3:i7).
B. - Me111e parn1i les clroits et actio11s de caraclere patri111onial, il e11
est c111e les créanciers ne peuve11t pas exercer.
a) Ce so11l el'aliorel les aclio11s ql1i se ra1J¡1orlenl l1 eles clroils i11saisissables :
A c1uoi servirail-il aux créanciers d'inte11ler de lelles aclio11s, p11isqu'ils 11e
pourraie11t pas saisir la valeur qu'ils auraient fait ai11si e11trer clans le patri-
111oi11e de leur débiteur? Done, les créanciers 11e pourraient pas demander
une pension ali111e11laire au non1 clu elélJile11r, 11i récla111er e11 son 11on1 les
i11de11111ités c¡11i luí seraie11l el11es il la s11ite el'un accidenl du lravail, 11i faire
,aloir ses elroils h ur1e ¡1c11sio11 1le retrciite insaisissable, 11i r{cla111er 1111 llroil
cl'1tsc1gc 011 ll'lialiitalion qt1i l11i a11rait t'·t( l{·g11ó.
b) Ce so11l, e11 second lieu, les actio11s patri111011iales excl11siven1e11l at-
tacliécs a la perso1111e. Celte for111t1le a été e111pru_r1tée llar les ródacleurs dt1
Corle u110s a11ciens aule11rs (V. Lclir1111, 1'r(tilé (les s11ccessio11s, livre 2,cl1ap. 2,
sect. :i, 11"' 11'.i 1•t 4:1 ; l)e11izarl, J)écisions 110111,elles. \i" r;,.(:1111cier, 11" :{).
Elle esl 111all1c11rct1sc111c11l I ro¡1 Yague, <·l son a11¡1licalio11 1!01111c lie11 fr{~-
que111111e11t ú eles 1livergP11ces cl'a¡11irt'·cialicJ11. ),a soluliu11 ú 11olrc avis la
111eille11re consiste il eléci1ler 1¡11c celle cati'·g·11ric·, c11 la11l 1¡11'011 l'applic¡uc
a11x clroils péct111iaircs el saisissables, C<>111pre11ll les clroils 1111i, l>ie11
e111'aya11L 1111e vnle11r ap1)récialJlc e11 argc11l, lo11cl1e11l :\ eles i11ti'·r<\ts <l'orrlr<~
111oral <>u i11ti111c, 1l<111l le Lilulairc doil elre le se11l a¡1¡1r{·ciale11r. l\c11tre11l
i11co11lcslalJlc111e11l elaus celle cal<'·gorie:
ot) Le 1lroit po11r la fe111111e <i{) <le111a11tlcr la st¡¡111r11/io11 1/c liic11s conlrc
so11 111ari. lci, il y a 1111 texlc forn1cl en ce S<!ns (arl. r/1!1!i).
[,) l,c elrr>il, ¡1tllll' l'u11 <les {~¡1011x, ele révo1¡11er 11111• 1lu1111Lio111¡11'il a faite il
son cc111joi11t, (111,11our 1111 clo11alt•11r or<li11airc1, clP tl<·n1a111l<'r la rt'•.,ocalÍ<>II <le
la lilií·ralilé 11011r i11gralil11<l<' 1!11 <l1111alairc.
'l) [,e <lr1)il 1l'i11le11lcr 1111c 111·tio11 en 1lo111111c1r¡cs-i11/1:ri1ts ¡1011r i11jurcs ott
1liff1111111lio11.
EFFET DES OJJLIGATIO'.'iS /15
a) De 111er11c, la j11risprudencc rccon11ait que le droil ¡Jour un officicr 111i-
nistériel de prése,iler un successeur a l'agrén1e11t du gouvernen1e11t,esl pure-
ment personnel (Civ., 23 n1ai 1854, D. P. 54.iío, S. 54.1.316). Dans le cas
done ou les l1éri ticrs de l'officier 111i11istériel négligent ou refuse11t d'user
de ce droit,lcs créanciers du titulaire décédé ne peuYcnt pas l'exercer leur a
place .
•) En fin le droi t d' ex ercer le relrait successoral (art. 84 1) est certai11cn1c11 t
réscrvé aux col1éritiers de celui qui a cédé sa part a un élranger. Le !Jul
principal de cette institution, d'aillcurs tres critiquée, est en elTet de pcr-
1nettrc aux héritiers d'en1pecl1er l'in1111ixtio11 i11téressée et indiscrete d'étra11-
gers dans le partage. Le droil des l1éritiers présenlc done u11 caract1~re sur•
tout moral.
En re,•ancl1e, il 'J' a des droits pour lcsquels l'applicalio11 ele la regle
don 11e 1i e11 /1 eles co11 Lroyerses.
¡¡_'. - ,\i11si, il y a cu l1ésitalion sur le poinl de savoir si l'actio,i c,i 1111!-
lité po11r i11ca¡Jacilé, 11ota111111e11L l'aclion e11 n11llilt': de l'er1gag·er11e11t sous-
cril par la fe111n1c sa11s l'a11torisatio11 de son 111ari, ¡Jouvait elre intentée r>ar
les créa11ciers de la fc111n1e. Cerlaines llécisio11s onl adn1is la négative, c11 se
fonllant sur cet argun1c11t que la llécision a ¡Jrendrc s011lere pour la llé!Ji-
tricc une question de co11science, cru'il n 'appartie11t ¡Jas aux créanciers ele
résoudre (l{cq., 6 111ars 18í8, D. P. 78.1.316). Lajurispr11dc11cP pcr111el
cependant a11x créanciers d'exercer l'aclion (CiY., 10 n1ai 1853, D. P. 53.
1.160, S. 51.1.572; 25 avril 1no2, l~c J)roil, 13 clécc111!Jrc 1902).I~L ellcétc11ll
la n1e111e sol11tio11 i1 l'aclior1 en 11ullilé llirigée conlre la ,•e11le ll'u11 i111-
1ne11]Jle clotal ,. Borclea11x, 2G no,cr11!Jre 188!), S. 91 .2. 233, 11ole ele ,1. Lacosle).
(3'. - En re,·a11cl1e, il a étó j11gt''. c111e l'acli<J11 er1 dom111ugcs-i11lérels a¡J¡)ar-
a a
tena11t la vicli111e ll'ur1 r1ccidP.11l esl 1)ersor111elle celle-ci, ¡Jarce c¡11c c'cst
1111e aclion vi11dicla111 spira11s (1'rib. Seir1e,9 ja11vier 1879, S. 81.2.21, 11<>le
de ~1. LalJl)é). Cclle solulior1 cst ó,ille111n1er1t lrcs crilic¡ua!Jle, car l'actio11 c11
i11dc111nitó clirigéc co11lre l'a11lcur cl'1111 déliL 011 quasi-llt',lit civil 11e lend a11-
c1111c111cn Lit la ,·e11geance ele la victi 111e, 111ais lt ré¡)arcr la brccl1e faite clans
so11 llalri111oi11c ¡Jar l'aule11r llu cléliL. .

'.!º Conditions d'exercice de 1·action indirecta de l'article 1166.


J,ps a111,,11rs <>11L liea11co11¡l clisc11té s11r ce pcJi11l. lis (Jlll co111¡lli,¡11t'· la <(IH'SIÍ1)11
e11 cl1crc:l1a11l it dt':lcr111i111'r la 11al11rc 1!11 droil accor(I{; aux. crt'·ancicrs, el /1 e11
<l<\1i11irP c,:rlairt<'s co1Hlitic>11s <111i ,ie11drai1·11l en li111itcr l"<'xcrcice. C'cstai11si
c¡11c cerlains 1l'e11t.rc eux <llll Y<ll1l11 assi111ilcr le llr1Jil clo1111é }lar l'arlicle 1166
1t 1111 r1clr. 1l'e.,:éc11tion, it 11110 saisic (les lii<,ns 1111 (11\)Jileur. lis er1 cu11cl11cr1t
1¡11c le cri',a11cic1" cloil 1\tr1)•so11111is aux 1111\1111\s cu111lilio11s r¡uc s'il voulail saisir
et 111nlt.rn en vente les IJiens. Nola111111c11L, il 1lcvrail 1\trc arrr1é d't111e cr{·ancc
li1¡11i1l1!, ,•.cir¡ilJ/c, c;céc11toirc. ()r 1111c !.clic analyse 11st i11accc¡Jlalilc. J,;Jle ,a
co11t1•p la róalit1\. l•:x()rC1)r l'actio11 1!'1111 1li'·Iiil<)lll' c111i 11<'·gligc lle s'cn scr,ir,
·ce n'()sl Jlas saisiI", 111ais si111¡ilen1e11t. c1111J1\cher la })Crle li'1111c vale11r.
l>'a11t.rPs a11Lenrs, S() Jll.1<;a11l /1 1111 JHiint ele v11c c11iposi'.'. a11 1)réct'·1ll'11l,
,·oic11L an c1J11t.rai1"c 1la11s l'art.iclc 11(iG 1111c 1111'sure J>llI"e111e11L co1iscr1•11/uirc.
•, :,.•: ···" •,:-"•. '•-•:...-_!.''.·,>-·A·i "' .•~ '.·-"·•,·. ; .... ,. ...,. . ---
.
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46 LIVRE PRE~IIEI\. - TITRE PREJIIIEU. - CHAPITRE PRE~IIER


;\lais, juridiquen1ent parla11t, celte cxplication est égalen1ent inexacle. car


le créa11cier. c11 nsant de cet arlicle, s' i111111iscc da11s le palri111oine de so11
débiteur, et lend a réctliscr u11c ,·ale11r a1)parte11ant a ce der11icr.
De Lclles assin1ilatio11s doive11t etre laissées de coté. Elles 11e pe11,·e11t
(JUC lro11JJler les idécs. L'arliclc 11 GG doit elrc pris tcl q11'il est. 11 (1011110 a11x
créa11cicrs 11n droit ¡Jropre. Il n'in1pose a11c1111e conclition; il n'étalJlit a11cune
reslriclion. No11s n'avo11s pa;;; a y a¡Jporlcr (les réscrves q11e n'cxige11t 11i la
loi, ni les regles g·éni·rales <111 droil.
D011c 11011s ad 11101 Lro11s a l' exorcice tle l' aclio11 i11(lircctc les créa11ciers non
111u11is tl'n11 litre exéculoire, car cettc co11tlition 11'est rcc111ise c111e JJour pro-
a
cé(lcr la saisie des bic11s (lu clébileur (lteq., 8 juillet 1901, D. Jl. 1901 .J.
!198, S. 1902. r. 113, note de ;\l. Lyon-Caen).
Xous l1ésitons men1e a déci(lcr, avec l'unani111ité des auleurs, q11e Je créan-
cier doiYe etre a11 n1oi11s 1111111i cl'1111c cróancc cxir¡ible, ce qui excl11rail
les cróa11ciers it lcrn1c 011 co11rli Iion11cls. ()11 all<'·g·11c l)ie11 c¡ue l'exercice
1le 1·aclio11 (!11 clél)il<'11r :--crail ¡)our cux sa11s ¡Jrofll, car ils 11'onl pas le droil
<le se fairc paycr ..;\Iais l arg·u111c11l n'esl pas co11vainca11l; 011 cll'el il esl évi-
0

a
dent c¡uc le créa11cier tcr111e 011 co11<lilío1111cl a inlór1~l i1 cr111J(':cilcr la clis-
¡1arilío11 d'unc yale11r sur lac1uelle il pourra pl11s tartl se faire payer, et un
i11t{•ret futur ou éYcnt11cl s11ffit a juslil1cr l'cxcrcicc tlº1111P actio11.
J)es Iors, la ccrlilncl<' de la créancc csl, /1 notro aYis,la seule co11clilion qui
1111isse 1}Lrc i111¡)osóc, (la11s le sile11ce <le la loi. l)o11c, lo11l créa11cicr, (lo11t la
créa11cc esl cerlai11c, ¡Jcul sc111s a1tcu11c J"or1111tlilé ¡iréulaúlc, cxercer 11110 ac-
lío11 a¡J1Jarlcr1a11t a son (lébite11r, lors(¡11'íl jugo (fUC ses ir1térels sonl 111c11a-
cés par l'inaction lle celui-ci.
.
l3i°c11 c11Le11(lu, il fa11l fjllC le créancicr 1Jro11,e so11 i11térr\l et, part:inl,
.
t~la-
!)lissc la 11c'·g·lig·rnc<· 1!11 1lc'·!Jile11r. ,1ais il n'y a li1 ricn ele s1Jécial ii l'arli-
cle 11(i(j; c'esl l'a¡}plicalio11 llu l)roil c1}1111111111, car l011L i11clivid11 qui agil
011 j11slicc lloil 1'La!Jlir le J'o11clc111c11t lle so11 <lroit. Pas d'intéret, pas d'ac-
lion. Si clo11c le débilc11r csl solval)le, ou s'il 11'y a ¡)as néglige11ce ele sa J)art,
la d(,)1na11<le tlu créa11cier sera repo11ss1'e. 1\i11si i l a été j ugé ( llcc1., 13 janvicr
187:{, l). Jl. 7:1. r. 1:i1, S. 73. r. 1l1:i) rp1c 11) cróa11cicr, <lo11l le clt'•l>ile11r csl
ll(Jl<JÍre111<•.11l sol,al>lc. "" ¡H•11t s11rP11cl1c'·rir a11\ !if'11 f'I lllacP cl11 cPl11i-ci,
1la11s la ¡lrocé1lurc <le lHirg·c d'un i111111c11Liln sur lcr¡11cl et• clé}Jile11r a l1y¡JcJ-
ll1ó1¡uc.
JI 11ºcsl ¡Jas nécessairc 11011 plus c¡11e le créa11cicr cor11111e11cc par n1ellre le
1/ébileur e,i 1lc111eurc ll'Pxcrcer l11i-n1e111c s11n clroil, 1}11isc¡u'a1ic1111 lcxle 110 Jp
lui i111¡HJsc. J,a 111isc e11 (ic111c11rc a r,our IJnl cxcl11sir (le 110Lifier a11 clól)i-
le11r lºi11le11liu11 1111 crí·a11cicr cl'<':lr•! J)ay{. Or, ici, le créa11ci<•r ne tlc111ar1dc
pas so11 ¡)ayc111c11l; il cl1ercl1e i1 fairc c11lrcr clans le ¡1alrin1oi11c 1111c valc11r
<1u'il ¡Jo11rra cnsuilc saisir.
I~11fi11, il 11'csl J)as 11Í'ccssairc <111c le or1:11r1cier s'a1Jrcssc ¡JréalalJlcn1c11L 11
la j11slicc, J)ll\11" se fair<• sttbl'Of/t'I" ¡1ar elle tla11s IP drc>il 1¡11'il veul cxerccr. ,\
<[lll)i scrYirail c<!ll<' sulJrogalitJII ,1 J,c lri!Ju11al 11c JJourrail IJa:-- rcfuse1· aux
créa11cicrs l'cx.crcicc d<: la fac11llé 1¡11P lc11r l"<!C<11111ail. la lc>i. (:e serail clo11c
11110 J)rocédurc inulile ((~iv., :iü juillel 18;>!1, l). Jl. 5!1.1 .3o:l, S. :-1t,.1.f1G3 ;
'
.
·~•,-,-._,,,,
., '

EFFET DES OBLIGATIO"IS

l)ijon, 17 février 1897, S. 98.2. 157; note de ?\f. Lacosle sous Bordeaux,
2(.i 11over11bre 1887, S. 91 .~.2.'13).
'l'outcfois il y a L111c for111alité qui, dans la pratique, acco111pag11e ¡Jrcsque
11écessairement l'excrcice de l'actio11 i11directc de l'article 1166, c'est la n1ise
c1i cause (111 dé]JileL1r. Celle-ci n'est pas olJligatoirc,puis<¡ue le créa11cier 11'a-
git pas dans l'i11téret de son. débiteur, 111ais da11s le sie11. ;\lais le créar1cier a ,
a
to11t i11Lértit r11ellre so11 débileur en cause, pour le cas 01\ le Liers conlcs-
terait le droil in,oqué contre lui. E11 outre, si le délJite11r n'était ¡Jas partie
it l'i11sla11ce, il aurait ccrtai11e111c11t lc <lroit ele forn1er Lierce-oppcJsilio11. Et1-
fi11 le ticrs poursuivi, ne 1nanqucra jan1ai;;,si le créa11cier agissant 11e l'a ¡Jas
fait déja, (le den1ander IL1i-rr1en1e la n1ise c11 cause clu (lé]Jileur, afin de si111-
JJlifier les procédures et de re11dre le jug·et11c11L qt1'il sollicite opposable
il ce dernier.
;1º Effets de l'exercice des droits <lu débiteur. - Ici plusie11rs <Jt1r,;-
. . '
L1011s se presente11t :
i\. - Q11els sonl les 111oye11s ele cléfensc: r111e peut iuvoq11er le liers po11r-
s11ivi?
Jl. - Quel est l'effet ele la po11rsuite ii l'égarel du déliileur l11i-r11e1r1c ~
e:. - Que! est l'effct du j11gcn1enl it l'encor1lre des aulres créa11ciers clu
clél1itc11r?
,\. - 1lfoye11s 1le défen.se clu Liers pozirsiiivi. - I.c tiers se tro11Ye daos la
111e111e sit11at.ion que si J'acl.io11 éLait i11le11léc 1Jar le délJitc11r lui-1nen1e. II
¡Jc11t clone faire ,·aloir lo11s les 111oyens <le rlt'·fcr1sr <¡11'il aurail invoqués
co11tre l11i.
n. - EjJcl rle lct poiirsiiile e1i ce qui concer11e le (!ébile11r. - Le fait l)ar le
0
cr!\ar1cicr (l i11le11ler l'aclion d11 d{·bile11r ne des;;aisit ¡las cr cler11ier ele so11 ·
rlr<Jil, car a11cu11 texle ne llrono11ce ce dessaisisse111e11l, cor11111e cela a lieu
en rnatiere de saisie. 11 en rés11lle que le clóbilc11r conserve le po11vr)ir ele
(!i~1loser ele son (lroil, n1e1ne ¡Jc11(lar1t l'i11sta11ce, po11rvu qu'il n'agisse pas
fra11eluleuse111e11t. 1\i11si, 11clnol1sla11t la poursuite cléj.\ i11Lenlée co11lre le
liers par 1111 de ses créancicrs, le <lé!Jileur JJOurrait ,alal1len1enl lra11siger
avec le <lófenele11r (Req .. 18 février 18G:.i, D. P. G2., .:>.!i7, S. 6:i.1.!115). Cette
sol11tior1 est éviden1ment regrellable. n1ais elle s'impose dans le sile11ce ele
la loi [,'exercice ele l'action ne c,)11slit11c pas ¡1ar l11i-111en1c 11ne mai11111isc
s11r le clr,iit clu dóliileur. C'esl senlc111c11I <¡ua11cl le cr()anci('I' saisira IP liien
<111'il y aura 111ai11111ise et 1i:1ralysi11 <les tlr<1ils <lu <l<'•J¡iln11r.
l\lais, si les 11ctes volcJ11lairPs clu <lélJilcur sonl or1¡1osal1les at1 créancicr, la
róciprcJc¡ue csl-elle vraic i1 l.ejtlf/C!lle11l i11L!irvc11u it la s11ile ele l'aclio11 exer-
Cl\C 11ar Je cróancicr esl-il o¡J¡1c1sal¡le a11 (lt'~l>ileur :i 1\ 11e cons11ller q11e les
principrs, il fa11l ró¡1onclrn 11{)g·alive111enl: /les i,iter r1lios jitclicata, etc ... l,r
clól1ileur ¡1nurrail clo11c pours11ivre ,\ 11011vea11 le liers, si le créa11cier avail (Lt'·
<l{il1ouló de sa <lc111andc. 11 le pourrail égale111e11l, si le tiers avail {Lé co11-
cla11111[\, sauf prn1c ce rlrrnicr i'1 lui <lflJH1ser l'aclion ele in. re11i verso. i\Iais
l<llll cela csl Ll1Ó<>rir¡11e, car e1111ratic¡uc, 111)11s 1·avo11s vu, le clt'·hil1:ur esl lou-
.i<>nrs 111is c11 cn,11,e. l,e juge1ne11l inlerve1111 daos ,111 sc11s ou <la11s l'a11lre l11i .
(lovic111lra ¡1ar l:\ lot1j<H1rs OJ>JH)sal1lc.
4~ LIVRE PREMIER. - TITRE PREMIER. - CHAPITRE PREMIER

• C. - Effet dujiigeme,it obte,iu par le c1·éa11cier l1 l'égarcl eles aiitres créan-


ciers du débiteiir. - Il sen1l)le c¡u'on cle,·rait appliquer ici la solt1lion précé-
dente. Il en résulterait que le bénéfice de 1·aclion devrait exclusivemenl
profiter au créancier poursuivant. Pourtant l'opinio11 dominante se prononcc
en sens contraire, et décide ql1e tous les créar,ciers peuve11t in,·oquer le jl1ge-
n1ent rendu _a11 profit du den1andeur. Quel est, ·en effet, dit-on, le résultat
de l'instance ~ Sauvegarclcr 011 réaliscr u11 droit qui appartenait au dél)i-
te1ir. L'exercice de l'aclion ne peut pas avoir pour effet de créer au profit d11
poursuivant un droit exclusif, une n1ainn1ise s11r cette ,·aleur. Ce droil
exclusif résullera non dt1 jugen1ent, 111ais de la saisie c1ui le s11ivra. En
attendant, le jugen1ent r1e crée aucun privilege au profit clt1 l)Ot1rsuiYar1t.
'fous les créa11ciers ont done le droit de saisir la ,·aleur qu'il a sauvegardée.
Q11elqt1e contestable que soit ce raiso11nen1ent, étant don11é le caractere
i11dividuel de la mesure prise par le créancier, lac¡uelle, des lors, ne devrait
profiter q11'a lui scul, on rcn1arquera c¡t1e les erre111ents de la pratique vien-
11cnt ici encare e11lever it 1)e11 pres to11l intéret a
la controverse. E11 elfet
nous avons dit q11'en fait le débiteur est toujot1rs 111is en cat1se dans l'aclio11
clirigée contre sor1 propre dl'.·biteur. Des lors, le jug·e111enL r¡11i i11Lervienclra
produira le n1cn1e e!Tet que s'il a,·ait été obte11u J)ar le dél)iteur lui-111c111e.
Il profitera done a tot1s ses créanciers c1ui sont tot1s, 11 1111 1111~1ne Litre.
ses aya11ts cause(''· Pciitiers, r!1 cli'·cen1lire 18\J(), í). P. 1002.2. 1G¡¡, 11otc ele
i\l. Capila11l).
Une ol)servatio11 i111porta11te trouve ici sa place. L'aclio11 i11Le11Lt'~e ¡lar
le cr1~a11cier se })_orne le plus souve11t a
sauvegarcler l'existe11ce d'11r1 el roil
apparlenant au délJitet1r. Une fois l'existenée ele ce droit constatée par
jugen1ent, le créancier pourra exerccr les voies orclinaires d'exéc11tio11.
l\Iais il arrivc ¡,arfois que l'aclio11 inle11tée a ¡Jour o!Jjet 1le fairc enlrer clans
le ¡Jatri111oi11e cl11 cl{·liilc11r eles valcurs ((tli ne so11t ¡)as susce¡JlilJles de saisie,
par exerr1¡)lc, eles re11les st11· l'Etal. La juris¡)r11cle11cc acl111et c111e, da11s cecas,
le créar1cier peul <le111an<lcr a11 tribunal, <lans la r11e111e instance, d'édictcr la
vente de ces Yale11rs el cl'c11 alfecter le ¡)aie111ent a11 prof1t <le sa créancc
(Civ .. :>.,1 j11i11 190:1, 1). Jl. 1903.1.l1;1 11. S. l()Ol1. 1.1>.~!l• Il(Jlc cl1• ~[. Tissier). J,e
Cfll'(lllairc cll' la l'ac11ll/, clonn{,p a11"1: Cl'(\ancicrs ¡1ar l'arlicle 111ili doit 1\tre (!P
llOIIYOir rc(¡u{·rir du lril11111al lt,s 111Ps11rps 11i'•c(,ssair1·s ¡10111· que le cl,'·liil!'11r
ne puisse so11slraire les valcurs ri'·c1111<'·rét•s ¡1ar leur initialire. Ce serait i111-
¡1oscr a11x créa11cicrs eles frais i11t1lilcs t¡ue <I<· les ccll1Lrai11t]re .'t e11ta111Pt'
une sPco11dc proc<'.·d11rc a¡1res la ¡1re111ii'·rn, alors t(lll' t1n1I JJeut 1\lre f'ail <'11
11111' st•uln i11sla11cc.

11. - Action révocatoire ou action Paulienne. Généralités '.


Historique.

i. 1;11illn1111r,I, 1~·111,/1, sur l ,11:tio11 l'a11/ie,111e; J. AchPr, F:.~sai .~ur /,1 nature el~ l'actio11
l'a11lie1111e, llov. lri111 ,!,, ,!r1Jil civil, \\106 ; t:rouher, l)e /'ac1io11 l'a11/ie1111e e11 l>roil cit•il
/'ra11ra1s co11te111¡1orain, th1\si, París, \!)13.
EFFET DES OBLIGATIO'!S

gage des créa11ciers, la loi organisait, e11 faYeur ele ceux-ci, u11e 111esure ré-
paratrice. C'est l'actio11 Pa11lie1111e (art. 1167), dite aussi actio11 réuocaloirc,
destinée a faire révoquer les acles du débiteur qt1i portent ¡Jréj udice at1x
créanciers, lorsqu'ils offrent un caracterc fraudulct1x.
11 arrivc souve11t qu'un dé)Jiteur aux abois cl1ercl1e a souslraire a ses
créanciers 11ne partie de son actif, soit en faisant 11nc lilJéralité h un tle ses '

procl1es, soit e11 ,·endant un bien a,,¡¡ prix, soit P11 se faisant atlrilJuer cla11s
le partage cl'une succession des valeurs faciles a dissi111uler, soit e11core e11
déter111inant sa fe111111e a de111a11der la sé¡J1ralion ele IJie11s, et e11 profita11t
de cette demande pour faire ¡Jasser ;\ son 110111 l'actif ele la com111u11auté ou
ses IJiens propres. E11core ne clonno11s-11ot1s li1 que q11ele¡u~s exen1ples, car
fort nombreux sont les r11oye11s que lleul lrot1ver u11 dé!Jile11r 111all1onncle
pour fraucler ses créanciers.
1\ussi, ele lionne !1eur<'. a-l-c¡n elon11t'· a11x créa11ciers le clroit d'atlaquer
ces acles el ele les faire révoq11er.
L'aclio11 I1 aulie11r1e re111011Le au Droil ro111ai11. Créatio11 tlu Droit 1Jrétorie11,
llrécéclée vraise111)Jlable111e11t riar celle d'u11 i11lerllit frc111clatortu111, ¡Jre11a11L
¡Jlace parn1i les inlerdits acli¡1isce11dac posscssio11is, elle ful i11lrotluite sous
la llépublic1ue, a11lérieure111er1t al'époque ele Cicéron, par t1n ¡Jréteur 110111111é
Paiilus, con1n1e une action, de caractere pénal, clirigée contre le tiers fra11-
llator coupable de s'etre prelé, de co111plicité a,·ec le débileur, i1 eles r11.a-
11ceuvres frauduleuses en , ue de d1'JJouiller les _créa11ciers, et alJ011Lissa11t ¡\
0

11ne conda111nalio11 J)écu11iaire. Elle ful e,1~11ile accorel/•e 111en1e co11lrc les
donataires q11i avaie11t profité elu clélit co111111is par le clo11atcur, sa11s le co11-
nailre. Seule1r1e11L l'aclio11 l1 a11lien11e a1Jparle11a11t au grou¡Je des aclio11s arbi-
ll"llires,la co11lla11111ation n'élait ¡1ro11oncéc,s11ivanl le rr1éca11is111e l)ie11 con11u
de cesaclio11s,<1uc si le liébiteur 11'exéculail ¡Jasl'arbitrc1t11s cluj11gc,lec1uelco11-
sisLait da11s l'ordre tlc re111ellre le IJien indu111e11l acc¡uis da11s le 1)atrin1oi11e
tl11 elél)ite11r. C'étail 11alurelle111er1t cctlc st)lulio11 ljUe le el1'.fe11tlet1r ¡)référait
généralen1er1L. C"c:-;t ce c111i ex¡)liqt1c c111c, par la s11itc, les i11Lcr¡)retcs fra1>-
¡Jés de ce rést1llal, aie11t l)U voir da11s l'aclio11 J>aulie1111e 1111e ,,ariélé de l'i,1
i1itegrum restituliu, c'esL-á-<lire u11e aclio11 c11 11t1llité ayanl ¡)our objet tle
· f'airc tomber l'acte fraud11leux, el ¡)rése11La11L des lors u11 caraclerc <l'ae;Lio11
i,i re,ri r¡ui en faisait l'a11alogue d'une reve11dicaliou, alors q11e so11 caracli'ir<'
¡ierso11ucl 11'éLail ¡ias tlo11lc11x i1 l'{•¡inr¡tH' classi1¡111• clu ])r11il ron1ai11 (CI'. 3,'l
1>r. el S /1, l>. J)e 11s11ris, X\I[, 1 el G, /ns/ .. Jusi., 1le 1tclio11., l\', (i).
C'csl a11 J'o11tls ro111ai11, rCJ>l'i'·senl(· s11rll111I ¡1ar le Litre Qtt:t i,i fra11dc111
crediluru11i du l>igcslc (Xl,11, 8), <111e llllS a11cic11s a11le111"s <111l e1111ir1111Lé
le11r dt1clri11e stII' l'aclio11 1iaulic1111c. !)11 rPsle, ils so11l <Jl'di11ail'c111c11t asse1.
l1rcf's s11r ce sujet. 1iot,l1ier, se l'tif'éra11l i1 ces lcxlcs, se co11lentc a divcrscs
l"C}>l'iscs tln r11e11Lio1111er l'cxislc11cc tle l'aclio11 l\1ulien11e (''· 110Lam111cul
(:otit. d'()rl,!1111s, lit. X\', !In 65). ],cl,rtlll í·criL (,S1iccessio11s, liv. G, clHl}l, JI,
sect. 11, 11 11 :io). <1 f,c liLl'c Q11:c i,i Jr,111llc111 cre1lilor111n 11'csl 1ias cl'1111 grar1tl
11sage ¡>ar111i lll)l!S. n Ce c111i cx¡1lic¡11<' ce laco11is111c, c'csl c¡ue, llans 11ol!'e
ar1cic11 J)r1iit, )ns sr\11ls l,ie11s i111¡icirla11ls tl11 J)alri111oinc Ólaienl les i111111c11-
l,les réels et fictifs el q11e, tl'at1lre llar!, les ol1ligalio11s, a11 111oi11s q11a111l
'f'ornc 11 , 4
-
!JO LIVRE PRElllER. - TITRE PRE~IIEU. - CIIA.PITUE PREM!Ell
..
elles afl'ectaie11t la for111e de litres notariés, l1ypotl1cse la plus fréq11ente e11
¡)ratique, e111porlaie11t l1ypotl1cquc, avec droit de suite par consé<¡uent, s11r
tous les in1111eubles du débiteur. L'actior1 Pa11lienne était eloc1c ¡1eu rires a
i11utile aux créanciers.
Le Code civil, so11s l'e111¡)ire eluquel l'actio11 Pa11lienne a repris 11ne g·rantlc
i111porla11ce-, se co11tente cepe11da11t el'c11 111enlion11er l'existence dans ce l)rcf ·
ali11éa 1., ele l'article 1 1 G7 : « lis (les créa11ciers) ¡ieuvent aussi, en leur 110111
person11el,atlaq11er les acles fails par leur débite11r er1 fraude de leurs droils. ,1
1\i11si, ¡)<iur la Ll1éorie co1nplete el la rég-le1ne11Lalio11 ele celte action, nolre
Colle, it l"i11slar de l'a11cie11 Droit, se réfcre en bloc au DroiL ron1ain.
Pourta11t, il co11vie11t aussilot de faire 0!1server q11'il y a en cette matiere,
entre le Droi l 111oderne et le Droit ro111ain, u11e el ill'érence essenlielle, le11a11 l
it ce q11e 11otre Droit civil ne cor1nail ¡ilus la procédure de lic¡uidatior1 col-
lective des biens lle l'i11s<)ivalJle .. \. ll1J111e l'aclion Paulien11e n'était qu'u11
i11ci<lc11t lll' la ¡)rc1cétlure tle 111issi0 i11 f1011cz debiloris rei serva1itl!I! causa,
ordt>1111ée ¡>ar le ¡)releur ; clic <'.·tai l exercée ¡lar le mngisler 011 le c1trc1/or
bo1ior1t11i au 110111 <le la 111asse <les créar1ciers, et profitait a to11s. De 11t)S
jours, au conlraire, il 1i'y a pas, nous avo11s sa11s cesse a le signaler, ll'or-
ga11isatio11 de la déconfiture. Cl1aque créa11cier doit l)<)IJrsuivre i11diviel11cl-
le111ent son paie111e11t, et, e11 co11sé<¡uence, cl1aque créa11cier ir1tente en so11
110111 ¡1erso1111e-l, c,Jn1n1c le dit l"articlc 11G¡, l'aclio11 llaulie11nc. Ccllc-ci
esl clo11c elcve1111e u11e actiort i11tlivillL1cllc, et 11ous verro11s (111e le l1é11éficc
e11 cst réservé a11 seul créa11cier pours11ivant.
'{<Jus exa111i11cro11s succcssive111ent les points ci-apres: .
1° Q11elles sonl les co11ditio11s req11ises po11r l'ex:ercice de l'aclio11 l>a11-
lie1111e ;
:iº <Juels so11l lcs act<~s clu <l<'·l)ile11r c¡11e le cr<'.a11cicr 11e11l altaq11cr 11ar cellt•
aclio11;
a
3° Quels s011l les créa11cicrs e¡ 11i elle apparlic11l ;
!1° (J11els so11t les efl"ets et la nal11re lle l'action 1>a11lie1111e.
E11s11ite da11s lle11x: ap¡Je11tlices, 11ous étu<lieroris c11 pre111ier lieu les ¡1arti-
c11laril1:s <le l'actici11 I>.111lic1111n <'ll CllS 1/e ,(llillilc cl11 cl<'•IJilcnr el, Pll sec<)n,I
lieu, 1'11clio111/Jclar!l(i1•1• 1/c si11111l!lfio11, 1¡11i t>ll"rc a,t·c l'aclion lla11li1)1111c des
ar1al;)gics, 111ais 1loil c1)pc11<la11l e11 1\lr<' tlisli11g-ui'·c aver.: sui1i.

1" Conditions requises pour l'exercice de l'action Paulienne.


Dc11x. co111lilio11s so11l l11ujo11rs 11éccssaires ¡1011r <111c l'aclio11 t>a11lic111H•
¡111issc 1\tre 111ise <'11 111ou,·c111P11l .
.\. - 11 fa11l <111e 1·acle cause 1111 ¡1r1j1ulice a11 créancicr (eve11/11s (/1111111i);
13. -- 11 faul <¡u'il ait (·ll! frtil l'Jl Ji·,11tlle 1/cs rlroils des l'.1'(1a11cicrs (co11sili11111
,/'i·c111tlis ).
(~. - t>tn1r ll's acl1•s it Lill'c <ll1t;rn11x, 111111 lrciisie111e co11clilio11 est rcc¡ui:-r,
;1 savoir la cu111¡ilic(lé ll11 licrs clans la fra11Llc Llu Ll<'·l1ileur.

1\. - Préjudice. - l,e LPx.lc lle l'arlicle 11G7 11't'•11011ce pas Px.¡1rt1ssé1111!11l
ccllc co11llitio11, 111ais elle va ¡]e s1Ji. l~lle rúsulle llu ¡Jri11ci1ie: ¡i11s 1l'i1tlt:re'/,
· EFFET DES OBLIGA TIO:\'S

pllS cl'aclio,i. ,\ussi,les j t1ges cloivent-ils repo11sser l'action clirig{•e co11lre u11
acte cl11 délJite11r acco1T1pli n1c111e avec 11ne intenlio11 fraud11leuse,s'il rés11lte
des circonsla11ces, a¡)¡Jréciées par eux souverai11e111ent, que cet acle, bie11 que
fra11clule11x, n'a porté a11c11n pr1\judice au créancier (Req., 25 octobre 1904,
D. P. 190!1.1.55'.1, S. 11¡oli.1.5o8). Par exc1nple. si un con1n1crc;a11t. débiteur
a venel11 des objets n1obiliers et eles 111arcl1anclises !-iaisis par u11 créa11cicr, ,

cel11i-ci ne 1)e11t altaq11cr la vente, s'il est élal1li que ces olJj<'ls étaicnt grcvés
au profit cl'1111 licrs cl'u11 elroit ele gage q11i ahsor!Jait, et au-rlela, le prix.
11 r(·sulle de cette pren1i1.•rc conclition q11c l'action JJa11licnne a u11 carac-
lerc stiúsidiaire. Voici ce <¡11e cela sig11ifie. Le J)r1\j11clice causé a11 cr{•ancicr
sup 11ose l'i1isolvabil1ié d11 cl1'IJilct1r, c'cst-/1-dire l'i11s11ff1sance de ses a11tres
biens1Jour payer le créancicr. 11 fa11t rlo11c que celui-ci co111111e11ce par éta-
}Jlir cette i11s11ffisance, ce qui re,icr1I. a
co11férer a11 tiers co11lrc lrq11et l'ac-
tion i>aulicn11c cst clirigée, 1111 vérilal1lc bénéjice ele <lisc1issio1i l11i pPrn1ct-
lanl t!'cxigcr c111c le créa11cicr, avant de prétendrc l11i c11lc,·<:>r le l1icr1 l)ar
lui acq11is, con11nence par saisir les bic11s reslantaux n1ainsd11 cl{•IJilc11r.
Cclte sol11lio11 cst d'ailleurs tl1éoric1ue, car, praliquen·1enl, v11 les difficullés
ele prc11,·c q11i acco111pag11enl l'action l>aulienne, 11n créancier se gardcra
IJie11 cl'J rcco11rir, La11t q11'il restcra cl1cz le dé}Jiteur q11el1¡11c cl1osc
• •
a
sa1s1r.
II en résulle a11ssi c1ue les créanciers 11e peuvent pas attaq11cr les acles •

concei:nant des droits exclusive,nent uilachés a llz perso,ine. IJar exen1ple, 11n
clonaleur reno11ce cxpressé111c11t au J)roíil d11 donalairc a dc1nanclcr la révo- •
calio11 de la do11atio11 ¡Jo111· ca11se d'ing·ralit11de. i\l1)111e si cctl<.• renoncia-
tion cst frauclule11sc, les créar1cicrs 11c peuvcnt pas l'attaq11er. _\ q11oi le11r
servirait ici l'acli(Jll i>aulic11ne, 1iuisc¡uc, 11ne fois la renoncialio11 a11n11léc,
ils 11e ¡1011rraic11t r1as clcmandcr cux-1111}1nes la révocalion ~

13. - Fraude.- ,\. coté ele l'élér11ent ,,zatériel clu l)réjudice, il fa11t e11c1>rc
l'él¡'ir11c11t i1ile11lio1i1iel ele la fra11cle. J,c rrtol frait<le ne cloit pas etrc 111·is ici
co111111e synony111c ele dol c'csl-a-clire co111111e cxprin1ant le dessein pré111é-
1lité de nuirc. S'il c11 étail: ainsi, 011 11c s'explic111erait pas c111e le ¡1réte11r
cut e11 besoi11 de cr1ier e11 11olrc 111atiere une action délictuelle spéciale,
qui cút. fail elo11ble e1nploi avec l'action de clolo J,a fra11de Pa11lic1111e esl
,;in1¡il1!111ent u11 élul ,l'es¡iril: c'est la co1111aissa11cc ¡1ar le clél1ilc11r 1!11 1irí•-
ju<licc c¡u'il va ca11ser i1 ses cróancinrs. l,c 1lt'•IJil1)11r sail q11'c11 acc1i1r1¡Jlissa11l
tel acle, il va SI! rc111lrc insolvalil1>, 1¡¡1 a11g111cnl.cr s1i11 i11solva)Jilit1•, el 11ar
co1\St)r¡11c11l 1111ire ú ses Cl'i'a11ci1!rs. c:,da sul'lit. 11 est en fra11tle, c111an1l l)icn
1111!111c il aurait acco111pli son acle cla11:-; 11ne lo11lc aul.re int.e11tion <JTlC ccllc
<le l'r11sl.rcr ses cr¡'·ancicrs. Sur c1) ¡Jninl. nos arr1\ts 111cicler11es reprocl11ise11t
les c1>11cc¡1lio11s 1Jes j11risconsult1)s rci111ai11s ({~f. J11licn 17, S ,, 1). Q1t:.c i,i
fra1t1l. i:1·e(/., \.1,11, 8; c:iv.,181li'CC111lirc 18n:{, )). i>. !)!1.1,:163, s. n(i,1.1:~,,).
1\j1i11l.1>11:- ccpnrula11I. <111c ccrlai11s acles 11c J)e11ve11l jan1ais t!lrc rt')¡111l{)s
f1·a1ul11lc11x, 1r11\111c 1¡11n111I ils auraicnt. <')lÚ acco111¡ilis avcc Jllci11c c1>nsciencc
tlu pr1\j11clice causó aux cr1\a11cicr>1. Ce snnl: les acles quc le 1l1\l>ite11r 11'r111.- -
1•ail ¡1as JJU se ref1tser 11 Ji.tire, e' csl-;'1-cl i re les /J1tie,ne1ils. l,e ¡1aic111e11I, 011 la
52 LIVRE PRE~IIER. - TlTRE PRElllEll. - ClIAPI'fllE PIIEllIEil

• dation en paien1ent fait par 1111 débiteur it u11 créancier ¡Jlus clilige11t, ¡Jlus
pressant que les atrtres, ne peut ja111ais elre attaq11é par l'acLio11 llat1lier1r1e,
quand bien 111en1e ce paie111e11t épuiserail lºacLif du débiteur. et i11eluirail
des lors les autres créanciers a ne ¡Jas rece,oir le11r du (Poiliers, 9 111ars
1893, D. ll. 95.2.121, S. 94.2.153 ; Ci,., ¡ juillel 1896, D. JJ_ 96.1.619, S.
96.1.405). C'est la u11e conséquence i11é,itable de la regle du cliacu,i 11oiir
soi qui don1ine, nous 11e sa11rio11s lrOJJ le ré¡Jt'~lcr, le clroiL de po11rsuile des
créa11ciers da11s 11otrc législaLio11. ,\.11s:,;i, clans le cas 011 ce princi¡Je csL
écarté et oi'1 11nr liq11idatio11 collecti,c cst org·a11isée, c'est-il-dirc e11 cas de
faillilc, ,·crrcl11s-nous certai11s paierr1c11ts lor11IJa11t s011,.; le cciup de l'acLion
Paulie11ne.
Logique111e11t, la conditio11 de la fraude esl req11 ise aussi bien 1Jour les
a a
acles. litre gratuit que pour les acles Litre onércux. Les créa11ciers, e11 11e
requérant pas de leur débite11r 11r1e sureté spóciale, 011t cl'ava11ce accepté
les conséc¡uer1ces ele lous ses acles, a11ssi l1ic11 ele sC:s li)Jéralilés qtre des
a11lres. J;a11cicn l)roit, co111111e le l>rcJil rcJ111ai11. e:-.:ig·eaie11l clo11c la co11di-
Li011 de la fra11dc, sa11s distir1clio11 e11lrc le:,; acles i1 litre graluil el les acles
a litre 011ércux. EL il 11'y a ¡Jas de raiso11 ¡iour su1J11oscr que le lég·i:,;lalcur
111odcrne ait adopté un at1Lre poinL de vue.
Ccpcnclant 11ne difficult,ó a surgi ici ¡Jarce cruc cerlains lexles, ,·isa11l
des rc11011cialions (rc11oncialio11 ú 11s11fruil. art G:,i2, it succcssio11, art. 788,

it sulJslilulio11, arl. 10:i3_1, 11ous llise11l l¡11c ce•:; rc11011ciatio11s pc11ve11I <\trc
atlaquécs, si clics so11t faitcs au. ¡>r1:j111licc tles elroit,.; eles créa11ciers. l)c lit
quelq11cs a11leurs. . or1L co11cl11 q11c la fra11tlc 11'élail ¡Jas rc<1uisc, q11a11d il
s'agiL d'un ·acle a litre graL11it Sa11s allcr a11ssi lt)i11, ccrtai11s aulrcs 011t so11-
tc11u c¡11'il en était ai11si a11 111oins ¡iour les re11011ci!tlio11s.
:'\lais a11c1111 arg11rr1e11t ;;{•rieux 11·esl lll'Lllluit it l"a¡Jp11i ti<' cetll' cxcc1Jlio11
it ap¡>ortcr it une reglP, ll<Jlll le caracti·rc g·<'·11{·ral rcJHJSC sur 11nn lraclilio11
co11slar1Lc. ,-raise111)Jlalile111c11l, les r<'.·tlaclc11 rs el 11 Cocle, c11 ócri va 11 l clans les
textes ci-cles:,;11s i11cliqués la for111ule « au 11réjutlice ele lcurs droils >>, 011l
trad11il el 111_al lraduil la feir11111le lati11e in pr,rj1idici11n1 e¡11i sigr1iflc e11 réa-
litó c11 vuc cl1t p1·éjudicc, el i111¡Jlic111c eles lurs l'id{~c de frauclc. 11 esL cl11 reste
0

facilc cl <'XJ)li,¡11cr la l<·r111i11cilog·i<· s¡it':cial<: <les articlt·s (i:1:1, ¡,"8 et 105:1,


qua11ll 011 sait c¡uºils 0111 ót/: rt'·clig·t'·s a,ant l'arlicl<' 116¡, it 1111 111cJn1c11l
oi'1 les réclactc11rs clu (:<idc 11'a,aie11t ¡ias enctll'<i 11rt'·cis{· l<·s conditions clºcxcr-
cice de l'aclion I1a11lie1111e. c;etlc <;liservalilHI <l(), ie11l alisol11111e11L tl<°:cisivc
lorsqu'u11 les rall}Jroclu: ele lºarticle 1!16!1, r{cligó, l11i. a¡)t'eS l'arLicle 116¡ el
visa11l la rcn(J11ciaLi<H1 .\ la co1111r1u11a11t{,: ce Lc,lt• 11<1t1s diL f<)r111clle111e11l
c111e l'aclio11 1>a11lie1111e ne ¡Jeul <'\Lrc elirig<'~c cci11tre lºacle, c¡11c s'il y a eu
ji·uucle el 11 rc11<Jnt;a11 l.
C. - Complicité du tiers acquéreur. - l,<'s clc11x ct)11<litilJI1s ci-dessus
ótuciiócs, evc11Lus 1!1111111i el co11sili11r11Jru111lis so11l s111'lisa11tcs, lurs11u'il s'agil
tl'1111 acle 11 /ilre gr11lui/.
i>our les acles .'t litre 0111:re11.r, il J'a11t, <l<: [>lns. ciuc lc•s cri•a11ci<H'S IH"<JII- ,
vn11l la cu111¡ilicilé d11 Li<~rs t111i a lrait{: a,cc I<' <li'·liite11r; il fat1l qu'ils ¡>rc>u-
venl Cfll<! ce licrs, lºaclu~LP11r, 11ar rxP111¡)lc, c<i1111aissail, lui aussi, la siluaLio11
. .

EFFET DES OBLIGA. TIO~S 53

du clébiteur, et les co11séc1uer1ccs r1ue l'acle allait entrainer l)Ot1r les créan-
ciers (V. Paris, 11 jt1illet 1900, D. 1>. 1902.2.62, S. 1903.2.153; Req., 6jan-
vier 1913, Caz. Pal., 3 avril 1913). Cette clistinction n'est pas écrite cla11s
I'article 1167. ~fais elle est énoncée dans les textes du Droit ron1ain ('r·
110La111111enl Ulpien, 6, § 1,, D. qiire i,i fraudem). Notre ancien Droit l"a
toujours 111aintenuc et pratiquée. Les rédacteurs du Code civil n'ont mani- ,
festé auct1ne inte11tion de la rejeter. Elle est done toujours en vigueur. Et,
en elfet, elle repose sur une considération d'équité qui ne perdra jan1ais
sa valeur. I,'intéret des créanciers déc:;us se trouve en conflit avec l'intéret
clu tiers q11i a trailé avec le clélJilet1r. <)r, si l'on comprend qu'on préfere
celui des premiers qui s'efforcent ele ,ie pas perdre, quand le tiers a évi11-
cer est un donataire qui certat ele lucro captando, il serait injuste de
sacrifier aux créa11ciers l'acquéreur de )Jonne foi, qzii a pa_yé la chose, car
lt1i a11ssi certat ele clr1n1110 vita,ielo.
1,a clislinclion faite entre les acles i1 Litre graluit et les actes a tilre 011é-
a
reux quant l'application de l'aclio11 llaulienne,confere un intéret~pratique
cor1sidéra]J!e aux discussions c111i se sont produites, sur le point de savoir
si certains acles ele caractere a111}Jigu doivent etre rangés dans !'une ou
l'autrc de ces cleux calégories. Parn1i ces controvers(;ls, la plus intéressa11te
est celle qui a trait aux constitutio11s de clot. Il arrive souvent en effet c111'un
clélJiteur rlója obéré constitue une dot a l'enfant qu'il marie, sans souci du
a
préjudice qu'il cause par la ses créanciers.
Or, la jurisprudencc co11sidere q11c la co11stitulion de dot esta l'égard de
l'enfant un actc i1 Litre 011éreux, parce qu'elle est la co111¡1e1isatio1i eles cl1arges
q1ie le 111ariar¡e c11trc1i'11e. C'est, pourrait-on dire, une donatio,i 01iére11se, qt1'il
• faut traitcr,it J¡ie11 des {,gards,comn1e une aliénation atitrc onéreux. Les
créanciers ne peuvent clo11c fairc révoqucr cet acle c¡u'a la co11ditio11 de prou-
ver, cl1ose bien difficile, la con1plicité de l'e11fant, par exe1111)le, de la filie a
qt1i la dota été constituée. Quant au 1nari de la filie dotée, 011 a toujours
considéré · (Jtt'il recevait la dot it titre onércux, pour subvcr1ir aux cl1arges
a
dt1 rr1énage. Il est do11c un sous-accJuércur titre onércux, I1idotata111. 11xo-
re111. 11011 ,J1icl11rus f1iisset, disait drjá Venuleius (:15, S 1, D. q11re i11fraudem •
Cl'Cllit¡. Si do11c les créancicrs vculc11t faire révoquer la constilution de dot
pc11dant le 111ariagc, ils cloivenl prouver, non sc11lement la 111a11vaise foi de
la filie, 111ais ils lloivcnl 1\gale111r11l ótalJlir ccllc ll11 gcnclrc, ce c¡ui sera 11rcs-
1¡11e l<J11jo11rs i1111i<>S:•;ihl,, (l\r<J.,1<i 11fJYe111lJrc 1910,I).)l.1()11.1.:íoo. S. 1~¡1:1.
1. 1cJ1) (:>.º arr1\t1.
~lais ce 11'p,;L ¡Jas loul. l,a (~c>11r 1le (:assal.io11 a1J¡Jlic¡11c la 111e111c sol11lio11
a11 cas 01'1 la clr>I. a {\le\ r1>11sl.il.uóe a11 111ari. lci encare, elle exige la co111JJ!icitó
tic la fp111111c, ¡>arce que, <lit-elle, la co11slil.uticJ11 lle clcJI., {~tant clestin{·c á
prcJc11rer <l es rcsso11rccs a11 rn1•r1agc,' . 1.cresse
111 ' '
a11 111c1r1c t·1t re les l l eux cpoux.
'
L'ncLÍ<>r1 11c 1)c11I ,J,¡nc rt'·11ssir <111'n11Lar1L c¡11'11n co11ccrl fra11cl11lc11x a cxisté
entre lous les inl.t''.ress(•s, c'csl-:'t-llire entre le 1lo11alc11r, le 111ari ti<>LÓ et sor1
conjoint (<:iv .. 18 ja11vie1· 1887, 1). i>. 87.1.:>.87, S. 87.r.!)7, 11oletlc ~l. Lab-
,
lJó; Civ., 18 <lt'·c<'n1lJrc 18!):i, !). }>. !J8.1.1!)3, 11otc tic ~f. Sarrul, S. 96.1.72;
l1aris, !) juillct 1895, S. u8.:>.. 17; e,i se11s cu11lraire, 1iaris, :17 j11illel 18()!1, 1) .


54 LIVRE PRE~IIER. - TITRE PRE~IIEI\. - CIIAPITRE PRElIIER


.
Il. 95.2.32, S. 95.2.158; Orléans, 8 jui11 1898, D. P. 98.2.284, S. 98.2.309).
:\"ous signalo11s cetle juris¡)rude11ce sa11s 11011s e11 <lissi11111ler les co11séc¡11en-
ces ¡)arfois i111n1orales. 11 e11 rés-ulle en effet qu'un jeune 111é11age peul s'éta-
l)lir et vivre largen1ent a,·ec des ressources dérol)ées aux créa11ciers des
l)arents.

2º Actes qui peuvent étre attaqués par l'action Paulienne. - Les


acles q11i ton1bent sous le coup de l'actio11 Paulie1111e, so11t les acles d11 dé-
l>ileur qui portenl pr{j11dice a ses créanciers e11 <li111i11ua11L leur gag·c, c'esl-
a-dire son patrin1oi11e. 011 les llésig11e co11ra111111e11l sous le 11001 ll'actes
cl'appc1uvrissen1e1zt. Nous précisero11s en llisant que lous les acles <l'a¡)pa u-
vrissernent du débileur ¡)euvent etre atlaq11és, n1ais ce11x-la se11ls, et encor e
· sous réserve ele quelques exce¡>lio11s établies ¡)ar la loi, qui excl11t ex1)ressé-
n1e11t l'action Paulienne dans cerlaines l1ypotl1cses spéciales.
A. - En príncipe, diso11s-nous. taus les acles d'a1)l)at1vrisse111enl passés
par le débite11r e11 fraude des droits ele ses créanciers, ¡)e11Yent etre attaqu(s
¡)ar la ,·oie de l'aclion Jlaulie11ne: aliénations a Litre gratuit cn1 lt Litre 011é-
reux. cessions ele créa11ce,re111ise de elelle, reno11ciatio11 á un llroil, acce¡)ta-
lior1 d'une successior1 i11solvable, etc.
Ce 11'est pas seulen1ent contre les acles volo,zlaires du elébileur que les
créa11cirrs cloivenl etre prolégés el 111is a 1111\111e d'ag·ir par l'actio11 I>a11-
liennc. Ils eloivcnl 1\tre el sonl égalc111enl arrnés ro11lre les acles j11(/i-
ciai1·es, c'csl-it-llire co11lre les coll11sions fraud11leuses l¡11e co111111ettrail le11r
dé!Jile11r, de co111plicilé avec un liers, e11 se faisant ¡)oursuivre par ce dcr-
nier el en se laissa11l, a¡)rt~s 11ne fei11te défe11se, co11da1r1r1er a lui fo11r11ir la
:-om111e ou le l>ie11 l{tt'e11 réalité il voulail rc111ellre entre ses n1ai11s. Lors
lln11c <111'u11 j11gen1e11l a 1\Ló re11ll11 a la suite cl'1111e C(>llusi<i11 fraull11le11se
e11tre le clól>ileur el 1111 Liers, par cxe111¡>le, c¡ua11d 1111 j11ge111enl clc sé¡lara-
ti1>n de bie11s a étó ol>lc11u 1iar la fe111111e c11 vue ele souslrairc a11x créancicrs
du n1ari les l>ie11s lle la co11111111na11li'•, cc11x-ci lll'IIYC'lll inl<'IIl('I' l'aclion
Paulicnne. Mais l'aclio11 ¡>rer1d ici 11110 .for111c parlic1tlit're; 011 11e lle111a11dc
1>as la 1111llitó ll't1n j11gerr1e11t c_o111111e relle d'u11 acle exlraju<liciaire. (:Ptle
fornir <'SI cc!IP ll'1111e y1.1ic ele rcc<>11rs (>rga11isi'·c 11ar IP (:<>ele 1le prcH·/·1l11rc
(art. t1¡!1 el s. \,el a11 ·111uy<'r1 <le lac¡u<'lle les ¡>ersc11111rs r¡ui 11·0111. 11as éli'• 1>nr-
a
lies 1111 j11ge111cnl e¡ui leur fail l.lirl, sollicite11l 1!11 l.rilJunal c111i l'a rf'11el11
sa rélraclalio11 011 sa rí•for111alion. (~elle vc1ic ele reco11rs s'a¡>pclle la licrc1•-
0¡1¡Jositio11.
CC' n'1•sl ¡>as li't cl'aillc11rs In seul1\ ¡>rol.ccli1ltl orga11ist'<' 11ar la loi <'11 fa,cur
des cr1·a11cie1·s r11 ¡>arrille 11cc11rrr11ce . . \ <'<>l1• 1111 1uny<'11 r1:¡1r1•ss~¡· 11<' la
liercc-oJJJJosilio11, ils <Jlll n11C<>l'C 11· 111oy<'II ¡1r1:1,c11l(/' 11!' l'i11ler1•1•11/io11. lis
pe11ve11L, s'ils so111>1,;01111e11l 111111 rcill11si1llt cnlrP lc11r 1lt'diil.e11r el s<.>ll 1ir/•-
Lend11 adversuire, i11t1•rve11ir a11 ¡ir<>Ccs ¡\ l11111·s l'rais. (,<\ <:<Hle rail ¡>l11sirur:-
a1)J>lications spt\Ciules ele celle fac11ll1• 1l'i11Ler,e11lio11 (arl. li18, al. :.i, IJ<llll'
les créanciers tll' l'11s11f'r11ilicr: arl. 1/147, 1>011r les cr1:a11ciers tlu 111ari 011 cns
tle s<'·1>arali1111 tle l>i1•11s 1lc111a11ll1\e ¡111r la fc111111c; arl. Hliri el. 88:i, ¡H>llr l1•s
cr<':aru:iPrs tl'1111 co1>artugca11l c11 cas ll1! 1>arl.ag-1·). ;\lais il 11'!'sl JHts 1l<llllc11 x
,

EFFET DES OBLIG,\TIO:'\S 55


que ces dispositions doivent etre généralisées, car elles ne sont c1u'unc
application du droit général (l'i11ler, ention at1x proces en cours, que la Ioi
0

rcconnait, non se11le111c11t aux créanciers, .n1ais a


loul i11téressé, dans
l'article 339 du Co<le de procédure (V. Civ., 1"· juin 1891, D. P. 92.1 .212,
S. 91.1.401; Civ., 3o juillet 1900, D. P. 1901.1.317, S. 1902.1.225, note de
~l. \Val1l).
D. -- L"aclio11 Paulienne ne vise c1ue les seuls acles d'a1Jpauvrisse1nent. · '
i>ar conséq11ent elle n'atlei11t pas les acles ¡Jar lesquels le délJitcur a 11égligé
011 1·ej1isé de s' e,iricliir.
Cclte regle lra<litionnelle a,·ai t en droi t ro111ai11 une in1porlance consi-
<l<\rable, parce qu'elle en1pccl1ait que les créanciers pussent critiqt1er 1·at-
a
lil11<le du débileur qui, ap¡Jelé une succession, refusait d'en faire I'aditio,i. •

~Iais, a11jourd'l1ui, l'l1éritier et le lég·ataire deviennent propriétaires au jotir


tlt1 déces, JJar le se11l effet ele la loi 1art. 72!1, ror!1, ¡eral.); des lors. en
rer1onc;ant, ils s'appauvrissent; leur acle est done atlaq11able par l'action
[laulienne. C'est pourquoi l'article 788 clu Code civil permet aux cr{1anciers
<le celtii qui renonce au préjuclice de leurs droils, de se faire a11toriscr en
a
justice accepler la succession e11 son licu et place.
a
L'arlicle 22 25 autorise de n1e111e les créanciers in,·oc¡uer la prescriptio11
a
(soit extinclive, soit acquisitiYe), laquelle leur <lélJite11r aurail renor1cé.
Nous croyons q11'ici un texte était nécessaire pour 1Jer111etlre le recours des
créanciers; car la prcscriplion, nous l'ayons Yu, n'est pas acquise de plein
tlroit i1 cel11i c1ui en bé11éficie; il faul, de sa part, t1ne n1anifeslation (!e ,·o-
lonlé (V. notre 'l'. I, p. 891 ). En conséquence, la renonciation prescri¡J- a
lio11 n'est pas 11n acte d'appauvrisssen1ent. ~Iais l'arlicle 2225 le considere
cor11me tel au point tle v11e de l'aclion Paulienne.
11 ressort de ce q11i précccle que les acles co11slitt1a11t un 1·efi1s ll'e11richis-

sen1e11l sor1t aujourd'l1ui forl rares. On 11e ¡1eul gu1\rc citer q11e le refus par·
le débileur d'acceplr,r une ofl're de donalion qui lui serait faite.
C. - 1\ ux terr11es de l'article 1167, al. ?. , il ;y a de11x cas exceptionnels
011 eles acles (l'ap¡Jat1Yrisse111e11L ne ¡Jr,11Ye11t elre alt11c¡11és par l'action J)au-
a
lienne. « lis (les créancicrs) tloiYe11l 11éann1oins (Jt1ant leurs (lroils /•11on-
c1\s a11 litre des ,",11ccessio11s el a11 litre 1/u r:o,ilral ,Je 111ariar¡e el eles droils
res¡1,·clifs ,les é¡,011.;,:, se co11f'or111cr aux regles q11i ). so11t prescriles. n (;es
r1•g·lcs sonl:
«, A11 Lilre ,les Succcssio,1s, l'art.icle 88:i. Col.le dis¡>osilio11, en v11c de la
slaliililó <les parlages, re111placc l'aclior1 l 1a11lienne, qni ¡1crn1ettrail a11x
cr/•ancicrs des C<Jparlagean ts cl'a lla<¡ 11er n11 ¡>arlage f'ra utl n lc11 x, r>a r 1111 111oyen
¡>rÓvcr1t.if consislanl <111 ce q11'ils peuve11l i11lcrYe11ir au JJarlage, 011 s'op¡>o-
scr .\ co r¡n'il y soil J>ror.t'.•clt'· cr1 fra11<lc de le111·s <lrriils.
~- ,\u litre dtt Co1ilr<1l de 1n11ria!Je, l'arliclc 1/17G. Ce lexle déclare a¡1plica-
bles an 1>artage do co1111111111anló les l't\g-lcs ()11 J>arlag·c· des snccessio11s el,
¡,arlanl, ccllc 1lc l'arlicle 88:i. N<1lo11s ccpcncl1111t 11110, cl'ar>r<~s certains 1111-
ltllll"S, l'urliclc 11G7, alir1éa :i, rc11vcrrait .'1 l'arliclc 87:1 cl11 C:ode de procé-
1lurc civile, lexlc r<'lalif .\ la só¡>araticin <le l>iens. et. d'a¡>r<\s lcc111cl le <l<\lai
in1¡iarti a11x crÍlancicrs ¡HHtr S<\ Jl<>urvoi1· co11lrc le jugo111cnt c11 séparat.ici11
56 LIVRE PRE~IIER. - 'I'ITHE PRE:\IIEH. - CHA.PITI\E PIIE:\IIEH

qui•
a
leur ferait gricf, est réduit une ap11ée. Qt1oi qu'il en soit, les (let1x
textes sont l'un et l'autre des dérogations certaines aux prijl.cipes généra11x
er1 111aticre d'aclion Paulienne.
~011s examinerons ces (liverses disposilions en trailant, dans nolre
lon1e III, des Successions et du Co11trat ele mariage.~Iais 11ous devons ajou-
ter une troisien1e exceplior1 a celle qu'indique l"article 1167, al. 2. En effct,
cl'a1)res la jurisprudc11cc, I'cxercice d'une o¡Jtio,i légale r1e do1111e ¡)as lie11 ;\
l'action l)aulien11e. qua11d n1cr11c le créancicr jugerait e¡t1e l'inléressé, c11
optanL dans tel sens plulot qt1e da11s tel a11tre, l11i a portó préjuflice. C<'
sera le cas, par exen1ple, lorsqu'un l1éritier aura reno11cé ;\ la succession,
afi11 de s'en tenir a u11e donation qui luí aurait été faite 1)ar le (léfur1t. Les
créanciers de l'héritier ne pourront critiquer celte oplion (Req., 1!) j11i11
1901, D. P. 1901.1.517, S. 1903.r.459/ •
.
3° Créanciers qui peuvent exercer l'action Paulienne. - Vn 1)re-
111icr poinL est certai11. Dans 11otre Droit, i1 la (liffére11ce ele ce que déciclait
le Droil ron1air1, les seuls créa11ciers qui pe11,·cnt exercer l'actio11 Pa11-
a
lie11ne,so11t les créa11ciers (111/érieurs l'acte d'a¡)pauvrisse111e11l cl11 elébite11r.
En efl'el, cet acle n'a cat1sé at1c11n Jlréjudice aux créancicrs Jlostérie11rs, p11is-
c1u·au n10111e11l oti ils ont traité avec le délliteur, le bien aliéné par celui-ci
était clc'·ja sorti de son patrin1oi11e ; il n'a done jan1ais fait parlie de leur
gage (l\cq., 5 ja11vier 1801, D. P. !JI. 1.331, S. 91 .1. 1!1li; l\ef¡., 3o 111ai
1905, D. I>. 1905.r.!108, S. 1906.1.51:i).
:\joutons ce¡1e11(lar1l aussitot r¡ue l'acle (! alit'.·11ation, llic11 q11'antérie11r i1 la
0

créance, pourra l'ncore ctre attac1ué, s'il a éLé efl'ectué Jlrécisé111ent e,i 1•t1e
(le la cré<,11ce á naitre,ct afin d'cr1lever })ar ava11ce a11 fut11r créancier les ga-
ra11lies s11r lesq11elles il croyait l)011voir con1¡iter. Dans ce cas,e11 cITet, or111c
peul ¡)as elirr que le créa11cicr 11e so\1ffre J)as ele la fraude ; le motif c111i
faisail exclurc les crt'•ancicrs {lO~lt'.•ricurs 11e se re11co11tra11l ¡)l11s, lc11r cxcl11-
sio11 11c <loit ¡>as s11Lsistcr \J\pc¡., 3o 111ai l!)<>:i, 1). }). 10o;j_, .'1118, S. 'DoG. 1.
51:.i).
Con1n1e11t se ¡lro11vera l'ar1t{1rioritt'· 1!11 tilr<' 1!11 crt'•a11ci<'r ,1 1:a11t-il c¡ur C<'
tilre soil a11tltenlifJt11• 011, s'il esl sc1t1s sei11µ- 11ri,·t'.·, est-il 11í·ccssairl' c¡11'il ail
acc¡uis 1/a/cc1•rf11i11c ¡iar 11n 1IPs n111~e11s t'·1111111t'·rt'·s JHlr l"arlirl1• 1:):18, el clc1nl
le ¡1lus 11s11el 1•st l'enr1·gislr1·1111·11t :1 \u11s cr(1~011s q11<', !Jien 1¡11'1111 J'ail c<lll-
test{·, ce lextc esl ici a1)11licalJII'. (;'l'sl l>ic11 at1 1IP111a11elf't1r 11 J)rc>11,er IP fail
flo11l il ~e pré,·a11L (arl. 1:31f>\, c'esl-11-<lirc, e11 l'es¡1<'·cc, J'a11lt'·rillrité ele sc>ll
tilrP. ()11 11c saurait la ¡irí·s1111H·r. P11 rPjPla11t s11r les 1lt'•fp111)P11rs la cl1argP 11<'
la ¡>r1•11v1• 111\ l'antielalc. J::1, si le tlc11i:111elcur elc>il 11ro11,er la dale elu litre
q11'il i11,fHJIIP, il clc>il le f'airt) en ct>nf'11r111ilt': tlu l)rc1il ro111111un, (Pf(tlel,
c11 Jiarl'ille 111alit'·rl', se• lr1111,1· da11s l"artirl(' 1:l:i8. s·¡¡ 1·11 i'·lail a11lre111e11I. il
serail lrt,¡l facilf• ;'¡ 1111 tl1111al1·ur 1¡11i SP f't'JH'lllirail 111· sa lilJi'•ralitt'•, 1lr. susci-
ter la cle111a1Hle tl'u11 111• Sf'S cri'·ancif'l"S ¡ioslt'·ri('lll'S, ¡Hi11r l'airn l1i111IH•r, au
n1oyP11 <l'1111e a11ti1lalP, le 1lr1>il ¡1ar l11i 1l111111i'•. J,a j11ris11r11d1·11ct\ ¡1arail c1•-
pc11cla11t elivist'·c sur r1•llf' 1¡uPsli11n (\'. l\011rg1•s, 18 j11ill1•l 18!}">., 1). 11• !l'l,
:.i.OO!), S. !):l.:.i.:.i 111; l 1aris. 1(i 111ars 18!):I. 1). 11 • !):l.:1.:181J).
' OBLIGATI0'.'1S
EFFET DES

Invcrsc111cnt, pour e¡uc l'acte el'a¡Jpauvrisse111e11t soit n1is a l'abri de la


critique cl'un créancier postérieur, il faut qu'il lui soit o¡Jposable et dc\s
lors, si c'est ur1 acle sous sei11g 1Jrivé, c¡u'il ait acquis dale certaine anté-
rieure a la naissa11ce ele la créance, en confor111ité de l'arlicle 1328.
i\lais si c'est 11n acle sou111is it lra1iscriptio1i, co111111e t1ne alié11atio11 el'i111-
111euble, exigera-t-on cru'il ait été transcrit a11térieure111ent ala 11aissance de la
créance ir1voc¡t1ée ~ Dans le se11s de l'affir111ative,on lJeuL invoqt1er t1n arret de '

la Cot1r ele l)aris (l)aris, 2 r¡.1ars 1906, 1).1). 1909.2.98) décida11t qu'u11 créan-
cier, elor1t la créa11ce a pris 11aissa11ce er1tre la co11cl11sio11 d'u11 bail frau-
cl11let1x de 1Jlus de 18 ans et la lra11scri¡Jlio11 ele ce ]Jail, peut l'attaq11er,
c;lant considéré con1n1c un créa11cier antérieur. Xous per1sons que cette
doctrine, au moins s'il s'agit d'u11e opération a titre onéret1x visée par la
loi ele 1855, est erronée. Les créanciers cl1irogra¡Jl1aires ne s011t pas des
liers en ce qui co11cer11e la transcriptio11 ele ces acles, cxigée u11iqt1en1ent
clans l'intéret eles acc¡uéreurs de droits réels. Des lors, l'acle 110n tra11scrit esl
it l'alJri de leur critique, clu 1110111er1l c¡u'il a acquis date cerlai11e a,a1it celle
ele leur Litre.
Parn1i les créa11ciers ar1Lérieurs, 11'y a-t-il que ceux e1ui ont u11e créance
exigible qui soie11t ad111is it exercer l'action Pat1lie1111e ~ Oui, se111]Jle-t-il,
e11 ¡n·incipe. L'article r 180 ad111et bie11 les créanciers conditionnels a exercer
les acles co1iservatoires, n1ais 1·aclion Paulienne dépasse é,ide111ment le
caelre ele ces 111es11res. II )' a d'aille11rs u11e raiso11 pére111ptoire pour repous-
scr l'actio11 cl'u11 créancier 11 tern1c ou conditio11nel ; c'est que l'action Pau-
lienr1e, vu son caractere subsidiaire, st1ppose 1111 créa11cier q11i a déjil eliocuté
,·ai11ei-11ent les IJiens d11 débiteur, cl1ose i111¡Jossi)Jle pour celui do11t le droil
ne scrait ¡Jas écl1u.
'J'oulcfois il faut noler ici cle11x lc111¡Jéra111e11ts lt la regle. I,e prc1r1icr,rela-
Lif aux créa11ciers lt ter111e, c'cst c¡11e la dcco11filt1rc du elélJilct1r est co11sidé-
réc con1me enlrainar1t la décl1éance du terme (arl. , 188). Le créar1cier il
ler111e c¡11i clén1onlre l'i11solvabililc'- clu clélJile11r, 1Je11t done i11le11ler l'action
l)aulic1111c.
J,e scconcl len11Jérar11cr1t, relatif at1x créa11ciers conllitio11nels, r<'•s11lle ele
l'article 2!13. Not1s avo11s vu (l. I, ¡>. '.>.:~:3) c¡11c la fc111r11c dc111ar1deresse· cr1
divorcc 011 c11 séparalio11 ele cor1>s, pet1L f'airc a1111ulcr les acles acco111¡Jlis
par le 111ari c11 frauclc ele ses tlroils, ú partir tic l'orelo1111a11cc inilialc clu
1>résitle11l. C:ep<'11cla11l la crL•a11cc ele la fc111111c pcut ,~Lre co11sielcrée co111111e

co11clitio1111c!lle. 1>11isc¡11c se>11 tlr11il ú J'cxercice des rc1>riscs esl s11IJorcltJ1111c\ a11
succes ele sa cle111a11tlc e11 clivorcc t>ll c11 st'·paraticJn.

!1° Effets et nature de l'action Paulienne. -- \'1ius arrivo11s a11 1ioi11L


le JJlus tlt':licat, ¡\ la cp1cstici11 la ¡il11s contr(>Ycrs(•e 1lc c1•tle 111ath~re. Sous
1>rÓ(1)xlc 1lc l't':clnircir, !Ps jurisc1>11s11ltcs cint. l<>ng11c111c11l clisscrté s11r la
tt<tlttl'e cl1! l'aclicJ11 Jla11lic!1111c. lis se so11L 1lP111a11clt'! si clic élait 1111c ac-
lici11 e11 1111llilc'•, 1H1 11110 si1111ilc acli<lll c11 rt':¡iaralit>II 1111 pr/-j11clice ca11st'•,
actio11 cxcrct'·e cci11lrc! le lic•rs jl'1t111/11lor, c'i•st-h-1lirc! cci111¡ilice ele la
l'ra1ule clu cli'·hil<!llr. lis <>11L 1•11cc>rc cci111¡ilic¡11é le 1>rol>l<'!111c e11 rcchcrcl1a11l
58 LIVRE PREllIER. - TITI\E PRE\IIER. - CH ..\PITRE PRE~IIER

s~ l'a:ction Paulien11e esl réelle ou perso11nelle. Certains interpretes 011 l


1nen1e, en elo1111a11t a ce 11101 u11e acceptior1 no11vclle, e¡ualifié l'aclio11 Pa11-
licnnc d'action ,ni:rlc.
Ces disc11ssions n'o11t fait qu'a11g111cnter l'obscurité du sujet, loir1 de le
si1nplifier. II parait préfúrable de laisser de coté cettc vai11e recl1ercl1e. L'nc-
lio11 Paulie11ne est uné actio11 modelée par les siecles, en vue de défendre
les droits eles-créa11ciers, touL e11 respecta11t les i11térets des tiers de bon11e

foi. C'est pourquoi elle prése11te eles traits caractérislic¡ucs q11i l11i clo1111e11t
11r1e IJl1ysior1on1ie a part. Elle n'est 11i 1111e action e11 11ullité, 11i une. actio11
pure et si111plc e11 réparatio11 cl11 pr/·j11<licc. Elle tient de l'u11e et de :1·a11lre.
'fo11tefois, il fa11t reconr1aitre c¡11e c'est le caraclere d'actio11 en réparatio11
d11 préjudice, et par cor1séquent cl'actio11 personnelle, c¡ui don1i11e. La pre11,·e
a
e11 est dans la solution don11ée par la juris1Jr11dence la question tres pra-
lique de savoir si l'actio11 Paulienne peut etre exercée contre u11 sous-
ac<¡aéreur te11ant la cl1ose d'u11 pre1nier acq11ércur, a supposer q11c ce
dcrr1ier tomb,1.t sous le cou¡J ele l'aclio11 Pa11lie11ne, soit en qualité ele
cl(l11ataire, soil e11 c¡ualité d'acc¡ut'•reur i1 litre 011éreux ele n1a11vaise foi. Ici,
les l{on1ai11s déciclaie11t c¡11e les créa11ciers 11e JJ011vaie11t pours11ivre la r1·-
vocatio11 co11Lre le sous-acq11ére11r. q11e si celui ci étaiL 1111 acq11éreur a Litre
gratuil 011 si, aya11t .acquis a litre onére11x, il connaissait l11i aussi l'étal
1l'i11scllvabilité ele le11r elélJile11r. Quelques auteurs 011t de nos jours co11Leslé
celte sol11lio11. Ils 0111 i11,oc¡ué la logique eles ¡Jri11ci1Jes juridiques. L'ac-
lion {laulienne, 011t-ils clit, a po11r rés11ltat la 1111llilé ele la pren1iere alií·11a-
tior1, el, par co11~éq11e11t, elle clétruit le fo11cle111enL 111t\n1e de la so11s-ali1'.r1a-
tion. Le sous-acc¡uéreur est sans litre, car il Lier1I :,;011 clroitd·u11 a11le11r llo11l
le litre est révoc¡11é. llesol1Llo j1ire <ilt1ilis, resoluilur j11s accipie,itis. l•'orL
l1c11r1'1l!->eI11c11t, cette fnt;o11 de raiso1111cr 11'a ¡1as lrio111pl1é, et la j11ris1Jr11-
clc11ce cJ1)ci1le avec raisc>11 <¡ne l'aclio11 l)aulic1111e, aujo11rcl'l111i co111111c e11
l)roit ro111ai11, ne 11e11t réllL·cltir conlrl' u11 :--ous-act¡111·re11r, c1u'aula11l c¡11'il
to1nlJc ¡Jerso11nellc111e11l so11s le co111J eles 1Jo11rs11ites 1111 détiilcur, soit (Jt1'il
ait acc¡11is, l11i a11ssi, lt Litre lucralif, soil <111e, acr¡11t'•reur .\ litre ri11éreux, il
ail (~té co11scient de la fra11de co111n1isc á l'enco11trc 1111 crt\ancier (llaris,
!I ao1'tt ,í-,98, l). }l. !l!l·:i./18:í, S. '!)Oo.:1.:i:{fi; l)ij,l11, :{ 1 juillet 1878, S 7!1 '.l.:i 1).
L'acti,>11 l1a11lic1111c 11'esl lll)II<' crrlaine111c11t fla:--1111<) acliu11 ,·11 1111llil1·.
·routcfc>is si ce n'csl ¡Jas 1111<) actio11 e11 1111llilt•, 1>11 11e ¡>cut 11<)11 1>l11s l'ns-
si111iler it 1111c aclit.>11 e11 do111111agcs-i11lc'•rels, 1>11isr111'clle lenrl ¡>ri11ci1ialc-

111011t h fairc révoqucr l'aclc fra11ll11lcux, nlin <le 11cr111ctlr,! au J><H1rs11i-
va11l tln saisir le !Jie11 alit'né. i\lais elle 11'a!Jt111lil /1 celte révc,cali<JII ,¡111) 1la11s
l1•s cas ,,i't Cf'lle-ci ¡lrul i\lr<' <>lllenue sans lóser les i11ti'·ri\ls rcs1H•¡·Lal,l<'s des
liers.
:\i11si, ta11[1\I l'ali{•11ati1>11 sera rt'·vo1¡11t'·1~, laul,\l l'aclic,11 alJC)lllira i't 1111c
co11ll111111111litlll it 1lt•s 1lt1111111agcs-i11Li'•rt\ls. l,'ali<'·nalitJJI sera 1·{?v<i1¡111·c, si le
liic11 se lro11ve cncc,rc ,•11lrc l1•s n111i11s 1111 ti1•rs d(lllalair,1 <JU ac<¡111•reur <Hté-
rcux. de 111auv11iso f'1>i, c111 si clln a fHJsst'~ c11 ccllos cl'1111 so11s-acc111<'•rr,11r
tJarLag1)a11t, avcc lo LiC'rs 111' <tni il lienl la clt(lsr, l'1111n 011 l'a11tr1, <i(i ces 1lc11x.
r¡ualilt'\S, ,\11 <_:011lr11irr. si 11) l>ie11 se lr1l11,c l'lllrc le:- 111ai11s <1'1111 s<111s-ac(¡11(•.
EFFET DES OBLIGA'fl()'íS

reur a litre 011éreux protégé par sa bo1111c foi, il n'y aura pas révocalio11
tlu droit ele cclui-ci.L'ac<111ércur prin1ilifpourra etre scul ¡lours11ivi, et il sera
co11damr1é a eles dor111r1ages-i11térets (Civ., ,. février 1832, D. Jl. 32. I .49,
S. 52.r.234; Rec1,, 2 avril 1872, D. P. 73.1.63, S. 73.1.217).

L'action Paulienne a-t-elle un e:ffet absolu ou relatif ? - Xous


so1n111es ainsi a111enés a 1111c question essentielle qui do1ni11c toute la 111a- ,
Licre, celle de savoir si l'actior1 l)aulien11e, lorsqu elle allot1tit a la révo-
catio11 el<' l'actc frauduleux, 1Jroduit ur1 ell'cl absoltt ot1 se11le111ent u11 efl'et
1·elalif.
D'apres le textc n1en1e de l'article 11G7, l'action Paulie1111e, qui n'olTre plus
le caractere de n1esure de lic1uiclatio11 collective qu'elle avait en Droit ron1ain,
est 11ne action · que le créa11cier intente e11 son 110111 (er1 son seul nom) per-
s011nel. Par co11séqucnt, le jug·e111e11t intcrvc11u ne procluit rl'elfet qu·r11tre
le den1a11cleur et le d{·fe11de11r. C'est seule1nc11l a l'égarcl du cle111a11clcur que
!'acle cst rt'•voq11é, et se11le111er1l en la11l q11e celte révocation est 11écessaire
JJ011r Iui clonner satisfactiort (Lyo11, 2:1 f{·vrier 1893, ]). 1>. !) 11.2.490). L'actc
al taqué sulJsiste a J'{,gartl de toutes les a u tres 1Jerso11nes, c'est-a-dire, d'abord
da11s les rapports (/tt tlébiteu/' el tlu tiel's; et, en sccor1d lieu, et l'e11co1ill'e 1/es
(lltlres c,-éa,iciel's (!tt ,lébiteiir t¡ui n'o11l ¡Jas été parties au proces. 11 c11 ré-
st1lle c111c le bé11éfice de l'actio11 Pa11lie1111e reste 11roprc a11 ¡Jot1rst1iva11l, et
ne ¡irofi te 1Jas aux a11 tres créa11ciers du dé)Ji leu r.
(ln acl111et 1111c solutio11 co11trairc, rap¡Jelo11s-lc, q11a11cl 1111 créa11cicr in-
tente, en ,erl11 de l'article 11G6, u11c aclio11 apparte11ant it son dé!Jite11r .
. Cela tien t i1 la di ll'érence des deux situatio11s. Da11s le cas de l'article 1, G6,
le rt'·st1llat clu 11roces est de 111ettrc l'olljet d11 tlroil cxercí• ¡Jar le créancier
a11 110111 tl11 tlt'•bilcur da11s le 11alri111oinc de cclui-ci, co111111e si c'élait le (!é-
lJileur c¡ui avait pris l'i11itiative tic l'actio11. 1\u c(intraire. le créancicr (Jlli
i11tenlc 1·actio11 Jla11lie1111e n'agit pas au non1 cl11 dt'•IJiteur, il cxerce u11 llruil
/Jl'O/Jl'C.
Voici, tles lors, co111111c11I 011 11cut résu111er les efl'els de la révocatio11 ele
!'acle fra11cl11leux, pro11011ct'•c á la s11ile de l'actio11 llaulie11ne.
• 1\. - !,'acle frau(lulct1x csl r<'Y<H¡ut', /1 {éf¡11r1l lltt crélLllcier tle11ian1le~1r .
t\lais l'cll'<•I cle cclle rt'•vc1calio11 11'esl. 1ias opp<1salllc a11x Liers <1t1i, <le llr,1111c
fcii, co11st'•cul.ive111e11t :\ la ¡1rP111it·rc aliénalio11 fraudulcuse, ont acquis le
IJicn ¡\ litre cH1Ór<111x. llitr co11st'•c¡unnl, si I<' l,ie11 alii'•11Ó a été reve11tlu J>ar
l'ac1¡11óreur a u11 Liers tic IH111nc ft1i, l'acli<>11 l 1a11li,,1111e 11e ¡Jct1l. ¡>as di',truirc
le ,lr<1it tic ce s<:111s-ac1p1t'·reur.
l)r Tll(\111e, lorsqnc ri111111eul,le a ótt'· grevt'· cl'l1y11oll1et¡t1c J)HI' l'acc¡u1;1'Cllr,
la rt'·,<>Cal.i(Jtl de l'alit:11ali<i11 11,1 porte ¡1as alleiulc ¡\ celle lt)JJtitl11'.1¡t1e, ,lu
n1t1111P11l. <Jll<' son litulairc <\Sl ti<• IH)llllC foi (Orlí·a11s, 10 fóvrier 187G, IJ.
Jl. 77.'.l. 1 1:1, s. 7G.:.i.:l'J 1).
ll. - l,n li<·rs pr>ursuivi ¡11,111 l<>uj11t1rs arr1\ter l'acl.i<Hl 11,t11lin1111c <'11 tlt'·-
si11tércssa11t le crt',a11cicr ¡Hn1rsuivu11I, car il su¡ipri111c ai11si l'i11tt',rel que
l'uclio11 1irt'·sP11tait Jll>lll' ccl11i-ci.
C. - L'nclc fra111lulc11x 11'cst 1>11s rÓY<>q11é (/11ns les ra¡i¡iorls clu 1Jébiteur el
60 LIVRE PRElIIER. -- TITRE PRE)IIER. - CIIAPITRE PRE)IIER

dct tiers, encore que celui-ci to111lle perso1111cllen1cnt sot1s le coup de l'actio11
(laulienne. Si clone le tiers défcndet1r ren1bourse le créancier, il peul con-
ser,·er le bien. D'autre part, a st1pposer qu'il se laisse évincer, s'il est u11
a}·ant-cause a litre onéreux, il a un recours en garantie contre le dé!Jiteur.
D.- Enfi11, le den1ande11r qui olltie11t la révocation de l'acte fraudulet1x,
n'a pasa crai_ndre le conco11rs des autres créanciers de son débiteur, a sup-
poser c¡ue ceux-ci ne se soient pas reliés a l'action en intervenant ten1ps a
· dans le proces. La révocalion ne profite qu'a cel11i c1ui la fait prononcer.
Cette der11icre solutio11, q11i no11s parait découler directement du principr
ele la relativité de la cl1ose j11gée (art. 1351), 11'est po11rtant 1Jas aclmise par
tous les arrets (\'. en notre sens: Bordea11x, 2 juillet 1890, D. Jl. 92.2.440,
S. 91.2.9; -- coritra, Bourges, 18 juillet 1892, D. P. 92.2.609, S. 93.2.210),
n1ais elle trion1pl1e devant la Cour de cassation (Req., 28 a out 1871, S.
78. 1.316). Nalureller11en t il faudrait adopter 11ne sol11 tion contraire. si l'ac-
tion llaulien11e était cxercée contre u11 elé!Jiteur e,i faillitc, llarce c¡u'alors,
,u l'inclivisillilité et l'1111ité ele la faillite, la révo,:alion prendrait 11n carac-
tcre de mesure collective q1ti en ferait, a !'instar de ce qu'elle était en Droit
romain, l'ér¡11ivalc11t el'1111e 1·estiti1tio iri i11tegri111i (Rccr., ::ig j11illet 1908,
D. ll. 1910.1.!109, note ele '\l.llercerou,S. 1909.1.345,11otede'\I. Lyon-Cac11).

Prescription de l'action Paulienne. - 1\ la qucstion elu cnractcre et


1les efl'ets de l'actio11 Pa11lienne se raltacl1e celle ele savoir par c¡11elle pres-
criptio11 elle s'étei11t.
Il ne faut ¡las l11i appliquer la prescriptio11 ele dix ans, étalJlic lJar l'nrli-
cle 1304 po11r les nctio11s e11 1111llit1\ 011 e11 rescisio11. Cctle prescription esl •
fondée e11 cffet sur 1111e prí·s0111plio11 ele confirn1ntion ele l'ncte nnn11lable par
cel11i c111i l"a 11ass{· el n11c¡11cl la loi rlo11ne le droil ele Je fnirc n11n11!Pr. Elle 11'!'sl
clo11c pas faite 11011r 11olre aclion. 1111i:--c¡11'ici l'acte~ ;\ a111111lrr el le })l'élc11li11
geste co11fi1·111alif 11'<'•111a11c11l J)a:-- de la 1111\111e l)crson11e. 11 faut e11 co11cl11rc
c¡11c l'action Jla11lic1111c rcl:'lc so11111ise a11x ri'·glcs orcli11nirPs, el 11e11t clre in-
te11lt'·c 11rndanl tre11tc nns :', con1plrr d11 jo11r oi'1 l'aclc fra11ll11le11x a <'.·t1\ ¡1assé
((:iv., !) ja11,icr 18(\:í, [). Jl. ó:í. 1. I!), S. (i5., .liií; Jlaris, .,.,, 111nrs 1891, sous
(••ass., ] ) . Jl . i11.1
I ..r.1r):1,
" ..S !I 8 .1.:i1r1l.
" .
LP tiers acq11{·r1·11r el,· 1101111,· foi JJ1111rrail-il r1•1H111ss1•r l'aclion e11 i11v11-
e111a11L ú s,111 ¡>r,,lil l'11s111·11¡iio11 JJ11r 1/i.1; 111•i11r¡I 1111s :> 'ion crrtainP111Pnt. J/ac-
tio11 I>a11lic1111l' e¡;l 111H' action Pn rc'•,r1cati,111 1>11 e11 r{·11aralic111. r11ais .\ c1111p
s11r ce n'esl 1i:1s 1111P acli<lil ri'·e!IP; cir, la Jlre·scri111io11 nce¡uisili,I' 111• 11re-
l,\!.!C Jp 11c1ss1•ssr11r e111c c,inlrP (Ps a<'li1111s rc''.PIIPs.
l>c 1111\111e. l'arliclc 'J.'.>.'j\) 111• 111rltrail ¡1as J,, el1inalairP el'1111111e11l1IP :'t l'al1ri
dr la ¡1ours11ill' dPs <'ri'·a111·iPrs d11 elo11;•IP11r i11s,,l,alil1•.

Appendice l. - Action Paulienne en cas de fatllite.


I.ors<111'1111 co111111<'r1;a11I fail ele• 1na11vaises all'aircs, IPs elre1ils el,•s crí•anciPrs
sonl ¡1lus 111c11ac{•s e111'pn 101111' a11lre· l1)'JHlll11'•se, car !P c11n1111Prr;a11t 1111i a ccss{\
ses ¡1ayc111e11ts, 1111 ,a lrs cPsse•r, el sn lrclt1Yc acc11l<'• :'t la faillil<', s,~ lnissc s1J11-
'

EFFET DES OBLIGATIOXS

vent entrainer a des o¡lérations frauduleuses pour se procurer de l'arge11t, ou


ava11tager certains ele ses créanciers, ceux dont il peut espérer ol)lenir u11
nouveau co11co11rs, ou do11l il ,,eut désar111er la clairvoyance. C'est avec rai-
son que l'on désigne cette périocle,qui s'élend e11lre la cessatio11 eles paie111ents
et la déclaralio11 de faillile, sous le 110111 de JJél'iolll' suspecle, car il ). a
a
tout craindre alors du débiteur aux abois. 1\ussi, le Code de co111111erce ,
a
a-t-il renforcé les 111csures ele ¡lrotection l'e11co11lre eles acles passés it ce
111oment. De plein droit (art. 446), il an11ule certains de ces acles, a savoir
les clo1ialio1is, les paye,ne,its lle delles 11011. écltLtes olt cetlX lle llettes écliues,
n1ais fails a1llre1ne1it qu·en es¡Jeces 01i e,i effcls de co11111iel'ce, les co1istilutio1is
el' hypotheque ou de gage po11r del tes a11térieures, sans qu'il soit nécessaire
de les attaquer, ni de prouver leur caractere frauduleux. Il ). a done pour
ces actes préson1ptio11 ele préjudice et de fraude. Quant aux autres acles,
alié1iatio1is c't litre oné!'e11;,:, JJaye111e1ils fails e,i es¡Jeces, ils lleu,·e11t etrC'
annulés par cela seul q11e ceux e¡ui 011t traité avec le dél)~teur, ou ont él<'-
payés ¡lar lui, co1111aissaie11t la cessatio11 de ses JJaye111c11ts (art. 44¡ ). C'est
co111n1c on l'a elit, << une action Paulier111c si111plifiéc ».
Autre caraclérisliq11c. L'aclio11 Paulie1111c reprc11cl ici son caraclere ro111ai11
de n1csure collectivc. E11 cffcl, elle csl i11ter1lée ¡lar le sy11dic au 110111 ele la
111asse.
La juris¡lruder1ce ad111el. elu reste, c1uc co11tre les acles fail:s ava11l la
périocle sus¡lecte, l'action Paulie1111e orcli11aire pe11t elre exercée aux condi-
lior1s du droil co1r1111ur1 el c1ue, si le sy11elic 11t'~glig·eail d'agir, cl1ac1111 des.
créar1ciers po11rrait allaquer e11 justice l'aclc fra-uduleux it ses risques el
périls et á ses frais (lleq., 13 11ove111Lre 186¡, D. ll. 68.1.212, S. 68.r.r 16;
Rec¡., '.J9 jt1illct 1908, D. P. 1910.r {109, 11olede J\l. llercero11, S. 1909.r.34Cl,
11ote de J\1. Lyo11-Cae11). Ce dcrnier arrel ael111el 111e111e - S(Jlulio11 tres COil-
leslal)le - c1ue pot1r les acles ¡lassés pe11lla11l la ¡lériollc suspecle, l'actio11
Paulic1111e ap1larlie11t a11x cr1'anciers, co11c11rre111n1e11l a,cc l'actio11 do1111éc
au sy11elic par l'arlicle 411¡ clu Coele ele co111111crce.

Appendice II. - Action en déclaration de simuration.


Pe11elar1l lo11glc111¡ls la j11ris1lrude11ce a co11fo11cl11 ccllc aclio11 avec l'acli1)11


llaulic1111e. ,\11jci11rd l111i, <'·clair{•p ¡1ar la cloctrinP, elle les llisli11g11e a,ec
s<iin ()lec¡., 911ovc111Lre 18i11, l). I'. !J'.l.1 1;11, S. !)l1.1.78; Ly<111. 11 ja11vicr
1906, Le J)roit, :1(1 11i:11·s '!J<iliJ.
Vc1ici l'l1y¡Jollu\sc <¡11i do11r1e Jie11 le l)lus so11Ye11l ii ccllc aclio11. (:0111111e
1lans l'aclio11 l1a11li<~11r1P, il fa11l s11111)oscr c¡ue le el<''.liileur ,·eut so11slrairc
1111c ¡iarlic de lcur gagP ,\ ses c1·<'•a11cicrs; 111ais il c11111loic 1111 111oyc:11 <lifl'<'·- •
rcr1l. Lr, llélJile11r c1ui to111IH'. so11s le cc11111 de l'acticJII l'a11lie1111c a alién<':
vérilalilc1r1cr1l, c:11 gónéral }lOIII' r1'.111¡ilaccr 1111 l)icn f'acil<•1111•11l saisis:sa!Jl<•
¡>ar 1lcs valeurs l'aciles .'1 clissi11111lcr. 'l'cl 11'csl ¡¡as le cas 1la11s 11c1lr<' l1y¡lc1-
tl1<'isci. J,r, cl<'d>ileur .fc1if sc111f,lr111f 1l'alit':11cr, il si11t11le 1111 aclP <l'a1>1Ja11Yri:ssc-
111e11l. !'ar C\XPlltJ>I<•, il Y<\11<1 s1H1 i111111c11hlc, 111ais 1·acc¡1u'r<•11r l'SI 1111 l1<1111111c
lle 1>aillc; l'i111111<)11l>lc: resl<J <'ti r<'•alilt': elar1s le ¡ialri111oi11e 1111 ¡JrÓl.c11tl11
62 LIVRE PRE,IIER. - TITRE PRE~IIER. - CHAPITRE PRE,JIER

_ve11de11r. Ou bien e11core, le d«'•l)iteur Lra11sfere son n1obilier a un ami et,


po11r n1asquer n1ieux l'opéralio11, il si111ule u11e cessio11 a cet an1i de l'a11-
¡Jarte1ne11t cor1tenant ce molJilier, q11'en réalité il entencl seuleme11t 1ncllre
a l'abri de la saisie.
Que vo11t clo11c faire les créanciers? lis den1anderont a la j11stice ele dé-
clarer c¡ue !'acle q11i Ieur est o¡Jposé n'a qu'une existence fictive. L'actio11
e11 dí!claratió11 de sin111lation 11'cst clo11c ni u11e action e11 n11llité, ni 1111e
aclion e11 réparatio11 du ¡1réjudice. C'est u11e action en déclaratio11 d'inexis-
Le11ce; on de111a11de au juge de la proclan1er. Si 1'011 esl forcé de s'adres-
scr a lui. c'cst uniquen1e11t c11 ,-crlt1 de ce principc qu'un litre apparenl
¡Jrocluit ses efl'ets ¡Jrovisoircn1e11t, La11t qu'o11 n'e11 a pas fail co11stater
l'inexistence, 11ul ne pouvant se fairc justice lui-n1e1ne.
r\insi co1nprise, l'aclio11 e11 cléclaratio11 de si111ulation differe a la fois ele
cclle de l'article 1166 et de celle de l'article , 167.
1° J)i.ffére1ice avec z·liclio11 nhli1¡11c. - On ¡1ourrail elrc tc11té de les con•
fo11drc, car le créa11cicr q11i agit par 11cJtrc aclion. se111ble se st1!Jstit11cr a so11
clí·biteur. cclui-ci ayant le clroit ele reprendre le bien c¡t1'il 11'a aliéné qu'c11
appare11cc. ~lais il y a cellr clifl'érence que, dans l'articlc 1166, le créancicr
ag-il a1i 1io1n llu débile11r ; dans le cas de si111ulalio11, le créa11cier agit e,i
SO/l 1/Ulll /Jl'OJJ/'e. D '0\1' 1es COT1:-CfJlleilCes
' .
c1-a¡1rcs:'
.\.. - Si le créa11cicr agissail c11 ,crlu ele l'article 1166, il ne po11rrait dl' ·
111ontrer la sin1ulatio11 (¡11'e11 ¡JrcJduisa11l une co11ll'e-lellreécl'ile. ,\.u conlrairc,
le créancier qui i11tcr1Le l'actio11 e11 dí~claralion de si11111latio11, pcut in,·0<111e1·
tous les 1noycr1s _tic pre11,-e, car il s'esl éviclcr11111er1t tro11\:é clans l'in1possi-
bilité de se n1é11agcr 1111 écril el. dt'•s lors (arl. 13!18), il doit 1\tre adn1is h
faire la preu,·e par té,noins ou sin1ples préso111plio11s (l\eq., 14 jt1in 18!)!1,
l).I>.9!).I.3!1!1.S. !l!l·'·46!1 ; 31 ja11vier 't)OO, D. 1). 1!100.1.80, S.1!¡01.1.347).
13. -· Si le crt'•a11cier aµ-issait au nc>111 llu clt'~llilcnr, son initiative bénóli-
cieraitit tous les créa11ciers. :\11 conlrairc, invoc¡11a11t la si111ulation, il exerce
ur1 elroit propre. Le j11gen1e11l 11e prlJf1tcra clo11c r111'h l11i scul ; se11l. il
¡,ourra saisir le }Jie11 r¡11i a fail l'ol,jel ele l'aclio11,
'.lº Di;ffé1'e11ce avec l'aclio,1. /la1tlie1111e. -- l)a11s celle--ci le crt'~a11cier, ¡ilact'·

en facl' <1'1111 acle vi'\rital1lc, en sollicil,\ la l"l\V<>cali,>11; llans l'aclil>II ,·11 <lt'·-
clarati<>n <I<' si11111lali<11t, 11' crt'•an,•ipr dP111a11<le Sl'J1li•11H'III (¡11'1111 111e11so11ge
soit reco111111, PI ((lll' l'aclc sc>il ,Jt'•clart'· non exislant. l)'t>Ú les co11sé1¡ue11cf's
suivanles : ,

,\. - Att 1iui11/ de 1•1te 1/cs co111litio11~· ,te l'11ctio11. - l,e crt'•ancil'r agissa11t
¡iar l'acti(JJI en dí·clarati1J11 el,~ si11111lalio11 11'a 1\ f'aire a11c111\e (les cl1\nH>11slra-
lio11s P:xigt'·Ps <111 <IP1na11ci<•111· :\ l'aclion )l;111liP1111<>.
11. - 1111'a pas :'t <lt'•111l111lrPI' 11• ¡ir1:j111lir,·. <lonc .'t <lisculer ()'al1cir1I l<~s
a11tres l>ie11s (!P S<>n 1l1\Jiitc11r. \"ai1tPllll'llt fui 1,l>jPl'll'rail-011 c¡u'ils s,int sul'li-
sanls 1>011r le <lt'\si11t1\rpsst'r, l;11 crt'•a11ciPr a l1>11j1H1r,.; le ,lroit 1l'c'•lirP, c11lr"
les bic11s cl11 clt'•Jiile11r, c1•l11i ((1t'il lui ¡ilail des11i,.;ir1>011rs1\Jla}er(llor1lr.a11x.
:i n1ars 18Hfi, 11,·r. 1/1• /J11r1le1111,r, 18!¡li.1.:.1!11).
b. - 11 11'n ¡>as cla,1111la¡.,rP i'1 ¡ir1>1IYl'I' la .fr11111l1• ,111 1lt'iliil1!1II', 1)11111111 l>if'n
111elll(' !'acle si11111lt'• lllll'ait t'•li'· :H'Clllllllli SilllS ('.()IISCi1•111:<' 1l11 J)l'Új111lice ca11si'•
EFFET DES ORLlGATIO\S 63
.aux créa11ciers, par exe111plc, clans le clessei11 (le fra11der le flsc, le créa11cier
n'c11 est pas 1noins c11 tlroil (le fairc étal)lir la vérilable consistance (les
biens de son dél)ite11r (Rec1., 25 juillet 186!1, S. 6!1.1.!152).
c. - Enfin, et J)ar Yoie ele conséq11ence, la con1plicité clt1 Liers ac(¡11<'·-
reur, 111eme il Lilre 011ére11x, napas il etre étal)lie. Uie11 plus, l'actior1 rt'·fl{·-
{:hira contre tout tiers clétenle11r, c1u'il soit ele !)onne ou ele 111auvaise foi.
E11 effel, clu r110111e11t c¡11e celui cle q11i il tie11t l'objet liligie11x. 11c l'a,ail pas '
lui-111<~111e réeller11er1t acquis elt1 dél)ite11r, il 11'a p11 lui en transn1ettre la
tJropri<'·té (,\lger, 8juillet 1896, sous lleq., 13 111ars 18ng, S. 1900.1.72; J,i-
111og·es, :>.ojar1vier 1905, D. I>. 1905.2.127).
B. - A1i poi,it ele i•iie des créa11ciers q11i peuvent c.ce,·cer l'action. - 'fous
les créanciers peu,·e11t agir e11 (léclaralion de si111ulatio11, et 110n plus seule-
a
111ent les créanciers a11lérie11rs. Les créa11ciers ¡Jostérieurs L'acte si111ulé en
ell'cl 011l qualilé ¡1011r 1'lnlJ!ir r1ue lcur gnge. a11 1110111e11t oú ils 011t lraité,
con1pre11ail en réaliti'~ le IJie11 soi-disa11t alié11é (llcc1., 16 111ars 1887, S. 90.
l . 3o 1). .
C. - Au JJoi,il (le viie 1les .acles c1ltlzr¡uables. - Les créanciers J)euvenl
diriger l'action en cléclaratio11 ele si1r1ulation, 110n pas set1len1ent conlre les
acles d'appau,,rissen1ent, 111ais conlre ceux. da11s lesc¡uels la simulalio11 t.end
il leur dérober 1111 enricl1isse111ent clont ils devraie11t elre appelés il proflter .
.\i11si, la porlio11 clissi11111lée clu ¡)rix, ela11s u11e vente, 11'éla11t pas 111oins
c1ue lé prix: oste11sil)le le gnge des créa11ciers. ceux-ci J)e11vent agir pour faire
rétalJlir la vérité (Civ., 21 juillet 1857, D. t>. 5¡.1.'104, S. 58:1.103).
1). - Au poinl de 1•11e ile /;1 ¡¡rese1·iptio11. - L'act.ion e11 tléclaralio11 de:
si111ulation 11e doit se prescrire ni ¡)ar dix. ni par trente a11s. Quel c¡ue soil
le lnps ele le1nps e\coulé, u11 acle qui n'existait pas 11e ¡Jeut poi11l acc1u<'·rir ·-
l'exislence. L'actio11 · csl elo11c in1prescriplil1le.
a
De r11en1e, les exce11tio11s a¡Jporlées par l'article 1167 l'exercice de l'ac-
a
ti,)n I>a11lien11e 11c s'a1Jplic111ent l)as l'aclio11 e11 déclaralion <le sin1ulat.ion.
C'e,;t po11rquoi les créa11ciers 011t le (lroit. no11obslant l'a1·ticle 882 clu
Cotle civil, cl'at.taqucr 1111 J)artagc conso111n1é, lorsr¡11'ils soutien11cr1t (lu'il
cst si11111lé (l\ourges, 18 juillet 189:1, 1). l'. !)'.l,2.6oi1, S. 93.2.210).
'J'crn1ino11s par u11e e>IJservalio11 i111porla11le. l,c1rsq11e !'acle si111ulé cácl1r,
1111 acl<\ réel, ¡1ar ex.c111¡1IC', lcirsc¡uc les partie,; 011t fail u11c tlo11alior1 tlt'·gui-
sén sous la f'llr111e cl'unc ,·ente, il 11c !)uffll ¡1l11s aux. créa11ciers, pour pouvoir
,-;aisir le l>ic11 alió11ó, 1l't'•lalilir la sin111lat.ir>11 1lc la ve11lc; il fa11t cncor<'
1111'ils 1>roUYl'ltl. le caracli'·rc fra1ul11!!'11x ,le la do11ali1)11. \lais ils relor11lie11t -.
'
alors so11s l'c1111iirc de l'arliclc 116¡. 1\.insi, 1111 arrel ele la Co11r <le cassalion
( (:iv., 7 févricr 18¡:i., 1). J>. 7:~.1.81>, S. 7:1. 1 .¡3) cléci<le que les créa11ciers
1111 n1ari pc>slt!rieurs a11 C<>11tral. ele 1r1ariage, 1ie ¡1cuve11t allaquer la tlonalio11
(lt'•guist'·c f'aile clans ce co11lral r111r le 111ari h la fc111111e.

Notion générale de l'obligation naturelle. - 1;ohlig-atio11 11al11relle


1. 111111,let, ,~•.isai cl'11ne th, 1orie gé11érale el,!.~ obli~atio111 11a/11relles, 'l'hcse ~ille, 1909 ;
64 LIVRE PRE~IIER. - TITRE PREl\IIER. - Cil,\PITRE PREl\lIER

est une obligatio,i llépo11rvue lle sa,ictio,i. Le créancier 11e peut pas e11 po11r
sui,·re l'exécutio11 co11tre le elébite11r. Ce elerr1ier est done lil)re de l'exé-
cuter ou <le ne pas l'exécuter ; c'est all'aire entre sa conscience et lui.
Seulen1ent, une fois cru'il a volontairen1ent recon11u l'existence de so11
oblig·ation, elle se tra11sfor111e en une obligation civile parfaite, et, des lors,
le paye111ent c¡u'il fait entre les 111ai11s d11 créancicr cst valable et ne pc11t
pas etre répété.
Cettc solution se lrouvc for111elle111ent exprin1ée dans l'article 1235, al. '.l :
<e La ré1)étitio11 n'est pas ad111ise .a l'égarcl des obligatio11s r1alurellcs c111i
011t été ,·olonlairen1ent acq11illées. » ·
Te! est le trait caractéristique ele l'o]Jligatio11 naturelle. Elle est s11sce11-
tible d'exécution volontaire, n1ais no11 ele coercition par les voies légales.
On , oit aussitót qu'ur1 tcl genre d'ohligation est quelque chose d'exce¡)-
0

tionnel, car la cc>ntrai11lc, le clroit d'exiger l'exécution forcée est le trail


esse11tiel d11 lien j11ridic111e.
:X'y a-l-il JJas eles lors a11Li11c1rr1ie al1sol11c e11lrc ces eleux termes: olJlig·a-
tio11 <lépourvue ele conlrainlc, c'est-it-<lire, e11 son1111e, obligalion no,i obli-
gatoire :1 Jlo11r co11cevoir de lcls rapporls jnridic¡ucs, il faut songer qu'il sc-
JJréscnle eles circo11slances ela11s lesq11elles une personne, sa11s ctre ex-
posée a11x pours11ites <l'une aulre, J)eut cepe11dant se trouver 1norale111enl
te11ue vis-11-vis ele celle-ci e< cla11s le for de l'l1onne11r et ele la conscie11cc »,
co111n1e disait llotl1ier. 11 en cst ai11si, par exen1ple, JJOur le dói)iteur
rl'1111e detle ele je11 011 cl'1111 llari, elelte c¡11e la loi 11e reco11nait ¡Joi11l
(art. 1965), ou encore po11r cclui c1t1i e::;t te1111 d'1111e deltc 11or1 ¡)ayéc.
étei11le par la ¡Jrescriptio11 liliéraloire 011 ¡iar u11 co11cor<lat. Le dó)Jitcur crui,
c11 }lareil cas, bien qu'exe111¡)l ele Jlo11rsuiles, payc so11 cróancier, 11e fail
llas 1111c lill<'·ralité; il acq11ittc 1111e v<'•ritalJle clelle. 011 11c sa11rail le co11sicl{·-
rer co111111e 1111 clo11atcur, ni l11i i11111ulcr la q11aliló ele clcJ11atairc; ce scrait
aller co11tre.la réalité <les cl1oscs. Des lcir::;, l'aualysc j11riclique concluit nóccs-
sairc111e11l it recon11aitre l'exisle11ce el'u11e classe d obligalio,is i,npa,jaitcs,
c¡ui ticn11c11t le 1r1ilie11 e11trc l'c1lJlig·al.i<111 ci,ile el ]'acle ele libéralit{·.
l)cs cliffic11llés 110111lJre11s<'s se ¡1r{se11lc11l e11 cette 1natii•re clcint l'i1r11)or-
ta11ce cloclrinale et Jlralic¡1I<· <'Sl cleven11c co11sicl{\ralilc, :\ raisor1 clu laco-
11is111e excessif ele 11otre (~<>ele.
'
]~t C(llllllle CCLl.e llla(iere cst lonle lraelilicJ1111elle, il i11tJJOrle lout cl'aliorel
'
<l'i11tcrrl,gcr l'J1isloirc.

Les obligations naturelles en Droit romain. - l,'icl<'·e cl. l'cx¡11cssici11


<l"obligaticJil 11alurelle 11011s vic1111e11t eles J\0111ai11s. J,:JJc\S rcn1011lt>11l., co111111c
011 a ¡)u l'i11cluire tl'u11 tcxlt• ele Sl\11ec111n (Sénc'·c¡ue, /)1• IJeni:ficiis, li,/1,7), :i l'ó-
1>oc¡11c el11 reg·11e ele N<'.·ron. J11lie11 y voit el<'.-jit el<•,- ohli¡. rat.iuns 1111i, sa11s etre
sa11ctio1111ées ¡>ar 11nc aclie>lt, ¡ic11ve11l fairc l"objcl <l'un ¡1aic111c11l valalile
(1ü, S t,, D. (ll'ji1ll'jllS., XI,,'!, 1).

Plnniol, Assi111ilatio11 progressive de l'obligalio,1 1111/urel/e el ciu devoi,· 1noral, llcv. cril;,
1913; Perrcau, Les obligations de conscie11ce deva111 les trib1111aux, Hcv. t1·i111. e.le l>rorl
CÍl"il, 1913


EFFE1' DES OBLIGATIO'iS 65
C'est á propos eles conlrats passés ¡)ar les csclaves c¡11e la tl1éorie ¡)es ollli-
gatio11s naturelles a ¡)ris 11aissa11ce ( 14 D. ele oblig. et rzctio,i., :\Ll\', 7).
Puis elle s'est développée, et a élé utilisée par les jurisconsultes, en v11e de
a
donner un certai11 cffct j11ridic¡ue eles obligalions, contre l'efficacité dcs-
<1uelles le Droil civil élevait des obstacles arliitraircs el arlificiels. On a ,
a
été ainsi an1ené ,·oir des obligati<Jns nat11rclles elans cclles el'un i111¡)ullere,
conlractant sans l'a1icloritas ele son tute11r, ou d'un mineur de vi11gt-ci11q
ans, po11rv11 d'11n curate11r et cor1tractant sans le co11se11s1is de celui-ci.
;\,Jen1e sol11tio11 pour les olJligalions cl'1111 111inc11r elépo11rvu de curale11r.
'1[(\111e sol11tion encore au cas cl'e111pr11nt souscril par un fils de fa111ille á
l'encontre du Sénatusconsulte 111acédonien, ou a11 cas d'olJligation cl'un
mine11r é1nancipé, frappéc d'inefficacité par une 1·estit1itio in integrun1.
On ,,oil, en son1n1e, que les Romains 11'avaient fait de la notion d'obliga-
tion nat11relle c¡u'ur1 err,ploi fort li111ité (V. Girarel, Jlla1111el, 5° éd., p. 6!1o).
Q11a11t a11x elfets juridiques de l'o}Jligation 11alurelle, ils s011t, au C()n-
trairc, asscz élenclus en droit ror11ain:
1° D'alJord et surtout, le elébite11r c¡ui a ¡)ayé le créancier ne JJeut ja111l1is
répéler, il 11e JJe11l pas inlenter la co11dictio i11clebili. Il ne peut pas répéler,
n1c111e s'il a payé JJar erreiir, croyant ctre obligé civiliter (4o, pr. et 64 D.,
lle co,idict. i11clebiti, XII, 6);
2° L'exéc11tion ele l'obligation 11at11relle cst considérée con1111e u11 JJltie-

rne,it, 110n com1ne 1111e clo1ictlio1i;


3° Les obligatio11s nal11relles, 011 pl11t¡jt ccrtaines d'cntrc elles,et so11s ccr-
taines conditions, ¡Je11Ye11l elre opposées c11 compe,isation par le créancier,
etre garantics par 11n ca11lio11ne1ne11t ou 1111e hypotl1eq11e, faire l'objct d'11ne
11ovalio11 q11i les transfor1ncra en obligatio11s civiles .

L 'ancien Droit fran9ais. -- La théorie eles olJligations naturellcs cst.
i11co111iite ele 11otre tres ancien Droit. Elle n'apparait qu'avcc la renaissa11ce
<lu Droit romain. Cci111batt11e alors par d'1\rgentré, e111i, dans sa Co11t11n1c
'Cle I!retagne, s'efforce ele prouvcr c1u'clle est une sublilité et r1'a aucun fon-
cle111er1l j11riclic¡11c s{·rie11x, clic va, au conlraire, lro11vcr des eléfe11scurs
<:\1ez Do111al el / 1 0Lliier.
D01r1al (/Joi.1: civiles, 1'º partie, liY. 1, lit. r, sect. 5, n" 9 et liv. 11,
tit. 7, sect.. 1, nº 1,) n'i11(lir111e com111e ollligations 11al11relles q11e les ollli-
gali<Jns co11lractées par eles incapat)les 11011 l1al)ilités.
I>otltier cst Jllus explicite. C'cst l11i q11i, le prc,nier, 11011s clonne 1111r clas-
silicati<111 eles o!Jligal io11s 11at11relles. 11 11011s ¡}il qu'il y a dar1s 11otrr ¡lroil.
cle11x sortcs (l'<)l>ligati<111s 11aturelles (Obligalio,i.~, nº' 173 et 175, 191 il 19¡.
écl. liug11ct, t. 11, p. 85 el 901 :
1° (;!'(les ¡iour lcsquclles la lrii ¡lé11ie l'action, ¡lar rapport /1 la cléfavcur
ele la cause (!'01'1 elles (Jroce(lenl. 'fnl\e cst_\a rlette <l11c 1\ 1111 caliarelic1- ¡Jo11r
(\t'·¡>enscs fail!'s <la11s so11 caliarel (arl. 1:.18, co11t. ele l'aris);
:.iº c;(\lles c¡ui 11aisse11L <les crintrals eles (lerso1111es c¡ui, ayanl u11 j11gc111ent.

et u11 eliscer11c1r1e11L suflisa11ls l)()llr contracter, so11L 1H'a11111oi11s, par la loi


'1'011,e 11 5
66 LIVRE Pl\E~IIER. - TITRE PREMIER. - CllAPITRE PRE~IIER

a
civilc, ir1l1abiles contracter. Telle est l'obligation d'une fe111111e sous puis-
sa-11ce <le mari, qui a contracté sans etre autorisée.
1>11is, un peu plus loin (11° 196), il ajoutc qu'une obligatio11 civile ¡Jeut
etre regardée com1ne olJligatio11 pure111e11t 11at11relle, lorsque le dé!Jiteur a
acq11is, co11tre 1·action qui e11 résulle, c111el¡1ue fi11 de 11011-recevoir, ¡Jar
exen1ple, par l'a11to1·ité de la cliose j11gée, ou du ser111ent décisoire, 011 par le
laps (le 1,enips rer¡uis ¡Jar la prescri¡Jtio11.
Par ailleurs (ibi<í., 11º 197), Poll1ier établ it u11e diITére11ce 111arquée c11lre
l'obligation nal11rellc el le si111ple devoir ele co11science, lequel 11'oll're,
dit-il e11 su!Jsla11cc, aucun caractere juridiq11c.
Pour ce qui est qes efl'ets des obligatio11s 11alurelles, il s'écarlc tres se11si-
a
ble111ent des traditions ro111ai11es.Il se refuse allribuer aux o)Jligalio11s na-
turellcs loutes les conséque11ces juridiques que les jurisco11sulles clu Di ges le
le11r faisaient engendrer, par exen1¡Jle, la possilJilité <l'etre op¡Josées e11 co111-
}JC11salion,ainsi c¡11e celle de servir lle lJase ¡\ 1111 caulio1111e111enl. I.c seul Pll'cl
c111'il Ieur accorcle csl c111c, Iorsc1ue le clébitcur a payé, el payé volo11taire111e11l
(conclilion que le Droit ron1ain n'exigeait pas, 011 s'c11 souvienl) ce [Jaye111e11L
est valalJlc el n'esl ¡Jas s11jet it ré¡J1~Lilio11, ¡Jarce c¡uc le clél>ile11r a e11 u11
j11sle sujel de s'acquitter, ú savoir le désir <le llécl1arger sa couscil'11cc.
Si not1s avo11s i11sisté sur la doctri11e ele l)oll1ier, c'esl que les rédacleur,;
du Cocle civil 011t visil1le111ent e11tendu la reproduire. C'esl ai11si q11e J3i-
got-l>réa1ne11eu, cla11s l'Ex¡José des 1110Lifs <lu tilre tics ()úliyalio11s (l-'c11el,
l. 13, p. 2G4), 11e cite e11 fail d'obligations nat11relles, q11e les trois grou1Jes
é11oncés par 1>otl1ier. Et il ajoule que le sct1l ell'el lle ces obligalio11s est
d'e111¡Jecl1er la ré¡Jétitio11 <le ce qui a été payé vulo11Laire111c11L, soluliu11 que
l'arliclc 1:133 re1Jrotluit 011 ter111es for1nels.
11 rcslr. c11 [Jrésencc cl'1111 lcxle 11nique a11ssi s11cci11cl que cel11i ele l'arli-
clc J '.J.33, et ll'u11c clu11l1l<· tracli tior1, ro111ainc et franc;aise, l'1111c el l'a11lre
assez pet1 précises et, e11 u11 cerlain se11s. cu11lratlicloires, co11struirc la a
tliéorie 111oder11e eles obligations r1aturellcs : h déter111i11er d'al1ord <ia11s
qucls cas elles exislc11l, el, e11 scco11d lieu, <¡uels efl'cls elles ¡Jrod11ise11l lll't'-
cisén1c11t.

§ t - D1111,,; q11t•l¡o,¡ c11,-; -,· ;1-"f-JI obll"°11tlo11 11a"f111•elle.

Systeme doctrinal classique. - f)'a¡irt'~s la rnaj<Jriti'· <i<'s inl<'rJll't'l<>s


classir¡u<'s clu Co<lc civil, ficlt',lcs a la doclri11c trarlit.io11ncllc, l'ohlir¡11fio11
11af11relle <l<)il rlr<' <lisli11¡.r11/•p a,r·c soin du si1n¡1l<' (leunir r11orr1l. ('.e rlcrnicr
<l<'•¡>c11cl d11 <lornainc <I<' la l\lorale ; la prP111i1'.rc l'ail partí<' du rl11111ain1• cl11
l)roil. l•:11 d'aulrl's l<'rn1cs, ellc csl 1111c vórilal>le ol1lig-alio11. 1111 líen ele
clroit, cr<\a11l un cri'·a11ri<•r 1·1 1111 <l<'·l1ile11r; 111ais, ¡1ar suite <le ca11srs ¡1arli-
culicres, ce lien <le clr1.1il C'SI ¡1ri,t'i <le la f1lrce coercilive, il r1'esl ¡ias accrJ111-
pag11é ele l'acli1111 <~11 juslic11. l,l' dPYoir 111rJral, a11 contra ir<', est inexistanl
au JJOÍ11t ele vu,\ juri<IÍ<(IIC'.
• • •
Dans cctte Llu'oric. Jr:s <>l>ligalio11s nalurelles sor1l soit <les obl1.r¡1tf1011s c1-
1Jilcs (tl'Ol'lées. soil <les ohlir¡11fio11.s cil'iles 1lér¡é1iérées. I,cs cn11scs qui leur
clon11c11t 11aissa11ce so11l les s11i,a11les:


EFFET DES OBLIGATIO:\"S

1" L' a,i,iulatio,i d'u1i e11gc1ge111e1it co11lrc1clé par i111 i11cc1¡Jctble sa11s l'ol)-
servalio11 des regles édictées llar la loi.
a
Celle a1111ulation, la cli!l'érrnce ele celle c¡ui résulterait cl'u11 ,,ice clu con-
-sc11te111eut, laisse sul)sisler, 11ous dit-011, une obligation nat~relle i1 la
cl1arg·o clo l'i11ca¡)alJ!e, el si, 1111c fois crue l'incapacité a pris fin, 011 n1e111e
<lurant l'i11capacité, 111ais ayee les Í()r111alités ref111ises par la loi, le débiteur,
cstin1a11t c¡11'il a e11 lort <le faire an1111ler le co11lrat, ¡Jaye son créancier. il
11e 1Je11t pas répéter l'i11d11 (Civ., g 111ars 189G, D. P. gG.1.391, S. 9¡.1.?.26,
11ole ele :\1. Es111ei11 ).
1\11 conlraire, lorsque la 1111llité repose s11r eles co11sicléralions d'orclre
.
¡)ulilic, il ne subsiste pas cl'obligation nalurelle ii la cl1arge du dél)ileur.
.

a
(' ll 11'y a ni obligatio11 11aturelle ni dctte cl'l1011neur cx.écuter une ol)liga-
t io11 illicite », clil un arret (Cae,1, 18 ja11vier 1888, S. 90.2.9¡) ..\insi celui
1111i _e.m¡Jr11nlc i1 1111 la11x. 11suraire, conserve le droit de répélcr les intérets
<111'il a ¡Jayés. De 1ne111e, on n1atit're de ccssio11 cl'office 111i11istéricl, la co11-
lrc-lellrc éleva11l le prix. officicllc111e11l i11clic1ué it la Cl1ar1cellerie.esl frappée
d'u11e 11ullité radicalc, et le ccssio1111aire pc11t to11jours dc111ancler a11 cédanl
la rcslitution du s11p¡lló111e11t ele ¡lrix. 111en1c volo11taire111cnl versé par luí
(lle<¡., 18 n1ars 1895, D. IJ. 95. r .3t,ti, S. 9G.1.11 ; Grc11oble, 2G jui11 190¡,
D. I>. 1908.2.363, S. 1909.2.22).
Disposilio,is lesla1ne1ilaires faites verbctle11ient ou i,isérée.s dans u,i tes-
2'

la11ie1il 1111[ en la fornie. - Ces dis¡Jositions 11'ont pas ele vale11r j11ridiq11e,
111ais elles enge11clrcnt 11. la cl1argc des l1ériliers 11nc obligation 11aturclle
1¡11e ce11x-ci pe11venl transfor111er c11 u11e obligation civil e (,) (Civ., 19 dé-
ce111l)re 18Go, D. Jl. G1.r.1¡, S. G1.1.3¡o; Rc<1., 1oja11vier 1905, D. IJ. 1905.
1. 4j, S. 1905. I • 12 8).
3" Obligalio,i ciuile exista,,t rdellc11ie11l ,nrzis ¡1ara(ysée JJar une e:cceplio11.
- Celle cxceplio11 pe11t elre ce lle ele prescri¡Jlio,1, celle ele ser11ie1il. celle de
c/1nse j 11yée.
La prescri plio11, 11. con di tio11 c¡11' elle soil i11voquée a
te1nps (art. 2 2 23),
élei11l l'aclion d11 créa11cier, 111ais laisse sullsisler á la charge du débiteur
c¡ui 11e s'esl. ¡)as acc111itté, 1111e uliligatio11 r1at11rclle. 11 e11 est ele n1en1e dans

le cas 011, fa11lc ele n1oye11 ele ¡Jrcuvc, le créa11cier a clt\féré le serrr1enl au
clébiteur el oú ccl11i-ci s·cst ¡Ja1:j11ri'i; et e11fl11, rla11 s le cas 01'1 le de111a11dc11r
llien 1¡11'i'•l.a11l r<~ellen1c11t créancicr, a v11 sa clc111a11clc rejetéc. Dans tous ces
cas, si le <li·liilc11r. oliéissa11t a11x i11j1}nctio11s ele sa C<lnscie11ce, se décidc re- a
connail.rn et i, ¡1ayer sa delle,la reco1111aissance el le ¡Jaycn1er1t sont Yalal)les.

(!) ()n explique de celte far,on l'antinomic juridique qu'il y a entre les articles l.339
el 1340 ,lu (:o,le civil. D'upres In prernier, la donalion nul!e en la forme ne peut pns lltre
conllr1n,1n par le donateur; il íu11l nécessairement qu'1•lle soil rPfaite en la for1nc légale.
An conlrnire, la conllrmation 011 l'Pxécution volontaire de la donalion par les héritirrs,
apr,'~ le d(\cús du donatenr, ernporte leur renonclation ¡\ opposer les vices de rorme
(art. 1:JiO). Cnlle dill'érc111·c se co1nprend lr(')s bien. La solPnnit(\ ,lps donations n élé tilnhlie
d1111s l'inlr.r(\t de la famill<1, ponr e1np(lchrr les lih,lrnlitr.s irréflichies. Quan,l done 111
regle n'a pas (1 lé ohservée, 1,·s hr.ritirrg ont ¡\ exnn1inrr si lrnr conscience ne lenr fait
pas nn d1•voir de respcctcr la 11111nií11slalion de volonté de lenr auteur. On comprend done
que la loi considere lcur ralillcalion com1ne l'cxticution d'une ol.Jligalion naturelle.
68 LIVRE Pl\E~IIER. - TITRE PRE~IIER. - CIIAPITI\E l'l\E)IIEI\

4º [,cf11illi, c1ni a obtc11t1 ele ses créa11cicrs 1111 co11cor1lrtl l11i faisa11l rc111isc
cl'u11e C[ll<Jle-parl ele ses eletlcs, reste ten11 el'1111c oliligalio11 11aturcllc po11r le
surpl11s (Civ., 2!) ja11vicr 1900, D. l>. 1900.1.200, S. 1900. 1.3:17).
5° /lit 112alie1·e 1le je1i 01t 1le ¡Jal'i, l'arlicle 1963 ¡Jorle eruc la loi 11'accorrJ._,
aucurtc actio11 ¡¡our 1111c elctle ele jeu <Jtl le 1iaic1ncnl <l'1111 ¡iari ; 111ais l'ar-
ticle 1967 ajoule: « Da11s aucun cas, le ¡Jerda11t 11e pcut répétcr ce q11'il a
volonlaire111c11l ¡Jayé, it 111oins r111'il 11'y ait cu, ele la ¡Jarl el11 g·agna11t, clol.
s11¡Jercl1eric 011 cscroc111crie. >> Cctte alJscnce d'actio11 e11 rÓ[Jétilio11 e,-;I
1111e a¡Jplication ele la regle ele l'article 1235, 2° al. 11 cst vrai q11e cell<'
i11ler¡Jrétalio11 esl co11teslée. Certains aule11rs voie11l ela11s l'arlicle l!J(i¡
11nc a¡J[Jlicalio11 ele l'aelage « /11 pal'i ca11sci l1111Jil1z1li11is cessal repelilio >>.
Le jcu scrait u11 acle l1011teux qui ne pourrait elre invoqué en juslice 11i
con1n1e cause d'obligatio11, ni con1n1c 111olif de répétitio11. :\Iais cette ex-
plicalion cst, it nos yeux, erro11ée. Elle 111ettrait le Droit e11 co11lradictio11
avec le scnti1nc11t ¡¡uJJ!ic <¡11'ex¡Jri111e si IJic11 l'aclag·e : « 1lelle cle je1t, cletle
cl'/1011,ieu!'. >> :\'est-il pas ¡Jlus exacl de dire c¡11e le lég·islale11r 11c veut ¡¡as
sanclio11ner le ¡iari el le jeu, r11ais laisse ali perclant le soin ele s'arra11gcr
'

avec sa co11scie11ce ? D11 reste Jlotl1ier (Trailé cl1t jeu, 11º 33, éclit. Bug·net,
t. 5, ¡J. 387), affirn1ait l'exisle11cc de l'olJligalio11 nalurcllc: « La loi, cli-
sail-il, ¡}rive le contral el'cxéc11tion clans le for cxtérieur, n1ais le contra!,
qnoie1ue fait e11 co11lraYentior1 avcc la loi, 11e laisse pas d'cxisler, et lorsc¡t1'il
11e re11fer111e c11 soi a11cu11e injustice ele l'u11e eles ¡Jarlics en,ers l'a11ll'L', il
olJlige dans le for ele la co11science. »
G·• l~11fin, 011 acln1et or<li11aire111ent c¡11c si les c11fa11ts 11'011t 1ias d'actio11
co11lre lc11rs perc el 111t':re << ¡iour 1111 élablissc111e11l ¡Jar ,nariaye 011 a11lre-
1ne11l >) (art. 20/1), il y a ccpe11clanl ú la cl1arg·e eles parc11Ls 1111e obligatiu11
11at11rclle de lc11r constitner l1r1e dot. C'était lit, c11 efl'el, la regle lraclilion-
11cllc ele 110s ¡Jays ele Coulun1Ps, el l'arliclc :1<>4, par la fac;o11 <l·onl. il esl rt'~-
cligé, se111ble lJic11 l'a,·oir 111ai11lcnue, car il esl visi!Jle111cnl i11spiré 11'1111
1,assag·e ele Pc1ll1ier (Co1111111i11c11tlé, 11° G!1G): << L',}bligalio11 ele cloter les e11-
far1ts co1111111111s csl une <lclle <l'Ii 11'esl 1¡11e natnrelle, ¡Jo11r l'acc¡11illc111e11l
de la1¡uellc la loi 11c elo1111e aucunc acliun aux c11fa11ls co11ll'c lcurs }Jl!l"C el
Illl)l'C. n (\reJil' nol.l'C l.0111c 1'', p. :16:.i, 363). l,a j11rispr11clc11cc s'csl ¡Jlusieurs
fois (Jl"n11011céc ¡ioul' celte i1tl<'l'(lri'·lalio11; Cass. llelg·ic¡ue, !) ttOY<)tlllirc 1855,
fl11sicrisie belr¡c, 18:i:i, 1. ti:>; lll'nxclles, '.17 a,·ril 188!.), / 111sicrisie befr¡c.
18!)<>.·1.".17. V. cc¡>c111lanl, ~l<Jnl¡Jcllicr, 1{i <lt'·ce111l>re l!JOI, D. I>. l!)C>7.'.J..:.11,,.
11olc ele i\l. Ca¡>ilanl, S. 1H<>:Í. :>.. 18i">, 11ol<' de \1. l lt'i111ar<l.)
7° 11 r,·slc un arlicle (l<'ll c<>111111 d11 c:<HlP, l'arliclc '!)<>ti q,1·011 JH)ul. l'alla-
(' 11cr a' la lllCíllC
' .[( l'('C. !)'a¡ir,:s
' ce lc'\le, (( l' en1¡Jr1111 lClll' 1¡111. a ¡>a}<'' <1('S
i11l{)r1\ts c¡ni 11'étaienl. ¡Jas sli¡inl{·s, ne JH'lll ni lc·s ri'·pi'•lcr ni IPs i1111111l.cr sur
le capital. n {Jn a ex¡ilic11ll\ !'<'lle clis¡iositi,)11 Pll tlisanl c¡u<' e,· ¡>aiP111e11l ,,i-
lontairc fail ¡1rt'.·s11111er l'exisl.e11cc <1'11111) conv<'nlic>n 1l'i11L,:r,\i,s,1lu11t. la ¡1rc11v<'
11e lll>urrait ,~lre ra¡i¡Jort{,c par le ¡ir,\teur, 111ais <111i 11'e11 cxislerail. ¡ias n1c1i11s
(\'. llncr., 10 cl1\cc111l,r<) '!)<)?., 1). (l. l!J'):1., .·,o~ ()l. le 1':lJl()l)l'l ¡Jp ,,. le ("()Jl-
seiller l)enis, S. l!)<J7.1.l1:>!J). \:1) va1llll'ail-il ¡>as 111ie11x <lir<• <111,,;si la rt'·¡H\-
tiliott tt'esl ¡>as 1>er111ise, c Psl ,¡11c l<'s inttr,\ts ¡iay,\s sonl c1>11si1lt'.•.f'i'!s CllllllllP
0
EFFET l)ES OBLIGATIO'.'i'S 69
la rén1unération du service re11d11 a a
l'c111pr1111le11r, ré1111111óratio11 laquelle
cel11i-ci s'est considéré con1111c aslrei11l en conscience, 11onol)sla11t le silence
el 11 contrat?
1'els s011t les se11ls cas da11s lesq11els la Doctrine classique reco1111aisse l'exis-
le11ce cl'u11c ol)lig·atio11 nal11relle. La pl11part so11l sa11s granclc ap1)licalion pra- ,
tique; ce so11l eles l1ypotl1cscs cl'c'cole. Par exen11)l e, arri,,era-l-il !)ien souvent
<1u'un incapal)le qui a fait annuler le contrat par lui passé, c111'un dél)iteur
r111i a opposé la prescri1)lion, qu'un plaicleur q11i a fait un faux ser111ent, ou
a <'lé al)sous par un juge1ne11t, soient pris de re111ords, et co11senten t ensuite a
acquilter lJénévolen1e11l une o]Jligatio11 do11t ils 011t ref11sé le ¡Jaien1 enl, alors
q11'ils étaient 1Joursuivis ?
En somrne, les seules l1ypotl1eses d'ol)ligations naturelles discernées 1Jar
la Doctri11c, et qui peuvent se renconlrer en fait dans la pratique, sonl celles
d'u11 l1{·ritier cl1arg·é d'u11 legs ¡Jar une disposilion testa111entaire verlJale ou
ir1sórée daos u11 teslan1enl n11l en la forme, celle d'u11 failli concorcla-
a
laire, celle e11fi11 cl11 ¡Jere et de la mere constituant 11ne dot leurs e11fanls.

Systeme de la jurisprudence. -- A la difrérencc de la Doclri11e, la


jurisprude11ce, s11ivie d11 reste par quelques auleurs, a considéral)len1ent
ólargi la r1otio11 d'olJligation nalurelle. Pour les tribuna11x, il y a olJligation
11at11rcllc, lo11tes les fois q11'1111e personne s'ol)lige e11vers 11ne autre, ou lui
verse 11ne s0111n1e cl'argent, 11011 so11s l'impulsion d'ur1e intentio11 lilJérale,
111ais sous celle ele sa co11scie11ce. pour ren1plir un devoir dont elle se croit
1110/'alement ten11e. Le don1aine de l'ollligatir)11 11aturellc s'élargit des lors
considérable111er1t. ''oici, er1 efTet, les JJri11cipales ap¡Jlications que la juris-
¡Jrudence a failes rle son syste111e, el qu'il faut ajo11ter aux l1)'potl1c'·ses plus
tl1r()riq11es q11e pratiques de la Doctrine :
1 º l'ro11iesse d' alime11ls <t 1111 e11fc111t 11at1il'el 11011 reco,i,111. - Le ¡Jere qui
11e reco1111ail pas son enfant naturel, est 11óanmoins tenu de l'obligation n10-
a
rale de su!Jvenir ses lJesoins C'est un clevoir de cons cier1ce q11'il pc11t
transfor111cr e11 1111e olJligation civile, soit e11 rn faisant l'objet d'11n e11gage-
r11r11l écril envers la 111ere, soit e11 versa11t 3. celle-ci 11ne son1n1 e drstinée U
J'enlretier1 ele l'e11fa11t (V. notre t. l"", p. 2n:3; l)aris, 18 fc'-vrier 1n10, S. 1n10.
2.2:io; 1\eq., 5 111ars 1no2, D. I>. 1no2.1.220, S. 1no2.1.312; l)aris, 27 111ars
1n12, (;az. JJal.: 18 r11ai 1912). 1,a cause ele l'e11gagen1ent ¡1ris 011 acc¡11itté
par le 11ere n'csl ¡Jas le licn ele flliatio11 q11i l'u11il ;\ l'cnfan l, lcc111cl peul-
c'\lre ne po11rrail et.re lógalc111c11t 11roclarr1é, 1Jar exe111¡ile si l'e11fa11l esl adul-
tl~ri11, 111ais la croya,ice 01'1 esl le clélJitc11r de l'olJlig·alio11 11al11relle c1u'il est
le ¡1<'•re de l'enfa11t..
2" l'ro,nesse lle réplll'l!l' le ¡iréju1lice causé ¡1a1· la séd11clio11. - J,a sécluc-
lir>n, it elle se11lc, e11 del1ors ele circonsla11ces sprcialcs, !elles r¡11e l'en1ploi de
111c11aces, 011 l'alius el'a11l1)rit1'., 011 la 111·0111cssc el<' 111ariagc, 11e 1ic11l servir de
a
liase 1111e act.io11 er1 rlo111r11ages-inlérc\ts. Ni~anr11oins, la j11rispr11de11ce clé-
cidc q11'elle c11ger1dre pour le séd11cteur 11ne ol)ligalio11 11al11relle née d'un
dcvoir <le co11scic11ce el 1l'l101111e11r, laquelle pe11l elrc co11vertie par l'inté-
rcssó e111111e oliligalion civile valalile (Dijo11, 27 111ai 1892, l). ]). 93.2. 183,
70 LIVI\E PRE~IIER. - Tll'I\E PRE1IIEII. - CII.\PITI\E PRE~IIER

S. 92.2.19í; Lyon, 3o décembrc 1890, 1). J). 91.2.30!), sous S. 98.2.1!11, c,i
note) (Voir notre 1•r, ll- 293, 294). ·
Quelques arrels 111en1e or1t lloussé 1Jl11s loi11 l'iclée cl'olJlig·atio11 11alurelle,
et adn1is q11e la pro,nesse faite all 111ome1it lle la cessatwn llll co1ic1ibi1ic1gc
et en ,ue d'assurer le sorl ele la coucubinc, était la reco11naissance d'unc
obligation naturelle (Rer1ncs, í n1ars 1904, D. ll. 1905.2.305, 11ole de \1. Pln-
niol, S. '9ºí·2.241, note de .\l. llé111ard).
3° L'obligation alime,itaire entre ¡>roc/1es ¡>are,ils ou alliés existe pareill0-
ment a l'état de clelle naturcllc, cla11s les cas ot'1 la loi 11e l'i111pose pas ex-
pFessément (Ci,·., 22 juillct 18(¡5, D. l'. 9ü.1.5(i9, S. 9\l· 1.42). ,\i11si, la lJell0-
fille qui s'engage a IJª)'er 11ne ¡1ensio11 alin1enlaire h sa belle-mere, apri'•s
le con,·ol de celle-ci, 11e l11i fait pas une donatio11; elle cxéc11le 11ne olJlig·a-
tion naturelle (Lin1oges, Ií no,·embre 1896, D. I>. !)í,2.463, S. 1900.2.í3).
4º On a vu aussi une olJligatio11 11at11rellc clans la réparation volo,ilairc (/11
préj11dire ca11sJ ú a11tr11i, alors que, ce¡Je11cla11t, ce prt\judice 11e donnait ¡Jas
ouvcrture a une action en dom1nages-i11térets (Civ., 5 aYril 189:J, D. Jl.
g:i 1.234, S. !)5.1.129, note de ~l. Ballc}'dicr; llcc¡., í n1ars '(JI 1. Gaz. J:>af.
21 aYril 1n11 ).
5ª En fin, les donalions rémurzératoires, ¡Jar exe111ple, le do11 qu ºun malaclc
fait au rr1édecin q11i l'a sau,·é, peu,enl clans certains cas ctre considérécs
comn1e l'acc1uiltc111ent d'1111e obligalion 11alurelle (llcc¡., 10 cléce111lJre 18:í,,
D. P. 52.1.80. S. 52.1.41).
On le ,oit, c11 é_largissa11t la notion d'o!Jligation naturelle, la juris¡J1111-
dence arri,·e a valider des cngagcrr1e11ts 011 des paie111cnls c¡ui, sa11s cela.
pourraient etre allac1ués. J)a11s la ¡1luparl (les l1)'potl1eses sur lesquelles elle
a
a été appelée statucr, la qucslion en litige i•lait de savoir si des e11gage•
n1euls pris Ycrbale111r11l 011 ¡1ar acle s011s sein_g· pri,{·, r1c (lc,·aicnt 11as i.\11'<'
an11ulés corr1n1e co11stituant des lilJéraliti•:,; failcs :-a11s <JIJscr,alion des for-
mes solrnnelles prcscritPs par I'arliclc !)3, <111 f:o<le civil. La jurispr11de11ce
a valiclt\ ces c11gag·e111e11ts, lo11tes Jps fois q11 ºelle } a v11 l'cxéc11lion <1'1111 cle-
voir de conscience ; len1¡>éra111c11l nolaLle i1 la rigue11r cl11 ¡1rincipe ele la
sole1111ité eles <lonalions entre-, if's.
E11,isag·t"·c Sl>Us 1111 j<>11r ¡>l11s g/•11/·ral. <'<'lle l<'111la11c<' al>t>ulil i1 l>riser co111-
plet.en1e11l les caclrcs ¡1l11s t',troils da11s Iesqucls la 11<>li1111 tlºufiligatio11 11al11-
relle avait éti~ e11ferrr1ée ¡1ar les l\<J111ai11s <'I ¡1ar Jl<Js a11cie11s a11te11rs. l,'<1l1li-
gation r1at11relle lenel e11 son1n1e l1 se cc,nfcn1clro a11jo11r1l'l111iavec le 1lcvoir ,le
co11scie11ce. J,a SJ>h<\re !l11 l)rciil s'csl dcinc t'·tcn1l11e, Pll<i a <lt'•IJor<lé s11r ccll11
de la ¡111re 111oral<'. l,'i1111>i·ratif ele la cc111:--ciPnce 11'pst 11111:-- cho:--P inelill'i,rPnle
e11 clrc>il. 11 y a Iú, 11ous sc111ble-t.-il, 1111 ¡>r<ig·r<'·s dP la rivili:--alit>ll.

§ 2. - QuelH Ho11t les effeCH ele l'oltlla11tlo11 ■•11tu1•clle.

lci, on pet1l clire <111e c'Pst le 11l1i'~1H)111c11e inverse <¡11i :;ºesl ¡1rod11it.. L'cfll-
cacilé juridiquc de l'0Llig·alio11 11al11rellc est 111oin<lre a11jot1rdºl1ui <¡ue clH•;:
les ]l(1ma ins.
EFFET DES ODLTGATIONS

Premiar effet, Validité d'un paiement volontaire. - Le seul effet


de l'obligation 11alurelle que la loi con sacre ex1)ressé111e11l,cst cel11i r¡11e vise
l'article 1235, alinéa ?., i1 savoir q11e, si elle esl ,olontaire111e11t pay(\e, la ré-
pétition de ce paie111e11t n'cst JJlus possil)le. Deux observations sont ici
' . :
11ecessa1res ,
1º 1\ la dilférc11cc de ce q11'admeltaient les Ron1ai11s, l'arlicle 1135 exige,
a I'in1ilalio11 lle Jlotl1ier, que le JJaieme11L de l'ol)ligation 11al11relle, pour
q11'il soit valable, ait é\é fait volonlaireme,il. Nous 11e croyo11s JJas qu'or1
p11isse co11tcster le sens de ce 111ot 1•olontairerne1it ; il signifie scieniment.
e11 co1i11aissa1ice 1/e caiise. Done, le paicrr1ent fait J)ar erre11r peul etre
répélé, quand bien n1en1e le solue,is aurai t été ten u d'unc o})ligation 11a-
turelle envers l' accipie11s. En ltalie, ou le respcct de la lradition ro-
111aine est lll11s profond, on co11siclere a11 cor1trairc - et peut-etre cette
sol11tion est elle plus morale -- 11uc le paie111e11t d'11ne ol)ligation nat11rclle
,
est Ynlal)le et ne pe11t etre rt'•¡Jété, 111e1ne q11a11d il a été fait par crre11r, du
111orr1c11t qu'il a été spo,itané, c'rst-ii dire que l'accÍJJÍc11s 11e l'a pas ol)lenu
par ·dol ou Jlar violence (V. Rev. trin1. 1/e !Jroit cii•il, 190!1, p. 6!17),
:1º 11 est l)on de rapprocl1er l'article 1235, al. 2 des lextes relatifs au paie-

1ne11t lle l'i11cl1i, c'est-a dire des articles 13¡6 et 1377. D'apres ces dispositions,
celui qui, se croyant par erreur dé})iteur·, acquitte sa prétendue dette, a le
clroit (le répétition co11tre le créancier. Des lors, cel11i qui pa)'C sciemme11t
ce q11'il 11e cloit pas, 11'est point ad111is a répéler, et cela parce ql1e la loi
considere r¡11e, certai11en1ent, son versen1ent a été j11stifié par u11e ca11se.
On peut done se demander quelle est l'11tilité de l'article 1235, al. 2, puis-
r¡11e,s'il n'existait pas,il 11'e11 résulterait pas n1oi11s des articles 1376 et 1377
c1ue cel11i q11i a11rai t acq11itté volc,ntai reme11t une ol)ligatio11 naturelle, r1'au-
rait J)Us ll'action e11 ré1Jélitio11.
11 esl fucile de ré1Jo11dre a celte c111estion. L'utilité qu'il y a á préciser
a
q11'11n verse1nent i11llt'1 110n ré1lélalJle a été elfect11é raison d'une o}Jligation
11aturelle, c'est c111e, dans ce cas, la Jlrcstalion prend le caractere cl'11n véri-
tal)le paieme,il. J.,e soluc11s l'U: faite en 1111alilé de débile11r, l'accipie11s l'a
re«;.11e e11 q11alilé lle créancier. IJes lors, l'opération est so11straile aux r1·gles
de fon1l et ele for111e eles clor1atir)11s. l'ar exe1n1)le, l'acciJJÍe11s 11e pe11t e11éou-
rir la réY<Jcalion lle la Jlrestali<JJI do11t il a !Jénélicié, si, 1Jar la s11ite, il refuse
1les alin1e11ts a11 solve11s Lo111lió da11s le lJesoin (arl. 955). 11 n'encourt pas
clavanlage la ród11ctio11 }J011r atleinte it la r{·serve des l1ériliers, si la so111me
q11i l11i a ótó vcr~óe al)Sf>rlJe 11ne partic ele cetle réser,c, etc ... E11 11n 1not,
l ftcci¡>ic11s est 1111 aya11t cause ;1 litre <lnt'·re11x ll11 solve11s.
0

J>o11rtanl, il 11e serail ¡ias Lo11jo11rs exact, a notre avis, d'affirn1er c1ue
l"acq11illc111c11t d'unc r1liligati1H1 nal11relle esl cxcl11sif rlc l'i11tention li)Jérale.
11 y a 1!Ps cas 01'1 ce ¡\ c¡uoi le cl<'\))i teur c1'1111e olJligation nat11relle esl as-
lrcinl., c'Pst 11 f11irc u11e llo11lzlio1t. (;'esl le cas po11r le J)erc et la mi')re lors-
<¡11'ils clotenl 011 1ilalilisse11t leurs c11fants. C'est aussi, po11rrait-on dire, le
cas 11011r l1J11s ceux ,1ui font 1111c do1111lio1i ré1n1111éraloire ll'11n ser•,ice re11du.
Lors1111e le 1l<'iliilc11r d'1111 te! ll11voir de conscie11ce l'exécute, il n'y en a pns
moins, lle sa part, a1ii11111.~ 1lona111li, le lié11éficiairo de la prestatio11 11~en


72 LIVRE PRElllER. - TITRE PRE~IIER. - CIIAPITRE PRE~IIEI\

cst 1Jas 111oi11s donatairc. Est-ce a


dire qt1e, da11s ce cas, l'cxistence d'une
o!Jligation de conscience; cause du geste dn do11alcur, perdc lout intéret íl-
'\'011 1Jas. Celte existence 1Jroduira toujours celle co11séquence que la 1)rcsta-
tio11 faite ne sera pas sou111ise aux regles clcjor111e de la do11ation ordinaire;
clic 11'aura pas IJcsoin, po11r etre ,·ala!Jlc, ll'elrc réalisée au 111oyen d't111 acle
11olarié.

Second effet. Validité u.e la promesse d'exécution. - La JJro111csse de


¡ia_yer i111e obligalio11 11al11rellc tic rléfi11itiuc111e11l le 1/ébiteur a l'égard 1/11
créa11cier el l'e11gage civiler11e11l. E11 f:ll'et, cctte pro111essc de payer a sa cause
cla11s l'existe11ce de l'obligation 11aturelle. Quand done elle n'est e11tacl1ée
d'aucu11 ,·ice du consente111e11l, et c1u'elle é111a11e d'une personr1e capable,
elle réunit les diYers élén1ents 11écessaires a so11 existence: consenle111e11t,
capacité, objet et cause. l\faintes fois les tri!Juna11x 011t co11sacré cclle solu-
tio11, en déclarant que l'obligatio11 11alurelle f'or111e la cc111sc licite de l'enga-
ge111ent pris par le dé!Jile11r. l\lais, pour q11e cel c11g·age111e11l soit valalJlc, il
fant que l i11le11tio11 1le s'obliger ressorte clairen1c11t des ler111cs c1111Jloyés
1Jar le cl<'•!Jilc11r; il 11c suffirait 1Jas qu'il có.L si1r1plc111c11t ,·oul11 rcco1111ailre
l'cxistencc de l'obligalio11 11aturelle, sans s'o!J!igcr ciYilc111cnt.
La questio11 se pose fréqt1err1111ent deva11t les lri!Junaux a l'occasior1 clu
failli co11corclalairc, c1ui cléclare q11'il paiera :-es créanciers intégralc1ne11L,
a
cr1 cas de relo11r n1eillcure fortur1e. Les tribu11aux décidenl alors, s11ivant
les circonsla11ces, 011 c¡u'il y a sir11ple reco1111aissa11cc d'1111e o!Jligation nalu-
a
rclle, ou que, au contraire, le failli s'est e11gagé ciYilc111e11L 1iayer la lr>la-
lité de ses dcttcs le jo11r oi1 il le pourrait, e't que ccl e11gage111enl a í~té une
des conditions du co11cordat (Uordeaux, 14 jan,ier 18G9, S. G9.2.1G4;
Ci,., 22 j11illet 1873, D. ll. 73.r.!160, S. 74.1.127 ; llcc¡., 26 jar1vicr 187 11,
1). }). 76.1.2:), S. 7G.1.72; Na11cy, 21 jui11 r!Jf>:1, I). ll. ID0'.1.'.J. 1171. S. 1!¡03.
2.34).
Les a11tc11rs expliq11ent ordi11airen1e11l la ,-alidilé ele la pro111essc cl'exéct1-
tior1, e11 disanl q11c l'o!Jligalio11 11at11rclle se trar1sforn1e e11 t1ne olJligation
civile JJar l'effc/ d'1111c 11ovc1liu11. -'lais 011 rc111are¡11cra l(IIC les tril>t1na11x 11c
parlenl ja111ais ele novatio11 ; ils tléclarcnl si1111ilcn1c11l que• la J)f't>n1cssc lle
1iayer csl valal>lc en clle-111e111c, 1>arcc c111'ellc a 1111e cause lil'ilc elans l'o!Jliga-
tio11 11al11rcll('., .J uridil¡11e111c11t, cellc analysc 11f>US JHtrail bcat1coup ¡il11s
exacle q11e ccllc ele la l)oclrir1e. E11 efl'cl.la 110,alil)ll su¡i¡><>sc u11 cl11111r¡c111c11l
dans l'ol>ligalio11 prir11ilive, el so11 rcn1¡Jlacc111enl ¡>ar t111e 11011,ellc ol>liga-
li<.111 c111i cliffere 1lc l'a11cic1111e, soil c¡11a11l au, ¡11•rso1111es, soil <J11a11l :\ l'ob·
jet, soil qua11l a11x 111ollalilés. Or, ici, rie11 ele ¡Jareil. I.a 1iro111essc lle ¡Jaycr
ne n1oclifie a11cu11 des í·lé111c11ls ele l'<>l>ligalion 11al11rPllc. l)or1c, il 11'y a ¡Jas
pl11s 11ovalio11 lla11s cecas c¡ue clans cclui ele la c1H1lir111atio11 cl'une l>l>lig·a-
tion a11r1ulable.
Nolons 1111e cxcc1Jlio11 i111porla11lc 11 la regle c111c 11011s Yc11011s ele ¡ioscr.
La j11risprude11ce cléciele q11e les billels, S<Juscrils en rcco1111aissa11cc cl'unc
del/e ele jc1i ou cl'u11 pari,11'c111¡ic'\cl1c11l JJas le signalairc cl'<1¡i¡H>ser l'pxcP¡ili<1n
de jct1 aux poursuites liu gag11a11l (111ais 11c,11 aux. licrs 1>orlc11rs ele li<.J1111e
EFFET DES OBLIGATIOXS

foi) (Civ., 27 avril 1870, D. ll. 70. 1 .258). Celle exce¡)tion a11x 1)ri11cipcs
tient a des raiso11s spéciales c111e 11011s avo11s déji1 re11co11lr!"es el co11tes-
a
Lées Elles consislenl dire c1ue la loi ne ,·eut pas qu'il s'élcve deva11l les
a
lribunaux 1111 dt'•l)at relatif une dette dejeu ou d'un pari. Or, si un pro-
a a
ces naissait l'occasio11 llu ))illet souscrit la suite d'u11e dette lle ce ge11re, '
a
le tribunal aurail 11écessairen1ent recl1ercl1er la cause d11 billel, et ainsi la
. c111estion du je11 {)U du pari se trouverait 11éce~saire111enl ¡)osée.

E:ffets de l'obligation naturelle romaine écartés par le Droit actuel.


- Les deux eíl"els que nous ve11ons de ,·oir s011l les seuls q11e 1)rod11ise l'o-
bligation naturelle cl'aujo11rcl'l1ui. On ne peut lui en altribuer d'aulres.
,\.insi, lout d'alJord, il est certai11 que l'olJligation naturelle ne ¡)eut etre
opposée e11 co111¡ie11satio11 d'une o]Jligalion ci,ile. Si on l'ad111etlait en elfet,
cela reviendrait a accordcr /1 la clclte 11aturelle, cl'une 111a11ier() i11clirectc.
l'cffet obligaloire q11e la loi a , 011111 l11i refuser.
0

De n1e111e, l'obligalio11 11alurelle ne pe11t. pas faire l'objet d'1111 caulio1111c-


r11e11l valalJle. Qu'est-ce e11 effet que le caulio1111cme11l ? L'engage111cnt par
lec111el une ¡)crso1111e s'oblig·e it acquitter 1111e olJligalion !1 si le de)Jiteur n'y
salisfait pas lui-111en1e >l (art. 201 ,). Le cautior111en1ent su1Jpose done un clé-
)Jite11r pri 11ci ¡)al c¡ue le créa11cier a le droi t (et le dcvoir) de poursui vre en
pre111icre ligne. Cette condi Lior1 1nanque lorsc¡u'il y a obligation 11aturelle.
Ici, il y a lieu ele ren1arquer l'antino111ie apparenle des deux alinéas d'un
n1en1e texle, l'arlicle 2012. 1\.ux ter111es de l'ali111\a 1°•·, (( le caulio1111e111e11l
ne peut exisler q11e s11r 11ne olJligation , alalJle >l. C'est dire qu'il 11e peut g·a-
0

ra11tir une ol)ligalio11 naturelle. ~lais l'ali11c'•a 2 ajoute: !( On pe11t néan111oins


cautio11ncr u11e olJligatio11, e11core c¡11'elle 1)11l elre a11nulée ¡)011r u11e exce¡)-
tion p11ren1e11l ¡)erson11clle it l'c¡)Jligé, ¡Jar exc111¡)le cla11s le cas ele 111inorilé >J •
011 ¡)ourrail relever une ccrlai11e conlradiclio11 e11lre celle clispositio11 el la
précéclente,si l'or1 ne se re11tlail cor11¡Jte que l'olJligation du n1ine11r, la11t que
la 11iillilé 11'e11 ri¡ias élé 0¡1¡iosée 01i 1lema111lée, 11'csl. ¡)as 11ne olJligalion natu-
relle, mais u11e olJligatio11 civilc. C'esl seuler11c11t a¡1res q11'il a11rail fail pro-
11oncer la 1111l!it{, ele son e11gage111e11l,q11e le llélJile11r scrail le1111 tl'u11e oJJli-
galio11 11alurelle. i\ ¡)artir de ce n10111e11t, l'article 2012, ali11éa 2, cesser ait
d'elre applicalJle, et un tiers 11e po11rrail se l)Orler ca11lio11 ¡)our lui.

E:X.Tl:\CTIO~ DES OBLIGATIONS

Modes d'extinction des obligations. - L'arlicle 1 234 é11un1cre les


causes qui éteignent les obligatio11s. Ce so11 t :
1º Le JJaic,nenl, a11c¡t1el 011 ¡Jourrai tajo u Ler la ilalion en ¡Jaie111c11t, qt1i 11' en
csl qu'u11e ,aria11Le;
2° La 11ovatio11, qui co11sisle clans la st1bslilt1lior1 cl'une o)Jligalio11 11ou-

,·clle it l'a11cien11e;
3° La co r11pe11salio11, ou ex Li11ction de la ele! Le ¡Jar la 11aissance d'une
crt'•ance au profit dt1 elébilct1r cor1tre son créa11cicr;
4º La co11Jusio11, qtii se procluil at1 cas otr les q11alit{·s ele crrancicr el ele
dél1ilcur se réu11isse11L sur la 111e1r1e tele;
3° La re,nise l'olo11laire ile la clclte, ou rc11011ciation du crt'·a11cicr

son a
elroit ·
'
oº La perle forl11ilc 1Jc la chose olJjcl de l'ol1lig·atio11;
7º La n11llité oii la rescisio,i de J'obligation;
8° J; cjfel 1/c la co111lilio11 résol11toire;
()º La JJl'escri¡JI io11 lil1L:rf/loir1•.
De ces r1euf 111odes d'exti11clio11, il fat1l aussilot c11 éli111111cr elct1x: la 11111-
lilé ot1 rescision el l'efl'et ele la co11ditior1 résolt1loire, c¡ui 11c so11t ¡Jas a
propren1er1l. ¡1nrler clPs niodcs cl'exl.inclio11 de l'obligaticJIJ. La 1111llité de
l'acle juriclic¡uc gé11<'·rnlct1r ele J'u]Jligalio11 cll'acc l.ot1s les cll'cls clp cel acle;
elle 11'<'·l<"i11l pas, elle 11111:anlif rí•lr0acli,c·r11c·11I J'c¡J1lig·ali1111 c111'il a cnge11-
clrt'·e. l~t 011 JJc11l cu elire au la11l d1, l'arri,t':P ele la co11tlili1H1 rt':s<il11loirc,
c¡ui fail i'•galc111c11l clisparail rt• 11,11s ]!'s pfl'els 1le l'acl11 jt1ri1lic¡111• a11c¡t1el !'!]e
étail joi11lc.
l)c'•s l0rs, il's ,rriln]¡Je:-- ca11scs d'Pxli11cli1n1, 1iar111i cclle:--q11'{·11111111'rc l'ar-
licle 1~:111, se rt'·1l11ise11l ú s11¡it.
L ' ('fllllll<'l'3lloll
' ' . II ' l'S t , (I 11 resll', 1ias Clllllll l'ele:
Da11s l1·s conlrals s1ic,·css1J:~ 1·11 <"fl'l'I., l''<~sl-i1-1lir11 cla11s l!'s conlrals 1¡t1i cn-
gc11elrP11l elns ulilig·ali<)IIS S!' ¡ir1Jlo11g!'a11t ¡¡c•1ula11l. 1111 l1•1111is tJl11s 1i11 111oi11:,;
long·, c1i111111c le lo11agc, 11• 1111>elc 11111·111al 1l'<"xli11cli1111 csl J',:t/i1:<1111·e 1!11 fer111e
e.cli11ct1Jlix{, 1i:1r l,•s ¡¡arlil's. l)a11s el'aulrPs cas,c'!'sl /11111or/, scJil cl11 <lt',}Jilc11r,
soil cl11 crt'•a11cil'r <Jt1i nrcllra 1111 ,\ 1cJl>lig·atio11. :\i11si, elans )ps conlrals ot'1
•le cr<'·a11cicr p1·c11el 1•11 co11si<lt'·rali<ll1 la 1ierson11e cl11 <lt'·liil.c11r, lo11agc cl'1iu-
vragc, n1a11clal, ele .. , la n1orl elu clt'·bileur í·lei11l so11 cibligatio11. Da11s le
EXTIXCTIOX DES OBLIGATIO'."S

co11tral lle re 11l e viag/)re, c'csl la 111cll'l <ln cr1\111cicr c¡11i 1r1arr¡uc le lcrn1c <les
llreslalions dues llar le <l<'·l1itcnr. l~nlin, les o!Jlig·atio11s engc11<lrées ¡iar les
co11trals 1Jeuve11l (·g·ale111e11l s'étci11<lre par le conse11temenl n111tuel (111u!LLllS
clisse11sus) eles clcnx 11arlies, r111i s'cnle11elc11t 11011r 111cllrc fin a11 c<111lral
,
(résiliatio11), ou 111e111c 1Jar la ,olo11lé el'1111e scnle d'e11lre ('.lle:--, cor11111c clans
le conlrat <le sociélé a clurée inclólern1i11éc, cla11s le r11ar1clat, 011 da11s lc-
conlrat <le lravail fail sa11s lin1ilalio11 de le111ps (art. 1869, 2003, Ií8o).
\ 011s 11e tra i lerons ici e¡ue eles causes d'ex Iinctior1 propreme11 t el i les.
'J'rn1lcf'ois, 11ous rallacl1erons it celte élu<lc cellc <le la rt'•sol11Lio11 judiciaire
eles co11trats gé11éraleurs d'oblig·atio11:--, i1 ca11sc ele l'ava11lag·c lJé<lag·ogie¡uP
r1u'il y a a rapprocl1er ce JJl1énon1ene jurieliq11c de deux causes d'exti11clion
des ol1ligalions,q11i so11t l'i1111Jossi!Jilité fortuito cl'cxéc11tio11 (art. 1302) et la
r1\silialion.

SEC'l'IO\' l. - Du P,\IE~IE'."T.

Le paie111cnl est le fait cl'exérutcr l'o/Jligatiu11, c'cst-it-clirc d'acco111plir la


preslalion q11'ellc rr1cl a la cl1arg·c (111 clélJile11r: rc111isc de la so111r11e el'ar-
genl ou (le l'objcl (lt1s, acco111plisscr11e11l <lu fail pro111is. Le 111ot a clo11c,
dans la la11guc juridie¡11c, u11 sen:,; JJl11s co1n¡Jrél1ensif <JUC <la11s le langage
co11ranl. ()11 lJeut tlirc q11'il csl sy11011yn1e d'cxéculio11. Paycr, c'csl exécttler
su,i o/Jligalio,i.
:\'ous cxan1incror1s successivc111enl les regles: 1" <ln paicn1ent 1J11r et
sin11Jlc ; 2" du paie111e11l avec subrogation.

§ 1. - D11 pale111e11t p111• et slm1,le.

l. - Regles générales du paiement.


1\pres ce que 0011:,; avons dil sur les o)Jlig·alio11s 11al11rcllcs, il esl s111Jcrll11
<le revc11ir s11r la co11clitior1 cssc11liellc <le la vali<lité de to11l paicn1c11I. Le
¡Jaie111c11L, 111clla11-l en j(•tJ la V<>lonlt) co1111111111c tl11 <lélJilcur qui paic (sol-
t•ens) el tl11 créa11cicr lJtli rc<,'<>il (l1cci¡11c11s), cst 1111 contral. Ce conlral csL •
<lcslint''. ¡\ t'·lci11<lrc 11110 ol1lig·ali<111 ¡Jr<'·cxista11le ; cclle cxlinclio11 csl sa cause.
11 fa11l clo11c, ¡1011r t¡11'il y ail 11aicr11eul, c¡11'il y ail 11110 <1bligalio11. H 'fout
payc1r1c11L su¡iposc 1111c <lcllc n, clil l'arliclc 1235, al. 1"'.
Si ci<JllC le soll'e11s 11aJc }Jar crreur, crc¡ya11l (\tre olJlig·é alors q11·¡¡ 11c l'esl
pas, le ¡1aicn1cnl csl uul, el le .~ol1•eris ¡Jcul r(·p<'·lcr ce e1u'il a Ycrsé. H Ce qui
a óté ¡1ayó sa11s <}lre tlf1 cst s11j1!l h répélilic,11 n, cc111li1111c l'arl.iclc 1235. On
se so11vic11l cc1Je11<lanl. c¡u'il 11'y a ¡1as lic11 ¡\ r(•¡J{•tilio11, lorst¡u'il y a cu
paic111cnl conscienl <l'1111c obligalio11 nal11rcllc (arl. 1235, al. 2).
J,c:,; rt~glcs gónéralcs <lu ¡>aie111c11l se gr(Jlll>C11l anlot1r tics qualrc <1ucslio11s
Sl1ivanlc:--:
LIVRE PllE~IIEI\. - TITRE PI\E\IIEI\. - CII.tPITI\E II

1° Qui pcut payer ;


2° Entre les 111ai11s de qui doil-011 }Jayer ;
3° Que doit con1prc11dre le paien1ent ;
{¡º Epoque, lieu et frais du paie111ent.

1° Qui peut payer. - Le ¡Jaie111e11t pet1t r1lre fail: 1° ¡Jar le <lébile111·


lui-n1e111e; :! })Ul' \111 ticrs.
0

:\. - P1zie111e1it fait par le cléóiie11r. - :\or111alen1e11l, c'est le clébi teur


1J11 1'1111 eles cl1'bitcnrs tic l'ol>ligalion crui fait le IJaicmcnt.
Qt1a11d il s'agit cl't111c obligalion ele do111ier, c'cst-á-dirc de lra11sfércr la
propriété d'u11e cl1ose ou un droil récl s11r cette cl1ose, le paie111e11t n'est
,·alable c¡u'aulant que le soll'e1is satisfait aux deux conclitio11s suivantes
(art. 1238, 1•' al.):
a) l~t re propriétc1ire.
b) ]~lrc cr1¡Jable (/'alié,ier. .
a) Elre JJl'OJJl'iétaire. Si le délJitc11r 11·cst JJas propriétaire de l'olJjct c111'il
rc111cl a11 créa11cier, il ne pcut pas Iui e11 lransft'.·rcr la JJropriéll', el e11 con-
-s(·c1uc11ce, le ¡Jaic111e11t esl 11ul. Qui JJ011rra inYO(fllCI' cetlc 1111llité ~ Le créan-
cier el le débitcur.
«) Le crt'.~ancier a le droit, en restituant l'olJjet ret;u, de de111ancler 11n sc-
concl 1Jaicn1c11I ot1 des do111111agcs-i11térel,;. · II a ce clr<Jil, n1e:11c si l'olJjcl
rc111is e11trc ses n1ai11s csl un n1euble corJJOrel, c1uoic¡11'il soit alors 11rotég<'·
co11trc la reve11dication dt1 vrai ¡1ropriétaire par la regle : << En fail de
n1c11IJles possessió11 vaul litre)), l\ie111e solulio11, s'il a ret;u un i1n111eulJlc
cl'aulrt1i el en csl cle,cnu propriétaire par la prescription. E11 efl'et, 011 se
sot1vie11t que le possesseur est libre de ne pas i11voquer ces n1oyens de clé-
fe11sc. L0 soluens 11e peut pas lui i111¡Joser 1111c ¡Jrescription, 011 plus généra- ·
le111c11t, \lile eXCCJ)lio11 {Jlle sa co11scie11ce rr'•¡Jl'OllVerait.
~) 11 ressort ele l'articlc 1238, al. 2,q11'il est per111is égalc111enl a11 clé]Jileur
d'invoc111er la 1111llité clu paie111ent, afin de se faire.rendre l'objet indu111ent
li,ré et cl'e11 don11er ur1 a11tre. Le soluens pet1t, en eíl'et, avoir le JJlns granel
i11t<'.·r<\t i1 le reslitner a11 verus clo1ni11us, 1Jo11r (•vi ter u11e concla11111at.io11. ()11
re111ar,¡11<·ra <file cclle faculté accorclr'·e a11 soll'CIIS <le cJp111 a11cl<'r la 1111llitr'· clt1
paicruenl c1u'il a fait, cst co11lrairc i1 la r<'.·g·le <¡11e celui <¡ui 1/uil la vara11tie 11c
pc1tl¡ir1s évi11cer. l\lais celtc exceptio11 se j11slific ¡Jar le fail c111c le débiteur
• rer11ettra a11 cr{,ancier u11e at1lre cl1ose en re1n11lace111e11l de la prP111iere.
l)i,s lors. <¡11<'1111olif lógilir11e le cr{,a11cier aurait-il ele se refuscr i1 ce <¡11e so11
clé]Jileur régnlaris,1l la sil11alio11 ,1 <Jue sÍ,JJar l1asarcl, ce 111otif'l{~gili111e existe,
le soll'e11s 11c ¡Jc11t ¡1as récla111er la cl1ose d'aulrui ,\ I'<1cci¡iie11s. C'est ce c111i
résulle ele l'arlicle 1 :l:)8, al. ?., aux ler111cs <l11<ruel 1<• cl{•IJite11r scrait J)rivé
d11 clroit de faire ar11111lcr le ¡1aie111enl, s'il s'agissait cl'1111e so111111c cl'arge11t
011 d'1111<• cl1ose co11son11JtilJ!c,et <¡11e le cr{•a11cier l'cC1 t cl{,¡iens{·e cJ11 co11so111-
n1{·e de bon ne foi.
]¡) l~lre ca¡Jablc d'aliéner. L'i11ca¡Jacit<'., d'alié11er euge11<lre 1111e 11ullilé c111i,
celte fois, cst relalivc et 11e lll'<>file cl<'.·s lors c¡11'u11 soll'e11s. l,'acci¡Jie11s, lui, IIP
pcut ¡Jas, e11 Jlareil cas, clc111a11<ler l'a111111latio11 cl11 ¡1aier11e11l. ()ua11t l'in- a
EXTI:-iCTIO'i DES OBLIG,t TIO'iS 77
capalJle, ici encore, il perll le IJt'•11éflcc lle l'actio11 en 1111llit<'·, <lans le cas ot'1
l'olJjet est u.11e son1111e el'argc11t, 011 11ne cl1ose consor11¡Jtil1le r¡uc le créancicr
a conson1111ée ele }Jo1111c Í(Ji (art. , 238, al. 2).
Quel intéret l'i11ca¡Ja)Jle aura-t-i,l,,). de111a11elcr la 1111llité et il re¡Jrc11dre la
cl1ose, puisl¡11'il reslcra clélJile11r,et que le cr{·a11cier rio11rra co11trainclre son
,
représentar1t lég·al a luí payer 1111e. cl1ose pareille a ce lle e¡ui l11i a été rc¡Jrise?
Ou pe11L crJ11cevoir plusieurs l1y¡Jotl1eses oi'1 cet i11t<'·rel existe.
") Si l'inca¡1a)Jle a paJé 1111e so111r11e el'arger1t avar1t ]'arrivée elu ler111r.,il a
avanlag·c it la recouvrer pour jouir eles i11léretsj11sq11'aujour ele l'exigiliilil{·.
{3) Le elélJite11r d'u11e cl1ose i,i ye1ierc e¡11i a livr{\ .1111 olijet ele la r11cillcurc
<¡ualité, a i11téret a le re¡Jrendre, car il po11rra se li)J(•rer e11 fo11rnissa11l 11110
cl1ose ele qualité n1oye11ne.
y) Le débiteur e11 vert11 cl'1111e o}Jligatio11 aller11alit•c ,:¡1 elc,-ait 1111e cl10,-p 011
u11e aulre, a so11 cl1oix), ¡Jeut elésirer rEprenclre la cl1ose e111'il a four11ie, ¡io11r
la re111placer par l'au tre.
B. - /J11ic111e1il fail par u,i tiers. - (( Une olJligatio11 pe11t elre ac<111ittée
11011:; elit l'arlicle 1236, 1°r al , ¡Jar toule person11e e111i y est inl<'·ressc'·c•, le lle
qu't111 co-obligé ou une ca11tio11 i>; ajo11tor1s, par le tiers clélenteur lle l'in1-
n1c11blc !1ypotl1équé a la lletle du débiteur; ou 111e111e (( par un tiers c¡11i 11'y
est poi11t inléressé )), et e1ui, des lors, i11tcrvient dans 11ne pe11sée ele !Jic11-
faisance er1vers le elébitc11r. E11 effet, poure¡11t)i le créancier refuserait-il le
1)aic111ent qui lui est olfert par un autre r111e son cl('IJite11r ~ l1 011rv11 r111'il
obtie11ne la prestation convenue, ¡lcu l11i i111porte c¡11i la lui fournira. ~lais il
e11 serait <lill'érc111111c11t, s'il s'agissait el'11nc ¡lrcslation llans lal¡11elle la
co11sidératio11 ele la personne elu elébite11r cst essentielle, par exe111ple de
l'accor111Jlisse111e11t cl'u11 travail ¡)ro111is ¡Jar 11n ouvrier, par 11n artisle. C'est
ce r¡11'expri1ne l'article 1237: (< L'obligalion lle faire 11e pcut etre acc¡uittéc
par 1111 ticr,; co11tre legré el11 créa11cier, lorsc¡nc ce <ler11icr a intérct c¡11'clle
soit ren1plie par le clélJite11r lui-111e1ne. ii Cela a11rait pu aller sa11s clire.
L'exécution ele l'obligatio11 par 1111 autre e111e le <léllite11r, clans le cas cnYi-
sagé, 11e serait pasa proprcrnent parler un paie111e11t, puisqu'elle ne fourni-
rait ¡las a11 créancie1· exacte111c11t ce e1ui lui était dC1.

2º A qui doit etre fait le paiement. - ,\. - Le J>aier11e11t cloit ctrc fait
' . 011 a' son rc¡1rcscntant
au Cl't'.a11c1cr ' (arl. 1'.i 3!), a 1. 1) . Ce rcprcsr11la11I
' l)C11L e'I re
soit 1111 111anclataire co11vc11ti<J1111cl, soit 1111 rc11ré:--enla11l lt'·gal, con1111e le
l11tc11r cl11 1i11¡)ille 011 tle J'inter<lil, le 111ari, soit e11ll11 1111 rcprt'.·sc11la11t jucli-
ciairo, cci111111e le c11ratc11r ú la successi(Jll vacante, 011 l'a<l111iuistraten1·
j11diciaire llcs bie11s (l'u11e ¡icrs(J1111e 1irt':su111ée alise11te l)e 111e111e encorc,
c¡11a11ll 1111 crúa11cicr cl11 cróa11ci<'.r a fait 1111e saisin arr!1t entre les 111ai11s cl11
llóhilcur, et <111'1111 j11go111c11t a vali<ló cclle saisic-arret, le cló)Jilc11r ll(iit
s'acc¡nittcr entre les 111ains llll saisissa11t (art. 1:i',2 ¡, 1~11 so111111c, ce <¡110
l'article 11:I!) a11rait lit\ clire, c'est c111e le ¡iaie111cnt cloil (1tre fait aux 11u1ins
• t!11 cr{·ancier, 011 <I«'. la ¡>erscJ1111e ayant c111alil<'• ¡iour rcccvoir c11 son IH>lll
<JU ú sa ¡>lace'.,
Si le ¡,ai<)111c11l rst fail ¡1ar crrt'lll' c11tre les 111ains tl'11r1c at1trti ¡1crso11110

LIVRE l'RE~IIER. - TITRE PRE~llER. - CHAPITRE II

que le créa11cier ot1 son représe11tant, il 11e libere LJas le clélJileur, 111ais ce-
l11í-ci pet1t exerce1· co11tre 1·(1ccipie11s la ré1Jélili<)11 ele l'inclu. {})aris, 8 avril
l!Jü8 et l{eq., 7 juillel 1909, D. 11 . 1910.1.3¡2, S. 1909.1.5!19).
'
i>ar exceptio11 cepe11da11t, il }- a trois cas cla11s lesquels le paierne11t fait
il cel11i qui n'avait pas pouvoir ele recevoir est lil)ératoire.
a) Le créancier a raliflé le paie111e11t _arl. r239, al. 2).
b) Le 1Jaien1ent a loLir,ié (lll ¡1ro_fil 1/1¿ créa,icier (art. 1239, al. 2). Par •
exe1111Jlc, le délJiteur a payé ,\ u11 créar1cier clu créa11cier, avant to ute saisie-
arret, ou avant le juger11e11t de validité de la saisie arret.
e) Le déuiteur a payé ele !Jonne foi it 11n liers c¡ui était « e,i possessio,i de la
cré1111ce » (art. 1240). Le possesseur ele la créa11ce est celui qui passe aux
~-eux d11 p11blic co1111nc {)tanl le , érita!Jle créa11cier. Le cas se présentera
0

surtout daos l'l1ypotl1esc ou, apres la n1ort d11 créancier, sa successio11 a


t'•té apprél1endée }Jar ur1 /1é1·itier apparenl, c111i se llit et e¡u'o11 croit le plus
• ¡irocl1e pare11t du clt'~f1111t, 011 encorc ¡)ar 1111 lógataire i11stitué dans 1111
tcsta111c11l d<>nl. 011 rccc)1111aitra ¡Jl11s lard la 1111llité. Le paiement fait enlre
les 111ai11s ele cel l1éritier ot1 lég·alaire ap¡Jare11t libércra le eléuilcur.
L'article ,45 dn Code de co111111erce co11lienl n11e attlre ap1Jlicalio11 ele celle
rc',glc. Il valide le ¡Jaie111ent de la leltrc rle cl1ange fait ele !Jor111e foi et á l'é-
cl1éance par le tiré, alors 111e111e eiu'il aurait ¡layé entre les maius ll'u11
,
11011 creancrer.
.
13. - 11 ne suffit pas, ¡)our (!lle le llaie111c11L soil vala)Jle, e¡u'il ait été f'ait
c11tre les 111ains d11 créancier. ll faut e11core c¡ue celui-ci soil crtprible de le
a
recev<>ir. ;\utrcn1enl, le 1)aie111cnt serait nul « 111oins que le déuiteur 11e

prouvc que la cl1osc payée a LLiur11t'· au ¡lrc1fil d11 cróaucier » (arl. 124 1 ).
La ca¡Jaciló 11ócessaire pour receYoir 1111 ¡laie111e11t esl en général la 111e111e
<111e cellc qui est 11écessaire po11r aliéner. La réceptio11 cl'1111 J)aie111e11t alJou-
li:-sa11L /1 la cleslructio11 d'1111e créance cst on ell'et, da11s ur1e certai11e 111es11re,
1111 acle de clis1losi Lio11.
La 1111l!ité d'1111 paie111e11t fait 111111 111i11e11r dér<Jgc aux regles clu Droit
con111111n, en ce q11e le rnineur n'a pas 1Jesoi11 cle clé111011trcr t1r1e lésion
JJOur se ¡Jrévaloir de la r111llitc'1, et, ¡1ar co11séq11e11t,rócla111cr ur1e seco11cle fois
le ¡Jaierne11l, a11 rnoi11s da11s la 111c•s11re ot'r le prc111ier 11e l11i a pas ¡1rofité
(\·. 11cilre l. (•·•·, ¡>. fi;-10).
l 1l>llt' le surplus, ccltc 1111llilé est :-c111111ise 11 tnulc,; le:,; ri·gle,; clu l)roil
co111111u11. !~lle est do11c relativo et ne llc11l 1it1·c, }Jar co11st\q11c11t, i11vo<¡11t'ie
Jlar t111 aulre c¡11e 11ar l'i11ca1lalJle. Le cl{•IJite11r 1111i a 111u.l JJ(tyé ne Jlo11rrail
1lcl11c prc111lre les lleva11Ls, et cle111an1ler la reslit11li<111 1111 1n1icn1<'11l irrt'•g11-
lier. 1\joul<111s cette c1)11sé<111ence ¡)ralic¡11e de 111ltre regle t{UP c'csl cttl 1léhi-
le11r qu'il i1ico111úe ríe s'11ss1trer 1le fu. c11¡irzcité rlii cl'é1111cie1· c¡11'il vc11l payer.

3" Que doit comprendre le paiement? - l,e cl{•IJi Lru r lloi L ¡1ayer · In
c/10.~e 11111111e q11i fait l'objel de la 1lell<~ (art. 1:.i/1:1).
ll d1>it ¡laycr la Lolrtlilé (le lrt (Íclll' (arl. 1:1!1l1, al. 1'').
I\Pprc11011s ces 1le11x (lroposilions :
,\. - l,c dólJilcur cl1iil llayer In clrc>sc 111e111e 1¡t1i fail l'1)bjel ele la <lctlc.
EXTI:'ICTIO'.'i DES OBLIGATIONS 79
<< Le créancier, dit l'articlc 1243, 110 ¡JeuL elre co11trai11L lle reccvoir u11e a 11tre
cl1ose que cellc q11i l11i cst <luc, r¡uoique la vale11r de la cl1ose ofl'crle soit
égale ou 1111~1110 pl11s gra11ele. )> Disli11guor1s trois l1ypoLl1escs:
a) Lorse111e la <leLlc a ¡Jour o!Jjet u11e so,n,ne d'arge,it, · 1e clébitc11r ell1it
paycr en n1011naic 111étallie1t1c ou en valet1rs ayant co11rs légal.
La n101111aic <le lJillou, c'esl-a-dire les ¡Jieccs de 111011naic d'argent, de ,
cui_vre 011 ele 11ickel, <{tti or1t 11110 valcur 110111inalc s11¡Jt'rieu re :'1 lc11r vale11r
i11tri11sec¡ue, 11e pe11l etre e111ployée que co111111e (tp¡1oi1il, savoir: les ¡)ieces de
cuivre ou lle 11ickcl jusqu'a 4 fr. 99; les pieces d'arg·e11t de I el 2 frar1csj11s-
fJ11';\ 5o fra11cs.
La sc11lc valeur aya11t cours li'\gal 011 )<'ran ce csl le IJillel ele }Janque
(arl. 1••· ele la loi du 12 aout r8 1oJ, Le créa11cicr est do11c obli gé de le recc-
voir com111c la 111on11aic 111élallil111e.Seule111cnl,011 re1narq11era q11e sile billct
lle lJanquc a COlll'S légal, il n'a pas actuelle111e11 t cours forcé. Le créar1cie r
JJayi'· en IJillcls lle IJanque peul clo11c Lo11j<J11rs les cl1a11ger contre u11e n1cr11 e
so111111e en 1111111éraire a la Ila11c111c ele l<'ra11ce.
ú¡ Lorsf¡11e la del te a pour o!Jjet 1111 corps cerlai11, le débiteur le livre lla11 s
l'élat 01'1 il se lrouve au jo11r co11ve11u po11r la ¡)reslalio11. 1'antc¡11'il 11'est ¡las
011 <lc111eurc, il n'cst J)as rcs¡Jo11sa]Jlc eles llótéri<Jratio11s c¡ui 011L élé causécs
. ¡iar cas forluil (art. 11!13).
e) Enfi11, lorsq11e la dette a ¡Jour objet u11c cliose ele ge,ire, l'article 1246
porte que le dó!Jile11r n'esl pas Le11u, ¡)our se lilJt'•rcr, ele la clo1111cr lle la n1ei 1-
leure q11aliló, << n1ais il ne peul pas \'ofl'rir <le la ¡)lus 111a11vaise )>,
U. - <( Le clélJilet1r 11e ¡Jeul }Joi11l forcer le créa11cier á recevciir e,i ¡Jar/ ie
le paien1eul cl'une clette, 111c111e divisi]Jle » (art. 1244, al. 1). L'arlicle 1220 ré-
¡Jelc cetle regle sous u11e autre for111e: (( I)olJligalio11 c111i est S\ISCepLi}Jle de
divisio11 <l<Jit elre ex:<\c11téc e11l1·c le créanc ier el le elé!Jiteur co1n111e si elle
étail inelivisil)le. >l Ilien de pl11s Óflll ita!Jle q11e ce principc. Le créa11cier
11'olJlient pas la n1eme satisf'aclion, s'il re<;oit ce c¡11i lui élait du e11 u11e
fois, co111111e cela était co11ven11, ou e11 plusieurs ¡)aien1e 11ts parlicls. Cc-
pe11danl la regle sulJit 1Jlusieurs le111¡Jéra1ncn Ls :
a) !~11 cas ele co11i¡ie1isalio1i. Si le ell'llile11r elevie11L /1 s011 tour créa11cier ele
so11 créa11cier d'11ne so111n1e i11fi'~rie11rc a11 n1011ta11t ele sa 1letle, la cróa-nce
prin1ilive se lrouve élci11Lc jus1¡11'i1 co11c11rre11cr., el 110 s11IJsiste q11e ¡Jour le
s11r¡1l11s (arl .. 1:189-1 :igo). !Je cr<'\a11cier se Lro11ve clo11c dans la n1emc situa-
Lio11 c¡11c s'il avail re<;,11 1111 paic111c11t }larlicl.
b) L<Jrsc¡11c la clcllc c:-l cr11ilio1111ée 11ar ¡1l11sicurs ca11lions, et c111e le créan-
cicr ¡Jf)Jirsuil 1'11110 cl'clles, cclle-ci pr.11t luí op¡ioser In )¡énéfice de clivisic>n,
f¡ui le f'<Jrce :\ diviscr s011 aclifJ11 e11lre lo11Les les caulicl11s seilvalJlcs, <'L a
acce¡Jler Je cl1ac1111e cl'ellcs 1111 Jlaien1cnl ¡1arliel 1.arl. 20'.l.6, 1•• al.).
e) J•:11 cas de 111orl rlll (!1:bileur, la dclle se clivise ele ¡Jlei11 clroil c11Lrc ses
lu\riliers (art. 1 220, in, fi1ie).
d) E111i11, le jugc ¡>r'ul, c11 co11sicléralio11 <11~ la 1¡0,-;ilion cl11 cló]Jiteur el e11
usanl 1ln ce ¡HJuvoir avec 1111e granclo rúserve, l'aulori,-;<~r h ¡iayer sa llclle ¡iar
acon1¡Jlc,-; l,arl. 1::i/1!1, :1.• al.). N(JIIS rcvic11dro ns s11r ce poi11L c11 no11s occu-
¡ia11t clu ltrt11e 1/e f/l'dre.
80 LIVRE PRE~IIEH. - TJTRE PHE~llER. CIIAl'lTI\E II

4" Epoque, lieu et frais du paiement. - E¡101¡11e. - Le paie111ent ele


l'olJlig·ation cloil avoir lieu in1111édiaten1e11l, 011 au Lern1e fixé JJar la con,·en-
tio11.
Lie1i. - Le paie111ent doil clre exécuté da11s le lieu désig11é par la conve11-
tio11 (art. 12!1¡ i ri ¡11·i11c.). Que si la conver1tio11 ne fixc pas le licu, et si la
deLLe a pour olJjet un corps certai11, le paie111ent doit elrc fait clans le lie11
01'1 était, au ten11Js· ele l'olJligation, la cl1ose qt1i c11 fait l'o!Jjel (art. 12!1¡1.
<e I[ors ces deux cas n, et ccci est la regle q11i s'applic¡11era le 11lus souvent
e11 pra Iiq11e, « le pa ien1e11 t eloi t etre fai l a11 do111 icile d11 dt'•l1i leu r >> (art. 12!17.
al. 2). E11 d'a11tres lerr11es, les o!Jligatio11s so11t e11 principe <11u}rables et non
portables.
Frais. - Les frais du JJaie111ent so11t 1't la cliarge 1/u clébiteiir. (art. 1248).
-Ces frais compre1111ent pri11cipale111er1t les frais de la r¡iiitta11ce; si la qt1it-
tance est faite devant notairc, c·est le elébiteur e1ui supporte les l1onoraires
ele l' officier n1inist<\riel. C'est ¡Jar ap1Jlicalio11 de la regle de l'article 12{18
que la loi du 23 ao1it 18¡1, e¡ui a ordon11é (arl. 18) d'imposer un tin1JJre ele
o fr. 10 sur _la quitlance conslatant un payement st1pérte11r a 10 fra11cs, 111el
le co1it de ce ti 111]Jre a la cl1arge d11 dé)Jilc11r (art. 23, al. 2).

II. - Imputation des paiements (art. 1253 a 1256).


11 y a licua a¡JJJlication eles elis1Jositio11s écrites da11s ces articles, lors1111c
le délJiteur est tenu envers son créancier ele plusirt1rs clcttcs ayanl toulcs
pour (Jbjet <les cl1oses de 111e111e 11att1re, e11 parlic11lier ele l'arger1t, et f111'il
verse ttne somn1é qui ne suffit ¡Jas á les ac1¡11itter tot1tcs. 11 s'agit alors ele
détern1iner (j11elles sont les deltcs c111i seront éteintes les prer11ieres. J,a
question se pose q11and qt1elc111es-uncs se11lcs portent i11téret, 011 qt1anll le
tatJX de l'intéret 11'est pas le n1e111e pottr loulcs.
I~'iu1pulalio11 csl faite la11lol par le 1lébi 1c11r, la11l1it JJar le cr<'.a11cier,lar11,\1.
par la loi.
1" Par le (/1lbile1ir. - Le llébiteur a le dr1Jil ele cléclarer l1)rsq11'il JJa~<'.
qt1elle eletle il e11lc11(l acf111iltcr ele pr<\f<\rencc (art. 1253, C.civ.).
Cepe11dar1l ce <lroil su)Jit c¡uele¡ues rcslricli<ins:
\. - J,c cl1\J¡il1•11r 11c pr11t ¡i:1s in1¡J11trr le 1inic111c11l s11r 1111c 1lctlc cl1>11l I<'
rr1011la11l esl su¡ií•ric11r :'1 la so111111e Ycrséc. 1\11lre111e11t, e11 1\fl'ct, so11 i111¡i11-
lalio11 reviendrail a i111¡Juscr a11 cr<"a11cir1· 1111 1iaic111cnl 1iarl i1•l.
13. - Lorsc¡11e l'i11lenlio11 cx¡Jrcssc 011 laciln tics tlcux 1Jarlies a11 1110111<'111
1111 ccinlral a t'.LÍ• c111c lellc clclle serait payée ava11L Lelle a11Lre, le 1lí:l1ilc11r
esl f>IJlig1\ ele se conf1>r111cr tt l'orclre co11vc1111. 11 en serait ainsi lla11s le cas 1lr•
clcux clcttes, l'11nc cl1irogra1Jl1airl', l'a11trc l1y1i<Jll1t'·cairc, si les ¡iartics avaienl.
e11 co11lracla11l, 111anifl'slt'· l1·11r vcil,1nlí· c¡11c la clettc l1~·1i1Jtlu"cairc clispar1il la
dcr11itire.
C . - l•:nfln le) llroiL cl'i1111i11Lalio11 laiss{'. a11 1lt'·liilc11r' 11c d<til. ja111ais ¡irtj11-
dicier aux <lroils 1111 créa11cicr •.\insi, le 1líil>ilc11r ne 1><J11rrail ¡1as i1111i11(Pr
so11 verse111e11l sur 1111c 1lellc 11011 c,icore 11c111tc, si 11\ ler1111'. avail été sti1i11lr'·
e11 fave11r clu créa11cicr (\'<iir une aulrc a¡i11licalion 1la11s l\ccJ., 8j11i11 '!J'll.
S. 190 11- r. 185, 11ote lle ~1. J3u1111ecarrt'.•re).
EXTINCTION DES OBLIGA.TIOXS ·

2º/"Jar le créa11cier. Si le (lél)ileur 11'use pas (le so11 droit, c'esl le créan-
cier qui peut indiqucr dans la c111illance la dello u laquclle s'a1)plique le
paic111ent, et le délJilc11r q11i a acccplé celle q11illa11ce (( 11c peut pl11s dcn1a11-
a
der l'in1p11tation sur u11c rlelte différente. 111oins qu'il n'y ait eu clo l ou
surprisc de la parl dt1 créa11cicr >> (art. 1255).
3° J:>c1r !et loi. Lorsque le <lébi tour 11'a 111a11ifcslé a11c1111e 1Jréfércncc el que '
la cruilla11cc 110 porte a11c11nc i1111Jutation, (< le paie111e11t cloit e lre in1puté
s11r la dello c111e le <léoile11r avait pour lors le 1Jl11s cl'i11téret d'acq11iltcr
entre ccllcs c111i sont pareillemcnt éch11es n, par cxe1111)le, s11r la dette l1y1)0-
a
ll1r'.cairc de préférence la dette cl1irogra1)!1aire, cclle-lu étant répulée plus
011éreuse que celle-ci, parce que l'l1ypoll1ec111e porte alteinle a11 crédit du
el élJi te11r.
Q11e si toutes les cleltes du clébitcur ne sont pas pareillen1e11t écl1ues, le
llaie1r1ent s'imp11te s11r la clcttc {·cl1ue, « q11oique 111oins onéreuse 4.ue celles
qui ne le sont l)Oint >> (arl. 1256, 1'' al.).
« Si les clettes sont d'égalc 11at11rc, l'i111pulalio11 se fait sur la plus an-
cie11ne: Loutes cl1oses égales, elle se fait pro1)ortion11elle111enl >> (arl. , 256,
, al .)
·,•
__ (_ .
Enfln, lorsque le débiteur cst autorisé a s'acquillcr par fractions cl'unc
clelte porla11t intéret, il (_( ne peut pas, sans le consenten1ent du créancicr,
i111puler le paie111ent qu'il fait sur le capital par préférence aux i11térets n.
Le paie111cnl eloit toujours s'in1puler sur les intérels et, pour le s11r1Jl11s
seulcn1ent, sur le capital (art. r25t,).

lII. - Oft'res de paiement et conaignation (art. 1257-r 264, Cf. art. 8, 2


et suiv., C. proc.).

JI arrive parfois que le créa11cicr refusc de rece,·oir le paie111e11t que luí


olfrc le <lé!Jiteur, en soulenant c¡ue ce paíc111c11t n'est ¡Jas co11for111e aux
lern1es ele l'obligatíor1. Or, le clélJíteur ¡)e11t avoir 11n sérícux avantag·c
;\ se li!Jérer malgI"é le refus d11 créancier, sa11s alter1dre la solulío11 clu
co11llit qt1í les elivise, soít paI"ce r¡t1e sa clette l)l'Od11ít des intérels, do11t
il voudrait arrl1ler le cours, soít l)arcc c1t1'il cst clé!Jíteur rl'1111 corps cerlain
<'l q11'il est ler1t1 ele veiller asa co11scrvatio11, soil ¡Jarce c¡t1'íl doit eles cl10-
scs ele gc11re el <111'il crai11t de voir llé1J{•rir cclles qn'il destine a11 paic111ent,
soíl e11(i11 ¡>al"CC c¡11'íl veul elégrcvcr 1111 i111111e11lil<' l1ypotl1éq11é, ou lilJúrer 1111c
ca11Lio11.
l,a loi rnct 1lonc i1 la 1lispositio11 dt1 dél)iteur, JJ011r forcer la résísta11cc d11
créancier on plul<'il pour e11 faire rclo111bcr s11r l11i les i11co11vé11ic11ts, 1111e
¡irocédure s¡Jéciale q11i co1n1>rc111l elcux ¡1l1ascs : , 0 Les o_[fres réclles ; :iº l,a
i:011sÍ[Jllafio11 ele I'o]Jjcl elt't.
1° O.ffrcs réellc.~. - J,c dél>ílc11r, ca¡)al>le 011 1lt1111e11t l1alJililé, fait a11
cr{:a11cicr aya11L capacité de recevoil', 011 i1 celui 1¡11í a pouvoir ele rcce,oír
¡>riur lui, rJll're de luí J)ayer, a11 jo11r fixé, la lolalité de sa dello, ca¡Jilal, i11-
t{:rels el fr~is. Ces oíl'res so11t fail<'s ¡1ar l'intcr111t'·1liaire <l'un officíer 1J11!Jlic,
ayant caracl<'.:re ¡1011r ces sorlcs 1l'acles (l111issicr 011 11olairc) el 1iorle11r eles
TonH• 11 6
LIVRE PRE\IIER. - TITRE PllE\IIER. - CII.\PITRE 11

deniers elus. Les oll'res sont signifiées au lieu co11ve1111 po11r le paien1e11t, 011
a défa11t, a la personne du créa11cier, it so11 dornicile, ou au <lo1nicile él11
pour l'exécution ele la conve11tio11 (arl. 12i'>8).
2° Co1isig1ialion. - Si le créa11cier accepte les offres, l'officier r11i11istériel
paie entre ses 111ains la sor11111e oll'erle et lui e11 cle111ande c111itta11ce. Si, 1111
contraire, il refnse, le dél1iteur sig11ifie u11e so1n111atio11 au créa11cier clar1s
laq11elle il l11i incliq11e le jour, l'l1eure et le lieu ot'1 la cl1ose sera consig11éc
(art. 1259), ¡Juis, au jo11r dit, il consigne, c'csL-a-dire dt\pose la son1111e la a
a
Caisse eles dé¡1rils el co,isignalio,is l)aris, 011, dans les a11tres départe111c11l,;.
cl1ez le trésorier-paye11r général, ou le receve11r partic11lier eles finances.
Quels sont les effels des olfres suivies de consig11atio11? Il y a lieu de clis-
tinguer ici deux l1ypotl1eses:
1° On peut supposer d'abord que le créancier, it la s11ite ele la procéd11re,
al1dique ses prétentions et re0oi,·e le ¡J:1icr11er1l offert. i\lors, la seule q11estion
qui se pose es! celle ele ~avo ir.\ c111el r110111e11t J)récis le débiteur a été lil1i·ró.
Ce 11'est cerlainen1e11t pas au 111on1e11t 01'1 le créancier a toucl1é, car alors a
cruoi a11raient serví les olfres et la consignation ~ Est-ce au 1110111cn l des
offres i1 La for111ule ele l'arlicle 12:í¡, 2" :1.li11t'·a ((( les oll'res s11ivies de consi-
gnatio11 liberent le débite11r ii ), pourrait le faire croire. ~lais elle se Lrouvc
rectifiée par l'arLicle 1259, 2º, q11i nous dit que les intérets son·t el11s
j11sq11'au jour du dépót. C'est done ce jour seul qui n1arque la libération cl11
débileur. ;\joutorts l¡ue, 11éa11n1oins, le créancier 11e clevient pas propriélaire
des olljets co11sigués lles la consignaLio11. Ces objets der11c11re11t la proprií·LÍ'.
du débileur. ,\ussi, la loi lui 1)er111el-elle de relirer ces ol1jets, lant q11e la
consig11atio11 r1·a pas été acceptée par le créancier íart. 1261).
2° 011 pe11t s11¡){)0ser, a11 co11traire, (¡ue le créa11cier persiste da11s sa rési,;-
a
tance, et refuse de _se co11sidérer com1ne payé la suite de la consignatio11.
_,\_lors le llé!Jile11r cloil f'airc pro11011ccr e11 j11sticc la valillité de ses offres
(arl. 81:i et s.<:. Jlroc. civ.). Ur1e fois Ir, jugc111c11L cléclarant les oll'res vala-
bles passé e11 force de cl1osc j11gée, la detle est ¡Jayée (art. 126:1). Jusqu<'-lli
il r1'y• a rien ele définitif. Si-le clébitet1r ayait voulu relirer la cl1ose oll'erl<',
il en ·aurait e11 {P, droit (art. 1:161 ). l'o11rlant la co11signation, des le 1110-
mcnl <11'i cll<' a été faite, Lienl cl,... j/1 lieu <le paic1ne11l /1 lr<>is p<Ji11ls (lr, vuP:
1\. - I•:Ilc 111nt le cléllilc11r ii l'al>ri clns ¡111ur~11ites du créancicr.
13. - l~lle arrele le c1>t1rs eles i11Li'>rt\Ls.
C. - S'il s'agil d'1111 C<lrps ccrtai11, elle 1nel la cl1ose n11x risr111cs cl11
' .
CI'CHIICIP,l'.
On remar<¡uera l'in1perl'eclio11 ele n<Jtre loi n11 to11Le celle 111atierc. Le ¡1ro-
cérlé q11'cllc orga11isc pc>11r vai11crc la rósista11cc 1!11 crí•a11cier al)o11Lit. agg·ra- a
ver l 'olJI ig·atio11 ti 11 cl1'l>i lc11 r, JHJ isc¡11e, 11or111a le111er1 t, celui-ci 11'a11rai t <¡ 11 '¡'¡
allenclre á so11 llropre tlo111icile \art. 12/1¡) c¡11c le créancier vi11t s'y f'airc
payer. Lorsr¡11'il y a rósistancn d11 créancier, il fa11L ,¡,,ele cléliite11r sc·clc':-
a
rangc; il 11c se 111cLLra l'allri llcs c<J11st'•r¡11er1ccs f':icl1e11ses lle In résislancc
d11 créaucicr r¡11'a¡irt\s L<Jule 11ne proct'·tl11rc. l,<'. Cacle civil alle111a11cl. au co11-
traire, attacl1c 1111 cffct lil)tiral(iiro :\ 1111() sin1¡>le so111r11alion 011 111iso en llc-
111c11re lle rccevoir,adrcssée a11 cróa11cicr l)Ur le clt'.·liite11r,laq11elle sri111111ali1i11
EXTI;,iCTIO""; DES OBLIGA.TIO';S 83
peut mcn1e ctre verhalc (art. 193 it :)o4). · J,a résista11ce llu créa11cier peut
n1c1nc donncr liet1 ;\ llcs do111111agcs-i11térets. Ccllc tra11s¡losilio11 lle la ll1éo-
rie de la r11ise c11 llcu1curc i1 l'hy¡Joll1esc du refus d·acce¡Jlatio11 de paie-
ment est parfaite111ent logic¡ue. U11c fois l'écl1éance arrivée, le débiteut.: qui
se trouve e11 111esure de payer, clevienL crí•a11cier it son to11r, créancier de sa
lihération, que le créa11cier doit lui procurcr e11 acce¡Jla11t le paie111ent, sans
avoir le droit de ¡1rolo11gcr la siluatio11 du lléllilet1r, ce qui seraiL Jui i111poser
plus qt1'il ne cloit.
En I)roit fra11i;ais,- il s'en ·raut que cette conce1JLion óqui table ait été réali-
sée. Il esl tres clouteux c1u'u 11 clélJileur olJlig·1' tic rccot1rir a
eles offres sui-
vies de consig11ation puisse réclao1er des <lo111111ag·es-i11Lérets au créancier
a,,ec q11elq11e cl1ance <le s11cccs. Le Code se contente de décider (art. 1260)
que « les frais des oll'res réelles et de la consignatio11 sont a
la cl1arge d11
créancier, si elles sont valables >>.

Simplification des regles ci-dessus en certains cas. - 11 y a des l1y-


potl1escs assez 11ombreuses 01i les ri~gles ci dess11s s011t si111plifiées:
rº Lorsq11e la cl1ose clue est u11 COl'JJS cerlai,i, livrable au liet1 oi'1 il se
tro11ve, « il suffit que le cl<'-llileur fasse s0111111alion au créa11cier ele l'cnlcvcr,
a
et e11suilc de1na11de la juslice la pcrrnissior1 ele la 111ettre en cléptJt dans
quclque autrc lieu J> (art. 1:,iG/1). Q11c si le corps ccrtain doit elre livré elans
un autre licu détcr1niné par le r.ontrat, le llt'·bitcur devra, avanl la son1n1a-
li!;ln d'enlevcr, faire tra11sporler l'o)Jjet a11 lie11 désigné pot1r la livraison.
;iº Lorslru'il s'agit du paie111eul d'effcls 11égociables oii pa)•ables ati llor-
tc11r, la loi du G tl1ern1idor a11 III clispense le délJitel1r de to11te offrc réelle.
Elle dis¡lose c1uc, si le créancier ne se prése11te pas da11s les lrois jours de
a
l'écl1éa11ce, le clé}Jilcur se libere Cll rccour1111l aussilol 1a co11signatio11 q11i
se faiL c11trc les 111ai11s llu receve11r del E11registrc111c11t..
a
3° l)c 111e111e,le elt'·l)ile11r est a11lorisé ¡\ rccourir i111111óeliatcmc11t la co11si-
g11alio11, lorsc111e le ¡1aie111c11l s'aclressc á 1111 créaucier i,zcapable de recevoir,
}Jar cxc1111Jle, 1Jarcc e1uc sa créance a c'té frapp<'-c cl'opposition. Pareille so-
l11tio11 esl ad111isc c11 cas ele legs du a 11n t'•Lablisscmcnt public q11i 11'a
J>as cucorc rcc;11 l'aulorisalio11 gouverr1c111c11Lale, laq11clle, se11lc, lui pcr-
111ellra d'acce¡llcr le legs (arl. !JIO, C. civ.). Cclle solulio11 esl ici cl'a11lant
11lus 11éccssairc lJ11'e11 vertu lle la loi el11 !1 fóvricr 1!Jº'' arl. 8, lorsq11'11n
9lablissc111c11l ¡niLlic csl inslitué l{•galairc, so11 aeln1inistralc11r esl a11lo-
risé ti fairc 1111c accc¡JlaticJ11 ¡irovi:;oirc, clonl l'cfl'ct sera de lui pcrn1cltre
1le l'11rr11cr, eles 111ai11le11anl, 1111c clc111a11elc P11 el{·livra11cc, lac111cllc, e11 altcn-
clanl l'aulo_risalio11 el'acce¡ilcr clí·finiti,cn1c11l, fcra co11rir les i11tí·rels lle la
so111111P lt'guí:c au llÓlri111c11l tic l'l1ériticr (Civ., 5 rr1ars '!Jºº• ]). 11 . 1uoo.1.
l1<J!), 11c>lc ele ;\l. ,\111JJroise Coli11, S. 1 !lºº· 1 .213).

1\ 1 • - Des oppositions a paiement et de la saisie-arrét,


a
l)o11positio11 pniemcnt esl 1111 actc par lcq11el u11c pcrsonnc, en gé11éral
1111 crc'\ancicr 1111 crénncier, f'ait <lt'•fense a11 tlt•llile11r ele se lilJérer l1ors ele sa

¡1résencc el sa11s son consc11tc111c11t.
84 LIVRE PREMIER. - TITRE PRElllEI\. - CIIAPITRE 11

C'est u11 111oyen de défense que la loí 111e t it la dísposilio11 d't1r1e ¡Jerso1111e
dans les·trois l1ypotl1eses s11i,•a11tes :
Premier cas. - La pre111ícre l1ypoll1cse d'o¡Jpositío11 esl celle que la loi
organise au profit des créanciers d'u,i déju,il llo11l la s11ccessio11 esl acceplée
sous bénéfice d'i1ive11laire (arl. 808, 809,C. cíY.). Si l'on suppose, en effeL, 1111e
succession accepLée sot1s bénéfice d'inYe11laire. les créanciers l1érédílaires
011t pour gage exclt1síf les ]Jíe11s de la succession ; ils 11e 1Jet1Ye11l J)HS se
faire payer sur les biens de l'l1éritíer. Ce dernicr est cl1arg·é 1Jar la loi de
liquider les ]Jíens l1érédítaires et el'en répartir le prix er1tre les créanciers.
Or, con1n1e il 11'y a pas de procédure colleclive de líq11i<lation des !Jie11s des
débitet1rs da11s notre Droit ciYil, l'l1éritier est libre de payer les créanciers
a n1esure qu'ils se présenlent, et les relardataires n'ont rie11 a réclamer
(art. 1808, 2" al., 809). l\Iais la loi donne aux créanciers u 11 1110Je11 d'éviter
cette répartition peu équita!Jle ele l'actif. Ce 111oyen est de faire u11e oppo-
silion [r11tre les mai11s de l'l1<'·rilier; celui-ci est alors olJligé de payer da,is
l'ordre et de la 111a11iere réglée JJar le jugc (arl. 808, 1°• al.), c'est a-dirc
qt1'il devra répartir l'actif entre tous les créanciers o¡JJJOsan ls, ¡Jroporlion-
11ellen1cnt au 111ontant de lenrs créa11ces.
,Seco,id ccts. - Lorsqt1e eles litres a1i ¡iorteur 0111 été ¡Jerclus 011 volés, la loi
· du 15 juin 1872 permct au propriélaire de faire une oppositio11 entre les
n1ains de l'établissen1enl débiteur. pot1r c111pecl1er que ce dernier ne ¡iaye
les coupons, ou 11e ren1JJourse le capital e11lre les 111ai11s Ju porteur d11 litre
(,·. 11olre l. I, p. 918).
Troisie111e cas. ~ D'u11e n1a11i1Jre générale e11fin, le créa,icier du créa,icicr
peu t faire saisie-arrét 011 OJJJJositio11 au JJaicn1en l e11lre les n1ai11s du délJi-
teur. Cetle:racullé, do11t nous allons 111ainlena11t 11ous occuper en laissant
ele colé les aulres variétés d'oppositio11, 11'est at1 fond qu'une applicatio11
eles articlcs '.!O():>. el 11GG. J,e crt'-ancier 111cl la 111ai11 sur 1111 élén1er1t de so11
a a
gage gé11éral, saYoir la créa11ce a¡J¡Jarlcr1a11l so11 dél)ile11r co11lre 11n tiers;
de plus, il exerce le droit de son elél)ileur cor1lre le débitcur ele ce clcr11ier, e11
vuc de se fairc payer. La saisie-arret ou OJ)1>osilio11 111ct done en jc11 Lrois
perso11nes qui so11l le créa11cier sl1isissa11t, le déliileur saisi, c'esl-a-clirc la
créancier ele la créa11ce ol>jnt 1l'o1)11ositio11, enli II le ticrs saisi, celui c111i
rec;oil la <léfensc <le se lil>ÓrPr entre les 111ai11s ,111 saisi. J,a ¡1rocé(l11re se
décom¡1ose e11 <lcux ¡>liases. l)ans la pr<'IltÍt'.l'<', la ¡iliasc co11ser1•11loire, le sai-
sissanl fail (IÍ·fe11sc au tiers saisi tic vider ses 111r1i11s cr1tre celles <l11 saisi.
l)a11s la sccon(lc, la JJ/1ase 1l'1•,i:l:c11tinn, 111 saisissa11l ol>lienl t111 juge1r1er1l elit
ele vali1lil1: 1/c s11isie, e'Il Yerlu el11e111el Jp licrs saisi tlcvra Yerser ce q11'il 1loit
c11lre ses 111ai11s, ú lni saisissanl, j11sq11'.\ c1i11currc11cc ele sa ¡1ro¡)re créance.
r11oyen11anl c¡11oi il se lil>{·rcra 1l'aulanl cnvcrs le saisi.
Nous n'ayo11s ¡ias h lrailer ele la ¡iroc<'•tlure. 111all1eur<·11sc111e•I1l Lro¡> 1011-
guc, tlc la saisie-arr1'l. Qu'il 11011s suf'lis<· ele dir<' <Jll<' celt1· YClie (l(• r{·alisa-.
tion, i11ler111{:eliairc entre les 111esures conscrvaloires el l<)S vciics d'cxécu-
lior1, oll're celle 1>arlic11larilú elt• 11r. Jlas rc1¡11(·rir, a11 cl{'.liul tlu 111(iins, elr
litre c.c1:c1tloire cl1cz le crí•anciér (arl. :1:17, fi:18, <:. l)I'C>c.). Si le cr{aHcicr
11'e11 csl 1>as 111u11i, il l11i st1ffil (l 11n si1111ile ¡icr111is (léliYrÓ 11ar I<' 1irési(l<'nl
0
EXTINCTION J)ES OBLIGATIONS 85
<:lu tribunal pour pratie1i1er la saisie. ll 11e sera pas n1en1e nécessaire que
la créance di1 saisissant soit lifJltille. Si elle 11e l'est pas, le présielent en fera
{Ine évaluati 011 proYisoire (ar!. 5591.

Quels sont les e:ffets de la saisie-arrét? - ,\ cet égard, 11olre Ioi s'est
111oclifiée. J,e s~-st1\ n1e el11 Codc ci,il et elu Coele de Jlroci·elt1re n'était pas le
n1eme e1ne celui ele l'ancien Droit. EL il a élé granden1enl trar1sfor111é par
la loi el11 17 juillet 1907. Distingt1ons entre les efl'ets de l'o¡J¡1osilio1i propre-
111e11t elite et ceux du juge111ent de valiclilé.
1° l~els dit jitge111e11l ele t'aliclité. - Tanelis c¡ue la Doctri11e r1e voit en géné-
ral clans ce jugen1ent c111'u11e si111ple i11llicc1lio1i ele paien1eni, lajurisprudence
a
lui fait prod11ire zz,z ej]'et lrc111sl11tif. Done, partir du n1oment 011 est inter-
,-enu ce juge111e11l, la créance saisie-arretée eleYie11l le gage exclusif clu sai-
sissa11t ot1 eles saisissa11ts. De 11ou,elles ~aisies-arrels ne pourraient plus se
llroeluire t1lilen1er1t de la part cl'a11tres créanciers (Req., 9 mars 1908, S.
1()10. 1.33).
a
2° E.ffels (fe l'op¡Jositio11. - Bien a,a11t d'arriver celte tern1i11aison ele la
procédurc qu'est le jugemer1t de ,alidité, J'opposilion proprement elite
avait procluit des conséque11ces in1¡Jortanles. Lesquelles au j11sle? On peut
les résumer en clisant qt1e l'o¡1¡1osilio1i 1i'ex¡Jro¡Jrie JJas le saisi de sa créa1ice,
111ais la 1·e11ll i11dis¡1011iúle e11lre ses 111ai11s. D'o1't les conséquences ci-apres:
,\. - Le tiers saisi ne peut plt1s désorrnais fairc au saisi u11 paie111ent
opposalJle au créa11cier saisissa11t. S'il payait,il paierait rnal, c'est-a-clire q11e
le saisissant pourrait, apres avoir fait pro11011cer le juger11ent de validité de
sa saisie-arret, le co11trainelre i1 s'acquitter t1ne seconde fois entre ses n1ains.
C'est c¡ue nous clit l'article 1242, en ajot1la11l que le tiers saisi aurait, il
est vrai, e11 cecas, 11n recours co11Lre le saisi, po11r récupérer la son1me qu'il
aurait été contraint ele vcrser u11c deuxii,n1e fois. l\'lais on aperi;oit sans peine
qu'.e11 fait ce rccours serait le pl11s souvent illusoire.
Ce 1)re111ier el principal effet ele l'opposilio11 lleut avoir bien des inconvé-
nie11Ls. Sig11alo11s les lrois l1ypoll1eses sui,,anles:
--
a) Le Liers saisi a u11 inlére\t légiti111e et pressant a se libérer le plus vite
possi!Jlc. Jlar exe111plc, sa clelte est procl11ctive el'ir1térets. Sera-L-il contraint
<le les s11!Jir, La11t que cl11rera la procédure 11écessaire pot1r que le saisissant
oblie1111e le j11gc111e11t ele ,ali<lil<'•, c111i l11i ¡1ern1eltra e11fin de se libérer Yala-
ble111er1L entre ses 111ains ~ i\011. J,e tiers saisi évitera ce préj11clice er1 re-
co11ra11l. it la co11sig11alifHJ. l◄:t ci11 a v11 c¡11'ici la consignalio11 n'a pas besoin
cl'elre précécl{:e cl'ofl'rcs réelles ¡l)ijon, 31 eléccn1bre 1906, S. 1908.2.270;
Civ., 9 111ars 1910, 1). Jl. 1n11.1.3!1, S. 1911. 1.!133, note de ~I. 1'issier).
b) [,e Liers saisi csl ¡ie11t-c\tre 1111 débite11r c¡11i 11'esl 1ias e11 mes11re de
¡1ayer et q11i, 11011r gag11e1· du le111ps, a s11sci Lé ele la part tl'u11 prétendu
crí:ancier ele so11 créa11cier 1111e suisie-op¡1osilio11 ,te con111laisunce. l 1(1t1r dé-
jo11er celle f'ra11ele, le saisi a le tlre1il cl'cxiger la co11signalio11 ele la parl d11
Liers saisi (l{ee¡., :1G nove111l>re 1907, I). P. 1no8.1.5o8, S. 1910.1.300).
e) E11fi11, l'ci1i¡Jc1sitio11, clifl'c':ra11L le 1110111c11t el11 ¡Jaien1enl, pe11L faire crain-. ·
-<lre at1 saisissa11L c¡uc, <lans l'intervalle, le Liers saisi ne deviennc ir1solvable .


86 LIVRE PRE~IIER. - TITRE PRE~IIER. - CIIAl'ITRE II

Ici encore on parera au danger rcclo11té par 11ne nou,·elle application de la


co11signation q11i sera, ccttc fois, rec¡11ise par le saisissa11t.
l~. - Le tiers saisi c¡ui est. par l'efl'ct de l'oppositio11, de,·e11u inca¡Jal1le
de payer ,·alal1le1uent le saisi, 11'a pas non plus le pot1voir ele so11straire sa
a a
del Le la mainn1ise d11 saisissa11t par un procédé éq11ivalent u11 paierne11 L,
par exe111¡Jle, par une re111ise de elette ot1 u11e novation.
C. - J,e tiers saisi ne pe11t 1Jas dava11lage opposer a11 saisissant e11 co111-
pe11satio11 une créa11ce qt1'il acq11errait ulléricure1uent contre le saisi
(art. 1298J; co111¡1e11ser, c'est paycr et ctrc payé.
D. -: La dettc frappée d'oppositio11 11e pc11t pas s'éteindre JJar la pres-
cri1Jtion. L'opposition en effct i11terro111pl la prescription de la créancc
saisie-arrctée (art. 2244),
i\Iais ces d ivers effets, qui se rattachen Lit l 'ieli·e ele 1·i11dis¡1011iúilité créée
par l'opposition, sont les set1ls c111c ¡Jroelnisc cellc-ci. L'opposition ne co11-
fcre done ¡Jas a11 créa11cier saisissant 1111 elroit ¡Jrivalif sur la créa11ce saisie-
arr('\téc. L'ancie11 Droit, at1 co11lrairc, accorclait 1111 privilL·gc a11 prc111icr sai-
sissant (art. 1¡8, coutu1ne de París). Ce privileg·e a élé s1ippri111é ¡1111' le Droil
mo1ler1ie, sous l'rn11Jirc sa11s dtJuLe ele ce(lc co11siclératio11 e¡u'il constituait
a
une pri111e, u11 e11cot1ragen1e11t la rig11eur des pours11ites. l)es lors, tous les
créanciers du saisi, autres que le saisissant, pe11vent, en pralic1ua11t it lenr
tour el ele le11r coté 11ne saisie-arrct, ve11i1· co11courir ave-:: lt1i, au 111arc le
franc, su1· le n1011tant de la créance saisie arrctée. Ilie11 plus, si le saisi
co11lracte, dans l'i11Lcrvalle con1pris e11lre l'opposi tio11 et le juge111e11l de
validilé, de nouvelles oblig·alions, ces créanciers récc11ts a11ro11t le droi l ele
po11rsuivre let1r du sur le 111011lant de la créa11ce déjit frappée cl'oppositio11 !
11 y a la 1111e cor1séqucnce logic¡11e de l'ieléc de l'i~galité qui doit ctre n1ai11-
tcr111e c11tre les créa11ciers cl1irograpl1aircs. :\'lais elle 1Jarait fairc ócl1cc e11
une certai11e 111esure a la regle de l'i1idispo1tibilité crééc ¡Jar la saisie-arrct.
Esl-ce que, par l'augn1entalio11 de son ¡Jassif 1:cco11vrablc sur sa créa11ce
saisie-arrc1téc, le dé)Jile11r 110 1lis¡1osc ¡;as i11dirrcle111e11t de celte créa11ce)

L'indieponibilité cráée par l'opposition est-elle absolue ou rela-


tive? - Sur ce ¡Jrol le111e a11q11el clc11111e ¡¡¡,1 la s11¡i1Jressio11 clu ¡Jri,i!1'.gc d11
pre1nie1· saisissanl, il y a e11 ele vives!'[ oliscures cor1lrc>vcrses el eles l1ésila-
tations dar1s -la jurisprude11ce, j11sq11'it la loi Jlrécilóc clu 17 j11illel I!)Oj, c¡11i
est revcn11e da11s u11e cerlai11c 1ncs11re aux cor1cerilio11s ele l'a11cie11 l)roil en
cette n1aliere.
S11p¡io~o11s que je doive a J>ierre 1.500 fra11cs. So11 créancier J.>ri11i1is

forn1e sa,isie-oppositio11 entre mes rr1ai11s ¡Jour 11110 créa11ce ele , .ooo fra11cs,
P~urrai-je payer valablemcnt 1\ I>ierre l'excécle11l ele 111a dctle, soit 500 frn;1cs ~
I>o11rq11oi non? II cst vrai que l'arl.icle 12/1:i déclare inc>¡Jóra11l, sar1s clisti11-
gue11, toul paie111c11l fail u11 prt'ü11dice d'n11c saisie-arret. ~tais, d'n11Lre Jlnrt,
l'articlc 559 du Codc de ¡Jrocédurc exige e¡11<' l'exploil d'oppositi1J11 inelique
[11 somme po11r lac¡11elle la saisie csl pralie¡ut'ie, 011 f'llual11atio11 ¡¡ro1Jisoire
<¡1ii· e11 .~era faite ¡1a1· le jugc. A q11oi bo11 cclte 111e11lio11 si elle 11e serl J>as
a restrei11dre l'iu(lisponil1ilité tle la créa11ce saisic-arrctcc juHq11'a COIIClll'-

EXTI"\'CTIO"\' l)ES OIJLIGATIO"\'S

rc11cc des causes de l'oppositio11 ~ (\'. Lin1oges. 15 ja1r..-ier 1904, D. ]>. 1905.
:>. .237)
• •
Pourtant, vo1c1 1111e olJjcction : Pierre a re<;u de 111oi 500 francs. Surgíl
SeCll!!dltS, autre créancicr de Pierre pour 1.0,(J francs, q11i lui aussi pratic1uc
e11lre mes 111ai11s 11ne saisic-arret po11r pareille sor11111e S11r les 1 .ooo francs
de 111a dette qui restent entre n1es 111ains, élant donné que Pri11111s n'a, par
sa précécle11te opposition, acquis aucun privilege, Prin1us et Secu11dus vont
conco11rir. Ils loucl1eront cl1acun 5o o/o de leur du. P1·i111tts 11e ])Ourra-l-il
Jla-; se retourner co11tre 111oi et 1ne clire: << ''ous avez agi imprucle111n1ent e11
cli111i11uant, par u11 paien1ent parliel, 1111e s0111111e q11i devait etre réservée á
la 111asse créanciere de vol re créa11cier. Si vous n'aviez pas pa)·é a Pierre
500 francs, la son1n1c á distribuer entre Secundus et 111oi eut été de
1.500 francs. J'aurais toucl1é 750 francs; par votre fa11teje 11'en ai toucl1é que
500 francs. C'est 350 fra11cs que vous n1e devez. n II s'est trouvé des arl'els
¡>011r ad111ettre ce raison11e1nent cepe11da11t assez co11tcslablc, car sans faute
il 11'y a pas tic responsa]Jilité ; or, q11elle faute con1met celui q11i paye ce
cp1'il cloit et ce qui n'est pas saisi-arrelé entre ses n1ains? (Civ., 15 jui11
1898, D. P. 1900.1.45, S. 99.1.401, note de ftl. 1'issier.)
l)onc, d'apres cetle jurisprudence, l'indisponibilité créée par u11e saisie-
arr1\t était absolue, to tale. D' ou cet inconvénient n1ajeur q11'11ne créar1ce n1 i-
r1i 111e et que conteslait le clé!Jiteur, pouvait i111111olJiliser (les rentrées consi-
clérables s11r lesquelles celui-ci se croyait le droit de con1pter.
La 1)ratiq11e a,·ait re111édié á cel inco11vénie11t er1 imag·inant un procédc
r1 ui étai t celui de I'a.ffectation spécialc. Son origine remonte aux no111breuses
saisies-arrets efl'ect11ées sur les ir1de111nités allouées al1x anciens é111igrés par
la loi du 37 avril 182j, s11r le n1illittrtl des é,nigrés. Pour cviter l'cffet de ces
saisies-arrets, les parlies prena11tes consenlai ent souven L au saisissant un
frt11ts¡Jort de leur créance d'ir1de1nnité, jusqu'á concl1rrence du r11ontant de
la crcance qui serait ensuite reconnuc exisler á son profit par le j11g·en1ent
ii. intervenir sur l'ir1stance en validité.On s'adressait au juge des référés po11r
arlJitrer celle s0111111e, en le11ant co111ptc de r< toutes les éve11t11alités de ·
la créance litigie11se n. Le cl1ill're fixé par l11i l'lait cl{,duit d11 paien1ent a
<'ll'ccl11crpar le Licrs saisi, c11 l'espcce l)ar l'l~laL, et laissé e11Lre ses 1nains 011
<'<111,;iguc pour le co111plc cl11 saisissant. Et les a11trcs crcar1ciers 11e pou-
' aienl 1ias l)l11s y 1)réle11dre, q11'ils n'a11raic11l JJlJ excrccr ele saisic-arret s11r
a
1111c créa11ce de le11r tlélJitcur q11e cel11i-ci e11.l valalilen1e11t cédée un acqué-
rcur.
l.c systc111e ir1a11g11ré l)ar ce co,itral ll'a.O'ectatio,i ful. cns11ite utilisé da11s le
1·css<Jrl <lu trib1111al rle la Sei11e. grace s11rL011l it l'i11itiative d11 préside11t.
l>cbelley111e, ll<Jllr les snisies-arr,~ts praLic1uées, 'sa11s Litre exéculoire, en
,crL11 d'1111 pcr,nis cl11 1)rt1siclent. Cclui-ci, e11 re11da11t S<.lil orclo11nance, sous-
e11fe11.1lail u11 contrat cl'all'eclali<Jlt, par lc1f11el le saisissa11t était censé per-
111ottrc a11 tiers saisi de payer le Slll'{llus de so11 d11 e11tre les 111ains cl11 saisi,
111oye11nant <I11e ce dcr11icr lui co11se11LiL u11 trar1sport ele sa cr{1ance j11sq11:a
conc11rre11ce d'1111e so111111e s11tlisa11tc po11 r lo dési 11Léresscr. 1<:11 conséque11ce,
le pr{iside11L d{•cidail, e11 so11 orclon11a11ce, c111e le tiers saisi, lorsc1u'il paierait,
88 LIVI\E PREll1El\. - TITRE Pl\EllIEII. - CII,tPITI\E 11

consig11erait une so111n1e par lt1i évaluée it la Caisse <les déptJts et consigr1a-
tions <e avec affectation spéciale et délégalio11 expresse á la créance n clu
saisissant. Et il ajoutait qt1'cn cas de diffict1lté il luí en serait référé.
Ces procéelés si pratic¡11es ne laissaient pas cependant de st1sciler de g·raves
objections. 011 po11vait se clcma11eler notan1n1ent si le président n'ot1lrepas-
sait point ses pot1voirs, e11 clevan<;ant en q11elqt1e sorle le j11gen1ent ele vali-
elité ele la saisie-arret. L'all'cclalio11 spéciale r1'a)Joutissait-elle pas, conlrai-
a a
re1nent la volonté dt1 législalct1r, la Cr(\alior1 d'un véritable priYileg·e a11
profit clu premier saisissanl ~ E11f1n que clécielcr si le saisissant ne consenlait
pas it l'o1Jératio11~ Pouvait-011 se passercle son assc11ti111ent:1 1:\ 11ote ele
0

~f. Tissier sous S. 98.2.73.)


Ce sont ces pratiques q11i ont inspiré la loi du , 7 jt1illet 1907 i11corpor<'-e
elans l'article 567 du Code de procédure. Cctle nouvelle clis¡Josition don11e
au saisi le droit de se pourvoir e11 référó, afi11 d'olJtenir l'autorisation de
toucl1cr <lu ticrs saisi, 110110IJ:--lant I'opposition, le n1onlant ele sa créancc, ú
la conelition ele consig11cr une son1me suffisante pour répondrc évenl11ellc-
ment des ca11ses de la saisie-arret, clans le cas oú le saisi se reco1111ailrail 011
serait jugé eli'•IJileur. Con11nc cor1tre1Jarlie, la somrr1e co11sign{c cst all'cct{·e
a a
spéciale111e11t, el litre ele JJl'ivilege, la g·arantie des créar1ces pour Sltt'clé
desqt1clles la saisie-arrct a été opérée.
011 le voit, la 1na11vaise·,01011lé elt1 saisissant - e¡11e le n1onla11t évenluel
de sa cri·ance ait }Jesoin ou nor1 d'clre éval11é par le juge - ne 1Je11t plus
metlre o}Jslacle 11• l'afl'eclation spéciale e111i, e11 lt1i assura11l 1111 llroil excl11sif
sur la son1me consignéc, lilJere pour le surplus la créa!lcc el11 saisi. Se11le-
ment, 011 rcmarq11era c¡11e si l'all'eclalior1 11e el<'·pend plus el11 llon-,·ouloir el11
saisissant, elle eli'·pe11ll ele celui d11 saisi. Qu'on s11ppose cel11i-ci indifl'ére11t
aux suites ele la saisie-arrc\t, préoccupú Jleut-clre ele 1111ire it celui ele ses
créanciers qui er1 a pris l'initiative, 011 désirc11x ele faire lle 11<i11vrlles driles.
11 se garelera ele se po11rvoir elevanl le j11gc drs rc'·fér{s, et le saisissa11t reslcra
ex11osé a11 cor1cours des a11Lres créa11ciers. lle11L-elre c11t-il {,t{: 11l11s sin111le et
plus logie¡11e ele rélablir purcn1c11t et sir11¡1le111er1t le ¡1rivil<'·ge el11 1Jren1ict·
saisissant. (

,·. - Cession de biens (art. 1:>.(i;i-1:1¡<J).


Voici e11 e¡u<ii consiste cetlc no11vellc vari<':té <le [Jaie111e11t c111 plutcit de
regle1nent, U la1¡uelle 11()11:S a,ons <l{-j/1 fait all11si(lll CII traita,11 ele la ('()fl-
frni11/e /!111' cnr¡1s. <J11a11el 1111 (léliitcur cst l1ors (l'état de ¡1ayer S<'S clcttcs, la
loi l11i pcr111et ele f'aire <1ba111lo11 1/c ses bic11s ú ses cróa11cicr~, 11 la s11ite <1'1111
arranger11e11t i11lerve1111 aYrc r11x. l,es c<J11elitions ele cet arra11g"n1c11l sont
cl'aillc11rs clélcrn1i11ées lilJrc111c11t par les ¡1arties. I•:11 f'ail, ccl al>a11elon Pst
loin el'ctre sans excm11le lla11s la ¡Jralie¡11e, 111ais il 1l'y tie11L ¡1as la 11Iacc <¡uc
ecrtai11s a11tc11rs l11i so11l1ailcraic11t, co111rr1e a11 llHJdc) <l'arrang·1~111P11t le ¡ilns
l1c11reux et 111 11111s s11r Jll>lll' <l<H111cr satisf'aclic>n a11x cr<'•anci('l'S, Loul en «'·¡>ar-
gnant a11 di•bite11r la llt'~triss11rc cl'11ne saisic (V. 110Lc ele l\l. \Val1l sous Civ.,
:.i5 111ars 1903, S. 19cJG.1.;J2 r ; l\ce¡., 11 11111i l!)o8, !). (>. 1!108. r .:l:18, S.
1909. 1 .!197). Cetlc faillife ele l'instit11licH1 ele la ccssio11 ele bic11s tie11l sa11s
EXTIXCTIO'i I>ES OIILIGATIOXS 89
1:loute i1 ce <ru'elle i111¡>ose a11x créa11ciers le s011ci d'a(ln1i11islrcr le ¡Jalri-
111oine d11 délJileur, souci rr11i se do11IJle 111c111e, á l'occasion, de certai11es rcs-
ponsalJilités.
Voici e11 elTel er11ellcs so11t les cor1séq11e11ces de la ccssion (le biens. Elle
11'cnleve pas a11 elélJileur la llro¡Jriétó ele ses liiens, 111ais elle en e111porte
,lessaisisse1ne11t. Cela ,·cut elirc cr11e le clélJitc11r ne ¡Je11l 1Jl11s faire a11c1111 acle
<le JJropri<'·laire; il ne pe11l pl11s 11i adn1inislrer, ni conslil11cr ele elroils rt'·cls,
ni aliéncr. l•:11 011tre, par la ccssion de !Jicns les créanciers sont aulorisés a
YCll(lre les !Jiens pour se ¡Jayer s11r le prix.
ll rés11lle de la <¡ue, si les lJiens se ,·e11elaic11l it 1111 prix s11ffisa11t pour
cl(\sintéresser co111pletc111e11t les créar1ciers et c1u'il y eut un rcliquat, cel11i-ci
ap¡Jartiendrait a11 elélJile11r. De 111e1ne, si le débitcur, apres aYoir fait la ces-
sion ele ses l1ie11s, lro11Yai t le moyen de• payer ses créanciers, il re111 rerai l
i1nn1éeliate111e11l ela11s lous ses elroits.
,\ 11 su r1Jl11s, il elépcnel des 11arlics d'a ltacl1er i1 lc11r con, e11 tio11 eles clTcls
pl11s raclica11x, et notan1111c11l de décider <¡11e la propriélé eles lJic11s cédés
cst lra11s1n1se ' .
. a11x crca11c1crs.
Nq11s avo11s j11se¡11'ici s11¡Jposé un arrangcn1ent a111ialJ!e c11trc (]<'.•)Jile11r et
créancicr. ~Iais la ccssio11 de !Jic11s pct1l clrc Jlror1onc(·c par !et justice a11
profit cl11 d{•bilcur 111all1eure11x et ele bon11e foi, lors(1ue ccl11i-ci 11c JJeul
¡1as s'entc11drc aYcc ses crt'·a11cicrs. Cetle variélé ele ccssio11 aYaiL granel i11-
téret avant la loi de 1867 alJolitiYc de la cor1lrainle par corps e11 111atierc ci-
vile, car c11 y rPcoura11l, le clt'•IJilcurécl1a¡Jpait i1 l'e111priso1111cr11c11l (ar!. 12G8,
e:. civ. et 1270, 2' al.). ~Iais, dep11is la loi ele 1867, la cession ele IJie11s JJro-
11oncéc ¡Jar j11slicc n'a presr¡ue JJlus d'aJ?Jllication.

Notions générales. E:ffets de la subrogation. - Le JJaie111e11t a,cc


s11brog·alio11 est 11ne i11slit11tio11 qt1i jo11e 1111 role co11siclt'•ralJle clans la
JJrali<111c.
E11 efl'f'l, il 11ct1l arriYcr el il arriYc so11Yf'lll c¡11c le cr{•ancicr :-oil pay<'· par
1111 cr>cl{'.IJilc11r, 011 ¡iar 1111c ca11tirin, (JU cr1fi11 1iar 11n licrs, 111ais le .~oluens
se r<'•:--f'l'Y<' de se fairc 1'('111l>ot1rser par Je d{·liilcur. C'csl 11récist'·111e11t ce
0

<111c J>f'r111cl (l (dJlP11ir la s11lirc>galio11. Lorsc¡u'clle inlcrvicnl, le clé)Jilcur se


tro11ve lilii'-r(~ envcrs le cr{·ancicr, n1ais sa fletlc 11'e:-l pas l\lcinte; la crl-ar1cc
cl1angP si111¡1IP111e11l ele til11lairf', el passe de la 11:lc tl11 crt'-ancicr s11r cellc <111
solvens. 011 rlil al(Jl'S <111e cel11i-ci esl subr(igé 1la11s les dr(JÍls cl11 cróancicr.
. (:PI le s11 l>roga ti<i11 1ie11 l se r{•al iser tic 1lct1x fat;or1s cli f1'/•rc11 les :
'J'(111L 1l'al>or1l, <'lle ¡>cut (\[re la co11sét¡111'nc,· <1'1111 acc(Jr<I <le volonl<'·s in-
tcr,en11 :--<lil e11lrc le cr(1ancier el le so[¡,cns, soil f'11lre le clt'•IJile11r el le
solucns. 11 y a alors s1túroyr1lio1i ,·011111!11lio1111elle.
]~11 seC(llHI lie11, 1la11s ccrlai11s cas, c¡ui :--onl les plus i11lércssanls f'l lcs
¡>lns fr<'~<111e11Ls, c'cst lit loi clle-lll(~lllC ((Ui <le plei11 1lroit, sa11s ([II'il soil
lu•s,Ji11 1l'11ne C(Jllvc11li<i11, accor(le a11 sol1 1e11s le IH\n{·fice 1lc la s11lirfigalio11
tlans les <lroils 1!11 cr11a11cier JI y a alors s1túror¡c1lio1i légale.
LIVRE PRE11IER. - TITRE PRE:\IIEI\. - . CIIAPITRE 11

11 est aisé tle voir q11el est l'ayantag·e c¡11e prése11te la subrogatio11 l)Our le
soliiens. Sans doute cel11i-ci, du 1110111ent qu'il 11e Yeut l)as faire une li)Jéra-
lité a11 clé!Jiteur qu'il li!Jere ¡)ar son inler,·e11tio11, a co11tre lui 1111e aclio11
¡Jerso1111elle pour se faire re111)Jourser. Cetle aclion pe11t Yarier sui,a11l le
caraclere de l'o1)éralio11 el les circo11sta11ces tlans lesquelles elle i11tervie11 t.
C'est l'aclion de ,nanllal, si le tiers a pa}é le créancier s11r la den1ande d11
débiteur. C'est l"aclio11 11ée du J)rel, s'il a re111is au cléliiteur les f<J11ds 11é-
cessaires pour acq11itler sa elctte. C'esl l'action ele geslio,i ll'a,D'aires, q11and
il a agi pour rc11elre scr,ice a11 elébilcur el sans c11 etre ¡Jrié. E11fl11, da11s
toutcs les autres l1ypol\1escs, c'est l'actio11 de i11 reni ve,·so, car le paie111ent
fait au créancicr proflte au débiteur e11 le lilJérant.
l\iais cette actio11 perso1111elle, quel qu'en soit le caraclere, 1i'esl acco111-
JJag11ée (l'aiicune gc1ra11tie, et le solvens l)eut crai11drc l'i11sol,abilité elu clé]Ji-
le11r. C'esl po11rq11oi il a intéret ú elre su]Jrog·é da11 s les droits du créa11cicr,
i1 ca11sc eles avantag·c,; altacl1és h sa créancc.
Le ¡)ri11cipal ele ces avar1lag·es cst celui qui résulte de l'exislence· cl'uuc
g·aranlie réellc 011 perso1111elle, c'esl-a-dirc tic l'cxislc11cc cl'1111 J)riviler¡e ou
1/'1111e /1,YJ)Oilte(Jlle Sil!' les ))ie11s d11 <iL'.IJilclll', 011 d'unc caulio,i. ,\[ais a cóté ele
a
cct a,a11lagc 011 so11 défaut, il 1ie11t en cxisler cl'a11trcs. Si, par cxe1111)le,
le créancier est u11 vende11r, le solvens sulJrogé da11s ses droits a11ra non
se11le111('11l u11 1Jri,il<\gc s11r le liie11 vendu, 111ais e11corc l'11clio1i e11 résolulio,i
ele la vc11te pour cléf'aut ele paie1ncnt d11 prix (arl. 16;:i4, C. ciY.!. ()11 l1icn
1•ncorc, la créancc 1Je11t elre co11in1erciale; c11 ce ca,; le subrogé aura le droit,
co111111c l'eut eu le créancicr prir11ilif, de pours11i,re le clébileur récalcitra11t
c\c,a11t lc tribunal ele con11ncrcc, ce q11i cst lllus ex¡Jéditif que d'agir dcva11t
le trilJ1111al civil. ()n pcut, er1 troisie111e licu, s111Jposcr que la créancc est
11111nic cl'1111 litre exéc11loii·c }Jer111ella11t au cr{•ancicr, et des lors au sulJrO,(::-é,
ele saisir (/e J)l11110 les IJicns cln clé.!Jilc11r, sans i11tcntrr 1111c acticJ11 e11j11sticc.
l~11fi11, ltl créancc pc11t procluirc.eles i11térL\ls i1 un la11x a,a11tageux; ces i11-
li'·r1\t;; srront clus a11 s11lirogé.
IJ'aillcurs, il va ele soi c¡11c le soll'e11s, s11lJrogé da11s les clroits d11 crl-n11cicr
1¡11'il a désintéressé, r1c ¡Jcrclra pas JJ011r cela l'actio11 1Jcrso11r1clle c111i luí
a1JparliPnl i\ l'rnco11lrc 1111 di',)Jitr11r. 11 y a 1,(1Jc l1y¡JollH •,;e ot'i il aura inlérel
0

.\ se ¡>révalc>ir <le cclt1, aclic>n J)l11lt'it q11r <le celle ii lac{\IPIIP il a {·t{· ;;11lJrogé.
Par exer11plc, l'arlicle :,ioo1 acc<>rclc a11 111a11llalair<, pi., par assi111ilatio11, at1
gi'•ra11l d'all'aires, u11 clroit 1\ J'i11lérel légal des so111111 es c¡11'il a ava11cées cla11s
l'i11lí:ret. cl11 rna11cla11t 011 d11 g·i'·ró, ¡\ ¡Jart.ir clu ,crscn1c11l. JI sP ¡>cut. c111e
cet inl{'.rel lí•gal S<Jit s11¡1éric11r ¡\ l'inlér11l cc111vc11 lio1111cl }JrcHl11it. par la
créance ¡)ri111il.ive, ce <111i, lt>11le,; cl1oses <'-gales ll'ailleurs, <lcvra incit.er le
subrog{, 11 s'e11 tenir ú son rcc<>urs ele 111a11dataire <111 lle 11er¡olior11111 yestur.
Ot1 liien cncorc, la créa11cc pri111itive esl el<\ 11al11rc i1 S<' ¡>rc~crir<' ¡>ar 1111
co11rl clélai. Cn cl{~lai nx¡iir1·, il rcslcra au s11l)r11g1\ SfHt aclicJJI ¡>crs<>1111cllc
conlre le elé)Jitcur.

Analyse juridique du paiement a veo subrogation. - Logiq11e111e11t


il csl assez difficilc li'cxpli<)IICI' celt.c <JJH~ral.io11. Le ¡iaie1ne11L t'·leinl la
F¡XTIXCTIOX DES OilLJGATIOXS

créar1ce primitive; co1nn1c11t do11c pc11t-cllc) rcvivre a11 1Jrofit d11 su/oens?
J)a11linon1ie ap¡Jarait d'u11c fa<:011 é,icle11tc,da11s le cas ot'1 le sul)rog·é a ¡ireté
de l'arge11t au dél)iteur. et ot'1 c'csl ce der11ier <Jui a 1Jayé so11 créa11cicr avcc
les cle11iers e111¡Jr11ntós. (~01n111ent con1pre11dre c1u'a1Jrcs ce paie1r1ent. la
créa11cc c1u'il s·agissail cl'ótei11clrc, et cr11'011 a c\tei11le ¡Juisc¡u'o11 l'a paJée,
s11)Jsiste en faYeur clu ¡Jréle11r ~
Ccrlai11s a11le11rs ont cr11 róso11clre la diffic11lté e11 i111agi11a11t la clislinction
c111e voici: La créar1ce, 011t-ils dil, est éteinte, 111ais ses accessoires sulJsis-
te11t, el vie1111e11t se grefl'er s11r la créance perso1111elle clu tiers. i\lais celle
n11alyse est inexacte: ce ne sont ¡1as se11le111e11L les accessoires, c'est, 11ous
,·e11ons de le ,,oir, la créance elle-n1e111e avec ses caracteres pro¡Jres, aYec
lo11s ses avantages c1ui ¡Jasse au subrogé. L'article 1:>.50, 1•' ali11éa, dit cl'ail-
leurs expressé111e11t que le créar1cier subroge le solve11s dans ses (/roits,
r1clio1is, ¡Jrivileges ou l1ypotl1cq11es conlre le clóliile11r /dans to11s ses (!roils,
loulcs ses rtclio,isJ. ,\11ssi a-t-011 aliando1111ó celle analyse q11i, sol1s }lrc'·lex:le
ll11 l'cxplie¡uer, dé11atu1·e l'o¡Jt)ralio11. On se co11le11Le done a11jourcl'l1ui lle
<lire, co111111e le faisait déjit IJ0Ll1ier (Cout. 1l'Orléa1is, introductio,i, Lit. 20,
11° GG, écl. Bugnel, L 1, ¡1. GG 1), que la subrogatio11 est l111e flctio11 <le 1lroil,
011 ,·ertu de laquelle on su¡i¡Jose la s11rvie d'1111e olJligation étei11le par le
¡1aie111ent. ~lais a quoi 1)011 u11e pareille explicalion? L'e1nploi de la jictio11
1)011,ait etre fa111ilier aux llo111ains ; il n'est plus 11Lile cl1ez no11s, Y11 la
clilférence de nos procéclés lógislatifs. Aujourcl'l111i le législateur 11'a pl11s
))esoin dcfei,irlre, il orcilJ11nc. La vérité, c'esl c1ue l'i11slit11tion ele la s11l)rO-
g·atio11 no11s fait assister lt u11 de ces conflits C{Ui s'élevenl assez fréct11e111111e11 t
e11lre la logiqtlC juricliq11e el les 11écessités ele la vic. Le Jégislaleur, elar1s sa
Loute p1iissa11ce, a pr;\féréi celles-ci ;\ celle-llt. C'esl e11 vai11 c111'011 cl1ercherait
lt le V<Jiler. Ce c¡ue róalise la subrogalion, c'cst, c11 son1111c, 11ne 01J1\ralion
11~-JJri<le, constitua11t, cl'11ne ¡iart, l'accessoire et la s11ile d'u11 ¡Jaie111e11I, el,
d'aulre part, Le11a11t IJeal1co11p ele la cessior1 ele créar1ce, n1ais en difTéranl par
eles Lrails essenliels, opération l1ylJride qui, a11 sur¡Jl11s, rend d'in11)orla11ts
scrvices pratiq11es, ce c1ui est la n1eilleure des justilications.
No11s exa111i11ero11s s11ccessivcment:
l. Les cas de s11lirogatio11 co11vcntio11nelle; 11. ('.eux clcs11IJrogatio11 légale;
fil. Les cfl'cls ele la s11llrog·atir1n; 1,1 . Enfir1 no11s tracero11s une con1paraison
c11Lre la s11.brog(1lion et la ('Cssiu11 1lc crén11cc.

l. - Subrogation conventionnelle.
C:cttc prcnti<\re sorle ele subrogation se prés<'11Le, en ¡1raliq11e, sous de11x:
l'c1rr11cs el islinclcs : ta11Llil elle esl le rés11llal el'u11e con ve11Lion e11tre le
créancier el le subrogé, la11 tul d'ur1c conve11lio11 entre le débiteur et le s11brogé.

1° Subrogation consentie par le créancier (arl. 1250, al. 1º'). - E11


voici 1111 e:-.e1111>lc lrcs fréc111cnl: J'ai ve11cl11 1111 i111111e11lJle llayalJle au boul
<le ci11c1 ans, a,•cc i11Lí•rc\t du prix ,\ 5 o/o l'an. A11 ])ot1l cl'11n an, j'ai IJesoi11
ele 11 1011 argent; je 111'aelresse ii 1111 ca¡)ilalisle c¡11i co11se11l a 1110 ve1·ser le
'

92 LIVRE PRE;\IIER. TITRE PREl\lIER. - CHAPITRE II

111onta11t du prix, i1 conclition q11e je le subroge dans n1es droits contre


l 'acl1eteur.
1\uc11ne forn1e particulicre r1'est reqt1ise pour cette con,·ention; elle 11'est
soun1ise qu'aux de11x conditions lle fo1id suivantes:
1\. - 11 faut qu'elle soit ex¡Jresse (arl. 1250, 1•··· al.), c'est-i1-clire que les ¡Jar-
ties doivent n1anifester leur intention par l'en1ploi <l'une forn1ule 11e lais-
sant a11cun doute sur leur volonté.
11 n'est pas, il esl vrai, indispensable qu'elles cmploient l'cxpressio11
s1ibroge1', 111ais, en fait, c'esl to11jo11rs elle que 1'011 rencontre dans les quit-
lances sul1rogaloires, parce q11'elle est la seule qui désigne l'opération, et
qu'on ne po11rrait la ren1placer que par des péripl1rases comn1e << céder ses
droits, actio11s, privilcg·es et l1;ypotl1eques n,qui ne Yalent pas le sin1ple n1ot
a
de siibroger et peuvent preler équivoque.
Il. - 11 fatlt, en outre, que la s11l)rogation ,oil ronsentie au plus tarcl au
1110111e11t 01t le créoncier 1·croil so,i J!aie111e11l (arl. , 250, 1' •· al.).
J>oslérieuren1e11t, il serail lrop tard, car la créa11ce aurait été cléfinilive111ent
éteinle par le paie111ent fait sa11s réserve.
;\jouto11s c¡ue la sul)rogatior1 11e peut pas davanlage inlcr,·enir avanl le
paic111er1l. 1\i11si, il esl d'usag·e c¡ue, elans la police d'assurance co11lre l'i11-
cendie ou les accidents, ·1a con1pag·nie fasse introduire 11ne cla11se en vertu
de la<111elle l'assuré la suhroge da11s tous les rcco11rs el aclio11s q11'il pourrait
avoir conlre les liers, aule11rs ele l'accide11t ou du si1iistre, voisi11s, loca-
laires, etc .. Celte clause,
. bie11 c111e c111alifiée ele sulJrogalion, n'e11 est pas u11e
.

e11 r<~alité. (Ju'esl-ce clone~ C'csl u11e ccssio11 ele créance éve11luclle (Be~a11-
<;011, 6 aYril 18()8, D. 1). D8,2.425). Et ,oici deux conséq11ences ele ce ¡Joi11t
de vue. D'11ne part, la co111pagnie 11c pourra agir contrc le ticrs c111c moye11-
11ant les for111alilés rcc111i~cs llar l'articlc I G!Jº 11011r c111'11nc ccssion de créance
soit OfJposable a11x lirrs, c'csl-ú-dirc la sig11ificalion de la police co11le11ar1l
la JJrélcnd11e s ulJrogation. D'autre ¡1art, la co111¡Jagr1ie, e11 cas d'acciclc11l 011
de si11istre, pourra agir imr11<'.,ctialr111ent co11lre le Liers rcspo11salJlc, nota111-
111c11l exercer une saisie-arrl\l e11trc les rnains de l'assureur de ce Liers, sa11s
aller1dre cl'avoir réglé l'inclc11111i lt' cl11e it so~¡ ass11ré. ],clgic1uc111er1t on clo-
vrail ajo11ler, se111Jilc-t-il, q11c, si l'ind<'r1111itó cluc ¡1ar le ticrs r<'s¡1onsal1le
csl supérieurc it cell<' <Jt1i csl clue ¡, la vicli111e de 1·acciclc11l (Jtl cl11 si11islre
par la cc1111¡1ag11ie, c<·lle-ci clc,·rail lJ<'•1H'.·licicr lln In clill'ércnce; 1r1ais on n
lo11j(111rs re¡1oussé cetle sol11tio11 i11ic111e el cJ{,cicló <111e la cc1n111ngnic 11e
sern l'l'.}Jt1lóe cessio1111air<' ele la cr{,ancc de S<Hl ass11ré co11lre le liers c111e
cla11s la 111esure 11{·c<':-~airc pour la couvrir de ses ¡1ro¡1res <l<'.·bo11rs{·s.

:iº Subrogation consentie par le débiteur. - J)ans cecas, le créan-


cier 11'i11lervient pas a la cc¡11ventio11. C'csl le d{lJil<·ur <111i, v11ula11l J>aycr
sa clellc, c111pr1111le :'i cclle 1111 <1<\ l'argc11l it 1111 liers, el,¡\ Lilre ele garn11lic,
i;11lJroge so11 ¡Jrcleur lla11s les clroils llll cr<'·a11cier q11'il ,a <J{,si11l«'·resser.
S11pJlOso11s, JJar cxrr1111Ie, 11110 j'acl1elP 1111c 111ais<H1 do11I le 1irix c:,;I. paJalilc
COIDfJlanl. N'ayanl J)as les fo11ds 11í·ccs~aircs, je les 1~111¡1r1111te 11 1111 capila- •
liste, el je sulirogc C<\lt1i-ci da11s la crt'•a11cc clc 111tH1 ve11rle11r co11tre 1r11Ji-
EXTI:'ICTI0:-1 DES OilLIG1\ TlOXS 93
n1eme. Ou bien, j'ai e111prunté u11e so111111e d'arg·ent ¡1onr 10 a11s it 5 o/o
l'ar1, avec garantie l1y¡1otl1écaire sur 11n clr 111cs i111111eul1les; i1 l'écl1éa11ce,
11'ayant pas l'argent n{,cessaire ¡1011r re111bo11rser n1a delle, et redoula11t de 11e
pas oblenir de délai ele 1110n créancier, je den1ande cette som111e it u11 tier~
et, con1n1e garanlie, je lui pro¡1ose de le s11!Jroger cla11s les droils de 111011
créancier l1ypotl1écaire act11el.
Juridic¡11e111e11t, cette for111e de la s111Jrogation cor1ventionr1elle est ¡1lus
elifficile111ent ex¡1licable q11e la précédente. C'est ici le elél1iLe11r qui, san~
l'asse11ti111ent du créancier, dispose clu droit de cel11i-ci, et le transporte sur
la tete d'un tiers. Cela est autren1ent difficile a con1prenclre crue la sul1ro-
gation par la volonté du créar1cier. Si le législateur s'est décidé a a11loriser
cette sorte d'exproprialion, c'est en vertu de considérations pratiq11es. 11 a
estimé que le créancier, d11 moment q11'on lui verse ce qui lui esl du, 11'a
a
a11c11ne raison légitime de se ref11ser une co111l1inaison utile a11 clé]Jite11r,
11tile a11 capitaliste complaisant q11e cel11i-ci a ¡111 intéresser a ses afl'aires,
a
utile enfin l'intérct éconor11ique général, que l'on sert lo11jours er1 fa,·o-
risa11t la libération des dé)Jiteurs.
L'origine l1istoriq11e ele la subrogatio11 par la volonlé clu dél1ite11r es l
d'ailleurs assez récente. car elle re111onte a une l)éclaratio11 cle I-Ienri 1,r, e11
a
date de n1ai 1609, relative une opératio11 que nous qualifierio11s aujour-
d'l1ui de co1iversio1i de rentes. Le taux des rentes constit11ées, lesquelles, 011
s'en souvier1t, étaient tres fréquentes sous l'ancien11e n1or1arcl1ie par suite dc•
la prohibition d11 pret U i11téret, a,·ait été fixé par Ull édit ele Cl1arles IX, de
1572, au dcnicr llouze (1 po11r 12), soit 8 1 /3 o/o. 1\pres l'a11aisen1ent et la
reprise des affaires qui n1arquere11t la fin des guerres de religion, lle11ri IV,
en mai 1609, fixa le taux des constitutions ele rente au denier seize ( 1 pour 16),
a
soit /1 6 1//1 o/o. Les dé)Ji-re11tiers avaient clone tout i11tér<'lt e111prunler au
nouveau taux de quoi rembourser Jeurs prcn1iers 11reLeurs. l\lais ce11x-ci,
qui voulaient co11server le bénéfice cle lcur placen1e11t antcrieu r, se seraienl
refusés á s11J1roger les no11veaux ca11italislcs dans les garanties l1ypotl1écai-
res q11i assuraient le service de leurs re11tes, si l'éclit précité d'Ilenri I"\'
11'avail autorisé les emprunteurs á forcer la résisla11ce de leurs créanciers el
,\ se passer de leur conse11 te111e11t.,pou r réal iscr la s11 !Jroga l ion cla11s les for111es
c111e 1'011''ª voir.
C'est. <¡t1'c11 effel la loi exige ¡Jo11r la s11lirogation i111¡Joséc a11 cr{•ancicr
Ies cor1 d .,. .
,~1011s s111van Les assez scvcres
' ' e l par co11scr¡11e11
' t co11'te11ses, e11111ru11-
t<'.•es li l'ódit ele I üon (arl. I 250, :.i") :
A. - 11 fa11t r¡11e l'rzctc ll'c111¡Jru11./ el la r11tilt1111ce S(1ienl ¡1assés 1'1111 el
l'autrc clans la for111e a11ll1e1ili1111c.
13. - 11 f'a11t r¡ue !'acle rl'en1pr1111 L co11statc c¡ue les cle11 iers sonl e111-
pr1111t.t'~s p<J11r payrr la elet.te.
C. - 11 f'a11l <111e la r1uilta11ce constate c¡11e le ¡1aic111e11l a i'·t{· fail avcc les
<le11icrs e1111Jru11t{s. J•:11 1111 1not, l'origi11c, la clesti11alici11 el 1·er11ploi eles clc-
11iers cloivcr1t 1\trc pri':cisós cl'11r1e 111a11 it•re aull1c11ti1¡11c.
I1ourq11oi ces f'1ir111alitt'~s ~ J•:lles serven!,¡ próve11ir 11n11 fra11cle assez con1-
Jllic111i':e et r¡11i serait la sui,ar1le. Sup¡Josc.111s c¡uc le clólJiLc11r ait grevé ses
94 LIVRE Pl\E)llER. - TITRE PRE~IIER. - CH,\PITRE 11

bier1s de JJl11sieurs l1yJJoll1e(JllCS, et qu'il ait re1i1llours~ le pren1ier créa,1-


cier ir1scrit. l1 lus tarcl. ayanl besoi11 cl'arg·enÍ, il ¡>ourrait cl1ercl1er faire a
rc11aitre cette prc111iere hypotl1ee¡uc a11 détri111c11t el11 sccond crt'•ancicr 1)ar-
vent1 au pre111ier ra11g· et a11 ¡>rofit elu 11011vca11 ¡)rcte11r, e11 passaut a,cc
celui-ci un acle sous scing priv{: anliclalé, ela11s leq11el on feindrail que les
elenicrs pretés aujourcl'l1ui l 'or1t t'·té autrefois et é11 vue de dési11téresser
l'a11cicn pre111icr créancicr l1ypotl1t'•cairc. La di~positio11 ele l'article 1 250,
al. :i, eléjoue u11c ¡¡arcille frauelc, et sa11veg·ardc les intércts des créa11cier5
i11ler111édiaires e11tre le ¡lremier inscrit et le elernier ve11u.

II. - Subrogation légale.

La loi elle-111e111e accorele ipso jure le llé11éfice ele la subrogatio11 a celui


qui paye le créancier, dans un certain 110111bre de cas e1ui se trouvenl é1111-
mérés par I'article 1251 elu Coclc civil el ¡1ar cl'a11lrcs lcxtes co111plé111e11-
laircs. (J11 pe11 t les classer c11 cle11x r1ro111ies.
1° P1·e111ier gro111Je. - Dans les l1ypotl1eses de ce ¡1re111ier groupc, 011 s11¡)-
pose c111e le solvens élait l1ti-n1c111e te111t ele la clelle. l1 oursuivi par le créa11-
cicr, il cst done ollligé de le paycr; seulcr11ent il parail éq11itable ele l11i
ass11rer le bé11éfice des garanties altacl1ées a la créa11ce qu'il a acquittée, afi11
d'assurcr l'efficacité ele so11 reco11rs co11tre cc11x qui eloivenl en clóll11itive
s11pporlcr 1011! 011. ¡¡artie el11 poiels ele la clcllc t'.•lei11le .
\' oici les l1y1loll1eses qui rc11trent cla11s ce groupe :
;\. - La sul1rog_alio11 a licu de plein droit au J)rofil de (1 cclui c1ui, éta11t
tc11u a1>ec d'(1utres ou TJ011r (l'aulres a11 paicmc11t de la delle, avait intérct ele
l'acc1uiller n (arl. 1251-3°).
Cetle formule tres large con1prencl toules les situatior1s ela11s lesqucllcs
le cr{·a11cicr JlCtl t po11rs11ivrc J)l11sie11rs ¡)erson11es, soi Lco111111c déúiteurs JJriri-
c iJJa tia; (0111 ig·a Iio11 su/ icla ire, ol1l ig·a Ii<)ll i11clivisiblc!, so i I les 1111s co 111111e
clébileurs ¡Jri11cipaux et les a11tres co111111e déúite11rs accessoires (obligatio11
ele la caulio,i ou de/la ca11tion réelle, c' est-a-di re de la ¡¡crso11ne e¡ 11i, sa11s
a
s'engager pcrsor111cllcr11c11L, a l1ypoll1ée¡11é so11 i1111neublc la garantie ele la
clctte d'aulr11i, ou enfi11 clu tiers 1lélenlc11r el 11e>la111111e11l ele l'acc¡11ércur el'1111
i111111e11!1lc !1y1>oll1ór111{,).
Le dél1ilc11r acccsse>ire (ca1¡lio11, ca11lio11 róelle, liers cléle11Leur), q11i a ¡>ay{,
la del le clu <l{·llilc11r 11rinci1>al, esl s11l,rogó ela11s les 1lr0ils el 11, créa11cier,
et pe11t po11rs11i,·rc r>o11r Ir lo11L le 1lél1itc11r. (j11anl a11 coelél1iteur ¡>ri11ci1ial
1111i n pay1\ le Ion!, il 11e jc1uil el11 11{,nt'.·lice ele la s111Jrogalio11 c¡11c ¡10111·
parlic, rt. t!a11s la 111cs11rc 11t'r cela !11i esl 11lile ¡>011r se relci11r11er co11lrn
ses co-ol1lig{,s, el lrs cc111Lrainelre i1 luí rc1111Jo11rser la ¡>orlio11 <le la elellc
co111111u11e <¡11i dtJil. IP11r inc11111IH'I' el1'•flnilivc111e11l.
La j11rispr11cle11ce co11sielcrc co111n1e rc11Lra11l ela11s les trr111es ele l'arti-
cle 1:.151-:1°. c'esl-i'1-elire c11111111c {,la11L Le11us d'1111e 1lelle ¡1011r (l'n11lres, ce11x
<Jtli, /1 rais(JII 1lc lcur rcspo11subililé ¡1rr~fessi111111clfc, 1111! <'ti it s111i11orlcr lt•s
co11s<\r111enccs 1lc l'i11acco111¡)!i~s<'111cnl ele l'1>l>ligalic111 1l'a11Lrui. 1\i11si, I'<tf/l!JIL
1/e chc111gc e111i a {,té co11ela11111é, sur la de111a11tle tl'1111e fc1111r1e elc1tale, ¡'¡ l11i
EXTI'i'CTIO:-! DES OBLIGATIO'i'S

rem)Jo11rser le prix du tra11sferl ele re11les st1r l'Etal frap1Jécs ele clolalité, do11t
il a versé le n1ontant entre les 111aius 1111 111ari, s,111s s'assnrer <l11 l'f'x1\c11Lion
clu re1nploi, esl su]Jrog·é cla11s la créaucc de ladite fc111111e ccinlrc St)Il 111ari
(Civ., 3 décc111brc r888, D. IJ. 90.1.71, S. 89.r.121).
De me111e, le 110Laire r¡11i, cléclaré responsalJle eles suites el'un prel rc<:11
par lui, a tlési11tércssé le preleur, est su!Jrog·é clar1s les elroits de. cel11i-ci
contre le clé!Jiteur (Req., 13 février 189\), .D.]). 9\J,1,2!1G, S. 1902.1.:i77).
c',11 co11lraire, la jurispr11de11ée refuse a l'assure11r le IJé11éfice de la s11JJro-
galion légale clans les elroils tle l'ass11r1\ cor1tre le Liers a11leur d11 si11islrc
(Civ., 2 juillet 1878, I). }). 78. r .34~, S. 78. 1.!¡13). l~n ell'et, l'assure,1r, en

i11den111isant l'assuré, JJaye sa dette perso1111elle résultant du contrat el'ass11-
ra11ce, laquelle n'a rie11 de co1n111un avec celle du tiers c1ui a ca11sél'incendie
ou l'accident. On 11e peul pas elire de .l'ass11reur qu'il était ten11, avec le
tiers responsable, de la dette (de la 111én1e tletle 1.
B. - La s11!Jrogatio11 a e11core lie11 ele plein droit << a11 profit ele l'ac1Jlll;_
reiir ll'1i1i ir11n1e11ble, c¡11i e111ploie le JJrix de so11 ac<¡uisilion au paie111c11t des
cr{•anciers auxq11els cet l1éritage élait l1ypoll1él¡t1é >> (a.rl. 1251, 2°).
J)acquére11r d'un i111111euble l1ypoll1i'•qué est, 11ous ve11ons de le ,oir, te1111
ele ¡Jayer le créa11cier l1y¡1oll1écaire. L'arlicle 1:¡51-:iº su¡J¡Jose r1u'il ¡)aye ele
son plein gré son prix entre les 111ai11s eles créar1ciers l1y¡Joll1écaires, et il
décide c111'il est alors subrogé dans les elroits eles créa11ciers qu'il a dési11-
'
teresses. '
Ce no11,,ea.11 cas de s11brogation nécessite pl11sie11rs explications:
et) U11 tex te s¡Jécial 11 'étai t ¡1as 11écessaire pour accorcler a l'acl1eteu r
le bé11éfice de la s11brogalio11 légale, car il e11 jouit déja en ·vertu ele l'arti-
cle 1251-3°. 1'iers clétenteur de l'irnn1eu]Jle l1ypotl1équé, il est le111i, avcc le
clél1i le11r, au paie111e11t de la flelte l1y¡1otl1écaire:
b) On pe11 t se de1nar1eler l{Uel iutéret l 'acquére11r d'ur1 ir11r11euble l1ypo-
tl1éq11é pe11t avoir a agir co111111e. le suppose l'article 1251-2°. E11 ell'el,
corr1111e no11s le verrons e11 ét11diant les l1ypoll1eques, le. Liers acquéreur
a a sa dispositio11 ur1 111oye11 t¡ui lui JJer111et J'élei11elre toutes les l1ypo-
tl1cc¡ucs, c'est la procédure de pitrge. Si l'acqt1éreur reno11cc a recourir it
celtc ¡Jrocéclure et préfcre payer, en. l'acq11it de so11 ve11deur, les pre1niers
crr'•a11ciers ir1scrils, il reste ex1José aux po11rsuites des créa11ciers ele ra11g
i11férie11r. Il esl clone 1T1alaisi'~ ele con1r1re111lre c11111111cnt il 11reudra ce parli.
Cela r1'esl ¡1as cepc11rlant nl1sol11n1c11L i 11co11cevable. 011 1Je11t su¡J¡Joser
1111 acq11óre11r c111i a conscic11ce d'avoir ¡>ayé l'i111111eul1lc c11i ¡1lc1s !tctitl ¡1riJ;
,¡1i'il ¡111i.~se r1/leirtllre. J~n vorsa11l ce prix clirecl.er11e11L entre les 111ai11s
eles pro111iers créa11ciers iriscrits, il óvile les frais ele la JJrocéd11re de pt1rge,
el. c<'¡>e111la11t se co11vrn ¡Jratir111c111c11L co11lre l'éve11tualité tlc ¡Jo11rst1iles
ex<'rci'·ns ¡1ar les cróancicrs ele ra11g i11fórieur. 811 ell'et, ólanl do1111ée la subro-
gali(Jll r¡11c l11i C<Jnf'cre l'arlicle 1:.ifi r-:A", il ¡>re11clra llorénavanl la ¡>lace des
cri'·nnciers 1111 ¡irc111icr ra11g c111'il aura clési11túrcssés (il a11ra, il faut le cons-
lal<•r 1l<'!s 111ai11té11a11t, 1111e hy¡Jotl1<')r111c s1t1· l11i-r11en1e, 11ous vo11lo11s elire sur
son. ¡iropre i1rtn1e1ible). 1,es créancicrs snbsér111ents sr garderont ccrlair1c111enl
a
ele le saisir, car e11 cas 1le saisie, le 11011vean ¡>ro1>riétaire, gr¡ice l'l1ypotl1c-
96 LIVRE PRE\IIER. - TITI\E PREl\lIER. - CHAPITRE 11

c111e ¡lróférable q11e Iui ass11re la s11brogation dont il a llénéficié, allsorllerail


la totalité d11 ¡lrix crue po11rrait atleindre I'i111111c11l>le dans la 111ise e11 ve11le
-
co11sócutiYe ¡¡ la saisie. En 1111 n1ol, la s11brogatio11 ele I'arlicle 1251-2º confó-
rera a l'acquéreur e¡ui a ¡lrocédé co111n1e le sup1lose le Lexle, u11e situation
.

óc¡uivalente e,z frtil ú celle q11e lui procurerait 1111e }lurge des !1ypotl1ce1ues -
et cela sans les frais de cctle procéd11re.
C. - D'apres la loi d11 22 fri111airc an VII s11r l'F:11regislren1e11t (art. 291. '.
les officiel's JJublics eloivent acc¡11ilter les droits elus ú l'Elat sur les acles
rclevant de leur 111i11istcre. Lorse1uc l'officier p11IJ!ic a fail ainsi I'ayance des
fo11cls ¡lo11r le co111ple des ¡larties i11tércssécs ú !'acle et elé!Jitrices eles elroits,
il est subrogé dans les droits ele 1·_;\dr11inistration co11tre celles-ci. Cetle
solutio11 rés11lte i111pliciten1ent de I'article 3o q11i déclare que les officiers
publics llourront pl'e111lre exécLtloire du juge de paix ele leur ca11ton, pour
Ie11r ren1boursement. Ce!. e.1:éc1tloire n'est e¡ue la n1ise e11 mu,,re clu droit dr
contrainte qui ªllJJartient il I',\clr11i11islration (art. 65 de la Ioi), et da11s
lec1uel J'ofíicier Jlulilic est sulJrogé ele plei11 elroit.
2° Deuxien1e gl'Oll/Je. - I,e seco11d gro11pe ele cas ele s11brogatio11 légalr
co111prend des l1ypotl1eses da11s lesquellcs celui qui ¡laye la dette d'autrui
11'était ¡1as lenit de l'acr¡1tilte1·.
A. - Un cróancier en. paie « u11 autre q11i lui est préférab le á raison de
ses }lrivili'·gcs ou l1ypoll1cc1ues n (art. 1251 1°), soit ¡larce que le solve11s 11'est
1ui-r11e111e que créancier cl1irogra1Jl1airc, soit parce qu'il ne bé11éficie que
cl'un llrivilcge ou d'u11e !1y¡Joll1ce111e ele ra11g i11férie11r.
011 co11~oit 111al au pre111ier al)orel c111el est le n1otif e¡11i peut po11sser u11
créa11cier ú augr11e11ter ai11si sor1 clócouvert, po11r prcndre la ¡Jlace d'u11
créa11cirr ele ra11g pr1'féral)!e a11 sie11. 11 a cepcnclant intérct á agir de la sorlr
elans cle11x l1)'potl1cses.
a) ()11 ¡Jc:ut supposer que le créa11cier qui ¡)rt'•ccde le solvc,1s et q11i était r111111i
el'1111e IJ01111e !1y¡)o!l1cc¡ue, étant pressé ele touclier le n1ontant de sa créa11ce.
s'a¡J¡Jrelait .\ ~isir J'ir11n1eul1le, l1ie11 e111e le mor11e11t f11t mal cl1oisi. Lr
sulve11s, it r¡ui 1111e 1r1ise e11 ve11te efl'ectuóe er1 ce n1or11cnt ne laisscrait a11c1111
<'Slloir <le recevoir son llt1, a próféró ll1'si11lt'•resscr ce crt'•ancier, afi11 lle
retardrr la 111ise e11 vente el cl'all.e11clrc eles jo11rs 111eilleurs po11r tirer ele
l'i111111e11l)le 1111 l1a11l llrix. II agit en 11n 111ol co111111e 11r1 spóculale11r qui
se fait l'C/JUl'ler it la 13ourse, llt)UI" atte111lrc 1111 1110111e11t 1)lus ¡Jropice it la.
lie¡11ielalio11 elr sa ¡iosition.
b) 11 se lleut c11corc <111e le créancier ant1\rie11r t¡11i 111enace ele saisir l'in1-
111r11lilc. ¡iosst'.<Jc 1111c !1y¡ioll1i,c11H· gt',nt'·ralc g-revant, llar co11sé1¡11e11l, 1l'a11lres
i111111eulllcs 1111 1111\111c 1lélJite11r. Gr11ce it la s11brogatio11, le sol1,r.11s l)únéllciera
lle ce s11pJllt'•111cnt ele garanlic (V. (:iv, !) 111ai l!)<J:>, 1). ll. l!)ll!J·1.:.1:i5.
nclle lle l,tl)'IH'S, S. '!J<lÜ., ./18!), n<ilc ele !\,l. i\ta11ricc IJcrnar1I).
()11 a signalt', ici 111H, Jlrt',tcncl11e lac1111c 1lc la hii. I•:llc róservn, a-t-ri11 rlil, le:
lit'·11t'.•ficc cli, la s11IJrclgalicl11 lt'·gale au cas 01'1 le 1iaic111enl 11st fait ¡>ar 1111
crt'·ancirr il 1111 crÍ'ancicr 1111i a 1111 ra11r1 ¡ir1fér11ble a11 sión. J1riurta11l, 1111
crt'•ancier l1ypc>ll1<'•cairc aurait i11L<'-r1\t 1la11s c1•rlai11s cas i1 1·e111ll<ltll'Ser 1111
c1·t'•a11ciPr 1le rn11r1 i11J'érie11r, ¡H111r <'·viler cl«'s c1111lcslali1.>11s ainsi 1111c les frais
- .. 1 •
,

EXTINCTIO:'I DES OBLIGATIONS 97


et les Ientet1rs de la proc{·dt1re d'ordre. S'il agit de la sorte ce11e11cla11l, il ne
hénéficiera d'at1cu11¡, sullrogatio11 Iégalc, car on ne saurait supJlléer au si-
lence de la loi. :\u fo11d, cette prétendue lac11ne n'a pas grand i11co11vénient.
Car le créancier 1¡11i ve11t ri,111lJ011rser 1111 autre créancier ele rang inférieur
n'a qu'a obtenir de plei11 droit une st1hrogatio11 volontaire, et ce dernier ne
n1anquera pas d'y consentir pour etre payé,
B. - L lté1·itier bé,iéjiciaire, qui paye de ses deniers t1ne dette ele la st1c-
0

cession, est suhrogé dans les droits du créancier JJar lui ren1JJoursé
(art. 1251-4º).
l)ot1r co1nprendre cette l1y¡JfJtl11)sc, il faut savoir que l'l1éritier hé11éficiaire
ne ¡Jeu t pas etre pourst1ivi s11r ses IJiens propres. En payant ele ses deniers
personnels un créancier l1éréditaire qui menace de saisir les lliens du
déf11nt, il évite les frais de saisic a la masse des créanciers succcssora11x,
ainsi que le pr{·judice que ¡Jo11rrait causer t111e vente forcée faite un a
rnon1e11t inopportun. Il rcnd done scrvice a .la succession. De plus, grace
a la clir11int1lio11 eles frais, la Iiqt1iclation donnera ¡Jeul-etre ur1 reliquat dont,
r1atureller11ent, il sera appelé a
!Jé11éficier. C'est pour lºenco11rager a faire
{:Clte opératio11 qt1e la loi lui accorcle le hénéfice de la sulJrogatior1, lee1uel
lui ¡Jerrnettra de rer1trer clans son avance au jour de la liquidation.
C. - En vertt1 de l'article 7 de la loi du 9 avril 1898, le patron, c1ui a
réglé a lºouvrier victin1e d't1n accident elu travail l'inde111nité a
laquelle il
a droit, Jleut exercer l'acliou que cet ot1vrier possede contre u11 liers qui
serait l'at1teur responsa!Jle de l'accident. Il a fallu un lexte spécial pour
1
consacrer cetle sol11tion. En ell"ct, ce n'est point de la me111e lletle que
le patron et l'auteur ele l'acciclent son! ter1t1s. Le tiers est olJligé de réparer
son délit ot1 son q11asi-(!élit (art. 138:i-1383). Le patron est tent1 c11 vertu
<lu principe dt1 ris(¡ue professio1i11el qui 1Jese sur le princip_al IJé11éficiaire
de l'entreprise.

III. - Effets du paiement avec subrogation .


a
La cr<'•ance acq11ittée par le solue,i.~ sullsiste 'son JJrofit, avec lous se,;
access1>irrs, avec lot1les les actio11s q11i y so11t jointes. Le suhrogé est
111is it la 1ilacc tic t·acci¡iic,is.
1\insi, c'est lJicn la crl'.•a11cc ellc-111en1e, et 11011 set1le111ent ses gara11lies,
1111i 1Jassc a11 liers. Nous avo11s <léj.\ i11dit¡uú les co11séc¡t1e11ces <le ce ¡1oinl d«\
,·uc.
Si la créu11ce est c,in1n1ercialc, le ticrs ¡1onrra ¡1ot1rst1ivrc le elé!Jile11r
tleva11l le tril1u11al ele con1r11nrce. Si elle est constat{\e par t111 acle nolari«)
011 1111 jugc111e11t, le tiers 1io11rra ,le ¡>illlto sai.~ir les liic11s d11 clélJile11r.
Si la cri•ancc est celle tl11 vcnclcur 1l'un i111111e11lilc, I<) tiers acq11iert e11
n11'n1e l.nn11>s l'acti1J11 e11 rés1Jlulio11 co11lrn l'acl1etc11r po11r d1\faul de paic-
111e11t du 1irix (1\c<[., :.i8 f{\vricr 18. _1,,{,¡,: !):/ :\:.i 1 ; (~i,•., '.l'.l oclolirc 189/1,
1). 11 • !Jli.1.G85, nolc 1le l\f. 1le · ~~s. S. y5,%~ 1, 11otc de 1\1. Lacosle. -
v. cep. <:iv., t, lllUl'S 1901' ]). / 1 ¿1005. 1.\1,). -;~,\
Torne 11 ::: \) 1 C: \ 7
---·,,,.,., \
.
.
.
. ,
98 LIVRE PRE'.\IIER. - TIT.L\E PRE'.\IIER. - ClIAPITRE II

Le solvens subrogé a11x clroits d"un créancier saisissant 1Jourra de 1neme


excrcer les droits que la tra11scriplio11 de la saisie im1nobilicre avait
assurés au saisissant sur les lO)'ers de l'i111111euble (Civ., 25 février 1913,
D. P. 1~¡13. 1.4¡3).
Le tiers sub!'ogé peut i11Yoc¡uer, e11 011Lre, lo11Les les gara11Lies de paie111ent.
exista ni au ¡Jrofit de la créance, ¡1riviler¡c, liypotlieque, cautio1111e111e11l. Si,
par exe1nple, il y a des caulioi1s, il peul les lJoursuivre, e11 cas d"insolya]Ji-
lité du débite11r 1Jri11cipal.
Si le créa11cier payé élai t e11 silualion d"exercer u11 recours quelco11c1ue
de 11ature a lui }Jroc11rer u11 ava11tage, tel qu'un recours en respo11salJilité
co11tre un notaire, rédacteur de l'acle de prel constitutif de sa créance, ou
tel que l'actio11 Pa11lienne co11tre les acles d"appauvrisse111ent clu débiteur, le
subrogé pourra exercer ce recours (Civ., g décen1Lre 1863, D. J>. 64. 1. 299,
S. 64.1.177; Recr., 25juin 1895, D. P. 95.1.486, S. 99.1./191;.
E11 un 11101, la suLrogalion procure (jusqu'ici) au su!Jrogé tous les ava11-
tages d'u11e ccssio11 de créa11ce.
CPpe11dant, ce trar1sfert de la créa11ce sur la tele d11 sulJrogé ne doi L¡Jas
elre assi111ilé c11Liere111c11L it u11c cessio11 ¡Jure et si111ple. Ce scrail cl{·11alurer
l'opération. 11 ne faul pas oublier que le tiers sulJrogé a JJayé le créa11cier,
et que la su!Jrogatio11 11'est faite q11e pour ass11rer son rer11bourse111e11L.
Cctte seco11de idée , ienl LC!ll[)ÓI'er la pre111iere a detIX poi11Ls de v11e:
1•· Si le Liers a o!Jle1111 du créa11cicr u11e qui llanee Lotalc, alors JJ011rl.a11L
q11c celui ci s'csl c9ntc11té cl'u11c so111n1c i11féric11re a11 111ontant. 110111i11al de
sa créa11ce, le st1Lrógé 11e pcul pas réclamer all débite11r plus r¡u'il 11' ll vc!'sé.
Tout a11trc serait le cas d't1r1 cessio11naire q11i aurail acq11is la créance. Il
n'esl pas doutcux que ce ccssio1111aire p<i11rrait réclan1er a11 débiteur l'i11té-
gralitó 111' la St)lllllle clue ¡Jar lui, 11uantl 111e111e il aurait acl1cté la créa11ce a
1,111 lJrix i11férie11r.
C'cst qt1'il y a la cle11x opérations juridiques clislinctcs r{~¡Jo111la11 L ii tics
}¡csoi11s difl'ér<'11ts. [,e• lit•rs c¡ui i11Lcr,ie11L et ¡Jayc le créancier, csl JJrést1111é
11c prii11t agir ¡¡our gagncr ele l'arger1L, 111ais clar1s t111c i11Lcnti1H1 oliligna11Lc,
el la s11lirogalio11 11'a 1iour olijel c¡11c de gara11lir le rc111lio11rse111<•11L 1lc ce
,¡u'il a Yersi'·. 1\11 ccinlrairc, cclui r¡11i s'esl fail eonse11Lir u11 lr1111s¡iorl-cessio1i
de créar1cc c,;L rt'•pulé 1111 .~¡iéc11ll.lle111· <¡11i agil 1Ia11s 1111c pc11s1\e 1lc lucrr..
1° (Juand le Licrs suLrogé csl u,i ,Les co-obligés prir1r:i¡Ja11x, cricJr\Jiiteu!· rl'1111c
o]Jligation soliclairc <JU i11divisililP. il 11e ¡icul po11rsuivre les aulrf's rlrlii-
t.1•t1rs q11c cl1rzcu1i ¡iotll' Sll J!ttl'I el ¡iorlio11. 11 en 11st 1lc 111e1ne, lorsr¡11'il y a
plusicurs caulio11s et <(lle l'u11P cl'l'llcs a pay{, loulci la cll'Llc (arl. ?.o:\:1).
l)1Jnc, :\ la 1l ifl'órcncn 1l11 crt'•anciPr, le s11lir1igé nn pc11L pas se ¡iróvaloir ilc
la soliclnrité 1i11 ele l'i11clivisil1ilil.ó ,In l'1>l1ligal.io11; il sr. tro11YP, ii ccl. úgarcl,
111oins l>icn lraité 1111c le crt'•ancier ¡iri111ilif'. ]1011rc¡11c1i celtc r1\g)ri ,¡ui S<)llt!Jlc
ccJ11lrairc aux co11séc¡11cnces lr1g·i1¡11!'s dr) l'iilée ele s11lirogation ~ (:'psi. 1¡11n, la
clellc cleva11l sn rúpartir e11lre 11,s 1livcrs c<1-olilig1)s, il ¡Jarail ¡1l11s si111¡1lc <)11<'
le so/1J1•11.~ f'asse l11i-111«\111c in1111i'·clial.<,i11cnl C<'Lt<' rt'·parl,ition.
Cctle olJlig·aLion tl11 ccul{·liil.e11r d1\ <li,iser s1J11 rccri11rs scmJ¡Jc e11lnv1•r 1la11s
ccllc l1y1ioll1csc so11 ¡1ri11ci1Jal i11l{~r1'L á la s11lirogatio11. Cel i11Lért:l sul,sisle

· EXTl'iCTIO'i DES OBLIGATIO'\'S 99
a
ce1iendant. En efl'et, les suretés atlacl1ées la créance, autres q11e celles qui
résultent ele la pl11ralité d"obligés, et 11ota1n1nent les ¡lrivileges et l1yp0Ll1e-
1¡11es,garar1tiront toujours le remboursen1enl des s0111111es dues llar les a11tres
déliiteurs. l)ar exemple, il y a trois codélJiLeurs solidaires égalcmc11t te11us
de l'ol)ligatio11 ; le pre111ier a, de pl11s, l1ypotl1équé s011 im111euble la a
g·ara11lie 1le la dette con1r11une ; le seco11d est i11solval)lc, el le lroisie111e
JJaye la cletle co1nn1une. L'insolvabilité du second se ré¡lartira e11Lre les
dPnx a11tres, si bien q11e le troisie111e recourra pour la 111oitié co11tre le
prernier; mais il aura l'ava11tage de pot1Yoir i11voquer, it l'a¡Jpui de son
recours, 1·11ypotl1eque conslituée sur l'i111111euble ele cclui-ci.

Hypothese ou le (( solvens n n'a pay-é qu'en partie le créancier. - 11


arrivc parfois que le solvens n'oll're au créa11cier qu'1111 paie111e11t partiel, et
1¡uc cel11i-ci co11serve l'exc{'.clent de sa créa11ce. Cette l1ypotl1ese peut ¡larai-
lre tout d'aborcl pure1ne11t tl1{~oric¡ue. Cepenclat1l elle est de 11alure it se re11-
C<Jt1lrer.
Su¡Jposons, par exemple, qu'u11e }lerso1111e acl1ete u11 i111n1euble de
100 .ooo francs, et s'e11gage it payer le prix ef1 cir1q verse111e11ts ar1nuels de
20 .ooo francs. Elle fait le ¡lre1nier verse111enl en e1111Jrunta11t la so111111e 11é-
cessaire it 11n tiers, et elle le subroge da11s les droits du créa11cier. Posl<'-
rie11remer1t, et avant le paiement du reliquat, l'i1n111euble esl saisi e11lre
les 111ai11s tle l'acheteur, et les deux créa11cicrs, le ve11det1r et le tiers s11-
IJrogé, i11voquent l'un et J'autre le privilege d11 ve11deur pour le llaien1ent
(le leurs créanccs. Dans quel orclrc sero11t-ils payés? L'arlicle r 252 décide
<JUC la s11brogalio11 ne pe11t n11ire au créa11cier qui 11'a été payé c¡u'e11
¡1arlie ; il lle11t done exerccr ses droils, 11011r ce qui l11i reste clu par
a
¡1référer1ce cclui dont il n'a re<;u qu'1111 llaier11e11l partiel. iVe,110 censelur· ·
a
sttbrogr,sse co,ilra se. 1\insi, s11pposer c¡ue l'i1r1111e11ble, ur1e fois saisi, 11e
soit ve11d11 c¡ue 90.000 frar1cs, le s11brogea11t Loucl1era 80.000 fra11cs, soit
l'intí:gralité ele sa créance. Le sulJrogé r1c toucl1era que 10.000 francs sur
les :io.ocio francs c¡11i l11i sont d11s 1Jar l'acl1cleur. •
Ccttc rl'gle Lrallilio1111elle dill"érencic, 1111e fois de lllus, le paieme11t
avcc s11l)rogalio11 1lc la cession de créar1ce. Car, si 11n créa11cicr l1ypotl1é-
cairl' <llI privilégié avait, 11011 ¡1as co11sc11ti une sul)rogatio11, 111ais cédé
ur1e. parlie de sa cróance it 1111 ticrs, celui-ci vie11Jrail c11 cu11cours avec
lui en pr<i¡icJrliclll de son ac1111isitio11. l)a11s 11olrc l1y¡J<>ll1ese, le créancier
1¡11i a111·ait céclé le cin1¡11ió111e 1le sa críiancc l1y¡>oll1écairc lle 100.000 francs,
:'t s11¡i1ioscr que l'i1n1ne11IJle hy¡Jcitl1éc111t'• 11e fi\L ve11ll11 c¡11c 90.000 francs
sur la ¡io11rs11itc l1yp<Jll1écairc, to11cl1crait 7?.,<ioo fra11cs; le cessio1111aire
Lo11cl1crait 18.000 fra11cs.
lJors1111c le créa11cier l1y11<itl1i:caire 011 [Jrivilt'.gié ainsi payé partielle1ner1t,
rc<;oit 111 rcli1111at de sa cri:ance <1'1111 scrn111l tiers c¡11'il s11lJrc,gcit so11 ll111r, ce
rlcrnicr j<Hrit-il du clroil ele próft'\rcncn /1 l'e11ccir1lre cl11 Jlre111ier s11lJrc1gé ~ Oui,
serul>lc-t il, JJ11isq11e le c1·i•a11cicr l11i ceclc l•J11s ses clroils; il ll<)Ít 1\galernent
111 ¡ trans111et.Lrc le clrclil ele ¡iréf'érencc att.acl1ó it sa créance actuclle. Ce
11oi11t cst ccipcncla11t 1lél,atl11. 11 a óté jugé ('l'rib. Sciue, !1 février 1902, D.
100 LIVRE l'RElllER. - TITRE PllE~llER. -- CIIAPITI\E 11

P. 1ef'o3.·i.73, note Cézar-Bru. S. 1904.1. 2Go <1ue ce droit ele ¡Jréférencc
1

cst p111:c111c11t pcrson11el a11 créa11cier. et 11'est pas lransn1is }lar ur1c 11ouvPlle
subrogalio11 (\'. dans le 111e111e se11s, Lyo11, 12 février 1890, D. ll. 91.1.2!11 ,
S. 1901¡. 1.151, en so11s-11ole). C'est e11 ell'ct la solulion q11'ad1nellaic11t
110s anciens auteurs. Polltier ,:cu11t. cl'Orlér111s, inlroel. au tilre \_X, cl1:ip. I•·r,
sect. i'i, 11° 87, éclit. B11g11et, t. 1, ¡J. 66\J) e11seig11e e111e si le créancier a re<,'.11
en elill"ére11ts te 111ps dill"érentes {lOrlio11s de sa elette, de clill"érenles perso11 -
11es qt1'il a s11IJrogées a ses elroits ¡Jour les }Jortio11s e1t1'il rccevait d'elles,
et· qt1'il reste e11core cr<)a11cier el't1nc ¡Jarlie, << to11les ces ll(!Jére11tes JJersu11-
11es cloive11t ve,iir e11lrc elles JJar co11c1irre1ice, rr1ais il doit lc11r etre pré-
féré n. Ceci pro11, e !Jie11 que ce droit ele préférence 11e se transn1el ¡Jas i1
0

chaque subrogé par rapport au précédent.


En tout cas, ce qui est l1ors de doute, c'cst que le créancier pourrait reno11-
cer a son elroit de ¡Jréférence a11 prcJlil d11 liers tlo11l il rei;oil 11n paie111ent
¡Jarliel, et co11sentir it 11'elre payé pour le sur¡Jlus ele sa cr1\a11ce c1u'a¡ires
le su!Jrogé. C'est ce 1111i se prod11il sot1ve11t c11 ¡Jralique.

IV. - Comparaison entré la subrogation et la cession de créance.

Rcvenons sur la co111¡Jar:iison r¡11i s'{•ta!Jlil naturclle111cnl cnlrc la su!JrCJ-


gation accessoire :i11 paic111cr1t et. la cessio11 tle créa11ce. Ces ele11x: opéralions
se rcssc111!Jle11t at1 poi11t e¡u'il esl parfois tres clifficile ele les 1lisli11g-11cr
\V. IJaris, 7 clóceml1rc 1907, S. 1908.2. 185, note ele ~l. \\ral1l¡. ~lais Yoici
c¡11elles sont leurs principales dill"érences. Elles lie1111e11t Jlresc¡t1e tot1tes i1 ce
trail caractéristie111e e¡ue l:i cession ele cré:i11ce, a la dilfére11cc ele la st1!}ro-
gation, est un acle ele s¡)éculati<J11, 11ne vc':ritable vc11te.
1° 1,a ccssio11 de crc':a11ce esl lo11jo11rs t111 acle vcilo11lairc 1le la .¡Jarl cl11
créancier céclant, cor11111e el11 cessio1111aire. La subrogalion, a11 co11lraire,
peut ctre i111poséc au s11l}rogca11l, la11h'it p:ir la Y(>lo11té clt1 dóbileur, la11t,'.>I.
par la loi ;
2° Le s11brogté 11e ¡>c11l ¡J:is rc'·cla111rr au ,lc',IJile11r ¡>lus <¡11'il 11'a ¡Jayc'· a11
créa11cier }JOIII" olJlenir (J11itta11ce. J,c cessionnaire, at1 contraire, a l(>11jo11rs
le elroit lle }lllt11's11ivre le clc'·liile11r ¡>ot1r In JlHJnlanl. 1101r1i11al 1!1: la cri:a11ce.
c¡11a11el !Jic11 1r1e111e il l'a11rail ac,111ise 1)0111· trne so111111c i11fúrie11re;
:{
0
l,c s11brcig1: 11'a ¡>as l>es¡ii11 ,Je sir111i;/icra11 llc':liile11r l'eitJ<•rati,111 el1J11t il lió-
nólicie. \11 c,111lraire, 111ius V<'r1·1111s <¡ne la cPssio11 tll' crc':a11ce 11',:st. 1i¡i1i1isal1l<'
at1 liéliil.et1r CÓ(!i: l'l a11x: ticrs c111c si <'IIP a c'•ti· signili(·c a11 1],\l,il1:t1r <>11 accc·¡i-
tc':c lle lt1i cla11s 1111 act.c a11llH•11li<¡11e 1arl. rl>\¡<11.
/1° 1,c c(,elant, co111111c 1111 vc'•rital}lc· YP11clc·11r de cróancc, 1lciit. r111r1111lir au
cessio1111aire 1·ex:ist.cncc ll<) la cri·ancc cc'·1lc'·c. ,\11 conlrairc, le crc'•anciPr 1u·1·i-
¡iie11s 11·esl ¡Jas l.enu eli: l'oliligali<i11 de gara11lii: c:11vcrs le sol1•c11s s11lircig(·
elans ses 1lr<>Íls.
:>º [,c\s llreiits ele 111t1lali1J11 <lus [><111r IPs lra11s¡i<irls <In val1\t1rs 111cil1ilii'•rcs
s1111l 1icr1;11s en cas ele crssion ele crc'•a11cc, <'l 1t<lll 1:11 cas tlP ¡>aic111P11l a\'<'<'·
s11IJrogaliei11 ;
ܺ I~,1 cas ele s11lirogalio11, le cr(·a11cier 11c<'i¡iit:11s, lllli 11'a 1'<'<;11 lt11'1111 ¡,aie-
EXTI'íCTIO'í DES OBLIGATIO'íS 101

111c11t partiel, ne transfere a11 s11brogé les garanties accessoires de sa créance


c¡11e dans la 111esurc 01'1 ces garanties rie s011t pas nécessaires au reg·le111ent
du s11rplus ele sa créa11cc. 1~11 cas de cession tJa1·tiellc de créance, le cédant
lransfere les garanties a11 cessior1nairc en proportion de la partie de la ·
créance q11'il l11i a ci•dée.

SECTION II. - NovATIO'í ET DÉLÉGATIO'í.

No11s ré1111issons sous la 111,3111e r11lJric111e de11x opérations do11t le Code


traite en n1eme te1nps (art. 1275) et qu'il était d'ailleurs traditionnel de
rapprocher (''· a11 Digeste et au Code de Justir1ien, les ti tres De novationibus
et delegatio11ib1is, D. XI~,rr, 2; C. ,r111, 41).
l\lais ce so11t, en réali té, deux i11stitutio11s distinctes. Se11len1ent, da11s
certains cas, la délégatior1 e111porte novation. 011 clit alors - cxpression
c¡u'on a critiquéc avec raiso11 - que la délégatio11 est pa,jaite. c·esl dans
cecas seulerncnl qu'elle e11lrai11e l'extinctio11 d'unc 011 ele pl11sieurs obliga-
tions. Nous traiterons ele la 11ovatio11 et de la délt'•gation dans de11x. para-
graphes succcssifs.
,
§ 1. - De la 110Tatlo11.

Définition, mécanisme de la novation. - La novation est un acte


juridic111e a double effet : clic éteint une obligatio11 préexisla11te, et la rem-
place ¡Jar 1111e o}Jligalion 11011vcllc c¡11'elle fait 11aitre. Cette substitulion ¡Jeut
se fairc, 11011s dit l'a"rticle 1271, de trois manieres:
1° ,, Lorsq11e le délJiteur co11lracte en,,ers so11 créancier une 11ouvelle
cletl<' q11i csl s11bstituéc .\ l'a11cie11r1e, lac¡uelle est {~tei11le. » 011 dit alors
q11'il y a 1iovatio11 par cha1ige1nent lle dette.
La 11ouvelle dette peut clilférer de l'a11cic1111e soit par so11 olJjet, soit par
sa ca11se.
A. - JJ<tl' s011 objet. -1\i11si, le créancierd'u11e sorr1me d'argent co11vient
a
avec le clt'•IJite11r c¡11e celui-ci l11i paicra la place t111e rente viagere (l\iom,
1:1 cl1\ce111lJre 188:{, 1).1>. 85.2.101). ()11 IJien,il estconven11 entre le débi-ren-
Licr el le crécli-re11tier q11eles arr1\rages ele la rente viagere, c111i 11'on Lllas été
acq111llt>s. ' a' l''1·c11ca11ce,
' cons tº1t 11cro11 L u11 carJt'L a 1 1a1ssc,
. ' a' t'1Lre el e pre't , au
clélli-rc11lier, et c111c ce capital prcicl11ira des inti'·rtils (I\eq., 19 ao11l 184!1,
s. /¡;). 1 -~{8).
13. - J>ar .~r,·c<tttse.- Ai11si, lorsc¡ue de11x. 1>ersor111es e11 relatio11 d 'afl'aires,
1111 l'a!Jricant et 1111 c1)111r11issi<J111111ire, 11n com1ncrt;,'.a11l et son IJanquier, tra-
vaill1•nl c11 co,n¡ile coura11l, c'est-h-clire co11vien11c11t de faire n1asse de Loutes
les tlJlératicins c¡11'clles co11cl11e11L er1tre elles en 1111 co1r1ple 11r1ic1ue c¡11i sera
rt'·g·lt'•. i, 1111c é1ioc¡11e dt'·Lern1i11ée, Lot1Lcs les obligatici11s c1ui se for111 c11t entre
c<•s clc11x ¡1erso1111es vic1111e11l se fo11dre cla11s ce co111¡Jle el se lrouvent par
1a, IIUVl'CS. ' « 1· ,a crca11ce
' ' CTI C(}lllfllC Se
1iass1ie ' ' le111.
. l C.l cesse l l' O b Cll'
'. a' ses
r1\glcs a11cie1111cs, elle s'alJsorlJc da11s 1111e 111asse ou d'a11lres crt')a11ces se sonl
102 LIVRE PREMIER. - - TITRE PREl\lIER. - CHAPITRE II

déja absorbées » ('fl1aller, 1'railé éléme11lairc de Droil co1n111ercial, 4º ótliL ..


nº I 66!i).
2º <t Lorsqu't1n nou·veau débiteur est substitué a l'ancier1 qui est décl1arg·{~

par le créancier. l> On dit alors qu'il ). a 11ovation par cha1igen1e11l de débi-
te1ir.
Cette seconde variété de novation peut se produire de deux fa<;ons
différentes :
.i\.. - 'l'antot, elle implique le co11se11ie1ncnt du prer11ie1· llébite11r, e11
n1en1e ten1ps q11e du no11vca11 clél)iteur et d11 créancier. Par exe1111lle, Joca-
taire d'un apparlen1ent, je cede 111011 !)ail a un autre occupant, et il est con-
venu qu'il paiera son loyer directement entre les n1ains du bailleur c111i
accepte et me décharge de toute obligation en,ers lui. Ou bien encore.
vendeur d'un ir11n1e11ble, je fais inter,·enir a l'acte de ,e11le un de 111es
créanciers, et il est convenu que l'acheleur de mon in1n1euble paiera une
partie de son prix entre les n1ai11s de n1011 créancier, lequel 111e don11e q11il-
tance ele ma dette. C'est cette sorte de no,ation qui s'appelle délégation (111
qui, pl11tot, constilue une des a11plicatio11s de la Délégalion, la délégatio11
riovaloi,·e ou parfaile.
B. - La novation par cl1ar1ge111er1t de <lt'·bite11r peut égalen1ent se réaliser
sans le concours lltl premier débiteur (art.1 27!1 ). On dit alors qu'il y a expro-
missio.ll faut s11pposer qu'un tiers s'engage dirccten1er1t cnvers le créancier /1
la condition q11e cclui-ci libere le clébileur. Le cas n'est évidem111ent 11as
fréquent. En voici cependant 11n exemple : Le créancier <l'une sociétó con1-
a
merciale, a11 lie11 de se faire rernbourser la <lissolutior1 de celle-ci, laisse la
somme qui lui est due entre les n1ains de l'11n des associés conlinuanl le
men1e con1n1erce, el accepte ainsi ce derr1ier con1me no11veau dél>ileur a la
_place de l'ancie11 (V. Ileq., 31 r11ai 1854, D. 11 . 54. r.347, S. 55.1.44 ; l1aris.
17 jar1vier 1913, Gaz. J)a[., '.l mai 1912).
3° Enfi11, il )' a e11core 11ovalitJr1 (t lorsq11c, par l'efl"et cl'u11 nou,el engage-
ment, u11 nouvea11 créancier esl s11JJslil11t• ¡'¡ l'ancicrt, cn,crs lcl¡11cl le d111Ji-
teur se trou,edécl1argé n. 011 dit alorsq11'il J a 110,ati1i11 ¡iarcl1<111r¡e111e11t 1/e
créa11cier. Comme exern ple d'1111e tell e noval.ion, no11s 11'avo11s q11 'u re¡Jrcnll rP
les l1Jpoll1eses <le llél1 1r¡atio11 ci-llcss11s i11cli<¡11{t•s; cl1acu11e cor11p11rlr <'11 <'Íl't'l
no,·alio11 de llc11x tiblig·atio11s, l'1111c ¡iar clia11gen1<·11l. ele ,dt'•IJileur, J'a11lr<'
pal' cl11111gemc11l. ele crt'•ancier.
Celle <ler11ierc sorle ele r10Yalillll rf'sse111blc {,,iclc111n1r11l IJC'auco111J ¡\ u11t•
ce.~sio11 de crt1a11ce. ]'ar cxer111Jle, 1111 ,er11lc111· cl'it11111c11ble, a11 li1•11 1l1! r/1l/1l-
g111•r parliP 1le S(lll J>l'Íx it s1111 cr{,a11cier, ¡>ourrail luí c11 l'airt• l't'ssio11. ¡\ussi,
n'esl-il J>IIS 1)!0111111111 qu'il :<(lit ¡iarfois dil'lit'ilc el<' 1li:-cPr1u·r s'il y a 1lt'·lt'·¡.:·a-·
tio11-110Yali<J11 011 lra11s¡u,rl-c<·ssio11,t',1a11l do1111t'· s11rlo11l 1¡111•. clans i<! la11¡.:·a¡.:·p
de lu ¡ira Iil¡ ue, lrs de11x ex 11ri,ssi1H1s so11 l s<111, <'ll l e111 ¡ilo) {·es i 1111 i ll't',rr111111c11 l
el n1cn1e c11111ulali,1·111enl (<>11 1lira da11s u11 acle que X <t c<',cle el 1lélc',g11<' 1>
ses droils i, , ). (:1•¡u•111l1111l., il y a 1•11lre le:,; 1l(•ux <J¡>t'·rnli<HIS 1lcs 1lifl't'•rt•11c1•s
itnporlnnt.es (\r. (;iY., :1:) r1<Jvc111l,rc 1898, l).1 1 • 9!).1.21. S. !)9.1.!,G:J), <l(llll
les pl'i11cipalcs sor1l lcs s11i,a11lcs:
A. - I,a cessi<in 1le c1"1·a11c<' se fait ¡1ar 1111 co11lral c11lre le créa11cier el le·
EXTJXCTIO~ DES OBLIGATIONS 103
1
tiers cessionnaire. Elle n'exige pas l'intervention du débite11r. Elle ne mo-
difie pas la naturc de la créance, et, en co11séquence, le débiteur peut op-
poser au cessionnaire tous les n1oye11s de défense qu'il avait co11tre le
cédant. •
La novatio11, at1 contraire, suppose 11éccssairen1e11t le consentement du
a
débiteur ; elle substitue l'ancienne dette une dette nouvelle, si bien que
le débitcur -- si la no, ation s'est faite par cl1angen1e11t de créancicr - ne
1

potirra pas opposer au nouvea11 créancier les exceptions et moyens de dé-


fe11se qt1'il possédait contre l'ancien.
'
}3. - Le cessionnaire d'une créance acq11icrt, outre la créance, toutes les
garanl.ies accessoires qui en assuraicnt le recou,rement, l1)·poll1eque, privi-
lege, caution, etc. Au contraire, en cas de novation, la créance nouvelle est
dessaisie des droits accessoires qui fortifiaient la pren1iere et qui se sont
éteints avec elle.
a
Ces <lenx. différenccs sufflsent n1011trer con1bie11 la 11ovatio11 est, e11 co111-
paraison de la cessio11 de cri•ance, ur1 procédé JJell ¡Jraliqiie et (!angereux;
dangereux pour le créancier no11veau qui 11'a plus la garantie de la pre-
miere créance, dangereux pour le clél)iteur qui cessc ele pouvoir opposer les
moyens de défense qu'il possédait auparavant. Comn1ent done expliquer
son existence? C'est que la novation est une surt•ivanc'e, une instituttion
to11te ron1aine qui a sulJsis'té dans le Droit n1 oderne, alors que les raisons
qui l'avaient fait créer oht, pour la plupart, disparu.

Comparaison de la novation du Droit romain et de la novation


moderna. - La novation en Droit ron1ain était la conséquence et le cor-
reclif nécessaire de cette idée qu'un rapport obligatoire, ur1e fois formé entre
de11x personncs, ne pouvait pl11s ctre modifié da11s ses termes, 110n seule-
rr1e11l par ur1 change1nent des parties en cause, n1ais par une modificati0n
apporlée au lien juridique lui-rr1en1e. Des lors, s'il llevenait nécessaire de
cl1angcr la personnc d11 cr<\a11cicr ou celle du débiteur, d'introcluire une
n1odalité <lar1s le rapport j11ridic¡ue, ou dans la nat11re clt1 contra!. qui liait
les cle11x J)llrlies, il fallaitcon11llenc<1r11ar étei11clr() la clelle ancienne, puis la
re1111ilacer 11ar 11n() 11011,Plie . .i\insi, l'i11stil11tion ele la 11c>,alio11 sortail pour
ai11si rlirP a11lo111nlir111err1P11l <le l'i<lée <l'irnn1i1t,zbilité d1t lie,1 obligaloire (V.
(;irar<l, l',f111111el, 5• <'·el., p. G!)/1). C'Psl CPllc i11stit11tion q11i a pPrn1is, to11t e,i
co11serPa11l l'ol,jcl ,n,1rnc 1/e l'oblir¡alio11, d'y i11trod11irc 1111 élén1e11l no11,cau,
f'I s11rtci11t rlc la fairf' passpr sur de 111111,cll<'s t,\tcs.
,\ussi, la 11<)Yalic>ll a-t-cllc jtnH'• 1111 rt>l<.' co11si<l{•ralile e11 Droit ron1air1. Du
f'()S[P, a11 r11oins :'1 l'<'•r1<1c¡11e classi<¡11f', ,1r1 11e Jl<J11vait 11as s'()JJ servir pour
111odill,·r l'o/Jjcl 11H\111,· ,lP l'nliligalir,11. l,a <lPlle 1¡1JtIY<'ile llevail néccssairc-
111<•111 aV<>ir le r11f.111e <>l>j<•t c111c l'a11ciP1111l'. J,a nr,,·alio11 <'·lail, con1n1e ¡}iscnt
Jps l<·xl<•s, la trn11sl'i1sio11, la lranslation de la prP111i<'•rc <>bligatio11 e11 u11e
aulr1). (:,) 11'cst 411,1 ¡1l11s lar1l, ¡ic11L-,1lrc vers Jusli11ic11, r¡uc la 11ovali<111 pul
servir:\ cl1anger l'11l1jet, la ca11se 111e111e 1le l'obligation.
Ajo11tons <¡11'e11 l)rliit r1i111ai11 la Il<)vation Ólait ur1 acle essenticllcrnc11t
for11irtlisle. l~lle r<\s11ltait <le l'c111¡)l1Ji ¡Je lcr111cs sole1111cls, et le seul fait c1ue

' '
LIVRE PRE~IIER. - TITRE PRE~IIER. - CHttPITRE II

la formule avait été e111ployée par les parlies, e1111lortait exlinction de l'a11-
cicnne ollligalion et création de l'oblig·atio11 nouvelle, sans q11'il y eut a
rccl1ercl1cr l'i11ter1tion des parties. 1\ujourd'l1ui, a11 co11traire, la novation
cst lllle pzlre qzlestion ái11le11tion; elle n'existe que la ou les parlies ont
voul11 qu'ellc e11t lieu. L'a11im11s 11ova11cli csl l'ólé111ent esse11liel, pri111ordial
lle l'opératio11.
On voit co111bie11 l'institution n1oder11e 1liffere de l'a11cic11nc. On fcon<;oit •
aussi con1me11t cette inslilution a perllu de nos jours beaucoup de son in-
térel. So11 rule acluel est forl reslreint. De fait, il suffit d'a11alyser ses difl'é-
renles variétés pour con11lrendre que les unes co111n1e les aulres n'o11t plus
gra11de ulilité ¡lratique. .
Le créancier en efl'et, aul1uel son clébiteur ofl're u11 nou·veau débiteur, ne
a
consenlira Jlresque jan1ai s décharger l'ancien ; il veut bie11 accepter d'ctre
a
pay<'· par le 11ouveau, n1ais il e11tend, litre de gara11tie, conserver ses droits
co11tre le llren1ier. Aussi, la novalion Jlar cl1a11gement lle débiteur est-elle
tres rare e11 pratique. 11 en est de 111cn1e de la 11ovalion par cl1a11ge111ent de
créancier. Le créancier q11i a besoin de so11 arge11t recourt a la cession de
créance, au lieu de procéder Jlar la voie ele la 11ovatio11, laquelle cxigerait
l'inlerve11tio11 du dé)Jiteur. Er1fin, 011 devi11e que la novalio11 par cl1a11gen1ent
da11s l'obj et ele la créancc 11e se rencontre pas fréq11e1nn1ent, car il est
a
exceptionnel c1ue les parties aient intéret n1odifier l'objet de l'olJligatio11.
Les se11les a¡Jplicatio11s de la r1ovalio11 que l'or1 renco11lre e11core assez fré-
que111111ent cla11s la pratique, sor1l des cas de 11civalion JJCll' cl1a11ge111c11t ele
cause (lra11sforn1a~io11 d'u11e delte d'arge11l e11 u11e re11te viagi'1re, et surtout
verser11enl d'u1!e dette dans ur1 cor11¡Jte coura11t).Et,1Jour se re11dre comple de
l'exaclitude de nos observations sur la clécadence de cette institutio11, on r1'a
qu'il parco11rir les clécisions judiciaires, assez r10111lJreuses dures le, q11i ¡lre11-
11ent place da11s les recueils au sujel de la 110,·atior1. La pluparl de ccsclóci-
sio11s 011t Jlr<'-cisén1ent po11r tl1e111e d'{carler l'id{·e <l'11n co11trat 11ovaloire, et
de co11staler que les Jlarlies r1'011l JJas e11 l'i11le11lio11 <le fairc ur1c novation.
L'exa111er1 des législation s récer1tes co11fir111era nolrc o!Jscrvatio11. Le Colle
ci,·il alle111a11ll 11e signalc 111ern e JJlus la no,·atic>11 JJarnti les 111odes d'exli11c-
lio11 <les <)l>ligalio11s. C'esl <¡11'i1 colé <111 lransferl des créa11ccs, il acl111el 1111e
autrc i11slil11Liu11, la rc¡irise 1ic clcl/c 011 rcssio11 úc 1/cl/c, <¡11i c11!<''.YC so11 i11lé-
ret /1 la 11c1,atio11 1>11r cl1a11ge111c11l <le <l<'-bilc11r \111'1. !11!1 i, !119). <J11anl i1 la
r1ovalio11 ¡>ar cl1a11ge111e11t d'objel 011 de cause, il c11 fail 10111 sin1¡>lc111e11l 1111
cas sp(•cial de llalil111 c11 JJaie111e11I., lla11s lc1111el i<' cr{·a11cier tie11l le <l1:)Jilc11r
q11illc <le so11 <>l>ligali1i11 111oye1111a11l 411 ·¡¡ accc1>t.e 1l'e11 su11scrire 1111c 11011-
vcllc i1 son pr<Jfit (arl. :lG!1, ~• al.).

l. - Conditions requises pour qu'il y ait novation.


].. es conllilio11s req11iscs ¡>011r c¡11'il y ait 110,alio11 s<>nl les suiv1111tcs:
1° ~:11 Jlre111i<':re ligue et avartl lo11les aulres, l'a11i1r111s 1101•11111li;
:iº La ca1lacité ele clis¡>oser de la cr1'.a11cc;

3° Une <lbligatirJrl valal>I<' rP1111ilact'•e ¡iar 1111c ll(Jll\'Pl)<! cililigal.ir>ll <'•gale-


me11l valable.
EXTl'\'CTIO'\' DES OBLIGATI0'.'1S 105
1° L'a1ii111iis 11ova11rli. - C'cst aujourd'l111i l'élén1cr1t esse11tiel. L'arti-
clc 1273 le sig·11alc e11 tcr111cs tres l1eure11x: : <( La novatio11 ne se ¡lrés111nc
¡loint; il faut q11e la ,•olo11té de l'opérer résultc clairen1ent de l'acte. »
I1111omlJralJles sont les décisions de j11risprudence qui ont fait applicatio11
de cettc rt'~glc. Parrni ces applications, 1111c 111<;rite <l't1tre signalée, car elle a
dor1né lieu ii de long11es disc11ssions. Le fait par u11 créancicr, 11ota1nr11ent
¡lar un vc11clc11r, cl'acceptcr des cll'els de cci111111crcc souscrits par le clé)Jiteur
con1mc 111odc de regle111e11t de sa créar1ce, en1porle-t-il novatio11 de la
créancc ~ I.l est aisé de voir l'intérct considérable de la q_ucstion, car si
l'or1 adopte l'affirrr1alive, le ve11clcur se trou,•c privé de son ancie1111e créance
el des garanties, privilege, action résolutoire, qui l'accon1pag11aient. Or.
la négati,-e est unanin1e111e11t ad111ise aujourd'l1ui par les a11teurs et par la
jurispr11de11ce,parce q11e,dise11t les arrets.le seul fait d'accepter e11 paie111ent
des billets ii ordre 011 des lettres de cl1ange ne prouve pas l' ani111us 110-
va11cli du créa11cier (Req., 5 aout 1878, D.P.79.1.71, S.¡9.1.301;'fou-
louse, 8 111ai 1888, D. ll, 89.2.208).
La preuve de l'ir1tenlion de nover doit se faire d'apres le~ regles du droil
cor1111111n. II e11 rés11lte q11c, si la créance est supérie11re a 150 fra11cs, I'a11i-
1nus 11ova11di clevra résulter cl'11r1 écrit, ou, du 111oins, l::.i preuve ¡lar tén1oins
et la pre11ve }Jar si111¡Jles ¡Jréso1111Jtio11s ne sero11t ad111ises que si eI,[es s'a¡J-
puient sur 1111 co111n1encer11e11t ele preuve par écrit (Req., 27 noven1bre 1893,
D. P. 9!1. 1.Go, S. 95. r. 167). D'ailleurs, les jug·es d11 for1d sont souverains
po11r décider si l'ir1tentio11 de 11clver rés11l le ou no11 des circo11slances de fai t
(Ci,., r5 r11ai 1895, D. IJ. 95. 1.423; Req., 12 rrrai _189G, D. P. 96.r.472).
2° Llt ca¡Jrzcilé. - « La 110,·ation, no11s dit l'article 1272, ne peut s'opérer
qu'entrc perso11nes capalJles de contractcr. n Ce n'est pas assez dire. La 110-
valion e111¡lorlc extinction el créatio11 d'olJligalio11s. 11 fa11t done que le
créancier stiil ca¡JalJlc ele 1lis¡1oser ele la créa11ce, le clé)Jiteur capable de
s'o]Jliger.
S'ils n'o11t Jlas cettc capacité, 1·aclc 11e sera valable que s'ils ont été habi-
lités conf'or111t\111cnt á la loi.
:~
0
U11e ohlirJ(llio,i valaúle l'ClllJJlucée JJ(l/' lll/C oúlir¡11lio11 valaúle .
.i\. - La 11ovalio11 suppose cl'a]Jorcl 11écessaire111cnt l'ex:islcnce cl'uuc obli-
gatio11 qu'il s'agit d'éteindrc (¡Jour la1·cr11placer ¡Jar u11c aulre). Si done, la
pre111i(~re olJligalio11 est entacJ,ée de 1111llilé cibsol11e, la novatio11 ne pe11t pas
¡Jroduire ses efl'ets.
l 1ar a¡J¡>licalio11 <le cette regle. la jurisprudc11cc a (léciclé 11ola111n1e11l c1ue
la 1111llilé d'ordre fJtIIJlic, q11i frappe les lrailés sccrels porla11t slip11lalion
cl'urt s11pplé111e11t de prix e11 rnalierc de cessior1s cl'offices rninislériels, s'o¡l-
¡iose it ce (Jtic la clcllc q11i r(\sulle ele ces co11lrc-lell1·cs ¡J11isse clrc l'objet
cl'1111e 11ovalio11. Des lors, le ccssio1111aire de l'<Jffice 11'csl pas le1111 ele paycr
le s111>¡il{i111e11l de ¡>rix, r1l()JJ1e a11 cessio1111airc du ver1cleur cnvers lcc¡11cl il
s'csl c11gagt'· ¡iar acle sé¡iart'i (l 1aris, :18 111ars 18/.1G, l). J>. t,(;,t,.38:i). l)e
111c111e, 11'1¡¡i<')re ¡>as 11ovatio11 el rcsle e11lacl1c'\c de 1111llité la scJuscriptio11 de
rcconr1aissanccs ¡1(it1r solcle (l'1>¡iéralio11s ele J¡c¡ursc f'rap]l<~es 1l'1111c nullité
radicale, e11 v<'rl11 de l'article 7G clu Coclc tic co111111crce, co111111e 11'ayanl pa:;;
106 LIVI\E PI\E~IIER. - "flTRE PRE~llEI\. - CHAPITRE 11

été effcctuécs par n1inistl·rc d'age11t ele cl1angc (Rouen, 6 février 1892,
D. P. 94.2.42).
Nous a'.-ons visé seulement le cas d'une pre1niere obligatio11 11ulle de
1iiillité absoltte. En effet, lorsque la pren,iere obligation est entacl1ée d'une
1iitllité relative, la novation 11'est atteinte de la 1nc1ne nullité que si le vice
qui a infecté la prerr1icre obligation (incapacité, dol. erreur, viole11ce), exis-
tait encore at1 moment ou la novation a eu lieu. Si. au conlraire, ce vice a
<lisparu ou n1eme a été connu de l'intéressé au n10111ent de la 110,•atio11, si,
par exe111ple, il s'agit d"un 1nineur q11i substilue une detlc nouvelle a sa
detle ancier111e alors qu'il esl dever1t1 majeur, la novation est valable, car
elle en1porte co11ji1·1natio1i de l'ancie11ne obligatio11.
B. - La novalion a pour but de rerr1placer l'ancienne obligation par une
nouvelle qui differe de l'ancienne. L'exlinclion de l'ancienne obligation est
done subordonnée ala naissance de la nouvelle. II en résulte que, si la nou-
velle obligation était entacl1ée de nullité, par exen1ple, pour cléfaut d'ob-
scrvatio11 des forr11alités prescrites, 011 con1n1c contraire l'ordre pulllic, a
ou con1n1c i11fectéc cl'un vice q11clconque, la pren1iere ne s'étcindrail pas.

11. - Eft'ets de la uovation .
~011s les connaissons déjá en g·ros. T.a novalio11 étei11t l'a11cienne obliga-
tio11 et la remplace par 1111e 11ouvellc.
1° JJ1·en1ier e.ffet. - Lorsque la r1ovation est cil"ectuée, l'extinctio11 de
l'a11cic11ne llctte esl C()Jllplele. J~Il co11séq11e11ce, Lous les accessoircs c¡ui
l'acco111 pagnaier1t; ¡1riviler¡e, h.,v¡ioll1e(¡11e, cautio11nen1e11!, ll isparaisscnt
(art. 1278). Il en est de 111e111c lles diverscs actions qui }lOuvaient appartenir
au créa11cier, nota111me11L de l'aclio11 e11. résolutiori dt1 ve11de11r ¡lot1r lléfaul
de paie1nent du ¡1rix.
'J'cl cst l'ell'et le JJlus caractérislilJUC lle la 11ovation. I~L c'cst l)icn cr1 rai-
so11 de cette consí·4t1c11ce rallicalc qu'clle cst forl pe11 c111¡Jl1.>yí·c. Le créa11-
cicr clor1t la créancc esl accor11pag11ée de gara11ties, tlll 1111111ic d'u11e aclio11
part.ic11lierc111cnl cflicac1·, 11c ,cut g{·11i"·rale111e11l ¡ias re11,Jnccr á ces s11rctés
Olla ' S()II ac t·IOil, l llll L flll "J
1 11 ' es.1 ¡ias l"Clll 1)f)\ll'SC.'
,\u s11r¡Jl11s, l'article 1:>.78 p,\r111PL aux ¡1arlics cl','.carl<'r c,•I cfl'pt. l)'a1ires
cel articlc, le cr(·a11cÍ<'I' }1('111. sti1111lcr fil[(~ ]!'S J>l'Ívileg·ps t>I hyJH>tl1e1¡11Ps de
l'ar1ci<'1111c cri'-anc<' passcr1111l /1 ,·"IIP <¡11i lui ,·st s11hslil11{•1'.
~lais ,fans 1¡11<·1111 JJ)('SIII'<' cctte ri'·scr,1• csl-,·111; JHlssil1!1~ :1 11 fa11ti1 ccL{·gar<I
<listi11g11Pr lrs <liY!'l'S cas ele 111ivatio1i :
S11JlJH1so11s d'alH>rll <IPux parti,:s, 1lt'·l1itn11r el crt'•anci<'r, r1•stanl les
1111\111¡•,; lla11s la sPcond<' r1liligati1Jt1. ll 11'y a at)('IJJI<' clifllc11ltt'· :'t 111ai11tc11ir
les ¡>ri, ili'•gps PI. hy¡H1ll1i'·qt)('S, j11:-<111'/1 cr111c11rr1~J)('C llll cl1ill'rc 111\ l'a11cic1111e
cr{:a11cc. Si 1lor1c la 11,111,<'lll' ,~sl s111ii'·ric11r<· ;\ l'a11cic11111·, l'cxct'~ll1'11l. 11e se
Lrou,c }las garanti 11ar l1·s stirclt'·s altach/•cs ú la rirPr11ier<'.
Jl c11 s,~ra dP 111,\11)(: s'il ., a cl1a11gc111c11l O<' cri'•a11C:i1·r. lci Pncor<', les ¡iri-
.

,·ilt·gcs el l1yJJ<Jth<'·,111rs JJCIIYrnt. ,\trc r{•scr,,{·s: il s11flit <111c le 1lóliitc111· y


~011scnlc, car 11alurcllc111c11l ce transfcrl 11c ¡1c11L 1ias s'c>¡><':rcr sa11s sa vo-
lon té.
EXTl'iCTl()'i J)ES ObLIGATIO'iS 107

l>ans la novation par cl1angcrncnl de déliilc11r, les privil<'·ges el l1y1Jotl1,\-


'fJ11es tle l'ancier1ne cr1'.a11cc 11c11ve11t e11core etrc conscrvés sur les !Jiens elu
eléliileur pri111ilif qui y conse11t ; n1ais alors celui-ci n'est pl11s te1111 q11'e11
qualité de ca1tlio1i réelle. 1\ quoi l'article 1279 ajoute, ce q11i ,·a de soi, que
les l1ypotl1&q11f's (fllÍ gara11lis~aicnt l'ancicn11c dcttc. 11e lJcn,enl poi11t passer
sur les biens (!u nouveau dé!Jite11r.
Enfir1, si 11011s s11pposo11s e1ue la dette tra11sfor1née par la novalion était
gara11lie par 11ne caution, l'engage111ent ele celle-ci s'éteint dans tous les cas
nvrc la cr{•ancf' pri111itivc. La caulio11 se tro11,e rlc>nc libérée, 111oi11s ,1u'elle a
a
11c consenle forr11ellc111ent s'engagcr ele no11vea11.
:1° ,Seco,id ejfel. - L'obligntio11 nouvelle, q11i re111place la pre111iere, regle
se11le désormais les relations tles parties. Et voici certaines co11séquences
de cette solution.
Supposons qu'il s'agisse de créances qui viennent se fondre dans un
con1pte courant . .1\. partir du jour ou elles y e11trent, ces créances produi-
sent i11téret de plein droit.
De n1eme, si le cornpte courant est arreté to11s les trois n1ois ou tous les
a
six mois, et si le solde est reporté nouveau, les int{~rets compris dans ce
solde 1Jrod11iser1t eux-n1e111es d'autres •
intér<~Ls, sa11s c111'il ). ait recl1ercl1er a
pour c¡11cl laps ele le111ps ils s011td11s; la jurisprude11ce 11'appliq11anl pas ici
la prol1ibitio11 de l'anatocisme forn111lée par l'article 115!1 du Codc ci,·iI,
E11fin,l'i-11scri1itio11 dans u11 con1¡ite courar1t el'u11 cll"el (le co111111erce sous-
crit par un déJJiteur a11 profit ele so11 créa11cier,a l)Our conséque11ce tle subs-
t i lucr ti la prescri ¡JticJ11 qu i11cruen11ale,a1Jplicable aux efl'ets ele co111111erce, la
prcscription de tre11le ans t1 laq11elle est sourr1is le solde ele l'arreté ele co1111Jte
/Ci,·., 10 janvier 1872, D. P. 72. 1.101, S. 72.1.25).

~ 9. - De la Délégatlo11 1•

Définition. - Hypotheses dans lesquelles intervient la délégation.


- La Délégalion est une opération par laq11elle une personne (le déléguant)
ordon11e ti 11r1c aul.re (le rlélér¡ué1, (le faire ot1 de s'e11gager faire une pres- a
lali<in /1 1111n lroisit\rric /le (Í('lér¡al,1ire).
Ccllc opi'·ralior1 pcul ir1lcrvr11ir da11s <le11x l1ypulheses elifl'<'-rc11lcs.
1° IJ,;l,;r111liu1111011 /J/'('1·,;(/,;,, 1/ºohlir¡,1/io,1 r111lt!rieure. - La di'·lt'•gatio11 peut
i11lerve11ir c•11 JJl"C'lnicr lic•u c11l1<' fl<'rsonrics qtH) 11c liail. a11c1111e ril,ligatir,11
anlóricurP. (111 cn I rr,11,·P. 11n t•x,·111¡,lc i11111r>rla11l. rla11s la letlre ,te Cl'étlil
cp1º1111 l,a11q11Íf'I' 1di'·li'·g11ant I rP111<'!. ;'i 1111 tle ses clie11ts (<lt\lc'-¡.ralairc¡ 1>arta11t
c11 ,,,yagt•, el. ¡,ar la<111elle il cl1arg,· ~Ps corr<'s1,011tla11ls ((l/·li'·g11í·s) <lans les
, ill<'s ,i1'1 1iasscra Ir ,oyag1•11r,

tic ,,•r:-<'I' i1 C<'l11i-ci les so111111<·s <lºarµ·,•11l el<Jltl
i 1aura l1<·soi11. l'olltit'rcile dí·ji1 c·ctle a¡i1ilicatior¡ (<:011ll'1tl 1le c/11111r¡c, 11" :i3ÜJ,

i. F. lluhrrl, Es,ai cl'ur,e théorie juridiqrie de la Dt'légation. Thcse l'oitiers, 1899.


Consulf PI' anssi les tres intéressnntrs ,ixplicntions que donne Pothier sur les différentes
n pJ1li<·11lions de In llrlrgation dans son '/"raite tlu co11tr11t de cl,ange, art. :l, /les rescri¡,tiun.~
( c'étnlt le 110111 giln,'•ric¡ue sous Ieqn"I on ,tésignait nulrefois la délrgation), n•• 225 ¡\ 236,
En rnpproche1· ce qu'il dit de ht dtllt!gation parfnlte dans son Traité des Obligations, nº 600 .

108 LIVRE PRE~IIER. - TITI\E PRE~IIER. - CHAPITI\E 11

IJe 111e111e. 011 pcut s11¡lposer 11ue le déléguar1t veuille faire 1111 ¡)rel au dc'·lé-
gatairc 011 n11~111c 1¡u'il agisse a11i1110 1lo11cc11di : << Je veux, dil 1iotl1ier (o¡J.
cit., 11" 231), ¡Jrcler a c¡11elqu'u11 lllle so,nme d'arge11t, 011 je veux la
luí do1111er; n'aya11t pas cl1ez 111oi 1111e telle son1111e, je l11i do11ne 11ne rescrip-
tio11 aclres:,t'•e i1 quelqu'u11 ele 111es clóbiteurs, 011 ú e¡uelc¡u'u11 de n1es an1is,
qui vo11dra l'avancer pour 111oi, par laquelle je lui 111arque de vouloir bie11
co111pter celle son1111e i1 la pcrson11e dó110111111ée en la rescription. n
()11 re111arquera c¡ue, da11s ce lle ¡Jren1iere série de clélégatio11s, il n'y a auc1111
Jloi11t ele conlact entre cet acte et la 11ovalio11.
:>.º Délégatio,i précé1lée 1l'obtir¡atio11s a11lérie11res. - l,a clélégalio11 peut
e11corc - et c'est l'aspecl sous leq11el 011 l'envisage le plus ordinaire111e11t -
i11tervc11ir entre perso11r1es e¡ue lienl des rapports juridiques a11lérieurs. Pri-
11111s (eli~lég11ant), débiteur de Secu,idus et créancier ele 1'ertius, cl1arge ceder-
11ier :délég11é) de faire sa prestalio11 á ,Sec11111l1is (clélógatairc). No11s po11-
Y<J11ss11pposer, par cxcn1plc, c1uc Prirnus, cléllileur de ,Sec11111l11s ele 10.000 fr.,
a vc11d11 1111 in1111e11!Jlc ¡'¡ Terli1is; el il a cl1argé cclui-ci de paycr 10.000 francs
e11lre les 111ains ele Secu11d11s. l 1ar l'efl'et d11 1Jaic111c11l que Terlius fcra á
,"icc11111l11s, les dc11x oblig·ations exislanl, c11lrc J1 rir1111s et ,"iec1111clus d'1111e parl,
el P11lrc Prirnus el 1'erli11s clºa11tre ¡Jart, _scro11l c',Leir1lcs. La clélégalion sera,
da11s ce cas, u11 procéclé ele si1111llificalio11, u11 1110Jc11 d'tcono111iser eles
lransferts n111ltiples de valeurs, une véritalilc lettre de c/1ange civile.

Délégation parfaite et déléga tion imparfaite. - Lorsc¡11e la délc'!ga-


tio11 j<Jue ce clct1xiG1ne role, elle pc11t, suiva11l la volonté des parlics, pro-
eluire 1111 cfl"el 110,aloire,, c'est-ú-tlire étei11clre, liic el 11u11c, les cleux obliga-
titi11s ¡JrÓcxistantes, pour lesren1placer JJar l'c11gagc1nc11t e1ue le délég11é prend
envcrs le délégatairc, ou, a11 co11lrairc, laisser sulJsislcr ces ele11x oliligalio11s
j11s1¡11'a11 r11ci111c11L 01'1 le dé!1\gt1é ¡iaiera le tlc'·lí•galaire. 11 sen1lJ!e que la ¡iltr-
parl ele nos a11ciens au lcnrs, prc11a11t <( 1111 cfl"ct accidc11tel pour t111 caracterc
spt'·cific1t1e'», 11'aic11l g11erc apcr("11 qt1c la ¡Jrcr11ic'·re varií·tó ele délégalion, la
dél{•galion 11ovatoire. C'e:-l pot1r cela que le Coelc traite ele l'o¡JÍ•ratio11 il
¡1r1i ¡icis ele la 1111, ali 011. D'a 11 tres a 111 c11 rs, cc1n1111 e 1iotl1 ier, r1 'ava ie11 l ¡Jas con1-
111 is ccllc• conf11sio11. \1\a11111e1i11s, il c11 s11lJsisle ccllc c1insc'·e111e11ce <¡uc ela11s
le la11gagc ele la l)oclri11c, 011 elil lracliti1in11t>lle111c11l <111'il )' a déléyatio11 ¡1ar-
Jr1itc se'11lc111c11t 1111 cas 01'1 la clt'·l{·galio11 e111¡>urte 11tivalio11, cit1 ¡iluti\L elt111-
lJit' 11ovalic1n, ¡111is<¡t1c l'c11gage111enl 11ris riar le clí~lt'•g·t1<': e11ver!-i le eli·li·galairc
t'•IPinL lt la fois la t!Pllc el11 clt'·lc'·gut'· ,is-i1-,·is <lu <l<)l<'.•g11a11l el celle elu clt'·lc'·-
g11a11t vis-:'t-,is <In clt'·li:galairc.
L'arlicll' 1 ~,r, d11 ('.ocle civil ¡1ré,oil le cas tl'1111e 1lél{!gatio11 ¡iarfaile.
L'cfl",·l rtti,aleiirc, 11<111s clit-il, 11c se ¡1rc1d11il q11'a11la11l 1111e le crt'·anciPr
(tlt'·lt'•galair1\, a11<1uel le tlt·lt'·g·11a11l <.ifl"re 1111 nti11,ea11 cli·liitcur, a c•,1:¡ir,•ssé-
111c11l dt'•clar<'\ 11u'il c11lc11clail eli·cl1arger son ¡ire111it~r dt'·liitc111-. (;<!la 1iarail,
l<JIJL cl"a!Jc1rel i1111lile it <lire, ¡i11i:--e111c JH.ll!S save)n:,; 11111• la 11c1,alit111 ne se
¡irt':s111111~ ¡ias el 11c se ri·alisc <¡11'a11la11t 1¡11e l'a11i11111s 1101•<1111/i l'SL cerlai11e
' (arl. 1:17:{, (;. civ. ). l\lais, ú y l'Pgardl'r ele f)l11s ¡ir1•s, llll n¡1Pr<:1iil. r¡11'<'11
111alit'.·re ele clélt'•galion, la leii se 111011lrc Pllcorc Jlius cxigea11tc e111c }J011r 1111e
EXTI~CTIO~ J)ES OllLIGATlO:'iS

novalior1 ordir1airc. 11 11'y s11ffil ¡Jas e11 effet r1ue l'i11ler1lion d11 crt'.a11cier
délégataire ele lil)1\rcr so11 clél)ile11r résulte des circo11sta11ces; il fa11l 1111e
(léclarltlio,i e.r¡Jresse ele sa ¡)art, ainsi <¡ue le pro11ve la différe11ce de r1'dac-
tion lles articlcs I'.~¡3 et 12¡5 (l{ccr., 8 f1),·ricr 1888, 1). 88.1.3¡2, S. i¡o.1.8:i;
l'aris, 14 d1\ce111!Jrc 1889, D. I'. 90.2. 189;.
Quar1cl, au contraire, le créa11cier r1'a ¡ias 111ar1ifesté sa volor1lé ele clé-
-charger sor1 <lébiteur, 011 clit c¡11'il y a si111plen1e11l llélér¡atio,i i11i¡J111;(1tile.
Da11s celte o¡Jéralior1 c111e ll0Ll1ier clósigr1ail plus partic11liererne11l llar le
0

111ot cl ltssig1iatio11 (Clia,ige, 11° '.i2G, écl. B11g11el, l. IV, Jl. 5¡2), le clt'·biteu1·
délég11ant reste obligé vis-a-,·is elu délég·ataire, s011 créa11cier, lequel a11ra
<lésor111ais cleux délJiteurs au lieu d'u11.
Dans la pratique, c'esl évicle1111nent soús cette derniere forme c¡ue se
prése11te le pl11s souvent la clélégation. Et on compre11d aisé111ent po11rc111oi.
Le créa11cier délégataire 11e co11scnt pas ,·olo11tiers a reno11cer it sa crt'·ancc
cor1tre le <lél{·guar1t, le seul eles cle11x o!Jligés qu'il co1111aisse peut-elre, el
<¡ui l11i prése11te fJar conséque11t des gara11lies de solvabililé. 11 veul !Jie11
accepter un not1veat1 clébiteur, l)Our éviter lles transports in11tiles de Yalc11rs
et faciliter le paie111e11t, 111ais il tie11t a co11server son recours i11itial, sur- •
tout qua11d a ce recours sont attacl1és des privileges ou l1ypotl1eques, ou des
actions spéciales et énergiq11es (lelles que l'action en résolution clu ,·e11rle11r
¡Jour défa11t de paie111ent du prixJ, garanties et aclions qu'une novalion l11i
ferail perclre (Civ., 12 aoí'it 18¡9, D. l'. ¡9.1.473, S. 80.1.5¡).

Gomparaison entre la délégation parfaite et la cession de créance.


- La délégation parfaile, assez rare e11 fait, mais clont la pralic111e <>fl're
-cepe11cla11l lles exern¡Jles (V. Civ., 2!1 ja11vier 18¡2, D. 1'. 73.1.75, S. ¡•1:1.
3, ), resse111ble IJeauco11¡J it la cessio11 de créa11ce. Elle alJoutil au 111e111e
résultat q11e si JJri11ius avait cédé sa créa11cc contre Terli1is a Secu1i1{11s. La
ressc111!1la11ce est telle q11'il est souvent difficile de elistinguer les <leux opé~
rations, ,l'aulant lll11s c¡11c les acles <lise11l so11vc11t q11c JJri,nu.~ celle rl 1lé-
ll\g1ie it ,',ec1i111l11s ses clroits conlre Terti11s. La elifférence rósidc cla11s les
lrails suiva11ts:
La cessiort ele créance est 110 co11trat a11q11el le dó!Jiteur cédt'-, 'I'erli11s, est
étra11ger .. \u Cl>11lrairc, <la11s la dólc''.gatio11, le ,lél,:g11ú Te1·lius s'c11gage
.
e11vers 1c <l'l' .
<, egala1re.
l)c l>lus, la cessio11 ele crúance s111>1Jose 1)rdinairc111e11l l'inlc11lif)ll lle s¡ié-
c11ler de la parl ,lu cessior111aire, leq11el aclu'ile ordi11airen1enl la crt•ance it
un prix i11férieur á so11 cl1ifl're 110111i11al. el espt'.rn relirer cl11 dólJile11r 1111e
so111n1e t>lus ólcvúe. C'est po11rquoi le ct'·clanl 11e lui garar1til que 1·exis-
le11co ele la cróa11ce a11 111ci111e11l ,le la cessic111, et 1ui11 la solval)ililó llu <l1,lii-
te11r ct'1elt', !nrl. 11i!)3, ,liu'i). 1\11 cci11lraire, le llt',légataire, l11i, 11'agit ¡1as
¡>r111r s¡)i,culer. il ve11l si111ple111e11lassurc)t' S<JII paienl<)Jll. l•'.n co11st''.c¡ue11c<1,
le <lélt'ig11aul c,sl garar1t t!IIV<irs lni ele la st>lvahilitú ,111 déliitc11r cl{dt'•guc',,
au 111<1111011l d<, la clt',lt',gatic>J1 1arl. 1:i¡(i, (~. civ. - V. note ,le \l. (;a¡1ita11L
sous 'l'<llll(lllSP, /¡ avril 18!)5, 1). l'. uH.2.:\37).
l•'.11fi11,la cessic111 ele crc\a11ce cloil elre signifit'ie a11 cléliite11r cúllé, <111 a<:ce1>tt':e
I 10 LIVRE PllE~IIER. - TITRE PHE~IIER. - CIIAPITRE II

par luí dans un acle autl1entique (art. 1690). Natt1relle111ent, ces for111ali tés
11e sont pas exigées pour la délégalio11, puisque celle-ci su1)pose nécessai-
1·e111ent l'intervention du dél)ite11r délégt1é.

Effets de la délégation au regard du déléguant. - La délégation


. favorise la libération dn débi leur. Celle-ci se proclui l i1n111édialen1ent e11
cas de llélégalion pa1faile. Da11s l'l1ypotl1ese tl'11ne 1lélAgcilio11 i111¡Ja1faite,
au co11trai re,011 peut se de1na11der quel est l'avantage c¡ue le délégua11t retire
ele l'o1Jéralion, éta11t clo1111é qu'il ne sera lilJéré de sa dette e11vers le cléléga-
laire que lorsque le délégué aura payé.Cette considératio11 q11e le cléléguant
11e ¡Je11t avoir entendu conférer á so11 créancier un bénéfice gratuit, sans
a,·a11tag·e pour lui-me111e,a co11duit les aute11rs italiens á e11seigner c¡ue,cla11s
la clt'~lég·ation irr1parfaile, le tlélégua11t, l'écl1éance arrivée, serait er1 droit
cl'cxiger q11e le clélt'•galaire poursuivit el'al1ortl le délégué et ne se relour11,i.t
e11s11itc contre lui-111c111c ({UC fautc cl'avoir pu se faire payer IV. Coviello,
,lrcliil'io Giuridico, t. 4G, p. 3o3). Des lors, le tléléguant gag11erait la dé- a
lég·atio11 i111parfaite ele cl1a11g·er sa sit11atio11 ele débile11r principal co11lre
celle ele caution,tenue Sltbsidi11ire1ne11l et a1·1n~e cl'un bé11éjice 1le 1lisc1issio11
lui pcr1neltant de rejeter les pre1nieres poursuites sur un autre. ;\lais cette
opinion n'a ja111ais été soute11ue e11 l<'rance. Le déléguant, dans la clélé-
galiort i 111parfaite, 11 'olJLie11t, cl1ez no11s, a-l-011 <lit, tl'a11tre avantage ({lle
d'écl1anger la certit11de d'avoir a payer i1 l'écl1éance contre une si111ple
éve11t1ialilé de po1ir.suile. La vérité, c'est que la délégation im¡1arfaite esl une
gara11tie pot1r le créancier (le délég·ataire ), que celni-ci exige souvent,
a
soit l)Our co11sentir lrailer avec s011 dé!Jite11r, soit po11r l11i accorcler un
aler111oiement apres avoir trailé. C'est u11 111oye11 po11r le clél)iteur q11i pos-
Sl'<le 1111c c1·éance, de s'e11 fairc u11 i1istru1nc1il de crédit . .c\insi, la clt'\lt'•gatio11
i111¡iarfaile jo11e do11c 1111 peu le 111crne role qu'un nantissc1nc11t tle créance.
Nous avo11s <lit c¡u'e11 cas ele délér¡1tliu11 ¡11i1f,tile, le elélógua11t élait liic el
111111c enticre111e11t libéré e11ve1·s le <lt'!légalaire. l)1'.!s lors, peu i111porte pour
a
l11i c¡11e le délég11é paye ou r1e paye poi11t l'1~cl1éance. Le clél{•gataire 11 ·a11ra
¡1as <le l'<'Cll11rs co11lrc lui. C'esl ce <¡ui f'aisail dire .\ 11t1s ar1cie11-; a11le11rs:
,, l)ui acceple clélí·g·ation se l'ail ¡Jrt'!jutlice. » L'arlicle 1:iífi i11dic¡11e cc¡1e11-
<la11l q11'il e11 sera aulre111e11l clans deux l1y¡>oll1óses: 1° si le <li'\l{•gataire
s'csl cx1>rcss1\111e11l rúserv{! ce recours; :1º si le elt'·lóg11ú 1\tait en f'aillile an
1r1<)111e11l ele la d{·l{·gat.io11.
()11el 1isl le caraclcrc tlc ce rec1Jurs ~ Il 11<J11s sc1nble q11"il f'aut clisti11g11er,
:\n cas 01'1 le cli'.•lt!gu{1 t'•lail e11 f'aillile l1Jrs tlc la clúlégali1111, ce qui cx¡>li<¡ue
le rcr.011rs clu clél{!galaire C<)nlre l<: 1lt'!lt!gt1anl,c'est 11ne ¡>rós11111pti,Jn cl'errc11r
de la parl <lu tlél1\galaire, <H're11r ,¡11i fail a1111uler la 11ovalio11 co11sc11lie ¡>ar
lui. C'esl clo11c par S(111 actio11 a11cie1111c, 11vcc les s1irelés q11i ¡>1l11vaie11t. l'ac-
co1npag11er, ,¡ue le elt'!légalaire po11rsuivra le dt'·léguanl. l>a11s l'hy¡1ollu\se, a11
co11lrairP,01'.t lc clt'ilt\galaire s'est réservé Stlll r1•c,Jurs c<Jnl.rc le cl<'·li'·guant, 11011s
11e cr<Jyons ¡>as 1¡u'il puisse ag-ir ¡Jar s1J11 acl.i1111 pre111i1~l'<!. l•:11 cll'<!l, cclle •Ci a
élt'! i'.•l.einle ¡>ar la 11<>vati,J11 <¡lii s·,1sl l1ien pr1Hl11ile Pl 11'csl. pasanr111J,\c (l'ar-
ticlc 1:iíÜ suppose üll efl'cl c¡11c le rl{\lég-alairc a <• <lécl111rg·é n 1<! clél<'•guanl;. Des
EXTI'ICTIO'I DES OBLIGATIO:-iS I I I

a
lors, l'engagement par lec1uel ce dcrnier a consenti den1eurer ten u envers le
délégataire, pot1r le cas de non-1)aiement de la part du délégué, n'est pas for-
tifié par la su.relé de la pren1iere dette. C'est un engagen1ent nouveat1, dans
lequel le délég11anl se porte caulion du délégué, le 11011v1~a11 1lél)i teur. Et ici
il 11'est ¡)as do11teux qu'il faille lui accorder le bé,i1fice ¡fe 1liscussio1i que nous
refusior1s ()lt1s l1aut au délég11anl ele la délégalion i1nparfaile.
a
llcsle i1 savoir si, dans fe cas 011 le délég11é, r11a11q11a11t l'attente dt1 tlé-
a
lég·uant., 11c ¡)aye pas le délégalaire l'écl1éa11ce, le clélégua11t pourra agir
cu11tre l11i par son ancie1111e action. Cela 11'esl pas donteux: en cas ele 1léléga-
Lio1i i1npa1:faile. Celle-ci laisse subsister les deux: ol)ligations antérie11res
existar1t, d'une part, entre Prirn1is (déléguant) et ,Secu,idus (clélégataire) et,
cl'autre part, entre Primus (déléguant1 et Terli1is (délégué). Elle ne fait que
leur en juxta1)oser .une troisieme, entre Secundus et 'fertius, ol)ligation
11ouvcllc 1lo11t l'cxtinction 111ettra fin aux: cleux: olJligatio11s antérie11rcs. l'ri-
111us, restant obligé envers Secundus, a évide111111er1t entendu se réscrver
son recours éve11luel co11tre 'ferlius, au cas ou
celui-ci ne le lil)érerait pas, e11
se lil1éra11t lui-111er11e, par t1r1 1)aie111er1t fail aux r11air1s du clélégataire. ,\u
contraire, e11 cas de délégatio,i parfltile, Pri11111s, le clélégua11t, ne pourra
a
é,ic\cm111e11t pas recourir contre 'fertius, défaul ele paien1ent de la part
ele celtii-ci. La libération totale et définitive que lt1i a accordée le déléga-
Laire, fait que le paien1enl ou le 11on-paie1nent du clélégué sor1t désor1nais
¡)oul' lui cl1oses indiíl'ére11tes,

Eftets de la délégation au regard du délégué. Caractéristique


essentielle de la délégation. - Sa11s nous í11quiéter clésormais de sa-
vr;ir si la clélégalio11 esl parfaile ou i111parfaite, 11011s releverons ce trait que
la clélégalio11 a pour ·elfet tle créer 1111 lien ele tlroit e11lrc le délégué et le
rlt\!t\galaire, lien de droit c¡ui résulte de l'engagen1e11t pris par le délég11é
e11vers le délégataire. Cel engag:ement est i11dépe11dant de celui qui liait le
d e'l'egue' au d'l'
e eguar1t.
11 e11 résulte, et ceci cst ca1)ilal, r1t1e le détJqtté ,ie peal JJas opposer atl 1lélé-
\
gatriir1i les e.i:ce¡Jtio,is et mo,ye,is ele 1léfe1ise r¡it 'il auait co,itre le délég1ir112l.
'
S11111>t1sri11s, par exe111ple, 1¡11e l'acl1ele11r c¡ui s'esl e11gagé payer le prix a
e11tre les 111ains d'u11 créancier tle so11 ,,e11tlet1r, soil })l11s larcl évi11cé 1le
l'i1111ncublc acl1eté. 11 11e ¡)ourra pas arg11er de J'éviclio11 pour refuscr ele
paycr lo délégalaire.
. De n1er11e, clar1s plusieurs urrels, la Cour ele cassalio11 a décidé c1ue le
délég11ó 11e tJeut s'all'ra11cl1ir ele sr)Jl e11gage111e11l e11,ers le dél{'.gal.airc, 11i
ré¡>tllcr ce q11'íl l11i a ,·crsó, sous ¡>r<llexle c¡11e, ¡>ar erreur, il se serail crt1
1>l1ligé l11i-111t1r11e envcrs le cléléguant, 011 J>ar cellc aulr1\ raison que son olJli-
galit>11 envcrs ce dcr11ier serail e11laclu\e <le 11ullité (l\e,¡., 7 u1ars 1855, D. 11 •
!)5.1.107, s. r,r,.1.:)78; Civ., :i/¡ janvier 1872, D. Jl. 73.1.75, s. 72.1.:{1; Civ.,
:i 1 111ars 1910, (Jaz. J)ul., 3o avril 1910).
(;elle s11l11l.i1111, co11sla11le e11 j11risprude11ce, el. 1¡11'e11seig11ait d{•j¡'1 llotl1ier
((J/Jli[Jflliotis, 11" li112, t'.·dil. llug11cl., l.. 11, Jl, 3'..lo), J)l'!~Le ?1 ele grav<\S 11J;j1•c-
Li1111s. '111 ¡1P11l-011 ¡>as 1lire en ell'et <¡un l'e11¡.rage1111•nl <111 rl{•lc'•g111'\ e11vnrs le clt\-
I 12 LIVRE PIIE~llEII. - TITRE PRElllEll. CHAPITRE II

légalaire est vicié 1Jar l'erreur ou ma11qt1e ele cat1sc.si son proprc c11gagc111c11t
er1Ycrs le elélégua11t se trou,c elre inexista11t, 11ul 011 llaralysé par u11c exce1J-
tion lellc e111e l'exceptio11 110,i allim¡1lcti co11lracltis, puisque c'est é,·ide111-
n1ent e11 Yue de se li!Jércr ele cet engagen1e11t r1ur le délégt1é avail co11se11ti
a :,;'obliger er1vers le délt'·galaire?
Jlo11r réponelre i1 cellc o!Jjectio11, il in1porte ele se rap1Jcler celle obscr-
vatio11 esse11liclle, faite llar 11ous pl11s l1aut. c1ue la clélégation est une opéra-
tio11 r¡ui pcut i11leryc11ir pot1r eles raisons et r11 ,·isa11t les IJuls les pl11s
diYer:-. r1uelqucfois, pour éteindre elc11.x o)Jligatio11s a11lérieures, 111ais, d'a11-
lrcs fois, 1Jour faire 11n prl\t, llour réaliser 11ne !lor1atio11. ele ... Des· lors, le
elessein qui, clans les l1ypoll1eses préct'·cle111111cnt énumérées, avait po11ssé le
délégué a s'engager e1rvers le délégataire, it savoir se li!Jérer lui-111e111e en-
Yers le délégu1nl, ne llCUt <~lrc consiclért'· juridir¡uen1ent co111111e la catisc
de son obliga tion, car 11ous Yrrro11s liicn lr'il que la ca 11se ( causa ¡1roJ;i111,1)
csl le 111obilc, loujours le n1eme, <111i. !la11s un co11lrat don11é, fait agir Ir
contractar1t. Le elessein co11crel clu !léléguó est ici 1111ir¡11cn1cnt lc 1110/if (Clllts11
lo11gi1t1Jtl<l) de so11 c11gagc111e11t, 111olif Yariablc suiYa11t les inclivi!lus el le:-
circonstances, et e1ui n'est ¡Jas pris en consieléralion con1111e élé111e11l de Ya-
liclité du co11lrat. Le délégataire c111i, s11r le jussus elu déléguant, rei;oit
comme rcgle111e11t 011 ·comrne garantie l'engage111ent du cléléguó, ignore
c111els sonl les raJlp()I"ls j11rillilJ11es c111i 1111isse11l le cl{~lég11é a·vec le clélt')gua11t,
so11 propre llébilc11r. Il ignore le 111c>IJile c111i pousse le délég11é it s'o!)ligcr
c11vers lui. car ce. lJut peut varier s11iYant les l1y¡Jotl1eses. La fa11ssclé ou la
catlucilé ele ce 111o!Jile 11e sa11rait tlonc i11lluer s11r la valiclité ele l'c11gag·c-
me11l, 11i e11 1\tre consi1l(·ri'.· con1r11c 1111 (·li'i111c11l essc11tiel, ¡>as plus c1ue le
1notif c¡ui pousse le Ye111le11r lt ve11clre (Jt1 l'acl1ele11r lt acl1eler, 11·est u11 t~lt'·-
111e11t cssc11lirl clu co11lrat ele Yente.
1\joutons c111'at1 cas cl'crrettl' cl1cz le t!él(·g111•, celtc erre11r s,1pposc lle sa
part t111e certai11c légerclt'), 11110 ir11¡)r11clr11cn, 1111c t'a11le n11 1111 111ol. Le Jélt'·-
galaire qt1i, l11i, 11·a cci111111is auc1111e f'a11le el 1111i 11'a sans do11le consc)uli :'t
!'aire 1111e ava11ce a11 clélégua11t 011. n. fnrliori, 11 le lihérer (l1ypotl1esc lle la
clt'·lt'·gali<Hl ¡1arfaile'¡ <111'p11 cr>11sillt'•rati1ltl lle l'c11gagc111c11t cl11 clél()g11é, 11<'
pe11l ¡1as so11fl'rir ele son crrc11r.

Rapprochement entre la solution précédente et celles des Codes


étrangers réoents et du Droit commercial fran9ais. - J.,e C!>llc civil
alle111a11tl (arl. ¡8!1, al. 1) el le ('.r>de l'i')1lt')ral s11issP !les ( ll>ligali1J11s (arl. /1(iK.
al. r) <J11l. ex1iressé1111)11l co11sacr1) la rr'·gl<· <Jne l'as:-igné 011 llt'•I<'·gué, 1111i a
accc¡>lÚ l"assignal.i!>ll 011 1l1·l1·gali1lJI, ne 1ict1l. ¡ias 0¡>1>0:-nr ;\ l'assig11alairc l<':-
cxceJJli<i11s c¡ui 1lt\riv1)11l tle ses r1ilalio11s a\PC l'assig11a11l.
Les j11risco11s11llcs alle111a1Hls el :-11isscs cx¡ili1111P11l. ce ri':s11llal 011 tlisanl
1¡110 l'acc1•¡ilali(lll cri'·11 1111n ,illligalicin <1Ús/1•11ile, c·Psl.-:'1-,Iire cl1111l la valiclilt'·
esl in1lt)JJ<111clanlc ti<' l1>11l11 ca11sc 1lºcngagP111cnl enlr<' l'a:-signi') el l'assig1u1nl,
Les s1Jl11lilHIS 1lc IHJlrc l)roil. fra11i;ais so11l i1!Pnli11u1·s a11 ¡1cii11t. 1lc vuc (>l'ali-
l}tle, sa11s 1111'il sriil l)csoi11 1le rPco11rir :'1 la 1111\nH1 1)x1ilicalil>1l.
D~ 1111~n1P, la llt•légatio11, <¡11i jout•, c11 s1)111n1P, <la11s r1olrc l>roil civil, 1111
EXTI'íCTIO'í DES OBLIGATIO'íS 113
Tole assez restreinl, ex1Jlic¡uerait. d'apres c111elq11es a11le11rs, le n1écanisn1e
de certai11es des inslit11tio11s les pl11s in1¡Jorta11lcs de 11olre Droit co111n1er-
cial, de la lctll'c (/e clia,ige, cl11 t,·ansjcl'l eles ti tres 1101ni11atifs, des ve,iles pctl'
filieres, ele la co11i111issio1i de ll'anspol'l (V. 'l'liallcr, 1'rctilé élé111e11/aire de Dl'oit
commel'Ci(tl, 4° éclit., nº' 600, 892. ro3ri, 1?.29, 1292).
Ainsi, <lans la lettre de cl1angc, le lire11r serait le délég11anl, le tiré le
dél(,gné, el le preneur le cl<\légataire. Et c'est llar u11e si1111Jle ap¡llicatio11 ele
la tl1éoric civiliste de la Dél<'~gatio11 que s'expliq11crait la reg·lc si i1r1porta11le
ele I'i11o¡)posabililé des cxcc¡1lio1is en 111atierc ele lcltrc de cl1ange. Le tiré q11i
a accepté la lettrc ele cl1angc 11e pc11t opposcr a11 porte11r de la traite aucu11
des n1oyens de défense q11'il pouvait faire valoir contre le tire11r. Cela tient
a ce que le tiré est un clélégué et le tireur un cléléguant.
Ce n'est pas cl'ailleurs l/1 la seule application de la délégalio11 que 1'011
rencontre en notre Droit co111111ercial. Elle peut servir er1core /1 expliquer
tous les cas 011 il y U tra11sf'erl el'u11e créance el'1111e person11e a \lile a11lre, sa11s
<¡11e le elébite11r ¡luisse cipposer au nouYea11 til11lairc de la créance les
111oye11s ele défense q11 'il avai t contre I' ancie11. << Le non1 bre eles a llPlica tio11s
e¡ue re<;oit la dólégation, écrit :\1. 'l'l1aller, est ir1calculable ... n Et il co11state
qu'elle se dévelo1J1Je Je ¡Jlus cr1 plus, au détri111ent de l'opéralio11 d11 tra,is-
JJorl, c'est-a-clire de la cession de créance. C'est la en elfet c¡u'.cst la s11pé-
riorité écono1nique de la dél<'·galion sur la cessio11 de créancc. La cessio11
lra11sfere la créar1ce lclle q11'elle existe. Le dé!Jiteur cédé conserve co11lrc le
cessionnairc toules les exccptio11s qu'il pouvait opposer au cédant. La délé-
gation au contraire, en créant un nouvel cngagen1ent entre le elélégué et le
délégataire, dégagé et indépendant de l'obligation du délég11é e11,·ers le
déléguant, proc11re au délégalaire une créance c¡11i esl a
l'a!Jri ele toules les
causes antérieurcs de nullité. i>ar l'efl'ct de la délégation, les créances peu-
vent do11c constituer u11 moyc11 (le reglcmcnt co1nparable á la 111onnaie, c11
solidité, c11 sécurit<'.·.

Sl~C'l'lüi\ III. - Co~tPE:'iSATIO'i ( 1 ).

Définition. Utilité. Applications de la compensation. - La co111-


11ensatio11 csl 1111 1no<le cl'()xlinction 1lcs créanccs ¡¡ui évilc 11i'1 clo11IJlc ¡Jaie-
111c11l, c'esl-i1-dirc u11 llo11l1le Yersr,111<111l de ca¡lita11x, el sin1Jllillc ainsi les
ra¡l¡i<Jrl.s du cri':a11cinr et clu clt':l1ile11r. l 1011r q11'cllc sc>il ¡Jossihle, il faut
s11p¡Joscr que cle11x ¡Jcrson11es sont respeclive111cnl créanciere el elélJilricr
l'1111c <le l'autre ¡j'cilijcls iclc11lil¡11cs, el notammenl (car c'esl le seul cas ¡Jra-
1.ique) d<~ ele11x so111111cs d'argcnt. l 1ar cxemplc, je vo11s ai preló 1,000 fra11cs,
et je V<HIS clois 11110 111e1nc so1r1111e. J,a co111pe11satio11 élei11l 110s clcux <!elles.
S<Jil c11 lotalité si - cl1ose rar<: - cc:s cJclles sc111l. rigonrc11sc111enl égales,
soil j11s<111'ú co11c11rrc11ce 1lc la 1>lus f'ail1le eles deux elcllcs, si clics so11L i11t'•-

(I) t..:ons. lletHÍ Cnssin, De l'Pxception tirt!e de l'inext!cution dons les rllpports sy11allagn1a-
tiques, p. 100 el s., Thesc Parls, 10!~.
1'ome 11 8



LlVRE 1.'RE~IIER. - TITRE PRE~IIER. - CH.tPITI\E 11

gales. Dans cette seconde l1ypotl1ese, le clélJitcur de la deltc la pl11s forle


a
11'aura qu'un reliquat payer. l)ar1s to11s les cas, la compensation not1s fl is-
pense l'un et l'autre d'ur1 verse 111ent de fo11ds. Cl1acun de 11ot1s se paic sur
ce q1L'il doit. La con1pensalion aJlparait con1n1c 1111 do1ible paicme11l abrégé.
~Iais la compensalion n'a pas seule111ent cet a van tage éco11on1ique ele
simplifier les rapports des clc11x parties ; elle rcmplil 1111e autre fonction.
qui est d'assurer l'égalité 911lre elles.E11 ell'ct, si une des parties Jlayait efl'ec
tive1nent,sans attendre d'1)lrc Jlayée par l'autre,ellc aurait á craindre l'insol-
vabilité de l"accipie,is, qui pourrait dissiJJCr les fonds re<;us par lui et 11e
pas payer lui-n1en1e. A ce poi11t de ,·ue, la con1pensation joue le role ele
garanlie. Cl1acun des créanciers débiteurs peut etre considéré con1me in-
vestí d'une su.reté spéciale s11r cet élément du patrimoine de son débiteur
qui est la créar1ce de ce dernier contre lui-r11e111e.
Seulen1ent, il faut aussittit ren1arq11er que ce résultat n'est ol1tenu q11'au
détri111e11t des autres créa11ciers de l'insolYal1lc, l_esqt1els s11bissent la loi
du co11cot1rs, ta11dis q11c le créa11cier-dél1iteur écl1appe a cette loi, et e1n-
ploie la totalité de sa dette a solder sa propre créancc. La con1pensatio11
co11fere done á celui q11i en bé11éficie l'éq1tivale11l d'un privilege l'enconlre a
de la masse des créanciers.
C'est pourqt1oi no11s verro11s c¡11e la loi 1~carte la compe11sation lorsq11c
l'un des i11t{,ressés to1nl1e e11 état ele faillite, car, á partir de la faillite, la
plus stricte égalitt'· doit rúgncr entre les crúanciers.
C'est en matierc con1merciale que la compensation trouve ses pl11s impor-
tantes applications. Cela se co111prencl sa11s peine. 11 est rare q11e des rap-
ports réci¡1roques d'ol1ligalions se for111e11t e11tre personnes no11 co111mer-
<;a11tes. i\u co11traire, ces rappe1rts n1u luels entre deux négocia11ts, 11ar
exe111ple entre un co1111ner<;a11t et son !Ja11quier, e11tre 1111 fal1rica11t el u11
con1n1issio1111airc, so11L <le to11s les jo11rs. Or, le <:on1111erce vil surtout cJ¡,
crédit; il évile le plus ¡iossil1lc l'e111¡Jloi llu 1111mérairc, il a besoi11 de si111-
plifier le plus possilJle les ¡1aie111er1ts.
l)e l:i est 11é l'11sage 1!11 corripl_e couranl clo11l 11011s avo11s clt'jit parlt'\ PI.
l¡11i esl. f'onllt'> s11r le Jlrinci¡Jc dt\ la co111pe11satior1. 'l'o11tcs les o¡>érali1>11s
con1111crcialcs qui se fonl cnlrP lt\S 1ln11x r1arlies, ,ie1111P11!. se f'tinelre lla11:-
le corr1¡Jtc co11ra11t, et le so/1/c consl.até leJrs la cluLurc ele ce co111plc fail
seul l'c¡lijct <l'11n paien1er1t cll'Pctif'.
Muis, en oulre ele cette ¡Jrc111i1\re a¡JplicaticJ11, la c111111Jc11satio11 c11 trcJ11vP
u11e srco11<lc c11ccJre ¡il11s large 1la11s l'i11stil11li(Jll 1lcs ba111¡11cs 1/c 1/é¡itil, l'I
<laus l'e1nJJloi c¡11'elles f'1i11l 1l11 r:lt1\1¡1ic. Ces lia11<.¡11es rec;e>iYe11t 1les ordrcs
d'cncaissPrl1e11t 011 1IPs f>r1ir11s ,le ¡>aic111r,11!. eln la ¡iart ti<' lcurs cli1111ts, scHJs
for11111 ,l'cll'els flc c1i111111crcc tlll 1le clit'·,1ucs. l)'1111e Jlarl, elles er1lretiennc11I
u11 co111¡>Le co111·a11t a11 11c11r1 110 lcur clic111l nt, 1l'a11trc ¡Jart, elles font entre
elles la co111r>e11satio11 1les S(i111111cs c111'clles se 1l11ivcnt réci¡1rcJq11er11Pnl.
L'i nsti 111 tion 1lcs cl11111tbres ,Le co11i¡ic11s11/iu11., i 111 i l1•cs eles clec1ri1tg-/1011.~l's a 11-
glaisns, facilite ces ri'·gll'lllt'l\l.s: el. ainsi 1111 grarul 11ei111lire ,le cr1·1111ces c>I
ele eleltes s11 tro11,c11t. t'·LPinLPs sans ,¡11'il y ail dn 111011vc111cnt el<' 1111111{·rairP.
C>r1 le voil, ce e¡11'il y a <IP. re111are¡11alJlc 1ln11s cPllc arit>lication de la ce1111-


E XTI'!CTlOX l)ES OBLIGA. TlONS 115

pensatio11, c'est que, par l'i11ler111édiaire des banq1riers, elle s'o1Je're entre
u11 norn!Jre consiclóralJ!e cl'olJligatio,1s é 1nananl de personnes 11111ltiples,
sans auc11n líen (lirecl les 11nes envers les a11tres, et non plus seulcment
comme e11 clroit civil, lorsc111e deux memes personnes sont a la fois et res-
pectivcn1c11l créar1ciercs et clélJitriccs.

§ l. - Théorle de la co111pe11satlo11 en Drolt frant'ltl!oi .



Caractere légal de la compensation en Droit frangais. - La co1n-
1Jc11salion s'opcre de plcin clroit ¡)ar la sc11le force de la loi, n1e1ne a l'irisu
lles débiteiirs; les deux detles s'éteig11ent réciproq11e111ent,a l'instant ou elles
se trouvent exister a la fois, jusqu'a concurrence de leurs q11otités respecti-
,·es. Cette regle écrite dans l'article r 290 du Code civil, est le trait essentiel
de notre compensalion franc;aise moderne. L'exlinction des deux deltes se
procluit anlor11atir¡11c111e11l, a11 r1101r1er1t 1r1e~111e de leur cocxislcncc. sar1s
nulle interventio11 de la volonlé des parties.
11 est curieux de constatcr q11e celte regle a son origine dans une fausse
intcrprétation des textes romains. ,
Pe11da11t longtemps, j11sq11'a 11ne réforme altribuéc U ~'larc Aurele, le
Droit romain a ignoré la Co111pcnsation. Lorsque deux pcrsonnes élaient
respectivement créancieres et délJitrices, elles pou".aient IJien con,,enir que
le1rrs dettes s'éteindraient jusqu'a conc11rrence de la plus faible, n1ais si
elles ne se rnettaient pas cl'accord, cl1aq11c dette devait ctre exécutée. Le
créancier po11,·ait done poursuivre son débiteur, sans que ce dernier put
ref11ser de payer en in,,oquant sa propre créance. Ce rést1ltat singulier, peu
conforme a !'esprit pratiq11e des Ro1nains, s' explique par une parlicularité
lle la procéd11re a11cien11e. C'csl c¡t1e, po11r facililer la t1icl1e du juge, si111ple
juré civil, la loi romaine_dófenelait a11x plaicle11rs de lui poser plus d'ur1e
q11eslion. Le déf'encle11r ¡Jo11rs11ivi enjustice llouvait done !Jien souler1ir cruc
la cle!Le invoc1uéc cor1trc lui n'avaitjamais existó,011 bien qu'clle était étei11te;
111ais il 11e pouvait, ¡)our se di'•.fc11dre, former une cle111ande reconvention-
11clle, invo<¡ucr 1111 aulrc droit luí apparle11ant (Girard, Jlla11uel élérne11iaire
1/c nroil J'()//l(ti11' 5• écl i t.' fl. 705).
<:e ¡1ri nci pe a11cien ele l' 1i11il1f el ,te la .~i rn¡1licité ele la. qucslio,i lJ<Jsée au
j ugc llevai L. it 1111 1ne)n1en l llo11 ne'., rccevoi r eles lrm ¡1éran1enls. f,es Inslilutes
lle .J11sli11ien (IV, (i, S :\11) n<Jus a¡1pre\n11enl c1ue l\larc A11rele accorda a11
cléfc11cle11r, ponrs11ivi e11 r1aic111enl 1l'u11e elclle, el qui se préte11dail créa11-
cicn· 1111 clen1a11clenr, le dreiil cl'op¡i<)se,r l'e:cce¡1lio11 de 1/0!. car ccltri qui ré-
clar11c ce q11'il cleiil rcslilurr c11111111cl 11r1 clol (17:3, § 3, D. 1le reg11lis jitris,
1,, 17 ). Cct.le réf'e)r1r1c el u l logi<¡ un1r1c11 L s'{•lcnclre aux aclior1s 1lc 1101111c foi,
clans los1¡11cllcs l'cxcc¡itio11 do cl11l était sous-e11le11due. La Con1pensation
élail ainsi cr<',c',c. Elle <'•lail _j1i1lici1iirc, car elle ré:,ultail de la senlence d11
jug-n; ,•'psi lui c¡11i 111 ¡ircinone;ail .
.lusli11ien 11101lif1a ?1 son tour lrs reglrs ele la Cornpensalior1, et clivers
lcxlc>s cln C11dc, 1l11 l)igesle ()L des l11stil11les 11cins clise11l 1¡11'clle cut lic11
cloré11avant i¡isu jure. l,c scns de ces 111cils a été vivc111c11l disculé. 011 csl
I 16 LIVRE PRElllER. - TITRE PRE\IIER. - Cll.\PITRE II

d'accord aujourd'l1ui pour recon11aitre quºils ne , eule11L pas dire que la


0

con1pensation se faisait ele plei11 droit, sa11s le conser1te111ent des parties,


car les textes classiq11es c¡ue J11sti11ie11 a reproduits au Digeste prouve11l le
contraire. Les n1ots ipso jure signiíienl si111ple111e11l que la co111pensation
J)ouvaiL désor111ais clre i11voquée sa11s l'er11ploi des forn1es de procéd11re
antérieures, en particulier sans exception de dol (Girard, 0¡1. cit., p.¡11).
l\lais cette interprélalio11 n'esl {Jas ccllc c1ue donnerc11t a1\trcfois ll's glos-
saleurs. L'opi11io11 qui l'cn1porta cl1ez e11x, (\tait que la co111pensation Jus-
tinien11e se réalisait au n10111e11t de la naissa11ce eles deux dettes, et par le se11l
cfl'et de la loi. ,\11 x,·11° et a11 xv111° siecles, cette solutio11 est définitivement
adn1ise (V. Potl1ier, Obligalio11s, n° 635, éd. Bugnet, t. II, p. 345; Don1at,
LoiJ: civiles, r'º partie, liv. IV, sect. I, n" !1, éd. Rer11J, t. II, p.:l 118l. Et c'esl
ainsi quºelle a passé dans I'arlicle 1290 du Cocle civil.

Conditions de la compensation découlant de cette idée que la com-


pensation est un paiement. - La co111pe11satio11 11e ·peut se produire que
moye11na11t les q11atre condilio11s ci-apres c¡ui, lo11les, se rattacl1e11l, avec la
rigueur cl'u11 corollaire, ·au pri11cipe q11e la co1111)e11salior1 doit proc11rer aux
parties I équivale11t cl'1111 paie111e11t.
1° Les deux obligations doive11t exister e11tre les de11x 1ncn1es person11es;
:>.º Elles doive11L avoir -pour o)JjeL ele l'argcnl,011 des cl1oses fongilJles de la
'
111er11c '
espece;
3° Elles d()Íve11t ctre liq1tirles ;
4º Elles doivent ctre exigibles.
1° Les clc11x obligatio11s cloivc11t cxistcr entre le.-.: clcu;-c r11e111es pcrson11cs.
C'esl la conclitio11 esse11licllc de la co111¡)er1salio11.
II fat1t q11e cl1acune des parlies figure lla11s ce llouble lien olJligaloire u la
• fois con11ne créancier et co1n111e dé)Jitcur ¡1erso1111el .
.\i11si, 1111 tutcur ne ¡)cut ¡Jas op¡ioser e11 con1per1salio11 ú so11 créa11cier la
dette dont ce dcr11ier cst tenu envers le pu¡Jille; de n1en1e, le délJile11r du
tutc11r 11e pe11t pas op¡><>ser lt celui-ci sa pro¡ir<· crt'•a11ce Cl>ntre le pt1pille
(Civ., 11 n1ars 190'.1, 1). J>. 190:i. 1. 168, S. I!J<l:Í. 1./187). l)c 111c111(! <'llcore, la
créance (!'u11c sc>ciétó C(>111111crcialc c11vcrs 1111 associé JH' ¡)cut 1\Lre 11¡1¡Joséc
c11 co111pc11salio11 ú la ¡ioursuitc (111c cclui-ci i11tc11lc, .'1 raist111 d'1111 1Jr<'\l ¡1er-
so1111cl (111'il l11i a fail, conlrc 1111 111c111lirc llP la 111l\n1e s1>ci1•Lé ({:iv., ¡ l't'•-
. l!JO,l,
vr1er ~ !) . Jl " / ,,
. l!)(l:J.I.q.,~.:-,.• 1¡1oh.1.1;¡.
• ")
~" Les cleux <1liligali<J11s tl1iivP11L a,oir 1io11r (Jl>j('t <le l"11ryc11t <JII cl1•s c/1oses
.fo11r¡iblcs 1ie l11,11i!111ccs¡1ec,· (art. l'..!!11, al.¡º'").
l,a co111¡Je11sali(lll nºest. ¡nis ¡1(1ssil1le lors(¡11e les clcllcs cinl ¡HJ11r <>hjcl clcs
cor¡>s cc1 lains, <>11 11H\111c des ch<1scs f1i11g·il1lcs 1l'('s1u':cl's llil1'1•r(\I1lcs, ¡¡ar
cxc111¡1lc cl11 vi11 et du hlé. l•:11 cll l'I, la co111¡>P11sali,111 (l(>il 111cllrc cl1ac1111e clcs
0

clcux parlics (la11s la 111(\111c sit11atio11 c¡uc si les clc11x ¡>ai<·111c11Ls avaÍ<\III. cu
lieu. !)011c, cl1a<111<\ cr1·ancil'r a le <lr1>iL <l'cxig<'r ce (111i luí Psi. 1lí1 et ll(Jll
a11tre cltosc; ur ccll<1 C(>lllliti(>ll ne seraiL ¡1as rc111¡1li(1, si clcux clcllPs ayanl
clcs ol>jcls clil1'1:rl'11ls ¡1ri11vaicnl s'1!LPi11dr(• ¡1ar Yoie cle C(>llll>ensali<111.
L'urticle I'..!t)t, al. :.i, acl111el ¡io11rlanl ¡1ar cxce¡>t.io11 que, si une (1i>ligalio11
'

EXTI'.'iCTIO, DES OBLIGATIONS

a pour objet une son11r1c ll'arg·er1t, el l'autre une prestalion }Jortanl sur eles
denrécs do11t le ¡Jrix Psi co11slaté par des 111ercuriales, c'esl-a-elire par u11e
cole oflicielle, la co111pe11sat:011 est ¡Jossible. Cette dispositio11 est une in110-
,·atio11 du Coele. \Tos a11cicr1s auteurs repo11ssaier1l en parPil cas la co111pe11-
salion (Poll1icr, Obligc1lio1is. 11° 626, écl. Bugncl, t. II, 11. 339). Le Code ]'a
ad1nise ii cause ele la facilité e¡11'il y a pour cel11i ii c111i il esl cli't eles de11ri'·es
ayanl 1111 cours officiel, de se proc11rer. c11 les Yendant, une son1111e t'·c111i-
,·ale11lc a celle qu'il doit lui-111e111e.
:1° J,r,s clc11x olJlig·atio11s doi,cnl elrc liq11i1les (arl. 1291, 1··•· al.). linc clclle
csl lie1uide lorscru'il cst co11s!a11l q11'il esl cli\ el con1IJien il est d11, a,i
et r¡ua11l11m debeatur.
1\insi, tout d'al1ord, une dette co11tcstée n·cst pas liq11ide et ne pe11t etre
oppos<'·e en cor11pe11satio11, pourv11 to11tefois que la conlestation soil sérieuse.
II r1e s11flirait pas, IJour arreler la co111pensatio11, c1ue l'une des partics s011-
le,,'\.t 11ne n1auvaise cl1ica11e, et souli11t conlre lo11le é·,idence qu'elle 11'est 11as
JéLitrice.
l\lais ce 11'est pas lout. Il 11e suffit 11as que l'exisle11ce de la dette soil cer-
Laine; il fa11te11 oulre e111e le n1011La11ter1 soitcléter111iné.l)arconséq11e11t, si le
1¡ua1itiini de la clellc 11c doit cJtrc co1111u qu'apres l'apure111e11t d'un con1pte,
la liq11idation d'u11e sociélé ou d'11ne con1n111na11tó conjugale, ou l'eslin1alion
d'ur1 do111mage ca11só, la compensalio11 légale 11'opere pas. 11 en serait to11te-
fois a11lreme11l, s'il suffisait d'11r1e ,c'·rificalio11 prcln11)te et facile po11r con-
nailre le 111onta11l de la delte. 11 en csl ainsi lorsqu'il s'agit e< d'u11c créance
dont le cltill're peut clre eléter111inó sans difficullé et sans relard, nolam-
111ent par la si1n1Jle prt'·sentation de 1nc'•111oires laxés el de quitlances cl'offi-
.
c1ers · · · · 1s)) (e·
n11111stcr1e • 18í'>J,
.,1v., :12 aoul - D.1). G-a.1. 3-s J , ,s. 66 .1.1J- 3 J.
·
La co11<lilio11 de liquidilé exigc'-e par l'article 1291 a élé critiquée. Du 1110-
n1ent <¡ue la con1pe11salio11 opt•re de pleir1 droil, a-t-on dit, il n'y a pasa
tc11ir con1ple eles contestatio11s des ¡)arties, ou d11 défaut de connaissa11ce du
qua1it111n. Po11rY11 q11e les Jc11x clcttes aiént coexisté, elles doive11t s'étei11dre
au 1110111e11l 111e~111n 01'1 s'est. produile celle coexislence. Logiq11en1ent, l'ob-
jectio11 esl exacle. l\fais, en })l'alic¡11e, la co11dilion ele lie¡uielilé esl nécessaire
})0111' 1iallicr les i11con,c'·nienls c111e prt'.-~Pr1tcrail, sa11s ce correclif, l'instilu-
tio11 ele la C<Jtlll)Cttsalion. 11 11e faul pas c¡11'11n elc'·l>ile11r puisse refuser ele
¡)ayer sa elcll<', c11 i11voq11a11l 1111e crc'•ance elo11l l'cxislencc est cloulc11:-c, ou
clont la elc'!ler111i11ali(Hl cxig·c ele long11cs eipérat.ie1ns. Ad111cllrail-011, par .

cxc1111>1<•, e¡ uc le loca La i re el'1111 a1>1Ja rl.cr11c11 L, <lc'•)Ji lc11 r eles tcrn1es de son
loyer, p11.l rcfuser de les paycr, sous prc\lexte c¡u'il a so11fl'crt cl'1111 lrouble
ele jo11issa11cc cause'•. 1iar le liailleur, el e¡u'il ¡>11l ai11si rcc11ler le paier11enl de
son loycr j11sc111'au j1n1r 11c11t-c\lrc1 c'•loigné <n'1 la juslicc aurail p11 slaluer s11r
sa {Jlai11le ~ (V. Civ., '.!'.! oclobrc 19<>7, O. }>. '!)c>7.1.5o8, S. I!)O!)· 1.513) .
.'\vanl que la róglei acl11elle ne se f1it elc'·gagée, la co111¡iensalio11 étail 1r1al v11e
de 11otrc anci('JJ I>rclil ccn1t.11111ier,lt ca11se eles facililc\s qu'elle ofl'rail a11x Jébi-
le11rs ele 11u111vaisr. f'1li JHJ11r relareler le paie111c11l. « U11e <lclle n'er11¡>ccl1e pas
l'aulrc )), écrivail alcJrs l,(>yscl. 1\11jo11r1l'l111i, ces i11co11vc'~11ie11ts 11'existe11L
pl11s, élar1L llo1111ée l'cxigc11cr. ele l'arlicle 1:191.

I 18 LIVRE PRE~IIER. - TITRE PllEllIER. - CHAPITRE II

11 faut signaler cependant ici que la pratique a trou,•é le moyen d'él11der


souvent cette regle par l'en1ploi des saisies-arrets s11r soi-n1én1e, opération
do11t lajurisprudence ad111etla validité(lleq.,27 juillet 1891, D.ll.92.1.430,
S.92. 1.225). Supposons u11 dé)Jite11r, créa11cier de son créa11cier d'une obliga-
tio11 non encore liquide.ele telle sorle qu'il ne puisse l'opposer en co111pensa-
tio11.ll pratic¡uera ur1e saisie-opposition entre ses propres 111ai11s. En efl'et,a .la
difl'érence de l'article 12g 1, l'article 559 du Code de procédure n'exige pas
la liquidité de la créance alléguée, po11r autoriser la saisie-arret. De cette
fa<;on done, la saisie-arret deva,ice les effels de la co1npe11satio1i. Seule111e11 t,
elle n'est possible, a défa11t de liquidité clans la créa11cc, crue n1oyen11ant u11
per11iis du président du lribu11al, ce q11i co11slit11e une garantie contre les
abus possibles.
4º Les deux obligatio11s doive11t etrc l'1111e et l' autre exigibles (art. 1291,
al. 1••). Si do11c l'un~ d'elles est a ter111e, la co111pcnsatio11 ne se prod11it
qu'au n1on1er1t de l'écl1éa11ce. 'l'ant q11e celle-ci 11'est pas arrivée, le créan-
cier dont la créa11ce esl ¡Jure el si111ple,a le droil d'exig·er le paie111e11t. C'est
qu'en effet la co111pensation équiva11t au paie111c11t. Des lors, le créancier,
te11u, de s011 coté, d'une dette a terme, s011ll"rirait u11 dom1nagc, si 011 luí
in1posait la co111pe11sati_o11. Cela éc1uiva11drait a le co11trai11clre a un paie-
me11t iinmédiat, et il serait ainsi privé du bénéfice du ter1r1e.
Ce que nous ve11011s de clire 11e s'applique qu'au terme de drotl ou co111•e11-
tio1111el. Au co11traire le te1·1ne de [Jl'ltce n'est poi11t un obstacle a la co111pe11-
salio11 (arl. 1292) .Ce lcrn1c, co111111e on le ,·erra bientot, 11'est e11 efl'et c¡11'1111e
faveur accordée llar le juge au débite11r n1alhe11re11x et ele bonne foi, l1ors
d'état de se libérer. Or le clt'·l1itet1r qui 11ossede, ele so11 coté, 1111c créa11ce
co11tre son créancier, n'est pas l1ors d'état de payer. Il 1Jeut s'acquitter e,z
rnuri,iaie lle cor11pe11salio11, c'est-11-dire par l'exti11ction de sa prc>pre crt'·a11ce.

Des cas exceptionnels ou la compensation est écartée. - Bic11 q11e


les conditior1s ci-clessus indiquées se lrouvenl exisler, il y a pot1rta11t eles
cas 01'1 la compensation ne se produit pas. Ce so11l les s11iva11ts :
1° La co111pe11sation 11'a JJas liet1 a1t ¡1réj1i1lice 1/es droils llCf/'.lÍs 11 1111 tiers

(arl. 1298).
Cetle dis1Jositio11 est fo11clée sur la raiso11 aula11t 1¡11e sur l't'-<¡uilé. I•~llc se
lie au príncipe 1¡11e la co1111ie11sati<J11 agit cc>111111P 1111 1iaic111e11l,. l)es l<Jrs r¡11e
ce ¡Jaie111cnt devie11t i111possibl11 /1 i111p<Jscr, la c1► 111¡H•11sali<>11, 1>aie11H\nt
forcé. a11l1imati<(UC, el, 11ous l'avons vu, llrivil{·git'·, 11<' ¡ieul 1ias 11011 1il11:o;
s'ell'ectucr.
\!11ici les pri11ci¡1alcs ap¡llicalions de celte i1léc:
,\. - U11e .~aisie-11r1·ef a út!'.· (Jl'ati<t•Jée c11trc les 111ai11s clu 1l{·liile11r, ava11t
q11'il 11c <levi11l l11i-111e111<· cr{~a11cinr ele s1J11 cr{•a11cicr, 1,, saisi. Celui-ci 11c
po11rrn ¡1as 1J¡111c1ser la co111pcnsali1>11 JHJ11r éviter 1IP t>nycr sa ¡>r<>(>l'C cl<'lle,
a
car cela é<¡11ivautlrait po11r luí clis1iosPr ,Je sa cri'•a11ce co11lr<• le ticrs snisi,
au préj11clicc cl11 <lr<>il ac<111is /1 1111 tiers. le saisissa11l r,art. , :108, 1 :>. 11·,., C.
ci v.).
ll. - I..e crt•a11cier lo111l1e c11 f1iillite el, 1iostérie11rc111e11l, sc111 1l1\J1ite11r
EXTl'i"CTIO'.\" DES ODLIGA.TIONS 119
'
acc111iert une créance con tre lui. lci encore, la con1pensatio11 n'est Jll11s pos-
silJle, car a partir de la failliLe, Lous les créanciers du con1n1erc,anl doivent
t\lre lrailés égale111e11t el subir la loi d11 concours. Aucu11 d'e11x ne pe11l
. . , ,
rece,01r un pa1c111ent separe.
Cependa11t le 1Jri11ciJJe que la faillile 111el o!Jslacle it la co111pe11sation,
soufl'rc des lcr11pérame11ts notables. 11 ne s'applique pas d'abord aux dettes et
crt'~anccs figurant dans u11 cor1tple courant. l•:n raison de l'indiv1sibilité de ce
co111¡Jte, il cst ad111is que c'est se11le111cnt le solde en actif 011 en passif de
en co111plc qui flgurc da11s la faillite. Et la jurisprudc11ce éle11d la me1ne
sulntion. e11 cas de faillite d'un co111r11er¡;ant 111arié, aux reprises et récon1-
11c11ses de la fen1me. Celles-ci r1e peu,ent etre considérées con1n1e des
ohlig·ations distinctes, indépe11da11tes les. unes des a u tres, mais comme les
1'.lé111ents d'un con1pte 1111ique et indivisible do11t le reliquat final est seul a
considérer (An1iens, 1G mai 1877 el Caen, 2í juin 187{1, D. P. 80.2.215 et
,G.2. 138, S. 7!).2. 145, 11ole de ~1. LabbéJ.
:1º Une créa11ce i12saisissable ne pe11t pas, 11011 pl11s, etre déduile en con1-
lJCn~ation. L'article 1 :193-3° aJJJJlic¡ue celle exception au cas d'une « dette
cl'ali111e11ts cléclarés i11saisissablcs n. l 1ar exe1r1ple, le créa11cier d'1111e pension
ali111e11taire devie11t délJileur de celui qui eloit la l11i payer. Ce clernier ne
¡Jeut JJas invoquer la con1peusalion pour ref11ser de payer, jusq11'a coucur-
re11ce de sa pro¡Jre créar1ce, les arrérag·es de la per1sior1. S'il le pou,•ait
a
cela óc111ivandrait ele ce fait saisir-arreler la pensio11 dont il esl délJiteur,
¡1011,.- en !'aire servir le 111onla11t 11011 pas a l'ali111er1tation du ¡Jensio11r1aire,
111ais á l'acq11iller11ent ele ce q11i l11i cst du.
l\ien que l'arlicle 12!)3-3° ne r1arle <Jue des créances d'alin1ents, il fat1t
ap¡1lir¡11er la 111e1ne regle a l<Jt1le créance i11saisissalJle, c111elle c111'elle soit,
car n11e lelle cr(ance r1e ¡Jeutjan1ais etre le gagc eles cróanciers. l)ar exe111ple,
si 11n cl1ef el'enlrcprise esl clébilcur d'une re11te pour cause d'accident, il ne
11c11l pas refuser de payer les arrt'~rages q11'il tloil a l'ou,rier vicli1ne de l'ac-
ci1lent. sci11s prélexte c¡11'il a fait eles avances en argent, dont celui-ci lui
reste reclevalJle.
(;e tic solulio11, 11ous le verrons r1I11s lcii11, prc11cl une in1porlance consid1\-
ra!Jle cla11s les ra¡1¡Jorls cl11 chef cl'e11lrc¡lrise clt'•!Jile11r du salaire et de
l'ciu,·rier qui se tro11,·erail ¡'¡ sc1n lo11r cl<'·Lilr.11rde sc1r111atron 1io11r11neca11se
1¡11elco11q11c, cle¡l11is la loi du 1:1 ja11vier 18n5 rclalive ¡\ la :,;aisie-arrc'\l sur les
·,
snlaires el r1ctils lrail1)111c11ls <les 011vriers el c1nr1loy<'·s, loi dóclaranl ces
salaires el lraiteu1e11ls insaisissa!Jles j11sq11"ú concurrf'ncc eles neuf'1lixi<'~n~es.
11 e11 r{•sull<i 1¡111\ lors11uc1 le patr1111 est cr{~ancier de sc111 ciuvrier, la cor11-
pP11sa lion, e11 ¡>ri 11ci11<', 11c s' o¡ii'~re e¡ 11e cla 11s cetlc 111es11 re restrein Le d'1111
1lix.i«\111e, e11tre ~a cr<'•anc<' ¡1ers<>n11elle el sa clelle clr. salaire.
:)" l•:111i11 l'arlicle I '.l\):)-1º el :.iº i11clic111e dc11x l1yp11tl1óses d'cxclusion de
la c11111¡i1•11satio11 1¡11i 11'1int pus granel i11t<'•r1~l, car ¡iresque jan1ais, clans ces
li,Vll«>t.l11'.s1's, les cc1nclili1111s 1le la c1111111e11sali<J11 ne sn lrfiuvl'ronl rút111ies.
,\. - J>re111.it\r11 h._y¡1ulh1\.~11. - <>11 s111i11ose 1111P " 1lc111.1i11de e11 r1islit11lion
11'1111c cl1<is1• 1l11nt le 1ir11¡>ri(·Lair11 a <'·ti'· inj11sle1r1<!11l 1lt'~¡1c111ill«'~ n. l,n s¡1oliatc11r
111~ ¡uiut [HIS rt'·si~l1•r ¡\ cPllc de111a11d1•, <·n i11v,ir¡11ant 1111e créance c,111tre le
120 LlVRE Pl\ElllEll. - TITHE PHElllEI\. - CII.ll'ITHE II

cle111anclet1r. Il doit con1111encer par renclre la cl1ose dont il s·esl en1¡)ari'.. (:e
r1'étail JJas la peine de le clire. Car, pour q11c le spolialeur pC1t se pr(•yaloi r
ele la co111pcnsatio11,il fauclrait qu'il se f1)t rer1d11 111a1tre d't1ne so111111e cl'ar-
ge11t, ou d"une certai11e q11antilé de denrécs apparlenanl a son dé!Jiteur. Cela
est tres rare, 111ais non alJsol11me11t sans ex:e1111)le. J\insi, on pe11L s11¡J1Joscr
c¡u'u11 nolaire s'esl e111paré i11du1r1e11t de fo11cls appartena11t a so11 clie11t.
Dans ce cas l'article 129:3-1° aura cet ell'et c111e le notaire ne 1Jo11rrail se
prévaloir d'une clelte d11 clie11t ainsi spolié, pour dill'érrr ou reslrri11dre la
restitutio11.ii lui faire. S¡1olil1lus ,a,ile 0111nill resliluenllus (llecJ., 2!1 aYril
1903, D. }l. 1!)04.I.J ,5, s. 1903.1.(¡()0i.
13. - Seconde liypotliese. - Le déposilaire ou le con111101lalaire 11c 1)euYe11t
non plus refuser de rendre l'olJjet dépos(: ou e111pr1111t1\, en invoc¡11anl la
con11Jensation de ce que leur doil le d<'·posant 011 le preteur (arl. 1293-2";
art. 1885 ). Ici encore, il ne pourrait J avoir co111per1salio11 c¡11e s'il s'agissai t
du dépt>t d'une som111e cl'argenl re111ise it déco11verl (Rcc¡ .. G 111ai '!lº',
D. Jl. rgo3. 1.381. S. 1905. 1.318). Da11s to11s les a11tres cas, l'c>!Jjet ¡Jreté 011
cléposé esl u11 cor¡Js cerlai11, el u11e eles co11ditio11s nécessaires ele la co111¡1e11-
satio11 fai L cléfaut.

§ 2. - (;0111paral!!lon e11tre la couapensatlon f"ra11~else et celle


d11 Drolt alleuaand. lnt.'onséq11ent.'e!ii de la tl1éo1·le f1•1, 11~•alse.

Point de vue différent des deux législations. - La ll1<'orie fra11<;aisc


ele la con1pensalio11, _telle que no11s vc11011s ele l'cx:¡Joser, llCUl se r(:su111er e11
ccttc forr11ulc, que la co111pcnsation cst cl1ez 11ot1s 1111 dollÚle JJaienic11t aúrl;[Jé
et a11tomatiq11e.
La co11ccplion clu Cacle civil alle111a11cl esl clill'1're11le. 11 r1'c11visage ¡las
avanl loul, co111111e le 11ulre, l'11tililé 1'.co110111ic¡ue ele la cc)1111Jn11salion, n1ais
s11rlo11l so11 Jo1tlle111e11l cl'l;<fllÍ/1: c¡ui 011 faiL 1111c i1is/i/11/io11 ,te r1ur1111lie. ],a
co111¡)cr1salion, no11s 1·ayo11s vu, e111¡lecl1c c¡11c lorsc¡u'il y a <IP11x créa11cicrs-
débileurs réciproc¡ues, !'1111 d"e11x: p11isse reccvoir el 11011 ¡ias ¡Ja}cr, JJarce
c¡11'il scrail i11solvable er1 face cl'11r1e ¡Jarlie solYa!Jle. U11 te! rt':sullal, 1Je11l-
or1 elirc, 11'esl JJas se11le111cnl éc111italJle, il csl <'ncorc co11fc1rn1c it J'inlc11lio11
vraise1r1!Jlable eles Jlarlies. SelllYt'nl c11 cíl'<'l, 1lans lt•s ra¡JJJOrls el'all"aircs, 1111<'
pcrso1111c 11e co11sc11l ii fairc crt'·1lil ú une aulre <(11<' ¡Jarce <¡n'cllc csl clt'·jit <>11
va clc,·c11ir la clt'·bilricc ele ccllc-ci, et qu'cllt: co111¡Jlc s11r sa pi·opre tlellc
co111111c g11r<111tie d<) !'avance q11'011 stillicile 1l'clle.
VcJici cl1:s lors les clill"t':renc<·s q11i ri•sullent, entre les tlc11x lt'·g-islalicJns,
1les poi11ls de v11e clill'ére11Ls a11xt¡11els elles sti s<>nl [Jlact'·es.
1° 1~11 Drciil fra11i;ais, l'extir1cliti11 res1JccliYe dPs <lcux: cr(•a:1ccs rt'·ci¡irtl<fll<'S
s'o1i1•r<', 1"¡>.~o.i11re, sil<il 1¡1t'ellcs 1·oc.i;ist1:lll. l•:11 l)r<Jil alle111a1Hl, an ceJnlrairc,
les ele11x tlellcs rcs1ieclivPs 1Hi s't'•l<'ig11c11l ¡¡as tic la sorl<'. l•:llcs cocxisle11l
rnuis e11 se ¡Jaralysanl 11111t.11ellt·11H'lll.; il faudra 11111\ <l,:l'l1tl'ltlio11 a1lres~(•e par
11ne eles ¡Jarlies .'1 l'aulrc 1>c>ur 1¡11<! l'cxt.i11ctio11 r1•ci1>r<HJII<' se ¡>rocl11ise (art.
388, C. civ. alle1r1ar1cl ; <:r. art. 11!1, (;. suissP 1les ()lilig-al.it>11s). 11 11'esl ¡>as
nécessaire clt1 reste c¡11c cellc dt'-claration de Yol<111lé se fassP e11 jusi.ice; ell1·
• - ' ... . ,.

EX.Tl~CTIO'i !)ES (lRLI(; tTIONS I2 1

peul se proclt1ire avant lrJ11le ¡)011rs11ite. 1\jo11tons - et ceci atlé11ue IJeau-


cci11p la portée de la clil1'i'·re11ce - c111·11ne fois la déclaratio11 faite, la cci111-
pensalion prod11it so11 <'ifet rétroactiven1e1it ; les deux dettes s011t ri·putées
1\tei11les clep11is le 111on1ent 01'1 elles po11vaient 1\tre con1pcnsécs (art. 389, C.
civ. alle111a11<l; art 124, al. '.J, C. s11isse des OIJligaLio11s1.
2° Le Droil alle111and n'exigc pas, co111n1c le n{\t.re, po11r c111c la con1¡Jen-

salio11 JJ11isse etre invo1111éc con1111c exce¡Jtion, c¡uc les deux detles rtci¡Jro-
c¡11es soicnt pareille111er1t liq11idcs et exigililes." En ctret, cl1ac¡11e créancicr
11'élant róputé avoir co11scnli iJ l'avance sollicitéc ele I11i c1ue 111oye1111anl la
gara11tie résulla11t ele l'exislence de sa propre delle envers son délJiteur, on
a
11c voit pas pourc1uoi il )' a11rait lieu de s'atlacl1er cette circonstance que
cette dette était ou n'était pas,actueller11ent liquide.
3° Supposons 11ne cletle en,·ers 11n con1mer<;ant, arri,·ant l'état de liqui- a
dité a1Jres la faillite lle cel11i-ci; r1olre J)roit n'adn1ettrait pas q11c le clébite11r
refus:1t de ¡Jayer i1 la faillite, e11 alléguant 11ne cri':a11ce r¡ui luí appartie11drait
a l'cncontre cl11 failli. La cl1ose scrait, au c,Jntraire, possilJle en Droit alle-
111ancl. 11 esl en eíl'ct de princi¡Jc c¡11e les créa11ciers c¡11i 11{· 11i'~licic11l cl'11nc s1i-
reté SJJéciale, lelle q11'u11 ¡Jrivilt'·ge 011 u11e l1ypotl1<'.·que, rcslent e11 Jel1ors ele
la faillite.

Inconséquences du systeme franqais. Renonciations pos si bles a la


compensation. - Nous avons ,·u que la rétroactivilé attacliée it la décla-
ralio,i (le co1n¡Je11salio1t en Droit allc111ancl, atténue consiclérable111enl la
dilfére11ce qui llislir1gue les cleux législations. ;\ l'inversc, notre tl1éorie
fran<;aise co111porlc ccrtaincs sol11tio11s q11i co11Lredisenl, da11s 11nc largc 111c-
surc, 11e caraclcrc ' l'cga l el e notrc con1pc11sat1on: .
'
1º Supposo11s c¡11'a11 mépris de la compe11sation o¡Jéri''c. ur1 eles créar1cicrs-

clé!Jitc11rs poursuive l'autre en justice, et que le défe11cleur 11{·glig·e cl'invo-


<111er cette co111pcnsation. Le j11gc pot1rra-t-il suppl(er d'office ce 111oye11,
it su¡J1Joscr e¡11'il c11 ait, en f'ait, con11aissa11ce :1 ~011 ass11rérncnt. c·est u11
¡lrinci1>e esscr1liel de 11otrc orga11isalio11 jucliciairc <¡11c, sauf' dans les l1ypo-
tlu\ses 01'1 l'orelrc 1>ulilic csl c11 jc11, le j11gc 11e cloil slatucr c¡11c sur les Cf>ll-
clusi1>ns eles ¡iarlies. ],e j11gc clcvra <lo11c co111la11111er le clc\f'er1d<'11r. :\lais,
la cri·ancc cxislant a11 ¡>r1Jlil. <le ce <lcr11icr (la1¡u1~llc logi<¡11c111c11t deYraiL
i\t.rc co11si<lt')r1\e con1111c 1\teir1Lc) rcpre11dra viguc11r, et 1Jo11rra etre irt -
voc¡ui·P, <ians 1111c a11Lrc instance, ¡'¡ l'encontre <ln 1lc111a11rlc11r acl.ucl (lle1¡.,
18 llü\'!'.llil>rc 18:\!J, l)., ,/. (;., \i 0 Oúli[JUtio11s, :>.7!10). Ccttc solutio11 elé-
cu11l1~ d11 l'articlc 1~!)!), a11x tcr111es <l11c¡11el ,1 ccl11i c¡11i a 11ayó 11nc dettc <¡11i
était, d,i 1lrciit, t'·tcint.c 11ar la c111111>1'.11sal.i1>r1, r1c 1Je11L ¡ilus, etz exerra11l !et
crc:,,11c,i 1lo11l il 11'11 ¡1ni11f o¡i¡iosé l<t corn¡ie11sl/fiu11, se J>róvaloir, a11 ¡Jrójuclicc ¡
1lcs li1•rs, 1lcs J>riYili'·gcs 011 l1y1H>lhi'·q11cs qui y ót.aic11t attac!H'·s, e¡ r11oi11s 1¡1t'il
11'c1it e11. 11111i.i11ste ca11se <l'i1¡11orer la 1·r1:c111c1• 1¡11i 1levc1if i:urn¡ie11ser sacie/le n. 11
l'I\Sllllc ele ce lPxle quci le cl1\l>il.e11r 1¡11i récla11Hl le 111011ta11t ele sa J>ro¡Jrc
cr«'•ancc, agit, 11<111 ¡>ar 1·actio11 ert rt'·¡1t':titio11 1Jc l'i111l1i, 111ais llar su11 acti1H1
1>ri111iLiYc, el. 1111'!111P <¡u'il cunscr\'e les g-ara11t.ies acccss<1ircs 1lc cetle créa11ce
/1 l'enc1,ntrc <les ticrs, lurs<111'il rósulle 1les circor1sla11ccs c¡t1'il 11'a ¡>as scic1r1-
122 LIVRE PRE\IIER. - TITRE PRE~IIER. - CHAPITRE 11

ment enlendu rcnor1cer au bénéfice de la con1pensation. Po11rquoi alors l'ar-


licle 1290 avait-il pris soir1 de nous dire que la con1pcusalio11 s'opere « JJar
la seule force tie la loi, ,neme u l'i,isu 1/cs débiiettrs n )
2° Un a11tre cas de re11onciation au béuéfice de la con1pensatio11 (reno11-
ciatior1 tacite, cette fois) est visé par l'arlicle 12!¡ií. Ce lexle s11¡J¡Jose qu 'ur1
débile11r a acceplé puren1ent et si111rile111er1t, sans a11cu11e réscrve, la cessio11
(¡ue son créancier a faite de ses droils a u11 Liers. Ce débilc11r, a SUJJJJOscr
llu·¡¡ soit e11 n1e111e le1nps créar1cier du céda11t, est répulé avoir rc11011cé au
IJénéfice de la con1¡Jensalion. 11 devra dor1c payer sa clette au cessio1111aire,
a
(¡uiltc exercer lui-111e111c sa Jlro¡Jre créa11ce conlre le céda11L.
011 le voit, nonobstant le principe de la con1pensation légale et auto111a-
lique, ce 111ode d'extinctior1, s'il 11e nécessitc ¡¡as de déclaratio11 de ,,oJonté
1·01ifor111e des parties, est cepe11da11t écarté en cas de manifeslation de volonlé
a
conlraire. llar la, 11otre tl1éorie co11ti1111e á se rclier la traditio11 ro111ai11e,
c¡11i ·rai t de la co111 flCnsatio11 le rés11lta L d ·une e:r:ccptio,i exprcsse ou i111 pl i-
cite; elle s'apJJarc11te aux législatiuns plus 111ocler11es c¡11i la su]Jordo1111ent a
11r1e c!('.cJaratio11.

SEC'l'IO~ IV. Co:\'FLSIO:\' (arl. 1300-1301).

Définition. Hypotbeses pratiques de confusion. - La conf11sio11


est la réuniun sur la r11e111e tele des dc11x c¡11alitt'·s de cróancier et de <lól1i-
leur. 11 c11 résullc l'exlinctio11 de la crt'·a11ce, car on 11e peut pas elrc son
¡Jro¡Jrc délJitcur: 1\'c,110 polesl 1i sc111ctipso CJ.·ir¡cre.
Jlralil¡11c111cnt, la co11f11sio11 se procluil s11rluut lorsc¡11e l'1111e des parlics
(levic11t l'l1éritiere ele l'aulre, soit ¡)our le loul, s<1il ¡Jo11r parlic. 11 y a al(Jl' s
PXLÍ11clio11 Lotalc 011 parliC'lle <le l'olJligali<)ll. S11111Joso11s, par excr11plc, fjlie
le crí.·ar1cier laisse lr<iis l1ériliers pour Jlarls t'·galcs. do11L }'1111 était so11 clé-
bileur. L'oblig·atio11 s·í:leinl JJOur u11 1icrs. 11 c11 cst <le 111P111e si le créa11 •
cier succedc a une ¡1artic des IJÍCJIS laissés JJUI' tiüll clt':bile11r. Sa crra11cc s'é-
Lcinl j11sc¡u'á cor1currcnce ele celle parl. llo11r le s11rpl11s, el!<: subsiste C()IJtre
ses c(il1t'-rilicrs.
Ce <111c 11011s Yí'll!JIIS <le clirc 111: s'a11¡1li((IIC !(IIC <lans le cas <H'r la succes ·
siu11 <·st acccJ)lée ¡n1re111e11l el si111¡1lc111t•11L. l,orsr1uc l'(u',rilicr accc¡ilc la
successio11 sous bt':11í.·lice <l'i11vc11Laire, la C(lltfusi<Jtl cessP tic se J)l'o!lt1ire,
¡>arce t1ue les deux ¡1atri111tii11es resten!. sc':11arÍ.•,; j11s(111·tt ce <¡11c lns cróa11-
ciers l1í•r(\<litair1•s aic11l t':lé ¡>a)Í:s. ,\11ssi, l'arliclC' 811·i. :i" al., dt'·ciclc-L-il <¡11c
l'l1t'·ritier LenéliciairP a le 1lrciil 1IP rt'-cla1111•r c1111lr<' la succ(•ssi1111 1(: 11aic--
111e11l tic ses cri•a11ces. l\í:ci¡Jro(¡t1e111e11L, t¡11a11tl il esl 1lélJilc11r, il (l<1il. 1¡¡1yor
sa el elle.
11 e11 esl de 111e111<1 l11rs(¡11e l'ltí•rili(:r a acc(:¡ilc': p11r<'111n11L (•l si1111>le111(:nl,
ni 1¡11e les créa11cicrs (111 les légalaires tle la s11ccessi(111 1lP111a1ul(:11L la sú¡1ar1t-
lio11 eles ¡11ilrir1ioi11es; car la st':¡1araliu11 tlcs 11alri111ui11cs c1111Jecl1c c':galc111e11l
la ct111f11sio11 eles l1ie11s.
EXTI'ICTIO'I DES OBLIG ..\.TIO'IS

Effets de la confusion. - L'article 1300 porte que la conf11sio11 éleint


la créance. 1"1ais cela n'est pas e11licreme11t exact. Er1 réalité, la co11fusirJ11
est n1oins une cause cl'exti11ction ele l'obligation qu'un obstacle a son ex.(-
cution, olJslaclc q11i elurcra autant que la ré1111io11 sur la 111en1e tete ele la
qualité de créa11cier et de celle de clélJiteur. La confusion ne n1et pas fin it
l'olJligatio11, elle la ¡Jaralyse Cette 111ar1icre de voir, qui était d{·jit celle des
j11risco11s11ltes ro1nai11s, explique les solutio11s suivantes :
1" Lorsr¡11'u11 l1érilier est le tlébite11r Ju défunt, il faut co111pter le
n1,J11Lanl de la crt'•a11ce éteir1tc ¡Jar confusio11 cla11s l'actif ele la s11ccessio11,
pu11r le calc11l de la réserve et le paie111eu L eles clroits ele 111utatio11. Par
cxen1ple, un pere laisse trois enfan ts et 120.000 francs, dont u11e créance
de 60.000 fra11cs co11tre i111 de ses e11fá11Ls. Ceux.-ci acceptent ¡Jurement
et sin1plement la s11ccession. Il s'opere une co11fusio11 e11 la personne
clu clébiteur e¡ui élci11t la delte pour un tiers, soit jusq11'it concurre11cc ele
20.000 fra11cs. Si 011 co11sidérait la créance cor11111e étei11te dans cette 111e-
sure, l'actif ele lü successio11 11e co1111Jre11drait que 100.000 francs, et la
quotité diSJJ011i!Jle serait de 25.ooo francs seule111ent. De 111e111e, c'est sur
100.000 fra11cs c¡u'il fai1clrait calculer le n1or1La11t des droits de successio11.
()r, il n'est lJas douteux q11'il faut co111pter la créa11ce tolale con1111e faisant
¡1flrtie de l'actif, lef¡11el se trouve ai11si porté it 120.000 francs.
2º Cette conception de la confusio11 explifJUC seule qu'o11 puisse avoir l1ne

h.,vpolheqiie sitr sa ¡1ro¡1re cltose, ce qu'il est nécessaire cl'admettre si l'or1


Yct1l co111pre11drc cr,rtai11s cas de su)Jrogatio11 (\r. arl. 1251, 2°j •No11s
avcins vu 1¡ue, si l'acc¡uére11r d'u11 i111r11cuble l1ypotl1équé ¡Jaie le créa11cier
inscrit en ¡Jre111ier rang s11r l'i1111r1euble. il est sul1rog·é da11s ses clroits ipso
jure. Parlar1l <le ce ¡Jrirtcipe e¡11c la co11f11sior1 étei11t la créa11ce, 11e va-t-il ¡Jas
falloir dire c1ue, la créa11ce ainsi acq11ise se trouva11t étcinte par co11fusio11,
l'cll'et ele la subrogatio11 se tro11ve a11éa11li des qu'il s'est 1Jroduit? Non;
celtc consc!cJ11encc cst: évitée, si 1'011 se re¡iorte li cettc id{•e que la co11fusion
esl u11 si1n1Jle 1Jlislacle l1 l'exécuticJ11 de l'obligation. Da11s r1olre l1y¡iotl1cse,
la co11f'usion prr,cluira ses ell'ets e11 ce se11s e111c l'ace111éreur, deYer111 créa11cier
l1y¡iothc'·caire ,-;nr S<Jn ¡Jro¡1rc in1111e11ble, 11e (l<J11rra évidc1111r1ent c•xercer ele

po11rs11itPs c1111lrc lui-11tc':111c. l\lais, e111'1111 a11lre cr{·n11cicr, ele ra11g ¡iostérie11r
au sie•11, vicllIH' it ¡1eiurs11ivrc l'cx1iro¡Jrialic111, cla11s l'ordre ouvert s11r le ¡irix
el1~ l'i111111PltlJIP, l"a<"<{tic'·reur <'X}Jrc1¡irii'~ 111H1rra, a11 ra11g c111'il tienl ele la créance
clans lae1u1·ll1'. il a Ólt'. subr<Jgé, venir rc'.11rc11elrc le 111onta11t cl11 11rix ¡1ar l11i
verse'·. C'esl 1111'en ell"et, elans ce cas, il 11'y a ¡1lus celle i111¡1ossibililé d'exé-
culio11. c111i c1>11stit11e it ¡1rci¡ire111e11t parler la conf11sir1r1.

Déftnition. Réglementation générale. - !,a rrrr1isc de elclte cst '


l'c1ha11rlo1i !/l"l//11il c11u• le cri'·a11cier fail ele ses elroits a11 cló!Jile•ur. Si cct
al>anelcH1 11'i•tail ¡•as gral11il, il y aurail. 11c1n ¡1as rc111isc ele clct.Lc, 111ais. sclon
les cas, no,alicin, cn1 1!11/in in sol11l1111t. 1,a re111isc rlc rlelle esl rlonc, en prin-


LIVRE PRE)IIER. - TITRE PRE~fIER. - CIIAPITRE II

cipe, t1ne libéralité, laquelle ccimn1c toute libéralité, pel1t se faire,' soit par
actea cause ele mort, soil c11lre vif:,;. D'ol'1 il résl1lte diverses conséq11e11ces :
1º La capacité reql1isc pour faire ur1c rer11ise ele delle ou }JOur er1 béné-
ficier, est celle c¡ui est ni'·cessaire ¡1011r faire ou rece,·oir 1111e lil1é·raliti'.. J,a
fen1111e séparée ele bicns, le 111i11cur é111a11ci1J<'•, 11ar excn1ple, 11e pourraie11t
pas valablen1ent faire une ren1ise de dette ; un n1édecin, délJilcur dl1 111alaclc
e¡11'il a soigné da11s sa cler11ierc 111alaclic, 11c pourrait pas bt'.·11éficier de la
rer11ise de dctte q11i lui scrait accorclée ¡Jar son client;
2° La rc111isc de dctte <'St sou111ise aux regles ele fo,icl des acles a Litre gra-
tuil, en ce qui conccrnc le ra11porl, la réduclion, la révocatio11 llour sl1rve-
nance d'e11fants, l'olJligation pour le donataire de fournir des alimenls au
donatcur \on1IJé clans le bcsoin.
E11 revancl1e, la ren1ise de dette écl1appe aux regles de forme eles dona-
tions. Ccrtes, lorsqu'elle est efTectl1éc par acle de dcrniere volonté, clic esl
sou111isc a11x co11clitions de for111e cll1 tcstan1e11t, car le lestan1cnt est le scul
procóelé par lec¡l1el u11e ¡Jerso1111e JJuissc assl1rcr ell'et 11 ,-a volo11tó pour le
ler11p:,; c¡11i suivra so11 eli'·ces. ~lais, faite er1lrc vif:-;, la re111ise ele dcttes esl
souslrailc at1x forn1es requises po11r la validilé des do11alio11s e11lrc vifs
(arl. 931 et s.), 11otar111ne11t a l'e111ploi de la for111e notariéc. Celle solution
consacróc expressément par le:,; Cocle:- les JJl11s rócents (art. 397, C. ci,·. alle-
111ar1cl¡ est clu\z 11011s lraditio1111clle. I~lle 11e11l 1111\111e elre cor1~idórée con1mc
i111plicite111e11t consacróe JJar 11otre c:ode civil, puisc¡ue cclui-ci acl111et, no11s
allo11s le vciir, <Jue la re111ise clP elelle pe•11t elre tacite, s'i11duirc de certair1es
circo11sta11ces ele fail (arl. 1 '.1.82 el 1:183).
E11 reYa11cl1e, s'il r1'esl. !)as ut'·cessaire c¡uc la re111isc ele clet.tc revele 1111e
forme délerrr1i11é:e, il est iudisyiensal)lc c¡11'cllc r1'·sultc cl11 cor1sc11len1er1l ¡/es
1/eitx JJarlies, cróancicr el cl{·liilc11r. ),a rc111ise ele detlc 11'esl ¡1as 1111 acle
1111ilatóral. C'esl sar1s clo11lP po11r l'ex11ri111cr que les arlicles 1285 el 1'.187 la
r¡11alilic11l de déch<1rge con¡,e11tio1111elle. Le crt'·a11cicr 11e y1eul clo11c l'ir111Joser au
elt':lJileur. 11 faul c¡11e cel11i-ci I'acceplt•. \·ai11e111e11t ol)jeclera-t-011 c¡11e, el'apres
l'arliclc 123G, le paic111e11l 11011r a11lr11i 1ie11l se faire sa11s l'asse11lirne11l clu
1lt'•IJilc11r. 11 serait facile de rt'·ponclre c111e le 1iaie•111c11t 1io11r a11lr11i 11'enlrai11c
¡ias les cci11sc'•q11c1H'l'S de la re111ist• ele el!'IIP : ¡iar ex<·111¡Jle, ne co11slil11a11l
¡>as une lilJ c'·ralitt'•, il 11'aslrl'i11I ¡ias le 1lt'•lJill'11r li!Jt•rc'· h la r<'CtJ1111aissa11cc
c11v1irs le sol1•c11s, Pl h J'11liligatitll1 dP I11i f'tH1r11ir eles ali111e11ls cr1 cas 1lc
i)esoi11,so11s JJeine ele rt'•v1icalie111.
,\ e¡11el 1110111cnt 11rt'·cis se JJrc1d11ira la lilJt'•ratic>11 clu clc'•IJile11r <'11 cas ele
rP111is11 de cletle ;i 1\11 111c,1111·11I cll' J'oJl'r<' <111 crt'·anci<'I', cH1 ele l'accP¡1lalio11 1!11
cl{•IJilc11r? Nous croyons <¡11'il fa11l ici écarlPI' l'a¡>¡ilicalio11 d1• l'arlicle !Ji\:i,
aux tcr111es cl11c¡11el la elonali<lll ne 1irorl11it el'l'll'!'ls 1111'1'1 ¡>arlir d11 jtiur 01'1
l'acce¡italicJJI 1111 cl<i11alaire Psi ¡i:1r,c·111Hi 1\ la 1·01111aissa11c<' el11 dc111alP11r, J•:11
ell'el, 11011s Y<'rrci11s CJll<' la rc'·gle di' l'arliclc• n:\:i co11slil11e Pll rc\1litt'· une <IPs
r,\r¡les <Íe for111c eles clo11alici11s. I•:lle r1•sln <'·lrangt'-rc ¡'¡ 111>ll'<' 111atit'•rc, ¡i11is-
t¡11c la re111isc de 1letlc csl all'ra11cl1ic elPs co11elilici11s ele fc1r1111• eles acle~s ¡\
litre gral11it. (;p sera dc111c au j1111r <111 c1111i:11rs11s 1•0[1111[11[11111. 1lc l'acce¡ila-
tio11 du clélJilcur, 11c f1)t-ellc JJC>i11l JHlrYe'IIIH) ú la c1>1111aissa11c<· 1!11 crt'~a,1cicr,
'

EXTI'ICTIO'.\" DES OBLIGATIO'.\"S

que la libéralion se procluira, si !'011 suppose - cl1osc rare évielc111111cnt-


e¡uc les deux YOl011tés ne se son t JJas 111anifestécs e11sc111!Jle et dar1s le 111e111e
acle.

Présomptions légales de libération résultant de la remisa volon-


taire du titre de créance faite pa1· le créancier au débiteur. - Nous
avons diL c¡11e la re111ise ele dettc pc11t t'tre Lacite et rés11lter ele cerlains faits
c¡ui la fo11t 1Jrésun1er. L'11n de ces fails sera q11c le créancier re11de ,,olo11tai-
ren1ent au clébiLeur son titre ele créa11ce. Da11s cecas, il est 1Jrésu111ó I11i fairc
re111ise de la dette. C'est la t1ne sol11tio11 Lraclitio1111elle111e11t. ad111ise elepuis
les l{omains (2 § 1, D. De pactis, 11, 14), et qt1i s'cxplique fort sin1plen1ent.
Le geste du créancier qui remet entre les 111ains elu débiteur l'arn1e qui.
seule, lui per111ettrait ele le contraindre a payer, 11e pe11t s'explic111cr c1ue par
sa volonté ele renoncer it le poursuivrc.
Le Code, altéra11t ici les solutio11s do11née,-; jaclis par Poll1ier, et c¡11i se1r1-
IJler1t avoir éLé nial co111prises lors des traYa11x pr{~paratoires (Cf. J>otl1ier,
Oúligatio,is, 11°608, etI<'c11et, t. XIII, lJ. 31, 81 s., 199), fait u11e elisli11ctio11,
suiva11t que le titre rcn1is a11 débitc11r par le créa11cier est un Litre sous
seing privé, 011 la grosse cl'11n titre a11ll1enliq11c.
ce La rernise volontaire du titre original sous sig11al11rc privée, par le
créancier a11 débiteur, fai t pret1ve ele la libt'·ralior1 n, cli t l'article 1:i82.
« La remise volo11taire de la grosse dt1 tilre fait prés11n1er la rcrr1ise de la
delle ou le payeme11l, sar1s préj11llice ele la prcu, e co11lraire », dit l'arti-
0

cle , 283.
Ainsi, le Code tire une préso1111)tion légale de lilJéralio11 en faYeur du
clé!Jiteur, d11 fait de la re111ise volo11laire cl11 Litre constata11L la créancc. \lais
la force prolJante de cettc-préson1plio11 varíe. S'agit-il tl'u11 litre sous sei11r¡
privé, elle est aúsolue ; et le créancier 11c 1Jet1l pas faire la preuve co11trairc.
J~11 ell'et, du 111oment lJu'il s'est elessaisi ,,olonlairen1c11t ele son Litre, c'est
c¡u'il consideSrait la créance con1111e éteinle, ¡Juisqu'il a reno11cé au seul
111oyé11 ele ¡Jreuve qu'il possóclait. S'agil-il a11 contraire ele la re1nise ele la
!/l'Osse 1f1t1i acle a11llie11li1¡1te, la prés<J111¡Jlio11 esl rnoi11s forle; le créa11cier
pcut ¡>rouver e¡ue so11 i11Lcntion 11'c':Lail ¡>as ele lil>érer le clé!Jilcur. C'est
q11'c11 cll'et les acles a11ll1entiq11es <>11 11,1Lariés tle111c11re11t e11 <>rigi11al 011
111i11ute entre les 111ai11s <111 11olaire, 1¡11i ¡Je11l l1111ju11rs e11 <Ic'Jivrcr eles ex¡Jé-
<lilio11s. La re111isc ele la !Jl'osse (011 ¡>re111i1\rc ex11é<litio11 rcve~lue ele la for-
11111le exéc11t.oirc) r1'a <¡11'1111 cll'el ccrlai11, c'csl tic ¡>rivcr le créa11cicr de la
facullécle ,-;aisir 1/e ¡1!11110 les l>iens <l11 <lc'·l>ilc11r. tic J'aslrci11drc, s'il vetrl
rcc1111rir l1 celle exe\culi<Jn, 1111re11clrcj11g<'111c11t c<>nlrc lui. 011 co1r1prcncl <111c
la lt>i 11'y allacl1c <¡11'1111e ¡>rósc1111pli1111 rel11li1•e tln lihc':rati,>11.
(¿11a11l :'1 la l'('IJiisc <i'unc si111¡1le e;1:¡1éllilio1t ele !'acle 110Larié, con11r1e clic
r1e fail <¡11'aslrei11clrc i<: crl•a11cier, !ti cas c':chc'·anl, :\ f'aire les f'raisel'111H· 11ou-
velle cx¡Jc':elitic>I1, a11c1111c Jll't:se>rr1plio11 ele lil>c'•ralit>II 11'c11 rúsulti1. 'l'oulef'ois,
il en cst a11Lrn111e11l lors1¡11c celLP r1)111isc c'·1uane cl11 1uitaire. 11 a litó j11gc'·
<¡ue, llans !Ps ra(>Jl<>rls ele 1111Lairc: /1 cli1!11L, la elisli11cli1J11 ele la grr1sse et <le
0

la sin1¡ile cx¡1<'!ditio11 esl saus i11lérc':l. La re111ise ll 1111c si1111ilc cx¡Jéclilio11 de



LIVRE PI\E~IIEH. TITI\E PHE~IIEI\. - CIIAPITRE 11

)'acle re<;u fait présun1er l'exti11ction de la créa11ce dl1 notaire pour débour-
sés et l1onoraires (Civ., 23 j11in 1903, D. P. r90!,.1.43. S. 1903. 1.343; 7 ja11-
vier r907, D ..P. 1907.1.40, S. 1907.1.11:)).
Les articles 1282 et 1283 donnent liel1 á del1x queslions cl1"licales :
Pren1iere queslion. - llour que la préson1ption s'a1)pliql1e, il faut qu'il )'
ait eu ren1ise volo11taire du titre. 11 est certai11 que la J)Ossession du titre
par le clébite11r n'emporlerait pas libéralio11 de celui-ci, s'il l'avail obte11uc
a
irrégulicren1e11t, la s11ite d'unc perle 011 d'un vol. l\lais cor111nenl établir
le caractcre Yolor1laire de la remise? i\ c¡ui i11co111bera le fardeau de la
preuve ~ On décicle e11 général que la possession tl11 Litre par le débileur est
présun1ée réguliere et, par conséquent, volontaire de la part clu créancier.
En efl'el la bonne foi du posse:-iseur est to11jours présun1ée. Co1nn1enl exiger
du possesseur qu'il produise u11 écrit établissant que le titre lui a élé re111is
volontairemenl ~ Si un écrit avait pu ¡ltre écl1angé entre les parlies, il aurail
été a11ssi co11rt pour elles de récligcr 1111e q11iLLance. 1\insi, 1111e premierc pré-
son1ption, celle de libératio11, re1Josc sur u11e seconclc ¡Jréso111ption, (}lIÍ est
celle de re111ise Yolo11Laire altacl1óe a11 fail de la possessio11. Seule111e11t, celte
deuxieme préson1ption, elle, est en lo11s cas relalive. Le créa11cier sera lou-
jours adn1is ¡\ établir par lous les n1oye11s possiblcs que ce n'est ¡)oint vo-
lontaire111e11L qu'il a aba11do_11né s011 litre aux n1ains _de s011 débiteur (Req.,
17 nove111bre rgo3, D.P. 1904.1.239, S. l!)Oj,1,133).
De1lxienie r¡ueslion. - Ce qui résullc de la re111ise ,olo11laire du tilre, c'est
une ¡1réso111¡1lior1 de libéralion. Mais cclle libératio11 a lJU provc11ir soit cl'un
paicmenl, soit d'une remise gratuilc de delle. L'article 1283 lc dit d'aillc11rs
en lern1cs ex1)res. Da11s qltcl cas consiclerc-1 011 qu'il y a e11 paien1er1t, da11s
quel cas qu'il y a cu re111ise de delle? 011 ré¡Jo11cl quelf1uefois c1uc, dans le
doule, le JJaien1e11l doil etre présu111L'. S'il e11 est ai11si, les arlicles r :i8:i et
1283 0111. él{· bie11 rnal placés so11s la rubrique : De l(l re111ise de delle; ils
a11raier1t. dtt ¡Jre11tlre 11Iacc so11s la ru!Jric1ue : D11 ¡iaierne,il. La solulion 1Jr1J-
posée a11rail ele ¡1lt1s l'incor1vé11icnt de se metlre e11 co11tradiclior1 avcc le
texle ele l'arlicle 1283, c¡11i n1cl s11r le 111<\111e pieel la re111ise de clctle 011 le
paicn1e11l. No11s croyons que c'esl l'i11tlicali(Jll tlu <l<~liileur <¡ui fera préva-
l(1ir en pri11cipe le sc11s lt <lon11cr a11 geste liu cri'·ancier ( \rg. arl. 1 ,G:il. Le
cr{,a11cicr 11e po11rra co111!Jallrc s011 i11tPrJ1rólalio11, si Jp Lit.re ¡>ossi'.·dú par le
<lólJilc11r nsl un acle so11s sci11g priv<'• . .\u cunt.rair('. il 11c>11rra la co11l<.'slcr,
si le <l«'•IJilc11r pc1sscclc la grossc (!"1111 lit.re autl1e11lic¡un. llar cxcn1¡Jle, il
po11rra, ¡\ l"c11co11lre d11 cl{!l>it.Pur ¡1rc'·tr11clanl <JUC le litre luí a <'·t.ú re111is :'t la
suilc <1'1111 paic111c11l, sc111le11ir c¡11'il lui a fail une rc1nise grat.11ile de sa
detlc, cl1ose e¡11'il aurail granel i11t<'·r1\t :'1 1!{·111011lrer, s'il {:lait. 111i11c11r a11
111on1e11L tlf1 la r1)111ist· <111 litre, car alors la rc111ise s<1rait 111111c co111111e én1a-
11a11t cl'1111c 11ersc11111e i11ca¡1al1I<) 1lc fairc une li]J{!raliló.

Remise de dette résultant d'un concordat. - ,\ c,'itl· cln la rc1r1isc 1lc


1lette ci1•il,· et. i111liPi1!11ellc clont. 111,us Y<'I1<111s ele ¡1arlcr, il y a li1~11 ele signalPr
la re111ise clc 1ict.le co111rnerci,1/1• f'l !'o//(•1•fiP1' 1¡11i, <'11 cas 1le faillit,c, r<'!sultP d11
1·oric·or1lnl. )>ar]() c1i11c<ir1lal. le c11111111Pr<:a11l failli 11ht.in11t, 111c,ycnna11t. Y<'r-
se111e11l d'un diviclen,lc, la r<'rr1isc 1lu sur11lus ti<~ sa <IPlle .


EXTI~CTI0:-1 IlES OBLIG,l TIO'IS

,roici les partict1larilés c¡11i clifl'ére11cient cette rcn1ise co11cordataire d'une


vérita!Jle ren1ise ele cletle :
a
1° Ce n'est pas 1111 acle litre gratuit, 111ais un. acle i,itéressé de la parl
des créancier:--. (:cux-ci en cfTct 11'accordent pas le concordat au failli da11s
une per1sée ele )Jienveillance,mais afin d'éviter de fairc u11e perte plus grande,
par s11ite rles frais et délais nécessités par la procédure ele l'Cnio11, 011 par
suite de la clépréciation des hiens c111'c11Lrainerai t lcur liquidalio11 i111n1é-.
diatf' e11 )Jloc. Des lors, le concordat n'établit ¡1as entre créanciers el débi-
tcur les rapports de clor1atc11r /1 clonataire.
2º La re111ise concorclataire 11'est pas toujours 11n acle volo,itaire pour les

créa,1ciers. En efTet, elle résulte du vote de la n1ajorité des créa11ciers. Ceux


a
qui appartienncnt la 111inorité se ,•oient done in1poser un sacrifice auqucl
ils n'ont pas consenli.
3° Le concordat cst un ,noyen de li1¡uiclation pl11tot qu'un 111ode d'extinc-
tion de la clelte. ,\insi, il laisse subsister une oblig-ation naturclle la cl1argca
du failli, do11t la clette peut, par conséqucnt, fairc l'olijet d'11n paie1nent ,•a-
lable. l3ie11 plus, le failli devra payer la totalilé ele sa delle po11r o!Jte11ir sa
réhalJilitation con11nerciale.

SECTION ,·1. - PERTE DE LA ClIOSE DUE ou I\IPOSSIBILITÉ


o'EXÉCUTIO'i (art. 1302-13o3).

L'o!Jligation s'1\teint lorsq11e le dél1iteur est e111peché ele l'exéc11ter pal'


11n événe111e11t indépenda11t de sa ,,olonlé et_, par conséq11ent, sans qu'il )-
ail fa11te de sa part.
llar ex.c111ple, le 1léliile11r doit livrer a11 créancier un objet <léter111iné, et
cet objel vie11t a périr 1Jar cas forluit. 011 bien encare, un acteur s'cst
cngagé u jouer sur un tl1éatrc, 111ais il tombc n1alade. Dar1s les deux cas, le
flébi leur est li)Jéré. Le Cocle civil, dans les arlicles 1302 et 1 3o3, ne prévoi t
qu'u11e l1y¡1otl11\se d'im¡Jossibililé d'cx.éc11lion, so11s le 11am de perle de la
(;/io.~e 1lue. J;arliclc 1:~02 111J11s dil: 11 Lorsc¡11e le corps cerlain et détern1i11ó
a
11ui éLaiL l'1Jl1jel ele l'obligalion, vicnt périr, est 1nis l1ors du con11ncrcc,
<Jtl se 1ierd de r11anicre 1111'on e11 ignore alJsolun1er1l l'cxislcuce, l'obligalio11
csl {·lcir1le si la cl1osc a {Jéri 011 a étú ¡1er1l11e sans la faule cl11 clébilrur. >)
\lais il fa11l évilln1n111enl gé11óraliscr cetle ~ol11lio11.
L'art.icle 13o:{ ajoulP que le <lólJileur ai11si libóré est len 11, 1< s'il y n
c¡11Pl1¡11Ps llroils 011 aclic>ns c11 inllen1nité par rap11ort a cette cl1ose, de les
cl\<lcr it s11n créancicr n. (:ctt.c 1lcr11i1're llis¡iosit.io11, copióc cla11s llotl1icr
( ()lilif¡11fiu11.~, 11° li¡o) se c11111prenail f1Jrl liicn chcz ce!. a11leur, car, ;'1 l'ú1Joc¡11e
oú il t'·crivail, le d{•IJit.e11r 1111 corps ccrtai11 e11 rcstait. propriótaire j11squ·a
la Lradili<JII. 1\11jour1l'h11i, au r•1¡11trairc, 11011s J'avons v11 (V. not.rc 'l'. l'',
¡1. !l'ili), In cri':ancicr 1l'1111 cor1Js cerlain eu 1lcvÍ1\11L ¡ircsqnc lo11j1J11rs pro-
Jlri<'·lairc 1Ii'~s le 1111J111cnt 1111 co11trat: 1iar co11séq11enl, les actio11s c11 in1le111-
11il.t'\ conl.r<' In t.iers a11l<'11r ,le la rierte 11aisse11l c11 sa ¡Jcrs1J1111e, el 11or1 e11
<:elle 1111 llt'·l>ilP11r <111i, 11<\s l1Jrs. 11'a 1Jas e11 g{~nt':ral Iiesoi11 ele les I11i céder,
LIVRE PRE11IEII. - TITRE PRE~IIEII. - CIIAPITIIE 11

J)ar exce¡Jtion, la perle forl11ite de l'ol)jet cl11 ne lilJere pas le clé!Jite11r


claus les cas s11iva11ts:
1 º Lorsque le délJi teu r a pris á sa cl1arg·e lf's cas fortui ts ( ar L. , 3o:i,
,,, ·11 . '
~ (
1 •
'

Lorsr111e le débiteur élait e11 dc111eure ele liYrer l'o!Jjet au mo111e11t ou


:1°
il a pi'·ri JJarcas fortuiL ,art. 130:>.,al. 1'',i11jinc) ))ourtant,n1en1eencecas,
le délJitcur serait lil)éré, s'il pouvait prouver que la cl1ose eut égale111cnt
JJéri cl1cz le créa11cier a11 cas 01'1 elle l11i cut été livréc (art. 1302, al. 3);
3° I•:11fl11, cclui <[ui a sriu,;Lrai t un ol)jet volé ou tro1tvé est lo11jours
1J!Jligó cl'e11 re11drc la Yaleur, n1e111e si cct objeL vie11t á périr par cas fortuiL
arl. 1302. al 4.'·

Effet de l'impossibilité fortuite d'exécution en cas de contrat


synallagmatique. Théorie des risques. Regle de l'article 1138 '. -
011 expri111e quelq11cfois la :-,1!11tio11 r¡ui d(\co11le de l'article 1302 (libération
cl11 (!t•.IJilc11r ¡Jar la fl<'rlc (le la chose. plus g{)11éralc1ne11t par l'i111¡Jossi!Jililé
cl'ex1'.c11lio11 s11rver111e fortuitcu1enl), er1 clisa11l c¡ue le risque i11co1nl1c 1111
l'!"éa1tcicr. Eti efl"el c'est l11i c¡11i esl fr11stré )lar l'efl'ct ele l'évé11c111e11L i111-
pr/·v11 r111i a r11is obslacle á l'cxéculio11 de l'o}Jligalion.
:\Iais c¡11e fa11t-il cl{·cieler lorsc¡11c l'obligation clont l'exécution est clevenuc
ir11¡Jossililr, r{·sulte cl'1111 co11lral S)'ll11llar¡11111li1¡uc, c'cst-/1-clire d':1n crinlraL
e11µ·e11clra11l. JJOt1r les de11x co11Lracla11ts, des obligalio1ts réci¡1ro1¡ues ( ve11te.
lonagc, suciété, ele .... ). I)o11r l¡11i alorti so11t lcs risq11es ~ Qucstio11 classic¡11e
el clo11t Yoici le se11s : /.,'e:cli11clio1i 1l'u11c eles llcux obligalio,is enlrrii'11e-t-ellc
a11ssi l'c.clir1ctio11 1le ta11Lrc :,>
\ ce•llc• r111eslio11, 1111 textc d11 Cocle ró¡Jonel, ele fa(.011 for1r1elle, mais it
¡1ro¡Jos clºn111) seulc catt'.)g<)rie de co11Lrals sy11allag111alic¡ncs, ccux c¡11i co11-
lie1111e11l. ;\ la cl1arge d'1111 eles co11Lractanls, 1111c obligatio,z lle clo1z1zcr, de
cl1)1111er 1111 cor¡Js cerlai11, co11lrals clo11t le 1Jlus caractéristiquc csl la ver1Lc.
l,'arlicle 1, 38 11011s clit q11c le co11tral, e11 11u!111e le111¡Js qu'il tra11sfere la
¡1rri¡1riólc'• ele la cl1ose a11 crélt11cicr (da11s l'<'SJH\cc, /1 l'acl1cteur), r11cl !11 e/tose
1i ses ris1¡11c.~. Cela sig11ifie c¡ue la perle f'<irtuile lin la cl1c)SP, si elle lilic)l"C le
<lc'·hilc)lll' (I<' elc'~liileur lle l'r1liligatio11 el,: elo111111r, c'est-/1-clirc le ve11cle11r) el<'
so11 , dil igal ici11. 11c 111el ce¡ic1ul1111l JJ11s obslal'lc 1'i l'e.cir¡ibilité 1/c l'a1tll'1~ ublir11z-
tio11. l,'acl1l'Lc11r c<H1!i1111Pra <lrinc h elc,oir le ¡irix el<' la cl1osc c¡11'il 11c JH)lll
Jilus a,oir ¡i11isc¡11ºellc a J>t:ri, <il clo11L le: ve11d1)11r 11c luí clciiL JJas lºóc¡11i,alc11L,
sr111s f',ir111(' c!P <lo111111agPs-i11lc':r(\ts, p11is<¡11e•, ¡>ar l1yJHlllu\se, il n'c'•tail 11i e11
faule, ni <'11 ll<'111e11rc.
<:Ptle r<'·µ·l<•, JH)II c'·c¡11ilal>l(',ll11is<¡11'<•ll<: astr,:i11t t·acl1nl<'III' á ¡iayer 1111C' ch1>SC
c¡11'il 11e JH'IIL sP f'airc Ii,rer. csl la I'PJlrod11cti<H1 el la g·t':11óralisati<>II ele cellc cl11
l)roil 1'(>111ai11 relativ<: it la vc·11lc, rt'·glc {:Lcnd11c ¡><•11l-t'!ll'e <·11s11ilc ;'1 !'{•chango.
(;hl'z les l\,1111ai11s I l11slil. :{, ,/,• i:011/. 1•e111/., 111, :.i:{¡, elle s'ex¡>li<¡uait Jlar lP

·· t. Lahhé, }.'lude sur r¡11elques dif{ic11ltt's relatives ,; la perle de la e/tose due; (}11 ,no/ sur
fa r¡11eslio11 des risque.~. s0111·e111rs de /Jroit 1·011111111 .:-; ... ,v. 11,·v. lii,luriquc, t88S, ¡,. 377);
flprecruu, Des ef{els de la faill11e su1· les co111,·ats sy11r,l/11g11u1tir¡11es a11/érieurs, Ann. de
druit co111111ercial, l.!109, p. 273, 390.
E'l:TI'1CTI<l'> DES OBLIG,\'flü:\'S

pri11cipe de l'i1idépe11cla11ce l'es¡iecti1•e tles deux obligatio11s 11t'·e,, lle la ve11le,


opération cloul)le (cl'o1'1 llo11ble lléno1r1i11alior1, e111¡1tio-ve1iclitio), cla11s la-
quclle on envisag·e St'¡laré111ent l'obligation du vencleur et cellc de l'acl1e-
leur, au JlOi11t r1uc l'exli11clion ele l'1111e n'entrai11e ¡las cclle de l'a11trc (V.
Girard, 1lfc111L1el, 5" éd., p. 593, 594) .Mais, aujourd'l1ui, notre conceptio11 de
la ,•ente, et ¡llt1s g·énéralement, d11 co11trat sy11allag·n1atiq11e s'csl 111orlifiée.
Co111111e on I,1 verra bie11Ltit, no11s co11sidt'·rons que chacu11e lles de11x <lbli~
g·alions }. est la cause ele l'aiill'e. Co1111ne11t expliquer, alors, e1uc la rt'gle ro-
111aine ail ce1)enclanl sulJsislt'·, 111algré s011 i11juslice et les critiq11es qt1'elle
suscitait de la part ele 110s ancie11s auteurs (V. Jlotl1ier, Co11trat de ve,ite,
nº 307, éd. Bugnet, t. III, p. I 23), et qu'elle soit 111en1e étendue to11tes les a
ollligations de dou11er 1111 cor¡ls certai11.
Cela tient, a-t-on dil parfois, a un n1otif d'équité déja allég·ué par les
llo111ains. Le créancier, l'acl1eteur, une fois la vente co11clue, aura le bén1~-

!lee des plus-val11es qui surviendraient da11s la cl1ose vendue, en atle11da11L
la livraiso11. Que la cl1ose aug111e11le de valeur, il n'en paiéra pas 11n pl11s
fort prix. Des lors, il est jusle que, a l'inverse, il supporte le risq11c de
cli111inution de valeur, et 111e111e celui de la destruction lolale. :.\lais il y a la
11nc explicatio11 évide111111enl i11suffisa11te. D'autres i11terpreles rattacl1e11l
plutót la solution de r1otre loi au príncipe nouveau du lransfert tle la
pro[JriéLé par le seul ell'el du contrat. C'est, dise11l-ils et disaient déja les
rédactet1rs cl11 Corle dans les 1'ravaux préparaloires (V. les cléclaralions de
l3igot-llréa1r1eneu dar1s l'liLposé des 11iotifs), ¡)arce e¡ue le crtia11cier, l'acl1e-
teur, est devenu propriétaire des le mo111ent du contrat, c¡t1e la perte de la
cl1ose avant sa livraiso11 reto1nbe sur lt1i. Res ¡ierit ,io111i110. I>uisque l'acl1e-
tcur était déja propriétaire au r1101ner1t de la perle. 011 r1e ¡Jeut pas men1e
tlire que le clébiteur (le ,·e11deur) 11'ait pas exéc11Lé so11 obligation. Des lors,
il · est ralionr1el c¡ue l'acl1eteur re111plisse la sic1111e e11 paya11t le prix. l,a
¡Jlacc clo1111ée, par le Code, da11s l'article 1138, a la r<'·gle qt1c la cl1ose
est 111ise a11x risques d11 créancier par le seul efl'et du co11trat, milite évi-
tlc1n111e11t en faveur ele celle explicatio11, qui 11'a cl'ailleurs c¡u'11ne val1-111r
lecl111iq11e, et laisse sulJsisler le reprocl1e tl'i11iq11ité q11'011 peut j11ste1nent
a
a<lrcsser la loi.
'1'011lcifois, C>n re111ar<¡11era c111'il y a clivers te1111Jéra111c11ls ¡1 celle i11juHlicc,
rés11llar1l le ¡¡lus souvent cl11 for1cle111c11l 11c>11veau c¡11'il con, ic11l ele clonr1er
,\ la r1!glc /les peril e111¡1lori :
1° S11p¡lc,stJ11s une ele ces l1y¡Jotl1i'!scH exce¡itio1111elles 01'1 le lransfcrl <le
1,ro¡irit'ité esl difl'éró j11sq11'a11 r110111c11l lle la lradilio11. llar exc111¡Jle, les ¡,ar-
1ies <Jnl for111elle111e11l co11ve1111 que J'acl1clc11r ne dc,·ie11clrait Jlropriétaire
t¡u '.'1 ce 111t ,111e11l. La el ,cJse ventl 11e p/iri l ¡iar cas forl 11 i L ava11l la Iivraisor1.
Si l'on aeloplc, co111111e <JII ele>il le faire, croycJ11s-11ous, le sysl<;n1e r¡ui expli-
<¡i1c la s<il11lic1n ele l'arliclc r ,:{8 Jlar la ri'\g-le: res ¡1eril 1lo111i110, il fa111lra en
t'•carler ici l'aJl[llicalion. l,'acl111te11r clé<:.11 llar la ¡>crte tic la cl1osc, 11'a11ra ¡ias
11 ¡1ayc1r le ¡1rix. ,\u c1Jnt.rairc, si l'1i11 atlOJllail l'a11Lre explicalic>11, cclle ll<·
la ha lance entre la cl1a11ce 1le Jllus-value el le ris<¡lll' 1lc ¡¡crlP, cel11i-ci <l<\Vrait
()11<:0l'P <'!lre 111is ,\ la cl1argc <In l'acl1cle11r.
'!'orne 11 9
1

130 LIVRE l'RE~IIEI\. - TITRE PRE~11Ell. - CH,\PITRE II

No11s voyo11s 1111e applicatio11 de 11otre soluli1>11 dans la dispositio11 de l'arti-


cle 100 d11 Clicle tle co111111erce, aux ter111c-s tl11q11el la 111arcl1a11dise expéeliée
voyage << aux risc¡ues et l)érils ele celui auquel elle ap¡Jarlienl n. Si tlor1c il
s'agil ele 111arcl1a11dises q11i ne clevie11nc11t lJropriélt~ du desti11ataire qne par
la réceplio11 - ce q11i esl le cas da11s di verses l1ypoll1eses tres 1Jralic111es, no-
la111ment lorsq11'il y a cu ve11te ele protluils ;1 fabriq11er - les risq11es clu
voyage restero11t a la cl1arge d11 ve11de11r; la regle ele l'arlicle 1138 11e s'alJlJli-
quera done pas. De 111e111e, e11 cas de ven le de cl1oses tléler111i11ées seule111e11I
in ge,1.ere, les risc¡ues seront lJour le vc11dcur j11sq11'a lcur i11dividualisalio11.
Et la 1ne111e solution doit elrc ad111ise qua11el il s'agit rle 111arcl1a11clises vc11-
dues au poids, a11 co111ple 011 it la 111esure, ta11l qu'il 11·~• a pas eu co111pte,
pesage 011 111ens11ration (art. 1585, C. civ.);
2° l3ien rrue la regle de l'article 1138 ait u11e ¡Jortée plus grande que celle
clu Droit ron1ai11, qu'elle 11e s'a1Jplique pas seulement a la ver1le el a l'ó-
cl1ange, 111ais er1 1Jri11cipe á tout co11lral conle11aut une obligatio11 ele don11er
1111 corps cerlain, ce c¡ui 11tJUS contrai11t de l'éle11tlrc a11x clo11alio11s avcc
cl1arge, 1111 texle for111el, l'arlicle 1807 ,•r ali11éa, y clérog·f' ¡>011r u11 cor1lra1
de celle espece, 11 savoir le contrat de sociélé. Ce lcxtc déci(le er1 ell'et c111e la
pertc forluitc de l'a¡)¡Jort ¡Jro111is ¡)ar un associé, surve11ue aYar1t que la
111ise en soil ell'ectuéc, · o¡Jerc la dissolution de la société << par raJJporl a
taus les lLSsociés >>. •
:)
0
E11fi11, !out le 111011cle atl111el c1t1e la regje qui 111el les risc111es ;i la cl1arg·c
de 1·acl1eleur, n'est• pas <l'or<lre ¡Jublic, el po11rrail etre re11versée 1>ar la ,1,-
lor1té co11traire eles ¡Jarlies. Du reste, l'arlicle 100 du Code de co111111erce
nous en four11it la l)reu,·e: l,a 111arcl1a11clise sortie _du 111agasin du ,e11cleur
ou ele l'ex1iédile11r, 11c>11s elit-il, Yoyage, s'il ,i'.Y a co1Ll!e1itiori corzlraire, a11x
risc1ues el périls <le cel11i lt q 11i elle a11parlie11t.

Oaractere exceptionnel de la regle de l'artícle 1138. Solution du


Droit commun. - ll 11ous reslr á résoudrc une queslio11 esseutielle qui
cst la s11ivanlc. I,a S<>lulio11 ele l"arlicle 1138 ·<loit-ellc se restrei11clre aux
cci11Lrals co11tc11anl 1111c tllJligalio11 ele do1111Pr, 011 d<iit-clle <~lr<\ g·{:11<'!ralisé<'
r·t s't)le11clrc i1 l1n1s l<'S aulres conlrals sy11alla¡.t111ali<IlH'S, au louage, ¡>ar
exc111¡ile :1 La g-t'·11éralisalio11 cle la ri:g·ln esl t':vide111111<~11l i11a1l111issilile. J•:t
cu ell'el, i<' 1111ilil' sur IP<IUPI 111,11s avo11s fait rc¡i1Jscr la sol11li1J11 el'ailleurs
i II ic1 uc cle J"a rt icle , 1:{8 (f"<'S ¡ieril I lo11ii11u), i 11 le rrl i l t1<· l'a llJll ir11 H'I' au x e, H 11 ra l:-
CJ Ui 11°P11lrai11cnl ¡ias 1111 lra11sferl ele ¡1r1>¡>rit'·lé. (;n IIH>lif s1u:cial 1lis11arais-
sa11L,il rcslc,<la11s les contrals sy11allag111ali1¡11Ps or1li11air<)S,lllle cl1acu111: <les
<le11x oliligali1111s cst la c,11tsc de l'autre. 1;1111e s'1\teig11a11t l'aul.c 1l'e\t'·c11li1i11
i>l>ssilJle, l'a11tre <loil llis¡1arailrl' a11ssi .f111tlc ,te c1111se. D"aillc11rs, le (;ollt•
,
cor1tie11l ¡¡Jusi1•11rs a1>1ilicali1111s tle el'll1• r1\gl1·. l,'arliclc 1¡:i:>. (lisj>l>St' 111H•.
si la clrose l1H1<':c es! dt'·lruilP 1•11 totalilt'· ¡>ar cas f'ortuit ¡J1•11da11l la durt'·c
1lu lJail, cel11i-ci csl rt'·sili<' lle ¡ilei11 droil; ai11si, le IJaille11r esl liie11 lilit'·rt'·
(le so11 olJligatir>n ele li1ircjo11ir le l1icalaire <le la clH,sP, 111ais ce tlcrnicr 1•sl
¡iareille111cnt lilJér1' 1le so11 11liligutic111 <l1· 1>a)CI' les l11yers. De 111()111c, l'arli1·le
17!)<> ¡iorlc, c11 cas de ll>uagc d<· lravail conlract,~ ¡>ar 1111 011vricr lravailla11l 1'1

l"a<;u11, c¡uc si la chose 1u'·ril 1iar cas 1'11rluit avar1t la r<'.•cc¡Jtio11, l'ciuvricr n'a
)

EXTl'ICTIO'\' DES OIJLIG,t TIO:XS

¡>as lle salaire h récla111rr. l~l r1ous ra¡)¡)elo11s la soluLion ar1alo¡.;-11c Je l'arti-
cle 1867, r11111alii•rc ti<' so1·it'·t1'.. ])t'~s lors, la llispositio11 de l'arlicle 1138 ¡1e11t
elrc considt'·réc con1111e u11e exce¡)li(lil, propre aux seuls contrals c11lrai11a11t
Lra11sferl de proprit'·lt'· 011 lle llroils réels. IJa regle e,i moliere 1/e contrat SY- •
1tallag1nalir¡ue es/ 1¡1u· l,· ris,¡1ic est 11 lct cl11trge 1l1t clébile1tr, C(' (111i si¡,;-11ific
(111r l'exli11ction d'11ne ¡1]>ligation s11rve11ue par l'i1111)ossil)ililé fortuite de
so11 exó1·11ti(1r1, c11Lrai11c 1'xlinclio11 de l'a11Lrc preslalion. <)11 llit ([lle le
1·is(111e inc11n1l)e au lli'.·bile11r. ¡1arce que c·esl lui, c11 défi11ilive, ([lli a11ra á
¡1,ilir clu cas fortuil. 11 est ,rai (111'il est lilléró ele la preslalio11 i1 la(¡11elle il
:-;'r'•Lail engagé, preslaLÍlJll ([t1i, a¡J¡Jare111111e11L, était po11r luí d'un accon1¡Jlisse-
1r1e11L co111111ode et facile. 'llais il 11e ¡Jo11rra. exi¡rer la prestation qn'il a,·ait
:-;lip11lée il so11 ¡)rofil et ([lli, ¡)rolJalJle111e11t,- était utile et i111porta11le a ses
VelIX .

La sol u Iion de pri11ci 11e e¡11e nous avo11s do1111éc a la queslio11 des risr¡ues, •

csl si Jiien la seulc c¡11i soit confor111e a l'ée1uité el' ii la naturc 111[q11c eles
0

cr>ntrals sy11allag111atiq11('S, f[1I cllc a lo11jo11rs {•t¡\ aJ111ise -alJslracli()lt faite.


11al11rcllcn1e11t ele l'l1ypoll1<'·sc el'une ,·c11Lc el lle celle ll'un écl1a11¡.:-e, ta11I ¡Jar
le l)roit ro1J1ai11 rruc par 11t1s a11cic11s a11tcurs (\r. 5o, D. 1le acl. c111¡Jti el 1•end.,
XIX, 1 ; :{o§ 1 et :15, ~ O. 1). loe. co1i1l., \_[\_, 2 ; Poll1ier, Lo1ia1¡c. 11· 309,
(·el. Bug11et, t. I\', ll- 1 lll). La j11rispr11lle11ce de 110s tribu11aux l'a Jlilreille-
111ent consacrée (CiY., 111 aYril 18a1, D. 1). !JI.r.329, S. 94.1.:)!)': llce1.,
:>. r11ai 18¡¡:1, D .. IJ. !):{.1_;-101). Elle a cu 11ot.ar11n1e11ta e11 faireele fr&q11entes
a1Jplicali()11s, a11 co11rs tle ces cler11iere,- annécs, a la suite ele la clissol11tion

(les co11grt\galio11s. \c,111lirc lle religie11ses 011t réclan1é aux lic¡11idaleurs la
re:-;lilution ele le11r clol 111011ialc, e11 in,·oq11anl ce fait q11e l'exéc11tion de
l'olJligatio1\ réciproe¡11e ele les faire profltcr des aYantages de la Yie co1111111111e
c<llllraclé.P e11vcrs elles par la co11gr(·gatio11 elisso11tc, avait éLé re11due i111pos-
silile du J'ail de la <lissol11Lio11. Ce raiso1111c111e11t, qui a cu g·ain ele ca11se
(lPvant les Lrili1111aux, {·Lail c11 réalit(· lirú de la ll1éorie des rise¡11es que 11ous
,1•11ons d'cx¡J<Jser (\'. CiY., 13 111ars 1907 el 4j11ir1 1907 (:>. arrels¡, D. Jl.
•!107.1.281, 11otr ele \l. I1la11iol el D. P. 1908.1.191, S. 190 1 . 1.:{:>.1. note de
\1. Cl1avcuri , 111.
[lJnsicurs arrels 0111, ¡'¡ [¡¡ vt'·rit,··. 11Lolivé 1111 ¡)e11 difTére111111e11l lnur décisio11.
[Is onl 11r{•sp11Lé J'exc111plitlll t!'t•x<'•c11ler :,,()JI ol>ligat.ion, accorclée a11 el{•IJilcur-
cr<'•ancicr 1¡11i lle pe11t tlhle11ir l'cx(\ct1lio11 (!C sa créa11ce, COllllllC llllC a¡J¡)li-
catio11 el<~ l'arlicle , 18 11 <(llÍ, nous allo11s le ,·oir, orga11ise ela11s ce cas, a11
¡1r(1fit (111 cr<'•ancicr f'r11slr(\. l'l/clio,i e11 résol1tlio11. l,'i11lért~l <l<' celle a11lrc
0
i11l.el'[lrélati(i11· c'esl ((lll', la rt'·sol11lio11 (! 1111 conlrat 11c !l011va11l r,''.s11ltcr q11e
(! 1111e llécisio11 j11llit·iairc. le crt'•ancie!', ¡>our se llispenscr d'ext'c11t(~r sa [)l"O•
0

pr<1 ol>ligati,)11, csl ct111lrai11l ,le s'aclresscr .\ la j11slice ; il 11·cst. ¡¡a:-; li-
1,,'·ré ele ¡>l<'i11 droil: il y a lo11jo11rs ¡Jlace Jlo11r 1111e a1i1Jréciali1)11 des
111agislrats. i\c)11s erc1~(>IIS ccllc n1a11i1n·c ele Yuir i11exacle, a11 111ui11s e11
parlic. ~<JIIS st1111111es ici c11 clcl1<Jr:-i dn clo111ai11e ele l'acticl11 <'11 r(·sol11Lion,
car 111,us verro11s <[11<' l'arlicle , 18!1 a lrail sc11le111er1l ;'¡ l'l1y1J11ll1esc 011
l'i11c1x{•c11t.in11 <le la tlt•llc r<'.•:-;11llc du fail cl11 (!11liilc11r, et 11011 pas. Cll111n1e
dans les cas aux(111rls 11011s 11c1us rcslreig11<111s acluellc111c11l, ¡'¡ ¡;elle 01'1 elle •
(',-;I la COIIS('{!IICIICC ¡)'un cas forl11il.
LIVI\E Pl\E~IIEII. - 1'ITI\E Pl\E~IIEII. - CIIAPITHE II

l)o11r ce <¡11i esl ele la <[Ueslio11 ele l'i11lerYe11lio11 11éccs,-;aire cl11 jng·e, ,·lle
11ous 1)arait résolue, ¡)ar le Droi t l)Ositif, el'1111<' 111a11i1\rc clifl',:re11tc, sed.,,1
1¡11'il y a e11 cleslr11ction totale 011 seule111e11t clc,;lr11ctio11 l)arti,,llc l~l ri,·11
ele 1)l11s ratior111el <1ue la clistinctio11 faite ici ¡)ar l'articlc 11 :>.:i. relalif il e:--l
,·raí á la rnalierc el11 louag·e, mais q11c, scl<J11 11011:--, il c1J11vient ele gé11érali-
scr. Cet arlicle 11ous llit c¡u'e11 cas ele lleslr1tclio11 tol(tfe rle la cl1ose lo11t'•,•,
le ]}ail cst résilié <le JJlei,i clroil ; el<)IlC ¡)as cl'i11tervc11Lio11 cl11 juge. l~l 1·11
efl'et sur q11oi ¡lo11rrait porler cetle a1lprécialio11 :1 \la is l'arlicle ajoute : ,, Si
la cl1ose louée 11'esl clétr11ite 1¡1t'c11 JJarlic, le ¡)re11e11r pP11t, s11iYar1t les cir-
co11:sta11ces, clen1a11der ou 11ne cli111inulio11 cl11 ¡lrix, 011 la r1"silialio11 11u~111t·
el11 co11trat. >> Done, e11 cas de clestr11ctio11 parlielle, 11ne actio11 e11 juslice
est nécessaire. Le tribunal aura á apprécier c¡11elle est l'1"tend11r 1111 sini~lrP.
et s'il l)l'ÍYe á ce poi11t l'autre ¡)artie cl11 lJé11éfice cl11 co11trat 1111'elle puis,;1•
se clisJJe11ser ele payer sa propre dclle. C'est cla11s cetlc 111es11r,~ se11le111e11l
1111'il co11vient ll'approuver les crrc111c11ts ele la j11ris1>ruele11ce (\-. 11olc 11<'
~l. l)Ja11Í<)l sous D. l). (JI .1.:~29; (~f. Ci,., :iG clécc111l)re l!JO(J. r). }). '()01 .1.
:118, S. l\)º'•·'·!109; lleq., 26j11illet 190\), D. J)_ 1\)11.1.:i:i, S. 1q1c>.1.¡1.
\jo11lo11s e111e la discussion oll're l>ea11cou1) 1111)ins (l'i11Lér,\t •111'il 11e s1·n1-
])le ii 11re111iere vue. D'abord, au cas ele rósisla11ce ele s011 ad,ersaire, la 1>ar-
t ie c¡11i in,ocruc l'exli11ctior1 clu co11trat, 111e111e e11 cas ele <lestr11ctio11 tolal1·.
est ]Jic11 cibligóe ele s'aclresser it la juslicc; n1ais, cl'a11lre })arl, il y a lit 1111<·
si111¡1lc for111alité; car le LrilJu11al 11e 111a11c111era ja111ais ele JJl'<111,J11cer la rt'·so-
J11lion, s'il y a i111¡Jossi)Jililé
.
co111plt'ile pour le elc111a111leur ll'nlitcnir au(·11n1•
11rnslalio11 111e111c partielle de s011 co-contracta11l.

La question des risques en cas d'obligation de donner condition-


nelle. - l,a regle gé11órale l¡11c 11011s av1J11s elt'·gag·óC' ne rt':(l11il JJas se11Jc1111·11t
a11 ra11g· ll·cxcc[Jlio11 l'article 1138; elle va 111e\111e llt':IJore!Pr ,,;11r Je 1l,,-
111ai11e spécial ele ce lle cxCC[)lÍ<J11. Et, cr1 efl'el, la ,;ol11tio11 ele l'articlc 1, ;;:,.;
est t'.•carlée 111en1e ele,; o)Jlig·ati1111,; ele clo1111cr un corps certain. l1Jr,-<111'cllc:--
se>11t co1i1lilio111ielles. <:'csl ce (¡11i r,'•s11ltc ele J'arliclc 118:>., ali11,'·as, el •1. e:('
lcxlc s11¡)¡Josc u11c olJlig-alio11 1le llonncr (disu11s IIIH' \C\lll<· 1 co11lraclt'·e
S<HIS 1111c co1t(litio11 s1ts11e11si1•e. l,a cl1usc ,i,~nl /1 ¡lt'·rir a,a11I (¡11,· la conclili.,,1
soil rt'·alisóe, Jluis la conllilio11 se rt'·alis<'. l,c ris(llH', 1lil l'arlict,, , 18:1, csl ;', la
charg·c elu 1l1:bite11r, elu Y<)1Hle11r; l'aclH:le11r 11'a11ra ¡ias /1 JHl)<'I' le ririx. f:1•111·
soluti1>11 esl, <Jll le t't)lllill"<(IICl'a, <'11 cu11lratlicli1111 a,1•c le 11ri11.:i¡H' (1111• la
c<H1elili1H1 ¡1ro1l11it. 1111 ell'Pl rt')lroactil'. <:ar, l11g·i1¡11<'1111•nt.. la c,,11,lilion s','·ta 11 1
' ¡·IS<'<',
rea ' I' ac 1H' l <)lll' <1t•vra1'L e'1 rn c1.>11s1e
. l PI'<'
' ' co111111(• a,,an.1 e'l.1:' ¡1r11pr1<•la1r,·
. ' . 1" 1
la cl1t1,;p ,·cn(!uo <lt'·s le 111<1111cnl ele la vcnlP, el. il <l<',rail, (!t':~ l,11,-, suliir l'<'l'-
f<)l (le la 111axi11t(): lil'S ¡1erit 1[0111i110. <:'est l'1'-<111it/, q11i a fail t'·,·arl<'r i,·i la
r('!g-ln dn la rt'·lr1i:1cti,·ilt'· lle la C()ll<liLÍ<lll, la1111oll<'. elll In Y<'rr,1 LiPnl<Jl, 11·.,s1
11'aille11rs (¡u'1111e si111¡>lc ficli1Jn.
,\j11ulo11s 1¡ue cell<i s11l11Lio11 t'·<1uilahln s·a1>¡1liq1H' 1•11 ca,; 11<' 111·rl,1 parli,·111•,
<'<1111111c <)11 cas lle p<'rln lolal<'. l•:11 cllcl. au, i(:r111p,; 111\ l'arl.ii·l1· 1 1H·1. al. :1.
<la11s Incas d1) 1lt':lc'·rit1ralio11 (1111 1ln (H\l'le 11arti1·II<•) 1'11rl11il1•. l'acltei1•11r a
1'0¡1lio11, 1i11 ll'exiger la cl1t1se lcll<' <¡111dlc, <JU lit• l'airn rt'•s1>11u:,• 11) co11lral.

EXTI'ICTIO'i DES (JIILI(; \TIO'IS r33


ll 11c 111ancJllCra ¡)as ele ¡)rcr1elrc ce seco11el ¡)arti, rejeta11l. le risq11c sur le
ve11tleur, si la eles! rllctio11 l)arliclle esl de quelque in11)orlar1ce.
(¿ue fa11t-il cl{·cid<'r au cas d'u11e o}Jligation dé do1111er (cl'une vente) so11s
,-u111lition r1 1.,·1,l11toire' r,a cl1ose ,·cndue sous co11dilin11 résol11Loire péril for-
t11ile111e11t cl1,,z 1·acl1eleur,puis la conditio11 se'réalise. L'application du prin-
1·i11r, ele la rél.roacli,itó de la co11elitio11 parail ici elevoir n1ellrc les risq11es a la
.:l1argc el111l{•IJile11r(elu vende11r) e¡ui, eles lors, l)ien e111e fr11slré de la fac11lté
tic rc¡1rc11drc: la cl1osc, elcvrai t n{·a11moins rcstituer le ¡)rix. Voici con1111c11 t
011 l'aiso1111crait. I1ar l'efl"cl de la co11elitio11 résol11toire accon1plie, dirail-on,
le ,c11dcur est rép11té 11'avoir ja111ais cessé d'etre propriélaire. Or, res JJerif
,{0111i1io. Cepe11ela11l, c'esl l'opi11io11 contraire_qui pré,a11t; elle n1et le risque
;\ la cl1arge d11 cri'·a11cier (ele l'acl1eteur), ce crui signifle q11'il est fr11stré elu
tlroit de réclar11er la reslit11tion ele son prix. F:11 effet, la cor1dition résolu-
loire n'esl. q11'11ne a1J1Jlicatio11 J"e11.1•eJ"sée de la conclition st1spcnsive. Oblir¡a-
tio JJUl"a es 1 • se1/ s11h co11llitio11e 1·esolPilul'. l)a11s une vc11Lc sous co11elilio11
rc'·solul<Jirc. il y a e11 réalitó t111e ,·c11tc ¡)ure et sin1plc, mais dont la r(·solt1-
I inri esl s11IJorclo1111ée á u11e conditio11 s11spc11sivc. Des lors, une fois la
conclitio11 r{·aliséc, le ve11det1r est créancier de la restit11tion, l'acl1elct1r, dé-
liilet1r.Par crJnséc111e11l,at1ct111 texlc ne slatuant s1Jéciale111c11l sur nolre qt1es-
l ion, il n')- a qt1'ú a111)liq11cr l'article r r 82. Les risc¡11es cloivcnt elrc á la
cl1arge <ltr elt'·l>ilc11r. c'esl-a-<lire, ici, ele 1·acl1etcur.
La j11ris1lr11ele11cc fra11\aisr 11c co11tici1t at1c1111r el{•cisio11 rclative it ce ¡1ro-
J,lt'•111e trl,s clc'·lical. ()n 11c peut citcr, en cetle n1ati1\re, q11'11n arre!. de la
llaule Cot111les l'ays-Ilas(r9 déccrnl1re 1879, D. P. 80.2.90, S. 8r.q.'.l3). Cct
arr1\t <l1'ci1l1·. conlraire111cnt /1 notrc opi11ion, et ¡)ar 1111c a1J})licatior1 rigot1-
rn11se d11 Jlri11ci¡1e tic la rélroactiviló dPs co11elitio11s, qt1'e11 cas de d{·Lí·riora-
li1Jll ftJrluile de la cl1ose ven<ltrc srJ11s conelition résoluloire, le ver1cle11r, la
c11111Iitior1 v"nanl it s'acco111plir, es! 0l1ligó ele re¡,renclrc ce! ol,jcl ela11s l'{•tat
1111 il se Lronve, el rlr rcsli luer le l)rix .

S1111s cclll' rul>rit¡uc, 11c)11s allo11s i,t11cli11r eles c>p<'•ralio11s juriclic¡ucs <¡11i
111• ccH1slit11r11l {las it 1>ro1)re1r1c11l Jlarler des ca11ses cl'exti11cl.io11 des ol1li-
galitHts, 011 1¡11i, clu 1r1oi11s, 110 les c'·Lcig11e11l c¡n'i111lirc1·fe111e11l,e1i r1111:u,1tissa11f
/'111·/1•, le co11fr11f 1¡11i lettl' <lo11ri11it 11ciissl111c1• . .\ ccl c'•gard, <>JI 1>c11L les rap¡1ro-
cl1P1·, cc,111111r a fait l"article 1:i:{t,. <le la 11ullitt', 011 rescisio11 el. (!e l'cfl"el ele
la co11clitio11 r{·sol11Lclirc. ;\Iais, 11cH1s avo11s clt'·jit ¡1arlc'· 1l1\ la 1111llilé 011 rosci-
:-i1n1 eles contra Is it JJl'Cl}JlJ:- (!e la Ll1úoric <les inca¡1acilés (\.. 11111.rc t. I, JJ. 5!16
s. 1, el 11cH1s c•11 rP¡ia rl<'r1i11s ú 11r1>1>os ele la Ll1í:1lri1\ eles 11ites 1/e lit llolonté. 1~ l.,
11t>11s traitcrc111s 11lus l11i11 ele l'cfl'ct ele la co111lilio11 rc':sc,l11Loir<', c11 c':t11elia11l _
Jps IIH><lalil{·s <IPs oliligali,,ns. (;'psl ¡1011r1¡11c,i 11011s 11'{\L11cliero11s ici 1111c la
r1:so/1tlio11 <'I la ,.,:sili11fio11.
134 LIVI\E l'RE\IIER. - 'l'ITRE l'HE\IIEH. CII.\PITHE 11

~ 1. - J)e la 1•é!!ittl11tlon .i•••llel11lre 1•

Le principe. Son fondement en droit et en équite. - Da11s la Scc-


tion précécle11tc, nous a',ons supposé e1u'u11e o!Jlig·ation 11'a,ail ¡Jas été cxé-
c11téc par s11itc el'1111e impossibililé résulta11l cl"t111 cas for.t11it. S11p¡1osons
111ai11tc11ant q11e l'i11exécution tie1111c ii la fautc clu dt•IJilcur. Lors<111'il en cst
ainsi, au 111oins si l'o!Jligatio11 résullc d'u11 co11tral SJ11allag111ati1¡11c, la I,,¡
per111et au créa11cier de den1ander c11 juslice la r<'·sol11tior1 elu co11trat,ce q11i
aura ¡Jour conséquence de l'cxonércr de sa JJro¡Jrc obligalio11,si l',)tl s11pposc
qu'il ne l'a pas encore exécutée,et de luí fairc rcstil11cr ce e1u'il a f,Jurni déjit,
si l'on suppose qu'il a exéc11té la prestatio11 qui lui incon1]Jait. L'actio11
qui a1JPUrtient au créancier a cette fin el q11e co11sacre l'article 1184, est l'l/c-
tio,i e,i résol1itio11.
11 11'y a pas besoir1 cl'insisler ;;11r le foncle111c11l ratio11nel ele cctte actio11.
La ri'·sol11lion d11 co11Lrat, au cas cl'inexéc11lic111 clr la parl cl'1111 11,~s conlrac-
ta11ts, s'cxJJlique par les 111er11es co11sidéralio11s c¡11P l'cxtinctio11 1li'·co11la11t
du cas fort11it. Elle est la conséquence logiquc clu lie11 q11i, clans les ccJntrats

a
S)·nallagmatiques, u11it !'une l'aulre les oblig·ations des deux contracta11ls .
Elle cst-aussi le con1plén1e11t néces:-aire ele la protection que 111érite le co11-
tractanl. l.a résol11tio11 est souve11l 1111 rc1111_•<le ¡ilus si111¡ile, ¡Jlus <!fficacc lllll'
l'aclio11 en exéc11lion dirigée co11lrc ·I'a11lrc J)artie. Co111111c l'a tres l>icn dit
la Co11r ele cassalio11, (1 la résolutio11 pro111)11ci'·e J>ar l'article 118!1 cst la
con:sécratici11 de cette regle d'équit¡', c¡11i 11e JJcr111ct ¡1as lle laisser 1111 tles
cor1tractanls da11s les liens el'1111 co11trat, clo11l l'a11lr<' partie 11e lui fourr1irait
pas l'éc111ivalcr1t » (Civ., 2!) 11ovcn1J¡re 18G;i, l). }l. nn., .'.>.7, S. 6G.1.:11).
Scule111e11t, les 'ter111es <la11s lcsquels l'arlicll' 118l1 i11stit11c l'acli1J11 c11 rt'·-
sol11tion, so11t assez é11igmalic1ucs po11r 11éccssitcr (les explicalions el 1111(•
étuele eles cirigi111's de cctlc aclio11, scul 1110Jc11 ele pciss{·elcr la cié du tc-..te
11ui la r<\g!r, et cl11 r{·gi111e c111i l11i a {\t(\ clo1111t'· ¡>ar la loi. Voici er1 ell"ct co111-
111cr1t s·cx¡irirne l'articlc , 18!1. H /.11 co111/ilio11 r1:sol11loir1'. csl lu1tjours so11s-
l'nle111l11l' cla11s les cc>11lrals sy11allag111ali1¡ucs, JH1ur ll' cas 1J1'1 l'unc eles (!oux
Jlarlil's 11c satisfera ¡>oi11l .\ so11 c11gagc1r1e11l. --- l)a11s c1• cas, le co11trat 11'Psl
poi11t r{·sol11 de })lcin (fl'llil. l.a ¡iarlie cn,crs la1¡1udle l't•ngagc111c11l 11'n JH>int
été ex{·c11tt'•, al<' cltc)ÍX 011 <le f1>rcPr l'a11lrP it J'px{c11licJ11 (le la co11v(~lllic¡11
lc>rs<111'e]ll' cst p<>ssiiJl11, 1111,I'e111ln111an<IP1' la r/·sol11t.icn1 avec clo111111ag·ps 1\I
i11tt':rets. --- l,a r<'·s1>l11Li11n clc,il ,\trP clP111an1l{•p 1•11 j11st.icP, et. il peut ,\t1·<·
accorelé a11 1l{·fe11cleur 1111 1lt'·lai sPl11r1 )ps circ1111sta11cl'S. n
011 le ,·1lil, I<~ (:1Hlr. llrt'•scntc la rtsol11li(111 d11 co11lrat ¡>0111· ca11sc <l'i11c\t'·-
c11tio11 ele la 11art. llt1 llt'·liil<'III' cr1111111e le rc'·s11ltal 1/'11111• 1·0111/iliori /'( 1so/11-
toire lrtcite 011 so11s-e11/e,r1/111•, al11rs <111e c'P:-1 <'11 rt'·alitc'! le rt'•s11llal d'1111P
dúcisir>Il j1uliciairr, ain:,;i que le cr111:-tal<' <l'aillP11rs _la scco11<l(' ¡lart.ie dl'
l'arliclP 118'1, la1¡11<•llc se lro11Ye ai11si 1111 c1111tra(!i,·Li,111 avec la JJrer11i1'.1·<·.
Jl<lllr cc1111rire11clre cr.tt.e clis11ositio11, il l'a11l rP11111nl('I' a11 l)rr>il ror11ai11.
i. Picnrtl et l'rudhornme, De la résolulio11 j11dir.i11ire ¡1011r i11cxec11ti1111, l\r,v. tri111. ""
Droil civil, 1!112: :';P.chilch, l'action e11 rrso/111io11 da11s /,•s co111rats, thi'•sc Paris. IOO!l ;
René t.:assin, lhcse préril(,ii.
EXTI'ICTIO'.'! DES OllLIG,\ TIO'IS

Origine historique et portée de la regle de l'article 1184. Carac-


tere judiciaire de la résolution actuelle. - .\ Ron1e, l'idée de la résol11-
tio11 Iégale du co11trat pour ca11se d'inexécuiion n'existe pas.Si le débiteur ne
ren1¡Jlit JJas son (ll)ligation, le créancier n'a en pri11cipe qu'une ressource,
c'est de l'y contraindre par toutes les voies de tlroit. D'ou, e11 cas de co11trat
,-y11allag111atiq11e, 11n risque po11r celui qt1i c:xéc11le le pre1r1ier. Seule111er1t,
cette r<')g·le co111porte divers ter11péra111ents:
1º ]~11 cas ele ,·ente a11 co111pta11t, la pro¡Jriété ele l'ol)jet ve11du n'éla11t
lra11sft'~rée ;\ l'acl1ele11r t¡ue lors du paie111e11t du prix, le ve11<leur q11i aurait
livré l'objet peut le revendiquer, s'il n'est pas payé. Il n'y a do11c de risque
pour lui que s'il a accordé t1n ter111c ;\ l'acl1_ele11r, c'est-a-dire e,i cas <le vc,ile
a cré<lit ;
2° Lorsqu'il :r a contrat synallagn1atique et, par co11séquent, deux obliga-
tions r{ci¡lroc1ues, et q11e le co11lrat est n1uel s11r la c1uestio11 de savoir q11i
cloil paJer le prernier, le co11tractant po11rs11ivi e11 exécution du co11trat
a
peut opposer l'excc¡Jlio11 <le dol son ad,·ersaire, lant que cel11i-ci ne s'exé-
a
cule pas dC' son coté., car il y a dol récla111er ce qui VOlIS est du, sa11s elre
pre.t a' payer so1-111en1e
A •A
;
3° J)ar1s le co11lrat ir1non1111é /Jo uf rles ou Do ul jacias, si la partie q11i a
re(11 n'exéc11te pas, ele so11 coté, la prestation qui lui inco111be, le créancier
pe11l exercer c_o11tre elle. l'actior1 personnelle en restitution ditc condictio Clt11sa
1lal1t c1111sa 11011 sec11t11 ;
4º E11fi11 clans les a11trcs co11trats, la ,·e11Lc ;\ cr<'~llit 11otar11111e11t, les ¡Jarties
prirent l'l1a!Jitude fl'i11trod11ire 11ne clause de condition résolutoire, dile lcx
co111111issoria, en verlu lle laquelle le contrat et le transfert de proprii)té t¡ui
l'a11rail s11ivi, seraic11t r<\sol11s de ¡Jlein droit f'a11tc de paien1ent du prix a
l'écl1{~ancc.' Cetlc co11clition se prod11isa11t, le ,·ende11r redevenu propriétairc
pou,ait. done reve11di<111er la cl1ose, et pouvait me1nc, la condit.ion réflécl1is-
a
sa11t co11tre les ticrs, la reprc11drc l'e11cor1tre d'u11 tiers acquéreur. t\u con-
trairc, le cróa11cicr e11 ·vert11 cl'1111 cor1tral i11no1r1r11é, agissanl par la co1i1liclio,
n'a\'ait <¡11'u11e aclio11 Jl<'rson11ellc co11tre l'acl1ete11r, ce qui pern1cllail a
ccl11i-ci rl() re11tlre illusoirc, au 111oyP11 d'u11c alit11atio11 rapirle, le reco11rs ¡]e
so11 co11traclant.
Jlcnllant 10111 l'a11cic11 l)roil, <let1x <le ces sol11tio11s sonl <lerneur(\cs PII
vig11c11r, el onl ¡>assó <lans 1101.rP Droit.
1º D'al>lll'fl, si 11n C<>r1trat. syr1allag111ati<¡ue garclc le silence s11r le n10111e11t
(JÚ les co11lracla11ls cll>ivc11l Px{·culcr lcurs <>bligations rcspccli\'es,l'cxce11ti<Jil

rcirnai11e 1)<'111. c11cr>1·n 1'\Lre Pxcrc{•c. l,es i11Lcrpretcs ancie11s la qt1alilie11t


a
d'cxrP-plio11 11011. a.cli111¡Jll'li cu1tlr11cl11s, lrirs1111'cllc cst oppos<\c 1111 crl~a11cier '
<¡ni n'a <)11core rien !'xi':c11Lé tic sa ¡ir1i¡1rP oliligatio11, <l'<)Xceplion 11011 rile
111/i111¡ileli co11/r11,:f11s, l1Jrsr¡11'cllc ('Sl tlJJt>(>s<\c :\ 1111 créa11cier qui n'a cxt'·culé
1¡11'1111e ¡1artie llc son 1¡)ilig11li<l11. (~'<!Sl le 1>rir1ci11e <le l'nxóc11tio11 tr11il JJOlll'
lrail <¡11i s'a¡>Jili<¡ne encorc <.la11s nrilr<i l)r<lil acl11cl,quoir¡11'il r1c le 1r1e11li1i111Je
a
pas <'x¡i1·css{n11c11I., la 1lill't'!rr11cn <In <:r1clP- civil allernar11l oú il fail.l',¡lijet
<le• l'arlicl<' :1:11i.
Nat11rcllo111e11t, l'Pxce¡>li(JII 1i1111. 111li11i¡ileli conlrr1cl1ts 11'a¡1¡1artic11l pas a11
.,.. '

136 LIVRE PRE~IIER. - TITRE l'RE,tlER. - CII.\PITRE II

<lt'·llíteur. lorsc¡u'il ). a conYe11Lio11 cx1Jrcssc 011 lacilc l'aslreig11a11l ¡\ ext'c11tcr


le pre111íer. E11core pe11so11s-nous c111c le débitcur serai t cr1 droit ele dill'ércr
l'exéc11tíon, ai11si e111c le l11í pern1et 1·article :12 r du Code ci,il allc111a11el, si
la sil11alio11 d11 créancier étaít clevc1111c telle, clcpuis le conlrat, r¡11'ellc ful ele
nal11rc a faire craindrc a11 délJiteur l'insol,alJilité de so11 créancicr (arg·11-
111cr1t, art. 1188).
:iº l.a le.1: co111111issoria étaít da11s 11otrc a11cic11 l)roil cl'u11 usag·c Lcllc111c11l
cor1sta11t qt1'on a,·ait fini par la sous-e1ite11<lre en cas (le Yc11tc, J)uis dar1s
lt111s les co11lrats [synallag1naliq11p,-; (llc>ll1icr, ¡,·e,ite, 11° !176 ; Obligalions,
n" 67·1). Et c'cst pourquoi le Code · ci,il a conser,t'· l'a11cie11ne fa(,'on ele
s·exprin1er, qui présc11tc toujours la résol11tio11 cl11 co11trat cor11111e l'efl'el
d'11ne cor1ditíon résolutoire convenlionnelle. ll 11'e11 e;-;t rie11 ceper1cla11t. Et
la caractéristique essenliclle du Coclc. c'esl d'a,·oír exigt'· ici 1111e i1iterve11-
lioa (fe l11j11slice pour prononcer la rt'·sol11lio11. Cettc i11tervention cst 11éces-
saire pour les deux raisons ci-clessous.
D'abord, si la résolt1Lio11 du co11lrat se procluisail lt11lo1111tli1¡ue111e1zt, con1111e
par _l'efl'et d'u11e condition, clans le cas oi'1 l'1111e des ¡Jarlies s1· serail
111ise l1ors d'état d'exéc11lcr son obligali1)11. le lic11 cc)11lractuel de,ie11drail
ill11soirc. II dt•pe11clrail de.cl1aquc parlic lle le llriscr c11 se reft1sa11t a cxécu-
lcr sor1 oblig·atio11. 11 csl clo11c 11éccssairc c111c le créaricicr possedc 1111 clroil
cl'o¡Jlio11. S'il le ,eul, il doit po11,oir 1)e)11rsui,rc l'cxc'-culio11 forcée el clirecte
clP l'ol)ligatio11. C'est scule111e11t s'il le l)rt'·fi·rc, 1111'il llc,il t\lre 111is 1\ 111e111c
dP·se cl{•gager du ccintrat el de pot1rsui,rc· la reslil11ticll1 ele ce q11'il a fourni.
c¡ua11cl il a, pour sa 11art. acco111pli la ¡irPslalic111 it laquellc il élail te1111 ele
Sllll Cült•.
'fo11lefois, on re111arr111Pra c¡11e, Jlüllr acct,rllcr a11 crt'·ancicr le clrt1it cl'o¡J-
li(lll q11i doit l11i apparte11ir, il 11'étail ¡Jas 11t'·cessaire cl'cxig<'r 11r1e se11lc11cc
j11eliciaire. JI a11rail s11ffi de s11llordonner la résol11tio11 cl11 co11Lrat á 1111e
si111¡)lc déclaratio11 ,te Polo1ité de la parl clt1 créa11cier frustré. C'csl ce c¡ue
fait le Cocle ci,il allc111a11d (arl. 326). La co11sidt'·ratio11 c¡11i cx¡Jlir111e Je
111ie11x le sysl1H11P , franc;.ais ele la rés1ilulio11 judiciaire, csl do11c lll11lt\L la
s11iva11lc:
Li111, rt'•sc1lulio11. non J)lus 111e11H• auto111ali1111e. 111ais s11llorclt>r111éc ¡'¡ la
sct1le 1i1Jlio11 cl11 créa11cil'r, at1rait Cl'l i11co11,t'·11ic11l 1l'c11IPYl'I' lr1i¡i ,itc .'t 1111
cléllil1:ur, pet1L-111rc 1lc IJt11111c f'tii, le lit'·11t',fic1· cl11 ccinlral. l•:11 1,xig-ca11t 11111•
se11tc11cc j111liciaire, 1111trc arlicle 118(1 a 1111 c1111ft'·rcr au jug-<' la f'acullt'·
<l'accorclcr a11 eléllitc11r. s'il l'c11 jug-<' liig-11c. 1111 ccrlair1 lc1111is 11tn1r s'cxt',cu-
lcr, 1111 dél11i, elil lºarticle 118/1 i11 ji11e, <'Xlll'Pssit,11 cl'<H'1 l't111 tlciil. lirrir cclle
CllilSt\CIIICIICC c¡ue ce d{•lai 11c pci11rrail t\(rc rc11ot1vclt'i ¡ilusiPur:- f(iis el c1uc,
fa11le ¡J'exéculilllt au lcr1nc lixó, 111 jugr <lc,rait, ccllP ftiis. 1iro11onf'er dr plano
la rést1l11lion ((;f. arl. 16:¡fi).
13ie11 ¡ilus, IP j11g-P }l<)lll'l'ait rcfus<'r la rt'ist)!11li1111 !llll'Pllll)lll <)l. si111¡1l<\I1tc11l
el se cor1lcnler d'all<>ucr llcs 1lo11111111g-1's-i11tt'~r1\ts nu crt'·a11cil'f' lt1s{·, s'il s'agis-
sait d'Qne i11e.--céc11tio11 ¡Jarlielle <l<~ si f'ail,lti gra,itt'· 1¡11'ellc laiss1it a11 crt'·a11-
ciPr Jp liént'·licc <•ssP1tlirl 1!11 conlral. <:1•llt• s1ilulit111 {·lait certai11c 1la11s l'a11-
cic11 l>rc1it (J>citl1irr, l'e11le, 11" /17:i). J,:1, si 11' (;tHIP civil 1tf' l'a ¡ias rc¡Jr111luilP

• •
\•:XTl'!CTIO"\ l)ES OBLIG,\ Tl(J'!S

sous l'arliclc 118 11, ele 11on1l)rc11\ articles e11 fcint. aille11rs l'a1lplicalion (''·
arl. 1636, c11 111ati<'·re de ,enlc, 1722 el 1729 en i11atiere de loua~teJ. La ju-
risprt1dencc c11 a 1nai11tcs fois con:-acré la survivance. soit qu'elle eC1t sla- a
l11cr s11r de,; cas el'i11cxt'·c11 Lio11 J)arli0lle d11 co11lral, soil - ce c¡ui revient n11
1111~111e - qu'il ,:agit ele la Yiolation d'1111c claiise accessoire du conlrat (Paris,
o '

21 avril 18(1G, 1).11 . 97.:>..177, S. 97.:!.9; Ileq., ;idéce111bre 1906, ]). I>. 1907.
1.:i!1!J, S. 1908.1.1!J3, nolc <le ,\l. \Val1l; RccJ., '!Gjnillet 1909, D. 1>. 1!¡11.1.
;);), S. l(JlíJ. 1.71).
'l'u11lef'c,i,.;, le sYsl<'•111e

,le 1101.re T)r,,i 1 111ocler11c se rcssent, a11 f'ond, ú 1111
poi11t de ,·11e tres i111¡1orla11t. ele s011 origi11e l1isloric1ue.
Logique111ent, la résol11tio11, YU son caraQtere de sa,iction judiciaire, de-
Yrait restrei11dre ses ell'ets at1x rapports eles co11tractar1ts e11tre e11x. Elle ne
devrait Pª" rt'·fl(·cl1ir co11tre les tiers, nota111111e11l co11tre les tiers acc111éreurs
e11lre les 1nai11s rlf'sc111cls. c11 cas de co11lral lra¡1slaLif, l'act¡uére11r a11rait
rélrocédi'· la cl1f1:-e e11ct1rc i111payée. Or c·cst la solutio11 contraire qui a tou-
a
jo11rs été ael111ise sa11s disc11ssio11,¡Jar ce 111olif,e111pru11lé la j11ris¡Jrudence
et elo11t l'L•11011c{· seul cst sig·11ificalif, que !( la condition résolutoire tacite
¡Jroduit les n1e111es efl'els l111c la co11ditio11 résolutoire ex1Jrcsse » (llcc1., 5 dé-
ccn1bre 1881, D. Jl. 82.1.3Go, S. 82.1.1101. 11 e11 résullcque,Icsticrs, quiont
cependant s11r la cl1cJse lles clroi ts lógitin1e111e11\ aClJt1is, sont exposós - alJs-
tractio11 faite <;le certai11s cas 01'1 la loi, da11s leur inléret, a sup¡lrir11é l'ac-
tio11 en r{solutifJII (,-. 11ota111111ent art. ¡, L. :i3 111ai 1855) - ú se lrouver
lési'~s par un r"v{•ne111c11t qt1 'ils 11c pouvaienl ¡lrévoir, car aucune 111esure de
publicité 11e leur ¡Jcr111ettait cl'cn connailre l'éve11lualité.
'fout au pl11s c11seigne-t-on en gé11óral q11'il y aurait cette difl'órence,
11lus tl1éc,riq11c r111e llralique, entre les ctl'els de la résolulior1 j11diciaire el
cc11x ele la résc,l11lici11 co11ventionnellc, q11c celle-ci o¡Jere de plei11 tlroit el, des
lors, anéa11tit auto111atique111cnl les clroits eles ticrs,e11111e111e lc111¡ls qt1c ceux
d11 débitcur rlo11L ils les tie1111enl. I,a résc1l11lit111 j11diciaire de l'article 1184
11e f'or1ctic,n11erait ¡1as ele 111e111e. l'ar1t qu 'elle n'a11rait pas été prononcée par
la j11stice. les ticrs 11e 11011rraie11t <1trc i11q11it'•tés. (~e 11'est c¡11'ap1·i·s avoir fíiit
¡1ro1101icc1· la. résol11tio11 co1iire so11. r1.va11l Cílllse, que! l'alié11ale11r prir11ilif
pourrait. a¡.fir e11 rcve11elicalio11 de sa cl1clS<' /1 l'e11c(>11lre du ticrs possesse11r.

Conditions d'ex.ercice de l'action en résolution. - A ccrlains t'·garcls,


la résolution rl11 co11lrat co11stitue 1111c ,ari<'·l<'· ll'ex{,c11Lion ¡iar 1fr¡11il'ale1if.
J,f'. créa11cicr q11i 11'olilic11t ¡Jas ce ú e¡uoi il a tlroit,rc1;<>il.1111e autre salisfacliei11,
lJlli esl l'f'.\<)11<'·rnti(111 <lesa propr11 clcltc. ,\ re ¡11ii11t 1le v11c, il a¡iparail 111t,111c
co111111e 1>rivilúgi<'·, ¡i11isc¡11e so11 acli1111 c11 rés<Jl11lio11 sr111slrail so11 olJligatic111
en,·ers so11 dól>i teu r-cróa11cicr .'t la 111a i11111 ise eles a 11 l res cr<':a11ci e rs ele cel 11i-ci.
'
et les J)t·ivc, 11ota111111er1t, lle la facult{, cl1• 1'1ir111cr 1111c saisie-arrr\l s11r cct {·l{·-
111c11t elu ¡lalri111c1i11c ele leur 1lóliile11r. l•:11 cela, 1'efl'el ele l'aclio11 c11 rósolu-
l11Lit>n de l'articlc, 18/1 esl corr111araule it cl'lui de la ce>1111>c11sal.io11.
Voici les co11s<'•<1nc11ccs e¡ui se ratlacl1e11I .\ cctl.e id<'•e e¡uc la rúsol11tio11 cl11
ccintrat est. en St1111111c, ¡itlltl' le cr{:ancicr, 1111" S<Jrlc ele salisf'actiort par
{,q11ivalc11l :
. '
• '

LIVHE PHE)IIEII. - TITRE l'RE)IIEII. - CIIAPITRE II

1° Po11r qu'il y ait lic11 it actio11 c11 r1\s<Jluli<J1I, 011 cl<ii I cxiger - la logique
l'i111¡Jose et l'article 3'.lií d11 Cacle civil allen1a11d le <lit er1 tern1es forr11els -
que l'inexécutio11 soit due a la J'aule du débite11r. :\Iais nous avons ,·u
qu'ici la jurisprudence fra11<;aise s'écarle ele notre 111aniere de ,·oir, JJuis-
c1u'elle <\tend le domaine ele. l'article r 184 a l'l1yJJOtl1esc cl'1111e i11exécutio11
n1eme totale te11a11t it 11n cas fort11it 011 de force n1ajc11rr.
2° J)our q11'il y ait lieu á action r1'sol11tc;ire, il fa11L c111'il s<;it cerlai,i c1ue
le clébite11r n'ex{·cutera pas son olJlig·ation. Dós Iors, le d{•!Jile11r attaq11{·
par celte action, tant qu'il n'a11ra pas subi u11e co11da11111atio11, fera des
offres satisfactoires en ofl'rant d'ex<\cuter son obligatio11. De pl11s, enseig11e
en général la doctrine, pour que le créa11cier ¡Juisse co11clure la résol11tio11 a
du contrat, il faut qu'il ait au préalable ,nis le clébileitr e11 demezlre. Et c11
effet I'article I r46 subordonne á cette co11dition la den1ancle en . cl,Jn1mag·es-
intérets. ~ous croyons cepencla11t cellr r1é!cessiti'- cl'1111e 111ise e11 den1e11re
fort contestable, éta11t clcJ1111ó <111e I'assig·11ation cloit s11ffire lt C<)11stater la
violatio11 clu cci11lrat, si le d<'•lJile11r ne s·exéc11te pas s11r le cl1a111¡) (\7 • en ce
ser1s Ci,·., :>.8 r11ars 190{,,D. J). 1i¡o!,.1.315,S. 1908.1.:>.:i.1.f~f.nolrsclel\l.J)Ja-
niol sous D. J>. 9·~.1.257 et 98. 1.:18n),
3° En fin, la résolt1tion _du co11trat pet1l 11c ¡Jas s11ffirr i1 i r1dc11111iscr le cle-
1na11cle11r d11 pr<\judice ¡)ar l11i s011ll'ert cl11 fait de son i11ex,\c11lio11. Dans ce
cas, il 11'est pas doutct1x que le jug·e pe11t l11i accordcr -eles tlo111111ag·cs-ir1t<',-
rets co111plé1ne11Laires .

Hypothese d'une clause tlu contrat pronon9ant éventuellement la


résolution. - [l arri,•e qt1c les partics prt',v<)ie11t rxprcssé111e11t, cla11s 1111
co11trat s}·r1allag111alic111e, l'l1}J><>ll1ese 011 l'1111c cl'ellcs n'cxócutPrait ¡>as s,111
ol>ligaLit)n, et clt',cicic11L c¡11e, (ia11s ce cas. la rt'·s<)lutio11 a11ra lie11 ele ¡>lei,i
'
llroil. C'est u11e cla11sc <1ui se rc11co11Lre so11ve11l, surlo11t dans les cor1trals
. ot\ 1·1111e eles J}arlies fail la loi h l'a11trr. <:'est le cas dans le,; co11trals cl'as-
s11ra11ces, 01'1 les ¡}olices sti¡111IP11I c11 g·1\11{•ral c¡11c 11' contra! sera rt'•solu (lt'
plein clroit si l'ass11r{· rna11<¡11c, ffil-,<' 1111c sc11le ft1is, ele ¡>a~'c1· son ar11111i1,•,.
La j11risprude11cc 11'a ja111ais c1>nlesl<'- la ,alidit{, <l'1111c 1<'111, clause, en <lt'•¡1il
eles a!J11s incc)JllPstalJlcs a11xc¡11Pls Pile p<•11t dc>llll<'r licu. l\lais <111ellc <'11 nsl
a11 j11ste la ¡>ortt',c ;>
11 ser11IJlcrai L¡\ ¡>rc111 i1\re v11c q 11<' <'Pl.l<' ,·Ja11se a l.ra11sfcir11ll'' la siLuati<>ll. <'I
¡ilac{, les partics s11r le tcrrain <le la c1i11(liti,i11 rt'•scilul<>Írc. 0·01'1 les C(lllst'·-
c111c11ces l<;gi<¡11es s11iva11les:
1° [I n'y at1rail poi11t, c11 cas <l'incxt'·c11linr1, l>cs<>i11 <1°1111<' int.rr,·p11lio11 j11-
cliciaire. l,a rt'·sol11li<1r1 sc ¡1r,Hl11irail <l<· 11lri11 <ir,iiL. (,¡• cr{·a11cicr 11'a11rail
pas 1i'o1Jt.Íf>ll; il n<' JJ011rrail p(J11rs11ivre l'<•xt'·c11li<111 <111 <'<n1lral, car la co11<ii-
lior1, 1111c fois acc<in1¡llic, cl1ac111H· <l<·s <11\tJX l)arlÍPs a11rail IP 111<~111c clr<>it
a' .IIIYO(Jl!CI' 1a rc~S()
' I1111,111.
.
:i 0 T,c j ug-e Jl<l (lcvrait Jl<>i11L ¡iciss1\ller <I<· pllllY<>ir <i'a1>J)l't'·cialio11, s<1if. ll<JIII'
accordel' 11n cl{·lai au cl{·liitP11r, s<1it. po11r rnf11spr la r{\Sf1l11Lio11 et. al.Lril111<•r
IIIIC a,1 l re satis. t'acl.1<111
. ' .
1111 Cl"P/IIICIPI". I>'PS 1()l"S, 1a l"<'Sll
' 1tl[Hlll
. sera1ºL CIIC()lll'IIC
a11ssi liic11 e11 cas <l'i11cx1\cul.i(Jll ¡1artirlle 1111'c11 cas (!'i11cx{•c11tion l<>l.alP,

\
EXTI,CTl(l>; llES (lllLI<;A THl,S

:{ 0 Si le lirliilcur a ri'·lroc6llt'· i1 1111 ticrs la cll(>Sf' acr¡uisc llar luí el i1111iayi'·P,


;\ st1p1)oser e¡u'il :,;'agisse de la rt'·sol11tion d'1111c ,·e11te po11r di'·faul lle paif'-
n1ent dt1 prix, le vendeur pourrait agir im111Ólliatrn1e11t po11r repre11dre ,-a
cl1ose a l'e11conlrc tic ce ticr;... ,
Cependa11L, toutes ces conséc¡11e11ces 11e doivent pas t)lre acln1ises. Et, en
cll'el, \'i11serlior1 lle la cla11sc er1 q11eslior1 ela11s le co11trat a ¡)011r !J11l {~viclenl
el'a111i'·litlrer la situation du cr<'..111cier; elle ne eloit pas se rctourner conlrc
lui. ])i·s lors, 11011s ael1r1ellrons liicn la dc11xit'.1r1e Pt la troisi<\111e des prop1l-
silio11s ci-dess11s (,\l¡;·er, 7 novc111brc 18():l, l). [l. 93.2.:>.!)!1); 111ais la prc-
111iere doit etre repo11ssée. L'o¡Jtio11 d11 créa11cicr doit s11hsister. D011c, la
rrsol11tion 11e se prod11ira que si le créa11cier a n1anifestó sa volo11té de s'f'11
l)révalliir, ce q11'il fera au 1110yc11 el'ur1e ,;0111111alion. Xo11s trou,·011s t1ne ap-
¡1licatio11. ele cette ielt'·c elans l'arlicle 16ilG,at1x lcrn1es elt1quel,« s'il a t>IÓ sti-
p11ló lors ele la ve11le ll'i111111e11liles, que, faule de paie111cr1t d11 prix ela11s le
IPr111<: Ct)J1ve11l1, la ,e11te scrait rést)l11e ele plein tlrriil, l'acquére11r pe11t néa11-
111oi11s paJer a¡)res l'expiratio11 elu elélai, la11t t¡11'il r1'a pas étó 111is en ele-
1nc11re par. 1111e so1nn1ation; 1nais apri·s cette somn1atio11, lej11ge ne pcut
pas l11i accortlcr tle tlélai. >> En somn1c, l'i11serlion lle la cla11sc ele' r,\stll11-
tior1 a l)OUI' elJet d'écarler le systt':111e tle la rósol11tion pron•J11cée c11 justicP,
J)o11r lui s11listit11er le S)'Sle111c allP111a111l <le la résol11tic>1~ par rlt'·claratior1
ele volo11l(•. ·
Uien en lc11ll11, si les parlics avaie11t e11le11<l11 {:carlcr 1n,\111c la n1'cessil<'·
,le la S<J111111atio11, le11r ,·olo11t,'. ferail loi. :\lais c11c1irc faudrail-il q11'clle f11l
IJie11 certai11c. Or 011 ne pe11t gu,~re la s11¡)poser, car, 11011s l'a,·011s vu, ur1e
trile cla11se 111etlrait en r<\aJité c\1ac11n eles co11t.racla11ts a la n1erci <le l'a11!r<',
et t:(¡11i,a11draitú lc11r acccJrller /11'1111 et it \'a11lre 1111 j1ts¡1<-c1iile11(/i.

Champ d'application de l'action en résolution. - Il reste it savr>ir


i1 quels C<Jitlrals s'ap¡Jliq11e l'articlc 1184. Le texte 11c vise t¡11c les co11trals
sy11r1/f(lf/fll(lfir¡11e.~. <'l sr111 orig·i11e l1islcJrÍLJIIe sC'111lile I,icr1 c11 eflet Iin1iler so11
a1>¡ilicalicH1 aux ccJ11lrals da11:-; lcsr¡ucls il )' a cJliligaticir1 r<\cipror¡11e il la
charge lles eleux_¡iarlics. 1\11ssi, la ¡ilu¡iarl clf's a11tc11r:,; clt'·ci<lc11t-ils r111'il 11c
fa11L pas l't'•lPnclr<' a11x C<J11Lrats 1111ilat.t':ra11x, c·esl-it-dirc r1'<:11lrai11a11t tl'ol,li-
galillII <¡11'i1 la charg<' d'11r1e ¡1crso1111<). N<JIIS crn~·1i11s 1¡11a11t. /1 nrJus:
1° C)11e I<: ¡1ri11ci¡ie cl't'•r¡11itú t':viclcnl c¡11i j11stifiP l'articl<' 118f1, co111r11a11clc

(1'1•11 t'•ll'ndr<' la <lis¡Jnsili<HJ a11x contrals unilalt'•raux, en e<: :,;c11s <¡11P le


crt'·ancicr d'1111 co11lral <l<' ce, ¡.,:-1•11rP, lorsr111'il n'a11ra 1i:1s t'·lt'· ¡>ayt'·, aura \p
<lr<iit de rt'·ela111<'r la rl•stil11tio11 <IP la ¡1reslat.ion c111'il a11rait. faite lui-n1<~111c
a11 <lt'·hitc11r, /1 1'01·,·asitlll 1>11 <'ll ,ue <I<• ce c1111trat..
:1º J•:11 rPva11chc,,il ~- a cerlains conlrals synallagn1atic¡11es a11xr111p)s 11<' s'a¡i-
¡>licttH: ¡icii11t la rc'•µ·\p ti<' l'art.icl<: 118(1.
1" .l¡1¡1lic(/lior1 rlr• l'11rlir·l1• 118/1 11 l'e!l'lai11s r:011/ra/s 11r1ilalc1ru1t:1:. - 11 y a
pl11siP11rs t.exles li11 c:,ul1: civil c¡ui. /1 ¡irci¡ios de ct>11trals 11nilat.1\ra11x, a11-
Jlliq11<'11t \p ¡iri11ci¡1e de l'aclirHI c11 rt'•s1Jl11t.io11 1'1)11llt'•e sur IP dt':f'aul. ll'cxt'·c11-
tio11 <lt• la 1iart <111 <lc':l>ilcur .
. .\. - I,'article '!)l 'l, relatif it la re11le ¡uir¡ié/111•/le, llt',ci<I<' que le <lél>ileur
Ll\.RE l'l\E\IIEII. - TITIIE Pl\E~IIEII. - CIIAl'lTHE 11

<l'1111c r1·11le per11{·luellc l)eul ef're co11trai11t a11 racl1al, c'est-i1-<lire au ren1-
lio11rsc1r1c11t el11 ca¡)i!al crJ11slil11 tif tic ce lle rente, s'il ccssc ele re11111lir ses.
uliligatió11s pe11tla11l cleux: ar1s. 011 s'il n1a11r1uc it f1Jur11ir a11 pretcur lr's
s11.rct(·s ¡Jron1ises ¡)ar le co11lral. C>r. le co11lral ele ¡irel 111oyc1111a11t 1111c rcntc
¡Jcr¡)ét11elle est u11 co11tral 11r1ilatéral qui r1'olJlig·e e111e l'c111pru11leur.
13. - ,\nx: tcr111es ele l'arlicle :io8'.l, 1··· alinéa, lorscruc le créa11cicr alJusP
<le la cl1ose clo1111éc e11 gagc. le elc'•IJile11r ¡1e11l c11 récla111cr la reslilutio11
a,a11t cl'avoir ¡>ay{· sa clelle. Orla co11slilutio11 de µ;age es! aussi 1111e opéra-
1ion 1111ilatc'·rale.
I>e11t-011, co111r11e 11011s le croyo11s. gé11óraliscr ces sol11tio11s :1 J,a j11rispru-
<le11ce ¡Jarait i11décise el on ). ¡Jeut relever eles elécisions co11tratlictoires (''.
i\{r¡11l¡Jellier, 2 jui111888. D. l'. 8().2.188; c\g·e11, 12 février 190G, P. F'. 190 1 .
·1.212: Jlaris, 29 j11i11 1893, D. I>. g 11.'.l.!13 1).
2º l!.'.7.•ce¡>lio11s a l"arlicle , ,8!,.- 1~11 reva11cl1e, il y a eles co11lrats sy11allag-

111alic111es qui, ¡Jar exceptio11, écl1appent it la rt.\gle ele l'article r 18!1. (~<'
SfJllt:
,\. - l~cl cessio11 c(uj/ice 111i11isléricl. - Le clt'·fa11t tic 1)aie111c11l <l11 l)rix
11,~ per1r1el pas at1 cé<la11t <le tle1r1a11cler la résol11tio11 cl11 co11tral. J•:11 ell'ct
IP códant r1e fait que prése,iter le ccssion11aire i1 la 11on1i11alion du Go11-
vPr11e111e11t. l111c fois q11P le ce,-,-;icl11naire cst 110111111{·, il es! dófi11itive111e11I
i 11,csli tic\ sa cl1arg·e. J,e ci'·<la11t 11c ¡¡cut ¡Jlus reprc11clre 1111e f<,11cli1)11 p11-
l1lique q11i l11i a c'·tt'.· e11le,:ée.
B. - Le parlagc. -:- Le coparlag·eant ou le colicila11t 11'a ¡)as <l'aclior1 e11
rt'·slii11titlll el11 l)artag·e 011 <le l'a<ljuclicntio11 ¡Jro11011c{•e a11 profit <l't1D ele ses
l'olH\ritie·rs, IJCJllr elt•faul ele J)aie111P11l. ele la so11ltc 011 d11 Jlrix de licitat.io11.
l,a raison tle crlte rt'·glc, c'esl c111e l'i11t{·r1\t elu C!Jl1{·rilier. sevr{, ele sa ¡1arl <l11
11rix:, 1l1.1it'cótler <leva11l l'i11Lc',rel g{·nt'·ral e¡nc 111e\llrait. en p{·ril la rt',sc1l11liu11
!l11 parlagc,i, cause ele la grantle }Jerl11rl)alio11 r¡u'elle jetl.erait clan:; les clrr1its
;11·c¡11is ;\ eles liPrs cl11 cltPI' eles co¡Jarlag·ea11ls (Civ., ,!1 111ai 18:{;{, J)., .Jur.
f/':,, .. vº S,11cccssion. 11" 20!):i, S. 3:{.1.:{81 ).
C. - J,a co11slil11liu11 1/iJ re11le 1•i11r¡t'·rc 111c1yr1111a11t. l'aliénali1i11 el'1111 ca¡Jilal
,,11 el'1111 i111n1c11l>IP. -- r:art.iclP '!),8 cl{·ciclc· c•11 ell'ct. <¡tH' le, sP11l 1l{·fa11l ele•·
1iaie11H·11l <le:-; arr{·ragcs ele la rc11l<' 11·a11tc,risc JJc1i11t celui en fa,e•ur <le! e111 i
Plll' p,-( c<111slil11{·c·. ú <le111a11<l<'r le· r<•111l>e1ur:--PIIH'lll 1l11 l'a¡iital. c>u :'t rc11lr<•1·
cla11s le f<H1<ls 11ar lui alit'·111'•. <.:elle cxce¡Jtion tic11t au caract.t'·rc al,:11/oir,• <111
c1.i11trat <le co11slit11lir,11 clP rc11tc viagt'·r<'.

11111· faul 11as co111"1,1ulre la ,.,:s11/11/io11 el la ,.,:sili11fio11, l>iP11 e¡uP cetle c<111-
f11sici11 soil frc\r¡111•1111111•11t cr1111111isP soil ¡iar les arrl\ls, soit 111c\111c ¡1ar I!·
lt'·µ-islatc·ur. ()11 a11¡1Pllc ,.,:si/i11/i11111111 ac!P dP veil!,11lc'• ¡1ar lc\r¡11Pl IPs ¡iarlics <)11
1'1111e 11"c·lle~ PJ1!P111le11t Jlll'llr<' li11 ¡11111r 1"111•1•11ir au, c1)¡(igalic111s e¡11c'. le• cc111-
tral PngP111lrail. (~'e:--1 l.'11 C<'la 1(11<' la r{·siliali,111 dill't',r1• 1IP la rt'•s1,l11licin,
Jar¡11¡,()p ¡>roil11il 1111 Plli•l rt'·lr<1actil'. l,a ri'·silialic,11, PIIP. <llH-.r<) ,•;,: 1111111·. <'l
111i11 I"'" 1-;c /1111<·. S11¡i1Hisc¡11s la ri-:--ilialion cl'1111!• \"Pllll' 1l'i111111P11l>IPs s11r,c·-
EX:TIXCTIOX l)ES <)BLIG_\TIOXS

1i:111t a¡Jres la ve11lc. l~llP, 11'c111¡i1\cJ1cra J)as le tra11sfórt Lle ¡ir1,¡irii'·lr'· d,• s•l;Lrn
valalJ\c111cnt ¡Jrocluil. Sc11le111c11L, clic e11Lrai11era 1111 lrn11,.;fcrl 11011,,·a11 r,11
sc11s i11vcrsc. Dt::-- lors, el'11r1e part, 1111 elonlJle clroi.L de 11111tatio11 sera d11 a11
fisc. De ¡Jlns, les clroits rt'·cls co11sentis sur l'i n1111c11lilf' a,ant In résiliatio11
¡Jar 1·acl1elc11r scro11t sau,·egarclés.
011 11, voil, 11011s clon11<J11s an 111ol résiliolion 1111 s1•11,.; 0·i',n1\ral a¡J¡,lical1lc
i, L1Ju:,; lPs co11Lrals. :\lais, 1\a11s l'11sage, le ter111e est ¡1l11lot r1\servé ,111x ccJ11-
lrals SI' trael11isa11t ¡)ar eles preslc1lio1is répélées, contrats appelt'·s s,J11ve11t
i:011lrc1/s sttccessifs, co111111e le louage. E11 cas ele r/•siliatio11 d'1111 bail, les
ra¡1¡1orts j11ricliques de lJailleur a localaire ou fer111ier ccsse11t 1la11s l'avc-
11ir, tout e11 s11lJsistant cla11s le ¡Jassé. 1111'y aura dorL·11a,ant plus de pres-
latio11. \'oil/1 l011t. I,e passé den1eure i11cle11111e. 11 11'y a11ra ricn a res! it11er ele
¡1art 11i d'a11tre.
Co111111e11t se fait la résiliatio11? Ici 11ous a¡1e1·cevo11s 1111c 11ou,elle clifl'<'·.-
rcnce e11lrc celle opératio11 et la résol11Lio11. La r(•s1)l11ti<)Jl a lie11. 11,)us ,c-
11011s de le Y<)ir, tar1lt1t JJ(tl' 1i11e (lécisio,i (lLtjLtge. slal11a11t sur la 1i,'.111a11clP
1111 créa11cier (art. 118 11), la11lut ¡1ar l'e.ffel (le lrt volo,1/1; ,]es ¡;arlies, lar¡11ell1•
11'a p11 se 111ar1ifester q11e d'ava11ce, llans le co11tral 1ne111e, sr,us r,,rn,,· cl'i11-
serlio11 e11 ce co11tral tl'1111e co11elilio11 r1\sol11loire.
,\u co11traire, In résiliatio11 cst toujours 111i 111·le rlc 1•0/011/1\ c111i 11e ¡><'nl
i11Lervcr1ir que poslérie1ireme11l au co,ilrai.
l)e la volo11lé tle íllii ~ E11 général, pour résilier 1111 co11tral, il faut la ,r,-
lo11ló c1J11for1r1c (/es 1le1t,7: ¡1c1rlies. C'est ce r¡11'or1 ap¡)elle le 11111/uus 1lisse11s1ts.
],es cle11x volo11Lés avaier1t co11couru lla11s le cor1tral pour l}l'OLluire l'r)-
l>ligatirJn et, c11 gé11<'·ral, les cffets juri<lir¡11es atlach1\s a11 contrat. Il fauL
le 111en1e accurd ¡11>11r i11lerrcJ111¡)re ces cll'els. l:'est ce 1¡11'expri1111' l'arli-
clr 11:~t,, al.:1, e11 11011s clisa11t: << J~'l/es (les conve11tio11s) ,ie ¡1e11ve11l t1lre r1:1'0-
1¡1tées 1¡11e 1le le1tl' consc11/1•111e1il 1111i/11el, t)tl pour les ra11ses c¡nc la lr>i aulo-
rise. » <:e 11111l1ius 1lisse11s1ts 11'pst 111er11e pas to11jo11 rs ellicacc. 11 y a 1les
{:u11trats irrÓv<>cal1les s11r lesq11els l'accorcl des conlraclanls 11e peut re,c11ir.
<)11 sait q11'il e11 Psl ainsi eles C<Jlllrals inli'!ressa11t l'i':tal ctes ¡1ersr11111e,; (111a-
riage, arlo¡1ti1>11).
l\1r P,Xce¡Jlion, il y a, 1la11s rcrlains C<llllrats, ¡)ossil>ilil(: <l'u11e résilil1lio11
1111ilatér1tle. c'est-/1-dirc JHlr la V<Jlo11t(: cl'1111e sPulc 111:s de11x ¡>arlies. 111·11
<'si ainsi ¡1011r eles raisons sp1\ciales:
1" E11 n1ati<'•re el<' cerlains c1,11Lrals <¡ui i111¡1lic¡11e11t, <le la ¡1arl. Lles i11t/:-
r<'ss{·s, 111H• co111ia11ce 11111l11elle, 111•rsisla11le et inalt/:ralil<'. '1'1:ls s011I:
\. --- l,e 111a1tclut. 11 ¡1re11el fi11 ¡iar la v1ii<J11té1!11111a1Hla11t, 1i11 par r,·llr• 1!11
111a11tlalaire (ar!. :>.1111:~).
11. - l,a SílCÍ1:1,:, cl11111r_1ins 1¡11.111cl elle csl f'or111<'·c ¡Hi11r 1111c 1l11r/:e illi111il1'.i·.
J•:11 cecas, la v1,!011L(· 11'1111 s1,11I cl1:s ass11ci{:s s11fl1t it la 1lissci11clrc (arl. 18fi.-,,
18(i!J),
(;. -- I,1: 11111relié 1'ij1Jrji1il, a11 1111>i11s c¡11a11cl il i:sl r1¡1ri.1: j'rtil. (,'arliclc I í!J'1
11urle 1¡111: le: 111ailre ¡>e11L li: r<'·silinr ¡'¡ sa s1·11l1: vc,1<,111/•, 11H\111e c111ancl l'c111vrag-e
1•st 11,..,j.'t c1>111111e11c{•, 11111is 1:11 i111le11111isa11I. l'1111vri1:r 1le ses 1l/:¡1e11s1·s PI 1111
gain 1¡11'1>11 l11i f'ail 111a111111Pr.
LIVRE l'RE~IIER. - TITRE PRE:\IIER. - CHAPITRE 11

On rer11arqt1era que ces dill'ére11ts contrals, pour des raisor1s aualogues a


celles c111i J j11stificut la possibilité d't1ne r{·siliation unilaléralc, pre11ne11t fi11
11ar le cléces de l'u11e des parlics (arl. 1 i\f"í, , 8G5-3º, 2003).
2º La résiliation unilatérale est encore ad111isc clans le corilral (le loiiayc
¡1c1ssé polll' urie dltrée irzcléterrnirzée. Cette faculté repose, suiva11t les cas, sur
des raisons clifTérentes .
•\.. - S'ag·iL-il d11 loi1c1gc ele clzoses, d'i111111eul1lcs (art.1¡:~G), cl1aque parlie
J)Cut toujours faire cesser le IJail it 1lurée illi111itée a
so11 g·ré; il suffil
c1t1'elle observe les délais cl'11sagc llot1r le cotliJé. 011 a1Jpellc ai11si l',tcle par
lequel s'expri111e la volo11té 1/e résilier. Cl11 rc111arquera qu'eu cas de l1ail du- a
a
rée déter111inée. il ). aura JJarfois a11ssi lie11 co11gé. )lais ici cet acle a pour bt1I
d'éyiter la tacite reco1zductio1z (ar!. 1138¡. Le 111cJtif de la loi pot1r pert11etlre
a
la résiliation u11ilatérale elt1 bail d'í1n111eul1le durée i11déler111i11ée, c'esl
l'11IJservalion.de la ,·olontt'.· ¡Jr{·su111ée eles l)"rtie:--. Si elles 11'011L pas i11sér(
da11s leur l1ail de clause relatiYe tt la d11ri'·e de la jouissance, c'esl ,·raise111-
)Jlable111e11t qu'elles c11te11llaier1l se rt'·server et s'accorder 111utuelle111e11t unt·
facull1; ele reno11ciatio11 cid ,111/11111.
B. - s·a:,rit-il d'u11 loU(tge 1/e services 1)11 co11lral 1le lraYail, l'articlc 1 ¡80
IJorte c¡11'011 11e ¡Jcul e11gager ses scr,iccs qu'(i te1n¡1s. Il y a it cela 1111c raiso11
cl'ordrc p11l1lic. Le contrat de lraYail place le :--alarié daus la fló1Je11lla11ce a11
111oi11s ,;co110111i11uc lle l'e1111Jll>ycur. Cette clé¡Je11clance 11c 11e11l t~lre ¡Jer¡1t'·-
tuelle: autrc111c11t elle éc¡t1i,a11drail ú u11c alié11alio11 ele la libcrt1'• í11clivi-
cluelle. D'o1'1 celle conséq11e11cc, co11sacr{·e }lar l'arlícle 1 ¡80, <1u'e11 cas lit·
louage:clc ser,iccs sans tlurt'·e cléler111i111;e, il y a pour cl1ac¡11e ¡Jartie ur1c
faculté récipro1¡11c tle ré~iliatio11 1111ilalérale. /1 lal¡t11'.lle la loi i11lerdil ele
l'CllOilCCr Cll co11lracta11t.

Sl-:C'l'l()\f VIII. - 1>11ESCI\IPTIO'i EX.Tl'iCTIVI•: ()U LIBÉIIATOII\E.

Déftnitions. Généralités. - La ¡1rescri¡>lio11, alJslraclio11 failP ilc l'11:;11-


ca¡>io11·ut1 llr1•:--cri¡1li1111 acc¡11i!'\Ílivc,tlrll1l 11011s av1111s lrailó cla11s 11<1tr1! l.<11111• t•·•·,
esl 1111 11101!1: 11'e.1;lir1i:tiori ,les (lroils 1lu ¡111lrir1ioi1ic, r,;s,1lla11t 1111 1JfJ11-Px.nr-
cice ele ces 1lr11il:-- ¡1ar le11r tit11lairP ¡11•111la11t. 1111 c1·rlai11 la¡1s 1IP l<'11111s 1¡11i
p:,; t • n11' ¡Jr111c111c,
. . <le .,ti
., a11:--.
/)l'oils el c1ctioris .~uscc¡Jliblcs 1le ¡Jrcs1:ri¡Jfio11. - 1:e 1111Hl1~ tl'l'x.li11cl.i1111 s'a¡>- ,
¡>li1¡11c. cela rt'.•sullc 1le 1111lre 1h'.·li11ilio11, i't l<nrs 11:s 1lrt)ils tl11 tlalri111<>i111·.
1lr1)its 1le crí•a11ccs, ot1 clrcJil:-- rí·1'l:-- s11r la cl11)Sl' tl'a11tr11i.
U11 se11l ~- í•cl1a¡1pP, 11011s l'a,1>11s vu, c'Psl IP ,lr,,it. d1\ ¡1r1>¡1rii•l.i• r(;i, .. •
:.io r1ove111l>rl' '!1110, (';11:. />r.il., 14 1l/•cc111l1rn '!)•ili). l•:t. il f'a11I 1·11t1•111lr1• ici c1•
111ot cla1 1s s1111 s1•11s In ¡>111:-- largo. llar co11sí:q11c11t, ll's 1lr1iils c1>111111s s1J11s 1,,s
1101ns 1lc 1lroifs 1{1'. ¡1ro¡1riJl1: litt11r<tirc 011 11r/isti,¡11c. la11t 1¡11'ils <l11r1\1tl, 11P
s'élcig11e11t (>IIS, c11x. lll>II ¡ilu:--, JlHl' l1! 11011-11saµ-1•. l.'t'•crivai11, l'arlisln 1111i rc:--11·
¡u•111ln11l ;{<J ans sa11s 11s1·r 1l11 1lroil 111• r,•¡ir1>1l11cli1>11 1l1~ s1>11 11:uvrl'. 11'c11 1•sl
¡,as 1lí·pouillí·.
c:1• 11c so11l ¡lns sculc111c11l les <lr1>ils ,111 11alri11HJÍ11c 1¡11i s'út.cig11e11t 11ar le
,• 1 '/ '

EXTI:SCTIO:S DES OBLIGATIO'.'í S I !¡3

11<J11-usagc, ce so11l a11ssi toules les aclio11s réelles ou JJersu1111elles altacl1 {·es
it ces clroi ts, :1ctio11s co,ifessoires ou 1iégaloi1·es d'us11fruil ou de serYi tude,
actions ¡1ossessoir,·s, actions ¡1erso1i1ielles, actions e,i ,iullilé, e,i résolttlio,i,
e,1 révocalio,1, ele.

Se11le, 1·aclion e11 reYe11llicaliou écl1a¡Jpe a la prescription extinctiYe co111111e
le clroit el,, llro¡Jri/,Lé lui-111l\111c. l)ar co11séquenl, le ¡Jro¡Jriélnire d'u11 i111-
111e11IJ!c lltli est rest,~ plus de 3o a11s sa11s exercer so11 droil, ¡Jc11t 11éan111oi11s
c11corc i11tc11ter l'actio11 e11 revcnllicalion co11tre celui qui, da11s l'i11tervalle,
s'csl 111is c11 ¡J1>sscssio11 du )Jie11, la11t c¡ue cel11i-ci 11e !'a pas us11capé.
11 fa11t ajouter q11e, 111en1e par111i les actio11s ele caractere patri111onial, il y
e11 · a quclques-unes qui paraisse11 t, elles .aussi, in1 ¡Jrescriptibles. Ce so11 t
./'11clion e11 ¡1arl1tge d'1111e indiYision. l'actio11 e11 récla111ation d'u11 droit de
¡Jassage c11 cas d'e1iclltL'C, l'aclion e11 acquisitio11 ele la miloye1111eté d'u11 111ur
<le :a-éparat ion. Ces aclio11s peu,·e11t elre i11te11tées tant que dure l'état de
cl1ose l¡ui lc11r elonne 11aissance, c·est-l17tlire l'état d'i11division, d'euclave,
l'existence d11 11111r de séparalio,1. Ces actio11s r1e so11t e11 efl'el que la n1ise
e11 ce11vre ll'u11 allribut, d'ur1 ¡irolo11ge111e11l du dr<Jit de pro¡Jriété, l'effica- a
ci LL' cluquel la prescriplio11 11e ¡Jeut ¡Jorter aucu11e attei11te. •
J?o11lle111c11/ r1zlio1111cl de la ¡1rescriplio11 exli11clive. - ll est analogue a
cel11i ele la prescriplio11 acquisili,·e. L'ordre pt1blic et la paix sociale sor1t c11
<¡11elc¡11e 111es11re inléressés a la consolidaliou des situatior1s acquises. Lc>rs-
c¡ue le tit11laire d'u11 droit est rPst{: lrL1p longtc111ps sa11s l'exercer, il y a lieu,
<le ¡irésu111er (JUC son droit esl étei11t. La 1Jrescri¡Jlio11 qui i11tervie11l alors
/·vilera des proces, clo11t la solt1lirJ11 s()rail re11due tres difficile par le fail
a
111é111e qu() le clroil i11voqué rer11011terait une date tres éloignée. Enfin la
¡ir<·scri¡Jti1111 tlispe11se les clé!Jite11rs c¡ui se so11l acc¡11itlés de leur o)Jligatiou.
<111 soi11 ele cci11ser,er i11défini111c;11l leurs quilla11ces.
('.e sor1t ll1 les raiso11s qui juslifient la prescription e11 géuéral. ~lais, a
¡iropos <lt>s prescriplions spéci(iles (plus courtes que la prescriptio11 cl11
f)rDil COIIIIIIUII), ll()IIS re11conlrer<JllS rles j11slificatio11s spéciales que Il()US
a11ru11s il i11clic¡ucr l<i lllOlllCIIL \('.IIU.
Orir¡i,ie histuri1¡1ie ,te lit ¡1resc1·i1Jtiu1i e.cti,icliue. - l,'ancie11 l)roit ro111ai11
11e e<11111aissail ¡1as la ¡>rescri¡ition 1ixli11ctive cles oliligaticJ11s. Celles-ci, u11c
0
fois 11< :l'S, útaic11l 11or1Jétt1cllcs, et ne s'éteignaienl 1¡11'a11la11t t¡11'cllcs avaic11t
,;tó exi':cul<'•es. C'esl le ¡JrÚle11r <¡11i a, le ¡ire111icr, i11lro<l11il l'i1J1\c rlr! l'<'xlinc-
Li<)ll par l'incrtie ¡Jrolo11gée 1lu cr/·a11cicr. La ¡ilu¡>arl eles aclio11s ¡¡r{:torie1111cs
<l1!vaie11l e11 Pll'et <'lrc cxcrc{·es cla11s le cl{:Iai cl'1111 an.
l\ic11 ¡1lus lar<I. I<! clroil 1l11 llas-l•~11111ire a instil11<'• la ¡Jr1!scri¡JIÍ<Jll 1l1· ·
/1·1•11/,• 1111s ¡iriur l1i11t.cs les acli<)IIS c_ivil<"s 1>11 ¡¡r{·.lc1ri<i1111cs pcr¡Jt'!luPllcs ('··
'l'h/•<)<l<1s<', J, (;,, 1/1• 11r:1~.~cri¡Jtiv11,·, \' 11, :19).
l)a11s 1l1·11\ ¡Saragra¡>ltcs s11cc1issifs, 111>t1s lrailcr<111s <l'alHJr<l ti<' la Ll1<'•cJric
g{~n/•ral<· 11<" la ¡11·escri11li()/L e.cli11i:li1 1e, ¡H1is cl'1111c ¡>rcseri¡>Lion ¡>art.iculit':rc,
la /JJ'1•s,·ri11ti1111 ,l,1i:c111ial1! 1l<·s aC"li<i11s <:11 1111llit/: (arl. 1:iu'1 ), la1¡11<·ll<', Y11 su11
.1111¡><1rla11c1·. ll<'<'.<~ss1l<~
, • 1111c clu<, 1,. :--1>ec1a
· · , 1~.
1!14 LIVIIE l'IIE,IIEII. - 'fl'l'I\E l'RE,IIEI\. - 1:11 \PITIIE ll

~ 1. - 'l'héo••le ;;é••é••ale de la 1••·est•1·l1•flon extlnctlve.

l. - Durée de la prescription extinctive.


La durée l1a]Jilt1ellc ll11 délai lie la fJrcscriJJlio11 rxtincti,c, co111n1c tll'
l'usucapio11, csl tic lre11/e a,is. EtalJlic, co111n1c nli11s l'a,011s llit, par 'l'l1t'·o-
llosc 11, elle a to11jo11rs t'·tt'· co11ser,/•r. ]~lle for111r <'ncore le 1lroil co111111t111
(art. 2262).
Le clélai lle 3o a11s esl aujourll'l1ui co11sidér(· ¡Jar IJeauc,J11¡1 d'a11lc11rs
co111n1e trop long. et 011 a ¡Jarf11is récla111é son al>aissen1r11t ,\ 10 011 20 a11:,;.
()n invoque l'act11clle <1 111obilité des gens et lles cl1oses ,1 q11i rc11d fort
clifficile, apres de long11es a11r1ées. qu't1n débitr11r retro11vc au besoi11 la
1Jre11,·e de sa libéralio11 et, ;\ plt1s f<Jrtc raiso11, cellc lle la lilJération des pcr-
so1111es a11xl¡11clles il a s11cc<\dé. ,1ais la réfor111r 11'a 11cut-etre pas a11la11t
d'utilité l{t1'011 l'a tlit. \011s vcrrons <]tIC bra11co1111 llr dctti-,-.. <flli so11t 1Jar111i
les pl11s fréq11e11les, se 1>rescri,e11t llªr 1111 tcn1¡1s bic11 i11ft'·ric11r. Et la l<i11-
gu<>11r clu cli'•lai cst ¡1l11lot l1e11re11sc po11r 1111e catt'•µ·riric lri.•s ¡lralir111c 1l'rJbli-
galiLi11s, celles c111i r/·s11lle11t 1lº11n c,111tral ele 11r1\[ acc,11111iag111~ Lle gara11lics
l1ypotl1('.caires. La, il arrivc frt>c111e111111e11t que le pr1\L el11re lo11gte111ps a¡Jrt•s
,¡ue le re111)Jot1rse111c11l 1lc la clclte esl cle,c1111 exigilJle, 11arce qu<' le créancier
trL1u,c tla11s l'opéraLirJ11 u11 pl.1cc111('11t 1¡11i lui co11,ie11I. Si la prescripliL111
s'accr,111¡>lissaiL a11 )¡011L tle 1<i 011 :10 ans, le 1)rel<'11r sPrait ohlig-1\, avant l'<'X··
piralio11 <le ce elélai_, ele récla111cr 1lc so11 tl1•lJitc11r 1111 litre 11011i•cl, co111111P
cela a lic11 c11 111ati,~re de rente (ar!. 22fi3. <:i,.). ati11 ll'i11l<'rro111pre la pres-
criptio11. Ce scraiL 1111e occasio11 de frais et 11arfois tic s11r1)rises f:icl1e11ses
11011r la bon110 foi Pl la co11fia11cc 1lcs cr{·anciPrs. l,<'s sc11ls cas ot'i la r>rescri¡i-
lÍllll ele lrc11lc ans soil vrai111e11l lr1i¡1 l1i11g11P se· rP11co11!1·P11I ,\ ¡>r11¡1<is dPs
111a11tlataires, dépositairPs, ad111i11istrate11rs llPs IJiP11s ll'a11lr11i. qui s1l11I
,_1)Jlig1\s ele co11scrver pc11tlant trt'•s longte111¡1s lPs ¡1it'·ces PI 1lt1c11111e11ts {·ta-
l1lissa11I lc11r li)J{:ralion .. \ussi c<111vien1lrait-il 1lº1·lal1lir ¡1<111r c11x 1111c prP,-;-
cri¡>IÍllII <le 1lix ans a11alr1g·11,. .'1 cPlle 1¡11i lil1i'•rp IP l11IP11r 1arl. t,¡~11.
()11oi <111'il en s11il, la l<>i. ¡1ar rxc<'¡1li1111. t'~lal1lit 1111 g·ra111! 11,1111!1re 1lc 111·ps-
cri1>Lio11s ¡1l11s Cl>lll"IPs. (111 ¡11·11I ¡,.,_ class1·r !'JI lr1,i..; µ·r11111H·s:
1º J,a ¡1rescri¡1ti,111111' lli\ ans. qui all<'inl !Ps t1<'!i1111s 1•11 1111//i/1: tles c1J11lrals
(art. 1:\c>'1), 1l1111t 111111s lrail.<•r1111s dans 111Jlre 1IP11\ ii'·111t· 11aragra¡,!1,•.
:i" I.a.¡1rPscriJ1li1111 111' ci111¡ a11s ¡1011r les i11it1r1:1.~. /11_\'1'/'s ,•/ ,f,·r11111f/1'S, 1•[1·.
{arl. ·1 ·1¡¡ ).
:I" ),l'S ¡u·litcs ¡i1·,·.~cri¡1tio11s 1'1l111li'•Ps s11r lºiclée tl'une ¡iré:-u111¡1liu11 di: li!J1:-
rali1111.

Prescription de cinq ans des loyers, fer111ages, intéréts. arréra-


ges, etc. (arl. ·i·A¡¡). -- <:1•11<· 11r,•scri¡ili1111 a 1111<' gra11,!,· i111¡1,1rtancr 11ra-
li1¡11e. l•:11<' 1•sl ,I'a¡1¡1licati,111 <fll<1lidi1!I1II<'. ,\rl. ·,·,¡¡: ce l.<'s arri~rng1•s 1li·
l'P1Il1)S t>Pl'(>Í•l11Pll1•s PI., iag·t'·r,·s; 1'1'11\ 1IPs JH)t1si1111~ ali1111•11lair<',; l1)s l11~1•r,
1ll'S 111nis1111s Pt )p ¡>rix 111' f'Pl'llll' 1l<•s l1iPIIS l'lll':111\: !Ps i11tc'·r,\ts el,•,; ,-;11111111,·s
EXTI'íCTIO'í J>ES ODLIG.\TIOXS

¡>r1\tées, el gé1zé1·"le111enl lo1tt ce 1¡11i esl JJ11yable par an,zée, ou 11 rles ter111es
¡1ério'di111tes plus co11rts, se prescrive11l ¡Jar cinc1 a11s. n
I.'origi11e ele cctte clisposition re111011te it 1111e ordonnance de Lo11is \:11 en
<late de 1510, erui co11te11ait d'assez no111breuses dispositio11s sur la prescrip-
lio11, et dont l'articlc íI décidait q11e les acl1ete11rs ele re11les co11sliluées ne
¡Jourraie11t den1a11der q11e les arrérages de ci11c1 ans. Celte disposition avait
été éclictée <, pour le so11lagen1ent eles débi-rentiers n, afi11 cl'en1¡Jecl1er qu'ils
11c fussent « 111is a ¡>au,·ret(i et clestructioi1 pour les grands arrérages r111e les
acl1eteurs laisse11t courir co11trc c11x n. Les arlicles 1!12 et 150 de l'ordon-
11ance de janvicr 162u, i11spiré par la 111e111e pensée, a,·ait appliqué la n1eme
r1'gle aux loyers et fern1ages, ainsi qu'a la de·n1ande en justicc des i11térets
u'une so111111e JJri11ci¡>ale. 'llais pl11sie11rs Parle111ents, 011 le sait, refusere11t.
rl'appliq11cr ce! le orclo11nance connue so11s le 110111 de Cocle ~licl1aucl. La ré-
f'orn1c avorla done.
l,c 111otif r111i n d(·ter111i11t'· les ré<lacle11rs elu Coele est loujours le n1e111e.
1:·est le elésir el<> 1>rcit(·ger le cléllilcur. Et e11 cfl'et, si le cr(:ancier, surtout
celui clont lP dr<)ÍI est garantí par 1111 pri,ii1\ge, co111111e le IJaillC'u1-, 011 par
une l1y¡Joll1eq11c, ct'·,lait a11x den1a11elcs ele son dé)Jiteur et restait pen-
1lant de lo11g11es a1111ées sa11s r{cla111er les lo~·crs ou les int{·r1~ts écl111s, ces
a11nuit,\s q11i, 11or111al<'111cnt, cloi,c11t sr J)aJrr sur les revenos, se tra11sforn1e-

raient en 11ne de.tte dr ca¡1ital, lac1uellc, ,·er1ant s'ajouter it la pre111iere, écra-
a
sPrait le délJitc11r et Ir co11eluirail la ruine ..\vec la courtc prescri¡1lion de
J'arlicle 22íí, l<' crt'-a11cier esl 111is cla11s l'ol1ligatio11 de ne pas laisser accu-
111uler les intér~ls.
l.'arlicl<' 2'2íí 11c1us dit qu<' la ¡1rescri1ition q11'il éclicle s·a1111lic¡ue aux
arréragC's des re11!Ps PI ¡1c11sions ali111c11laires,a11x loyers eles r11aiso11s el fer-
111ages eles )Jiens ruraux, aux i11l(·r1~ls eles so111111es 11retées, puis il ajoute:
" el. g{·11érale111c11l lrn1t ce r¡11i csl JJayalJIP par a11111\e, r,11 á des i11lervalles
¡1{·riodic¡11cs 1Jl11s c1111rl.s >l.
Cclte der11i1'-rr f11r11111lc co1111Jrcnll les i11lt'•r1~ts ele lo11le sci1r11nc elur•, c¡11ellP
1¡11e sriil la cau:-1• 111• l'ol>ligalir1n, ,·e11le, so11ltc ele parlage ou d't'•cl1a11ge.
i11elc11111ilt'·. ]~lle• e111lirass<', r¡11oir111'1111 r11 ail clo11l{· 1't torl, a11ssi J¡ie11 les i11lé-
r1'ts 111oraloircs léga11x c¡11e les i11tt'·r1'ts convc11ti1J1111els. l~llc co111¡1re11d a11ssi
IPs trailrn1enls eles f'1i11cli11111111ires, lPs 11¡1poi11lc111r11ls eles co111111is el e111-
11loy{is ¡iaya)¡lrs au 111ois, 011 1'1 des i11tcr,alles J>lus (~loig111•s. alislraclion
f'ail11 cles salaircs dPs gens 1l1• srr,·ice rl gens clc lravail, o}¡jet rlc clisposilic111s
¡1arlic11lii'~rcs (11rl. ·1·1í1, al. :1 PI :>.'.lí:>., al. /1), c¡uc 11011s rclro11vcrlJIIS 11l11s
ll>Íll, )Ps ¡iri111es ll'ass11ra11cl's llPs c1111trals ¡\ ¡1ri111es fixes, ele ...
l•:11 revanclH•, 1l'a11ri'·s la j11ris¡ir111!P11ce, l'arlicln '-1'.>.íí 11<' s'a¡1¡1lie¡11c 1¡11'a11-
la11l e¡111• la ¡1rrslati,,11 ¡i{·ri111li11111• ¡1rt'·sc•11tc le caract1'.rp 1l'u11e cr{·ancc, 1lr111l
IP 111011la11l Psi c,1111111 ;'1 l'avancl', el 1l,111t l'i'·cl11•a11cc Psi lix<':e 1't 1111 jo11r el{·-
IPl'IIIÍlli'·. 11 IH' s'a11¡ili1111P ¡,as a11x lll'Pslali1i11s <¡11i 11'11111 ric•n ele flx11, e111
d,,nt. l1i 1111,11la11I Psi varial1l1•. ,\insi. ll's rc<IPva11c1•s lr1•f'1111cit'·res 1l111•s ¡iar
la 111i111• 1111 11r1,¡1rii'·lair1• <11' la surfacl' t'•cl1a¡1¡ir11I 1'1 la ¡1rPscri¡ili1>11 ,¡11i11-
1¡11Plllllll1•, l1,rs1¡11'1·ll,·s c1,11sisll'11I, 111111 1la11s 1111c a111111il{! lixP, 111ais 1la1 1s
1111 1! s11111111P ¡>r1,¡11,rli1,1111e(IP 1111x ¡1r1ul11ils ''" 1·,•,¡1)1,itati,111 ,le la ,1iinP
(I\,•(¡ .• 11 j11i11 18¡¡. s. ¡H.l.'..11): c:iv., '..lí ()C!11))1'(' 188;-), 1). Jl. H(i.1.,:{11.
'l'<l!Jll' 11 10

LIVRE l'RE,IIEI\. - ·rrTHE l'I\E,rIER. - CIJAPITIIE II

S. 87. r .2:í2). De 111e111e, clans les ass11ra11ces 11111l11elle,;, la cotisatior1 cl11e


par cl1aq11e ass11ré est esse11tielle111e11t ,•ariable, évc11luelle et i11déter111in(·e,
car elle cll'.·pe11cl d11 non1bre et de l'in1portance des propriélés assurées el
du 110111l)re et ele l'éte11clue des si11istres épro11,·t'-s cla11s l'a11née ; elle ne prt'·-
se11te clone pas le caractere rle fixité et ,te pério1licité exig(·e par la loi po11r
la prescriptio11 elecinq ar1s (Ci,,-., 17 mars 1856, D. J). 56.r.99, S. :í6.1.ii1 'r-
. 8 111a11,
Cf. e 1v.,, . 8gJ,
- D.ll. 9J.r
- ..1,2J, - no t e 1>1 a1110,
. l S . (Jti.1.
' 38-) ;>.
Cettcj11rispr11de11ce, si assi:-.c c¡11'elle soit, 11011s parait conlcstal)le. Car la
condition ele la fixité r1"est pas éno11cée clans l'articlc 22-¡7. De 1>l11s, elle r1'p,-[
pas nécessaire pour e¡11e le danger prévu ¡)ar le législate11r, l'écrasen1ent cl11
débiteur sous le poiels eles prestatio11s arriérées, se r,~alise. Enfi11, elle ,•sl
en oppositio11 aYec certains arrets <1ui 011t ad111is que les eliYider1des dus 11ar
a
11ne société con11nerciale ses actio1111aires.so11t s,111111is ú la prescription ,le
· ans (\'·. Doua1,. .,1 Ja11v1er
c1nq • • 1,s-,>.1,
1 1) . 1) . ,>.1.·1.1,lh,
-1 " ' ~-
' .,_
- 1 .:1.;i_,2
1 - 1 )•
Petites prescriptions fondées sur l'idée d'une présomption de li-
bération. - Le Coclc ciYil a ótabli ele no111bre11ses ¡1eliles JJ1·escri¡1lio11s d'u11L·
durée de eleux: a11s, 1111 a11, si\ 111ois. Elles so11t fo11dées ,;ur u11e co11si<léra-
tion eli1Tóre11tc de cclle c¡ui ex:pliq11e la prescriptio11 ordi11aire. Ce qui a i11s-
piró ici le législalet11-, c'est c¡11'il s'agit lle ¡\elles ordi11airc111e11t 1101i co,islltlécs
¡1ar 1111 litre, qt1i, en cor1s<'~quence, so11l acc¡uitlécs cla11s u11 lres bref délai, el
lll)Ur lesc111elles il arriYe souve11t <¡11'01111'cxig-P pas u11c c¡11ilta11cc. 11 co11Yie11l
done l¡ue la loi se _melle, e11 ce q11i les concer11e. <l'accord aYec l'usagc, el ¡>rt·-
sun1e lJt1'at1 bout (1'1111 ten1p:- asscz courl la clclte a été ¡iayée. U11e lellc ¡ire,;-
cription libératoire cl<'·fc11clra le cl<'•IJileur cc>I1Lrc la ri·cla111alion cl't111 créancier
de 111a uvaise f oi. E11 s<i111111l', les ¡>elites 1>rl'scri 1il io11s re ¡iosPn l :--11 r 1111e JJrl:so111¡J-
lio1i de JJaie111e11t. \lais, ¡>ar lit 111<\111e, elle,; ¡iri'·se11tc11l 1111 caraclerc loul dif-
fére11t de celt1i ele la prescri¡>li,in ordi11aire Pl so11l, e11 g-i'·11éral, 111oi11s efll-
caccs. 1':11 cll'et. il se ¡Jeul <¡t1e la ¡irésli111 ¡ilio11 clP ¡>aic111e11l s11r lae¡uelle ell1•,;
rt~pllSe11l Sllil co11lrairc lt la r1\alit,\; c'csl ¡1ourc¡11oi <J11 ¡i,~r111ct at1 créa11cicr ii
c¡t1i c111 les ll!ll>lJSC ele clí·f<':rcr le sPr111e11l a11 lií•IJitc11r. l,11rsc¡uc le crt'·anciPr
¡>rende,• ¡>arti, si le ,l{•IJilc11r rcfnse ,le j11rer ,¡11'il a ac,¡uill<°· sa llell.c, il a,,,11"
¡>ar lit 111t\111e l'e\isle1u·" de c1·IIP-ci. PI ru: 111i'·ril<' plus la prfllP,·Lic111 lle la !<Ji. l,a
¡1rcsc1·i¡itio11 ne s'a¡1¡>li,¡11Pra ,1,inc ¡1l11s. <:·Psi 1,\ Cf' <jllt' di'·ci1lc l'arliclc :.i:1¡.·1,
aux ter111es 1l11,¡11el: "(:e11\ a\1x,¡11cls cp-. ¡1rPscri¡>IÍ1111s scronl l1p¡11Jsées, (H'll-
Ye11l tl{·férel' !<) ser111p11l ú c,·11x 1¡11i IPs 0¡1¡111s1•11l. s11r la ,¡11Psli<>11 tle sav11ir si la
cltc)Sf' a <'•L{: r1:elle111P11l ¡,ay1,P.11 \11 l'l11llrair<',la 11rescri11ti,11111r,li11air<' r,,¡u,sanl
0

sur <lPs c1111si<l<'•rati,i11s tl t)r1lr1• ¡1111,Jic, ¡ir,ili'·g,,rai I le ,lt'·l>i IP11 re, 1111 rP l'acl i, ,11
1[ 11 cr<'·anciP1-. 1¡ua111l 111('1111, i,l sprail 1Jr1¡11,t'· <'11 fail <111·¡1 rr'a ¡1as ¡>ay{· sa llctl,·.
!,es ¡1rPscri¡1ti,111s f'1i111!1\cs sur la 1>r<'·s11111pli1111 1!P ¡>ai1•1111•11t s1>1il ó11 11 11c{•ps
1la11s Jps articl,•s :>.·1¡1, :>.:>.¡:i <•l. ·1·1¡:I. (:P ,,,,rrL l,·s s11i,a11IPs:
•º /'rcsi:ri¡1/iu11 ,/,• si.r: 11111is (arl,. ·1·1¡ 1 l. - J·:IIP ,·1111cPr11<':
,\, -- f,i•s 111aitrPS ,•t i11stit11l1:11rs ¡u111r IPs IP1;,111s 1p1'ils d,1111u•11t. a11 1111,i~;
11. - I.cs 111',tcli,·rs ,·l lrail1:11rs, Ú rai~••II clu lc,,,rp1111·11l ,·I 1li: la 111>11rril11r<'
<111'ils f1111r11iss1:11l;
{:. -· - ],PS 011vri1:rs PI g,·rrs ,I,· lra,ail ¡1,1111· 11' ¡1aiP111P11l d,: l1·11rs jL>11r11<'·,·,-,
1'1>11r11it11rcs i,L salaires.
EXTI:\"CTIO:-i !)ES OllLIGATIOé'iS

·>.º Prescriptio,i 1l'1t1i 1111.: art. :12¡:1, al. , a 3). - Elle s'a1)p!iquc:
\. - ,\11x lt11issicrs, lltJUI' le salairc <les actes qu'ils significnt et des co111-
111issio11s <Jtr'ils exéc11te11t ;
B. - \11x 111aitres de llcnsion, pour le prix ele pcnsion de leurs éleves ;
C. - \11x artisans po11r lP prix de l'a¡lprentissage des jc1111Ps ouvricr:-;;
D. - _\11x clo111estiqucs qui se lo11c11t it l'an11ée, pour le paic111c11t ele lc11r
salaire.
Pt)11r les ge11s 1lc scrvicc c111i sont payés a11 111ois, ce c¡ui est a11jo11rcl"l111i
la rr·gle po11r to11s les serviteurs autres que les 1lo1r1estic1ues agricoles, la
prcscription est <le six niois.
:\ Presc1·i¡1lio11 lle cleu.,: 1i11s ,art. 22¡·1, al.· 6, et 22 1 3,i. - t=lle concer11e:
0

.\. - Les 111édccins, clrirurgiens, cl1irt1rgiens-dentistes, sages-fem111cs el


pl1ar111acicns, po11r Jc11rs visites, opératio11s et n1é<lica111cnts :
13. •·- Les 111arcl1ands pour les n1arcl1a11<lises qu'ils ve11de11t aux particu-
licrs non 111arcl1ands.
Cctte derniere disposition clatc de la loi clu 26févricr JDI 1.l)'aprt\s le Coclc
civil prir11ilif, l'aclion des 111arcl1a11ds pour les 111arcl1anclises livrées aux
parliculiers no11 111arcl1ancls. sr ¡¡rescri,·ait par 1111 an. Ce dt'·lai a été allo11gé a
la demande des comr11eri,a11ts. L'article 22¡!1 clécidc, e11 cfl'ct, que la f)rcs-
criptio11 a lic11 H q11oiq11'il y ait cu conlin11alio11 de fo11r11iturcs, livraiso11s,
scrvices et trava11x. n. Elle part 1lo11c du jo11r 111en1e lle chaq11c liYraison. <)r.
da11s la pr11tiq11e, et. surlout en ¡)rovi11cc, le co111111cr<;"a11t fait crédit a ses
clic11ts, et 11e réclan1e so11 paie111cnt qu';\ la fi11 1le cl1aq11e ar1née ; le clie11t
;'1 so11 tour ne paye C{llC qt1elques 111ois a¡)res la rt\ccption cl11 relevé an11uel,
c'Psl-.\-clire ii 1111 monrcnl oi't 1111c ¡larlic des l'o11r11ilurcs scrait 1léja allcir1lc
¡lar la Jlrescri¡)tion. ,\vec le 11ouvca11 clélai de tle11x a11s, le cla11gcr Pst
ócartt'i, ;;ar le co111111cri;a11t 1io11rra. ¡Je11dar1l l'a1111éc qui suil les f<J11rnitu-
rcs, sciit ex.igcr so11 paic111e11l, soil llc111a11dcr 1111c rcco1111aissa11ec tic s011
con1¡1tc a11 clt'·l1ilc11r, rceon11aissa11ee q11i c111pt\cJ1era la ¡1rrseriplion d11 s'ac-
co1111ilir •
<:. - E11fi11, l'aclio11 tics a,t>11i'•s Jltllll' le [lai1~111e11l <le lcurs frais el salaircs
se ¡irrscril a11ssi 11a1· 1lc11x a11s, :'t Ct>1111itPr cl11 jugc111c11t des 1iroces, t)ll de la
cri11cilial Í<lll tics llUl'lÍl's, tJll tlc¡Juis la rt'~vocation clcstlits a,t111t'·s.
<J11a11tl il s'ag-il ll'all'aircs 11t>11 l.t!l'llli11t'·es, les av1>11t'•s 11c Jll'llYPIIL f<ir111cr tic
tlc111antlcs IH1ur lnurs frais Pl salairPs 1¡ui ren1011lcraic11t ú ¡ilus 1le ci1111 a11s
(arl. ·,~~¡:{ i11 ji11c1.

Droit pour le créancier de déférer le serment au débiteur ou a ses


ayanta cause (arl. :1·1¡:1, <~iv.,l. - l,<lrs1¡1ui. ¡'11'1)(:casi,111 11<' 1·•u11P <IPs <lctlcs
¡irt'·ct'i1ll'11lcs, In ¡11·1~scri¡lli<i11 Psi. 0¡1pt>st'·c> ¡'¡ la tlP111a11,lc tlu crt'•a11cinr, c1il11i-
<:i, Htll!S l'avt>ns vu, psi, a11lt1rist'~ ¡\ tlt'·l'<'~r,•r 11! St!I'llll'lll i'1 s,111 atlvcrsaire. (;e
tlPrrriPr SI' lr1111\'t! al1irs ¡>bu:i• 1lans l'allPl'ltalivc s11il tl1• ¡irt\lt•r le s1•r111c11l,
St)Í l ele! fHJl'tl l'P I<' l>éni•lit·t• tlP la J>I'<'SCl'Í f>l itlll,

<)11a11t ¡'¡ l'eil>jt'l 1111 SIH'IIl!'lll, la ltii tlisli11g-uc s11iva11l t111'il s'ag-il tl11 1lt'·liilP11r
eiu elt• sPs l'<'lll't'•st'llln11ls. l,ti 1lc'~l>ilc11r t'SL cililige'• UP jt1l'l'I' 1111'il a 1iayt'· sa 1lelle,
\11 Ctl11Lrairc la vcuv1! 1>11 IPS l1í:riticrs tl11 tlúl>il<!III' JH'11,e11l st• ct>11le11lcr
LIVIIE PRElllER. - 'l'ITIIE PI\EMIEI\. - CIIAPITIIE 11

de prelcr le ser,ne,il de Cl'éllibiliié (art. 2'.l"¡,), :1· al.), c'esl-a-dire ele j11rcr
qu'ils ignorent l'existence de la dcttc.
Da11s les deux cas, les défe11cleurs, s'ils rcfuse11t de ¡)reter le scrn1e11t it
eux déféré, so11t conda111nés par le juge.
11 sc111blerait logiq11e de cléciclcr c¡11e Je créancicr peut rec()t1rir, no11 se11-
len1enl au ser111ent, 111ais a to11t aulre 1111>de <le J)re11ve, po11r clétr11ire la
préso111ptio11 de paie111c11t sur laq11elle repose la prescri¡Jtio11. ;\lais la loi
n'e11 décide pas ainsi. L'arlicle 2275 csl certai11e111c11t 1111 texlc rcstrictif.
Conlre u11c 1)réso111¡1tior1 ele la loi, qui (( dé11ie l'aclio11 e11 juslice n, il 11'y a
pas de preuYe possil)le, si ce 11'est celle que la loi elle-111e111e autorise
(ar!. 1352, 2• al., Civ.) ...\dn1eltrc toute autre preuve serait détr11ire l'11tilité
ele la prescri¡)tio11 et per111ettre 11n litige q11e la loi Yet1t arreter ...\11ssi, cléci-
cle-t-011 q11e le créa11cier 11e pe11t i11voquer i1 l'app11i ele. sa préle11lio11 des
préso111ptio1l:'i d<' fait, 11i faire i11lcrroger le clébiteur sur faits et articles,
r1i 111e111e de111a11der si111ple111e11l sa co111part1lion deva11t les jt1ges pt1t1r
le cléter111i11er ú 1111 ave11. Sa11,; clciute, 1111 tel 111o~·en po11rrait (~lre J)l11s
efficace c1ue le ser111ent, lorsq11e le créa11cirr rt>cloutc la 111a11,aise foi cl11
clél)iteur, n1ais il 11e pet1l elre e111ployé. L'i11te11lio11 c1ui a i11spiré l'arti-
clc 2~75 ressort tres claire111e11t ele sa co111paraiso11 aYec l'article 10 ele l'or-
tlo1111a11ce de 1Gí3, qui aulorisait le créa11cier Il(Jll sc11lc111ent a
lléférer le
a
scr111c11t. 111ais faire intcrroger le défc11cle11r. Les rédaclcurs <l11 (:ocle 11'onl
co11scrYl' q11c Je ¡Jrer11ier lerme et onl rcjclé le scco11cl. Leur volo11lé <le l'ex-
cl11re cst cloncévicle11le(CiY., :17j11illel 1853, 0.1). 53.1.:153, 8. 53.1,íoti).
'fo11tefois, si le créa11cier 11'a ¡1as lt> llroit ele J)ro,t1c1ucr l'aYe11 clu clé)Ji-
lct1r, la sit11atio11 esl lt>ulc llitl'<'•rc11lc l1>rsc¡11c cct avc11 cst s¡ionta11é el r{,-
sultc soit tl't1ne tl{:clarali•Jn ex11rcsse. s,,it c!P la ,·011<l11itc cl11 cl{·l)ile11r. U11
tel aveu tlélr11ira l'ell'el ele la préso111 ¡Jl io11 tle paic111P11 t. ()11 le re11con-
l rcra, par exe111ple, da11s le cas 011 le clébit.e11r ;1 co111111e11cé par 11ier sa
dellr ((:iv., 1G j11illet 1906, 1). Jl. 1906. 1 .366, 8. 190G. 1 .!100) ; 011 l1ic11,
au ct111trair,1, il a <l'alJ()r<l (.llfcrl tic la payer, 1111is il s'csl ravisó el a invt>qll('
la ¡1rescri¡iti,111 (l\cr¡ .. :1, juillcl 1H!t!l, 1>. 1i·!l!l·1.;-1;~{i, S. !)!l·'·:i:11);011 l1ic11
cnc(1r,•, il 11'a all<'·gu1'· la ¡1rPscri¡1ti,,11 ,1u'a11rt'.•s av11ir ÍIIYfH(ll<'· 1('ab11rcl la
C(JlllJJc11satio11 ((~i,., :i, ocl11l1r1• 18!1'1. 1). 11. !1 11.1 ..-1:lti, S. !1:-1.1.:t!l), l)ans
l011s ces cas, le j11gc 1lPvra r,i11si<l,',r1•r la tl<)llP c11111111P a,,,ui'·l', 1:l co11cla111ncr
le .clúfP11,le11r au JJaient(\111.
(:ps tlt'·cisitnts se j11slilic11l aisé111c11t. 1·llcs 11'a,it111le11t ¡ias a11 lcxlc <IP l'ar-
ticl<' :i:17:1. <:et arliclc c11 ctl'cl aulorisc le crt'•a11cier :', i11v111¡11cr l'avcu clu
1li'•l1itr·11r, ¡iar IP fait 1111\111c 1¡11'il l11i ¡1er111el 1ln 1léfi'•rcr In snr11H•11l, car, en
11t'·f<'•ra, 1t In s1•r1111:11l, l<! cri'•a11ciP-r 11c fait JJas a11trc cl111se <fllf' 1l'csr<1111¡1ler
l'avP11 du 1l<'·liit,•11r, 1·11 cs¡u':ra11I 1¡11'il ai111cra 111icux rcc,11111ailr1! sa <lclle 1¡11P

A u tres courtes prescriptions. - 11 y a, <'11 1lt>l11,rs 1l<'s artit•lps :.i:.ií 1 :'i


't'.l¡:{,1111e a11tr11 ¡1rc•scri¡11i,u1 1¡11i, PIie aussi, (•si f(1111l<'·c s11r 1111n 11ri'•s11111¡1li(111 '
1
1IP ¡1aÍ<!lll<'ltl. (;'esl la ¡1rPS('l'Íliti,111 <IP ,·in,¡ 1111s, <'·tal1li1) ¡1ar l'articlti 1,"!!l 1111
e:( Hlc ,¡,. c(11111111·rcc ¡u 111 r /011/cs c1cl iu11s rclulii•cs ,,u.1.· lcl l 1·,·s ,le cltu11ye el 1111.c


l
EXTI'iCTIO'i !)ES OBLií;ATIONS

,l1illels <l ordre souscrits par eles comn1er<;ar1ls ou JJOtir fails de co111111erce.
Le ¡Jortc11r JJC11l elo11c eléfércr le sern1enl i1 celui e¡11i lui oppose une telle
prescriptici11 (l\eq., 3oj11illet 1900, D. P. 1900.1.559, S. 1901.1.28).
De pl11s, il rxiste 11n certair1 no111lire de pelites 1irescri1Jtio11s e¡ui rés11lte11l
ele textes SJJéciaux.
Les 1111es sonl de di.e a,is [acliondu 111i11e11r co11lre sor1 ex-lute11r relalive-
111e11t aux faits de la tutelle (art. !175, C. civ.); actior1 en res1Jo11sabilitó
contre 1111 arclritectc 011 11n cntreprenc11r i'art. '7!)2, 12 10, C. ci,·.); ac-
tior1 civile en ró¡Jaration elu elo111rnage causó par un cri111e (arl. :1 et 637, C.
i11st. cri111.); actio11 en réclamation des droits de st1ccession, en cas de dó-
faut ele eléclaration (art. 11, loi 18 111ai 1850) ot1 d'on1ission ele IJiens da11s
la déclara tion (art. /1, loi 3o jan,•ier 1907].
D'at1tres so11L decinqc111s: .\rt. 2276, 1"· al .. C. civ.: « Lesjuges eta,•011és
sor1t déchargés des picces cinq ans aprcs le j11gen1e11t des procós >> ;
·Art. 886, C. civ.: La garanlie de la sol,·abilité clu débitet1r cl'u11e re11le
ne pe11l etre excrct'·e q11e da,1s les ci11q ans q11i suive11t le parlage;
1\rt. G!i, C. crir11.: 'fo11tes les aclio11s contre les associés non liquidate11rs
et le11rs ve11ves, l1éritiers c>u aya11ts-cat1se. so11t ¡Jrescrites cinq a11s apres la
fi11 011 la el issolu tio11 ele la sociéte. •

On re11co11 tre encore eles ¡Jrescri1Jtio11s ele lrois ans : 1\rt. 2 et 6:-38, C. inst.
cri1n : :\ctio11 civile 11ée el'u11 clélit ;
De <lc1t;1; ans: 1\rl. 1676, 1 ••· al .. C. ci,. : 1\ctio11 e11 rescisio11 pour lési,J11
de ve11te el'in1111e11lJles; :\rt. 2276, C. civ .. :>.e al.: Les l1uissiers sont elé-
chargés eles 1Jieces, a1Jres 1let1x a11s, dep11is l' exócu tio11 ele la co1nmissir)11,
ou la sig·11ificalio11 eles acles elo11t ils étaie11t cl1argés ;
D'1t1i a11: ,\rt. '.l el G:{8, í.. i11st. crin1.: ,\ctio11 civile c11 rt'•paration <lu
prój11dice ca11s1\ llar 1111e co11lrave11Lion de si111plc p,)!icc; .\rt. 18, loi <iu
ll avril 18!)8: .\ctio11 c11 i11elcn111it(\ d'1111 accide11t d11 lravail.
De trois 11iois: ,.\cli,)11 civilc e11 r{~¡>aratior1 ,!11 préj11<licc causé par les dúlits
forcstiers (art. 18i'í, C. f,ircst .. ): par les clólits ele cl1asse (loi du 3 111ai 1811!1 ,
arl. :.!!)) ; ¡Jar les elélils de ¡Jrcsc, de difl'ar11atio11 011 d'i11j11rcs (loi elu :.inj11il-
let 1881, arl. fi:i);
l)'ttll 11ini.~: .\cti,111 ci,ilr ,·11 rt'•¡Jaratio11 <le el{·lits r11raux et <le 1lt'·lits ele •
(H\che (l<>Í ,111 ·18 ""f1le111l>rP I i!I'. litre , , s1'cl. 7, art. 8; loi 1l11 ,i'í avril 18·'-!),
arl. fi'.l ,.
,tais a111·11111• ,le 1'Ps ¡11·11scri¡1ti«>11s s¡>{·cialr•s, rc111arc¡11011s-ll' l1ie11, 11'cst f«)11-
1({•n sur 11111\ prúsrJIIIJ)lio11 ele ¡1aiP11l1\11t.: cl!Ps rPJH>s1111l l11s 1111cs et les autres
sur <IPs c«>11si1lr'•ratin11s parliculierPs, c¡ui ft)lll 1111P le cri:aneicr 110 pc11t. 11as
t'•cartcr l'«·xc1:11t.i,111 1lc ¡1rPscri¡1ti11n en 1lr'·fr'•rant le scr111e11t 1'1 s11n a<lvcrsairP.

Conventions qui modiflent le délai légal de la preso1·iption. -·


l.'articlr• 'l'.!'.lf> fH)rlc: " ( 111 11c ¡>cut, 1l'ava11cc, re111>lll'('I' 1\ la 11rescri¡Jlio11. >>
<:,•ttc ¡1rr>ltil1ili«111 P,-;L la ,·r>11sr'·1111P11cP 1l11 caract,'.rP 1l'or1lrc p11l>lic ,Ir) la
¡1rescri¡1ti«i11. u Si C1\llc c1111vo11ti1>11 t'•lnit valal>lc, 1lisait lligot.-J)réa1111111c11. la
¡1r,1s,:ri1it.i,111 11,· serait. ¡il11s, ¡1011r 111ai11l1)11ir l'or,lrP ¡111l1lic, 1111'1111 11111yc11
ill11s11ire; t,111s l'PIIX a11 ¡>r111it 1lcs,¡11,•ls s1•raic11l l1is 1!11gag1\111011ls 11c 111a11-
•111r!rai«•11t 1111s cl'c,ig·«•r 1'Plt1• r1•1u>11ciati«111. ,i (L1H:rt'·, t. 1fi, (>, :1:>!J,)


-
I ;JO LIVI\E PRE~llER. - TITRE PHE~IIEH. - CIIAPITI\E 11

<>n décidc cot1ra111111e11t c1ue l'i11terdictio11 <le l'articlr '.!'.>.20, 11ous ,011lons
<iirr ¡)ar lá ccllc d'1111e re11oncialit1n faite tl'r11•1111ce au 1110111cnt llu co11tral,
s·a1}J}liq11e 110n seule111ent 11 la prescriptio11 orcli11airc, 111ais a11x petites JJrcs-
cri¡1lio11,- fo11clées s11r 1111c pr{·sorr1¡llio11 de ¡1.1ie111c11l I arl. '.!'.l'7, 11 '.!'.!'73:1, car
c-Ia11s ces pctitcs prescri1)tio11s, l'ieléc d'i11tért:1 ¡.rénéral 11'csl pas 11c>n }Jl11s
alise11le : elles 11c déco11lc11t ¡1as 11niq11e1r1e11t cl'u11e ¡)r{·so111¡lti()ll ele paic-
n1rnt. r11ais e11core de la JJl'('occ11pation el'arrc\ter des }Jroces.
l,e,- 111C·111es cor1sicll'.·ratio11s doivent faire dl'.~cidcr c¡11'il 11',;sl ¡Jas ¡Jer111is
11011 ¡Jl11s au.x parties d'al/011r¡er les d{·lais de prescriptio11 í:talili:-; ¡iar la loi.
Cette seconde regle 11'est ¡1as ex¡Jressé111e11l é11011cée par la loi, 111ais elle est
1111e co11séque11ce nécessaire ele l'article '.12·10. Car a11tre111e11t. il serait aisé
de to11r11rr la prol1ilJitio11 l{•gale, et tle pri·vcr e11 fait le cl<'.•lJi tc11r cl11 lJénéfice
de la prrscriplio11 e11 en exag('ranl la d11réc (\-. ce¡J. C. tl'Etat. 3 ja11,ier 1881,
J). 1). 8:J.3.119, •
s. 8:i.3.34,.•

\lais ici encorc. il co11,ient de re11¡¡1r<1ucr c111c la 11rol1ilJitio11 lég·ale ne


s·a1J1ili<¡t1f' c111'a11\. co11Ye11lio11s faitcs ntt 1110111e11l 1/u co11trat. Ilie11 11<· 1r1el-
trait fllJ:-lacle ú ce c¡11e les ¡1artics co11, i11ssP11l tle s11:-¡Je11clrc }Jl'f)YÍS(Jire111e11l
le C<lllrs d'1111c prcscription C<J1111r1c11c{·e, j11sc¡11'it ce c1u'u11 JJOÍ11L i11Léressa11l
l'e\.iste11cc 111e111c tic la clettc e1it p11 (\lre exa111i11é; il 11'y a11rail la auc1111e
,i(>latio11 de l'orclrc p11}jlic, et la co11vc11tiu11 tics ¡Jarlics, i11s¡Ji r<'·e ¡Jar 1111
j11:-;te so11ci de:- tlroits cl11 cr{•ancier el ele l'i11Lérel ele la juslice clc,rait etre

re:--11<'('.léc. (:·esl ai11si c¡nc la (:011r tlP ca,;salÍ<>ll IJelg·p a ,ali<lti la co11,c11tio11
¡>ar lac111cllc l'ad11_1i11islralio11 tics [>ostcs lle Stlll ¡Ja~s. arg·11{·c tl'a,oir ¡1a~t'·
1111 111andat-¡,oslc á 1111 fa11ssaire, a,ait 0Lle11u cl11 récla111a11l <111'il atle11elit
Jln11r i11te11lcr so11 acti,111, 1¡11c l'c11l[U(\fp <JllYt:rlP 11ar le Jlarqucl el ¡Jar c•lle-
11H\111c c1it pris fin. el a,ail crJ11:-e11li. ('ll r<'t,n1r. i1 1111e s11:-11c11si(lll d,: la
¡1rescri¡1t.io11 í_Cn:-s. 13Plgi1111e. ', r>cl. 18!1'1. 1). t>. !Jfi.·1. 1fi!J, S. !l;->. 11. I\I· (~c1111JJ.
'l'r>11l1111sc, 18 111ai 1868, 1). i>. (i8.·1.1c18, ~- ¡1 .:1.1;1l,.
)~11 re,·a11cl1e, si les tlt'·lais <le la 1irr:-cri¡1li(>II nr 11c11,e11l 1\tre al!tJ11gés, les
a11le11r:-el la juris¡Jr11cle11ce Sl>Jtl 1111a11i111p:-; .\ rcco111H1itrc c¡u'ils 11c11Ye11t 1\lrP
,1f,r1;f/t;s Jl:ll' I<':- Jlarli1•:-;. I•:n Pll'ct, <lil-(lll, lies cla11:-;cs <11' en gen re faY(lf'i,-P11t la
lilu'•ralinn d11 1l,'•liil1·11r, <'l. ¡>:1r ('1>ns.-•(¡11c11t. Pll1•:-; 11'(>111 ric11 ch· ('.(>Jllrair1• i1
l't>r1lrP ¡111lilic. l•:11 fail, 1·l)Ps tlP :-<' l"('IIC<>nlr1•11I (lll(' 1l:111s ('I' /..!'<'111'(' 111• ('(.lltlrals
a11x1¡11Pls ci11 dt>llllt' I,· 111>111 d(• co11/r11fs ,/'l/r//,,:si1111, (.·,·st-i1-1\ir<• ,Ia11s )p:-;1111el:-;
1'11111' (!!':- ¡>arli<'s, f'll ,1·rl11 d1• sa 1i11issa111·(• ,·.,·,>110111iq11(•. fail la loi i1 l'a11lrP,
1:l l11i i111¡10:-;c ,!,is C(JJHJiti1J11:,; r¡11e «'<'111~ 1l1·r11i('.I'(' 111\ ¡u•ul ,lisc11tPr. ( :·esl ai11si
11111· 1t'S (.,0111pagt1Jl'S · <1' as:-lll'llll('('S ·IIIS('f'f'lll
' ' . l I 1a11s 111111':- J>O 1·l('('S 11111'
1'11 g<•(lt'l'II
rlausc r/·1iuisa11I it 1111 1l<'·lai Lrt\s l>rPf le clrc>il ¡i11ur 1·as,-;11r<'· lt· r<'·l'la111l'J' ri11-
1IP11111ilt· sli¡111lú1• e11 cas 111' r<'·ali:-;ali(>tl (111 ris,1111, 1:-;ix 1111>is t>U 1111 a11 da11s ra:--
s11ra11r1• 1·,>nlrP l'i1H·1·111lif', it c1>111¡>l(•r d11 jo11r ,¡,. l'ill('('tHliP (>ti(!('.:- 1l1•r11i<'·r<'s
tH>11rs11ilt·s: 1111 a11.(¡111•lq11(•l'<>is 1111\1111' lr,,is 11111i-;,da11s l'a:-;s11ra11(·1• sur la, iP).
1)1' 1111\111(•,l1•:-;(;o,1111ag·11i,·s (1<· lra11:-1>•>rl sli¡>t1l1·11I fr/·q11,·111111<'11l 1¡11<' la1l11r<'·<'
1lp la ¡iresl'ripli(11t l{·galc <'·lahlil' ¡>ar l'arli(•)p 1118 1l11 (;(>tl1• dP C-(1111111('1'1'1' S('f'a
1li111in11{•p it lc11r f>l'<>lit. l.a vali1lil/· ,11· ,.,.,_ cla11s1,,; 11'1·sl ¡1as 111is1• 1•1111,>tll<' f>a1·
la j11ris¡i1·1u!Pll('<'. 11 fa11l ¡u111rlanl l'l'('(>1111ailrl' 1111°1'1)1':- cl1111111·nl liP11 :'i 1IP
,i'·rilahlC':- al,us PI 1111'il :-l'rail 111>111!',•11 r<'·gll'IIH'llll'r 1'1'111¡,loi .\a111·y. ·dij11in
1
EX TIXCTIO'.li DES OBLIGA.'flOXS

1/-sq¡, D. P. fl¡.:J..~)o:), S.
:-,_ Dl,.1.113, 11ole clc.\l.

11. - Point de tlépart de la prescription.

J,a ¡1rescri¡)lio11 liliératoire cor11111rncP i1 co11rir a11 ¡1rofil d11 clt'.•l)ile11r it


1·11111¡Jler clu jo11r (>Ú le crt'.·a11cicr a ¡in i11lc11ler sa cle111a11<le, c'esl-it-elire, e11
principe, it partir el<· l'cxig·i}Jilit{· ele l'o}Jligatio11. l'a11t <111e l'aclion n'e:-;L pas
1111,Prlc, le elr(>il :<lu crt'.·a11ci<'r 11P ¡1c11t 1i:1s se 1)rescrire. De lit déco11lenl les
¡1ro1lositio11s sui,·a11lc:-:
1" Les droils ét'c11t11els, c'esl-i1-<lirc les droits q11i so11t su!Jor<lonnés a11
dt'·ct.\S cl'unc personnc, ou i1 11n a11lre é,énei11ent 11ossible ou proba!Jle, ne
a
snnt s11jPts la prescri11tior1q11'a11111oment 01\ l'é,enl11alit1'• en queslio11 s'esl
prodnile. Il en es! ai11si po11r le elroil d'i11tcnler l'acliti11 e11 r{·duclio11 cl'11nc·
d1>11alio11. CPllP acl.Í(>II 11P ¡1P11I <~Ir<' rxPrci-P 1111r les ]1{·ritiers rt'.•ser,alairrs
dt'•¡Jo11illés qn'a11 jonr eln cl1'.i:i.·s; el, d<'·s lors, le elroil de l'exercer 11e se llres-
cril <111'it parlir de ce 1110111e11L. lA' 111t·111e ¡1oi11t de elé11arl s'ap1lliq11e it la
prcscriplion ele l'ac!Í(lll e11 ra1111orl. c'est-it-dir<· ele cclle 11ar lat¡11elle les l1é-
riliers derr1ar1tle11t i1 lc11r col1{·ritier, do11ataire de leur auleur co111111u11, ele
re111ellrc le" lJicns do1111és cla11s la :s11cccssion <le cclui-ci. Et pareillc111e11t,
1·aclio11 <'Il r¡•s¡)<l!Jsal)ili!{· Í<)r111{·e ro11lr<· un 11olairc ;1 raison ele la n11llit<'·
d"11n CCllllrat ele 1nariag<', S<' 11rPscrit. 11011 i1 dater du j(Jllr oú ]'acle a {·!{·
0

pas:-{·, r11ais cl11 jcHJI' otr, it la sui le <111 ¡lro11cl11cc'· <le C<'lle 11ullité. <'SI IJ< 1111 •

pr{judice 011, rant a11 i:ler11ar1tle11r 1111e aclio11 <'Il clo111111age5-i11lt'·rels (Ci,·.,
·, 1 oclolJrr: 1!J08, S. 1 !JrJ8. 1 • 1 1!1!.)),
.,. .. l:n¡• <JIJligalic,11 <lt111! la fcir111ali1111 (•si s11!Jurcl!lllll<'<' i1 la rt'·alisalion clº1111e
,·,,11(litio11 s11sJJP11si,P. 11c ¡>P11l 1¡1as sr• ¡1rc•scrirl' a,a11L le j<n1r tic l'arri,<'·•· ti<·
l't'·,{·11e111er1l (ar!. 2:1;-,¡. al. 1"'). ]>ar aJJ11licalio11 <le cctlc ri·glc, l'arlicle 2:15¡,
al. :i, ajoul<· c¡ue la ¡ircscri¡ili<)Il JlC co11rl 11c1inl ú l'{•gar<I ele l'aclio11 en gara11-
1i,·. j11s¡¡u'it ce <[lit' r,··,iclio11 ail c11 líen. c;·csl er1 efl"cl i<' lr<Jt1lilc cJ11 l'<'•, iclio11
q11i 1lc11111c 11ai,sa11c<' li lºacli<Jll <'Il g·ara11lie tla11s la JH·rso1111e ti<· l'aclH·lt·11r.
:\" l1c111r les crt'·a11<•¡•s 11 fcr1111·, la ¡1rPscri¡1IÍ<lll ne co11rl 1lni11l j11s(¡11'i1 ce <Jtl<'
1·,··c-hc'•a11ce sclil arri,/•p (ar!. :i·i~lj, al.:\).
11 fa11! faire :t(l(llicalic,11 el,• CP!lc· r,'-µle a11,j i111,:,.,:¡s cl<'s crc'·a1u·r•s. J,a Jlres-
c·ri¡llic111 <le ci11q ans d<· l'arlicl<' ·i·i¡¡ q11i l<•s <'<lIIC<'f"II<', <'<>llllll<'IIC<' i1 C(llll'Ír
/1 11arlir <l11 jo11r <1<• l'c'·cl1<'·a11c<' <i<' cl1a<1111• 11c'·riculc <l'i11lc'-rc'·!s.
( :<'¡H•11<la11I <·11 <'<' <(IIÍ C!lll<'!'l"IH' l<·s r1·11fcs, il rc'-s11l!c· <I<' l'arlicl<\ :i11i:I
Cjll<' IP ¡1c1i11l <I<' d<'·11arl <I<' la (ll't•scri¡1lic>11 Psi. IH>II 11as la Jll'<'Illic'-re ócl1{·an<·r

d'arr<'·rag-es, 111ais la <lal<• 111<\1111• <l11 lilrc· <"<>11slil11lif. l·'.11 Pll'c·l, a11x !Pl"lll<'S el<•
,·,·! arlicln, les ,i11gl-h11il ans a¡>r,'-s l<'s<JIIPls 11• cr<'·1li-r1·11li1•r JH'lll <l<•11i:111<lcr
1111 lilrc• ll<lllYPI, 1111, f'rais rl11 <lc'•IJil1·11r, :-<' ,·011111!<'111 ,¡ ¡111rfir 1/1' /111/r1/1• <111
,l,·r11i,·r tilr1·. ce> <¡11i <li•111c111lr1• 1111<· !Ps ,1,·ux a11nt'-Ps s11i,a11l1•s aclu'-,<'111 IP
,,.11,¡1s 1l1• la Jll'PS<'1·i¡1ti,,11 (<:i, ., :, ;H>ttl 18·~!), S. chr.;. 11 ., a lit 1111,· S<ll11li<111
c¡ui 11',•sl 1111ll1·111c11l l1>g-i<¡11<'. <':ti' la r,~111<' C'c>11sisLP c•:1.<'l11si\'PIIIPIII. da11s IP
1lr<1il <IP dc•11,a11<IPr <IPs arrt'•ragps :111 <lc'•IJil.<'t1l': <·11<· 11':1 (Hts (H>lll' <>i>j<'I 1111
,·a¡lilnl. ()1,11<' l'a,·li"11 <·11 r<'·<'la111ali(>ll <l<·s arrc'·ragPs IH' 11ail <111'a11 j1111r 1)P
-
I D2 LIVRE PHE)IIEI\. - TITRE PRE)IIER. ·-- CH.lPITIIE II

la pre111iere écl1éa11ce. C'esl i1 ¡Jartir (le e<> jour scule111c11t <¡ue 1levrait con~
rir la JJrescriptio11.
:\Iais e11 del1ors de celte exception for111elle au 1Jri11cipe, celui-ci doit etre
appliqué en toute l1y1Jotl1ese ..-\i11si, 1Jo11r les gages el salaires payables lot1s
les quinze jours ou tous les n1ois, le 1Joint de départ lle la prcscri¡Jtio11 est
le jour oi'1 le payc111ent périollilJUe devait etrc etrcctué.
De 111en1e, pour les fo11r11il11res des 111arcl1anlls i1 le11rs clic11ts, le,;-
quelles forn1c11t, ai11si lJUC 11ous l'avo11s <lit lllus l1aul, auta11l ele créa11ccs
distincles, la prescriplio11 co111111ence 1Jour cl1ac11ne ll'elles au 111omc11t
mer11e ou elle a été faite. Il 11 ·en serait autren1ent que si le clien t a,·ai l
a
l'habitude ele payer une écl1éance déterr11inée, par exer11ple, tous les 111ois ;
en cecas, ce serait de ce tern1e, expressément ou tacite111ent co11,·enu, <¡11e
llaterait le début du délai de prescriptio11.
C'esl par la 111e111e raiso11 q11e se j11slific la regle a
a1Jpli<1ucr a11x rr1élle-
ci11s, créa11ciers lle lcurs l1011oraircs, llour les soi11s ll1)1111és a11x 111aladcs.
C'esl u11e st1lulio11 tra(!itio1111cllc (1ue la 1Jrcscriptior1 co111111c11ce 1Jo11r cux,
no11 JJas aprt'.·s cl1a(Jt1c ,isitc, 111ais a co1111Jter sc11ler11e11l llu j1)11r oi'1 le 111é-
tlecin a cessé de do1111er ses soi11s e,·. llotl1icr, Obligulions. 11º í 15, éd. 811-
gnet, t. II, 11. 392_1. E11 efrct il 11'est JJas d'11sage que le 111étlecin se fassc
}Jayer le ¡1rix de cl1aquc ·visite; il y aurail men1e pour luí 11ne vérilalJle
i1npossibilité 111orale a le fairc (Lyon, 15 11ove111IJre ,8!J8, 1). fl. ~J9.·1.3-¡,.
S. 99.:.i. 101).
4º E11fi11, <laus les olJlig·atio11s ele 11c JJas j(1Írc, le dr<)il ll'acti,)n clu crt'.·an-
cier ne co111rr1cnce a se prcscrire e1uc du jour ou le cl1ilJitc11r a co111111is
a
11n acle conlraire l'a!Jstc11lio11 <¡t1'il a pro111ise.
011 ¡Jcut résu111cr ces lliverses r1'-g·les llans 1111e forn111le g1·11t':rale: Aclio11i
,ion 11c1l:.c ,1011 pr;{:scribil11r. l)ot1r <1u'1111 tlrl1it se ¡1rcscri,e, il fa11t, ,11011 sc11-
lc111c11t q11'il soit 11é, n1ais <¡11'il ¡1uissc elrc exerct'·. En gé111~ralisa11t cellc
illée !out é<¡uilalJ!c el c<i11for111c a11 for1cle111ent ration11el lle la ¡>rcscri¡ition.

la j11ris¡Jr11llP11ce llécide, ele la 111a11iere la ¡Jlus co111¡Jri'-l1c11si,·c. f¡11e toul<'s
les f1Jis 011 1111<1 ¡>artie a t'·tt', (/11,rs f'i111¡1ossihililt: 1l'agir ¡Jat' suite 1l'u11 c111¡H\-
cl11:111c11t 11u1dcon11uc rt'·s11lla11t s,>il 1lc la l11i, s1>il 1lc la f,,rcc 111ajt>11re, s,,it
1111\11,c 11<, la c1111,P11ti<HI, la lll'PS<"l'i¡iti,>11 11<' f"t111rl ¡H1i11t !'1111lrc Pile j11s1¡11'au
jo11r tJÚ cessc cellc i111¡HJssiliilitt'· , (:iv., ·1•"' j11i11 ''"',''· 1). 11 . -¡c1.1.:l11t1, S. -¡,.
1. ,:{¡). <.:011lr11110,r l'<1lc11tc111 11r¡crc 11011 c11rrit ¡1r;1.•s,·ri¡>lio.

111. --- Suspension de la presoription.


• l,<'s callSl'S 1lr sus¡H•11sic111 S<Hil les 111c111Ps ¡1011r la fll'Pscripti,111 lil>t'·raloirl'
1¡11c fH>lll" l'11s11ca¡1ir111. \1Jus n'avons 1l1111c <111':'1 l'<'ll\'tJY<'I' i,·i aux "\¡1licati1111s
<lt'-j:'1 ,I,,1111t'·cs prt'·ct'·1lf't11111cnt 1 \ " . _111111'<' l1J111c ,.... ¡1. HH-; •
\1¡11s IH\ l'f'IÍ<'ll<lr,111s <¡tH, <IPII\ ri'·glPs s11i'•f'ialPs ;', la ¡11·Ps1·ri¡1ti1111 Iil,t'•rn-
l11i re.
rº <:1111.~c 1/,• s11s¡1,•11si(l11 ¡1r(l¡1r,· 11 l'h, 1riti,•r l1t 1r11:/ici,1ir,· art. ,,.1.·,x. al. 1''1.
- J,a ¡>rcscrit>li1111 IIP ,·011rl ¡,as <"<>1111'1' l'hc'·riliPr l1i'•11t'·ficiair1·, ;\ l't':gar,I 1IPs
crt'·a11ccs <111·¡¡ a cnntrP la s111·c,•ssi1111 1<111 <'Xt1li111H•ra t'PII<' r."·glc, ;'1 1>r,,1111s d11
IH:111\fic<• 1l'ir1vent11ir1•),
EXTI'iCTlO'i DES OIILIGA'l'IO'iS

·1° Les coltrles JJl'escri¡1lio1is, ele cirlfl a11s et au-dessous, 11e sonl l)as sus-
11cntl11es 11ar la 1ni11orité 011 l'inlerclictio11 du cr1\a11cier !art. 22¡8, C. ci,·.).
(~'est lú u11e clis11ositio11 tradilio1111elle ,:Poll1ier, Obligations, 11° 71 ¡, éd.
l~11g11el, l. JI, p. :)8~ ; (;o,1stil11tio1i ele re,ite, 11° 13g, éd. J!11g·11el, l. III,
~ o •
1), '10g).
11 esl-asscz singulier,ii llre111i<~re v11e,que la loi écarte la ¡Jrolectio11 c¡u'ellc
,tccorcle a11x 111ineurs el aux i11terdits, flans les cas ot't elle se111IJlerait le pl11s
11lilc, c'est-ú-dire da11s ccux 01\ la 1Jrcscri1Jtior1 s'acco1r1plil par le plus courl
<lélai.(Juel es! elo11c le 111otif q11i l'a eléter111i11ée? ll varie sui,·a11t les prescrip-
t.io11s. Pour cellcs des articles 2:1¡ 1 el 22¡2, elles reposent,11ous le savo11s, sur
1111e préso111ptio11 ele paie111cnt ; or, celle-ci est exacte,quelle fjtte soit la qua-
lité el11 créa11cier, qu'il soit 111aje11r, ou. n1i11eur, ou interdit. Il serait rlo11c illo-
'
giq11e cl'ócarler l'elfet ele cctte próso1111Jtio11 so11s le prétexle q11c le créar1cier
est u11 i11capal)!e. Jlour la llrcscriplio11 ele ci11q a11s ele l'arlicle 2:1¡¡, le fon-
ele111e11l ele l'inslilution c'est l'inléret d11 elélJite11r, le désir el't'•viler le gros-
sisse111e11l de la elettc. lci e11corc, 011 se tro11vc e11 face de raisons qui con1-
111anclcnt cl'apJJliq11er la ¡Jrescripli«J11 c111elle c1ue soit la qualité du créa11cier.

!\'. - Interruption de la prescription.


Les causes cl'i11lerru11tio11 ele la 1irescri1Jtion lib1\raloirc 1Je11ve11l résulter
soil cl'1111 acle de pours11ile cl11 créancicr, soil d'un acle de reco11naissa11ce
<le la clclte ¡lar le tlébile11r.
1° ..te/e ele pours11ile cl1i créa11cier. - Lorst¡11e le créar1cier a 1111 litre exé-
cu Loi I'l', i I i II ICI'l'f)Jl1pt la 1irescriplio11 soi l. erl sig11 Í fia 11 L llll COlll/llQ!lde111e1ll,
soit c11 s11isiss1111/ les lliP11s el11 tlt'·bilc11r i'arl. :1•1411'·1. Et, e11 cll'cl, la saisi<·
.

11'esl ¡1as loujours prt'·cócléc cl'11r1 co111111a11flcn1e11l; il e11 csl ai11si ele la sai-
sie-arrel, ele la saisic f'orainc, de la sai:-ic-gagcric, ele la saisie-rc,e11clicalio11.
C'<'sl clo11c, cla11s ces cas, la saisie ellc-111e111c c¡ui i11lerro111pt la 1Jrescriptio11.
1i1J11r les aulres saisics, a11 co11lrairc, le co111111a11clcn1cnl c¡ui les ¡1réct'!de
¡1r¡ieluil so11 clfcL i11Lerru¡Jlil', el la saisic vic11l poslóric11rc111c11l rc11011veler
l 'i II I ('. l'l'll ¡> l Ít) 11.
L'ell'cl i11lcrrn¡1tif' ele la saisic csl tln reste plus t''.lc11<lll <111c Cl'lui eln Ct1111-
111a11tlc111P11l, car il se l'Pll<HIV<'IIP i, <'l1a1¡11<' arle clr, la ¡iroct'·clurc.
l,urs1¡uc le crt'·ancil'r 11'a ¡1as de ti/r1• exéc11/oire, il 11c suf'fil 1ias t!'unc si111-
¡1lc 111ist1 en 1IP111e11rP, !clic cinc cclle <tui ri:snlle <l'1111c so111111ati1J11, ¡Juur
i11lcrrr,1111>r<' la ¡1r<'scri¡iliu11; il l'aul <¡ne le crt'·a11cicr 11ssir¡111· l1\ elt'·uilc11r PII
jusi.ice (ar!. :1:1!1f1, :i:1 11;-1 ,\ :1·1 117). lri e11l'rJr1!, 11ons 11'avo11s t¡n'it rcnvcJycr IP
l<'cl<'llr :\ 11c,s tlt'·,l'l1i1i1icn1t•nls a11li'·rie11rs l'<'lalil's :\ l'Pfl't'.I i11l<'l'l'll)>Lif', tic l:i
◄ 'ilali1111 en j11slirc (\'. 11<1lrt• l. I'', ¡i. X'i', s.).
:f' 1.a r,•,:0111111iss1111r,· 1/1'. '" 1/t•l/1• 1iar le tlt'·l1ill'.11r i11lt!rr111n¡il. 1'•1-ralc111<·11l la
¡n·cs1·ri1iti1111 (nrl. ·1·1'1X', PI l'Pla sans clisli11g11Pr, 11n'il s'agissc 1l'u11e a<'IÍ<JII
111'•c 11'n11 1lt'·lil ,,u tl'nn c1,11lrat, 1l'u11e 1irt's<'ri11li<n1 /1 tlt'·lai lt'·¡.:-al, 1111 ,!'une
1>rt•scri11ti1111 i, tll°·lai al,rt'•gt'· 11ar la c1111vc11lit111. <:<'lle r1•t'111111aissa11cP, acl<'
◄ •ss<'nli<'llc111<•11l unilalt'·ral, IH'lll ,'-Ir<· t',1'.JJl't!SS1' <J11 /11ti/1\ rt'•sul!Pr,¡1ar c\c11111IP,
◄ l11 ¡1ait•1111'.11l tlPs i11lt'•r1'-ls 1I<' la d<'ll<' ( \a111·y, :1:lj11ill1•l 1Xi1;1, 1). 11. !)(i.·1. 1X·1).
'

154 LIVRE PRElllEII. - TITRE PRElllER. - Cll,lPITRE IJ

()11 J)eul se cle111a11der des lors a CfUOi serL la disposition, déja rcnco11trée
[)111s l1aul, de l"article :1·163, c11 ,·ert11 de laquelle le créa11cicr d'une rente
JJCut, au ))out de vingt-l1uit ans, réclamer u11 titre 11ouvel au dél)i-re11tier.
C:ette reconnaissa11ce expresse de la dette n'cst 1Jas utile, ser11l)le-L-il, puis-
<111c cl1aque paie111ent d'arrérages suffit pour i11terro111pre la prescri1Jtion.
\ quoi il faut rt'•po11dre c111e ces verscr11e11ts cl'arrérages se co11statc11L
1iar des r¡uilla11ces, lcsc1uellcs so11L aux 111ai11s, 11011 tlt1 crt'•a11cier. 111ais d11
a
1lébitcur, la cliscrétion ele qt1i le rc11tier scrait lnissé, si la loi 11c lui avait
1ias fo11r11i le n1oye11 ele se procurer 1111 litre 11011vca11.
Quel va etre l'elfet de l'i11lerru1Jtio11 ele la 1Jrrscrípti<J11? On sail e111e la
})rescription interrfJ111pue recon1111e11ce a co11rir. Est-ce la 111é1ne prescriJJlio,i,
l>t1 1111e prescriplion 1101lft•elle d'u11 caractere différent? La 111cn1e éviden1-
111en t, en ¡Jri11cipc. :\ir1si, da11s le cas 01\ la prcscriptior1 cl'1111c dctlc d'int{·-
rels aurait t'.·1<'· i11terro1111)11c par la rcco1111aissa11cc q11'e11 aurait faite le d{•!Ji-
te11r, c'cst la 1Jrescriptio11 • c111inq11e1111alc et 11011 la prescripti1i11 tre11te11aire
a
11ui recu111111e11ceraiL co11rir h ¡iarLir el<' l'acle i11lerr11pLif (l\<J11e11, 11 aout
18\)<l, D. I>. 91 .,"í.!10¡. S. 91 .2.;Ío). 11 11·c11 scrait a11tre111rnt ,¡11e si t'i11ter-
r11ptiu11 résultait cl't111 acle t'.·111a11a11L de la volontt', lles lle11x parties, et 11e
c1J11slit11ait pas seuler11ent u11<' recon11aissa11cc de la 1lclle, 111ais e11corc,
11'apri,s J'i11te11tion clPs ¡,nrties, la s11lJstil11lio11 1l'1111c c>IJligalio11 11011velle i1
l'a11cien11e, une 1101•rtlio11 e11 u11 111ot. En ce cas, la elettc 11,,11velle, aya11 t
1111e anlr<' ca11se c¡11e l'ancic1111c, 11e serait ¡Jas tll\ 111t~111e 11at11re et scrail
,-.011111isc ú la 1Jrescri¡JlirJ11 ll11 1lr1Jil cc>111r111111 ('l'rilJ. J)ij,>n. :{ 1r1ars 181r1,
1). P. 93.:1.5:{5). .
Effet de la reconnaissance de dette sur les petites prescriptions.
- l'ne rt'.·gl<) ,lill't·renl<' s'a¡JplilJtte ú l'cfl"el tic la rec(>1111aissa11ce de dcttc :\
1'<'.-gartl 1lcs pelilcs JJrcscripliti11s des arLiclcs :1:1¡ r. :>.:1¡'..! <'L 22¡:{. ,\11x Lcr111cs
11<· l'art.iclc :i'..!¡4, al. '..!, ces prescripLitlllS ccsscnt ele courir u lorsq11'il y a cu
c1,111¡>lc arri\11~, códulc 011 obligatio11, 011 cilatio11 c11 j11sticc 11011 JJÍ)ri111úc. »
l,1·s ~r1•c111111aissa11cPs de ticttcs tJrév11cs so11:,; les cx1>rcssi<>11s tic cur11¡1fc
,1rr1:1,:, ,.,:,!ttlc 011 of1lir11iliu11, 11'ti11l ¡ias ici ¡iti11r sPul cl1°('l, 1l'a¡ir1\s 1111c o¡ii11i1,n
a11j1111r1l'h11i 1·011sa<'r<'-<' l'll j11ris¡ir111lP11cP, 11'inlcrr11111¡H·<' la ¡ir1•scripl Íllll <'11
,·,,11rs. l~ll1•s 1111Hlili<'11l la 11al11rP 11<' cPII<' qui ,a f'<'<'<lllllll<'IH'1•r ;'¡ co11rir. c:c
sera 1li'·sor111ais la 1ir<•scri11Li1111 1lu 1lr1iil c111111111111, <'<'lle d1· lr1•nle aus. l 1ar
1•,1•111¡1ll', <Jt1'11n car11nl 1ll' salairPs,ll1111l les 1111•11ti1,11s <'·111ane11I 1111 C<lf11¡ilalilc
1111 ¡,atron, co11lie1111c l'i111licati1in c¡11e l1•s salair<'s cl11s ú l'1¡11vricr ll<' l11i 1>11(,
¡1as t'·tt'· réc!IC'1111•11t JHl~1•s. l'aclit111 1•11 rcc<>11vrc111c11l <l<' C<'S s11lair1•:,; 11c sPra
1,111:- 1l1,r1'11ava11t s1J11111i:-1• ¡'¡ la ¡irescri11tic111 rl1• six 111ois Í\lalilil' ¡iar l'arli-
1"1(· •1·i¡1. 111ais 1'1 la 1ir1•scri¡1liti11 tre11l<'1tair<' ('l'rilJ. 111:ll'<irl, ·1:i 1111,1•11 11,r!'
l!J''!J s1111s c:i, .. 1"' 1 j11i11 1!11,i. I>. J>. 1n1,i.1.·,!1,. s. 1! 1,,1.,.,11¡; <:i, .• ,e;
j11ill1·l 11¡1ifi, I>. (>. l!J<>fi.1.:{H(i, S. 1!111fi.1. 11rH>). <:PtlP ri·¡.:11• t1i11l1• s¡11!1'ial1)
'
ticnl a11 l'c1111l1·111c11I d1•s JH!IÍl1·s 11resl'ri¡1li1111s, \1111sa,1111s ,11 1111'pl)Ps r1•1H1-
s1•11L s11r 1111c ¡JrÍ·s, ,1111il Í(111 1IP ¡1aiP1111•11 t. 1)11 111111111•111 t(II<' 1°1'1 IP ¡irt'•s1i111 ¡il i1ir1
Psi 1ltilr11il1• ,,ar 1'11,1!11 1111\1111· 1111 1lt'•liill'11r, 1111 s1· lr<Hl\<' 1l,iri'•1111,a11I «'11
0

¡ir<'·s<•11cc 11'11111\ 1l1•11<' i111¡ia~1'.i• 1ir1li11air1•, ;'1 la1¡11<'lll' 1" <'sl 1111ssi la ¡1r1•scri¡J•
ti1,11 1>r1li1111irc 1¡11'il 1·1111viP11I 1l'n¡1¡ili11111·r.
EXTI"\"CTIO'I DES OBLIGATIO'iS

'l'l1ulefois, i I fa11l se garli('I' 1l'exagórcr la ¡)orlée de· cette regle et dcux


l)bservatioris sonl ici ni•cc:-saires:
1" C'esl scul('.lllenl la rcco11naissa11ce de detle,et non J)as tout acle i11lerru1l-
Lif. 1¡11i ¡irlid11ira ce rL·sullat de r11ollifier le ('aracl<'·re de la prescri1ltio11 no11-
yelle C11e citatio11 e11 juslice en etl'et. hie11 c¡11e le tcxle de l'article ·1'.'- 1 11 la
ra¡1¡lrcicl1e ele:- cé1l111es uu co111¡1tes a,•,-¿lés. 11c saurait aYoir la 11H~111e co11st'·-

que11ce, car elle 11c c1)11tic11l ¡ias la ¡1re11,c <¡ue la (!elle n'a ¡1as élé 11a~·1·e;
(~lln 11e lil'.tr11it ¡)as la Jll'("so111¡)lio11 s11r laq11elle repose11t les ¡Jetilcs pres-
cri ¡1li(JIIS.
:1° ,1e111e s'il ~- a eu i11lerru¡1tion résultanl d'u11e reconnaissa11ce, il 11c
suffirai~ ¡)as, ¡)our q11e le caract1'-rc ele la ¡Jrescription fut 11101lifié, cl'une
rcc1J1111aissa11ce tacite. La Cour de cassaticln d1~cide c¡ue, se11le; 1111e reco1z-
11r1i.~sl1tzce JJar écril. ai•ec ji.1:c1/io11 (!11 cli(ffre 1le la liette,aurait cel cll'et (Ci,· ..
¡ 111ai l!JOlJ. ]). fl. 1!108.1.1.i5. S. l!JOl.i.1.51:{). Elle va 111l•111e a11jourd'l111i ¡1l11s
ll1i11, el se111ble all111ettre - ce q11i est 1ie11l-etre excessif - 1111'u11e rec<J11-
11aissance rle 1lell(~ lacite, te lle r¡11e cellc <¡ui r(~sulte li'1111 ¡Jaie111c11t 1iarliel,
1u):1 se11le111e11t 11'e11lrai11crail JJas la sulJslit.uti<>n, pcJ11r l'a,·e11ir, de la JJI"Cs-
cri¡Jlio11 lr1·11t,.naire :'1 la cr111rlc ¡1rescri¡1ti(JJI, rr1ais 111e111e 11'i11lcrrc1111prait
Jlas cctle dcr11iic·re ¡iuur le sur¡1lus ele la dellc (Ilcq., :1·1 Í("Vrier 1911, D.
11 • 1(11 I .1.l¡¡r1. S. I!)I l. 1 .:{99).

, .. - Effets de la prescription. Renonciation a la prescription



acqu1se.
.
'-'lrJ11s sa,1>11,; 1¡11e la prcscription acq11isiti,e <Jtt 11s11capion 11'agit pas au-
l11111ali<[ll<'lll<·11I. 11 e11 esl <IP 1111\111e ele la¡irescri¡Jtio11 li/Jéraluirc, 11 faul q11P
IP 1l(·l1ite11r 111,111ij'esl<' S(/ 1•olu11lé 1le se ¡Jri'·,aloir <le la ¡)rescriplic,11 acco1111Jlie
.'1 s1111 ¡1r,1fit. \-oir·i les c1J11s1"1¡11e11crs el olisprvalio11s q11'il y a liP11 <l'i11llir¡11cr
' , .
a ce su,1ct:
1" .\,rr. :>·!•!:l. - " l,es j11¡:res 11c pcn,cnt pas su1>11léer d'ollicP le 1111Jye11
ri'·snlta11l 1le la ¡1r1·scri¡i(i(JII >>. í.'est ¡'¡ la ¡iartic i11t/•rPss/·1· 1'1 Je faire ,ah1ir
(la11s sPs crl11cl11si1ins.
~lais 1'1 1¡11<'1 lll(1J11c11L <lr1il-<'il11 l'o¡)¡>oser i• (1 J•:11 ll>ltl <'•tal rle canse »,ri'·J>Ollll
l'arlicle ·i:>.:i'1. 11H\111e 1!P,a11I la (~riur 1l'a¡1¡H•I (11l11s exacle111c11I, rlcva11L la
j11rillicli(lll 1l'ap¡1pJ•.si la pr1~scri¡ilio11 11·11 11as 1•ti'· i11,(1r¡111"P c11 ¡1rP111ii'·re i11s-
l111H'I', 11 11·~ a 1¡11P 1!P,a11t In (:1,11r de cassali(Jll r¡u1• le 111r1~·c11 IH' J>uiss<' 11as
1\tr1• i11,1H¡11<'·, par cPIIP rais11111¡11<' l'r111 111• ¡>f'lll. c11 cassali<)II. 1lisc11tcr I<' f1,11cl
111(\IIH•rlu ¡1r(>!'1'.s. 'l'(>l!IPl'lJis. si la <:11ur 1le ('1tssali1111 cassail la 1li'·cisi1111 alla-
qui'•1• s11r un aulrP IIH>_\<'11, 1111 JH>11rrail o¡i¡H)SPI' la ¡>rPscri()liu11. 1111\1111•
jH•lll' la pre111ii•r1• l'r1is. 1111,11111 la j11ri1licli1111 1Ii•r(•11v11i l{csa111;c111, ·i(i 1li'•1'Plll-
I

lir1· 1H,"IH, 1). 11. 8\1,'1,'.1·1¡. S,H!t-·i.1 111).


•.l'' l."n111>licalir,11 (l<' la ¡1r1~scri¡iti1,11 ri'•sultanl 1!'1111 acl1• <IP V(Jll>ll1<'· cl11 di'·-
l1ilc11r, il 1li'·¡H•1ul tll' lui ele r1·1101trl'r ii 111 ¡irescri¡>liu11, UII<' fcJi,- ce!IP-ci
1u·1111is1·. c:·Psl 1•p lfllP 1li•cidP f1ir111<'IIP111P11I l'arl.icl1· ·1:i·i11, 1111i a s11i111!'01>1><>-
s1•1· la r1•1111111·iali(111 t'nil<' d'a,,IIH'I' 1'1 la l'PtH1111:iali1,11 i11L1•r,e111111l apri'~s cri1111:
(( 1 1111 llf' ¡u·ul d'a,ancP l'l'll(llti:r!I' ¡'¡ la ¡1rPscri1>Li(111: l>Jl ¡>Pnl re11011cPr ¡'¡ la
jll'f'SCl'i¡iti1Jll 11('fflliSP II i,
156 LIVIIE PltE,1IEI\. - ·rrTI\E l'I\EJIIEII. - CHAl'ITRE II

Cette re11011ciation 1-art. 2221) sera ex¡)resse 011 tacite. Il ). aura nola111-
111e11t rer1onciation lacilc cl1aque fois flt1'011 ¡Jourra relever, de la part dn
clébitet1r, 1111 fait s11pposa11t l'alJa11don clt1 droit acq11is. Ce sera, par exe111-
JJlc, le fait, 1111e fois expirés les clélais, cl'av(1ir ccpc11cla11l ,·ersó un acon1¡Jte
sur la clette. ou sollicitó 1111 ater111oie111e11t. Ce po11rra etre aussi tout autre
geste a11c¡11el les jt1ges, t1sa11t de le11r po11,·oir d'a¡)Jlréciatio11 s011verai11c,
a11ront atlacl1óla 111e111e significalio11 1Ilcr1., j 110,e111!Jre 190¡, 1). P. 1908.1.
132). U11c sc11Ie co11clition cst requise cl1ez cclui q11i re11or1ce i1 la prescriptio11
acquisc i1 son profit: la capacitó el"11lié11er :art. 2:1:1:1 . Ccttc ca¡Jacitó csl
exigée parce qu'une telle rc11onciatifi11, lJie11 que 11e co11stituant pas, a la
véritó, une aliénation iil 11'en ¡Jot1rrail etre ainsi e¡uc si la prcscriptio11
s'opérait autor11atiquen1ent:,, n'en est pas n1oir1s 11n acle aussi désavantage11x
c¡u'11ne alit'·natio11.
:1° La prescription, résulta11t el'1111 acle ele ,·olonté d11 dó!Jite11r, peut etrc
(Jppos{c a so11 défau t, d' a pres le pri11cipe ele J'article 1 , GG, ¡Jar ses créanciers.
Le ]Jé11éficc de la 11rescri¡)ti(J11 est er1 cfl'et ur1 élér11c11t elu patri111oine et.
co111r11c le!, re11lre elar1s le clroit ele g·ag·c gé11c\ral c¡11i a¡i1iartie11l a11x créa11-
ciers (art. :i2:1t,1. (Jue si le clélJilcur a rer1011cé a la ¡irescription, ses créa11-
ciers, ¡Je11,cnt, c11 ,·ert11 du principe gé11éral ele l'articlc 11G7, altaq11er cetle
rc11011ciatio11 par l'action Pa11lic1111e, e11 ílén1onlra11l e1u'elle a {·té faite en
frlllllle 1lc le1lrs 1/roil s.

~011s a,·ons, ¡Jar111i lf's C()IIrles ¡1rescri¡)tions et, l)l11s 1)articuli1\re111e11l,


les ¡>rescripticJ11s cl{•c('!Illalcs. r{·scr,{·, ú cause ele SClTI i11t{•r(\t J)ratie111e co11si-
(l{•ral>lc, cclle e111'i11slil11c l'arlicle ,:lo!1. J)'apri'·s cellc 1lis¡iosit.iein, H cla11s to11s
les cas (JÚ l'actio11 en 1111llil{: 011 e11 rcscision <l'1111c co11,e11tion 11'cst ¡Jas li-
111it{·c ;\ 1111 111oindre le111¡ls ¡Jar u11e loi Jlarliculi!'.,rP, cetle acliclll el11re tli\
ans n. l)l·s lors, 1111c fc¡is clix· an111\es éceJul{·cs, sa11s c111c• l'actio11 ail {·tó CX('l'-
c{•(', l'act,, 11111 dc,ic11t. i11atlac111alllc. (:1•ltc cxcc1Jtio11 a11 l)r<)ÍI c'1Jn11111111 li(JIIIH'
lic11 a11x Lr,,is ((ll(•sli(JIIS s11i,antes:
l. !)(i111aine, ori;.ri11e hisl(1ri1¡11e, 1'1llHle111c11l ('I ('aracll•r(' (le la ¡H·escriJllin11
if{,cc11nalc th• l'arliclc ,:1,, 11,
II. ll(JÍlll 1h, ¡lt'•¡¡arl 1111 tlt'·lai ele C('II<' 1,rescri¡lli,111 s¡H'·cial(•.
111. J•:tl'cls 1lc l'<•x1iiratici11 tl11 <lt•lai.

l. - Domaine, origine, fondement et caractbre de la prescription


~ l'article 1804.

1" Origine historique de la rbgle. - l.'arliclc 1:1(1 11 ne ¡,arl(• 11 11 c des


aclie1r1s <'11 1111/lil,: 011 er1 1·,·scisio11. 1)11(,I (':--1 (,. S('llS d(' C('S <'\(JJ't•ssi,i 11 s ~ f>(lllf'·
((lloi leur 1l11alitt'· ~ <:',.st. l'hish>ir(• sc11le 1111i (H'l'lll('I (l'e11 l'<'Iuli·" C<JIIIJ>l<', ('11
lll(~llle lc111¡,s ((lt'••ll(• <'\¡ili(¡111· la (lt'·r,,gali(Jll 1111 ()r(1il c·,,1111111111 t'·l11)1li-, ;'1
J>l't>¡><>s 1lc ces acli1l1IS.
1. V. llt>rlnuld, lle, r,1111tlitio11s 1111.r,¡111•/l,!s la ¡,resr.,·i¡1tin11 d,! /'11r/jr,/e 1:101 rst s1111111is,•,
llt>v. pral. cli• l>rolt írnn,:111~. t. 111, 1s:;:.
EXTI'íCTIO'í l)ES OIILit;,\Tlf)'í,-

[)aJlS l'a11cie11 l)r,,il fran,:ais, f>It Llisti11g·11ait, par111i les aclio11s Jlerr11ctlanl
d'allaquer u11 co11lral,llet1x cal1'gories dilf{·re11les: les aclions en 1111/lilé et le,;
actions e11 rescision.Lcs actio11s e1111t1llitó t'•taienlcelles qui rést1ltaicnl d'un
lexte (orllo1111ance 011 co11l11111e) c¡ff1cielle111c11l 1)ro11111lguó.Les aclio11s e11 res-
cisior1 11'1\taient 11as autre cl1ose c¡11e les actions e11 11ullité q11i re11osaie11I
soit s11r laj11ris1)rt1lle11ce et sur la lraelilion, soit s11r le Droil ro111ai11 ap11li-
ca)Jle e11 ta11t que source lloclri11ale. 11011 rc1lio11e i111¡1erii sed rc1lio1iis i111¡Jerio.
[,es acli(Jlls en r111lliló po11Yaienl elre i11voq11ées Llirecle111ent et ele pla,io <le-
vant le lrilJt111al. ]Jes cas ele rcscisio,1, a11 co11trairc, 11e pouvaie11t elre sou-
levés llUe 111oye11nant l'olJte11Lio11 lle le/tres ,Je rescisio,1, déli, rées par la 0

Cl1ancellerie royale. Celte solution était co11for111e at1 Droit public de l'a11cien
Régin1e, q11i ren1ettait le po11voir législatif au-.: seules 111ains du lloi. Les let-
lres lle rescision étaie11t co111111e une loi S}Jéciale et de faveur écrite JJ011r un
cas partict1lier, t1n pe11 co111111r la rcslil11lio i11 i11trr¡r11111 ro111aine 1Jro11011cée
1Jar le préteur cog11ila ca11sa el e11 ,-ert11 lle so11 pou,-oir édictorial. IJuanl au
laps de Le111ps nócessaire l)Ot1r lºa111111latio11 lle l'ollligation, il dill"t',rait sui-
va11L les l1y¡>oll1eses. I,es aclions en 1111lliló, co111111e L,i11Les les :111lres ncli<Jns,
11e se JJrescriYaienl c111e par lrenle a11s. Les lellres <le rescisio11, a11 co11Lraire.
ne po11vaie11t etre s<Jllicitóes r¡11e llans les dix a11111;es c¡11i suivaienl le contrat
(..\rgo11, l11stilulio11 lllt /)roit Jr,1111:11is, t. 11, Jl. '178 el s.J. Cette abrévialio11 du
délai traclition.nel s'ex¡1lic¡ue :'t 111erveille. c:elui c¡ui i11,oq11ail la rescision
se fo11dail Sil!" 11ne jllVl.'l/T" el11 l\lJi. ]~l. il /,tail 11alurel <[llC ce dernier li111itat a
1111 co11rl clélai la pério<lc 1Je11Lla11I la<¡11elle celle favPur 1Jo11,ait etre olJle1111e.
,\11 conlrairc,cel11i c¡11i inYoq11ail la 1111llil/· excr<;ait 1111 ílroit, q11i 11e J)011vait
0

se lrou,er paralysó c¡11'a1Jr1'.s l l''\J1iralio11 cl11 clélai cl11 Droit co111r111111.


La l\éYol11Lion a~·a11l s11¡)¡1ri 111/· l1•s (;[1a11celleries r(iyales <'•la!Jlics attJ)rl:s des
l1arle111enl.s,e11111l'111e le1111>s 1111c les J>arle1111,11ls e11x-111t~111es (Loi 7-1, seplcn1.
Jire 17f¡<J, arl. :>.o el :11). la <lislinction ÜPS aclio11s e1111ullilé et e11 rescision
1lisparul, I,c,; 1lc11x cal<'·gorics sP f'o11clirc11I. l~l 011 a¡>1>li<¡11a aux 1111es et a11x
aulres le Ll<'·lai lP 1Jl11s co11rl. cPl11i tic <lix a11s. l~n Pll'et, il y a i11lt'·ret·ú ce
q11e le sc>rl 11º1111 acle 111P11.1ct', d,, 1111llilt', soil lixt'· assez 11\l, ali11 e111'1>11 11c
1 ► r<ilcJllgP [>as lro1> IL•11gtc1111>s l'i11cerlil11dc <[lli rt'•s11ll1• ele 1•,;,e11l11alit/· <l'1111c
a111111lalir111.
\11j1i11r<l l111i, les 111rils <le, 1111llilt'· <'I 1le r<·scisi,111 ,-unt. 1l1Htc sy11<Jll~111cs.
0

'l'<llll. a11 J>l11s c•11111lc>i<i-l-11n 1>arf',1is, tic 1ir/,1'/·rc11t·<', Jºc-.:1Jressic>11 lle r<'scisitlll
p1111r l'a111111lalio11 r/·s11lta11t <le la ¡,:si1111, <lans les ca, ,·,c,•¡ilieJnll<'ls 01'1 cPllc-ci
p1•11l cnlrainer l'i11valillitt'· 1[º1111 acl<• j11ri1li<Jllt'.
'.1" A quelles actions s'applique la prescription décennale ? - 1,a
dis[1<1silitllt <I('. l'articl<' 1:l,i'1 1isl 1111<' 1lis¡u>silio11 111• 1lrcJil t"'.lr<iit, ¡>11is1¡11'ell1•
t'•lalilit 1111<' <'Xcr•111i,111 a11 l>rnit 1·111111111111. l•:11<' 11,,il <l<>IIC 11tr1· inler11r<'.·lt''.l'
r<'slriclivP1111•11l. l>',it't [Ps c1l11s/·q11P111•ps s11iva11l1·s ,¡11i v1J11l sing11li1'.rf'111P11t
l'<'slrPi1ulr<' Ji, 1l1i111ai111• t!P 11<1fri, 11r,·scri1iti1J11.
'
.\. - [,'arli1:le ,:11i', n1,11s 11arl<' <I<' l'action en 1111llili'• 011 Pll r,•scisi<HI, [>ar
c<111s1'·1111<'11I il IH\ s'a111ilit[II<' ¡1as .'1 ll<Jlltlir,· 1l'acti,,11s ¡,ar l,·s,111ell1·s 1i11 s'al•
la1111P i't 1111 act,· j11ri1li1¡111•, 11 ► ais sa11s 1•11 1[1,r11a111l<·r la 1111llitt'·. l\<•11tre11t
1la11s cPt.l,• llcruierc 1léli11iti,,11 ,,1 111• ¡1c11,1•11l 1l<'·s l,,rs sP ¡1r1•scrirP <fil<' ¡>ar
ll'Clllt' UIIS:
158 LIVRE PRE}IIER. - TITRE l'RE}IIEH. - CHA.PITI\E 11

et) L'actio11 en résolttlio,i, fc¡11cléc soil s11r l'arri,c'·c d'1111c co11llitior1 résolu-
toire prévuc da11s le co11tral, soit sur l'articlc 118 11 : cxccptio11 faite pour
certaines actio11s en résol11tior1, cci111111c l'actirJ11 er1 ré111éré (arl. 1GG0), dont
la loi, po11r des raisons particulii.·rcs, a fixé 1·exti11clion a ur1 délai pl11s co11rt.
b) L'action c111·éiiocatio1i d'u11e do11atio11 011 cl'u11 testa111ent po11r ingrali-
tude, surYe11ancc d 'enfant, inex:éc11 tion eles co11cli Lions, etc. (art. ~53 et s.).
c:1 L'actio,i Pa11/ie1i11e c111i ne ten<l pas ú la 11ullité ele l'acte, 111ais seule111c11t
,i le rcndrc i11o¡>posablc a11 créa11cier fra11clé.
el) La elen1anele en résiliatio,i 11our perle particllc ele la cl1ose cl11e, ou i111-
possibilité ¡>articlle d'cx:éc11tion de l'ol>ligatior1 ·art. 11 ·>.:i).
e:, L'action en déclarl1lion de si,nulatio,i.
B. - L'articlc 1304 no11s ¡Jarle de l'action e11 n11llité d'1111c co11Petzlin11.
Des lors il 11'y a pas lie11 de l'applic111er a11x: actes u11ilatéra11x, tel qu'u11c
renonciatio11, 11ne décl1arge, 11n paicn1e11l, 1111 tcsta111cnt (Paris, 2 févricr
1880 so11s Cass., D. J>. 83., .li1, S. 83. 1.3011.
Cclle r<'•gle ,,st 11011,elle, car 1la11s l'ancie11 l>roit, lJII 11e clisti11g11ait pas
<'nlre les co11trals et les a11tres acles j11rilliq11es. 1<:t il 11'y a 1ias 1lc IJ01111cs
raisons ú do1111er ele la rcstrirti(JIJ intrt1d11ilr par le tex:Le de l'article ,~0 11.
Cette restrictio11 co11d11it parfois ¡¡ des rt',sultats sing11liers ..-\i11si, le partagc
ll·asccndant pouva11L se !'aire soit. ¡)ar actc c11trc yifs. s1,il par acle Lestan1cn-.
taire, la 1Jrcscri¡Jtion co11Lre l'actiori c11 1111llit{, cl'1111 tcl llartaµ·e ne sera pas
toujour:- la 11u\111e. EllP s'acco111plira ¡)ar clix a11s, s·il s'agit cl'1111 partage
cl'asre11cla11I efl'ccl1té ¡Jar acle e11Lre Yifs, et par tre11tc ar1s, s'il s'agit d'1111
partagé cflcctu<'· par acle de cler11i<'ire ,cilonté (Rec1., 2:i jan,ier 18¡2, l>. i>.
'7:l.1.321, S. j'l. I .l¡•i 11) !
C. - l)e n1t\111c, i1 rais<Ht ele la ¡ilare qu'il íll'CllJl<' 1la11s le (~<,clr. a11 rr1ilic11
,les clisp<isitit111s consacrt'·es au l)r1lit cl11 l1atri11H1i11c. il csl crrlai11 11ue l'ar-
ticlc ,:10 11 ne s'afllllique pas á l'aclion c111111llitt', 1lirigóe t)i11lrP 111:s actes 11011
¡iatrin1011iaux, ccimme le 111ariage, l'aclo1llion, la rec<J1111aissa11cc d'enfanl
natur<'l, Ple ... lín<' lellc actio11, lc1rsc¡11'ellc n'csl pas, C<J111111e 1·:u·ti1in PII 1111l-
lit1'· <11· 111ariage, 1la11s In 1il11¡1art <lP ses a¡iplicali1ins, ¡>rPscriritiblP ¡inr 1111
<l<'•lai ¡>lt1s c1111rt <'l s¡i<'·cial. lll' s1• JJl'Pscrit 1111e par 1-l'PIIIP ans.
:~° Fondement de la prescription décennale. l•:11 ,erl11 ct·1111c cc111-.
CPJ1licl11 l<i11Le lra<lilit11111ellP, 1J11 tlit Cl>ll111111ni'•n1P11t <111<' la ¡11·pscri1it.io11 <l<'·-
ce111111le cll' l'arlicle 1:{11 11 a f>tiur 1'1,11<IP111<'11l 1111e ¡ir1:.~11111¡1/i1111 tlt• ,·,111Jirrr111/i1111.
r«'•s11lta11t ele l'allit11cle cl'inerliP c1111sc'r\c'·P ¡iar )p }¡l•11«'·flciairc' <IP l'acli1,11 1'11
' n11lliti'· ¡>Pllllanlllix 111111."·cs. <:ctt1i i1lt'·e 11'aille11rs n'cst p11snhsol11111P11L ¡ir1>JJl'1!
á 1°<'llt' ¡>rPscriplio11 Jlllrlic11li1\r1•. 1,;JJc tro11vP sa ¡>lncc, 1'1 }>l'l>f>Os ,In t1,11ln <'SJH\1·1~
1le ¡>rPscri¡Jti1i11. SP11IP111r11t. l1irs1¡11'il s·agil 1lrs 1lr11ils l'I acti1,11s 1irclinaircs,
i1 cclll' ¡1rt'•s1111111LÍtll1 1¡11P 11' crc'•aru:i1•r 111,il 1\lrP rt'·1111ti'• r<'ll<HH·Pr ,\ s1Jn 1lr11it,
quau<l il rPS(t• inat'lif' J>Cn<lanl ll'PIIIP a11s.s'aj1i11IP 1111P c1111sidt'·rali1H1 cl'1ir1lrn
(>111,Iic (c1i11pcr c1i11rl .'1 tlPs ¡ir1ic,'.s 1l1i11nanl li1•11 .'1 1IPs Jll'l!ll\P:- ,1,: ¡>l11s nn ¡il11s
clifficilc,s, i'•,il<'r !Ps s11r1>ris1•s rt'·s11lla11I <lP la l'Plllis11 tin \'Íg111:11r,l'1111 <lr,,it. 1lt·-
1i11is l<1n¡.:-tn111¡1s 11111,lit'·, Pl1·.). (;ps 1•1insi1it'•rali1i11s 1'11111 <lt'•faul 1¡111111<1 il s'a¡:il
1lc la c1111rle 1>rt•scri¡lli1J11 111· l'arliclP ,:\,i 11 1H1, JlLJIII' 111il!tl\ 1lir1i. l'11r1lrP ¡>11-
l,lic csl i111c',ress1'1 ¡'¡ 1111 aulrP 1u1i11L 1ln, 111:: c'psf 1¡111• l'i11c,,,·til111IP f,\ch1:11s<'

EXTI:'iC'flO'I DES OTILrr; \TIO"IS

1¡11i résnltc de l'é,c11lnalité <le l'a111111lalio11 <les actes j11ri1lir¡11cs. 11c rl11il
¡ias se prolonger oulrc 111es11re.
(¿11oi c¡l1'il e11 soit, il rés11ltc, cro)·ons-11()11", (111 fo11dc111c11t atlril111i'· i1 la
regle de l'arlicle ,:3o 11, r¡11'il faut exclurc <le s1111 tl()r11ai11e 11nc 11011,cllc caté-
gorie cl'actirH1s er1 1111llit.é, it saYoir celles r¡11i 11c so11t 1Jas s11sceritilJles rle :-;e
co11vrir ¡Jar 1111c co11fir111aliri11 ulli'·ric11rc, e11 d'a11Lr<'s Lcr111cs, les 11.11!/ilés 11/J-
solttcs, rt, aforliori (dar1s le SJsl<'~111e c111i ad111cl la <listi11cti1ir1) les actio11s e11
1léclaraliu11 d'i11exislence. ,\.i11si, 1111 acle 11111 fa11tc d'u11 olJjct licite. co111111e
1111 pacte s11r s11ccessio11 fut11rc ou 1111 pacte 11suraire, <Jtl faute rl'11lJservatio11 ,
1les co11ditio11s tle f(ir111e exigées r¡uoall s1tbsl(11iliarn, con1111e 1111e <lo11atifJ11
110n passée deYa11t un 11otaire, peuvent etré atlal{ués, 110n pe11dant dix a11s
seulen1e11t, 111ais per1dant tre11le a11s (Sic: Lyon, 8 février r8G¡. 1). l>. G¡.·1.
154, S. G7.:i. 143). 'l'outefriis, cctte solulio11 cst repoussée fra11cl1e111ent ¡Jnr
la jurispr11de11ce llelge 1_C. Cass. J1elgiq11c, 12 juillet 18;i.i, Prtsicri.~ie beige,
18;">.i. 1.:18(;; (ia111l, 111 111ai 18¡·1, ibirl., 18¡3.2.:{8). Et 111t\111e lnjurisprudenc1•
fra11i;aise 11e ¡larait ¡)as l'adoJJlcr enlierer11e11t ..\i11si, il a /•té ju¡.r/• plusieurs
fois ({Ue la r1ullilé d'u11 co11tral 11otarié alfeclé rl'1111 vice (/e ./or111e, par
cxe111ple, l'o111issior1 s11r la 111in11lc de la sig·11alt1re ele l'u11c llPs ¡>arties ()11
<le celle de tén1oins i11slrt1r11enlaires, n11llit{: nlJsolue cepencla11t, se pres-
crit par clix a11s et 11011 par tre11te (lle(¡ .. ;-> 111ai 18G:1, 1). 1>. G2.1.:3 111, S. fj'.l.
1.562; Civ., :A ao1it 1898, D.{>. 98.1.,jiJ3, 11l1le de '11. Glnsson, S. !IH,1.17Gj.
\.jo11tons c¡ue l>caucou¡l lle ceux rrui excl11e11t 1lc la s¡Jl1i•rc 1l'a¡J1>licalirJ11
de l'arliclc 13<>!1 l'acticJ11 c11 1111llilé po11r ,ice lle Í(J1'111e, fo11t e\.ceptio11 IJ011r
l'actio11 clirig·i':c co11trc t111e rl<H1atio11, lorsc1u'ellc aJl}lartic11l a11x hériliers llu
1lrH1nle11r. f)uan<l il e11 est ainsi, cctlc actio11, d'apr1~s et1x, se prescrirait J)ar
tlix a11s. (~cla ti1•11l it ce <¡uc, ll'apri:s l'articlc 1:)!10, les l1éritiers tl11 llci11ate11r
11111 le 1>011,oir lle rulijier la tl1ll1atió11 i11f1Jr111e, sa11s a,riir l>es(1i11 lle la
rcco111111P11ccr lln11s la f!1r111P 1/•galc,c()llllllP y serait astrci11t l(• <l1111ateur l11i-
111,in1c, s'il \(llllait lui 1l1>1111erelfet(llcr1., ~7 fl(JYc111IJre 181.it>, l). t>. fjti.1.::i1¡,
S. li(i. 1. 1,,,1). (:!'tic fac11lti• 1le t·n11;/ir11ir1lin1i sufllrail it rendrc applic<1l>lc la
prescri¡ili1J11 s¡>t'•cialc 1lc l'arl iclc 130l1,
!1° Caractere de la prescription décannale. -· f)n s'csl r¡11elr111efc,is <lt-
111a111lé si l11 la¡>s 1le le111¡is ,ist'· ¡iar l'articlc 1:)1> 11 /·tait 1111c ¡>re.~cri¡1liori ¡>ro-
pren1e11t 1lilc, 011 1111 1/1:/,1i Jil'~/i.c. 1;i11lc'•r1:t. 1le la q11oslio11 cst <le sa,·1Jir s'il y a
licu (l'ap¡ili1¡11<'r ;'i c1• 11/'.lai l1•s ri:glcs 1¡rcli11air11s 1lc s1ts¡ier1sior1, l<'s1111cllcs 11'(111 t
trait 1111'a11x ¡ircscri¡ili1111s y>r11rirc111c11ls <lit1is. ],a lrii 111! slal11e 1¡11c ¡i1111r
1111c acli1>11 e11 rcscisi1J11 s¡11•cia!P,:'~sav(1ir ccllc 1111 ve111Jc11r p!>Ur lési1J11 rlc ¡ilus
d1! sc¡>t tlr>11i.i1'.111e:,;. l:articlP 1li¡li. al. 2, 1u1rll' (¡11c la ¡1rcscri¡Jti(111 1lc 1lc11x
ans i'·tal1lie (H111r celle acl.i(111 C(111rt cu11lrP la fP111111e 111ari{'.P, I<'::- auscnts.
les i11lcr1lits, les 111i111•11rs ; c'1•sl 1l1111c 1111 1l{·lai ¡ir,~fix. l•'a11t-il tirer 1l1!
1:e l,1•,ll' 1111 a1·g11111c11I 1t J)ltl'i (lll 1111 arg11111t•11l 11 co11tr,1riu i' l,n arg·11111c11t. 11
,'.or1trario Cl'll)'OIIS-111,us. l,a tlis¡>l>Siti,111 tl1• l'articlc 11i7li s·c,¡ili1¡111• ¡1ar la ri''.-
1111g11a11c1• 1¡111• 11! lt'·gislal<'lll' a 1'11<' 1'1 1ul111Pllr1•,P11 111ali1',re ,le \1'111(', l'acli1111 Pi°t
r11:-.cisi1,11 ¡H•III' li'·sÍ!lll. 1:Ptll' rt'•¡111g11a11cc,1l1111t la l1ri1\\P(1\ tl11 llt'•lai 1111'il a i111-
¡1arli it 1·acl.i1111 1'.sl. IP 111Pi)IP111· tt'•11111ig11ag1•, )'a 1'.11lrai11i'· .'1 t'•carl<'r ici l'pff<'l
Q!'S c1111scs 1,1r1li11airPs 1IP s11s¡)1!11si1111. \lais il 11'<'11 ,a ¡ias 1lll 111(\111!' ¡11J11r le-,

L!Vl\E l'IIE)l!El\.
1

TITIIE Pl\E)IIEI\. -

CIIAl'l'fl\E II

a11lrf's cas cl'actio11 e11 1111llité. Et, dt'·s lors, 011 ¡)eut e11 conclurc, ,1,ec la
traclitio11 111e111e de nos a11cie11s a11teurs, CJtie la ¡)rescription elécc1111ale de
l'articlc 130_/¡ est bien une prescription. so11111isc ¡)ar conséq11c11I a11x
111e111es ca11,-;es ele sus¡)ensio11 q11e les a11tres. La j11ris¡)r11cle11ce est <'tl cr-
se11s (llec1., 1811ove111llre 188!1, D. P. 85.1.101, S. 85.1.68).

11. - Point de départ du délai.


La ¡)rescriptio11 déce1111ale con1111ence ;1 cciurir clu jo11r ot'1 l'aclio11 rn 1111!-
a
litó 011 er1 rescision a 1)11 (\tre i11te11tóe. C'esl e11 e!Tet partir de ce 1110111e11t
e¡ue le silence prolongó el11 bénéficiaire de l'aclion in1¡)lique son intentio11 ele·
reno11cer a s·en prévaloir.
En gó11í·ral et en príncipe, c'est done le jour 1ne111e oi1 l'acte a 1\t{· ¡la,-;s{·
qui esl le Jloi11t de dt'·part ele la prescriptio11 ele l'article r3o4. Cepe11cla11I
iart. 130!1, al. 2), il y a excc1)tio11 dans 11n trós gra11el 110111JJre ele cas:
1º L'actio11 en n11llit{· cl'11n acle a111111lable J)011r 1•icc d1t co11.~c,itcr11c11t 11f'
co111111e11cc ;1 co11rir « clans le cas ele ,·iolc11ce, que el11 jo11r 01't Pile a ccssí•;
cla11,-; le cas d'erreur 011 ele clol, clu jo11r 01'1 ils onl t'lé déco11vcrls ll.
:iº L'action e11 nullité résullant 1l'u11e inca¡1acilé 11e con11ne11ce q11e 1!11

jour ot'1 cf'tte incapacitó a pris fi11,car c'est se11le111ent a ¡)artir de ce n1on1e11t
(¡11e lºi11capable a pu agir. J.a loi fait de ce pri11cipe Jllusieurs ap1)licatio11s
for111f'lles.
:\. - La ¡lrescriptio11 co11rl co11lre l'aclio11 e11 1111llité des << acles ¡lassí•s
¡>ar les ,fc111111es niariée~ no11 autorisées, d11 jour ele la clissol11tion d11 111a-
riagc n ..\u1laravant, f'll ell'ct, la fcn11ne po11rrait l>ien agir en n11llití·; 111ais
il l11i fa11clrait ¡lour cl'la solliciter le co11co11rs clP so11 111ari, l11i rí·,í•ler pa1·
C<J11st'.•c¡11e11t sa c!Í)sob{·issa11ce, {,yp11l11alití· ,¡ui Psl co11si,lí·rt'·e co111111c créa11l.
¡>011r <'li<', u11e ví,rital>le i111po:-sil>ilití,·1,111ralc cl'agir ,.1rl. 130'1• al.:>., i11ji11e).
1

f>J11si1•11rs clifficultés se sont éleYÍ·cs ici.


11· (>11 :-<' so11vient qu'1111 acle pass{, par 11nc fc111111c 11011 a11lorisóe pP11t
1'.trt• alt,1,111<'•, 110n sc11lP111c11l par e.lle, 111ais par le 111ari. l1 1H1r celui-ci, il
st•111!1IP qtH' le ¡loi11t el<• clt'•¡iarl ele la ¡)rescri¡>litJII <l<) s<Jll acli<Ht 1!Pvrait
1'.trl' l<' 111<1111P11l ele la ¡iassati,in tlP l'acl<' 1H111 a11!(1ris{, ¡1ar l11i, 1>11, t1)11t a11
1il11s. le 1111)J1lt'lll 11t't il aurail <'11 tº<H111aissa1u•p (le c(,t acl<·. !~11 pfJ'Pl, ri1•11 111·
l'e111¡)1\clu· 1l'agir ,lt'·s ce IIHlllH'lll (t•:11 et, st:11s. llortlPatt\, :111 a,ril 18¡~.
1). I'. ¡:l.:>..:I~. S. ¡·1,·1.1;>1). (~e¡>Pll<iant, l'11¡>ini1111 c<i11lrair<· cstgí·11í•ra!P111<•11I
s<111l<'llllf' 1•11 1l11clri11c. ()11 fait re•111.1r<111cr <(lit' l'articlP ,:i11 11 11c fail a11c1111t•
<lisli11cliti11 <'lllrc l'acti1111 11<' la 1'1•1111111' i,I CPIIP 1111 rnari. J~t cP!a, (!it-1111. esl
i11IP11ti,11111PI; le lí·gislalcur a~·1111I \'1)11111 {,vilPr 11<,s 1lisc11ssi<111s l'ort'.<'•111<•11!
tr<'•s <lil'tic11lt11c11sPs sur IP ¡H1i11l eli, sav<iir si le 111ari a t'II 1111 lltlll C(lllllais-
sn11cP tlP l'acl<· J>assí· [Hit' la l'P111111e PI :1 tftH•l lll(llltl'lll. 1)<'..; ltll"S, 1(• J1tli11I 111•
cl{•¡>arl 1lc s<>ll arti1111, ('<J111111P ,IP cP!II' ,IP sa 1'1·11111H·. st•rail 11• 111<\111<', :'1 sa,·tlir
la 1liss11l11lie>11 ,111 111ariag(' Slll'YPIIII 11ar la lll<lrl ,1'1111 <'·1Hn1,, 1111 ¡iar la lra11s-
criJ>li<111 11'1111 j11g(,111P11l tlt' <liv<irc<'.
h) l•:11 cas 1IP st'•1¡¡1ralitlll d<· Ct>l'(>S, la fp111111P r<•c1111, l't' lt• 11IPi11 exPrcic<· <IP
sa c111>acitt'• civilt> (ar!. :1, 1). l•:111• (H'lll ([1,11c, :'1 ¡1artir ,11• <'<' 1111)1JtP1tl, alla<¡ttPr
l'acl1• 1111't•lle n ¡>assí· sa11s a11l11risali1111. c:P(H'tHla11I, la 11,i a~a11l gartlí· IP
EXTI'iCTIO'i DES OBLif;ATIO'iS

sile11ce sur ce cas, on cléciele oreli11aire111ent que l'actio11 e11 11ullité 11e se
prescrit tJas e11core. 11 fat1clra atte11e\re, lJOur que la prescriptio11 comn1e11ce,
le jour de la elissol11tion d11 n1ariage.
B. - llour les alié,iés i,iterdits, le délai commence a courir (art. 1304,
al. 3) « du jour ou l'interdiction est levée )), soit ¡Jar un juge111e11t ele 111ai11-
levée, soit par la mort de l'aliéné.
C. - 1iour les aliénés 11011 interdits, 111ais inter,iés da11s 1111 élablisser11e11l,
le poi11t de départ ele la 1Jrescription est, r1on pas le jour de leur sortie de
l'établisseme11t, 111ais le 1110111er1l oi'1 l'aliéné a connu !'acle i11yoqué contre
l11i et dont il a a elernancler l'annulation. On le ren1arquera, cette solutio11,
établie par une loi spéciale (loi du 3o juin 1838, art. 39\, est préférable it
celle que le Code civil consacre aucas des aliénés interdits et a)·ant obte1111
111ainlevée ele leur interdiclion. En effet, bien qu'ayant recou,·ré la raiso11,
ces clerniers peu,·e11t ne pas avoir conser,·é la· 111én1oire des acles q11'ils
auraient ¡1assés durant leur inlerdiction; il est done co11lraire a l'éq11il{'.
<1e faire courir la prescription contre le11r actio11 en 1111llité, avant q11e la
passatio11 de cet acte ne leur ait été révélée.
D. - Pour les 111i,ieurs, la prescription cor11n1ence a co11rir <( d11 jour <le
la 111ajorité >> (art. 1304, al. 3, i,1 firie), 011 du jour ele leur 111ort.
E. - Po11r les prodigues ot1 les faibles d'espril pourviis <furi coriseil ji1cli-
ciairc, on adn1et, bien que la loi reste muette sur leur cas, que l'aclion en r1ul-
lilé des acles qu'ils a11raie11t i11d1i.rncnl passés sar1s l'assistance de leur conseil,
ne comme11ce a se prescrire r¡11'a dater de la cessation de leur incapacitt',
(Civ., 8 avril 1891, D. ll. 91.1.454, S.91.1.149). E11cffet, s'ilssont, desava11t
cctte elate, aptes a agir en 11ullité ele le11r engage111ent, ils ne seraie11t 1ias
capal>les de ralifier l'acte annulable ; ils ne peuvenl do11c le co11firmer i11-
<iireclcn1e11l, en laissant éco11ler le le1nps de la llrescriptio11.
l?. - J,a loi ne <lit rien e11 ce qui concerne les aliénés 110,i i11lerdits ,ii ini,·r-
1iés. La logic1uc el l'éc¡uité co111111ander1l de 11c faire co11rir la ¡irescriplillil
,les acles c111'ils a11raie11l passés1:¡11'á claler ele lc11r g11érisor1 011 ele le11r morl.
(~e1Je11c!a11L, la j11risrlr11cle11ce a 11l11sieurs fois clr'·cielé c111c so11 poi11l ele d1~parl
serail le jo11r ele la c1H1cl11sior1 de \'acle (13r11xclles, 18 111Jve1111Jre 1867, P<1s.
hclr¡c, 18ti8.:>..'..lo8; llurc!ca11x, :1'..l avril 18!)li, 1). 1i. 11fi ·1. 11:>J, S. !J(i.::i.23::i).
(;elle juris¡>rudencc 11st cl'a11ta11t Jll11s inex1ilicalilc e¡ue, nous ve11011s ele le
vuir, le sill'11cei clc l'articlc 130'1 s11r lr cas eles ¡irocligues, 11'a 1>as cn11iecl1ú
les lril>t111a11x <Ir fixl'r le poinl ele cl<'•1Jart ele la ¡¡rescri¡itic>n de l'aclio11 1'll
1111llitr'1, au j1i11r 1lc la ccssatio11 ele leur i11ca¡Jacitc'·.
1,a clill'úr!'11ce r¡ui c·xisl1\ entre lc's <iivl'rs 1ioi11ts ele 1\r'•¡iarl <le la 11re)SCl'Í]>lici11
<IL•Cl'llllale 1le l'arlicle 1:\e1!1 et ce\11i <le' la 11rcscri¡1tic111 lrl'11le11aire, Jeq11cl l'sl
l1111jc>11rs l'acc<Jtllplisse111e11t 1111\111e e\P !'acle gr'!nc',ralcur <111 clr1>il 1n1 ele 1·ac-
tio11, a el1i1111c', 11aissa11cc i'1 une <111esli<,11 classique, cl'lle• 111' la co111l,i11cli,~rJ11 eles
1{('11.r ¡1r1•scri¡1ii111is.S11¡>¡><JS1111s q11e la clc':c1111vertP 11'11111lc>I s11l1i 1i.1r 1111 cor1lrac-
la11t ail li1•11 vi11g-t-ci1u11111s se11lc1111'11I a1>r<')s la C<>nclusi<HI 1\11 ce111trat. l,'a¡i
plicatic,11 1IP l'article 1:t1> 11 ccincluira :\ <lt'•cielcr 111111 l'acli1111 1•11 1111\lilt'! 1>011rra
0

1'tr11 cxcrcc •1• j11sq11'1\ l'11x¡1iralio11 ell' la lr1i11le)-ci11<¡11ic'-1111) a1111é«' a1irt:s le c,111-
trat <'11 <(11P.sli1J11. <>r, c111 11 Sl>lll<'llll, en se f<111da11t sur l'es11ril ,le la loi <111i a
'J'o1ne 11 11
Ll\"IIE l'l\E,IIEII. - TITRE l'l\E~IIER. - CIIAPITHE 11

voul11, lla11s l'arlicle 130 11, réd11ire 11n délai généralen1e11t tro1J 1011g, que l,t
prescriptio11 lre11tenaire s'appliquerait ici. La prescriptio11 du Droit co111-
1111111 TIC serait do11c ja111ais écartée par celle de l'article r3o4, que lorsquc
ccllc-ci co11cl11irail ii. 1111e co11solidatio11 1Jl11s proT11ple de l'acte ann11lalJlc. La
jurisprude11cc a par11 i11dt'·cise er1 ce se11s.il y a 11n de111i-siecle (l)aris,:1:>. juillet
18;i3, D. P.;¡;¡_.,., 1J:i, S. il'1.:>.,!19). ,tais, a11jo11rd'l1ui, la doctrine cst JJlutlil
co11lraire. 1)11 1110111cr1t qu'o11 se tro11vP 1la11s le do111ai11e spécial lle l'arli-
cle 1304, la prescri¡Jtion trenle11aire d11 Droit con111111n doit etre e11tiere111e11t
écartéc. D'aille11rs, la co111bi11aisoT1 pro1Josée co11d11irait á ce rés11llat peu
équitablc t¡11e. dans cerlains cas. l'action en n11llité se trouverail éteintc
sans jamais acoir JJll elre etcercée. Il s11ffirait de s11pposer, en re¡Jre11ant
l'hypothese ci-dessus, que la déco11,'erte du dol eut eu Iieu plus de trente
ans apres la conclusio11 clu co11tral !

111. - Effets de l'expiration du délai de la prescription.


L'efl'et de la ¡Jrescriptio11, c'esl de so11straire dt'·sor111ais 1'acte á l'éve11-
t11alitt'· d'u11e aclio11 e11 11ullité.
Mais cela sig11ifie-t-il que la nullité 11e p11isse pl11s désorn1ais etre in,o-
quée par 1•oie áexceplio,i? Supposons u11 co11trat dans leq11cl le débiteur ne
s'cst e11gagé t¡ue {Jar l'cfTet <Ir 111a110011vres frautl11leuses. Le droit <¡11e lP
créaT1cier tier1I de ce conlrat ne s'étei11t q11'au l)cJut de trente aT1s. Si ce
der11ier atlc11ll. po11r rt'·cla111cr l'exécution de l'0Lligatio11, q11e tlix a11T1t'•cs
se soie11t écoult'·cs lt partir ele la découvertc- d11 dol. le débiteur sera-t-il llrivt:
d11 droit ll'op¡ioscr it ses po11rs11ites la 1111llité rés11ltant d11 ,·ice <10111 sa
,·t)lt)11té a t'·tt'· i11feclÍ·P, lorsq11'il s'Pst. engagt'·?
J,a 1loclri11e répo11tl c11 gér1éral que, la regle dr l'article 1:{04 reposa11l s11r
11T1c prt'·son1ptioT1 de ratification, l'acte, au bo11t de dix ani-, dciit <'tre iT1atla-
1¡11al1le a11ssi l)iPr1 ¡1ar voie d'exccption que par voiP d'actio11. Certcs, les Ro-
1nai11s 11rofessaient ici 1111e T11axir11c co11traire <1 (¿1tre /e111¡1oralia s1111/ 011
11ge111/11111 /Jl'l'/Jl'/1111 s1111/ 1z1/ 1•,1:ci¡1ie111!1,111 " (:i ~ li, 1)., 1/e 1/0/i 1r111li l'I 111el.
e,r,ce¡1I .•\LIV, 11l. \lais cPlle sol11lio11 -;'p\¡ili<¡uait cl1cz <'11x 11ar l<' fait c¡11t•
l'actic111 <In tl<1l 11c ¡1011vait s'ex<·rcer c¡11'11¡1rl>s /'e.,;1:!'1tlio111/1• /'1•11r¡11r¡1•1111•11/ l'ici1:,
el (J011r récla111rr la rrstit11tici11 <le la cl1osc livrí:c a11 cri·a11ciPr e11 vrrl11 <11'
crt c11gag-P111P11t. c:ctl<' rais1i11 11'existl' JJl11s a11j¡_i11r1l'hui. l\ip11 11'1•1111H\rhP le
1li·liitP11r. satis alll•11tlrl' 1¡11e l'Px1·c11ti<J11 ·stiit rt'·cla111í·e 1IP l11i, <11' ¡irc\n<lrP lrs
<i,~vanls et <le faire 111PttrP :'1 11í•a11t. In cci11t.raL a111¡uel il a útó fra11tl11IP11sc111P11t
i11tl11it.
La j11ris1)r11dc11cc, a11 c1111lrairP. atl111rt la survi,a11cn ,le la rt'·g-lc rc1111ai11t>
(l,yon. 1¡ juillPI 18:J¡, 1). 11 • :i¡.·1.:iI!l: '1'1111lti11sP, !I j11illnl 18:i!I, I>. 1i. :Í!I·
:i.:Jo1; I\PC(,, ·11 j11i11 1881), 1). 11. 81.1. ,,iH, S. 81.1.·1!)i; <.:iv .. :1 avril 18!1''•
S. 93., .:1:1, 11<1IP tlt• ::\l. \lt•y11ial). lJ<lllt', 111algri'· 1· .. x1iir11lio11 <lll ,Jt'•lai tlo
<lix a11s. la nulliti'· tH1t1rra 1\trc i11vo1111{•c 1iar \'tlÍP 1l'<'xce1,ti(1Jl ccJ11lre lt• titrP
<lrlnl In crí~a,tt:it•r 1i<i11rs11ivrail tlCllll' In I>l't•111it'~rt• t',,is l'cx.t'\Clllit,11. <:ctlP s11l11-
tio11 csl ¡Jl11s co11f11r111P i, la !l'llre <le la l<ii: car l'articlc 13r,!1 ne s,i1111t<)I :\ la
tJrescri(llior1 11ue l'11r/io11 1•11 1111//i/(1. I•:IIP Pst a11ssi ¡1!11s ér111ituulP; car il ~- a
EXTINCTIO'i DES OBLIGA TIOXS 163
bie11 des hypotl1eses 01'1 le sile11ce dt1 débiteur n'in1plique at1ct111en1e11t, de
sa part, sa Yolonté de renoncer a la nt1llité de l'acte. Il en est ainsi, par
exen1ple, lorsq11e, le co11tractant étant n1ort, c'ést son l1éritier, prut-etrc
ig11orant de l'actc l)assé ¡iar le ele cuj1ts, qui cst devenu débitcur, ot1 encorc
lorsque le co11tractant étai t 11n fou, intcrdi t 011 non intcrdit, qui est reven 11
á la raison, n1ais sans se ;;ouve11ir de l'actc f{tI'il avait co11se11ti tlurant son
incapacité. Va-t-on lt1i enleYer to11t 111o)·e11 de cléfc11sc contrc u11 créa11cier
q11i aurait eu soi11, avant de réclan1er s011 dt1. ele laisser éco11ler les dix
a11nécs de la i-prescription décennale ~
CI-IAl)!TI1E III

l'll,\;\S.\IISSlO:\ DES OBLl(~,\ l'l(J:'\S 1

La transmíssibilité de l'obligation n'est pas une idée ancienne. -


L'olJligalion, a,011s-11011s ,·11, cst 1111 rapport P11trc clC'11x ¡1prso1111cs, s'a11aJ~--
sa11t c11 1111 ¡>01tvoir (le co11111111n1le111e11l cor1f{·ró a11 crt'•a11cicr c11,crs le llÓIJil<'11r,
et c¡ui l11i ¡Jcr111<'l fl'ass11jcttir C<'l11i-ci it 1111r ¡Jrcstatio11 a,a11tagc11sc ¡Jo11r l11i.
11 sc111l1lc llonc c¡uc, n¡¡turcllc111c11t, et ¡Jar d{·fi11itio11, J'ol1ligatio11 11c suit
pas susce11tilJlc lle se trans111cllrc rl'u11c JJCl'Sl11111C ;1 1111c a11tre, soit acti,1·-
111Pnt, soit passi,cn1c11t. Cctte illóc d'i11tra11s111issilJilitt'\ se prés1\11te el 'a11-
tar1l 111ic11x it !'esprit que I'obligation, a cléfaut cl'cx<'·c11tio11 ,·,)l(intairc. se
tratl11il ¡Jar 1111c co11trair1lc s'cxcrc;a11t Slll' /(1 ¡>crso1111c cl11 elélJitc11r. Ccll<>
co11trai11lc a al1outi pc11dant loi1gle1nps ;\ 1lcs ¡Ji'•11aliti'·s c1i11trc le d1\J1il<'11r
récalcitranl 011 i11sol,ablc, sa 111isc ¡'¡ 111ort, sa 11111tilati1J11. sa r1\1J11ctio11 1'11
a
escla,agc 011 u11c c-011ditio11 ,oisi11c de I'cscla,a¡re. J.cs rap¡1cirts cl'ol1liga-
tior1 apparaisscnt do11c co111n1c formós cssc11tiPllc111cnt inl11il1L perso11:r.
S'il i111¡J1Jrtc au créa11cicr ll'a,oir tel d<'·liitc11r sol,alil<' <'l co11scic11ci<'11x,
¡Jl11tt,t e¡uc tcl a11lrc, il 11'csl ¡1as i11elifl'érc11l au el1'·liilP11r 1l'a,r1ir tcl cr1•a11-
cicr, ¡1lus JJitoyal1Ic, 111oi11s rigo11rcux, }Jl11Lt1t e¡uc LPI a11trc.
Ccpcnda11t ccltc c<Jnccplie)n, ,¡ui cst cPllc de:,; socit'•ti'•s pri111itiYcs, dcYail
fairc placP it la co11cP¡1lio11 co11lrairc: celle ele la tra11s111issiliiliti'\ eles f>l1li-
gatio11s. l,a pcrstll1r1aliti'\ cl11 tli'·l1ilc11r et c1!ll1) cl11 cri'·ancie•r s1• S<lltl ti!' 1>l11s <'11
¡Jl11s <'·li111i11ócs elu ra JJIH1rl ,11· clroit. 1;til1lig·atir,11. s11il a11 11ni11t 1lP YIIP ac-
tif. s11it a11 11oint. ele Y11!' 11assif', 11'a ¡>l11s <'·11'.• c1111si1li'·rt'•p 1¡11P ¡iar s•lll rt'·s11llal,
c'Psl-;\-tlire cor11111c 1111 <'·l<'\111P11l ele l'aclif' ,111 1111 ¡1assif' 1)11 11at.ri11111i111•,
c,1111111c 1111P 111,l,·11r, a11ssi rali1J1111ellc11H'11t tra11s111issilJl<' <Jll<' t,,s aulrcs ,a-
lP11rs, ,¡11<' les elr11it.s rt',els PI, lll>la111111,·11t. <ill<' la ¡1r11¡1ri1•lc'·.
'1',111tef'11is I'i'·,·ol11t.i1ll1 1111 l>r,iil 11·Psl ¡>as <'IH'<ll'<' l<'r111i11t'·e P11,·,•t.ll' 111atii'·r1•.
Si la lrans111issi1111 111,s cr1:(//lccs <'si. a11j1111rrl'h11i 11rg·a11ist'·P da11s l1111l1•s IPs
1·gislali<lllS, Cl'lll' el1·s 1/1•/fcs 11<' ¡u·11t s'1111i'•f'('f', Hll lllllil!S ;'1 tilr,· 11artic11li1·r.
'111<' elans 1111 tri'·s ¡ielit 11,i111!1rl' cl'<'nlrl' l'IIPs.
\1111s <'·l11eliPro11s 1la11s 1H1lr1· l1>111n 111 la tra11s111issic111 1l1•s 11l1ligati1111s a11
11111111P11l 1l11 el1'.i:i',s. \1111s 11<\ 111111s 11rc11¡11111s ici 1¡11r• <le> la lra11-;111issi1i11 1li·s
eililigalit111s 1•11/r,• 1•ij's.

Généralités sur la cession de créanoe. - l,a tr.i11s111issil1ilitt'·1IPs ,d,li-


1. 11 uc, 1'railti t/1e11ri1¡ue el ¡1ra11q11e dci lt1 cfs.~io11 el de la 1,·1111s111is,,i1J11 des crc'1111c1•,,,
{891.
Ttt ~'IS\!ISSIO'I DES Olll.ll;A.TIO:\S 165
g·alions a été 1)lus ler1te i1 se faire a<ln1ellre e11lre vifs, et par l'effet d'une
a
cessio11, c¡ue leur lra11s111issil)ilité cause de 111orl et 1Jar l'elfet d'une suc-
cession ou cl'u11 lesla111ent, J1y¡)oll1ese ou l'idée de la co11linuatior1 de la
¡ierso1111e cl11 1l1'.f1111l l)ar sa succcssio11, 1Juis, apres l'adition d'l1éréditt'·. par
ses l1(•ri liers a, ele !)01111e l1eure, assuré la survie des créances et des detles
cl11 eléf1111t. De 111en1e, la trans111issibilité eles <)bligations est apparue plus
tare! e¡uc celle eles elroits réels, ele la propriété en ¡)articulier. Cela se co111-
¡irend ais<'·n1e11l. Les llroils personncls so11 l des elroits essenticller11e11t te111po-
raires, el <lesti11t'·s it s't'•tei11elre par l'exéc11tion ele l'obligatio11. Des lors, leur
utilisation, e11 la11l que Yaleurs patri111011iales, 11'exige pas qu'on puisse les
lra11s111etlre co111r11e lorsqu'il s'agit <le la l)roprié té ou eles autres droits réels,
perpétuels de le11r 11ature. i\'orn1alement, pour faire argent du droit de pro-
priété, il fa11t l'aliéner. l)our faire argent el'une obligation, il faut la
recouvrer, c'est-ii-elire l'élei11dre. D'o11 celte. dou})le cons(e¡uence. D'une
¡1art, la trans111issiliilité ele la propriétt'· a1)parait de !Jonne l1eure clans
1'l1istoire: la tra11s111issibilité des obligations n'apparail que l)ie11 a1Jres.
l)'autre part, la ll1éorie de l'exlinction des ol)ligatio11s (par paiement 011 par
acle (quivalent) présenle autant d'in1portance que la tl1<'·orie de l'extinctio11
1le la propriéti'· et des <lroils réels en oll're peu.
En part.iculier. la tra11sn1issio11 de créance enlre-,ifs esl 11ne opóration
re la Li,e111 e11 L111oller11c.
En Droit ro111ai11 ,Girarel,Afa1111e/,i)c í·<l .. lJ. 1:{1 el SlIÍY.),01111c C<>1111l1t long-
te111ps d'aulre 111oclc <le s11bst!lulio11 <l'1111 créa11cier i1 u11 autre que la délé-
!/11lion 11o!'aloirc, procédé qui exigeai t le co11se11/e111c11t clu rlébiteur. Plus
tarcl, un a11tre e:-.pédie11t f11t trou,é, perrn etta11l de réaliser u11e cession de
cr(a11ce. (:e ful la JJl'oc11ratio i11 rc111 s11a111, da11s la<1uelle le cr<'·a11cier
1lon11ait r11a11dat a l111 tiers ¡Je cession11airc:1 d'agir i1 sa place c<Jlllre le
1lt'·l>ile11r. toul e11 dispe11sa11I le ¡irocurator de l'o}JligalieH1 de re11dre
compte. ()11 re111are¡uera qlre, cla11s ce ¡)rocé·d(, l'i11ter,·enlici11 11éccs:-aire d11
1lél)ilel1r s11lisiste. 1~11 cfl'et. le lra11sfcrl ele la crt'•a11ce ne se r{·alise c¡ue par
la litis co11lcslalio. lii'.·e e11lre le procurator el le cl(l>ileur. Dans le Droit
r11111ai11 in1p<'·rial. la proc1tratio i11 re111 s11r1m ful 111o!lifit'·e f'Il ce :-e11s q11e
I<' lransfcrl de la cr(a11cc 11e se ri'•alisa ¡1l11s 1>ar la lilis co11lcstalio, 111ais
¡1ar 1111c l-iig11ilicalio11 faite ali 1lt'•lJite11r, i1 ¡1artir !le lar111ellf' celui-ci 11'e11l
¡1l11s !P 1lroit 1ll' sP lil1i'·rt'I' Yalalilc111c11I P11trc les 111ai11s !l11 crt'·a11ci<'r. l)e
plus, il 1'11t a1J111is c¡ur, la si1111>Ic c1>nYe11ti1H~ ele cPssio11. laissa11t e11
¡1ri11ci¡1e la cr1'..111cc s11r la ti't.c cl11 ci'·1lan I, f'aisail 11a:-scr l'11r·/io11 11/ilc. nli11
dP l'1•xercer. s11r la li'tc 1111 ccssionnairr. ((ior<lie11, :{ e:., 1/e 1101• .. ''111, !11).
1)11 !1! v11il, j11s1¡11'a11 l1011l r<':g11n cett.c i1li:o q11c la créancc PII 1!lln-1111'111e 11e
)H!III SI' 1li'•tacl1er 1111 cri'•a11cicr ; 11011 ¡ioss1t11l se¡iarari r1 rlo111i110, clisaie11l
IPs g-l1issate11rs, sieul 11cc r11ii1r1ri a ,·or¡iorc. C'('st t111ic¡uc1111•11l le l1i'.·11<'·ficc,
l'i'·11111l111111·11I 11111lr11it 1¡11i ¡iassP a11 CPssi11111ir1irc s(Jtts J'1ir111c 1l'r1c/io,1 1tlifc.
"11lrP l>r,1il 1111Hll'r111• a fail clis¡iarailrP ce 1l«'rni1•r Yl'slig-1• <les i<l<'·es a11cic11-
11Ps. 11 :11l111PI la valiclit,\ 1lircelc, Pl i111111c'•1liatc 1ln la 1:essio11 1/c cr::1111ce 011
I r1111.~¡1orl-r·1•ssio11,1¡ 11 ·1111 11<'11 l ,li':fi II ir 1'acle j11 ri<I i1111c ¡iar lc1¡11cl 11 n cri'•a 11cier
lra11sf'1'-r1\ sa crc'·a11c1• ;'¡ 1111 cessi1ll111air<', 1I<' tclle f'a1;1111 1¡11<' Cl'l11i-ci !le,·ienl
,·rt'·a11ci1•r PII s,,11 li1•11 1:l ¡1lac1:.
166 LIVIIE Pl\ElllER. - TITIIE PRElllEII. - CH.\PITIIE 111

L'opération est traitée au Code civil at1 titre ele la ,;ente. En efl'et, dan:,:
l'imn1ense n1ajorité eles cas, le transport-cession s"eflectue a prix d'argent;
il constitue bien alors une ,·ariété de ,·ente. l\Iais le transport peut s'effec-
tuer aussi a litre graluit; il constitue alors t1ne Yariété ele donalion.
Dans tous les cas, le transport-cession n1et en rapport, la difl'érence d'une a
vente ou d'une donation ordinaire - et telle est la caractéristique esser1tielle
de l'opération - , 1100 pas eleux pcrsonncs, n1ais ll'ois pel'son11es qui sont:
Le créancier aliénanl son droit ele créance, ou céclc111l;
a
L'acquéreur de,·enant créa11cier la place du précéeler1l, ou cessio11nail'e;
Le débiteur contre lequel existe le droit tra-nsp1)rté, ou cédé.

~

1. - t::ondltions de la cesr,,;lon ,le c1•éanee .

Conditions di:ft'érentes ínter partes et a l'égard des tiers. - l)e ce


c¡ui précede résultenl les conditions de la cessio11 de créance, telles qu'elles
so11t fixées {Jar les arlicles 1689 el 1690. « Daos le lransport d"ur1e crt'•ance,
d'ur1 clroit ou d'u11e aclion sur u11 tiers, la délivra11ce s'opcrc er1lre le cédar1t
et le cessior1naire par la rer11ise du litre n (art. 1689). - « Le cesi;ionr1aire
n'est saisi a l'égard eles tiers que par la signification du transport faite a11
débitc11r. - \t'•an111oins, le cessionr1aire petil t'-lre t'·galement saisi par l'ac-
ceptatio11 el11 transporl faite par le débiteur ela11s un acle a11thentiqt1e n
(art. 16uo).
_.\insi,il y a liet1elé <lislinguer entre les rnpporlscles parliese11tl'e elles, rl
l'effet ele la cession ¡, l'égnrd eles liers.
1° ln!el' pal'lc.~·. la 11cJtificalio11 011 acce¡ilalio11 11'est pas 11écessaire ¡io11r la
,·alidité de la cessio11. 1)1'-s le 111on1e11t <le l'accord eles ele11x volo11lés clu ct'•-
0

tlanl et du ccssio11r1airP, l (>J)c'•ralio11 cst. 1c•fficace; le cédant doit,~tre consielér<'·


Cl)IT1me dessaisi de sa crt'•ancc. Dt':s lors. s'il rrce,ail paic111e11t d11 délJite11r
ct'·cló, il devrai t des clo111111ages-i II t.i·rels a 11 ccssio,111:i i re, b s11pposer que cel11 i-
c1. ne ¡·•t 11 ¡ias a ' 111cme
' d e se r· aire ¡1aycr par 1e c1·1 ·¡·1·.
r\ ¡1r<•111it'·rc v11c, ccpe11tlant, il J)araitrnit. rés11ltcr ll11 lcxte de l'articl,~ rli8!1
c¡11'e11 011lr1· 1111 c1H1s1•111,~111,•11t eles 1inrli<'s. il f'a11<lrait., pl111r la validilc'· ele la
ccssion i,tl<'r ¡1nr/1•s, " la l"<'IIIÍSP 1!11 lilr<' 1,, c'esl-l1-1lir<' 111' l'i11slr11111r11t. 111•
l't'•crit constatant la crt'·a111'I', \(ais 11111· tell" i11l1•r¡iri'·lati1111 scrait ccrtainPlll<'lll
crronéc.t\11lre 1:l1osc cst Jp clrc)il,a11lrP cl1<ise l<' lilrPrn1 i11stru111e11l.Ln rP111is1•
<111 litre 11'csl, co111111<' cela rcssc1rl 1l'ail!P11rs 1!11 lcxle 1111\111c de l'urtic!P rfi8!l•
<¡11c le ,11,,_vc11 ,t·e.t:t'c11ler /11 1·essi()11; co111111c la t{,:¡¡,.,.ttncc <le la cl1osc Psi l'cxt'·-
c11lio11 111' l'1,liligali1J11 1!11 ,1~1ul1H1r rt'•sulla11l <le In ,n11IP. \fais, 111' 1111\1111• 1¡111·
cellc-ci Psi ¡,arf'ail<' JHlr le Sl'tll c1insP11t.c111c11l, la ccssio11 11,· crc'·a11cc cst. 1,ar-
faite el 1·1111111lt'·l1· 111111 c1111s1•11s11. l:11e crt'•ancc <111i ne s,irail 1·1i11slit.11c'·e ¡inr a11-
c1111 écrit. IH111rrail 11i'•a11111,1i11s 1\lrc ct'·llt'·P: 1la11s "" cas l'arlicll' 1li89 11'1111r11il
t':vidc111111e11l aur11111· a¡1¡1licali1)11.
:,¡O A.11 C(l!ll.l'air1•. ,¡ r,:f/1/l'tl ,/,•.~ li1!1"S, c·<'~•d-;'1-,lirr <IP l'CllX. <(IIÍ 11'0111 ¡ias <"•t,'·
(>ilrlies 11. la C()l1,c11lic111 <l<' Cl'SSÍllll, ¡¡ faul 1111(' a11(rp l.'<)llllilirJII. 1,a ccssi,111 l!II
cflct 11c le11r c•sl o¡i¡1osul1IP 1¡11c 111l>,Ye1111a11l c1•rl11i11e f11r11111lilt'·, 1l1i11l 11~ l,111
1'

TRAc'IS~!ISSIO:S DES ODLIGA.TIO:SS I 67

es:o;entiel est d'assurer la JJtthlicité ele la cessio11. La formalité est l'une ou


l' autre des deux st1ivantes :
..\. - La sig,iijicaliori, par un acle d'huissier, au débiteur cédé, de la ces-
sion inter,e1111e. Cette significalio11 sera faite indifl'ére111n1e11L par les soins
cl11 cessio11nairc ou par ccux d11 cédant. J)un et l'a11lrc 011t i11téret a l'efl"ec-
tuer, et par la, a consolider la ccssion intervenue; le cession11aire cor11111e
,1cquéreur, le cédant com111c gar a11l ele la cessio11.
On peut se den1a11der co1n111e11l cette sig11ificatio11 peut jo11er le role d'i111e
. forn1alité de p11blicité, étant donné qu'elle 11e pré,ic11t direcle111ent de la
ccssio11 q11c la perso1111e du céclé. C'esL q11c 1'011 su¡J¡Jose que le pren1ier soir1
ele celui qui traite avec un créancier cl'une créance lui apparte11ant, doit 1~tre
ele s'infor111er de la réalité ele cclle-ci a11pres du clébiteur qu'on Iui dé-
signe cor11me obligé. 11 de111andera a ce dernier s'il a déja rei;11 significa-
tion d'unc cessio11 ele créance pr{cédc111r11e11t consentie par le eréa11cicr a
une autre personnc. Le dé'.lJiteur cédé qui,a~·a11t été toucl1é par u11c pren1iere
signification, négligerait, ¡Jar frat1dc ou réticcnce, cl'cn pré,·e11ir un scco11d
cessio11nairc ven11 a11pres de lui aux i11forn1ations, con1111ettrait évide111-
n1ent, a l'égard de ce dernier, une faute qui I'astrei11drait it 1111e répara-
tion pécuniaire (V. st1r le role tres différent de la sigr1ificatio11 dans l'an-
cie11 Droit, note de 1\1. \\'al1l sous S. 98. 1., 13).
13. - L'aut_re mode de pulJlicité est l'l1cceplation de la cession faite par le
tlélJiteur, da11s un ficle autl1e11ti1¡11e. 11 nous ,·ient, lui aussi, de la Ct111stitu-
tio11 de (}ortlie11, 011 dale de l'a11 239 ap . .J .-C., citée plus l1aut. Cettc co11s-
titutior1, en cffet, cnlcvait a11 clélégua11t la faculté de rece,oir JJaien1e11l des
rnains du débiteur, 110n se11lement it partir de la elé11011ciatio11 faite a11 dé-
1,~gu{•, rnais á partir d11 111or11cnt 011 cel11i-ci scrait ri•p11lé a,·oir accfiplé la

tiélég11tio11, 11arce q11'il aurait cfl'ecl11Ó 1111 paic111ent parliel aux 1nains du clt'.'-
l1~gataire.
Sou,·c11t l'acccptati11n sera co11c11111itante á la cessio11 : ce sera le cas,
si l'acte ele cessic111 rí·digÍ! c11 la for111c a11thcr1tique est sig11é par le clébitc1J1-.
Mais elle po11rrn a11ssi 1\tre a11tí·ric11re <>11 1>ostéric11rc. · I)a11s 1011s les cas,
la l<ii exig-e 11n act.c a11tl1cnti111111; ce <¡11i est 1ic11t-ctre cxagérí·, car ce que la
loi a vo11l11, c'cst. 111 ccrli/111/e de la date de l'acccr>tation, cellc-ci 1narc111a11l
le 1110111e11t 11rt'1cis 01'1 la lrans111issi<111 de la crt'•a11c1• esl r«'•1111l1'c elfcct11éc
.', l't'•gnrtl eles Licrs ; 1111c acc1~ptati1111 ¡inr acle so11s sri11g t>riYé e11t clo11c
111'1 s11flirP, p1n1rvu <111'el(c c11I. 1'•1{• c11r<·gist.rt'·n (art. 13:18).
lci cncc,rl', 1 acc<~¡>lal i,111 11c rí•v«':lc 1111<· la co1111aiss1111cc ¡>erso1111ellc <1u·a
011<· le clúl1ilP11r cód1\ tic la cl'ssi1>11. \lais i11rlirecle111c11t, PIIP c1111stit11c 1111e
111c:-.11rn 1lc r111l>licit-<'· gl·nt'.·ral<', 1111i:-.11111•, clt'·s lor:-.. le cí·tl<'· S<'r11 ¡\ 1111~111c tl<1 r<'Il-
scigner les licrs q11i vic111lr11ic11l s'inf11r111cr n111>rc:- ,te ,lui .

.Quels eont lee tiere qui peuvent se prévaloir du défaut d'acoom-


pliseement des formalités de l'article 1690. - l,'nrliclc 1(i!)<> ne 1:1111-
ti1•nt a11c11111~ r,irrr111lc restricli\'P 111111l11g11P i'1 <'Pile <111c 1'1111 tr1n1,·c tln·:is l'ar-
LiclP :t dt! la loi ,111 •,:t 11111rs 1Hi"1:1. 11 c11 r1•s11ltc q11c le 1ft'•f1111I ,le 1>11l1licilt'!
¡inul ,,tri• i11v<ll111t'• 1l'11lHlr1l ¡iar le 1lt'·liilct1r ci'•1l1:, el cns11it1• ¡>nr les tiers <Jtli
168 LIVRE PREllJER. - TITRE PRE~IIER. - CH,\PITRE 111

011t acq11is un <lroil sur ladite créa11cc. c'cst-/1-tlirc: les autres ce~sio11r1aircs
tle la créance ; les créa11ciers a qui cette cr<'•a11cc cst rer11ise e11 gagc ; les
crt'.•auciers cl1irogra¡ll1aires a)·ant }lratiqué sur la créance céelée 11ne
. .
sa1s1c-arre 't .
1° /,e (/ébite11r cé(!é. - Jusq11'a la significalion ou it l'acceplatio11 de l'arli-
cle I ligo, le débitcur c,~dé a le droit de co11sielérer le cétlant con1n1e étant
to11jcn1rs so11 créa11cier. D'ot'1 les co11séq11e11ccs ci-apres:
,\. - Le cessio11naire de la créa11ce ar111é d'u11 litre ext'.~cutoirc ne po11rra
¡ias ¡ici11rsui,·re l'exéc11tion des bie11s du cl<'•IJileur cédé, ava11t l'acco111plissc-
111c11t lle~ for111alités ele l'articlc 16no. L'articlc 2214 qui ér1or1ce cette regle ..
11c J>arlc q11e de l"expropriation des llie11s du délJile11r ; mais la juris-
pr11rlcr1ce étend cette solutio11 li to11s les acles d'exécution (Lin1oges.
20 ,tvril 1887, D. P. 87.2. 175. S. 88.'.l. 156). Se11ls les acles co11servatoires
• • •
so11t ¡>ern11s au cess1onna1rc.
B -- Le ¡iaien1ent fait ava11t la for111alité sera valablc et op¡Josable a11 ces-
sio1111aire (art. 1691), lcq11el n'a11ra alors d'autrr reco11rs que son aclion e11
garanlie contrc le c<'·da11t. '1'011tcfois. 011 rcn1arlftIPra que l"arlicle 1691
11"é11t)11ce ex¡>resst'•111e11t celte regle e¡11·e11 cas de sig11(/icatio11, II 11e parle pas
lle 1·11cceptatio11 d11 clébite11r. Cela tic11t ll'a¡)res l'c>pinio11 générale a ce que,
si le débiteur céd(· (/Cceple la cession ele la créa11ce, il rcnonce par la it invo-
llt1cr a11cune causr tl'cxtinction tle l 'ol>ligation i1 l'p11co11lrc <lu cessio1111airr.
!>011,:, s'il avait payé déjale c1'da11l, il 11'c11 scrait ¡)as 111,_¡i11s tcnu rnYrrs le
' .
ces,-; 1o 1111 a Ire.
(:. -- Le cédé peut opposer a11 cessio1111airr la co111¡1e11salio1i résultant de
ce l{ti'il serait deYrn11 l11i-n1l\n1e créa11cicr cl11 ct'·da11l avant la signification,
f1it-ce ¡Jostérieurcn1ent h la ccssion ele la crt'•ancc rxistant C<HJlrc lni. í.'csl
ce c¡11c déciclc l'article 12¡15. al. :J.. ~[ais l'al. 1'' a soi11 ll'o¡>poser /1 ce cas
ccl11i 011 la cession ele créanc<' a ét(· r<'11d11e cfficace, 110n 1>as a11 111oyen cl'unr-
sig11ificalio11, 111ais ¡>ar 1111e acce¡1talio1t d11 llél>ile11 r. ,, J,r clr'·bite11r q11i a
acc1·¡>lé pure111e11t el si111plc111e11t la cessio11 .... 111' ¡Jr11l ¡1l11s ci¡>posPr a11
ces,-;i1i1111airc la c11r11¡H•11sali<>11 <¡11'il c,it 1>11, aYa11l l'acc1•¡>latio11, 01i¡>1isPr a11
ct',llanl. n II y a lit. co111111c 11cius l'a,,>ns cl1'._ji1 Yll, 1111P 1l1'rog·ati1>11 a11 ¡iri11-
cipi, 1¡11e la co11111P11sati,>11 s'o1><'·r<', cl1ez 11<J11s, ,le ¡1l1,i11 clroil. I•:1. il co11viP11t
0

d'aj1111lrr l¡t1c, ll a11r1'.s 1111<' l>¡>ini,>11 c1>11ranl1·. <'<'11<· r<•111i11cialic,u a11 l><'·11r'·ficc
cl'1111P con1pcnsali1J11 ce¡H•11lla11t ,t,'._j/1 ac,111is<', r1·s11llPrait 1n,\111c cl'1111e ac-
ce¡ilalici11 ele la crssic>11 eflºect111·c ~i111¡1lcn1e11I ¡iar 1111 acl<' so11s scing 1>ri,,\
(llc11,, 6 févricr 1878, l). 11. 78.1.:17;-1,l.
1" li1t (lttlre cessio111111irc. - S11¡>¡>cis1J11s 1¡11c le cr1•a11cicr c,,.,J., s11ccPssiYc-
1ncnl la 111l\111c créa11cr, ,'1 1lc11x cessic>nnaircs 1lilfr'•re11ls. l,<'1¡11<'11l1•s clc11x sPra
¡1rí·fr'•ri~. c'esl ,'t-llirc en 1lrl1il 1IP rt'·cla111er le n1<H1laul 1lc la crt'·a11c1• a11 c<\elt'· ~
N,111 ¡1as le cPssir111nairn ¡>r<'nti<'r 1'll 1lal<·. 111ais cPl11i <IPs <1<·11, 1¡11i a11r11, ll'
¡1rc111iPr, rec<111r11 /1 la significaticin,,lll 1il1l1·1111 l',u•,•pplalili11 liu 1lt'·l1itc11r<l1111s
1111 acle 1111tl1e11li1¡11<'.
:\·• U11 créa,u:il'I' g11f¡ist1•. -- I.a 111<\111c crt'·a11<·<• Psi. ¡iar li• crt'·ancier. ct'•1lt'·P
a' 1111 CCSSl<lll111111'0
. . 1~111 ' Pll gagti a' 11ll
111111,·c 1 '.
I C Sf'S lll'lllll"llS crc1111c1Prs. N()l!S
\t'l'r1111s l1ienl1\I ,arl. 11175) 1¡111' 1,· 11anlissP1111'11t. 1ll's crt'•1111c1•s <·si s,111-
Tl\,\'iS)IISSIO'i DES OBLit;ATIO'iS 169
n1is, lJour etre o¡ip(Jsa!Jle ati:x: tiers, á la for111ali té (!'u11e sig11ification au
t!él)iteur cé(!(·. i>o11r llétcr111i11cr lequcl deYra etrc préféré, d11 cessio1111aire
011 d11' créa11cirr ¡.raµ·iste. il faudra done se rcporter, 11011 ¡Jas á la date
res1Jccti,·e (le leurs litres, 111ais a cPlle ele l'acco111plissc111e11t 1Jar eux des
for1nalit(•:,; de pulJlicité eles articles 1Gno et :io 1;3. Sera préféré celui eles
dc11x q11i les aura le 11rc111ier cffcctuées.
11º U,i créa,icier chirc,grapliaire saisissa,it. -1'a11t qtie l'une des for111alités

tic l'article 16no 11'a ¡Jas été acco111¡Jlie, les créa11ciers cl1irograpl1aires ¡Jeu-
Ycnl co11sidérer la créa11ce co111me faisant toujo11rs ¡Jartie du palri111oi11e de
lc11r débile11r. Jusqu 'á ce 111on1ent, ils seronl done c11 droit de pratiquer, sur
cetl,c créance une saisie-arret Yala]Jle (Req., 25 111ars 1885, D. P. 85.1.405,
S. 86.1.7¡: Req., 2ojt1i111898, D. P. 99.r.2l11, S. I()00.1.73, noteele~l.1'is-
sier).
Est-ce i1 clire c¡11P la sig11ificalio11 de la cessio11 inter,e11ant aprcs la saisie-
arr11t soit sa11s efficaciti'· a11cune, sauf ¡Jour l'excédP11t ele la créancc saisie-
arreléc ¡Jar rap¡Jort aux ca11scs de la saisie-arret ;1
l)ans l'~ncicn TJrrJit, éta11t clonné le pri,·ilegc du pre111ier saisissa11t (Cout.
<l<' Paris, art. 1¡8), le cri'·a11cicr saisissant ne pouvait évi(le111n1ent souffrir de
la signification tardivc d'1111 transporl-cession conse11ti á u11 tiers sur la
crt'~ancc saisie. CetlP cessic111 r1'a11rait cu d'pffct q11c llOt1r l'excédc11t de la
, .. ,. ,
cr1·a11ce sa1s1e-arrelcc.
11 en sera á pr11 tJrt'·s (le 111e111e, dans le Droil actucl, clepuis la loi citée
¡ll11s l1aut clt1 1¡ jt1illet 190¡, si 1'011 s11pposc que, c11 co11forn1iti'· de cettc
Ioi, l'a11torisalio11 <l11 j11ge des référés ait per111is at1 créa11cier saisi de tot1-
c:l1er ce c¡11i excede les ca11ses de la saisic-arrt~t. Sur le reste, le saisissa11I,
1i11 s'e11 sot1vir-nt, rsl privilégié; il est s11r cl'ctre payé i11tógralen1cnt.
:\lais il 11'y a liP11 á application ele cclle loi de 190¡ c¡ue pour les
cri'•ances e.1:igiblcs. ()r ce so11t précisén1e11t les cr/·a11ccs 11011 e11core éch11es •
t¡11i fo11t, c11 prali<[llC. le plu,; so11ve11l l'olij<'l tl'11nc ccs,;Íon ele créa11ce.
S11¡Jposr111s 1111c cri'•a11cc ele 12.000 francs. l.i11c saisic-arrel a {·té pralit111éc
s11r le di'!llilc11r ¡)ar /'ri11111s, ¡)011r 6.cioo f'rancs. I>11is ,'-;cc11111l11s, cession11airc
1lt'. la lr1talitó cll' la cri'•a11ce, fait la sig11ificatir111 de l'articlc 16!)0, N'a11ra-t-iI
1lr1)Íl <111':'i li.<><Jo francs, la so111111I' saisi<>-arr1\t1\e 1)ar J>ri,1111.~ clcva11t re-
vr•nir to11l cntii'•re ;'1 ct•l11i-ci ~ ·
011 11e l'ad111el ¡ias c11 gé11óral. ()11 fail re111art¡11cr, e11 cf1'1•l, <[IIC si .~el'1111-
,!,1s 11'a ¡¡as rlr. dr1,il 1)J11'>osahle ¡'¡ Pl'i11111s, en la11l 1¡11P ccssio111111ire,il c11 ¡H1s-
si'·tle 1111, en tant 111H• cr11a11cier saisi.~sa11l. 11 est créancicr lill ci'•tlanl, cela esl
i11co11tcslal1IP, ¡i11ist111P la cessio11 t)JJ1•re i11lcr ¡ir1rl1·s J>ar Jp s1)11I effet clP la
r1111vr-11liti11. l◄'.t, 11!' 11l11s, il t1sl cri'•a11cicr saisissanl, car 1111 a !1)11j1J11rs c1111si-
d{·ró t¡ur la sig11iíicali1i11 tl'11111• cessic111 tic cr1:a11cc, PIIIJH1rla11l tli'~fc11s<' a11
tli'·lii !PU r c1:1lé cll' , iclPr ses 111ai ns a111 re111c11 t t¡ 11 'r11 lre cel Irs 1111 cessio1111ai re,
I\Sl l'1 11¡11ivrilc11l ,/'11111• .~r1i.~i1!-11rrt11. ( Ir 11'1n1l1lici11s 1111i11t 1111t!, tla11s 1111lrc
l)rl1it., il n'y a ¡il11s 1l1• ¡iri,·ilt'~ge 1>1111r Ir, ¡1r1•111icr saisissa11l. CPlui-ci 1loil, en
c1i11sú1¡11PIII'<', tanl 1111 11111i11s 1111'il 11'.a ¡)as olit1•1111 PI. signilit'· 1111 j11gP111P11I de
vali1li(í\ 1lr la saisiP-11rr11t.. sul1ir )P c1111c1111rs 11'1111 Sl'Cllll<l saisissant, Pll l'cs-
f'l'CP lln 1•pssi111111airt•. a11ll'111· cicla significati1)11 1!1• l'article 1lii111. 1)1'.s !1)r~ •


170 LJVIIE PnE,rIEII. - · TITIIE l'HE,IIEII. - CH,\PITHE 1(1

la so111111e de 1:i .000 cleYa11 t répl)ll<l re, at1 111arc le fra11c. a ,8. ooo fra11cs de
saisic-arret. cl1acun des dcux a,·ar1ts
. . droit obtienelra se11le111e11t les cle11x
tiers ele s011 dii; Prir11us aura 4.ooo francs et Sec11r1rl1is en a11ra 8.000 (Ci,·.,
~o j11illet 1 895, D. P. 9G. 1.:1(i!J, S. !J7· 1.:19).
Le probleme va de, enir encore pl11s cor11pliqué si !'011 s11ppose 111ainte-
0

11a11l 1¡11e, it la s11ile ele la saisic-arret de Pri,1ius et ele la significatio11 ele la


cession ¡\ l11i faite par Sec1i111!11s, i11tervie11ne 11nc eleuxie111c saisie-arr11 t faite
par Terti11s (pour 6.oóo fr., supp<)sons-le). En efl'et, cla11s cecas, les diYers
i11téressés ne ¡leu,·ent etrc plact'·s s11r 1111 pied éq11i,·alent. Sec11nd1is et Terti11s
son! 1'1111 et l'autre deux saisissa11ts it l'égarel de Primus. ,rais, a l'encontre
ele .',cc11nd11s, Terti11s n'a aucu11 droit i1 faire ,·aloir, p11isque sa saisie-arret a
frappé 1111e créance q11i n'était pl11s dans le patri1noine ele son débite11r, la
cessior1 faite par ce der11ier aya11t été rend11e p11bliqur avant c111e lui-n1e111P
1·erti11s 11'eut fait sa saisie-arr<~t.Bea11co11p de SJsle111es 011t 1~tó proposés po11r
r{·sou1lre ce problc'·n1e ("\'. 11ote dr i\l. Tissier so11s S. 99., .1101). ''oici cel11i
r¡11i 11r)t1s ¡larait lf' 111eille11r. r>rim11s, Jlre111ier saisissa11t, devra recc,·oir la
so1r1111c ii lac¡uelle l11i d1ln11c droit l<' conco11rs a étal)lir e11lrc l<'s trois pr{·-
a
te11lla11t-droit, lous co11sidí~rer, e11 ce r¡ui le co11ccrr1e, cc11n111c saisis-
sa11ts. Des lors, pt1isq11'il ). a :i!1.ooo francs de saisic-arr<'I pcnrr 1:i .ooo fra11cs
;'¡ dislribuer, il aura 1lroit i1 n1oitié de sa ¡lrod1rctior1, soit a 3.ooo fra11cs.
Scc11n!l11s, cession11aire, cleYra etre traité cor11n1c s"il 11'ayail conco11r11
a
c111'aY<'C /Jrimus, p11isq11c, so11 {·gard, la saisie-arr11 t dr 1'c1·li11.~ est saus
,·ale11r. Co11courant a,·ec Pri11111s sc11l, il eí'1t e11 droit. 11011s l'avons ,·11, a11x:
dc11x: liers de sa créa11ce soit i1 8.000 francs. Il prélevcra ces 8.000 francs
des 9.000 fra11cs restan t. J,<' •·rliq11at etc 1.000 francs sera attri!Jt1i'· Ter- a
li11s, ,·ictin1f' de la tar<livitt'· clP s1H1 0¡1positicH1.

• Transmissions de créances ou autres droits auxquels ne s'appli-


que pas l'article 1690. - l!icr1 c¡11e la r11lJriq11<' qui Jlrécc<l<' les arti-
clcs

rfi8q• et s11iva11ts :-<1it i11tit11I{•p clr la Cessio11 <il'S crérzrIC<'S l'f 1111/res ,/rnils
i11,·11r¡;orcls. il s'<•r1 fa11t 1¡11r- lrs f1ir111nlili·s <1<' l'articlP 1li!¡ri s'ar>¡ili1¡11Pnl 1'1
tc>11tPs if's trans111issi1ins 11<' 11'i111porl<· 1¡11Pl clr1iit, a11lr<' 1¡11<' Jps rlr1Jils r<'·<~ls.
Vr,ici Jps C\<'<'Jllions ¡irinci1iall's qu"il ~- a liPu <11~ sig-11alrr:
1 º 1,a lra11s1111ss11,11
· . (1· 11111' l"l"('.llll'f'
' ¡>ar /l'f/S II ' PSL Jlas SllllllllSe
. a' 1ll f11r111a-
lit{•. <le l'articl1• rfin11. 1.<' seul rlt'·c1'.s 1111 IPslal<'nr r1•11<l la tra11s111is:-1icJ11 ,1¡i¡h1-
sal1IP aux tiPrs. '1'011tf'foi:-1, le d<'.•l1il1•11r 1¡11i, <la11s l'igr1ornnc<' 1111 Jpg-s, nurail
¡iayt'· <'1111"<' Jps 111ains de l'l1í•ritirrap¡1nrcnl, 1, ¡1ossl'ss,~11r rl<> la crl•a111·1• >>, JI<'
s<•rail ¡ias 11lilig{• ,le ¡ia~·pr 11111• srco111IP friis 1111 li'•gatairP (nrl. 11'i1>). ('.Pl11i-
ci 11'a11rail <tllP s<in rec1111rs c1>11lr1• l'l1i·rili<•r.
·1• l,<'s cri'·a1H'l'S c1>11stali'·Ps ¡1ar 1l<'s ll'llrcs 1/1• rh,111r¡,· 1111 ,/,•s l,i{l1tls 1i or1lr1•
se tra11sf1'-r1•11l. 1111~111c ú l'<'•g-ar1l 1l<'s liPrs. ¡>ar la ,1ii<' d" 1',·111/11.~.~,•1111·111. 1,:1 il
a Í•t{· j11g-1'· <(11<' 1·<'ll<· tra11s111issil1ilil<'· ¡>ar ,•1Hl1iss<'11u•11l, r«'·sultanl. <lf' 1111'11r111<•
1111 titr1\, f><'lll a11¡,arl<'11ir i't <IPs cri'·1111ccs ci,i!Ps nussi l>Í<'ll 1111'1i <1Ps cri·anc1•s
C(>111111crcinl<)S, si 1111 a i11si'·ri'· la clnus,\ 1\ 11rrlrP 1la11s I«- lilr<' (\", J\e1¡., 1:"1 11111rs
1R!¡:1, I>. ]>. !l:t.1.:t1)!J, S. !l'•· 1. '1!1:1. f:f. 111>le 11<' i\t. l\e111la11t s1i11s 1). f>. ¡8. 1.
:1 111).

:l" Lf's créa11ces sf' J)r/·se11la11l so11s la f'c1r111e (le litres 111L ¡iurtc1Lr se lra11s-
a
111ettenl par la rer11ise des Litres ele la 111ai11 la 111ai11 (arl. 3:-J, C. co111.).
11" J,es re11tes s11r l'Etat, aclior1s <'I ol>ligations cl<'s socic'•.t/·s ele fina11ce, d<'
co111111erce 011 J'i11cl11strif', (¡11anel f'lles s<inl cor1slalt'·es ¡>ar eles litres 110111i-
11r1tifs, se lrar1s111ettenl par u11e cléclaratio11 de lru11sfert sur le gra11d Li, r<'
ele la D<'lle })11lilie¡11e 011 sur les registres ele l'c'•tablisse111ent d<'•l)iteur (\.
l)c':cr. 1.1 Ll1er111idor an \.111). El il est a
remarc111er c1ue le transfert sur l<•s
rrgistres (le la Detlf' pul)liquc produit 11n efl'et difl'érf'nt de cel11i des for-
111alilés ele ·l'articlf' 16no. 1<:11 ell'el, il ne co11stiluc J)as 1111e si1r1ple for-
111alilé de publicité, 111ais une sorle d'i11ve,stil1ire el11 nou,·eau créancier, ]!'
a
111ettaut l'abri de toute reve11uication (L. 2'i aot11 1í93, art. 6; Civ .. 13 ncJ-
,·e111bre 186í, l). }>. Üí.1.!145, S. li7.1.l1•>.'.>.).
,En revancl1e, les ¡iarls <l'inlérels da11s les socit'•li·s en 110111 colleclif 011 P11
con1r11a11clite 11éccssilcr1l, 1Jour que le11r cestiio11 :-oit o¡iposal)lc aux ticr,-,
1111c 11otificatio11 faite, dans les lcr111cs ele l'article 1690, aux aulres associt'·s
e11 110111 culleclif 011 aux géranls de la sociét{: c11 co111r11a11dilc.
:-iº Les elroils ele propriélé lillérairc, artistique el inrlustricllc c'·cl1a1lpt•11l
ég·aler11er1t, po11r leur lra11s111issior1, a11x f<Jrr111's de l'arlicle 1690 (\'. s¡)c'•cia-
lc111ent, c11 ce qui conccrne les brel'cls 1l'i1i1•e11tio11, arl. 2r>, :il. :1 rlc la loi clu
.1 juillel 18/141.
6" Les ccssio11s de loyers 011 fer111ages 11011 t'·cl1u,; son l. 011 s'e11 s1>11,ienl,
a
so11111ises u11 régin1e spécial J)ar la loi elu 2:l 111ars 18j;"¡ (arl. :i,:)")·

~ 2. - Effet,.; de 1,, eeMsion de c-1•é11nt!e.

Eft'ets généraux de la ces11ion de créance. - l,a ces:si1>11 1rans111ct a11


cc:,;sio1111aire la créa11ce !clic (J11elle, c'est-:'t-elire:
1º J>o11r son 1no11la11l 110,ni,1<1!. Peu in1¡iorle ({UI' le cession11aire ait vcrst'·
a11 cé1la11l 1111 }lrix inf{!ricur á ce n1or1tant ; il aura elroil (le se faire payer
le l1i11t 1iar le c/•rl(. Et e11 cela, 011 s'cn s1i11vie11l, la Cf'ssior1 ele crt'·ance 1li f-
fi':r1• elP la s11bro1111tio11..
'.1" Ál'<'C le.~ r111r1111ties et 11rr1•ssoir1•s 1¡11i /'r1ccu111¡1<lf/llC!lf. C'1::,;l ce 1¡11'cx-

pri111c 1·articl1~ 1li!r'-, a11x lcr111Ps 1l111¡11PI << la v1•11lc <111 cPssio11 el'1111c
cri':a11cp C<>111¡11·c111l 11:s acc1:ss1,ircs 11<' la cr{·a11c1• !Pis c1uc ca11li1)11, ¡iri,ili':gc
i·l l1y¡ic1ll1i'·1¡111• n. l)P 1111~111e si la crt'·a11ci: c,;I C\l'Ct1l1iirr. la rPssi1J1111airc JH·ut
r1•<·1i11rir ,/¡, ¡i/11111/ aux V<>ÍP,- 1l'1•xi'·c11li1>11. a¡,ri'•s t1,11l<'f1,i,- 1·acc11111¡ilissc1n1n1l.
<l<'s f1ir111aliti'•s1IP l'arlicle 1(i!Iº (art. '.1:ir'il. l~l. 1'11 cPla. la c<'s:-io111lPcr/•a1u·<'
1lill'i'•rp 1Jp la 111H'l1/io11 par cl1a11gl'lll<'IIL 111' cri'·a11cil'r.
:l" ,<.;011s r1 1s1•r1•1• 1!1•s c;i:1"1•¡1lio11s 1¡11i ¡H111vai1•11l t'·lr1• <>pJH>:-i'·Ps .'1 la crc'·anc<'
lors<111'<'lln ªllJlarl1\11ail a11 ct'-1la11l. l•:11 ,. lli•I., 111•111<1 ¡il11s j11ris tr,111.\/i•r/ 1¡1111111
i¡is,· h11/11:I. \ir1si, le l'<'·,li'· 1111i a11rail Jlll <lJJJHlS<'I' a11 ci•1l1111l la 1111llitt'~ 111: seJ11
l'llgag1•111n11l, ln11a11t :'i e,• <1u1• sa Vt1h111ti'· aurail i'•l1'• s11r¡>risl' ¡>ar cl1il 1¡11 ¡iar
vic,IPlll'I'. ¡H111rra i11,<H(ll<'I' la 1111~1111• l!Xl'<!(lli1,11 1•1i11ll'P le ccssi,,1111airl' (l\1•<¡ ..
;¡ ll<l\('1111)1'1' 188!1, 1). l 1• r11i.1.:\7\1. S. !ll.1.'1<1¡: (:iv .. 'A:l dí:rn111IJl'l' 1\1<)'..!,
1). 11. '!1'>'1.1.·AHo, S. l!)l>í.1,/1/1:l). I•:1. i:11 cPla, la ,•pssion 11<' crúa11ci: 1lill't'~rl'
,le la 1/1 1lt'fl"lio11.
LIVRE l'RE,IIER. - 1'ITIIE l'IIE\IIER. '-- CIIAJ>l'fllE III

Eft'ets de la cession en tant que donation ou vente. Garantie. -- J,es


ell'ct..; qt1i préceclent sont ceux ele la cession de crí~a11ce co1nme lelle. l\lais
elle c11 1Jrodt1it rl'autres, s11iva11t que, faite h litre gratuit, elle co11stit11e 1111e
el(inatio11, ou que, faite a prix <l'arge11t, elle co11stil11e une ve11te.
a
\'ous n'avons rien elire des ell'cts de la cessio11 de créance faite litre de a
do11ation. Ce seront les elfets oreli11aires el'11ne clonatio11. 11ais la cessio11 ele
.
crí•a11ce a litre onére11x est so11111ise i1 eles regles partic11lieres, e11 ce (Jll 1
co11cerne l'obligalio1i <le gara11/ie cl11 Yeneleur, c'esl-h-dire du cécla11l.
1º (Jaranlie 1le llroil co11im1i1i. - Le princi1)e est for111ulé par l'arli-
clc 16g3. Le cédant, lorsq11e le ,~011trat 11e co11tient aucu11e clat1se formell e
a
relaliYe la garantie, doit gara11tir au cessio11naire l'exislence lle la créance.
111ais 11011 la soliiabilité clu débiteur cédé. Cela est conforn1e a
l'inte11tio 11
prol)al)le eles parties. Tres fréquen1111ent, celtri e¡11i cede une créance (e e
c111'il fera générale111e11t po11r u11 prix inférie11r ¡\ s011 mo11ta11t 11on1inal ).
IP fait précisén1ent pour éviter l'aléa d11 rcco11,·ren1e11t ultérieur de sa
créa11cc. Le ccssio11naire est payé dtr risque q11'il e11co11rt ¡lar la pri111c q11 i
rt'•,-t1lte ele l'écart entre le n1ontant de la créa11cc et le prix ele la ccssio11.
f:c n'est d'aille11rs pas seule111ent de l'cxisle11ce de la créance q11e répond
le cédant, mais aussi de celle des accessoires, cautio11, privilege, \1~·pot\1e -
c¡11P (lleq., 1g mars 18g!1, J).P. g5.1.70, S. g8.1.318). :'llais, de 111e111e c¡11'il
11·Pst pas garant de la solvabilité clu débitc11r céclc', le cédant r1e l'cst point
c\a,antage de l'cfficacité de ces garanties accessoires q11'il a cédées e11 111en1e
IP111ps c¡uc le elroit principal. 1\insi, il n'y a11ra pas lie11 ,\ rcco11rs co11tre luí
clP la l)art d11 ces..;io11nairc, aucas cl'ir1solval)ilité ele la ca11tic)11 qt1i gara11tis-
sait la crt'·ar1cc tra11spc)rtée (1\ge11, :>.8 janYier 18DIJ, J). JJ. g¡.2./16(), S.gR.2.
1 :{ 1 ,).

()11 re111arqucra qt1e, lla11s certai nes c111{•ra Iio11s a 111 res <I ue la cessio11 de
crí•a11cc, l'<1hligali1111 de garantir el11 c·éda11t cst pl11s 1•tcnel11P, el cr11lJrassc la
,-r1!Yai)ilitt'· d11 dc~l>ilct1r. 11 e11 esl ai11si er1 r11atiere ele partage (art. 88li), /1
ca11,-<' <le ce prir1cipe qt1e l'égalité e.~l l'ci111c 1/es partar¡es. Le partagc r1'csl pas,
c,1111111e la res-;i(HI lle cri'·a11rc, 1111 acle de SJJ(1c11latic)11 <ia11s l<·r¡11cl l'acq111·-
r<·11r se so1111H·l it 11r1 risc111c 1io11r acc1uí·rir 11111\ rl1a11cr d(• lJrollt.
IJ11a11t. ú l'Pll'PI <111 l'<)cc111r,- !'11 garanliP, ce• sc•ra. !'11 cas cl'i11cxislc11cc <le la
0

cri'·a11ce c<'·<l(\c, suil. !(U Pl!P ail {·1<'~ <'·tci11Lc 1>ri'•ci'•(lc111111c11I. s<1it r111'r•lle 11'ail ja-
111ais exist<'·, d'aslrci11<lr1\ le cé<lanl, en cc>11l'c1r111iti'· <111 l)rcJit rci1111111111 (art.
,fi:{o). h re111lJ1J11rscr a11 cessio1111aire i<i ¡irix c111'il a11rait vprsi'·, PI i't l11i
(Hl.,<'r. c11 pl11s, <les do11111111g<'s-i11t{,rcls. (:es <l11111111ag<'s cor11prP11<lr()lll 11,1-
ta111111P11I le litcr11n1 c1•ss1111s, <[lli sera ici l'{~carl enl.rc 111 prix de ccssio11 el I<'
111<i11la11l 11<1111i11al cln la cr1:a11cc.
·1º ,;,1r1111lie rés1tll<111l 1/'1111c 1:l1111s1• 1·.r¡ir1•.~sc, 011 g<1r1111/i1i <fe· f11il .-- 11 11e11I
arri,Pr !(11<' (ps ¡iarties inst'·rc•nl (la11s IP111' c<111lral tlll!' cla11sP visanl c•x¡ir<'s-
si•111<'11l l'c1l>ligali(>II <le gara11tie, S(>il JHllll' la l'Pslrei1ulrc·, soil ¡1<111r J'{,Jargir.
,\. - <:l1111s1· r,•stril'lil'c'. - (,e c{!clanl, si le C(issi11111111ir,~ y c1111sc11I, ru•11I
\P111lr1' la cr{·1111cl', s1111s 11111·1111e !l''r,111li1!. <:PI.te• 11¡1i'•r11li1111 alúnle1irP Psi ,ala-
1>1(•, <¡11<>i11111) la !,,¡ 11'<•11 1>art,, ¡>as (I\P1¡., /1 j11ill1•l 1!11>;>, l>.l 1 • 1!)1<•. 1.·,·1·1,
S. 1(110.1.!,~!)). Se11lc111(•11I (arl. 1(i·,8) '" ,:i'·<la11I r<'sl(•ra 1,111j(111rs a11 J11(1i11s
TI\A:\'S111SSIO'\ IlES. OBLIGATIO'\S

gara11l <le son fait llcrso1111cl. l\1r cxe1111lle, il ele111e11rcra exposé a11 rccot1rs
du cessionnaire,1io11r le cas ot'1 l'inexislence lle la créar1ce cédée tie11<lrail i1 ce
qu'il l' aurait l11i-111e111c étei11te (par re111ise de tlette <lu réccptio11 de 11aie-
111e11t), 011 cédó2 a11lt'·rie11ren1e11t it 1111 tiers.
13. - Cl1111se exie11sive. - Les articles 169!1 et 1695 prévoicnt Jp-; cla11ses
¡lar lcsl¡uclles le céda11t garanlit forrr1ellen1eí1l au cessionr1airc, 11011 se11-
le111ent l'cxistc11ce de la créa11cc, 111ais la solvabililé clu dé)Jilc11r. f,a p()rl<'·e
ele cetlc clause esl reslrei11te llar la loi a eleux points de vue.
11) L<' cócla11t <¡ni gara11lit la solvallilité, s'e11gage <( jusqu'a co11currcncP
se11le111ent d11 11rix qu'il a retiré de la créa11ce n. J'ai cédé pour 110.000 fr.
1111e créa11ce ele 60.000 frar1cs a,cc garantic de solvallilité·. Si le llÓ)Ji-
teur cédé est i 11sol,a}Jle, je 11c devrai re111IJ011rser au cessio1111airc q11<·
40.000 fra11cs,ct no11 Go.ooo francs. La loi ne llrévoit pas la clausc contrairc.
Et 11ous croyor1s que ce silcnce, élant i11ter1tio1111el, ér¡uivaut a la 1Jrol1ibitio11
<l'n11e stipulation <¡11i astrei11<lrail le garant ele sol,alJilité a11 re111}Jonrsr-
111c11t ele la créancc llour so11 111or1la11l no111i11al c11tier. U11c tellc sti1l11lali()Jt
a¡lllarait c11 ell'ct co111111c illicite en soi, a ca11sc des facililés q11'rJ)p ofl'rirail
1)0111' lo11r11cr la }Jl'Ol1iliitio11 rl11 lll'Cl l]SII!'airc.
b) (( Lorsqu'il 1,le célla11L) a 11r<1111is la gara11Lie ele sol,abilité d11 délJilc11r.
celte promesse 11e s'c11le11d que de la solvctbililé ac/11elle, et 11e s'éleud ¡Jas a11
a
te111¡Js vc11ir, si le céllarzl rze lºa e;¡;¡1ressé111e11l sli¡1ulé 1J (art. 1695). :\i11si. le
gara11t <le solvabilitt', 11e répo11d <1ue llu préser1t, 111ais 11011 de lºi11s11lvallilit<'·
qui sur,ier1llrail 11ll<'·ricure111e11t. Cette scco11ele rcslriction re¡Josc u11i<¡11e-
111e11t sur une i11lcr1Jrétatio11 lle l'i11te11tio11 probable d11 céda11t. ¡\ussi, la loi
- el 011 rc111arq11cra le co11lrastc a,cc la clisposilio11 précéclcnle - a11torisc-
L-cllc la cla11se co11trairc, celle llar laq11cllc le c1\cla11L gara11t,rait :1 la f1Jis la
s1JlYalJilité acl11clle el la sol,al1ilitt'· futurc. C'cst ce r¡11'011 ar11icllc la cl;111s1·
clejournir el jl1irc 1•11/uir. Elle fail <111 céllanl la caulillll d11 céclé·.
0

l)a11s l'l1yJlOLl1esc ll 1111c clansc <le ce gcr1rc. le ccssic11111airc 11c Jl"11rra. en


¡Jri11ci¡1e,cxcrccr s011 recours C<>nlre le c<',cla11l <¡u'a¡ires a,oir disc11/1; les !Jicns
<l11 ct'·llt'•, car alors scnle111e11t il y a11ra ccrlil11lle ele so11 i11solva!Jilitt',. ~lais il
'
11'est ¡las <l<J11Lcnx <lllt' le contral ll<1urrait l'autoriscr :\ se rcl<Jnrner ( 011lr<' l1· 0

ct'·llanl, a1)r(\s 1111 siu1¡lle co111111a1ulc111e11L i11fr11cl11c11x a1lresst'., au cí·1li'·,


('l 1111\111c a11rbs si111¡1lc refus 1le cel11i-ci <le 11ay<•r :1 l'úcl1éa11ce.

l.'i1li'·c d'1111c lra11s111issi(lll 1I<' l'<1l1ligali1111 1'11Yisag{·c,11ti11 ¡1lns llar s<iu C(\ti'·
;1,·Lif, C(llllllll' 1lans la C<'ssi(lll de crúartcP, 111ais ¡1ar so11 c,itl, 11assif. ,l'11u<'
("tssi1111 1!,• ,!l'll,·s. cn 1111 111t1I, a {·tt', l,111glc111¡1s igncirt'•c. J,a JH\rso1111alil<'• 1l11
<lí·l1ile11r, sa s1Jlval1ili1{•,11araissai,•11l trllc111c11t <•ssP11liPll<'s q11'01111<' c,,ncc,ail
¡ias la 1H1ssil1ilili'• <le la s11lislil11li,111 ,1'1111 <lt'·l1ilPnr .'i 1111 a11lr<' da11s n11 111t\111P
ra¡ip,irt <1'11l,ligali,,11. (;P(><'ll<la11l, <'<' <tui Pst lc ¡1l11s i1111H1rlanl 1lans J'ol1li-
gali1111, sa11f JHlllr <'<'l'lai11cs <>hligali1i11s 111' fairl', c'psl 111oi11s la ¡H·r~<>1111alilt'·

1. 1;a11d,in1Pt, 1'.'s.~1,i s11r le tra11~¡u1rl de det(e ,; 11/re ¡>artil'11lier, lli<'•sc 1898 ; Salcill<•s,
JJ., la ,,i•s,iru1 ele del/es, tia ns Annal,~s 111• IJroil co111111ercial, 18!!0.
LIVHE PHEMIEI\. - TITRE PHE~IIEI\. - CHAPITHE III

ele l'autet1r de la ¡Jrestatio11 que le résultal de celle-ci; peu importe des lors
¡1ar qui la ¡Jrestatio11 sera exécutée. D'a11lre part, il y a des l1y1Joll1eses lres
1Jratiques dans lesquelles il serait lres titile que le débiteur pt'il se substi-
luer un nouvel obligé. c111i assu111at vis-a-vis d11 créancier la cl1arge de ses
dettes; de tellc fa(,on c1ue le pre1nier débite11r fi"1l e11lióre1nc11l li}Jéré, et que
le créancier eut une actio11 directe conlre le s11JJstit11é. Ces hypotheses sont,
a
11otan1111e11t, celles d'u11e clo11alior1 u11iYersellc 011 litre 1111i,ersel, cl'ur1e ces-
sio11 de fo11ds de co111111erce, e11li11 celle de la ccssio11 d'u11 im111e11IJ!e l1ypoll1é-
c¡ué. Dans les deux pre111iers cas. il s'ag·irail ele la tra11s111issio11 d'un IJloc de
<!elles, de tout u11 passif ;'1 la fois. Da11s le rler11ier, il s'agirait de la cession,
a litre particulier,de la rlelle clont l"l1}·potl1eque g·reYant l'in1n1euble esl J'ac-
cessoii·e.11 est fort préjudiciable au ve11deur de rester perso1111elle111e11tobligé,
lorsqu'il n'a plus en n1ai11 l'i111111euble qui répond de. sa clelle,et sur la garan-
lie cluquel l'obligatio11 a ét.é contraclée. i\e vauclrait-il pas mieux q11e le tiers
acc1uéreur assun1at vis-.\-vis clu créancier - le1111cl, si l'l1ypotl1eque doit
,•e11ir en rang utile, n'y pcrdra rien - celle situatio11 de cat1lion perso1111elle
ele la dette de l'in1n1et1ble.q11i est e11 défi11ilive celle d11 débilc11r, apres qu'i l
a co11ft'·ré a11 créa11cicr 1111e s1ireté l1y1Joll1écairc ~
I,e Cacle civil alle111a11cl, da11s les articlcs 414 a 419, a orga11isé celle ces-
sio11 passiYe sous le non1 ,le reprise de delte (Scliul1liiúer1ialime). La cession
se fait par u11 acle passé entre le céda11l de la clellc el le ccssio1111aire. Cel
a
acl.c, po11r avoir efficacilé ;\ l'ég·ard du créancier, est s11l)ordonné l'adl1ésion
ele celui-ci.(:cttc adl1ésio11 1Jcul elrc do11néc cl'avance,ot1 sur 11110 11olilicatio11
adresséc par le céda11l ; elle prolluit u11 cll"et rétroaclif qui re111onle au
jour du contrat. Spécialcn1e11l, da11s l'l1y1Jotl1ese d'urle reprise de delte
acco111pagna11t une ,·e11te d'ir11111e11ble l1y1)otl1équé, le ref11s cl'acll1ésio11 ne
. 11cut i11lervenir 11lileme11t c¡11e dar1s 11n délai 1létnr111i11é; la l1)i 1Jrés11111anl
la ralilicatio11 cl11 crt'•a11cier, auquel le s11bslilution d'1111 débiteur a u11
a11lre cla11s l'obligatio11 1Jcrslin11cllc sera le ¡Jlus souvent indilfére11te.
Ce qu'il y a de caracléristique da11s la reprisc de delle d11 Drriil alle-
111a11d, c'est qu'elle 11e cl1angc pas le rapporl de droi t lra11s111is. C'cst clci11c
liic11 loujours la 111c111e delle q11i subsiste. J)'ci1i ccll.e clo11ble co11séc¡11e11cc :
<l'u11e parl, c¡ue le ccssi111111airc ele clel.lc d11il (l011voir t)p()Oscr a11 cr1\a11cicr
les 1111\111cs cxcc1itio11s Pl 1lt':f1•11scs c¡un le ct':clanl, el, d'a11t.rc lJarl, 1111c les
gara11t.ies q11i e11l<J11raic11l la clel.lc a l'cnclllllrn 1111 cí•clanl s11lisisle11l, <•11
¡>ri11ci¡)c a11 111oi11s, et so11s certai11es rés<"rvcs l(ti'il scrail tro1> l1J11g- cl'i111li-
1¡11cr, i1 l'cr1c1J11lre du cessior111aire.
E11 l)rc>il fra11c.'.ais. 111H1s a11ro11s á cxa111i11er, i1 11ro1>os <les do11al.io11s, si
11110 tra11s111issio11 1111 1>alri111oi11c clans so11 c11sc111lJlc c11trai11nrail ccssicJJt ele
clellcs a Litre 11ni,·1•rscl au 1lc11111t.airc, 011 ce sc11s a11 111oi11s c1un !ns créa11-
a
cicrs ac1111erraicr1l l'c11co11lrc <le ccl11i-ci 1111c acli1J11 dirl'cl.c (car la 1!011alici11
a a
litre univcrsel, s11p1>uscr q11'cllc n11lral11c cellc coust'·1¡11e11ce ele l'aclio11
. eIes cr1:a11c1ers,
' . ne 1>rod 111l
. c<'rla111e111i,11l
. '
1
1l 1recte (Hts cclll' aulrc c1i11scque11cti
1¡11i serail la lilii'·ralio11 clu 1>rcr11ier clt'·l>il<'III'). l'nur ce qui esl ele la cessi1>11
it t.ilrc ¡1arliculier, elle 11'c.risle pe,.~ <l1111s 110/re /)roi/. ()11 11'y renconlre rÍPll
1l'analog11c i1 la re¡Jrisc ele 1Jctlc allo111a11llc. t;opéralilHI q11i, cl1cz 11ot1s, s'1•11
1'1\ANS~IISSIOX DES OBLif¾ATIONS

ra1)procl1erait le plus, serait l'e,1:¡Jro111issio, ou 11ovatio11 par clia11ge111e11l ¡fe


1lébileur. Sculc111c11L, l'opération differe considéral)lc111e11t d'1111c cessi<JI1 de
clcttes. Elle substit11e IJien 1111 no11veau clébitc11r a l'ar1cien fJtli cst lil)ér<'· ;
111ais l'cffct clu co11trat 11c se J)rod11it q11'a11 111on1ent 011 concourcnt les troi s
vol,)11tés de l'a11cic11 clébiteur, d11 11011Ycau et clu créa11cier. Et s11rl<Jut, ce
11'est l)lus la 111e111c ·dette qui exi stc e11trc le créa11cicr et le 11011vel ol1lig·é ;
c'est tt11e ,!elle 11ouvelle. Des lors, le créancicr a l)crclu les g·ara11 tics ele l'an-
cic11r1e. Et, cl'a11trc part, le nouvea11 débite11r 11c 1)e11t 1)as luí opposcr les
a
cxcc1)tic111s et défe11ses r111i apparte11aie11l l'ancicn.



'l'l'I'RE II

OBLIGATIONS COMPLEXES

J,a co 111plcxilé tics oliligalior1s rieul résuller tic lli1Térc11lcs circo11sla11ces:


1° De l'cxistencc ll'1111c rno<lalité, c'cst-a-clirc:cl'u11 ler111e 011 cl'1111e co11<lilio11
(11ot1s 11'avons en ce l!ui les co11cernc qu'a co111¡Jl<'lcr Je:,; explicatio11s cléj:\
fo11r11ies tla11s nolre Lo111c }e•· (JJ. 81 el s.);
·1" Oc la pluralité des objets ou des sujets ele l'olJlig·ation.

<:llt\llITílE PREMIEI1

SEC'fl():\' l. - CO'íl)ITIOX.

Notion générale de la candition. - Le Coclc clo1111c a11 111ot co1i1litio1i


clt·s acceptio11s clifl't'.·rc11tes. J)ans l'articlr , 108, il clésigne ¡iar ce 111ot les
t'.·lér11ents esse11liels ¡iot1r la f()r111ati,:H1 <l'1111e convcntio11. Da11s le Litre des
1{01iatio1is e,itre-vifs el <les teslci11ie11/s (livre 111, titre 11), il l'c111ploie fré-
<1ue111ment co1111ne sy11ony111c ció <' chcirr¡es n i111posées par le donateur ou
Ir lestateur a11 gratifié (Ex.: art. 9:i3, C.civ.). I\fais la véritable signification
<iu 1not, au ¡)oint de v11e j11riclifJ11c. cclle q11i don11e a ce tern1e u11 caractere
vrai1ne11t tecl111ique, cst la s11iva11tc: la condition cor1siste dans le fait de
s11bor<lo11r1er l11for11t<Llio1i ou la clis¡1rtrilio11 d'iln rapport lle droit a la réalisa-
f io,i d'tln évé11eriienl ./1llur et i1icerlrti1i. L'acte jt1ridique conditionnel est
d1)11c un acle clo11t le sort est i11ccrlair1, ta11t qu'on ig11ore si le fait dont
d{·pend sa 11aissar1cc <>11 sa résol11lic>11 se produira ou ne se prod11ira pas.
J.,' événen1e11l qui esl l' ol}jct de la cr)11cl i tion cloi t, diso11s-no11s, ctre Jutu,·
el i11certai1i (ar!. , 168). 11 n'y a ¡)as conditio11 véritable, par co11séqúe11l:
rº S'il s'ag·it cl'u11 fait déjit arrivé. ¡\ l'i11su des parties. En pareil cas, l'i11-
f'<'rlil11cle ne se re11c1)11tre q11c <la11s !'esprit des parties, 110n dar1s la réalité;
car rle de11x cl1oses l'u11e : <Ju l'ó,·1~nc111e11t s'est prod11it, el l'acle existe
p11rerr1cr1t el si1111lle111e11t; 011, au co11trairc, ~l 11e s'est ¡las réalisé, et l'actc
a
l'SL cor1sidérer co111111e 11011 avc•.1111.
I:arlicle , 181 llu C1>dc civil clil. il cst vrai, que l'obligalio11 conlractéc
s<111s 1111e co11flilio11 s11s1le11si,·c e:-t ccllc <111i 1lópe11d ot1 d'u11 évé11e111ent
fulur el i11certai11, 011 1['1111. 1:,,¡:111·111c11l act11cllc11ie11f arriué, nia is encore i11-
c11111i1i 1les JJr1rlies. l\lais IP <l<!r11icr aliu<'•a ajf>11le: << Da11s le seco11d cas,
1'<,IJligution a so11 efl'ct du jtllll' fJ1'1 elle a été co11tractée », ce (111i ¡>rou,·e que
la con1litio11 11'(1¡11\rc ,, 1¡11e sulJjectiv<'111r-11l, 1la11s l'espril <les a11te11rs 1Ie l'acte,
<'l 1H>11 olJjecliYe11H111l. l,e s<irl t!P !'acle est des :'1 1ir{Jsc11l certai11; il existe
011 il risl 11<1n ave,111. [.,'i11cerlit111lri 11ui caraclérise l'aclc co111litionnel 11c se
1·P11co11Lrc ¡>as ici. ()11 11e se lr<111v111ias en ¡>résc11cc d'1111<1 vérilalil<1 conditio11.
1·11 exe1111lle YII Il<>IIS 1111>11lrt>r J'i11lór1't ele la <1uestio11. Je vo11s ve11ds
!Pile 111ais1111. si v1,11s 1\fps c'·l11 1lc'·1H1L{· 1la11s J'{,Jnction 1l'l1ier (1lo11t 11011s
iµ·111,ro11s 11• r{1sullal). S11¡>11c¡su11s 1111e la 111aiso11 S<>Íl 1l1~truile ava11L fJ11e
11<111s a¡i¡>rc11i1,11s le rt'·sultal, PI ,1111s <'Les élu. l>uis1111'il y a cu ve11te ¡>11re
'l'on1e II 12
LIVRE Pl\ElllER. - TITRE II. - CIIAPITIIE PRE~IIEII

el si111ple, le risqt1e esl l)Our V<)llS, acl1elcur (arl. 1138); vous dcvez le }lrix.
,\u co11lraire, s'il y avail et1 ve11le co11tlilior1nclle, le risl¡uc cul {·té it 111a
cl1arge, h 111oi, ve11deur (llélliteur lle la 111aiso11) (art. 1182).
2º 11 r1'y a ¡Jas dava11lage cor1dilio11, si l'évt'•11er11e11L qu'o11 a en Yt1e <..,,t

réellen1c11L fult1r. 111ais cloil certai11c111c11t ;;e Jlrocl11ire t111 ju11r ,_¡11 l'a11lre.
lci e11core, il 11'y a ¡Jas el'inccrtitude sur le sort de l'acle. Exe111ple: je vo11,.;
clo1111crai 1.ooo francs, si Lelle pcrso11nc 111curl. L'inlcnlio11 des ¡iarlics 11'a
pu <~Lre <111c de retarclcr l'e.1;éc1ilio1i de !'acle h l'époc¡uc ot'1 ]'événc111ent ;;e'
réaliséra; 111ais il csl t'•viclc11l c¡11e ccl acle prod11ira u11 jot1r ses ell'cls. (:Pile
clat1se co11slilt1c u11 lcrn1c el 11011 u11c co11llitio11.
Il y a eles rap¡Jorts lle droit c¡ui sonl, p(ll' leiir _1iat11re nit!11ie, s11bordo1111é;;
a l'arrivée d't111 fait déter111i11é, tle Lelle sorle que, s'il 11e se ¡Jrod11il pas, le
rapporl ele clroit 11c pet1t pas se for111er .. \i11si. le legs 11'esl valalJ!e <¡t1e si lP
légataire survit a11 tcstalet1r; l'cf'fica:·itt''. eles clis1Jositio11;; i11,;érées cla11s 1111
conlrat de r11ariage esl de 111e111e s11liorclonnée a
la célébralio11 du 111ariag·e
(arl. 1088). 11 en rés11ll.e q11e, si je fais 1111 legs 011 11nc d<)nation Jlar co11Lral
de 111ariage, sous la co11dilio11 expressc <1ue le légalaire s11rvivc •>II l{lle 11•
n1ariage soit célé!Jré, l'acte 11'est pas en réalité co11dilionnel, car la cla11sc
ajo11tée ne co11stilue pas une 111oelalité, ri11isq11'clle 11e 11101lijic ¡Jas les ell'els
nor111a11x de l'acte e11 qucslio11.
E11 rcvancl1e, il y a tics rappclrls j11ritlic¡11es e¡11i 11e se pretcut e11 at1c1111c
fai;o11 a l'ad111ission <l'11ne co11dilio11. JI t•.11 est ai11si de cc11x q11i 011t trait a11
droil tic la fa1nillc, spócialen1ent /1 l'étal des pcrson11cs. Les acles inler,c-
a
nant propos de ces· rap¡Jorts (111ariage, adoptio11, reco11naissa11cc d'er1fa11l
nat11rcl) ne pcu,c11t etrc fails <¡11e p11re111e11L et si111¡Jle111e11L.

§ 1. - Dl"l!!ilonl!I tle8 t!tt11ditltt11,-.

Il y a plusieur,.; tlivi;;ions eles co11ditio11,;.


Oondition suspensiva et condition résolutoire. J,a tlt''.claralio11 lle
vol(>11Lc\cti11(liLio1111elle peut ll'alHJl'll avc>ir JJ<J11r olijel la cré1tlior1 d'u11 raJ)JJOrl
de lirciit. l~xc1111ilcs: je vot1s <l<J1111crai 10.<J<>o fra11cs si vcJ11s vous 111aricz;
j'assurc 111ci11 i111111cu!Jle et l'ass11rcur s'e11gagc 1'1 111'i11dc11111isc~r s'il csl <lt'·-
Lruil 1iar 1111 iuccn<lic. fl11 tlit alors que la c1J1t<lil.i(l11 csl s1ts¡1e11si1•e, 1iarcc 411<·
l'obligalio11 11e 11ailra <¡11c si l't':,é11c1111~11t S<' r<'·ali:,;e: j11s<111e-l1'1, ccllc tilili-
gali<Jll tist CII SllSJ)CllS.
La co11tlilicll1 ¡H·ut, l'll scco11ll lic11, a,1>ir [ltllll" 11111 1/\:lcirtrlre 1111 ra¡i¡i<Jrl
de llroil. l•:xc:111¡1lc: j<' ,011s 1lc11111c 10.011,i fra11c;;. 111ais In ll1J11atir111 sera rc'•s11-
luc si vci11s 11111ur<'z· a,a11L 111<Ji. ()11 a¡J¡i1:lle ccllc 1lc11xic'·111c <'SJ><'~cc 1lc ccl11di-
Lio11, co11tlili1>11 résol1tlnirc.l,c rn11¡1l1rl <le 1lr11it. S<' for111c ll\'11111t'·clialc111c11t.; il
pr<i<luiL ses ell'cls cci111111c s'il t'·Lail 11ur ti. si111plc•. 111ais sa <lis11arilio11 est
suborclci1111<':1' ¡'¡ l'arriv<'•f' d11 fail ¡irt'·v11.
1'~11 analysa11I de 1irc'·s la ccJ111lilic111 r/:s11l11t.ciirl', ,in ,ciil <p1'clh· 11'esl 411'1111t·
variéL<'i 1le la co11clitic>11 s11s1ic111si,·c; ce c¡11"cllc· s11s1ic11tl, ce n't:sL ¡ias la 11ais-
sa11co, u1ais la clis1iariti1111 cl11 ra¡i¡Jcirl ll<: 1Ii·11il. t:act.P S<)llS c1111tliti1111 ri':s11-
l11lt>irc esl 1111 acle 1>11r nl si1111il1\ rÓslJl11l1le S<>11s cc111cliti1i11: ¡111rrt csl nbli!Jlllio
s1•1/ reso/1•il1¡r s11/J l'o111litio111·. \/i'·a11111cii11s. la <lisli11ct.io11 <•11lr<: la c111tclitir111

,
)JODALITES

suspe11sivc et la co11clilio11 résoluloire csl 11tilc, 1Jarcc q11e ces de11x: for111es
pro<l!]-ise11 t lles ell'els lii()JI lli ll'érc11ts, p11isquc la ¡ire111ierc su:-1Je11<l la for-
111ation, la scco11cle l'ex:tinctio11 de l'aclc. \lais il 11e faut pas oulilicr que la
conditio11 étanl c11 réalité 11r1ique, les 111e111cs príncipes <loivenl s'appliqucr
a chacunc de ses for111es.
Oonditions potestativas, casuelles, mi.x.tes. - L'<'•, é11c111er1l 1ir1'., u
<la11s la <léclaration ele ,·ol<>n té co11ditionnclle ¡icu t <'tre u11 événen1c11t <lo11t
la réalisalio11 clépcncl 1/e /111ial11re ou ll'111ie volo,ité élrltllfJere,ou a11 co11trair1'
1111 acle cru'il est rltt JJouvoir Ju clébiteur cl'acco111plir. Les co11<litio11s seront
<.les lors : polesl1.1iil'es, casuelles ou ,nixles.
<< La con<lilio11 cr.tsuelle est cellc c111i clépcn<l <lu l1asard, et c¡ui 11·cst nul-
let11ent au ¡Jo11voir clu créa11cier 11i du clél)ilcur n (art. 1'1G9).
a
La co11clilio11 JJotestalive rst celle c¡11i esl s11l)orclo1111éc l'arrivée <l'11n évé-
11e111e11L qu'il est a11 pouvoir <le l'ur1e ou de l'autre <les parties co11Lracta11les
ele faire arriver ou d'cn1pecl1er (art. 1170).
La co11clitio11 ,,iixle dépc11<l ala fois de la volo11té ele l'aulcur de l'actc et tic
la volonlé d'un Licrs (art. 1 171 ). Exc1111Jle: je Yous do1111e 011 Ii·g·11e , .ooo fr.
si vous épouscz telle personttc.
La conditión potestativo dc111a11<le c¡uelques cx:plicatio11s. II y a cle11x: sorlcs
de co11ditio11s JJ<Jleslatives : La cunditio11 si1nJJle111e11l ¡1uteslatii1e, q11i !-11p-
pose de la ¡J:lrt de l'intércssé, 0011 seule111c11l u11e 111a11ifcslatio11 ele voln11Lé,
111ais l'accorr1plisser11ent d'u11 fail cxtéricur, ¡>ar ()Xc111¡Jle: !-i vous vous 111a-
riez, si vo11s allez l1aliiter París, si vous vc11dcz vutrc 111aison ; la co11clitio11
p1tre1nerit JJotestalive, q11i dó¡Jcncl 11niq11c111e11L, cxclusivc111c11t <le la volo11t1\,
el ¡>cut, l)ar cor1sóc¡11c11t, se for111uler ainsi : si uoluero, si je le vcux, si je
le j 11gc :\ ¡>ro1>os.
La co11di Li<J11 si111plente1il poleslalive de la })arl de cclui c¡ui s'ol>lig·c, 11' e111-
1,1ecl1e pas la for111ali<J11 <l11 rapporl de clroi~. L'o])ligatio11 du clébiteur esl
,alal)le, car si elle tlúpc11cl da11s 1111e ccrlaine 111csure el'u11 acle ,·olo11Lairc
<le sa ¡Jarl, clic esl aussi s11bor<l1)1111éc, c11 ¡>arlic, á eles co1,1ti11genccs dont il
11'esl pas le 111ailrc. l\1r cxc111¡ile je C<)11vic11s avcc v1>11s fJlJC, si je 111c dóci<lc
a alii':11er 111a 111aiso11, je votrs l'c)ll'rirai, avanl <le la })l'ci¡Joser ;\ Lo11l aulrc.
L'oliligalio11 1lúp<>11<l liiP11 1le 111a v<Ji<>Illt·, 111ais, r>ar s11itc de circonsta11ccs
,¡11i po11ve11l se ¡1rtHl11ire,jc scrai 1>eut-1\lr<' oliligt'· 1111 juur, uu l11ul a11 111oi11s,
j'aurai 1>c11t-1'Lre 1111 i11tt'•r1\t tlt':cisif' ;\·ve11drc 111a 111ais1J11.
011 ve1·ra cu¡1e111la11t,c11 lrailant eles acles a tilre g·raluil,ffllC, ¡iar ex:ce11tio11,
la llo11atio11 entre vil's 11c 1.u:11I ¡)as clre faite sci11s uJl() co11elitio11 111e111c si111-
¡J\e111e11l ¡>oleslativc d{i¡)c11da11l dP la Vtllo11t.é du do11atc11r. J\iusi, scrait 111111c
lu d1.111:llilJil rtiusi co111;11c: je Y<JIIS 1lc>1111crai 111011 clHJYal, si je ,ai:- l1al>ilcr
t>aris; je vc>11s cl(11111e 111ci11 clu•Yal, 111ais la clt>1Htlio11 sera r!\Y(u¡11éc si jP 111c
111arin. t:ntle ¡>r11l1iliilio11 ri'·s11lte 11'1111<' r1\g·lc :;¡i<'·ciale a11x. cli>nalions, la reg·lc:
/)01111er el re/c11ir 11e l'<tttl (,\rt.. \J!1!1).
J,a c1,11!lili<>ll ¡111re111e11l¡1ol1•sl11/i1•1• 1tc',tr11it, !la11s l1>11s les cas, l'pfficacilé clu
1ic11 j urid Í!l ue. 11 1:st t~YiclP11 t ,PII Pll'<'L,1¡11·1111<~ ¡u·rs(>IIIIC 11 'psl pas :-t'•rÍP11sc111c11 t
1JIJlig1~e l1>rs1¡11'elle <lit: j<· VtJtis Ye11tlrai 111a 111ais(JII, (JU l>i1~11, je vo11s ferai
180 LIVRE PRE~IIER. - 'I'ITRE 11. - Cll.ll'ITRE PIIE\IIER

l111c donatio11, si je le juge a pro1Jos. Aussi, l'arliclc 1174 du (~ocle civil dé-
cide-t-il que loutc obligation esl n11llc, lorsc¡t1'ellc a été contractée so11s 11r1e
conditio11 polestative (pl1rer11e11t potestativr) ele la part de celui <J11i s'olJlige.
l)eux o!Jservations sont ici nécessaires.
• D'alJord l'obligation est ,·alablc, si la co11dition pure1ner1t potestativc clé-
pend, 11011 pas de la ,·olonté <lu clébiteur, 111ais de celle clu c1·éu1icier. Ex.e111-
a
ple: je 111'engage vous preter 10.000 francs le , ... janvier, si vous le ·voulez.
Je vous loue 1na n1aiso11 et je vo11s pro111ets ele ,•,J11s la ve11clre 10.000 francs
a la fi11 cl11 !Jail, si vous le clésirez. Ici. c11 ell'cl, le clél)ite11r contractc 1111e
olJligatio11 fern1e, a laq11elle il 11e peut pas se soustrairc.
En second lieu, la conditio11, n1e111e pure111e11t ¡Jotestalive, n'a11nule pas
110n plus la convenlion, lorsqu'elle est résolutoire. Dans ce cas, le contrat
est pur et sin1ple; les obligatio11s q11'il crée naissent imn1édiaten1ent, 111ais
cl1acune des parties se róscrve le clroit de le réso11drc, qt1ancl clic le vo11dra.
C'est ainsi que les do11alici11s e11tre épo11x so11l révocables a11 gré du dona-
le11r (art. 10~16). Cctte distincli<J11 se co111pre11cl tres IJien. La fac11lté de r1'-
sol11Lio1111'e111pecl1c llas le co11lrat ele procl11ire ses cll'ets sur le cl1a111¡).

Conditions positivas; conditions négatives. - La conclition cst posi-


lil'e 011 affirmativc, lorsque l'effcl de l'acte est s11bordonné a l'accorr1¡Jlisse-
111c11t de l'évé11en1ent prév11. Exe111ple: je vous acl1ete ,·otre maison,si je n1e
111arie d'ici 11n an. Elle est ,iégalil'e, qu1u1cl, a11 contraire, l'acte ne doit pro-
tluire so11 efl'el q11'a11ta11t r1ue l'évé11en1e11t 11e se réalisera pas. Ex:e111ple: je
vo11s ver1cls 111a 111aison. si je 11e 1r1e marie pas el 'ici 11n an.

Conditions impossibles, immorales ou illicites '. - J,es co11ditio11s


im¡>ossibles, i,n,norales ou illicites clcvraie11I lo11jours avoir po11r cll'et de
rc11drc 11ul l'actc clans le<111el nllcs sont i11sérécs _ 1':11 elfet. celt1i <Jlli so11111el
1111 acle juritliqtre it l'arrivée <l'1111e pareille conclition, 11e ve11t ¡Jas cet acte e11
réalité, p11isque sa cléclarati1)11 ele ,ol<)nlt'• est ¡>ar cléfinitio11 111e1r1e impuis-
sa11te ;\ 1Jro1J11irc a11cur1 nll'ct. (:eta cst Lrop t'~viclcnl tJ011r la conclition i1r1pos-
silJlc. <¿uant aux: conclitions illiciles e.Ju i1111noralcs, cllns violenl le ¡)ri11cipe
écrit c11 tele clu (~o<lc civil clans l'arliclr. (i, el 11011s savo11s c¡ue l'i11c>l>serva-
tic1n ele cel.le regle esl sa11ctic>n11ón par la 1111llit{~ al¡sc¡l11e; toulc cléclaratio11
<le volc111tt'~, q11i csl conlraire ú 1111c !<Ji cl'orclre ¡>11l>lic <>11 a11x: J¡onnes mm11rs,
est r111Jle ele ¡>lci11 clroit.
'L'clle serail. la sr1l11l.i<>11 ú la<¡11ellc c,111cl11irait l'applicatio11 1111rn el si111¡1lc
<IPs ¡>rir1ci¡>es. ~lais il y a ici une ancic11nc clist.i11cli1i11, clci11t l'origi11c rc111011te
a11 l)roit ro111ai11, el c¡ui s'esl 111ai11tcn11c rla11s 11cJl.rc législali<lll. Si !'acle clans
lcc¡11el la con<litic111 csl i11sért'·c ()St /1 lilrc 0111'r<'1t.r:, il esl. lo11l enti<!I' c1>11siclúrú
cr>111111c 11111. ,, 'f1111lc co11cliti1111 <l'1111e clHJsc in11iossil>lc. <>u C<Jnl.rairc a11x
l>onnes 111<1111rs, tiu prol1ilii'~e ¡iar la lcii, esl 11111111, et rn11<l 1111llc la C<>11ve11Li<111
<tui e11 cl<'·1>cn<l u (arl. 1171). Si, :1u ccinlrair,·, c'est un acle;\ litre f/l"<1l1til,

1. Bnrtin, Théorie des co11ditio11s i111possibles, illicites ou co11traires aux 11111!11rs; Lepel-
leticr, De., conditions inrpossib/es, illicites 011 conlt·aires a11x n1murs. Thcsn Pnris, 188H.
,
llODA.LITES

donation ou. leslan1e11t, il reste ,,alable, et la co11ditio11 in11Jossible, illicilc


ou in1n1orale est répulée 11011 écrile (art. 900).
Nous reviendrons s11r celle (listinction, dont la j11risprude11cc a considéra-
ble111er1t d'ailleurs atténué la porli'·c. e11 lraitar1t des acles a Litre gratuil.
Mais, des 1nai11tenant, nous avo11s a résoudre ici di,·erses questions to11cl1anl
cette cat{·gorie de con<litions.
Et lo11t d'a]Jord, quelles so11t les co11ditions qu'il faut regarder co111111c
in1¡1ossibles, illiciles 011 i111111orales?
J,a conditio11 i,npossible est celle qui suppose ' un événer11e11t qui ne pe11t
pas se réaliser, soil JJarce qu'il est co11lraire aux lois de la 11ature, soit parce
qu'il est en contradiction a,,ec les príncipes du Droit. Da11s le pre111ier cas,
il y a in1possibilité 111atérielle ou ph)·siquc : Si ccelu,n rligilo tetigeris ; si
vo11s failes u11 triangle sar1s angles. De sen1blables co11ditions ne sout pas
de nature á se présenter cla11:-- la ¡1ratique, ou, du 111Óins, elles décéleront
presque to11jours l'insanité d'es¡1rit de l'a11teur de l'acte et, da11s cecas, cet
acte. c1u'il soit h litre g·ratuit ou a titre onéreux, sera frappé de n11llité. La
conditio11 juridic1uc111ent i111possible est celle qui ter1d a créer un rapport
de droit c1ue le je11 des 1Jri11cipes généraux rend in1possible. Exen1ple: Je
vous clo11ne un bie11 sous la condition qu'il sera perpéluelleme11t inaliénal1le
(V. u11 a11tre exen1ple s011s lleq., 8janvicr 1894, D. IJ. 9!,.r.128, S. 95.1.2í9).
La co11ditio11 de ne pas faire u11e cl1ose impossible n'est pas, bien cn-
te11du, ll!Je co11ditior1 im¡1ossiblc (art. I 173). C'est une ma11ifcstation tout a
fait su11erflue el ir1sig-¡1ifiar1te, qui r1e prod11i l aucur1 efl'et sur l'acte juridiq11c.
Exen1ple: je vous don11e cer1t, si ,,011s n'én1anci¡Jez pas votre fils, qui a
douze ans, c'est-a-dire ur1 age 01'i l'émanci¡1ation n'est pas encore possil)le.
La co11clitio11 illicite, au cor1traire de la co11ditio11 in1possible, a pour olljet
11n acte s11sce¡1til1lc (l'elre accr;n1pli, r11ais co11lraire a la loi; par exemple,
u11e clo11atio11 esl faite so11s la co11ditio11 q11e le do11ataire fondera une école
ter1ue ¡Jar u11e co11gregal1011, . 11011 aulor1sec, .,
ou s ' engagcra a' renoncer a' une
successio11 11011 e11core 011,crte. 011 remarq11era que les conditions illicitcs
sonl 11écessaircr11cr1l ¡Joteslalivcs, 11arce c¡u'elles tendent toujours a po11sser
ur1e 1ierso1111e /¡ acco111¡llir 1111 ccrlai11 fait. 1\11 co11trairc, les cor1ditio11s ca-
s11ell1·s 11c ¡Je11,<·11l ja111ais ,~tre illicilcs, 1J11isc¡11e l'arrivée 1J11 la 11on-arrivóe
de l'óvt'·11cr11('IJL fJ11'rllrs s11¡JJJosc11l 1u1 <l1'.JJr11d ¡Jas de la ,olonté des parties.
Q11els :--()JIL ll<i11c les acles lJHe la loi 11rol1il;e, el c¡ui, a ce tilre,constil11e11t
eles co11tlit.i1i11s illicitcs ~ l,a I't'Jll)IJSC ¡\ celll' <Jucst.ion esl difficile ¡\ dor1r1er;
le:-- cs¡ieccs c¡11i :,;p ¡Jr1:se11le11t. e11 ¡Jralic¡11e so11l 110111Jire11ses rl lrbs difl'ére11tes
les 1111es des a11trcs, el il sc1nlile ¡ircsq11e irr1pcissiblc de lrouver une for11111le
gt'•111•ralc c¡11i cr11llrasse to11s lrs cas. Nous 11e ¡io11vo11s done ici qu'i11diq11er
l'i(lt·<' c¡11i a inspirl: le l{·gislaleur, c¡11and il a parlé ele ces conditions.
ll:1r111i l<'s 1lis¡>cisitic111s ele la loi, il } en a a11xquellrs fJ1111e pcut pas dóro-
gcr: c1• s<JIIL les loi:-- i111¡i1 1ralivcs, tlCJ11l 11011s avc¡ns cl(JJ111é a11téricure111c11t la
11otion, l. )••·, ¡i. 7 s. J,rs arlicles 900 et , 1í~ 1111 {:cicle civil, c¡ua11d ils ¡Jarle11l
,le:-- cci1ulili1J11s co11lrairPs aux Iois ci11 1irc1l1ilJi'•Ps JH.ll' la ]1;i, for.1l évi(lc1111r1er1t
all11si<111 1\ crs l<>is JJlacóes au-llrss11s <le la vol<)Itlé eles ir1divicl11s. )lar cc)r1sé-
1111r11l, 11ci11s JH111,ci11:-- clirr 11111· !1111lc c1i111liticH1 1111i a pci11r )Jut de <lélérr11i11rr
LIVRE l'RE~IIER. - TITRE II. - CIIAPITRE PI\EMIEI\

l111e })erso1111e a dc'·rogcr ii 11nc loi d'ordre pulllic, est illicite. l1 ourta11t, cette
for11111le est i11s11ffisa11te, et il est 11t'·cessaire (!e la co111pléter par <¡11elqt1es
ex1Jlication:-:. '1'011t d'al)ord, lorsr¡11c le fait énoncé par la conditio11 co11siste
tla11s 1111 acte pr1Jl1ih<~ par la loi, il e,-;L l>ier1 éYident que la co11cliticl11 esl illi-
cite. J~xen1ple: je Yous pro111ets ce11t, si Y<)11s co111111ettez tel délit. }Iais la
c<1nclitio111)e11t clre illicile 111<\me si l'acte Yisí· n'esl pas contraire a la loi. 11
e11 rsl ainsi dans le;; exemples s11ivants: je vc111s fais 11ne donalior1 so11s la
co11clili<)Jl que YOtIS 11e vo11s 11¡arierez pas, 011 q11e Y011s e111llrasserez l'i'.•Lat
ecclí·siastique. ''oilá des acles <¡11i, consiclérés e11 e11x-111er11es, nºoffre11t a11-
c1111e vic1lation d'11n texte <le loi, et cepe11cia11L les co11clitions q11'ils re11fer-
n1ent pe11,·ent etre illicites. Q11elle e11 est done la raisori ~ C'est q11'il ). a des
droits csscnticls, 11écessaires a11 libre dé,·eloppe111ent de l'activité l1u111ai11e
• qt1i doivent. á ce litre, rester inlacts ·entre les 111ains de leur tit11laire. 'fels
sci,rl }ps droits politic¡11es. les clr<1its p11l)lics. qui gara11tisscr1t les diverses
rr1a11ifestations <le la lillerté de l'l10111n1c·, et certai11s clroits ¡1rivés, e11 par-
ticulier les clroits ele famille, le droit d'alié11er ses lJiens. ele. 11 11'cst pas
ad1r1issihle q11\1n tiers, ¡Ja1' 1111e restriction irisí~rÍ)e dans 1111 acte, cl1ercl1e a
re,-;lreindre 011 ¡Jaralyser cl1ez a11tr11i le libre ex:ercicc lle )'1111 de ces droits.
11 rt•s11lte do11c de lit que to11te condition, qui a po11r objet <l'en li111íter
1·11,;age, est illicite, parce 1¡11'elle éq11ivaut a la ní·gatio11 dr ce (lroit.
Lºap11licalio11 de ce principe a11x no111lire11ses cspeccs que prése11le la vic
j11ridic111e ofl'rc so11,·ent de gra11des clifficult{•:-. Dans !Jie11 des cas. l'attei11tt•
-¡iortí•c 11 l'rxercice cln drr¡¡it 11'est pas 11ctt.e111e11\. caractc'·risée, el il y a lie11 ele

se <le111a,nder si la co11dition impli1¡11e vórilablenient aliclicatio11 d'1111 droit
a
inta11gil)l{' ele la part d<' cclni c¡ui Pile cst i111posée, 011 si, a11 co11trairc, elle
l11i <'11 laisse en róalitÍ' l'exercicP nor111al el ]1'git.i111e. C'est au j11gc q11'il ap-
parlÍPIII 1le tra11cher cette q11estio11, er1 ter1ant co111pl<\ eles circonstances spé-
cialcs ele cl1aquc e:-pece, de la sit11atio11 des Jlartics,cic le11rs relations,tic l'ir1-
tention de l'aule11r ele !'acle. ~ous lrn11verons rles a1)JJiicatici11s i11l.<'rcssa11tes
de cette ohservatio11, ert ét.11cliar1t fll11s lcli11 J'pfl°PI. lles cla11ses f111i i11lcrdise11t
a11 vci1cle11r dºun fonds de co1111r1Prcc <le ccn1Li1111er la n11\111e profcssion.
IJ11ar1t a11x conllitions i1111noral1·s, ce sont ci~lles f(llÍ te11draie11l. 1\ pousser
1111e perso1111r /1 1111 a,·tc conlrairc a11x IH1nncs 111m11rs.

s ~- - Elfetl'I ele 111 t•ct11clltlct11.



Quand est-elle acoomplie? --- (>1-¡11r le 1lt'\ci<ler, il f'a111 t.e11ir t'tllll(lle.
1'11 1lre111ii·re li¡.rne, eles inl<'11ticir1s 1lc l'a11l<111r 1111 1l<'s a11lc11rs rlc l'acl.P. (:'esl
ce lfll~ r1ous clil l'articl<' 1175.¡1, 'l'1>11ln cor1llitio11 <itlil 1\trc acccJ1r1¡1li<' <IP la
1111111i<\rc q11c les parti(is !lllt ,raist>1r1hlal1le111Prtl vo11l11 <'I nntnnclu qu'elle l<'
fiit. n t:'cst ai11~i c111n )p ptli11l. ti<· ~a,1iir si.la crHulili<111 Jl<'Ul c\tre acc<i111¡Jli<'
par le <l<'·l>ilc11r se11l (lll, l!Jlrt'•s l11i. ¡iar ses IH'•rit.iers, <lt'·¡1e111l !I<• la ¡¡¡1lur<' rlu
fait el de l'inl<'llli<1n rles parties Ctlnlractanl.<'s.
Si t1n <i<~lai a 'útí\ 1it'·tcr111i11{\ ¡i1111r l'acc<l111¡1lisi-P111e11l 1lc la c<n11liti1111, <'11<'
r1 'esl CllllSt'•c accc)111¡1lie <¡11'11r1la11l <¡11'cillP SP rt'•alisc 1Ja11s le l<'lllJJS fixt'·
(nrl. 11¡(i el 1177). ()ua1HI il 11'.v a Jlas <in le111¡Js fixt'•, nlle ¡1rtHl11ira scJn

~IODALITES

cll'et b. quclcJllC 1110111c11t c1u'cllc se réalisc, 111e111c si la ¡Jerso1111e c11 favet1r


ele la<1uclle le <lroit C<ir1dilionnel cxistait csl cléc{·tlt'·e (arl. 117(), i11fi1ze).
Pourtant. e11 111atiere tlc legs, il e11 est at1tre111e11t. La co11tlitiou, qui sus-
JJc11cl le legs, tloil arrivcr du vivaut du lt'·galaire (arl. 10{10). Cetle cxccp-
lion s'expliquc ¡)ar le caractere eles lcgs, c1ui, i11spirós ¡Jar l'all'ection,
c1H1slil11e11t tle,; lilJéralitc\s adress{-es a 1111c }Jersonue déler111i11ée, et Il<lil }Jas
1lircclc111c11t et a11 111e111e Litre a11x l1érilicrs de cclle 1)erso11r1e.
11 arrivc c¡uelc¡ucfois <1uc la co11clitio11 no11 arrivóe est r<''}Juléc ce1Jcuda11L
acco,uplie: il en esl ai11si, c111a11cl celu i qui a i11Léret a ce que la co11di-
1iun 11e se r<'·alise ¡Jas, e11 a e1111)ecl1ó volo11Laire111ent 1·accon1plisse111ent
(arl. 1178).

Effets de la condition en suspens, arrivée, défaillie. - 1•· 1'a11t que


la co11ditiou n'est pas réalisóc, c'cst-a-dire ¡1e11de1ite co1zditio1zc, une i11ccrli-
l111le pese sur le sórt ,le l'acle qui en cló1Jencl.
Jlo11r préciser el bic11 caraclóriscr la siluatio11, il cotivie11t tic dislingt1er
c11Lrc la co11tlition s11s¡Jcnsive et la con,IilicH1 résolutoire. •
S'ag·it-il de la co11dili(>Il 1·ésolitloi1·e, la situatio11 cst bien si111ple. Le ra1)-
1iorl ,le droit nait i1n111édiatc1nent ; il n'y a inccrlitude que s11r le }Jf>i1it de
sa,oir s'il :sul>sislera 011 s'il se1:a réscil11; 111ais, e11 attenda11t, l'actc 1>rotlt1it
lti11s ses cll'els co111111c s'il était pur et si111ple. Exc111plc: je vous tlon11c 111a
111aiso11. 111ais la clc>11alio11 sera résolt1c si ,ous 111ourez ava11l 111,>i. ,·011s
dc,c11cz aussili\t ¡Jrc>¡Jriétairc tic la 111aiso11 (arl. , 183) .

,\t1 co11trairc, ta11t q11c la conditio11 suspc11sivc 11c s'est IJas réalisée, 011
11c sait si l'actc juritliqt1e protluira l'cll"ct vo11l11. Néan111oins cct- acte est
fc1r111{); le rap¡Jorl ele tlroit a11c111el il dc,il clo11r1er 11aissa11cc cst, cl<'·s a }JI"l'-
scnl, éba11cl1í·. 11 11'cst ¡)as vrai 1lc dirc, a,ec l)oll1icr, c¡uºil } a se11le111e11t
cs¡1t'•rance tic clroit; 1101td1trr1 ¡{ebclur sed spes esl dcl1ilum iri (Obligc1tio11s,
11º ·118). Cclui <¡11i a 1>ro1nis sous cc>nditi1>11 suspcnsi,e ne ¡Jcut }Jlus retirer

la 1Jro111Psse 1111'il a faite. Le clrtiil co11tlitio11ncl existe c11 gcr111c. E11 co11si~-
<1ue11cc, il csl 1>cr111is ¡\ cclui au lll'(Jfit tl11,¡11cl il a ótó cré{•.,dc 1>rc11drc loules
les 11zcsu1·cs co11scr¡,c1toircs clcsli11ées a le sau,egarclcr. Crt'•a11cicr, il ¡)eu t
aµ·ir 1·11 vérilical.it>n 1l'ócrilurc tic !'acle srJ11s sci11g pri,é <JUi co11stale so11
drc>it Je crí•ancc, et faire i111111('.tliatc111cn L i11scrirc l'l1y¡H>ll1t)qt1c 11ui l<) g·a-
ranlil. l)r11¡>rittairc ci11 lil11laire cl'1111 clroit récl, il cst 111ailre, eles,\ prósc11l,
(1°(111<'•rer la lranscri1>Lit>11 ,le so11 Litre, tl'i11Lerr(Jt11¡1rc une 1Jrcscri1ition acqui-
sitivc q11i cot1rt a so11 clótri111e11l,el. {H>t1rrait l11i <~Lrc cl¡>p()S<'C a11rós I'acco111-
1iliss1~111c11t ele la c<Jn<Iilion (arl. 118<>). 11 luí tsl t'•gale111c11l 1>cr111is d'aliéner
('C g·cr111c de 1lrt>il, PI e11fi11, s'il 111<'11rl ¡ic111ll'11le 1·u1uliliu11e, ce gcr111c 1le
0

drt>il, 1¡11i se lro11vc ,Ia11s S<Jll ¡>alri1111>i111•, 11c s ('lci11t ¡>as, 111ais passe ,\ ses
húri Liers (arl.. 117!}).
~1.ais il rui f:111L t>as a!IPr 1>l11s ltiin. l,c cr{•ancier ne ¡>c~ul faire a11cu11:acle
('.1i11slil.ua11t., i1 (H'<i1>rc111c11t 1iarlcr, l'excrcicc 1lu ur<>il. 11110 ¡>cut 1ias ¡><)t1r-
,;11ivrc ~<)11 1l{iliite11r; le J>r<>¡>riélairc c1J11uilio1111cl 110 1>c11l JHLS IJS('f Pl jt111ir.
(le la clH,s<'. <:cl11i <(IIÍ lºa ali<'·n{•p s11t1s c11111lili(>ll s11s¡1e11sivc e11 reste })f<J-
¡1rit'•lairP. lanl <fll<' la C<llHliti1111 n'est 11as aCClJIIIJ>lir·.
LIVRE PRE1l1ER. - TITRE II. - CH ..\PITRE PRE~IIER

•1º Q11'aclvicnt-il de l'obligalil111 lors1¡11c l'éi•é11c111e11l ¡iréi•11 11e se ¡iroll11it


pas ? Si la con(lition cst suspc11si,c, 1·oblig·atio11 cst co11si<l1\rée co111111c
n'ayant jan1ais pris naissance. Si la conditio11 est résolutoirc, l'ol)ligatio11
conti11ue 11 produire ses efl'ets, lesc1ucl,.; clc, ie11nenl alors défi11itifs.
0

3º Plac;ons-nous enfin dans l'l1ypoll1c'·se ot'1 l'évé11ernc11t se réalisc. Da11s


ce cas e11core, l'incertit11de pre11d fi11. ;\Iais ce c111'il y a ici cl'esse11tiel ;'1
re marc¡11cr, c' est que la co11di lion accon11)lie 1)rod11i t 1111 effel rétroacl (/'
au jour a11q11cl l'acle a ,:Lé passé (art. 11¡9). llar conséc¡ue11t, si la co11ditio11
est suspensive, les efl'els de l'acte juridic1ue ren1ontc11t au 1110111ent 01'1 la
cléclaration <le volonté a été n1anifestée ; si elle cst résolutoire, le rapporl
ele droit est effacé, et les choses sont re111ises au mcme état c¡11e s'il 11'avait
jamais existé (art. 1183).

Origine, sens et portée de la rétroactivité de la conditjon 1• - La


rétroacti, ité de la conclitior1, ai11si ¡)rc,clarn{·c par le Cc){le ci,il, est évide111-
0

me11t 11nc ficlion, puisq11'ellc fait rc1111.i11ter les efl'els ele l'acte a 1111e 1\poq11e
antérieurc i, l'arri,í•c clu fail a11c1uel ~nn ~orl est lií•. 11 i111porlc cl'e11 cxpli-
r1uer la Taiso11 <l'1\tre et d'er1 délerrniner la 11ortéc, car les co111111e11tale11rs
clu Cocle P11 0111 :-011vent exagéré les cffels, co11traire111c11t ú la J)cnsée n1e111c
¡{es rédacte11rs.
Bie11 qu'o11 puisse trot1ver la trace clc la fictio11 tic la rétroaclivité da11s
r¡11elc¡11es texles d11 Droit ron1air1 e,-. 11ot. (iaius, 11, § 1, !). ljlll/JOliorl'S,
XX, 4), il es!. cerlai11 que ja111ais les jurisco11sulles ro111ains 11',}nl allribué
en principc a la co11dilio11 t111 caractc'•rc rétroactif, et ¡Je no111llre11x textcs
co11trcdisent cette co11cc11tio11 (V. Girard, 1l/(11111el, :1' é<I .. p. 11¡¡ et s11i,·.).
Q11a11l ú nos anciens a11le11rs, ils se co11le11lc11t ele re1ir,i<l11ire les lextes ll11
l)igcste q11i for1l allusio11 a la rétroacti,ilt'·. llotl1icr llr'·clare l1ic11 (JUC l'ac-
con111lissf•111<·nt (le la co11ditic111 a 11n cll'cl rt'·lroactif' a11 le1n11s 1111e l'engagc-
111c11t a,ail élé co11lracl(·. 111ais il 11c (IÍ·cl11il (le cclte icli·c 1¡11c Jp:,; ¡Jc11x co11sr'•-
r¡11e11ces s11ivanlcs. l)'a)Jord, << si le cr<'·a11cier 111P11rl a,anl 1',·xisle11ce flP
cellc co11<litio11, il sera ccnst'· aY1)ir tra11s111is 1'1 scJ11 hr'·ritier 1,~ (lroit lle
créa 11cc. JJarce <¡11c, a11 111oye11 de l'ctl'el rétroaclif (le la cr)11<lition, le (Jr¡1il
scra ce11sr'· l11i avoir t'·tr'· ac<¡11is clc'·s le l1•1111is <111 Clllllral, Pl 11ar co11sÍ~(Jtienl
avoir étr'~ lran:-1nis .'1 srn1 l1c'·rilier >1. J~I, en sr•cfJlt<I li1n1 tt si J'p11gagc1ne11l
c<111<lition11cl a <'·lt'• co11lraclr'• 1iar 1111 acle <¡11i ¡(111111c hy1ioll1t'•(111e, l'l1ypoll1t'•!(llí'
sera ainsi aeq11isc <111 jo11r d11 cr,nlrat. !Jllf>i!¡11P la co11clili1J11 11'ail cxislr'· r11Jr•
)¡)11glem11sapres ()lotl1iPr, ()blifJ<tlions, 11"' '.-l:ici-:i:11, é(l.IJ11g11el,l. ll, ¡i. 111:1).
)1

11 Psi, clu reste, f'aci)P lle ,·oir <¡11e ces dP11x S!)l11tio11s ¡1c11,P11l ~;'c,11liq11Pr
1·1111c Pl l'autre lica1H'1JttJ> 11l11s si111¡ilP1tH'11l. q11!' 11ar l'icl{~¡• ¡Je rr'~lr1Jaclivitt'•. Si
le (lroil 1111 cr1\111ciPr 111rirl /11'111!!'11/c 1·n111litio111· llasse 1'1 l'ht''.riliPr, c'cst c¡tH'
l'aclc j11ricli<111<• a Cl'L\Í~ 1111 li<'Il clr1 drr,il 1111i SP lra11s111Pl 1111, l1l)ri1i,·rs. D'a11lr!'
parl, ríen 11'c1n¡H~cl1e ele conslituer 1111P J1~·¡1(1!lu'.~!(llt' 1111 (>l'tllil 11'1111e créancP
f11t11rc, <l fortiori au J>rofit ll'1111c crr'•a11cP cr111<litio1111PIIP.
l,es r1~1lnclP11rs llll c:1HIP civil 1)11l P111¡ir11ntt'· la licli,111 1IP r•'•!r1,acli,ilt'· ;',

1. ( :1t11ussc, De la rétroacli1,ilé da11s 1-.s nctes j11ridi,¡11es, llcvut\ <.rili,¡111•, 1!!Oil.


0


lIODA.LITES r85
llotl1ier (il sufTit de lire l"article 1179 pour s'e11 convai11creJ, sa11s lui don11cr
[)lus cl'in1porlance, sa11s en faire un príncipe r(·gissant taus les ejfels de la
condition. Les Trava11x pr<'~1)aratoires so11t tres brefs ; la regle }' est si111-
¡lleme11t é11011cé0 et j11slifiée e11 quelq11es 1110Ls (Locré, t. :\.11, p. 3t1o). Du
reste,l'arlicle , 182 prouve c1ue les rédacteurs du Code n'y ont pas attacl1é ¡Jlus
<i'in11Jorla11ce que le11rs prédécesse11rs, ¡J11isque, trancl1ant, dans ce texle, la
grave qucstion des risques ele la cl1ose aliénée sous conclition suspensivc,
ils l'<Jnl résolue, 011 s'e11 S<Jt1vie11t, précisé1nent clans u11 se11s o¡J¡José cel11i a
(Jui rós11lterait logic¡11r111e11L de la rétroaclivitó.
J~11 r<'·su111é. la r(·Lroactivité 11'a jan1ais été adn1ise par le ll\gislateur c¡uc
con1n1e un procédé tec/111iqitc d'cx¡Jlicatio,1. de cerlai,is ejfets de l'acte co11cli-
itio11nel. Ces efl'ets sont les suivants:
D'abord la 111anifeslation de ,·olonté subordonnée une co11ditio11 sus- a
pensive prod11il, clu jo11r 1n1~1ne oú elle ir1tervie11t; 11n effet olJligatoire ; elle
lie les }Jarlies ; il 11e dé¡Je11cl ¡Jlus el'elles de se rélracter. 1\i11si, lorsquc deux
a
personnes 0111 fail 1111 contrat de ve11te s11bordo1111é 1•arrivée d'u11e condi-
tion, elles ne ¡Jeuve11I, ni l'1111e 11i l'autre, sa11s 1111 nouvcl accord de ,·olontés,
reprc11dre le11r parolc, se délier, 11i ríen faire qui e111pecl1c le contrat ele
produire ses efl"els, le jo11r 01\ l'événe111e11L se réalisera. 11 en r{•sulte que la
parlic qui s'est obligée 11e cloit pas er11pccl1er l'acco111plissement de la
co11clilion ; el, qua11d elle le fail, la loi ré1J11le alors la co11dition acco1nplie
1art. , 178).
E11 seco11cl lieu - et c·esl lit u11 corollaire de l'idée précécler1te - si
l'aclc conditio11r1el a ¡)our o}Jjet le lrar1sfert de la pro¡Jriété d'11n COI"l)S cer-
1ai11, le J)ro¡Jriétaire inl<'·ri111aire r1c peut pas, e11 venda11t l'ir11n1euble 11n a
1iers, e11 le greva11l lle clroits réels, détr11irc le pre111ier co11trát. Le jour
1n1 la conclition se prod11il, lo11s les clroils récls conse11tis sur le Lier1 ¡Jar
le propriótaire, pc1zdc11le co,zditionc, so11l elfacés (art. 1183).
A l'i11verse, la pl11s-value f¡11e la cl1osc acquiert poslórie11re111er1l a11 con-
1ral el avaul l'arri,·ée de l't'•véner11e11I, ¡Jrofite ¡\ l'acc¡11éreur.
E11fi11. si l'ac<i11ére11r 1Ju le cr<'•a11cier sous c<J11dition a dis1iosé, JJc1idc11lc
,·01tllilio1zc, llu llroi t c11 ger111c c¡11i esl 11é ¡\ so11 profil, si, par Pxem¡Jlc. il a
c<J11c/·1ló 1111c l1ypotl1<'·l¡11e s11r l'ir11111<•11}Jlc. ces acles so11L co11soliclés Jlar l'ar-
rivée 1ln la co11diti1J11 (art. :11 :.i;ij.
La ficli<JJI 1le la rólruaclivilé a l'ava11tagc de re11dro ces <'llcls ¡Jlus fra¡J-
11a11ls, ¡1l11s saisissanl.s. Dans celle 111cs11r<', <Jll {Je11l <lir<1 <¡11e l'acc¡11éi·cur, 11•
cr<'•ancicr so11s C<Jllllilio11 su11l r111)11lés cleve11ii· 1'1111, ¡1r<JJ)l'iótaire, l"aulre,
cr/•ancicr, clu jour 111e111e 11i't 1'acto a étú l)assé.
J•:nc<Jrc <'sl.-il }1011 <le rc111nrq1u1r 1111'<,11 ¡1011rrait. ais/•n11•11t S<' ¡>asscr ,le la
licli<lll eln r<')lrrJaclivil<'·, sa11s ri<'n cl1a11gcr a11x Cl>11sóq11e11ces <¡11i vie1111e11L
◄ l'<\(r<• i111li1¡11<'·cs. J\ien n'<'sl ¡1l11s si111¡ile, ¡1ar 1·xn111plc, q11c 1l'ex1ilifjll<)r l <'.-
0

va11<111issc111<;11I <los <lr11ils r(·cls C<lt1sc11l.is par J'ali<'-nal<'III' seJJIS co11<litio11,


◄ fans l'i11IPrvallc 1111 c1111lral .'t la r<'-alisali1i11 el<) la c<J111liti1i11. (~'psl 1111<! C<J11s<'·-
<¡11c11c<· <le la r<'·gl<': l\1,•1110 ¡1l11s j11ris ft<l ftli11111 ll'fl!IS(r'l'l't: ¡1ol1•sl ffll<l111 i¡1se
hfthcl. <~<'.lt1i 1¡11i a v<'111l11 S<Jll i1111111\11l1l<! sous c1l111liti,i11, 11'a ¡1l11s <111'1111 llroit
0

S<lt1111is 1'1 111111 ca11sc <l <'\li11clio11, <tui <!SI. l'arriv<'•<1 <111 l't''.v1'·11e11H~11I. 1~11 ali<'·-
.
LIVRE PI\E~IIER. - TITRE II. - CllAPITRE PRE~l!Ell

11a11t _ce druil lJL•rissable, e11 le tlémen1bra11l, il 11e le consolide pas. Le


1lroit qu'il tra11s111et au liers, rcsl<' lot1jo11rs s011111is it la r11er11e évc11tualitc'·.
<¿uand done la cc)nclition ,ie11t /1 se réaliser, le clroil qu'il a co11cédé au tiers
:--·t·lci11t.
J,'aut.-il étc11drc plus loin t1ue nl)US ne l'a, ons fail les co11séque11ces lo-
gic¡ues de la regle de la rétroactivité ? Nous ne le pe11so11s pas. ,,\ nolre
a,is. c'est se 111<'•1Jrer1dre crue ele la lra11sforrner en rcg-lc i11t¡Jt'•rali,e clon1i-
11a11l toute 11otrc r11aticre; c'est 111éco11nailre la ,éritalJle 11at11rc el<' la co11cli-
ti1111. ,\ !out autrc 11oi11l ele v11e do1tc, il fa11t reve11ir a la réalité, et dir1·
t111e l'acte 1Jrodu:it ses cll"cts au jour oi:, l'év{·11c111e11t se rt'•alisc. r~l 11011s
croyons que la loi est confor111e i1 11otre n1anierc ele voir .
•\i11si, si l'acle juritlit1uc est u11 contrat de ,,ente et si, pe1itlenle co1iditio1ie,
l'objet vendu vier1l a périr parcas fort11it, entre les n1ains du ve11cle11r, le
ccH1lrat 11e 1Jroduit, 11ous 1·a, 1Jns ,u, auc1111 cllct a11 jour 01'1 la co11ditio11 ar-
rivP. L'acl1cleur r1'esl 1Jas o!Jligé ele 11aycr a11 vcndcur le llrix cun,e1111
;arl. I 18:l). J)e 111e111e, celui ((llÍ a alié11é 1111e cl1use sous COflllitio11 sus1Je11-
sive, e11 tle111eure 11rr111riétaire jusq11'a11 jo11r 011 l'1~v{·11c1nP1tl se 11rc1tl11it; les
11clcs d <trlr1iir1isl1·alio11 ¡Jar lui fails so11t ,alables et o¡J¡Josúl1les ú 1·acc¡ut'·rc11r.
t:cl11i-ci 1loil. 11ola111111c11l res¡>ecler les baux co11clus 11ar le ,e11tleur (arg·.
arl. 1G73_;.
De s011 colé, le lll"(Jpriétaire s011s co11ditio11 résulutoire qui a perc,:u ll's
f'r11its el les i11lérels 1irotlt1its par la cl1osc, 11'esl ¡Jas lenu de lc)s reslil11er,
a11 jo11r de l'arri,ée de la co11ditio11 (arg. arl. 85li, \)'.!8, v58, ~~(i:>., 168:i :)º al.) .

De 111e111e e11core,le li-galaire sous co11Llilio11 susrJe11sive 11'a droil aux. fr11ils
1¡11'it tlaler du jour oú, la co11ditio11 étant réalisóe, il dcr11ancle la délivra11ce
,le l'c1bjct lég11{, (arl. 1004, 1011, 101{1, (;. ci,·.).
l•:11 fi11, s'agissanl el 'u11 propriét.ai re sous co11cli tio11 résolutoire, da11s I' PS-
[Jt•ct• tl'1111 acl1el.ct1r a rérnéré qui,avant l'exercice de la facult{, de ré111i-r1~ 11ar
,-;1111 vcncle11 r. a 11ra i 1¡i1irgé les l1ypoll1cqt1es greva n t l'i 111111et1l1lc par l 11 i ac1111 is.
la j11ris¡Jr11cle11cP 1iéci<l<' <[UC l'Pxcrcice cl11 rt'·1111;rt'-, c'esl-h-<lirc l'a,·ene111c11l ele
In Ct.l11ditior1 ré;;o)utoirc, laissP snbsislcr les Pll'cls tlP la ¡111r¡;c, CP q11i r!'ViPn l
i1 t'•carter ici la co11s{·1111e11ce logic111e ele la rétroactivité (lle<¡., r 4 avril 18 117 .
l>. 1i. 117.1.·>.17, S. /17.1.:\!11. Cf.11c1le dP M. l)al111bcrl sot1s S. I!)0/1.1. 1117).
l•:11 1111 11111[, 111.i11s r<'slrcig·11011s a11la11l <[ti!, ¡Jossihln les co11s{·<111c11ccs ele
la liclio11 de la rt'·lr<Jacti,ilé 1le la co11<litio11. N1J11s 11<>11s rcf11s1111s l1 y v1Ji r.
c11111111c J'o11t fait lro1> s<i11ve11t les i11tcr1Jrt',tcs 1111 (;1Hlc civil, 1111 ¡iri1ici¡ie f/t:_
11érr1l do11t il soil. 11{~ccssair11. ¡Jar l'ell'et 1!'1111 si111¡ilc raiso11-11e111c11l. 1li'·1l11et.if,
PI 1•111lt'•¡1it 1lcs i11c,i11,·{·11ic11ls éct111cJ111ic¡11cs i11co11lcstalJlcs <]Ui c11 1l{·co11lc11l,
1l"a1111li1111er l11ulcs ll's c1>11si'·1¡11c11ccs, 11111111c 1la11s ll's 1'.a:- (>Ú 1111 l.t~xte 1le loi
11e l"in1posp ¡>as for111clle1111·11l.
<:·e~t 1111'c11 elle!, ll<)llS 111' Jl:11"\t'IIOIIS [HIS ¡'¡ 1liSC<'l"ll('I" le llltllif 1J.e rnistlll
<J11 1l t')1111itt'· sur lcc¡ucl rc¡i11s1)rail 1111c lieli<Hl 11i11si gó11éralisée'. Vai11cn11·11 l.
0

a-t-,in 11rt'•t1111cl11 <jllt' la rt!Lr11acti,ilt'• 1lc la c1i11Lliti1111 résultnrait 1lc l'i11l1•11IÍ1>11


0
11rós11111ée des u11lc11rs 1le l 1)l1ligatio11. c;eJ11i 1H1 C<'IIX 1111i 1'<>111. crt'•1í1·, <liL-1J11,
en la subor<l<J1111a11l 1'1 1111 t'\,t'·11c1111•11t f11l11r Pl i11c1•rlai11, t>Ill ,1111111, <'JI ,·as 1ln
ri'·a Iisatir111 11[ tt'·riPu r~ 1l1' cPI t'·,<'·11<•111e11 I, se l r1111,·pr ¡ilacós 1lt'·s 11111i111<'111111 l
'

' •
MODA LITES

(la11s la situation q11'ils a11raiPnt. accPptóc, s'ils avaier1t pu lire <lans 1·a,c11ir,
el si, <la11s la ccrtituclc llP l'évé11c111e11t prévu, ils a,aient fait u11 acte p11r
et si1uple. ~Iais il ~· a li.1, évider11111er1t, 11ne i11ler¡lrr·talio11 loule divi11aloirc.
0
(;rrlPs. si les parlies 011t l'i11lr,11lion qu (Hl IPur Jll'l\le, il 11'y a rie11 d'i111pos-
,-;il.Jle it ce c¡u'clles l11i tlon11cnt cll'el, et attacl1e11l évc11t11elle1r1 enl a la
cond~tior1 eles ctn1s<'·r¡uences rélroactives. ~lais e11core faut-il r111'clles s·e, -
1>riruc11l er1 ce se11,-;. Si elles 0111. g·ar(lt· lP silcncc, il csl plus raisonnalilc clC'
• 1~cr1scr c¡u'c11 s11lJ()r<lri1111a11t l'<,liligation ú 11n óvó11cr11e11l futur, elles 011t
<·11tc11clu reculer ,-;a 11aissa11ce (!ans l'ave11ir. Cclle i11ler¡Jrt'•latior1 s'in11Josc
<l'aula11L plus qu ·elle esl 1Jlus favorallle a11x int<'·rels des Liers é,idc1111r1e11 t
:,;acriflés dans la tl1esc ele la rétr,Jacti,ité.
~J11 re111ar(JUera r1ue les ¡Jl11s réce11tes législatili11s civiles out rcjcté la
fiel.ion de la rétroactivit<'.· (C. ci,. alle1nar1d, arl. 158: Coclc s11isse des rilJli-
g·atior1s, art. 151-1;'j/1). 'l'o11tcfc1is, le Coclc• civil alle111a11d (arl. 15!)) pern1ct
aux parlies d'atlrib11cr un eil'et rt·troaclif a 1·avenc111e11t de la co11clition,
111ais en expri1r1a11I f'orrr1eller11c11I l<•11r ,olor1t{ e11 ce se11s. I~t er1corc ccllc
ri•troaclivit<\ r1'enlrai11cra-Plle c111c des cll'cts ¡1er,-;c,1111els, dans les ra1Jport s
<les parties. sa11s l<'•,-;cr les intér<\ls dPs li<~r:,; (arl. 15!)). 1\joulons que les
droits conférés JJe1tllc11te co11ditio11e 1Jar u11 llro¡Jriél~ire conditionr1el sout
cc¡1en<la11ta11<'.a11tis¡1ourlºave11ir par l'av<'nen1entde lacondition (arl. 1G1),
ce r111i prouve IJic11 que, co111n1e nous le disions lJlus l1aut, cette sol11tio11
t'·r¡uj,talilc. iss11e <le la rt·gle nen10 plrtR juris, peut tres bien se 1Jasser du fo11-
clr111e11l de la fiel io11 de r(troaclivit<'·.

Déftnition du terme. Différence avec la condition. -- Le t.er111e (' ..


11olr<' 'l'<1111e , .... 11. 81 s.) est la 111odalit{ c11 verlu de lac111elle l'acte j11ri(!i-
q11e 11<' rece, ra 11as ,-;cn1 ex<ic11li(111 i1r1méclialerr1e11I, mais ;'¡ un jour cl{•Ler-
111i11{~. Si cet acle j11ricii<¡11e a d<l1111t'· 11aissa11ce it 1111c <J]JligalilJU, celle-ci 11f'
¡,;rra cl<>nc exigil1lr r111'a11 jclur fi,é par ccl acLP (arl. 118G). l)'cll'i J'ex11rcssio11
¡1r<l,·<·r!Jiale: Q11i <foil 11 ler,nc 111· 1/oil rie,i; expressio11 faite ¡Jc111r égarPr )'(•s-
J>l'il, si <ln la Jll'Pr1ait .\ la lr~Ltre, car l'arliclc 118(i se l1atc cl'ajc111Ler r111e,
"ce "flli a ól<'· pa~i•d'a,ance 1H· ¡1<·ut. <\Lr<' rt'·¡>t'·lé l:, n1<H1lra11t l1iP11 par la <¡11<·
la <lf'tle r•xistail cl<...ji1. J;arliclc 118:1 Jl<lu,-; avait clt'-ja llil 1l'aille11rs <¡11c (( ll'
IPI'lll<' .clifl'<'!re <i•• la c<111d,ilitlll 1·11 <'<' qu'il 11e s11s1>e11cl 1>oi11t J'e11gagc111e11t. »
(l'<•xistí'nce lle l'p11g·ag1•111c11t, l<'q11Pl Psi <lr1nc ll'11res et d<"jit acr¡11is, cerlai11),
" <l<llll il relal'<lc ,-;e11l<'111e11t l'<•xt',culi,111 >>.
l)ans les cas les ¡ilu,-; fr{·r1u<'11ls. le IPr111(' est st.i11ult'\ d11,is /'i11.lérel cltt 1lébi-
/1•11r. ,\lr,rs, il rlt'•JH'llli 1IP l11i <l'y rc11f1ncPr en J>aya11l cl'avancc, con1n1c le
1,rt'·,·r,i l l'articll' 11HG. 11 11'e11 s<•rai I llas <le• 111<\111P <la11s lo cas, 11rt'•v11 J>a r
l'art,icl<· 118¡, oi'i )p ler111e aurail {·t,'• <'<lllV<'IIU da11s l'i11tt'·r<\t ll11 cr<'•a11cier.
:\11,rs, il 11<• <lt'·p<'ll<lrail Jlas d11 1li·liil<•111· ll«' cleva11ce1· le 1111H11e11-l de sa lilié-
rali<Hl. <~<'11<' i11l<'l'(lf'i'•tali1111 ll<• la 111<Hlalilt'\ JlCIIL rés11ll«'I', Jl<HIS tlil l'arti-
clc , 18¡, 1•H1it <l<•s circ,,11st1111c<'s, S<1il <le la sti¡1ulali<)ll ..<\.jclulc111s (¡11'ellc pc11l
188 LlVRE PRE,IIER. - TITHE II. - CIIAPITIIE PI\E~IIER

rést1ller at1ssi ele la 11al1lre _111c111e de l'ohligatio11. 1\i11si, dans le contra! ele
1/é¡Jo!, le ter111e est prést1111é slipt1lé dans l'inl{•rcl elu déposa11l, c'est-a-dirP
clu créa11cier (,-. art. 194!1). Des lors, c'esl au dí·posant qu'il apparlie11t.
s'il le ve11t, ele clcvancer le lcr111c c11 dc111a11ela11l. ]Jlt1s lol c¡u'il 11'a étí· co11-
Yenu, la restitution ele la cl1ose clt'•1Josée.
:\ous ,enons de ,-oir c¡t1cllr elifl'í·re11cc csse11Licllr il )- a e11lre le termr et
la co11clition. 11 e11 résulte <ftle l'ob1igatio11 ¡l ter111e ¡Jossecle plus <le vilalit{·
c¡t1e l'o}Jligatio11 conelilic1n11elle. Elle tic11t 1Jlus de place <lans le ¡Jatri111oine
c¡t1e ce fJCrme qt1e conslilt1e la cr{~a11ce si111ple111e11t co1t<lilio11nelle. D'ou les
co11Lrasles suivants e11lrc les co11séquertces praliqu<·s clt1 ler1ne et celles de
la co11<lilion :
1° ~ous a,-ons vu (art. 1182) que le ,·isque de la cl1ose clue sous c•J11ditior1
esl 1Jot1r le <lébitcur. ,\u contrairc, le risque <le la cl1ose due a
terme est
pour le créar1cicr. Cel11i-ci est de,ent1 1Jropriétaire <le celte cl1ose par le
co11lral. Ce c¡11e le ter111e s11s1Jencl, c'est seule111e11t la livraison 111atérielle
ele l'olJjeL. Il y a <lcJ11c lie11 <l'appliquer la reg'le <le l'arlicle 1, 38 : lles peril
1lomi1io.
:iº Ce qt1i a ét<\ payé a,anl ter111e 1i' esl JJUS sujel a répélilio,i ( art. 1 r 86, i11
ji,ie). Au contraire, ce qui, étant dtt soüs conditio11, aurait (té ¡Jayé avant
l'arrivée de la con<litio11, pourrail cfre répété, po11rv11 que la répólilion etil
liet1, elle aussi, ava11t l'événement.
a
La for1nule finale ele l'article 1186 do11r1e lieu d'ailleurs certai11cs diffi-
c11ltés. 'l'res ccrtai11~mer1t applicable lorsque le délJite11r a agi scie111rnent cr1
<levan(,'a11t le tern1e, l'cst-clle aussi lorsqt1'il ressorl eles circo11sla11ccs que le
<lébilet1r a payé avar1t tcr111e JJltl' errettr :> Supposo11s t111 ht'·ritier t¡11i acquilte
1111 legs, clar1s J'ig11ora11cc cl'1111 leslar11e11l 11Itériet1r c¡11i rejette l'e:xigibiliti'.·
1!11 legs 11 dix ar1s ¡Jlt1s tartl. Le soli•e11s }JOlirra-t-il r<'·pl\lcr le ca¡1ital, 011
<111 111oi11s (dans 11ne 1)pi11ior1 plus n1odérée) den1ander it l'acci¡1i1•11s tic lui
faire raist>n tic l'i11lí·ri\t tic ce capital d'ici au jot1r <le l'/•cl1/·ar1cc :1 11 scn1!JI<'
<¡11e la raiso11 el I'<'•q11it<'~ clir.leraic11t ici u11e r<'•¡Jo11se al'lir111alive. 1~11 so1nr11e,
le <lt'·IJileur a ¡Ja}-é pl11s q11'il 11c clc,ail. Cepen<la11t c'csl l'opi11i1J11 co11lrair<'
<¡11i s'enseigne er1 g<'·r1í~ral. 011 fait re111arquer e11 cfli'.l c¡uc l'arlicle 11H(i
serait i1111tilc, s'il visail le cas 01'1 le clél>ile11r a ¡1ay<'· ~cic1111111·11l, car la
r{•¡1í•titi,111 de l'i11<li'1 (el 11 J'ortiori, la rí•¡1<'·titic111 el<• ce <¡11i a /·té ¡Jay/: trop t,'it
t)tl <le l'i11ler 11.~11ri11111) 11'est a<l111ise 1¡11c <la11s le cas cl'1111 ¡>aicn1e11l fait par
erre111· (V. art. 1376, 1377). D011c, cel11i <¡ui a payí· JJCtr <•rreur a,a11l ler1t1<',
11'a rier1 a réclamer. La tra<litior1 esl cr1 ce sens (llotl1icr, ()bligalio11s, r1º '..!:~o).
1)11 111oi11s, le soluens clevra-l-il 1'trc cor1si<lér{: co111111c 1111 1/u1111le11r cl11
e réa11cier jus1¡u'a co11currc•11cc de l'intér<'l c¡u'il a 11er<l11 :1 ;\r,11s cr<>yor1s <}IH'
11011. J)'1111e parl, l'ir1te11ticll1 li!Jrralc 11'rxislc ¡i:1s lcn1jo11rs cl1ez l11i. Le <lél1i-
teur a }JII JJréférer paycr a11ssilt>l la SlllllJ11e 1111'il 1lc,ait,¡Jarce c¡t1'il rc1loutuil
1le la 11cr<lre 11ar s11ilc <le 111at1vais ¡1lacP111e11ls <la11s l'i11l<'rYallr. l>c 11lus, il
ressort <les tcr111<'S 1111'111es <le l'arliclc 1186 <¡11e le r<'•g-l<'IIIPIII. fail a,a11t. lel'Illl'
esl u11 p<1ie1111•11l. c:e 11'csl clc>r1c ¡>as 1111e clc111ali<i11. •

Hypotheses de déoheance du terme. --- l)a11s cerlaill<!S hypotlu\sps, le


189
débiteur est (lécl111 (!11 l)é11{•ficr (lit tern1c ; il dcvra (!íJllC paycr a11ssitt,1,
11,)11obstant la rr1ollalité dn11t s011 cng·age111ent était all'ecté. l)l11sie11r~ hy¡)o-
tl1<'ses doivent etre ici en,·i~agécs.
Premier cas. - l<'<tillite 1!11 rlébiteur. - ,\11\. lcr111,•s (le l'arlicle I r88. << le
débiteur ne peut ¡)lus récla111er le bé11éfice cl11 ter111e lc,rsqu'il a fail faillite ».
11 résulte ele l'article !1' 1'1 el11 C,Jclc (le C<)111111crce c¡u<' ce c111i entrainr l'cxigi-
!)ilité in11r1édiatc des elettes d11 c,)1r1111ert;anl, ce 11·esl ¡)as l'{~tal 111e111e de
faillite, c'est-a-dirc la cessalio,i 1le ses paie1ne11ts, 1nais le pro11011cé du juge-
111cnt c¡11i eléclare la faillite. ,\ e¡11oi il fa11t assi111iler le jugen1e11t d{·claranl
011verlc la liqtiiclalio11jti1lici11ire elu co111u1er.:,anl (L. (1111ars 1889 sur la liq11i-
<lation judiciaire, art. 8, al. 1 ). La rais,1n ¡Jrincipale q11i explique ce cas de
décl1éance du ter111c, c'est q11e la faillite e111porle la liquidation colleclive d11
patri111oine du co111111er.:,ant failli. L'exigibilité de toules les créances est
indispensa!Jle po11r les facilités ele cette liq11iclatio11.
Seconcl cas. - /)éco11jilt1rc du débile1ll'. - La, lc)i 11·a ¡Jarlé que clr la fail-
litc. La décl1éance cl11 ter111e eléco11le-t-ellc a11~si de la <l1!co1ifil1il'c, c·est-it-elirc
de l'état d'insolval)ilité du nnn-co111111er¡,ant :1 11 y a11rait ele l>nnnes raisons
d'e11 douter. D'aborel, \.11utcs le~ llt':cl1,"a11ces so11t ele droil étroit. De 11l11s, la
déconfiture n'e11trai11e pas de lic¡uiclalion collectiYc. 1'~11fi11, elle n'est pas dé-
clarée par 11njuge111ent fixa11l le 1110111e11l pr{·cis 011 elle se produit.Cependanl
la jurispr11dence <lécille c¡11e la eléc1)11fit111·c e11lrai11e, co111111e la faillite, la dé-
cl1éance du tern1e. T.a raiso11 en e,-1 c¡11r, co111111c la faillite el'ailleurs, la
déco11flturc fait elisparaltrc l'état a¡)¡iare11t ele solva!Jilit{'., sur la f11i duq11 el
le créancicr aYait accordé le tern1r. Sc11lc111cnt. la décl1éa11ce, faulc d'1111
juge1nent déclaralif de cléconlit11rP, clevra etre elc111a11clée e11 j11sticc. La dé-
cl1éancc clu ter111e r1c p,i11rra re111f111ter ;\ 1111 jo11r antérie11r iL celui ele la
de111anelc (Civ., 3o 111ars 18\)'>., l). 11• \,:>.. r .:J.81. 110\.c ele .\1. J>laniol, S. 9:>.. 1.
!181, 11ote de i'\1. La)J))é; 6 ft'•,·rier l!J07, 1). 11 . 1908.1. 1108, S. 1907.r.67).
Truisie,ne cas. - /)i11ii1i1ilio1i rlcs s1tre11:s rltt c/'éci1icicr. - l)'apres l'art.i-
clc 118,'3, le llélJile11r enco11rl aussi la llécl11',ar1cc (111 l1•r111e, <1 lorsq11e ¡Jar so11
f'ait il a cli111i1111é les s11reté~ 1¡11'il aYait. elo1111ées ¡1ar le contrat ¡1 son cr{•a11-
cicr ,,. l,c créa11cier aYait C<)11se11ti a11 lcr111r. . .
en co11sidératio11 1lcs s11 rPt{·s
q11i lni pPr111ettaie11t ele elifl'<'-rer In ¡1aien1P11t.(:P~ s11retés dis¡Jaraissant, il csl
c·n elrc,il ele ne pl11s atl.nr1<lre J'{•cl11'anc<' C<J11,e1111r . .\lais il y a ici J)i11sic11rf.
distinctio11s 1\ f'aire. •
()'al>orel, ce 1¡uc 11,J11s ,e111111s <i•· ,IirP 11<' ~·a11¡Jii<¡t1<' 1111'1\ la elis11ariti1H1 <le~
s1irelés s¡>écicilcs (gage, l1y1i,1ll1<'•1¡11P, <'le.) c,111~n11liPs a11 créa11ciPr par le 1lóbi-
tc11r. 11 THJ s'agit pas cl11 clr11il 11<1 µ;ag<' ¡.:-t',111'.ral.cxisla11l s11r to11l le ¡)atri11111i11c
1111 1l<'•l1itn11r a1111r,1fil. eles crt'!anci<·r~ 1Jr<li11air<'~ (arl.. :>.!>\)'!). (:e11x-ci, er1 11'cxi-
g<•a11l ¡1as el<! s11rnt{,~ s¡1i'•cial<'s, 11111 consPnti ;\ co11rir le risc¡ne ele l<)t1Les les
ali{:1111ti,111s <111'il ¡ilairait 11 l<!!lr <l<'·l1ite11r c)'pfJ"c\cluer. 11 11·~- a que 1la11s le cas
<l'ali{•11ati,)11 f'ra1ulu!P11se c¡11'ils a11rai<\11t. le 1lr11il 1l'agir a11ssit,it., a11111c1~·e11 de
l'aclio11 J)111tlic111ic. 1,a el{•cJu\a11ce cl11 ter111e 11P rí:s11lte 1¡11e (le la elisparilio11
<111 g-agn srH'•cial 1¡11i aurait {,¡{, ,c1111se11li a11 cróanci<\r ¡>ar le <lól1ilP1;r. J)ar
<•xe1nple, i<' <l<·hiteur r11'a <l<>nru'• l1}1>oll11'.1¡11<' s11r sa 111ais<)ll. s11r sa !erre;
il el{,111tJlit sa nuiis,,11, il co11¡1P """ )u,is <i'-' f'ntaiP . .J" 11e11x i<' ¡i1111rs11ivre s11r
li• cl1a111¡1.

'
LIVRE PRE~IIEII. - TITRE II. - CH.<\.PITRE PRE~IIER

En seconcl lieu, la cl{~cl1éar1ce llu ter111e r1e se Jlrod11it e111'en cas ele cles-
tr11ctior1 lle sLiret{~s i•olo,ilaires, c'est-a-dire rés11lta11t ll'1111 contrr,t, 011 el'1111c
clis1)osilio11 de loi 1'Lalllissant cetle su relé ¡1ar i11ter11rétatio11 ele la ,ulon ti'·
¡Jrésu111ée des parties (,\.ix, 29 nove111)Jre 1905, D. P. 1908.:1.118). La di1r1i-
n11tion eles si1retés p11ren1ent lc'gales, co111n1e le s011L e11 général les¡1ril'ileges,
n'entrainerait pas déchéance du terr11e, car, e11 cur11n1etta11t celte di111ir111-
tion, le d{·hite11r n'a pas c11frei11t la loi cx:pressc 011 i111plicite llu co11lrat.
En fin, la loi no11s ¡larle ele la di111i1111tion des si1rclés survenue ¡1ar le jltil cltt
clébile1tr. Elle laisse done ele ccilé la disparilio11 r{·sulla11t d'u11 cas forluil.
Exe111ple: le che,al e¡11e j'a,ais clonn1' e11 gage ,-ienl it 111ourir; les ,·ale11rs
ele lJourse que j'avais clo11nées en gage subissent une forte baisse. Da11s
tous ces cas, le dé)Jite11r r1'a pas violé la loi du contrat; il n'y a pas lie11 a
application de l'article 1188. Seuler11ent, d'aulres textes útablisse11I le tlruil
ele 11ours11ite i111111écliate cl11 créa11cier (V. art. 20:>.o, :i 131), avec toulefliis
cette dill'{~re11ce q11e le clébitr11r ¡1ourrait arreler les :IJ<111rsuites e11 oll'ra11t
cl'a11tres s11reti'·s.
Q11atrier11e c11s. - 1,ro,1 réalisalio11 des st1retés 11ron1ises. - .\.11 cas 01'i le <ié-
lJi Leur a dir11int1t'•. par son fait la s1iret1: clu crt'.•ancier, il fa11t assi111iler ccl11i
01'1 il a ma11e¡t1é 11 réaliscr cclle q11'il avai t pron1ise. Darts ce cas e11c1)re, e.t
pour la n1e1ne raison, il c11court la Llécl1éance elu tern1e ( \'. art. I!.)I:J-2º).

Différentes especes de termes. - II y a pl11sieurs classifications <les


trrr11cs :
1° 1'erme s1,s¡1ensif el lerme e.rti,ictif. - La définilio11 et les cxe111ples
{{tlC 11ot1s avons clonn{·s el11 tcr111e s'ap¡Jliq11c11l a11 tcr111e sttSJJe11sif, c1ui esl
le ¡>lt1s frt'!qucnl. 'llais ú c,\té clu lcrr11c suspcnsif, il y a le tern1e eJ:li,iclif
e1t1 réso/1,loire, qui t'·Lni11t les ell'cts ele l'acle jurielir111e at1 l>o11t <1·1111 ccrtain
le111¡>s. l~xc111¡Jles: je vo11s louc 111a 111ais1J11 puur 1111e périoclc ele dix a1111ées;
je Y<111s ¡Jrele 1111e so1111r1e rl'arge11t q11e ,-011s 1r1e rcndrez a11 !J1J11l <le cinq ans ;
jr legue ;1 l1iPrrc l'11s11fr11il ele 111a 111ais,i11 j11sr¡11'it sa 111ajorit<'·.
:>.º 1'errnc ccrlai11, tcrr11e i1icerl(1iri. -- J;t'·1ioc111c ¡\ lac¡ucllc csl fixé le ter111c
s11s1Jcnsif peut c;tre, S<)Íl 1111 j<lUr tli•lcr111i111'1 d11 calr11clrier, Jlar exe111¡ilc, le
rire111ier jar1vier procl1ai11, soit u11 {•vé11n111ent ci11i ll<iit arri,c,r ¡\ 111tc' <'.•1)oq11c•
fixc: le j<llll' de tellc f'¡\[<', ele te] annivr•rsairc\. ()11 clil al,,rs q11c le ler111e csl

cerl11i11.
.
1,e Lcr111c csl 111ccrl,1111, . c¡uanc 1 .,I esl allac 111•' a' t111 cve11c111e11t
' ' t 1011t 1a r1·a-
'
lisali1111, lii<\ll c¡110 corlai11c, sn 111·1irl11ira i1 1111 111(nt1011l r¡u't>Jl 111' co1111ait ¡ias
c11c,1re. l•:xc111¡>lc: je vou,; pnierai tolle se>111111c, i1 la 1111lrl <le l 1a11l ( )11 v1.1il
e¡111\ I<' l.er111n i11cPrlai11 <iitl't'•rc 1le la c1J111lili1J11. l)a11s la c1J1uliti1,11. il y a
i11cerlil11ele sur l<\ ¡i,iinl ,le sav1)ir si l't'•vt'·111,1111•11l arriYera el 1111a11el. il arri-
vcra: da11s le IC\r111P i11cnrlai11. a11 co11lrair1•, l'i11certil.111l1, 11<' \HJrl<' r1111, sur
le rie1i11l d1• sav,,ir 1111a111\ l'{•,t'•111•111C•11l St' pr1Hl11ira.
J•:11 {)r1lil ro111ai11. <>r1 ad1111·llait c¡1u•. 1la11,; lrs 1lis¡i1lsili11ns tlr <l1•r11it'·re
Y<llonló. I<' lf'l'lllf' i111·<·rlai11 <levail 1\lr<' a,-si1uil{: ;'¡ la cí1111litin11 Pl 11r1Hl11ir1• lf'
1111'111!' ntl'Pt. /Ji,·s i11,·,•r/11s i,i lesl11111,'11t11 co111Litio11<'11t f11cil (¡:>, 1). /J,• 1·0111/il.
et 1/ernon.~tr., X\\''· 1; í\l, 1. l). /1, t., 1:1, 1. l). /)<, l<'f/., ·i"). :'i1111,; ,1·rr1J11s,
,
110DALl'fES I l) 1
'

e11 traitar1t eles donalions. s'il fa11l e11core ael111ettre la 111en1e reg·lc da11s 11olre·
l)roi t 111oclerne.
3" Ter1ne exp,·es, ler111e lctcile. -- l,e ter111e est e.1:¡ires. lorsq11'il cst for-
111cllen1e11t sti¡)ulé par les ¡)artics; il est tacile, c111anel il r<'·sulte ele la 11ature
111e111c d11 ra¡i¡)ort j11ridiq11c, par cxc1111Jlc q11ar1<l ur1c JJcrson11c s'c11g·agc
l'l1i,,er a ell'ecl11er eles trava11x q11i ne pe11ve11t se faire r1u·en <~t<'~.
!1° Ter111e 1le 1lroit, ternze ele gráce. - Le tern1e de 1lroil est cel11i q11i e~t
étalJli soit par la co11ve11tio11 des parties (tern1e cfinvf'r1lio1111el), soit par lü
loi (ter111e légal).
l~c ler111e rle grc1ce est 1111 délai q11i rés11ltc ele la bie11veilla11ce tlu lrilJ11nal.
L'arlicle 1244, al. 2, porte en efl'et c1ue << les jug·es pe11,·e11t ... , e11 considé-
ratio11 de la position clu clébiteur el en usant de ce pouvoir avec 11ne gra11de
réserve, accorder des elélais 111oelérés pour le 1Jaien1ent, et surseoir a l'exé-
cutio11 eles po11rs11ites, to11tes cl1oses de111eurant en état n. \i11si, les juges
1ie11ve11l acccireler 1111 011 pl11sie11rs clélais, per111ettrc d'i'•cl1elo11ner les paie-
111e11ts, 1Jo11r,11 cru'ils usent ele cette fac11llé a,ec rnodéralio11.
()11 trouve, dans le Code, pl11sieurs ap1Jlicalio11s ele ce pou,·oir 1nodéra-
te11r accorclé aux 111agistrats clar1s 1111e pe11,;1'e 111anifcste cl'l111n1a11ité. Mais il
s·er1 fa11l crue le jug·e ait to11jo11rs cetle facult(·, et il co11Yie11l ;\ cet égard rle
<i is tir1g11 er 1)l11sieurs l1~·po tlicses.
,\. - 11 ); a des cas ot'1 1111 texte for1r1el i11terdit a11 j11ge el'accorder des
(!élais de gri\cc. 11 en cst ainsi :
a) Lorsc111n la clntle all'ecle la for111e cl'1111e lellre 1le ch1111ye ou d'u11 billel 11
orllre (art. 135, 15í, e;. con1.); car la ponctualité rigoure11se eles écl1éanccs
<ln ces tilres est i11dispensable i.t leur fonclionnen1ent con1111e 111011naic
co ni 111ercialc.
b) Lorsc¡u'il y a un jttf¡e111e11trn11el11 co11lrn le débilcur (arL. r2:>., C. proc.
civ.); car alors u11 clélai ele grace déroget·ait a11 pri11cipn que le jugc 11c peul
11as l'f'YP11ir s11r sa décisior1, 011 pc>rler alleinte á l'ell'et d'u11e d<'~cisior1 re11d11c

1iar 1111 a11lrcj11ge.
r) l,ors¡¡11'il s'ag·it ele l'cxercicc ele I'ttcliu11 e,i ré11111ré (arl. 1(il\1).
rl) J,orsc¡11'il s'agil de l'écl1éar1ce cl'1111 pret fait par la s<Jciélé clu C1;édilfo11-
cier (1)., :>.8 f'évricr 1852, art. :iG).
]!. - 11 y a rlPs cas 01'1 la fac11llé pcJnr le juge el 'acccirclcr eles clólai,; ele

gracc es 1 d'1sc11 1'ec.
a) 011 s'cst clc111a11clé s'il 11e fa11t pas éte11dre lt te111LPs les dclles cci111111cr-
cialns la 1lis¡1ositi1n1 ¡1rc1I1illilivP clu eliilai cln gr.ice 1111 cas ele Lillct i.t <Jrdrc
011 el<) lcllre ele cl1a11gc\. ;\lais la 11ratic¡11c s·c,;L lixúe n11 se11s co11 trairc.
/1) l)e ll1(\n1P, 011 a Jll'<'\ll'111.lu q11'1111 cl<'•lai de gr,1cc ne JJ1111rrait J)as ,~tr,• sol-
licitc': l'I olJlen11 ¡¡¡11· lc <l<'•l1il1'11r. lllr,;111u• le cri'•anciPr csl 1111111i el'1111 fitr,·
' e;x:éculoirc (a11trc c¡11'1111 j11gc11H•11t). <:'cst l'o¡1i11ion la rilus IJie11vcillanlc) c¡11i
a <'CJJC•11<lant 1ir<'•val11 Plt j11ris11r11clence (l\ncJ., 8 ll<l\Pllllirc 18!1~, [). 11. !):{.1.
:1:1). I•:1. 1•11 <'ll'PI, l'arti<"lc 1:>./1t1 11011s clil que Jps jugc,; IH'IIYf'lll. s11rs1•1Jir ,'1 J'p,i'•-
c11l.i<>11 1l1·s ¡H1ttrs11il1•s. (lr, I" 111<ll <IP ¡1u11rs1tiles s'aJJJlli<JIIC, ll(Jll ¡,as ,'1 1111<'
i11sla11ccj1uliciairP, 111ais ,'1 1l1•s v,,ics (J'i,x<'\c11li1n1, 1<,s1¡11ellcs SllllIJOsnnl un
cr<'\ancicr 1111111i cl'1111 tilr,i cxéc11toire. l)e plus, l'articlc :>.21·>. a11lc)rise la
'
" .

1 LlVRE PREMIER. - 1'lTRE ll. - CHAPITHE l'RElllEII

c1)11cessio11 cl'un délai de g·r,\ce da11s 11n cas ou le clébite11r est engagé par
1111 bail a1ill1enlique, lequel est u11 titre exécutoire.
Quoi qu'il en soit, e11 ce qui concerne son efficaci té, le tern1e de grace
differe d11 terme de droit aux deux points de vt1e suiva11ts:
.'\' - Le tern1e de gr,\ce, a la clifférence d11 ler111e de clroit, 11e 111et ¡1as,
11ous l' avons v11, obstacle ala co111pe11satio11 .
• B' - II résulte de l'article 124 du Code de procédure que la déc/1éa11ce
clu tern1e de grace est encourue par le débiteur, non seulen1e11t dans les
cas qui, aux tern1es de' l'article 1188, e11trainent décl1éa11ce d11 ter111e I de
tlroit, mais e11core dans des ll)'potl1eses spéciales qui so11t les suivantes:
a) Lorsque les bie11s du débiteur sont saisis a la req11ele d'autres créan-

c1ers ;
b) Lorsqu'il est en état de contumace;
e) Lorsqt1'il s'est constitué prison11ier.
Si ces hypotl1eses se ]:>rod11isaie11l avant que lP délai tle gracc fut sollicitt''..
il va de soi c¡u'elles 1nellraie11l o)Jstacle a s011 oblc11tion. 11 faut do11c les
a
ajouter la liste indiqut'·e ci-dess11s des cas 01'1 il est i11terdi t a11 juge d'ac-
<.'order des <lélais de grace .


CHAPITllE 11

PLuR.-\Lll'I:: J)'<)l3JJ,:l'S OU DE SUJE'l'S

La com¡)lexité résultant ele la ¡)luralité des objets d'1111e ol)ligalion ,;e rc11-
contre ela11s les obligc1tions c1lter11atives, fort peu 110111IJrcuses e11 1)ratiq11c
el elont nous ne elirons crue quelques 1110L,;. La co1n¡)lexité résulta11L de la
pluralité des s11jels cst a11 co11Lraire tres fréquentc. Elle elo11ne lieLI a11x Ll11\o-
ries tres i111porta11tcs de l'obligatio,i co,ijointe, de la so/i,tarité et de l'i11,/i-
visibilité, auxquellcs scront consacrées les trois sectio11s ele ce cl1a¡1itre.

Pluralité d'objets. Obligations conjonctives, alternatives, faculta-


tives (art. 1189-1196). - La {)luralité eles olJjets d'une olJligatio11 pe11t lui
elo1111er le caractcrc el'u11e obligatio11 co1ijo1icliue, aller11ative ou f acullative.
Les lextes afférc11l1-, ¡\ ces variétés el'obligations ne sont que eles a1)plicatio11s
<.lu pri11cipe for111ulé elans l'arlicle 1156, aux lern1es duqucl 011 doit da11s lc,-
conventions recl1crcl1cr cruelle a été la commune inte11tio11 des parties l)lu-
lÓt c¡11e ele s'arrctcr au scns litléral eles ler111cs. Autre111e11t dit, to11s les
co11trals, da11s 110Lre Droil, so11t eles co11Lrals ele bon11e foi.
1;1i]Jligalio11 co11jo1iclive cst cellc 1¡ui aslrci11t le elébiteur ¡\ exécuter c11111u-
lalivc1nc11t JJlusieurs preslalio11s, el qui 11'est Óleinlc que par cetle exécutic>n.
l~xc111plc: Je vous dois 1.000 frar1cs el un chcval.
L'o!Jligalio11 alter11ative cst ccllc C[IIÍ aslreirtl le clébilcur it l'une sc11le111cnt
de ele11x 011 ele ¡)l11sie11rs J)rcslalio11s ¡>révucs, et e111i s'étci11t 1Jar l'cxéc11lio11
ele l'1111e ou 1le l'autrc. Je vous elois 1.<Joo francs 011 u11 cl1cval.
L'1Jl>ligatio11 frtc11llnli1Je csl celle r¡ui 11.'a 1¡11'1111 t)bjcL 1111ic¡11e, 111ais eloul I<'
clébilc11r ¡1cut se lil><\rcr e11 <'xt'·c11la11l 11111•. a11lrc preslation. Exc111¡>lc: .I,·
Vt)llS leg·11e lellc 111aison, 111ais 1111)11 l1éril.icr j)OIIl'ra, s'il le préfere, sr li)Jérrr
c11 v<>11s 1>ayaul :io.ooo fra11cs.
Il 11'y a ricn tic ¡>arliculier 11 relcver 011 ce ,¡11i co11ccr11t' les olJlig·ations
co11j 011clive.~.
1~11 ce ,¡11i to11cl1c les obligalirins 11fler11r1lil'1is, lrs arliclrs 118u et s11iYa11ls
JIC r,111t e111'é11011cer llllC regle 1l'évi,le11cc e11 elisa11L (arl. 1191) q11e le débit<JIII'
ne ¡>cut se lilii'-rc1· e11 exéculaul. 1111e parlie el'1111c eles J)l'cslatio11s ¡>ro111ises 1·t
une ¡>arlie lle l'a11lrc. C'csl l'a¡1¡1licati,i11 ele ce ¡>ri11ci¡HJ et11e l() elélJite11r 11c sP
liber1i ,¡11'c11 ¡n1ya11l cxacte111c11L ce ,¡u'il elr>it (arl. 1~11:{). Or il ele>it 1111e 1l1•s
p1·cslaliri11s 1)1·0111iscs. 11 fa11l l'L il suffil rr11'il 1\,;1\c11Lc l'1111e 1J11 l'a11trc, 111ais
c11tiere111c11l (arl. 118!¡).
'!'orne 11 J ,¡
- ··1- ,..,. ·-
'

LIVRE PRElllER. - TITRE II. - CHAPITRE II

Le cl1oix apparlie11t a11 clébiteur (art. 1190); a¡Jplicatio11 de ce lle regle gé11é-
rale que, clans le cloute, l'i11lerprélatio11 cl'un acle juricliq11e eloit se faire
elans l'intérel du elébiteur (arl.1162).Ce¡Je11danl, u11e clause expresse 1Jo11rrail
attrib11er l'option a11 cré1111cier.
\'ous exa111i11ero11s lrois flt1estions ii 11ro1Jos eles obligations alternalives.
1• Pren1iere q11eslio11. Des risq11cs. - Si les cleux cl1oses périssent parcas
forl11it, a,·a11l la 111ise e11 ele111c11re cl11 cl{·liiteur 011, ce q11i revie11t au 111e111P,
si les cleux prestalions clcvie1111e11L in1¡Jossibles, le clé!)ileur esl enticre,11e11l
lil)éré de son obligalion, et le risc111e csl s11¡J¡Jorlé par le créa11cicr (art. 1195;.
C'esl l'ap11licalio11 de l'arlicle 130:J. ·
Lorsq11e la llerle fortuito 11'atlci11t ¡Jas les de11x cl1oscs, il fa11t disling·11cr
selon que le cl1oix appartie11l au débiteur ou au créancier, ai11si c1ue l'indi-
quent les articles 1193, 1194, auxquels il suffit de renvoyer.
2º Deuxieme q11eslio12. Obligatio11 allc1·11alive 1lc clo1111cr. - Su¡Jposo11s que
l'obligation allernative soil 11110 olJligation ele do1111cr 1'1111 011 l'a11lre de
deux corps cerlai11s: je vo11s lt'•guc 111011 l10Lel c111 1110n cl1,iteau. ,\ q11el n10-
111ent se procluira le tra11:-.fcrl de la JJropri{~té i1 E11 raiso11, ce dcvrail etre
sc11lc111c11t lorsque l'élcctio11 faite ¡Jar le clél1iteur ri11 le créancier a 011éré la
co11i:e11t1·atio11 ele l'obligatio11 sur un eles cleux objels. Cepe11clanl, la Doc-
lri11e, e11 se fonda11t sur les tern1es absolus de l'arliclc 1138, enscig11c e11
g·é11éral le co11lrairc. Le lra11sferl de ¡1ro¡Jriélé se prod11irait at1ssitót. 111ais
so11s co11clilio11, de lelle :;orle qu'u11e fois lºo¡Jlion efl'cctuée, le créa11cicr
scrail co11sieléré co111111c élanl devc11u propriélaire ele la cl1ose cl1oisic, :'t <lalcr
cl11 1110111eul 111e1i1e de la naissancc de l'ol1ligalio11. D'ot'1 les clcux co11sé-
c¡ue11ces suivaules:
_\. - Si le débilcur lo111be en faillite avant la livraiso11, le creanc1er ' . 11c
s11bira ¡1as le co11cc111rs eles créa11cicrs, et vie11clra prélcvcr la cl1ose a litre lle
¡i rOJJriétni re.
13. - Si, i1 s11pposcr l'optio11 apparlena11t a11 cr{>n11cier, le délJite11r a
re11clu 011 clo1111é ;i 1111 licr:-. la cl1ose q11'il JJlall au cr{·ar1cier ele cltllisir,
cel11i-ci au,ra le clroil ele la revc11cliq11cr co11lrc le liers eléte11tcur, á 111oi11s
nal11rclle111enl que celui-ci 11c 1111issc i11voc111er la róglc: J~,1 fait ele 111e11l1lc•s
rio:-.st'SSiOll va11l litre.'
J 1'roisie111e 1¡11cslio11. /)ijJ1:/'CltCl'S e11lrc /'oblir1<1lio1i allc1·1111/i1•c el l'obli[/1/-
0

lio,ijllCU!lalive. - JI sc111lill' ú ¡1rc111ierc v111· t¡i1°Pllcs se rcsscn1l1lc11l I1cau-


co11¡1. l•:n réalilt>, il y a e11lrc cllcscclte 1lill"t'·rP11cc <JUe l'11liligaliti11 alternalivn
seulc a ¡1l11sic11rs objcls. Da11:-. lºoliligalio11 fac11llalivc, il 11'y a 1111'1111 olijcl
1111i<¡11e; l'a11tre 11'csl pas clt'1; il 11·est, c1i111111e clisaie11t les Jlon1ai11s, c1ue i, 1
ji.1c11llale solutio,iis. D'o1'1 le:-. cliJfére11ccs ¡1ratiqt1es s11iva11lcs:
.\. - Le cróa11cicr 11c ¡icul 1le1nantlPr en j11slic1~ 1¡11c la el1c1se tlue, 11,111
cellc c¡ui ¡1e11l c~trc fac11llati,e111c11l ft1ur11ic ;1 sa ¡1lacc. (:'csl sc11lc111c11l ?t
livrer ccltP cl1t>se <111e Je jugc pcul c1i11tla11111cr le <lélJilrur. El l'exéculion
foI"céc 11e ¡ie11l, :-.i elle csl ¡>1issilile, 11rt)curcr a11 crt'·ancier lllle cclte 111c~u1e
cl1ose <)ti, si clic a 1it\ri, so11 é11uival1•11l cu argc11l.
s· l' llllHlllC
1,,. - ._, . o1.
)JI'.t ( li\ . t a' 111'' 1"11",
1 YH)ll' . l e crca11c1er
' . ll '¡¡ ¡i 1us J'l{)ll
. il' l"l'C
' 1,1-
111<'1". Le clél,ilc11r esl lihí·ré a11 cas tlr tleslr11clion fl1rl11ile; il <l11il f1111r11ir
-

.
'
PLURALITE D'.OilJETS OU DE SUJETS

l'éc¡11ivale11t en dom111ages-i11térets, a11 cas tle perle surve11ue ¡Jar sa faute, it


111oins qu'il ne préferc four11ir l'o}Jjct de libération fac11ltative.
C. - C'est la nature tlc l'uniq11e olJjet du qui déter111ine la 11ature n10-
IJiliere ou in1r11ol)ilit':re de l'o}Jligation. ,\11 contraire, cla11s l'oliligatio11 alter-
a
11ative, supposer que les deux objets 11e soient pas de n1en1e nature, c'est
l'optio11 set1lc qui fixe le caractere ele l'olJligation.
Les <111estio11s q11e 11011s ,·enons d'exa1niner }Jrieve1nent 11'offrent qu'1111
inlt'•rct pratiq11e assez restreint, con1111e en té111oig11e la pauYreté de la j11ris-
l)rt1<le11ce qui les concer11e'. 'fo11t au contraire, les olJligations pliirales, c'est-
a-clire co111porta11t plusieurs créa11ciers 011 plusieurs débiteurs, donnent lieu a
11nej11ris¡Jrudence des plus i1nportantes, et constituent l'une des 111atieres les
JJlus 1Jrofonclé1ner1t creusées par la Science depuis les Romains jusqu'a nos
'
JOlll'S.

SECTION I. - ÜllLIGATIO'iS CO'iJOI'iTES.

Définition. Domaine de l'obligation plurale dite conjointe. -· Il y


a olJligation co,ijoinle q11and une o}Jligation con1porte plusieurs débiteurs
ou 1Jlusieurs créa11ciers, avec cetle parlicularité que l'obligation se divise
activeme11t ou passiYen1ent entre les divers sujets du rapport de droit, de telle
sorle que cl1aque créancier n'ait droit de récla111er q11e sa part de la créance,
011 que chaque débiteur ne puissc etre poursuivi que pour sa part de la dette.
Cor11n1c on l'a fai t obscrvcr, il serait plus cxact et plus cxprcssif d'appeler
cette olJligatio11 clisjoi11le plulot que co1ijoi11le.
La situation q11e no11s ,,enons de décrire constituc, dans notre législation,
le /ll'oit co1n11iu1i lles obligations plurales.
E:n fait, l'évé11cmcnt q11i donnc le plt1s souvent naissance a cette variété
ll'obligalio111Jluralc, cst la morl soit d11 créa11cicr, soit du débiteur, le défunt
laissant pl11sieurs l1éritiers. La créance co111me la dctte se <livisent alOJ·s ele
¡¡fei,i lll'oil entre '._les l1éritiers du créancier ou entre ce11x du débiteur
(art. 1220).
En son1n1c, ;\ partir de la 1nort tlt1 créa11cicr, il n'y n ¡Jlus u11c'sc11lc
créa11cc, 1nais a11tant de créar1ccs distincles <¡u'il y a d'l1ériticrs. Si, par
excr11plc, la créance cst de 3.ooo francs, el r¡11e le créa11cicr laissc trois cnfanls
a
J1érilicrs 11011r <'•galc parl, c\1ac1111 ll'c11x llcvient, datcr llu déces et avant
111t1111c le ¡1arlagc, créancicr d11 tlél1i Lcur j11squ';\ concurrc11cc de 1.ooo francs.
(~l1acu11c tic ces créa11ccs cst alJsol11111cr1t i11tlépc11da11tc tles a11tres, et cl1aq11c
créa11cicr <l<Jil 1>t111rs11ivrc le <lé)Jitc11r po11r so11 proprc comptc.
l)c 111e111c, si le dól1itc11r rl'1111c tlettc lle :{.ooo francs n1curt laissant trois
c111'a11ls, la tlclle se llivise tle lJlcin tlroit e11l1·e ces dcrnicrs, et cl1ac1111 ll'eux
<lc,iP11t <lél1ite11r lle 1.000 l'ra11cs. f,a créa11cc 1111i<[tIC <111i cxistait a11 pr<)fit
(111 crt'~a,1cicr, se tro11vc <lo11c 1·cn1placóe ¡1ar trois cróanccs <le r .ooo frar1cs
cl1ac1111() et ces lr<iis crlSa11ccs snnt al1s<1l11111ent inclépe11tlanlcs, ,\ lcl poi11t.
<}IIC si 1'1111 eles l1órilicrs cst i11solvalJlc, le créa11cicr 11c pe11t pas pours11ivre
cr111lrn les aulres In ¡1aie111e11l ,le ce <¡11'il n'a ¡111 rccouvrcr co11trc le ¡1rc111icr.
í.clt.c s<1l11lio11 caract.érisli<111c tlc 11otrc l)r<)il s11cccssoral cst, 011 le co111-
¡1rcn1l, tres rlí•sava11tage11sc pour lPs créancicrs l1t'.~1·ótlitaircs, ¡)11isq11e, en cas

LlVIIE PRE~IIER. - TITRE 11. - CHAPITRE 11

de plt1ralité (l'l1érilirrs, c'cst a la cl1arge eles créa11ciers c1u·esl le risc111e ele


l'i11solvaLililé ele cl1ac111e sticccsseur. JI y a cc¡Jc11cla11t ¡'¡ ce clar1g·cr cerlain~
ten1¡Jéra111enls. D"a)Jorcl, r1ot1s vcrro11s, en étuelia11t les f:;Llccessio11s, c1uc,
tant que le partage des Lie11s 11'est pas fait, le créa11cier co11ser\'e le droil
ele poursui,rc la 111asse incli,ise, et de la saisir j11squ'a conc11rrcncc clu 111011-
tant total de ce q11i l11i est di,. C'cst la un n1oye11 po1¡r l11i d'écl1a¡Jprr a
l'ir1solvabililé <le l'u11 des l1éritiers. 11 fa11l ajo11lcr c111e le créa11cicrc111i a 1111e
l1ypotl1eque s11r u11 i111n1cu]Jlc peut se faire ¡Jayer la lolali té ele sa créance
en poursuiva11t }J0111· le tout cclui des l1ériliers c1ur le partagc a rc11cl11 atlri-
b11tairc ele cet i111n1e11ble (art. 8í3).
On le voit, les créa11ces elites co11joi11/es el les clettes co1¡joi11les son!, e1!
réalité, des créa11ces et des eletles distinctes, séparées, aya11t chacu11e lcur
,·ie propre, in<l{·pe11da11te, 111ais qui so11l 11ées ct·1111 se11l el 1neme fctil jitri-
(/ique.
Insisto11s un ¡Je11 sur les co11séc¡11enccs ele ccllr j)rO¡Josilio11.
1º Cl1aq11c crc'•a11cier co11joint r1e ¡Je11l récla111cr a11 eJc\JJile11r que la ¡Jarl
clont il est créancicr. Dr, 111e111c, e11 cas de elcllc cor1joinle, le créancier 11<'

pc11t dema11der a cl1ac1ue dt'·Lite11r que le 111011tant ele sa part personnelle í'l
no11 ce lle des au tres.
:,
0
La 111ise en de111eure llu elé)Jileur par 1'1111 eles créa11ciers ne proelt1il
aucun elfet au profit eles a11lrcs. De 111cn1e el réciproque111ent. le créancicr
qui a pl11sieurs débiteurs co11joi11ls, doit n1ellr0 cl1acu11 d'e11x c11 den1et1re
ele payer.
3° Enfin, il faut applic¡t1er la 1ne111e reg·le it l"inlcrr111Jlio11 ele la prescri¡1-
tion. Celle-ci pe profite c111'a11 créancier c¡11i l'a faite, el 11e 1111it c1u'au llélii-
te11r q11i en a élé l'o)Jjet.
Nous avons j11sc¡u'i1 ¡lrésenl sup¡José l'l1J¡Joll1ese la ¡ilus fréc¡ue11le, cell,:
d'ol)ligalio11s co11joi11tes r(·s11llanl lle la ¡il11rali!c'· eles l1ériliers. ~[aisle prin-
ci¡Je s'applique, 11011 seulc111e11l ela11s le cas ele eléces cl11 cl<'.•l)ile11r ou clu
créa11cier 11nic111c, 111ais aussi ela11s les l1y¡Joll1eses 01'1, (/t's l<t 1ic1iss(t11ce 1l1t
1/roil, il y a plusie11rs créa11cicrs 011 Illusieurs cl<'.•IJilet1rs. Si rie11 11'esl stiriul<'~
ele co11lraire ¡iar les ¡Jarl ics, l'0Lligaticn1 ¡Jl11ralc ú :-a 11aissa11cc ¡Jre11cl le ca-
raclerc el'1111c olJlig·alio11 co11joi11te. Se11le111e11l, h raiso11 clrs i11co11Yt•nic•11ls
pralic¡11cs cl'1111c lclle co111lii11aiso11 JJ011r le cr{·a11cicr, il esl lrr'.s rare c¡11'<'11
fail une ol)lig·atio11 .'i ¡Jl11sic11rs cléliile11rs ¡1rc1111e 11aissa11ce aYcc ce caracl<'·r<'
el'olJlig·alio11 co11jcJi11le. l,<Jrsc¡11'1111 créa11cier a c11 faco 1lc lui plusieurs cl<'·l>i-
leurs, il ex.igo lo11jc111rs c¡11'ils s'cngagcnl soli1lt1irc111c11t.
J•:n rc,·a11cli<', 011 rc11cr111lre eles cré1111ccs 111<'lla11l e11 je11 1il111,ie11rs cr1-sli-
pula11ls el 11aissa11t elivisérs c11lre 1•11x. llar C'\<'111¡1lc, ¡1l11sic11rs col1(·ri-
licrs ,c11cle11l r11se111blc 1111 i111111c11)¡Jp l1{·r(·dilairP: chac1111 <l'cux. 1lc,·ic11I
crí:ancicr el'une ¡iarlic elu ¡irix.
llé 1111~111c, 1111 clcs col1ériliers a, JH'nclanl l'i11cli,isi1)11, rccueilli scul lt>s
fruils el i11tc\rc\[s 11rc11l11ils ¡iar les cl1osPs incliYisc•s; il dc,i<'11L elí•liiteur <I<•
cl1ac1111 elC's col1<'.•rilicrs.
()11 re111arc¡11cra 1l"aulrP ¡iarl <¡11,• la soci{·[{\ ci, ilP ¡iarail 1l0111H)l' 11aissa11c:<· ;'1
eles <)l,lig11Lio11s ¡iassi,c111e11L C<J11j<1i11lcs. 1<:11 ell'el, l'arlicl,~ 186:i tléciclc <fil<'.
,

PLUI\A.J:ITÉ !)'üllJETS OL" DE SUJETS 1 97

t!a11s ces sociélés, les associés 11c s011l pas lcnus soliclaircn1c11l tics deltcs
sociales, a la différcnce ele ce qui se 1Jasse da11s les sociélés co111n1erciales.
\lais, il ne faul lla:- 011J¡licr q11c, d'apres la jt1ris¡Jrt1dcncc, les sociélés civiles
so11t douécs de la pcrso1111alitéjuridique. C'cst clo11c set1le111c11l lorsquc J'ac-
tif social ne suffit 1Jas á les désintéresscr e111c les créa11cierli 1Jc11vent, po11r le
s11rpl11s ele leur créa11ce, pot1rsuivre cl1act111 eles associés st1r ses IJicns prr-
so11nels. Da11s ce cas, leurs po11rsuitcs se cliYise11t et 11c pc11vent s'excrccr
co11Lrc les associés c1ue 1Jot1r leur parl virile confor111é111c11l au principe de
l'nrticle 1220.

s1~c·r10N IJ. - ÜBLIGATIO"\S SOLlDAIHES.

La solic/171•ité c111¡Jt~cl1c la elivisio11 des crénnccs et lles elelles da11s le cas


lle 1Jluralit{· lle sujcls. l~llc pc11t, e11 efl'et, s'ap1Jliqucr soit aux créances, soil
a11x dellos.
11 )' a do11c dc11x soliclarilés, la soli1larilé aclil'e et la soliclarité JJassive.

Créanciers solidaires.- Comptes-joints. - 011 se Lrouvc e11 présence


ele créa,iciers soliclaires, lorsquc l'obligalion a été cor1stituée de tclle favon
llUC cl1acun des créanciers fut créa11cier pozir la totalité (i,i solid1im), el
¡J11 l réclan1er a11 dt'.•IJi Leur le paiement de lozile la dettc. Da11s ce cas, il est
,l'aillct1rs }Jie11 e11tcnd11 que le elébileur esl lilJér(~ c111a11d il s'est acqnitté
c11lre les mai11s de 1'1111 des créanciers (art. , 197).
<J11 renconlre tres rarc111cnt des créanciers solidaires, el en voici la raison.
l,orsq11e plt1sie11rs ¡Jersonnes co11traclcnt a,·ec 11n rnen1e clébile11r, elles n'ont
aUCllil i11Lérel U sti¡Jtller po11r cl1acune d'elles le droit el'ex.iger le paiement
total ele la créa11cc. 11 y aurail n1en1c so11ve11L da11ger á le faire, car ce scrait
1;'cx1Joser á la 1r1at1Yaisc ÍlJi lllI á l'i11so!Yaliilitt'· de cclui eles co-sli¡111lants qui,
¡Jrcnanl l'avance s11r les a11lres, a11rail obter111 le paic111cr1l. Il est loujours
t,•1111>s ¡Jo11r les créa11ciers ele elonncr it )'1111 ,1·c11tre ct1x 111anclat ele receYoir
l'i11Lt'•gralilé cle la créance, a11 mo111c11l ,le l't'•chi•a11ce, si le !Jcsoir1 s'er1 fail
sc11lir.
011 rc11co11lrc ce¡1cnlla11l ,¡11cl,¡11cs ap¡Jlicalions cle la solielarilé active. II
s ·ag·i l c11 gé11éral cle co-conlraclan ls <¡11 i sonl i11tervc11us pri mi ti vemcn t
,la11s 1111 contral ¡\ Litre ele 1lébilc1irs SlJlillaLrcs, cl c¡11e clcs faits poslérie11rs
1ransl'llr111c11l cr1 créa11ciers. 1\lors, ils resler1t solidaires cla11s cclle 11ouvcllc
(losl11rc. ]>ar exc111¡1lc, de11x ¡1crsor111es, 1111 111ari el 1111e fe111111c, onl fait so-
liclaircn1cnl. 1111c <lllJ1alion. llar la s11ile, clics c11 clen1a11de11l la rósol11tio11
llOllr i11cxt'•c11ticl11 clcs cl1arges 011 po11r ingral.ilucle: cl1acn11 1lc.~. clo11alc11rs,
lleven u crt'ia11cicr (l>ll clc111a11dc11r) a11 fl<>i11L Je v11e de la de111ancle en r{~voca-
lion. aura I<' ,lroil de 1le111a11clcr, JllllII' le ll)t1l, la réYocation de la donalio11
('l'rili. 11·,·vclol. '.!!) juillPl l!)IO, 1). Jl. l!)T'.l.:1,'.13:{, 11oll'. clc ;\f. Jllaniol,
LTVRE PREJllEll. - Tl'fRE II. - - CIIAPITRE 11

S.1911.2.257, 11ole de ~f. Tissier). Il en serait de n1e111e si deux coproprié-


. ,,endu solidairemenl u11 bien inelivis, de111a11elaie11t la résolutio11
taires , a-vant
de la ,·ente pour défaut de paien1ent du prix.
U11e autrc application de la solidarité acliYe s'esl renconlrée ele1>uis
quelqucs années dans la pratique des dépóts ele litres ou el'arge11t faits
dans les banques par deux persor1nes, par exen1ple deux époux. I•'réquc111-
n1ent, ces déposants se sont fait ouYrir un con1pte-joi11t, c'est-a-dire qu'ils
ont contracté comn1e créanciers soliclaircs, et cela a fin d'éviter au sur-
' iva11l le paien1ent eles droils ele successio11, lrop souvc11l exagért'•s, e11
lui pern1ettant de relirer en SOI) seul 110111, 111e111e apres eleces de son co-clé-
posa11t, la totalité eles litres ou eles son1n1es cléposés '. Les lois de finances el11
31 n1ars 1903, article 7, et du 3o décen1bre 1903, article 3, ont déjoué ce pro-
cédé d' évasion fiscc1le, at1 n1oi11s pour les con1ptes ouverts par des )Jariques
fran<;aises, en déciela11t qu'au poinl de vue cl11 fisc, ces con1 ¡ites, bie11 c¡11e
soliclaires, seraie11t traités co111111e appartenant co11joi11ten1e11t aux clé1Jo-
sa11ts, et com111e dépendant ele la succession ele cl1act111 el'et1x ¡1our une ¡1arl
,irile.

Effets de la solidarité active. - 11 suffit d'i11eliquer brieveme11l les


effets ele la solielarité active, instit11tio11 d'i11111orta11ce e11 so111r11e prcsc¡i1c'
11égligeable.
1° J.>ren1ie1· e,D'el. -- Cl1ac111e créa11cier, nous l'avons vu, peul dernar1der le
paien1cnt de tot1le Ja créance (art. 1197).
2° Seco,zcl effel. - De r11cn1c, si l'un eles créa11ciers 111el le débileur e11
ele111eure, ou i11lerron1pt la prescri11tio11 libéraloire, ces acles profile11l ú
lous les a11tres (art. , 199).
)lais lit s'arrelc11t les 1io11voirs des créa11ciers. L't111. eles créa11cicrs r1e
pourrail pas disposer de la totalit<\ ele la créance, la cé1lcr á 1111 liers, e11 fairr
remise totale a11 débiteur sa11s I'asscnlin1enl de ses co-créa11ciers. Car la
solidarilé 11e lloit ¡ias prod11ire cl'a11tres clTrts 1¡ue cc11x c11 v11e 1les<¡11els
elle a été sti¡lnléc. Or elle csl cr<'-éc 1111ic¡11err1e11l J>onr facililcr le r1'co11-
Y!'e111e11t lle la <'I't·a11ce, e11 ¡ier111ella11I ú cl1ac111e cr<'·a11cier cl'olJtc11ir 1<·
paie111e11t ele l'i11tt'·gralil{•.
Les arlicles 1 '!)8, al. :i, el ,:{(i5. al. :i, ccH1lie1111P11l 1lc11x a1iplicali<ins <_11·
celte itlt\C. l~'arlicle I I!)8, al. :i, <l<\ciclc c¡11e si !'un lles créa11cicrs fail rc111is<•
1le la clellc an <l<'·l>itP11r, cclle I'<'Illise 11<' lilH\re )p 1l<'•liitc11r q11c ¡1nttl' /11 ¡1,1rl
,Je ce cré{111cier.
L'article ,:3ü;>, al. :.i, 1léclarc, cl'a11tre part, 11nc si l'nn 1lescróa11cicrs <lól't'·r<'
te scrmenl a11 clt'!l1ilct1r, le scr111c11L 1ir<\tc', ¡>ar cr- 1l<'r11icr 11c lc lil><'rc <(11<'
J>our la parl ele ce créa11cier.
:3° Troisi1•r11e '-',{Tel. - l,c1rsq11c lc 1l<'•liil<\UI' a ac<111itt<'• le 111011t1111l ,lesa 1lcll<'
e11trc les 111ai11s clc 1'1111 <les créancicrs, il csl lilH'\ré 1'1 l'<'•gard 1lc lo11s (ps ;i11-
tres. J<:t l'arliclc 1198, al. 1•··, ajo11te <(tic u il rsl a11 choix <l11 ll<'·l>ilc11r 1I<' 1i:1yPr
a
l, l'u11 ()IJ l'a11tre eles crt'~a,1ciers St>li1lai!'<"S, t.1111l <111'il 11'11 t'!lt'! JH'ÓVC'llll JHIJ'
les J>Ou1·suitc~ ele l'un 1!'c11x n.
1. Cons. 1\. ll11puich11ult, /..a /rt111de successurale par le procédé ,Ju c11111¡1tc-jl)it11.

PLUIL\LITÉ D'üBJE'fS OU DE S(;JETS 1 !J9

11" Qualrie,ne e.ffel. - ll a I rai t a11:\ rappnrls des créa11ciers e11 trc eux. Qua 11cl
1·1111 eles créancicrs a Loucl1é le 111011la11l de la créa11ce, il doit en re111ctlrc
11ne parta cl1ac1111 de ses cocréa11ciers en .proporlio11 ele leurs clroits rrs-
pcctifs.
§ 2. - Soli1larité passive.

La soliclarité passive, c'esl-a-dirc celle c1ui ¡ler111et a 1111 crt'a11cier aya11l


Jll11sieurs clébiteurs d'une n1e111e cletle de r{~cla111cr á cl1ac1111 d'eux la tola-
lit{,, soli(l11111, esl, l1 la clifl'ére11ce ele la solidarilé acli,e, 1111c i11slitulion lles
fJl11s pratiques et des plus ,iva11Les. I3ien c111e la si l11atio11 des codébite11rs
solidaires soit légale111e11t l'exce¡llion, en fait elle peul ctre considérée
co111n1e conslit11a11t le Droit co111111u11 des obligatio11s Jlltrrales, car, e11
del1ors du cas cl'11ne dette divisée ¡Jar la 111ort d11 clélJile11r e11lre Jllusie11rs
col1éritiers, les coclébitcurs cl'1111e 111e111e delle s011t ¡lresc1ue lo11jour:-- eles
coclé!Ji te11 rs soliclaires.
C'est que la solidarité passive constilue 1111c gara,ilie au Jlrofil du créa11-
. cier conlre l'insolvabilité é,c11Luclle de 1'1111 des cod{,]Jile11rs. t\ussi le
créar1cier ne n1anque-t-il pas ele la stipuler da11s l'acle d'e11gage111ent; il la
stip11le, norr seulen1er1t quar1d il co11trac~c avec ¡Jlusieurs codé}Jileurs, ¡Jar
exc111ple, q11a11cl il prele line s0111111e á }llt1sie1rrs llcrson11es, 111ais aussi q11a11<l,
lrailant a,·ec l111e seule personne, il den1a1icle l'engagerne11t d'un tiers con1111e
caution. Le créa11cier exige toujours e11 ¡lareil cas que la caution s'e11gage
solidaire111e11t aYec le cl1\}Jite11r llrincipal. Celle l1abilude esl tclle111enl e11lrée
cla11s les 111ceurs c¡u'e11 111aticre co111n1erciale l'l1sage, con1111e 11011s le 111c>11-
lrerons, so11s-enlcnd la co11Yentio11 ele soliclarité.
Nous verror1s cl'autre part que les cas lle soli(/arilé légalc, c'est-á-clire ceux
clans lesc¡11els le législateur établit cl'oflicc la solidarité rnlre coclé}Jiteurs,
so11t forl 110111breux.

Notions historiques. - L'i11slil11tio11 ele la Solidarité nous ,·ient lllI


l)roit ro111ai11, c>t'1 la soliclarilé, telle r1111• 11011s la co11cevo11s a11jourd'l111i,
s'a1>1lelail corréalilé. L'ulJligalio11 C<lrréal1• 1'lail 1111 111o)·c11 ¡1011r les contrac-
lanls <le faire écl1ec a11 1>ri11ci¡>P ele la cli,isior1 eles clcllcs, soil a11 profit ele
¡>l11sieurs cr{,a11cicrs, soit .\ la cl1arge de ¡>l11sie11rs tlélJilc11rs. La corr~alil{~
¡1assiYejo11ail ccrtai11eme11I, co111111c aujn11rcl'liui, 1111 rt1lc l>ic11 ¡1lus i111¡Jor- ,
la11t r¡11e la corrtalil1\ Rcli,c. (;e sc>nl. les IPxles clu l)roil ro111ai11, rclalif's
aux délJilc11rs corréa11x, Lexl<"s 1lisc11li'·s el fuuill{·s 11ar 110s a11cicr1s a1rlc11rs,
11ol.a111mer1l ¡iar l)11111011li11, 1>arf1>is al[{,rt''s el a111<'11clt'·s ¡iar lc11rs i11lerprt'·la-
tirJ11s, <111i l'!>r111e11l e11c11rc le r,,11!1 cll' 11olrr r1\g·le111c11lalio11 acti1ellc cl1• la
solillaril{i passivc. l>ar l)o111at et surlo11l par 11 <.>lltier, qui n¡>¡lclaie11l la
corrt'•alitó soli1lilé, l'I 111111 ¡ias solirlaril<'·, cPs lcxlr•s <111I pass( 1ln11s le CcHle
civil (l)on1al., Loi;,: ci1•ilcs, Ji,.:\, til. :1, t'.·11. l\en1y, t. :.i, ¡). ¡1 ; Jlotl1icr, ()f1li-
g11lio11s, n"' :i;18 Pl s., 1~11. llu¡.;·ncl, l. :1, ]l. 1·10).

l. - Souroes de la solidarité entre débiteurs.


11 /.,1, soli1/aritJ riese JJrésu,ne poi,il 11, 11ous dit J'article 1202, al .. ,,••. ]~lle
'.J.00 LIVRE PRE)IIEH. - TITHE 11. - CIIAPITRE 11
csl en efl'et ur1e exceptio11 au J)roil co111111u11 c111i réside, r1ous l'avo11s v11,
1lar1s le príncipe de la division de la dctte entre les codébiteurs.
La solidarité ne peut do11c exister que si elle a été étal)lic par la ,olo11t{~
1les parties, 011 par ur1e dis¡lositiun de la loi.
11 résulte de la qu'un tril)unal ne peut pronor1ccr la solidarité e11tre pl11-
sie11rs coclébite1rrs qtr'a la conditio11 de cor1stater le fail r¡ui crée cettc soli-
tlarité. Sinon, il viole l'article 120:1 et doil ctre cassé par la Cour de cassa-
tior1 (Civ., 1'"décen1brr 1go8, D. 11 • ,gog.1.420, S. 19og.1.1g1; Ci,., 31 111ars
1()0!), 1). P. 1910. I .19).

Premiare source: La volonté des parties. - 11 y aura soliclarité r{·-


s11ltant de la volonté des parties soit dar1s un co11trat, soit da11s u11 testa-
n1ent, si, ¡1ar exen1ple, le défu11t a décidé q11'un legs serail clu solidairemenl
par cl1acun de ses l1éritiers. E11 lo11s cas, l'arlicle 1202, ,eral. no11s <lit <e que
la solidarité doit etre ex¡lressé111e11t slipulée n, ce f111i signifie no11 pas q1rc
les parties doivenl insérer da11s l'aclc 1111c clausc ex1Jresse de solidaritó,
111ais que le11r volo11t[. cloil ctre clairement 111a11ifest{·e. Le j11gc IJcut do11c
déduire cetle volo11 té dr !out.es les circonsta11ccs c1ui sont de nat11re i1 en
fo11r11ir la preu,·e, pourvu du reste qu'il se conforn1c a11x regles édictées e11
n1atiere de preu,·c par les articlcs 1:~t,r et suiva11t,-, ·
Nous rap¡)elons q11'en n1atiere comn1erciale. 110110IJsta11t le princi¡le dí'
l'article 120~ et d'a1)r<'•s 1111 tres ancic11 11sage, la stiliclarité se JJl'és1tr1ic e11trc
les codébiteurs, ele tellr sorte q11e, si or1 veut l'excl11rc, il fa11I i1nc conve11-
tion expresse.

Seconde source: La loi. - Les cas cla11,- lesr¡11cl,- la loi élal,lil rle ¡i/1111.r,
la solidarité entre codébite11rs ¡iruvc11t se ran1e11er ¡'¡ trois irlóes:
1º Ta11tót, c'est l)ar inlcr¡Jrélalion de In volori/11 rlcs /Jlll'lics que la loi erre

e11trc elles le lie11 ele la solidarité. ll e11 est ai11si da11s Jp¡.; cas s11iva11ts:
A. - (Art. 188¡) Si pl11sieurs 0111 co11jc>intc111e11t 1·r1i¡ir11ril1: la 111<'111P
cl1c,se, ils e11 so11t soliclaire111e11L rcs1io11,-a)Jlcs e11vrrs le 11r,'te11r.
JI, - (Art. :ioo:A) Lursq11'1111 r1i,1ndalail'<' a út{· ct111stit11<'· ¡Jar Jll11sie11rs
personnes pour 1111c all'airP C<ll111111111P, chac1111P 1l'cllrs cst te1111P ,-0Jiclairc-
rnc11t envers lui tic lous les cll'l't.,- rlu n1anclat.. C'p,-\ flar a1i¡ilicat.io1i ,le cPtle
regle que les parlies di verses, aya11L lig11r{1 cla11s 1111 acle 1101.ari(\ :,;ont soli1lai-
ren1e11t ten11es e11vcrs le 11olai re r(·dacl.cu r tic sp,- frais et l1c)I1<1rai res ((:iv.,
3o ja11vier 1889, D. l'. 89. 1.t,oo, S. 8!1· r .1,:1:1; <:i, ., :1:1 11cl.ol>r1· 1889, ]). J>.
90. 1.:190, 8. 89. 1 ./172 ).
C. -- Les associés c11 110111 collcclil' ,_,,111 soli1lairPs ¡1011r l011,- les c11gagc-
me11ls ele la sociélé, c11corc q11'1111 seul tics asst)ci{·s ait sig11t'·, ll<111rv11 11·11<'
ce :-;oit sc111s la raison social11 (art. '.A'.A, <:. c11111.).
1). - 'l'1J11s cc11x c¡ni 0111 sig11Í\, accc¡,L<' 1111 1\11ci<1,-,-{• 1111c ll'llre ,!t• l'ha11r¡e,
son! lc11us .\ la gurn11lic scJlidairc cnvers In p<1rlc11r (art. 1/10, C. c1J111.). J,a
me1r1c rbglc s'a11pli<¡11c a11x clivers :,;011sc1·i11tn11rs 1!'1111 l>illel ¡\ or1lrc (arl. 187.
C. co111.).
E. - (Art,!1!1111.',C. ciY.) l,llrsc¡11P ele,- é¡,u1t;r s,,11t 111arit'•:. sc¡us IP r{•gi111e
PLUl\,\LITÉ o'onJETS 01.' DE SliJETS 201
de co11i1n1i1iauté, et <111c la fen1111e C<)11tracle avec l'c11Llorisi1/io1i d1t n1ari, les
créanciers peuve11t poursui,·re leur ¡Jaien1ent tant st1r les bie11s de la co111-
1111111auté que st1r ceu.x cl11 111ari Oll de la fe111111e. l,a juris1Jruclence en con-
clut <111c les cle11x é¡Joux se lrouvenl solidaire1ne11l o!)lig·és (Civ., 16 juillet
1902, D. 1). 1903.1.401. 11ote de ?11. Capita11t, S. 1905,1.22).
:>.º 1'a11l1Jt, la loi Ólal)lit la solidarilé e11trc les dél)iteurs, parce c111'elle ,·eul
donr1er t1ue gara11tie a u,i créa,icier ¡Jarticuliere1nen t ir1téressanl.
C'est e11 ,·erlt1 de cctle idée q11e l'article 32, 2' al. de la loi d11 2'.>. frin1aire
an \ 1 11 déclare les coltériliers solidaires d11 1Jaie111e11t des droils <le n1ula-
a
tio11 JJar déces dus l'Elat.
3° Tantot la loi i111pose la solidarité a11x débiteurs co111me sanctio,i d'une
fa11te qu'ils 011t con1111ise e11 con1n1un, et parce que, de cette faule com-
111u1ie, il est juste que cl1acu11 doive réparation totale au créancier. Non1-
l)re11ses so11t les a¡J1Jlicatio11s ele cette troisier11e idéc soit clans les lexles po -
sil,:fs, soit clar1s la juris¡Jrucle11ce.
1\. - (Art. 3y5, 3¡¡6, C. civ.) Lorsq11e la mel'e tutrice veut se rer11arier,
elle doit, 011 s'en s011,•ient, convoq11er le conseil de farr1ille pour qu'il décide
~i la tutelle doil lui ctrc conservée. I~aute de le faire, elle perd la tutelle de
¡Jlei11 droit, et son no11veau n1ari est solidai,ren1ent respo11sable de toutes les
s11it.es de la t11tclle qu'elle a ind11111ent conser,·ée. Que si le conseil de fa-
a
mille, dt'\n1ent con,·oqué, conserve la t11telle la n1ere, il lui donnera néces-
saire111e11t po11r co-luteur le second n1ari, et celui-ci devienl solidaire1ncn t
responsable avec sa fe111111e de la gestion postérieure au 111ariage.
B. - (Art. 1442, 2' al. C. ci,·.) Si l'é¡Jo11x surviva,il, t11teur des e11fants
111incurs, ne fait pas i11ue1itaire de la com,nunauté, il cst tcn11 solidairerr1 ent
a,·ec le s11lJrogé-Lule11r de toutes les co11dam11atio11s q11i peuve11t ctre pro-
no11cécs au 1Jrofil eles 111i11e11rs.
C. -(Art. 1033, C. civ.) Les exéculeurs lesta111e11taires so11t solidaircn1ent
responsables de leur gestio11 con1n111nc.
D. - (1\rl. 1¡92) J~'architecte et l'e11trepre1ieur sont solidaircn1ent res-
a
¡Jo11salJles pe11da11t <lix a11s,_ lorsc¡11c l'óclifice a óté co11struit prix fail., et
c111'il vienta périr 011 ll)IJL 011 en partic ¡>ar le ,ice <le la co11struction ou par
le vice d11 sol.
J<~.-(Art. 55, <~.1Jé11.) '1'011s les i11<lividus co11cla11111és JJOLtr ttn 111e11te cri111e
011 un méme délil I sont lenus solidaire1ne11l des a11ie11cles, des reslilttlio,is, des
1lummages-i11lérels el <les frais. 011 voil que la loi se 111011tre ici fort sévere,
1n1isqu'elle établit la soliclariló 110n se11lemcnt ¡Jo11r les tlo1n111ages-intérels,
rcstitulions et frais, 111ais cncore po11r les a111er1des c¡11i sonl 11110 pei11e. Elle
l'ait. done exceptio11 a11 pri11cipe de la ¡1erson11alité des ¡1ei11es, et cela da11s
l'intérct d11 Trésor, créar1cier du rnontar1t de l'an1er1dc. Col.le rigue11r a été
so11vc11t critiq11éc, el on a dc111andó la su¡>¡Jressio11 de la solidarité en 1na -
ti<'·re <i'arnn11de, dans to11s les cas 011 ccllc-ci 110 ¡>r<~scnte 1ias le caractcre
<1'11110 réparalion civile.
l•', - J~nfi11, 11110 j11ris1Jr11dcnce forl a11cic1111c, p11isc¡11'clle a sa liase <lans

1. La ,iurisprudence étend cette regle nux contravcntions, snuf pour ce qui concerne
les nmcndes (Cnss. crim., 23 nov,!mhrr, 1906, ~.190i .1. \i!l).
20:>. LIVRE PRE~IIEH. - TITHE II. - CHAPITRE II

le Droit ron1ai11 (Girard, OJJ. cit., 5• éllit., 1i. 1/1(i el s.) et tla11s la prali,q11c
tic 11otre ancic11 l)roit (lloll1icr, Oblig., nº 268), llécide c1ue les perso1111cs qui
ont causé par leur f11iite co1nmu1ie un don1mage aa11tr11i, so11t solidaire111e11L
respo11sables a I'égard de la vicli111e de la réparatio11 (le ce préjiidice. 11 y a
la u11 exen1ple in1porta11t clu 111aintie11 da11s nolre Droit act11el d'une regle
cout11111iere, car celte jurisprude11ce ne repose sur a11c1111 lcxlc positif.1\11ssi,
les auleurs luí 011t-ils beaucoup résisté, objecta11L q11'elle violait l'article r 202
llu Cotlc civil, c11 vertu duquel la solidarité ne se prés11n1e pas. ;\Iais les
arrets écartent aisé1nent l'objection, car pour eux cetle regle n'est ap¡Jlica)Jle
qu'aux co11Ye11tio11s.
D11 reste, la jurisprude11ce a varié en ce q11i co11cerne la base juridique ú
don11er ú celte solidarité, et les tribunaux, la Co11r de cassation elle-111e111e, ;\
lliverses époques, l'o11t fondée sur lles co11sidéralio11s <lilférer1tcs.
Quelques arrets ont i11,,oqué un argun1e11L cl'a11alogie tiré de l'arlicle 55
ll11 Cocle JJé11al, ¡Jrécit1\ (Cac11, 5 111ars 1894, D. ¡i_ !):Í.:i.329; RecJ., 15 ja11vier
1878, D. ll. 78.1.152, S. 18.1.293). ;\lais, actuelle111c11t, les trilluna11x fo11L
a
plus ,·olo11liers appel une idée toute dill'ére11te: l'i111possilJilité de <léter-
mi11er en fait la parl de responsabilitó q11i i11co111L,c a cl1ac1111 lles a11leurs
d'un me1ne clélit civil (Civ., l I juillet 1892, 2 arrels, D. P. H4-I .513 et 561'
S. 92.1.505 el 508; Lyon, 1ojanvier 1906, S. 190 1 .2.101; llec1., :i(i 11ovc111bre
1901, D. P. 1908.1.139, S. 1908.1.183: llec¡.,11jui11 1909. S. 1912.1.13). 011
!)ien e11core, ils 111eltent en avanl la 11otio11 cl'i11divisiliililó (le la fat1le, c1t1i
11'est en son1111e qu:u11c ,aria11le de la précédc11te (Ci, .. 15 j11illet 18v5, 1).
11 • 96.1.31, S. 95.1.349; 11ja11vier '!J05,D.IJ. 1906.1.5 1,S. 190:í.1.,2).
11 r1\,;11lle ele cclle cxplicalio11 c¡t1c la soliclariti'· 11e doit pas c\tre pro11011cée.
<¡uancl il esl possiblc e11 fail ele tliviser el de ¡Jro¡Jorlio1111er la respo11:,alii-
lilé Pnlrc cl1ac1111 eles a11fe11rs cl'1111 cll'.Jit civil(,·. Civ., 15j11illel 1895 précité,
sol. i111pl.; I>aris, g 111ai 1912, Ga:::. J>af., 4 octolJre 1!¡12). !)es lors, il y a11-
rait 1111c i111porla11le dill'ére11cc c11trela soliclaritél¡11i 1111illes co-délinqua11ls
civils PI celle tic l'arlicle 55 dn Code ¡Jé11al, car cette derni<.\re existe cla11s
lcius· les cas 01'1 il y a <lt'.Jil cri111i11el C<ll11111.is JJar lll11sie11rs perso1111es, sa11s
q11'il y ait:Jieu de disti11g11er :•n1i,a11l c¡ue la ¡>arl <le cl1ac1111 des cou¡JalJlcs
tla11s la rt'·alisali,)Jt <111 fail <l<1111111agcalilP }lClll c111 ll<JII ,\[rl' i111livid11alisée.
11 esl i11l_t'.l'C'ssa11l ele c1i11stat,·r <¡11'e11 cell<'. 111alit·r,·, le seul l'll'orl ele 11tilre
juris¡Jr11cle11cc esl arriv{• li étalilir <les sol11tic111s <.¡11c c<insacr,·. l1<Jl'S U<) l•ra11cc.
la lí~gislatio11 llositiv<\. I.11 JJlt1parl 1lcs C1ltles {·Lra11gers, <)11 ell'el, u1i1llil111e111
la stilirlarilé i't la ré1>aralio11 des 1li\lils el <111asi-délits ci,ils co111111is }J/11'
¡Jl11sieurs lH'rso1111es. J;article 8:)<> <l11 <:tHIP civil 11lle111a111l décide c¡uc (< i<Jrs-
c111e }Jl11sic11rs 11Prs,>1111es 011I ca11s{\ 1111 <i<i111111a¡..rP llHI' 1111 l'ait illicilc ri'•alisé
en co111111u11, cl1acu11c <l'cllcs c•sl res¡lc>nsal>le tl11 t!1)111111agl'. 11 e11 esl llC'
111e111e si l'on 11c pe11l <léc<111vrir lec¡11cl, <le 1il11sie11rs i11L{r<•ssí•s, a causé le
1lom111agc ¡iar sa l'a11l<~ ». J,'arlicle 8/1,> C(J111¡1l&tc le ¡irt'.·ci'·«lenl c11 ces lcr111cs:
H l,ors<¡uc ¡Jl11sic11rs fH'l'so1111Ps so11l, :\ rais1)11 1111 <l<>111111agc ri'•s11lla11l «1'1111

acle illicilc, l'CSJlüilsaLles les 11111•s ;\ c1'ilt'· 1IPs a u tres, elles stiul ln1111es co111n1c
<li'.•!Jilcurs solidaires. "
De 11"'n1c,l'nrliclc 5o, 1"' al.,<lu Ccidc s11issc tics ()IJlignlions tlil: H Lors<111c
.
PLURALITE
,
I> OH.JET:- t)U l)E Sl'JETS

¡¡l11sic11rs 011L cansé c11sc111l)lc 1111 don1111ag·e,ils Sl)lll lcuus soli<laire111e11t <le le
réparer, sans qu'il y ail lie11 ele distingt1er entre l'i11sligaleur, l'a11let1r 1Jri11-
cipal et le co111plicc. 1> I•:11fi11, l'article 115G du Codc ci,·il italien Jlorte f¡ue:
« Si le clélil ou le t¡11asi-cl1'lil esl im11utal>le it ¡>l11sie11rs perso1111e,-., elle~ son(
te1111es soliclairen1e11t de rt'·parer le do111111age causé. n

II. - E·ffets de la solidarité dans les rapports des codébiteurs


solidaires avec le créancier.
l)'a¡>res 11ne distinction (loctri11ale q11i domine to11te la 111aliere, il )" a Iie11
ele disting11er da11s la solidarité <leux catégories el'effets: les effets JJri1ici-
¡ia11J.' et le:- effels seco11cloircs.

Eft'ets principaux. Leur justifi.cation. Uní.té d'objet de l'obliga-


tion ; pluralité de liens. - u11e analysc traditionnelle ele l'ol)ligatio11
soliclaire, c¡11i nous Yienl du Droit ro111air1, dégag·e de la fa~o11 s11ivante le
r11éca11is1r1e ele l'opéralior1, da11s les ra¡1¡Jorts du cr{•a11cier el des codél1itcurs.
L'obligatiort solidaire, 11011s tlil-or1, a 1111 seul el n1cme objet; ea¡fe111 res,
eadem ¡>ec1t11ia, disaient les textes ron1ai11s. Par exe111ple, les ve11eleurs soli-
claires cl'1111 i111meu!Jle doivent lous li,•rer /1 l'acl1cle11r l'i111111eulile vend11;
ils doiYe11L lous aussi lui en garantir la libre ' et paisil1le posscssion. J,es co-
e111prunleurs d'11ne son1111e d'argent doive11t tous ¡iareillc111ent reslit11er la
so111111e e¡111' l etll' a (''t'e pre'L'ee.
a
l)'a11tre parl,cetlc olJligatio11 olJjcl uni,.¡ue pese sur pl11sieurs coclélJitcurs.
el cl1ac1111 esl oblig·é c11Yers le créancier. 11 y a done auta11L de lie,zs obliglt-
loires (ayanl tous u11 111en1e et unic¡11e objel) flu'il y a de dl\biteurs.
C'esl ele ces deux 11otio11s, unité el'ol)jet, ¡1l11ralité ele lie11s. c¡11e no11s allons
rcprendre l'1111e apres l'aulre, q11e clécoulcr1l tous les e.ffels essenliels de la
soliclarité ¡>assive.

1 º Premiare notion : Les codébiteurs solidaires doivent tous un


seul et méme objet. - ''eiici les crJns{•,¡11rr1ccs de cellc ¡1re111ii'·r<' 11olio11.
1\. - l,r cri'•ancirr ¡Jeut r1'cian1er la lotalité ele la cl1ose el11c 11 /'1111 qitel-
c1i11q11e rles co1lébile11rs. c;·csl ce c111'011 a¡i11clle le ¡/roif ll'éleclio11 tl11 créa11-
ci<'r. 11 ¡ir11l ¡1011rs11ivre cel11i 1¡11'il lui 1ilail ele cl1<Jisir (arl. 1:10:~. C. civ.).,
el .'t fJIIÍ il i1111Jose ainsi le ris,¡11c ele l'i11s11lval>ililé ,Ir ses cntléliilc11rs,
risc¡uc a¡>¡1pJt', r¡t1<'lq11cf<>is le ¡1,:ril rle f'r11•1111ce, sans 1¡11<' le elt'•IJilc11r élu
soil a1lr11is h 11¡1¡ioser a11 cróancier le fl)/•nélicc ,le ,liYision. l,c coelé)Jilcur
0

Jlo11rs11ivi n'a ,111'1111 llr(1Íl: 1>¡J¡1oser l <'XC<']>li1i11 clilal<>ire tic g·ara11tie, c'esl-i't-
<lirc 1lc111a11,lcr 1111 llt'·lai lll>lll' a¡1¡1clcr <~11 cause ses collt'•l¡itcurs (art. 17ri, (;,
(ll'•>c. civ. el arl. 1'.1:.iri, (;, civ. par a11alogicJ.
]!. - <J11a11,l 1'1111 1les coclt'•l>il,~111·:; a ac,¡11illl\ le 111or1ta11L ¡]p la dctle, celle-
l'i s',itci1tl 1i:1r l'cfl'nl 1le ce ¡laic11H111l, et les linns <ll>ligalrJires r¡tti u11issaic11t.
)I' cri·ancicr a11x aulrcs cocl{'.)Jiteur~, llisparaissc11L e11 111e111r lr11111i~.
<:. - I.c 1lólJil1)t1I' ¡l1)urs11ivi par le crl1a11cicr ¡ifn1I lui 1J¡l1>oscr lo11tes les
c•xc1•¡il.il111s ,¡11i rl~sullc11l. ,le la 1i11l1ire 1/e l'ohlir¡r1lio11 (art. 1208, (;. civ. ,\,
c·Pst-:'1-,Iirl' r111i ¡Jruvie1111e11l. 11'1111 vice i11]1{)rc11l :'t l (Jl1ligalio11 cllc-11H\111c;
0

¡>ar ('X111111lle, la nullité ri'~s11llar1l, s1>il 1]11 carac[l'.rn illicil.o <le l'e>l>ligalio11,
LIVHE PHE,IIER. TITRE 11. - CH,\PITRE 11

,;11it du cléfat1t de cat1se, soil ele l'a)Jsence de solen11itú s'il s'agit el't111
co11trat assujetti a des sole11nités, soit d't111e erret1r co111n1ise ot1 d'u11 elol
a
,;t1lJi la fois par tous les codélJiteurs, lorsqu'ils se so11t e11gagés en co1n111t111.
11 peut <',galen1ent in,·oquer les causes d'extinction qui a11raient alteint la
/olctlité de la dette, co111n1e le paiement, la prescription, la perle fort11ite elf.'
la cl1ose. l'arri,·ée d"unc conditio11 résoltiloire, la re111ise ele la totalitú ele la
clette (art. 128!1, 1:i85).

2,, Deuxieme notion: Chaque codébiteur est tenu par un lien obli-
gatoire distinct de celui des autres. - Voici les co11s<'·e¡11cnces ele cellc
idée ele pluralité ele liens.
A. - Les poursuites failes co11lre l'111i des <lélJileurs 11'e111pecl1e11t pas Je
créancier d'en cxercer de pareilles co,ilre les aiilres, po11r rccouvrer la dette
ou la fractio11 de la dette qt1'il 11'aurait pu se faire ¡Ja)·er par le JJremicr
JJOt1rs11ivi (art. 120!1). Dill"ércnce essentielle a,·ec le Droit ro111ain classiquc,
d'n¡Jres lcquel, lorsc1ue la litis co11teslalio avait été 11ouée e11tre le créancier el
1111 des débiteurs corréaux, les a-u tres se tro11vaient libér<'-s en,ers le créancier.
13. - L'obligatio11 de l't1n des codébiteurs peut JJrése11Lcr des JJartic1ila-
1·ilés qui 11'ex:islent pas en celles eles autres. En voici des cxe111ples elivers :
a) Le consentcn1ent de l'un eles délJitet1rs a <',té clo1111é sous l'e111¡Jire de
l'crre11r, clt1 clol, ele la ,·iole11ce; ou bien l't111 cl'e11tre e11x étail 1111 i11capalJle
(¡ui a contracté sa11s avoir été rég11liercr11ent l1a]Jilité.
b) L'un des coclélJiteurs s'cst c11gagé ~OlIS condition, l'a11trc p11re111enl et

si111plen1en t.
<)11a11d il en es! ainsi, le co<lébiteur,· do11l l'engag·e111e11t a été vici1\ ¡}ar t111
, ice ele la volor1Lé 011 fo11rni en élat d'i11ca¡}acilé, pet1l seul i11voql1cr, s'il cst
,t'\lu par les po11rst1ites d11 créancicr,les exceplio11s q11i l11i so11l¡)crso1111ellcs:
les a11tres 11c sauraicr1L s'p¡¡ próvaloir (arl. 1208).
C. - L'olJligation ele 1'1111 dPs coclélJile11rs peut s'étei11clre, alors 1111c les
a11lrPs ,·eslenl le1111s. Jlar exer11plP, le cr{•ancicr fail rc111ise ele sc1 JJc1rl clans
la elctle á l'u11 elPs coelí·bitc11rs ; OlI liie11 1'1111 eles cod{liite11rs clcvicnt l1
so11 to11r créa11cicr d11 créa11cier, de !clic sorle e111'il y a co1111Jc11:-at ion. I,a
rc111ise 011 la co111¡ir11satio11 11e pc11ve11t 1\lrc opposí·es c¡uc ¡1ar colui el<'S clí·bi-
te11rs solidaircs a11 ¡1rofit elue¡ucl s'cst procl11ite cclte ca11sc ¡Jcrso1111clle cl'cx-
ti11ctio11. J,ps a11Lrcs Cüllóbiteurs, s'ils ótaicr1t 11011rs11ivis, 11e ¡1011rraie11t s'e11
¡iróvaloir (art. 1'.!g,,. al.:{).
1.Ppen<la11I., si les aulr!'s c<1cl{•liil<·11rs 111! ¡ic11vc•11l i11Y<Hill<'r 11111· cl1• ces causes
1l'cxti11ctio11 lo11Les ¡icrso1111cllrs á 1'1111 cl'c11trc cux, 111• pcuvc11L-ils ¡ias a11
me>i11s l'opposer 1111 cr{•ancier j11s1¡11't'1 1·011c11rre11c1· 1/c 111 JJa/'I <111 r,01lt:fiile11r
liliér<:, c'est-:\-clirc j11sc¡11'i\ cri11currc11cP rl1• la sc>111111c c1ui 1levra 1\lrr, r11
der11icr lieu, s11pportí·e J>ar ce eler11ier, lorsr¡ue les co-1Jliligt'·s f'cr<>nl entre
c11x la ri'i1iartili<>11 lllt<'·rieurc et cl{·finilivc cl11 rt'•sultal <I<! l'o11ératio11 c1>111-
1111111e ~ Cela elú¡Je111l 1les cas. c:ettc <)J)11osaliilil1\ 11arlicll" Pxislc l1>rsc111<·
le créa11cier a fail rer11isr• rle S<t ¡1,1r/ 1la11s la clr•tlr .', l'u11 d<·s cocl{•liilcurs,
1111 lorsq11e, cleve11a11t I1{~ritier clr 1'1111 cl'cux, sa cróa11cc s'{•lei11L 1la11s cellc•
111es11rc par voie ele co11f11sio11 (arl. 1~<>!I el 1:101, :1• al.), l•:Jlc 11'«-xistc ¡1a~.
au C()tllrairP, n11 cas ele co,11¡Jcnsr1tio11 ri11 clc co11corrll/l.
PLURA.LITÉ o'OBJETS OU DE SU,JETS 205
a) Co1npe11satio11. - Il fa11t su¡J¡Joser (¡11e J)ri111us, créa11cicr de Se,·u111/11s f'l
Terticzs po11r 2.000 fra11cs, e1111)r1111tés solidaircr11e11t, clcvicnt dél)ileur llt\
..',ecu11llLLS pour 1111e son1111e ég·alc. S'il ¡Joursuit .Secu111lc1s. et r¡ue cel11i-ci i11-
,·oc1ue l'efl'et ele la crl!11pensatio11, la créance esl définitivc111c11l t'.lcinlc f'l les
cleux clé)Jiteurs se lro11vent libérés. l\Iais, si J:Jri111i1s récla111e s011 ¡Jaie111e11l ii
Tertiizs, ce dcr11ier r1e pe11t JJas se ¡Jrévaloir ele la co111¡Je11sation 111t~111e ¡Jour
la llarl de .Sccu1irl11s, c'est-it-clire 111e111e 11011r 1.000 fr. (art. 1:19'1, .1" al.¡.
(:etle sol11tior1 se co111prer1cl aisé111e11t, car la cr1\ance ele Scc1111rlus co11lre
JJri1111is 11e regarcle pas Tertius et 11e JJeul elre invo(111ée ¡)ar lui.
1)) Co11corllat. - Lorsque le créa11cier a co11senli la re111ise co11corclatair,'.
<l'ur1c partie de la clette au coclébileur failli, il co11serve sor1 aclio11 11our le
lout co11tre les co-obligés (111 failli. Il est assez difficile d ·expliq11er cette s11-
lution, car le co11cor(lat 11'est aulre cl1ose q11'u11e re1nise partielle ele elettc,
lac¡11elle 11ous l'avons v11 JJeut elre in,·oquée par les codél)iteurs. Elle est ce-
¡Je11Ja11t inclisculable (V. 'l'l1aller, Traité élén1e11taire tle Droit co111111ercial,
!1' édit., 11º' 2102 it 2106, ¡). 1047).

Effets du déces de l'un des codébiteurs solidaires sur l'obligation.


- C'esl a11 r11e111e príncipe ele la pluralité des lie11s que 1'011 peut ratlacher
les solt1tio11s co11sacrées par 11otre Droit cla11s l'l1ypotl1ese du cléce,; ele 1'1111
eles codébi tet1 rs sol idaires. S111J[)Oso11s c¡ue le défunt ait laissé plusie11 rs
l1éri tiers. Son obliga tion se di vise entre ce11x-ci, et chaque col1óri t icr 11' esl
¡Jlus te11u c¡ue l)Our sa part et portio11. De ciuoi :l De loute la tlette. I>ar
cxe111ple, il y avait trois clébiteurs solielaires cl'u11e clelle de G.ooo fra11cs.
L'u11 d'et1x 111eurt, laissant eleux l1ériticrs; cl1acun pourra elre lJOursuivi par
le créa11cier pour 111oitié ele la clette totale, soit pour 3,ooo francs, _\i11si,
la soliclarilé (le la cletle initiale se concilie avec la (livisio11 dt1 lie11 olJliga-
1oi re spécial a11 déf1111l proeluitc par le déces de celu i-ci. La solidari té 11'exisle
tlo11c avec la plé11it11Je ele ses ell'ets au ¡Jrofil úu créa11cier q11'¡1 l'e11cor1lre
eles c0Jébile11rs ¡Jri111itifs, et no11 it l'encor1tre Je leurs l1éritiers.
Cetle li111ilalio11 traditio1111elle a11 ¡Jre111ier <legré eles ell'ets de la solidarité
est cerlaine111c11L co11traire it l'i11lentior1 des 1Jarlies el au résullal e¡11'elles se
pro11osent e11 créa11t la solielaritó. C'cst po11rr¡u1Ji, cla11s la ¡Jrati<¡11e, les con-
tractants 11e 111a11c¡11e11t ¡ias ele l'écarter, el le créancier slipt1lc lo11j1)11rs, it
cet ell'el, r¡uc le1- c1Jclél)ilc11rs sero11t le1111s solirl11ire111enl el i111[i1•isil,le111e11/:
t•:11 ajo11lanl ai11si l'i111livisibililó il la solicliirilt'i, <Jll en1¡Jecl1c l'a11plicalirJ11
e11 cas ele 11<\ct\s 1l'1111 C<Jel1\liile11r <111 ¡11·inci1ie 1le la 1livisio11 Je la clett1•.

Effets secondaires de la solidarité. -- l,'analyse 1¡ue 1'011 vienl t!e f1i11r-


11ir, u11ilé cl'olljcl, pl11ralilé ele lic11s, suflit, 011 le voil, ll ex¡ili<¡11er trt'·s l1iP11
les e.ffels ¡1ri11ci¡11,1u; Je la sol i<lari lt).
· a' c11le
\ l a1s, ' ' el C CCllX- l'a, l a l01
. Cll co11sacrP I l' au t res, (I'Cll(ll)llllCS
' ell g·e11cra
' ' 1
i:ffels seco111l1,ires, ir11li1111{~s fJar les arlicles 1~t>:-1, 1~ri6, r :1.1J7, textcs c111-
1,r1111tt':s 1111 reste.\ la lratlit.io11 1lc 11olrt• a11cie11 l)roit., 1¡11i Yie1111er1L rc11f1ircer
la ~arant.ie el11 crt'•a11cier el fo11l écl1ec, tla11s sor1 i11l1\r1\t, :\ la 11ot.io11 1Jc (llu-
rali lÓ <le Iic11s.
206 LIVI\E PRE~IIER. - 1'I'I'RE. II. - CHAPITRE II

, 0 Pre1niel' ejfet seco11d1iire. - La ,,iise e,i 1le111e1ire <le l'u11 des codél)ilct1rs
iirocluit ses conséqt1ences i1 l'enco11lre des autres (art. 1205 et 1207). II
st1ffit clone a11 créancicr tl'adrcsscr 11nr son1malion a l'11n des cod<'•l)i!eui·:-;
pour que tous soient n1is en <lc111eurc. Cettc regle tres ancienne a l'ava11lage
1l'éviter eles frais qui ,·ie11draient a11g111e11ter le ¡)oids ele la tletle.
Deux conséquences en rés11lte11t :
\. -- Les i1ilércts moraluires co11rent au l)rofit du créa11cier co11lre to11s
les codél}iteurs, a partir tlt1 jo11r 01'1 il a fait s0111111ati<)n i1 1'1111 d'eux
(art. 1207).
13. - Si la tlette soliclaire a ¡Jo11r ol)jct un corps certai,i, cet objet est aii:,;
risr¡iies 1les cu1lébiteurs a clater de la son1n1atio11 adressée a l'un d'eux. Si
tlo11c il ,·ient a périr parcas fortuit avant la traditiou, les codébite11rs sont
to11s solidaire111ent obligés cl'en payer la , aleur (art. 1205).
0

i\Iais ici, l'article 1205 fait une distinction peu logiqt1e et difficile a ex1Jli-
<111er entre le codébitcur person11elle111ent n1is e11 demeure et les autres.
(;f'ux-ci 11c s011L le11us c111c jusr111'a co11c111·re11ce tl11 ¡1rix 1le la cliose; le
tl<'•l)ilc11r q11i a été 111is e11 de111curc pcut c11 <}ulre etrc co11da111né i1 1lcs
llu1n111ages-i1iléréts.
L'article 1205 appliqt1e la 111e111e :-;ol11ti1)11 da11s le cas oú, avant to11tc n1ise
en clen1et1re, le corps certair1, objct de la llette, a l)éri ¡1a1· la j(Illle de l'1i1i
1les codébile11rs.
Cette difl'ére11ce entre la sit11atio11 eles cotiél)ite11rs respeclifs 11'a ¡Jas ele
raison d'etre. Les tlroits cl11 cr{•ancier <lcvraient ctre les 111en1es it l'égarcl ele
tous les codébite11rs. Les réclacte11rs d11 Cotle ont tro11vé la sol11lion dans
t>otl1icr (Obligatio1ts, 11º 173) et l'o11t re¡Jrod11ile. Elle avait été i111aginée par
l)11111ot1li11 pour co11cilier tlc11x \e,¡tes ll11 Digeste e11 ariparence c1Jntrarlic-
toires. 1;11n clºeux (18 l)., De rl1tob1ts reís, XLV,1) ¡J<Jrle H ,lllcri1tsf1icl1tr1111l-
lt!l'Í 11ucet ,,. r;a11tre (:12 S t1, 1). 1/e 11s1tris, XXII, 1) clit 11 Alleri1ts ,nora alleri
110n 11ocet n.Du111011li11 avait, llar une explication lahorieuse et tent1e a11jo11r-
11'l1ui ¡Jour ir1exactc (V. Girarcl, op. cit., ii' écl., p. 7!1!1), explic¡11é, en se r{\fé-
ra11l ,\ l'iclée cl't111 r11a11dat 11111t11el entre c•JclélJiteurs solitiaires. c¡ue ceux-
ci se rcprése11te11t les 1111s les a11tres ri,l conserva111ltirn oblig11lio1iern, 1nais
11<111 r11l 1tllfJeri1la111 ol>ligatio11e111. D011c, disait-il, la porte })al' cas forl11il, sur-
,c1111e apres la tle111eurc, 11e lil>ere ¡Jas les autres co<lól)ile11rs 1lc l'ol>ligation
1le payer le [Jl'Í,JJ de !et cliuse, et. h cel ógar1l, il cst e\'.acl 1le 1li re : A lleri11s
Jacl1tr11 alleri nocet; le fait clu coclóliiteur 1111it a11x a11Lres, f'Il ta11t t111'il a
co11sc1·,,é, ¡>er¡il1l11é l'o)Jligali<Jn. l\lais, i11vcrse111e11t, lf's rlo1nrn(t[JC,~•ifllércfs
s1t¡i¡1lé11ie1tl1tires, c111 i a1tyrne11feraic11t I'oliliga t.ion, ne Jlcu,e11 t 1\trr i 111 pu tés
1111'a11 d{·biteur irt n1ora 011 <>n f'a11le : .4lteri11.~ r11ora alleri 11011 11ocet. J>ur<i
e1111slr11cti<J11 tlivinal1)ire i1 la<¡11f'll1• cf'pc11tla11l le C1)<ie civil a cl1H111é f1irce
1lc lcli.
Si cncore il avait étt'• logir¡uc a,cc l11i-111<,111n ! \lais 111111s avo11s vu t¡uc, se
si•¡1aranl <l'aillc11rs en cela 1le 11<lll1ier. il 1lt'·ci<lc (arl. , :1<17) <flte, clans Ir. cas
1i1'1 la <lf'llc a 110111· til>jct 11ne S<>111111f' <l'arge11l., la 111ÍiH' en dcn1eurf' ,le 1'1111
1\f's co<lí·liiteurs solidaires fail Ct)llrir les i11lór1\[s 111oratoires a11 d<'·tri111enl.
ti<' l1n1s. l~t cc1>c11<lanl,ce stH1l l}ie11 lit 1lcs <h.1111111agcs-i11tércts q11i. 111a11if'es-
lc111e11l, rtll!Jllle11tcr1l l'obligali1)11.
·.
.... ' .. r '

PLURA.LITÉ n'onJETS ou DE SUJETS

2º De11xienie e.ffet seco,iclaire.- Les po11rst1iles dirigées contre l'u11 des co-
a
tlébi teurs solidaires i1iterrom11e1il la ¡1resc1·iption l' égard de tous (art. 120G ).
Ce second elfet a, co1111ne le pren1ier, l'avantage de dis1)e11ser le créancier
ele faire des acles i11terr11ptifs a l'encontre de cl1ac1111 des coelél)iteurs et
éYite ainsi fles frais qui reto111beraie11t a leur cl1arge.
L'articlc 12 119 rl11 Coele civil répete cette regle et en fait a1)plication la a
reco1i1iaissu1ice ele delte é1na11ée rle l' 1111 tles codélJilcurs. 1\11 contraire.
ajo11te-t-il, l'inter1)ellatio11 faite ii l'un des lzériliers d'1zn clébiteur soliclaire
ot1 la rcconr1aissa11ce de cet l1éritier 11'interro1npt pas la ¡Jrescriptio11 l'égard a
rles a11tres col1éritiers ; solutio11 qui se con1prencl aisé111er1t, puisque les
cohéritiers du codébitet1r ne s011t pas, nous l'ayons ,·11, te11us solidaire111enl
,\ l' égard du créa11cier.

Explication des eft'ets secondaires de la solidarité. Idée de la re-


présentation mutuelle des codébiteurs 1
Les dispositions des arli-
• -

a
cles 1205 1207, si elles 11e co11corde11t pas avec la notio11 de pluralité ele
liens. so11t cepe11dant bien faciles a justifier, qua11d or1 considere le lJt1 L
111e111e de la solidarité passive. Elles renforcent la garanlie q11e la dettc soli-
elaire proct1re au créancier, et, en rneme ten1ps, elles entrai11e11l une diminu-
Lio11 de frais qui profite en dernicre analyse:aux codébiteurs solidaires.
~lais col te justilicalion, fondéc s1rr des co11sidéralior1s J)ratiques, n'a pas
¡}art1 suffisante aux jurisconsultes. Ils ont do11c complété l'analysc tradi-
a
tionnelle de la solidarité en introduisant, coté des deux idées sus-énor1cées
(1111ité tl'objet, pluralité de liens), la riotion de représe,itation mutuelle des
coclébile1irs. Les débi teurs solidaires, ont-ils di L, repre11ant une idée déja
éno11cée par quclques-11ns ele nos anciens auteurs (Voir nota1n111cnt Renus-
so11, Traité <le lle s1ibrogatio11, cl1. 7, r1'" 27, :l!) et 31), so11t censés s'etrc
lionné 1nandat réciproque de se rcprésenter dans le11rs rapports avec le
créarrcicr. Celle explicatio11 parait, apres tout assez plausible. Elle cadrc
lJien avec le caractere spécifiquc de la dette solidaire, elette t1nique pesa11t
a a
s11r l)l11sicurs 1)erso1111cs. Elle cst 111en1c lülll fait co11for1110 la ,·olor1tó des
partics rlans le cas ot't les codé)Jite11rs se sont obligés volo11taircment; elle
se CfJ111prc11cl égalc111c11t ;\ la rig11e11r po11r ccrtai110s l1y¡Joll1cses de soli-
clariló légale, cclles 01'1 il y a c11 i11tcrve11tior1 de la volor1té eles parlies a
l'orig·i11c rle let1r olJligatio11; car 011 ¡Jeut dire alors q11c la loi établil 011lre
elles la pr<'•so111ptio11 cl't111c volonté rlc se rlo1111cr u11 pouvoir n111t11el ele·
' .
rcprcscnlal1011.
l\Iais, qua11(! 011 la scrre (le ¡1r/•s, fJr1 ne tarde ¡ias ii s'a1Jercevoir q11'elle
es!. i11consislanle. 11110 s11flit ¡>as e11 ell"ct ele rlirc f(IIC les codóliilct1rs se
r<'prt'•se11le11l 11111l11clle111c11l; il fa11l cncore préciscr f{t1elle cst l'éle11due el<'
ce ¡io11voir ele rc¡1réscntali(Hl; et cctlc précisio11 a clonr1é lic11 entre les auleurs
i\ d<'s rlisc11ssio11s i11sol11blcs. J,a f1ir111t1lc le ¡1lus gt'•11éralc111011t ad111isc,
el c111¡ir1111tée, nons l'avons clójá sig11alé, ¡\ l)111no11li11, co11sislc ¡\ clire c¡11P

1. Pilon, f:.~~ai d"11ne theorie gé11érale de la re¡1résentation, lh1\sc Carn, !898 ; Oudinot,
l>e la repré~·e11111tio11 imparfaite e11droit (ra11r,ais, lhese 1900 ; Duchon, De la 1·epresentatio11
da11s /11 solida, it1;, th1\sc l'nrls, 1901.
208 LIVRE PRElIIER. - TITRE 11. - CIIAPITI\E 11

les coelélJilel1rs se représenle11l pour tous les acles qui out ¡)our olJjet suit
cl'étei11dre, soit ele conserver la clette, 111ais 11c)11 ¡)our ce11x e1ui te11draienl it
l' agg·raver, ad co11serva11cla11i vel 11erpelue11da11i obligc1lio1iem, 11011 acl rt1L-
ge1idani. C'est e11 som111e cctle distinction arbitraire et i111¡Jrécise e1ui parail
prévaloir e11coree11juris1lrude11ce (\'. Civ.,16 cléce111!Jre 1891, D. J>. 92.1.1¡¡.
111Jle de ?II. Col1er1dy, S. 93. 1 .81, note de ~l. 1'issier).

Conséquences de l'idée de représentation mutuelle. Extension


jurisprudentielle des e:ffets de la solidarité. - Les LrilJu11a11x ne se
sont pas conter1Lés de clo11ner it la ll1éoric ele la représc11lalio11 111ut11ellt>
<les débiteurs solidaircs un acquiesce111enl ele ¡Jrincipe. lis e11 011t clécl11it
les conséque11ces avec log·ique. Et ils ont ai11si ajouté ele 1iozivec1ux e.ffets
i1 ceux que nous ,·enons d'inclic¡uer, efTets c¡11i 11e reposent sur auc1111 tcx le
et c¡ui se produisent cla11s le clo111ai11e <les acles j1tclicic1ires.
Le pri11cipal ele ces efl'els consiste c11 ce que 1'011 écarle, c11 ce ql~i co11ccr111·
la soliclarité, le ¡Jri11ci¡Jc ele la relalil'ilc; clttj11r¡e111c11l . .-\pres ele longues l11'si-
latio11s, la juris¡Jrude11ce a ael111is en ell'et que le j11ge111e11t rendu á la requ(t<·
du créancier cu11lrc /'1111 lles 1/ébiteurs est OJlJlosalJle lt tous les al1lrcs, !Jic11
e111'ils 11'aic11t llas été 111is c11 cause da11s l'i11sla11ce. Et i11vcrser11e11l, le j11ge-
111c11t q11i déboulerait le créa11cier tlc ses po11rsuites co11tre 11n des débitc11rs
po11rrai t elre i11voc¡ué llar to11s les al1lres. {)as el'a11lre f1n1tle111e11t á celle
j11risprudence que celte idée, lol1le doctri11alc, ele la représe11latio11111ul11clle
des codébiteurs. << Cl1acu11 eles codélJileurs solidaires, <lit la Co11r de cassa-
tio11, doit etre co11sidéré con11111o le co11traclicle11r légiti111e cl11 créa11cier et le
représenta11t nécessaire de ses C(lülilig·t'·s ll r.Civ .. :i8 clt':ce111IJre 1881, D. l).
8 2.1. 3 ÍÍ• S , 83 .T.,¡'6-J; e·· ,IV.,!'' l l' CCelll 1JJ"e 1880, ,- D.1). <J(J.l.'.lJI,
". - S.' o"6 .[,J;J;--
. 20- 111ars 190:i, I). .1.1 1uo;i.1
·e IY., - ...,,2,>,
- S ., ~10.1).
,_. 1no,,.1. "1

,\ cclle sol11lÍ(Jll la j11risrir11cle11cc a¡¡11orte ce1ler1cla11t tics tc111¡Jéra111c11ts


-d'éc¡uité. Le créa11cier c¡ui aurait o]Jte1111 j11ge111e11l co11lre l'un <les cotlélii-
teurs solitlaires, 11c sa11rait s'cn J)révaloir co11lre les aulrcs cla11s les lrois
cas suiva11ts:
1º Si cc11x-ci 11c11vc11l tlt')lll<Jnlrer (¡11'il y a <'11 coll11sio11 entre le tléliilcur
po11rs11ivi el !P créa11cier:
2º Si 1111 aulre co1lt'•liilt'11r l1t'·nt'·lici1) <IP 1¡11<'lq11n 1'xc1•pti,,11 it luí ¡1crsu11-

11elle c¡11'il ¡111issc (l[Jp1)ser a11 crt'·:u1ci1)r (arl. 1:i118);


30 Si le clébile11r ¡1011rsuivi a 11t'·glig·é tl'rlllfHJSPI" a11 crt'·a11ci<~r 1111c cx.c<·11tio11
co1111111111e, [lar ()XC11111lc la 11rcscri¡>litn1, qui luí aurail ller111is <le r<'¡H111sscr
la tle111a11clc <111 crt'•ar1ciPr. LPs a11lr1!s c1Hlt'·l1itc•11rs IH' ¡11)1IVP1tt 1\tre ¡1rivt'·s, llar
la 11égligcr1ce tl11 ¡>re111ier, 1!'1111 11111~p11 1le 1lt'•fp11sc <111i 1•xistail a11 ¡1rolit 1!1•
L1J11s (l\cc¡., 2C> 111>ve111lire 1!J1i:I, S. 1!)IJ!i. 1.:i/1;·¡¡_
l•'a11t-il allcr Jllus loi11 el a1i11li1¡111·r P11corc J"idt'·P 1!1• r1)¡>rt':sP11lati1l11 ;'¡ 111u'
J1yJlCJLiH\s<i 1>l11s f'ré1¡11e11te, cellc 111'1 IP crt'·anciPr a )><lurs11ivi .'1 la friis /ous ses
co1lébile1ll'S ~ 11 s'agil alors tle savoir si la SÍf/llijii:1tlin11 1!11 j11gc111c11I f'ail11 i1
1111 se11l eles tlél>il1!11rs {ll"IJ1!11it efl'Pl i1 l"t'·gar1l tlPs a11lr,:s,Pl si,111>la111111,·11I, 1·IIP
fu1l· c<i11r1r 1 l1)11s 1es t lt''J a1s
. u' l''Pgartl e<! . t l' a¡1¡1e 1 1H1 1J' 1i¡i¡J1ls1l11i11.
. . 11 s ' ag·111•g·a-
. '
ler11e11t ele savt1ir si l'o¡1¡10.~itio11 1J11 1",1¡i¡1el for111t'· <'11 IP11111s 11lil<' ¡>ar 1'1111 d1·s

, '
l'LURALITE D OBJETS OU DE SUJETS

coclélliteurs, releve les a11trcs ele la clécl1éance q11'ils or1l encourue e11 laissanl
Jlasser les délais lég·a11x. Ce:- c¡ueslions se sont posées sou,·ent devant les
tribunaux. L'accord cst loin d'clre fait entre eux. La Cl1a111llre civile de
la Co11r ele cassatio11 co11sidcrc que le n1andal que les codébiteurs solidaires
s011t prés111ués s'ctre do1111é, po11r se représenter 111utuelle111ent en juslice
lla11s 11n i11t<\rcl co111111un, cesse lorse¡ue le créancier les a tous 1Jo11rsuivis en
111en1e le111¡Js. Cl1acu11 eles coelébiteurs ayant été 111is i11elivid11ellen1ent en
cle111e11re ele se dcfe11dre, cloi I clone 11ser par l11i-n1c111e des ,·oies ele recours
011verles par la loi, 011 se joi11clre au reco11rs exercé par s011 codébiteur e11
lcn1ps utile. De meme, d'au trc µart, le créa11cier déboulé de sa den1ande doil
faire appel contre cl1acu11 des codébiteurs. En conséq11ence, la Cl1an1bre
civil e a décidé :
1° Que, si 1'1111 des codéllitcurs concla111nés n'a exeTcÓ a11cu11 reco11rs contrc
le j11ge111e11t, il 11c pe11t pas ~<' prt'•valoir des clécisio11s plus favorables qui
i11lervie11draicnt 11lt1•riP11re111ent entre ses coobligés et le créancier. En
cl'a11Lres ter111es, le j11ge111e11l. ele co11da11111ation 1Jeut acc111órir co11tre l'ur1
eles codé)Jite11rs l'a11Lorilé ele la cl1ose jugéc, alors e¡11'e11 111e111e ler11¡Js il
,ic11clrait it <)lre infirn1é a11 profit d'un coclólJiteur plus elilige11t (Civ .,
2¡ 11oven1bre 1893, 1). ¡i_ 9t,.1.3¡8, S. 94.I.'.l33, 11ote ele i\I. Tissier; 1"· n1ai
1901, 1). P. 1901.1.!1!13, S. 1902. 1.t,33, note de T\l. Lacoste. E11 se11s con-
traire: llec¡., 10 no,en1!Jre 1890, D. P. 92.1.8, S. 91.1.2/11).
2 ° Q11c le cr<'ia11cicr q11i a inlerjclé ap1Jel c11 Len1ps ulilo conlre e¡11clques-
1111s ele ses clélJiteur:,; 11'esl ¡Jas rele,·é ele la décl1éance encc111rue it l'égard des
aulres po11r ·appel tardif (Civ., ,G d(~cc111lJre 1891, D. P. 92.1.1¡¡, note
Cc,l1e11cly, S. 93. 1.81, 11ole ele i\I. 1'issier).
;{ 0 Q11c l'ex{·c11lio11 cl'1111 j11ge111e11L rencl11 co11trc les coeléllile11rs 1Ja1· eléfaul

f'a11lc ele co111¡Jaraitre, exéc11Lion it 11arlir lle laeruelle J'opposilio11 du eléfen-


df'lll' n'est pl11s possililc (arl. 158, C. proc. civ.), n'empccl1e pas l'opposition
d<' ccux eles olJlig·<'·s srlliclai res q11i 11'011l tJas étó l'objel de cel acle d'cxócution,
0 11 auxr¡11els la significalion ele J'aclc cl'exéculio11 acc<1111pli n'a pas été faite
((~iv., 1:i j11illct 18\l!J, 1). Ji. I!JOS.1.1GG, S. '!Joo.1.185).

Conception différente des effets de la solidarité dans d'autres


législations. - l'ar 1111 fra¡i¡Ja11L c¡111lrast.c, lantlis q11e 110Lre l)roil, JJarla11l
<l'u11c co11ce¡1Lic111 lo11t ar!Jilrairc e11 so111111c, el sa11s a11Lrc 1110Lif crue la
rig·11e11r lit• la l1Jgir111c, re11force j11sq11'it J'exag{•ralio11 les ell'cts ele la soli-
<laril{•, le Cciclc civil alle111ancl, a11 cc11Lrairc, les a réll11ils a11111i11i1n11111. Air1si,
<l'a¡irt'•s s<111 arliclc !1'.l:J, la 111ise c11 clen1e11re et l'i11Lerr11ptio11 ele la pres-
cri¡1tio11 llirig<'•es c<111trc 1111 clPs codé)Jilc11rs S<Jiidaircs nr, 111rJrlilic11L ¡1as la
situati<lll <les aulrcs. 11 <111 esl lle 111e111c ¡)rs consé<¡11e11ces ele la fa11Le cor11-
111ise ¡¡ar )'1111 el'e11x.
),e (:<1clc suissr lles l)l>ligalio11s 11c lra11cl1e a11c1111e llc ces <111eslio11s. 11 se
c1,nlc11lc el<\ <lóci<lcr <la11s S{JII articlc 1/1li <fllf', sa11f sli¡J11lalio11 contraire,
1' 1111 cl<:s d<':IJile11rs S(lli<laires 11e ¡,cut ag-graver ¡iar son fail ¡Jcrso1111<d la ¡Josi-
li<Jn <les a11Lres.
'J'ornc 11
!l I O LIVRE PRE\IIEI\. - TIT!lE 11. - Cll.ll'ITIIE 11
La solidarité produit-elle toujours les mémes e:ffets ? - La fll1es-
tion ele savoir si la solidaril!! produit toujours les r11en1es ell'els, ou si, au
contraire, il ne faudrait pas disti11gt1er la solidarité propre111e11t dile, 011
pa,jciilc, el l'obligalio,i i,i 1ioli1l1t11i ou solidarité i1n¡Ja1:faile, a été 1Jassio11-
né111c11t clisct1lée ¡)ar les aule11rs; et q11elques-n11s d'c11tre eux a(ln1elte11t
encore cette clistinction. L'intéret consisterait en ce q11e, da11s l'olJligalil111
i,i solill1i11i, cl1acun des co<lébiteurs serait bie11 obligé au lout, 111ais les ell'els
seco11<laires de la soli<larilé, ce11x é11011cés cla11s les arliclcs 1205 a
120, ll11
Coele civil et ceux acl111is par la j11risprude11ce, el c1u'o11 ex¡)liq11e les u11s et
les aulres par l'idée de représentation, ne se renconlreraie11t pas.
Il y aurait simple obligation i,i solilltt11i dans les l1ypotl1eses · oi'1 pl11sie11rs
personnes se trouvent solidaire111e11t engagées, sans q11'on puisse établir
raison11ablen1ent e11tre elles la préson1¡)lio11 ele mandat lacitc. 1'el serait
11olan1n1ent le cas pour· les coal1leurs d'u11 cri111e 011 d'un délil (arl. 5:->,
C. l)éo.), et fJOur ce11x q11i, par leur fa11lc, 011t causé un do111111age á at1lrui,
surto11t si 1'011 ne pe11t relever e11tre e11x 1111 concert fra11duleux.
Celle disli11clioo a cl1ercl1é u11e base daos certains texles llu Droil ro111ai11.
Néan111oi11~, elle esl lo111béc en (.liscréelit, et 11'esl plus g·uere so11te11ue a11-
jourd'l111i. ll 11'y a, c11 cll'cl, aucu11 arliclc de nos lois q11i y fasse allusio11, l'l
qui pern1ette d'affirmer que les ré<lacteurs de 110s Codes aie11t vo11l11 éla)Jlir
des dill'érences entre les codébiteurs soli1laires, s11iva11t la ca11se ele le11r
detlc.
a
<2uel11ues 1lécisio_11s, ;\ la véri Lé, 011t fait acc11eil la elisli11clio11 (\·. ,\.lgcr.
15 111ars 1890, so11s Cass., 1). I>. !)4.1.513; I>aris, 11 11ove111bre 1910, l). 1).
1911.2. 16!)), n1ais la gra11ele 111ajorilé des arrels la re¡lot1sse con1pl<!le111r11I
(París, 28 111ai l!)OO, D. J>. 1902.2.!153; l{cc¡., 17 111ars 1902, D. I>. 1110~.1.
:¡41 ). 11 co11ve11ail lo~Lefois de sig11aler la le11lalive doclri11alc qui lni a
do1111é 11aissa11cc. )~lle co11stit11c a 110s ye11x 1111 efl'orl de réaclio11 co11lrc le:,;
co11sée111e11ccs cxagérées attril)uécs á la solidarité ta11l par la j11ris¡lrt11le11ce
que riar le Coclc lt1i-111e111e.

111. - Recours du codébiteur solvens contre les autres codébiteurs


solidaires.
Qua11el 1'1111 de:-- C<>elt\)Jilcurs a ¡>ayé la clettc, il reste i1 en rt'·¡>arlir
la cl1arge e11lrc ll>11s. (~<•ll<' ró¡1arlilio11 se f'cra snit })ar ¡>arls t'•gales, s,,it
d'aJ)r<':s les in1licali<J11s de la c1>11v1•11lio11, soil 1l'a¡ires ccllcs <luj11ge111c11l 1¡11i
¡Jr<>Il<l_IlCe la co111la111nalio11 s1Jli1lair<', soil e11fi11 d'a¡lr1\s J'intt'·r1\t 1¡1H: cl111c1111
avail 1la11s l'al1\1ire.
Exce1>Lionnelle1111~11t. il 1icul arriYl'I' qn'il 11·y ail JHIS lle ré¡iart.ilie>11 i1 fair1•.
C'cst ce q11i se ¡>r<i1l11il l1>rs<111'u11 sc11l 1les co1lt'!l)ile11rs était.i11tércss<'~ h J'al'-
fairP, l'l <¡11c les aulrcs 1111 se s<i11t. c11gagt'·s 11u'i1 tilrn de c1ittlio11s solid11ir,•s.
L'arlicle 1:>. 1fi lll't~,·,iit cctle l1y¡1oll1<:sc. ()11 c11 lro11vc 1111c a¡>[)lication 1la11s
l'arlicle 1 /131.
Le reco11rs 1111 co1lt'.fJit.e11r conlrP les c1H1l1ligt'·s. lors<¡n'il cx.isle, esl a,;suro'•
¡>ar 1lc11x actielns: 1" l.'acli1ir1 1lc 11111111{,1! 1H1 1IP !/<!sli(/,i d'1,.fli1il'('S, car 11'
c<)llt•!Jilc11r, e11 1>aya11l le créancier, a agi sui,anl les sit11ati1l11s, sc,il co111111<'
,,, ;·1··:···•·~.---

- , .
PLVI\ALITE 1l (JIJJETS OC DE SCJETS 2 11

111a11elataire, soil co111111e g·é·ra11L d'all'aires de ses codébileurs. La caracté-


rislic111c de cetle ,oie de reco11rs, c'esl c¡ue la créa11ce d11 codélliteur q11i a
fait l'avance de la clelte totale, porte i11térets conlre ses coclélliteurs du jour
ou il a fait le 1)aie111e11L (art. 2001).
2° Le eodél)ite11r solve11s, (( ayant payé 1111e clelte clont il était ten11 aYec
d'aulres )), est sitúror;é de JJlei,t ,[roil 1l1t1is lts 1lroils 1lu créa,icicr (art. 1:1j1-
30). Celui des coclélliteurs qui a su¡)¡lorté le e( péril de l'a,·a11ce ,1, peut<lo11c
exercer son recours co11lre ses coclélliteurs a11 1110Je11 de l'aclio11 crui appar-
te11aiL a11 créancier co111111un, avec Lous ses a·var1tages, 11ola111111eut avec les
11riYileges et l1ypotl1eques dont elle était n11111ie.
1'outefois,il i1nporte de ne pas se 111éprendrc sur la portée de cctte suúro-
galio,i. On pourrait croire que, subrogé da11s les clroits <lu créancier, le
débiteur solve,is pourrait bénéficier de la solidarité pour l'exercice de son
recours, et, <les lors, réclan1er la tolalité ele ce qui ne <loit pas l11i i11co1nber
de la <letle ¡\ 1'1111 c¡uelconqt1e ele ses coolJligés, c¡uitle pour celui-ci ¡\ se
retour11er a son tour co11tre u11 Lroisie111e, et ai11si ele suite. ;\lais le Code,
pour éviter un circttil ll' aclio,is, gó11érate11r ele proccs et ele frais, écarle
forn1elle111ent cetle sol u tior1 ; le recours <lu codébi teur solv1:1is contre ses
codébiteurs se divise <le pleil-1 droit e11tre, eux. Et il e11 est ai11si 111c111e si
la créance prin1itive était garantie par une hypotheque. Le codébite11r
propriétaire ele l'i111n1euble l1yp0Ll1équé 11e peut ctre poursuivi que po11r sa
parl co11LrilJ11toire et définitive dar1s la clette co111111une,(art. r 2 r/4, al. 1).
La loi, a¡1res a,·oir for1nulé le príncipe, l11i apporle aussilot, il est vrai,
ce Le111péra111e11l cl'équité 'que, si l'u11 des coobligés est irisoleable, la ¡1erte
c¡ui e,1 rés11lte pour les a11trcs, se clivise entre e11x e11 proportion ele la ¡1art
q11e cl1act1n d'e11x cloit supporler da11s la dette (art.1214, 2° al.).

SEC'J'ION III. - l~DIVISIIllLI1'É.

Définition. Oénéralités. - L"ouligatio11 ir1cliYisillle est cellc cjui 11c


pci1t 1~L1·e exéculée c¡11'c11 e11tier. La n1atiere ele J'inclivisibilité passe l)Otlr
1\tre tres artl11e. l)un1011li11 cr1 avait fail l'olljet cl'un lraité c¡11'il avail i11li-
tulé: li.clric,zlio lr1hyri1il/1i divilltti el inclivilllLi, e\ po11r 1liriger le lecte11r lt
travcrs ce latJyri11lhP, il avail i111agi11é clix clef.~ el lrois jils. u II 11'y a ¡)as,

écrivait-il, tlans l'oci'la11 ll11 1lrciil, ele 111er pl11s agitée, pl11s pr<Jfonclc, pl11s
1)érillc11sc. 1> llo[l1ier a rés11111é so11 lrailé e11 c¡11elc¡11es flages, et c'est ¿\ Potl1ier
c¡11e le Coclc a c1npr1111lé ltls rt~glcs c111'il ó11011c1: cla11s li:s articlcs, 217 a 1:12fí,
Lcxtes <lonl c111elq11cs-1111s 111a11q11e11l ele clarlé el cl"11tilili'1 Jlt'atiq11c.,\. le11r lo11r,
les co111111cnlale11rs tl11 Coclc 11'011l ¡ias s11 se clégager, e11 celte 111alierc, eles
ci!Jsc11rilc'ls t¡ne les classilicalicJns ele l1(1S a11cic11s a11teurs y avaic11t appci1·tc'·cs.
11 fa11L laisscr ele ctiLé L1111l1: cet tc vai11n sc1ilasli<¡11e et s'e11 Le11ir a11x 110-
tions si111¡1les, .\ celles 1¡11i 011l quclt¡111• i11t(\rct ¡1rali1¡11e. La 111ati1'•rc se cl{lgage
. , 1¡111. s , y cla1c11l
alcll'S tl ('. I,1l11 Les 1es l> 1isc11r1tos , . acc1111111 I'ecs.
l•:t 1l'alJ1)rtl, q11el i11tóre\t y a-l-il /1 savoir si 1111e ollligatio11 csl 1Jt1 11'cst ¡las
incli,isilile i>
212 LI,'RE PRE~I IER. - TI1'1\E II. - CIL\P ITRE 11 ·

Quan d il 11·y a q11'un créan cier et (1u·un d{•IJiteur, la q11estio11 11ºoffre ¡>as
cl'int éret, car l'ol>ligatio11 <loit toujo11rs etre exi':c11tée co111111c si elle était i11-
divisil>le (art. 1220). Le créa11cier récla111e a11 dt\bile11r la totali té (le cr c111i
lui est du, el ce der11icr 11e ¡)e11t ¡>as le force r 11 reccYoir er1 parti c le ¡)ai<·-
1nent cl'1111e dette , 111er11e clivisilJlP- (arl. 12'1l1, .¡" al.).
C'est lorsc¡n'il y a Jllnsi curs créan cicrs ou ¡Jl11;;ieurs dél>iteurs, el, e11 ¡)ar-
ticuli er, au cas 01'1 soi t le créan cicr, soi t le débi teu r ,·ic11t lt 111ouri r en laissa11 t
plusi eurs l1éritiers, cru'il i111¡)orte IJeaucou1J ele savoi r si l'olJlig·atinrt es! 011
t1'esl llaS i11di,·isibl0. E11 elfeL, si elle esl clivisilJle, elle se parla ge (le ¡Jlei11
droit e11 a11la11t de créa11ces c111'il y a dé créa11ciers, e11 autan t de cletles c¡u'il
y a de dé}Jiteurs. Si, au co11traire, elle est ir1divisible, cl1aque créa11cier est
créan cier pour le tout, cl1aque elé)Jiteur est te1111 de toute la dette ; 111ais il
est bier1 entend11 <111'u11 sc11l paie111er1t étei11t l'olil igalio n. L'i11divisil>ilitt'·.
c'est la nolre pre111iere const atatio n,pro d11it (lo11c 1111e sit11alio11 q11i ressr111lJle
heauco11p a la sc)lielariti'·. Elle l11i est ce1)e11ela11t supé rieur e co111111e gara11tie
llOUl' le créa11cier, c11 ce c111e cel11i-ci écl1ap¡ic a11 ¡)éril de la clivisior1 c11t1·c lPs
col1ériLiers de 1'1111 ele ses cló!Jilet1rs. C'csl ¡1our cela crue, da11s les ol)lig a-
lior1s plt1rales 011 le créa11cier enten (l acq111irir le 111axi111u111 de séc11ri11'•, il a
soin de sLip11ler q11e ses codé bileu rs s'eugage11t soliclaire11ie11t el i1icli1•i-
sible1ne1it. Est-i l IJesoi11 de faire ren1arc111er l'i11correction d'11r1e a11tre ·ror-
mt1le tres us11elle, tres s011ve11t e1111)lo:-,t'·e ela11s les actes , el e11 ,·ertu ele
laque lle les clc11x clélJiteurs décla rent s'obl iger c11,•ers le créa11cier ro11;join-
leme11l el soli1l1til'e111e11l :1Celle pl1rase cst. alJs11rde puisc111e,on !'a ,·11 ¡)!11s l1a11t,
le 111ol co12jointe,nei1t sig11ifie a11 j11sle 11011 soliclail'e1nc1it.

Qua nd une oblig ation est-e lle inc.l ivisib le? - L'i11divisibilité pr11t
rt'~s11ller soit de la natur e ele l'ol)je l (lD l'olJligatio11, soil (!e la vol1J11tt'· 1lt•s
J>arties.
1 º I,irlivisibililé résul ta,il !le lll 11al1il'e de l'obiel. - 011 ne trou,· e ¡Jresq u"
11as cl'cxe111plc cl'inclivisi]Jililé 1la11s les olJlig ation s ele donn rr. c'r;;t-/1-dirP
<lr tra11sférer la ¡1ro1Jriétó 011 1111 (lroit. réel; car u11 droit ele ce genrc est Lo11-
jcH1rs s11sce¡iti!Jle ele (livisio11, 111e111e qua11d il porte s11r 1111 o]Jjet qui. 111ali'•-
riellc111r.nl, 11c pe11t pas etrc <livisi'~. S11¡1¡1oso11s, ¡)ar cxc111¡Jlc. la ,c11le e\'1111P
111aisc)11, (!'1111 cl1cval i111livis entre J)lusi curs 1ierso1111cs. [,a Yc11tc e11gr11elr<'
l'1il>ligatio11 po11r cl1ac¡11c co¡JropriéLaire <IP tra11sfércr 1\ l'acl1etc11r le 1lroil
ir1elivis c¡11'il a <la11s l'1ilijcl, sa 111oilit':, sor1 c¡11art. L e)liligatio11 clP elo1111er e,.;I
0

<l<111c parfailc111c11l divis ilile. ,re)ili\ po11rc¡11<)i l'arli clc, :i, 7 a stiin <le 1lticlarP1·
<111c l'oliligalio11 cst. i11elivisilile, c¡111111(l elle a Jl<HII' olijcL 1111n cl1<ise ((tli 11'1•sl
¡>as s11sce1iLilJlc ele divisio11 soil Tll(t/ériellc. snil ir1l<illecl1tellc.,
}lar cxcc¡)li1111 ccpr1\cla11l, il y a (l1•11x calí·g orics ele (lroil s rfcls <¡11i so11t
i11elivisi!Jlcs, les scrvit.11<lcs el le:- l1y¡)oll1<'•<¡ucs. No11s 11011s so111111cs llt\j,\
cxplic111t'\ surl'i neliv isiliil it(· (lcsscrvilu<l1\s rt'·cllcs (''· 11otre 10111c 1·•·, )>, 8:i¡i.
I•:t 11011s lrailcro11s ele l'itHl i,isili ilitt\ <les l1y1JrJl)H'.~r¡ucs en ét11elia11l ce clr1lil
réel accessrii r<'.
Si dans le:- olJligali()ns lle ll<Hincr il 11c\ ¡¡r.111. y avoir en ¡1ri11ci¡1P (l'in<li-
visilJilil(~, ela11s les rilJligatio11s 1{11 .f11ir1~ 11111{¡• 111• ¡,as f1zire , h•s 1·a;; 1l'i11di, isi-
liilití · S(llll a11 t'<111lrairc assez frí•e¡11P11\s,
. ---~-,
,. ·•' -
. ,
~

'

• •
l'LURALITE J) OBJETS OU l>E SIJJETS

"
I11cli,isible es!, ¡)ar exe111¡)lc, l'oblig·atio11 des vendeurs ¡{e livre,·a l'acl1eleur
l'olJjet ,endu, quanel il s'agiL el'u11 ol)jet non s11sceplible de <livision 1naté-
rielle. Su¡)posor1s que la cl1c>se vencl11c par deux ve11cleurs soil 11n cheval. 11
est clair c1t1e la li,raiso11 11e ¡)eul se faire par 1)arlies. L'acl1elcur pcut <lo11c
s'adresser a un c1uclcone¡ue des ,·endeurs et luí eler11ander la livraison ele
l'ol)jel (art. 1:1:11, 2°). 'l'elle cst e11core l'olJlig·ation ele garantie d11e J)ar les
ve11llenrs i1 l'acl1eteur, e11 verlu ele l'article 1625 <lu Code civil, e11 tar1L du
1tl()i11s <111c cettc olJligation i111pose aux ,c11deurs ele eléfe11elrc J'acl1(ile11r
co11lre Lout Lro11ble ap¡Jorté i1 sa paisible ¡Josscssion, <lU co11trc u11c éviction
tolale ou parlielle de la cl1c>se ,·c11d11e. l:ette obligalion csl indivisilile. 11 en
résulte que l'acl1eteur lro11]Jlé da11s sa possession par un tiers J)eul de111a11der
a 11n quelconque de ses garants ele le défendre contre celtc aclion. 11 en
rés11ltc aussi que, si l'un des l1éritiers d11 ve11deu1; se prélc11cl propriétaire,
jure pro¡1rio, ele la cl1ose ,·e11due par s011 a11tcur, l'acl1eteur pe11t t'·carler sa
cle111a11cle er1 l11i op¡Josant l'cxccritio11 ele g·ara11tie (Req., 8 11ove111Lre 1893,
D. p. 94. 1 • 4 1 7' s. !)!1. I . {1 o ¡ ) .
Cil<Jns e11core l'obligatio11 du Lailleur ele faire jouir le prer1eur de la cl1osc
lo11ée (lleq., 15 eléce111bre 1880, D. P. 81.1.3¡, S. 81.1.170).
E11fi11, les obligalions ele ne pas faire sont. elles, prcsque toujo11rs ir1divi-
sibles, car lo11t acle co11trairc a l'abste11tio11 pro1r1isc er11porte violatio11 <le
celle o)Jlig·alio11. Supposons, par exer11ple, que plusie11rs associés aient vcndu
a
1111 fonds ele com111crce,et se soicnl e11gagés 11e pas ouvrir u11 fo11<ls <lu 111en1e
genre <lans la n1en1e villc. Cetlc olJligatior1 grevc <l'11ne fac;on i11llivisilJle
chacu11 eles ,endeurs (Cf. Civ., ¡er 111ars 1011, Gaz. J.Jnf.. 2!:) 111ars I!:)I 1).
:iº l111livisibililé rés1tlla11l ¡/e llt 1•olo11lé des ¡1cu·ties. - Ce genre tl'inclivisi-
bilité est liie11 plus frée1ue11t lJUC le pr<\céele11t. La 111a11ifestation ele la vc>l<J11Lé
des ¡)arlics pc11L ctre expresse 011 résulter eles circonslances ele fail.
La 111a11ifeslation expresse se re11conlrc sou,cr1t. Xous a,011s v11 plus l1a11l
po11rc1uoi. L'inelivisibilité a¡J1)ara1t ici co111111c 1111 1r1oyen ele rc11forcer la ga-
ra11t ic <lu créancier.
E11 clel1ors ele cct e111ploi ele la clause for111elle <l'inelivisil1ilil1\ <J11 la
relro11ve cla11s cl'aulrcs l1ypotl1cses. Ainsi, le débitcnr pe11t. an r11ornc11t
a
ot'i il s'cngagc, pré,oir le cas 01'1 il vie11drait 111011rir ava11L <l'a,oir acq11itté
sa elell<•, el cl1arger u11 (le ses )1<\rilicrs ele l'cx1\culer ¡Jo11r le Lonl. [,'arti-
cle 1:.i:>. 1- 11º vise ce cas. U11c Lellc cla11sc 11c ccirtslituc pas 1111 JJacLe s11r s11c-
c~ssi1)11 f'ul11rc, ¡Jo11rv11 1¡11e le cl1•l1iteur 11e 111oclil1e JJas la part co11lrilJ11-
toirc <JUC cl1ac1111 <le ses l1ériliers clcvra su1i1)orlcr ela11s la cletlc.
Sans qu'il y ait 111a11ifestalion forr11ellc ele volontó ele Ia' parl eles partics,
l'i11(livisil,ilil{· 1ie11l r<\s11llcr llcs circonsla11ccs me111cs qui cHtl c11louró la
11aissa11cc ele l'e11gagc111e11t. L'arliclc 1:.i18 fait all11sio11 a celle l1y¡1oll1cse
lors<¡11'il clil: e l,'<>l1ligalio11 esl i11tlivisi)Jlc, r¡11oiq11c la cl1osc 011 Je l'ail 11ui
en l'Sl l'1>l1jcl :,,(Jit (livisi!Jlc ¡Jar sa 11al11rc, si le raJ>JJ<Jrl sc111s lcc¡uel clic cst
co11sicl<'•r<'•o <la11s l'ol1ligalio11 r1c la rcn<l ¡)as s11scc¡Jlil1lc <l'exéculio11 par-
licllc. » l•'.L l 'arliclc 1:.1:.11-ii" ne l'ai l <111c rcproduire les 111c111cs pr1:visio11s.
Co111111e cxc1111>lc ele cetle iuclivisil>ilit<\ C<>11Lract11ellc 11011 cxprcssó111e11L sli-
pulée, 111ais rl°'.s11lla11L des ci1·cc>11sla11ccs, c'esl-a-clire <le l'i11le11li(Jll 1>rés11111ée
LIVRE PRE~IIER. - TITRE II. - CHAPITRE II

des parties, 11ous citcrons le cas oú un individt1 achetc un tcrrain e11 ,•ue d'y
construire un in11neulJlc (casino, tl1éatre, usirie) d't111c (lin1ension déLer-
n1i11ée. Supposons que les ,·e11det1rs soient plt1sicurs. Leur obligation, lJien
qt1e le contrat soit resté 111t1et st1r ce 1Joint, ne se divisera pas e11tre eux. Il
est trop é,·ide11t en effet que l'acl1etct1r a lJesoin de to1it le terrai,i pour éle,·er
sa constr11ction, et q11'il n'aurait qt1e faire de portions de ce terrain (V. d'at1-
tres exe1n¡Jlcs so11s lleq., 12 jar1,ier 1904, D. P. 1906.r.38, S. 1909.r.1!12;
Rcq., 15noYemlJre 1911, D. P. 1913.r.167).

Effets de l'iildivisibilité (arl. 12:J 2-1 :125). -· Les cfrets de l'indivisilJi-


lité resse111lJlent beaucot1p a cet1x de la solidarité. 11 y a, dans un cas con1n1e
dans l'autre, t1ne obligation uni(¡ue et plusieurs créanciers ot1 plusiet1rs
codébite11rs.
rº Sup¡iosons áabord r¡ii'il e.riste plusieurs rréanciers. - 1\. - Cl1acun
d'e11x pe11t exiger en totalité l'ex{·ct1tio11 de lºobligalion inclivisi!Jle (art. 1224).
B - 'l'<,11l acle qui interror111Jt la ¡Jrescriplion conlrc le clébitet1r ¡>rofite
a11x autrcs créa11ciers.
C. 011 ad111el í:gale111enl c111e l'existe11ce d'u11e ca11se de s11spensio11 de la
¡Jrescri¡JI.ÍLlII existant dans la personne de l'un des créa11cicrs, par exe1nple,
la n1inorité de l;un d'e11x, arrete la JJrcscription au profit ele:- autres. J,es
articles 709 et 710 fon! application (le ces de11x regles lt la rnatierc <les
,
scrvil.t1des . Pl lct1rs dispositions 11e pc11,·ent s'expliq11er <111e par l'ir1divisil)i-
lité de la '-'ervitu(lc •.
D. - E11 reYancl1e, l'u11 des créanciers 11e peut pas disposcr lle la créa11ce
au clétrin1c11t tle ses cocréanciers. Ai11si. il 11e peut faire set1l la ren1i¡;c tic
la totalité de la elettc. 11 r1c peut 11011 pl11s reccvoir sct1l le lJrix au lic11 de
la cl1osc 1arl. 1·12!1, ,.. al.). Si <lo11c, contrairr111e11t lt la loi, il accor11plit 1111
de ces acles, les au tres créancicrs co11scr,·en t. le <l roi t de ri•cla111cr nu clélJi Ict1r
l'exécution de la totalité de l'o!Jligatifin, sauf it l11i te11ir comple de la ¡Jor-
liLJil d11 cc>l1t'·rilicr lJIIi a fail la rc1r1isc (JII a 1"<'<;11 le ¡>rix.
2° JI)' n J1lusie1trs llébite11rs. - ,\. - (:J1a<111c clé)Jilc11r cst te1111 de l'olJli-
gatio11 po11r le total (art. 1222;. Done le cr<'•ancicr 1>et1l. ¡1011rs11ivrc u11
<111clconc¡11c· lles (!rl1ilc11rs el l11i (!rn1a11llcr el'cxí·c11lfr leH1ln l'<1l>lig·ati,111.
Le codí•IJileur ¡io11rst1iYi 11c pe11l, Jlas ¡1l11s l(IIC le cu<l{'.!Jiteur S<Jli<laire,
o¡Jposcr le IJ<'.•11í·ficc de divisior1. Con1n1r ce clPrr1icr, il 11'a c1t1c le clroit <le
lle111an<lcr 1111 (lt•lai pour r11cltrc e11 ca11sr scsco1li·l>itc11rs (arl. 1:.i:ifi, (:. l"iY.,
arl. 175, llr. ci,·.).
13. - ,\11 cas de 111ort elt1 (!{~l>ile11r cl't111c <1lilig-ali<>1I i11divisilJle, cl1ac1111
<le ses l1í·ritirrs reste ten11 ¡Jour la totalitú (arl. 1:i:ii{, <:. civ'.).
11 y a lit 1111c (lill"ércncc essc•11licllc, ll<)US 11e sat1ri1J11s tro¡J le se>11lig-ncr,
avre la solidarit.t'•. Nons savo11s en rll"eL e¡11'a11 conlrairt" la <lcttr, se 1li,·isc
r-nt1't 11\s cc,l1rritiers elt1 co<lí·hitr11r se1lielairc.
C. - l,"i11lerr11¡1li<)ll ele la 1>rescripLi1J11 c1>ntrc 1'1111 <le~ co1lél>itc11rs i11l<~r-
re1111pl la Jlrr~cripti<Hl ú l'í•g-nrcl tlr~ a11trPs (art. ~:.1!1\), :.i• al.).
11 est as~ez llifticilc cl't'Xllliqucr J11rhli!111n1111\11t cr-t Pllºct, cnr OII IIC ll<'lll
,
11as ici fairP UJJJlel, Cf>t11111c en 111alit·rc clP s,1li1lariLÍ•, 1\ l'idi•c tln reJll"l'~l'll la-
..
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... ,.~-~,
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l'LU1\A.LITE D OBJETS OU DE SUJETS 215
tio11 e11tre les codébite11rs i11elivisi!)les. i\Iais la regle n'e11 est pas 111oi11s fort
11tile. Elle dispense le créa11cier de faire eles frais qui viendraienl a11gn1e11ler
la cl1arge de la dette.
D. - Les a11 lc11rs rcf11sen l d'appliq11er en 11otre 111aticre ccrlains des
autres effels· seco11claires de la solidarilé, el lléclarenl que la 111ise en de-
111e11re ele l'u11 eles codé}Jiteurs ne produil aucu11 efl"el á l'égard dos aulres.
Ccllc solutio11 est illogiq11e, car il 11')· a pas de raison ele distir1g11rr entre
la clc111eure et l'i11lerr11ption de la prcscription.
l~. - J\.11 conlraire, l'appel forn1é rég11liere111enl par un des codé!Jileurs,
en cas ele concla111nation indi ,·isible, pro file aux a u tres et les releve de la
elt'.Cl1éance qu'ils ont encourue, soit en ne faisant pas appel en tem¡Js utile,
soit en acquies<;ant au jugement.
(:ette sol11tio11, tout á fait en contrad iclion avec la précéde11le, solutio11
c¡11i 11'est 1Jas écrite ela11s la loi, est cependant consacrée par de tres non1hreux
arrcts (Ci,·., 2 janvier 1894 et 4 février 1895, D. P. 94.1.120 et 95.1.359, S.
95.r.399el401,11otedeM.Tissier; 18juin r895, D.P.95.r.471,S.99.r,493;
l\cq., 15 a,·ril 1902, D Jl. 1903.1.38, S. 1902. 1.316). Pour la justifier, la
a
jurisprudence i11voque ce n10Lif q11' <e raison ele l'idenlité de la cause el de
l'i11clivisibilité de l'objel, il n'est pas possible de difTérencier la situation
eles clivers intéressés, de telle sorte que le droit de to11s étant le n1cr11e, tous
Jlrofilenl de ce q11i esl jugé sur l'appel de l'un d'eux » (Ci,·., 14 novembre
18!)?., D. P. 93.1.357, S. 93.1.85). « En ce qui cor1cer11e_les codélJite11rs, dit
encare la Co11r de cassatio11, le litige n'est susce¡Jti}Jle que d'une seule el
111e111e sol u I io11 )) (ei V.' 3o déce111lJre I 908' D. p. J 9 I 3. I •89' s. 1 9 I o. l. 8 I ' 110 te
( l (' 'I
el • 'l'.ISSlel'¡.
. '
,\i11si, l'indiYisilJilit<'· n1et, con1n1e la solidarité, et sa11s c1u'on 11ui~se ce-
pe11dar1t i11,·olJUer les 111c111es argun1e11ts, olJstaclc á l'a1111licalion dt1 ¡Jri11ci¡1c
ele la rclativilt· ele la cl1ose j11géc.

LIVRE PRE~IIER. - TITRE 11. - APPE'.'!DICE

1
DES PllEUVES

Définition. Généralités. Classification des preuves. - Proiiuer, c'csl


fairc rcconnailrc e11 justice la ,•érité d'une allégalio11 par lar¡uelle 011 affir111e
11n fait d'oi'1 clécoulent eles cor1sé(111e11ces jttl'illiqties. Les /Jl'etives, ce so11l les
élén1ents de conviction q11e les parties sont autorisées a sou111ettre 11 la
justice .
.Nous n'avons pasa reve11ir s11r les raisons qui ont déter111i11é le législalc11r
a faire eulrer l'étude des Preuves dans le Code civil. alors que sa place serait
en bonne n1étl1ocle cla11s le Code de procéd11rc e,,.
llOS 11otio11s so111111aires
sur la 1>re11ve cla11s notre to111e l'', ¡). 9'1 el s.).
Nous avons pareille111ent exposé cléja le principe général c¡11i llo111i11c
loute la 111aliere, et q11i, for111ulé dar1s l'article ,3,5, C(>llsisle a clétcr111i11er
¡'¡ qui incombe la clzarge lle la ¡Jre1ive. Ce ¡)rincipe tie11l clans une llo11lile
formule : 011i1s JJroba11cli i11c111núit (lclori et Reits in excipie,illo jit actor.
011 sait ce q11e ces adages sig11ifient.
Quico11q11e alleg11e 11n fait ou acle ele nal11rc 11 entraincr ele~ co11séq11c11-
ces juridi<¡ues co11traircs a l'étal 11or111al des cl1oses, 011 ¡'¡ 1111c sil11alio11 1le
fait ou de clroil cléj_á acc¡11ise, cloit adn1i11istrer la pre11ve lle ce fail 011 de cet
acle. L'acl,ersaire n'a rie11 á }lrouver; il 11'a r¡11'a attenrlre c111'on pro11ve
contre lui. Ai11si, u11e perso1111e se prétc11rl créa11ciere d'1111e a11tre. 11 y a lá
l'allégatio11 d'1111 fail cor1lraire a l'état 11or111al des cl1oses, r111i esl l'i11clé¡Je11-
1lance respective eles i11<livirlus les 1111s á l'(•g·ard (les a11tres. Le ¡Jrétc11ll11
créaI1cier lievra clo11c ¡Jro11ver le fail (délit, {Jar exen1ple), ou l'actc j11rillil111e
(contrat, par exe111ple) d'oi'1, sclo11 lui, découlc sa créancc (,lctori i11c1i11if,it
¡>robatio ).
ll11e fois ce fail 011 cel acto J>ru11vó, 1111c sil11alio11 11,n1vclle csl ac1¡11isc. Si
le 1li!fe11deur all<'ig11c 1111 acle j11rirli<¡11e ayar1l 111is 1111 a11x consér111cnces 1le
cottn situalio11 e11 t'•leignar1l la crc'•a11cc (1111 ¡iaie111e11l. ¡iar cxc111¡>lc), ,,11
1111 fait j11ridiq11c aya11l e11 lo 111e111e r<'.·s11llal (la proscri¡>Lio11. JJar r'xc111¡)IP),
ce sera 11 lui ;\ faire la pre11Ye 1lc ce fail 011 ele cel acle (lle11s i,i e;1;ci¡>ic111/o
jit ·ciclar).
()11 a <1ucl1¡11Pf1Ji-. ¡iri'·le111!11 <111'il fallail, 1¡11ant it l'a¡>¡>licali<i11 llP c,•s prin-
ci¡>cs, faire 11ne clisti11clio11 entre la ¡>rcuve liesfaits ¡>usit(f~ el ce!l11 llcs/11i/11
11ér¡(1/ifs. (:1:lle-ci 11n ¡i1i11rraitja111ais elre i111¡J<isc'ic, ¡iarcc 1¡11'i•·11c s<'rait i111¡H1s-
sil,l11 par 11al11rc. ljue Lclle clistir1cli<i11 est i111ul111issilJlc. l,a l<1i Pxige ellP-
111l~111c ¡>arfclis la ¡>rCIIY<' 1!º1111 f,til n<'·galif. (;'es! ainsi q11'a11x 1,•r1111)s 11<'
l'article 1377, celui <111i excrc.c l'aclio11 e11 rc'\¡J{•Lilillll el<' l'inllti ,luit {:tahlir
q11'il 11'(,Lail ¡ias 1l<'·liitP11r. l)'aill1111rs, il cst facilc 1le c1>111¡irer1llrn l]UO la.¡Jr<'·-

1. Donnicr, Traite des pre11v11s en r,1111iere civile et co111111erciale, !i• éd., r(•1·11c (H1r
M. Ln1·onude, 1888.
llES PIIEl \·Es 217

Le11due ¡Jrc11vc el'u11 fail 11égalif se rt'·elllil 11rcse¡ue Loujours it la llrc11vc d'1111
fait IJositif co11Lraire ..\insi, IJOur ¡irouvcr r¡t1'elle ne s'cst ¡Jas trouvée e11 Lel
e11droit a u11 jour eli'ilcru1i11('•, 1111c 1Jcrson11e 11'aura c1ll'ú établir qu'ú ce jo11r
clic était elans ur1 a11lrc c11elroit, ou c11core c1u·o11 a cor1slalé c¡uellcs pcrso11ncs
se so11t tro11v(:es a11 lic11 tlésig·n{: le j•Jur cli t, et c¡ uc ce lle liste ele perso11nes
¡Jrés1\Utcs IIC la CO!lll)l'()Jlait pas,
11 y a 11ll!sieurs sysle111es ele prc11,cs et ¡Jlt1si()ll rs sor les de prcu,cs.
¡º Dijfére,ils syste,nes lle f)/"Clll'l'S. - l,c systen1e clit ele la [)l'CUl'C /110/"(tle
f'Sl r,cl11i e¡11i consiste :\ ¡1cr111cll re ele 11ro11v<'r 11ar Lous lt·s 111oyc11s ¡Jossi)Jlcs,
11011rv11 flu'on entrainc la cor1vicliou el11 j11gc. <_;e syste111c c¡11i a pe11t-étrc étt'~
gónéral ú !'origine eles sociét6s l1u111ai11e,-;, 11e fonctio11r1c plus aujourd'l1ui
cl1ez 11ous qu'e11 111atiere cri111i11clle, OLL e11corc il co111¡Jorle )Jcaucoup ele
len1péraments.
Le syster11c ele la JJrettve lér¡ale co11sisle au co11lrairc ú délcr111iner 11
priori les élé111c11ts de co11,ictio11 c1uc les ¡Jlailleurs s011t aelr11is a sol1111etlr<'
aux juges. (~'est celui eles natio11s ci,ilisécs,
11 peut d'aillc11rs pr<'•sc11lcr cerlaiues ,·ariélés,
11 se peut que le l(·g·islatcur 11e se co11tenle lJas de délcr111i11cr les 111otlcs
lle preuve ad111issilJles, 111ais fixe ú l'ava11ce le elegré précis cl'autorilé qui cloit
<\trc attri!Jué á cl1acu11c cl'elles; 11u 'il eléciele par excn1¡Jle q11c la ¡Jrocluction
ll'un sc11l té111oi11 n'aura JJas ele ,alcur (7'estis u,ius, iesiis 1itillus), n1ais e1uc
lcj11ge de,ra lc11ir u11 fail ¡1our pro11,é, lorsc¡11'il cst affirn1é JJ1lr elcux ll\111oi11s
011 elava11tagc. C:ctlc co11cc11tion a l'inco11,énic11t de réduirc l'officc cl11 j11µ(•
a 1111e for1clio11 111écanic¡ue et a11ton1a!i(111e.
:\'(Jtrc législation suit, cr1 n1atierc civilc, la seulc clo11L 11ous r1ous occupe-
ro11s,1111 syste111c tra11saclionnel.Il y a certaines lll'CUYPS r¡11i.u11e fois fo11r11ics,
1loi,e11t r1{•ccssaircr11c11l c11trainer la co11,iclio11 llu j11g·e, ta11l c¡u'clles 11'ont
pas été détruitcs 11at la proel11ctio11 cl'une prcuvc co11lraire cléclarée all11iissiblc
¡1ar la loi. 11 cr1 esl ai11si des pre1tves préco,isliluées, c'csl-i1-dirc étal1lics i1
J'avar1ce ¡Jar les ¡Jartics e11 prl\,ision ele l't'•ve11Lualité el'1111c co11lcstatio11,
l'écril ¡1011r les acles j11rieliqucs cl'u11 i11Léret s11pi'.•ric11r á 130 fra11cs, les 111ar-
r¡11es 1lc 111ifo)'C1111eté. les tr,illes, 1•Lc .... les ,icles ,te l'élal civil; il e11 csl
ai11si {•galcr11c11l eles ¡1réso111¡1lio11s ll:f/ttles lliles alJsolucs, clu ser111e11l (/éci-
soire, ª" l'al'elt. Jlour <l'aulrcs 11rc11v<'s, a11 co11traire, té111uig11ages, ¡ir1;so111¡1-
lioris, les jugcs <>ni 1111 ¡11>u,oir so11vcrai11 d'11r111réciation. Lorse¡11c la
¡irc11vc ¡iar LéllllJins csl acl111issilJle ¡iar exc11111lc, ils 11ourro11t allacl1er
crt'•ance ¡\ 1111 seul lc\1111Jignag·(1 011, i11vcrscr11c11l, rcfuscr de se ll{~clarcr co11-
vai 11c11s par les té111oig11agcs fo11r11is, si 110111!Jre11x q11'ils soicnt.
l~n lo11s cas, lrois ¡1ri11ci¡ics clo111ir1c11l ici l'office ll11 juge.
,\. - l,cs jug-es 1loivc11L lo11jo11rs 1noliver leurs j11g·e111c11ts. [,'absencc llP
llll>lifs esl 1111c cause lle cassali1111 ele lcur~· <1(\cisicJns (Lc1i :.111 avril 18111,
art. ¡, :.iª al.), tlu 111oi11s <lt•s c111'Pllrs ¡1résc11lcnl 1111 caracterc c1J11le11li<'11x.
1\. - l,rs jug-cs ne ll<'llYClll se cl1\ci1ler (111c s11r les 11rc11,c\s 1111.i o 1l élí~ a1l111i-
11istrí•cs ¡iar les 1inrtics 1lans la ca11sr 1¡11i lc11r csl scJ11111is<J. ))es l11rs, ils 11e
111olivrraiPnl ¡>as suffisa111111P11I. lrur j11ge111P11I. c11 ln fo11cla11L sur les rr11-
sl'ig111•111cnts c111'ils aurairnt J'l'!'IIPillis JJ()rs,11111Plll'111rnt 1•11 1lchors de la Jll'O-
LIVRE PRE:IIIER. - TITRE II. - APl'E'IUICE

cédt1re de l'alfaire (Ci,.,23 jt1in 1904, D. J>. 1905.1.525,S.1905 1.238; Req.,


13 clécen1bre 1911, 1). I>. 1912.1.158, S. 1u12.1.148), 110n plus 11u'e11 se
f0nda11l sur les élé1nents de preu,·e réunis dans une instance clill"ére11te
( lleq .. 28 juillet 1896, D. P. 9¡. 1, 148, sol. i1npl. ).
C. - Les n1o)·e11s de preu,,e allégués par une partie doi,ent toujours ctre
connus de l'adversaire, de 111aniere q11'il soil á r11c111e de les discuter et el')·
contredire (Civ., 29 juillet 1903, D. J>, 1ao3. r .448, S. 1903.1.504; 12 no-
ven1lire 1907, D. J>. 1908.r.96, S. 1908.1.78; Ileq., 9janvier 1911, D. I>.
lf)ll,1.3!)2, S. 1\)11.1.256).
2" Pretiiies diverses. - Les modes de preu,·e adn1is suivant les cas en
111aliere ci,,ile sont (art. 1316): A. La¡Jreuue litté,·ale; B. La preuve testimo-
11iale; C. Les JJréso111¡Jiions; D. L'ave1i; E. Le ser111e11t.
:\ cette liste doi,·ent s'ajouter certains modes de pret1ve v·isés par le Code
tic procédure ci,·ile et dont nous ne traiterons pas ici: la llesce,ite sur lieti,r,
1' e.,;perlise, l' interrogatoi,·e siir f aits el ltriicles.
De plus, le Coele ci,il, clans des cas ¡Jarticuliers et exceptionnels, altacl1e
11110 fcircc JJroba11le á certains a u tres élén1e11ts de con,·ictio11. Not1s les sig11a-
ltins ici, au non1bre de deux, pour ne plus ). re, enir . 0

..\'. - I>arfois (V. art. 1415, 1442, 1499, 1504), la loi autorise l'en1¡Jloi de
la pret1,·e par co111.mu1ie re11on1n1ée. 011 appelle ainsi une ,ariété de la preuve
lesli111011iale,difl"éra11t de celle-ci en ce qt1c les dépositions des tén1oins cntc11-
llus á l'e11e¡ucte ne ¡Jortent pas sur des faits donl ils aient 1111e connaissa11ce
a
¡ierson11clle,mais s11r l'existence de sir11ples ou'i-clire ¡Jar,e11us le11rs oreilles.
( ;énérale111ent, l'adniissi!Jilité de cette pre11ve co11stitue t1ne sanction contre
tics administratet1rs de la fortune el'autrui, qui ont cu le tort de ne pas 111é-
1tager at1x repriscs ele leur n1andant les n1oye11s de prcu,·c, tels q11'u11 invc11-
laire, qt1e la loi lc11r ordo1111ait de cor1stil11cr.
13'. - t:11lin, l'a¡J¡Jlicatio11 (le ccrlai11cs clis¡Jositio11s légalcs (V. art. 4!1!1,
;>o3, 1994, al. 2) est parfois subordo11née a la riotoriélé, élérnent de dé111ons-
tration tres a11aloguc it cel11i e¡11i rrst1llc ele la cc>I1111111nc rcno1111r1ée, r11ais
cllir1t la loi 11c cl{·tern1i11e pas d'1111c 111a11iere J>récisc le 111ocle d'acln1i11istra-
tio11.

Sl~Cl'[O\ Jr". - 1)1: 1,\ PIIEl\'E LI'l"!'I'.11 \LE.

La ¡1re11ue littér1,lc, pe11t lo11jo11rs clrc ¡>rod11ite en j11sticc. ()11 a¡J¡>r:lll~ aiusi
('l'llc c¡ui rés11lle des écrils 1lressés c11 v11c ele scr,ir lle 1irc11Yt'. ()11 a¡1¡1cllc
r<'s {·crils acte;; 011 litres.
(l11 se ra¡1¡ir:ll11 que, ¡1arfois, ces 111ols 011l 1111c a11lré sig11iliculitlll el ne
dt"·sig11e11l ¡>as. co1111t1e ici, l'i11slr11111c11l ¡irobatr1ir<'. 111ais le 1uir¡oli11111., (111 le
fail j11ridi1111c (111i a 1l01t11é 11aissa11ce ,\ 111tP silualilHI cl1:lcru1i1H'.·e. (:'esl ai11si
1111'011 clira C(tle lli litre tic lcl ¡>ro1iri{!lairc acl11cl csl la ,c11ll! 1111i l'a rcrHlu
acl1etcur, ou la ¡Jrcscritiliou ttui lui a fail ac<¡tH'•rir la cltt1se 11ar la r11lsscssi1>11
tircilongt'.:c. (Jt1clq11efois c11cc1re l'cx¡>ressic111 lle litre s·a1i11li1(1IC pl11s s¡it'·cia-
lt•111c11t aux fails gé11t'•ralc11rs d'1111 1lroil, ¡iar lll>t1osilillll a11x 1¡1till1111i:cs 1¡11i
t'II cc111slale11l l'exti11clio11. (;'psi aiusi lt11'01t llira cucas (!11 faillil<' l(IIC les
crt'·auciers so11t a¡1¡1cl{·s it fair1• ,aloir ll·urs tilres.

DES PREUVES 2 19
. -- ---"1

§ 1 . ·- •••·emiere claHslOca tion des écrits.


A.ctes écrlts slgnés et non slgnés.

C11e pre111iere <li,isio11 des ¡)re11ves litlérales oppose le~, éc1·its sig11és el
les écrits 110n sig11és. Les écrits sig11és se sul)divisent 0nx-n1e111es e11 acles
lllllhe11tir¡1ies et en acles SOllS seing JJrivé.

Écrits non signés. - Les écrits 110n signés, auxqt1els foi est alfacl1ée
da11s ccrlai11s cas, 111ais to11jo11rs so11s réser,e <le la l)reu,·e conlraire. so11t :
1° Les livres des co111111e1·1:a11ls. - La loi don ne force l)rol)ante a cerlains
d'entre eux, a savoir les li,·re::; obligatoires, c'est-a-dire cet1x dont le Code
<le co111merce (art. 8 et 9) in1pose la tenue a11x négocia11ts: ce sont le li1•re-
jo11rnal, le co¡1ie ,tes lellres el le livre d'i11venlail'cs. Celle force prol>ante
tient at1x for111alitós exigécs par la l<)i pot1r {•viler les ir1lercalations, l)ar
exe111ple ú celle regle e111e les feuillets de ces livres doive11t etre cot{·s et
1)arapl1{·s ¡1ar le préside11t clu tri!Junal de con1111erce, et surtout aux ¡1é-
11alit1\s só,eres f¡11i 1111nissent la fa11sseló ele le11rs é11onciations (art. 1!17
C. pén.).
Pour déter111i11er la foi el11e at1x ó11oncialicn1s des livres ele con1n1erce, il v
'
a Iieu 1le disti 11g·11er :
;\. - Les Ii,·res tics co111mer<;a11ts réguli1\re111ent lenlIS font foi da11s les
rapporls <les con1n1eri;a11ls e11lre eu,,: (art. 12 et , :{, C. co111. ; (~iY., 20 février
1no:í, J). P. I\)OJ.1.30!1, S. I!)O:Í. 1.3,6), el ¡1ourv11 q11'il s'agisse de faits de
con1111erce.
]~. - l)ans les ra¡J¡Jorls entre co1111ner¡·c111ts el 11011 co111111errr111ls, les Ii,·res
(le co111111ercc fo11t foi co11tre les co111111er\·a11ts. ,rais ils 11e 1'0111 ¡1as foi co,itre
les 11011. con1111cl'\:a11/s 1arl. 132!)-1:{:I<>.:. 1'ou1Pfois celte do11!}le rt·gleco111¡1orte
clivcrs tc111pérarnc11ts.
(/) Si les li,res dt>s co111111erc;a11ts ne fcJ11t 1>as, e11 1>rinci1>c, foi co11tre leurs
clie11ts 11011 co111111er<;a11ts, le j11g·e pe11t 111\ann1oi11s y pt1iser u11 cerlair1
con1111enccrr1c11l de 1>rr11,e. c¡11i l'autorisc ;1 <l<'·férer cl'office le sern1er1t dit
s11¡1¡Jl11foire h J'u11c 1111 ¡\ l';1utrc cJps parties. ,1ais celte 1l1·latio11 tl11 ser111P11l,
toujcJurs fac11ltatiY<' J>f>11r Ir jugc, 11P ¡1c11l nvc>ir licu c¡1H, cla11s les cas or'i il
s'agit 1lc Jo1t/'11if11rcs l'aitcs ¡>ar le c1>111111er1;a11t (,\rg·. art. 132!)); elle 11c scrait
¡ias 1iossil>I<' si l'olili¡.:-:1tit>11 all{·g11(·c avail 1111c n11tre ca11se, ¡)ar cxc111¡1le, 11n
¡>r(\t <l'arg()11t c¡11<1 le 11<'·g·ocia11t J>r(,Lc11clrait a,oir fait a11 11011-,c(>111111()r1,·a11t
¡Civ., 10 111ai 18!1~. 1). ll. !)3.1. 1180, S. !J:1,1.:"i¡¡; l\ccJ., 31) cl{·c. 1907. [).
1>. 1!J08.1. 1/18).
1,) 1•:n rc•vanclrc. si le;; li,rcs <les co111111<'r<;a11ls f11nt f<JÍ 11 leur c11cc111lrc,
(( cclui 1111i <'ll vcut ti1•pr ava11tagc ur ¡1c11t lPs 1liviscr c11 cr c¡11'ils co11tie11ne11t
1le c<)lllrair<' it sa pr1·te11tici11 )) (art. 1:):)r>·. 11 ~- a l:'i ur1e ''<'-glc tl'l•,¡uit{· q11c la
ll>i a 1,111¡1r1111t1,1· :'t la tl1i'·<>ric de l'aYc11. 'l'ot1lcf'(>is, cette i111livisil1ilit1, 11() s'n¡>-
¡ilic¡tH' 1¡11'a11x liYrPs r1 1f/llli1\re1111·11I l1·1111s. l•:11 cas cl'irróg11larit1\, le:,; juges
sPraic·11l <'11 <ll'<1it 1lr s<• f'c>n<l<>r sur c<~ll<'s <l<>s ÓJH>t1ciali<HJS clrs liYres ,¡11i
¡1ro11v1~11t c<>11tr1, 1<· 111arcl1a111l, sans s'arr1\tcr aux <'·111i11cialions ,¡ui luí scrair11t
f'aYornlil<>s (ltc•q .. 7 11ci,<>111!1rr 18tio, )). Jl. 01.,, l!):>, S. (i1 .1.708).
220 LIVRE PREMIER. -- TITRE II. - .\PPE:XDICE

2° !Jes registres et JJllJJiers do111esli1¡1tes posse<lenl u11e force probanle


lléter111inée par la loi <la11s cerlaines l1y1Joll1eses ¡Jarliculit~res que 11ous avo11s
<léja re11co11trt'es, e11 n1aliere ll'élat ci,il, et, ¡Jlus généralen1ent, d'état des
personnes (V. arl:. 46, 324'¡.
En <lel1ors de ces cas s¡Jécial1x, la loi, e11 général, leur atlacl1e u11e force
1Jrobante n1oi11dre c1u'[1t1x li,res <le co111111erce, par cetle clo11l)le raison e1uc,
d'11ne part, éta11L pure111e11l facullalifs, ils 11e sor1l assujeltis a aucu11e for-
111alité, et que, el'at1lre 11art, le11r altératior1 11e don11e lieu i1 a11cuiie sar1clio11
pér1ale. En co11séque11ce (art. 1331):
,\. - 11s 11e fo11L ja111ais foi au JJrojil ele ceux qui les ont ter1us. 1'out
au lJlus, la jurisprudence aeln1et-elle q11ºils peuvenl etre pro<luits par leurs
auteurs a litre 1{'11p¡Joi1it, c'est-a-dire pour con1pléler ou préciser une
dén1onstralio11 résulta11t déja cl'autres elocu111e11ts (Rec1., 18 juillet r ()0!1,
D. P. 1()04.1.551, S. 190!,.1.512;. 1\i11si, le j11ge 11e 1Je11l s'ap¡Juyer sur le11rs
énonciatio11s ¡Jo11r clt'·ft'·rer le sern1enl supplétoire.
B. - Conlre ceux qui les onl écrils, les registres el papiers do111estiq11es
ne fo11t pre11ve q11e da11s deux l11·pothcses.
a) H Dans tous les cas oú ils é11011ce11l for111ellc111e11t 1111 ¡Jaicr11e11t re<;u n,
et encore a co11dilio11 c1ue l'é11011ciation soit écrile ele la n1ai11 de celui a e111i
les registres appartie1111ent ou ele son représe11la11t.
b) t< Lorsqu'ils co11tien11enl la 111e11lio11 expresse que la 11ole a été faite ¡Jo11r
s11ppléer le défaut el'1111 litre en fa,eur de celui au profil cl11quel ils é11011-
ce11t llne obligation. >l
llesle ii savoir -· PI la c1uestion se ¡iose aussi pour lPs li,res des co111111er-
i;ants - cor11111e11l, e11 fait, cct efl'el probatoirc pourra jo11er a l'encor1lre ele
cclui r¡ui posseelP lP li,re <JtI registre, car a¡lparerr1111c11l, il ne s'c11 elessaisira
• ¡>as a ¡Jlaisir ¡io11r ¡lcr111cllre ,'t S<JII a<l,ersaire lle faire 1ire11,e co11lre lui. I~,1
111aticre (le li,rcs ele COIIIIIlerce, la rt''})OllSC a la c111esli()ll esl bie11 sinIJ)lc:
il appartie11t a11 j11g·e el il lui arri,e fréc¡11pn1n1c11t d'or1/01111cr la prod11clio11
lles li,rcs. :--<Jil s11r la de111a11cle ele l'acl,cr~airc, ,r>il 111t~111e d'office (_ar!. 1/1-,f>,
C. co111.J. i\lais ccllc fac11lté r1'exisle 1>as ¡Jo11r les li,rcs do111eslic111es. 1'rJu-
lefois, il y a 1111e l1~¡Joll1cse ou, ¡>ar exce¡Jtio11, il e11 sera aulrPrr1e11t; c·esl
lorsr¡11e le rt•gislrc Pst la ¡irri¡Jri{·t( co1111111111e eles elc11x t>lai1lcurs, ce r111i
1io11rra arri,cr, ¡iar <'\<'n1¡ilc, a11 cas ot'i le livre aurail t'·lt• IPnu, 11e>11 par 1'1111
1
(lºeux, 111ais ¡lar leur C(lllllllllll a11leur.
3" /.es 11cri/11res 111iscs ¡111r le cré1111rier s11r 1111 lill'<'. - La loi allacl1e a11ssi
1111c ccrlai11c f<>i :, lºc'·crilur<• 11~ise 1>ar la 111ai11 llu créa11ciPr,quoi1111c 11011 dalt'·P
11i sig1u'·<·, a11 tllJS tl11 litre, l<>rs<¡11e ccllc t'·cril11r1· lr11ll ,'t t'•la)Jlir la lil1c'·rali<111
el11 <lél1ilcur ,ar!. 1:{:\:i). ,~,1 cela, nllc IÍ<'lll COlllfllC ¡Jes li.diilu(les 1>ralÍí[llPS
(l'a1>rcs lese¡11elles, surl1111l lt>rs11110 le tlt'·l>ilt•11r, ersc 1111 si111¡1h• ac<>IIIJ1le, IPs
1>arlics, pl11lc\t q11e lle rcfairt\ 1111 litre 11<>11,Pa11, s1• ct,nl<·nlcnl <le 111t•11t.i1J111u•r
le versc111c11l c11 111arge, sur le clos, t111 :1 la suite 1111 lilrt•. l\>ur J>rt'·ciser la
force J>l"tJIJa11lc ll'unc !elle <'·cril11re, il y a licu 1lc tlisl.i11g1u•r.
,\. -- S'il s'agit cl'1111e <'·crit11rc 111isc s11r le litre 11111111c <I<· la crt'·anc<\, la f'<>i
<1ui l11i esl altacl1t'·e csl s11l>c>rd1>1111<':11 .'t <'<'11<' 1lo11lilc C<>IHlili<>II, el'alu>rtl e¡11p
l'{•crilurP ~clit. el<' la 111ai11 <111 <"ri'·a11ci<'r l11i-111<\111<' <>11 el<• Sflll l'<\¡>rt'·se11la11l.,
22 I

c11suite c1ue le Litre S(Jit Louj<1urs resté e11 lu 110:-;sessio11 du crt'·a11cier. c:·csl
r11 effet a ces cleux co11elitio11s :-rnlcn1ent e111'il n'y a ¡1as lie11 ele reclo11 ter 1111c
surprise ou u11e fa11s,;e 111c11lio11 é111a11a11t el11 el<':IJitenr (arl. 1:l3·>., al. IJ.
n. - S'il s'al!il cl'1111e écril11rc 111ise sur une <1nilla11ce (11arlielle) 011 s11r
• le doul)le cl11 lilre. c11 u11 111ol d'11n écrit relatif ;\ la créa11ce de 11ature sc a
lrouver r11Lre Jps 111ai11s d11 elt'·l>ilr11r, la f'oi dne it la 111e11Lio11 lil>ératoirP
<':crite ele la 111ain <lu créar1cier est. s11l)orclo1111éc ,'1 ce fait, (Jtic le elo11IJlc ou la
quilla11cc cr1 (J11cslio11 soit to11jo11rs resté entrc les 111ain,; <lti rlé/Jile11r <J11 ele
so11 représenta11l (art. 13:l'.1, al. :>..1. l~n efl'el. il 11'y a auc1111e Yraise111Llan cP
que le dél)ileur se dessaisisse ja111ais d'u11 pa¡Jier de ce ge11rc, éta11t clon11{·
<¡11'ayec l'écrilure c1ui s'y est ajo11tée il fait foi ele sa lil)ératio11.
4º Les tailles (arl. 1333;. - 011 appelle ainsi 1111e ,·ariété cl'écrit rudi111en-
taire e111ployé cla11s ccrtainrs localitós po11r conslaler les fournit11res jour-
11alieres failes 11ar 11n 111arcl1an<I it 1111 co11son1111atc11r, parliculiere111e11t les
fournilures ele l>oulangerie. r;ócril11re consiste cla11s 1111e encocl1e faite, a1i
couteau, ¡1our cl1a,111e fo11r11ilure, cla11s ele11x 111nrcea11x de )Jois rapprocl1és,
clo11t l'u11, lct laillc, est garclt'· ¡1ar le fo11r11isse11r, el l'aulre, I'éc!t(llllillo,i, est
co11servé ¡)ar le clie11t. I.a vale11r ¡Jrol1a11le ele la taille r(·s11lle évide111-
111e11t ele sa corrélalio11 J)arfaile avec l'écl1a11tillo11. D0s lors, si l'ócl1an tillan
et la Laille ¡1ortaienl 1111 110111lJrc clifJ'érenl cl'e11coches, la ¡1reuve 11e serail
faite c111e jusc1u'i1 co11c11rrence clu 111J111l)rc le ¡)lus fail)!e. En rcvancl1e, si le
client 111a11c1nail it ¡)roelnire l'(•cl1a11lillo11,sa11s faire la 1Jre11Ye c111'il a t',té ¡1crd11
ou 11'a ja111ais existé. la taille di'·ler111c ¡>ar le four11isse11r elevrai l faire fni
(Juge ¡)aix Jlrrsac, '.!'.>. 111ars 1887. S. 8¡.1. 1¡<1).

§ 2. -· Seeo11de dlvlslo11 ,les éerlt,,.. 1\.eaes 011tl1e11tlq11es


et aetes SOIIS !iiiel11,; p1•l ,·é.

Définition. - L'rtcle aull1c11li1¡1tc cst cel11i (Jlli a (~té re(.'.11 par un officier
¡>11l1lic aya11l le clr<Jil. el'i11slr11111r11lrr, la11L ,'1 ¡1ro¡1os el<' )'acle c11 (¡11eslio11 c111r
cla11s le licn 01'1 l'aclc csl r<'·clig(·, el avcc les l'<>rn1alil<'•s rcc111ises (arl. 1:l,¡J.
1.rs ofliciers 1>11l>lics ayanl e<· <lr<1il s1)11I cl'al><ir<l IPs 11ol11i1·<·.~. officiers
cltarg{·s, 11'1111ó f':11:011 g1\11<',ral<•. <lc r<'•1ligcr Je:-; aL:le:-; a11,<111cls l<•s ¡1nrlirs vc11-
Jp11l 011 cloiv<'nl c1>11ft',rer le caracl<'•r,, el<' l'a11Ll1c11licil<\, el d'e11 assurer la
,·<Hlservalion <'11 en gar<la11t ¡>ar dcvcrs eux les 1>rig·i11a11x. :'llais, ;\ c1'>Ló eles
n<>laircs, il y a <l<'s 1>fficiers ¡111l>lics (Jlli, it 1ir(1p,1s <le lcls 011 tnls acles, 0111
1¡1111liló (H111r <lr<'sscr 1111 t'·cril a11ll1cnli((tH'. 'l'els sont l<,s ,~f.'ficicrs rle /'él11l
ci1•i/. l<•s 111·1:f."fiers. les h11issi1•r.~,.I,,s co11s11/s. <'11·.
!,'acle su11s sci,111 ¡>ri,,,: <'si cPl11i <¡11i a <'·Li, rt'·<ligó ¡>ar <les ¡1artic11liers, soil
¡>al' 1'1111c <les ¡>arlil's <·ll1•s-111f\111Ps, soil ¡>ar 1111 n1a11dalairc. 1.cl ([11'1111 agc11I
d'all'airns. Ce!. acl.<', <.:<)111111<' S<)II 110111 l'i11<li<¡11c, tire l(111te sa vale11r tle la si-
g11al11rc dPs ¡iartics inlÓr<'ss(•cs <Ion! il esl rcY<',tu.
l•:11 ¡iri11ci1u•, IPs ,1¡)i·rati,Hts j11ri<li<¡11es [H\IIYCIII, i11dill'<'•rl'111111P11l <'l scl,in
IP gri·. <lns ¡>arlics, <l<>nncr lic11 ;\ la rt'•1lacli1>11 <1'1111 acle a11tlu~11li1111c 011 ,\ cclle •
11'1111.aclc sous sPing 11ri,t'·. <:<'JH'111la11I, ,·<'rlains a<'.11:,; 1l1ii,c11I. ,\Lre 11{cessai-
: ¡- .'

222 LIVRE Pl\E~llER. - TITRE 11. - ,\Pl'ENI)ICE

rcmc11l rc<;us 011 clressés par le 111i11istt1rJ tl'1111 11otairc. 'fels so11t les <lo11a-
tio11,; (art. 931), les co11lrats ele 111ariage (art. r:{g4j, les co11stit11tions <l'l1y-
poll1eq11cs (art. 212,_i (\'. cl'a11tres exe1111)les <lans les art. 73, 154, 932,
107G, rt,t,4. 1451 2° al., C. ci,., gt,3, C. proc., 20, 2° al. L. 5 juillet
184 11·.
E11 del1ors de la elill'ére11ce qui a trait a11x persor111es q11i les rédige11l el
les sig11e11l, les acles autl1e11tiq11es et les.acles so11s seing priré clifl'erenl
e11core e11 tre eux aux poi11 ts ele Ylle :
l. - Des for111alités ele leur réclaction.
11. - De leur force exécutoire.
III. - De la foi d11e a leur écriture.
r,'. - De la foi d11e aux éno11ciations qu'ils contie1111e11t.
,-. - De la foi cl11e a leur date.
,-,. - De la vale11r de leurs copies.

l. - Di:fférence relativa aux formalités de rédaction.


Formes des actes notariés 1 •

11 )" a e11tre les acles a11tl1e11tiq11es et les acles so11s sei11g pri,é cette difl'é-
rC'11ce q11e ceux-la seuls so11t so11111is, ela11s le11r rétlacti<)ll, ¿\ certai11C',-
for111alités.
Les acles so11s seing ¡)ri,·<~, sa11f de11x exce¡1lio11s c¡11e r1011s relaterons ¡)l11s
loi11, ne sont subordo;111és ¿\ auc1111e forr11alilé de rédaclior1, sauf le testamc11l
olograplic c111i cloit etre entiere111e11t écrit, clalé cf ,;ig11é p:1r le. teslalc11r.
lls ¡1e11,c11t <\LrC' indilfére111111c11l écrils da11s 11'i 1nportc c¡11ellc la11g11c, }lar
1111c ¡>arlie c¡11clco11(¡11c <HI 1111 liC'rs, it la 111ai11 011 it la 111acl1i11e ;\ écrirc; il,;
¡)cuvc11t 111en1c t\tre t'•lablis SlII' eles for111ules i111¡iri111<'·cs rl'ava11cc. Il s11ffil
1¡11'ils portcnt la signal11rc de la ¡1al'lie 011 tics partics. :\le111e, J'e111¡)!1)i 1Jt1
l'a¡iposition d'un ti,,ibrc, fo1"111alilé a lar¡11rllc la loi tlu 13 br11n1air<" a11 \'11,
tla11s 1111 1111r int<'·r<\l 11sca\, ass11jcllit (( ln11s les pa¡)i<"rs it r111¡il<>~·cl' ¡)011r l<"s
arl<'s et i'\crit11rc~ soit 1i11!Jlics, sclil ¡iri,i'~,; ,,. 11'csl ¡)as 1111e co11clili1Jn ele
,a!itlité 1lc l'écrit privé c11 ta11t r111'i11slr11111e11l ¡1l'olJaloirc. l~a sc11lc sa11cli1n1
cl11 1léfa11t ele tin1l>rí' cst 1111c a111endc, 011. 1>011r Cí'rlaitJS acles (1¡11illa11cp,; el
lcltrcs 111issives 1, la 111'ccssit{~ tl'1111 ti111hrn ex.lr:111rrli11airc 1111 1!'1111 visa 111)111'
Li111l11·c c11 cas ele protl11ctio11 c11 j11slice.
LPs acles n11tl1e11tir¡11cs, a11 C<J11trairí', so11L so11111is it rlcs f<.H'IllPS 1lc r<'·1la,·-

1. J,r,s allrihntions des notnlrcs, lcurs obligalions, leur rcs¡,onsnb.ilit,1 font l'ohjct
tl'un ensr111hlc de r,\gles assez importantes et nssez toulfues pour conslitu<>r une hranchc
spécialc du Droit, la Science notaria/e. Nornhr<•ux sont les ouvrngcs, rilpPrtoircs, formu-
laircs el périodiqu1:s spéciaux auxqucls ct•llc scicnce a ,tonné lit•n. :'ious nons conten-
tcrons ,le citcr : Arninutl, 1/eclierches bibliograpliii¡ucs sur le no/aria/ frr111('ais (1881): .\li-
• chot, Or(r¡i11e du 110/ariat (1878) ; Lansel et lli,lio, E11cyclopt'die du notarial (f81!1-l8!1:I,
22 ,ol.); Gl1:rc. llalloz et VerglÍ, Fo,·11111/11ir11 qé11é•·11/ du 110/11ri11t (1896-189!1}; Arniaud,
Traité for11111/,1ir11 r11•11éral 1/11 110/arial (IS!II-IS!J:i); ll,ifr,lnois, 1'raité pr11tiq11e et /or11111/11ire
gé'.1éral du notarial ( 1S!lli): lll'lncourtie Pl llohert, Trait,; ¡1r11tiq11e 1/e la di1cipli11e 1/es 110-
1a1res ( 1892) ; Uauhy, T,·11ile tl1éorique et pratiqutJ de la rt11¡>0111abiliit! cillilc eles 11ut11ires.
(>our les pérlodiqucN, V. notre 1'omc l••, p. :14, noto 1. ·
DES PllEliYES

tio11 llcsti11ées a aug111rntc1· les gara11ties <l~ rég11larité et lle ,éracité (111'ils
présc11te11t. Nous a1u11s clcja étu<lié cclles ele certai11s cl'e11Lre er1x, con1111c
les 11otificatio11s, qt1i <)nt re111placc'\ les acles respeclt1enx, el les aclrs 1lc
1'1'.fal civil ('fo111c l' , JJ, 134 et 380). <)11 11e s'occ11pcra ici l/tte eles for111es eles
rieles ,iotariés orclinairc:,;.
Le caraclere for111aliste tlcs acles 110Lariés resscirl <le l'article 1:11 7 <111i, lli'·-
fi11issan t !'acle a11tl1c11tic111e, 11ous dit, 11ota111111e11t, c111e c'est 1111 acle rci;u
avee les sule1111ilés 1·er¡iiises. l)c ¡Jl11s. il rcs11lte ele plusiet1rs clisposilio11s rl
nola111n1c11t ele l'arlicle GR ele la loi orgauique d11 notarial, e11 date dtt
25 Yentuse a11 .\.1, que la co11lrave11tio11 a11x regles de forme édictées po11r
leur rédaction e11trainc leur nullité.
a
Ces forn1es se réfere11t trois séries de regles qui out trait :
1° :\ la co111péte11ce clt1 110Lairc;
:.iº :\ sa capacité ;

.'1° t\11x sole1111ités i11str11111e11taires.


1º <:o,11péle1iee dtt 11ulaire. - Cettc co111péte11ce est ll'abol'<l lerritori(1/e.
D'a1ires le lexle f'Olllla111ental e11 la n1atiere, a savoir l'al'licle 5 (le la loi du
25 ,c11lose a11 .\.I, la cil'conscl'i¡Jtion <les 110Laircs cst le ressort de la juri-
{lictio11 pres de la{¡11elle ils sicger1t, si bie11 c111c let1r con1pétcnce est plus clu
111oi11s {tcr1cluc s11i,aut r111'ils sieg·e11I au cl1ef-lieu d'1111e Cour d'aJJ}Jel, d'u11
trib1111al, ou <la11s u11e a11tl'c co1111111111e. L'article 5 précité a ll'ailleurs rc<;11
eles 111ollificalio11s lle llétail i111porta11Lcs <lans de11x lois 11ltéric11res, celle du 1

12 ,101it 190::i, arl. 1"', et celle du :19 111ars 1907, art. 1 el 2, a11x{¡11elle,;
11ous 11ous conte11Lo11s ele ren,oyer le lecteur .
.\ coté <le sa co111péter1ce lerriloriale, le 110Lairc doit posséder 1111c eo111¡1t;_
te,iee JJerso,i,ielle, c'pst-it-dire c¡11'il faut {{UC l'acte ¡\ rélliger re11tre lla11s ce11x
<111e la loi lui do11nc 111issio11 lle recevrJir. La loi, cl'u11e fa<;or1 génc'·rale, co,11',-.rc
aux 110Laires le 111ono1Jole ele receYoil' les (teles el eo11ue1ilio1is 1¡t1i i11téressc11/
les ¡1,1rlic1ilie1·s. J>ar exccplio11 cc¡1encla11t, ces acles IJCUYe11t etre co11slatt'·s
cl'1111e 111a11iel'e autl1culi,¡11c llal' ll'autres officiers ¡Jul1lics,¡Jar un g1·effier <ires-
sa11L 11rcici:s-vcrl1al ll'11u aveu fail en juslicc, 011 par 1111 j11ge drc:--sanl 1111 ¡¡r11-
ces-,<"l'IJal <le co11ciliatiou.
2° C11¡111cilé 1li1110/11irc. -- l;11 110LairP, 1¡11ciil¡11e cciu1¡1élc11L. ¡ieut etrc i11ca-
,•
¡Jal1I<', s1iil ¡Jarce <¡u'il a <'•lt' s11s¡1e11d11, ,lestíltt<; 011 re111¡Jl(1cé (art. ;i2 el (i8.
1,. :i;i vc11l11sc a11 XI,, soit ¡Jarcc 1111e l'acte l'i11/ére.~se ¡1crs111111elle111e11/, 1,11
~ntt'·rcssc 1111 1lc ses ¡i,1r<"11ls 1111 ;1lli1'.., :'t 1111 <l<'g·r/· lll'l1l1ilit'· ¡iar );¡ lcii (arl. ,'{.
11J, (iR, 1,. ·1:1 Yl'lll<is,! a11 \1,.

3° Sole111iil,:s ins/1'1t111e11L,til'es ¡1ri11ci¡111les. - l~lles so11L <le <li,orscs sorLPs :


,\. - l)uctc cloit ,\tri' 1'1!clif¡1! t'11.j'r¡i11r11is (!lr<l01111a11cc 1le \'illers-C1)llercl-..
,tri. :1 : 1,. l tl1cr111idor an 11, ar·t .. ,·•). <:n¡i1~11,la11l J'in,i!Jscr\"ali1111 1le c<'llc
1·i'·g·l1! 11c ¡Jarait ¡ias c11trai111:r la 1111llilt'·.
11. ··- !,'acle cst s1¡11111is aux 1'11r111aliLi:s tl11 ti111IJrc Pl ,le l'1:11l'egislrc1111•11l
(arl. ~o. l .. :1·1 fri111ai1·1\ an \'11 l.
<:. -- 111loil 1\lrc r/·1ligt'•. e11 1111 s,•ul e1>11l.oxtc, sa11s Lln11c 11i i11lerlig11e. l,Ps
rc11Y1Jis PI. a¡111sl illPs, s11rcl1nrg,·s, i11lcrlig11cs, a<l1lil.i<>11s Pl ralurcs f,n1l l'<1iJj1·t
,la11s la l1Ji ,111 ·i~i \!'11[,\s,1 a11 \11!1: 1lis1uisiti1111s 111i1111ti1\11~cs 1,arl. 1:1. 1:1,
LI,.RE PIIEMIEI\. - TITI\E II. - ,\Pl'E~l)ICE

1ÜJ. ~Iais la sa11clio11 de ces cliver,;0,-; ¡irc,;cri¡ltions 11'cst ja111ais la n11llité de


J'acle Lout e11lier.
D. - L'acte cloit etre sig11é tics parties apres qu'il lc11r en a été clo1111é
lcctt1rc, ot1 }lürlcr la 111e11tio11 c1uc les ¡lartics 011t cl,'.claré ne savoir ou 11e
Jlouvoir signer ;.art. 13 et 1!1, L. 2j vent1'isc an XI).
E. - Enfin, I'actc 11otarié doit Jlorter la signat11rc clu notaire ou des no•
!aires. Cette clcrniere for111alité 111{·rilc ele 11011,-. rete11ir.s¡lécialc111c11t.
D'a¡lres la loi du 2j ve11tuse a11 XI lart. !)', to11t aclC' 11otarié clevait clrC'
re<;u par cle1ic 11olr1il'cs 011 ¡)ar 1i1i no/aire el rlettr: l1:1,1oi1is. Ce¡le11tla11t, clan,;
la pre111ierc 111oili1\ d11 XIXe sieclc et Cll ,crlu cl'l1a]Jitucles q11i J)araisse11t
rcn1onter tres loin, cette forn1alité étnit rarc111ent olJservée e11 fait. II arri-
vait le pl11s souvrnt qu'un se11l notaire recevait et signail l'acte a11 1110111e11l
de"ª pa:-:satio11. Le 11otaire e11 SC'c11ncl intcrvenait et ªIll)Osait sa sig11ature
aprt'·s co11p. Cette ¡lrali(¡11e. évic!C'111111<'nl co11traire a11 texte de la loi. était
l<'llc1nc11t gé11érale c¡uC' la j11ris¡)r11elence !1(•sita longtr.111ps ava11t ele la con-
<la11111cr. Cep011clant, en 1839. 18(10 et 18 111, lrois arrets ele la Co11r ele cassa-
tio11 pror1oncerenl la n11llit<'· cl'actr,; 11c,tariés dressé,; elans ces co11elilio11s.
J;i11q11i{•tudc j<'tée dans la pratic¡ur ¡>ar ce,; arrets elt'·ter111i11a le législatr11r i1
i11tervenir. La loi clu 2, j11i11 18 113, ffllC 11011,; avons llrécéeler11n1e11l citéc
c(1111111r type <l'u110 loi J)réte11el11111rnl i11trr¡>rétativc, el rétroactivc e11 réalité
(t. [·', lJ. :iG), <lt'·cida e¡uc les acle,; notariés a11téricurs, flrcssés sa11s l'i11tcr-
,cntio11 si11111ltant'·c <lu notairc Pn srccH1el 011 flcs l1'111oi11s, ne po11,·aicnl
t\tre an1111lés ele ce c)1rf. l 1011r l'aycnir. elle fil 1111e disti11clior1. La J)rÓ,;e11ce
si11111lta11i'·r clu notaire et <le,; té111oins <>u eles clc11x 110Laircs r1c serait lllus
rxigt'•c c¡uc po11r ccrlai11, acles 11otariL·s ¡)réscntant t1nc gravití: parlic11lic'·rc,
i1 sav1)ÍI': lrs elo11ati1)11,; P!llr1• vif,; 11rt!inairr,;, les drJ11ati1i11s c11trc é1>011x, le,;
acceptatio11s de <lona! ion, les r1'•,r1cat i1J11s <lP tlonat i1i11,; el ele tc,;ta111cnl,;,
les r<'connaissanccs d'enfa11Ls 11at11rcls PI les Jlroc11ralio11s c¡u a11lorisalions
elo11111'cs pour passcr ces elivcrs acles.
l)PfHJi,-, la loi el11 1:>. ao1it l!)0'1, !11111 r11 conf1rn1a11t en 1)artir les elis¡)osi-
ti1111,; e!P t'Pll<' tll' 18 11:,. a fait cli-.11arailrP la f1ir111alili'· ,rai111e11t i11utilc de
l'inlt•r,P11lir111 a1ir1'.s ro11¡i <111 11olairP Pll ,;1•c1>n<I 1>11 <les tt'-111oi11,; i11slru1nen-
taircs. 1i1i11r les acl<)S t¡11c la loi e(p 1S 11:, avail <lis¡Jc11s1\,; <le le11r i11lcrvcnli<J11
si11111lta111'•e. \t'•a111111iins, cPIIP s11rlP 1IP co111t'·1li" t~1r111ali,;t" suli,;isll' ¡Jo11r
lrs actrs c¡uc Jps parliP,- <lll 1'11111• d"1·IJ.•s 1111! tlt'·rlart'· 111• ¡lrH1Yr1ir 011 11r savoir

SlglH'I".

Effet des actea nuls comme authentiques. - J•:11 1lehor,; 1IP,; for111ali-
tés les 11111i11s i111¡lorlanlPs, <li!Ps ,.,:i¡l,•111,•11/11il'1'.S, <·l 1l1J1ÍI la sanc!i(llt Psl ,;i111-
plc111P11l 1111<' pt'·nalilt') ro11trc 11' 1111lairP 1111i fps a 11111i,;""· 111J11,; a,1J11,; ,11 1¡uc
l'irrt'•g11larilt'· d'1111 acle nnlarit'· t·nlrai111) t•n llri11ci11P sa 1111lliti•. \fai,; ccltr-
n11llit<'.i c1111iortr-t-l'lle cPlle ele l't1¡1i•rali1,11 j11ri1li1¡111• 1¡11e t'Pl aclP c;1J11slatail :1
11 y n licu <lt• <li,;linguPr.
Ccttc 11pt'·ratio11 Psl-Pll1) 11~ crllPs 1111111' J.,s,¡11111111-; la!,,¡ Pxign 1111 :11:IP 1111-
tari(• cc1111111c co111lili1111 <I•~ ,ali<litt'·. ¡iar t'\l'llllll1• 1111eco11slil11ticin 1l'h~·¡u1ll11'.-
1¡11<', 1111!' 1l1111ati1111, 1111 r1111tral 1IP 111ariag1•, Ple .... la 1111lliti• tll' l'inslr11111P11I
, . :.-· · ~~r . ·, - · , -..i ~
' ' ,. ·. ·."'." ·. . ·,
. •' .

DES PRE!JVES

réagil sur le fo11d du droit. L'aclejuridique est nul d'une nullité absol11e.
S'agit-il, au co11lraire, cl·u11e opération q11i pourrait ctre indifféren11ne11l
conslalée par 1111 acle a11tl1entique 011 par un écrit sous seing privé (ve11te,
louage, prct, ele ... ), l'acte lui-111cn1e 11'est pas alteint par la nullité de l'i11s-
trun1e11t prol)aloire destiné a le constater. Ce dernier pourra n1cn1e ne ¡Jas
etre destit11é de toule efficacité comn1e mode de preuve. En effet, aux ter111es
de l'article 1318, « l'acte ({tJÍ 11'cst poi11t authentique par l'i11compéte11ce ou
l'i11ca¡Jacit/: de l'officier, ou par u11 cléfa11t ele for111es, vaut co11in1e écriture
¡1rivée, s'il a été sig11é des ¡Jarlies >>.
'l'outefois cettc regle co111porte divcrses restrictio11s :
1° Si l'acte n'avail pas 1ne111e été re,elu de la signat11re du notaire, aya11t
été, par exe111ple, rer;u ¡Jar u11 sin1ple clerc, sa11s que le 11otaire l'eut sig11t'·.
il ne vaudrait pas me111e co111111c acle s011s seing ¡Jrivé (Ci,·., 10 déce111!Jre
1884, D. JJ. 85.,.66, S. 85.1.166, sol. irnpl.).
2° L'acte 11olarié 11111 parce qu'il inléresse personnellc111e11l le notaire, 111•
vaudrait pas u sor1 égarcl 111e111e cor11111c acle sous seing ¡Jri,é (lteq ., 8 j11i)ll'I
1896, D. ¡>. 96. 1 .58/1' s. g¡. 1. :i3).
3° J~a loi exige, po11r r111e 1·acte 11111 e11 la11t qu'aull1enliquc soil invocalile
a tilre d'écrit ¡Jrivé, qu'il soil revet11 de la sig11ature de toutes les pa1·ties. I>ar
co11séc¡uent, si le co11tral 111et e11 cause plusieurs débileurs. solidaires, et :--i
!'acle autl1e11liq11e nul 11e contienl c¡ue la sig11ature de quelques-uns d'e11-
lrc eux, il ne 1Jo11rra (\lrc invoqué co111n1e ócrilure privée u l'enco11tre 1l'a11-
cu11 cl1\]Jiteur, f11.t-il sig11alaire, ni u l'er1conlre clu créa11cier.

Actes sous seing privé soumis a des formes déterminées. Actes


relatant des conventions synallagmatiques ou des obligations uni-
latérales de sommes d"argent. - J>ar c>xce¡Jlio11, cleux catégories <l'aclcs
srJus seing· privé so11l so11mises u eles for111alilés de rédaclio11 détcrn1inées.
Ce ,;011L: 1º les acles relatar1l des con,·er1lions S)nallag111atiques; 2º ccux r1ui
co11ticnnc11l u11e ollligalio1111r1ilalérale ayanl pour objel u11e :--0111n1c d'arge11l.
1º 1lc/es rell1l111tl 1/es cu1tve11lio11s s.v11<tllr1r¡111aliq11es. - i\ux ter111es de l'ar-
liclc ,:1:1.;-,, 11 les acles sous sei11g ¡lrivé c¡ui co11tie1111c11l des co11ve11ti1)11s
:--y11allag111alir¡ues, 11e S<Hll valal1les c¡11·a11la11t. r¡u"ils 0111. été fails e11 aulanl
li'origi11aux c¡u'il ~- a ele 11arlies ayanl 1111 i11l/•rel elisli11cl. - 11 suffit rl'1111
1,rigi11al (l1iur t1)11lcs les 1>crso1111es aya11l le 111e111P- intérel. - Cl1ar¡11e origi- '

nal cl1>il co11lenir la 111cnlio11 clu no111l,re <le:- originaux r¡11i <'JI 0111 i'-lé fails n.
(:1illP for111aliti', dile 1les 1lo1tbfes, el c¡ui rri111011lc á la ¡>rali1¡11c ele l'a11cicu
l)roil, se juslifiP par u1111 11ri'·c>ccu11ali1i11 1l'i'·<¡uili'·. l,a l<Ji a vriulu ass11rc'r ;'¡
cl1a1111n ccir1lracla11l 1111n sil11ali1111 égal1, :\ cPlle de l"aulrc, e11 luí JH'r111cllanl
tl"e\ig1•r les ¡1reslali1111s aux1111cll1,s il a <irciil, sa11s avr1ir IJesoin 1l'l'11111ru11l1·r
1'1'-1,ril 11ui JllJ11rrait se Lr1>11v1\r, s'il i'\lail uni1111<\, a11x 111ai11s de s1>11 a1lvcr-
saire, l1,qu1il le lien1lrail ainsi i1 sa rli:--cri'ili1111. ·
<)11a11l i1 la 111c11liu11 1l11 111J111l¡re 1ll's 111·igi11a1J\ sur clta1¡ue e\c111¡1lairP, 1dlP
1
1:sl.111'icPssaif'(' ¡>al'Cl\:<1u'a11lrP111c11l il 1li',111,111lrait d1,clla1¡111\ cr,11l.racla11l., •111111111
l,i1·11 1111\1111: la f1lr111alili': re1¡11is1~ a11rail i'•l1'•. r1'·g11lii'·rc111e11l acc1111111li1•, ,¡,. r,·11-
·r,i111,• 11 l!'i
.·¡,,-::', ,~-. - ' .. . '
' . ...·- . .' '·' . '
'

LlVRE PRE:\IIER. - TITRE 11. - APPE'l'DICE

flrc i11o¡Jérante la pret1ve de so11 adversaire, en détruisant ou en dissi1u11lant


l'c1rigi11al resté e11tre ses 1uains.
La sanction du défa11t cl'acco111¡Jlissen1ent de l'une ot1 l'autre des deux for- ·
111alit«'.•s prescrites par la loi 11'est pas. con1rr1e dans l'ancie11 Droit, la 1111llité
ele la co11v-entior1 clle-rr1c111e, r11ais se11le111enl celle de l'instrumenl proba-
loi"re dressé par les parties, n11llité i11vocable d'ailleurs unique111ent par les
1Jartics el non par les tiers (Ci,., 2:.i octol1rc 1900, D. 11 • 1901.1.69, S. 190:>. .

1.12¡1, 11ote de )1. ,,,-a11l). La c1n1vcntio11 s~·11allagn1atique po11rra ctre prou-
véc }Jar l1)11! aulrc 111o)·c11, si 1·1111 se trouve dans u11 des cas oi'1 la ¡1rc11ve
litléralc pe11t etrc s11ppléée (GrcnolJle. 13novembre 1900, O. 11 • 1903.:1.1!11).
Et 1r1er11e, l'actc nt1l e11 tant qu 'actc sous sei11g privé, parce q11'il 11'aurait pas
été rédigé en doulJlc, ou ne ¡1orterait pas la n1e11tion du no111bre eles origi-
11a11x, po11rrail servir de commer1ce111ent de preuve par écrit rencla11t admissil1le
la 11rc11ve tesli111t111iale (llaris,:.; tléce1ubre 189:>., D. 11 • 93.2.71, S. 93.2.,1).
La portée de l'article 13:15 esl, tic plus, lin1ilée par les regles ci-desso11s:
.\. - La for111alité du clouble n ·esl requise c¡11e lorsqt1'il s'agit d'u11 co11lrat
a
tl,11111anl 11aissa11cf', a11 ll10JIIC!ll 111e111e ot'i il cst 11assé, tics o)Jligatio11s l)Olll'
chacun des co11tractants. E11 ellet c·est sct1lerr1c11t da11s cetlc hypotl1ese que
s'appliquent les raistJ11s tJUi justif1enl la regle de l'articlc 1325 (Civ., 8 n1ars
1887, D. P. 81 .1.:16!1, S. 90.1.:>.57, note de ~f. Lyon-Caen). Deslors, 11e
lt>111l1c11t pas sous le coup tic la loi les acles co11stala11t, no11 des convc11Lio11s
synallag111alil1ucs ¡>arfailes c1)111n1c la vcntf', le lliuage. la sociét«'.-, la tra11-
saclio11, 111ais dPs contrats sy11allagn1atiqucs in1pa1fails, c'est-i1-dirc 11e
cl<11111a11t actuelle111ent lic11 <¡11'.'1 11r1c obligatio11 et, éve11t11clle111cr1l, ,\ 1111e
ct)nt.re-olJligatio11, co111n1c le 111anclal, le dép<it, le nantisse111ent. Meme, l'actc
ctinstatant 11ne c1111ve11tion synallagmatique parfaitc est dispc11sé de la for-

111alité tl11 tlo11}>lf', si 1·1111e lles ot>ligatio11s 11écs du co11trat cst cxéc11tée dt.'-ja
a11 1110111e11t lle la réclaclion ele l'écrit, par exemple, s'il s'agit d'une vente
cltllll le 11rix 11 t'•IÚ ¡1a}(~ i111111í·cliate111ent PII totalité. L'11ne eles 1iarties c11
ell'ct, l'II l'espece le \'C'll(leur, 11'aya11t ¡1lus a11c11n <lroit a f'airc valoir. est sa11s
intt'~r,\t it avoir 11n origi11al e11 sa [>Ossessio11 (l\eq .. 1!1 111ars l!JOÜ, J). J>.
1!l'>í. 1. ·15,), s. 1906. I .3 17 ).
ll. •-· l,a 1111llil«'.· (le l'aclP, po11r fléfa11t d'obscrvati<)11 de la f<ir111alilí: <111
<lt)uble <111 lle la 111P11ti,1r1 ¡ir<!scriln par l'arlicl<! 1:{1:i, ue ¡icul.. a11x IPr111cs tle
cet article 111c111e (al. !1), « <\tri· , 1JJJ>C>séc par C<·lui qui a <!Xl!Ct1tt'· tl1! sa 11arl l,1
1·<111,P11ti<Jn portt'·e it t·actci 1>. 1'~11 Pll',!l, cntl.c cx{!c11Li,111 c<iuslilue tlllt> rpc,111-
11aissa11c11 de l'exactil11tle des {•11onciati,1ns 11,~ l'acte prúsentú par l'acJvPrsairc.
!'l il t•11 csl ai11si <¡11and tiie11111t~111c il 11e s'agirait (JlIC d'unc ex{•c11tic)11 ¡1arliPll<-
( 1\1'<[., ;-, /lt)i'Jt '!)<J8, l). 11 • l))<l!l·' ·'•í•
s. l\)08.1.:l1'.l).
(~. - l,a 1111llil<'· <I<! l'aclf' st111~ seing 11riv<'• cst <'•galc111e11l co11vrrle p11r le
cl<i[>i\t_<(IIÍ scrait. fail cl<• l',>riginal uni<jllP clH•z 1111 11t1lairP, cH111u'rne f'ltez 1111
lic•rs ch(lisi tl'1111 c<.1111111011 acc<1r1l ¡iar lns r>arties signnlaircs. ~:,1 Plli•t., ce
tlé11osi tai re c1J1111111111 1l,•va11 t co11servcr l'nclc PI. le ¡1r<lcl II iré, en cas de hesoi 11,
¡, la rt•11111'!tc <I<' 1'1111c <[U<•lccl1111uc 1l1•s JJnrli<'s, 1111cu11c cl'nlles ne SP tro11v<' :'1 la
1liscrétio11 llll l 'a11lr1·.
I>. - l)actc 11111 c,,111111ca11ll1<•11li<Jll1', 111ais valanl co111111c ócrilur<' Jlri,i'·P
. . . . -·- - ;;·~· ,-:- ·:: .. :;·;-·: '", ...._..,,, .. : . ~·:·,.,-~ _,-._ ···"' ~~
' .,, 1 ' , 1 • '
. .'. '
'
.

DES PREUVES

a11x ter111es de 1·arlicle 1:118, r1'est ¡las sou111is aux. for111alilés de l'arlicle 1325
(llcq., 2!1 avril 1901, 1). 11 . 1901.1.!1 11!1, S. 1904.r.2'.l!J).
E. - E11fi11, la regle de l'article 13:ii:> ne s'applie¡11e pas a la preuye des
acles con1111erciau\, 11nic111e111e11L rt'·g·ic llar l'article 100 (lu Co(le de co111-
111erce.
2° :lcles co11slala11l (les promesses 1t1iilalérales lle so111mes d'arge11l oii de
choses 11ppréci11bles c,i ltrge,il. - D'apres l'article 1326, al. 1'', (< le billet ou
la ¡iron1esse sous sci11g· ¡Jrivé llar lec1ucl une partie s'cngage enYers l'a11tre a
lui payer une sor11111e d'~rgenl 011 ur1e cl1ose ªll{Jréciable, cloit clrc écril en
cnlier de la 111ai11 tic celui qui le s011scrit; ou du 111oins, il faut qu'outrP
sa signature, il ait écrit de sa 111ain u11 bo,i ou un approuué porta11t ~n
loutcs Icttres la son1me ou la quanlité de la chose ». ,\. quoi I'arlicle 1327
ajoule: (< Lorsque la so111111e exprimée au corps de l'acte est différente
ele cellc expri1r1ée a11 )Jon, l'obligation est présun1ée 11'etre q11c ele la so1n111e
n1oi11clrc, lors 111e111e q11c l'acle ainsi que le bon sont écrits en e11tier dP
a
la 111ai11 ele cel11i c¡ni s'esl olJligé, moins qu'il 11e soit pro11,·é ele quel c,'>l<~
csl l'erre11r. n
Cctle for111alitt'·, elite (l11 bo11 et a¡i¡1roul'é. a pour but d'éviter l'abus des
bln1ics seings. L'effel de s011 inacconiplissement 11'est, pas pl11s que Iorsqu'il
s'agissait de la for111alité d11 cloulJle, la nullilé de l'o)Jligation, 111ais la ·n11l- •
litt'· ele la preuve; l'obligalio11 subsista11t et co11tin11ant produire effet si a
elle esl avouée lltI flé111011trée par un aulrc 111oye11. Le )Ji!lcl 11011 rég11lier
1Jeul égalcn1cnl serví r de co111111c11cernen t de prcuve par écri t (l\eq.. 20 oc-
t o!Jre 1896, D. P. 90.1.528, S. 07,1.8; Douai, 27 jan,,ier 1903, D. IJ. 1()<>3.2.
2.11¡, S. l()0(¡.2.1'.J;))
Quel1c est a11 j11sle la portée de la prescriptio11 légale? Elle s'ap1llie111e aux
0l1ligalio11s aya11t po11r olJjcl de l'arge11l 011 des cl1oses a}·ar1t un co11rs q11i
les rentle facilcr11enl 11égocialJlcs, tanl d'l1ectolitrcs de lJlé, ta11t d'aclions au
¡Jorleur 1le telle société etc., n1ais a11x se11lcs o!Jlig:ations 11nilat1\ralcs. Elle ne
s'1\tencl pas a11x 1¡1iillanccs r¡11i sonl le conlraire rl'11ne « pro,nesse n (l\eq.,
, !1 aoC1L 1806, 1). 11 • ¡¡6. 1./156, S. 1!JO<>.,. ·11 !J). Siap11lit¡11e-t-f'lle aux pro111esscs
1l'argP11l 011 rle cl1osps a¡Jpr{•cialiles i1i1lélcr1ni111:e.~ cla11s le11r 1¡uanlu111? RiP11
ne Jl<'I'll!el lle rt'•po11clre 111\galive111cnl. Í,f' S(111scri¡itcur 1l'11nc tclle CJ}1ligalion
llcvra cl1111c a11 111r,i11s cx¡1ri111cr, f'll apposanl le l>on et a11pro11,·é, <111'il i;c re11d
r11111¡>le clr J\'·lr11cl11e évc11lucllc 1lc s11n ol>ligalion (V. ccp. l)o11ai, '.>.í jan,ier

1 !1º3 pr<'•ci tt'·).

í.0111111c (l<111r la f'orn1alité 1111 1loul1lc, il f'a11t 1lire c¡11e l'irrégularitt''. dP


l't'·crit se ct111Yrt' ¡1ar l'exc'ic11tio11 volo11taire 1lP l'ol1ligalio11, el r¡ne la rl·gle ne
s ' ap¡1 I'11.¡1111 ¡>ns anx <'Cl't
' 't.s aul11c11t11¡11cs
' 1l',·g<'llt'l'<'S
' ' ' c11 ccr1' 'l s prives<
' ' 1a11s 1es
lcr1111·s 1lc l'articlP 1:{18.
J,'articlc ,:i:16, al. '.I, a¡1¡111rtr 1lc ¡>lns certai111•s cxccptir111s :1 l'ap¡ilicali(Jll <IP
la ri•µ-1<' Cllltlc1111c 1la11s l'alint'•a 11 '. 11 {~carl1\ crltr1 r1'-g-lc (< lla11s le cas riú l'aclp
/•11111111• 111' 11111rf'lt1l11<ls, arlis1111s, l11bo11rt!llr.~. 1•ir¡111•ro11s, g,·,1.~ 1/e jo11rr1éc el 1ft'
ser1 1i1·e >>, (:PIIP <'XCPI>li()Jt li1•11l /1 la ¡1,•rso1111c <111 i;o·11scri11tcur ..\i11si, elle
s'a11¡1li1¡11P anx l1illnts S(Jllscrils 11ar lll's 111arcl1a111ls, 1111'1r1c lorsr¡11'ils <1111 lrait
:'1 1l<'s 1l<'llcs 111111 c1)111111ercialcs. 1•:t, i11vcrsP111Pnl, <'lle 11r s'ap¡1li1¡uc ¡ias
'. ..
LIVIIE PRE~IIEII. - TI'fRE 11. - Al'PE'\'DICE

al1x acles souscrits 11ar eles no11 co111111erc;ar1ts 1ioi1r eles dettes c1)n1111erciale:-.
Le motif de l'exe111plio11 est en elTet, pour les co111111er1:ar1Ls, lei1r ex11ériencr
a
prési1111able des afl'aires e¡ui les n1et l'abri d'u11e i1111Jru1le11ce. Pour les au-
tres personnes énu11iér1\es par le texle, el qui a11raie11I, au ..-:ontraire, plus
besoi11 que lOlIS autres ele la prolection légale, on envisageail en 1804 qu'elle:-
a
devaie11t rare111e11t savoir écrire de n1anicre satisfaire alIX prescriptions ele la
loi. 11 en rés11lte que le 1not de labou,·eurs doit s'e11te11elre seule111e11t de cet1\
qui travaillent la terre ele leurs propres 111ai11s. L'exen11Jtion de l'article 13:.i(i,
al. 2, ne s'ét~nd pasa tous les citllivaleurs, si par la 011 e11te11d les propriétai-
res faisant valoir, n1ais sans travailler eux-n1c1nes n1anuellen1ent. 11 convie11t
a
d'ailleurs, en pareille matiere, d'avoir égard la conclition, a11x l1abitudes
des personnes. toutes considérations dont le trib1111al fera une appréciatio11
sol1veraine (Req., 13janvier 1904, D. P. 1904.1.3G7, S. 1no4.1.3g8).

II. - Di:fférence relativa a la force exécutoire.


On appelle force exéc11loire el'u11 litre la fac11lt1\ :1pparte11a11t ¡\ celui qui
le poss<':ele ele recourir <l(' p/11110 .\ l'exécutio11 forc{·e, n1)la111111ei1t aux saisi<':-
eli1 palri111oine elu el{•l1ite11r, s'il ). a obligatio11 co11111orta11t ce 111ode d'exéci1-
tio11. Cetle faci1lté résulte de l'appe1sitio11 si1r le litre ele la.forrnule eJ:éc11-
toi1·e, c'csl-a-dirc d'i111 orelrc elo1111i'· ai1 110111 1111 1iei1ple fra11eyais (D. 2 sc1i-
te111lirc 1871; a11x agcr1ls ele la force pi1!Jlir¡i1e, 1·111Jartic11lier .111x l1i1issiers,
ele proc1\cler, s'ils,cn so11t ree1i1is, 11 celte exéc11ti1111.
I,a forn111le cxL·cu.toire 111an<¡11c é,ielc111111e11t dans I,·s acles so11s sei11µ·
pri,{·. pi1ise¡11e, ¡Jar el1:li11ilio1i, cc11x-ci é111arienl tic si1111Jlcs ¡Jarlic11liers. J,,.
créancicr. porlcur el'111i acle s<JIIS sei11g ¡1ri,{·, i1c JltJurra cl,J11c rccou ri r ;°1
l'exéc11lio11 des liic11s tl11 dt'·l1ilci1r <¡11'c11 ¡Jret1(111l 1111 j11r¡1•111c11/ .
•\11 co11lrair1•, les 11otair<'s <int le clroil cl'a¡i¡ioscr a1.1x acles <¡t1'ils clress1:11l
po11r rclater eles 11liligalio11s la f11r11111le cxt'·culoirl' (arl. 1:11!). al. 2; art. ;1'1--1,
<:. ¡Jrr1c.). Le cr1'a11cicr 1111111i 1)'1111 aclP nnlarit'· ¡,cul done ,!e ¡1/11110 ¡1rcic{·der.
fa1111\ 111' JJaic111<'11l p1111cti1cl, 11 la saisic 1lcs liic11s 1)111lt'•IJite11r. l)a11s l'a11ci<'11
J)roil. 11• ¡1ri,ilt'•ge tl,~s acles nolariés t'•tait ¡il11s c1111sielt'•ralilc <'llcorc. JI,; 1·,,11-
ft'.·rai<'11I <'11 Pll'PI a11x cr/•a11cicrs 11nr !ty¡Joff11\1¡11e fJt:Tl1:rlllc s11r ln11s l<'s i1111111·11-
liles tl11 dt'·hil<'llf". l,1• (:1HI<' ,·i,il a ,;11¡i¡iri1111'• cPIIP cous/·q11c11,·" 1¡11i 11'<',i:-lc
¡il11s 1111'a11 ¡1r11(it 1l1•s j11µ-PlllPlll,; (arl. ·i 1•,.:\1.
!J11'arri,<'-l-il l11rs1¡11e )'arle 1111larit'· ,•si )p r1•s11llal 1!'1111 t'a11x ~ J,;,-idP111-
111P11l, sa forc1• cx/·c11l1iire ne ,;ur,il Jla:- :'t la 1lt'•cisi1111 j1HliciairP 1¡11i aura
r1•1·11n1111 l'P,isle11c11 1l11 fa11x. ,1ais nr c1111,i1•11!-il 11as :111 111t1i11s dP la s11s-
1><·11dr1· i111111t'·1lial1'1tH'lll, ,lt'·s <IIH' l'i11sla111·1~ ,¡ui ¡11•11l al_HH1lir :'1 CP rt'·s11ltal

<'SI c,11111111•11ci'·e~ .\ cPII<· 1¡11Psli1H1 rt'·¡11,111l J'arlicl<' 1:\1i1. al. ·i. l,'anci,•11
l)r11il, ¡>ar crainl<• 111\s ¡1lainl1•s t/·111t'•rair1·s 1111 di·l1ilt•11r ,¡,·.,,¡r1·11, ,le ¡.:-ag111•r ,l11
tc111¡1s, 11·a,I111<'llail }Hls 1¡11'1111P i11:-la11c1• Pll fa11\ p11I .i,,,ir ja111ais 1111 <'ll"PI
s11s¡H·11sif 1IP la f,11•cp PXc'·cu1t1ir1•. \11j1111r1l'h11i. l':1rlic)t' 1:\11¡ fail une ,J¡,,_
tincti1111. I•:11 ,·as d1• 11lai11l<' Pll faux ¡>rincipal, 1•·psl-t1-1lirl' 110 ¡u111rs11ilc-
<l1~,anl la j11ri1liclio11 rc'•11rPssÍ\'P. l'<'x1'·c11li1111 11!· J'acl1~ arg11(· <IP fa11\ ,;c•t:1
s11SJH'IHl11P ti<' ¡1)Pi11 1lrt1il ¡1ar la 111i,;<' PII a1·cusati,111. l•:11 ,•tl',•I. il ~ a, tli'·s 1·1·
11111111<'111,, 11 le ¡>oiut ava11c/• ,,i'1 ,·si ¡i;1r,1·1111<' l'i11:-lr11cli,111,, 11 l'Pxa1111·11 1111
' .


DES PREI;VES

111agistrat i11;;lrucle11r el lle la Chan1bre des 111ises en acc11saLion, 1111 pré-


jug1) tres sérieux cf)lllrc l'acte. 1\.11 co11traire, en cas el'inscription de faux
faite incicler11111enl. c'esl-i1-dire ele ¡1roces civil ouYerL s11r I'initiative d11 ¡1ré-
le11cl11 dé!Jilcur, la ~11s11c11sio11 sera facullalive lJOur le trilJ11nal qui n<' la
¡1rnnoncera :'1 titre ¡1ro,•isoire 11uc ee s11iYant les circonsta11ces n.

III. - Di:fférence quant a la foi due a l'écriture.


l,a 1Jrer11icre questio11 c¡11i se pose qua11l a la force ¡J1•oúa1ile d'un actc pro-
1l11il en justice, es! celle de la réalité de so,i écriture. L'acte, ou tout au
111oins la signature é111anent-ils de celui-la 1ncn1e de q11i 011 prétend qu'ils
j
i·n1anent; de J"officier ¡1ulJlic, s'il s'agit d'11n acle a11tl1e11tique, de la partie
co11tre qui 011 l'i11vc>e¡ue co1111ne étant signé d'elle, s'il s'agit d'11n acle sou s
,-ei11g priv1' :'
y a
11 a, ce! {·g·arcl, une clill't'.•rence ccinsiclérablc er1lre l'acle aull1e11tic¡11e el
l':11·t~ sous seing ¡>riYé. CetLc <lill'érence re111onte a l'Orclor1nance civile de
1titi7 (litre XIII co111¡Jléti'·e 11ar u11 Edit de décer11IJre r684 et par l'Ordonnance
1le 1737 sur le fa11.r:.
S'agit-il d'11n acte autl1entique (art. 1319, al. 1°'), celui-ci jltiljoipar lui-
111é11ie j11sq1t'l1 i11scri¡Jtio11 lle fatix. Cela sigr1ifie q11'il est présumé autl1enti-
1¡ue par cela setil c¡11'il se présenle avec les apparcr1ces exlérieures de la
r¡'.g11lari té. E11 efl'el, la 110Loriété de la signat11re de l' officier public, sa léga-
1isalion, exigé-c 1Jar la l1)i quar1d !'acle est procluil l1ors lle la circonscriptio11
Jt()\ariale · (J,. :J5 ,e11!1'ise an .\.1, art. 28, L. 2 111ai 1861), l'aspect cxlérieur
<)I ,_¡ caracléri,-.tiqnt> lle l'acle elress{• par 1111 officier ¡J11IJlic, notam1ne11t par
1111 11olaire, la gra, iti'· lles pci11es q11i frapperaicnt le fa11x. to11t conco11rl a
fairc penscr ,¡11e !'acle i':111a11c l1ic11 ele so11 signalaire appare11t. l)o11c, cclui
qui présenle 1111 aclf' a11ll1c11li1111c :\ l'appui de sa prétenlion a, jnsq11'a 11011vel
a
ordre, ad111inislr1' ,-a 1ire11,e. Ce scrail cel11i qui allég11erail q11e !'acle esl
fa11x l'll lcitalitó ou en ¡Jar!ic, ¡\ faire la ¡1rc11ve ele ce fa11x, n1ais :\ cl1arge de
s'pngagr•r dar1s la 1ir<Jcécl11rc s¡1écial<) ,111 fn11:r: i1icitle11l cillil (V. C. proc .,
arl ..,.,,, el s.).
\ l'acle s1,11s seing- 11rivc'-, a11 co11traire, 11e s'aLtacl1e ¡>as la r111'\111e prí~-
Sfllllpli1111 el!' r{•g11laril{·. CPI acle ¡>11isa11t lo11le sa force <In la signal11re d11
¡1arlic11lier 11 1¡11i il Pst o¡,¡i<isi'i ¡1ar 1111 1111lrc 1iarlic11li1•r. il 11'y a a11c1111e ra i-
s1llt ¡11i11r Jlri'.·f{·rc•r l'aflir111aLi1111 ele cel11i <(lli <~1111:1111 s'p11 ¡irévaloir, a l'af-
fir111nli1in <le celui c¡11i c11 c1i11lPst.e la si11córilé. l,a ¡1arlÍP ¡\ 1¡11i on op¡1osc
!'acle so11s sPi11µ- ¡1rivi'• 1ie11l el1i11c le re¡io11ssnr, sa11s av,1ir l1csoin ,Jr, s'inscrire
1•11 l.a11x. f) s11 f'f 11 • 1¡11 'e J) e (/ l-S<llJOIIC,
l e ' esl-a' e) 1rr,,
' ) l'1tHi
' ' so11 ecr1t11rc,
' ' s1• i' acle
a l'a¡i¡1are110P cl'avc>ir i'·ti'· sign{~ par elle, 011 1111'nllc sn c,111ln11le cln méco11-
11,1i/l't /'écril11re, si 1)11 )ni ,1¡i1iose 11n acle soi-disanl sigui\ ¡iar 1111 lle ses
a11l1•11rs (c'<'sl-á-dirt• 1le ,11'•.clarer <111'cllc 11e connail ¡1oi11t. I'{\crit11re 011 la
sig11alt1l'f' ,¡,, ,·e sig11atair11 ¡iri'!lcn,l11) (:irl. 1:\'J:{:1. l,11rs<¡111\ CI\IIP 1l/•11{•irati1>11
1111 111i•c1>1111ai~,.;a11c1• s'1•sl 11r1ul11ilc, IP 1lc111a111lc11r, s'il e11to11<l c1111tir111er h se
11ri•valciir 1)1\ l"i·crit ¡ir1,<l11il ¡lar l11i. 1l11il <'JI i'•Lahlir J'pxaclil111l,1 ¡>al' 11r1e ins-
ta11cP 1•11 j11slic<' (arl. 1:\:.1/1), l,es j11g<'s slal11<'r1111l ,/,: ¡il,111(), s'i)s Psti111e11t pos-

130 LlVRE PRE,tlEI\. - TITRE 11. - ,\PPE'iDI(;E

s{•clcr eles a prése11t les éléments de convictio11 11écessaires po11r se pronon-


cer s11r la sincérité ou la non-si11cérité ele l'i•criture allí·guée (Civ., 4 aout
188!1, D. P. 85. 1.209, S. 85.1.!177). Dans le cas contraire, ils recourront a la
¡)roc,~elure <lite ele reco1i11aissance 0L1 de vérijicalio,i (/'1:cril1ires (C. proc ..
art. I!)3 et s11i·v.). Ce n'est q11'ii la suite de cette J)rocéclure, el si l'écrit sous
sei11g privé a été rccor1nu exact, c1u'il 11011rra faire ¡)re11vc, ayant, eles lors,
11011s 1lil l'arlicle 1322, (1 la 111e111e foi c1ue !'acle autl1e11tique n.
a
. .\insi, q11ant la si111ple ¡¡ossibilité d'i11voe111er e11 j11stice l'í-crit alléguí·.
la cl1arge de la pre11ve n'i11co111l)e pasa la n1e111c 1)erso11nc. S'agit-il d'u11
a
acle autl1entiq11e, c'est cel11i qui on l'opposc, c'est-a-elire en général le dé-
fencle11r au proces, qui doit fairc la pre11ve ele la fausseté de l'acte par la ,,oie
périlleuse de l'inscription de fa11x. S'ag·it-il d'u11 acle s011s sei11g privé, c'esl
celui q11i l'invoq11e, en général le den1andeur au proc<'s q11i eloit, si s011 ad-
versaire 11e s'i11cli11c ¡ias des l'aJJord, c11 rf'ccn1naissa11t la signalurc invo-

c111ée, faire prc11ve de la si11c¡'·rití· ele laclite sig11ature.


On clevra se gardcr ici el"1111e conf11sion q11c la si111¡)le lect11re ¡fes lcxlf's
l)Ourrait faire 11ailrc. Q11'il s'agisse de l'acte a11tl1e11ti1¡uc 011 ele l'acte sous
sei11g ¡¡riví· reco1111u ou v{•rifié et, des lors, (·q11ivalc11l í1 !'acle a11tl1er1tiq11e,
les arlicles 1319 el 1322 porte11t <1 qu'iis·fo11l foi entre les co11lracta11ts et Ie11rs
l1i•ritiers ou aya11ls-ca11sc n. 11 y a ici 11r1e confusion <'•vielr11lf' e11tre les efTcts
de l'i11str11111ent probatoire el ce11x de la convc11lion c¡11'il relate. L't'•crit fail
foi 11or1 sc11le111e11t c11lre les ¡larlies, 111ais Cl'fJ<t on111es. :\lais ce (!onl il fail
foi. c'est de l'existcr1cc d'u11e co1ive11lion q11i, elle, n'a 1l'ell"el e¡11'a l'égar<l eles
¡>arties et n'est poi11t <){JposalJlc aux tirrs, <'·lar1l pour cux res i,ilcr alio.'> <tci<t
(arl. 1 ,¡¡;-,¡.

l\'. - Différence quant A la foi due au contenu de l'acte.

<:e r1 'est pas lclul c¡11e la si11cérill: 111atéricl/c tle l"t'•cril. 11 ¡1c11l ~· av<Jir
conteslatit,11 s11r la vt'~ritt', eles fails c¡11'il r,•Iate, 1le,. so11 1·1,11/1•1111 c11 1111 111<JI.
\ c<'l ,'·gar1l 1•nc1Jrc, il y a c11lrf' les aclC's aull1er1li1¡11cs el les acl1•s s<HJs
sf'ing 1,rivt'· llll<' 1lill"i'·rP11ce <'SSP11ticlln.
l,'acl<' s1,11s seinµ· ¡iriYi'· IH' l"ail r,,i el<~ son co11IPn11 <111<•.i11s1¡1t'c1 ¡1re11l'e 1·1111-
ir<1i1·e. ~:11 el'aulr!'s l<·r111c•s. 1,11 11<·111 l<H1j<>11rs 1·1,11l<'sl<'r l'c•xactit111l1•. 1l1•s faits
<¡u'il rclat1,, ¡lo11r, 11 t¡11'011 sP croi1• <'11 111cs11rP ele fnirc 11111• c1>nlrti-eií•1111>11s-
trali1>11.
:\11 c1111tt·airc. l'acl<• a11tl1c11ti1¡uc fait ft>i <l<' s1i11 co11lc1111 j11s1¡11."ci i11srri¡1tiu11
1/e ./'<111.r . .\1.ais il ~· a lic11 tlf' rt•¡irticl11irl' ici 1111<' clisti11cli1i11 q111, ll!111s av1,11s
1lt'-j:'1 1>rt'·s1•11lt'•r i'1 ll.l"<>IH>s cl1•s acl<'s 111• l't'•tal ci, il.
(;,, 1¡11i !'SI t'·lal>li j11s1¡11'ú i11scri¡>li1H1 111• fa11x. ,•·psi s1•11l1111u•11l la si11cí·rit1•
des clt'·clarali1H1s (il i'n11H1ciati1,11s ¡>r,,1c11a11l 111• 1'1>l"lil"i1•r ¡1111,lic l11i-1111',r111•, :\
f>I"OIJC>li el,~ fails 1¡11"il a 1111 i,[ 1111 ,,·rilicr e.,· ¡1ro¡1riis .~1•11sif111s.
1\11 CfJ11lrair1•, l<·s ,'·111H1ciati1111s 1¡11"il 11P f11il 1¡u1• r1dalcr. 11,ais 1111i t'i111a111~11I.
1lt•s ¡ia1·lics cll<'s-1111\11H•s, 1>11 l"l'llc·s 1¡11'il fait l11i-11H'111n, alt>ri- 1¡111· la l1>i 111'
l11i ll111111ait ¡111s 111issi1JII ,11· (ps 1·111<•.tlrc\ IH' 1"1,111. ft>i q11P j11s1¡11'.'1 ¡1ri:11,c 1111
c1i11lr11irc, c,1r 1•lll's ne s1,11I c1H1,,·rl<'s 11111• (lar l'al"lir111ati1i11 1il la sig1111t.11rP
' ' ' ' ...
• " '

DES PRElJ\'ES

<les 1Jarties (Req., 1ojan·vier 1900, 1). 11 . 1901.1.:~!1í, S. 190 1,.1.'.'-íº; R.Pt] ..
:11 février 1912, 1). I>. 1912.1.196, S. 191:~., .·115; lleq., 28 déce111IJre 1~¡0!1,
S. 1 905. 1 , 4'l 2) . ·
l>ar e\.cu1ple, voici tin acle tle ver1le ll'u11 i111meul1le <lres,;Ú par t111
notaire. Cet acle porte que lel jot1r 0¡1t co111¡Jar11 1111 Lel el 1111 tel, - l]IIe
le ver1clcur était sai11 d'espril - q11e la vente a été faite d'1111 i111111eul1lP --
d'11nt! contenance de lant cl'11eclares s11ivanl déclaralior1 du ,ende11r, - 1111e
le prix a 1\té payé in1r11édiate111ent en especes dont 1111illa11ce.
Si les l1éritiers clu ve11deur préte11dent q11'il r1'y a pas cu en réalit.é d'ac~
passé te! jo11r devant le notaire signataire, ou que le 11rix 11'a pas été versé
devant lui, ils devront s'inscrire en fa11x. En efl'et, ce sont la des faits
q11e l'officier ¡Jublic a, ait 111issio11 de constater et qu'il a constatés ex ¡1ro-
0

priis sensibus, en les relatant avec les garanties de véracitó l]Ui s'attacl1enl .'1
sor1 caracl<'~rc.
~lais supposo11s c¡11e les l\éritiers ,·euille11t pro11vcr que l'i111111euble a,·ail
e11 réalilé u11e conlenance s11périeure; il n·~· aura pas !Jesoi11 d'i11script io11
de fa11x, car ce n'est la qu'une déclaralio11 én1ana11t 11011 clu notaire, 111ais
des }Jarties.
ll e11 sera ele 1ne111e si les l1éritiers so11tiennent que l'actc q11alifié vP11Le
étail en réalilé u11e <lonation et que, .'t cct efl'et, le prix versé n'a pas í·té
réelle1ncnt fo11r11i par l'achete11r, n1ais l11i a-vait <'·té ren1is, a,·ant r¡u'il 11·c11-
Lral cl1ez le 11otaire, par le soi-disa11t ve11lleur. En effel, il s'agit la d'u11 fait
<¡ui s'esl passt' l1ors de la présence d11 11otaire (Req., 21 fí~Yrier 1912, D. J>. '

'!)12.1.195, S. 1913.1.21:í; llec1., g déce111lJre 1913, Ca::.. J)a[., l!)If1.1.231).


f\l<'1r1e rt'·gle si les J1ériliers prí·ter1rlc11l <JtIC le ve11clc11r Jc11r aute11r t'·tail
S()IIS l'c111pire ,J'11r1 acces <le folie. Ici le r1olaire a bie,1 cl{·claré c¡11'il était sai11

<l'csprit, 111ais il s'agit d'une apprc\ciation qu'il n'avait pas n1issior1 ou com-
¡1étP11cc ele f'aire, qui ne renlrail pas da11s ses altrilJutions. ,1\ucune fc)rce
prolJante 11c l11i t'St done attacl1ée.


Mentions diversas des actes écrits. -- 11 l't'•s11llc cl'1111P di~posilio11 "
c1J1111111111e a11x acles a11ll1enlic111es et aux acles s1111s sPi11g privé, celt,, de
l'arlicl<' r :1•1.0, q11r. la 1111\111e f'11rcc 11ro)Ja11lc 11'Psl 1ias allacl1{:c i, toutes lt's t
111c11lio11s <lt• <'PS acles.
<>11 H(J}>cllc· 1n1·11fio11s 1lis¡1osifil'es cPllcs t¡ui 0111 lrail. ;\ l'ohjct 111t!JII<' ele
l'11púralio11 jul'i<Jiqur. rt'lalc'•<' ¡,ar t',cril. 11 esl clair 1111c l'allc11tio11 tics ¡JarliPs
s',ist arrt'Li'•c sur Cl'S 111c11IÍt>t1s. l•:IJes scro11t cl1111c in,cslies ele lc>ule la ftJrc1•
'
J>l'ol1a11le allacl11'•t• ;'1 l'a'clr i'·cril.
()11 a¡>¡>cllc 111c11fio11s 1111011ci1.1fi111•.~ cellcs 1¡11i, a11 CfJ11trail'<', 011l lrail ,\ clt•:,;
fails a11lr1•s <¡uci l'ol>jcl 1111\111r rlc l'1>¡1i'!ralion jt1l'i<lir¡11t'. \ l1•11r {·gar,I, l'arli-
clP r:l·t<J fail 1111<1 clistinclit111. Si l1•s :,;i111¡1les t\llOllciati1n1s 011l aY<'C l'olijt\l 1le
1't1J>t'·ral.i1111 1111 rr,¡>¡>11rl 1/11·,!cl. l'lles a11ro1,l la 111e111c aulcirit{, <¡11c les 111e11l.Ít>11s •
1lis¡H1siti,.,s. \11 t:<l11Lrair<', si Piles 11'1>111 pas avcc la 1lis¡Jt>siti,¡11 1111 ra:1¡J11rl
1lirncl, " l'll<'s nn Jleuvc11l servir que cl't111 co111111c11ce111e11t 1lc prcuve ¡Jar
i'•crit. n. l.a loi ¡irt'·s11111e alors 1¡11e l'allc11li1111 eles ¡1arli1\S a ¡111 11e ¡Jas se fixcr
..•
a \'CC Í(Jl'CC SIi r CP.S IJJCII li<)llH.


;
..' .

LIVRE PRE~IIER. - TITRE 11. - ..\PPE'il>ICE

(Jl1a11d 11ne n1ention ó11011ciative a-L-clle, c111a111l n'a-t-cllc {>as a,ec la clis-
' J)Clsition un rapport direct ~ Cela dépend óviden1111e11I des circonsta11ces, et les
j11ges l'ap¡>récieront souverainer11ent.
\'oici, par exen1ple, a la suite d'une con,·e11tio11 de pr1\t, 1111 acle par
lcquel, au tern1e co11,•enu, le cróancier consc11t a11 dél>ileur un reno11,·ellc-
111ent, c'cst-.\-clire une prorogatio11 d'écl1éance. L'acte ajoule celte d1\claratior1
des parties q11e, jusqu'a11 ter111e, les i11térets stipulés a,aient c'·té r{·g·uliere-
111c11t payc'~s 1Jar l'e111prunteur. 11 y a la une n1e11tion c'•nonciatiYe ú ,·apport
dirccl a,ecla disposition. L'atte11tio11 clu créancier 11'a pas p1111e pass·~- fixer.
Supposons, au contraire, que, tla11s u11e q11ittance. le créar1cier rr.connaisse
aYoir été payé<< par mains et deniers d11 débiteur n. C'cst lú une éno11ciatio1l
q11i 11'a avec l'objet de la quitta11ce, q11i est de constater la libération cl11
dél>ite11r, q11'un rapport indirect, car le créancicr occ11pé seulc111e11t ele rece-
voir s011 paic·1nent 11'avait auc1111 i11téret it la re¡)o11sser. Si done 11n dél>at s'ou-
vrait entre le débiteur et 11n tiers qui prélentlrait aYoir en réalité fo11rni les
fonds du paie111e11t, l'é11tH1ciatio11 ele la c111itta11ce 11c po11rrait faire foi. Oppo- _
s{·e a un tiers, clic ne pourrait 111e111e, en l'esp<'~ce. servir de c,,111111e11ce111c11t
de {Jreuvc par écrit, p11isqu'elle n'{•111ane en r<'~alit<'.· c¡11P de la volonl{'. 1111ila-
t{•rale de celui q11i voudrait s'en prévaloir.

\r. - Différence relativa a la foi due a Ja date des actes.


1,cs acles autl1entiq11es font foi lle le11r clale, co111111e de lo11tcs lPs 111e11-
lit111s é1nanant de l'officier public ex ¡1ropriis sensib11s, jusr111'i1 i11scriplio11
dr fa11x. Et celtc autorité leur a¡l{)artiPnl a11ssi bie11 it l'égar<l tics tiers c¡11'a
1·{·gard des ¡>arties co11 tractantes.
1,es acles sous seing ¡>rivé reco111111s 011 v<'.•rifit'·s 1'1)11I f'oi <Ir le11r 1latc, e11
pri11cipe, co111111c tlr lc11r conlc1111, c'cst-it-dirc j11sq11'it ¡1re11vp du co11trairc.
Ai11si, le signataire, q11i ¡1ri'•tentlrail c<inlcslrr la rlatP clP S(lll cngage111c11I
tclle qu'elle ressort de l'{•crit sig11<'· ¡Jar l11i, cl(\Yl'a f'rn1rnir la ¡1rc•11YP ele la
si111ulatio11 de date q11'il i11vcJ1¡11c. 11 IIP {JOlll'ra le faire ¡>ar té111c1ins PI
pr<'·s1H11ptio11s q11c s'il ¡>r<,tluit 1111 co111111er1ccn1c11t <l(~ 11rc11v<' ¡>ar c'·cril. 'l'r¡u-
Lefr,is, si la si11111lali1,11 a fll'<\se11l1\ rle la par! 1lr sr>II cr,11lrarla11I 1111 caract1'•rf"
fr;111<l11leux, a~·a11t 1·11 ¡><111r IHrl, ¡1ar <'XP111¡1IP, 1l'<'.•l111IPr l'inca11acil{· 1l'11r1
n1i11eur q11i se sPrail irrc'·g11li<'·r1•111e11l 1,liligi'·. la JH'!'IIY<' ¡u,urrn se fairc ¡1nr
to11s les n1o~·c11s 1>ossil,Ics, 1•11 ,crl11 rlr cell<' r,'.g)n (art. ,:~t1H-1") <JtH• la
pr<\IIYC des cl{ilils 1>c11l l<)11jc111rs s'a<l111i11islr<'r lilire111<'11I ((:r<'11<1l,I<', (i 111ai
'!J(l'..!, D. 11 . 1903.:i.335).
'1'1·! csl le ¡>rincipe. Mais, e11 cP ((tii c1,11c1·r11P IPs acl1\s sous sPi11g- ¡lrivi'•,
il •, a 1111c <listinclion ,'t f'airP. <:1H11111e il •, a li(•11 11<' !'(•(l<111lcr 11111• 011fi1l,1lc,
r<'·s11lla11t d'1111P ccH111ive11ce <les <l<'IIX sig-11alairPs rl1• l'i'•cril ¡,rivi'!, en vuc ti<·
f1·n11clcr les ti,•rs, )'acle ne fait ¡>as 1'11i (1<· sa (!al P ,, /1:11r t:f/<lr<I; il faul.
pour qtt'il IP11r soit r1J>J>t1snblc, c¡uc s<,11 anl<'·rir,ritt'· rt'•s11ll<' <le l'r1c<¡11isilio11
<f11r1c 1/all' cerl<1i11<i. ('.cLIP ac<¡11isitio11 ne 11c11I r<'•s11lt1•r 1¡11c 1!'1111 <les fails ,
déterrninés ¡>nr la loi <l1111s l'arliclc 1:t~8. <le l'1•nt·<'gistro111c11I c11 11arlic11li<'r,
faits 1l011t le carncl1H·1· c,,1111111111 <·sl 1¡11'ils 11<' 1iP11vrnt ,'trc si11111l{·s ¡,a1· IPs.
a11le11rs ele l't'•crit ()rivt'·.
,. ' '-

233
Regle de l'article 1328. Date certaine des écrits privés envers les
tiers. - 1\ ¡)ropc,s ,te !a regle de l'article 1328, 11ous cxan1inerons s11cccs-
sivc111er1t trriis crucslio11:,; :
1" Que fa11t-il e11tcnelre ¡Htr liers :1
:J.º Co111111cnl 1111 écril 11rivé acq11ierl-il date certai11e :1
:~
0
(¿u clics excc¡)lir111,; co111¡)orle la regle ele l'arliclc 1328 ;1
1" Pre,nil\l'e 1¡11estio1i: (jite fa1tl il e11lenrlre ¡Jar tiers aux ter1nes de l'arli-
cl<' ,:{28 :1 - l)n sail <¡u'il s'agit lit - v11 le el<'•faul ele tJrécisior1 tccl1nic1ue de
11otre lern1i11ologie juri,li,111e - d'1111c expression clo11L le sens varie secu11-
rlu111 subjectr1111 r11ateria111.
J<:viden1 n1ent, le 11101 tiers n' a pas da11s l' article 1328 la n1e111e sig·11ifi-
cal ion que clans l'article 1165 (les co11ventio11s n'onl pas d'efl'et a l'égard
,les tiers), 011 il clésignr les 1)erson11es q11i 11'ont pas de rapport j11ridiq11e
avrc les contracta11ls relalivc111c11t a l'objet clu cor1tral (¡1e11il11s exlrariei).
Co111111e l'opératio11 j11ricliq11e relatér pai· l'écrit l)ri,é 11'est aucune111ent
<11111osa]Jle a ces ¡ierso1111es, úla11t res iriter cilios acta, il cst tout a fait su-
J)erll11 ele clire que l'écrit co11stalant l'o¡Jéralior1 ne fail ¡Jas foi ele sa date 11
leur enconlre.
~otre expressio11 ,,·a pa,; 11011 pl11s le 111c1ne sens c1ue da11s l'article 3 de
la loi d11 :i3 1nar,.. 18,j;j 01'1 elle désig11e 11uiq11e111e11l (V. 11cilre t. r•r, p.951 et s.)
les ª)'ants ca11se a litre partic11lier ele l'aliénate11r aya11t ac(111is s11r l'i1nme11-
))le un clroit assujetti 11 p11!Jlicité.
!,es tiers de l'article 1:~:18, ce so11t les ¡)ersonnes 11'aya11l ¡)as figuré dans
l'acte et ayant aequis 11e l' 1111 des c·o,itractanls eles droils auxquels ¡Jorlerait
¡Jréj11dice l'acte relaté p11r l'écrit ¡iri1 1é, si l'arztériorilé de cel acle était établie.
(;e sor1t do11c. e11 s1J111111c, certai,is r1yr11its caitse a litre JJarliculicr des co1itrac-
111·1its. Supposo11s. ¡Jar exe111ple, q11c Prinius ait successivcn1ent, sans e11
fairc livraisor1 it a11cu11, vr11clu u11c 1111\1110 cl1ose 1110IJili/_·re a deux acqué-
l'<'tirS successifs, le secrH1tl acquére11r csl 1111 tie1·s ¡Jar rap¡Jort a l'écrit cons-
1a tan l I.a ve11 le faite ¡1a r /J rir11 us a 11 11rc111 ier ac<¡11érc11 r. Cct a etc ele ve11 te
11c l11i sera o¡)posalJI<' c¡11c s'il a ac1¡11is clate cerlai11e a11lérie11re111e11t h sa
• • •
JJroprc acc¡111s1t1011.
,\11 conl.rairc, a l'i'•gar(I des ayanls ca11sc 11 litre 1111.iversel lles co11lraclar1ts,
l'acle scius SPi11g ¡>riv{• fait. fui ele sa clatc Cl>J11111e ¡\ l'{•g·arel eles ccJr1lracla11ts
eux-111e1nes j11sf(u'u cl1;1ncJ11slratio11 de la fausset{: ele cellc-ci, car ils so11l
t.cnus de toutcs les olJligalions ele lcur a11le11r, it <¡uclc¡11e époq11e q11'clles
. t't'
a1en e e co11trac t'.1•cs.
11 er1 csl ele 1r11'\111c Jl<111r ce qui cc111ccr11e les crér11tciers cl1irograpltr1ires
,les co11tracta11ts. J,'aclc leur cst opposalJlc. {,rna11dt-il 1111'\r11e cl'1111 c]{\l>ite111·
L1H11l1{\ dcpuis c11 faillil.c, sa11s nvoir bcsoi11 cl'avcJir acq11is elale cerlaine. 11
1•11 scrait ccpendn11l a11lr<1111cnt clar1s les cas s11iva11ts :
;\. •· •· Si le crén11cier cl1 i rogra1>l1ui re agissai l J>a r l' aclior1 /Jc111lie1111c pour
!'aire r<'\voc111cr l'nctc e11 c¡11cstio11. l)a11s cecas, c11 ell'et, il 11e sa111·ail clépe11drc
1lc1s aclvcrs11ir11s clu dc1na111l1111r ele 11aralyscr l'acli<>Il 1le ccl11i-ci au 1noyc11 •

1l'u11c 1111liclale.
ll. - Si le Cl't\anciPr cl1irograpl1nirc conlesl.ail. la dat11 ele !'acle c¡11i l11i csl
. . .· . . . . ' '

LlVRE PRE ~IIEI\. - TITIIE 11. .\PPE..,DICE

op¡José, afi11 d'écarter t1n ,Jroit de pr1:/i:re11c,· <)ti l't:1¡ui11ale1il 1l'L111 ,1,·oil 1le
p1·éfére11ce q11i rést1lterait de cel acle a11 ¡JroliL d't111 autre créaucier et a so11
encontre, il su¡Jposer l'a11léricJrité éta]Jlie. Ce serait le cas. par exen1plr,
pot1r des créa11ciers du 111ari c¡11i seraienl 111e11acés cl'elre ¡Jri111és par la
fen1n1e allégua11t t1ne o]Jligation qu'elle a11rait srJ11scrite cla11s l'i11t{·rct cl11
n1ari .. \fi11 cl'écarter le rccours ele la fe111111e, reco11rs 111uni d'1111r lty11otl1e-
q11e l{·gale, les créanciers du 111ari pot1rraie11t inYoc¡t1er le cl{·faul tle dale
certaine de la prétend11e o bligation de la fem111e, gé11ératrice de S<JII recot1rs
a l'enco11tre du n1ari.
l)e n1e111e, un fer1nier ou locataire po11rrait i11Yoq11er le défaut de ,late cer-
tai11e d'un bail soi-djsant antérieur passé aYcc un autre preneur.
C. - l11Yersement, les créancicrs cl1irograpl1aires sont des tiers aux tern1es
de l'article 1328, lorsqu'il s'agit ele repo11sser J'ell'et cl'u11 acle ¡Jrt\te11du ar1-
tériet1r, acle qui préjt1dicierait soit il ur1 <lroil de prt'férence lc11r a¡Jparlc-
nant. soit :\ ur1e saisie c¡11'ils at1raier1t ell'ect11t'·P (\;. CCJJ. c11 ce c1ui t1>ucl1e la
. .
sa1s1e-arrc, 't C.1v.,:i9octo b rc1 8 90, D . I) ·f)I.1 ..',7.1, - S .91.1 ...,,0:.>. -·
2° l)e1t:cie111e qzteslio,i: Co1111ne11l Lt11 acle sous sei,zg pril'é 11c(¡11icrl-il d11le
ce1·ll1i1ze a l'égard des lie,·s? - Par lrtJis 111uyc11s, 11011s dit l'articlc 1328.
i\.. - D'abord, et. c'csl le procédé le plus usticl, par l'e11rcr¡islre11ie1il el a
<later d11 jo11r lle l'e11rcgislrcrncnt. Xo11s 11'ayo11s JJas it nous i''.lf)11clre ici
sur l'i11stilulion surtout fiscalc de J'E11rcgistre111e11l, ()rga11iséP ¡lar la Joi ll11
:J'.1 frin1airc an \TJJ. La for111alilt' <le J'c11registre1111•11l, c¡ui 1·c111011LP a11x

erren1ents fiscaux: d~ l'a11cic11 R1·gi1ne í_Eclit lle jui11 1;181 el' ele 111ars 167:{1,
a
cor1siste mentionner sur des registres ·,10,z p1tblics llt subslcLnce ,les acles
juridi1¡11es c¡t1i )" sont ass11jettis. líne n1e11tio11 c1Jrrélativc :i celle du registre
est UJl}JOSt'c sur J'écrit co11fií· it l'a1l111i11ist.ralio11, puis rcstil11r'· au>.: }lar-
tics. C'csl la tia te de cctte n1Pnli1Jr1' 1¡J1i co11slitue la clalc ccrlai11e de !'acle ú
• l'égard des liers .
U. - La mort de ccl11i 011 cll' 1·11r1 clP cc11\ t111i onl s1.111scrit les acles lc11r
cor1l't'·re a11ssi date certair1e.
C. --· J•:11fin, le 111e111c ell'et se {lr<itl11it 1'1 da ter <1 d11 jour t11'1 leur s11l1sla11ce
PSI c1111slali·e clans lies aclt•s clrcssi·s 1iar 1les 1)fl1cicrs ¡111l1lics, 1.els t(ll<'
proct''.s-verlia11x 1lc scp))i·s 1111 d'i11,P11tairc ,,.
(~et.te i·1111111i~ralin11 cst c1·rlai111•11H•11t li111ilalive. \11<'1111 a11lr1· é,é11tn11c11l, i,;j
lll't>liunt q11'il {laraissc, 111~ 11u11rrail c,,111','•rcr ,Jale ccrlai11c il 1111 {~cril privt'·,
¡111s 1r1eme l'appositi,111 1111 li111l1rf' 1lt• la JH1sle, ¡>as n11\11H• l'a111¡J11!.at.i<111 tlf's
liras tl11 signalairP !
.,., .. 7'1·01.~1,·mc
. .~ 1¡t1e.~ 1ion:
· /'~:1:c,1¡1/t,11111
. 1t' I,1 l't'!/
' I1'., l e /' ,,,.l.1c I1· 1,,:ic,.
., .., l,c:cl1a11111
c.l'a1111licalici11 1le l'nrticlc ,:{:.iH rl'1:c,il )ps li111ilali1111s s11i,a11t,::-:
.. ' .
\ - 11 ~- a C1l'S tl[H,rat11i11s . . 1·l()llCS 1l't'S
Jlll'l( ' 11()(11 1ll'PUSl'S e1(>111 1'a11l.1·r1or1lt·
' · . '
csl t'lal1lil' 11ar <les 111tl1les s¡J1•cia11x 1li'·r11gt•a11I .\ la rt'·glt11111 l)r1,il. co111111u11. 11
en ei,;l 11insi 1l<'s lransr11isi-ic111s di• ¡>r1111ri1di· <'I 1lt• clr11its rt'•.<'ls <'l gt'•nt'~rnlc111t•111
des acles sti11111is ú la lr1L11i;cri¡1liu11 t>ar la l11i de 18:,:,, tics lra11s111issi1111s 11('
1ne1tble., cor¡>orels suivic~s clP lrn1litio11 larl. , 1/11 c:l :.1·~7!1'1, cJcs ccsi;io11s ,/e
rré<tnt:P so11111ises a11x t'tir111alil1·s tic l'arliclP tH!¡c,, (les cessi1111s 1l1~ li1·c1!11ls
d'i11,,e11lio11, dci,; 11·liúr1ati,111s tic 11n1Jir,•s. 1:lc .•.
.: , . ... ,•

DES PREt:VES

13. - En verl11 tl'11nc lra<lili1)11 constar1te, les 1¡1tilta11ce;; 11c s1)11L pas so11-
111i,;es á l'article 1:1•18. Elles sont done opposables a11x tiers sa11s avoir bcsoin
1l'avoir acq11is 1lale certai11e.
C. - J•:nJi11, c11 "'" fo11dant s11r ce qnc l'arliclc 11)9 llu (:ode lle con1111erce
relatif a11x 1Jrc11Yes com111ercialcs 11c reprod11il IJas la <lispositio11 de l'arli-
cle 13:18, u11e jurispr11de11ce a11jourd'l1ui cousta11te allrnet que celte regle
u'est pas applicable c11 111atiere con1111erciale. S'il y a co11testatiou de la datC'
ti'1111 t'·crit priYé, il HJ)llartie11t aux jnges ele statuer d'11pres les circonstancPs
111.• la ca11se (13ordca11x, !) 111ars 18gü, l). l)_ !J[)-2.liií, 11ote ele :\l. Valéry.
S ..t19:2.273, note ele ~l. ,,·alil; Rer¡., 9 ja11,,ier 1906, D. I>. 1906.1. 11 , S. 190G.
1.·162).

\'l. - Différence relative a la valeur des copies.


J,a co1lir cst la lra11scri1Jtio11 litt1"rale ll'11n acle faite ll'apres l'original.
~:11 princi1le, c'est l'(irigi11al seul lle l'acte 11ui fail ¡Jreu,e. Les copies n~ fo11l
foi que de ce q11i esl co11le1111 llar1s l'origi11al, el la représentation <lú Litre
origi11al 1ic11l toujours t~lrc dcrr1and4e (art. 1334)- (;<'lle regle s'appliq11e au:-si
bien aux acles a11ll1entiqucs qu'aux actes sous scing pri,é; elle ne con1p1)rle
(¡u'une sP11le excc1llifJ11 relaliYc a11x acles de l'étal ciYil (art. !i5).
Cepe11danl, par cxccptior1, lorsque le litre origi11,1l 11 ·c.,;isle pliis, les e, 11iics
J)CIIYer1l ac1111i'·rir f'<ll"Cf' ))l'(J)1a11le.
S'agit-il d'1111 acle so11s sci11g ¡Jrivé, la copie n'a ja111ais a11c11uc force ¡lr()-
banle. Cela se cci1Hpren<I sa11s llei11e. 1'oute la ,·aleur d'1111 écrit résulte de
la sig11at11re des ¡Jarties. <Ir, la copie 11e c<i11lie11l pas celte sigr1aturc .. \11lr<'-
111cnl, ce llf'- S('rait ¡Jas 1111c copie, 111ais 1111 sccond original.
S'agit-il, a11 ccinlrairP, 1!'1111 acle a11ll1e!lliquc, et 1ilus SJ)t'•cialer11c11t 11'1111
acle 11olarié, il y a lie11 de faire les disli11ctio11s ci-apr1~s.
1iar111i les acles 111ilariés, les 1111s, el ce s<>11t la ¡ll11part, lloivent etre rédi-
g1".s c11 111i111llc, c'1•sl.-Ú-(!irc c¡ue l'0rigi11al (ou 111i11ule) esl co11serYé da11s
l'i'.•lucle llt1 11otairP ri'·llacte11r <¡ui Jlt' clcJit ja1Hais s'e11 licssaisir, sa11f' e11 eles
cas <'XC<'J>lio111u•ls, Pl est rcsp1>11salil1· 1le sa c1J11ser,alio11. Certai11s actes sc11-
le111enl, 11ui, ¡>ar lc11r ualure, 1loiv<'Tll elre utilisés i1r11HédialP111e11l, c,.1111111e
le,; ¡ir,,c11rali<J11s, 11•,-; acll's ele 11c>t.1,rit•li•, lPs <juitta11ccs 1IP lo)'er,;, le,; ccrtifi-
1:ats d,· ,it· llPll\'(\lll 1\tr11 ri'·tlig{:s Cll l11·e¡,c/, c'esl-ú-dir1' 1¡11e l'ririginal e11 rst
l"l'lllÍs a11x 1iarl.ÍPs (1,. tic y1•11ti'1sc a11 \.1, al'l. :>.«J, 2:>._l.
La <(IIPsl i,)n 11,· la valc11r 1les "ºl>ies ne se JH>s1: 1l,111c J>a,; ¡H>UI' les acles
rt'-1ligt'·s 1'11 lirPYPI. <j11P si l'llc se JHJsail, Pile 1!1:Yrait 1\lr<' l'l'Slll11e cc1111111<'
¡¡0111' lPs acles s,111s SPillg ¡irivt'·.
\11 r1111l.rair1i, Jps a1"l1:s r{\dig{·s c11 111in11lc s1J11t <lc~li1>i•s h 11°i!lre 1ir1J-
1l11ils 1¡111· ¡>ar l1i11rs c1>J>ÍPS. (;cs 1·o¡ii1•s ,111 1·x¡>éilili1,11s sc111l <l1· 111'11\ s1,rt1•s, la
(ll't'lllii'•r1• l'XJ)i:uiLiu11 ()ti !/l'IJSSt' l!l les si111¡Jle.~ t'.J'[it:,1¡1iu11.~.
l,a 1ir1•111i1\rc ex¡>élliti1i11 1111'1i11 a¡>f>Pllc gru.~se, .'t cause 1le la ,li111e11si1>11
11,·s i-aracli'·l'•·s, 1·sl la senlP :'1 la1¡111·IIP s,,it altacl1t'•1\ la l'1>l'lllt1lo ex{·c11l1lÍl'P.
l,,,rs1¡u1\ 1'1,riginal 11'cxisl1• ¡ilus, la gr,1ss1: fait la 1111'111e f'cii que l'1>1·igi11al
1arl. 1:1:¡;¡_,,,. l•:t il ~· a liciu d'assi111ilc:r aux gr11ssPs, h ce ¡i1,i11I. ele V1t1\ 1le la
f,ir,·1• ¡>r1il1n11I.P, 11'al>•>l'1I lns c,J¡ii1:s t.ir{:Ps 11lt/•riP11rc1111.inl. 1Hais fl!l/' ['1111/11rifé

Ll\'RE PRE~flER. - TITRE II. - APPE~DICE

,t·11ri magistral e11 1Jrésence des parties ou elles dume11t a1J1Jelées,et, e11 secÓ11cl
lieu, les copies tirées en JJréser1ce des parlies et de lcur co11ser1ler11e11t réci-
¡11·oq11e.
1<:n del1ors de ces de11x der11icrs cas, les simples expéditio11s pei1ve11t fairc
fc,i qi1and le titre original n'existe plus, n1ais seule111ent si elles ont ótó
Liróes par le notaire qui a rec;i1 l'acle ou e11 est llt'·positairc, el si elles s0111
1111cier1r1es, c'est-a-dire datent ele plus de trer1te ans. l<~aule de l'11ne ele ces
elcux conditions, elles 11e valent que co111111e con1n1ence111ent de 1Jrei1,·e par
t'·crit (arl. 1335-2° et 3º¡.
fJuar1t aux copies de COJJies, elles 11e pe11vent servir c111e ele si111ples ren-
seigr1en1ents (arl. 1335-4°).

§ :1. - Ta·olsleme divl!!llo11 1les 1•1·e11,·e"' lltt.-rales. ¡\.etes


1•rl11101•dla11x. 1-\.cte!!t récognlclf!!t et conflr111atlfs.

l,es acles priniordiaux sonl ceux qui sont dressós ai1 1110111e11I 111en1e clr
la 11aissar1ce de l'olJligation (ou ele la transn1ission clu clroil róel) pour -la
constater.
í~es acles récogrzilifs et les acles co11jirn1alifs ont ceci ele comn1i111 c¡i1'ils
so11t dressés postérieuren1ent.
l,es acles cor~/irrnatifs s011t ceux q11i 0111 poi1r lJ11t ele cor1stater la confir-
111ation ll'un acte a11nulalJle.
L'acte récognilif _(art. 1337) est dressé, soit JJOtrr rer11placer le litre pri-
111c.,rclial qi1i aurait étó perdu. soit po11r interro111pre la prescription a11 111oye11
ele· la rrconnaissance d11 droit dir créancier 011 cl11 proJJriótaire.
l>eut-il a,oir f,irce ¡JrolJa11le) 11 y a liei1 ele clistinguer.
Si l'acte prirnlirclial c•st <l(lruil et si l'aclc r1'cog11itif e11 rrlatr s1J{•ciale-
111e11t la tcncur, il clis¡ic11sc ele la rrpri'·scr1lalio11 el11 tilr<' llri111rJrclial; il fail
done ¡Jrcuve co1r1111e cclir i-ci.
Si )'acle pri111orclial esl pcr<lu et si )'acle r<'-ct>g11ilif 11'c11 relate pas la le-
1u•11r. il 11'a q11c clcux ell'cts: d'al>ord il intcrro1n¡Jl la J>rcscri1Jli1J11, <'11s11ill'
il sPrl el<' ro111111r11cc111c11I. <le preu,e ¡>ar ócrit ¡Jer111cttanl <I<' eli'•1111111trcr par
lt'·111<Ji11s. si cela csl ¡>ossil>le, l'r1liligali<111 ou I<' elroil ri'•Pl. I~xcc¡>lir11111el!P-
111P11t cc¡>c1ula11I. l'acle r1\c1>g11ilif (lourrail len ir liPu <In litre ¡>ri1111.>rclial. C.<·
serait a11 cas ot't il y en aurail cle11x 011 ¡ilusic11rs c<>11f1lr111Ps, clonl !'1111 <I<'
lr<'nlc a11s ele clalc, et so11le1111s, les 1111s PI Ir~ a11lrcs. ele· la IH>SS<~ssic>n /arl.
1:{:{7. 3" al.).
Si !'acle 1>ri111r1r<lial 11'a pas c'~lc'· ¡>crcln, l'acll' rt'·cc>gnilif' 111' lll'<Jtl11il
c¡1H~ l'Pll'el intrrru¡>lif' el<' ¡>r<'scri¡>li1,11. 1<:11 cfl(•I, c'es1·,1a11s le tilr<' ¡>ri111or-
clial. cl(i11t Ia r<'¡irc'·sP11latie>11 ¡icul lr111j1111rs 1\lrc· exigc'•c•, <fil<' 1'1111 clPvra clu•r-
cl,cr l'i'·te11cl111~ Pxacl<' clP J'c,liligalir>11. (;,. <llH' 11' lilrl' rc'·c11g11ilif' <'<>11lie11<lrail
ti<' tlifl'c'·r<·nl tlll 1/ti ¡il1ts q11c 11· til.rP ¡iri11111r<lial 11'a11rail a11c1111 cfl'cl.
11 en scrail a11lr<'IIH'III, s'il r1\s11llail tl<'s circ<>11sla11cl's c111'p11 clrPssa11l l'aclf'
s11i-clisant rc'·c1ig11ilif'. IPs ¡iarlics 0111 c11t1•11clu, <'11 rc'•alilc'·, !'aire tJIH' 11rivali1>11,
s11l>slit11cr 1111c oliligal.i<>II 111111,·cllP ;\ l'a11ciP11111•. 11 <·11 sPrnit ai11si le J>lns
s,,11\PIII si ]p litre 11on1•1•/ 1·1,11IP11ail r11ui11s 11111• I<' lilr1· 1>ri1111,rclial. 11 y aurail
IJES PREl'VES

lic11 tic ¡)résu111e1· alors (¡11c le créa11cicr a c11len<l11 fairc rc111ise particllc e)¡•
l'obligation au el¡\J1ite11r.

Regles relatives aux écrits con:firmatifs, et plus généralement a


la confirmation des actes annulables. - Les articles 1338 et s11iva11L,-;
11011s i11elif¡ue11t les regles applicalllcs aux écrils ayanl ¡io11r b11t (le c1>11fir-
n1er les acles a111111la!)lcs, et, ú ce ¡)ropos, tlt\bordant la 111ati¡'.re eles 11reuves.
ils 11ous f 011 r11 is sen t 1111e Ll1éorie gé11éra le ele la co1ifir111alio11. 011 d,,¡ t e11 Lrn-
drc 1>ar la la reno11ciatio11 a l'actio11 en 1111llité én1ana11L ele cel11i <¡11i a11rait
le (ll'oit de s'en priivaloir (V. art. 1338 i1ifi11e). 11 rt'·sulte deux co11si'·c111e11cc-:
ele cctle défini ti 011.
1° D'aborcl, il ne faut ¡las, co1n111e ceprndant la loi le fait parfois elle-
111c1ne (\'. art. 131, et 1338), confondrc la con,fir,nalio,i et la ratijication.
La ratificalion, c'esl ]'acle par leq11el 11ne pcrson11e approuvc les acles c¡ui
011t été faits po11r son con1ple par 1111 1iegolior1i11i gestor. C'est. tn11l autrL'
cl1ose q11e la confir111atio11.
:iº De plus, la co11fir111alio11 éla11L la reno11ciatio11 a la 11ullilé, 11c l)cul in-
terven ir q11c lorsque la disposi tio11 ele l' actio11 er1 nulli té appartic11 t cxcl11-
s ivc111e11t a u11c elu a plusie11rs llerson11cs détcr111i11ées; c11 d'autrcs ter111es,
lorsqu'il s'agit d'actes n11ls d'une nullité 1·elalive (po11r i11capacité, vice ele la
vcJlonté, lósio11). Lorsqu'1111 acle est nul d'une nullité absolue, cor11111e JJar
excn1plc une donatior1 qui rr'aurait ¡Jas ·été faite cleva11L 110Lairc, 1i11 11c ¡le11t
la co11lir111cr. 11 fa11t, si 011 veut la re11drc cfficacc, refaire l'actc e11 c11li1•r
(art. 1339) '. Or il y a entre les dcux procé<l{,s, confirn1atio11, réfection tc,talc,
les <lilf{,rcnces sui,a11tes:
1\. - La confirrnalior1 résullc cl'unc r11a11ifeslalio11 de ,olo11té u11ilatéraJ¡,_
La réfeclio11 ele !'acle 11111 d'1111e r111llité absolt1c csl 1111 11011vcau cor1tral 1¡11i
exige. eles lors, l'intervc11lici11 si111ultanéc des parties el11 ¡Jrc111ier c1J11lral.
\i11si, <lans 1111c (!011alior1 nullc refailc á 11ouvcau, il fa11clra l'accc¡Jtatior1 eltt
(lo11atairc (arl. 1339).
13. --- La ct>11fir111alit111 1Jrod11it 1111 cll'cl 1·élroaclif, clic agit c.1: lu11c. J-:11
pfl'cL l'actc sc11le111c11l a111111lalJle 11'csl ttue sou111is ú 1111c i,ve11l11aliti: ,1·au11u-
lalio11: il ¡1rc11l11il ¡1r1Jvis(1ÍrP111c11L eles cll'els j11ri1li1¡11cs eli,s le 1110111c11l de sa
fcir111ati,111; la cti11fir111alio11 ,Je cct acle, c11 faisa11L clis11arailre c1,tle i',,,,11t11a-
lil{•, 1l111111e au ¡1rt1visoirc 11n caracterc cl{,fi11ilif. ¡\11 Cí111trairc,la ri,f<'rli1,11 elí'
l'ncle 11e lll'(Hl11il. ses Pfl'Pls í(ll<' c.1: 1111111:, a11 jrnrr oú Pile i11tt,rvic11L. I)¡'.:,; lor,-;,
0

<'l, J>ar cxe11111le, s'il s'ag-it. (! 1111e tlíHJati1111, c'csl a11 jcllll' cl11 11(111vca11 CiJillral
1¡11'il fa11l se ¡1laccr ¡Hnrr a¡1¡1récicr le 1111i11la11t. 1IP la 1111ritiló (!is¡11>11il,Ie.
<:. - S'il s'a¡;il d'1111c í111í,ralio11 j11ritlit(ll«' ass11jPLlic it tics contliti,,11,-; dí:
flllhlicil<'·, e1,111111c 1111c co11slil11li1,11 1l'l1y¡H>tl1ó1¡11e 1111 11ne alii',11ali,,11 (1'i111-
111e11l1les, lt s11¡1111Jscr t¡llí' le co11lr,1l ¡iri111ilif ail. (,li· J'í'1I1l11 t>lllJlic, sa 1·011fir-
111ali1111 11'p11(rai11er11 11as la 11<'.•c1,ssil1\ tl'1111e llíJll\"t:llí, i11scri1iti1111 <HI lra11scri11-
ti,,11 l,a ri'·feclit111, a11 c1111lraire, nt'•cessiterait. 1111e 11<HIYt'lle 1>11IJlil'-itt'•, la
., • 1 , • •
11rc111It•rp II aya11. ¡,11rl1• c¡uc sur 1111 aí'l<• 111c,1sla11t..
1. l'ourlanl l'arti,,lí! 13-IIJ rl,1elde q111i l,•s héritiPrs dn donatenr peuvcnt, apri'•s le tl,),:,··s
1ln c,·t11i-ci, conllr111er la ílonation nulte pour vice ,le for111í!.Voir ci-dcssus, p.67, not,: 1,
1 l'cxplienlion ílí! cl\tte ,lt1rogation.
LIVRE PREllJER. - Tl'fRE. 11. - Al'i'E~DICE

Formes et conditions de la confirmation. - 1º Curidilio12s de fo11ll.


- La conlir111atio11 d'u11 acte juridiqt1e a11nulable t>tl resci11tlable nécessilP
t111e pre111iere co11ditio11 cssenticllc, c'csl que le vice <lo11l l'acle étail altei11l
ai t pris fir1 au 1110111ent ot'1 intervie11t l'actc ct111firr11alif. E11 effct, s'il c11
était autre111cnt, cettc confirrnation présenterait la 111eme i111perfeclion que
l'aclc qu'i\ s'agit de consolidcr. 1'ot1s a,,ons déja ,·11 une application de cette
itléc so11s l'articlc 131,, d'apres lcc1ucl le 1r1i11cur tloil etrc 11111jcur pour 1)011-
,oir confir111er efficace111c11t l'acte c¡u·¡¡ aurait fail e11 1'lat tic 111inorit1\. DP
.111e1nc, l'article 1115 11ot1s <lit <1ue la confir111atio11 d'ur1 acle n11l pot1r cause
tle violencc ne peut se produirc que quand la violc11ce aura cessé. Une so-
lution idc11tiquc doit etrc ad111ise pour tous les cas tlc vices d11 co11se11te1ne11t
011 cl'incapacit<'.·.
Ce1Jcnda11t, si la ca11:--e ele nullité e:--t la lésio11, fauclra-1.-il que la lésio11
ait ccssé pour c¡11c la person11c lóséc J)11isse re11011cer valable111ent a so11
actio11 e11 rescisio11, 011, !out au 111oins, faudra-t-il que la l{·sion ait t'~l{•
rt•tluite at1 tatrx jusc1u·a C<Jr1curre11ce duquel la lc>i 11c la prend pas e11 co11-
sidéralio11? ll }" a la t1ne · qt1estion tres délicalc qt1i se rallacl1e au 1ioi11t <le
savoir qt1PI est le fonder11e11t de 1·actio11 en rescisio11 <lan:-- les l1y1)otheses
exceptio11r1elles ot'1 la loi l'accor(le .'1 la ¡Jartic lésée. \011s Ycrro11s IJicnt,iL q11c
ce fonde1ne11l cst q11e la Iésio11 lafssc s11p1)oser, cl1ez la parlie li•séc, 1111c co11-
lrai1ile niorale qui l'aurait fait co11sentir,sans que sa lilierté restat c11tiere, i1
1111c tlfll'•ra ti<ln exagérén1e11 l (lésavar1lageusc po11 r ses i 11 tér<)ts. ll s11fli ra tl1lnc
11ue le bé11éficiaire de l'actio11 c11 rcscisio11 soil (( all'ra11cl1i des circonslanc1•s
sous l'e111pire clesquélles il avait cor1tracté n,po11r po11voir rcno11cer virt11el-
lc111ent a so11 actio11 Pt ¡)ar co11s{·1¡11c11l cu11f_ir111er l'acte en q11estion.
U11e seco11dc c1111dilio11 1lc la vali<lilé tic la co11fir111ation. c'esl c¡11e s1)11
a11le11r ait agi e11 pleine cu1111aissa11cc de ca11se, c·esl-a-<lire e11 ayan t u11e
co11naissancc précise d11 ,·ice qt1'il s'agissait tle r<'.•parer. Pl avec la volo11ti· de
le r1'parcr. C'nsl ce r¡11P la j11ris¡1r11dencc a 111ai11lcs fc>is <lt'•cidé /1 propos
<1'1111 11111tlc 1le c1J111ir111ali1>11 1¡11i Psi l'cx.1·c11li1111 vr1lunlairc et parti1·lle rlP
l'actc an11ulalilc; 111ais il n'est IJas rlr111le11x <ftle cctte iclée doit s'ap1>lir¡11Pr c)p
l(llf'l<]IIC 111anii':rc 1¡11c l'i11téressé s'y soil pris po11r opércr la co11flr111alir111
',l\ec¡., :i1 février 18!)!1, ]). I>. 99.1.:11:i).
Des acles {:q11ivoq11es, t:'cst-1i-<lirf' 1111i r1011rraie11l ¡;'px.¡1li1¡11cir a11l.rP111<>11t
,¡ue par cr.ltc 1lo11IJl1• c<111tlitir111, lll' sa11raic11l av11ir u11 elli~t. c<>nlirrnatif. J'ar
nxc111plc, si le <l{~}>il1:11r <l'1111e r1l1ligali1111 a111111lal1ln s't'•tail acc¡11itt.ó Pll 11arliP
1111 avnit <len1a11dó u11 dí\lai <le ¡1aicrr1c11l, 11111is ¡1c111r, úviler <lt!S Jl\Hirs11il.1•s
1¡111. 1n 111c11ai:a1c11 . t , 1'l r1 'r.11 res11
' 1!Prn1l
· pns ncccssn1re111r,n
' ' l <(11 •·11 1)11.
'1 <'11 1e111 1u
c1Jnlir111rr s11n <)liligal.i<in (l\rq., ¡ f<')vriPr 189!}, I>. 11. !l!l·' ·:i¡H, S. !lU• 1,:,\1/1:
llesani:-011, ¡¡ f{·vricr 1!1<>1, I>. I'. '!}O~.:.i.11!1; \ 1 • <l'a11lrt's a1111licalitl11s s<111s
l\io111, !i <lt'•cr,1nhrP 188:\, 1). I'. •";1.:1.8!1 Pt l\<'<I-· ¡ ja11virr 188:1, I>. I'. 8ií.
1.:i:1:i).
:.iº r:o,1rlilio11.~ ,le ji1r111e. -- 11 y a <IP11x sortPs <i<• 1:1>11fir11111li1>11: la c<111lir-

111ali<>11 e.r¡iresse el la r·o11./l1·111r1/io11 /11cil<'.


,\. - L1 c1111jir111,1liu1t e.i:¡1res.~e csl cellP <¡11i rí·s11llc 1l'1111c Yt>l1u1Lí· 111a11i-
f<'st,'•e 1~11 IPr111es nxprin11111l f11r1r1ell<\Jlllllll l'i11le11tit111 1lc c<111fir111cr. Si 1111
DES PREUVES

t'·crit est liressé pour relater celle co11firmalio11, L'article 1338, al. r"r, nous
clit que cctte preu,c lillérale « n'esl valalJlc fltle lorsqu'o11 y tro11ve la subs-
lance de l'o]Jligalion, la 111enlio11 du 111otif de l'action en. rescisio11 et l'i11-
le11tion de répar<1r le ,ice sur lel¡uel cette action est fo11dée >>. 11 convie11t ele
ne pas se 11u\¡Jre11llre sur la l)ortée de cette elisposition. Elle u·a trait qu·a
la ¡1retll'C ele l'aclc co11fir111atir, it l'r:cril drcssé l)Our le cli11stater. l<'aute ll'etre
rt'•dig/• lla11s les condilÍ<)llS de 1)récisio11 ex¡)licite irtllic¡uées ¡)ar la loi, l'écrit
11c pourra ¡¡as ser,ir <le J)reuve. )[ais la co11lir1natio11 11e sera pas atleintc,
;\ SUJJLlt>SL·r <1u'cllc sflÍl IJicn i11lcr,c1111e. Cel11i <¡ui entc11drait s'e11 prévaleJir
[!' IJOurrail, s'il ¡Jar,e11ait a ll<~111011lrer la 111anifcslation de ,·olonlé de l'autre
¡Jarlie, soit ¡)ar L'a,e11, soil par le ser111ent, soit au 111o)·e11 de té111oignages
corroborés par un con1nic11cen1cnt de ¡Jreu,c par écri t. '

B. - G'u1ijirrnalio1i tacite. - « A défaut d'actc de confirn1ation n, 11ous


elit l'arlicle 1338, <( il suffit q11e l'obligation soit exécutée ,·olontairen1cnl
aprl's l'é¡Joc1ue il lae¡11elle l'o]Jligation pouvait elre valal1len1cnt confir111ée >>.
lci encclrc, il 11e faul JJas exagércr la J)Ortée ele la loi. L'i11clicalio11 c¡u'ellc
11011s du1111e ,i·esl JJas li11iill1live. L'exécutio11 volo11Laire soit lotale, soit JJar-
Lielle de la part cl11 dé!Jiteur 11'cst que l't1n des cas 011 1'011 ¡Jeul i11cluire ele
so11 altilude la volonló de co11fir111er l'acle a1111ulalJle. Par exe1r1ple, le fail de
llis11oser,e11 co11naissa11cede cause, ele la cl1ose acc1uise er1 verlu cl'11r1 contra!
elont or1 pourrait de111a11der la 1111llité, e111porlc, de la part clu disposant qui
se 111cl ainsi clans l'i111possilJilité ele rél.alJ!ir le slnltl qtto r11ile, l'i11te11tio11 de
cu11l1r111er le co11lral. C'esl ce que 11eJ11s eiit l'article 892 á propos d'1111 par-
lage a11nulablc (\'. d'autres exe111ples de co11firn1ation tacite a11tre111e11t qt1e
par exécutio11 ,olo11tairc sous lleq., 2 ja11vier 1901, •'D.l). 190:1. 1.573, S. 1903.
1, 117; !\('({., 1:\ja11vicr '!JO:i, l). {>. 1903.1.:i:>.!1).

Eft'ets de la confl.rmation. - Notrs avo11s dit q11e la co11firmation dº1111


acle ann11lab!P enlrai11c u11 ell'cl rétroaclif. r;acte coufirr11é est considér<~
co111111e aya11l. /:t<\ valal1lc rtb t1iiliu. Ce¡1e11<la11l,cetle rélroaclivilé, ceci résult«_
eles <lcr11icrs 111ols u.e l'arlicle 13:{8, 1111 11eut JJas ¡1réj11clicier aux droits eles
Li,irs. Co111111e11l. llcYuns-11011s C<J111¡1rc11rlrc cellP ex¡1ressio11 ele lie,·s ~ Celtc
eJ 11eslio11 a étt'• tri:s di'·liall11c. 11 l'au l, cr<>yo11s-11ous, c11 tc11cl re ¡>ar I iers, a 11 x
l<)l'IIICS de l'arliclc 1:~~8, c,iltti ,¡ui, rtyr111l lrr1ilé rtvec l'r11tle1tr rle l'ricfe nri111tlr1/Jle
,¡11.i ¡1011vail cler11a111ler t,1 r1.11llilé, r1u.rail, ¡1rtr ce/le 0¡1érat iu11, acr¡ttis u11. 1/r()i/
,¡ se /1/'l:,,atoir ,Je cclle 111tllit,1. 1\i11si, su1>t>f>s<i11s c¡u'1111 111i11c11r l1y¡1oll1i·,¡11<'
1111 i111111c11ble. i>1Jsl<'·ric11rc111c11l i'1 celle l1ypotl1<'•1111P, il vc111l l'i111111c11l>le <111'il
avai l 11~'¡1otl1t·1¡uc'·, ce <¡11i s11¡>¡i11sc chPz l11i l'i11le11Lici11 ele se ¡1r1\valoir 1)p
la 1111llitt'· 1lc la ve11I<·. l'11is, 1lc,<:1111 111ajc11r, il l11i ¡>lail 1lc ceJ11fir111cr ]'l1y-
]H>lht'•q11c q11'il avail l'ail<· 1'11 1•lal ,Je 111i11<irilc'•. Ccllc C(J11fir111ali(lll 11e ¡io11rra
¡,ns ,\Ir<' fl))J)11s{•c a11x dr1>il.s <l11 l'acl1cle11r <111i, ¡\ 111oi11s 1lc 1r1a11il'eslalio11
<11• ,ol1,11lc'· c1111trairc, p:,;I rc'•¡iut.{~ av1Jir ac1111is l'i111111e11l1l11 Lel ,¡11'il l11i {•lail
, ·,
¡1rí•sent.<'·, c·c~l-1'i-1lirc avec 1111c l1y¡)(>llu'.1¡11<·, 111ais 1111c l1yp11thc'~1111c a111111lalJl<'.
lnvcrsc111e•nl, s11¡1¡H1sons ,¡11'u11 n1inc11r acl1<'·lP 1111 i11111u~11l1lc l'1Jstéricur<'-
111P11l, 11' vc111l1•11r, ne l1111a11t. ¡1as con1ptc 1lr l'actc a111111lal1le 1¡11'il a,ail ..
¡1ass1•, l1y¡i11Lh<'·<¡11P C<'l i111111e11lilc; si 11' 111i11c111· 1lcve11u 111ajct1r c1>11fir111c
LIVRE PRE,IIER. - 'flTRE 11. - .\l'PEXDICE

l'acl1at c¡u'il avait fait, cetle co11fir111atio11 a11i'•a11lil le elroit elt1 créa11cier
l1ypotl1écaire. E11 efl'ct, ayar1t traité ayee cel11i <l<:s co11Lracta11Ls at1c¡11cl
n'apparle11ait pas la disposition ele l"action en nullité, il n'a acquis a11cu11
droit a se JJrévaloir de cetlc: 11ullité. Bien qt1'i'•tra11g·cr :i la confirn1atio11, il
11' est pas un liers a11x: tcr111es de l'arlicle 1338.

Historique. Généralités. - ()11 ap1Jelle ¡1rc1ii•e Les/i111011iale celle c111i


résulte des dépositions ele té111oins relata11t de,a11t la juslice les faits a11x:-
quels ils out assisté. Ce 111rJde de pre11ve, el'ap¡Jlicalion co11sta11te e11 111ati<'·re
pé11ale, a été longte1nps ,u a,ec fa,eur ' da11s le elon1aine tlu Droit ci, il.
<< 1'é111oins passent lettre ,J était 1111 aelage de la lrl'S ancie1111e l~ra11ce. J•:t en
cll'et, les i11convé11ients ele la preu,e testi111011ialc_ 11c co111111c11cere11t .i s·~-
n1anifcsler e111'a11 jour assez tarclif 01'1 la JlOssibilité JJour le;; parties el<'
s·engagcr solo 1:011se11s11 cut 1J<'•11élré da11s le Droit. Co111111e11I. i1 partir de c0
1110111ent, surtout lorsc¡11'il s'ag·issait ele person11es lJClI l1abit11<~es aux: afl"aii·es.
IJouvait-011 d1~Lcrn1i11cr cx:actc111c11t s'il y avait c11 co11tral r)u ~i1111Jles po11r-
parlcrs, et quel ótait le 111011ta11t pr<'·cis de l'cngag·cn1e11t ;;ouscrit par lP
4J{•))ilc11r) 11 fallait se ficr it eles té111oi11s. Orles té111oins t'·l:iicnt s11spccls el<'
st1 bor11alio11, surtou l lt la campagne et par111i les gens ele basse co11cli I i,111.
<1 11 y a e11tre les proverlJcs rura11x, (·cril l.ciysel , fnslil. c1J11/., Liv. \',

tit. ,,, 111ax:. I), q11c fo! cst q11i se 111el en c11q11rs!P, car Jp ¡1!11-; so11vcnt <ftii
n1ieux al)re11,e 1r1ie11x: ¡)re11,c. i> Co111111e, cl'aulre ¡iart, les ¡1rc1g·ri',s ele l'i11s-
trt1ctio11 re11claicnt ais<', a11x partics de se n1{naµ·pr 1111e 1irc11,e t'•crite, et q11c
la 11óccssilé d'1111 <'•cril, si 1111 la 1Jrocla111ail, tlPvail a,l1ir ll<Jlll' rés11ltal
cl'c1npccl1er ele 110111l>rP11x 1>r(>c<'•s, l'1lrclo1111a11c<' <l<' \l,.H1!ins tic 1566 ,in!
clécicler (art. 54): 1º qu'il dcvait etre passé acle de to11tes cl1,1s1's Pxct'·<lanl
la so111111c de 100 Ii,·rc~: el :iº r111e 111t~111e ¡1011r 11nr so111111r i11ft'·rie11rc. 1>11
Tli, JHJl!Yail i'·lrc a<l1r1is ;'1 rirn ¡iro11,er ¡Jar tt'·n1<li11s <'<llllr1• li·s <'.·crils. f:Ps
clis¡1risili<l11s f11r<•nl rr•¡ir,11l11i!Ps <lans l'(lr<l1,n11a11ce 1·i,il<' ti,. [,ouis \1\
d'a,ril 11i(i¡ (Lit.\\, arl. :i .
I•:llcs S<Jll! <'l!Ctll'<', a11 ,·hill'r<' pr,'-s, <'<J11sa1·rt'·1•,; fl:ll' 11,dr,· <:,,d,· ci,il tl<>lll
l'arlicfp 13!11 <,st ai11si cr,11t;11: 1, 111l<1il ,\trP ¡iass,·· a,•(p dP,a11t 11,¡lair1· <>11 S<lll"
signal11rn ¡1riv<'•r,<lf' l(H!lt•s clH>SPS <·xc1·tlnnl la s11n1n11• 1111 ,aJ,.ur ti<' 1:Í<> fra111·s.
lll(\IIIP p<)lll' tlt'·t><it ... V<li(JlllairPs; P( il n'csl 1'('1;11 HIICl!llf' ¡11·c11,r ¡>al' lt'·lll(li11:-
C(JlllrP el 1i11lr<, le c1l11lc1111 aux acl<'s, ni s11rcrr111i sPrail all<'•¡.r11<'•a,<Jil' ,·,¡,·, dil
avanl, l<)rs 011 <irJlllis lf's actrs. <'ll<'Ol'f' 1111"if s'agiss" <1'11111• ,;11111111<· 1H1 ,al,·111'
. 1l'C <1C 1;)()
11l(llll( • f' ra11cs 1 . ll

t. La prohihition 11<1 la pri.nve par lt1111oins ponrrait ,··tr.. a11j•J111•,l'h11i lnvt'•p sans dan-
¡;rr, ,1<1 l'avi~. d11 111oins, d1i c,•rtalns jnris,:onsnltl's (\'. 'l'halll'r, /•'r1illi1t!.~ 1•11 droil co111-
paré, 188,, t. l. n° :11, p. liill), º"IIIOlllt'lll, ,lisr,nt-ils, '(111' ('t' llll)dl' ,I,• ¡,rt!IIYtl t'Sl a11torisi
Pn mati/•rl' con11111•rcial<•, il n'y a pas ,I,! ralson ,¡,. ['px,·lnrn t'llll'P 11 011 ro11111u•r~11nls.
L'obligntlon ti<• l"tH'.rilnrl' l'Sl 11n1! ¡.¡,\n", 111111 ea11s1• ,In l'<'lar,I qui ¡11•11t nnirn anx pnrti,•s.
llnns hlt!II d1·s cas, les conv.,1111111·,is s'opposl'nt i'l e,• qn'il sol!. rt'•,lig,·· 1111 ,1erit. C,·,
rnotifs 0111 d1\ll•r1nint', t1•s r,1,tae!Pnrs ,111 Co,lt• elvil 11ll1•111an,I PI 1'PII\ ,tu t:o,IP ci1·il sni,,"
lL admcttrc s11ns lin1it11tion la pre111·r par tén1oins.
\ : ,
' . '

DES PI\EL'VES

.·\ pren1iere vuc, il résulle ele cette disposilion c1ue la prcuvc testi111oniale
11·cst acl111isc cla11s 11otre Droit q11'a litre exceptio111zel. On sait d'aulre ¡larl
qu'elle diil'L·re ele la preu,·e littéralc, l)reuve ele clroit co111111un, en ce que
la loi 11'e11 cl{·ler111ir1e pas d'avance la force prolla11te. 'l'a11dis q11e la llreuve
littéralc Jait foi, c'est-a-dire, une fois administrée, doit entrai11er la convic-
tion d11 jngc. tantot jusqu';\ }lreuve contraire, ta11tut jusqu';\ ir1scription de
;

fanx, le j11ge a toujours le droit de rejetcr u11e allégation des llarties, n1e111e
confirr11ée par témoins, si ces témoignages ne l'o11t pas co11vai11c11. Ce faisant,
il (:111et une a¡lprécialio11 souveraine c¡ui 11e llenl do11ner place au co11trule ele
la <:our de cassatio11.
E11fin, da11s les cas oi'1 la pre11ve testi111oniale est déclarée admissible par
la loi, les j11ges doivent., pour qu'elle p11isse ctrc adn1i11istrée, rendre un
j11ge111enl clit i,zterloculoire ordou11ant l'ou,·erlure cl'1111e e1zr¡1iete, c'cst-a-dire
cl'une procéclurc spécialc consacrée ;\ l'a11clition des té111oins et 111in11tieusc-
111c11t réglée llar le (~ocle ele J)ro~éd11re (art. ?.5·1 a 294). Et il le11r est tou-
jours loisiblc de repo11sser la cle111ancle cl'e11quetc. s'ils esli1r1e11t q11e le proces
oll're cléjit des élé111e11ts ele convicl ion s11ffisants po11r fixcr lc11r OJlir1ion sur
les faits e11 litige (Req., 1!1 décc1r1bre 1903, D. 1). 1904. 1.1í3, S. 1905. 1.2í9).
lle¡lre11011~ 111ainlc11a11t cl1ac11ne des de11x regles éclictées par l'article 1341.

Premiare regle: Interdiction de la preuve testimoniale au-dessus


de cent cinquante francs. -- La loi e11joi11l aux parlics flc se 111(\nager
1111c prcu,c t'-crilc. eles c¡u'il s'agit d'une o¡léralio11 j11ricli<¡11c tic f{ltclc¡uc i111-
¡1orla11ce. Les 111ots << 1r111 111c ¡)our rlép<'its volo11taircs n s·ex¡lliquent par ce
l'ail c¡11c, da11s l'a11cie11 [)roil, la j11rispr11tlc11cc l1{·silait ¿l ap¡Jliqucr la regle
¡le l'arliclc 5!1 clc l'Orclci1111:111cl' ele ,1c)11li11s it la Jlre11Ye cl'u11 clÓ[lf'il, c•11 raison
cl11 caraclerc gral11il el a111ical cl11 scrvice rcnclu l)ar le clé¡icisitaire et, cles lors,
tic l'cs¡Jt\ce cl'i111¡JossilJilit1· 111orale t¡11'il po11vail y a,oir, cstin1ait-011, pour
I<' clt'·1>0:,a11I. /1 r/•cla111()J' 1111 rer;t1 /·crit 1lc so111IÓp<il. \11jo11rfl'li11i, la loi 11c fail
¡il11s ele Lcllcs distinclions.
l)(:11x. 1¡11cstio11s 1luive11I 1\tre 1:l11cicl1·es ii Jll'\)po, 1lc cclle ¡1re111ierc r1\gln:
1" <)111' fa11L-il c11LP11clrc ¡1ar ces 111cJls << lo1tl1is l'!ios1·s cxc1;1la11l la so1n111e ou
Yalcur 1IP cent. ci11c¡11a11le fra11cs n 11 (~n c¡ui 1loil c'·lrc rclal/i ¡1ar t'·cril, ce r1c
s,1111. ¡ias sc11IP111e11L les c,111vP11lions, 111ais 11111,.; )p,; ac/,'.s .i11rii[i,¡11es, c'esl-
il-clir1! ltlllS l11s acles t¡11i 1l(JllllPill. 11aissa11c,• ;'i 1111(' <Jl>ligali()ll, 011 fllli
(•11lrai11f'nl. 1111P lra1ts111issi<111 1ln 1lr<Jils rt'·Pl:--, cci111111c a11ssi 1011s cc11x
1¡11i c1111>(11·l.c11I 1'c,li11clio11 1>11 la 11111lalicin clP ces 111c~n1es tlr<lils. l\tr
c1p¡Hisilio11 a11x acll's j11ri¡)i,¡ues, ](•S .f11ifs 111a/éricls <)11 si111¡i!Ps faits (}IIi
]H'll\f'lll 1\tre, il t•:-1 vrai, l'<iccusi1111 1111 la cn11(litiri11 d'1111 llroil, un t,11r1-
l11•11l 1ias sc111s le c111111 (le: l'art.icle 1:{1,,. (;ilo11s, par cxl'111ple, l'{lal cl'i-
' r1\s:-c 1111 ti<' <li'·1111•11c(' 1la11s lcquel 011 JJl'l)lcndrait t[ll<) s't'•lait. IJ'(Jlt\'i': 1111
1·,111ll'at'la11I, la 111a11\'aisc fc,i (1'1111 1>os,;cssc11r, Jps griefs serva11l tlt• liasC' ,\ '
1,111' 1l1•111a111lc• e11 1livr1rc1• 1111 (:JI :,;t'•1iaral.i1i11 (!1• cor1is, la r,~alilú <l'1111 acciele11I ·,
1l1,11n11nl lif'1t ;\ 1111(, ¡>1111rs11il.c ('.ll i11tl(•11i11ilt'·. ]'id1·11lil.t': 1•11Lrt: 1111 l'llfanl agis-
,-ant en rt':1·la111ali1111 (!'t'·lul et Cf'l11i tl(>JII. la naissancc a11rail c'•lt'• 111P11li(11111i'·r
1la11s 1111 aclt• (11' l't'·lal. civil, ele ... '1'1111s Ct)S fails 1i1'I1\'f'tll. ~(' ¡ir1111v1•r ¡1ar
'1'01111: 11 t•i !
LIVRE PRE,IIEII. - Til'IIE 11. - APPE'(J)ICE

térnoins - ce e¡t1i est l'ap¡)lication d'une regle générale que 11ous allons
l)ientol voir Í<)rllllllée, a savoir que la nécessité d'un écrit cloit etr(\ écartée
lorsq11'il s'agit cl'élablir u11 fail qui, par sa r1at11re n1e111e. ne pr<~tait point,
lorsq11'il s' est passé, a· la rédaction d'11n t'>cri t.
D'ailleurs, r¡11a11tl il s'agit 1l'11n acle j1tricliq11e, la 11<'·ccssité d'1111e pret1ve
par écrit pour le dérnonlrer s'applique tot1t a11ssi ]Jie11 a11x proces deva11t
la j11riclicli<)11 répressive c¡11'aux proces civils. C'est ai11si qu'u11e ¡iours11ite
po11r abus de confia11ce requérant la preuve el'11n ctcle juriclique, 111andat 011
dt'>p<'>t, r1écessite la 1Jroduction cl'u11 écrit étal1lissant crt acle.
2° ('.on1me11l s'évalue l'i111porta11ce du lilige?
Rie11 de plus facile s'il s'agit de llr<..1uver l'exister1ce d'une obligatio11 de
so1111ne d'arge11t. Le seul point qui pet1l etre délicat est ele savoir a quel
m1)n1ent il convient de se placer po11r apprécier la somme d11e. Ici il se1nble
q11'il faut se placer d'abord au 111ome11t JJrécis oi'1 la demande est forn1ée

deva11l la jt1stice. Er1 efTet, l'arlicle 13/12 porte que la r<\g-le <( s'appliqt1e
au cas ou l'action cor1tie11t, outre la den1ar1de du capital, 11ne dernande
d'intt'>rels qui, rét1nie au capital, excede11t une sornn1e de ce11t ci11q11ante
frar1cs >>. Done, 1111e obligatio11 qui, aya11t éló d'alJorcl ir1ft':rieure, s'est élevt'>e
ensuite ¡¡ plus de ce11t cinc¡11ante francs, ne peut elre prouvée qt1e par écrit.
;\fais, inverse111e11t, si la valeur tle l'obligalion a con1111encé par i\tre su-
périeure á 150 francs, pe11 irnporte qu'elle ail ens11ite tlirnir1ué ava11l la
der11a11tle e11 j11stice. (( La preuve testin1oniale, sur la dema11cle d'une
son1r11e 111oi11dre de 150 fra11cs n, nous <lit en efl'et l'articlc 1344, (< ne 1Jc11t
etre adrr1ise lorsc¡ue cette so111111e est déclarée 1:tre le restant 011 faire partie
d'11ne créa11ce plus forte q11i r1'est poi11t pro11vée par {,crit. » i\i11si la
so111111e e11 litigc 11e dc)it, a n1ic1t11 ,no1ne11l e11trc la 11aissance de l'obliga-
tion el le clépot tic \'assig11atio11. avoir élé supérieure h , 5o francs. Si elle
dópassait ce cl1ifl're au dólJ11t, e11.l-ellc di111i11t1<~ depuis, le créancier esl en
fa11te ele ne s'etre pasa l'ciriginc 111uni d'u11e pre11ve ócrite. Et si, ir1férie11re
a11 dél)ut, elle a dcp11is ex:cé,l/1 , 5o fra11cs, le cr/~ancier e11t clC1 alors 1len1a11cler
at1 <lÍ'biteur de faire <lresser u11 acle écri t.
a
'fout i't fait co11forr11e celte maniere <le voir cst l'arlicle 1345 aux ter111es
cl11q11<'l, C( si cla11s la 1111!111e i11sta11ce u11c parlie fait plusicurs cle1r1a111les ..• et
1111c. joi11tes en~e1r1lJle, elles cxc<\<l<'11t la scH11111e ,le 15,(J fra11cs, la rire11ve par
. . 11 'e11 pe11 t't
t c11t<Jt11s <: re_ a d n11se,
. e11core 1111e la par 1·re a 11'egue 1¡11c ces crcanccs
'
¡Jrovic1111e11t ele clifl't'ire11les ca11ses, et c¡11'elles se soie11t·for111ées en ditl'Í'.rc11ls
tc111ps, si ce n't'•tait que ces dr<iits proc<~<lasse11t ••. 1\c persn1111es ciifl'i'irc11tcs n.
(Jue si \'objct fle la co11lestati,i11 11'csl ¡Jas n11c son1111c 1l'arger1t, r11ais 1111e
cl1ose a¡iprécialile, il ap·parlient a11 de1na11cleur de l'évalucr. ,Iais il sera lió
par l'{1valuatio11 <¡11'il aura clonn{1c :\ l'olijct cle1na11dé 1la11s ses c1>ncl11sicJ11s
pri111itivPs. Er1 efl'et, l'articl<' 13!13 11ous <lit <¡ue << cel11i c¡ui a forn1é 1111e cle-
111a11de exc1\clant 150 frar1cs, 11c ¡¡e11l plus i\tre ac\111is i't la flre11vc testirr10-
niale, 1111\1111) 1•11 restreig11a11t sa clerr1a11tl11 ¡Jri111itivc 1>. 1\11tren1e11t c11 ell'et, il
serail lro¡i facile, lorsc1ne 1'011 vcrrait sa rlc111a11dc se heurtcr á eles cliflicul-
lc)s de pr<'llV<) tro¡i gra11des. ele se proc11rer le secours ele tc''.111oi11s co111rilai-
sants, a11 111oi11s j11s<¡11':'t concurrcncc ele 150 l'ra11cs.
JlES PRElJVES 143
l~11fin, si l'o!Jjel <lu lilig·e est ur1e prcstaliott i11dt''.ler111i11ée en ,alcur. la
preu,e 1Jar écri l csl loujours reqt1ise.

Deuxieme regle: lnterdiction de prouver par témoins outre et


contre le contenu a l'écrit. - l,orsq11'un écril cst llrcss/•, f1il-ce a propos
el'u11e opéralio11 ne dépassanl 1ias la valeu1· ele 150 fra11cs, la 11reu,e co11-
lraire au conte11u de cet écrit, á s11¡Jposer q11'clle soil acl111issible, 11e ¡Jeul
pas se faire par té111oins. C'est r1u'e11 elfet, lorsq11e les ¡Jarlies 011t pris la
¡irécaution de rédiger u11 écrit, 011 présu111c llt1'elles 11'y 011l rie11 co11slalt'•
el'error1i~ ni rie11 0111is. C'est pour<¡uoi 011 ne peul rie11 prou,·er lJar témoi11s
co,itre le con ten u ele l'acle, c'est-á-dire de co11lraire aux éno11cialior1s disposi-
lives de cet acle, 11i ou.lre ce co11ler1u, c'est-a-dire rien qui a11rail étt· soi-rlisanl
a
omis. Par exe111ple, un donalaire 11e serait pas adn1is prou,er 11ar tén1oins
r1ue, dans l'acle dressé pour cor1slaler la libéralilé qui l11i a élt'. faile, 011 a
on1is de 111entio1111er la clause par laq11ellc le donateur a11rait déclar/• lui
donr1er « par préciput et l1ors ¡Jart >>.
1'oulefois, celle seconcle regle 11c doil ¡ias ctre exagérée. Elle 11c s'applique,
v11 les raisons qui la justifier1t, c1uc lorsqu'il s'agit de faits de 11alure a avoir
pu et du ctre rr1e11tionnés da11s l'écril. D'o11 deux cor1séque11ces:
A. - S'il s'agit de prouvcr 11nc fraude, ur1c si11111lation dolosive con1n1ise
lors de l'aclc, la ¡1re11ve par t1:111oins sera toujo11rs adn1issible (ll.eq., 2 111ars
190!1, D. P. 1904.1.615, S. 190/1.1.260; Ileq., lí j11illet 1906, D. P. 19oí.1:
247, S. 1908.1.167; V. Civ., 2 juillet 1895, D. Jl. 96.1.375, S. 99.1.468).
B. - S'il s'agit de dér11011lt'er u11 fail poslérieur á l'acte et de 11ature á
er1 111odificr la portéc, fail cxli11clif lle l'olJligalio11, révocalio11 d11 conlrat
¡Jrimitif, novatio11 de l'obligation ¡Jri111itive, ele., il sen1lJlc bie11 que ce fail
ne to111lJe pas sous le coup de la clcuxie111e regle de l'arlicle 1341 l3orcleaux, 1

21 juillet 189n, D. ll. 1900.2,436).


.
La disposition de l'article 1841 est-elle d'ordre public? - L'inté-
r<~t ele cettc c111estion est doulJ!e:
1° <)n peul se de1r1ander cl'aborcl si l'i11ad111issibililé de la prc11vc leslirr10-
a
niale cst 1111 111oye11 ele nal11re elre sup¡>léé ¡Jar le juge, ou so.ulevó pour la
¡1re111ierc fois devant la (:11ur de cassalion•, ou si, a11 co11lrairc, ¡>011r l'i11vo-
<¡ucr, il 11'csl ¡Jas i11dispe11sa!Jle e¡ue la parlic i11tércssée ail di·-11<JSÓ des co11-
cl11sio11s for111elles 011 ce se11s deva11l le trili1111al cl1argé ele slalu.cr s11r le
foncl ?
:l'' Les ¡>arl.ies 11011rt'aie11l.-elles, en conlracla11l, i11s1:rer 1111e clause C:·car-
la11l le cas ócl1t')a11l l'applicalio11 de l'article 1341, c'esl-11-dil'e rc11danl, _e,1
cas <le conteslatio11, l'en1plcJi de la {Jl'e11ve testi1noi'1ialc adr11issil>lc 111<)111e
a11-cinssus de 150 fra11cs :1
La j11l'ispr11ele11ce 110 ¡>arail avoir ri'.·1>011clu for111ellerr1cr1t c¡u'au {Jl'e111ier de
ces ¡>rohlt'i111es. l~lle co11siderc <¡11c la 1>rol1ibitio11 de la preu,·e leslir11oniale
est 1111e rl'.g-fc proleclricc ele si111ples i11lért:ls privús, el 1¡11c, dtis lors, les par-
ties q11i 11e s(111lcvcnt rias le 111oyc11 du défllllL de ¡)1·euvc litlérale dcvant la
ju ridicti<111 ele j 11ge111en t, 011 l valablt>me11 I re11011ct'.•. :'i s' en prú·valoir. Vai11e-
LIVRE l'RE~IIER. - TITI\E 11. - ,\Pl'E'.'illlCE

'
1• 111e11t"i11vo(¡t1eraie11t-elles ens11ile ce 111oye11 it l'a1i¡111i cl'1111 ¡lourvoi e11 cassa-
tion; il 11e serait plus rcceva!Jlc (Civ., 1°" jui11 1893. S. 93. 1.285, D. l>, 93. 1.
!1!15; Civ., 8j11in 1896, 1). l>. 97.1.464, S. 9-¡.1.178 ; llecJ., 10 111ai 1905, 1).
J>. 1905., .!128 De 111emc, le jug·e ne pourrait le s11ppléer (lleq., 1"· ac11il
1•

1906, l). I>. 1909., .3D8 ll 11ous semlJle q11<' C<'S solulions en con1¡1orte11l
1

nécessairement 1111c a11tre, celle c¡11i consi:-lerail it valider la clause re11-


clant ad111issible la pre11ve leslimo11iale en 11nc 111aliere clépassa11t 150 fra11cs.
Ort remnrq11era toulcfois q11e, sur ce ¡Joi11l, il y n cliverg·e11ce entre la
j11risprude11cc el la J)oclri11e.Celle-ci enseig11e e11 général que, v11 les 111olifs
s11r lesciuels elle se fo11cle (<\vi ter les sulJor11al io11s de tú111oi11s ai11si que la
11111ltiplicité ele;-; proces). la regle de l'article 1341 i,itéresse l'orllre ¡Jublic.
'
Exceptions a la prohibition de la preuve testimoniale. - Ce q11i
, ¡Jrécede pe11t t11rc con~ielt',ré co111111e 11ne ¡>re111it'l'C reslriclio11 jurispr11de11-
lielle a11 ¡Jrinci¡1<' de l'i11a(l111issibilitú ele la ¡1re11ve tc:c-li111cH1iale. La loi en
ir1dique lrois aulres. \olo11s a11ssitt'1t que, (la11s les l1Jpotl1t':ses ot'1 la loi au-
lorise l'adn·1i11istratio11 ele la ¡Jreuve testi1no11inlc•. l'arlir-le 1:"153 perr11el. de
rccourir at1x si,nples ¡1réso1nplior1s, c'est-it-clirc a11x i11(lices el incluclio11s
<< aba11dcJn11ées at1x l11n1ióres et a la JJrt1clence lles 111agistrals n, si lJieu

c1ue les cns ci-aprl's cl'ael111issilJilité de la preuve lesti111oniale sonl en réalit{,


soun1is a11 rc\gi111e de la pl'e1i1 1e lib,-e.
1° L'arliclc 1:{ 111, ni. :1. indic1ue lui-1ne111e <¡ne les cle11x regles qu'il ódicl<'
rci;oivcnt exce¡)lic111 c11 111nlie,-e co11i1rze,-ciale, el l'articlc 109 du Code ele cor11-
111erce, ródigi· it la dc111a11cle des cl1an1ll1·es ele Cl)Jt1t11erce, cor1fir111e l'excc¡1-
lio11. Les raisnns c¡11i justificr1l cetle clércigalion a11x ¡1ri11ci¡Jes s011l, ir1d{·-
pc11damn1enl ele la traditio11 (V. Orclonr1. ele ,66 1 .til. X\, arl. 2), a11 no1r1l1r<'
<le cle11x. l)'aborel, les co1r11neri;a11ts <loi,<'111 sºpfforccr de 1Jasser le ¡ll11s
gra11d nombre possi}Jlc cl'opéralions cla11s le le111¡1s le plus reslreinl, lit 111111-
tiplicitó des afl'aires an1c11a11t se11le ele grancls ¡1rofits. Les all11rcs lentes 11e
le11r son\ d<Htc pas ¡1ern1ises. l)c plus, les acles ci,ils ont so11,eul eles efl'els
it longue port{·e, ta11clis c¡11'e11 111aliere cc1n1111erciale les conver1lions rci;oi-
ve11t. le ¡)l11s souver1l 111tc cxc':c11lic111 c111asi-ir11111rclial<' : ce r111i r1e laisse pas
aux sc,uvenirs cl<'s l{·n1oi11s, en cas ele co11leslalio11. le lc11111s tic: s'u]Jscurcir.
NcJl011s d'ailleurs c¡ue, po11r certai11es 0¡1t'.·rnlit111s c<i111111erciales it long11<'
t':cl1énnce 011 ele ¡rrossc i1nporl.ance (co11lral ele sr>ci{,tó, arl. 3!), /11, C. ccJ111.,
vente ,Je navirc, chartc-1>arlie, prt!l .\ la grcisst:, ar!.. 1!)5, :17:"1, :"1:"11, C. co111.,
ass11ra11cc, arl. :1:1:1, <:. C(1111.), le (~o(le 1lc cc>111111trcc Pxige la r<':dacticH1
el ,1111 ccr1t.
' .
Ajouto11s <(11<', 1111 r<'sle, la llren,c Lcsli111n11ia!P 11'a ja111ais í:t{\ 111i droif ¡Jour
• •
les 11lnidc11rs 1leYa11l. lc•s jug·ps co11s11laircs l•:lle IH'tll se11le111e11L t:lre acl1111s<'
¡Jar lesj11ges c11 ég-ar(I a11x circonslar1ces. J,c lril11111aljo11itcl·1111 p(111voir 1lis-
crólio1111airP c11 ce r111i lc1ucl1c son a1l111issi<lll 011 Stlfl rejcl.
2° La scconcle excPplion :'t la rt':g·le, \0111<' lracli ticl1111elle r,llc a11ssi (ar!.. :1,
l. XX, Orcl. 1le 1(iti7,1, es! cci11sacrt'\C ¡iar l'articl<' 1:1!1¡; c·c:~;l Je cas <iÚ il
existe 1111 co111111e11ce111e1it 1/t• /1/'Clll'C ¡1ar ,1cril. <1 ( >11 a¡ipclln ai11si, <lit la loi,
lo11l acle par t'•cril c111i esl {,111a11t'· el<' cPlui c1>11Lr<' lc<1ucl la de111a1HI<' csl.
llES PIIEI.VES

for111ée 011 de cel11i q11'il re¡)rt''.sc11te, et c¡11i re111l t•raise111bll1úle le fail c1llé-
g11é. n 11 suffit el\1n écrit c¡11clconc¡11c, éma1ia11t de l'ctdversaire. lle11 importe,
q11oi que se111l)lc elire le textc, r¡ue ce soit 11n acle ; ainsi, 11ne sirr1ple lettre
111issive co11lc11a11t 11r1e allusion a l'opération i1 démonlrer, rcntre dans la
défi11itio11 ele l'articlc 1:{47 •. lleu ir11porte aussi q11<' cel écrit soit signé . .'\insi,
ur1 si111ple ¡)rojcl d'acte sous seing- privé ¡)e11l (\lre considéré cotnme con1-
1Hence111cr1t de pre11ve par L'.c1·it l{cq., /1 j11i11 189li, D. ll. 9li.1.!1:iG, S. 1900.
1

1. 1(i11). Nat11rellc111ent, la c¡11cslio11 ele savoir si l't'•cril prod11it en justice


rene! vraiseml)lable le fait all(\,!.!'llt'. est l'ol)jel el'une a1Jt)rt·ciatio11 so11verai11c
<le la part des juges <l11 f,)11d .
.\joutons que la défi11itio11 de l'article 1341, (( acle é111a11é l) ele l'aclversaire,
est si comprél1e11sive c¡u'elle c111IJrasse n1cn1e ccrtains acles qui 11·c)nt pas
111eme été écrils par l'advcrsairc ..\insi, nous l'avoi1s déja vu, une copie ele
Litre a11tl1entiq11e
, <latant de 111oi11s de trente a11s (art. 1335, 2°, :1° al. ),certair1es
transcriptior1s de Litres fart. 133G'¡ 1)c11vent etrc considérées comn1e un co111-
111e11cen1c11t <le pre11ve ¡)ar <'·crit. 11 e11 est de 111e111e el'1111 proces-verbal rela-
ta11t eles déclarations du délJiteur prétendu, r1e f11t-il pas sig11é de l11i, pourv11
q11'il soit dressé par un officier public ayant c¡11alilé pour recevoir ces dé-
claratio11s, comme un proces-verbal ele conciliation 011 u11 intcrrogatoire de
a
prévc11u dressé par le juge d'i11slr11ction ou l'audie11ce (Cri1n., 8 déce111hre
189:1, D. 1). 97. 1 .2G6), enfi r1 co111n1e le proces-,erl)al d'un i,iterrogaloire su,·
Jails et arlicles (art. :1211 et s11i,,., C. ¡)roc. civ.). Ce elernier procédé surtout,
llo11t la j11rispr11dence fait u11 e111ploi tres lil)éral, ¡)cr111et pratic111en1c11t,
clans 11n tres g·rand non1bre ele cas, cl't'•cl1apper a la prol1ibition ele la pre11ve
tes ti n1011iale.
,3° Enfi11, a11x tern1es ele l'article 1348, il 11'y a 1Jas lieu a la prol1i)Jition
<le la preuve par tén1oins lorsq11'il tt'a JJas été ¡1ossible au créancicr ele se pro-
curer 1111e preuvc par écrit. Cette in1possi!Jilité lloit s'entendre no11 seulc-
111e11L de l'irnpossibilité 111atérielle, n1ais n1e111e ele l'ir,ipossibilité mora/eré-
sulta11t eles l1abit11des et des co11vcnances d'11ne profession. C'est ainsi q11e
les 111édecir1s ne s011t pas ter1us de }Jréser1ter d'écrit a l'ap1)11i d'u11e réclan1a-
0

tio11 ll IHJ11oraires (llcc¡., 27 111ars 1907, D. 11 . 19ou. 1. 188, S. 1907.1 .209;


(~f. lle<¡., 1"' 1r1ars 190!1, (,az. 1'rib., 3 r11ars 1!)<>!1; autre exe111plc s011s
'l'oui<Juse, 18ja11vior 190'.l, 1). J>. l!JO:i.2.238. V. aussi Rcq., t, février 191/1,
r;az:. JJ11l., 2 rr1ai 191!1).
La loi - el cela c11t 111ieux val u - a11rait }Jll se co11te11ter d'é11011cer le prir1-
ci1>c. ;\fais l'arlicle 1348 en i11eli<¡11e c¡uatre a11¡Jlications. Celles qui <J11t trait:
A. - (( Aux oliligatio11s c¡ui 11aisse11t <les ,¡uasi-co,itrals et des dé lit.~ ou
1¡uasi-1lélits. >) l,c tcxte csl C(lll<:n c11 ter1nes trop gé11éra11x. L'admissibilité
<le la pre11vc tcsti111011iale 11c se rc11cc>11lrc cr1 réalité c111e lorsc¡11'il s'agit, a
f)t'Op()S 1l'<)iilig-atio11s r¡11a~i-co11tracl11clles 011 <Iélictt1f'lles, de dén1ontrcr ua
fait ¡1011r lec¡11el il 11'cul ¡)as été possihle ele se 111é11ager cl'avance 11r1e ¡Jre11ve
co11traire. 1\1ais, en del1ors ele ces cas, le droit co1111111111 re¡Jrencl so11 e111¡1ire.
l1 récis<Jr1s la elistinction ¡Jar (i<'.S excu1plcs.
11) Les 1¡1111si-co1ilrc1/s elont s'11cc1111e le <:<><In civil so11L a111101nbre ele elc11x:

la gestio11 cl'afli1irPs <)l. le 11aic111c11t ele l'in<111. (lr,er1 111ati<'!re clegestio111l'af·


LIVRE PREl\lIER. - TITRE II. - APPENDICE

a
faires, le gért q11i at1rait récla1ner quelque cl1ose au géranl bénéficiera de
la dis1iosilion de l'arlicle 1348; car, par cléfinition 1r1c111e, n'aya11t, pas ét.é en
rapport a,cc le gérar1t, il 11'a pu se prén1unir d'11nc prcuve écrite co11tre lt1i.

\.11 contraire, le g{~rant qui réclan1era au géré le remboursen1ent de ses dé-
llenses, de',ra a1Jporter un écrit au-clessus de 150 francs, car rie11 ne l'a e111-
llPché de retirer 1111 re<;11 de ses cl{!l1ours. De r11e111e, celui c¡ui prétencl ré-
clamer la restituticJ11 du paie1nenl ind11 r¡u'il atirait fait, po11rra bier1 prouver
11ar t{\Jnoins et par préso1111Jtions c¡u'il r1e clevait rien; n1ais, ¡Jo11r dé111011lrer
le fait du ,,erse111enl q11'il aurait efl'ectt1{~, il fa11dra q11'il produise 11n écril
au-dessus de I jo francs.
b) Si, en príncipe, les créanciers en verl11 d'un délit ou d'un qiiasi-llélit,
de 1ne111e qt1e tous ce11x q11i alleguent une faule ou u11 dol. sont dispensés
de la preuve écrite, il en est autrement lorsque le délit allég·11é présuppose
l'existe11ce d'un fail juridiq11e, d'11n contrat par exem1lle. ,\.insi, celui qui al-
legue IC' préj11dice rés11ltant d't1n abus ele cor1fia11ce, clevra clé111011lrer le fail.
clu 111andat 011 du dépot clo11t il i11Yoque la violatie)u. Le cle1na11de11r sera, en
revancl1e,dispe11sé de la preuve écrite pour démontrer 11n dol 011 11r1e fra11de
(\trangers it l'acle 111eme d'exéct1tion du contrat, co1n111e la clissi111ulatio11
d'11ne partie du llrix d'11ne ·vente eITectuée en exécution d'1111 1r1a11(!at de
,vendre (Civ., (j ao1\t 1889, D. P. 90.1. 183, S. 91. 1.518).
B. - (( :\11x llépót.~ nécessaires faits en cas cl'i11cendie, rt1i11e, Lun111llc 011
11aufrag·e. el i1 cei1x faits par le voyageur en logeant dans 1111e l1t>lell<'rie, lP
to11t st1ivanl la <¡nalité• des personnes et les circonsta11ces du fait. n
C. - (( ,\ux ollligations contracl<'\es en cas d'<iccidents i,n.préuus. ot'i 1'011
1te pc>urrait ¡1as avciir fail des acles par écri t. n
Ces lle11x séries ele cas se co11f'o11cle11l. l.a rapidité eles circonsta11ces c¡ui
<lon11ent naissa11ce á l'obligatio11, expliq11c11t la regle établie IJ011r l1! cas dt•
ces accidents i rn1lrév11s que so11l u11 incenllie, 11nc ruine, 1111 r1a11fragc. l¿11a11I
;'t · l' exce1ltio11 rela ti ve a11x rl1:¡1óts rl' l111/cllc1·ic, el le s ·expl iq11e J)a r l('s ha lii l11-
<les de la profession qui sont de ne pas <1ólivr<·r ele rec,:11s aux voyage11rs. 011
<le,·rail, cro)·ons-11011s, l'a11plic1uer a11x cl<'~ll(>ls de v<1te111e11ts et ele cannes ou
ele para1ll11ies fait.s da11s des caf{·s, eles ves!: iaires de tl1{·11tre, el elans 1111 ,va-
gor1-lil, 111ais la j11r:~¡Jr111le11ce est. sur ce poi11l, ll'(\s fl<Jllar1lr (\T. [Jaris,
:13 :1Yril 190:i, l). )l. '!10:).'.l.:):1:{, S. l!jf)/1.·i.'.lGI: ·rrili.1Sei11e, :>.5 )l()V('JJIIJre
18!¡2, 1). 1i. !J3.'.-l.;;8¡, ·s, 9 3.:i. 10¡).
l). -- l•:nfin; l'article 13118 s'a1>pliq11c a11 cas (Jt'1 le créa11ci1!r all{•g11Prail
e1t1'il a pc1·,l1t le Litre <111i l11i servail de J>rc11vc litl{·ralc. 11 fa11dra aleirs 1¡11'il
t\lalilissc 1111 do11l1le fait par Lé111oi11s et ¡>rt'.·so111pli(JIIS: d'aborcl. . ,
la ¡>Prlc 011
la <lcslrt1ctio11 clont il 1>réten<l avc)ir sot1fl'ert el, e11s11ile, le failjuridiq11P que
<l<'•111c>r1lrait le litre (Jor1!11.

,
I' Rl•:S(l ll P'l'leJ '.11 ~.

Définition. - <1 I,cs ¡irt•s(i1111>lio11s. <lit l'arlil:le ,:it,!I• s1i11t 1ies cons{·-
DES PREUVES
,
a
<111e11ces que la loi on le r11ag·istral tire d'un fait cor1nu t1r1 fait inco11nu. >>
()11 ¡>eut se de111a11der lles lors c¡uelle dill'érence il y a entre u11c préso1r11)-
tio11 et une pre11,'e 1)roprerr1ent dile. 1'irer uue conséquence d'un fait conr111
a u11 fait i11cor11111, cr1 d'a11tres ter1nes, recourir a11 1Jrocédé logique de l'i11-
cl11ction, c'esl ce que l'on fait quand on er11¡lloic u11c ¡1rcuve, aussi lJieu que
a
lorsc¡u'on recourl ur1e ¡Jréson1ptior1. Et la crJ11séqucnceainsi lirée peut elrc
a11ssi contrairc á la réalité, lorsc1u'il s'agit ll'1111e preuve c1ue lorsq11'il s·agit
cl'u11c préso111ptio11. 1~11 cas de 1Jrcuvc liLLéralc par excmple,l'écriturc 11c fut-
rlle pas conteslée, il y a 11r1 fail certai11 connu, c'est q11c le défc11cleur a écrit
1111 !Jillet recor1naissa11t qu'il a rec;u 1 .ooo francs á tilre de preL. 011 en tire
celte conséquence (fait inconr1u) que le défendeur a er1 effet e111prunté
r .ooo francs. i\iais il se peut que la conséquence soit inexacte, par cxemple
si le porteur du llillet a commis ur1 abus de )Jlnnc-séing. Done il n'}' a pas,
c11tre la préso111ptio11 et la preuve propremer1t dile, d'autre dill'érence
s11écifique c¡11e la s11iva11te: c'csL que, dar1s la présor11plion, le fait co1111t1
s11r lcquel or1 se fo11de r1'avait pas cu po11r objet, co111n1e s'il s'agissait d't111e
1Jrc11ve, cl'éLablir le fait incon1111. Il e11 résulte ql1e l'i11cluction que l'a11alyse
rlécouvre a11 for1d d'u11e pre11ve est 111oir1s cor1jeclurale, plus sure que celle
c1ui fait l:i. base tl·u11e préso111¡Jtion.
11 ressort de l'arliclc 1349 qu'il y a deux catégories de préso111ptions : ccllcs
d11 1T1agistrat, c1u'o11 appelle aussi ¡1réso1nplio1ts de l'lto111111e ou préson1plio11s
si111ples, et celles de la loi ou présomptions légales.
I. - Présomptions simples.
Les 11r<\so1nptions si111ples sont les ind11ctions q11e le j11ge fondc sur des
i 11clices quelcor1q11cs c1ui lui sor1t sigr1alés par les concl11sior1s d<>s J)ar! ies,
l,a loi (arl. ,353) 11e pouvail éYiden1rr1enl ]ps c\n11rnérer. I◄:lle se conl.ente de
a
<lire <¡u'elles « s<l11t al)a11don11écs a11x lumieres et la 1)r11de11cc d11 n1agis-
Lrat >>, qui ne cloi t les admcttre que si elles s011 t « graves, précises et
concordar1les ». Si r11 ple reco111rr1anclation plutot que restrictiou. Ai11si,
il n'csL pas do11leux qu'u11e seule préson1ption pourrait sl1ffire á 111olivcr
1111c: cl<'·cisitJr1. I~n revancl1e, l'arLicle 1353 co11Lient ce Lle resLricLio11 prt':-
cise q11e les 11rÓsl11r1plio11s so11L ad111issillles ti cla11s les cas sc11le1r1e11t c>1'1
la loi acl111cl les prc11vcs tcslirr1011ialcs ». E11 efl'cL, si, clans 1111 cas 01\ la
pre11ve lcsLi111011iale esl t'•carl.ér c<1n11ne rla11gcrc11sc, l'c11111loi eles ¡1ré-
sc111111Lio11s <'•lait ad111is, <)Il ¡)011rrail rcdo11Lcr la s11bor11alio11 ele lé111oi11s
c<>IIIJllaisar1ts, qui vicnclraier1L i11dic¡11er des fails 11<Ju,•a11L servir d'i11diccs el
<¡t1i S<'.raie11I. i11oxact.s. C'cst s11r l'cxisLence <le cclle se11le cor1clit.io11 <l'ad-
111issilJiliLó eles pr;·\so111ptio11s si1r111Ics <111e pot1rraiL s'exercer le cor1Lr<'>lc . .
.'

de la C1>11r (le cassali<i11. ·'


f,'arliclc 135:1 ajc111Lc q11'il csL fail cxccplio11 po111· le cas de dol ou de fra11tlc. . ';

<:etln réset·ve t'\Lait i1111lile, p11is<111c l'or1 sail cl{·jh 1.¡11<1 la 1>re11vr d'u11 dol ou
<l'1111e frandc (d'11n clélit par co11sé<¡11c11L) J)CtlL l<>11jo11rs se faire pnr Lé111oi11s;
il va lle st>i des lors <111'elle po11L a11ssi rés11llor de :si1r1ples préso1n¡lLio11s.
. .

11. - Présomptions légales. •


' '
Cr, sor1l ccllcs <¡ui so11l allachócs ¡1ar 1111 Lcxtc <le loi s11<'•cial (for111el) ¡'¡

.

LIVI\E PRE\IIEI\. - TITRE 11. - A.l'l'ENDICE

cerlains acles ou a certai11s faits (art. 1350). Elles 011t cet elTct de clis¡)enscr
de toute preu,·e celui c111i cst en situation de s'c11 pré,·aloir, c'cst-ii-dirc q11i
pe11t prou,·er l'existence clu fait 011 ele l'acte d'oi1 la loi tire la présom¡Jtio11.
Exen1ple: l'e11fant c¡11i 1)e11t pro11Yer q11'il a été co11\11 ¡)encla11t le n1ariage
d'u11e fen1n1e 111ariée, 11'a pas !Jesoin ele dt'•rr1ontrer qu'il a pour pt~re le 111ari.
()11 le YOit, les préso111¡)tions légales dill'erent eles présor11rtjons sin1plcs Ú
deux poi11ts de Yue essenliC'ls.
I>'11ne ¡1arl, i1 la différe11ce des ¡1résor11ptio11s sin1¡)les, 1lor1t le 11oml1re est
illin1ité, sa11s a11tre 111es11rc c¡ue celle des i11el11ctions co11ceYables par l'es11rit
\1u111ain, les préso111ptio11s lég·ales doivent résulter cl'11nc loi spéciale. Le11r
non1bre est done li111ité. On ne fJCut les étendre par ,·oie d'ar1alogie, et les
textes q11i les établisse11t sont des dispositions sl1·ictissi1n:.e i11terpretalio11is.
D'autre part, lºelfel probatoire des préson1ptions lt\gales 11'est pas, co111111e
cel11i des préso1111Jtio11s si111ples, al1ando1111é a11x l11rr1iercs eles 111agistrats.
Elles fo11l foi. l,a loi llélcr111i11c do11c leur eleg·rt" d'cfficacitt', prc1!Jalc>ire
devant tous 111agistrats.
Ava11 l ele préciscr ce degr1' de force prolJante, i11diq11011s c¡11elles so11 l. lt's
présorr1plions ]{•gales. J<:lles sonl en g·rar1cl 110111bre, {•¡Jar1iillées da11s le (:oclf'
civil el dans (l·a11trcs lf'xlcs. 011 peut les répartir en ele11x g·ro11¡1es.•
Les unes re¡1ose11t s11r une olJservation plus 011 111oins exacle des faits
sociaux; er1 cl'a11lres ler111cs, le l{:gislateur les a éla)Jlies en C<)11cl11anl. ele cc
qui fe passc gt'·r1t'·ralC'111c11 t it ce c¡ui a du se passer cla11s cliac¡ue cas JJarLic11-
lier it rt'·~oudre. 'felle ¡,si, ¡)ar exe111ple, la préson1plion er1 ,ertu ele la<(IJellP
la re111ise ,olontaire d11 litre a11 débiteur fail. décicler q11'il a cl1i se lilJ<'rer
envers le cr{·a11cier , arl. 1 28:J, 1:i83).
Les aulres se Í<)nllc11l sur des co11sid{:ralions cl'orelre p11)Jli,·; en 1\ºa11tres
lern1es, la lc1i les a éta!Jlies e11 conclua11t ele ce c¡ui cloit elre ¡\ ce 1¡11i esl. 'l'cll<'
est, par exen1 ple, la JJrt•so111plion e11 ,ert11 de lac¡ u elle 1111 j ug·e111en t rend11.
sur 1111e co11tcstation es! rt'·¡111lé l'ex¡)ressil111 lle la vt'•ritó ·ar!. ,:í:io, 3"').
J.,'arlicle 13f>o 11ous elor1r1r une aulre classificati1>11 Loul t'·11u111érative des
pr{sor11ptior1s légales.
1º J.,a prer11it·re catégorie cst celle eles 11ri~so1nptic111s sur le f1i11<lc111e11l elcs-
q11elles la loi clt'·clarc 1111ls ccrlains acles« ¡l'a¡1ri•s lcur sc11lc ,¡ualité ». '!'elles
so11t les prí·sor11¡1lio11s ¡}'i11ler¡iositi1111 lle ¡1crso11nc en rr1ali1\re ,le elonation
celle c¡11i 1)ern1el el'a111111ler cl1111111e frauelule11x certains acles acco1nplis 11ar 1111
co111111er¡;anl a11 111t1111e11l 1le sa faillite. cellc r111i fail. a111111lt~r lf's acles ¡1ass{·s
e11lre certai11es pcrsu1111t·s, c11111111c r1'•¡111l.és acce1111¡1lis sr111s 1111c i11fl11,~11ce
illicile, tcls ¡¡ue la vc11le e11trc t\¡io11x, la ve11le e11l.re 1~1i11P111· ,·t l11l.t\t11", IP
pacte c11trc l'cx-l11le11r el l'ex-111ine11r ava11t l'n¡i11ren11•11l <111 c,i11111IP tle
tutelle (V. arl. l150, :~·· al., !17:>., !}11, IC>!}!), 1 lt>O, 1;195, (;i,., '1',(i, ,:. ctJ111.,
ele .•. ). - 'f<'lles sc111l c11core l<'s 11r{•so111ptio11s d'inca¡Jacili': Cti1111ili'·le 1d.
pern1a11ente pt>sa11l st1r le r11i11¡•11r IllHl í·rr1n11cipé, sur l'alit':ní~ i11lcrllil., 11Lc ...
2° 11 y a encorc ¡1rt'•st)JllJJLÍc)11 lt'•g-alc' cl1111s ccrtai11s cas t11'1 11 la lf.>i clóclart~ la

propriélé ou la li)JéralitHI rés11lter de ccrlai11es ci rcc111sta11ccs <léler111i11¡"cs ».


Celtc calégorie e111]Jrasse les ¡1rí:so111¡1tions qt1c l'nnalysc j11ri(lic¡t1e ¡Jeul
relever at1 for1d ele l'i11slilutio11 ele la prcscri¡ilion, soil ac<111isitiv<', soil
llES PIIELVES

lil)éraloirc, - celle cl'a¡)r1\s lar¡t1clle )ps Cc)Jlslr11clio11s.011 J>la11laLio11s l'ailes


s11r 11r1 terrai11 sonl ri'•¡)nl.{'.cS l'avoir été avcc les elcnicrs el11 ¡>ro¡Jriélairc, -
la ¡Jréso111plio11 de li)Jératio11 ri'•s11lta11l de la rc111isc clu litre ou ele la g·rossc.
-les préso111¡1tio11s de 111itoyennclé, 1!lc ... /\1 . art. ;jj3, G53, 1:!82, 1283,
1'102, 1908, etc.).
3° ''ient e11snitc la ¡1réso111¡)ticin <le ,i'·riti'· cl'o1'1 résultc << l'a11lorité que la lt,i
atLril)ne i1 la cl1ose jug-éc n.
qº E11fi11 I'articlc 13:ío cite 1< la force r¡uc la loi ni tache i1 l'ave11 ele la ))arLÍ<'
1H1 it so11 scr111e11t n. 11 va lh 11nc eviclcntc confusio11. 1;avcu el le ser111c11I
-
sor1t eles 1nodcs de prcu,c disti11cts et r1<111 le résultal el'1111e préso111plio11.
Ccttc én11n1ératio11 cst, on le ,·oil, loi11 cl'etrc co111pletc, car il y a de 110111-
l>reuscs préson1ptions oul)liées par l'articlc 1350. 1'elles sont les pré-
son1ptio11s ele ¡)aternité légiti1ne, cclles e1t1i déterminent e11 cas de déces
simultané ele plusic11rs cornr1iorienles lec¡11el doit <\tre ré¡111Lé décédé le pre-
111ier (arl. 720 it 722), cellc d'apres lac¡uclle 1111 possesscur cloit <~lre Lo11jo11rs
¡)résu111é de lJonnc foi el présun1é ¡)osséder ¡1our lui (arl. 2230, :1.268), etc.

Présomptions relativas et présomptions absolues. - Si on les cxa-


111ir1e a11 point de ,·11c de le11r cl<'gré ele force prol>a11tc, les préson1ptions ·
légales sont de dcux sorlcs :
1° Les unes, elites présorr1ptio11s rclltlil'cS oujiiris la11lu111, 11e fo11l foi que
j11sc¡11'lt pre11vc d11 contraire;
:i" Les aulrcs, elites préso111ptio11s ltbsul11es 011juris elllejitrc, 11·ad111cttc11l
pas la dé111onslration d11 contrairc. 11 \ulle })reu,,e n'cst acl111isc n cor1lrc ces
sortes ele présomptions, dit la loi (arl. 1352, al. 2).
fJuP,l)es sont done les préson1ptior1s at1xc¡11cllcs la loi a Llacl1c ce lleg·ré su-
1>éricur cl'efficacilé ~ llalior1nellemc11t, et c11 se référanl u la classificalio11
c¡ue no11s a,or1s tiréc ele lc11r fonclement respectif, les préson1plions clcvr<)11l
<~trc allsol11cs, soi t lorsque l' CXJ)érience ou la raison rlé1110111 re r¡11c les fai Ls
cl'obscrvalior1 sur les<¡ucls on les fo11clc fo11r11isse11l, no11 une si1n¡)le pro-
!JalJilitó, n1ais 1111c e¡uasi-ccrtiludc, soit lorsq11c lc11r fo11dc111c11L csl 11nP,
raiso11 ll'orclre ¡iulJ!ic. 'l'clle sera, par cxc111plc et au prer11ier rang, la pri'·-
so1nptio11 ele ,í·riló allachí'.c lt la cl1osc j11géc.
Muis ccJr11111er1t apercevoir lla11s ,¡uels cas ces caracteres S<) r011co11Lre11t
cla11s 11uc 1>rÍ'.sci111plio11 ~ J,c' Cuele s'csl co11Lc11Lé ele 11011s fc>11rnir 1111c é11111né-
ralio11 ¡i11re111c11l e111¡>iriq11e. So11l absol11cs dit l'arliclc 135:>., al. 2, les
pri'·so11111lio11s s11r le fo11cle111e11l clesc¡11ellcs la loi <• a11r111lc ccrlai11s acles 011
clí~nic l'aclio11 c11 juslicc n.
1lnr1ule cerlai11s 11cles. Exc111¡Jlcs : 1)résomplio11 cl'interpositio11 ele ¡icr-
s<inncs c11 111atii'~rc de clo11alio11s (arl. !)', ), présom11tio11 ele fra11<lc cla11s les •
c1H1Lrals c11tre l11lcur et 111i11cur, cx-l11Lcur 011 ex-111ir1e11r, pr<'•so111pticn1 de
fra11<l<· er1 cas ele faillilc, c11 cas lle ventes conclucs aYec 1111 JJofe11lior
(art. 1:1!17), etc •..
Ou 1lé11ie l'aclio11 e11 j11slice. J•:xc111¡>lcs: ¡irt'~s1)1111iti1H1 cl'a11toriló ele la ci10~0
jugi'~e (arl. 1:~ií 1), ¡>rós11111¡Jliri11 ele lilJi'iratiou ri'•s11lla11l lle la prcscri¡>Lio11 011
11<' la rr.n1isc volo11tair1' 1lu Litre, <ilc ..•
LIVRE PREMIER. - TI1'RE 11. - APPE:'i:DICE

Le criléri11111 tout e111pirique aclo1)lé 1)ar la loi soufl're d'aille11rs d'i111¡)or-


iar1lcs cxceptio11s, et, tlar1s 1101111Jre ele cas, eles 1)réso111¡iticJ11s e¡11i, d'a¡)res ce
c1·itériu111, dcvraie11t elre co11sidérées con1111e al)solues, so11ll'riro11t la J)reuve
contraire. En ell"et, l'article 1352, apr<',s avoir détern1iné l'eíl"et lles préson1p-
t ÍtJns alJsolues, se tern1ine par ces 111ols: (< ú 111 oi 11s que la loi 11'ait réservc', la
¡ire11,e ce,nlraire, et sauf ce q11i sera dil s11r le serment et l':,iveu judiciaire n.
1)'011 de11x séries d'l1ypotl1<'·ses exceptior111elles.
:\. - Da11:, certai11es préson1¡)tions qui clevraie11t etre alJsc,Jues pri111lt j,1-
cie, la loi réscrve la pre1ive contraire ¡)ar 1111e elisposition forr11elle ('i· 11ota111-
111er1t art. 1283, loi du r"' juillet 1901 s11r les associations, art. 17).
D. - D'u11e favon généralc, les présor11ptio11s n1cr11e alJsolues peu,•r,nl
toujcn1rs ctre co111batt11es a11 111oyen de la preuve qui rés11lle de I'aveu cor1-
• traire de celui qui pourrait les in,·oquer, ou du ser11ie1it égale1nent contraire .
11 y a lt cetle exception dcux raisons. D'a)Jord, quelque vraisernblables l[IIe
s,iienl les ir1ductio11s sur lesc¡11clles repose11l les pró:-0111¡Jlicir1s juris el de
j(tre, <JI! J)C11I considérer e1u'ellcs 11'allcig·nc11l ¡Ja:,; le <legré d'évide11ce 011
<le <¡11asi-évi<lc11ce q11i rléco11le de l'aveu 011 <111 sern1e11l. l)e ¡il11s, l'{:LalJlis-
:,;c111e11l <les próson1plions l{·g·ale:,; a surlo11t pour utililé d'e111¡iccl1er des
co11leslalio11s el, ¡)ar la, d'épargner le le111ps el l'argenl dct,; juslicialJles.
<lr, ce doulJle ava11lage se renco11tre dar1s la procéd11re :,;i111¡Jle el peu co11-
leusc el<' l'ave11 el d11 scr111cnl.
'foutrl'rJis, J)1trn1i les próson1ptio11s absolues, il y a lieu de clisti11g11er.
l,es seules a11xquell_cs s'applie¡11era le correctif ele l'arlicle 1:15:i i,i ji,ie, so11t
cclles qui ne re¡Josent qu·e sur des considéralio11s de logique et de vraise111-
lila11cc, et r1e 111cllent e11 je11 c¡11c des i11Lércl:,; Jlrivés: corr1111e, par exe111ple,
les ¡¡r{·sor11ptio11s d'interpc1sitio11 ele JH'rso1111es ele l'article u11 dans les <lo-
11alio11,:, 011 la prc'·so111plio11 <le ¡Jaie111c11l eles i11lérels résultanl d11 fait 11nc
la c¡uittaucc <i11 ca¡)ital a été <lon11óe sa11s róserve (Civ., 13ja11vier 1875, D. 11.
¡:í.1.11¡. S. 7C1.1.:i!14). 1\u co11lraire, les pr{·so111ptio11s alJsolues qui so11t
1'(1r1clc'-es s11r tics co11siclórali<,ns 1l'orllrc Jllllilic 11e sa11raie11l etrc i11fir111('.•es,
l'í'tt-cc ¡Jar l'ave11 ciu le scr111c11l co11Lrair<'. II c11 csl ainsi 11ota111111c11l cl1: la
présc:11npticH1 d'a11lorilé dn la cl1osc jug·éc el ele la prc'·so111pticln ele lili{·rat.i1J11
1lt'•coula11t. 1le la 1ircscrir1tio11 lili{:raloire. J~n ce 11ui conccrn<' ccllti clernit•re,
la loi :arl. :i:i¡G) C<Jnsacrc, il esl vrai, 11n1• sol11li1i11;cci11traire r<'lative111e11L
a11x co11rlPs [lrcscri¡)lio11s. J-:t c'cst lit 1111c <'XCC[llio11 1¡11i c1111lir111P la rt'•g·lp
r<' la Iive it la Jlr<)scriplio11 e11 g{·11éral.

~ 2. - l~t,■ cle "'l•••cl11le de 111 1••·c•Nc11111»tlo11 cl'auC«•r•ICé


ele la, claol!il" j 11,:;ée 1

1;t''\})1"Pssio11 lle chos,• jltf/t:c 1li'·signP ce 1111i <'SI 1l{c·id{· ¡ia1· 1111<' sent1,nce
jutiiciairc. J}1111forifé 1¡11i s'at.tachP i1 la cl1os<' j11g·{•e, c'cst. l'i111¡H1ssiliilit{, ,,t'i
l'c)JI esl (le rP111elt.rc nn <¡11est.i1J11 Je ¡u,i11t. sur h'<(IIPI il a {·tl~ st.at.11{:. ( ln <'X-
11li1¡11c Pll g·ón{ral C<' r{•sultat. ¡Jar 1111c 11ri'·s1)111¡1ti(Jll <I<' y{•rit.{•, att.acl1()<' ¡'¡ la
tlt'·ci:--ic111 1les jugcs. lf1•s j111licl/l11 ¡1ro l'Crilat,, ltabelur. l•:11 r{·alif{•. (1) fo1ule-
1. La.-oste, /Je la chose 111gee e,1 11u11iire civile, cri111i11e//e, disc1¡,ii,111ire el 11tl,11i11istr11ti1•1•,
:.!" í~d., 1!104 .
DES PREVVES

111e11t de l'autorité de la cl1ose jugée est surlo11t cetle consillératio11 esse11-


liellc d'ordre pul)lic <¡11e les litiges 11e doivent pas s'élerniscr. Ccrtes, les a¡>-
Jlréciations des r11ag·islrals sont sujettes a erreur; 111ais, con1111e il 'S aurail
a11tant ele cl1a11c<·s cl'errc11r <lans 11n uouvea11 juge111e11l, il Yaul 111ie11x e¡ue,
lors<¡ue la }lre111icr a élt': rcndu a,·cc loutes les gara11ties rccruises ele rt'·g·ula-
rilé, il cltil11re défi11itiYc111enl les cor1Lcstati<>ns. 1\11 surpl11s, ú ¡Jcr111ellrc de
re,·c11ir plusicurs f'ois lleva11l l<'s jug·cs sur 1111c 111e111c all'airc, on s'exposcrait
a11 rieliculc ou a11 sca11<lalc cl'u11e cu,iirariété de juge111e11ls, ce q11i serail
g·ra11<lc111c11t <lon11na¡.rcalJlc a11 !Jo11 or<l re et a11 J,,J11 sc11s.
<:es c,)11sidéralic>11s clivcrscs sc111Llc11t ]Jic11 i111¡Jri111er ú l'a11toritó Je la
cl1osc j11gée <111e co11sacrc clans 11otre Code l'arlicle 1351, le caractcre d'1111e
J't'gle cfor<lrc public. l~L de fait, la j11rispr11de11cP lui rccci1111ait ce caraclere,
Iorsqu' ellP clóci<le c1 ne la préso111plio11 Je YÓri té a t Lacl1t'·e aux clócisions j 11lli-
ciaires n'csl }las i11fir111{·c 111e111c par l'aYPlJ cc>11lrairc 011 ¡>ar le ser111c11 l.
l)<)urtar1t, i llog·ic111cs e11 cela, 110s lrilJu11aux, ú 1111 a11lrc poi11t ele Ytle, cló- '
11ie11I ¡\ la r<'·g·le ele l'arlicle 1351 ce caractóre ll'ordrc p11l>lic. lls décidc11t e11
Pll"el c¡11c l'e\cepli<ln r111i c11 clécoule co11tre loutc 11(111,ellP <lc111an<le for111t'•c
)-;!Ir 1111c all"air,~ el{di1 j11g{·e, a lJcstii11 el\\tre expressé111e11t u¡J¡Jos{·e ¡Jar la JJar-
tic intórcssóc, lac111cllc peul ~- f"()lto11cer cx¡Jrcssé111e11t 011 ir11¡Jlicite1r1cnt.
J,;tJe pcut ttre i11, uquée, il esl Yrai, e11 Lo11l état de ca11sc, 111aís elle ne sau-
0

rait elrc ll}>}>l)s{:p 1>0111· la pre111ióre f'ois dc,·a11l la C<Jur de cassatio11, 11i
soulevéc d'office JJar le j11ge (Re<(., 11 elécc111IJre 18~¡5, l). ¡i_ 96. 1.!1(i8,
S. !J¡.l.:>.:>.7).
l. - Conditions de la regle.
A quelles décisions appartient l'autorité de la chosejugée.-- « L'a11-
l<>rit{• ele la cltc>sc j11g·{•p, elit. l'arlicl<' 13:i1, 11'a lien c¡u ;\ l'1'garcl <le ce c¡11i a
fail I"objet d'1111 jug·err1e11t n. llour préciscr da,antage. 11011s liirons e¡11c
l'at1lorité de la cl1ose jugée 11e s'altaclt<) <¡u'a11\ clécisio11s conle11fieqses,
défi11ilives, et en ce <rui c<Jr1cerr1c lc11r (lis¡1usilif.
1º 11 faut e¡u'il s·ag·isse cl'unc Jócisio11 co11fe11lie11,se, c'psl-i1-dire slalua11t
,t'·rilablc111c11l s11r 1111e diflic11ltt'., sur 1111 litig·c. \ous ref11scro11s <lonc le-carac-
lt'·re <le cl1ose j11g{•() a11x jug<1111ents ¡lrt')se11ta11t. l<: rarac1:<'·re d'acl<' de j11,1·illic-
liu11 grucie11se, ces j11gc111c11Ls 11'a)·a11l <¡ue la for1ue extéricurc cl'nnc d<'cisi<i11
julliciairc <'I n1: C<>11slit11a11L e11 r{•alitó r111'1111c ,/'ur11111lilé 11t'·cessaire a la ré-
gulariL<\ 11'1111 acle juricli<111e ((~iv .. :1/1 <l<':ce111lire 1901. l). 11 • 191i::i.1.361.
~

~J.
....,
IHO~. I .,)~).)).

]\este /1 11rt'·ciser c<' 1111'il faul P11Le11Jre a11juslc ¡>ar acle <lcjuridiclio11 yra-
1:il'll se. {j 11 gra 11d 11<>111 I>r<i ele j 11ge111e11 Ls ren Lr<>n I ccrta i11e11u)11l da 11 s ccl Le ca Ló-
gl>ric (jugc111e11ts a11t,1risa11L la fe111111r, /1 co11lracler u <lc'fa11l Ju 111ari, }Jtirla11t
a11l<1risalil>ll <i'ali{:n<>r <>11 d'hyp<Jll1i•<1u<>r 1111 i111111e11l>le clotal, l10111<)log\)a11t.
u11 act.<~ 11'a1lo¡lli<J11, Ple. \ 1 • (~iv., :1<>j11illel 1887, 1). Ji. 88.1,171,S. 88.1.G7).
\iais il y en a 1111 cerlai11 Il()IIIIJre d<Hll 10 caraclt':re c1J11te11Lic11x 011 g·racie11x
d{·¡>end ,les circo11sla11c<'s. l'ar exe111¡Jl11, 1111 j11g·p111e11t ll'/10111olor¡(1liu1, 1le
•,
¡11trl11gc <~si, 1·11 g{·n<'•ral, 1111 acto 1le juri<liclic>11 gracicui-c. 11 en ~era cc¡Jcll-
<ia11l a11tr<111H•nl si 1<· 1ril>1111al a cu, ¡\ l'c1ccasion <lu ¡)arlage 1>011rs11ivi clcva11L


,
-
2;) 2 LIVRE 1'1\E~IIEI\. - TlTI\E 11. - .\i'l'E'iDICE

l11i, ;1 statuer sur tles co11testations ·ouvcrtes ou latentes des copartag('a11ls,


a
par exe111ple lléter1niner les lJases sur lesquelles il llC\'ait etre procédé aux
o¡lérations clu partage, 011 la q11alité e11 laq11elle chaque partie po11,·ait ~, pro-
céder (Dijon, 18 déce111IJre 1893, D. ll. 94.2.389; Orléans, 3o avril 1897 sou,;
(~ass., D. l>. 1902.1.121 ). De 111e111c, u11 jugen1ent en rectification d'11n acte
tle l'état civil sera 11n j11gen1e11t ,·éritalJle jouissant de l'a11lorité de la chose
j11gée, si le tril1u11al a slat11é par voie ordinaire el apres contestation. Ce
sera, a11 co11traire, 1111 si1111Jle acle de j11ridiction gracic11sc, si le trib11nal a
stal11é par ,oie <le rec¡11ete et sa11s 11ullc opposition, n1i\111e. cl11 111inisterc
JJU!Jlic; rie11 11e s'opposera des lors ace llue cette rectification soit elle-n1e111c,
plus tard, l'objet d'ur1e rectificatio11 (Civ., 25 octobrr 19oil, D. JJ. 1906.1 .337,
note de ~l. Jlla11iol, S. 1909.1.27).
De 111en1e e11fi11, 11n j11ge111e11t el' e:,;¡1érlie11t, c'est a-dire i11tervenu 1111ique-
111ent pour consacrcr 11nc con, entio11 e11trc parties, no11s ¡Jarait 1111 acle de
juridiction gracieuse. 11 n'c11 serait a11tre111e11t que si le juge avai t fondé sa
<lisposition sur lles 111otifs ele fait et ele clroiL non visés par les parlies et.
co11stitua11t eles lors l'ex¡Jression ele ,;a ¡Jensée perso1111elle ( ,r. ce¡J. l)aris,
'.1t1 11ove111lJre 1902, D. l). 1!¡03.2.8G).
• :1º 11 faut q11'il s'agisse d'une décisio11 déji,iitive. D1J11c 1·a11torité de la
cl1ose jugée 11e s'atlache pas, e11 principe, a11x décisio11s avf111t <lire d1·oit, ju-
gen1e11ts JJré¡Jc1raloires. ¡irovisoires 011 i11lerloci1loires !}{eq., 3o 111ars 190!1,
1). ]>. 1goi°>.1.363; Ci,., :i5 nover11l1re 1907, D. P. 1909. 1.5 1 . S. 1908. r .26!) ,.
!)e lit la 111axi111e e1ue l'i1tlerloculoi1·e 11e líe pas le jiige. 'l'o11lef1lis, il en serail
at1lre111er1t, et 1111e d<'·cisior1 interlocutoire acquerrait J'a11toritt'~ ele la cl1ose
j11gée si, ccJ111111e il arrive sou,e11t, elle avait tra11clu'~ cl{·fi11itive111e11t une
<111estior1 de rlroit 011 ele fail expressé111er1L cl{•!Jalt11c 011(r() les ¡_Jarlies (Civ.,
'.18 tléce111l>re 1909, D. Jl.1911.1.31G,.
))11 n101nent que la clécisio11 est tl{,finitive d'aille11rs, la prt'·s•J111¡Jtio11 de
,érité ele l'arliclc ,:131 s'y allacl1c lo11jo11rs. J>c11 in11111rlc, lli'~s lors, qu'il
,;'agisse cl'u11 jug·ent<'nl prc11>rc1r1c11t clil 1J11 d'une se11Le11ce arl1itrale. lle11 in1-
porle que la dt':cisio11 soit 01111011 s11sccptil1Ie d'u11e voic <le recours ordi11aire
(ap1>el, o¡l¡11>sition), ou c.xtraordi11airc (pourvoi e11 cassal.it)JJ, rer111<\tc civilP).
'l'a11t r¡11e la dt'•ci,;io11 11'a ¡1as t',tí, atlar111<'·e, Pile ¡>ossecle l'aulorit1\ lle la cl1ose
'
j11gt'•e.ll fa11!, ¡1011r <¡11'<'11<' la ¡Jerlle, <111'Plle soit i11firín{•p ¡lar 11111•j11riclictio11
c<Ht1pí·te11lP, 1111, to11t a11 n111i11s, frap¡>é<i ll'1111 rec1>11r,; J>rr>lit1isa11L ¡Jar I11i-
111e111e un ell'et s11spc11sif.l)'c)1'1 il rt'·sultc <JtH' le ¡111urvc>i <'11 cassatillll 11e elí~truit
¡1a,; l'aul1Jritt'· lle la cl1cisej11g·t':e; il fa11l, ¡Jottr 1111e cel ¡,fl'r.t se ¡iroduise, q11P
la (;o,1r s11J>re111c a,it accueilli le ¡1c111rvcii et 111is h 11t'·a11l la 1lc:ci~icll1 atlac¡ut'-e
/(;i,., ¡ j11illet 189<1, l). Jl. \)0.1.:{<11, S. !)l,1.:15).
3" Enfin, I'a11loritó ele la cl,osc jugée ne ,;'allaclte 11a,; a11, 111,,lif~ llesj11gc-
111cnls, 111ais sc11l<'111c11t 11 leur ,[is¡iosit(f·, <l<)lll il fa11l 111C\11111 l'\.clurP ce qui
11'y serait i11<liq11ó <111'c11 tcr111es c'•11<ll1ciatifs (Civ., ,,. avril 18!1:1, D. ll.
~¡:i. 1.:~ 1:1, S. !)9.1.307). ll cst vrai, d'une 1>art, <[He la dis1>11sitior1 sir111ile111er1t
i111¡ilicilc, 1>0111·v11 <¡u'elle soit ccrlai11e, ¡JCissedc cctle a11l.1>ritc'· ¡, J'c'\gal ll'1111n
<iis¡Josilion cx¡iressc ((~iv., 1'.1 juin l\)<l';, S. 1!)<17,1.:l\l'i; l\r)t(., :i8 avril
lt)O!), ]). 11 . l\)º\l 1,;Í•18, S. 1\)1<>. 1.1:{:i). 1,:1, <l'autrc 11art. il a <'•te'• jugó :'1

111aintcs rc1Jrises !fil!' !'011 ¡irut fairc état des 111olifs ¡Jour ¡1r1;ciscr <•t
cn111pléler le scns (111 <lis¡iosilif, par cxc111plc, po11r fairc ressorlir 1111c lléci-
sion i111plicite q11i ne dc'.·coulcrait pas ele la sin1plc lcclurc cl11 clis¡Jositif
(Civ., 29 avril 1907, 1). 1). 1909.r.t,99; Req., 1(1 11ove111)Jre 1911, D. J).
19r2.1.II!), S. l\)l'.l.1.167; llaris. 27 111ars 1900, so11s Jlec1., 28 j11illel 190:1,
J). P. 190 1,. 1. 177).

A quelles demandes s'oppose l'exception de chose jugée ? -


l,orsc¡11'u11e clécisio11 jucliciairc· llOsst•de l'a11tciri Le'· ele l'articlc 1;),> 1, il en
rc'·sulte q11'a11cunc dc111a11cle 11ci11vell!· rclative i1 la 111l\111c cl1ose 11e llP,1t etrP
i11ter1lée sans risc¡11er lle se voir repo11sscr JJar I'excepliu1i lle cl1ose jiir¡ée.
Po11r que le défendeur p11isse invoc111er l'exceplio11 de cl1ose jugée contre
1111e den1ande 11ouvelle, trois conditions sont req11ises a11x ter111es de
l'article 1351. << 11 fa11l que la cl1ose clc111a11dée soit la 1nc111c; c111c la cle-
111a11dc soit fonlll\C s11r la n1c111e cause; que la cle111ancle soit entre les 111cr11cs
¡1arties, et for111éc par clics et cor1trc elles e11 la r11c1ne !111alilt'.. >> l~r1 1111
11101 il fa11t c1u'il y ait e11tre la llc111a11lle acluelle el le proces J)récédent:
1" ide11tité el' objel; :>.º i<le11ti té d<' 1·a11s1' ; :)º idcr1ti té lle ¡Jersonnes et ele 1¡1talilés.
/

1° Identité d'objet. - 11 y a i!lc11tité d'olJjet lorsq11c la :cl1osc cle111a11cléc


psl la 111c111c dans les cleux 11rocc'·s (l)aul, I'.J, D. ele e.rce¡J. rei.,jiir., XLIV, '.1),
(< icle11i corpiis ». ~lais cPla ne sig·niflc 1ias qu'il y ait toujo11rs iclcr1tiL/· cl'o]Jjct si
la rnl'\111c cl1ose 111at{·ricllc es! c11 jc11. 11 11'y a lic11 ú cxccptior1 de cl1osc j11gée
<¡11e si 1'011 réclan1e le 11ie111e úroit _s11r la cl1ose ..l\i11si, apres qu'o11 a <~cl1ou{•
clans u11e insta11cc en revc11dicatio11 cl'u11 in1n1e11]Jlc, ric11 ne s'o¡Jpose a ce
que l'on prétenclc aYoir s11r ce! i111111euble un droit d'usufr11it ou de servit11de
(Civ., '27janvier 1892, S. 93.1.17, note de i\[. ,val1l; l\eq., 3 mai 1898, S.
99.r.97, 11otc de i\l. ,val1l; Civ., 10 féYricr 1908, D. ll. 1908.1.:i:18, S. 1910.
1.309). De 111cr11e, les juge111er1ts rencl11s a11 possessoire 11'or1t pas l'autoritc'·
de la cl1ose jugóc relalive111ent i1 1111c den1ande péliloire.
Il n'y a pas licu no11 JJl11s 11 excc1Jtio11 de cl1osc jugóe par cela seul c¡11e la
nouvclle dc111a11cle prése,ile 11 résottrlrc la 11ie1ne r¡aesliori de droit et ele fait
r111e la pr!\c/,(lcnlc\. ·\i11si, le j11gc111c11(. c¡11i a statuó sur eles llroits d'e11rrgis-
l re111e11t afl't)rcnls :'t 111H' ¡iérioclc cl{•tc)rllli11/•e. 11e s'c>J>¡>osc ¡Jas :'t c,e c¡11'1111
a11tre j11g·c111n11t statuc difl'{•re111n1ent. cin ce c¡11i cor1ccr11c lies drciits C<)t1r11s
¡io~úric11r!,111c11I .'1 C<!llc 11{•ric)dc ((~i,., 1oj11illct 1!101, 1) J>. 1901.1.:í:ío .
. S. 1uo1.1.:lG:l). 11 suflil, 11our 1111c la 11011vcllc clc111a11lle soit souslraite it
l'cxcc11tici11, c111'cllc ail co11cl11 ;1 la 11crcn¡1tio11 cl'a11lres lir<1ils c¡11c la ¡1rcn1i!\rc.
111>c>11rra y avoir ccJ11traclicli!J11 i11ti111c et l!1gic1uc, 1nais 11011co1ilrariél1:c,11tre
l!'s cle11x !lc'•c:isio11s, it s11¡>Jl<Jscr c¡11'c-llcs stal11(!Tll e11 sc11s i11,crsc.
l,cs rtccess()if'es (Jll 11111'. ¡1urti,· r/1' fu ,·hose <¡11i a fait l'objet {le la 11rcrnicre
1le111nn!lc so11t rc'·1>11tc'·s avr>ir {·t{· ClllllJ>ris !lans cell!!-ci; et cclui c111i a s11c-
co111l1ó cla11s la clc111a1ícle 1ic>rla11t sur la cl1c1se lc111l cnli!',rc, ne pc11I. plus t:trc
a1l111is ;'¡ e11 rc',cla111cr c11s11ite une ¡>artic 011 1111 acccssliire, par cxc1111Jlc, l!'S
intórc'its cl'1111c sri111111c r<'·cla111<':e ll'alH>l'<I en ca¡1il.al. I•:11 reva11cl1P, cclui c111i
aurait trici1111ilH'\ {!a11s la clen1a11cl1' clP la clHiSP principalc ¡>n11rrait rt'.cla111er
ens11ite l'acccss11irc, par PXl'lllJ>IP lc•s i,11,:rels 111orctloires, s'il avail .0111is
• •

LI,'l\E l'llE~llEI\. - 'l'ITHE I[. - ,\PPE:Xl)ICE

<le le faire la pre111iere fois (l{cc1., 1oja11vier 1910, 1). ll. 1911.1.3,o,
• S. 1912.1. 158; llc<J., r:i 111ai 1909, D. P. 1911.1.:10!)!·
I11verse111e11t, le rejct ll'une ller11a11de d'i11Lérels 11c 111eLLrait l)as o!Jslaclc
.'1 ce c111c le 111en1e derr1a11dc11r réclam,1t cr1s11ile le capital, pourvu, to11Lefois,
<t ue le rcjeL ele la lle111a11lle cl'i11térets 11'ait pas été 111otivé par cette raison que
la créar1ce 11'existai l ¡¡¡1~ (,2ua11 t a1.1 succes ll'1111c dcrna11lle cl'intérets, co111111c
il 11e s'ex1Jli1¡ue q11e 1Jar l'üxiste11ce de la créa11ce pri11cipalc, il 111el o]Jstaclc ;\
'
ce que le débite11r p11isse discuter l'existence de cette créancc si le créancier
la récla111e ens11ite e11 ca¡1ital.

2" Identité de cause. - La caiise d'une den1ande, aux ter111es de l'arti-


cle r 35 r, c'est le fctil j ziridirJLle q11i constit11e le fondemen t direct et i1n111é-
diat du droit c¡ue l'on prétend invoquer. On peul valable111e11t, par u11e
clen1a11de en justice. te11dre au meme résultat q11'on n'avait ¡Ju attei11dre llans
11ne précéde11te insta11ce. si !'011 invoc¡11e, a l'ap¡J11i ele sa ¡Jréle11lio11, non pas
-un 11ouveau mo_ye11, c'est-a-clire 1111 ll<Juvel argu111ent (cela 11e suffirait pas !),
mais un fait juridiq11e dill'ére11l. llar exen1ple, apres avoir -poursuivi vai11c-
111ent la nullilé cl'un teslament ¡Jour vice de forr11e, l'héritier pcul cle111a11der
cellc 111en1e llllllité en se for1lla11t sur l'ir1sa11ilé d'espril clu leslale11r au 1110-
ment de sa rédaclion (Cf. l{eq., 20 octolJrc 1885, D. P. 1886. 1.:J53, S. 89. 1 .:i3;
1,cq., 29 octolJre 1900, D. ll. 1901.1 .:i17).
De rr1en1e, l'assur{, r1ui a11rait été condar11r1é au paic111er1t de sa cotisation
at1 profit de la co111¡1ag11ie cl'asst1rancc, pourrait, po11r éviler le f)aie111er1l, s011-
lenir da11s une insta11ce 1Jostérieure que sa police avait été résiliée par l'enYoi
cl'11ne Iettre recon1n1a11llée, ¡Jourvu nat11rellen1ent q1.1e celte q11estion de
résiliation n'ci'1t pas ét{· expressé111ent 011 i11111licile111c11l j11gée ¡Jar la pre-
1niere décisio11 (Ci, .. 1•' f(·vrier l!)O!), !). ]>. 1909.1.2 118, s. l~)' r.1.!167).
La Doctrine,reprcJdt1isa11L ici ele vieilles clistinctior1s1cles co1r1111c11tateurs d11
Digeste er1tre la c1t1tsci re,n.olct el la causci proxiffict (\'. 1/1, p. :i, 1). ¡[e e:,;ce¡il.
reijttll., ~LI\í, 2; 159, D. rle reg._j1tris .. I,. 17), clt''.ciclcen g·611é•ral q11'il 11'y
a lieu de s'occ11per r111e lle la cause liirecle el im1r1érliate <le l'aclio11, et ncJ11
<le la ca11se secoridaire ot1 111é1lir1,ie. l~t voici les de11x aJJplicatio11s, 1111r1l1·e avis
!Jie11 cor1leslables, q11'elle fait de cettc distinctior1.
\, - l•:11 1r1atii'.re ele 1lcrnfl111le e11. 111ilfitc; ¡1011r vite 1lu co11sc11Lc1ne1il, LJU
Picc rle for,ne, elle dc'·citlr q11'1111() cle111anclc er1 1111llilé, f<Ht<lóe cl'aliorcl s11r
la violencc el rc¡1011ss{·e, 11e po11rraiL c'!tre re11011,elc')c C)II i11vor111a11t. le cl<Jl 011
l'errf'nr, el vicc-vc•rsa .. :\lc~111c sol11lirJ11 JHHII" 1111e <ie111an<lc 011 1111llilé fc)11d<'·,:
s11r 1111 vice 1lc Jor,111• <li'.·te1·111i11é el c¡t1'011 von<lrail rc¡Jrendre e11 i11vc)c¡11a11l,
la seco11de fois, 1111 a11 lre vice. La cause immédiate ele la den1a11de e11 cll'et,
<:'esl, cliL-on, le défa11t <le cr111scr1le111er1t ou l'abse11ce des J'c1rn1cs prescriles. l,a
prévision de lel 011 tel vice <le la volor1lé c)11 <le Lcl 011 lel vice ele for111e 11'est
<c11'une ca11se 111ódiate et. secondai re (V. l\cr¡., (j avril 1!)O!), J). P. 1\) 1 1 . r. 1o:l,
11ote de ;\l. (;11é11ée. cr. Il()le d.c 1\(. Cézar-13r11, sous 1). )l. l no5. T.!, 17).
ll. - E11 1r1alil!re d'actio,i réelle, il n'y a11rait pareille111ent q11'.\ s'atlacl1cr
au clroil réél rt)cla111c'• e11 j11slicc. Jle11 i111porlcrail le tilre i11vor¡11ó. Du 1rll>·
111c11t que le clroil 1)ar lui rc\cJa111é, par exe1111Jle, la ¡>ropriéLé cl'1111c cl1ose,
aurail été refusé a11 demanclc11r, c'est c11 vai11 q11'il préter1clrait re11011velcr
l)ES PIIEIJVES :>.55

sa reYCil<lical.io11 CJI i11VO<[l\Ulll, ccltc fois. 1111 Litre clit1'1:rcnt, l(IIC, })ilf" CXClll-
ple, a¡Jrcs av<.>ir so11tc1111 <.¡11'il était pro¡Jriélairc cl'11r1e c\1osc i1 rai,;011 d'1111
acl1at, il revic11drai l it la cl1arg·e el reve11diqucrai t la n1c111c ch<J~C l'TI
in,,oq11a11t, cct.tc foi,;, 1111e clonation qui l'e11 a11rait rend11 111aitrc. 11 ,;erail
rcpoussé par l'exccplilHl de cl1cise j11g·óc. Ccl11i q11i rcvc11cliq11e 1111e cl1c)sc c11
jusi.ice est 1)rÓs11111é avoir déduit en justice lntis les litres ,¡·,tcquisilion pos-
sibles; cc11\-Ci ne s011L q11e tics. ca1isa: reniul,l' ((:iv., ¡ r11ai 18G1, O. (>.
GI • 1 . :>. 7:) ).
\'c111s croyo11s qu'11nc lelle 1l<iclri11e confo11d le droil, o]Jjet de la préte11Lin11
tlt'~d11itc e11 jusi.ice, el cclle 1Jréle11tio11 el\e-n1er11e, avec la cause de ce droito11
ele cette prétention La jurispr11dence qui corr1met parfois aussi cette confu-
sior1 sait, au co11traire, l'éviler clans d'autres l1ypotl1eses. C'est ai11si que la
11ullité <.l'11n partage, vaine111ent de111andée .JJ011r cause· de lésion, a ¡Ju etre
obten11e ens11ilc pour inégalité des lots, sa11s ffUe le elc111a111]enr se soit ,·11
opposer la seconde fois \'cxception ele cl1osc jug·l'.C ( l\c11_.. ?.!J ,iclolJre r900, D.
P. l(J01.r.217). II y a d'ailleurs u11 procédé IJic11 si111ple a la clis11osilio11 clu
plaidcur q11i c11tc11drait écl1appcr a l'exccplio11. Ce serait ele rcstrcinclre sa
der11a11elc a un tilre particulicr d'ac<1uisilior1, i1 1111 vice de volonlé ou ele
for111c <léter1ni11é, c11 se réservaut for1r1elle111e11 L, dans ses co11clt1sio11s, la fa-
c11llé ele se ¡Jrévaloir 11ltórieurc111ent 1l'autres Litres 011 cl'aulres vices.

3" Identité de personnes. - No11s savons déja que l'a11lorité 1le la cl1ose
j11gée esl se11lc111e11l relalive, i1 l'cxe111¡Jle de cclle des acles juridiq11es clo11L
les jugen1ec1ls s011t e11 gé11éral la constatation (V. nolre t. l", p. g~). Si les
partiesen présence da11s de11x: ¡Jroccs ne s0111. pas les 111emcs, y eut-il iclen-
titú d'c¡JJjet et ele cause, la deux:ic111c clen1a11de 11e pourra elre repoussóe ¡Jar
l'e\ccplio11 ele cl1ose j11gée. Res i,iler rtlio.~ j1i1licala (tliis 11e111ie ,iocere 11,•111ie
proclesse ¡Jolest, Seule1ne11t, 011 eloil considórer co1n1ne ayar1t éti: parlies llans
1111e i11sta11cc, 110n seuler11ent les parties c111i y ont figuré e11 perSl)n11e
co111111e de1na11deresses ciu dófe11dcresses, 011 y 011l été vaine111ent ap11clécs,
1nais c11core cclles e¡ni y ont étó représenlees. Dar1s q11cl cas pet1l-on dor1c dire
qu ,011 a ele' ' re¡1rese1i
' ' c¡11c l' 011 na
le' <l a11s 1111 ¡1roces ' pas soulen11 so1-r11e111e.
. " ·•
Soi,t.' rcpróse11lés ¡>ar 1111e ¡i:1rlic liliga11lc. les a_yrt1ils-cause de cclle-ci
el ses 1111111,la11ls .
.\. - ,Ses 1iya11ls-c1111se. - 11 y a lic11 ele clisli11guer e11lrc les aya11ls-ca11sc
u11ivcrsels e111 1'1 litre 11niversel el'u11c ¡iart, el les aya11ls-cause .'1 Litre parlic11-
li1ir d'aulrc 11arl.
a. - I,cs aya11ls-ca11sc 1111iuersels uii 11 tilrc 1111ioersel d'1111 ¡1laide11r sunl
cc111sidi'·r(s co111111c rc¡1rt'~sc11tés. I,e jugc1r1c11l rc11el11 cc)11lre 011 p<Jur le11r
a11l.1111r lc11r 11uil <>11 l1111r proflle. <:ctt.e sol11lion r1c ¡>rt'~sc11le ¡Jas de• cliffic11l-
t.és, lorsq11'il s'agit eles lieriliers 1111 eles lógalaircs 11 litre u11ivcrscl assi111ilt'is i1
<les IH'\rilicrs. l\fais, c¡uanel il s'agil eles crú111iciers, il y a lic11 de fairc 1lcs
<lisli11c:licn1s.
"· -- l,es cri~a11ciers cltil'Of/l'rt¡1l111ires son! rc11rúsc11L1:s par leur clóbilcur.
(;c111c1ulanl il e11 l'Sl a11lrc111e11t. cla11s eleux: cas.
l)'aliord. q11a11cl ils i11,·1)q11cnl l'ncliori l'rt1tlie111ze, JJl't•cisi'·111e11t 1><>111· fairi,
t,1111l>er 1·11 ce qui les C<>ncer11P 11ar la voiP dP la licrce-op¡i1Jsilio11 1111 ju¡.!'P-

LIVRE l'I\E~IIER. - TITRE 11. Al'PE'iDICE

111e11t rend11 a l't'•garrl de lct1r cl(llilr11r e11 fraurle ele le11rs clroits (art. 4í!1
el suiv., C. proc. ci, 0
.).

En second lieu, c¡uand ils lllaiele11l 11011 co11tre lcur débitet1r, 111ais contrc
<les co-créa11ciers sur t111e queslio11 <l'attri!J11tion de tel ou tel élérr1e11t d11
¡iatrin1oinc, leur gage co111111u11 .•~i11si, les j11gcn1ents qui prononcc11t s11r
1111 clroit de préfére11ce c11lre crt'\a11ciers, bie11 qu'aya11t n1is .en cause le débi-
tc11r, ne sonl ¡las op¡iosa!J!cs aux crt'~a11cirrs c1ui 11'y ont pas úté llarties 011
ilJJpclt's.
~. Quar1l a11x crta11cicrs liypolliécaircs, la lllu1lart eles a11te11rs les assi111i-
a
lent des aya11ts-ca11sc it Litre partic11licr, et c11seignent que, des lors, par- a
tir d11 111on1e11t ou ils 011t acc¡uis le11r l1ypotl1eque et l'or1t rer1clue op1losa-
ble a11x tiers par l'inscriptio11, les j11gen1ents obte1111s al'égarcl de leur
clébileur relativer11e11t a l'i111111c11!Jle ne le11r sor1t pas opposables. I\Iais la
Co11r de cassatio11 se prononce e11 se11s co11lrai re. Elle elécide c¡11e les jugc-
a
111e11ls re11d11s l',\g-arcl rl11 dt'•l)itP11r et ii pro¡ldS ele l'in1111c11IJle l1ypoll1éq11é.
111e~111c !)OSle'rÍCIJl'Cllle11l i1 la co11stitulicin ele l'l1ypoll1ec111e,011l valf'tlr U l'égard
clu créa11cier l1ypoll1écaire. E11 ell'el, le débiteur doit etrc ré¡1uté 11'avoir
cor1ct'~clé d'l1y¡lollH~c¡11c c¡11c da11s la mcs11re 01'1 son clroit existe 0t sera j11g·{:
ex is ter sur l'i111111culJle (Civ., :J:Í oclolJre 18!)3, f). Jl_ !J'•·, .:~/
1, S. !J'•·
1.:i 181.
a
t,. - s·ag·it-il des aya11ls-ca11se Litre llartic11lier-acl1eleur, légataire, do-
nataire- le j11ge111c11l rc11cl11 it i'c'garrl de lenr a11le11r, et en ce c¡11i co11cer11c
la cl1ose ;\ e11x lra11s111isc, a eff¡,t ú lcur er1co11tre ot1 it le11r pro 111, selon c¡ue
ce jug-c1ne11l a úté ¡¡ro11ci11ct\ ava11t 011 a1lres l'acq11isitio11 de le11r clroil. llro-
11011cé ava11t, il le11r est op{lOsable; i11lervc11u aprcs. il 11e peut leur etre
opposc'~. ~al11rellerr1ónt, it l'ir1vcrse, lcj11gcn1enl re11rlu it l'égard d'un aya11t-
ca11sc it litre particnlicr 11c scrail 11as <lJJJJOsalilc i1 J'auleur ele celui-ci (Civ .•
1ü avril 188!), D. Jl. (JO. t .:17ü).
13. - !Jes 1nn111la11ls. - Lejuge111e11t. re11d11 i1 l'égard d'un 111a11<lataire, soit
co11ve11Lio1111el, soit !{·gal, a cll'el ;\ l'c'•gard elt1 111anclar1t. 1\insi. le jugc111e11t
rcnclu i1 l'c'-g·arcl el'1111 t.ulcur plaielanl a11 110111 rl11 ¡i111>ille esl OJlllOsalJlc it cr-
lt1i-ci. et 111ellrail t1listacle it C<' r¡1u>, cleve1111 111ajcur, il JJÚL rc11011veler IP
111e\n1<'. 11roct'.:s. l)e 111<\111c. le j11g·e111e11l interve,111 dans 1111e i11sta11ce so11le1111e

1iar les ael111i11islratP11rs <l'1111c seJcic'•l{• a11C>11y111e p<>Ss<\elc l'auloril{· rlc la cl1osP
jugée it l't'·garel ele luus les acti<i1111aires l_(~iv., 18 j11i'11 '!lº~, avcc ct>ncl. ele·
.\l. le l.lroc. g·c':11. lla11<louin, el note ele \l. l,aco11r. I>. )l. l!)<>~., .;18:1). C'est
c'•gale111e11l en se f'ri11ela11L, 011 !'a ·.-11, ,;ur l'icléc cl'1111 1irt'.•ler1du 111a11Clal réci_
¡>r<.•q11c e111c: la j11ris¡ir11clc11ce cl1i1111C' f'<>rcc ele clHJse jug-óc a11x j11gc111e11ts
rc111l11s it l'{•g·arel 1l'1111 tlt'.:liitc11r s<1li1laire) 1•11 ce c¡11i c1i11c1\rJ1e. les a11(rl's tlt\!Ji-
le11rs.
l\c111ar<¡111i11s en lert11i11a11l r1u'il 11'y a ¡Jas ielculité ele ¡ierso1111Ps lurse¡ue la
111er11c personnc J>laielc clans cleux inslanc<'s successivcs, 111ais nucc 1!1'.~ ,¡1tali-
lés <li.fférc11/cs. (:'csl ai11si <111'1111 ¡iórc e¡11i a11rait t'·cluiut': cla11s 11t1<' i11sta11c<·
e11 rcvct1llicalie)11 sonle1111c }lar l11i <\,~ 1¡1t1tlilé, c'esl-i1-clire e\xcl11sive111P11t a11
110111 dP ses e11f'a11ls 111i11curs rl ceJ111111e leur ael111i11islral1\11r lc'·g-al, ¡>rH1rrait
repre11<lre cell.e) rcvn111licalion <'Jt ¡irc'•le!IHlant. la SPconele f't>is. e\trP l11i-111<\111P
IP pro¡1ric'•taire ((~I'. c:iY .. 'í 111ar,; 18!¡<>, l>. t>. !)l.1.:l1(i; l\n1¡., (i avril l!)<l!l•
l). Jl. 1n11. 1.10~>, 11tlle ele 1\1. U1H'·11c'·c',.
I>ES PREUVES

IJ. -- Autorité au civil de la chose jugée au criminal.


Jusc1u'a prése11t, 11ous 11e 11ous son1mes occupés c111e de l'autorité de la
cl1ose jugée a11 civil. ~lais il y a lie11 de se demander si les décisions d'u11P
juridiction répressive, comme un tribunal correctionnel ou une cour
d'assises, ne pe11vent pas avoir au civil l'a11torité ele la cl1ose jugée, c'est-it-
dire s'il cst f)Ossible de se fo11dcr s11r une tollo elécision pour 01)poser l'excep-
a
tior1 reijllllicatic une den1ar1elc for111ée elevar1t 11ne juridiction civil e.
A prer11iere vue, l'affir1native 11e parait pas douteuse. Les décisio11s dPs
juges qui statue11t a11 criminel l)araissent tout a11ssi respectal)les, tout aussi
vraisemblable111e11l j11stes et exactes que les décisions des juges statuant au
civil. Elles se111blent done de,oir etre i11vesties de l'autoritó de la cho~c
. '
Jt1gee.
Naturellc111e11t, il n'en sera ainsi que s'il s'ag·i l, con1111e eri 1r1atiere civilc.
d'u11e clécision déflnitive, cl'1111 jugen1ent vórilable 111ettant _réellement fi11 ú
la po11rs11ite engagée deva11t le juge répressif.,\ussi, la Co11r ele cassatio11 a-1-
ellc jugé avec raison q11e l'a11lorité de la cl1osc jugée 11e s·atlacl1e pas aux
clécisions des juridictions de si111ple instructio11, par exe111plc, ;\ 1111c ordo11-
11a11ce de 11on-lie11. En efTct, une lcllc décisio11 ne statue pas défi11itiverne11I
sur le fait c¡ui er, est l'olJjet., et elle est susceptil)lc d'etre mise néant, s'il a
su rvie11t eles cl1arges no11velles ( Civ., 26 juillct 19o!i, D. P. 190!1. 1 .t,72 ; lle<1-,
·15 n1ars 1902, S. 1903.1.5, 11ote ele ~1- Lyon-Caen).
Ccpc11dar1t, l'autorité a11 civil lle la cl1ose jugée au cri1ninel a été contestée
ela11s son principe, et elle elo1111e lie11 it des distinctions dans lesquelles il est
i 11ll ispcr1sal)lc ll' 011 lrcr.
Et, tout d'abord, il fa11t disli11g·uer s11iva11t (¡ue la juridiction répressi,e
a statué s11r I'aclion civile, ou seule111e11t s11r l'actio,i JJ1iblique.
Le j11ge réprcssif a-l-il statué sur l'actio11 civile, il n'cst 1>as doutc11x
que l'aulorité ele la cl1ose jug,~e s'atl!}cl1e it sa décisior1. J>ar exe111ple, 1111c
personne, victi1ne d'11r1 accielent, s·est lJOrlóc ¡1arlie civile a11x poursuitcs
intcntées deva11l le trilJ1111al co1·1·cctionnel co11lrc l'autcur de cct accide11l
¡iour l>less11res 11ar i 1n¡1ruclence ; le trilJunal correction11el a rcjetú la
'
1len1a11ele de 1lo111magcs-i11tór1~ts. 11 cst cerlai11 c¡11e le plaide11r <lébo11té 1u:
ponrrait réir1troduire u11e r1011vclle den1a11de d'indern11ité elevanl 11n tril}u-
11al civil (Cf. Crim., :13 111ai 1no3, S. 190G.r.:i27).
1\11 co11lraire, la dócisio11 <le la j11ridiction réprcssive 11'a-l-elle stat11é c111f'
s11r l'acli1>11 1>11IJliq11c, il s'csl lro11vé eles autcurs po111· so11tcr1ir que cettc
1lécisio11 11e saurait 111cllre <>l>slaclc .'t ce <¡ue le 1nc111c fait 1Jul 1'\Lrc dócl11it
.'t 11011vea11 dcva11t la j11ridictio11 civilc. ]>ar exe111plc, un indivi1lu acq11ittt'·
¡>olll' 11n cri1nc <1u 1111 1)1\lil préler1d11 l)Olll'rail loujo11rs clre 11onobsla11l
poursuivi c11 1lo111111ages-inlércls 1levant le tribunal civil. En ell'ct, a-t-011
<lit. ce 11'esl. pas le n1cr11e 1il>jel <¡11i est cle111andé cleva11l les cleux juri<lic-

1. n.. udant, J11{luence du cri111111PI sur le civil, l\ev. crit., 186,I,; Au,linrt, /Je l'autorité
11u cir,il de la chose jugée au cri1111,1•l, th1'!se, 1883; Griolet, De l'autorirt! de /u cllose ¡'ur;ée,
1868, et note Fons l>. P, 69.t.lG\l; l'laniol, note sous D. P. 1907.1.201; 1'1•rreau, note
sous s. 1908.1,:,1). .
'l"o1ne 11 1i
,

LIVRE PRE;\IIER. - TITRE II. - .\.PPE'iDICE

1ions. En 111aliere ré¡Jressive, c'était l'a1J1Jlicalio11 (l'u11c 1Jei11c (111i [·tait ré-
clan1ée; e11 111atiere civile, c'est la réparaticJn d'1111 pri'judice. Et ce ne sont
¡ias les n1c111es ¡Jarties qui sont en cause. Devant la j11ridictior1 ré1Jressivc,
c'(\tait le 111inislere llt1lJlic qt1i po11rsui,·ait l'inculpé ; tleva11t la j11ri(licLio11
civile, c'est la ,icti111e d11 JJr{j11dice par lui caus[:. i11juslcr11e11t.
Celtc opi11ic;11, co11da1n11ée par lajurispruclence. cst a11j(>11_rcl'l111i alianclon-
11,'.•c. 11 faut écarter e11 ce Lle n1atiere les raiso1111e111e11ts fo11cl1~s sur le lexle cle
1·,trticlc r35r. 1~11 ell'et, il s'agit ici ele l'aulorité de la cl1osc jug1)e al.tacl11~e
it 1111c décisio11 renll11e e11 ,na ti ere réprcs:--ive, ordre ele c111estions q11i écl1ap¡1c
it la régle111enlalior1 cl11 Coclc civil.
Le ¡Jri11cipc, c·est r¡11e les j11ges civils cloivent le11ir po11r ,·rai tout ce qui
c·\.pressér11cnt 011 i111plicite111ent a été constaté par le juge cri111i11el. Pour
c1r1ployer la f<;r111ule d'un arrt\L, « il n'est jamais perrnis au j11ge civil ele
111éco11naitre c;e qui a été certaine111ent et nécessaire111e11t cl{·cidé par le juge
crirr1i11el » 1,llec¡, !l déccn1bre 190'.l, f). l). 1903.r.!17, S. 1903 1.351; Civ.,
:1:-- j11in 1905, I>. l). 1905.1.!1fJÜ). llcste i1 savoir ce 1¡ai et. élé llécillé par le j11ge
crin1i11el, sp<~cialc111cnt, dans cr11cllc 1r1es11re 1111e sentcnce d'acquitte111cnt n1et
(.Jistaclc h eles po11rs11ites a11 civil er1 clo111111agcs-intér<'ls. ,\ ccl <'•garcl, il fa11t
tPr:ir co1111)le <l'11ne fo11le tic 11uances résullanl lle la <lill'ércr1ce tl'objets el de
fl' ,ints ele ,11e <111i existent entre l'l. l1~gislation civile et la loi crin1inellc. Et
:--<>11Ye11t il y a lie11 aussi de se rcporter aux 1notifs ele la clécision cri111i11cllc,
(•11 ta11L ciuc ces 111olifs e11 sont le so11lie11 nécessaire (Ci,, ., 28 j11in '!)05,
¡irécilé). .
·rout cl'abord, 11ous ren1arr¡11erons que ce n'est pas sc11le111e11L, con11ne on
1·a parfois ava11cé á lort, e11 lant q11'ils affir111ent 011 nicnt lln fail détermi,zé
q11e les j11ge111e11ts cri111incls s'irn¡)<>scnt a11x jugcs civils. Toiztes letzrs appré-
< iritio11s 011l la 111<'\1r1e a11l<>riLé. :\insi, les r¡tl1ilijic1ilio1is légales q11i rés11lte11t
,le leurs jug·e111cnls 11c pe11vcnt pas etrc co11trcclites a11 civil. J>ar cxen1plc,
c<'l11i au ¡1ri-j111licc 1lur111el 1111 <>bjct r11obilier a été soustrait par un fail c111a-
lilié d'abus <le c<)11lia11ce ¡>ar la j11ri1licli<111 corrcct.i,i1111elle. 11c 1)c11t so11tcnir
,111 ci,il q11e le fait 1)ri•se11tait le caractere cl'1111 ,·ol, ,\ l'ell'cl de 1>011,oir cxcr-
c1~r l'action c11 revcr1dicuti<>n 1>er111ise J)ar l'article 2279 i1 la victir11e cl'u11 vc1l
<:I iutcrdite ?t la ,icti11H' <1'1111 al>11s <le co11fiancc (llerJ., •1:I cléccn1l>rc 186:{.
1). fl. (i;¡, 1 .8,i, S. (i:i. 1. 187_1.
·routefciis. il .Y at1rait cx.co11tio11, 11011s l'avons vu, 1>c>11r les a111)réciat.iot1s c¡11i
c<111cer11craier1t l'él11l <l'1111e ¡icrscJr111c, en la11t r1uc ccl [,tat, scrail. 11nc circons ..
1.~11ce co11stil11live cl'nn rlélit ,\ir1si, l'aJ)t)réciat.ic>n cl'1111j11ry sur la <111alitt'~ ele
lil~ <l'1111 in1livid11 po11rs11 ivi 11011 r parricicle 11c 1>011rrai L<\trc i11.voc¡1H\c au civi 1
<lar1s une co11testatio11 relativo 11 la liliatic>r1 ele cct inclivi<l11 (V. 11c>lrc
l. ¡;,; p :115: Celle ¡iartic11larilt'. tient b. la rt'·glo s¡>1•cialc ele l'article 3:17 1111
1•

<:ode civil.
S¡16ciale111cnt, en c<' c¡ui cor1,:<)l'Jtc les conséc¡t1e11ccs <l'11r1j11ge111e11L cl'acc111it-
lcme11l, il y a lie11 ele s'atlacl1cr, c11 i11terrogea11l les 111<itifs de la elócisic111,
a11x ca11ses <111i 011t fait 11r1111<i11cer l'acq11ilter11rr1l.
(~elle cause est-clle la 11<~gatior1 <lu fail ir1crin1i11ó, 1111e pcn1rs11it.c flnva11l
la juriclictio11 civile en clor111r1ages-i11tércts se l1e11rlerail ;\ _l'ex.ce11tior1 de
llES l'IIELVES

el tose jt1géc. Í\i11si. u11 ir1<livi<l11 1Joursuivi po11r fail clºl10111icicle par i1Tt¡Jru-
der1ce, et acquillt'· ele en fail, parce c1u'il 11'a ¡Jas, <lit le jug·c111e11l, co111111is
cl'in1prt1dence l>U Llc- 111•glige11ce, 11c pourra pas ctre action11é au civil en
cl1Jn1111ages-ir1tér1'fs rllec1., 31 oclolJrc 1906, D. P. 1910.1.ilro, S. 1907.1.1:>.fi;
(;iv., ?.7 111ars '~J<>G, D. ll. I!)º7·1.:13ci, S. 1906.1.3[¡3). I~l il en csl <le 11te111c
l1Jrsq11e le Jlrc111ier juge,nent esl fcn1cll~ s11r l'ir1suJ'fisa11cc• ele la preuve,
1¡uar1cl il cléclarc, par exe1111Jl1•, <Jtt'il 11'esl 1Jas cu11sta11l ... c111'il 11'est pns •
<'•LalJli, Plc ... L'i111¡1ossi)Jilit<'~ ele faire la JJrc11vc du fait re¡Jrocl1é cloil t:trc
1·1J11sicl/·réc co111111c avéréc JJ<>11r le jug·e civil, clu 1r1on1e11l c1u'elle a <'·té
.11"{ir111t'•e pa1; le jug·c rúpressif (Civ., :>.8 avril 1903, D. ll. 1903.1.41!1, S.
'!J05.r.289).
_\.11 co11t.rairc, i 1 11'y a iJas olJstacle it l'i nlroduction cl'unc <le111anclc de
do1nt11agcs-intérets, lorsque la cause tle l'acqui ltct11ent 11c contient 1Jas la 11é-
µati<)ll cl11 fait incrir11i11é. II c11 sera ainsi, ¡Jar cxcn1¡Jle, si l'inc11lpé élant 111i-
11c11r a été acq11ill<°· cor11111c a)·a11t agi sa11s clisccr11cr11e11t. Cet acquillc111c11t
rrc s·o11i1osc pas ti ce qu'il soit acti(Jnné c11 <lo111n1agcs-intérets dc-va11t le juge
civil, s'il a¡J¡Jcr\ q11'il avaif. 1111c co1111aissa11ce s11fl1sanle de ses acles ¡Jour
,~11co11ri r la rcspo11sa)Jililó ele l'arlicle 138:i (Bcsa11c;on, 17 clécer11lirc 1902, l).
11 • 190:{.2.[¡06).
Et pareillen1c11 t. 1·cxceptio11 de cl1ose jugc'e 11c JJ011rra etre op1)osée la cle-a
1111u1cle civile lorsciuc le fail allég·ué n'cst ¡Jas i11co11cilialJlc a,cc cclui clo11t le
j11gen1ent d'acq11iltemenl co11le11ail la néga_lio11. 1\i11si,b la suite d'11n accidcnl
cfp trarr1,va)·, le 111écanicien, po11rsuivi dc,a11t le lrilJ1111al corrcclionnel ¡Jour
avoir núgligé ele faire usage c.le sa tron1pe d'a,ertisse111e11t, a été relaxé ele
a
ce fait; cet acquiltcr11c11t ne 111cltra ¡Jas olistaclc ce c111e la victin1e ele l'ac-
f"icle11t po11rsui,c 11ltéric11re1nc11L la co1npagnic c11 clon1rr1ages-intércls, si elle
i11voc¡11e, clcva11t le juge civil, u,ie a1il1·c f111tle du préposé ele la co111pa-
gníe, llar cxe111¡Jle 1111 ex.ces de ,·itcsse (Civ., 6 111ai 1901, D. I>. 1905.1.475,
S. 190:i. 1.72). 011 l)ic11 c11core, sup¡Joso11s c111'ur1 i11<lividu possédant u11 tilre
;i11 porteur dé1Jcr1dant <l'11ne succession ait été pours11ivi cleva11t le juge
c,¡rrcctio1111cl sous l'ir1cul¡iat.io11 de ·vol. el ac<¡l1ilté par ce 111otif que << les
circ1J11stanccs 11c ller111ellaic11t. JJas <le conclurc h lºi111possibilité cl'u11 don
111an11el n, ll ne r{·s11lle pas ele cel acc111ille111cr1l la prcuve cl'u11e propriél<'· ou
a
cl'1111c 1icJssessio11 rég11lit1re. Et des lors, il 11c 111ellra pas ol>sLacle ce c¡11e
l'l1érilicr clu 1léf1111l i11lrocl11ise a11 civil une reve11<licalio11 cl11 lit.re a11 ¡¡orle11r,
nrr allég11a11l <111c la ¡iossessio11 clu clí•fc11lle11r pri':sculc 1111 caraclere éc111ivo<111e
11c l11i ¡ierr11cltar1t ¡Jas clºinvoq11cr la reg·le <le l'arLicle 2279(Jleq., 18 1r1ars
l\)Oí, IJ. i>. l\)OÍ· l.'..101, S. l\)I0.1.:>!>8),

Sl~(~'l'f()N IV. - J)E 1,'AVEU •

.Notion de l'aveu. - J,'rt1Jc11 011 co11Jc.~sio1t co11sislc, de la part de cel11i


conlrc Irc111el 011 allcg·11e 1111 fait., h recon11aitre l'exaclitude de ce fail. De
l<>utes les rirc)UV<'S, c·esl cellc c1ui ¡1aralt a
pre111iere vuc la pl11s convain-
canlc, ¡irob<tfio ¡11·obftltli:;si111<t. 11 sc111ble c¡11'clle supJJri111e loulc dif(i- •

cullé, lc>ulc l1ésila-li<>n. Cc1Je11da11l, si ¡iére1T1ptoire q11'il soil, l'aveu 11'cst


LIVRE l'RE1l1El\, - TITRE 11. - APPE'iDICE

e11 so111111e c1u'u11e JJre11ve; il pe11t etre co11traire ¡'¡ la réalité eles faits. J,a
1Jratique ofTre des exen1ples d'aveux fa11x suscités ¡lar eles Jlréocc11patic111s
tliverses, par la plaisanterie, par le clésir d"ég·arer la justice. 011 corr1pre11d
done que la loi n'attacl1c pas toujours 1111e force prollante a]Jsolue it l'a,·e11.
En malicre pénale elle laisse toute liberté d'appréciation au juge. Et en
111atiere civile, la me111c force prolJa11te, 11ous le verro11s, .11'est ¡1as attacl1ét·
• ¡¡ loutes les variétés el'a,·cux .
D'ur1 autre cc\té, l'aveu cst llarfois e111plo)·é con1r11e 1111 procédé de si11111-
l,1tion, po11r do11ner naissa11cc i1 1111 clroit ci11'on 11c po11rrait crécr clireclc-
111er1t . .!\. cet égard, l'avc11 est 1noins u11e confessior1 qu'u11e 1nanifesla tion ele
volonté. Ce qui se traduit meme clans le langage courant. Dans avoiier il y
a vouer, c'est-a-dire p1·01netlre. Et ele fait, avouer que 1'011 doit alors qu'o11
ne doit pas, cela n'équivaut-il pas i1 s'obliger :l D'ou les regles suivantes c1ui
11e se concevraient pas, si l'aveu n'étaii jamais c¡11'nne reconnaissa11cc de la
,·éri té .
.•
1° II ':l a eles n1atieres oi'1 la loi JJroliibe l'aveu, c'cst-i1-elire l11i tlénie to11le
force prol1anle. 11 er1 est ainsi ela11s Loutes celles ot'1 l'avcu e111porteraiL la
renonciatio11 a 11n clroit a11c111cl il 11'est pas pern1is ele re11011cer, 011 elo11l <111
ne pe11l tlisposer. No11s en avons v11 1111 exe111ple en cas ele JJroc<~s en divorce
ou en séparation de corps (t. I"'". p. 2 20 ), De men1e, l'üveu elu n1ari ne fai 1
pas preuve en cas ele 1)roces en sé¡Jaralio11 de lJier1s (arl. 870, C. proc.).
2° U11e certai,ie capacité est. nécessaire po11r qu'l111 ave11 soit , alalJle.
0

()11elle capacité~ Cpllc ele elisposcr ele l'objet ele la cor1teslatio11 ...\i11si, l'ave11
fait par 11n mineur ou un ir1Lerclit r1'a pas force prollanle. Cel11i dl1 t11let1r
elu 111i11eur 011 de l'ir1lerdit n'e11 a fJ11e s'il a Lrait a 1111 dí·oit dont les ¡Jou-
voirs ele gcstio11 ele ce t11tcur lt1i pcr111etle11t ele elis1)oser. De 111c1111e. l'a\'<'11
cl'u11 111a11clataire ne lie le 1na11cla11t <¡11e si cel11i-ci a <lo11né h s011 re¡Jrés1·11-
tant lln « pot1voir spócial n (arl. r35G, al. 1).
'l'outcfois, exception cst faite po11r les avoués et l111issiers, offlcicrs cl1argó,;
cl'i11slru111entcr e11 jt1sticc pour lcurs clic11ls. Ise 111an<lat lle ces officiers r-sl.
rép11Lé co11lenir le po1rvoir ele f'aire des avcux a11 11<>111 ele lcur clie11l, sa11f
pot1r cel11i-ci la fac11llé cl'cxcrccr co11Lrc c11x l'actio,i e11. 1lé.~czoe11 (arl. :):J:1 <'I
s., ( ,., ¡¡roc ..) J•'t '
, 111c111e, l' avo11e' <¡111, . 1>rcse11
' l a' I' a11f1·1encc, 1a1sscra1.
. ·1 r>asscr
sar1s prcilcstalio11 u11 avc11 i'·111a11a111. <le l'av<Jcal, ler¡11Ól ne rc1>r<'\st•11ta11l JJas lt•
clic11l 11·a ccrlai11c111c11l JJas Jl<>uvoir cl'ave>11er ¡><Hit" lui, s'a1>1>r1>pricrait ccl
avc11 el luí elo11nerait force JJl"<Jba11le (lle<{., ·>.8 111ai 18!)!1, 1). 11 • !)'1.1.:1:\:\,
S. nG.1.277; 17 cléce111l1rc 19<>·1, I>. i>. '!lo:l.1.1G7, S. l\)<>11.1.:11,,).
:I" l,es lril>1111a11x 111óco1111aissa11t le caractórc 1111ilati'•ral <[lli l1>gic¡11e111t:11I.
<levrail <\trc cel11i ele l'avc11, a<ln1cll.c11l Y<>lo11l.i<!rs <1u'il. 11 'est irri'\Yt>caliln
.
<¡11·aula11t <111'il a óté rtc,:ejill;, c'<'st-J-tlire <111c l'atlvcrsairc en a pris acl1\
(1\ix, :18 11ovcr11l>rc 1888. S. 8!),t 1(1:>). llssc fo11<le11l.surcc<¡11c)'av<•11 csl <'11
S<Jn1111e 11110 re11011ciatit>11 ;'1 1111 <lrtiit 1>ri':ttn1el11,cc>111111c le 1lúsisle111e11l, lc<¡111·I
r1'a tl'efl"cl <¡11'a11La11t <¡11'il a t'•l.t'\ acce11ll· (arl.. l1ri:I, e: 1>rt1c. ).
/1" l•:111in, l'aveu, co111111c l<)lll. actej11ri<lit¡11P 11'a <¡11'1111 cll"et r,•l1ili;{. l•:111is
clans 1111 ¡1roc<~s. il ne sa11rait t~lre inv11q11é tlans une anl.r<• i11sl.ancn, 1111\1111•
c11lre les 111<)111es ¡>arlics (ltc<¡., :1:1ja11vicr 189:), (), 1>. !J:l.1.8:1, S. !J:l.1.:1 1111 ;
Civ., 16 1r1ai 1~¡05, 1). 11 • '!)<>8.1 ():!).
J)ES l'JIEllVES

<)11oi q11'il e11 soil. l'ave11 est de deux sorles: judiciaire 011 exlraj1idiciaire.

I. - A veu extrajudiciaire.
J)aveu exlrajutliciaire est cel11i q11i a été fait l1ors la JJrt'·se11ce du juge 011,
ce q11i revie11t a11 r11cn1e, qui a été fail e11 j11slice, 111ais da11s 11ne autre
ir1slance. 11 JJent tire verbal 011 écril.
l)avcu ('Xlrajueliciaire ve1·bal, le seul elont le Corle s'occu¡Je, ne pe11t 11lre al-
l1\g11é, 11ous tlit l'article 1355, c1uc « lo11les les fois c111'il s'ag·it d'u11e den1a11dc
<lo11t la ¡J1,~uve testin1011iale serait ad111issible n. E11 elfet, la constatation de
cct avcu exige eles tér11oignages. Q11elle est au j11ste la force lJrolJante d'un
lel aveu, une fois constaté :i La loi ne le dit ¡Jas. l)'o1'r il suit qu'il n'a pas
une force probanle cléler111inée et c111'il est sou111is .'r l'appréciation elu jugc.
J,'aveu verl)al extraj11cliciaire peut c11 elTet etre le rés11ltal d'1111 j('tJ ou celui
11'11ne eri·e11r.
l)aveu exlraj11diciaire écril, elo11t la loi 11e ¡Jarle ¡)as, a11ra la 111e111c force
<¡11e lout <'·crit, c'cst-.'t-dire q11'il pourra toujours etre prod 11it, q11'il consti-
t11era, selon les cas et;\ co11elition de re111¡Jlir les co11elilio11s requises par la loi
JJour cl1ac1111e ele ces catégories, ta11IL>l 1111e pre11ve littérale autl1entiq11e, lan-
1,,1. un {·cril so11s seing ¡Jrivé, la11tut 1111 con1n1e11cen1c11t de ¡Jre11ve par écrit.

11. - Aveu judiciaire.


J)avc11 j11eliciairc, l<' seul ave11 pro¡Jre111e11t llit, est H la lléclaratio11 e111e
l'ait cr1j1lslicc la ¡Jartie ou son foneléele.¡Jouvoirspécial ll. ,E,ijiisticc c'est-a•
clire tleva11l le j11g(', suit dans des cu11clusions écrites, soit verbale1r1er1t, it
· 1·auclience í)U ela11s 1111 i11terrogatoire s11r faits et articles. Cet aveu, dit l'ar-
liclc 135G, 2° al. << fait pleine foi contrc celui c1ui l'a fait ll, Des lors, le
jugc eloit s'i11cli11cr, r111clle q11e soit so11 ir1ti111e conviction, et lenir pour
cx:acls les faits avcn1és. Cette clifl'<'•rence aYec l'a,·eu extrajudiciaire tienl
i, ce que les conclitio11s dans lesc¡11ellcs la ¡Jartie a avoué, 11e per111ette11t
¡,as ici lle croirc lJu'cllc n'a 1Jas 111es11ró la gra,itó lle sa lléclaratio11. Tou-
l<'l'ois, cclle efficacitt', de l'ave11 :--011ll're cle11x reslrictions.
, 0 J)re1n,it':rc restrictio11: /1idinisibililé 1lc l'11vc1t. - L'ave11, llit l'arliclc 1356.
alint'•a 3, 11,, ¡ic11t <!trc 1livisé co11lrc celui r¡ui l'a fait. 11 faul le ¡Jrenclre te!
<¡tr'il se ¡>i-<'·senle, <1t sa11s c¡u'il sc)it per111is i1 la ¡Jarlic c¡11i !'a C)Ule1111 d'en
rclra11cl1cr c¡ul>i c¡ue C<' soit. Celt.e i11lli,isil)i!itt', su¡>¡>ose c¡11·011 se lro11ve e11
11rt',sc11cc se,it <1'1111 aYc11 1¡1talijié, soit. cl'11r1 avc11 co11i¡ilc.,:c.
¡\. - 011 a1)1Jcllc a,e11 1¡1t1ilifié, l'avc11 r¡11i, lout. e11 reco1111aissa11t. 1111 fail,
l11i do1111c !lile Cl)Ule111· (Jll y rclere 111\e CÍl'C()IISla11ce c¡11i e,1 alterent les effets
juri1littt1Ps. I>ar CX:<'llll)!P, j'avone 1¡11c vous 111·avez ¡>r<'jt{: 10.000 fra11cs, 1r1ais
sans i11t.órels ..l'avo11c c¡11e vous n1·avez rcnti:- des valcurs a11 porte11r, 111ais
it l.itrc ,le ,l<Ht 111a1111cl <,t 11,ir1 lt litre ele cl<':¡J<Jl <)11 <le 11a11tisse111enl. I,'cfl'el
<le l'inllivisil,ililt'· <le l'avc11, c'c1sl <¡11c Y<>IIS 11c ¡i<1t1rrcz C<i11scrvcr <le 111011
aveu la ¡iarlic s<>11lc111c11t r¡ui ro11s scrl. ,•11 Lircr la sc11le Jlrc11vc ele la re111ise
<le I<J.O<>O f'ra11rs en, tles litres a11 ¡>orleur, c11 1lé11ia11l el en '111e 111ella11l en
<lctnPurc <11, ¡ir<111rcr les circo11sla11ces (!1)11I j'ai colc1r<'· 111011 ave11, la gratuilt'·


LIVRE PRE~IIER. - TI'fRE II. - A.l'PE'IDICE

dt1 pret, ot1 votre intentio11 lillérale a 1110n égard qt1anfl ,·,111s n1·avcz ren1is
les litres.
n. - On appelle aveu co1nplexe celui qui, en 111l":rr1e te111ps que le fai L
principal, avance un fait clistinct, mais qui se rattacl1e at1 fait princi¡lal. J)ar
cxen1plc, j'avouc q11e j'ai rec;u 10.000 francs, 111ais j'ajoute r1ueje les ai re111-
bo11r&és. L'aveu complcxc esl-il, luí aussi, indivisilJlc ) (li1 r<'~pond tradi-
tionnellen1ent par la distinctio11 sui,·a11te.
· 11 y a i11di,·isibililé lorsq11e le fait distinct du fait 11ri11ci1lal cst con11e.re ,\
celt1i-ci. Et il en cst ainsi lorsqt1e le sccond fait ne peut 1Jas avoir cu lie11, .._¡
on ne suppose pas l'existence dt1 pren1ier. Exe1nple: j'ayoue r1ueje suis ,·otrc
débile11r pour 10.000 francs, 111ais j'ajoute q11e j'ai payé; ,·otlS r1e pourrcz
tenir pour certaine l'existence de l'obligation et dér1ier le fait du paie111e11l.
La tradition de notre ancien Droit et les 'l'raYnux préparatoircs sont en ce
• sens (Potl1icr, Oblígalions, nº' 832 et 833; Fcr1ct, l. :XIII, p. t,o5). Et l'arti-
clc 192!1 a11 Litre d11 Dépot, d'aprcs lef111cl le dóposilairc qui avo11e l'cxisle11c<'
<lu (lépot doit clre cru s'il affir111c l'ayoir rcslituó, n'c:,;t <111'1111c applicati<J11
<le la regle (Civ., 21 octobre 1890, D. P. 91.T.Ií/1; Req., 1--··aotit 18gg, D. 11 •
99.1.53!1, S. 1902.r.21; Civ., 2!1 avril 1907, S. 1go7.1 !13G, J). P. 1907.1.293,1.
,\u contraire, si le second fait n'esl pas co1111e:cc a11 pre1nier, c'est-a-clir<'
que si, lo11t e11 c11 rcstrcignanl 011 en en paralysa11t les cffcts, il ¡Jcut a,·oir c11
liet1 !"ans que le pren1ier se soit pr<)(luil, il n'y a pas indi,·isibilité. Ce sera l<'
cas, ¡Jar exen1ple, si le dófe11<leur, e11 a,·011anl (Jtt'il doit ro.ooo francs au cle-
mancleur, njoute que sa dette est éteinte, non poi11t par 1111 paic111e11l, 111ai,-;
par l'existencc d'une créance de pareille som111e a son ¡Jrofil, c1ui a fait co111-
pensation Le demande11r sera c11 ce cas adn1is a i11,,oq11cr l'aveu lle la pr<·-
rr1iere obligatio11, to11t e11 (lér1ia11t la sicn11e ('l'ri)J. paix Cormeilles, 22 se1>-
ten1bre 18!)!), D. P. 1go1.2.280. \F. 1111 autre exer11plc sous llcq:, 1l111r>-
ven1}Jre 1899, D. I>. 1900.1.149, S. 1900.1.455).
11 conYic11t d'ajoulcr que la rógle de l'indi,·isil1ilil/: de J'avc11 co111¡1(11•Lp
pl11sieurs ten1péra111e11l:,; qui e11 rcstrcig-ncnl la porL(·c.
;\'. - Le príncipe ele l'in<livisibilit<'~ esl <'·carLÍ', lors<111e l'i11cxaclil11<l1•
particlle de l'avcu co1r1plexe rósulte d'ores et déjit a11x ;yeux des jtifICS <lPs
conlracliclior1s de:-. di verses d<':clarat.io11s de s011 a11lc11r,,cJ11 <l'i11vraisc111lJlar1cPs
assi 111 ilables h 11 ne véri lal1lc i 111 ¡J<Js:,;i lii l i LÓ ( lle<1., :{ 11ovc1u LrP 1!J03, D. I> 1!)o/1.
1.111, S. I!Jo4.1.7G; (irc11olJlc, 12 j11i11 I!JOI, D. I>. '!lo:{.:1.:>.59; llc11,,!J 111ars
1910, 1). 11 • l!)I0.1.:1!18, s. l!)l().1.l1!)li).
l\'. - J,c prir1cipe ne 111el 11as cibslacle 11011 JJl11s ;\ ce <¡11e le l1ó11ó(iciair1•
de l'avcu puissc rcjctcr le fail 111c1r1c c<111r1cxc 011 la 1¡11alificali<>11 ¡>ropos<'·<'
par l'auleur ele l'avc11, s'il 11e se co11LP11le 1ias <le cli'·11icr ce secon<l f'ail ,i11
cetlc qualificali<in, 111ais en /JrotllJe l'i11exaclil11elc r>ar les 111oye11s ele Jlre11,<'
corrcs¡><J11da11t 11 la 11al'.Jre cl11 fail all<':g·u{'.. S111>1io:,;cins, ¡Ja1· cxe1111il!', <JIH'
le den1a11<leur ¡1osscrlc 1111 CfJrr1111c11ceme11l (le prc11ve r>ar i''.cril. le11cia11l .'1 fai1·,,
croirc q11'il 11'a ¡>as éló pnyó; le d1~fe11dcur <¡11i aurail avo11{~ la <lcllc 11c sa11-
rait opposcr 1111c fi11 <le 11011-rPcnvoir ¡'¡ 11110 <l<\111a11<le 1l'<~11l¡ucle sur le• fail
ll u paicn1cnl 011 <111 11011-1iaie111e11t., so11s le ¡1rólexle llt1'e11 av¡>ua11L la <lelle i L
aurail <léclaré l'a,·oir 11ayée, et 1¡ue s1i11 ave11 serail i111livisi1>lc ((;¡, .. 1ci <li'·-
cc111Lrc 19,i,, 1). 11 • 190'.l 1,/111¡. S. 1!¡0:i.1./10/1).

DES PREUVES

C'. - Enfin, l'i11elivisil)ililé ele l'aveu judiciaire ne 111ct pas rJIJslacle a· ,·e
c1ue des conventions élalJlies ¡Jar un aveu soient interprétúcs par les jng,~s
ll'une maniere clifl'úrer1le ele l'interprétation que leur donr1e l'aule11r d,1
l'ave11 (Re<J .• :>.9 février 1~1o!i, J). ]l. 100/,.1.263. S. 19oí.1.389; Rcq., 17 niai
1909, D. J). '9º\J-I.376, s. 19on.1.488).
·i" .':.;cco1i(le rcslrictio11 : Rétracl11lio1i possilJle rle l'aL•ezi en cert,ii11s cas. -
L'ave11 jucliciaire, irrúvocaLle e11 ¡Jrincipc cl11 1110111ent c¡u'il a 1~lt''. accept1:•,
pent. cc¡Jc11elant c\tre rél1·c1clé ¡1011r cazise <l'erreur. Qzii cr,·ctl 11011 frtle/11,·
(ar!.. 135G, al. ti).
I.a loi ajoute q11e la seule crreur justifiant 11110 rútraclatio11 lle l'aveu est •
l'erreur ,le fait. L'aveu (( 11e ¡Jourrait etre ré,•oqué sous pr1\tcxlc ll'1111e erreur
ele llroit ,>. Cetle clist.i11ctio11 tres raisonnalJlc ótait eléji1 ac\111isc par }(',;
l\0111ai11s (2 D. ,te co11jessis, XLll, 2). llar exc111ple, vcna11t d'l1,\riler de mo11
11t'•re, j ai avo11<'.•. l'cxistcnce cl'u11e clette c1u'il avait co11lracLÍ'.e. ]>111s tard, je
cléco11vre <la11s ses prtpiers t111e c111ittancc co11stata11t qt1e sa del.te t'•tail éteinte .
.Je ¡1ourrai rcvc11ir sur 111011 ¡1re111ier ave11 f)<JUr le qt1alificr, p<)11rv11 fht
111oi11s c111e n1a r{·Lractation inlcrYicn11e a,•ar1t c111e le de1h:n1cleur 11'ait obte1111
co11lrc 111oi u11e clécisio11 ¡Jassée e11 force ,le cl1ose j11géc. Si j'aYais lais;;,~
se procl11ire ce résultal, il 11e 111e rcsterait q11e la resso11rce trt':s alt'•nloire d'al-
lac¡11er la llécision 11ar la voie ele la req11c~te civilc, si je po11,,ais pro11yer q11e
a
le créancicr a rele11u 011 clissin1ulé n1011 atle11tio11 la preuve clécisive c¡11i
111'aurait dicté une allilt1dc difrércnle.
J>our ce c111i csl de I'cr,·eur de droil, 011 co11c,;oit c¡u'cllc 11'a11torise aucu11c
rétractatio11. ,\insi, l'l1ériticr ne saurait rélraclcr l'aveu c1u'il a fait d'11ne dettc
ele la successio11,c11 allt'.·gua11t ce ¡1rélextc qu'il ig11orail q11e sa. c1ualité d'l1{,ri-
a
Licr l'e11g·ag·e:1L paJer i11tégralen1cnl la detle de sot1 ,a11tc11r. 'N11l 11'cst cCJ1,.;Ú
ig1111rer la loi.

SEC'l'lO'i \r. - 1)11 SERME.'lT.

Définition. Diversas sortes de serment. - Le scr11ze11l esl l'afjir111,t-


tio11 011 la pro111esse sule1111elle Jailc en prc1za1zl J)ieu 1't t,:111oi1z. Ce carac•
l1•r:! rclig·ieux Llu scri11ent, c¡u'il soiL explicite 011 i111plicitc, cst inclúlébile. 011
a11ra IJea11 cfl'acer le 1111n1 ele Diet1 el Loulc for111ule C(>nfessiounellc ,les
lcr1nes c111pl<1Jés ¡1our le ¡1reler, l'e111p]oi d11 scrn1enl r1'e11 i1r1pliquera pas
1111li11s lo11j,111rs l'acll1ésio11 a u11c doctrine 1nélapl1ysi<1uc. C'csl ce caraclere
,111i, se11l, pcul cxplic1ucr les cll'cls ¡iartic11liers <JUC la loi allribuc au ser-
111cnl. ,iJrets Lo11t difl'érenls de ce11x cl'11nc prc1111csse 011 cl'1111c affirmalio11
orclir1airc .
.\jo11L<l11s <1110 le ./ctll.c ser1ne11l 11'cst pas sculc1r1e11t 1111c ra11Lc 111oralc . .t\ la
<lill'úrn11ce cl11 sir11¡,le 111e11sc111ge, e'esl 1111 <léliL répri111é par <les ¡1ó11alités.
l>c 11c>Lrc 1lt'!li11ilio11 111é\111c il rús11ll.c ,¡11'il y a clcux s1JrLes 1lc scr.·n1c11Ls.
l.c S('l'llJ<inl JJ1·011iissuire cl'abc>rcl, c11gagea11l la volonló ful11rc de. ccl11i
<Jui le ¡>rete. (~'csl In sn1·n1<)11l eles jurús, des cx11erts, eles Li'irnoins, des 111n-
gistrats, avoculs, fo11ctio1111aires; c'csl a11ssi ccl11i <1uc la loi pcrrr1cl pa1·f<)ÍS
:>.64 LIVRE PREMIER, - TITRE II, - APPENDICE

a
ele demander l''!sufruitier sous Ir non1 ele ca1ilio11jiirctloire (arl. üo~\). J\ous.
ne nous en occuperons pas ici.
Le serment affir,nalif 011 fJl'obaloire, au contraire, col)stitue un 111oele
lle preuve spécial, en ce sens c¡u'il ¡1ermcl cl'a tlrib11er 1111e valeur exce¡1-
lion11ellc a
l'affirn1atio11 q11'il garantit. On e11 lro11ve dans notre loi des
applications diverses. Ai11si, l'article g/13, 8° clu Codc de procédurc enjoi11t, á
1iropos des successions, de fairc preter ser1r1c11t a11x personncs présenles
a11 do111icile avant l'in,•cnlaire, ¡Jour q11'elles affirr11e11t n'avoir ríen délour11é
11 i avuir cu connaissance d'aucun délournerr1enl. ~Iais, laissa11t de coté
lo11te l1ypotl1ese spéciale, 11ous nous occuperons d11 ser1ne1itjudiciaire, c'est-
i1-dirc de celui qui peul etre cmployé d'une fac;on générale devant n'im-
IJClrte quelle juridictio11 ci,·ilc, et en tout état ele cause, c'est-a-dire aussi
bien en a1>pel qu'cn pren1ierc insta11ce, con1me 1111 111oyen de preuyc dan;..
les contestations, « encore, dit la loi (arl. 13Go), qu'il n'existe aucu11
cc,n1111cncen1cnt de pre11ve de la dc111a11de 011 de l'cxccption sur laquelle il
rst provoqué ».
Ce scrme11t judiciaire cst de trois sor les. 1" Serment décisoirc. 2° Ser-
111r11t. supplétoire. 3° Serr11enl in litem ou e1i plaiels (art. 1357 ).

l. - Serment décisoire. Son caractere. Son mécanisme.


Le sern1ent décisoirc est ainsi no111mé parce q11'il elécide de la conteslatio11.
C'cst, dit la loi, « ccl11i c¡11'11ne partic déft)l'C h J'aulre pour en faire cl{~¡Jendre-
le j11gement de la caúse n. Voici comrr1e11l il fo11clionr1e. Un des plaide11rs
,Jtl're de rcnoncer á sa ¡1réte11tion, si l'a11lre partie affirrr1e so11s serrr1ent le
fait sur lequel cllr base sa prétention conlrair<'. Cclte ofl're porlc le 110m de
rlélalion de ser111c11t. Celtii h qui le ser111er1t a étc', ainsi déféré peut jurer. Ce
faisant, il assure le s11cces lle sa préle11Lio11. L'autre qt1i lui a déféré lc-
SPl'I11ent, le cro)·a11t sa11s doute incapable lle se pa1jurcr, n'a11ra c111'a s'in-
cliuer. l\,Jais le ¡)rc111ier s'il le préfere, pe11t s'alislP11ir el, it so11 lo11r, r/Jérer
Ir sern1er1t a celui c¡t1i le lui a défért',. C'cst 1111e oll'rc ele s·en rc111cllrc lui-
111c1n1e au ser111ent lle l'ndversairc. Si ce dPr11icr 1Jrt1le le scrrr1e11l ¡'¡ lui
r/.f'éré, ses concl11sio11s doive11 t l11i elrc aclj11gécs; s'il ref11se de j11rer, il
s11ccon1l)c. Son atli l.11clP Psi e11 cll'et 11n ave11 fr1cilc. l,a ,i;'arrele la 11a,,ctte. Le
ser111c11t ne ¡1e11l ¡,as t·l.r<· rc'·f(,ré 1111c lr1,isit',111e l'ciis ¡Jar l'a11lc11r ele la ¡1rc-
111i<'•re délatio11 (ar!. 1:{(i1).
Le sern1e11t, éla11l 11111• affir111alicn1. 11c JH\111 11al11relle111enl elre défc'·rc'· \el
réft'·r(i) que 8111' 1111 l'ail 111 11011 s11r 1111c 1¡uesti1l11 ele tlroil; car i,l 11'ap¡)artic11l
¡>as a11x parties <le <lirc le clrciil; c'cs! la l'in1cli<JII ,111 j11ge. J,a loi ajciulc•,
111t\111e qu' !( il 11c pc11l t,trc cléférc', <¡ne sur 1111 l'ait ¡>erso1i1iel h la lJartie 1\ la-
q11clle t>n le déf'erc » (arl. 1:):i!J), et,ce ,111i Psl 1111 corollaireclela r1·g,Je J>récé-
denle, qu'il ne ¡>e11l t,Lre réf{~r{· c¡uc si le fait es!. JHirsti1111cl a11ssi ¡'¡ cc:l,1i :1
<tui 011 le 1·éferc (arl. 1:{6:.1). J~xcn11ple ele fail ¡><'rscn111cl :.J11rcz-,1)11s 1111c vo11s
111·avc1. prcté les 1 .ooo f'ra11cs q11c ,011s 111P rúcla1r1ez :l 1\ c¡u<>i le clP111a11,le11r
po11rra se contc11ler <le répliqucr: .l11rcz v<111s-111i'·111n 1¡11c vous 11c 111e les a,c,z
¡,as e1npru11t{is. II y a, <la11s les cleux l11¡u1ll1t'·sPs, 1111 fail <111e l'1111le11r ,tu
ser111c11t doit con1u11lr1i 111• scie11cc ccrlai11c "' ,lirPcl.e Cllllllll(\ l11i c'•la11l (lcr-

son11elle111e111e11I arriv<•, sur lequel, par co11séque11t, il l)eul llrt\ter le scr-
111.e,il de co111ic1is.~a11cc, le se11l auquel, en pri11ci1)e, il y ait lieu cl'ajo11ter foi.
Dans u11 cas <'\:ce¡)tio1111el ccpe11dant, la loi ¡)ermet la délation cl11 scrn1c11t
1/c créclibilill:. r:·(•st clans le cas 011 il )' a lie11 it l'applicaliclJl cl'une eles co11rles
1)rescriptio11s, lcsquelles, on s'e11 souvient, rcp()Sent sur ur1c 1)réson1ptio11
ele paicn1cnl l)(>11,a11t elre i11fir1uée ¡)ar le 1r1c1yc11 <lu serrnent. L'arlicle 2275
clu Codc civil et l'article 189 d11 Cocle de co111111crce 1)ern1ette11t de <lóférer
a
IP ser1uent <le cc,n11ais~a11ce ce11:x c¡11i o¡)pc1se11l ces ¡1rescriptio11s H ;;11r la.
<111estion de savoir si la cl1ose a été réelle111e11t payée ». Puis il ajo11 te : 11 Lr
scr1uent pourra e't re et' l 'f"ere' a11x veuves et l1er1t1ers,
' . . 011 aux t11te11rs d e ces
(l0rniers, s'ils so11t 111i11e11rs, po11r qu'ils aier1t i1 déclarer s'ils ne sa,·ent pas
(file la cl1c,se scJit cl11e. n Le serment dont il cst questio11 dans cet alinéa est
1111 simple ser111c•11t ele rréclibilill:. La valeur q11e la loi lui attrib11e tient,
el ,11ne par._.
t a• C<' c111e 1es l)ersonnes ,·1sees
. , par l e textc so11t a' 111en1e <l' avo1r
A . en
co1111aissa11cc de:- l)ªl)icrs et eles alfaires du déf11nt, el, cl'autre part,it ce qu'il
11·~- a pas d'autrc 111oyc11 l)Ossil)lc })Our le cr(•a11cicr (le se ¡)rocurcr 11nc arme
c1111lre la 1Jrcscri1JLio11 <¡ui lui est opposée.

Fondement des e:ffets attribués au serment. Rapprochement avec


la transaction. - J;effcl attacl1é au sern1cn t ou au rcfus de scrn1cnt s'cx-
plir1ue par l'i11lcr1)rétalio11 ele la volonté des partics e11 présence. La délatio11
a
cl11 sermenl est u11e ofl'rc ele rc11011ccr sa prétcr1tio11, el ll'acquiescer it cclle
ele l'advcrf-air1·, s'il co11se11t it forlificr son affirn1atio11 par 11n scr111c11t, oJl're
it laquelle se joi11L ir111)liciten1enl celle de jurer soi-111en1e, si l'adversairc
rcfuse le scrr11c11t. Celui q11i s'ass11rc le succes e11 jura11l, rccucille le ))Ór1éfice
dr la co11venli<,11 accc¡itéc par l'autc11r de la dólalio11 ou ele la relation ele
srrmcnt Cclui c¡ui pcrel son proces, parce q11c l'aelversairc a j11ró 011 1Jarce
11uc lui-111e111c s'est alJsle11u de preter sern1er1t sur la rclalio11 it l11i 11roposée,
11<' fail e111c su)Jir la loi c¡11'il a,·ai I par avance acccptéc.
l 1ar li1. la <l<'·lalio11 011 relation de sr,r111c11t prése11Le ur1e analogie i11contes-
Lablc a,·<•(' la lr1111sr1clio11. Si cllP e11 difl'i:rc e11 ce flll 'elle n'i111plie¡11c pas
co111r11e elle ele co11cessio11s róci11roc¡11es, clic s'en rap11rocl1e c11 ce que so11
efficacil(, re¡iosP aussi s11r 1111e 111a11ifestalio11 ele vcllonté de la ¡1arl des eleux
¡1arlics litig·a11lc,;. C'csl, co111111e la Lr:i11saclio11, un ¡irocé1l1: co111•c11lio1111cl rlc
l1•r11ii1iaiso111{u11 Jiroci:s. 1)'01'1 les co11séc1uc11ces suiva11lcs:
1 º llo11r avoir le droit ele clóf'ércr 011 ele r{·f'ércr le scr111e11t. co111111e po11r
avoir ccl11i de le ¡1ri':ter, il fa11t avoir la ca1)acil{, el les ¡1011voirs r1t'•ccssaircs
¡1<Jlll' fairc>. 1111c fr1,11isactio1i valablc ,\insi, 1111 ma11dalaire. c11111aLii:re (le ser-
111Pnl., /11.l-ce 1ne111c 1111. uvotté, a IJcs1Jir1 d'un l)<111voir s¡)éci:il ('1'011l1J11sc, :15 111ai
1885, s. 8n :1.t,r, IlellC ele M. LalJIJÓ). Le ser111e11l 11c ¡1c11t elrc déféró 011 ré-
' ' a' el es 11tca¡1a
l'<'r(: . 11
J es llll par c11x c¡11 ' a11lan l q11 ''l ' ¡·'
1 s srJn L rcg11 tcrc111c11 L ass1s
. l'es
((:iv., 3o 111)ve111Lre 1!)09, 1). 1i. 1911. 1.:33, S. 1!)11 1.26:i).
~n C'c:,;l ¡'¡ [.(Jl'l (lllC ]'articlc 1:~58 IH)rlc : 11 Le ser111c11t (](\cisoirc l)e11t etrc
cl{·f'óré s11r c¡11elr1ue espccc de co11t.estalio11 ffIIe ce sc>il. n J,a vóritó c'<;sl c¡uc
le ser1n<:11I 1l(~cisc>ire 110 11011!. i11lcr, e11ir c¡t1e da11s l<:s 111alit'·res 01'1 1111<' Lra11sac-
tio11 scrait 1,ossil,Ic. 11 11c pourra 11oinL, Jlar cxc1111Jlc, t:trc (lóft':ró en 111at.icrc


I
,

LIVRE Pl\E,IIER. - TITHE II. - ,\ Pl'EXl>ICE

de divorcc, de s1;lJaratio11 ele corl)S 011 de IJiens, en 111ali,\rc cl'état des perso11-
nes, ou it l'encei11lre d'1111e r1~gle d'ordre ¡JulJlic (l\ecr .. 2:1110Ycm]Jre 188:í,
D. J). 86. 1.:">5, s. 86. 1 179).
3° La elélatio11 011 relatio11 de scr1ne11I }JC11t etre r,'.traclt'•e la11t c111e l'ad-
versaire 11'a pas déclaré q11'il est 1Jret a faire ce ser111e11l (art. 1364).
!1° Lorsq11e le ser111cnt elécisoire a été prcté, t< l'advcrsaire n'est poi11l
recevable it en l)rouver la fausseté ll. La cor1leslatitJ11 est l.er111i11ée. 1\ucuru·
,,oie ele rccours 11'est 011verle, 1Jas plus q11e contrc 1111c l.ransaclio11. C'csl
vai11e111e11t que la fausseté de ce scr111er1t scrait reco111111e. Le proces n'P11
reslerait pas 111oins gag·né po11r le JJa1:jure ; CPlt1i-ci <'l'tt-il encouru les
peines correctíon11elles co111111inées co11tre le faux sern1e11L. l)ans ces po11r-
suites, la llartic lésée 11e pourrait 111en1e i11Ler,·e11ir pour se ¡iorler parl.ie
civile et réclan1er, sous for1r1e de do111111ag·es-i11tér1\ts, la rt'•¡Jarali,)n el11 préj11-
<lice llar elle e11co11r11 par s11ite de la perle 1Je so11 ¡ir,ici'·s ('l'rib. l\ethel,
25 jan,ier 190:í, D. }l. l!)0~.·>..3o~¡. 11ole ele M. [>la11i1Jl). Et c,·s solutions
sont parfaite111enl log·iq11es. L'ell"et el11 ser111e11L repíJSe s11r l'acte ele. ,·o-
1011({• eles parties r111i Cltlt acceplé de s'y soun1cttrc. r.a JJart.ir- perda11te tlP
pe11t s'en prendre q11'it elle-n1en1c de l'i1111Jr11ele11cc e111'nll() :1 ,;íJ111111isc e11
s'en ren1etlanl au ser111ent d'11n individ11 ca¡ial1le ele ¡Ja1:jnre. f :'est com111e
si elle a,•ait sig11é 1111e 1r1a11vaise lra11saction.
5° Les Lri!Juna11x ne lleuvent, sa11s crJr11111ellre 11n exci'·s de Jl•Juvoir, mii-
clifier la for11111lc d11 ser111e11t elécisoire, telle q11'ellc a {\l1; dictée ¡Jar la
volo11Lé des parlies. C'est it celles-ci .:¡11·¡1 aflpartient excl11siY1'111e11L ele dt'.·-
terminer les poi11ts litigieux sur lesquels il leur ¡ilait ele s'.e11 remcttre a11
sern1e11l. 1'011t au pl11s, les juges po11rraie11t-ils apporler ;\ la for1n11le clu
ser111ent eles cl1a11gen1e11ts sans i 11111orla11ce llesl.i111\s ;\ 011 éclai rer le sc11s, it c11
écarlcr des ler111es ar11bigus ou ca¡Jtieux (Cl1a111}1éry, :1 fi'·,·rier 190:i, D. J>.
1906. :i. 177, note de ~-1. Cézar-I3r11 ; Cf. ,note de ll. Claro sous ]). Jl, 1!IO:>.
:>,. 66).
ܺ La llélatio11 de s1·r111enl ¡1e11L, co111111c 1111c Lra11saclio11, i11LerYc11ir en
lo11L élal de cri1tse, q11ºil 11·y ail a11cur1c 1Jre11ve ou auc1111 co1111111!11ce1r1e11l rle
¡Jrc11vc, 011 bie11 1¡11'il y P11 ait eléju (art:. 1:1tio). Cepen<lanl, ele 1111~111e <111'11nP
tra11saclio11 11c sa11rait inl1~r,e11ir c111e s'il y a vrai1nP11l_ lit.i¡.re, )Psjug·ps JJOur-
raie11t. se re1'11ser ¡\ per111()llrc la rlr'-lalir,11 ll11 ser11H111I, s'il le11r :11J11a1·aissai 1
q11'ils fJ1issi':de11I 1l1\j11 lPs ólé111e11ts <11· co11, icti1J11 s111'lisar1ls pcit1r le111·
¡ier111ellr() ,le lrancl1Pr la c1)11teslalio11, 1)11, ce r111i rc,il'JJI. a11 1111\111c. s'ils
j11geaie11L r¡11e les l'aits .\ lºoccasi1111 rliisr111els la elt)latiiin PSI. 1ill"t:rle11e so11t 11i
{)erli11()11Ls, r1i s11ffisa111111enl v1·ai,-e1r1!Jlal1lcs ()\ce¡.,;¡ jan,ier 1905, l). 11 •
1905.1 75, S. 190:i.1.7:i; J)1>uai, 811ove111lire l!)IJJ, ]). f>. '!)'>">..·1.1:l5).
7º 1<:r1fin, l'cffet cl'11n ser111e11t JJrct{i, c<in1111e cclni 1lºu11<' lra11sacli11r1, csl
l'Íg1>11re11sc1r1e11l l'l'lalij' a11x ¡iarties lilig-ontes et;'¡ leurs lu'•.ritir1rs 011 aya11Ls
cat1sc (arl. 1:~lii">, al. 1°'). <Jne s'il y a pl11sicurs cr)cl1:bitcurs íJII ,:ocró1111cicl's
scilielaires, 011 1111 dt)bile11r pri11ci¡ial el 1111e ca11Li1i11, lc 1uii11l rle savoir si Ir•
ser111e11t rli'd'<'~ri'• par 1·11111i11 11 1·1111 1l'e11x. prolile 011 1111it a11x a11Lrcs, se ri1g-le
cxacte111e11l co111111e sºil s'agissail. rl'111111 rcr11.i.~e ,te ([elle I a11l.ro el <ler11ir'~r<•
rcsse111bla11ce avec l'efl'et cl'1111e tra11:;aclio11 q11i es!. 1111c re,nise 111ul11clle) .


l)ES PI\ELVE:-

C'est ce c1t1i rús11lte lles alir1úas '.l u 6 ele l'article 136.i. 'fot1lef<Jis, ccl arliclc
s'úcarte ele la log·iq11e e11 <lt'.·ciela11t (al. 3) c1ue le serrt1eut ¡Yrelú par la cau-
tior1 profitc a11 d{·bilet1r pri11cipnl. 11 e11 serait autren1e11t de la rc111ise d<:
<.lette accordt'·e it la cautior1 (art. 1287, al. :1). Et il 11'y a,ail auct111e lio11r1<'
raiso11, t'•ta11t do11r1ú.la 1na11iere <lont le Code civil cour;oit le cl1\Jation de ser-
111ent, ¡1011r acloptcr ici 11uc solulion clifl'{:re11lc.

IJ. - Serment supplétoire.


l.c ser1ne1rl suJJIJlútoirc cst cclui r¡ue le j11ge pe11t cléfórer ll'ojjicc, <111a11d.
11'<\ta11-t lJoint co11vair1c11 11ar les 1Jre11ves ·1Jro1luitcs eleva11L lui, il ,·eut e11
corroborcr les conclusions ou en. co111pc11ser l'insuffisance (art. 1366). Le
a
serment s11pplét<iire sera déféré celle eles 1Jarties e11 lar1uelle le juge aura le
plus de co11fiance. L'article 1367 ajoute q11e deux co111Iitior1s :-ont n<icessaires
¡Jo11r r111e lc sern1e11t SlIJJplóLoire puissc 1~Lre cl{·fl·ró 1Jar le juge. 11 fa11t, cl'11ne
part, cruc la de1r1ande 11e soi t pas pleiner11cnt j11slifi{~e, el. cl'autre parl, qt1'clle
ne soit pas con1pl1\tc111c11t <lén11ée ele prct1,·c.
11 rés11ILe de la c¡11'it la clill'érc11ce clu ser111ent dócisoirc, le scr1t1e11t s111)-
I)léLoire 11e pet1t <!Lre ¡Jroposé en l'alJsence ele toutes ¡Jre11ves (art. ,:160).
S'agiL-il d'11n fail s11scc1JtilJle d'elrc d<~111011tré par té111oi11s. le jug·e a tot1lc
lil)Cl'le po11r pro¡>oser le ser11tc11t s1Í1)JJlÓloirc, SOIIS la S()lllC co11elitio11
c1u'il y ail cl/.•s :\ ¡Jrésenl cerlains élén1e11ts de co11,iction rúsultant ele té1noi-
g11ages d·ores et cléjh four11is, ot1 de próso1n¡Jtior1s si111¡Jlcs, si fail>les soicnl-
elles. ,\11 co11traire. lit oi'1 la JJreuve littérale est 11écessaire, le jug·e 11e
peul rcco11rir au serment s11ppléloire, er1 l'absence cl'écrit, q11e s'il ':!aun
co111n·tcr1ce111ent dcpreuvepar l~crit(l\ec1., :19 février 190/1, J). TJ. 190 1,.1.1!18,
s. 1 9 0:-,.1.n1).
L'a11LoriLó d11 scrrrtenl suppléLoire cst loir1 cl'{,galer celle <lu sern1e11t clóci-
soire. En ell'et, ce <lernier tire sa force ele la conve11tio11 des JJarLies qtii fciil
lui (arl. 1134). J~e scr111c11t s11p¡Jlétoire, lui, 11'est q11'u11e n1esure d'inslr11clio11
orclo1111ée ¡Jar lejt1gc JJ011r éclairer sa rcligio11. D'c)11 les différenccs s11ivantc,;:
1 ° [,e scr111ent défóró JJar le j11gc 11 1111e parlie 11e 11e11t elre JJnr cll<' ri'·fér{· 11
l'a11Lre (arl,. ,:l(i8).
:i" l,c scr111e11L s11¡JplóLoire 11cul <~ti'<\ 1li':f1~ró 111<~1111\ s11r 1111 fait 11011 JJCI'·
,;01111el it la r>artif' appelóe it j11rcr (l\cc¡., 14f{•yricr 18!)8, 1). 1>.u8,1.JT:l,
S. I!)(l'l, 1. 12 ),
:1° 1,e serr11e11t s11111,I<'•toirn 1J11 le r<'fns ele l<' JJrel.11r 11c f'ail. ¡>as foi. il 11e lif'
pas le jugc. Cel11i-ci conserve lc)11Le faculté 1l'appróciali<i11. \i11si, il p<Jurra
(lo1111cr gai11 ele ca11sc it la parlie q11i a rcf11só lle j11rer, 011 co11da111ncr celle
(¡ni a jur{:, si st>Jl ser1r1cr1l 11e le convai11c pas. l)c r1tc11te, la r>artie ii c¡11i
l'(!raiL l11rl le sern1c11L s11¡11>ll:Loire ¡>relé JJar l'aclvcrsairr, serail. ()11 <lroil el'cn
1l{•111011Lrcr la fauss<~ló.

111. - Serment <( in litem n.

l,1: ser111c11t i11, lile11i ou <'''· ¡1l1ii1ls (arl,. , :IGn) <!sl ,\ bca11co111> 1l'égartls 1111c
, • 'l'
V ,1r1e e <l 11 sern1e11 t sup1> l'nl<)1re:
. e ' esl. auss1. 1111 111tJ~·e11 <l'.1r1slrucl1on
. facu l lalt· 1·
Ll VI\E PRE~IIER. - TITRE II, --- APPEXDICE

pour le j11ge, auquel celui-ci accorde tellc valcur que (le raiso11. ?\Iais il
,1 i ffere clu sern1ent supplétoire aux ¡Join ts de ,·uc sui,·a11ts :
1° Il ne suppose pas u11e dcr11ande no11 e11tiere111ent prouvée.Au contraire,

pour qu'il y ait lieu au sern1e11t in lite,11, il faut que le juge soit eléjit jixl~
s11r le fo11d da proces. La cl1ose de111andée est due ; le juge en est cléja cer-
a
tain, muis il reste en fixcr lct valeur e:cacte. Par cxen11Jle, 11nc malle a ét{·
llerdue par une co111pag11ic de cl1e111i11s ele fer. 11 s'agit de sa,·oir q11ellc es!
at1 juste la valeur des objets q11e co11te11ait celle n1alle. C'est s11r ce poin l
s1iécial et t1niqt1e que le juge cléferera le ser111ent i,i lilem au voyaget1r
2° A la différence d11 sern1ent su1Jplélc>ire qui peut etre cléféré par le jugc

it r1'in1porte lequel des plaideurs, le ser111e11t i,i liteni ne peut etre défér{~
1111'au den1andeur.
La loi, tenant co111pte de ce fait c1uc l'on est en gé11éral trop e11clin it
s'exag·érer la valeur ele ce qui vo11s a¡Jparlie11t, n'attacl1e q11'u11e confiance
111écliocre a11 ser111e11t i,i lilem. D'1111e ¡1art. elle décide que le juge ne pourra
reco11rir it ce procédé d'infor111atio11 q11c << lorsqu 'il est d'ailleurs i11111ossiblc-
de constuter autren1e11t » la valeur eles o)Jjets clus. Et elle ajo11te 111e111c <JtIP
le jug·c doit « déterminer la somn1c jusc¡11'i1 conct1rrrnce ele lac111ellc le
de111andct1r en sera cr11 s11r s011 ser111c11! n .


LIVRE II

LES SOURCES DES OBLlGATIONS

Tl'l'RE PREMIER
• • •
THEORIE GENERALE

Classification du Code civil. Sa critique. Critique particuliere de


la notion de quasi-contrat. - J,cs so1i1·ces tle;; olJligalions, cr- sont l(\S
jrtils j11ridi1¡ues <1t1i lcur tlo11nc11t 11aissar1cc.
Le Cocle civil les classe en cleux cal{g·ories tla11s Jps tilrcs :~ el 11 ele ,.;011
livre III :
1° Er1 {)re111íer lict1, les co11lrc1ls, c'cst-ii-<lirc les acles juridic111e:-: consis-

la11t c11 ur1 accorcl <le volontés ('l'itre III).


:iº ]~11 sccontl lien, les fciils r11itres 1111c les ro11lrats r'l'ilrc IV). " 1..:erlai11,.;

e11gagc111c11Ls, clil l'arlicle 1:{70, se f()r111c11L sa11s (¡11'il i11t.ervic1111c a11c1111c


conve11Lio11. )) .
(~elle scco11tle catc',g(>rie ele S(Jllrces co111¡1rc11el cl'a¡ir(~S le (:otle civil
(arL. 1:{¡o):
.!\. -- /,a loi. 11 y a e11 cíl'el des oliligalio11s ({tii <>11l lcur origine i111111é<lialc
{la11s 11110 <lis1)osili(Jll ele la lr>i. e11 ce ~e11s <¡11'elles sout tlirecle111e11l cróóes
l)ar elle. J)arlicle 137(1 cite les <Jl>ligalions q11c la loi c'!La)Jlil entre JJroprié-
./1tircs voisi11s (arl. G:i1 el s.) el cellcs v tics l11lc11rs el a11lrcs acl1nir1islralc11rs
1¡11i 11c ¡)cuvc11l r1,fuse1· la fo11clio111¡11i lc11r est tléf'érée n, par excniplc l'olJli-
g-alirin tln p<',r1!, a11<tncl la loi i111posc lar1l<'>l l'atl1r1i11islralion lég-ale <lPs
bic11s, la11lt¡l la tulellc de ses c11f'a11ts 111ir1c11rs. Cilo11s cncorc, C<)111111c 11ais-
sa11t tlc la loi, l'ol>ligation alirncnlaire entre J)rocl1cs J)arenls (art. :10:> et
·ioG); la res¡i1i11sal,ililc'i ,les accicler1ls tl11 lravail 111ise ii la cl1argc des cl1cfs
el'c11lre1irise Jlal' la loi tl11 !I avril 18!)8, ele.
LIVI\E II. - TITI\E l'RE~IIEil

B. - Le (/élil el le q11.asi-délil elor1t not1s rc1)arlcror1s plus loi11.


e. - Jác (Jllasi-co,ilrlll '.
Jl n')· a l)as ele 110Lio11 pl11s i11décise c¡11e cetle der11iiirc. Les jurisc<J11s11ltes
se la tra11:-111clle11t dcp11is le Droit ro111ai11. _sa11s clrc arri,·és i\ se n1ellr<·
cl'accord s11r so11 contc11u.
Les I11stitutes de J11sti11ie11 sig11alcnt (livrc 3, litre 2í), co111111c naissa11l
1¡1tasi e;c co11lracl1t, cerlai11es o!)lig·atio11s: celles t¡11i rés11lte11t ele la geslio11.·
1l'affaircs, ele la litlcllc, ele l'i111livisio11, elu JJaic1ne11l (le l'i11ll11, et e11fi11 l'obli-
;.:-atio11 pour l'l1éri Licr ele ¡iaycr les lcgs.
Le Coclc civil, i1 so11 tour, 11011s dit c..la11s l'article , 3ío, !1º al. qui ou, re el
co111111a11cl() le litre des Cllf/U!JCll1erils qui se fur111e11l sa11s co11ve11liun: <t Les
eng·age111cr1ls t¡11i naisser1t d'u11 fait persor111cl it cel11i qui se lro11,•c oliligc'·
rés11ltent ou des quasi-co11trats, ou des délits ou q11asi-délits. n
lluis, elans le cl1a1iitre ¡ire111ier, co11sacró el'apres sa r11liriq11e a1r:x 1¡1t11si-
co11trals, l'arliclc 13í1 les ,I/.fi11il ai11si: <e f,cs faits p11re1r1e11L ,olor1taires de
l'l1or11r11c, don! il résullc 1111 e11¡,:-ag·c111c11L quelccl11c1ue e11vcrs un Liers, et q11cl-
'luefois u11 e11gag·e111c11t ri'·ci1Jroc111c ,les deux ¡Jarlies. »
l)'a¡Jrc'.·s cettc eléfinitio11, on po11rrait croire to11t d'al)orcl e111c la classc des
<111asi-co11lrals cor11pre11cl Ll)lIS les acles 1111ilaléra11x fails avcc l'i11Lcr1Lio11 clr
crécr eles olJlig·atio11s. "\[aisle co11le1111 clu cl1apilrc 11c corrcspc1nel pas :'t cetle
al tente, car on 11'y trouvc ¡ilus, e11 fait tic c¡11asi-co11lraL, c¡ue clc11.\ op{'.ratio11s:
la geslio11 1l'a,[Taire, el le Ji(tier11e11f 1le l'i1t1l1t. La 1)ren1iere ele ces opéralio11s
correspo11cl lJie1t it la 11oti1J11 éno11c{·c, car le géra11l cl'afraire ag·it. aYcc l'i11-
lcr1lio11 ele fairc 11altre eles rapports c..l'ol)ligal.icJr1, cl'a]Jorel P11Lre les Liers a,ec-
c¡11i il traite et le 111aitre po11r lequcl il ag·it, el c11s11ile e11Lre lui-111e1ne el
le 111ailre. '.\lais 1111e !elle volL1nL<" 11c se rc11crJ11lre ¡ias dans la seconde opéra-
tio11, it savcJÍI' le ¡1aie11ie1il 1[c l'i1i1l1t. L'article 1:!7li, il esL vrai, 11011s elit que
cel11i qui, ¡)ar erreur ou sc.ie111111ent, rei;oit ce q11i 11e lui est pas df1, s'oblige
i1 le restit11er á cel11i ele c¡11i il 1·a indun1cnt 1·ec,,11. C'est la co11ceptio11 Lradi-
Li<Jr1nelle <le 11c1s aneie11s aulc!urs. Jlotl1icr ap¡Jcllc proll11tl1tu111, ¡Jar co111¡Ja-
raison avec le rnttluu111 c111 l)r<:I. ele co11s1J1111t1aLi<>II, le c111asi-co11LraL [>31' leq11el
c1•l11i q11i rec;<JÍL 1111c cerlai11e so111111e el'arge11L 1iu 11ne certair1c q11anlitó ele
ch()S<'S fQ11gi}JIPs, qui l11i a 1\l1" payée par erret1r, ccJ11LracLc enYers le solvc11s
J'olllig·atio11 ele tui c11 re11drP a11la1!l (Dtt co11/r(1/ 1/e .{Jrél r/1: co11so111¡>lio11.
:{• l)arlie, 11º 1:l:1). i'IIais il 11'csl JJas lJesoir1 <le rólléchir lor1gte1r1¡Js pc1ur cci111-
J)re11dre co111l,ie11 il scrail. c<Jntraire .\ la ri'•aliL{· ele voir ici le rósultaL <1'1111
acle volr)11Laire. 11 esL IJie11 L!Villc11L c1ue celui ((lli re<;oil., ¡i,t1· errc1tr, l'i111l1i,
a
11'a ¡Jas, ce 1tto111enl, la vcil<J11Lú ele le resLiL11er; et celte ,olo11Lú 11'e-x.istc JHts
claYanlage a11 ca:,; oi't l',tcci¡>ie11s csl ele 111a11vuise foi, si11rJ11 il 11'aeceptcrail
¡ias le paic111c11L c¡11c lui faiL le solt1c11s. L'oliligali<)ll ele l'acci¡iic1ts 11c sa,1rait
do11c ctre raLLaclt<'·c Usa ,olo11Lé. Elle ue pe11L av,Jil' <111'1111c Sülll'CC: la Jc,i,
<¡ui do1111e a11 solve11s 11110 acli1)11 011 rÓ¡¡{•lilio11, 1>arce ,¡uc l'éq11it{, exige
a
que l'acci¡>ic11s 11e s'cnricl1isse 1)11,; ses clépens.
1. Hrnry Vizioz, La 11otio11 de q11asi-co11tra1, 1hi•se Bor,leaux, 1912; Planiol, Classifica11011
des sources des obilgalio11s ; c/assi(icatio11 sy11tl11Jlique des co11tra1s, l\evue critique de lé-
gisl., 190-i.
SOURCES llES 0IILIGATIO'iS

011 s'cxpliquc 11u'c11 1)rése11ce eles texles cl11 (~ode civil les a11leurs n1oder-
11e,, ne soier1t l)as 111ic11x arrivés (¡11c les ancier1s l1 préciscr la 11olion dl·
1¡uasi-co11trat. Les 11ns clone l'élargissent co11sidéral)le111ent, et y fo11L re11trer
tc_1us les acle,, ,olo11laires 11nilaléraux et licites (ceci par oppositior1 a11x
1/(1/ils) s11scc¡)lil)le~ d'cnge11clrer des o)Jligalio11s. D'aulres, au cor1traire, lJrc':-

lendent e111'il fa11l s'cn lenir aux ele11x cas é11011cés ela11s le Coele civil, et q11'il
11 ' y a 1Jas el' a11lrcs cr11a~1-contrals
· que ce11x <111 'ºl ' '
1 1•1111n1erc.
E11 réalilé, la 110Lion de quasi-conlrat, e11visagée co111111e co11slil11ant 11ne
,;o urce spéciflc1ue cl'ol)ligatio11s, cst 11ée c\'une co11fusior1 des interpretes. f,es.
l\0111ai11s ayant re111arquó q11'il y avait eles cas 01'1 l'c'·e111ilé et l'ulilitó cc1111-
111a11daie11t ele fairc 11aitre eles olJligatious de faits 11e co11stitua11t 11i conlrat
11i délits ('i· l'é111111H'.·ralion ele ces cas dans Gaius ::i, D. de oblig. et acl.,.
\LI\'-, 7), )" aYaie11t ajoulc~ cette observatio11 que les·aclio11s nées de ces obliga-
a
tions resscrr1l)laie11t 1)arfois celles q11i prcr1nent 11aissa11ce cl'11n contra!.
. . 1es aclHlns
\ 1ns1, . '
11ees el' une gesl1011
. el' a 11'aire
. resser11 1Jl a1ent
. a' ce ll es d' un
a
111ar1llat, l'aclio11 11ée cl11 JJaie111enl ele l"inel1i ressen1lJlail celle du n1ut1i11111.
\Iais, da11s 11olrc l)roit acl11el, celtc 11otion d'actio11s 1111asi-cor1tractuelles
11 'a pl11s aucu11 inlér1~t, aucu11e 11tilité. Et 011 a cléforrr1{· l'idée a11cie11ne qui
,;e rc':fórait /1 l'e[ret eles ,,bligalions. en en faisa11t le pri11ci¡Je d'1111e classif1ca-
lion des s011.rce:; des (JIJligations. Con1111e,d'autre 1Jart, il s'agit la d'une cor1-
ccplion pure1nenl tl1{•oriq11e, 11'e1nporla11t a11c11ne consée1ue11ce J)ratique, il
11011s est lJic11 perr11is de dire qu'il convie11t de l'a!Ja11do11r1er.
C'esl cl'aillcurs ce lju'o11t fail les Codes réce11ts. <)11 11e rctro11ve plus la
l'atégorie eles <1uasi-co11lrats ni dans le Codc civil allen1and, 11i ela11s le Code
ciYil suisse. Le livre I I d11 Code civil allerna11ci, consacré au droit des Obli-
g·ations, ne co11tienl a11cun articlc énu111érant leurs so11rces; il laisse a11x
j11risco11s11lles le soi11 de les étal1li1· suiva11t le11rs prófóre11ces. II étudie s11c-
ccssi,•en1cr1l les ol)ligations nées des conlrats, puis l'enricl1isse111ent sans
canse, enfln les acles illicites. J,e titre pren1ier du Code suisse des Obliga-
[ io11s, inlit11!{· 11 De la formation des obligations n, suit 11ne métl1ode
n nalog11e I,11i 11or1 pl11s ne tente pas de classer les so11rces des obligations.
111:ludie sin1ple111c11l da11s trois cl1aJ)itres: 1° les 0l1ligalions l'l\Sulla11t d'u11
c(111tral; :iº les 11l)ligatio11s rés11lla11l cl'nctes illiciles ; :{ les o}Jligalio11s
0

rc'·s11lta11l ele l'c11rirl1isse111c11l ill{·gili1r1c.

Essai d'une classiftcation rationnelle. - Ne 11011s co11siclc':ra11t 1)as


r·f11nmc li{\s par la classificatio11 clu Coclc civil, ,·(iici co1111nent l'cil1servatio11
11011s s11g-g1':re ele classPr les so11rces diverses cl'obligalio11s.
E11 dcl1ors eles conlrrtls, s011rce la pl11s 11s11clle et ele l)ea11coup la plus i111-
11orla 11 te, ll()11s rcn1a rr¡11erons 11 'a \Jorcl CJ:IIe la nolo11l1 1 111iil11lérr1lc fa i l parf'oi s
11aitrc lles (Jl)lig·alir>r1s. 11 e11 es!. air1si Il<)la1n1nenl elar1s le cas de f¡eslio11
1l'r{ffr1i1·1•, ele 1li,~¡1ositio11s tcslarneritaires, dans celui cl'acceplalion. íl't1nc
s1tcc1!ssiori utt 1f1111 lcr¡s, ela,1s les o.ffr1·s failes par l'acc¡uóreur elº1111 in1111eu-
l1le a11x cr1 11111cicrs h.)'JJolltécaire.~ (ar!.. :>.18/1, (~. civ.).
llar aillc11rs, l<111lPs les ol>ligalici11s c¡ui 11e 1lt':cciulc11l ¡Jas sc1il. cl'1111 accorcl
1lc volo11ló, sciil 1l'1111c n1a11ifcslalicl11 1111ilaléralc ele volr)11lc'·, 011l lc11r source
cla11s llt lui.
Ll\"RE II, - TITRE PRE~IIER

Pourtant, 11otis no11s plierons a l'usage erui rst lle (listi11g·t1er par111i le:-;
oblig·ations légales celles qui 11aisse11t clirecten1e11l <le la loi et celles q11i
naissent a l'occasion <les délits et r¡iiasi-(!élits. Cr:-- i11ots, 011 le sait, dési-
gnent les cicles illicites, co111111is ¡Jar 11ne ¡Jerso1111e, S(Jit scirn1111ent, avec
l'i11tentio11 ele 1111ire !délits1, soit sans i11tentiot1 111écl1ante 'cruasi-délits\,
lorsc1u'ils cause11t 11n don1111ag·e a u11e atitre perso1111e (''· art. 1382, 1383).
Ici, co111n1e en 1nati<'~ro d'obli¡.tations co,ilractiielles. ou 11écs <le la ,-olor1tó
11nilalérale, l'olJligation a !Jien er1core pour orig·i110 1111 acle ele l'individu,
111ais cet acle difl't~re eles acles j1iriclir¡1ies JJroprc1111•11t rlits, e11 ce sens qt1'il
11 'a pas étó acco111pli e11 Yue ele ¡Jrocl11ire u11 efl'et ele clroit. L'obligatior1 a
<.lo11c sa source, no11 pas clans la , olonté de l'agr11t <111 cl1'.lit ,le réparer le
0

préjudice, n1ais dans la Ioi elle-111e111e.


E11 résun1é nous classero11s les sources eles o)Jli¡talio11s e11 <111atre grou¡Jcs:
1° Les contrats.
2° Les déclarations 11nilatérales ele Yolo11té.
3° Les délits et c11iasi-<lélils,
'1º La loi.
De ces q11atre so11rces, 11011s étt1<liero11s cla11i-' C<, l.i, l'P la 111·c1nit~rc et la
. .'
t ro1s1e111e.
Les deux a11tres r1e de111a11cle11t pas cl'exiJlications s1)éciales. Voici po11r-

e¡t101 :
Les 111a11ifestatio11s 1111ilalér11lcs ele ,·ulo11té suscc1)ti!Jles cl'e11ger1(lrcr clc:--
o}Jligatio11s sont ¡Jc11 nor11IJret1scs. l◄~lles so11t so11111isPs, cl'a11lrP ¡1art, 111ul11lis
m lllall(lis, a11x regles génórales c¡11i gouver11e11 t }ps C()ll trals.
Qt1ant a11x obligalio11s lé(¡alcs, elles so11l forl cli,nrses. ),es reg·lcs a11x-
{!Uellcs elles f)béissent so11t orlli11airer11c11t tlélcr111i11{·es })ar la lcJi clle-111e111c
11 pro pos (le cl1ac1t1c cas l)arl ic11lier. 11 11'y a elortc ¡1as h clc\,r;ager de 110Lio11,;
génórales .s'appliquant it tlJulcs les olJligatio11s lt'•¡.rale~, cc¡111111e no11s en
tro11vons pour les contrats et les délits.
Cepcnela11t, a¡Jres les ccinlrals el les llt'dits. 11011s 1:l11clic1·nns ,lar1s ce 'fitr1'
deux lle ces obligations légalcs tJtti, au fo11ll, !"('11risc11l, c.-1111me r1011s le
vcrrons, sur le mt~111c ¡Jrincipe, il savoir, le JJc1ic111!'11l 1le l'i111l11 <)l l'e11ricftis-
seme11l sa11s criiise anx clt'ipcr1s cl'a11lr11i.
PI{El\!III~RE PAI{TIE

LES CONTRATS

GÉNJ~R1\LI1'ÉS

Définition. Le co1ilrr1l ou co11ve11tio11 est 1111 accord de deux 011 pl11-


sieurs volo11tés e11 vuc ele ¡1roduire des efl'els juridic1ues.
En co11lracla11t, les 11arlies ¡1c11,,ent avoir pour but, sr)il de créer ur1 r;11)11ort
de clroit: tra11sférer 1111 <lroit réel ou do1111er 11aissa11ce it des olJligalions;
srii t ele 111oclijicr 1111 rap¡1ort ¡1réexistan t ; soi t e11 fir1 de l' étei,idre.
L'arlicle r 101 sc111blc distinguer le co,ilrat de la co1ive1zlio1z, fairc Je cclle-
ci le genre et de celui-la l'espece. On réserve parfois en efl'et le nom de
co11lrat aux cu11vc11tio11s q11i ont po11r objet de f aire ,zallre ou ele l1·a1zsn1ellrc
1111 droit, droit ele créa11ce, droit réel. « L'espece de convention q11i. a pour
1JIJjet de for111cr quclquc engagc111ent est cellc qu'on appelle co11trat n, <lit
JJotl1icr (Oúliyalio11s, 11° 3, éd. Bugnet, t. 11, p. 4). Les conventions ne cons-
lituant pas des contrats, scraic11t clone les accords de volontés dcstinés á
111odificr 011 élci1t(lrc des elroits, co111me la 11ovation ou le 11aic1nent. ~lais,
au surpl11s, cctlc elisli11clio11 c11trc les co11trats et les co11vc11tio11s n'a c1u'1111
i11téret de ter1r1i11ologic; les 111e111es reg·les générales s'appliqucnt aux unes
et aux a11trcs. J•:t 111e111c, it ¡1lusic11rs reprises, le Codc en1ploie i11difl'ére1n-
111e11t l ' u11e Oll l' autre cx¡1ress1on.
.

Principe de la pleine liberté contractuelle. Ses !acunes. - Le traiL


caraclórislique ele la co11ve11lio11, ¡irise a11 scns largc, c'cst q11'clle esl, disons-
11011s, 1111 accord (le 11olo1tlés. Cet accurel clétcrr11i11c li!Jrc111cr1t, sa11s aucune
résel'vc, les cfl'cls juriclic¡ucs el11 ra¡iprJrt ele elr11il Óla)Jli }lar les ¡1arlies. Cclles-
ci so1ít dciuc S<)11,·crai11cs 111ailrcsscs; elles <Jrga11isc11t co111111e clics le Yc11-
lcul, co111111c clll's le j11g·c11I. ]¡1)11, les cll'oils et les <Juligatio11s q11'cllcs créc11I
1111Lrc elles. Nous s1J111111cs ici elans 1111 Jo111ainc 011 la volonté <les 11artic11Iiers
rógnc e11 so11vcrai11c 1.r1aitressc. C'esl clic c¡t1i <lit le droit (art. r 13!1, 1'r al.).
l,c l<':g·islatct1r 11c li111itc cettc lil1crtó <¡uc <la11s les cas <J1'1 eles raiscJ11s s11¡Jé-
rie11rcs tirócs S<Jil de la 11<'~ccssité <le JJrot1\ger les i11ca1Jal1lcs, soil de l'inlére~l
g·é,1<':ral el ele l'r,relre 1111lllic, le <lótcr111i11e11t Uédicter eles regles i111¡Jératives
1111c les 11artics 11c ¡1c11ve11t JJas écarler.
Cc¡1c11cla11l, il i111¡1orlc ele) 11c 11as exagércr la J>Orl<'~c clu ¡1ri11ci¡Jc. I~t ici
elcux <iliscrvatiuns son!. i111lis¡1c11sal1lcs:
1'omc II 18
LIVI\E II. --- TITI\E l'I\E~IIEl\, - '
PIIE~IIEIIE J>.\RTIE

1" D'aborcl, la lil)erlé co11tracl11elle i,st ¡Jraliq11e111e11l ,-;011vc11t ¡1!11s a¡)pa-


re11Le c¡11e réelle. Da11s la pl111)art eles conlrats, lPs ¡Jarlies se co11le11Le11l
ele lJrévoir l'efl'et csse11tiel ele le11r accord ele volonli'·s. Elles laisse11L clan,;
l '0111 IJre to11s les elfets accessoi res, lu11 tes les con,sc'·<r11c11ces scc<Jndai rr•,;
qt1i JJCt1ve11t poslérieurc111e11L re\s11lter ele l'acle co11cl11 J)ar elles. C'cst li1.
11011s l'avor1s v11, le don1ai11e <lf1s regles s11¡1¡1lélivcs c'·clictées ¡)ar le lc'.·gisla-
le11r, rcg ' el' a1· 11 e11rs, e' la11;t l e rcsu
' les c¡111, ' I La t- el e l' expcr1er1ce
' . el es s1cc
. ' 1es, ,-;p
tro11vent le ¡Jl11s s011ve11l Lelle111enl l)icn acla1)tl~es it la J)l11¡)arl, des :--iluatio11,-;
cor1lract11clles ¡)our lesc¡11elles elles so11t faites, c¡uP le•s ¡)arti<•s ne 1'0111 <JIIP
les reprod11ire, lorsq11'elles pri''.voient elles-111C\111es el ¡1rc'·cise11t tous les elfel,-;
de leur co11ventio11.
'.J, En second lie11, par son essence 1ncn1e, le contrat supp(JSe des ,olo11[1'•,;
0

incl!'.·1>enda11les el ¡\gales, clébatlar1t, discutan[ lilJr<>111e11t les condilior1s cJ.,


le11r accord. Or 11nc telle situatio11 se lrou,c rare111cnl rc'•alisée dn11s la J}r;1- -
tique. ~Ic111e (lans les contrats qui i11le1·viennn11t cr1tre clc11x parlies se11lr-
1ne11t, il y e11 a ¡Jresquc toujours une c111i se lrouve da11s line conditic>11
c'·co1101nique plus fclrte <111e celle ele l'a11lre,et q11i fail lct loi rl1i co1ilrl1l. ,\ir1si,
e11 g·c'·11éral a11 111oi11s, dans le prcl c'est le pre~tP11r. cln11s la ve11lc c'csl
l'acl1eleur.
Cette inégalité l'.·co110111iq11c entre les clcux ¡1arlies est q11clc111cfois telle que
l'i11<l1'pcnda11ce (le l'11nc se lro11ve e11 fail. ¡>resc111e p11tic'•ren1ent paralyséc. 11
e11 csl ainsi dans Je co11trlll de trnvail po11r l'o11vrier q11i s'emba11cl1c cl1<•z
11n patron, dans le c;ont,·at cl'assuran.ccs pour l'ass11ré a11c¡11cl la C<1111¡)ag11i1•
i1111Jose les conditio11s générales imprin1ées s11r la pcilice cl'ass11ra11ccs, po11r
le partic11lier c¡11i traite a,-oc u11e société C\Jlloila11t 11n service 1111lllic ele•
/1·ans¡1ort, de four1zit1ire d'cai1, d'ilclail'afJC, ele.
La 111e1ne si lualion se relrouvo clans les rap11orts eles :--ocié tés et eles asso-
ciations avec le11rs adhércnts. Les statuts formen! le pacte qui regle l<'s
r,1¡Jports eles assr1ciés 011 des sociétaires avec l'<\lre 111r>ral. l}11iconc¡11e
atll1ere U ce g·ro11¡1c111e11t l'Sl o))ligc'\ cl'c11 accPplcr )ps co11cliLillllS.
<)11 <lósigne a11jourd'l111i les conlrats cl11 gc11rc ele ccux r¡11e no11s ,e11011s
rl'i11diquer sous le nom de conirrtls d'a1lliésiort, po111· t,icn 111arqt1er le rt,lc
Pll;1có c¡u·y jo11e la vole>r1té cl11 11111s fail1le des cor1lractants '. 13ie11 so11ve11l,
e111 a conleslt'~ ú ces acles IP c:aractere co1il.racl.11cl, e¡ui, elit-011, 11e sa11rail.
exisler la 01'1 il n'y a ¡>as ir1rlc'ipenela11ce res¡1ectivc 1lcs cc111lracla11ts el l>(>ssi-
liilitú po11r cl1ac11n d'c11x ele 1lisc11ler les terrr1Ps cl11 rap¡>11rl j11rielicJ11P
J>l'e>jPlc'~. En fail, 1111e lelle ol1scrvation esl. 11e11l-e~lrc f11ncJe\<', En 1lroil, elle esl
i11exaclc. l~l c·esl avec raiso11 e111e les j11risceJ11s11)tPs 11ersislc11t ;'¡ Yelir tlan,-;
les conlrats el'acll1ósiu11 tic vc'iril.ables e·o11lrals. í~elui r¡11i aelhe\rei a11x. ce)11cli-
lirJns 1¡11i lt1i so11l 1>ro¡1osc'•es <'St, e11 so111111e. lillre tic 11n ¡1as les acceir>ter; il
¡1011rrait les rcjeler er1 l>loc, et. 11ar cor1se'•c¡11ent, l11rsq11'il les acce¡1le, i 1
elo1111e IJie11 s011 ct1nse11lcn1enl. (~e serail scijetcr elans (les clif'fic11ltt'•s i11exlri-
¡;af)lcs !)lle ele rel'user lt 1lc !elles 0¡1i'~rat.ions lcur cara1:le\rp co11lracl11el. l•:11

f. Snl~illl,s, /)e la déclaratio11 de vo/011/é, arl. 13:l, n• 89 ; ll<'rcux, /Je 1'i11ter¡irél11tio11 de.~
acles j11ridiques, p. 1,;2 it 210, thcsc l'nris, 190,i; Dollat, /.es co111rats d'adhésio11, lhese
l'aris, 190,i.
LES C(l"\'TR,\. TS

s0111,ne, l'oJJjeclif des t':cri\ai11s cl(n1l 11011s rc1Jo11ssons ici la t!uclrinc, scrait
de soustraire les cll'els lies cor1trats cl'adl1ésion a la volo11té <le ccl11i q11i
serait répt1Lé fairc la loi clt1 co11trat, pour confier aux juges le soin <le les
détern1iner c.,: :r1¡110 el bo110. Or 11011s pensor1s q11'11n pouvoir aussi arbitra ir,·
confió a11x 1nag·istrals serait !Jie11 1Jlt1s redoutalJle e11corc 1Jo11r les parties.
C'cst lJicn plntot ú la loi c1u'ir1co111be le soi11 <le r(·glen1e11ler les cont~·ats
<l'alll1<\si<l11; c,llc cloit le fair(• cl'11nc fa<,:tJ11 ¡Jlus sévere q11e pour les a11trcs
ct111trats, afir1 d'c1n¡,ecl1er <[llC la IJarlie la 11lus forle n'i111¡Jose i1 l'autre des
co11dilio11s léo11ir1es. Usa11t ici ele S(J11 pouvoir cl'édicter des regles i1npéra-
ti,es, le lé.gislateur dc1it ¡1rnl1i]Jcr l'e1111iloi des clauscs q11'iljug·e da11gere11ses
et, in, ersen1ent, prcscrire ccrtaines dis¡1ositions auxquelles il sPra ir1terdit
0

de <léroger. l•:11 1111 1110[, il i11tervie11clra pour rétablir l'1~c¡11ililJrc, 1nais JJCtl'
voie r¡é11érale, et a11 r11oyc11 cl'unc li111itation <le l,t lilJerté <les parties.
D'nn a11trc ct>té, les abus de sa }}t1issance éconon1iquc auxc¡uels po11rrait se
laisscr aller tel co11tractant,sero11t souYcnl préven11s ou répri111<'·s par le gro11-
peme11l eles ¡Jerso1111es i11 tércssécs et ¡}ar l'in terver1Lio11 <le ce g·roupen1e11t
q11i, f'aisant de la force aYec 1111 f'aisceau de faiblcsses, traitera a11 11on1 de
ses adl1érents.

Quel est le domaine du contrat? -- J,e contrat domi11c en 1naitre da11s


le D,·oit <lti rialri111oi11e. ()n peut dire qu'il en' forrr1e la trame, car l'i111n1ense
111ajorité des rcipporls ¡>éc1iniaires q11i 11aissent e11tre i11di,-iclus a son origine
clans des convcntions.
Ce n'cst pas cl'ailleurs se11len1c11t (la11s le Droit elu patrirnoi11e, c'est aussi
rlr1ns le JJroil de Jr11r1ille r¡11e le co11trat jo11e un role in1porta11t. Le mariage,
SO\ll"CC eles ra¡lp<irts ele fa111ille, esl 11n co11Lrat; l'ado¡)lion est 11n a11tre contra t.
ll11is le co11/rat r/11 J>roil de J<1111ille 11e resse111ble e11 rie11, 11. celui d11 J)roil ¡i11-
./!'i111011i,1l. r1u rnoi11s <Jltrtnl <t ses e.ffels. Car, dans ce cor1trat, ce 11c sont plus
les riarties c¡ui r1'.glc11t les co11sér1ucnces juridiq11es de l'acte, c·est la loi el
la loi to11lc sc11lc . . l1icit11 ,tes e,O'ets 1/u 1nr11'iage, aucun des e,ffels rle l'adoptio,i
ti'esl /,iissé r111. li/Jre cltoi.c 1/cs conJr<icta11ls. C'cst pourquui le tcr111e <le contrat
a so11v<'11t 1>aru c1111vc11ir 111al it eles accords de volonté, tcls q11e ce11x el'<>1'1
rés11llc11I le n1ariag1) et l'acl<>J>lion; Pt eles anteurs t)J1Ji11e11ts <>IJL e11scigr1é,avcc
cxagóraticJ11 cr11y1>11s-111111s, 1111'il 11'y a ele vrai conlrat c111e 1la11s le ])roit 1!11
patri11111i ne.
~1,~111p cla11s cettr dnrni,~rc s¡il1i'•re, <l'aille11rs, il f'a11t f'airP 1111c clisti11ctio11.
l)ar1s le /)l'nil rles hic11s, In lilirrli': ""' l1en11co11¡, ¡>l11s li111itóc <)tic clar1s le
el,1111ai11P ucs 1/roils 1l1! ,·ré111ir:c. l,rs 1iarlins c11 ell"ct 11e J}cuvc11t ¡Jas r11oclifi1•r
.\ lc11r gr,\ J',1rga11isali<J11 el<' la ¡ir11¡Jrróli': f'<>nci1:rc. 11i cróer <les llroits réels
aulres 1¡11<' cc11x <¡11'a11t(1rise la lr1i. l,c caelrc cit't se 111c11t l1n1r Y<Jlo11t<'-. esl ici
l1ea11c11111> ¡il11s i':troil.
l•:11li11, il y a elos cas 11Ú la 110Liu11 ele co11lrat s'allórn si11g11lii')re111e11L.
l,ol'sl¡11'il s'agit <le collcctiviti'-s 1¡11i, co111111c les S<>rii':ti')s par acti1111s, les asso-
ciatio11s, gr,111pP11l e11se111 l>le 1111 granel 11c1111l>rc <l'in<livid11s, <JI\ co1~1prc111l
r¡11e l'accl1r1l 1111a11i111e lles V<>lo11tés Jl<J11r les acles i1r1porla11ts co11ccr11ar1t la
,ic cl11 grt>11¡ic111e11l s<>it cl1cise irr11>ossil>le 11 olJlc11ir. II rsl clo11c 11écessai1·<'
.,. -6
¡ LIYllE 11. - Tl'fRE PRE,IIEII. -

PI\E,tlEllE P,tllTIE

a
(le f'aire écl1ec la regle, et d'imposer it la 111i11oritt'· l'obligatio11 ,le s11iYre
l'avis de la 111ajorité. C'est celle-ci, telle ({tt'ellc esl fixée par les slal11ls 011
a
¡Jar la loi, qui décidera des mesures prendre. ta11t q11e durera le ¡Jacte social.
Encore, clans de tellcs l1ypotheses, ¡Je11L-011 explic¡uer le résultat co111111a11cl{,
a
}Jar les nécessités écono111iques, en recoura11t I'ielóe de personnalité 111orale
et en faisant re111011ler it cette perso1111e elisLincte eles adl1érents et associés Ies-
actes acco111plis par la société ou l'associatio11. t\fais il ). a d'aulres cas da11s
lesqt1els, 1111 cerlair1 1101nbre de persor111es se tro11vant avoir eles intérels
con1n1uns sa11s conslit11er ni société 11i associatio11, la 111ajoritó (l'e11Lrc elles
pcut oblig·er les a11lres a accepter la f'ormatio11 d'11n cor1trat auquel ces
elernieres ne ,·eulent pas consentir. II en est ainsi cla11s les ele11x situation~-
• •
c¡ue YOICI:
1° En cas (lefaillite ou de liq1lillalio1ijudicictire d'u11 co111111eri;a11t (art. 5oí,
C. corn.; arl. 1ií-1° loi d11 !1 n1ars 1889), la 111ajoritt'·. reprósr11ta11t. la n1oitic' 0

11lus u11 des crt'·a11cicrs et les deux tiers de la tolalil<; des cróa11ces Yérifiées-
ou adn1ises par ¡Jro,·ision, pe11t co11sentir 1111 co,icor<lat entrai11ant ¡1our
lous les créa11ciers el11 failli l'abanclon d'1111e quote-parl de le11rs crí•a11ces.
Ce co11cordat est d'ailleurs, et c'est la la gara11tic (le la n1i11orilc'·. s11!Jorclo1111i·
it l'ho111ologalio11 el11 triliunal.
2° Quand, da11s 1111c régior1 d{~tcrn1inóc. des lraYa11x cl'utilitó co111n1une
¡ir)ur la dófe11se 011 l'a111élioration de la ¡1ro1Jriétó fo11ciere sonl 11ócessaires.
la n1ajorité eles 11ropriótaires pe11t contraindrc les a11tres a acce¡iler la c,J11s-
lit11tiL111 e11tre to11s les intéressés cl'u11e ctssocialio,i s_y11clicclle (\'liir lr)i du
'.>. I juin 1865 sur les associations sy11dicales, arl. r :>. cornplétó ¡1ar la loi d1r

'.J.2 décern!Jr<' 1888; loi dt1 15 clécen1brc 1888 relaliYe a la création ele sy11eli-
cats autorisés po11r la défense des vignes contre le pl1ylloxéra).
Dar1s ces dcrnieres l1ypotl1eses, l'idée co11lracl11cllc se Lro11ve si11gulierP-
1r1c11t alléróe, et le 11orr1 de contrat ne convicnt gue1·e it des opérations de ce
gcnrc. Spt'icialc111cnl, les associalions syn(licalcs el<> pr()Jlriétaires apparais-
sent plul.(1l CC)It1111c des élaúlissernerits ¡111/ilics. rlt'·¡1cJsilaires cl'unc ¡Jartic ele la
s1Jt1verai11<'LÍ•. eles i11stil11tior1s ele l)roil ¡111!Jlic Pn 1111 111ol,pl11l<'>I <111c co11111H·
Je résultal LIP c<Jnlrals ele l)roit privó.


CHAPlTRE PRE~IER

Les trois scules classificati<)I1s des contrats qui méritc11t cl',)Lrc relcv<'cs
sont les suiva11tes :
,°Co11trats 11 titre gral11il, co11trats a titrc 011érc11x.
2° Contrats sy11allagn1atiques, co11lrats 11nilaléraux.

:~(:011Lrals conse11s11els, récls, sole11ncls.


0

r. - Premiare classiflcation. Contrats a titre gratuit,


contrats a titre onéreux.
Les co11lrals 11 tilre 01iéreu:c s011l ceux dans lesq11els l'ava11tag·e retir<': d11
contrat par cl1aque contractant a l)Our co.ntrepartie u11 sacrificc c¡u'il s'irr1-
l)ose.
Les co11trals 11 litre graluil so11t cc11x da11s lesquels 1111c des 11arties clo11ne
a
c1uelq11e cl1ose l'autre sa11s rien rcceYoir en écl1ange.
Da11s IJie11 des cas, le co11trat it titre gratuit cst inspiré par 11ne pe11sÍ'.e de
l)ie11vcillance c¡ui ne va 11as jusqu'a l'a1iin1us donandi 1Jropre111ent dit. 1\insi,
le 11r<~l sa11s inlér(\I., le pr<'\l 1\ usage ou co1nmoclat, s011t inspirés par le tl<\sir
clu preteur ele rendre service i1 l'en1pr11nteur. Da11s le dépc\t 'et le ma11dat
sa11s rér1111nératior1, le clé¡1ositaire, le ma11clatairc agissc11t également elans
l'intéret cxcl11sif d11 dépcisa11l,clu 1na11dant J)e n1er11e,da11s le ca11tionnement,
la ca11lio11 s'c11gage ordi11aire111ent pour ol,liger le dél1ite11r 11rincipal. ·
L'i11lc11tio11 J,ienYeillanLe ¡1ortc'•e ú so11 r11axi1~u111, parce e111'elle ne gralifie
JJUS seule111e11l Je lJÍ'.néliciairc cl11 C<lltlral, 111ais llé¡1ouille le cor1tractant liien-
veilla11I, se re11cor1lre cla11s la 1lo11afio1i e11lre vifs.
1\_11ssi la el(JJ1atio11 <'Sl-ellc 1111 C<Jntrat sc)11111is ¡\ 1111e rí:g·ler11e11tatio11 s1ié-
ciale, 1\ <les (lisposilio11s e¡ui 11c s'appliq11c11l 11as aux si1r111les contrats passés
c11 vue ele re11dre service, 111ais :,;a11s appauvrir le11r a11leur.
)lar cxcc11Li<)11, il y a 1111 cas 01'1 le cor1trat ¡'¡ Litre gralniL Pst in1posé au
co11lracla11t par la co11si<lératio11 cle son pro¡1re i11téret. C'e:,;l l'l1ypotht'.!se cl11
co11cor1lnl se)it a1r1ial,le, s,,¡ L jucliciaire. ]~es créancicrs crJ11se11Lcnt leur a
elé!)ile11r re111isc cl'1111f' JHtrlie <le ses <lettcs, ¡iarce e¡11'ils esti1r1ent q11'il va11t
c11corc 111ieux f"aire ce sacrilicc <111e ele ¡1011rs11ivrc, avec frais et aléa, l'exí:c11-
lieJn forcí:e de l'aclif.
<J11el inlért:t ¡1ralict11e y a-L-il ¡'¡ la elislincli<Jll entre les contral,s it l,il.rc
g·ral11it el les conlrals lt Litre 011{:reux :1
1,es c1111lrals ele IJie111'aisa11ce: a11l!'()S <¡ue les clo11atio11s, con1111o<lat, ,Jí:¡H>I.,

l.,..,

LIVRE 11, - TITRE PRE~flEH, - Pl\E~IIEIIE PARTIE, - CIL\l'ITIIE I

111a11clat µ-ralt1il. so11t so11111is e11 pri11cipe a11x r11t~111es regles c1ue les co11-
lrnls ú Litre c1nt'·rci1x. et les parlic11larilés c¡t1r) 1'011 ¡Je11L relever entre et1x el
ces dernicrs se réd11ise11l h fort peu de cl1oses :
1° Not1s a,cJr1s "i•t1 que, da11s la 1loctri11e lraclilio1111elle. les fat1Les cl11 clt'-IJi-

leur sor1\ a1Jprécir'.·cs cl'u11c fat;o11 111oi11s s<\vere ¡Jour le clt'·bitet1r c¡t1i re11cl
11n serviceg·rat11ilc¡uc¡1<Jt1r lceló]Jilcur circli11airc(\'. arl. 1882, 1927, ID\J'.l,
:1º al.). 1\c1us sa,011s ce c1u'il fa11l 11ensc)r ele celte ¡1réle11<l11e g·raclatior1.

2° Les contrals 1le lJie11faisa11cP son!. loujo11rs fails i,ituilu ¡1erso11:e. Cel11i
1¡ui ,·0t1I rc11clrc service esl <lélcr111i11t', ¡>ar la co11sielóralio11 ele la perscJ11ne.
Si clo11c il y a cu crre1ir s11r /(1 J!Cl'so1111e. il ¡1et1l clc111a11der la r1ullité <l11
co11lrat.
:\fais 11c1us verrons c111'il y a ]Jeat1cou¡J ele cor1trals it litre 011ére11x: dans
lcsquels I'i11l11i/11s ¡ierso1i:c jot1c a11ssi 1111 role cl,\cisif. el 011. eles lors, l'crrc11r
st1r la JJCl'S()Jlnc csl at1ssi 11110 ca11sc ,Je 11ullitt'·.

II. - Seconde classification: Contrata synallagmatiques.


Contrats unilatéraux.

C'cst la clislinclicJn ¡Jratic¡uc1r1c11l la 11I11s i111¡Jorla11te.


J,cs co1iir(t/s s,YJ1<1llagn1r1/ir¡i1es (cxpressio11 r<'nfcr111a11L 1111e lautologie, car
s_y11allagmr1 ,·c11t clirc corilrat) sor1t ce11x: <¡t1i f"o11t naitrc eles olJligalio11s it la
el111rge ,le.~ rlet1J' ¡irn·!ies (arl. 1102). 'l'els sei11l la ,·c11lc, l'1\cl1a11g·e, le lo11agt~,
la soci ét{·.
Le coritral u11ilat,:r,zl, a11 co11trairc, 11't•11¡.rc11clrc <l't)IJlig·ali<>Jts c1ue ¡Jo11 r
l'1111c des parties cc111tracla11tes (art. 1 1,i:i_). 'l'cls so11l le co111111oclal, le ¡Jrt'\ l
cl'argertl, c¡11'il sciit p11r el si1r111lc 011 ú i11lt'•r<\l, lP dépt,t, le 111a11tlat, le
ca11tionne111cnt, <'te.
L'i11térrl <lf' celtf' classificati<>n esl tr1\s µ-ra11cl. J•:11 YtJici les ¡1ri11ci¡Jales
'
co11scq11e·nccs:
1º Da11s lrs c<J11trals sy11allag·111atiq11cs, les <>IJlig·atiu11s réci1irot111cs eles

¡i11rties se scrve11 t 11111 L11el le1nent ,le cr111sc. c'esl-i1-cl i re c!P s1111JH>l'l j II rirlic¡t1 e.
11 c11 résulte 11<1la111111e11t, 11t111s l'avo11s cléj:\ Yll, c¡11t•, si l'1111P tlns ¡iartics
1t'exúc11le ¡ias s1111 td,lig·atit111, I'at1lrc 11'<'sl. ¡il11s 1il1lig-i'·P 1l'<'X1'c11[pr la sic1111c
1,ropre (exce1>tio11 11011 <t(!i,n¡ileli cor1.lrr1cl11s). el 1¡11c. <le ¡1l11s, clic'. ¡1c11t. cl1·-
'
1r1a11clcr la rósol11lio11 rln ct>nlral. (arl. 11Hf1).
:,¡• La r¡11c.~tio11. 1les risr¡11es IJ<' se 1,osc <fttn tla11s les c1)11lrals sy11allag111ali -

c111es. 'E11 cll'r.l. r¡11a11tl, a¡)rt'-s la co11cl11sici11 1111 co11lral, il y a ¡1crle clt1 cor¡,s
ccrtai11 c¡11i t!cvail <\tre livr{·. CJll ir11possiliililt': fr,rl11ilt• d'rxt'·c11lÍ<>11 11<'. l'1111c
eles ol.,ligal.io11s, il fa11t se clc111a11tlcr lac111ellc eles elc11x 11arlins cci11lracta11lcs

va s11p11ortcr la J)Crlc, c'nsl-it-rlire si J'a11l.rc <JIJlig-ali<111 va !JU 11011 s11r,•ivre h
l'c!xli11ctio11 tic la ¡>re111it':rc.
A11 cc111traire. da11s 1111 ctHtlral 1111ilal/•ral con11r1c. 11ar t•xc111¡1lc, le co111-
111odal, le cl{:1)11l, la 111e111c c¡11csl.ic>1t 11c l)Cttl se ¡icJser. La ¡>Prlc cst sa11s tlif'-
fict1lt{, 11011r l'1111Í<JllC cr{•a11cicr, ()Cllll" le cor111r1c1dar1I. 011 Je clt'.:¡)1Jsanl, [lar
ex c111 ple.
1 CT.ASSIFIC_\TlíJ'iS J)lYEI\SES DES CO'iTI\ATS
:1° :\'ous rap1)elo11s q11c les co11lrals sy11c1llc1g11ialiqucs et certai11s co11Lrats
1111ill1lérl1ux, cc11_\ c¡ui 1·ug·c11clrer1t 1111e o)Jligatio11 de so111111c d'arge11t. sc>11l
1111anl ,\ leur tlé111u11slration, a11 cas d'en1¡lloi d'u11 écril sous sei11r1 JJl'tl'l;. res-
1>ecti,-e111e11I SOlllllis ú eles reg-Ies parliculicres (art, 1325, 1326).

Contrats synallagmatiques imparfaits. - Ccrtains co11trals 1111ilaté-


ra11x, lc: Cúlllll!O<lal, le <lé¡>ol. le µ;ag·c, le lllilllClal, 1>eUYe11l, a11rcs C(Hll),
faire uailrc 1111c l>l>ligalicin ú la cl1arg·c clu créa11cier, c'csl-a-dirc 1Iu co1111110-
da11t, du dé1Josa11t, 1111 co11slil11a11L, tlu r11a11<la11l.
Cela arrivc, 1>ar cx.e1r1¡>le, e¡ua11cl le co111111odatairc, le dé¡>cisitairc. le
/.!'agiste, le 1r1a11dataire ont fait des cli•¡Je11ses pcrso1111elles, les pre111iers ¡>r>ur
,·onserYer l'ol1jet, le 111a11dataire ¡Jour rer11plir sa 111ission.
Pour ce 111rJtif, 011 désig11e quel<¡ucfois ces contrals sous le 110111 de con-
/rats s_ljllal{a_f/lliali1¡11es i1r1pa1;fails. Celtc ex.¡Jressio11 110 dciit ¡1as jcter le
llo11te s11r lcur véritai'ilc 11ature. Ce so11t tles co11il'als 11r1ilalérc1ux. L'olJliga-
1ior1 cl11 créa11cier esl la co11séquer1ce 11011 ¡las d11 co11lrat l1ii-111e111c, 111:1i;;
d'u11 fail poslérit·ur qui aurail pu JIC fl8S se l)J'Oduirc.

111. - Troisieme classifica tion: Contra ts consensuels,réels, solennels .

.\ la difl'ére11ce eles cleux précé<le11tes, ccltc classificatio11 est foncléc, no11


¡1as s11r ur1c elitfére11cc daos la nat11rc eles conlrats, 1r1ais sur la dill'ére·11cc
clcs conditior1::- 11éccssaires it let1r forn1alirn1.
I,cs contrats l'n11se11s11els 11'exige11I l'e1r1¡Jloi el'a11c1111c for111e. Le se11l
t'·cl1ange des co11se11lerr1ents, le seul accord des volontés, 111anifcstées d'11ne
l'ac,on c¡uelco11que, sufflt ¡Jour créer le cor1trat. Les contrats solc11nels sont
a II co11traire sc111111is ¡¡ la forrr1c r1olariéc. Ils eloiYe11t l~lre récligés par 11n
11olairc.
11 n'y a <JUe ci11c¡ contrals sc1len11els dans le Droit cl11 patri111oine, le scul
1l1111t no11s nous occ11¡1ions ici. Ce so11t: la 1lo11alio11 e11ll'e vifs (art. g3r ), le
cnnlral de mariage (ar!. r 3~t4, 1"·aI. ), le co11fl'at cfl1_y¡iolhe1¡11e (art.2127), le ¡iaie-
1111'11l rivec s11brogalio11 co11ve11tio1111elle co11sc11tie par le dél1ite11r (art. 12;io,
·,·· al.), l11 s1zbrof¡alio11 cla11s le bén~/ice ele l'l1)'J!oll1e1¡11e léf¡rtle 1/e la .fe11i111e
111oriée (arl. () l1_1i ti11 2:1111ars 185;i). '1'011s les nutres cor1lrats so11L co11se11-
s11cls.
f)11a11t a11x co11trals r11cls, Cl' so11t, c11x aussi, llcs co11t.rals co11sensucls, car
ils 11c sonl so11rr1is a a11cu11c fc¡r111alit{,. Si 011 les classc :\ 1iart, c'esL que Jlar
lc•ur 11at11re ils 11c JlC11venl cxister c¡11'a11la11t r¡11'il y a c11 re111ise 1l'u1te eh.ose
par l'1111c eles Jlartics :'t l'a11lre. lis S<lrtl a11 11ri111lirc ele q11alrc : le cont11io1l1il
clll 1ir,'t. :\ usagc. le ¡11·1 1l 1le co11so111111afio11 011 1i11zf1i11111, le ,ié¡iól, le !/<l[JC. I,es
,,l1ligatio11s ,le l'c,111rll·t111tc11r, d11 clc'·JH>silaire, (lu g·agislc 11c pc11vent ¡1rcnd!'P
11aissa11cc q11'a11l.a11l qn'ils 11111. r<'c,11 J'ol1jct 1ir1\t{·, n1is e11 gagc, eli,posé. Ccci
Psl une regle i11111os{·c 1iar la f<>rcc eles cl1c1s<'s. par la 11at11re t',cor1l>n1i411e
de ces <1J>Órali<Jns. Sa11s lic111le, la r>rorr1essc cJ,, ¡iret, l'o11verl11re ele crc1elil
110Lamn1enl, In prc,rnesse (!e cclnstiluer 1111 gagc, de recevoir 1111 ol,jet e11
clc'·J>c"1t, son t. lif's ct111lral.s 1111ilat{,ra11x ,·alal1les, 111ais C<'S pr1)111csscs so11l clis-
1i nctcs cl11 pre1. cl11 gago, ,!11 cl{·pc''it. Ce so11t, ¡lar rap¡1orl 1\ ce11x-ci, eles ava11t-

LIVRE 11. - TITI\E PRE~IIEI\. - PI\ElllEI\E P.\I\TIE. - CIIAPITRE I

a
cunlrals qui oblige11t le pron1ellant exéc11ter sa ¡Jro111esse, el seronl rer11-·
¡Jlacés au 111oment de l'exéc11lion, par 1111 pret, une co11slit11tion de gage.
u11 dépót. C'est a
da ter de ce n10111ent que l'en1prunteur, le gagiste, le elépo-
sitaire seront o)Jligés de veiller s11r la cl1ose et de la rrstiluer a11 le111¡Js
prescrit.

Caractere consensual des législations modernas. Comment elles


se sont dégagées du formalisme primitif. - La reg·le e111e le sitnplc
accorel des volontés s11ffit a
lier les parlies est u11 eles traits esse11tiels
des législátions modernes. Dans nos sociétés actuelles oii. les écl1anges
de servicés sont si fréc1uents, le forn1alis111e serait une gene intolérable. 11
est facile de con1prenclre, par exe111ple, que l'on ne pourrai t pas i111¡Joser aux
particuliers qui contractent ensen1ble. l'o]Jligalio11 g·énérale ele recourir a11
n1inislere cl'un notaire. Les frais el les len le11rs ele cette inler,e11tio11 arrelc-
raie11t JJea11coup tro¡J ele lra11saclions. I~n 111aliere co111111erciale, da11s les
111agasins, les )Jo11rses, les n1arcl1és, on 11e ¡Jeut n1e111c pas so11ger a i111poser
aux contraclants l'o]Jligatio11 de réeliger 1111 acle écrit.
El 1Jo11rtant, ce principe qui nous se111IJle si 11al11rel IH' rr)111rJr1lc ¡Jas lrt·s
ha11 t.

Droit romain. - I,es l\0111ai11s 0111. 1écu lo11g·le111¡Js scH1s l'en1¡Jire ele la
rt•gle conlraire. L'accorel ele cle11x volrJ11Lés 11e po11vait alors proel11irr, cl'cll'el
juridie1ue e1u'aula11t q11'il était revelu d'u11e for111c solen11elle, coulé cla11s 1111
a
111011le desti11é ll1i do1111er la force obligaloire. La sti¡)ulalion, avcc sc>n i11-
terrogatio11 (1l sa r<'•1J<)Jtsc l1reves, précises, co11r;l1es e11 ler111es cor1sacrés.
étai l Je 1node l1alJi t11el c¡t1 i per111el lai l ele lra11sfor111er er1 c011 lra l 1111 ,tccord
de ,,olo11t1\s, <111el c¡11'c11 f1lt l'olijet, po11rv11 <¡u'il f11l licite.
Ce rógi me avai t des (tva,itar¡es. l l suppri 1r1ai t to11lc cr>It tesla l.ion sn r l('
1110111¡•11! ¡Je la f'orn1alio11 ll11 co11lral, s11r so11 conlc1111 : il en f'acililail la
preuYe. )lais il c111¡Jorlail a11ssi ¡)ps i11co111•/11ie11/s: l'olJligalio11 rlcs 11arlies
d'elrc e11 ¡Jrésence l'1111e <le l'a11lrP, le ¡l{•fa11I. ele so1111lcssc 1lc la forr11c so-
le1111ellc, la brulalité cl11 proc<'·elt'\ <Jtii 11e11t se rclo11rr1cr soit c1Jr1lre le cr;:an-
cicr, car il n'a droil r111'i1 ce <111'il a ex¡1ressc'~111e11I. sti1111lc'·, s,1il. co11lre le <IÓ-
bitc11r, car, une frJis cng·agc': ¡>ar sa r<':1J1i11se, il 11·c11 pe11I. 1>l11s c1H1lr\sler la
valieliló, 11i rclarelcr l'cxl'.·c11li1111 ele S<Jll 1Jl1ligalio11. (~es i11co11v{•11ic11ls
11'ólaic11t sans ¡Jo11lc g11er1) sc11sil1lcs 1, h l'c')ll<JC(IIC rJt\, char111c cltcl' clr) fan1illP
st1ffisa11L 11or111alc111c11l a11x !Jcs11ins 1!1: sa 111ais<111. lPs conlrals t'~laic11L 1l1•s
acles rarcs, auxc111cls ,_¡11 a,ail le lc111¡is de se ¡1rc'~¡1arcr .'t loisir n ((;irard,
o¡>. cil , ;¡, {:clil., 11. t,:3 11- 11:35). ~lais ils sr111l <IPv1•n11s ¡il11s gravPs, 1>l11s g1\11a11ls
le jo111• 111'1 la vic socialc a a11gllH'11l.c': 1l'i11lc11silt'•. (J1'1 IPs lra11saclions e,11t élt'·
plus fr{\c¡ue11les, el s11rl<J11t e11'1 les rclatio11s c11111111crcialr·s de villc .\ vi lle, di'
pays .'t 1>ays 011l JJris ¡1lt1s el'i111¡1orla11cc.
11 fallut alors, el c'C'st ce <111i se procl11isil. 1la11s les clerniers sit':clcs 1le la
l\c'•puoliq11e el so11s l'J•:111¡iirP, allc'·1111er les rig11c11rs 1les fr.1r111cs et ele l'i11tcr-
prélalio11 eles co11lral.s, et s11rl<,11l rec111111ailre 1111 caraclc'-1·1! oliligalc,ire a11
sim11lc écl1a11ge eles c1Jr1se11l1·1111)11ls. f)11 11·y arri,a 11as 11'«'111l1lc':e avcc I<',-.
CLA.SSIFICATIO'i"S ll!VERSES DES CO'i"TIIATS

co11trats réels, car ici la rc111isc ele la cl1ose cst 1111 fait n1atériel, extérieur, qui
peut se comparcr ;\ 1111c solcn11it<·~; 111ais le progres nécessairc s'acco111plit
pour la ve,ile, le lotzctge, le ml111clat et la société. qui sont des contrals de
tous les jours, tro11 fréc¡11ents par conséc¡uent pour supporter la contrainte
et la gc~nc cl'une forn1e s·olen11elle.
IJuis l'cxception au principe s'él~rg·it e11corc par la sa11ction accordée á
certai11s pactes, soit ¡1ar le prélcur, ,-;oit ¡1ar le clroit civil i111périal; et enfi11
¡>ar l'adn1issio11 des contrats i111io111és, lesc111els se concluaient sans forn1e.
111ais ne devenaient obligaloircs c111e ¡1ar l'cxécution ele l'u11e des parties.
'1'011tefois, le régime elu co11trat consensuel ne fut toujours qu'un droil
exceptionnel. La regle: ex 11udo pacto actio 11011 ,iascilur,resta toujours do111i-
11ante; et, pour to11tes les con, entio11s qui ne rentraient pas dans un des
0

gro11pes J>récédents, il fallut toujours rccourir a la stipulation. Il est vrai


c1u'a11 Bas-En1pirc,on acln1it c111e, c111ar1d 11n écrit útait dressé po11r consta ter le
co11trat, ce c1ui était tres l1abit11el, il suffisait ele déclarer da11s cet acle que la
stip11lation avait cu lie11 po11r c¡uc cclle-ci fut réputéc accor1111lie. La sti¡1u-
lalion tenelit ainsi i1 céelcr la place ;1 l'écrit c¡11i elevi11t, 11011 se11lement 1111
111oye11 de ¡1re11Ye, 111ais l'élé111e11t for111el cl11 co11trat.

Ancien Droit fran9ais '. - La pre111iere partie de 11otre i\Ioye11 Ag·e


fra11c;ais a élé i111prég11ée el'1111 for111alis111e in1planlé ¡1ar les lois barbares el
tres dill'érent par conséq11ent ele cclui cl11 Droit romain. Nous 11c po11vo11s
c11lrer ici dans le clétail des i11slil11tions et des pratiques dans lesquelles on
en pon t relevcr la lo11gt1e intl11e11cc. Qu'il nous suffise de dire que la déca-
clence ele ce for111alisr11c ne co1111nence qu'a11 x111e siecle, sous la pressio11
clu Droit ro1nai11 rc11aissant et cl11 Droit canor1ique, par l'ell"et aussi des
IJcsoins éco110111ic111cs q11i, gra11dissa11t 011 in1porta11ce et e11 co111plexité, cxi-
gcaie11t ¡1111s ele lilJcrlé da11s la co11clusion des co11trats.
Cetlc lra11sf11r111atio11 se 111a11ifcslc alors de clc11x 1r1a11ieres, d'abord 11ar
la si111plification eles Jorn1r1lilés conco111ítantes ú la formation eles co11trats,
el, e11 ~cco11<l lic11, ¡1ar le r,'\le altrilJuÓ a11 se1·111e11l cla11s la ,,je j11ridiq11c .
. Les for111alil1;s <JII s1>lc1111ilés tp1i <lc111curc11l alors ¡\ ¡1c•11 11rc's scules e11
11sagc s<i11l lcs arrl1es et la JH111111t'·c.
l,a rc111ise eles 11rr/1es <111i, ;\ l'é11<J<JltC' <111 J)roil franc, avait jouú 1111 lo11I.
a11tre r<Jlc, 11¡¡1r<111c, <la11s la ,,c11ll', le louag<) el c111el<1ues contrals sirnilaires.
le 1110111c11l rii'1 ](),-; J>arlics S<Hll. cléfi11itiver11c11I. lit':cs l'1111e cnvcrs l'at1tre.
l,a Jlfltt1111:1: c1J11si,-;Le ,\ se fra111>cr clans la 111ai11. Ccl. 11sag(), c111i s11bsislc
cucore <le 110s jci11rs ú la ca111pag·11c, s11rlo11t clar1s l()S f<Jires, clérive de riles
1il11,-; a11cic11s. :\lel.l.rc• ,-;a 111ai11 clan,-; la 111ai11 cl'1111 a11lre signifiait a11tref<Jis
:-;e J>laccr cla11,-; la clt'·¡ic1ula11cc cl'1111 a11lre .. \i11si, l'l1cJ111111agc se faisait <le·
<;elle fat;t111. l~11 c11tJJl<Jya11t ce gcslt•, le cltl1ilc11r se 11lac,:ait so11s la déper1cla11c•~
cl11 crc1a11cier, il se: clo1111ail c11 g·ag·c.
l)11a11l a11 .~1•1·111e11/, i11,-;lil11t'• par In l)r1iil. ca111H1Í<Jll(), il consliluait 1111 <'11-

:1. V. Esmcin, /,es .:onlt·ats da11s l,i tri'.~ a11cie11 Droit: Brissnnd, .tta1111el d'his1oire du
IJroitprivé, 1908, p. -120 ctsuiv.

..'
'
Lirl\E II. - 'l'lTI\E l'IIE~IIER. - l'RE:\lIEllE PAIITIE. - CII.\PITIIE I

1,;-agcrr1cnt envers Dicu a,cc obligati<)Il access<)ire c11,·crs le créa11cicr. 011


¡1011vail c11 récla111cr l'cxécution de,·a11t lcs co11rs cl'Eglisc. C't~lait. c11111r11p
la stip11/atio ro111air1c, u11 co11tral 1111ilatéral et forr11el, valal)le sa11s cause,
11ou,·ant s'adapter a Loute es¡1ecc cl'o)Jjets, crécr 1111c obligation r1011vclle,
011 confir11101· une obliga Iio11 ¡iré ex ista11 te. L' c11gag·e111en t pris so11s ser-
111en t était in1prescri¡1tible. ll 11e po11vait etre attaqué q11e pour cause de
,lo!. 11 était cléfinitif, 111e111e s'il 1'tait ¡1ris en violation des regles clu Drc>it
civil ou du Droil ca11011iquc. Se11len1e11t, l'c11gag·e111e11t r1e liait <1ue cel11i
c¡11i jurait, il r1e pa:--sait pas i1 se:-; l1éritiers. '[res ré¡Ja11du, l'11sage cl11 ser-
111cnt serví t :1 faire cntrer cla11s les 111m11rs le respect de la parole donnée
et á ruiner certai11es prol1il)itio11s lég·ales de,eu11es sa11s objet .
a
. D'autre part, les canor1islcs contribuerent faire reco1111ailre le caractere
ol)ligatoire eles si111ples pactes, 111en1e 11011 acco111pagnés de sern1e11t, car ils
J>rticlam<'~rent que celui c1ui r1e lie11t pas sa pro111esse, se re11d coupal)le d'1111
111er1songe et par co11séque11l cl'11n pécl1é.
(J11 fra11cl1issail ai11si le J)as an<1uel s'éLaie11t arr1\.tés les llo111ai11s, el 011
arrivait tout clroil. i1 rcco1111ailre a11x ¡;aeta llllllll 1111e valeur oblig·atoirc.
!)es lors, 011 dcvait to11L 11al.11rcllc111e11t alJa11do1111er l'c11111loi des forn1cs
a11lérieurcs, dcr1ier i1 Dicu, ¡Ja11111t'.•e, écrit 111e111e, po11r s'c11 Le11ir a la llarole
clo1111ée.
Ce11cndanl, ce 11'cst c111·a la f111 cl11 xv 0 siecle q11e le pri11ci¡1e 111oclernc esl
plei11ement acce¡1té. Des le XIIIº siecle, il est vrai, 11ous tro11vo11s cl1e1. Bea11 •
111a11oir des forn111les q11i 1Jaraissent e11 etrc la reco11r1aissance: H Conve-
11ar1ces vair1c¡11e11t l11i. 'fo11les con,·e11ar.1ces so11 t it len ir n, 111ais ces forn111lcs
11'1111t ¡1as la portée pralique qu'o11 pourrait Lout cl'aborcl le11r altril)11cr.
(:'cst trt'•s postt'irie11rc1ne11t c¡uc le 11ri11cipc r11<)der11c 1-1'i11sta11ra e11fi11, C\l que
l,o~sr,l Jl11t <;crire cla11s ses J11slil1ttcs coitl11111iercs, data11t ele 'ººí (liv. 111,
lit. 1, 111ax. 2): H 011 lie les l1wufs ¡1ar les cornes el les l10111111t•s ¡,ar les ¡1a-
rolcs; el auta11t vaut u11c si1r1ple pro111essc 011 conve11a11ce <¡11e les sti ¡111la-
li<111s d11 llrt1it rc1r11ai11. >)

Renaissance indirecta du formalisme dans la législation sur les


preuves. -- I,<' ftir111alis111c cc1rrPSJ)<11ul ;'1 1111 IHisoi11 s11cial si ótcr11el <¡11'il
ne ,lcvail ¡1as Lar<ler a re¡>arailre e11 s<1111111e avt•c la lt'·g·islalir,11 11ouvcllc s11r
la ¡,re11,P, <ll>III 11c)11s avl111s 1lt'j;\ i 11dil111é les orig·i11cs a11 x, 1" sit'·clc, el r¡t1e
l'<JII pe11I c1)11sitlércr c11111111c ayanl. li111it.t'· c1J11si1léral)lc111c11l la ¡u>rliic de
l'i<lée Il(HIYCIII\: ,'io/11.~ CIJ/lSCIIS/lS oblir¡ol. _
Saus tl1J11l<\, a11 p11int. ti•~ v11e Ll1t'•cJri<1uc, il y a 1111<' clill'érc11cc t>.ssc11licllc
entre· la.fo1·n1c <'L la 1ire111•c. l,afor111e est 1111 t'ilér11c11l c1111st.it11tif 1lt• la co11-
,er1tio11, <'11 l'al1sc11c1! <IP lac111Pllc cellc-ci 11c 111111. 1ias ¡'¡ la vi<' j11ri1li1111c. 1,a
¡1r,~i1ve, a11 c<Htlrairc, 11·a rien :'t Yt>ir a,ec la for111atit1r1 <111 lit\11 j11rirlic111e.
\lais 611 ¡Jralic1uc Cl'Ll<' <lill't!rcnce tlis¡iarail ¡1rcS<(IIC Lc1Lalt•111t\1tl ..l.a J)l't'UV()
11re11d u11n i11111orla11cc ¡>rcs1111c óg-ale :'t la ft>r111c. Car l'al>se11ce tJc l'1111e
C(1111111e clt• l'aulre ctn1c\11il a11 1111~111e rt'·s11llal, f¡icn c¡11r par eles raiso11s cli-
,erscs, rt'.·s11ltal. c¡ui cst <le priver l,~ licn j11ritlitt1It'. ,In lonl.P pfficacit<'·. l,'al>-
sc11ct· 1lc forn1c prc1cl11il c1~l t>ll'cl, .JHll'CP r¡u'ellc ¡irivt! lt> c·t>11tral. 11'1111 ele ses
CL,\.SSIFICA.Tl(>\,- lll VEIISE!'- DES CO\TRATS

t'·lé111e11ts essenliels; le rlél'a11l lle 1)re11vc, l)arcc c¡11'il 11e llerr11cl 11as au
créa11cier cl'étalJlir l'cxislc11cc de la co11ventio11 et, l)ar conséc1ue11l. lle son
clroit. Des lor:,;. 1111<' lég·islation l[Ui, co111i11e la 11cJlrc, orclonne ele llasscr
iicte ele to11trs c,i11\c11tio11s cxcc'·1lar1t la so111111c 011 valc11r ele r;Í<J fra11cs.
a11parail co111111r clég·agée clu ftH'll1alisn1e IJca11coup pl11s c11 apparencc (Jt1'e1i
rea' 11· 1(\.'

1,,. - Quatrieme division: Contrats commutatifs. Contrats aléatoires.

l,'article 110!1 11011s i11dic¡11c u11e rler11iere distinctio11 cr1lrc les co11lrals :
ce lle des co,itrals corn111utatiJ:~ et des con.t,·ats aléatoires.
a
C'est la, e11 r1'alit{·, lllle s11!Jclivisio11 des co11Lrats Litre Olll'l'Cll.\..
Le co11trat co111111ulatif, clo11l l'article 110~ clo11ne u11c cléfl11ition i11cxacle,
car clic J)Ourrail co11vc11ir a lo11t co11tral sy11allagrr1aliq11e, est cel11i cla11s
lcc¡11cl les J)artics co1111aissc11l elt•s i1 ¡ir(·senl l't'•te11cl11e eles prcslalions ducs
¡iar elles. Le cu11Lral aléatoirc csl celui 1la11s lequel les ¡)artics s'c11gage11I
Pll Yt1e cl'u11 évt'•11c111c11t f11lur el i11ccrtai11 . 011 d'u11 lern1e inclétern1iné,
con1111e la n1orl. l.e pari csl le l}lJC 1111 conlrat aléatcJire; on e11 Lro11ve
cl'autres exe111plcs rla11s l'aliénat.io11 ll'1111 i1111i1e11l)lc ou d'u11 ca¡Jital it cl1argc
1l't1nc rente viagerc·. et dans divcrsc,- esp,'-ccs cl'ass11rances (,r. art. 19G!1).
Les a11tc11rs llill co11tun1e ele clire c1ue cla11s 1111 co11tral de ce ge11re, le ca-
racterc al{~atoirc existe néce~saire111enl ¡J(Jur les deux partics, et il,; crili-
t¡ue11l l'arliclc 1!)lit, llt1 Cocle ci, il, l)arc,· c1u'il s11¡J¡Josc <¡t1e le caraclt'·rc aléa-
Loire pc11t cxistcr po11r 1111 sculcrr1c11t des co11Lracta11ls. Cettc crilic¡ue est
111al f()r1dée.
Sans cloutc, lors,¡11e le co11lral (•si concl11 c11lrc 1lc11J; JJlll'fi<'ltlicrs, les cl1a11-
ccs de gain ou ele llcrle so11l 11t'·cessaire111c11l r{·ci¡)roc¡11Ps. Tl ~- a to11j,)11rs 1111
eles cu11tracla11ts <1ui ga¡.r11cra, l'a11lre c¡11i ¡)crelra. JI e11 est. ai11si, par exc111-
{)lc, da11s le ¡Jari l'ail ¡)ar deux ¡1crs1J1111cs, cla11s l'aliénalion a cl1argc lle re11tc
Yiagere C(lllSCnti,· it 1111 parlic11licr. i\iais il 11'e11 esl plus el<' 1r1e111c da11s un
co11Lral d'assura11ccs ¡Jro¡Jre111e11t rlit. pass{· entre 1111e co111pag11ie faisa11t
ce gc11rc de co111111crcc el 1111 Jiflrliccilicr. l,a cr)111¡iaµnie se cor1Lc11te ele
g·r,i11pPr les ass11rés, d'orga11isrr c11Lre CII\ 1111r: 11111Lualilt': el, avec les pri1nes
J>HI' cu\ ,erst':,•s. ele ¡)a~·er les i11elc11í11ilt'•s .\ ce11x <¡ni so11l altcinls ¡iar le
sinistre. l•:Ilc ne c,,url du11c alJ('IIIH' ris(¡ue, cll1• 11<· su¡illllrlc a11c1111 aléa. 11
11'y a d'alt'·a 'JII(' 1iu11r l'assur{·, lec¡ucl 1ia~·c 1111c ¡iri111e a1111uelle po11r Sf'
[ll'íllt'•ger C(llllf'('. llll l'ÍS<JIIC <¡11i, 11enl-t;(l'l', JI!' se r{·alisera J1US.
ll e11 csl llP 11H'!111c lla11s l't1rg·a11isatio11 1l11 ¡iori 1111tl1tel c¡uc 11011s v0Jo11s
l'lJIIClici1111cr :\ l'<iccasio11 des courscs de clicva11x. L'l~Lal se c<J11Lent.e de rt'·11-
11i1· les paris fails par l<',- j,n1eurs el cll' rt'•,J>artir les so111111es e11lre !(•s ga-
g11a11ls. a1>1·ús ¡>ról1',,c111(•11t.. 11 n'y a ¡1as 11c1 11 ¡il11s ll'alt'-a ¡Jr111r l'Elal.
11 11st 1ll111c bi1•11 ,rai cln clirc avcc l'arliclc '!Jfi 11 1¡11c, 1i:1r111i les diY<~rs
conlrals alt',atoircs. 1>11 1•11 rc11co11lre ,¡ui le s1111l :'1 l'{\gard scul1\IIICI1l. de
1'1111r lles parties.
(~IIAPITRE 11

L'article 1108 e11 i11dic111e (ltiatre et co11fo11d, da11s son t'·n11111t'-ratio11, les
co11ditio11s tl'e:ciste,ice et <le for,natio,i clt1 co11trat et ses conditir)11s ele i1a/i-
1lité. J~a ])octrinc 111oclcr11c a i11lrod11il ici t1ne disti11clion ralion11elle entr,~
les u11cs et les aulres.
Les con el i Lions 1técessa i res .'1 la Jor111alio1i d'1111 co11 lr a t. celles don t I' al)-
sence e11lraine sa 11ullit<'~ a]Jsoluc, so11t a11 110111]Jre <le tr,)is:
Le co11sé11 te111e11l des pa rties ;
L'obje[ d11 co11lrat;
Sa caiisc.
E1t outre, J>OLlr 11i1c le co11frol soit l'alablc, il fatil, 11'1111e ¡1art, c¡ue les
11arlies soie11t capablcs ele le co11cl11re Pl, ci'autre ¡1arl, <111e leur ,olo11lé n'ail
pas été 1•iciée par l'ei·re11r, le clol 011. la ,·iole11ce, el 1111\r11'e cla11s cerlai11s
cas, par la Iésio11. l◄a11le clr l'1111c 011 l'at1lre cic ces (!c11x C(inrlit.ions, le·
ccin lrat est a1t1111lc1ble.
~ous 11r revic11clro11s ¡ias s11r la co11<lilicn1 ,le cr1¡>r1cilé clc>rtl Tl<Jtts avo11s
lrait,: cla11·s 11olre to111c I••·. clans la ¡)arlie cci11sacr1~c a11x i11ca¡1al1lcs. I~t 11011s
ratlacl1erons l'étuclc des ,ices ele la ,ol1J11li': ¡\ ccllc cl11 consP11te111c11l, <'~la11I
entenclu <l'aille11rs <111c l'11hse11ce 1/c co11se11lc111e11l, c'cst-ú-clirc cl11 co11Cltl'S11s
11olo11/al11111, c11trni11<• l'i11Pxislc11cc 1n1 11t1llilé a!)Sí>lt1c cl11 co11trat, la11clis qt1<'

lºexisle11cc ll't1r1 11it·,· 1/1• la vo/011/1: 11'a JlfJIII' sanctic>n <111'1111<' 1111llitc'\ l'(\latiYc·.

f)11 ¡iettl av1Jir 1!11 co11s,·11t,·111e11I 1lct1x co11cc11tions clill'c'•rPnlP,-.


1.a prc111ii'•rf', In c1111cP¡>litJII clt)Clrinale classi1¡1u•, 1lt'di11il l<' c,111sPnlc11u•11I.
lt\ Cí1J1c11rs11s t1ol1111/11l11111, J'accord (les 1l1•11x ,·,,l,111lc'·s. (;'psf. Ct\l acc1>r<I ,¡11i en
cll'ct co11slil11,· In co11lral ni. 1l,11111n rtaissancn ;'i 1'1ililigali,i11 (,·,111lral. 1111ilalc'·-
ral¡, <Jll a11x t)llligal i1111s (c1l11lrat. s~'11allag111al.i1¡11n).
Les rt~llacle11rs 1!11 CcHle 11araisse11t s't'\tre ¡>lac<'·s ;\ 1111 ¡H1i11I. ti<' vue 1111 Jl<'ll
,lill'c\r,\Jll et pc11f-1\trc 11l11s 11rati,111P. l.'arliclc r 1,i~ 11,111s ,lit t'.11 elli'.l <[tic la
for111alio11 ,!11 c,111lrat r<'tl1ti<'rl II In co11s,\11lc1111•11l d,~ la ¡1nrti,• 1¡1ti s'olilir¡,: ",

co,1,lTlO:\S DE FOR)L\TIO:\ ET DE V,\LIDITE IJES CfJ:\Tl\ATS 285
cxpression é,idc1111nc11l i11cxaclc. si 1'011 sP r{~fi'·rc i1 la crJncc¡)tio11 })r{c{:dcnlP
c¡ui exige l'i11ter,c11lirJ11, 11011 sc11le111cnl ele la Yolor1l{· cl11 clélJilcur, 111ais clP
celle des dc11x conlracta11ls. Les réclacteurs d11 Codc 011t do1111é sa11s cloulc
a11 mot de C<Jr1ser1tc111ent son acce¡)tio11 l)opulaire ; ils y or1t vu I'acl/1ésio11
11 zine propositio11. Et, des lors, la pl1rase si so11vc11t criliquée de l'article 11o8
devier1t cxactc. Des deux contracta11Ls. c'esl le créa11cicr c¡ui clicte ordinairP-
111ent la loi clu co11trat e11 c11 i11diq11a11l les co11dilio11s. J,e clt':IJilc11r 11e fail
c1u'acceptcr ces co11ditio11s; c·csl. clone lui qui co11sc11.I.
-
Hypotbese d'une adhésion non simultanée des parties. Explica-
tion de l'effet obligatoire des simples pollicitations. - La disc11ssio11
0t la conclusion d'un conlrat pcuve11t se faire en u11 se11l trait de ten1ps, ce qui
cst le cas orclinaire })011r les contrats conclus entre ¡)r<'.•sents,auxc1uels il fa11l
assimiler les co11Lrats concl11s par télépl1onc. Ces acles ¡Jeuver1t, a11 con-
lraire, se lro11ver séparés par un cerlain clélai. C'cst !Jie11 souve11t ainsi que
les cl1oses se passe11t. J,'1111e eles parties a fait une o.ff,·c 011 pollicitalion, et
c'est postérieureu1e11t c111e l'a11lre a 111a11ifesté son inte11tior1 el'accc¡Jler la
11roposi ti 011.
La ¡)remiere c¡uestion a exa111l11er ici est de savoir c¡uel est l'effet de celle
(>ITre? ·
Avant de <liscuter, disons lout d'abord c111'il ne faut J)as cor1fo11dre I'o.ffrc
simple non er1core acceptée a,·ec la JJ1·0111csse acce¡Jtée. Par exe1r1ple, je vous
loue n1a n1ai:so11 l)Our trois ans et je vous ¡)romets ele vous la ,·e11dre la a
lin du bail, 11our u11 prix des á présent fixé, si ,·ous ,•oulez l'acl1eter alors.
,rous acce¡Jlez cctle promesse. Nous ne somrnes pas ici en présence d'u11e
¡1ollicilalio11 si111plc, r11ais d'un accorel de Yolontés, cl'un vé,·itablc cont,·at q11i
s'a¡)pelle la jirornesse lle vc,ile. 1\11ssi, 11'y a-t-il a11c1111 cloule que je sois des ú
¡1résent ol)lig·é, et c111·a la 611 cl11 bail, vo11s puissiez, si ,·ous le clósirez, exi-
g·er l'exécutio11 de 1110n obligatio11, c'est-.\-dire la réalisatio11 ele la ,·ente.
'1'011t a11trc est la sit11ation de celui q11i a fait une olfre si1111)lc, ta11t c¡11'elle
11'esl ¡Jas accc¡itée 11ar l'a11trc ¡iartie. Et le JJOint <¡ue 11ous avo11s il exa111iner
est de savoir si le pollicilanl se tro11,e cll\s lors ol1lig<~.
I)opinio11 ar1cicr111cn1ent ad111ise da11s 11otrc Droi L es! q11c la ¡Jollicitatio11
si1111Jle 11e ¡1r<Jd11it a11cu11e olJligation propren1c11t elite: (< Cclui c111i l'a fail<',
1lit t>othier i(Jblir¡11/io11s, 11" /1, t'·cl. ll11g·uel, l. :i, ¡1. :1j, ¡1c11l s'e11 clt':dirc,
lar1l qu'e)[p 11'a ¡1as t'·t{: accc¡1Lée ¡Jar C<'lui ;'1 1¡ui clic a {•tú faite : car il ne ¡Jet1l
.Y avoi1· cl'o)Jligati<JII sa11s 1111 clroiL c¡11'acq11icrl la ¡1ers1111nc envers <¡ui clic cst
C<Jnlractée, co11trc la ¡Jcrso1111c lll1ligl:c. (Ir, <Ir 1111\111!' c¡11e je 11e puis pas
11ar 111a se11lP Y<llc111L{\ tra11sft'\rer ;\ c¡11elq11'1111 1111 clrcJit cla11s 111es bie11s, sisa
,·11lc>nlé 11e c1111cc>11rt ¡)as 110111· l'acc111órir, ele 111<\111e je 11e ¡111is ¡1as ¡)ar 111a
11rou1esse accor(ler ;\ c¡11elq11'1111 1111 elroit co11trc 111a 1ierson11r. j11sc111 a ce r¡11e
· sa vc>lc>nlt· cciuco11rc ¡1c>11r l'acr¡11t'irir, 1iar l'acce11lalicJ11 c¡11'ellc fcra ele 111:1
lll'OllleSS!\. >>
JI rús11llc cln l:'1 <¡11c l'c1fl'ranl ¡Jeut l<>11jcJ11rs rel.irer srJ11 flfl'rc lanl <!u'elle
11 .a ¡111s "'t',. accc¡1 !'e<!.
11 e11 rt'·sullc a11s:-i c¡11e l'otl'r<! lo111}¡c par la 111c1rl <le c<:lui c¡ui l'a faite,

186 LIVRE II. TITRE PREJIIEII, - l'HEJIIEHE P.\J\TIE. - CIL\PITHE II

1i11 par la sur,·ena11cc ele so11 inra¡Jacité a,·a11L l'acce¡1lalio11 (V. llec¡.,
'.ll avr1·1 I,8!)I, D . )) , !)'.l,1.1 8 I, s.' \lcl,l
- ...,l()O),
O' 1, ' ar L'ICl () fj,J2
., co11l1c11t,
. se111-
!Jle-t-il, une applicalion de cctte clerniere co11séq11ence. 11 11ous dit e11 effet
fJIIC la clonalion e11tre ,·ifs 11'e11g·age le clo11alc11r qt1e el11 jo11r 01'1 elle a <'·té
acceptée, et il ajoule c1ue l'acce¡Jtalio11 <loit étre faile'c/11 vic,111! llu donaleur.
Ce¡Jen<lant il n'y a pas ]Jesoi11 <le lrn1g·ues réllexions JJour qt1'on aper-
<)Oivc to11s les incon,·énier1ts auxq11els cette doctri11e <lo1111e lie11 da11s les
rap¡Jorts j urieliques. Co111me11t la cor1cilier 11ota111m.enl avec la pratiq11e
co11ra11te dans les all:1ircs qui co11siste, e11 faisa11t 1111e <Jll're, a fixer a11
cleslinataire un ce,·tain rlélcti áo¡1fio1i '.I ".\'est-il pus é,·i<le11t q11e l'aute11r ele •
l'olfre ne peut etre considéré co1nn1e li!Jre ele la rétracter a,,ant l'expiratio11
eles délais 1Jar lui fixés ~
lll11sieurs systemes ont clone ,:tt''. proposés pour ten1pérer la doctrine
classiq11e.
Le pren1ier de ces systemes e11seigr1e r¡11·e11 retirant son c>ll're, com1ne 011
persiste a dire c¡u'il e11 a le droit la11t (Jt1'il 11·~ a 1Jas e11 acc(ird eles volonlés,
rluor1tni iri ille11i placifitm, le pollicitant peut e11courir 11ne , certaine res1)011-
salJilité, 111ais de nature llélictuelle. So11 Ct)rrespo11dant po11rrait lui réclan1er
des clo1n111ages-intérets á raison <lu préj11dice qu'il a su!Ji en compta11t s11r
l'olfre c¡11i lui était adressée el e11 prena11t ses clispositi1i11s c11 co11séquence.
"No11s croyor1s 11n tel syste111e i11soutenalJle. l)'ahord, il réso11t la (111estion par
la q11estion. JI s'agit ele savoir si, oui ciu no11, le pollicitanl avait le droit de
rétraclcr son ofl're a,·ar1t l'expiratio11 clu clélai. Si oui, il n'a 1>u enco11rir de
responsabilité <lélictuclle en usant de son clroit <la11s des C<>11<litions 11or111a-
les. El puis, q11e compren<lror1t les rlo1r1111ages-i11térets :i J,e l1tcr1ini cessa11s,
c'est-11-dire tout le bé11{:fice qn'e11t procurt': a11 cr(·ancier la co11clusior1 d11
contrat ! ,\11tant dire alors c¡11e l'oll're 11·a Jllt <\lre vala}Jlcn1c11t rct.irée el q11e
le contral s'est forn1ó entre les llarties.
Un a11lre systeme, celui de l'r1vanl-co11trltf, f'ail 11n pas 1-Ic ¡)l11s; il ,·oit
dans la pollicilatio11 sin1ple l\e fo11cler11enl. cl'1111e obligalio11 ,le nalure co1i-
lrllCl1ielle á la cl1arge d11 pollicila11l. Dar1s l'olfrP faite av<'c cl(•lai rl'ri¡Jtion, iJ
y a, clit-011, e11 réalité, 1lc11x oll'res, l'oll'r<' ele C<>nlral c¡ui attend. prJ11r se
tra11sf'or1r1cr cr1 conlral, l'acll1{•si1Jn 1111 c<Jrrcspon1la11l. <'L l'oll're dn s'engagcr
¡\ m11i11lenil' lr1 ¡1ollicilr1liori pe111lanl le 1lólai i11fl if¡111\. ( >r. C<!l le oll're seco11-
<laire csl de 11at11re tclle c111'cllc <'SL l'é¡111/t;e 1tf'C<'J1lée JJa1· le 1lesli11ataire rl,~s
r¡u 'elle es l pal'IJ<' n11e ;\ sa con 11a issa ncc. l~,i ejfcl el le es I /0111 11 .~011 11va11l {lf/l'.
D011c, des ce 1110111c11l, 11n a,·a11l-c<:1ntrat s'esl l'<>r111ú Pnlre les pal'li~!S, eu
vcrllI cl11q11cl le pclllicilar1t est. cngagí: il 11c 11as 1'1:tractcr s<111 c>ll're uvanl
l'ex¡iiration cl11 di'·lni cl'o¡ili<in. Que, ¡1ar la s11ilc, Pl 1la11s la li111ite ,le Cfl 11<'·-
lai, le clcsfinalaire accc¡1te. le cr>11trat. sera l'<Jrr11<'! et le cri'•a11cicr pourra <'11
po11rsl1ivrc clireclc111e11t l'cxi'·c11tion .
.l\jc111tons q11't111 peul r111\111e <\lc11clre le rais1inne111e11!. nux ¡Hillicitnli1i11s
fui tes sans i11clicatio11 1l'11n cli'!lai 1l'(111tic>11. ()11 ,lira c¡11'cllcs c1Jnli1i11r1c11t tcH1-
jo11rs 1111 cl<':lai i1111>licilc, it sav<iir le lcnlJ>S n11Jralc1111ir1l. ni'•cc•ssnirc ¡io111· c¡111\
le clesli11alaire 1>11issc exa111iner la JH<i¡iositi<lll !'l !'aire connail re sa rt'.(l<lllSl'
(Rcq .. :18 fi'i,·ric•r 1870, ]). ii. ¡,., .li1, S. ¡o. 1 .:i!)G. Cf. llorcleaux, :i!) ja11-
vicr 18!):l, 1). ri. !J:1.:i.:l!lr,).
CONDITIO'IS !)E FOR~IATIO'I ET l)E V,\LIDITÉ DES CO\Tll \TS '.18j

Nous croyons qt1'il fa11L e11c()re aller l)lus loir1 et acln1eLLre qt1e 1·autet1r de
l'ofl're, tout e11 aya11L l)ie11 e11le11clu le droit <le la reLirer, sauf pot1rta11L 1ie11-
a
<lant le délai cl'optio11 accordé l'autre parLie, doit etre considéré, clu 11111_
n1ent 011 il n't1se pas de cette faculté de rétractation, co1nrne aya11t été lié di~,-;
que s'est r11a11ifcstée set volo11té 1t11ilalérale 1le s'obliger, et, par conséc1ue11l.
ava11l 111é111e 1¡1te le clesti11ataire ele l'o.ffre c11 ciil e11 co1111aissa11ce. Not1s avc)Jl,-;
vu c¡ue la lléclaration de ·volo11lé t1r1ilal<\rale cloi l elrc ra11g·t';e au 110111bre des
sot1rccs IJíJSsilJles d'o!Jlig·ations. Et c11 cfl'et il r1'y a aucur1e i111possi!JiliL{
logic¡ue it acln1ettre c¡11'11r1e perso1111e soit engagée clu moment .
qt1'elle .e11 a
111a11ifesLé claire111ent l'i11tention, a,,ant 1ner11e que celui qui doit bér1éficier
de s011 obligation ait acce¡Jté l'ofl're, ou r11e111e e11 ait eu con11aissa11ce. Les
exen1ples ne 1nanquent pas ele perso11nes qui de,iennent créar1ciers sa11s le
savoir, etia,n ig1101·a11les. C'esL le cas nota111111e11t 1)011r celt1i do11t les ail'aire,;
on t· e't'e g·crces
' ' a' s011 111su,
. et auss1, . 11011s 1e verro11s, 11ot1r 1e b'e11e'f'1c1a1re ..
cl'1111e stip11latio11 1Jo11r a11trui, ¡Jour cel11i q11i a s11lJi t1n préjudicc :-;a11s s'c11
douLer et c¡ui, des ce mon1enl, cst devenu créancier tle la réparalio11 de cP
préjt1cl ice er1 vertu des arlicles , 382 et 1383, et e11fin JJour l'ace¡11éreur d'u11
in1meu!Jle hypoll1équé r111i, voula11t le p11rger, ofl're a11x créar1ciers l1ypotl1<'·-
caires de leur er1 payer le ¡Jrix (V. encore arl. 555 566, etc.,). De me111e,
supposo11s 11ne o.ffre ele récon1pe11se adressée ¡Jar voie d'afficl1e ou ele JJresse,
par exen1ple, a q11iconq11e retro11verail 1111 !Jijo11 perdu. S11pp<..1sor1s qu'1111
individn retro11vc et restit11e le lJijou sa11s a,,oir e11 connaissance eles ofl'res
a
du propriélaire. Ne faut-il ¡Jas ad111etlre qu'il a droit la réco111pense pro-
mise ~ C'est ce que décide formellement le Code civil alle111anel (art. 1!1:í).
l\1ais c'est ce que notre eloctri11e classique, 111eme avec le correctif clu sys-
te,ne de l'avant-cor1trat, 11c ¡Jer111ettrait pas de j11stifier.
a
Voici eles lo1;s quelles JlroposiLions llOllS croyo11s clevoir 11011,.; arretcr.
1º l)u 1110111e11t que le pollici Lant n'a 1Jas rétracté s011 oll're, il cloit etr<'
co11siclér{i con1111e lié des le 111on1ent ele son én1issio11. J,'t1ne eles c(111séquences
<le cetle proposition, c'est r111e le cléces d11 pollicitant 11'entraine ¡,as la carl11-
cité de J'oll'rc; elle cor1ti11ue i1 licr ses I1óritiers. J,ajt1risprude11cc d11 Cor.1seil
cl'l~tat est en ce sens, car clic acl1r1ct c111e les oll'rcs cln CíJJ1co11rs ,,Jl,)r1tair<·
faiLns /1 l',i\dr11i11istratio11 par des 1Jarliculiers ¡Jour oblc11ir l'exéculio11 d'1111
lravail ¡111lilic, Slll)siste11t 111(\lllC ªl)l"('S le rl{·ces ele l'<Jll'ra11t ((~(lllS. <l'l~tal.
3 uo11l l!J<>cJ, 1). i>. l!J<J1.:)_(jr1:I, S. 190:) 3. ,:¡; J). /,ois ¡iulil. el (L(lmi,iislr ..
t. 111, ¡>. <i73, 11° 1011!))- 11 esl. vrai qu'1111e seil11lion co11traire ser11l)le,
11ous l"avo11s ,.,, ¡Jlus J1a11I., résultcr ele l'arliclc 9:12. ~Jais il 11'y a ¡,as l/1 1111<·
ol)j<1clion 1)<'.1re111¡1toire. I•:11 róalilé, les r<')gles relalives it l'acce1llali,>11 des
<lonaticins entre vifs <Hll. 1111 cnrr,clere s¡>éci(Il; elles se lient, co111111e lc,s
<:01i1lilio1is (le j"nr111c, it l'cnse1nble des 1ixige11ces l{igalcs 1>artic11li1\re111c11l .
rigourc11scs {1LaLlics c11 ¡iareille 111atierc ¡1011r la ¡1r,1t<1clio11 <le,.; fa111ili<)S <·I
<les <i<111aleurs co11trn l'ali11s cins <lc,11ali,l11s.
~" l,'c,fl'r<: ol>lige In Jlollicil.a11t .. \ c¡11oi :1 ,\011 pas ¡'¡ l'<)bjet 111c111e 1\11 ccii1tral
lll"CJJl<>s<'i: 111ais ,i 1·011fracler ¡1l11s l11r1l. c:·csl, Ih ce c¡u'il fa11I. retc11ir du s:;sl<'i1rtP
ile I"avant-c<>lllral. Si <l<>nc l'alll1ési<Jll cl11 llcslinalairc i11lervie11l er1s11il<•, lns
<J!Jligalic,11s clu conlrat. 11c ¡1rc1111c11L 11aissa11ce c¡u·a ce 111r1n1e11t. l~n crn1s/i-

LIVRE 11, - Tl'l'l\E PIIE~IIEII. - l'I\E\IIEIIE l',\I\TIE, - CIL\l'ITIIE 11

c111c11cc, si le pollicitant clc,ic11! i11ca1)allle cla11s l'i11tcr,·alle, par exe111plc,


to111l)c e11 faillitc, le contrat 11e l)c,urra se for111cr. I~t ccltc solutio11 est ¡Jra-
tiquement la 111eille11re. Elle 111et clbstncle en effet a la for111alion d'un
no11vel engage111e11t qui serait 1111c g¡~11c 1Jo11r la lic1uiclatior1 d11 passif de la
perso11ne frappée d'inca1Jaci t{·.
3° L'offrc 11e peut etre rétractl'.·c a,a11t l'expiralion d11 délai cx1Jrós ou
irnplicite el'option ofl'ert a11 elesti11alairc. I\lais, aprós ce délai, la rétracta-
tior1 pc11t a,·oir lie11 ta11t e111c 1·01rre 11'a 1Jas été acce1Jtée. ]~11 cas de délai
exprós, on doit 111e111e adr11etlre que la si111ple ex1Jiration ele ce délai sa11s
acceptation entraine la caelucilt'· rle l'oll're.

A quel moment se forme le contrat conclu par correspondance' ;1


-- Quand un contrat est concl11 ¡Jar correspondance, ou plus généralement,
:rvec 11n trait de ter11p,, 11ne secondc c1ueslior1 se lJf>Se: c'est ele savoir que!
est le 111ome11/ précis 01i il se for111c. I~st-ce Je n10111e11l oi'1 la 1Jarlie qui a rei:;11
l'offre én1et son acceptalio11, 011 <'SI-ce sc11le111cnt cel11i oú l'a,is d'acce¡Jtalior1
est parver111 a la connaissancc cl11 ¡Jollicitant?
L'intérct ele la c1uestion est co11sicli•ral)le. Si le co11trat se for111e i1 l'i11stant
111c111e ele 1·acceplatio11, it 1Jartir rle ce 1110111e11t le pollicitar1t ne peut plus se
dédire; si, at1 co11traire, le ¡Jollicita11l 11'est définitiven1cnt lié qu'á da ter de
la réce1Jtio11 de la letlrc el'acce¡Jlaticn1, il ¡Je11t retircr son ofl're jusc1t1'á ce
n1on1er1t précis, e11l-ellc été accP1Jtér. Il 1Jet1L, par exe111ple, par télé1Jl1onc ot1
tél!'grapl1c, préve11ir_utilcn1e11t l'a11tre llarlic qu'il re1Jrenel sa ¡Jroposition.
D'autre part, il )" a granel i11ti'·r<~l ,\ co11r1aitrc le lie11 ele forn1atic111 clu con-
lrat, parce q11e l'article 420 clu (:odc ele ¡Jrocéclu re civilc 1Jerrr1et d'assig11er le
dófcneleur elevant le lrilJ1111al cl11 lic11 oit In ¡1ro111esse (t été .fnile. _,\jo11lons c1t1c,
c¡ua11cl le co11lrat cst ¡Jassé 1iar deux 11erso11ncs )1a!Jita11t des ]~tals elill'órcnts,
c'csl la loi clu lieu de la passalio11 c¡ui rt·gil les co11clitio11s el'exisle11ce el
tle validité de le11r conve11tio11 . aii1si c¡11e ses ell'els.
E11fi11, la qnestio11 ele saYoir i1 c¡ui i11co111IJc11t les risq11es ele la cl1osc, en
cas ele conlrat p¡irlant lra11slalic111 <l<' ¡>r<>11riété, cellc de savoir 11ucls so11I
les efl'els de l'i11ca1)acité du 11e,Ilicita11! surve1111e entre l'i'•111issic>n de l'acccp-
laticirt et sa récc¡Jtior1 1iar l¡• 1ic,llicila11!. <li'\pe11cler1t a11ssi tlu ¡iarli <JU<) 1·011
adoptcra.
l,a c¡ucslior1 a i'·l{! lriis ,i,P111cnl 1l-isc11li'ic. 1.'acccJrcl rtc s'esl 11as enccire
'
fait. J,cs cleux syst.Óntes rl11( IPurs ¡iarlisans rlans la l)octri11c el cla11s la
j nri s¡irude11cc.
l)'a¡irós le sysl<~1r1c c1ue JHlll"' cr(1~011s lP ¡ilus exacl (sysli·111c ele l'é111issio11),
, ¡¡11r I'acc<•¡ilanl a c1111s
1e co11lr[!l se f rir111c <1es ' . s<J11 accc1ilal1<111. . C' est cell¡•
acc<'Jllalio11 r¡ui 11<1uc le licn ¡)'c,lili~ral ion. 1)11 n1cnuc11l <111e les cleux volo11lós
se rcnco11trc11l, r¡11'ellcs cr)r•\isl<'nl. I<' c1,11!.ral csl co11cl11. ],e fait c¡ue cclte
acccplali!)IJ esl }HJrl!'c i1 la cfi1111aissn11cc clu ()Ollicita11l 11'ajfl11le rir•rt a11x co11-
s!'.•r111c11ccs juridi<¡ues <In ccll<· acce1itali!111. ()11 1><'.tll irtV!JflllPI' c11 CP sens l'ar-
licle '!18:i, alinéa :>., aux IPr111es tl11<¡u1·l l'a1·cc¡itati!>ll !lt\ l'c>ll'1·0 <I!\ 111a11tlal
1. Valéry, Co11tra1s par cor,·espo11rfl111r.1· (18!l:i) : Girnult, !)es contrats ¡1ar cor,·e.~pu11da11c1•
( 1890).

CO)(DITIO'i'S DE FOll,IA.TIOX ET DE VALIDITÉ llES COXTllATS 289

111·11L ctre tacite el résuller 11ota111111ent de I'exéct1tion du 111an(lat par le


111.indatairc. Le tcxlc 11'ajo11le pas cctle conditio11 c1t1c le 1nanclant cloive avoir
cu conr1aissancc de l'~xécution.
J,e syst<':1r1c contrairc (celui de la réceplio,i) se foncle surtouL s11r l'article 932
1>r<\cité, aux ter111cs duquel la donation n'a d'effct l'i l'égctrcl dit do11ale11r
c1u'a11tant c¡uc l'acceptation d11 donataire, si elle 11'est pas i11lcr,•e1111c dans le
n1e111c acle, lt1i a11ra été noLifiée. l\Iais, con1111e 11ous l'avons déj:\ dit, ce texte,
se référant it 11n ordrc de co11trats a11ssi spécia11x q11e les donations, 11e pe11t
1\t1:c considéré co111n1e l'expression du Droit cot11111un. Et n1e111e, a le pren-
<lrc ala lettre, il ne s11l)orclonne a la réce¡)tion de l'acceptation que les effets
de l'acle a l'cnco1it1·e clLi do,ialeiir. Celui-ci po11rra clone se dédire jusqu'ú
la 11otification. l\Iais l'arlicle 932 n'empeche pas de considérer la donation
co111111e accor111)lie des le 1110111ent de l'acceptation. 1't to1is aizlres égards .
.-\insi, it s11p¡)oser c1uc le donataire vinta mourir dans l'intervalle compris
entre l'accc¡)lalio11 et la 11otificali<lll, il 11ot1s se111l)le c¡11'il y aurait pour lui
1lroil acq11is et c1t1'il tra11s111cllrait so11 droit it ses l1éritiers.
l,ajt1risprt1tie11ce l1ésite e11tre les deux syste111es (Da11s le se11s du systen1e
<le l'é1nissio11, Douai, 15n1ars 188G, D.11 • 88.2.37; Borclea11x. 29janvier 1892,
1). J). 92.2.390; 'l'o11louse, 13juin 1901, D. J). 190'.!.2.1G, S. 1902.2.174; Pa-
ris, 5 février 1910, Le Droit, 3o avril 1910. Dans le se11s d11 syste111e de la
réceptio,i, Orléa11s, 26 juin 1885, D. P. 8G.2. 135, S. 8G.2.3o; Lyo11, 12 avril
18()2, D. 11 . !l~·'.'-.:;'.,.!1; Ni111es, 4 mars 1908, D. P. 1908.2.2/18, S. 1910.2.106).

Comment se fait la manifestation de volonté dans le contrat? Ma-


nifestation directa et indirecta. - On disling11e e11 général la 111anifesta-
LÍ!Hl expresse el la 111a11ifestatio11 l<tcilc. :l\Iais il 11011s parail préférable de
tlisting11er la 111a11ifeslalio11 direclc et la n1anifeslal.io11 i,iclirecle ele volo,ité.
J,a 11ia11ifcsl<1lio1i clirecle esl celle qui est faite en ,·ue de la conclusio11
1111~n1e du co11tral. Le déclarant dit ce qu'il ,·e11t dire) soit orale111ent, soit
111,11 orale111c11t.
~011s citero11s, co111111e exe1111)les ele déclaralio11s di rectes non orales, le
fait d'e11v0Jer tics 111arcl1a11dises co1n111a11dées, le fait 1)011r 1111 l1otelier /

tl1· rcle11ir les cl1an1llres qui lui 0111. été 1le111a11dées, le geste (le celui q11i
1lans une ,e11lc a11x c11clu'-rrs fail signr el<~ la tttc a11 crir11r ll011r 111ontrer
1¡11'il a11g111c11tc Süll e11cl1erc; (le 111er11e c11fi11, l'acle <lll tlo11ate11r <]Ui don11c
d<· la r11ai11 i1 la 111ai11 .
. f,cs déclaralio11.~ 011 111a11((1isl11tio1is i111lircctcs, son!. cclles c1ui rés11lle11l
d'ar,lcs qui 11oursui,e11t 1111 lltIL 1lill'ére11l, 111ais laissc11l a¡)ercevoir cl'1111c
fa1,'.011 11011 <lt>11l1n1sc\ la volt111té de l'i11clivitl11. Il e11 csl ai11si <le l'accc¡)lalio11
tacilc (!e la succcssi<lll, r{'.s11lla11t de la ,e11te par J'l1{·rilicr eles l>ie11s l1érédi-
laircs. ()e 111e111e, la rc111isc ,·olonlaire (!u litre faile llar le· créaucier au dél>i-
l<'ur sa11s r1•c<'¡>Li1)11 (lPs 1lt•11iers va11t do11alio11 i111lirccte. l)c 111er11e enctJl'l',
l1• locataire 1¡11i, 11 la 0.11 (!11 l>ail, reslc clans lt\S licux lou{·s, csl co11si<lérú
c1,111111c 111a11if<'sla111. 1i111lirecl<'.ll1c11l'i sa Y<llo11Ló <1<'. rclo11cr. C't\sl IP cas clil de
la lr1cite rci:01111111:lion (arl. 1 ¡;1!1).
'1'0111~ 11 I 'l

·>.!)O. LIVI\E II. - TITIIE PllE~IIEI\, - J>RE~IIEI\E PA.RTIE. -·-- CJL\PITRE II

Le silence peut-il valoir acquiescement 1 :1 -- 1.c site,ice sc111l1lc


lJie11 etre le co11trairc de la n1anifestation n1e1nc indirecle lle volonté, aY(:c
Iaquellc on le· confo11d sou,·ent. Celui q11i garclc le sile11ce ne fait auc1111P
n1anifestatio11 ex térieure. Son a tti t11cle to11te alJslensi,·c ¡1c11t-elle ccpendan l.
1\tre parfois inter¡Jrétée co1n111e l'équivalent cl'une 111a11ifestalion de Yo-
lonté? C'est la 11ne question qui a été approfondic par les aulc11rs, s11rlot1I
er1 ,\lle111ag·ne et cr1 Italic, et lJtJi olfre un réel i11téret 1Jralir111e.
1'011t d'abord, on peut relevcr certaincs dis¡Jositio11s 1Jositi,·es et forn1clli>:-
lle notre Droit assin1ila11t ,
a
le siler1ce 11n acc¡uiescen1ent. I.e cas le plus ca- .
ractéristic¡ue, c'est celui de la lczcile reco11duclio11 ,0 11e rlu cóté llu baillettr.
Dans celte l1ypoll1ese, ren1arq11011s-le, _on rencontre cote á cote, la fois a
une 1na11ifestatio11 irz(lirecle de volo,ité et le simple si/erice. 11 y a 111anifestr1Lio1t
i11direcle de volonté ele la part clu pre11eur, q11i co11ti1111r sa j<Jt1issance aprt•,-.
\;expiratio11 du bail; et il y a silence tic la 11art clu !Jaille11r c111i le laissc P11
possest-ion eles lieux lo11és. Ce silence c\11 lJai lle11r Yaul ac<¡i1iesce111c11t; i I en 1-
¡Jorte forn1ation d'un no11veau contrat, a11x n1en1cs co111litio11s r¡11c l'a11cic11.
Sans rx11n1iner ici la q11estio11 controverséc ele savoir ,_¡ la rtig·le ele la lacitP
reconcl11clio11 peul s'aJJ{Jliq11er a cl'a11tres co11trals 1¡11',\ celui d11 lo11ag·c
ll'i1nn1cubles, notamn1e11t au contrat de lra,·ail et 1111 co11trat d'ass11ra11cc
('r· 11ote lle ~I. De111oguc, s011s S. 1911.2. 129), no11s re!('-verons dans les
texlcs positifs u11 aulre cas cerlain rl'acquicscc111c11t J)ar Ir silence. (;'rsl
celui d11 111ari laissant sa fen1111e cxercer le con1111crce 011 lo11tc a11trc J}I'<>fPs-
,..¡on sa11s prolestcr. _Ce silcnce {·c111iva11l á a11Lori:--alio11 / \rt ..11, C. co111.).
Si, aprcs la loi, 11011s interrogeons la j11risprulle11ce, 11011s a¡Jer-~evro11s
cle11x sortes ele cas 01'1 nos tril>una11x acl111ellent. c111c le silPnce co11ser,t'•
a pres 11ne olfre ,,a11t acq11iescc111cnl.
1° [! en est air1si q11a11cl il s'agil des r11lalio11s ele 11rrsr11111cs a11Léric11rc-

IJ1enl en rapporls ,l'a.ffai,·cs. C)uc, ¡1ar exe1n¡1IP, 1111 rP:--la11rate11r de ¡Jro,·i11cc


.'.·crivc 11 11n 1nnrcl1ancl de con1esl1!Jles de Paris, sou f(111r11issc11r l1a!Ji 111el,
r¡u'il co111ptc sur lui po11r l11i ¡1r1)c11rcr lellc 011 IPl!r rlc11r/·e 11 l'occasici11 eles
('<~tes ele Noel, l'al1se11cc lle r{·¡1011se ace lle Ir! 1re:' Ya11 I acccplatio11 <ln la
,·0111n1a11rlc (\(011lpcllicr, :i juillel 188:i, S. 8G.:i.5(i; 'J'ril1. r;,1n1. :\'anl(•s,
19 111ai 190G, D. J>. 1no8.:i.:~,;{¡, 1, F:n 111:ilit'~r<· ele r:0111u1ercc, 1lit ]'1111c :elr•,;
<lúcisions pr~citées, l'n.bsc,icc ,le r1:¡Jo11sc ,'¡ tllll' lcllre J,·rilr' 11 )'r1ccasic>11 dl'
rPlalions cl'alfaires cnla111t'.•es tlr1il. i'lrc rt'-¡111tc'·c val11ir cr11111111' ,·1111,-.cr1lc111r11l. n
I)(~ 111(\111r\ 11011s cslirr1rJ11s 1¡i1'e11 1l1alit')re 1ln 111a11<lal l)ll de co111111issio11,
11• 111anclatairn 011 le c11111111issi,i1111airc, <J11i a co11l11111r~ <il' f'aire il<'s <>¡1t'.·rati,i11~
[H>t1r le cornpte 1111 c0111111ell1111t, (~sl r{•¡111lc'· nYc>ir accr¡1tc'\,s'il 0111cl<lc rc'\JH>11- \

1lrc 11(•g·atiYe1ncnl 111111c lcttrc l11i d(JI11H111I 1111 111a11dal 1111 111H1 c11111111i~sin11
1-\'. e11 ce scns, art. :{:i:{, (:. cc1111. all!'111a11(!; arl. ti(i:I, c:. 1·i, il allc111a1HI:
arl. :{!)5, (:. s11issc c\cs <)l1ligalio11s).
'.Aº l,a j11rispr11dc11cc a(l111ct parcillc111r•11I qu'il ~· a adlH'•:--Í(>II rc'•s11lln11l d11
~ile11ce, lorsq11'il s'agil ele rl111tscs i11sér111•s 1/n11s 1111cf11c/11rr•. \·<1ici Il1y11otl1t':,-.r
;, cnvis11g<'r.•\pr<\s co11cl11sio11 tl<'.·l111ilivc(l11 c1i11lrnl el livraison (lf's 111arcl1n11-

1. narrnult, Essai s11r le rrJ/e dr, sile11cr cr,'at,11r d'obliga1io11s, tl1i•s<· Di.ion, l!ll:l.
,
CO'.'!DITIO:_,¡s DE FOR~IA'l'IOX ET DE ,,_\.LIDITE DES co:_,¡TRA.T:'i '.!91
<lises,le co111111eri;ant expéclitc11r joi11t al'c11voi u11e fac_tt1re co11tenar1t,t111e sti-
pulation non indiquée a11 1110111e11t de la for111ation du co11trat : par exemple,
« payable au domicile d11 vendeur n, ou e11core, une cla:use limitant a t1n
certai11 nombre ele jo11rs le droi t po11r l'acheteur d'exercer des réclamatio11s,
ou enfin cette clause que le prix est payalJle par traite a la fi11 elu 1nois; Le
<lesti11ataire q11i ne proteste pas acccpte ces co11ditio11s. 'l'elle est du 111oi11s
la sol11tio11 g·énéralen1ent ad111ise. ()n la fo11de s11rtout sur l'article 109 cl11
Code de co111111erce décidant c111c les acl1ats et ,·entes se conslatent par 1111e
faclure acce11tée. L'usag·e · ll'acce¡Jter récllement la facture est l1Jn1bé e11
désnétude, 1nais on acl1net que cette acceptation résulte du silcnce ,Ju
destinataire (Req., 26 cléce111bre 1898, D. ll. 99.1.319, S. 1901.1.326; Rec1.,
_27 j\i,nvicr 1909, D. P. 1909.1.173, S. 1909.1.136¡. Cette jurisprudenc.e, 1)11
le rerr¡.arq11era, 11'est d'ailleu1·s 1Jas sa11s dang·er. La clause H payahle·a11
domicile du vendeur n est partic11liere111cnt cléfavoralJle a l'acl1eteur, car
elle emp,Jrte une dérogation a11 Droit co111111t1n e11 elonnant co111pétence a11
triht111al du do111icile d11 ve11cleur (arl. 420, C. proc. civ.), tandis c1t1e, <le
droit co1111nu11 le paien1ent étar1t qt1óral)le. le trihu11al co1n1Jélent serait
cel11i de l'acl1eteur.
En dehors de ces l1ypotheses spéciales, 11011s devo11s co11clure <111e le,
silence ne peut pas obliger Il ne peul pas etre co11sidéré con1me 11110
n1a11ifestatio11 de ,·olor1lé. Il 11e sat1rait el1·e ici <¡t1eslion d'in,·ocruer l'adage:
Qui ne dit 111ot consent ; ni ele gé11éraliser la for1nule clu Digeste : <Jtti l<icel
co11sentire videtur. Un arret ele la Cour ele cassatio11 (Civ., 25 111ai 1870, D.
P. 70.1.257, S. 70.1.341) a.posé le pri11cipe el'1111e fai;on trc!s fer111e: ()11 ne
sa11rait, cl'a¡Jres cet arret, considérer co111111e ayant sot1scrit it une én1issio11
<l'aclions le tiers <¡ui s'est IJor11{• á laisser sa11s répo11se 11ne leltro.<l'11n
ba11c¡11ier, l'i11for111a11t c111'il l'a 1>orté sur la liste lles so11scripteurs ele ces
actions et clélJilé el11 111ontar1t cl11. 1Jre111ier versement á ell'cctt1er.
Dcpuis, la jurispruclenee s'est 11ror1onc1\e dans le 111e111e se11s á propos ele
l'a)Jonnen1e11t á u11 jo11rnal envoyé avec priere de le refuser, a11 tas 01'1 on
IIC ,·ouclrait pas acceplcr 011 re11011vclor l'al)Olllle111e11t, 011 CllCOl'C,. a propos
<.le l'e11voi d'écl1anlillons 011 ele cli¡1l,'.i111os, acco1npagués cl'u11e lctlre i11for-
n1a11l les dcstinalair·es c111e, sauf réex¡1t'!ditio11 da11s lcl ou lel clélai, ils
scraienl. c1111sitlórt'!s co111111c acl1cle11rs (''· 'foulouso, 1 1 j11i11 1881, 1), Jl. 82.
:i.:1oli, S. 8:~.2.8; l)ouai, 10 111ars 187!1, O. 11 • 7'1.2.1;>3, S, 76.:J..150).
E11 résu111é, 011 voit que, c11 llel1ors <les clc11x l1yJJoll1cscs (lacilc reco11-
t!11ctio11 et autorisatio11 111aritalr, e11 cPrtains cas), 1it'i la ll>Í ¡1ro11011cc' for1r1cl-
le111e11t l'assi111ilalio11. le sile11cc. ne IH111t etrc co11sillórt': co1n1ne c1nporLant
111a11if'eslatio11 ele vcil1)11lú, sa11f da11s les cas 1>1'1 l'i11clivid11.sc l,ro11vc J>lacó
tlans 11110 sil11atio11 telle c111r, l'aulr<) r>artie clc,it 11écessnir1'111e11l i11ter¡Jréler
StJ!l sile11ce co111111e 1111 e11g·agc111e11l. Ccl.tc sit11alio11 11t1 srJ rcr1co11trc c¡11o<la11s
lts cas ln'1 les ¡1a1·tics útainnl e11 rel11/iu11s 1l'-l~{f,1ir1•s, u11 1l,ij1't liées ¡iar llll
<;01ilr11/ ,111lJric11r 1¡11'il s'agit tle ct111li111101·,

T.cs fails 1p1i ]><'11\t'lll vicier la ,·<1l1111tt'· PI cr111,til11c11I, dt'·s lors, 1111 ol>~,lacl,~
21)'• >, LIVI\E II. - TITRE PRE!\IIER, - '
-PRElllERE P,\RTIE. - CIIAPITRE Il

i1 la validité, parfois n1en1e a la for111ation du contrat son t : l' erreur, le do!,


et l[t viole11cc. Par exceptior1, la lésio11 peut quelquefois produire le 111e111e
elfet. . .
Nous no11s occuperons successive111e11t: I. De l'erreur; II. Du dol et ele la
, iolence, q11'il importe de rapprocl1er 1)our la clarté de notre exposition;
111. Delalésion.

I. - De l'erreur •.

Notion générale. - L'erreur est 1111e représe11talio11 fausse ou i11exacll'


tle la réalitt'·. Elle consiste, disait Doneau, a croire , rai ce qui est faux 011
0

fa11x ce qui est ,·rai.


On disti11gue deux es peces d' erreurs : l' er1·eur de droil et l' erre u,· rle f ait.
L'erre11r ele droit to111be sur une regle de droit, c'est-a-dire sur le droir
ol)jectif. L'erreur de fai t lon1l)e sur des faits matériels.
Voici u11 exe1111Jle d'erreur de clroit: 11aul, r11ine11r ele seize ans, est 111ort
aprcs aYoir fail un teslan1ent. Je suis son l1éritier et j'exécule les legs conte-
nus da11s so11 teslan1ent, ignora11t c1u'1111 111i11cur de seize ans 11e pe11t pas
!ester (\'. 1111 autre exemple sous Ci,·., 12 n1ars 1845, D. P. 45.1.202, S.
45.1.5:it1)·. Supposons, au contraire, que j'ai exéc11té les legs conter111s da11s
11n testan1ent de JJa11l r11'inslituant so11 l1t'irilier, da11s l'ignorance d'u11
testan1e11t postérieur qui révoquait les legs e11 questio11. Voila u11 exen11)le
1l'erreur de fail. L'erreur de clroit, con1me l'erre11r defait, Yicie le co11sen-
lc111ent de cel11i qui la commet. 11 11'y a done pas lieu cl'établir de diífórenc!'
entre leurs efTels. Celui qui s'est tron1pé n1érite daos les cleux cas la pro-
tection de la loi. 11 doit e11 etrc ainsi lo11t a11 n1oi11s lorsc1uc l'crreur est
Lellc c1u'clle ,·icic gra,·emc11t le conse11ten1e11l, lorsq11c, en d':i11trcs ter-
111es, c'csl l'crrc11r co111n1isc c1ui :i détcrn1i11é le contracla11t a s'ol1liger.
Mais l'applicatio11 de cellc ri.'glc si si111plc da11s sa formule csl fort diffi-
cile. Elle a cxcrc{· de to11t len1ps la sagacité des jurisconsultcs .

Droit romain. - Daos le vicux Droit ro111ai11, la for11111lc d11 co11trat·


sculc i111¡Jc>rlail. U11r fois qu'cllc ótait prono11céc, le contraclanl 11c po11Yait
¡)as invoq11cr 1111c <'rrcur c¡u'il a11rail con1111isc, 111e111<l si crllc crrr11r avait
(·té provoqtu\c l)ar le clol de l'a11lrc parlic.
l\lais, contrc C<'llc C<)nccptio11 j11ridit111e ¡iri111ilivc et. 1lés111;le 1111c 11rJuvclle
tl1éoric sP 1lrcssa <ii·s la fi11 <le la lló¡111!Jliq11c, c111i inv1i<111ait le r1is¡Jccl 1/c
lrt vo/011/1: 1/11 co11lracla11t. Cel11i <111i cst. 1la11s l'errP11r, 1lil-fJTI cl<'·sor111ais ¡1l11s
1,
~·quitalJlc111enl. 11r ve11l ¡Jas co11traclrr: 10,1 vi1le11lur r¡11i crr1111t co11se11fir1·
(116, S ::i, l>. 1[,, rer¡ ..ittris, I,, 1¡); /;'rr,111/is 1111/la volo11Lr1s (:1<> )). 1{c ,11¡1111
¡¡fuv., XXX.l\, :{).
'l'o11lcfois. le l)roil ro111ai11 11n se <l<'•gagcaja111ais c11li1\re111ent de sa co11cc¡1-
t.io11 prc111 ii·rP. el, sa11s se livrcr ja111ais .\ la rccl1crche ¡1sycl1olc1gic¡11e 1le la
v<>lonlt'· <lPs cc>11lract.a11Ls, il :,;'c11 tint _lo11jci11rs ¡1l11s r111 111c1ins :'1 la 111a11i.

l. \'. Savigny, Trailé de Droit ro,11ain, tra<l, 1:ncnonx, t. 111, § 23:i et s., p. 2H7.
,\pprndicc, p. 327.
CONDITIONS DE FORM ..\TIO'! ET l)E ''ALIDITÉ DES CO'!TRATS 293
festatio11 extériei1re de le11r Yolo11té. ¡\ussi 11'est-il pas arrivé lt eles i·ési1ltats
bien satisfaisa11ts en équité Les cas d'erret1r reconn11s llar lui se ramcncnt
a des cas de déclarations an1bigues ou irréalisables. 11 y aYait, en efTet.
po11r les Ro111ains, trois cas d'errcur cxcl11si,·c d11 consentcn1e11t: l'erre11r
1° i,i ,iegotio, 2" i,i perso,ia, 3° i,i cor¡Jore.
1º I)error i,i ,iegotio, possil1le seule111e11l dans les co11trals 11011 for111els, esL

celle t{lli se procl11it r1uancl l'une des ¡larties a cr11 fairn lel contrat, par
exe111ple i111e ,·ente, et l'a11lrc partie 1111 autre contrat, ¡lar exc1111Jlc 11ne loca-
tio11 /5 C. plus val. q1iod agilur, IV, 22).
:1° L'error in perso,ia qui, remarc¡i1ons-lc, est loiijo11rs. Jlour les llomai11s,
a
11110 ca11se ele nullité,co11sisle avoir co11tracté ayee ur1e perso1111e e11 croyant
traiter avec une a11tre.
3º Enfi.11, i·error i,1 corpore, c'est-a-rlire celle c¡i1i 1Jorle si1r la cl1ose, ol1jet
tlt1 contrat.se llrodui t, par exemple, si je crois acl1eler le fo11cls Se1npro11ic11
et si vous croyez 111e vendre le foncls Cor11élicn (9 pr. D. rle co1ilrah. e111¡Jl.,
x,·111, 1). llentre dans l'erreur i,i co1 1Jore, l'erreur Slll' la Sllbstance ou
co111positior1 n1atéricllc rle la cl1osc lexe1111lle : j'ai cr11 en or u11 objet <1ui
étai t en cu i vre), 111ais seule 111e11t s' il s ·a¡.,ri t d'11 n contra t ele !Jon ne fo i ( 1 o
D. lle co11lrah. em¡Jl., XVIII, r) .
.-\jo11to11s qu'en J)roit ron1ai11 l'erreur e111pt\cl1e· la for111atio11 cl11 co11trat;
elle le frappe to11jo11rs d'une 111illité aúsolae.
,\i11si, cl'une part, les Ro111ai11s, 111oins fi.ns a11alystes ici t1t1'ils ne le so11t
a a
J l'orclinaire, 011t restreint l'exces la prolcction due l'erre11r. J<:t, cl'a11tre
¡Jart, ils n'ont pas s11 en graduer les elfets s11ivant sa gravité.

L'ancien Droit fran9ais. - Nos a11cie11s a11le11rs 011t st1ivi les regles llu
Dr<1it ro111ain (lJotl1ier, Obligatio11s, 11'" 17 et s., éd. B11gr1et, t. 11, p. 13; Proc.
civ., 11°' 737 el s., éd. l3ugnel, t. X, p. 35:i). i\lais ils ont 111odifi.é et pcrfcc-
tio1111é les solutions clonnées llar ses juriscons11ltes s11r les points suivants:
1° l?rre11r sur la s11bsla1ice.- Pour Poll1ier, il y a erret1r s11r la substa11ce,

lorsq11'elle tornlJc s11r la 1¡11alité c¡11e les co11lrr1ctants o,it e11e JJrincipale111ent
e,i v11e et qt1i fait la s11l1sla11ce ele la cl1ose. On voit da11s cette forr1111le
nne 11011Yellc iclée ap¡Jaraitre, plus sou1Jlc, 1r1oins si111plistc que cellc eles
Ron1ai11s po11r <111i la s11IJsta11ce ele la cl1ose, c'est la 11111/iere c¡11i en for111c
la co111¡)osi tic)II.
'.!" ¡;;,.,.Clll' Sil/' la /JC/"SOllllC clll coco11l1·acta,it. - Ici e11co1·c, llOUS trouvo11s
cl1cz {lotl1ier 11110 clisli11clio11 11011vellc et lo11t :\ fait l1c>ure11se: <( 'foutes les
fois, 11ous dit-il, <111c la co11sitléralior1 de la persor111e aYec c1ui je veux con-
tracler c11trc l)Ot1r <111elque cl1tJse clans le cc>nlral que je veux faire, l'crrcur
s11r la 11ersor1nc llétruil 111011 conscntcme11l et re11cl ¡iitr conséque11t la
ro11v1111li(J11 1111lle. 1\11 contraire, l1>rsqt1e la co11sidéralio11 ele la perso11ne
avec <111i je croynis c<J11traclcr 11'esl eotrée ¡lo11r ric11 clans le conlrat, nt 1¡110
j'aurais i'ig-alc111e11l vo11l11 fairc ce C<Jntrat. avec <¡11elque ¡1erso1111c <¡11c ce f11t,
co111111c :1vec celui avcc c111i j'ai cr11 co11tracler, le C<)11trat cst ,•ala)Jlc. ,J
,\jo11to11s <[IIC l'olhier i11lr<J<l11it 1111 a11lre cas tl'nrre11r (/'roe. civ., 11° 7:{7).
<:·r.st. l'r.rr1\11r sur /11 c1111se. 11ar exc111r1le, clit-il, (< si .1111 l1érit.ier t)asse 1111 acle

t ' '
LIVRE ,11. - TITRE PREllIER, - '
PRE~Ill,RE P ..\RTIE, · - CHAPITRE 11

})ar lcqucl il s'oblige de paJer une rente viagere it une perso1111e a c1ui elle
a,·ait été lég·uée par le tcsta111c11t du défu11t, da11s l'ig11orance 01\ il est que
ce testa111ent a été ré, oqué, l'errenr dans laq11elle il était sera un 111oyen
0

suffisa11t pour obte11ir des lettres de rescisio11, afin de se faire restituer


contre cet eng·agen1e11t, lorsqu'il aura appris la révocation du testament. n
3° Résultat juridique de l'erreur. - wle111e prog·res er1 ce r4ui concer11e les
efl'els de l'erreur. Po11r nos ancier1s auteurs, l'erreur e111porle, selo11 les cas,
í-Oit la nullité absolLte, soit la 11ullité relative du contrat (l)otlrier,
'
Proc. civ.,
11" 737, éd. B11g11el, t. X,}), 353). Il faut disli11g·11er, clit l1 otl1ier en subs-
la11ce, _.plusieurs es¡)eces d'erreur. 11 )- a d'abord celle qui porte sur la
cl1ose-n1en1e qui fait l'objet de la co11v-ention ; elle détruit e11tieren1e11l le
co11se11le111e11t. Par conséque11t, il 11'est pas nécessaire, er1 ce cas, d'avoir re-
cours.aux lettres de rescision. 11 e11 est de n1en1e ele l'errelll' <¡ui co11cer11e la
JJ1Jrsrni1ie, co111111e si je donr1e a lJierre, croyant do11ner h Jacques ; il 11'y a
aucu11 ·co11senle111ent, aucune conver1Lio11, aucune do11a tion. 1\u contraire,
l'crreur.s11r fa <Jlllllité des clioses, l'erreur s11r la subsLar1ce, est une cause de
resLitutio11. c'est u11 n1oye11 de rescisio11 co11trc l'acq11isitio11 q11e j'e11 ai
faite.

Le-.Code civil. - L'article 1110, ,isible111e11l i111prég·11é d11 s011ver1ir de


l'otl1ier, 11e ¡Jarle que de deux espcces <l'erreurs : l'crreur s11r la sLibsla11ce;
l ·errcur s11r la JJe1·so1i11e, lorsque la co11siclératio11 tic la ¡Jcrso1111e a élé la
crtusc }Jri11ci1Jale de la co11ventio11.
L'article 1117 ajo11le crue la conve11tio11 contracléc par erreur 11'esl poi11L
11ulle ele IJl(•i11 liroit, 111ais clonne se11len1e11t lic11 lt u11c actio11 e11 1111llité. En
cl'a11tres tcr111es, les deux causes d'erreur i11dic1uée3 ¡)ar l'articlc 111 o s011!
tle;-; ca11ses li'a111111lalJililé <111 co11lral. I~a 1111llilé ne JJe11l etrc i11,oc111éc c1ue
llar c.el,1i c111 i a co111111is l' crrc11 r ..
Or1 voil f!tll', en ce crui co11cer11e l'erre11r sur la pe1-.~01i11e, les r{:clacle11rs
<lt1 Code se ;-;011l sé1Jaré;-; <le 1ioll1icr. l)c }Jlus, leurs llis11osilio11s so11t 111a-
11i feslc111c11l insuffisa11Les. -11 a fallu c¡11c la cloc! ri11e 1ncirlcr11c e11 co111 IJl¡\l les
lac111,1es.

Théorie dootrinale moderne des effets de l'erreur. - l)'a¡Jrtis la


l)c1ctri11c n1ocler11<', l'errc11r ¡Jroduil <les cll'cts tlill't'·rcnls selL>ll les cas. 'l'a11-
lt'1l, clic cst clcslr11cti,e du C(J11sc11te111e11t., el <ll)JlIH' par co11st'•quc11t lic11 it 1111c
1111l!iLé aos<1l11e; La11l<'.1t, Pll() csl 1111e causn <le sin1¡1IP a111111l11liilil<'· (1111llité
rrlalivc); ta11[1\t e11fi11, clic 11'esl ¡ias prise c11 consitlf•rali(Jtt.

1" Erreur destructiva du consentement. - <>11 la rc11conlr1) 1la11s eles


l1)1ioll1cses, }Jratic¡uc111e11L Lr<'\s rares, 1nais c¡ui 111· sc111L JJas Lo11t .\ fail sans
PXCl[llllcs. c:('s l1y¡11)ll1<'•sps S()Jll ª'' 110111l1rc <In (l'ClÍS:
.
,\. - L'errcur a ¡1orlé-s11r la 11ature ll1\ la co11\Ct1liu11. (~'csl l'error i11 11e-
.

!/Ol.io ron1ai11c. l~xc111¡ile: 1111 contracta11L a lrailt'•. HY(lC u110 c<.i11111ag·11in Ll'11ss11-
r,t1tces 111ul11clles, alurs c¡11'il cr11yait Lrailcr ayee u11c C(lllt().lg'IIÍC rl'ass11-
ra11cos a {ll'Íll)ClS liX<'S (l\ec¡., (j lltai 1878, !). 11• 8(),1.1'.J., s. 80.1.1'.-l:l: l{c1¡.,
18 (l{~cc111l1rr 1i11:>., (iu:. [>a/ .. 1•·· rnars 1i11:1.
\

.
C(J'\"lllTIO'.XS l)E Fon,rATIO:X ET DE ,, A LIDITE llES CO',Tl\A TS 290
-
13. - L'crrc11r a JlOrl<'· s11r l"icle11tité <le la cliose c111i fail l'ol)jct rlu cortlral.
c;·est I'er!'or i,i cor¡iore, JJl11s th{~oriq11e que llratiq11e.
C. - L'crre11r a porté s11r la caitse elu co11tral. 011 en renconlrera eles ex:e111-
lllcs surto11l ert u1aliere tlc paie1ner1t. C'esl ainsi q11c le paiement pourra ,1trc
a11n11lé, cla11s le cas ot't ur1 dor1neur d'ordre a11rait llªYé le cor11111issio11naire
.,-;ans savoir r111c cel11i-ci avait fait contre l11i la co11ll'e¡1arlie, ce e¡11i le disJJen-
sail de 1)a~er 1.ltc,1., '.i8 octolJrc l!)03, l). 11 • '!)º'1.1.88. S. 1got1.1.t136; Ci,.,
'.i8111ars '!lº'r, l). J>. 1905.,.65, 11ole de :\l. l,éo11 I,acour. S. 1got,.1. 11?i6).

:1º Erreur cause d'annulabilité. - 011 la rer1co11tre dans les deux cas
,-;11ivants: l'errcur su1· la ¡Jcrso11ne, l'erreur sur la su)Jsta11ce de la c\1ose .
.\.. - Itrre111· s11r llt ¡1el'so1i11e. - Elle n'esl une ca11se de nullité, dil l'arti-
clc 1110, al. ·i, r¡ue 1¡11a1id lci co1isicléralio1i 1/e !et ¡1erso1111e a l;lé la cause
¡iri11ci¡1c1le 1/e /11 co1ii•c11lio11.
C'esl le jug·e r1ui déci<le el'a¡)res la 11at11re de la co11,entio11, les circons-
lauces parlic11lieres ele la ca11se et l'intentio11 des parties, si cetlc contliliou
esl cJu 11011 réalisée, s"il ·' a e11 11n 111ot i11.tiiit11s ¡1erso11lc. Dans les co11trals ll
litre ural11ü, il y aura to11jours i11liiitus perso,itc. i\lais 011 le re11conlrera
aussi dans 110111IJre <le co11lrals a litre 011ére11x, tantol des deux C<Jtés, par
c\e111ple, dans la sociélé, tan lot du coté ele l'u11 des contractants, par
1·xc1n¡Jle clans le contrat ele travail passé avec te! ir1gé11ieur, tel cr11plo)·é, ou
c11c<>l"C, ela11s le co11trat <l'e11treprise conclu avec tel arcl1itecte, tel pei11lre,
lcl slal11airc, tel 111écleci11, ele.
llie11 c11te11d11, ¡)our que l'erre11r sur la 1)erson11e soit u11e cause de 11ullilé,
il 11'esl pas indisper1sal)le c¡11'elle porte sur la person11e pl1ysiq11e; il suflit c111'il
~- ai L crre11r sur 1111e r¡1ialilé ele la persor111e que l'on avail pri11ci¡Jale111c11t e11
, uc el r111i a été le 1ruJLif <l<'•ter111inant de la co11vc11Lio11. ,\.i11si l"erre11r sur la
Jlt'<>fcssio11 rl11 localaire ou de l'ass11ré sur la vie pe11l faire ar1nuler le IJail ou
!' ass11 l"HIICe.
11. - ltrre11r sur !(t s11/Jsla11ce. - 11 L'erreur n'esl 1111e cause ele 11ullité
ele la ccJ11vc11licll1, 11ouselil l'article 11<J1, 1"· al., r¡11c lorsq11'cllc tor11lic s11r la
s11l>st.a11ce r11<'\111e ele la cl1osc q11i e11 cst l'o)Jjel. » ()uc fa11L-il e11tcndre par
suhs/11r1ce ~ No11s l<)t1cl1011s ici a11 poi11L le plus d{!lical de la l)octri11e 1110-
1lcr1H•; auc11r1c exprcssi<111 11'{•ta11t peut-,\trc s11scc¡1Li!Jlc de plus cl'acce1Jti(lllS
,li,erses '.
llans le syste11u· le pl11s si.riel., <J11 s'allac:l1e u la 110Lio11 objeclil'e el<' su]Js-
lanc,1. f.,a s11l>sla11ce scrait. soil, co111111c clH·z i<'s l\,1111ai11s, la 111atiere ele
l"objet (j'ai acl1ct{: llcs fla111l)caux: lle !)ro11ze argPnté ,¡ueje cro)"ais e11 arge11l),
soil, ce q11i cst ll(ji't r11oins {•lt'<)ÍI., l'c11se111J¡Je tics <¡ualités 011 JJl'O})rit'·tés
do11I la róu11icJ11 lltileru1i11c la 1111l11re s¡111ciji1¡11e rle l'c,lijcl el \(' <lisling11e11I,
,l'a1lr,'.s les 110Lil>11s c1>111111unes, <les cl1oses <le Lrn1I.<) aut.rc especc. <:ette í>pi-
11i1lll ,>ll're l'ava11Lage <1'1111 critt'iri11111 ,ilij<)Clif, 111ais elle est lro¡> élrciitc.
L11c erreur sur· u11e 1¡1t11/if1: <le la chosc, si i1n¡HJrla11le <¡11'clle soil au ptii11l
<le \'tic <le la vale111· ,le cct.te cl1osc, JJar cs.,1111¡>lc l'crreur s111· l'1111cie1111clé
t. Fuhini, l'ontribu1io11 a l'étude de la tht'orie dt! l'erreur sur la s11bsta11c11, l\el'. tri 111,
rli: l>roit civil, l\lO:!.
LlVl\E 11. - TITRE PRE~IIEI\, - '
PRElllEl\E 1',\l\TIE, - CIIAPITIIE II

d'un bibelot, Sllr I'origi11e d'une mu,·re d'art, nola111111e11L sur la 1Jerso11nalité
de l'arlisle c1ui l'a peinle ou scl1lplée, ne st1ffira pas pour faire a11nuler le
con trat !
llourla11l, il faut ajouter q11e les a11teurs qui défe11cle11t celle 1Jpini1111,
;\l:\I. ,\ubry et Rau 11otan1111e11L, y apporle11t u11 le1111Jéra111ent i111porla11t.
D'apres eux, si les par ti es onl Lrai té e,i viie d' i11ie quulité lléterr1ii1iée é11011c{•('
llans le co11lrat ou Sllr la facture, celle qualilé devie11t l1r1c co11cliLio11 ele la
con,·entio11, et son absence e11trai11e résolulion du contrat.
Nous croyons cepcnclant ce syste111e i11acl111issible. 11 re111011Le tres er1 clcr:i1
lle Potl1icr qui consiclérail con1r11e pouva11t etre si1bsta1itielle une c¡11aliLé qucl-
conque de la cl1ose. 11 a le grand Lort de préte11dre éli111iner toule apprécia-
Lion de la ,·olonté des cor1lraclants, con1n1e si cela était possible e11 line 111a-
liere ol'1 c'est cetle Yolonté, ayec ses ,·ariétés et ses 11l1ances, <111i conferc ii
cl1ac1ue 01Jéralio11 sa pl1Jsiono111ie propre. E11fin, il n'a 111en1e pas l'ava11ta¡,:-c
ele four11ir un criléril1111 ccrtain, car il cst lJic11 clifficile <le cl1'.tcrn1i11rr
a ¡i,·iori ce q11i dor1ne it cl1ac¡11e ol)jet so11 caractt'·r<' spécific1110, el d'éli111i11or
par consé<111ent l'apprécialion cl11 juge, ce r1ui clovrait elro cepc11da11l 11\
résullat d'un systen1e olJjectif.
:\"ous c1:oyons clo11c, 11égligea11t les opinio11s i11Ler111édiairos, 1lc,oir 111,11s
rallier au sysleme subjectif, d'a¡Jrcs lec¡ucl il fa11t se li,rcr clans cl1ac¡t1c cs-
11ecc i1 la rccl1ercl10 lle l'i1ilenlio1t des ¡1c1rlies. La sul)sla11ce ele la cl1ose. c1•
11e sora done pas u11 c11se111lJle ll't'•lén1e11ls slal)los, loujo11rs los 1111~111e:-, <¡neis
1¡ue sc,ic11t les co11lracla11ts.

CP scrl)Itl., au co11trairo, eles élé111c11ts varial)le,-
avec cl1aq11e i11cliviclu. Ce sora la q11alité q11e le co11Lracla11t <>11 los co11trac-
lants avaie11l pri11ci1Jalc111cnl en Y11c, celle q11i les a lléter11ii1ié.~ it co11traclcr.
cclle c11 t111 111ot clcJ11L 011 l)ClIL llire: <1 Si l'inlércssé a,ail co111111 s1)11 crrc11r,
il 11'Pi1t ccrlai11c111c11L lJas fail le contra!. »
C'csl Licr1 e11 ce sc11s l{UC ¡Jarall s'elro lixt'·c la j11ris¡,ruclonc<' .. \.i11si, ell"
ar11111le l'acl1al cl't1r1 ol,jcl cl'art, loi·sc¡ue ccl ol)jct ll'art csl 1le l'al>ricntic,11
réccnlc <'L 1111c l'acl1ele11r 11'y allacl1ail ll<' ririx c¡u'it raison de s1,11 anli<~uitt'·
pr<'·s11111{·c (J>aris, 1''llt•co111l>ro 18¡¡, S. ¡¡.:>..:):ij; 'l'ril). Sci11\', :ijan,ier '!I' 1.
(iaz. 7'rib., :ifi f{:vricr '!JI 1; 13or1lcaux, , ¡ 111ars I\)I I, ],e /)roil, !) 11ovo111l>rí'
I!)' 1). l•:Ilc an11ule lle n1<\111r• la Yl'llle <1'1111 l<·rrain d<·sli11t'· it la c1,11slr11cli11r1
cl'u11e t'·colc,s'il csl ensuite recon11u <¡ue ce lerrai11,¡1r1\sc11Lé cu1u111e sul'lisanl
Jlar le vc111lcur, 11'a 11as la conl<'rt:111ce cxig{•p par l'a1l111i11islration ¡Jo11r aul11-
riser l'o11verlur1) <l() l'écrJle (()rl{•ans, 18 ja11vior 18n:i, 1). 11 . \¡:i.·i.!11¡); r,11
cnccirc la ,·ente lle litres ele ])(Hirsc S<>rlis ú 1111 tirag·e a11Lt'•1·i1•ur, el, d1'-,-
Iors, rc111IJ1)ursal)les a11 ¡1air, al1,rs 1¡ue l'acl1eleur a vo11lu ac1¡11<'·rir 1lcs Lilrl',-;
11t'-gocialilcs, Jlr111l11clif's cl'i11lt\r<~I, 1lc valnur varial)ln sui,a11l le c1)t1rs <11' la
13rn1rsc (l1 aris, I!) j11illel 1890, ]). ll. !J'l,:i.:i:1¡, S. !JI .:1.81).

Le vice du consentement ne résulte t-il que d'une erreur com-


mune? - J•:xigcra-l-011 1¡ue l <'rr<·11r C<>111111isc l'ait. t':tt'i ¡iar les dPux 11.1rliPs :•
0

011 s11f'fil-il ll 1111f' crrour 1111il<1lérafc, ¡¡our 1111'il y ail 11ullit/: 1111 c1111tral :1 Sur
0

ce poi11L cncore 011 a l1eauc11u¡i lliscuté.


11 ost t'·vi1le1111uf'nl J>lus ratio11np) 1l',ul111cllr<' 1¡u'il s11l'lil 1l'u11t' r•rr1·11r

CONDITIONS DE FOR~IA.TION ET DE VALIDITE DES CONTR.,\.TS 297

con1111ise par l'une des parlics. DL1 1110111e11t 011 cll'ct que l'u11 clcs co11Lrac-
ta11ts a traité en vue d'unc Cftialité détern1inanle c1ui 11'cxislc ¡)as, so11 co11-
senteme11t est vicié, 111e111c si l'autre partie a ignoré l'erreur co111111ise,
111en1c si elle a été ele IJon11e foi. Done le contrat doit etre a1111ulé. J~t 011
pe11t lrouver des décisio11s qui consacrent ce syste111e. C'esl ai11si qu'u11
arret a a11nulé 1111e vente conclue par un mandataire, par sui le cl'u11e erreur
ele trans111issio11 télégrapl1ique, a un ¡Jrix i11férieur a celui q11 ·a,ait fixé le
111anda11t (,\.111iens, 1 r n1ai l86!1, D P. 69.2. 1!17, S. 66.2. r8Gj.
J>ourtant la solutior1 (111i est la ¡Jlus logiqt1e, do1111e lieu aux cleux o!Jser-
Yalions suiva11tes :
,\_.-Elle est pe11t-etre n1oi11s équita)Jle en réalité c111'elle ne le parait a11 pre-
. 111ier abord. Un individu, découvrant cl1ez un ¡Jossesseur qu'il présun1e 111al
i11forn1é de la valeur de son 111obilier, un talJleau qu'il croit l'o~uvre d'u11
111aitre, ot1 un n1e11blc q11'il croit ancie11, l'acl1ete a u11 ¡Jrix 111i11i111e, spéc11-
la11t air1si sur la prétendue ig11orar1cc du ,-cr1clcur. l)uis, il clécou,re c111c
le LalJleau est d'u11 pci11Lrc incon1111 ou cruc le 111eu]Jle est 111oclerr1e. ~·est-il
a
¡Jas injuste q11',il puissc fairc an11uler la ,e11te, st1pposer - cl1ose d'ailleurs
a
IJic11 souve11t i111possiblc - c¡u'il soit 111e111e de dé111ontrer so11 erre11r ;i
1\ussi, ne faut il pas s'éto11ner si, da11s la plupart des décisions jucliciaires
¡1ortant annulatio11 d'11n cor1trat pour cause d'erreur, 011 rele,e cctle cir-
conslance 411e l'erre11r a été co1111r1ise par les (leux parlies, c1u'il y a cu ¡Jro-
111esse expressc ot1 in1plicitc de la c1ualilé en,-isagée co111111e substa11tiellc
¡Jar le co11tracta11t cla11s l'erreur - ou, lout au 111oi11s - (1ue la (ft1alité
rccl1ercl1ée par lui 11e ¡)cut, éla11t clo11nées les circo11stances, avo ir été ig110-
réc ¡Jar l'aulre (V l)aris, 1°·· décembrc 1873, S. 77.2.325; _\gc11, 3o avril
"" 1 SOUS (',aSS., D , 1) . ,87• I.IO;J,
l<JO,f - S . 8 í,I.ID-3 ; 'l' l'l·1). ,::,elilC,
"" . -. . 1911,
,)JallYICJ'
¡1rt'.·ciló).
13. - Si 1'011 atln1et c111't111e erre11r 1111ilaléralc ¡Jet1l elre i11,-oc1uée ¡)ar so11
a11tet1r co11lre son coconlracla11t ele ))011110 foi, celui-ci, o]Jlig·é tle sulJir la
11ullilé clu conlral, aura certai11e111cnt le droit lle récla111er it l'a11lrc 1les
tlo1nr11ages-i11térets ¡1011r 111lllilé 1ltl co1ilrr1t, a
raiso11 du ¡Jréj11clice lJu'il l11i
a11ra ca11se' par s011 1n1¡1rnt. 1e11cc e.1 sa l'cg·erc
' t'c. Ces l 1or11111ag·cs-111 . t'ere'l.s
scro11t (•ga11x :\ l'i11t{:r(\t c111c le co11lracla11l tic IJ01111e foi aurait ct1 it 11e ¡Jas
lrailPr; ils co1111)ren1lro11L, ¡iar cxe111¡Jle, le IJéuéfice <Ju'u11 vc111lcur a11ra ¡Jercl11
t'll 111a111¡11a11L clc co11cl11rc la vc11Lc avcc 1111 a11lrc an1alcur.

:1° Cas ou 1·erreur n'est pas prise en considération. --- 11 ~- a ¡Jlt1- ·


sic11rs cas de ce gc11re:
.\. - l~rreur s11r 1111e r¡ualilé 11011 s1¿bsl1111lielle, c'csl-il-,lire c111i n'a ¡Jas t'itt'·
lt: 1110Lif' 1lótcr111i11anl tl11 conlral. Vo11s avcz achclú 1111 111c~1l1lc 1¡110 VtJus
◄;rt>yicz a11cic11 el sig11é cl'1111 c'.•IJé11islc c{:lel1rc. Sor1 autl1cnlicilé csl étalilie.
<¿11'i111¡>orlP 1¡11c ce 111e11l1le soil e11 liois tle 111crisicr a11 lieu cl'(\trc 011 l1uis tic
noycr, cu111111e vo11s l'avicz cr11 i1 l)c 11u\111e, la j11ris11r11tlc11cc se rcf11sc ii a11-
1111ler la 11c':gociatio11 tl'aclit"i11s ll<Jlt liliórt\cs tlt1 1111arl ú l'ins111lc l'ac<¡t11'.r~11r;
lc'.111' lilit'~rali<>ll 110 serait ¡ias 1111e lJllalit{: s11lisla11Liellc (l,yon, :1:~ ja11vicr 188/1,
s. ,r.
8 11.:>..'1\), lll>lC el() l,)'1)11-(;acn; {:ir.,\) Jl()\'CIIIIJl'C 18!¡:>., 1). J>. !):).1.7:1,
LlVl\E 11. - TlTRE PRE~llER. - '
l'RE~llEl\E PA.l\TIE, - CIIAPlTl\E 11
S. 93.1.361 , 2 arrcts). Nous trouvo11s cette .seconde solution bien radical e, et
il peLtl y a,oir telle l1ypotl1ese oi't le ,,erser11e11t du pre111ier quart aura été
11ne co11siclératio11 esse11tielle pour l'acquéreur.
B. - L'erreur sur les 112otifs du contrat n'est pas dava11tag·c 1111e cause ele
11ullité. Cette erreur est en etTet a,itérieu,·e a11 contrat, elle J)Orle sur lles
élé111ents de décisio11 esse11tielle111e11t sulJjecLifs, ,,ariables avec les indivi-
dus el le plus souve11t inconnus de l'autre 1Jarlie. Voici u11 exen11Jle Lre s
intéressanl: U11 i11elivid11 elote u11e je1111c filie sur le poi11L de se 111arier,
¡larce lju'il croít (111'il vient cl'l1érilcr d'1111e s0111111e considérable. l\lais il
cli·cot1vre e11suite t1n testa111e11t c1ui l'a clésl1érité a son insu. La co11sli-
tution ele dot n'en sera pas rr1oins ,·alable (D. J.· G., Obligations, 115;
\". aussi Ci,., 26 111ai 1891, D. P. 91.1.352, S. 91.1.248). La regle cepe11da11I
so11fl're de11x exce1ltions :
a) Si le motif a été é1zo11cé clans le co11lrt1t con1111e ur1e · co,iditio,i clu
cor1senlerr1e11l do1111é, le contrat sera nul e11 cas d'erreur. 011 pourra dire
alors qu'il ). a e11 errcur sur la substance. lci, la volo11 l1~ des 1Jarties a
transl'or111«'.· u11e qualité accide11telle e11 c1ualité st1bsta11Lielle.
b) E11 111aliere ele {lo1zatio11 011 ele ler¡s, 1111e trallilio11 co11sla11le ad111et q11e
l'erreur- s11r le 111otif e1nporte la 11ullilé de la dis1Josilio11, s'il est établi que
le dis11(1sant c11 a fait la cor1ditior1 lle sa dispositior1 (l'oll1icr, D011alions lcs-
/(1111e11ll/il'es,11º 8'.1, t'·<l. l3ug11cl,t. Vil[, 11,229; l<'11rg·ole, J)es lcsla111e11ls, cit. \F,
sccl. r,-. 11"' 2 el s11i,-., 21 el sui,•.).
(~. - L'crrc11r sµr la solvabilité du co11lracta11l 11'esl pas 11011 l)lus u11c
cause de 1111llitt (Civ., 5 ao1it 187!1, D. l'. 75.1.105, S. 7!,.1.437).
1). - 11 e11 cst de 111e111e de l'erreur sur la 1•alc11r de la cl1ose. Elle co11s-
li lue 1111,· IL:sio11 el 11c l)Ctil etre 1111c ca11se de rcscisio11 q11'a11 ¡)rofil cl'1111 111i-
11eur rJu llans ccrlai11s cas rxc<'[llit1n11Pls.
()11 rcle,cra ce1)e11da11t <111'c11 111ali<':rc lle ,e11te de fo11tls de co11111-iercc,
ccrlai11s arrl\ls sí' so11l ftlll<lé·s sui· u11e erre11r con1mise par J'acl1elcur quant
.\ la ,ale11r llu fo11(ls, alt)l'S c¡11c Cl')lC'ltlla11l il 11') avail }JUS c11 tlol tlu ,e11deur,
¡Jo11r ¡iro11<,11cer 11011 la 11ullit{, 111ais la réllttctio111111 llrix (l'aris, !) 11ove111IJre
18!1!1, (). ll. '!lf)(),'.J.,'>. 10,' s. 1!)00,'.l.!l!)(i; Ci,., ,:, fú,·rier 18n8, 1). l'. 118, t. l\j'.J.'
S. 98.1, 1111.-,,. (;es ,l,'cisi(lllS 11011s ¡Jaraissenl ¡ie11l-1\tr1• t'·1¡11iLal.ilPs, 111ais
111a11ifesl1'.111e11t Cl1nlrairt>s it la lc1i. ()11 11'a11rait ¡J11 les juslificr 1111'r11 tlisa11I
<¡111· la ,al,:ur clu f1Jitlls 1l1· co111111crce a,ait <'L{· une 1¡11alit<'.~ snli:-Lanliellc
pour l'acl1ell'11r. \lais alclrs. la sa11clin11 cl1) l'nrrP11r 1•t11 lit', 1\trc. 11ti11 1111e
,li111i1111litllt 1111 ¡1rix, 111ais la 11ullil1: cl1· la ,e11ll'.

11. --- Dol et violence.

l,1• sec1Jr1tl el lt· lrciisit'·111c vices 1l11 co11scr1lc111e11I S<llll le del! el la vi<ilenc!'.
11 cst r1t'•ce~sairc lll' l<'S i'·I 1ulier si 11111 lla11{·111e11 L.

Déflnition du dol. Ses éléments oaraotéristiques. - ()1111111i<•lle cl<JI.


,lit l_ 1<_1ll1ier. " l1J11lc Ps¡i,'.ce 1l'arlific11 1lo11L 11110(1¡11'1111 Sl' serl 110111· l1·11111¡1cr
a11lr11i 1) : IJ11111c111 r11lli,(i/11!,•111, .f,1l/,1ci11111, 111nrhi1111/i1111c111 r1,/ cir,·111111•1•11i,·11-
, ·-
CONIJITIO'iS. DE FORMA'fION ET DE \",\.LIDITE DES COXTll.-\.TS '.l99
¡/11111, falle111!11111, rlcei¡iie11ll111111Je aller1t111 lldltibila111 1 LalJeo, 1 ¡; 2, 1). 1/e llolo
111nlo, lV, 3).
Do1r1at do1111c 1~g·ale111ent llt1 dol u11e défi11ition qui n1érilc d'etre rap1Jorlée :
<1 ()11 appellc <lL,I, llil-il, lo11te s11r1Jrise, fraude, fi11esse, fei11Lise et toulc au-
tre 1nauvaisc ,oie ¡Jour tron1per quell¡u'u11 >> íLoix civiles, li,. 1, Lit. 18,
secl. 3).
-I,e elol s'étc11cl, <JH le ,•oil, cle¡J11is les si111¡Jles affirr11atio11s 111enso11gerrs
jusc111'a11x 111,1cl1i11alions fra11cl11lr,11ses co11sista11t da11s l'cn1ploi ele fa11x Lé-
111oi11s 011 ele fa11sses pieces, e111¡1loyées ¡1011r faire 11ailre l'erreur clar1,- l'es-
¡Jril <l'1111e perso1111c el la cléler111iner it conlracter.
\insi, il 11e fa11llrait pas croire q11e le si111plc fait de 111er1tir soit i11suf-
lisa11t JJour constit11cr u11 dol. 'J'oul dépe11d des circonstances, tout eléper1el
a11ssi de la nal11rc lln 111enso11ge <)l s11rtout eles l1alJitudes. ele la ,ie cot1ranlc
el 11or111ale.
Sa11s d<Jute, il ~- a l1ie11 des cas lla11s lesq11cls l'allégalio11111ensongerc n'esl
¡)as it ellP scule é1¡1ti1•ltle1ile 1111 1lol. 11 e11 est ainsi r1ola111111en L des exagé-
ralio11s d11 ve11de111· r¡ui va11le sa 111arcl1andisc, si, co111111e disait Do111al, « ce
He so11l c111c des li11esses clo11\ l'acl1cleur puissc · se lléfe111lre et do11l la ,·ente
11r, cl1~¡Je11de IJHS ,,. Et e11 ell'el, le co1nmerce 11e ,a pas sa11s 1111 certai11 art
1lc lrornperie qui 11'est c¡t1'u11P l1abileté per111ise, 1lol1is bo,zils clisaie11t les
llo111ai11s, •~írt que les lrib11na11x se 111ontre11l e11clins ;\ large111e11l excuscr
(\-: llio111. 12 111ai 188 11, S. 8.-,.2.,:1; ller111es, íjt1i11 18í8, ]). IJ. 7!1-'.1.125,
S. 79.2.:1/11). De 111e111c, les ¡Jro111e:-ses fallacic11ses, si elles 011l élé failes
sa11s 111anmu,rc caraclérisi'·e, 11c co11stitue11t pas le clol. Il e11 esl ai11si
¡lrinci¡1alen1e11l lorsq111· ces 11ro111esses résultent d'afficl1es 011 de ¡Jros1Jectus
linancicrs c¡ui, disenL ccrl.ni11s arrels, 11'0111 ja111ais élé co11sidérés C<)111111c
l'ex¡lre~sic,11 cxacle d<· la ,t'·rilé (''· 1\111ic11s, 1!1 f<'·vrier 187G sous Cass,
S. 77.1.!1!): París, 2\)ja11,ier 1861, sous Cass., D.}>. G2.1.!129, S. 62.1.8/19).
l•:nfi11, r1ous :,;a, <JIIS que le si111¡Jle fait par u11 incapal1lc de se ¡1résenler
con1111c ca¡1abl<· it cel11i a,ec l[tii il co11tracle, 11e l'e111¡Jecl1c ¡Jas de se pré-
,aloir ele -so11 i11ca¡Jacilé (arl. 1:107).
l\lais il y a 1l'a11Lres cas <>1'1 l'11Jjir111alio11 111e11so11r¡i·re rsl ú clic sculc
co11slil11livc dt1 dol. ,\i11si, il ns!. )Ji'tll évielenl que Je faiL JJar 1111 ,c11cleur
1l'nl'fir11H~I'. calc':¡.:-oriq11e111ent l'exisle11cc cl'1111e 1¡11alitt'· détcr111i11éc s11r la-
1¡uellt~ l'acl1ele11r ap¡H·ll<• Sl>11 allc11!.io11, Psi 1111e r11a11<e11,rc l'ra11d11leusc.
l>e nic1r1P. la si111plc rélicerice ¡>cut, lla11s cerlai11s cas, co11stit11cr un dol. ll
0

Pll PSI ai11si Cll 111aliel'(' d (tSSl//'f/llCC, (Jll <l'apres l'arl.icl<· :~ 118 llll CrJde de
<'0111111crcc, lou!1· r{·licc11cc, lo11lc l'a11ssc cléclaralio11 ele la ¡iarL de l'assuré
1¡11i di111i1111craic11I l'o¡1i11i(Jll ,111 risc111eo11 e11 cl1a11geraicnl le s11jel, a111111le11l
l'asSlll'IIIICC ,_v. CIICOl'P (:i,., 17 l'i':,ricr 187/¡, 1). P. 7/¡.l.l!):1, s. 7!1.1.'..!!1t,).
( 111 ¡1P11l so 1lc111a111lcr si le dol es!. 1111 vice 1lisli11cl <le l'errc11r. Le u1JI en
<'fl'cl a ¡>011r li11l el,~ lr1i111¡1er le co11Lracta11t, de lui l'airc c1·<1ir1: 1111e cl10:-;e
1¡ui 11°Pxiste J)!IIS, 1111 1IP l11i cacl1er 1111 l'ail. Do11c, il e11gc111lrc l'crreur cl1cz
cclui 1¡ui <'11 csl vicli111c. ,\11ssi, clit-011 s1J11vc11L <flH', elaus Je cas ele 1lol, le
C<1nse11lc11ll'lll Psi 1111I ¡>arce r¡uc 11' cu11lractanl l'a i':111is so11s 1·eu1¡Jirc cl'1111e
erre11r. <:ctl,~ a11al~sc 11«• n1111s ¡1arail ¡>as cxacl¡<•. (;'p~l l1iP11 le do/ <ftti c11le,e
'


Joo LIVRE 11. TITRE PRE~IIEII. - PRE~IIEIIE P,ll\TIE, - CHAPITI\E 11

au co11lracta11t la fac11lté d'ap1)récier sai11e111ent les cl1osc,;, lle se rendre 1111


co111ple exact eles co11clilio11s du co11trat. Le clol priYe le contracta11t ele sa
lil)erté, tout co111n1e la ,-iolence. Il vicie le conse11te111e11t. Il 11e fait pas
ql1'e11gendrer 11ne erre11r, il e11 acce11lue les eíl'els. J<'.11 pro11011<;a11t la n11llitc'~
llu co11trat c¡ue le dol a fait conclurc, la loi ve11t p1111ir le co11tractant c¡11i,
po11r cléter111ir1er l'aulrc a co11tracter, se liYre a des acles ré¡lrél1e11silJles.
C'est ¡)011rquoi l'erreur l)rOYoquée par le clol esl ele 1)l11s g·ra11cle consé-
<!l1c11cc c¡11e l'erre11r sin1ple; elle esl loujours 11ne cause de nullitt'•, du 1110-
111e11t q11'elle a lléter111i11é la partie tro111pée a contracler. ,\insi, 11ola111111e11t,
l'erre11r Slll' les 111otif~ ou s11r la solvabililé, ou sur la vc1le11r de la cl1ose. a111ittle
le co1ztral, q11ancl elle csl le résultat des 111a11mu\'rcs f'ra11clulc11ses lle l'a11lre
partie.

Définition de la violence. Conditions exigées pour qu'elle vicie le


consentement: - La ,·iolence est la co11lrainlc pl1ysiq11e ou 111orale cxcrcée
sur un indivillu ¡lo11r le clélern1i11cr i1 co11clurc un acl<:'. Elle est l111e cause
.lle 11ullilé, parce c¡ue la crainle que fait naitre la viole11cc vicie la ,,Jlo11tó cl11
contraclant. ll fa11t ¡lour cela deux conclitio11s:
1 º La _,ioler1ce lioit etrc « de 11ature a faire i11111ressio11 sur 1111c ¡)erso1111e
raisonnalJle n (art. 1112-1113).
Le Droit ro111ai11 se 1no11lrait ici ¡il11s séverc: il cxig·cait c111e la violence
fi.\t capal)le cl'é111011Yoir 1·110111111e le ¡)111s co11rage11x, 1·01isla1ilissi1111t11i · vi-
r1i111 (G, D. r¡1tollt1iel1_1s cu11Sll, IV. :1). L'article 1, 1:;i, al. :1,,ient e11corcalló1111er
la regle c1u'il écliclc e11 ajo11ta11t c¡11' <( 011 a égard c11 cellc 111aliere i, l'.l.gc, au
scxc et it la conclilio11 des person11es n. ,·ai11e111e11t l'a11le11r ele la ,·iole11ce '
allt'·g11erait-il c¡11e le 111r>cle ele conlrai11le c111ployé par l11i (1Jar exc111¡llc, la
111e11acc <le jeter 1111 sorl s11r les J¡cslia11x 011 cl'c11vo1iler les e11fa11ls cl11 co11-
lracta11t) 11'élail ¡Jas ele 11alure 11 faire i1r1¡)rcssio11 s11r 1111e ¡)erson11e raisor1-
11alllc. J,a 11ullilt\. n'cn de,·ra pas n1oins 1\tre prono11c1\~ :-i c·cs 1r1c11accs
riclic11les 011t i''.Lé aclrcssécs :\ 1111c ¡icrstH111c de co11<lili1J11 el ll'i11tcllig·encc trc\s
i111'érie11res. lnvPrsc111e11l, u11e co11lrai11lc ele 11at11re it !'aire i111pressio11 sur
1111c· 11erso1111c raiso1111al)le orcli11aire suf'firait a a11r111lcr le co11lral. 111,~111P
si l'aulc11r ,le ccltc co11lrai11lc lll't"lcn<lail llt'•111011lrcr 1111'il a e11 all'airc ú 1111
l10111111e <i'1111c i11tcllige11ce et tl'1111c t'·11nrg·ic lcllc111P,11l. 1·XCPillio1111cllPs 1¡1111
ses 111a110J11vrcs clc,aicnl le laisser i11clif1'{•1·c11l.
:1" 11 faul 1¡11c la Yi(J(r11cc soil i1ij11sl1~ 011 illéf¡ili111c. (;'c'.st IH>lll'(jtH•i l'ar-
liclc 111/1 111111s tlil 1¡11e (< la sculc crai11le róvór1)11tic!IP e11vcrs les 1iart)11ls PI
ascc11cla11ls 1 sans r¡11'il y ail e11 Yiolcucc cxcrcér, 11e sul'lil ¡i1Ji11l ¡Jo11r a111111lc·r
le co11lral ».
('.elle seco11cle co11tlitio11 1lc>1111c lieu :\ <livcrs 1irolilt'·111es i11L1'•1•e-;sa11ls.
U11 cróa11cier 111e11acc s011 llt'•IJileur ,le le saisir, s'il 11c ,e11l 1ias l11i cl1i1111t•r
1111e gara11lie. U11 1>alro11 111e11ace so11 e111¡ilc>yí~ ,le le fairn arr1~ln1·, ~¡ celui-l'i
se ref'use :\ sig11er 1111e rcco1111aissa111·e ,le\ clcllP, e11 rú¡iaralio11 tle tlt!l1J11r111~-
111e11ls r¡11'il avo11c a,·oir 1·1i111111is. IJans ces 1lc11x cas, il ne }HJ11rrn 1ias 1·11
pri11cipc y avc>ir 1lc111a11tle e111111lliló, car la saisiP, 1)11 la J>lai11l.e rello11li·cs ¡¡¡11·
le tlóbile11r 11e scJ11t c¡11e lrs c1J11si~1¡11e11ces 1Hir111ales f'l li•gili111c>s 1111 tlr1Jil

;
COXDITIOXS l)E FORllIATIOX ET DE V.\LIDITÉ llES CO\TR ..\.T S 301

<111'il avait. do11né co11lre lui i1 sn11 créa11cier. 'l'oulefois, ici c11corc, il faul
le11ir comi)tc des circo11sta11ccs; el l'c11gage111e11t f)Ot1rrait etre an1111lé po11r
cat1se de Yiolencc,si les 111e11aces avaient été en1ployées dans le but d'arraclier
i1 la perso1111r 1111 c11g·ag·e111enl eJ:cessif et dépassa11l la r{•paralio11 cluc a11
' .
creanc1er.
])e n1e111c. su1>1J•JSOI1S c¡u'u11 i11cliviel11 se fasse 1)1'0111Cltre lltle SOlllllll'
excessil'c [lOllr ,·e11ir au seco11rs cl'une a11lre q11i se lrou,e en gra11cl ¡)i',ril.
1.lar ex.e111¡)le, u11 bateau se tro11va11l en ¡)crditio11, le ca¡)itai11e cl'11n aulre
l)atea11 se fail pro1ncllrc 1111e so111n1e é11orme po11r por ter seco11rs a11
¡)ren1ier. 11 y alá une odieusc contraintc exercée contre le clt'•lJileur. Nr
¡Jeut-on ¡Jas dire ce¡Je11clar1t q11e son a11teur n'a ex.creé aucune ,·iolence,
¡J11isque ce clo11l il a 111e11acé sor1 contraclant, c'était de ne pas ren1pli r
auprcs de l11i 1111 office auc1uel il 11'était pas olJligé ~
Les llnr11ai11s acln1cllaic11L <1ue 1'011 n'était pas reslit11al)lc contrc la pro-
111essc cl'1111e s0111n1e 1111~n1e exagéréc qu'on aurail pron1ise po11r o}Jlenir se-
cours cl'1111e a11lrc ¡Jerso1111e coutrc l'er1ncmi 011 conlrc des brigands ; le cl1if-
fre ele la récou1¡Je11sc ne ¡)ouvait c\lre contesté, it raison ele l'i111portancc clu
scrvice rcnelt1 (,':;e,it. de I>a11l, liv.,', ti L. 11, § G; fr.!),§ r, D. q1toll 1neltts, IV, 2 ).
l\fais le Droit 111oclcrnc se 111011tre 111oi11s respccl11cux cl'11n engager11ent co11cl11
dans de telles conclitio11s. l)éji1 J>otl1ier (Obligatio,is, nº 24) déciclait c¡ue, s'il
y avait exces. la ,-oi11111c ¡Jro111isc ¡JouYait etrc réduite. La queslion s'est
¡Joséc clr 110s jo11rs c]eya11t la Co11r ele cassatio11 a11 sujet de l'assista11ce
IJretéc par 1111 11avirc it 1111 at1lrc 11avirc en clanger ele ¡Jerte. Le ca¡Jilai11e sa11-
veteur avail fail ¡laycr fort cl1cr son assistar1cc. Le co11trat a été co11sicléré
com1nr 11111 ¡¡ar la Cour su¡Jre111c, ¡)arce c111c, porte l'arrct, le ca¡Jilaine du
navire c11 cla11g·cr 11e l'avail signé filie contrai11t et forcé, apres s'etre ,·ai11c-
111er1t d{•l)alt11 ¡Jour ol)lenir eles co11clitions 111oi11s rigo11rc11ses, el e111'il avail
clti s11bir cc1111111c 1111c· 11éccssité la conclilior1 c1ue le sauYele11r, c11 all11sa11t de.
sa silualio11 clt':scs¡iért'·e, lui aYait i111posée (1\cc¡., 27 avril 1887, D. 1). 88. 1.
:>.(i3, s. 87.1.37:>.).
Distinction actuelle entre le dol principal et le dol incident. -
<:elle clislinctior1 traditio1111cllc csl l'cnuYrc ele 110s a11cie11s autc11rs q11i onl
c1·11 c11 l ro11,cr la trace clans les Lex.tes d11 Dig-esle. Voici c11 quoi clic co11sistc.
l)u r110111c11t q11c le clol esl co11siclt':rt': cor11111c u11 \ ice ele la volo11tt'·,il 11c doil
etrc une ca11se ele 1111llité <111'aula11L q11'il a cxercé u11c i11lluc11cc décisivc s11r la
1léclaralio11 ele ,·0!011l{· cl11 C!H1Lracta11t, c'cst-11-ciirc c111'il a étt'.· 1léler111i11ant.
Si, :111 cc,11trairc, il 11·a 11as e11 ccl cfl'el, la 1na11ifestalio11 ele voi<)J1lé 11'esl pas
vicit':c,el le C<Htlrnl 111• 1ieul elre an1111i1'.Ü11 a¡Jpelle clol ¡iri,icipal le clol elétcr-
111 i11a11l, el clol i11cille11l le cl1Jl 11011 clétcrmina11L. J,'articlc 1 11 ü aclo¡1le bien
cu <~ll'el la clislinctio11, car il not1s <lit flÍIC le clol est 11nc ca11sc de 11ullité
u lorsc¡11P les 111a11ce11vrcs ¡>rati<¡11écs ¡>ar l'1111c des ¡1artics so11L lcllcs q1i'il
t!S/ é1•i1/1•11/ fj/1(', Sil/IS ces lllllll(l'lll)/'CS, laut,·e p11rlie n'c11i1·ail pas co,itraclé )),
l)1111c,l1• sc·t1l de¡] 11ui :-oit 1111c cause <le 11ullitt'.-, c'esl ccl11i c¡11i a cl{~LPrn1i111\ ¡'¡
c1,11lract1•r. 1l11/11s ,J,111s cc111sc1111 cu11/racl11i, c·c~l-it dir11 le <lol Jlrinci¡1al. II r1'y
a ¡ia~: eaust• 111• 1111llilÍ', si le clcil a (\ll sc11lc111cul 1u111r <'fl'cl ele 111oclificr les

302 LIVRE 11, - TITRE PRE¼IIER. - PREl\lIEl\E PARTIE. - CHAPITRE II

conditio11s nor111ales du co11trat. -Cn clol de ce g·e11re 11c 11e11l llo1111er lie11
(111'a des clo1111nag·cs-intérets, cor111nc constitu,1nt u11 ,fi:lil cii-il, a11.profit clt1
contractant qui en a sulii les effets.
Si spécieuse qu'elle soit en logique 11ure, cetle clisti11ctior1, r1u'on· a , ai- 0

11e111ent essayé ele relrouver dans cerlai11s lexles cl11 l)ig·cstc, est faclice et
n'a pas pcu conlriliué a obscurcir le sujct. E11 effet, le clol cst to11jours c111-
l)loyé pour peser s11r la volonté du contractant, et cela, r111'il ait po11r )Jul
a
de le pousscr ¡\ fairc un conlrat, ou q11'il tc11de lui fairc ag·réer des co11di-
l ions a11tres que celles <1u'il aurait acceplées s'il 11'a,·ail ¡)as <'·té trompé. llar
conséq11ent, dans les deux cas, la ,·raie réparation doil co11sister a per111el-
a
tre la partie lésée de den1ander la 11ullité. Et c'est vrai111ent co11,-ier lcjug·e
lt 11ne oouYre llresque impossiblc que ele lui imposer de rccl1ercher· si les·
condilions s11r lesquelles a porté le clol 011t été ou 11011 co11sicl1'>rées con1me ·
<létern1inantes par la ,·ictin1e.
~Jalg·ré ces objections, la j11rispr11dcncc cst bie11 oblig·t'~e ele ler1ir con1ple
<le la distiuctio11 forr11elle étalJlie par l'arlicle 1116 ll11 Corle civil; elle
,'carle done la 11ullité, lorsque le dol 11'a pas étó la canse lléler1ni1ia1ile de la
volonté (Rec¡., 14 j11illet 1862, D. l). 6:>.. r .lr>.g. S. G2.1.,'l'i0: l\e11nes, 7 jui11
1878, D. P. 79.2.125, S. 70.2.2!11).

De qui doivent émaner le dol et la violence pour oonstituer un


vice du consentement? - Cne a11lre rlislinclion. crllc•-ci re111onta11l a11-
ll1c11tiq11e111ent a la.doctri11e ron1aine, cloit elre élablie suiva11t la perso11nc
ele qui é111ane la viole11cc 011 le dol.
S'agit-il du ,,ice de viole11ce, celui qt1i e11 a été la , icti111(' 11eut l'i11vo-
(!11er po11r cle1r1aneler la n11llilé d11 co11trat, alors n1e1nc que les 111e11aces aux-
<¡11ellcs il a céclé é1na11r.11l cl'un li<'rs aulrc c111e le c1Jco11traclant et c1uc ce
cler11ier 11'en a pas été co111plice (g § 1, D. <J/1.0(l n1et1is, 1,0 • :r 1.
fl 11'cr1 r:-l pas (le 111e111e en rriatiere rlc dol. Lorsc¡uc le~ 111nnr1J11,·res do-
!1)si,cs t•111a11e11l el'u11 Liers, ellr.s sonl sans i11ll11e11cc sur In c,Jnlrat (4 ~ 3.'í,
D. 11e 1loli rnali, XLIV, l1J.
Cc•llc 1listinclion est co11sacrée ele 110s jours "¡1ar le lcxte <I<' l'articlo 111(i
,111i nous <lit c¡t1c le lcltJl esl 1111c cause de 11t1lliL1'. lc1rsq11'il rt'·s11llr ,les <t 111a-
11oouvres pralic¡11écs ¡,111· /'1111e llcs ¡>arlies ,i. l)ris l(Jrs. si Ir• 1lol t''.111anc tl'un
liers, il 11'est pas 11110 ca11se tic 1111llilé. Sa sanolio11 ri'•sidr 1111iq11e111c11l 1la11s
lo tlroil 1111i ap¡>artit'11l ;\ la ¡>arlic l{\st'·r ele r{iclan1cr :111 1·1111¡1nl>lc tles cl1,111-
'
111 ugcs-i n lér,\ 1s.
l. . og·ic111r.111ent, cette clisli11clic1n csl, ellt\ aus:-i, ,liflicilPllll'lll ,ix¡llicalilo. 11
cut 1r1ie11x val11 cl{\ci<ler <JllP le 1lc,I, co111111e la ,·i,1lenc1·, r·111p,,rl<'.rail a11nula-
Lio11 du co11trat,111c)1110 <¡uancl il t'~111.111e1·nit. ,l'un licrs aulrP q11 .. lo 1'.c>11lracln11l.
1~11 ell'ol, le tleil crn11111c la violer1ce nlli•rc In C(111s<111tc111<111l 110 la victi111P
el lui 1'111<\vc ¡1a1· co11séf¡11e11t Loulo valcur, c¡11ol <1110 s11it l'n11ll'11r eles 111a-
nre11vrrs en11>l<Jyéns.
011 a ccpe11tla11t essayé <lo justifinr In 1lisli110Lio11 lra,liti,i11nclle par lo rai-
son11c111e11l s11iva11l. (Junnd, n-l-<>rt <lit, lt) 1lol Psi l'1n11, r,· d'1111 Licrs ót1·a11-
gr,r a11 coco11lracta11t, la Yictin1c n'a ri1in ¡'¡ l'f'(ll'(JCl1<'r :'1· ce ,1,,r11ier. leq11el
"

CO'IDITIO'IS DE Fon,1,\ TIO'I ET DE V\ Lil)ITÉ DES CO'iTR.\TS ~o3


cst in11ocent de toute fa11le el 11e tl(Jil ¡)as su)Jir, ¡)ar l'a1111ulali1n1 cl11 co1tlr:1I,
les conséquences des acles dolosifs do11t 11n a11tr'c s'est rend11 co11palJlc. :\lai,-
nc fa11drait-il 1ias e11 clirc a11ta11t pour le cas oi1 il s'agit de ,·iolence et oi, les
111enaces sont l'm11vrc el'un étra11ger) 011 répo11el c¡11'il est plus clifficile <le
se cléfe11elrc co11lrc la viole11ce qne contre le clol; cclui co11lrc q11i 011 c111ploic
des 111anceuvrcs fra11duleuses pcut )' écl1appcr s'il cst ¡)rudcnt, avisé, }Jcrs-
picace; c¡uancl, au contraire, 011 csl l'oLjet de 111e11aces, on esl trop s011ve11l
oliligé de s'inclir1er. J\Iais une lrllc arg·11111e11lalion esl vrai111enl l1ie11 fai)Jlc.
Il est, le pl11s souvc11t, dans 11olre élal de civilisalio11, ¡Jlus facile ele résisler
.'t la , iole11ce ou,·erle c111e ele se défendre cont1:e 11ne erreur causéc par des
111anceuvres insidieuses. La seule solution équitable et ratio1111cllc, co11sis-
. tcrait a protégcr l'i11divid11 tro111pé co111111c l'i11dividu violc11t{· dans lo11s
les cas, et, pa~· conséquent, á lui pcr111ellre to11jo11rs de de111a11dcr la nulli L{·
tlu contra(.
Q11oi c111'il c11 soit, laj11rispr11ele11ce a fail u11c applicalior1 inléressanle el•~
la clisti11clion traditio11nelle e11 111aliere de sociétés ¡Jar actio11s. Elle a <lt'•ciclé
<¡11'un souscripleur d'actior1s.poursuivi par le syndic d'une sociétt'· e11 cli:co11-
fiture qui l11i réclan1e le verse1ncnt total du solcle <le ses actions, 11c pe11t pas
se prévaloir co11lre la n1asse du dol praliqué ¡lar le g·éra11t pour le clétcr111i11cr
a souscrire les aclions En clfet, les actio11naires sont dircclc111Bnl ohlig{·s
e11vers les crt'ia11ciers. Cc11x-ci sont des liers a l'égard d11 góra11t <le la sociéti'·
(llcq., 10 février 18G8, D. P. 68., .379, S. 68.1. 149; Paris, 16 a,ril et 9 rnai
1877. D. ll. 79.?..8r, S. 80.2.331). De n1e111e, si l'actio11naire ¡Jrélencl <¡11e la
cession qui l'a re11d11 propriétaire était e11tacl1ée de do], il 11'a auc1111 recours
co11Lre la sociélé, car ce dol 11·esl pas i111¡J11tal)le a celle-ci /Dijo11, ,o a,ril
1 8G7, S. 68. 2 .3!12 ).

Tempéraments a la regle. - La regle ti'apres laquellc le <l1)l co111111i~


par u11 tiers est sa11s i11fluence sur le conlrat con1porte cl'aillc11rs }Jl11sie11r~
Lc111péra1ne11ls et exceplions.
, .. D'alJ<)rcl, el r>ar le si111¡llejet1 eles prir1ci1ies /.,;-é11éra11x, il P11 Psi n11tre111c11L
s'il a¡>¡larail q11e le elol a cl<''.Ler111iné clans l'cs[Jril ele la , icli111e 1111e erre11r
1lPslr11clivc clP sa voln11Lé,011 la vicia11l asscz prcJl'o11dén1cnt 1io11r r<·11dre )'acle

·.a111111lalilP. ,\lors, le conlral ¡iciurra 1)\re attar¡111', non/¡ raison cl11 <lo! co111111is
[Hlr le Licrs, 111ais ¡\ raisci11 de l'crreur <111'il a e11trair1éc.
:iº /,es 1lo11afio11s e11lre 1•if.~ so11t a111111la}Jles 111111r clol, 1111\111!' si lns 111a11m11-
,res clcilc1si,·cs t'·1na11c11l <l'urr ticrs aulre q11t• le cl1>11<1Lairc. (;'.,sl 1111P scil11ti1)n
1radilici1111elle (l◄'urgole, 1'railé 1/cs f1•sl111ne11fs, cl1. \, sccl. :1, 11" :17). On
l'ex¡ili1¡ue e11 clisa11l que) la clc1nalici11 cloil prclcéder 11nic1ne111cnl 1le !'esprit
1lc liic~11f'aisa11ce et 1J'afl'rctio11; elle ¡icr1l tlo11c sa raison tl't\trc, tl1111io111enl
1¡11C• la ,olc>11Lé <111 <lt,nalcur a ót/i {•gar{•c ¡>ar <l<'s 111.111n)t1Y1·c,- frauel11lcuscs.
· 1◄:11 011lrc•, le clci11ulairc 11'csl Jlas a11ssi cligr1e cl'i11t{·r,\t1¡11·1111 c1111tracl1!11L ordi ·
11nirc. (.'crl11l ,le l1tcro 1·(1¡1/,111,/u(l\e<¡., ·>.7j11i11 1887, 1). I'. 88.,.:\ci 11, S. 87.1.
/1 l!}),
:\" l.a r/·glc 111) s'a¡l¡1lic111c ¡ias 111)11 ¡>lus a11x 11c/1•s 1i11il11/11ra11:,: (rrco1111ais-
s1111cc cl'cufanl 11nl11rel, acceplatior1 el<' s11rr<'ssion, testan1Pnl .. Pl1:.) (V. arl.
3o_'¡ LIVRE 11. - T!TllE :PRE~IIEII. '
PIIE~IIERE PAIITIE. - CHAPITRE 11

,83) ..<\.insi, on pourra 1)011rs11ivre l'a111111lation d'11n leg·s pour 111at1mu,·res


llolosivcs pralic1uées par 1111 tiers aulre c111e le do11ataire (l\ec1., :>. janvier
18,8, D. P. ,8. I. 136, s. ,8. 1. 103).

111. - De la lésion.
Définition. Oaractére exceptionnel de la rescision pour cause de
lésion. - 011 ente11d par lt'•sio11 le l)réjudice qu'1111e ¡Jersonne peut épro11-
,·er c1uand elle accom¡)lil 1111 acle juridic¡11e.
Ce préjudice, clont 011 11e petit' évicle111n1e11L concevoir l'exislence s'il s'a-
a
git d'acte titre gratuit, peut se produire da11s les co11trats á titre onéreux
S)'nallagn1atiques et dans certains acles unilatéraux con1111e l'acceplation ou
la rép11diation d'une succession, cl'un legs universel 011 á titre 11niversel.
Que la constatatio11 de ce J)réjudice puisse co11duire a a111111lrr l'opé-
ration q11i l'a caus,~, cela ne résulte pas de ce c1ue la loi exige 0Ljective-
111e11t, ¡Jour la ,alillité clf's o¡Jt'•ralions juridic1ues, u11 certai11 éq11ilil1re entre
le sacrifice consenli par l'a11te11r de l'acte et le Lénéfice q11'il en retire, n1ai,;
ele ce que la Iésion suppose que la personne lésée s'est tro111¡Jée sur la véri-
tal1le vale11r ele la preslatio11, 011 a co11traclé so11s l'e111pire cl'u11 pressanl
]Jesoin tl'argent c1ui lui a fail accepter des conditio11s tres désava11Lage11ses.
La lésio11 est do11c r11oi11s 11n vice spécial de la volo11té c1ue l'indice, la révé-
lalio11 d'1111 eles vices q11e 11011s co11naisso11s déjú, l'erre11r 011 la contrainte
, 111orale.
Q11e la lt'-sion ain~i co111prise lloive etre u11e ca11se ele nullité eles acles
j11ridiq11es, c'esl ce c111i n'a cl'ailleurs ja111ais étt; ad111is sans réserve ¡Jar a11-
c1111c I<'·g·islalio11, et cela 1)c>11r 1Jlusie11rs raisons, do11l la pri11cipalc est la
1liflicnllé c111'il y a11rail it a¡1¡)rt'·cicr la vale11r ele Lcllc <)ti Lclle ¡Jrcslatio11,
t'·la11l clo11né le caraclerc falalc111cnt s11l1jcctif el varial1lc lle ccllc valc11r s11i-
va11l les i11divicl11s et les circo11sla11ces.
Cc¡ic111lanl le Droil rc,u1ain avail t'-lal)li 1111c acli<n1 fo11llÓc sur la lésio11
tla11s elc11x cas excc¡Jtio1111rls. l)'aLord, il ad1r1it la reslilttlio i,i i11Leg1·11ni c11
favc11r elPs 111inc11rs ele vi11¡.rt-cinq a11s c¡ui avaicnt s11)¡j 1111e lésio11. Et en
~econ1l lic11, 11ne co11slil11tio11 altrili11éc ¡1ar le Digcsle á l)ioclí•l.i<'n, r11ais
llala11l ,raisc111lila)Jlcr11er1L ele J11stir1icn (:1 el 8, <:. 1le resci,id. ve111l., l\', !14).
l)Pr111it a11 vc11clcur 1l'atlac111cr la vc,ile ¡>CHir ca11sc tic IÍ'sit111 .
.\(1s ancic11s a11lP11rs acc11cillircnl cctlc cxcP1>tio11 el 111en1<i l'élarg-irc11l i1
C<)rlains t'•garcls. E11 ce q11i co11ccr11c la vcnlc, ils cxigt'·rcnl u11c 1,:sit111 e1101·-
111is, c'psl-/1-clirc 1lé1iassa11L la 1r1l1itió, el restrcig11ire11l a11 vc11clc11r cl'i111-
111cuLIPs le )¡{,11í•lice ele l'aclio11 en r<•scision. ~lais, d'a11L1·c ¡1art, ils 111011tr<'--
re11t 11r1c ccrlai11e Le11lla11ce 1\ élcndrc le cl1111111i cl'a¡>¡1l icatio11 de la rcscision,
el /1 l'a<l111cllrc c11 cas ll<' lí·:-ior1 i'·11or111c lla11s lo11s les ctn1lrals cr111111111latifs
1: l)otl1 icr. Oblig11lio11s, 11º :\3 ).
J,e l)roil i11lcrr11Í•<liair<• a!Jt1lil, a11 ccinlraire, l'acli<Jll en rcscisic111 Jll1t11·
l<'·siclll lla11s la ,·t1ntc in11110l1ili<\rc. IJicn ¡1l11s, la l<>i tl11 , /1 fructielor 1111111 ció-
clara s11s1ic11<luc lll'OYisoir<·111c11l L<'>L1l<~ insta11CI' <'ll C<H1rs L<in<lanl 1\ ce li11L.
(:'esl <1u'e11 Pll'et, le 110111lirc <les actio11s lHI r<·scisi<Jll s'était étra11gPn1e11l
11111lli11lií\ J)ar s11ile ti!' la liaissP pfl'roynlil<' drs assig-11al:-. l)an,; c<'rlai11s <lé-
CO:-IDITIONS DE FOR~IATION ET DE VA.LIDITÉ J)ES CONTllATS 3o5
{)arte111en ts, il avai t pli1s c1ue llécuplé. I,cs au lct1rs de vc11 les réce11 Les ll' i 111-
n1et1IJles, so11s l'i1111)11lsio11 tl'ag·e11ts tl'all'aires véreux, 111ellaie11t to11t en
-cet1vre pour reprenllre leurs anciennes possessions dont la ,•aleur au n1oi11,;
no111inale avait extraordinairen1e11t grandi, le nu111éraire faisant défaut, et
les assig·nats ayar1t si1l1i une é11orn1e dépréciatio,1 (V. e11core lois 19 floréal
a11 VI et 2 prairial an VII).
Le Cacle civil, ro111pant en príncipe avec la tradition de l'ancien Droit,
<lécicle c¡11e la lésion n'emporte pas 11ulli té eles contrats. C'est aux contrac-
.tants .\ se défendre e11x-n1cn1es et a connaltre la ,,aJeur eles prestatio11,;
qi1'ils promeltent et de celles qi1i leur sont pror11ises.
Cependant le pri11cipe comporte certaines exceptions. « La lésion. porte
l'article 1118, ne vicie les conventions que dans certai,1s co,itrats et al'égtlr,l
a
· de certaines ¡1erso1i1ies. n Les 1nols << l'égard de certaines persor1nes » vise11t
la rescisio11 ¡)our lésion organisée par l'arlicle 13o5 en faveur des mineur•,
(V. to111e I•r, p. 546 et s.). Les 111ols << clans certains contrats 1> se réfere11t
a11x Lrois l1ypotl1eses exceplio11nelles oi'1 la lésio11 - pourvu qu'elle atteign,~
a
1111 cl1ilfre élevé - per111et un n1ajei1r ll'ol)le11ir la rescisio11 de son c11ga-
ge1ne11t. Ces l1ypotheses s011t les si1ivanles:
1° Le Code adn1ct. la rescisio11 po11r lésio11 de pltis de scpt douzie111es a11

profit elu ve,z¡[eur ll'im11ze1ibles (art. 1674). :\"011s revie11drons plus loi11 Slll'
cetle variété lle rescisio11 en lraila11t tic la Ve,ile;
2° ll l'ael1net aussi er1 cas ele lésio11 (Íe JJltts tllL qttart e11 111atiere de pal'ltl!J,:
(arl. 887 el s.). Cette exception q11e 1'011 fo11ele a tort sur une constit11tio11
de se11s forl ée1uivoque ele Dioclétic11 (3 C. Cor1i11ztzn. ltll'iusque j1td., 111, 38)
et qui re111onte e11 réalité a 110s ancie11s auteurs (Du1noulin, De 1ist1,·.
C,.)uest. 14, n° 182 ; llotl1ier, Obligalio,zs, nº 35 ), se j11stifie sans peine par cell,)
illée lftir, l ·égcilité esl l' á11ze des ¡Jarlages ;
3º Enli11, J'arlicle 783 établit aussi une variété de rescision pour cai1se t!e
a
lésio11, er1 ¡Jerrnetlant l'l1éritier de faire ann11ler l'acceptation qu'il a faite
a
d'une succession, s'il vicnt elécouvrir postérieure111ent u11 testament contc-
11a11t lles legs q11i alJsorlJe11t 011 ·di111inue11t ele ¡)!11s de 111oitié la succcssi,,n
¡)ar l11i acce¡JLée.
NcJus traitcrons 1lc ces lleux cler11iers cas ele rescision da11s nolre troisie111c
vol11n1c.

Insufflsance des mesures prisas contra la lésion. - J~11 del1ors <lt'"


cas i111liq11és, la lésitlll, c¡11el q11'e11 soit le r,l1ilfrc, 11c per111et jamais a11
co11lracla11l tle <le111anllcr la rcscisio11 cl11 co11trat c¡u'il a cor1cl11. Le Cot!c
civil nota111111cnt le dér,lare expressé1nc11t, e11 ce q11i concerr1e l'écl1<cnyt.J
(art. 17<>6), et la lrtt1ts1tclio1i (arl. :1(>52, al. :i),
l~l la Co11r lle cassalior1 a elans l)i11sic11rs arrcls affirmé cette rtigle (¡t1e la·
J{,sion, q11clle <111'e11 soil l'i1nporlar1ce, 11'esl ¡>as 1111e cai1¡,;3 ll'a11n11lati,)11
(\'. Civ., :io lléce111IJre 1852, 1) 1). ;J:{.1,95, S. 5:3.1.101; 12 cléce111brc 185:3,
1). 11• :-1 11. 1.:>.<>, S. 511. 1.333; Civ., 20 nov. l!)Oli, ]). Jl, 1!)º7· 1.80, S. 1908.1.-!!J,
cassa11L lies lli'icisio11s de conseils de ¡>rnll'l1or11111cs f{tii avaier1t 1>rono11cé la
1·cscisio11 1lc co11lrals de travail concl11s 111oye1111a11t 1111 salaire i11s11ffisa11l.
306 LlVl\E Il. - 1'1TRE PREMIE!\, - '
PREMIERE P·AJITIE. - CHAPITRE 11

1
-- \ . alts,:;i. it propos du co11trat de louage, Douai, 24 juillet 1865, D. P. 66.
:>. .29).
Cette rógle cst présenlen1e11t jugée trop sé·vere par ele no111breux écri-
vains. Sot1s prétexte de respecter la liberté des coutrats, disent-ils, le lég-is-
laleur laisse ú la 1nerci cl'acl1eteut·s suns scrupules, les gens da11s le l)esoi11,
ol>ligés ,.le ve11clrea totit 1)rix des ol)jets t11ol)iliers pour se procurer des
ressot1 rces.
L'oxpérie11ce ¡>rouve d'at1tre l)art q11e les g·ens du pet1ple, et surtout les
ut1 vriot·s et les ¡)aysans, scn1t tres fréque111111e11t les vicli111es cl'uigrefit1s 011
el' e,;crocs c1u i pr1)fitent de leur inexpérience pour leur ve11clre eles 1uarcl1at1-
clises ou des ollligalions it lots, ú des prix. qui dépasse11t de beaucoup la ,·alettr
réelle eles choses ,·endues L'exploitation du besoin ou de l'inexpérience des
¡>a11vres ge11s est 11n fait p1all1eureusement trop fréquent, et c·est un acte
qui n1éríte d'etre réprin1é a11 n1eme titre que l'usure proprement <lite, car ce
11' f'll cst lfU ·u11e des forn1es. 1\ussí, une réaction contre les solutions exagé-
a
1•é111e11t i11dívídualistes du Cocle co1n1ne11ce-t-elle se dessit1er.

'ious verro11s qu'11ne loi du 8 j11illet 1907 est i11terve11ue pour défe11clre
le,; ag·ric11lle11rs contre les r11arcl1auds d'engraís. Nous auro11s ég·alc111enl
a
l 'occasio11, ¡lropos ele la ,·ente, de parler de la loi du 12 rnars 1900 c¡ui a
pour but de réprimer les ab11s con1111is en matiere de vente crédit de a
valcurs <ie Bo11rse.
,\lais ce so11t lit des 111est1res ins11·ffisanlcs. U11e sanction plus générale co11-
tre la lésio11 serait, ~royo11s-no11s, désirable, parlículiere111er1t en 111aliere de
. con trat de travail, 01'1 les C)trrriers, et spéciale1r1e11t les travailleurs it clot11i-
cile c111t 1Jesoi11 d'ctFe protég·és. Nous souhaiteríons de voir introduire daos
uc1lrc législalion u11 texte a11alog11e it l'article 21 d11 Code suisse des Obli-
g·atio11s de 191:i, lequel esl ai11si cor1i;11: H 1'~11 cas de clisproportio11 évide11te
entre la pt'estatrion promise par l'une des parlies et la contre-prcslalio11 de
l'a11lrc. f;i ¡1artic lósée pe11t, da11s 1e délai d'un a11, déclarer c¡u'elle résilie
le c<>11lrat et rt1)éter ce c111'elle a payé, ,,¡ la l{·sio11 a l'.lé clélerr11i11<~e ¡Jar
t·e,pfaitnlion de sa ge11e, de sa lt',gereté 011 ele sor1 i11ex¡>érie11ce. Le délai
11"1111 a11 l"Lltlrl cl1•s la conclusio11 d11 co11lral. » •

1

1,c Code civil allP1111111ll. lui a11ssi, c<J11tic11t t111 tPxte r1)pci11ela11t au 111e1111·
l,111 111ais fu111l<'~ sur 1111c :1ulre illéc, celle ele l'allei11le aux l)(JIJHc,; 111(1..llll'S;
c'1•,;I f'articlc 1:~8-, ainsi c•i11c;11: H U11 acle jurillic111e c¡11i lll1rlc allci11le a11x
l>t,11110s 111,ours esl 1111I. - Est 11111 u11 acle j11ricliq11e par lec111cl r¡11elq11'u11,
t>II ox·11Ioitar1l le bcsoi11, la l1ígcreLé 011 l'inex¡>óriencc d'a11Lr11i. u!Jtienl J>our
l11i <>11 r>o11r 1111 tiers, q11'e11 échange el'une prestation 011 prut11cssc ut1 four-
nis;,;c des ava11tages patri1no11ia11x l{tti excedc11t de telle sorlc la valr.ur de In
¡1rcslalion, c¡11'e11 lc11a11L co111¡>tc des ci·rco11stances, ces avar1tagcs sc>icnl daus
111\e (lisprc,¡JortifJJI cl10lft1a11tc par rn¡>port lt la 11reslatio11. »

SE('.l'l()N 11. -- ÜIIJET 1)1! CO:'ll'l\¡\T.

Que faut-il entendre par l'objet du contrat? - Aux lct·r11es ele l'at·li-
cle 1126 , l•Jlll cor1lrat a 1>our ol>jet 11nc cl1ose q11'11r1e portie s'o}Jligo á <lc>11-
C011DITIONS DE FOR~IATIO:\" ET DE V,\LIOITÉ DES CO:\"TRA'fS 307
IICI', a a
ou qu'une I}artic s'oblige faire ou 11e pas faire )), Da11s cette défi11i-
lio11, il 'S a u11c ccrta_i11e confusion. A propre1nent-parler, lln contrat n'a pas
cl'objet. Le coutrat cst en effet un acte juridique qui a pour effet de créer
a
1lcs oblig·atious soit la cl1argc des deux parties. soit it la cl1arge de l'une
cl'elles. Ce so,il ces obligatio,is qui o,it 1t1i objel, lec¡l1el peut consister soit
clans line cl1t>sc 1natérielle, soit da11s un fait, soit dans une allstentio11. C'est
clo11c par clli¡)sc que l'on parle de l'oújel clu co1iir(1t. Ceci dit, il saute aux
.,cux c111e dar1s les contrats S)·11allag111atiques, il ·y a autant d'objets que
d'cJl}ligatious; da11s les contrats unilatéraux, a11 co11traire, il 11'y a ql1'un
1)iljet. En s01n1r1e, l'objet du co11trat e'est la pi:estation ou les prestations
.11r1posees
'
par ce co11trat.
.

Libre détermination de l'objet. - U11e prestatiou quelconque ¡leut


1\lre vi~e clans le co11trat. ~011s son1mes en effet ici da11s u11e n1atiere gouver-
néc ¡)ar la volo11té lilJre eles parlies. Celles-ci peuvent conclure toutes sortes
dc contrats, po11rvu c1l1e ces contrats ne violent ni l'ordre public, 11i les
IHJ1111es 1110011rs. S011s celte sel1le réserve, la li]Jerlé des co11tracta11ls esl
c11Lióre.
·\.insi, les cu11lrats 1Jeuve11t avoir pour objet uou seulen1ent les cl1oses pré-
se1iles, mais les cl1osesf1itures (art. 1130, C. ci,,.). E11 fait, les contrats sur
cl1oses f11tures so11t trós fréquents. Les ver1tes co111rnerciales, par exe111ple,
sont trc')s fréqL1e111111e11t des ,·entes de marcl1a11dises que le ,·endeur s'engage
;1 fabriql1er.
L'expressioL1 de clioses fulures doil d'ailleurs etre prise dans u11 sens tres
1·1>1nprél1ensif e1111Jrassant non seuler11ent les objcts n1atériels, n1ais les droits
;1 ,c11ir. La reg·le tle l'article r r3o signifie do11c q11'u11 contrat pe11t a,,oir
p•JUI' objct u11 droit 11011 e11core né, co11ditio1111el, ou si1nple111ent éven tuel.
i>ar ex:c1nple, u11 e11treprcnel1r peut céder a
l'avance le prix de travaux
clor1t il con1ptc lleYc11ir adjlrdicataire ; un auteur ·vendre a
un éditeur t1r1
1J11vrage qu'il se ¡iropose d'écrire. De 1ncn1e, u11 copropriélaire d'un i111-
a
111cublc pe11l lra11s111ettre at1trui la part qui lui revie11dra dans le prix
de licilalio11, a,a11l 111c1ne la r11ise a11x e11cl1eres (Civ., 26 n1ai 1886, D.
1>. 8G. 1. 281, S. 8ü. 1. 256). De 1r1e1r1e e11core, 011 peut valable1ne11t co11sliluer
1111c l1y¡loll1clflle ¡Jour garar1lir l1ne créa11ce 11011 encore 11ée, nola111menl
po11r gara11lir 1111c Ol1,erl11re de crédit.

Regles théoriques concernant l'objet des obligations. - Clause de


porte-fort. -- '.L'raclitio1111elle111e11l 011 c11scig·11c que, JJour qu'11ne cl1ose ou
1111e preslalio11 ¡Juissc elrc l'olJjct ll'1111 co11Lral, c111alrc co11ditio11s so11l re-
(¡ 11ises. ll fa11l:
a
1° (Jue les Jlarlics aie11t i11lé1·ct la 11reslalio11 l)l'Olllise;
'.>.º Que la cl1osc ¡ir,J111isc soil <léler111i11ée ou cléler111i11able (arl. 1129) ;
'
:{" Que la prcslaliu11 soil ¡Jussiblc;
/1º Qu'elle soil J>crsor111ellc au pro111clla11l.
l1rati(JIICllle11l ces regles 11'011t c111'1111e i111p(Jl'La11cc to11l ¡\ fail seco11daire
1·l 11'ex:¡>ri111c11l e11 g·t.'·néral c111e de:,; v{:rités d'évidc11cc. ll suf{il ele les re¡Jrc11-
1lr1~ s11cccssive111c11l J>l.)11r le cli'·111011trer:

.
308 LIVI\E II. - TITRE l'RE)IIEI\. - '
l'HE~IIERE J',\RTIE, - CIIAPITRE 11

1º Les auteurs elise11L orclinairen1ent c111e l'objet d11 co11Lrat <loit présc11ll'1'
1111 i1ilérelpécii11ictire pour le créa11cier. l'n si111ple i11lérJl 1nor11l ne s11ffirait
do11c pas pour faire naitre un e11gage111ent valable.
:'l[ais la pratiq11c n'acl111et pas cettc prélendue disti11ction, q11'ignorc11l
co1111lletc111ent les elroits élrangers, et c1u'a11cun lcxle positif 11e co11sacre c11
so111111e da11s 11otre Coele. :\.ucune décision de juris¡lrucle11ce ne l'a ja111ai,-;
a1iplit¡uéc; et cela se con1¡lre11d aisé111e11t. Quel q11e soit l'i11Léret c¡11i el,'·-
lcr111i11c u11e ¡lerso11ne á co11lracler, la ,olo11lé eles ¡lartie" eloit elre respcc-
Léc, tl11 1110111e11t c¡11'elle 11c viole ni l'ordrc llublic, 11i les llo1111es 111ceur,-;.
2° 11 fa11l, elit le Codc (art. 1129), q11e la cl1ose soit 1_/étrr111i11ée 011 délcr-
111i1iable. Si111ple truis111e en vérité. 11 est lJie11 évident c111e les contracta11l:-
eloi·vent indiq11er c¡11elles s011t les cl1oscs qui font l'o]Jjet ele leur contrat, et.
s'il s'ag·it ele clioses ele gc11re,en indiquer la quantité, soit cx1lressén1e11t, ;.;<)il
taciteme11t. Ja111ais deux personncs se11sées ne fero11L un co11trat sans e¡11c•
l'ol)jct c11 soil elc':lcr111i11é ou elétcr111inalJlc .. \nssi,11c trouvo11s-no11s ici enco1·"
auc1111e clécisio11 ele j 11rispruele11ce.
3° 11 fa11t e¡11e la cl1ose soit JJossible. /11111ossibiliu111 11ull<t rsl obtir¡<1fi().
Cela ,·a e11core ele soi. On peut conceYoir ccpe11ela11L <¡11cl,¡11es a¡)plication,-;
ele celtc conelitio11 llans le cas oú, a11 jour ou les ¡larlies ont co11tracté, la
cl1ose c111'clles avaient e11 Yue se lrou,·ait, a leur insu, etre elevenue i111po,-;-
sible. l>ar exe111ple, supposons q11'au le11de111ai11 de la loi elu :17 juillet 187·1
sur le recru te111e11 t lle l'ar111ée, q11 i a s11¡)J)ri 111é le re111place111e11 t n1 ili tai re.
cle11x perso1111es e11sse11t fait un co11lrat de re111place111e11t, ig11orant la J)l'O-
m11lgatio11 ele la loi; ce contrat aurait été 11111 faule d'objet ¡)ossilJle.
La rt'·glc r1c Yise el'ailleurs c¡ue l'i111possibilité origi,iaire r¡11i e1npechc I"
co11lrat ele se for111er. Si l'impossilJilité s11rYic11t 1111e f«)is le co11trat 11011é.
cel11i-ci 11'est ¡ias 11111; 111ais il y a 011 il 11'y a ¡Jns, selo11 la cause ele l'i1111)0,-;-
silJilité, libératio11 du débileur.
'•·• 11 fa11t enfi11 r1uc le fait promis par le pro111etta11t l11i soit ¡1erso1111c•I.
L'arliclc 1119 cxpri111e celle co11elilio11 c11 11ous disa11l: (e ()11 110 peul s'en1,!'a-
ger l¡t1e pour soi-111e111e. » 1Vemo c1lie11u111 Jaclll/11 JJro111itlere potes/. i\lais,
ici cncorc, prnliq11e1r1c11t, ja111ais on 11e re11conlre ele co11lrat lon1ba11l sc,11,-;
le Ctlup ele la r<'•glc. ll arriYe so11Yc11t <¡11'1111c ¡ier:--011nr Jlro111<~lle le fait ,I'a11-
l1·11i, ~c11len1c11L lorsc¡11'il e11 est ai11si, il y a lu11jours co11lrat Yalable, car l1•
¡1ro111ctla11l s'engage lui 111e111e ¡iar cela :--e11I c¡11'il pru111et le f'ail el'a11Lr11i. e:,~
1¡11'il pror11el en ell'et, c'est ele J<zire e,i sorle ,¡11<! le licrs ¡iar lui ,·is<'\ accc,111-
1>lisse la ¡1reslalio11 l)l'0111ise, 011 si111¡)lc111e11l s'(Jliligc it l'acc1)111¡1lir. l)a11s li,
scconll cas, il y a co11lral ele J>orle-furl, el le J)Urle•f'<)l'l csl lilJ<\rú c1na11cl le
tiers s'est c11gagé. Da11s le ¡1re111ier cas, 11 la co11Yc'11lio11 ,le 1u1rlc-f'c1rl s'a-
jo11le 11n ca11lior111c111e11t, et le porte-f'url-ca11Li1Jn csl lilJt':r<'~ «1uancl le tiers a
acco111pli la 1lreslalior1 ,·ist'.·c. J)a11s les cle11x cas, le pr,,n1ella11l s'ol>lig-e })<•r-
s1Jnr1rlle1r1enl. c:·csl ce <111e c<1nslalc l'arlicle I r ~<> c¡11i :--e luile cl'ajo11l<'I' :
u XPa11111oins 011 pc11t se ¡1e,rlcl' forl pour 1111 licrs, en ¡1ro111cllanl le fail
<le crlui-ci; ,-;auf l'inele11111itú co11lre celui <111i s'esl 1>ort<'· l'«>rl. 1)11 c¡11i a ¡ir«>-
111 is lle faire ralifier,si le liers rcf11se ele ten ir l'c11g-age111e11l. ,, Cel l.c srcu11<ll'
{ll'lll)OSitio11 cl<'·truil la lll'Clllicre ; elle l11i c11lc\'C lo11L pjJ'p(., car l<>lllts l«·s

'
CONDTTIO:\'S DE FOl\)I:\TIO:\' El' llE '',\LIDITÉ DES CO:\'TII.\TS 309
fois (!l1'u11c person11c « J)romet le fait cl'a11trui », 011 dc,·ra ¡)rés11111rr ffllC,
da11s la penséc (les ¡iarlies, il )' a co11ve11Lion de· porle-fort. La regle éno11-
cre par l'article Ir 19 prencl clone la physionon1ie d't1ne regle morte; c'est
une surviva11ce l1istorique qui n'a plt1s al1cun intéret.
La sc11le regle ,iYa11le et pratiqt1e en la n1aliere, la seule restriclio11 i11Lé-
rcssa11tc apport<'~e ici a la liberlé des llar! ies consiste e11 ce que l'olJjeL du
conlral ne (loil etre ni contraire a11x JJ011nes n1ceurs, ni co11traire a l'ordre
pnlJlic.
11 est i111possilJle (l'i11cliq11er les tres 110111bret1ses a1)11licalions c111e la j11ris-
JJr11de11ce a faites ele cette regle. Nous nous. contenterons de signaler les
(le11x principales ; ce sont les sui,,antes :
1 º Le co11trat 11e peut pas a,,oir pour olJjet une él1ose l1ors dt1 con1n1erce ;
'.lº 11 ne pe11t l)as avoir 11011r olJjet une s11ccession non otrverte.

Les choses hors du commerce ne peuvent etre l'objet d'un contrat.


- La regle esl for111ulée })ar l'article r r:>.8. Elle a ele 110111lJre11ses il}lplica-
tio11s. 1\i11si, les contrals ne pe11vent avoir llour o!Jje t les cl1oses 11011 s11s-
ce1iti!Jles d'n1J1Jroprialio11 privée, co111111e celles d11 clo111ai11e 1111blic.
11 y a aussi eles cl1oses que le législaleur sot1strait nux li!Jres co11ve11lions
(!es parties po11r eles raisons d'orclrc 1J11l1lic 011 cl'i11t{·rcl g·c'-11c'·ral.
'l'els s011t :
1° L'élal el la ca¡Jacilé des }Jerso1111es. Nous savons clCja c1ue les }Jilrlicu-
liers 11e pe11ve11I pas, par le11rs co11ventio11s, n1oclifier les regles légales co11s-
lil11LiYes (le l'c'.•tat et (le la ca1Jacit{,.
~º La liúerl, 1 dP l'inllivi(l11 sous ses (lill'c'·rer1les for111es : li!Jerlé ele lravail-
lcr, lilJerlé de faire le con1111erce, ele. Esl inlerllit to11t co11lral fJ11i 11orlerail
;.trave111c11I alleinlc Ít celle li)Jcrl<'. 1\insi, l'arliclc Ií8o, ali11c'·a 1r•·, 11rocla111e
(¡11'011 ne peut cngager ses serYices c¡11'a l•~n11Js 011 pour 11ne e11tre1Jrise déter-
. ,
111111ee.
0
:~ Lcs.fo11.ctio11s p11bli111u's. Cel11i c111i en esl i11vesli ne JJe11t clo11c pas c11
(1isposer. Cepe11da n 1, nous savons (Jlle les offices 1ninistériels reprc'-senle111
¡1011r le11r tilulaire 1111e v{·rilalJ!e vale11r }latri111onialc, p11is(111'il jouil clu
<I roi 1 (le ¡1rése11ler 1111 s11ccessc11 r it l'agró111e11t (111go11ver11en1e111, el })et1l sli-
p11ll'r d11 cessio11nairc 1111 prix <le cessio11.
/1" l~111in, la lc>i a11¡1orle <les reslriclions .'1 la circ11lalio11 <le certaines cl10-
ses ¡1011r lle;; raiso11s (livcrses.C'csl ai11si c¡uc les l1ie11s dolaux so11s le rc'-gi1nc
d(>lnl so11L i11alié11alilcs. l)c 111¡\111e la 111ise er1 vente <lf's s11lJslances vc'-11c':11eu-
scs cst r{•glcn1e11I{<'; la ,·enle des a11i111a11x atlei11ls 011 so1111~01111c'·s d'etre
allPinls ele rnala(lic• c¡}Jllagie11sc csl ¡1rol1ilic'•c, etc.

Les successions non enoore ouvertes ne peuvent etre l'objet des


contrata (1). - ,\11\ lcrn1es <le l'arlicl<' 11:{c>, alin{•a 2, on 11f' ¡ic11I (( re•
ll<•llC()I' /1 111\P succcssil)ll Ilüll Ol!Y('l'I<' 11i faire a11c11ne slip11lali<)II Sil!' lll!e
¡1ar1'Íllc s11ccc;;si,i11. lll(\111c aver I<• cc.1nse11lP111c11l ,le rclui <ll' la s11cccssio11

1. Nast, Etud,· s11r la p,·ohibitio11 des flllCles sur successions {1111,res, these l'aris, i905.
Ll,-RE 11. - Tl'fRE PRE,IIER. - '
PIIEMIERE l'.\.RTIE. - CII.-\PITI\E II
310

<luquel il s'agit >>. C'est la fa111euse prol1ibition des /Jactes s11r s1iccessio11s
f11lu1·es. On la renconlrc da11s d'autres textcs encore, 11olo111n1c11t dans J'nr-
ticle 1600, et dans l'article , 389 d'apres leq11el les futurs {•po11x 11e ¡le11vcnl,
da11s le11r contrat de n1arioge, faire a11cune con,·ention 011 re11011ciatio11
u dont l'objet serait ele chang·er l'ordre légal des successions, soit par rn1)-
port a eux-rncn1es dans la s11ccession ele le_urs enfants 011 clesce11dants, soi 1
par rapport a leurs er1fa11.ls c11tre e11x n.
Ces textes sont fort larges ; ils i11tercliscnt to11s les contrnts. c¡11cls q11'il,-,
soient, relatifs a une succcssior1 future .. ~Iais ces contrats ¡1e11ve11t se ra11g·pr
e11 deux groupes, qu'il importe de l1ien disli11guer, car ils sor1t i11s¡1irés pnr
des rnotifs absol11ment clifTérents.
1° l 1 actes aya,it ¡101ir·objet la succe.~sio,i d'azilriii. Un l1érilier préso1n¡1til'
dispose ele ses droits é,-cnt11els dans la succession d'un de ses 11are11ts encore
vivant, el cela dans un co11Lrat passé soit avec 11n étrnngcr, :.;,1it avec s<'s
fut11rs col1ériticrs. })ar c:xc1111lle, il ,·c11cl ses rlroils l1éréditairrs l1 u11 Licr,-,.
011 lt l'u11 ele ses col1ériticrs 011 e11core, les l1óritiers pri•s0111ptifs d'1111e
perso11ne encore ,·ivanle fo11l entre eux Ún 11acle pa1· ler1ucl ils con,ienne111
ele ter1ir pour n11l le testament rvenl11el clr rellr-ci, el de l)arlag·er sa s111·-
cession co11for111i•111r11 t ;'¡ la loi.
2° />acles Rlll' sa pro11re s11ccessio11. En second lic11, 011 pc11t suppo:-er
c111'11ne perso11nc ,-euille dis1Josrr ele s<J11 ,i,a11t de sa prn11re successio11
par ,oie de co11,cntior1. Par exer111llr, elle instil11e u11 l1t'·rilier 1)arco11lral.
Ou encore, elle fait ur1e elo11atio11 ;\ u11 ele s<'s e11fants et rxigc c¡11e, co111111r
contrepartie, il renonce a !'avance a sa successio11. 011 l1ic11 r11fin, ,Ie11x
¡1erso1111es s'ir1stil11enl réciproc¡11en1e11t lH'ritibres 11ar 1111e 1111\n1c co11,·entio11.
f,a loi i11lereliL i11elilfére111n1e11l ces cleux sorles <Ir pacl<'s, 111ais po11r 1IP,-,
raiso11s a11ssi clill'ére11tes c¡ue les 111obiles c¡11i clótrr111inP11l lf's c,1nlract:111ls
Ja11s l'u11 et l'a11tre cas.'
Lc's ¡)acles sur la s11ccrssin11 rfr11itr11i i-nnt (l{·frr1d11s parce q11c, a11 ¡)oinl
ele vuc t'•cono111iq11e,ils 11'c1fl"renl <¡11e eles incon,é11ie11ls. lis i'•111a11e11t, 11rcsq11P
toujo11rs, 1!'1111 l1éritier préso11111tif q11i, ¡1rcss1' 11ar le l1Ps<1i11 dºarge11l, c<'!d1•
ses <lr<iits {•,r11t11els ,'¡ 11n 11s11ri<'r 11011r 1111 1>rix l1ie11 i11ft'·riP11r ,V lc11r valP11r.
E11 <>ulre, <le !elles 0¡1i•rali1>ns cl1n<11H'lll clrs s<•11li111e11ls rr•s¡1p,•(al1les; il) 11
e¡11Plc¡11e cl1ose cl'ir11111oral :'1 ,oir 1111 inclivi<l11 s¡1t'•c11!Pr sur la 111cH·t de 1"1111
de S<'S ¡1nrrnls.
(,es cnnvr11li<111s 11ar lPsc¡11<1lles 1111c IH\l'Sc,11111· r1'.gl<' ;\ 1'a,·a11ce s11 ¡11·0¡1r,·
s11cces.~io11 11c11ve11t, a11 cr>11lrair<', fnrl l1ien S<' clt':fc11clrc. l•:IIPs ¡1rt'·s<'11LP11l
une i11cor1leslal1Ir 11lilit{,; <'ll<'s 0111 {,ti'· fr>rl. rn111l<1y{·es clan.; !l<llrr a11ciP11
Droit. I,a pri11ci11alr 1J'p11lrl' C'll<'s, l'in,-.lilulion co11tracl11ellr· 11"h{~riliPr, r,,;I
1111\111r <'11c:orc ¡>er111isr. S<Jil ¡1ar contra! 1ln 111arin¡.rP <·l au ¡>r•>lil. <l<'S ful11r,;
t~pou\ 011 1lc lcur:; enfanls lt 11ailrc (arl. 1c>8:>.), S(>Íl <'1111'<\ i'·¡><HI\ (arl. i1l1¡).
}lo11 rc¡11<1i clone 11c1I re lr1i ¡)r11l1 i l1e-l-rllc1 C<'J>C1Hla11 lc·n ¡>ri nci ¡H• Cl'S c1111vc11t Í<>n,; :,
C'e,-;l parce c¡nc,:'t torl ,>11 :'1 rais11n,P!I,, Y<'lll <Jll<~ l'i11di,id11 r<',;1,· lil>rn j11sr¡11';'1
sa 111ort <le rí·gler )p srirl <IP so11 ¡>r1lri111oi11<'. t•:llc <l<'·ricl<' c•11 c11nst'·<¡11P111·1•
r111e ce r<'•g·lc111<!IIL ne! <l<lil l\lr<' fait c¡11c srl11s f,>r111e 1lc IPsla111P11l. acl1• 1111ila-
lt'ral et. esse11l icllr'lllC'IJI r{,v¡u•ahl<'.
,,.
1 ',

CO~DITIO:SS DE FORl\lA.TIO~ ET DE V.\.LIDITÉ DES CO'\'Tl\,\TS 3I I

'l'ous ét11dierons la prol1ibitio11 des conventions passées par 1111 ,/e i:ajus
s1ir sa pro¡1re s1iccession dans notre troisieme Yolu111e, en l1·aitar1l rl~ l'i,11:.;-
tit11tio11 contractuelle, et nous nous contenterons ici cl'étuclier la J)l'Ohibi-
tio11 des pactes a}·ant po11r fJ!)jet la s1icce.~sio1i 1l'autrui.
Histo,·ique. - La 1)rol1ibi tio11 re111011te au Droit romain. Une conslitulio11
de Justinien (3o C. lle pactis, 11, 3), reproduisa11t et gé11éralisant <l'a11tres
clispositions a11alogues antérieures (1 D. hered, 1•el acl. ioen1l., XVIII, 41, c,)n-
dam11e d'11ne fai;on générale les pactes a}·a11t l)OUr objet les clroits que les
inléressés pe11ve11t a Yo ir da11s la s11ccessio11 d'une ¡)ersonne e11core viva11 le.
Ces pactes, dit Justi11ie11, so11t contraires aux )Jonnes n1murs el, de plus,.
dangereux, parce q11'on y spécule sur la n1ort d'autrui. 1'011,tcfois la me,ne
a
constitution apporte une lin1itation in1portante la regle q:u'elle établit, e11
clécidant que les con,-entions de ce genre cessent d'etre 11ulles, lorsque
le ele c1tjus les a approuvées lui-n1en1c.
La prol1ibition passa dans notre ancien Droit ; la 111ajorité ele 110s a11teurs
y ap¡)orlait d'aille11rs le 111e111e te111péran1e11t q11e J11stinie11. 11 y avait cepen-
a
dant ce sujet des diverge11ces, el l'on citait 11n arret du Parle111ent 1le París
de 1530 qui a,•ait ann11lé la vente d'une s11ccession f11ture, bien <Jtt'ellc etil
été faite avec l'approllation du de c1ijzzs (Potl1ier, Obligatio1is, 11º 1.32 ; Ye,ile,
a
nº' 525 518 ; Lebr11n, .Successio1is, l, II, cl1. 2,sect. , , nº 39 ; Lo11et, A1·1·éts
notables, Leltre H, n• G).
Regle d1i Code civil, ses ~011sé,¡uences. -· Les rédacleurs clu (:ode civil se
so11t prononcés clans le sens le pl11s rigo11re11x ; ils ont écarté la distinctio11
faite par J11stinicn, el ont interdit les stipulalio11s a,•ant pour objet la 811c-
cessio11 d'11rie perso1111e viva11te, 111e1ne q11and cette dernierc i11te1'Vienclrait
¡Jo11r les a11loriscr (art: r 130, 2° al. el 1600).
Un ne ,·oit ¡1as tout cl'al)ord q11elle cst la raiso11 c¡ui les a déter1ninés i1 se
111011lrer si séveres, crrr le conscnten1ent d11 lle ci,jus fait disparaitre le 1Jo-''
a
lizm 1no1·tis; il cnleve l'actc ce L]ti'il a de cl1oqua11t. La se11le raison donnée
en 180!1 (devant le 'l'rib1111at) f11l q11'il i111portait ele faire cesser la diversité de
j11ris1ir111lcnce q11i existait e11tre les trill1111a11x,do11tquelques-uns aclmettaient
la distir1clio11 ron1aine, landis c111r, les a11lres la re¡loussaient (l<'e11et, t. X 11 l,
p. ,t,li ; l.,ocré, L. \.11. 1i. :.i/19, 11° 7) .. \ ccllc pre111iere raiso11 11n. pc11 faiille,
<Jll ¡1e11t en ajo11ter 11ne scco11dc plus clc'·cisive, 1:'csl q11c 1lcs pactes <le oc
gc11rc, <ia11s q11cl<111cs co11ditio11s q11'ils soic11L co11clus, 11'011l a11cu11c utilité
écono111i<111c ¡)011r l'l1éritier <111i <lispo:,;r, (ic ses <lroits c11 fa,·e11r d'11n tict-s,
l1ériticr ¡1rt'!so111ptif co111111c luí <>11 t'~tra11gcr, Une telle ccssio11 csi. le y,lus
st111vent <lésavant.ag·e11sc. J,a ¡)résence rl11 lll' c11,j11s 11e cor1slit11c µas une ga-
ra11lic s11f'fisa11tr ¡io11r le dis¡Josa11L, 1~11 eíl'el., cct.tc llrésc11cc 11e se comprc11tl
et 11e se renconlre e11 ¡iratic111c (Jite da11s le cas 01\ l'actr, sr })asseenlre coh(~-
riliers; or, il se ¡1c11t r¡ue le de c11¡j11s vcuillc fa,oriser 11n de ses l1ériliers
présc,rnplifs a11 <lólri111e11l ele l'a11trc, ce c¡11c la loi ,·oit d'1111 1nat1vaill mil.
,\11 s11rpl11s, c111cl sera le r,\Ic cin 1iu c11;j11s ·i11lcr•,c111111l :1 (111 bic11, il so
contcntcra 1le 1lo1111er son asscnli111er1l, sans rie11 pro111cltre, sa11s c11ga-
gcr Pll c¡11oi r¡nc ce soil sc,n drr,it ele <lispositio11. et cet asscnlimcnl alors
11'1111ra gu,\rc <l'11tilitú. 1111 hic11, 1l<'•s i'1 ¡ir<'sc11t. il co11fi1111era en ce <¡ni lo
3I 2 LIVRE II. - TITRE PRE~IIER, - PRE~IIERE PARTIE, - CHAPITRE II

cc,11cer11e les conséquences a atle11llre de l'acte co11clu, el s'engagera Jlar lit


111e111c a le respecler ; n1ais dans cecas, il sera vrain1ent partie a l'o¡)éra-
tion, laquelle devie11dra des lors une institution contractuelle d'l1éritier.
Qt1oi qu'il en soit, voici les conséqt1e11ces CJtli décot1lenl de la prolrillition
co11sacrée par le Code ci,,il:
1• Il est interclit á l'l1éritier préson1ptif de ,·endre á u11 tiers ses droils
<·ve11luels (art. 1600).
'.'-º L'l1éritier ne pcut pas 11011 Jllus re11011cer d'ava11ce ases droits éventuels,
Sl•it it litre gratuil, soit á tilrc 011éreux, au profit d't1n ot1 ele tous ses col1éri-
licrs (art. 791, 1130).
3° 1<:st nulle la con,·e11tiou par lac¡uelle les l1éritiers préson1ptifs d'u11e
¡1ersonne s'engageraient a co11sidérer con1n1e inexista11t tout lesta111ent de
cette ¡)ersonne qui a,·antagerait l't111 deux (Req., 1:) 111ai 1884, D. P. 84. 1.
L168, S. 84,1.336).
F:11 reva11cl1e, il ne scrail J)as i11lcrtlil i1 1111e ¡>crso1111c contracla11L 1111
l'11gagement, de stipuler c111'ellc llaierail sa dclle lors de l'ouvcrtt1rc ll'u11c
succcssion á laqt1ellc elle ,t des droils évcntucls. Ccllc cla11sc co11slilt1c, 11ou
1>as u11 pacte sur s11ccessio11 futuro, 111ais si1111>lc111e11l la fixalio11 ele la dale
d'cxigibililé de la créa11cc (Ilec1., 15 février 1897, D. JJ. 97. 1.58::i. S. 98.1.86).
Exceptio,1 a la proltibitiori. Jfypollteque des bie11s a
veriir - Le Code a
a1,porté á la prol1ibitio11 une cxceptio11 q11i 1>arait lot1l cl'aborcl illogiquc.
,·oici 011 q11oi clic co11sisle. Su1)poso11s q11't1n l1érilicr, JJrcssé ¡)ar des l)csoi11s
<!'argent, vct1illc s'en.J)rocurcr eu l1y1>0Ll1éqt1anl a l'avar1cc les IJier1s i111n10-
liiliers qu'il espere hérilcr JJl11s tarcl. Une telle 01>éralio11 conslitue ÓYidc111-
n1er1t t1n 111oyc11 lle clisJJOscr ele ses elroits l1ér<'~clilaires. Aussi esl-clle i11terdilc
par l'articlc 212~). al. 2. l\lais l'arlicle '.>.130 rr,ic11L aussitt',t s11r la ¡>rol1il)i-
tic,11 c11 a11lorisant le débite11r á l1y1>oll1éc111cr les bic11s q11'il acquerra da11s
!'avenir, lorsque ses im,,ieubles ¡1résertls el libres so,il i11s11ffisarils 1>011r la
s1'\rcté d11 créa11cier. JI y a, 011 1a sotrvcnl fait obser,·er, 11nc ,·érilal>lc
cc,11lradiclion c11Lrc les cleux lextes, el la tlis¡>osilio11 <l11 scco11cl a11éa11lit l'i11-
lcrdictio11 prono11céc par le pre111ier.
l•ort l1cureuse111ent, la co11clilio11 cxig<'~c par l'arlicle 213o Jl<lur la ,aliclilé
ele cette l1ypoll1ec111c s11r liic11s l1<·r(·clitaircs :\ ,cnir r11 rcslreinl 11lile111c11l
l'e111ploi, et en cli111i11t1c le da11g·cr. 1;11y¡Jcill1ee111c 11'csl 011 cll'cl pcr111isc c111'au.
1lébileur qtti posst~dc <léj:\ eles i111r11eublcs, les1111els so11l i11s11ffisa11ts J>tiur
g·ara11tir I'ol)ligalio11 qu'il ,cut co11lraclcr. J,'i11lcreliclior1 rcpre11cl clo11c , i-
gt1c11r, quand il s'agit el'1111 l1t\l'ilic1· JJr{•so1111ilif c111i 11'cst propriélairc actucl
C1,a11c11n b'ten 1111lll0ul
. 1 ··1·
ICl' (('' " ,)/IIIYICI'
,1,., .io . . l<J7'.I.,
"-' 1) , ¡> . 'jq,
' l ,!l!I, ,,.
'"' 7,>.
., I ..~¡() ~1 ;
11 111ars 18¡¡5, D. P. 9fi.1.:{o;i, S. DG, 1.t,:{:{ (scil. i111¡>I.).
Lors du projcl ele réfor111c l1y1Joll1écairr 11<' 18/10, ,,11 a elisculé la c111cs-
lici11 de savoir s'il fallait 111ainlcnir l'arlicle :11:{o. ],a 111ajorité <les cours
d'appel s'est pro11011céc po11r l'affir1r1alivc. Jlarce c¡11P, 0111-ellrs llil, la
fac\1lté qu'il cJrga11isc rcn<l eles serviccs a11 el<',liilct1r clans J'p111liarras.
l,a loi l1y¡Jotl1{•cairc i>clgc <111 1li 1lt'·cP111lirP 18fi8 (arl. 78) <'Lle C<lclr_ civil
italic11 (art. '!}77) 1111 011t ,jugó aul1·e111c11l, PI l1111s 1lcux ,n1l ¡>rol1ilu', sans
reslrictic111 l'l1ypoll1t•q11e eles }Jic11s ú venir. Psli111a11I <JllP l'exc1•¡1ti,i11 a¡JJlOI'-
CO'.\"DITlí)'.\"S DE FOR~IA.TIOX ET DE VALIDITÍ: DES CO'.\"TRATS 3I 3
ll:c au principe llar 11r>lre Collc ofl'rait l1r1 ali111c11t a
la lll'Olligalilé et
l'aYorisait l'us11re. 11 esl j11stc lle rccon11aitre que rien da11s la JJratique
fran<;aise 11e parait qua11l it prése11t justifier cette appréciation.

SEC'fION lll. - DE LA e \T-sE.

Définition de la cause. - La ca1ise se rencontre dans to11le o!Jligalion


a~ant sa sf111rcc lla11s la Yolont<'., de l'indiYidt1, qu'ellc soit contractuelle, ou
l[11'elle rés11ltc cl'1111c clisposition testa111entair~. E11 cfl'et, tol1tes les fois
tJlI'une pcrso1111c s'o)Jligc, elle le fait e,i vue cl'u,i biil in1111édiat, direct,
l[Ui la dt'•ter111i11ca faire 11ailre l'oblig·atio11; c'est ce but que 1·011 ap¡Jcllc la
cause. Et. cl'a¡Jres llne lloclri11e rc111onta11t al1x jurisco11s11llcs ron1ai11s,
{lOUr q11·u11 co11trat soit ,·alalJlc, il faut ql1c les obligalions qu'il e11gendrc
aicnt une cause, el c111e ccllc ca11se ne soil ni illicilc, ni i111111oralc. Cct élt'·-
111ent de ,·alidilé du conlrat est cxigt'- c11 tcrn1cs for111cls par l'arlicle r 108,
el appliqué ela11s les articlcs r r3r et r r33 ai11si co11('.us:
,\rt. r ¡¿{r: l< I,'1JIJlig·atior1 sa11s cause, ou sur une fa11ssc ca11se, ou s11r u11c
cause illicite, 11c peut a,·oir aucu11 efTcl >>.
1\rt. r, 33 : <1 La ca11se cst illicite quand elle est prol1ilJée par la loi, quand
a
elle cst co11traire aux: bl)I1ncs 111ceurs 011 l'orclre ¡Jublic. >>
11 11'est pas ele 11otio11 s11r laquclle 011 ail ¡Jlus lo11g11en1e11t discu Lé. La
a
¡1lupart des auteurs s'accorclc11t 111e111c aujourd'l111i dirc c1uc l'idée de cause
cst une conceptio11 artificielle, scolastique, qui ne constitue pas propre- a
r11ent parler 1111 élémcnt clistinct du consente111ent ou de l'o)Jjet, et do11t il
scrai t prt'-féra!Jlc ele délJarrasser la Scic11ce.
N"ous croyo11s q11c ccttc critiq11c est 1nal fo11cl<'·c, et c111'unc analyse a¡)pro-
1'011die el11 n1écanis111c clu contrat 111or1tre )Jicn l'utilité ele la notion de cause.
D11 reste, la j 11risprudcnce, a la cli ITérencc ele la cloclri ne, fai t consta111-
111ent appel tt cctlc r1otio11, et i11non1lJralJles s011t les d~\cisions q11i an11ulent
1l<'s conventio11s JJ011r ca11se illicilc 011 i111111orale. No11s verrons meme que
les Lril>1111a11x 011l élargi consi1lí•ralJlc111c11l le se11s ele l'cxprcssio11, et q11'ils
confo11dcnt souvc11l dcux 11otio11s lJIIC les aulcurs disli11gue11l avcc soin, la
c1111se et le 111otif.
a
CcllP disli11clion a ¡',[t': em1>r11nlt'•c par les i11lcr1)retcs d11 Codc IlOS a11-
cicns a11lc11rs. ]~lle avait été préciséc J>ar D0111at (l~oi.-r: civiles, li,·. 11, litre I,
secl. 1, 11° ;>, écl. Ilcn1y, L. I, p. 122) el rc¡)risc ¡Jar Potl1ier (Obligalio11s,
11º' /12 et t1:{, écl. ]311gnct, t. 2, p. :i/1). Voici c11 c1uoi clic consiste.
La ca11sr (causa ¡Jroxi,na) d"11nc obligalio11 convc11tio1111cllc, c'cst la ra_ison~_
i111mé,liat1:, (lirccle, loujours lc1 mi1111e da11s 1111 co11tral cléterminé, qui a poussé
le délJile11r /¡ s'ol)ligcr, éta11l 1lonní· q11'il a conclu lcl contra!. pl11tcit c111e
tcl a11lre.
a
L<' 111otif a11 co11traire (c1111sa 1·c1nola), c'csl le n1olJilc ¡1crso11ncl cl1aq11c
i11diviel11,varia)Jlc avcc cl1ac¡11r co11lracta11t, <Jlli a ins¡liré a11 1lélJitc11r le clésir
clc s'olJligrr.
Ainsi, tanclis íJIIC la cau~r esl i111lt'·¡1P11cla11lr ele la ¡1crso1111alití: clu con-
LIVHE 11. - TITRE PHF.)IIEH. - '
PRE~11EllE P ..\.HTIE. - CIIAPITHE 11

tractant, qu'elle est <léter111i11ée par la 11ature dt1 contrat, et non ¡Jar les
besoi11s perso11nels el varialJles tlc l'individt1, le 111otif esl la r:1ison psycl10-
logique, essentiellen1ent perso11nelle a cl1aque contractant, ,·arial1le a l'infi11i,
a
r111i pousse 11n indi,·ielu conlracter.
Pour IJie11 co111¡1rendre cetle elifl'ére11ce, il esL 11écessaire tle faire l'ap¡1lica-
tio11 ele la el{·finition de la cause a11x eliverses catégories tle ro11ventio11s, en
tlistingua11t rntre fes co111•1'11tio11.~ i,itéressées et la llo11n/io11 c11/re 1•ifs.

1° Cause des conventions a titre onéreux. - Da11s les co11,·e11Lio11s


it Litre 011éreux. on peul dire que la cause esl le b11/ j11ricliq1ie qu'une partie
veut atleinelre en s'obligeant .
.i\. Co11lrals s.1·11c1llag111atiq11es. - Prenons pot1r tyJJt' des co11lrals S)·nal-
lagr11atiques la ,·er1le, le plus usuel de lot1s. Da11s la ve11te, le- ve11deur s'o-
blig·e ;\ tra11sf1'rer la proJJriété de la cl1ose, e11 consitléralio11 d11 ¡Jrix que doit
lui pa)·er l'acl1eleur. el l'acl1elc11r s'olJligc ele s011 colé ll payer le prix, ¡Jarce
q11'il ve11l cleve11ir propriélairc ele la cl1ose. L'olJligalion tl11 vendeur a clo11c
pour cause le paien1enl tlu prix, c·est-.\-dire, non ¡1as, co111111c 011 l'a so11vcnt
e11seig11(•, J'olJlig·ation ele l'acl1elc11r, 111ais l'e;céc11lio11 de l'ohlif¡alio,i 1fe l'a-
cl1ele11r, et réci¡Jroq11c111c11t, l'obligalion de l'acl1elcur a }JOur ca11sc la trans-
. 111issior1 de la cl1osc ,end11e, c'est-it-dire l'e:céc11lio1i 1/e l'obfir¡alio,i 1l1t l'l'lllleitr.
_\u conlraire, le 111olif q11i clélcr111i11c 1111e 1)erson11e it ,r,1rlre. 1111c a11lre 11
acl1clcr, f'st varial>lc a,cc cl1aq11c co11lraclanl. 1'cl vc11llc11r aura ,·c11du, parce
qu'il voulai l se p roc1ircr de l'arge11t pour le placer e11 ,aleurs 111obilieres ;
lel autrc, 1i:1rcf' c¡u'i l a,ail IJcsni11 de paycr 11ne detlc criardc; 1111 lroisie111c
po11r tlissi¡Jer le¡> rix lle la vc11lc P11 clistraclin11s 011 e11 s¡1éc11lalio11s, ele ...
1\ 11rc111ii·rc ,11c, ce lle a11alyse JJarait 11'a,oir a11c1111e 11tilit/•. J,a ca11se ainsi
con1prise sen1ble se co11fo11tlrc a,ec l'olJjet; 11'.1¡JJJelle-l-011 pas ca11se de l'o-
l>ligalic>11 rl11 ,c11clPur la C(111sirl/•rali1J11 de l'c>IJjel ele cPllc ele l'acl1elcur et r/•.
ci¡Jro(111c111c11l :• l,'idt'•p lle ca11sP serail llf>IIC su¡1crl111e el 11'ajrn1lerail aucun
t'·lé111e11t 11c>11,ea11 at1 c«Jnlral. J,a ca11sc r1c scrail c¡ue l'olij<·I 1lr cl1ar111c olJli-
galici11 c11,isagí! sous 1111 jo11r spécial. 1
J•:-t c'1•sl hi1•11 f't' rp1r ¡ir/·l1•111IP11I l<'s a11le11rs a11ti-ca11salisl!'s. J)'a¡irt'·s e11x,
. ll11 1111J111c11l 1¡11,·. tlans 1111 c,>11lrat :--) 11allag111aliq11c•. cha1¡11c <>l>lig·aticJ11 a 1111
f.>IJjPI C'I r¡ue cel oujct rsl licite, ll' co11lral csl 1>aJ·l'ait. sa11s qu'il ~c,il 11(·ccs-
sairc cl'y i11lrod11ir<• la nolir,11 cc>111¡1lic¡11t1! 1IP la ca11sc) .
.\11 pre111i1·r al>ord. ,•p raiso11111'111c11I se111l>IP irrt'·l'utal>IP. Jlo11rl.a11l, 1¡11a11d

011 va a11 1'<>1111 tl1•s ,·IH>s<•s: ,111 s'a¡H)r1;1>it 1¡11'il csl su¡irrficic·I. l)a11s 11•,; cn11-
lrats synallag-r11ali1¡11cs, la 11r1ti<>ll <lf' causí' 1•sl e11 rt'·alil{· i111lis¡H'11salJIP, ¡>are<)
<111'c!IC' i'·talJlit rc·llc~ ,t'·ril{· t'·li'·111e11laire, <Jll<l lrs ol1lig·ati1ins ri'·ci11r<>t¡11cs des
co11I racta11ls s<Jnl cla11s 1111n i':I roile i11l<'r1l(·¡ie111la11cc, 1•11 1·1• s<)11s 1¡11c si {1111c
de ces of,fif/llli1111s ,·si i11e.,·1;<'lll<;<', ¡111111' 1¡11ch¡u1• r11iso11 1¡111' 1·1• s11il. {'<111/rc 11 '11
JJ/11.~ 1/c r1111s<'. <'I 111~ doil ¡>as sul>sisler. l•:t ¡>ar 1?1 s'1•x¡iliq11<llll tleux trails
cnracli'iristi1111<lS tlrs conlrals sy11allag111ali1¡11rs, donl il Pst i111¡i<>ssilile ele
re11clr1\ lli<'ll Clllll[>le, sans la 11t1lio11 11<' ca11s1·:
ll) l)a11s l'<'S co11lrals, si l'1111P 1lcs ¡>arlies 11\)\1'·c11IP ¡ias s1111 11bligatic>11,
CO',DITIO~S DE FOR:\IATIOX ET DE \'ALlDITÉ DES CO~TRATS 315
l'autre 1Jcut refl1scr tl'cxéct1ter la sie1111e, et 01Jposer l'exceptior111011 rt,.li111pleli
co11tracttis . .
b) Dans ces 111e111es co11trat8. lorsque l'une des parties 11'cxéc11tc JJas s011
ol)ligation, qucllc t{UC soit la cause de cette i11exéc11tion, qu'ellc JJroviennr'
de la faute 011 <l'11n cas forluit, l'autre 1Jcut elcn1ander la résolutio11 <lu
co11tral (arl. 118_/¡, C. ci,·.) .
..\11 s11rplus, po11r se cor1Yai11crc ele l't1Lilité <le la notio11 <le ca11sc dans
les contra Is sy11allag111atiq11es, il s11ffiL el'ou,·rir un rec11cil de j11rispr11dcncc,
el tic lire e1uelques-unes eles tres 110111!Jret1ses décisions q11i a111111ler1t l<'s
co11vcntions comn1e ayant 11ne cause illicite. En_yoici quelques cas e111prur1-
tes' aux d crn1ers . arre't s :
Est 11ulle, co111n1e aJa11t une cause illici te, l' obligatio11 ele ¡Jayer 1111()
son1n1e a u11 i11elividu, sous la conditio11 q11c ce dcrnier s'al)stienelra de s011-
1nissionr1cr á u11e adj11dication (Paris, 12 j11i11 1912, Gaz. J>ctl., 1912.2.331.
11 c11 csl ele 111e1ne de la C<Jnventio11 par laquelle 11ne société i11clustricl)()
s ' cngage a' verscr d es son1111es d' argen t. qui. sont d est1nees . ' a' e"t re re1111ses
. a'
tilre de co111n1issio11 a des fo11ctionnaires d'1111 go11,·ernen1enl étranger, po11r
les clétcr111iner a fa,oriser ladile société dans ses tr-actations comn1ercialr,s
. (Req,, 15 111ars 1911, D. P. 1911.1.382, S. 1911.1.447).
Est a,1ssi n11l, co111111e aya11t u11e cause illicite, l'engagen1e11L pris par ,111<'
perso11nc e¡ui sollicile une co11cession de tra111,vays, de payer a litre de col1r-
tagc 1111e son11ne d'argl'11t a 1111 tiers, po11r ré111unércr ccl11i-ci ele tlén1arcl1es
qui 11'avaient d'aulre lltil que d'assurer a11 ¡Jostulant << les bon11es gri'\.ces de
lºa<l111inislralion n (Ci,·., 3 avril 1912, S. 1912.1.38:1. ,,_ aussi l{eq .. 5 f<'·-
vricr 1902, D. P. 1902.1.158, S. 1902.1.389).
I,c dcrr1ier exe111¡1lc 11ous :-<•ra fourni par les conlrals de co11rtagc 111atri-
111onial. L'obligatio11 par la<111cllc 1111e pcrso1111c s'cng·age a 11aycr 11 1111c autr<·
11ne so111111c d'arge11l á litre de co111111issio11 JlOur la 11égocialio11 cl'u11 ¡1rojcl
<le 111ariagc,est n11lle con1111e a)·ant u11e cal1sc illicitc (Paris, 27 oct<JIJre 1892.
L). ¡i_ 93.2.:171, S. i,:~.2.2!1; J~esa11<:011, (j.,.11ars 1895, J). 1i. 95.2.:1:i:1, S. !)ií.
'.l. l!)fi; 1'ol1lr,11sc, 5 110,·c111lJrc 1900 sous Cass., D. 1>. 190!1.1. 1 1:10, S, 1905.
1.·181º1• .
l)1111s lol1s ces c,!S, le c,u·actt)re illicitP, <l'aillcl1rs ¡larfois cor1tcstaJ¡Jc, 1le
l'olJjel <1°1111<~ eles obligatio11s, c'csL-.'t-<lirc cli, la ¡1rcstat.ion pron1is<· ¡iar 1111
eles co11lracta11ls ;\ J'a11tr<', <·nlrain<' la 1111llilt'· <111 co11lrat t<,ul c11ticr. Cnllc
<l<)S ¡1rcslalin11s <¡11i r)st licil<' <'ll sui 11<• rcccYra clo11c J>as <lºexóc11Li<HI.
11. <;011/r11ts 1111il1111:r1111.,;. - ])ans 1111 conlrat 1111ilalóral, la caus<) r¡11i
<l<'·terr11i11c le <lt'·l,ile11r 1'1 s'ol,lig·cr, varic, s11iYa11l chat¡u<' cs¡,<'·cc <le contra!.
l)a11s le /Jl'< 1l rl'r1rr¡e11I, l'c•1111ir1111lr11r s'r>l>lig·<' 1\ rnslit11,·r les <lcnicrs ¡iarcc
<¡11'il )Ps r<•i;oit. <111 JJr1\t<'11r. l,a ca11s<' <l<' s<)IL nl>lig·ali<>11 esl la r<'.•ceptio11 tics
fo11ds ¡1r1\t/·s. C,\ r111'il \<'111, c',•sl rrrc\YOir l<'s dP11icrs, et c'<'sl )l<l11r cola
c111'il s'<'ngag<' ¡\ les r<•11<lrn a11x C<J11clitio11s sli¡l11l<'·cs a11 ro11tral. J)c 111<\111<•,
<la11s In 11a11lisscrnc11l, I<) cr/·a11ci<•r g·agiste s'ol>lig<' ;\ re11<lrc l'<)l>jcl, ¡>a1,r,p
<tuºil I<' rc•c:oil. l 1l11s g1•11<\ralc111i,11I, da11s 10111 crJnlral récl, la ra11s(• c'csl la
re,nise 1:lfccli1 1c 1le la ,·cs.11 <'11 r<'·s11llc <111c 1·,·1n¡Jr1111lc11r, n11t-il sig11l• 1111 acle
<l'c11gagc111<\11I, 11<· s,•ra 11as <il,ligc\ \'i1lalilP111P11! si )ps <.lc11ir•rs <le l'c1n¡>r1111I
ne 1111• <>ni J>as etc • • <'1>11111 1c•s.
'
LJVRE II. - '
TI1'RE PRE~JIER. - - PllE~IIERE PARTIE, - CH.\PITRE II

Que si r1ous alJanelo1111ons les co11lrats réels el al)ordo11s les autres


co11trats unilatéraux, l'utilité ele l'idée de cause ,·a nous aJ)J)araitre J)lus
claire111e11t encore. Preno11s co111n1c exen1ples le paie11ie1it et la pro,nesse
1/e payer. Dans ces co11trats, la cause est le fail j1zri1liqtie a1itérie11r e111i elé-
a
lcrmine le débiteur ~ payer ou s'oblig·er. Le paien1ent a J)Our ca11se l'exis-
lc11ce d'une dette antérie11re, civile ou nalurelle, que le solve11s se proposc
tl 'éteindre. Si done cette elette n'existe pas. ou si elle est a11n11lée, le paie-
111ent a été fait sans cause ; le soloe1is peut en de111andcr la ré¡)étitio11.
a
Quant la pror11esse de Pª)'er u11e som111e d'arge11l, sa cause ¡)cut etre,
;;oit ur1e obligaLion préexistante entre les parties, soit l'i11tention el11 pro-
111ettant de faire une libéralité. Et si toule cause fait défaut, elle est n11lle.
l),1r cxen1ple, déférant a u11e reco111n1andation verbale que 111011 pere n1'a

a
faite ava11t sa n1ort,je m'engage pa)·er á une perso1111e q11'il voulait gratifier

1111e som111e ele r .ooo francs. La ca11se de 111011 olJ!igation résiele ici dans
111011 elésir d'exécuter l'oblig·atio11 nalurelle c1ui pese sur 111oi. fllais je dé-
couvre er1suite un testa111ent, fait c¡11elque ten1ps apres sa recom111a11datio11
vcrbale, da11s leq11el n1on pere legue a cetle personnr 1111 olijcl détcr111iné
tlc n1eme ,·aleur J,'obligation co11traclée ¡)ar 111oi 11'a ¡)lus ele ca11se, et j'ai le
elroit de la faire a11r1uler. La 111aliere des ejfels de eo111JJlaisa11ee 11011s offre
«'•galemenl une applicatio11 de cette regle.Ce qui caractérise ces sortes cl'effets,
c'est 1·alJse11ce ele lo11te opération con1111erciale servanl ele base it let1r é111is-
sion. Par exe111ple,u11 co111111erc;a11t J)ressé d'arg·ent prie 1111 a111i 1le sigr1er
t111 efl'et de cor11n1cree par lequel ce dernier s'e11g·ag·e ú ¡)ayer,it troi;; 111ois, 1111e
son1n1e c¡11'en réalité il ne cloit pas. Le cor111r1er¡;a11t pron1et rle rerr1ettre au
sig·nataire it l'écl1éa11ce les fo11d:,; 11éccs:--aires a11 ¡)aien1e11l el11 Jiillct. E11
altc11<lant, il esco111¡Jle l'eJl'cl ele con1plaisa11ce it u11 i)a11q11ier, ce c¡ui l11i ¡1ro-
cure l'arge11t clc111t il a 1111 liesoi11 i111111éclial. E11 pareil cas, le sig11alaire clu
])illet 11'e11lc11cl ¡ias s'obliger reelleme11t en,,ers le l)é11éficiaire; il comple
q11e cel11i-ci ¡1aicra I11i-111<\111c ;\ I'écl1éar1cc. l,'er1gag·en1e11l <111 sig·nalaire e,1-
vers le bé11<':ficiaire esl do11c 11111 ¡1arce c¡11'il 11'a pas <le ca11se (l\ec1.,18 oclo•
l1rc 1886, D. ll. 8í.1,3{10, S. 86. 1 !1íO; 11 aris, 1ü 11ove1r1lirc 1888. l). ll. 89.
·,.~53, S. 111.·i.8(), 11ote de l\I. l\ley11ial).
'1'<111lefoi;; il faul rc111are111cr ici IJtH' 1<' souscri1itcur 11c 1¡0111 ¡¡as c1¡1¡ioser
la nullité au ticrs ¡1orle11r ele l1011nc foi, car e11111alierc el'cfl'els ele co1n111erce,
les exce¡ili<)Ils c¡11e le signatairc• ¡icut fairc vale1ir co11lre so11 créa11cicr nr·
sc,11l ¡¡as o¡i¡1osa!Jles a11x tier;;.

Des cas ou le motif est pris en considération dans les contrats A


titre onéreux. - ()11 a ¡111 le conslalcr, la clislinclio11 lrarlilio11ncll<· enl.re
la ca11sc et le 111olif ceJ11scrYe leJ11le sa force, lorsc111'il s'agil el'1111 co11l.ral
il Litre onére11x. \cius rcsl<>11s ficl<'•lcs j11sc¡11'ici aux. conce¡1Lir,11s <le;; a11-
lc11rs cat1salistes. I,c caracterc licite ele la cause <l1>il :\ 11olre avis <\trc co11si-
eléré par les lrilJ11na11x con1111c 1111 ólé111c11l. esscnli<,l clu co11trat. l\Iais ils
11'<i11t Jlas :\ s'allaclH•r a11 1110Lif, varialilc el. s11lJj11ct.if, qui a 1111 ltaliilf'r le:
ccrveau cl11 co11lracla11t. [.'<Jl1lig·afi1)ll clu ven<le11r es! ,alal1l1•. cl11 111<1111e11I

CO:'íDITIO:'íS DE FOH~IATIO~ ET DE V.\LIDITE !)ES CO:'íTl\,\TS

([ti'elle tloit alJoutir ;\ lt1i fairc ¡1ayer t111 ¡1rix (cause). Jle11 i111¡1orle c¡u'il
,c11ille faire lle ce 11rix ii lo11cl1er lel ou Lel e111¡Jloi pl11s 011 1t1oi11s licite ,J11
11i oral (1110Lif).
Jlot1rtant, eles 111ai11te11a11t 11ous allo11s lrouver elans la juris1Jruele11ce 1111,·
a
cerlai11e te11tla11ce i1 re11,erser cetle elisti11clion, el co11fo11elre la ca11se el]!)
111otif, c11 faisa11t <le cclui-ci u11 {·lé111c11t esscnliel cl11 co11tral.
11 e11 sera ainsi e11 efl'et lorsc¡ue le n10Lif r¡ui a, <'Jl fail, elétcr111i11é tlll('
¡1arlie, esl 1:011111¿ ele l'a11lre ¡;arlie.<)n ¡Jeut clire c¡t1'alors la réalisatio11 elt1 clésir
rcsscnLi ¡1ar ce conlracta11t a élé l.'Ollltle, ¡;ro,nise cla11s le co11lral. J•:t alor~.
!le cleux cl1oscs 1·u11e :
Ou IJie11, le 1110Lif, ainsi ex¡Jressé111enl 011 i111plicite111c11l e11,isag·é JJar l'ac-
corcl eles co11lracta11ls, est 111orctl el licite. Par exe111¡Jle, j'acl1ete t111 terrain en
s¡1écifia11t que je ,eux }. co11slrt1ire u11 édifice exigea11t un cerlair1 111inin1u111
tic superficie. ()11 e11core,j'acl1ete lies 111arcl1andises pour les ve11elre dans unn
foirc c¡ui cloit aY<JÍ1:lic11 a t111 jour do11né. Si le terrain n'a ¡1as la conle11ance
,ot1lue, si les 111arcl1a11dises 11c so11t pas livrées it len11ls, le juge aura !Jie11
t'.·, itle111111c11l ú le11ir co1111lle tlt1 1110Lif c¡ui 111'a,ait e11gagé it acl1eler, si j'alla-
<¡11e le coulral lleva11L lui. Nous croyons c¡t1'ici l"ac\1eleur elevra cle111a11der,
11011 la 1111\lité pour alJse11ce de ca11se, 111ais la résolution ¡1our i11exécution el<'
la J)ro111esse so11scrile en,ers lui ; on lui a,,ait pro111is, 11011 pas 1111 terrai11,
11c)11 ¡Jas eles 111arcl1a11elises tcl\es <¡uelles, 111ais u11 lerrai11 a11te it la co11struc-
Lio11 ele l'<'•dificc ¡lrojeLé, eles 111arcl1a11clises á Ii,rer en le111¡Js u lile. L'olJlig·a-
lio11 el11 ,e11cle11r 11·a 11as été ren1¡Jlie; il y a lie11 á ap¡)licalio11 ele l'arlicle 118'1.
011 llie11,au co11lraire, le 111otif co1111u des deux parties est i,11,11oral Oll illi-
ritc. ,\lors. le conlrat 11e po11rra ¡Jas clre exéc11té. Et c'esl ici q11e 11ous
rcllc(Jlllr<J11s lle 11<J1111Jreux arrcls lr¡')s s011,e11l crili(1ués ¡1ar la Doclrir1c,
arrt1ts pro11on<:anl la 1111llité e11 se rallacl1ant a l'iliée cl'1111e c<111sc illicile,
alors q11 e11 réalité c'esl le 1nolif e¡ui est. contraire a11x lois ou a11x !J(J1111cs
llltBlll'S.
l'ar exe1111)l<', 1111 localaire lot1e t111e 111aiso11 011 11n a¡Jparte111c11t avec la
clause cx¡Jrcsse qt1e le IJail esl ¡Jassé pour y inslaller eles salles ele jeux lll1
l1asarll ; 011 lJic11 t1r1 i11dividt1 clor111e a IJail 1111 i1r1111eu!Jle, ela11s lequel il
ex¡1Ioile 1111c 111aiso11 lle loléra11ce, :1 t1n Liers q11i doil }' co11li1111er la 111i~111,:
ex¡>loilali<Jll. l,e co11lrat sera a1111ulé po11r cat1se illicite (1\lger, !J 111ai 18!1'1.
D. Jl. !)5,:i.·i r, S. !) 11.:i.:ío2).
J)c 111e111e, 1111 i11eliviclu e111¡>rur1le d'ur1 at1lre 11ne S(J111111c cl'arge11t, el lt's
tlcux {Jartics sonl el'acc<:ircl s11r la clcsti11alio11 ele ceL e111¡Jru11t c¡ui clc,il ser, ir
ii J'acc¡uisitio11 ll'une 111aiso11 <le loléra11ce. Ce contral ele ¡)rel esl e11core 1111\
cc11nr11e aya11l 11ne cause illicite (l\e(¡., ,., avril 18!)=>, D. 11• !)5,1,:16:~, S. !Jli.
,.:i8!), 11oledo i\I. :\1>1)ert).
a
l1arcille111c11L, l'aclio11 en rc111IJ011rse111enl est refus<\e celui q11i a ¡1reté ii
... 1111 jo11c11r, a11 cours tl'unr 11arlic ele jeu, lles fo11cls clesli11és á co11lin11er la
la parl.ie (l\e<[., l1j11illat 18!¡:1, 1). ll, 9:.1.1.ficJo, S. !)2,1,51:3).
l•:t aux 111,~111t•s scr11¡>11lcs se rallacl1e11L les clécisions qui rcf'11se11l l'aclio11
1·11 juslicc aux crl•a11cicrs c1ui (>Itl fail des 1'tl11r11il11res <)ll ¡>assé 1111 co11lral
tlt• d<>111esli1·ilt'· avcc le lc111111cier cl'1111e n1aiso11 lle lolérancc e11 v11e ele l'nx-
LlYllE 11, - TITRE l'REMIER, - '
PREllIEllE PA.RTIE. - CH,\.Pl1'RE 11
[Jloitation de cet établissen1ent. Que de pareils créa11ciers se fassenl payer
au con1plant; l'acces du prétoire leur est interdit ! Leur créancc repose
sur.l1ne cause illicite (Req., 11 noY. 1890, D. P. 91.1.484, S. 91.1.319).

2< De la cause dans les donations. - Ici, 11ous croyo11s dcvoir adopter
con1plelc111ent les conceptio11s de la jurisprudence, et no11s séparet· de celles
<les autcl1rs causalistes. l)ans la clonalio11,clisent-ils, la ca11se c'cst l'i11le1ilio11
libé,·ale, l'a11imus clonarilli, la pensée ele bienfaisancc, c¡ui anin1e tout clo11a-
leur. Il y a la,nous ser11ble-t-il, ur1e 111a11iere de ,·oir corn¡1lete1r1e11t i11exacte;
a
c'est 1111c tautologic, car elle revie11t clire q11c le do11ate11r don11e parce
y_u'il ,·eµt donner, ce qui n'explique rien. La vérité c'est que, pour co1111aitre
la cause d'une donation, il faut se de111ander pourqzioi le clo11atcur l'a faite.
<)r, la réponse cloit ctre 11écessaire111ent chercl1ée da11s !'esprit d11 clona-
letrr; il cor1vient done de elécoltYrir c¡uel est le 111o!Jile clt'·tern1ina11t q11i l'a
er1trai11é ii faire la lil1éralitt'· ! La ca11se se co11fo11cl ici nécessaire111e11t
a,ec le 111otif. Le sort de la lilJéralité dépendra du point de savoir si le mo-
bilc de la libéralité ne rc11fer111e ric11 de cor1trairc 11i aux lois, 11i a11x l1011nes
111cnurs. Et 11ne telle solt1tio11 a¡1parait co111111e lo11l ú fait confor111e a
l'ír1térel. social. La llor1atio11 esl un acle trt1p g·rave pot1r les i11térets de
la fa111ille: elle constitue 1111 lrop llttissanl instru111enl ele ¡)ersuasio11,dc cor-
r11ptio11 a11 l1csoi n, pot1r qt1c la loi p11isse adn1ct Ire son efficaci té, lursq uc la
,olont<'.· c¡11i l'a ¡1rocl11ile 11'esl 1)as ¡111re tle lot1te ,ue i111111orale 011 illicile.
C'csl ce q11'avail .tres bic11 co111pris Don1al (loe. cit.) c¡11a11cl il clisait:
" L'e11gage111ent tle cel11i qui clon11e, a s011 fo11cle111e11l sur c¡uel<¡11c 111otif
raiso1111al)le el j11sle, co111111e 1111 serYice rc11cl11, ou c¡11elc111e autre 111érilc dtt
tlo11ataire, ott le seul plaisir <le fairc tl11 l)ie11. Et. ce 111olif' Lie11t lie11 tic ca11se
tic la part ele cel11i q11i re<;oit rl 11c elo1111e rie11. ,,
~lirt1x i11spirée q11c la Doctrine 111oderne, la jt1risprt1dc11ce a co11ser,é la
tl1t'·orie ele 110s anciens a11tc11rs.<•I elle e11 fail, IHlla111111P11l,<lc11x sc,rles tl'a¡)-
¡1lica t ior1s i ntéressa 11 les.
• .\. - Lorsy_11r le tlo11ale11r a {•LÓ eléter111i11é it do1111er par 1111c co11sitléralio11
i111111orale, 011 ¡1ar lc cl{·sir clr l<111rner 1111c prol1iliilic>11 11\zalc, les lrilH1na11x
¡irc1111,11ce11l la 1111llilé <le la lil>i'·ralilé. 11 en csl ainsi <la11s les lt>·11ollu\ses
s11iYa11lcs:
a¡ /)ons 1•11lre ,·011c1tbi11s. - l,e (:odc civil 11'11 ¡>as 111ai11l<'1111 l'i11ca¡1acil1:
réci¡>rclc¡ue ele tlon11er el ele rcccY<Jir t111i, cla11s 11<.,lrc a11cic11 Dr<1il, l'ra¡>r>ait
les co11c11l)i11s. Dós lors, la tlc,11alio11 faite .\ 1111c c<>11c11lJi11c 11c sera 1ias lo11-
jo11rs incf'licace (llec¡., 1 j11illel I Hli(i, S. 66.1 .356, l). ¡i, G(i. 1.:{77); clic sera
valalilc, 11a1· cxe111JJ!c, c¡111111tl l1· tlo11alc11r nitra t•lt'· clt'\lcr111i11t'i ¡1ar l'es11rit cl'af-
l'ectio11, <JU le tlésir cl'ass11rcr l'avc11i1· ele sa co111¡Jag11e, el d<' réparer le 11réj11-
<lice <1•1'il lui a11rail ca11st'~ <'JI la si'·<luisanl.
:\lais si. a11 cc111lrairc, le clonalcur a vo11l11, JJar la donati,,u, J<'•ciclcr
11nc ¡1ers1,n11e .'1 clcve11ir sa ntaitresse, 011 ¡'¡ c1J11linuer lPs rclati<JJ1s <¡ui exis-
taicnt e11lrc e11x, l'aclc sera 1111I; le l1111. cl1ercl1é csl en <\fl'cl i111111r,rnl; clone
la ca11se es! illicite (!te<¡ .. :.i ft'•,rier 18[13, 1). ll. ;1:\.1.5¡, S. [J3.1.!1:1K; t:i,.,
1

COi'iOl'fIO,:XS J)E FOR~l,\.TIO:X ET DE VALIDITÉ DES CO~TRA1'S 319


21 111ars 1898, S. !J8. 1.513; D. 1). 1903.1./103 ; Dijo11, 22 n1ars 1900, D. P.
l!)OI.2.{¡5).
ll) Libé1·alilés c't 1les e11fci1its adulléri,is ou i,icesttietix. - Ces lilléralités se-
ront égalen1e11l 11t1lles pou1· cause illicite, parce qu'elles ont pour hul de
l<Jurner la pr<il1ilJition établie par la loi de do11ner a des e11fants de ce
a
g·e11re autre cl1os1' <1uc les som1nes stricten1e11t 11écessaires leurs ali111e11ls
\arl. 76:>. el vo8 . ·rtJutefois, u11e clifficulté el'ap¡,lication rés\1lte ici de
cetle elouble regle que, d'une part, la filiation incestue11se el adultéri11e ne
peut pas elre élalJJie en justice, et,d'autre part, que l'aclio11 en recl1ercl1e de
la paler11ité ot1 ele la n1ater11ité 11e peut pas etre intentéc co,itre l'e1ifa1it.
(:'esL l)Ourquoi la jurispr11dc11ce restreinl la solution c¡u'elle co11sacre, asa-
' oir la 1111llité ele la dona.tion, aux hypoLl1eses ot'1 il ). a preuve i11tri11seqtie,
c'est-a-dil'e oi1 la considératio11 cl11 lie11 de filiation résultc de la tencur
1ueme de l'acte de douation, par exe111ple, el'u11e pl1rase dans laquelle le do-
a
11aleur ex1)riu1e (j11'il fait la donatio11 raiso11 ele la parenlé crui l'altacl1e au
(lonataire (l{eq., (j décen1bre 1876, D. P. 77. 1.49:,i ; Li111oges, 27 févricr
1!)00, D. }J. 190:J.:l.'.!81, s. 1903.2,273; Recr., 2gjt1i11 1887, s. 87.1.358).
c) Libérltlité te,idaril a ltss11rer l'efjicctcité ct·u,ie sé¡>ctratio,i a,n.iable. -
C'est en ,·ertu de la merne itlée tJu'une do11atio11 e11tre é¡loux cloit etre
cléclarée nulle co111n1e reposant sur une cause illicite, lorsqu'il résulte des
·- (!ocun1e11ts d11 proccs et des circonstances extrinscerues de la cat1se que
cette elor1aLion a élé faite er1 vue d'assurer, pendant la ,·ie eles époux et a¡)rcs
le déces elu pré111ot1rant, l'exéculio11 rl'u11e con,e11lio11 de sérlaration a111ia-
llle de corps el de biens, et de faire aiusi fraucle tt la loi a laquelle cetle
co11ve11lio11 cst incoutestable111e11L co11lraire (Civ., 2 jan,·ier 1907, D. P.
1!107.1.137, nole ele :\I. A111broise Colin, S. 1911.r.585, r1otc de ~l. \Val1l).
13. - L'arlicle 900 elécide qt1e les conllilio,is co11lraires aux lois ou aux
111wurs souL répulées 1io1i écrites dans les dispositions e11tre vifs ot1 testa-
111entaires. 1\ eelle rt'.,gle, inspirée par des préoccupations propres l'époq11e a
ré,olulion11aire sur lesq11elles no11s revier1dro11s, et c1ni elon11e lieu des co11-a
séquc11ces 111a11if'este111e11t inj11stes et dia111étrale1nent u1Jposées a la volo11lt''.
eles 11arlic:,;, la jnris¡)r11dc11ce a s11 apporlcr d'i1r111orta11Lcs reslrictio11s.
Ce c111i luí a ller111is ele le faire, c'est jt1:,;le111c11l l'utilisalio11 de l'iclée de
ca1tsc. !•:lle (11\eitle e11 clfet e111e, lo1·:,;r111c la contlitic111 i11séréc cla11s la clo11a-
lic111 a t'~Ló la cattse 111J11ie ele la li!Jéralité, l'actc lo11L enlicr est entacl1é ele
11ullité. C'~:,;L ai11si, ¡1ar cxe111plc, q11e 1'011 p(J11rra f'aire reslit11er aux l1t'·ri-
Liers les sor11111es clonnées it 1111e cor1111111nf! JJHr 1111 clonaleur, so11s ceLlc Cl111-
clilio11 (auj11t1rtl'l1ui illicilc) c{'u'ellcs scrYironl h fo11der ot1 er1lreler1ir 11n1·
écolc 011 t111 l1111Jilal <lcsservi l)ar des congr1\ga11islcs. !\. ap¡lliquer l'arli-
cle 9<)() clans ~n leLtrc, la co1111111111e [l<Jurrail co11ser,er la so111111e do1111éc
el l'a¡1plic¡uc1· i1 lout at1lre objeL. J)idéc ele cause ¡Jer111cl d'é,·itcr ce résul-
laL i11iq1J() lr.i,·., 19111ars 1884,D. l>.8t1.1.:181,S.8!i.1.!19,11otedcr.l.LablJt';
l\ec¡., ''-!) 110\"Cl~ll)rC 189:.1, i). J>. !):l. 1.67, s. \):{.1.3:i. cr. Ci,., lí j11illet 1883,
S. 8!1.1.:\ei~i. 11tileclc !'vi. Labbé).

De l'obligation dont la cause n'est pas indiquée. Le principe. -



LIVI\E ![. - TITI\E Pl\E)IIEI\. - PRE)llERE P.\RTIE. - c•I.\l'lTRE 11

L'arLicle , 13'.! elu Co<le ciYil <léclare e111e !et co11ve11lio1t 1i'csl ¡1r1s 11ioi11s v1t-
lable, r11ioi<Jlte la cause 11'e11 soil ¡1c1s cJ;¡1ri1née. (¿ne sig11itie ce lcxlc :1 1,c
sens qui se prése11te 11aturelle111e11t a l'es¡Jrit, c'est que, si 1111e ¡Jerso1111e st•
reconnait par acte écrit débitrice el'u11e autre, sans {•11011cer la cause ele cell<'
obligatio11, sans elire quel est l'acte juri<liqt1e c¡ui a clo11n{· 11aissa11ce a s011
olJligatio11, cet engage111ent est valable. llar excn1ple, 11ne 1Jer:so11,1e sign<·
u11 écrit ainsi libellé: « Je paierai a \ .... la so111111e de 1 .tJoo francs a11

1°r 111ai procl1ai11 1>; 011 bier1: << Je rcco1111ais devoir ;\ \: ... la StJ111111e 1lr
1.000 francs, que je lui paierai a11 1'• 111ai ¡Jrocl1ai11 » ; cet e11g·agen1e11t c"I
Yalable, bie11 qu'il r1e 111enLio1111e pas ]'acle juridi11ue, vente, pret, transac-
tion, libéralité, reconnaissancc d'une 1)l1lig-atio11 11atr:rcllc, clélit •)U quasi-
clélit, etc., c1ui a pt1 l11i elo1111er 11aissancc.
Constatons Lout cl'aborcl c¡ue eles écrils ainsi rédig·{'.s so11L, sinon sans
exe1nple, at1 moins peu e111ployés, car, })ralic¡11e111r11I, il cst ll'usagc d'intli-
c111cr cla11s !'acle écrit co11:<lala11t l'exislcr1cc de la clelte, la cause q11i 1·n
e11ge11clrée. :\le111e, e11 111aliere cl'efl'cts ele co111111ercc. lettres de cl1a11ge, billel:<
á ordre 1 ~~ 111_e11Li~n ele- la 7ausc-_est_ exig·~? par la loi (art. 110 et 188. <:.
con1.)(1 ,,.. , .í ¡ ,11 ,'/'t ~ . . _
Da11s les l1ypotl1escs cxccptio11nelles 01'1 su11l clresst'~s <les 1'.crils 111uels sur
la causé de l obligatiori, il est ,·raise111lJ!alJlc ql1c le cr1•a11cicr a ,-oulu évi t,·r
toule co11lcslation t1ltérieure sur l'exisLe11ce OtI la li'·gili1nité de l'opéralion
c1ui a clon11é 11aissa11ce lt la clcllc. Et, en fait, l'exan1rn <les es1)eces ele juri:<-
prucle11ce prouve q11e l'e111¡Jloi clu llillel 11011 cans1\ esl cla11gercux 11011r 11'
clébiletll' i11expéri111cnté, placé er1 face cl'1111 créa11cier l1abile Oll retors. <:e
sera fréc¡t1en1111er1L 1111 11s11rier, c¡11i po11r éviler toule co11lestalio11 t1llérieur1·.
• aura obligé l'en1pru11tet1r ¡\ lt1i sig·ncr 1111e 11rl1111es"e 11011 causéc; 111e1111· .
il 11'est ¡Jas té111érairc cl'ava11ccr que ce ge11re cl'e11gage111e11l cacl1c le plus
souve11L u11 acle illiciLc ot1 éc¡11ivoquc (\'. Ci,·., 2g aoC1t 1831, S. 31.r.!110:
D. J. G., Obligalio11s, 519-r, 0 ; lleq., 9 f{·vrier rRfir1. 1). ll. (ir1., ·11,, S. {ir1.,.
I 07 ).
Ces constalalio11s t'·taic11t 11('.cessaircs ¡>l> 11r faire con111rc11clrc le,; co11lr11-
verses 1¡11'a soulevécs 1lc 110s jo11rs l'i11lc1·1)rélatio11 ele l'arl.iclc 1 1:!:>.. J•:11
1

réalit{·, ce texle cst Jp ¡>r1Hluil 11<' l1iul<' une traclilinn hi"l,1riq111·.

Des promesses non causées en Droit romain et dans l'ancien Droit.


- Da11s le Droil ro111ai11, on renco11Lr1•, ú 1111 11111111enl 1l<1nn{•, ,les sol11Li1,11,-.
ratlicale111c11l tlitl'érc11les, s11ivanl. 1¡11c le litre ,!11 cr{•ancier 1!'111111 scin11111·
cl'arge11l rés11llc 1l'u11 cc111lral r(~cl, ele l'e111¡iltii 1l'11nn sti¡i11l,1/i,J11 <>11 anlrt•
co11lral t't>rn1Pl, ou e11tl11 <l'11n Lilre {~cril.
Y avait-il e11 11111l1111111. le lic11 1>l>lig·aL11ir11 IH' se 1'(1r111ail 1¡11'a11la11L 1111'il ~
avail cu 1111111éralio111lc l'argcnl., ,~t, J)al' conséc¡11e11I, c·,,1.ail. au pr,\lcnr 1¡11'i11-
co111liail la cl1argc 1lc la ()reu,c 1!11 vcrsn111e11L eles 1lcnil\l"S,
Y avait-il e11 sti1111lali1>11, c't'•lail. la 111·011,i11ciatic111 <IPs (l.tl'lJlcs s1)ic1111elli·s .
.~¡>ott(les 111:? s¡iu11r/eo, q11i faisail ?1 cll1\ snnlc 11ailrP 1'11l>ligaLi,111, l'l le 1li:liil1·11r
était Lc1111 alors 111<\111e 1¡110 11: (11'(\l, en Yllf' 1l111¡11el il ~·i'•lait Png·ag-/:, 111• l11i
a11rail ¡>as élé etl'ective111cnl fail, aJ,,rs 1111\111c, 11a1· P\c11111lt>, 1¡11'il 11'a11rail
CO:'iDlTIONS DE FOR~IATIO:'i ET OE V,\LlDITÉ DES CO:\TllA'fS 32 J
pas pr,)fité de l'o11verture lle crérlit c¡ue le crí~ancier luí avait consentic. 'J'o11-
tefois, en 1Jareille circo11sta11ce, le clébite11r avait de11x: procéllés de cléfe11sc ;i
sa dispositio11. D'une part, le préte11r lui accordait une exceplion de dol
contre la den1ancle de ren1bo11rsen1ent d11 créancier q11i 11'aurait pas verst'i
les fo11ds (:i S 3, D. tle tloli 111ali, XLIV, 4). Et, er1 second lieu, le Droit civil
lui per111ettait de pre11dre les devants el d'inte11ter une actioa personnelle,
une co1idictio, JJour obtenir sa libératio11. l\lais, naturellernent, c'était a11
dé!Jitcur cx:er<;ar1t la co11diclio ca11sa rlata caiisa non secuta, ou opposant
l'excc¡>lirJn ele dol, qu'il incomlJait de faire la pre11ve que so11 eugagerr1cnt
a,·ait i'ité pris sans ca11se (ii ~ , , l). lle condict. ca_tisa tlala, XII, 4).
l\le111e solution au cas d'existence d'un litre écrit, JJrocéclé ele JJrcuve usitó
a l'epoque impériale. Ces litres faisaie11t preuve contre le débiteur, et ~¡
celui-ci soutenait c¡u'e11 réalité le pret n'avait pas e11 lieu, c'était a l11i d'i~ta-
blir l'ex.actil11dc de ce n1o}·en de lléfe11se.
Cette différe11ce c11tre les diver~es l1ypoll1eses q11e r1011s avo11s disti11gu."·,':-
lJar11t !Jienlut illogiq11e, et des co11slilutio11s, re11dues au te1nps cl'.\r1tonia
Caracalla, édiclere11t u11e regle 11niforn1t\111ent favoralJle au déhite11r. Ell,,~
rejeterer1l la JJreuve s11r le créa11cicr, e11 llécidar1t 1¡11c le clébile11r <¡1¡ i
contesterait l'exisle11ce du JJr1:t, 11'aurait r¡u'a op¡Joser 11 la den1ande (!11
créa11cier I'exce¡1lio 11011 1111n1eratre pecunia:, laquelle avait JJour cfTet <l·.i-
lJliger le créancier a¡Jro11ver la re111ise des de11iers.
C'élail la clésormais se n1ontrer bien d11r po11r le créa11cier, et au B;i,
E111pire, a1.1 le1nps deJ11slinien, on i11Lroduisit ur1e distinction assez logiq11e.
On décida que,lorsque le lJillet souscrit par le clébileur reconnaissait exprcs-
sé111ent la réception des deniers, le créancier 11'avait aucune preuvc a faire.
Mais il en élait autren1ent quand le dé!Jiteur, clans le hillet par lui souscrit,
avait si111¡Jle111e11t déclaré qu'il était délJile11r, sa11s indiq11er la cause de son
oblig·alion. Alors, c'élait au créancier a prouver la réalité du verse111ent.
Si 11011s arrivc,ns a l'a11cien Droit fran<;ais, nous assistons a un reto11r a11x
ccinceplions pri111ilives clu l)roit rorr1ain. En cll'et, ]Jie11 q11e contestée, la
valiclilé des écrils 11e co11le11a11l pas 111entio11 ele la cause de l'obligatior1 avait.
été g·(11órale111e11t ad1nisc. Bier1 pl11s, on avail al1ar1donné la distinction faite
au Bas l~r111Ji1·c, et 011 arl111eltail c¡11e le débite11r q11i avait sigr1é u11 e11gage-
me11t {•cril ele ce genrc, Ólait bie11 et clt"11nent engagé, a 111oins q11'il 11c fil la
llreuve conlraire (Nouvea11 l)enizart, V0 /Jillels, S 1 ; l\lcrli11, Questio11s (le

Droit, V° CallSC des oblir¡11lio11s ).

De l'eff'et probatoire du billet non causé dans le Droit actuel. --


1,cs explicali1i11s 1111i ¡1rí~ccde11t 11ous ¡Jer111ctlc11t ele bic11 saisir le sens 11,,,,
co11lr1Jverscs anx<1uclles a elo1111{i lic11 l'article 113:i. Ce texte nous dit que l.i
co11vc11lio11 constalt)C ¡iar ur1 íicri t <la11s leq11el la cause 11'est pas cxpri111,··e.
esl valablc; 111ais, c11 sr>n1111e, il ne 1111ns <lit ¡>as si l'écrit ainsi rédigé cli~-
JJe11sc le cri'!u11cicr de ¡11·1,11ver sc,n clrriil, La <¡11cstior1 a done été vivc111c11l
1lisenli'ic. l /1111 J>re111h':rc 1ipinieJ11 a s1J11lcn11 c¡ue c'ótail a11 1>rétc11d11 créan-
cier á dé111cl11lrrr 1¡11e l'c>IJligalic>11 ainsi c1l11staléc repose s11r 1111e ca11sc réell"
<ll licile. c¡u'il )' a 1111, {lar cxe111¡1le, prel d'arge11l el verscme11t de nt1111érair;'.
'l'onau 11 21


'


" ·,
.l:1 LIVRE 11. - TITRE PRE)lIER. PRE~IIERE P ..\.l\TIE. - CIIAPITRE II

a
l~t. pre111icre vue, ce systc111e se111ble confortllC a11x priµcipes. En effet,
cclui qui se prétend créancier doit établir l'existence de so11 droit, el, ¡)ar
conséquent, faire la pre11ve ele l'acte juridique q11i luí a do11né naissance.
(11·, du moment q11e cetlc pre11,•e ne rés11lte pas de l'ac,Le écrit que le 1Jré-
lPndu créancier oppose a11 délJite11r, il est tenu de l'ad111i11istrer. ,\u sur1Jlus,
ajo11tent les partisans de ce syste1ne. le créar1cier pourra fairc cettc tJreu,·e
1
a
¡Jar tén1oins ou l'aide de si111ples préso1111Jtions, car le billet qu'il produit
1>e\1t ctre considéré comn1e 1111 co1111nencen1enl de preuve ¡Jar écrit.
011e seconde opinion a ¡Jroposé d'introduire 11r1e distir1ctio11, qui ten1pé-
rerait la rig11eur de la sol11tio11 ci-dessus proposée, entre la pro,nesse et la
1·eco1i1iaissa1ice ele llelte. Si le débite11r a dit : je reco1i1iais del'oi,·, il a
a,oué par la l'existence d'1111e cause, bien qu'il 11e l'ait pas é11oncée, et, des
lors, le créancier serait dispe11sé (l'en administrer la preuve. ::\fais,si le IJillet
11orte sin1plement les mots : ·.ic JJromels de paye1·, la force de cette déclara-
li( 1n csl, dil-011, 111oi11s ¡1rolJa11le, car elle ne laisse 11101110 ¡¡as soupc;o11ner la
r!'•alit{· de la cause, et, des lors, ce serait a11 créancier (le la pro11ver !
Ce n'est 11i l'u11c ni l'al1Lrc de ces interprétations qui a prévalu . . 011 doc-
trine et en jurisprude11ce. L'opinion la plt1s généralc111011L atln1isc aujol1r-
<l'J1ui décidc que l'artic]r, 113:1 clis1Jc11se le créancier de la preuve, et im-
p()SC au débiteur, allég·uanl qt1e sa prétendue dctte n'a a11cun fondement,
l°<lbligalion cl'établir la v{~racité de sa préter1Lio11 (V. Req., 28 octobrc 1885,
I>. P. 86. 1.(j9, S. 86 r .?.oo: Ci,-., 25 févricr 189G, D. l). 96. 1. 199, S. 96.
1.·i80; Bourgcs. 19 novc111brc 1900, S. 1901.2.39 ; 011 sens co11Lraire, Bor-

,1<-aux, 23 févricr 1896. D. J)_ 97.2.316). Il faut bien recon11aitrc que cette
,-;(>Iution, ad1nise tl<'>_ji't JJar 11t1s a11cie11s a11te11rs, est la se11le qui soit conforn1c
• a,, a
bon scr1s et l'cx:¡1{·rie11cc Jlratic1ue. 011 ne voil pas lJicn qucllc serait l'l1ti-
lité d'u11 t')crit 11011 causé, sºil 11c <lcYait ricr1 prouvcr, OlI co11stil11aít sculen1e11l
1111 commencement de¡Jrcuvc ¡Jar écrit. L'cxpériencc démo11trc d'a11Lrc part
q11c le cr{~a11cirr c111i :-e fait souscrirc 1111 hillct ele ce gcnrc. a précisé111e11t
JHltlr lJut d'évilPr to11lr co11teslalio11 s11r la so11rcc cln la clcllc; c'cst done
1¡11'il cnlc11d se (lis¡1011:--cr tl'avtlir ,\ four11ir u11c prc11ve, ce 11 ql1oi co11scnt le
clúllile11r La loi , ient d'aillo11rs dans u11e ccrlaine rncs11re ~u scco11rs ele
e·(~ ticr11irr. (ltti:-1111·t,(I!' lui ¡)1•r111et ele faire la 11rr11vr eln l'it1a11iL{·. tic so11
tdl1igatÍllll.

1.

'
CilAPJ'filE III

El•'FE'l'S GJ~NÉll1\UX DES CON'f llA'l'S

J,cs contrats ont force de loi e1itre les ¡1arlies. Ils r1'ont pas d'effet lt l'é- ·
r1ar1l des tiers (arl. 11 3!1, 1165 ). Tell e est la dou!Jle formule que nous a,•ons
a développer.

SEC'l'lON l. - EFFETS DES CO,TI\A'rs E'iTRE LES l'AHTIES.

Que les contrats font loi entre les parties. Pouvoir d'interpréta-
tion du juge. - << Les conYc11tio11s légale1ne11L for111ées Lie11ne11t lie11 de
lcJi ¡\ ceux c¡t1i les ont faites » (art. 1134, al. 1). Cette formule vigoureuse
r-xpri111c tres cxacte1ne11t la force du lie11 obligatoire créé par le co11tral, et
,oici les deux conséque11ces d11 principe ainsi posé.
1° 011 1nome11L c¡u'1111 contrat ne cr1nlient ric11 de contraire aux lois, ni h

l'urrlre public, 11i aux bonr1es mceurs, les ¡1a1·ties sont o}Jligées fle le rcs1Jec-
lcr. de l'observer, C<J1n1ne elles so11l olJligées d'observer la loi. L'accord
<¡11i s'est for1né 0nlre clics les lic co111111c la loi lie les in<lividus. Si cl(J11c
J'1111c des par~ics contrcvie11t it ses clauses, l'a11tra peut s"adresser at1x tri-
lJ1111aux et lcur den1a11tler, soit l'exéc11tio11 forcée ele la co11vc11tio11, soit tl1:s
1I <>111 r11ages-ir1 tércls.
:1° D'autre parl, le rr,s1Ject de cellc loi créée IJar la vol1111té cl1:s i11léressi':,;
s"i11111ose au.c j1iges cl1arg<\s <le l'i11tcr¡Jréler. Ces 1lcrniers ne pe11venl ¡Jas
11lt1s 111oclificr les l0rn1cs de la C(l11vcnlio11, 11i 011 cl1a11ger les élé111e11ls,
f¡11"ils ne ¡1011rraie11l 111t>tlifler le lexlc tic la loi clo11t ils 011l 111issio11 cl'ass11rcr
r cxécu tion.
l)e llt rés11llcr1L trois co11sór111ences forl i111¡Jorla11Lcs:
.\. - Lorsq11'1111e loi r1ouvellc, re11fl11e tlc1)11is la cor1cl11sior1 du cor1lral.,
111odific 1111c dis¡losilior1 j11ricli1111e fllle les ¡1arlies 011L adopléc cor11111e r1'.glc.
d,· 10111· rapp<Jrt c<JlllracL11el, In jugc 11e cl,>il ¡Jas a¡Jplif¡11er la loi 11011vcllc au
ci¡nlral ar1Lérie11rc111e11L co11cl11, car, en ce faisa11l, il 11101lifierail les lcr111e:,;
<lc l'acctlrcl co11cl11 JJar les ir1Lércssós. (:'esl Ih 11ne r1iglc <¡ue 11011s aV<l11s
tl'aillcnrs rP11crJ11lr{\c tl<'-j:'t c11 {!l111lianl., so11s l'arliclc :i, le ¡lri11cipe de 1io11-
r11lroricliuil11 rle.~ lois (V. lfJ111e 1, ll, !i!J el s.).
lt - • I,<' jug·c chargó <l'i11/er¡>rr1/er les ler111es tl'1111e co11ver1lio11 cloil s'i11s-
llÍrer ava11l l0111 <le la ,olonlé des ¡Jarlics ¡>our c11 détcr111i11cr -le se11s c:-..act.
LIVI\E II. - TlTI\E Pl1E~IIEI\. - '
l'l\E~IIEHE PARTIE. - Cll,l.l'ITllE 111

[larta11t ele ce principe, les articles r r5G it 110 11, a11xq11els il suffit ele re11-
voyer le lecteur, éclicte11t plusieu1·s regles c¡11i cloive11t servir tic flls co11cluc-
leurs pour le juge, lorsqu'il remplit cette n1ission.
Si 1'011 s011tie11t c111e' le jugc a 111al interprétó la ,·olantt'~ eles contraclants.
peut-on déférer le jt1gcn1e11t portant cette intcr¡Jrc'·tation it la Cour de cas-
sation)
f,a questio11 est assez clélicate. Elle revienl it se cle111a11elcr si l'interpréta-
tion eles clauses du contrat, la rccl1ercl1e de la volonté eles ¡1arlies cst 1111c
c¡uestior1 ele fait ou ele droit.
On a ¡J11 so11te11ir, et 011 a soutenu au elób11t elt1 siecle tlcr11ier, que c'c,;l
1111e e111estion de droit, parce e1ue la con,entior1 cst la loi des parties, et
c1u'interpréter la co11 vention, c'est intertJréter la loi. La Cour ele cassatic1u
,
a,·ait commencó par aelopter cette solution (D . .J. f_i_,,,º Cassc1lio11, 1567 et s.).
Mais la Cour ,;11pren1e a pron1pten1c11t cl1ar1gé cl'opinio11~ et un arret so-
le1111cl tl11 '.l fé,ricr 1808 (S. cl1r.) , i11t clécidcr c111e l'i11lcrprétatio11 1Je,-;
0

cla11ses d't111 co11Lrat est. 11ne pt1re queslio11 ele fait.


Dcpuis cetle é¡Joc1ue, la jurispr11dence de la Cour de cassalio11 11'a ja11iais
varié, et il en ré,;11lte que les juges el11 fonfI 011t seuls 111issio11 ll'i11tcrprélcr
les cla,uses litig·ic11ses et lle tlire c¡11el est leur ser1s. D'1111e ¡Jart, e11 cll"et,
pour faire cetle i11ter¡Jrétatio11, il faut 11écessairen1ent connaitre tous le,;
faits de l'es¡Ji'•ce, recl1ercl1cr,nor1 set1lcr11er1t cla11s les termes rncmes ele l'actc,
111ais lla11s les circonstances q11i l'ont accompagné, qt1ellc a éLé la volo11té
tics parties; si llien q11e l'interprétation de l'actc se raltacl1e trop étroile-

a
1ne11t l'ap¡Jréciati1J11 eles faits pour e11 pouvoir etre détacl1ée. Et, d'atrtre
parl, la f'onclio11 st1pi',rie11re de la Co11r de cassation c1ui est cl'assurer l'11nitt'~
• de juris¡Jrutle11ce, l11i do1111c qualité po11r i11ler11réter les lois yé,iérales, 111ais
'
110n cclte loi .~¡1éciale it cleux: ¡Jarlies c¡t1i résulte el'1111e convention, et po11r
l'i11terprétation ele laq11elle il 11'y a évidemment pas redouter les diver- a
ge11ccs el<' j11ris11r11<IP11ce (''.a11p\ications elivrrscs :-011s llec¡., :i3 février 188,1,
D. ll, 85.1.28!1, S. 8G.1.!11!1 ; :~ 111ars 1880, S. 81.1.11:); :11 juin 1880, 1). J).
81.1.108, S. 81.1.:1()¡; 17 juillet 1878, S. 7().1.5 11).
'foulcf'ois, le droil ele conlrt,le de la Co11r ele cassatio11 ¡)oµrrait s'excrcer.
si, 1111c fois les lern1cs ele la c,111vn11tif111 ¡Jr/·c:isi''.s 11ar les JJ,irties, le,; j11g1:s
avaient f'ail u11e faussc a111Jlicatio11 ele la loi, ¡Jar cx:rn1¡1lc, ,-i, aya11t ll{'.clar{·
c111'il y a 1111 cc>11lral 1lc vente, ils a,aic11I. 11égligt': 1l'a1111Iic¡11er les ri'·gles 1!,~ la
ve11 te.
l)c plus, ¡Jo11r usl'r ele ln11r po11v11ir el'i11tcr¡1rt'·laliflll, il l"a11Lc¡11c les j11gPs
aienl. c¡11clqt1c cl10,;p ¡\ i11lcr¡iréler. l)t\s lcirs, si les cla11sns <ln la co11vcnlit111
so11t claires, préciscs, 1lt'•1)011rv11es ll'a1nliig11'il.i'·, lt•s jugcs tloivcr1l. les re,;-
pectcr; et s'ils c11 1néctl1111aissent ou e11 d<'•11al11re11t les tPr111e,;, cct.lc 111t'\-
cor111aissancc t111 <li'·nal.uralio11 dr11111e 1111vert11rn it cassaLirJ11 ((~iv., ti 111:irs
1!)11, (iaz. J>af., 1911.1.:\70; Civ., ,ri avril 187'.>., l). 11 • ¡:1.1.1¡0, S. 7·,.1.
~:11; J\ec¡., :.11 j11illet l!)r1:1, S. '!J0/1.1.71).
C. - Lc1rs<¡uc le jngc csl ¡ilacó en l'ace eles ler111e,; 1!'1111,• c1111YnnLio11. il IIP
¡>eut pas e11 111c11lifier les 1'•l{:111c11ts, so11s ¡ir{iLcxte c¡t11\ les c,111tlilio11s i1r1¡1t1-
' a' l' UIIC (i es 1iarl1c~
sces · sera1er1t
· .
C()lllra1res a' ¡·'l'f(llltl',
· ' (l rac1JlllClllH~'-,
. l'('(llllll!'S.
.
- .

, ,
EFFETS GEXEIIAUX DES COXTR ..\TS

Il 11'a I)US le llroit ll'atlé1111er la rig11eur eles ol)ligations in1posées a11x


l)artics.
Tous les jours le~ tril)nnaux fo11t application de cette troisien1c consé-
que11ce de l'articlc 113!1. 1\i11si, lorsqu'ltD ,·eglement ¡fc1telier rédigé par un
cl1ef' d'enlreprise J)rononce des amendes contre les faules con1n1ises par
11n 011vrier,les trill1111a11x ne 1)e11Ycnt pas allaisscr le cl1ill'rc de ces a111e11des,
qua11ll 1ne111c ils le tro11veraie11t excessif. i\lainles fois, la Cour de cassatior1
a afflrn1t'~ celte soll1tion et cassé des décisio11s de conseils ele prucl'l10111n1es
réd11isa11t eles a111e11des par e11x jl1gées trop élevées.
De 111e1ne, dans le contrat d'c1ssurance, la juris1)rude11ce a été obligée de
recon11aitre la force ol)ligatoire des clauses parfois draeonie11nes, par exem-
ple <les clauses ele décl1éance, q11e les ¡)olices <l'assurances imposent aux
ass11rés (V. autre a¡)plication, Civ., 19 mars 1913, Ca::. Pal., 14 aout 1913).
\ous ,·errons pl11s loi11 e1u'o11 tro11ve cepen<lant dans la jl1risprude11ce une
excr1)tion tres inlt'·ressante a cette regle fondamen tale, en ce qui co11cer11e·
la rt'·n111nératit)11 sti¡1ulóe par l111 age,it cl'affaircs 011, plt1s gó11óralen1ent, l)ar
1111 111andalc1irc snlari1:.

SECl'J():\ 11. - J•:FFETS 111-:;,; COXTR\TS A 1.'1;GAHI> DES AY,\l'iTS C,\üSE


l>ES P,\IITIES.

l 1011r eléterr11iner lia11s e1uelle 111es11re u11 contrat passé par une perso1111e
lic ses ayants ca11sc, il in1porte d'étl1dier la queslior1 e11 ce q11i conccrne:
1º J,cs successe11rs it litre 1111iYersel: l1éritiers, l<'·gataires liniversels 011 a
litre 11niversel, et institués conlracl11els;
:1º J,es cr{a11cirrs cl1irogra1il1aires:
:)• T,1\S aya11ts ca11se ii litre parlic11lier.

1º Successeurs a titre universel. - Les s11ccesseur;; a Litre 1111iversel


succóclenl a11x droils et aux olJligatio11s d11 eléf11nt. l~n co11s{)qt1ence, les cor1-
l rals passés ¡)ar celui-ci co11ti1111<'11l it produire le11rs effets e11 leurs ¡)er-
so1111es, con1111c ils les ¡1rollt1isaicnt P11vers le clófunt. J~tt ll'autres lern1cs,
la 111orl d11 co11tracla11t 11e r11ocli11c 1ias les efl'els jurillic111cs el11 conlral. L'ar-
ticlc 11 :1::i ex11ri111c cette ri\glc crt cPs ter111es: (< ()11 esl ce11s(' avciir sti¡i11ló
¡1011r soi et ¡>eH1r ses l11'·riticrs », f'or111ulc i11cor1111li\te, car elle ne vi,;e <(llC les
Pll'cls aetifs cl11 C(111t.ral, c'cst-a <lirc les Jroils e¡u'il f'ait 11aitre. Or, il est IJie11
i'\viclc11t qu'il fa11t <'ll elire u11ta11t eles oliligatic111s a11xq11cllcs il llo1111e 11ais-
sa11cc. 11 fa11clrail re111¡ilacer ici le 1nol sli¡J11lé JJar le rneJL conlrac/1!.
<:c¡icndant., la r<'·glc <le l'article 11 :.1:1 suliit <le11x exce¡1lio11s, Í)11011cóes da11s
sc>n l<)Xle 111e111c, el c¡ni rós11lte11t, soil ele In 11at11re cl11 co11lral, sciil de la
Yt>lc)nló <les co11tractants.
l're111i<~l"C e.1:ce¡Jlio,1 1·Js11lt1111I 1lc la 11a/11.rc c/1t /'011t1·11t. - !.es corllrals <1ui
S(Jltl faits i11/11i/11 ¡>erso11;r:, c'esl-.\-clire en ct111sill{·rali!Jtt lles <¡11aliL{·s 111e111es
d11 contracta11t. el<' s1•s aplit11cles, ele ses co1111aissa11ce~, 11'{Lcnde11t ¡ias leurs
LIVRE 11. - TITI\E PIIE\IIEll. - '
PI\E\IIEllE P.\I\TIE. - CIIAPITI\E 111

efl'cls aux l1éritiers de cclui-ci. Ils pre1111e11t fi11 a,,·ec la vie dt1 contracla11l.
'fanl1'it l'i1it11itus ¡ierso11:1: se renconlre cl1cz tous les co11tracla11ls. i>ar
cxen1¡lle, la sociélé de perso11nes suppose que les associés se sont c\1oisis,
' '
t¡u'ils ont une co11fiance n1utuclle en eux, en 1111 n1ot, qu'il }- a e11lre e11x ce
que les Ron1ai11s appelaie11t l'l1,D'eclus Jrc1Ler1iilatis. 11 en est tle 1111~111e (111
111a11dat (arl. 2003). Des lors, la société ou le 111a11dat prenne11t fi11 par l.i
111ort d'11n associé q11elconquc. par celle du rr1andant ou du 1na11dataire.
1'a11lt1t, a11 contraire, l'intuit11s persona: 11e se renco11tre c¡11e cl1cz 1'1111 des
con lraclants. Ainsi, le contrcil de trai•ail a u11 caractere perso1111cl e11 ce q11i
co11cerne l'ouvrier ou l'en1ployé, n1ais no11 le cl1ef d'entreprise. l)e 1111~111e.
le co,itral cl'entre¡1rise, par lequel je cl1arge u11 pei11tre de faire une 0011vrc
d'art, 11n arcl1itecle de n1e construire une 111aison, lie n1es l1éritiers, 111ais
110n ceux du peintre ou de l'arcl1itecte.
Seconde e:x,ceplio11 te11c111t ll la uolo11té iles co11Lracla1ils. - 11 d(pend des
l)arties de décider c¡ue le c1111lrat 11e liera JJas les l1éritiers soit de l'1111c el
lle l'a11tre. soit de l'11ne d'e11lre elles. llar exe111ple, e11 prenant h bail 11r1 ap-
11a rlP111enl, je puis stipuler q11e le co11trat sera résilié si je vie11s it 111rn1rir.
Les a11lc11rs ont beat1coup disculé la qt1esti(111 lle sa,,c,ir si u11 co11lractar1I
¡11,11rrait faire 11ailre les efl'rls clu contral, 11c111 pas en sa personne, 111ais
directen1ent en la JJersonr1e de ses l1éritiers, el les rendre ainsi créanciers
c111 1lt'·liilet1rs, sans le deve11ir lui-n1en1e.
l•:11 réalilé cetle questior1 lle prtse11te g11ere d'intérel prati1111e <111'a pro110,;
des sli¡1ulalio1is potir-aiit,·ui,eu particulier des ass11ra11ces s11r la vie co11lrac-
t{·cs au profit des l1éritiers de l'ass11ré. No11s l'exa111ineror1s plus loir1.
lr1cliquons seulen1er1l q11'e11 cas de pl11ralité cl'l1ériliers,I,1 queslio11 se C<J111-
plit¡11e ¡iar l'ir1terventi<J11 <1'1111 aulre pri11cipe: a savoir l'i11terclictio11 eles ¡lac-

tes s11r s11ccession future.Il résulte ici lle ce prir1cipe qu'un conlracla11l 11'au-
rail ¡11:s le droit, clar1s ur1 co11tral passé avec 11n tiers, de reculer /1 sa r11,1rl les
efl"els <le ce co11tral. s'il c11 résult,1il 1111e clis¡J<,silic111 rclatiYe ú la llt'·,ol11lio11 <l<·
ses l)i<~r1s act11els er1tre ses l1ériliers; il ne pourrail pas <lire,¡Jar cxc111¡>ll',tft1<·
le prix tl'11n ir11me11ble par lui ,·c11d11 clevrail elrc ¡1a}·é 1\ 11r1 se11l dP ses l1éri-
Licrs, 011 <¡ur Je prix ele l'in1111e11l1Je par J11i acl1ett''. :,;erait ac(¡11illt'• 11ar 1111
s1•11l. Sa11:,; tlc111lc, 1111c 11rrs111111c a bien le tlroil, 11<J11rv11 <¡11'clle Jll~ ¡H>rlc ¡,as
attei11t11 ¡\ la róserve de srs l1t'•ritiers róscrvalaircs, <le tlis¡1<1scr 1lc S<'S lii<>ns
c11111111e Pile l'P11tP11tl, et 111· 111a11i1'.rc /1 avanlagcr 11•1 l1i'·rilicr a11 1It'~trin1P11l
tl'1111 aulre : 111ais ell,~ ne ¡icnl le f'aire t¡11e ¡iar Y<Jic 1lP 1l1111ali1111 e11lr1• vif,-
ti11 1la11s so11 lesla111enl,

:.i° Créanciers.-- Les cri'•ancicrscl1ir11gra¡1l1aires asanl 1111 clr,iit tic gag<· g;i'·-
n<')ral s11r le pnlri1r1cii11e lle leur <lt''.}>ileur, 1lr1,it :,;11jPl 1'1 lo11lcs les ll11cl11ati1H1s
1¡11i ¡H•11vc11l se ¡1r11d11ire tla11s la co111¡lc>silit111 ele ce tl1•r11icr, il n11 r1\s11lle <ftll'
t,111l c<1r1lratq11i e11111culific.la co11slil11tio11 a11g111e11lc 1111 1li111i11u11 lenr gagc•.
}~11 consi':<111er1cc, tous les c,.111lrals co11cl11s par 1111c J>Prs111111e ¡ir<Hl11isc11I
a
lct1rs ell'els l'égar<l tic ses cri'ia11ciers cl1irt1gra¡1liair1•:,;. <:'cst ce 1¡t11· sig11i-
lic11t deux. ex.pressio11s, q11i seraicr1l d'aille11rs allsolt11r1e11t i11exactes si 1i11 les
prc11ail ti la lettre, el si llll voulail <'11 lirer tl'a11t.rcs ct111sli<111c11cPs <¡111• celli'
'
, ,
EFFETS GE'iER.llL\. DES C()'iTI\A.TS

<Jtie 11ous venons tl'i11diquer : l 'u11e, que les crt')a11ciers so11l au 1101r1brc de~
aya,its cause a litre ii11iversel dt1 dé!Jitet1r; l'autre, qt1e le débilet1r,lor:.;qr1'il
agit, représe,ile ses c/'(:1111cicr:; c11irur¡rapltaires.
Cependa11t ce lle reg-le cor11porle tl'i111porta11tcs cxcc¡Jlio11s:
1\_. - Aclio,i Pa1tlien11e. - ~ous sa,ons que les créar1ciers cl1irographaires
pourraient fairc t,J111IJP-r, er1 ce c¡11i les conccrnc, les elfcts Ll'u11 acle c¡11c
lct1r clébitcur a11rait acco111pli e,i j'r,111cle de leurs clruils (art. 1167).
B. - :,aisie irnmobiliere. - Lors<¡ue les créanciers ont saisi les i1nQ.1eulJ!c:--
<lu cl<'•IJilet1r et c¡11'il y a c11 Lra11scriplio11 du ¡Jroces-verlJa! de saisie, le délJi-
teur 11e peul plus ni to11cl1er les fruits et reve11us de l'in1n1eulJle, ni aliér1er
le bien lui-n1en1e. En ce qui conccrne ces acles, il ne .rcprósc11tc done plus
· ses créanciers (art. 685, 686, C. proc. ci,·.).
C. - Faillite. - De r11c1ne, au cas de n1ise er1 faillite d'un co111mer~a1il,
1es acles du failli ne sont plt1s op1iosables á ses crt'·a11ciers.
D. -'-- Enfi11, les créanciers 111t~111c cl1irogra1Jhaircs ne pcu,,c11t. se voir o¡i-
poser 1111 acle secrel c111c Ieur cléliitcur aurait cacl1é soús 1111 acti:i ostc11-
siblc et si111ulé. C'esl u11 ¡ioir1t s11r Icqucl 11011s n'allo11s pas tardcr a reveni1·
c11 lraita11l tic la tl1éoric eles co11l1·e-lellrcs.

~1° Ayants cause a titre particulier. - J,cs aya11ls ca11sc it litre particu-
licr ,.;ont ce11x q11i acquierenl d'ur1e autrc pcrso1111e 1111 tlroit dótfrmir1é,
droil réel tiu clroit de créa11ce, soit par acl0 entre ,,ifs, Yf'Tlle, cession, do11a-
t.ion, cte., soit par legs.
a
L'a}-ant. ca11se á titrc partic11lier succedc so11 at1let1r e11 ce q11i cq11cer11c
le clroit lra11sn1is; en d'autres lcr11ics, ce droil reste soun1is lt toutes les
n1oclalitt'·s do11t il était grevé at1 1110111c11t 01'1 il a ét,~ aliér1t'·. C'csl l'appli- .--. ,
cati,i11 ele la rt'•g·lc que 11ous a,·011s eléjlt 1Jrécécle1n1i1P11L expliq11i'·e: Nerno ,.
pl11s
j1tris r1(l ali11111 lr1111sjel'!'e potes[ r¡uc1n1 ipse habel.
a
llar cor1séc111c11t, l'aya11t cause Litre particulier cst lié par les contrals . , .

pass{·s par l'a11te11r ele S<)II acc¡11isilio11, 111ilé1·ie111·c111enl á celle-ci, cµntrals


c¡11i out i1r111rin1é au Llroit son état aclucl, au j<J11r lle sa lrar1sn1i,~sio11.
'
Cetlc r,·glc rcc;oiL ele 1io111l1rcusr,s ap11Iicalio11s. ' ,
[)re111ier c:ce1r1ple. -- Le 1lroit. ele l'a_ya11l 1:a1tse :'i Litre 11arlic11lier rcslr
. ',
so11111is a11x cat1scs de révt1catio11, ele ró,.;ol11ti,H1. rl'a111111Iatior1, 011 :111x 1noda- ,
lit{)s 11r,1vc11a11l des acles a11tt'·ric11rs de l'r1ule11r.
Ai11si, le c,111lral tic ntariagc tl'é¡1n11x 111ari<'~s Sl>tJs le r{·gin1c dota~ Hlip11le
fr{~q11e111111e11I <[IIC les liic11s clota11x ele la f0n1111c, sero11t ali<'•11abies; rr1ais .'1
' .

<'üllditio11 c¡11'il soit raíl. f'Cllll)l(Ji 1111 prix. J)ans ce cas. si 1111 ticrs se 'rc11<i
ac<111ércur cl'1111 i1111r1cul>lc dotal de la l'en1111c, il cst Ji{· ¡1ar la ccindiiio11
.. '
ele
rc,111plni i11sér{:e an contrat <le n1ariagc, et 11e 1lcvicnl propriótaire <J11e s'il
vcilln h l'cxéc11tion tle cc,ltc co111litio11.
Second exem[Jlc. - l,c ccssi111111airc <l'11nc cr<'·a11ce l)t·rifile, 111111_s l'a,oni-
vu, des gara11tics accessr1ires dont elle csl. accor11pag11óc. ·
Troi.~i1\1ne e:1:e1n¡Jle. - ),'ac<Jtti'\re111· ,!'1111 i111111e11ble a <lroit a11x scrvitudcs
const.itué:Ps au pr,ifil. de cPt i111nH'ttlJl0, <le 111«'\111e q11'il s11¡Jp1,rtr le!i cl1arges
clt>nl. il cst g-r,•y{•.


LIVRE 11, - TI'fRE Pl\E)IIEI\, - '
PI\E~IIERE P.,lRTIE. - CH,\PITI\E 111
' Q1Latrieme exe111ple. - E11 cas <le cession d'11n Í<)11ds ele co111merce. l'ol)li-
µ-ation <le garantie dool est ter111 le céclant et qui lui in1pose de s'a!Jslenir
<le to11t acle ultérieur de conc11rre11ce pou,·ant déprécier le fonds ve11du, le

a a
lic non seule111e11t l'égarcl clu cessionnaire, 111ais l'ég·arcl des acc111éreurs
postérieurs (l{eq., 18 111ai 1868, D. P. 69.1.366, S. 68.1.2/16; Lyon, 6 avril
1892, s. 93.2.219).
La regle dont nous ve11ons de faire application, vise tous les co11trats q11i
a
tciuche11t la constitutio,i 111e111e du elroit transn1is. ~lais faut-il e11core
l'aJlpliq11er quand il s'agit de cclr1trats qui, sans intéresser la cor1stitulio11
111en1e du droit, sont 112otivés par l'exislence de ce droit dans le patri111oine
cl11 contracta11t, et n'ont d'intéret polir lui qu'autant qu'il en a la jouis-
:-ance ~ Par le fait de la transn1ission du droit en question, l'acquére11r va-
t-il se tro11ver substitué a l'aliénateur en ce q11 i concernc la co11ti11uatio11
el,, ces con Ira ts ?
''oici deux l1ypotl1<'\scs c1ui t'·claircront cctte q11esl.ior1 et nous en four-
11iront la sol11tion.
A. - Le contrat d'assurance contre !'incendie co11clu e11trc le pr<lpri<'·laire
cl'11n i111me11Jile et une Compagnie cl'ass11ra11ccs co11li111ie-l-il ele plein
elroit, et en l'absence ele loute clau:c-e spéciale,erilre l'acquére11r de l'i111r11eu-
lile el la Con1pag11ie ;i Plus gér1érale1i1e11t l'acquéreur d'1111e usine, d'un
fo11ds de corr1i11erce est-il lié par les contrats pas8és par le cédant. 11<1lan1-
111enl soit avec ses fo11rnisseurs, soit avec ses e111¡1loy<"s :1
11 fa11t sa11s hésitet rép<)ndre négativen1e11t. C)ua11cl !)icn 111e111e il s'agirair
1lc cor1trats cla11s lesq11els I'i1zl1til11s perso11:t 11'inler,ie11drait á aucu11 dcgré.

l'acquére11r 11c peul pas etre engagé sa11s sa vol<)nté par des acles q11'il n'a,
¡>as concl11s lui-n1e111e. De 1r1e111e, il r1'est pas s11bslitué i¡>so jure a11x droits
11{·s en la pcrsonne dt1 disposant. Les co11trats du précédc11t propriétairc,
liie11 q11c ¡iassés 11 l'occlzsiu,i du clroit. c{'.clé, 0111 1111 caractere perso1111el. Ils
IH' lienl 1>as l'aya11l cause á tilre l)arliculier. lls so11t 1)011r lui res i11.tcr (1/ios

11cta(l\eq., 16juillet 1889, D. 1). uo.r./1/10, S. !)'.l,1.119).


'J'ellc cst la sol11lion ele pri11cipe, 1r1ais il convient cl'y ªPlJClrler ,
divcrsps ex-
ce¡llio11s. 1,a ¡ilns i11l<'•rcssa11ln co11cer11() le c<H1lral. ele Iocalio11 <1'1111 i111111e11-
lilc posléric11rc111e11l ali<'·11é. L'acc¡11t'·rc11r cst-il s11list.il11é a11x oliligatio11s clu
l>aillc11r, ou peut-il ro111¡>rc le llail ;i ~<HIS vcrrcJ11s <111e cel.l() grave c111e~lin11.
résol11e de fa1:<i11 clifl'ére11lc s11iva11l les {1)01¡11cs. !'a 1".I.Ú ¡iar le ('.ocle ('ivil
(art. 1743) da11s le sc11s le tJl11s f'av<1ralil1) 1'1 la slal,ilit.ú des clr1)ils du localair<·.
J•:11 effct, le 1101ivel acc111ére11r ne llc11t 11as l'<\X)llllscr, ¡, 1111Ji11s 111111 l<• l,aill1'11r
ne se soil ríiscrvé ce <lroil par le crlnlral. <I() liail.
ll. - Une Co111pag11ic 111i11i1':rc, 11ro¡Jriétair<1 ele la s11rl'ac<' <l<!S lcrrai11s <¡11i
rcco11vre11t s1i11 ex¡iloital.ic111,lcs ,cncl, <)11 sti¡i11la11! qu'cllc 11c sera 1ias r<'s11011-
sal>le eles domr11ages ¡>011,a11L r<\s11llnr cl<1 l'<'\viclcu1c11l <In sons-sol. <>11
lro11ve des arrets clt':cida11t c111e ccllc clausc es! o¡>posalilc aux sci11s-acc¡11<'~-
rcurs de l'acl1elc11r q11i l':t accc¡llÓc; S<)l11tic>11 lrt\s Cí>11lcslal1lc, car <>11<• assi-
111ilc une sli¡i11laliu11 lo11lc 1iers<J1111cll<i 1lc ne111 gara11lie .\ 1111c cl1argc llll
scrvil11cle rt'·ellc, ¡¡11i, <)JI le rP111ar<¡11era, serait <>JlJHJsalilc a11x tiPrs i1ul<'·11c11-


• •
EFFETS GE'iERAUX !)ES CO:STR \ TS

lla111111entde lo11le transcriptio11 (Dijo11, 3o cléce111bre 189G, D. 11 • \J8.:i.roo;


Civ., 12 déce1111Jre 189\J, D. P.1900.r.36r, S. 1901.1.!197 11ole ele J\I. 'l'issier,
l). l•'. 1900.1.1 111 11ole ele 'II. Gé11y¡.

Théorie tles contre-lettres 1


• - 1\. l'étude des ell'ets des conlrals qua11I
aux ayants ca11sc eles co11tracta11Ls se ratlacl1c la Ll1éoric des con./rc-fcllr1'.S,
111alencontreuse111ent placée, clans le C:oelc, a11 cl1apilre de la Jlre1i1•e. .,

(¿u'est-cc d'abord qu'11nc co11lrc-lellrc ~ 1\11 scr1s ele l'article 1321 (car sous •
IPs articles 1396 et 1397 011 re11co11lrcra le 111ot ele co11tre-lettre e111ployé avec
1111c significalion clill'ére11tc et cl'ailleurs pe11 exacte), la co11tre-letlre est 1111
a
acle écrit elestint'· corrir¡cr l'indication con tenue da11s u11 autre écri t ¡Jrése11-
la11t un contrat, d't1nc 111a11iere inexacte, e,i vue cl'u,ie si1nulatio1i.La contrc-
lr\llre, acle secret, occultc, réta)J!it la situation vériLalJlc eles 1Jarties,

i11exacte111enl i11cliq11{·e da11s !'acle apparer1t. Par exe111plc, vous 111e ve11dez
1111 i111111eulJle 100.000 fra11cs. Jlais, pour é,,iter le ¡Jaie111ent de la lotalité
<les droits ele r1111lalior1, l'acte ele ,·r,11te passé devant 11otaire porte u11 prix
de 80.000 fra11cs; 1111e contre-lettre passóe en sr,cret entre no11s constate q11e,
Je prix véritalile est de 100.000 francs. Ou, i11verser11e11t, ,·ous n1e louez 1111
apparten1e11t 5.ooo francs. ,\lais, co111me vous eles sur le poi11t de vendre
votrc n1aison et que vo11s désirez e11 111ajorer la ,·ale11r a11x }'et1x de l'acq11é-
re11r, ,,011s 111e de111andez de signer u11 1Jail portant un loyer ele 8.000
francs; a11ssitt\t aprós 11011s écl1angons des cor1tre-lettres d'ou il ap1Jert c111r,
I<' loyer véritable n'esl q11e de 5.ooo fra11cs. J)a11s les lleux cas, il y a 11nc
situation apparente, si1n11lée, résultant d'11n acle ostensi)Jle, d'u11e lettre,
el 11r1e situation réelle, véritab]e, co11statée par u11e co,ilre-letlre, llestinée ;1
rPsler cacl1l•c el co1111ue se11lerr1c11t eles cle11x conlraclanls.
<¿uel va (\tre l'efl"el de la contre-lcttrc ~
<)n pourrait l011t d'abord, s'attacl1anl a11 so11p<;o11 ele fra11ele q11i pla11e
loujo11rs pl11s 011 n1oi11s sur le procédé ele la contre-lettre, la déclarer
1111lle et ino¡)érante l1 to11s égarcls. C'est ce que dócidai t l'article 4o de la loi
el11 :1:1 frin,aire a11 \TIJ s11r Í'I~r1regislreme11t, a11x lern1es eluquel to11le contre-
letlre aya11I J)011r cJIJjet l'a11g111er1lali<Jr1 cl'1111 ¡1rix de ,e11le conlcr111 dar1s 1111
acle 1>11)Jlic <JII ¡)rivé cnrcgislré, <°'.lail déclarér, 1111lle el de 11ul efl"cl. 11111s larll,
c<'lle sa11clic>n sév<'•r<' a été co11sidérl1e cor11111e abrogóe par l'article 1321 llu
Code civil, a11x ler111<is duc111el la co11lre-lell.rc a ell'et « e11lre les ¡Jarlies ».
1<:t en r,ll"el, la fra11cle a11x droits cl11 'l'résor cloit, e11 lJ011r1e raisor1, l1lre répri-
111<'·e 11011 })ar la 11ullilé de la ccJnver1lieJn, rrtais ¡)ar des pénalil<\s contre lrs
fraudeurs. ~tais la sa11clion el'anlan a <!lé réta)Jlie,a11111oi11s parlicllP111ent, 1iar
la loi l>udg{\laire el11 :17 f<\vrier 1\) 12 ,dcJnl les arlicles 6 el 7,inspirés eles r11e111e~
1irl•occ11palio11s fiscales q11e l'articl<1 /1o de la lcJi d11 :1:1 fri111aire a11 VII,ódicte11I
la 1111llit{: d<1s convenlions ayanl pcJur olJjcl ele dissir1111ler parlie clu ¡)rix
r<\cl cl<~s ccs.~ions d'ofjices rninislériels, eles lra,1s11iissio11s irri,nobilieres, eles
ces.~io,is lit• ,fon<l.~ ,te corn11ierc1i 011 de clicntele, 011 cncorr, de la s1>11llc el'un
écl1a11r¡1: <>ll clº1111 ¡1r1rtar¡e.

1. 13nrtin, /les contre-lettres, lhesc Pnris, 188~ : Fourcade, De la sin1ulation, these


Pnris, 1881; P. (;lasson, De /11 sim11l11tio11, thcsc l'aris, 1897.
1

330 LlVRE II. - TITRE Pl\E~IIER. '


PREJIIEHE PAIITIE. - CIL\PITIIE III

E11 dcl1ors tic ces l1ypotl1escs spéciale;s, les contre-letlre,; 11e S<)Ill J)as
r1ullcs. L'arliclc 13:i I porte r¡11' « elles 11c ¡)cuvent avoir lcur cll'el q11'c1zlre
les ¡>arlies co11tracla1iles; elles 11'011t poi11t d'cll'ct co,ilre les liers ».
,\. - Elles 011l e.ffel entre les parlies ,:011trc1cta1zles . ....!- Cctte sol11lic,11 ,-;e
co111¡Jrcncl sa11s 1ici11e. Les J)arties lleuvc11! ,-;e lier co111111e elles Yculc11l. (~e
,111'on pe11t faire 011verlc111cnt, 011 peut le faire secretc111c11l; et par JJ(ll'lies
co1zlracla11les, il fa11t certai11c111c11l entendrc les l1éritiers et a11lrc,-; succcsse11rs
co11lin11a11l en lo11t ou JJl"O pc1rle la perso1111c d'1111 co11lracla11l cléfu11t. La
contrc-leltre signéc par lcur aulcur les liera i11conlcstalJle111ent (Civ.,
18 111ai 1897, D. P. 97.1.505. note de i\l. de Loy11es, S. 98.1.225, 11ote de
\l. Tissier) . •
Nous avons clit qu'or1 ¡)et1t faire ¡lar contre-lcltrc ce c¡11'011 ¡Jeul fairc 011-
vcrte111ent. E11 efl'cl, il i111porte de réserver l'l1ypotl1<'•,-;e <Jtl la co11trc-leltre
dissi11111lerait u11c conventio11 illicite. S'il en était ainsi. clic i1•aurait auct111e
valcur, 111e111e c11lre les parLics co11traclanlcs. C'e:,;t 1>ar a1Jplicalior1 de
celtc iel<'c q11e la jurisprt1dc11cc, consacrée aujourcl'l1ui par l'article 6 de la
loi précitée tlu ?.7 févricr 1912, déclare 11ulles et de 11ul cll'cl. les co11tre-
lctlrcs c11 111atit~rc de cession d'officc 111inistéricl. f:cs acles i11lcr,icn-
11c11l le 1)l11s suttY<'nl c11 ,11c ele 111ajorcr le 1)rix 1Jorlé tla11s l'aclc ap1iarcnt
{le cession. Et si la co11tre-lcllrc cst illicite, c'est parce q11'elle a po11r })11t de
fairc écl1appcr les co11tlitions el11 contrat véritablc a11 conlr<>lc de l'aulorilé,
co11tr<'ilc at1q11cl cst ass11jettic loutc ccssi<Jil cl'oflice 111i11i,-;t{·ricl. 11 in111rirte cr1

cll'ct q11c la Cl1a11cclleric ,·cillc a ce que le prix des officr,-; 111inisL<'ricls 11e
soil }las exag<\ré. ,\i1tre111cnt, il y a11rail licu de crai11dre (111c le cessio11-
11airc 11c f11t porl(· i1 réc111Jércr :-11r la clic11telc, a11 111oyc11 el'agisse111e11ls plus
• <i11 111<Ji11s r(:¡irél1c11si)Jles, la so111111c cxccssirc c111'il a11rait <'!<'· co11lrai11l de
,crscr(Civ., 1¡ 111ars 188!1, D. 1>. 85.1.152, S. 84.1.224; l\eq., 18111ars 1895,
O. 95.1.34G, S. 96.1.11; I>aris, :i9 11ove1r1bre 1899, D. l'. '!)03.·1.1n7, S.
'!l01.:i.1·1,1. 11olr de :\l. Cl1av<'g·ri11; Grrnol)lc, :i(i j11i11 l\)<J¡. 1). Ji. '!108.2.
;\(jJ, s. 1!)0!),'.l.'.l'.l).
U. - I~,1 revancl1c, les co11lrc-lctlrcs, 11ou:,; di!. l'arlicl<, 1:\:1,, 11'1J1tl JJrts
,tcjfcl co1it1·c les liers. Er1 c¡11oi J a-1.-il li\ q11clq11c cl10,;c ele )lOIIY<)a11 el ele
'
,-;¡Jécial ~ \'esl-c<• ¡)as la r<'·g-lc ¡><n1r l<Hts lPs co11lral,-; cacl11•,-; ,,11 111,11, (Jt1'ils
11'011l ¡ias tl'cll'cl it l'r11co11lrc eles Liers :1 (arl. 11Gií, ,r.la })agc s11ivar1!.c). 11
s'en fat1l ce1>c11da11t JJcauco11p c111c l'article ,:l:i I IIP soil. 1111'1111 <l<1t1l,lel ele
l'arlag<': ]les i11ler alios riela riliis 11e1¡1te 11ocel ner¡ttc ¡,ro,lesl. J,a y{•rité, c'cst
c¡11ci les licrs Yis{·s ¡)ar l'arliclc 1:l:i, 11c sti11t ¡ias les 111e111Ps 11111~ les Licr,-; ele
l'arliclc 1165.Ccs <lcr11i1:rs, ce sc>nl les ¡1e1iiltLs c.clr1111ci, ce11x <111i 11\H1l 1i11i11l
particip<'· a11 C<Jntrat 11i ¡iar cux-111,\111cs, 11i par 1111 rc¡ir1·se11'ta11L. JI va de S<)i
c111'ils pc11vc11L rc¡lot1sscr les cfl'els des a,:tes ¡iassós ¡iar 1l'a11lrns ¡icrs111111es.
Les ticrs q11c Yise l'arlicle 13:i,. ce sonl a11 co11lraire ctrl11i11s rt_y,111ls c1111se
<le~ at1te11rs <le la conlrc-l1)llrc. l,esc111cls :> Nc,11 ¡,as, 11C111s l'av<HIS v11, les
lióriliers <'l s11ccPss1•11rs ;\ litre 1111ivc\rsrl, lesc¡11els <ic,ive11l ,-;11l,ir l'cll'cl ele
to11s les acl<'s acc<1111¡llis ,,ar let1rs at1le11rs: 111ais C<' sc,11!. les cri'•a11ci1~rs chi-
l'<)gra11l1aires el les ayartls cause i't lill'<) r1arlic11lier 1111.r1¡11cls l,: co11/r11/ c1it
élé 0¡1¡Josablc .~'il 11'11t•11il p11s ,1.lfcct,! l11.for111e 1l'1t11e co11lr<!-lcllrc. I•:t Y<Jici de11x
a.pplicali<HlS <I<' la r1'.gl<'.
• •
EFFETS GE"\'ERAljX DES CO'iTHAT,-

a) Les créa11ciers cl1irog·ra11l1aires sero11t e11 tll'l}i! (Je lc11ir ¡}011r ll<\JJ aYe-
11ue la co11Lre-lettrc (¡ui alit>11t irait a la di111inutio11 t!11 palrin1oi11c Lle leur
{lébiteur, tel que l'acte ostensible passé par celui-ci e11 avait Lléter111i11t'·
la consisla11ce (Ci, .. 8 n1ars 18!)3, J). ll. 93.i . .,.!13, S. ():).1.1.193; Tle(¡ ..
15 juillet 1896, S. 1900.1.483).
ú) l)areille111ent, l'acl1ete11r d'11r1 in1rr1eul)le (a:,a11l ca11se it litre l)arliculier_,
,1uq11cl, r1nus l'ayons YU, 1111 !Jail passé antérie11rc111c11t a la vc11te ¡)ar s,)n
,·cnLle11r est opposalJle, ¡)c11t reJH>11sser la co11tre-lctlre, réLl11isant lJar Pxe111-
ple ii 5 ooo fra11cs le n1011tar1t tl11 ll)yer an1111el porté it l'acte oslr11sil)le po11r
8.000 francs. Il est er1 tlroit de demander 8.000 fra11cs au locataire, sauf
pour celui-ci a r{·clarr1er la LlilTére11ce au ¡Jrf:cécle11l iJl'(?IJriétaire a,·ec c1u i il
. ,tvait traité.
On le voit, les aya,its cai1se des co1itracla1ils llcuie1111e11/ lles ticrs á l'e11-
co11lre •
des co11trals de nature á leur préjudicier, lorsque ces con lrats revetenl
la for111e de co11trc-lettre:-. C'est con1111c si la loi appliquait ici d'ol'fice, e11
Yert11 d'une présor11¡Jlio11 de ti·aulle, la sanctio11 .de l'actior1 Jlaulie1111c.
011 a11ra ren1arq11é (!UC, d'apres les ter,ncs n19r11es de l'article 1321, c'e:-l
se11ln111en t co11.lre les tiers <1ue les contre-lettres sont privées de leurs cíl'els.
l,e texte ne <lit pas <¡ue les tiers '.au scns spt'·cial cl11 n1ot ad111is en cett"
111atiere) ne pnissenl liénéjicier ele la .contre-lettre. Et c11 ell'et ils rcstf'11t
aya11 Ls ca1.1sc d11 co11lraclant, en ta11l que la co11ventio11 secrete leur esl
JlrofitalJle. ,\insi, e11 cas ele 111ajoration du pri:x <le Ye11te, les créa11ciers
cl1irog·rapl1aires du ,·e11cle11r pourront, co111111e leur d,\J;iteur, i11,0<1ucr la co11-
tre-lettre ¡Jo11r cxiger u11 s11pplé111ent de prix. De me111e, les cróanciers, rr1ur1is
<l'1111e l1y1ioll1e<1ue légalr porla11t s11r tous les i111meubles de leur clébiteur, at-
tei11tlro11L a11 111oye11 <le celte l1y¡Jolh<\q,1c Lous les ir11111e11lilcs dont leur dó-
Jiile11r osl proririétaire a1iparer1l, <¡ua11Ll lJie11 111en1c il r<'~s11lterail tl'u11r
co11tre-leltre t¡u'il r1e les a11rait, e11 rl\alité, acc1uis c1u'e11 qualité de pr<~te-110111
<l'1111e lierce personne. Il en sera ai11si, d11 111oins, si les tiers s011t ele })on11e
l'oi ; car le11r prélc11Lio11 elevrait etre repoussée, s'il était établi (1u'er1 fait ils
<Hll e11 co1111aissa11ce de la si1n11latio11 a11 1110111e11L tle la 11aissar1ce <le le11r
<lr,1il (J,i111oges, 1(1 ocl(l!Jrc t!)I<J, l). J>. If}l r .:>,.39:{, 110Lc ele t\I. ,1agnol).

Sl~C1'1()N l]J. - l~F~"E'l'S DES C(J\TRITS A ¡,'(.;(;AR]) llES 'flEIIS.


1
STil'IJLATIO',S P01;11 AUTIIUI •

Principe de la relativité des contrats; exceptions qu'il comporte.


- l,cs <( C<lr1ve11Lic>11s n'or1L d'ell'elq11'e11lre les }larlies co11tracta11les >> : ellPs
11<' 1111ise11t. 11i ne 1ir<llitc11L a11x t.iers.
(;<'Lle r<'•gle, l'.crit<i 1lans l'art.icle 11Gií, n'est 1¡11e la rcpr<lcl11ct.io11 <111 vieux 1

lirocar<l 1¡11e nous avor1s <1<\jii SLlllVe11t. cil/i : ]les iriter 1ilios ac/lJ, lJ.liis rieque
11or,erc ,1e1¡11e pro1le.~se potes l. l,cs a11 Lc11rs la consitlórcnl, .'1 la s11i le de J>otl1ier
(<)blir¡11lio11s, 11° 87, úclit.. II11g11<!l, t.. 11, p. t1fi), c1.>111111e 1111e vóritl~ cl'ó,iclcnce.
1. La111herl, ,',tip11latio11 po11r fllllr11i, lhi~se l'aris, 1803 ; Uufnoir, /'ro¡irieté et cu11trut,
p. 560 et s. ; llalleydier et C11pitant, l'Assurance sur la uie au pro/il des tiers et la juris-
prudence, Livre du ccntenaire du (:ode civil, t. l.", p. :i1j.
LIVRE II. - TITRE PllE)IIER. - '
PRE)IIERE P,\RTIE, - CIIAPITI\E 111

'llais celte évicle11ce esl lot1le a1Jpare11le, el des q11·011 essaie de llréciser la
portée de la reg-Ie, on se l1eu1 le il eles clifflcultés.
La pren1iere tienta l'i111précision dt1 mot <e tiers ». i\os explicatio11s pré-
céclentes, relati,·e1nent aux elTets eles cor1trats a l'égarcl 'des ayan ts cause des
contractants, prou,·ent claircn1er1t qt1'il ne fat1t pas clonr1er a cctte exprcssior1
u11 se11s général. el ). con1prendrc tous ce11x c¡11i 11c sont ¡Jas les co11tracla11ts
e11x-n1e111es, ou les personnes représenlées par eux. i\ous a,·ons ,-u, e11 effet.
que les conlrats obligent no11 seule111ent ce11x qui les font, n1ais. sot1s les
clisli11ctions <111e 11ous a,011s indic111ées, lot1s leurs aya11ts cause. l)ar const'·-
c¡uc11t, la ri'-gle éclictée par l'article 11135 n'est vraie c111c pour ccux qui son!
co111pletement ét1·a11gers aux co11tractants, et qu'on appelle sot1,·ent les
¡Jenitus e.1:lra11ei.
\insi restreinle a11x penitus exlra11ei, la ri'·gle de l'article 11G5 ¡Jarait i11-
cc1ntestable et d'11ne portée absolue. J)ar exe111ple, il est bie11 {•vidc11l c1ue les
cci11trats passés IJar le possesseur d'u11 ir11mcublc 11c sont pas opposables a11
,éritable propriétaire. De 111e1ne, la transaction inler,e1111e a11 s11jet d'1111
elroit litigie11x entre une personne et 1·1111 des l1éritiers de s011 aclversaire nc
llroduit auc1111 elTet ;1 l'c'.,gard des autres l1éritiers.
Et po11rta11!, ici encore, la regle va s11IJir 1111 certai11 11on1bre el 'cxceptio11s
c¡uc la sécurit(~ eles relalio11s jurielic1ues ou les 11éccssités 1Jraliq11es 011! in1-
,
!)Osees :
1•· La prc111it'•re, la plus i111porta11te. co11cer11c les acles de I'/1éritier a¡1pa-
re1il. ~ous avo11s <li'•j;t• v11 q11e les acles ¡Jassés, 111c\111e les aliénations co11-
sc11ties par 1'11{-ritier apparc11t, so11t OllllosalJles a11 ,c'.,ritalilc l1ériticr (,·.
tor11c t•r, p. 9G:{ .
• 2° La sect)nclc' cxce¡)lio11 esl écrilc cla11s l'arliclr' 1:i'1<J, aux tcr111es cl111¡11t·l l<'
¡Jaif'n1e11l f'ait de bo1111c foi .il celui (Jlli cst c11 ¡1osscssio11 1/e /11 c1·éa11cc,
c'est-h-clirc a11 créa11cier appare11I, est Yalal1le ;t l'e11cor1trc (111 vérital1le
, .
e rpa11 e I P r.
Ces cle11x clt'-rrigaticins a11 1iri11riJ1P s'Px1ilic111c11l ¡)ar le 111<\111!' raisor111c-
111e11t. 1;I1<'~rilicr rl le crt'•ancier ,c'·rilalilc s<111l ('11 faulc el 'aYoir laiss(, s't'·-
'
lal1lir 11110 sit11ali1H1 f¡11i scrail ¡,ri-j11clicialilc a11x liers, si les H!'l<'S 1>ass(-s
a,cc ccl11i c¡11i <'si c·n lH1sscssio11 el<' l'l1c'·rilagc <>ti ,lP la cr(·a11cP 1ui11vaie11l
1\lre a11n11lt'.-s. lis s11l1iss1•11I la 1>Pi11P el,) IPIII' 11c'·glig,,11ce !'11 }l()r,la11l la f'acult(·
el'atla,¡11cr les acles l'II c¡ucsl i<111.
:\" \1111s avo11s !lit ci-<lcss11s 1¡11'i1 1>artir c!P la !léclar11li1111 clP faillilc, 1,,
f'ailli Cl'SSI' c!P lll>t1Y11ir accl11111ilir a11c1111 ac1,, rel11l.if' i1 Sl'S lii1-11s. I.Ps c1·i·1111-
cicrs cl,)\ir11111•11l 1li~s11r111ais tlcs tiPrs 11ar ra1i¡Hirt au failli. ~t'•a11111oi11s, h>rs-
1¡11c la 111ajorilt'· ,les cr1·a11ciPrs ll(,ci!lP 111' rc111Pllre lci elc'!IJileur i1 la (1\IP <I<'
ses all'aircs,s<n1s la 1>r1i111esse faite ¡iar l11i ele re111bo11rser:'t ccrlaines échi·a11cPs
loul 1>11 ¡iarlil' !les crt'.•aru·Ps, cc~tlc elc'•cisi<)II, a1>1>rli,n co1ic11r1l11/, lic, la 111i1111-
rilú c¡11i ce11e111l1111t n'a ¡>as cci11sr11li ¡'1 e<• trail.é. (;PIie s1>l11li1111, 1·c>11sacri•e
¡iar 1111 trxtr ¡i,>silif, l'articl1' :1ri7 !lt1 <:1i<lc !Ir c<i111111Prc1', s'px1ili1¡1111 ¡inr Cl'III'
ieli-c c¡11c la 111assl' !l11s cr(,a11ci1'rs 1111 failli l'<>rrnc 11111' s1irl1~.<IP cor¡iornli<>II,
1111 1\lrc erillPclif 1listi11cl !les crt'·a11ciPrs Pllrisal-{!\s i11<livi1l11Pllc111e11l.
'1" ()11 sn s1i11,·iP11l a11ssi <111!' cPl11i 1111i reYe111li<111<' 1111 i111111e11lile l>Pttl
, ,
EFFETS GE~ERALX DES CO~TRATS 333
¡)rou,·er s011 clroil e11 (>J>¡iosa11L h so11 aclvcrsaire eles acles ll alié11alio11 a11x-
0

c¡11els celui-ci 11'a {)as élé partie, et c111e ce clerr1ier 11e pe11t. co111lialtre cetll~
¡¡reuve c¡ue par la production de Litres co11traires c,-,>ir Lo111e J•r, ¡i. \J\)'1 Pl s.).
\'011s avons cx.1Jlic1ut'.~ celte solutio11 ¡iar ]'a1i1llicati<111 clf's r<'·g·les t'-talilies ¡Jar 11·
(:ocle civil e11 111aliere ele prc11ves et de préso111¡Jtions.
;Jº Le ¡irir1ci¡ic de la relativitc': eles co11Lrals soufl'rc e11cL1rc u11e exccpti,in
c11 ce (JLii co11cer11e les 11cles 1l'rt1lnii1iislralio1i fails J)ar 11n ¡iossesseur ele
a
liier1s a1i11arlena11L a11Lr11i. ,\i11si,les baux co11clus 1iar l\1s11fr11itier ela11s les
li111ites i11dic¡uécs llar l'articlc ,j95 sc111L op11osaliles a11 llro¡)riélaire. DP
111e111e, le vende11r qui exerce l'actio11 c11 ré1néré el rcdcvie11t ¡)ropri1\Laire d1:
l'im1neuble, co111111c s'il 11e l'avait jar11ais aliéné, est le1111 cl'exécutcr les
baux faits sa11s frauclc ¡iar l'acquére11r (art. 16 1 3;.
6° Sig11alo11s eleux acles e¡ui cngc11elrent 1111 droit ele cr1\a11ce a11 ¡irofit
de ¡>ersonnes c¡11i 11011 se11len1ent 11'y 011t ¡Jas ét1~ parties, 111ais 11'étaic11I
n1e111e ¡ias 11écs au 1110111e11t 01't !'acle cst 1iassé. C'cst cl'aliorcl l'i,islil11liu1t
cu11lr11cl11elle faite dans un conlral fle 111ariage a11 ¡)rofit fle 1'1111 des fulurs
épo11x. Cctle institulio11 crée u11 clroil it la succe,,;sio11 cl11 clis¡losa11l, non
sc11lc111cnt at1 ¡Jrc>fit clt1 donataire, 111ais aussi des enfa11ls it 11ailre clu 111a-
riage (art. 108:i, al. 2¡. C'est ensuitc la si1bstil11liu11 .ficléico11i111issaire ¡Jer-
111i:-c par les articles 10!1,13 et 10!1!). Elle fait 11aitrc 11n elroil a11 preifit drs
c11fa11ls nés 011 ú 11aitrc cl11 clo11atairc ou légataire ;..:-re,é de la su}Jslitution.

Stipulations pour autrui. - L·11e rlcr11ierc elérog·aticin a111)ri11cipe cll'


l'arliclc 11 G5, c'cst r¡11'u11 co11Lral co11cl11 ¡iar clc11x ¡Jcrso1111cs ¡Jc11t co11le11ir
1111c sli¡i11lalio1t (tll ¡irojil rl'u,i tiers q11i 11'y a llas été partie /arl. 11 :11 ).
C'esl la sculc excc1)lio11 c111i s1iit ,iséc in .fi11c dans le tcxle 1lc l'article 11(i:1.
C'csl. aussi la Sf'!Ile elonl 11ous atlo11s lraitcr ici.
l)ans C<)lle t·L111l1) ele la Stipulation JJOt1r autr11i, 11ous e11,isageror1s s11cces-
si,c111ent les poi11ls sui,·anls: 1° Le principe n1e111c 1le la rt'·gli~ el'c11'i il ri'·sull<'
1¡11c la stip11lali1i11 ¡>1>11r aulrt1i ¡iri11titi,e111e11t prcil1ilit'·c l'sl clésorntais licite
et valalil11, :iº ),es cll'cls ele cctlc sti¡1ulalir>11. :~ f,c cas s¡11'.cial t>Ú elle est f'ait,·
0

;111 ¡irulll 1le ¡)ers1111r1es ful11res <.>ll 1111:111c i111!1\Lern1i11{l's.

Définition. 11 y a sti¡n1latiri11 JH>lll' a11tr11i l,1rs1p1P, da11,.; 1111 1·1>11lral,



)'1111 1lcs c1i11lracta11ts st.i¡J11Ie cl1\ l'a11t.rc <Jlll~ et~ e!Pr11i1•r d111111l'ra <Jll fcra c¡uel-
1111c cltose au lll't>lit. 1!'1111 t.icrs t'•tra11ger au crinlrat l'I 1¡11i ,,·.v 1•sl ¡ias repr,:-
se11l11.
1,a ¡1r1~111i1'ir1! 11list'r,alio11 1¡11'il y a lic11 clf' fairc a11ssitt'\t. est. 1¡11'il Jlti faul
¡ia,.; c1>11f1>11clrP la sli¡11tl11lio11 ¡io11r ,111lr11i et. Jp 11111111/(l/.f;1~lui c¡,ri agit a11 no111
11'a11lr11i C<Jllllllt' 111a111lalair1• 1•sl 1111 r1•¡ir1:s1•11ll/11/: el l1•s Pll'Pls1luco11lral s1\pr1>-
1l11isc•11I clir1•ctP1ne11l's11r la l1'1.1' clu r<'¡1rt''.Sl'11lt'·, cr1111111c si ce clernicr avail ,~1«··
1iarli1• a11 1'.rJ11lral: ils r<'slc\nl t'~trang<'l'S 1'1 la ¡1ersei11111\ clu re1Jrc'!se11tanl, car 1·1•
11'1•st. 11a,.; lui 1¡11i c1>11lracte. l)a11s la sti¡>t1lali1ll1 ¡11,ur a11lrt1i, au 1·<,11lrairP, IP
sti1111la11l c1>11Lra1:lc~ 1•11 sr111 110111, 111ais, l'l'll'c•I 11,• s1111 conlrat s,• Jll't)cluil a11
ht'·11c'·li1·1• 1l'a11lr11i.
334 LIVRE 11, - TITRE PRE\IIER, -- PRE"IIERE PARTIE, - CH ..\PITRE 111
Ce ge11re d'opératio11 jt1ridique est resté lo11gten1ps sa11s in1porla11le ap-
plicatio11 pratique .•<\.ussi les civilistes ne lui consacraient-ils que de bre,'es
explicationi,.. 1lais le déYeloppen1ent de l'ass11ra11ce s11r la ,ie en a n1is a11

jour une utilisation nou,clle, ele plus c11 l)l11s fréqtrente. ,;oici, e11 elfet,
cc1111n1ent se fait, dans la pl11part des cas, cette sorte de co11trat. L'assuré
stiptrle ele la Con1pag11ic. 111o)·cn11a11t le 1)aicn1e11t cl't111e ¡Jri,ne annuelle, le
,erse111e11t cl'u11 ca¡Jital <>11 i11llem1zilé qui sera 1jayé, soit i1 lui-m1'r11e, s'il ,it
cncore a11 lJout d"u11 ter111e co11ve11u, ordi11aircn1e11t ,·ir1gt 011 trc11lr a11s sui-
,a,1t l'tiµ-c act11el de l'assuré, soit, s'il vie11I á 111011rir a11parava11I, li 1t11 lie,·s
fJénéjici11ire désigné da11s la police, par exen11Jle, sa fen1n1e ou ses enfa11ts.
:\"011:- signalerons encore cl'autres_ applicatic111s <le la stip11latio11 ¡Jo11r a11-
l r11i. 111ais l'ass11rance sur la vie e11 esta coup sur la pri11cipale: c'est l'in1-
pc•rta11cc loujo11rs gra11clissa11te de ce co11trat qui ex11liq11c cellc q11'a ¡1risc,
rla11s la Doctrine 111oder11e, la tl1éoric de la Stipulation 1101ir autrui.

Notions historiques: Droit romain. - Les j11riscor1s11ltcs ro111ai11s


,léciclaic'11t qu'il r1'était. llas possi!Jlc de slipt1lcr l)Our a11trui: Alleri slip11lari
. 11.e,110 potesl (1!J I11st .. De i1z11lil .•~li¡111l .. 111, '!)) C'<'•lait la co11séq11c11cc logi-
1111c ele la concc¡Jtion ¡1ri111iti,e tres étroitc que les l\0111ai11s se faisaient clu
rapJ)Orl co11tract11cl. Ccl te co11ceplio11. lt l'origiue. cxcl11ait me111c l'id,:c lle
la rc¡Jr1\sc11lalil)t1. llour les l{on1ains pri111itifs. 11nc actio11 11c pc11I ¡1as 11aitre
a11 profit d'1111c pcrso1111f' c¡11i r1'a pas fig11ré a11 contra!, 011 c111i 11'a pas intér1'\t
it sc111 1'\t•cutio11. L'-c11gagc111e11l c111c l'u11 eles co11tracta11t,:: pre11d a11 profi 1
1l'1111 ticrs c·st clone 11écPssairP111c11l incfficacc. 11 11c pc11t pas cnge11dl'cr 1111
,lroit e11 favPur ele ce ticrs, 1i11.is<¡11'il 11'cst ¡Jas ¡iartic i1 l'acle: il 11'p11 ¡>e11I pas
c11gc11drer 11011 Jll11s ()(111r le stipula11t. car c<'l11i-ci n'a a11c1111 i11tér1~l :\ ce
<111'1111<' prcstati1111 Sllil. faite i1 a11tr11i.
(:!'llf' regle rigo11re1IS('lllCIII logiq11c étail CC'pe11da11t forl ge11a11IP. car clic
Clll(ll~cl1ait dc-s o¡iÍ)ralicJ11s j11ri1li1¡11c-s, 1111i. :\ 1111 ccrtai11 clPgré ele ci,ilisalion.
<IP,ic11111·nl flHrfriis 11r'•l'cssair1·s. :\i11si. il 11't'•tail pas 1>er111is :\ n.11 Yl'll!lf'11r 1le
1'<J11,·1•11ir 11111· lf' ¡>rix scrait ()ay,\ lt 11n licrs, son cl'r'•a11cicr 1i11 s,111 a111i. 11u'il
anrail Yc111l11 1lt'·sinl,'•r1·sspr 1¡11 gralilicr; il 11'{•tail 11as fl<1ssilill' :'11111 llo11alP11r
1l'i111¡11)ser au cl<JIHllairl' IIIH' cl1arge a11 Jl1"<1fil 11'1111,· til'rce 1u•rso11111•. \11ssi.
:'1 11ll1' r'·¡1l11111c ¡ilus n,anct'·c ll11 l)r,,it r,i111ai11, 11<' 111a11<¡11a-t-011 fllls 1l"a1JfJ<lrlPr
:'1 la ¡ir<Jl1illili1J11 (lri111iti,c IPs LP111rir'•ra111P11ts 11r'•cc:-sair<•s.
()11 si' 1ir,:,icc11¡la lo11l cl'alHir1I 1lc crt'·er 11111' acli,111 a11 fll'<>lil ,111 sti1111la11l
(HHir a11lr11i. :tl'!i,111 1111i l11i 11cr111il ,le c1J11lrai111lre IP 1ir11111clla11I :\ 1•,~x{•c11-
ti1)tl <11' s,111 <'11gage111Pnl Pll\l•rs le liers IJÍ\11{·fiei11irc ,111 contra!. 1,1' ¡ir11-
cl•<l1'• <'lltJllO)<'· ¡'¡ Cl'I ,,(l'pl ,·,i11sisla 1l'alH>r1I 1la11s l'e11111J,,i 1l1\ la sli¡1111,1/i11 ¡i,,·11:,·.
f,1• ¡ir<>1111•ll1111l s'r•ngagr•ait :'t t>:t)'l'I' :111 sli¡>11la11t 11ll<' ,·,·rlai11n s11111111n (¡111•1i,1).
si,¡\ l'r'•cl1<'•a11c1~ 1·1111,e11111•, il 11'ac,·1H11¡ilissail 1i:1s la 1irPsl11ti1)11 vis{•p a11 tJr<ilit
1111 l><'·n<'•liciair<'.
,\ l't',¡1,,1¡111· classi1111<', il 11 '1•sl 1111'111!' 11l11s 11i'·1·PssairP ,1'1•11111!,1)<'!' en 1lí•l 1111r.
1)11 a1l111('I 1¡111•, sans s/1ji11l,1ti11 ¡,11•11:r, In sli¡,11)11111 ¡il'11l rr'·,·la111<'r ,les 1l,1111-
111ag<•s-i11t{'.r1\ts ¡'1 l'a11lr1• ¡111rlil', l1111l1!s fps f<lis 1111'il a i11lt'·r1'l i\ 1'l'xt'·c11ti1111

, ,
EFFETS GE'íEH,\l'X DES CONTRATS 335-
ele la pro111esse faite a11 profit clu tiers. Or. celui qui stipule l)Our un tiers
rst tonjours gt1idt\ ¡)ar 11n intéret person11el (Girard, 5° édition, p. 452).
~leme ainsi gé11t'.ralisée, la créatio11 d'une action au profit du si i1)11lant
<le111e11rait i11s11ffisa11te, car le tiers bé11éficiaire, lui, n'acquérait e11core
a11cune actio11. aucun droit propre, lui per111etlant de récla111er a11 1)r()111et-
la11t l'ex{c11lio11 ele l'e11gage111enl;
. .
et il fallait lui e11 donner u11e.
a
De tr<'•s ]Jc)1111e l1eure, la praliq11e a,·ail cl1ercl1é lourner la difficultt'·, et
avait trouv{• cla11s l'e1111)loi n1er11e de la stip11latio11 un n1oye11 de réaliser
i11clireclc111e11t ce c¡11'011 ne pouvait faire directen1cnt. 1\. cet elfet,le stipula11t
,-tipulait pour lui-111e111e, n1ais il adjoignait a son 110111 celui du tiers:
SJ¡Jondes1ie milii aiit Tilia ? Le tiers se trouvait ai11si adjectus solutio1iis
a
r1ratia, c'est-.\-dire autorisé, 11011 l)as poursuivre le ·dél)iteur, mais rece- a
, oir de lui le 1)aie1nent.
a
,\.11 llas F~n1pire enfin, on arriva accorcler a11 tiers une action co11tre lr
<l{•!Jite11r, da11s les cas les plus i11téressants, d'alJord dans l'l1ypothese d'ur1e
(!011utio1i sub nioclo, c'est-á-dire avec cl1arge slipulée au profit d'11n tiers
l)1'•11éficiaire (3 C., ele do1i. <JlL!r sub ,nocla, VIII, 55); puis, so11s Justinien,
011 applic111a la 111e111e solution aux hypoll1eses de corislitution ele clot, dr
clépot, de commodat acco1npagués d'une clause prescrivant de restituer a 11n
.
l1ers I es ¡·
J1ens d 01111l'S,
' d'eposes
' 011 preles.
''
a
Gr.lee it ces te111péra1ner1ls et ces exr~ptions, la rigueur lle la reg·lc ori-
µ-i11aire se lrou,·ait done tres sensilJ!en1enl atté1111éc et 1Jarfois 1111~111e ell"acée.

L"ancien Droit franc;ais. - \'os anciens jurisco11sultes, tout en 111ai11te-


11a11l la prohil)itior1 romai11e, et e11 ré¡Jélant a,·ec les texles r(1111ains qu'on 11e
¡>e11l ¡1as sli¡>11ler po11r a11lr11i, ont contin1ié 1·ceu,,rc de leurs prédécesseurs.
11.~ se so11t i11gé11iés c11x aussi á t)Carler les e11lraves que la vieille regle l)ÓU-
,ait a¡Jporler aux l>esoins de la YÍe j11ridil¡11e.
(>otl1ier (Ohliyalio11s, nº 5!1, éd. Bugnet, t. 11, ¡). 3:i), particulieren1ent in-
1t'•rpssa11t c11 cell1) 111atit'•re, co111rne11ce par juslifier l'adage: A lteri stipula,·i
1u·1110 ¡10/e.~l. << l'ne tel11) sli¡1ulati(111, diL-il. 11e pc11I vous o]Jliger ni cn,·ers

le tirrs, car les cor1lrals r1'or1t 1l'cll'cl <¡11'p11Lrc les JJarties conlracla11tes, 11i
cnv<'rs 111<,i. car ce <¡ue j'ai sli¡111l{· <le vo11s ¡Jo11r ce licrs, étar1l e111clc¡11e
cll<JSC U ((1l()i je 11'ai (l\]Cllll ir1túrel qui ¡111isse 1'\lrc aJ>précial}le i, prix el'ar-
genl. il ne ¡,rul résullcr nuc1111s tlo111111ages el ir1lc'•.rels c11,·ers 111oi clu 111a11-
q11e1111•nl <le v, ,t re ¡1ror11rsse ; ,c>11s J p,,u Y<'Z el1111c 111anq 11er i 111¡11111é111e111. »
<:cper11la11t., l,~s l<'111p{·ra111e11ls 1¡11e J1othicr n1)p<1rl~ a11ssitt,L á In rt'·g·le, so11l en
so111rne 1>l11s largt!S ,•11ce1rc 1111'a11 llns t•:11111ire. 11 r1'excr¡Jlc pas seulc111e11t
,le la r>rol1ibiti1>11, co111111e les <lcr11iers textos t-!11 J)r1lil. ro11111i11, les cas de d<l•

11ati,,11 avec cl1arge, ele 1lt'·1>t>I. cln cc>1111111i1lat. tlll ele c1111slil11li<111 ,le 1l1,1:
il 1lt'•ci,l1· PIIC1>re (loe. cit .. 11º 71) '!''" 1< si je V<>IIS l.'e111[.~ 1111 l1órit.ag-n Jl<>tlr le
' "11 ,.., rt~ ¡,ayo' a' 1111 L1crs,
Jlrtx . ·¡
1 \ a st.1¡>11. 1at.1<111
. . '
¡><111r 111,i1-111e111e, t 1e
1).

liPrs PSI 1·,.11st'~ l<~r1ir <le 1111,i In JHH1v1,ir 1ln recev,,ir 11• ¡>rix. 11 r/•s11lt11 1ln 1,'t
1¡1111 cell<\ sti¡,11lali1111 fuit 1111llre l1 sc>11 ¡Jr1ifit 1111e acli1>11 c1111lrP l'a1:1¡11{~rt!t1r n.
1<:11 s<11111111•, aux ye11x. c]c Jlotl1i1ir, 111 sti¡111l11tio11 ¡>011r a11lr11i esl valal,lc l)l
efflcncc, 1l'1111c ¡>arl, 1la11s lo11s les l'IIS tres 11:-11els ¡11'1 clli· esl 111(joirilc a l'<l•



Ll\'I\E II. - TITI\E PI\E)IIEI\. - l'I\E11IEI\E l'AI\TIE, - CIIAPITI\E III

liénalio,i cl'1111e citase; et, d'autre JJart, cla11s tot1s ce11x 011 le 'stiJlulant u 1111
inlérel perso1111el et apprécialJlc e11 arge11t ¡¡ l'acco111plisse111c11I ele la JJrcs-
tation ..-\. la ,·érité, clar1s ce second cas, il 11·y a pas d'acli<Jll au ¡Jrofit d11
tiers, 111ais le stipttlant pet1t contraindrC' le cli~IJite11r ¡1 l"Pxéct1tio11 de ,;011
obliga ti 011.

Les solutions du Code civil. - Si l'ou s'allacl1e a la lctlrc des s0\11-


tions for111ulées da11s les articles 11 1!) et 1121, 011 co11stalc c1ue les rédacte11rs
<.111 C<)de civil 011t vo11l11 reprocl11ire les clispositions ele I>ot\1icr.
a
l<'ieleles la Lraditio11 et res¡Jectueux eles textes d11 Droit ro111ai11, ils ct1111-
111e11cer1t par co11sacrer l'antiq11e prol1i!Jition des stipulatio11s po11r autr11i
da,1s l'article , 119: « On 11e peut, en général, stipt1ler q11e po11r soi-111e1nc. ,1
I>uis, dans l'article, 121, ils i11diqucnt les exceptions a la regle, e11 disa11l
qt1' « 011 peut ... stipuler a11 Ilrofit d"u11 tiers, lorsq11e tclle est la couditio11
d'11ne stipulatio11 que 1'011 fait {)CJur scii-111e111c, ot1 <i'u11c cl<J11atio11 c¡ue 1·011
fait a l!Il Ulilre » .
.\insi, d'apres l'arlicle, 121, la stipulatio11 esl ,ala!Jlc <la11s de11x cas:
1º Lorsque telle est la conditio11 d'1111e do11alio11 r¡11e !'011 fail <i 1111 a11lre:
c'est l'hypotl1ese classiq11e de la do11atio11 siib n101lo :
:iº ·l,ors<1ue telle est la co11dition d'11ue sli¡J11lc1lio11 1¡111· to11f1iit po11r sr¡i-
111e111e: c'est l'l1ypotl1cse de la stipulatio11 1)0111' a11tr11i príJl)l"ClllCilt elite.
Les a11te11rs interpretent orclinaire111c11t cetle <lc11xie111e for111ulc tl'1111c
fai;o11 étroile, et la li111itcnt aucas 011 le sliJJttlanl a stipuló en 1ne111e le111¡Js
pot1r lui et ¡>our at1lr11i: ¡iar exen1ple, le Ye11clc11r sti¡111lc <¡tic l'acl1el!'11r
l11i paiera ¡1artic d11 prix et partie :\ u11 tiers, 011 c11corc <¡u'il 1>aicra la lt,la-

lité d11 prix :\ 11n <le ses créa11ci<'rs. ú lui Yc11<l<'11r, q11'il <'11lc11d ai11si dési11-
t{·rcsscr. 11 cst clair q11e, cla11s les cle11x l1y1Joll1cst>s, le vc11tlc11r stip11lc ¡111ur
l11i srJil e11 ¡>arlie, soit en tolalitó.
1\fais 1111c tclle inl<'r¡ir,:lalit>11 11'esl pas a<l111issible; cll<' contluirail ¡¡ r<'s-
trci11dre ¡1!11s <'·lroit<·nH'lll <¡11<~ 111· IP f'aisai,·111 11ns a11ci,·11s a11lr·11rs, les a¡i¡1li-
catio11s 11er111iscs ele la sii1111lali1111 ¡iriur a11lr11i. l,a 11rc11vc r111·cllc csl líJÍn <l<'
s'in1¡ios<'r 11c rt'•s11lt<·-l-ellc pas tl'aillc11rs <l11 l'articlc '!)j:), aux. tcr11t<'S d11-
1¡11cl ce la rcnt.c viag,'-rc 11<·111 <'lrc c,111stit11i•c a11 ¡1r11fit d'un ·tiPrs, 1¡11r>i<¡u,· 11·
11rix e11 soit fot1r11i ¡Jar 1111c tierc<· 1>crs111111c ,1 :1 l,'<•x¡>ressi1J11 ,le sli¡>ttlalion
¡1011r soi-111c111c, cr11¡>l<>yée ¡1ar l'articl<' 11·11, ¡icul <l<111c etrc cnlc11rlt1c CfJ1111111·
sy111111)·111<' <le cn11lral i111,:rcss1111l le sli¡,11/1111!. 1•:t. <li'·s h1rs, la sti1111lati,111 fait,·
au lit'•11t':lir,• ,t'a11t.r11i cst valal1l1) el <>bligalc1irc 111111,•s l<·s f11is 1¡111: le co11lral
11ré.~c11l1i 1111 i111,:r< 1l ¡1011r le slip11/1111l. 'J'<•l <'SI. l<' s<'11s larg1•, le sc11l ¡1rati,1111·,
le S<)11I accc¡1tal1le <fll<' la j11ris¡1r11<IP11cp allacl1<) :'1 In 1!P11xi<'•111P 11<'~·. S(1!11ti1111s
co11sacrér.s ¡iar l'arlicl,• 1 1·11.
l)t'•s l11rs, il úsl facilP <I<' c<1111¡1r<'t1<lr<' 1111c l<Hrles l<'s sli¡111latio11s ¡1011r a11-
t1·11i s11scc11til,lcs 1le SI) r1·11ct111lr<'r <lans la ¡1rali1¡11<' ,,,111 s1• lr11uver vali1I<'·<·~
c11 hlc1c ¡>ar I<· l<•xtc In<11111· tlP l'articlP 11 :i 1. J)'111H) J>arl, <'11 Pll't:L, ;'1 111<1i11s cli·
su1>1>f1s1:r l'i11sa11itt'· cl'<'s[1rit 1!'1111 c1111tract1111I, <>11 11<: ¡11'111 ¡111s s11¡>¡111s<'r 1¡11'il
sollicil<) l'1:11gag,:111c11t <le l'aulrc c1111lracla11t, sa11s y 1'lr1) ¡u111ssi'~ )>ar 1111 i111,·•.
ri't, 11c f1it-c<: <JIIC l'i11Li'·r1\t 1l'all'<'cli<111 1¡11i u ¡111 I<' 1l<'·IPr111i111·r .'1. gratilicr 1,·
, ,
EFFETS GENERAUX DES CO:'ITRATS

bénéficiaire ¡lar l11i clésigné. Si 11nc perso1111e, par exen1ple, pro111ct u11e
a
son11ne d'argenl lt 1111e co11grégalion, l'elfel de co11stituer une dot 111oniale
a u11e congréga11isle, {)Ourc¡uoi la loi refnserait-elle de donner satisfaction a
la pensée ele llie11veillance qui a i11s1liré le stipulanl,e11 refusant de considé-
rer la sti¡lulatio11 con1n1e valable :1 (V. Req., 22 avril 1909, S. 1909. 1 .3!19,
consacra11l la ,alidilé). Et el'aulre part, quaud llie11 1111\111e on se refuserait
a tenir co1nplc cl'un autre i11tér1~t que d'un i11téret pécuniaire, perso1111el a11
sti1lulant, on pe11l consielércr e¡ue la llrése11ce ele cet i11térel da11s to·ute sli-
}lulaLio11 pour autrui résulte de la der11iere lll1rase de l'article 1121.E11 eíl'el,
ce lexlc, a pres avoir indiqué les cas ot'1 la stipulatio11 po11r autrui est valable,
ajoute: « Celui qui a fait cette stipulation 11e pe11t plus la révoq11er,si le tiers
a déclaré vouloir er1 profiter. n Done, tant que le llént'·ficiaire n'a pas fail
cette eléclaration, le stipula11t peut révoquer la sti¡Julalio11. I>ourquoi ~ Potir
s'e,i a¡1¡1liquer le bé1iéjice. Et c·est, nota111111ent, une faculté co11sacrée 11ar
loules les polices eles assurances sur la vie co11tractées au Jlrofit d'un tier~.
-Cette faculté s11ffirait au lJesoin ¡Jo11r co11slituer l'i1itércl pcrson,iel citi sli¡11i-
la11l, dont l'article r, 21 fait une conelil ior1 suffisa11te ele la valiclilé des sti1J11-
lations pour aulrui.
Ces opérations, clont l'article , , 19 contin11r ce¡Je11ela11t a 1>roclar11er eu
princi1le l"i11efficacité, sont elo11c e11 réalilé loujonrs valables. L'exceptio11
consacrée ¡lar l'article 112, s'est tro11vée si large. gr:ice it l'l1e11re11se intcr-
prétalion ele la juris¡Jruclence, <¡u'elle a fini ¡lar en1brasscr toules les l1ypo-
ll1escs,ct ¡Jar se lransfor111er c11 r<'·g-le. Et il scrait, croyo11s-11011s, i111possible
lle lro11Yer dans les rec11eils j11diciaircs la trace 1!'1111e se11le el1\cisio11 c¡11i ail
ja111ais annnlé nnc slipnlalion ¡Jo11r aulrni co111111e faite en violatio11 eles
arliclcs 111!) et 1121 cl11 Coclc civil. Le prétenllu llrinci¡)e écrit elans l'arli-
clr 111q• n cst tlonc Jllns vrai. C'rsl 1111 lc\le <ll'ssécl1é, dont la vie s'cst retiréc
1lcp11is Io11g·t1•111ps. l>our 111ettre le (:ocle e11 accor<l aYec le Droit ,ivanl, il
faudrait J'abor1l cll'accr l'articlc 1121 tlcve11u i1111tilc, rt, 1lc ¡1lus, rcfairc
1'article 111!), el y t'·crirc Jllll'Clllf'lll el si111¡)lc111c11t 1111e r,~glc cu11lrairc i1
cP!lc c¡11'il t',nonce acl11cllt>1111~11l PI q11i sPrail ainsi con1:11e : 11 cst ¡lern1is
1l'i11si',rer clans 1111 cunlral une sti11ulatio11 (lour a11lr11i.

Applications pratiques de la stipulation pour autrui.- Nous av1111s


1lil que la 1>ri11cipalt, applicalio11 de la stip11lation ¡1011r a11tr11i t'·tait J'assu-
rancc sur la ,ic l'ail<' J>ar J'assuri'· a11 prolit c1·1111 tic·rs, nota111n1n11t, de sa
1'1•1111111\ <>U de ses P11fa11ls. lci, l'assurt': csl t',,iclc1111111·11t i11spir1~ c11 11re111i1~re
ligue 11ar l'al1'1•cti1111, 11ar son tlésir 1!1, s·acc111illc)r 11'1111 dcvoir 111oral, PII
ass11ra11t. eles 1·css1111rcPs a11x siPns a¡>r<'·s sa 11111rt . .\fais il ~- a l,iP11 cl'antrcs
applications 1lc In slip11lalio11 J>OIII' a11lr11i.
1111 1'1\ r1•11c11ntrc en ¡>rc111ic•r lic11 Je 110111l>I'1•11sPs 1la11s la 111atic'·rc tics as-
su ra IICC'S.
\1111s citc,rons lonl 1l'nliord l'ass11ra11cc ¡,u11r 11'. 1·11111¡1/,• ,¡,, ,¡ui il 11¡1¡111rli1•11-
1/1·,1. ,:·Psi l'a,;s11ra11,:c\ 1:onlre l'i111·c,1ulic 011 111111. aulr<· sinislrc 11'1111e chosi,
dPsli11t'•1~ it changc·r dP rnnins. l.'assuri': sli¡111I,. 11111· l'i111J,.11111itt': SPl'a, <'11
cas <I<) sini~tr,·, payi'·e soit 1\ 1111 licrs 1lésig11<'· ,la11s lc· 1·1111lrat, soit 10111
·ro111c 11 22
388 LIVRE 11. - '
TITRE PREMIER. -- PREi\llERE PARTIE. - CIIAPITRE 111

si111ple111e11t <t /(7 perso1i11e i,itéressée, par exe111ple a celle qui sera, a ce
111on1ent, propriétaire des 111arcl1ar1dises assurées. Cette assurance crée done
1111 lie11 de droit, 110n seule1nent entre les parties dé11on1n1ées au contrat,
111ais entre l'assureur et to11s les propriétaires prt'·sents ou futurs de la cl1ose
(Civ., 5 n1ars 1888, D. P. 88.1.365, S. 88.1.313;.
üans l'assura1ice-i1ice1idie, il arri,·e parfois (ftle le propriétaire d'u11 im-
111euble loué a u11 tiers fait insére1· da11s la police une clause par laquelle la
co1npagnie reno11ce en cas d'incendie a tout recours contre le locataire
fo11tlé s11r l'arlicle 1733. Cette clause co11stilue une slipulatio11 au profit d11
locatai re (lleq., 26 octobre 1903, S. r 905. 1. 32 7!. ·
De 1:i.1en1e, il esl dit ordinairemer1t lla11s les polices incendie que l'as-
sura11ce contir1uera au profit de l'acl[Uéreur de l'in1111culJlc, a corrdition -
c111e celui-ci fasse 1111e clt'•claratio11 dans le 111ois q11i suivra l'acquisitio11. II y
a dans cette cla11se 11ne sti¡)ulation au profit ele l'acquér-eur (Req., 4 110v.
1\)07, D. P. 1908.1.28 1. S. 1908.1.337, 11ole <le ~l. IIé111arll).
Er1fi11. a,·a11t la loi cl11 9 avril 1898, les cl1efs ll 'c11treprise ass11raienl assez
~t)u,·ertl leurs ouYriers co1il1·e les accide11ls 1l1t lravr1il. l,c palro11 cci11lracl,1il,
e11 parcil cas, llcux ass11ra11ces: l'11ne, <lite <1ssitr111ice 1le 1·espo11sabililé, crr
,·11e de gara11tir sa respo11sal1ilité persorr11clle au cas oú l'accidenl lui serail
impútal,le a fa11te; l'a11tre, dile ass1t1·<t11ce colleclive, par laquelle il sti11ulail
le paic111ent d'u11e i11cle11111ité au profit des 011vriers q11i seraie11l Yicti111es
d'acciclc11ts, abstraclio11 faite de la cause tl11 si11istre. Cetlc scco11de asst1-
ra11ce co11stituail-elle 111te sti1)11lalio11 ¡lot1r autrui :1 \"ous le croyo11s. Cepe11-
cla1tl la j11rispr11cle·11ce 11'a jar11ais ¡111 se l1xcr s11r ce poi11L (\T. les divers arrcls
rapporl«'·s a11 l)alltiz, 1'11/Jle lll:ce1111ale. 1887-1897, ,- 0 ,lss1tra1ices terrestres.
• 11·• 58!, a ;,97 el Sil'ey. 7'11/Jle, 1890· 1[100, \'º .lss11ra11ces terrestres, 11°• 19:{ el
s. V. en der11ier lie11 l)ijor1. 18 11<ive111ure 1\)1 :J, (Jit~. J>11l., 13-14 avril 1!113).
E:11 llel1ors ele la 111ntie1·e de l'assura11ce, 011 tro11vc e11corc no111l1re ll'a11-
lres ªIJI>licalitHlS ele la slip11latio11 ¡1our a11tr11i.
11 y en a une <ians IIJ cas <l'u11 i11cl11slri<!I c1ui c<'•tle S<lll ólalili:;se111c11l el
Pn,·ers <¡11i le cessi<J1111aire sºe11gage .'1 cti11serrcr ltJlll le ¡1crso1111el (llc(l··
11 jnilll'l 1!)<> 11. l>. ll. I\JOG.1.:.18!1, S. 190!) 1.5<,:{).
l)c 111<\111c, clans i<· co11lral ¡>asst'.i cr1trc l'<'x¡1«'·<litP11r ll<' n1archa11<liscs <'I
In voil11ricr, l'ex¡i«'·<lileur sli1i11lc ¡io111' le <leslinalaire c11 111t)111e lc111ps <lll<'
fllllll" l11i ((~iv., :{1 ja11vicr 18!¡!1, 1). ll. !)'1. r .·1 11/1, S. !J/1, 1.:i/1li),
('.itt,11s cncore l<'s cla11s<·s i11s<~r1·cs 1iar 1'a(l111i11islralili11 <la11s les c11fti1•r.~ <l,·s
,·/111/'f/<'S 1/es 111<11·chtJ.~ <Ir tr,,,.au.c ¡11ihlics ott 1/e ffJttr11ilur!'s, claus<•s lixa11t. les
c,iuclili<JIIS ,11• lravail r¡11c l'adj11<licntairc <levra ncc<,r<ll'I' aux <i1ivriers 1¡11'il
<1111l1a11ch<~l'a. (;es clPrlliPI':- 111.•11vc11t. a11 cns 1J1'1 l'a<lj111licalaire leur i1111H,s1:l'ait
<l<·s cri11<lili1>11s i11fi·ri<'lll"<'s ;'1 l'<'ilPs <¡11i S<llll iruli<llll'<'S. 1le111u11clt\r ii l'a<l111i-
11islrali1111 1lc IPs i11<l,?1t111is<'r au 11t<l)"Cfl 11<) l'<'lenues 0¡1ér1•<•s sur l1•s so111111es
0

1l111•s ;'1 l <'11lrP¡1r,•11f'11r el sur s1i11 ca11ti1111111i111P11t ((:iv., :,i;I 1l<'·<'i•111l,rf' •!1<18.
1). ll. '!1<'!1•'·8X: (:iv., :i 111ars 1\1''!1• S. '!)l l,l,:{<i9, 11c1le 1le \l. 1)1\lll<>gllt•).
l)ans lfis 1111~111<!~ 1111trcl1<'•s, il )' uurn 1111:;si 1111c sli¡111lali1111 ¡11111r i1ulrui
1·,,11to1111(\ 1l1111s la rlausf' 11s1Hillc <lt'•clnranl 1¡11'a11 cas 111'1 l'111ljuclicalairc rl•-
l111ct'·1lerait 1'1 ,l.,s s<i11s-lraila11ls 1111<! ¡1arli<i 1lcs tra,·1111x, il serniL l'f's¡H111-
, ,
EFFETS GE:'iEHAUX DES CO:'iTRATS 339
salJle persor111elle111enl er1vers les ouvriers el fot1rnisseurs de ces der11iers
(Req., 13 111ars 188\.l, S. 89.1.2G3 et 1G 111ars 1898, D. P. v8.1,311, S. 1902.
I .350)

Cerlai11s (\crivai11s onl enfl11 voulu ,oir des 5lipulalions po11r autrui dans
le co11lral colleclif, et da11s la fo1iúalio1i faite, ¡lar exe111ple, e11 vt1e de soigner
les 111alades. ele secourir les ¡Ja11vres, de couronner eles laurt'ats, etc., n1ais
une telle analyse ne 11ous llarail pas exacte ; nous 11ous en expliquerons á
pro pos de la fonda tion.

Comparaison entre la stipulation pour autrui et la délégation.


-- Les deux 01lérations présentenL des a11alogies inconteslables. Le (lt',légué
acce1Jte de s"olJliger e11vers le clélégalaire s11r la deñ1ande du (lélégua11t, de
1ne111e q11e le clélJiteur ele la sti1l11lation llo11r autrui s'e11gage en,ers le sti-
¡1ula11L á accon1¡1lir 11ne prcstalio11 clétcrn1inée at1 prolil du liers !Ji•néfi-
ciaire. Certains auleurs onl 1n(~1ne }ll"(\tcnclu que le clé,elop1ler11ent ele la
slipulatio11 pour autrui (le,ait cnle,er a I'inslit11tion de la dél{•gatio11 toutc
utilité 1lrati,1ue. En fait, il cst ,rai q11e la pluparl des résultats visés par la
clélt'.•gaLior1 ¡1eu,cr1t 1~lrc olitenus au 111oyc11 d'1111e stip11lalio11 pour a11trui.
Cc1Jcnelant il su!Jsiste e11lre les deux opératio11s (les difl'érences qui ne son!
11as 11égl igealJle s.
La sti1Julatio11 llour autrui co11stitue 11n acle 11,ii,¡ue; la clél(\gatio11 au
contrairc est, en so111111e, le con1pos{· ele llcu:c acles r¡ui, en fait, se co11fon-
de11t so11ve11I, 111ais c¡ui pct1ve11l 11e 1Jas se confondre: l'orclrc <lo11né au dé-
lí·gué par le <lt!lt•g11a11t, l'rngage111enl clu cl{~lr'-gué c11vers le délégataire. D'o1'1
les conséc¡uc11ccs s11i,a11les:
1" I,c 111011,cnl oti nailra la crí•ance clu !Jt\néliciaire de l'o¡ióralion pc11I
11·(~tre ¡,as le 111e111e. Le lií:nt'.·liciaire de la sti¡iulatio11 ¡lour autrui, 11011s le
vcrro11s, de,icnt cr{•a11cier dt'·s le 1110111e11l ele la stipulation. II se peut, au
('Olllraire. <[;H' le d{·lí·galaire r1c dcvie1111c crt'•ancicr c¡uc JJOslérieurerr1cnt á la
d{:lí~galion, le jour ut't il acc01itera l'c11gage111e11l clu clt''.lt\gué c11Ycrs lui.
J" I,c 1iro111Plla11I (111i s'l'sl engagí• clans une sti1Julalio11 llOlll' autrui, ¡ieut

opposcr au Jií·1u'•licia i re dc son ,•11gag·1·11H·11 t l(:S excP¡>l ions et clí•fcnses c¡u i


rí·s11ltP11I de so11 contral avcc le slip11la11l; a11 conlrairt), le cl1'·lt'.·g11t''. c¡ui. ac-
C(:pla11I la d,',Jí:gation. s'csl c11gagé e11v0rs le 11(\lí•gatairc, ne 1ic11l 0111ioscr a
l'clui-ci l(•s IIH>)('JIS ele d1\fc11se q11'il pouvail avoir 1'1 l'e11co11tr1· 1li1 dí·Ié-
gua 111.

~ 2. - - l~lfe(1i1 ••e •a 111t••••••at••••• •••••••• a••••••••· lt1•1,i(,-


t•C. 11t!t•••••111 ••••e ra•t ••ai(re •a 111(1••••• .. clo••.

I.Ps rl1°Pls que ¡1rocl11it la sti¡111lation fHllII" autrui se rt'·s11111e11I en dc11x


proposi Iio11s :
1" (,e li1•rs l1{·n1'·1iciairc acq11i1•rt, par le s1·11I fait de la sti¡1ulati1H1 ¡'¡ la·

q1u·IIP ("P(ll'IHiant il 11'n pris 1111c1111P 11art, 1111 1lroil d(!. crí•a11c1• conlrc lP ¡1ro-
lllP!ta11I. <:(• 1lroit lui 11¡1p111·liP11t Pll ¡1ropr1•; il nail ('11 sa JlPl'so1111P PI 11011
('ll cPII(• du stip11la11I. 11 1•st 1•11lr{· dnns son ¡1atri111oi11P S(IIJS cPII.P si111¡1IP
rt'·s1•r,1· qu'il 11rr1·¡1/1?1'11 la stir1ulalio11 fnilP 1\ son ¡1rolil.

340 LIVRE II. - TITRE PRElIIEII, PREllIERE P ..\.RTIE. - Cll ..\.PITRE III

1'ant qt1e le tiers bé11éficiaire n·a J)as acceJ)lé, le sti¡)ula11l ¡)cut révo-
:>.º
1¡1ier la dispositio11 faite au profit d'autr11i, el e11 trans¡)ortcr le l}é11éfice
soit sur sa propre tete, soit sur celle d'une a11tre personnc.

Premiare proposition. Droit acquis directement par le tiers bé-



néficiaire. - Le ticrs bénéficiaire acquiert, par le fait scul ele la ¡)ro111cssc
faite au stipula11I, u11 droit de créa11ce co11tre le pron1etta11t. C'est u111)oi11t
c1ui n'est plt1s 111is c11 clo11te, 11i par la eloctri11e, 11i par la j11ris¡1rt1dc11cc.
:\Iai11tcs fois, la Co11r ele cassatio11 a et1 l'occasio11 de le décidcr a11 sujcl
de l'assurance sur la ,·ie au profil d'un liers.
Plus généralcn1ent, c'est n1en1e cetle création, i111111édiate et direct.e, d'u11
droi t pro pre a11 profi t du bé11éficiai re qui ca raclérise la sti pulatio11 pou r
at1trui, et q11i sert de critéri11111 po11r la elill'ére11cier cl'opérat_ir)11s a11alogues,
tclles qt1e la elélégatio11, avec lesq11ellcs il est ¡)arfois diflicile ele 11e ¡)as la
confo11clre (l\eq., :10 eléce1r1llre 1898, D. 11 . 9!),J.3·10, S. l!)OI.1.:170; Ci, ..
16 ja11,ier 1888, D. 11 • 88.1.77, S. 88.1.121; (j février 1888, 8 fé,rier 1888,
12 féYrier 1888, 27 111ars 1888, D. 11 • 88.1.193, S. 88.1.121, 11ote de\[. Cré-
pon; 1 aotit 1888, 1). P. 89.1.118, S. 8().I.tJ7, 11otede .1\1. Lal)IJé).
Bie11 e11te11d11, il elt'.·pe11elrait des conlracta11ts ele retarder le 1r10111e11I 01'1
le droif pre11dra naissa11ce, et c'est ce c¡ni se proeluit 11ola111111e11l ela11s l'as-
sura11ce-incenelie ()011r le co111pte ele r111i il a¡Jpartie11dra. \Iais, e11 111atiere
cl'ass11ra11ce st1r la vie, il 11'y a ¡Jas de raiso11 ele reculer cette elate, an
111oi11s lorsque le tiers l)é11éficiaire cst eles¡, llrése11l vi,a11t; a11ssi les policcs

ne le fo11t-ellés jar11ais.
011 pc11t s'éto1111cr ele ,oir le elroit prc11elre 11aissa11ce, a,ar1t <¡11c le ticrs
• bénéficiairc ait 111a11ifcst<'· son i11tcr1tior1 el'accc¡1ter le IJér11\ficc ele la sli¡l11la-
tior1. \lais á la rt'·llcxiti11, cctlc ct>11ce¡1lit>11 j11ri<lic¡11e 11'a rie11 <l'l'xlraor<li-
11airc (~cttc acceptatio11 du ticrs )¡é 11éliciaire, ¡, lae111ellc l'articlc 11 :i I i11
ji11e fail 1111e allnsi<Jll frJr111cllc, 11c fait q11c cor1lir111cr le elroil ele crt'·a11c1:
llt\ja existan! au ¡>rt>lit <le l'acr<'¡>lanl; C<' rt'e,;l ¡1as ell<' qui cr<'·1, t'c <lr1>il. Sa
{)Ortt'·c cst lle ren<lrc llt'•,-<>rnrais i111¡1t1s,;il,I<• 1'1•\t·rcice <lu ¡1011,oir <le ri':,·(1cati<>rr
tlu sli¡111lar1l. Et <¡11'e111 11c s't'•ltJrrnc ¡las lle \'eJir 1111c 1>crsu1111c l}C\'e11ir crt'·an-
cier sans 111a11ifeslali1Jr1 <le V<Jl<J11tt'· <I<' sa J)art. eti,1111 if/ll0/'1111s. i11Pi/11s.
()11 ll<'tll c1J111¡iar1·r <'<'11<' situati<>II i, <'<'11<• d<' J'l1t'·rili<'r <(llÍ ,11·q11icrl 1111 llr1iil
s11r la s11cc<,ssiu11 au j<>lll' 1111\111<' <111 ,lt'·1·1'.,;, ú son i11su 11' 11lus s1>11Y<'III. <'l.
<¡ni 11c fait cr1s11ite <¡u<· <'tJ111ir111cr C<' <lr11it (>ar so11 ,11·1·1•¡1tali1111,
11 rcsl<', <'I C<' (>t>int u ll111111t', licu ;'¡ 1111c t:<J1tlr1,,·1·rse <liictrinnl<' classi<Jlll',
.'1 <·x¡1li<¡111·r juri<IÍ<(ll<'lll<'lll lc 1111'.·ca11is1111, 111, 1·011t'·rati1,n 1111i al,1,ulil .'1 111111•1
r<'·sullal. \<>lis 1·,a111i11<'l'<>11s ?i <'<'l <',gartl les lrt1is s~·stt'·111<•s ¡1ri11ci¡1a11\.
:\. - .>.;ysi1\1111• rlt· I u.Di·,·. - I,<' t>l'<'llJÍ<'I' <I<, C<'S sysl<'·111<·s <'Sl la fht:11,.ic de
l'r¡!Jrc 11 a11alJsc l'1>¡>t'·rati1111 <lc la 111a11ii'•r1• sui,a11IP.
l,P ¡1r1>llll'llant s'c11gag1, ,•111•,·rs /,· sti¡111/l/11/. 1:<-lui-ci o.fJi·1· au tiers 1,t'·n<'·li-
ciairt> ti<· lui c,'·<l<·r la cr1'·a111·1• 11t'·P ú s1111 11r11lit. Si 1·c d<'r11Íl'I' ac<'<'(>ln l'<1ll'r1•,
il sc f11r111<' 1111 s1·1·n11,/ ,·1111tr,1t <¡11i tra11s¡1orle le <lr<>il ti<' cr1'•a1H'<' !'ílll' la ll;I<•
ll u c<•ssi1,11 na i r1•.
(:l'tlc <,x¡1licnli1>11 trt'·s si111¡1le a st',ll11il ¡u:11lla11l l1111gl1·111¡1s h•s a11l<:11rs.
• •
EFFETS GEXERAUX llES CO:'iTRATS

Elle a n1en1c été aelo¡)léc par les pren1iers arrels c1ui onl cu a elélcr111incr les
clfcts de l'assurance s11r la vie au profil el'u11 tiers (\r. e11core Besan<;on,
11 nove1nllre 1898, D. P. 99.2.8r. S. 1902.2.4,. note ele :\I. \\"al1l. Cf. la note
ele :VI. Lallllé, sous S. íí· r .3g3). :\Iais elle esl aujo11rd'J1ui abandonnée. Elle
est en cfl'et i11exacle, et elle conduit a des conséq11cnces n1anifeslen1ent
contraires it la Yolonlé eles contraclar1ls .
..\insi. il en rósulterait to11t d'allord que le droit de créancc du ticrs
conlre le ¡)ron1etlanl 11e 1)rer1drait 11aissance c¡11'a11 n10111enl ot'1 il acce1lterait
l'ofl're d11 stipulanl. Si tlonc le sli¡)11lant venait a111011rir a,a11l l'acceptation.
celle-ci r1e serait pl11s possible, car, d'a1)res la doctrine classique, l'oITre elis-
parait avcc son au teu r. Or, une lcllc sol11 tion est ·inacln1 issilJlc ; elle dé-
n ierai t to11t eITet a 1·ass11rance sur la Yie, le tiers désigné con1n1e l)é11éficiaire
de ce conlrat 11'étant ordinairc111ent appelé a accepter le l)énéfice de l'as-
s11rancc c¡u'aJ)res la 111ort ele l'ass11ré.
Ce n'est pas tout. Si le droit ele cr1~ancc repose sur la tele du slipulanl
j11squ'a11 jo11r de l'acceptatio11 par le licrs, s'il fait llarlie jusque-la de son
Jlalrin1oine, ses créanciers pcuvenl le saisir ¡)our se payer ele leurs créanccs .

Si done le stip11lant n1e11rt insolvallle, ses créancicrs se partagcront le capital
stipulé, -a11 détriment du tiers ll{,néficiairc. Seconel résultat non 111oi11s
co11trairc á la volonlé ele l'ass11r{,, car celui-ci vcut évitlerr1111cnt que le
capital créé par l'ass11ra11ce serve, 110n pas á payer ses créanciers, n1ais apro-
curer eles ressources a11x lJént'.,ficiaires par lui désig11és.
B -- Seco,id syste,ne: Théorie de la gestion cl'affaires. - Une seconde ex-
¡ilication }}lus lllausible a élé 1)ropos1;e, cellc de la geslio,i d'affaires.
I~llc se re11co11trc dc',ja, inlliqu<\c en q11elq11rs 111ots, llans Potl1ier; n1ais ce ,
sont s11rloul eles écri-vains 111oclernes q11i I'onl J)réconisée (';· notes ele
:\l. La!JIJt'. S. íí· • -393, S. 88.'.l.!1!)\. Le stip11lant, llit-011, fait par sa sti¡ltI•
lalion u11c gestion d'aITaircs a11 ¡>ro,(il c/11 tiers bé,zéjiciaire. L'acccplation de
celui-ci conslilue 1111c ral(ficatiu,i, c¡ui lra11sforn1c l'opération en mandat:
/falihobitio 111anclato !l'(Jllipara/11r. Par const'•c¡uenl, le tiers b<'·r1éficiairc cst
cens<'· avoir conlractt': l11i-n11\1nc ayee le cléliile11r, ce qui cxpli<¡11c c1uc son
droil soit rép11l1'• 11re11llrc naissanrc a11 jour de la sti1i11lalio11.
()11 11e saurait trouver 1111e ex¡,lication ¡1lus classique. ~lais ici encore.
il s11flil 11<' l'analyscr <l'un ¡1c11 ¡1rcs, p1111r Yoir co111l,icn Pile rsl arlifi-
cicllc, el lJu1.Jlc a11li110111ic irr<'·1!11clililr il y a entre) lrs solulions c¡11i s'in1-
11osc11l en 111ati<'•rc 1le sli1111lalion pour a11lr11i <'l les 11ri11ci11Ps lle la gPslio11
11'nfl'ai.rcs. l)'al,or1l, 1111 gt'!rnnt d'affair<'S ne 11P11l ¡1ns r1\yoq1H•r les nctcs ciu'il
1•nlr<'¡1rc11cl 11nur I<' co111¡1te cl'a11lr11i. 'fout au contrairc, il doil n1r11er
;\ hi1•11 l'n¡H'.iralinn c¡u'il a ron1111r11ct'•11 (nrt. 137'..l, <:. civ.). Or, 11011s savo11s
qtH\ 11' sli¡111ln11l n le droit de rt'•voquer l'atlril1ulio11 ('l'Pn1i1'.rn 1111'i) a faite,
1IP s'applic111cr 1~ l1{•111'•ficc <IP l'opt'·ralion, cllt 1IP la lra11sporl1·r á 1111 a11tre.
l><• ¡1lus. l1• gt'·r1111t 1l'11fl'uirPs a drtiit an r<'111l11111rsr111<'11l des clt'•¡ic11sf'~ 11liles
011 11t'•cPssair1•s 1¡11'il u fuitcs 1ln11s l'inlt'·r<'l du 11111!trc (art. ,:\í:> in ji11e:,.
· 11r, il n'a ja11111is t'·tt'· clans l'intP11tio11 1111 stip11la11l, di' l'ass11rc'· 11ola111111cnl,
d1• se fnirr rP111ho11rsrr ¡inr )p li«'·ni'·licinir,· lrs so111111cs, l1's ¡1ri111('S, s'il s'agit
LIVllE 11. - TITRE PREJIIE!l. - •
l'REJIIEllE PARTIE. - CIIA.PITRE 111

d'assurance, qu'il a versées au débiteur pot1r constit11er le ca¡)ital de l'i11-


den111i té.
C.- Troisien1e systenie:

Tlzéorie d11 (!roil llirect.- ,\. u11e troisie111e tl1éoric
a
qui lend prévaloir aujourd'l1ui dans la doctrine, on a plusieurs fois repro-
cl1é de flécrire l'opératio11 at1 lieu ele l'explir¡1ier .. Cette tl1éorie co11siste ú
dire, de la n1a11iere la plus si111ple, que le droit de créa11ce nait directe111e11l.
au n1on1ent n1en1e ou le J)ro111ettant s'oblige et par le se1il fail de cette
pro111esse. 11 nous semble qu'il y a la pl11s qu'11ne conslatalion et que, po11r
avoir une explicatio11 du pl1é11on1e11e, il suftit d'ajouler que le droit cl11
tiers bénéficiaire a l'encontre du pron1ettant n'a pas u,i caractere co11t1·ac-
tuel. C'est pour avoir cl1ercl1é u11e base a cette promesse dans le domai11<·.
des obligations contractuelles que les s~·sten1es anciens ont erré. La ,-érit{•,
c'est que l'obligatio11 dt1 pron1ellar1t r{•sulte de sa volonté ele s'obliger en,·ers
le l)énéficiaire; car, 11011s l'a, ons déja dit, la l'olo11té 1i11ila/é1·ale du dé-
bite11r pe11t etre, a11ssi bien que les cu11trats, t1ne source d'obligations.
L'article r 121 nous e11 fournit u11 exer11ple de ¡Jlt1s.
i\éanmoi11s, il ne faut pas oublier que cet engagen1ent du prometta11I
prer1cl naissance !ll1ns le coritral i11lcr·ve111t entre l11i el le stip1tla11t,ct qt1e c'est
ce co11trat qui en clétermine la r1ature et la valiclité. C'est pourqnoi fa vo-
lonté du stipulant exerce une ir1lluence s11r le clroit cl11 tiers; c'esl po11rq11oi
le sli¡1ulan t peut, }Jüslérie11ren1er1 t. par sa seu le , olon tó, ré,·oc¡11er le droi 1,
s'en altrib11er le L(·n(•fice,011 le trans11orler ú 1111 a11tre. C'est l)Ot1rquoi aussi
le JJro111ella11t petil opposer ii la po11rsuite du tiers l)é11éficiaire tous lc•s
n1oyens ele défer1se rés11ltant du co11trat, par exerr1ple, les ca11ses de 11ullití·
ele ce contra!, le dt'·faul cl'exéc11tion de l'enµ-agr111e11I pris Jt.lr le stip11la11t

a son égard, 11<Jla111n1enl, dans l'ass11ra11cc s11r la Yie, le 11cJ11-11aie111r.11t des
pr1• llleS,
l~n rós11111/·, la sliJ)ulali<)ll ¡1our a11lrui <·si 1111 l'n11/r11! eritre le .~ti¡111/1111t l'I
le ¡1ro111clll111l, 1{(111s le1¡11el le sti¡111la11! i111¡>osc 111t ¡11·u111eltant 1/c s'1•11g1tfJer 11
u111• ¡11·i·slrrtio11 1·11ve,-s 111i liers bé11éjicic1i1·1•. Cell.e 111a11ii'·rr <le ,oir csl loute
co11for111c a11 tcxle cl11 (~11cle civil. ¡111is1¡11e l'arlirl1• 11(i.-, a ¡iris s<1i11 ,le 11ous
clirc <¡11c " ll's c1_1nvc11li<J11s 11<· ¡,r1dite11l aux ticrs 1¡111• cl1111s le r11s ¡1r,:,,,1 ¡1111'
• f¡rrliclti 11':21 n. (~'<'sl clo11c <Jt1<1, <la11s le ras el<' la sli1111lali1,11 ¡1c111r a11tr11i,
11111' cor11•1•ntiu11 J>clll ¡>rojiler 111111 lic·1·s, fair<' 11ailr1• un <lruil au prulil cl'1111
tiPrs. f:ela nsl 1~xcc¡1lic111nel, 111ais 1111llc•111<'11l irrali<11111el. l,e ¡irincipí! 1lt1 ¡iou-
,·oir cr/·alPt1r <le la lil)re Yolc>11tí·, cl1a1111P l',1is <¡u'cllc 11011rs11il 1111 rt'•s11llal
licite, s11flil ú justilir.r la ¡1c1ssil,ilitc'· cl'11nP t11llc sc1l11ti1,11.

Regles relativas A l'acceptation du tiers bénéfioiaire. - 11 rt'•sull,•


tll' ('(\ 1¡11i ¡1rt'~cedc 1¡11c l'acC<'IJlali1J11 1111 l1t'·11t'·fi<'(' 11<· la sli¡111lali1111 ¡1c111ra11tr11i
ne jc,U<) ¡1as le rcile cl'1111 fail g<'11Í·ral1•11r 1111 1lr1iit. 1l11 J1{·11i'·ficiair<' (ll11'•<1ri<' clf'
l'ofl'rc), 11i 1!'1111 fait co11lir111alif <le l'i11iliuti,·c 1111 sti1111la11t (ll1t'•11rie <11' la
gcsti11111l'afli1ires1. c:· .. st In cu11solil/,1li11111lc la sli¡111lalic111, 1'11 el' Sl'IIS <¡11';'1
pnrlir ele ccll1• ,u·1·1·1llali<lll, le sti¡111la11t Jll'l'<I IP 1lr11il. 1111i l11i n1111arl1•11ail
at1pnra,·a11t, <l1• ,.,:1•1u¡111·r l'atlril,11ti1111 1111'il a,ail fait1• 1111 l1<'•111'•licf' d1• la sli-
1111latior1. <:·l'¡;l 1l1,11c 1111 acl1· i, 11li_\si,1111,111i<' ¡1r11¡1rP.
, ,
EFFETS GE~ERAl'X DES CO~THATS

11 ne faut pas le co11fondre d'allord avec l'acce1)tatio11 eles clonations cnlre


vifs dont parle l'article 932. C'esl sa11s doule pour éYiter cette confusio11
que l'article 1121 a cu soín de ne 1)as e111plo)·er le n1ot d'acceplatíon,et s'est
ser,·i cl'u11e forn111le tres large d'o1'1 il résulte que le tiers ]Jénéficiairc. 11'a
qu'a rléclarer nouloir JJrojller de la stip11Jatio11. Done, tandis c1ue l'acce¡)ta-
tion de l'article 932 cloit se faire cle,ant notaire, celle de l'artjcle 1121 n'est
s011n1ise á aucune conditio11 de forn1e. Elle peul interve11ir, soit a11:--sitot, ,

soit Illus tard, avant ou apres le cléces du stipula11t (pratique111ent en n1a-


liere d'assurance sur la ,ie, elle inter,·ient aprcs le déces de l'assuré). De
111e111e, l'acceptation clu lJénéficiaire, s'1l ne l'a pas fournie lui-n1eme, lleut
én1aner valablcme11t de ses héritiers.
II ne fa11t ¡Jas co11fondre non plus le refus d'acceptation du bénéficiaire
cl'une stipulatio11 1Jour autrui propren1ent dile lprcn1icre l1ypothese ,isée
par l'article 112 1 ), ayee le rcf11s clu IJénéficiairc d'une do11ation sub nzodo
(de11xien1c l1ypotl1ese cl11 n1e111e texle ). E11 cas de refus du hénéficiaire ele la
stipulation, ce refus l)rofite a11 stipulant; c'est lui 011 son l1éritier qui de,ra •
recueillir la prestation dont le bénéficiaire par luí désignc'- 11e ,·e11t pas . .\u
co11traire, le refus d11 desti11ataire d'une cl1arge in1posée a 11n donataire 1)ro-
fite au clonataire et non l)as au do11ateur.

2° Deuxieme proposition : Faculté de révocation du stjpulant.


'fa11t q11e le tiers n'a pas acce1Jté, le stipulant peut révoq11er la disposition
et s'en appliq11er le bé11éfice, 011 le transportcr á une autre perso1111e. L'ar-
ticle 1121. al. 2, lui r{·scrYe ex1)ressé111e11t lc droit de rc'-vocation.
CP- droit a c'-Lé cl{~flniliYe111enl consacré par le Codc civil. ,\11para,a11t. il
11't'·tait pas adn1is sans contestr. \os ancie11s a11leurs en disculaient lºexis-
tence, et J10Ll1ier (()bligalions, 11° í:3) se pro11on(ait da11s le sens de l'irr{·Yo-
cnlJiliti'·. (~'est <1u'il considérail la stipulation 1Jo11r autrui a11 poi11t de
Yue eles ra¡)¡)orts 1!11 sti¡111/a,1t el (ltl tie rs bé111jiciaire, et q11'ellc lui ap-
l
paraissail d«'·s lors, t'·lanl !'n fail ins¡Jirc'-c le plus so11,c11t par 11ne llen- . '
'
s<'·c de llicnveillanc<) c11,,·rs 11' tií'rs g·ralifié:, con1n1c assi1nilalJle i1 1111c <lo11a-
ti1J11. l,a r,'.g-Je 1ln,111er el r1~lc11ir 11c 1•1111/ lui se111lJlail done clc,oir cxcl11re la
r1'•,ocal1ililt'·. \lais les ri'·dacl<'urs du (;nde se so11l atl'ra11cl1is de celtc concep-
tion. J•:11 f"ait, il Psi 11l11s raisnnnnlil<', ¡ilns confnr111c it l'i11tc11lin11 prolJable
tl<'s co11lracla11ts. di' ¡1rt'·s11111<·r qu<' 11' sti¡n1lanl. 1·n11scnla11l u11 sacrilicc qui
1loit to11r11í'r au prolit ,1'1111 li<'rs, :•."Psi rt'·sl'r,t'· la faculli'· tl'ordo1111er 1111c a11lrc
nllril111lio11. si les circo11sla11cps acl11t•ll<'s,ie11ne11l .'1 se 111odificr. ))'aillcurs,
si 011 considt'•rr la slip11lali1,11 ¡1011r a11lr11i da11s )ps ra11¡Jorls 1111 slipula11t et
du tiers, c"esl-11-1l ir«) 1·0111111c 1111c do11alio11, 11r }J<'lll-011 11as dir«! ,¡ue la dona- ·'i
lion 11'Psl 1111rfail1· q11';\ partir di' l'1H·c1:¡1lalion rlu 1{01111/oirc ~ .l11sq11<'-l11, le dc1-
11all'lll' JH'lll r{•voqucr so11 oll'r1 di' lil)('.•ralit{•. (lr, 11011s a,ons ,11 <JUe la faculté
d11 rt'•yocalion clu stip11l1111t dis11arait 11r{·cis{·111e11t, <f1\s <111c le Liers allrilH1-
lnir1· a 11i.111ifcst{~ son in l<'11lio11 d<' l1«'·11t'·licil'I' <le la stip11lntio11.
1,<' droil di' r{•vocuti1J11 a¡>¡1artic11l au sli¡111la11t <•I 11011 a11 JH'0111eltnnl.
l1011rta11l, il 11011rrnil f<,rl Jiien t1lre sti¡111lt': <lans l<· contrat 1¡11<! la r{!Y<>calio11
ne sernit ¡1ossihlc <JUC <lu co11scr1lc111c11l d<)S (!cu, cc111tracl1111ts. Cela 11c se

...

344 LIVRE II, - TITRE PRE)IIER, - PRE)IIERE P,\RTJE. - CIIAl'ITllE 111

rencontre jan1ais eu 1natiere el"assurance sur la ,,ie. :'llais on e11 lrot1,·e c111el-
qt1es exen1ples e11 d'at1tres 111atit'_·rcs (';· (;renolJle, G avril 1881, D. {J. 82.2.9,
s. 82.2.13).
Le droil de ré,ocatio11 est t111 clroit toitl person11el; il 11e JJOt1rrail JJas elrc
exercé par les créa11ciers du sti¡Jt1la11 t. Le stipulant doit etre set1l juge de la
qt1eslion de sa,oir s'il con,ient ele 111odifier sa ¡Jren1ii'•re 111a11ifestalio11 de
volonlé Paris, 10 n1ars 18!¡6, D. P. 96.2.!165, S. 98.2.2!15).
On ne con1prendrail pas 110n 1Jl11s, se111l1le-l-il, e¡t1e le clroit ele ré,ocalion
put clre exerct\ par les hériliers d11 stipula11 t. D11 1110111e1Jt c1ue celui-ci esl
n1ort sans a,·oir ré,·oqué l'attrilJution faite au profit du tiers, il a 111anifestt"
son inte11tion défi11iti,e ele laisser á celui-ci le }Jénéfice ele la stipt1latio11. 11
ne fa11t pas oublier que la sti1Julatio11 pot1r autr11i est presque toujot1rs faite
pour asst1rer le sor! elu tiers, e¡u'elle est détern1inée par 11n intéret d'afTection
qt1i pe11t ne pas se renco11trer cl1ez les l1éritiers. Ces eler11iei·s seraie11t tro¡J
sou,·ent tentés ele ré,oquer la sti¡lulalio11 11our en 11rofiter pcrso1111elle111ent.
Cependa11t, det1x arrets ele la Cour de cassatio11 (ílcc1., 22 j11i11 1859,
D. P. 59.1.385, S. 61.1.151; l\erJ., 2-¡ ft'YriPr 188!1, D. P. 8 11.1.389, S. 86.
1,422) ont clt'~claré clans lc11rs 111otifs e111e le droil ele ré,·ocation 11assait aux
hérilicrs du stipt1la11t.
Si 111ái11te11anl 11ot1s 11011s al tacl1011s it délcr111 i11er les 1:fTets ele la ré-
,·ocatic,n, 11ot1s diro11s c1t1e, lorsc¡u'clle se procluit, le elroit el11 tiers l1é-
néficiaire clésig11é c11 pre111icr esl etl'acé el lra11s1lorté sc>il sur la tete dt1
stipt1lant, soit st1!· ccllc d'un 11ot1,eat1 )Jénéficiaire. Ce clernicr cloit ~trc
consiclóré comme aJant ace¡11is rlt•s le <léb11t 11n clroit ¡)erso1111cl et clirccl
cor1lrc le 1)ro111etta11t. cc>111111e s'il aYail t'·té clésig11ú cla11s le cr111lrat (Ci,.,
• 16 ja11vicr 1888 prt'·cilc;¡_ Cctle sr>lutio11, la sc11lc q11i sc1il cor1f<)r111e a11x. i11-
tentior1s des cc111lracla11ls, tro11YP so11 a¡J¡llicalic1n la ¡Jlns orcli11aire clans
la n1atiere eles asst1ra11ccs sur la ,·ie. I>ar cxc1111Jlc, si 1111 110111111c n1arií·
a co11trncté 1111e ass11ra11ce s11r la Yic au profit ele sa fcr11111e,el s'il cli,orce 011
sisa fclllllll.' lllCUl'l a,anl lni, ()11 J¡jpn CllCOl'C, si, t'.·tanl )ll'CSS(' J):11' 1111 cri•a11-
cier, il 11'a pas cl'aulrc 111oyc11 <l'/•vil<•r la 1l/·cr111tilnrc <fil<' 1lt: lra11s¡1c1rlPr 11
ce crÍ!a11cicr le lií~11óticP <le l'assnra11ce, la ri:vurati1n1 el la 11ot1velle clt'·signa-
tion s'c1¡1/·rcro11t ¡>ar 1111 acle n1o<lificalifcle la ¡i11lice 1>ri111itiv<• af>J>Plt'· r11•1•11a11t,
Ie<111cl cl'a¡irt'·s la j11ris¡>ru1lc11c<' s'i11c11r¡H>I'«' a11 conlral ¡1ri111itif <'I rp111c111te
dar1s -;es etl'Pls ;'1 la 1late 111t\111t' tic l'<'l11i-ci.

Rapports juridiques créés par la stipulation entre les divers int.;-


ressés. - - <JnP!s :,;011t c11 <l{!finiliY<' les ra¡1¡1orts j11ri<lir111Ps 1111c la sli¡n1la-
tici11 ¡><>lll' aulrui t:lal,lil <'11lr1•.Jps lrc1is i11lc'·rPss{•s ,,
I?ntrc /1: ¡iro1111•/t,1r1I l'I /1: sti¡111l1111f. - I,<' ¡1rt1111<'lla11l <'I I<' sti¡n1la11l snnr
lií~s ¡1ar 1111 cr111tral <flli JH'III ,ari<·r s11iYa11I les cas. <:<' J>CIII c\lr<' 1111<' <l1111n-
tic>D, 1111e vente, 1111n ass11ra11c<' s111· la , i1•, <'le. :\t111s 11'a\'t>lls 1111s :\ í·luclil'r
ici les c(Tcts <I<' ce ct,nlral. 111ais si11111Ic~111c-11l <'<'11\ rlc la sti¡111lati<i11 JHHII'
1111lrt1i <111i l'accci111¡>ag111\; el s¡1i'·rialt•111c11!, ,1,~111a1Hlti11s-1u1us 1111rls s1111! J<'~
clroits cl11 sli¡>11la11l,a11 ,·as 1n'1 11' ¡1rt1111<'Lla11l 11'cxt'·c11IP ,,as la ¡1rcst11Li11111111'il
s'csl c11gngé á ucc<lt1111lir 1111 ¡>rt,fil <111 til'rs,
, ,
EFFETS GEXERAUX DES COXTIIATS

11 n'esL pas douleux Lo11L <l'abord qt1e le stipt1lant ou ses l1ériLiers peuYen l
1/eniander la résolulio11 <in contrat, puisque la slipulation pour aulrui est
u11 des élén1e11ls ele ce conlrat. Cette résolution sera fondée, suiYant la na-
Lure d11 contra!, soil sur l'arlicle 118!1, si c'esl u11 co11lral ii titre 011éreux.
soil sur l'arlicle 953, si c'esl une elonation.
~Iais csl-ce la le seul 111oyc11 n1is a la disposilion clu slipulanl ~ :\e 1ieut-
il pas, :,;'il le ¡iréfere, cJ:ir¡cr l'e.réculio,i de la slipt1lation ~
J\0111Lre d'at1tet1rs rL'J1onde11t 11égaliYen1ent a celte queslion. Le slipu-
lant, dise11L-il:--, 11'a p,1s sti1111lé ¡iour lui; done il n'esl pas créancier de la
1iron1esse. Du 111oi11s,il_n'aurait el'aclion que s'il a,ail un inlérel perso1111el a
l'exécutio11 de la 11ron1esse,par ex.e111ple,s'il était lui-11Je111e te1111 Yis-a-Yis du
tiers bénéficiaire, et si la sti11ulalio11 avait cu pour l)ut cl'éteindre son ol}li-
gation ¡1ersonuelle. ~Iais, en raison11an t ainsi, on ou!Jlie que le 11ro111etla11!
s·esl cngagé e11Yers le stipula11t a exéculer• sa pro111csse a11 J}rofit clt1 tiers.
<lula r('-glP ele l'article 11311 doil restcr lcllre 111orlc, 011 celui c11Yers qui
cel rngage111en\ a été 11ris, doit aYoir le droit de co11lrai11clre l'o}Jligé ii s'ex.é-
cu\er. 11 esl tot1t á fait i11exacl cl'inYoc¡uer ici l'atlag·e: " Pas <l'i11tér<\t pas
cl'aclio11 n. 1~11 réalilé, le stipula11t a toujours i11térel ¡1 1·exécution de la sli-
¡1ulation, intéret d'argent ou d'affecLion. 011 ne fait jan1ais d'acte juridiqt1e
sans raison, sans inl{•ret. ,\joutons que diYers arg·u111rn\s de \rxle 1nilitenl
e11 faYeur de 11olre soluLiun. Cilons l'arlicle 108G, aux ler111es duquel le })é-
néficiaire cl'une elonalio11 faite e11 faveur clu 111ariage e:--l ad111is ú se sous-
lraire aux cl1arges que lui in1poserait cellc donalion en y renonc;anl. Celte
ti isposi tion ele faYct1r pour I'{:poux sera i t su11eríl ti e :,;j, en pri11ci pe et e11
gt'.·11t'·ral, le donateur cl't111e clonatio11 ayee cl1argc, lec¡uel est un sli¡)ulan\
¡io11r a11trui. 11'avait ¡1as une aclio11 ¡iour contraintlrc clirrclcn1e11t le clona-
laire i1 l'cxi·culio11 de la charge stipulée.
1~·11tre le liers úénéjiciaire el le pro111clla11/. - ~fJt1s sa,ons qt1e le Liers
i)('néficiairP acq11icrL 11n tlroit clirect tic créa11ce conlre le J)ron1etlanl. Par
C(>Jlsé1¡11ent, il ¡>eut, con1n1c le sti¡i11la11t, le ¡io11rsuiYre 11our o!Jtcnir l'exi'·- ,
c11tio11 de l'engagenH•nl. I•:11 rPYa11clu•. il n'a lJas, a11 cas cl'inexécuti,111. J'ac-
tion Pll ri•s(1l11lit>ll <In c11nlral conclt1 Pllll'P le ¡H·on1Plla11l r.t Ir. sli¡iulanl.
¡111isq11'il n'a ¡ias ÚlÓ ¡1artic 1'1 C() contral.
1~·11tre /,• ti,·rs ln:néjicil/il'l' el le sli¡1ul1111/. - J,a :--tipulali<lll ¡iour autrui ¡icut
(\tre ins¡,ir/•p s11iva11L les cas, soit ¡iar le (!{·sir d'«'•tPi11drc 1111P oliligalio11 rxis-
tanl ii la chargP 1111 sli¡J11la11l 1:IIYl'l'S Jp ti1•rs bt'·1u'·liciairc, soit, ce qui rst
¡ilus frt'·q11P11t. ¡iar l'intc11tio11 ,le ¡irrH'lll'('I' 1111 Pnrichissc11H•11t au tiers }¡{•-
11t'·licinirc. J>a11s IP ¡irP1nicr cas, J'cxi,c11tio11 <lt• la slipulati,,n ¡io11r a11tr11i
f(•ra dis¡inrailrP J'oliligati11111lo11t !(1 sli¡iulanl {•tait [P1111 PIIY<•rs )P tiPrs. l)an~
lt• S('C(lll<I, In sti¡i11lali1,11 ¡1011r aulrui c11g1•11drr Pllll'(' Jp li(•rs PI IP :--lipulant
1111 ra¡iporl <l.: d111111tairP :'1 d1111alP11r. I•:th, 1·011stil1u: 1111c ,luna/ion, '1'1111lef1iis
rPllc do11ali1111 111l'rc 1·1,ci 1IP ¡1artic11licr qu'1•lh: 11'11 ¡ias hPsoin cl'1\tr1· faitP
1la11s la for111c n11llun1ti1¡1H,. J•:llc s1· rat tarhc 1'1 la cali'•goric d,:s 1/01111li1111s i11di-
r1•1·/,•s, l1•sq11PIIPs «'•(·l1ap¡11•11t a11x ri'·g(ps d1: for111P i'·lal,li(:S J>Olll' la ,ali1lit«'· dPs
do11alio11s (lll1r1IPa11x, ,., n,·,•il 18!li• 1). P. !l8,·i.1(i!I• S. 1!1110.:i.•1l11,.
\lais 111u·l PSI 1111 justP li: 11101111111111<' 1•pll<' 1l1111alio11 :1 11 fa11l ici S<' gar1IPI'
346 LIVIIE II. - TITRE PRE~IIER. - '
PRE~IIERE P,\l\TIE. - CHAPITRE III

ll'une conft1sio11 qui co11sisterait ,\ dire qt1e le liers est do11ataire d11 n1011-
tant de sa cr{•a11ce contre le pron1ettant. Ce serai t 1111e r11éprise ; la son1n1c
payée par le JJron1ettant, en ell'et, sort de so11 patri 111oine, 110n de celui du
stipulanl. I.a stipulatior1 po11r autr11i fait ,iat'lre, 11c l'ou)Jlio11s pas, 11n droit
lle cr<'•ance direct d11 tiers bé11éficiaire a l'cnco11tre du pro111ettant, leq11el
n'a ja111ais fait partie cl11 patrin1oine cl11 stipula11t. Ce n'cst do11c pas cr
llroit c1ui représente la do11atio11 faite JJar ce dcrnicr. Ce q11'il fa11t olJservcr
ici c'est que. pour olJtenir l'engage111ent du pro111ctta11t, le sti¡J11lant a clt'1
a
verser celui-ci 11ne son1111e cl'arge11t, 011 lui re111cltre 1111 objet. C'est cettc
prestation .faite par le sti¡Ji1la11t aii pror11etta11t q11i fixe le n1onta11t de la libé-
ralité du sti1Julant envers le tiers lJé11éficiaire.
On con1pre11d sans 1Jeine q11e cette dislinction a le plus grand intéret,
c¡11ancl il s agit ele 1·ass11rance sur la ,·ie conclue 1Jo11r grt\lifier 11n tiers. Le
n1onta11t de la do11ation est alors représenté, no11 par Je capital versé a11
tiers, rr1ais ¡Jar les ¡Jrin1es payées par l'assuré a la Con1pagnie. Le l1ér1éfi-
ciaire est clonatairc eles ¡Jrin1cs et no11 llt1 capital. C'esl un point s11r lcr111el
·uo11s revie11drons c11 éludia11t l'assura11ce sur la ,·ic .

. S 3. - De l11 !iitl1•••lntlo•• 1•001• a•■tr•■ I ralte au proflt


tic 1•er!iionne!!i_f°•••••••e!!i o•• l•••létern1l•1ées.

1>e11t-011 slip11ler a11 1Jrofit de ¡1e1·so1111es i111lelcr111i11ées 01i lle ¡ierso1111es


J1it_11rcs ~ ~ cst 1111~ c¡ucstio11 q11i s·~st 1irése11t<'·e )Jic11 eles fois devant les
trilJt1r1aux ;1 1·occasion de l'assura11cc s11r la vic .
.
• 1• Stipulation au proflt de personnes indéterminées. - Il y a 1111
¡ire111ier cas lla11s lec¡ucl la ri'·1icJ11sc 11c ¡)e11l !'aire llt111tc; c'csl lori,;q11c la llt'·-
ter111inatio11 des IJénéliciaircs · llt'•¡)c11ll rl'u11 cl1oix c¡t1i cloit ,~trc fait par le
¡Jro111ei ta11I l11i-111<\111c. :Nous faiso11s all11si<J11 11(ita111111c11t a11 cas lle clo11a-
tio11 avcc cl1arg1' ll<' <lislri!J11cr 1111 sc•conrs 1111.1· ¡111111•r,•s. 11 <'si !Jir11 t~Yiclcnl
c¡11c Cl"llc cl1)11alicJ11 11c <l<)IIIH' ¡i;i:,; 11aissa11cl' ii 1111 1lr1Jil. \ 1¡11i a¡11Jartic111lrail
ce clrtiil ~ l"a11lc de d{·trr111i11ali<lll <111 ticrs J¡(•ni·liciairc par 1111 1ir,,c<'•<lt'·
i11tlt'•¡Jt•111la11I 111' la ,cilcJ11tt'· tlu clt'•lJite11r. il 11·~- a J)as ici 'sti¡>11lalio11 ¡)<>llr
a11lr11i pf(icac1•.
11 c11 sPrail a11trc111c•11t t'l'lll'IHlanl :-i la cl1argc t'·lait t'·lalJli11 a11 ¡1r1ilil 1lPs
JJ(lltl'r1•s 1le /11 co11111111111·. l,es ¡1a11,r11:,; 1lt• la c1111111111nc ci11l 1111 r1•¡1rt'·st>11lanl
lt'•gal c¡11i rsl 111 b11re1111 ,¡,, hic11J11is1111rc. ll 11·y a 1l1Jnc ¡1l11s ici 1l'i1Hlc'·ll'l"J11i-
11ali1111, IP l111rPa11 tic• l1i1)11faii,a1H'C <11',·i,•nl crt'·anci<·r de la sti¡111lati1i11.
11 11·~- a ¡>as 11011 ¡il11s i11dt'·IPr111i11ali1J11 l1,rs1¡11P ll's lit'·111'·liciaircs 11<• 1'11ss11-
ra11cP, 1i11, ¡il11s gt'·11,'·ral1•11H'III, 111' la sli¡111lali1i11, 1l1ii,P11I. s1• lr1111Y<'I' 11n j1H1r
1lt'·ler111int'·s JH1r la s11it,· ,/,•s ,:,.,:11,·1111·11/s. 11 l'll <·sl ainsi 1la11s l'ass11rance ¡111ttr
le i:0111¡1/,• ,l,• 1¡1ti il 11¡1¡111rti,·111lr11. (:PLI<· ass11ra111•p 1il>lig1· l'a:-s11rP11r, 111i11 sP11lc-
111c11l c11,1·rs 11• ¡1r11¡>rit'•lair1• ¡1rt'·sP11I, 11111is 1•11,c'rs le•:,; ¡iro¡1rii'•tairl'S f11t111·s 1lc·
lu l'l1osP as:-11rt'·1• ((:iv., :111,urs 1888, ll. )l. KK.1.:)ti~1, S. KK.1.:1,:1¡.
\ll'111n st1l11li1111 1la11s l'ass11ra111·1• sur la , ic•, l11rs1¡11I' J'ass11ri'· c1111lrnclr 1111
¡,ro/il ,les,•.~ l11'riti,·rs. 1i1,11rla11t,1¡111•l1¡i11•s 1lt'·cisi1i11s 1l1ill1t«'tll ici 11111' s,1l11li1111
, ,
EFFETS GE:XERAUX DES CO:XTRATS 347
contraire, et déclarent q11e les I1éritiers, étant eles perso1111es iudétern1i11ées
jusq11'au déces de l'assuré, 11e peuvent Jlas acc¡uérir un clroit l)ropre et per-
son11el au capital assuré. Done, ce capital ton1berait clans la succession ele l'as-
s11ré, et c'esl da11s celte succession q11e les l1éritiers le recueillcraiént. Cctte
elifl'érence sc111]Jle d'abord n'avoir 1Jas granel intéret, n1ais en réalité elle est
tres i1nporla11te. Supposons c111e l'assuré soit rnorl insolvalJle. Le ca1Jital
vers<'• JJar l'assureur, s'il doit etre consieléré con1n1e to111}Ja11t dans la succes-
sion cl11 stipulanl, cle,ienl le gagc de ses créanciers, lanclis q11e cenx-ci 11e
pourraient JJas le saisir, s'il appartenait e11 pro¡J1;e a11x l1éritiers (Besan<;:011,
14 mars 1883, D.ll.83.2.129, S. 86.2.17; Civ.,r5 déce111}Jre 1873, D. P. 74.1.
113,S. 74.r.199; Req.,15juillet 1875, D.P. 76.1.235, S. 77.1.26). Orcerésul-
tat est inadrr1issible; il est contraii·e aux intentions certai11es des con tractants.
,\ussi re1Joussons-11ous 1111e telle jurisprudencc. 11 suffit, ¡Jour qu'une olJli-
gatio!l pui,-;sc ¡Jrenclre naissance, qu'il y ait da11s l'acte juridique q11i l'a créée,
les él{•n1c11ls d'11ne clt'•tcrn1inalio11 ultérieurc du créa11cier indépendante ele la
volonté cl11 elébite11r. Or c'est le cas ela11s la prése11te l1ypotl1ese. Des lors, rier1
r1'c1npccl1e e¡uc les l1óriticrs, tels c¡11'ils seront eléter111i11és 1Jar le déces clu sti-
pula11t, acquiere11t 11n elroit de créance a
l'enco11tre de l'assureur au jour
cl11 déces ele l'ass11r{·, ter111e auc¡11el les contraclants peu,ent reculer les
cffels ele la sti¡Jnlation ¡Jot1r autrui.
11 conYie11t eln reste de rc111ar(111er c¡ne les arrets précit(·s re111onte11t a
t111e (·¡)oq11e oú la doclri11e de la Cour ele cas~atio11 st1r les ell'ets tle ·1·assu-
rance s11r la vic au 1Jrofit tl'un Liers 11'était ¡Jas e11core )Jicn étal)lie. Si la
Cour supre111e t'·tait a11jo111cl'hui de nou,·cau saisie ele la q11estion, toul porte
it croirc r¡u'cllc 11c la lrancl1crait 1Jl11s dr la 11H\n1e fa(o11.
. '
·iº Stipulations au profit de personnes futures. - \ c11 croirc la
j11rispr11d~ncc, la ,alidiLó ele la slipulatio11 a11 profit clc pcrso1111es 11011 encore
n{~rs se l1curlcrait :'t u11 lcxte forme], l'article noG, d'apres lcquel, 1Jo11r i\tre
capal>lc de rc•crvoir par donatio11 P11lrc ,·ifs, il f'anl 1~l.r1• né 011, a11 n1oins,
1·011,:u au 1110111c11l de la donalion. ))r non1lirc11sc:- 1li'•ci:-ions 0111 f'ail applica-
lion dP ccl arliclc /, l'as:-urance sur la vie faite ¡iar 1111 pi'·rc de f'an1illc au
¡iro./il 1/,: ses 1•11Ju11ls 11és el,, 1111ltrc. l~lles onl di'•clari'~ c¡u'une lcllc slip11lalio11
t'·tail :-;a11s ,alrur, Lo11s IPs do11alairPs 11'{la11l pas c11corP co11<;11s; it 1¡11oi <[ll<'I-

<JIIPS lrib1111a11x onl ajouti'· c,~IIP co11sidt'·ralio11 q111' les P11fa11ls :\ nailre son!
1lcs ¡1ers,,1111cs i11r1•rlai11cs (C:iv., 7 f't'·,ri<'r 1877. I>. 11• 77.1.:):)7, S. 7¡.1.:)!);1;
I\PCJ., '.lj ja11,il'r 18¡\I, 1). )>. 7!)-1.:l:)o, s. i!I· l .'..l 18; c:iv .. i 11,ar:- 18!13, 1). 11.
!1'1.1.7¡, s. n',.1.1(11; l\c•n11cs, :, d{·('l'lllhrl' 18!1!1• !). J>. '!)0:).~.:)77, note de
\l. l)11¡i11ich, S, 1i10'..l.1.11i:1s1J11s(:as-;., ·J. 11 fi'·,rier 1\1<>'.l).
11 11'csl pas IH•soin d,, fairc rrsso1tir 1"0111liic•11 C<'lll' j11ris¡>r11d1•11c<' csl !'<'·
grPllablc, car· ell,~ s'opposC' i, la r«'•11lisalio11 d1• la volo11li'· ¡iri'·vo~alll<' cl11 )ll\l'P
tl1• l'a111illl'. <>r 1\l(I' t:Pposl' :'i 110!1'1\ avis sur clPs arg11111C'J1ls lri'•s faililP~. l,rs
(H'l'Snlllll'S dt'·sig-11{•¡,s co1111111· bi'·11i'·lic·iair<'sdl' l'ass11ra11ce IIP so11l 1>:1s cl11 lo11t
i111'.l'l"lai111·~.p11i~q11'il )' n 1la11s 11' conlral l"s «'·li'·1111•11ls clP )P111'di'·l1·r111i11ulio11.l•:l
1¡11a11l :'1 la ri'·gll' q11'1111 1!01111l11ir1• doil. 1'.(rc· a11 111oi11s ,·1111t:11 au 11101111•11l ele la •
1lo11atio11, p))I' soull'rp ,les <!XC<'fllions PII 111ali1'.l'I' d1• s11hstil11lio11s fi1l{·ico111-

..
'

348 LIVRE 11. TITRE PRElllER. - '


PREMIERE PARTIE. - CIIA.PITRE III

111issaires (ar!. 10 118 et st1i,·.) el cl'inslitutions co11tracl11elles c1t1i, les tines


et les a11lres, s'adresse11l aux enfants 11és Oll l'z 1ir1ilre eles gralifiés; c'est la
a
J)ret1,e qu'il 11'}· a aucu11e in1possibilité logiqt1e ce qu't111e perso11ne pre1111e
1111 engage111e11t a11 l)rofit cl'a11lres person11es r1ui doi,·ent clre nées a,a11t le
a
jot1r 011 elle at1ra exéc11ler la prestatio11 co11,·enue. D'aillct1rs, ne se rap-
¡1elle-t-on pas qt1e 1·assurance au profit des e11fanls i1 11aitre ne constit11e u11e
clor1atio11 que lla11s les rapporls cl11 sti¡111la11l el dii liers bé11éjic iaire) Or, ces
ra¡)porls 11e son! 11oués r¡u'a11 jour ele l'acceplation de la sti¡J11lalio11, c'est-á-
<lire á t1n 1110111e11t oi'1 les tiers !Jé11éficiaires seront nés. La j11risprt1dence que
11ous criliquo11s, j11ris¡)rucle11ce qui 111écon11ait les l1esoi11s ele la pratiquc el
ele l'éqt1ité 11011 111oins r¡ue notre. traditio11 l1islorie1t1e, car l'a11cien Droit
ad111ettait JJarfaite111e11t la ,alielité de la sti¡Julalio11 au profi t de personnes
11011 e11corc con<;t1es, 11'a pas n1c111ele n1érite cl'ctre conséq~e11te. En efl'et, e11
111atit'·re de donatio11s a,ec cl1arges. lesquelles renfer111ent 1111e slipulatio11
J1l)tlr aulr11i, lato se11s11, elle a 1111i par reco1111aitre la ,aliclité de la elo11alion
a<lresséc á 1111c ¡Jcrso1111e 111orale, 011 i1 u11 JJarticulicr, i1 la cl1arge cl'instit11er
t111 ele faire , iYre 11n étal1lissc111e11t 11011 i11Yesti ele la ¡Jcrson11aliti'· j11ritlique
011 111e111c 11011 encore exista11t (!lec¡., 8 a,ril 18 1 '1, D. Jl. ¡li. 1.11i",, S. ¡t1.,.
:i;i8). Or 1111 í•tal1lisse111c11t 11011 e11core doté ele la ¡Jcrs<Jnnalité j11rieliq11c, i1
pl11s ·forte raiso11 1111 i'·tal1lissc111r11t 11011 cr1core créé, 11'cxislc ¡Jas plus. a11x
ycux cl11 Droit. que l'c11fant 11011 cncorc ccH1<:11 ele l'articlc 90G .


SOURCES D'OBLIGATIONS NON CONTRACTUELLES

(~llr\PITRE PllE:VllEI{ ,

Dl~Ll'fS E'f í¿U:\Sl-l)ÉLl1'S 1

Signification des mots délit et responsabilité délictuelle. -- La


rcs¡Jonsa)Jilité (!élictucllc se rc11contrc lorsc1u'u11c ¡Jerson11c cause, soil par
cllc-n1e111c, soil ¡Jar c¡uelc¡11'u11 donl elle répond, soit ¡iar le fait cl'u11c
a
chose lui ap¡1arlcna11l, 1111 clo111111age une a11lrc llerson11c, <:11vcrs lac111ellc
1•lle 11'esl li<'.·c 11ar a11cu11 rap¡Jorl ll'ol1ligalio11 1irc'·Pxisla11l. l 1ar cxc111¡ile, 1111
autu111ol1ilislc i11111rulle11l écrase u11 ¡1assa11l clans la ruc; 1111 cl1asseur 111ala-
clroil blcssc 1111 incliviclu; le gibicr c¡u·un 11ropric'•tairc éle,c sur ses terrcs
cause• 1lcs dégJls aux récollcs eles llro¡Jriélaircs c11,iro1111anls; 1111 111ur
s\'.croulc el Cllllo111111agc le foncls co11tig11; 1111 inccntlic e'.clalc dans 1111c
111aiso11 <'l se co1111111111iq11c it l'i111111<)lll>lc voisi11; 1111c Jlcrsu1111c 11orlc atteint1•
/1 la rc'•p11lalio11 <1'1111 IÍPl'S par <lc•s t'.·crits 011 eles pr11¡1os difl'a111atoires; 1111
fia11r1'· ro111pl sans 111olif lc'·giti11Hi 1111e 11ro111css1) <l<' 111ariagc; 1111 i1Hli,id11
<•111ploie <lc)S 111a11tu11, r·cs rc'·prc'·he11sihles 1>011r arrivcr it séll11irc 1111e jP11111•
lille•; 1111 co111111cre;a11t co111111cl des acle•s dc c:u11c11rr1·11c<' dc'·lovalc •
CIIY<'l'S 1111
a11lrc c11111111e•re;a11l, Ple. ))a11s t'<:s ditl'c'·rc11ls cas oi'r 1111 ¡>rc'-j1ulicc cst ca11s,·· i1
a11lr11i, l'aul<·ur du do111111age esl le1111 ll<· le rc':1>arer, gt'.·11o'•rale11H)lll <·11 ,ersa11l
it la ,icli111c 1le S<'S agissc11H•11ls 1111c i11de•11111ilc'• pc'•c1111iairc. Si 011 ,lit 1¡11'il ~
a l'<'S/ll>IIS11liilite: ,¡,:¡¡l'lt11•lll', l' Psl 1¡111: le• fait do111111ageah!l) i1 a11lrui l'Sl rlósi-
0

gnc'· par ll's IIH1ls d,i 1h:fit 011 de 1¡11asi-1/c:/it.

l. lhPl'ÍII¡:-, !)e la (<111/e e11 rlroit ¡11·ii1,', lr11cluclio11 M,·11l,•11a,.l'P, París, IRS8; So11rdat,
'J'r11il1• r1•'11t'r11/ rl,• la r,•s¡11111.vnbiliti', :! 1·01., li• ,··,lit., l!JI 1 ; l'laniol, /•:t11c/,•s sur /11 rrspn11s11bi-
li1,• ,.1¡,¡/,•, llrl"lll' e·ril1,p1n ,t,, l,'•~islalion, t!lo:;, t!JOti, 190!); Tl'isst'in•, t,;s.tai ,/'11111' tlu!orie
1¡,•11,•r,1/r. s11r /,• /i1111t,•,11,•111 rl,, 111 r,e.t¡11111s11biliti'. Th,".si, Alx, l!101; 11. ll, 11,lanl Pl Capltnnt,
0

F,,,¡111s<11 ,/'1111e 1/i,•orii• yé11,•,·nl1: J,, [,1 1·1•.,p1111s11/1ilite ,,,,,,[e, Anuales ,1., l'IJnil"t'rsilé ,le Gr,•-
11ohl1•, l. 1X ; Sal,•ill,.~. ¡._·,,,,,¡ 11'1111" t!t,•ori,: _r¡~111!rale ,1,, /'oblit¡ati,111, ,/'apres I,• pre,11ier
¡1r11J•I t/11 (.'tJrle cir•i/ 11/le111•111d, :i• t!dlt., 1913, p. :J~i i1 ,1-19.
350 LIVRE 11. - TITRE PREJIIER. - '
DEUXlE~IE PARTIE. - Cll,lPITRE PRE~IIER

Le pri11cipe ele celte responsal)ilité se trouve écrit dans l'article



1382, le
a
plus COilllU, le plus in1porta11t pet1l-etre, COUl) sur le plus souvent invoqt1é
de tous ce11x dt1 Cocle civil: « 'l'out fait quelconq11e de l'l1on11ne. qui cause
a a11tr11i U!l do111n1age, oblige cel11i plll' lll fa1ile ll11q11el il esl arrivé le a
'
reparer. »
011 fixera aussitót son atle11tion sur le n1ot ele faule conte11u dans cet
article. L'l10111n1e 11'est te1111 de réparer le don1111age qu'il cause autr11i a
que si so11 acle, g1\nérate11r cl11 clo111111age, conslilue une faule. \'ous aurons
a préciser plus loi11 le sens de celle expression si i111portante, qui forn1e
cl1ez 11ot1s le pivot de la respo11sabilité no11 contractu<'lle.
L'article 1383 nous donne du reste une pre111ierc inclication sur la portée
de cette expression: « Cl1acun est res1JonsalJ!e. nous dit-il, du do111n1age
q11'il a ca11sé nor1 seule111ent llar son fait, 111ais par sa 11égl_igence ou par son
i 111 ¡Jr11cle11ce. »
,\insi, la fa11te 1Je11t consister 11011 seule111e11t c11 u11 fait cl'actio11 (c1ilpa i,1
co111n1itle11clo), 111ais da11s 11nc si111plc abs/e11!1011 (c11lpa i,t 0111illenllo). Par
cxe111ple. le lll'O}Jriétairc c¡ui 11i'·glige ele clore par u11e IJarrii~re un passage
dangere11x, un terrai11 s11r lequel il place eles ¡Jieges, celui c111i laisse lo111IJer
sa n1aison en r11in<'. corr1111elle11t une fa11te ci'o111issio11 clo11t ils devronl
ré¡Jarcr les conséc¡11c11ces clo111111agealJlcs 1Jo11r les liers.

Dift'érence entre les délits et les quasi-délits. - Ces cx¡1rc,;sio11s fig11-


rent clans la r11briq11e d'11n chapitre d11 Cor.le civil (Cl1. 2, lit. IV, liv. 111) el
dans divers articles (1310, 13¡0). :\lais 1111lle 1iart 01111'e11 lro11vc une défi-
11ition .

Cctte lac11nc licnt sa11s clo11tc :\ ce c111c les rt)daclc11r,; clu Cc1clc S<' so11t ré-
féri'·s aux: délir1ilion,; tres 11cllcs c¡11c llo1111ail [>,1tl1ier, Pl 11'1111t ¡1as j11gt'· 11lilc
ele lrs rcprod11ire. << On ap1>rllc (il:lit, clit I>c1ll1icr (CJhli:J(llin11s, 11° 11ü1. le
f'ait ¡lar lc(1uel 1111r J>Crso1111e, par dnl Oll rnaligriilé, cause du do111111agc 011
q11rll¡11c torl .'t 11111' a11trP. l,e 1¡11asi-ll1;lil esl le f'ail ¡1ar l('r111el une 11erso11nc
snn.~ mnligriill1• 111ai,; 11ar u11c i111¡1ru1le11cf' 1¡11i ,,·csl 11as cxc11salJlc, cansP
c111!'lt¡ur lort :\ llllC a11lre. » _
.\insi, la 1lill't'·rPncr r111'il y a r,11trc le clélit el ¡., c111asi-llt'·lil Psl ¡i11rc111e11t
ps~·cl11il11gi1¡n<'. l,P ,¡,:¡¡¡ s11¡i¡H1sc• cJ11,z s1111 at1IP11r 1111 1101, c'csl-:1-1lirc n11c i11-
l<'nlior1 1111;cl1a11lc. l'1111i1111ts 1101·c111li. l)a11s IP 1¡na,;i-clt'·lil, au cc>nlrairc. cPllc
i11trntio11 csl al>sc11lc: il ). a 11ógligc11cc <>ll i111¡1r111lcncc 11011 i11l<'11li<11111ellc.
c:,•tlP 1lisli11ctior1. a11jo11rcl'l111i co11slnnl<' (!\<)<(,, :i,~ J11i11 18!1'.t. I>. 1>. '!JIHJ.1.
,,:-,x, S. ri11111. 1. ,:{;>), rst 1l'aillPlll',; tJIIP crt'·atio11 111' 11,,lr<· a11cic11111~ j11ris11r11-
1IP11r<', car si 111H1s avr111s P11111r1111lt'· lf' l1·r1111• 11'11l1ligati11n 1¡11asi-dt'·lictuPlle
(1¡1111si e.e (/1!/ic/11) a11x l<·xll's 1111 l>r,,il r<H11ai11 ((;aius fi. 1). l>,• 11/,li[J• ,·l 11ct .•
Xl,\', ¡: l11slit. :1, /J1• ohlir¡., 111, 1:{), lf' 111111 avait clu•z l1·s ll,1111ai11s u11 i,;e11s
tri'•s 1lif'licilP /1 1l{·t1•r111i11cr, 111ais <'.JI lt111l cas t,,ut 1lill't':rf'nl 1lc ~•lui 1l'au-
jciurcl'l111i.
(¿ua11L 1111\ i11lt'~r1'ls ¡1r11lic¡1u~s ,In la 1li~li11cli,111, ils s1111l ,~x.tr,'111f'lllf'lll
111ir1ces, car, 1la11s l1•s 1!1:ux cas, ,¡u'il y ail 1·11 fa11t1: i11lc11li1i11111•ll1• 1111 11!>11 i11-
IP11lio1111clli·, le <:1ul1• ci, il ol1lig1; ¡1ar1•illc1111•11I l'a11ll'III' tl11 f'ail 1l11111111ag-eal>lc


, ,
DELITS ET QUASI-DELITS 35,
a e11 four11ir la réparatio11. On peut done e111ployer et nous e111ploierons
elorénavanl le seul 111ot de délit de la n1a11iere la plus con1prél1ensive, et pour
désiguer to11t préjuelice causé faulive111e11t a autrui.
Cepe11da11l, on peut relever e11tre le délit et le q11asi-délit les eliffére11ces
de régle111e11tation suivantes:
1º E11 rr1atiere d'accider1tB clu travail, la loi elu 9 avril 1898 établit de:,;
dill'ére11ces assez i1111Jorla11tes entre la faule inte11tio1111elle et la faute 11011 in-
tenlio1111elle soit du J)alron, soit de l'ouYrier. D'une part, lorsque l'ouYrier a
i1zle1ztio1i1zelle11ze1il pr0Yoq11é l'accicle11t qui l'a frappé, aucune inden1 nité 11e
peut lui etre altribuée (art. 20, al. ,•r). D'aulre part, lorsqu'il prouve qu~
l'accide11t est du a une faule i,zexcizsable et rt forliori -0 u11c faule inle1ztio1z-
. ,zelle du patron, l'inden1nité peut etre n1ajorée (art: 20, 3' al.).
2° 11 y a cet a11tre intérct a elisting11er la faute 11011 intention11elle de la
faule i11te11tio1111elle 011 dol, qu'11r1e perso1111e peut cor1tracter une assurancc
co11tre la rcspor1salJiliLé ele ses fau les ,zon i1ztc11lio1z1zelles, 111ais q11' on 11e peu l
s'assurer co11lre les co11séquences pécu11iaires de so11 dol.

Distinction du délit civil et du délit pénal. -- Le délil civil doit etrc


clistingué ayee soi11 du clélit pé,zal.
Les 111ols délit civil co111¡Jre11ne11L toitle faizle qizelco,zqiie de l'ho111111e cau-
sant Ull llO!llTllage a Clllll'Lli.
E11 111atiere pé11ale, le 111ol délit, pris dans so11 se11s large, co111111e S)'no-
nyn1e 1l'i1zfractio11, sert á elésigncr lous les actes de l'hor11n1e répri,nés,
c'est-á-dire punís el'une peine par les lois pé11ales.
Et Yoici les llill'érences pralic¡ues esse11lielles qu'il i111porle ele releYer
enlre ces deux calégorics :
1° J,a consé1¡11encc cln llélil civil el clu clt'·lil pénal,leur sa1zclio1i r1'est ¡1as la
1111~111e. Le Droit 1)é11al Yise it ¡i1z11ir le co111)alJle. il frappe le délinqua11l d'une
¡Jcinc. Le Droil civil, lui, ne le111l c¡11'a assurer la ré¡iaralio,i dtl ¡1réjudice
ca11s1•. Le délil civil 11'e11lraine done q11'11ne co111la11111atio11 ¡iécu1zir1ire, eles
elo111111ag-es-inlér1\ls it la c:l1arg-e lle son a11lc11r. (~'cst. 011 ¡)cut le dirc. 1111
rapporl lle Jlalri111oi11e /1 ¡)alri111oi11e; il s'ag-il de rPjcler sur le palri111oi11e
de l'auleur c.111 fail llí·licluel la ¡Jerte cansée au ¡1alri111oi11e ele la Yicti111e de
ce fa i t.
~" l,a calc'·gori11 dPs ,lc'·lils civils Psl l1iP11 1)l11s co111¡Jri'·lie11sive e¡uc ccll<'
des clc'•lils ¡u'·naux. 1~11 Pll'cl, 1111 acle IH' cn11slil11P une i111'rac.lio11 q11'.'1 la
conllilion cl'<\trn ¡1ri''.\ll t'.l JHilli ¡1ar la loi 1u'•11ale. !Vttlla ¡ie1'.1tn sine ft:[/C. ,\u
conlrair,:, lonl fail quclco11r¡1tc ele l'IH111111Hi 1¡ui cause! ¡>r1\j11elicc /1 a11l.rui esl
1111 dc'·lil civil, PI ,•111porl<i droil ¡H111r la ,iclinH• 1'1 une rc'·¡1aration 1ic'•c11niairP. •
:1° l11vHrsc111P11I, l1•s i11fraclio11s ¡ic'•11alcs 1111 sonl ¡las loujours cl<'s clc'·lils
ci,ils. l111r111i lt•s nct,•s p1111is par le droil cri111i11cl, il) en a en c•ll'c1I. e¡ui ne
ca11s1~111 a11e11n 1ir,\judic1· 1't autrui. <:ei seronl, par cxcrn¡J)c, la 111e11dicilt'·,
li·s ro11lra,c11Lic111s «le si111pl<' ¡1olice\ In elí!lit ,I,i chassr, la lcnl.nti,e 1l'assas-
si11al a~·anl 111ane¡ué son ell'cl, <'Ir. J,'i11t.í~r1\t s,1cial e•xige\ <fil<' C<'S fails S<)ienl •

1
r<'·pri1111'•s par 1111e Jll •11:1lil.<'•; 11111is a1u'.1111 i11li'\r1'l inelivi,lucl fruissé ne lH\Ul
e•11 faire la hase <1'11111! 1ll1111a111lc 1Je rl'.:¡1ar11l.i<>II civile .

1

LIVRE Il. - TITRE Pl\EllIER. - '


DEUXIE~lE PAI\TIE. - CHAPITI\E PRE~IIEI\

Ce¡)enda11t, el 11011ol>sla11t la différence fo11da111e11talc eles deux 11otions,


<¡t1a11el u11 clélil ci,·il est e,i 111c111e te111¡is (!élil ¡ié11al, l'action en do111111ages-
a
i11térets r¡11i appartie11t la victin1e su!Jit, da11s 1111e large n1esure, l'i11flue11ce
eles regles elu droit cri111i11el, el cela at1x poi11ts ele ,ue ~ui,a11ts:
1° D'apres les regles cl11 Droit civil, l'aclio11 e11 elo111n1ages-i11tércts se
¡)rescrit ¡)ar tre11te ans (art. 2262). i\Iais, q11a11cl l'aclc dom111ageal)lc co11s-
titue e11 111e111e te111ps tine infraction, l' llclio,i ci1•ile c11 réparatio11 se pre,;-
crit 1)ar le n1e111e la¡>s de ten1¡>s e¡11c l'ltclio11 JJltblique lenela11t it faire pro-
11oncer la pci11e, c'est-á elire ¡>ar clix ans, s'il s'agit d'u11 cri111e, par trois
ans, s'il s'agit d'u11 délit, ¡)ar 1111 an, s'il s'agit d'une contra,e11tion de
si111ple police (arl. 63¡ et s., C. i11st. cri111.). Cet abrége111ent d11 clélai de·
a
prescriptio11 de l'aclion civile parait difficilc j11stifier ; il porte i11contes-
ta!Jlen1e11t attei11tc au droit de la victi111e. Ce s011t eles rarsons d'ordre pu-
lJlic q11i l'explique11t. D'u11e ¡)art, il serail sca11dale11x et elé111oralisant qu'un
trib1111al civil ¡)ut déclarcr 1111 individt1 ·respo11sable en ,crl11 d'11nc infrac-
lio11 que la loi JJé11alc serait i111¡)uissa11lc it fra¡Jl)Cr. ce 011 11e ¡Je11l o!Jle11ir la
rc'•1Jaration de 1·accus,', elit u11 a11cie11 cri111i11alislc, :\Iuyart de '\rouglans
(/11sli/11les c11t (!roil cri111i11el), sans le con,aincre ele ~011 crir11c; 011 11e pc11t
le co11<lan1r1er sar1s se n1ettre dans la 11éccssité de le pur1ir. >> D'aulre parl,
a
la loi ,oulu faire de la ¡)artie lc'.·sée, <1ui esl so11,·c11l n1ie11x en état q11e q11i-
conque de con11aitrc le ccJ11¡)a)Jle, 1111 a11xiliaire actif d11 111inislL·re p11lJlic,
en l'aslreig11a11l, si elle vcut olJtc11ir rc'.•paratio11, i1 i11le11ler so11 aclic>11 a,a11l
que l'aclio11 pul)liq11e soil prescrilc.
2° L'aclio11 e11 do111111ages-i11lérels c11ge11clréc ¡)ar u11c i11fractio11 ¡Je11t elrc
¡Jortéc soit clcva11l la j11riclicti1J11 ci,ile, soit cle,a11l le trilJ1111al rc'.•¡)rcssif,

ta11clis c¡11e l'acli<Jll c1H1:-t'•c11tive it 1111 elélit si111JJlc111e11l civil esl c'.·vicle111111c11l
(le la co111péle11cc excl11,;i,e ele la j11riclictio11 ci,ile.
:)º l,e crimi11el tie,il le civil e,i étal. Cela ve11l elirc q11e si l'aclio11 c11 elo111-
111a¡,res-i11tc'•rtls cst Jlorléc clevant le trilJ1111al civil. 11111111J111c11l c)Ú le LrilJ11nal
rt'·¡1ressif esl saisi ele racli•Jll ¡111l>lic111P, IP ¡>rc•111i1·r 1loil s11rscr>ir :'t slal11cr
jusc111'á la clécisi1>11 eles j11ges cri111i11Pls (arl. :), (:. i11slr. cri111.).
11° l,1>rsr111P le fail 1111Jtiva11t la cr)11cla11111atio11 :'t <les clon1111ages-i11Lc'•r1~ls csl
1111c i11fracti,111, Jp crc'·a11ci1\r 11e11l 11scr co11lrP le 1lc'·hilP11r 11!' la cr¡11lr-ai11IP
[lar cc>r1>s, JH>11r 1·,,t>ligcr i1 acq11illcr le• 111cl11la11l 11<) la c,¡111la11111atio11
(arl. ii, lc>i cl11 :i:i juitl .. t 18li¡).
~>º J•:nlin, 11c111s avcl!IS vu a11li'·ri1\11rP111P11I , ci-1lPss11s, ¡>. :i;i¡, C(III' la clu1sc
j11gc'·1• a11 cri111i111·l ¡11111l 111cllrn 11l1slaclc, i1 l'P 1¡11·11111' clP111a11cl1• sc.iit ftir111ée
• au ci, il, ali11 11'11l>ll'11ir ri'·¡iarali<Ht 1111 ¡>rc'-j11clic·1• cause'• ¡>ar 1111c, infracli,111.

Résultat de l'action en responsabllité. Réparation du délit. - \1n1s


a\1111s 1lit 1111°1)11 gc'·nc'~ral la rc'·¡>aral.ic>n 1l11P .'t raisc1n cl'1111 ,lc'·lil <'<111sisl1: 1l1111s
<IPs 1l,1111111agPs-intc'•r1\ts, c: 1!sl-1'1-clir111la11s l'allril>11li1111 1l'1111c s11111111c 1l'arg,n1I.
0

1'1 la viclinu·, s1>111111c t'•gal,· a11 ¡1r1'._j1ulicc• 1~11c1111r11 ¡,ar lni, el. c·nlc11lt'·e sni-
vanl lc·s rt'·glPs c'·1liclt'·l's 11ar le ('.cHIP ¡11>11r I«·s 1l,1111111agPs-i11lc'·r1\ts 1·1111lrac-
t11Pls. ,tais ccllc• rc'._!.!"11' 11'11 ri1•11 11'al1s11l11. 1•:t s'il .v a, ,1·a¡1r,\s !Ps c·ir,·cH1s-
la1u·1•s 1le la rausl', 11u1·lc¡111· 11rc1ci'·1l1'• ¡1r,'·fi''.ral1ll' (HHlr assurc·r la rc'·¡1arali1111
• •
llELITS ET QLASI-DELITS 353
adt''.quale du ¡)réjudic<', le jug·c clcvra l'orclon11cr. C'cst ainsi c¡t1'il pourra
condamncr l'aul!:ur du délit a vcrscr a la ,icti111e no11 u11c so111n1c détcrn1i-
11i'·e, mais nnc rrnle viag1're (Co11s. d'Etal, 3 111ai 1895, D. {J. 96 3.59, S.
!17·3.85); il ¡Jourra aussi, e11 cas ele clon1111agc causé par un voisin, ordon-
nPr la clestructio11 des ouvrages et constr11ctio11s incon1111odcs 011 r111isilJles.
[,a ré¡Jaral ion ¡)cut encorc co11sislcr clans la l)UIJlici lé donnéc a11 j ugen1cnt
de condan1natio11; c'cst le 111odc de réparation orclinaire pour lrs inj11res et
la cliflamation (llaris, 7 111ai 1890, D. t>. 91.2.33, S. 90.2.171).
\juutons e111e eles textes s¡Jéciaux visenl ccrtaines fautes ne constituant pas
dl's délits pénaux n1ais des délits civils, et prononcent des sanctio11s parti-
culieres consli tuant des JJeines civiles. ,\insi, le recel d'effets dépendant d'une
succession cntraine la privation du droit d )" reno11cer et celle ele prendre
¡¡art au parlage eles ohjets clivertis ou recélés (arl. 792, 801, C. civ.). Les
;u,tcs frauelulcux co111n1is IJar un d1:bitc11r au détrin1ent de ses créanciers
sont passilJles ele l'annulatio11 l\1ulie1111e (ar!. 1167::. Le stellio11at fait e11-
courir la co11lraintP par cor¡), au sl!:llionataire /ar!. 2059, etc.).

sEc1·10"\ r. - II1sT(JR11¿1.:E l)E 1,'10ÉE oE nEsPo'l:sA.n1LrTÉ oÉLrcTuELLE.

Les peines privées dans les législations primitivas. Droit roma in.
-- La disli11ction 111oclcrnc c11lre la pei1ie, dcsti11ée i1 ¡Junir le coupable, el
l'i11demnité, clcstinéc i1 ré¡Jarer le JJréjudice catisé a la victime, e11 d'autres .i
termes, la dislinclio11 e11tre l'aclio11 publique et l'aclio,i civile est d'origine .. '

rPlativc;ment rt'·cenle. llans les soci{·Lés ¡Jri1r1itivcs, la seule sa11ction de l'acte


raulif esl u11e pt'·nalilt\. f)n a IJU clire q11'e11 celle 111atiere l'l1u111anité avait
passé ¡Jar qualre ¡JhasPs succcssives : la pl1ase de la vengeance privée, cellc
tJ¡,s co111posilions volo11taires, celle eles co111positions légales el ccllc de la
rt',pressio11 par 1·~:tal (\r_ Girar<l, Manuel,[¡• éd., p. 39:1 et s.).
l,a ¡¡rrn1ii·rc lll1asr S<' caraclt'·rise ¡Jar cetle icl{:e c¡ue la victi111e a le droil
di' se venger, en cansan! au coupalJlc un Inri. analoguc acel11i c1u'cllc a s11bi.
1:·1!st le gPsle inslinclil'. cPlui de l'enl'anl <¡ui l'rappc l'olJjet qui l'a l1lcssi'·.
1:<'tle réaclion loul<' spo11lant'•c alJoulit it la loi cl11 talion.
l)ans la dPuxit~111c phase, l'itlL·c clt~ YP11gca11cc co111111r,11cn h s'all111111er. ,\u
.
,•
liPn <le íra1lp<•r le coupalJIP cla11s son corps, la victi111e lni tle111ande lllll'
i11dc1n11itó 1'll argt!nl. í,'p:--1 la Jll1nsc <les co111¡Josilions volo11laircs varialiles
a,·pc les ¡Jcrsi11111!s Pl 11,s circonslanccs, coni¡iosil.ions <1 prali1¡111'.es long-
lP111r1s cl1c1. l<'s 1:1•r111ai11s. 1ne11lio1111t''.<'S 1111ssi dans lt~s 11u1n11n1c11ls clu vicnx
llroil ron111i11 » .
.\ vcc IP <li'~vl'l11p¡H•111P11l di' la notion cl'(,:tal, dt• socit'.li'! organisi'•e, t>II
1•11lrc dnns 1111«' lroisit'·111t· phnsP, tlans b1C(t1!'1lt• :qiparail le pre111i<'r g1'.r111c
du l)roil ¡1{,11111 lll<><IPr111·. 1:·Psl <lésor111ais IP ¡1011,oir 1i11l1lic qui ass111111• la
,·harg·c «111 IH111 orrlr<', PI. p1111r <'11 assnrPr IP rcspt•cl, c'<'sl l11i 1111i lixr Jp IIH>ll-
la11l di' la co111¡H1silio11 pt'·t'1111iair<', 1¡111• 11' t'tHt¡ialJIP <IPvra ¡iay<!l' ,\ la ,icti111r, '
'

,,u 1111 grn11¡1c fa111ilial <1<1111 1•111' fail ¡>arlir. u l,a loi iles XII taJ¡lcs 11011s fail '
'
,,1ir la lransilitJII !'11 lrnin dP s'o¡11·r«•r ¡iour I<' vol PI l'injnrt• ,1 ((;it•ard, o¡i.
'1'0111(' 11 .-·' •1
' .. ,

-~
3J_t LIVRE II. - TITRE Pl\E)IIEI\. -
.
DEUXIE~IE l',\RTIE. - CH.\PITIIE l'IIJ;~IIEI\

cit., p. 394), et les lois barbares nous n1ontrent l'í•panc)11isse111e11t 1le ce sys-
lc1ne dans J'institution dt1 lVelzrgelll.
Enfi11, dans la der11icre phase, le role de l'Etat s'affirr11e de plus e11 f)lus.
L'idée <le peine pri,ée disparait l)Our faire place it celle de pei11e l)Ul)li1¡11e.
C'est l'Etat sei1l qui p1i1iit les délits, q11and ils porte11t atteinte a sa tra11-
a
<111illité et sa bon11e ad111inistratior1. La victime cl11 clélit 11'a qu'un droil.
outre celui de déno11cer l'infraction dont elle a soulfert: den1ander la répa-
ratio11 ¡)écuniaire clu préjuclice q11i lui a été causé; n1ais celte réparation esl
i11clé¡)endante de la peine corporelle ou pécu11iaire qui frappera le coupalJle.
Le Droit ron1ain ancien a correspondu a t1n stade i11termédiaire entre la
troisien1e et la quatrie111e de ces phases. Les clélits s'y cli,·isaient e11 délils ·
ptiblics, actes illicites consiclérés con1111e lésant l'int<'.·rct général, pu11is par
l'a11lorilé p11bliq11e de pei11es corporelles 011 péc1111iaires q11i, en pri11cipP,
11e profitaient pas aux victi111es, et les !lélils ¡1rivt:s, lesc¡11els clor111aie11t excl11-
sive111ent naissance a u11e peine priv1'e, a sa,oir 11ne a1nrnde au prolit de la
victin1e, a111er1de <1ue celle-ci o!Jte11ail e11 sºadressa11l aux: trilJu11at1x. LP
caracl<~re pénal <le cette sanctio11 s'affir111e par 1111 gra11cl nn111!Jre ele trail,-.
,\insi, l'a111ende est d11e sans <¡11'il y ait as'i11q11iéter <le sa,oir si Je fait <lo11l
elle cor1stitue la punition a ou non causé 1111 préjudice; a11 cas 011. il y a
¡>réjt1dice, la pei11e 11'est pas calculée sur l<, 111011tant de ccl11i-ci, etc.
,\ u11e période plus 111oclerne clu Droit r1)111air1, la cr)11ception ¡iri111iti,.,
s'est r11oclifiée, l'idée ele rbparatio11 s'est, clans 11r1e ccrtainc 111esurc, allit)e ,\
celle de la peine. Er1 cl'a11tres termes, la disti11ctio11 111ocler11e entre la répres-
sio11 el lºinde11111isalio11 esl apparue, 1nais sans pre11clre ja1nais la 1irécisi1)11

a
<J 11'elle devai l acquérir plus tarcl. En ell'et (]ai 11s ( r:0111111cn/., l V, ti !) ) el J 11,,-
ti nie11 ( 16-1!1, l11slit., rlc 11clio1iih11s, I\', ti) <livise11l i<'s aclic111s ele la fa<,'.CJII
s11iva11te:
1º Les aclions réipc,·séculoires, 011 aclio11s 11ée <les co11lrats, J>ar lesc111rlles
le <ic111a11cle11r r{·clan1r la cl1ose d11e 011 son éq11ivalent:
:1° Les actions ¡111re111e11/ ¡1ú1111/,•s, <¡11i 0111. PxclusiYPlll<'lll. ¡11Jt1r l111l la 1¡11ni-
Li<111 cl11 coupable el 11<J11 la ré¡1ar1•lio11 cl11 1l1J111111agn 11ar l11i cat1sé. 'f'nll,·
t''.lail l'(1c/io Ju,·li. Ce qt1i 110 vcut pas dire c111c la v·icti111c nf ¡11it. en <1t1lr1·
11'1111<' ¡11'.i11e. c1l>lP11ir la rcstil11tio11 <lns ol)jPls ,olt'·s. 111ais P[lt'. étail ar1111·c i,
cnt cll'cl d'1111 a11lr<· 111nye11, la r:0111li,·tiof1trliP1t, lat¡uPlln t''.lail rt'.i¡1crséc11l<1ir1•.
0
:i l,cs acli<111s 111i.1:les, r¡ui Íllaie11t ;'¡ la f<iis ¡1t',11ales el rúi¡1ors<'.·c11l11ircs.
c'esl-1\-clire po11rs11ivain11t 1111<1 co11<la111nali1111 ayanl ,\ la fciis i<'. caracl<\r<'
11'1111e a111e111le et cel11i 1l'1111c in,le11111itó .. \ c1•lln cal.t'·g-11rie• a¡1¡1arl<Htaic11l
J',1clio lt·r¡is 1l1¡1tili:11 ct l',iclio ,loli.
,\ 1111 aulre ¡H1i11t dP Yll<' <'11cort>, IP llr11il rc1111ai11 ,lill"t',rail. ¡1rof1111<l<'·111P11l
1l11 l)roil 1111i<lcr11P. (>11 y l.r,1uve 11<,111l1r<! <IP tlúlits 11rivt',s 1l1J1111ar1l lic11 .'1 11111•
acti1111 sr11'•ci11le a11 ¡Jr11fil <le la vicli111n. 111ais 11ullc ¡1nrl. 1111<• ,/is¡>,,.~itio1i r11!11,'-
r,,le el co111 nt ir1éo cc111 lrc lou le f'au le 1¡111ilco11,¡11,· ¡1r<'-j 111licial,lc A atJ lru i.
(;1,rles, 1111 rP11cc111lro liinn. i\ 1111 n1,11111•11t 11,111111•, 1111 L<1xl.e 1l1'. Jlt>rl{·e ass,•1
1·lc11cl11<>, s11rlo11l si 1'1111 se 11lnc11 nr1ri'•s lt•s cxlP11si,111s 11uc la prul.i11111· PI la
j11rispr11<ler1cc lui 11111 a¡i¡11>rl<Ícs a11 c<111rs 1los L<!11111s. Ce loxLn csl. la ltii
.l 1¡1tili11, loi i11sliluanl un<' nclii111 ;'1 In fr1is pt'·1111lc nl rlii11crsóc11t,1ir<', ¡,ar
.
DELITS
,
ET Ql'.\S1-DELITS

laquclle 011 a fin i ¡ia r a t lci11clrc a 1Jc11 ¡Jres tous les do111111age,; consistau l
• en la détérioralion d'un objet du ¡Jatri111oiue. :\lais,eu so111n1e,le Droit i;omain
ne s' est jan1ais élevé a la conce1Jtion d'une disposi tio11 génórale corres¡io11-
dant a notre article 1382.

L'ancien Droit fran9ais. Formation de l'idée moderna. - Ce so11L nos


a11cicns auleurs fllli 011L clonné a la 110Lion de respo11saLili té délictuellc so11
exlcnsio11 logic¡11c, et so11l arriYés au ¡Jrincipc géuéral écrit clans notre Droi l
acL11el. Des l'ópoque de Loyscl et 111en1e auparavant, l'idée de peine privéc
sen1ble abolie. ,ous lisous cu effet dans les J,islilules c_oiitiiniieres ce passagc
significatif (11° 832): (( ~Iessire Pierre de l•'ontaines écrit que les actions
pénales 11'or1t point ele lieu, et c¡u'o11 fail renclre les cl1oses sans plus, a,cc
l'an1ende au seig·ncur.<,.)ui esl ce c¡u·ou dit :,\ to11t 111éfait 11'écl1et c111'a1neu1lc ...
Par lá, le jurisconsultc veut expri111er que le ¡Jartic11lier vi.-::ti111e tl'u11 d1\lit
11e peut pas inle11ler l'actio11 pénale, 111ais seu_le111ent récla111er ce q11i lui a
e' te' Cll 1C\'('.
'
Au xv11' siecle, e11 tous cas, le caractere de gé,iéralité de la rt'~gle de la ré-
paralion civilc est consacréc. (< 'foutes les perles et tous les don1mages, ,lit
Don1at (Loix civiles, liv. 2, tit. 8, secl. 4 l, qui pe11vent arriver par le fait
<le quelque personne, soit irn1)r11dence, légerelé, ignora11ce de ce qu'on <loil
savoir, ou a11tres faulcs se1nlJlables, si lt'·geres c1t1'elles puisse11L etre, <lt1i-
vc11t elre r1\¡1arées ¡Jar celui clor1t l'i111prude11ce 1J11 a11tre faute y a donné
lieu. n C'est dt'·ja, avec une forn1ule plus cliscursive, la disposition n1t\H1e
(! e r1os a rticles 138:i et 1 383.
,1
Idées directrices du Code civil. L'idée de faute. Théorie classique.
-- l.e trail t!11 Codc civil en ccllc 1naliere sur lequ<'I il i111porle surtouL <l'i11-
sisl<'r, sa11f l1 en 1Jr<'·ciscr 111ie11x 11Ius tard le caraclere et la portt':e, c'csl 1111r
la rc,;ponsabililé tlt'·lictucllc y a 11011r Lase fon<la1r1e11talc la notiou 111·
f1t1Llc, c'Pst-11-dirc d'acte coit¡Ja/Jlc, illicile. D'oii la cloul1le ccinséqucnce sui-
van 11' :
1° l)uiconc¡11c se plaint <l'a,oir ót,; lt'·st'· par le fail cl'aulrui tl1Jil 11&:cssairc-
111c11l prnuvcr, 11011r avoir 1lroil ¡\ rúparati1J11, <¡11e ce fait a constitu1\ une
f1111tc ,le la JHlrl ele son aulcur.
·~º l,'ault>ur tlu l"aiL do1n111agcahlc <loit ócl1ap11er u la rcspcJ11sabilitú d(\
ce prt'•juclicl'. s'il 1Jt'•111011lrc que ce clo111111age ne lui csl pas in11>11lalilc i1
fa11tc. l~l il PII PSI ainsi dans les <livcrs cas ci-apr,'.s:
.\. -- l,ors1¡111· l'aut(:ur 1111 fait. pr¡',_j11dicial1le a ust'· ,r1i11 ,lroil cu a1"1:0111-
1>lissant le fui t. <'11 q11estio11.
I\. - l,ors1¡11n la ,t':rital,le causP <111 fail ¡,rt'üu<liciablo nsl. 1111 C<I-" .f',11·!11il
011 llllO for¡•¡: 111,~jl'tl/'('.
<:. · ··•· l.orsq1111 la 1:a11s1~ d11 prt'•judicn se trouvl' dans le .f,iil de L,, oirli,111:
11ll1•-111t'·111P, <J111• si 111 fait Psi. di1 h la fois ;', la faule 11<~ l'agent 1!l ,'t ce)l1~ de
la viclinu•, il ~- a f1111Le co1111n11111•. l.a rcs11011sal,ilil1\ <le l'agc11t s11b!lililc, 111.iis
li111ile1:, reclttile dans la rncsurc <•Ú I<: fail cst in111ulal,lc .•, la victi11H· 1·ll,·-
111cr11c.
35{i LIVI\E II. - TITRE PRE,tlER. - '
DEFXIE)IE P.\RTlE. - Cll,\PITRE i'I\E)l[EII

La double regle ci-dcssus soufl're cepe11dant 1111e exce¡)tiu11 rer11arq11ablc,


quand il s'agit d'un don1magc qui a été occasi1)11né, non par la faute per-
~onr1elle d'11n i11divid11, 111ais par le fait de JJe1·so1111cs ']llÍ son/ sOllS sa gar1lc.
ou C{ll 'il e111 ploie con1n1e dor11estiq1,es, 011vriers, cr11¡J/o_yés. préJJosés. ou
bie11 encore par le fait d'anirnaux dont il est prcipriétaire, 011 enl111 ¡lar le
fait de choses matérielles, bcili111enls, arl>res. a¡J¡Jareils incl11striels. etc.,
11ui lui apparticnnen t
Logiquen1ent. pour établir la responsalJilité tlu garllien, clu co111n1cttanl
ou du propriétaire, il faudrait llé111ontrer qu'il a co111mis u11e faute pcrson-
11elle. l\lais 1111e tellc prcuve serait fort difficilc 11 f1J11rr1ir, et il serait trop ri-
gour~ux. d'in1poscr 11 la ,·ictin1e l'obligatio11 de 1·all111i11istrer. Cette ex.igcncc
aboutirait da11s bien descasa la priver de to11te r{•paration. C'est pot1rquoi
les rédacte11rs dt1 (~ode or1t établi dans ces llivers cas lles 11réso111¡Jlio11s ,te
faitte qt1i la clis¡>e11se11t ele la ¡>rc11ve.
La faute présur11t'.•e aura co11sisté, soit 1lans 1111 cl1·fa11t dr s11rveilla11ce 011
ti' cnlretien ( Cltlpa i,i i>igila,ido ), soi t da11s lP cl1oi" défect 11et1x <l u prépos{•
auq11el on a confié l'exécution tl'un travail (c11lpa iti eligeti<lo). Cette pr{·-
somption est d'ailleurs plus ou 111oins rigoure11se. <)rdinairen1e11t, il e:-t per-
n1is a l'i11tt'·rPssé de la faire to111ber en prouva11t c¡11·¡¡ 11'a co111111is a11c11r1e
négligcncc. I>arfc)is. a11 contrairP, )p CoclP Pillevc a11 res¡J(lll:-alJle la faculté
de faire la preuve C<J11lraire, el <lon11e ainsi i1 la ¡ir<'·so111¡Jtio11 11ne f•Jrce irrt'.·-
fragablc. Cel ernploi lle la préso111ptio11 ele fa11tc C'sl 1111 }lrcicéllt'· tres i11gé-
nieux pour i•largir le fondernc11l de la rcsponsal>ilitt'·, et rp111t'·dier :\ ce c1u'a
rle lrop étroit la conclitio11 de fa11tc ¡\ clt'.·n11111trer c¡11i l11i :,;erl ele l>asc .

Tbéorie nouvelle. Systéme de la responsabilité objective.
Oc1111is l'apJ>arition d11 Code civil et cla11s les dcr11icres annécs du x1x• si,\cle.
il s'est (lrod11it 1111 cc111ra11l d'itlées nouYcllPs te11cla11t .'1 111oclifier, it i,largir
les nolions f1i111la111P11lal11s ele la r<'s¡io11sal,ilit1:. l·11 s)·stt'•111!' lci11t 1lifli'·rc11t
<IP cel11i clPs r1•1lacll'11rs clu c:cJ1l1• a i'·té Jll'lllH1si'•. s~sti'·111c• 1¡11i se caraclt',risP
par 1111c ex¡>rPssitHI a,spz i11c·,acll' 1u•ut-i'·lr1·. 111ai, 1ill'ra11I l'a,anlag-c 11'1111e
co11so1111a11cc· ¡il1ilc1sc1¡ll1i«¡11c. c;·l'sl (p s~sti'·111P <IP la l'l'SIH111sal,ili!1'• 11/,jc,·(il't'.
Sci11 ftir1cl1•111P11t c1i11siste 1•11 s11111111e ;', i'·li111i1u·r tics cc,11«lili1111s 1111 111 res-
pc111sabilit{· cellc 1111i c11 <isl acl11<'IIP1111!1tl la 11l11s c•ss1•11licllP, i'1 sa,tiir ¡·¡,,,¡111-
l1zbililé dtL j,,it 1lo"''''''!/Ct1l,lc ,, 1111e f,111/e ele• s1111 a11l<'11r. l>a11s le S)·sf1'.111«' 1IP
la rcs1>011saliilití, tll1j1icliY11, 1111 i111livicl11 s<'rnil t,111jc111r1: r1•spc111s11l1IP 11<',. s11itcs
r1rt'1111licial1lPs ¡11i11r a11lr11i eles acles 1¡11'il 11cc1i111¡ilit. l,a sc11l1· ch11sP 1¡11'a11-
a
rait 1l1'·1111111trcr In viclilllfl 1111 rail 11·a11lr11i lHllll' 11l1ll'IIÍI' ri'·11aralit>ll, 1·1·
sPrait 11' ¡1r1'j111lice 1·11c1111r11 <'l ¡,. liP11 ti<' cnus" ú <'fl'<'I <'111 rP 1•p ¡1rt'•j 111 lir<' <'I
le fail 1'11 1¡11Psti1111 .. \i11si, cl111c1111 «lc,·rail s11¡1¡111rll'l' le ris1¡111i 111' ses acles.
fautifs 1111 1111n. l.a 1111li1i11 1111 ris,¡111• s<'rait a¡>¡Hdi'·P .'1 r<'tt1¡,lacc•r rPll1• 111• la
.f,111lc ct1111111" s1111rc<' 11'11l1li¡.rali1111.
Si c111 l'P11,isag" 1'11 lui-1111\1111•, 11' systi:1111• 1•11 ')llf',IÍ1111 s'11¡1¡1ui1· 111111 cl'11lu1r1I
,;11r <les c,l1s1•r,nli1111s 1l'1111t\ Ílll'.1111l1·slal1lP <'~nclil111IP hist11ri1¡11P. 1.1' 11ri11ci¡><'
«Ir. In r1)s¡1011s11l1iliti'· f1111dt'i11 s11r 11111' faul«', 111111s ,lit-1111, 111111s ,i1•11l 1111 l)r11il
Jl)lll!IÍII. 1111 co11stit11é 1111g11crc 11111~ Cl)ll(llll\[c 111• la CI.JIISCÍ1•111•p j11ri1li1¡111', 1111
• •
DELITS ET Qü.\SI-DELITS

progres n1arqt1í· sur les co11cl'ptions a11Liques du lltir droit de vengea11cc.


L'hon1me des lí'.gislalio11s pri111ilivi:s ne s'inquiete pas de la cnlpabilité de
celui qui le l)lesse. S011 i11sli11ct réagit aveuglé111ent co11tre loute atteinle
a sa perso1111c Oll a ses )Jie11s. Il fraJJpe qt1i le frappe, ful-ce llll e11fant. un
fou, un ani111al, t1n objet 111alt'·riel. ])e la l'origine vraise111blal}le des actior1s
noxales <111i, ll'a1lrt'_·s Il1erin¡!. at1raie11l te11du 1Jri111ilive111c11L, ll'u11c 111anierc
princi¡lalc el 11011 ¡Jas, co111111e plus tard, cl'11nc fai;on subsidiaire, a l'aba11-
don {le l'a11teur clu clo111111a:.rc, esclave, auin1al 011 objel 1natéricl, entre les
n1ains ele la ,icti111e. ali11 de lui ¡Jer111cltrc ll'cxercer son droit de vengeance
privéc. De la aussi ce trait du Droit run1air1 lri·s a11cicn que la bo11ne 011 la
111auvaisc foi clu cou¡1a)Jle d'u11 acle con1portant une peine cst indiffére11te.
:\insi, par 1·actio11 furti oúlati, l'auteur 111•\rnc inco11scie11t d'u11c soustrac-
tio11 aux: dépcns cl'autrui csl puní de la peiue cl11 triple . ..\ u11e époe¡11e
111oi11s loinlai11e. le ¡1rogrt''.s d11 l)roit a consisté a s'atlacl1er ú ce c¡u'on ap-
pclle la causalité i11ler11c clu fail do111111ageable. I,a notion de faute s'est
elé\elo¡Jpée el précisée. llie11 tic mieux dans t1ne législatio11 oú, co1n111c c11
Droi l ron1ain, ff1 l-ce lors de so11 clé,elo1lpc111e111 ulli111e, il ~· a co11f11sio11
e11Lrc l'idée de peine et cPllc tic ré¡)aratio11. J,'auleur d'1111 clélil privé, étanl
do1111t'· e1u'il encourl 1111r ¡)rine, ne pcut ,\trc frappé que s'il cst coupuble.
done s'il a co111111is une fautc. c:·csl cett,, idée e¡ui s'cst pcrpétuée elans les
législa Iions 111o{!Prnes.
~lais. fail-011 olisPr,er, ces li'·gislations 111·1)ct•cle11l aujour1l'l1ui d'un ¡Joinl
de ,ue tlia111étralc111cnl 0¡1¡}osé. La sé1Jaralio11 cl11 l)roil ci,il el d11 Droil
pénal cst a11j1Jurcl'l111i i1 ja111ais conso1111111~e. J,'iclée de peine privéc a disparu.
La ¡lcrsonnc cllc-1111\111c, 011 ¡H·ul le clirc. tcnd ele plus e11 .plus, s'élimincr a
du Dre>il privé i':co110111i1¡11P, lP<1ucl ªl)llarait con1111e régla11l eles rapports,
11011 ele ¡iersonne :i ¡icrsonnc, 111ais lle ¡iatri111ui11e· ¡¡ patri111oinc. Seulc, la
sur,i,ancc eles a11ciennl's lii'·110111i11ations r11111ai11cs, J)t'·lil, <Juasi-<lúlil.
allcslcrait la sur,ic eles c1}11cc11tio11s antiqurs, si, c11 rt'•alilt'·, ces cxpressions
ne r1•c•111,raient aujourd'hui eles catt.'·g1irics loutes elilf1'.•rc11les de cclles <l'a11-
lrefois. :\el 11l'lle111c11t, la c¡11esli1J11 e¡ui s1' ¡H>SI' rn 110l rc 111ali1:re cst la sui-
vante. Lorsq11'11n l'ail se ¡1rotl11il, e11lrai11a11t 1111e d1•¡1crdilio11 ele ,·aleur éc11-
11on1i1¡11P, 1¡11i doil suliir la ¡111rl11 rés11lla11t de ce si11istre :1 l,e ¡ialri111oi111\
<le la Yicli111c, 011 (., 11al ri 111c1i11c 1lc l'nutcur 1lu fnit ~ :\ cclle <1t1cslion la rt'·-
tH111sc 11e saurait .~1r1· do11IP11s1·. (;'.,sl 11' pnlri,nninc 1lc l'ag-c11ld11 prój111licl'
1¡11i 1l11it s11¡1¡111rlPr la IH'l"IP 1·11c1Jurue. 1'~11 1'11'1\l, des dcnx ¡11\rso1111es c11 ¡1ri~-
s1•11cP, il uu cst 11111' d1111I il ne d ..·p<'nllail ¡¡¡as 1l'e111111\·l1cr le do111111age, c'c11l 111
,icli11•"· l,'1111tr,-. l'ag1·11l d11 d11111111ag-••• ¡1011vait lo11j1111rs l't>111¡ll1cl1er, 11c ftil-
c1· 1111·1•11 11'11giss1111t ¡i:•s. 1)1' l'l'S 1IP11x 1icrso11111's,il en csl 11111i, la victime, 1¡11i
•11· dP\·ail lir,~r 1111c1111 lll''t1 ..·lic1• d,, 1'P11lr1•1lrisc 1\ll'cct11c':c. ,le l'aclivitú 1l1':ple1yi!C.
l,'a11fr1', l'ng<'lll 1l11 1ll>•1111111ge, 11••,ail, ali co11lr11ir1•, rl'lir1•r le ¡>r11(ll 1111 l'a-
J.:1' ... 11•••111 ,le l't\ll1• c11lrc¡1ris,, 1111 d<' c,~llr aclivitt'·. )) Psi 1l1i11c i·1¡11il11l1lc 1¡111!,
1111'11•<' 1'.x••111¡,t ,le• l1>11lc f1111l1•, e,~ s,,it e<' 1l1•r11i«•r qui s11l,iss1•, sl111s f1ir1111· 1!1\
rt'•paratio11 ¡H'••'.1tlli11ir1•, 11\ 1l,111•11111g1\ r ..•s11ll1111l 11•· s••ll fait. l•:n 1l'a11lrcs lcr1111~s.
<(1ti1·•1111¡11P agil 1loil s11l1ir 11•11 ri1:11¡11es 111' son acle. l.a 11olio11 1le f1111l1', s11c-
1· ..·da111\ ,¡,, c1•ll1• di' 1u'·1111lilt'•. il(1it 1lis¡J11r11ltr«• du llr11il ¡,ri,t'•.l•:t 11i11si sr. \1'•rific•
358 LtVRE 11. - TITRE l'RE:\IIER. - l>El'XIE:\IE PA.R'fIE. - - CH.\PITRE PRE~IIER

la Jll1r11se profo11dc d'IJ1ering : « L'l1isloire de l'idée de fautc se résun1c en


11111' abolitior1 co11stanle. »
Ce SJ·ste1ne,considérable par le non1bre et l'autorité des écri,ai11s qui J'ont
11réconisé, cst é,ide1111nent contraire aux co11ce¡Jtion s e1ui 011t i11spiré les
r<'·dactct1rs du Code . .\lais il a déja exercé u11e infl11ence 111arquée sur la
législat.it)Il, sur l'i11terprétation doctrinale eles tf'xtes cl11 Code ci,il, et sur
la j11rispr11der1ce.
,· En législatio,i, c'est l'id1'e d'u11e respo11salJilité objecli,e fo11dée s11r le
risque de l'e11treprise e111i a inspiré la loi récente s11r la rc'.-paratio11 eles
accidents <ltt travail. Le clé,eloppcmc11t prodigie11x ele la grande irzdttslric,
l'in,·asion dt1 machinisnze, phénon1encs <'·co11on1iques c¡11i ont 111arqué le
xrxe siecle, avaient en effet, dep11is longte111¡Js, n1is c11 l11111iere l'insuffi-
sance des~ bases tradi tion11elles ele la responsalJilité, n11\n1c élargies ¡Jar l' en1-
¡>loi des ¡lréson1ptions fle faute. (}ua11cl 1111 ouvriei· <'•tait ,iétin1e d'un acci-
1lent cl,r lra,ail, il ne po11vait obtenir réparatio11 r111'a la co11ditio11 de prou-
Yer:quc l'accide11t <'•lait la conséquence d'1111e fa11te co1111nise JJar le palron,
1111 Jlar les prc\posc'.-s de cel11i-ci. 11 en rés11ltait que, Jlar suite de la eliffi-
cultíi <le la pre11ve, de la fréq11e11ce des cas fortuits, et encorc ele l'acco11-
t11maru:e de l'ouvrier q11i l'entraine a des imprudc11ces int'~,italJles, l'ouvrier
frappé ne toucl1ait dans la plupart des cas ,1uc11ne inele111nit!'.·. Cclte sit11a-
1io1• était lrop co11traire ú lºéquité pour ¡Jou,·oir s11bsistcr longten1ps. Da11s
1011s tes pays <l'E11rope 011 a sentí la 11t•cessité cl'u11e ri'·gle clifT{:re11le. Un
pcu ¡1artoul, eles lois nouvelles, et, cl1ez 11011s, la loi d11 fl a,ril 1898. 011t
i11trocl11it 1111 pri11cipe 11011Yeau, et d<'·cidé q11e le ,chef el'e11lre¡lrise est
respo11sabl<·. cla11s 1111e 111es11re c¡11<' 11011s 1l{·tPr111i11ero11s }llus lr,in. tic lo11s

les acoidot1ls s11rYer111s ¡>ar li> fait 011 i, l'<1ccasÍtHI <111 lra,ail. sa11s c¡11'il )' ail
.'1 e11 r('Jéhcrcl1er la cause. I,'icli·e ele la rcs(>011salJililé se lrot1Y<' <le,11c dí!sor-
111ais, en cai-; d'accide11t et da11s les rapports cl11 r1alro11 el el11 salarié. déla-
cl1ée 1le'l'idí•P de fautc; il 11e i-ºagit pl11s ele rcsponsabilit{· 1/éli1·f11elle. 111ais
(1'11r1c res1u111snl,ililí• lér,r1l1•. fo11déc sur cetl<' c,111c<'pli<•11 1¡1u• IP 1·is1¡11c ele
l'r.nlreprise 1!1,il ,'trr 111is :'t la cl1arge tlf' l"Pl11i 1¡11i 1·11 (H'r<;,,il lc>s ¡iri11ci1ia11x
lié11t':fi0!'!~, e111 ¡Jl111,\1 i, la cl1argc ti,~ ('p11(rP[1risP Plle-1111'1111·, <la11s IPs frais
l('fncira11x de la1111ello il doii. clésor111ais P11lrer.
l" 1<1r1 rloclrir1c. fin s'cst !'!Toreé cl'i11lro1l11ir,~ le sysl«'•111f' 1le la res11(111snl,i-

lité objectivn <la11s l'i11tcrpr{•tatio11 (les 1lis¡io.~ilio11s ,/11 t:111/e ri,•il cllcs-1111'11,es.
( ,,, a tf!nt~ (lo dé1no11tror c¡11e so11nllo¡1tio11111! sl•rait 1111s i', In rig11e11r i1H·1111111a-
lil1lc 11voc lei- textos, en tnnt s11rto11t qt1c ces 11:xtci; fo11l 11«'.·jl, 1111<' ccrlai11P ¡1lacP
;1 l'idt'~'tic l'('Sponsnbilitó lt'•gnl<', i111l,~¡Jcncl111111111111l ,1·,1111~ fa11IP 1fi'•11H111lri°~I'.
C'1?Rt er, ce 1¡11i co11ccrne lcs 1lis1lositions t!lal1lissa11t (IPs ¡1r,:s,1111¡1li1111s 1/e
./,111/e, (lnns les l1y1ic1tl1i•ses (!f' rPspo11s;1l1ilili'• cl11 f,1if 1l'1111fr11i 1>11 cl11 ,/itif 1/,•s
,·l,nsr.s (:,ti. ,:1~',. ,:18:1, 1:l8ti) 1¡11c les 11rgt1Ill(!llls i11,,u¡11i'•s ,1111 {,t{i lt~i- ¡1l11s
s1>t'!Cieu11.. T1i11IP ¡1r1\sri111pli1ll1 l{!gal11 al1011lit 1•11 ctl'«·l (la11s 1111 gr11111I 111>111l>r1•
d<, caH h llc!s s1>l1tli1111s r, 1,•l/rs C(lnlrnirPs 1'1 l'l1y¡1c1llll\sp ./il"fi1•1• ,islic ¡1nr IP
li•gi11tatc11r. I>irP 11111• IP 11alrc111 cl'1111 ¡1ri'·1l1>si'•. le JH\l'f' 11'1111 1•11f1111l, lo 11111llrl'
(t·11n anirr,111. ll' 11r1J¡1ri{·laÍr(' (1°1111 l11lti111P11I S(1t1I rl's111,11snl1l1!s 1l1!s 11ctcs
1l1>1nmagrRl1les cn11s{•s 1iar cr• ¡>r«'·1u1si'·. cPI (•11f1111t. c1•I a11i111nl. cr l11lti1111111I.
. . •. 1
- ,

, ,
DELITS ET QUASI-DELITS 359
¡larcc qu'on présu111e c1u'ils 011t co111111is une fa11lc i,1 vigila11do ou in eligcndo
t{tii a élé la canse vérita!Jlc du préjudice, cela 11c revient-il point prati-
quement a dirc c¡ue le patron, le pere. le n1aitre, le propriétaire seron_t
responsalJlcs sans c¡11'ils aie11t bcsoin pour cela d'elre cr1 faute ~
En clel1ors n1en1e de ces l1ypotl1eses spéciales, et e11 s'attaquant au principe
f'ondarr1eutal l11i-r11e111e de l'article , 382, on a fait re111arquer que, si l'on
s'attacl1c i1 la co11structio11 gran1maticale ele ce textc, ce qui, c11 cas de clélit,
cause l'obligatio11 de réparcr le préj11dice, c'est le« fail ele l'l10111n1e n, le sin1-
ple fait, H toul j'ctil r¡itelco11qite ». Le 111ot de jllule n'a¡Jparait q11'incidemment
1lans le texte, lorsq11'il s'agit de clétcrn1iner, 110n la source de l'obligation,
111ais l'i111putatio11 de l'i11den1nité. ,\u surplus, l'article 1382, Lcl qu'il a été
rédigé par le législateur de 1804, a,cc sa for111ule si comprél1ensive, a11rait
,isé a couper courl aux: cliscussions infi11ics c¡ui r11ellaient aux: prises les
(·crivains de 110l rc ancicn l)roit s11r le poi11t de sa,,oir c¡11cls sonl les faits de
l'hon1n1e tlonl il ¡Jeul ou 11e JJe11t JJas etre clti rt'·paration. Le 1r1ot « lout fait
1¡uelco11<Jlle )), si pt~rc111ptoirc, serait, a cet égard, significatif. En so111111e,
(·tanl clo1111é surlout q11c l'intcrpr<'~lc est lit~ uniquen1c11t JJar la lcltre de la
loi posilive, il y aurait parfaite111e11L 111oycn, 111en1e c11 l'état actuel de nos
tex:tes gé11éraux:,clc faire sortir de l'article 1382 un SJsl<'·n1e de rr,sponsal1ilité
ohjcctivc.
l~st-cc /1 dirc q11e l'auleur d'1111 fait do111111ageablc, contre leq11el il ne
scrait pas néccssaire de faire la prcuve tlc la faute, 11'aurait a11cu11 1uoyen
d't'•cl1apper á u11e co11dan1natio11? (,es parlisans du SJSt1~mc de la res¡lo11sa-
l>ilité olijcclive ne consenlent pasen général 11. l'ex:011ércr dans l'l1ypotl1ese
du ca.~ forluit. l\lais la force 111<zjeure est considéréc par eux con1111c
de, ;111L f'airc disparaitrc sa respo11sabilité. J)ar ex:cn1plc, u11c con1pag11ie
,¡ui cn1¡iloie tics loco111olivcs r1e ¡ieut cn1¡Jecl1cr qu'ellcs projeltcnt des élin-
ccllcs ,\ tlistance, étincclles qui ¡Jc11,·e11t incentlicr eles récollcs. La Co1n-
pagnie 11·csl ¡1as c11 fa11lc, car l'on 11c saurait soulcnir t¡11'il J a fa11te a se
sPrvi r tl'u ne loco111olivc. Les i nccnd ics q11 i se prod u i ron l. se ron t done le
rt'•sullal rl'un cas fortuit. ~1~a11111oins, il faudra 1¡11<· la Co111pagnir sul1issc les
,·onsi'!t¡uenccs d'1111 fa i l in l1t'·rc11 t /1 son ex ¡il,1i tal ion : el le tltii l ré¡Jon,lrc d 11
ris1111e causé ¡>ar le 1nal(·riPI 1¡11'Plle c111¡ilc1ie. ,\u conlrairc, s11p¡1osons ,¡u'un
,·y1·l,111e r<lnverse l't'!cl1afa1ulag<' drossi'· [>ar 1111 c11lre¡1rcne11r ; ccl11i-ci ne
ré1>01ulra ¡ias <les domrnagcs causi'!s; ils 11e ¡ir<,vic11111!11l JJas <le son .f11il ;
il y a ic.i f11rce 111ajcurc; la r,ispu11sahililt'! ol>jPcli,e 1lis¡)arailra.
l,l' syst1'!1ne 111· la rcs¡Jonsabilili'! objectivl', tel 1111'on vie11l de l'cx:poscr,
csl ccrlni11c111e11l conlrairc aux inl1)11litH1s dt!S r(·1laclc11rs clu c:o<le. Mais, ce
qui, .'t Il<>!-1 JUll'\, 1•st plus cli\cisif e11corc, ce 1¡ui 11ous di'·t<'r111i11e i'1 le re¡un1s-
sl'I', c'csl <J11'il cst i11c,111cilia!Jl<) avcc le le.ele 1111'•111e dt• ccrlaines de ses 1lis-
1i11sili1111s el a,-(ic la l(·;.:islation poslt'.·riourc. l•:11fi11, 11011ss1'· .'1 l'cx:lr1~1111•, il
1:1111lrt>dil l't'iquití, el l'i11li\r1't s11cial. J,:1. i'1 cet «'·g11rtl il y .1 li1!U de disli11guer
1:nlrc In q11cstio11 <le ln respon:-ahilitA'i 1!11 fait 111•:- 1:l1c,s1:s 11u <lu f11it <les liers,
Pl lo ¡1rinci¡1e gt'!ltérnl <111 l'nrlicle 1:~8:.1.
l\nlali,•t1n1c11l /1 In ¡1rcn1icrc 1¡11csli1111, il 1•sl c1•rlai11 que le proc(·d,'· ,•1:1-
plo)·t\ par ll\S rt'·claclP11rs du Cod1,, cului <le In ¡1r<'·so11111Li1111 1l1\ faulc, 1lo1111c
360 llVRE 11. - TITllE PI\E~IIER. - '
l>EliXIE~IE l'.\RTIE. - Cll.\l'ITRE l'I\E:\flEII

souvent des résultats analogt1es a cet1x tlu syslcn1e ele la responsalJililé c,l1-
jective. :\Iais, pot1r qn'o11 pul les assi111iler, il fat1clrail c1ue la loi ne pcr111il
¡)as at1 débitet1r de s'exonérer e11 dé111011trant l'c1bse11ce clt~ Ja11te de sa part.
Or, si telle esl la solution consacrée par le Codc, 11ous allo11s le ,·oir. da11s
certai11s cas, la solt1tio11 co11traire esl ce lle q11'il ét.1l>lit le pl11s souve11t. ¡\insi.
les })ere, n1ere,tuteur, insliluleurs el artisa11s pcuve11t écl1ap1)er ¡1 la respor1sa-
bilité des délits con1111is par le11rs e11fants, pu pilles. éleYes et a¡Jpre11tis e11 dt-
monlrant q11'ils 11'011[ p1t er11pt!cl1er le fait do111111agea}Jle :art. 1384). De 111e111<',
l'arlicle 1386 11'in1pose au propriétaire la respo11sabilité des do111111agescaust'·s
par la ruine de son b,ltin1ent c1ue si l'accidcnt est cat1sé << par st1ite d11
défaut d'entretien ou J)ar le vice de la co11struclion n.S'il y avait en princip<'
un risqt1e de I'action, ou un risq11e de la propriété in1posé par la loi i1 q11i-
conqt1e est ¡1ropriétaire, on co111prcndrait n1al de !elles disp<1sitio11s. J>our-
quoi, }lar cxe111¡1le. la victi111e ele la cl111te el'11n l>,itin1r11l aurail-ellc ¡1 fairr
la preuve de l'11n eles cle11x fails vists par l'articlr 1386, alors 1111e la ,icti,111•
el't1ne explosion de n1acl1i11e 11 'a11rait a11cunc dé111onstratio11 a faire po11r
oblc11ir des domn1ages-intt'•rcls ~ \lc111e cléfa11t d'l1arn1011ic, si 011 se réf<'·r<'
at1x clis1)osilions spéciales de la lí~gislation no11,elle du lravail. l.a l<,i 1l11
!) avril 18(¡8 s11r les accitle'nts d11 lravail 1lispcnsc, il esl ,rai, la ,ictintl'
d't111 tel si11islre lle 1<11111' clt'·n1011slrnlio11 ;\ procl11irl' C<111lre !,· ¡iatr1J11. 111ais,
11uus le verrons, rll1· 11P lui acc,,rcl" <111·1111e in1ll'11111ilt'.· Jorf,1it11ire. c'esl-i1-
clirc to11jo11rs i11férie11rr a11 111c)11lanl lc1l:'II eles salairrs clor1I il rst pri,i'· 1i;1r
)'incapacité de lra,a_il consí•c11ti,e it l'acci1lent. l.a lcJi de 1Sq8 a111iarailrail
<lonc cor11111e 11nc l,~gislatio11 <le r{éj(ll'Clll', s'il t'.·tail yrai c¡11P 11olrr loi ci-
Yile g-énérale e1it co11sacr«'· le pri11cipe ele la rcs¡11111sabililí· 1il,jccti,c..<\.insi.

1•n cas d'explosion d'u11e n1acl1inc indt1striellc, si 1'011 SUJ>posc c¡11'cllc ail
l)lesst'i i1 la fois 11n ot1vrie1· de l'entreprisc et 11n étranger, ce llcrnier n11rait
clroit i1 t1 11c inclc11111isation lotale de s011 pr1\j11clice. ta111lis q11c l'c111,·rier 11<'
¡1, 111 rra i t i!P 111 a 11ell'r c¡11' 1111c i n1lr 11111 isa Iio11 forfa i la i re .e· l'sl-i1-,I i l'P i ncon 1¡11 t'·t" '.
Si 111ainlP11anl ll<>IIS 1'\an1in011s 11' ¡1rin<·i11" <I<' la l'<'S¡>1H1sal1ilili'· 1,l1j<'cli,,·
1•11 l11i-1111\111f', n1111s 1lir11ns 1l'alH1r1l q11'il fail ,rai111P11I lr-111111<1ll n1ar1·ht'•11'11n
IP\I<' 11c1sitif. t'll i'·li111i11a11I l'i<lt'·P 11,· ./;111/1• 111• la dis¡H1,-;ili1,11 11<· l'arlil'IP 1:\8·,,
111'1 )p 1111>1 ligllrl' 1'11 t,111IPs ll'llr1•s. s<111s ,·e• ¡1ri'·l<·\I<' 1¡11·,,11 1·.,. lr<Hl\'f' sl'llll'-
111e11l 1lnns 1111c ¡1r1111,,si Ii1,n i 11ci1l<'lllP. ( :1!111111" si ll's 11r111H>si I ic111s i11ci1l,•11 l1•s
a,air11t, lla11s les l<'xl1•s ,le l11i. 11111' 111oi111lrf' Yalf'ur i1111H'•rati,P 1111c lrs 11r1,¡u,-
siti1111s pri11ci¡>alrs ! \lnis s11rl1J11t. 11011s r1·¡1c>11ss1111s IP ¡1ri111·i¡1r. 1111'1111' 11!·
la rPspo11snhilitt'• 1111 si111pl1• fait, ¡1arcc 1¡11'il 1111rait clrs c1111s1'•1111P11cf's 1lan¡:1•-
rc11sPs <·t i11j11slf'S; il 11'irnit :'1 ri1•11 11111i11s 1¡11'1'1 111,•r 1111111' i11ilialivl', s11¡1- ¡'
)ll'Ílllf'I' 111 c1)111'1\11li1111 i111/i1 1i,/11,1/i.~/1• 1111 l>r1>il ci\'il 1111i ,·n Psi I<' f11111 f<'nti•iil
1111\1111'. !>ir,•: 1'1111111111<' 1!11it s11¡l¡>11r(Pr lf's c1111st'·c111Pll<'<'s 111• sp,; acl«-s 1111\1111•
a
licill'S 1l11 lllllllll'lll 1111'ils 1u,rlf'lll ¡1rc'•j111lic1! 1111lr11i, 1111rc·c• •1111• 1:l111c11n cloil
co11rir IP ris1¡111• 1I<' s1111 ncli1>11, c'Psl ,1,:11111r11Pr 1'l1<11111111• ''" ¡·11 cti 1111 , c·c•sl l1•
c1)11cl11111111•r ?1 l'i111·rli1·. l.','·c¡11i1,·, 1la11s la 1,'·parlili,,11 cli•s ri~,1111·, l'Sl c,•rtes 1lt'•.
sir11l1l1• 1·11 l>r,iit c,11111111· ,.111• I<' s1•rail. 1'11 i'•c,11111111i1• IH•liti1111r, 1l1111!l l1t rc'·1111r-
titi1i11 1l1•s ricl11• .. ?"11'"· l•:11c11r1• 1'11111-il 111• ¡111s lui s11,·rili1•r In ¡11•111/111•/i1111, ni
¡1arl1111t, l'ncti,·itt'· l11111111i11P, s,111rc,. 111• 1111111• 11r1ul11f'li1111. 1In 1•1,11c,,, rnil c¡11,.

DELITS ET QC ASI-DELITS
• 361
l'l10111n1e p1it elrc (11'.cJar,~ ¡>ar la loi rcs¡)o11salJle ci pl'iol'i tlu fail tics cl1oscs
qui lui apparlienr1c11l. au 111oins lors(111e ces cl1oses so11t, clr lcur naturc, J)é-
rilleuses po11r les ticrs. Et e11 eíl'et, il dépend de cl1ac11n de 11e pas introduire
u11e tellc chusc dans le 111ilic11 social 01't elle pe11t produire des ravagcs : 011
1Jourrait dire á la rigueur (¡ue toule propriété constitue 1111 111onopole qui
cloit i1n¡)li(¡11er des cl1argcs i1 ct\té de ses aYa11tages. ~fais 011 ne saurait aller
jusqu'ú cléclarer l'l10111111e loujo11rs res1Jor1salJ!e des suites de ses acles, jus-
qu'h faire (!e cl1aque ciloye11 l'assure11r cl11 public contre les co11séque11ces
clu1u111ageables po11r aulr11i ·<les acles licites c1u'il acco11111lit, alors 111e111e
<Ju'il n'y aurait auc1111e in1pruclence ¡, lui i111puter. Peut-011 dirc c¡u'il dépend
de l'l1omn1e de ne l)as agir? "\011 ass11ré111enl. I~a né.cessité de l'action est
po11r lui une sortc de force 1najeul'e qui, en dehors de toute faute (lé111on-
tri•e a sa chargc, doit e11trai11er sa co111plele exo11éralion.
a
3° (_)uant la j11/'ÍSJJl'llcle11ce, elle n'a jan1ais acloplé le sysl1'n1e de la res-
por1salJililé objecliYe. Ce1)e11danl il serait incxacl ele croire c¡ue les Ll1éories
uo11,elles n'o11t pas inllué sur s011 dt'.,·clo1)}JCn1e11L a11 co11rs de ces der-
11it'·res an11écs. No11s ,·errons nola111111c11t qu'e11 n1atiere de respo11sa!Jilit<'·
<lu fait des cho.ses n1oúilieres, clics ont arucné les tri]Juna11x ,\ étal)lir a la
charge llu propriélaire 11ne ¡1r(;so1nplio1i (/e faule, c¡ui n'était pas consiclérée •

a11¡1ara,a11t co 111111c rcssorlanl llu lexle de la loi el qui,c11 loul cas, <'·tait cor1-
trairc aux inlentions d11 législateur (le 180!1. El l'idée 11ouYelle ele l'alJlls <!11
/Jroil lJUi alJ011lit. elle aussi, ú 1111 élargisse111ent de la res¡>o11sa)Jilité, se ral-

lache ¡'¡ la 1111\111e i11s¡Jiratio11.


"','l•',('.'l'I<_>\
,, • 11. - I''<l'iCTJíl'i'iE~IE'iT DE L \ I\E,-l'O\S.\IIILlTE. l>EI.ICTl.ELl.1•:.
.

~ 1. - C'oncllt lo111!i de la res1ao11,,.11l1llltt"•.

l 1011r r¡11'1111e pPrsonn<• ¡111is,-,• ,~tri' :1t·lionní•r "11 res¡>onsal,ilitt'•. il fa11I


,¡11'.,lle ait ca11st'~ :'1 a11tr11i 1111 1(111111111111,· ¡1ar ~a .f,111/c.
l\1•¡11·1•11011s crs tle11x <'·l<'·111,•11ls:

I. P remier élement de la responsabili té : Le Dommage.


l'o11r q11'il ~- ail r1•,-¡u111sal1ili1t'·.il faul l<111l<l'al1or1l 11111/011111111r1cr1111s1;_(;p¡f<'
¡1rP111it'·rP c,111dilio11 ,ad<' s 11 i. J,a j11ris¡1r111le11cc a 1111 l'occa-.inn frt'·q111•ule
11'c11 pr1icl1111tl'I' la 111'•rP,-siti'·, 11ola111111P11l au sujet. (!Ps a,·ti,111s <'11 do11 11uagPs-
i11ti'·r1\ts 1lirig1'•1•s c<111lr1· I<',- 11ffil'ÍPrs 111i11isti'·ri1•ls q11i 11·a<"c<111111liss1·11L JHts
1111 a1·1•1111111liss1111l 111al !.·~ a<"l1•~ d,· l1·11r 111i11islt'·r1:. J1,111r q11c la fa 11 t,\ par r 11 x
c11111111isl' e11¡.:1\1t1lr1• 1111<' al'li1111 Pll r,·~1u111sal1ilil<'·. il ""' ir11lis¡1<'11sal1l<' q111•
<"PII<· fa1tlP nil 1·n11sé 1111 1l,,111111a;.:1· :'i l,·ur l'liP1tl. ,\11Lrc111,•11I. ¡,as 11,· r1•s-
¡u,11sal,ililt'·. !•ar PXe111¡1li•, 1111 1u1lair1· •·~L 11011r-.ui,i )>1111r a,oir 11111is d,·
¡,r.. 11dr" 11111' i11scri11ti1111 l1ypollii'·1·11ir1· f'II ,1•rl11 d'1111 a!'l1• di' l'111tslil11ti,,11
11'lty1111ll1i'•,¡11n r1·i,'.II JIUI' l11i : In fa11l1· 1111 111,lair<'. 1•~1 ,·1·rlai111•. \lai, l'a,·I,·
,·011,til11tif 111· l'h~·¡1oll1t'·,¡111• csl 111111111<'· ¡1ar la justic,• ,·11111111,· ,iola11l 11'
¡1ri11l'i¡1t· d,· l'i11111111tal,ilit,'· 1l"s ,·,111,1•11ti,111, 111alri111011ial,·s. l.a 11t'·¡.:li-
LlVl\E II. - TITl\E l'REMlEH. - '
DEUXIE~IE PARTIE. - CHAPITRE l'RE,IIEI\

g·e11ce (!u 11otaire n'a done fait aucun tort au prétendu créancier l1y-
potl1écaire; pas <le don1r11ages-intérets (lleq., 23juin 1887, D. P. 87.1.449.
S. 90.1.291). De 111e111e, il a i'~t<'.· jugé {lleq., 3ojuin 1902, D. P. r903.1.f>69,
110l e <le ~l. BouYier, S. 1 907. 1 .434), qu'un acte d'appel éla11t déclaré r1ul 1Jar
la faute de l'huissier qui l'a signifié, le tribu11al peut légalen1e11t rejeter
l'action e11 responsabilité intent{-e co11tre l'h11issier, en se fondanl s11r e<·
([u'il aurail rcpoussé l'appel au fo11d, s'il 11e l'avait a11nulé en la forn1e, el (ftic
a
¡1ar s11ite la 11ullité n'a ca11sé l'ap¡Jela11l aucu11 préj11elice •
• Dommage matériel ou patrimonial et Dommage moral'. - La na-
lure du don1n1ag·e causé in1portc ¡Jcu. Dans la plupart des cas, ce sera u11
do111n1age alleignant le pcttrimoi,ie de la personne, ayant occasior1né sa a
cl1argc des dépenses ou des pertes appréciables en argent .. Ou bien encore.
le domn1agc pe11t {-galemcnt frapper la victi111c da,is sa personne JJl1ysiqt1e :
ce sera le cas pour u11 accidenl ca11sa11t la 1norl ou une incapacité, pour la
con1r11unication d'u11e 111alaelie c1Jntagieuse (Paris, 12 ja11Yier 1904, D. P.
190!1.2.157, note de ~l. Lcloir, S. 190!1.2.275),elc. C'esl c11ur11nol u11 pr{-ju-
dice 111atériel. ?llais le do111n1age peul elrc aussi d'o,·dre 111oral. C'esl, par

a
exer11ple, une atteintc la répulation, a la considération d'11ne personne,
résullanl <le {Jropos injuric11x 011 de paroles ou écrils dill'amatoircs; c'est la
ru1Jt11r<' i11j11stific'·e d'1111e pro1nesse ele 111ariage ; 011 c'est le fail d'u11e sé-
tl11clirJr1 dolosiYc. <Ju l)ie11 e11core, c'cst le pr{judicc causé a 11n é¡1ol1x par
l'a1lulti·rc ele so11 co11joi11t. Daus tous ces cas, la jurisprude11ce accorde des
1l0111111agcs-i11Ll'.•ri\ts (Crin1., :12 septc1r1bre 1837, S. 38.1.331; Ci,·., 2G aoul
0
l<JJj,
• 1) .I>. ;)- 1.1.,).IJ,
·•~- ".:,. ;¡"8 .I.102; ,\ºIX, j Jlllil º"
. . 18°,,~, S . o,,.2.2ll~; 0 I',rq.,
• 7 j11i11 18!¡:1, s. u:i.1.t,1:{). 1,:11(' 'ª 111e111e {Jl11s loi11 CIICl)I'C. I,Ol'SlJlI'tlll ac-
ciclr11I a ca11sé la 111url (l'1111c 1)ersor111c, clic accorclc :'J. ses ¡>rocl1cs Jlarcnls
1111c iutle11111ité, 11011 seule111enl po11r le llrt'•judice 1natériel et 111oral <[IIC cellc
111orl llP11I le11r ca11scr en les ¡Jriva11I eles resso11rccs fol1r11i<'s par I<' LraYail
<l11 elt·1'1111l el lle la sil11alil>ll S!>Cialc <(lll' l'accit!Pnl lcur a ravic, n1ais {•ga-
lr111c11t J>l>llr la ¡ierle cl'11JJºcclior1, l;1 ll<Jt1lcur <¡11r1 le11r ca11sc la disparilion
¡("1111 <\trc el1er (Jlaris, 8 févricr l¡;\JG, O. l'. !)G.:1.!157, S. !J!J.:1.:>.1;·); Dijo11,
1·1111ai 1,'{!I,• 11. I'. !17.:>..!11/1, S. !)7.:1.:.i/1~\; J)ouai. :>.!i 111ars 1/1!1G, (,'11:. 1'11/.,
1 \1<1(i. '.~ . ;"¡ :.i).

~:111111 l'all(•ir1le (HJrtt'~e a11x cr<>ya11ccs, a11x co11victi1Jns tl'u11e J><'rs1)11tu·


¡ie11l servir tic liase .'1 eles <lo111111agcs-i11l.<'•rt\ls. (;'esl ai11si 1111·1111 i11slilulc11r
,•sl ¡1assil1l1• c11,e1·s les [)are11ls tle :;es élcYes peJur 11• fail tl'avc>ir ¡>r<H11i11c<'-
<ll'v1111I c<'s cl<•r11iPrs (les ¡>aroles 011tragca11les c1,nlrc l'ar111ée el. la religi1l11
'[)ij1>11, :i8 clécc111l,rr l\)<)8. 1). )1 • l!JO!)•'.!o ,:{. S. l!)º!)-:.l, 15).
<:elle j11rispr11<lc11cc a s<111IPvc'· tics crili([llcs. Ccrlai11s a11tc11rs se so11I 1'•Ic-
,í·s conlre celle a1>11licali<>11 tl'1111P r{·¡>aralie,n ¡1í:c1111i11irP 111\ clo11111111ges 1¡11i
111• sa11r11ier1l s'nJJflrt'·cicr c11 argcnl. J,:,1 (JUf(:il cas, u-l-CHI tlit., la lixalic>n ele•
l'i11<len111ilé sera 11écessai1·c111c11l ar·bilrairc.
11 y n inccJ11LPsl11l1le111r\lll (¡11clq11c cl1osc ti(• f1>1HI<'• 1l1111s ccllc crili<111r•.
1, V. Dorvlllc, De /"i11t1;r, 1t 111oral da11s lea obligati1111s, ll11\sc J>url~, 11101 ; nolt•s dfl
~t. l,nhhé, sous S. 79,2.1!13, 1:l ,le ~t. Lncost,•, sous S. 97.2.1!5.
'
, ,
DELITS ET QU_.\S1-DELITS

.\[ais il paraitrail cncorc plus cl1oq11ant c111'a11c11ue réparalio11 ne ,inl


con1penser la pcrtc. l'outragc, le lrouble 1noral :--ul)is ¡lar le clc111andc11r. Si
I'arbitrairc ciu jugc est to11jours n11 ela11ger, le refus de lo11lc sanctio11 co11tre
le mal so11ll'erl par lf' fail d'autr11i scrail u11c inj11slice cria11le. J,'aute ele niic•u;¡_·_
!'argent ser! dans la vie á ¡1anscr ])ien de;; l)lcssures, llie11 eles soull'ra11ces.
Toul le n1onelc ad111et sans ¡¡cine qu'une indcn1uitl· pécuniairc , iennc co1n-
a
¡lenscr l'allei11tc porlée ;\ la rt'·putalio11, l'J1or111eur de l'i11di,idu. De 111e111c.
des don1111agcs-i11t{:rets réparcronl, d'u11r r11anicrc approxi111ati,c el sa11;;
a
<loulc í111parfaitc. l'alleinlc portée l'affcction ou aux sc11lí111cnls i11lin1c·s du
rlrn1andeur. Le Codc s11isse des Obligatioris, est, sur ce poinl, confor111e aux
sol11tio11s de 11otrc j11rispr11dence. En efl'et, apres a,oir décidé (art. 45, 3e
al.) qu'e11 cas d'accident n1ortel, si (e ¡Jar s11ite de la mort, d'autres person-
11es 011t été pri,ées de leur sontien. il y a ég·alen1cnt lieu de les inclen111iser
ele cette llerle n il ajoute (art. /1¡) : (( Le juge ¡Jeut, e11 lena11t con1¡lle de
a
circonstances llartict1lícres. allouer la Yictin1e <le lésions corporelles, 011, e11
cas <le 1norl cl'J1on1111e, h la fa1nille. 11nc inden1nité équitallle ú litre rle répa-
ration. 111orr1/e. "

11. - Deux.ieme élément : La fau te '.


(~'cst lá l'{•l{·111e11l essentiel ele la res1)onsabilité. 11 a lui-1ne111e !)esoi11
tl'r~Lre d1"co111posé en de11x conclitions: 1° L'in1putabilit{·: :>.º La ct1l1)allilité.

1º Imputabilité. - 'foul d'ab<)rd, 1111 ho111111e n'est responsable de ses


fa u tes q11'autant c¡u'il esl e11 état de con1pre11drc la portée de ses acles, c·est-
:'t-elíre co¡>aúle úe discer11en1e1it. D<':s lors, l'e11fant 11011 arrivé á l'agr de rai-
son, l'iclíot, le fou qui se lrcn1,e S(JIIS l'crnpire dn rl{:lire r11c11tal, ne s'obli-
/.!'<'lll ¡)as. q11and ils co111111etlent i1n acle préj11clicial)IP ¡, a11trt1i. 11 r1'y a rcs-
ponsal>ilitú que la 01\ il y a facultó de raisonne1nent. L'individ11 privé de
raison esl irresponsal>le, 11011 sei1lerhe11L a11 poi11t ele ,11e pénal, n1ais at1
¡loinl de vun civil.
Cetlc 1·<1nce¡>lio11 11ous vient des ji,risconsullf's ro111ains. Ulpien no11s di-
sait dc\j:'1 (!",. S :.i ad lcr¡c111 ,l1¡11ilin111, l \, :.i J : u Qu,I' c1ii111 iri co cul¡>a sil cum
-~11.v 111r11lis non sil~ » ·
(:011ser,1:<· par nos a11ciens auleurs (l'oll1ier, f)lilir¡aliurts, 11º 118), la ,icille
itl{·c subsiste cerlai11cn1cnl er1corc cla11s 11olre l)roit rr1odernr, l)ie11 c1n'elle
111· se tro11v<' pas consacr<'·<' par itn texle ex1>r1\s du í.ode civil.
(_:'esl uinsi c¡uc· la Conr dc•cassalion (l\c:q .. :i1 oclo)Jr<' l!)OI, 1). l'. 1901.1.
;·1:.1!1, S. 190:i.1.:í•>.1 a J)II rcco1111allrc l'irres¡>onsabilitt'\ cl'une fc:111n1e q11i, tlnns
1111 accl!s d'aliúnalion 111c11lalc, avait jc:tt'•. elu vitriol :'i la li~ure d'un p11ssa11t.
lci. il fai1t le reconnaitr<', lPs critiqnrs tlirigúcs par le systc111e 1lc la res-
11011sahilit{· t>l>jccti,·e conlrn le l)roit f'll viguenr apparuissr11l co111111e fo111lécs.
(:c\llc Íl'l'('Sl)Ollsnl>ilil{: du clt'i111c11t, ele l'e11fa11t en )¡as :1~c C(Jlld11it l)lll'Í<)is a
des rt'•s11l la Ls pe111t1¡ui lal>l<•s. \', 111s 1liso11s ¡i1i1foi.~, pnrce l)lt<i, <)rdi na i l'f'lll<'ll 1,
l'i111livi1l11 prív{~ de sn rnison i:st 1>lacú sons la ~artlc ,Fu11 Liers, et la rcs-
1. l l•on ~I i1•hPI, llc!VllflcrlU1111r., t !J02, p. G07 ; Hose, fis.tai sur les élé111e11ts co11stitutifs
d11 d1ólitcit•il, tlu'•RI' ~lonlp<•lllcr, 1901; J,nhhcl, lle,·uc crit111u1•, t8i0, p. 10!1.
LIVRE 11., - TITRE PRE~IIER. - '
DEUXIE:\IE P,lRTIE. - Cil,lPl1'RE PRE~IIER
364
¡Jo11sabilité ele ce tiers se trot1,c alors e11gagéc par suite du (léfa11t de st1r-
veillancc ell'ecti,e qui, seul, a p11 re11dre le clélit ¡Jossiblc. Q11elq11efoi:-
meme l'a11leur clu don1n1age, 11011obsta11t s011 ir1conscier1ce, sera déclaré
respo11sablc, JJarcc (¡uºil )- a 1111e fa11te de sa part it l'origir1e de ce lle i11co11s-
cicnce. ,-\i11si, il a été jugé c1ue l'ir1dividu er1 élal d'i,resse est respo11sable
d11 préjudice c111'il cause it a11trui, parce c¡11'il a con1111is u11c faute er1 s'cni-
vrant et c¡11'il doit supporter les conséc¡ue11ccs ele celle faulc ; il cr1 csl <l<'
n1en1e po11r le fou, c¡11a11d la folie provicr1t d'exces tlc clébaucl1e rJu de l'alJ11s
ele liqueurs alcooliques 1Cac11, g 110,c111brc 1880, D. I>. 82.:i.23, S. 82.:i.
118; Rouc11, 11 111ars ,8 14, D. l>. ,4.'.l.190, S. 74.2.199).1Iais, e11 clel1ors tic
ces cas. il est évide111n1e11t regrcltable que les conséq11e11ces de !'.tele <lo111-
inagealJle acco111pli par l'inconscient soie11t supportées 1Jar le ¡Jatri111oinr
<le la ,ictime plutot que par cclui de son auteur.
,\11ssi, les Cocles étrangcrs récents, tout e11 111air1te11a11t le príncipe tradi-
tionnel ele la responsalJilil<'·, 1 ont-ils an1endé JJar des tc111péra111c11ls d't-
quité. ,\i11si, le Codc ci,·il allc111and, qui ccpendai1l co11sacre la rt'·gle de
l'irrrsponsalJiliti'· pour défaut de disccr11rmer1l (art. 82, el 8:i8, al. 1), a soi11
d'ajoulcr lrl'S sngen1e11t (arl. 829): << Celui qui se lro11,c, ¡Jar a¡Jplicatio11
(les articlcs 8:i,. 828, ne pas ctre responsable ¡>our u11 don1111agc cau:-;1\ par
lui, 11'cn doil ¡1ns 111oi11s, :-;i la ré11aralio11 du (lo111r11agc 11e ¡>cut elrc <Jl>lcnue
d'1111 ticrs cl,argé de sa sur,·eilla11cc, ré¡Jarcr le tlo111111ag·c, cla11s l,1 111esurc
ot'1, d'n¡1ri·s les circor1sta11ccs el c11 ¡Jarlic11licr d'apres la situatio11 rcs11rcti, e
des i11téressés, l'éct11.ité exige un dédo111r11agc111cnt, el at1la11t quºil 11c scrail
pas ¡1rivó ¡>ar lú {les 111oyc11s do11l il a bcsoir1 pour son e11tretie11, conft1r111é-
111enl 11 sa sit11alio11, a11ssi i>ic11 <¡11e ¡>our l'exéculion tics llevoirs (l·e11lrclic11

t111i lui so11I i1111Jost'·s ¡iar la loi. 11
I.c Codc fédéral st1issc tics Obligali1J11s co11licr1l une solutio11 a11alt,g111•
:.arl. C1'1, al. 1): t< Si l'éq11ilé )'exige, le j11ge }JC11t cor1da11111er ,1nc 11crso11111•
1111~111c i11c.1¡1al>lc <lt• lliscci·nen1cr1l 11 la ró¡>aration lolalc 1111 ¡1arli1•lln llu
<lt1111111agc <¡11'clle n ca11st'-. 11 J:articlc •1:177 1lu <:ocle ci,il ¡1nrl11gais f'Sl 1>lus
largc cncorc: <t Si l'a11lc11r ll11 ll<1111111ag·1\, y li:-011s-11,>11s, a <'·tú exont':rt\ (le 10111,~
res¡ionsa!Jilité pi'•11ale, ¡\ raison {!C so11 Í\lal de con1plt';tc ivressc 011 111' llt'·-
111P11cc, il 11°1'11 sera J>as 111oins lenu :'1 la r<\paralil>Il ciYil,•, .'1 111,1i11s 11u"il 111\
soil c11 tnlcll<' 11u s<>IIS la s11r,Pill:111cP lt'·galt'. dt\ 1111cl11u·1111. (),1ns ce ca:-,
l'ol>ligntio11 lit• rt'•¡JarPr i11c11111l>era a11 t11l1~11r tlll a11 c11ralr:11r. Pxcc¡ilt'! s'il
J>r,111ve ,111'il 11'y a 1•11 1le sa J>arl. ni fa11l1•, ni n1·glige11cc. »

Responsabilité des personnes morales 1 • --1,a IH'l'S(Jn1u· 111,1ral1· i':lanl


1111 <\\re al,slrail, 111111 d1J1H'\ 1lc Y<Jl<>nli'·. il sp111lil1· :'1 ¡1r1•111i<'•r1• YIIP ,liflicilc el<·
la rcntlre res1>011sal1le 1lcs arlPs cl11111111agPal1l1•s acco111¡1lis ¡>ar 1·1•11x c111i s1J11I
CJ1arg1•s' C1C l"CJ)l"t~SCII
' ' '1 s. 'I' (lll 1e I'{)IS,
l1)1" Sl'S .111 1t'I"{' . · - {! l lº J ~- a .ICl• 1111() llllllllt)I"{'
''
tle ,·11ir 1¡11i c1111slil11e 1111 arg11111c11l st'·rie11x e11 fa,e11r 1111 s,stc'•11111 •
,111 la rPs-
¡>rlltsabililt'· 111,jl'cliYn, - - c¡11Pllc <JIII! s1,il la c1>JHº<'l>LÍ1J11 11uc IPs a11ll'lll"S s1·
fasse11l cl11 la 1>1~rso11n11lil1'• j11ricli1¡11e, 1¡11'ils c1111si1l<'~r1•11l. la l'"r,-, ,11111! 11u1ral<·

l. )llchoud, /.a tl11Jarie de la perso•111alit,' n1arale, Sccun,lti pnrlic, p. 213 •!t ~-


,
DELil'S ET
.
f,!CT ASI-DEI,ITS 365
r,0111me l'ex1Jressio11 el'un sin11Jlc palri1noi11e colleclil', <111'ils y ,oieul 1111
,\tre fictif 011 une ¡1erson11e réellc. to11s sa11s cxceptio11 ad111clle11t q11e les
f'autes co111111iscs par ceux qui la représe11te11t engagent le ¡Jatrin1oine cor-
¡)oratif. l~l. c11 etl'et, des co11sicl/.ralio11s d'éqnilé et el'opportunité i111pose11t
cette solutio11. 11 scrait inacl111issihlc c¡ue les tiers fussent sans rccours contre
le· elo1111nage <111'ils penve11t <'¡Jrouver cl11 fait ele ccux <¡ui agissent an 11on1 ele
la })erso1111e r11oralc. La vie socialc, ¡)e11t-on clire. elcvie11clrail in1possilJle,
s'il était per111is anx géra11ls des collectivil{•s d'agir n1{•cha1111ne11t. in1¡Jru-
dem111c11t, sa11s q11e l'etre 111oral f1it olJ!igé ele r<\¡Jarer le elon1111age causé.
<¿n'on ne dise }Jas qu'il s11ffirait ele elo1111er .\ la partie lésée une actio11
contre le coupable lui-111e111e. Une !elle solulio11 constituerait évielen1n1ent
1111 palliatif' i11s11ffisant et elcvienelrait parfois inj11ste. Elle ,.;erait un pal- ••
liatif insuffisanl. car la personne c1ui représc11le les intérels de l'etre ju-
ridique, peut ne pas otl'rir eles garanlies de sol,·aliilité assuranl I'inden1nisa-
lion eles ,icti111cs de ses fa11trs; ajoutons e¡ue, dans bie11 eles cas, surlout
r¡ua11d il s'agil tle ¡)ersonnes 111orales 11u)Jliques, ou cl'associations procédant
J)ar ,·oie de décisions prises dans leurs assen1!Jl{!eS générales, il est extren1e-
ment difficile de clólern1i11er au juste. c¡uels so11t les at1te11rs res¡Jonsables
des actes do111111agealJles. l~l el'antre part, il serait souvent inique d'i1npo-
ser u I'ad111ir1istraleur, agissant co111111e re¡Jrésc11ta11t lle l'clre 111oral, la res•
¡Jonsabilité personnrlle des f,111les les pl11s h'•geres q11'il peut co111n1ettre-
dans l'exercice de ses fonclions. J,a co11cl11sio11 logique, i11évitable, la
seule qui corresponde aux besoi11s socia11x et tlon11e satisfaction u 11otre sen-
timent ele la justice, consiste <lonc it décicler c¡11e la personne 111orale est
responsalJle des faulcs con1111ises ¡)ar ses rcprésenla11ls. ,\ussi la lrouve-t-011
consacrée ¡Jar les Cotles les plus r1\r,er1ls. 11 I)association est res¡ionsal1lc d11
don1n1agc que la direclion. 1111 111cn1l)rc ele la direclion 011 toul aulre repré-
senlant instilo{! co11f'or111én1e11l aux slal11ls a t>n causer u 1111 tier:-, par un
l'ail accon1pli da11s l'exéculion des opóralions c¡ui lui reYienncnt el ol)ligeant
,\ r<'·1iaralio11 du do1u1nage ,,, lisons 11ous clans l'articlc 31 elu <:ocle civil al-
lc111ancl (acldc l'arl. 8\J cl11 n1c~1nc Cotlc1. l~t la 111cn1e regle se tro11vc énoncée
<lans l'arlicle !)fi, ali11éa 2. c\11 Code civil snisse.
t\ucnn texte ele 11olr<' (~<Jd() civil 11() proclarne :'1 la ,(·ril<'• la mernc rc)gle.
1:cla 11'a ricn ele s11r1>renant, tJ11is<111<1, 1111lle parl, il n'y esl 1¡11eslior1 eles per-
sonncs j11ricliq11Ps. i\lais la j11risr1r11clence 11'ajan1ais l1ésité ureco1111ailrc c¡11c
l<'s pcrsonncs 1noral<'s sont c11gag1!es par les fa11lcs tle l<111rs reprt!senlants.
La sculc h{·sitalion <¡11i se soil (lrodnilc csl 1lc sa,oir s'il f'aut consiclérer
la fanle co111111ise 11ar le I'<'lll'c'•s()Ul.anl con1111e c'•tanl cclle ele la llerso1111c ju-
riel ique cllr.-111c~1ne, l'l 1lc'·clnr<•r cl'I lc-ci rcs¡H.>nsalJl() c•n Yerlu <le l'arliclc r 38:i.
on si, au contraír<', il l'aut. lrail<\r la tH1rson11c 111oralec<11nn1e 11n c:01111r1clla11l
et le rPprc'!sPnfanl co111111e 11n ¡1,·,:¡¡os1 1, et a11pli<111er on consc'!quencc l'arli-
c'.lt'. 1 :~8/1, alint'-11 :1. ,tais cPltP <111cslion n'oll'rc <Jtt'un i11Lc'ir<\f cll's 11lus li111itt'.S,
car, l'arti,·le ,:18/1, alinc'·a :1 IHl per111etla11t. (HIS au c11111111elta11t de se clúchar-
1,!<'r <I<· la rPspo11s11hilit{· qui l11i i11c<>111bc 1·11 f'aisanl la 11re11v<· c¡11'il ,,·a co111-
111is a111·1111c fa11lt•, il en r,'•sullP q11°ti11 so111111e la l'a11tn cl11 prt'•po,.;1'. cst ¡1rc'is11-
366 LIVRE 11. - TITRE PRElIIER. - '
DEUXIE~IE P.\.RTIE. - CllAPITRE Pl\E~IIEI\

1née etre celle d11 préposant .. \ussi, la pluparl des clécisio11s elej11rispr\1dence,
·11our établir la respo11sallilité ele l"<~trc 111oral, i11Yoc¡11P11t-elles e11 ter1r1es
génc'-raux les articles 1382 et sui,ants, sa11s préciscr ela,·auta-ge. 011 trouvc
cepe11dant c;a el la des arrcts q11i citent spécialeme11t le pre1r1ier de ces Lexle~
et 111er11e écartent en tern1es expres l'article 138!1 [V. Civ .. 15 janvier 1872.
D.}>. 72.1.165, S. 72.1.9 (Sociétt' en co111111a11dile); Civ., '.l'.J jui111892, 1). }).
112. 1. 449, S. 93. 1.!, 1 ( sy11dicats professio11nels) ; 9 jui11 1898, D. l). 99. 1.3oo
(Co111pagnies ele cl1e111ins ele fer) ; llec¡., 15 a,·ril l!)08, 1). 1>. 1908.1 !121.
S. l!)'º· 1.97 (cha111bre de 11otaires) ; CiY., 3 avril 1905, S. 1906.1.353, 11ole
de .\l . .\ppert, et 2 111ai 1 906, D. P. 1909. 1.97, 11ote de .\l. J>olili:-, S. , 907.
1.129, r1ote ele .\l. ,\ppert (responsabilité des co1nmunes)I,

'.1° Culpabilité. Faute proprement dite '. - Les rédaclé11rs du Colle civil
11'011t pas don11é de définitio11 de la faute; ils 011l cr11 i11utile'ele le faire, pe11-
sa11t sa11s doute que la sig11ificalior1 ele ce 111ol cst l1ie11 clairc. <J11a11d 011 dil
<1u'1111 l1on1111e a con1111is u11c fa11tc, cl1acu11 co111pre11el ce q11e cela ve11L dire.
Cela sig11ifie q11e cet l1or11111e 11e s'esl pas co1u.l1til co,nme il a11rr1il l/11 .~e co11-
llttire. 1¡1t"il 11'ct ¡1as fait ce 1¡1t'il a11rail dti /aire. On se lle111a11cle co1n111e11L ce!

l101n111e at1rait du se con1porter; on rapprocl1e sa co11d11ile ele celle qu'au-
a
rait te·nt1e sa fllace 1111 110111111c pr11tle11l, dilige11t. Et lelle es! IJie11, en cfl'el.
la notion lraditionnelle de la c11lpa, celle que les jurisco11s11ltes ron1ai11s.
psycl1ologues avisés, nous 011t tra11s111ise. l>our juger si 1111 J11J111111c avail
1Ju 11011 co1nn1is une faute, ils pre11aie11L 11n type abstrail de co111paraison.
J<:n 111atiere contracl11elle, c'était, 011 s'cn souvient, le bori pe,·c ,le J111nille,
c'esl-a-dire l'i11divill11 c111i a1>1>ortc clans l'ext'•c11ti,1r1 de ses olilig·ations la di-

lige11ce et la p<J11ctualitt'· 111u}c1111cs, lfllC 1'011 pe11l s'alt.c11elre it re11co11lrer
' cl1ez la majorité des l101n111es. ,1ais, e11 111aticre délicluellc, celtc co111111unt'
111es11re 11e le11r paraissail pas s11ffisa11le. L'l1on1111c, viva11t a11 111ilic1L tic
ses st•111hla!Jl1~s a11x1¡11els il peút ca11scr 11rt)j11clice 1iar l°t'\<·rcic,· ,le son acli-
vitt'·, tltiit fairc }ll"l'tlvr. pPnsaicnL-ils. ,1·1111e llilige11c1\ ¡>lus allenlivc. l)'c1t'1 la
regle CÍ)lcb1·e : lit lege 111¡1Lilia el lcvis.~i,1111 ClliJJ(l 1'e11il (!1'1 (). 111[ leg. ,l1¡11i-
li11111. 1\, 2)- Ce q11i rcvie11t u dire <¡t1e, ¡Jour t',viler tic 1111irf' .'i aulrui. 1

l'l1'1111111c lltiil. se c11111¡1r1rlcr Clltnn1e le fail l'i111livi,I11. 11r111 ,;p11(.,111c11l 1loló


<l'ur1c dilige11cc 111r>yP1111t•, 111ais t'IH'•>rP 1ltl11t', tlt• ¡ir11llP11c1• Pl ,1•,í'tte11Lio11:
a11lrc111cnl, l'a11l.P11r 111111ri'·j111lic1: e,;l.1·11./i11tlc, il cst rcs¡1u,1sr1bll'.
No11s croyo11s c111n ce cril1'ri11111 esl <'11<'.0re cel11i a11r111cl il co11vi,·11l tic s'ar-
r<~lcr. (111 1l,.1il 1lo11c sc 1len1a11llcr, cl1a1¡11e fois ,¡11c l'lJII s<: lru11v<' ,,11 1>r1·ser1Cl'
<1'1111 acle rl1>111n111gcal1lc ¡'¡ a11lr11i : l'aul1•11r rln cct acl.c s'cst-il ,·,1111luil c,i1111nc
l'aurail fail 1111 lt11111111<' lrt'·s ,lilig-enl :1 ,\-1-il 11ris t,111l<'S les ¡1rt'•ca11ti<>ns <111'1111
l1f.>111111c ¡ir11d1•11l aurait ¡lrist's :1 Si ,111i. il n'<!sL ¡>as rcs111,11sal>I<· : silll)II, il a
co111111is 1111e faul<' <il 1l,iil 1iayi:r ,les tl,,111111ag-cs i11túr,'Ls. 11 es!., a11 s111'fll11,;,
J>res1¡11c i1111liln 1i'aj<>t1ler r¡11e c,1 ty111\ alislrnil ,tc /'ho1111111i Ir,\~ ,lilir¡e11I varit•

t.1'l1111101, 1-:turlr .~111• /11 r1•sp1111sabili1¡; r.iui/1•, ll1•1·. crit.,


l!IU:i : ~:1111111111111•1 l.t'•vy, li1•.~-
po11•abili1ti et i:011/l"al, 11,•v. crit,, l!IO!i ; l'aul ,\ppl<ilon, t:abste111io11 (1111/itJt! c11 11u1t1ér1!
dt!licluelht, civíl11 et ¡11'11<1/e, 11""· lrirn., 1!112.
-- 1 .. --.-~v•. ' , ~,-··.
' I :.

• •
DELITS ET QT.' \.SI-DELITS

11éccssaire111cr1t a,cc les i'·poqucs, et, ;\ chaf1ue époquc, a,cc le 111ilie11 social
auquel appartient l'i11di,·idu.
On a propos<; d'aulres critériu111s f[l!C le 11<'>tre. L'u11 eles plus ir1léressn11ls
cst celui de la co,ijiance légili111c lronipée. ''oici co111rr1c11l on l'ex.¡llic1ue. Les
l1on1111cs, pot1r Yivre et po11r ngir, ont l1csoi11 d'avoir confia11cc les u11s dans
les at1lrcs. Cl1aque l101n111e a tl<\s lors le devoir de se co111porler clP !elle
rnaniere que les liers ne soient ¡las tron1p,is dans la confiar1ce quºils 011l el
onl Lesoin cl'avoir e11 lui.D'o1'1 cetle pre111iere regle que la rcsponsal1ilitt'· ci-
,ilc prencl naissa11ce lot1les les fois que ce llesoin de confiance 11'a pas éLé sa-
tisfait.En revancl1e, et cette seco11de regle forme la contre-partie ele la précé-
<le11te, chacun, sous peine d'etre réduit a
l'in1111obilité, a besoi11 cl'aeoir
con_fiancc en lui-111en1e, c'cst-a-dire d'etre sur que son action n'entiainera
pas pour lui de responsallilité. D'oú 11nc l1e11rcuse et 11tile atti'·nnalion eles
}
conséc¡uence:-- ele la premiere regle. Nous 11 ·enlrero11s 1Jas dans lP détail des
. i
développe111ents ingénieux q11e l'auteur rattache a ce 1tlo11l1lc tl1<'·111c , il en
tire 11otam1ner1l cette co11séqucncc 1¡11e le 1né1leci1i, aya11l besoin tl't111c
g-ra11lle liberl{i d'allures, ne doit elre responsalilc que ele sa fautc lo11rde). .·Í' 1
Ce tJui 11ous parait certair1, c'cst que le critérium proposé allot1tit e11 so111n1e 1

~ ·. J
aux. r11en1es rés11ltats (011 a pe11 pres i c¡ue la tl1éorie classiq11e. ¡'
l)'aulres aulcurs ont 11roposó de la faule une définilio11 dill'érenle de la .•.
nt,tre. J.a fautP, clise11l-ils est un fail illicile, c'est-a-dire cl{·fend11 par la loi.
i\lais ce u'esl pas l;\ 11r1e ,éritaLle tléli11ilio11, ce 11'esl c¡11'u11c ta11tologi<'. Car
a
il reste dire quels sont les faits illicites. Or, s'il est aisó ele délin1itcr les
acles llt1nis 11ar le droit crin1inel, il n'en cst pas de 111en1e d,:s llélits ci,·il,-. . ''

Cou1Lie11 de fails e111i ne to1nlle11L pas sons 1111e ¡1rol1ilJitio11 li'.•galc PI. pour-
lanl engage11l la res¡ionsabililó !
<Juelques jurisco11sultcs ont, .\ la vérité, cru arriver a 11ne 11rt'•cisio11 plus
grande, en faisant appel ¡\ la notio11 d'obligations ¡>récxisla1iles. <t U11c JlCr-
son11c ne peut ¡ias elre en faule, ont-ils dit. si elle n'élait tc11uc tlc ríen avanl
l'actc ,¡11·1 1n lui re¡Jrochc. n l)c 111er11e c¡uc, clans 11n co11lral. la faule cor1-
sist.n it 11,• pas ex.{~culcr 1111c clPs ollligalions auxqucllcs e,, conlrat a 1101111{·
naissanc<>, de 1111\111e la faut.e tli'~liclnelle esL la violalinn <l'11nc <>lJligalion
irn¡Jost'.·e ¡iar la loi. \lais cPlle nnuv,~lle idt\c 11c fail. pas a,a11cPr la l¡11cslio11
<1'1111 ¡ias, ¡iuisc¡ue nullP parl ccs prt'~lcntlues c1lilig-alio11:--, 1lo11l le eli'~lil co11s-
1it11erail la violalion, ne se lrouve11t ¡iri'·r.isi':es. 11 s11fflL ele Jlarcourir lPs rc-
c11Pils ,ll' j11rispr1ulcncc (Hllll' ,-e rcntlr<' con1¡ile c¡11'il y a UIIP inliniló de fails
11011 J>révus ¡>ar la loi t¡ui co11slil11cnt. ,,11 [Jeuvenl con:--liluer dPs dt'·lils ci-
,ils. <J11'011 11011s disc par P\l'lll[>I<' nr'r es!. le l<'Xl<' de loi <¡ui ¡>rt,hilJc la
,úd11cli<J11. l•'.L C<)pc11danl la s{·d11clio11 Psi. 1111c sourcc 1lc tlo1r1111ages-i11li'·r,\L:-;.
si h· t,,rt ca11st'i :'1 la JH'rso1111c súduilc s'<'sl. accon1pag-ni'· 11<' 1r1.111fP11vr1~s 1l11-
lo,ivcs, J111tli1•cs. 11 l'aul clone l1111jo11rs nn rcvenir a11 crili·ri11111 c[assiqu,·.

Disti nction de la fau te ci vile et de la faute moral e .. -· d11i 1 ,,.


1 >11
gardl'r d1\ co111'<1ntlr1\ la f'a11l<' ci\'ill' avcc la l'aulc cnnlrc la 111oralc. J,a lui
pr,•scril de :--P ,:0111¡Jorler e11v<•rs 1,: ¡Jr,1chai11 avce ¡1r1t1le11c1•, 111ai:-- 11011 aVl'C
,·lt11rit,i; clic ordo11111~ l'nllenlion, 11111is 11011 J'allr11is1111•. 1)'01'1 c<'ll.<' cnnst'•-
''
368 LIVRE II. - TITRE Pl\E)IIEII. - DEl.iXIE,IE P.\R1'IE. - CIIAPITRE Pl\E~IIER

quence que le défaitl tle tlévoue1r1e11l, l'égo1s111c ne so11t pas 1111e source clE>
respo11sabilité. Supposons par exen1plc c¡11'1111 i11cli,·idu assiste un acci- a
dent sans porter secours a la victi111e, alors c111'il po11rrait le faire sa11s 111e111e
exposer sa vic. 11 est bien évidc11t que cel i11diviclu se concluil mal, qu'il r1e
se comporte pas comn1e le ferait un l1omn1e dévoué; et ¡Jourtant il n'engagE>
a
pas sa responsabilité. E11 cffct, le 111anquc111e11t la loi n1orale q11'il a
commis, n'a pas été la cause d11 1Jr1'juclice s11p1Jorté par a11trui. Celui qui se
croise les bras clcvant so11 se111!Jlable e11 cla11gcr de 111ort, n'est pas l'a11tcur
de ce danger, ni par co11séquer1t du elo111111ag·c q11e la victin1c va s11!Jir. C'cst
la ce qui distingue la faute morale et la fa11te j11ridie¡uc. La seconde se ca-
ractérise par ses co11sélJUe11ces préj i1cliciables.
Gardons-no11s d'ailleurs de traduire la reg·le i11co11testa!Jle que 11011s ,e-
nons de dégager par cetle forn111le que l'absle11lio11 ne saurait constitucr un
délit civil. Ricn ne scrait 1Jlus inexact ..\11 contrairc, u11 fait 11ég·atif, toul
co1nn1e u11 fait posit>if, ¡Jeut engager la rrs1Jo11sa!Jilité. La 11églige11ce, consti-
tuti,·e du r¡itasi-clélit (arl. 13831, cst 1ne111e 11r1 fait essentielle111e11L 11é~gatif. II
y a do11c respo11sabilité, lorsquc l'abstcntion a consisté dans le fait cl'avoir
on1is ele prenclre des 111esures de préca11tion co111111anclées, 11011 par la cl1a-
rité, n1ais par la sin1ple 11r1tcle11ce, eu égarcl /1 la situation des lieux et aux
circonsta11ccs. {Jar exe111ple, u11 proJJri1'lairc 11églige ele fairc JJ!accr u11e porte
¡\ l'entrée d'11n escalier descer1danl it 1111 sous-sol 011 clo1111a11t dans 1111 pas-
sage obsc11r. ()u !Jicn, il 11'a ¡Jas soir1 cl'í•claircr le s1)ir 1111c lra11cl11'.C 011Ycrte
clans le sol d'11ne r.11elle ol)scure lui apparte11a11t; il sera res¡Jonsable des
accidents q11i s11rvicnelro11t. l)c 111e111e, 1111e Co111pag11ie clt> cl1c111i11s de fer,
IJicr1 c¡ue dis¡Je11séc ¡Jar le cal1icr eles cl1argcs ele sa co11ccssicJ11 cl'{•Lal)lir eles

gardie11s. ()IJ 1111c IJarriere ú 1111 passagc /1 ni,Pau. cst res1io11salJlc el'1111 acci-
<le11L ca11sé par le passage cl'1111 train, si clic a 111a11q11é tic ¡1rc11urc to11les les
¡iréca11lions co1nn1a11dées ¡1ar la situalion tles lieux (Civ., 1 r 11ove111IJrc
1891. 1). ]1. !1·1.1.'1'J.7, S. ()'>..I.!Jl; .\lgcr. '!l cl{·cc111l>rf' 18!1'.'· S. !)'1.:>..300,
" ~1, I.>. I 1, q;J.'.!.
7 !Tla!. !ni)
' . - s
3("LI,,.
~ IJ.1¡.'.l.,)IJlll.
.,

Di.fférence entre la. faute délictuelle et la faute oontractuelle '. ---


CcllP <lislinclic,11, <tui c1ir1stil11c 1'1111c1 1IPs 11ntio11s f11111la111c11talcs el t'•l1\111cn-
lair1•s ,le 11olrc l)roil 1irivt'·, a {tt'· lrt'•..; c1>11IPsli'·t> 1la11s ces vingt ,lerniercs a11-
111ics. Nal11r()llcr11P11l, Pll cll'Pl, !Ps j11risco11s11llPs 1111i v1)Íe11l clans la (a1t/1'.
cr)11slil11l.ivc <111 <lt!lil civil le 111:111r1111•111P11I ¡'¡ 11111• 1ililigalio11 J)rÓexistanle, en
<lr,1111c11t. 1111e 1lt'~finilior1 qui s'a¡)plit¡11c !.out aussi bien ú la fa11lc 1!11 clc'!IJi-
lcur c1111tract1u·l. ,1ais cPll<' Ll1t'·c1riP 11,,11,t>!l1~ n'a ¡>as 1lt'ilr11il la tht'·se clas-
sic¡uc <le la /)urtlil,: rlr•s f1111/1•.,·. 1•:IIP f'Sl 1l1·111f'11ri'·c sans i11f111e11ce a11c11nc ..;11r
la J>ralic¡ue. \'c>ici cn rt'·aliti'· <111rllPs sc>nl l1·s clill't'·r1•111·cs 1p1'il c,,11vic11l clf'
r11lcvPr l'llll'P les 1l1•11x fat1lf's.

1. (irnn1l1no11lin, De 1'1111i1t! d11 la responsa/Jilit,', flpnn1•s, l XU;!; L1•f,\vre, /JI' la 1·e,po11sa-


/Jilite 1lélict11elle 1•1 co11tr11r.t11elle, ll1!V. <'rlt., 1~St., p. 1s:; PI ~- ; Fro11111geot, /J/l la {a111e
co111n1e 1011rce de la r,i.~¡1011s,1/J1/ité, l'nrls, 1MHI; l•laniol, 11011' sous ll. I'. HG.~.-\'i1 ¡ \ 11111
llicr,·liet, lii,s¡1011s11/Jilité, 1111i1é 011 <11111/ilt', Flnndrt' j11diclair1•, 1\101.

, ,
DELITS ET QUASl-l)ELITS

Laf11Lile co11traclL1elle co11siste, nous l'avons ,,u, dans ,le fail ele la part
cl'1111 débiteur de 11·avoir pas exéc11té l'ol)ligation a laquellc il élait astreint
par le contrat le lia11t a son créancier. La faute délictuelle consiste a ca11ser
un préjuclice a aulrui, préjuclice aulre que celui résultanl de l'inexécution
cl'urie obligalio11, et cela, soit par n1écl1anceté et i11te11tion de nuire, soit par
si111plf' 111a11q11en1ent aux 1irécaulions que la prt1dence cloit inspircr :1 u 11
l10111111e cliligent.
,\ cctte pre111iere OJ)posilion, les jurisconsultes classiques ont so11-
venl rattacl1é ce corollaire qu'il y aurait 1111 clegré diíl'érent dans la fa11tc
ré¡)rél1e11sible de la ¡)art d'un dé]Jiteur ou de la part d'u11 délinqua11L.
Le débiteur répondrait seule111ent de sa faute légere (cul¡>a levis i11 abs-
ll'aclo . Le délinqua11t ré¡)onclrait de sa faute mc111e tres légere (I,i le:;e
Aquilia culpct levissima vc,iit). Nous aY011s vu ce qu'il faut penser de celtc
préten<luc graclation. En 1natiere co11tractuelle, il y a faute, en réalilé, <les
lors c¡11e le clél)ite11r a contrevenu a son e11gagen1e11t, n'a ¡)as acco111pli toulc
la preslatio11 c¡11'il devait fournir. Le Droit en celte n1aliere co11sacrc ll\
res¡io11salJilité clu si111¡1le Jail. C'est seule111ent en n1aliere délictuellc qu'il y
a Iieu ele co111¡Jarer, con1111e le faisaic11t les ]lon1air1s, les agisse111cnls con-
crcls clu <léfende11r avec ceux q11'011 cut pu attendre du type a!Jstrail de
l'l10111111e Jlrudent et diligc11t. :\Iai11tena11L, ce type est-il celui ele 1·11on11nc
(/iliyelll 011 celui de l'l10111111e tres 1lilir¡e1it, clti bollllS pate1ja111ilias 011 <le
l'o¡1li1111ts ¡1alerjar11ilias; la faule réprél1ensil)le cl1cz u11 déli11q11ant cst-
ellc 11ne cul¡Ja levis 011 11ne culpa lel'issi111a ~ Peu i111porle. La c¡ueslion cst
toute ll1éoric¡uc, et 11011s 11c connaisso11s aucune décision j11diciaire atleslar1t
qu'clle se soil jan1ais posée dcva11t lcs juges.
1~11 r,\alité, la co11sér111c11cc~ la ¡Jlus i1111Jorta11te - et so11 i1111Jorla11cc
<'~t. t'.11orn1e ! - 1111i se raltache it la distinction de la fa11lc co11lracluellc el ,le
la fa11tc clélicluclle, est ccllc c¡ui a lrail it la charye de la ¡1re11ve. Lorsq11·1111
clt•hilcur 11'cxécule pas l'olJ!igalio11 do11l il est tenu, il csl, avo11s-11ous vu. pas-
sihlc ,le <.lo111111ages-i11Lérets, a 1110i11s f!IIC l'i11cxéc11tio11 IlC soil prc1ve11ue cl'une
cause' t':trang,\re qui ne p11isse lui elrc i111JJt1lt'•e (art. , 1{1íJ· llar co11séc¡uc11t.
l,1 créa11cicr c111i se ¡1lai11t tic l'inexócut.ion totale 011 1>arli1·lle de J'ol)ligalion
11'" 1¡1t'111:t,1blir le 1l1fa11l rl'e.1:éc1tlio11. (;'es/ ati 1lébile11r r¡1t'i11cor11bl' l,t chn,·11e
1/e J>ro11v1•r IP fail c¡u'il i11vc<111c, pour t'·cha¡iper :\ la conda11111alion. :\11
co11trairc, l;i ¡1arlie qui i11tc11le 1111c aclion en Jo111111agcs-i11t.órels fonclt'·P sur
1111 soi-1lisa11l. 1lt'·lil Je so11 advcrsairc, 1loit ¡>rouver 11011 sc11lc1111'.11t. c¡u'clle a
1•11c1111r11 1111 do111111ag-c, 111ais que· ce 1/0111111((!/C ¡11·0Pie11/ (/1' la j,111/1• <ltl (!(J;•11-
,/,·11r. c:·esl J'aJ>plicat.i1H1 JHll'C' el si1111>le d,~ J'arlicle 1:~1:i 1111 (;0<Ie civil:
,11·/()f'i i11c11111hil ¡1r11balio. 11 y a 11'1 une dill'i'·r<'IICC 110111. la rt':¡H•rc11s,.,i 1 >11
1iraliq11c esl considi'·rahle .. \ voir la charg-e 1!1· la J>r1•11ve. c'esl p11rl<'r toul Jp
¡ioids du litig-e; cclui a1u111cl ell1: i11co111h1• pnr1l so11 JH'oct'·~. s'il 11'arri,1:
pa:- 1'1 i'·lahlir I'Px11ctit11dP d1is f'ait.s q11'il allt'·g-111•.
l•:11 d'a11lr1•s l<'r1111•s, 1·11 111ali('.l'e d{·liclul'llt•. lo11l1:s ll's fnis 1¡111· la ca11s1• du
do111111ag·<' IIP pi:111. 1\trl' 111·t'•cist'•1:, Lo11lPS 11·~ f'ois q11'1!ll1! d1!111c11rc• cacht'·c. la
, icli111t· d11 dt'·lil stJJ>JH>rle sP11l1! 11' ¡irt'·j11dic1• donl ell1· SI' ¡ilainl, fautc di' p1111-
Y11ir ¡1ro11v1·r q11'1111 licrs en Psi r1•s¡11111s11l1l1•.
'1'01111: 11 2 'i
'
370 LIVRE II. - TITRE PRE:HIER. - DEUXIE,lE PARTIE. - CIIAPITHE PRE,tlER

·roulc difl'érentc est la situation du créancier. L'i111possíbilité de fairc la


lt1111ierc st1r les ,·éritables cat1scs qui ont a111ené l'í11exécutio11 du co11trat
11c luí nuit pas a lt1i; elle nuit at1 dé}Jiteur, au prétc11clt1 auteur de la faute
alléguéc.
C'est. cette difl'érencc qui co11fere le plus gra11d intéret ¡Jratique au point de
saYoir - et il y a eles l13·potl1cses ou la question esl tres délicate - si le fo11-
ele111e11t d'u11e respo11sabilité invoquée clevant les juges est contractuel ou
clélict11cl. :\"ous re11contrerons notan11ne11t ce proble111e dans deux 111aticres
q11e 11ous étt1clierons ú propos du contrat _de louage: celle de la responsa-
bilité des entrepreneurs de transpor:ts en cas cl'accidcnt surve11u aux Yoya-
get1rs, et cellc de la rcsponsalJilité des locataires en cas d'íncendic.
~lais c'est surtout en 111atiere d'accidents du traYail, et antérieuren1ent a la
loi du 9 a,,ril 1898. que la question du fonde111ent de la responsa!Jilitó patro-
11ale avait l'lé vi,·e111ent discutée. La jurisprudence a1>pliq11ar1t ici pure1ne11l
et sin1pleme11t les príncipes de l'article 1382, il e11 résultait que, dans le
plt1s grand no111bre eles cas, les ouvriers ,•ictin1es d'accide11ts n'obtenaie11t
at1ct111c indemnité, l'expérience établissant qu'il est le plus souve11t i111pos-
sible de cléterminer a qui inco111be l'acéide11t. C'csl pourquoi u11e doclri11c
i11géniet1se s'efTor,a ele dén1ontrer que la rcspo11sabilité du patro11 avait une
base contracltlcllc, le co11trat de lra,·ail aslrcig11ant l'cmployeur, 110n seule-
n1ent a four11ir a l'ot1vricr les salaires co11ve1111s, n1ais a pre11<lre toutes les
·préca11tions nécessaires pour garantir l'ot1vricr co11trc les dangcrs i11J1érc11ls a
J'i11dustrie,,·oirc rrieme contre sa proprc in1pru<lence. De la sortc, le patro11,
tcnu <l'u11c !le/le (fe séccirité. devait etre a priori, com111e to11te débiteur qui

ñ ·exéct1lc pas s011 o!Jligalio11, lc1111 1)011r respo11sallle, sur la sculc clé1no11s-
lratio11 c¡ue la séc11rité in1plicite111e11l Jlron1isP ú J'ouvricr 11e l11i avail ¡1as
<'·té ass11rée. C'était a luí, Jlat1·011, s'il voulait etre exo11éré de cette responsa-
!Jilil<', i1 dórno11trer que l'accident provenait d'une cause étrangere. Cctlc
<loctri11r. tr<'·s tl<'•fc111lalJle. 11'avait. ú la vérill' ja111ais <'·tó consacr<'·<· 1'1ir111elle-
111e11t ¡1ar la j11rispr11clencl:l, 111ais PIIP a,ait. saris aur1111 lloulc, co111111c11ct! ¡\
c•1i élargir et¡, er1 hu1n1111iscr les 1lécisio11s, lors1111·i11ter,ir1l la lí:gislntio11 s¡)t•-
cialc ,ic 181)8 '. i

Précisions sur la preuve de la faute. -- 1:c 11·1•sl ¡ias assei <IP <lirc 1¡11c,
dans le cas tic l'allt'•gatiort 1!'1111 1lt:lil, l1! 1le111a11de11r a l1csc1i11 1lc faire la
¡1rc11vP q11'1111c fa11le a_ Í)té co111111isc ¡1ar le 1léfendc11r. Ccllo ¡>rcuvc 11 'assurP
¡1as l1Hrjot1rs c11ticrc111ent l'in1ic11111is,1tion. Et il y a lie11 llo fairc ici l1·s 1lc11x
,,l1s1·r,ati1111s s11iva11ll's:
1º 11 nr s11ffil ¡1as <¡11c !'011 1lt'!111011lr<' 1¡1u• 11' 1lt'·fl'111lc11r a c11111n1is 1111c
faulc. 11 fa11t 1n1ct1re t'1tal1lir 1¡11'il y a rl'lati,Jn 1le 1'.a11sc 1\ cfl'et 1¡11 /ic,, ,le ca1t-
sr1lil1: c•nlre cellc fa11lo PI 11· ¡1rt'•j111lic!' Pllc1111ru.
'.lº \l1'111c si la faulc 1111 11rt'•ter11l11 1li'·li1111111111l PI 11· lie11 1ln ca11:-1nlilé 011t i'·lt'·

t. Lt•!< pro111otours d11 In doctrino nouvcllc 011l ,·.¡,',, 1•11 IIPlgiqur, ~I. S11i11rll'h!ll1•, /ies-
po111ab1litt! rt gal'anlie, PII Frnncr, ~t. Snuzrt, //1•1•, ,·rit., txx:1, ¡1. 616 et~- (:r. note> de
,1. t.11hbt\ ,ous S. 89.i.1, <;ur tonto cf!tte queslion, V, l'rxc1•ll1111l ouvrage ele 1\1. Cohonnt, '
Traite dt•1 acc1dc11t1 du trav11il, l. 1·•, V. SUl'lout p. i1:; el s. et les référcuct•s,
, ,
DELITS ET QUASl·DELITS

éLalJlis, le dc111a11lleur peut 11c ¡)as obtenir réparalio11 e11Liere. 11 en est ai11si
clans le cas oú so11 adversaire éLalJlirait qu'il est lui-111e111e responsable pour
¡)artie. Dans ce cas,·il y a fctulc con11111111e. La rcsponsalJilité est partagée. Le
cléfencleur 11e l)aiera qu'u11e ¡Jartie <le l'i11der11nité. C'cst u11e i<lée dont la
juris1)r11der1cc fait de fréc1t1e11lcs a1lplications, nota111n1ent en 111atiere d'acci-
clc11ts lle la circulatio11 (auto111obiles, cl1eyaux et voitures, cl1emins de fer,
v·. :\111ier1s, 27 juillet 1905, S. 1906.2.270; Civ., 28 n1ars 1900, D. Ji. 1900.
1.208, S. 1902.2.259).

Théorie de l'abus du Droit 1 • - Le dommage causé a autrui par I'exer:


cice ll'ii,i droil lJeut-il e11trai11er la responsabilité du titulaire de ce_ droit?
~nlle questior1 n'a clonné lie11 a
de plus longue~ disc11ssions, au cours de
ces d ern1ercs .' ,
a11nces.
llcnda11t longlc111ps la tltese Lle l'irrcsponsalJilité a paru incontestable. 011
la co11sidérail co1111r1e co11sacrt'•e ¡)ar u11 adagc. traditio1111cl que l'on tro11vait
expri111é da11s les tcxtes d11 Digcslc: Ne111i1ieni lrcllil, ,ie,no da,nnum facit,
,¡ui s1io .i ure 1ililur ( 2G D. ele llan1110 i11feclo, XXXIX, 2 ; 24. § 12, D. coll. lit. ;
:'í::i, 1::ir et 13::i, S 1, D. de regulisjuris, L. 17). La doctri11c n1oderne a lo11g-
a
Ler11¡)s l)ris ces for111ules la lcttre.
1>ourtanl il aurait suffi delire altcr1tivc111cnt les lextcs pour se co11vaincre
c¡11c ja111ais ils 11'011t cu la ¡lortée absol11c qu'on leur attri!Juait.
,\insi, cla11s le frag·111e11L :iG D. de dani,io i1ifeclo, Ulpien supposc qu'un
propriétaire, e11 creusa11t u11 puits, coupc les -vcines de la source du voisin.
Le proJJriétairc 11'esl ¡Jas lenu de réparer le do111n1age, 11ous dit ce juris-
co11sulte; r11ais, ajo11te-t-il, il serait te11u, s'il aYait crcusé si ·1)rofo11dé1nent
c¡11'il c11.t fail écro11ler le 111ur du voisi11.
!)e 111e111c, 1la11s le frag111c11l 1, S 12, D. de agua el aq11:r JJluv. are.,
a
\\XIX, 3, Llpic11 cite :\larcellus c¡ui, ¡)ropos <le la 1r1e111e l1ypoll1ese, dé-
riele que le pro¡)riétairc 11'cst ¡>as obligé. s'il a agi, 11011 pas a1iin10 vici,io
11oi:c111li, rr1ais ¡)011r arr1éliorcr so11 fo11ds.
<.:es soluti1)11s f'o11r11ies a
l'occasio11 clu 1lroit le pl11s éte11cl11, le ¡>lus cor11-
pl<'I que les llo111ai11s aie11L co111;11, 11ous 111011Lrc11l llie11 quel se11s lin1ité ils
allachaieul ;1 la rc'·glc Nc111i11e111 /a:,lil 1¡1ti s1io jure 1tlil1tl'. lis rccon11ais-
saie11t 1¡11'011 1)c11t con1111cltrc une faule en exerc:a11L 1111 droit. l~L en réalité,
lo11Lc i11lcrprétati1111 de l'a<lagc JJrécitó, qui all'ecterail la rigueur tran-
rhante d'un s~llogis111c•, abnnlirait :'t des résultals a})surdcs el inic¡ues. Elle
11011s co11d11irail. 11 snp¡1ri111cr le ¡irinci¡>c r11eu1e ele la res¡)onsa!Jililc'.\ ciYile.
\e J)Cnt-011 pas 1lirc Pll cl1'1\l que Lciut acle tic l 'hc)Illlll<', <¡ui u'csl ¡>as ex-
p1Pss{,r11cnl inlerdil J)ar la i<>i, co11slit11c l'cxcrcice 1l'1111 droit :1 Le fail 111e111c
d'allcr el venir, Lle: cl1asser, de circuler :'t ¡>icd, c11 voiture, u c11cval, e11 u11

1. ,li,an llosc, li.ss11i sur /1•., rlénienls co11stitulifs du délil civil, 1'h/,si, ~lonlp1,l1il'r, 1901 ;
Teissl'il'C', f,,',,sai c/'111111 1h,'or11• ,q1•11t'ra/e .,11,· le (011den1c111 d" la respo11sabili11', 1'h/•se A i x,
1!101; l'on•ho•rot, /)a 1'11/ius ,/11 d,·uit, Tl11'>se 1.>ijon, IHOI; Ch11r1nont, L'Ab11s du droil, l\ev.
trlru. d1• tlroil 1·1,·11, lllO!!; lic\11y, Jiisque et rc.,¡1u11saliilit<', ,b,d., p. 812 el s.; Snlcilll's, /)e
/'11b11s du drnit, llull1•lln 111, In Socit'·lú ,t',\ll111Ps 1<1!iisli11iv1,s, 1!1'Hi; Josscrancl, /Je l'Alius dts
d,·11i1s; lli¡u•rl, /,'e;r:1!rcie1• des droils rl la re1¡,1111sabili1é eivile, llcv, crll., 1\106: Note de
)l. liSllll!ill sous llcq., 29 Juln iij\17, s. \18.1,17.
1




LIVI\E II. - TITI\E PRElllEI\. - DEL'XIE,IE J>,tl\TlE. - CII.\J>ITRE l'RE\IIEI\

n1ot d'ernployer so11 activilé a lel ou tel usage,a1lparait cor11111e 11ne é111a11alio11
de ces droits si généra11x, si étendus q11'on appelle les lll'oils /Jtiblics, 011,
co111111e 011 disait autrcfois, les lll'oils lle l'/1om111e. Or c'esl llrécisé111c11t c11
faisant 11sage ele ces facultés, q11'011 co1111r1et le pl11s souve11l eles acles do111111a-
geables a a11trui. Si ces acles 11e donnaienl lie11 a auc1111e sanction, 011 arri-
verait a restreir1dre les cas de responsabililé civile a11x acles cxpressé111c11l
prol1ibés par la loi; autre111ent dit, a renelre cellc rcspo11salJililé inutile, car
lorsque la loi prol1i}Jc un acle, clic a soin <le frJrtifier ccttc proltibi lion <l'1111c
sanction civile ou pé11ale qui re11cl i11ulile toul autre recours. l~st-il besoi11
de faire ressortir d'ailleurs co111bien une telle législalio11 serail i11suffisante :1
Elle n'aboutirait a ricn 111oins c1u'a rendre i111possible toute ,-ie en société,
car elle laisserait 1·110111n1e exposé saos rccours a11x lllus gra\CS préj11eliccs.
Des lors, q11'il s'agisse ele l'u11 des droi Is civils spécialc111c11t concéclés ;1
cl1aq11e indivi<l11 par la loi positivc, ou de ces ,/,.oils gé11él'a11x dont le fais-
cea11 ass11re 1'1 l'l10111111e le lilJre usagc ele ses facullés, liie11 plus, de ces clroi ls
particulicrs que cl1ac1111 peut p11iser dans ses rapporls contracl11els avec te!
011 lel de ses sen1lJlalJles, le prir1ci1le est le 111e111e : L'l10111,ne <loil toujo11r,;
a
agir avec dilige11ce, de fa<;o11 évitcr de ca u ser un prt'•j11dicc ;1 ses se111IJlablc,;.
S'il y n1anque, s'il cause préj11dice a aulr11i, il en est respo11sable. Et l'a<lagc
11e1no da,itJllllll jllCit (Jlti SILO jul'e utillll' IIC sig11ifie ric11 autre que ceci :
(( Celui qui cxerce s011 droit avec pr11clence et atte11lio11 11'esl pas respo11-
sable du (lo111111age q11'il ¡Jcut causer a a11lrui. 1> ·
Ainsi cornprisc, ainsi cntendue, la ,·icillc regle ro111ai11e, loi11 (l'ayoir la
portée a,ili-sociale q11'011 l11i allribuait, a1)parait 1111 co11lraire co111111c
utile el bie11faisa11IP. l~lle garanlil ú l'l10111rnc la S}Jltt'•rc d'i11<lé1)e11da11ce .

d'irrespo11sabililt'· clo11! il a lJesoin. El c11 cll'el, l'exercicc co11currc11l c¡uc
les l1om111es fo11t cnsc1r1lile de le11rs clroils, 11c ,a 1ias sa11s lc11r ca11ser réci-
proc¡11c1r1cnl 1111e ccrtaine ge11e, voire 111e111e parfois 1111 ccrtai11 don1111age.
,
C'esl la ra11<:011 ele la ,icen soci<',té. De ce clo111111agc l'l1<)111111c 11e sera ¡ia,;
respor1sa!Jlc, cl11 1110111c11t c¡u'il a11ra ¡1ris l<>u!cs les ¡ir<'•caulions clicll·cs ¡iar la
p~udc11ce, l{t1'il aura fail ¡Jre11,c de J:i fliligcncc 11<)r111al1• 1¡11c l'ci11 ¡ic11l, que
1'011 tll>il exigcr ele lui.

Applications jurisprudentielles. -- - l.a <1u1·sli1111 ,1,· l'11h1ts d11 J>ruit


a fuit l'objel ele 111ai11LPs cl<'·cisic>11s j,uliciair<'s, l•:11 clehcirs ,le celles c¡11c 1'1111
rc11co11trc c11 111alii',re 1/'obli[/!llio11s 1/t• 1'1>isi1ia[Jt' el <lunl nc>l!S av1J11s J>ri,c<'·dP111-
111c11l traité (''· 11olrc l1>1r1e ('', ¡i. 7~>7 el s.), 111i11s gr1>111J1:rc>11s l1•s 1iri11ci1H1lcs
soluli1111s clP la ¡irali1¡11e clar1s 1lc11x s<'~ri1•,; 111· cas: 1" (:Pux 1it'i il y a liP11 ;'1
a¡i¡1licatic111 el<! la r1\g·l<· .,·,•111111!111111111111 ./i1rit 1¡11i s110 ,i11r,i 11/i/11.r. <·I <11'1, tl<'·s l1>rs,
l'a11tc11r ele !'acle 11'e11cu11rl a11c1111c l'<'SfJ<>11sal1ilil<'· : 'Aº cc11x, a11 c1111trairl', ,,ú

il •v a al111s clu clroit .
1" / J'c111i,\r1• série: ll,v¡iot/11\~,·-~
1 011 il 11·.v 11 ¡i,,s 1/t• r,·s¡H111.,·11/,ililé ,'¡ r,1iso11 1(11
1/01/ll/l!l[/C :
1\. - l :11<' ¡1i.rs<11111f• victi11t(! (!'un(• sc111slra,·li1111 l'rau1!11le11s(\ ¡u1rlc ¡1lai11(1·
aux a11l(1rili':s j111liciaircs, <'l l1·ur fail ¡>arl d,·s s<111¡11;1i11s ((ll'elll' a s11r l'a11-
tc11r el<! ln1lil1• s1111slracli1ll1 l 1aris, ·i.-, fi'.·vriPr •i11'r, ,;a:. !'11/., ·iH 111ai 1i11 ',1.

, ,
DELITS ET <JGASI-DELITS
r
l~. - U11 co111111er(.'a11t élalJlit 11n 111agasi11 aupres d'u 11e 111aiso11 riYale et
lui e11leve ainsi u11e partie de sa clientele.
C. - Une age11ce de publicité donne de !Jonne foi des renseignen1ents
,l{•favoralJles sur le crédit d'un co111n1er0ant 011 d'un industrie} (Orléans,
:í aoi1t 1892~ D. P. 93.2.558, S. 92.2.312).
D. - Croyanl poss{:der u11 droit cor1tre 11ne }Jersonne qui refuse cl'en re-
co1111ailre l'existence, j'aclionne celle-ci en justice et je perds n1on proces.
\1011 aclversaire 11e peut P.as 111c réclan1er des do111n1ages-intérets pour la
perte de ten1ps et d'argent que je lui ai causée (V. Civ., 13 avril 1886, D.
1). 86. 1.4:i4, s. 89.1 .31:1).
E. - Ln sy11dicat professio11nel ouvrier, exclusiven1ent guidé par la dé-
fense des intérets de la profession, 1net en i11terdit un cl1ef d'entreprise qui
ne paye pas le tarif sy11dical ou e111ploie des non syndiqués (lleq ., 25 jan-
,ier 1905, D.)). 1905.1.153, S. 1906.1.209, note de :\l. \\'al1l; Lyon, 18 no-
,en1brc 1go9, Le Droil, 19 jan,ier 1910).
],'. - Un cl1ef d'entreprise, qui e111ploie depuis de longues années un ou-
,rier, lui do1111e so11 congé }Jarce c111'il est ,1gé et ne travaille plus assez rapide-
n1ent (Civ., 22 d{•ce111bre 190g, Bull. de l'Off. du ti·av., 1910, P.• 976; 19juin
1911, ibicl., 191 ,, p. 47,1. De me111e, un patron refuse ele reprendre apres sa
g11ériso11 un de ses cn1ployés, victin1e d'un accide11t de travail ayant cntrai11é
1111c i11capacité de deux 111ois (CiY., :17 déce1nlJre 1911, D. P. 1912.1.136).
G. - Des ouvriers se 111elle11l en greve en vue d'obtenir une aug1ncnta-
Lion ele salaire. ou !Jien des palrons prononcent un locl,-out, c'csl-a-dire que, .,
po11r r<'·sisler ;1 eles n1enaces de greve, ils se concertent et prennent les '

1levants en fern1a11t lc11rs ateliers (V. \Val1l, De la rcspo,isabililé civile e,i


'
IIHtli.ere lle gr,\l'c, Rev. Lrir11. ele Droil civil, 1908).
J)ans les diverses l1ypoll1eses c111i précecle11L, il y a cu usage et non ab1ls
du <lroit. J,e 1Jréjudice c¡11i a pu t:Lre ca11sé a autrui l'a été légiti111en1ent;
il n'y a ¡1as cu fa11Le. l)es clon1111ages-intérels ne· ¡Je11ve11t etre réclan1és.
,.. Seco1i1lc si:rie: l/)•pollteses uli il ¿' a ah11s rltl rlroit el respo11sabilité. -
<:elle s{)rie se s11l>divisc er1 dcux gro11pcs de cas: A. - Ceux 011 il y a i,iten~
/ion 1{1• ,iuire. Ji. - Cc11x ot'i il y a si111¡Jlc111c11L 1léfaiil ele lcz JJrude,ice, de la
diligP11cc r111c l'on esl 11or1nalen1cnl en dr1Jil cl'alle11dre de quiconque exercc
son droil. No11s 11'avo11s 1>as l1csoi11 <le fairc rc111ar1¡11er q11e l'applicatio11
des 1lou11nagcs-i11L<'·r1\ts J>r,\tcra :'t 111oi11s ele discnssion <lans le ¡lrc1r1icr gro11¡1c
de cas 1¡11r 1la11s Ir scco111l.
,\. ,ll"t,·s rt1·1·n111¡1lis a11ec i1zlenlio11 ,le 11uire. - 1;ab11s se n1an,ifeslc
d'11uc fa<,'.011 IHlll do11Lc11sc dans 111 cas 011 une person11e agil, sans aucu11
i11t/·r,\t JJ<'rs,>11111'1, Pxcl11si,cn1c11t. 1>011ss{)c ¡>ar le 1/ésir 111' 111iire, de ca11ser
1111 J>r<'·jurlicP :'t aulrui. l)c toul tr111¡>s. les j11risconsullcs 011t rccon1111 qu'il
fallail r/•pri111cr de lels acl<\S, en t>l>ligcanl le11ra11Le11r :'t r<'•parer le <lo111n1ag1•
qu'il a caus/•. 11 )' a l.'1 11nc ¡>ri'•ca11lio11 i11rlis¡>c11sal>lc 1111 l1011 ordre, :'t la
si'•c11rilt') 1l1•s rclations sociales : Jf11litiis 110,i ,·si i111/11lr¡,•1ul1i11i (V. l)ornal,
l,1Ji,r ril•iles, li\'. 11, lit. ,·111, scct. :1, 11" !l, el liv. 111, lit. \ 1 , sccl. :1, 11° 1/1.
c:r. 110[1' i)p :\l. ,\¡1¡1crl, SOIIS 'J'ril>. SPrlan, 1¡ <li'·cPIIIIJrC l!}{)I, s. l!)<>l1.'.l.'.llj),
\'11ici rlill"i'·rP11t,)s IIJ>¡1licati1111s ,Ir nolrc sol11tio11 rla11s la j11ris¡>rnlle11cc lle
.' •
lº('S {1Pl"Jlll'l"PS :Jllllt't'S :

,
LIVI\E II. - TITRE PRE11IER. - •
OEUXIE\IE PA.IITIE. - CIL\PITRE PRE't!IER
374
a) U11 plaidet1r i11tente 1111 prt)ccs par pur esprit ele cl1ica11e, u11iq11e-
n1ent er1 v11e de porter préj11clice Zt so11 aelversaire. Ou, ce e¡11i revie11t a11
111e111e, t111 eléfendcur résiste 111alicieuse111e11t, sans aucune raison plausible,
,\ une de111ande formée co11lre lui, <la11s le scul dessei11 tl'i111¡1oser a so11
créa11cier une perle de ter11ps et d'arg·ent (Ci,·., 29 jui11 1899,. D. Jl. 190:;.
1.r91, S. 99.1.409; 1,eq., 26déce111bre 1899, 1). P. 1900.r.126, S. 19or.r.3i'>3;
l,ec1., 1oja11vier 1910, 1). I>. 1911.1.370, S. 1912.1.r:iS).
11) U11 syndicat professio11nel ouvrier n1el 1111 patro11 en interclit da11s
une pensée ele 111alveillance 011 ele ,·e11g·ca11cG. 011, ir1versen1ent, u11
patro11 rcfuse el'en1baucl1er un 011,,ricr, ¡1ar celle seule raiso11 qu'il fait
parlie d'u11 s}·ndicat ouvrier et en vue ele nuire a ce sy11dical (Ci,·., 9 jui11
1896, D. P. 96.1.582, S. '97.1.25, note de l\I. Jay; Rei111s, 7 févricr 1900,
S. 1903.2.225, note de i\1. \\'al1l; 'l'rilJ. Borclca11x, 1!1 déce1í11Jre 1903, D. 1).
1906.1.113, S. 1905.2.17, note lle \l. l;Prro11).
c) l'11 11ro11riétaire fail des fo11illcs (111 lles constr11clior1s unic¡11er11e11l
e11 vue de g<1ner ou incon1n1oder son ,·,1isi11 (llaris, 2 décen1bre 1871, D.I>.
73.2.185. V. cep. Civ., 11 avril 1864, O. P. 6!,.1.:J.19, S. G4.1.1G5). ·
el) Cr1 critique i11st1re dans un con111te rc11el11 tl1étitr:1l_ eles a11prc'-cialio11s
clésobligea11les i11s11ir(\es par le seul elt'·si1· tl'oll'e11ser Pl de vexer l'a11lcur
<l'une ceuvre dra111atie1ue ('frilJ. Scine, , , f{,vricr rgo8, S. 1908.2.21~¡).
e) lin propriétaire l1{·rissc son lcrrai11 tl'é11or111es carcasses lle bois 111u11ies
ele lloinles et ele fils de fer LarLelés c11 vue d'e111pccl1er l'utilisatio11 d'1111
cl1a111p d'aviation voisin en y rendar1l Jlérilleux l'atterrissage eles a<'.•ropla11rs
('l'rib. Con1piegne, rn février 1!¡1:3, D. Jl. 191:l.:1.17¡, note ele :\I. Jossera11ll).
On le ren1arc111era: ce r111e les elécisio11s 11r{~cill'Cs r{11ri111e11l a,·ec raiso11, ce

11'cst pas le fail, er1Yisagé e11 soi, lle 11,11irc ,'¡ a11lrui. 011 l'a 1lil ayee raiso11.
« toule action, loul Lravail cst 1111 fai t de conc11rrc11cc éco11on1iq11c et so-
ciale )>. Distancer ses concurrents, c11 lrion1¡Jl1er, c'esl leur 11uirc. l~t ric11
11'csl plus licite fJIIC la co11c11rrence, rie11 11'est 111e111e Jllus indis¡1r11salJlc a11
progres da11s toules les lJ1-.111cl1es tic l'acti,ilé l1111nai11{'. :\lais, si ce 11·esl 11as
a
une faulc ele r111ire a11lrui c11 1ici11rs11i,a11l S(Jll pro1lrc ir1tér1~t, il en ,a 1lif-
fére111111enl lorsql1'on 11uit á a11lr11i sa11s i11/ér1:l et 1111ir¡11.e111er¡I po11r 1111ire.
Da11s cecas, il J a a]J11s du elroil, il y a délil c~il. Cclle sol11lio11 rés11lte
cl1cz 11ous eles llri11ci¡Jcs g(\11i'·ra11x tl11 l>roil. :\illc11rs, Pile a {:tó 1!x¡ircssó111c11l
co11sacréc ¡Jar des tcxles Jl(Jsitifs. (;·c:--1 le cas (!u (:1>clc ci,il alle111a111l
(art. 2'.!Ü el s.).
U. Acles (1ccon1.¡ilis sans 1i1ie rlilir¡,•11cc s11J'fisa11/c. - I><JUr <111'il y ail
alJ11s <lu Droit, il 11'csl 111c111c 11as i11dis¡le11salJl<i (¡11'<>11 re11cor1lrc cl1ez l'a11lc11r
<111 préj11clice ¡1(>rlé ¡'¡ a11lr11i l'i11lPr1ti,n111!' 1111irr, I°l111i111tts 11uce111li. 11 suflil
q11'011 ¡1uissc rele,er dans sn cond11iln J'absnncn <les ¡)r/·ca11lio11s (Jtlc la
J)ruder1cc cl'u11 l1<>111111e all<Htlif nl <liligcnt l11i a11rail i11s1iir<'•cs. J)',111 les
sol u I ious ci a1,r<'is:
a) l,e )(¡11age ele services, 011 C(>lllrat. 1ln l1·avail, l'ail s1111s ,léle1·111i11alio11
,le rlttrée. pe11l l<JUj<Jurs ccsser Jlar la v<ilonlii <1'1111<! dns ¡iarl.i(:S c<>11lraclanlPs
(art. 1780, (;. ci,.). l,'cxcrcice <IP ce llrt>il ,le ri'·silialiu11 11n ,a ¡ias 11'aillc11rs
sar1s causrr parl'ois 1111 el(i1n111age 1'1 a11lr11i. 11 Psi. l1ic11 {,vid,!111, Jlar <'X(•111¡)l<'.
, ,
DELITS ET QUASI-DELITS

fJUe l'ouvrier ot1 e111¡)loyé congécli{· co11rt le risqt1c de ne l)as retrouver


i111n1édiate1r1e11t 1u1e l)lace. i'\lais c'est la la conséque11ce i11éluctal)le d11 llroit
lui-111eme. En principe clo11c, la résiliation du contrat 11e ¡)eut exposer son
auteur a a11cune inden1nité. Cepcndant en certains cas l'exercice du droit
peut clégé11érer en abus; il peul clevenir u11e fautc el do11ner lieu des a
clon1n1agcs-i11lér<\ts. 11 en cst ai11si lorsc111c la parlie q11i donne congé a
l'aulre, le fait pour u11 n10Lif i1iacceplable, l)our u11e cause i11juste. Ainsi,
par exe111¡1le, un chef cl'e11 lre¡Jrise congédie un 011vrier, parce q11'il est
:a;yndic1ué, parce c1u'il esl cancliclal a t1ne élection politi,¡ue, parce qu'il a été
alJsent un ou deux jours pour cause de n1aladie; ot1 e11core, il le cor1g·édie
IJrusquen1ent, alors qu'il l'a fait venir d'une autre Yille, en lt1i prc;in1ettant
un en1ploi sla]Jle. Dans to11tes ces l1ypotl1cses, le patron ¡1eut etre cor1clamné
a des clo111111ages-intérels. 11 a exercé son clroit certes e11 co11gécliant l'ou-
vrier, n1ais il l'a fait sa11s les 111énage111ents et l'alte11tio11 que la JJr11dence
a
auraiL ins¡)irés 1111 l1on1n1e sot1cieux de ne pas nuire i11jt1ste111ent /1 at1trui.
,.
La jurisprude11ce a fail plusieurs fois application de cette iclée que la loi
cl11 27 clécemlJrc 18\Jo a 111ise e11 lu111icre en introduisa11t dans l'arlicle 1780,
entre autres clis¡)ositio11s nouvelles, 11n ali11éa ainsi con<;11: tt ••• La résilii¡1.-
tio11 du contrat par la volonté <l'un set1l des contracta11ts pe1it clo1i1ier licu c1,
des clo11i111ogcs-iritérets. n Eta11t clonné que le droit ele rupt.11re u11ilatérale d11
contrat ele lravail est consacré par les cleux pre111iers ali11éas d11 111e1r1e arti-
cle 1780, on peut clire c1ue le troisieme est une co11sécration législative for-
,\
1nelle d11 sysle111e de l'alJus clu Droit.
IJ) E11 111atíere de lro1•a11x JJllblics, le Cor1seil cl'Etat clécic1e q11e l'ad-
111i11istratio11 est responsable du do111111ag·e qt1e l'exéc11tio11 <les trava11x
cause a11x propri<\taircs riYcrai11s, lorsque le travail clt'>passc, 11 raiso11 ele
son objel el de so11 i1111)orla11ce, ceux qui auraienl l)ll etre efl'ectués ¡Jar des
propriétaircs Yoisir1s e11 vertu de l'exercice normal de le11r <lroit ele propriété,
traYaux aux ir1conYénie11ts clesr1uels les riverains devaie11t loujours s'atten-
\,_
·,
d re (\i. C. cl'Etal, 11 1nai 1883, l). P. 8!1.3.r21, S. 85.3.25 ; 5 1nai 1893,
D. l>. !){1.:1.49, S. 95.3.1, note <le 1\1. Jlaurio11; 16 noverr1bre 1900, ]). J>. 1902.
5.G87, S. 190:{.3.3!1: :18 déce111lJre 1!)00, D. I>. 1902.5.G92, S. 1903.3.Gg). .'
c) l,'c,n pLJi de 1•oies el' e.céc1tlio11. ¡1articuliere111e11t rigo11reuses par u-n •1 '

créa11cier co11lrc son dólJilc11r ¡1e11L co11stitucr aussi un al>us clu droit, lors- '
'
'j

c111c ces 111cs11rcs so11l en di s11roporli 011 manifes~e avec le IJu L a atteir1drc.
Ai11si, le baillenr c111i, ¡1011r une ,[elle cn,ileslée, opere 1111c saisie-gagerie sur
le 1n0Lilier clu locnlaire et paralysn 11ar la ses ail'aires, s'expose .'t 11ayer une
in<le11111ité (Lyo11, 2:, mai 1uoG, 1>. [<'. 1907.2.25G).
11 est tle 111<11110 tl11 cróancier c¡t1i, ¡Jour c1uelc111cs francs clus ¡1ar 11n <lé-
l)i Le11r, cl'ailleurs alióné, ¡1raLiq11e uue saisie s11r le })atri111oir1e i1111nobilier
de celui-ci ( 'l'rib. l\elhel, 8 j 11 i lí 19of1, D. ¡>. 1907. :,. . r 9~¡).
'1 ' •'

Hypothese tlu détournement de pouvoirs. - On ¡1eul ra¡Jprocl1cr lle


cel.te j11ris1Jr11d1111cc s11r l'rtfitis <lu (lroit cclle du (:011seil ll']~lal•
relative laa
mati<\rc cln l 'e:,:ces 01t 1l11Lo1tr11c1nc11 t tle JJOtivoirs. l,e fa i l., ¡,ar 1111 acl111 in i:-tra-
tcur, <l'uscr eles po11voirs <[tle lui co11fóre la loi clans 1111 b11t anlre tJ11e celui

.
LIYIIE 11. · - 'flTRE PRE~IIEI\, - '
DEUXIE11E P,\llTIE. - CH.-\PITRE PHE)IIEI\

e11 ,·ue lluc1uel ils lui ont été attrilJ11és. conslitue u11e fa11te dont réJJaratio11
e:-t. tlue ;\ ceux auxquels un dor11mage a été ca11sé (V. nota111111e11t ¡Jro¡Jos a
eles arrelés des n1aires relalifs a
l'e111ploi eles sonneries de clocl1es eles
ég·lises pour an11oncer des obseques civiles, Cons. d'Etat, 12 j11illet 1912.
S. I()13.3.1G!)).

sr,:c1'1ox 111. - REsPo:xsAnILITÉ ni: F.\IT 1>'.\uTlll'I ET nu FArT )}Es cHo:-Es.

Celte responsa)Jilité, no11s l'avo11s vu, est inclépendantc el'11n j(1it ¡Jerso11-
a
11cl de l'i11téressé.Elle est encourue ¡Jar lui raison d'un ¡Jréjudice ca11sé ¡Jar
1111e aulre 1Jersonne, 011 par une cl1ose dont il cloit ré¡Jo1icl1·e. Et ce c¡11i ex1Jli-
a
q11c cetle solutio11, c'est une présom¡Jtio,i ele fa1lle c1ue la loi 111et la cl1arg·e
du responsable, faute consistant dans 1111 d1{fa11l 1/e stirveillc1,1ce ou da11s u1r
111a11vais clioix.

§ l. - Re~ponsablllté d11 falt d'aut1•11l .


.<\rt. 1384: << On est respor1salJlc, non se11len1ent clu clor11111age c1ue !'011
cause ¡1ar son propre fait, mais encore de cel11i c1ui <)St ca11sé ¡1ar le fail eles
personnes dont 011 doit répondre 011 eles cl1oses c111e l'on a sous sa garclc.
Le ¡Jere; et la rr1ere apr<':s le déct'.S cl11 111ari, sont responsables cl11 do111111ag<'
causé par le11rs enfanls mineurs l1abitanl avcc c11x ; - Les r11ailrcs el les
co111111ellants, du dom111age causé ¡Jar leurs do111cst iq11es et préposés rla11s le,-;
for1clio11s auxquelles .ils les 011t employés ; - Les institute11rs el les arlisa11s,
du clon1111age ca11sé par leurs éle,,es et apprenlis penclant le lc111¡Js c¡ti'ils s011I
sous leur sur,,eillancc. - La respo11sa)Jilité ci-dcss11s a lieu il 111oi11s qt1e les

IJL•rc el n1cre, instituleurs et artisa11s, 11e JJro11vc11t c1u'ils 11'011t p11 c111¡Jecl1rr
a
le fait qui donne lieu cette respo11sabili Lé.
(llinsi com¡Jlél11 par la loi dtl 20 j1lillet 1899.) Toulefois la rcs¡Jo11salJilil,:
civilc tle J'Elal csl s11)Jstil11Óe ti ccllc eles 111en1l1res ele l'Enscignc111c11l ¡111!1lic. ,1
.
Fondement et caracteres généraux de cette responsabilité. -- ,\cl-
mise couramn1ent da11s notre ancie11 l)roil (,\rgo11, J1•slil1tlio11s, 111, :1!l;
J>otl1ier, Obligalio11s, 1:i 1. /153 il t,Go), la regle ci-cless11s a <~l('. for11111l1\1 sans
disc11ssio11 e11 180/1.
t( Ce11xa qui cetle responsaliilitó est i111pc1sÓ1', (!isail 'l'rcill1arcl lla11s l'J,'.1;-
¡iosi1 <les 111olifs (Locré, l. XIII, p. 31, 32), 011!. ;\ s'i111¡Juler po11r le 1noi11s, les
1111s tic la faiblesse, les a11lres li11 111a11vais choix, l<>11s ele la nóglige11rc, l1e11-
re11x c11core si leur co11science 11e le11r reprocl1c ¡1as cl'avciir clo1111é ele 111au-
vais pri11cipcs el de pl11s n1a11vais exe111ples. n
.<\ quoi 'l'reilhartl ajoutait celte sec1J11<le cc>nsid{'.rati<JII 111cJi11s prolJanlP,
qt1c presq11e to11jo11rs le co11palJle sera sa11s rcsso11rccs el l1ors cl'élal cl'i11-
drm.11iser la ,·icli111e. 1c La res¡1onsal>ilit{1 <les ¡1('.re el 1ni'·rP, eles i11slil11lc11rs.
eles 111ailrcs esl tl<J11c 11ne gara11lie, Pl S<H1ve11l la se11le, ele la r{•¡1aratio11 <lrs
rlom111ages. n
La clis¡1osili1111 <le l'article 138/1 clc1n11() lic11 a11x 1)IJservatio11s gt'·11{•rales
.
c1-apres ' :

• •
DELITS ET <¿C:.\:-1-l)ELITS

1° La responsabilité €lt1 fait cl'autrui c:<t ¡)urc111ent civile; elle 11e Pise que
la réparatio,i llli llo11111iage caiisé aux tiers. Les peines q11i pe11ve11t etre ¡Jro-
no11cées a la suite ele l'acte do1nn1agea!Jlc, ne frappent que le coupa)Jle l11i-
111eme. non ccl11i qui cloit veiller sur lui. Elles sont rigoureuse1nent person-
nelles.
Cela se co111¡Jre11cl aisément pour les JJei11es COt]JOrelles ; 111ais il i111portc
<le faire rcn1arc1ucr crue la 111e111e regle s'a¡1¡Jliq11e, sauf certaincs cxccptions,
aux peines IJ<"c11niaires, c'est-a-dire it l 'a111er1de ( Cri111., 4 février r 898, D. J>.
fl!),J.tj8{¡, S. 99.r.198).
:iº L'én11111t\ratio11 de l'article 1384 est i11co11testable111ent liniilalive, car
ce texte dérog·e au Droit con1n1un e11 éta]Jlissant des ¡Jréson1ptions de
faute . .1\insi, il est certain que le ,nari 11'est ¡Jas responsable eles don1111ages
causés par sa fe111n1e (Req., 21 octolJre 1901, D. P. 1901.1.524, S. 1902.1.
32; Nancy, 8 11ovembre 1902, D. P. l!JOG.2.297, S. 1904.2.241);
3º Cetle responsalJilité 11e s11pprin1e ¡Jas celle du coupalJle l11i-111en1e,
laquelle est encourue du n10111e11t que ce cottfJable, notar11111e11t l'er1fa11t, est
en fait ca¡JalJle de discerne111ent. Mais 011 co111prer1d que l'action e11 clon1-
r11ages-ir1térets clirig·ée contre l'enfant, le clo111estique, le préposé ou l'ap-
}Jre11ti ne co11stil11era da11s la plu¡Jart eles cas c1u'une gara11tie illusoire, si le
coupable ne ¡Jossede ríen.
{¡ 0 Les l1ypot\1eses ele respo11sabilité clu fait d'a11trui se divise11t e11 tleux.
groupes, Sl1ivar1t le plus ou n1oins de force de la préson1ption ele faule qui
l11i sert ele fo11cle1nent. Les ¡Jersonnes co1r1¡Jrises tlans le JJreniie,- gl'oupe, i1
savoir les JJel'e et 111ere, les i,istituteurs et les artisrt1is, peuvent comlJaltre la
préso111ptio111Jar lapreuve co1ilraú·e, en dé111ontrant,dit l'article 1384, qu'elles
(< r1'011t pu e1111J<'cher le fait qui do1111e lic11 á lel1r responsabilité n, dén1ons-

tration c¡u'elles ¡Jeuve11t faire par to11s les 111oyens possilJles. 1\11 co11traire, . '

celles d11 scco11,l g·roupe, it savoir les ,nalt,-es et co1n111ella1ils, ne sor1L ¡Jas
autorisées it co111lJattre la ¡Jréson1ptio11. I~e11r responsabilité est irréfraga)Jle.
C'est dire q11'e11 ce q11i les concer11e, le systén1e de la présomJJlio,i de Jaute
absolue consacrú J>ar le C:o,le produil alJsol11n1ent les n11'\111es résultals c¡u'un.
• systen1e de res¡ionsalJili t.t'· légale et objeclil'c .

1, - Premiet' groupe: Responsables autorisés a combattre


la présomption.
Reprenons succcssiyc111enl. chac1111c tics ¡ierson11es con1¡irises dans ccllc
• •
serte.
• •

1° Les pere et mere. --- La reSJ)Ollsal>ili té des })Cl'C et 111ere,fo11clée sur le


<ievoir 1\e s11rveillance 11ue leur i,n¡Jose la ¡111issa11ce ¡Jaler11clle, esl déli111itt'·e
¡Jar les co11tlit.io11s s11iva11les :
.f\.. - 11 l'a11L, JJOIII' <¡u'elle ait lieu, c1ue l'e11fa11t soil 111i1teul'.
)!. - 11 l'aul 1¡11'il habite avec les pt'~re el 1111'.rc.
C. - l~a res1Jo11saliilit{: ne pese 1¡11e sur celui eles ¡iare11Ls r¡11i a la yarde
,le l'e11f1t11I.
1\. llfi1to!'il1 1 ,le l'c11j'1L1tl. - J,es ¡1are11ls sonl res¡1011sa!Jles 1lu don1111ag·e


LIVRE II. - TITRE PREl\llER. - '
DEUXIEl\iE l' ..\RTIE. - CH.\.PITI\E PRE1"l1ER

cal1sé par l'enfa11t 111inet1r, 111en1e s'il n'a pas er1core atteint l'1ig·e ele raiso11,
s'il est dans I'i11Ja11tict, n1e111e s'il est en élat el'c1lié1iatiori me11tale et a ag·i
<lans u11 111orr1er1t cl'i11co11scie11ce. En efl'et le. défa11t de disccrnen1e11t, s'il
en1pecl1e l'actc domn1ageable ele constituer un clélit en ce qiii co11cer1ie son.
1t1ileltr, 11e couvre pas la faule co111n1isc par les¡Jare,ils qui auraicnl pu c111pe-
cl1er le fait clomn1agealJle par 11ne st1rveillance attenti,·e.
La responsa]Jilité prr11d fin al1 n1on1er1t ele la n1ajorité ou ele l'é111anci¡1a-
tion. t:n ell'et, l'er1fant majel1r ou érnancipé ccsse cl'etre sot1s la pt1issance
¡Jaler11elle et, par co11s{c¡ue11l, sous la elireclio11 ele ses parents; 111ailre clr
sa personne, il rt'•pond seul désor111ais ele ses actes. Le fait q11'il contir111erai l
• cl'l1abiter avec ses ¡Jarents, ne prolongerait pas la responsalJilité de ceux-ci .
Et il en serait air1si meme s'il était aliéné, car l'article 1384 n'étalJlit pas
a
de préso111ption de faute l'égard du gardien ele l'aliéné . .J,es parents ne se-
raier1t done tenus, en pareil cas, que elar1s les _Lern1es des articles 1382 et
, 383, c'est-a-dire si l'on pro11,·ait c¡u'ils ont co111111is une faute ele s11rveil-
lance (Cl1a111lJéry, 6 fé,·rier 1874, D. J. G. S. Respo11sabilité, 719, S., 75.2.
178; lleq., ,4 111ai 1866, )). 11 . G7. 1.2n(i, s. 66. I .237).
13. Ilabitatio1i 1/e l'e11fa11t al'ec les ¡1r1re11fs. - c·est la le cas ordi naire,
a
car la loi oblige l'enfant rnir1eur l1a)Jiler cl1ez ses pare11ls (art. 374). (Jua11cl
<.lonc l.a garde ele l'enfa11t est co11fiée, soit ¡Jar les tribunaux (e11 cas de cli-
vorce, de séparation de corps ou de déchéance de la 1J11issance ¡Jater11elle),
soit par les parents eux-n1en1es, a
une tierce personne, la responsabilité
tics pere et n1ere n'exisle plus. Par exemple, si l'enfant a été ¡Jlacé e11 per1-
sion 011 en appreniissage, ou co111n1e comn1is, e111plo)·é, ou ouvrier dans
un établissemer1t incll1striel ou co111n1ercial, ou enfin con1111e clotnP-slique
• elans l1ne n1aison étrangere, c'est le n1aitrc de ¡Je11sio11, l'arlisan, le patron
(¡11i clevienl respor1sable des d{·lits <le l'er1fant (art. 138!1, al. 3 <il /1).
;\'ous verrons de meme que l'ir1stitute11r est resp<Jrtsa)Jle pencla11t les
a
l1e11res <¡11e l'enfant passe l'école; et tlans ce cas, celte responsabilíté ne
s'ajoule pas ¡\ celle el11 pcre, mais la re111place. E11 ell'et, les pare11ls ne
pe11ver1t JJas sl1rveiller le11r er1fant pe11da11t c¡u'il est confit'· 11 l'i11sti L11te11r
(I>a11, 2 juillet 18!)8, S. !)9.:1. 137. nt,te ele \f. E. Perrea11; J(or1L11cllier, :11 oc-
tolJre l!)08, S. l!J08.:i.'.!9(i; 1\lger, ,•• d1'ce111)Jre 1no2, S. 19<>!1.:>.. 1:>.). (J11e si
l'e11fa11t {tait cor1fié :\ ses grands-parc11ls, 1111 ¡ilac<\ 1'1 la car11pagnc cl1ez tl<)S
i'•trangcrs, po11r y <~Lrc {·lc,·é ot, y JJassPr c¡11elc¡11es 111ois, la rcsponsalJilité
<les pare11ls cesscrai l aussi ; 11,ais il csl 11 re111arc¡uer <¡11'011 ¡iareil cas, cellc
rcspo11salJilité 11c scrait Jlas rcn1¡>lact'-c llªr ccllc des asce11da11ls 011 1111 gar-
<lic11, le Lcxle <IP l'arliclc 1:)84 11e les c<J111pre11a11l fJas.
,\u s11rplus, il ¡Jeul arrivcr c¡11c le d1'lit co111111is par l'c11fa11t placi'.• l1ors cl11
1lr>r11icilc 1le ses pare11ts soit la co11séc¡uc11cc eles n1al1vais ex<)n11>lcs c¡n'il
aYail rcc;11s cl1ez ce11x-ci. 1<~11 pareil cas. la Yictirr1e d11 clt')lit ¡>ol1rrait s'cll'orcer
<le pro11vcr la rclaticn1 <le ca11sc a rll'ct 1¡11i Pxistcrail er1lre l'acte d<Jn1n1agea-
lJlc el l<)S 111a11vais nxP111pl<'s <101111{,s par les Jlarnnls. J,11 11uesli1n1 se tr<i11vn-
ra1·t a1ns1
. . posee ' sur 1<' 1err11111 . 1n , .,''8 :i. l'•,t. 1es Lr1·¡ ,1111a11x 11 'I1es1te11
. <1e 1· a1•l1c ' . l
pasa co11da11111cr les parnnt.s ;'¡ la r<',parali<>IJ eles <lí,lits co111111is llar l'cnfar1L
habila11t loin el'e11x, lorsc¡11c le ra1JJ>c1rt clirecl e11lre le f'ail, et la 1na11vaise
• •
DELITS ET QUASI-DELITS

éclucation est prouvé (Ag·e11, 2:) jui11 1869, D. P. 70.2.223; S. (i9.2.:>.5J;


Dijon, 19 février 1875, J). J>. 7G.2.70, S. 75.2.81).
C. Garlle ele l'e11Jo1il. - Lorsque l'enfant a to11t á Ia fois ses p(~re et 111ere,
la rcs1Jo11sabilité pi·sr) 1111icr11en1er1t s11r celui des deux qui asa garde. En
cor1séc1uer1cc, pe11dant le 1nariag·e, c'est le pi·re c1ui est responsa]Jle; la 1r1ere
ne le clevie11( qu'apri·s le décl's du 1,¿.re, oi1 clans le cas oú, ú la suite de
séparatio11 ele corps 011 ele divorce, elle a obte11u la g·arcle de l'enfa11t. 11 en
serait de r11r~n1e si. le p¿.re était abse11l, ou l1ors cl'1'.tat cl'exercer la sur-
veillance, par si1ite de dé111ence ou cl'e1111Jriso11neme11t. ' .
La res¡Jo11sa]Jilité ¡1ese de rrH\1ne sur les pere et 1r1ere naturels, suivant les
clisti11ctions éta]Jlies par l'article 383 clu Code civil.

Du mineur en tutelle. - Le t11teur a la garde et la surveillance d11 ¡Ju-


pille; il clevrait do11c elre assi111ilé aux l)()l'C et n1ere.
(~'était ce que déciclaicnt r1os anciens aule11rs (Poll1ier, Obligatio,is, 11° 121).
:\Iais l'article 1384 11e ¡Jarle ¡)as du tuteur, et '¡111'est ¡Jas per1nis d'e11 éte11-
clre le texte, ]Jicr1 c1ue pourtant rien ne justifie so11 sile11ce.
Cependant l1uelqt1es lois s¡Jécialcs ont assin1ilé' le tuteur aux p<'~re et
111<''.re pour la res1Jor1sabilité lles clélits r11rau:,;, foresliers, ele peche et de
chasse (Loi des 28 septen1J1re-6 octolJre 1791, titre 2, art. 7; Cocle fores-
tier, art. 20G; Loi du 15 avril 1829 s11r la 1Jecl1e fl11viale, art. 7/1; loi clu
3 n1ai 18!14 s11r la cl1asse, art. 28).,

2º Les instituteurs. - Les instit11teurs so11t res1Jonsables du don1n1age


causé par leurs éleves pendant le temps qii'ils s01it SOllS leLir s1irveillarice.
Ici, il faut se garder de con1111ettre 11ne confusio11 e11tre les so11rces di ver-
ses ele la rcspo11sabilité trós lo11rde r1ui pe11t ¡Jeser sur l'ir1stil11tcur.
'!'out d'abord, il peut sºagir d'un domrnage survenu c1 l'e1ifanl. A ce don1-
111age le texle de l'article 138!1 ne s'applique pas. S'il survient un acci-
clenl de ce genre (r11auvais état dn 111atériel, défectuosité de l'i11stallation,
irnpruclence lle l'instituteur lui-111en1e) l'i11stitute11r sera responsable dans
les ter111es du droiL corn11111n (art. 1382-1383); il f'audra done c¡11e 1'011 fasse
la ¡1renve lle sa fa11te (l\cq., ,.4 février 1909, D. I>. 1911.1.2!11 11ote ele / i ;

.\l. 'l'l1on1as, S. 1911.1./151). .


:\lais, e11 secou<l lieu (el. c'est ici c1ue s'aJJJ1lic111c l'art. 1384, al. 1), l'ir1s-
ti tuteur est respor1salJlc ele ¡,la,io <les do111111ages ca11sés JJctl' l' e11Jct1it.
La prir1ci1Jale a¡1¡ilicatio11 ele cctte seco11de cause de res¡101tsa]Jilité, la
plus grave des deux peut-etrc, se rcr1conlre ¡'¡ propos lles accide11!.s causés
aux enfants par leurs ca111aradcs. lci, l'i11slit11Leur est responsalJlc de plein
1lroit, u n1oi11s q11'il 11e ¡1ro11ve <¡u'il 11·a pn er111Jecl1cr le fait qui do11ne lie11
.\ r<~sponsaLilité, c'est-.\-dire rp1'il 11'a con11r1is a11c1111e 11égligc11ce dans le
<l(ivoir de s11rvcillance <111i l11i i11co111l1c, ce qni sera le cas, ¡)ar exe111¡)le, s'il
sºa¡.,rit d'1111 cou1> JJOrLÚ 11ar 1111 óleve ¡'¡ 1111 autrn, ~ans 1¡u'auc11ue clisc11ssio11
a
011 <{tH~r<•lle apparentc r1 'ait 1>er111is l'instit11te11r d'ir1Lerve11ir (J>aris, 31 r11ai
. '
189~, 1). (>. !):).:1,/1!)0, S.!)!)-'.>.. 1:)8 rul 110/0,111).
'i
1.c 111ot i11sti:t1tle1zr désig11e tous ce11x. <¡ni so11t cl1argé:; de I'éd11cation ou
t

' ..,
380 LIVRE II. - TITRE PRE)IIER. - '
DECXIE)IE l'.\.RTIE. - CH:\.PITRE PREllIER

ele l'i11struction cl'er1fants, e11 111e111e ten1ps c1t1e ele leur s11rveilla11ce : i11sti-
tuleurs, directeurs de pensior1nat, princi1)at1x ele collegcs, etc. (Cri111 ..
27 juin 1902, D. 1). 1908.1.540; Req., 9 juillet 1907, D. P. 1907.1.479,
s. 1908.1.76).
La jurisprudc11ce applique par analogie la 111e111e res¡)o11sa)Jilité aux clirec-
te11rs cl'l1ospices d'aliénés (Agen, 16 n1ars 1872, D. P. 72.2.153), 111ais 11011 at!
¡>réceplct1r r111i inslr11it l'enfar1t au do111icile ele ses pare11Ls. l)ans ce cas, la
surveillance de l'er1fant appartient at1x parents.
,\joulons cru'il i1111)orte peu que les e11fa11ts confiés aux instituteurs soie11t
11ii11e11,rs 01i ,nrljeurs. L'arlicle 1384 11e elisti11gue pas. Le devoir de surveil-
lance est le me111e.

Loi du 20 juillet 1899 substituant la responsabilité de l'Etat a


celle des membres de l'enseignement public.-- Les i11stituleurs pul>lics
ont loujours protesté contrc la lourde responsa)Jilité qt1e le Code fait l)eser
s11r eux,et conlre les co11da11111ations péc11niaires auxq11elles ils so11t en co11sé-
r111e11ce expos{:s. ,\ la suite d'11n j11ger11e11t fort rigo11rc11x du trill1111al civil
ele la Seine en clale el11 23 janvier 1892, juge111e11t i11fir1né d11 reste par u11
arret <le la Cour de Paris cl11 31 n1ai 1892 l}récité, ils s'aclressere11t a11 llarle-
111e11t •. L'instit11Let1r pul)lic, clirenl-ils, 11e peut cl1oisir 11i le local 01'1 il
enseigne, ni les {leves r1t1i l11i so11l envoy{·s, 11i les adjoir1ts investís ele la
s11rveillance. Il 11'est qt1't111 fonctionnaire cl1argé par l'J.=tat d'enseigner; c'est
done sur l'Etal el 11.on s11r lui c¡u'il fa11t faire ¡Jeser la préso1111}Lio11 ele fat1le
éd ict<\e par l 'art.icle 1384.
a
La loi dt1 :io j11illet 1899 a satisfait ces reve11dicalio11s. l~lle a ajout{· i1

l'arlicle 138t, 1111 alinéa ai11si co11c;u: « La re:-;ponsal>ilité civile lle l'(,:tat esl
a
s11l>sliluée celle lles 111e111l>res (le l'e11scigr1e1r1e11t l}til)lic. >>
Ce¡}e11da11t celle loi a été loi11 ele caln1er les rócla1r1alions du cor11s e11sei-
g·11a11L, q11i s'est l>ie11 vite aperc;.u c¡t1'ellc r1e le protógeail pas entiórc111e11l.
I•:t, e11 ell'et, le l{·gislale.t1r de 18!)9, clésircux de r1e pas rel,lcl1er la s11rYeil-
la11ce ele l'i11slilt1Leur, 11'a l'ail c¡11c cl{·placer la 11réso111J}lio11 de fnule, c11 la
tra11s¡}orla11l a la cl1arge lle l'l~Lat. Si dr)nc le drin1111nge ca11~é 11ar l'c1¡fa11t
1}e11l etre atlrib11{: 11 1111 cl1•f'a11L lle s11rvcilla11ce llt1 111al lre. par cxe,n¡Jle, si
cel II i-ci s' esl i nd 11111c11t a]Jsc11 l.é, 011 11 'a 11as i11 Lcrcl i L 11n jc11 lla11gcrc11 x,
c'est lui qui der11eurc rcspo11sal>le cla11s les Ler111es ll11 l)roil. co111111u11.
L'inslil.11Le11r 11c11l clone (\tre aclici11né <~11 res1>011salJiliL{, 11ar les 1n1re11Ls de
l'c11fa11l l>less1\ á la cl1argc par e11x ele l)l'011ver la faule e111'ils l11i reprocl1e11t .
• , l)'autre J>arl, l'l~Lal lui-111e111c, llirecle111e11t aclio11nó 1iar les rc11r{,scr1la11ls
ele la vicli111c, co11serve so11 reco11rs co11l.rc l'i11lil11Lc11r e¡11i at1rail co111r11is
t111e l'a11le perso1111elle (l\e<¡., 1g 111ai 190n, 1). ll. 1!¡10.1 .~¡, S. •!111.1.4'1!),
11ote lle :\l. Cl1ar111011l).
l•:11fi11 el e11 1lcrnicr liet1, il résultc lles ll1·claralio11s f'ailes a11 co11rs llPs
Lrava11x pró¡>arall>ircs, c¡ue la s11l>slil11l.irJ11 lle l'J~Lat. ¡'¡ l'i11slil11Ln11r 11'a lie11
l¡ue ¡1e11ela11L les l1e11res 01'1 la leli scolaire })lace les ü11fanls so11s la s11rveil-
lance (le cel11i-ci. l•:11 (lel1cirs ele ces l1e•11rcs, le ¡Jri11ci¡H' ele· l'arlicle 138'1,
alinéas t, el :i, subsiste sa11s alt.é1111alio11 (13ortle,111x, 1:{ 11ove111l)r<i 1!)11, S.

,
{

, ,
DELITS ET QU.\.SI-I)ELITS 38r
. ,
1912.2.199). Par exen11)le, t111 clirecteur d'école prin1aire s111)ériet1re, q11i a
org·anisé ur1 pe11sion11at, est seul respor1sal)le d'ur1 acciclent surve11t1 t111 a
éleve interne at1 1110111ent du coucl1er par la faute d'un de ses ca111arades.
Si Oil ajot1Le a ces l1y1)oll1eses la responsa)Jilité de droit co1111r111r1 qui l)CSe
sur l'instituleur, 11ous l'avons vu, aucas d'accidents st1rvenus el leurs éleves,
responsal)ilité a
laquelle la loi de 1809 n'ap¡)orle auc1111 ado11cisse1r1ent, or1
co111pre11cl que les 111e111)Jres de l'cnseig·nement p11l)lic p11issc11t s'inc111iétcr
et se ¡)lai11dre des risques résullant 1)011r eux d'u11e profession tres i11s11f-
flsan1111e11L ré111unérée.
011 aura ren1arqué que la loi ele 1899 ,ne s'ap¡Jlique qu'a1ix me,nbres ele
a
l'e11seig1ieme1it public, et non cet1x ele l'enseig11en1ent ¡)rivé. L'Etat ne sat1- •
rait ctre, er1 effet, responsalJle c¡11c ele ses fonctionnaires. Pour les écoles
privées, le texte du Code ci,il n'est pas 111odiflé. E11 revancl1e, la loi s'ap-
a
plic¡t1e tous les 111en1lJres de l'enseig11e111e11t pt1lJlic, sans a11cune distinctio11
(\F. note ele i\I. 'fl10111as, sous Bordcaux, r'r juin 1908, D. P. 1908.2.2!19).
3° Artisans. - Les arlisa11s s011t res¡Jo11salJ!es d11 clon1111age ca11sé par
leurs apprc11lis penda11t le ter11ps q11'ils s011t sous let1r surveilla11ce.
Ici encore il 11c s'agit que clu don1n1age causé par l'apprenti un tiers. a
a
Qua11t l'accident qui peut frappcr l'apprenti lt1i-n1e1ne, l'artisan en est
rcspo11sablc elans les tern1es de la loi dt1 9 avril 1898, ot1, s'il n'y esl pas
assujetti, daos cenx eles arlicles 1382 et 1383.

II. - Deuxieme groupe : Personnes contre lesquelles la loi crée


une présomption de faute irréfragable '.
Portée et origine de la regle relative aux maitres et commet-
tants. - Ce deuxie111e groupe co111prend les niailres el les con11nella1ils.
L'arlicle 1384, 3° al., déli111ite le cl1a111p de la lourde respo11sabilité qu'il
leur i111pose. Elle s'a1)plique at1 don1111age causé par leurs do111estiques et
pré1Josés da,is les fu1iclio1is auxquelles ils les 01il eni¡Jloyés.
Et cl'al)orcl, st1r c¡t1el fo11clc111e11l repose celte res¡Jonsal)iliLé rigoureuse :1
l,es réclacteurs du Cocle en 011t do11né cleux raisons : .
La 1)re11,it~L·e, c'cst la fau Le 1)résun1ée co111111isc clar1s le clroix d11 clo111es-
a
tic111c• 011 cl11 ¡)ré¡)osé. <e Le 111aitre r1'a-L-il ¡)as se re¡)rocl1er d'avoir dor111<\
sa co111ia11ce it llcs l10111111es 111écha11Ls, 111alaclroils 011 i111pr11clenls », clisaiL
l\crlra11cl cln (;re11ille cla11s son rapporl a11 'l'rilJ1111at (l<'encl, t. Xlll, 1), /¡'.l) ~ e< JI
11c serail J)US j11slc 1¡11e cl,~s liers ele111e11rassc11l vicli111e:- ele la corrllance i11-
co11sicléróe d11 n1ailre, <111i esl la cause pre1r1iere, la vérilal)lc source cl11
llo1111nage lJu'ils épro11ve11l. ii 1,a seco11cle raison, c'esl que le r11ailre 011 Je
co111111ella11l esl ¡Jrc'·su1r1ú avoir nial surveillé s011 do1r1csliquc ou 1iré¡)osó.
,1ais ¡)011rq11oi i11Lerclire ici aux. rcsponsa]Jlcs du fait d'at1Lrui le droit de
11ro11vcr (¡11'ils se sonl co11dnils en l10111111es dilig<\11!.s et 11'011l p11 er11p1~cl1er
le do111111agc :l I,e JH·ojel 1iri1r1il.if les a11torisait h faire cetle preu,e. C'est i1
la suite des ol)servaLions clu 'frilJ11naL c¡ue la regle acl11elle ful adoplc\e
·l. Voir Pianiol, 1~·111dP.s sur la responsabilité civile: responsabi/i[,J du [ait d'autrui, llcv.
crit., iUOU.
,

382 LIVI\E 11. - Tl1'RE l'REMIER. - '


DEUXIE~IE PARTIE. - Cll,\.PITHE l'HE\IIER

(V. Locró, t. XIII, p. 2!1-25). On a jugó q11'cntre la victin1c et le 111ailre, c'cst



l'intéret clu pren1ier q11i devait l'er11portcr. 11 est juste r¡ue le ,naitre SllJJ·
¡¡orle les cortséqz¿ences llo111mageables <les services llo,it il ¡>rojite. De cetle
eler11iere ol)servatio11, on pc11L etre te11tó de conclurc c¡nc l'itléc ele fa11lc 11e
joue plus ici qu'u11 r<ile appare11t. E11 ell'et, que sig11ifie une préso1111)tion de
fa11Le clo11t 011 ne pc11t se laYer ~ I~a notio11 de fa11tc ainsi con1prisc 11c sc111l1lc
\ plns c111'11r1 tron1pe-l'mil. La ,•raic !)ase el'1111e Lellc responsal1iliLé 11'est-elle
pas aille11rs ~ Ne faut-il pas la chercl1er clans l' idée lle risr¡ite, et liire c¡11c cel11i
c¡ui profile des scrvices du dor11cstie¡ue ou ele l'c1n¡1loyé est Lc1Íu eles consé-
quences de leurs acles, parce qu'il doit s11pporter les risc¡ues inl1érenls a
l'exercice de leur activité :l Pourtant, cette conceplion n'est pas c11tiere111e11t
adn1issiblc; e11 écartant l'idée de faute comr11ise da11s le cl1oix 011 la sur-
,-cillance, elle arri,-erait a élarg·ir, plus e¡ue 11c l'ont voul11 les r<'.elacleurs d11
Codc, le cl1amp de la responsabilité des 111ailres ·et con1n1etta11ts. l~lle co11d11i-

a
rait en effet décicler q11'ils sont resJ)onsal1les eles fautes ele lo11s ce11x c111'ils
f'0nt travailler. Or, cela r1c serail pas exact. car, ela11s la pc11séc ele~ r{·elacleurs
<111 Coele, l'arliclc 138!1 s11pposc q11e le traYail est cxécul{) ¡)ar lles })Crsor1-
11cs clioisies par le 11t(Ltlre et sous so1l co,ilrdle el srt llireclio,i. [,'i(lée de fa11tc
conti_11t1c done a réglcr l'application el'une dis1)ositio11 légale c1ui, i1 }lrcr11iere
vue, parait en faire u11c con1plcte al1~Lraclio11.
La solutio11 rigoureusc atlo¡)téc par le Codc 11'est ¡Jas ll'aillc11rs 1111c i11110-
vation de ses rétlaclc11rs. Elle étail eléjit aelo¡1Lí:e da11s 11otre anci<•n l)roit
(Don1at, Loix civiles, liv. I, Lit. :\VI, sect. 3, 11º , ; !lotl1icr, Co,ilr(il de loitoge,
,g3; Oblig1itio11s, 4J6). Ilou1jon (Droil co,111121111 de la Fra11cc, liY. 6, lit. 3,
• cl1. 1°', 11° 3) nous dit 11ota111111e11L <111e le Cl1titc1ct _ele I>aris déclarait le 111ai-
trc cl'11nc ,-oit11rc gara11t d11 fait ele so11 cocl1er. Et il fat1t recon11ailrc q11c
la solution traelilion11elle est, en son1n1c, cor1for111e i1 l'<'·quilt'. J•:Jle le
scrait cepenclant peut-etre 1lava11tagc, si 1'011 clistinguail entre le préposa11t
qt1i spécule Slll' le traoail d11 préposé, et le 111aitrc c¡ui se fait servir. 111ais
11e s¡1éc1lle ¡1as. llour Ie'prcrr1ior, la 1 sponsalJilité cst la conlrc-¡)arlie í•e¡ui-
tal>lc d11 profit; il en cst a11Lrc1r1c11L po111 le scc<111cl. Sa rcs11011sa}iili1<'~ 1le-
vrail elo11c 1)tre 1r1cJi11s rigo11rc11sc,i1 r11oir1s <111'011 110 co11sidt)fc q11c le 1r1ailre,
l11i a11ssi, tire un prolil (11011 pí~c11niairc, 111ais enc,,re appr<'.cia)Jle) 1l<'s ser-
vices d11 elomcstic¡11c, el c¡11e si, a¡Jrcs l<Jut, il 11'avait 1,as r111pl1lyt'· celui-ci,
1e el0111111agc 11 ' aura1·t ¡ias e't'e ca11se.•
()11oi c¡11'il 011 s,Jil, le Cocle civil allc111a11tl se 111011trc ici r1111111s só,t'·re 1¡uc
le 11<1lre. S011 arlicle 831, <¡11i ,\tal1lit une ¡lrÍ:sci111¡ilio11 analc1g·11,! i, cPiil' ,!1}
110Lre arliclc 138!1, ajot1te <{UC le <levoir de 1·í:parali<>t1 n'exisl<• ¡1l11s, si le
rr1aitrc a, soit c¡11ar1t a11 cl1oix <111 Jll'Ó{l<lSÍ), soil. 1¡11a11t a11x apriarl'ils 011 11sl.cr1-
silcs fo11r11is, soit c¡11a11t ;t la 1lircclio11 d11 travnil, ap1iorlé le soi11 exigó 1la11s
les rapporls 1l'usagc, 011 si le 1l<Jm111age, n1,~111c a su¡i1ic1scr <¡110 JlHl'<'il soirt
CUl etc < 11 ellCOl'C SC fll'(Jl1·
, , 1lflpür t'C, H\11'111·ti· 1111'().
IJ'arliclc 55 clt1 Codc suisse <les ()lilir¡nlio11s clo11ne la 1111~111c !-i<ilulicin :
« IJ' crrt ¡ilciyct1 r cst rcspo11sa IJle el II d<J 1111r1age ca u si· ¡>ar sps CfJ 111111 is, c111 ¡ilr, y/•s
ele }¡urca11 el ,.111Yricrs <la11s l'acco1nplissc1r1ent 1le l<'UI' lra,ail. s'il 11c pronvf'
q11'il a cr11¡>l(J}1' lo11s les st1i11s co111111a11elés ¡>ar les circonslances t>l>Ur <lé-
'
I

• •
DELITS ET QUASI-DELITS 383
Lourncr un do111n1age de ce genrc, ou que ,a diligence n'eCtt ¡)as e111pecl1{'.
le fail de se produire. n
Nous avo11s i1 examiner deu.x questio11s :
1° (_)11el esl le sens des n1ots domeslir¡ues el pré¡iosés ~
'.lº Dar1s quelle 111esure le 111aitrc ou le co111111ella11t esl-il responsable~

1º Sens des mots domestiques et préposés. - La res¡)onsalJiliL1'


1les n1a1tres et comn1etla11ls rc¡Josc sur u11c doublc icléc ele choix et ele siir-
veilla,ice.
11 en résulte r1ue l'article 138{1 110 s'applir1ue pas dans les cas ci-apres:
,\.- Une ¡)ersonne n'est pas res¡Jo11sable <lu clon1111ag·e causé J)ar cel!x qui,
Lravailla11t sous ses ordres, 11'onl pas été cepe11da11t non1n1és par elle leur a
emploi. 1\insi, un })rovise11r de lycée 11'est pas te11u d11 do111111age'causé 1Jar
les snrYcillanls ou le person11el de l 'établisscn1enl; u11 cl1ef de gare 11c l'esl
pas 110n ¡Jl11s ¡}es fautes des en1ployés.
B. - Une personne n·esl 1Jas responsa]Jle du do111111age causé par une a11trc
qni, lJie11 que travaillant pour so11 co111¡Jlc, 11'csl JJas ccpcncla11t placéc sous sa
surveillancc. 11 en est air1si clu cas ou u11 propriélairc fait exéculer u11 ou-
a
vrage l'er1lreprisc. L'cnlre¡Jrencur, ou l'ouvricr cl1argé du travail, est seul
lcnu de réparer les consécrucnces de ses fautcs (llcc1., {¡ février 1880, D. P.
80.1.392, S. 80.1.463; llau, 19 février 1901, S. 1~¡01.2.161).
Il en serail toutcfois autrc111c11t si le pro¡Jriótairc s'était réscrYé la direc-
lion el la surveillance du travail (Civ., 15 janvier 1889, D. P. 89. 1.{19, S.
89.1.74 ;· Rc<r., 4111ars 1903, S. 1903.. 1.471).
De rr1en1e. la person11c qui ¡)rend llOC voit11re ou une auton1obile de louage
¡iuur !'aire 1111e coursc ou u11c ¡Jron1e11ade, 11'est ¡Jas le co111111ellant du cocher
\ Cri111., 3o oclobre 1go:i, D. P. 1904.5.3g2, S. 1902. 1.5!1/1). Le locatairc, 11í
le fcr111ier 110 so11l lcs préposés du pro1Jriélairc (l\eq., 1:i jui11 1833, D. 1). 35.
1,4:12, S. 55.1.710; lleq., l!Jjanvier 1898, D. P. 98.1.175, S. 08,1.264).
1,'assislancc publique, 11'éta11t pas lc11r co111111elLa11t, 11'est lJas respo11sal)le
lles acles des n1édecir1s el cl1irurgicns !les l1t,¡iilaux ('frib. civ. Scine, 6 juil-
lcl l!)OÜ, 1). P. 190G.5.71, S. I!)0¡,2 .1:1: l)oiticrs, :i6 décc111bre 1802, D.1).
!):).2,:~l1!J, S. 93.2.103; l3orclcaux, G févricr 1900, 1). J). 1900.2.(170, S. 1909.
2.{19, a![ 1iolarn).
C. - J~r1li11, la juris1>r11clcr1cc tire !lu notro icléc cotlc tlcrnierc co11sér¡11er1cc
i 1nporta11Lc <JUC, si le pré1iosó se trouvc 1110111e11Lanó111c11t {)lacé so11s les or-
llres d'une auLrc 1lersor1r1c c¡ue so11 co111111ctla1tl, ce n·csL plus ccl11i-ci qui csL
• responsable, rnais bie11 la pcrsonne sous les orclrcs de laquellc csl placé lP
11réposé (Civ., 25 octobrc 188G, 1). I>. 8¡.1.2:15, S. 8¡.1.45¡; Crin1., :.ili ja11-
vicr 1()<>1, ]). J>. 1!10!1.1.15¡, S. 1!¡0:1,1.10!1; 11otes lle ~l. llauriou sous S. 93.
:).1 1:), S. 9"1.3.!1!J).

Dans quelle mesure le maitre ou le commettant est-il respon-


:1º
sable des actes du domestique ou préposé? - l>e11x conditions sor1t
11écessaircs JJOllr c¡11c Je 111ailrc ou le co111111cllanl soil rcs1>011sablc c11vcrs la
Vicli 1110,

··3s~
. .J LIVRE 11. - TITRE PRE)IIEI\. - -
DECXIE)IE P.>\.RTIE. - CIIAPITI\E PREMIER

,\. - Il fat1t que le préposé ait co111111is u11c faule.


B. - Il faul qu'il l'ait co111n1ise lla,is l'exercice de ses Jo1iclio11s.
,\. J<'aute du doniestique ou préposé. - La nécessité de celte pre111iere
conelilion ne saurait faire aucu11 elot1Le. Le patron n'est responsa)Jle que dans
les cas ou l'auteur du fait don1n1ageable l'est lui-n1e111e. Sa responsabilité
a
est st1bstituéc cellc du coupable.
B. J<'aule con11nise da,is l' exercice lles J 01tclio1ts. - I~a responsabili té
n'existe que si le do1nestic¡ue ou préposé a comn1is le fait don1111ageablc
per1dant qt1'il re111plissait son serYice. Elle cesse, si le fait a <ité co111111is en
a
clel1ors du service, 1111 111on1ent oi'1 l'auteur du don1111ag·e faisait un acte
,i11dépendant de sa qualité de do111estic1t1e ou préposé. "\insi, il est lJien évi-
•dent que le 111aitre ou le com111etta11L 11e sont pas tenus q.e, réparer le préj11-
clice causé par ur1 do111estiqt1e en congé, par un pré1José q11i, par exen1ple,
se trot1ve en parlie de cl1asse. ·
Quand, at1 contraire, le do111cstic¡11e 011 le préposé agit da11s l'excrcicc ele
· ses fonctions, le n1aitre est rcsponsa)Jle ele Loutes les fautcs par lt1i co111111i-
ses, alors 111c111e e1ue le cot1palJle a ag·i co11tre la d<ife11se for111elle du co111-
rneltant, el alors n1c1ne que l'acte 11e se raltacl1e pas elirecte111ent l'exer~a
•cice de ses fo11ctions. Ainsi, un lot1ct1r ele voiturcs est tenu dt1 fait de son
cocl1er qui s'est approprié des olJjcts ou]Jliés par u11 Yoyageur dans la voi-
ture qt1'il co11el11isait (París, 24 féYrier 1909. D. P. 1909.5.75). De n1eme,
le loucur serait responsalJle ele l'acciclent causé a
eles ¡Jersonnes que le
-cocl1er at1rait laissé r11onler da11s sa Yoitt1re par co111plaisance et sans ré11111-
néralion (llaris, 24 juin 1893, D. ii. 96.2.342 ; Cri111., 23 n1ars r907, D.
• JJ_ 1908.1.351 ), De mcr11e cnfi11, 1111e Co111pagnic de chen1ins de fer répo11d
eles faits ele co11Lrcl1ar1de C<>111111is 11ar ses e1111Jloyés, lorsc¡ue ceux-ci,
1>011r les acco11111lir, cH1t ab11sé eles facilités q11c lcur procurait le servicc
{lo11L ils étaicnt cl1argés (Lyon, ¡e• j11illcl 1872, D. 1i. 73.2.157, S. 73.2./1'.l;
Cri111., 22 111ars 1907, D: ¡i_ 1909.1.!,oG, S. 1907.1.473.

Recours du maitre, du commettant contre le domestique ou le


préposé. - l,c 111aitrc 011 le co111111clta11I. a i11co11lestalJlc11'.le11t ur1 rcco11rs
cor1trc l'aulc11r d11 f'ait cl<1111111agral1l<'. 1iourla11l, il e11 scrait autre111c11t da11s
le cas oi'1 C<' dcr11ier 11'a11rait fail <111'c)xc'cul.cr l'c>rclre f<Jr111cl cl11 ¡>rc111icr, car
la faulc rc1r1¡J11lc alc>rs a11 co111111clla11I, 11011 it l"exécula11I.. l'ar cxc111¡Jlc, 1111
111ailrc <Ion ne) 1'1 so11 chaufl"cur l'c1rclrc ele• ccJ11rl11irc /¡ 1111c vitcssc cxag·óréc. 1,<'
a
·111aitrc 11'a rie11 r{)cla111cr au cl1a11fl'c11r, en cas cl"accicle11L ca11sé par ccl11i-ci.
S'il y a cu J1tltle corn1111111e eles clc11x i11tércssés, co111111clla11L el Jll'é}lOSÓ, le
l.rib1111al rc'·1>arlira c11lre c11x le 111,>11la11l ele la rÓ}laralio11, suivanl la gravil.t':
'
eles l<lrls i111¡J11lalJlesit chac1111 (ll<:q., ·1'1 fc':vrier 188G, l). 11. 87.,.:1,, S. 8G.
1.!1Go; llaris, 21 111ars 191/1, (lc1::. ])a/.,,·• 111ai 191!1:.

Responsabilité pénale a raison de certains délits des domestiques


et préposés. - J,a rcs¡)c>11saliililc': eles 111ailres et co111111clla11ls cst c11 ¡>rin-
ci¡lc ¡i11rc111enl civilc. l 1011rla11l. 111H1s rc11c,>11lrcJ11s ici c¡uclc1ues tcxles <¡11i
fu11l cxcc11tio11 1\ la regle en ce r111i co11cer11c les a111c11clcs .

..

• •
IJELITS ET QUASI-DELITS 385
La loi tles 6-:>.:1 aot1l 1791, pot1r l'exécution d11 tarif eles clroits d'cr1tréc el
tlc sorlic dans les relatior1s du royaun1e avec l'étranger (litre 1:), art. :>.o), dt'!-
cide c¡ue les pro¡)riétaires des 1narcl1andises seront responsables civilen1c11l
clu fait ele leurs facteurs, agents, serYitcurs, dornesliq11cs,en ce qui co11cer11e
les clroits, confiscations, amendes et clépens (,-. égalc111c11t le décret du 4 ger-
111inal an 11, rclatif au Co1111nercc 111aritin1e et a11x l)ouar1es, tit. III, art. 8,
pou r les a 111e11des prononcéc~ co11 lrc les contl 11clci1rs eles r11cssagcries et
voiturcs J)11bliques). i\l<~n1e clisposition dans le décret clu r"· gcrn1inal
an XIII concernant les clroils réi1nis, art. 35; et enfin dans les articles !13 et
!16 du Code foreslicr de 1827, poi1r les délils foreslicrs qu'ils prévoier1t. Ces
textes peuvent s'explir1i1er l)nr cettc co11sidéralion c111e c'est l'a11tez~r res-
po,isable qui esl le vrai coii¡Jable ele l' i1ifraclio12.
a
S'e111para11t de cette idée,la jurispruelence l'a appliquée d'autres a111endes,
lorsq11'elle csti111c q11e l'oblig·ation in1posée par la loi et sanctionnée par
cctlc pénalit<'· inco1nbait au n1ailre lui-me111c, et qu'il aYait le devoir d'c11
ass11rcr l'cxécution. ,\insi, on décidc c1uc les cl1efs cl'c11lre1)rise so11t passibles
<le l'a1r1c11dc pour toute ir1fraclior1 a11x reglc111c11ts co11cer11ant l'exercice de
leur professio11, n1en1c quancl l'infractio11 a été co111rr1isc par un ele leurs
ouvriers ou préposés (Crim., :)o décen1JJre 1892 et 1?. 111ai 1893, D. t>. g[¡. r.
36[¡ et 95.1.?.!18, S. 94,1.201, note ele )l. "\'illey; Crim., 13 n1ars 1897, D. P.
97.1.566, S. 97.1.5[¡[¡).
]~11 ce qui co11cerne les i11fraclio11s at1x lois fiscales, les tribunaux appli-
qucnt la meme solutio11. :\fais dans cecas, ils la j11slifient par l'idée que
l'amer1de fiscale a le caracterc d'une incle111nité envers l'Etat (Voir égalc-
111cnt la jurisprude11ce du Conscil d'Etat pour les co11traventions de grande
voiric. (:011s. cl'Etat, 8 n1ai 1896, D. Il. 97.3./18, S. 97.3.r 13. note de
)l. llauriou).

- Bespo11sal,llité d11 f"alt des C!hoses.

()cc11po11s-11ous successiYe1r1e11l clu tlo1nr11agc causó: I. Par les anin1at1x.


11. l\1r les IJ,ili111ents et co11slructio11s. IIl. })ar. les cl1oses i11nni111écs en
, , l.
g·e11era

. l. - Responsabilité du dommage causé par les animaux .


.\rt. 138:-> :· <( Le pro¡Jri<~Lairc d'u11 a11i111al, 011 cclui f{Ui s'c11 sert, 1)cnda11t
<111'il cst tt so11 usage, csl rcspOf\sa!Jlc du clon1111agc CIIIC l'ar1i1nal a ca11s<'·,
soit c¡11e I'a11imal f1il sous sa gardc, soit q11'il ft1l ógaré 011 ócl1appé. »
J,'i11lerprótalion de ce Lexlc soul1~Yc r¡ualrc r¡11cslio11s :
1 ° Quel cst le for1cle111enl de ce Lle rcspo11sa]Jili té :1

~• l~st-elle s11sccplible de la prcuvc contraire ~


:\" IJuclles sont les J)Crson11cs snr q11i clic pi'·sc ~
11" Qucls sonl les a11i111a11x c¡ui y clonncnl lieu)

, º 1''0111le1ncnl lle la res¡io,tsalJililé. - Ici e11core, c'csl inco11LcstalJlcn1cnt


1111e 11r<'•so1111JLio11 de fat1Lc 1)rovc•uanl cl'ur1 clófaut de snrvcillancc. Les lravaux
¡iró¡)araloires 11e laissenl a11c1111 doulc sur ce poinl (V. f,ocré, t. XIII,¡). !13).
'l'o(ne 11 25
I


386 LIVllE Il. - 1·ITI\E l'RE~IIER. - DEUXIE~IE P \RTIE. - Cll.\l'ITRE PRE~IIEll

Et la 111eille11re preuYe q11e l'on ne se trou,·q JJas ici c11 ¡Jréser1ce cl'u11
rÍSlJllC de ¡1ro¡1riélé, co111n1e l'o11t 1Jréte11du les 1iarlisa11s de la responsalJilité
objecti,·e, c'est que la respo11salJilité de l'article 1385 pese non seulen1e11t
su1· le propriétaire, n1ais sur q11iconc1ue se sert de l'ar1i111al (V. 11otc de
M. LalJLé sous S. 86.2.H¡).
2º Ce lle présoni¡1lio11 de f a1tle esl-elle susceptible ele la preuue co,itrai,·e :1 -
Oui cerlaine111e11l, lJien que l'arlicle 1385 ne le dise pas expressé111ent. E11
etfet, e11 del1ors des cas visés par l'article 1352, al. 2, la force attacl1ée a 1111e
préso111ption légale n'est irréfragable q11'autant q11e la loi exclut ex¡Jress{i-
rnent la faculté de la détruire. co111mc le fait l'article 138!1 pour les n1aitres
et co1n111ettants.
Reste a savoir - et la est la difficulté - ce q11e, le défe11deur de,·ra
dé111ontrcr, po11r etre exortéré. La preuve q11i lui i11co1n!Je peut c11 effet avoir
deux objets ditl'érents. l)rouvera-t-il c¡u'il n'a coi111nis aucu11e fa11le, c·esl-a-
dire qu'il a surYeillé l'a11i111al ayee toule la dilig·ence requise? Ou IJien de-
a
vra-t-il établir le fait l11i étra11ger, la faute ele la victi1r1e 011 cl't111 tiers. 011
encorc le cas fortuit c¡t1i aurait été la cause de l'accide11t) Cetle seco11elc
preuve, pl11s précise, parta11t 1Jlt1s difficile a ad111inistrer, re11drait ¡ilt1s
rigoureuse la res1JonsalJiliLé du rnaitrc ele l'ani1r1al, car elle a!Joutirait tl
lui faii·c supporter tous les cas do11te11x, cc11x <la11s lesqt1els il n'est l)as
possible ele ¡Jrouver la cause i11itiale ele l'accicle11t.
C'est er1 favet1r ele la scco11de sol11tior1 que s'est prononcée la Co11r de cas-
salio11. Elle a n1ai11tes fois déclaré que la pr(~son1ption de faute 11c 1)e11l
céder q11e cleva11t la preuve soit cl'un cas fortuit, soit el'une fa11te co111n1ise
par la partie lésée ou JJar 11n tiers (Civ .. 27 oclolJre 1885, D. l'. 80.1.20¡,

S. 8G.1.:):); 11 111ars '!JO:l, D. ll. 190:1.1.:i,G, S. 190:l.1.309; '.l() r11ai l!JO'.l,
D. 1). 1903.1. 01!1, S.1902.1.310; :>. j11illet 190:1, 1). J). 1902.1.ti31, S. 1!)02.
1.4/18; :18 nove111l)rc 1uo4, D. l'. 1905.r.:15~. S. 1900.1.!188; Caen, 29octcilJrP
1912, (;a:. P11l., 22 ja11Yicr 191:1).
3° Q11elles so11! le.~ pcrsó1111es respo11s1tbles. - Ce s011t, cl'a¡Jres le Lcxle,
soil le pro¡Jriélaire ele l'ar1in1al, soit cclui <¡ui s'c11 scrt pcnda11t q11c l'ar1i-
mal esl .\ so11 11sage. Co111111c11l cnte11clre ces 1111)ls: H Ccl11i <tui s'cn serl n ~
l)'a¡Jres la j11rispruclc11ce ils d1\sig·11c11l :
A. - 'l'ot1le ¡icrsc11111c r¡11i a le elr(1ÍL clr se servir ele l'a11i111al po11r :,;1¡11
11sagc JJers<J11nel: co1111r1odalaire, localairc, usagrr, ele. ((irenolJle, 11 111ai
18!¡8, l). l). !)U-2,2:)~).
]!. - 'fo11le JJcrsci1111c (¡11i, par sa 1irofessio11, rcc;rJil eles a11i111aux en ga.r1le,
Lic11 q11'cllc ne se srrve pas tt ¡irc11ire111e11l 1)arlcr ele ces a11i1r1aux, co111111e
le vétóri11aire, le r11ari·cl1al-f'erranl, l'a11IJergisle, ele. (\'. cc¡i. llor1rges,
19 11ove111!Jre 1900, S. 1¡¡01.1.G).
C - L'entre¡irc11c11r ele clélJarc1ue111c11l cl1argó de elü}Jar<¡ttflr <les IJcstia11x
cl't1n ,vago11 el ele les C()neluirc ¡\ 1111 e11clr11il dt':lcr111i11{: (<~iv., :>. n1ai 1911,
D. I'. l!)Il.l.:)<i7, s. 191:).1.11).
1\ c111el 1110111e11l, la res1ic)11saliilit{: 1111 llci1111r1agc ca11sé J>ar l'a11i111al passe-
t-elle cl11 ¡)ropriélaire ;\ cel11i <Jlli s'e11 scrt :1 l,a 1¡t1eslio11 clé¡1c11ll eles circo11s-
. ,
l)ELITS ET QUASI-DELITS

ta11ces ele fai t de cl1ac1t1c es pece (V. Ci v., 19 janvier I g I o, D. r. 1!l 1 , . 1.


131, S. 1910.1.37:í, eleux arrets).
a
En Lout cas, c1ua11d la responsal)ilité passe du propriétaire celui qui se
sert de l'anir11al, si le propriétaire n'a pas ¡)révenu ce dernier des ,ices ele
l'ani111al.il a co111111is une faute persor1nelle dans les ter111es ele l'article 138:i,
et il est responsable, sa faute supposée dé111011lrée.
Da11s le cas oi1 la victi111e de l'accitler1l causé llar 1·a11i111al esl le pré¡>osé
<li1 111aitre, faut-il ap¡llic1uer l'article 1385? Le préposé• llent-il i11voc¡uer la
¡>ré:,,0111ption de fatite cl1ez le 111aitre ? Oui cerlainen1ent, le prépost' esl lllns
crue n'i1nporte qui, ex¡>osé aux accide11ts ca11sés par l'a11i111al.La préso111plion
de faute se justifie cla11s cecas co111111e da11s les autres ,_\-. Civ., :1 111ai 1t¡11,
D. P. 1911.1.3G7, S. 1!)13.1.11; Ly911, r"· décer11bÍ·e I!JII, Jllo1til.j1u7. IJyo,i.
25 jar1vicr 1912; J)aris, 23 111ars 1912, D. l'. 1912.:1.336). .
Toulefois, clans certains cas, le préposé assu111e, e11 n1e111e le111ps que
1'11sag·e, la res¡)onsabilité excl11sive ele l'ani111al. Il e11 est ai11si nota111n1ent
dºu11 con1111is-voyag·eur aut1uel sor1 palro11 a confié un cl1eval et une voilure
¡io11r des tour11ées loi11taines et de lor1gue clurée, en s'exonéranl sur lui eles
a
soir1s clonner an cl1eval el de sa 11ourriture, 111oyenna11t le verse111ent cl'u11e
som111e lixée par voic el'alJ011r1e111e11l (lleq., 3o décer11bre 1907, l). l'. 1tlºU·
1.28!1, S. 1909. 1.3íí, 11ote de ;\J. Cl1ar111ont).
f-nfin, 011 doit se derr1a11der <lans c1uellc 111esure le propr1étairc el celui
c¡11i se sert de l'a11i111al sont res¡lonsables. L'article 1385 dil c111'ils so11t
respo11sables, 11011 :--eule111cr1L des accidents causés par l'ani111al pe111la11t qu'il
est sous leur gardc, 111ais aussi de ceux qu'il cause q11and il est égaré ou
éclia¡;pé. La c111estio11 s'esl done ¡Josée de savoir si l'i11dividu lJlcssé e11 arre-
ta11t un cl1cval e111lJall<''. a clroita la réparatio11 des ]Jlessures dont il a élé
atteir1l :1 :'{c pc11t-011 ¡las dire qt1'ici la viclirrte s'esl exposée volo11taire111e11l
a11 do111111agc? J;oJ>jectio11 est, croyo11s-11011s. de peu de valeur. S'ex¡Josc•r h
a
u11 clon1n1age pour 1Jrévenir ccux que l'ani111al ¡>ourrait causer autrui. 11·cst
pas 1111e faute. 11 fa11clrait, po11r que le sau,eteur ful ¡JriYé ele don1111atrcs-
intér(\ls, qi1'il eC1t agi c11 vue de se faíre blesser (\r. 'l'ri)J. co111. Sci11e,
3 ja11vicr 1uoo, S. 1902.2.21í, 11olc ele~{. Jlcrreau).
t1• J111i111aux 1'i JJropos dcsqucls s'1iJJJJlü¡uc la res¡>o11saúililé. - J•:1Jc s'a¡J1>li•
c111e /1 ¡lro¡10s de to11s les ani111aux elo11l on JJeut elre propriétaire, a11i111aux
domeslic¡i1es, ani1naux f'óroccs d'u11e 111é11agerie, et a11i111a11x q11i, IJie11 q11e
viva1 1t c11 état ele lilJcrlt'-, sont cependa11l l'óbjet d'un droil ele p~·opriété
comr11•e i111111cublcs 1iar eleslinatio11, ¡Jigeo11s des colo1I1biers, lapins cles
gare1111es, a!Jcillns. C'est par a¡>¡Jlicalio11 ele l'arlicle 1385 q11e la loi 1111
!1 avril 188\1 sur le Coele rural conlienl tles <lispositio11s sur les clo111111ages
causés ¡>ar les volailles oi1 les ¡Jigeons (arl. !1 et 7).
Si, en reva11cl1e, il s·agiL de <lom111ages causés par eles ani111aux e11Liere-
111enl sauvages, co1J1111c le gibicr, le JJropriélaire clu lerrair1 011 ils vive11t 11e
:-;a11rail _t\tre rcs¡Jo11sablc i1 raisou ele l'arlicle 1:í85. En ell'cl, ces ani111aux so11t
res 1t1illitts; ils 11'ap¡Jarlie1111e11l ¡Jas ai1 ¡Jropriétaire <ln sol ; ce clcrnier 11e
pourrail et.re rcs11011sa!Jle ele le11rs ravages c111e da11s les lcrn1es <lu l>roit con1-
· 1t11111, c'csl-a-clire si 1'011 ¡lro11vait c¡u'il a co1111nis u11e fai1le, Jlar exc1111>le en
les allira11l ou en favorisar1t oulre 111esure lcur reproducliort.

,.____ -
388 LIVRE II. - '
TITI\E PRE)IIER. · - DEUXIE~IE l'.\I\TIE. - CH.-\.PITI\E PRE)IIER

11. - Responsabilité du fait des batiments.


,\rt. 1386: << Le propriétairc d'un b,itin1c11t est res1)011sallle clu clo111111agc
causé par sa ruine, lorsqu'elle est arrivée l)ar s11ite d11 cléfa11t el'c11trelie1r
011 par le vice de sa conslructio11. »
On se sou,,ienl qu'en Droit ron1ai11, le ,·oisin 1nc11acé par 11n ll,itin1rnt
t,)1nllant en ruine po11vait exiger clu pro1)riétaire q11'il s'engage1'l.t, J)ar la
a
c11utio damni i,ijecti, réparer le préjuclice, da11s le cas 01'1 il viendrait ú se-
¡1rod11irc. Si le prOJ)riétaire ref11sait la ca1tlio, le JlI"l\te11r c11vo}·ail le plaignant
e11 posscssion de l'imme11ble (V. le tilrc 1/e Da,11110 infecto, D. XXXIX, 2).
(~e procédé de ¡1réservatio11 d11 préjudice crui s11lJsislait avec des ,,ariantes
elans l'ancien Droit (Bourjo11, Droit co,111111111. liv. VI, tit. II, cl1. 6 et 7;
:\Ierlin, V 0 Batiment, nº 3), a étó rer11placé, cla11s le Code· de 180/4, par 1111c
regle ,·éparatrice, celle ele l'article 1386. La pre1nierc question c111i se llose
esl clone de savoir si, act.u_elle111e11t, le voisi11 111e11acé 11e po11rrait pas pre11-
elre les clevants el actionncr le propriétairc de l'i111111cullle 111ena<;ant r11ine,
pl)ur lui den1a11der ele faire cesscr cet état de cl1oses 011 ele lui Jlayer eles
el,Jrnn1agcs-i11térets. Bien c¡11e la loi reste m11etle s11r ce point, 11ous estimons
c111e le voisin n1enacé a le elroit ele récla111er des 111esurcs de prévention. Eu
efl"et, le si111ple danger cie rui11e constilue po11r lui 1111 préjudicc inco11tes-
talile clont il a le droit ele réclar11er la cessa tion Borcleaux, 18 n1ai 18!19,
1). P. 50.'.l.86, s. 50.2.183).
,tais, st1pposor1s la. rt1i11e d11 IJ,ili1nent st1rYe11t1e et le 1Jréj11clice ca11sé. L'ar-
ticle 1386 établit la respo11salJilité clu propriétaire cla 11s deux cas: 1º Quand
a
la ruir1e est arrivée par lléfa11t d'e1itretie11, q11oi la jurispruelence assimile

la r11ine rés11lta11t de la véluslé (Gre11olJle. ro féYrier 1892, S. 93.2.205);
:>." (.>uancl elle est arrivée par l' clfct el't111 l'icc 1/c co11slr1tclio11.
11 faut done q11e le plaig11ant fassc la llre11vc ele l'11nc ele ces causes. :\fais
cela s11ffit. 11 11'a ¡)as ú elé111011 lrcr c¡11c le cléfa11 l el'entretien ot1 le vice de
constr11ction est i111putable au l)l'OlJI'iéLaire. Bic11 1Jl11s, le llropriétaire ne
¡io11rrait se eléfendre en clón1011lrant q11'il 11'y a ¡)as c11 faule de sa part, llar
cxen1ple q11'il avait chargé ele l'c11lretie11 1111 e11lrc¡1rc11e11r er1 cr11i il ¡1011vait
avoir co11fiance, 011 qu'il s"étail aelrcssé 11011r la ce111strnclio11 it 1111 l10111111r.
' _. ele l'arl ofl'ra11t tot1les les garanlics 11,'cessairrs, et r¡11'il lni a été i111possillle
ele llécot1vrir perso1111elle111c11l le vice dr. la co11slr11cl io11 (Civ ., 19 avril 1887,
1). I>. 88.1.27, S.87.1.217; l\c(J., 26j11illcl l!JO!J• l). l 1 • 1!)09.1.5:{:1, S. I!JO!).
1./4116). Da11s cclto 111cs11re, la ¡1réso111¡1ti,1n llP fa11te est irréfragnlJfr~. Le
a
¡>ropriétaire devra ir1clen111iser la ,·icli111e ele la rni11e, sauf se roto11rner
contre l'aute11r rcspor1sablc (111 si11islre, s'il arrivc it <l1'111011lrcr sa c11J1n1JJilití,
('fo11lo11sc, :1ii 111ai 1892, l). 11 • v:1.:i. r/1, S. !J:>..:1.2:11).
C'est cctte sol11tio11 r¡11i cx11li<1ne q11'011 ail ¡>ti Sl111lc11ir r¡11c l"arlicle 1:186
co11sacrc 11nc l1ypotl1ese ele rcsp1Jr1sal>ilil{· ob 1"<'111, <111'il ótablil le ris1¡11e 1/e
¡i1·0¡1riélé. l\lais 1111e tcllc 011i11ion est inacl111issil>le. f)11lrc (J11'clle csl c11 co11lrn-
elicti,ir1 avcc l'l1istoirc et l'csr>rit (!11 Coel<'. elle 11st i11ro11cilial>le avcc l'ollli-
gatio11 i111¡losÍ.'C it la vicli111c ele fairc 11nc ¡)rc111i<'.. re cli)111011slralio11, cellP clu
cléfat1l cl'cnlrctic11 011 elt1 vice tic ceir1strt1clio11. La vl'.•rite'•, c'est e¡11'il Y a, tlans
• •
DELITS ET QVASI-DELITS 389
1es detix cas oú celle pren1i,'-re elén1onstration cst faite, 1111c ¡Jréso1nptio11 de
faute n'adn1etta11t pas la ¡Jreuve co11traire. Des lors, du n10111e11t que la rt1ine
s'est produite dans eles conclitio11s ou, ci priori, la préso111ptio11 d'une fa11te
ele s11rveillance est i11ad111issiblc, la responsabilité de l'article 1386 doil etre
écartée. 11 en est ainsi, par cxe n1ple. lorsq11e le do111111age a été causé par la
cl1ute cl'11ne 111aison e11 construction (Lyon, 20 janvier 1863, D. Jl. 63.2.199,
·s. 6!1.1. 1), ou par celle d'u11 h,ltin1e11t classé co111n1e 111011u111cnt l1istorique,
et auf111el ¡Jar co11séc1uent le propriétaire 11'a pas le droit d"efl'cctuer eles
ré¡1arations (Dijon, 21 janvier 1869, D. P. íl,.5.430, S. 70.2.74. Cf. Nancy,
ro 11ove111bre 1900, D. 1). 1901.2.417).
a
Nlais quelles cl1oses au j11sle s'a¡J¡Jliq11e la djs¡Jositio11 ele l'arti<;le 1386 ~
Le texte ¡Jarle eles bdlinicnls. La jurisprudence a n1ontré u11e certai11e ten-
dance á élargir cetle ex¡Jression. Elle applic¡ue la regle a11x dor11mages
1
ca11sés par eles objcls 1nobiliers i11corporés a11 IJati111ent, ou en cor1stituant
l'acccssoire (ascense11r d'n11e n1aiso11 de rapport, loco111obile cl'une usine)
(lleq., 29 n1ars 189í, D. ll_ 97.1.216, S. g8.1.65, note de ~I. l~s1nein). De
1ne111e, on lro11ve eles décisions applic1ua11t l'article 1386 a11x don1mages
causés par l'<'•boulen1e11t d'1111 sol 11011 co11slruil, par la cl111te d"u11 ar]Jre
(Gre11olJle, 10 février 1892, S. 93.2.205). !\Iais 1111 revire111ent s'accuse elans les
elerniers arrets. Ils revie1111ent á 11ne interpr6tation plus étroite de l'arti-
cle 1386 (V. Cae11, 23 février 1912, (Jaz. Pal., 23 avril 1913; Paris, 29 no-
ven1llre 1911, Ga::. Pal., 24 déce111lJre 1gr 1). Cela tient ¡\ ce que, com1ne
11ous allons le voir, la jurispruclcnce trouve aujourd'l1ui ~11n principe de
responsabilité généralc d11 fait des choses da11s l'article 138!1, ce qui la clis-
pensc de torturer le sens de l'article 1386 11e visant in termiliis que l'l1y-
potl1esc spéciale des don1111ages causés par la ruine d'une co1islrllclion.

IlI. - Responsabilité du fait des choses inanimées en général '.


Supposons un do111n1age causé par u11e cl1ose autre c1u'u11 animal ou un
1Jati111e11t, par cxen1¡Jle, 1)ar 1111 tcrrair1 non construit (ell'o11dre111ent el'11ne
n1arniere, élJ011lcn1e11l, ele.), 011 par 11n o!Jjet 111obilier ( ex1Jlosio11 de 111a-
cl1i11e, ch11te el'1111 pol ele lleurs, etc. J· )lar flH<'lle regle va etre gouvcrnée la
responsal.iilité eln {Jropriétaire de ces o!Jjcts ~
llendant longte111¡1s, la j11ris11rudc11ce et la doctrine se sont accordées
pour <léclarer qu'il y avait lieu ici 11 ap¡ilication pure et si111ple des prir1-
ci¡Jcs <lu l)roit co1111r1nn. Le ¡iro1iri1"laire n'l,tait clone passible <le clorr1-
mages-inl.1"rets, 1111c si l'on llou,ait l'aire la cll,1no11stration cl'1111e faute c1u'il
c11.t co111111ise aux ter111es des articles 1:{82 et 1:183 (Civ., ,g juillet 1870,
1). ll. 70., .:IG 1, S. í,. 1 -!))- Cctte sol11tio11, avcc la <lill'érence q11i e11 résul-
tait e11tre les co11só1¡u11nces ele la 1iro¡Jriété cl'un a11imal ou d'un IJ,'\ti111ent
1. Salcillcs, les 11ccide11ts du travail el la ,·esponsabilité civile, 1897 ; Josseran<l, De la
respo11s11bilité du fait des choses inanimées, 18!J7; Tart, De la responsttbilité il raison des
choses mobilieres inaninufes ; l'laniol. Etudes sur la responsabilité civile, I\cvuc critique
de lilgislalion, 1905 et 1906; Labbé, note sous S. 90.t,.17; Esmein, notes sous S. 91.1.17;
98 .1. li:i ; \l9. t . 491 ; 191 o. 1 . 17 ; Salcilles, note sous D. P. 97 .1.433 ; J osserand, :iotes
bOUS IJ. P. 1900.2.289; IUO-í.2.2:i1; 190:i.2.1¡17 ; 1906.2.249; Planiol, note sous D. P.
1901.2.11.

l.. •

LIVHE II. - TITRE l'RE~fIEI\. - DEUXIEME PAI\TIE, - CIJAPITRE PRE11IER

d.'11ne ¡lart, et, el'autre ¡lart, éelle de la propriété d'1111c cl1ose i11a11in1ée en
gé11éral, paraissait d'ailleurs éq11itable. El c11 cll'et, si l'on co111prenel l'éta-
blisse111ent d'u11e préso1nption de faute pour les a11in1aux, lesquels exigent
1111e surveillance constante, 011 pour les batin1ents, do11l la ruine possible est
particulierement dangereuse et exige d'atlentives n1es11res de pruder1ce, il
11')- a pas ele raison de se n1ontrer aussi sévere pour le propriétaire d'olljets
i11anin1és. Par lui-n1en1e, l'o)Jjet inanin1é n'est pas susce1JLible ele ca11ser 1111
do111111ag·e; il faut supposer, po11r que le fait se produise, 11ne faute de la
victi111e, un cléfaut d'entretien d11 propriétaire, ou enfi11 un de ces cas
fortuits qui lléfic11t la pr11dence l1u1nai11e. Des lors, il serait pcu équitable
a
d'attribuer 11 prio,·i la faute du propriétaire des acciclents dont la plupart
auront une autre cause.
a
Les choses en étaient ce poi11t, lorsque se ¡Jroduisit le 111ouvement doc-
trinal, dont 11ous avo11s parlé, en fave11r d'une responsalJili té purer11e11 t olJ-
jE>ctivc. C'esl surlout sur le Lerrain des do111n1ages causés par le fait des
cl1oses i11ar1i111ées, en particulier de l'oulillage industriel (et l'on con11Jrend
!'.acuité du prolJle111e aune époque 011 aucu11e lég·islatio11 s1Jécialc 11'exis-
tait en n1atiere d'accide11ts du travail), c¡ue se porta l'efTort de la doclri11e
11ouvelle .
.\bandonnant le point de vue classique, rejelant 111e111e la notion, a leur
avis surannée et gaucl1e, de présomptio11 de faute, les représentants ele
cette doctrine prétendirenl q11e le propriétairc de,·ait etre responsable
co111111e tel, a)Jstrac~ion faite de toute iclée de fa11te, d11 dor11111age causé par
• )a cl1ose lui appartenant; sa respo11sabililé, d'apres eux, trou,·ait sa raiso11
d'etre clans le droit ele pro¡)rióté. A cel11i qui tire profit d'une cl1osc d'e11

st1¡Jporler les 111auvais risqt1es, car il serail lro1J i11jusle que ces risc¡ues
ton1basse11t .\ la cl1arge d'a11lrui.
A11 point da vue des textes, ce sJsten1e préle11dit rencontrer u11 app11i
dans 1111 111e111l1re ele ¡)lirasc j11sf111'alors resté inapcrc;t1. L'article 1:38!1,

al. 1"', cléclare, on s'er1 sou,·ie11t, en 1111e pr1J1)cisitio11 to11le i11cide11le, qu'ori
est responsable ... 1les e/loses q1.e l'ori n so1is s11 gar1le. Ces n1ots étaient
restt'•s ¡1cr1dar1l lo11glcn1¡)s sans {·veillcr l'alte11Lio11. l,cs cpn1111cnlalet1rs
11')· allacl1aier1t 11as grar1cle i111porlancc; ils co11sicléraic11L c1ue c'ólail l.\
t111c si111ple i11llication a1111onc;a11t les clcux: cas llrévus c11suite, l'un J)ar l'ar-
ticlc , :!85 (propriótairc lle l'a11i111al 011 ccl11i f{lli s'e11 scrt), l'a11lre ¡Jar l'ar-
ticlc 138G (propritÍLairc ll'1111 )¡:1li111()11t). Mais ,·c¡ici ,¡uc 1'011 s'al.laclta au
111c111l1rc lle ¡llirase lo11gtc111¡Js 111i'•ccJ111111. On l'islJla, 011 l11i prc'\ta 1111e signi-
ficatio11 et une 11ortóe absol11es ; <)11 ()JI lira cet.le sol11lion que le Codc co11-
sacrerait le llrincipe d11 ris1¡11e de ¡>ro¡>riété lt pr<i¡1os ele to11s les accille11Ls
{•11rouvi'~s cl11 fait ,l'1111e cl,ose i11a11i111i':c, risque cl1>11l le 11rll}Jrit':Lai rn ne
11ourrait ¡1as 1111'\r11e ctre cx1111ór{: 1>ar la clér11011slralir,11 cl'1111 cas forl11it.
()r1 a pu croirc 1111 111c1r11er1t r¡11c la ,i11risJJr11clc11ce nllait s11ivrP les r1ova-
lc11rs cla11s la voie c¡u'ils lui frayaie11t. l.!11 arrel ele la (:l1a111!Jre civile ll11
16 j11in 1896 (D. 1>. 97.1./133, S. \j7,1.17) :,;e111blail e11 efl'et s'y c11gager, car
\
il affir111ait la re:s¡>onsaliilitú d11 ¡>ro11ri<'·taire 1l'11n() 111acl1i11e (cl'11n r1•111<,r-
q11e11r'i 1¡11i avail fait explosio11, liie11 <¡ue C<'llc: ex¡1lf>sio11 f11t d11e :\ 1111 vice
• •
DELITS ET QUASI-DELITS 39,1
ele constructio11 auc¡ucl il élait étra11ger; et a1)res ce Lle <lécisio11 aulour de la-
l[llelle 011 111e11a grar1d IJruit, 011 en renconlre (Juelques aulres er1core se
a
raltacl1a11t lJar lcurs 111olifs la tl1éorie du risq11e créé (1'rib. Sci11e, 23 jan-
vicr I!)03, D. l). ruo4.2.2;í7; Lyo11, 18 janvier 1907, D. P. 1909.2.245; 'frilJ.
co111. Sei11e, :13 d{'.cen11Jre 1911, (la:::. Pal., 19 ja11vicr 1912). L'unc de ces
a
<lécisior1s 11'avail-elle pas conda1nné le propriétaire d'1111 café. indemniser
1111 co11son1111al.P11r ¡1ar ce sc11l n1otif' c¡11e le tlen1a11dc11r aYail {L{• lJlessé par
l'éclale111c11L (l u11 sipl1011 ?
0

\Iais ce coura11t peut elre consitléré aujourd'l111i co111n1e déf1nitive111cr1t


1.ari. La (:011r ele cassatio11 a, par plusie11rs arrets, condan1né le nouvea11
syste111e d'i11terprétatio11 (l\ee1., 3o mars 1897, D. P. 9i". 1.433, S. 98. 1 .65 .;
(:iv., 31 juillet 1905, D. 11 • 1903.1.532, S. r909.1.1l13).
'\éanntoins, si la j11rispr11dence a ref11s<\ <le s11ivre les novateurs dans
l'interprélatio11 audacic11sc c¡11'ils proposaicnt, elle n'en a pas rnoins subi
leur influence. l~n clTet, elle ad111ettait au trefois, no11s l'avons Yu, q11e la
victi111e d'1111 acciele11t causó par 11r1 objct ina11in1é clevait prouver la fa11le
con1n1ise par le propriétairc <le cet olJjet, ou par celui q11i s'en scrvait. ,\u-
jo11r<l'l1ui, a11 co11traire, elle consicl(\re que l'article 138!¡, al. r, crée une pré-
a
so1nptio1i lle faute l'ég·arcl tle ce propriétaire, et, en cor1séq11cnce, elle fail
peser sur lui la cl1arge de la preuve.
Con11nent le propriétaire pourra-L-il écarler celte ¡Jrésornption de faule il
Suffira-L-il qu'il prouve c111'il a pris toutes les précautions r1écessaircs, et
<¡11'il n'a pu c1n1lecl1er le don11)1age, con1rnc l'articlc 138!1, alinéa 5, a11to-
a
rise les pere et 111cre le faire ?
La ju risprude11ce, toujo11rs sous la rne111c influence, se rnontre plus sé-
vt•rc; cll<, a¡lplique ici la 111e111e solution qu'au propriétaire ou garclicn
d'anin1aux. 1111e s11ffira do11c pas a11 défendeur d'étal1lir q11'il n'a corn1r1is
ni néglige11ce ni in1pruclence; il eleYra prouver qt1e le don1rnage provic11L
soit du cas fortuit, soit de la force 111aje11re, soit <le toute autre cause étran-
g,\re, JJar <,xe1111lle <le la J'a11le de la victi111e ou de celle d'un tiers, en un mol,
il fa11clra qu'il précise le fait généraleur du don1n1age subi par son adversaire
(l\e<J., :i?. janvi<;r 1!)08, J). l). 1908.1.217; 25 n1ars 1908, D. 1). r909.1.73,
S. '!Jr<i.r.1i'; l3ordea11x, ,t1 111ars 191 ,, S .. 1913.2.257; l)at1, 13janvier1913,
r;a::. />af., :i avril I!)r:{; llitris, !1 clécc111l1re 1!¡12, J). 1). 1!)13.2.80, S. 1913.?..
1(i/1 el. l\cr[., I!) ja11vier 1!)'11, Gaz. J111l., 7 février J!)1!1. V. c<;pcnclant lleq.,
·19 avril 1i11:3, ]). P. 11¡1:3. 1./127, exc1111lLanL le Jlrn¡lriélaire cl'1111c cl1aine aya11t
occasion11é 1111 accicienl 1iar sa ruplur<;, 1110Lif fJt·is ele ce qn'ou n'a pu relever
aucun vice tle co11slruclio11 el « c1u'il a été irn¡iossilile <le cléler111i11er la causP
<1'1111 événe111e11l <p1'il ne d{,¡¡e11<lait de lui ni ele prévoir ni cl'óviter n ).
-\jouto11s ({lH', lors(¡ue J'acciclcnl est caus<'i ¡lar 11ne cl1ose c1ui se tro11,ait
au 1r10111eul el<· l'accidenl aclio11néc par la 111ai11 <le l'l1or11me dont elle 11'<\tait
JHHII' ainsi clirr <¡ue le prolonge111ent, co1n111e 1111c liicyclelte, 1111e a11ton10-
hil,,, la juris¡Jrude11ce cl<,s Conrs d'a¡>pcl <'-carle so11venl la 1Jréso1nplion, el
cléciclc que le conclucleur csl res¡Jonsalilc 111ti(¡ue1r1enl cla11s les lcrn1cs de
a
l'arlicle 138:i, c'est-l1-<Iirc cl1arge ele ¡>rouvcr c111'il a co111111is u11c fnule'

t. Cctle restriction parait d'aillcurs cxtr~memcnt contestahlc. La circonstance relc-



LIVRE II, - TITRE PRE~IIER. - DEUXIEllE P.\RTIE, - APPE:'<'DICE

(Orléans, 23 février 1909, D. Jl. 1911.'.i.307; Borlleaux, 26 oclobre I!JO!) el


23 n1ars 1910, D. 1i. 1912.2.255).

APPE~DICE

.
DU RIS<lUE Pl\OFESSIO'í'íEL E'í ~L\TIERE D ' ,\CCll)E'íTS DU TIIAV,\lL.

Le principe. - 1~ous avo11s dil c¡11e lou tes les législatio11s eles Etals eu-
ropéens ont apporté, da11s ces dernieres a11nées, en n1atiere d'accide,ils clil
t,·avail, une grave et large dérogation aux príncipes qui vienne11t d'etre ex-
posés. Ici, l'idée de faule a été écartée et re111placée par_ une autre concep-
tion, conforn1e au sysle111e <le la res1)011sabili té objective, celle du ris1¡ue
JJrofession,zel. Le princi1Je 11ouveau consiste eri ce que le cl1ef d'entre¡Jrise
a
est obligé ele payer 1111e inclen1nité,do11t le ta11x est fixé l'avance ¡Jar la loi,
a to11t 011vrier victin1e cl'1111 accicle11t du travail 011 ases re¡Jrésc11lanls, sans
c111'il )" aiti recl1crcl1er, c11 pri11cipe, si cet acciclent 1)rovie11t soit rl'u11c
faule du patro11, soil d'u11 cas fortuit, soit n1en1e d'u11e faule de l'ouvrier.
L'accicle11t du lravail est u11 risque 1.le lct JJrofession; il 111e11ace lous ceur
c¡ui. ti·availlenl. JI n'y a pas d'l1omme si prucle11t, si atlentif l¡u'il soit, c111i
puisse se flalter cl'y 1\cl1apper. 11 11e fa11t pas recl1ercl1er la cause q11i le pro-
duit, parce e¡uc, .i raison de I'accoulLtnia,zce JJro.fessio1i11elle, les nctes ele négli-
gence d'un cl1cf cl'·entrc¡Jrise, el surtout ce1ix clu salarié, sont inévilalJles et
n1en1e exc11salJlcs. 011 co11sidérera do11c l'accide11t con11r1e un aléa allacl1é au

n1étier. Cct aléa pescr11 sur l'e11tre1)rise elle-1111\111e; c'est elle c¡ui prod11il
le risque, c'est elle <¡ui cloil le ré¡Jarcr. Quico11<¡11e fait ll'aYailler ¡Jo11r so11
con1ple 111oyenna11l salairc, tlc>il sul>ir les co11sét1uc11ces eles risc1ues i11l1é-
a
re11ls ce tra,·ail, parce c¡ue c'est lui qui leur donne naissance, el, cr1 011tre,
parce que c'esl lui c111i r~lirc le ¡Jri11ci¡Ja! ]JÓn<\fice d11 lraYail. D'aillc11rs, les
lois i1ouvellcs, c¡ui 011l co11sacré celle ll1éoric, 011l csti111é que l'o11vrier
doit supporler 11r1e ccrtai11e pnrt ,Iu ris<111c, parce e111c, tl'a}Jorcl, c'csl so11-
,·cnt lui ,111i Jlrovor¡ne l'accidc11l, et c11s11ile 1iarcc q11'il tire, po11r sa lJart,
so11s for111e ele salaires, 1111 cel'lai11 JJrofll ele l'c11II'c¡>risc. (~'esl ¡>otil'llllOi l'i11-
clc11111ilt'~ i111poséca l'c111¡Jloyc11r esl Jéi1Jailairc; elle ne re¡)rése11le <111'u11e

vée par les arri\ts se1nhlcrait plutol devuir renforcer la présomption de faule.MO,nc les au-
teurs qui i'Cpousscnt cellc idée que l'arliclc 1:18.', cnlraíncrail une présornplion de fautc,
en cas de dommagc causé par une chosc inanin1éc, ad1nclt,)nl vulonticrs qu'il en doil
· Otre aulrement lorsque la rl1ose en question est un ohjel de nature :'t causer, par son
usage normal, un certain péril pour les liers Alors, de !"avis de heaucoup d'entre cux,
Je juge peut présurner la faulc, non en vérité par l'cll'et d'une préso1nplion légall', n111is
p11r celui d'une présomption sirnplc ordinaire rcndanl vraise,nhlahle la faulc aux ter1nes
de~ arlicles l.349, 13¡¡~ (\'. note de ~l. Esmcin sous S. l!JIO.i .1'7).
La responsahililé du fail des accidenls d'nuturnohlle a 11111 en parliculier pnssionnén1cnt
discutée.lleaucoup de personnes onl 1:n1is l'opinion qu'il y aurait lieu r.n cette 11111liore i1
législalion spécialc (V. les a1·licles el rapporls de ~l. A1nhroise Colin dans llulleti,1 de la
Société d'Eludes légi.~latives, année 1907 et s. el dans llev11e polili1J11e et 11arler11entaire,
!908, ainsi que l'urticle de M. \Vahl 1lans 1/ev. trin1. de LJroit civil, 1908. Gandillot, l.'ac•
cident d'auto,11obile et la loi, lhese Paris, 1i!13).
DG HISQGE PHOFESSIO'í:\'.EL E'I ~L\.TIERE n'.\CCIDE'íTS DU TIL\. VAIL 393
i)artie clu préjuclice, c' est-a-dire ele la IJerte de salaires, et 11011 ¡Jas le pré-
judice tout entier.
Cl1ez nous, le princi1Je nouveau, ainsi an1e11clé, a été procla111é par la tres
im1Jortante loi cl11 9 avril 1898, concerna11t lct res¡1011sabililé des accide11ls
do11t les OllVl'Íers so11t victimes <la11s letll' travail. ~ ot1s allons en résu111er les
principales dispositions.

§ 1 . - Etend11e d'ap11licatio11 tle la lé~·i!'olatio11 !!í¡,éeiale.

1º Chefs d'entreprise assujettis. - La loi de 1898 s'ap¡Jlique aujo1il'-


d'l1t1i aux i11cltisll'iels, at1x con11nel'9a11ls, et, da11s lIJl cas, aux agric1illeurs.
,\.. Elablissenie,its i11clusil'iels. - Au cléllut, le lég·islateur n'avait assujetti
au risque professio11nel qt1e les étalllisse111ents i11clustriels, et les exploita-
tions q11i lui paraissaient 1Jrésenter des dangers analogues. 11 était IJarli
de cette iclée c¡ue l'ir1dustrie 111oderne, avec son oulillage et ses n1acl1ines,
.avait lleaucoup aggravé le risque d'accicle11ts pour les OlIVriers, idée recovnue
aiijourd'hui inexacte, car certains 111étiers pl1re111ent n1ar1uels, con1111e ceux
{le voiturier, couvreur, tcrrassier, et n1e111e cl'ouvrier agricole, figure11l a11
rang des plus exposés dans les slatistic¡ues. E11 co11séquence, l'article 1º' ele
la !oi avait énun1éré les entreprises soun1ises au ¡Jrincipe r1ouYeau, et cette
énl1n1ération con1prenait:
a) 'l'ous les établisse111ents i11dustriels;
b) Les exploitations cla11s lesc1uelles so11t faliricJlH\es ou r11ises e11 muYre
eles n1atieres ex¡ilosives ;
e) Les exploitations ou parties cl'exploitation faisant usage cl\111e 111acl1ine
n1ue par t1r1e force autre que celle ele l'l10111n1e ou des animaux.
11. f?x¡Jloilalio11s agricoles. - }Jostérieure111e11l, t1ne loi dite i11lerprétative
clu 3o jnin 18!)9 a cléterrr1i11é cla11s <1uel cas les cxploitatio11s agricoles so11l
sot1r11ises au 111e111e régi111e. Le législate11r n'a pas voulu en e(l'et i111poser aux i:

agriculteurs l'oblig·ation de ré1Jarer lozzs les accicle,its qt1i ¡Jeuvent frapper


lel1r personr1cl; il a craint q11'une telle cl1arge r1e ftit tro¡J lourde pour e11x
et surlout pour les 1Jetits exploila11ts. En co11sér¡uence, il a laissé, e11 ¡Jrin-
cipe, l'agric11ll11re sous l'a¡1plicalior1 eles arlicles 1 ~8:i et 1383 du Cocle civil,
el s'esl co11lc11Lé <le clt'·cider c1ne les accidents occasionr1ós par l'er11p!,)i ele
1nach i ncs agricolcs n11ics /Jar des rnoleurs in.nninzés (ce e111Í vise ¡irinci palc-
·,·
n1e11 l les l1allc11ses 111éca11ic1ucs), et clont sonl victi111cs les personnes, qt1elles ,
,. -~.~-
.'
':. ,"
q11'elles soie11t, occu11ées :\ la conduile ot1 au service dcselits 111oleurs 011
111achir1es, seraient :\ la charge de l'1\x¡1loila11t. C:c régin1e llitlar<l 11e saurait
durer l>ie11 longte1111>s. 11 ·est dot1l1le111e11l critiqualile. J)'aliord, les statisli-
c¡ues dé111011lrcnl t¡11c les accicle11ls agricoles les ¡ilus fréc¡uenls so11t clus, 11011
¡ias :\ l'e111ploi des 11101.curs inanin1c\s, 111ais Sl11·Lout aux 111acl1i11es 111ues
par des liestiaux el a11 lravail agricole proprcn1enl <lit. J)'autre ¡1art, il 11'y a
aucunn raisor1 ¡1our rnl'uscr aux ouvricrs ele l'agric11llt1rc, clo11t le salaire cst
inl'éricur :\ celui <les lravailleurs de l'i11tlustrie, 11nc protcction c¡ue 1'011 a
jugóe nt':c<\Ssairc 11 C<!S 1lernicrs. /

C. 1~.r:¡J/oitafions co111n1erciales. - J•:11fi11, la loi clu 12 avril 1uoG a t'.lentl11


aux cx¡lloilalio11s co111111crciales les ri'·glcs ele la loi <le 1898.
LIVRE 11, - TITRE PRE!\IIER. - '
DEL'XIE)JE PARTIE. - Al'PE'.'II>ICE

D. Perso1i1ies 11011 assujelties. -· 011 voil clo11c r¡u'aujourd'l1ui le cl1an1¡>


cl'ap¡1licatior1 cl11 risque profcssio1111el esl fort 1\le11clu. Po11rt.a11l, il 11e cor11-
prend pas e11core to11s les e111ploye11rs, 11i to11s les salariés. :\i les ag·ric11l-
leurs, sauf l'exception ir1diq11ée, 11i les 1uaitres it l'{•g·arel ele leurs <lo111esti-
q11es, ni
les person11es exer<;a11t une ¡1rofessio11 libérale vis-a-vis ele le11rs
comn1is, en1ployés el clercs. 11')· so11t e11core assujettis. 1'Iais 11ne loi el11
18 j11illel 1907 don11c a ces gro11pes cl'er1111lo}·eurs la fac11lté d'adl1ércr volo11-
taireme11t a11 régimc ele la loi ele 1898,avec 1·assenli111ent de le11r ¡1ersonnel.
2º Personnes protégées. - J,es 1)erson11es atL\.quelles la loi ass11rc 1111c
inden1nité s011t les oui•riers, les e111¡Jlo.vés (art. 1•r) et les nJJJJre11lis (arl. 8)
travaillant dans les cntreprises précitées, c'est-a-clire tous ce11x q11i s011t
11nis a,·ec le patro11 par un co11trat de tra,·ail ou d'apprentissng·e. C'est la une
co11clition u11ique, mais 11[.ccssaire. Ce11x c111i I?e so11t pas li{>s ¡1ar 1111 co11trat
de travail a11 cl1ef de l'entrcprise, par cxer11¡1lc, l'arlisa11 qui exéc11le 1111
trayail cl1ez 1111 particulier, la fcn1me c111i aidc so11 n1ari da11s l'exploitation
d'1111 con1111ercc, 11c l>énéficie11t ¡1as eles dispositio11s tle la l11i. 11 fa11t 111e111e,
d'apres la jurispr11dence de la C(iur de cassatio11, <1uc le co11lrat de lravail 11e
soit er1tacl1ó tl'auct111c cause de n11llilé al)sol11e. ,\insi, l'e11fant ele 111oins ele
treize ans, en1ba11cl1é par u11 patron, au 111épris de la prol1ibition lég·ale q11i
intc.rdit le travail i11d11stricl :111-dessous de cet ,ige, 11c ¡1e11t, s'il est vic-
time d'u11 accide11t, se récla111cr ele la loi du 9 a,ril 18¡)8 1 (l{ec¡., 1°•· 111ars
1910, D. ¡i_ 1911.5.ü/1. S. 191:>..1.51í, acl 1iota111; CiY., 8 tlécc111l>rc 1909, 1).

1i. 1910.1.320, S. !'91:>..1.517, 22 111ai 191:>., D. ¡i_ 1913.5.14, S. 1912.1.517) .
1ie11 im¡1orte, d'a11tre part, le cl1ill're elu salaire. Le directeur d'1111c usine,
• l'ir1gé11ie11r sont garn11lis cornn1c l'r)11vricr. Pourla11t, r¡ua11tl le sal,1ire elé-
passc :>.,/100 fra11cs ¡1ar a11, les rentes 11c sonl calcult'·es ,¡11c s11r ce cl1ill'rc et
s11r le quart de l'excóde11t (art. :>.,·2° al.).
[>e11 i1r1¡1orte aussi la nationalité. Les étrangers, au :-ervicc 1!'1111 patrq11 ·
fran<;ais, 011l droit it l'a¡1¡ilicalio11 ele la loi, sa11f crrlai11es rPslriclio11s í·dic-
técs elans l'article 3, i11ji11e.
:{
0
Accidents qui donnent droit aindemnité. - l•:t d',1l)or1I, la l,>i tle
18i18 ¡>rtilegc les snlari{,s conlrc )ps ft1·ri1lc11ts et 11011 cu11lrP 1;:s 11111lllrlics JJl'o-
fcssio1111elles, c'csl-il-dire 11r11,01¡11i'·cs 1iar l'cxcrcicl' tl'1111 111élier n,11:il' 1111
})ar l'i11sal11l,ril{· d11 lie11 01\ s,• f'ait In lravail.
1iour q11'11n accirlcnt elonnc 11aissancc ú i111lc·11111ilí·, il l'ant 1¡u'il sriil. s11r-
ve1111 ¡i11r l1i fr1il c111 it I'occasiori cl11. lr11l'oil.
/ 1 r1r le .f1iif 1l1t lr11vail: ccll<· cx1irc·ssio11 vise les accielPnls c111i 0111. ¡H>llr

cause clireclc, i1r1111{·eliat.c, lP t.ravail el<' la vicl.i1r1c: ¡>ar Pxcn111lc, l'o11vrirr csl.
l,less{\ ¡1ar l'ex¡)!osio11 <l'u11C' cha111lic'-r<', 11ar la r11¡il11r<' d<' s1,11 ci11l.il, •>11 J,ic11
1111 vc)il11ricr es!. écrasú ¡1ar sa vc1il.urc . 1111 crH1v1·1·11r lo111l,e el'11n t<>Íl.
A l'occ:(/sio11 cltt frc11•r1il: ces 111uls 1·IP11de11I. e<H1siclc'•ralilc111<)11l le ccrcl,~
tl'a11J)licalio11 ele la lc>i. JI:,; c·111lirasse11l l1>11s l<'s accicl<'nls <¡11i, 11'aJ1tlll ]las
¡>our ca11s1) i111111i'•tliale et tlir<)clc! le lraYail, s·y rallaclu•11I ¡iar 1111 liP1t de
t. V. Capitnnt, les 11ccidents du tr11v11il su1·ve11u.~ aux e11(a11/s t19és de moi11s de t,ei;e
1111s, Associntion nationale frun.¡nise pour la proleclion légalc des tru,·nilleurs, l'uris, 1n1:1.
DU RISQUE PROFESSIOXXEL E'I ,rATIEllE D',\CCIDEXTS Dü TRAVAIL 395
co1111exiLé, en ce se11s crue si 1'011vrier n'avait p,as travaillé, l'accitlent ne se
serait pas produit. l)'apres l'i11Lerprétatior1 tres large de la Cl1a111bre civile
de la Cour de cassalior1, tout accide11t s11rvenu a l' heul'e el a1i lie1i rlti tl'a-
a
oail est consi(lér{· co111111e arrivé l'occasio11 (lu travail. t\i11si, la IJlessure
a
¡Jrovoc1uée ¡1ar u11e rixe qui se produit l'l1e11re et au lieu (lu lravail, esl
a
cor1sidérée elle-111t:111e com1ne rcc;ue l'occasiou <lu travail (Civ., 16 111ai
1911, D. P. l(Jt1.5.6r, S. 191:>..1.:>.:it,). .
l3ie11 plus, la j11risprudence consi(lere co111111e Lels les accide11ls survenus
n1e111e en dehors du lieu <lu lravail, to11tes les fois que, au 111orr1e11t 01'1 ils
:,;e produisent, l'ouvrier esl (léja cc11sé avoir co1n1ne11cé ou co11Li11ué son
travail; c'est le cas, par exc1111)le ¡Jour l'ouvrier lJlessé clans la rue peuda11t
. .
q11'il se rend a l'atelier ou au tlo1r1icile d'u11 client.
1\. cette regle, il y a pourtant c1uelques exceptio11s. Ne do11uent pas droit
er1 efl'eL a inde11111i té :
,\. -- Les accide11ts q11i entraine11L u11e i11lerruplion ele Lravail tic q1iall'e
jo{tl's au ¡;lus;
13. - Les accitle11ts d11s 11 la force nrajeltre, c'esl-a-dire 11 u11e force exté-
rieurr a11 n1étier, foudre, 011ragan, Lre111ble111e11t <le terre, i11011dalion, etc.
Ccttc exception 11'est pas {n1oncée par la loi, 111ais csl ad111isc sans contesta-
Lion, eruoique pourla11t il s'agissc ]Jien la d'11n acc:ident survc,111 a l'occasion
llu travail; ·
C. -- Les accidcnls a11xquels la victi1ne s'est i1ite11lio1inelle111e11t cxposéc ;
O. - E11fi11, lorse¡ue l'accide11t a été provoc¡ué par la faule d'u11 tiers
éLranger a l'exploitatio11, la· victime a bien droit a
l'inderr1nité prévue par
la loi (art. ¡), 1nais elle conserve le droit de pours11ivre le coupalJle, e11 verlu
<le l'arlicle 1:{8:1 <lu (:ode civil, el les dor11r11ages-ir1térets qui luí so11t al-
loués, exon<~re11L le palro11 j11squ'i1 <luc cu11currc11ce tles o!Jlig·aLio11s n1ises
it sa cl1arge..

~ 2. - I•'lxatlon clei,; l11de11111lté,-; (art. 3 et /4 ).

Les i11elc11111ilés dues a la victi1nc ele l'acciclc11t 011, en cas dn 111orl, it ses
rP¡)rése11 Lants, con1prcn11e11t trois cl1cfs :
1" Le paie111e11t des frai8 nrédicaux et pharmace1ilir¡ues exigés par le trai-
le111e11L ; 1

:i" (:elui desj'ro,is f1inérr1ires, lesr¡uels 11c JJe11vc11t d{1passer la son1n1e ele

100 fra11cs (art. /1, al. 1°') ;


:1° U11e incle11111il{! forfailairr, so11s for1ne ele re11le, re¡Jrt'ser1ta11L 11nc frac-
Lion tlu salairn ele la viclin1c et ,,arianl s11iva11L la gravit<\ des s11iles (le la
!Jlcssnre.
I,'i11tlcn111it<'·. 11011s l'avons clit, ne s'<\leve jan1ais j11sc111'a la l1a11teur tolale
1111 salaire, 1r1e111e lors<111c la victi1nc csl frappée cl'1111c i11firn1ilé complete,
ne lui ¡Jcr111clta11L dn se livrcr :\ a11cur1 lravail. Le l{\gislate11r a nslir11é q11e
la vicli111c 11'a JJas droit á la rú¡)aralio11 totale du clon1·111age, 111ais doit elle-
11H\111c en su11pr11·Ler 1111e parl.
1,a pro¡iorlion du salaire repr{·se11lée 1>nr l'i11<le11111it{, varie s11ivanl la gra-
vi ló des lt'~sions.

l
396 LIVRE 11. - TITRE PRE!IIIEI\. - '
DECXIE~IE l':\RTIE. - APl'E~DICE

1° JJreniier cas. - Si l'acciclent 11'e111porte q11'une incapacité lem¡1oraire,


c'est-a-dire disparaissant tolale111ent au !)out cl'un certain te111ps de lraile-
111ent, ce qui est le cas le plus fréque11t, l'intéressé a droit, tant qu'elle clt1re,
a Une i11dem11ité jOlll'Jlaliere égale a la 1noitié de son salaire, inclen1ni t{:
(JUi lui est payée, soit 3. partir du ci11quien1e jour, soit 3. partir du pre111ier
lorsque !'incapacité se 1Jrolonge plus de onze jours.
2° Deitxien1e cas •. - Lorsqt1c, apres la co11solidatio11 de la bless11rc, c'esl-a-
dire a1Jr1\s que le lraite1r1er1t 11écessaire a la guériso11 est ter111iné, la ,·icli111e
de111eure frappée d'une i11fir1r1ité cléfinitive 011 i11capacité ¡Je1·1na11e11le, le
cl1ef d'entreprise doit lui ,·erser, a claler ele la consolidation et ¡Jendant
toute sa vie, une rente, dont la quotilé Yarie suivant que l'i11capacité esl totale
ou parlielle.
,\.. - 11 y a i,icapacité lotale, lorsque l'infir111e ne· peut plus se liYrer á
aucur1 travail, c1uel q11'il soit, po1rvant lui rapporter un salaire. Dans ce cas,
la vicli111e a clroil ¡\ une renle 1\gale (lllX cle11x tiers de s011 salaire a111111cl.
13. - Si !'incapacité est si111ple111enlparlie/le, elle clon11e droit ¡\ 1111e rente '
égale 1't lci ,noilié ele la réclu,ctio,i 1111e l'acciclcnl jciil siibir aii salaire. Par
exe1r11ile, 110 ouvrier, gagna11t 1.!,oo fra11cs par a11 el frappé d'u11e i11fir111ilé
'·c¡t1i 11e lui per111et ¡ilus que de g·ag11er Goo fra11cs paran, recevra · une rente
égale it la 11.1oitié de 800 fra11cs, soit t,oo francs.
011 a fait rer11arquer avec raisor1 L¡ue le l<'.·gislaleur s'esl 111011tré IJie11
avare, el que l'inden1nité allouée ici esl vraime11t insuffisa11le.
3° 1'roisienie ca.~. - Lorsl1ue l'accicleul est s11ivi lle la morl de la vicli111e,
la loi accorde une JJension aux perso11nes qt1e so11 salaire faisait viYre, c'est-

-1t-dire ;
a
.\.. - ,\. son co11joi11l et ses c11ja11ls agés ele 111oi11s de seize ans révolus.
B. - 1\ défaut (le ces 1Jerso1111es, a11x asce11da11ts el clesce11lla11ls c1ui
élctic,il 1'i set cliargc ('1oir le taux <le ces pensions clans l'article 3, ,\, 13, C) .

Influence tle la faute inexcusable sur le chiffre des pensions. - l~e
cl1ef d'entreprise (loil J)ayer les i11clen111iLés fixées par la loi, r¡itelle 1111c soil
l1z cc1use de l'r1cci1li•11/. C~'esl l.\, 11011s Je savcJ11s, la cons~r¡11ence l0gilf1Ie,
11écessaire clu pri11ci¡Jc tlu risq11c Jlrof'essio1111el.
Ce¡Je11cla11L, le l{·gislale11r a cr11 llevoir HJJ})Orler 11n te111¡1éra111e11l ¡'¡ celle
regle, J>llUr le cas oi'1 l'acciele11t a éló JJrovoc¡11é Jlar t111eja1i/e i11e.r,c11s11ble,
sc1il ele la vicLi1ne, soit (!11 }lalro11 011 de ceux c111'il s'esl s11Jislil11í·s da11s la
<lireclio11. 11 a crt1 que ce Le111póra1ne11l éLaiL 11écessairc JJ011r e1111Ji\cl1cr
les acles de 11églige11cc lro¡> g·raves c111e })OurraiL con1111ellre le }lat.ron 011
l'ouvrier. ;\[ais, par les 111ols ele jaiilc i11exc11sablc, il 11'a vo11!11 vi ser c¡11c les
fa11les lellen1e11l lot1rcles, Lcllen1e11l grc1ssieres c1ue rie11 11e pe11l ex¡Jlic111er la
co11cl11ile ele cel11i qui les cc1111111el. J>ar l.\ 1nc111e, de Lelles fautes 011l 1111 ca-
racterc exceJJLio1111el et se prod11ircH1L IJie11 rare111enl. Ce 11'éLail <lo11c }Jas la
peine ele 111oclifier, 11011r des cas tci11L 1\ fail rares, les r1~gles fix<)()S ¡¡ar la loi.
J)'a11la11l Jll11s c111<' l'ell'c'l 1lc la fa•1tc i1111xc11sa)¡Jc esl assez reslrei11l. ll 11'y a
Jlas 1\ e11 le11ir conlfJlc 11u11r les ¡1eliles i11clé11111ill:S (frais pl1ar11111ce11Lic111es <~l
111 ód ica 11x, fra is fu 111'.•ra i res, i11cle 11111 i L{\j 011 r11al iL· re). Elle 11 ·exercc son i111111e11cc
DU RISQUE PROFESSIQ'('(EL E;< )IATI~:l\E D'ACCIDE',"TS DC TRAVAIL 397
<¡ue sur la fixalio11 tl11 cl1ill're des ¡1e11siu1Ls, el voici cl1111s c¡uelle proporlio11.
Si c'esL l'ouvrier qui s'est re11du coupalJ!e tle la faute inexcusa]J!e, le LrilJ11r1al
a le droit ele di111in11er le cl1iITre de la pe11sio11, da11s la 111esure 01'1 il le jug·c
11écessaire. Si la fa11te a été con1111ise par le patron ou par u11 de ce11x qu'il
s'est substit11és elans la directio11, la 011 les re11tes pe11,·e11t etre 111ajorécs,

sans que leur total puisse cepencla11t clé¡Jasser, soi t la récluctio11 de la ca-
lJacité ele travail, soit le 111011ta11t d11 salaire an1111el en ca:-. tl'i11ca¡Jacilt'·
totale.

§ 3. - f-.1-a1•a11tles ,tu 11ale111e11t des ln1le11111ités.

Pour protéger les créanciers el'indem11ité contre J'i11solvalJilité -d~ cl1ef


d'entreprise ou de la Con1pagnie el'ass11rances qu'il s'est substituée, la loi a
établi des garanties de paien1ent tr<'•s efficaces. Ces garanties varient suiva11l
q11'il s'agiL des ¡Jetites inden1r1it<:s ou des rentes.
1º La créance de la victin1c ou ele ses aya11Ls
. elroit relative aux frais 111é-
. .

dica11x. JJl1arn1aceutiques et fu11éraires, ainsi qu'a11x inden1nités allo11ées :i


la s11iLe ele !'incapacité le111poraire de travail, est garanlic par 11n privilege
gér1<'•ral sur les biens du cl1ef el'e11treprise, ir1scrit it l'article 2101-6° cl11 Corle
civil (art. 23, 1°' al. L. 9 avril r898).
2° Po11r les re11tes allouées it la victirne ou :i ses représenlants, la loi a
in1aginé un autre n1ode de s11rel<'·, e11 créanl, h la Caisse <les <lépt>ts et consi-
gnations,11n fo,ills de garantie,ali111enté par les conlributions des cl1efs d'en-
lreprise assujettis, fonds qui, a11 cas d'i11solva!Jilité clu clé]Jite11r, est o!Jlig<'·
de payer a11 créancier les arrérag·es ele sa pension.
l)'ailleurs, le régin1e no11Yea11 ele réparation des accielents d11 travail ins-
litué par la loi de 1898 appelle con1r11e con1plé1ne11t 11aturel et presqur
indispensa)Jlc la pratique ele 1·ass11rancc. }Jo11r se couvrir co11tre le risqu<'
rruc la loi leur in1pose, les chefs d'entreprise ne pe11Ye11t n1an11uer de rc-
courir á l'assurance. La loi 11e leur e11 fait pas 11nc o!Jligatior1, 111ais en réa-
lilé, presquc tous les en1ploye11r,; assujettis s'aelressent h une société cl'assu-
rance 011 lt 11n synclicat de gara11lie lesquel:-, rnoyrnr1ant le verscn1e11t d'unc
prin1c an11ucllc,s'cngagent ¡'¡ 1Jaycr les indern11ités auxq11cllcs elon11eront lie11
les accicler1ts <[UÍ vienclro11t /1 se prod11ire ela11s les éta!Jlisser11cnts affiliés.

'
' .

CI-IAPITRE II
E\' lll CI [ISSE:\11~\l' IX.! USl'I~

Si not1s faisons al)straction, d'abord, ele l'l1ypotl11\se d'une gestio11 d'af-


a
faires, objet des articles 13í2 137G. donl il con,·ie11t_ ele parler en 111cn1e
len1ps c1ue du contrat spécial de nza,idat, et, en seco11d lieu, de la volo,zlé
1inilalé1·ale, do11t 11ot1s avo11s déja parlé (a propos <les ¡1ollicitcttio11s el des
a
slip11lalio1zs po11/' a11t1·11i), il 11e nous reste signaler, co111111c source d'obli-
galio11s, 11lus précisé111ent cor11111e sourcc 11un cu11ll'ctel11elle, que I'e11l'i-
cl1isse1ne1zt inj11sle a1tx clé¡Je11s ,J'aul!'ui .
..\.ucun texte posiLif 11c vise i,1 ler111i1zis celle regle g·énérale <l'éc1uilé <¡11c
1zul 11e JJeut s'e11ricl1ir sri11s 1lroil ai1.i; dé¡1e1zs cl'a1itr11i. ;\Jais elle repose sur
11ne_ (radilion constante, venuc d11 Droil ron1ain et ele notre a11cir11 Droit.
Or1 pe11 t la considércr, 11 ,·ce la j11 rispr11clence, co111rne étant c11core en vigueur
cla11s 11c>trc législation civile, air1si e¡11e l'actio11 ele in reni vel'so qui en cons-
ti tuc la sanctio11. c·esl l'une ele ces reg·les e1t1i. llOUS l'a,·ons vu (V. t. J•r,
, •
11. 28), résultc ele la Cot1L11n1c. ·
• D'aille11rs, si le Gode ne for111ule pas le pri11cipe général, il er1 consacre
plusic11rs applicalions ele <létail. 011 pe11t co11s idérer r.¡ue la pl11s i111portante
de ces applications cst l'ol)ligatio11 de restit11er ir11posée 11 ccl11i q11i a rc1;11
a
le pa ie111e1zl de l' i111l1i (art. 13í6 1381 ), ollligation sanctionn{·e par l' 11cliu11
en ré¡,élilio,t ,le l'i1z(lli ' <JU co1t(licliu i11(lcbili, r¡11i fail, ela11s le Code civil,
'

l'olJjet de textcs précis et dévcloppés. J\llais celtc ol.Jligalio11 repose a11ssi s11r
a
11ne a11lre base, car elle peut se rrittacl1er la lhéorie de la ca1tse.
Nous cor11111enccror1s par étudier la 111atiere s1)éciale clu J)aicrr1e11l de
l'indu. !luis, dans 1111e cle11xie1r1e sectio11, llOIIS arrivcro11~ ll la ll1éoric gé-
nérale de l'ollligalion crt',ée par l'enricl1isse111e11l i11j1tsle et de l'aclio11 ,te i,t
1·en1 11erso, sa co11sóc¡11e11ce, et 11011s a11alyserons le for1clio1111c111ent ele l'1111c
et ele l'a11lrc.

SJ~C'J'ION l. - llt;PÉTITIO:-í l>E 1:1:-íJ)F.

Action en répétition de l'indú. Son fondement. - ,\ux ter111cs lle


l'articlc 1376, « cel11i c¡11i rcc;cJil ¡1ar crre11r 011 scie111111enl ce q11i 11e luí est
pas el11, s'olllig·e ;'¡ le restil11er it cclui <le <¡11i il l'a i1rclf1111e11l rer;u ». l,'acli<.11 1
Jlar lar111clle le sull'e11s rt'·cla111c ce r¡u'il a i11elu111c11l Jlay{, ;'¡ l'acci¡Jie11.~, porte
le no111 el'aclio11 e11 ré¡Jélilio11 ,le l'i1t<l1i.
Ilie11 ele fll11s si1111lle j11rielie¡11e111cr1l 1¡11e <l'expli<111er c<illc acl.io11. l•:lle <,st
11,ze a¡i¡ilicalio11 de la lltéurie tle la cause. Et c11 ell'cl, le 1>aie111e11L a 1iour
E\'RICIIISSElIE\'T I\J USTE

ca11se 1111e dette qu'il est tlesli11é it éLei11elre. « 'l'oul 1)aie111e11l su¡Jpose 11r1e
<lette n, clil l'arliclc 1236, 1cr al. Si llo11c, la dette cause d11 paie111e11L 11'existc
pas, le paie111e11L est r1ul, parce q11"il 111anque d'un élén1ent esse11tiel t\ sa
validité. E11 co11séq11ence, c'est encore l'article 1235 q11i parle, H ce qui a été
payé sa11s etre tlt'1 est sujct a rt')pétition n, Le droit pour le solve,is de répéter
ce qu'il a iutl11111e11t paJé est la co11séque11cc naturellc ele la 11ullité elu
1Jaien1cnt.
i\Iall1eureuse111ent, le Coclc 11e s'e11 cst 1Jas tc1111 it cctte a11alyse si111ple et
claire ele l'aclion en répétitio11 de l'i11<l1i. I>lus loin, il est rever1u sur cette
111alii·re, a11 cl1apitre eles c111asi-contrats; et la, il 11011s présente l'o!Jligatio11
ele l'acciJ)ie,is de restituer ce e111'il a i11d111nent rec,u,. con1n1e une obligatior1
1¡iiasi-contractuelle (art. 13í6 et s.).
Cette seconde conceptio11 a jeté u11e certoine ol)scurité sur le fo11de111ent
tl1(\oric¡ue de notre action. Les auteurs, se co11forn1ant a la classificatio11 d11
Code, se sont érertués it cl1ercl1er 1111e !Jase it l'olilig:1tio11 tle l'accÍJ)ie,is,clans
11n acle ele volonlé de sa ¡1art. On eloil 1Jrésu1ner, ont-ils avartcó, que celui q11i
rec,oit u11 soi-disant pnien1ent ente11d s'engager it restituer la cl1ose payée,
s'il se trouYait e11 cléfinitivc <Jt1'elle ne fut ¡Jas due. Cette prt':somption de
volonté. n'a qu'u11 eléfaut, c'est q11'elle est exactement contraire a l'intenlion
que manifeste l'acte ele l'accipie,is. 11 est {·vicle11t q11e, dans sa pensée, ce-
lui-ci 11e re~,oit tJas pour renclre; cela r1'est ¡las douteux s'il est de bonne foi;
cela l'est encore moir1s s'il est de n1nuvaise foi, car il espere bien alors con-
server ce q11'il a re911.

l. - Conditions de la répétition.
Faut-il un paiement fait par erreur ? - La répétition lleut etrc tle-
111a11dée toufis les fois c1ue le 1Jaie111enL cst sans cause, soit e¡ue la clette
11'exisl,1t ¡las, soit c1u'elle fut e11lacl1ée de nullité.
a
C'est celui qui i11lente l'aclion it faire la pre11ve de l'abse11ce ele ca11se.
l\lais faut-il <ruc le solvc,is p1·011ve en ot1tre c1u'il a 1>ayé JJar crrciii· ,
~ C'cst
u1H1 e111estio11 e¡ui a été vive111e11~ discutéc. l)ar1s les art.iclcs 1235-1° et 13í6,
il n'cst ¡Joi11L parlé <le l'erreur. ,\u co11traire, l'article 137í, prévoyant le cas
ot't la tletlc est llayée ¡>ar 1111 anlre c111e le véritable dél1iteur, é11once expressé-
111e11l la contlitio11 cl'erreur. (( l.ursc¡11'ui1e perso1111e qui, par errcur,sc croyait
tléliitrice, a acc111itlc'· 1111c <lette, elle a le clroil ele ré¡lólitiu11 co11tre le créa11-
cier. » J,a 11lupart eles a11lcurs ad111ctlenl c¡u'il faut so11s-e11Lendrc la condition
1l'erre11r tla11s les cleux rirc111iers Lexles. l)'alJord, la tradilio11 ron1ai11e et de
1101,re a11cien l)roil est en ce se11s (1, S ,. ]). lle co,idicl. i,ideb., \.If, 6; llo-
th ic r, 1'railé ,Ju 1¡ itas i-con Ira l ¡iro1111tl 1t11111 el 1le l' acl io,i conlliclio i11rlebili, r 3 :i,
{:el. l!ug11et, l. :1, p. 101 .) l)e plus, clit-011, l"ét111ité 11'cxige nulle111ent que la
loi ,·ien11e a11 scco11rs de celui t¡ui a 1>ayé scie1n111e1il ce qu'il ne clevait pas.
l,e ll11ic111c11t cl11 l'ir1d11 fait scie1n111enl n'esl pas 1111 llaie111ent sans ca11se;
il peut s'ex¡lliquer par cli,r.rsrs rnisons variables s11iva11t Jr,s especcs: dí)sit·
<In fuirr, unn li!)Óralití•., tle pnyPr une o!Jligat.ion 11at11relle, tic 1'(111clrc service
au véritalile tlóliileur, 011 e11core de co111ir1r1er une obligation an1111lable.
400 LIVRE 11, - TITRE PllE~IIER, - '
DEüXIE,IE P,~RTIE. - CIIAPITRE II

D'aulres a11Lct1rs, s'attacl1ant á la lctlrc des textes, enseig11c11t e¡ue l'crrc11r


d11 solvc11s n' est une co11ditio11 ele la ré1)élitior1 c111c da11s l'l1y¡)otl1esc cxprcs-
sé111ent visée par l'article , 3 11 (1)aie111e11t el'une elette exista11t véritalJle111en t,
rnais par u11 a11tre e¡ue le , éritalJ!c débiteur). Dans les aulres cas de JJaic-
n1ent de l'i11d C1 (paie111e11t cl'u11e clet le qui 11' existe pas réellen1ent ou est 11ulle ),
la répétition po11rrait ayoir lieu, n1e111e quanel le solve11s a11rail payé scien1-
n1e11t.
Nous esti111011s q11c ces cleux OJ)inions sont inexactes l'u11c et l'a11trc
cor11111e trop absolues, el f¡ti'on ¡Je11t tirer de la j11risprudcr1ce 1111e elisti11ctio11
á la fois {~quitable et ration11elle c¡11i est la suiva11Le.
Dans la n1ajorité eles !1ypotl1eses, le solvc11s ne peut répéter l'indi1 qu'en
prouvant qu'il n'a pas pa)-é en co11naissance de cause et volo11taire111ent. Ce
sont toutes cellcs 01'1 aucun obstacle légal ne s'oppose á cé q11e le solve11s
fassc au profit ele I'accipie11s, du 1nor11ent q11'if la fait en connaissance de
cause, une preslatio11 léyiti1ne1nc11t causéc. ,-\lors, en ycrlu ele ce príncipe
cléjá rencontré que Lo11le o!Jligatir111 ou lo11le 1)restalio11 eloil elrc JJrés11111éc,
j11sc¡11'á preuvc el11 cor1trairc, rc1Joser s11r 1111c ca11sc ,·alablc (art. 1132 ), c'csl
au solvc11s q11'il i11corr1l)e ele clé111or1Lrcr, pour écartcr celtc préso1111)tior1,
que son paie111enl a élé fait par crreur, ou, ce qui revienl au n1e111e, sous
l'en1piré cl'une contra in te. L'arlicle 13 11 nol1s fourrrit l11i-n1<:me un exerr1ple
topique eles l1ypotl1eses ele ce ge11re. 11 suppose q11'une clctte existe, 111ais
cru'elle est par erreur ¡)ay<"e ¡Jar u11 a11tre c1ue le <lélJiteur. I\ie11 ne s'opJJOse
á ce ql1e l'on paie la del te el'a11trui (art. r 23G, al. 2) ; et, e11 fail, il arrive
souvcnt q11e le paie111e11t é111a11e cl'un autre que le débiteur, soit c¡ue le

solve11s ait voulu faire une li!Jéralité ¡'¡ ce clébile11r, soit qu'{:ta11L te11l1 en,·ers
lui, il s'acquitte en paya11t le crt'•a11cier ele sor1 créancier, soit e11fi11 e¡11'il ail
c11 le11clt1 gérer l' ajJ'airc clt1 elélJi Lc11 r. Le soluc,is, pl1isc111 'il y a toul liet1 ele
prés11111er q11e s011 intcrvention a eu 11ne ca11sc ,·alable, 11c pol1rra do11c
répéter q11'en elér11011tra11l qt1'il a payé par erreur, ou, cl'u11e 111aniere plus
g·énérale, irivolo11taire111e11t .'
11 y a d'a11lrcs l1ypotl1escs oú, a11 co11Lrairc, le solvcn.s 11'a11ra ¡ias !)esoi11 ele
fairc celle preuYe, el pourra ré1)élcr 111e111e s'il a payé scie111111c11L. 11 c11 sera
ai11si lors(¡u'1t1i oústaclc léyltl s'o¡1¡iosail e} la 1•c1li1lilé cl'Llll ¡1aie111c11l fail [)ar
ltti. l)cxer11¡)le le 11lus sig·11ificatif esl le cas 01'1 le solve11s a acc¡11illé u 11c
cleltc c¡ui élait 1111l!e co111111e re1)osa11L s11r u11c cause irnrnoralc 011 illicilc.
l,e ¡iaien1e11t alors esl sa11s ca11se, 111<~111e s'il a ét{: l'ail scic1r1111c11I, car i 1
Ile peut ,•aloir COIIl!lle cor1fi1·111atio11.
l\cpre11011s s11cccssivc111cnt cl1ac1111c ele ces dct1x séries d'l1y¡>oLIH':scs.

Hypotheses ou la répétition est subordonnée a la preuve c.l'un


paiement involon taire. - I•:11 clcl1ors cle I'l1y¡)otl1esc clc l 'arlicle 13-¡-¡.
voici les clivers cas ,\ sig11alcr:
A. - C'est d'a)Jorel cclui o,'t le solPens 11'a fait c111'ex{:cuter 1111e o/Jliyatio11
r1at11rellc. 1\l01·s - et l'article 12:~:; le elit <Hl ¡ir<J¡1res lcr111rs - il ne ¡1eut
ré¡Jéter c¡11c s'il prouyc aYoir ¡iayt'· i11volonlairc111c11L. r:arliclc 1i¡G-¡ co11Lieul
1111e ap1ilicatio11 de cetle idéc ¡)our le cas clu jP11 <Ht clu ¡inri. J,r, i>Pr!lanl, clil-
il, r1c ¡Je11L elans a11cu11 cas r<'·¡1{·ter ce <¡11'il a vcilo11lairc111c11t ¡iay<\ (v. ¡>. -¡ 1).
ENRICHISSE~IENT !:'<JUSTE

B. - Me111e sol11tio11 llOur l'héritier qui acq11itte u11 legs révoq11é par 1111
tcstament postérie11r 1Rcq., 19janvier 1886, D. Jl. 86.1.88, S. 86. 1.200).
C. - La jurispr11de11ce contient encore toute 11ne série de solutions clu
n1en1e genre, cla11s des cas ou la cause détermi11ante du paie111ent a été une
erreur soit sur l'existence de la dette (Civ., 22 jui11 1892, D. P. 92. 1 .565, •

S. 93.1.51; 3 février 1904. D. Jl. 1904.1.215, S. 1904.1.26!1; (;iv., 28j11il-


let 1886, D. P. 87.1.09, S. 86.1.416), soit sur la personned11créancier(Civ.,
6janvier 1913, D. Jl. 1913.1.511).
No11s avons e1111Jloyé
. celle forr1111le générale que le solveris doit prouver
.
'
ur1 paiement fail a1itrenie1it qu'e,i conrzaissance de ca1ise. En efl'et,il n'est pas
toujours 11écessaire q11e, dans les l1ypothcses indiq11ées, le paie111ent, ait ét,\
fait par erreur. Le solve11s a pu payer sous l'e111pire des circonstances, paree
qu'il y était co,itrai,it et forcé, q11oique sacl1ant bien qu'il ne devait ríen.En
pareil cas, la preuve de la contrainte produit le 111e1ne résultat que celle de
l'erreur. 11 en est ai11si <lans les deux exentples suivants, 01'1 l'actio11 en répé-
titio11 de l'ind1i est certaine111e11t admissible.
A'. - J'ai déja acquitté la dette, n1ais j'ai égaré la qui llanee. Pours11ivi
par le créancier et 11e po11va11t prouver n1a libération, je 1ne <lécide a payer
de r1ouveau afin d'éviter u11e condamr1alion ; puis postérie11re111ent je rc-
:trouve la quittanceégarL·e('\". Civ., 2 avril 1890, D. J). 91.1.18'.i, S. 92.1.15¡.
· B'. - Le solve,is a fait le paien1enl sous le coup d'u11e coritrainte ad1ni-
1iistralivc et pour éviler des poursuites. (;'est, par exen11Jle, l'acquéreur
d'un in1n1euble qui verse, sur une contrainte délivrée contre l11i par l'acl-
n1inistralion des co11trilJutio11s directes, la co11tribulion foncicre des années
précéclentes e11 l'acquit ele l'ancie11 propriétaire (C. cl'Etat, '.J8 janvier 1887, •
D. 1). 88.5.1!11 et 2 11ove111lJre 1888, !lec. des arrets dti Cons. d'Etat, 1888,
_p. 782; (~ons. d'Etat, ¡ février 1890, S. 92.3.61 ).

2° Hypotheses ou la preuve de l'erreur sst inutile. -· Voici cle11x


l1ypotl1cses 01i il e11 sera ainsi.
1\. - C'est cl'alJorcl le cas 01'1 l'olJligalio11 avait 1111 objel illicite 01i i11i-
111oral. Alors, la r1\1)élilio11 est loujours a<ln1ise, sa11s c¡ue le solve11s ail a
1irouver c¡u'il a con1111is une 1\rrcur. I~n cll'et, 111e111e ,olo11lairc, le paiemenl
~¡u'il a fait csl dépo11rv11 ele cause licite. Mais 11olous q11'en ¡Jarcil cas, l'ac-
.lio11 en rt'~pétitio11 se l1f'urtc le JJlus '.-,;011venl :\ 1111 olJslacle qui la paraly~e
el c¡11i se lro11ve clans la rt'·gle for11111l1\f' ¡Jar l'adagc: Ne,110 a111lilur ¡1ropria111 .
.lttrpi/11di11c1n allcya11s. l1ar cxe111¡Jle, l'i11divid11 qui a acc¡11is une 1naiso11
,de t.olérauce, 011 une 111aiso11 ,le jcu, 11e ¡>eul pas répéler le ¡Jrix c¡11'il a payú •
(]lec¡., ,•ravril 18!):-), 1). 11 • !):-,.1.:>.G3, s. !)H.1.:i8!), 11ole de 1\1. Apperl. ,:r.
J>aris, 16 11ove1111Jrc 1888, I>. l'. 8!).'l,:>.ií3, S. !)l .:>..89; ]lec¡., 15 1nars 1911.
(;a:.. l 1al,, '..l:>.-25 avril l!)I 1).
<:e¡>PIHlant, la juris¡>rudcnce ne ref'usc J>as Loujours a11 sulvc11s I'action en "

rt'•JJt'~ti I ion. l)'aliorfl t,lle 11<' la rel'use t¡ue si le co11lral présente un caraclt'!re
'in1111oral 011 illicitc ¡10/ll' cclui qtii i1ile1itc l'aclion. t'n ró1>1:lilio11. Si, a11 co11-
t.rairti, la f'aute co111111isc 11'esl i1111>11Lahlc qu'l1 l'autre J>artie, le sol1•c11s ¡>cut
s1,1Jéter ..\insi, e11 n1uLiL·rc de cessio11 cl'of'lice 111inistériel avec co11lre-lcttrc
Tome 11 26
LIVRE 11. - TITRE PREMIER. '
DEUXIE)lE PARTIE. - Clf,\PITIIE II

stip11lanl un su1lplé111ent de prix, le soll!ens peut répéter la restilutio11 ele


ce su¡lplé111ent, ¡larce que la faule 11'est ir11¡lutalllc qu'au céda11t (lleq.,
1e,·ao1il 1844, S. 44.1.582; 18111ars 1895, S. 96.1.11, 1). P. 95.1.3/11i; (]re-
11olJle, 2G jui11 1907, D. P. 1908,2.363, S. 1909.2.22).
De 111e111c. celui e¡ui aurail versé une so111n1e pour en1pecl1er I'acci¡Jie,is de
co111111ettre un déli t pourrai L la répéter. ·
13. - L'oblig·atio11 est nulle pour cause d'i11capacité du solvens, lec¡uel élait
c11cr)rc incapallle au 11101ncnt oi'1 il a payé. Le représentant de cel11i-ci peut
dc•111a11dcr la ré¡létilio11 du paie111enl, 111en1e fait e11 connaissauce ele ca11se.

II. - Etendue de 1~ restitution qui incombe a l'accipiens.


L'action en répétitior1 ele l'inclu et le principe gi·néral ~ont elle est une
applicatio11. se fo11dent Lradition11ellen1ent s11r l'éq11ité, autanl que sur les
J)rir1cipes gé11éra11x du droit eles o}Jligations. ·c·cst pourq11oi le Codea
atl1'n11é a11 profil ele l'accipier1s de bo,znc foi les conséq11er1ccs logiq11es q11i
cléc,Julcnl de la 1111llité du paic111ent. Dislinguons deux h)'l)otl1eses:
1º .4cci¡1ie11s (Íe ,nauvaise foi. - I)accipiens est de mauvaise foi q11a11el il
a re,,:11 le paien1e11t en con11aissa11ce d11 vice elo11I il était entacl1é 11 en es!
ai11si, 11ota1r1n1e11t, lorsqu'il sait que le paie1ner1t lui a été fait pour une cause
a
cor1lt'airc l'ordre p11blic, a11x bon11es 111murs ou aux Iois. 11 doit en cecas,
. 11ous dit l'article 13¡8, resliluer loul ce e¡u'il a rei;u. 1< tant le capital que les
intérets ou les fruits, clt1 jour d11 JJaien1er1l n.
Si la cl1ose qt1i lui a éló re111ise est 11n me11l)le corporel ou u11 i111n1eulJle,
il doit la rcslituer er1 nature, si elle existe encorc; il restilt1era sa valeur, si la
cl1ose a péri 011 a éti'1 détériorée ¡Jar sa faute (art. 13¡\¡). L'accipie,is esl óga-
• •
ler11e11l te1111 de restituer la vale11r ele la cl1ose au r110111e11l oi'i l'actio11 es!. i11-
te11lt'~c. s'il l'a alit\11ée. Jl ne J>Ot1rrait do11c JJas se lil)érer e11 ofl'ra11t le prix.,
aucas oi'1 ce Jlrix. serait i11ft\rie11r it la vale11r actuelle (arl. 1380, rz co11lra1·io).
E11lin, l'11ccipie11s ele rr1au,,aisc foi cloil c11core reslit11er la valenr 1le la
cl1<lse, 111e111c si elle a pt~ri parcas forl11il (arl. 1379 infl11ej. S11pporta11t ainsi
les rise¡nes ele la chose, il esl done assi111ilé a11 vole11r (arl. 1:lo?., al. t,). Le
eléfc111le111: de 11¡¡111vaise l'oi 11'a 1lroit ;\ 1111c ctJIIIJlCllsali1J11 e1ue s'il a f'ail eles.
dépenses 11t'icessaires ot1 util<'s pot1r la co11srrvati,J11 ele la cl1osc (arl. 1:1.'~1 ).
11 J)Ollrra cla11s cecas cxiger le ren1l,011rse111cnl ele ces tlÓJ)<'IIScs, soil J)r,ur
la le)lalité, si ellrs e)11l ét{· ntcrssairrs, soil 111111r la ¡,l11s-val11c 11roc11r{•p Ú la
cl1ose, si ce sc,nl eles elt'\Jlensrs 11tiles.
:1º .4cci¡1ie11s ,le bo11111' jiJi. - l,'ncci¡1i,•11s 1lc 1>011111\ f'oi es! lc>ul a11tr,·111c11l
lrai té. I~,1 ¡1ri11ci¡ic, il ne restilttc <¡lle l'e 1/011[ if s'csl cnrichi. F:11 c1111sc':q11c11ce:
.\. - 1111e ele)il J>as cc1111ple des f'r11ils el i11tért~ls <¡11'il a J)Pre;us (arg11-
111e11t a rl. 1:1781,
13. - S'il a ven<l11 la clte>sc, il 11,'. tloil reslilu<'r q11e le ¡)rix c!P la ve11ln
(arl. 1381>:1.
C. - Si la cl1ose a ¡léri parcas forl11il, il esl liliéré (argur11e11I arl. 1:{7f)).
1). - l)ans 1111 cns 1)artic11lier, la loi cróe i't s(111 11r,)lil 1111c fin 1ln 11011-
rcccvoir 1p1i paralyse l'actie111 e11 r{~¡u'.~tilio11.
11 fa11l s11p1loser pour l'applicalio11 tic ccllc regle spécialc c111'il s'agil cl'u11
EXI\ICIIISSE;\IENT l::'iJUSTE 4o3
1Jaie1nent fait par 11n autre que le véritable dél)iteur. Si, I1 la suite de ce
¡)aiernent, I'acci¡iiens a su¡>¡>ri,né s01i litre lle créa,ice, il est tlis¡1e11sé de
toule restitulio11 !arl. r3í,, al. :>.). La raiso11 ele cette regle est que le
créancier se I ro uve privé désormais ll11 n1oye11 de preuvc qu 'il avail contrc
son déliile11r. 11 serail done i11j11ste de l'obliger a restiluer une so111n1e
qu'il r1c po11rrait plus se faire ¡1ayer. On clevra, croyons-no11s, applic¡uer
la n1<\111c regle au cas oi'1 le délai <le la prescription libéraloire se serail ac-
a
compli, et celui 01'1 le créancier aurait été en1pecl1é par le paien1ent de
faire ,aloir en te1111Js ulilc les s11relés qui garantissaient sa créance (Caen,
'.>.o 111ars 1891, D. ll. 9:>..'.1.,í,, 11ote de i\I. J.. el)rel, S. 92.2.204; Civ., 2í no-
ven1bre 1912, 1). Jl. 1913.1.96. S. 1913.1.81¡. V. cependant Req., 4 ao11t
1859, D. ll. 59.1.3!i'.1, S. 60.r.331. Dans toutes ces hypotl1eses, la loi ne
clo11ne a11 solvens c111'u11 recours cor1tre le déliite11r Iibéré, recours fondé
sur l'enricl1isse111e11t q11e le ¡Jaic1ncnl a procuré ce dernier. a
1~11 rés11111<'·, on ,oil que I'ol)ligalion de l'ai:cipiens ele bon,ie foi se lirr1ite
a l'e11ricJ1isse111enl résullant liu paier11enl.
1\insi, la th<'~orie llll paien1c11t lle l'indu llülJS an1ene to11t naturelle111ent 3.
cclle, plus générale, ele l'enricl1issc1r1ent sa11s cause.

Sl~C'l'ION 11. - 1\cT1ox << DE rx 11E'l1 VEHS<J •>.

Origine historique de la regle. - U11 t.exte bie11 co111111 du Digeste


(20G, 1). de rer¡ulis juris, L. rí) rléclare, que, d'apres le Droit naturel et
l'équil<\ nul 11e doil s'enricl1ir au délrin1ent d'a11lr11i: << Jure ,ialtzr¿e :e11uum
csl 1ie1nine111 cu111 allcri1is detri1ne11lojieri locu¡Jletiore,n (Cf. 1/1, J). de co,idict.
inlieú., XII -G). }~len ell'cl, il se111ble bien q11'il y ail 111 11n préce¡Jtc de 1110-
a
rale social e qui s'i 111 pose nécessairerr1ent l' esprit. Cepe11dan t, il ne faudrai t
rias - la 111oi11tlrc róflexion le dé111ontre - prendre cette forn1ule la a
'
lcllre, et I'appliquer sans discernement r1i n1esure, car 011 risq11erait forl
ai11si de clépasser l~ l)ul, et on .abo11tirait a
des solutions ir1acln1issil)les.
])cux exe1r1plcs 11011s permellro11t lle no11s e11 co11vai11cre. Sup¡Joso11s
d'alJor<I que, ¡Jar llcs er11bellisscn1cnls exécutés s11r son fo11ds, 111011 ,oisi11
. '· '

nil a11gn1enl{\ la ,·aleur d11 111ie11, ou cncore q11c, par lles lrava11x rlestinés 1'
'
;'1 le cléfendrc co11tre les inondatio11s. il ail égaleme11l ass11ré la sécurité
clº11n l1éritage inféric11r n1'apparlcnant; l'a11te11r des travaux ne pourra pas
I\Yillen1n1!)Ill r11c l't)clamcr 11nc in<lc111nilé h raiso11 de mo11 e11ricl1isscment;
car J'e11ricl1issen1e11t ne lloil en équité donner licu á 11ne obligation de rern- '
lH>lll"S<'n1cnt !¡11'a11ta11l qu'il cst olJlenu au délrirne11/ cl'a11lr11i,c'est-a-dire c¡11'il
sup¡)ose u11 a¡¡¡ia111•risse111e11/ corrcspo11da11t cl1ez a11lr11i. J~t Lel 11'esl pas
.
' ,
1. llip<irt et 1'cisscir<•,f.'ssai d'u11e tht!orie de l'e11richi.,sen1e11/ sa11s cause en f)roil (ra11,ais,
1\cvue lrln1. Lle droit civil, 1904 ; 11. Lonbers, L'aclion « de i11 re111 verso» et les tltéories
de la respu11sabilité civile, llev. crit. de légi~I. et di' jnrispr., 1912. Notes Je M~l. Peliton,
sous U. P. 89.1.393; Lnhh,I, s011s S. !10.1.91 l'l 9:l.t.281; Planiol, sous D. P. 91.1.49; Snr-
rnt, HOUS l). l'. !)2.1.161; Wnhl, S0115 s. l901.1.461i; Nnquel; sous s. 1910.1.42,i; llourcart.
sous S. 1911.1.31:l.



4o4 LIVRE 11. - TITRE PRE\llER. - '
l)EUXIEl!E P ..\RTIE. - CHAPITRE 11

le cas ici. Que j'aie profité ou non des lravaux cl11 voi;,;i11, celui-ci 11'cn sera
ni plus, ni 1noins ricl1e.
Supposo11s, en seco11d lieu, q11e, localaire el'un terrain pot1r 1111c périoele
de vingt ans, j'y aie fait des constructions da11s man intérct personnel, pour
faciliter l'exercice de n1on droit de jo11issance. A la fin du bail, ces cons-
tr11ctions appartiendront au propriétairc. Si je n'ai pas stip11lé dans le.bail
11ne inde1nnité po11r le11r valeur, mon )Jaille11r ne sera pas obligé de n1e
a
re,nl:)our~er la plus-value q11'elles do11nent s011 foncls. La raison en cst que,
dans cecas, ., l'cnrichissen1ent n'a pas cu lie11 injul'ia, il n'est pas sa,zs cause .
11 est la conséq11ence du contrat de IJail conclu entre 111011 baille11r et n1oi.
a
Aussi, serait-cc une erre11r de croire q11e, Rom~. to11tes les fois qu '1111
enricl1issement se produisait au profit d't1n patrin1oine et l'encontrc cl'un a
autre, il y avait lieu a inde111nité. La pl1rase précitée de Pon1ponius cst u11e
de ces généralisations excessives dont on trou,·é n1aints exemples dans le
Digeste, n1ais q11i n'ont ja1nais été l'in1age fidele de la législatior1 ro111ain<·.
La vérité, c'est qu<:> les Ron1ains a, aie11t créé 11n certain non1bre d'actio11s
0

personnelles, ou concliclio11e.~, permettant, da11s eliverses l1y1Jotl1eses, a la vic-


a
time d'11n enricl1issement réalisé par autrui son préjudice ele réclar11er la
réparation pécuniaire de ce préjuclice. Ces con1licliones, 011tre la co1zdiclio
a
i1zdebili, correspondant notre actuelle répétition de l'inrlu dont nous ,·e-
nons de parler, étaient les suivantcs: la co,zdiclio cattsa elata, ca1isa 1101t
secula, au cas de prestation faite en ,·11e d'une cause future qui ne s'est
pas réalisée; la co11diclio ob litl'pem ve[ i11j11sta1n ca11sa111, a11 cas d'enricl1is-
sement provenant d'un acle in1n1oral ou cl'un délit; e11fin la co1zdiclio si,ze
causa, d'application plus générale, fonctionr1ant dans les cas 011 l'enricl1is-
sement aux dépens d'autr11i n'était pas la conséq11ence cl'11n acle j11rielique.
De pltis, le l)roit ron1ain ve11ait a11 scco11rs de ce11x q11i avaient co11lractó
avec un alienij11l'is, sa11s q11e celui-ci en ctit re<;t1 l'ordre d11 pale1Ja111ilir1s;
il le11r donnait 1111e aclion elite <le ¡iec1ilio ou de in rem t•erso, po11r leur per-
mettre de po11rst1ivre le ¡>ale1Ja1nilias jusqt1'a concurrence du profil qt1e l'opé-
ration de l'alienij11ris lui uvait proc11ré (,r. (iirard, o¡i. rit., ií' ód., p. 6:13).
Nos anciens a11leurs s'e11 ti11re11t, e11 ccllc r11aliere, a11x sol11tions llu Droit
ro1nai11. Cerlair1s, co111111c l3ot1lciller, p11is Domal (LoLr; civiles, r '' }Jartie,
liv. 11, lit. 7, sccl. 1, p. 10, {~d. l\c111y, 1, p. t16G), 10111 c11 re¡Jroel11isa11t !'{•1111-
m{iratio11 eles co111lict io11cs for11111 lées ¡1a r .1 usti11ie11. é11onct~rc11 t le ¡Jri 11ci ¡Je
so11s t1r1e fcJr111e gt'i11t'•ralr analog11r i'1 la 1Jl1rasc de ll11111¡Jo11ius: /,o,·1t¡ilet111·i
11011 llebel 1¡11is ex alleritis jrtl'lura. J•:r1 rcva11cl1c. llothicr S() C<JnlenlP lle
parlcr cr1 ll{~tail el'1111r scule des ap1Jlicalio11s ele la rl'•glc, :\ sav<1ir <le la co11-
1liclio ir11lebiti ( r:011/ral ap¡ielt: ¡iro11111t1111r11 l'I 1tclio11 ro111liclio i,1,l!'bili, {•el. 1311-
g11et, t. V, p. 1eJ1 el s.). 11 csl vrai c111'il ajo11l<' aille11rs (/)11 1¡1111si-co11tr11I
11er¡olior111n r1estor11111, ibi1l., J>. :.1!17) q11c << l't'•1¡11ilé r1aturelle ne ¡Jer111ct 11as
de s'r,11rirl1ir aux 1l<'·pens 1l'a11lrui n... Pl c111r- ,, 1la11s l:i j11ris¡1ru<lc11cc l'ran-
<:aisc ... l'ú<111it<', r1at11relle <1st se11lc1 s11flisa11le ¡><>11r lll'<>cl11irc 1111c <>l1liga-
tio11 civile et 1111c acl.io11 n. Q11ar1l :\ l'aclio11 <¡11i lc11elait :1 rép<'•tPr l'c11ri-
cl1isse111cnl injnslc, 011 l11i cl11111111il clP ¡1lus Pll Jll11s le 11<1111 g<'·n<'·ral 1l'acti<>ll
1/e i11 1'<'111 l'l'l'SO,
ENHICHISSE~IE~T INJUSTE 4o5
L'enrichissement sans cause et l'action de in rem verso dans le
Droit civil actual. - C'est parce qu'ils ont, suivant leur l1abitude: repro-
duit Pothier, que les rédacteurs du Code civil 11'ont traité que de l'action en
répétition de l'ind1\. i\Iais il n'esl pas doute11x q11'ils n'ont pas entendu
ron1pre avec la traclitior1 ron1aine que l'a11cien Droit aYait constan1ment sui-
\'ié, et abolir l'action de i1z rem verso; car on rencontre <;a et la, dans le .
Code, plusieurs applications de la regle q11e nul ne doit s'enrichir sans cause
au d!'.·tri111ent d'autr11i.
-La plus i111portante, celle q11'on retrouYe le plus souvent, peut ainsi se
forr11uler: 1'outes les fois qu'une personne est obligée de restituer une chose, .
soit parce que son titre d'acquisition est résolu, soit parce qu'il est nul,
elle a clroit au remboiirsement des impe,ises 1iécessaires qu'elle a faites, et
des clépenses d'an1élioration dans la n1esure de la pl1is-value donnée a la
chose. C'est ce que décident les articles 861-862 pour le cas de rapport d'un
i1111ncuble a succession par un l1éritier donataire, l'article 1673 po11r le cas
cl'exercice par le vcndeur de l'aclion en rén1éré, l'articlc 1381 po11r le cas
de paie111enl de l'indu, l'articlé 1948 11our les dépenses que le dépositaire
a failes en vue de la co11servation de la cl1ose déposée, l'article 2080 pour
les dépenses faites par le créancier gagiste sur la chose ,Jonr1ée en gage.
l"arlícle 2 r 75 po11r le cas 011 le tiers détenteur délaísse l'ímmeuble hypo-
tl1équé ou subit l'expropriation.
Une autre application du meme príncipe se rencontre encore dans les
diverses l1ypotheses d'accessio,i (art. 554, 555,570,571, 577), ·011 nous voyons
le propriétaire de la cl1ose principale obligé d'indemniser celui de la chose
accessoire qui s'y est incorporée.
Enfi11, sous le régin1e de cor1i1nuriauté entre époux, c'est par 11ne mani-
fcslc a1111licalion du principc en qucstion que le patrin1oine propre de
1'1111 eles époux qui s'e11ricl1it au délrirr1ent de la comm11naulé, lui doit
11nc récompcnse (art. 1437), et que réciproquer11ent il a droit a récompensc,
c¡ua11d 1111c valeur propre cst t0r11béc dans la con1n1unauté.
i\lais, er1 dcl1ors de ces disposilio11s for111cllcs, faut-il appliq11cr la regle
c¡uc nul 11c doit s'enricl1ir injuslc111e11L aux dépens <l'autrui, aux i11no111bra-
lllcs l1ypoll1eses 611 l'équité parail c11 posl11lcr l'cxtcnsion il Si 011i, qucl cst, e11
l'allsence d'u11 lexlc génél'al, le fon<lcn1cnt ele ccllc exlcr1sio11 :l El c11fin, <1ucl
esl le criló1"i11111 c¡ui pc1·111cllra d'accordcr l'aclior1 de i1t re,11 verso quand il
le f'aul, ele la rcfuscr cla11s les l1ypoll1escs 01'i le J,on se11s con1mandc de ne pas
l'ad 111cLl.re,co111111e dar1s les deux exer111llns que 11011s a vous dor1nés plus l1aut?
()¡1 a sur Lo11s ces poi11ls lo11gucn1enl disculó. No11s 11c cil1Jro11s que deux
des Lhéorics écl1afa11<lécs ¡)ar les autc11rs.
l,'1111 <le ces sysle111cs c11scignc q11c 1·aclior1 lle i,i reni verso doil clrc altri •
"
buí•c chaquc fois t111e l'c11richisscmcnl ¡irovicnt d'1111c gestio11 d'affaire im-
/J<11'ji1ifc ou a11orrr1ale, c'cst-h-clirc d'unc ir11111ixlion dans les afl'aircs cl'aulr11i,
n'oll'ranl. pas cc11e11llanl loutns Ins condilions 1·cf¡11ises pour c¡u'il y ait cu
gcslion cl'afl'nirc ¡i1·oprcn1c11t elite (Civ., 16 juillcl 18!)0, 1). 11 91.1./19, 11otc ••
ele l\1. t>taniol, S. 9l1. 1. '!l• - (;f. ]>oilicrs, :.i <lécc1r1brc 1907, D. J>. l!)<l8,2.


.,
. '
'

406 LlVRE 11; - TITI\E PRElllER. - DEUXIE~IE P.-\1\TIE. - Cll ..\.PITRE 11

33:i., S. 1909.2.(11). Il faut rejcler cclte ll1éorie co111111e ir1certai11e, arl)i-


traire el trop étroite. 11 est i111possil)le tic déter111incr )Jie11 ex.actemeut
ce que ses parlisa11s e11tende11 l ¡Jar ges/ io,i d' <1.ffaire ano,·rnale. De plus, le11r
critériu111 ne parvient pas á rendre co1r11Jte eles décisio11s no111IJre11ses 011
la jurisprudence atl111et qu'il y a actio11 de i11 re111 uerso, IJarcc q11e la gestio11
d'afl'aire, nor111ale ou auor111ale, s11pposc lo11jours 1111 r¡é1·a11/, c'est á-dire
quelq11'u11 qui ueul /aire ['affaire d'aulrui. Or, clans la pl111Jart des cas 0T1
l'actio11 e11 répétition est accortlée, le clen1a11deur, en faisant 1111 sacrifice
qu'il e11t.e11ti 111ainle11a11t récupérer, avail vo11l11 faire sa lJrrJpre all"aire et 1Ji011
pas celle d'autrui.
U11e autre opinior1 assig11e á l'aclio11 ¡{e i,i reni verso u11 fonden1e11l c¡ui la
raltacl1e au S)'Sten1e ele la respo11sabilité ol)jecti,·e, fondée sur l'idée ele ris1¡1ie.
o·apres cette opir1io11,en efl"et, le príncipe c111e cl1acun doit subir le risque
de so11 activité; c'esl-a-dire doit elre re~ponsal)le du don1111age causé ¡Jar son ·
fait, a11r,1it pour cor1trepied log·iq11c c¡ue cl1acur1 pe11l réclan1er ce q11'il
11 créé ¡Jar son fait, et a le droit de s·c11 allrilJuer la valeur; les cleux. solu-
tio11s seraie11t les faces o¡)pos{·cs tlu 111e111c princi1)e: \ l'l1ac1111 selo11 ses mu-
vres. Et 1'011 po11rrait for111uler la rt•gle de 111aniere it e11 faire u11e ré¡1liq11e
rigo11rc11sen1cnt sy 111étric111e á l'arlicle 138:i. « '1'011l fait r¡11clcllll<!lle tle
l'l101r1r11e qui procure h autr11i u11 e11ricl1isse111e11t SllllS cause (car les ¡Jar-
iisa11s clu syster11e intrr>cluisenl cC'lle restriclio111, clo11nc le droit it celui ¡Jar le
fail duq11el il a {·té procuré. de le répéter. »
~ ()US repoussons, cette seC()llCle OJ)ill i<JII co111111e 11"0{} lar ge et sa11s fo11-
de111e11t. Elle 1·eposc lot1t e11ti,~re sur la tl1éorie tlu ris1¡Lte. l~es criliq11es q11e
nous avo11s forr1111lées précécle111111enl co11tre cetle tl1é,,rie - aujourtl'l1ui
repot1sséc ¡Jar la j urisprude11cc - to111IJ1•11l s11r la co11s1•¡¡11e11ce r111 ·l)JI ert
Yc11l tircr.
Ce c111e r1011s ¡Jc11sons c'csl <JUC, co111111e le tlisait I>otl1ier, l'aclio11 1le
i1i re,11 verso et l'obligalio11cle rcsliluer cri'·éc ¡,ar l'e11ri1·/1isse111eril sa11s caLtse
cor1stitucnt 1111e r<'·glc d'1•c¡11it1·, cl'orir¡ine el ,te ¡iorlc;e co1rlL1111ieres. Si <lonc la
co11l11111e l11i serl <le fc,11clc111e11l, it cl{·fa11l <1'1111 texle ¡Jositif, c·esl aussi la
coutu111e c¡11'il co11vic11l cl'i11lerroger Jl<Jllr e11 délcr111i11Pr les co11clilici11s el le
fo11clio1111P111e11l, la co11l11111n c·cst-1'1-clire la juris¡irutle11c<'. (lr, si l'c,11 s_vslé-
111atise les S<Jl11Li<111s clo11111·1:s ¡lar les arr1\ls trc'~s 1Hi111lirc11\ c¡11i, <le¡i11is
Yingt-cir1c1 ans, 0111 slaluú s11r la 111alit·re, vriici ¡'¡ <¡uellc~s rc'.·gl<'s 011 esl
C<llllillit.

Conditions de l'action de in rem verso d'apres la jurisprudence


franQaise. - l1011r <111'il y ait c:11ricl1issc-111e11t i11j11sle Pl acli1J11 <le in r1·r11.
1•crso, lr<Jis C(HICii!i,)IIS S(Jlll ll(~CCSSairc•s:
1° 11 faut 1111 enricl1isse11re11l clu <l<':fc111lc11r;
:iº ll fanl <[IIC ccl c:11ricl1isse111P11l sciil la c1J11sr'·c¡11,·11cc clirect,~ 11·1111 11Jl()a11-
,·rissl'Ir1e11l sulJi JHtr le tle111a1u.lP11r;
:Jo 11 faul c¡1u~ l'P11ricl1issc•111c11l se s1Jil. rc·~alisr'· sa11s jus!P cause.
1º l'r1ij111li1·e f'!te: le 1let11<1111li:11r. - (;·es!. ¡,ar a¡JJ>licali1i11 ele• e-clic: c1J111lilir111
c¡111\ l'r111 refuscra l'acli1H1 1/1• in ri:111 1•1·rs1i a11 ¡1r1,¡1ri1•lair1• 1111i, ¡iar clc:s lra-
,·aux <l°e111l,clllssc111c11l llll 1lc: cli'•¡11\11se cxc'~c11lc'·s sur scin 1>r1,¡,rn f1H11ls, a c1¡11-
ENRICHISSE~IENT INJUSTE
.
féré une plus-value au fo11ds tl'autrui (Civ., r8 octobre 190!1, D. P. 1905.r.
119, S. 1907.r ..16-., );)J.
1\joutons que, 111c111e lorsqu'il y a ¡1réjudice pour le de111andeur, l'action
lle in re,n verso devra lui etre refusée, si ce pré_judice est en réalité i111¡1t1-
a
tahle 11ne fa11te, h 11ne négligc11cc ele sa part. De cette solutio11 plusie11rs
fois consacrée (V. c\111iens, 16 février 1901, sot1s Req., 26 janvier 1903, D.
}). 1904.1.391 ), voici u11c applicalion caractéristique: Le Crédi t foncier avai t
preté les fonds nécessaires ¡1our le re111hoursen1ent d'ur1 créancier l1y1)oll1é-
cairc vcnar1t au pren1icr rang. 11 e11t ¡)11 se faire suhroger dans l'hypotJ1cq11e ele
ce créancier, n1ais avait négligé de le faire. J)imn1e11)Jle ayant été réalisé, le
Créclit foncicr se trou,~a primé par l'l1ypotl1eque légale eles enfants mine11rs
de l'em¡)runte11r. 11 i111agi11a alors d'exercer contre ces enfa11ts l'action (le
a
i,i rem verso, puisque c'était grace son ava11ce qu'ils avaie11t pt1 récu¡)ércr
leur d11. S011 action fut jt1ste111ent repoussée ; la perte s11bie par lui étant
a
imputalJlc la 11égligenge q11'il avait com111ise en 11e se faisant pas st1bro-
gcr <la11s l'hypoth<'iquc du pre111ier créancier inscrit (Rec1., r I juillet 1889,
D. ll. 89. 1 .393, s. 90. 1 .97).
2º E11ricliissement du cléje,ideur. - 11 faut c1t1e le patri111oine d11 cléfende11r
ait été aug111enté clireclen1erit par la perle du eler11a11dc11r. Il faut et il suffit,
<lit la Cour de cassatio11 (( c1ue le elemandeur allegue et olTre cl'étalJlir l'exis-
tencc cl'un avantage c111'il aurait, llar u11 sacrifice ou 11n fail 1)ersonnel,
a
procuré celui contre lequel il agit. n C'est le cas pour les i11capables qui,
ayar1l trailé sa11s a11lorisalion et le contrat ayant été an1111lé, ont cependa11t J •

été e11ricl1is par la prestation de l'autre ¡Jartie. De 1nen1e, l'inelividu qui,


sur les inelications que lui a fournies sponta11é1nent un généalogiste, a
rcc11eilli ur1e succession, est ten11 de ren1bourser au généalogiste ses frais
et. la ré11111néralio11 de so11 travail (lloitiers,?. eléccn1}Jrc '!lº7, D. 1908.2.332,
S. , 9on.2.4, ). ,\11tre ap¡Jlicalio11 cncorc: un 111arcl1anel el'errgrais a lirr(" lles
engrais ú un fer1nier s11r sa comn1ande et ces engrais n'ont pas été 1)ayés.
a
I>lus tard, le ferr11icr, son ]Jail ayant été résilié, doit, titre de (!atio i,i so-
lul1t1n, alJando1111cr au IJaillc_11r sa rúcolle re11due plt1s ahonelante par l'é-

pa11dagc des engrais. Le fournisse11r d'engrais po11rra róclan1er le mor1la11t
<lesa facture a11 ¡)roprit'!taire c¡ui s'esl e11ricl1i l)ar son fait (l\ec¡., 15 juin
,:.,,•
18!):s!, )). )l. !):!.l.5!J(i, S. !)3.1.~81). :- .,
' ;'

J~11core fant-il c¡ue cel eoricl1isscn1ent cl11 clt'•fencle11r soil la suite rlirecle
dn sacrilice 011 du fail du dc1r1a11dc!ur. I1 as d'actio11 pour cel11i-ci, clar1s le cas
01'1 le 1lt'ife11cle11r 11'a lit''.néficiú c1.ue cl'1111n pl11s-,alue in1lirecle. ]>ar excn1ple,
t111e ville avait. pr<1r11is 1111e suhvnnlion a 1111e (:01n1Jag11ie, co11cessio1111aire
;)
cl'u11 chemin ele fer d'i11t{1r<)l local, dans 11ne délihératio11 poslt'•rie11re111e11t • ,'i¡
·?

.-1n1111lt':e ¡>ar l'aulorilé s11pórie11re. J,a Con1pngnic, n'ayant pas tn11cl1é la
s11l1vn11lion, rócla1r1a :'1 la vi lle 1111 re111l>o11rserner1L corres11onclanl ¡\ l'ava11tage
<111'Plln avait retiré de la cr{•alio11 de ladilfl ligne. l\flfns de l'action, par ce
111olif <¡11'a11c1111e valcul' 11'était cr1tréc tlirectcr11ent clans le palrin1oinc r1111ni-
cipal, et <¡n'il y avail e11 ponr la vill<\ sin1plc prn,/il in<lirecl rí•sullanl de la
crí~alio11 <lclavoie fcrr1\e((:iY., 31 j11illel 18!):i, )). Jl. !);1.1.3!1', S. !)(i.1.:\!)7)- i
11 y avail l:'t 1111 profit analoguc a cclni ,¡ni 1>e11t rés11ltcr po11r 1111 fontls

408 LIVRE II. - TITRE PRE~IIER. - DEUXIE:\IE PARTIE. - CllAPITRE 11

llcs travaux cl'en1])ellisse111ent d'un fonds ,•oisi11; or 11n tel profit 11e peut évi-
clcm111enl do1111er lieu aaucune récla111ation de la part de l'a11leur des lra,·aux.
1'outefois, il y a lieu de signaler ici u11e dérogation rés11ltant. d'11n texlc
forn1el, l'article 3o de la loi d11 r6 septembre 1807. Cette disposition autorise
l'ad111inistration a réclan1er une i11de111nité a11x propriétés privécs ayar1I
acquis une r1otable augmentation par l'exécution de travaux p11blics ; cette
disposition constitue une exte11sion exceptionnelle de la tl1éorie de l'enri-
cl1isse111enl sans cause, puisqu'il s'agit ici de ¡1!1ts-val11e indirecle.
3° Abse,ice de juste cause. - Enfin, il faut, po11r q11'il )' ait lie11 i1 action de
i11 rcni. verso, que l'enrichisser11ent clo11t a profitt: le défe11cleur soit sa11s jiistc
caiise. Que faut-il entendre par ces 111ots ~ lls ont don11é lie11 a lJeaucoup de
di sc11ssions.
En réalité, le mot cause est pris ici clans s011 sens traditionnel ; il signi-
fie }'acle jiiridiqize qui explique, qui justifie l'acquisition d'une vale11r. Er1
d"autres tern1es, il faut que l'e1iric/1issc11ie11t 11c ¡111ise pas sa so11rcc dans llTl
acte j11ridique q1ti en légitime l'acq1iisition.
II est assez facile de préciser cette notion quand l'enrichissen1ent s'est
réalis<'· direcle1ne11l du patrimoi,ie (/u de111a11de11r 1't cel11i dii 1léfc111leur. L'l1y-
potl1ese type est celle clu paie,ncnl de l'i11ll1i. Ici, l'accipie11s doit resl.ituer,
parce que le paieme11t qu'il a re~11 du solve11s est n11l, faute de cause.
De 111eme, si nous reprenons les diverses l1ypoll1eses 01't u11 tiers pos-
scssr11r a fait des elépenses sur la cl1ose d'a11trui et 01'1 le Code accorele l'ac-
tio11 ,te i11 rc111 verso a ce possesseur (arl. 861,862, 1381, 1673, 1gt18, etc.),
no11s )' consta_terons q11e l'enricl1i 11e peut, da11s auc1111 ele ces cas, invoquer
u11 acle juridique passé entre l11i et le soluc11s, acle qui j11stifie la cor1serva-

tio11 de la valeur ajoutée a la chose.


l11,crse111e11t, clans cl'a11tres l1ypotl1eses e11 ap¡)arcnce analog11es a11x lll'é-
cédr11lcs. la lcii reft1se l'aclio11 1/c i11 rc111 Pe1·so lt l'a11le11r eles dé¡le11ses q11i
011t c11ricl1i autrui, parce q11e cet e11ricl1isser11e11l, )Jien qt1e prc>c11ré directc-
n1rnl ¡Jar le palrin1oi11e du solve11s a cel11i 1le I'acci¡1ie11s. se j11stifie ¡lar u11
acle j11ridique passé e11lre les lleux parties en ca11se.
1'el est le cas po11r le locataire q11i a, penda11t la eluréc de so11 bail, fait eles
trava11x s11r le fo11ds,e11 v11c cle facililcr ci11 rl'a11g111e11ler sa jo11issa11ce, el qt1i
a
11e ¡10111 pas, la fi11 el11 l1ail, rc'•cla111cr cl'i11ele11111itó a11 ¡1ro¡1ri1\tairc,bie11 q11e
cel11i-ci ¡1rofilc e11 cléfinitiYc des tr11va11x en 11uesl ic111 : la cause 1111 rcf'11s ele
l •acl1011.
. C'esl q11e IC propr1eta1rn
. ' . (a' 11101115. 11110 1l' 1HII·¡ IIC Stlll . l'CSI
' ·¡·'IC a\'/111 t
sa date cl'ex¡1iratio11 11c)r111alc par 1111 fait 111111 imputal>le a11 lc1catairP) lro11ve,
ela11s le cc111lral dn lc1calio11 e111i aslrei11t le l11calaire :'t la rcstit11lio11 des
lie11x lc>ués a,cc lc11rs aeljonclio11s el e111!Jellisse111ents, 1111e j11sle cause
1l'c11richisse111t~11l. l\f1'\r11c st>lt1Lic111 ¡11111r le 1111-¡1ro¡>ric'~laire :'1 l'ex¡1irali1111 ele
l'11s11fr11il 1,arl. ;'U!I ·iº al.).
l>e 111e111e enccJre,la C11111¡lag11ie cl'ass11ra11ces 1111i, 11sa11l ,le la facullc'· 111111-
, ¡>ar 1a ¡1111·ICC, 11 f /lit
IlCC . reC()llSLl'llll'C
' l es 1ial1111e11ls
' . e111 I0111111ages ' ()ll (1l'-
'
lruits, 11e 11c1Jl ¡>as récla111er h l'asst1ri'i 11111~ s11111111t• l'PJ>l'c'•se11la11I. la 1lif1'{~-
rc11cc de vale11r clu 11c11f a11 vie11x, car l'ass11rt'\ ¡111ise ela11s le c1111lr11l cl'ass11-
ra11ce le droi Lele co11scrver ce lle valen r ( l\c11,, :.i I j II i llcl , !)O:S, J). ll. 1!I' i/1. 1., 8 1•
S. 1 !)OÍ¡, I .'.l l ),
E'iRICIIISSE~lE'iT I'i'.JUSTE

Q11e si, au conlrairc. l'e11ricl1issemenl s'est réalisé par l"inlermédiaire


d'111i tiers, il est 1)l11s clélicat ele discerner si la de111ande en restit11tior1 peul
etre repoussée ¡)ar l'allégalion d'u11e juste cause. En quoi en efl"et ur1 con-
trat passé entre l' accipie,is et le tiers intern1édiaire peut-il ctre opposablr
au solve11s, si celui-ci a été injusle111ent dépouillé? Ce contrat n'est-il pas /1
so11 égarcl res i11ter alios acta :1
Cepe11da11l, la j11ris¡)rudence se 111or1tre, se111l)le-L-il, portée i1 repousser la
de111a11de en restit11tion clu solve,is, des que l'e11ricl1i peut in,oquer une
juste cause 1i l"égarcl lle l'i1iler111édiaire de qui lui pro,ient l'enricl1isse111enl
1
(, • diverses applicatio11s sous Civ., 18 octobre 1898, D.!)_ 99.1.105, S. 99.

1.165; Paris, ·16 jw.in 1899, l). P. 1¡¡00.2.154, S. 1901.2. 167). Nous citerons
u11 seul exe111ple : il est signiflcatif. II a été jugé qu'u11e person11e ayant
fait une co111111a11de de Yi11 sa11s le paJer, et donné ensuite ce ,i11 a un
tiers, le four11isse11r 11e 1)011,ail pas récla111er s011 paie111eot· au donataire
par la voie de I'actio11 lle in ren1 verso (1'rib. Seine, :12 février 1913, Caz.
Pal., 29 mai 1913). E11 elfel, a-l-or1 clit, la do11atio11 faite par l'acl1eteur
au défe11deur est l)our cclui-ci une j1iste cause J'acquisitio11.
Ur1c telle juris¡)ru<le11ce 11e nous parait pasa l'abri ele to11te critique.
Elle do11ne lieu ii des résullals peu équilables. Elle nous sen1ble contraire
á !'esprit du Code, tel q11'il se 111anifeste en d'autres n1atieres analogues.
11otan1111enl i1 ¡Jropos de l'actio11 llaulie1111e, oi', 11ous avo11s v11 que le do-
11ataire, cerla11s lle lucro ca¡1ta11do, ne peu l s'opposer a la récla111alion
du créa11cier fraudé, lequel cerlal de dam1to vila11do. l~nfl11, la jurispru-
dencc ne r1ous ¡)araít 111e111e ¡)as avoir le n1éríte ele la col1ésio11. Ra¡)pel.or1s
l'arret. ¡)récité de la Cl1a111IJrc eles ree¡11eles e11 clale du r 5 j11i11 1892. Il décide
'
e¡ue le flrO¡)rii'•laire cl'une !erre fi'·cor1clée par les engrais fournis a11 fer111ier,
csl o)J!igi· cl'indr11111iser le fo11r11isse11r d'engrais. J•:t ce¡le11da11l, le ¡Jroprié-
laire tenail sn11 e11ricl1isse111enl d'unc dalia i,i solutu111 co11,e11ue entre lui et
le fer111ier. llourc¡uoi la Cour de cassatio11, si elle veut etre logique, 11 ·a-t-elle
pas vt1 cla11s ce conlrat, acle¡\ litre 011{·reux cepencla11t, JJassé entre l'acci¡1ie1is

et u11 liers inler111Í)cli:1ire, u11e juste cause d'enricl1isse111enl opposalJle it
1'aclic>n de i,i r1•111 1•crso exPrct'•e par le solue,is ,1
'
Quelle est l'étendue de la restitution due au demandeur? - Ici
nous r1e renconlrons ¡>oinl ele IPxtes clétailli:s co111111e ceux q11e le (:ocle a
consacri·s ,•, cellP c¡ueslic,11 1'11 111alitH'e ele ro111li1·/i() i1111e1Jiti. I.rs ¡>rinci¡Jcs
se11ls 111H1s fo11rnisse11l 1111e ri'•JJ011se.
No11s cro}ons c111e J'i-lendue <le la reslit11lio11 esl Ii111itée ¡>ar u11e 1!011ble
111es11re. !)'une ¡>arl, l'lle 111• ¡Jeul ¡las di'~1iasser le 111011ta11l 1le l"e11richisse111e11t
cll"ectil" J'l'CtH~illi ¡>ar le clt':l"end1~11r, c'cst-1\-clir1! celle 1111 prolil e¡11e le fait 011 •
le sacrificP cl11 dP11H1111le11r luí a 111·oc11r{•, ~lais, 1l'a11Lrc part, elle 11c ¡>PUL
¡>as clí·passpr 1111n ¡>l11s 1'11¡i¡u11t1•ri.~se1nl'11l 1111 1l1\111antle11r, c'esl-i1-clirc la .'
so111111P 1l1111t so11 palri111oine s'est lro11,i'· rli111in1u'•.
()1111111 1111:1. i11lérels 1!11 ca¡iital di), ils 111' CüllllllPIICCl'Olll CC'l'lai11e1nl'lll ¡'¡
c<111rir q111· d11 jour de la so111111atio11 de ¡iaycr adrPssc'·c au di':f<>11clc11r. <:'est

at1jo11r1l'h11i la ~ol11li1111 d11 l)roil co111n11111 (art. 11:-1:~).

'I'ITRE JI

PRINCIPAUX CONTRATS USUELS


PH.Ei\11ERJ<: PAil'fil~

LA VENTE

Définition et importance pratique de la vente. Son caractere trans-


latif. -- Perfeclio11r1e111cnt cl11 troc ¡Jrin1ilif par l'inlr1)duclio11 cl'u11 facle11r
écono111ic111e 11011vcau, cl'une vale11r comn1une d'écl1ange c¡ui se111]Jle avoir
co11sislé d'al1orrl e11 liestia11x (pecu11ia), 111ais c¡11i; de 110s jours e·l cle1Juis
lo11gle111ps, rst la 1nu1111c1ie, la \'ente a rel<'·gué l'a11tique Ecl1ange u11 rang a
seco11daire. Dans nos sociélés 111ocler11es, la Vente est le plus i1npcirtant
et le 11l11s 11suel de to11s les co11lrats. 011 l'a dit avec raiso11: toul le 1r1onde
ne ,e11d pas, 111ais toul le 111011cle aclu':tc.
J11riclic111e111c11l, 011 déll11ira la vente le co11l1·czl JJ<ll" ler¡11el 1111e JJerso1111e
a1i¡Jeléc 1•e111le11r lrn11sfcrc (J 1111e a1zlre, 11¡i1ielée ac/1cle11r, el l11i _r¡ar<11tlit la
¡Jro¡iriété ll'1111c c/1use 1<J11 pl11s g·é11<'•.ralc111e11l u11 droil 1¡uclco11c¡ue) co11lre uri
¡iri.J; c11 lll"[/l'lll <Jlle l'acheteur s'oólir¡e 11 l11i vcrser.
ll r(s11lte ele celle clt'·fi11iti1n1 1111c la vPnle csl, cla11s 111ilr1\ l)roit, 1111 co11-
t rat: 1º ú litre 011i·re11x; :1° s~·11allag·11i:1tic111e; :{ co11:-e11s11cl; !1" lra11slatif
0

ele 1irupriété (011 tl'a11lres clroils) 1•11 111e111e lc111¡is c¡1111 fll'Oli11ctif 1l'1iuliga-
tio11s. l,'arlicle 1':18::i l'XJ)ri1111• les t.rciis J>re111icrs carac{,':rl's. H ),a \'1111lc csl
1111e c1>11,1~11li1>11 ¡1nr la1¡11ellc )'1111 s'1ililig<' ;\ li,rer 1111e cluisc, et 1·a11t.rc la a
J>ayer. I•:111~ ¡icul tire f'aitP ¡iar acle a11ll1P11ti1¡11<' 11u s1J11s sci11g J>riv{·. 1> "l;iiis
co lcx t1'. rrs l.c 11111el sur le ca ractt•re a 11jti11 rcl'l111i cssc11Liello1111n11 l.ra11sl11ti f
<le la ,enle •. \ cPt {•garcl, il l'a11t. i11sisl1•r s11r les 1lcux liill"úr1'11ccs 1r11c la vc11l.c
1no1ler11<' ¡ir{·sP11te a,ec la ,1•11le (!u l)rtiil r1i111ai11:
1° ()11 sail 1111c, tla11s le l)r1iil ro111ai11, la v1•11tc 11'c11lrai11ail 1>as, ¡iar cllc-
1111\1111', Ir lransfert dn la ¡>rti¡>ric'•Li•. (:e 11'c'•t.ail. 1ias 11111110,ftl.~ 11c1111ire111/i, 111ais
,111 lil11!11s 111! a,·1¡11ir1•111!11111. l,a l.ra11s111issi1n1 tln la J>rt1¡1ri{·Lt'i s'cf1"11ct11ail, pos-
térieurc111c11l ú la VPIII.<', J>ar IP 111ciy1·11 «le la 111r111ri1i11lio, 1!1~ l'i11 ,j11rc ,·c.~sio,
1le la lrf11lilio11. ,\11jourcl'l1ui, 011 sait l111'il 1·11 est 1lifl"t'·rc111111r~11L 1:L 111111 la

,·e11te est, e11 sui, l.ra11slat.ivc ,le ¡>r<ipri{,t{~. <lr1 a, 1la11s 11otrc prc111icr v1ilu111e,
L.\ VE'.'l'TE 4I I

t'.lullié la révol11tion jnriclir¡ue, réalisée JJar l'articlc 1138, <lo11t l'arlicle 1583
11e fail que signalcr 1111e a1Jplicatio11, qua11ll il 11ous tlit c¡11c H la ,ente cst
parf'aile c11Lre les ¡Jarties, et la proprit'.té est acquise ele elroil it l'acl1ele11r it
l'égarcl cl11 Yer1clcur eles q11'011 est cnr1,enu ele la cl10;,;c et cl11 prix, q11oique la
cl1osc 11'ait lJas encore été li,rt'·c ni le prix JJayé n. Ce tcxle rect(/ie do11c l'ar-
ticlc 1582 flui a été réclig·é co11f'orn1én1e11t it l'a11cicnne conceptio11 ro1naine.
2° La ve11te ron1air1e ri'ini¡Jlii¡tillÍl 11ie11ie JJas l'idée d'1in transfert lle pro-
priété. J,c ve11de11r 11c ~.'y olJligeait pasa tra11sférer le clomi1ii1Ln1. E11 effel,
lo11tcs les cl1oses 11'étaicnt pas s11sce1Jtibles de 1/0111i11iu111; ¡Jar cxe111ple, les
Jo11ds provi11ciau;¡; n'o11t pu faire longte111ps l'olJjet que de la propriété IJoni-
lairc. Et certai11es personnes, par cxc1111Jle les ¡Jérégrins, n'étaient 1Jas ca-
pablcs cl'acquérir le domiriium. Or, la fonctio11 éco110111ique de la ,er1te exi-
a
geait qu'elle fut accessible tou,;, et put porter Slll' lous les biens. De la, la
rt'~gle ro111ai11c (1uc le vc11deur s'oblige a tra11sférer et it gara11tir seulen1e11t
la val'ua possessio. Celtc solution était cl'aillenrs sa11s ir1con,·é11ients, car, si
l'acc¡1u~re11r n'avail 1Jas, des la traclition, ncc¡11is la pro¡Jriété, 11r1e 1Jrescrip-
Lio11 tri!s conrlc la lui conférait l)ic11l,'it.
llappelons aussi t1\t cettc co11s1:<¡ucnce d11 poinl de v11e ron1ai11 que la
vente de la cl1osc cl'a11lrui ótait alors possilJl~ et ,alal)le ( 1 r, S 2 el 3o, S r,
D., ele act. emti el ve1lcl., \.I\., I; 2::-i, lJ, 1, D., <le co,ilral. ernl., X.\'IlI, 1).
Ccpc11da11t, les llo111ains a,aient a1Jcr<;u eux-111t~r11es c1ue si le lransfert de
la proprii'.·tt'· el<> la cl1ose ,,cnduc ¡1eul 11e 1Jas etre ele l'esse11ce de la ve11te, il
-cst forcér11ent <le sana litre. car il esl 11or1nal fJ11e l'acl1elcur ,eu illc acquérir
le 111axi r11ur11 de droi ls possilJles sur la cl1ose qu'il JJaic. Ils décidaic11l done
c1ue, lorsque le ,endcur était pro1Jriétaire, l'acl1etcur susceplilJlc ele le dc,c-
nir, la cl1osc a1Jte i1 la ¡iro1Jri(·Lé f[Uirilaire, l'acl1ctcur était e11 clroit cl'exigcr
le lransf'crl ele ccllc-ci au 111oyc11 <le l'aclio11 ernli. l~l e11 cll'cl, cel.lr• actio11
étanl (le )Jonne foi,clcvail (co1nn1e l'cx1Jri1r1c encare a11jo11rcl'l1ui le <.:o<lc ci,il,
arl. 11::-i6, r 160) pcrr11cllrc ele récla111er lout ce que les llarties avaie11l eu rai-
sonnable111ent en vue lfJrsqu'cllcs avaie11l conlraclé.
l)ans le Droi l 111ullcr11c, oú les obslacles particulicrs a11 Droit ro111ai11
n'cxislcnl ¡Jl11:;,le lra11sfcrl (le la 1Jropri1'lé cst clc,cn11 <le l'essen<'e de la ,ente.
~ous ,crro11s 11110 applicalio11 ele cctlc icl(·e en t'lu<lin11l la rt'.·glc de la nul-
lité ele la vente 1lc la cl1ose cl'a11lr11i (arl.. 1:--1i19).

Oaractere purement consensual de la vente. Exceptions ala regle.


- l,e 11rinci11c, ga11cl11•r11P11l cxprin1í· ¡1ar l'arl.icl<) 1f>8·i, '.! 0 al., que la vc11lc
n'csl. Jlas 1111 co11lral. foru1alislc, co1r1pnrl1\ C<'rlains le111¡H\ra111enls.
1º [,a rt'•gle 11'csl vraic que ¡¡our les 11e11lcs 110/011lair<'S des l)iens des ¡1er-
s11n11cs l'n¡1r1/J!t•s dti Y<)ndrc. 1'1¡011s Y<'rrons <!ll<' les 1•1•11/1•s.forcées sonl sou111ises .'1
1lt~s ri'glcs de for111c ¡)art.iculit!l'C, co11sis.lar1l Pssenliellcrnc11l clans eerlaines
111,•s11r1·s tle¡i11h!il'i!1 1 aya11l ¡Jour liul de !'aire altei11clrc 11! plus l1aul r>rix JJOS-
sibll' a11x l)icns Vt!111l11s. <)111111l aux ven les, 1111\1111~ ,olonlaires, eles i111111eul)lcs
<'L t!Ps rall'urs 1nohilit'•rc•s cl<'s 111i11ettl'S el tl<!s i11/e11lits, Piles so11t so11111ises, 011
l'a v11, .'1 ccrlai1H1s l1al>ilitalio11s dti la parl fles Jlou,nirs <le hault~ l11tclle
(l. t•·r, p. '1q(i Pl. s., :io11 nl s., :1/11 el s., ;17;-1). l,cs ,enlt•s 1l'i111111e11bles a¡)par-
le:1a11l 1'1 1lcs ¡>crsonncs r11a1·iúcs s,,us le régi11le rlol11l, (JUiln<l clics sor1t
LIVRE II. - TITRE II. - '
Pl\E~IIERE PARTIE

par exception possibles, ne peuvent etre égaleme11t failes qu'avec des for-
111es rappela11t celles des ventes immolJilieres forcées (art. 1558). Ajou-
to11s que les in1n1eubles d'un l1on1n1c marié ne peuvent guere, en fait, se
,·cndre autren1ent que par devant notaire, l'acl1eleur ne 111anquant presque
ja111ais d'exiger que la fen1n1e renonce, en sa faveur, a sor1 l1ypoll1eque
légale, et cette renonciation devant etre faite par acte notarié (L. 23 111ars
r855, art. 9). 11 y aurait, en somme, peu a faire pour rendre obligaloire le
n1inistere des notaires pour toutes les ventes in1n1olJilicres. Nous croyons ce-

¡Jenda11t que celte regle, bien que suivie naguerc par certaines coutu111es et
réclan1ée e11core aujourd'l1ui par de bo11s esprits, 11e doit pas ctre établie, a
cause du non1bre considérable de ventes immobilieres d'i1nportance n1i-
11in1e et meme infime qui, ,-u l'extren1e 111orcellen1ent de notre propriété
fonciere, se font chaque année en France, et qu'on ne saurait surcl1arger
de frais sup¡Jlén1entaires.
,
2º ,.\ux tcr111es de l'article 195 du Code de con1111erce, « la_ve11le volo11laire

<l' z11111avire doit elre faite ¡Jar écrit et peul avo ir lieu par acle public ou ¡Jar
• • •
acte sous s1g11ature llr1vec ».
3° _11 arrive parfois en fait que les parlies, e11 co11cluanl 1111e ve11te, slipu-
ler1t qu'un écrit, généralement u11 acte autl1enlique, sera dressé dans tel ou
tel délai, par exe111ple dans le mois. Cette stipulation assez usuelle do11ne
lie11 a diverses questions.
A. - D'alJord est-elle obligatoire ~ Cela dépe11d de l'i11te11Lion des parties,
i11tention que les trilJt1naux a11ro11t a ap¡Jrécier so11verai11e111e11l er1 cas
de doute. 11 ·se pe11t que le contra! conte11ant la slipulation ne soit, cla11s
l'esprit des contractar1ls, c¡11'11n si111ple ¡Jrojet, et qu'ils aie11t er1le11d11 se ré-
server, j11sq11'¡\ la réclaclio11 ele l'<'~crit, 11r1e fac11llé réci¡Jroque ele clécli L : e11
ce cas, la slip11lalio11 11e sera pas cilJligaloire. i\'1ais il se ¡Je11l a11ssi, el ce sera
le cas le ¡Jl11s fréq11e11l, que les ¡Jarties aie11t e11le11el11 conclure déli11itivc-
111e11t la vc11tc i11itiale, el que la sti1>ulalio11 relative a l'écril, ait sin11Jlc111c11t
¡>our b11l de lc11r 111é11ager réciproq11e111e11t 1111 111oyc11 de ¡Jrouvcr leur coI1ve11-
lio11. E11 cecas la sli¡J11l,tlio11 sera olJligaloirc; el, cla11s celle scco11tlc l1y¡Jf>-
ll1esc, il n'csl ¡Jas tlo11lc11x. 11ot1s se111!Jle-l-il, <¡11e la ve11lc clcvra 1\[rc c,J11si-
ll<~réc ct>1111r1c tlalant, ll<Jll ele la ¡>assalion t>ar {~cril <>11 <lcva11l 11olairc, ruais
tic) la co11ve11lio11 inilialc non r{'.clig{•c. i\al11relle111c11l, c11 cas ell' tl<>11tc, ce sera
aux lri!Ju11aux a cl<'~lcru1i11<·r, JJar 1111c a¡>¡>réciatio11 s<i11,erai11e cll's fail.s 1le
la cause, c111elle a {·té l'i11le11ticJ11 <les 1>arlics.
11. - 1\ s11¡i¡>os<·r c¡11'cJ11 se lro11ve e11 ¡>r<\ser1cc el'111H• co11ve11lio11 c>l1liga-
loi rc•, de q11cl 111oye11 clis¡iosera cliac¡uc ¡>arlic 1><>t1l' co11lrai11clrc l'a11lrc it
la ré1laclio11 ele l'úcril? l,c ¡>rolJl<'·ruc esl. le n1c111c c111n cclt1i <ftli se t>osc ¡\
¡>r<>¡ios ele toules les t1l>ligali<>11s <le fairc, 1il11s s1iéciale111c11l <I<' cclles c111i
,isc11l 1111c· }Jrcslalici11 co11sislanl ,\ acc<>111¡ilir lcl 11t1 1.el acl.1• juri1li1111!'. Cnr-
Lai11e111c11l. le Lril>1111al lH>11rra 1·111¡>it>y1•r le 1111Jyc11 el<) l'11slrci11l1\ lHllll' co11-
Lrai111lre la ¡>arlic r{·calcilra11tc .'1 se ¡>r,\ter 1'1 la rt'·1laclir>11 ele l'ócril. i\<>11s
cr1iy<111s <l<' ¡>lus c111c 11· lril>11nal, 1'11 c1)1Hla11111a11l le vcruleur ou l'ar,l1cl.c11r
11 rt'·1liger l'acll' t'·crit, ¡J1Jt1rrail <>r<ltlllller 1111·1~11 cas 1lc IJ1)S1>i11 le jt1gPu11•11l,
acle a11ll1c11li1¡11<', li1•111lrait li<'t1 1li, litre nularit\.
CIIAllJTilE Pl{[~,\1lEit

CO\Dl'fIO\S E1' \10D,.\Ll1'J~S DE L,\ , 1 EN'fl~

Pour la vente, comme pour lout autre contrat (art. 1108), il f'al1t : 1° Le
consenten1ent des parties contractantes ; 2° La capacité des parties ; 3° t·11
objet faisant la n1aliere ele l'engagen1enl; 4º Une cause licite.
\ous n'étudierons que les trois premieres conditions, négligeant la qua-
trieme. En efTet il n'y a pas de ,·ente sans cause, puÍse¡ue, dans tous les
contrals synallagmatiques, la cause de cl1ac¡ue olJligatio11 est l'exécution ele
l'obligation de l'autre partie.

SECTION I. - Dli co,sEXTE~1E,T.

Le consenter11e11t en 111atiere de vente, dit l'article , 583, porte essentielle-


n1ent sur la cl1ose et sur le prix. \Iais cette r1otion est, en vérité, un peu •

a
]Jien succincte. \ous avons éludier de11x poi11ts: 1º L'acliialilé d11 con-
senlement. :iº Les 111odalilés possi!Jles dt1 cor1sc11te111ent.

§ 1. - Aet11aliit.· cl11 eo11se11tewe11t. Pro1nel!!lses de ve1,te.

I,es pro11icsses lle i•e1ile sont, en fail, linc o¡Ji'~ration exlre111c111ent us11ellc.
11 arrive so11vc11t, par exen1JJle, q11'1111 locataire se fait, en louant, co11sc11tir
1111e ¡1ron1esse ele vente <lll n¡Jtio11 par sor1 IJaillc11r ..\utre a¡Jplicalio11 1,rati-
1¡11": l'cxéc11lio11 de• lel 011 Lcl gra111l lravail exige 1111 tcrrai11, 111orcclé ac-
tuclle111cnl Plllrc 11l11sic11rs ¡1ro1lriétaires; l'cnlrcpre11e11r se fait cor1se11lir
Jlar chac1111, au f11r Pt :\ 1nesurc de ses d{·111arcl1es, 1lc si11111Ies ¡1ro111csscs de
Vf'Ille, car il r{•servf' lf's VP11lcs fer111Ps ¡1011r le 111on1enl ot'i il aura olilen11
l'ass<111Lin1c11l 1lc Lous.
l,c Coclc civil s'occu¡ie de l'opéralion dans les arlicles 158!), 15!)0. Le
pri11cipc est. forn111I{· dans l'arliclc 1:í8!)· « /,a JJT'un1esse 1/c 1.1c11fe 1•a11l Pe11fc
lorsq11'il y a co11s1•11le111<111l rt'·ci¡iroe¡11e des lle11x ¡1arlies s111: la cl1osc el sur
In ¡irix. n Co1111nP11l 1•x¡ili,¡1111r ccll<· assi111ilali<i11. i'•tanl llon11{· 1¡11c, .\ pre-
111i<'•re ,·11<\, une p1·rl!11cs~n ele co11Lral 11arail ne lHIS i'·qnivaloir :i 1111 co11lral
ac 1nn 1 ·.1 I'•,11 r,·a ' 1·1 y a, a' ¡iro¡J<lS des ¡iro111esses <1e vcnlP, a' e¡·1sl111g1u•r
' 1·1ln, .
l.rois hypoth<'•ses, clont IIJl(l seule co11slit11P le 1l()lllai11n 1iropre tic la ri'·gl!'
cx¡iri1111'e en l'arliclc 1r,8!), i1 sa,oir:
4r4 LIVRE 11, - TITRE 11. - '
PRE~1IERE P,\RTIE. - CHAPITRE PRE~IIEI\

La JJron1esse u11ilalérale ele ve11clre oit cl'aclieter;



2º /,es pro111esses ele vente acco111¡Jag11ées cl'1111e rernise cl'arrlies ;

3° Les pron1esses s_y11rlllctfJlll.alifJLtes 1le ve11drc el cl'acheter. Ces cler11iercs


seules sont visées par le lextc.

1° Promesses unilatérales de vendre ou d'acheter. - Ce ne so11t 1Jas
des ·ventes. 1Juisc¡ue l'article 158u réser,e cette c1ualificatio11 aux pror11esses
contena11t co11se11le111e11! réci¡Jroque. Quel est clrJ11c l'ell'et j11ridic111e ele ces
1>ro111csscs :l Deux 1Jl1ases cloivent ctre disti11g11ées :
,\. - 11 y a si,n¡Jie JJollicilcllio11 d'ur1e partie sans 11ulle 111a11ifestation ele
,olonté de la 1Jarl de l'a11tre. l)ar exe111r>le, je vous écris c¡ue, si vous vou-
lez l'acl1eter, je vous ,·enclrai t11a n1aison ou 1110n 11sine a tel prix, le plus
souvent en , 011s fixant un certain délai d'option, ¡Jarfois sa11s délai. Nous
0

avor1s discuté ailleurs la question de savoir si une telle pollicitalio11 e11gag·e


cclui c111i la fait. Xous a,·ons vu qu'clle doil ctrc consicl{'.rée co111111e astrei-
gnant le ¡Jollicita11t a 111air1te11ir son ofTre ¡)e11clar1t le clélai d'oplio11 q11c
l11i-r111)r11e a imparli a son corresponcla11t, ou. it défa11t d'1111c telle fixatio11,
penda11 t le te111 J>S rr1 oral 11écessa i re ú cr 1u i-ci 1>011 r rencl re 1111e r<'·por1 se ré-
llécl1ie.
13. - Un pas ele plus pe11t t~lre fait. /J'ctceipic11s <l ¡iris acle de la pollici-
tation, tc,ut en se réserva11t de réllécl1ir et ele 11'i11clic¡11er son optior1 c¡11e
postérie11ren1ent. ,\lors, il )" a accorcl ele volo11té, c'e:,l-i1-clire pror11psse ele
,·ente o!Jligea11t le pollicitant, et il clépc11d ele l'ac1·ipic11s, par exer11ple <lu
locataire ú q11i le l>aille11r a aclress{: sa pror11esse, ele tra11sforn1cr C<'lle pro-
111esse en vente, s'il l11i co11vicr1t ele l'accepter. lleste a savoir, a11 cas oi'1 celte
acceptatio11 i11tervie11t, a r111el 111on1er1t le co11trat sera réputé avoir revu
• sa perfeclio11. Deux o¡>inio11s 1>11l été érr1ises s11r ce JJOir1t .
a) 011 a 1)rétc11d11 c¡11'011 se I ro11vait ici en JJré:-c11cc cl'1111e vc,ite co11,li-
lio1111elle, la ccn1clilio11 étan l c11 l'cspt)CC l'acll1ésio11 clu locataire ii la r>rc)-
111esse <111 l>ailleur. fJ11a11d cette conditio11 se réalise, elle r{·troag·it 11al11rrl-
le111c11t a11 jo11r <le la pollicitatio11.
b) IJlus exacle csl l'o¡>ir1io11 <¡ui rilace la co11cl11sicJ11 ele la vcr1lc a11 mo-
111c11l riú le ¡ire11e11r cl{•clarP se ¡1révaloir <le la 11rci111esse :\ fui faite. 1,a
¡1ro111cssc clu l>aille11r 11'était ¡1a:,; 1111<' ,c11le co11<lili<11111Pllc, car, 11011r ,¡11'il
y eiil co11clilio11, il aurait f'allu c¡11'il ~- ct'1l ,·ente, el ccllc-ci ne ¡)c11l ri'·sul-
lcr c111e <1'1111 c11g,1r1e111<·11/ s,v1111ll<tf/lt1<1li1¡111', l<'c¡11cl 11e s'esl ¡1ro<l11it r1u'a11 jour
<le l'acC<'J>lali1JII (l\1•11., :i1 f{:vri1·r l!Jl<t, ]). I'. '!JII.1.:!Ht), S. '!JI<1.1.:i,'{8J.
l)'c11'1 IPs c<J11sé,¡11c11ces suivanl,)s ¡H111r l1• cas ,iú la 11rc>111rssc a ¡1orl{· s11r 1111
i111111P11lilc:
"· - C'csl sc11lc111l'Ill 1\ ¡1arlir clc1 ccl l.c acce¡1la t.i1i11 c¡11i, s<•11le. con(\\rn a11
¡1rcne11r 1111 clroit rt:<)l s11r la cl1ose, 1¡111: l'acl1l'l<•11r 111i11rra f'airci ,i¡ii•rer la
tra11scri¡lli<l11 <Ir la ¡11·0111css,• ,le ve11I<' (l\<•<¡ .• '.-!li 111ni I noR, ]). 11 • 1\J<>!).
1.!125, 1101<1 <le ~1. l'nrc<'l'<HI, S. l!)º!J·' ·:1:i¡).
,B. - J><111r c¡11c l'aclhi·sic>n <le 1·a,.l'iJJi1•11s :\ la ¡1ollicilatio11 <Htlrai111\ la
ver1lc, il fa11l c¡ue le ¡1<Jllicila11l s11it Pncorc J>l'1\¡1rii'·lair,· :'1 ce 111<lfl1P11l. Si.
l\111>arava11l il avail. c1·ssl': <111 l','lrr, s,iil ¡1ar l'Pll'ct. rl'unn aulr<i venlc d1i111e11I
lra11scrite. s<iil ¡>ar l'ell'el <l'1111e sai~ic, l'ac,·i¡iie11s 11'a11rail JH1s '" <lr1iit. <1<·
CONDITIONS ET '.\10D,\.LITÉS DE LA VE:STE

rcvcndic¡uer la cl1ose contrc le tiers acquéreur (lleq., 15 déce111llre 1891, ]).
I>. 92. 1.576). II r1'aurail droil qu'a réclan1er eles do111111ages-i11Lércls au pol-
licilant, c11 verlu clu droil de créa,ice c¡ue l11i avait conféré la prorr1esse, avec
celt1i de poursuiYre par l'actior1 Pa11lien11e la nullité de la vente faite it 11ll
autre acl1ctcur, s'il prouvait c¡ue cclui-ci a éLé co111plice de la fraticle clirigée
contre lui (:\'a11cy, 4 avril 1906, D. P. 1908.2.148, S. 1906.2.241, note de
l\l. 13ourcart; Req., 15 avril l!)O?., D. J>. 1903.1 ..'{8, S. 190'.1.r.316).
7. ·-·· Si le destinatairc <le la ¡Jollicitation cede son elroit évent11el, ava11L
toulc o¡Jtion, il y a la une sin1ple cession de créa11ce, et non 1111e 111nlatio11
i1111nol)iliere l)assilJ!e eles droits f1scaux prOJ)res á cette sorte cl'opératio11
(Civ., 5 février 1873, S. 73. 1 .178).
Il y a 1111c Yariété ele pron1esses unilatérales de yente tres répandues e11
fait. Ce s011L les pactes 011 promesses lle préférence. Le propriétaire d'11n
in1n1e11l)le pron1et a un ticrs ele ic l11i réservcr, s'il se clécide jan1ais a le
,endre, r11oye11nant que cel11i-ci 111 i paiera 1111 prix elétern1iné d'a,·ancc ou
éqnivale11t á celui qui serait 11lté:rieure111c11t afl'ert par u11 a11lre a111ate11r.
11 est. /1 pei11e besoin ele clire qu'un Lel pacte ne lo111be pas so11s le cou¡J '
de la 1111llitó c¡ui atteint les obligations co11cl11es sous 1111c co11elitio11 po-
leslatiYe (arl. 1174). Er1. cll'et, la róalisatio11 ele la conditio11 11e d{·pencl
pas se11lc111ent de la ,·olonló de l'auteur de la pro111esse, n1ais, ¡Jour la pl11s
gra11de partir. des circonslauces qui po11rraicr1l le co11Lrair1dre á Yendre
so11 i111rncublc. 11 y a clone co11dilio11 JJoleslalil'c si111¡ill', et ele tellcs 111oda-
li tés sont acl 111 issibles cla11s les c611tra ts á ti lrc 011ére11x.
3° Promesses de vente avec arrhes. -· 1\ux termes de l'article 1590,
<e si la pror11esse de ve11te a éló faite avec des arrl1es, cl1ac11n des contrac-
!1~111.s est r11ailrc lle s'e11 dé¡Jartir: celui qui les a do1111ées en les percla11t, et
ccl11i q11i les a rcc;ues c11 rcstituant le <loullle n.
Dans ce texte, le Code cnvisage 1t11e des a¡1plicalio11s ¡1ossibles de l'arrl1e ;
il y Yoil 1111 111oye11 de eléelit. 1111 procéllé propre á réserver aux deux par-
·• ·'
tics 1111 cerlaiu .ius ¡1ce1iite11di. Lorsqu'1111e ve11te esl concluc de la sorlc, c'esL
évi1lcn1111enl. 11ne ve11te conclitior111clle. ,rais 011 lle11t l1ésitcr sur le carac-
11\rc de la conclitio11.
\. - l)aus u11e JJrc111icre opi11ion, 011 voil ela11s l'opéralio11, 11ne ,·ente
sous r·o1ulitio11 rt'solttloire, la résol11tio11 clcYa11t rés11ller ele la rcstilution des
arrl1cs. (;elle 111anit'~rc ele voir entrainc a ¡>lusic11rs co11séc¡11c11ccs i111por-
.
La11Lcs. l,a JJropriéti'\ de la cl1ose esl ró¡n1téc i111111élliate111c11l transf{·rée 1\ '

l'acr¡uércur. l,cs risc¡11cs sciro11L pour l11i. J,cs droils ele 1J111lalior1 sero11t Jler-
c,:us Jla r le li
!l. - l 1Ius satisfaisar1t 11011s J>arail le sysll~1J1c el'a1>res ler111c1l la vc11Lc ac-
co1J1J>agnóe el'arrl1es cst u11e vcntc1 sous r·o11lliliu1i sus¡1c11sive. La co11elilio11
I
csl c111c chac¡11e JJarlie rc11011ccra á rctirer so11 acll1ésior1 dans le délai fixé par
le conl.ral. 1•:n conséc¡ue11cc, les clroils ele 111utatio11 ne so11l elus c¡11'a11 jo11r
01'1 la ven le csl elúfi11ilivcn1e1LL co11sc1lillée; les risq11es el<' la cl1osc sont j11s-
c111P-li't, :'t la el1argc rlu vc111lcur.
liien 1•11Le11elu, la regle ele l'urliclc 1590 cst si1111>le111enl inlcrpri·tdtivc ele
· la vo!Q11lé J>résu111éc eles ¡Jartics. 11 pourra résullcr eles ler111es clu co11lrat ou

..

LIVRE 11. - TITRE 11. - '
PRE:\IIERE P,\llTIE. - CHAPITRE PRE:\llER

tles circonstances q11i I' accompagncnt que la rc111isc d'arrl1cs ait un tout
autre caractcrc que celui el'un r11oyen ele dédit. Les .arrhes pourront etre un
moycn de preuve, a1·gun1e11tu1n e111plio11is el ve11clilio11is: ce sera le cas, en
général, lorsqu'elles consisteront en 11ne somme exlremen1ent faible. Par-
fois a11ssi, les arrl1es scront un 11-co111¡1le s1ir le prix. C'est le cas po11r les
couverlures que les agents de cl1ange 011 les coulissiers cxigent parfois des
clients dont ils rec;oivent des ordres d'acl1at. Dans ces différe11ts cas, aucune
des parties n'aurait la faculté d'al)olir le contraten restit11ant les arrl1es.
3° Promesses synallagmatiques de vendre et d'acheter. -- D'apres
les tern1es de l'arlicle 1589, ce so11t les seules qui soient l'éq11ivalent d'unc
vente. "lais quel est, au juste, le se11s de cetle for111ule que la ¡11·omesse ele
ve,ite vaul ve,zte? Deux opinions 011t élé soutenues sur ce poinl:
:\. - D'aprcs les pren1iers con1n1e11tateurs do Code civil, l'article 1589
signifierait se11ler11e11t que la ¡Jron1esse· de vente, bien que contenant 11ne
obligation de faire, est s11sceptible d'exécution forcée. Ainsi, l'article 158\J
apporterait une exceplion a la regle gé11érale de l'article l 142, el'aprcs la-
quelle les obligatio11s de faire 11e s011t pas s11sceplibles d'exéc11tion forcée el
11'abo11tissenl, en cas de refus du débiteur, qu'a eles tlo111111ages-intérels. La
conséquence pratique de celte cxplicalion, c'est q11'en cas ele pro111essc de
ve11le, le transfcrt ele 1Jropriété ne s'efl'ectuerait q11'au jour ele l'exéculion
soit ,,olontairc, soit forcée de la pro111cssc. ·
Cetle pren1icre o¡Ji11io11 n'est plus s011tenue aujo11rci'l111i, :\'011s savo11s it
quoi nous e11 te11ir sur ce ¡1rélendu ¡Jri11cipe, e¡ue les o}Jligatio11s de faire 11e
sont pas s11sccptibles d'exécutio11 forc6e. Si le se11s c¡ue l'or1 prete a l'arti-
clc 1589 étail le vérilal1le, on 11c voit ¡Jas pourquoi le tcxle 11';111rait visé que
les pron1esses de vente sy11allag111aliq11es. ;\"ous avo11s vu e¡11e les pro111csses
de ve11le unilat1\ralcs s011l, clics a11ssi, susceplil1lcs <l'cxéculio11 forcée, le
deslinataire tic la pollicitalio11 pouva11t faire príJeluire /1 celle-ci u11 ell'el
tra11slatif par le se11I ell'ct ele s011 accc11talio11.
B. - La ,,érité, c'cst que le transferl ele propriélé s'effecl11e, e11 cas de
pron1csse ele vente, tics le 11101ne11t tic la ¡iro111essc. Le li:gislalc11r a vot1l11
c¡11e ces for111ulcs :je pro111els 1/e 1•e111lre, je ¡i1·01nels 1fac/1elel', soie11l sy11cJ- •

r1yn1cs tic je Pe11ds, .i'al'ltt~le. J,e rccul 1le l'ei11úralio11 j11ritlic¡ue 11rojcléc cla11s
le fulur 11'csl 1iossilJle <1u'a11ta11l c111'il 11'y a ¡ias acccJrcl tics ¡iarlics Sil/' fil
rltuse el sur lt: ¡1ri:c. 1)1\s lc1rs c111e ccl accor<l existe, la vente csl C<>r1cl11c,
sarrs c¡11'il f'aille allaclrcr 1l'i111¡icJrla11cP a11x 1111a11ccs, 1ic11l-1:lrc irr1·flt'·cl1ics, d11
la11gage e111¡ilc1y1: Jlar les Ct>11lracla11ls (f~l1a111liéry, :11 ja11vicr 18!14, D. 11 .
9r1.2.:\/17, S. \)Ci.:J. l(l:A),
Si lel csl le se11s ¡lc la l(Ji, il csl clair 1111'ici e11curc cll1: ne fail 1¡11'i11ler-
11rélcr la Y<>l(>nl<'· ¡ir,>lial>le cl11s ¡1arlins.l)11e i11l.c11lici11 c1J11lrairc for111cllc111cnl
cx11ri111{:c dcvrail clrc 1·cs¡H:cl{:e. (~elle ,í>l<111Ló ele rec11lcr 1la11s l'avcr1ir la
r1\alisalio11 1lc la 1ir1>111csse ele vente r1•s11llcrail.-l-cllc d<' l'a¡Jp1,,-il.i(>ll 11'1111 /1•r-
111e ~ ()11 l'a s1111lc1111. \lais laj11risJJl't1llc11cci s'est ¡ircHHlllc<':c c11 s,:11s cci11l.rair,:
(I\C(J., ·iG 111ars 188!1, 1). 11• 8'1.1./111:I, S. 8fi.1.:lt11¡. l•:11 cll'cl., si la Jll'<lllies,-1'
sy11allag111ati,¡11n 1ln vc11le vaul vc11lc, la Jll'Olltesse ele ven le .'1 ler111c va11 l


,
CO'.'IDITIO'.'/S ET ~IODALITES DE LA VEXTE

vente á tern1e. Or, tlans la vente á tern1e, la for111ation du co11trat et le


tra11sfert de pro¡1riéLé ne sont pas diffórés. Ce q11i est renvoyé á l"écl1éance
.cl11 ter111e, c'esl la tratlition de la cl1ose 011 le versemenl tlu prix.
J•:11 revancl1e,l'inserlion d'u11e conrlitio,i 111ettrait obstacle it ce q11e la pro-
111esse lle ve11te réalis11t in1n1écliatement le lransfert de propriété ( lleq.,
20 octol1re 1908, D. Jl. 1911. 1.61).

Des locations-ventes '. - ll est quelq11efois délicat tle discerner si ur1


cr1ntrat contenant 11ne pron1esse 1.i,iilatérale ele vente n'est 11as en réalité une
11ron1esse syr1allagn1atiq11e, e11 d'a11tres tern1es, 11ne vente pure et sin1ple.
C'est le cas pour les localio11s-1.'e1iles de 111ol)ilier, de n1acl1ines, d'outillages.
Le contrat est présenté com111e une location consentie 111oyennant des an-
1111i tés cléterminées. llnis une cla11se, qualifiéc de pro,nesse ele vente, ajoute
c¡11'en fin de bail, tontes le,; annuités aya11t été rég11lieren1ent payées, le lo-
cataire gardera la propriólt:. L'npération est-elle 11ne location avec pron1esse
de vente ou une vente~ ''oici les intércts dP la question.
\. - J,es clroits d'er1registre1nenl ne sont ¡1as les 111cn1es. Le droit de
])ail 11e se 111011te q11'a o fr. 20 o/o; le tlroit afl'1~rent a11:x ventes tle 111eul)les
attei11t 2 o/o clu prix.
13. - S11¡)posons que le pre11eur aliene la cl1ose soi-disa11t lo.uée, de telle
sorte qu'il ne puisse la restit11cr a11 jour oú il cessc de verser les loyers
co11vcnus. Si 011 l'a considéré con1n1e un localai re, il sera passible de la
peine de l'abus de co11jia1ice (art. t1o8, C pén.). Cettc sanctio11 luí sera épar-
g11r'•c, a11 contraire, s'il doit ctrc regardé com111e un acl1ete11r.
C. - Le prcncur tombe-t-il en failli te, le fournisseur des mcubles, si
011 le considere con1r11e 1111 baillcur, po11rra les rcprenllre; il sera en del1ors
1\c la f'aillite. i\u co11traire, si on voit c11 Ju i un vcndcur nor1 payé, il 11c
1iourra pas rcvcndiq11er la cl1ose, l'article 550 d11 Codc de comn1erce écar-
ta11t, en cas de faillitc, le droit de rcvendicalion du ven1leur de meubles
,
11011 paye.
l,a sol11tion clu ¡1roble111e clépe11rl évitlen1n1er1t des intc11tions des contrac-
la11ls. (,ó11érale111cr1t, la jnrisprude11cc incli11c pl11tt>t 1'1 voir dans ce genrc
tl'•>11ératio11 1111c ve11le si111uléc, la t¡nalificatior1 tle locatio11 i1npri111éc a11
conlral s'ex¡iliquanl par le clésir 1lc frauder le fisc el par les avantagcs di-
, crs r¡n'il y a, llOllr le fo11rnissc11r, t1 se faire considérer con1111e u11 localor.
(:crtaincs circo11sla11ccs dénolerunt clairc111c11l cclle si11111lation, par exc111-
¡1l<!, le chill'rc cx1Jrhitant tics soi-tlisanlannuil.t':s. E11 so111111e, l'o¡1ératio11 esl
11• ¡Jlus souvcnl a11 fcJ111l une vente ti ten11iéra111c11t sous co11dilio11 résolu-
tnirc, cellc-ci útanl altaclu'.i: ¡'¡ la SIIS()Cllsio11 dn versen1ent des an1111ités
( l\1•q., 1li j11i11 1885, D. i>. 8G.1.2:37, S. 88.1./16:i ; 21 jnilleL 18!)7, 1). P. 98.
1.:ll>!I; llitris, ;3 avril 190:{, 1) 11 . 1\10:3.5.778; Orlt'~ans, 12 avril 1go7, l). (l.
1 !lºí. :i .:lo 1 ).
()11 trouvc, ,\ la vi'~ritt':, 1111c inlcrpri':Lalion conl.rairc 1laus ccrlains arrcts.
lis s'cxpli1¡111111l 1iar tics circt111sla11ces <lill'úrcnlcs 1lt• celles <JUC 11011s avous

1. \'. lt•s arlicles ,le ~1,1. ,\cher el r.auvi,\rc ,l.1ns les ,111,111/es dP Droit co111n1err.i<1/,

'1'01ne 11 • 27
LIVI\E 11. - TITRE 11, - '
Pl\E)IIEIIE P,~RTIE, - CIIAPITIIE PRE)IIEI\

rele,ées, circonsta11ccs qui per1r1eltaienl d"allrilJt1cr ll'a11tres intentio11s aux


parties. llar exe111ple, la fac11lté <l'acl1at 1Jot1vait s'exercer, 110n lt la fi11 du
bail, 111ais ¿'¡ to11t n10111e11l et 111o}·er1na11l le ,·ersen1e11t ll'u11e s01111110 lixe,.
et il était se11le111ent stipulé que les a1111uilés ,·ersées jusc1ue la par le pre-
r1eur entreraient e11 <lécl11cliort de cetle sor11111e. Dar1s de lelles co11dilions.
011 _ne peut s'y tro111per, il y a bien location avec pacte aeljoi1tt c<inle11a11t
IJron1csse de vente (Civ., :>.·>. février 188í, 1). ll. Sí.r.:ioo, S. 88.r,8í; Cri1n.,
l() juin l\J03, D. P. l!)CJ5.1 .!183).

§ ~- - llodallté!'!I ele la ,·c11tc.

La ve11te, con1111e tout contrat, peut etre afl'ectée des n1odalités d11 tc,·me
ou de la COll(litio,1 (art. 158!1). ~Ol!S avons cléja fait allt1Si(}n a cette possibi-
lité. Certaines ele ces 111odalités sont tres us11elles. · ~ous no11s co11tc11lcrons
d'en ciler quclq11es-11r1es.

l. Vente avec réserve d'élection d'ami ou de déclaration de com-


mand. - Cette variété ele Yente 1Jcr111cl lle 11e pas faire con11aitrc to11t de
suite le ,·éritable acl1eteur, parce e1ue cel11i-ci redo11te e¡ue le prix r1e soit sur-
fait si sa personnalilé élail conn11e. L'acl1eteur se réscrve done, dans le
co11trat, la faculté de se substituer u11e autre perso11ne, généralen1ent no11
désignée, laq11elle prendra le 111arcl1é ¡¡011r s<Jn co111¡Jtc. Si cette perso11ne,
appelée coni111a11(l, 110 se cléclarc pas, c'csl l'achete11r c11 11<Jn1 ou co1nma11dé
q11i restera acl1ele11r.
Cettc cla11sc-, usitée d'alJord clans les sc11les ventes jucliciaircs, a <'-té 011-
suite t'·tcndue a11x veriles a111ialJles. Le ('.odc ciYil 11'en ¡>arle pas; r11ais il esl _
fait all11sio11 lt la clausc da11s plusie11rs textos con11>lén1e11taires, llor1l les
principa11x s011t la loi s11r l'c11registrc111enl el11 '.-1'.l frir11aire a11 VII, art. 68,
S 1"•, 2 11º et la l<JÍ el11 :18 aYril 1810, art. /1/1-3°. La Yc11te a,·ec réserve ele
dt')claratior1 tic cor11111a11el est 111oir1s 1111c ,,ente conelitio11nelle c¡11'u11c ,·ente
all'ecl(•c d'1111e allcr11:tliYc c¡11a11t it la 1>rrsti1111e lle 1·acl1l'lc11r, l'ur1 eles tle11x
acl1ele11rs éve11t11cls <°'.la11l <lt!S :\ 1Jr<\se11l <lélcr111i11é et l'a11trc resta11t cncorc
i11détcr1niné (\'. 11ote <le ~l. <;Iassc111 so11s D. J>. 9:-1.·>.. 1). !~lle cst so11111ise
a11x co11elitio11s s11iYa11LPs:
1º l)'abtir<l, il f'aul <¡ue la r<°!S<\l'YC tl't',Jcclio11 ele 1'<)111n1a11<l soit f'<)rn1clle.
0
'..! JI faul qtrc la tl1\claralio11 s,1il faite da11s le tlélai ¡Jrcscril ¡>ar le cor1-
tral. <:e <l<'•lai, d'apr<'-s la ltii li sea!<), 11c 11c11t Pxc<'•clcr :i/1 l1r.11rcs.
:i• Da11s le 111e111e clí•lai. il f'a11t q11'il y ait 11<1lilicali<>11 failc :\ la llí:gie 011
e11rcgislre111e11t t!,1 }'acle <I<' 1l{~elarali,i11.
l,ors1¡11e ces c1111diti,>11s so11t rt'!alis1\es, la 1léclaralit111 <le ct1111111a11<l rt'•alisc
u11e vcnl() <lill'éra11t. 1>rofo11<l<'·111e11l ele ce <¡11e serail 1111c l'<'l'tJlllc s11iva11t 1111c
¡1re111iere alil·r1alio11. I,<' fisc 11c 1>rr1:<1il 1¡11'1111 s<'11l <iroit. [,Ps co111litio11s ti<!
la Yente C<JIIS<'11li<• au c1J111111a11<l<'~ 1l<>ÍYc11l ,~lr<' f'r1rct'•111c11l celles <le l'ac11uisi-
li<>Il faite par le c<1111111;111<l. 11 Jl<>Hrrail, il csl vrai. y IIY<>ir J>l11sic11rs <"<>111-
n1a11<ls, 111ais il fa11drail 1¡11,· les ¡>rix J>ayt'·s ¡1ar l'UX t,111s t',galasscnl, <HI
s'a<ltliti<1n11a11t, la s<1111111e 1>r,,111ise J>ar l'aclu~lc11r c1111111i:1111lt'\. l,cs lt)"l>11-
ll1<'~1111cs lt'·gales llll j11cliciaircs, <lllr1l ce <lcrni<'r s<'rait grc\'t'·, 111' 11escro11l 11as
sur l'i111111c11l,lc c11ll'P les 111ai11s <111 c,,111111a11ll.

,
'
CO:-!DlTIO:-!S ET )IOl)ALITES DE LA · VENTE

L'acqt1isition faite l)ar le con1111a11dé ne <liJl'ere pas 111oi11s de celle ,111e


ferait un manllataire. Dans celle derniere opéralion, il y a l)ien a11,;si
11ne seule rn11lalion, 11n seul droit fiscal ; le 111andant est llien aus,;i it
l'abri des l1ypollH~qt1es prover1ant llu cl1ef du 111anclataire. ,1ais nt1l d(•lai
n'est i111parti pour la llésignatior1 clu 111andar1l. Et si cel11i-ci 11'est ja111ais
d¿.sig·né, le n1andataire qui a accruis l'S qualité ne reslera ja111ais acquérc11r
pour son con1pte.
011 Jleut se de111a11cler a
quel ge11re d'opération se rattache la facultt'· ac-
cordée par le Cocle lle procedure (art. 707) aux avoués, cr11ancl ·ils se llortcnt
alljudicalaircs ll'u11 ir11rne11ble vencl11 e11 justice, de ne désigncr le 110111 de
l'acquéreur que dans un délai de trois jo11rs. Celte désignatio11 n'est })as
u11e déclaration du co111111a11d ; l'ayoué est forcé111e11t 11n 111ar1clataire.Aussi,
la désignation de l'accruéreur ne se fera-t-elle point par acte p11l)lic co111r11e
l'éleclio11 d'a111i, n1ais par sin1pie acle au gretl'e; et aucu11e notiílcatio11 11'a
a
besoin d'etre adressée la Régie. On l)eut relever cependant, entre cetle 01lé- _¡:
1
'

ralion et la vente ~ous réserve lle cléclaration de con1n1and, une certai11e


resse111blar1ce co11sisla11t en ce c1ue l'avoué. fa11le d'avoir, <la11s le~ trois
jours, procuré l'acceptatio11 de son rnandant, ou, to11t a11 111oins, j11stifii'· lle
l'existence du 111anclat, est déclaré adjudicataire e11 son 110111. Il y a lit une .,
forme d'i11de111nisation accordée au vendeur déc;u 1Jar la faute ele l'avot1é.
''
II. ~entes subordonnées a certaines opérations ultérieures. -- Les
a
arlicles , :i85 1:i88 cnvisage11l cliverses l1y1JolhC::ses ele ce gc11rc. IJa ve11 le 1Jen t
etre s11IJordon11ée au pesage ou au niesurage ele la cl1ose ou eles lfuantités
,
ve11dues (art. r 585, 1586) ; ou ]Jien elle est s11l)orclon11ée a l 'agréagc de
l'achete11r qui se réservc de go1itcr la 111arcl1a11llise, avant cl'en faire l'acl1at
1:vc11le. ad g1tslu1n, arl. 1587); 011 l1ic11 encore la ve11tc est faile 1i Ccs.~ai
(arl. , 588). Les lexles, sa11s gra11de raison se111IJle-t-il, étalJlisscnl des
1111anccs entre ces tliverses 1nodalités.
' .
1º La vente ci l'essai. ap1)cléc lfUelquefois l'e11le e,i 1lis¡1u11if¡{e, cst, en ¡iri11-

ci1Je, 1111e vente cu111litio1111clle (art.. 1588). D'oú les consél¡11c11ces suiva11tcs: .i

A. - I,es ris1¡11es sonl, JJe11dc11le co111liliu11.e, c'esl-/1-clirc j11sq11'i1 l'essai. 11


la cl1argr) lln vencleur. (~'cst la solulion (!11 l)roit co1111111111, en ras de contrat
translalif' so11s cc>n<lition s11s1>e11si\'c (arl. 1182).
13. - L'cssai une l'ois acco,n¡)li el salisfaiSt(Til, Je clroil lle l'acl1ct1111r re-
111011te au jour <111 conlral. c:·csl cncore la sol11tio11 du Droit co1111111111 en
1r1ali1\rc ele con<lilion. 1~11 co11si'·1p1c11cn, si le vende11r est Lo111IJi'i e11 faillile,
l'acl1eleur it l'cssai i'•chap¡H~ a11 c<>nco11rs des cri'~ancicrs, et peut reve11lli1¡11er
la cl1osc 1'1 lui v1111clue.
:.i" l>nur les <le11x a11trns varii'•li'·s pri'ivues lle ,ente (vente; 111c¡~·enna11l ¡ie-
S<lf/C 011 111es11r11r¡e 011 ,en le 1ul g11stu111 ), les ri'·glcs i'•lal>l i<'s ¡>ar le í:olle so11t '
'
dill'i'•r1~11les. L1·s ris1¡1H~s sont liic11 e11core po11r le ,eu1le11r j11s1111'au jo11r 1le
l'<>Jli'~ral.io11 ulti'iri1)111'<!. ~lais la ri'~t.roactiYil.i'· j11~c¡11'a11 jonr 1111 1'.n11lral de la
tra11slalio11 de ¡>ro1irii'·li'· sc111lilP i'~cal'l<'·c ¡1ar Jps texl.ns. 11 l,a~,eulc 11'esl ¡ioint
parl'ailP II a\'a11l 1¡11c l1·s 111archa1Hliscs ne soierll pcsécs, co111pli'·c~ 1111 u11•,;11-
rées, 11011s dil l'arlicle 158;>. 11 11 11'y a poinl Yente,> a,anl l'agré·agc 11011~ dit
LIVRE Il. - '
TlTRE 11, - - PRE!\IIERE PARTIE. - CHAPITRE PRE11IER

l'article 1587 pour la ve11te ctcl g11sl1in1. Done, la propriété 11'est tra11sféréc
qu'at1 jour de l'o¡)ération décisive (Cass., 7 ja11Yier 1880, D. P. 80.1.129,
S. 82. 1.463). 'foutefois - el précisé111ent parce q11e la dill'érence i11slituéc
par la loi entre ces deux variétés de ve11te et la vente a l'essai parait pe11
justifiée-la jurispr11dence i11terprete les articles 1585 et 1587 d'11ne fac;o11
restrictiV"e.
,\. - En ce qui co11cer11e les ve11tes au 111es11rc1ge, il 11'y a tra11sfert ele
pro11ri<\té dill'éré, que si l'indéter1nination act11elle du co11trat porte s1ir l<1
citase 1!e11cl1le. Exen1ple: je vous vends clix IJarriques ele vi11 de 111a récolte
1914 a 100 francs l'l1ectolitre. ~fais il 11'en esl pas de n1e111e si l'indéter111i-
nation porte s1tr le prix. Exe111ple: je vous ,·ends toute n1a récolte 1914 l1
100 francs l'hectolitre. Da11s ce dernier cas, il )' a ·vente e11 bloc et la pro-
priété est in1n1édiaten1ent transmise a l'acl1eteur {1\ix, 11 j11in 1908, D. P.
1910.2.305, note de ~1. "'11aléry; Nin1es, 31 octo!Jr,e 1908, D. P. 1911.2.103).
13. - La ve11tc ad giislu111, assez difficile a dill'érencier, _e11 fail, cl'11ne ve¡1te
so11s co11dition potestati,·e, est soun1ise a une jurispruele11ce particuliere-
n1enl restrictive, et cela ;1 cle11x points de ,·ue.
a) L' article 1585 pern1et ele sou111ettre a l' agréage de l'acl1ete11r les veri-
les << du vi11, ele l'l1t1ile et des autres cl1oses q11e 1'011 est dans l'usage de
gouler avant d'en faire l'acl1at n. Les triJJu11aux admettront difficilen1e11t
l'existence cl'11r1 pareil usag·c. ,\i11si, l'a,·oi11c ne rentre pas dans les cl1oses qui
puisse11t clrc acl1etées a(l gtlsl1i111 (Req., 7 avril 1908, D. P. 1908.1.397, •
S.
1910. 1.67).
IJ) Si. en 1J1-.i11ci¡Je, Je ve11ele11r sou111is l1 l'agréage de l'acl1ete11r n'a pas
Je droit de récla111er une cxperlise, e11 cas de refus qu'il esli111e capricieux
ele so11 acl1eteur, les trib1111at1x présu111enl facile111c11t l'expressio11 ll'u11c
,t1lfJ11té co11traire dans le co11trat . .-\i11si, la clause slÍJJula11l que le. vin 011
l'h11ile sera li,·ró ce ele c111alité loyale el 111arcl1a11de )) est inter1Jrólée C(Jr11111c
sig11ifiant (J11'e11 cas de refus lle l'ac\1ete11r, le ,e11deur sera e11 droil de ré-
clan1er 1111c expertise (Req .. :i9 111ai 1905, D. 11. 1905. 1.t,26, S. 1907. 1.t,9!1)-

SI•:C'l'ION 11. - (:\l'\ClTÍ-: .

.\rl. r;i!)!1. - C( 'l'<H1s cc11x a11x<111cls la loi tH' l'i11ler1\il 1>as,pe11ve11l ac\1etcr
1)11 ,e11(lrc. )l Lrs 1>ers<>1111cs incapa!JlPs 1lc YPlltlrc 011 d'acl1el<'I' sonl 1l'abor(l
l<)s i11ca1>al>IPs <111 l)roil C:<11111111111. ,1ais, <)11 <Hllr<', la l<>Í Ólalilil 1111 assei gra11<l
110111lire cl'i111·<1¡i11cill1S s¡/(Jcilll1•s S<' juslilianl 1>ar les 111olif's les 11l11s vari1\s .

1.- Incapacités fondées sur l'intérét des créanciers saisissants


ou inscrita sur un immeuble.
1" « J,a ¡i111•/i1• s11isi1· 111• ¡11•11./, ,¡ c11111¡ilcr 1l1t .io1t/' 1/e la /r,111s1·ri¡ilio11 1/e la
s11isic. <tli,:1,er l<'s i111111,·11lill's saisis 11 ¡1<•i11c 11<• 1111/li/1 1, el s1111s 1¡11'il soil /l(:soi11
1l1• /11 ji1il'I' /1/'IIIIO//('('/'. )) ( \rl. liH(i, J>r. c.:1
<:elle i nea Jlac i lt'· a {lllll 1' 1HI l. d ·e, 11 ¡H\c) I<' r I<' <lt'·li i l(•t1 r el 'a rr1\tc r la 11r11c<'·< 111 re <I e
la saisic t>ar 11111' alit'.·11ali1J11 <J11i 11,. )Hllll'rail clr<• 1111c fra11tl11le11se 111' sa J>arl.
,
CONDITIO'.\'S ET ~IODALITES DE LA VE'.\'TE

Elle est ur1e a¡)plication lle l'action l)a11lienne. ,rais le saisissa11t pe11t faire
révol¡11er la Ye11le opérée par le saisi er1 fra11lle ele ses elroits, sans avoir
besoin de dé111011lrer la complicité d11 tiers ac:e¡uéreur, parce que, depuis la
transcription qt1i a rend11 pul)liqt1e la saisie, ce tiers ne pourrait soulenir
qu'il 11'a pas été consciits frauclis.
La sanction de cette premiere incapacité 11e sera done pas la 1111llité ab-
sol11e de la yente. 11 est vrai q11'a11x ter111es ele l'arlicle 686 la 11ullité a lieu
<< sans qt1'il soit llesoin de la faire prononcer » ; la loi n'ayant pas voulu se
prcter au calcul d't1n débileur saisi qui, par u11e vente ele con1plaisance,
111eltrait le saisissant dans l'obligatio11 de faire prono11cer la nullité par ju-
a
gen1ent, seule fi11 de gagner dt1 ten1ps. Mais il ne résulte pas de cetle regle
spéciale de la nullité de plein droit, qt1e cette nullité soit ,
absolue.
Quant ii savoir qui pe11t l'ir1voquer, ríen n'csl plus facile. L'article 687 clu
Cocle <le procéllure civile porte en elfet c¡ue l'acquéreur pourra éviter la nul-
lité en llési11téressnnt le saisissanl et les créanciers inscrits (au jour ele
l'nlié11ation, V. art. 688, C. proc. civ.). Ce so11t clone ces créanciers qui peu-
Yent i11voqt1er la r1ullitú. :\ti contraire, ni le saisi, ni l'acl1eteur, ni les
créanciers postérieurs a la tra11scription de la ve11le 11'ont le droit de s'en
prévaloir (l\eq., 4 janvier 1882, D. P. 83.1.200, S. 82.1.268).
·2• Les perso1111es 11otoireme11l insoll'ables sont ir1capablcs ele se porter ad-
judicataires da11s 11r1e vente sur saisie in1111olliliere. L'article 711 du Code
ele procédnre civile inlerdit a11x flYOU('S d'encl1érir pour le cor11pte de ces
personnes, ii JJei,ie ele 11ullité ,le l'adj1tdicalio11 et de do1nn1ages-inlérets. La
question de la 11oloriété de l'insolva!Jilité est évidemment appréciée en fait
par les juges. r.Iais il y a une person11e que l'article 7 r r présume a priori
i11solvablc, c'est le saisi lui-n1e111e. Il ne peut clone jarnais encl1érir.

11.- Incapacité de certains fonctionnaires fondée sur une suspicion



légitime.
1\ raisori de le11rs fonclions, certaines ¡Jersonnes sonl incapa!Jles de vendre
011 rl'acl1cter, parce qu'clles seraient suspectes, soit de s'ctre procuré les
cl1oses i1 vcn(lre (!'11r1e 111anil'•re incorrecle, 'soit cl'allnser ele leurs fonctions
pour les acl1eter ;\ vil ¡Jrix. C'esl .'1 ce litre qt1'il est ir1terclit:
1° Aux 11ge11ts foreslii•rs (le faire le con1111crcc (!es llois (ordon. ,•r aout
18:17, arl.. :~1 ).
'..! 0 Au x ¡1r1:f'eis, so1ts-¡1r1ifets, 1·01111na1111rlnls <le divisio,is 111ililaires de faire,

(!a11s l'étc11(!11e <le leur rPssort, 11• co111111erce des vins,l)oissons, graines, fari-
11cs a11tres c¡ue cc11x ¡1r(1Ycnanl dc1 le11rs proprit':tt':s (arl. 176, C. pé11.).
J,os sanctions lle ces i11ca¡n1citi'·s so11t clisci¡1li11nires 011 ¡1é11nles. La loi ne
pro11011ce ¡Jas In 1111 llitt': eles opérations irréguli(!res.

111.- Incapacité des gens de justice d'acquérir des droits litigieux .


..\rL 1:>!J7 : H l,cs jug-os, lcnrs s11p1ilt'•anls, les 111ngistral.s rcm¡ilissant le
rni11isl.(!I'(\ 1i11!1lic, les g-reffiers, l111issÍ('l'S, avoués, lléfenseurs officieux et
nolaircs, ne 11e11ve11t 1levc11ir cessi1,111i:1ircs des ¡1roces, rlroits el aclions
LIVRE 11. - TITRE II. - '
PREMIERE PARTIE. - CIIAPITRE PRE1IIER

litig·ieux qui so11t de la co111péte11oe du tribt1nal cla11s le ressort duquel


ils exerce11t leurs fonctions, a peine de nullité, et des dépe11s, domn1ages et
intérets. » La raison de cette prol1ibitioi1, e' est d'une part, qu'on pourrait
acc11ser les acquéreurs é1111111érés d'avoir abusé ele leur sit11ation pour
ace111érir les droits litigieux a vil prix,et, d'autre part, qu'on pourrait sus-
pecter leur i111partialité s'ils étaient intéressés a la solution des proces
1Jer1da11ts da11s leur ressort.
La prol1i!Jitio11 s'étend a l'acquisitio11 de lous les tlroils litigiczzx, aussi
!Jie11 des droits réels que eles droits persor1nels (lleq., 21 février 1887, D. J>.
88.1.87, S. go. r .318). Elle s'étend a toul le /'essol'l du magistral ou de l'auxi-
liaire de la justice. Ainsi, un conseiller et un avocat ala Cour de cassation
sont i11capables d'acquérir des droits litigie11x dans. toute la li'rance; unjuge
. .

de paix ne l'est que dans son canton. La sanction n'est pas une nullité abso-
lue, 111ais une nullité invocable par les parties a la ¡Jrolectio11 desq11elles la
loi a e11tendu pourvoir, c'est-a-dire, soit par le cédant des droits litigie11x,
soit Jlar le cédé.

1, 0
• - Incapacité des mandataires chargés de vendre, des adminis-
trateurs des biens des communes et des tuteurs.
L 'arlicle 15gG interdit i, ces représentants de se re11dre acquéreurs des
biens confiés a leurs soins. La loi crai11drait qu'ils ne se trouvassent placés
e11tre leur i11térc\t et leur devc>ir. lleprenons les di verses applications de cette
regle :
1° Les ,r1lzt1tlataires ne peuve11t se porter adjudicataires des lJiens qu'ils
so11t cl1argós de vc11dre. Celle prol1i!Jitio11 s'appliquera, r1ota111111ent, aux
avo11(~s eles saisissa11ts. Celle llrentiere i11capacité cloil elre i11lerprétée res-
trictiver11er1t, et cela a de11x ¡Joi11ls ele vue :
:\. - D'abord le 111a11clatn.irc, cl1argé de gércl' u11 }Jien et 110n de le vendre,
ne lor11IJe pas SOIIS le CO\I}) de l'arliclc 1 :>9G. Il lu i csl do11c pern1is de l'a-
cl1eter, si le proJJriétaire le 111et e11 Ye11te (lle<¡.,,') el{~cc111!Jre 1862, D. t>. G3.
l. 1!1'.A, S. 1>3.1.:{10).
13. - (:e <¡11i Psl clt'·fe11cl11 a11 111a11dalairc c't!sl. 1/c .~e ¡1orler t11lju1lic1ilairc,
rx.¡>ressi<>Il <¡tii rPstreint. so11 i11capacilt: aux cas de Pc11/c Jorcée. 11 11'y a 111,lle
raisclll fH>ur i11lcr<iirc a11 111a11datairc cl1argt') ele \'<'Tttlre 1111 )Jic11 11 f'ar11.ir1l1lc,
tle se ¡iro1ioser I11i-111t\111c co111111c aclu•tcur i1 son 111a11cla11t. l)a11s C<' cas, il y
a rt')\'Ocalit>n d11 111at1llat, s11ivic tl'1111n ,ente, ce t¡11i cst 1iarfail.P111ei1l licilc.
:1.º 1,es <1d11ii11.istrale11rs eles IJiens clPs co111111111H'S et clt)S {·ta)Jlisst)Jttcn\s
¡iuLlics ne ¡Jcuve11l ac<111órir les l>ic11s C<)11llt'•s .'t lcurs soi11s.
:1° J,cs t11lcttl's des 111i11n11rs el des inlnrclits IIP JH)IIYt)flt acl1cler l<)S l>icns
tic ces tlt1rnicrs. 'l'11ulc i11ca¡1acilt'• t'•lanl lle 1lr1>il t')lrciit., voici les co11s(•1¡11P11-
ces ,Je l'i11ter¡>rt'·lali1J11 rPslricti,c t¡11c l'<lll tl1Jil tltlftfl<)l' i1 ccllc-ci :
.'\, - J,'i11ca1iacit<'· ne s'<)I.P111l 11i aux. s11.!1ro!Jés-t1ile1tr.~. 11i aux ctll'ltlettf's,
11i :111x cortscils ,ilt!lici11i1·cs ; il 111H1s se111l>lc aussi 1¡11'1dl11 11n visc J>as le JH,)l'!l
ad111i1ti.~lr1ilctll' légrtl. 11 csl vrai <¡u'il ~ a i1IP11l.ilt'i c11l.rc sa sit11ati<)ll PI. C1!llc
d'11r1ºtuteur.
• ?\lais la l(>Í 1111 G avril 1q11J•
(ar!. :18<¡• 11cJ11vca11) a t'i1111111éró 11:s

,
CO'.'iDITIO'.'iS ET MODALITES DE LA VE'.'iTE

Lextes relatifs a la tulelle q11'il co11vient d'aJ)l)liquer a l'ad111i11islralion lé-


gale, et l'article r 5gti r1'est pas con11)ris elans l'énu111ératio11.
B. - Ce que les tutel1rs ne 1Je11vent faire, c'est acheler a
leur pupille.
:\Iais rien 11c' lcur défend de leur ve,iclre.
C. - 011 ad111et con1111ur1é111enl c1ue l'inca1Jacité ne s'applique point dans 1

les cas 01'1 le lutelil' ¡)oss,\ele s11r les biens par l11i acquis 11n 1lroit ¡1réexis-
la1il <iont son acl1at 11'cst que la co11soliclalio11. C'est ce qui a lieu:
a) Si le tuleur étail coprn¡Jriélaire avec le 111ir1eur ou l'inlerdit clu bien
par l11i acc¡uis. C'est u11 cas assez fr{•q11ent, car le plus souve11t le luteur est
11n parenl ou 1111 l1éritier clu 111ineur 011 de l'interdit. Certaines décisions
font re11trer dans cecas cel11i ot'1 le Luteur était iisiijruitier dl1 ]Jien dont il
acquiert la propriété (:\Iontpellier, 10 juin 1862, D. ll. 63.2.30, S. 62.2.401 ). ,'

Il y a la une crreur n1anifeste consistant a croire qu'il y a i11divisior1


entre un ust1fruitier et le nu-proprit'\taire.
b) Si le Luleur était créancie1· hypothécaire inscrit sur l'i111rr1cul)le de '
''
l'incapalJlc, il po11rrait parcillc1ncnt l'acqt1<~rir au 111oyen d'u11e sure11cl1cre
dt1 dixie111e ou du sixión1e.Le clroit <le surcnchérir est en ell'et Je seul 111oyen
¡Jour le créa11cier de faire 1Jrocluire a11 gage l1ypotl1écaire une ,,alet1r suffi-
sant it le cl{·sintéresser. D'ailleurs, clans le cas 011 le tuteur se porte st1ren-
cl1érisseur ele l'i111n1e11l)le de l'ir1ca¡)able, il pe11t clre considéré co111n1e
aya11l cessé ses fo11ctio11s (le tute11r, car les po11rsuites doiYent avo ir été di-
rig-ées contrc le su!Jrogé-t11te11r.
La sa11ctior1 ele l'incapacit{, des 111a11dataires, adn1ir1istrateurs ou tuteurs
cst é,idem111ent une n11llité relativc, c'esl-a-dire irivocable seulemcnt par
ce11x c¡ue la loi a enlendu protéger, c'est-a-dire par les représentés (lleq.,
1¡ jui11 1go¡, l). ll. '!)08.r.248, S. 1g1r.1.!1g~)-

• ,;_ - Incapacité des époux entre eux. ' '

,'\ux termes de l'article 15g5 et sal1f trois cas i11diqués ¡)ar lui, « le con- ,.

Ira tele VCille 11e peut avoir lieu entre {•pot1x >>.
1,a Jlrol1iJ>;lio11 ele la vente entre t\JlOUX est le reste cl'1111e incapacité ¡Jlus
;
raclicalc ele notre a11cien l)roi L, (l'a¡Jrt',s lac¡11clle les t>tJoux 11e pouvaient
passt'r entre cux auc1111 conlral. Cctln i11ca¡>acil<': a laisst'~ cl'ailleurs d'autres .,
traces c¡11P l'article 1;>!):>. \011s e11 renconlrerons une Pll traita11t <les ol>sta-
clns <¡ue la j11ris¡>r11dcncr: a1)1>orle .\ la concl11sio11, e11lre les époux, d'u11
contra! 1le soci{it{·.
CJuelles sonl les raisons de cellc incapacil{\ 1le ,cndrc et 1I'aclteler :l J\ous
en apercr,vons lrois: 1'

1" 11 faut crainrlre les abus 1l'influc11ce <le l'un eles conjoi11ts s11r J'autre. .
,

.,.. 11 faut ó,iL<'r 1111e lns {,pu11x ne se fassflnt, so11s le couvert d'1111e JJrÓ-
IPndue Y<lltte, 1111e <lo11alio11 irróvocahlc, 011 clópassanl la <¡uotité disrio11i-
l>I<' sp<'•cial<' <¡ne la loi l<\111' i111p11sc 1:arl. 10!1!1, I<>!)li, 1og8). Ici, (ln }JCUL se
cl,1111a111ier si In ve11t11 ann11l<',<• en tanl 1¡11e vente 11c va11clrait r>as co111111e
clo11alion (li\guisée, en <¡ni aurait ¡>ot1r r{\s11ltal de la rcndre ~e11lc111c11l
rÍ•yncahle nl rt'·1l11ctihle, ca1· 11011s verrons ,¡11e la j11ris¡>r11<lence adn1et la
LIVfiE 11, - TlTfiE 11. - '
PfiElllEfiE PARTIE, - CHAPITRE PRE~IIEH

validité des do11ations dégl1isées sous la forn1e d'11n co11lrat litre onércux, a
et leur applic1ue les reg-Ies de fond des do11ations.~Iais la négati,,e s'irr11)ose.
En effet, pour qu'u11e donation déguisée soil ,·alable, il faut que le cor1trat
dont elle en1prunte l'apparence, soit licite. Or, ce 11'est pas le cas pour la
vente entre époux, puisque, cor11111e ,·ente, elle lon1be sous le coup de
l'article 1595 (\r. Caen, 3r déc. r883 sous Req., D. P. 87.1.169). ¡\joutons
que l'arlicle 1099 co11firn1e celte solution. Dans son r'' ali11éa, cet arlicle ,ise
les donations i11llirectes,et se con ten le ele clire qu'elles seront, en cas d'exces,
récl11ites a la quotité disponible. 1\u co11traire, l'ali11éa 2 porte ex1lressé111e11t
que la donalion déguisée est ,zulle. Celle clifl"érence de formule esl vo1il11c et
significati,·e.
3° Enfin et surtout, la prohibition des ,·entes entre époux offre cette 11ti-
lité de sauvegarder les tiers, en l'espece les créanéiers du rnari, contre des
fra11des c1ui, aulren1ent, seraient trop fuciles. Un n1ari dor1t les affaires pé-
ricliteraier1t,,·endrait asa fen1n1e, po11r 1in prix ficlif, et en secret, les l1 iens
q11'il ,·011drait so1istrairc a11x poursuites de ses créanciers. Le jo11r de la
déco¡1fit11re arri,é, la fe111111e ¡Jrélr\vcrait les ]Jier1s en q11estion /1 Litre ele
propriétaire el ali détrir11ent des créanciers.
La sanction de l'article 1595 est la 11l1llité ele la ve11te. Cette 1111llité est
éviden1n1e11t relative. c'est-a-dire qu'elle peul elre in,oquéc par les de11x in-
capalJles, soit le n1ari, soit la fc111n1e. et par leurs créa11ciers (art. , 166). De
plus, la vente nulle peut t~tre cor1firn1ée par 11ne confir111ation for111elle
ou in11llicile, ou ¡lar la prescri¡1Lion clécen11ale ele l'actio11 e11 1111llitó
(art. r3o4), sui·ve11ant l'l111e el l'autre postérie11rcn1e11t i1 la cessalio11 de l'i11-
capacité, c'est-a-clire a la dissolulion du n1ariage.

Cas exceptionnels ou la vente entre époux est autorisée. - Ces l1y-


poll1eses i11elic1uécs ¡Jar l'arliclc 1595 sonl a11 11on1IJrc ele lrois. Le11r trait
con1r1111r1. c'cst c1ue la ,ente ). a po11r cause 1111e obligalio,i (111tél'ie11re er1tre
épol1x, ele lelle sorte e¡11'elle ap¡1arail co1r1n1c 1111e (lnlio i11 sol11t11111, ce c¡11i l11i
er1leve so11 caraclóre suspect. l)a11s lc> 11rc111 icr ele ces trois cas, il y a ¡io11r
le:, 'cle11x l)Jollx fac11ltt': r{·ci¡Jroql1e ele ,c11elr() el el'acl1clc>r. l)a11s le scccJ11el,
il )º a facultó po11r l5! 1n<1ri ele ,·c11elrc ú la fe111r11c>. l)n11s le lroisit\Ille, il y a
fac11l lé ¡1our la Je,11,ne ele ve11el re au 111a ri.
J)re111icr 1·11s (arl. 1f>!):">-1º). - (;'Psi 11 ccl11i c11'i 1'1111 eles t'·11011x 1:1\lfe 1/ts
biens 1't l'aL1lre, s1:¡1aré j1tdici11irc111e11l 1l'a1•ec l1ti, e,1 paie111e11l lle ses 1.lruils ».
Cetle l1ypc,tl1t'•se ne elor1r1c lie11 :'t a11c1111P elifliculll·. J.a st'·11aralion ele l>iP11s a
été prononcée entre les ópoux. ()11 lie¡11iclc lc11r sil11alio11 JJtSc11r1iairc. J,'1111 se
lrouve crí·a11cier ele l'a11lrc. I>c11 i111¡1c,rlc le rt'·gi1r1c a11lt'•rit\llr st111s leq11PI ils
ótaicnl 111arit'·s. l.a loi fa,orisc le rt'·glP111cr1l ele Jn lieJlii<latic,11. l,a ccssio11
fa1' te U' l' C})OllX
' ' . ¡>ar l' ('ll(JllX
crcar1c1er ' t1C'lJtlcur
. IIC 11c11l (l (lllllCI" 1·ICll a' a11cu11c
s11s11icio11 r1i el'al>11s cl'i11fl11e11ct', 11i el<1 tleJ11alic>11 1lt'·g11ist'•<!, 11i ele fra11elc a11x
• •
crca11c1ers.
/JeLtxie111e cas (arl. 1:,!1:,-:1°). - ,:·esl « c1\l11i 01'1 lit i:cssio11 1¡1tc /1! ,nari f11it
11 s<1Jc111111e, tnt1111e no,i sé¡i<trée, 11 11111• c<111.~c lé!Jili1111•, ll'llc 1¡111· l1• r1•111¡1loi
lle .~es i111111eub/es ali1111és, 01t 1le rle11iers <t elle 11¡i¡111rlc11a11l, si ces i111111eu-
,
CO'.'IDITIOXS ET '.IIODALITES DE LA. VE:'i"TE

llles ou deniers ne lo111llent 1Jas e11 con111111na11té )J. Celte l1ypotl1ese resse111-
ble a la précédentc, e11 ce que, d,'.)s a 1Jrésent, 11011obslant l'al1sencc ele sé1Ja-
ration, le r11ari esl bien certaine111e11t débileur de la fen1111e d'unc son1me
détern1inéc, ce q11i écarte la suspicion el'11ne fraude faite a la loi ou a11x
créanciers. ll.epreno11s les cleux l1ypotl1eses expressén1ent Yisées par le texte.
1º _La loi s11ppose cl'aborcl que la cessio11 faite par le 111ari a pour cause
1111 rer11¡1loi. Cela doit s'enle11dre d'u11 ren1ploi oúligaloire. C'est-a-clire que,
les cle11x époux éta11t 111ariés sous le régime de la con111111nauté, le contrat ·
ele 111ariage astrei11t le n1ari, au cas oú la fe111n1e aliénerait 1111 des i111111eu-
bles q11i lui sont réservés con1n1e llropres, .\ afl'ecter a11ssitot les deniers
a
proYenant de la ven te l'acq11isi tio11 cl'un a11 tre i 111meuble qui prendra,
dans le patrin1oine propre ele la fen1me, la place laissée Yacante par l'alié-
nation du pren1ier, de telle sorte q11e ce patrin1oine propre ne se trouvera
pas an1oir1dri /Rouen, 2í n1ars 190(¡, D. P. 191 r .2. 153, S. 1910.2. 161).
2° La loi suppose, e11 second lieu, que la cession faite par le n1ari a la
fe111n1e a pour cause un en1¡1loi. Cela se produit lorsc1ue le contrat de 111a-
riage exclut de la comn111nauté des so111n1es 011 deniers apporl.és par la
femn1e, et stipule c¡ue le n1ari de-vra i,n n1édiate111ent 11tiliser ces clenier1, a
l'acl1at dºu11 bien clestir1é a rester pro¡Jre a la fe111n1e.
~Iais ces deux l1)'IJOtl1eses 11e sont pas les seules que l'on puissc s11pposer.
La formule ele la loi n'a ríen de limitalif. \"ous )' lisons que la Yente e11tre
épo11x est 11ern1ise, q11and elle a 11ne cause licite telle q11e, etc ... ll.este asa-
Yoir q11els so11t les aulres cas oi'1 se rencontrera cette cause licite. Jci, deux
systen1es ont été proposés.
r º D'apr<'·s le ¡1re1nier, ce serait une q11estion ele fait qu'il appartiendrait
a11x juges de trancl1er so11veraine111ent dans cl1aq11e espcce. L'n pareil
SJSlt)111c alioutirait a rcndrc sot1vent illt1soire la ¡1rol1iliit.ion des ve11les entre
é¡ioux; il esl de¡1uis longlcn1ps alianclonné.
2° La Cour de cassalion cl(•ciele act11ellernent q11'il n'y a cause légiti111e
de ,·e11le <¡ue elans les l1y1iothi'•ses ofl'rant le 111e111c caractere e¡ue celles q11i
so11 t ex11ressé111c11 L vis<'es au tcxtc. (;e sysl<'•n1c pern1et i1 la Co11r de cassa-
tio11 <l'<•xcrc<'r so11 co11tr1\le sur le ¡1oi11L de savoir si le crit{·ri11rr1 <le la
cause I(·gili111e se rc11contre 011 110n clans les ventes entre {·poux sur lcs-
<Jllcllcs les juges <111 fon<! sonl a¡ip<1l<\s ¡\ slalucr, Quel cst <lonc ce criló-
ri11111 :1 On a 11arf'ois dit <111'il f'allail, ¡iour q11'clle 1if1t 1\tre consiclérée co111111e
lici le, q11e la C<'ssio11 consent.ie flíll" le 111ari ú la fen1111e c11t po11r cause le
r<\glc111011l <i'unc 1lelle e.cir¡ib/11 (Ci,., 1f1 j11i11 1881, !). I>. 8·1. 1. 1n:~. S. 8:{.
1,!ií:~. 1101<> ,le \l. ll11f'11oir). l,a <:our de cassalion, <lans sa <lcrnit')re j11-
risr1r11d1)11ce, adn11•I. 1111c nutre f'or11111l<). 11 faul el il _suffll que le 111ari soit
1lól1ilc11r <I<) la f<)IIIIIIC d'1111c del.Le cerlairic <>l. JJortant s11r 1lcs II sor11111c.~
susce[Jlihh•s 1l'll1l r1•111ho11rscr11e11L acl11cl n. l)i':s qu'il en est ainsi en Pll'el, t.oule
s11:-¡1icion <lf' donalio11 d<'·1~11isóe 1111 <le f'ra111lc aux cri'•ancicrs <111 n1ari esl
écart<'·c (<:iv., !1 novcn1lirc I()0!1, 1). 11. I(lo:-1.1.1<1?., S. 1110:-1.1.?.:!!)). Ce cri-
l(:ri11111 va {:claircir 110111' nous les cas oú la j11ris11r11de11cc :-o rcf'use ¡\ a<l-
111cllr<', et. Ct\UX oú elle acc1Jrdc, que la vente f'ailc ¡iar le 111ari pst valable .
.\.--- 11 n'y a ¡1as vc11l11 valal1lc clans les cas ci-apri')s, 1iarcc <111e la cause de
la ccssiou 11'csl JHts 1111c dett11 acl11cllPn1e11L s11sce1>Lilile <le rc111lioursen1e11t:
'

LIVRE 11. - TITRE 11. - '


PRE~IIEIIE PA.RTIE. - Cll.\PITI\E Pl\E~IIEI\

a) En cas de remploi non obligatoire. Les deux époux sonl 111ariós s011s le
régin1e ele corn1nu11auté, r11ais le conlrat de 111ariage n'astreint pas le n1ari a
ren1ployer les s0111111es pr0Yer1ant des ,·entes de ¡Jro¡lres fai tes par la fe111r11e.
En pa:reil cas, le n1ari r1'en a ¡ias moi11s lafacullé de faire le rer11ploi, ll011r,·11
c1u'il se ¡llie aux forr11alités prescrites par l'article r435 du Code ci,·il. I\Iais
ce ren1ploi facultatif pourra-t-il c1tre ,·alablen1ent efrectué en un i111111e11lJle
clu n1ari? Non ass11rén1ent. La dette d11 n1ari, non se11lement n'est 1ias e.,.;i-
gible (elle 11e le sera qu'a la dissol11tion de la comn1unauté), mais ,11er11e elle
11'est pas certai11e; elle r1e le sera CJ11'/1 la liq11idatior1 ele la comn1u11auté. Le
rnari doit a la fe111n1e le prix de l'aliér1ation de l'i111n1eulJle de celle-ci, 111ais
d'ici a la dissolution de la comn1unauté, il peut s11rgir telle circonstance
q11i re11de la con1111unauté créancii.·re lie la femrr1e, et qui, des lors, éteigr1e
la créance de celle-ci, jusqu'a clue concurrence,par lá voie de la co111pensation
(\". Ci, 11 j11illet 1888, l). P. 89.1.60, S. 88.1.408; 16 avril 1889, D. P.
0
.,

89.1.375, S. !)0.1.·~·1, llouen, :17 n1ars 1909, 1). 1). l!Jll.:1.1ü3, note de
~l. llierre l3inet, S. 1910.:1.161, 11ole ele I\l. \\'al1l).
b) I\Ien1e solution et 111e111es n1otifs en cas d'e1nploi de cleniers dotazix ap-
portés ¡lar la fen1me, er11ploi efl'cctué par le rr1ari sa11s qu 'il }' f'1it olJligó par
le co11trat ele n1ariage (llion1, 3 ja11vier 1888, D. 1>. 89.2.124, S. 8!J.2.:1:1G).
e) De n1e1ne,l'échltnge e11tre mari et femr11e 11'cst jamais licite: jamais il
11e ¡ie11t se justifier par le regleme11t cl'une dette certaino et eles 111ai11lenant
rembol1rsalile(l3ordeaux, 10 1nai 18nn so11s Cass., D. P. 190!1.1.45í, note de
M. Loynes, S. 1901.1.65, 11ole de .\l. L}'On-Cac11).
13. - E11 reva11cl1e, or1 adn1cttra la validité de la cession faite par le 111ari
a la f'e111111e dans les cas suivants <Jtii. cepc11danl, 11e rentrent pas da11s les
l1y1iotlu\scs ex¡iressé1ne11t visées par l'article 159:'>, al. :.i.
a) La cession a e11 lic11, nor1 pas e11 re111¡llc>i 011 e11 e1n¡Jloi ele clcuicrs lllIS
/1 une ft•r11111e co1r111111r1e, 111ais ele clc11iers el11s a 1111e f'cr11111c clo/r1le. á su¡Jpo-
ser c¡11c le contrat co11le11ar1t alioptio11 du rég·ir11c clotal ait sli¡iulí1 l'alií•nal}i-
lití: lles liicns clota11x moyer111ant rerr1ploi. 11 r1'y a pas ele raiso11 ¡io11r adtlp-
l<'r, c11 cas de rí·gi111c d11lal, 1111e sol11tio11 clil1'1\rer1tc ele cellc c¡11n la loi
consacre ex¡ircssí·r11c11L en cas <le rt'·gi111c <le cu1111111111a11!1'· ( \. 11r>lc ,le
l\(, J3ufne>ir SOllS s. 8:,. 1./17:1).
/1) ()11 ¡>c11L Stt}J}JeJscr les t'·¡>t>11x 111arií·s :-1)11s l<' rt'·gi1111• ele la s1:¡1r1ralio11 ,te
t,ie11s. la f'c111111c aya11L, JJar ccJ11s<'.·r¡11e11l, l'aci111i11islralit>11 cxcl11si,1• df' S<'S
!Jie11:-. Si. co111n1e il nrrive sc>t1vc11l c11 f'ail. la f'c•111111c laisse le 111nri acl111i-
11islrer SPS IJi1•11s, nt 1¡11e ccl11i-ci PII Yl'!lde 1111 et en lt>t1cl1c 111 prix. il J>tlltl'ra
ccrlai11cn1e11l cÍ~llcr /1 la f'c1111111~ 1111 1lP ses liie11s f'II paie1r1ent 1111 }ll'iX 1l1i11L
il est so11 <lúliilc11I'. I•:11 1d1'cl, en ¡irix <'si cli·s 111ai11lc11a11l r1•n1l>1H1rsnlilP et
1111\111e 1·,i¡.ril>le. Le rr·g-lc1111•11L 1111e 111 111ari f'ail av,•e sa crt'•a11ci1\re, IH' ¡>t·11l
recélet· 11i une tl1ir1ali1>11 1lt'•g11isi'•I' 11i u1111 f'ra111IP 1111\ crt'•a11ciPrs 1111 111ari
(13tJr1lea11,. ·1 11 111ai 188:), S. 8:).:i.:i:>:i).
'J'roisit\111,• ,·,,s (arl. 1:i!¡:i, al. :{). - (;'Psi 1, cPlui 1>Ú lll ./i•1111111· ct'·tlP <les
l>icr1s /1 st>ll 111111·i en ¡ir1ie1r11•11/ 1{11111· so111111u 1¡11'1'/l,: ltti ,111r11il ¡,ro111isl' 1•11
1/0/. t~L ltirs1¡11'il y a t'.J;c/1tsio1t ,(,, ,·011111111111111lé ». <:etlP ]1~ (H>l.l1t'·sl' Psi. le
¡>er1lla11L <le la ¡iri'•có1le11tc. [,a fc111111<' s'esl, ¡iar ctinlral <le r11ariag1•, rt'·s1•rvi':,
,
COXDITIOXS ET )10D •.\.LITES DE L.\. VE'\'TE

la jouissa11ce exclusive de Lous ses l)iens ; cepe11da11l elle a pro111is


au mari de verser e11lre ses mains 1111c cerlai11c so111111e pour l'aider i1
subvenir aux cl1arg·es du n1ariage. Si elle se trouve da11s l'i111possil)ilitt'·
a
de faire ce versen1ent, la loi décidf' qu'elle pourra, la ¡)lace ele la son1111r
pro111ise, céder au 111ari 1111 de ses ])ier1s. leí e11corr, la cause légitir11e de
cctlc 1lalio i,i solutuni est ccrlaine; il 11'y a pas <lé cla11gcr <le fra11de, ¡)uis-
<1ue le 111ari est des a ¡Jrtise11t créancier cl'une so111111c act11elle111e11t re111-
bou rsa!)le et 111e1r1e exigil)le.
On re111arq11cra q11e, po11r l'a¡)plicatior1 de celte troisie111e cxceptio11, le
Code suppose forn1elle111ent q11e les co11joi11ts so11L 111ari1'.s sous ur1 rég·in1e
cxclusif de co1nn1unaulé. Il }' a cependant une l1y1)otl1ese ot'1, les é¡)oux
ayant adopté la con1n1unauté, la fe111111e se trouve dé!Jitrice envers le 111ari,
a a
des présent, d'une son1r11e aclueller11e11t PªIal)le celui-ci et n1e111e exigil)le
par luí. C'est le cas ou le conlrat co11tient u11e clattse d'ap¡1orl 1art. 1:íooJ.
11 est regrettable que, d'a1)rt'·s les ter111es for111els de l'article 1595, al. 3, la
fe111n1e 11e p11isse, dar1s cecas, réaliser son apporL ¡Jar la cessio11 d'u11 de ses
pro1Jres au n1ari, représe11ta11t de la· co111mu11aulé. JI ). a la u11e lacune ele
la loi.

.
SEC1'10N III. - ÜnJET DE LA VE'iTE.

1,n vcr1te éla11t u11 contrat sy11allag111ntiq11e, e11ge11dre deux o!Jligalions


ré~ipro11ues. Elle a clone (leux objets, la chose et le ¡1ri;-r.

§ 1. - l,a claose (art. 1598 i1 1601).

Ln chose ver1due doil: 1° Ex.isler ou 1Jo11voir exislcr un jour; 2° I~trc clans


le co1J1111erce; 3º Etre de r1ature a
}JOuvoir devenir 1)ro1iriété ele l'acl1ctcur
})ar le fail de la vente.

l. - Nécessité de l'existence au moins éventuelle de la chose.


,
l 1l11sicurs queslio11s se rat.taclH·nl h cclle JJrnr11it'·re co11tlitio11 :
1° <J11'arri,·e-t-il lorsq11c la cl1osc Yl'11due a,ait JJÚri e11 lo11l uu 0111Jarlie, i1
l'insu tics co11lraclar1ls, avant la YP11lo :1 11 faul 1listi11g11er e11tre la ¡Jerle tolalc
el la JJPrlc 11arl iellc.
11¡ I•:11 cas 1le ¡>cric lolrtle (arl. 1601, al. 1), il ~- a 11ullilt'•. de la ven le faulc
cl'ol)jet. C'est ainsi 1¡uc la vcnle tl'u11· lol 110 l)elleravcs inulilisal)lcs l)arce
<¡11'cll1,s t':t.aient co111¡Jlt',tc1J1011l ¡1011rrics ¡iar suitP <lo geltics a11lt'!ric11rcs, sera
1111lle 1>ar dt'·faul d'ol>jet I ll<lll·, :, févricr 1\Jºº• 1). 11• r Vºi. 1 .!168, S. 1voG. 1.
:i8o).
/i) l•:n cas 11<· ¡>,irle JJ1trlielle, la logi1ttH) voutlrail c¡uc la ve11Le ful 1111lle
r>c111r la J>arti1, 1lótruill', valahlo po11r la J>artic conscrvóe. i\lais ce lle sol11Lio11
11'csl t\q11ital>l<i r1u11 s'il 11'y avait pas 11111, vuc <l'i111livisil>ilitt'· 1la11s 1·accor1l
<.les ¡iarties. (J11i en 111\citlt•ra :1 l,a Joi (art. 1G1>1, al. :1) rc111ct la tlt':cision i1 •

l'ncl1clc11r. 11 Pst ¡'¡ so11 choix. ou " tl'al)a11<lo1111cr la vcnt1, 011 tle de1nander la
'


LIVRE 11. - TITRE 11, - PRE!\IIERE P,\.RTIE. - CH ..\.PITRE l'RElllER

partie co11ser,ée, en faisant déterr11i11er le prix par la ventilation n. Nalurel-


len1ent, il faut q11e l'acl1eteur t1se de cette fac11lté avec bonne foi. 011 n'ad-
111ettrait pas qu'il put exiger la nullité de la vente po11r un décl1et insigni-
fia11t ou de 11ature a etre facilement co111JJlé, par exerr1ple, pour l¡uclques
chataignes gatées sur tout un lot (Civ., 10 jt1in 185G, D. P. 56.1.254, S. 56.
1.819).
2° Que décider en cas de ve11te d'aclio,is d'ii,ie sociélé qiii est e11s1iitefrap-
pée (le 11iillité? On a soutenu que ces négociations 1;taier1t nulles faute cl'objet,
parce que la société annulée est censée r1'avoir jar11ais existó, et n'avoir jan1ais
pu, par co11séq11ent, é1nettre d'actions. II y a et1 sur ce poir1t divergence entre
les Cours d'appel. Celle de Paris, dans !'affaire de l'Union Générale, avait
adrr1is la 11ullité. Celle de Lyon, dar1s !'affaire Banque de Lyon et Loire,
l'avait repoussée. C'est dans le sens de cette seconde opinio11 que s'est
pro11onct':e la Cour de cassatio11 (Civ., 3 jui11 1885, D. ll. 86.1.25. S. 85.
1.259. ,·. note de :\1:\1. Sarrut sous D. P. 8!1.2.153 et Ly1i11-Cae11, sous
S. 84.2.49) Et, e11 efl'ct, 1i11 ne peut pas llirc qt1c les aclio11s d'u11e société
111e11acée de nullité 11'existe11t pas 011 les acl1ele lelles ({lI<.'llcs. J•:t 011 ne
saurai.t assir11iler la décision ({tii 1Jro11011ce la nullité ll'une sociét<) a une
<:011diLio11 résolutoire afl'ectar1t l'cxistence des aclions. La condilion est essen-
lielle111e11t t1r1c 111o(lalité co11,·e11lionnclle do11t la rétroactivité se j11stifie
(ta11t IJic11 que mal;, nous l'avo11s vu, par la préso111plion de la volonté pré-
su 111éc lles JJartics. Or ici, la ,olo11té llcs parlies cst certainen1e11l co11trairc
a l'i11troductio11
'
cl·t111 élén1e11t co11<litionncl clans le co11trat. Les ,·e11dcurs
d'actions des lJaÍ1ques sus-indiquécs 11'a,·aient pas e11lc11cl11 vendre s011s cctte
co11•.iitio11 que la société r1e f11t pas a1111uléc par la suite.
3° La vc11lc des c/1oses f1il1t1·es e~t-clle p1Jssil1le ~ Ot1i. I~'arliclc 1130, al. 1,
le elit e11 tcrr11cs for1110ls. Ccttc Yente pc11t (l aillct1rs all'eclcr eles caracteres
0

elill'érents st1iYa11t la v1ilo11tú des ¡)artics.


]~lle 11c11l etre u11 co11lral cor111111tlatif. llar cxc111¡Jle, un in(l11stricl vc11(l
des olJjets q11'il s' cngagc 11 fabriq11cr. 011 )Jie11 e11core, on vcnll fcr111e 1111c 1

cl111sc 11 11aitrc ¡1lus lard, le ¡>oulai11 ele te lle j11111c11l q11i esl JJlcinc; c'cst la
ve11lc dile reí S/Jl'l'<tl:i·. Si la cl11isc cs¡1éréc 11e tJrc11cl pas 11aissa11cc, la Ye11te
est r1ulle.
I,a ,ente ¡~cut <\tr<) aussi 1111 c1i11lral at1:11l11irc. <.:·est la vcnl11 1litc s¡iei,
Cl'llc cl'un c1iu¡i 1le file!.. 1\l11rs, si la cl111uce lle 11aissa11cc 111• S<' rí:alisc 1ias, la
YP11le 11'p11 PSI ¡ias 1111iins valal1le l'l 11' 1irix 1l1i IHtr l'acltl'l1:ur.
flar111i les chc1~1:s ft1tt1rcs. il e11 1,st 1l1111t la ,e11Lc est irtlerclitc.
,\. -- ()11 1tP ¡H•ul YP1J<lr11 la s111·ccssio11 1l'11111• ¡i1•rso1111e 1!Jtcorc viva11te
{art. 1(i1H1), 11r1>l1ioiti1J11 1¡ui s1· relic lt c,,Jlc dns 11.ict.1,s sur s11ccessi1i11 fulur,•.
111\j;\ f1ir11111lí:c <la11s l'arlicl1• 11:111, al. :1 ctút11<li1\n ¡iar 11cH1s ci-<lnss11s (11.:l1>!J).
ll. •- 1,a j11ris¡ir111le11cP ¡ir11hilu: /1•s 1•1•11/1•s 1/,i clt1111ces 1!1• f/tti11 cl1111s /,is 11a-
le1trs ,¡ lo/. (In s11¡1¡ic1sP 1111 ¡ioss,·ssPur 1lc litres 1le CP ger1re 1¡11i. c1111serva11l
1111 litre 1111 le vP111la11t, !\ti is11lc les cl11111ces 111: gain 1•t IPs ,1·t1ll 1\ ¡iart.. l.a
j11ris¡1r111lc11c1, a ¡ir1,111111ct', la nullitt'· ,!'une l1•lle 1i¡,t'·rali1111, en s1• f<>1Hla11t.
~ur l'i11ter1licli1111 1les l1ilPl'ies 111i11 a11l1>risi'•es. 11 csl vrai 1¡1H: 1'<'•111issi1111 1(Ps
,·al1•11rs ,\ llil a 111) f'airc 1'1il1jl'I 1l'1111c a11t1,risali1111. \lais crlll' a11l11ri~ali<>11

,
CO'.\:DITIO'.\:S ET :\JODALITES llE LA. VE'.\:TE

n'a pern1is (1u'u11e t'•111ission cor1ditionnée de fa<con e1ue la cl1ance de gain


ne f1it q11e l'accessoirc d'un place111ent fixe et s11.r. L'isole111e11t d11 reYen11
des titres el de la cl1ance de gain, effect11é par le veneleur, dt·11ature l'opé-
ration qui avait fait l'o!Jjet de l'autorisation, et en crée 1111e autre, cl'u11e
nature dii¡'ére11te, laquelle, faute d'11ne autorisatio11 spéciale, esl i11tereli te
par la loi (Crin1., 14 j11in 1901, D. }J. 190:>..5.408, S. 1~¡05.1.3¡4).

11. - Nécessité que la chose ne soit pas hors du commerce.


La 11iise de la cliose hors du commerce, laquelle peu t etre,absol1le ou relative.
résulte soit de la volonté de l'l1on1n1e, soit de la loi, soit de lajurisprudence.
1" En parlant de 1nise hors dLl co111merce volo11taire, nous faisons allusion
a11x clauses d'inaliénabilité. \ous avo11s exa111iné précéde111111enl q11elle
ponvait etre a11jourd'l111i leur ellicacité (\'. notre t. l'", p.¡59).
2~ La loi 1net certai11es cl1oses l1ors du co111me1:ce, e11 lotalilé ou e11 par-
tie, po11r des raisons qui varienl selon les cas :
.\. - E11 vue de proléger l'l1ygi1\ne et la sa11lé 1J11lJlie111es f,oi el11 2, ger~
I

111inal a11 XI art. 32 i11lerdisant la 111ise en vente ele rern1\des secrels; lois des '
;
21 j11illet 1881, 31 juillet 18uj, 23 février 19oj prol1ibant 011 annula11t les
ventes el'ani111aux altei11ts 011 sou1Jvo1111és ele 111alaclies conlagieuses).
1
13. - Er1 vue ele ¡Jroléger la fortune pt1blique ou les i11térets éconon1ic¡ues
de la colleclivité (prol1ibilion ele la venle clu gilJier ava11t l'ouvertnre de la
chasse, Loi clu 3 111ai 1844, art. 4 el 12-4º; prol1i!Jition de la vente des 0l1jets
dor1t J'Etal s'est réservé le 111011opole ele négociation ou de falJricatio11, ou a
réservé ce mo11opole a certai11s i11ler111édiaires, ta!Jac, 1Jo11elre, cartes iL
jouer, allu111cllcs, ellels lJublic,.; ou autres suscerJtilllcs el\\tre colés a la
l3ou rsc, ele ... ':.
C. -- l~n vue ll'uu i11tór1\l el'l111111a11itó \Íncessi!Jilil(: des pe11sio11s de re-
traite el ele réfor111e ou <le la légio11 el'l101111e11r, des rc11les Yiagercs allouées
i, des vicli111cs ll'accide11ls ll11 1raYail. 1les ali111ents elus 011 vcrlu el'1111c ollli-
gali<>n, ele ccrlains lraile111e11ls el salaires, ele ... J.
(). - J•:11ti11 il y a liet1 ele rappelcr ici l'i11alit'~11al>ililt• lln l)o111ai11e ¡)tilllic
el lle ccrlains objels ll11 l)o111ai11c privt''..
;{ 0 (,a j11risprud!'11ce, <'JI a1111ula11t. 1>our C<lllSC ilfif'ilc les traclalions (lo11t

fonl J'ol)jel les fu11clio11s ¡11ihli1¡1tcs 011 les 1listi1u:tioris !1011oriji1¡1tcs, a 111is 011
r1\aliló hors clu c<>111111crce 1111<~ anlrn s(·rie 1l'ol>jPls.
I~n 1l1·l1ors d1• CC)S cas, 011 ne voil ¡>as po11rc¡uc1i lous les (•tal)lisse111e11ls
a11xc111els 1l01111<' 11aissa11c1) l'cx1•rcic<' 11'1111e prof<'ssion c¡u<'lcnnque 11<' ¡>011r-
raiP11l ¡u,s l'airc l'<ll>jet cl<i conlrals 1lc ccssi1111 valal>lcs co111111<1 C<'IIX 1111i Jlnr-
tcnl sur 1111 1'0111!~ de c1,n1111<'rC<', d11 1110111c11l 1¡11'a11cu11e ¡>arccllc de la ¡>uis-
sancc ¡1ul1lit¡u1• ne se lro11ve allacl1<'·e ¡'1 ces t"~tal1lissP111e11ls. J,;1 011 s'ex¡)li1¡11e
111al l1•s scru¡i11l1•~. d'aill<'urs inlcr111itlenls, 1lc la j11ris¡ir111lcncc. J,;)Ie 11'<'11
t'~¡>rc111Y1' ¡ioinl )H111r Jps cl1arg<'s d'agrt'~(·s a11 lrilJ1111al d<' co111111<!l'I'<', liicn que
C<'.S charg<'s (ri'·sultnnl 1!'1111<' si111¡1l1• r1)c11111111:1111lalio11 <111 lriliunal de co111-

111crc1•) 11<· ligur<'nl J>as au 110111lir1· dps 111'lices d1111l la loi ,111 ~8 a,ril 181G

430 LIVRE II. - TITRE II. - Pl\E~IIERE l' \RTIE. - CH \PITIIE PRE~IIER

(art. 16) a consacré le e aracterc de palri111011ialité: les calli11ets (l'agréés pet1-


vcnt eloncfaire l'objet de cessio11s, alallles(Req.,1!1 déc. 1847, O.P. !18.1.12,
0

S. 48. 1.97). En revancl1e, les clicnteles (le 111é(lecin 011 111e111e cl'architecle
ne pe11,ent etrc ,-endues directe111cnt; cepend411t la juris¡lrt1dence ad111et la
,·alidité ele la conver1tion co11tena11t 1111 engagcn1ent de 11e pas cxercer la
profession de 111édeci11, el'architecle, etc., cla11s 1111 rayon tlt'·ter111i11ó, ou u11c
a
pro111esse ele présc11talior1 la clientelc. 011 cnfi11 1111c cessio11 (lu IJail (l)aris,
3 aout 1894.' D. P. 96.2.31, S. 96.:i. 158; 'l'rilJ. Cl1alcauroux, :i5 juillcl 1898,
D. 1>. 99.2.255, S. !J!J.?..'.l8G ; 'frill. :\'a11cy, 19 fé,rier 1895, D. 1>. 1¡5.:i.433;
Paris, 10 1r1ars 1910, D. J>. 1911.'.1.33'.l. S. 1910.2.198). <,.luant la cessio11 a
cl'u11 calli11et ou d'u11e clientele d'a,ocat. elle 11'a jamais été considérée
cor11111e possible.

Ill.- Nécessité que la chose puisse etre transmise en propriété a


1·acquéreur. Nullité de la vente de la chose d'autrui.
:\c111s avo11s clit q11e, clans 11otre Droil. l'icl(·c el'1111 lra11sfcrt de ¡JrrJ¡>rit'·té
acco111¡Jag11e 11écessairc111ent la ,,e,1te. C'cst l'ell'ct c¡11"elle clt1it 11or111alc111cr1t
procluire (l'apres l'i11te11lit>n eles parties.
La ¡Jre111it're co11séq11er1ce ele ce prir1cipe, c'est e¡11c la ,e11tc esl uullc
lorsc¡11'011 a vc11du /1 c¡11elc111'u11 1111n cl1ose (lo11l il cst cléjii JJroprii'•lai1·c.
Ce sera le cas, par exe111ple, s'il se tro11YP c¡u'.\ l'i11su (les partics, la cl1osc
,e11cl11c avail étt'\ lég11éc it l'acl1clc11r.
l,a secon(le. cons{,c111c11ce. c'cst la 1111/Lill: lle lll uc,ilc de la citase cl'c111lr11i.
<< La ,c11le ele la cl1cisc cl'a11tr11i csl 1111llc )), ¡)orle l'articlc rií99, << clic p<'tII
•<lo1111cr liPtl .\ eles ·clo111111ages-i11tt'·r1\ts lt1rsc¡11c l'acl1ctcur a ig11or{~ <IIIP la
cl1c1sc f1\t. it a11tr11i )l. l{icn ele ¡ilus si111¡JIP. a11 ¡Jre111ier al1ortl, c¡11c ccltc f<1r-
111t1lc, ric11 ele ¡il11s t'·viclc11l. Ce¡1c111la11t. clt')s <111'011 c11lc11cl c11 préciscr le
scns PL la , pt>rtóc, les clifficultés surgissc11I. X<111s cxan1i11crc111s succcssi,·e-
IIIC!l l :
1° I>a11s c¡ucls cas s'a11¡>lic¡11e la r1'-glc de l'arliclc 1:í9~1-
'.1º l,.lu<'I 1·11 Psi le sc11s <'xacl ;

:i 0 <:r¡111111c11l 1'1)11ctir,1111c la 1111llit{,;


!1'' <Juel <'SI l<' caract.c'-r1• clP l'actici11 en 1111llitc'·.
1° Dans quels cass'applique la regle? -- l)ans lous l<'s cas, scra-l-011
lcnlc'· ele\ r1'¡1c111clrc l<HII 1l'alJc>rcl. 'l'ciuj,i11rs il csl nc'•cpssairc <111e IP ,c11d<'11r
.1it la }.Jl"(>J>ri{·t{\ ti<' la cl1risc• ,<'11tl11c. 11 Psi., rai 1¡11'il 11°<\sl ¡>as 11éccssair<' ,¡u'il
l'ail lc)tlj<llll"S ali 1111\111c lll()llll'lll.
S'agiL-il 1!'1111<' V<'lllc ¡11>rla11l sur 1111 1·1,rps ,·prlain, el 1lcva11I, ,l<'·s 1<,rs,
cla11s l'i11lc11li1,11 1l1's ¡iarli<'s, lransl'c'•rPr la 1ir,1¡,ri1~ti'· i111111111li11Lc111cnt, c'cst
au 1111>111c•11t 1111\111<' 1111 c1J11lral 1(11<' l<' 11•111l"11r 111,il 1\(rr 11rc1¡Jric'·tair1·.
S'agil-il 1l'1111c l'l'llli' qui i1111u,s1~ SPlll<'IIH'lll ali 11'n1)1~11r l',il1ligali1,11 cl'1,¡1c'•-
r1ir ¡ilus lar1l ce lransl'c•rl 1!1' ¡>rc>1>ric'·l.c'•, ¡iar 1\\l'Ill(Jl1~,1l'11111• ,1:11te (><1rla11l sur
<les cl111s1·s 1·111 isngÍ·Ps i11 11•·111'/'1', il suflil <illl' 11• 11'11dPt1r sc,il J>r11¡1ric'·lairc'
a11 111,,1111·11L 1!1· la li,raisi,11 1111 11<' la dc'·IPr111i11ali•111 111· la cl11>S<'. \j,111lc)11s
a11ssit",,l 1¡11e cPlll' s,,l11litlll clc>il s·a11J>li•1111·r 1111\111e ;'1 la ,enlc cl'1111 cc,rps c,·r-
,
CONDITIO'.\'S ET \10D \ LIT:ES DE LA VE:\TE

tain, s'il ap¡1arail c¡11e le co11Lrat a seule111enl vo11l11 i111poser a11 vcnlle11r
1· obligalion lle se re11clre acquéreur de la chose, ¡lo11r en transférer e11suite
la pro¡)riété a l'acheteur. Jl e11 sera ai11si clans l'exernple suiva11l: Je -vous
ve11ds lelle cl1ose qui a¡J1)arlie11t acluellen1er1t it \. 11 r>eul y avoir des
<loutes s11r le caraclere d'une telle opéralior1. Selor1 les cas, 011 ¡Jourra
y voi r une vente co11rlilio1111elle, la conllilion étanl que le vende11r acquiere
lui-111i':111e la pro¡iriét<'· (le cel11i a c¡ui la cltose ve11cluc apparlie11L présente-
111e11l; - 011 liie11 une conve11Lio11 de porle-fort (arl. 1120¡, le ¡1r<'.·Lcndu ve11-
<leur ne faisant en réalilé c¡ue ¡Jro111eltre ses bo11s offices pour déterr11i-
a a
11er le pro¡1riétaire acluel vendre sa cl1ose l'acheteur ; - 011 bien enfin
u11 conlrat i11110111n1é, 11ne sir11ple obligatio,i de faire souscrite par u11 débi-
a
teur s'e11gageant faire en sorte q11'il puisse tra11sférer la propriété <le telle
cl1osc a un créancier désireux ele l'acquéri r ; auc¡ucl cas l'obligalio11 se
résou<lra e11 do111n1ages-intt'·rets, si Pile 11'esl ¡1as ex1·c11lée. )lais, <laus to11s '•
les cas,l'o¡Jéralion j11ridiquc sera valalJle el olilig·atoire, quclle que soil l'éti-
quctle sous laquelle on la catalog11e. L'achetcur ne pourra llas invoquer la
'!
nullilé de l'arliclc 1599, e11 se fo11da11t sur ce fail que le vendeur 11'étail pas, ,.
: -: i

a11 111on1ent de la ve11lc, proprié~taire lle la cl1ose vendue. ·


011 s'esl n1(\mc den1andé s'il 11c fallait JJas aller ¡)lus loin encore. el refu- ..
a
ser l'aclio11 c11 n11llité l'acl1clcur, eles c¡11'il esl (l{·1nonlr(" er1 fail qu'e11 acl1e- 1

a
tar1L la cl1ose, il savait qu'ellc a¡1parlcnait u11 a11tre qu'a s011 vendeur. \'est-
il JJas e11 efl'el présu111alJle, dans ce cas,c111e l'acl1eteur a si111ple111e11te11te11du
i111¡)oser á son ,endeur l'ol)ligalio11 d'acquérir la cl1ose du uerus doniinus
actuel ¡Jour la lui tra11sf("rcr a11ssitot :i \ons 11e croyons pas q11'on puisse
allcr j11sc¡ue-li1.Le fail que, e11 co11lractanl, u11e 1Jarlic esl cor1scie11te ele l'exis-
a
tence 1!'1111e cause de 11ullil{'., 11c 111et ¡)as olislacle ce que cetle 11ullilé l)uisse
~ll'(J cnsuile invo<¡uéc. J•:t ll'ailleurs, il résulle <111 lexle n1en1e ele l'ar-
liclc I j!l!l (¡ue la ,·e11le csl nullc. 111e1r1e si l'acl1eleur a été a11 courant de la . ·.;
.

siluatior1 lors de la conclusio11 du co11lral. La seulc conséquence de ce ....


a
fail c·csl (¡uc, tlans cecas, il n'est ¡1as a(lr11is récla111er d11 ve11deur, 011Lrc
la rt•slil11lion 1!11 1irix t¡11'il aurail 1iay{·, llP llo111111a¡.rc,:-i11térels, landis qu'il
y a <lroil « lors1¡11'il a ignort'\ c¡ue la cho~c fitl ,\ aulrui >>. .•
l•:11 so11t11tc, la r1·11011sc .'t f'airc /1 nolrc 11re111it\re lfUCslion esl la s11ivanlc.
'
l,Ps s1·11ll's \Pilles (111i S(>icnl nullPs. t~n v1~rl11 de l'nrlicle ,G!)!), lorsqu'clles
¡>orlen! sur la cl1ose cl'a1tlrui, so11L les venlt's tlans l('S(fllClles il a t"lé cnlcntlu
cxprcssr'•nH'lll t)tl i1n¡>licill'lllPHL llar les parlics 1¡1tc /11 ¡iru¡Jriété scr11it lra,is-
ji:,-,:,, i111111l:,¡¡1¡/1•111e11t. J,orsqu'il en r•st ainsi, Jp r){,faul cll' ¡iro1irir'·l1' clH~z le
...
ve11d1~11r autorist\ l'acl1cle1tr /1 invoqucr la 1111lliti'·.
·~·• Sens e:x.aot de la regle .. -- ).a rt'-¡.rle de l'arliclt• 1;-i!l!l 11'a ¡las éviclen1-
1111•11I p1111r hui ele 11011s ap¡>rc1Hlre (Jlle la vcnl(' failP " 11011 1!11111i110 esl i111-
p11issanlc ;'1 1lt'·po11i!ll't' 11(: sa proprit'•L1'\ In l'C/'/l.~ 1/0111i111t.~.(:cla ,a sans dirc el.
rr'·s11ll1· s11ffisa1n111n11l 111' cr, principl' essenl.Í(:I qtll! les coulrals ne J)l.'llYPlll

a,,1ir d'l'll'PI qu'it l't'·gar«I (ll's parl.ir·s c1i11lraela11l.l'S (arl. 11G:i). I•:11 l)roil
ru111ai11, alors <¡ue la \l'lltl' d,, la chosr: d'a11lr11i 111• d1J1111ail )i1·11 i't a11c1111e
acti,111 Pll 1111lli1(,. le 111!/'Us 1/01rii1111s t':lait a1l111is it r1•,·(:1uli1¡11er sa cl1ose enlre
l1•s 111ai11s de l';H'IH:l1:11r /1 (llli lrJ 110111l1J111i1111s l'a,ail livrr'•p,

LIVRE 11. - TITRE 11. - '


PRE::IIIEHE P.\l\TIE. - CII.\PITRE PREMIER

L'arlicle 1599 ne signifie 1Jas 11011 plus c¡ue la ,·e11le de la cl1ose d'a11Lrui,
au cas ot\ elle est 11ulle. soit dépot1rvue de tout ell'el juridiq11e. Elle e11
entraine plusieurs, au contraire. 1'out d'alJord, elle constitue t111 j11ste
litre pour l'acl1clc11r de )Jon11e foi n1is en possessio11, soit a11 lloint ele vue
de l'acquisition eles fruits (art. 549, 550), soit at1 point de vue de l'usu-
capion d'un in1meuble au bo11t de dix a11s (art. 2265), ou _de l'acquisilion
in1111édiate de la pro¡Jriété d'un n1e11l)le corporel (art. 22¡9). Et, en second ·
lieu, parrni les ol)ligalio11s que la vente i1111Jose a11 ,·e11deur. il en est r1ui,
certaineme11t, l11i i11combe11t e11 cas ele ve11te de la cl1ose cl'autrui. Nous
a
aurons 11ous de111ander tout á l'l1eure si l' obligalio,i de li1,rer la cl1ose
a
co11tinue peser sur l11i, des lors qu'il cst dé111ontré q11'il a vend11 la cl1ose
d'autrui. En tout cas, il y a Line at1tre obligation 9-u ve11de11r, celle de g111·a11-
tir l'acl1ete11r co11tre l'é,iction, q11e la ve11te ele la cl1ose cl'at1truifait 11altre.
C' est do11c Irop e1t1e dr el i re a ,ce l 'a rticlc 15()9 qt1e la ve,zle de la cliose 1l'a1i-
lr11i esl 11111/e. Elle r1e l'rst 1Joi11t ii 1011s égards, puisc¡11'elle subsiste co111111e
cc)ntrat génératc11r cl'ol)ligalio11s.
E11 réalité, l'article 15()9 ne fait c¡11'ex1Jri111er cette idée eléja sig11alc'·e pl11s
l1aut que, da11s 11otre Droit 111ocler11e, il la clill'ére11ce ele ce c¡ui se passail e11
l)roit romain. la ,e11le i1111Jliq11e l'iclée d'1111 transfert de JJropric'·Lé et
que, si les parties 11'011t pas cr1tc11cl11 dérogcr i1 ce ¡Jrincipe, la 111illité
cl1i conlrczt JJeut elre i111111é1liale111e11t i11uoq1iée, des q11'il ap¡Jarail que so11
lJ11L }Jri11cipal ne JJeut elrc attei11t, fa11tc de }Jropriélé cl1ez le ,c11cle11r. J~n
Droit ro111ai1_1, il e11 étai l 1lill'érc1111nenl. Le vencle11r 11c s'o}Jligeai L qt1'á pro-
c11rer ú l'acl1eteur la possessio11 ¡JaisilJle. '1'a11t c¡11'aucu11 lr(>uble 11"étail.
ap¡Jort{· ¡'¡ la jouissa11cc ele l'acl1ctc11r, cel11i-ci 11'avait rien ¡'¡ récla111er el!' so11
ve11deur. 11 c11 rc'·s11llait }Jour l'acc111érc11r, lorsl¡11'il cli'~cl>11,rail l{ll'il a,ait
0

acqt,is a 11011 1lu111i,1n, 1111e sil11alio11 }Jc'•11i!Jle et i11llécise; la 111c11ace ll 1111c


te,e11dicatio11 élait SlIS!)CJl(llJe S\11" sa tete, saos c111'il ptil e11core cxerccr
auc1111 recciurs co11tre su11 co11lracla11I. De cetlc sit11aLÍfllI pr{)cair<', l'arti-
clo ,.->!)!) J'aJl'rancl1it aujour<l'hui. en luí 1>er111ella11t ele fairc a111111lcr
a11ssitc'it la ,·entr.
:1° Comment fait-on valoir la nullité? -- Se>il ¡1ar ,e1in el'ac-lie>11, se>il.
r>ar Y<>ie cl'cxcc¡ilir>11.
11) J>ar 1•oie 1l'11c/i()1J cl"al><>rll. Si )"ache~lcur a J>ayc'· le ¡irix (ce e1ui I<' su¡,-
J>Osc r•n gc'·nc'·ral 111is <'11 )H>ssession), el s"il a¡>¡>rc11cl e¡ue· Sllll ,·e•ncle·ur lui a
vc11clu la cl1C>sc 1l'nulrui. sans allP111lre· la re·,·e111Iical.i1>11 1111 l'Cf'ltS 1/11111i1111.<1, il
a le clre>il <le· ¡>r<'11clre IPs cleva11ls el <le rc'·cla111Pr á s1>11 ve11cle•.ur, e11 i11,ei-
e¡ua11I la nullili'·. la rl'stiluli<lll elu ¡irix. \'ai11c111e11t eilijPCIPraiL-1>11 e1u'aux
IC'l"IIIC'S el,~ l'arlic-11' 11;;>:I, le1rs1¡111· l'acl1Ple•ur a jusi!' sujPI. 1lc crainelr,· el'1\lre•
t1·e>lll>lt'· ¡,ar Ulll' acli,111 e·n I"<'YPIHlicali,111, il a seule•1111·11L IP. 1lre>il. clP u s11s-
¡1P111lr<' In ¡>aÍPlllPIII <fu ¡irix juse1u':'t C"P e¡u<' le· ve•11Cl1•ur ail fail cPss1~r I<'
lre1uhl<• ». 11 Psl facile ele• ri'·fH>111lr1• 1¡ue• )'arliclP 11i:,:1 vis<' 11· c;as e11'1 l'a-
cl11~l<'lll" a se·ulP111e~11l juste suj<'l 1ln 1·r,1i11,lr1! un Lre111l1l1·,"eil. 111111 cnlui 111'1 11•
1lr,,it cl'u11 1•1•r11s ,/11111i1111s !'SI 1J'e>r«'s <'l 1lt'·j1'1 t'·lal>li, si l>ie•n 1¡u'il ~- a, JHHtr
l'acl1etc•11r, 111>11 ,,.,~ crninte•, rnais ,·,·1·/i/111/1• cl'c',, icli1>11 f11turl',
,
COXl)ITlOXS ET )IODALITES DE LA VEc'iTE

()11 re111arc¡uera q11c, lorsqu'il s'agit de faire valoir la 1111llilé ¡)ar voic
<l'aclion. l'achelc1Lr seLtl a le droit d'agir. Le Yendeur ne pourrait certaine-
¡11ent pas i11,oqucr la nullité. \T'étan t pas propriétairc ele la cl1ose, on 11e
Yoil pas á <¡uel litre il pourrait en rt'·cla111cr la restilulion. S'il le faisirit, il
se l1eurlerait á l'exceptio11 (!e garantie q11e pourrait l11i opposcr l'acl1etcur
111is en ¡)osscssion. (¿ui cloil la garantic ne peul pas évi11cer.
b) La 1111llité de l'arliclc 1599 pe11t aussi elre i11voq11ée par voie d'exceplio11,
si l'on suppose que le conlrat n'a re<;u auc11ne exéculion et que l'une des
J)arlies, lt sa·,oir le vende11r, réclan1e celte exécutio11 en préle11dant exiger
<le l'acl1etcur le paie111ent d11 prix. L'acl1cteur est e11 droit de se refuser
á le lui verser en invoquant la nullilé.
Ici, cl'apres certains aute11rs, le vendeur pourrait, lui aussi, faire valoir
l'exception, e11 ce sens qu'aclionné en déli,rance de la cl1ose par l'acl1eleur,
il serait en droit ele se rcfuser á l'ell'ectucr. So11 ref11s se fonderait n1oins
d'aille11rs sur la n11llilé ele l'article 1599, organisée 1111iq11ement da11s l'inté-
rel ele l'acl1eleur, que sur 1111 auti:e 1Jri11cipe général, it savoir c1u'u11e per-
so1111e ne l)eul ja111ais etre aslrei11le ¡)ar l'action d'une autre it co111111ellre un
clélit envers u11 Liers. Le Yendeur de la cl1osc d'autrui pourrait do11c répon-
dre a l'acl1eteur qui den1a11derait sa 111ise en 1)ossessio11: je ne 1Juis n1'expo-
ser e11 vo11s livra11l la cl1ose d'a11lrui a11 reco11rs en don1111ages-i11lérels clu
verus clomi1111s, ni it votre propre recours en garantie, le jour ot'1 Yous su!Ji-
riez l'1'.viclio11 qui infailliblen1e11l vous atteindrait ! :'llais il n'csl pas possi-
lJle d'ad111etlrc c¡11'1111 vendcur, qui a scien1 n1r11t vcndu t1ne chose 11e lui ap-
parte11a11l pas, p11isse refuser de la livrer it l'acl1eteur. La solulion proposée
11'est llonc ad111issilJ!c que dans le cas 01'1 le ,·cndeur a ignoré que la cl1osc
f11I :\ a11tr11i. ll ¡le11l alors i11voe¡11er l'erreur s11IJsta11lielle con1n1ise ¡lar lui,
<>rrc11r c¡ui ,icic son ollligat io11,
!1º Caractere juridique de l'action en nullité. - lTne Jlremiere
conce¡Jlion, la lllus sin1Jlle el cellc qui s'in1poserail éviclcn1111ent ~i le
a
(:odn avail gardó le silcuce, consisl.erail voir clans l'aclio11 ele l'acl1ele11r
1111e ,11:lio,i t:Tl résolulio,i (arl. 118 11, 165!1), el clans I'excc1ltio11, u11e cxce¡JlÍ<lll
1101t u1li111¡Jleti co11trncl1ts. J~n ell'cl, le vendcur a conlrcven11 son r1l1ligalio11 a
1\n ne lransft'~ranl ¡las :'t l'acl1elc11r la prc1pri1)lé cle la cl1osc vencluc <111'il
s't'~laiL 1•11gag·{: U Jui [ll'OClll'Cr. Cclle 1naniere ,le voir l'X!llic¡11crail forl IJicn
1¡111) l'ach!'lc11r sc11! 1>uissc en ¡1rincipc Jlo11rsuivrc l'a11{·a11Lissc111cnl ele la
y1•11l1~. 11 ,~11 r/·sult.crail c¡uc l'act.ielll de l'acl11'lc11r ne se }ll'escrirait. c¡11c 11ar
31> ans. l)e 11lus, les jugcs 1>011rraicnt. 11scr ele la l'ac11lt/~ c¡uc lnur rcconnail
J'articln 118/1, cl acror1ler 1111 ,li'.lai ,le\ livraison a11 vc11dn11r: el si, clans le
c1>11rs dndiL <l<'·Iai, rPl11i-ci vP1111il /1 arqn«'•rir la ¡1ro¡>ri«'·I«'· ele la chosc, l'a-
clu•l1'.11I' 11'a11rail ¡1l11s, cli'~s lors, ríen :'t r/'.c)arner.
(:,•¡1e111lant en 11'esl ¡1as CPllc opinion 1¡11i l'l'1nporlr. a11¡lr1\s cln la 1najori11'~
,les a11l1·11rs l'l 1•11 j11ris¡1r11tl1•nr1•, ()11 fnil r1•n1arquer q111·, si l'arlicle r:Í!I!)
11'/•lail 1111'11111\ applicali1111 d11 J>rinci¡u'. cle l'nrt.iclc• 118 11, il scrail 11>111. :'i fail
i1111lilc! PI q111~, d'ailln11rs, il clil exprPss{·111P11l q11e la vente de la chos1\ <l'a11-
lr11i !'SI 1111//c•. J,'acli1111 1p1i 1'11 r/~s11ll.e Psl ,lonc 1111c 1/clion 1'/l 111tllit11. :\cli1111
c11 111111 i tt'· l'1!lr1f il'e 1'01111/•p ,nj1111 le11 l les a rr,\ts, sur 1·e/'/'1'11,. co 111111 ise l'ª r 1' acl 111 •
To111c 11 28
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I .

434 LI,'RE II. - TITRE II. - '


PREMIERE PARTIE. - Cll\PITRE PREllIEI\

te11r soit en ce qui concerne la cl1ose, soit en ce qui toucl1e la personne


clu ve11deur qu'il croyait etre le propriélaire de la cl1ose acl1ctéc (lliom,
17 ja11vier 1889 sous Cass., D. P. 91.1.313).
l,cs conséquences de cette 111aniere de voir c·csl, d'u11e part, que 1·action
se prescrira par dix ans (art. 130.'i), laps ele ten1ps com111enc;ant a co11rir d11
jo11r ele la vente, ou, IJlus exacten1e11t croyons no11,, d11 jour ot1 l'acl1eteur a
appris que la cl1ose qui lui a été ·re11clue 11'appartenait pas au vcndcur.
D'a11tre part, la 11ullité pe11l, con1n1e toule nullité relative, se co11vrir par
1111e confirn1ation ultÍ>rie11re de l'acte annulable. :\rretons-11ous a ces dcux
regles. Xous allons ,·oír qu'elles con1porte11t, da11s le syste111e de 1·actio11 en
nullitt'.·, certains lraits caractéristiques difflcilen1ent adn1issibles. Bien plus
ratio11nelles et satisfaisa11tes seraient les solutions a11xc1uclles on abo11tirait
clans le S\sleme
"
de l'action e11 résol11tion. '

Et tout d'al)ord, la bricYeté d11 délai i1111Jarti ala prescriptio11 ele l'actio11
Ptl 1111llité 11'est pas sa11s incon,·é11ient. <)ue l'acl1eteur ait perdu a11 !)out
ele 1lix a11s la faculté de pr0Yoc1uer la 1111llité ele la ,·ente a l'e11contre ele sor1
,cndeur cela est adn1issible, si, pencla11L ce elélai, l'acl1eteur a llll cleYe11ir
1)ropriétaire ele la cl1osc par l'us11capi<Jr1. ,1ais supposons c111'il 11'ait pas
11suca1Jé au bout de ce délai. l>ar exe111¡)le, le vertts do1r1i11us 11'éta11L llas
do111icilié auprls ele l'in1111e11l)le 11st1ca¡Jt'•, 1·acl1ete11r 11'en pc11L prescrire la
11ropriété q11e ¡)ar ::io ans. 11 va do11c reslcr d11ra11t _clix a11s, a l égard de
s<Jtl ,·e11de11r, dans cette sit11atio11 ¡Jrécairc et cloutcusc elont l'articlc 1599
avait précisé1~1e11L pc111r IJ11t ele le sa11Ycg·arder, l1ors cl'élat de prcnelre les
devants et de den1ander la 1111llit<'.•, ol)ligé el'attendre po11r cxercer s011 rcco11rs
el'avoir été tro11blé JJar la re,·e11clication el11 ver11s 1/01ni1t1lR.
()11ar1l a la confirn1atio11 possil)le de la vc11Le an11ulal)le, elle 1ic11t r/•s11lter
t'·viclc111111enl soil ele ce fait c111c le ve•ruleur a acc¡nis la l)l'c)¡Jriél{\ 1111i l11i
111a11quait a11 ·n10111r11t ele la ,·c11tc. ce qui a aussitt,t c11Lrair1é la Lrar1slatio11

11,· ccllc ¡Jropriété ;\ l'acl1ele11r, soit tl'nnc ralificatio11 é111a11anl <1111•cr1ts 1!011ii-
1111s, stlil enfi11 de cr 1111c 1·acl1ctc11r 111is !'11 1Jc1ssrssio11 a ¡irPscriL la ¡Jrei¡iriété
el,~ la cl1cJSC. ·r,n1les ces solulious s'cx1>li1¡11e11L a 111crvcillc cla11s Jp s)·stt'·111P de
l'actie111 cr1 rt'·s,1l11tieH1. l)11 11101r1e11L 1¡111) l'acl1eln11r csl 1l1•vc1111 11r11¡1rii'!lairc,
¡i,•11 i1111>orlc ¡Jar <¡ul'l 111oy,•11, il no JH~11I 1>ri)te11clre 1111,\ le résullal ¡>ar lui
, i.~ó ,la11s la ,c11le 111· s',•sl 1ias r1'-:1lis/· ..\11 c,111lrair(), 1la11s IP systi':1111· ele la
1111llitt'· rclalivc f,¡11clt'·e sur 1'1·rr,·11r 1le• 1·acl1cl1\11r, lui Sl'lll tl,~vrait ¡1011,11ir
1·,,11lir111er la ,·e11lc nt1ll1•, c11 re1111111;a11t ,i s1>I1 acli1111; on c11111¡1rc11cl 111al 1111e
I,· fail cl'1111 Licrs. le 11c1·1,s (/0111i1111s, 1>11issc le t>river tl'u11c aclic>n 11'a1>1>arlc-
11a11L c111','1 l11i el f'iin1lt'~c s11r u11 YÍcc 1Je sa v11l1111tt'·.
Aj,,11lo11s llll<' r1~tret confirn1alif allril>u,\ ¡'¡ la ralillcali,111 cl11 1•e1·11s ,t(},1ti-
1111s al,ot1lira c¡11l'l1¡11pf11is, 1la11s le sysl.t:111c lle l'acliclll er1 1111llil1Í, ,'1 1l1·s rt':s11l-
lats ¡ieu é411ilalJlcs. S11¡,¡>osci11s 1111c I,\ v1•r11s clu111i1111s s1)il 111arit'·. l.'a¡>¡11·tJl>a-
ti1J11 1111'il cl1J1111c apr1:s c<>llll ,'¡ la ,cnl<' 1l11 s,,11 i111111c11l>IP faite ¡>ar aul.r11 i.
11c sa11rait av1iir Jl011r c1,11st'~1111e11ccs 1l"cl1'11c1•r 1·1t~·¡1r.1llu'.1111" a1>11arlcna11t :'i sa
ín111r11c sur C<)I i111111e11l,lc. l)e111c, 1·aclu•l1•11r 11'{:cha11¡H: au 11i'·ril 1l'11n1• i:, ic-
ti,111 co11s{1c11liYc i1 l'acli1lr1 c11 rovo11clicali1111 <flll\ J>Cllir lo111l¡rr 1la11s cPl11i
,1'11110 éviclion rt'•s11lla11l ele l'aclio11 l1y¡,c1Ll11:cuirc. Sa sil1111li11n 11'csl ¡1as

CO'IOITIO:\'S ET \IODALI'l'ES DE LA VE'ITE 435
1Josílíve111c11t a111t'·lioréc. Et ce¡ie11danl, íl a perdu s011 aclio11 en nullité contre
.
so11 ver1dcur, si actío11 e11 r1ullité íl .Y a,ait. r\u contraíre, dans le sYsteme.
de l'actíon en résol11tío11, íl l'a11raíl couscr,ée. Le créancíer e11 efl'et peut
faíre ri'.·souclre le co11Lral, du 1110111c11t que le dél)Ílcur ne luí llrocure pas la
siluatío11, les clroits c¡11'il lui a,ait cxprcssé111enl 011 i111plicílen1er1t llro1r1is.

s~ ••
~- - L e P r i x.

Le cleuxii.,111e objeL de la ve11te esl le prix. 11 doi t consister er1 arge11t ;


autren1ent. 011 se trouve en face d'un éclia11ge. Le prix doit répondre aux
trois conclítíons suiva11les.Il faut 1º ({t1'il soít clétern1iné; 2° q11'il soit sérieux
et non fictif; 3º dans cerlaíns cas, c¡11'il 11e soil pas trop ir1férieur a la Yaleur
de la cl1ose.
1° Détermination du prix. -1\rt. 15~11: « Le llríx de la vente cloit ctre
d1'.(f'rn1í11t', et désíg-n,~ ¡iar les parlies. »
ll Ta dt'·ter111í11atio11 suffisanle du 1110111c11t q11c le conlral co11tient les
c'•lí'r11enls <l'11ne dc'·tcrn1ínalion ultérieure. c·cst le cas {J011r les ventes faites
au cours <lujou/'. C'est a11ssi le cas llour les ,·e11tcs do11t le prix esl ,, laissé '
11 l'arbítrage d'u11 tiers n. L'articlc 15g2, e11 décidanl (¡11'une ºtelle ven le est
,alal)le, ajoute: « Si le liers ne vcul 011 ne peut faire l'estin1atio11, il n'y a
pas ,,e.11tc. ,i ]~n revancl1e, l'esti111atior1 faite JJar l'arllilrc licra les parties ({Ui
,,nt accepté d'ava11ce so11 ar>préciatio11. 011 11e lro11ve, lla11s 11otre Droit, au-
c1111e dis¡lositio11 analogue a cellc de l'articlc 319 clu Code civil allc1nand
d'a1>res ler¡ucl, dans 11ne ve11le de ce genre, les parties pourraient den1ander
la n11llité 1lc la (lélern1inatio11 faite ¡Jar l'arllítre, si elle était ouYcrten1ent
co11lraire 11 l'é,¡uité.
La libertt· ele déter111inalio11 des IJarlics trouve une cxceplio11 e11 n1atiere
de cessio11s d'o,f.fi,·es n1inislériels. ],e prix co11ven11 par les co11tracta11ts n'cst
consi<l1'ré que co111111c 1111c si1111>le prop<>sition. c·cst le gonYerncmcnt qui,
1ht'-ori(¡11e111c11l, fixe le prix rle la ccssio11 s11i,ant certaincs r1\gJcs 1l'éval11ation
d1'l<•r111i11t•es par les 11sag-cs de la Chancclleric et par l<'s ci.-culaircs 1ninislé-
riPIIPs. ;\nus avons d,\j¡\ i11llilJ1Jt'• la raiso11 de celte llt'·rogalio11 aux príncipes;
c'csl que la slipulalion <i'un 11rix lrop t•IP,·é pourrail nuirP 11 l'ind1'¡>c11<la11ce
PI u l'intt'·µ·ritt'~ de l'of'licicr 111inistt'·ric•l, <'l l'inrluirn 11 recl1crcl1cr tles sourc<'s
1lt1 ¡>rolils irrt'·gnlic!'s.
l~icn llt•s 1110~·11ns <>nl c'•l1' i111agi11t'ies ¡>1>ur t'ilndcl' el' cont1·1ilP go11VPl'nc-
u1e11lnl.
(:'<'sl ai11si 1¡11'il psl ¡1arf'ois, ;'1 ct'ilt'· 1le la ccssion de l'oflicc, 1n1ssú des lrai-
lt'·s st'·¡>aJ't'•s ¡>0111" lc lransf<!I'L ,lns acc1•ssoil'<'S <le Ja chal'g-<~, dossicrs, livres d<'
,·0111[>lal1ilitt'•, cl'«'.·anc<'S .\ r1•co11vr<•r. ciÍ<'Ill.t'•ln des o¡,í,l'al.ions arcessoircs .\ la
l'liarg1•. 11 11°Psl ¡,as do11lc11x <111c 11~ Cf>nlr1\lc d,i la <:hancellcrie 1levra s'1•xcrcer
a11ssi sul' l't'·,aluation <l1i11ní·c ;'1 ces acc,~ssoir<~s (I>ij1i11, :i avril 1!)<><>, 1). ) 1 •
1!11>:1.'.i.l11. 1101.c d,~ \l. c;1ass1>11).
t:n ¡,r1H·t'·1lt'· J>iu,; fl't'·1ttHllll c11c,,1"1' consislt: clans l'e1111>l1,i <le conlre-.'ellres
li\a11l. 1111 s11ppli'~111cnl <le ¡,rix. :"\1n1s en avons [larlí· J>I't~ci'•tlc111111enl 1, \'uir,
!'i-1l11:,s11s. ¡>. :1:10.)
'

436 LIVRE II. - TITRE II. '


Pl\E)IIEI\E l'AI\TIE. - Cil.ll'ITI\E l'RE)IIEI\

Regles spéciales pour les ventes a tempérament de valeurs de


bourse. - .\ot1s rencontro11s ici, en verlu ele la loi du 12 n1ars 1900, u11c
exception aux príncipes ci-dessus indiq11és. Da11s les ventes a crédit ele
valeurs de bourse, il r1c suffil pas e¡ue le conlral conlicn11e les él1\n1e11ls
d'une détern1inatio11 ultériet1re dt1 prix; il est néccssaire qu'o11 les y trouve
• acl11ellc1ne11l. C'est qu'en elfet les ventes de ce ge11re avaient do11né lieu a ele
graves abus. Profitanl elt1 goi\t de la pelile épargne po11r les vale11rs a lots,
des n1aisor1s fina11cieres faisaie11l, au 111o)·e11 d'age11ts e¡ui se rendaie11t i1
clo111icile et parcouraient les ca111pagnes, n1iroiter aux Jenx ele leur clientele
l'ap1),it d't1n procl1ai11 tirage, et offraie11t, 1r1L1yennant un pre111ier verse111er1t
a
111inin1e, destiné etre suivi ele verse111ents mensuels, écl1elonnés J)arfois
pendant un ten1ps tres 1011g, eles valeurs a lots (ou eles fractions ele titrcs)
clo11nant i1 l'acl1ele11r le droit de ¡)arlici¡)er eles 111air1tenanl a11x tirages des
lots. Or il existait 11n écarl cor1sieléral)le entre le })rix Lolal el la vale11r réelle
clu litre, si bie11 que. i1 la fi11 ele l'exi'~c11lio11 du ¡)acle, l'acl1ele11r se Lro11vait
a,·oir acq11is le Litre beauco11p pl11s cl1er q11'il 11e Yalait. l,e banquier 11e
livrait elu reste le Litre c¡11'apres con1plel paiernent. Si l'acl1clcur 11e versail
pas l011 les les 111e11:-11al i ti'·s pro111 ises, le !)anq11 icr l 'exécu tai l, e ·esl-á-d ire
e1u'il faisait ,·<!ndre e11 Dourse la ,·aleur, et co11servait ¡Jartie du prix a litre
de do111n1ages-intérets. J,e n1alheureux acl1ete11r, privé clu IJ1\néfice el11
co11trat, ne rentrait clone 111c111e pas ela11s ses dél)o11rsés.
Po11r empecl1er ces t)¡1c'•ralio11s us11raires, la loi ele 1900 a so11111is les ,·e11tes
a créelit de valeurs ele 13011rse a11x co11elilions s11ivantes : réclaclio11 du
contrat e11 do11ble original ; ir1clicatior1 ele la vale11r réelle cl11x Litres, c'esl-
a-clire <les cours ele la J3011rsc (la loi :-e co11le11le ele l'i11clicalio11 clu co11rs
d'u11 eles c¡11atre clerniers j1111rs ))arce c¡ue les dér11arcl1e11rs, o¡)t'•ra11l ela11s les
can1pag11es, JJeuvent ignorer le cours ele la veille :1; elc'·sig11alio11 el11 1111111éro
d11 titre venclu; i11elicatic111 el11 ¡lrix l11lal ,le la ve11le y co111pris les frais
accrssoires ele Li111l)re. ele rect111vre111ent 1Jar la poste, ele ... ; i11clicalio11 cl11
ta11x ele l'ir1lérel ¡>eri;u ¡>011r les verse111c11ls elill'ér1\s, Ple ...
Si ces c1111clili1J11s n't>llt J>as i'•Lt\ t1l1srrvt'·1!s, l'acl1cle11r 1>e11L clc111a11clcr la
1111llité elt1 c1111lral, sa11s 11r,-.,juclicP <le ltHIS cl11111111ages-i11L(·rels.
ll 11c sPntlJle ¡)as clu rPsle <¡11c les 111<'s11res t'.tliclt'·l's ¡iar le li'·gislate11r soienl
s11ffisa11les ¡1011r e11rayc·r les al>11s c11nstatés. ( ,·1>ir 1111la111111e11l ú ce sujcl :
:\ lgt' r. 1:{ j a II vi e r 1!}tl 11. s1, 11 s l\1~,¡. • :\ j II i 11 I' l , !lo;·,, I). l1 1tlº!I. 1. 5:A :i el Ia 11 o le• ;
l\1ris, t•' atltlt l!Jtlfi, f). ) 1 , l!)Oj.:.J,:Sla.)
:.i" Nécessité d'un prix. sérieux. ···· 11 esl clair 1¡11'1111 11rix liclil', tlt'·ri-
s11irt1, le 11rix cl'1111e v1111le failP 111111111111 111111, n't•sl 1i:1s 1111 11rix. l."11tlc'~rali1111
,·tH1l11c ¡iar lPs 1iarlics 11'esl tl1111c ¡1as 111111 vPnlc. IJ11'esl-ellc 1lt111c ~ S1~lo11
l1111lt~ vraise111l1la11c1•, 1111c cl1)1111ti1111 s11il i11<lirPclP, sr,il. 1li'•g11ist'•1•. <:1•1H'11tla11l.
il 11'<'11 1ic11l i'Lrc ainsi 1111P si l'act1i cc1111¡u1rle 1111e i11IP11li1111 lil,t'·rale ele
la 11arl 1111 1ir{•ter1tl11 \'<'ll1il't1r 1•11v1·rs l'ac[1t!lP11r a1i¡iarc11l. l)ans le cas cc>11-
trair11, 1111 r1•11c1¡11lr11 eltis tli'•cisi1111s 1111i 1li''.clar1•11l la Vl'lllc 1111lle c11111111P
111a111¡11a11I 11'1111 t'·l/·1111•111 essP11Lit•l. lt• 11rix. <:e sera In l'as, ¡iar cxc11111le, 111>11r
la vente <1'1111 i1111111'11l1lc 111riyn1111a11l une rente viag-1\rc i11fí:riP11re 1111 sP1I-
le111c11t i'·gal1: a11 r1·v1•1111 an1111cl ele l'i111111e11l,lc 1Ilec1., :i¡ 111ai •!J<JH, 1). 11•
1u1>H.,.,,H,1, s. 1u11.1. 1,:-,!IJ·
,
.,

,
CO.\DITIO.\S ET ~101).\ LITES !)E LA VE.\TE 43¡
Cette juris¡lrudenc<' a él<\ lrl'.·s co11leslée. On a fait re111arc¡11er c¡ne ce
<111·elle qualifie de JJri.r jiclif est, en r<\alitt',, 1111 prix vil.Orles ven les a vil
JJrix ne pe11venl etre attaq11ées c1ue 1Jo11r cause ele lésion, clans les co11di-
Lions rigonr<'11ióe111cnt eléter111i11écs par les arlicles , G¡[1 el suivants. En
partic11lier, dans l'exe111ple qui vient d\\tre indiq11é, IJic11 eles considéra-
tions po11rraicnl ex¡Jlic1ucr, j11stificr l'acle d11 ,endeur. 11 a pu ,ouloir se
souslraire au.\ risques ele la cl1ose, a
1·a1éa de so11 ex1JlcJitation ; car e¡11i
¡Jcut ré¡londre cine le reven11 de l'ir11111rulJlc restera loujo11rs le 111e111e ~
.1• Nécessité d'un juste prix. Rescision pour cause de lésion des
ven tes d'immeubles. - :Nous savons c¡ue l'article , r r 8 écarte l'idée que
la lésion soit une cause ele nullité eles co11,er1lions entre n1aje11rs. Ce
¡lri11cipe doit-il recevoir exce¡Jlion ¡lour la ,·enle et s¡léciale111cnl po11 r les
ve11tes el'in1111e11!Jles ~
Les l\on1ains r1e l'avaie11t poinl aeln1is d'a]Jord. Tonlefois, une conslilu-
tio11 allri!Juér :'t I'En1pereur l)ioclétirn avait accordé la rescisio11 au llrofil
dn venclcur, lorsq11c le prix élait inférie11r a la 111oitié de la valeur ele la
cl1ose (2 C. ele resci,ir1. 1•e1id., 1,', !14). Certai11s auleurs onl soute11u e¡ue
cctle co11slitutio11 avait éLé alirogée par ses successeurs.
C'est 11otre ancien Droit c1ui introeluisit le pri11ci¡Je gé11éral d'1111 reco11rs
jucliciaire de la 1>arf <le la parlie Ic',sée. « L'égalill'•, écril l)oll1ier, Trailé des
obligalio11s. nº 33, eloit régner da11s la co11venlio11. n Cependanl on ne lrouve
guere alors el'a¡lplicalio11 el11 pri11cipc e11 juris¡)rudence qu'11 llropos des ve11- ,

tes el'i111n1eubles et ele 111culllcs in1portants. Et dt',ja apparait celle idée


c¡11e la rescisio11 po11r ca11se ele It'.,sion 11'csl c¡uc la co11séque11ce el'un vice
pr<'st1n1{• du co11scnlc111c11l. e, 11 y a, écril llothicr, de l'i111¡lerfeclio11 da11s
IP consenlc111enl ele la llarliP lésc'~c, car elle n'a vo11l11 elo1111er ce e¡u'ellc
a elonné ¡1ar le co11lral que dans la fausse s111>11osilio11 q11e ce c¡11'ellc re-
cevrait ;'¡ la ¡1lace valail aulant q11c ce c¡11'elle donnail. J) En 111alierc de
vente d'i111111cu)Jlc, la lc'-sion su)Jie par le ven<le11r, elevait, ¡1011r e11lraincr res-
..
c1s1011, '
etre '
l'/1.ornie, c ' esl-a-l
' 1·11'<' 1l 01tlre-1noi.,.,
1c. ,
J,a loi d11 1!1 f'!'uclidol' an 111 vinl al>olir la rescisio11 })Our cause ele Iésior1
c11 111ali<\l'e elr vcnlc i111111ol>ili<'·rc. 1~11 111<'\111c lcn1¡1s c¡11'u11c 111anifcslalio11
dt' I'<·s¡1rit i11divi1lualislc dr la l\c'•volution, cclle loi c'·tait un <'·¡>isodc de
la cris<' {,conon1i<¡uc causóe ¡>ar les sp{·c11lalio11s sur les l>iens 11alionaux et
¡iar la 1l{•11récialion d<'s assig11als.
J,ors de' la 1>r<'\¡iaralior1 el11 c:ode', il s't'•lcva au S<'in 1!11 (:cinsril d'J,:tal, sur
la c¡uPsti,111 <111 rt'·tal>lisscn1c11t ele la rcscisict11, UIH' c·or1lrovcrsc tres ,·iv<'
dans la<¡11cllc )lo!'lalis el le Jlrc111icr (:onsul lirenl trio111¡1hcr l'idt')<1 d'u11
relour a11x ancicnnes conceplio11s li11 ))!'<lil cc¡ul11111icr. J,a rescisicin ful ¡>r<'-
s<'nl<°·<' cci1111r1r fo1ulc'\r sur 1·i11t<'~r<'l des fa111illes l'l sur la cc,nlrainl<) 111oralc
sul>ic Jlar le ce JH1uvrc np1iri111c'\ n, 1111'il i1tl)lOl'l.f'. 1lc <lc'•fe111lrc conlrc l'h<>111111r
l'iclH· <111i, « ¡io11r l<i 1lc'·1>ot1illcl', alius11 ti<' I'occasion el ele sa forl1111c n (Lci-
<'I'<'·, l. XI\',¡>. (i:1. s., ¡li ,i !):'>¡. 'l'oulefois, l'<>J>JJOsilion soulevt''c }HII' 11' rclciur
1111x co11c<'¡>li1111s tl'a11la11 s<i 111anifcsta ¡la!' l't'!IÓvalion <lu laux exige'\ dans la
I<'•sion,¡iour CJIIP Jp Y<!ndc~ur pt"rl <!Pn1a111lnr la r<iscision.()11 llí' se conll'nla ¡llns
<l 1111e l<'·sion d'o11tre-111r1itic'· : le <:ocle exig-<~ 1¡11'1dl<• soit su¡i,:rictirc <lll:J: se¡il
0


-.· ·~~·-.· -·T·--~ .... -_....,.-~-.- --- ,,.. . , -, :-•,-; ···-. ~ ~ ~".'i" , - ', ~. . (' ·•""l.,"':"•l.'•':•;.•·,. ·.- .. -.··.·:· ,-.. '•
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'


438 LIVRE II. - TITRE II. - PRE~JIEI\E PA.RTIE. - CIIA.PITRE PHE,IIER

1/01i:::ii·mes d11juste prLr de l'i1111ne1tble. l)e pl11s, la rescisio11 fut stricteme11L


li111itée aux ventes d'i111111e11bles. « lle11 in1porle, disait le llren1ier Consul,
con1ment un i11dividu dis1)ose de quelc1t1es diamants, ele quelquc>s tablea11:x;
1nais la n1aniere dont il dis1)ose de sa propriété territoriale n'est pas in-
dilférente ii la société. C'est a
elle qt1'il appartient de donner eles bor11es
au droit de disposer. n
Enfi11, le Code Civil déclarc exprcssén1e11l daos l'article 1683 cr11e la rPs-
cision pour lésion 11'a pas lie11 en fa,e11r de l'achelet1r.

Caracteres restrictifs de 1·action en rescision. Exception aux


principes en matiere de ventes d"engrais. - Le fondcmcnl sur Ieq11cl
le législateur de 1804 fait rcposer l'aclion en rcscision, c'est-ú-clire la pré-
son1ptio11 li'11ne co11trai11ie st1bie par le co11tractant 'Iésé, expliq11e qu'il 11ºail
pas adn1is d'aclio11 en rescision au profit dP l'achelei1r. I~11 cll'ct, la contrai11lc
su1lpos{e cst cellc el'un prcssa11t lic~oir1 d'argc11t. L'acl1clcur 11c pc11l 1·a,c,ir
su!Jie. ,\-t-il é¡lrou,é u11c lésio11, clic doil etre 1r1i~e sur le co111pte d'un go1'\t
ou el'11r1e fantaisie. 011 pe11t etre co11trai11t par lr.s circor1sta11ces vc11elre, a
mais jan1ais 011 11'est ollligé el'acl1elcr. La 111e111e ielée ex¡)lir¡11e aussi celle
reg-Ie qt1ºil 11'y a ¡)as lieu ii rescisio11 1iour lésio11 en matiórc el'écl1a11ge i111-
1nobilier (art. 1¡06). ;\joulo11s c1u·e11 fait le dc'·,cl(ippe111e11t eles instit11tions
de crédit fo11cicr, e11 facilita11l aux pro1lrit'.•taires <l'i111111eubles l'ulilisali<Jll
de la valet1r pécu11iaire i11clusf' da11s le11r bie11, dclit rcstrci11dre ele ¡)lus e11
plus le jcu ele l'actior1 en rescisio11.
l-nc cxce¡)lio11 111arqua11tc a11x Jlrincipcs ci-<lcssus a <'-L<'.· i11lrod11itc l)ar la
loi clu 8 j11illel 190¡, cr1 111atit'•re ele 1•e11/cs cfe11grais 011 nr11c111lc1ne11ts el 1le
s1ibs/11nces tlcstinél's 11 l'uli111e11tulio11 1/cs u11i1111111.i; 1/e /11 fcr111,•. lfli re¡1ro<l11i-
sa11t la loi lJelge d11 :{1 eli•cp111lire 18~¡0, et c,_¡11stit11a11t, cl1ez 11c111s, le co111¡>l1·-
111ent d'1111e loi ,111 '• fé,ricr 1888 co11cerna11l la r<'·prcssion lles frat1e!Ps <la11s
le ClJ111n1erce eles engrais. Dan~ lrs vc11trs visc'·es ¡1ar la llii ele '!lºí, la lt'·sic,11
ele ¡1/11s c/11 ,¡unrl s11!Jic ¡iar /'11c!tclc11r <lo11ne lir•u 11ne actici11 c11 réd11cli•H1 a
clu }Jrix <'I ¡'¡ rles dorr1111agcs-intér1\t~ (arl. 1"').
,\u JlOinl el<· ,ue socÍ<llogiltt1e, en1 1ieut ve)Ír cla11s ccttc l1JÍ 111u• 111a11if1•sta-
tio11, je1i11l1· lt liea11co11¡1 ti a11lr<'s, eles lf'nelances JJ<tlcr1111/isfl's 011 ¡1rol,•1·/ril't:S
r¡ui J)é1u':trenl ele ¡ilus <'11 ¡ilus Illlll'<' l)r<lil, <'11 ri'·acticlll cunlr1) l'i1ulivi1l11a-
lisrnc r«':vol11ti,11111aire. ,\11 JHlÍlll cle \lll' j11ri<li11111·, <lll y sig·11alera ele llfllll-
lJr1~11s,·s ¡Jartic11larit.i·s <li:r<lgal1lir1·s a11x ¡iri11ci¡1Ps.
l)ºabc1r1l, 11• cl1ill'rl' cle la li·sion 1·,igi·e 11'est Jllus 1¡11e 1111 ,¡11arl.
En s1•ct11ul licu, la sa11clio11 <le la l{·si<llt 11·Pst JJl11s l':111l•a11tissP111P11l 111· la
,·1111lc, 111ais 1111e ,.,:,/11clio11 ,te /'111•1111/<tf/'' c:rccssif arliitri·" ¡iar l1·s trilH11i:111,.
'l'r<>isi«\111c1111·11l, le lu'·11í·liciairc lle la ¡1rcitcctio11 lí·galc 11·l'sl 11l11s )P ,,·11-
1lc11r, 111ais l'11chct,·11r. J.cs aul1•11rs el!\ la I,,¡ d11 l!lllí (llll c,111slalú 1¡11<· le c11lli-
,·11te11r ¡11·11l 1'Lr11 lr1,¡1 facil1·1111•11l du¡u·• ¡lar 1111 ,1•1HIP11r rcl11rs, li:d1il1: i1 fair1·
111ir11ilf'r l1•s avanlages ir1111os~il1lcs ú ccJntr,\ler lll' ses Jll'1Hl11its. 11 (\11 rí•s11lll'
1111<1 l'acti1i11 1'11 rí•1l11cli<HJ 111• li<lÍI ¡ias 1\trr 1u·c1lr1li·c ,'1 l<llll acl1<·l1•11r, 11111is s1•11-
lt'111P11t a11 c11/li1•,1/,•ur (arg. <IPs 111111s <• a11i111a11x <I" la f"r,11,~ 11). 11 11')' a ¡,as
1!1• raisc,11 ¡iriur YP11ir a11 s,·c,)11rs 11·1111 c,,11111H•r,:a11t aya11l acl1Pli· .'t 1111 a11tr11
r1)111i.uer,;anl ('l'rili. l,a1,11, ''!I j11i11 l!l<l,'{, I>. 11 • •!11,H.~.:\!li• S. •!lll!l·º'·!I'')-
¡ , •..

CONDITIO:'i'S ET ~IODALITÉS DE LA. VENTE

Enfi11, la loi du 8 juillel 1007 étend aux transactions 111obilieres le cl1a111p


de la protectio11 légale co11tre la lésion. Cette loi 11ous parle d' engrais et
d' ame,idenie,ils. Elle y ajo u te les substa,ices servant a l'ali111e1itatio11 eles
a11i111auJ;. Jlo11r resler fideles a !'esprit de la Ioi, il ser11ble qu'il ne fa11drait
ente11dre ¡)ar lá que les sul)stances chi111iques, en tout cas fabriquées, et 110n
les sulJsta11ces ali111entaires 11alurelles, tellcs que pailles, foins el avoiues
dont les cultivateurs c¡ui les acl1ete11t, s011t parfaite111e11t a¡1tes á vérifier la
c¡ualité et la valeur réelle.

Caractere d'ordre public de la rescision pour lésion. ·- L'institution


de la rescision en matiere de ver1te se fonde sur eles 111otifs d'ordre pul1lic;
elle doit done etre 111ise a l'al1ri de l'ell'et des clatrses pltIS Oll 111oi11s sinceres
par lesc111elles 011 abuserait ele la liberté cor1tractuelle pour rendrc illusoire
la protection lt'•gale. :\ussi, l'article 1G7!¡ décidc-t-il que le vc11de11r J¡'.sé « a
le droit ele der11a11der la rescisio11, quand 111en1e il a11rait expressémerit re-
noncé daus le conlrat it la faculté de cle111a11der cetlc rescision, et qu'il aurait
déclaré do11ncr la ¡1lus-value ». Plusieu,rs observalions so11t ici indispe11-
sables.
:\. - Il fa11t se garder de clo11ner 1111 ser1s trop absolu a l,l partie du texte
q11i refuse lout cfl'et it la clause ¡1ar laquelle le ve11deur aurait déclaré do111ier ...'
'
la JJlus-valtte. La loi n'enlencl ¡)oint ¡)rohil1er une donation i11direcle sincere '

efl'ectuéc sous forn1e de re1r1ise parliclle clu prix. Seule111ent, pour qu'on se
trouve e11 face d'u11e lelle donation, il faut que la clause e11 qucstion ren-
fer111e réellen1e11t u11c i11le11lio1i libérate de la part du vende11r e11 faveur de
l'ael1eteur. Si 011 ne la rcnco11tre poi11l, c'cst qu'o11 se lrouve ,rai1r1e11L en
préscncc cl'u11c ,ente, el c¡ue la ¡lrl'.·tenlluc re111isc cl11 prix r1·esl qu'ur1 artifice
de rt':clactior1 clcsli111'•. it co11, rir 1111c re11onciatio11 it l'aclio11 cr1 rescision; dans
cecas, la cla11sc lo111l>cra sous le cou¡) lle la ¡Jrol1ibition de l'articlc 1G74.

l!.- J,a loi prol1il>e 1111ic¡uc111cnt la rer1c,nciatio11 a la rescision insérée daos
le C(>nLraL; elle aclnicl clone la renoncialio11 e:clrinseque aii co11Lral, ce qui
esl co11forn1c au ¡1ri11ci¡>e que les acles a1111ulables sont loujours susccpli-
l)lcs tic co111irn1alion 11llt'•ric11r(~ (arl. 1:138); seulc111c11L, il csL de regle, on
s'!'n so11Yie11l, (¡uc la C()111ir111alio11 n'csl ¡>as <>¡1éra11le, lors(¡u'clle cstall"cctée
clu n11'111c vic<\ ((IIC !"acle i'1 co11lir111cr. <:e c¡ui procluit ici clcux co11séc¡uer1ccs: ..'
r1) l,a rc1H1nciati<JII i'i l'aclio11 (~11 rcscisic)n, 1ne111c extri11s<'!c¡11e a11 co11lrat,
rc;;te sans valc11r si l'IIP i11l.<\l'Yi<•nt <1v,i11l le ¡>ctie111e11l cl1t ¡>ri.,;. l~n cfl"cL, ta11t

<JIJC Jp ,e1l(l(•1Jr 11'11 ¡>as loucht'· l'argcnL donl. il csl ¡1résu1né avoir 1111 in1¡1é- '
ric11x liesoin, lous ses gnsl.cs 1>P11ve11L ('lrc soup001111és ll'avoir t'itt'i i11Jl11c11cés
par ccllc sorl.c (!(' co11trai11l(•. .'
h) ~l1\11H• i11tcr,c1i:111I apr1\s versP11H•11t. 1111 ¡1rix, la rc11011cialio11 neco111p-
L1•ra ¡>oint si Pilo a /·ti'· faill' 11 litre o,u:re1L.1:, <'l 111<>yc1111anl 1111 sup¡1léu1cnt
(JIIÍ, aj(Jlll(\ a11 ¡1rix co11vc1111, 11'1'.·gale ¡1as 1!111:urc les ei1H1 dc111zie111e:; lle la
valcur d() l'i111111c11l,lo.
C. - l,a ¡1r1>hil,it.io11 (le la rn11011ciatio11 faite <l'ava11ce s'a¡1pli<1uc-t-cllc a
l'acli(HI <!11 rt'·d11cLi1111 1IPs 111·hete11rs 1l'e11r1rais ou de .~11bsl1111cl!s serva11t a I'a-
Ii111011lnli1>11 tics 1111in1a11x? l,a l<1i <In 8 juillcl 1!)<>7 <·st 111alhe11rc11se111c11t
.'
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. . '1
440 LIVRE JI. - TI1'RE II. - '
PRE~IIEI\E P.\RTIE, - ·c11APITRE Pl\E~IIEI\

restée 111uette sur ce 1)oir1l. S011 article 3 se conle11le de prol1ilJer les clauses
(lérogea11t a l'attributior1 (le juridictio11 qu'elle prononce en faveur du j11gc
de paix du don1icile de l'acl1eteur. :;\"ous croyons cependant c¡u'il faut ap-
pliquer ici la regle de l'article ,G,4 i,i ji,ie. 11 suflit ele co11sidérer l'es¡Jrit
de la loi c¡t1i s'inspire de 111otifs d'ordre public. De plus, l'article 2 i1i fine
porte f¡ue (( l'action de111eurera rece,alJle 11ono!Jslanl l"e111ploi partiel ou to-
tal des 111atieres li,·rées n. 11 )'ala, 011 le ,·oit, la prol1ibition d'u11c for111e de
confirn1atio11 tacite de l'acl1at a1111ulable, prol1i!Jition d'a11ta11t l)lus carac-
téristi<1uc c111'il }- at1rait cu ici des 111olifs spéciaux ¡Jour exclure l'actior1
de l'acl1eteur, celui-ci, e11 emplo)·a11t les substances liligieuses, aya11t ¡1eut-
etre rendu i111possible pour les experts d'e11 analyser le contc11u et d'cn dé-
terminer la Yaleur réelle. A forliori cleYons-nous. rc¡)ousser , tot1 te re,1011-
ciatio11 expresse faite d'avance clans l'acle 111en1e d'acl1at.

A. - Quelles sont les ventes rescindables pour cause de lésion? -


Tou les les ,·en tes el.·¡ m n1eulJles ne lomlJen t J)as sous le cou¡) ele l' ar-
ticle 1G74. 11 ). a en effet une exce¡)tio11 certai11e el 1111e aulre co11lestalJle.
a) Les (( ,e11tes qui ne pcuve11t etrc faites que JJar aulorilé (le j1islice »
ne son! ¡Jas rescir1da!Jles pour cause de Iésion (arl. 1G84). Cette for111ule
co111prend les ,·e11tes s11r saisic immobiliere,les ,·c11tcs de !Jic11s de n1ir1e11r,
I
etc ..• Dar1s toutes ces opérations, les garanties de publicité el (le lilJre co11-
currence orga11isées ¡Jar la loi assurent suffisa111n1e11t f¡ue le plus l1aul ¡Jrix
possible a été atleint.On re111arquera toulefois que les expressio11s e111¡Jloyées

• par la loi 11e co111prenneut pas les ventes faites elans les for111es j11cliciaires,
n1aisfacu/i(1iil'erne1it,par exen1ple une licilalion cl'i111111ct1lJle s11ccessoral faite
en juslice par des col1éritiers 111aje11rs et libres ele let1rs clroils,E11 efl"cl,ce11x-
ci auraicnl }Jll rccourir ti u11e vc11le an1ia!Jlc. 1;aclj11elicalio11 sera clo11c res-
cindablc e11 cas (le lésior1, ce qui est cl'aille11rs ¡Jet1 1>ratic¡11e el peu logi<111e.
b) La j11rispr11dencc excl11t e11 gé11éral cle l'applicalior1 de la rescisio11 ¡ic1t1r
(
cause de lésion les ,·e11les oll"rant le caracti~re cl'1111 conlral <1léaloir1•, J)ar
exemple, !Ps ventes ele droits succl'ssifs, ll1I"SfJUP la }JI"<>})Orlic111 ele l'acti f et 1!11
passifcsl e11corc i11Cc)n1111e (l,i111ngPS. 13 juil[Pt l!)CJ8, s. 19<>!1-·1.:i(i:i. Il(l(C
de M. Wal1l', les ,·cr1lcs ele 1111c 1iro¡iric'~tc'·, celles 1!"11u 11s11fruil i11111Hil1ilicr.
aiasi q11e les Ye11tes cl'in1111e11l>les .'1 cl1arge clc rPitlP ,-iagt'•r1• 1(:iY., 1li 111ai
l!Jºº· 1). f>.1!100.1.f'i8:1,S. '!101.,.:17; Ni111es,¡clc'·c<~111IJr1· 1!1<J8,S, I!)<>!l-'.l.:l1G;
Nar1cy. lijuillct 1!1º7• D. J>. 1no7.:1.:IG7, S. l!)<l!l.'.l-'.lli\11- (;Pile juris1ir111le11cc,
qui se fonclc s11r les 'l'ravaux ¡Jr1\¡>aral<JÍI"<~s (l-'e11cl, l. \(\'. )>. 1:17). fail
valoir qur, 1la11s des opéralior1s 1le ce genrc, il 11·<'sl ¡ias ¡1ossilJlc ele fair,1
rcssortir la lt'•sion, <ttt 111or11cr1I ,te /11 1•cr1.l1•; le• 111011tar1l cl11 ¡>rix ¡,ay«': 1l«'·11l"11-
da11t d'évé11e111c11ls f11t11rs. 11ola111111c11t 11<' la <l11rc'·<· i11cc1rlai11<' <I<' la Yic
de l'ncl1ctcur 011 cl,1 ve11cle11r. :'\r1us Psti111<111s c1•rH•111la11l <¡111• la s<1lulio11 esl
cor1lcstablc. l)'aliord, il y a 1IPs l1y¡u1lfu'.sps 1Jt'i la lt'·sio11 <!sl 111a11il"Pslc 1li'•s )1\
n1ornc11t clc la vcrtlc. J>nr exc111¡>lc, si je vcntls 1111 i111111c11bll~ c<111lrP 11ne
rente viagt'irc t'·galc :'1 rn<iins tics ci11c¡ 1lo11zi;•111cs 11<' la Yal1•11r a111111l'llc <l<•s
fruils, il cst cl'1Jrcs <'l clí.·ju ccrlnin q11P, si longl<'111¡>s 1¡11c j1• vive, ,Í<l s11is
assuré d'clrc lésé. l)r plus, il 11'csl 1111llcr11ent i111¡1<1ssilil1• cl'c'ivnlu<'r en ca¡ii-

'

,
CO'illITIO'iS ET ~10D,I.LITES DE LA VE'iTE 44,
tal la valeur cl'1111 11sqfr11it, cl'u11e 11ue l)ropriété 011 d'ur1e re11Le viagere;
c'est u11c tvaluali<Jr1 c¡11e les con1pag11ies d'assura11ces llratiq11e11t tres cou-
rar11111ent. Et la loi en acln1et elle-111eme la ¡)ossil)ilité, puisr111e l'arlicle 91í
¡lrévoit la r<'.•ductio11 cl'1111e do11alicJ11 cl'usufruil 011 de rente viagerc excé-
clant la q11otil1; (/is¡io11iúlc. I>our savoir s'il y a exces,il faut ]Jien,dar1s ce cas,
t'·valuer i1 1111e so111111e fixe le prix aléaloire. I>,¡11rr111oi 11e pas agir ele 111e111e
¡lour l'applicalion ele l'article 16í'1 !
3° Enfi11. - 111ais ceci est to11t Ll1éorique - il 11'y a ¡Jas lie11 i1 rescisio11
}JOur cause de lésio11 eles e;r¡Jroprialions JJour caitse 1l'11tilité JJulJlir¡11c, quoi-
que ces o¡Jératio11s co11stituent en réalité des ventes forcées. Et on doit
aeln1ettre cette exclusion, n11\111e lorsc111e l'inde111nité ins11ffisa11Le a été fixée
a l'a111ia]Jle,car un i111n1e11!Jle i11corpor(· a11 Don1aine public ne lleut e11 elre
e11le,·é en ,·ert11 d'1111e décisio11 juliiciaire.

lJ'. Quelles sont les conditions d'exercice de l'action en resci-


sion? - 'frois co11elilions so11t rec111ises.
a) Co,icltlio,1. de clélai. - 1<:11 lila I iere ele l'ClllC (r i,n,11c11ble, l' actio11 doi 1
et.re inter1tée dans les cle1tx arzriées qui suive11t la ,·ente (art. 1676, al. r ). Ce
lJref délai, rendu nécessaire par les diffic11llés praliques d'évaluation de la
lésio11 a11 1110111e11t de la ,·ente el r111i el(·rog·e i1 la r<'·gle ele l'arliclc 1304,
fixa11t i1 dix ar1s la ¡Jrescriplior1 eles actions e11 r111llilé et e11 rescisi(JII, 11e
conslilue pas, i1 ¡1ropre111c11L ¡Jarler, u11e 1)rescriptio11, 111ais u11 clélai JJréfiJ~.
E11 cffet, la loi ¡Jrer1el soin (art. 1676, al. :11 cl'écarter les causes orelinaires de
s11s¡Jensio11. Elle con1111el 1111\n1c une erre11r c11 écartant to11le st1spensio11 a11
profit eles Je1111nes 1nariécs. 1)11lilia11t c¡ue la ¡lrescriptio11 cot1rt co11tre celles-
ci (arl. :i:i5!1).
E11 ce q11i co11ccrr1e les ,·e11tes co11clitio11nclles, la loi 11c }Jarle pas du
l)Oinl de ell•¡Jarl el11 elélai pour 1111c ,·e11tc sous co11clilio11 suspc11siee. C'était
i11t1tilc: le 1)oint ele cl<'•1)arl est ccrtai11en1enl le jo11r de l'i•cl1éa11cc de la
co11clili<J11, ¡111ise111e. juse¡uc-llt, il 11'y avait ¡1as cncorc ele ,·e11tc. 1~11 rcva11-
cl1e, c11 cas de vc11t.e sr111s co11clilio11 résol11toirc, le poi11l rlc ell•parl elu
eli'•lai cloit 1\lr<) le j1111r <1<· la ,·c11tc, car ce qui cst. co11clition11cl e11 pareil
cas, ce 11'cst pas la ,·r11IP, c'csl la résrJl11lio11 ele cellc-ci. ),a loi co11sacrc
1l'aill<'11rs Px¡1rcssé111e11l ccllc S<>l11Lio11, 1•11 11011s llisa11t, i1 ¡iro¡)os ele la
¡1l11s 11s11elll' el<'s cla11ses 1]P co11elili1111 ri'·scJ)11lrJirP, r¡11e ec le d{•lai 11'esl pas
s11s¡J<'l1<111 {lc11cla11t la 1l11rt'·e 1)11 l1·111¡1s sli¡i11lt'~ ¡1,n1r la 11aclc 1IP racl1at 1>
(a1·L. 1(i71i. al. :t), pacte assez frl·r¡11P111111e11t. sti1111I<'• e11 fail par cc11x r¡ui vc11-
rlcnt. 1111 i111111c11l,lc :'1 vil 11rix.
]~11 r11at.i,'.rp ele /11'11/c 1['1'//f/!'11is. <>¡1t'•rali1111 1la11s la1¡11clle l't',,a)11ali1H1 de la
l<'·si,111 Psi P11c11r,• ¡1l11s elt':lical<'. la l,>i 1111 8 j11ill1~1 1n,1í (art. :>.) fixP ir 1¡11,1-
r1111l1• .io11rs sr11l<'111c11l 1'1 1lal<'r 11<' la livrais,111, I<' 1lt'•lai 1l'<'x<'rcicl' ti<' l'aclion
11,• l'aclH•IP11r.
Ji) <:o,11lilio11s 1/i• ,(or1111•. - - ],<' <:,icl1!, vo11la11l )1111'<'1' ;\ C<'ll11 11!1jecti<>ll c¡11e la
11r1•11vc 1l1• la lt'·sio11 PSI 1liflici)11 PI i11ccrlai11,·, exige <JII<' Cl)ll<' ¡1rc11ve rt'·s11IIP
cl'1111 .i11gc111c11t. r1·11d11 l11i-111,\1111~ ir la s11ilc 1!'11111' 1lt'•cisio11 i11l<'rloc11L,1irc 1li·-
cl11r1111t " vraisc111l1l:il1IPs ct. ass<'z gra,cs ¡11>t1r fnirr ¡>rús11111er la )t'!sio11 » les
,.. . . ..- ' . -


LIVfiE II. - TITRE II. - PREl\IIERE PARTIE. - CHAPITRE PRE~IIER

faits arlieul{•s par le den1a11deur (art. 1G77). Il rec¡t1ierL atissi l'inlerYe11-


tion d'c.c¡,erts dont il reg·le r11inuliet1se111e11t les opérations (art. · 1G78 a
1G80). La proeédure est done 11éeessaire111e11t lo,igue el colilcuse.
e) Condilio'n de Jo11<l. - llour ,~tal)lir la eo111paraison entre la ,aleur réelle
de l'in1n1euble et le prix, eo1111)araison d'ou résulte la lésion, l'artiele 1G¡5
l)reserit d'e11visager l'étal el la valeur de l'in1111e11Lle alt r11on1e11t (!e la veril c.
Les aug·n1entatio11s ou llir11int1Lions de valet1r s11rven11es dept1is ne doiYPtll
done pas etre prises e11 eo11sidératio11. 1'outefois si l'i1n111eullle avait, de-
puis la Yente, péri par l'e!fet d'un cas fortuil, il Ya ele soi qtre le , e11deur 0

n·aurait rie11 11 réclamer. La destruelion de l'i111n1euble se serait aussi l)iC'rI


produite entre ses n1ains. Cela étant, e1t1e réela111erait-il ~ 11 (loit se féliciter
a
d'a,,oir ve11du l'in1n1euble ten1ps, fut-ee ,il prix ! a
C'. Quels sont les e:ffets de l'action en rescision ? - Lorsc¡11e le vc11-
elcur ol)tie11t gai11 de cause dans sa dcn1a11(le e11 reseisio11, l'effet norn1al ll11
jugcn1e11t e'csl, co111111e po11r loule a11nulatio11, ll e11trair1er l'a11éa11tisscn1c11t
0

ele la vente.et de faire co11sielérer l'acl1ele11r co111111e 11'aya11t jan1ais acq11is la


prll¡iriété lle l'i111111et1ble, le ,·e11eleur co111111e 11'aya11l ja111ais 1)erd11 celte
pro¡Jriété . .\lais 011 aperi;oil at1ssilot les ir1co11vé11ie11ts qt1e llrésente eeLte
solulion a11 d1luble poi11t ele ,,ue ele l'{quiló et ele l'i11t{·ret óeo11on1i(1ue. Co
ne sonl pas se11lement les tlroils ele l'aclreleur c¡ui vo11l se lrouYer rétroacti-
,·er11e11t a11t'•a11tis. Ce so11t a11ssi Lous cet1x q11e des Liers, ¡)e11l-etre de lJ01111c
f'oi, 011l acq11is de lui s11r l'i111111e11blc, et cela t¡11a11d l)ic11 111t111e ils at1raiP11l
d1\111ent tra11scril leur tilre (Civ., 28 fé,rier I()' ,, D. P. 1912.1.169, 11ole
<le .\l. Lü)'Ites): Rcsollllo j11re ([1111/is rcsoll'ilur .i11s ltcci¡Jie11lis.
],a loi a llo11c <)IIYl'rl it l'acl1etc11r 1111 1110\<'II •
11'<'•,il<•r la rescisi,,n, c·est. 1lc
llª}'er au ,·c11<lcur u11 s11¡>¡>lé111c11l qt1i ra111enc !,· 11rix i1 1111 cl1ifl're i'·1¡t1itable.
(~e faisar1l, il J>ourra i•,iler la restit.11tio11 tll' l'i111111eu)¡)e, el, cl11 111t111e co11p,
la ri'-¡irreussio11 llr la rescisio11 c1l11trc )ps tiers (arl. 1G,~, ). lli1~11 ¡il11s, la
l11i, ll(Jtlr ¡Jousscr l'acqu{re11r :'1 11re11clrc ce 1>arli. l11i 1,fl'rn t111e :--e>rle <le
JJri,11e, e11 clí•cilla11l q11P, s'il e>llll' 1ic,11r le 11ai1•111e11t. <l11 suprll<'-111P11I <111
j11s/c ¡,riJ.' (c'1•sl-:'t-clirc cll' la ,alP11r rt'·elle clP J'i111111p11l1lc calc11li·n PII C<>11f1Jr-
111iti'i 1lc l'artic)P 1li¡:>). il aura !ti llroit 1)p 1/1:1/11ir1• ,/e ,·e s11¡1¡1ft:1111ir1/ le
1li.ri1.\111c cl1t JJl'i.,· lula/. (J11a11t a11 dtlai 1la11s IPljlll'I s'excrccra l't>11ti1111 cl11
lli·f'l'lllle11r, la loi a ¡.;ar1li· 11~ silt)IICI': 111ais cct.l.n lac1111c }H'lll 1\lrc facilc111P11l
c1>111bl{:P. 11 sP ¡u~11l tllIP. sur )ps co11cl11sic111s ti<· )'11111' 1111 1li, l'a11t.r<• dPs 11:ir-
lics, le j11gP1111·11l ail i111¡>art.i i, 1·acl11·Ll'lll' 1111 1l1'•lai }H>Ur l'Xl'l'Ct·r s<111 1111ti1)1t;
0

1la11s le cas c1111lrair1~. le j11ge111P11l sP c<,11IP11la11I 1l t>r1l,111111·r la r1•slil11l11111 ,Je


l'i111111c11l1IP, <>ll 1l11il a1l111PllrP 1¡111' l'acliPIPIII' ¡u1urra 11sPr cl11 1lr11it 11'11fl'rir
le s11¡lJJlé111c•11l 1!11 juslP 1>rix j11sq11'.'i l'Pxi·l'11li1111 d11 j11ge111P11l.
l'tHJt' cl{~ler111i111•r 1·11 tli'•lail Jps tlroil:- r1·s¡u•1·lif':- tl11 ,c111l1!11r P[ 111' J'acl11!-
le11r, il ~- a liP11 tll' 1lisli11g111•r s11i\'a11I <¡11"il y a )ÍPII 1>11 111>11 :'1l'Pslil11li1J111le
l'i1111111~1,l1l1•. \1111s 11Jlo11s ,,,ir 1¡111, l<111IP la 1lif'fic11ll1'· 11<' l;1 111alit'·rc consisll'
:\ sn,1,ir 1la11s 11111·)Jp IllPSIII'<' l'11clHilP11r 1'1 ,il ¡1rix ¡11·111 1\tr,~ assi111ilt'· :'1 1111
¡1ossusse11r tl1· 111a11 vai:-;P f't ,¡.
a) l 1r11111il:r1· /1.v¡iu//11\~1•. /,'ir11111e11/,le es/ r1·slil111 1• --- )~11 CI! cas. clial'1111 1l11il
,
CONI)ITIO'iS ET l\(OD ..\.LITES DE L ..\. VENTE

ren(lre ce qu'il a rcc:11. L'acl1elcur, restiluant l'in1111e11ble aYec lo11s ses ac-
cessoires, i111111eubles par destination, accroisse111ent par allu,,io11, cte ... , a
droit a11 ren1bourser11ent de so11 prix. l\lais plusieurs questions de111andcnl
'
une reponse.
") <¿ue décider eles fr1zits lle l'imn1euble? L'article 1682, al. 2, porte que
l 'acl1cleur « re11d les fr11ils d11 jou1· de la dc,nande n. 11 garde rlo11c les frui ts
a
a11Léricure111c11t pcrc,11s. La loi l'assi111ilc ai11si 1111 ¡Josscssc11r de lJonne foi,
ce q11i conslituc peut-etrc u11e indulgence cxcessiYe.
p) Que décidcr des inlérels du prix a restituer Jlar le ,·er1deur :1 D'apres
l'arlicle 1682, al. 3, le ,endcur ne les doit, lui a11ssi, qu'au jo11r ele la
de111a11de. Les intérets antérie11rs restent au ,·endeur en con1pensatio11 des
fruils que conserYe l'acl1eteur. Le texte ajoute n1en1e que l'acl1ete11r a
droil aux i11térets de son prix << du jour du paien1ent, s'il 11'a touclté au-
cu11 fruil n. Celle :-ol11tion se j11stifie aisén1e11t lorsq11'il s'agit d'11ne cl1ose
frugiferc, el que la rt'·colle !"e Iro u Ye c11 fait a Yo ir t'~tt''. retardée. Elle se coi'n-
Jlrer1d 111oi11s lorsquc la vente a porté s11r une cl1ose 0011 frugifere, par
exe1111Jle, sur 1111c propriélé d'ag·r«'•n1ent do11t l'acl1eteu1· a usé: il se lro11Ye
alors que l'acl1cteur Ya cu111uler dcux jouiss:111ces !
,) L'aclteleur doit-il te11ir co111¡Jte a11 Yer1deur des dégra<latio11s q11'a subies
l' irr1111eul>le durar1t sa posscssicl11 ;i \'or1 {,,,jdc111n1ent }lOlir les dt'-,gradations
résullant de la ,·étusté ou de to11te a11tre force n1ajet1re. Quar1t aux autres,
la doctrine admct en gér1éral c1ue l'acl1clcur doil les payer, e11 quoi <Jn l'assi-
,
a
111ile 1111 possesseur de n1auYaise foi.
;\) ln,crser11ent, l'acl1cteur a-t-il (!roit au re111IJoursc1ne11t des im¡Jenses
qu'il aurait faites sur l'ir11rnc11l1le ~ On co11nait la disli11ctio11 classic¡ue entre
lr<Jis classes d'in1pe11ses : nécessaires, voluptuaircs, uliles. }lour les tlct1x
llrc111ieres catt'·gorics. ¡Jas ele 1lifliculté. Les i111¡Jc11scs 11écessai1·es tlcYronl
a
cerlai11cr11enl ctre rc111lJourst'·es par le ,·cr1clctII' e111i f'Ul ,CU les SU}J¡Jorler Cll
lot1l étal de ca11sc. ],es i11111e11sl's 1•0!11¡1t11l1ires 11e (!onr1cro11t licua auc1111
rcn1l1011rsc111e11l. Jl<111r ce <Jui Psi. <les (!t'·¡ic11scs 11/ilc.~, on pc11l l1ésiler. Cc-
¡Jc111la11l l'o¡ii11io11 la 1>l11s co1111111111«'.•111P11l a<lo¡,tt'•c assi111ilc ici l'acl1clcur :1
1111 J>osscssct1r de l101111c foi. J~,1 cfJ'ct, clic tlt':cidc <111e l'achel<'tlr a11ra
tlroil a11 rc111!11J11rsP111e11l cl,i SPS ir11¡1c11s<'s jusqu'á C<J11c11rrer1cc tic la ¡>lus-
Yal11<! ; el elle rcf"11sn au Y<~111lc11r le 1lroil <le le cr111lrai11dre ¡'¡ e11Ie,er se~
co11sl r11clio11s <lll ¡>la11 la li1J11s, 11 r<1i l 1¡ 11 i a p¡iart ic11 l. a11 ¡1ro¡1rit':la i re co111 rP 1111
lltlSS<'SSPIII" tic 111a11Yaise f<1i (arl. ;1:1:>, ,cr al.).
l)arg111111!11l i11\(J<1ui'• cr1 f"a,·cur 1!1• ccllc tl1i:s1! 1!sl l'a11alogic 1lc l'arli-
clr :.i 1¡:,, 1¡ui co11sacre la 1111\111<' s11l11li<111 en CP 1¡11i cc,r1ccrnc le licrs 1lútc!11-
l1•11r 1!'1111 i111111c11l1l1, lt}J11itl11'•1¡11<'• !>l1ligt'· a11 1J,:l11issc1r1c11l.
,) l•:11(i11 <111 1lt'·eidl' 1111c /'11rh1•t1•11r ·11'1z J>lts ,[roit ,', lri r1•stil1tlio11 1/es Jr,1is
1/111·1111/r,1[. I•:11 pfr,~,. 11(1('1111 ll'XII' IIC l11i IICClll"lle ('(' I'l.'lltlJ(Jlll"Sl'llll'lll, tan<lis
1¡111· l'arlil'lc 1(i¡:l )11'1'1111'1 i'1 l'acl11·le11r /1 ri'·111«'·rt'· tl1~ le t!c111a111l«'r. l)r. l'acl1e-
1,~11r, au 1li·lri1111·11l ,le 1¡11i la 1111llilt'· 1111 c<111lral. csl. ¡>r1i111111c<':I', n'a drc1it
1¡11·1111x r1~slil.11lio11s 1·x¡1rPsst'·111e11l. a11l1>risi'!1!s 11ar la l11i.
1,) ,'-1•1:0111/c h_v¡uilht\~c: /,'i1r11r11·11b/1• ,,·cst .¡iris r1!.~lil1t,: . ... l•:11 cas 11'<1JJli1111
cxPrct'·,· 1la11~ 11: se11s 1l11 11111i11ti1!11 11,~ In VPllll', 1l1~11x l1)'¡11,tlu\sps 1loi\'e11I
,\tri! s1111s-1listi11g11i'·Ps:

LIVRE II. - TITRE II. - PRE\llEI\E P.>\RTIE. - CHA.PITRE PRE)llER

o:) Ce peut etre l'aclieleLir l1ti-rné111e qui désintéresse le veneleur, en lui


¡)a~·a11t le supplé111eut d11 juste ¡)rix so11s la eléduction du elixió111e (arl.
,681, al. r), L'article 1682, al. r, ajoute q11'il doit en outre payer les in-
tércts ele ce s11pplé111e11t 11 JJc1rtir ele la de111a11cle, sol11tion peut-etre ins11ffi-
sante, r11ais en l1ar111onie ayee toutes celles q11i, nous l'avo11s ,·u, assi111i-
le11t et ¡iriori l'acl1eteur, antérie11re111ent l1 la elen1anele e11 rescisio11, a u11
possesseur ele bonne foi.
{3) (( Le tiers JJosscsseLir a le 111e111e droit qne l'acqu<\reur prin1itif, sauf
sa garantie contre son ,·e11deur n (art. 1681, al. 2:1. Et par tiers possesse11 r
il faut e11te11dre é,·ide111111ent tout acquéreur de clroit réel s11r l'i111n1eu])le.
Bien en tendu aussi, le recours du tiers,qui se réso11t a u11 sacrifice péc11niaire
J)Ot1r éYiter l'éviction, cor1tre son a11te11r,n'est possible q11e si cet auteur est
en 111c111e ten1ps son garant, ce qui excl_ut les cas oi'1 le tiers tiendrait son
elroit sur la cl1ose d'un actea titre gratuit.
e) ll)'POfhcsc spéciale de la loi ele 1907. - On a Y11 c111e les elfets ele
l'actio11 dirigée J)ar l'acl1eteu1: co11tre 11n vencleu1· ll'enr¡rais so11t to11t clill'é-
re11ts. L'action 11'alJ011lit pas a une rescision. C'est une action 1¡11a1ili
,11i,1oris te11clant a la récl11ction d11 prix excessif, el, ajo11le la loi (art. r i,i
.fine), aeles elom111ages-int<'·rels pour le cas oi'1 le préj11dice sulJi ne serait pas
s11ffisam111e11t répar{·, par exe111ple a11 cas oi', les engrais 011 ali111ents a11raier1t,
par leur 111auYaise qualité, occasio1111é des perles a l'agriculteur. Cette eléro-
g·ation a11x pri11cipes, (¡11i al)o11til alaisser en son1n1e a11 Yer1cle11r de mauYaise
foi le bér1{>fice d11 111arcl1é, et ne l11i e11lt'•ve c111e la possil)ilité de faire 11r1

¡)rofil excessíf, est clifficilen1ent j11stifial)le. ün n'e11 a clo1111é c111'une raison
lrt!S fai!Jle. e11 disa11t q11e si l'acl1ete11r, en cas de rescision, se clécidait a
laisser les r11arcl1a11dises e11 gare, le vc11clc11r cl1ercl1erait ti s'e11 (l<\JJarrasscr 11
11r1 ¡Jrix i11fí·rie11r e11 l°f)lfrant ti d'a11lres agric11lle11rs, <¡ui elevic11draient de
11011velles du¡Jes, et q11'air1si le 111al. a11 lieu d'etrc circo11scrit, ne l'erait
<¡11',1Jler en s'aggraYa11t.

l)'. Caracteres générs.ux de l'action en rescision. - \'1111s c11 savons


assrz 11011r ¡1(111,c1ir n1ai11!Pna11l dí·ter111iner a,cc cc:rlil11clc· l<·s caracl<'•rcs
(sc111vcnl c<111tro,Prs1·s, <lf' l'actir111 e11 l'f'Scisi<111.
\<i11s r1c ¡1arl<111s ¡1as ele l'acli<>ll (1'1111 l/('hctc11r 1l1•11!/l'11is. !•:lle ('Sl <'<'rlai-
11e111enl ¡11•rso11111•/lc el 11101Jili1.•rc 1111is<¡11'cll<' lcn<I ¡\ 1111c i11<lc11111isalici11 1•11
a r~<'ll t . .\la is l 'act i<HJ 1111 l'e111!1·11r 1/' i,11,111•11/Jle )11'<\t e .1 ¡11 us <le 1I i ffic111 t<'·s.
a'i JJrer11ii'·rc 1¡11esfio11. - 1':st-c<' 1111<' acti1111 ,,111bilicre 1111 ir11111ohili<\rc, ¡1ro-
l1!<'·111c c111i ¡1rc'•sP1tlP 1111 intc'•rc\t ¡1rati1111c ¡\ pl11sie11rs Jloints <IP ,uc:, 11cila111-
111<'11l a11 ¡1c1i11t <I<' YII<' 1IP la ca11ac'.it<'· <>11 <l<'s ¡1011Yc1irs <111i sr111t 11i'ic<'ssairPs
JHllll" <'xerc<'r l'aclit>TI :1 Nr111s cr<l)'<JIIS <¡111• r'ps( IIIH' acli<JII i111111ol,ilic'•r<'. ¡111is-
1¡110Pll<' l<'ll<I :'1 <1l1t<•nir. a11 11111y<'ll 11<· la r<'s<'isic111, la l'<'Slitutic)II <1<· l'i111111c11-
l1IP Y<·r1<l11. '/'1'111/if ,11/ i1111,1ohilc•. 11<'11 i1111u1rtP <¡11'<'11<· ¡111iss<• alu111lir 1\ 1111
s11¡1¡1lc'·111<•11I 11<' ¡1rix. 1111'y a lh r¡11'111H• ,(111•11/las solttfionis. l)r1ru·. I<' l11l<'11r
il'1111 VP111!1'11r ll<' ¡ir111rra int<111l('I' 1·acti(111 <¡11'11v<"1: l'a11lc1ri:,;ali<111 1l11 c1111spil
<le fa111ill<' rarl. '1fi'1J. I,<' 111i11<'ttr c\1111111ci¡u'•, I<' ¡1r1Hlig11<• cl1~vrr1nl r1IJl<'t1ir I<'
c<inc<>urs <111 c11ral1•11r. 1111 c·c111s<"il judiciair<' (arl. /18'.-I, '•!l!l, :11 :{;.

CO~DITIO~S E'f ~IODALlTES DE L.t VE~TE

L) /)e11..cie111e r¡1teslio1i. - L'aclio11 en rescisio11 est-elle ¡ierso1111elle, réelle,


ou 111i..cle? L'i11téret c'est la eléter111ination elu LrilJt111al co111péle11t. Si c'esl
u11e aclion réelle, le lriLu11al co111pétent est celui de la situalion de l'i111n1eu-
Lle. Si e' est u11e aclior1 1Jerso11nelle, c'est le triLur1al clu elo111icile ele l'acl1e-
a
teur. Si c'est tr11e action r11ixle, le ,er1deur peut agir so11 cl1oix de,ant l'u11
ou l'aulre ,:art. 5g, (~. proc. ciY.:1.
La solutio11 elu 1Jr0Lle111e cl<'·pe11el el1r poir1t de sa,oir co11tre c¡ui ag·i t Je
de111ar1ele11r.
Potrrsuil-il la reprise ele l'i111111euJ¡Je aux 111ai11s cl'1111 tiers acq1réreur
apres a,oir fait rescinder la ,ente, c'est une action 1Jure111ent réelle, car nul
lien de clroit 11'existe entre les 1Jlaideurs. L'aclion est t111e re,endicatior1.
Jlotrrsuit-il la rescision conlre l'acl1ete11r a ,il prix lui-r11en1e, c'est u11e
actio11 111ixte: pcrso11nelle, e11 lant qu'elle vise a l'a1111ulation du contra!,
a
réelle er1 lant c¡u'clle aLoutit la reslilutio11 de l'i111111eu]Jle.
Si enfin, l1y¡1otl1ese frt!c¡11e11te, le ve11deur. ¡Jour écono111iser te111ps et ar-
gent, 111el i1 la fois e11 ca11se so11 acl1eteur lui-111e111e et le tiers acc¡uéreur
auc¡11cl cel11i-ci aurail aliéné l'i111111euLie, le LrilJu11al co1111Jéte11t 11e pc11t etre
c¡uc celui de la situalion ele l'i111111e1rlJle, p11isc¡11e c'esl la sct1le jt1ricliclio11
co111n1une a11x deux eléfe11de11rs.
CHAPI'f RE II

EJ<'FE'fS DE Lt\ VE~'l'E

La vente produit trois eíl'els: 1° Elle opere la lransn1issio11 de la pro¡Jriét!'.·


de la cl1ose et la translatio11 de ses risq11es; '.l" Elle fait nailre cerlaincs olili-

gatio11s pour le ,endeur; 3° Elle i111JJose cerlai11es oliligalions l'acl1ele11r. a
\ot1s ne revie11llro11s JJas st1r le pre1r1icr 1ill"ct, n'aya11t rien it ajouler ii ce qt1P
11ous en avo11s dit e11 traitant de l'arlicle r 138 (t. J•r, p. !)?.Ü et s.) "'\011s 11e
11ous occt1peror1s que des obligatior1s e11genclrécs par la ve11te.

Sl~(;'f[C)"'\ I. - ()111,rr._\TIO\'S uu VE'il)Et:11.

Les obligalio11s dt1 ,·c11deur 1Jc11,e11l se ra111e11er it cle11x: 1° La 1léli1•r(t11i:c


,le la cl1osc ; :iº La glll'(l!llie ( art. 1Go3 _i.

1º l 1ot1r <l<'.·livrer la cl1r¡sc vr'11cl11c á 1·acl1cte11r, IP ve11de11r 1loil <'·,icle1r1-


111er1l cl'aborcl ,ciller sur elle j11~1111·a la li,rais1H1 (arl. 11~)0 el, 1'.)7),a,cc
. . les
S(Jins cl'1111 bo11 pere ele fa111ille.
:>." 1,a 1/1:/Íl'l'<llll'C prcJ¡1re111e11l clilP cl11 la cl1ose (d1\ji1 cl11ve1111<' llro¡iri{lt'· 111'
l'acl1elP11r ¡iar le seul cll'el cl11 co11lral) csl rt'·giP 11ar 111':- arlicles 1111111l1rP11x
(arl. 1Üo', :'t iü·i/1) el s1111vc11I s11rali11111la11ls. ¡111isq11'ils 11111PIIP11I cl'a11trc 1iarl
l1ca11c1J11(J 111' ¡1oi11Ls i111¡1orlanls. i111·1111,i'·11i1•11l hal1il111~l lll's lcxtcs tJÚ 11• lt'·-
gislal1•ur a ,011111 to11l ¡1rt'·voir.
,\. r:,1111111c11l l,i fil'raisn11 s'c,Dc,./11c-/-cll1: :; - l,11rs1¡11'il s'agil 1!'1111 i 111-
111e11l1lc (l1,1ti:. l'arlicl1) 1(i1>:1 n1H1s clil 1¡11P la li, raist111 s'Pfl'Pi:11111 ¡i.1r la rc111isc
,fes c/1:s r,11 1/cs li/1·,·s 1/c [>l'O[>l'Í1:1,:, c'csl-.\-1lir1, <11,s acll's t',tal1lissa11l IPs ¡1rt'·-
ct'•1l1•1!11,s Lra11s111issi1111s. l,a 1lisj1111cti,1• 011 1l11il 1\lrl' t'·vi<IP1111111,11l rn111¡1l.i1·t'·P
¡1ar la c1>njo11clivP el. 1>«' ¡1!11..;, 1'11l1ligali1111 dP dt'·livra11ce astrcinl ¡1ar1'11is In
vc11<)Pt1r /1 11'1111lrPs ¡1rcslali1n1s. S'il 11cc11¡1ail ¡1ri'·ci'·1l<'111111e11I l'i111111«'11l1(1,
\1'11<111. il 1)11il In 1lí,Jaisscr, 11• vi1IPr 1(1' s1111 11111l1ili<'r. Si l'i1111111,11l1(1· Pst 11c-
l'IIJH'· fHll' 1111 lÍPl'S, il <l{iil le fairc {,vac11er ¡1ar c1,J11i-ci.
<¿ua111l la cl111sc ,·e111l11e esl 11111l>ili<'·r", la 1lt',livra11cP s'<'ll'Pcl11<' ¡iar la r<'111ise
111at.t'•ric·ll1, ,le la c!i(JS<' 1111\1111', 011 riar ci,ll1• 1l1•s clt'·s du l111li1111n1t 1¡11i la
co11lic11l (url. 1(i11(i, al. 1 el ·i 1. ,\jo11l1111s, 1·01111111· ¡1r11ct'·1lt'· 1le tr:ulilio11, la
r1•111isc <111 ,v11rra11t, si l1•s 111arcl1a111liscs ,1,1111111•,; s1111l 1l1'·¡u1s1•cs 1la11s 1111 111a-
EFFETS DE L.\ VEXTE 447
gasi11 gé11éral, celle de la lettre de voiture 011 clu connaissement, si les 111ar-
cl1andises so11t c11 cours d'expédition. L'arlicle 1606, al. 3, ajo11te que la déli-
,·rance s'opcre « 1111~111e ¡Jar le scul conscr1ten1ent des parties, si le transport ne
peul pas s'c11 fairc au 1110111c11t ele la ,e11tc n (,·e11te d'u11e récolte, d'une coupe
ele l1ois a e!Tecl11er; en ce cas le ,encle11r n'est ter1u q11'a s'al1stenir, a laisser
l'acl1ele11r se 111ettre lui-11i1\r11e e11 lJossession), « ou si l'acl1etc11r les avait déja
a
e11 SO!l ¡Jouvoi I' ¿\ U 11 au lre ti trc )) ( lrad j tio11 brevi 111eriu faite un acl1eleur déja
localaire ou dépositaire, ce do11t il faut rapprocl1er le co11slit11l possessoire
a11 cas ou le ,·e11cleur 11e se dessaisil pas, 111ais de111eure e11 possession ele la
cl1ose a un aulre titre, co111111e localaire ou dé¡1ositaire du no11veau n1aitre,
so11 acl1eteur). Or1 re111arq11era que ces divers procédés de délivrance, par la
,,ert11 d'u11e sin1ple opération intellectuelle, s'appliquent a toutes les cl1oses
venclucs, !Jie11 que l'article r 60G 11e les r11entionne c¡u'a propos des meulJles.
13. Co11dilio11s de la délivrl11ice. - Oit s'e!Tecl11e-t-elle :1 \11 lieu conve11u par
les ¡Jarlies el, daus le11r silence, cliez le vende11r.
()lllllZCl doil-elle avoir lieu ? l1i11i1écliale11ient sauf con,·enlio11 contraire.
'
'f1)11tefois 011 verra q11e le ,e11de11r, .\ ri1oins de co11cessio11 cl'u11 ter111e,
jouil clu droit ele rete,iir la cl1ose ,e11due jusqu'lt paien1ent du prix
(art. 1612). 11 perd seulen1e11l ce elroit de rélenlion s'il a concédé un terme.
a l'acl1ele11r. E11core le recou,re-t-il en cas de faillite ou de déco11fiture de
so11 dél)ile11r (arl. 1613).
,11l.1; frais lle r¡ui a liet1 la elélivrance ~ ,\. ceux du ,,encleur, en principe
(arl. 1608), rnais les frais d'e11lcve111e11l (lransport, octrois, douanes, etc.)
S(Jlll U la cl1arge de l'acl1etcur.
C. /~'11 r¡uel élal la cliose doit-elle elre délivrée ~ 11 faut disti11guer.

11'1 ) a-L-il eu ,ente ele cltoses i1t •r¡e,iere, le ,,endeur sera lenu de four11ir
lles cl1c1ses de Yaleur moyc1111e. ele q11alilé bo1i1ie, loyale el n1arcl1anlle
(arl. 1:>./~G:1. l3ie11 e11Le11du, 111ie cla11se sp1\cialc peut er1 décieler autren1enl.
\.i11si, en cas ele vente sur l;cl1a1itillo1i, le vc11clet1r doit fournir u11c qt1alilé
c1,11J'or111c it cellc de l'écl1a11Lillcin. 01i rc111are¡11Pra e¡11c la vórification r1'a pas
lics1,i11 cl'e\tre: faiteau 11i1>111c1il 111en1c de la r<'~ce¡Jlio11. 1;arlicle 105 cl11 Codc
cl1: c<>11J111crcc 1111i ll<'~ei1le le ro11traire, 11c s'a¡1¡ilic¡11e e¡11'a11x rap¡iorls el11 ré-
C<'j>lilHIIJairc a,cc le ve>ituricr el 11<>11 ¿\ ses ra¡i¡Jorls a,cc le vc11<lcur.
b) , a-l-il c11 ,enl() el'un 1·or¡Js 1·crlrii11, le ve1idc11r cloit elt'.·livrcr la cl1ose
<la11s l'i'•lat oi't elle élait le>rs de la ,ente (arl. 12/15 el 1G1/1), c'csl-h-1lire e11

rcsla11l rcs¡Hi11sal,le eles lli':tóriorali11n:,; st1rvc1111es a11lre111e!nl 1¡ue 11ar cas feJr-
l11il ou f1¡rcc 1i1ajc11re. 1)1' 1>l11s, le ,c11clc11r eloil rc1n1r,llre h 1·acl1ele11r lo11s
11:s rtcccssoires 1ic l11 cl1osc, ce 1¡ui co111¡1re11cl les f'ruils (art. 1fi1 11, al.:>.) Pt
leJlll ce 1¡ui csl ele!slirió ¡'¡ :,;1Jn 11sagc ¡,cr¡H'itucl (arl. 1G1!1), c1111i1111•. les i11111ie11-
l,l<'s pa1· desli11ali<Jll accc1111¡1ag11aul 1111 i111111c11l1ln (1 1aris, 8 f't)Vricr 188:{, S.
:1:\.·1.!1:Ao), le liCIJll 1)'1111 cl1eval, se•s Jl:l)lit'I'S si c'<'sl UllC !Jete ele sa11g, ele ... ,
, llc111Pll, :.1 <liicc111IJl'e 18!1'.l, !). Jl, !l:\.·1.'.l:\1).
· l'ar a1>1>licali1>11 ele c1•s t,~xl<'s, la (:<,11r lle cassalicJn avail j11gi'· 1¡111• la ven le:
el'nu1• slal11l' 1>11 cl'1111 Lal1l1•a11 e11lrainc la c1~ssio11 :'1 l'aclu·Ll'III' 1!11 1/ruil 1ie
r 1•¡1r111i11clio11 !gra,11rc, ¡>l1ol11gra¡1l1iP, Ple'.. \ 1 • c:Ii. r1'·1111., :.17 11111i 18 11:1,
~- /1:1.1.:\8:1). 11) a,ail la IIIIC sol11lilJII ,¡11i, f'ur111uléc SUJIS rí:se1·ve, <'~lail lo11I

Ll\'RE 11. - TITRE 11. - l'l\Ell!EI\E P,\I\TIE. - CIIAPITRE 11

a fait cxcessivc. 1\ussi le législalc11r cst-il i11tcrver1u.


La loi d11 !) avril I!) 1ei
a cléciclé, da11s so11 arlicle u11iqt1e, que « l'alié11alion d'u11e ccuvre d'arl
n'er1lrai11e pas. a n1oins de co11,·e11lio11 contrairc, l'alit'·11atio11 du droit ele
reproel uclio11. n

Sens, portée, origine de l'obligation de garantie. - (Jarn11tir, c'est


pro111eltre at1 créa11cier la possessio,i ¡1ais1ble et 11lile de la cl1ose c1ui lui est
lransférc'·c, el s'cngager a lui pa)·cr des do111111ages-intérets, }lOur le cas oú
celle pron1csse 11e pourrait pas clre exécutée. J;idée que le clébiteur el'1111e
cl1ose reste lenu de la gara11tie u11e fois la Ii,·raiso11 efTcctuée, a ¡Jris l1is-
a
torie¡uc111e11t 11aissance 1Jropos de la ,·ente, 111ais elle s'a¡Jplic1ue a tous
<1.ulres contrats lranslalifs ('r· art. 170;) po11r l'écl1a11gc, 18t1j, al. ?. po11r
la société, arl. 88 11 pour le parlage), au 1noi11s aux co11lrats ii Litre 011é-
re11x. E11 ell'el, le ¡Jro¡Jre des trar1sferts lt litre gral11il c·est ele ne pas er11-
JJorler garar1lie. La clill'l~rer1ce s'explic¡ue sar1s ¡Jeine L'acc111érc11r ,\ litre 011é-
reux a four11i, 011 s'est o)Jligé lt fo11r11ir 1111e co11tre-,aleur er1 écl1a11ge ele la
cl1ose e¡11i l11i esl délivrc'·e. Sa preslalio11 ou son obligatio11 111ane¡uerail
<le ca11se, s'il t'•tait t'·vincé ele la cl1ose acc¡uise 011 11e recevait qu'11ne cl1ose
ir1co111¡Jlelc, cléf'eclt1ct1sc . .·\11 cor1lraire, le do11atairc c¡ui 11·a rie11 pro111is
e11 écl1a11ge ele la cl1ose elor1r1ée, n'a ¡>as clroil, er1 ¡Jri11ci1Jc, a la garar1lic.
\'ous (liso11s c,1 ¡>rinci¡1e, car la co11,er1tior1 contraire csl possible. De pl11s,
les co11slil11/ions ele clol em¡1orlrr1t ele plei11 droit gara11tie (art. r!1!1o, 15/17) .

I,ogic¡t1t'111e11l elo11c. la l1·gislation de,rait co11sacrrr il la gara11tie eles lexlcs
ele 11c>rll:e g1\11éralr. C'esl ce c¡uc faisail le J>rojcl 11ri111itifel11 CcJcle civil alle-
111a11cl. ,1ais telle csl la force ele la lraditio11 l1islorique e¡11r, ela11s lP CoelP
<.'.ivil franc;ais, el 111c'111l' elans le Ce1ele civil alle1r1a11cl elt'-f111ilil'. 01111e traite ele
la gararitie <¡t1'i1 propcis ele la ,·enlr. Se11IP1r1e·11t il e\sl seius-e11le11el11 da11s nolrc
Coelc, el ex¡Jrin1é for111elle111P11L 1la11s le Cuele civil allcr11a11el (arl. !1/15), lJlle
les ¡>ri11ci¡1cs ainsi J>(>St•s s'a¡i¡1liq11c11l it lo11s les autrcs ccJ11lrals (lP tra11s-
111issil>ll ¡, lilrl' 1J11t'·re11x. sa11f a¡1¡ilicalion eles rt'·gl<'s s¡1(•r·ialcs for111ulérs clans
eles (lis1iositi1i11s ¡>arliculil~r<'s.
l'.ne attlrc, l>l1s1)r,atio11 i1111H>rlanlP sur l't'•tal aclucl 1ll's arliclcs relalifs it la
111alit'·r<', c'cst e111e:, ratie11111elle111!'11l, la garantiP 11'psl e111'1111c f'ace ele l'ol>li-
galiu11 Psse•rtli<.:lle el11 ,·cnelP11r, e111i e•sl ele I ra11sf'c'•rer la ¡Jrc,¡iric'.·té 1I<' la cl1c,s<'.
l\1s l>esc1i11, par c11nsc'·<111c11l, clo lexles s¡1écia11x rclalifs i1 la garantie. Si l'a-
cl1ele11r se lr1111,1• i'trP c'•vince~ ele la cl11>Sl' lJIIÍ l11i a c':tt'· elt'·li,rt'·n ¡1ar Je vc11ell~t1r,
la sn11ctie111 ele Cl'l i11cidP11l ell>il l'lre c«'lll· q11'P11lrai11«' «'11 11ri11ci¡1e la vi11lalil111
elt\ le111LP J>r<i1111•s,-P. c'l'st-;'1-clirl) la rt'•s(il11ti,111 el11 c1J11(ral, P111¡iorln11l rcslit11lie,11
clu ¡,rix <'l i11<le~11111isatie111 c·11 argl'lll 1111 ¡1rt'-j111licc s11¡1¡1li'·111e11lairc. ,1(~11111
se1lulÍlllI ,111tl11/is 11111/11111/is ¡>c>11r l'l1~·1H1IIH\sc el'1111<' c'•vicli1i11 ¡>arliellP. l)P
111e'111<'. la Yl'lll(• «'·111111, c1,111111<: lli11s neis c<111lrals 11Hi1IPr111•s. 1111 ce,nlral ,I<'
li1i1111<: fui, I(• , t'lllicur, 1lc\'r11, e•11 vcrl11 1!Ps 11ri11cipl'S gt'·11t'•ra11x, i11elei11111is1•r
l'ach,ill:111', si la l'l111sl' ¡iar l11i li\'rt'·c ,isl all'l'c!t'•(' 1lc ,ic«'s e¡ui la re111l1i11l i111-
¡irci1irc :'1 l'usagl' 11111· 1,·s 11arlil's avai1•11l «'11 \'lit' 1•11 cc111lracla11l. (:C'l)('lllla11l
el cela 1•sl f'1\ci1<'11"1., Cl'l>)'c111s-111111s • -- 11,,s lt'·gislaliei11s 111l)1le•1·11es <Jnl cr11 11(:-
EFFETS DE LA VEXTE 449
,·oir co11sillérer la gara11lie con11ne constitua11t 11n clief s¡1écial d'obligation,
'
et l'ont rt'·glen1e11tée con1111c telle. Et d'autre llart, elles consacrcr1t des lextes
a
distincts la garantic co,ilre l'éviclio,i et it la gara11tie conlre les vices de la
cl1osc. C'est qu'elles ont sul)i la tyrannie cl'11ne traditio11 séculaire do11t les
racines se trou,·ent dans le Droi t ro1naín !
,-\ Ron1e, la vente pri111itive était 11níq11e111cnt 1111e opératio11 de lransferl
efl'ect11é au comptant par le n1ode solen11el de la n1r111cipatio. Elle 11'enlrai-
nait au clébut a11cu11e olllígalion. Si la 111ancipr1lio a porté s11r la cl1osc
ll'aulrui, de !elle sorte c¡ue l'acl1ete11r ,·ienne par la s11ite a etre éví11cé, la
sa11ction encouruc par le ,·endeur sera d'ordre pénal, car il y a eu délít de
sa part lla11s le faít d'avoír en11lloyé les solen11ités de la n1a11cipatio ii l'at-
testation cl'u11 mcnsonge. L'action pénale attrilJ11ée a l'acheteur évincé est
l'aclío11 a1tclorilalis al}outissanl it lui faire rcn1llourser par le venlleur le
clo11llle llt1 l)l'Íx vrrs1'•.
l)ar1s les cas 011 la 1111111cipatio 11c peul elrc cfl'ecl11ée (ve11Le ele res 11cc ma,1- 1
ci¡ii 011 ,·ente entre 11011-Romai11s), et 01'1 l'on doit se contentcr de la simple
traclilio11, il est pourv11 rl'avance a l'l1ypotl1&se dP l'éviction par 1111 c111ploi
du co11lrat verl}al. S'il s'agit de cl1oses ma11cipi, 011, d11 111oins, cl'olljets de
grande ,·ale11r, l'acl1eteur, par la sli¡1ulatio cl1tpl:r. stíp11le du vendet1r, pour
le cas 01'1 il vie11drait a elre {~vi11cé, le paíen1e11t 1111 dot1Jlle llu prix. Et. po11r
les cl1oses n1oins i111¡1orta11tes. comn1e le mP11t1 Jlétail, la stip11lation ren1
!taúere [i,.erc luí assure, dans le r11e1nc cas, t1ne inclen111ilé n1esur1\c sur le
¡}réjudice ¡}ar luí cncourt1.
Jllt1s larll, nous voyo11s apparaitre I~ ,·ente. co11trat procl11ctif d'obliga-

tions el conlrat lle btl1111c foi. D<'~s lors 011 consill1'.rc c¡11e l'i11clcn111isalion de
l'acl1etcur évir1cé est co111n1a11ll{•c par la )¡011ne foi, er1 clel1ors ele to11le sli-
1¡ulalio11; elle 1}ct1l <~lre pours11iYie {)ar l'acli<Jn 1111~111e clu co11lral, l'actio11
e111¡iti. l\laís on e,1,isage toujour,; l'ollligatio11 <le gara11tie con11ne 1111 efl'et
accessoire, secor1daire llt1 conlrat, ja1nais con1111P l't111e des consí·quences
1le son effcl pri nci Jla 1.
llour ce 1¡11i f'Sl <le l'l1y¡ioll11'.se lle la livraiso11 cl'11ne cl1osc incon11}JelP 011
yicil'tlSC, l'icli'·c 1lc garanlic rcn1onle ;\ 11nc origine l1i:--lr>ri11un1lif1'/•rf'nle <le la
¡>rt'·cé1l1•nte. llrin1iliYe111P11l, <lll rP11crl11lrP,<la11s 11' cas s¡i(•cial 1!11 1l{:faul 1la11s
la conll'1r:1ncc clc'·clarc'·P 1l'u11 fc1n<Js ,Je L0rrP, 11ne acli1i11 ¡i1\nale corrcs¡ln111lanl
;\ l'aclic>II 1111,·fori/11/is, l'arli1>r1 1/,• 11101/11 11gri. <In rPnc<>nlr<· anssi l'en1¡i)1Ji
1l,1 sli¡H1lali<>IIS s¡iécialcs. ~fais la caractc'·risli1¡11<' ,Je la 111alii'·r<) l'SI l'i11tcrvrn-
li1>11 ele:-. ,:1[il1·s 1·11r11lcs. n1agistrats clrargc'·s 1lc la ¡J1lJice <l<'s fuir<~s et 11r:1r-

cl1{\s <'l, c1>1111111• [pis, vPillanl 1\ la ri'•g11larili'· <les Y<'nlrs rl'<)srlaYrs <'l <l'a11i-
111a11x. (:es 111agislrals inslit11,'.1·<'nl, 1la11s 1<'111' {·1lit, en fa\"<'llr il<' lºacl1etl'11r
li'•si'! ¡>ar 1111 vic1• d1• la c)11Js<•, 11111' acli,in 1lc caracli'·r<' ¡1<'•11al, J'11c/i11 re1lhihito-
ri11, s1>rlc <l'a1'.li<>1t 1•n r<'•s1>l11ti1H1, al>oulissanl 1'1 la l'l'slilulion 1111 ¡>rix au 1)1J11-
l>l1·, PI, JH>11r 1l'a11lrcs ras, 111H: acli11n 1lite <1•sl(°11111forill <HJ 1¡11rr11ti 111i1111ris.
t1·11<la11I i1 la r1\1l11cli<lll 1>11 r,•stiluli<>n ¡>arliclll' <111 1irix.
(;ps lra1liti1>ns 0111 ¡>l11s ,,11 111c>i11s inl111i'\ s11r ll's l/·gislalic1ns llllHl1•rnPs. !,l'
<:1Hl<' ci,il all1•111an1I s'cn <1st all'ranclri <'11 ¡>nsa11l <º<' ¡irin1·i1>e r¡11P la garanlic
n'Psl 1¡11'111u• c<>nsi'·1¡11011cr cl1• l'<1IJligati11n ¡1rinci¡Jat,, 1l11 ven1l1•11r ,_arl. !1:{1, PI
1·u111e 11 2!1
LIVRE 11. - 'tITRE 11. - '
Pl\E~IIEI\E P,\RTIE. - Cll,\l'ITI\E II

!140). D'ou il suit que le recours de l'acl1etet1r l)eul s'exercer, non scule-
111ent apres qt1e l'é,iclion a été réalisée, 111ais lies l¡u'il ·y a preu,·e du défaul
·de droi t cl1ez le ,·endeur. En revancl1e, le Code civil alle111a11d s11bi l l' e111-
pire de la tradition en faisant un cl1ef liistinct lle la garantie des ,ices de la
chose.
LP, Colle civil frani;ais (et, a son exe111ple, le Code fédéral s11isse des OIJli-
gatio11s, arl. 192,197) est plus tradilionnel encore. Non seule1ncnl, il raltacl1c
a des principcs dill'érents la gara11Lic eles vices et celle lle l'évictio11. \Iais

encore. il subordonne cette der11iere, sinon a 1111e évictio,1 déja réalisée l)ar
l'ell'et d'u11 jugen1ent expulsa11l l'acheteur, du 111oi11s a u11 fait de lro11ble,
c'est-a-dire a U!l préjudice déja encouru. Le S)'Slen1e parail d'a11tar1t l)lus
singulier c¡ue l'aclion en nullité de la ve11te ele la cl1ose clºaulrui pcut, 11011s
l'avons ,·11 (arl. 1599), elre exercée avanl -n1J111e r¡1t'il )' ail cu lroublc. ,\11
fo11ll, il y a concours entre les dc11x aclion~. ce q11i cst t1ne co111plicalio11
inulile. L'actio11 e11 nullité de l'article 1599, sa11clio11 de l'oliligalion esse11-
Lielle du vendeur, celle de tra11sfércr la pro1Jriélé, tcntl a l'a111111lalion de la
ve11te. L'aclio11 er1 garantie, q11'on se plail a raltacl1er pl11t<',t i1 l'oblig·atio11
de d{,livra11ce, et qui ne suppose pas 11écessaircn1e11l la preuve d11 eléfa11l de
droit cl1ez le ,·endet1r, te11d a olJte11ir ele lui s011 concours contre l'a11le11r
du trouble, ou, sºil ne lleul l'en1pecl1cr, une inden111isatio11 c11 argc11l.
L'une, l'aclior1 er1 11ullité de l'article 1599, se l)rescrit par dix a11~ (art. 130!1 1•

L'a11tre, l'actior1 en garantie, 11e se prescrit c¡ue par tre11lc ar1s.

• l. - Garantie contre l'éviction .


On éludiera s11ccessivemrr1t lrs lrois 11oints s11i,•anls:
• rº Les fails q11i llonnerrt lirt1 a la garanlie;
:iº Ses ell'ets ;

3° J,es dérogations cor1,·er1Lior1nelles c¡11i pe11,·er1l 1\tre apporlt'.·cs au régi111c


de la garantie ordi11aire. Des c¡11'011 se tr1111Ye en présence d'11ne clausc c!P t'<'
gen re, on cli t q11'il )" a g<tra11lie <le J<zil; le r,~gi111c 11r1r111al <'sl cl<'·sig11{· a11
contrairr par l'rxpressio11 ele gr1rn11li1· 1/c rlroit.

1º Faite qui donnent lieu a la garantie de droit. - l)'a¡1res l'arli-


cle 1li·i(i: (( (J11oiq11P, Iors <le' la vrnlc. il 11'ail {,¡{, fail a11c1111c sl.ir111latiri11 s11r
la gara11lir, le ,·p11clc11r Psi 11l1ligi'· tlP <lrr,it ii gara11lir l'ac<111{·rP11r ti<' )'i-vic-
tic111 c¡11'il s<H1fl'rr (lans la tntalilt'~ c111 ¡iarli<' el<' J',1!1jcl Y<'11el11, ,111 cl,•s cl1arg,•s
prt'•lt•11cl11P~ s11r r<'I ol,jPI, rl nrJ11 ,It'·rlar•'•ps l11rs clt~ la vPnlr. ,, 11 r{·sullc ,JP et•
lrxlr c111c· lrois f"ails clr11111c'11I lir11 it la gara11lil': l'{·victi,111 L<ilal,•, l't'•vicli,111
¡111rlirllc, l'exi~IPIIC<' cl'1111P charg<' 11c111 cli'·rlar{•p,

,\. Eviction totale ou partielle. - - l.'«'·virtion, c·1·sl la 1ft1¡1oss1•ssiu11.1/,:


/11 chr,sl' r1:s11ll1111l 1/e fc.r1•r1·i,·,·. ¡111r 1111 li,·rs. 1/'1111 1/roil s11r ftf rhos1~ 1:xcl11anl
In 1111~sPssi1111 ,f,, l'acl11•IP11r. <:" ,Ir,,it 1•x1•rcc'• ,,ar 1111 li,·rs Psi I<' 11l11s :-1111,1•111
le~ clrtiil tlP 11r,11irii'·L{·: (,, Yl'll<l<i11r :1 ,,,n,111 la chosl' ,l'a11lr11i, c•I !111•cr11s 1l11-
111i1111s In r11vP111li1¡11,· ,•nlr<' r.. s 11111i11s di' l'acht•IPur; 111111:, nvr111s vu <111,·, clans
r<· cas, I'ncti1i11 c11 garanliP f'ail clc111l1lt' 1'.111111,,i HYl'C l'ncti,111 1'11 1111lli1,•, 111'
EFFETS DE LA VE:-iTE • 451
l'article 1599. )la is c¡uelqucfois aussi, le droit cxercé par le tiers est diiférenL;
il n'y en a pas n1oins éviclio,i d11 mo111ent que l'acl1eteur est dépossédé;
l'exen1ple le 11lus frappant est le cas d'excrcice })ar un créancier ele l'action
l1ypotl1écaire. Quelquefois e11fi11,l'éviction résullc indirecten1ent d'une action
exercée contrc le ve11deur. par exe111ple, d'11ne action en nullité, en rósolution
ou en rescisio11 clirig<'·e co11tre lui, el qui réflécl1it contre l'acquéreur auq11el
il aYait alié11é la cl1ose.
Quelles conclitio11s <loit réunir la dépossession de l'acl1ete11r pour qu'il ~-
ait éYictÍOII :i
a) Il 11'cst pas nócessairc qu'il }. ait dépossession consacrée par une se11-
lence julliciaire. L'ancienne cléfinition : Eui11cere esl vince1ido i,i judicio (1li-
,¡uill auj'erre u'est pas exacte. Et voici eles cas divers ou la dépossession de
l'acl1eteur conslituc 1111c <\Yiclio11. !Jten q11'elle 11'ait pas été le résultat d'11n
jugen1ent.
") 11 y a cu reve11dication de la part d'u11 tiers, n1ais la prétentio11 <l11
rcve11diquant était si manifesternent fondée que l'acheteur a préféré ne pas
supporter les frais cl'un proces, et s'est retiré a l'arniable.
p) L'acl1eteur conserve la cl1ose, 111ais a un autre litre ..-\insi, il a décou-
vert que le ,,endeur lui avait vend11 la chose d'autrui et q11e, le veras do111i-
11LLS éta11t clécédé depuis, c'est précisén1enl lui q11i était son héritier. L'ache-
teur est bien dépossédé en ta,it qu'aclzeleur, car il n'a la cl1ose q11'e11 i;ft
,¡ualité lI' lzérilier.
'l) L'acl1eleur 11 ·a ja111ais obten u la possessio11. Lorsque la chose lui a été
ven<luc, elle était entre les mai11s <l'un tiers; et celui-ci a repoussé victorieu-
se1nc11t ses le11lativcs ¡)our enlrer en possession,e11 <lémonlrant c1ue la cl1osc
l11i ap1lartic11t c11 pr<>¡Jriété.
/11 ll 11'cst ¡Jas 111<:111c 11écessairc c¡11'il y ail cu dé¡1ossessio1i effecli1•e, pour
q11'il y ail lie11 li recours c11 garantie. ,\lais,cl'un a11lre cr',té, il ne s11ffit poi11t,
con1111e ¡)our l'cxcrcicc ele l'aclio11 e11 r111llilé ele l'arliclc ri'>\t9, q11e l'acl1clcur
ait acc¡11is la cerl.il11cle r111'on l11i a vcndu la cl1osc d'a11tr11i. Le reco11rs e11
g-ara11Lic JJClll 1\[re cxerc<'\ J>ar l'acl1elc11r, lorsc¡u'il y a e11 lro11ble, c'csl-ii.-
dirc ¡>rél!!1tlio111111:1i,1ra11le <1'1111 Licrs. Cela r{·sulle ele l'arlicle 1625, aux ler-
111c:- du<¡11el le ,·cn<lcur clc1it garantir ¡'¡ l'acl1clc11r 1111e ¡Jossessio,i ¡>aisihle.
La 11osscssio11 n 'cist ¡1as J>aisil,I<' <111 1110111e11l. <¡11'ellc esl Lru11úlée.
i:) l)'a¡1rt'!s l'arliclc 88/1 (rclalif' ¡, la g11ra11li<! en 1nati1\rc <le parlage), l'évic-
lio11 11<' 1)111111e li<iu .'1 la g-ara11lie e¡ue si PIie a 1111c• c,111sc n11t,;ric11reau conlral.
:\lais cela n'csl. J>as e11ti1\r1•111c11l cxacl. 11 es! vrai c¡11c, le 11l11s so11venl. IPs
t':victi1111s ¡>r11vc11a11t cl'unc cause ¡>c>sl<':ricurc /1 la vente 11c <lor1nent ¡ias it
l'acl11itc11r <1<· r<•co11rs C<>lllrc le ven<l1)lll',Jlarcc <¡11'p)lcs ne s1Hrl pas, er1 gé11é-
ral. i111¡l11l~1l1l<'s ;\ ccd11i-ci. I•:11 cll'cl.. <lep11is la ''<!lllc, Jp vc11clcur a pcr<l11 la
farult<'· <le cc111stil11<'1' sur la l')H>S<', <'11 f'ave11r <1'1111 li<·rs, 1111 llroil OJ>J>Osal,lc ¡'¡
1'11ch1•lc11r. ritais il 11'y a lit <¡11'1111c c>l1scrvnti,i11 <le f'ail. (ju i11sla11l ele r<'·-

llc~i<lll suf'lil ¡11i11r f'airc a¡1ercPvt1ir <ttH', <lans l>ien <les cas. 1111c i'!ricli<Hl
lcna11l i, 1111<· cause ¡><>sti'·riPul'<' /1 la \Pltln c11g<•111lr<i la gara11tie. Sup11osc,11s
11<\IIX aclH\l<•11rs successif's <1'1111 11H'111<! i111111e11l1l<' <l<)ltl le ~cc<J11<l {\vi11cc 1,~
¡1r<~111i<'r en <lnl<·, J>11rcc <¡11'il a lranscril sa vente 11l11s lul; le rc11dc11r co111-
Ll,'RE 11. - TITRE' 11. '
Pl\E~IIERE P.\RTIE, - - Cil,lPITRE 11

111un sera cerlainen1ent tenu de la garanlie e11vers le pre111ier acql1éreur


évincé. Il faut done substituer une autre for111ule it celle de l'arlicle 884. La
,·érité, c'est c1ue le trouble, pour donner licu á la garantie, ne doit etre ir11-
putable 11i a u11 cas fortuit, ni ¡'¡ la forcr, r11ajeure, r1i ,1u fait 111e111e ele l'a-
cl1eteur. En effet, le ,·endeur ne sal1rait etre respo11sal)le des troul)les rés11l-
tant de faits de ce genre :
a) Co111111e exemple d'un lrouble dt1 tt u11 cas forl11it, SUJJ1Joso11s que
l'adjudicataire d'un in1n1euble soit évincé par s11ile ele la s11re11cl1ere du
sixieme (que tol1te person11e a le droit de faire en cas de vente publique). Il
)'ala un cas fortuit. Au contraire. si l'é,iction provenait d'une surencl1ere
d11 dixien1e, é1nanant d'un créancier l1ypotl1écaire d11' ·ve11deur, celui-ci serail
.

tenu a la gara11tie (V art. 2191. lleq., 18 111ars 1895, D. P. 95.1.505, S.96.1.


3 ,3 ).
~) \' oici 111ai11te11ant une éviclion pro,ena11t de la force 111ajeure. une ,·illc
vend un terrain situé, d'apres un plan de voirie par elle ado1Jté, e11 bord11re
d'une ,·oie pl1blique projetée pour ass11rer la pros1Jérité du c1uartier. lll11s
lard, l"Etat <'.tablit á proxin1ité un cl1e111i11 de fer et 1111c garc. Les ex-
pro¡Jriations qui en sont la suite boule,erse11t le 1ilan ele ,oirie prin1itif;
ce qui co11stitue une grande elépréciation, i1n tro11l)le des droits ele
l'acquéreur. Celui-ci n'aura pas cepe11clant ele recot1rs c11 gara11Lie contre la
"·ille. sa ,·e11deresse (Civ., 17 fé,rier 1863, D. ll. 63.1.9:~. S. 63.1.'.lo9\.
·¡) E11fi11. il y a11ra éviclio11 le11a11t au jlzil lle l'l1chclc11r lui-111e111e, si 11ous
supposo11s qu'au n1on1ent de la ,·entc,l'im111euble élait possédé llar 1111 tiers .

et q11c l'acl1ete11r, bien qu'aya11l tc,ut le lc111ps et la possibilité cl'i11terror111Jr<•
la prcscription, l'ail laissée s'accon1plir ¡, so11 clétri111e11l. L'acl1elc11r 11'a ici ;1
s·c11 prc11clrc <¡11'.'t sa llro¡Jre négligence. Et 011 rc111arr¡11era CCJ)e11tla11l l¡u'e11
cecas I'évictio11 re111011le á 1111 fait. a11tt',ric11r 11 la ,ente. lec111cl esl la prisc
ele ¡Jossessio11 de l'us11ca1Jan 1.

De la garantie en cas de vente forcée. - l◄'aul-il, 1io11r 1¡11'il y ail lie11


1'1 g-ara11tic, <¡110 la vc11lc ait {,¡{, vofo11/r1ir,: ;i
1~11 111alit~rc <l'ex¡Jro¡Jriatio11 ¡H111r ca11sc <l'ulililt', ¡i11lili1¡11c. il 11'y a certai-
11c111c11l 1ias lieu i1 g-ara11lir- (11i JHJur {,,icli1i11. ni ú raisr,11 1l1•s, ic1·s 1. I,'<•x-
prc1¡irialir111, Pll P(l'Pl, JHirge l'i111111r,11l)le 111, l1n1s l1·s 1lr1,ils r{·1•ls <¡ni ll<'1IY1•11l
Ir, gre,cr, el lt•s lransft1r111c 1•1111111lr11it sur l'i11dc11111ilt', (1,. <le 18 111. arl. •í
Pl 18,. I

,1ais 1111i1l 111111r lr,s v1,11lcs sur saisic i1S11¡1¡ic,s1111s 1111 adju1licalair<' sur
saisi<' i111111l1l,ilii,rc «'•vine{, 1lc l'i111111c11IJlc ¡,ar l11i ac11uis, ¡iarce 1¡11c la saisi1·
avail ¡iorli'·. ¡,ar 1,rr1·11r. sur un i1111111·11l,l1• 11'a¡1¡1¡1rl1·11a11I 1111s 1111 1li'·liil<'11r.
11 a ccrlai11e111c11l 1lr1,il ;'1 garanliP. ,1ais la 1lifficu(I,'· c,111sislc ú <l«':lcr111i11cr
11, gara11I. (:e n'csl ¡>as i'·,i1l1•1111111·11l 11• lril1u11al 1111i a 11r1l11111fl'• la 111is1, a11x
1•11cl11':r<"s. 11 )' a a11ssi 1l1: l11H111Ps rais1111s 111,ur ex1111{,r1•r 11· saisi, car il 11·a
11ris a11c1111 1•11gagP111c11I. l.a ,·e11le 11'a 11as {,ti', fail1• ¡1ar l11i, 11111is c1111lr1•
l11i. l)c ¡1l11s, 1111 r1•c1111rs c1111lre l11i s1,ra gi'·11i'·rall'11H•11l ill11s,1ir1'.. t•:11 s,11111111•
C<" so11I les cri',u11ci1•rs saisissa11ls 1¡11i, rali1111111·llc•1111•11l, 111:, rai1•11I ,~lrc• as-
Lrci11ts 1't la garanlic. lls rpss1·111l)lc11l it 1111 ,1•111[1,11r 1,11 ce 1¡11'ils 11111 l1111rlu'·
EFFETS DE LA VENTE 453
le prix. On objccte q11'ils en clifferent en ceci d'essentiel que la propriété
de la cl1ose vendue ne leur a jan1ais appartenu. Mais on peut répondre qu'il
en est généralement ainsi dans les hypotheses les plus pratiq11es d'éviction,
c'P,st-a-dire dans les cas de ,,ente de la cl1ose d'autrui.
Les a11teurs adn1ettent cependant en général une solution contraire, et
clécident que le ,,encleur, c'est le saisi. Les créanciers saisissants, auteurs
véritables de la vente, doivent etre considérés con1me ayant été ses manda-
taires. et cela en vertu du clroit de gage général q11'un débiteur confere a
ses créanciers sur tous ses biens. Le raisonnement esta coup sur ingénieux;
mais il est critiquable. ,-\d111ettons qu'il }' ait eu mandat implicite, le débi-
teur a pu donner a ses créanciers mandat de vendre au besoin ses propres
biens, a lui débiteur, mais non des biens ne lui appartenant pas. 11 est vrai
que, pour ren1édier aux conséquences facheuses d'un tel systeme, on pro-
pose cli·vers palliatifs, et, notamment, cl'autoriser l'adjudicataire évincé a
exercer u11e actio11 en répétition de l'indu contre les créanciers saisissants
a11xquels le prix de l'in1n1euble a été colloqué. ~lais cette sol11tion prete a
la critiq11e. Les créanciers colloqués n'ont pas rer,u l'ind1i. Ils ont touché
ce qui leur était du; siiun1 receperu11l (V. art. 1376).
On invoque, d'autre part,l'article 1377,accordant l'action en répétition de
a
l'indu ccl11i qui a paJé par erreur, se croyant (/ébileur. ~lais si l'adjudica-
taire a erré en payant les saisissants, il était cependant réellement débiteur
cl11 prix d'adjudicatior1. De plus, comrner1t invoquer l'article 1377 dans le
cas ou l'adjuclicataire, sans attendre la collocation, a versé an1iablen1ent le
prix, en l'acquit cl11 saisi. entre les mains des saisissants? Peut-on dire alors
(Ju'il a con1mis l'erreur de l'article 1377? Non: il a sciemn1ent payé la dette
cl'autrui, ce c¡11i ne peul clor111cr ouverlure a l'aclion en répétition.
Si pourlanl or1 aclrr1el q11e les saisissants pe11vent elre tenus de restituer
le {)rix, par a1)plicatior1 de la co11(liclio iriclebiti, du moins est-il certain que
a
l' aclj11d icala i re 11c sera i t pas fondé leur r(\clamer les do111mages-intérets
C()r11pli'\rne11laires c111i, adclitio11r1és a11 prix, co1111)lete11t le montant de l'in-
(le111niló cl,i garar1lie. Ces clo111111ages-i11térels 11e pc11ve11t c'\tre poursuivis
<111e cor1lre le saisi, ll11isc111n c'<\sl l11i ((tli est le garant. 1'outefois, les saisis-
sa11ls ¡io11rraiPr1l en (\tre le1111s, s'ils avaicnt cc)1r11nis clar1s leurs poursuiles
((Uelc¡ue f'a11!(1 ¡>ersonnelle ayanl er1lrainó l'{iviction de l'adju<licalaire, par
<'-.:c111¡lle,s'ils avaiP11l 11{·glig{i 1le faire les 11olilications prcscrilcs a11x créan-
('.iers l1y¡)oll1écaircs i11scrils.

I\. Trouble de droit et trouble de fait. - l)'aJlrbs la <lél111ition que


11<>11s HV(lllS (1(11111{\c (le 1'«'\vicl.ion,il 11'y a lro11blc,c'est-.'1-clire r11cr1ace cl'éviction
<l(111111111l lic11 :\ gnrantin, ((ttc s'il s'al-{il (1'1111 lro11/Jle de ,!roil, c'est-a-dire
r«'•s11lla11l (l'1111c (>l'{\lcnl.i(>ll j11ri<li(¡11c ele la 1)arl (l'u11 liers. Le ll'oul,le defait,
c'(•sl-.'1-(liro c(•lui <(tti 11(1 r{:sulle ¡Jas cl'1111P Jlrótnr1lio11 j11ridiq11e, 11'csl pas
1111c cause <In garantin, a11 111oi11s (¡11a11(l il {11111111c cl'11r1 liers.Co111r11er1t )'ac}1e-
lc11r JH>t1rrail-il J'Pll(lrn )(! verul(iur res1><>11salilo <le l'11s11rpalio11, <le la voic do
fail, (le la (ll•graclalillll C(>111111is,,s Jlar 1111 tiers, (!l 1¡11i SIJJlflri111enl 011 rcstrci-
¡.:11c11t sn j(111issa11cc ~ I.c lro11liln l11i csl (111 riialitó i1111>11lalilc, ,\ l11i acheleur,
454 .
LIVRE II. - TITRE II. -
'
PREMIERE PARTIE. - CHAPITRE II

puisqu'il dépendait de lui de le faire cesser, soit par l'emploi de son énergie
a
personnelle, soit en recourant l'autorité publique. Done le ,·endeur ne ga-
rantit pas l'acheteur contre le simple trouble de fait provenant d'l1n tiers.
En reva11cl1e, il le garantit coutre le trouble de fait qu'il commett,·ait lui-
a
1neme, car la bonne foi l'oblige ne ríen faire qui din1inue la jouissance
de son acheteur. Ces principes sont nettement consacrés, en matiere de
louage, par les articles 1725 el 1726.
De no111breuses et intéressantes applications de cette double regle se
a
rencontrent d-:i.ns la jurisprudence pro pos des ve,ites de foncls de co,nnzerce.
La concurrence faite a l'acheteur par un autre que le ,·endeur est un trouble
de fait dont le vendeur ne répond pas. ~iais, si le ,·endeur faisait per-
a
sonnellement concurrence son acheteur, il comm'ettrait un acte de concur-
rence déloyale: l'acl1eteur pourrait lui demander compte par l'action en ga-
rantie de ce trouble de fait personnel. Rien de plus simple en pri11cipe.
Cependant, la matiere donne lie11 a bien des difficultés ele détail.
Supposons d'abord que l'acte de ve11te du fonds de comn1erce contienne
une clause forn1elle par laqt1elle le vendeur s'interdit d'exercer le meme com-
1nerce. Cette clause cst-elle obligatoire, n'est-elle pas contraire au príncipe
de la liberté du tra,·ail et des professions; des lors ne tombe-t-elle pas sous
le coup de la prol1ibition de l'article 6 du Codo ci,·il ? 1\ qt1oi la jurispru-
dence répond par la distinction suivante. L'inter<liction absolue pour le
ve11deur d'exercer tel cornmerce, telle i11dustrie, est inad1nissible. Elle cst
au contraire ,·aJable si elle ne s'applique q11'a certai11s lie11x, certains péri-
• , metres déterminés ; il reste alors au ,·endeur une liberté s11ffisa11te ( l\eq.,
8 no,·en1brc 1904, D. {J. 1906.1.489, note de M. I~acour, S. 1910.1.119¡.
Sup¡)os1)11s r11ainte11a11t que l'acte de vc11te soit resté r1111et s11r la q11estif1n
de co11cu1·rc11ce. 11 est depuis lo11gte111ps ad111is c111e la cla11se doit &tre e11
général supplél>e, et que le Yer1dcur cloit s'i11terdire de concurre11cer son
act1ete11r tians un certain péri1net.re ,·oisi11 cl11 lie11 ot'1 esl exploité le fo11ds
vendu, co111111c au ssi de s'intércsser <lans u11 <'•tal)! issP111e11 l rival ( lleq.,
8fé,·rier 1v11, 1). 11• 1i11:i.1.173. \'. cr¡1. l\Pr¡ •. ·1!¡j11illPl l!Jo8, 1). {J. l!)º!l·
1.:181, note de \l. l.aco11r, S. '!lº!l· I 'l!II). 11 y a lh 11nc s11itc 11ormalc cl11
co11trat q11i. a11 111oi11s c¡11a11tl il s·agit cl'1111 f1,11ds co111111crcial, con1¡)rcr1ri
l'aclu1la11dagc aula11I <¡uc le 111aléricl 1111 Íllllds. I,a co11c11rrcnce cla11s 1111 lr,-
cal voisi11 serait un troul)lc de fail, 1lc111t l«' ,er1clc11r Psi len11 de s'al,sltH1ir
pers1111111) 11 t• 111 <' 11 I .
Muis 1¡111) 1li'•ci1lrr .'t l"i'•garcl «les a~·a11ls ca11se <111 YPtHIP.111' :1 S«'.s l11•riliPrs
0\1, ce qui revil'nl HII llll\lllC. sa VCIIV{'. COllllllllll(' (~11 liif'IIS, ll SIIJJJ)flSCI"
qu'elle uit accc¡>lÚ la c1,11111111111111t/•, ti11iv1•11l-ils ¡iarnille111enl s'nl)sl.<inir ele
co11c11rre11cer l'.1cl1ele11r ? Succi'•1l1i11t-ils 1\ cctlc 11liligali1111 de l1•11r a11l.e11r ?
0u, 1111 contr11in•, n«· f)(Jlll-1111 ¡ias 1lirc c¡uc c11ll11-ci ¡1rt'•sc11tc 1111 car111'.l1\re
rig1111rcus1i1111J11t perso11nel q11i la rP1ul i11tr11r1!!r11ii..-.ibln ~ J,11 j11ris1ir111lor1ce
aemblc l1ésita11tc. 11 y a <les <lécisi,,ns 1¡11i 11'111l111cllc11I ¡,ns c¡11c ln YPt1ve
a
spit, a11c1111 till"r. le1111c tle s'11l)ste11ir di' C(l(IClll"J'l'IlCIJI" 1·11cl1l'll'IJI". cl11 lll(l-
n1ent qu'elle n·n ¡1c>i11I ¡1artici¡,ú ¡1ersc11111ellc111P11l ;'¡ la vente cJ11 f1i11tls
(Montpellicr, :11 j11illPt •!Jc>5, l>. 11 • •i11>7.·i.'.l<>!J, 1111Le de i\1. l.uc1111r¡. 1)"1111-
EFFETS DE LA VENTE 455
tres aelmellcnt la transr11ission de l'c¡bligation a11x fils elu vendeur (París,
21 févricr 1900, D. ¡i_ 1900.:>..!1¡6, S. 1903.:J.210). Nous croyons qu'il faut
écarter ici les ielées de transn1issil)ililé ou d'intransmissibilité de l'ol)liga-
tic)n. II s'agit de savoir s'il y a eu ou no11 trouble de fait. Ce á quoi l'hé-
ritier ou la ,·e11,·e sont ten11s, co111n1e le ,·ende11r, c'est, non pas de s'abs-
tc11ir cl'exercer 11n cor11rnerce ou 1111e i11duslrie sir11ilaire, n1ais de con1mettre
a
1111 trouble de fait l'c11conlrc de l'acl1etcur. Done, il ,.• aura concurrence
délovale

seulcr11ent a11 cas 011 l'l1ériticr 011 la vc11,e exerceront une i11dus-
trie dans des condilions JJrelant á co11fusio11, et permcttant au pulJlic de
croire qu'il se trou,·c encorc en face de l'ancien titulaire du fonds ou d'une
111aison U}ant repris ses traditions, ses procédés de fabrication, etc ... 11
y a11ra concurre11ce licite, a11 contraire. s'il r1'y a pas de confusion possil)le,
par exemple. si le con1n1ercc est exercé par un l1éritier, parent éloigné ne
porta11t pas le n1en1c 110m, 011, r11e111e er1 cas de sin1ilitudc de no1r1s. s'il
s'est écoulé 1111 laps de ten1¡Js suffisant ¡1011r que le sou,·enir de l'a11cie11nc
111aison soit présurr1é éteint dans la clie11tele.

C. Charge non déclarée. - D'apres l'articlc 1626, le ,cndcur doit ga-


ra11tir l'achetc11r « des cl1arges prélendues sur l'objel ,·endu et non décla-
rées lors ele la venten. Et, pl11s loi11, l'article 1638 nous ¡Jarle ele la
gara11tic due par le vencleur,« si l'héritage vendu se trou,·e grevé; sans qu'il
ail été fait de déclaration, de scrviltl(lcs 11011 appare11tes ... de lelle impor-
ta11ce c¡11'il y ait lie11 ele présun1er q11e l'acq11éreur 11'aurait pas acl1eté s'il en
avait {,1é inslr11it n. Le dér11e111l1re111en t, l'a111oindrisscme11t de son droit
soufl'ert par 1·acl1ete11r clans ces circo11s!ai1ces est ei1 tot1l point comparal)le
i1 i1nc t'·,iclior1 parliclle.
l 1r,11rr¡11oi a,oir i'·elicl{• ici u11 lextc spécial) L'l1isloire seulc peut l'ex¡1li-
c1ucr. L«'s llo111air1s 11'acl111ellaicnl point. qt1c la róvi',Jalio11 d'1111c servilude
1111l clci11ner lie11 A u11 recours er1 g·ara11tie ele la parl de l'acl1e!cur, soil ¡Jar
l'aclio11 c.,; sli¡1t1h1li1, soil. ¡1ar l'acli<)Jl c,nti. l,a raisor1 e11 étail que, dans
le11r ¡icnséc, el. t'•lanl 1lci11111': l'élal t',co110111iq11e cic la propriétú fo11ciere,
1·acl1<'l<'11r 1l'1111c lcrrc rlc,ail lo11jr¡11rs s'allcnclrc it la lrr,11,er g-re,c'·e ele ser-
' il11rll·s.(:p¡H'rHlanl. il y avait lie11 it rPcr111rs l1irsc¡11P, JJar 1111e clausc spt'~cialc
1l1• la V<'lllt•, IP fcincls avait t'•lt': clt':clart'· cxc111¡1l cln scr,il11c-Ic, ,·er1du uf o¡ili1111is
111,1.ri11111s. 1\11 conlrairP, l'anciPn l)r11it. f'ra11c;ais a1i111il la garar1lic i, raison
tll's ella rgcs 11011 1lí:clar1',ps, 1'.t ti I re cl 'a¡>¡>I ica li11r1 <le la g-a ra11 tic cortlrc les
,icrs r1'·1lhil1il.11ircs cacl1t':s (l 111ll1i1:r, ,.-e,1/e, 11" :101). Le (;1,clc civil, l11i, ralla-
cl11· la g·aranti1: c11 qu1,st.i1llt /1 l'l1y¡Hill1esc d'unc i:,·iclio11 part.icllc; il a, en
1111l'l1¡11,~ s<irt.1•, g-1\11{:ralist'.: el s1Jt1s-c11t.c111iu la cla11sc u¡1/i111us 111n.1:i1111ts du
llr1,il r1,11i:1ir1. ce c¡11i 11n·rc 1111 inl{:r,~l 11ralir111c a11x cleux ¡i1ii11ls ele , 11c
s11i,a11ts:
(/·1 l,a g-11r1111lic nsl 1l11c 1111'1111J ert eas ele l'Clllt! .i1irlici,1irc. ce c¡11i 11'a11-

rail 1ias lic11 si 111111s a\'iri11s C<Jns1irvc'· la co11c<'11li<111 clr l'ancieu l)rriil, le <:cicle
r•x1•111rilanl cPs ventes el<' In gnra11tic c1J11lrc les ,icPs cacl1c'!s (\-. nrt. 1(i/1nl-
/11 l•:lanl clr,11111•~ r111'il s'agil ici 1!'11111' garanlie con Ir<' 1111P ,aric'•.ti: ,1·,·~,iclic,n
1iarlinll1•, 11· \'t'nch•11r 1l1iil 1IPs 1l1>111111agcs-i11lc'·r<'·ls, 1111'111c s'il <'sl 1lc 1,l>Illl<'
456 Lr,·nE II. - TITRE 11. - '
PRE~IIERE P,\RTIE. - CIIA.PITRE II

foi ; au co11lraire, e11 cas de , ice cacl1é, les llomn1ages ne so11t clus que par
le véndet1r ele n1auvaise foi (art. 1645).
La loi, nous l'a,·ons ,·u, exige, pour que la révélation de la cl1arge greva11l
l'objct vc11d11 en1portc garantie, que cetlc cl1arg·e n'ait pas été cléclal'ée, ou, •
ce qui revient au n1cn1e, connue de l'aél1eleur au n1on1ent de la vente
cl'une n1aniere c1uelco11c1ue. Et l'arlicle 1638, ú propos des sel'viludes, tire
cl11 })ri11cipe cette co11séc1ucncc c1ue l'existence de servitudes a¡1¡1are11tes ne
don11e pas lieu a la gara11tie. Conséqucnce d'une Iogiq 11e peut-ctrc un peu
étroite, car l'apparence de la scrvituclc pe11t quclquefois ne pas co11slituer
l'acl1eteur en faule, s'il a cru, par exe111ple, que les signes extérieurs de
cette servitude ne se référaie11t qu'a une sin1ple toléra11ce.
:\ous croyo11s que, au n1oins lorsqu'il s'agit de' se1·vilu<les, le príncipe
posé par les articles 1626 et , 638 doi t se con1bi11er a·l'ec celt1i de la JJublici té
actuelle des n1utations i111r11obilieres; ce q11i rc11clra l'a1)plicalio11 ele la ga-
ra11tie extrc111e111ent rare e11 fail. Les servituclcs réellcs 11e so11t en ell'et op-
posablcs ú l'acl1eteur que si elles ont été transcrites. Or u11e servitude trans-
crite 11e pcul etre co11sidérée cor11111e 11011 déclaréc. <)n re111arc1uera que le
111e111e raisonr1c111c11l 11e scrail pas ad111issilJle a propos cl'une l1y¡Joll1eque.
Certes l'l1ypoll1eque, elle aussi, a bcsoin d'a,oir été re11due 1Jublic1ue pour
se tro111·er opposal}le ú I'acl1elcur. Ccpe11cla11t, l'i11scriptio11 ele l'l1y1Joll1eq11e
11e s11ffil pas JJ011r cxclure le rccours c11 garanlic de l'acl1cteur. E11 clfet,
l'évictio11 résulla11t ele l'l1ypoll1ec1ue esl p11rc111c11t éve11/1telle; elle cst sul1or-
clo1111ée ú ce fai_t, e11 so111111e a11or111al. c111e le clé)Jileur ne s'acr1uillera ¡ias (le
son c1IJ!igatio11. ,\11 cor1lrairc, l'cxercicc el'u11e scrviluclc clt1111c11t lra11scritc
11'csl pas éve11l11cl, 111ais cerlain.
l)'a11lrc ¡1art,11011s esti111011s c1u'il 11'y a }las ele rcc<)lll'S c11 gara11tic /1 raisllll
<le la révélatior1 cl'u11c scrvitude 11<1l1trcllc 011 lé!J<lle. Car, d'a!Jorcl, ce 11e so11t
1>as lit, ú propre111c11t ¡iarlcr, ele ,<'·rila)Jlcs scrvit11dcs (\'. 11rJlrc t. J•r, p. 735);
el, tlt' ¡ilus, tic parcilles cl1arges 11e }lCt1vent ja111ais 1!lrc cr.insielérécs c<n11111c
i11co1111t1es tic l'acl1clc11r, 11111 11'élar1t censé ig11orer la loi.
Les cas r¡u'il faul s11¡>¡>tlSl'I' IHJlll' <111'il y ail, a11jo11rd'l1ui, licu it l'a11¡,lica-
tio11 de la gara11Lic ¡>011r cl1argc 111111 elt'·clart'·c s1•r<Jnl d11nc, /1 Jltllre a,is,
se11lc111e11l les s11ivanls:
<t') l,a scrvit11tle a t':l<\ c<111slil11t'•e ¡>ar 1111 111011c 11i111 s<111111is ú la lra11scri¡>-
tio11, c'esl-/1-clirc ¡iar la elesli11alitlll 1111 ¡1<'·rc d!' f'a111illc <>11 J>ar 1111 ¡1arlage.
b') La scrvil11<lc résullc 11'1111 acle S<lllll1is /1 la lra11scri11Lio11; 111ais cPll<:-
ci a été ell'ccl11é<: <la11s l'inlcr,allc c<n11¡1ri:,; cnlre la vente Pl la tra11scri1itirlll
<le ccllc ,c11tc ¡1ar l'acl1Pl<•11r. J,a 1111),licitt': <¡11i l11i a t'•l<': ainsi <1<11111<'·<', lr111l
c11 la re11tla11l l>11¡1osal1I<· ;\ c<·l aclu·lPIII', 11'<'·1¡11i,a11l ¡ias cP¡>e11cla11l. ;\ 111H•
<l<':claration, car c'csl a11 IIH>J11<·11l. <le la ,cnl1: <1uc l'acl1elc11r a <111 s<: ri:11sci-
g11cr.
e') l•:111111, la cl1argc 11c11t 1\[r1: 1111 <lrclil 11<111 S<>11111is :\ l.ra11scri11li1H1, <'<1111111c
le elroil <1'1111 l<H:atairc r<'•s11ll1111I <1'1111 I,ail <le 11111i11s <In <lix-lt11it ans; 111 <lr<>il
<le ce !1,calair<· Psl <111¡H>sal.1IP ;'1 l'acl1cl1•11r 11111s1i1111a11l la si11111li: :11:1¡11isili1111
<l'u11t• 1lalcc<·rlai11«' arl. 17/1:!1, <'e <flli IIP c1,11sl.il11<: ¡1as 1111" ¡1111,licitt'i (ll<•q.,
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EFFETS DE LA. VE'íTE

Cas d'inexistence d'une servitude active déclarée.- C11e l1y¡loll1esc,


in, erse <les ¡lrécé<lenles, et cependant ielenlique a11 foncl, est celle ot'1 le ve11-
0

deur a, dans l'acte de ,-ente, déclaré q11e le fonds était 111uni ele serviludes
qui, apres ,-érificatio11, se Lrouve11l ne pas exisler. 11 -y aura, évide111111e11t,
<lans ce cas, lie11 it l'action e11 gara11Lie. C'est une éviclior1 partielle. :\Iais
c1ue décider si, e11 del1ors de toute déclaralion, il y avait, au 1noment de la
,-e11le, u11 étal de fait per111ellar1l it l'acl1eleur ele croire ¡\ J'exislence cl'11ne
servitu<le a¡1¡1a1·e11le? llar exen1ple, la n1aison qui luí a été ve11cl11e posséelait
eles fe11clres llercées de telle fa<;on qu'il devait croire it l'exislence d'11ne ser-
vitude de vue. Plus lard, le voisi11 a fait lJ011cl1er ces vues en clén1ontrant
e1u'il n'y avait pas servitude, n1ais si111ple lolérance. On trouve u11e décision
adn1etta11t. en pareil cas. le recours en garar1Lie de l'acl1eleur (Req., 6 février
1889, D. ll. 90. 1.390, S. 92. 1.360). 11 est ,,raí que l'espece présentait celte
circor1slance que la n1aison avait élé ve11d11c lla11s l'élal ou elle élail, pl1rase
qui pouvait clre i11lcrprétée con1111e u11e déclaralio11 i111plicile.

:1° E:ffets de l'obligation de garantie. Est-elle indivisible? - L'o-


bligatió11 de gara11tie aslreint le vende11r aux lrois preslatio11s suivantes :
l\.. - Cne aúsle11tio11 d'allorel. 11 doit s'abslenir de troulJlcr l'acquéreur
1la11s la llosscssion ¡iaisilJle ele la cl1ose. Et on se souvienl e1u'ici, il serail
res¡1011sal1le d11 lrouble lle jl1il a11ssi bien que d11 lrouble 1/e llroit.
n. -- Si 1111 Liers se livrc, it l'enco11tre de 1·acl1eleur, l11111 lrou)Jle de elroit,
le ve11llc11r lloit ¡1re11drefail el ca11se llour l'acl1ete11r, l11i fo11rnir les 111oyens

lle repo11sscr la llréle11lio11 aclverse, et, it ccl elfet, répondre a l'a¡1pel en
f/lil'<l11tie r¡11e l'acl1cle11r f,Jr111e co11lrc l11i.
(~. - Si l'<'·victi,J11 csl co11so111111t'·e cnfi11, le vcnllcur tlc)il c11 réJJ(ll'CI' les
co11sé,1uc11ccs c11 rcstiluanl le })rix ú l'acltcleur el c11 luí four11issar1t, ali
IJesc)i11, tics clo111111agcs-i11Lér,\ts el cl'al1lrcs ¡1reslatio11s ¡lécu11iaircs.
Le si1111Jlc t'-11oncé lle ce lle Iri1Jlc o!Jlig·atio11 11ous per111cl ele lra11cl1cr la.
1¡11csli1i11 s1n1,c11l tlt'•liall11e ele sav,>ir si l'cil1ligatio11 lle gara11lic Psl 1/iuisible
•>ti i11,tivisiúl<', ce 1¡11i 1Jr1·sc11lc 11n gra11ll i11Lt'!r<':L prali1¡ue, 11<Jla1r1111e11L a11
cas <it'i le ,cn1le11r clt'!c,\ll<', laissanl JJl11sic11rs !11:rilirrs. l),Jil-<in 1lir<) alors
c¡uc I',>l)!igali<)Il se llivisc <le J>lcin 1lr1)il cnlrc les l1i'·riticrs ll11 ,<>nelc11r, lle
tcllc sorlc 1¡11c cl1ac1111 1l'eux ne sc>il lenu 1¡11e ¡><J11r sa Jlarl lle l'1)!)ligalio11
1le garanlie ~ (art. 1:.i:>.<)). <)u liicn, au cc>nlrairc, fa11L-il ael1r1ctlrc 1¡11'il s'agil
ici 11"1111,• 1>l>ligalion in1Ii,isililc), lle tellc s,Jrle 1¡11c cl1ac11111les co-llébitcurs
¡iuissc t•trc aslrcinl i1 lcn1tc l't'•le111luc 1lc la ¡1rcslalir>11 :i (arl. 1:.i:.>.:.i). •
,\ cPllc c¡111·sli1111 <lll 1ic· IH)11I. faire 11ne l'!'fHJllSC al)scJl11c. J,a sol11lio11 <lt'~-
¡1e111l <IP cPllc <les lrc>is 1>rcslalic>11s in1li1¡11t'·cs clonl il s·agit. l,'o!)ligati(111
lle ,.,:¡,,1r,ir 1'1'.vicli1>11 c1111so111n11')c csl. c1.)rlainc111cnl 1livisililc cnlre les l1éri-
lÍ<'I'S, llllÍs1¡11'Pll1) a ¡H111r ,>l>jcl 111}(' llrcslalÍ<)Il 11t'·c11niairc•. 1111<' s,J111111c cl'ar-
g1•11l: cl1a1¡11c J1i'·rilier 11e SPl'a 1!1111c l1•n11 c¡11c 1>c>11r sa ¡iarl'll<' l'i111lc11111il{·
1111,· i1 l'acl1t)le11r t':, inci'•, .\ l'invers<', l'c>l>ligali,J11 1le ¡1re111lre f11il el c<11tse
¡>1>111" 1'acl}(ilP11r lr,J11l>l1'. PSI. i1ulivisil>l1•, car elle a JHJIII' cJlijel. 1111 Jail, ccl11i
11!) ¡1rP11<lrc ¡iarl 1'1 1111<' insla11c,· j111liciair,!, 1¡11i n'csl ¡,as s11s,·c¡ililile 1le
,li,isi,111. l•:nlin, In j11ris¡ir1uJc11cc 1lt'•ci1lc 1¡11<' l'oliligali,in 11/isf1i11si1•e ,¡11i cc111-
• .,

458 LIVRE II. - TITRE II. - '


PREMIERE P:\.RTIE. - CHAPITRE II

siste :\ ne pas troubler soi-1ne111e l'acl1ete11r, est aussi indiYisil)le, 1111e al)s•
tentio11 n'étant pas pl11s diYisil)le qu'un fait actif (llec¡., 8 r1oven1l)re 1893,
D. J>. !)4.1.417, S. !)4.1. 401). ~011s croyons cette n1aniere de voir contesta-
l)le. Une reYendicatio11 partielle, porta11t sur u11e quole-part d'un ir11111e11ble,
par exe111ple, est parfaiten1ent possible. S11pposons qu'11n pu pille !1éri te,
po11r u11e part, d11 t11teur, so11 procl1e parc11t, dont il est créancier J)Ot1 r
cause de n1au,·aise gestio11. On ne ,·oit point po11rq11oi on lui ref11sera, po11r
le lc)ul, le droit d'exercer son l1ypotl1<':quc légale contre le tiers acq11ére11r
d'1111 in1111euble d11 tuteur, alors c¡u'il 11'l1érite ele ce t11teur c1ue pour u11
tiers 011 u11 c111art '.

,\. Premiare obligation du garant: Ne pas troubler l'acheteur.


- Si le ,·cnde11r 011 son l1éritier 1)réte11dáit troubler l'acl1eteur, cel11i-ci le
repousserait au rnoye11 de l'exceplio11 1Je· gara11tie (c'est le pre1nier ser1s
d'1111e ex1Jression c111i, 11011s le verrons plus loi11, a parfois e11core 11ne a11lre
acce1)tio11). Qtti 1loil la gr1ra11lie 11c ¡1e1il pas é1•i11ce1·. '.'\011s aY011s clt'-ji1
re11Cllll!ré pl11sie11rs applicatior1s de ce 1)rincipe en n1aliere ele lrotthlc •
,te
.fail. ~=n ,·oici de 11ouvelles e11 111aliere de lro1il,lc de 1lroil.
a) Le Ye11de11r ele la cl1ose cl·a11tr11i ne ¡Jeut i11Yoquer la 1111llité de l'arti-
cle 15!l!l· Se11I l'acl1ete11r posseele ce clroit.
• '1 1 l,e ,cn1icur ele la cl1ose 1l'a11tr11i r1e pc11t l)as 11011 pl11s rcve11diq11er
l'i111111eul)IP, s'il e11 clcvir11t prlipriélairr c.1.: <1li<1 ca11s11, ¡Jar exe111plc, e11
héritant (!u i>c1:11s (lomi,ius .

• e1 Le 1•er11s 1lomi11us lui-rr1en1e r1c ¡Jc11 t llas rc,·encli<¡11er sa pro¡ire cl1ose
s'il Yie11t it l1ériter ele celui e¡11i l'a re11el11e. el s'il accepte sa s11ccessio11.

li. Seconde obligation: Garantie incidente. - 1.a sccr111dc ol1ligatior1


(!11 Yrncleur consiste á assister l'acl1elc11r e11 j11slicP, lorsq11e cel11i-ci csl
tr1111l)lt'· ¡iar la ¡1rélc11tior1 el'11n LÍl!l'S. 1,orsc¡uc l'11,~l1etcur r11ct en ca11sc S<Hl

,·cr1<lc11r. r11 11,1rcille circc111sla11cc, on clit q11'il y a gn1·a11!ic i111·icl,·11!1•. 11 y
1111rail., a11 cc>nlrairP. f/Or1111/it• ¡1ri11ti¡111lt: si l'acl11•lc11r lrc111l1lt'·. a~·a11t laisst'·
CelllSOllllllt'l" S()Il t'•,icti,111. avait allC'll(III ('f' lll(llllt'lll 11011r ('XI'("(',('(" S(lll reC(llll"S
1·1 rt'·cl11r11cr so11 i11<ic111nisati1>11. t.c <:1HII' 1ln ¡1r,H·i'·1l11rP ri, ill' co11sacr1! ¡1l11-
sil'11rs arlicles (nrl. 17:, :'t 18:,) :'t la gara11tic i11ci<IP11lc. 11 pcr111ct a11 JH>Ssl's-
scur tr1,11hl{· cla11s su lloss1~ssi1>11 11',111pc>sc·r a11\ ¡11111rs11ilPs (clis,111s. i'1 la rr-
vc11clical i1H1 1!11 licrs) l'e.cce¡1lio11, 1iite 1/i/11/oir,:, ,te f/ttl'llllfi,· 1¡)ar <111¡111siti,1r1
;'1 l't!Xcc11ti,111 el1: g-ara11lic 1litc ri1•i/t', '''" ¡1l11s haul. 11111~·1'11 1l1~ <lt'•f,•11sP au
f,11111 ¡1ar IP1¡111·I l'aclH•l1•11r ri•11rH1ssPrail le lr1>11ldl' t'·111a11anl. clc s<lll Jll'<>¡>rl'
,e111IP11r). 1;,,xce¡>Lio11 11 i lalt>i r1~ con I raí 111 11' dP11111111IP11 r i't 11111\ sus¡H•11si1>11 1l1·
s,·s JH>11rs11ites.1¡11i el<1n111· it l'ac;h1\IP11r 11• IP!llJ)S ,IP 111Pllrc <Hl canse s1>11 ,1•11-
1l1'11r. (:PI l't11¡1loi ele la garnnlil' i11ci1IP11l<' a¡111arait. c11111111c t'•111i11P111111c11t 11till'
it cli,Prs 111,ints ele ,·11,!.
(1) l)'alH1rel, il fll'l'l!ll'l a l'11cl1cl1•11r 11'{•\'Íll'l' lc111s 11':- frais l'l 11":t('.IIS 1111 ji!'()('(.. ~
i11le11tt'• c1111lr1· lui. 1,1' gara11t.i JH!ll1 c11 <'lli•I s1• fairl' 111,.tlrl' /iors 1/1• l'rt11s,·
1
art. 18:.i, al. 1. 1:. ¡>r1>c.). I,<' ¡1r,1c1'.s SI' di•r1111IPra 1l11rt'•11a,a11t 1•11tr1· lt• ti,·rs
r11,n11di11ua11I el IP garanl. 1·l'lt1i-l'i plaidanl 1•11s,11111,1111, l>i1\11 1¡11'il 11l11i1l1• au

EFFETS DE LA VE~TE 459


forre! ¡)ot1r le corr1pte du garanti, ce q11i peut elre co11sidéré comn1e une
exceptior1 au principe q11e ,iul en France ne ¡>laide ¡>ar ¡1roc1,reur.
b) Si la rc,·er1dication exercée par le tiers eloit alJouLir it l'éYiction ele
l'acl1eleur, la gara11tie incidente éYite a ce dernier le souci et les frais
d'u11 :-econd proces ; car la 111en1e elécision qui stat11c s11r la rcYenclication
li.11 den1ande11r, slatuera s11r le recours en garantie, e11 conda1nna11t le garant,
soil sin1ple111ent inter,·enanl, soit ayant pris fait et cause pour l'acl1eteur.
a ·y
inden111iser celui-ci. 11 n a pas besoin d'u11e nouYelle inslance i1 porter
deYant le j11gc elu domicile el11 garant.
e) Enfir1, la garantie incidente protege le garanti contre un péril auquel
l'expose la garantie principale, péril qui résulterait de ce qu'il aurait
attenelu, pour se retourner contre le garant, la fi11 de s011 proces. D'apre s
l'article 16[¡0, en elTet, « la garantie ... cesse lorsque l'acqt1éreur s'est laissé
condamner ... sans appeler son vendeur, si cel11i-ci prouve e¡u'il existait
des 111oyens s11ffisants pour faire rejeter la dernande ». ()n con1prend cette
sol11tion: lorsc¡ue l'é,•entualité ,·isée fJar la loi se proel11it, l'éviction subie par
l'acheleur résulte ele sa négligence. Le Yendeur 11e doit pasen etre respon-
sable.
Toutefois. il 11e faut pas 111éconnaitre que le procédé de la garantie inci-
dente penl. oíl'rir, lorsc1uc l'acl1eteur se fait 111ettre hors de cause, 11n certain
inconYénie11t,q11i est de l'cxposer au da11ger cl'11ne coll11sio11 fra11clule11sc entre
a
le Liers el son g-ara11t. J>our reméclier ce da11ger (pralic1uer11cnl, sa11s clo11tc,
assez rare·,, le Code de procédure (art. 182, al. 2) 011Yre a l'acl1cte11r 11n partí
i11lcrr11édiaire entre l'i11LerYention pure el sirrr¡Jle d11 ,·endcur et la rr1ise
lrors ele canse: c'est de 11e 1·este1· e,i cause 1¡ue ¡>our la r1arr111lie rle ses 1/roits.
,r\ ce! efl'et.l'acl1eteur conserve 1111 a,•oué auq11cl cloive11t 1\tre ~ig11ifiés tous les
acles de procéd11rc écl1a11gés <'Dlre le rcve11diqua11l et le garant, et qui s11r-
veillcra la marcl1e d11 p.roces. Si c¡uel<JUC i11clicc de collusion apparaissait,
l'acl1elc11r 1)011rrait rcntrer c11 ca11se.
Faiso11s 11nc dcr11i<~rc rcmarq11c. 11 11c faudrait pas s11p¡)oser q11e, po11r
excrccr la garanlie inciclc11tc, l'acl1cle11r doivc elre 11/·ccssaire1nent 1iéfe111lc111·
a11 1iroc<~s ¡iri11ci¡1al. 11 se po11rra q11'il y soit dC'111a11llc11r, el cPla da11s les
tr1iis l1ypotl1i'•scs s11iva11lcs :
u', 1~11 cas 1lc ccssion ele cr/•a11cc, si le llél>ile11r c{•di'- pr<'~Lcn'd, s11r les
p1n1rs11iles rl1) l'nclu•lcnr, n11 ric11 clcvoir ;
/,' 1 l•:11 cns d<• v1?11LP 1l'i111111c11l,l1) av<•c <l1·clarati1,r1 1lc servituclc active, si

l'ncl1C'lc11r csl forc/) rlP rcco11rir :'1 l'acti<>n confessoirc <11' scrvilu,lc it l'cn-
contrc c1'1111 V<1isi11 niant l'l'xistcncc 1l1· ccttc cl1arg1•:
1·') 1\11 cns ,11'1, l'i111111c11b)1) vencl11 s1• trcn1va11I 1111x 111ai11s d'1111 li<>rs ¡1osscs-
se11r PL l'nchl'IPIII' /·l1111I ol,ligi'· 1l1) l1? rPvcncliq111)r, le ¡i1isscss1•11r ri•siste e11 se
11r/·t1•11<ln11t l'<'l'lt.~ 1lo111i1111s.

<:. Troiaieme obligation : Réparer l'éviction consommée. - S111i-


r11,s1,ns 1¡11e l'íiviclio11 <11) 1·aclu•lc11r s11il 1:,,11s1i111111t'ic. Si la !1,i 11'avait 1ias
stnt11i'· ici ¡111r dci- dis¡111siti<l11s s1u')cinlPs, l1•s 1irinci1ics 1111 l)r,,it c111111111111
11011s í1111r11iraic11t l<?S s11l11lio11s les Jll11s si111¡1lcs et, sc111l>le-t-il, l1•s J>lus
. ,
'-· ,
i

460 LIVRE 11. - TITRE II. •


PREMIERE P,\RTIE. - - Cll,\PITRE II

satisfaisa11tes. Le ,·e11deur - et pe11 in1porterait q11'il ful de ]Jon11e ou de


1nau,·aise foi - ne pou,·ant exéc11ter son obligation e,i nalure, devrait ctre
astreint a l'exécuter par éq11iuale11t, c'est-a-clire sous la for111e d'11ne indem-
11ité pécu11iaire égale au prt'·judice causé, a savoir, a la ,·aleur de la cl1ose
,·er1due envisagée au 1110111e11l ¡Jrécis de l'évictio11. :\lais nous allo11s ,·oir q11e
le Code co11sacre ici des sol11tio11s sou·vcnt llifl"érentes et pc11 rationr1ellcs.
variant d'ailleurs suivant q11'il y a eu évictio11 lota/e, éviclio1t JJarlielle 011
c/1arge no,i décla1·ée.

a) Cas d'éviction totale. - E11 cas d'éviction totale, la loi astreint le


garant a diverses preslalions pécuniaircs au profit de l'acl1eteur évincé
(''. art. 1630 ).
") Pre,niere JJreslatio,i: Le pri.c. - Le te11lle11r cloil cl'aborll restit11er a
l'acl1etcur le JJrix s'il l'a re(.'u \art. 1630, 1º), et l'arlicle 1631 ajoute: « Lors-
que, a l'épol¡ue lle l'é,iction, la cl1ose ve11due se trouve clin1ir1uée lle valeur,
ou co11siclérablc111c11l clétt'·riorée,soil par la 11égligence de l'acl1eteur, soit par
' eles accide11ts de force n1ajeurc, le vcr1de11r 11'cn est pas 111oi11s le1111 lle res-
tituer la lotalité d11 ¡Jrix. " 11 y a lú 11r1e sol11tio11 111a11ife:-te111cnt inj11sle,
inexplicable 111en1e au prc1nier abord. Si la cl1ose a di111i1111é df' valc11r avanl
l'éviction. ce 11'csl pas l'évictior1 qui est cause d11 préjudice su!Ji JJar l'acl1c-
leur, c·cst sa ¡ir(>¡ire 11égligc11ce, c'csl l'acciclc11l forl11it q11i a ca11sé la clé¡Jré-
ciatio11 lle la cl1ose. !:t cr¡>c11tla11t, 1·acl1clc11r aura llroit it la restit11tio11 cl11
prix total. Si l>ic11 c111e l'éviclio11 sera ¡>our lui 1111e so11rcc lit• lit'.·11t\fice '. :\
quoi l'articlc 163:.i ajoutc scule111c11t ce 111i11ce tc1111Jéra111e11l ll 1'.c¡11ité q11c,
0

« si l'acc¡uéreur a tiré prolil lles llt'·grallalio11s ¡>ar lui failf's, le ,c11clcur a


llroit ele retc11ir sur le prix 11r1e so111111c Í'galc ¡'¡ cr ¡Jrlifil n. La lrli 11'en de-
111c11re ¡Jas r11oins irratio1111elle el i11j11sle, el cela cl'a11ta11t pl11s que, si la
cl11isP a r111y111e11té clc l'ale11r entre la ,e11le el l'éYictio11, 1111 texle for111el.
lºarlicl<' 1(1:l:{. llt'·cicle. 011 1,. v1•rra l1icnlol, c¡11() Ir vc11clc11r tlt1,ra dPs 1l<i111-
111ag1•s-i11l1'·r1\ts t'1>rrPS(l<>11tla11l .'1 r<'IIP ¡>l11s-val11r. ,\insi, l<>IIIPs J,.s l)tJIIIIPS
cl1a111·1•s s,inl ¡1n11r lt> garantí au ,li'·lri111t•11l tlu garanl.
<:l1111111r11l jusliliPr 1i11 si111¡1lf'lll<'lll 1·x¡1lit(llPI' la tlis¡H1siti1i11 1le l'arti-
clc 11;:11 ! <>11 a ,ri11l11 la rattachPr a11 llr,iit r1i111ai11. \lais c·Psl 1111<' crrP11r.
Le j11risc<111s11llc l'aul (¡o, I>. ,!,• ,·,,iclio11i/J11s. \\1, ·1) 111111s <'IIS<'Íg11r, a11
co11trairc, t¡11c 11' rl·c1i11rs en garaulic s'cx1\r1;a11t ¡iar 1·actici11 1•111/i alH111til a11
r¡1to1l i11lcrt•s/, c'p:;t-i1-llir1i a11 1111>11la11t cx.ucl 1111 ¡1rt'.•j11clic1· s11l1i ¡iar l'acl1el<•11r.
l)11 a 1lit - l'ex¡1licalion l"Pn1011le i'1 nos a11clc11:; a11l<'11rs -- 1111<' IP rec1111r~
1lc lºacl11•te11r, <'ll ce <¡ni C<>IIC<'l'Il<' Ir ¡1rix. ¡>nr luí vPrsi'•, c1i11sli 111<' 11111• co111/i1·-
li11 i111lt'l1ili.l<' ¡iair111P11l 1¡11'il a Plli·clut'• SI' t1·,,11,a11I 111a11<¡11<'r tl1• rr111s,·, faule
1IP lra11s111issi<H1 111• la ¡1r<i¡1rit'·lt'i 1I<' In clu>S<' ,1•11tlt1<' ; 11r, tlans l'aclit>ll 1•11
rt'·¡>t'·titi1>11 ,1,. l'i11tl1i. CP t¡ui 111Ps11r<• 1'1il>li¡.rali<i11 ti<' r<•stil11Pr 1IP l',1rri¡Jir11s.
c'psl IP 1111111la11t t•\acl tlP ce t¡11ºil a 1'<'<;11.PI, J>ar 1·t111si'·,¡111·11l, la lt>lalil<'• el<• In
s1i1111111· ,,·rst'·t•. \lais il 11·~- a l.'1 <J11'111tc• j11slificali1111 i11:-11flis1111l1•, ~1111sn,1H1s
,11 1¡11P, ¡11>11r <111'il ~- ail t'·,i,·ti1>11 PI garanliP, il u't>sl ¡>as t1111j1111rs 11i'•c~ssnirc
tt11'il )' nil 1'11 ,t•11t1• 1111111•, , <'11!1· rl<' la 1·l11ist> 1l'a11lr11i S111111<>s1111s,1,nr t>X 1'111J>IP,
J'11clu·ll·t1r t'·,·i11c1'· 11ar l'a,·ti,111 l1)111>ll1r'·cair<' tl'1111 crt'·auci<•r. l,n ,1•111 1~1¡11i lui
.. '

EFFETS DE L,\ VE:-.TE

avait élé co11sentie ¡1ar le cléllileur, son ,·endeur, ne }JOrtait point sur la
cl1ose d'aulrui. Le 1Jaieme11t c1ue l'acl1eteur a fait du prix était parfaite111enl
causé; 011 ne saurait parler ici de répétition lle l'ind11. Et cepe11da11t, l'arti-
cle 1631 11e distingue pas. Le prix lolal devra clone ctre restitué n1c111e si la
cl1ose a co11sidérablen1ent cli111i1111é de valeur.
La se11le justification raiso1111alJle que l'on pourrait four11ir de l'arti-
cle 16:3, (j11slification i1 lac111elle, d'ailleurs, il ne semble pas que les rédac-
te11rs clu Code aient songé), consisterait a voir da11s ce lexte l'a¡Jplicatior1
d'une regle que l'article 1636 établit a propos de l'éviction partielle, du
n1on1enl qu'elle présente une certair1e in1portance, et qu'il est parfaitement
logique d'étendre a l'éviction totale. Cette regle consiste en ce que l'acl1eteur
se ,·oit accorder une option : il pe11t, a son gré, 011 récla111er des don1n1ages-
i11tércts correspondant aso11 pr<'·judice, ou llen1a11del' la l'ésolulio11 de la ve,ile,
de111ancle q11i alJoutit éviden1111ent ii lui faire reslituer le prix lel <1u'il l'a
vers<'·. Or, en cas d'éviction tritale et de }Jaisse s11rven11e clar1s la ,·aleur de
l'i111111euble clepuis la vente, 11e po11rrait-011 pas dire q11'a11x )·eux ele la loi
l' acl1eteur esl JJ1·ésumé avoil' opté llans le sens <le la 1·ésolulion ~ 1':t en eíl'et
cette option est alors tout i1 s011 a,·antage.
{3) Seco11de JJreslatio11 : Les jl'Ltiis. - D'apri_,s l'arlicle 1630, :iº, le ven-
de11r est e11core ol>ligé de restit11er i1 l'acl1eteur les fr11its de la cl1os<',
11 lorsqu'il est olJligé de les renclre a11 propri<'·laire qui l'é,i11ce 1i. Celle for-
mule a do11né lieu ii 1111e difficulté classiq11e. Si l'acl1eleur a été forcé de
reslit11er a11 reve11diq11anl les fr11its de la cl1ose en n1c111e te1r1ps que la cl1ose
n1cn1e, c·esl q11'il était conscie11L d avoir acl1eté la cl1osc cl'aulr11i; aulre-
111e11I e11 <'fl'cl,cci111n1c posscsseur el<' l>c>nne foi, il e1il i'•lé clispens<\ de les res-
tituer (arl. ;i/1!1). Cela <'·la11l, on co11111rer1d 111al q11'il ait le clroil ele se fairc
indc11111iscr par so11 vc11clP11r cl'1111 préjudice a11<¡11el il s'<'~tait scic111111enl
cxposé. Cela 11'esl-il 11as cl'aillrurs r11 co11lradiclio11 avec la tlisposili<JJI flnalP
<le l'arliclc 15!¡5, <l'a1iri•s lac¡11cllc la Ye11lr <lf' la cl,osc <l'a11lrui ne clor,nc
li<•11 i1 <les tlo111111agcs-ir1ll°·ri·Ls c¡uP « l1irs1¡11" l'acl1ele11r a ig11orc'· 1111e la clJ<lS<'
1'1il i1 a11lrui ,, ~
ll 11·f'sl ¡ias 111alnis<'! ele rc'!SOlttlre celle a1i1iarP11LP c1,11lratliclic111 <!I <le lrac,•r
11' 1l<>t11ai111· r1•s1if'clif clPs 1IP11x lcxles.
l)'al,circl, il y a clc·s cas 01'1 l'acl1cl<'11r, 11u'il s1,il 1le 11011111? cJ11 1le n1a11YaisP
f<>i, sPra l<J11jc,11rs 1>riv1'· clf's l'ruils f'I a11ra, cl<'•s lors, 1lroil :'t s'en faire !'f'Jll•
li1n1rsPr IP 1111,11la11I. 1•11 v1·rl11 cl,· l'arliclP ,1;:{c,, sa11s 1111·,,11 1>11issf' lni <11,jf'c-
ll'r l'nrlicl<• ,;,!l!I• ¡1ar 1'<'11<· rais<JJI 1¡11'il 11·~ a ¡ia,; <·11 ,c11I<' ,J,. la clu,se 1l'a11-
lr11i. 111·11 esl 11i11si lc1rs1¡11'il Psi c'·, incc'· ¡,ar l'aclic111 11'1111 crc'·a11ciPr l1)'J><1llu'·-
cnire. 011 snil e11 1dli•l 1¡11" IPs crc'·a11ci1•rs saisissa11ls 0111 clr<iil a11x fr11ils clP
l'i111111e11l,lc 1'1 ClJltlJ>lPr 1111 j1111r 1l1· la lra11scri¡,1i,111 1lc la saisi<'.
l•:11 s1•c11111I li1i11, 111/\111e 1111 cas 1u'1 ¡,. l'f'l'1J11rs 1•11 ¡.r11r1111li1• sn c1,11f1>111l a,cc
l'11cli1111 PII 1111llité·, pare<• <¡11'il ~- a 1•11 ,1•1111• 111• In cl111sc 1l'a11lr11i, il ~- a ¡>ar-
f1,is 11111~1·11 ch· eci11cilicr lc•s <l1•11x lf'xlc•s. ),'11rli1•l1• 1:1!1!1 11'1•,ig1• la IH11111f' fc1i
cl11•z l'11cl11·l1•11r, ¡11111r l11i 11ccc,r1le1· 1l1•s 1l1>111111ag-1•s-i11lc'·ri'·ls, 1¡11'a11 11111111,•11/ 1/1·
/11 1•1•11/1•. 11.. 11 i1111u,rlP In 11111/11 J/1l1•s s11¡1,•r1•1•11i1•11s. •\11 c1,11lrair,., l'allril111li1,11
1l1•s fr11ils 1111 ¡1,,ss1·~s1•11r, 1't 1·,.nc1111lre 1l11 rev1•111li1¡111111I, s11¡i¡111sc la l,c,11111•
LIVRE II. - TITRE II. - '
l'HElllEI\E P.\RTIE. - CIIAPITHE 11

foi au 1110111e11l de e/taque percepliori. Su¡lposons u11 acl1eteur de bon11e foi


qui, ápres la ,·e11te,est 1nis a11 courant de la silualio11, et cependant co11serve
l'in1rneuble. "\ partir de ce 1110111ent, il cesse de faire les fruits siens: il esl
ten u d' e11 resli luer la ,aleur a11 i•erus llon1i111is qui l' évince. De111cura11l
a
néan111oins possesseur de bo1111e foi l' éga,·cl du vertlleiir. il a droit,aussi bien
en vertu de l'article 1599 qu'en verlu de l'arlicle 1G3o, ¡, des lio111r11ages r1)1lré-
senta11t son préjuclice enlier el, nola111111er1t, celui q11i résulte ¡1our l11i de
la reslitution des fruits.
•¡) Troisie111e p1·eslalio11 : Les frais. - Le ,·e11clcur doit e11core payer a11
ve11deur (< les frais faits sur la de111a11de en gara11tie de l'acl1eleur, et ceux
faits par le de111andeur origi1laire >>, asupposer que l'acl1eteur ail souten11 seul
le proces en reve11dicatio11 llans lequel il a succo111bé. II faut ajouter ¡1 ces
frais judiciaires, les frais et loyaux coul llu co11trat de vente (llroits lle ti111-
bre et d'enregistre111ent, etc ... ) (art. 1(i3o, 3° et !1º i11jine).
3) Qtiatrienie preslalio11: /)0111111ayes-i11lérél.~ (art. 1G3o, 4º). - Ils pcuve11L
se réft':rer ti di,erses causes.

Ce sera d'abord la JJltis-v11l11e correspo11danl á l"a11g1nenlalio11 lle 1•11/eur
du fonels, s'il s'cn cst ¡)roduit une. I>eu i111porle la.cause de cclle plus-val11c.
L'act1ctcur a clroit a son rc111bourscn1cnt, non sculen1e11t lorsqu'elle pro-
,·ient lle s011 fait, 111ais n1e111e q11and elle est puren1e11t forluite, ce c¡11i esl
elu reste éql1ital.Jle (arl. 1G33). Noto11s que la co111binaiso11 de ce tcxt.e avPc
l'articlc 1599 11ous co11d11it a 11'accorelcr cette i11de11111ilé ¡'¡ l'acl1clcl1r lJUC
s'il csl lle bc)n11e foi, au n1oins qua11d la gara11lie s'excrcc a propos d'u11c
vente de la cl1os<' el'a11trui.
1''a11t-il disli11gucr a11ssi s11iranl c¡11c le vende11r a été de bo1111c ou ele
mauváisc foi ~ Si 1'011 sc- rt'·férait a11 ¡1ri11ci¡le el11 l)roil co1111111111 (art. 1150),
il fa11clrait décidcr <¡11e le ,cndcl1r ele i)o1111c foi 11'cst te1111 e111c de rcstilucr
la Jllus-raluc e¡11e l'on 1>011,·ail pré,oir au 1110111cnl d11 co11tral, le YPlt(le11r
ele 111a11,ais<' f11i :-e11l éta11l ·ol,Iigé <le re111bo11rscr n1e111c la pl11:,;-,al111· i111-
pré,ue <'l i111¡1(1s:;il)I<' ú ¡irévuir. \lais 1111 lcxlc - el'aillP11rs f11rl 111alc11cf111-
lrcux - n<HIS 1•111¡11'clH• lf°atl11¡1l<•r c!'IIP suluti<>ll. <:·Psi lºarliclc• 1(i3\), elºa1>rÚs
lequcl il 11c fa11l fair<! i11lcr,<'11ir <'11 IH>lr" 111alii'·r1· l<>s tlis1><>sitio11s cl11 l>r<1it
con11111111 rclati,es aux r1111st'·<¡11e11c<'s ti<! l'i111•x<'·c11lio11 eles uliligalions. q11':i
<léfa11l cl'u11 lcxlc s1)<°•cial ,isa11l 1·11~¡u1ll1i'!SP. <:l' IPxlc cxisla11l ici - c·<·sl
l"a1·licle 1ü:\;{ - il 11'csl J>as J><1ssil1lc el'a¡1¡)lil¡11Pr la clisli11ctio11 t'·1¡11ilal>I<'
<IP l'articlr 11;10. )l1\111c s'il psi ele 111>11111: fcii. le ,,cndcur clevrn U<Jtlc l1111j1>11rs
rc111lu111rscr a11 gara11ti l'i11l1igr11lilú tic la plus-Yal11e.
ün s1·c<1111I clH·f <le <lr111111111gPs-i11lt'·r1\ls S<' r1·f,'.r" 1111, l't:¡111rali1111s 1•/ 111111 :_
/iorati1111s 11111• l'acl1<:le11r nurait fail<•s s11r '" flH11ls 111rt. 1<i:t11, 11¡;¡;1). 1:"s
texll's llisti11;..:11<'lll s11i,a11l 11111· l1• \1!111IP11r a t'•I,'· <11' I,1>1111n f11i 1111 il<! 1111111 \'ais('
foi. l.c ,·1•111IP11r 1li• 1111111,aisi• f11i ,·si 11•1111 111' rl'111lu111rsf'r 111,\11 11' IPs 1Jt'!JH~l1Sf'S
vol11¡1t11air1•s <>11 1l'agrt'·111<·11l. l,'a11tr,~ 11'\'sl 11'1111 11<• l'f'tlllH111rsP1' 1¡111• 11•:. 1l1'•-
pc11:;1•s utill's. ( >11 r1·111ar11111•ra 1111'il 111' ¡>1•111 :--1• IH>l'lll'I' ú r1•111l1c111rser In ¡1l11s-
val111•, u11 cas 11111"1'((1•-ci s1·rail i11ft'•riP11r1i Ú In 1lt'·¡u•11sf'; 1•11 1'11'1'1 il 1l1>il l'f'llflr1•
l'ncl11•tc11r al1s11l111111•11I i1ul1·11111P. l'ar 1·1111st'·11111•11I, ;'¡ s11p1u>s11r 1¡111• (',',, i1·li11 11
<le l'11clu•tu11r r,,sull«' 11'11111, r1!\1•111licali1111 1l111111a11l lic11 ;'1 n1111licati,111 1111


EFFETS IJE LA VE~TE

l'arliclc 555, el c¡t1e l'acl1elcur ait obtcn11 dircctc111e11t llu ve1·us don1i1i1is
les i11llen1nités accorcl{cs au posscsseur par cel article, i11de111r1ilés corres- .
por1dant, 011 s'e11 souvicnt, a la seule })lus-valuc (t. I"', ¡1. 852), il se pcut que
le ·vencleur ail il four11ir u11 su¡Jplé1nc11t.

b) Cas d'éviction partielle. - 11 résulte des articles 1636 et 1G37 c¡t1e


de11x l1ypotl1eses doi,·cnt (\tre disting11ées. Si la 11artie dont l'acl1etcur a été
évir1có est (1 de telle consi·c111er1ce, rclativc111c11t au tout, que l'acquérct1r n'e1it
point acl1eté sans la partie clonl il a été évincé, il peul faire 1·ésilier (il vat1-
clrai L 111icux dire résoudre; la vente n, ce q11i en trainera nalurellement la
restitution d11 prix tel q11el. Si la ,·ente 11'est pas résol11e, soit parce que
l'é,·iction partielle est de peu d'in1portance, soit parce que l'acl1eteur pré-
fere 11n r11ocle de satisfacliou difTérent de la résol11tio11, il a droit a des
don1111ages-inlércts corresponda11t a la vale11r réelle ele la chose a1t moment
(/e /'éi•ictio,i, c'est-a-dire calculée en lenanl cor11ple aussi l1ien de la din1i-
11ulion c¡11e de l'aug111e11lation de ,•aleur s11rvenue depuis le contrat. C'est
11nc Sl>lulior1 ¡Jlus ralionnC'llc el plus équilal1lc que ccllc qt1c 11ous avions
rencor1Lrée sous les arlicles 11i31 el 1633, quand il s'agissait lle laré¡1aralio11
de l' évictio11 to tale.
11 y a lieu de faire ici deux obscr,·ations in1porta11lcs:
a) Si le préjudice encouru par l'achetet1r provenait, 110n d'une évictio11
11arl ielle, 111ais de ce ,Jt1e la cl1ose ,·e11due avait cléj11 JJé1·i en JJllrlie au mo-
1nent 1/e la 1.•e11te, il résulle de l'articlc 1601, al. 2, lJU'il n·~ aurait pas de
clisti11clio11 il faire s11ivar1t l'ir11porla11cc rJe la parlic elis¡1ar11e. Si failJ!e soit-
elle, l'acl1eleur at1rail lot1jo11rs le rJroil ele dcma11eler la résolutio11. 011 ex-
¡Jli<¡11e en gér1t'•ral cclle elitl'érC'rlce en clisa11t q11c, dans l'l1ypotl1ese visée 11ar
l'arlirle 1601, al. 2, le rcCíJ11rs de l'acl1et.c11r s'cxerce tres peu lle tenips apres
le co11lral: il 11'y a pas 1l'incon,{·11ie11l .i rósouclre ccl11i-ci.L'é,cnlualité ¡1e11t
c~lre pl11s gra,c lors<¡11e l'i~lat lle clioses crt'·é· par la Yente s'esl prolongé. I~a ré-
sol11li<in ¡ir(Jn(inct'·e 1\ la s11ile d'une é,iclio11 qui a p11 se ¡Jrocluire l(>ngle111ps
aJJr<'·s la ,·cr1lP, ris1111e ele rélli·cl1ir conlre les tiers e¡ui at1raicnt acc111is, dans
l'inlPrvallc, eles drc1ils lll' l'acl1C'le11r. 11 ,·a11l 111ie11x ne l'n<l111ctlr1· 11111' )C'
1111>i11s ¡i1>ssil1lc.
5) l 111· rerlni11e opi11ior1 a lc11té 1Je rí·s1ltlllre l'op¡iositio11 111ar1ifeste
1
c¡11i t•xisll' 1·11lrP la S(il11lior1 ele l'nrlicl11 rli:{1 (n11 cns cl'1\,,jctio11 tolalc) el cell<'
ele l'arlicle 1li:{¡ (1111 cas 1l't'·vicli1>11 Jlarliellc). (:<' 1Icr11i11r LPxle pst CPl><'11cla11l
l1ic11 ('XJJ!icile. \(JIJS ~- lis1111s r¡uc. l1>r:-(¡11c l'ac1¡11{·rP11r esl i111ln11111isl· c11
nrgPtll, la ,alr11r 1!() la ¡1arlÍP ¡>er1l11e u l11i t'SI J'('IIIIH111rst'·c s11i,a11t )'pst.i111a-
ti1111 r'1 l't'·¡>eu¡11e de l't'•vicli(lll, 1•/ 111111 ¡i1·o¡iorlio1111t'lle111e11.l ,,1, JJrix total ,le /,1
1•1•11/,•,soit 1¡1w l,t citos(' 1.•e111l11c 11if ,111r11n,111/é 0111li111i111,,' 1/c• 1•1tle111· 11. \1ais ('<'111'
s1il11I i1111. 11-l-011 prt!L1•11<l11, ne s'n¡i¡1li1¡11erait 1¡11<) rla11s l'hy¡u.1lhc'.sc 1J1'1 l'i',, ic-
li(11t a ¡u,rlt'· s11r 1111c ¡11trli1i 11111t,!ric•II,· lll' la cl1c,s<' : al11rs Pll Ptl'P! il 11·)" a ¡ia:-
cl'1111l rl' 1111HIP ¡Hissil,lc ll't'·,ul1111li1>11 11<' la ¡>rPslali(lll ¡'¡ fair<'. Si, 1111 cc111
lr11ir1•, l'i',,irli1111 a ¡111rl{· sur 111ui ¡1,1rf 11/i,¡1111/11 111• la cl111sc•, 1111c 1111Jili<'·. 1111
lit•rs, 1111 (111arl dn f(llltls VPll<l11, ¡>nr 1•x1•111¡1lc, alc1rs il y a11r11il lie11 1'i 1111<'
r1•sll!;11l.i1111 ¡1rt1¡1orli«J11111\llc 1111 ¡>rix: n11t1·c111e11l 1lil. 011 n¡>¡iliqucrait In ~(1l11-
464 LIVRE II. - TITI\E II. - '
Pl\E~IIERE PARTIE. - CIIAPI'fRE II

tion de l'article 1631,le paien1e11t se tro11vant ici a,·oir 111anc¡t1é de cause })011r
a
t111e portion facile déter111iner, ce qui per111et 11ne CO!lllictio i11llebiti pro1Jor-
tio11nelle.Et l'on s'appuie st1r t111 tex.te d'Ulpien qui fait,prétend-on,cette dis-
tinclio11 , 1, D. lle el'iclio11ibus, X.\.I, :1) el lJui est le suiva11t: « Sell cu,11 JJars
evincal11r, si q11iclen1 JJro incliviso evi,zcelur, regress11rn lzabel pro qilcLnlita/e
e1·icl,r JJarlis. qiiocl si cerliis locils sil ePictus, pro borzilate loci e,·it 1·eg1·es-
sus .. »:\[ais, dºu11e part, ce texte 11c sa11rait prévaloir contrc la forn1ulc tres
11eltcele l'arlicle 163¡ r¡11i 11e fait a11c11ne distir1ction. Etd'autre part, l-lpie11
11e 11011s parait }Jas e11seig11er la sol u Lion qu'or1 l11i prete. 11 se lJor11e ii cons-
ta ter qt1'il y a 11n cas, celui ele l'éviction d'une part ir1elivise, oú le calcul dl'
l'inde111nité ne donnl' lieu q11·;1 u11c si111ple opération aritl1n1étique, ii sa,·oi r
la divisio11 pro¡Jortio1111elle de la vale11r totale de ,la cl1ose. )lais il 11c 11011s
llit pas q11'011 doi,·e se réfr'·rer ii celle vale11r atl rnomerzl ele la t•erile. II esl
¡Jlus ¡JrobalJlc <¡11e, lla11, sa pe11sél', 011 <loit se rcporter a11 prix. attei11t ¡Jar
la cl1ose a11 1110111e11/ 1le l'J1•i,·/io11. C'est la seulc sol11tio11 co11ciliablc a,·ec ll'
ll'x.lc de lla11l ¡Jrécité (¡o, D. h. l.). Et elle est co11for111e i1 ccllc de 11citre
art iclc 163¡. -
e I Hypothese de charge non déclaree. - L'articlc , ti38 co11sacr<'
ici des regles cntit\re111C'11I Ílle11lir¡11es ii cellcs e¡11r 11ot1s vc11011s ele rc11crJ11-
trer dans le cas el'u11e t'•victici11 parliclle. \le111c clislinction sui,a11t l'i111por-
la11cc du J)l't~11elice sulJi ¡Jar l'acl1Plc11r; 1111~n1c <J¡Jlion ; 111t~111r calc11I d"
l'i11clen1nité c11 arge11l, lílrsqur l'acl1clct1r s·c11 lir11t ;1 ce 111oclc 1lc ré¡Jaratio11.

3° De la garantie de fait. - La gara11tic <le fail, c'csl-it-tlirc ccllr qui


l'ait J'objct tl'u11c clausc CXJ)rcsse 1111 C<)11tral. ))cut (arl. 1G:i¡) ajoitler a11x
,,Iiligatio11s llt1 vc11det1r Oll c11 cli111i1111er J'cfTcl .

\, Clauses d'aggravation. Vente avec indication de contenance.
___ \,1us lr1111,t111s 1·e\P1111>ll' tl'1111 rP11l'orcí'11tPnt cn11YP11lit11111<~l ti,· la µ-a-
ratiliP tlans !Ps Yt>lllt·s tl'i111111P11l>l1·s faill's 111•1•r i11,/i1·11/i1111 1/1'. ,.,,,,t,·11,1111·c 1•:n
gt'.·nt'·ral, 1111 i111111Pt1l>lt· ,1•1Hl11 p-.( si111¡1IP1111·11I ,lt'·signt'· 1lans l'arlt• di' \1'll(P ¡>ar
s1111 11<1111 PI sa sil11ali1ll1. san-. 1111'il y s11il fail 111t•11li1111 11.- la s111H·rlici1'.
l:u1ucllP 111· j,1111· tt11·1111 r,ile sPc1111d;1ir1• 1la11-. IPs J>rt'•11cc11¡1ali<>11s 1!Ps 11arlil's .
.\lais, 1l1111s IP cas 01'1 c1)ll<·s ci i11st'•rP11l ,Ians IP11r c1111lral 1111<' i111licali1l11
J>rt'·cisc 1IP la c,111 tc11a11c<•. 1·11 rt iclt• 1li r fi 111,rlP 1111 'i 1 )' a 1111 irs. ¡,1111 r 1,· Yt'llll<'11 r.
11l1ligati,111 ele f1111r11ir la CtllllPIIIIIIC<' i111lir¡1u'•p, '1',1ul<'ft1is, la )rii rt'·;:l1•1111•11l,•
1lill't'·r1•111111Plll 1l1•11x l1~·1u1t l1t'·sPs, sPl,111 1¡111• l'11cl1Pt1•11 r ,t, ,¡ 1 1\( l'I' ¡1rt'·s11111/· a,,,¡ r
atlacht'· 11l11s ,111 11111i11s 1l'i111¡u1rlanc" :'1 cPII<' lll<'IIIÍ1ll1,
a\ /'r,·111it'·rch."f"''"1\~,· ,arl. 1fi1fi. 1fi1X1. · • l.'i1111111•11lil1· a ,··1i'• rt•t1tlll a,,~c
iiulirali1,11 111· c1111l1•1111111·I' PI ,¡ /1111/ /11 111,·s11r1• . .11• ,1,11s Yl'llils 11'1 ¡1111111 , 11 Jili•.
1¡- 11111 , s11¡11·rli1•i" 111' ~11, h1•clarPs <'l i, r11is1111 el<' ·1.111>11 f'ran,·s ¡·¡ 1.. ,•lar<•.I In r1•11-
i·,,nlrc· 1•11 t·c· ,·as t,· 11111,i11111111 ti,• 1·1111-.i,lt'·rali,,11 al(;u·ht'·1! ;\ la ci,1111'1111111'1', PI
la t,,¡ f'ail la s,,11-.-1li-.li11cli1111 1·i-a¡1rt'•s.
ce) ), 11 ,·,,11IP1t:11u·1· rt'·,,11,· -.1• lr,,11,1·-l-1·ll1· i11,(1:ri1·11r,· ;\ 1·Pll1~ 1¡11i 1•sl 111P11ti,111•
,,,-... , IP '"1Hl1·11r ,l,,il ~111,ir 11111• 1li111i1111li1111 ¡1r1,¡u1rli1,11111•ll1· ,lu ¡,ri,. si 111i-
,

EFFETS DE L,\ VENTE 465


11i111c c¡ue soil te cléficil (ar!. 16171. 1\insi, il 11'y a que 49 l1cclarcs 1/ :i; l'a-
cl1eleur 11e t)aiera c111c 99.000 fra11cs.
On rc111arr1ucra c¡11e la loi 11'accorclc pas de fac11llé de déclil a l'acl1eteur.
I~t er1 cfl'ct, c¡11cl ¡1r{·j11dicc )' a-l-il 1io11r l11i á pa)·cr 111oir1s c¡11c la S<)n1111e
a
qu'il s'altenclait débourscr :1 'fo11lcfois, les princi1ies gé11t':ra11x 11ous co11d11i-
se11t ii cli'·ciclcr r¡uc l'acl1clc11r ¡Jourrait clr111anrler la r<;sol11tio11 ele la vc11le,
cla11s le cas ou.le défa11t ele cor1lcnance scrait lcl q11'il rc11drail l'i111111e11-
lile alisol11111ent i111proprc ii l'11sage a11quel il t'·tait desti11é.
a
~- La co11tenance rrellc se tro11,e-t-cllc s11périe111·e la co11tc11a11ce ,·isée,
l'ace¡11éreur a u11 elroit cl'option (art. 1G18); il peut a
son gré fournir le
su¡Jplé111er1t cl11 ¡1rix ou se désister clu co11trat. 1'outrfois, celte fac11lté de
clédit 11'ex.isle que si l'excéelc11l atteint 11ne certaine 111esure, a savoir 1111
l'i11gtie1ne (!e la superficie. I>ar exe111ple, l'i111rr1e11lile se lrouve contc11ir, no11
1ias 5o l1eclares, n1ais 52 l1eclares 1.,. ; dans cecas. si l'achetcur 11e se soucie
pas ele ¡ia)·er 1o;i.ooo francs. il pe11t fairc réso11clrc le contra!. <J11c si, au
co11trairc, l'exc<'·dc11l 11'altri11l ¡Jas celte pro¡Jorlio11, l'acl1eleur 11'a ¡Jas de
fac11lti'· ele ,Jéclit. l'ar exen1ple, l'i111111e11l)!c co11lie11l ;J:1 l1eclarcs. L'acl1c-
te11r <le,ra tJayer 10'1.000 francs; le sup1)lé1nr11t ele JJrix 11'csl tJas assez forl
po11r <111'il Jlt1isse l11i <~lre clifficile de se le procurer.
Ji\ .Scco111le h_v¡1oth1\.~e (art. 1G19, 1620 ). - L'i 111111e11lilc esl ,e11du avec indi-
cat io11 ele ro11lena11cc, n1ais JJ011r 1111 ¡1ri.r fJlof,al. Je Yo11s ve11cl:- tcl i111111culilc
ele 5<> l1ectares ¡1011r 10<>.<>oo fra11rs. ,\lors, la lr)i Jlri•s11111e c111e les partil:'s
or1l attrili11t'• 1111e 111r1inclrf' i111porla11cc i1 1·1:le11cluc :-11¡Jerficiairc. I>our <111c le
clt'·ficil 011 l'Pxc<'·<lc11l Jl11issr <lc>1111er lieu it rcc<)llrs. il faut c111'il dépasse le
1•i11r1tii'·111e 1(11 JJl"Íic total co111•e1111. l)a11s cecas seulc111e11l, il y a lieu a di111i-
11111i,111 <lll i1aug111c11tati,i111>r111i<1rli1J1111Plle clu Jlrix. l)e 1il11s. si la <lifl't'·rc11ce
rrco111111c Psi 1111 e.rcé1/e11l, l'arl1elcur JlCIIl, s'il ne se so11cir ¡ias clf' 1>aycr 1111
s111i1>l1·111e11I el<' ¡>ri,. SI' clésistcr ele la ve11lc (arl. 1Ü:Ao).
1\j,i11lt>r1s 1111e. c,11111111· crs cliYcrscs évcnl11alitt'·s 1>c11vc11t jclcr Je l'i11cer-
lil11Jc s11r la ¡>r<111rii'·ti'· . .\ ca11sP ,le la fac11lté lle clú1lit q11'011 y rc11co11tre ,;.\
el l/1, l'arliclP 1ü12 i11cl11I 1la11s I<· di'•lai <1'11111• a1111t'•c la 1l11ri'·P 1lr 1·actio11 <'11
garanlic <le c<111le11a11cc.

I\. Clauses d'exonération de la garantía. -- Les cla11ses <le 11011-ga-


ranti .. s,111I assPz fri'·11111•11!Ps. JI y en II elc11x ,ari1!LÍ!S, J1>11l la 1irc111i<'!rc sr11IP
fait l'11l1jPI 111· l1·\l1•s tHi~ilifs: )ps cla11ses f/1:,11:r,1/cs, c'Psl-ir-<lirr\ PXcl11a11t la
g11ra11ti1• 1la11s tous l1•s cas, f'( l<•s l'ln11s1·s s¡u 1ri,,l,·s. <'Xcl11a11I la gara11li1• s1•11-
lc1111•11l ¡uHrr lt•ls cas 1)'¡',, icli,111 <li'·trr111i11i'·s.
<1) l,n e/1111.~,i y1:1,1 1rnf1• ,t·Pxcl11si1111 <IP la gar1111ti1· r<'1;oil ,te~ articlcs 1ü:i8
el 1li:i!11lc•11x li111ilnli1>11s.
cac) l•:Ilc lnissc 1l'nl,11r1I s11l,sislPr la gnr1111li1• 1l11 Jail 11e1-.~01r11el tl11 ,c11-
1l<•11r. 1:1•l11i-ci <lcvrn 1l1i11c l1111j1>11rs, 111inc,lislnnl In rl1111sr 1l'<'X<>llc'•rali1>11.
rt'·¡u,11Jr<•. s11il. ,111 lru11l,l1! 1/e f11il ¡>r11\Plllllll 111• sn ¡1rci¡1r1! l)('l'S<llllll', ~,1il <111
lr1111hf,· 1/1• 1/1·uil ri'·s11lt1111t 1lc! 1·1• 1¡11,• l11i-111,'111c 1111 1111 clP sc!S a~·ants-ca11s<'
c'·I,.. ,,. 11111' ¡,rt'·lPllli1111 j11ri1lic¡11<· nlu,11tiss1111l 1'1 1·,·•,icli1111 ti(' l'a<'lll·ll'III'. ·r,i11l1•
c<111,1•11li1111 I'ª" la1¡11<'ll<' 1., ,c111l1•11r s'1•x1i11,~rc'rail ,le In gara11li<· <lt• s<111
'l'on1e 11 30
466 LIVRE 11. - TITRE 11. - '
PRE,IIERE P.\RTIE, - CII.\PlTRE 11

• fait ¡lcrso11nel serait 11ulle (art. 1628). En eílet 011 11e sat1rait ad111eltre lJIIC
'
a
l'acl1cteur donne at1 ,·e11de11r son .encontre licence lle 111a11quer la bon11<' a
a
foi q11i doit présider to11s les co11trats.
,0· )·[e111c s·¡¡ s'agit d'unC' éYiction pro,·C'na11t dtl fait d'1111 tiers el non
i111¡)11la)Jle a11 ,·er1de11r, l'elfet de la stip11latio11 ele 110n garantic esl c11cor<'
restreint. Elle n'a!Jolit tJas e11tieren1ent la res¡Jo11sabilité du Yc11deur ; clic
le cli,-t)ense se11Ie111e11t des don1n1ages-i11t<\rcts, pl11s générale111c11l lle to11tes
les 11restations tJécuniaires accessoires par111i celles que n1et il la cl1arge
d11 ;.raranl l'article 1ü3o.)lais le Ye11deur reste toujo11rs len u lle la reslil11tio11
1/11 pri.1-· lar!. 1ü29l. l~t en eíl'et, le ,·e11lle11r 11'ayant tJas rempli son o)Jliga-
tion. il ,.. a it to11t le 111(1ins rt'·solutio11 ele la ,·e11te, el ce tic rí·solt1lio11 e11traine
. '

forc1~111e11t cette conséq11e11ce de la restilt1lio11 du· prix (''- Req., 22 110,e111-


brE· 1875. O. (J. 77 .1.3,~{. ~- ¡G. 1. 'l 13).
1'rn1tefois l'eíl'et ele la sti¡J11latio11 esl ¡1l11s t'·tenclu, et la restilt1lio11 d11 ¡1rix
esl i:carléc da11s cleux l1~·potl1&ses:
l)"alJorcl, l(lrsqt1'il cst pro11Yé c¡11e le venlle11r a,nit C<l11n11. lors ele la
YP11le. le lla11ger ele l'éYictio11 c¡11'il a suliir.
l•:11,;11itr. lorsqt1e les partirs onl ex¡1ressí·111e11t co11Yc1111 r¡11'il 11'y a11rait
jn111ais lie11 i1 restit11lio11 du prix, ce c¡11'011 cxpri111e c11 disa11t. da11s 1·aclc
de vc11lc, r¡ue l'acl1etr11r ncl1t'·tc 11 ses ris1¡11cs el JJ(;l'ils.
J)a11s lrs llP11x ca:; ci-llcssus, ci11 pc11l <lirc <111'il y n c1111n co11trnl alt'·ntr,irr.
(:r que l'acl1ctcur a acq11is. c'est 111rJi11s la cl1ose elle-1111\111c c¡11c la ¡1r<:-

t1•nlir111 plus <11.1 111c1i11s l1~·potl1í·tic¡11p llt1 vr11clcur. Dt111c, si la cl1a11,<' par l11i
ac<¡uise 111· sr- rc'•alisP 1>as, r111 ne peul ¡1as tlirc c¡uc 11' Yc11tlr11r a n1a11c111t'· lt
son engagr111c11I: il 11e doil ¡1as y n,,iir licn :'1 ri·sc1luli1111 <I<' la Yf'IIIP.
b) l.es 1·la1tses s¡i(;l'ialcs cl'excl11~io11 <IP la g·ara11tic ¡1011r !PI 011 !el ris,¡11e
,l'1·victio11 cléter111i11é so11t frí•c¡11c11tcs tla11s la Jlralir¡11r. l 1ar exc111fllP, le
, e11tlet1r stip11le q11'il 11r garn11tit ¡Jns l'acl1elr11r conlrr !Ps scrYitnclrs 11cc11l-
l<•s •111i r1r,11rraiP11I grc,Pr l'i111111c11l>IP. 1,'cfl'rt cl'11111' clat1!-'f' tlP Cf' g<'11r1• Psi
¡1l11s C(11111ll•·I <1111· rpl11i cl'1111P cla11sP g/·11/·ralP clP 11011-gara11liP. l•:11<' exo111\rc
Jp v1•1Hle11r 1111\111e dP la l'PSJH•nsal>ilili· d1· ,011 ,/i1il ¡i,·rso11111'I, 1•:I Pll <'fl'el il
11·~ a tJas 1l(·l1l)·a11I(· /1 s,· ri·sPl'YPI' la fa1·11lt,', d'a,·c,11111>lir s11i-1111'·111<' l<'l 011 tcl
ncl1•. l>ar P\P11111Ic, 1111 c,111cps,;i111111air<' 1le 111in,· ,,·11<11111 IPl'l'ain sit11i· 1la11s le
11{•ri1111\lr<' 1lc la garanliP. t•:1 il di•r·linl' 10111<' garanlil' ¡>r111r IPs {·l><Jnlf'llll'llls
1¡11i ,ic111lrnil'11t 11 r{·s11lter 111' l'P\fll1iitali1)1J <111 so11s-s1ll, l\ie11 c)P ¡>lns licilP
•111·1111<' IPIIP r{•~Pr,P. \'n-t-Pll<' j11s1¡11'n Pxc1nt'•rrr le Yl'11rl1111r 1111'111" <fans le
ca,-. ,11'1 11' lrrl11l1l1• 11llt'•ric11r 1ir11l'i1•r1rlrnil 1f11,11· J,111/1• ,/,• -~n ¡111rl. llar l'\1'111-
1il1·. d,· sa 11t'·glig1•111·1· <fans l'a111t'•11age111P11I <'I l'<'x¡1lt1itali1111 111· la 111i111• ~ (:¡,
11 .<'~I I'a 11111111<'
' 11l'S f'ac1•s 1"1 1a 1111Psl11l11,
. ' 'I Plltllll'll 1 "'t 111 1··
Jlr1•,•p1 1 sa,·1¡1r
11·1•. 1" ·
~·¡¡ 1·sl ¡1Pr111is 111' s·••\1l11i'·r«-r d1•s ro11st'·11111·111·Ps 111' :-<·s ¡1r11¡1rPs f'a11ll's (¡1. l 'l).
0
11 r1111viP11l 111ai11IP11a11l 111· ra¡1fll'1ll'ltPI' 1l<'s ,·ns 11ri'•ci'·1IP11ts. 1·1·l11i •ll 1 I<~
t:c111lrat I\P l'Cllllier1I 11111·1111<• cla11sl' 111' g11rn11ti1•, 111:iis •ll't il Psi 11rrll1\'i', 1¡111•
l'nchl'll'III' a 1•11 <'11 f'11it c1ll\lt11iss1111cr, c11 acl11•la11I, 1111 <l1111g1·r 111' I'i'•, i1•l i,111
«¡11'il II s11l1il'. <¿11°1'11 ri'·s11lt1•ra-t-il ~ '11>11s n,,,ns \'11 qu .. l'1·tl'PI 111' ,·i•II" l'llll-
s,·i .. 11cu 1111 risc¡111• cl't'•,·irti,111 11cc11r11¡111f/tlr1r1t 1111,· rl1111s1• r11'1111r,1lt· ,lt· ,,,,11-!/11-
1·,111/i,• <'SI 1l'1•11tr11i111•r l'i1111111111itt'• c,1111¡1!1'.t<' 1111 yc•111IP11r. S'il 11'y 11 1'11 a11c11111•
EFFETS DE LA VEXTE

clause d'exe111Jllion, l'efl'et de la connaissa11cc, 1}ar l'acl1cteur, clu danger


c¡u'il court sera de rcstrei11clre la res1}onsa!Jilité clu garanta /11 reslilutio,i dit
/ll'ÍJ;, c'est-it-clirr ele l'exen11)ter des clo111n1agcs-i11tércts et autres prcstations
J)t'•cu11iaires <¡11'e11lrai11e e11 g(\11(•ral la gara11lie. l~es cl1oscs se 1)asscr<J11t en 11n
111ot comn1c s'il y avait e11 clllltse r¡énérale 1/e 11011-gr1rl111tic p11rc et si111ple.
(~'cst ce c111c décide l'articlc 15()9 po11r le cas s1)t'•cial d'unc éviction résul-
tanl de la reve11<licatio11 d'u11 i,er11s rlo111i11us.

11. -- Garantie contre les vices de la chose.

Généralités. Historique. - Con1me la garantie d'é,iction. la garar1tie


des ,·ices cacl1és ele la cl1osc est la co11séq11cncc d'une o]Jligalio11 i111plicite
du ,encle11r. Cclui-ci cloit <\trc co11sid11ré con1n1e ten11 de fo11r11ir a son
acl1clc11r, non sc11lcn1c11l une possessio11 llaisilllc, 111ais une Jlossession
11/i/e, ré¡l<J11clar1l a11 ser, icr 1111e l'aclrcteur cst 11or111alc111cnt en droit d'at-
LP11drc ele la clrose. Cepe11cla11t, 11011s sa,011s c¡uc le Codc ne s'en ticrrt pas
ici a11 "i: rt'·glcs el II l)roi t co,111111111 concernan I les conséc¡11cnccs de l 'inexé-
c11 lio11 eles olJligalio11s. On a ,·u c1uc l'l101111e11r co111r11c la rcspo11sallilité
dr la cr{•alion d'u11c Iégislalio11 spécialc, en cetlc n1atiere, re,ient aux
écliles c11rules ele l\0111c, 111agistrats i11,estis ele la policc eles foircs et des
111arcl1{•:-. Des raisons sp{~ciales tenant a11x particularités eles ,·entes d'a-
r1i111au\ clt1n1estic¡11es C\}llil¡ue11I lc11r i11iliati,e el les traits caractéris-
tic¡11es el<' leur créatio11. 11 fallait, e11 })arcille r11atiere, i11cl11rc e11 1111 tres
!Jrcf tlélai le rccours lles acl1clcurs, car il y a lic11 de crai11drc qu'ils
11'rxagere11t i, 11laisir les prélc11cl11s vices cl'1111 a11i111al do11t ils se rcpen-
liraic11t cl'a,cJir l'ait l'c11111ll'llc; ele ¡1111:-, il c1111vie11l ele lc11ir co111ple de la
fr<'-(¡11e11cc eles rc,e11lcs succcssiY('S, cl'oú il rés11lle c¡11c so11Ye11t le ,e11-
clcur a co11111Ii·te111e11l ignor(\ les ,ices ele l'a11i111al par lui vcndu. Les
{·clilcs n1irP11l t•11 co11sé1111c11ce á la dis¡Josilio11 ele l'acl1elr11r clc11x actio11s,
s1i11111iscs 1·11,ui l'l l'a11lre 1'1 uue cr111rlc 11rcscri¡1liti11. !1ar J'aclitHt rc1lhibiloria,
il p<>t1vail i1111uiscr au ,c11cl1•11r la rc1irisc ele l'ani111al ,icic11x et la restit11lio11
d11 1irix ¡1ay{·. <>u liie11, s'il 11ri'·l'i'·rait c(111scr,Pr l'1)!1jcl, il pou,ail, 11ar l'ac-
lÍ(HI 11·sti111aloria 011 r¡11a11/i 111i11ori.~. rc'·cla1111·r le 11ai(•111Pnl cl'unP li1111ifica-
li(11t C(1rr1'.SIH1T!tla11l. 11t111 ¡1l11s, cti111111c rl1) 1H1s j1111rs. e11 cas ¡l'{)Yicli«Jll par-
ti1·lle, ¡\ l't'•l(·111l1H· C(>ncrelP ll11 pr1\j111lice s11lii, 1r1ais a la <liu1i1111tio11 tic la
,aleur alislrail(• tic· la clH1sr• rc'•s11lla11I (le la tlt'•cuu,Prlc <l1!S ,icPs cacl1<'·s.
<:es S(1l11li1111s {•¡lililiP11111·s (1111 11assc'· tlans la 11l11part tics l{·gislalitJllS 1110-
tlcrr1cs, lla11s 1u1lr<' <:t11IP ci, il, <lans I<' <:11111' ci, il italiPII (art. 1;101 el sui,. 1,
tia ns le ClJllc ft•lli'·ral l1Pl,<'·li(111c (les <>l1l igali(lllS (arl. 1!)7 et s.), cla11s Ir <:(1tl1•
(·i,il cs11ag1111l (nrl. •'al-ili ('( s.), tlans le <:cicle ci,il a!IP111a11cl (arl. 11:>\J Pl s.)
l>i1•11 tlUP, lt1rs 1l1i la clisr11ssi1111 ele>. e(~ <:1}(lt\ (111 ail ¡1ri·cr111isú l'ar1¡1licalitlll en
('1·ll1'. 111alii'·rc 1l1•s r1':glc>s 1111 J)rt1Íl c11111n11111. l.c C:tHlc ci,il ¡iorl11g11is
(arl. 1~1K·1) lranrlu• s11r ce tal1IPa11 ('11 a1111li(111a11l ici, 111111 Jps :-a11clic111s 111)
l'i11t'.Xt•r11li(1ll dPs 1lellcs, 11111is cc>IIP 1IPs YirPs clu cti11:-e11le111t•11l, Pl'l'<'tll' (111
t Iul .
.\j(1t1l1111s q111•, tla11s IH>lr<• l)r(1il l'r1111<;11i:- (PI 1111ssi 1lans lt• l)r(1it nllt!IIHIJltl),

468 LIVRE · 11. - TITRE 11. - PRE~IIEHE P,\RTIE. - CJIAPlTI\E JI

il s'est l)roeluit une singuliere é,olutio11. \'ot1s a,011s ,u e¡ue, 1Jri111iLi,c-


111e11t. ce so11t les parlict1larités eles ,e11tes el'ani111a11:x do111estiqt1es q11i, e11
pro,,oqua11t l'inter,e11tion eles édiles. 011t entrai11é la for111alio11 el'une lt'·¡;is-
• lation spéciale. De 110s jot1rs, des ¡Jréocct1¡Ja Lions praliques elu 111e111e lJrclrc
ont a111e11é le législaleur a étalJlir, pot1r les ,entes d'anin1a11x don1estic¡t1es,
u11e 11ot1,elle série elr, ri·gles ¡Jarticulieres, exce1JLio11s lt l'exce¡llio11, e¡t1i clt'·rrJ-
ge11t au:x. sa11ctions ordinaires eles ,ices récll1ilJitoires e11 g{·11éral. Les lJr-
soins et les récla111ations eles t'·le,rt1rs, eles bot1cl1ers, ,t'·tt'·ri11aires, etc ,
ai11si qt1e l'ir1téret ele la santé pt1IJlie¡t1e, 011L 1Jro,oe¡ut'· l'apparitio11 d'1111e sé-
ríe ele lois qt1i con1plie¡t1e11t si11guliere111e11L le st1jet. C'est ainsi c¡ue, po11r 11e
parler c¡ue eles pri11cipau:x te:x.tes, des elérogatio11s a11:x regles du Coele ci,il
rést1ltent, e11 r11atiere de ,·e11tes d'ani111a11x. clor11estie¡ucs, eles lois du 20 111ai
1838, clu 21 juillet 1881, elu '.l ao1it 188'1,clu 3, j11illet 189j, clu 21 jui11 1898
art. 111, cl11 23 fé,rier 1905, elu :>.'1 f<'·,rier 1914. I•:t la liste 11'Psl 1Jas clcise
assuré111e11t !

1° Regles générales en matiere de vices rédhibitoires. - On c:,;a-


111i11era les trois <¡t1eslio11s ci-aJll'L'S: .\) C)uels so11l les ,ices <l1111l il est clt'i
gara11lie :1 13_ f¿uel:- so11t les ell'ets ele la garantie :1 C) C1)1111Jaraiso11 e11lrc la
garanlie cl<'s ,ices rt'·<ll1ilJiloir<'s et les a11lres ,oiPs <le recours ele l'acl1ele11r
i11t1llité 11ot1r ,ice clu c1J11se11te111e11l 011 Iésio11) .

.\. Définitions et conditions des vices rédhibitoires. - Les ,ices


clo11t le Y<'ncle.ur cloit gara11tir lºacl1ele11r so11l a¡Jpel,'s l'Íccs r1:1/hibitui1·cs,
0

expressilJII l¡11i 11<' llt·fi11il rie11. car ell<' s allacl1e. 11011 a11 ,ict' l11i-1111\111e, 111ais
a s011 ell'el a11 111oi11s JHJssilJ!c c¡ui P:-1 ele f,1rcer lP ,e11<lc11r i, r<'prenclrc la
cl1osc (rccll1ibc1·e·1.
lllus 11rt':cist'·111c11t, lºarliclc 1ü 111 1¡11alifie les vices récll1ibitoires ele 11 1lt'·-
fauls cacl1t'·s ele la cl1ose vc>11d11c q11i la re11llent i111¡1ro¡Jre ;'1 lºus:igr auc¡url
011 la tlf'slir11·. 1111 ,¡ui <li111i11ue11l lelle111r11l cct 11sag1\1¡11c lºachel1•11r 111• l'a11-
rait ¡1as acr¡uis1· 1111 11'p11 aurail drJ1111t'· 1¡uºu11111r1i111lr1• Jlri,. sºi( IPs a,ail ,·1111-
nus "· \insi, 1J11 ,11il a11ssil1\I '(lll' 1°;1!Js1•r11·1· ,1·111ll' r¡ualilc'· t'\l"<'(llÍc11111ellP
11'e11trai11P ¡i.1s 11• r,•c11urs t'II garanti,•, 1lu 111111t1f•11l r¡ur la c(111st' l1ie11 t(ll1'
111t'·1li1H'.l'P, r,•slt' s11llisa111111P11t (ll'tl)ll'I' ;'1 l'11sag1• atH)llt'I Pl(P t'·lail c!Ps(.i111•P,
sauf ;'1 1l111111Pr liP11 it l"acl11111 PII 1111lli1,·• )ltllll' Prrc•ur. si Ct'llc 1¡11alilt'\ t'\l"Pll·
.
t 1(11111(' 11 {' (111 Of)IIIIC
. t''1 al° l ...~,, /IS l 1(/1 /'/(' ti (', l" .l'Sl-a-1
' 1ll"C
º a\'all
• I''l'(' {'11\JSagt•c•
. ' Sjll'l
' .la-
0

lc1111·11I ¡iar l1•s 11arli1~s c1111tr11rla11IPs.


l,t' ,ice rt'·<ll1il1it,1irP 11r11l St' rP11r11nlrPr 1l1111s IPs ,1¡H'•rali1111s IPs 1il11s cli-
VPrsf':--;.
l•:11 cas 111· ,1•11(1• 1lºi111111Pul1IPs 1111r l'Xt'1t111IP, 1¡11a111l il y aura t'll \'PIIIP ,lºun
lPrrain 111i111'· ¡iar 1(Ps t'\1·a,ati,111s l't'lltlanl 11111' ,·,111slr111·li,, 11 in 1¡11 1ssil1IP.
,·1•1111· ,1'11111' ¡1rairiP infPst,'•p 1l"l11•rlH•s ,c'·nc'·11P11sPs, \'l'fllP 1lºu11 l11\ti 11 tt•nl re-
¡u1sa11l sur ,l,·s f11r11la1i,111s 11"11111' ¡1r11f,111dc•ur i11,11flisa11IP ¡u111r t'II assur,•r 111
St1li,lilt'·. t'(l".
1,:,1 111:tli,'.rp 111,1l1ilii'·r1·, ali 1·a, ti{' \t'll(t' ,1·11111• 111a,·l1i111· ,1·1111 r,111clitlllllf'lllt'lll
<l«'•fpc[11PII\, tlt' ,·p111t• tlt' JH•rlP, li111•, c11l11rt'·P, arliliciPIIPtllt'lll jltllll' t'II 1lissi-
11111ll't" lt•s 1lt'·f1111ts.
EFFETS DEL~ VEXTE 4fig
l1 our les cl1oses incorporelles, en cas de Yente de valeurs de bourse fra1)-
pées d'oppositio11; Yente d'actions d'L1ne société a11nulée; cession d'un office
111i11istériel dé1)récié a la suite d'inde'licatesses con1111ises par un précéde11t
titulaire.
En cas d'opérations autres c¡ue des ventes, n1ais assin1ilallles, telles que
.
cess1ons 011 tra11sports, a1)pürls en soc1etc, etc ...
. , ,

Ce1JenclaI1t il y a une exce1Jtion résulta11t de l'article 16!19. La garanlie


eles vices rédl1ibitoires << 11'a pas lieu cla11s les ventes faite.,; JJar a1ilorilé ele
j1islice n, ce qui doit s'enle11dre des ,entes qui ,ie pe11ve1il elre failes r¡ue pa,·
a1ilo1·ité lle j1i.~lice (biens de n1ineurs 011 de successions bénéficiaires, saisie
in1111obiliere), ei non des ,·entes dans lesc1uelles l'intervention de la justice
est si111plen1ent facultati,·e, con1me les licitations des l)iens d'ur1e succession
a11partena11t a des col1éritiers 111ajeurs et capal1les. Les 111otifs de l'exception
étalJlie par l'article 1649 so11t, d'une 11art la la·rge publicité donnée a la
vente j11diciaire, c¡ui facilite les enqueles des i11téressés, en seco11cl lieu,
l'intéret eles créa11ciers q11e le prix provena11t ele la ,,ente est le 11lus so11-
ve11t desti11é a ren1l)ourser, enfi11 les frais de la vente jucliciaire qu'il ¡·111-
¡1orte de ne pas rendre in11tiles er1 a11nulant l'adj11dication.
Pour q11e le ,ice clont la cl1ose ,,e,1d1re cst atteinte et qui la rend i111pro-
a
¡1re so11 usage, oll're les caracteres cl'ur1 vice rédl1il)itoire, il faut les condi-
tio11s suivanles:
a) 11 fa1rl q11e ce vice présente une cerlai,ie gravité. lí11 · d{•faut· insig11i-
fia11t serait sans elfet. Il y a lit éviden1111e11t 111atie.re it appréciation so11,e-
rai11e des j11ges rl11 fo11cl.
b) II fa11t q11e ce soit 1111 vice caché. << Le ve11llc11r 11'est pas tc1111 des vices
ªll():trcnts et clont l'acl1ctcur a Jltr se co11,aincre lui-111¡\111c. n
L'ignora11cc ele l'acl1eteur csl-clle 1111e ex.cuse :1 )io11, répo11cl e11 général
la cloctrinc, car il aurail p11 se faire assistcr, clans son acl1at, par une per-
se)1111e co1111){:lcnl<'. CPJ)e111lant, la j11rispruclencc 11'allllliq11e 11as rigo11re11se-
111e11l celle i<léP, 1l11 1111iins <111a11cl il s'agil de la ve11le cl'1111c cl1osc exigcanl,
Jlf111r e\lre np¡1rt'•cii'·c, ccrlainPs c1innaissanc<'s tccl111i!JIICS (\·. J)r>ur la vente
1)'1111 111r)le11r .'1 gaz, l\cr1., ;~, jnillct 1i11>:i. 1). 11 • 1i1ci8. 1. ,,,H. S. IDri¡.1. 113¡).
,\j<i11l1lns ffll«' la gar1111tie eles vices aJlf>arcnts se· tre111,e 1111e)¡¡11efois, c11
íait, i111¡H1si' <' a11 venrlnur, JJar 1111c cla11se for111clle du cfi11lral.
0

c:1 l'as cll' g-arnnliP 11ri11 ¡1l11s 1¡11ar1rl le vice r111\111c caclu'• a c'·ti'· 1111 fail 1·011111l
1111 ¡¡11i a 1111 1\tr1· C<l111111 ele l'a1·lu•IPIII' a,a11l la Yl'lllP (í\Pq., ,•r 111ars 1H¡G,I),
I>. ¡¡. 1 1:1:1), flll cP 1¡11i rc,ie•nt an 111<\111<', l1irse¡11'il s'agil ¡)'1111 vicn tellc111cnl
l111l1il11cl, ll!)l'111al 1¡11'el11 lle)il le111jci11rs s'atlenclre1 .'1 )p ,oir se rl•vi'\lcr, J>c11-
cl1111l l1111glu111¡1s, cHI n a1l(llic¡11i'i CPI l1\ i,l<'•c ,~,1 11111li1\rr 1lc YP11lcs !le 1IP11ri'·cs
11li111Pnt11iroi;, 1!011rl!c\s clc111l lcs falsiflcali1111s,!lis11il-011, sonl IPIIP111c•nl co11ra11-
!Ps 1¡11',,)IPs ll<l s1111ruic11l <lill111Pl' lil'll ú la garant.ie•. \lais la li'·gislati,111 el la
' '
,111r1s11r111 1c•11cc• ¡1 1ns l'l'cc11lc
' '
sP111l1l«'11l. <'lrc• '
<'lllr1•cs, <'ll cPs e1Pr1111•r1•s
., '
1111111•cs,
ll1111s 11111• ,1ii1• 111· ¡1l11s gr11111IP sl•ví•rilc'·, 1111ssi l1ic11 a11 JH1i11l ¡Jp YIIP 111• la l'l's-
lHlllsnl1iliti'· civil,~ ,¡11'1\ l'()II1i 1l1i la Sllllt'lÍ1)II ¡11'•111111• (\1 • l11is ¡)11 1 11 ¡\()lit 188!1,
1l11 11 j11ill<'l 1X!I', 1111 :Jl1j11ill1•l 18!1!1, 1111 li nvril 18!1¡ s11r In 111isc en ,·,•11tc1lo
'


Ll\"IIE II, - TlTI\E 11. - l'l\E~IIEIIE P,\IITIE. - CIIAPITIIE II

,i11s falsifiés; loi d11 1°" aotit I\J05 sur la falsificalion des dc11rt'.·cs ali111e11lai-
res; loi du 16 a,ril 18\)'j sur la falsificalio11 des bcurres, ele ..• ). ,\ujour-
<l'hui, la j11rispruclc11ce adn1el le recours e11 garanlie, 110n seulcn1ent en cas
de ,ente lle denrées ayant fail l'objet de falsificatio11s illicilcs, 111ais 1r1e111e
en cas de vente de dc11rées si1111Jle111ent altérées 011 lravaillées <la11s la r11c-
s11re per111isc par la loi pénale, par cxe1111llc, de ,i11s lt'·gerc111enl ¡ll[itrés, i1
111oins q11'011 n'ait ir1clic¡11é c11 gros caracteres, sur les réci¡licnls, la ,t'·ri-
talJle co111¡Josilior1 dt1 prod11il (lleq., 2G avril 1goG, D. P. 1vo7.1.509, S.
1906. I. 180).
d: Le , ice doit avoir existl: att 111on1e11t lle la 1·e11te (au n10111cnt de la tra11s-
lation des risques sur la cl1ose, dit l'article 459 i11 Ji11e du Colle ci,·il alle-
n1and;., ·
e) Le ,ice cloit ri'avoi,· pas été excl11 ¡1c1r le co11lr11l, car la cla11sc ele 11011-
garantie esl licite encelle 1uatiere co111111e p<1t1r Ir cas d'é,ictio11, á co11clitio11
toulefois c¡ue le ,encleur 11'ait pascon11u le vice art. 1G!13) ,(:iv., 14 dt'.·ce111-
bre 1909. [). P. 1911.1.19G,S. I\Jl<l.1.:l6 11).
f) Enfi11 la loi exige c¡ue le recciurs soit eJ.·ercé <1 dc111s u11 hrej ¡{élc1i, sui-
,·ant la 1iat11re des ,ices rédl1ibitoires el l'uf'age cl11 lieu oir la ,ente a <'.L<'·
faite » (art. 1G48). t·r1 trop long· délai re11drait la vérificatio11 du jug·e lr1Jl)
difficilc, el rer1drai t suspectc la récla111atio11 de l'acl1ele11r. Ce so11t les lri-
J111na11x qui arl)itreronl, clar1s cl1a<111e esp<'·ce, s'il ~- a e11 rcc<111rs exerct'· c11
le111ps 11tile. 11 y a pl11s ele JJrécisio11 cla11s le Coclc ciYil alle111a11d (arl. !1-¡¡,
qui fixe Je rcc9urs ;1 six 111ois apres la ,e11te ¡Jour les 111eul1les, el a 1111 an
Jlour les i111111euliles.

ll. E.ft'ets de la garantie des vices. - l)'a¡>r<':s l'arlicle 1ti.1111, u 1·acl1e-


te11r a le cl1oix tic rendre la clHJSC \récll1iliitio111 el ele se faire reslil11cr le
prix » (avcc les i11tércts, ajoute la juris¡Jr11cle11ce: Civ., 13 111ars 18¡-¡, 1). l1 •
77.1.:-12:~:i 1, 011 lle garcler la cl1ose et de sP fairc re11clrc 1111e partie cl11 ¡Jrix.
tclle <¡11'ell<' s1•ra arliilr<'·e ¡>ar rx¡ierls ». (:elle CJJ>li1>11 ce¡>e11da11I 11'a1i1iarli<'11I
11as loujours a l'acl1<'l<'11r ; il y a cl<'s cas 111'1 il 11e 11c11 t 1le111a11<l<'r la ri'·clhi-
liiticl11 el csl récluil li l'acli<>ll 1¡111111fi 111i1111ris. C<· so11l les s11i,a11ls:
11) S'il a a/ic:,,é la cl1cJSP: il s'csl 111is e11 <'ll'el l11i-111<\111e <la11s l'i111¡>ossil1ilili',
ele la reslil11<\r.
()11<' cl<'•ciclcr si, sa11s alit':11er la clI<>S<' i'i 1111 ticrs, il l'a grc,t'·I' <IC' <lr11it.s
r1'.e(s lels 1¡111• SPrvit11dPs el l1)·¡¡oll1<'•<111es :1 l1as de 1liffic11ltt', l11rs1111<' 1·ctlc·
cc111stit11li<>II clc <lr1>ils rt'·els l'SI JlOslé1:ic•11rc' ú la Jt'·cc>11,crte cl11 ,icr-: PII<'
ir111,li1111e alors c<·rlai11P1111·11t r<'IH>11ciali<>11 el<· 1·acl1<·lP11r 1'1 l'acli1l11 r<'·1lhil>i-
t1>ir1•. 11 ). a c<>11lr<1,·<·rs<·. ;111 <"1>11lrair<•, l<>r:-<(11<' l'acju•l<'11r a gr1•,t'· la clt11st'
11,anl la clí,ccH1vcrlc cle:- ,icl's. ()11 11<' 1·<>111<':-I<· fH>i11t <¡11'il r1111srrY<' l'ac•
ti,111 r<'·cll1il1il1Jirc. l\lnis <flll'ls <·11 :-<•r,1111 (ps cfl'cls ~ l ·11<' (>l'<·111it'•rc <JJ1i11h>11
c11s<'ig11<' 1¡11c IPs <lr<>ils c<i11se11tis ¡,ar l'acl1c•tc11r :-<'1"<>111 a11<'·a11li:-; l'll<· ,·,,it
cl1111s l'acli<111 rc'·1lhil1ilc1irl' 1111c• acli<lll <'11 r<'·s<>l11ti1>11 (>111'1' el si11111IP 1l111111a11t
lic11 á a¡111licali<>II cln la 11111xi111<': li1•.~11/1t/11 .i11r,· ,/,111/is r1·s11/1•il11r .i11s 11r,·i-
/Ji1•11/is. :\lais ll<JIIS cr1>~<111s ¡1r1',f<'•ralil1• <l'a<lll1<'lfrl' <(11•' l'acl1c•l1•11r 11<· (>PHI
t'\<'l'<'Pl' l'11cl.i<111 r<'·1lhiliit11ir<· <¡11·a¡>rt'•s a,11ir <l<'·gr<•v<'• l'i111111c11l>l<• <ll's cl1arg-1•s
EFFETS DE L.\ VE"TE

par lui constituécs. L'assi111ilation ele la réell1illilio11 a la résolulio11 csl i11-


co11ciliable avec l'l1isloire de la gara11tie el l'rxisler1ce e11 celte 111atiere cl't111e
législation lo11te s1léciale. Les llon1ains n'ael111ellaienl poi11t c111e l'aclio11
1·e<lhibiloria réllécl1it co11Lre les Liers. Rellfiibere, c'est faire 1111e opéralion
i11vers0 de la ,·ente; ce 11'esl tlas la réso11dre. Et la rédhillilion tloit bor11er
ses efl'cls aux llarlies e11 cause.
b¡ ,\u cas de vente d'1111 ofjice nii,iislériel, l'acl1ctcur 11c pe11t {,gale111c11t
rt'clan1cr, le cas écl1éa11t, qu'u11e dimi11utio11 clu prix de cessio11 et:11011 la
récll1ibilion. 1~11 cll'et la lrar1s111issio11 de l'offlce résulte d'u11e clécisio11 go11-
Yer11er11entale q11'il ne dépencl pas des tribunaux d'annuler.
e) L'l1ypoll1ese de perle de la chosc Yicie11se qui suppri1ne, elle aussi, l 'op-
tion du garanti, do1111c lieu a des regles particulieres.
La 1Jerte peut avoir lie11,soit r>ar la fa11le ele l'acl1eteur, soil par crlle du ,e11-
deur, c'est-a-dire par suite de la 111,tuvaise qualité ele la cl1ose, soit ¡Jar cas
forluil. Da11s les cle11x pre1nicrs cas, il 11'y a pas de Jifficulté. Si la cl1ose a
¡Jéri par la faute ele l'acl1eteur, celui-ci ne peut se plai11dre. Si clic a péri ¡Jar
suite de sa 111au,aise qualité, t( la ¡Jerle sera pour le Yc11dcur >> (arl. 1G 1,71.
Celui-ci deYra done restiluer le prix et les do111111ages-intércts accessoires.
Enfi11 e11 cas de perle parcas fortui t, l'arlicle I G47, al. 2, la mel a la cl1arge
de l'acl1eleur (.da11s le 111c111e sc11s, "\'. C.ci,. italicn, arl. 150!1 .,. ,\u co11lraire,
le Codc ci,,il alle111and ;art. !1G2), cl'accord c11 cela avec la traditior1 ro-
111ai11~ (cla11s le 111c111e se11s, C. ci , .. cspag11ol, arl. 1488), décide que la_;rédhi-
bitio11, el par co11sée1ue11I la restitulio11 clt1 prix, pe11t ctre elcn1andéc. Cette
solutic,11, e11 apparence n1oi11s logic¡uc c1ue la nolre, est pcul-ctre plus 1Jra-
Liquc, .'t cause ele la diffic11lté cxlrl\111e qu'il y a 1111elquefois a clisccr11er si
la cl1osc ,icie11se a ¡Jéri par l'cfl'el d11 cas ftirtuil ou ¡Jar cclui ele sa 111a11,aisc
c1J11slilutio11. En fail, le (Jlus sou,c11l, les cleux ca11scs a11ront agi l'1111e et
l'a11tre. el il esl e11 so111111e 1\r¡11ila)Jlc c¡11c les con·sc~e¡ucnccs de l'accide11t
pesenl 1il11l(\l sur le ,c11deur c¡11i csl c11 fa11lc d'a,oir fourni 11ne cl1ose de
111auvaise c111alitt',.
11 se 1>c11l 1¡t1P l'ina¡1Lil11clc ele la cl1c1se vicic11se it l'11sagc po11r lcqucl elle
t'·tail clcsli11{:e 11c stiil 1ias le sc11l ¡1rt'-j11Jicc so11ll'crl JJar l'acl1ele11r. S'il e11 csl
ai11si. (l<'s 11rPslalio11s s111111lé1111'11lairr:s ¡1011rro11L l11i i\tre d11cs Jlar le Yendeur.
C'cst e,: (¡lle 1[l,ci1!1"1l les arliclPs 1(i 11:-1-1G!1ti, lextes 111al rl:1ligés tl'aillct1rs. e11
ce 1¡1t'ils 1>araissP11I IIP YÍSt!r 1¡1H: l'lt~)>(>llu'.sc 1lP la rl'.·dl1il>ilil>ll. lci, la loi a
,1111 I II fa i l'P II IIP d isl i ncl irin. s11 i va11 t r¡ ue le vcnclcu r a 1',té tic IJ01111e 011 de 1r1a11-
, a is1: f1Ji .. \-t-il t':tt': tic 1111111P11is1: .fl)i, i 1 1lc1i I l1>11s Jps 110111111agPs-i11 lt'·r1~ls cor-
rPSJH>1Hla11l 1111 ¡1r1\j11tlicn P11licr t'·¡1r1111vt': JHtr l'achclc11r. ,\.t-il t'·Lé tic bo1111x
,(oi, il lit' cll'\ ra 1¡11c, le 11rix ,le la ,e11l1:, ayee ses acccssoires. S11l11Lic111 lo-
gi1¡11c, 1111isrJIIP, 1la11s la JJl"PJ11i1\rc' l1y11e1Ll11':sc, le rc'.•glc•111c11L :'i fairc entre l1}
,·entleur 1:l l'achPlt•ur 1lt':IJ111'llc le 1l(1111ai11c s11écial (le la garanlic:, el 11t',ccs-
sil1', .\ rais(111 1111 (l(>I c1>111111is 11ur 11' gara11l, 1111c in<le11111isatio11 l<.ilalc tl11
gura 11 ti.
;\lalh1:11r(•11sc1111H1t, l'arliclP 1ti'1li, visan l. la i,;iL11ali1.111 ,111 \'(\lltle111· lle IJ1111nc
f(Ji, ,:'1:sl-i1-1lire aya11t ig11orí\ les vic(•,; ,le la clH>se, c111¡1!(1ie 111111 cx¡1ressic,11
lr111> ,·11g111•: il ll(Jt1s <lit ,¡11'il 11'esl te1111 ,le: restilu,:r a11 gara11l ,¡11e le ¡1rix

Ll\'"RE 11. - 'flTllE 11. - '


Pl\E~llERE P .~RTIE. · - Cll.~PITRE 11

a,·ec « les frais occasionnés par la vc11lc n. Le texlc ne vo11lai t sa11s elou le
viser que les frais de l'acte ele vente. ~Iais la j11risr)rude11ce l'i11ter1)rete dif-
féren1111ent, et elle adn1et q11e l'acl1eteur sera en droit ele récla111er le ren1-
IJ011rsen1ent de tous les frais qui ont été pour luí u11e conséc¡uence de la
défecluosité de la c\1ose vicie11se, par exe111ple, les frais dt1 proces c¡u'il a
(\té cor1trai11t de so11te11ir co11tre ses pro1)res clie11ts anxc¡11cls il aurail li, ri· 0

des 111arcl1andises défectucuses, ainsi c111e le l1icrun1 cessa,zs, le IJénéfice


escon11)té dans les alTaires c¡u'il a 111a11q11ées ¡Jour la 111e111e raison (Ilcc1.,
28 1nars 1898, D. P. 1903.2.[¡47, en 11ole). Ces sol11tio11s alJoutisserit i.t ell"a-
cer to11te distinction entre la responsabilité du ve11cleur de lJonne foi et cellc
du ,·e11deur de r11au,·aise foi ; elles identifient le~ eleux tl1éories de la ga-
rantie des ,·ices et de la garantie d"éviction.

C. Comparaison entre la garantie des vices et les autres actions


d'un acheteur lésé. - L'action en nullité pour erreur est le recours qui
olTre le plus d'analogie avec la garantie eles vices, puisque celle-ci exige que
le vice ait été cacl1é et igr1oré de l'acl1eteur, c'est-i1-dire,e11 définitive,sup1Josc
une erre11r ele ce dernier. :\Iais l'erreur (art. 1109) r1'est u11e cat1se de 11ullité
qu'autant q11'ellc ¡)orle sur la sulJsla11ce ele la cl1ose. La gara11tie, elle,suppose
a
c111e la cl1ose est i1111Jropre s011 nsagc. llar exc111ple, l'erre11r ll't111 i11stru-
mentiste q11i acquiert u11 violon, parce qu'il le croit l'oeuvre d'11r1 lull1ier
célellre, alors que l'instru111e11t est apocrypl1e, est urtc crreur s11r la sulJs-
a
tance qt1i clortnera lieu une action en n11llité; 111ais le caractere apocry¡)lte

du violon n'cst pas 11n Yice récll1illitoire clo1111ant lie11 la garar1tie . a
D'autre parl, l'aclior1 en 11ullilé pour llol c¡11c !'011 peut ég·alc1nc11t co111-
parcr avt'c la 11t1Lrc, sup¡)osc pro11véc la 111a11vaise foi llt1 ven<leur; la gara11-
tie d11 vice rédl1ibitoire (art. rGt13) existe, at1 co11lraire, 111e111e e11 cas ele
bon11c foi d11 garar1t.
[)actio11 rés11lla11l tic la lésit11111'esl co111¡)aral)l1• it 11olrc rccour:-; e11 gara11-
lit' que lorsqu'elle esl acl111ise Pll faveur <IP l'achcleur, cas l1J11l <'XCCJllio1111el
c¡t1i ne se procluil, <111 l'a v11, fl11'e11 111alit•rc <le vcnle cl'Pngrais 011 d<' s11IJs•
lances ali111cntaircs liestinécs a11x aui111anx <le la fcr111e. ~Iais, clans cctle 11,- •
Jloll1<'~sc, le rcco11rs llr, l'acl1cle11r ¡>r111r l1~si1>11 11c: <)1¡1111e 11as liou ;'1 l'o¡1li<>11 <IP
l'arliclc 16'1'1; il 11'alin11lil 1¡11'/1 111u1 r<•slil11ti,111 ¡Jarlicllc ,!11 1>rix avec
do1n111agcs-i11lér<\Ls s'il y a lie11.

Effet des vices de la chose en matiere de vente d'animaux do-


:iº

mestiques. Généralités. Dualité des législations applicables. -


L'i11cor1v<'·nie11l q11c ¡1ri'·sr:nlail l'a11¡>licali<Ht ¡111rc el si111¡ilc <111 s~·sti'~111<> cl11
C11clr, civil lt ce gcnrc <le lransacli<>ll, c'i'•lail <I<' Jaisser 1la11s IP vag·11c et
d'alJa11do11111•r ¡\ l'arlJilraire <les j11ges 1le11x ¡u1i11ls i111¡u1rla11Ls: d'al><>r<I, la
gravitó cl11 vice 11011va11L <lc>1111er licu a11 r<'c1111rs, <'I, 1·11 s,•,·1Hul li1:11, le 1l<'·lai
da11s le<¡ ucl le l'<'COII rs devai l <\tre i 11 lc11 tó.11 (\ll r<'·s1111 a i l 1111c <I i v<'rsi tó 1•xcc\ssi ve
dans les r<\g)ps a¡11>li<1111:cs par les <IÍVPl'S LrilJ1111a11,;, 11 ~- ;1vait 1lc ¡il11s ;'¡ IP11ir
compte dn l'ast11cc 1lcs 111ac111igrt(111s, <le IP11r 1u111 <le scr11¡111lrs .'11111•11111•¡,r 11\tll"
vc11de11r cl'1111 recrittrs fr)rl<lt': snr ele 11rt'·lP1ul11s vicPs, e11 ,·ue <1°<'11 1>IJLc11ir 1111r
EFFETS DE LA VEN'rE

tlin1i1111tio11 sur le ¡lrix, elt' la ra¡lielité et ele la f'réc111ence tles revr11les s11c-
cessi,·es, etc ...
De la Lo11l el'al)orcl la loi elu 20 111ai 1838, aujo11rcl'l111i ren1placée par la
Ioi d11 2 aot'tl 188 11. i11sért'·e dar1s le Code rural. Celle loi. el'11r1e Jlart, proceele
i1 l'é1iii111éralio1i li111ilctlive eles vices récllii!Jitoircs ¡Jo11r cl1aque catégoric el'a11i-
111a11x el<)111estie¡ues. ])'autre part, elle fixe 11n 1lélai fl'es bl'ej ¡)our le recours.
Ce clólai esl aujo11rd'l111i (arl. 5 ele la loi ele 18811) ele 9jo11rs seuler11e11l; il n'at-
tci11t :lojo11rs c¡ue J)Ollr 11ne se11le n1alaelie, la lluxion pórioeliq_11e eles yeux.
ll 11e s11fllt d'ailleurs })lus qt1e, dans ce clélai, 1·acl1cleur ait for111é sa ele-
111a11de; il faut cr11'il ail prc¡,·oqué la no111inatio11 el'experts et cité le vende11r
;\ l'expertise, ii 111oins qu'il 11'y ail cu prorogatio11 pro11011cée par le jug·e
a
ele paix, raiso11 ele l'éloig11e111ent (Civ., 10 juillet 1905, D. l). 1910.1 .294,
s. 1910.1.550). •
e\ colé ele cette législalio11 se <léveloppa11I dans les caelres dt1 Droit civil
lraelitionncl, 11ne autre a fait s011 ap¡)aritio11, sous l'e111¡Jire ele ¡Jréoccupa-
tions cl'hyg·i1~ne et de sa11té p11blic1ue. Elle s'est for11111lée elar1s la loi du
21 j11illet r88r ,relative a la policc ~a11itaire des anima11x.Cette loi vise le cas
de n1ise e11 ve11te d'a11i111a11x atteints den1aladies di tes co1ifagie1ises a én11111t''.-
rer par u11 reg-len1ent, et' prononce ur1e double sanction: 11ne sanctio11 pénale
co11lre les ve11dc11rs de 111auvaise foi ; u11e sa11ctio11 civilc consista11t dans
l'interdiction rle la vente ou 111ise e11 vente des a11in1aux atteints 011 soup-
a
c;or1nés (arl. 13), ce c¡11i al}ot1lit la 1i1illilé des ve,iles déji1 ell'ectuées. Cette
loi ne co11tie11t a11cu11e lin1iiation da11s la el11rée du reco11rs do11na11t lie11
;1 cette 11ullitt'·.
I,a co111l}i11aiso11 eles deux lois ci dess11s a e11gendré 11or11!Jre de diffi-
c11ltés. ])'1111e par! il y avail eles r11alaclics <¡ui fig11raie11l il la fois clans l'ér111-
111{~ration ele,; vices rédliibitoil'es et des rnaladies co11tagie11ses, la n1orve et le
f'arci11 (espóces cl1evali11e et ovine), la clavelée (espece ovir1e). l . aquelle des
cleux sanclio11s le11r ótait'ap¡llica]Jle ;1 I~n revancl1e,il y avait des especes po11r
lesquellcs les texles r1c pr{iv(i~·aic11t aucu11 vice rédl1il)itoire, 111ais se11le111enl
d1~s r11alaclie~ co11lagic11ses. 11 ert était air1si po11r les l)ovid{•s. 11 csl vrai e¡ue
la j11ris¡)r11ele11ce a ici cr>111l>lé la !acune de la lcii. ~<>11 se11lc111c11t, en cll'ct,
elle a1ln1cl la vali1litó, tl'aille11rs inco11lestal}le, eles cla11ses de gara11tie ex-
pressP. 111ais Pll<' tléci1le q11'il y a parfois gara11tie <le fait i111¡1licife, résulla11t
,1·1111c 1·0111•c11tion ta.cite ; ce <¡11i est ]P cas l1irs<11u; les l)<>vi1lés sonl ve111l11s
pc>ur la l>o11cl1eric(V. (~iv., r:i 111ai 1\)0:l, 1). )l. 190!1.1.'.>.!18, S. l\t<i/1.1,!11).
:\joul.ons que ccrlai11s lril>111u111x, C<J111n1el.la11t UII<' co11f'11sio11 1nanifesle
entre 11\s ~a11cli<n1s pénalc el civile C<J111111i11ócs }lar la loi tlt\ 1881, 11e pro-
ncin1;ain11t la nullitt'· <lt•s vc11les tl'a11in1a11x c1}11laginux r¡ue tlans le cas ot't Ir
vc11tlc111· avail t'~lÍ\ 1lc 111a11vaisn f'1>i. l)e !;'1 11ne loi 11011velle, 111odilia11l celle
dP 1881, la l<li clu :{1 juillcl 18u:i. (;ptl.c lcii a t'·tt'·, en vcrl.11 ele la l1Ji gént'~rale
1111 :i I juin 1,'{n8 s11r le (;<><le rural, i11st':rt'·c <!11 11arlie tla11s letlit <~od1i oú elle
f',H·111c l'arliclc /11, 1111Hlifi{: lt'igt'iren1cinl tlc¡>uis par la ltli 1lu :1:l f't'·,ricr l!)<l:>.
l,cs 111<Hlilil'alio11:- ainsi a¡i¡i(Jl'l.t'•es au sysl.<':111e d<1 la l<>i 1lu :11 juillct 1881
so11t au 11111111,rc de tlc11x ¡1ri11ci¡>alPs.
l)'1111c ¡iarl (arl. '11 1111 (;111111 r11ral. al. 11), il est 1lócitló f'cJr1nclle111c11t c¡uc
J.IVIIE 11. - TITRE 11. - '
PRE)IIEIIE P,\.RTIE. - CH ..\.PITRE 11

la n11llilé de la Ye11tc des a11i111aux co11tagieux sera prono11cée, « que le Ye11-


ele11r ait con1111 011 ig11oré l'cxiste11cc ele la 111aladie donl son a11i111al était
altci11t ou sus1}ect ».
En seco11d lieu (L. 23 fé,rier l!)05, arl. 2), 1111 départ cor111}lel a élé étal)li
entre le do111aine de la g·arantic el celui de la n11llité des ,e11Les d'ani111aux
contagic11x. En elTet, on a rayé ele la liste eles ,ices réell1il}iloire~, ela11s la loi
de 1884, toulcs les 111alaclies elites co11laf¡ieuses clo1111a11l lieu la 11ullilé . a
.\i11si, le <lomai11e ele la gara11tie se rétrécit de pl11s en plus, et 11ous 11011s
acl1e111i11011s ,crs le sysle111e anglais c¡ui co11sisle elans la s11ppression co111-
l}lete du recours e11 g·arantie eles vices e11 cas ele vente d'a11in1a11x don1es-
tiques.
\' 011s 11ous occuperons successi ,e111en l:
.\. - De la 11ullilé eles ,entes d'aoi111aux conlagie11x.
- .
l3. ·- Des ,ices rédl1ibitoires et de l'aclio11 e11 g·ara11lie, lit ot'1 elle s11bsislc.
:\.. Nulli té de la vente des animaux contagieux. - La loi d11
:i I j11illel 1881 sur la police sanilairc é11u1nere (art. 1'') les 01aladies q11i

<loivent ctre consi<lérées comme cootagie11ses da11s les diversos cspeces, ou


e1ui le sor1t égalemeot daos Loulcs (la rage el le cl1arlJ011). L'article 2 pcrn1et
au go11veroe111e11t d'allo11ger celte liste 11ar décrel, et cela afir1 de pern1etlre
el'utiliser saos retar<l les déco11verles ele la scie11ce qui peul révéler de no11-
,
vclles coolagiosités. C'est en conformité ele cel article e1uc le décrct <l11
28 j11illet 1888 a ajouté a la liste certair1s cas, par excmplc, la t11berct1lose
po11r l'espt'•ce bo,ine. ·

La sanctio11 ci,ilc ele la vc11te d'ani111a11x co11lagieux. csl, avo11s-11ot1s dit,
la 11ullité. Q11el est le caraclcre ele cctte r111llité :1 l,ogilJ11c111e11t,ce clevrait elre
11110 r111llil1! alJsol11c, 1111isq11'cllc rt>p<>,-e s11r la 11rolection elr la sanlé ¡111l}li-
lJtie,ct des lors intércsse I'or(lrc ¡111l1lic. Cc1)e11clanl, la loi d.u 23 février 1905,
,1¡1re'.s 11011s a,e>ir clit q11e la ,•c11tc est 11ullc <le droil >>, elo1111c 11 l'actio11 e11
(<

1111llit{· 1111e c1rµ·a11isatio11 qui l11i confi•re lrs caracte\res el'unr 1111llil{· relati,c•.
D'1111c 11arl c11 cll'l'I, la 1111l!il{: ne• ¡1e11t e\(rl' llc•111a11elt'·e' epre ¡>ar l'acl1ctr11r. 1•:t,
el'aulrr ¡iart., elle 11c11t se c<iuvrir 11ar 1111e re·1H111ciali1111 <le ce• <lcr11iPr 011 11ar
l'ex¡1iratie111 ll'1111 <lt•lai tri:s l1r<'f, <J11i csl <ll' /1;1 juurs e!Ppuis la livraiso11 c>n
gt•r1<'•ral. de :1<1 jc111rs ¡1011r la t11IJPI'Ct1l<1sl'. I•:11 ce' e111i co11cl'rll<'· ccttr clcrnie'..rc
n1alaelie, l'actio11 en 1111llilt'• n'c•sl, ele J>l11s. rPcrval1le\ <111e si l'acl1elc11r a fait
au 11rt'•alal1le la eléclaralion ¡1rc>scritP ¡1ar l'arliclc :11 <lt1 <~cHlr rural. 1lt'·clara-
li(JJI ayanl (Hi11r li11t ,le ¡ir<JY<HJ111•r la visite d,, l'agcut sanitairP rl l1•s llll'Sll-
res ael111i11istrativcs ll'li;vgic'•11c ceinséculivcs au <liag1111slic ele la 111alaelie,
1,c clélai <l'<•xe•rcicc lle l'aclicir1 Pll 1111llilt'· d1111111• liP11 11 <li,erses J>rt'•cisi1111s.
111 11 csl ¡iarf11is 11l11s c1>11rl. ¡1arf11is ¡>lus long·.
11 rst ¡il1t.~ co11rl, si l'a11i111al a c'·lt'• 11batl11.. l)a11s c11 cas,lc Y!'1Hl1•11r 11·a, ¡1ci11r
excrcrr l'aclion er1 1111llit.c'·, e111'u11 la¡>s <lc> <lix jours ú 1>arlir <le\ I'alialag<'.
• i.a11s e1uc ja111ais 1l'aille11rs l'aclie111 1>11issP ,\trc i11le·11l1'•(' J>asst'· l<)S <¡1111ra11lc-
ci111¡ 1>11 les lr1•11le\jo11rs 1¡11i s11iv<•11l la li\'raise111. l,P Ille>lif elP ccl(e\ r1•1l11cli1111
cl11 ,lt'·lai Pll ras 11',1l1alagP, c'c>sl 1111c IC's C<l11slalali1111s ,\ fairP ~,ar IPs l11i11111tcis
ele l'arl, alin <I<' ¡>rr11H·I lre· au tribunal <le1 stal11cr sur la elr111a11cle\ s1>11l ¡ilus
11rgrnlrs a11r¡.s la 111orl <IC' l'ani111al.
EFFETS DE L,~ VE:STE

l.e délai de l'aclio11 est a11 co11traire plits long, c¡11ar1d il y a eu des pou1·s1ti-
les i11le11lées conlre le Yencleur ¡Jar le 111inislere p11lilic, ce tJui su1Jpose u11e
ye11le faite de u1a11,aise foi. L'actio11 ciYile e1111ullilé peul, dans cecas, elre
ex.ercéc ta11l que l'actio11 pullliq11e 11'cst ¡1as ¡irescrite (trois a11s ]Jf)Ur 1111
clélit).
b) En lio11ne juslice, le délai fixé par l'arlicle 41 actuel d11 Cotle rural 1Je11l
paraitre ¡iarfois si11guliere111e11t lro¡J co11rt. ll e11 esl s11rloul ainsi lorsqu'il
y a eu, ce qui est frér1uc11L, 1111e écl1elle ele reve11tes s11ccessi,cs ! ,\i11si, 1111
,er1tle11r a liYré l'a11i111al i1 u11 inler111édiairc q11i ]'a rcve11cl11 it 11n !)oucl1cr.
C'est cl1ez ce der11ier e111c la n1aladie co11tagieuse est llécou, erte. Le IJoucl1er
0

a toul le te111ps nécessaire po11r ex.ercer s011 recours co11tre l'inter111édiaire.


\Iais ce clernier, JJOur pe11 q11'il se soit écoulé ¡Jlus de ,,j
011 ele 3ojours elc¡Juis
sa pro¡Jre prise rle li Yraiso11, Ya se trouYer sa11s reco11rs co11tre l'éleYe111-. La
situatio11 cst f,\cheuse pour lt1i, ~11rtoul lorse¡11c la 111alaclie c1Jntagie11se q11i
a111ene la 1111lliLé est la L11J¡crculose. ]~11 cll'et, cl'u11c parl. le clí~lai est alors
c11core ¡Jlus !Jrcf: de ¡ilus, l'i11lcr111édiaire, ¡ircssé de reYcndre u11 a11i111al
cl1cz lrc111cl la 111alaelie i'·tail ¡1c11t.-t\lr() c11cc1rc late11le, 11'a11ra ja111ais fait, la
a
clt\claratio11 lae¡11clle la loi s11lJordo1111e l'cxercice lle l'action en r111llili'~.
,\ussi, 1111 ren1a11ie111e11I rlc la loi est-il dcp11is longlen1¡is réclan1é.
e'¡ l,a 1111llité ele la ,c11Le ¡Je l'a11i111al conlagieux 11'est ¡Jas loujours l'11ni-
q11e sa11ctio11 e11co11rue. D'aLord, au 1noi11s si le ve11cle11r esl ele 111a11Yaise
foi, l'acl1eleur pcut luí récla111cr des do111111agcs-i11lérels corresponelant
a11 prt'·judice sup1Jlé111e11taire r¡u'il aurait e11couru , ¡iar exe111ple, par s11ite
clu rccours des liers do11t les a11in1aux 011t été contar11i11és. De plus, e11 cas
tic saisie cl'u11 ani111al L11licrc11lc11x aball11 ¡1our la lio11cl1eric, il ~- a lieu ele
tlisti11µ·11cr (arl. !11, C. r11ral, al. 11lt.).L'actir111c111111llilt~ ne 11r11[1\tre inter1-
lí~c 1¡11c si la saisic a t'.·Lt'· l1>lale. }~11 cas ele saisie ¡iarliclle ¡Jorla11t sur 1les
q11arliers de , iar1ele, l'acl1ele11r ne peut ir1ler1ter q11'1111e aclio11 en récluctio11
de so11 11rix, pro¡iortio1111elle111cnt h la Yaleur des cy11artiers saisis.

13. Garantie pour vices rédhibitoires des animaux domestiques. -


Ici CIICllre, il y a é1111111Í:rali1J11 li111itati,c eles a11i111a11x el eles 111alaclies r¡11i
tlo1111c11l lie11 it ce rcco11rs. !•:lle se trc>11vc 1la11s l'arliclc :>. 1I!' la lf1i ei11 :\1 j11il-
lt)t 1Hi1:1, IPr¡11cl 11'a ólé l'c¡Jijct cJ¡)p11is q11c ¡l'1111e 111o¡ljflcati1111 i11signiflante
ela11s la l<)i ¡Je , \)(J:i (a1ljc111ct Í(Jll ¡(11 1111il 1111l'ie1111es a11x_ IJoitcries i11ler111it-
tc11/cs clPs cl1eva11x t'l eles ,ines). ( )11 rr111ar1¡11era c¡11'ici 011 ne lr¡111vc a11cune
1lis¡H>silitlll a1111log11P .'1 l'arliclt) ·i d1: la lt>i de 1HX1, aultJrisanl le go11v1~r11c-
1111i11t .'1 allo11gcr la liste ¡1ar 1lt'·crel. l 1ar cc111sí·r¡11cnl, ¡11J11r ajo11lcr lle 11cl11-
voa11x vir<'s ri'·dl1il1itoires <les a11i111a11x <lri111csti1¡11es, il fauclrait 1111c lui.
()1.1lre les cc111ditions gt'•.11<'•ral1)S rcc¡11iscs Jlar le l>roil con1r111111, l'ex.crcice
lle l'acti1111 1i11 gara11lic esl ici Slllllllis .', <IPs rt'·µl<'S ¡1arlic11li1\r<'s.
l)'alHird, il faut <(IH' le ¡irix 1l1i l'a11i111al t'•galP au 111oi11s 11J1> fra11cs ( (,. el11
'A a<>11I 1X,"'1. arl. /1).

l•:11 sct't>111l liP11, l'acl1<'lti111· 11c jr111il ¡ias <l'1111e <>¡1ti,111 c1111f111·111ti an l>r1,it
c1111111111n. J•:11 ¡iareille 11111lii:r1·, 1:n 1111·•H1 1lt1il rc1lo11lcr. ce s1l11t les rnscs
0

1les 11111q11ig111111s 1¡11i se scr,·Pnl rlr. la 111P11ace <l 1111 rcc1¡11rs c11 garantic, ¡iour
LlVRE 11; - TlTRE 11. - '
PHE)IIEIIE P ..\.IITIE. - Clf,\PlTRE 11

exercer 11n cl1a11tage co11lre let1r vendeur, et en ollte11ir 1111e llonificalion


~ur le prix qu'ils ont payt'·. La loi clu 2 aout 1884 y pourvoit en décidanl
<111e, si l'acl1elet1r den1ancle u11e réduclior1 d11 prix, le ver1cleur pourra oppo-
ser ur1e fi11 de 11011-recevoir á sa den1anele, en ofl'rant de repre11dre l'a11i111al
et de restit11er le prix avec les frais de la ve11te. ·
Enfi11, 11011s l'avo11s déja v11, le délai d'exercice cl11 recours en gara11tie esl
11xe et tres bref (9 jours it Ilarlir d11 1110111e11t oi't la livraiso11 a cl(1 etre faite,
3o jours dans le seul cas ele íluxion périodiqt1e des 1·c11x). J;arliclc G ele la
loi clu 2 aofrt 1884 aug111e11tait, il est ,·rai, le délai da11s l'l1ypoll1ese 01'1
l'ani111al a,·ait été livré l1ors du liet1 du clo111icile d11 ver1cleur, ou conduit
a11 loin aprcs la livraison. :\Iais cct article a été f!brogé par la loi elu 24 fé-
,rier 1914.
. ,

-De cctte n1aniere, les éle,·e11rs se trot1ve11t libérés da11s un assez llrcf délai
de toutc i11c1uiét11ele sur les ,·e11les el'ani111aux c111'ils ont consenties, el'au-
la11 t l)lus q11 'e11 cas de reve11 tes snccessi ves, les intern1éd iaires pot1rsu i vis e11
gara11lie 11e pe11vc11t recourir conlrc leur ,·e11det1r qt1e s'ils se tro11venl enx-
111en1es dans le clélai fixé llar la loi.

SEC'l'IO:.\ II. - ÜllLIG,\'l'IO;\S DE L ACIIETEll\,

l~lles so11t a11 non1bre ele trois: 1° Recevoir et enlever la cl1ose; 2" llaver •
les frais ele la· ,·e11le; 3" 1>a1·er le prix: cette elerniere esl e1ualifiée cl'obliga-

f io11 ¡11·i11ci¡1ale J)a r l 'a rl iele I G5o.

I. - Premiare obligation : Enlever la ch ose.


11 11'y a rie11 á signalcr ici ele parliculicr que la r&glc de l'articlc 1657 aux
Ler111es lle lac¡ucllc, « e11 111atiere ele ve,zte de de,zrées et ejfets 111obiliers, la ré-
sol11lio11 lle la vc11le a11ra lic11 lle J)lci11 clroil et sans s1)111111ati,i11, riit ¡1rofll
1l1i ven!lettl', apres l'cx¡,iration elu lcr111e co11ve11u ¡io11r le relire111e11t ».
La elt'·rogalio11 a11 Dr<)il c<i111111u11 e¡11i cxigcrail 1111c lic111a11cle e11 ju~tice,
s'cx¡)lic¡11c, e11 111alicrc lle clcnrécs ali111e11taires, llar le~ ris,¡ues ele 1ir,1111¡ilc
1!1·lt'·rioralion <lr. la cl1osc vcntlue, el c11 111aliórc d'au tres (J!Jjels 111,ilJilicr~,
par ccllc cci11sillérali,i11 e¡u'ils ¡iosse1lc11l souvc11l une val,1ur tl'aclualit/~ <l0111
le vc11tlcur ne (llJt1rrail, :-.a11s injuslicc, se voir fruslrcr 11ar s11ilc des lc11-
le11rs cl'unc clc111anclc <'ll j11slicc. l•'aisort~ ici lr,1is <)IJs<•rvali<>lls :
1° l,a r<'·gle ele l'arliclt• 11;:-,7 ~11¡,¡1nsc c¡u'il y a cu 1111 lcr111c ele relirc111e11I
fix/·. l•:11 llel1c,rs <le cecas, le l)r<,il c<i111n1u11 rc¡,rcn,1 s,,11 P111¡>irc. Si <ltlltC a11-
cunc <'~1icir¡11e 11'a útó c1111vr1111c ¡1<H1r la ¡irise lle livrais,>11, l'l s'il 11°,Y a ¡,as,
cl'aulr<' ¡,arl, lle clt'~Iai (ix<~ 1,ar l'usag,•, l'acl1clc11r cloil ,\trc 11ll111is ¡\ se !'aire
livrcr 1P~ ,l,~111'/•es 011 efTcls ve11cl11s, ln11l c¡11,1 le ,,~n<IP11r 11'11 JJas f'ail ¡iro11011-
C<1r la rt'·solulillll 1·11 juslÍl'P. li11c si111¡ilc S<J111n1ati,,11 faite 1iar le ve11<l<~111· .\
l'acl1elc11r ,I'av,iir :, ¡iren<lre livrais,1n, ne suf'lirail ¡ia~ ((;iv., 17 <lt'•cc111!Jr<'
187!), l>. ll, 8ei. 1. 1:{:{, S. 8<>. 1. :,i 17). (;e¡icn1la11 l, <i11 11c cl<>Í l. ¡,as exigcr <(u· i1 )'
ail sli¡iulali<>II ex¡ire~~e ,1'11111' 1lale «le li,rais,111. I,<' l<'l'lllt\ 1u>11rrail <\Ir<' fix(·
EFFETS DE L.\ VE\TE 477
i111plicile111e11l, ce q11i esl le cas l<)rsqu'il y a c11 ve11lc conlrc rc111l,01irse-
111e11l.
2º La résoluli011 ele pleir1 clroit 11'cst pror1011cée qt1'a11 ¡Jrofit clu ,·c11eleur.

L'acl1cteur 11c })Ourrail ¡)ns i11voqucr l'arliclc 1G57, ¡)011r ,;e clis¡Jenscr ele
payer le ¡Jrix el'une cl1ose <lont il n'a ¡Joir1t ¡Jris livraiso11 it l'érJoque co11ve-
nue. Le veueleur n'est ¡Jas co11lrainl cl11 reste, e11 cecas. <le re¡Jrcr1clre la
cl1ose : il pe11l, s'il le préft\re, o]Jlig·er ¡Jar les ,·oies ele elroit sor1 acl1ele11r i1
pre11cJrc livraiso11 (l\ccr., 11 f1\vrier rgo3, D. ll. 1go3.1.1gr, S. 1903.1 !103l.
'.)º J,a regle de l'arliclc I G5¡ esl générale et s'ap¡Jlicr11e a loules les ve11tes
aussi IJien civiles cr11e co111111erciales, no110IJsla11t les passages eles 'fravaux
préparaloires e¡11i ¡Jourraic11t faire croire le contraire (Cass., 11 juillet 1882.
D. P. 83.1.30~, S. 82.1.!1¡2).

11. - Seconde obligation: Payer les frais.

])'a¡Jres l'arlicle , :Í\)3, « les frais d'acles et au tres accessoires a la ve11le


so11l ú la cl1arg·c ele l'acl1ele11r n ; c'esl con1111e 1111 s11J)}Jlt'.n1e11l d11 prix. \alu-
relle111ent, la co11ve11tion conlraire est licite. 011 dit alors que l'acl1eteur a
acl1elé co11lral e1i 111ai1i. 11 11e <loit en cecas qt1e les frais ele quittance. Deux
olJservations sont it faire:
1° La regle ele l'arlicle 1593 11'a trait qu'aux ra¡J1Jorls du ve11de11r et de
l'acl1ele11r. J~lle ne s"a¡Jplic¡11e ¡Joi11t aux tiers. 1\.insi, e11 cas de ve11le 11ota-
a
riée, le 11otairc, e11 :,;a qualilé de 111andataire to11t la fois de l'acl1ete11r el de
,·enclet1r, posse<le u11e aclion solidaire contre l'u11 et co11lre l'a11lre. ll e11 est
lle n1e111e de la créar1ce ele l'Enregistren1cnt. Que si le vendeur est ainsi
co11lrainl ele solder les frais incon1Jianl de elroit 11 l'acl1elet1r, il ¡Jeut recot1-
rir conlre ce eler11ier par l'aclio11 1iegolio1·1i111 gesloruni co11lraria, ce qui l11i

clon11e elroit at1x ir1l{~rels it partir ele l'a,·ance (art. 2001 . 11 n'est pas elou-
teux 11<i11 plus e¡u'il jouisse, pour récupérer ces frais, elu ¡Jrivilege clt1 ven-
de11r.
:>.º <J11cls sont les frais c¡ui s011l sot1111is :1 la rt'·gle ele l'article 1;ig3 ~ Ce
s1J11l les frr1is 1l'aclc ¡Jropre111er1l dils, c'esl-it-dire les l1011oraires du 11olaire
s'il y a li()II, les J'rais <l'c11regislrc111<111l, les elroils ele lran:,;cri¡Jlion.
11 y a c,,11lr<ivcrsc fJOur les frais ele ¡Jurg<i. 011 a ¡J11 sc1ulcr1ir e¡11e ces frais
<loivc11l elrc) s111i¡iorl<'·s ¡>ar l'acl1clc11r, 1>11isc111c cclui ci. 11·a recours i1 la ¡>t1rgc
<¡11c cla11s so11 sen! i11li'·r<\l. <:cpc11da11l, il 11c,11s Jlarail ¡>rt'·férablc ele les faire
Sll)lllill'ler a11 ,,e11<lc11r, en vcrl11 ele ce ¡irinciJll\ c¡11'il clr,il gara11lir il l'ache-
lc11r 1111<~ 1Jossessio11 ¡JaisilJlc (1\ec¡., 1c>j11i11 l\)<17, D. ll. '!t<J¡.1.31g) .

111. -- Troisieme obligation: Payer le prix.

c: .. tt<~ c,IJJigaliun <I<• J'aclH•lcur <l<HIIIP Iic)tl /1 ¡,lusicurs <¡1u·slio11s.


r" Ou et quand le prix doit-il étre payé ? -· l '.0111111c r,\gJe elt'·roga-
t, ,ir<· 1111 l>r11iL cor111111111, il y a li<'II <h! signalt•r ici la <li,-;J)«1silici11 de J'arli-
cll' 1li:11 ,aux l<'l'lll<'S clP lac¡11cdl<1" s'i) n'a rien t'.li'· rt''.g)t'· :'i C<'l {•gar<l lr,rs <le la
vente, l'acl1clc11r <l<iit ¡iayer au Iicu el <lans le lc1111is tltl cloil se faire la
. .

LIVI\E JI. - TITI\E II. '


PI\E~IIEI\E l'AI\TIE. - CIIAPITIIE II

llélivrance ». Celte reg·le tlérog·e au l)roi t co1111111111 el qua11L au le111ps et


q11ant au liett tl11 paien1e11L .
.A... Qua11t atl temJJS dit pr1ie1ne11t. - Sup1)osons lJu'il ). ait u11 ter111e 111ar-
. .
<111é pour la délivrance. l)e Droit co1r111111r1, celte slip11latio11 ne clevrait ¡}as
inf111er sur le paien1ent du prix; l'acl1ele11r devrait 11onobslant ,·erser in1-
111édiale111e11t lc prix. :\lais la loi étalllit ici une co11corllancc al)sol11e c11lr!'
la llt'livrance et le paie111ent ; ce que no11s lui vcrrons faire encorc en ac-
corda11L a11 ve11deur un droit ele réle11lior1 (arl. 1612), c'est-it-dire la fac11lté
ele relardcr la li,·raison j11s<¡u'a11 jour cl11 paie1nen t llcs {·cus.
B. Q11a11t all lieii clu paiement. - E11 gé11éral, une obligation s'exécute a11
domicile du dé!)ite11r (art. 1247). Ici, c'esta11 lieu de la délivrance, reg·le q11i

est con1n1e 1111 corollaire ele la précéder1te.
Dans to11s les cas, 1·arlicle 1653 dispose crue 1·acl1eleur 1Je11t s11spe11dre le
J}aierr1er1l el11 prix, 1ne111e a11r<'·s la délivrance, s'il cst lro11l}lé, 011 a juste
sujet de crai11elrc cl"elre lrouhlt'·, ¡Jar l'exercice el't1ne aclio11 e11 revc11tli-
calion, 011 1Jar celui el'11nr aclior1 l1y¡Jothécaire, 011 a11tre1nent. C'est lit
11r1e applicalior1 de l'exceplion 11011 aclirnpl,~ti contrr1ct11s. L'acl1ele11r 11'olile-
na11t pas la posscssio11 paisilile, c'est-i1-elir<' l'ex1\c11licH1 ele l'olJlig·atic;n 1Jri11ci-
1Jale d11 ,·e11elc11r ¡, sor1 11rolll, esl e11 elroil ele suspcr1clrc l'exéc11tior1 de la
sicnne. \'oici 1111e a¡1plicalio11 de la r<'·gle de l'articlc 1653. U11e ex-fc111111<'
111ariée ve11ll t1n i111111eul)lc a111e11!1li (et ¡1ar lá ton1))c' e11 co1nn1una11lc'), clans
l'inlervalle cor11pris entre la elissolulion ele la co1n1111111a11lc'i et sa lic¡niclalio11.
r:acl1ele11r at1ra j11sle sujel d'ajo11rncr le ¡)aien1ent cl11 ¡)rix. ]~11 ell'el, j11sc¡11·,\
r1011vel orclre, 011 ig·11ore si la ve11tc r1e to111l1e ¡Jas so11s le co11p ele la 1111llill'
ele l'arlicle J;J!J!), ¡iuisc¡uc le lloi11t ele savoir si l'in1111e11l}le esl la propriélc'.•
cl11 n1ari el ele la fe111111e elc'·pcnel el11 r<'•s11llal ele la lie111itlalion (f.acn, 7 jnil-
let l!JO:l, D. P. 1!)07.:1.177, 11ole de :\l. Ca¡Jila11l, S. I!)o5.2.257, 11ole de
\1. ,,, al1l).
\j<Jnlo11s (\". ar!. 1G;i:{ i,, ji11e) <¡11e le 1)aien1e11t d11 prix ric ¡Jc11l c\trc re-
tardt\ 11c1 nc)l;slanl la 111r·nacr d<' 1ro11lilPs, ,;"il y a er111v<'11lio11 c11 C<' sens,
c'esl ,\-clire sli1111lali<>11 ti<' 111,11-;.rara11lie, c111 si le vr11<l<'11r f1111rnit 1111r ca11tiu11
gara11lissar1L la r<•slit11lio11 <111 f)l'ix ('11 cás el'c'~vicliclll. l•:ncorc, la ft)t1r11il11re
ele la ca11Lio11 rie r1cr1r1Pllra-t-Plln ¡ias au vc~11clc11r cl'r•xiµ-cr le l)rix, si la rl1nsc
vcr1cl11r. est un i111111e11l1lr II)'fl<lll1c'·c1nt'~ clr,111 I'acl1cle11r a cc1111111cnc{i la ¡111rt11•.
~:11 pl)'1•I, l'arlirle :118!1 cc,11lrai11l l'acq11{·rc11r ¡iroct'•clanl a11x nolifiralic111s ¡'¡
liri tic ¡H1rµ-c i, S<' <l{·clarcr pr,'l i1 v<•rse•r IP 11rix e11lr<' les 111ains eles rrc'•an-
ciPrs: <>r l'arlu•lcur ll<' 11cul (\tre l'XJllJSc') i1 ¡iaycr !IP11x f11is.

:.iº lntéréts du prix. -· .\11 ra11ilal sli1111Ic'· s'ajc111l<'lll les i11ti'·r1\ls 1111
¡1rix 1lans les lrc,is l1y11nll1c'·srs s11iva11l<'S (ar!. 1lii"1:.1):
\. -·· S'il en a {le'! ainsi cc111V<)lltl lc,rs 1lc> la vc•nle. :\l11rs, les i11t{rl'ls sonl
1l11s 1le¡111 is 11' jo11r co11ve1111.
13. - Si .l'acl1clc11r II re1,11 11r1n :-c1n1111nli<lll clci 11a~er .. \lors, les i11tc'•r1\I,;
so11l ci11s ¡'¡ ¡iartir ele la so111111nlicin, C<ll1f11r111<'·111e11l a11 l)r11il c1i1111111111
(urt. 1153, Loi tl11 7 avril '!t<><J).
<:. - Si la cl1<>sc ,e11el11e el livrée ¡1rcHl11il <les fr11ils. (,es i11lór1'Ls c1,11re11I.



EFFETS l)E LA YENTE

alors rl11 jo11r 01'1 l'ncl1eteur a elroil aux fruils. La raiso11 ele cctte sol u tio11
est lo11le d'<'·q11itt'·. l,a loi 11'a J)as Youlu c¡ue les reven11s ele la cl1ose s'ajo11-
tasse11t, a11 profil de l'acl1ele11r, ¡\ lajouissar1cc d11 prix no11 ¡J,,yé. "Iais il e11t
été juste el raisonnalJle ele gé11éraliser. S'ag·issa11t cl'1111e cl1ose no11 frtrgi-
fcre, con1n1e u11e proprit''.té el'agrémc11t, est-il ée¡11italJle (¡11e 1·acl1eteur q11i
e11 jouit cl<'.s lP 1110111ent dP la livraiso11, ne soil ¡)as aslrei11t a Pª}"Pr les
int<'·rels cl11 11rix ii partir ele ce 1110111e11l :1

3" Quelles sont les suites du défaut de paiement du prix? Action


en résolution. - Ce c¡11'il }. a lieu d'ét11clier s¡)éeiale111ent ici, c'est le ré-
gi111e parlic11lier ele J'aclio11 e11 r<'-sol11tion q11e lP l)roil co111111un (art. 118~.
accorelc a11 rr<'-a11cier, lt l'enco11tre elu délJilenr q11i 11'a 1Jas cx<'-ruté s011 olJli-
gatio11. ],'article 10:it, fail 11ne a¡.111licatior1 1'vide11te d~ cetle regle en 11011s
disa11t <(llC, <1 si l'acl1etc11r ne 1Jaye pas le 11rix, le venclcur pc11t cle111aneler la
r<'·solution ele la ,e11le 11. Confor111i'·n1ent a11 l)roil cor1111111n, la résol11lio11
<loit elre pr<Jno11cée e11j11stice. Et l'arlicle 11i:-1:J, al. :i, fail elí! n11~rr1e 11ne a1J-
¡1licalio11 eles regles g·é11érales e11 111alii'·rc el'c1!Jligations,e11 dt'·cidant que 1( le
a
jugo JJC11l accortler l'acc¡11éreur 1111 elélai plus 011 111oins lo11g s11iva11L les
circonsta11ces 1>.
1'oulcf<)Ís (ar!. 1GS:'i, al. 1), le juge doil rcfuscr le d{•lai et prono11cer
i111n1é<liatc111enl la résol11lio11 11 si le ,·er1deur cst en clanger ele. perdre la a
fois la chc1se et le 11rix n. 011 s'cx1Jiiq11e 111al po11rc¡11oi cclte der11ierc se)-.
l11lio11 11'est for11111lée i11 tcr111i11is par l'articlc 1655 qu'en 111atiere <le ve11L,·
1l'i111111e11bles : elle est cerlai11e111c11l a¡J¡)licalJle Lo11l aussi lJien aux ,·e11les
1r1ol1ili1'.r<'s. Ce q11'011 pe11t <lire, 11011r j11stifier l'o11IJli clu Code, c'esl <¡11'il
a stal11('• sur la ¡iler11111r¡11c Jil. 1~11 111aliere <le ,enlc cl'o!Jjets ,no!Jiliers, a11
111oi11s CfH'IJOrels e11 ell'cl,il 11'y a ¡Jas <le elisli11clio11 :\ faire; le j11gc n'a ja111ais
la f'ac11IL«'·. cl'accoreler eles eli'•lais ¡\ 1·acl1cteur, parce <¡11e la regle ele l"arli-
cle :>.:>.,!) <'X(J1Jse toujours le ve11rlc11r a11 danger ele perdrc la cl1ose 011 le fJrix.
l'achcteur étanl ;1111e111e, ¡Jar 1111e re,enle i111111<':<liale, <le le clé11011iller <le scHI
acti1>11 e11 re,e11elicatio11.
:\utrc a1i1ilicali<>ll dPs ¡1ri11ci¡ics gi'·11i'•ra11x: Pll cas ele co11<lilio11 r1\solut,1irc
cxpr«'ss,1 011 /!!lclc co111rnissoire (ar!. 1(ji',G), la rés<iluti<Hl i11l1•r,i1•nl ele 11lei11
<lroit ¡,ar la sculc ócl1óa11cc <In ter111c c1111,e1111 sa11s <¡11'il y ail e11 verse111e11t
<lu prix, 111ais clic rrste lc)11j,111rs s11IJ11r1lo1111t':c au 111oi11s ;'1 11111· scH11111alio11
1!11 Y<'IHlcur, c'est-.\-<lir<> ;\ la 111a11il',1staticJ11 ,lesa ,olonlt'• el<> !'aire lr1111licr Jp
Ctl11lrat. «'L<lc 11c ¡1as 1:11 ¡H111rs11i,r<: <lir1 cle111c11t l'cx(·cuti,111 ('¡¡rci':c.
1

(larcillc111cnt. <·11fi11, les ctl'ct.s <le l'acli1)11 <111 ri'•sol11t.io111i1J11r el<':l'aut rle 11ai<'-
111c11l ilu 11rix s,1111 1·11 1iri11ci1Jn ccux el11 I>r1Jit. co1111r11111. 1,a chosc eloit ,~Ir<'
r<·slil111\ci au vendcur 1111i la 1'<'(11'<'1111 l'ra11cl1e des llroits ri'•cls <¡u<' l'acl1Ple11r
aurait (lll <lans J'i11t1•rvallc c,.111sc11tir ;\ 1l<•s tir.rs. 1,,. v<:1Hleur c11 revanche
rcslituc les aco1111>t<'s vers<'·s s11r 11! t>rix. Si la cl111sc <1st frugif'i'•rr, il 1>11urra
r<'•cla111<·r la restil11lie>11 du ¡>rix, 111ais <IP-Yl'a, PII rcllllll', les inti'·ri'·ts el<'s
a1·,111111t1•s 1>ar lui loucl1<'·s. J,'ach,:l<•ur s1•ra 1<'1111 1IP ri'·¡iarPI' 11• pr1'·j111licc r<'·-
s11lla11t ,lns 1lt':gra1lali1111s <111'il aurait. f',1it subir,'¡ la cl1ose. ,\ l'i11Y<'l'SP, il
aura 1lrl1it a11 rc•111lHi11rsc111e11t <le ses i111¡ic•11scs 11<':ccssaircs et uliles j11s<111'i1

480 LIVI\E 11. - TITRE II. PRE)IIEIIE PAIITIE. - CII.\PITIIE 11
conct1rre11ce ele la ¡1lus value. E11 llo1111e log·ic111c, l'l~lal elevrait re111liot1rser
les clroits ci'enregistre111e11l par lui ¡Jer<:ns, si la loi clu 22 fri111aire a11 Vll
(art. lio) 11e clisposait CJtie ces droits ne seror1t e11 auct111 cas restitués .
.\lais.quoic¡ue l'arlicle , G5!1 sen1ble accorcler a11 ve11deur 11011 payé u11 droi l
de rt'•solutio11 sa11s · réserve. 11ous allons ,·oir que ce droit sulJit, e11 vt1e
cl'i11Lér1~ls et er1 vertu de considérations de divers orclres, ele 11111ltiplcs li-
111itations.

,\. Limitation résultant du caractere public de certaines ventes.


- Dans certai11s cas, l'actio11 en résolt1tio11 cst écai·tée ¡Jarce c1ue la ,·ente
é111a11e de la clécision el't111e autorité p11!J!ic111e. E11 co11séquence, le ,,encle11r
11e ¡Jent que co11lrainclre 1·acl1eteur a l'cxéct1tici11 el11 co11trat c·csl-a dire a11
¡1aie111er1t elu prix. JI e11 est ainsi:
11\ E11 cas ele cessio11 el'11n of./ice 111i11istériel. 1-:11 clJ'et, la lrans111issio11 ele
l'office résulte cl'1111 d{:crel; il faudrait 1111 no11veau elr'·cret ¡Jour faire re,·enir
l'office aux 111ai11s cl11 1irécéele11t titulaire. (:clui-ci 11c JJeut e11 clen1a11der
reslilutio11 a11x trilJ1111a11x jueliciaires.
/J_, ]~11 cas d'e;¡_:¡iropriulio11 ¡1our ca1ise ¡['11/ililé ¡111bli1¡11c.C11 in1111cullle c11tr{·
clans le D0111ai11c }ltIIJlic 11c ¡Jeul c11 <1lr<' rclir{· par 1111e actior1 fo11clée sur le
p11r i11l1~ret JJrivé elt1 venele11r. D'ailleurs, l'expr<J¡1ric\ a t111e gara11tie s¡Jécial<'
co11sista11l c11 ce que l'i11ele1r111ité qui lui csl allo1u\e cloit lt1i elre vcrsée préa-
lalilc111c11t a la ¡lrisc ele 11osse::-sior1 par l'ex1lropria11l ,'.arl. 545:,.
\'y a-l-il.1)as lict1 cl'écarlcr aussi I'actio11 c11 résolutio11 a11 cas ele ue11/e
• julliciai,·e, JJar cxP1111ilc, (le ,e11le s11r saisi<' i111111oliilit'·re, lors<¡uc l'acljuclica-
laire 11e llaye llHS le 1>rix ti atljuclication :1 ()11 ¡ieul arg·111r1c11lcr c>11 ce se11s tle ce
c¡ue le Cocle ele Ilroci':tlurc, ¡1011r le cas ele (léfaut <le ¡1aie111P11t clu ¡irix cl'adj11-
(!icatio11,LJl'gar1ise 1111 rccours cx¡léclilifa1111rolil eles lltit1rs11iva11ts ele la vc11tc.
it savoirla re11c1zle s1irfollc e1iclie1·c ,,art. 71:1, 1 33). L'i111111e11JJ!e cst re111is
a11\ <'llcl1c'·rcs s11 r la liase el11 ¡lrix ¡Jrti111is ¡iar le f'cJl encl1(·ri~sc11r, · 1cq11cl en
reste~ lc1ujtH1r., rc>s1>011sal>le it \lt·fa11t (!'1111 11c>uvel aelj11tlicataire. 011 11c voil
clone ¡ias a11 ¡1rc111iPr alic1rel c¡uc·I i11lt'·rc\t il y aurail it l'<'x<·rcicc ele l'aclion
en rc'·scil11Li1i11 \lu l)rtiil cc11111111111. (;.,lH'llela11l, cct inlt'·rc\t 11e11t se re11co11lr<•r
\lans \livcrscs l1y¡H1tl1c'·scs. l\1r <·xc11111le, le saisi, e\ta11t re~ve1111 :\ 111cillc11re
1'11rl11nc. 11011rrail e\lre~ elt'·sircux \le l'<')ll'Cll\ll'c s1111 i111111cul>lc ¡>l11ti1t e¡11c ele
lrouv1•1· un 11011,<'l aelj11dicalair1•. l,a CcHII' (le cassalitlll a1!111ct elo11c le
c11111ul ele· l'acti1111 rc'~ol11l1Jire avcc la rcvcnlc sur folle enchc'·rc, <'l ccll<'
sol u I ÍL>II )H'tt l se• 1'1111elPr sur les l<'r111cs ele l'arliclc 7 1 :11I II C11ele <lt) )ll't>ci'·d u re
civilc <)llÍ, en faisanl allusi<>II ,\ la sa11clÍ<llt 1I<• la rcvcnlc'. e11cci11r11c ¡iar le I\Jl
c11cl1t'•riss<)lll', aj<111lc u sans 1>rt-j111licP <lc'.S aulr<'s V<1ic•s <111 ilr<>Íl n ( lle<¡ ..
:1<>ja11vic1· 188<1, [). 1i. 8ci.1.fi~>J.

11. Limitation résultant de ce que le prix consiste en une


rente. - l,<>rs1¡uc le ¡>rix 11'1111 i111111eulil<', au li<:u 11'<\lrc une s11111111<' li,<·.
C<lltsist1· ci1 1111<' r1•11/c•, ll's 1lr1Jils el11 Y<i1ulcur l'l'<:11ivc11I 1111e' aulr<' li111ilali1,11.
lci il f'aut elisti11g·11er s11iva11I la nalur<' el<) la l'l'llle~.
11) < >11 IH'IIL s11¡>¡HJS<'.I' cl'ahorcl 1¡1u~ I<' ¡1rix cst 1111<' rc11/c ¡1u/'J}t:/11e·llc. l)a11s

I
EFFETS DE LA VE~TE 48r
ce cas, il se111JJle IJie11 rés11ller lles tern1es de l'article 1912 (al. 2), q11e
J'actio11 e11 .rtisolution n'est 011verle au ve11deur de l'i111n1eu)Jle q11e lorsque
le dt'\)Jirenlier, so11 acl1ele11r, a cessé de rc111plir ses o]Jligalions ¡ie11da11l
del/X a1111l;es. Cepe11lla11t, il y a u ce s11jet 1111e eliffic11lté. L'arlicle 1912 ne
traite i11 ler111i11is que des rentes co11stituées u prix d'argent; il ne parle
poinl ele la résol11tio11, n1ais du racl1at forcé lle la rente. 'fout le n1011cle
adn1et elo11c que l'arlicle 191?. esl IJien a1J¡JlicalJle, e11 cas lle ,·e11te d'i111-
n1e11IJle, lorsque Ir prix ele vente aya11t été pri111itive111e11t fix{~ en ca1Jilal, la
créancc ele ce prix a él!'.•, llar la suite, converlie e11 une rc11te ¡ierpétuelle ¡Jar
11ovatio11. ~fais on conteste q11'il en soit ele 111en1e quancl la rente a été
elirecle111ent étalJlie con1111e prix de , e11te ele l'i111111euble ; 011 soulient que
0

celle l1y¡Jotl1ese reste e11 del1ors ele la elispositio11 de l'article 1912, et qur.
lles lors, l'article 16ii!1 de111curc applicalJlc,c'csl-a-dire que l'aclion en résolu-
tio11 ¡Jcut etrc cxercéc ¡1ar le rcnlil•r, lles c¡u'il y a cu défa11t ele paie111e11t d'un
a
ter111e u11ique de la renl.<', sa11f au cli'birenlicr olJLe11ir, s'il le peut, clu
lrilJunal 1111 clélai ¡1011r s'acquitlcr. \'ous esli111011s qu'il 11'y a ¡Jas lieu de
fairc ccllc clistinction. Qu'i111portc q11e la rente rc1Jrésenlc clirectc111enl 011
indircclc111e11l le prix? Da11s lous les cas, clic est la conlre-valeur de l'in1-
meulJlc. Les éléments ele fond de la situatio11 sonl en réalitó identiques.
a
ú) ]~11 cas ele rc11/1• vi11r¡ere, il J a lieu ccrlai11e111ent application de l'ar-
licle 1a78, aux tcr111cs el11c¡11el « le scul cléfaul de paie111e11t des arrérages de
la rente 11'aulorise ¡Joi11t celui c11 faYeur de (¡ui elle esl co11slituée, (ler11a11- a
der le re111IJ011rserr1c11t cl11 capital 01i c1 re11lrer da11s le fo111ls ¡iar ltli alié11é:
il n'a que le droit ele saisir et de fairc , enelrc les lJiens de son délJiteur, et
0

lle fairc (irclo1111er 011 cor1sentir, s11r le 11rocl11il ele la ve11te, l'e111ploi d'une
so111111e suffisanle ¡1(Jlll' le 1Jaie111e11t eles arrt'•ragcs ». 011 1ieul do1111c1· ele
cellc regle 1111c elou!Jle justificalio11. D'alJord, le IJ11t orcli11aire ele la consli-
t11lior1 <le re11lc viagórc csl el'assurer a11 rer1Lier eles alin1enls que la reprise
el11 fo11els r1e luí proc11rerait prJint. l)e plus, la résolutio11 d11 co11lrat ferai l
¡Jerclrc ¡\ l'opi'·ralillll le caraclere al{·aloirc e¡11c les parlies 011l er1te11du lui
c1¡111'érer. Naturcllc111cnt, la cla11sP, ccinlraire est licite, et les parlics pcuvcnl
vala)Jl('111cnt ,-Li¡Julcr <¡11'/1 cl1\fa11l ele ¡iaic111c11l el('s ar1·t1rag-cs. la rósolulio11
ele la venir pcit1r1·a <\lrc clen1a11llt'·c en j11slicc (J{cc¡., !t jui11 18(i!), 1). l'. 70,
1.82, S. (i!)·'·'10:i; l'oiliers, 18 11(ivc111!Jrc 1!1º7• 1). I'. l!J1i8.:,.,1G7. S. 1908.
'.l. 1 :18).

e;. Limitations édictée!J dans l"intérét tles tiers. - Nous avli11s


vu l{lle, ralionn<'llc el {•c¡11ilalJIP, clans son ¡1ri11ci¡1e, la sanclion ele la r{·so-
l11lio11 oll'rc ccl i11cc111Y{:11ienl <'·cc1110111i<¡11e de rófli'!cl1ir co11lrc les Licrs, e11
cnlrainaul la ruine) (!<)s llroits cei11scnlis sur la cl1e¡sc Yenll11c par l'acl1clcur;
111ais il 11c f'aul ¡,as s '<'xag<!rcr ccl i11c<i11v<'-11icnl. l~n clfcl, llans <le 110111lJrc11scs
l1y¡H1lh<'.•ses, la lc1i, la <l<icl.rinc r,u la juris¡1rucle11cc 1)111., soil rlircclcn1c11l,
sriil i11<lircclc111enl., c1111<liLio1111{) (Jtl rcslreint (I<· rliv<'rscs n1a11i<'•r<'s l'cxcrcic<'
<le l'aclit111 en l't!S(>l11Li<i11, cl1• Ll'll(' 111a11i<'•r<• t¡uc les inlér<\ls cl<'s licrs S<'
l rei11 VCJl l ll't'.S SOll\'Cll l sa 11 Yegarclt'•s.
rt) l)'alJ(Jl'd, <'11 cas lle 1•e11le 1l'i111111e1tl1le, IJir11 e¡11c le cl<'-lai nor111al ele la
'l'u111e 11 :11
LlVRE lf. - . TITRE ll. - '
PRE~llERE P ..\I\TIE. - CIIA.PITIIE ll

· prescriptior1 de l'aclion en rt'sol11tio11 soit tle lre11le a11s, l'arlicle 1Jo11


n'étant certaine111e11t pas ap¡)licable, le liers ac(1uéreur pot1rra s~ tro11ver it
l'abri de la revendication dt1 ve11clet1r, pour })CU (111'il soit de lJon11e foi, au ·
bo11t d11 délai de dix 011 vingt a11s, car alors il s'a]Jrilcra derrióre la clis¡Jo-
sition de l'article 2265, e11 i11Yoquant it son profit,.no11 pas la prescriplio11
libéraloire, n1ais l'11sucapio11.
b) En cas de vc,ile <le 111eLtble, les Liers s011t prolég·és da11s cleux cas :
cc) S'il s'agit cl'un 111e1ible cor¡Jo1·el, le liers acquére11r ele bonne foi clu
cl1ef lle l'acl1eteur, po11rra se relra11cl1er derriere la rt'·gle ele l'arlicle 22í9·
~) En nzaliere cor11merciale, si l'acl1eteur est en faillite, l'article 550 du
Code de con1111erce dénie au Ye11de11r 11011 payé le bénéfice de l'action e11
résolution, du n10111ent que la cl1ose ,·er1due est cléja entrée cla11s les 111agasir1s
de l'acl1etet1r. E11 efl'et_, corr1111e 11ot1s l'ayons· vu, la résolulio11 alJ011lissa11t á
faire au vende11r u11e sit11atio11 ¡Jrivil,'•g·iée au détrin1e11L de la 111asse, doil
elre i11Lerdile lorsc¡ue, á raison ele la faillile, tous les créa11ciers s011t
placés sur u11 ¡Jied de rigourc11se égalité. Nolons cependant q11e la loi d11
Ií 1nars 1909 sur la ,·ente et le na11tisse111er1t desfonc/s de co111111erce (arl. :i,
2' al.) souslrait l'aclion en résolulio11 clu ve11dcur no11 payt'~,e11 cas de faillite
ele l'acl1eteur, á la clécl1éance el~ l article 550 du Code de co1nr11erce.
e) Da11s les cas 01't le JJ1·ivili:ge clu ve11tlc111· cst suppri111é 011 restreint, la
loi a pareille111e11t écarté le droit de résolution, ne voulant pas que le ven-
clc11r retrouve, sous une autre forn1e, le privilege q11'elle l11i c11lc,ail. ll y a
de11x a1JJJlicatio11s de celle idée :

cc) Supposons que l'i111n1eulJ!e vendu et 11011 })ayé soit sai.~i par 11n créau-
cier autre q11e le ,,e11dc11r. 011 verra (llle cclle ,·ente e11trainc 1111e ¡Jurgc
virtuelle des ¡1rivilegcs el l1y¡Joll1eq11es au profil ele l'a(ljudicalaire, el cela
dans l'inléret eles saisissanls q11i, a11lren1ent, 11'auraient pas lro11vé cl'ac-
c¡11ére11r po11r l'in1rne11ble par eux mis e11 ve11te. Pour la 111en1e raison,
l'arlicle í'í ll11 Code de proc<'·dure, mcidifié par la loi cl11?. I 111ai 1fti8, 11111is
l'acljudicalairP ú l'al1ri (le l'aclion en résol11Lio11 ll11 ,cnllcur. 11 clis1,osc er1
ellcl que l'a(ljuuicataire 11e ¡Jl>urra t'lrc lro11blt~ llar auc1111c rí:solulio11, ¡,
111oi11s q11c, ava11l l'aelj11dicat.i<J11, le ve11(lc11r a11Lérieur 11(111 ¡Ja)'é (averli JJar
la notificulio11 q11i llciil l11i <'Lrc faite lle la saisie) 11'ail 11ulilié sc1n inle11Lio11
cl'cxerrer so11 actio11 rl'.•st1!11toire 1111 grell'e cl11 Lrili1111al 1lcva11l lec¡uel 011110111·-
suil la saisie. l,e lrib1111al c11 cecas assig11c a11 ven1IP.t11· 1111 ll1•lai 1u1111· ag-ir en
résolulitllt, 1lólai J>P-111la11t le1111el il csl sursis h l'a1Jj111licat.i1111. <:t• 1lt'·lai t•x¡1ir1'•
sans c¡uc la c!P111a11clc en r{•st1l11tio11 ait Ólt\ 111ise 1't fin, c'csl-it-<lirc lit'·fi11ili-
ve111e11t. jugt':e, il St!ra 11ass/· t111lrP, i1 111t1i11s t¡11r le lrili1111al 11'ail j11g/• c1¡>J>t>I'·
lu11 ele ¡1r11lo11ger lti llt':lai ¡Hi11r cause gravt: 1!1i111e11l jnslific:e. I•:sl-ce ¡\ clirc
IJllfl l11 ve11dnu1· stiit altirs clé1io11r,11 lle lo11le garanliu i1 ~011; 011 vcrra 1¡11'il
co11sPr,·e s1>11 1/ruil-1/e ¡i1·úfére11c1i s11r le ¡1rix. <le l'a1lj11tlicalitJ11.
~) S1111posr>11s c111<' l'i111111e11lile v1•11cl11 el 11<>11 ¡>ay/· ail t'\lé rc1• 1•11,l1t 1i f1z111i,1-
ble. l)'a¡>rt':s l'arliele í tl1i la lcii ll11 :.i:~ 111ars I H:i:,. 11 l'aclio11 r{•sc1l11loirP
IIC ¡1e11l t11rti f'\l'l'C(!(' a¡irt'·s 1't!\LÍ11clit)IJ <lu ¡1ri,ill'-g-e 1111 ve111le11r », 1111 f>rt':-
j111lice lle l'ac11111•rP11r 1¡11i a11rail li1i111P11I. lra11scril sc111 tiLre 1l'ac1¡11isilit111
avanl la lra11scri¡ilir111 111\ In ,e11lP a11t.t'·rie11rc. I•:11 trnilanl 1111 ¡1ri,ilt'•g-t:
EFFETS DE L.t ''E'iTE

du ,·endeur d'in1me11ble, nous revienelro11s pl11s loi11 s11r celle elisposition


<1ui affir1ne et accc11tue la corrélation, logique d'ailleurs, établie par la loi
entre l'exercice du privil1\ge et celui de l'action en résolulion,

D. Limitation speciale en matiere de vente d'un fonds de com-


merce (art. 2, L. Ií 111ars 1909).- En 111aliercde vented'11n for1ds de com-
111erce, il y a des diffic11llés s1Jécialcs résultant, d'u11e parl, de ce que l'objet
venel11 est co1nplexe,cl co111pre11cl 011 peut co111prendre, acoté de la fir111e, clu
elroit au IJail, ele la clie11Lele et de 1·acl1alandage, eles élé111ents divers. 111ar-
cl1andises, matériel,brevets, etc ... ; el'a11tre part, de ce q11e le fonels de co111-
1nerce pe11t faire l'objet d' un nantissen1cnt : or il y a lieu de prendre des
1nesures po11r que les droits d'un ,·er1deur non pa)·é ne puissent etre, plus ou
111oi11s franduleusement, 11ne ca11se de rui11e pour les ¡Jreteurs sur 11antisse-
1ne11t. l)e la les deux rcslrictions s11iva11tcs ¡1 l'actio11 c11 r<'.·solulio11 dn ,·er1-
deur, restrictio11s Lo11t a fait analogues it celles q11i résultent, en matiere ele
vente d'irnmeubles, eles articles 717 d11 Code de procéclure et 7 de la loi du
23 mars 1855.
a) La loi s11bordo11ne 1·cxercice ele l'aclio11 e11 résolu tion el 11 ,·cndeur du
fonds de con1merce non JJayé a l'existence clu pri,·ilege du vendeur, leq11el
(art. 1•r, J,. du 17 r11ars 1909) ne pre11d 11aissa11ce que n1oye11na11t 11ne ins-
cription qui doit etre effectuée dans la c¡ui11zaine de la vente, L'action en
résolulion du vendeur non payé ne pe11t elrc exercée, si le 1Jri,·ilege n'a pas
pris naissa11ce 011 s'est éteint d'1111e 1na11iere r111elconque. C'est la solutio11
ele l'article 7 de la loi de 1855, <1vec une aggravalio,z. En effet, il ne suffit
pas <111e le pri,·ilt',gc existe JJ011r c¡11e l'aclio11 en résol11tion soit sa11,·egardéc;
il fa11t, c11 pl11s, 1111e cetle action aiL ótl, 111e11lio11née et réseruée expressén1ent
da11s l'inscription d11 privilóge.
b) Voici mainle11ant 1111 empr11nl au régi111e ele I'article íli d11 Code de
procédure. l•:r1 cas ele vc11le forcée cl11 fonels de cor11mcrce poursuivie par le
syndic de la faillite de l'acl1ete11r, par 1111 lir111ielaLeur 011 to11t a11tre ayant
<lroil, 110Lificatio11 <loil elre faite a11 ve11de11r anlérieur 11011 ¡)ayé. Cett<' noli-
fication lui ¡Jerntel et Je 111el en· cle1ne11re d'excrccr so11 aclion en r{,solut.ion
a
clans le 111ois, f'a11t.e ele c¡11cli il sera 1ll,cl111 rl11 droit ele J"excrcer l'e11contrc
ele J'arlj11clicalairc. l,e systt')111e ele la loi de 1!)09 et ccl11i <le l'article 717 1111
Cuele ele ¡irocóclnre dill"1\rc11t ici (lar 1111r 1111a11cc. La loi de 1!)º9 pcr111el au
,·cnclcur 1111 fonds ele con1111crce cl'excrccr J'aclio11 en rl·sol11Lio11, snr la noli-
licali<lit ¡'¡ l11i faite ele la saisic, 111,~n1e si le Jlrix. 11'était. Jlas exigible; r11
rl'a11trc\S l.er111cs, il y a 1\ sor1 profil el1~cl1l,anc1! ele ¡1lei1z ,troit cl11 tr,rn1c c¡11'il
aurail acc1>r<l1\. J•:11 cas <le saisir, i111111oliili1'.rc, a11 conlraire, Ir, Yendeur n<>rl
Jlayó, <¡ui aurail accorclt', Lcr1111~ 1il. rli',lai 1\ l'a,:l1cle11r, aurail liien, en Ycrt11
<111 l>roil c1>1111111111 (arL. 1188), le 1lr1iit. ele s1>llicilcr clu t.rili1111al ·1a 1lóchi'•a11cc
1l11 lcr1110 c11 i11,c>1¡11anL la <lin1i1111li1>11 111' srs g-ara11lics 1l11 ¡>ai111r1011t; 111ais
11111, 11'\cisirllt j11cliciairc s<\rait. ni',cessaire (\:. (:iv., :\e> 111ars 18!12, 1). l 1 .-
!J'~- • -~H,, n1>lc 1lc ~l. I1 Ia11i1>I, S. !1·1.1.'181, 11r>Le 1le~I. 1,alil)ÓJ.
l 1,>11r en finir ici nvec l'l1y1>11ll1i'•sc <le ,c11te 1!'1111 f1Jn<ls ,le corr1n1rrce, 11,,-
lc,ns <111e l,1s 1dl"els <le l'acli<llt en ri'•s11l11Lior1 s<111t reslreinls aux ólt'•111ents cl11

484 LIVRE II, - TITI\E 11. - PRE,IIERE P,\RTIE. · - CHAPITRE 11

fo11ds qui ont été visés dans la vente et aux élé111enls do11t le prix 11'a pas
été payé. Supposons que le 111atériel et les n1arcl1an(lises con1pris (ians la
vente du fonds se trouvent a,·oir été payés; il n'y a it leur égard, pour le
,·endeur, ni privilege ni action en résolution. Est-ce it dire (¡11e, la résol11tion
s'exer<;ant pour les autres élén1ents du fonds, l'acheteur ,·a rester, sans le
fonds proprement dit, avec les 111arcl1andises et le 111alériel sur les bras :1
Non: la loi ordonne que le vendeur, recouvrant le fo11lls l11i-rne111c, rCJlrennc
le n1atériel et les n1arcl1an(!ises pa)·és, 1Jo11r 11n prix détcr111i11é a (lirc d'ex-
perls. Se11len1e11t, con1me ce n'est pas e11 vertu d'unc résolution, 111ais en
vertu d'un réacl1at résulta11t d'une injo11ction légale que se produit cette
a
reprise, il n')· a pas lie11 application de la regle : resoluto jure dci,itis ... , et
les droits qui auraient pu etre constitués dans l'i11tervallc par l'acl1ete11r
nu profit eles tiers sur le 111atériel et les n1arcliandises, co11ti11uero11l cl'exister.

E. Limitation résultant de l'indivisibilité de l'action en résolution.


- Supposo11s c1ue le ve11cleur vie11nc it 111ourir. laissa11t JJlusie1trs l1ériliers.
Cl1ac1111 ele ces l1éritiers clcvie11t créar1cier cl'u11e porlio11 elu prix. l•:11 elevo11s-
11011s c,)nclure qu'a défaut de ¡Jaien1c11t, cl1nc11n a droil (l'ngir c11 rt'·sol11Lio11
JJOt1r sa part el llorlion? S'il e11 était ai11si, l'ncl1eteur se lrouverail ex1José it
(les résc¡lutions partielles, ai11si que les tiers c¡ui auraicr1t acc1uis ele so11 cl1ef,
da11s l'intervalle, (les droits s11r la cl1ose vendue. La solution indiq11ée par la
p11 re i<)gic¡11e j uridiq11e sera i L ici ma11i fcslement co11 trairc it l'i11 Lérel éco110-
miq11e. <:e1Jcn<la11t, la loi 11\1 ¡>as pré·,u l'l1ypoll1esc. II c,;t vrai c¡11'clle s'est

prononcée da11s (!es l1ypotl1eses a!Jsol11n1enl a11nlog·ues. En cas (l'cxcrcicc (!e
la fac11lté ele rén1éré, l'articlc 1070 dis1Jose c¡ue, si cellc faculté vie11t a elrc
cxcrcéP apr<'·s la 111orl elu ve11ele11r, l'acltcleur ¡ie11t 111cilrc les l1érilicrs clu
YCIJ(le11r en de111eure de s'c11lc11clrc ¡>011r ¡Jrc11drc, it so11 égard, 1111 ¡Jarli
u11ir¡uc el co111n1ur1: ou bic11 rcspcctcr la Ycnlc, 011 liic11 rcprcuelre to11I
l'in1111e11!Jlc. :\le111c clisposiLio11 a11 cas 01'1 le vc11deur cl'u11 i111111culilc, aya11I
{·prou,·{, u11e lt'·sion ,le ¡ilus eles S<'Jll lirJuzie111cs. esl ,I,'·ci':dé c11 laissa11 L¡>l11-
sie11rs 11/•ritiers (arl. 1085). N<J11s croyons, a,ec la 111ajorilé eles aulc11rs,
e¡11'il y a licu cl'éLc11drc :'t 11<Jlr11 lty¡ioLl1<'ise celLe sol11Lio11 .i la Í<Jis t'·,¡uilal>l<·
<'l ration11ellc. 1,:,1 (l'a11lres ler111es, 1·aclio11 Pll r{iscilutic>11 nous ¡1arail i111lil'i-
sihle 1¡11anl ,',. s011 cxcl'cice. II c11 ri'·sullc c¡11c, si les l1t'·riliers (lu vcr1ucur (1J11 l<ius
les Ye11<leur,;, (¡ua11u il y a c11 ve11le faite <tb i11ilio 1>ar (J!usicurs ven1lc11rs
inelivis) ne so11t llHS el'accord JlOur cxcrccl' l'aclici11 c11 rt'~s1ilutic111, C<'llc ,.<Ji<'
1lc r<\Clllll'S 1lclil <\(re t'•carlée. el il IH' l'<!slc aux clivers cr{•a11cicrs 1¡uc le elrcJil
lle pl'oc,•<lcl', cl1ac11r1 PII ce c¡11i )ps concnr11<1, ¡iar voi<· <le cc111lrainlc <lirccl<·
¡1our le recri11vre•111cnt ele la Jlarl 1111 J>rix lJlli leur r1,vic11l.
<~I-I AP IT ll E II1

DE QUELQÚES \',\RIÉ'l'ÉS P,\R'L'ICULIERES DE VEN'l'E

Les particularités de régin1e que nol1s étudierons dans ce cl1apitre tien- 1

a
11ent soiL l'i11scrtion clans la vente d'1111e n1odalité constituant une variété
ele co11diLio11 résolutoire (vente a ré111éré), soit aux caracteres spéciaux de la
cl1ose ,,endue (vente d'l1érédité, ,·ente ele droits litigieux), soit a ceux du
prix (llatio i,i solLiliim).

SEC'l'ION l. - VE:\'TE A RÉl\lÉRÉ.

Définition. Physionomie générale. - << La faculté de rachat ou de


rén1éré », diL l'article 1659, << est un pacte par lequel le ve11deur se réserve
ele reprendre la cl1ose vendue, n1o)·ennant la restitutio11 du prix principal, et
le ren1boursen1ent dont il est parlé a l'article 1673 n, c'est-a-dire celui des
frais et loyaux couts, eles dépenses nécessaires et utiles faites sur la chose
par l'acl1eteur. ,\u fo11cl, la ve11le a réméré esL llne vente sous condition ré-
soluloire. Le ré111éré lJCJrlaiL e11 co11séquence, sous l'ancien Droit, le nom de
rcl,·ail co1ive1itio1111el. l..'expression de retrait étant vue en 1804 avec défa-
velrr, les rédacteurs du Cocle 011t préféré l'expression romaine de réméré,
111ot cl'ailleurs incxacL er1 soi, car il ferail croire a u11 transfert nouvea11
tle la cl1ose,111111 co1ilrl1cl11s 11ov1is, ce c¡ui ne corrcspondrait pasa la réalité;
les el roi Ls de l' acl1elc11 r S<)Il l si 111ple111e11 t an{•an tis rétroactive111en t. Et de la
résullc11l clivcrses co11st'•c¡11e11ccs i1n1Jorla11les:
D'alJord, l'cxcrcicc cl11 rén1ér,\ 11c clo1111e pas lieu .i 11ne seco11dc perceptio11
<les tlroils tic 11111tali<HI (5 5o o/o Cll 111aliere irr1mol1iliere, :i o/o en matiere
111ol1iliore}, 111ais sculc111c11L a11 droit de q11ittance de o.5o o/o d11 prix. 5 •
I~n scc1>11d lic11, les j11gcs 11c pc11ve11L accorder a11 vendcur de délai de
gr1ice (arl. 1:14!1), ce c¡11i Ic11r serait loisil1le si la fac11lté de rém{~ré ne consti-
tuail <111'1111c si11111lc <1lJligatiri11 ele rcvc11le. J;article 1661 prend soin dedire
<(llC (e le lcr111c fixé csl <le rig11c11r, el 11e ¡Jc11t <~lre prolongé par le j11ge ».
Enfl11 rL s11rlo11t, l'cxcrcicc clu ré111éró,faisa11t I'efl'et ele I'acco111plissement
11'1111e co11clili<Ht rt'.~s1il11loi1·e, rÍ'.llécl1il cor1lre les tirrs. Les droils consentis
sur la cl1ose, cla11s l'inLc\rvalle, ¡lar l'acl1ete11r sont a11éa11lis, e11 conformilé
1lc la r<'·glc: l?esolttlo jtt/'1! 1lrt1ilis, f'esoluilttt· jits <tcci¡¡ie,itis. 'l'outefois, no11s
,·crrons c¡11'it ccL ~garcl la loi a¡l¡>orlc ccrlaius le111pÍ'.ra111c11ts notal1les a11x
c1111sí·1¡11encrs logic¡u<'s <le l'iclée ele rí:sol11tio11.

' .
486 LIVRE II. - TITRE II, - PRE~IIERE P,~IITIE, - CHAPITRE III

a
En,isagée au poi11t de vue éco110111iqt1e, la ve11te ré111éré no11s apparait
con1111e u11 co11lrat fort usuel, Elle est surtout employée co111n1e moyen de
crédit. C11 propriétaire dans l'e111barras tro11,·e ai11si a se procurer la valeur
presf¡ue entiere de la cl1ose, en co11serva11t loutefois l'es¡Joir de la repre11-
dre, une fois ¡Jassée la crise qui l'a co11traint a e11 faire argent. N'y a-t-il
done pas dans cette opération, sui,·ant qu'elle porte sur ur1 i111n1euble ou
sur un 111eulJle; t1n lloulJlet de l'l1ypotl1eque ou dt1 na11tisse111ent ?
Par ra¡Jport a l'li.vpolheque, la vente a rén1éré ofl're cel a,·anlage ele ne pas
enlrainer les frais d'11n acle notarié; u11 acte sous seing privé st1ffit. Elle
n'e111porle pas 110n plus les frais de réalisalion d'une saisie i111111obiliere.
L'acl1eteur qui 11'est pas remlJoursé en te111ps utile (< de111eure propriétaire
irré,·ocalJle >l (art. 1662), et c'est tout.
Par rapport au 1ia11tisse1ne1it, nous relcverons dans la ,en te it rén1éré de11x
difTérences esse11tielles• .
La pre111iere cst plutol tl1éoriq11e : L'acheleur U ré111éré n'a aucu11 reCOlll'S
sur le surplus du ¡Jatri111oi11c ele s011 ,-endeur, celui-ci 11'étant pas tenu
d'exercer le ré111éré, lJtii n'est }J011r lui que facultatif. tandis que l'c111pr1111-
te11r sur g·ag·e est olJligé s11r Lo11t son avoir .\ ren1JJ011rscr la so111111e prelée.
~lais, e,1 fait, les ¡J1etet1rs s11r g·ag·c 11e com1Jtent guere que sur la vale11r
de réalisation clu gag·e lui-n1e111c, et ¡Jre11r1cr1t soi11 de l11i proportionncr
le11r cléco11vcrt.
J,a sccor1de difl'ére11cc, c'esl c111c, da11s le ¡Jr1\t s11r gage, la cl1ose re111isc c11
11a11li:-sc111e11t ~e111e11rant la 1JrcJpriété lle l'c1111Jrunleur, cclui-ci c11 s11bit les
• risc1ucs; clans la ,c11lc it ré111éré, au co11lrairc les ris<1ucs so11t pot1r l'acl1ete11r .
Co111111c11l cx¡Jlic1ucr, dt'·s lors. la fré<¡ucuce des ,c11tes ¡'¡ ré111ért'·, éta11t
do1111é c¡uc l'o¡Jéralio11 ¡Jarait, a11 111oi11s c11 111aliere 111obilierf', 111oi11s avan-
tagc11sc ¡Jour le pretc11r c111·1111e si1111llc 111ise e11 gage :1 C'est que le procéclé
serl c11 réalilé trop souvcr1t á élucler di,e1·scs prcscriplions légalcs rcla-
ti,cs a11 J>r(\t sur g·ag·c. Celles d'a!Jortl <¡ui éla!Jlisse11l le 111011opole 1/es 1'!011/s-
(le-J>i(:lé. L'article '111 <111 (:()(le ¡Jt'•11al ¡iorle c¡u,· les 1nais,>11s ,le ¡Jr1~ls s11r
gagcs tl'olJjcts 1110IJiliers cor¡iorels 111· ¡H·11, e11t fu11l'I icH111er q11,• 111tiyc1111a11 l
1111<' a11l<Jrisatio11 légale. <>r cellf' a11l<>risali1111 11'a t'·té, c11 l•'ra11ce, co11f<'-rt'·e
q11·a11x '.\lo11ls-(!P-]lj¡'~ /~,)lar divcrs lc\.les (l<i11l le JJlus i1111Jorta11l esl la loi tlu
2/¡ j11i11 18;i1. ,\11 co11lrairc, il 11'y a ¡>as (le 111011op11lc ¡>our la ¡Jraliq11c <-les
ve11les ;'1 r1\111t'•ré 111obiliercs. ()() 1111\111<', 111il re o¡>í·ralion 1>er111el ele l.1}11r11er
l'arlicl1: :Hi-¡,'{ 1l11 (:1Jclc civil i11tcrdisa11.t le cu11lral /Ji!/llOl'lllij, f'a111ilit>r aux.
11s11riers, c'p:,;(-it-Jir1· la claut-\c en vert.11 lle la<.¡uPllc le 1·ri'·a11ciPr gagisl1! 111111
¡layé ¡\ l'í·cl1éa11ce ¡Je11t. sa11s f'<>l'll1alitt'·, s·a¡1pr11¡iri,~r le g·ag1). I•:11li11, a,ec la
vc11lc ¡'¡ ré111úrt'•, 011 ¡u•11t 11arg·111•r 1,·s ,lis¡>1Jsili1i11s ¡11·(il1il>itivcs 1IP 1'11s11r<'. 11
s11f'fll ¡1011rccla 1lc sli¡,11lcr 1111 ¡1rix tll' racl1al trt'.:s s11¡Ji'•ri()11r au (lrix 1lP ,,~11le;
Oll !'IIC(ll'C, si 1'011 esl e11 JJt·t'•sencP 1l'u11 Clll(ll'llllln111' 1111111if',•sl1~111e11I. i11ca1>a-
bl1~ 111' 11i:1itriscr la 1.:rise d1J11l il s1>11fl'r11, 1le fixcr 1111 (ll'ÍX ele vente lrt'-s l1as.
II c~l clair 1¡11e si, aY11c fac11ll{\ 1ln rt'·111t'·r1\ ¡1e111lanl 1111 a11, j'acl11'.tc liri.001> fr.
1111 C<lllicr lle ¡i1•rle~ <l1• 1:A<J.<lo<i,1•l si l'acl1clc11r csl l1ur~ 11'í•tal ,¡,. le l'()(ll'<'lltlrc
atl lcr111e Cüll\Cllll, c'esl CUlllllll' si jP l11i a vais ¡1r1\t{· tic l'argcnl ¡'¡ 1()() <>/o.
11 va 1le soi 1¡uc, si la venlP ¡\ ré111t'.·ri'· 11'1!sl. 11111~ v,•nlc lJUC 1lc 11<1111, el ¡irt''.-
' ' PA.RTICULIERES
DE QUELQUES VARIETES ' DE VE~TE

se11te e11 réaliLé le caracLere cl'ut1 contrat prol1ilJé, elle sera nulle. II ap¡Jar-
tie11t aux juges cl'apprécier s011verainement le caractere véritalJle de l'opéra-
tio11 sui,•ant les circo11s ta11ces. 011 ¡Jeut indiquer certaines particularités qt1i
réveleront e11 gén('ral t111e intention de frat1dc a la loi cl1cz le 1Jréte11du acl1e-
te11r. Ce ser<Jrlt, par exen1ple, la fréque11ce <les acl1ats de la ¡Jart de la n1c111e
perso11nc; l'itt('.galité 111arcr11('e entre le ¡irix ele ve11te et le prix de reslitu-
tio11; le fait qtie, par le n1c111e actc, la cl1osc soi-disa11t vc11clue a été <lonnée
a' 1H1t·1 a11 ,·e11ll eur pa~· l' ac 11e teur a' rc111crc
' ' ' avec 11n l oyer e'l evc' ( re¡Jrcsentant
'
scl<Jil lo11te vraise111l1la11ce l i11tér(~l clu ¡Jrcl). l)a11s ces cli,·ers cas, il y a ce11t
it ¡Jarier e1ue l'o¡Jération reco11vre en réalité u11 pret sur gage frauduleux.

•~ 1. - C1,n1litio11 1l'exe1•eiee tic la f'ae11lté de 1•é111é1•é .


Premiere condition: Validité de la clause de réméré. - To11t d'a-
J¡ord, la valielité rlc la cla11se ele réméré est sou111ise aux det1x regles sui--
va11les :
1° (,a fac11lté ele ré111éré doit avoir été slipulée au profit du ve11eleur lla,is
l'11cle 111er11e ele ve,ilc (arg. el11 n1ot se réseri•c de l'art. 165!J). I11sérée a¡Jres
co11p, la clat1se serait i11o¡Jéranle. Po11rq11oi ~ Parce que les Liers qui seraient
elispos¿.s h traiter rclativen1e11t a la cl1ose avec l'acl1eteur, doi,er1t ctre aver-
lis par l'exan1c11 ele son litre d'acq11isilio11, de l'éve11t11alilé ele la résol11tion
rlcs droils ele cel11i-ci. l{e111arq11011s cependa11t crue, ccrtainen1e11l i11o¡)po-
sal1lc anx tiers, la clause ele ré111éré i11lerve11a11l aprt'>s co11p scrait efficace
i11/er ¡iar/cs. )~lle vaullrai l co111111e pro111esse <le revenle. Seule111ent, r1ua11d
le 11(J11,ea11 lransferl se pro<l11irait, il ;i aurait pcrcc11tio11 d'11n droit no11vcau
rlc 11111lalion, el les (lroils des tiers seraient respectés.
·1° (t ),a fac11llt'! <le racl1al ne }Je11l <\lre slipulée })Our u11 ter111c excé<la11t
cinc¡ a1111c'~cs « (arl. 1660, al. 1). C'est la 1111c i11no,alion ele notre Dr<)it, 1110-
livt'•c 11ar les i11co11vénicr1ls éco110111ir1ucs d11 rérnéré lc11a11t a la résolutio11
a
eles elroits des Liers r111'e11lrai11e so11 exorcice. La regle c¡ui fixc cinrJ années
le 111axi11111111 cle la périeJclc cl'incerlitude cr6éc JJUI' la clause rle ré111éré
i11lt'·ressc ll<Jnc l'(ll'tlrc ¡J11IJlic. l)'clt'1 les co11séc¡11c11ces ci a¡Jrc·s:
\. - tt l,c clt'ilai courl. co11trc lcJulc JJers(11111c, 111c111e co11lre le n1i11c11r n
:arl. 1(i(i:i 1 <Jlt co11lrc l'i11lcr,lil. l•:11 rl'1111lrcs lcr111es, il 11'y a JJas lie11 ll'ap-
11liq11er ici la s11s¡ie11sir111 ele la Jll'<'scri1itio11.
I\. --- l'ns (ln JH'tll't)g-alio11 ccJ11vc11lio111u~llc JJ<lssilJlc <lu el/~lai irnparti ¡1ar
i<' ('tHII ral. S11¡lposcJns (lll!.' la ,c11Le lixc it t.rois ar111écs le (lélai d11 rt'·n1ér(\;
1111is. a11ri'·s c1H1p, les ¡1artics C<lll\ ic1111c11L <I(! le ¡Jorler il cinr¡ a1111ées, res-
tan! ainsi (lans les li111il1~s <111 111axi11111111 légal ; la 1Jrorogalio11 11'e11 sera
11as 11Hli11s inel'ficace, au 111oins i1 l'égarcl llcs ticrs.
<:. - !-;i la faculte'~ ele r/•111/·rl! a 1\t{~ sti1111lt'·c J>onr 1111 Lcr1nc ¡ilns long r111c
ci111¡ a1111Í'.<'S, tt nll<'. csl rt'·cl11iln i1 ce lcr111e ,1 (arl. 1(iGr>, al. ~), lr111jo11rs en ce
qui cn11<·1•r11c 1'0111>nsaliililt'• <le la cla11sP a11x licrs (!l it l'.\el111i11islrali<111 ele
l '('11 l'<'g·i s lrcr ne II l.

Seconde condition : Capacité ou pouvoirs requis pour l'e:xercioe


du réméré. - I)cx1~rcicc 1111 rí·1111·rt''. <li•passc ,isil1ll'111c11l la ¡io!·léc cl'1111

488 LIVRE II. - TITRE 11. - '


PREl!IERE PARTIE. - CHAPITRE 111

acle ordir1aire cl'ad111i11istratio11, car il entrainc le décaisse111ent d'u11 capital.


Done, le tutcur 11(' pot1rrait ¡Jas plus exercer le ré111éré au no111 de son pupillc
e¡u'il ne pourrait effectuer seul, en son 11on1, u11 place111e11t 11101Jilier ou i111-
n1obilier (';· t. I•r, p. 497). E11 revancl1e, si la faculté ele réméré aprartic11l
a une fe111111e 111ariée sous le régin1e de con1111u11auté, 11ous esti111ons q11e le
111ari, possédant un pouvoir el'aeln1i11istratior1 étcndu qui lui <_:onfere la gcs-
tion eles intérels in11r1olJiliers a¡Jparlena11t a son épot1se, po11rrait excrccr le
ré111éré. :\lais nous cro)·o11s que la valielité de l'opératio11 resteraitst1IJordcJ11-
11 ée a l'acceptation de la fe111n1e, de 111e111e que la valiclité d'1111 re111¡Jloi
e ffectué pot1r s011 co111ple ¡Jar le n1ari. Cetle sol11lion est seule co11forn1e ¡,
!'esprit ele notre loi, car er1 toute circonsta11ce, elle statue de 111aniere que
1 e n1ari ne puisse pas in1poser a sa fen1111e, n1e111e con1111une, 1111c acc1t1i-
sition do11t elle 11e se soucierait point (''· art. 1435, 1408).
La fac11lté de rén1éré,éta11t u11 sin1plc elroit JJécu11iaire, pe11t cl'aille11rs etre
exercée, soit par un aya11l-ca11se ,\ litre particulier elu Yendeur, co111r11c 1111
cession11airc a11quel celui-ci aurait lra11sféré s011 droit, soil ¡Jar ses créa11ciers
agissa11l e11 ,·crtu de l'article 11GG. Ce1Jendant, l'arlicle 1GGG porte c111c l'ac-
c¡11<\re11r a pacte de racl1at cc peut op¡Joser le lJé11<'·ficc de eliscussio11 a11x
créanciers ele s011 ,·enclc11r n. 1'a11l q11c ccux-ci co11scr,·cnl c1uclq11c 111oye11 ele
se faire pa}Cr s11r le s11rpl11s d11 1Jatri111oi11e ele lcur elélJilc11r, la loi 11e ,·e11t
¡Jas c¡11'ils c111¡Jloie11l u11e Yoie ele réalisatio11 s11scc1JtilJlc de réllécl1ir conlre
les ticrs.

• Troisiemé condition : Mode d'exercice de la faculté de réméré. -


11 y a, qua11t ú la n1a11iere ell111t s'cxerce la fac11lté ele ré1111~rt'·, 11r1e certainP
incerliluele ela11s les lcxles. r:arlicle rÜÜ:>. sc111l>le fairc all11sio11 it u11e i11lcr-
Ye11lion ele la juslice (arg. eles Illl>ls: faute ¡>ar le \'C11cleur d'ayoir e.r:ercé so,t
aclio,i ), i 11 lerYe11tion c1 u i serai l 11écessaire c<>111111c e11 111aliere ele résol u t ion
¡Jour elt'·f'a11l ele }Jaie111e11l du prix. ~Iais, d'aulrc par!, certains a11lres textcs
plus JJl'CJIJanls, co111111c l'arliclc r(ifif) (arg·. 1les n1c>Ls: 11scr (/1• /(lfoc11ll1: 1/e ra-
0

cltal), se111IJl<'11l IJic11 ll <'ll\'Ísag·c·r J'cxPrcice ele la fac11ll1, 1¡11c cci111111c 1111e
si111¡Jle 111a11ifeslalio11 ele Yol<Jlllt'· extraju<liciairc el 11nilatéralc, 1le la ¡>arl el11
,·c11elc11r. l\este ú sa,oir ú 1111cl 1110111c11l 1,l /1 1¡u1•lles cei11<lit.i1>11s C<'lle 111a11i-
feslali1J11 ele Yolo11t1, ¡>eul elrP co11si<li'·r,:e c1i111111c s11ffisa111111e11l cx¡iressi,e
¡¡our rt'·aliser l'acc<>Illf>lisse111e11l ele la c1l111lili<lll r1•.sol11l1Jirc, et. f'airc lon1l>c•r
Jps clr11ils ac<111is 1>ar <les licrs <la11s l'inlerYallc.
U111· 1irc111it'•re 11¡>i11io11 c11seig11c 1¡11'il 11<, s11ffil ¡>as <¡111, le \t'111l1•11r ail 11ia-
11ifestt'· sa \'1,ln11l1• ¡,ar 1111 acl<' ayanl 1lale certaine, 111ais <111'il fa11l cncore
c¡11'il ail ell'cctiY<'IIlelll \'Prsi', le ca¡Jilal <111 r1·111i'·ri', il\'l'C les frais a1·ccss<1irPs,
<Jll, lcH1t. au 1110i11s, c11 cas <le r<'f11s 1le l'achetc11r, fail i'1 c<•l11i-ci <les 1ifl'r<'s
ri',ell!'s s11iYies <le C<ll1sig11ali1J11, ( >11 ¡,c11t. argu111c11lcr <'11 ce se11s clc l'arli-
cle 11i:ii1, <>Ú ll1J11s lise>ns <¡111, le r1,111i'·r1, a licu 11 111oy<·1111a11l la l'<'Slil11li1l11 <In
¡>rix u, 1>ri11ci¡>al c,t acccss1iircs. 1)1, 1>l11s, ú 1¡111,i li1111 ¡icr111Pllrc 1'1 u11 \'t'll<l1·11r
<¡11i, 1>c•11t-1\(rc•, a lr11¡l ¡ir1•s11111i', <I<' ses f1irc<'s, <lc, lrc>11lil1•r l<'s ticrs ,,11 fl~·a11ts-
causc <l1, l'acheleur <111 111t11111· 1'1\ 1ler11irr, aya11l <¡11'il ail ¡>a~·i', la s1)111111<•
slipulée)
, , '
DE QUELQUES VARIETES PARTICl"LIERES DE VE'íTE 489
l~ependa11t, la Cour de cassalion a jngé r¡ue, pot1r c¡n'il y ait ré111éré, il
st1ffil el'1111e déclaration ele ·volo11tó ayant acquis date certai11e. acco111pagnée
de la sou111issio11 ele re111plir toutes les obligations i111¡Josées au ve11det1r par
la loi et par la cla11se ele rén1éré. Ni le tJaie111enl ni les ofl'res réelles 11e so11t
nécessaires (llec¡., 14 jan,·ier 1873, D. IJ. ¡3. 1. 185, S. 73. 1. 134). L'arg1101ent
princi¡Jal c11 favc11r de ce syste111e csl tir{~ ele l'article 1673 1°r ali11éa, i1iji1ie,
c1ui accorcle a l'acl1ete11r 11n elroit ele réte11tio11 sur la cl1ose, tant e¡u'il n'a
pas <'·Lé re1nlJoursé, gara11tie c¡ui serait é,iele111n1cnl i1111Lile s'il élait resté
¡1ro¡1riélaire de la cl1ose cr1 attendant ce re111l1011rscn1c11t. 'l'o11tefois, le men1e
arrel ajoute que l'efficacité de cette déclaralion ele rón1éré ll l'ég11rll lles tiers
esl subordonnée a11 ren1boursen1ent.
U11 aulre arret plus récent (Rec1., 19 octolJre 1904, D. lJ. 1907.1.!126,
S. 1909. 1.307) emploie des forn1ules plus gé11érales, cl'ot't il résulte c¡ue, tant
c1ue le re111lJourse111e11t 11'a pas en lict1, la ,enle 11'cst pas résolue n1e111e
cla11s les rapporls eles parlies entre elles, et q11e la JJl'OJJl'iété co1iti1iue (l résicler
siir lll téle de l'ac1¡uére11r, leq11cl 11'a11rait clone 1Jas seulen1er1t un elroit ele
réle11lio11. S111Jposons par conséc111e11l c¡11'il ait Iaissé le vende11r, apres sa
cléclaralici11, se ren1cllre e11 1Jossession, la logiqt1e conduirait a cl{·cider q11'il
pet1t revendiquer la cl1ose jt1squ'a11 re111lJ011rsen1ent clu prix.
Est-ce it clire q11e la Co11r ele cassalio11 se soit dÍ'jugée ~ :\'ous 11e le pe11-
so11s pas. L'arrel ¡Jréciló de 1873 conser,e ú notre aYis ur1e doul)le por.téc.
11 c11 rt'·s11llc cl'abcircl que, 111oyc11na11l u11e sirr1ple cléclaralion de Yolo11té,
n1e111e 11c)11 acco1r1pag11ée ll11 re111boursc111e11t cl11 JJrix ot1 d'ofl'rcs réelles
ellccluées a,a11l le ler111e slip11l(~, le ,·c11clet1r évile lll clécliéct11ce de la fact1lté
lle ré111éré. Et, en scco11ll lie11, cclle d<'·clarat.ion sufflt 11 le lier, elu 111on1ent
e111'elle a {·té acce¡)l.ée par l'aulre parlie. l•:t l'acl1elc11r, llor{•11aYa11l créancier
llu ¡irix e11 princi¡)a! et accessoires, a co11l.re lui l'actio11 e11 paie111ent a,ec
l011lcs les suites c111'ellc co111porle (Civ., :1.3 aYril '9ºtl, l). [>. 1911.1.438,
S. 1()1?..I.390.
i\jo11l.011s, po11r lcr111i11Pr, 1111 desi1leral1t111 l{·gislalif. .i\ccon1pag11é ele
rc111IHi11rsc)111e11t, l() r(:111{·r{· ¡irocl11it. cPrlai11c111e11l ses efl'cls /1 l't'•garcl des
licrs. 1lais 1111llc ¡ictlJ[itifé 11'csl l'<'e¡nise JJOIII' q11'il en sciil ainsi. 11yal/11111c
,i'·rilalilc lac1111e lla11s le systt',111e lle nolre lra11scri¡1ticJn i111n10]1ilit'·rc. l,a loi
lle 18:i[> so11111el, <)JI s'r11 so11vie11l, les r{·sol11lions ¡>r<JJIC>IICi'·rs par j11ge111cnl
?1 1111c ¡111IJlicilé J)ar ,oie 1le 111e11lio11 11111rgi11ale. J,a r{·s11l11Lio11 ¡1ar acle privó,
c11111111e cclle 1¡11i r{·s11llc cl11 r/·111éri'·, clc111e11re occ11lle. S11¡1pc>sons c111'e11 fail
l'acl1cle11r, 1111c fciis le ró111i'·r{· cxercc\, reste, f'II ¡)ossPssi1111 ele l'i111111e11lile. J,es
.
lll'l'S. '
IIICIIIC . Ce
avert.1s l l''('\('llllla I'!IP' Cl II l'CIIICl'C
' ' ' ¡1ar I a I ec l 11re ! I e SO)l L'L
I re
11'acq11isilio11, 11c11vP11I, p<Hrr IH'll c111c lP ler111c fix{· ¡)ar le cr111lral soil Px11irt',,
<!lrc f'l111<l/·s ;'¡ le consi1l{·rc•r c11111111e f>l'<)11rit'·lairc 1lor{11avanl i11com11111lalJle,
el il ¡1eul en r/•s11ller 1111 ¡1it'•gp ¡1<J11r J,,11r IH11111c fui !

Quatrieme condition : Hypothese de la pluralité des ayants droit.


- 11 .va 1lc11x cas ;'1 1lisli11g111,r:
.

r" l'l11r11lifé ,le l'c'111l1•11rs (arl. r (i(i8 ú r G¡ r ). -


( In liiP11, il y a en cl'al,c1rll t111
scul vc11tle11r, 111ais il c·sl 111cJrl, laissa11l 11I11si1•11rs l1t'·rilicrs. l,e droil ,i'exercer
,
,." ' . 490 LIVIIE 11. - TITIIE 11. - PRE~IIERE PARTIE. - CHAPITRE 111

le ré111éré se clivisc c11trc c11x (arl. 166!¡). Cl1acur1 110 ¡Jct1t dor1c c11 uscr que
pour la 1Jart qu'il ¡Jrcncl dans la succession. ?ilais l'acl1etc11r a le droit
cl'exiger qu'ils se co11certe11t pour l'exercer enser11ble. Faute par eux de se
111ettre cl'accorcl, le rén1éré ne pourra ctrc exercé (art 16ío).
011 IJien, la cl1ose appartc11ail par ir1di,·is a }Jlusicurs qui 011t tous
,·endu lct1r part ii 1111 seul acl1ctcu r. 11 fat1t alors sot1s-clisting11er. S'ils ont
vcndt1 conjoir1lcrnent, c'est-a-clire par 11n sc11l contrat, on appliqucra la
111c111e solution q11e précéd.e1n111e11t (art. 1668). Si, a11 contraire, ils ont JJassé
des contrals de Ye11te s11ccessifs el dislincls, cl1ac1111 exerce séparé111cnl le
rén1éré pour sa part seule111ent (art: r Gí 1).
Ces ditrérents textes ne sont, en son11ne, qu'une application de cette iclée
q11e les co11trats doivent etre applic¡ués conforn1én1ent a la volon té présu-
,J • 111able eles partics. Dans les l1y¡Joll1eses ou la loi s11l)ordonnc l'exercice clu
ré111ér<'· it 1111 accorcl préalal1le eles ayant:,;-droit, il rcssort des circonstances
q11e l'acl1elc11r avait c11le11clu acquérir un tout el no11 ur1e cc1llcclion de
parts ir1cli,ises.
~º Plttralilé (l'acltelettrs (art. 16í2 ). - u Si l'acc¡uére11r a lai~sé plusie11rs
l1t'·riticrs, l'actio11 e11 ré1r1éré 11e pcut 1~tre excrcóc co11lrc cl1ac1111 cl'eux c¡ue
pour sa ¡Jarl, cla11s le cas 011 elle esl 1·r1c1)rc inclivi:-c, et dans cel11i oi'1 la
cl1osc vc11d11e a été J)arla¡.ri'·e (111orcelée) e11trc P11x. - l\lais, s'il y a c11 par-
tage de l'l1ért'·clit1'. et que la cl1osc Ye1tduc :-.oit écl111e (¡)011r le tout) au lc1l ele
!'1111 ele,.; hérilicrs. l'actio11 c11 r{·r11ért'., ¡)c11l etre i11tcntée ccintrc l11i ¡Jour le
to11l. >> c:es ,.;cilutions étaie11t i11utiles h indiquer. Elles rés11lte11l suffisa111-
• 111ent de la reg'lc de l'cll'ct cléclaratif du partagc (ar!. 883) .

(.ln cxa111i11cra la situatio11 sr1il a1)res l'cxcrcice cl11 ré111ér{,, soil ava11t ,.;011
<'\<'L'!'Í<'<', <'ll cl'aulres lcr111es ¡1e1i<le11te co11(/itio11e. ·

, .. Effets du réméré apres son exercice. - 11 y ,1 li1•11 1lc 1listi11g·11cr les


l'll'Pls i11/1'/' JJ1tl'll's el (ps <'11',·ls 11 l'l;fl''"'' 1/cs lil'l'S.
,\. - /11/el' ¡irtrlcs, I<' r<'·111<'·r<'· 1111c f'1>is <'\<·re{· astr1•i11l. l'acl1Pl1•11r :'i la r<'sli-
l11li<)ll <l<· la cl1c1s!', a,Pc fp:,; ac1·p:,;:-;1>irl's 1111i <>ni 1111 :,;'y i11c11r1)11r1•r, ¡>ar cxc11t-
I>I<•, /1 la suite <l'1111c all11,io11. ()11a11I au ,e1Hl1'11r, il <ltiil rcslil11Pr lc 11rix.
11l11s l1•:,; f'rai:,; el l1)ya11x crn'tls 1lc la ,e11l.P 1•l les i1111H•11sl's 11<'•rpssair1·s 1>11
ulill's 1dl'<'<'l11<'·1·s par l'ac\1cle11r s11r la ch,isc (arl.. 11ií:l, 1•··· alin<'·a). ()11 l'<'l1tar-
q1u•ra 1)11<' (p ,1·11d1•11r 11'Psl pas a:-lrei11l. it Jla~<'f' l1•s i11l<'·r1\ls d11 ¡>rix, ni l'a-
' chcl.t•11r i, re,;lil11cr 11•:,; f'r11ils 11<· la ch<>S<'. 11 y a 1·01111H•11:-ali1J11 entre \p:;
• •
,10111ssatH'<'S.
<)111· clt'·ci<l<•r l1irs<¡111, la ,'.l111s1· J>l'<Hl11it <l<'s f'ruils it 1it'·rilldicil<'· JH,11 ra1>(ll'<>-
clt<'·<', ¡>ar <'Xl'lll{Jlc, 1ll's <'.<Htpcs d1· i>llis :1 l)1iil-1111 a1i¡>liq111·r JHll'<'llt<i11l <'l si11t-
f>l<'IIH'lll le pri111·i1i1• <111'il 11') a 1ias li<'11 /1 l'<'slit11lillll ti<• f'r11ils ,1 ()11 l'a1l111<,I
en ¡.r<:11<'•ral, cn i11\'<>q11a11l l'arlicl<' fiH:,, 1l'a1ir1'.:,; · l1•r111l'I IPs f'ruils 11al11r<'ls
s'ac1111it'.r(i11l l<HI~ 11ar la (H'l'<'l')lli1,11. ,tais il <-:-1 1lif'fi<'il<' 111• 11<' 11as 1'.lr1·
0

f'ra1i¡)( ¡>ar ll's r<'·s11llals i11i1(111·s a11\<(ll<'ls ¡u•11l 1·111ul11ir1, ci, ~ysli'·1t1<'. l,a

r1'.µ-lP <le l'arli<'I" :-,¡,;,-, 11°Psl f'1ir11111li'·c 1111'/i 1ir,,¡ios 1ll's ra¡i¡)<>rls <11' 1·11~111'r11i-
, ,
DE QUELQUES VARIETES l'ARTICIJLIEI\ES DE VE'ITE
.
tier el d11 nu-propriélaire, et ce q11i peut, e11 celle 111alierc. la re11clre la a
riguct1r lolérallle, c'est q11'il 11e clé1Jend pas du n11-¡Jropriélairc d'ava11cer 011
de reculer la ccssalio11 de l'usufruit. Au contraire. le ve11dc11r ré111éré pe11t a
a s011 gré flxcr la dale clu racl1at, de telle sorlc qu'il lui sera loisil)lc de le
re11clre aussi clésava11lageux que possible pour l'acl1eteur. 1\.insi, u11e co11¡Je
de IJois cloil r\tre faite to11s les cinf¡ ans. Le , e11cleur ayanl ,e11cl11 au le11de-
0

111ain tl"1111c coupc, s'arrangera ¡Jo11r cxcrcer le ré111r'rl' i1 la veille ele la coupc
s11iva11lc ! 11 ,aud1·a~t 111ic11x, croyo11s-no11s, décidcr c¡ue l'acl1ete11r aura droit
a u11c ¡Jart <le fruits soit 11aturcls, soil civils, proporlionnclle la cl11réc tle sa a
jo11issa11ce. C'est la sol11tio11 qui cadre le 111ieux avec le principe de Ja com-
pensatio11 des jo11issa11ces que nous signalio11s JJlus l1aut.
B. -- ..,1 l'égard des liers, le ré111éré joue co111111e u11e conditio11 résolutoire.
(( Lorsque le vendeur rentre dans s011 l1éritage par l'efl'et cl11 pacte de ra-
cl1at n, flit l'article 1G73, al. 2, (( il le re¡lrencl exe111pt de loulcs les cl1argcs
et !1ypotl1ec¡ucs donl l'acquérc1ir l'a11rait grevé i>. On remarc¡11era que la loi
per111ct a11 ,·e11cleur (art. 16G4) cl'exercer so11 aclio11 e11 reprise (lirecte111e1il
co11t.rc un liers clétenteur, sa11s avoir lJesoi11 <le faire au¡larava11t ¡Jrononcer
la résolutio11 it l'encontre de son pro1Jre acl1eteur, co111111e cela cst clécidé
po11r l'aclio11 e11 résolution de l'article 1G5!1 • 11 c11 est ai11si q11and 111en1e la
fac11lté tle rt'•111ér1" 11·aurait pas été cléclaréc clans le second contrat (art. 1GGt¡,
i11ji11cJ. lle11 i111porte aussi le 1Jrix de la so11s-acc1uisitio11. L.e ve11cleur ne
rer11l)ot1rse <'!tire les 111ai11s tl11 clt'•le11leur q11e ce c¡11'il a rc,;11. 'fa11L 1Jis JJOur
le so11s-acr¡11t'·rcur si ce ¡Jrix est. plt1s failJle r1ue celui <le la rc,e11le; il rc-
co11 rra 1iar l"ac Iior1 e11 gara11 tie con Lre so11 au leu r ¡Jo11 r la cliJJ'ére11cc. I11ver-
semcn t, tant 1nieux pour lui si le 111onla11l d11 ré111éró cst s111Jérie11r i1 s011
¡Jro¡lrc ¡Jrix. 11 gardera JJour lui l'cxct'·<le11I, so11 Yen<leur tleva11l t\tr11 ré1)uté
lui avoir cétlé, c11 111t'111c le111¡Js que la cl1ose, Lous ses acccssoires tanl juri-
<lic¡ucs r¡11c 11at11rcls, et r1rita111111e11L le clroit á la lolalité cl11 prix de rér11éré.
Ce¡ientla11l, le pri,ici¡>e 1le la rétro11clivité d1i ré,néré souffre 1le1tJ: e.cce¡>-
tio11s ins¡)irées par 1111 i11téret ¡Jrat.ic¡ue évider1l.
u) Le Yen<lc11r qui a cxcrcé le ré111éré esl Len 11 cl'cxéc11ter les battx f11ils
s1111s ,/i·a1tde ¡1ar l'acl1cle11r (arl. 1G7:!, al. :i, i11 ji11c). lci la ll,i a C!>Hsidér{·
c¡ue ccllc sol11tio11 !"lail co11í!1rn1e .\ l'intér,~t tlcs clcux parlies; il esl néccs-
sair<', e11 ell'cl, ![lle l'acl1elcur p11issc ¡1asscr eles ba11:-. soustraits á l'éYc11l.ualité
<l'unn rt':scil11lio11. !,e lcxt.e ne fixe a11c1111c li111il.e ¡ir{:cise .. \.i11si, 11n l1ail !lP
¡ilus tic• 1H111f a11s 11,H1rra 1'1.rc ctH1si,li"•ri• co111111e fait sans frauclc; les lriu11-
11aux a¡>¡11·{:cir)l"(Jlll. i\jc111lr>ns !(illlPf,>is ccllc CtJIH.liti(Jll sr111s-cnl(:1ld11<' ,¡ue le
l>ail, ¡J<H1r etrr 0¡1¡1,Jsalile au r1:lraya11L, cloil aYoi1· acquis 1111c clalc cPrlaine.
//¡ Si l'achcleur .\ r{·111órt'· a ¡>roci:tlt'·, !lans l'inl<'l'Yallc, ú la />lll'f/C ,les
h,Yf.1olht•1¡11es 110111 l'i111n1c1111Jlc vcncl11 t'•tail g-rev{~, la j11rispru!lcncc acl1nel
r¡11,• l'cxercice 1l11 rén1t'·ró 11'i11fir111c ¡ias ccll.!i lllll'gc, el 1111 fail ¡i.is reYi, re IPs
l1y1H1ll1c)c¡11ns tl11 clHif !le \'Pll1le11r. I.a sol11Licin inYersn, liien c¡uc if1g·iq11e,
ci'tl a111P11<': rlc 11'!>¡> gra1ul1\s c,>111¡ilicaliLlllS (!~el¡., 1/¡ ayril 18 11¡, 1). ll. /17. 1,
:.i 1 7, S. /¡ 7. 1. :~1, l ) • <;<' l lo ti(\ I a j II r is 11 ru, 1e nce a en¡ H! n, 1a II l 1111 ti i'· fa 111. 1~ lle ¡1c11 l

¡irc't1•1· 1\ !IPs ct1llusi1>11s, ¡1crn1eltrn ¡'¡ 1111 clr'·liiln11r !l1: ¡iurgcr les l1y¡>ollu':c¡11cs
1111'il II co11stit11t'-cs, ¡>ar le n1oycn !!'1111 11clH•le11r ii rí·n1t':ré con1¡iiaisanl el
Ocli f .


LIVRE 11, - Tl'fllE 11. - '
PRE,ITERE PARTIE. - CHAPITRE IIl

2° Situation des parties pendente contlitione. - 11 convie11t ele dis-


-tinguer:
1\. - La situation de I'acl1ete11r ne donne lieu a at1ct1ne disc11ssio11. 11 est
propriétaire et a le clroit d'acco111plir tous les acles d'ad111inislration et ele
jouissa11ce d'11n propriétaire, n1en1e les actes de disposition; 1nais a,·ec ce
tempéra111e11t q11'il 11e peut constituer sur la chose qt1e des clroits sou111is it
la n1e1ne é,·e11tualité de résolution crue le sien.
Cependa11t, par exception, la loi lui refuse (art. 1751) le droit cl'expulser
a
un locataire 011 11n fer111ier, supposer c¡t1e cette faculté ait été réservée par
une clat1se dt1 bail.11 n'aura le droit cl'user de cette faculté d'expulsion qtre
lorsqu'il sera devenu propriétaire incon1n1utable par l'expiration du délai
de ré111éré. La loi ne ve11t pas que la jouissance du fermier 011 locataire
puisse etre interron1pt1e par une perso11ne qui n'a pas sur la cl1ose t1n droit
cléfini tif.
Supposo11s c111e le l)ail passé par le ve11clenr 11e contienne auct111e réservc
a u profi t cl'1111 acc111éret1r évent11el, n1ais c111e le prene11r ait négligé de le faire
cnregislrer, for111alité i11dispe11sable, d'apres le Droit co11111111n (arl. 1743),
p our qt1'11n bail soi t opposalJle a11x tiers. l~at1 t-il décicler q11e l'article 1751
s' appliquera, et c111e, des lors, l'acl1eteur a rén1éré n'a11ra point, pcnde11le
co11llitio11e le droit d'expt1lser le 1)rene11r) No11s ne le pe11sons 1)as. :\ nolre
avis, l'arlicle 1751 11e retire it l'acl1eteur crue lafaciillé co11ve1zlio1111clle d'ex-
pulsio11 c111i a11rail pt1 etre r<'·srrv{:e da11s lr IJail; il ne lot1cl1e ¡Jas a11 1/roit
a
c111i appartie11t lo11t i11Léressé ele co11sid<'·rer co111111e 11011 avrn11 lt so11 <'•garcl
ur1 IJail 110n opposalJle aux tiers par défa11t de dale crrlaine.
B. - La co11di tion cl11 ve1zdc11r it ré111éré JJe11lle11le co11llitio11e es t r11 gé11éral
co11<,'.UC par la lloctri11e cor11r11e cellr d'11n pro1)rit',taire so11s co1illilio1i suspc,i-
sive. 1\i11si, le 111e111e évt'•11r111e11t, a savoir l'cxcrcice llt1 ré111éró, jl)11erait c11
me111e lc111¡)s le r,'ile cl'l111e co11elitio11 s11sprnsive li l't'•garel des elroits cln ,·rr1-
clel1r, et cel11i d'unc conclition résolutoire a l'{•gard eles elroits lle l'acl1rtel1r.
Cl1ac1111 clrs elc11x anrail co11ct1rrr1r1111e11t le clroit. cl'acco111plir sur la cl1osc
lo11s lrs acles ll'l111 pro¡1ri1·lai re ; se11len1e11 l Je sorl lles 11ns el clPs a11 l rPs scrai t
st1IJ(1rclo1111i• 1'1 t111c t'·,Pnlnalit( <111i, s11rvc11a11l, ant'•anlirail. IPs 1111s, Pl 1l1,11-
r1erait anx autrcs ll>11le cfficacil.t',.
(:PLI<' co11c<'1>lio11, ,!'11110 g·ra11ele rign<'11r logic¡11c, 111i11s })arail c,,¡)e11ela11l
oll'rir 1111 caraclt:re l'aclicP. l•:lle al>ot1lil. 1'1 1111<' ¡Jr11¡>osili<J11 i11acl111issilJle, 1\
savoir la cc1exisl1•11cP lle lle11x llroils ,Ir pru¡)riét{· si11111lla11t'·s st1r le mc1r1c
1>l>j<'L. N1111s J>rt'·l'<'·r1>ns cl{·cicl<'r, avec ll11ll1icr, <¡ue le vc111lenr 11'a poi11l, p1111-
,l ente ro111litin11e, ele <lr<>il rt'·1•l sur la cl1osc, clcj11s i1i re, 111ais 1111 si1r1¡Jlc
elrc>il 1>crsu11nPI 11 ¡>ar ra¡>¡>orl ;\ l'hórilage n, 1111 ,i11s <11[ 1'1'111. l•~I- vc>ici les
l'.011s{•c1nrncPs c1ui rt',s11llPr1111l ele c,,tte 111a11ii,rc ,le v11\r.
<t) SuJ>J>OS<JIIS 1111<, c1issio11. ele la fac11 llt'· <le rt'·111t':r{·, clH1SP assrz l'r/•c111011 te.
Si le <lroil du vr.11cle11r {•lail 1111 j11s in re, cellc C<'Ss_i,111 11/•cessit,,rait. 1111<'
lra11scri¡1lic111. ,\vpc tHilrc c<,11ce¡,tilJII, 1111 C<>r1l.raire, il s11ffira <IP l'nirc, la
sig11ilicalio11 111, l'nrl.iclc ,(i!l<J 1\ 1'11cl1el<'lll', on ll'c1111l>lcnir l'acce¡ilal.i,111 1lnns
1111 acle a11llt<!Illic¡11<'.
/,) ])e 111e111c, (p (H'ix <le In cessio11 11'11¡>¡>a1·liPnclra ¡H1i11l ¡>ar ¡iróf<'·rencr
. . '
DE QUELQUES V,\llIETES PARTICULIERES DE VE~TE

aux créa11ciers l1)'l}Otl1écaires du vende11r. Il devra etre clislrilJt1é a11 111arc le


franc e11lre lo11s ses créanciers (lleq., 23 aoC1t 1871, D. I). 73.1.321, S. 7r.1.
l 18).
e) Les :--er,il11des ou l1ypotl1ec111es co11slil11ées s11r lacl1ose ¡}ar le ve11de11r
avant le ré111éré seront-elles valables, une fois le rén1éré exercé ~ La ques-
tio11 r1e se pose pas pour le vendeur l11i-n1e111e <111i, te1111 de la garantie,
ne serail é, ide1nn1e11t pas re<;11 a co11tester la valeur eles clroits ¡)ar lui
0

étal)lis. :\Iais on pe11t su1)1)oser ,¡ue le ve11cleur ait cédé sn faculté de rér11éré.
Et la jurisprudence décide, ce q11i est conforme a 11otre syste111e, que le
cessionnaire, 11ne fois le ré111éré exercé, ¡)ourra considérer co111111e non
avenues les cl1argas réelles co11stituées ¡)ar s011 céda11t da11s l'intervalle
con1pris e11tre la ve11tc et la cession (Paris, r2 aout 1871, D. P. 73.2. 133, S.
71 .2. 193, note de ~I. LalJbt'~ ,.
d) Su¡)poso11s.que la cl1ose ve11due a ré111éré soi 1 1111c 1)orlio11 i11divise
cl'un i111111eul)le; les autrcs co¡)ror>riélaires ¡)rovoquc11t le ¡)arlag·e. Co11tre
r1ui cloil etre inte11tée leur aclio11 ;i Dar1s la conce1)tion cloclri11ale que 11ous
re1)011ssons, il faudrait cleux de111andes en partage, p11isq11'il }. a11rail deux
propriétaires co11ditio1111els, l'une co11tre le vendeur. 1·a11tre co11tre l'acl1e-
lcur a rérnéré de la part indi,·ise. Or, il résulte de l'arlicle 1667 qu'il en est
a11trer11ent, et que l'actio11 en parlage 11e doi t etrc excrcée que co11trel'acl1c-
a a
lc11r rén1éré. « Si l"acquéreur pacte de ré111éré d'u11e ¡Jart itidivise d"un
l1éritage )), 11ous dit cet article, « s'est rendu acljudicataire de la lotalitó
sur llJle licitatio,i JJrouoquée co,ilre ltli, il ¡Je11t o!Jliger le ve11deur a retirer
le toul lorsq11e celui-ci vcut 11ser d11 pacte >>. Si 11011s 11ous attacl1011s á la
sol11tio11 ele fond consacréc par ce tcxte. elle no11s a¡)¡)arait co111111e u 11e
rua11ifcstalion de ¡)lus des ré¡)11gnances de 11olre législatior1 1)011 r l'élat d'in-
divisiorr, en 111e111e tc111ps q11e co111111e u11e clispositio11 cl'ér¡11ité. La loi n'a
¡)as ,,oulu qu'au n1or11e11t ot'1, par l'ell'et d'une licitatio11, l'acc111éreu r ré- a
111t'·ré vient de réur1ir er1 sa r11ain la propriélé totale, le ,·e11cle11r a ré111éré,
clevc1111 1'lrangcr a la succession, p11isq11'il avait alié11é sa part, JJ1it faire
re11aitrc l'i11clivisio11. 'foutcfois, la loi 11e ,ie11t a11 seco11rs ele l'adjuclicataire
1¡ue si la licilation, ú la s11ile de la,¡11elle il s'c:-l 11orl1· adjuclicalaire, a été
clcu1a11,lt'·e par ses col1érilicrs. E11 cecas e11 elret il a s11IJi le ¡larlagc; il ne
¡1e11l 1\tre sus¡)ecté cl'a,oir cl1ercl1ó 1111 n1oyc11 ele rc111lrc i111¡)ossil1!P l'cxercicc
,111 rt'·111t'•ró. Si 1'011 su¡1¡1osail c111e la licitalici11 a11 li,•u tl'etreJJ/'ouo1¡1tée co11tre
/11i, c1J111111e le su11ptise le texlc, e11l élé ¡1011rsuivic Jllll" ltti, l'arlicle 1667
nn s'a¡1¡1lir¡11erail ¡>lus, el le ,e11de11r ¡>011rrait <·xerc1·r son rt·111i')ri'· ¡>0111· /((
¡101'/ ion Jl<ll' l11i ue111l11e.

Généralités. - La ve1tle 1/'/1éré1lilé t)tl cessio11 ,, litre 0111!retLJ: ele rlroits


s11cctssif~ <•sl une c,111vc11li<>ll ¡1a1· la<¡uellc t111 l1i'·ritiPr, au<¡uel urtc s11cces-
sio11 <•sl t'•chuc 1>011r la l11lalitt 11t1 1·11 ¡>arlic, ,111111 s1•s dr<1ils l1i'!1·éclilair<is .'t
une aulr«' ¡>crso11111•, 1¡ui ¡1cut 1\trc s<>il t111 1'.•tra11g<·r, sc>il t111 Je ses cr1l,óriti1~rs.
'
494 LIVRE 11. - Tl'fRE 11. PRE;\IIERE P,\RTIE. - CII ..\PITRE 111

Il 11e s'agit ici IJien e11tcnclu q11e cl'11ne s11ccession 011verte, car on sail <111e
les pactes s11r succcssio11 f11t11rc sont i11terdits.
La vente ele elroits successifs ¡Jrocluit cerlai11s eíl'ets spécia11x q11e no11s
ét11diero11s á propos eles Successi<Jr1s (voir 11ota111111e11t art. 780, 8!1 , et 883).
\'ous ne la co11si<léro11s ici e111e cor11r11c 1111e ,c11te, et nous avons a étudirr
excl11sive111e11t les olJligations d11 céclant et el11 cessior1r1aire. 'J'o11tcs les clis-
positio11s q11i régisse11t le sujct a in,;i d{·Ii111ité se ra111l•nent a11x troi,- idées
s11iva11les: 1° Ce e1ui est ve11elu, c·est l'enscn1ble des clroits et a,-a11tagcs
successora11x; 2" I• ' op1•ral1011
' . presc11le
' 1e caraclere
' el' 1111e lrans1111ss1011
. . a't"t
I re
11nivcrsel; 3° }<~lle n ·est ¡Jas op¡JosalJle a11x créa11ciers successora11x.

Premiare idée : Le vendeur cede tout l'émolument tle la succes-


sion. - La vente co111pre11d to11t ce q11i, dar1s la successio11, peut ofl'rir
un avantage péc1111iaire pour le ccssion11aire. Ainsi, le cessionnaire a11ra
tous les clroits néccssaircs pour arriver a réaliser l'én1olument s11cces-
. sora), par cxen1ple, le clroit de den1a11cier le partage et d'y pre11clre ¡1art,
a
ce e111i pe11t ca11ser 1111c fa1nille <le notalJles en1lJarras. D'o1'1 la r(\gle ele
l'article 8!11 ¡1er111etta11t a11x col1éritiers ele l'écarter par le retr~it succcs-
soral.
Nous raltacl1ons :1 cette ielóe d'une ccssion ele to11t l'é111ol11111er1t la regle
de l'article 1fi97, er1 vcrtu de laq11clle, si l'l1érilier « a,·ait eléja profité eles
fruits de c111el(111e fonels, 011 re<;'.11 le n1011la11l ele e¡11clques créances appartc-
11a11L á ce.Lle l1éréclit<~, ou ,·e11d11 q11c,Jq11cs efl"els ele la s11cccssio11, il est ten11
ele les ren1bo11rser :i l' acr111ércur, s'il ne les a expressén1cnt réservés lors clr
la venten. 11 ). a lit le r1\s11ltat cl'1111c in tcrprétatio11 ele l'i11ter1Lion prés11111atJle
eles ¡)arties. Le ccssirJnnaire ele l'l1{·réclit{'. a cnlcr1el11 e11 acc111érir lo11t l'ó1n<>·
l11mc11t, sa11s r{·servc. l)o11c, si 1111c ¡iartie ele cct <'·111ol11111e11t a déj:1 ét{• r6ali-
súc par le vcneleur, ccl11i-ci eloil e11 le11ir co11111te :1 l'acq11<'·rr11r. I>ar exen1-
ple, il ne po11rrait se refuser, e11 i11voq11ant la co11f11sio11, 1\ pa)'Cr a11 ces-
sio1111aire la cleltc el<111t il serait cl<'•IJilr11r r11,·rrs lP di'•f1111t.
La cessio11 co111prencl-clle les accroisse111e11f.~ r{·s11lta11l e!P la rc11<1ncia-
0

ti1>11 li 11n col1/•ritiPr 1111 (!'1111 l<'g·alair<', <111 cncorc cl'1111 ra¡1pl1rt 1'1 s11ccession :1
Le Cc>clc civil alle111a11(! !art. :1:~7:{) r<'110111I 11< '1-!':tlivc111e11t. ~<>IIS croyons
0

e¡ue, cla11s le silence <IP notre (:o<IP, il y a l:'t 1111P <JIJ(•sli<)II el'inlPr¡>r<\ta-
Lion lle la volonti'· des J>arlics C<>11lracta11l<'s. 11 s'agit 11<' snv<,ir si, clans lc11r
11ens/·c, clics (Jll l. en l<'lltl 11 1¡11 11c>11 co111 fll·cnrl re <'PS acrroissc111P11 t.; <la II s
l't>l>jet 1le la vc11l.e.

Seconde idée: La vente d'hérédité est une tranemission a titre


universal. - l,a ,c11IP t!'hc'·r/·ditc'· JH>rl<• s11r la s11cc<'ssiu11 (>11 la 1>art 1le
0

succpssi<>ll, C <'Sl-1\-clir1• s11r 1111 c11s<'.llll1le ('.l. 11<>11 ¡>as sur !Pis 1>11 11-ls l1i<HtS
intli, ili11<"ll<'1tl<'lll 1lc''.IPr111i11t'•s. I•:t V<>ici les C<J11s{•(¡1tP11ccs d<• <'<' tH>int 1lt'. VII<':
1° <J11Plle (•si J'<'·IP11cl11<' 1le l'ol1lig11li<111 el1· r¡r1rr111li<' i11cr1111l1ant a11 ,en<l1•11r '!
¡\ ('1'11<• <tt1<'slio11 r<'·tH>111l l'articll' 1tii1ti: « (;p(11i <¡11i \Pll<I 111H~ hi'·r<'·1litc'· sans
e11 s11t'·cili<·r <'11 tl<'·tnil IPs e>l1j(ils, I1°<'sl te1111 1lc gara11tir <111e sa c¡11alitc'· (1'!11''.ri-
ticr. >> Ainsi, IH'II i111Jllll'lc• (1111• 1'1111 rlcs 1il1jels cn11111ris 1la11s la 111ass<• ,i1·1111e
DE QUELQl:ES
.
Y.\HIETES
, .
PAHTICULIEIIES DE YE~TE

/1 elrc 011lc,,é it l'ac(1u{·rct1r par l'cffet lle la rc,·c11llicalio11 ll'1111 Liers ot1 qu'il
soit allci11l lle ,ices rédl1ibitoires. Le vcnllcur r1'cn sera pas garant. Cela csl
¡Jarfaile111e11t logir¡11c; il n'a pas ,·e11llu cel ol)jcl, 111ais l'e11scn1l>le de l'l1éré-
clilt'·, !clic tju'cllc se co111¡Jorlc.
2° La cession ele l'l1érédité 11e cnnferc ¡ias senlc111e11t a11 cessio1111air<'
l'é111ol11111c11l succcssoral. !~lle l'ol>lig·c (a11 111oi11s c11,crs le C<'llant) a11 paic-
111c11l eles lletles héréditciires 011 tic la fracti<J11 tlc-; tlctlcs corrPs¡Jo11cla11t la a
parl ~uccessorale ct·dée. C'csl ¡iourc¡11fii a11x lcr111es lle l'arliclc 1098, (( l'ac-
quéreur doit, de so11 C(Jlé, re111bo11rscr au vc11de11r ce q11e celt1i-ci a ¡Ja)'é
po11r les dettes et cl1arges de la succcssion, el l11i faire raison Lle to11t ce donl
il étail créancier s'il 11'y a sli¡Julalio11 co11traire n.
'l'outefois, il 11c fautlrait IJas exag,'rcr la porl<'e ele cette idée l¡uc la ces-
sio11 ¡Jorte, 11011 pas sur des l)ic11s l1érédilaircs, 111ais s11r la n1asse ~uccesso-
rale, c11,isagt•e co111111c u11c c11lil<'• llisti11cte des él<'·1111·11l~ <¡ni la c1>Ir1¡Josenl.
Certai11s a11lcurs el q11cl(111ps arr1\ls c11 avaic11t tir<\ c<'llc cons<'·que11ce c¡11c la
cc~sio11 ll'l1érédité 1le serail sou111ise, ¡1our e/re op¡Josc1ble r11ix liers, i, a11c11ne .
llcs 111esurcs ele }JU!)licité dt1 l)roil co11111111n. 11i a la formalité de la lrans-
criJJlio11 po11r la cessio11 d11 llroiL lle l'l1ériLicr s11r les ir11r11eubles s11ccesso-
raux, 1,i a cclle de la sig11ificalio11 aux llél1itc11rs l1éréllilaires ¡Jour la trans-
111issio11 des créa11ces (l~orllea11x, 18 110,e1111Jre 18\)8, !). 11 . 9n.2.5í1). ,\. q11oi
q11elqucs-11ns ajoulaicnt c1ue le cessio1111aire, 1Jour <\lre saisi ele l'l1érédité it
l'égarll des liers, dc,ail fairc 1111e r10Lificatio11 de la ccssio11 aux cohériliers
('foulouse, 20 aout 1803, D. 1). 64.2.5¡. ::\Iais la j11ris1Jr11de11ce a rejeLé cette
r11ar1iere de YfJir. Elle s'esl forrr1ée e11 ce se11s qu'o11 cxigera, lJOur cl1aque
!Jieu ren Ira111 dans l' c11sen1Lle c{cl<'·, l' acco1111Jlisscn1e11 t lle la formali lé de
p11l1lici líi <¡11i lui est. ¡Jro¡1re, la lra11scri11lio11 ¡iour les i111111e11l1lcs, la sigr1if1-
calio11 ¡1011r l\!S créa11ces, la 11111talio11 e11 clouane pour les 11a,ires, etc ... Et
c11 cfl'cl, les lexles c1ui ,i:-c11tces for111cs tic p11l1licilé s'applique11t a toutes
les tra11sn1 issio11s c11 tre vi fs, ~ans disting1re1· en trc les opéralio11s Ii tre a
a
1111ivcrsel el cellcs ti lre ¡Jarliculier. C'est ai11si que l'articlc 1°' de la loi
tlu :>.:) 111ars 18:>:> assujetlit á la lranscripLio11 « l<1us acles tra11slalifs de 11ro-
a
¡iriélÍ! i111r110Lili<'·re c11lrc vifs >>. ()uant. 1111e 110LificalicH1 h fairc a11x ccil1éri-
li<!l'S, <"lle cst. Cllllll>letc111e11l i11ulilf'. ll 11() J)lllll'l'ait clre qucslio11 cl'accon1¡>lir
e11v<•rs ces <lcr11iers la f<1r111alité ele l'arliclP , G!Jº· Les colu',riliers 11e so11l
¡nis, ;'1 J'í•gard tlu cétla11t., tlcs <.lól1ile11rs, 111ais des co1>rc111riét.aires (l\<J11e11.
'.-lí fí•,rier 188;1, 1). 11. 9:i.1.:):)sti11sn<1l11 a, S. 81i.·>..Ilí; l\cc¡ .• 1(i avril 188!),
J). )l. \)<l, l .:>.(io, S, \)l, I. 1()()),

Troisieme idée: La cession n'est pas opposable aux créanciers


héréditaires. - :'\1>11s avc111s clil c111c la cession cl'lu'•r<'·dilé aslrei11l le ces-
si111111aire a11 ¡iait\llt<·nl <les <lellt!s ctirrt·s¡H>ll<la11t. aux clroils Jlar )11i ac<¡11is.
\lais il faut. aj1111(Pr 1¡u'il 11'<•11 <•si ainsi c¡ue cl<IllS le.~ 1•r1¡1¡1nrls ,/11 Cll1/c111l el
1/11 c,•ssio1111f/Í/'c . .\ l'<'~g-arcl cl<is crí·anciPrs s11cccss<ira11x, l'l1í~ritier c<'·cla11t
f'l'Sl.o ln1111. (;'f'sl l:'1 1111c eles c1>11sÍ·<111e11ces de ce 1111<~ ll<llrc l)r<>il 11c cc11111ail
¡1as la cessi<111 ,le dc!lll's. 11 est vrai c¡uc•, 1'11<':rilier c<\danl {•la11l cl1ivP1111 créa11-
cier clu ccssi<Jllllilire cl11 111onla11l eles cl1arg-1~s ltért~dilaires, IPs f'r<°'.anciers

496 LIVRE 11. - TITIIE 11. - '


PI\E~IIERE PAI\TIE. - CIIAPITI\E 111

l1éréditaires, (!e,en11s créa11cier,- clu céelant, ¡Jeuvc11t fairc ,aloir celte créa11ce
contre le cessio1111aire ¡Jar l'aclio11 ol)lic¡ue ele l'article 1166. i\lais ce reco11rs
est po11r eux fac11llatif: ils co11ser,ent Ie11r droit de pot1rsuilc contre l'J1éri-
tier.

SF:Cl'I()\ III. - (~1-:~s10, l>E,< lll\()lTS LllºIGIECX (arl. 1699 a 1,01).


Généralités. Historique. Le retrait litigieux. - t:11 clroil litir¡ic11x
est u11 droit c¡ui fail 011 ¡Jeut faire l'objcl cl'11ne conlestation jueliciaire.
L'opération (¡ui cc>nsiste i1 ,e11clre 1111 elroit de cette es¡)ece, est ele sa 11alure
aléaloirc. Pratic¡uen1ent, elle ¡>e11I elre titile i1 celui qui ne elispose pas elC'
resso11rces suffisa11les J>our sulJir Je l1asard d'1111 JJroces, el c¡ui, en atle11elanl,
a IJesoi11 ele réaliser la valc11r ¡>t'·cu11iaire ele so11 droil. De11x procéelt'·s l11i
so11t alors oll'crl,;. ()11 liiC'11, s'adrC'sscr ;\ .s011 ael,ersaire l11i-111c'n1e, et faire
a,ec lui 11ne transaclicin. (Ju l>ie11. s'nclrcsser i1 n11 licrs, i1 1111 ¡1ote11tior, el
lui ve11elre son clroit, e11 gé11éral 1>011r 1111 ¡Jrix cli111i1111(' d'u11e l)onilicalio11
représc11ta11t ¡'¡ la fois les frais el11 JJI"OC('S a s011lenir et l'aléa (le ce proces.
1'011tefois, si la ce,-sio11 clºu11 clroit litigicux est licite en soi, elle elon11e
licu .i ccrtai11cs sus11icir111,;. l~e,; acc111érc11rs ele créa11ccs ou de droi Is li ti-
gieux so11t frér¡11e111111e11l des s11t'·c11lal<'11rs. a11i111és cl'u11 esprit ele l11cre 011
parfois 111e111e cl'1111 re,-:,;e11li111('11[ ¡>erso1111el co11lre le clél>ilcur, sujct ¡Jas-
sif du elrort céelé. Il y a ¡>('ti el<' cl1a11ces c¡11ºils co11sc11lc11l ¡'¡ u11 acco111111orle-
1ne11t avec ce tlcr11ier,<'l re11c1nce11l ú le ¡1ours11iYrc, p11is(1 ue c'est ¡Jrécist'~n1c11t
e11 ,·uc el11 JJroci)s it fair<' c¡11'ils cn1l 11{·gocit'· l'ac(¡11isitio11 cl11 clroit litigien x.
Xo11s avr)r1s el{jit re11r·t111trt'· 1111 exc1111ile ele la (l1'•favc11r c¡11i s'allacl1e ú
11olrc o¡iéralio11, da11s l'arliclc 1.i!J'7 r¡ui i11terelil ;¡ ccrlai11cs ¡1crso1111es l'ac-
e¡11isilio11 ele clrc1its liliµ·ie11x. !,es articles 169g .'t 1101 11011s e11 fo11r11isse11l
11r1 nutre c11 orga11isa11t le re/rrtil litir¡ie11.1:, c'c:sl-ú-clire la possi)Jili té pour
celui co11lre lec¡ucl Ir elr(;il a t'·lt'• céclé, (le se s11l1slit11er ¡'¡ l'ac(¡11t')rc11r.
L'1,rigi11e ele l'instituli(>ll I"('lllr>nle au l)rriil rnn1ai11 i111¡1t'·rial. ()11 lrc111Y<'
el'al1orcl eles co11stil11lir>11s ele <:rali<'II, \;ale11li11ie11 et 'l'ht'·riclcise rc11fe1rct'·cs llª r
J11sti11ie11,¡,rn/1iú1111/ l,·s rcssio11s 1/(' ,·ré1111ccs liti_r¡icus,·s (:1 el !1 <:. ,le litir¡iosis,
VIII, :1¡). !'nis Yic1111e11l lPs ct'·l1'.)¡r1•s c1111slil11li(lllS /',•r 1liversr1s et. Al, 1l11as-
lasio el'i\nastasP el ,l11sli11ie11 (?.?., 2:I (;. 111a111!11li, 1\1 , :l:i), 1>Pr111Ptta11t a11x
clél1ilP11rs c{•el{•s, sa11s 1lisli11clir111, S('flll1lc-t-il, Pllll'(' les clroits litigi<'IIX PI lc•s
a11t1es,ele se lil,t'·rcr e•n r1•111h1111r:--a11l a11 l'<'ssir>1111air(• l(' ¡1rix rt'~cl ()P la cessÍ(lll.
l.'a11cie11 l)roit, fr>11da11l ('JISt•111hlP c('S clP11x 111·1lr(•s ele clis¡u1sili()IIS, rcs-
trcignil la lt'·gislalic>11 ¡>rc1l1il1iliv1· aux ccssicJ11s ele clr(iils litigicux, el lc11 r
a¡111lir¡11a la rt'-glri (!es c1>11slil11lit111s JJ1•r1li111irsas (JI ;l/J ;l1111sl11sio. e11 lcs c1rga-
11isa11t s1111s la l'!>rt11P cl'1111 r1•/r11il (lllYPl'l a11x 1lél1il(\lll'S cí:clt'•s et a¡l¡>elt'·
1·etrail litir¡i,•11.r. (\'. l1r,1 hiC'r. 'f'r11i11: 1/11 ,·u11tr,1/ ,te 11c11l1\ 11º :18:I PI s., <'·<1.
l~11g11et, l. :1 ¡J. ~:11 )·
l,e <:o(!c ci\"il n'a ¡1as t<'¡lr11(l11il I<' n11ll, 1111i s1,1111ail 111al <'11 181i'1, 111ais il
a co11serye'· la cltelsr. )~11 P(l°Pl, a11x IPr111cs cll' )'arlicl<' 1(i!l!), 11 C(•l11i ro11trr•
le1¡11cl C>ll a ct'·cló 1111 ,lr(1il liligi1·11x ¡1<'111 s'e•11 fairc lc11ir r¡11ille ¡1ar lei C'PS-


, , '
DE QUELQUES V,lRIETES PARTICULIERES DE VE:\'TE 49¡
sio1111aire, en lt1i ren1!Joursant le prix réel ele la cessio11 ayee les frais et
loya11x couls, et avec les i11térets a con11Jter elu jour oi1 le cessio 1111 aire a
payé le llrix ele la cessio11 a lui faite. » 11 y a la la co11sécratio11 d'un ,·éri ta-
ble retrail, c'esl-i1-clire cl'une fac11lté el'expropriation.

Premiere question: Quand y a-t-il lieu a retrait? - 11 faut qu'on se


tro11ve en ¡Jrésence el'u11e cession de clroit litigieu.i;, clo1111a11t 1/cs u prése,it
lieu 11, co11/eslalio11 On rcr11are¡t1era la clifl'ére11ce qu'il ). a e11lre la solulio11
ele I'article 1 ¡oo (tt la cl1ose est censée litigie11se eles qu'il y a llroces et co11-
testation s11r le fonel du droit ») et la regle ele l'article 1597, lequel se
contente, pour les incapacités qu'il édicte, ele la ¡Jossibilité, de l'éye11-
t11alité cl'u11 proces. Plus précisé111ent. qual1e conditions sont nécessaires
pour qu'il y ait possibilité cl'u11 relrait:
,• U11 proces e,i coiirs a11 1110111ent de la cession el11 droit. Do11c, u11e ces-
sio11 a11térieure au clélJut clu ¡1rnces, pf111rvu c1ue l'acte de cession ait acquis
clate certai11e a11térie11re, écl1appera a11 relrait. Le proces 11'est d'aille11rs ré-
llulé co111111e11cé c111'a partir du n10111e11t de l'assig11atio11. 11 sera tern1i11é a1Jres
la clécisio11; ¡\ partir de ce mon1ent la cession du droit 11aguere litigiet1x 11e
pourra do11ner lieu a retrait. ;\lais ici nous renco11tro11s deux diffict1lté-s.

,\. - l1eut-on considérer le droit co111n1e litigieux dans l'inter,·alle co111-


llris entre la clócision et l'exercice d'une voie de rccours? Nous cro)·o11s qu'il
faut dislingt1cr. E11tre la elécisio11 judiciaire et l'appel ou l'op1Jositio11, tant
c1ue ces ,·oies elites ordi11r1ires so11t ouvertes au perda11t, on ne peut pas clire
que le proces soit fini, car il est 11orn1al q11e la partie perdan te en1ploie ces
,·oies de reco11rs. Done, le droit est to11jo11rs Iitigieux et sa cessio11 exposée
au retrail. l\lais il en est clilfóre1111nent po11r les voies de recours exlraor<li-
11aires, le llourvoi en cassation ot1 la requete civile. Une fois c¡t1'ellcs sont
i11trocluiles, le proces recommence, et le droit qui y est dóbattu recleYient
Iitigieux au se11s de l'article 1700. l\lais, clans l'alle11te de ces Yoies de recot1rs
rn son1n1e a11ormales, 011 ne ¡le11t pas co11sidérer qu'il y ait prolo11galio11, ¡1er-
sisla11cc cl11 ¡1roces, el c¡uc le tlroit reste liligic11x. l1artic11liere111ent, c11 ce c¡11i
concerne la rec¡11elP civilr. il 11e faut pas ot1IJlier c¡t1e lr d1'iai ¡1our l'exercer a
1111 ¡1oi11l ele clé¡Jart i11cl(ler111inó, lcl c¡uc la cléc1J11Ycrte 1l'11n clol, 1l'1111c ¡>iece
clissi11111lt'•e (\·. art. !188, C. ¡Jroc. civ.). Si le ¡Jr11ces élail rép11té su!Jsister ta11l
r¡ue la re1¡11clr civile esl ¡>ossil>lc, 1111 clroil. 1111e f'ois cl."~cluit e11j11slice, reste-
rait clo11c pcr¡iél11ellc111e11l liligieux !
1\. - 811¡1¡Josl111s la vente cl'1111 dr11il c¡ui n'rsl 11as acl11PIIP111c11l clt'·cl11il rn
juslicc, 111ais avec cetle parlic11larilt'~ c¡11e le vcn1Icur el l'acl1eleur 011t 111en-
lio1111¡', cla11s !'acle de vc11le la ¡>ossiliilitú, la 11rolial>ilité cl11 11rocós (et fixé le
¡irix en co11sóc111e11cc1. J,c rctrait cst-il ¡1ossilJlc :1 1\ ¡1rc·111ierc ,uc, cela ¡>arail
c1111f1ir111e :'1 l'es11ril 1le la loi. 1,'article 1¡<J<> 11c111s clil c¡11e 11 la cl1ose esl ce,1-
, . '
s,:e l1t1g1P11sc <1',~s 1¡11 "I ' 11. 1'•,11 cas <e<
1 y a ¡>roces 1 1',~e 1ara 1·1011 el e 1·1· . ·1 e,
1 1g11,s1 · 1a
1·1 11 isc 11'esl ¡ias ce11sée litir¡ili11se, <!lle l'cst c<1rlai11e111e11l. Cn¡ie1Hla11I, c>11 s'ac-
c11r<le <'JI gt'•nt'•ral /1 11e 11as p<)l'lllellr1· ici la ¡i11ssiliilil{ d'1111 rl'lrait. Si ci11 l'a1l-
111nllait, il f'a11<lrait a¡>¡>lic¡111)1' la 11c>ssil>ililé clu rclrait :'1 lo11lc•:- les ,e11tes
f'ail1)s .~a,,.~ r111r1111/ie e,i c11s ,L 1:viclio11.
'forne 11 3:!
LIVRE II. - TITHE II. - '
PRE~IIEllE PAI\TIE. - CIIAPITRE III

'.!º IJ'article I íºº' dans sa cléfi11ition clu clroi t litigiet1x, 11e se co11lente ¡Jas
d'exiger u11 proces; il faut encore que ce proct\s 1Jorte sur le fo11ll llLl (lroil.
Une contestalion,11e portant que sur la co1111Jéle11ce ou sur la rece,al}ilité de
la de111a11cle, 11e re11drait pas le <lroil litigieux. El not1s s0111n1es air1si co11-
<luits a rétrécir e11core les con<litio11s requises par l'article IíOO i11 le1·111i1iis.
Pour c¡t1e le clroil soit réputé litigiet1x, il 11e suffit pas d'u11 proct'•s engagé
par l'assig11alion du clen1ancleur; il faut atte11<lre les co11clusions d11 clt'·fen-
deur, car ce sont seule111e11t ces co11cl11sions qui, e11 détermir1ant son atli-
tude, ¡Jcrn1ctte11t ele savoir s'il entencl faire 1Jorter le proces sur le fo11cl du
droil. De,a11t un Lribu11al de con1111erce ou u11e juslice de 11aix, juridiclions
qui adn1ettent des conclt1sions orales, ce n'est qu'a 1Jartir de l'audience, lJie11 .
plus, des plaidoiries du défencleur, que le droit devienclra litigieux.
3° J)ottr q11'il )" ail lie11 /1 relrait, il faut c¡ue la cession ait été faite 11 ¡1ri.1;
·d'argent. E11 efl'et, il résulte de l'arlicle 1G(J!) c¡ue le retrait n'est }JOssilJle qt1e
moyenr1ar1l la restilution. el'1111 ¡1ri:c. Done, les cessio11s a Litre gratuil n'y
do11ner1l pas liet1 ; car t111 cessio11r1aire a litre gral11il sera raren1e11t suspecl
d' apporler, clans le reco11 vre111e11l clu d roi t li Ligict1x, l' esprit ele cl1icane 011
el'a11i111osité c¡t1'on peut redo11ter de la 1iart d'un spéc11lateur.
4º Enfi11, il faul c¡t1e la cessio11 1i'ail pas 11,ie cause présumée légiti,nc.
L'arlicle I íºI é11un1ere lrois l1ypoll1eses ot'1 la cession d'u11 droit liligie11x
écl1uppe 1Jour ccllc ruison a l'éye11lt1alité clu l'l)lrait. 11 en est ainsi:
1\. - ce Dans le cus ot'1 la cession a {:té fui te a 11n col1ériticr 011 co-¡Jrl)prié-
laire dt1 d_roit cédé. n L'acquisilio11 faite pur le col1éritier de la tolalité ll11
droit litigicux a11lérie11rerr1cnt indivis se justifie par so11 elésir de sortir de
l'incliYisio11; elle 11'est pas SUSJJccle cl'esprit ele s1Jéculalion.
' B. - << Lorsc¡u'clle (lu cessio11) a été faite a 1111 créa11cier e11 paieme11l lle
'; . '

ce qt1i lui esl d1'i. n U11 crt'•a11cier rCCíJ11vre so11 el11 con1111c il lJent. S'il a ac-
1
' ceptó en paie1ne11t u11 clroit litigieux, il ne sa11rait etre inquiété sur les sui-
tes de l'opération. Les co11siclóratio11s e¡t1i i11s¡Jirc11l ici le législaleur s011t
analogues a celles c111i 0111 fail écarler la 1JossilJilité de l'action panlienne
elirigée co11lre 1111 J)aie111e11t.
C. - (< Lorsc¡11'clle u (\(é faite a11 ¡1osscssc11r (le l'hc'irilage sujel a11 clroil
liligie11x. )) leí il csl ;'¡ }lC'll pres i111possil)!C ele CülllJJre11clrc (!IICl)e l1y¡1ci-
tl1i•sc la loi a voul11 vis<•r. Désire11x (le co11s1ilicler 1110s clroils s11r 1111 ir11-
r11c11l1le liligieux c¡11e je pc>ss<':cle, j'1Jl)lie11s <le 1110n aelvcrsaire la cessior1 ele
so_11 1lr1Jil. 11 csl lro¡i clair 1¡11c le rclrait ne pourra ¡1as ,'tre cxcrcé, Jltli~HJIIC,
¡io11r 1¡11'il le f1'it, il l'a11clrail c111cjc l'exer~asse 111cJi-111e111e ccJnlre 111a ¡1roiJrc
JHJl'S(11111e ! 11 csl !Jic11 ,raisc111JJlalJ!e c111c col alint'•u fir1al de J'arliclc 1701
Psl le ri':sullal <l'une i1111clvcrla11ce I{·gislnlive, l 11J11rla11l, l>Il a lr1111v{, 111oyc11

de forgcr eles l1yp<ill1<':ses <>Ú le texto rcccvruil n111ilicalinn. l~n voici 11110: sup-
¡1os1)11s <111e l'ir11111011!Jle c¡11e je )ll1ss1'i1lc 1110 s1iil clis¡111lé ¡iar ¡,!11si1•11rs 1le,na11-
1leurs, el c¡11c ces 1le111a11cle11rs, c11 1111'1110 lc111¡is 1¡11'ils 111',int assignt'~, 1nr1i
.. le11r ad,orsaire c,11111111111, se soic11l rrs1H1clivc1111·11l 111is 011 cattsc, alin ele
faire pr<lr1011cer sur la J>l'<JI>ri<'~lti ,le l'i111111e11J,le r11Lrc eux, en 111'1111e lc 111 ¡1s
1¡t1c crinlre 111t1i. 1,;1, l1in11, si j'arlu'.·le le 1lrtJil clo !'1111 Je ces clc11111ntlc, 1rs
se11lc111c11l (sans clo11lc ¡iou1· 11'avoir ¡,l11s alli1ire 1111'1\ ccl11i eles tleux cloril je
. , '
l)E QUELQUES VAI\IETES P ..\RTICULIERES DE VE'.'<TE

111e crois a 111e111e ele trio111pl1er le pl11s facilen1ent). l'autre ne po11rra pas
,r
exercer le retrai t it 1110n enconlre. oilit ass11ré111e11t u11e l1y1Jotl1cse bien
ala111biquée !
Cetle énu111éra t io11 des causes l{·gi ti 111es el' accr11isi tion d'u11 droi t Ii tigieux,
causes 111etla11t obstacle a l'exercice clu retrait, est lin1itative. 11 a été jug·é
11ota111n1ent que le retrait po11rrarl s'exercer n1e111e si ledroil litigieux aYait
fait l'objet d'une vente j11cliciaire aux encl1eres, l1y¡Joll1,\se assez fréquente,
11olan1111ent en cas (le faillile (lleq., 1!1 juillet 1868, D. P. 1 1.5.342, S. 69.
1. 28). Cette sol11li 011 11ous parail preler a la critique. L' éve11 lual i té du re-
a
trait est de nalure cléco11rager les encl1érisseurs. Ceux-ci clevraie11t etre a
l'abri du retrait, co111111e ils s011t a l'abri de l'aclion e11 résolutio11 po11r
défa11t de paie111e11t cl11 prix a u11 précéclcnt ,·endeur.
5° ,\joutons u11e derniere co11dition cle fait Le retrait ne po11rra s'exercer
que clans les !1)"IJ0Ll1eses oi1 il y a vrai111ent cessio11 c1 JJrix cl'arge11t; par co11-
séqueut, daos bien eles cas, l'acquisitiondu clroit litigieux JJourra etre 0IJ-
te1111e e11 toute séc11rité par u11 s1Jéc11late11r au 1110}'en d'u11 ¡Jrocéclé juricli-
c1ue111ent difl'ére11L d'une cessio11 et écl1appanl des lors a l'éve11t11alité rlu
retrait. Cilor1s deux de ces 111oye11s

d'éluder l'inslitulion .
.r\.. - 0111Jeut acquérir u11 drc>il litigieux JJar éclia,ige et 11011 ¡Jar i•e11le,
par exe111ple, c.11 al)a11clo11na11t c11 <'cl1a11ge a11 c<'cla11t, au licu rl'11ne so111111c
d'arg·e11t, un in1n1e11l)le ou eles ,·alcurs ele l)oursc. ,\.lors, le retrail 11'est pas
possilJle puis<111'il 11e pe11t y aYoir licua restitulio11 d'u11 ¡Jrix:
13. -- Un autre ¡1rocéclé, IJea 11coup plus 11suel, co11siste a llr'·g11iscr la ces-
sio11 s011s la for111c cl'u11 111anJlal i,itéressé 011 ¡1c1cle 1le r¡uota litis. Je ne ,·011s
cccle pas n1a créa11ce contre X, 111011 <lé)Jiteur, 111ais Yo11s acce1Jtez le 111a11clat
ele 1)011rs11iYre X a ve)s frais, 111oyc1111ant la 111oi tic'· ou les trc,is q11arls ele
l'e~n1olun1e11t ¡, relirer du proces. Le rctrail sera im1JossilJ!e c11 face ele ccllc
opéralio11 rc11011vclée de l'a11liq11e proc11ralio i11 re,11 sua111, ce procc'·dr'· 11a- .
1

guerc imagi11é ¡Jar les llo1r1air1s ¡)our tour11cr la Yieille reg-Ie rle l'i11trans-
1nissilJi!i té des cróa11ces.

Deuxieme question: Comment s'exerce le retrait? -· Le rctrail csl • '


1111 acle ele volc)11Lc\ <¡11i s'cxcrce, sr1it ¡Jar eles co1icl11sio11s, si c'csl a11 co11rs
e\'1111e inslance cngagée c1)11lrc lui 1)ar le ccssio1111airc q11e le dt\fr11ele11r c11
11se (l<lur se clc'·fcntlrc, Roit [>ar 1111 acle cxlrajueliciairc 011 si111¡)lc e;,;¡Jloit
signifié a11 ,Jcn1a111le11r. si I<' rrlrait cst exercé ¡Jcnda11t le rl{•Iai <l'aJlpcl 011
1\'c1p1J<>sitio11.
()11 a l)ca11co111) ,Iisc11t1\ le 1ioinl tic saYoir si le rctrail JJeul s'cxcrccr ¡iar
v<>ie ele co11flttsio11s s11bsi1li<1ircs (sur la Jle>urs11itc tlu cessionnaire <le la
cri'·nnce lil.i¡.ric11sc, je co11clus a11 ¡irinci¡lal c111c j<> ne 1lr1is rier1.a~a11t JJayí·, et
s1thsi1{i1,ire111e11/ j',,ll'rc ,le \"Prs,•r ;', ce cessic>nnairc J,~ ¡>rix. rc'·el el<\ la cc:-sio11
1111i lui a úl.ú ce,11sc11lic) Nc>IIS ne crclyor1s Jlas ,¡uc le rclrait ¡>11is:-e <11rc 11lile-
111c11l <'xcrcc': tic In seirle, au 111oi11s ,l,•va11l 1111e j11ri<lictio11 en tlt•rnier rcssort.
J•:11 1'11'<'1, 1H111r c¡u'il y ail ¡lc>ssil,ililc'\ 1ln relrail, 11ri11r e111'il ~ ait ,Irc1it liti-
gicux, il 1'11111. c111n le litige 11e sc,il 1>as l<!l'1t1i11{\ au r,111<1. (Ir, le:- co11clusio11:-
s11IJsi1liair<)S ,le rcl.rail so11l ues eo11clusi<J11s co111lilio1111cllt':.--, ¡1e111r le cas 1}1J
500 LIVRE II, - TITI\E II. - '
PREl\IIERE P,\I\TIE. - CHi\PJTRE III

la défense au fouel clu elébi teu r céclé serai t repousséc, ot'1 il sera i t jt1gé par
consér1uent qt1'il eloit bien la son1n1e récla111éc, ce c¡t1i e11li:vcrait a11 dr()Ít
cédé tout caractere litigieux (''· Req., 10 elécc111brc 1872, D. P. 73. 1.351,
s. 73.1.207).
La manifestation de volonté <lu clé}Jite11r retrayant cloit etre accon1pag11ér-
d'une prestation péc11niaire qui co11siste, 11011s l'avo11s YU (art. 1699), elans
le remboursen1ent du prix réel ele la cessio11 et ele ses acccssoircs. La loi
dit: du prix réel, exprin1ant air1si c1uc les contracla11ls ne pourraient, pa1·
la stipulation d'un prix fictif tres élevé, renclre i111possi!Jlc l'cxcrcicc cl11 re-
trait. 11 suffirait au retrayant ele fairc la preuYe ele l'exagératior1 du prix
nominal pour réduire ses débours a11 prix réel de la cessio11. On le ,·oit, le
cessionnaire est rcndu inclemne. L'opération qu'il a,·ait tentée e11 acc1tré- ·
' rant le droit litigieux est une 0¡1ératio11 bla,zche; il ne JJerd rie11, 111ais il y a
pour l11i lact·ltm cessa,is ¡ le rctraya11t l'cxproprie cl11 }Jp11éficc flu'il avail
cspéré, }Jé11éficc rép11lé illicite a priori par u11e gé11éralisatio11 qtii 11c laissc
pas d' etrc parfois assez arl)i trai re. ·
Suffit-il, pour que le rctrait soit réputé ell'cctué, d'u11c si111ple déclaratio11
de volonté, a,·ec sourr1ission de la parl dt1 rclra}·a11t de vcrser la ¡)restatío11
pécuniaire de l'arlicle 1699? Ou fat1l-il qt1'il y ait et1 paiement cllcctif de
cette son1n1e, a lot1t le n1oins olfrcs réclles suiYies de co11sig·natio11 :1 La
c1uestion cst la 111c111c que pour l'cxcrcicc cl11 ré1r1í·ré. La Cour ele cassat.ion
la résout de la r11cn1c n1aniere, e11 décicla11l que 11i le ¡Jaie1nc11l 11i les oll'rcs
réellcs r1c ~onl 11éccssaircs (lleq., 26 déce111brc 18!)3, D. 11 . !J5. 1 .519. S. Hí ·
e .
1 .J09J·

Troisieme question: Quels sont les effets du retrait? - C11 rclrait,


11011s dit Potl1ier (Trailé des Relrliils, 11º 1, écl. l3ug11cl, t. 3, p. :i5u), c'esl
(( le droit ele prc11clrc le 111arcl1é cl'un aulrc el tlc se re11clrc acl1etcu1· i1 sa
place ,,. Voyons s'il faul ad111eltrc toules les cons{·c1uc11ccs logic111cs ele
.. ce ¡Joi11l ele ,·uc .
'
1º E,ztre le rclray(llll el le rctritf/é el les aya11ts ca11sc ele cclui-ci, le rclrail
jot1c co1r1n1c 11nc co11cliti<)Il rés<1l11lc1irc. l,c rclrayanl 11'csl tl<JIIC ¡1as l'ayaul
ca11sc cl11 rclrayi:. ()ne cclui-ci ail co11c1·<l1• sur la cluJsci litigic11sc clc,-
clroits ri'·cls, par exc111¡Jlc, u1tc liy¡Joll11'-c1uc, r111, s'agissa11l d't111<) cr{!ar1ce,
c¡11e eles créa11cicrs 1111 cessio1111aire l'(\lrayú ai<~11l ¡1rali(¡t11· sur ccllc c1·t':a11cc
1111c saisic-arr1\!, ni <lroit rt•Pl ni saisic-arr1\I 11c scrc111l <1JJ11osal1les au rc-
traya11l.
::iº 1~·11ll'c 11: r1:/l'llyé et {(' cé1{1111/, \e rclrait. 11'rxercc <'11 ¡lri11<·i1le n11c11t1<'

i11ll11e11cc. l,cs r11¡>1H1rts cln 1lroil 1\Lablis c11lrc cux jlilt' la ccssi11n, rcslc11l tcls
1111e le co11lrat les avail f<Jr1111~s. l,c crssi1.111nairc l'l'lra~·{i csl l<lllj1111rs d{\IJilc·11r
1111 11rix tic la cessio11,i1 s11J)j11>snr 1¡11'í\ 11e \'nil JJas versíi. Le ct'!tlanl csl tn1111
cr1vcrs l<) cessio11r1airn rclrayé rlP l'11liligali1111 <l<! gara11li1·, JH111r,11 r¡tH' cellP
gara11lic r1'ait ¡ias <'·tt'i ex¡1licilc111cnl <111 i11111licill'lll<•11l <)Xrlu<' ¡1ar le c1111lral.
:\" l·.'11tr11 le relr<1y1111l el le 1·111la11I <111 1lr11il liligÍPIIX, 1111 <!IISPig11c cu gt'·11í•ral
, <¡11'il 11'y ;1 ¡>as 11111i ¡il11s ele ra¡11ic1rl 11<' 1lr<1il. J,;t vc,ici la c<1nst'·<¡1H:11c1• ¡>ral i-
. <JIIP cl11 S)'slt':111e. (;'esl <[tic, si le c1•ssi,11111airc rclrayé 11'a ¡1as ¡>ay«'· Jp ¡1rix <11·
DE QUELQt:ES V.\RIETES .
' ' PARTICULIERES DE VENTE 501
la cession, le céda11l r1'a11ra pas de prise directe sur l'indc111nité que le
retrayant versera it cclui-ci. Et en effet, dit-on, l'articlc 1699 prévoit seule-
n1ent que le retra}·ant remboursera le prix de la cession et les accessoires
.a.u relrayé. Certes, le cédant, créancier de ce <lernier, pourra exercer une
saisie-arret sur cette créance de son débileur, en vertu de l'article I r66;
,nais, lla11s ce recours, il ne sera pas ¡lrivilégié, faute d'un texte lui attri-
b11ant une action directe; il s11l)ira le conco11rs eles autres créauciers du
1·etrayé.
Nous l1ésitons cependa11t a adopler un pareil systen1e. Le Code restant
muet sur les effets cl11 retrait, pourquoi ne pas admettre qu'il les a conser~
vés tels que les organisait l'ancien Droit, auquel est en1pruntée l'institution.
Or, d'apr!\s la défir1ition men1e de Potl1ier, le retra}·ant prenant le marché
du retravé,

a
se substituant luí, dc.il devenir l'a,·ant

droit du cédant. Com-
111enl ll'ailleurs, en bon ne logiq11e, en -po11rrait-il ctre a11trer11ent ~ Nous
avons vu que le retrayanl n'est poi11t l'a}·ant cause du rctrayé. S'il ne l'était
pas du t:édant, il ne le serait do11c de 1)ersor1ne ~ C'est pourquoi nous inclinons
a penser q11e le cédant possede co11tre le retra)·ant, a11 cas ou le cessionnaire
retrayé n'a pas payé le prix de cession, une actian directe pour le recouvre-
rr1ent de l'inden1nité de l'article r 699.

SEC'l'ION IV. - D..\.TION EN PAIE~IENT.

Définition. Généralités. - La datia,i eri paiement ou dalia i11 solutu,n est


la rcn1isc que le délJiteur fai tau créancier, q11i l'accepte, d'une cl1ose autre
<¡11e celle q11i est ll11e. La loi ne s'cn occupe q11c po11r 11ous dire (art. 1243)
<111e cellc 01)ération, asscz fréq11cnle en pratique, suppose le muluel accord
tlu créa11cier et d11 dél)itcur. Juridil¡uc1ne11t, la dltlia en paien1ent est un acte
<:0111plexe: elle participe llcs caracteres du paie111ent puisqu'elle libere le
tlél)iteur; elle i111pliq11e parfois, ciuand le crea11cier se contente, pour donner
,¡uitta11ce, d"11r1e 11ouvcllc obligalion, u11e 11avatia1i plll' cl1a11ge111e1zt d'abjet.
~lais, e11 111c111c lc111¡Js, la rlr1lio i11 sol1tl1tm cst c11 général, par ses cffets,
a
,1ssi111ila)Jlc ta11l(Jt á 1111c ve11lc, lantt,t un éc/1a11ge. 1\ ur1 écl1a11ge, quand
le llélJitcur llcvait 1111 cor¡Js certai11, et se lilJt•rc en livrant á la place un
a11lrc cor¡)s cerlain. ,\ 1111c ve11.tc, dans l'l1y¡Jotl1csc la pl11s fréque11tc en fait,
a
{:clic t11'1 la llctlc élait tl'u 11e son1111P !l'argc11t, el oi', le crt'a11cier a consentí
recc,tiir, /1 la ¡1lacc tic ccllc S(>111111e, u11 c1>r¡1s certain quclcor1que. Le
◄ :réa11cicr est alors co1nrnc 1111 acl1elc11r,le délJilc11r libéró ¡Jar la dalia comme
1111 vcn<leur. l)t'-j:\ lPs l\1llllains avaic11t ren1ar<¡111'• ccltc a11alogie. Jlujus
1110,li co11tracl1ts, elisaic11l-ils, vicc11t ne11dilio11i.~ obli,iel. Et le Cotlc civil, a
so11 to11r, tla11s eles lcxlcs r1tln1IJrc11x, assi111ilc la llalio11 c11 paiement a
une vc11te. C'cst nir1si e1uc l'articlc1 1:1n5, 111J11s l'avo11s v11, ónu111crc trois
cas tic 1l1tlio11cs i11 sol1tl1t111 co111111c eles excc¡1litir1s 1\ la ¡1rol1ibition des
V!)Illcs e11Lre {))lOllX. l•:L l'arliclc 1701-'..Iº, parcillc111enl, Í•carlc l'éventua-
litó tl11 rclrail liligie11x tla11s l'l1y1)(ltl1cse tl'1111e tlatio11 c11 paic111cnt por-
Aanl sur 1111 u!Jjcl litigicux. c:c1>c11tla11l, si cu111¡Jara!Jlc ,¡11'cllc soit un a

LIVRE 11. - TITRE 11. - PRE:\IIERE P.-lRTIE. - CH,\PITRE 111

a
paieroent ou t1nc vente, l'opération de la clalio in sol11lum n'e11 offre pas
moins ses particularités propres tenant, d'une part, a sor1 caractere amlJigu,
a la fois paiement et ,,ente, d'at1tre part, a ce q11'elle suppose un rapport de
dToit antérieur entre les partics. D'ou trois séries de regles a étuclicr (V. note
signée M. P. sotis D. P. 1909.1.294).

1° Regles tenant a la fónction libératoire de la dation en paiement.


- En tant que procédé de libération, la dation cr1 ¡Jaic1nc11t, co111me le
paiement lui-n1en1e, étcint la dc1te et tous ses accessoires. 11 faut lui a1Jpli-
qi1er les textes relatifs a ces effets du paiement : extinction de la dette prin -
cipale (art. 1234), libération des cautions (art. 2034), extinctio11 de I'l1}·-
potl1eque (art. 2180). De plus, on exigera pour don11er et rece,·oir i1z, solutu111
la n1en1e capacité que pour payer et rece,,oir paiement.

2° Regles tenant a la ressemblance de la dation et de la vente. -


Non1bre11ses sont les consél¡uences de celte assi111ilation .
.-\. - Supposons c1i1e la cl1ose donr1ée en paiement soit i1n i111111et1l)le. La
qt1itlance de la clelte devra, pour opércr l'elTet translatif ele ¡Jropriété a l'é-
garcl des tiers, faire lºohjet d'i1ne lranscriplio,i (L.13 mars 1855, art. 1''-1º).
B. - Les co11clitions de ca¡Jacité requises pot1r acl1eler ou po11r ,·e11clre
so11l exigilJles des 11arlies c1i1i procedenl a u11e dation e11 paier11ent, aulanl
c111e la ca1Jacilé ele fairr 011 de rccevoir 1111 paien1cr1t. C'est ai11si q11'il a fallu
u11 texte (l"¡;¡rlicle 1ií95) JJOt1r pern1etlrc a11x ópo11x <le se faire n111luellcn1cnl
dans certains cas 1111e clation en paicn1cnt. De n1cn1e, l'incapacité ll'acl1eler
des droits litigieux rlo11t l"article 1597 fra¡i1Je cerlai11s ¡1ole1itiores, leur i11-
terclit a11ssi <le rece,oir une cl1ose Iiti1,riei1se en paie111e11l.
C. - I,e d<~IJile11r qui s'e:-t lil¡{•rt'• r11 tlon'i1a11t PII 1JaÍP1ne11l 11n i111n1eulJle,
a11ra clr<>il :i exercrr l'aclio11 e11 rcscision ele 1·arlicle 167-'i, si l"in1r11e11IJ!e llar
l11i clo1111é en ¡laieme11t dépasse ele pllls lies srr>t <lo11zie1nes le 111011tant ele
ce c111·¡¡ tlevail
· D. - J,'E11registre111ent {lC'r(oil P11 cPllc n1alii'·rr l<'s riroils <le 11111lalio11
in1111ol1ili<'·rr oi1 111olJiliere e11tre vifs. PI 1H111 1111 si111¡>lc tlr1Jil <lP q11itla11cr.
E. - Si le tlt'·liile11r. en <ionnanl sa cl1osp <'11 ¡1aiP1tH·r1I, a sli¡i1Jli'· le v<'r-
0

sc111c11l <i 1J11c soultc, le paie111enl <le c<>lln s<111ltr sera garanli 1iar In ¡1ri,·ili'·gc
<111 vc11dei1r.

'
:~" Dift'érences entre la datio en paiement et la vente. - l•'a11l-il all<'r
11l11s l11i11 :1 El l'assi111ilation dP la /J11/io i11 so/11/11111 ;\ la ,·enlP Psl-<'llt• c1i111-
pl<'~Lc jl N1H1, car il si1l>sistr, rnlr<' !Ps <11.'llX 11¡ii'•rali<111s, 1l1·s <lill'{•rences ¡>llls
011 111oir1s <lisc11tées, 111ais caracléristi1¡11Ps.
,\. -- [,a \'1>11lc i1111ili<111e touj1i1Jrs l'i1l{•p cl'un transfPrl <le ¡1r1>¡irii'·t/·. \.lais
11ous av<irts vu <¡11e CI' lra11s1'11rl 11c s'effpcf11P ¡1as l1>11j1111rs i111111/·1liale11tell t.
11 <'SI <¡11elq111!fois r1•c11lt'·. ¡>ar nxP111¡il1•. au cas <lt~ venir (Hirtanl sur <lt•s
cl1oscs c11c11rc irtdúlcrr11int'•cs. 11 sr111liln l1ic11 <111n cr r,~c11I soil i111¡i1>,-sil>lt'
¡1011r In Dnlio c11 ¡>ai1•me11t. l,t' d{•l1itf'111' p1>11,r i'lr<' lil,i'·rt'• 111,il. ,J,1r1•. c·l'~t ;\-
dirP lrnnsf{•rf'r hil' t'I 11111i1· In 1>r<1¡irii'•lt'• 11(' la rl111~f' .. \i11si, al11rs 1¡11'11n [H111t
'
.. '
DE QUELQl'ES V ARIETES P.>\l\TICl.LIERES DE ''EXTE 5o3
,·endre ur1e cl1osc futurc, 011 11e pourrait donner en paicn1cnt u11e cl1ose
<lont on n'cst pas e11core pro¡)riélairc. Pour pa)'er vala)Jlen1c11l, 11ot1s dit
l'article 1238, il faut ctre (eles n1ai11tenant) propriétaire de la cl1ose. Ce q11i
11e veut pas dire évide111ment qu'on ne saurait concevoir 11nc traclatio11 e11
vertu de laquelle le créancier consentirait a len ir q11ilte le débileur n1oye11-
11ant un si111ple engage111ent de celui-ci. L'opération scrait certes ,·ala)Jle;
elle esl 111e111c assez usuellc ; dans cetlc catégorie rc11lrcra, par exen11Jle,
a
!'acle par lec¡uel le vendc11r rcnor1cc son prix: de vente co11lre une ¡Jro-
111essc ele rente viagere. Scnlc111cnl, en pareillc l1y1Joll1esc, il 11'.Y aura pas
1lctlio1i e,i paieme,il; 011 n'appliquera ¡Jas les regles de la ,·e11le, mais, set1les,
celles de la novatio11.
B. - 11 est fort douteux que la dalion en paien1ent donne lieu a la ga-
ra11tie. Nous ne parlons pas de la gnra11tie des vices rédl1ilJitoires qu'on s'ac-
a
corde en général appliqucr ici (V. cep. l\eq., 24 mars 1903, D. P. 190!1. 1.
!181 ). i\lais la garantie pour éviction esl ex:tren1e1nent discutée. 11 est certain
q11e, si l'on sui,·ait la lraclilion ro1nai11e, con1me cela est en somn1e nat11~
rel e11 1111c n1atiere que le Code n'a pas réglen1rntée, mais seule111ent 111e11-
tionnée, le créa11cier acci¡1ie11s q11i vie11drait a etre, par la suite, évincé de
la chose rei;ue en paie111c11t, n'aurait ¡Jas clroit at1 recours en garanlie
ap¡Jarte11a11t a 11n vendet1r ordinaire, recot1rs a]Jo11tissant a la restit11tion
clu prix (ici d11 r11011lan l ele la clelle ¡Jri111i Live) et, en ¡Jlus, u ¡[es ¡{01nniages-
i11térJls. 1111'aurait clroil ¡¡t1'/1 exiger le 111011tant de ce qui luí était clt1 (V.
T\larciar1us, t,6, D., lle sol11t. et liberal., XL\'!, 3). Créancier, llirait-on, il
11'a conse11ti a libérer le clél)ile11r que sous la con(lition de devenir et de
resler pro¡Jriétaire ele la cl1ose (!011r1ée e11 ¡Jaien1ent. Cettc co11elition nt se
,
réalisant pas, il est resté créar1cier el c'cst tout. Ce <¡11i entrai11erait cliverses
const'·,¡ncnces ¡Jralie¡t1es in1portantes. l)'alJord q11'il 11'a11rait pas llroit /1 des
do111111a¡.rcs-i11térels con1¡Jl1\111c11taires. )lais, c11 rc,·anche, si la créance pri-
111ilive {•tait 111unic lle surett\s lelles c¡t1e cautio11s el ¡Jri,·ileges, ces caulions
revivraient i1 so11 ¡)rofit. ,\jo11lo11s l{llC, dar1s Je cas ll'évictio11 partielle, le
l'<'C(llll'S ,Iu rróancicr serail le n1,:111e, il 11'y a11rait ¡)as lie11 d'ap¡)lic¡11er les ..
\

solutions {·tal)lies ¡1ar la. )¡¡j (art. 16:~G. 16;{¡) 11011r la gara11tie co11sécuti,e lt
11ne i'•viclil>ll ¡1arliPllc.
c:c1>t:11cla11l, l (>[>Ínio11 ,¡ue 111111s ,e11(l11s d'rx¡)oser renco11lrc ·lle gra11des
0

r{·sislanecs. l~l l'II clli!I. 1111 texlc forn1cl, J'arliclc :io38 en écarlc l'1111c (les
c<111s<'·,¡11r11ces les 11l11s significatiY<'S, en d{•ciclant r¡11P la datio111•11 ¡)aic111c11t
rl'1111 1,l1jcl 1lo11t le créa11cicr vient /1 ,\trc ens11it.c <'·yinc{·, _11'e11 lil)1'ire pas 111oins
la ra11ti1i11. 1,:1 c<J111111e, cl'a11tre ¡1art, 011 s'.accordr a cri11récler le privil<'·g·e cl11
vc•11clc11r a11 snll'<'IIS, <HI cas tic so11lte sti¡111li'·c i1 S(Jll ¡irrilit, 111J11s 11e11so11s q11'il
cc111vie11t, ·¡1ar ri':ci¡Jr11citi'•, ,l'atlrill11cr /1 l'r1i:ei¡1ic11s évincé le rcro11rs e11
ga1·,111tie ,¡11i, sc11l. Ir· frra s<>rlir c,111111l<'•IP111,·r1t i11cl(•11111c ele l'<1¡1ératic1r1 a
la,¡11<'IIP il a c1111se11ti.
DEUXIE~IE P.i\R'l'Il~

LE LOUAGE

Généralités. Définitions. Classifications. - Le Code civil 11e consa- ·


ere pas au Louage n1oi11s ele 124 articles (art. 1ío8 a 1831), clo11t bea11co111)
cl'ailleurs so11t inutiles et déplacés, tels ceux q11i ne servenl c111·¡1 fo11rnir
lles défi11ilio11s 1Jl1ilologiques. Et encoreces lextes so11l-ils i11co1111Jlels, 1Juis-
c1ue le Code - 011 l'a bie11 souve11t re111arqué - 11'attril)11e c1ue cle11x arli-
cles, do11l l'11n esl abrogé aujourd'l111i, les arlicles 1í8o et 1¡81, il l'un eles
co11trats les plus usuels de tous, a sa,•oir le_ co11tral 1/c lravftil cla11s lequel,
par une conceplion fort discu table, il ,·oi t 1111e ,ariété de Louage dé11or11-
111ée Louagc de services des oiti•riers et do,nesliques.
La 111aniere clonl le Cocle civil con<;oil le co11lrat ele Louage esl en efl'el
,!'une largeur tres gra11cle, ·voire n1en1e excessi,·e. C'est toute pr11slatio11 de
serviccs 111oyenna11t 1111e rt'•111u11ératio11 pécu11iaire ou aulre.
La pauvl'eté de notre lang11ej11ridique éclate ici 11rincipale111e11l. [,es acles
ele celui qui fournit les ser,·ices et ele cclui c¡11i les re<;oil et les 11aie, son!
elésig11és par le me111e n1ot: tous ele11x lotie11l. 11 )" a la 1111e a111pl1ibologie.
source ele co11fusio11s, a laquelle il i111porle de re111t'·elier. l)e 111e111e <111e les
l\0111ai11s en1ployaier1t eles 111ots elilT<'·re11ls ¡1our cclui e1ui fo11r11it les ser-
,ices (localor) et pour celui q11i fo11rnit la rt'·11111nt'·ratio11 (co1i1l11clor), e11
n1atil'.·re de lo11agc ele cl1oscs, 11011s elirons Ú<1ille11r ¡io11r elt'·signer le locnlor,
et ¡Jrc11et1r pour elésig11er le co111l1tclor.
l)'a¡1res le Code civil, il y a eleux ,·ari<'·tés ele lo11age (art. 1¡08):
1• O'a))or,l le lo1111r¡c 1/cs c/1oses. Ce l11uag<' se s11l1divisc l11i-1111\111e c11 c¡11alrP
so11s-,ariétl'.·s (art. 1í11) :
,\. - I,e lo11age eles r11l1iso11~ <>u ¡iarlics ,le 111aiso11, liil h11il ,'¡ lo_yer.
l:s11ellen1e11t, le co11d11ctor 011 J)rcn1111r y ¡)rc111I le 1111111 ele locat,1ire, et la
ré1111111éralio11 ¡Jar l11i vcrs<'•e s'a¡i¡iclle loycr.
13. - Le lo11<1r¡e 1/es ferres tl' cx1>loilati(>11 ag·ric1>le, rlil b11il ,i Jcr1111i, 1la11s

lcr¡11cl le 1>re11e11r csl a¡)¡11•I<'· Jcr111icr, r.l la ré1111111t'•rali1i11 ¡>a~·,\c ¡iar lui, .fcr-
11111ge. Ici, il y a 1111c s11IJ1livisi,>11. I,orsc¡uc le ¡irix 1lc l,icati1>11 c~L en argP11t.,
il y a bnil 11 .fer111e or1lir1airc : l<>rsr111'il consiste en fr11its. il y a 1111'l11_y11r¡c
011 b11il ,¡ co/01111[ ¡111rli11ir1•, et. le fpr111icr cst. a¡>¡>('lt': 1111lf11_y,•r.
<~. - l,e lo1111r1c ,tes 111c11/J/cs 11ui 11'1•st ,lt'·sig·nt':, da11s 1'11sag·c, ¡>ar a11c1111
111i111 s¡it'·cial.
D. - l,c IJ11il 11 c!t1i¡>Lcl (art.. 181><> nl s.), 111f>I. l>izarr(', vc11a11L ,le c11¡>it,1
{ll'Les <le l>t'.·tail): ce l>ail ofl're C('lle 1iarliculnril1'· 1111·1111 ¡>r11¡irit':tairl' 1lc lerrcs.

1
LE LOUAGE 5o5
en les louant a lin fern1ier ou 111élayer, 111et a la clisposi tio11 tle ce dernier
un certai11 non1bre de tetes de bétail. C'est une co111binaiso11 du louage
d'i1n n1euble et clu lot1age 111obilier, avec certains e111prunts aux regles de la
. ,t ,
SOCIC C.

2° La seconde variété de louage. c'est le loiiage d'ouvrctge, que l'article 1710


définit « t1n conlrat par leq11el l'une des parties s'engage a faire c1uelque cl1ose
pour l'autre, 111oye11na11t un prix conve11u entre elles >J •.\insi,le service fourni
ne consiste poi11t ici dans la n1ise l1 la disposition du co11lluclor d'1111e cl1ose
inerte, terre ou mol)ilier; ce qui luí est fourni, c'est un travail cléterminé
ou une certaine capacité de travail. Faire de cette opération un louage est
une conception qui ren1onte a11x Ro111ains et qu'on a 1naintes fois critiquée,
en disant notan1n1ent_ qu'elle a le tort de faire du travail une 111arcl1a11dise.
11 est de fait ql1e le Code civil aurait pll ne l)as s'arreter la. Po11rql1oi n'a-t-
il pas vu aussi une ,,ariété de louage dans le contrat de JJrel ai11léri!t, qui se
rapprocl1e évide111111e11t plus du louage de cl1oses que les contrats dénon1111és
louage d 'ouvrage ! :\joutons que les législalions les plus 111odernes al,Jandon-
r1ent cette conceplior1. Elles réservenl la clé11orr1i11atio11 de louage a ce que
notre Code appelle loiiage de cl1oses.
Quoi q11'il en soit, le louage d'ou, rage va, a son tour, se Sl1bdi, iser. Les
0 0

Romains disti11guaien t deux varié tés ele louage d'ouvrage : la locatio o¡Jera-
riim, contrat par lequel une personne engage toute son aclivité au service
cl'11ne aulre; la localio o¡Jeris, conlrat ¡)ar lequel le localor ne n1et son
activité a11 service cl'11n aulre que pour l'exécution d'u11 ouvrage clétern1i11é.
Le Code civil (art. r 77!)) s11l)slitue a celte distinction 11r1e division tripartite.
11 y aurait trois sortes de louages d'ouvrag·e.
,\. - Le lo11age des gens tle travail ql1i s'c11gagent a11 ser,icc de quelq11'un,
(JUe plus loin 011 c¡ualifiera de louagc eles clo111estiq11cs et ouvriers ou lo11age
{/e services. C'csl le contral tic travail, ou conlrat de salariat.
B. - T~e louar¡e <les voil11riers par torre el par eau c¡t1i se cl1arge11t dl1
lra11sport des pcrso11ncs <J11 des 111arcl1a11dises.
(~. - Le louage !les e1ilrc¡Jr1•11e1trs 1fo11l'rlt(Jl'S « ¡1ar s11ilc ele clcvis 011 111ar-
-cl1i'·s ii.
11 esl 1'vitlent c111c ccllc classiflcalior1 csl cléfccl11c11sc, au 111oir1s a11 ¡1oi11l
~le vuc slriclc111cnl ralio1111cil. l,c l<Juagc <les Y<)iltJriers el le lo11agc des
•cr1lrr¡ire11e11rs. s'ils ri'·clan1enl eles rt'~glc111e11lalio11s cliffére11lcs, 11'cr1 sonl
pas 1111)i11s, c11 raiscin, <IPs 0¡1i'•ral ions s¡1i'·cific¡11c111cnl idc11li<111es. Q11anl a11x
~11lrc¡)rises, il sc111l1lcrail, ¡'¡ ¡ircn<lrc it la lcllrc l'arliclc 177!), c¡un les regles
Ólalilies ¡iar le <:ocl<' s'a11Jlli<¡uc11l cxclusirc111c11l, lorsc111c le contrat afl"ccte
la f'ur111e <l'u11 1/cPis u11 111arcl11!. (lr. Il<J11s verrons <¡u'il 11'011 csl rien, el c¡11c
-ces ri'·g·lps s'a¡JJ1lic¡uc11I toul aussi l>ic11 aux <'lllrc¡1risc\s i1fo1jait. J~n so111r11c,
il <~11l 111iP11x ,·alune ¡,as 111oclifiP1' la disti11clil>1J l>iparlilc <111 J)roit ro111ai11, et
11c tlisli11g11cr <¡11e <leux ,arii'·Li'·s <111 lo11ag1\ t.l'o11vragc:
l,c fo11r1r¡e rlt~ s1•r1•iccs, 1,11 conlral ele lravail.
l,c lu111tf/C 1lºi111l1tslrie, c1J11lral ,~11 v111• <1'1111 Lravail tli'~lrr111i11<'·.
~<ius l'crons <lll 1·011lr11l 1/e lr111•,1il lº,1l>jel <l'1111e ¡,arlic s¡1écialc, a ca11sc
506 LIYllE lI. - TITHE II. - '
I>El!XIE~IE PAIITIE

lles caracteres fJarliculier,,; Clll<' !ni i111¡1rin1e tle fllus e11 Illus le dé,clo¡Jpe-
111ent de la l<'·g·islalio11 socialc. J•:t, en ¡1arla11l cl11 l01111r¡e 1l'i111{11sll'ie, ~r11lc
,,ari<'·tó du louagc el'o11,rage elor1! no11,; traitcrons cla11s ccl te ¡1artic, 11011:,; 11e
fo11r11iro11s c¡11P tles 11nti(111s so111111air1's Slll' le louag·p de ll'UIIS/J"l'I. q11i f,1il
l'c.¡J1jct ele clis¡io:-;itio11s I)articulieres et ¡1!11s {lcnelllcs tla11s le (~ocle ele c<in1-
111ercc.
CH1\ PITRE PREMIEll

LE LOUr\GE DE CHOSES

SEC1'ION Jr•, - CARACTilRES GÉ:\"ÉRAUX ET NATURE JURIDIOUE


'
DD LOU,\GE DE CIIOSES,

Défi.nition. Comparaison avec les autres contrats. - Le louage de


cl1oses, ou Iouage ¡lro¡Jre111ent dit, est le contral par lequel u11e partie s'ol)lige
a four11ir a une aulrc, ¡Je11da11l t1n ccrlai11 te1nps, l'usage et la jouissance
d' 11 ue cl1ose n1oye1111a11t u11 ¡Jrix q11e l'a11trc s'o))ligc a luí payer (art. 1709).
1º Comparaiso,i avec !et ve,ile. - l7ne pre111iere co111paraison s'in1pose
· avec la ve,ile. I>otl1ier (Co,ilrat lle lo1iage, n" 4) a fail tléja le ra¡Jprocl1cn1enl.
T,e louage, dit-il, n'csl pas autre cl1osc qt1'une vente de la jouissancc, c'est-
it-llire des fr11ils it ve11ir ele la cl1ose. I>ourlanl, eles dill'ére11ces ,3ssenliclles
~a11le11t aux )·eux. La ve11le lra11sfóre la propriélt': ; i111111édialer11e11t, elle
tra11sporte les risc111es du ,e11deur a l'acl1eteur; c'esl un acle de clispositio11
rec¡11éra11l cl1ez ccl11i c¡t1i le co11se11l la ca¡Jacilé ele disposer. Le louage, a11
co11traire, esl 11n conlral successif, s'exéct1la11l ¡1ar clrs acles ré¡Jét1\s el réci-
¡Jroc¡ues de jo11issance et de 1Jaien1e11l eles loyers, lcsq11cls se servc11 l de ca11se
les u11s aux a11lres, si IJie11 c¡ue si l'usage et la jot1issa11cc ne ¡1euve11l avoir
lie11, le loyer 11'csl ¡Jas dC1. l)e plus, louer c'est faire 11n actc ele si111ple ad-
111 i nislration.
C()¡1Pnda11l, il 11'csl 11as 1011,iours facile de clislinguer si 1·011 se tro11ve e11
1irt'•scncc d'u11e vente lle fr1Lils 1111 1l'11,1 lo11aye. Les i11térels ¡Jrali<¡ues c11gag{·s
sonl 110111l>re11x. D'al1ord, le drt)il 1l'c11rcgistrcn1e11l n'esl 11as le i11e111c
(o.:>.t111 'o ¡)our le lo11agc, 2 r1/<> ¡1011r los ven les IIHJIJilii:rcs). l)c 1>l11s, il ¡leul
y aY<Jir 1111 aulre i11l{·r1!l }J011r lc ¡iro¡1riélairo qui ver1ci sa r,\colle futurc ,\ Sí'
fairP co11siclt'•rcr co11111111 lor:·1lc11r ¡1luti'it c¡uc co111111c ,cu1le11r; c'csl <¡u'lt litre
lle l1aillet1r, il l1t'·11t'·llcicra, ¡11J11r assurcr 1() rcco11vrc111e11l clu ¡)rix tl<' local ion,
1l'u11 JJrivili·;.Ie s111· IP n1alt'•ri1·l a¡1¡>clrlé ¡1ar cclui c¡11i fail la rt':c1Jllc. l11vcr-
sc111c11l, J'act¡11t'·ro11r a ava11lagc i', se fairc c1>11siclt'·r!'r co111111e 1111 Jll'<'lle11r.
a11 cas <>i'i la rt'•cr>lln all<'llllll<' vic11l :\ n1a11r1ucr. (~11111111c acl1ct1:ur, il sn!Ji-
rail C<' risr¡111•; c1J111n1c ¡irc11c11r, Í'article 17(i() lui 11cr111r:l ele rt':cla111r•r 1111<'
r<•111isc rlu ()rix <111 1111r: inrl1•11111itt'·. llic11 Pillí'lld11, cu.cas 1lc tloulc, la 1¡11a-
lili1•alio11 1lt>1111t':1: a11 cr111l.ral 11r: 1loil avl1ir r1u'1111c i111¡1orl.ancc secc>n<lairP.
I•:11 cas 111· <'lllll<•slalirJn, les j11g1•s 1l11iv1:11l se ¡>rr111011ccr d'a¡1r1':s le caracli·re
,·érila)¡Jr, 1lu cc>11lrat., el 11r111 Ll'apri·s I<! 11on1 c¡11c l11i a11ronl clonné les ¡>arlics.
l\1nis 1n'1 lr1111Y<'l'1111t-ils 1111 crilt'•ri11111 i1
508 LIVRE II. TITRE II. - '
DEUXIE~IE P,\.RTIE. - CIIAPITRE PRE~IIER

11 n'y a pas de difficulté en cas de cession portant sur des JJ1·ocl1iits.


Ainsi, l'acte porlant cession, pour un ten1ps lir11ité, de la jouissance d'u11
in1n1euble consistant en carriere de marbre ou en coucl1es de kaoli11, n10,·en- ,
nant un prix fixé ou l1ne redevance a tant la tonne, est u11e ,·ente de 111arbre
ou de kaolin (Civ., 4 aout 1886, D. P. 87.1.36, S. 88.r.226). Dans ce cas,
en elTet, la concessi on en1porle clin1i1iulio1i d1i fo11ds dont les produi ts per- a
cevoir ép11isent la substa11ce; c'est un acle de disposition.
i\Iais la question est plus délicate Iorsqu'il s'ag·it d'in1n1eubles porta11t des
jruils propren1ent dits, c'est-a-dire périodiqt1es et incessamment re11011ve-
lables: l1erbages, truffieres, bois de cl1enes-lieges. Ici, la j11risprt1dence parait
divergente. U11e concession de fouilles de truffes dans t1ne foret con1n1unale
a été qualifiée de louage (:Ni111es, 26 février 1883, D. P. 83.2.214. S. 83.2.
'.!25 ). En re,·ancl1e, une concession d'exploitation de cl1e11es-liegcs a été
considérée co111n1e line vente par la Cour de cassation (Req., 25 janvier
1886, D. P. 86.1.4!11, S. 88. 1.226). Quel critérit1n1 adopter ~ Le 111ocle de
fixatiou dt1 prix, somn1e u11iql1e pour lit ve11te, annt1ités pot1r le louage ;i
Cela serait ir1acln1issil)le; car t1n ¡Jrix de vente peut etre fixé e1t annuités,
1111 prix de location consister c1111ne somn1e unique. 11 serait déja plus ration-
11el ele s'attacl1cr au poi11t de savoir si I'acc¡uércur supporte ou no11 les frais
ele culture. Si 011i, c'est l111 preneur, si 110n, c'est un acl1elet1r. i\Iais ce cri-
tériu111 ma11q11e j11sten1e11t ela11s les exe111ples cl1oisis, ou la concessio11
porte sur des fruits 11al11rels (lieges, lrt1ffes), et 11e <lo11ne lieu, 1Jar consé-
q11ent, a a_11c1111 frais ele culture, 111ais se11le111ent it des frais d'e11le,•e1nent,
<¡11i sont a11ssi lJicn it la cl1arge ll'1111 acl,eteur (art. 1608) q11'a celle d't111
fer111ier. La ,·éritt'·, c'est c1u'il faut s'attacl,er /1 I'éte11(lt1e des droils co11férés
a11 co11cession11aire. Si, 011tre les fr11its, il acq11ierl lo11te la jouissa11c.c de la
cl,ose, il )" a IJail; s'il 11·a <]ti<' la 1Jarti<' ele la jo11issa11ce corrcspor1dantc i1
lles fr11its eléter111i11és, il y a veril<'. l>r{·cisé111c11t, ela11s l'cs¡1ece lra11cl1ée par
la Co11r de cassatio11, le pro¡)rit)lairc de la foret de cl1enes-lil·gcs déclaraiL
clo1111cr .\ IJail; 111ais il se ri·srrYaiL la jo11issa11cc cl11 sol po11r l'l1al)ilalio11 et
le Jl,il11rage. C'cst ce c¡11i a 11f'r111is ele ll{cider q11'011 se lro11vail, c11 réalilt'·.
c11 pri'.srncc cl'1111c ve11tc ele fr11ils f11l11rs.
:1º Cu111¡J(tl'aiso11 rtl'ec le /)1 1¡)(1/. - ''oici 111111('•g<)cia11l. r111i <111vrr) ses J1a11gars
it 1111 a11t1·c, ¡1011r c111'il y e11lre11c1se ses ¡1rocl11it.s 111oye1111a11l 1111() cerlai11e
rélril)11lio11. , a-1-il lo11ag() <111 lli·p<il :1 ~r111s croyons r¡uc, si le 11rix cloiL elrc
JJay/· sa11s c111'il ~- ait f'II P11c<1rc <'11 fait. <le 111archa1ulisf's e11trf'¡H1SL)<)s, il y a
louagc et Il<lll <lt'·1H>l, car le di·¡1<1l esl 1111 conlral réel ne se f'or111a11t r1uc 11ar
la rP111isc 111<'r11c ll() la cl1<1sP .. \ rl/•l'aul ele t)C critéri11111, il y aura lc>uag<•
¡1l11t1\t <¡11c <li·¡H'il., si )I' ¡J1·<1¡1riótairC' <111 hangar <'SI <lis¡icns/· ¡1ar le ct111lrat. 111•
vcillf'r :\ la co11scrvatio11 lles cl1osPs c11lr<'11r1st•<'s; <'11 Pfl'Pl, le 1lí·¡H'1t astrcinl
0

le 1lí·¡1ositair<' :'t l lll1ligatio11 <l<) Y<'ill<•r sur la chcise 1li·1H1si·e (arl 1u·171.
(:'<':--1 surl<111l. en 1r1alit'•rc <le loc(t/io11 (/1• coffres-for/s 1¡11c la r¡11<'sli<>11 a t)li·
C\J1llr<1vc•rs/•P, PI ¡1r/•s1•11I<· 1ln 1111111l1r<'11\. i11L/·r1\ts ¡1rati1¡11cs. ,. a-1-il, tla11s ccll1)
0

1i11i•ralio11 f'11rl prali1¡11{•p a11jo11rll h11i ¡>ar Jps l~a11r1111•s. 1111 l1111agc <>11 1111
tli·¡11\t. 011 lr111t a11 111oi11s 1111 C<llllral i111111111111i• 11arlici11a11l <les caract<':rcs
1!111lé¡1<'1l? l.a j11ris¡1r11llc11cc all111ct ¡1lul<>I - i,11l11li<111 lr<\s clisc11tt'•c •·- 1111'1111

LE LOUAG E DE CH OSES 509
se trouve en prése11ce cl'1111 louage. Et voici les conséquences ele cctle n1a-
11icre de ,oi r.
S'il y a,ail clépúl e11lre les n1ains du banquier, les créanciers cl11 cléposant,
l)our n1ellre la 111ai11 sur le co11lenu d11 coffre, 1Jo11rraient procédcr par voie ·
ele saisie-arl'el, puisque cette ,·ariété de saisie s'appliq11e (art. 557, C. JJroc.)
aux so111111es ou clfels 111obiliers apparte11a11t au clébiteur c111i sont entre les
111ai11s des tiers. 1\u contrairc, s'il y a loiiage, les cffets cl11 di•1)osant sonl
11011 pas c11lre les 111ains cl'1111 licrs, n1ais entre les siennes p11isc¡u'ils se Lro11-
ve11t da11s un local lo11é JJar l11i; les créa11cicrs ne po11rronl done 1Jrocéeler
c1ue par ,·oie de saisie-exécutio11. Or, d'11ne part, la saisie-exécutior1 nécessi te
11n titre ex.écutoirc, tanelis que, po11r la saisie-arret, il suffit el'u11 Litre sous
seing privé, ou n1en1e, a défaut de litre, d'u11e per111ission du président du
1rilJunal 011 du juge ele paix. De plus, la saisie-~xécution est beaucoup
111oins cx.1Jéditive que la saisic-arrct, car clic cloit clre précédée, á un jo11r
franc cl'i11tervalle, d'1111 con1111a11elen1ent aelressé au dé]Jite11r, elélai c1ui, e11
J'cspcce, per111ettra a11 dépo::-ant de faire disparaitre les effels eléposés. 1\jou-
lons que la saisie-exécution s11ppose 11n local délern1iné. Or le créa11cier
ig11ore e11 général ciuel esl le con1partin1ent pr<\cis occupé par le déposanl
ela11s les ca,es del' établisse111ent loca te11r. ,\ussi, la pratie¡ue s' est-elle ingé-
11 iée a pallier ici la co11séquence de la jurisprude11ce. 11 y a e11 des décisions,
contrediles par d'autres, a la vérité, ad111ettant la possibilité pour le créa11-
cicr d'enjoindre i\ l'établisse111ent ele crédit ele l11i fairc connaitre le 1111-
111éro d11 con·1parlime11l occupé par le débiteur, et cela au n1oyen d'une
ordonnance du juge des référés, con1pétent, aux termes de la loi, pour
to11les le~ elifficultés relalives a l'ex.éculion el'un litre exéc11toire. Cerlai11s
011t 1nc111e élé jusc111·a préle11dre que le créa11cier po11rrait, ¡Jar ce n1oyen,
e11joindre lt l'étalJlissen1ent localol' d'i11terdire a11 clienl l'acccs de so11 cofl're-
fort. ?llais ce sonl la des sol11tions pl11s c¡ue co11teslalJles (\'. Paris. 12 février
•i103, el 'l'rilJ. civ. ele Lyon, 2:1 cléce1nlJre 19?:3, D. J). 1i105.2.25, 11ole ele
1\1. Valéry, S. 1905.2.57, note de?\[. \\'al1l).
:'\011s allacl1011s 1111e a11lre co11séc¡uence e11core á celle solulio11 <111e la lo-
caliu11 cl'1111 coll're-f!Jrl esl IJie11 u11 lo11age. S111>poso11s u11 cas ele force 111a-
jc11 re re111la11 t i 111¡JossilJle la resli l11 Lio11 des efl'els cléposés ela11s le cofl'rc,
¡1:11· exc1111Jle,11nc i11011elalio11 flll des infillratio11s c¡11i 0111 e11Yal1i les caves ele
l'i',ta!Jlisse111e11L flna11cier. S'il y a <lé¡><'it, l'arlicle 1()2!) ¡Jorlo que le clé1Jo-
silaire Psl lil,éré JJar la force 111aje11rc; il 11'e11 cloil r<'•J)Ollelre e11 auc1111 cas,
111<':111e s'il ~- a clépt,t salari1'. :\lais 1iuis<¡11'il y a l<Juag<,, il 11011s se111lJle <111e
l'élal,liss<•111c11l esl rcs¡io11sa!Jlc c11 verl11 <le la garar1lic c¡11i Jlt'~se sur le locct-
/111', 111<'n1e s'il 11'csl 1ias en fat1l<!, et r111i l11i i111¡iose (art. 1721¡ l'e,l,ligalio11
,1'i11dc1n11iser le 1ir1•11c11r <les ¡ierlcs rt'~s11llanl eles vices c>11 cl1'·fa11ls ele la
cl1c>se (e11 l'cs¡iccc <111 clt'~f'a11t cl'éla11clu\iló <1(1 la cave a11x coll'res-forls). l,a
j11ri~1>r111l<~ncc est en ce sens l~n <!fl'cl elle <l<'•cide (l\e11., 11 juill<'l l!)OO, 1).
t>. l\)<><J.1 .~><>7) q11e la res¡H>ttsaliililé ele l'arliclc 17:,1, 1 11c JH,.S<' ¡ias s11r le
liaillc11r, 1111a11el la p<lssihilit1\ ,le I acciJcn t avail t',tt', i111¡ilicile111c11l <>ll PX-
t>rcssén1e'11I 1irt',vue ¡>ar le l11calaire el <111e cclui-ci avail, en co11si'-1¡nc11ce,
1·c11011ct'· i1 la gara11lic. A cn11l1·1tl'io, s'il 11'y a t>as e11 rc11011cialio11 ex1ircsse 011
tacilc, il cl1.1it dt>IIC y av<>ir res¡ionsaliilitó.

- -
aro

LIVRE Il. - TITRE II. -
.
DEUXIE~IE P.lRTIE. - CIIAPITRE PRE~IIER

3º (}011111araiso11 avec le lo1ic1ge d'o1ivr1lge. - Il est parfois délicat de dis-


cerner si 1·011 se tro11ve e11 ¡Jrése11ce d'u11 louage de cl1oses ou d'u11 lo11age
<l'ouvrage.
Pren1ier exer11ple: Cne Co111pag11ie de voitures est-elle,. en face du cocl1er
travaillm1t a la 1110.ve1112e, ur1 loc,ilor des ,oitures et du cl1eval, la n1oye11ne
con:.tituar1t le loyer, ou bie11 un co,iduclor ope1·ar1t1n, le cocl1er elevant elre
considéré co111111e le salarié ele la co111pagnie. La question présente de gra11ds
i11térets pratiques, soit e11 ce q11i concerne la juridictio11 co1npétenle e11 cas
de clitrérentl e11tre les ¡Jarties, soit e11 ce c111i toucl1e l'applicatior1, en cas
el'accide11l el11 lravail, lle la loi du 9 avril 1898. La jurispruelence décide
avec raiso11 qu'il s'ag·it, e11 l'espece, d'11n louage de services, un rapporl de
subordi11atio11 ex.ista11t entre llalron et salarié; le salaire .est seule111ent
indéter111i11é et co11siste dans l'écart varial1le c1u'il y a, cl1aque jour, entre la
111oye11ne et la recetle (lleq .. 23 j11i11 190:3. 1). JJ. I()0{¡.1.139, S. 1904.1.t,87).
Deuxi1\n1r rxe111ple: Cr1 lo11e11r tl'a11to1110!1ile, 111etta11t i1 n1a disposilio11
pour 1111 parcours clt'.·ter111i11é u11e voilureaYec 1111 cl1autreur,concl11t-ila,·ec 111oi
un louage el'o11vrage (co11trat ele lransporl) 011 11n louage de cl1oses ) Le ¡1riu-
cipal i11tt'.·rel ele la queslion se 111a11ifesle au cas d'accident s11r,·e11u a la ,·oi-
t11re. S'il y a cu louage ele cl1oses, co111111e je r1e suis lil1éré que par la resti-
tulior1 ele la cl1ose louée,jes11is res¡Jo11sable, ~1 n1oins de ¡Jro11,·er(art. 1í32)
q11e l'acci<le11t cet s11r,e11u :-ans 111a fa11le. S'il ~- a e11 conlrat de trar1sport,
ce sera a l'e11tre11rene11r a llé111onlrcr q11'il } a cu fa11te de n1a par!. ¡Jar
cxe111¡Jlc, r¡ue j'ai exigé lle la ,oiturc une ,itcsse lro1J gra11de. Xous croyo11s
qu'en pri11ci¡1e il faut allo¡1lcr ce seco11d systcn1e, le 1nanieme11t de la 111a-
cl1i11e éta11l dirigé par le cl1aull'c11r, ¡Jré¡1osé elu lo11eur lle l'a11Lo1r1o!Jilc
(Bruxrlles. 16 111ars 1906, D. 1>. 190G.2.:\:l5).
'

Caractere tle personnalité du droit du preneur. - T)a11s tous les cas,


le clr1>il r{•s11ltant po11r le prcneur clu co11trat ele louage ele cl1ose esl 1111 si111plc
(!roil ¡icrsonncl, 1111 r/roi/ 1/e cré1111ce a l'c11co11Lre d11 localor, et 11011 u11 droil
réel. i1 la 1lill't'•rt)llCc ,Je 1·1•l11i 1!'111111s11fr11ilinr. 11 y al;\ 1111e scilutio11 cerlaine.
La réalilt) ll11 clroit 1!11 ¡>re11eur, 11ag111•rc s1J11lr1111c ¡lar 1111écrivai1111ara1!11xal,
'l'ro¡>long, 1lu11l l'e11iinio11 avail 1111\1111• été ce111sacrée 11n i11slanl par cerlai11Ps
1lécisions lle (;r>11rs 1l'a1>1>el, a t'~lt'•, 1il'Jll1Ís, 1lt'·l111ili,c111e11l c11111la11111t''.c 1iar la
C1,nr ele cassnti1111 ,'(~i,., (i 111ars 18(i1, 1). (>. li1.1.l117, S. 61.1.71:l). (~p¡1P11-
1la11l. si la l(IICSlio,1 11c se clisculP ¡¡fus e11j11ris1>r11cl1~11cl', clic s11l,sislc c11 1{·-
gislalion, PI il y aurail sur ce l1)rrai11, c•11 favc11r ,le la cu11ccplio111lc 'l'r1111lo11g,
bic11 eles arg·111111)11ls ;\ fairc val11ir.
llalilJIIIJ<)lle1111·11l, loul 11"ab1ir1l, 1H\ 11'a11Pr1,)oil Jlas 1le rai:-011:- 1ló1:isives 11,>111'
i~lablir 11nc clill'i'·r1•11cc ¡ir111'0111le P11lr1~ d1•11x s11rlPs ele j1>11issa11ce qui se res-
sc111l,lcnt u la11l 11c JH>ints 1ln VIII', celll' 1('1111 lor.alaire <JU fer111icr. Ct)!le
ll'1111 11s11fr11ilier. (;'cst l'l1isl11irn scule !(UÍ 1>0111. ]'t\Xf>lit¡uPr. ,\ l\111110, ll's
l1a11x {ilaiPnl l1• r{isullal 1!'1111 cc,ntral., ol lcs 11s11fr11ils rt'\s11llai1•11t l1• ¡>lus snu-
,·c11t d1\ le:-la1111•11ls. ()r, le c1>11lral, 1l1111s 11':- i,Ii'·l's r1J11111i11e:,;, esl excl11siVPIIIPlll
1111 acle gt\11t'·ral1·ur 11",,l,ligali1111s; lt• l1•g-; a11 1·1,11lraire, n11 11111i11s )p l1•gs ¡icr
t•i11di(:alio11e111, confi'•rc 1111 Ii'·gnlair1• 1111 1lrc,il ri'\el s11r In cl1ose. l)e lú t:1\lle
LE LO•.-AGE DE CIIOSES -
JII

co11séc¡t1encc, forn1uléc l)ar la fa111c11se loi Emloreni 19 C. de localo. IV, 45),


que le prcnet1r r1'avait r¡t1'u11c créance de jouissa11ce co11tre le bailleur, et
c¡u'e11 cas ?'aliér1alior1, J'acquéret1r, pour c1ui le IJail passé par so11 ,·cnde11r
était ,·es i11ler alios acta, possédail la faculté rl'cxp11lscr le pre11cur. :\Iais, de
110s jours, le cor1lrat peut, con1111c le testa111enl, constituer clirecle111e11t
des droils récls. Et l'11sufr11i l pe11t, de son ci\tt'·, rés11ller cl'un co11trat aussi
bien r¡11c d'1111 legs.
J~co110111iquc111e11l, le caraclerc de réalilé, si 011 l'atlri]Juait a11 clroit du
¡Jrcne11r, confércrail a ce droit plus ele solidité, plt1s de surface, e11 ¡Jermel-
ta11l 11otan1111cnt atr preneur de l'l1ypotl1équer. Cctte solutio11 serait llréfé-
rable. On ren1arquera que l'ancie11 Droit donnait une certaine satisfactio11
a ce desicleratun1, car a coté eles baux ten1poraires sourr1is a la loi ron1aine,
il pratic1t1ait, e11 plus grand no111lJre 1Je11l-clre, les localio,is pe11Jél11elles ou
quasi-1Jcrpétuelles, dont la caractt'·ristiqt1e <'lai l 1Jrécisé111ent ele co11fércr at1
pre11eur un droit réel, opposable aux tiers el ~11sccptilJle d'l1~·potl1eque.
:\lais, 1le 110s jo11rs, ces formes d'an1odialio11 011t éLé, e.11 1Jri11cipe, a!Jolies
com111e plt1s ou n1oins entacl1ées de féodalité. Le lot1age ¡Jossede la pl1}·sio-
no1nie de la localio co1id1iclio rf>111aine, co11trat si111ple111ent gé11érateur d'o-
bligations réciproques, de liens personnels entre le )Jailleur et le preneur.
Etudions to11t a la fois les conséquences divcrses de ce caractere de ¡Jer-
s01111alité du droit du pre11eur, et les ten1¡Jéran1ents notables q11e le législa-
teur a du apporler au 1}rinci1)e, sous la 1)rcssion des nécessités pratiques,
ter111Jéran1e11ts assez in11Jorlanls l)Our q11'on ait pu naguere, sa11s trop d'in-
vraisen1blance, prcter a notre loi un systemc dill'ére11t de celui qui est le sien.

Tempérament de l'article 1743. Opposabilité du droit du pre-


neur aux tiers acquéreurs. - Le clroi t du pre11eur étar1t 11n ptrr clroi l
person11el, une créa11ce de jouissa11ce, 11e clevrai t 1Jas elre opposablc atrx
ticrs acquére11rs. l\lais ici, l'article , 743 apportc t111e cxception notable.
l( Si le lJailleur ,·e11d la cl1ose louée >>, y li!-011s-11ous, H l'acquéreur ne
I

1ic11l cx¡Julser le fermicr 011 locatail'c <¡11i a un l>ail aull1e11tique ou dont


a
la dale est cerlainc, n1oi11s q11'il r1e se soit réservé ce droit ¡Jar le C<J11lral
<le liail », fci1"11111lc {i11alc t',viclc111n1r11l dófrcl11euse, a lal¡uelle il co11-
viP11l de sul>stit11er celle-ci: u it 111cii11s <¡11e le bailleur ne lui ail réser,·é ce
<lroil J>ar le conlrnt de hail 11. Ai11si, 1no}e1111ant la sin11)lc for111alité de
l'ac1111isili<i11 lle la <late ccrtainc, Jar111elle cn f'ail se rc11conlre loujours, les
'
1)UIIX. cla11t. ''
ll'('S ' le111e11l enrcg1i-trcs,
gclll'ra . ' 1 e (1 . d 11 prcne111· d
ro1t .
cv1e11t 01)-
IH>~alJlc a11x tier~, tcJ11l con1111c si c'élail 1111 clroil réel. l1 011r ¡>l11s de ¡>réci-
si<lll, tr<iis l1~·JH>lhi•s<'S clcJiVPJII <'lre <list.i11g11<'·es.
l'rcrnicrc l1y¡10/h1\.~c. -·· l,<' l1ail 11'a 1,as ac(¡uis tlatc cerlai11e: il a t'·té rt':digt'·
sr111s sr,ing 1>rivó 1,t il ,,·a J>as i',tt': e11registré (ce c¡ui cst J>rali<[IIe111c11t IJic11
rarc,; al<)rs, il y a n1>plic.atio11 1>11r·e el si111¡>le clu 1iri11ci¡>e. J,c no11v1il acqué-
1'1'111' (><'111. ex¡>11lscr l'1}ccu11a11t <l1J11l lP rlr<>il 11e l11i csl ¡1ns op]H>sal>le. r.:arti-
<:lc 17;H> aj<>11lc i1111Lil1~111e11I 1111'il IIP flc>il ¡ias ele rlo111111ages-i11lt'•rcl:-. Ce sera
le ·v<·ndcur r111i r.11 (levra n11 loc11tairc ()11 fcr111icr, e11 Ycrt11 (le sor1 l>IJligalÍllJI
~

;)I:l LIVRE II, - TITIIE II. -


.
DEl-XIE)IE l'.\RTIE. - CIIAPITIIE PRE)llER

de garantie, obligatio11 d'aillcurs tl1éorique,car, le pl11s souvent, le ,·ende11r


n'aura pas de 111al a dé111or1lrcr que le ¡)réjudice éprou,-é par le prene11r
tienta la faute perso11nelle c¡11e cel11i-ci a co111111ise en 11égligeanl de faire
enregistrer son bail. La fac11lté d'exp11lsion de l'acc¡11ére11r trouve, croyo11s-
r1ous, cette restrictio11,c¡11'il cleYra respecler le délai d'usage po11r les congés
a a
donner des prene11rs qui 11'011t ¡)as de baila date détern1inée; clone, en
cas de bail i1 fer111c, il cle,·ra préYe11ir le fer111ier 1111 an a !'avance (V. ar-
ticle 1748).
,Seco,icle l1y¡Jolhesc. - I.e IJail a bie11 acquis date certai11e, 111ais il contie11t
une clause réserva111 1)our l'acq11éreur éventuel la faculté d'expulser le pre-
neur. Dans ce cas,l'acqut'·rcur ¡)oss<'·de e11core le droit incontestable d'ex:pul- _
sion, sous la se11le co11clilion cl"olJscrver les délais prévus par l'usage ou par
la loi I art. 1748). La loi regle 111in11tieusen1e11l les clom111ages-i11téréts qui
serontdus par le IJaillc11r ('' arl. 174 11 :\ 17!17), et de plus, elle accorde a11
locataire ou fcrn1ier 1111 lll'oil lle l'élc11lio1i ele la cl1ose lo11ée jusc¡u'au regle-
n1e11t de cetle i11cle111nilé (arl. 17 119).
Tl'oisie,ne !1ypolht\~e. -- Le l1a i1 11e co11 lien t a11cu 11e r1\serve ele la fac11ll{·
d'exp11lsior1, et, ele ¡>111s. il a date certaine, c'est le cas le pl11s frt':quent.
_.\.lors l'acqtiérc11r es/ te,111 rlc 1·cs¡Jcctcr ce bail el rle l'e11ll'elenir. a\jo11tons
to11tefois que, dep11is la loi clu '.l:I 111ars 1855, pour c¡ue le droit du preneur
soit opposal1le it l'acc¡11éreur, il fa11l une condilio11 de pl11s c1uancl il s'a-
git cl'11n bail ele ¡ilus rlc rli.c-huit ans, a savoir c¡ue ce IJail ait été lra11sc1·it
(art. 2-4º).
Etant clon11ée la sc1l11lio11 ai11si co11sacrée par l'articlc 17/13, con1n1e11tpeul-
011 expliquer que le I{gislate11r, alors q11'il a co11féré au droit cl11 ¡>rcne11r
1·1111 llcs a,a11lagcs esse11ticls tic la réalitt'·, it savoir le 1/roil lle s11ilc, 11'ail pas
été jusqu'au !Jo.111 el 11·<·11 ail ¡1as fait JlClsiti,c111e11l u11 clroit récl? C'esl
l'l1isloire q11i répo11dr11 it ce lle c1ucstio11. i'\011s 11vons ,u <111c le Droit ron1ai11
11'aslrcignail ¡1as l'acc¡11{rc11r ,\ c11tretcnir le liail. '1'011tefciis, la c<111slilulio11
1-:,11torem cléciclail <¡11·1111<' cla11sP <le la vcnl<' po11vait i111¡>oscr ú l'acl1cle11r
ccllc olJligalio11. /,'111/orc111 f11111li 11eccsse 11011. esl slare co/0110 c1ti p1·ior
<lo111i1111s r,:111 loca1•it. ,1s1 EA LEGE i-:,11T.- Cctle clcrnit'•rc cla11se t\lail 111<'111<'
so11s-c11lcn<l111• 1•11 cas de• Y<'ltll' el<' c<'rlai11s i111111c11lil<'s, l'<'IIX 1111 l.'isr (:io !).
1/e j11re fisci, XI,!\, 1!11. f,"a11cic11 l)roil, c11 111aliórn 11<' !Ja11x te111¡H)raires.
se c11nle11la tle sui,rc· la lra1liti,111 r11111ai11c. l•:11 ¡1rinci¡1c, le lit•rs ac<¡11t':re11r
¡11111,ai l cx¡111ls<'r I!' ¡ir!'H<'llr. ,-c,1rl11111• ¡Jnsse fo11rt[/t'. c:<'¡ic11cla11l, la clausP
cl'c•11lrc\licn clu IJail t'·tait s1111YP11l inst'·rt'·c ,lnns lt.\S ,c•nl<is el 11arf<1is so11s-
c11 le111l 11c.
I,e l)r1Jil i11tPr111t'·cliair11 lil 1111 pas dt• ¡1l11s. l,a I,,¡ tlPs :i,°'\ s<'¡1l11111lir<'-li <lC-
tobre 17n1 (litre l. spcl. ·1. art. 1 el :1•,, sur la ¡i1ilic<' r11raln el IPs liiPns
r11ra11x, St>11s-P11l1•11<l la cla11s1• d'c•11lrc:lil'll 1111 IJnil clans l1>11lcs ll'S \Pilles,
Jl<llll' /011s /1•s b<tltx 1i ,/'t'l'fllt' ,¡,. si.,· 1111111:t'.~ el r11t-ll1•.~so11.~. l,"arlicl,• 17/1:t 11'a
fail c¡11't'·lt·111lrc cl'tt,· 11rt'•s1111111tion ,¡ /011.~ /i•s li1111.,·. a11x l1a11, .'t 1,,ynr c,1111111"
IIIIX l>a11x .'t fel'llll', HII\ l1111g·,; 111111\ Cllllllll(' a11\ l>a11x 1111 six IIIIS ()11 lll()ÍIIS,
J,a s11rviva11cc· cl11 1lr,1it 1111 ¡1r,•111•11r. l1•c¡111•I l'l'SIP l1iP11 1111 ¡111r clroit ¡H•r-
sci1111Pl, s'<•x¡ili<¡lll' ,1,,nc ¡iar 11111· sti¡i11[11/io11 1•11 s,1 ./i11•i:1tl', so11s-,•11/1•111/11c
,lans l'aclP 1lc tr1111s111issi1111 tlt• la rllllS<' 11so1111cJ11v1•l 11c<¡11t'·rr11r.
LE LOüAGE DE CIJOSES

)lais ce 11'est pas lo11t. :\olrc clispositio11 pc11t s'ex¡)lic1uer e11core autre-
n1ent si nous la rapprocl1ons des autres lextes, forl no111l)reux,oi'1 11ous avo11s
déja rc11conlré 011 re11contrerons des propriélaires oliligés ele respecler des
])alIX (flli 011L él<' cc¡iencla11L co11clus par ll'a11Lrcs. l)'apres l'arlicle 395, le
¡Jro¡Jriétairc csl le11u d11 bail ¡Jassé ¡Jar l'us11fr11iticr. D'apr<'s l'article 1673,
i11fl11c, le ,e11deur li ré111{·ré re1Jrenant l'in1111e11IJl0 est lié ¡Jar les ba11x ele
l'acl1elet1r elo11t le elroit a été résolu, et cette dis1Josition, nous l'a,,011s vn,
cloil s'éle11dre a11 Yc11cleur reco11vra11t l'i1i1111culJle ¡Jar l'ell'el cl'n11e aclio11
e11 résol11lion 011 en rescisio11. De 111en1c, les articles 1429 et 1430 re1icle11t
01)1)osable a la feri1111e con1111u11e le bail pass{~ sans fraude par le 111ari;
l'article 1718 eléclare égalen1ent opposable tt l'ex-p11pille le bail fait par le
tuteur. La jnstificalion co11111111ne ele toutes ces dispositions, c'est c1u'11n
IJail, acle el'acl111i11istralion, doit ctre res1Jeclé, non seulen1ent qua11cl il cst
}Jassé ¡)ar le 111andataire ][~gal du ¡Jropriétaire, 111ais 111e111e quand il l'est
1)ar 1111 si1111ile occ111ia11t, parce qu'il est de l'intéret ele to11s c1ue la chose
soil ael111i11istréc. 1.'ious clirons clo11c e¡11e le l)ailleur agissant sans fra11de esl
lcJujo11rs et e11 pri11cipe co11sidéré co111111e traila11t, no11 senlen1ent po11r so11
con1¡Jlc, 111ais encore pour le co111plc ele <Jtti il <t/JJ>~1rlie11(lra. ,\insi, clans la
s¡>l1erc <le l'arlicle 1743, le IJailleur est, cl'un part, réJJt1té aYoir sti¡>ulé
ele l'acq11éreur pour le co111¡>le du ¡ireneur, el il cst ce11sé a,oir 11ro111is a11
pre11enr pour le con1ple de l'acc111éreur.

Questions di verses sur l'application de l'article 1743. - 1º L'ar-


licle 1743 ne parle que des ra¡Jporls d11 pre11eur avec u11 achetc11r, ce qt1i
con1prencl l'acljuclicalaire sur saisie 011 apres sure11cl1erc 011 folle e11cl1ere.
,1ais il 11'cst pas do11let1x <1ue le l>ail esl opposal>le aussi /1 to11l a1tlrc ticrs
,1cc¡11érc11r, par exen1¡Jle, :'i u11 <'-cl1a11gislc, :'i u11 do11atairc, i1 1111 cessic>11-
11aire cl'11snfruit. Cellc solutio11 donnc a11 droil clu pre11cur la 111e111e soli-
{lilé c¡11e s'il ronsliluail ur1 droil r<'·el.
11 y a ce1ier1cla11l 1111 Licrs acc¡11ére11r auq11<"l l'assi111ilalio11 11e s'a¡>¡>lic¡ue
¡>as, r'esl l;c;i;¡1ro¡1ril111l, e11 cas cl'ex¡>ro¡>riali<>II })C>11r ca11se cl'ulililé pulili-
c¡u<'. c:Plui-ci 11'esl ¡>as len11 ele rcspeclcr la jouissa11cc d11 ¡>rc11c11r, rar a11lre-
111c11l, 011 le ccJ111¡Jrc11cl sans pcin<', le 1>111 ,is/, ¡iar l'ex¡>r<>¡>rialio1111c ¡)011rr:1il
clans )¡eaucci11¡1 ele cas <!lre atlei11l. ~lais celle rigucur a sa co11lrc-¡>arlie. ],e
¡>rP11e11r <llJill lc <lr<>il 11st co11sid<'·ró co111111c r<\scilu, i1 l'i11star cl'un clroil r<'.·cl.
1_1ar le j11gen1c11l cl'<•x¡1r(>[>riati<>II, Psl fc111<l<': :'i Pxiger une i11cle11111ité i111111t.'·- •

<iialc, 11H\111c si }'px¡>rc1¡>ria11l <>ll'rail cl<i le laisscr c11 jci11issa11cc eles lieux
loués (l\e<¡., rfi aYril 18li:1, l>. ll. Ci:1.,.:~00, S. (i:i.1.7:11).
:i 0 l,e clrc>il <l11 ¡1rr11c11r c)sl u¡>¡HJsa)¡lc aux ti1•rs, s111ts <Jtt'il soit 11éccss<1irc

,¡11c le ¡1rc1ic111' se /1'0111•c t'lt ¡1ossc.~sio11 l<1rs <l<i I'act¡11isili11n <le l'i1u111e11l>le.
(;Pile s<,l11tio11,cc>1111111111<'•111<'11l acl111isP,11c laissc pas cl'<\lrc cla11gcreusc, car clic•
<'Xfll>SP le Licrs 11cqut'.,rc11r aux s11r¡1ris<'.S r/·s11lla111 cl<·s liaux clandPslins, I'c11-
l'<'gistr1•111<'lll, sP11le C<)llllili<in cxig-i'·n 111111r l<'s l,aux <l<i 111cii11s cl<i clix-l111il ans,
11'<'•la11l 11as 1111 J>l'<1ci'!<l<'· ,In ¡J11l1licilt'·, 11111is 1111c si111¡1ln g-ara11Lic c<Jtllrci la
fr1111<I<· ll<· l'anli(lalP. ()1t r<'lllar<[ll<'l'a <1110 le (~<>el<' ci,il allcnran<I (arl. :171 '1
<•xig<· un<' ¡iris<' ele p<>ssossi1>n ell'ccliv<' <l11 ¡1r<'ll<'III'. J•:t il esl vraisc111l1lal1le
'1'01110 11 3:J
LIVRE II, - '
TITRE II. · - DEUXIE)[E PARTIE, - CH ..\PITI\E PRE~IIER

(fue les rédacte,1rs d,1 Code n'ont pensé ql1°a cette l1)'potl1ese (argu111ent d11
11101 expulser dans l'article 1¡43).
3° Qtie décider pour les autres ollligations du bailleur et aussi pot1r ses
droits á l'égard dt1 preneur :1 Ici, le Code civil alle1nand (art. 571) co11lienl
cette regle de ¡lrincipe q11e le tiers acquéreur est su!Jrogé a11x droits et obli-
galio11s d11 bailleur résultant clu bail 011 s')' rattacl1ant. Ai11si (art. 571), il
a le droit cl'exiger du prenet1r les surelés Jlromises a11 !Jaillenr, si elle;;
11'011t pas e11core été fournies. 11 est fait exceptio11 seulen1ent po,1r la créa11cr
du )Jailleur correspondant aux loyers en retard, et pour sa dette affére11le 11
des tro11llles apportés á la jouissance d11 pre11e11r anlérieure111e11t á la ,·e11te.
lescruelles créance et dette écl1appent acette st1!Jrogatio11. \'011s cr0)'011s c111e.
ces cliYerses solutio11s doive11t etre adr11ises en ])roit frani;ais, parce q11'elles
s011t conforn1es a l'intentio11 proballle des parties dans 1·accorcl de vo-
lontés s011s-e11lendt1 entre lJaille11r et acl1ete11r lors de la vente (\'. lleq ..
"
2JaYl'I ·1 1,90,
~ " D.J> . 93 .1.2,,7,:-i.\)
Q ' 3 .l ..~¡ 6-1•
~ )

Autres oonséquenoes du caractere personnel du droit du pre-


neur. - 1" Le (!roit cl11 ¡lre11e11r n'l~la11t pas 1111 droit réel, sa créance, en
pri11cirJe, ,i'esl poinl JJrii•ilégiée 11 l'encor1lre eles aulrcs créanciers tlu bail-
le11r. (~eci <lit, on signale con1rr1u11é111ent, á tilre d'cxceplion at1 principe.
la regle ele l'articlc G8 11 tlu Cocle de procéclurc, d'alll't'S le<¡11el les baux c111i
011t ac(¡nis tlate certaine aYa11l le co111111a11tle111e11t, cloiYer1l, e11 cas tle saisie
i111111olJilii•rc,

etre respeclés par le saisissant, ce q11i constitue, clit-on, 1111
,érita!)lc droit de préfére11cc. ,011s croyo11s qu'il fat1l écarter cclte rr1a-
11i«'·rc ele voir. L'idée d'une co11trilJt1tio11 a11 n1arc le fra11c e11tre le pre-
r1eur el le:- autrcs créa11ciers d11 bailleur est ele pri111e alJ<)rtl inacln1issi!Jl<',
par cellc si111ple raiso11 1¡11c la contrilJ11lillll Sllll{JllSC tics créa11ces ¡Jorlanl
toulcs s11r eles preslatio11s p<~c1111iaires. ,\t1 contraire, les obligatio11s de faire
Cl11 de ne ¡Jns faire (et cclle el11 IJaillenr er1 est 11nc¡ écl111ripc11t. 1iar la force
eles cl1ose,;, it la loi cln crJnco11rs. <¿11'011 s11¡¡¡1,1sc un c<i111111eri;ant te1111 cl'1111c
o!Jligatio11 de 11c 11as faire el tc1111ba11l e11 f'aillit<'. SlJII <Jl)ligati1)11 s11!Jsis-
lcra i11ll!grale111c11t.Voil11 done 1111 crt'•aricicr q11i rccevra salisfnclion intt'·grale,
al,irs <¡11e l,·s crt'•ancicrs cl'arge11l se lr<i11vrr1Jr1t ri':elnits :\ 1111 cli,itll'nd<'. 11 n'y
a11ra lit cc1iencla11t 111111c altnintc 1111 ¡1rinci¡ic <ic l't'·galitó entre les cri'~a,1cicrs
f<)r111ulé da11s l'nrliclc 2<>!1:{. <ln ¡1c11t cx¡Jli1111<'r 1IP 111<\111c. croyo11s-111Jus. la
clis¡1,1silio11 ele l'nrlielc (i8'1 <l11 Cotlt· clP lll'<1ci'·cl11rc. S111111oscir1s 1111 liail
i11t>xt'•cuté 1¡ui s'es·t r<~sol11, at1 ¡irolit clu 1ire11c11r, en dcl1ri111ag<'s-i11li'irt'ls. 11 P:-1
clair 1111c, dans ce c;1s, le ¡1rp111·11r, s11IJir11 la ltli 1111 co11c1>11rs aYPc lcls a11trPs
crt':anciers clu IJnillcur i11:-1Jlval,le. 11 ~· 1'.i;ha¡>¡u•. a11 r1111lr11irP, l<Jrs1111'il rPst,,
crú1111cicr cl'1111c ¡>reslati,111 11r111 ¡H\c1111iair1•, PI cela sn11s <111'1111 1n1iss<· 1lir1.'
1111'il llt'l1tólicic cl',111 Yi'irilnllle clrclÍI cl11 11ri'·fi',rr.11c:P.
·i" I.n clroit <111 ¡1rc11c11r 11't'•ta11I ((11'1111 clr1)Íl fH\l'S<Hlll<'I, c'1•:-l-1'1-1lire 1·elatij'

11 la ¡1ers1JIIIIC d11 l111illc11r, 11°Psl Jlflit1t, rn clPl1t1rs cln l'eXl'l'j>lit11t ,Je l'ar-
licll' 1¡!1:~. (llllHJsal1l1• 1111x liPrs. <:c•t>P111l1tnl. In j11ris11r111IP11c11 l't In l11i Pll11-
n1c111c n1111orle11I ele 1111tal>IPs l1•111¡Júr11111cnts :'t C<'II<' iclt'·c·.
:\. - S11¡1¡ioso11s 1111c le ¡1rr11e11r s,Jil I r1111l1lt'· ci1111s sn jo11issnncr. 11ar 11:s
LE LOU.\GE DE CIIOSES

agissen1c11ts d'11n ticrs lc11a11L ses droits du memc a11Lcur. J>ar cxc111rJle, c'est
1111 aulrc localairc, agissa11L en verlu d'un IJail postéricur, e¡ui ,oudrait se
111ettre e11 posscssion, ou.bie11 c'est le locataire d'1111 autre local qui préte11d
). cxcrccr 11n co111111crcc similaire .\ cel11i du preneur, alors q11c le J¡ailleur
s'était e11p:agé ex¡Jressén1ent 011 in1¡1licitement en,·ers celui-ci a11e lo11er a. .
a11cun concurren!. En log·iq11e ¡1ure, 011 de,rait décider que le ¡ireneur n·a
point d'action contre l'aute11r du trou)¡le,et ne peut que s'adresser au baillc11r -
¡1011r le faire cesser. Cepcnela11t, laj11rispr11dcncc ad111et volo11tiers ici q11e Ir
11rcneur ¡1c11t agir elirecte111ent conlrc l'a11teur du troulJle, l'expulser au
!Jrsoin.Et certai11cs décisio11s esquissent ace ¡1ropos une tl1éorie si11gulicre
consistar1ta faire d11 clroit d11 pre11eur 11n droit de nature mixte, person11el it
a
l'égard elu IJailleur, réel l'égard d11 tiers (1'ri11. Seine, 20 juin 1901, D.
l.). 1902.2.c1"-,91. .
13. - Supposons c¡11e le prcneur soiL Lro11!Jlé par les agissen1ents el'1111
Licrs qui n'in,·oc¡11c a11c11n acle passé avcc le propriélaire, par un simple
11s11rpateur e11 1111 n1ot. ,ra-t-il etrc i11,·esti a son enco11tre de la protectio11
¡1ossessoire? 011i, rópond le Code civil allemand (art. 854, 858 et s.). Chez
11ous, on a cléja v11 c¡ue la jurisprudencc lui dé11ie l'aclio11 en complai,ite,
n1ais l11i accorde l'action e,i réi11tégra1ide, en cas de trou!Jle ,iolent 011 de
,oie de fail (Civ., !1 jui11 190!1, D. P. 1904.1.!17:í, S. 190;>. 1.93).
C. - T.a loi elle-me1ne (art. 172á) nous dit q11e le l1ailleur ne garanlit pas
a a
le preneur contre le Lroul1le de fait. C'est lui le faire ccsser'. 1'011tefí>is,
il y a dans la jurisprudence lln certain flotten1ent da11s l'a¡11>licatio11 d11
Jlrincipe, voire meme des contradicti'ons. Dans une l1ypoll1cse ou un loca-
laire avait s11bi l'écroulen1e11t de l'imn1euble lo11é, JJar s11ite lle l'cffonclre-
mcnt d'l1n n1l1r n1itoye11, dt'1 á la fa11le ¡icrsor111elle de l'arcl1iteclc et ele l'en-
·lrc1Jrenc11r, la Col1r de ~a11cy a elé11ié au locataire le elroit de rien réclamer
11 so11 lJaille11r, le renvO)'a11t a ¡Jo11rs11i,·re les a11teurs res11011sables ll11
clo111111age \\"a11cy, 10 11oven1bre 1r,oo, D. J>. 1901 .2.41¡) et, sur po,1rvoi, la
Co11r de cassalior1 a co11fir111é cet arr1\l (Civ., 1G j11illct 1903, 2' CSJJecc, D. 1>.
T!)<>'1. 1.83). I•:11 rcva11clie, le locatairc ll'un ca11lo1111e111ent. ele 1u1clic <lans la
Sei11e, local ni re ció l'I~tnt, ,oyn11l llis¡iaraitre le poisson Jlar suite ele l'i11s!al-
latio11 cl11 'l'c>t1l i1 l'égo11t efl'Pcl111'•c J>ar la ,;ille ele Jlaris, s'csl v11 accortlcr JJnr
la (:our tle J>aris le <lroit li'actio1111Pr scilidairc111c11t PI. lo11l ¡, la fois la Vi lle,
a11 tc11 r d 11 lrou !Jlc, PI l' J~ta t so11 }¡a i llc11 r ( I>aris, :19 no,·c111 !Jrc 18!);>, l). JJ.
!)li. 2 .8).
:)'' l,f' ¡>rc11c11r 11'a}anl t>as tic tlrt>il 1lirect s11r l'i111111c11lile, il en r{·sullf'
c¡ue la clitise jug('I' i\ l'{•gar<I 1111 ¡>ro1iri{•tairc, c11 ce c¡11i c1>11crr11c l'i111111c11l>le.
1•:,;I jugt!C 11 sc>11 {·garcl. c:·est ce c¡11i rc'·~11llc ele J'article 11'J 1 , a11x ter,ncs elu-
1¡11c!l le ¡irc11c11r, co11lrf' lec¡11cl il esl cxcrcó 1111 lr<Jt1!Jlc ele clroit, ¡ieut 11 a¡J¡1c-
l1•1 le l>aille11r e11 garanlic PI tlnit 1\lre 111is liors <l'i11sla11ce, s'il !'exige, c·11
11t>111111a11t. Ir. }¡nillr.11r ¡>our lcq11el il J><>Ss1·cle 11,
t1• l,e clrciit tl11 ¡irc11e11r ei,t. 1111 1/roil 1110/Jilicr, tl'o1'1 les crJJJSt'.<111e11ccs ci-
'
ªl)J'\'S:
\. - 11 ¡u 11t 1'll'e tl<)1111{· c11 gagc S<JIIS In co11<lilil>lt d'ol,scr\'Cl' les for111cs
1

¡irescrilcs 11ar l'nrliele :1075 llllUI' le 111111lissc111e11l des cré11r1ccs.


LI,'RE II. - TITRE II. - '
l)EUXIE~IE PARTIE. - Clf,\.PITRE PIIE)JIEil

B. - Si le locataire i11stitue dcux légalaires, 1·u11 eles i111111cu)Jles, l'a11tre


<les n1eubles, c'est le seco11cl qui l1érilera clu droit au ]Jail. .
C. - Si le locataire se 111arie sous le régin1e de co111n1u11auté, le droit a11
bail to1111Jera, co111n1e n1eul)le, cla11s la co111111unauté.
D. - Si le droit au lJail fait ¡Jartie cl'une conslitution ele cloL, il est sou-
1nis au régin1e de la clot 111o!Jilierc.
E. - Le tribunalco111pélent ¡iour slaluer sur les aclio11s relati,es al'exéc11-
lion clu bail sera, 1>uisc111'il s'agit d'aclio11s llerso11110lles 1110JJilieres, le tri-
bunal du défencle11r et non celui de la sit11atio11 eles lieux (Civ., 1í déce1111Jrc
186í, D. P. 6í.I-486, s. 68.1.26).
5° La cessio11 d'un ]Jail éta11t une cession ele créance ordi_naire est s011111ise
aux forn1alités ele l' article 1690.
6° Le droit elu ¡Jre11eur Jleut-il clre !1ypotl1éq1ié ~ ~on é,ide111r11e11t, el en cela
seulen1ent, la solution lég·islati,e c1ui cí1L co11sislé á e11 faire un j11s i,i re
ettl tJrése11lé 1>111s cl'a,ar1lag·cs ¡>our les cx¡Jloila11ls cltt sol. lla11¡Jelo11s c1ue
ce1Je11ela11t la loi du 25 jui11 1902, e111i a réir1troclui Lle ]Jail e111¡1l1ytéotir1ue,
confere Ull 1irene11r Ull elroit récl SUSC<·11Lil1lc el'l1y11otl1er¡ue (art. ¡'r, al. 1).
1 ° Le clroil a11 IJail, it la réser,e cr1core cl'un IJail e111¡1l1ytl1éolic1ue, 11c
¡Jeul faire l'objet d'une saisie i111111obiliere. Co111n1c11t do11c les créa11ciers elu
¡ire11eur ¡io11rront ils réaliscr la ,alcur c111c re11rése11te le clroit au l1ail :i Ici,
il faut sig11alcr une !acune ele 11otre Code ele JJrocé<lure qui, 11our la saisie
des ,aleurs n1ol)iliercs ir1cor¡ic>rcllcs, 11'orgar1isc c1u'u11e for111e de saisic, la
saisie-arret .. Or, cellc-ci r1'esl 11as a1J¡1licablc e11 l'cs¡iecc, car elle 11e concer11c
JJas les o]Jligatio11s lle fairc, au 11or11Jirc dcsc¡11cllcs il faut co111¡Jtcr ccllc cl11
JJaillc11r. Voici, c11 ¡>ratic1uc, co111111c11l cctte lac1111e est co111l)léc, 11otan1111c11t
c11 cas tic saisie 1!'1111 fo11cls tic co111111crcc. ,\¡1res le 11roc(\s-,crl)al ele la saisie-

cxécutio11 ¡1c1rtant s11r 1·e11scr11l1Ie 1!11 111ol1iliPr, i11Lervie11t, it la rcc111cte tlu.


saisissant, 1111e ordo1111a11cc tic référé ¡1rescri,a11t c1uc le clroit a11 bail sera
co111¡>ris lla11s la ,·e11te aux encl1ercs consécuti,c ,\ la saisic.

SEC'fl~N Ith'- ],()ll.\~;.E I>'_"'..~.IELBJ.ES. -- l\i'.:r'.LES C())l)ll\ES Al' BAIL


/ .\ 1-Lll~IL hl Al llAIL .\ 1.(1\1-.11,

s 1. - t:011tlltltt ■ 11!1 tic fctr111a(ltt11 ti ■■ lt,111.

l,'t''.llltl<) tlc ces C<Jlltlitions se ra111t'·1u1 a11 (!(\Y<'l<>J>¡1e111c11l tle <l<•11x. i<lt'.·cs
111 ailrcssc-s: 1° le l>ail rst 1111 acle <le si111¡1lc a<l111i11istrali<n1; :.iº le l>ail Psl
\111 co11tral C(>11sr11s11PI 111ais so11111is ¡'¡ d<·s 1'<'•gl<·s s¡,t'·cialPs ti,• ¡,retl\'<'.

l. - Le bail est uo acte de simple administration.


Premiare conséquence: 11 est essentiellement temporaire. ••··· l 11
l,ail ¡>nr¡u''.lt1cl serait 1111c aliér1alio11. J,"nrticlc 1¡<>!J a cl,,nc soir1 <le 11<1us <lir<'
<¡1 1c le li,1il cst ¡,asst'· ,, JH,ur 1111 crrtain tc111¡1s ». l,'arlicle 1°' (!e la l,ii clu
l\} se¡>le111l>rc I í!lº fix<' it !l!l ans la durt'·c 111axi111a <les )1a11x.. s11¡>J>ri 111a11t
ai11si les l<ications ¡1cr11t'·l11elles ,,u c111asi-JH'l"J>élt1<'llcs <le 1',\ncicn l\i'·gi111e,
LE LOUAGE l)E CIIOSES

Ce1)e11dant, le sysl&111e ele 11otre J)roit act11el co111porte deux o!Jservations,


1º l:11 bail ¡)er¡)étuel a survécu, le bail a com¡)lanl. Son existen ce est re-
connue J)ar la loi el11 8 n1ars 1898 qui - au 111oi11s dans ses travaux prépara-
toires - lrancl1e u11e co11troverse antérieure e11 faisa11t du droit du preneur
1i con1plan t 11 r1 droi t si n1¡1le111en t personnel co111 me celui de tou t au tre
fer111ier (l>oitiers, 24 février 1909, D. 1>. 1910 '1.15, S. 1909.2.132). Le bail
it co111plant, qu'on re11co11tre encore dans certaines régions d11 ressort de
l'a11cienne coutu111e el11 Poitou, en ,\unis, e11 \'e11elée et dans le pays nantais,
est u11e forn1e ele location e11 vert11 la(111elle le preneur ou colo,i re\oil la terre
en l)renant l'e11gagen1ent de la plan ter en vignes, et la co11serve tant que les
vignes subsistent, en fournissant annuelle111ent au bailleur une certaine
¡)ortion ele la récolte (Req., 11 février 1896, D. P. 96., .239, S. 97.1. 10). La '
loi ¡)récitée du 8 n1ars 1898 a, de plus, accordé a11x colons certaines facilités
pour la prolongation de leur bail _en cas de destructio11 eles , ignes par le 0

¡)l1y lloxéra.
2º ~ous a,·ons parlé el'une dur.Se pon,·a11t atteindre 99 ans. Une location
de cette longueur offre e11 général le caractere d'11n bail e111¡Jli,vtéoliqiLe, car
on sait qt1e la loi elu 23 juin 1902 reconnait l'existe11ce ele cetle ,·ariété de
louage et en fait résulter pour le ¡)reneur 11n elroit réel. Le mini111un1 de
d11rée des ba11x e1111)l1yt{iotiques est ele 18 ans. Est-cc a dire q11e tout bail
el'un fonels de terre ele 18 a 99 ans doive ctre répulé e111pl1ytéotique? Non ...\.
d<'•fa11t de n1ention expresse, 011 décide du caract&re ele la localion el'a¡)res
l'inlention vraise111l)lal)le eles parties. 011tre la lo11g11cur ele l'a111odialion, ce
e¡ui fera e11 gé11éral adn1ettre qu'on se trouve en présence cl'u11 l)ail en1pl1y-
téotie¡11e, ce sera l'ollligatio11 i111posée au 1)rene11r el'an1éliorer et la 111odicité
de la redcvancc.

Durée et fin des locations. -- l\clativen1ent a la duréc eles llaux, pl11-


sieurs l1ypotl1eses sonl visées par le Cocle.
1° 011 pe11t st1¡iposcr cl'a})orcl (!lle le llail a été passé poiir 111ie durée déler- •

rni11ée. Alors (arl. 1737), il ccsse ele ¡>lci11 elroit i1 l'ex¡iiralio11 ele cette durée,
sans c¡11'il soil 11t'·ccssairc ele ell)t111cr cn11gé.
()11 rc111are111era ici 11nc crre11r ele langage singulie')re. [,a loi d{·signe le
liail passé 11011r 1111c el11réc llt'·tcr111i11ée llar les 111ols ele bail écril, réservant
l'cx11ressior1 ele liail 11011 <'~cril 011 IJr1il verbc1l ¡lo11r les llaux 1)assés sans clé-
lcr111inali1in ele el11rée (arl. 11:16). Ccpc11elanl, il cst clair c111e les premiers
co111111c les sccor1ds ¡le11vc11l i11elifl't!ren1111cnt elrc cor1slat<'•s ot1 no11 11ar 1111
{·c1·it. J,'cx1)licatin11 ele celle errcur i11co11tcstalllc ele lcr1ni11r>logic, c'est ((lle,
le ¡>l11s .~01L1•c11l, l1irsc1n'e111 r1:elige 1111 écril, 01111'a garelc el'oublier ele prévoir
la el11r1:e ele la lcicalie>n.
1\jo11tor1s c¡11c, e¡11cle111!'f1>is, e•n cas ele llail t'·crit (hoc s,•,istl), u11 congé ·esl
ce1>c1ula 1il 11{:rcssai re. ll c11 csl a insi, l1>rsc¡ 11 '11 ne el u r<'•e <IÍ:lc1·n1 i néc {:ta11l
¡1rév11c, e111 r{•servc 1\ l'1111r 1lcs parlics (Jll 1'1 lo11lcs elc>ux 1111e faculté ele r{·si-
linlio11 a11lici¡u'·1•. <: 1!sl Ir cas, 11ola111111e11l, po11r les l,anx <le lrois, six, 11cuf
0

annt':es, 1iu ¡io11r lrs l)a11x 11ass{!S 1\ <ins f1)11clion11aircs et contcnanl 1111e cla11sc
1lP rt':siliati1i11 1H111r l1! ca, el,i cl1a11gc111Pnl 1la11s le11r rt'•sielcncc. Nal11rellc-
5I 8 LIVRE II. - 1'1TRE 11.
.
DEUXIE)[E PA.llTIE. -
'.
CIIAPITRE PRE)IIER.

111eut, la }Jartie qui vot1dra user de cette faculté de résiliatio11 (lcvra 011
111anifester la volo11té 11ar u11 congé.
2° Quelquefois le lJail reste n111et quant a sa durée. Dans ce cas la loi
SltJJJJlée au sile11ce des parties e11 fixant ll'avance la <lurée du l1ail. C'esl le
cas po11r les apparterr1e11ls n1eublés. Le bail en est « censé fait á l'a1111t'C
q11an(l il a été fait á tant paran; au 1nois quan<l il a élé fail á ta11L par 111ois;
au jour qua11cl il a été fait á lanl par jour. - Si rie11 11e constate q11e le bail
soit fait á la11t 1Jar an, ¡1ar n1ois ou par jour, la locatio11 est censée faite
suiva11t l'11sage des lieux n (art. rí58). C'esl le cas aussi ¡Jour lesforzds ru-
1·ai1x. :\.u:x. ter111es de l'article Iíí4, « le bail,sans écrit,d'un fonds rural, cst
censé fait pot1r le te111ps qui est nécessaire afin c¡11e le prene11r recueille tous
les fruits de l'l1éritage afl'ermé. - ..\.i11si, le bail fern1e d'u11 pré, d'11r1e a
vigne, et de Lout autre fonds dont les fruits se recueillent er1 enlier dans le
cours de l'année, est ce11sé fai t po11r 1111 an. - Le bail des terres laLouralJles,
lorsc¡u'elles se llivi:-cnt par soles 011 saiso11s, est ce11sé fait ¡1our a11la11l
ll an11écs q11'il )º a de soles 1>. llo11r ces l1aúx, ¡'¡ rlurée léyale, aucu11 cor1gé n'esl
0

11écessaire. Le bail << cesse de plein droil a l'expiralio11 du te111ps 11our lcquel
il est cc11sé fail 1> 1_art. 1¡¡5).
"lc111e regle 11our les loca Lions ele 111eziúles 111eublanls (arl. 1 ¡ 5 1). Ils so11t
ce11sés fai ls 11ou r la ll11rée orcli11aire des baux de 111aisons ou ap¡Jarle111e11 t:-;
s11ivant l'usage des lieux, el cesscnt sa11s co11gé.
3° Enfin, 011 pe11l su¡1poscr u11 l1ail sa11s détcr111i11ali(J11 lle ll11r('·e }J(1rta11l
st1r eles l1l1~i/(1/iu11s 1irb(1ir1es 110,1 ,neuúlées. t\lors, le Lail CC'sse c¡uanll lº1111c
lles parties le ,c11l et le 111a11ifeslc a11 rr1oye11 ll'1111 co11gé. Se11le111e11t, la loi
1•111ploie eles expressio11s éq11ivoq11es pour ex11ri111er cetle sol11LitJ11. I•:llc 11(Jt1s
clit (arl. 1 ,:{ti) <¡11r « l'1111r 1les ¡inrli<'s 11e [lüllrra <lo1111<·r C<>11g<'.: ¡\ l'a11tre
c111'c11 ubscr,a11L les 1lt'·lais fixés ¡1ar lºusag·e eles lieux )): (~l'la a 1Jer111is 1\ ccr-
tai11s aule11rs de so11le11ir e¡u'ici e11core la durée du bail clcvail clre cl<'.·ter-
111i111'·<> fl:!1" 1·11sagc <l<'S liC'UX ,r:r. Ci,., :i8juillet 1!)08. 1). I'. 19118.1.'161.
S. 1!}<>!1·1.381,. \011s cro~<i11s 1¡11ºil ~·a[;'¡ 1111(' C(>111'11si1,11. (~p 1¡11e l'usage lrlcal
llt'•ler111ine ici, ce 11ºcsl ¡1as la <lurt'·e de la locati,>11, 111ais l<! 1lél,1i ríe JJl't;ve-
11ar1ce 1¡uc 1l<1il l)IJser,er l'auleur el11 cu11gé (trois 011 six 111<>is ci'a,a11ce, ¡lar
C\C111¡1le, s11i,,111l l1•:-; l<J<'alilt'·s).

Deuxieme conséquence: Capacité ou póuvoirs nécessaires pour


passer unºbail. - l)e ce 1¡uc le l>ail esl 1111 acle 1lc si111¡1I\! a<l111i11istralit>11,
il rt'·sull(: q11l' la cnr>acit/• re411ise 1>1J11r ce C(lnlral esl celle 1l'all111i11islrl'1'.
l)<Jnc. lt's ;11f111i11istral<·11rs di' la f'1>rl1111n<l'a11lr11i, lt'·gaux, C(lll\('IIIÍ1>11111·ls <>U
lle fail, <1111 ¡><>11,1,ir di' <l<lllll('I' ;\ liail. l•:t la 1111\111" fa<'11ltt'• 11¡>¡larlil'11L uux 1IP111i-
i11ca¡ialll<'s i11Y<)s(is <11' la ca¡Jacili'· d'a1l111i11islrali<111. c:·cst cP <¡ltl' la l<li 1li'~-
c i<1<' IH >ll l' 1e 111a r i (a r 1. 1:1 :i. !1• 1'• :le l ), 1H H I r 1<• 111 1(•11 r \a 1· 1. 1¡ 1,-_ ), ¡l< >11 r 11• , 1•111 1l' 11 r
i1 Jla<"lt• 111' ra<'ltat (111·1. 11ií:I). ¡>our I<) 111i111•11r t'·111a11ci¡u'· (arl . .'1K1), ¡u>lll' Jº11s11-
fruil i1•r (arl. ;,!¡;>}; c'ps( r<' c¡11'il fa11t 1l1!ci1l<'r ¡H111r l'<'11r,,}t'! r11 11ossessi<>1t
pr11, is1JÍl't' l'I ¡H111r la 1'<·111111<\ st'·¡>art'·<' <I<' liiP11s.
;\lais 11e fa11l-il ¡i;1s, ú 1°1'\l'llljlll' 11<' l'a11cil'11 l)r<>il, rt'•s1•rver c<'ll1• s1ll11'li<u1
¡1<H1r lr.s 1,aux i11ft'·rif'lll'S ;\ 111•uf a11s s1•ul1·111P11I :1 11 l'Sl cc•rtai11 <[11<' dn 1111111-
• '
l,E LOCAGE DE CHOSES

l)re11ses disposilio11s de nolre Code sen1ble11t se référer aceite disli11clio11


(\'. art. 1429. 1430, 1718, 481,595). Cependa11t, notre Droit 11'a pasre¡)ro-·
duit la regle ancien11e. Les baux de plt1s de 11euf ans sont, con1n1e ceux lle
111oinclre lluréc, lles acles d'ad111i11islration. 1'outefois, com1ne la durée trop
longue d'11ue location, lorsqu'elle esl établie par un 1nandataire, risquerait
ele consti l11er une gene excessiYe pour le propriétaire redever1u n1ailre de ses
clroits, la loi apportc a11x pouYoirs eles ad1ni11istrateurs certaincs li111ita-
tio11s. Et voici ou Ya se 111a11ifester la clifl'ére11ce entre le point .de vue du
Colle ciYil et celui de l'ancie11 Droit, r1ui faisait eles l>aux supérieurs a 11euf
a11s des actes de disposition.
1° La sa11ction eles baux d'u11e durée excessive n'est point la ,iulliié, 111ais
la rédt1ctibilité. Et, lorsqu'il s'agit d'actes passés par des admi11islrateurs de
la fortune cl'autr11i, la réductior1 ne peut etre de111andée qu'apres le 1110111ent
ot'1 le propriétaire recleYient 111aitre ele ses droits. ,.\i11si. 11i lo 111ari 11i le
t11le11r 11e pourraieul la faire prononcer dura11t le 111ariage ou la lt1lelle
i_l\ec¡., 7 février 1865, S. 65.1.57). Et l'acqt1ére11r du bien ai11si loué ne
po11rrait, l11i aussi, de111ander la réduction clu l)ail qu'apres la 111ajorité 011
la dissolution du 111ariage de so11 vc11deur.
2º La limitation it 11euf ans doit se restreinclre aux cas ou la loi le dit for-

111ellerr1e11t (111ari, t11tc11r, 11s11fr11itier). )lais l'abse,1t ne peut faire réduire


les IJa11x de plus de nc11f a11s passés par l'envoyé e11 possession lll'O\'isoire;
l'achele11r <i ré,néré pas davantage po11r les l)aux du vc11dcnr. J,a seule
¡)rolcction q11e la loi lcur accorde cst celle tlu l)roit co111111u11 coutre les
acles fra11tlule11x (\-. art. 1673). Si le IJail tro¡l 1011g parait frauduleux, ils
pourror1t no11 le faire réduire, 111ais le fairc a1i1t1tler. I~t d'aillcurs, le 111eme
tlroi l aJlpartic11drai t au propriélairc ¡1011r les J,aux fraucluleux n11\111e de
111oi11~ de 11cuf ans IJassés par l'ad1r1inistrateur ele ses lJic11s.
3° Qua11cl il s·agit 11011 de dv1111e1·, 111ais lle ¡1rer1ll1·e a bail, il 11'y a pas de
li111itatio11 ele cl11rée. 'fous les ad111i11istrateurs de la fortune d'a11tr11i et tous
les i11ca¡1al1les :\ ca11acitt'· li111ilé(' ¡1e11ve11t cór1cl11re, co1nn1e prc11eurs, des
ba11x st'.,rieux el sans fra11tle, ele q11elq11e longue11r c¡uc ce soit. 11 11·y a a
cetlc r1'glc q11e elcux. P\cc¡1lions. J,'1111c cor1ccr11e la fac11llé de ri·<l11clio11 eles
c11gage1111!11ls cxces:--ifs, d11111i11c11r t'·111a11cipé (art. 484, :i• al.); J'aulre rt'·sulte
1Je la 1>r1>l1il1iti1111 i'•clicl<'c ¡1ar l'arti,·le !15o co11lrc le tulc11r cJc pre11llre a
f'Prn1c les i111111e11lilPs tic so11 r11111illc.

11. -- Le bail est soumis a des regles de preuve spéciales.


r. c 1,ail 11'csl astr,~int ii a11c11111· 1'1Jr111c cxlt'·ricure. ll 11c néccssite 1>as la ré-
1l11cti1111 cl'1111 í,crit. ~lais In l11i, cl'111111 l'ac;o11 génúralc, cxcluL, ,•11 ce 1111i le con-
c1•r11c, l'e111¡1ll1i ll1• la 1>rc11v11 lesli 1111)11iule (el par co11sí·quc11l eles 1>réso111p-
Li1,11s si111¡1les 411i V<>Ill l1J11jc>t1rs ,le 11air avec la 11rc11vc lesti111011inlc). ('.elle
rig111\III' 1¡11a11t :'1 In 1>rc11vc lie11l :'1 1le11x. raiso11s. l,a loi a ,1111!11 Í!carter ici la
lll'IIC(!(llll'(! tll' 1·1~·,,,¡u11le, d'ull<ll'll, Jl()IJI" ú,·ilcr }¡>:,; le11lc11rs 1la11s UllC 111aticre
tH'1, co111111c 1111 l'a tlil a11 'l'ril11111at, c11 ¡1C11sa11l a11x J,a11x ú fer111e, « tot1l est
lll'g'Cll L1) ; CllSlli lc,potll' éCfJll(Jl\l ÍSCI' eles fra is Í 111 por la u ls 11 <les parlics so11vcut

520 LIVRE II. TITRE II. - '


DEUXIE~IE P,\RTIE. - Cil,\PITRE PRE)IIER

¡let1 aisées. Ici plus q11'aillcurs,011 peut répéler le 111ot de Loysel « l•ol cst q11i
se 111ct e11 e11queste n. ?llall1euret1sement, les lextes du Code 011t été si n1édio-
cre111ent rédigés. qu'ils prete11t it n1ainte difficulté, clont la pl11s sin11Jle rt'·-
sulte de ce c¡ue les articles e111ploient ici les n1ots de« bail sa11s éc1·it n, 11011
da11s le sens arbi traire q11e nous avo ns relevé précéden1n1en t, de bail sa11s
d11rée cléterminée, 111ais clans le sens nalt1rel de l)ail non rédigé par (:crit.
Les de11x tex tes en questio11 son t les articles 171 5 et 1716.
1° La loi suppose d'al)ord que le bail JJassé sa11s écril 11'ct rei;li e11core a1l-

c1i11 co111n1e11ceme11l d'exécltfio11, et « c¡ue l'u11e eles parties le nie n (ce qui
est contesté c'est done l'existence n1e111e tlu bailj. :\.lors, l'article 1715 porte
q11c << la preuve ne peut etre re<;ue par tén1oi11s, qt1elque 111odique que soi t
le prix n, pas n1e111e par conséquent s'il s'agit d'u11e contestalion i11férieure
a 15o francs, et c¡ua11d !)ie11 n1e1ne il ). aurai t e11 des arrl1es do11nés.
La loi 11e parle pas du cas 01'1 il ~- a11rail co111111e11ce111e11t de preuve l)ar
écrit. Logiq11e111c11t, on clevrait décider que cette circonslance 11e rencl pas
adn1issible la pre11,·e testi111011iale, pas ¡Jl11s que la r{•clactio11 d'11ne preuvr
&-rite irréguliere (par excn1¡)le, celle d'1111 acle dressé e11 un sc11l original).
Si la loi exclut la prc11,e lestin1011iale a11 dessous de 150 fra11cs, afo1·liori·
l'exclut-elle pour des ba11x l)lus i111portants. Ccpe11da11t, la jurisprudcnce
s·cst fixéc au sc11s co11trairc (Douai, 25 janvier 1899, D. P. 1900.2.373, S.
1r100.2.:i5; Req.,28 j~1i11 189:i, D. 1). 92.1.407, S. 92.1.417).
011 aper<;oit sans ¡)ei11c la elilTérc11cc c¡u'il y a c11tre le syste111e ele la loi
consistant :\ _11'cxiger un écrit que qLzoa<l JJrobalio11e11i, et 1111 syste111e gui at1-
rait fait du bail t1n acle sole1111cl, cla11s lequel t111 écrit c11l 1\té requis r¡11oa<l
Sltbsta11li1l111. Da1ts ce seco11tl syslen1e. 1'al)scr1cc cl't1n tilre écrit 11e })Ot1rrait
ja111ais elrc su¡J¡1i<\éc. l)ar1s celui cl11 Coclc, l'al)se11cc cl'1111 écril JJC11l, co11for-
n1én1enl a11 Droit co111111t111, etrc st1ppléé ¡iar l'avett el le se1·1nc11l, et n1en1c,
d'apri·s la jurisprudc11cc, par la preuve lesli111011iale, a11 cas 01\ il existe
t111 con1111c11cer11P11t ele ¡Jre11Ye 1Jar {·crit. "\Iais la ¡Jorl(·c ele ccllc sol11lio11
clo11ne lic11 .\ eles précisions ¡1arfois asscz Ul:licalcs.
1\. - J,a loi 11011s clil cllc-111er11c (arl. 1715, al. :1) c¡11r. <• le ser111e11l peut
elre déf()ré ,\ cclui c111i 11ic le l)ail ». l)cux diffic11ll(•s 011l <'~t(~ soulr.v{~es.
a) J,c ser111e11l 11c 11011rrail-il <\[re 1lt'~f(·r{· i, <'<'iui c¡ui (/J/ir111c le !Jail :1 \(111s
aY011011s ne ¡Jas a¡1crcPY11ir 11<) l)o1111es rais1>11s c¡11i ¡1cr111ellP11! 1lc ré¡HJll<lre
11égali YetllClll.
/¡~ La loi ¡>arle tl11 scrr11c11l ,t,:ci.~oir,• i11ler,c•na11L a11 gr<i eles ¡>arlics. I•:111'
ne clit rie11 tl11 scr111c11l s11¡1¡1/éloir1•. Ne111s croyo11s <JIIC s<Jtl sile11cc 1·cxcl11t.
De eleux clt<>ses 1'11111•. <111 1111 {·cril c•sl ¡1rc11l11il, el IP ju~<' 11'a ¡1as IH\S<Jin el<·
faire ¡>r<:lcr ce S<'r111c•11l. ()11 il 11'y a 11as 11'/•crit, el al<>l's il 11c saurail clt•¡>c11-
dre cl11 j11ge ele rccc¡11rir ú 1111 ¡1r11cé<I<\ <¡11i 11'csl a1!111is 1>ar la l<ii c¡11';\ Litre:
cl'ap¡1oi11l 1>ar111i les é)(\111c11ls ele sa c<111victie>11 (V. ci-el1•ss11s, f>. :1(i7 i.
II. •-- l)c l'<tlJCll la loi 11e ¡iarlc pas i11 ler111i11is. l\lais 11ei11s aYc111s elit <111'011
cloit cc¡1c11<la11t 1·ael111etlrc ,\ s11¡1¡1ll'.~er l'nliscncei <le ¡1re11vP (•crite. l,a e¡11<'s-
tio11 11c se ¡H>SP 11at11rc1llc111<\III. <¡11<1 ¡1011r l'avP11j1i1lici11irc: il s'agil 11ratie¡11r-
1nc11t ele sa,·oir si l'on 11c ¡1011rrait l'PC<>11rir ,\ la 11re1c1:el11r<' <11' l'i11/1'/'l'of¡t1ll/il',·
s111· j(iil.~ el arlicles el. ¡1ar a¡>¡1lical i<>II elP l'arliclc 3:1111!11 (:<Hlc el<· 11roct'·cl11r11,
LE LOUAGE !)E CIIOSES

¡1er111ellre ai1 jt1g·e ele leJ1ir ¡1011r ayoué le fait sur lee¡uel la 1)artie inlerrog·éc
at1rait refusé de ré¡)o11clre.
Lajuris¡)r11deJ1cc acl111et l'affirn1atiYe (l{ec¡., '.lGja11vier 1883, D. l). 83.1.
:i3!1, S. 8;:i. 1.109). Et nous cro)·ons c¡u'cllc n raiso11. Du 111on1c11t c1ue la loi
ad111et le serJ11e11t co1nn1e éléJ11ent de co11viction, elle doit a forliori ad-
n1ettre l'aye11 c1i1i est singulieren1e11l l)lllS l)l'Ol)aJ1t. \jo11to11s ({lle, d'a¡1res
les terJ11es qu'il e11111loie, l'arlicle 1713, exclua11t l'e111¡iloi eles ¡)reuyes
a11tres c¡i1e l'écrit, ne s'a11¡1lique qi1e <e si l'1111e eles 1)arlies 11ie le bail >>. Lors-
11t1'il y a aYet1 ele la 11arlie dé11égante, celte conclilio11 11e se relrouYe plus: le
Droit co111111un re11rc11el clone alors son e1111)ire.
2° Su1111osons 111aintenant qt1e le llail non rédigé par écrit a rei;ii ll/1 co111-
111e1zceme1zl 1l'exéciilion (ou, ce qui revie11t a11 me111e, que le llail est avouc'-·
quant lt son existc11ce) et qu'il y a conleslatio11 seule111e11t ¡>our les condi-
tions de 11rix, de elurée, ele ... :\lors, l'arliclc 171 G 11orte t¡ue s'il 11'exisle pas
de quittance, le pro11riélaire sera cru s11r s0J1 ser111e11t, ce si 111ieux 11'ai111e le
locataire deJ11aneler l'esti111atio11 ¡1ar ex11erts l>. Ce texle <lon11c lie11 tt eliYer-
scs difficulti'·s; mais, l011t d'alJord, il faut ren1are¡uer que, lorse¡ue l'exislencc
111en1e du con1111e11ce111c11t d'cxéc11tio11 est co11lcstée, la juris¡)r11elence re-
11oussc en gt'·11éral, et avec raiso11, l'opi11io11 d'apres laquellc la 11rcuve testi-
111011ialc 11011rrail ici inlcrve11ir: il serait ¡)ar lit tro11 co111n1ode dr- to11rner
la regle de l'arliclc 1713. 11 faut do11c, pour qu'il ). ait lieu a ap11licatio11 de
l'arlicle 171 li, e¡ue le cor11111e11ccJ11eJ1t el'exéc11tion 11e soi t pas elé11ié, ou, toi1 t
at1 111oins, c¡u'il resulte ele fails facilcs h établir sa11s e11quelc, c'est-i1-dire
d'une occu¡Jalio1z c.ffcclivc (l\e({,, 17 janvier 1894, D. ll. 94.1.127, S. 94.1.
,3G). Ccci elit, 11<)t1s eli,-linguero11s sui,anl les ¡1oi11ts tlu ))ail c1i1i pcuYenl
1>reler it co11testalio11.
:\. -- Esl 7ce le JJri;r; e¡11i esl conlcslé (l1y¡1oll1ese la ¡ilus fr1'e¡11ente), la loi
cirga11i:--c trois orelrcs de 11rc11,es, subsitliaircs les t1J1cs eles a11lrcs, sans pré-
j11clicc ele l'r1ve1t et el11 sur1nc11l 1/écisoil'u ({Ui, IJic,1 e.nte11elu, a11ro11t toujours
le11r valcur, le cas écl1t'·ant.
ll) 'l'o11t tl'al)orcl si l'rJJl ¡1c11l ¡iroduirc tles 1¡11i/lr11zccs ele lcr111cs eli'üi1 Yers1:s.
riles fcroJtl l't>i, car clics é1111ivalcJ1l ii 1111 a,c11 llcs 1le11x ¡1arlies.
h) .\ tléfa11t ele (111ilta11c1•, le 11r<>¡1riélaire sera Cl'll Slll' so,z se1·111u1il. l~st-ce
lit 1111c 11ouvellc J11a11ifcslalio11 ele l'es11ril lJ011rgeois si so11vc11l rc¡1rocl1ó a11
<:otlc ci,il, 1111e loi 1le classc a11alog-11e i1 l'arliclc 1781 (alioli par la loi du
.,. a<Jtil 18(i8) 1111i, <'JI cas 1lc <'tHtlPslali<JJJ sur le salaire, allacl1ail 1111c Jlré-
St)JtlJ>lion clP Yériló a11x aflir111alio11s de l'eJJIJ>loycur :1 \1>11 ¡1as. (:e 11ui ex¡1li-
1111e 11e>lr11 <lis1111silio11, c'csl. <¡uc, le• liail c':tant ¡1ar l1y11otlu'·sc co111111cJ1cc'•, il y
a l'II sa11s cl1111l<' clcs lcr11JPS 1iayt'·s. l11i11r1¡11oi 11' l<icalaire 11e 11rt>d11it-il 11as
les 1111ilta11ccs c¡11'il 1luil aYllÍr en 11Jai11s, el c111i feraic11l fui clu ¡irix ele la
l1u·ali1111 ~ Sr,11 atlil1J<fc JH: fail-c•llc 11as ¡1rt'•s11111cr sa 111:111vaise foi :1 l)'aillcurs
lP lc,calairc a to11jo11rs la J·ess1>111·cri 1l"a1l1l¡>lPr le 1>arli suivant.:
CJ 11 1>1:111. s'il ne vc11l ¡,as s'cn l'PltJcllrc a11 sc:r11J1:11l tlu liaillcur, ¡irovo1¡11cr
1111c ,,.,.,,,•,•/is,:. l,a loi ajcHtlc 1¡11'c11 cecas, le 1>r<•11c11r sera l1~1111 1l'c\1t ¡iayer les
frais, si l't'\llPrlisc fait rcsstirlir 1111 ¡>rix 1111i 1l{·¡>assn celui c¡u'il allóguail
' ' r1J11v1•n11. <>,lle s1• 1P 1ocalaJr1:
. 1·lt>
a,·<JJI' . - en 1¡111. s ' 1:sl v11 - 1>rovoc¡ua1'L l' ex.-
-
~>22 LIVllE II. - TITRE

II. - '
DEUX:lE\IE PARTIE. - CIIAPITRE PRE~IIEI\

pertise sans fixer at1cun prix. il apparliendrait au juge de statuer sur les
frais co11forn1én1er1t aux regles dt1 Droit co111i11u11 (Req., 26 décen1IJre 1899.
D. p. I 900. I. l 26, s. I 90 I. 1. 353).
B. - 011 peut su¡)poser c¡ue la co11testatio11 éleyée entre les parlies porte
sur d'aulres co11llilio11s du bail con1n1encé, par exen1ple, st1r l'existence
d'une clause de résiliation ou d't111e convenlion relatiYe aux réparatio11s. Ici,
la loi esl 111uette. Et ce sile11ce a do11né lieu it u11e controverse. Com111ent se
fera la preuve? On n'a pas én1is sur ce poi11t n1oins ele cinq opi11io11s diil't'.'-
rentes. La l)lus raisonnable, a
notre aYis, cor1s isterait i1 dire que le Droi 1
con1n1u11 cst a¡)plical)le. D011c, la preu,·e testin1or1iale et les préso1111)tions
simples seraicnt adn1ises au-dessous de 150 francs. Cependant la j11ris-
pruder1ce est en sens contraire et rejette tou te preuve testi111oniale (Dij 011,
1•• aYril 1912, S. 1912.2.1361. C'esl d'ailleurs une hy¡)otl1ese tres rare, car,
pot1r déterminer le cl1ill're de la contest.alion, il ne suffit pas ele s'attacl1er
a.u loyer ll'u11e an11éc ; il faul additio11ner ceux ele tot1tes les an11ées pe11-
danl lesquelles devrait dt1rer le bail prétend11.

Exceptions au principe de la nécessité d'une preuve écrite. Tacita


reconduction. - Les regles que 11ous ,·c11011s de voir co111porte11t diYerses
exceptions :
1° Elles n'o11t trait qu·au lo11age cl'i111111e1ibles et. 11011 ;1 cclui lie 111eu!Jles.
2° J-:Ilcs ne s'ap1)liq11e11t ¡1as daYar1lag·e lorsc111'il J a li'3tl de prouYer Ir
l>ail 11011 i11ter¡Jarles, r11ais (t l'égar(l des liers. St1¡>poso11s, par exe111ple, c¡u'u11
créancier pratiquc u11c saisie-branclon sur les lerres ele s011 <lébileur. 11 ,·oil
surgir 1111 c>ccu¡1a11t q11i reve11diq11e la récollc e11 se prélencla11t fcr111ier. Lrs
articles 1¡1~>. 1¡1(¡ 11e scrl111l J)as a1i¡1licalilcs. J,:\ 1>rf'11vr se fcra ll'a1>rt•s les
regles cl11 l)roit COlllillUil. _
3° l)exccptio11 enfin la plus ren1arqual>le est celle q11i rt'.'st1lte clr la tacitc
reco111 !11c l io11. •
Cettc ,·arit':tt'· ele hllil lllcilc SP ¡irc>lluil l,¡rs1¡11c, 1111 b11il 11.Ylilll été ¡111ss<; ¡iour
u11e liltrée 1lélcr111i11<:e et i'•t.anl arrivi'i i1 ex¡1iralio11, le ¡1re11e11r est res!<: el 1t <:¡,:
l11issé c,i ¡1osse.~sio11 des l,ic11s lottt:s. l)a11s ce cas, <l'aprt:s l'i11tc11ti1J11 ¡>r1i-
l>al>lc ,les ¡>artiPs, lrt fui ¡1r,:s11111c 1¡11'i/ ,Y 11 1111 h11il 110111•1•1111. ¡1011r 1111c ,/11r,!1·
i11,léter111i111;e el, ¡1011r le s11r¡1l11s, 1111.c 111t:11,cs co11dilio11s 1¡111.' /'1111cie11 hui/ écril
(art. 1¡:{8, ,¡:{!I, 1¡.-,!I·,. (:'psi la tacile rcco111l11cti1H1.
l\cprc11ons les divcrscs 11r1J¡><1sili'1111s c,111I.P1111cs <la11s la f<>r11111le ci-1!Pss11s:
\. -- \1111s 1lis<>11s 1111c lit loi ¡1r1:s11111c. 1111'y a !;'1 c111'1111c inter¡iro'·tatirin d,,
la Yl>lt>11!1'· pr1il1al>l<· tl,·s 1iarlics. 1111i ,·sl 111,\111c t'•cart,'•p <'ll 111ali<'•rp 11<· l1a11,
(\r111il1~1,',<ili<]t1<·s \[,. 1.-, j11i11 •!J<>"l, arl. 1 i11 ./i111·1, <·I c111i, 1la11s t.1>11s les a11lr1·s,
cerlc 11at11rell<!I11cnl. <lcYa11I l'cx1ir1·ssi1J11 ¡)'1111c v,il1>11lé conlrairc ,1,, la ¡iarl
1IPs 1l1\t1x. ¡>arlics 1>11 lle 1'1111P ,l'Pllns .. \insi, le J)l'Pllct1r <¡11i rcsl1'rail 1·11 ]H>S-
sPssic111 111alµ-rc', l'1)1>1>osili,111 rlu l1aillc11r, ne sprait ¡>l11s c¡11'1111 ,1cc11¡1:111I sa11s
ti lre, 1111 IISlll'(>:tll'll r.
<:01n1111)11-I SI' 111a11if'Ps!P CP[IP ,,d,,111t'• ,le 11r ¡>as laiss1)1' :-.e ¡,r,Hlnirc 11nr lacilP
r1'~<>ncl11cli,,11 :1 l 1rati1111c111P11I, 11ar 1111 c1111r¡1: ,arl. 1¡:íi1). :';,111s r1i11cc111lr1>11s ici
1111c 11<111vcllr a1>11licali1>11 <le cct PXJ>l11il 1111e 1uJ11s av1111s 1lc'•j;\ v11 Sl'I'\ ir;\ 111ar-
LE LOIJAGE DE CHOSES

<[tier la cessatio11 d'u11 bail 11or1 écril, c'est-it-dire i1 d11rée i11lléler111i11ée. Ici,
at1 co11traire, le co11gé i11ler,ie11t i1 l'ex¡Jiralion cl'u11 lJail écrit. [l dill'ere de
l'a11tre en ce qu'il n'est pas soumis a l'article Ií36, c'est-it-dire ú eles délais
ele ¡Jré,e11a11ce eléter111inés par l'usagc des licux. Le congé dt~sti11é it é, i ter
la tacite reco11duction n'a besoin cl'etre do11né qu'avc111t l'ex¡Jiralio,i llu pre-
1nier bctil; il peut n1en1e l'etre aussil<Jt apres cetle expiralior1, IJOlll'Yll c¡ue
ce soit a,ant q11c l'occupanl ait asscz prolongé sa 111ainle11uc sa11s oppositio11
po11r fairc présu111er la lacile reconeluclio11.
:\otons c¡ue cetlc faculté de congédier11ent brusque pc11L a,oir eles i11co11-
,-é11ier1ts po11r un bailleur 011 u11 preneur qui po11,aicnt csco111pler la tacite
reconcluction, et- se trouYent ainsi s11IJitcn1cnt privés de locataire 011 d'l1abi-
tation. Particulierement, e11 1natiere de ba11x i1 fcr111e, il serait bo11 qu'un
certain délai de prévcnance, de six n1ois par cxen1¡Jle, ft)t requis pource
congé co111n1e JJOtir celui de l'article 1í36.
11 convicnl d'ajouter qt1e, si le co11gé esl le 111ode 11or1r1al ele clé11oncialio11
du lJail, on acl111et en gé11{·ral que la Lacile reconductio11 esl écartée par
lot1le 111anifeslatio11 ele volo11!.<'• qt1clconque, 111<)1nc 110n porlée a la co11nais-
:-;ar1cc de l'autre partie, ¡Jar exe111ple, ¡Jar le fait que le bailleur a loué it 1111
autre, ou que le locataire a ¡Jris /1 lJail un autre in1111eulJle. Celle sol11tio11,
c¡11e sP111lJle i111¡1o~er le siler1cc de la loi e11 celtc n1atit'.·re, 11e peul c111e re11-
forcer la portée ele 11olrc olJscrvation précédc11te.
13. - Le 11ou,ca11 bail, e11 cas de tacile recon<l11clio11, est prt'sú111é consenli
a1i.x: 111ernes JJl'ÍJ; et co11(litio11s c¡ue l'a11cie11 (art. 1 íj!¡). _\i11si, on 11c sa11rait
préle11clre qt1'étant elo1111é q11'il y a l)ail co111111cnc<'!,011 se trou,c sous l 'e111¡Jire
elcl'article 1í16, et q11e les co11ditio11s clu liail scronl, ¡'¡ défaul ele <111illance,
dt'lcr1ni11ées tJar le scr111cnl cl11 liaillc11r <lll llar l'c.xpcrtise. L'articlc I í 16 11e
s·a1JJJliq11e pas lorsc¡11c le IJail 11011 écril c11 co11rs a été ¡Jrécé<lé cl'1111 IJail •

écrit. IJa11s ce ca:-;, ce so11t lcs co11ditior1s d11 )Jail ancie11 qui fo11t loi.
<~. - 'foulcfois, le not1vea11 bail est co11si<l_éré co111111e passé pour 1111e d1irée
i,1,léler111i11,ie. 11 <lrvra elo11c 1irendrc fin en co11for111ité de l'articlc I í3G,
c'csl-i1-clirc a11 111oye11 11'1111 ct>ngó sig·nifit'· ayee olJscr,alio11 eles <lélais ele
¡irt'•venance fixt'•s ¡Jar l'nsag·c des lie11x (\'. arl. 1í;>g). Vai111•111,~11l l'1111e eles
¡>artic:s 1>rt'·tc11<lrail-ellc <{IIC le lJail 11t>11vc,111 a <\tt\ JHtsst'· ¡Jo11r 1111e cl11rt'.·e clé-
l<.H'IIIÍnt'•c, 1:l tlc111a11<lPrail-clle, c11 11roel11isa11t 1111 co111111c11cc111e11l ele ¡ire11Yc
¡>ar /·cril, :\ en faire la ¡irp11,e par lt'•1111Ji11s. C11c Lclle ¡1rt'~le11lio11 a l<J11jo11rs •
t'!lt: rc1>•l11sst'•c. lJ11 !Jnil :', tluri'•c dt'·lcr111i11/·c 11c llClll se 1iru11Yl'I' <JIIC 1iar úcrit
1,:\lg<'I', í j11i11 18!)!), l>. I>. l!l')l ,'.!, 1,:-i).
I>. - l•:11ti11, 11011s av1>11s <lit. c¡111>i<111e 11: Jloinl suil contesté, 1111'apr1!S la
tacilc l't!C<J11eluclio11, il y a l,11il r1oit1•e,11t, 1lisli11cl ele l'a11cic11 (\ .. uolcs el<'
,1. l•:s111C'i11s1i11sS. •!l<><J.1.Ií el J)c111<,g11e s1J11s S. •!111.·>..1:.ig). \'1>ici les
c1111st'•11111•11ccs c111i c11 1lt'~c<i11l1•11l:
11) Si l<' 1Jrc111icr lJail, t'•ta11l a11tl1e11li1111e, avait fc>rcc ext'·c11loir<·, )p 11011-
\<'all 11°<'11 :,;,•ra J>ns 1111111i; l'l l<! t,aill<'11r, s'il <·sl <'<111lrni11t 1!'1•xt'·c11l1·r le ¡>re-
11c11r, ele, ra ¡>rc11clr1i 1111 j11g1~1111~11t.
/1', l1,i11r 1111c la tacil.c rec<,111lur.li<111 ¡111iss<i se Jll'o<luir<\, il cst 11t'•ccssairc
1111<', a11 111<,1111!11l <l<i la 111ai11tcr111c el,· l'<>cc111ia11l "" ¡>11,-s<!,.;sÍ<>II. les 1le11x
Ll\"RE 11. - TITRE II, - '
DEUXIEllE P.\RTIE. - CH.\PITI\E PRE,IIEI\

partics soic11t respcctiYe111c11t ca1)alJles, l'u11c tlc don11cr et l'a11trc ele J)re11clrc
h IJail.
e) J,es garantics dt1 prc111icr IJail ne ¡Jassc11t pas au 11ouYeau. L'articlc 1¡4o
consacrc cettc solution en ce c1t1i concernc la cat1tio11 q11i, 11011s clil-il, csl
lilJéréc 11 faut en déciclcr de 111e111e pour les g·aranties réelles qui at1raicnt
JllI etrc conslitt1ées au proflt d11 llaillc11r ¡lar le pre111ier IJail; clics dis1Ja-
raitro11t lors du nouYcau.
Cepencla11t, il a été jug·é que, si le propriétairc avait cxig·é, cla11s le )Jail
écril pa~sé par un 111ari, l'e11gagcn1cnt soliclairc de la fen1111c, les deux
{-po11x rcsteraient tcnus solidairen1cnt en cas de tacite reconcl11ctio11 (CiY .•
26 octollre 1898, D. P. 99. 1.129, S. 99.1.4'14:1. C'est c¡u'o11 n'a pas ici co11si-
déré la soliclarité con1111e u11e si111plc garc11ilie (ce c¡u'elle est lJien cepenclant
e11 fait), 111ais con1111e 11ne co11dilio11 tlt1 ¡Jrer11ier bail; des lors, elle clcrait
,\tre n1ainte11ue da11s le 11ouvea11, aux ler111es ele l'article 1¡5\¡.

§ 2. - Oltll,;·atlo ■1'- tlu ltaille111• .

.\11x tern1es de l'articlP 1¡1!_), elle~ sc111t an 11on1J¡rc ele lrois: clL:lii•re1·.
e11ll'eie11ir, gara11lil'.

Obligation de délivrance. - Le pro¡lriétaire eloil délivrer la cl1osc a1r


¡Jre11et1r e,i bo11 élal et avcc lo11s ses acccssoircs.
<< J~111Jo11é(alcle réJJCtratio11s delo11te especc », dit l'arliclc 1720, al. 1•··. 011
:-;e s011,iPnt c¡11'au contraire l'usufruiticr ¡Jre11cl la cl1osc telle r¡t1'elle cst. Si
le propri<'.•taire re111ct au locataire l'i111n1c11IJlc en 111auvais état, ccl11i-ci
IH'11t, soit le contrai11clrc i1 y faire les r1\paratio11s nécessaircs, soil <lc-
111anelcr la r<'-silia(io11, soil rete11ir les loyers jusc¡u'h la 111isc 011 élat. ()ne s'il
Jlréfere acccpler la cl1osc lclle quelle, il fera <lresscr 11n élal ele lie11.J:, f'at1lr
ele r¡11oi il sera, h la fi11 elu J¡ail, ri',p11té avoir rec;t1 la cl1ose e11 lJ011 {•tal.
,il'cc to11s ses accessoircs. - ,\insi, le locataire a elroit it la jot1issa11ce de
la cour ele l'im111culJlc, eles escalicrs, a11ssi ]¡ic11 <le l'<)scalicr el'luJn11c11r e¡ue
ele l'cscalier ele scrYicc; le ¡Jro¡Jrii:lairc ne saurail i11le!relirP l'acct'•s ,le la c<Hir
i11t{ric11rc it la voilurc t)II /1 l'a11l<J1111iliilc cl11 ¡Jrf'r1c11r, ele.
l,c 1lroit ele cli!1ssc 011 ele ¡icchc csl-il accPssoirc <le la cl1<Jsc lou{c ! :'l'<lllS
croyons <¡110 110n. E11 elcl1ors el'11nc sli¡1ulali<J11 fr¡r111clle <lu C<J11cécla11t a11
J)rc11e11r, lP lJaillP11r csl cc11si· se 1'1\tre ri·scrvi, ((;rc11olile, (j juillct. 1¡110,
1). ll. 1!)1:>..:>..88',. J,a l<ii cl11 18j11illet 188\J C<l11sacrPe·xprcssé111e11lcl'llcs<ll11-
tici11 ()0111' IP liail ii colr111age llartiairc r:arl. !i, al. :>.). ,\u contrairr, la l<)i <l11
:1;i j11i11 I!JO:>. s11r IP liail e111¡il1ytí,1ilie¡11c (art. 1:,i) c<H1f<'•rc I<: <ll'<Jil elc <'l1ass1•
a11 ¡1rr11e11r. ,1ais crlui-ci cst, 011 I<' sait, invrsti el'un elrriil ri•el. ·
J,a s111'f11ce 1/'11f./icli11r1e eles 11111rs ele la 111aiso11 ªllllarli<'nl-cll<• au locatairP :1
11 y a s11r ce llOÍ11l 1111cj11ris¡ir11eli,ncc contraclicleJire•, el la (~our <le cassatio11
ri·JHlllel c¡uc c'csl a11 jug-c it a¡>¡Jri·ci<•r S<lllY<'rai11P111cnl l'i11lc11lion elPs ¡iart.ies
(llee¡ .. 11 fé\'rier I!)Clj, J).1 1 .1!JeJ8,1.:~¡li,S.1!1ei8.1.]:.16). No11scr11yo11se¡11'il fa11I
<1isling-11<' r. S' agi l-i I ele la su rfacc <111 11111 r <le f,u;a<lc, le !cica Iaire d <Ji l 1' l re r<'•¡1111 <'·
<'11 aY<JÍr laj<i11issa11c<': Ir 11r,1¡1rií·lair<: n'aura <l<Jnc 1Jas le clr,1il ele le faire ~Pr-
LE LOU~GE DE ·c11osES
,·ir it l'afflcl1age incluslriel. l,e locataire aura, au conlraire, le clroit de s'e11
serYir 1Jour sa pro1)re i11duslrie et n1e111e d'en ex¡Jloiter la surface pour u11e
autre pulJlicité, s'il 11'y a pas d-'obstacle it celle utilisalio11 rés11lla11l clu
contral ou ele la 11atu1·e eles liet1x loués, c'est-it-dire el'1111c conYe11tio11 i111-
plicile. S'agi l-il cl\rn pigno11 resté it découvcrt, le locataire 11'y a aucu11 clroit
cl'afficl1agc. SouYe11t d'ailleurs le JJro11riétaire 11'e11 aura ¡Jas 11011 ¡Jlt1s, la
s11rface a11parle11a11l i1 el'aulres <111'/t l11i. Ce sera le cas 11our les ¡1igr1011s
. ' a' el'ecot1Ycrl par e1es< I'e1110 1·1l1ons.,
1a1sses . \1 ors, en ge11era
' ' 1, 1e 111ur est reste'
111il(lyc11. La s11rface el11 ¡1ig·uo11 ex¡Josée it l'air ap¡1arlie11l do11c au ,·oisi11 011
i1 l'ex¡1ro¡Jria11t. Ce sero11t eux e111i l1é11éficieront de la faculté d'afficl1age.

Obligation d'entretien. - Ici e11core, il y a 1111e dilTérence considéral1lc


c11tre le pre11cur el l'usufruilier. Celui-ci 11e pcul 11as forcer, le 11u-rJro1Jrié-
taire it e11trelenir. ,\u co11traire, le preneur peul cxigcr les ré11aratio11s 11é-
cc:;:;aircs 11our l'usag·c ele la cliose (art. 1j'20, al. ::i), e11 e111ployaut, at1 cas
ll'11rgc11ce, la }Jrocéelure ele référé, el au l1esoi11, se faire auloriser ¡1ar
la justice i1 ell'ecluer lui-111en1e ces ré¡Jaratio11s, par a1Jp!icatio11 ele l'arli-
cle 114!1. C'esl c1ue le 1111-¡Jro11riétaire luissejouir l'usufruitier ; il 11e lui cloit
rie11 ..\u conlraire, le !Jailleur cloi l JJl'OClLrer la jo11issa11ce de la cl1ose a11
1Jre11eur. Do11c, il cloil rt'·parer la cl1osc, q11elle c111e soil la ca11se de la clégra-
datio11 su!Jie, ful-ce u11 cas fortuil 011 1111 cas tle force 111ajeure tel qu'une
i11ondalion.
011 a disculé le JJoi11t de savoir si le preneur, a11 cas oi'1 le bailleur 11e fail
poi11t les ré¡)arations tl'cntrelien nécessaires, aurait le droil de s1ts¡Je11clre le
¡1aien1e11l des loyers. On l ·a con tes té, e11 i11voquan t les princi pes de la co111 pen-
sa lion. L'o!Jligalion clu pro¡Jriétaire, éla11l 11r1e obligalio11 de faire 110n
lic1ui<lc, 11e peul se co111¡Jenser, a t-011 clil, avec la tlelle tlu locataire, clctle
lic1uille lle s0111111e ll'arge11l. C'esl, croyo11s-11ous, co11fo11tlre la con1¡Jensatio11
el l'exceptio11 110n adi111pleli co11lracli1s. C'est celle der11icre exce¡Jtio11 qt1i
1Jcr111cllra a11 ¡)re11eur de se refuser au ¡1á.ie111c11t de ses ter111es j11st1u',\
l'cx('Ct1Lion des lra,·aux r1éccssaires. Or, l'cxccption non ltdi111JJ!eli co1ilrc1cl11s
!illl)l)OSC sir1111len1enl lles olJlig·atil)llS 111e111e 11011 lic111itles, 111e1ne d'1111e 11al11rc
llill't'·re11le, 111ais c1ui se raltacl1cr1l i1 u11c 111e111e o¡li'•ralio11 el oll're11l 1111 carac-
t<'.·rl' <le corrt'·lalio11.
l.'1>l>ligalio11 el'er1lrelie11 elu IJr111lriélaire csl li111ilée i1 lleux t'.·garcls:
1° l,a loi 111cl a la cl1argc llu ¡Jrc11eur cerlai11es réparalio11s, cclles qt1'1)Il
aJ>})ellc locc1lil'es (art. 1¡20, al. '.l, i1tji11c).
:iº Le liailleur csl lc1111 tic ré¡Jarer, 111ais 110n de ref11ire, <le reco11slruire,

l1>rs<¡11c la cl1ose a élt': JICl'll11e, c'esl-i1-tlirc clélr11ile (ii 111c>ins que ce 11c soil
11ar s<111 fail).

Risque du contrat.-- ,\ <¡ui i11c<>111!Je le ris1111e lle la rl1cisc Jouéc ~ Disli11-


g11tJ11s it cel <'•gar<l enlre la¡1erle lolr1/,: el la ¡ierle ¡111rlielft·. ll csl lJie11 e11lencl11
(\'aill<"urs <111'il ¡1<\11l y a,oir JJe1·te san:; r¡11'il y ail <leslruclion 111ali'·rielle; il
suflil 1111'il y ail i1111iossiliilité cl'en11il1)y<'r la cll<>Se 1'1 l'usage 11011r lec¡uel elle
1
,1 c'·tt': <lcsli11ée. ,\insi, 1~ cléclasse111e11l ll'1111e ro11le s11r la1111elle es! situi':e 1111e

..

LIVRE II. - TITRE II. - '
DEUXIE~IE PARTIE. - CIIAPITRE PREMIER

aulJerge dor1t l'acl1ala11dage se trouve par la supprimé, éqt1ivaut a la pertc


Lotale de l'auberg·c. De 111e111e, la n1ise en inlerdit par la co111n1issio11 des
log·ements insalubres, de cerlaines parties de la 111aison louée,confor111é111enl
a la loi du 15 février 1902, est une perte parlielle. De 111e111e e11core, le dé-
cret d11 13 septen1bre 1870 qui, en raison ele la guerre, a fermé la cl1asse, a
entrainé la perle partielle, par un fait inciépe11da11t de la volonté d11 bail-
leur, des cl1asses lot1ées a11Lérieure111er1l .

1\. - S11pposons d'abord c1u'il y a eu perle tola/e, c'est-á-ciire in1possilJi-


lilé de jo11issance pour le prer1eur, par un fait i11dépenda11t ele la volo11Lé dt1
bailleur. L'article 1722 nous dit (i,i p1·i11c.) que le bail est alors résilié ele
plei,i c!,·oil. Celte solulio11 n1et les risques de la cl1ose et la charge du bailleiir . .
C'est l'application du Droit commun. Dans un co11Lrat S)'Itallagmatique (en
dehors des contrats translatifs de droits réels pour lesquels l'article I r38
déroge au principe), les risques sont ¡1our le 1lél>ile11r, c11 ce se11s que, s'il cst
mis dans l'impossibiliLé d'cxéculer son olJligatio11, il r1'a plus le droil
d'exig·er ce qui lui esl dt1 (V. p. 130).
Or1 rer11arquera que l'arlicle 1722 s11p¡1ose u11e ¡Jerle JJar cas forluil. i\Iais
la juris¡Jrude11ce i11Lrod11it ici eles dislinctions qui r1ous paraissent ran1e11er
la portée de la reg·le ;1 l'l1y1Jotl1ese de la force mctjeure se11len1e11t, en
donnant i1 ce ter111e le sens c¡11e nous croyo11s le sien, c'est-a-dire cel11i d'un
obstctcle absolit, par opposilion au cas fortui l, obsiacle relatif do11t 1111e vo-
lonté n1ie11x ot1tillée aurait 1111 trion1pl1er. Not1s trou,,ons la for111ule 111e111e
de cetle distinctior1 da11s ur1 j11ge111cnt du tribunal ele la Seine d11 20 se1Jle111-
bre 1871 (D. IJ. 72.3.56) déboutant de sa de111a11de de résiliation un loca-
Laire qui alléguait 11'avoir pu re11trer it Paris, it raiso11 d11 siege, po11r occu-
per les lieux louós. L'i111possil)ilité de jo11ir tles lie11x lo11és, cl'a¡Jres ce
jugen1ent, n'est pas 11ne ca11se de résiliatio11 lorsqu'clle rés11lte, 11011 cl'u11
fait donl le caraclcre tle gé11éraliLé créerail e11 faveur ele tous u11 o/;slcicle
aósol11, 111ais d'u11e sit11alion partictrliere et ¡icrson11elle it celui c¡11i préle11el
s'e11 prévaloir. De 111en1c, apres 0 la llévolution ele 1830, la l,iste civile v,iulut
faire pror1oncer la rt'·silialio11 cl11 IJail eles locaux. c¡u'elle avait lo11és ¡><>11r ·
eles besoi11s q11e la llévol11Lio11 avait SU}J}Jri111és. La Cour ele I>aris rcfusa
cetle résiliali1J11 (l>aris, ,:{ 111ars 183:1, D.,/, (;. f.,011r15¡e, 21:>., S. :3:1.·1..:l:{,J).
Aprt'~s la gucrre ele 187<J, la 1r1e111e C1i11r a refust'~ <le résilier le Lail ,1·1111
, in1111eublc situé sur le Lerriloire 1l'1\lsacc-Lorrai11e, résiliation dc111andé,·
par 1111 locataire alsacic11-lorrai11 qui, ayant.ci¡ilt'~ 1>011r la 11ali1H1alité fr11111;::isc
et ayanl étc'· forct'~ cl'érnigrrr, se Lro11vait clans l'i111111n,sil,ilité cl'11ccu¡>PI' les
lie11x lo11t':s (l>aris, 3o clt'·ce111l,re 187:{, 1). ]>. 7ii.5.27G, S. ¡4.:i.G¡).
Ji. - \ a-l-il perle si111¡1lr111c11L [><1rlicl/c,« le J>re11eur pc11L, s11i,a11l les cir-
co11sla11ccs, clc111a11cler 0111111c cli111i1111tio11 <111 JJrix 011 la r{·siliatio11 r111\111c du
]Jail )>, Cetle o¡>Liorr 11'a1>¡H1rtinr1t c¡11'it l11i. l,cs ex1Jressi<111s s1til•r111I l,·s cir-
co11.~lri11ccs i11dir111er1L qu'il y a 1H\a1111111i11s 1111c ccrlaine fac11lLé li'U})J>rt'·cia-
Lio11 pour le juge. ]~lle f)c11·leru sur le ¡1oi11L <le sav<)Ír si la cli111i1111tio11
rés11lla11t ,le la perle ¡1rt'·se11te 1111e i1111Hirta11ce s11ffisa11le 110111· c¡11'elle 1lc1ive
· elro J)rise e11 co11sitlératio11.
Obligation de garantie. - J,e liaille11r 1lc)il •gara11Lir le J>rnnc11r :
LE LOUAGE DE CHOSES

1º contre les ,·ices de la cl1ose ; 2° contre le trouble apporté it sa jouissance.


1° Les vices dont le l)aillet1r doit la garantie sont ce11x c¡ui err1¡iechenl la
cl1ose de servir it l'usag·e ¡)011r lequel elle est clcsti11ée I arl. 1 1 '.! 1 ). IJar exe1n-
l)le, 11n apparte111ent est i11festé de pt111aises ; ur1e loge de ll1é,ttre contie11t
u11e place sur quatre, d'ou il est i111possible de ríen aperce,oir sur la scene ;
ies cl1en1i11ées d'un a1}1}artement. sont conslruites ele !elle sorte que lors-
c¡11'011 ). ir1troduit eles ap1}areils ele cl1a11ll'ag·e it co111!Juslior1 le11te, elles déga-
ge11t des ér11anations déléleres. L'article 1721 porte qt1e le }¡ailleur doil
gara11lir le prene11r co11lrc ces ,ices, q11ancl n1en1e il ne les aurait pas conn11s
lors <lu bail. l\Iais il ne nous <lit pas en qt1oi consiste la gara11tie, sa11s
cloule parce que, elans la pensée du législateur, il faut appliquer ici les sol11-
tions du Droit co111111un en matiere ele gara11tie, c'est-i\.dire que le preneur
¡1eut eler11ar1der la résiliatio1i d11 bail, si la cl1ose est to11t i1 fait in1pro¡)re ¡\
1·11sage, et 11ne réductio1i c/11 foyer, si le vice allég11é ne fait que climinuer sa
,ale11r el'11lilisation;
On re111arquera c¡11' en 0111.re de cette sanctio11, le baille11r est ten u de do111-
111ages-intérels cn,•ers le ¡)reneur,si les défauts de la cl1ose lui ont occasionn<'·
c¡uelc¡t1e perte (art. 17:i r, al. :i), et cela quand bien n1erne le lJailleur aurait
été ele IJcH111e foi, c'est-i\-clire aurait ignoré le vice de la cl1ose en la donnant
it bail. ,\n co11traire, 011 matiere de vente, le vendeur, garant eles Yices, n'est
· · tc1111 Je dl)mn1ages-i11térets que s'il les a connus (art. 1G!15, 1G46). ll est dif-
ficile de donner ele bon11es raisons de cette di ll'érence, consacrée at1jourd'l111 i
dél1nitive111cnt par la j11ris1Jrude11ce (l\ec1., 23 j11ir1 187!1, S. 75. 1. 120).
Nat11rellement, la garar1tie des ,·ices ¡Jeut ctre écartée par la con,·entio11
co11traire. Et il )' a exclusior1 tacitc lorsc¡ue les vices résulte11t de la situatio11
naturclle ele la cl1ose q11c le ¡Jrene11r n'a pas pu ig·norer. Par exen1ple, le
locatairc <l'un appartcrr1ent situ<'· sur 1111 qt1ai 11e sa11rait se plainclre si ses
caves sont inondées e11 cas de crue du lle11ve. I~r1 reva11cl1e, nous 11e croyo11s
pas c111'il y ait forcémcnt exclusion i111plicite de la garantie, lorsque le vice
étant lot1t accide11tel, a étó, e11 fait, co11nu <lu prene11r; en ell'et, cel11i-ci . 1
,,
a
JJouvait, en louant, s'attendre ce <¡11e le lJaillc11r fil disparaitre ce ,ice.
1º J,a garar1t.iP co11lrP le troiible cci111¡Jrencl ¡Jlusieurs l1ypotl1t)ses:

,\.. - Le l)aillc11r cst cl'ab<1rd garant <Ir son. friil ¡1erso1inel, aussi IJien cl11
lrotthle 1/e fait <111e d11 t.rci11JJ)e ele llroil r¡11'il com1nettrait contre la jouis-
sa11ce cl11 Jlrene11r. 11 y a 11ne applicatio11 ele celtr i<lér clans l'articlc 11 '.1:{,
uú ll(JIIS lisorts que (( le )Jaillc~11r 11n ¡ie11t, penclant la d11réc du liail, cl1angcr
la l'rirr11e cll' la cl1osc l011ée ». I>as pl11s e¡11c la fcJr111e n1atériellc, le liaille11r
ne 11c>urrait cl1anger la elesti11atio11. :\insi, le )Jaillcur <¡11i a lou<\ bo11rgeoise-
111e11l. n'n11rait ¡1as le clroit, si Je locatair<J el'11r1e 1iartie de l'i111111et1IJle s'J
llJl[JOSP, ele consacrer l'a11lrc partie ¿\ 11ne locatio11 i11clustrielle 011 co111111crciale
(l'aris, !> juillel 1910, S. 1nr 1.'..l,'..I 111). De 111c1ne, le ¡Jropriótaire n'a11rait pas
le droit cl'installer 1\ c<\té cl11 lcicataire 1111e expl<Jitatici11 g<'11a11lc 011 in1mo-
ralc, ni <lo fairc ceH1currc11ce ;'i l'i11el11strie cl11 pre11curc1.1 cxploila11!. lui-r11<1111r
<>11 e11 faisa11L rxpl<>ilrr :\ so11 1irolil 1111c i11<l11slrie rivalc <lll sin1ilairc (llec¡.,
:18 oclul>r<! 189:>, )). )l.!)º· r .!ic>o, S. \16. 1 .'..lg:1). ()11<111t a11 clroiL ele lo11er 1111
a
local voisin 11n cor1c11rrenL clu locatairc, 011 eloit rl<'~ci<ler q11e le IJailleur le

LIVRE II. - TITRE II. - '


OEUXIE)IE PAI\TIE - CIIAPITRE l'RE)JJEI\

pcrcl uniquc111er1l cla11s le cas 01'1 une clausc spécialc du )Jail (tres fréq11cnlc
en fail) le lui i11lcrdit, et da11s celui 01'1 celle con1n1unc i11lentio11 tles partic,.;
ressort eles circo11slances.
La 1)rol1il)ition faite au liailleur de troubler la jouissancc cl11 })reneur, soil
en fait, soil en clroil, co111porle cependant eles li111ites. L'obligalion d11 bail-
leur ne pe11l le co11lrainelrc á laisscr clépérir la c\1ose lo11ée. ,\.ussi, l'arli-
a
cle 172!1 clécicle-t-il que les réJJa1·atio1is iirge,iles faire it l'i111111eul)le elcvro11L
elre souffertes par le prcneur, c¡11elq11c i11co111111oclité qu'clles l11i ca11se11l,
po11rru qu'elles 11'e11lrai11ent qt1'1111e perle ele jo11issa11ce parlielle et clure11t
111oi11s ele 4o jours. Le l)reneur n'aura le droit de dc111a11dcr la r1\silialio11 que
danscleux cas: si la privation dejouissa11ce est tolale; si les ré¡Jarations so11t
de lelle nature qu'elles rcnclent inl1abita!Jle ce c1ui est r11;cessaire au logen1e11l
elu prer1eur et ele sa far11ille (art. 17:>.!1, al. 3). E11 outrc, lorsquc les répara-
tio1i s urgen les elé¡iassen l !10 jo11 rs, il pe111 ex iger 11 ne el i 111 in 11 lio11 ele loycrs ¡J ro-
¡)orlion nelle a11 le1111Js el i1 la ¡)arlie ele la c\1oseclo11lil aélé Jlrivé 1arl. 172!1,
al. 2). ,\jo11lo11s c111c l'arlicle 17·14 ,isc les ré¡)aratio1is et 11on lcs llé111olilio11s
011 réfeclions. :\insi, le IJailleur ne ¡Jourrail, sa11s s'cx¡1oser i1 la résiliation,
tro11lilcr la jouissa11cc clu localairc e11 s11rélcvant la n1aiso11 cl'u11 étage (Cf'.
Uortleaux, 2G j11illct 1831, S. !14.2.79 c11 note).
B. - Lorsqu'il s'agil d11 troul)le 1•e11a11l cl'u11 tiers. la loi (art. 1¡23, 172G,
, 727) rcprc11cl ici la clisti11ctio11, cl<'-jit re11conlréc c11 111alierc ele Yc11tc, clu
/rouble lle Jail et cl11 t1·011ble ele (Íroil. Le IJaille11r 11e doil ¡1as la gara11tie d11
tro11ble ele _Jail: c'c:-t a11 })rc11c11r it le f'aire cesser lui-111<~111c. \.u co11lraire,
gara11lic csl cl11e clu troithle ele clroil, pour,u que le ¡Jrene11r ail cu soi11 de le
déno11cer er1 tc111¡)s utilc a11 }Jaillcur. Celui-ci clcvra alors, suiYant les cas,
¡)re11tlrc fait el cause ¡1our le ¡)rc11c11r, el, si l'éyictio11 11c ¡)cut elrc évil<'·c,
l'i11clc11111iscr. ()11 a ¡Jarfciis ¡irt'~Lc11clu r¡nc le lroulJlc causé ¡iar 1111 (tele c1cl111i-
1iistr11tif, 11ota111111c11t par l'cx1·cntio11 cl'1111 travail p11IJlic,tel c1uc l'cxl1a11ssc-
111e11l cl'u11c r11c, clc,ail elre assi111iló it u11 lroublc ele fait, et r1uc, des lors,
aucu11e i11tlc111nilé corres¡)o11cla11le it la di111i11ulio11 ele jouissa11cc 11c serait
tlue par le }Jaillc11r. ,'\011s croyo11s cclte o¡Ji11io11 crro11<\c. un acle atl111i11is-
tralil' rt'.·gulicr 11·est ¡ia:-; 1c1ie l'uie ele fltil, 1 c'cst 1111 fait du ¡1ri11cc, u11 rus ele
/urce 111aje11re. Ce 11'est <lcHIC ¡)as l'arliclc 172:i <¡11'il y a lic11 cl'a¡1¡Jli<1ncr,
111ais l'arlicle 1¡21,ct ce lcxlc, 011 l'a ,11, ÍIIIJH)Se la rcs¡1onsa!Jilité <le la force
111ajeure a11 ¡1ro¡1rit'·taire (\'. ]>aris, 3rJ el1·cc111lJre l!)O!¡, s1H1s l\c1¡., 1:-i ja11,icr
I !)00, )). 11• 1 !)OO. I .:!79).
11 fa11l 111eltre ú ¡>art le cas r,ú le lro11lile rt'·s11lle <l'n11c <'.1:¡iro¡iri11tio11 ¡1011r
cause el'utililé ¡i11lJli<111c. JI rt'·s11lle el<'s articlcs 21, 2:{, :i!J tlc la loi d11 3 111ai
!(111
L'l <111e, t1a11,.; ce cas, 1111e .111< Ie111111lc
• ' s¡>ec1a
' . Ie csl Y<'rscc ' a11x })rc11cnrs.
Le J)l'l)J>riélairc csl tc1111 ele l<'s f'airc co1111aitre ú l'ad111i11istraticu11lans la
l1uitai11c tic la 11cililicalio11 ú lui atlrcsséc clu j11g-e111c11t cl'<•x¡1r1>J>rialio11.
l<'a11lc ele cclle <lt'•11011cialir>11, il reslerail scul l"l'S)lOIISalilc du lr<i11lilc 1•11
face el u ¡1rc11eu r <'·, i uct'· .

~ :1. - Oltll~11tlo ■1H 1111 ¡t1•e11e111•.

Elles son! au 110111l>re <le cin<¡: 1° liser correct<·111r•11t <le la cl11ise; :i" t>a)el"
LE LOIJ,\GE DE CIIOSES

le loyer; 3" l•aire les r(•1Jaratio11s locatives; 4º llestituer la cl1ose i1 l'ex¡1ira-


tiou (lu contrat; 5° \ 1eiller asa conservation 11endant la durée clu Lail.
1° Obligation d'usercorrectement. - Iae ¡1reneurcloit(art. 1728, al. 1"'')
<< user de la cl1ose e11 bon pere de fa111illc, et suivant la destinati<)n q11i luí a
été donn<'e Jlar le bail, ou suivant celle ¡1rés111née d'apres les circonslances,
h dt'ft111t ele convenlion >>. II fa11t re¡1renclre les elill'(·rc11ts tern1es ele cette
forn111le.
D'alJord, le 1Jre11eur cloit llser (le la cl1ose. 11 ne doit ¡1as la laisser sa11s
c111¡Jloi, en fricl1e si c'est 1111e fer111e, i11exploitée si c'est 11n fonds ele co111-
merce. Er1 effet, cette abstention serait do111111ag·eable au llro¡Jriétaire. i\Ie1ne
s'il s'agit d'un a1Jpartement d'l1abitation, le prenet1r ne sera dis¡1e11só d'l1a-
biter q11e s'il justifie a,•oir pris les mesures propres po11r assurer la conser-
vation de l'i111n1euble en lJ011 c'•t;::.t (Jlaris, 28 aout 1873, D.l>. 7!,.2. 159, S.7.1.
2.:i5G).
lae ¡Jreneur doit user et jo11ir en bo1i JJere de fa111illc, c'est-i1-dire sar1s (lé-
g·rader la cl1ose, sans troulJler la tranc¡11illi t(, des voisi11s ¡iar eles i nstalla-
tions insolites, dangcrc11ses, inco1n111odcs. ,\ cet égard, il )' a lie11 ele le11ir
com ¡1te eles éJJOCJ ues et d' a¡>¡1liquer le cri tt'·ri un1 ele la norn1ali té. 'fe lle i 11s-
talla tion, celle d11 gaz acétyll'Ile, ¡>ar exe1111Jle, qui pou,·ait paraitre a11orn1ale
at1 délJ11t, cessera ele l'etre et deviendra licite ¡io11r le locataire, it partir 1lt1
'
mon1ent oi'1 ce ¡Jrocódé d'éclairage aura acquis les ¡Jerfectionne111or1ts et les
gara11Lies ele st'·c11rité nécessaircs.
Le pre11et1r (loi t u ser de la e hose siiiva,it sa clcsti,1alio11, tell e q11' elle ré-
s11lle cl11 bail ou des circonstances, par exe111ple, s'a)Jste11ir d'exploiler u11
con1n1erce ou 1111e inclustrie dar1s t111 local loué )Jourgeoisc1ne11t Cl1an1béry.
:ig eléccn1JJre 1908, D. P. 191:i.2.17G,1. 011 ne sa11rait ici rcla_tcrles 11111lliples
applications du pri11cipe qu'or1 renco11tre e11 jurisprueler1ce. \'oici une
~spece i11téressante. Y a-t-il eu jouissance ele la cl1ose suiYant sa elesLinatio11.
torsq11e le localaire d'11ne cl1aml)re dans u9 l1t\tel 111e11blé s'y est fait soi-
gncr d'une 111alaelie contagie11se <Ju y est 111ort ~ 11 ne s'agit pas el'exar11i11er
le Jloinl 1le savoir si l'expt1lsio11 elt1 r11alacle serait possilJlc; it cel ógarll. la
,
(111cslio11 de elroit se co1111Jlic¡11e ll'11nc qt1estion cl'l1u111anité. l\lais le voya-
geur sera-L-il forcé, l11i 011 sa fa111ille, ele Jlaycr lles clo1111r1ag<'s-i11Lérels lt
l'h<',tel, 011 raisei11 el11 ¡Jrt'ü11dicc causé par la malaelie ou par la n101·t (óloigr1c-
111c11t de la clic11t(\Jc, 111csurcs ele 1lésinl'cclicl11, etc .. ) :1 I,a j11ris¡Jrude11ce
·1Jarait ctJntradictoirc (\'. JHlle ele ;\l. ]3tiislel sous D. J>. gG.2.:{ 110). No11s
0

-croyons c¡11'il fa11t distinguer. 1~11 gér1éral, ce 11'cst JJas uscr ll 1111c cl1arnl1rc
1l'h<'1lel suivant sa elcsti11ali1J11 que el'aller y soigner 1111e 111aladic co11tagie11se
011 y 111011rir. (:eJlCD<lant, la s1il11Lio11 c<>nlraire el(ivrail 1'\lrc adn·,ise, s'il s'a-
gissail ll'ur1 l1t)lcl inslallé co111111c scirtaloritl111, 011 sir111ilc111e11t ll'111111{\tel cx-
·J>lcJilt''. clans 11110 rt'•gieJ11 <Jni, 11ar sa situali<lll cli1r1att'iric¡11c,allire les t'·grota11l:3.
1,a sanclic11t ele cellc tlrcn1it'\re oliligation cl11 ¡1rer1e111' csl i11diq11éc ¡>ar l'ar-
licle 17'.l\)· c:·csl, er1 cas ll'alJIIS ele j<Jtiissa11cc cl11 l>I'CIÍc11r, la fac11ltó, IH)lll'
le l1aill<\lll', ele faire rt'·silicr le IJail, el, a11 liesoi11, 1lc clc111a111lcr llcs 1lo1111r1a-
gcs-int(•r(~ls. l\lais ici 11011s J'c11cr)r1lr1lr1s elc11x CJt1estio11s.
1\. - l,'arliclt\ 17'..!!) c<111tic11l-il 11nc sancti,111 spt'•ciale, 011 c-;t-il, co111111c j
'1'0111e 11 3\
,

530 LlYllE II. - TlTllE 11. - '


DEUXIE,IE PAllTIE. - CIIAPITHE PRE,IIER

11ous le croyo11s, u11e si111ple a11plicatio11 du {)ri11ci¡1e de l'article 1184 sur


la rés(Jlulior1 des contrats par l'elfet de l'ir1exécution de la part de l'un des
co11traclants? Voici l'intéret de la question, Si l'article 1729 n'est qu'u11e
ap1llicalio11 de l'article 118!i, les j11ges saisis d'une cler11anele de r<'·siliation
a11ront la facultt'., d'accorder des délais au ¡Jrer1eur, po11r l11i ¡1ern1ettre de
faire cesser l'abus elont se 11lái11t le bailleur; ele ¡Jl11s, le fail d'a,oir fail
L'rsser cet ab11s au co11rs d11 11roces sera, e11 ¡1ri11ci¡Jc, satisfactoirc et 111ettra
ol1stacle ¡\ la résiliation. Ces solutio11s si raisonna!Jlcs 011t cependant été
re¡Jo11ss<'•es ¡1ar la Cour de cassalio11 da11s l'es11ecc suivante. Un locatairc
, co11servant cl1ez lui u11 aliéné, le propriétairc den1anda la résiliatior1 du bail
e11 in,·oqua11t l'arlicle 1729. La localaire s'en1pressa alors cl'éloigncr l'alié11é. ·
Cc¡Je11dant la résiliation f11t pro11oncée ! (lleq., 23 a,·ril 1898, D. ll. 98.r.
507). Solutio11 bien sévere et q11i ferait t\vide111mer1t de la regle ele l'arli-

clr 1¡-:>.9 1111e sa11ctio11 lo11le srJéciale !
B. - L'article 1729 regle les rap¡1orts du propriétaire el clu localairc.
i\Iais les tiers e1ui so11lfrcnl eles alJtls tle jo11issance auror1t-ils, po11r les faire
cesser, aclio11 co11lre le baille11r, co11tre le 11rcneur,011 co11tre les eleux? Dis-
ting·uor1s. Si ce s011t d'aulrcs locataircs <111i sonl lroulJlés ela11s le11r jouis-
sa11ce par l'abus c¡ue le prcne11r l'ait de la sie11ne, ils ont h s'adresser au
propriétaire con1111u11 c,r.
llaris, 14 111ai 1903, D. P. 1908.2.383, 8. 190G.2.
1G1). Si c'esl u11 étranger, u11 si111ple voisin, il 11e peut e1u'i11voe¡uer clircc-
te111cnt les arlicles 1382-1383 conlre l'a11lcur elu tlo111111agc ¡Jar lui sulJi,
c'cst-i1-clire. co11trc le ¡Jrenc11r, el aussi conlre le baillcur, si c'est cl'accorcl
avec lui que l'cx¡Jloitation gc11a11te eles lieux lo11és a été installée par le ¡Jrc-
11eur ('l'rilJ. Sei11e, 17 féyi·ier 1910, D. P. 1910.2.358). ·

Sous-location et cession de bail. - l•:11 g(\11éral. c'esl fairc ele la cl1osc


louée 1111 usagc r1or111al et licite c111c ele la so1is-lo11er. Le pre11e11r a done, e11
¡1ri11ci11c, la facult<'· de se faire :\ so11 lo11r localor, el ele tlon11er it bail it 11n
licrs, a111Jnli'· so11s-locnlllire 011 so1ts-pre1te111·. Da11s ce cas, le prcnc11r sous-
lo11a11l cst so11vc11l. c¡11alifié ele localaire ¡iri11ci¡1al. 1,'arliclc 1717 co11sacrc
ccltc faculté c¡ui ne ¡ic11t t~ll'c rcl'uséc a11 ¡11"c11c11r q11e 111oyc1111a11l 1111e cla11sP
for111cllc tl11 l1ail, lac111cllc serait al(Jl'S el(·) rig11cur (sauf c11 cas tlü faillitc,
,,. arl. fi:io, li al., C. co111.). :\lais ccltc faculté tic sous-locatio11 clo11nc lie11
0

il lJea11co11¡1 ele c¡ucsli(JJIS el ele cliflicullés.


l)'a!Jtlrel, l'arliclr 1¡17 tl(JIIS clil que lP ¡1rcll()lll' 11c11t so11s-/011er el 11H':111c
cé(ler so1t úail. !,es llct1x t1¡H\ralio11s ai11si vis{•cs S(111l-ellcs llisli11clcs :1 Nous
le Cl'OY(JIIS. Ccrlcs, cla11s !Jca11c(1111i llecas, les ¡1arlics c111¡1lc1icro11l, en 11ra-
tic¡11e, i11tlifl'ére111111cnl. 1111c Px¡1rcssio11 (HJIII" l'a11tre. l,n 111t1l (!e ccssion tlP
uail sig11i(ic1·a souvc11l, cla11s lcur i11lc11lio11, 1111e si11111lc so11s-l1¡catio11. l)ans
cecas évillc111111c11l, le cti11Lral tlnYra t'-lrc enYisag{•,11011 cl'a¡Jrt'.S son «'·lic¡11cllc,
111ais cl'a¡1rcs st111 co11tc1111 rérl. ~lais les i11Lér1\ssi'.s 'JH)Uve11l, a11 liti11 1l'1111P
sous-locali(JII, c11le111lrc r«'•ali,;cr la ccssi(Jll ll(\ la cróa11ce 1111 })l"t11H!llr C(Jl1lrc
le l>aillcur.Ccllc o¡uiralÍllll p:,;l i'•vitle1111111\11t licilt~.(~t>111111<'11l !()Sj11g1\S sauront-
ils s'ils se lrtlll\'<'111. Pll fal'(' tl'1111c S(111s-locutio11 011 tl'1111c ccssit>ll tic liail :1 <:'ti:-1
la 11ll ¡>oi11l rc111is Ú leur illl(.'l"{ll'l'laliou ::iüllYerainc. c:ito11s. ¡>al'llli les intlic!'S
LE LOUAGE DE CHOSES 53,
lle l'inte11Lio11 des parties, ceux qu'o11 peut tirer du n1ode ele détern1ination
du prix de la cessio11 : en g·é11éral, un prix versé en une fois indique 11ne ces-
sio11 ele hail. un ¡1rix a verser par annuités, une so11s-location. Quar1t aux
difl'ére11ces suivar1les q11i doivent et.re signalées entre les ele11x 011éralio11s,
cessio11 de l)ail, sous-location, elles tien11ent toutes a ceci que la cession de
)Jail est une ve,ile, la sous-location 1111 louagc.
1 º J,a cession de bail, en tant que cession de créa11ce, est s011111ise aux for-

111ali tés ele l 'article 1690. Er1 revancl1e, la sous-loca tion cst seule soun1ise
aux regles ele preu,·e s1Jéciales des articles 1715 et 1716.
2º En cas de sous-location, les clauses des deux })aux ¡Jeuvent etre diffé-

rentes. En cas ele cession de bail, au contraire, le cessionnaire ne peut a,·oir


eles droits 111oindres ni pl11s étendus q11e ceux d11 pre11eur, son cédant.
3° Le pri,ilóge de l'article 2102 s11r le 1nolJilier qui garnit la n1aison ou la
ferrr1e arJ¡1artienl au locatairc 11ri11cipal pour assurer le paier11enl elu loyer
par le sous-locataire; il 11'appartient 1Jas a11 contraire au preneur qui a cédé
s011 clroil au bail.
(1° La cessio11 de IJail 11e peut porter que sur la totalité de la cl1ose. ,\11
contraire, la so11s-location peut etre soit totale, soit ¡Jartielle.

Rapports du sous-preneur et du propriétaire. Question de 1·action


direote. - Jusc111'á pr1\sent, nous ne nous som1nes attacl1és. q11'a11x ra1J-
JJorts d11 ¡1reneur avec l'occu11ant, cessio11naire ou sous-locataire, q11'il se
s11lJslitue. l\lais q11e décider JJour les rapports entre cet occupa11t et le pro-
priétaire ~ En définilive, un lien de droit existe toujours e11tre eux 11ar
ce fait q11e le sous-preneur occupe un local ap11artcnant a11 propri{·taire.
(Juelles sero11t les co11séc¡11enccs lle ce lie11 ele droit ~ Dislir1guo11s e11core
entre la cession de }Jail et la sous-location.
r ° Cessio,i lle bail. - 1\. 1·e,2contre dlt JJl'opriélail'e, le cessionnaire acq11iert
certai11eme11t to11s les droits d11 prene11r prin1ilif, son céllant, ni plus, ni
'
111oins. lnverse111cnl, les exce11tions <Jtle le JJropriétaire a11rait ¡iu OJl11oser a11
¡>re11e11r sonl op¡>osal1les ele pla,io a11 cessio1111aire: c'est le clroit co111111u11
e11 111atierc lle cessio11 ele crt'•ance. J>ar exen1ple, si le ccssio11naire r{·cla1nc
1111e i11de11111it<) pourvice ele la cl1ose, il ¡>011rra se ,oír 0111ioser en c<)n1r>c11-
sation la créa11ce lle loyers arri<'•rés <l11s e11corc ¡>ar le ¡1rene11r, so11 c{·cla11L.
A l'c,icontl'e cltt cessio,iriai!'e,1e ¡>r<1pri{•lairc ex.ercc-L-il les llroils d'1111 Jiail-
lcur :1 J,a r111eslion 11e se ¡1ose" ras si Je J>ro11rii'•tairc csl inlcrvc1111 co111r11c ' ..
¡1a!'lin c<111tractanlc cl1111s la ccssici11 <le J¡ail <¡ni a sulislit111\ 1111 11ouvel occu-
¡1ant .'i so11 ¡1r<H1e11r ¡1ri111itif. Alors,le prci¡irii'·lairc esl cerlainer11ent créa11cier
(111 cPssio1111aire, en vertu <l·1111e 1lélé[¡alin11 /1 l11i co11sc11tie ¡iar le ¡irer1eur
¡1ri111ilil'. dt'·l{·gatio11 <fllÍ, s11iva11t les inténti(lflS eles J>arlics, clécl1arg·era ce
c\er11ier (1!/·l<'·galillll JHlrl'ail<') 011 rte le 1lt'·cl1argcra pas (dél1\galio11 i1111>arfaile)
el, 1la11s c<1 (lPr11ier cas, (l111111cra au Jlr<>¡irit'·tairc 1lc11x clt'•liitcurs an lieu cl·1111,
. '
~lais 111111s crriyons c¡11'il l'aut acctJr<i<'r an ¡>ro¡lrit'•lai1·n 1111e aclio11 llirecle co11-
ll'c 11: cnssi11n11airc, 1111\1110 s'il n'nsl ¡las i11lcrvcn11 dans le co11trat rle ces:-;io11
<le l)ail. l◄:11 se s11Lslit11a11L t111 anlre occ111la11l, e11 l11i c1'.tla11L sa créa11ce co11-
tre le liaillP11r, le cé(lanl e11te11d cerlai11e111e11t, /1 111oi11s <le r<'•ser,e ex¡ircssc - .-,

,.
LIVl\E 11. - TITRE 11, - '
DE[;XIE~IE P,\llTIE, - CIIAl'ITHE PRE~IIER

cr1 sc11s co11t1·airc, sti¡)ulcr c1ue le cessio1111aire ¡iaiera eloré11ava11l le Jlro-


priétaire direcle111e11t. C'est do11c l111e slÍJJlllalio,i JJ011r a1llrui c¡11i a rc11ell1
le 1)rOJ)riétaire créa11cier clu cessio1111aire clu l)ail (V. l)aris, :iG février 18 13.
D. l). 1 7.5.:i8 1 ; Req., 23 111ai 1870. D. 1). 12.1.90, S. 10.1.283).
2° Sous-localio,i. - :\ I'e11co11tre clu JJro¡;riétaire, le sous-locataire est-il
sulirogé aux droits du 1}re11eur, locataire pri11cipal ~ L'c>¡ii11io11 elo111i11anlc
répond négativc111cnt (\'. cep. Req., 31 j11illct 18 18, D. J. G. .• Cliose jlt-
gée, S.82).Nous croyo11s qu'au co11traire l'affir111ati·ve s'ir11¡Josc. (J11~cloit, da11s
les coulrats. su1)¡Jléer ce qui e11 est la suite 11or111ale. Or, en s011s-louant it u11
tiers, est-ce que le prencur ne doit pas etre considéré co1n111e aya11l e11te11du
lui cédcr ses elroits contre le propriélaire} D'ailleurs,l'intéret ele la q11estio11
· est n1ince. Le sous-locataire créa11cier cl11 locataire principal, peul exercer
la créance decelui-ci contre le bailleur c11 vertu de l'arliclc 11GG. Or, co1111ne
l'obligatio11 d11 ¡Jropriétairc f¡u'il i11voc1uc csl 1111c obligcllio,i ele Jairc, la-
c111ellc, 11ous l'avo11s vu, écl1a¡Jpe par sa 11alurc r11e111e au co11cours eles au-
tres créancicrs clu ¡irene11r,l'acti<Jn o)Jliq11c ele l'articlc 1166 ass11rcra a11 sous-
locataire cxacle111cr1t les 111e111cs ava11tages qu'u11e aclion elireclc. Il fauclrait
supposcr c1ue le sous-prcne11r c11.l ú récla111er 1111c incle11111ité en argent. par
exe111ple, ú raiso11 d'u11 vice ele la cl1osc, pour qu'il er1 fut autre111e11t.
I11versc111e11l, lt l'e1zco1zlre (/lt soiis-¡Jre,zeiir, le JJl'OJJl'iélaire a-t-il u11e aclio,i
di1·ecle 1 ? La question cst classiquc et llrele, depuis lo11gle111ps, a une vive
co11trovcrse. 011 suppose 11al11rellc111c11t e111'il r1'y a pas cu ele stip11l,1tio11
for111elle e11tre les parlies, et c1ue le ¡Jropriétaire n'cst pas i11lervc11u da11s la
sot1s-localio11. Locataire par exen11)lc cl'un ap¡Jarte111e11t ele G.ooo fra11cs, je
vo11s sous-louc, dans cct a¡lparle111cnl, lrois pieces pour 1 .ooo fra11cs. Quels
s011t les clroils cl11 pro¡)riélairc it volre <'garcl ~ 11 faul clislinguer:
1\. -- 011 pcul SlIJ}llOser cl'a)Jorcl c¡11c le ¡Jro1iriélaire i11voc111c les <lr<lils
d'un crér11zcier gcigisle ú l'c11co11lrc eles 111e11bles · ap¡¡ortés (!111zs les lieux
/01,és par le sous-pre11cur, n1cuulcs c1ui sonl éviclc1111r1e11t co111pris, avec
ccux cl11 localairc pri11ci¡1nl, cla11s le ¡irivilegc clu liaillcur (arl. :i 102-1 ''). 1,c
}Jro¡iri(lairc va-L-il pouvoir saisir le 111ollilicr clu scl11s-lclcalairc 1>011r la tola-
lité ele ce e111i lui csl cl1i 1>ar le localairc llri11ci¡1al :1 011i, rÓ¡}onclrait-011 cla11s
la rig11cur eles 1>rinci1ies, t':la11lclonr11'e l'inclivisilJililé clu clroil de gago. i\lais
cellc solulic>11 csl. liic11 elurc llOur le sc111s-localairc. \11ssi,11<Jlre ancic11 l)roil.,
clt.•s la sccc>nclc ri·elaclici11 <le la co11lu111e ele llaris (arl.. 1G:.1), i11lrocluisil-il_ici
ce lc111¡>{:ra111cnl cl'{•c¡11iló <fUC l<!s sous-1>rcnc11¡;s, 1111e fois pay{'. le 111011la11t ele
le11r sous-localicJn,11e 11ourraicnt vc>ir saisir lcur IIHJl>ilicr ¡>ar le pro¡iri{:Lairc
¡1011r le s11r11Ius ele la elel.lc du lc1cal.airc principal. Ce Lc111¡Jóra111e11t a éló
rc1irocluil ¡1ar l'arliclc 1¡5:1 el11 (:ocle civil,aux ler111cs cluc¡11cl « le so11s-loca-
lairc 11'csl le1111 e11vcrs le 11ro¡iriétairc c111c jus<1u',\ C<Jr1currc11cc cl11 prix ele sa
scJ11s-localio11 clci11l il 11c11l c~lrc <lól>ilcur <tlt 1no111e11l 1le lns<tisie >> (Cl'.arl. 8:.1c1,
C. ¡irc1c. civ.J .•\insi, les ¡>aic111culs l'ails ¡>ar le scH1s-lcJcalaire au l<>calairc

1>rir1ci¡>al le 1>roleger1l h d11c co11c11rrc11cc co11lrc l<Julc saisie ,le so11 111ollilicr.
'l'o11Lcfois;¡>o11r évilcr tics fraullcs, l'arliclc 1753 ne pcr111el ¡>as au sot1s-l<>-
1. V. Sol:1s, L'actio11 directe el l'i11terpr.J/atio11. des articles 1753, lilJ8, lllO-i, 'l'hiise
l'aris, 1914.
J.E I.OUAGE DE CIIOSES 533
calaire d'oJllloser a11 1)ropriétaire lle préte11d11s paie111enls fails 1Jar anti-
cipation, sa11f lorsr111'il }" a 11ne cla11se d11 IJail ou 11n 11sage local r111i 1)res-
crit ces paie111e11ts par a11lici¡Jation, et exe111pte ainsi les quitta11ces pro-
rluites de lo11l so11p<,'.l)n de coll11sion.
13. - ?!Jais, en del1ors de son action réelle lle créancier gagisle ¡lri, ilégié, 0

le llaille11r a-L-il, it lºencontre d11 so11s-localaire, 11ne actio,i perso1111elle rli-


recle, 011,a11 contraire, ne pc11t-il ag·ir fJ11'a11110111 ele s011 d1\Jlile11r, le locatairc
llri11ci1Jal, par l'action olJlic1ue ele l'arlicle r r66 :i La-lless11s la loi est 11111ctte.
I~t ,·oici les intt'·r1\ts de la r¡11estion.
a) Si le propri{·taire a 1111e action directe, il 1Jerce,·ra la totalilé d11 loJer
e1ue le s011s-locataire cloit au locataire principal, dans l'espece ci-dessus su1J-
posée, r .ooo fr. 1Jar exe111ple. S'il n'a r1ue l'action oblic¡11e de l'article r 166,
il devra sullir, da11s la saisie-arret 0,1 la saisie-exéculio11 a lar111elle il pro-
céclerai t pour to11cl1er ces , .ooo francs, le co11cours des a11lres créa11ciers
rlu localaire 1Jrincipal. En cl'autres ler111es, l'actio11 clirecte ér111i,a11t it do11-
11er a11 pro1Jriétairc 1111 ¡1ril'ilege s11r la créa11ce eles loJers d11 locataire 1Jrin-
cipal it l'encor1tre cl11 sous-locataire.
b) :\f1\me int{!r<\t si l'on s11ppose r111c, la partie s011s-lo11ée ayant t'·té ince11-
rliée, le so11s-localaire soit recleva]Jle, ,\ raison de ce fait, d'11ne indemnité
e11,·ers le locataire principal.
e) Si le 1Jro¡lri{~taire a u11e action direcle, le s011s-locataire 11e ¡Jo11rra
¡Jas lui 0¡1¡Joser les cxceptio11s q11'il a11rait conlre le locataire pi·i11ci¡)al, par '
exe111plc, les paien1cnts q11'il aurait faits it cclui-ci ..<\.11 contrairc, si le 1Jro-
pri1\taire 11'a q11e l'aclion ele l'articlc , 166, ces excc¡Jlions pourront l11i etre
opposees. '
0
1[) Si le pro1)ri{,taire est ar111i'· <l'1111 Litre ex.écut.oire, par ex.en1ple, ll 1111
llail a11ll1c11tir¡ue, il po11rra, i1 sup¡Joser qu'il ail 1111e aclio11 elirecle, procé-
<ler de JJ!a110 it l'cxéc11tion d11 sous-locataire, quand IJien n1en1e le contrat
ele sous-localion aurait étó passé par acle sous seing privé. Solution con-
traire, si le propriétaire est réel11il i1 l'action o!Jliq11e ele l'article 1 r66.
l\emarq11ons i111111écliate111e11t c111c, ele ces e¡uatrc i11t'érets, les deux pre-
111iers scn1l)lcnt ¡1oslulcr l'aclio11 <lircclc. 11 esl e11 cll'el cor1for111e it l'óquilé
<[llC le pro1)riótaire r1e s11llisse pas le co11co11rs <les a11trcs cr<'•a11ciers du lo-
cataire 1Jrir1cipal s11r le n1011la11l eles loyers 011 <le l'inelc111nité el'incendie due
¡>ar le sous-Iocalairc. Au conlraire, e11 ce r¡11i co11ccrne les dPux a11tres i11ló-
r1\Ls. l't'·q11ité et le l11111 sens 111ililente11 favr11r cl11 sysle111c lle l'action obliq11e.
· Mais la j11rispr11clcnce et 11ne IJ01111e l)arlie <le la <loclri11e sc111lilcnt 11e pas
clistir1gucr el aeln1ellre le sysli'i111e ele l'actio11 clirecle it lo11s les Jloinls de
vue (C:iv., ,:{ ja11vicr 18()?., J). Jl. !)'.!. , . :-io!), S.!)?.. r.8u. V. 11olc ele l\I. 1◄:s­
n1ei11, so11s S. 8!1,?..121), r¡11oi c111'il y ait ccrlai11s arr<\ts cliverge11ts 011 con-
tcinant dcsclistinr.lio11s(l\ec1., 8 novc111l)re 1882, 1).11 . 8:1.1.30:i, S. 8!,.,.333).
l,cs arg11n1er1ls i11Yor¡11ós sc>11l loin cl'ailleurs cl',\tre salisf'aisanls. Ainsi, 011
allt'·gue so11venl le tcxtc ele l'articln , ¡;>3, ot'i il cst dit .c1ue le ~011s-locataire
1•.~l le1111 cnvcrs le {Jl'fJJll'ÍÓlairc. ()11 oulJlic <¡uc cct article est reslriclif et 11011
c.rte11sif <l<)S clroits cl11 ¡irr>priótairn, 1111'il a Lrait ;\ l'aclio11 r/·ellc du pro-
11ri{•Lairr, 1•n la11I. <¡11e r.rt!a11cier gagisle, et 11011 ,\ so11 aclion ¡1crsonnclle.

'
534 LIVRE II, - 'rITRE II. - '
l)El-XIE~IE PARTIE, - CIIAPITRE PRE11IER

L'arlicle I í53 11ous ¡laraitrait J)lutl\tco11traire au syste111e de l'actio11 direcle.


Car il en résulte, nous l'avons v11, que le IJaille11r, n1eme lorsq11 'il se ¡lrésente
co111111e ·créancier J)ri,ilégié, pour saisir les n1eubles d11 sous locataire,
lleul se voir opposer les paien1e11ts faits par celui ci a11 loec'llaire ¡1rincipal.
Co111ment adn1ettre qu'il 11e lluisse se les voir o¡J¡loser, quand il agit co111111e
si111ple créancier personnel ~ l~L telle serail ce1Je11da11t la co11séq11e11ce 11{'.ces-
saire de l'action direcle.
! ()11a11t
'-
a11 lie11 lle droil résulta11t du fait <le l'oc-
C ll palion d11 local cl11 propriétaire par le sous-pre11eur, il csl llo11te11x fJ11'il
crée 11ne actio,i (!irecte at1 JJrofit clu propriétaire; car, en d{:fi11itive, le sous-
localairc, a11 regard du ¡lro¡Jriétairc, doit etrc considéré co111111e n'occ11pa11t
poi11t po11r so11 co1n¡1le, n1ais au 11on1 du preneur, comme pourraient le
faire des a111is, des enfants, des llo111estiques ele celui-ci. 1<:t c'est ]Jien ce qui
rés11lte de l'article r 73;:i, d'apres lequel c'est le prene11r qui esl tenu des
clégradations et des perles qui arrive11t par le fait des person11es de sa 111aiso11
011 ele ses sous-localaircs.
<)1111e llourrait, croyons-nous,juslifier les sol11tions désirablcs e11 celle 111a-
Li<'•re c¡u'c11 rccoura11t ú 1111 systen1c co11slr11it 11ag·t1ere par ?II. Labhé (11otc

s011s S. 76.2.329, Cf. l?ev. Critique, 1876, p. 571 et s.). II cor1sisle dire a
q11e, en verlu d'1111 principe général d'équité do11t la loi a fait ¡ll11sic11rs ap-
plicatio11s (loi d11 25 j11illel 18ur, étendant l'applicalior1 cl11 décrel cl11 2G }llu-
,·iose a11 11, loi clt1 l!J février 188~¡, art. 3. ele.), u11 créar1cier cloit avc)ir
privilege sur le 111011la11t des crt'·ances que son clt'•IJiteur n'a p11 acq11érir, a
l'e11co11lrc ¡]'u11 tiers, ¡¡ne gr,1ce ú 11ne avance par l11i faite 011 ú 11n ¡Jrt',j11dice
par lui su!Ji. Ce sysle111c a11rait ce grand a,-anlage ele 11c conserver que
les lle11x ¡Jre111il'.•rcs cons{:1¡11er1ces llu s}·ste111c de l'aclio11 clireclc, ccllcs
<¡11i nous onl partr raiso1111aJ¡Jcs el j11sles, it l'cxclusio11 des s11i,a11tcs, ccllcs
11ui 11011s se111IJ!c11t i11ad111issililes en t'•(¡11itt'·. ,rais la juris¡Jru<lc11ce s'csl lou-
jo11rs ref11sóc ú l'adr11cllre ¡iarce q11e, llil clic, il 11·y a pas lle llri,ill'.·ge sans
Lexlc. ~ot1s e11 rc1Jarlcr<J11s en t'·l11dia11t la 111aliere eles pri, ilcgcs sur les
111e11lilcs.

E:x.ception au principe de la liberté des sous-locations. - La fa-


c11 l 1é ¡Jour le sous-l,Jcalair1• lle so11s-l,n1er 1,u 1lc cé!ler so11 i>ail, cst cxcluP
<la11s ccrlai11es l1y¡J<JLl1i·scs.
1° 1~11 cas de bail (/ l'ofo1111r¡e ¡i11rli<1ire 011 ,\ Jlarlage 1lc fruils, l'articl11 17G3
¡¡orle 1¡11e lo ¡irc11011r 11c ¡i<'ul 11i s1)11s-lo11er 11i céclcr so11 )Jail, si la l'ac11ltt'·
ue lui c11 a t'~lt': cx¡irPssi'·1111)11I co11c{•¡l{•c ¡>ar le ccinlral. (~cla li1111l ú ce 1¡11c ce~
S!ll'lcs ele l>aux ¡Jarlici¡Je11l d1•s caract1\rcs 1le la socit'·L<'·. el c,1111¡Jorlc11t, lit\s
lors, 1111 cPrlai11 i11l11ilus ¡ierson:i:.
:i" l)ans L1>11lcs l<'s lc>cal ions i1 ¡>rix 1l'argn11l, la facullé 1lc sr111s-locatio11 011
<le !'!\SSÍ<Jll lle bail 1lis¡iarail ógale111cr1l 1111 c;1s 1lc co1iv1•11tio11 co11/1•aire <la11s
le 1,ail (arl. 1717). ljll<) cla11s<'1I<' en gr11rPJH't1(1\Lr,1,1hsu/11c ,,11 sP11lc1111·11L re-
lalil'c, c·esl-Ú-liire i1111~rllisa11L 1le s,111s-ln11<'r sa11s l'a11l1lrisali<lll ,111 ¡irliJ>rii'.-
laire, 011 ,\ cl'aulrcs (¡11'.'i 1111c ¡>('l'S<J1111c agr1\{,,1 ¡>ar luí. JJ'arliclc 1717 ajcJuln
!{lle celle !'lause esl <le 1·ir¡111•11r. <¿u'l'sl-ce <Jlle cela signill<' :l J)e11x cl1<JS<'S
'
e11 111e111e le111¡is.
LE LOU,\GE DE CIIOSES 535
'
D'aborel que tout ce qui 11'est pas i11lerdit par le contrat est per111is. ,\i11si,
la défer1se ele céclet· le liail 11'e111porte lJas 11écessaire111ent celle de so11s-
lo11er et vice versct. La eléfe11se de sous-louer le to11t n'interelit pas forcé111e11t
les s011s-locatio11s parlielles, et vice versa. Aux j11ges d'a¡J1)récier so11veraine-
111ent, le cas écl1éar1t, q11elle a été l'intention eles parties cor1lracla11les.
Dire q11e la cla11se d'exclusion ele la sous-location est de rigueur. cela
sig·11ifie er1 second lieu que les juges ne possi~dent pas e11 cette 1naliere ele
a
pouvoir 111odérateur. En cas cl'infractio11 la loi du co11tral, ils eloiYenl pro-
11oncer la résilialion du bail aYcc elcl111111ages-i11térets (Rec1., 2 févricr 1910,
D.11 . 1910.1.141). Et ceserait ,·ai11e111e11t que le preneur protesterait co11lre
- le refus du pro¡Jriétaire de consentir il une s011s-locatio11, en alléguant q11e
ce refus est inj11stifió. 11 se111lJle 111en1e que la forn1ule fi11ale ele l'arlicle 171 ¡ ,
n1ettrait obslacle ici it l'application de la tl1éorie de l' abiis d11 1/roil, en cas
cl'11sag·e capricie11x, de la part du IJailleur, de so11 droit ele refuser 1111 sous-
localaire. TI )' a lit 1111e sol11tio11 q11i, en pralic¡ue, 1Je11l a)Joutir parfois it
ele Yérita)Jles iniquitós. ,\11ssi, la loi du 12 février 1872, 111oelifianl l'ar-
licle ::i 102-1° du Code civil et l'article 550 d11 Code ele co111111erce, a-t-clle
clócidé e1u'en cas ele faillile la clause excl11sive ele la so11s-locatio11 ne 11e11t
etre opposée it la n1asse qui entretie11l le ]Jail. Dep11is. 1111e ¡Jro11ositio11 ele
loi de ~l. J. Tl1ierr)' (9 n1ars 1909) a été dé11osée á la Cl1a111bre en ,·ue ele
conlrai11dre, e11 cas de localion ineluslrielle ou co111n1erciale, le ¡JrOJJriétaire
11ui se serai t réscr,·é 11ne fac11lté d'agréer le sous-locataire, 11 •clon11er les
n1otifs ele so11 refus, et de co11férer a11x j11ges le 11ouvoir cl'ap11réciel' ces 1110-
tifs. On re111arquera q11'ici le Code ci,il alle111a11d (arl. ;i49 1 elo11ne a11 loca-
tairc do11t la de111a11de d'a11torisatio11, en v11e ele sous-louer, a élé repo11ssée
capricic11sc111e11l ¡Jar le IJaillcur, 11r1c faculté de rósiliation. . .
..j
2º Obligation de payer les loyers ou fermages. - Le preneur d1)it
¡iayer les loJers 011 fermages, en arge11l, 011 cr1 denrées s'il s'agit de colo11at
parliaire.aux tcr111cs fixés par le co11trat ou, 11 défaut, par l'usage (art. 1728, .j
al. :>.). 1
.
i
'
,\u prix ele la locatio11 s'ajo11te11I, ú litre d'accessoire, certai11es contrilJ11-
tio11s. lci eles <lislincli1J11s sonl r1ócessaires.
La co11lrib11lio1i j'o11ciere <'Sl i, la cl1arge <l11 ]1aille11r sa11f conve11tio11 con-
trai1·e. '1'011tefois, la loi el11 3 l'ri1r1aire an \'lf (art. 1!17) ¡Jer111et :\ l'Etat de la ,,'''
'' ··;
. ·¡
reco11vrer co11lrc le pre11c11r,sa111' reco11rs ele celui-ci cc)11lrc le l1aillc11r. No11s •
'
1
esli111011s de ¡Jl11s 1¡11e le 11rc11eur csl redeva!Jlc perso11nelle111cnt de l'i111pot ;¡
fo11cicr afl'ére11t aux coi1slr11cti1J11s ólevées par lui, ta11t 1111'il <'JI cst pro¡Jrié- j
'
.1
laire. •
.. '
1

L'in1pí,L <les ¡i11r/es el jii11clres cst ú la cl1arge du J)re11eur. Mais l'ael111i11is-


tratio11 JJcut en ¡1011rs11ivrc le rcco11vren1er1t co11tre le ]Jaille11r, sa11fle rccours
<le celui-ci ;\ l'<'•gard 1111 ¡ire111\lll' (L. 11 fri111airc a11 VII, arl. 1·1.).
1,a c1J11Lril111tio11 ¡1erso1111clle el rnobilierc:, la ¡1c1le11le, IJie11 1¡11c calculí•es •1
,1
<l'a1irt':s les loycrs, so11t it la cl1arge excl11sive 1l11 JJrc11e11r, et 11c 1ie11ve11l 1\tre
1·cc1,11,·rt'·es co11lrn le liaillcur.
!,es cl1argcs de ¡iolice el 1/e 11ille s011t gó11<'·rale111ent 111ises JJUr les baux a11
-co11111tn d11 ¡irc11c11r. :\lais le ¡,rc1¡1rit'ilaire P11 PSL res¡ionsa]Jle. La co11lrili11tion

--_ 1'
,
53G LIVRE 11. · - TITRE II. - DEUXIEME P,\.RTIE. - CHAPITRE PRE~IIEI\

elu lo11l ri l'égo11t 11c rcntrc pas da11s cclte catégoric ele cl1argcs ('l'rib. Srinc.
22 111ai 1901, D. I). 1902.2.102).

· 3° Obligation de faire les réparations dites locatives. - Le 1Jrcneur


doit fai1 e les ré1Jarations locatives ou ele 111e1111 e11trelie11. Quelles so11t ce,-; ré-
paratio11,- ~ 11 faut ici distingt1er. En ce qt1i concer11e lrs IJat1x il fern1e, la loi
csl 1n11clle: c'est done exclusi, e111e11t l.'11sage qt1i 1léter111ine les ré1iaratio11s
0

n1iscs /1 la cl1arge du fern1ier.Er1 ce qui co11cer11c les lJa11x des 111aisons,la loi
¡Jroccele ¡iar é1111n1ération (art. 175!,). ~Iais, nat11rclle111ent, la convenlio11 ou
n1e111c l'usage ¡Jeut n1odifier l'étcr1el11e ele l'obligatio11 cl11 prc11eur. Si
l'on ra1J1irocl1c la elis1Josition ele l'article 175!1 ele cellcs qui eléter111incnt les
réparalions n1ises ii la cl1arge d'un tisufruitier (art. 605, Go6), on ,·oit c¡11e la·
loi exige IJeat1coup 111oins elt1 locataire que ele l'usufruitier. C'est JJOurquoi
nous avons qualifié de réparations de rne,111 eritrelieri cellcs elor1t esl te11u
le pre11e11r, par opposi tion ii celles de r¡ros e11frelie11 elo11 t csl ten11, e11 lllus,
l'usufr11itier (Y. to111e l"··, p. H,, ).
011 11e11t se elen1an1ler sur qt1oi se fonélc l'olJligatio11 ele Sllllllorler les
réparatio11s ele n1ent1 entretien i1111Josée,- ¡Jar la loi au 1>re11e11r, étant
do11né q11e l'olJligatio11 cl'e11lrctenir la cl1ose ¡J1~se, 11011 sur l11i. 111ais s11r le
bailleur ~ 11 ne fat1t pas l1ésiter it ré¡Jo11clrc que c'est sur cette ¡1ré.~oniption
que les clégraclatio11s e1t1i 11écessilent les travaux ele réfection,011t étó ca11sées
pctr le foil elt1 ¡Jre11e11r. La ¡Jrc11ve, c'est e111e, cl'a¡Jrcs l'arlicle 175!1, les pa-
,.-és el carrcat1x eles cl1a111JJres 1loive11t 1~lrc re111¡)lacés J)ar le Iocataire se11le-
n1enf s'ils O\Jl óté cassés en })artie. S'ils ont été 1011s brisés, la réparatio11
incorr1l>c at1 ¡Jropriótaire. J)o11rquoi cette distinctio11, sino11 ¡Jarce q11e, ela11s
ce cler11ier cas, 011 11c pe11t présu111er 1111'il y a faute el11 Iocalaire ~ Ce ne
lleul clre 1¡11'11n évé11e111e11t cxlt•rie11r, forl11il, qui a ca11s1· la clég·raclation.
No11s rallacl1011s ele11x co11s1:que11ces it ce fo11der11c11l tl1éorir1ue ele la regle
rl_e l'article 175!1.
J\. - S'il y a ¡1l11sie111·s localaires, les ri°,¡Jarations locativos eles locaux
so11r11i:-. /1 u11e jot1issance co111n1une, co11rs, escaliers, c,1rrielors, ele., ne
sc>nl 1>a,-; rt'•JJarlies entre les lc>calaires, 111ais 111iscs i1 la cl1argP 1)11 ))I'OfJrié-
tairc. l~t 011 ell"el, lla11s cecas, la ¡irésc>111¡>lior1 ele fa11te s11svis1ic 110 J)e11t évi-
de111111e11t j1111er. ]lien c11le111l11, si le 1ir1i¡>rii'·laire Jl<J11vait prouver 1¡11'1111c
dl'.,graclalio11 esl el11e au fail el'1111 eles colocalaircs, il serail c11 elroil ele l11i
récla111er la lolalit{, ele, la rt'•1Jarali1111.
11. - l,n ri·gle ele l'arliclc , 7!íl1 1loil c'Lre 1•carlt'e, lc>rs1111e le lcicalair11 csl :\
n11\111e ele tlén1011lrcr c111e In clégra1lali1111 r111i 11{,c()ssile eles rt'·¡>arnlio11s esl
due /1 la vél11sté, a la force 111ajc11 rr, i1 1111 vice ele la cl1osc, ¡)ar cxc11111lc, ¡\
1111 cléfa11l ele co11slr11clio11 (V. arl. 175:i). C'Psl q11'c11 ef1'11l la ¡1rt',s1111111tio11
légale lo111l>e ici eleva11t la pre11ve conlrairc• (V. 'I'rili. l,illc, 1:{ ja11vier 1no3,
}). J>. 1()03.:i. I :.io).

/1° Obligation de restituer les lieux apres jouissanoe. - l,r- 1>re11c11r


doit, it la fi11 d11 ))nil, rcslitt1er la cl1c¡se louúe da11s f'i,tal 111'1 il )'a re(.\IIP
(arl. 17:~o). S'il 11'11 ¡>as ótó fail el'élal lle lie11x, il 11st 11r1·s11111{, l'a\'11ir rcc;11c
cnbor1étal(nrl. 1¡~\1).
LE LOUAGE DE CIIOSES

l)our ce (JUÍ es! des co11structio11s 011 pla11talio11s failes ¡)ar le ¡1re11e11r, il
) a lie11, it 1l<'·fa11t ele clause du ))ail llrévoyanl le cas, <l'a¡)plic¡uer les sol11Lio11s
rc11co11trées llrécé<len1111e11l sous l'arlicle 555 (,'. Lon1e I•r, p. 850 et s.).
Le ¡lre11eur {ila11t, assez arllilraire111ent el'aille11rs, a:-sin1il(· ;\ 11n ¡lossesseur
ele 111auvaisc foi, le llailleur a le (lroit d'exig,er la elcslructio11 (les ouvragcs. \ !
liais il ¡)e11t a11ssi les conserver, et s'il }lre11cl ce llarti, il (loit ,·erse,: a11 co11s-
lr11ctcur 1111c i11ele11111ilé égale a la (lé¡lc11sc llar luí faite.
l\Iais ¡\ c1uel 1110111e11l la Jlropriét(i eles cor1slr11clions et 1>la11lalions ¡)assc-
l-elle a11 ¡)ro¡1riétaire ~ ll serr1ble c111e ce (levrait etre au n10111 e11t ele leur in-
corporatio11 a11 sol, 1)11isc1ue lo11t ce qui s'u11it a la cl1osu ¡1rinci11ale 1levicnl
aussitót la pro¡1riété (111 n1aitre de celle cl1ose (arl. 551). Ce 11'est ¡las ce-
pendant la la :-olutio11 ad111ise par la juris¡)ruclence Elle déciele que la pro-
¡Jriété des constructions et ¡)lantatio11s faites llar le 11re11e11r ne ¡lasse au "
!Jaille11r, it 111oi11s ele cla11se co11lraire, c111'au 11io111c1zl ele l'c.c¡1iralio1i (/ti bail. •'

l•:t, e11 efl'cl, jusc1ue-lú, 011 11e sail cla11s c1ucl se11s le ¡)ro1lriétaire exercera
l'o1Jlion q11i, 11011s l'avo11s vu, lui a1J¡lartie11t, el si, e11 co11séc111e11ce, il clevien-
dra lll'Ollriétairc eles co11struclio11s ("\r. lleq., 24 110Ye111IJre 1879, D. P. 80.
1.385, S. 81.1.31\I• - (~f. Lyo11, 18 février 1871, S. 71.1.81). De lit cléco11-
le11t les co11séquc11ccs ci-a1Jres ;
A. -· Jusc1u'it l'ex¡Jiratio11 (lu )Jail, l'i111¡J(it fo11cier a1Tére11t aux co11slr11c-
tio11s est i1 la cl1arge elu 1Jre11eur.
B. - Les l1y¡ioll1ec¡ues IlL'C'S du cl1ef (lu pre11eur greYe11t les co11structio11s.
11 est vr[!.i c¡u'elles s011t co11clition11elles, l'o¡llio11 el11 1Jro1Jriétaire aya11t 1111
clfet rétroactif.
C. - lJe11Ja11l la duréG clu bail. les constr11ctio11s ¡Je11Ye11t elre saisies ¡iar
lc>s créa11cicrs (lu JJre11e11r 1111i les a ell'ectuées, el 11011 ¡lar ce11x clu ]¡aillcur. .
l). - Si le ¡irc11c11r cede so11 (lroil en !Jail, l'J~11reg·istre111c11l ¡)er<;oit pour
les co11struclio11s le elroi l all'ére11t a11x ve11lcs i111111olJiliercs.
E. - l~nfi11 (111ais ici la juris¡Jr11ele11ce se111lile l1ésiter deva11l les consé-
c¡ue11ces logiques de S<)Jl syst(\111e, \'. lleq .. 22 11ovc111bre 18G!1, ]). I>. 65. 1.
110, S. G5.1.411 le prencur llevrail (~tre consi<léré co111111e a)·a11t lo11jo11rs,le

llroit ele (lét.r11irP ses construclions et pla11Latio11s.

ii" Obligation de veiller a la conservation de la chose. Responsabi-


lité du preneur en cas d'incendie. - J;cJIJligali<Hl 1Ie restiluer la cl1ose
a, co111111c corollaire raticH111cl, celle de veiller it sa conserYalion. Le 1ire11e11r
cst 1l<>IIC respo11salJle eles (l{:t<'·riorali<>llS ele la cltose, it 111oi11s c111'il 11c ¡)ro11Ye
c¡11'Pllc>s onl cu lic11 sans J'a11le (art. 17:3:i, 1735).
U11c a¡i1ilicalicH1 i1111>orlantc (le ce ¡Jri11ciJJC se re11co11lre e11 cas 1l'i1zcc11llic
Je la, elH>S<'. lci 11011s aYllllS it analyscr <lcux texles ¡iartic11li1':re111e11l Jiflieilc>s,
les articl1:s 17:1:1 el 17:111,elonl le 1irc111ier c11visage l'hy¡Joll1i':se d'inccnclie a11
cas <>Ú il y a 1t11 settl localairc, el 1lc111t. le sccc11tll ,isc le cas oú il y e11 a plu~
sipurs. Ce <ll'rnic-1.· a <'·Ló 11101lifl1\ 1iar la loi llt1 5 janvie.r 188:I c¡ui a s11¡J-
¡iri111L: la s11li(la1·it1• ¡irt':c(•Jc111111e11t {:talilie ¡iar la loi e11lrc les localaires.
l\lalhe11r(•.use111e11t, cctt.e l11i a {:té ¡>réc(;uée <le lra,a11x. ¡)r1:¡1arat1,ircs ¡iartic11-
li1')r<'111c11t lc>ngs cl (Jliscurs. si olisc11rs 1¡11'011 a vn 1'1111 (le ses aulcurs,,
538 LIVRE JI, - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE P,\RTIE. - CH.\PITRE PRE)IIER

~l. J3at!Jie, e11 proposer apres cot1p 11nc i11tcrprétation dia111étrale111e11t


opposée aux pri11cipes c¡11'il avait soutenus con1111c rapporte11r de,·a11t le Sénat
('.'. Rev. cril., 1884, p. í36 et s.). Les proces e11 pareille 111atiere 011t éLé
d'aula11t ¡llus non1breux qt1e les incendies 111eltc11t générale111e11t aux priscs
deux assurcurs, celui du !Jailleur et cel11i clu locataire, c'esl-a-dire des plai-
deurs ricl1es et processi fs.
,\u fo11d, la 111cillc11re réfor1ne législalivc en cetle 111atiere e11t consisté
dans la s111Jpression des arliclcs 1733 et 1734. Ces textcs s¡1éciaux ur1e fois
rayés de 110s Codes, l'a¡1plication des princi¡Jes du Droil co111111un aucas
d'incendie des lieux loués ne donnerait lieu c111'a des sol11tions j11stes, si111-
ples et raison11a!Jles. La destruction de la cl1ose peut en efl'et e11gendrer deux.
sortes de responsabilité. D'une ¡Jart, le pre11eur, tenu de co11serYer et ele
restituer la cl1ose, en doit la vale11r s'il 11e lJeut la restituer, et s'il 11e prouve
pas c1ue }'incendie qui l'a détruite provient d'une cause c¡ui lui est étrang·ere
(art. 1302). Ici, 011 le voit, le prcneur, obligé co11lractueller11cr1l, su bit la ct1arge
de la ¡1reuve; il n'est le1111 e11 rcvancl1e (JUC pour l'étend11e de son occupa-
lion. Le propriétairc, d'aulre ¡1art, ¡1ossedc une autre aclion, l'aclion dúlic-
tuelle (arl. 1382, 1383) qui lui pcr111et, s'il ¡>etil ¡1rotiver q1t'u11e fa1tlc a úlé
co111rnise ¡>ar so,i localai,·e, de lt1i réclan1er to11te l'élend11e ll11 ¡Jr{~judice c11-
cot1ru, di•passat-elle la ,·aleur des locaux lo11és et, par exe111¡Jlc, la totalilé
de la valct1r (le la n1aison donl le localairc, <l<'111011tré aute11r (le l'inccndic,
n'occupait cependant qu'unc parlie.
Nous all<?r1s voir que ces idécs si sir111iles 011t été co111plií¡11<'•cs lll!l' J'inlcr-
,·c11lio11 cl't1ne ¡Jréso111ption de fat1tc qui trot1vc s011 fonllc111c11t J1isloriquc
dans un tcxtc rorr1ain (3, §,, D. de officio pr,cf. vigil., I, 1j): !1ice1idia ¡1le-
1·1tmq11e ji1111l c1tl¡1a iriltabilanliuni. CC'lle ¡}résor11plion c¡ue les incc11clics 011l
lieu le J}i11s so11,cnl ¡¡ar la faulc eles occt1pa11ts 11'avail cl'aillc11rs été é111isc
JJar les J\on1ains qu'lt propos des regles (le la ¡}olicc 11rl)ai11c. :\os a11cie11s
auteurs el, a1}res co11p, le Codc civil l'ont male11contreuscn1cnl trans11orléc
dar1s le domaine du Droil civil. Et, Lic11 qt1c la loi précitéc (le 1883 c11 ail
Jt
fait disparailrc la co11s<'•(¡11c11cc la plus injusto, sa,oir la soliclarité e11lrc
localaircs, elle n laiss<" ce¡>c11(la11I des traces t.ro1i 111arí¡uóes cla11s l'i11tcr¡lr<\-
lalion (lon11<'·e acl11Plle111c11l a11x lc:--tcs par la jt1ris¡}rUllc11ce.
Ccci clit, clislingt1(J11s c11lrc clc11x l1ypotl1escs:

.\. Premiare hypothese: Un seul locataire. - .\cecas, le plus frc',c¡11e11l


JlOUr les lia11x ú fcr111c, le n1oi11s fr{,c1uc11l J>C>t1r les l1a11x .'1 loycr, s'a11¡}lic¡ue
l'article 'í:;;; ai11si co11<;11: << 11 (le 1irc11e11r) ró¡1oncl do I'i11conclic á 111cli11s
qu'if 11e 1lro11vo: CJ110 l'i11ccnclic rsl arriv{· 1>ar ras forluil (lll forc<, 111ajP11rc
011 f>ar ,icP ele cc>ll!ilructic>n; - ()11 c¡11e le f'i,11 a <'•ti• C<>111111u11i<(llé ¡>ar une
. Y()JSlll(1,
111a1so11 . ' ll

11 ri·sulle ele la j11risrir11clt•1H'e í(ll<' en lexlP 11'csl ¡las 111H' si1111llc a1>11lica-
ti<lll cl11 ¡1rinci(>C g<'·11<'•ral de l'arlicle 1:{<>~ s11r la 1·ospo11salJilit{, co11lracl11c.flo
<1'1111 cl1•lJi-tc11r tr1111 ele rrstilucr 1111 <'<Jl'(>S cerlain. J,'icl{c <le la ¡1r1:so111¡1lio11
1l'111ie /1111/e C<>r11n1ise J>ar In ¡1rouru1· se r11n11ifcsle a11x poi nis <lc ,,u, ci-a¡>r<',s.
11) l)'a¡lr<',s les 1}ri11cipc•s ele la rts1ic111sabilil{· c:<1nlracl11Plle, I<' 1irenn11r el<'-
LE LOUAGE !)E CllOSES 53~1
vrait etre inde11111e, elu 1110111c11l c111'il l)roduirait la pre11ve d'u11 fait quel-
co11que d'oú. il rós11llerail <111e l'i11ce11clie 11e peut lui etre i1nputé. ?\Iais la
jurispr11de11ce 11e l'e11le11d pas ainsi. Elle déciele c1ue /'é1iuniératio1i eles ca11-
ses 1l'exo11éralio;1 cr¡11fe1111es rla,is l'ctrlicle 1733 (cas fortuit 011 force 111ajeure,
vice ele conslructio11, co1nmunicalion el't1ne 111aiso11 voisine) esl li,nitn-
Liue (Civ., !1 111ai 1905, D. IJ. 1908. 1.33, S. I\JOG. 1.193). En effet, dit-elle,
il ~·ag·it tl'une ex:ception apportée i1 une préso111plion légale. l~l des lors
l'inlerrlrÓLalion restriclive est ele rig·11e11r ..\insi, pe11 i111porterail q11e le loca-
taire elén1ontr,i.t qu'il 11'l1allilail ¡1a;,, l'i1111r1euble a11 n10111e11t de l'ince11dic
(Bordeaux, 5 juin 1903, D. IJ. 1906.5.35). De n1e111e, le fait que le ¡)roprié-
taire s'est réserré de faire surveiller les lieux llar un gardien ele son cl1oix,
fut-il démontró e¡ue l'incendie est surve11u la n11it, a11 n1oment ou l'in1-
n1euble restait sous la seule surveillance de ce préposé du bailleur, 11e serait
pas une ca11se dejustificatio11 po11r le1)reneur(Ci,·., 26111ai 1884, D. IJ.85.1.
209, S. 8G. 1.340). Seule, la dó111011stralio11 el'u11e des causes ci-dessus indi-
quées 1Jourrait l'exon{·rer. Et encore 11e faudrait-il pas que celle cause cut
jouó ¡)ar son fait; IJar exe111ple, il 11e scrait ¡ias exo11éró par la ¡)reu,,e d'un
vice de constr11ction, s'il a,·ait connu ce ,·ice et avait eu le tort de ne pas le
sig11alcr au pro1lriéla i re.
b) Con1ment le preneur clén1ontrera-t-il l'exisle11ce el'un des faits qui peu-
, ve11t e11Lrai11cr so11 ex:011óralior1 ;i D'a1lres le l)roit con1mu11 en 111atiere de
res1)onsalJili ló con lracluclle, il po11rrai Lpro u ver !)ar tous les 111o)'Cr1s possi-
Lles,donc llar si111ples ¡1róso111ptio11s. \fota111n1e11t, en démonlraul qu'il a pris
l1a)Ji luclle111c11 L to u tes les 1)rÓca11 ~ions el ·11n occupa11 t soigneux et dilig·ent,
le pre11c11r 11c rendrail-t-il pas infi11in1ent vraise1r1lllable le fait que }'incendie
rés11llc el'une des causes ex Lérieurcs c¡11i e11trair1c11l sa justificatio11? c·est la
la sil11alio11 faite IJar la l()i au pre11eur, da11s le cas spécial de ]Jail it colonat
parliaire. La loi d11 18 j11illet 1889. qui a voul11 faire it ce colon une situa-
Lio11 de faveur, dócielc (arl. !1, al. :>.) qu'e11 cas d'ince11die il t'~cl1a1lpe a loule
respo11sal)ililó, s'il tlé1no11Lre q11'il a veilló l1a]Jilucllen1ent i1 la co11servation
de la cl1!JSe e11 )¡011 p!\re ele fa111illc. ,rais, 1io11r Lo11s les at1lrcs llatix, la j11ris-
lll'Uelc11cc n'ad111el pas ccllc ~C)lt1li1>11 llicnveillanle. ]~lle dócidc que le ¡Jre-
11c11r, llfllll' cl!'g·ag·er sa rcsr>onsaliililó, tloit Ólal>lir, JJCll' 1111e JJ!'c11ve (iÍl'ecle el
¡Josili1•e, le j'rtil JJl'écis C!111slil.11tif' rlc l'1111e tics causes d'cxo11óralion iudi-
qu[,cs llar l'arlicle 17:{:~ (I\C'<J., :>.;Í 1Jclol1r<' 1i¡1 ,, 1). 11. 1i¡1:1.1.22~1. S. 1!)12.
1.5!1())
...
e) l,cs cll'cl.s ele J'olJI ig·atio11 tic resliluer e11 cas de perle so11l el'aslreindre
le cliil)il.eur 1't ¡1ayer << le ¡irix n i_arl. 1.1cJ2), c'csl-i'1-elirc la ,·alc'ur de la cl1ose.
11i plus 11i 111oi11s. ,tais la j11ris¡1r11tlc11cc d<\cide !{11'e11 cas el'i11cc111lie, le prc-
11c11r (ctJ11l.rc lc1111el cc11e11cla11l 011 s11¡1¡1i>sc 1¡11'a11c1111e fa11ll' 11'a ¡,¡¡', dé111011-
tróc), tl<lil aussi 1111c i11tle11111ilt~ ¡>011r la r1·siliati1111 du liail et ¡1our les Ioyers
¡>er1l11s ¡)e11<la11t )P le111¡>s 11t':ccssair1\ ¡\ la rcco11slructio11 el¡\ la rclocntio11.
(;1)s ~!>l11lio11s s1111t ócril_l's clans l'arli1:le 17Go ¡lo11r le ca:, (le ri'!silialio11 du
Lail survc11ue 11ar la f'aulo (!11 Jocalnire. Si 1'011 n1111Iic111e ce tcxlc e11 cas de
llllll-l'!'Slil11tio11 par l't~ll'el 11'1111 i11cc11clic, c'esl tlu11c <¡11e le ¡1rc11c11r esl ¡)ré-
s111111'• e11 f'aule (l\c11., :>./1 11<JYe111l1re 18¡!), l). )1 , 811., .:~85, S. 81 .1.:l1i1).

540 LIVRE 11. - TITI\E 11, - '


DEUXIE,IE P.\RTIE •. - CI-IAPITRE PRE,IIER

el) Enfin, ¡:>l1isquc l'article 1733 conlicnl l111c clérogaticin au Droit con11111111,
son applicatio11 est rig·o11reuscn1cnt restrci11Le it la spl1erc pour la(111cllc
il a été édicté, c'est-a-dire aux rapports entre baille11r et prene11r, 1· co1111Jris
el'aillc11rs le cas de locatio11 ele 111e11l)les rV.

note ele i\l. Esn1ein so11s S. 188'1.
1 .33). c\insi, l'article ne s'appliquera 11i a
l'usurruiticr, ni a11 111ari occu-
1)311L el'11n in1n1euble ap¡Jarlenant a sa fe111111e. Leur rcs¡1onsabilitó 011 cas
cl'incc11die et cl'alJse11ce de faute clé111011Lrée sera 1)ure111cnt réglée ¡)ar l'arti-
cle 1 302.

B. Seconde hypotbese: Pluralité de preneurs. -- ,\,,ant la loi ele


1883, l'article 1734, dérogea11t au Droit con1n1u11 qui, en cas d'obligation
pl11ralc, prononce la di,·ision de la cletle entre les codébitcurs (art. 1220),
éta}Jlissait une respo11sabilité soliclaire entre les colocataires. C'était la con-
sér1uencc logique ele l'idée ele préso111¡Jtion (le fa11le clélict11cllc c111e la lradi-
Lior1 fai:,;ail ¡)lancr sur les occ11¡Ja11ls, p11isq11'c11 cas flc délits co111111is ¡Jar
plusicurs cl1acun est respo11sal)lc i,i soliclLi111. Et, lors des 1'rava11x ¡Jré¡Ja-
ratoires, le tril)11n .\lourica11lt a,ait ajo11Lé cette raiso11 si11gulierc q11c les
colocataircs d'urt 111e111e in1111culJle eloivc11t se survcillcr les u11s les a11trcs.
La Ioi du 5 janvier 1883 a fai t avcc raison dis¡Jaraltrc la solidarité c11tre
colocataircs el11 texto ele l'article 173!1, lce111el, le pre1nier alinéa se11l aya11t
été 111odifié, est doré11a,a11t rt'.~digé co111111e suit: << S'il y a plusiet1rs locataircs,
a
to11s sont res¡Jor1sables ele l'i11cendie 1Jro¡Jortio1111cllen1c11t la valeur locati,c
ele la ¡Jarlic. ele l'in1n1e11}Jlc qu'ils occ11¡Je11t; - a 111oi11s qt1'ils ne prouve11t
c¡11e !'incendie a co111111cncé dans l'l1a!Ji tatio11 de l'n11 d'eux, a11c1uel cas ce-
l11i-la se11l en est t.e1111; - 011 q11e c111elq11cs-u11s ne ¡1ro11vcnt q11e l'i11cc11die
11'a pt1 co111111c11cer cl1ez c11x, aue111cl cas ceux-li1 11'011 so11t pas lcnus. » ()11clle
cst la porléc de ce Lexle ;1 Et el'al)orel cla11s c¡11cls cas y a-l-il Iieu i1 difficulté ~
11 faut écarter l'l1ypotl1ese 01'1 la rcspo11salJilité délicluelle eles arlicles 1382-
1383 s'a¡J¡)liq11era cerlainP111enl, c'cst-lt-clire ccllc 01'1 11n locataire esl dé-
1no11trt! auoir co11111iis 1t11e fa11le; c'e:,;l l11i c¡ui ró¡Jo11 dele t(Jt1t le d<J111111age.
J)as cln cliflicult/· 11011 {)l11s si l'f111 ¡1ro11,c c¡u'il y a <'11 cas ,forl1til, JJÍce 1[e
co11str11clio11, n1al1•cill1111tc 1/'1111 lier.~ ; alors, a11c1111 ¡Jes locataires n'est res-
1>011sa!Jlc. 1,:1 il fa11l assi111ilcr i1 cellc hy110Ll1esc cclle oú il est cli'·111ontri': e¡11e
Je f'c11 a ¡>ri:,; 1la11s 1111c ¡1arlin <le l'i111111c11l1lc olij<•l ¡f'1111c jo11i:,;sa11cc co111-
1111111c, alli'·e, cn11r, cscalier, lug·c ele concicrge, ele ... l)ans ce cas, c'nsl
co111111c si. cl1a¡111c localairc avail <'•tal)li 1¡11e le 1'1\11 11'a ¡Ju lJl'<\1tclrn chez
l11i; Lous S<Jill j11:,;tilii•s ¡>ar les cler11icrs 111ols ele J'articln 17:{1,. ]\p:,;le J'hy-
J>Otl1ese oú ['011. ,i·esl JJas ./i:i:,: s1tr l'orir¡ine el le car,ic/1\re el(' l' i11ce111lic. ,\ l1irs,
il se111IJle rt'.:s11lter 1les 'frava11x 11r{•paral11ircs 1¡11c le 1/•gislatcur ele 188:> a
c11le11el11 écart.cr la lraciitio11 a11cie1111c, s11ppri111er la ¡>rÓ:,;{>111¡>lior1 el() l'aule
/11cet1!li11 jl111il c1tlf>lt i11l1abilltttli1t111, et -.;11l)slil11er, J)011r lf1s lc,calairPs, la
rcs¡1unsal1ilité conlract11elle .\ la rcs11<>11:,;al,ilitó <l<'·licluelle. 1~11 cc111:,;/•1¡11c11cc,
cl1a¡¡11e localaire 11e scrait rcspo11sal1Ic <¡uc <le la ¡>arlie <le l'i111111e11l1lc <¡11'il
occ11¡1e. l\I'ai:,; il s'<111 f'a11t, 1uJ11s allons le> v11ir, <¡uc celle sr1l11li<>11 ail rc<;11 la
co11:,;<°•cratio11 fl11 la j11ris¡>r11tlc11cc. J•:xa111i11t)IIS les <liY<'l'S cas <>Ú la <ill<'SIÍ<>II
s' esl ¡i11s1·1'.
'
LF. LO! A<;E !JE CIIOSES 5!, 1
et) JI esl proiivé que l'i1icc111lie a co111111c11cé cliez• 1i1i ,les loc11taires. CPlni-
la <( e,i cst scul tcnl1 >> elil l'articlc 1734. De quoi est-il Len11 :i De la Yalcur
ele la partie q11'il occ11¡Je, elevrait-011 répondre si l'on ap1Jliquail le ¡Jrincipe
de la rcs1Jo11salJiliLé co11tractuelle, a s11pposer bie11 e11ter1tln q11'il 11'y aiL ¡Jas
dé111or1stratio11 el'11nc faute co111111ise par ce localaire. J\Iais la jt1ris¡Jruelcncc
décicle au contraire r¡11e le locataire cl1ez q11i l'i11cc11dic a cor11n1c11c<\ est
ten11 ele la Yalcur ele lout l'édifice (l{cc¡ .. :í a, ril 1887, D. J>. 87. 1 .3'.l!}, S. 8¡.
1.1:>.:í; Ci,., 11 j11ir1 1889, I). J). !Jo.r.:tír, S. 89.1.'177).
b) L·n. 1les localaircs a 1lé111011lré q1ie l'i11ce11clie 11'c1 JJtl co11i111c11cer cliez
llti. Da11s ce cas, dit l'article 1¡34, il 11'c11 cst pas ter1u. \Iais de quoi scront
tcnus les autrcs? De la portio11 cl11 pr{juclicc corres¡Jonelant it l'étc11duc de
le11r occ11pation, devrait-011 décidcr, si 1'011 ap1Jliquait les pri11cipes ele la
rcs¡ionsabilité co11tracl11clle. \Iais la j11ris¡Jr11cle11ce répond c¡uc la lolalité
clu pr{'.j11dice se r{~partira sur les locataircs 110n cxo11érés (CiY., 11 jui11 1889,
précité; Orléans, 10 n1ai 1890, D. I>. 91 .2.2:{o).
1·) E11 rcva11cl1e, il y a 11n poi11l 01't la jt1ris¡irurlcncc (el elle était fixée e11
ce scns eles a,a11t la loi ele 1883) s'écarlc ele la logique ele ses a11trcs solu-
lio11s. Qt1'011 st1¡Jposc t111 locatairc cxo11éré, 1Jarce qu'il a clén1011tré, ¡Jar
exc111plc, q11e le f'eu 11'a ¡iu prendrc cl1cz lui. Ce localaire c1ui a sulJi, raison a
(le la clcslr11clio11 ele sor1 n10Lilier, t111 llréjt1elicc clout il csl clé111011l'ré qu'il
n' es t pas l'au Lcur, 11c1-l-i l ¡1ouvoir récla,ncr 1111e i11cle11111ilé aux aiit res loca-
tuires 1io1ij1tslijiés ~ 011i, rt':po11d la jt1ris¡Jrucle11cc, 1nais seule111e11t s'il est h
n1e1r1e de ¡Jrouvcr a leur cl1arge 11r1c f'a11te llrécise. Le fait que l'ince11die a
¡Jris cl1ez eux 11e s11ffil pasa les constituer en f'aule, et co111111e aucu11 lier1
contracluel 11'0IJligeait les au tres localaircs a vciller sur la conscrvatio11 du
111oliilier d11 clc111a11cle11r, ccl11i-ci 11'cst fonclt'· /1 leur rie11 r<'.·cla111er q11e dans
les co11ditio11s des arlicles 1382-1383 (Civ., 11 jui11 190f), D. 1>. 1910. 1.36r,
110Le rlc ~l. Gué11<\e, S. 1!)09. 1.!103).
011 le voit, sa11f ce qt1i concerne la der11iere l1ypoll1i:se envisagéc, l'anli-
c¡ue préson1ption de fa11le s111>posóc a l'e11co11lrc eles occupa11ts subsiste ela11s
le cas de pl11ralitó ele localaires, co1r1111e da11s cel11i clu locataire t1r1ique. La
loi ele 1883 a do11c cl1a11gé pet1 de cl1osc /1 la législatio11 a11térieure. ]~lle a
si111¡Jle111c11l sullslilué a l'ollligation soliclaire des leicalaircs u11e olJligatio11
co11joi11le; 111ais ils clc111e11rc11t to11jo11rs, lt s11p¡Joscr rr1t\111e qt1'011 ne p11issc
les clén1011trcr c11 faule, úvc11tuellc111e11l lc11us d'1111c res1Jo11sal,ilité stJJJéric11rc
11 l'{•lc11cl11c de leur occ11patio11. 'l'oul ce <111'ils 011t gag11é a la loi ele 188~{ se
ra111<':11e a11x cleux ¡Joi11ts s11iva11ls :
l)'aliorcl, ils 11'0111. pas /¡ s11¡1p1lrlrr les frais el les soucis cl'u11 reco11rs c<lllll"<'
le11rs C<i-olilig<'·s, a11 cas 01'1 il ¡Jlairail au pr<i¡iri,~Laire de cliriger srs ¡Jour-
suiles co11trc cux se11ls. ),e pro¡Jri<':taire cloil 111ettrc c11 ca11sc a la fois to11s
l<)S l<icalaircs rcs¡Jonsa)Jlrs.
I◄:11 scco111l licu, lorse¡u'il y a ¡ilusicurs locatairns res¡JonsaLl<:s, le risc¡t11.:
<le l'i11s<Jlval,ilit{~ ele 1'1111 cl'enlre cux, c¡11i ja<lis ¡ir.sail sur crlui eles loca-
taircs <¡11'il 1iluisait cl'<'•lirc a11 l1aille11r, <)sl 111ai11tena11t s11¡1¡101·t{: ¡1ar e<: elPr-
11ier. ~lais, <lt'!s lors, la lr>i a¡i¡iarail co1n111c pnu c1i11 f(1r111e a11x ¡irinci¡ies
LI,'RE II. - TITRE II. - '
DEliXIE11E PARTIE. - CIIAPITI\E l'llE111Ell

juridiques. Si la. préson1ption de faute délictuelle subsiste, co111n1c 11ous


l'avo11s 1nor1tré, on con<;oit 111al qt1'une fa1ile con1n1u11e don11e naissance a
a
u11e obligatio,i llivise et 110n pas une obligation in solill11111.

Du cas ou le propriétaire occupe lui-méme une partie des locaux


loués pour le surplus a un ou plusieurs locataires. - J,orsc¡11e le JJro-
llriétaire l1alJite lui-111c111e l'i111111eu!Jle dont les aulres appartemcnts so11t
occupés iJar un 011 plizsieurs localaires, la préson1¡Jlion ele faute pese sur lui,
co111n1e sur les a11lres occupants. La juris1Jrudence décide, en conséque11ce,
qu'il 11e pcul invoquer la rcspo11salJilité du ou des locataires qu'apres s'ctr·e
a
disculpé de la préson1ptio11 de faute exista11t sa cl1arge, co111111e celle a
eles autres occupants, e11 prou,·a11t, soit qt1e le feu a pris dans les locaux oc-
c11pés par un eles prene11rs, soit c¡11e l'incc11die 11'a ¡Jas p11 co111111encer
cl1ez lui. Si clone on ig11ore cl1ez e¡11i le fe11 a pris 11aissa11ce, le propriélaire
11'aura a11cun recours co11l.re les localaires(l,eq .. 13 ja11vier I!¡o3, D.()_ '!)03.
1.24!1, S. 1903.1.7:.i; CiY., 9 11oven1J¡re 190!1, J). P. 1904.1.592, S. 1905.1.
,
32; 9111ai 1905, (). ll. 1905.1.280, S190G.1.:>.G7).

Hypothese spéciale d'un preneur assuré contre le risque Iocatif.



- Dans cette l1ypotl1óse l1a!Jit11elle e11 fait, le preneur ass11ré ¡Je11t {:vicle111-
1nent récla111er l'i11cle111nil<" 1Jro111ise JJar l'assureur. eles le n10111cnt ot'1 il est
lui-111e111e mis e11 cat1se par le IJailleur.Cclui-ci cl'u11 autre ct,té aura le droit
de n1cttre la 111ain, au n1oye11 d'11nc saisie-arret, sur la son1n1e due par l'as-
s u re11r i1 son loca lai re. :\Iais, j 11sq11 ·en 188!), la j 11 rispr11dence ad 111el ta i t, 111al-
gré les proteslatio11s de la cloclri11e el nota1111ncnt ele T,a}JlJé, q11e, fa11te cl'un
Lexte l11i attri}Jua11l 11111Jrivileg·e 0111111e aclio11 clirecte, le ¡¡ro¡Jriétaire 11'avait
a 11cu II el roi l ele préférence s11 r ce lle i11de11111 i té cl'asst1 rance, et qu'i l elevai t
s11bir le concours eles a11lres créa11cicrs cl11 ¡Jre11c11r e.1; 11/iis c111tsis.
Celle sol11tic>n choqua11tt> a t•lé écart<\.e par la loi d11 19 f'évrier 1889 (art.3),
a11x ler111es ele Jac¡uell<) J'ass11ri', ou ses ay,111ls clroil 11c ¡Jc¡11rront l<H1cl1er
l<iut ou partie de l'i11eler1111itl'., sans c111e le proiirii'.·tairc ele l'<,lijct 1011<', 011 le
ticrs sul>rog{, :\ ses 1lroits /l'ass11re11r clu 1>ro1Jrit',taire) ail él<~ el{·sintéressé
des co11s{·<111c11ces elu si11islr1•.
Ce texte, 011 le V<JÍl, 11<' 1lcJ1111e pas f'orn1<'lle111e11t 1111 llrivilege 011 1111c
aclio11 elirPcle a11 pro1iriétair1:: 111ais,¡lal' 1111 l,iais si11g11licr, alJ<Hilil a111111\111e
rés11ltat, e11 crt'•a11l ;1 so11 ¡>r<>lit 1111 droil <le r<'·lPnlicl11 1¡11'il exerce ¡iar les
111ai11s cl11 cli'.·biteur 111<\111e <le• la s1,111111n it <listrih111,r. <:e ¡i·roc<\c)<', 11°Pst. 1p1e la
rég11larisalÍ<lll 1l'1111c 11raliq11<' a11tt',rie11rc <111i {•tait. la !'t1iva11le. ()es P11tcnl.cs
offlcie11ses avaie11l t'·l{· <1rga11is{•ps e11lre C<>1111>ag11ies d'assuranres. l·11 i11-
cc11clie se Jll'od11isail-il, l'ass11rP11r <l11 ¡>ro¡irittair<, ¡>révcr1ail c1•lui 1l11 loca-
laire c¡11'i] 11'c11t ¡>as it ¡>ayer <'11 11"aulrcs 111ai11s <(lle IPs sie1111Ps l'i1Hle11111il{·
cluo t1 l'occ11¡ianl,111<>~-r1111a11l <}ll<>i il 11'l'xPrcerait ¡>aselo ¡><lursuitrs contrc l11i.
J•:t l'ass11rPlll' cl11 l1>calairc se cc1111'tlr111ail en L,it h c1•t a, is of'licieux. l,a l<li
ele 188!), sc111lilail-il, 11·a,ait fait en S<)111111e 11110 Cl>nsacrer co ¡>roc{·cl{·. ~lais,
LE LOUAGE DE Cl!OSES

a1)res avoir lo11gle111ps ad111is l'inlerprétatio11 ci-dessus, la jurispruclcnce a


fi11i par dt'·cider que la loi de 1889 a donné au propriétaire une aclion
,/irecte co11tre l'assurcur du risq11c locatif; rile a cl<'.d11il cetle solutio11
du ra¡)procl1en1ent des lcr111cs eles arlicles 2 el 3 de la loi ele 1889 i.''.
CiY., 17 juillet 1911. Ca:. Pal .. 19-?.2 ao11t 1011).

Sl~CTIO:\' 111. - REGLES SPÉCI.\LES \CX B.\UX ,\ FE!l)IE


ET ,\CX ll.\CX A. LOYE!l.

Les r<\gles les plus in1porta11tes du contrat de louage so11t co111n1uncs a ces
clc11x yariétés. I\lais elles comportcnt, l'une et l'a11tre, cerlai11es regles spé-
cialcs. 011 re111arc¡uera c¡11e la clisli11clio11 de ces elcux sorlcs ele ba11x est
¡Jarfois assez clélicale a elélerrr1i11er. l,es usines, les cl1a11tiers, les 111oulins
font-ils l'olijet d'u11 l1ail it lo~·cr 011 el'1111 l1ail h fer111c :1 i'\ous ¡Je11sons c¡11'il
fa11l considérer co111111e <~lant l'olJjel cl'1111 IJail a loyer l<Jus les o!Jjcls c1ui
ue pcuve11L ¡Jrod11ire que eles fruils civils, 11nP 11sine par exe111ple. Q11e si
1111 irr1111euble loué co1111Jrc11d ala fois une n1aiso11 d'l1abitalio11 et des terres
cultivóes, 011 clevra s'altacl1er a elótcr111iner c¡11elle est la parlie principale, el
la variélé ele l1ail a appliquer sera celle qui corresponda celle partie.

~ t.. -- Des l•a11x a loye1·.

\'oici les seules r<'·gles spéciales q11'il y ail lie11 ele signaler:
1° Oblir¡atio,i 1/e r1ar11ir. - f)arlicle 17:j:i porte c¡11e le localaire 1Je11L etre
expulst'·, s'il 11c gar11it llaS la n1aiso11 de mcttbles Sltfjislt11ts llOur ré1io11drc
el11 loyer (el eles antres obligatio11s accessoircs el11 pre11enr), i1 111oins c¡11'il
11e fo11rnisse el'a11lres s11retés suffisantes. íJue fa11l-il cnle11clre ¡Jar 111ct1blcs
s11fjisa11t.~ :1 l)a11s l'a11cie11 Drc>it, les Co11l11n1es ele llaris el el'Orlr'·ans di·-
ciclai<'nt q11<' le n1oliilier a¡1portr'· ¡Jar le localaire ele\'ail répo11elrc el'1111e a1111éc
de loycrs. c:etlc 111es11re sc111l1le ass1•z raisonnalilc. 11 11'csl 11as 1H\·essairc
c1ue le 111oliilicr <In locatairc r<'·ric>nde eles l1>yr•rs llOlll' lcinle la llnr<':e ll11 l1ail.
],<' lll'lJ[ll'ii°:lairc c¡ui laissr•rail s'accu11111ler plnsienrs a1111<':es ele loyers scrail
l'll fanl.P-. (;'<•si ,\ l11i ;'1 <1 Yr\iller 1>ar lern1es », llisail clóji1 lllln1j<111.
•1º /111¡iossibililé ¡ioltl' le ¡iro¡iri11flti1·c rlc rJso1t1lrc le IJail c,i 1•1tc 1l'h11biter

f1ti-111¡l111e. - t.>11 nr s'cx1ilic¡11erail ¡1as c¡ue le C:olle l)ril la peine ¡l'é11011ccr


cclte ,·éritt'•. el'r':vidor1cP ( 17G 1), si !'011 11c savail c¡nc la regle c<>nlrairc t\lai t
sni,ic ¡iar l'a11cie11 l)rc>il <[tii l'ayait c111¡Jr1111L<'·c a11 l)rtJit ro111ain (:{ (;, lucalt
1:0111l11cti, 1\ , fi:i ).
:1° (J/1lir¡11tio11 1/11 loc11/11irc c,i c11s 1le rúsili11liu11 ¡iar sa Jit1tle. J~,1 C<\ cas, el
sans 11rr\j11dicc eles 1lo111111ages-i11lérels <¡11'il a ¡H1 c11co111·ir ¡iar aillc11rs, le
lt)catair<' esl Lcn11 <le ¡>ayer lci ¡irix <lu l1ail 1>e11danl le lcn1¡is 11<'·cessaire ;'¡ la
l'<'l1>ca Ii<111 (arl. 17fi<i ).
l.'i11c1>llYl'llie11l 111a11ifeslc de celte sol11tio11 r':la11l c¡11e le ¡irc,¡Jriétaire 11'a



LIVIIE 11. - TITRE 11. - J)EVXIE\IE P_\l\TIE. - CIIAl'ITRE l'llE\IIER

aucu11 i 11térel it se ¡)resser ele relouer, la juris1)r11de11ce a acl111is ce l)rincipe


c1ue le te111ps de relocalio11, pe11clant lequel le loyer conli11uera d'elre ir11-
IJosé a11 localaire c¡ui 11'occ11pe plus, 11e cloit IJas elre elélern1iné d'ur1e 111a-
11iere concrete, 111ais ctbslraile111e11l, selor1 l'usage eles lieux : ce sera le délai
clu cong·é (Ci,., ¡º'' juillet 1851, D. P. 51.1.2{19). i\lais la pralic¡11e el la j11ris-
l)ruele11ce elle-111e111e se so11t SOlIYe11t efl'orcres cl't'J11cler celle reg·le.
·\. - D'a!Jord, elle 11e s'a1)1)lie¡ue ¡)as e11 cas ele rrsilialio11 rrsullant
cl'un ir1ce11die.C'esl alors au j11ge a a¡)¡)récier s011verai11en1ent le le111ps pe11-
clanl leq11el les loJers co11li1111ero11l i1 elre elt1s (l{cq., :1!1 11ove111bre 1879, D.
P. 80.1.385, S. 81.1.319).
J3. - Certai11es clécisio11s, en révolte it r1otre avis conlre la j11ris¡Jr11de11ce
COIIS ti tu re par l 'arre t d u I e, j ll illet 1851' ad n1 elte,1 t e¡11e le j 11ge 1)e11 t, (l /'Ctiso11
de circo11slc11ices ¡1arliciilieres c¡ui renclraienl la relocalion plus clifficile, ¡)ro-
11011cer eles elo111n1ages su¡)¡ilé111e11taires qui prolongeraie11t l'ol1ligatio11 <le
¡)ayer les loyers a11 elclit clu rlélai <111 co11gé ('l'ril). Sei11e, 3 111ars 189!1, l). l>.
96.2. 193).
C. - Cerlai11s ¡Jro¡Jriétaires. en cas <l'al111s ele jouissa11ce caraclérisé
(cito11s co111111e excn1ple, l'cx1)loilalio11 cl'u11 café ela11s eles co11dilio11s i111-
111oralcs), ne ele111a11ele11t pas la r(~solutio11, 111ais font, ,,1, l'11rge11ce, 1Jro11on-
cer I'e.c¡111lsio1i cl11 localaire. Ccl11i-ci reste elo11c le1111 eles loyers i11cléfi11i111e11t,
aucu11e résolt1lio11 11'a)·a11t élé 1)rrJ11011cée, j11squ'á ce e111'il 1)re1111e l11i-me111e
la ¡Jeir1c <le sollicilcr cellc résol11lirJ11.
a
D. - D'aulrcs ¡)ropri<'·Laires, po11r se 111ellre l'abri eles cl1a11ces ele rclo-
calion lardi,e, a11 lie11 ele récla1r1er 1111e i11cler1111ité ele relocalio11, fo11t vc11-
clre le elroit at1 bail aux c11cl1L\l'CS l)IIIJlir¡ues. l)e la sorlc, 011 tro11vc aussill,t
1111 occ11pa11t, ful-ce il 1111 lll'ix loul it fail i11f'<\rie11r. ]~lle l1>calaire reste res-
I)OilsalJle ele l'écart e11lrc les (!et1x llrix pen(!a11t le lc111¡Js resla11l h co11rir <le
sa pro¡)rc location (:\ix, ti 111ai 18(i7, .D. J. G., /Jo1iage, S. 37()),

~ 2. - l)e!'i 1111,■ x •• ft•1•111e.

\rn1s c11 f'\a111illl'r1111s tr,,is ,arit:lé::-: 1° Le !Jail it ¡¡1'ix (!'argcnl: :i" l,e !Jail
ll fr11ils; :~ J,e !Jail :\ clH!lllcl.
0

l. - Baila prix d'argent ou de Droit commun.


''<Jici les ¡>arlicularili·s it r<'lever :
1° 11ail <ll'l'C i1illir:cilio11 lle co11fe1r<t11ce. - ]~11 cas <I<! <li·ficit .011 cl'excé<le11l
sur la co11IP11a11cn i11<liq11él\ a11 l>ail, la lr)i (ar!.. 17(i:1) <l1•lt•r111i11n les <lr11ils
el nl>ligali1>11s eles ¡>arlics c11 rc11v<>Ja11l a11x r1\g·lcs 1\lal1lics 1•11 111ati<'·rc <le
Yente a,ec inllicalicH1 <le c<Jlll<'JHill•;e (ar!. 1G17 et s.).
:1º ()bli,r¡fllio,i 1/c !/<ll'IIÍI'. - 1,'nrlicle 17G!i cléll\l'llli1H) l'ol,lig·ati<>II <le g·ar-
0

11ir lit1 fer111ier e11 ler111cs 1111 ¡1e11 <iill'ér<'r1ts de cc11\ l(ll <•111¡>loil\ l'arliclc 17G:1
lll>lll' In localair«>. \1>11s 11c 1H111s allachcr1i11s ¡ias it la f1ir11111lc ,, IH·stiaux el
11sler1silcs 11i•cessaires i1 l'cx1ll<>ilalio11 n,ll'a¡1r1\s lar¡11Pllc C<'rlains 0111 s<i11ln1111
(JUe le 111<Jhilier clu f~\l'lllier <l<\Yait ,\trn suffisant ¡>011rgara11lirl'cx1>l1,ilalir111,
11,in les I,,ycrs. \'011s croyor1s <111'il 11'e11 csl ricn. l,<1 11riYilf•ge <ln l>aill<\lll' it
.- ..

LE LOCAGE DE CIIOSES 545


fer111e garantit les loyers ; done, le fermier est olJligé de lui fournir 1111e
assiette suffisantc. E11 revanc\1e, nous devons constaler c¡ue l'article 1766,
a la clifférence de l'arlicle 1752, ne co111n1ine pas la sanction de 1·exp1ilsio11
co11tre le fer111ier crui ne garnit 1Jas ou dégarr1il la fern1e. E,1 conséqucnce,
le baille11r ne po11rra que demander en ce cas la résolution, et non faire
a
procécler par ,·oie de référé l'expulsion co111n1e 1Jour 11n locataire.
3° Oúligations spéciales iniposées a11 fer111ier. - Celu i-ci est len u :
,\. - D'e11gra11ger cla11s les lieux i1 ce rlcsti11és d'apres le )Jail 011 l'11sage
(art. 1767), et cela llOUr assurcr le controle et la s11rveillance du bailleur.
B. - D'avertir le propriétaire, lequel n'est pas ordinairement sur place.
des usurpations qui pourraienl etre con1n1ises sur son fonds par des tiers
(art.

1768) .
C. - De laisser les pailles el c11grais de l'année sur la ferme 1·expira- a
tion cl11 bail (arl. 1778), el cela afi11 ele faciliter l'entrée d'un 11ouvel occu-
1Ja11t. Si le fer111ier, en en lra u t., ava i l re<;11 les pailles el engrais, son olJli-
galion s'ex1Jlique ¡Jar une idt'·e ele subrogalion réelle. S'il n'avait rie11 rei;u,
la loi n'e11 clo1111e pas 111oins a11 propriétairc le droit de rclenir les pailles et
engrais, s11iva11t eslin1ation ; ce qui est 11ne vérilalJle faculté d'expropria-
lion.
011 ren1arq11era que le fer111ier clélJite11r des pailles et e11grais de l'année,
delJiteur d'un corps certain par conséquent, est libéré par la perle fortuite,
notan11nenl en cas d'incendie, la11t c¡u'une faute n'a pas été étalJlie it sa
charge, la préso111ption de l'article 1733 ne s'appliquant qu'it la restitutio11 d11
local loué. Supposons q11e le fermier ait assnré les pailles et engrais détr11its
par la grele, le tonnerre 011 l'incer1clie. Dar1s cecas, l'i11den1nité cl'assurance
clevra etre, croyo11s-11ous, attrib11ée a11 propriélaire, en ,·erlu de l'article 2
ele la loi cl11 19 février 1889, dont les ter,nes ,·ise11t toutes sortes d'ass11-
rances.

11º Indemnité au fermier en case.le diminution de récolte. •- Le fer-


111ier, ,·icli111e cl'une clir11ir111lio11 de récolte causée parcas forluil, a droila 1111c
re,nise JJru¡1orlio11,zelle ¡J11 ¡)rix lle localion (arl. 176!) el 17-¡o). 11 fa11t pour
cela c¡ue la dir11i1111lio11 alleigne au r11oi11s la 111oitié de la récolle el, de 1Jlus,
<¡uc la J)Prlc (les fr11its 11c soil pas arrivée a¡Jres c111'ils 011t élé sépar<~s de la
ferre (art. 1771). l)a11s e<' dcrnier ca:-, <'.11 cll'cl, il csl difficile ¡(e savoir si la
11crlc 11<\ J)rovient ¡)as !le la ll111lc clu fcr111ier, !ttii rieul elre a11rail 11u faire
¡1l11s tt,L rcn lrer ses rÓc!illes.
(:elle regle si i111¡Jorla11le !le l'arlicle 17G9 11'esl ¡ias i1 11cJs yeux 11ne sin1plc
elis1JeJsili<J11 ¡J'l111111anilí\, 111ais la co11sér111encc de ce ¡Jri11ci¡>e juriclic111c q11e
le ¡>re11c11r a drl>Íli't lajouissance co11lir111c elell'eclive ele la cl1ose (arl. 1719,
al. :\), ¡>rir1cipc e¡11i, e11 cas ele elcslr11clic>n ¡>arliclle <le la cl1ose, 11011s co11eluil
<l<'.-ji1 ¡'1 i111¡1oser au liailleur la r{~silialio11<i111111e di111i1111lio11 .11ro1>orlio1111elle
!ltt ¡irix. <Jttc si la loi exige 1111 certai11 1¡1t1111l11111 <lans la perle (¡>l11s de 111oi-
Lii'.), c'cst i\ ca11se 1\11 caract<'\I'!~ f<1rc<'~111e11L varial1l1•, aléatoirc des rócultcs, Pl
¡Je celle itl<'·<~ lrt•s ancien11c111P11l í·111ise ¡)ar n<>S YÍ<'IIX aulc11rs e¡u'il 11'y a ¡Jas
liP11 i'l i11cle11111ilé si la rí·collc a élé 111o)•e1111c, 1\ju11l<)11s c¡ue le llrinci¡Je de
·ro111e 11 3::i


546 LIVI\E II. - TITI\E 11. - DECiXIEME P.\.IITIE. - CIIAPITHE PllE)IIEII

la re1nise due a11 fer111ier e11 vert11 des arlicles I íG() et í ííº est, clepuis 1Jl11-
sic11rs a1111écs, l'o)Jjet de vi,·es discussions. Certains écono111istcs voudraier1l
crue la regle, st1sce1JLible aujourcl'hui d'etre écartée 1Jar u11e clause forn1ellc
du ]Jail 111eltant les risques i1 la cl1arge clu prencur (art. Iíí2), ft'1I rcnelue
in1¡Jérative. D'autres, at1 contraire, en préconisent la suppression pt1re el
si11111lc. Le 111eillc11r n1oyen ¡Jratiq11e de 1Jrém11nir le cultivate11r contre
les fléaux nal11rels, c'est, clise11t-ils, de le pousser it 11ne meille11rc 11ré1Jaralio11
du sol et s11rtout h la 11ratique de l'assurancc, au besoin 1Jar l'entrc111ise des
11111tualilés agricoles (''· Ilitier, L' agricullure nzoller,ze; sa le11(la11ce (t s'i11-
d1islrialiser, llev. el'Econ. 1Jolit., 1gor).
Quoi qu'il en soit, le Code, a propos de cctte inde111nité, en,·isage de11x
situations:
1\. /.,e bail ne JJorle i¡ue s1ir 1i11e a1111ée (art. 1í,o). - .\lors, ,·oici les crues-
tions qui se 1Josenl :
a) Quand y a-t-il cas fortuil, c11tra1r1a11L i11elcmnilé ~ Dar1s l'l1~·poll1ese ele
tout accicler1t rcnlrant clans la défi11ition du cas fortuil 1Jroprc111e11t clit a11ssi
bie11 q11e ele la force n1aje1tre : i11ondation, sécl1cresse, invasion ele ,·ers
]Jlancs 011 de saulerelles, etc ... En rcvancl1e, il n')· a pas cas fortuit si la di-
111inution de la récolte Lienta la nat11re des cl1oses, ¡Jar cxen1¡Jle it l'é1111ise-
n1e11t du sol ; ou á la 111auvaise c¡ualilé des sen1cnccs; ou cncore si la cat1se
'• du do1nmage était existan le au 1r1on1er1t ele la co11clusion du )Jail (art. 1 íí,,
al. 2), exislanle ou facile a 1Jróvoir, con1n1e la gelée clans 1111 ¡iaJs de cli111al

r11de, la sécl1eresse ela11s u11 1Jays tres scc; non 11lus enfin, s'il y a e11 .fa11le
d11 fer111icr: ai11si il a été jugé que le ravage elu n1ilde,v n'est pas 1111 cas
' . fortuil donnanl lict1 h i11de111nisation, ¡larce que le fern1ier 1Jct1t en 11réser,·er
les vig11cs au n1oyen el'1111 traite111enl a1i¡Jro1lrié.
l\a1)J1clor1s q11e les risc¡ucs lleuve11l elrc 1nis h la chargc excl11sive d11 fer-
micr, clause assez fróqucnte en JJratique. i\lais ici (art. Iíí2, Ií73), la loi
fait 1111e disti11ctio11 e11lrc les cas fort11its ¡1ro¡1re111cnl elits ou Ol'lli11aires, lcls
q11e grelc, fc11 d11 ciel, gelóe ou co11l11re, et les cas fortt1ils exlraorlli,ictires
011 cas tle force 1r1ajc11rc, lcls c¡uc les ravagcs de la g11crrc 011 1111e i11011fla Lio11,
auxc¡11cls le pays 11'cst 11as ordi11airc111e11t s11jct. Ce sont., r11 ¡irinci11e. l<'s
¡)rc111iers sc11ls q11i sonl 111is i1 la cl1arge tl11 fern1icr ¡¡ar la cla11se cl'excl11si,¡11
tle l'i11tle11111ité ; ¡1011r 1¡u'il su¡i¡¡orl,il les scco11cls, il fa11rlrail c111'il c1'1I
cx11ressé111c11l tl?\clart'· 1¡11'il assun1ai l 11 la fois les risq11es 11rév11s ct Irs ris-
. '
c111es 1111prcv11s.
h) I,a <li111i1111lio11 1lr la valC111r <les fr11ils cloil-elle s'e11lendrc ti<' cclle ,le
lc11r r¡ttr111lilé br11le 011 tlc ccllc <lt• lnur ur1lcur 1'é11ale ji ()n a1l1nel e11 g1\11éral
q11'il s'agil <le la c¡11a11lilé lirt1t.e. 1\i11si, la tli111i11utici11 tic pl!1s tic 1111Jilié <le
la rt'-c1ilte c11 raisi11 tlo1111era lic11 ,\ i11tlc11111isati<111, q11ancl !Jic11 111t'111c l'{\ló-
valiti11 de la valcur <111 vi11 a11rail rcnd11 ccltc a1111<'·c 111cillc11re 1><111r l'exploi-
la11t <Jt1'u11c a1111éc de gra111le récolle. Ccllc soluti,111 11c laissc 11as 1l'etrc•
1111elc111e pe11 i11juste. 1•:t il c11 est. <le 1111\1r1c ele cclle 1¡11i in111osc a11 llr11¡1ri«'\•
!aire l'i1ulcn1·uisatic111 <1<1 l'article I í7º, 411a111l lJic11 11u'111n le t'1'r111inr a11rail
él1\ ass11rr! el serail 111is .'1 ct1uverl 1111 ris1111e suhi 1ia1· 1111 c1)11lral 1l"ass11ra1tc<',
res i11le1· ltlios acta ¡>1)11r le 1>ro¡>riétaire.
- .. -- .. ~

LE LOUAGE DE CIIOSES

B. Le bail ¡Jorte-t-il Slll' JJIL1sie1trs a1111ées? - ,\lors, aux diffic11llés 1)récé-


dentes s'en ajo11te ur1e a11tre. La loi i11trod11it ici (art. 1íG0.'1 le pri11cipc ele
la compe,isatio,i e11tre les cliverses ann<':es. Elle décicle c111e la perte. 111e111e
a
supérieurc /1 la 111oitié de la récolte de l'année,11e donne pas lie11 ir1de111nité,
si elle est co1npensée par la récolte des années a11térie11res (de to11tes les
a1111r'.eS, IJor111cs, 111auYaises 011 111oye1111es). Q11e s'i\ 11'y a ¡)as eu con1pensa-
a
Lio11 des lJrése11l, le fcr111ier clevra allenclre la fi11 <lt1 lJail po11r le regle-
111enl de son i11de111nité, afin q11'on puisse faire enlrer e11 co1111)lc les a1111ées
ultérie11res qui Jleut-etre ameneront un excéde11t de récoltes. 'l'o11tefois, le
juge a le ¡Jouvoir de dispe11scr provisoire111cnt le fern1ier d'11ne partic des
fern1ages.

5° Question de l'indemnité a verser au fermier pour ses améliora-


tions. -~011:,; 11ous contenlons ele signa ter celte c¡uestio11, objel ele v i,·es dis-
cussions écono111iques et de Jlro11ositio11s ele loi~ clt'-j/1110111IJrcusés. Ce q11i est
certai11, d'apres la j11rispr11dence actuelle, c'est q11e le fern1ier 11'a droit, e11
de\1ors cl'11r1e clause du !Jail, .'t auc11ne i11clen111ité po11r la plus-value qu'il
a
aurait donnée la ferme (V. note sous S. 1910. r .425; Bo11rg11in, /)e l'i11-
<lem1iité lle pltis-valLie, l\ev. J)Olit. el ¡larlen1., 1000. ¡). 324 et s.).

TI. - Bail a fruits ou a colona ge partiaire '.


Cette ,,-ariété <le bail i1 fer1nc, ap¡Jelée ;1ussi 111él<1yagc, cla11s laquelle le
fermage consiste e11 une part <le fr11its. était tres 11sitée so11s l'ancien ré-
gi111e, da11s cerlaines ¡1rovinces, G11yenne, llérigord, Li111011si11, ''endée,
)lai11e, I3011rlJ01111ais,oi'1 elle csl, lle nos jours, resl1~e encorc e,, l1011neur. Elle
11e faisait cependa11l l'objet que tle courles clisposilio11s. <l'a.llusio11s 111er11e
tlans le Code civil (V. art. 1íG3, , íG!i, 182 7 a,830 ). :\ussi a-l-ellc été rég·Je-
111entée JJar la loi d11 18 juillcl 1889, i11corporéc <lans le Co<le r11ral. Et
l'esprit général des dispositil)11s tic celle loi s'i11spire tl'u11e ¡)ensée <le faYeur
111anifcsle pour 11r1e for111e tic !Jail qui élatJlil u11e étroile co111mu11a11lé
(l'int1\rels entre le c11\livale11r el le ¡>ropril·Laire.
1 º Jlesse111IJ[a11ces e11tre le !Jail or1li11aire el le r11éllt.)'ltge :
1\. - 1~11 ce q11i cc111ccrr1e [11 ¡1re1t1•e, la j11rispruclc11ce déciclc qu'il y a lic11
1l'a1>1>li<111er 11 ccllc variélé tic l>ail les llis¡)osilio11s lles arlicles 1¡15 el 1í1G
(l\eq., 28juir1 18!r'-, l). ll, n:1.1./107, S. n2.1.l11í),
13. - Les l)bligalion~ llu l>aillt>trl', clélivrance, e11lrelic11, g·aranlic, i111¡i1'it
foncier, ¡1ósent s11r l11i dans le IJail-111lilayag-c (L. tic 188!). arl. ,1).
C. -- l,cs olilig-alil>ns 1111 ¡1re11011r relalivcs a l'élal des lie11x,a11x ré1Jaralio11s
localivcs, ,i l'o)Jlig·ali<Jn tl'averlir le 11ro¡irir~laire eles us11r¡)alio11s eles tiers,
¡1ese11t égale111enl sur les r11élayers (1,. lle 188!), arl. 11 ).

1. Cong, Leroy, Di, co/01111_qe partiaire º"


métaya_qe 1i'apres la loi' 1111 18 juillet 1889 :
\'ernaison, lhrse l'aris, 1902: voir ,liversPs autre8 lh1\s1•s lraita11t du 1nétayagc dans ccr-
lain(•S rigions ti,! la Fr1tllCP, Pasquier (le C.:rallnnais), París, 1890 ; Sauzct (le l.imousin),
Pnris, l 8!l7 ; ~lnrlin-Desboutlcts (Ir, Uonrhonnais), l'nris, 1H91 ; Lcmoinc (le Ch!'r), l'aris,
l!JO:l; ()Je ¡l'Anjou), Caen, 11110; Viguier (le L:turnguais), París, 1911.
. '

'
548 LIVRE 11, -'TITRE II, - DEUXIEllE PARTIE, - CH,\PITRE PRE~IIER

D. - La nature dt1 droit elt1 preneur esl la 111e111e, celle d'un elroit per-
sonnel 111obilier. 'l'outefois, l'article , 1 de la loi ele 1889 porte que les diffé-
rends entre n1étayer et propriétaire, ol)jet cl'unc J)rocédure spéciale pct1
couteuse, vont devant le juge de la sit1iation.
E. - Le bailleur possede le privilege de l'article 2102-1° sur le mobilier
du n1étay·er qui garnit les 1ieux loués (L. de 1889, art. 10).
2" Dijfére,zces e,itre le bail ordinaire el le rnéla.vage :
1\.. - Le 111étayer, au lieu d'11n ferr11age e11 argent, paye une recleva,ice
e1ifruils, proportion11elle i1 la récolte (L. de 1889, art. 2). Il est vrai erue le
bailleur exige parfois, e11 oulre, une certaine rede, ance en arge11t, généra-
0

lement n1odique, appelée preslation colo,iiquc. La fixation du prix e11 fruits-


a pour conséq11ences d'écarter du métayage l'application des arlicles 1769
a 1772 st1r l'inden1nité en cas de di111inution ele récolte, ainsi que celle de
l'articlc 1722 en cas de dcstruction partielle de la cl1osc. :\.u lieu que le
fern1ier a le droit, e11 cecas, d'opter entre la résiliation et la llin1inulio11
du fer111age, le n1étayer ne peut que lle111a11clér la rt':silialion (L. ele 1889.
art. 8). la di 111in11lion d u fer1nage se produisant au to111atill 11e111e11t.
B. ~ Les actio11s résultant du bail a colo11age partiaire se ¡1rescrivent pa,·
L11i délai de cin1¡ a,is, a l)artir du jo11r ou le !Jail l)rend fi11 (L. ele 1889,
art. 12), tandis que celles elu baila fern1e ordinaire se prescrive11t par le
délai de 3o a11s con1111en«;a11l it courir elu jour de l'écl1éancc de cl1ac1ue
lern1e.
. '
C. - Ce qu:il y a ele plus caractéristique lla11s la riígle111cnlation du n1é-
'
tayage, ce sont les particularilés tenant i1 ce qtie les regles du louage s'y
con1binent, da11s une certaine mesure, avec celles de la société. Voici les
apJllicatio11s eliverses de celte idée :
a) Le propriétaire jouit, ela11s le 111ótayagc, lle cerlaines 1Jrérogalives spé-
ciales (L. de 1889, art. i">). lellcs que le elroit ele s11r,eiller les lravaux et de
eliriger l'exploitalion er1 ce q11i concerne le 111ode ele ct1lture et l'acl1at des
IJestiatix. C'est l'11sage, á eléfa11t de conve11tio11, qui eléter1r1i11c les li111iles
de ce droit <le s11r,eillar1ce el tl'i11gére11ce.
b) La res¡1onsalJililé tl11 111étaycr, c11 cas d'i11ce11die, est 111oi11s lourde, prt'·-
cisé111cnt ;¡ ca11sc tle cclle faculté <le s11rveilla11cc tl11 !Jaillc11r. J,c 111élaycr
est cxonéré, tl11 r11on1c11t <¡11'il 1>r<>11vc <¡11'il a vcillt'i ¡\ la gar<lc el h la c<.>11scr-
valion <le la cl1t1sc en 11011 pcre ele fan1illc (L. <le 188!), arl. l1, al.:>.).
e) J•:11 reva11cl1c,il y a certai11es oLlig-alit)IIS <le diligc11cc ¡1!11s étrtiilcs 1>our
le 111élaycr que ¡><n1r In fer111icr orcli11airc. 11 tlllil se servir tics IJi\Li111cnls
cl'cx¡Jloitalio11 exisla11ls; il csl assujcll.i it la rt'.Sille11re cla11s cc_•ux q11i serven!
i1 l'l1aLilalio11 (1,. lle 1889, arl. /1, al. :1).
1/J Le 111t'.·taycr, 11011s J'avt1ns v11. 11c (>CU l SfJ11s-l,n1<'r 11i ct'·tl<'r so11 IJail
(arl. 17ti:I, 17G/1).
e) ]~11 cas tic tlcslr11cl.io11 1>arli<•llc <In la cl1osc. I<' tlroil ,le rt'•siliali<>lt a1i-
11arlic11t au pro¡>riélaire Ctll11111c au 111t''.taycr, el IH>ll a11 1>rc1H•t1r scul CtllllllH'
llans 1111 l1ail 1\ f'er111e <ll'lli11airr. ((~f. art. 1¡:>.:>. <)l ),. ,In 188\1, arl. 7).
J') La 1111Jrl llll 111étayer rt°:s<111l. l<' l>ail.'l'1J11tcftlis, la jo11issa11t'<) eles l1ériti<'rs
conlir1uc j11sr¡11'ii l't'.•1ioc¡11c lixée ¡1ar J'usag-c tlPs lic11x (l,. <IP 188!), arl. li).
. '

LE LOUAGE DE ClfOSES

g) Cl1aque ar1née, il y a lie11 a reglement de


comptes entre le 111étayer et
le propriétaire (L. de 1889, art. 11 ). Ce sont les regles ad mises en matiere
ele société qui s'appliquent a
ces rcglements de comptes (1'ri}J. Agen,
24 111ars 1904, D. P. 1904.2.296, S. 1905.2.21).

III. - - Bail a cheptel.


L'article 1800 cléfi11it celte sorte de !Jail (( un contrat par leq11el l'lrne
a
eles parties clonne l'autre un fonds de }Jétail pour le garder, le nourrir
et le soigner, sous les conditions con ven u es entre elles n. D'apres cette défi-
- nition, le bail a cheptel, opératio11 qui suppose e11 fait lln pa)'S pauvre, nous
apparaitrait con1111e l111e , ariété du louage de meubles plutót que du bail
0
a
fer1ne, si ce n'était, dans l'imme11se majorité des cas, le bailleur ferme a
qui don11e lIJI cl1eptel au fermier lJOlir l11i pern1ettre l'exploitatio11. Cepen-
clant, lrne combi11aison dill'ére11te est e11 son1n1e possible. Le preneur a
cl1eptel ou clieptelier pelrt etre 11n 1Jetit propriétaire,011 le fern1ier d'un autre
q11e de sor1 fournisseur de cl1eplel. Dans ce cas, l'article 1813 porte que le
a
lJail cl1eptel devra etre sig11ifié alr pro¡Jriétaire de la fern1e, afin de sous-
traire a son privilege le fonds de bétail introduit sur ses terres.
J,a loi prévoit cinq .
a
con1lJir1aisons difl'érer1tes de }Jail cl1eptel, variétés
'

a
dans lesquelles elle regle, défaut de convention des parties, de11x ques-
tions in1portantes, toujours les 1nen1es : celle du risque du lJétail, celle ele
l'attribution du profit des animaux, 11ota1nn1ent du croit et de la laine.
1º Cheptel simple. - C'est ii propos de cette ,•ariété de cl1eptel (art. 1804
a 1817) que l'on re11co11tre les regles du Droit commun, applicables moins a
ele clérogalion forn1elle.
Er1 ce c1ui concerne les JJl'ojits, la loi les répartit ainsi. Le cl1eptelier qui
soig11e et garde le bétail profile du travail, du fu111ier, du laitage. Í\u
contraire, le croil el la laine se partagent par 111oitié, ce qui constitue une
sorle de société entre le cheplelier et le pro¡Jriétaire du fonds de bestiaux.
J,c cl1eJJtclicr 11c cloit ¡las ¡Jrocócler ii la tonte sans avoir préven11 le bailleur.
i\jout(JllS q11c, bie11 que le cl1cptelicr 11c soil pas propriétairc des anima11x,
il aC(Juiert sur cux l111 ccrtair1 droil de disposilio11. L'articlc 1812 porte que
cl1ac1111 des i11tórcssós, Jll'f)[>ri(·Laire et cl1eplclier, a le droit <l'aliéner les
lJestia11x avcc le conscnle111cr1t <le l'autrc.
l'l)11r ce q11i cst eles risr¡tte.~, il faut partir de ce príncipe que le bailleur
cst reste''. pro¡1riétairc, 111l)J11e s'il y a c11 cslirr1alio11 cl11 fonds de l1étail,
(art. 18fi:>). 1,e l1aillc11r étanl resté pro¡Jriétairc, ses créa11cicrs ¡1011rraient
saisir 111 cl1c¡itcl, sa11f l'oliligatio11 pour e11x cl'c11trctcnir le IJail d11 n1oment
c¡11'il a t'.tÓ enregistró (arl. 17!1:{), c'cst-á-clire ele laisser la jo11issar1ce du
cl1eritel a11 fcr111ier ¡ic11elar1t la ,luróc (le la locaticJ11.
l)r, 111l'\111,1, c11 pri11ci1H1, la ¡>crl.c eles anir11a11x, c11 clcl1cJrs d11 cas de fa11te
a
1lún1onlrl1c la cl1argn <111 c\1c1Jtclir,r, csl ¡Jo11r le ¡iropriétai'rc·, f{11i r1'a que le
1lrrlil ,le r/·clan1nr les J>caux eics Jielcs per(luc:-; (arl. 180!¡). 'f<Julcfois, con1r11e
a
cctll! ¡1crs¡1ccl.ivr scrait ele r1at11rc :1 (\carter les capil.a11x ,111 lJail cl1cptel, el
<'.1J111111c, <i'a11trc ¡>arl, ce co11lrat étalJlit 1111c sr>ciété c11lrc le l1aille11r et le

1
550 LIVRE 11, - TITRE II. -

DEUXIE.l\IE PARTIE. - CHAPITRE PREMIER

cl1eptelier, celui-ci partici1)era dans une certaine 111esure ali risque des ani-
n1aux.La perte n'est pour le propriétaire seul que sielle est totale (art.1810).
..1•.
¡---

a
Partielle, elle est partagée e11 co111n1u11. En effet, l'expiration du bail, le
' .
l
cl1e¡)telier est tenu de soufl'rir que le propriétaire J)réleve sur le croit de
• quoi co1nl)ler les vides surYe11us dans le cl1eptel, l'excédent seul devant etre
partagé. Et,á défaut de croit suffisant po11r con1bler ces ,·ides, il y aura liel1
a con1pte en arge11t de 111aniere q11e le cl1eptelier SUJ)J)Orte 111oitié de la
¡)erte J)artielle.
l a
Ajoutons que, précisén1e11t cause des risques que la convention entrai11e
..
'
pour les deux parties, le Code assigne au contrat de cl1eptel, a défaut de
'i • convention, la durée bre,·e de trois années (ar!. 1815).
, . a
2° CJ1epteldo1inéaucolo1i¡Jarliai1·e (art. 1827 1830). - C'est une si111¡)le

1
' ,· a
,.-ariante du précéder1t, J)art quelques clauses d'l1sage prévue set ¡)ern1ises
par l'arlicle 1828.
3° Clteptel a ,noilié (art. 1818á 1820). - Cl_1acun des contracta11ts four11it
la n1oitié des bestia11x, ce qui acce11lue le caractere ele société. 11 e11 résulte
qu'il y a partage eles risques 111c111e en cas de ¡}erle lotale (arl. 1818). Cette
:,0rte de cl1e¡)tel, q11i su1)pose u11 fer111ier doté d'u11 certai11 ca1)ital, et, d'au-
tre part, fait a ce ¡)rene11r une condition si désava11tage11se, est naturelle-
n1ent tres ¡}eu 11sit.ée e11 ¡)rati<¡ue.
a
4° (.)/1eptel de fer (art. 1821 1835). - Le 110111 de celte variété de cl1e¡}lel
s·explic¡11e, soit }}ar la co11dilion tres dure faite au fer111ier, soit par l'atlacl1e
r
' . }}ern1anenle fJi1'elle établit e11tre le sol et les a11i111aux. qui y sout consiclérés
con1n1e i1nn1eubles 11ar desti11alion. Le cl1e1JLel y est livré au preneur s11r
estirr1ali<)Il et,.\ l'ex1>iratio11 <lu co11trat, il cloil reslit11er des besliaux el'u11e
vale11r «'•galc, de sorte <¡11e 1011s les ris1¡11es so11\ 1>011r l11i. E11 reva11cl1e, to11s
les J)rofits sans exccptio11 ap¡)artien11e11t au fer111ier.
5° Cont,·al i1np1·op1·e1ne1il appelé clie¡Jlel (art. 1831 ). - Le Code <lésig11e J}ar
cette for1nule 11ne co111l)inaiso11 e11 Yert11 ele laíruelle le l)ailleur elo1111e u1i 011
a
¡ilusie1trs anir11a1t.c u11 ¡)re11eur, ¡Jo11r les 11ourrir el les loger. D'oú, vrai-
scn1blableme11t, J'i1111}rO~)l'iété sig·11alt':e 1iar le. lcxlc ela11s l'ex1>ressio11 clc
cheplel, ces 111ots 11e s'a¡i¡ili1111a11t 1¡11','¡ 1111.(0111/s ele beslici11;,; el 11011 tt <les
a11i111a11x i11divi<luellen1c11t <léter111i11és. J)ans le c<Jltlrat <le l'articlc 1831,
touL le 1)rofil de l'a11i111al l>tl <les a11i111au x Ya a11 1)re11eur, u l'exce1Jtio11 <l11
croil. Les risq11es so11t ¡\ la cl1argc <l11 1ire11c11r sa11s disli11clio11; il doit
t\1e1ne ¡iaycr les soi11s e11 cas ele 111alallie. U11c lcllc <-!_l>éral ion oll're 1iresl¡11c
les caracteres d'1111 co11lrat 1le ))ier1faisa11cc; 011 11e la corH,'.tiil <1uc cu111111c
a
u11 avanlagc fait par u11 t>ru¡iriótaire 1111 J}elit ctilo11 P11tji'•rc111c11l 1lé1111«'·
de resso11rces .


CI-IAPI1'RE II

LC)C,\.GE D'L\'DUSTRIE

SEC1'10"\ 1·· 0
, - GÉ'iÉRA.LITÉS, DIFFÉRE'iCES AYEC LES .\UTRES COXTR.\TS,

Di:fférence avec le contrat de travail. - 011 sait pourquoi 11ous ne


rangeo11s pas, h l'exe1111Jle clu Code, sous la 1111\111e rulJric¡ue de louage d'ou-
iirage,la localio o¡>erc1rurn 011 lo1iage (/e seruices et la localio o¡>eris ou louage •

el'i11dustrie. No11s préféro11s, ,·u s011 i1nporla11ce jurielique et sociale, e11vi-


sager le lo11age ele services 011 co,itrat (le lrc1vail con1111e 11u 1iegoliun1
spécial, inclépenda11t. Cepencla11t,er1tre les cle11x sortes ele contrats,il y a celte
1·esse111lJla11ce c¡ue le localvr CJU !Jaille11r esl cel11i qui 1Jro111et son activité,
so11 travail; le cotlll11clor ou pre11e11r, q11'011 appclle aussi parfois le ,nat'tre,
est celui c111i !Jénéf1cie de ce lraYail el four11it u11e ré11111uéralio11 e11 écl1u11ge.
E11tre autres i11lércts de la elisti11clio11 e11tre le contrat de tra,·ail (ou
louage ele services) et le lo11ag·e el'i11duslrie (lvcalio o¡>et·is), sig11alo11s les
suiYanls:
a
1º Dans le lo11ag·e cl'i11d11strie, les risques so11t la cl1arge 1111 localor(q11a-
lifié so11ve11l <l'entrc1Jre11e11r). E11 ell'et, si l'o11vrage c111'il a pro1nis u'est pas
fourni, il n'a clroil h a11c1111e ré111u11ération. :\.u contraire, clans le conlrat de
travail, 011 peut dirc que les risques so11l 11011r le 111ai.tre, 1Jarce c¡11e le salarié
a t1i11j<111rs 1lroit a la rén111nération de so11 tr<1.vail, que ce lravail ail produit
1111 11<111 1111 ri'·s11llal..
:i" J.. a 1Jrescriplio11 de l'aclio11 el11 salarié csl ele six B1ois (arl. 227 ,, 4• al.),
1!'1111 a11 (arl. :12¡:1, :1° al.), CHI de ci11c¡ ans (art. 2277), Cclle de l'aclion d11
localor UJJeris esl tic :{o a11s,
:{ 0 l,1\s gara11lics ele la rt'•1111111éralio11 11e so11l ¡ias les 111e111cs. Ccrlai11s sa-

lariés. l1•s g·c11s ,le servicc (arl. 2101, /1º), les <iuvriers el les co111111is eles
ce1111B1cr,;a11ls (arl. :1/1!} ~~. cor11.), 011l 1111 11rivili·ge g1!11éral sur les 111c11IJles
1l11 r11aitrc, (,e loc(tlor o¡ieris, l11i, 11'a 1Jas, c11 gé11éral, ele ¡¡rivilegc, a l'exce1J-
lio11 tles arcl1ilccl1:s el c11lr<'11reneurs e¡11i <JIIl Jlrivilege sur le lit1Li111e11L ¡>ar
<'IIX c<>nslr11il (arl, '..! 1e>3- 1rº),
/1" J,'a11plicalio11 el<\ la 11,i el11 !I avril 18!18 sur l<\S acci1le11ls <l11 t~·avail su¡J-
Jl<Jse 1111 conlrnl <le lravail. (:elle lc>i ne flClll t:Lr<) i11v<u¡11é('. I).ar l'e11lre1lrer1eur
1111 t:\clu•roll,
()11<•1 <•sl 1l1i11c l<i 1·riléri11111 <¡ui ¡1<•r111Pllra ele 1lisc<•r11er 1'1111 1i11 l'a11Lre ele
CPS 1le11x c1,11 Ira Is :1

LIVRE II. - TITRE 11. - '


DECXIE,\IE PARTIE. - Cl-!APITRE II

Ce 11'est point la 1Jrofession rlu localor, car le plus l1u111)Jle ouvrier JJeut
jo11er le role d'un e11lre1Jreneur ou tacl1eron (V. art. 1799). Ce 11'est 1Jas 11011
plus le n1ode de paien1ent du salaire. Car, d'une part, un salaire non pas
fixe, mais proportionnel aux bé11éfices de la 1naison ou au cl1itl're d'atl'aires
ele l'agent, lel qu'e11 toucl1ent souve11t les con1n1is-voyageurs, n'en1pccl1e
1Jas leur engage111ent de présenter les caracteres d'un co11trat de travail. De
111cn1e,les ouvriers payés aux pieces 11e sont pas pour cela des enlrepre11eurs.
:\ l'in,•erse, u11 tacl1eron peut fort bien etre ré111u11éré suiva11l ses l1cures de
tra,·ail, ce qui, exlérieure111enl, le fait beauco11p resse111}Jler it un 011vrier.
\Tous croyons que le critériu111 doit etre cl1ercl1é a la fois da11s une cer-
taine continuilé de rap1Jorts, et dans 11n lie11 de subordi11atio11 dans l'exécu-
tion du travail, traits q11i caractérisent le co11trat de tra,-ail. ,\u co11traire, le
tacl1eron 011 entreprene11r, si n1odesle soit-il, exécute le travail a11quel il
s'est·engagé sa11s clirection el it ses ris,111es el ¡1érils (llec¡., 8 ja11vier 1~¡07,
D. P. 1909. 1 .!123, s. 1!)07.1.353).

Comparaison avec le mandat. - Le rap1Jrocl1en1enl s'i11111ose surlout


it l'occasiu11 de ccrtaines tacl1es d' ord re relevé (artes liberltles ), telles q11e
l'e11gagen1ent du n1édecin, de l'avocat, etc ... , dans lesquels les llo111ains
,oyaient non un louage, 1nais un n1anllat. Cetle difl'érencialion s11iva11t la
11ature des lacl1es pro111ises s'cx¡1liquait, cl1ez les Ro111air1s, par de11x fac-
leurs aujourcl'l1ui dis¡1arus : d'11ne part, le 111épris des lra,·a11x 111a1111els
(ctrles serviles.), lot ordi11airc eles csclaves; cl'a11tre part, l'inslitulio11 de

la clie11tele, qui faisail de la l,icl1e de l'avocat, gé11érale111ent e11,isagéc
con1111e type eles artes liberales par les j11risco11sultcs, 11n service grat11it.
De nos jours, loul cela a dis1Jar11. Le lravail esl cor1sicléré co111n1e a~·a11l
sa dig11ilé, c¡11clle c¡11'e11 soil la nat11re; cl'ailleurs, il 11'e11 esl pas c¡ui soit
p11rernenl n1a11uel el ne 111elle e11 jeu l'i11lellige11ce. D'a11lre parl, les
professions li)Jérales cloivc11l 11011rrir le11r l101n111e con1111e les a11tres. l){-j.'1
Potl1ier qui, reprocluisanl les solutio11s ro111aines, regar,]ait l'a,r>cal con11ne
1111 111a11<lalaire, supposail cc1ie11cla11l un clicnl l11i ofl'ra11l le 1'/1esaur11s ele
\lcerr11ar1. 011vragc IIIUll([IIUJ1l asa liilJli1Jll1e(¡11c. ,\va11l lui, r.11jas, ¡>lus r{•a-
lisle, a1i1J\ic111ail ti l'avocal les ¡iarolcs clP Sé11eq11c1 (1la11s I'//1•rc11le j'uric11x):
(;/a111osi raliios11 fori .i11rr1ia l'c111l1111t.
tr11s el 1•crhf/ loc1i11/ ...

l)e 110s jciurs, il 11·cst 1>as 1lt>11le11x. 1¡11<', 1la11s les ratJt><Jrls <le l'av,icat 011
clu 111écleci11 avcc le clic11l. il y a, 11r_¡11 [>as 111a11clal, 111ais louage ,l'i11J11slr-ie;
le caracli,re orclinairc clu rr1a11clal t',1a11l. la rc1>rés!,11lali1>11. l'l l'av,_¡cat 11i le
111t'•cleci11 11c rc1>rt',sc11la11l {•viclc111111c11l. lP clie11t. 1\11 C<>lllrair,·. 1111 nYl>lll', re-
}lf'l~sc11ta11l S(JII cliPnl., sera 1111 111a111lalaire.
l)e 11H~11,e, 1111 agc11t cl'af1\1ir1,s, 1111 ag1,11l. 11'ass11ra11c1.•s sera 111a1Hlalaire 1\
l't'•gar<l clP la clie11tt'•le. loc11/or 0¡11•rar11111 1'i l't'•g·arcl cln la c:,i,11¡,agnie; 1111
arcl1itecle, locator o¡ieris <'11 pri11ci¡>e, si,ra ccpc•11cla11l 111a11dalairc c11 la11t
c111'il cst cl1argt'· 1111 rt'·g·ln1111•11l. 1lcs 111t'·1111iircs dPs c11lr<'¡>rn11n11rs ¡>c>11r le
cci111¡ile ele sci11 clicnl (\'. 111>l<' clP \l. (ilass,,n Sl>IIS 1). f>. ri¡ci(i.,.!))-

LOüAGE 1) •l\DüSTI\IE 553


Quel intéret y a-t-il clone it la qt1eslion :i
· 1º Ce 11'est pas st1rlo11t un i11téret (le rému11ération pécuniaire,car le 111a11dat

¡leut etre salarié, et le salaire du n1andataire peut se ¡loursuivre en justice


co1111r1e cel11i du locator operis. Voici cependa11t u11c 11t1a11ce a1J¡Jréciable
entre les cleux coutrals. S'agit-il du salaire d'un n1andalaire, les trilJunaux
ali111elle11t la réductibilité de la rén1u11t'·ralion convenue, si elle IJarait l1ors
<le pro¡Jortio11 avcc le service re11dt1 (llec¡., :14 fé,ricr 18g1, D. P. 91.5.33G;
Req., 27ja11vier 1908, D. P. 1908.1.155, S. 1908.1.223); or, ils 11'auraient
ccrlai11er11er1t pas le 111cn1e 1Jo11,oir tl'a1J1Jrécialion pour la rér11unéralion dº11n
louage d'ouvrage. •
2º Une différence U ¡Jeu pres puren1e11t Ll1éorique a trait U la res¡Jonsabi-

lité encourue par le n1éclecin ou l'a,ocat. Est-ce une responsa]Jilité délictuelle


011 conlraclt1elle :i ;\u fond le prolJle111e offre peu d'i11téret. I~n cas d'aban-
don clu rr1alade ¡Jar le 111édeci11, par exen1ple, les trilJunaux, c¡ui i11fligeronl
a cclui-ci eles dommages-i11térets, co11for1dro11l volontiers l'idée ele la res-
po11sabilité contract11elle avec celle tle la sa11ctio11 cl'un délil (\r. Bourges.
3 ao11t 1909, Gaz. Pctl., 1909.2.584).
~{º Sup¡Josons qu'u11 ingé11ieur, cl1argé iJar u11e Cornpagnie de certai11es
éludes dans 1111 tJays éloigné, }' ¡1érisse par suite tl"un cataclys111e naturel.
Si on l'envisage co111n1e 11n locator operis, sa far11ille 11'a droit ú 1111e inden1-
11ilé c¡11'en dé111ontra11t une faule ele la Co111pagnie. Si on l'e11visage con1n1e
111andataire, la fa111ille doit toujo11rs ctre intle111nis1'e, en verlt1 lle· la rfgle
(le l'article 2000,d'a¡Jres laquelle le 111a11da11t doit i11(len1niser le 111a11clalaire
a
de tou tes les perles essuyées l' occasion de sa gestio11 (Req., 28 octobre 1907.
D. IJ. 1908. 1.481, note de \l. Boislel, S. 1912. 1.301 ).

Comparaison avec la vente. - 11 11'esl ¡Jas difficile tle lliscer11er t111


sir11ple lo11age d'induslrie, lorsque le 111altre procure la 111atiere, et c1ue l'ou-
vrier ne 1)roc11re que sa fa<;on (arl. 1711, i,i ji,ie). \Iais r¡11e rléci(ler lorsque
l'(111vrier fo11rnit, avec sa fac;on, la 111atiere de l'ouvragc :1 ,. a-t-il lú 1111 louage
(l i11lluslrie 011 u11e ve11le 1't liurer :1 Voici q11clques ir1Lért}ts de la disli11clio11 :
0

1° J,'e11lrn¡)re11c11r fo11r1til-il la 111alierc, les ris<1nes so11l :\ sa cl1arge, .'i


111oi11s tJUC le 1ttaiLre 11c fut e11 de111e11re de receYoir la cl1ose (arl. 1788). ,\11
conlrairc si le 111allre a fourni la r11aliere, les risques sor1t 1Jour l11i (arl. 1789).
lci, la loi scmble IJie11 fairc 11réclo111i11er le caracterc tle vente lor:-;que le
fa<;r,1111icr f1Jur11il la 111alierc. ·
:1º Su¡1¡1osons (t11'u11 n11lre¡,re11c11r, 11ar cxe11111lc, t111 constr11cl.eur ele 11avi-
rcs, lo111lJc e11 faillite ava11l l'acl1evc111e11l cl11 11avire cor11111cncé. Le clienl
va-l-il 1>ci11voir rc,cndiquer le 11a,ire co111111c11cé co11lre la faillile ,1 No11, si
)'011 all111ct c111'il y a ,e11Lc, car la ve1tlc r1'élail c111c d"u11c cl1ose acltevóe.
()ui, a11 co11lrairc, s'il y a Localio 0¡1eris. Et, (l'aulre ¡iart, s'il y a ,e11lc, les
fournisscnrs de 111alt'·riaux aur,111l, tla11s la faillile, le ¡1rivilt:ge <le l'arli-
clc 1\11-8° 1111 (~ollc lle cu111111crce.
~lº L'arlicle /1, al. 2, lle la l,Ji ,111 '.18 ¡Jlt1vi,iseau \TIII llo11nc c1111111t'\Le11cea11x
1;,Jnscils de préfeclurc pclttr slal11er s11r les clill'érentls entre l'ad111i11islralio11
1•l l<\S e11Lre11rc11e11rs lle lrava11x ¡1ulilics c¡11a11l a11 se11s el,\ l'cxt'•c11li<J11 rle

554 LIVR E 11. - TITRE 11. '


DEFXIEllE PARTIE. - CIJAPITRE II

leurs 111arcl1és. J\lais ce lexle s'applique-t-il si l'entrepreneur fournit la a


fois travail et 111atiere ~ Ou au contraire se trouve-t-011 en présence alors d'un
marclté tle.Jour,iitures, c'est-a-dire d'u11e vente, ce qt1i donnerail alors con1-
IJétence aux tribunaux ordinaires, si le n1arcl1é a été passé par le cléparte-
111ent. la co111n1u11e ou un étalJlissen1ent pulJlic, et at1 Conseil d'Etat, s'il
u été passé par l'Etat (Dt',cret I I juin 1806, arl. 13). Ici la j11risprudence in-
cline dar1s le se11s dt1 n1arcl1é ele lruvaux pu)Jlics, c'est-a-clire du louage
d'ouvrage; car elle do1111e compélence au conseil de préfect11re ('l'rilJ. Con-
llits, 22 n1ars 1890, D. ll. 91.3.9!1, S. 92.3.90).
4º Lorsq11'il y a localio operis, l'o11vricr est quilte IJar la réce11tio11 de l'ou-
,·rage. i\.u co11traire s'il y a ,·er1te, le constructeur doit la garantie des ,·ices
cacl1és de la cl1ose (art. 1648).
Ou trouver done le crilériun1 ~ Les texles sont conlraclictoires. Nous avons
v11 que J'arlicle 1711 11e voit u11 louage c¡11e dans l'l1ypotl1esc 01'i la 111atiere
est fournie llar le n1aitre. Au contrairc, l'article 1787 clo1111e ce lle c¡uali lical ion
111e111e aux co11lral:, ot'1 l"cnlrc¡Jre11eur four1rit lt la fois 111alierc el lravail.
N"o11s croyo11s c¡11e le co11trat par lcqucl le travaille11r four11il la 111aliere
est en gé11t'.·ral la 1•e11le d'itne chose fitlure. :\lais il e11 sera clilfére1n111e11l si
la n1aliere 11'est <111c I'ciccessoire. ¡\.lors, c'esl le lo11age cl'o11vrage qui l'cm-
}JOrle. Dt\ja Jlotl1ier ren1arc¡11ait q11e le taille11r Lravailla11t ii fai;.011 ne cesse
JJas cl't~tre 11n loc11tor OJJeris, ¡Jarce c¡11'il fo11rnil le 111 et les IJoulons. La
111eñ1e icl{,e s'a¡Jplic¡11era clans des l1y1>0Ll1escs 111oi11s claires. ,\insi, il a él~:
jugé qu'il y a lo11agc cl'i11dustric el no11 ve11tc dans le fail cl't111 enlrc¡Jre11eur
• q11i se cl1arge d'éle,·er, e11 fo11r11issa11t les 111atériaux, une construclio11 sur
1111 terrai11 1111 c111i l11i esl four11i it ccltc fin. 011 a co11sidóré <¡11'c11 l'espece la
r.
fo11rnil11re (les 111atéria11x étail cl'ir11porla11cc sPconJaire ((;¡, ., :10 f(vriel'
1883, l). J>. 8!1.1.:)2, S. 83.1.313).

Sl~C'l'I()\ 11. -- EI•'FETS l)li L(Ji;.\GE 11°1:'\DFSTIIIE.

1º Avant l'achevement uu travail. - lci 11011s u,011s :', r>réciscr les


sol11Lio11s tlt',jit rt>11co11I rt':es s1>11s l1•,.; al'I iclt•s r 788 lt 17\)t> lt ¡>rn¡>t.>s tic la tJtH'S-
li(Jll (les ris1¡11ns. l)c11\ cas 1l11i,P11l t~lrt• disli11g·11t'.•s, s11i,·a11l. lfllC !1, locl/lor
OJ)Cl'is (oll\'l'it'I' 1111 l'llll"Cf)l'l'llt'lll' fcHll'!lil t)ll llC ft ► lll"IIÍI ¡>as la 111alit'•rt•.
:\.. l.c lu,·alor u¡1eris ,/iJ11r11il /11111alii:re. - ,\lors (ar!. 178,'-). il !'cslP, 11011s
l'avo11s ,11. 11ro¡>l"it'.•laire tlt) la cho,.;p j11s¡¡u':'i sa rt'•cc¡>li1,11; c'esl 1111 ,e11de11!'.
l)llllC, si cellc cl1t1sc ¡>t',l'il « 1Ic t¡uclcfllt' 111a11it'·!'t' t¡11e ce s1Jil •> sa11s sa faulc, la
¡>erlc csl. }Jlllll' l11i: il 11'a, 11i ¡1011r la 111alit\rc r1i ¡>n11r le traYail, rit•11 :\ rt'·cla-
111er a11 u1ailrr, 1!11 1110111c11l 1¡uc ct•l11i-ci 11't':lail ¡>as en clc111c11rc (!11 ¡>rt>ct1lcr
:', la rócc¡>li1>11.
'l'c>ulcl'uis, la juris¡>ruclt)lll'ti 11'a11plic¡11c ¡>as ccltc r1•glc a11x c11/r1•¡1r,·11c11rs
,/e co11slr11r/ions truYailla11l aYec lt•urs 111att',ria11x s11r le s11l 1l'aulr11i; d1111s CI'
cas, clic l'ait. sup¡>orlcr le ris1¡11e ¡>al' le 111ailre; le 1111itit' inv1u¡11ú, c'l'sl que
LOUAGE D ' I:SDUSTRIE 555
les matériauX: appartienne11t au propriétaire, par accession, des le 1110111ent
de leur incorporatio11 au sol. Or, res ¡Jerit domine (Req., 19 j11illet 18¡0. D.
JJ. ¡2.1.18; Civ., 18 octobrc 1911, D. P. 1912.1.113, note de l\I. Planiol, S.
1912. r.449, 11ote de 1"1. Gaudcmet).
B. Le localo1· operis ,ie four11it que la 111ai1i-d'ceuv1·e. - C'esl, par cxc111-
a
ple, u11 industrie! qui 011 rcmet de la lai11e pour la peigner, un 111cu11ier
a
q11i on ren1et du blé pour c11 fairc ele la fari11e.Disti11guor1s le risque de la
n1atiere et celui de la ré1111111éralil111.
• a) Risque de·la nialiere. - L'article 1789 porte que l'ouvrier ,ie ré¡Jo11d
qzie de safaute. Done, si la cl1ose périt par cas fortuit, la perle de la 111a-
a
tiere est po11r le 111aitre. :\Iais qui inco111JJe la cl1arge de la preuve ) Evi-
a
den1n1ent l'ouvrier. Débi Lcur de la restitution de la n1atierc qui lui a été
confiée, il r1'est libéré qu'er1 dé1nontrant que la cl1ose a péri sans sa fautc
(arl. 1302). J>ar exc1111Jle, s'il y a cu i11cendic ou vol, il faudra qu'il dén1on-
tre c¡nc cet incendie ne lui cst pas i111puta)Jlc, 011 c111'il avail pris co11tre le
, 01 les 1Jrécau tio11s suffisar1 les.
0

IJ) Risque llll prix de la 111tti11-rl'a!uore. - 1\ux ler111es de l'articlc 1790, si


la cl1ose a péri, l'ouvrier « 11';1 point ele salaire a récla111er )l.
Les l{o111ains (5g, D. Loe. co,ill., XI\:., 2) et 11otre ancie,1 Droit 1_llotl1ier,
Louage, nº !13!1), ad111cttaic11t ici 1111e solutio11 plus l1u111ai11e et, croyons-
nous, plus jurieliq11e. l)u 111or11e11t c¡ue l'ouvrier a fourni le travail qu'il
avait pron1is. il devrait avoir droit lt la ré111u11ération sti¡Juléc. ,\jo11tons
q11e la reg-Ic de l'article 1790 i11clic111e elcux exceplio11s a11 pri11ci1)c, car
le fa1,011nier a clroit ú so11 salaire, 11onobsta11t la ¡Jcrte des n1arcl1a11dises
da11s clc11x cas.
e,:) Si la cl1ose a p(·ri par le oice 1le la malicre ; alors c11 cll'et, c' est ¡Jar la
fa11te clu ¡Jropriétairc q11e le contrat 11'a ¡Ju s'exécuter. 11 c11 serait ceper1-
da11t clill'érc111111cnt si l'o11vricr avait re«;u sciemrne,il des 111atériaux 111au-
vais, ou si leur vice était ele ceux qu·eut du con11aitrc un l1on1111e d'u11c
ex périencc professio11nelle 1noye1111e.
~.l L'ouvricr a clroit de 111<~111c a11 salaire si la n1arcl1andise fa1,01111ée avait
ótt'· rc<;11e, -011, ce ¡¡ui revic11L a11 111e111e, si le 111ait.rc était e11 cle111e11rc ele la
reccvoir ava11t la perle.

'.lº Irresponsabilité consécutive a la réception en matiere mobiliere.


- a¡Jpliquc ici ¡111re111e11I et si1111Jlc111eut ce príncipe que l1i réce¡Jlio11 1le
<l11
la clio.~e Stlppri,ne lo1ile !'es¡>o1ts11hililé ,te t'otto!'ie!'. D11 1110111cnt que le 111ai-
trc a JJ11 cxarni11cr l'lJ11vrage ava11L de le rcccvoir, ¡H1u i111¡>Clrlc11l les vices
tic cnl <Juvrage : il 11'avail <111';\ le rcfusor. l•'aiso11s ccpcr1ela11t ici cleu x
olJserva tio11s.
1\. - 11 e11 sera llifl't'•rcrr1n1enl si l'o11vricr a f¡i11r11i ú la f'ois la 111atii.•re et
le tra\•ail. !~11 ce cas, 11011s l'av<111s v11, c'cst, c11 JJri11ci1Jc, u11 ve11deur.
Cl>rnn1c tri, il cst gura11t llcs vices cncl1és, c11 vcrt11 d11 {Jrir1cipc gt''.JH'ral ele
l'articlc , (i/18.
11. - :\le111c s'il s'agit ,J'1111 si111r1lc f'a<;ou11ier, l'ancie11 Droil acl111cltail 1111
rcct111rs ponr 111alía<,:íJ11 11l'1Liso111/es vices c11cltés. Seule111c11t, ce reco11rs était
556 LIVRE II. - TITRE IJ. - '
DEUXIE!\IE P.\RTIE. - - CH,\PITRE 11

a
li111ilé l111 bref délai (d'abord lrois ans, puis unan). On reconnait aujo11r-
cl'l1l1i que le Code civil a s11pprin1é ce recours. En effet 11ous allons voir
qu'il en acln1et un, lin1ité da11s sa clurée, qua11t aux ouvrages in1mobiliers
(art. 1792); or, r¡ui (!icit de 11110 de altero ,iegal. Et l'on ajoute que cette difl'é-
rence se justifie fort bien. La réceptiou d'une construclion imrnobilicre
11écessite des co11naissances tecl1niq11es que le 111aitrc ne possede pas en gé-
11éral, tandis q11c, lorsq11'il s'agit d'l1n travail 111obilier, la vérificalion en
est toujo11rs possible. \Tous lrou,·ons ce raiso1111e111ent fort arbitraire. E11
ce q11i concerne les i n1111culJles, ne tJourrail-011 pas dire que le client, s'il
n'a pas les connaissances nécessaires pour apprécier le traYail, po11rrait
Je faire vérifier par lIIl l1on1me de l'art ? Et, c111ant a11x travaux 1nolJiliers,
la réparation d'une auton1obile par exe111ple, est-il Yrai de dire a p1·iori
qu'aucune connaissa11ce tecliniq11e n'est nécessaire pour q11e le client p11isse
apprécier la valcur du traYail :i

3º Responsabilité consécutive a la
réception en matiere de bati-
ments. Príncipes généraux. Double base. - Ici, 11011s lrouvons deux
lcxtes célebres do11t le ra1J1Jrocl1e111e11t co11slil11e 1111e clifficulté classique de
la rnaticre, les articles 1792 et ?.270. r\rticle 179'l: (( Si l'édifice construil a
prix fait, péril en to11l 011 en parlie par le vice ele la co11struclio11, 111e111e
par le vice clu sol, les arcl1ilccle et cnlre¡Jre11cur en so11t responsa!Jles
1Jentlant clix ans. n ,\rlicle 2270 : (< ,\1Jres dix a11s, l'arcl1itecle et les entre-
llreneurs sont:. décl1argés de la garar1lie des gros ouvrages c¡u'ils 011t fai ls ou

clirigés. n
On le Yoit, ces de11x texlcs dérogenl au 1Jrinci¡Jc c¡11e l'o11vrier cst délivré
-cle to11te res¡ionsalJililó par la réce¡Jlio11 d11 lraYail, et l11i i111posenl dix ar1r1óes
ele gara11lie. it la suite lle celtc récr1)Lio11. Ccllc solution, lraclilio1111cllc lla11s
11otrc Droil, s'cxplil111c par llc11x raisons. C'csl cl'alJord, nous l'avo11s vu,
l'i111¡Jossibilit{· 11011r le 111ailre ele ¡1rocéeler it u11e réception sérieusc, étanl
elo1111éc la com¡Jlcxitó des cti11naissanccs 11ócessaircs: nolio11s el'arcl1ilccture,
ex¡1éricncc eles 111alt'·ria11x, a¡J¡1rt'·cialio11 el11 sc,1, 11olio11sj11rielic¡11es i11elis11e11-
salJles 11e>la111111c11t ¡1011r connailrc l'cxisle11ce eles servilu<lcs !{•gales, ele ...
l~n scc,111ll licu, il y a 1111c raiso11 ll'orllrc ¡i11!Jlic 1>011r exiger eles arcl1ilecles
el c11lre¡irenc11rs la JJcritia 11rlis; c'cst 'fllt' lcurs 111alfat;or1s soitl f11r1eslcs /1 la
st'.,c11ritó tic lcurs clic11ls el:\ ccllc ll11 ¡111IJlic.
:\lais ,111cll{) csl la 11alure tlc la rcs¡Jt111saliililé i111¡Josi'·e aux conslr11clc11rs :1
Ralil>ll11cllc111enl, sentl>lc-t-il,ce dc,rait <\trt' 1111c res¡ionsalJililéc,inlracl11ellc.

lls onl pr<J111is 1111 i'·<lificc l,ic11 conllilionni',. S'ils 11e l'onl pas f1111rr1i lcl, ils
so11l rcs¡ionsalJles, it 1111Jins 1¡11"ils ll<' 1>r<H1Yc11l lc cas f<Jrtnil 011 l'aclitlll <l'unc
f,ircti t'·lra11g<'•re el i111¡ir<',v11c. :\lall1c11re11s1•111cnl, la C<)cxisle11ceelcs elc11x tcxles
¡Jrt'.,citt'·s, lc11r rt'·<lacli1111 t',1111i,c>(JllC ellll, elt'·lcrn1iné la j11ris¡Jr11d<111cc rl la
tloclrint• it <les <lislinclions c1>11111lic¡11t'•cs PI s11IJ!iles. ),a rcs1i1,11sal>ilitt', (l{·lic-
l11cllc a t',t{, i11lr(><l11il<) 1\ ct,tt', <le l'a11lrc; 1¡11 a cr11 lrouver 1la11s la ltli, en
cerlains cas, u11e prt'·s<1111¡>IÍ<lll tlP l"aulc '. C'esl et, 1¡11c 11t111s allo11s i'·claircir,
en exa111i11anl s11ccessive111Pnl les ci1111 lH>i11ls sur lns,¡ucls il fHJ11l y avoir
~icu /1 C<JlllJlaraist)ll ('Itlrti l'arliclc 'i(J'l el l'arlicln :i:1¡(J .

LOU,\.GE 1) ' l;\"DUSTI\IE 557
A. -- Dans l'article 179:>., il s'ag·it d't1n édifice co11slruit it prix fciil. L'ar-
ticle 2270, a11 contraire, 11e distingue pas, il en1JJrasse done aussi bie11 le cas
ot\ le travail a été effect11é s1z1· cleuis que celui ou il a eu lieu it JJrix Jail,
c'est-a-d ire a forfait.
B. - 011 re1narquera de plus que l'article 17g2 11ous parle cl'un éclijicc.
L'arliclc :1:>.70, plt1s général, IJl11s large, e111ploie une autre expression, celle
ele gros 01ivrages.
C. - L'article 1792 sup1)osc u11 é<lifice c1t1i péril en e11lier Oll e11 JJctrlie.
L'article 3:i70 ne fait at1cu11e allusion ú cetle circonstance. La rcs1Jo11sa]Jilité
c¡u'il édicte sera done encourue aussi bien en cas de simple malfai;o,i.
D. - L'article 1792 supposc que l'arcl1itecte et l'e11trcpreneur or1t co,is-
truil, c'est-a-dire ont, non se11le111ent donné le pla11 el dirigé, n1ais ell'ecl11é le
travail. L'article 2270 nous parle, au contraire. des lravaux qu'ils ont faits
ou clirigés.
E. - Sur un point seule111e11l les articles , 79:1 el 22!10 co'incicler1t al1solu-
111e11l: c'esl en ce qui co11cerne la lin1i~ation de di;;; c11111écs assig·11ée á la res-
¡1onsabilité des architectes et c11lreprcneurs.
E11 raiso11 de ces divergences, une idée s'est formée et dé,·eI01Jpée cr1 ju-
risprudence : c'est que, lorsq11e les circonslances spéciales plus étroites
c11visagées JJar l'article 17():>. se renco11trent, u11 régi111e plus sévcre esl étalJli
ptir la loi, 1111 surcroit de rcspo11salJilité pese s11r le locator operis; il ). a
¡>réso111plio11 1/e .fa11tc conlrc l11i.

,\. Const1·uction a prix fait ou sur devis. - l)récisons d'abord la


clilfére11ce e11tre le 111arcl1é 11 pri,1; fc1it et le marcl1é sur devis. 011 a1J-
JJelle 111arcl1é 11 JJrix fail 011 1't fo1jail, ou c¡uel<1uefois a lo11s ris,¡ues, cel11i
cla11s leq11el la s0111111e clue par le 1r1ailre csl fixée c\'une r11anicrc i11varia-
l1le. L'e11trepreneur et l'arcl1itecle 11e pcuve11t de1na11der aucune aug111enta-
tio11 ele llrix, sous prétextc cl'11ne aug111entatio11 clu prix des 111atéria11x 011
ele la n1ain-d'm11vrc. Le 111arcl1é sur devis cst dill'ére11L. 011 appelle llcvis la
¡11·évisio11 et. l'csli111at.io11 a¡i¡iroxi111alivc des Lravaux, 111atériaux el 111ain-
li'c1)11vre, accor11¡1ag11a11l la C<J11cl11sici11 li11 contra!; les lrava11x sonl e11s11ilr
cxéc11lés, el le regle111cnl se fai L1iar 111ó111oire. Les l1<lnoraires de l'arcl1i Lec le
si,11L sr1ltl1"s rn sus, et. co11sisle11t. g·i'·11l•rale111e11t e11 u11 Lanl JJour ce11L(le plus
:--c>uvenl :i o/r¡) tll's <ló¡ier1ses lot.alcs, syst<'·111e si11g·11licr q11i a JJ011r l1ase
l'1l1•is 1/11 co11.~eil eles /l(i/i1111•11fs ciuils <111 1:i riln,icisc a11 , 1 111. De celle tliffé-
rc11cc <la11s le 11111tlc de r1\1111111t'•ralillll rt'·snltenl <lc11x a11tres <lill'l·renccs.
a) 1~·11 ce <Jlli co11cer11e le rt'·f¡lc111c11l 1/cs lrl1v1111.,: stt/JJ>lé111c11lc1ires. - S'agiL-il
1\'u11 111arcl11': sur tlcvis, lo11s les travanx so11L róglés sur 1r1é111oire, et si le
co11slr11ctc11r en a fait. <le s111i11lé1r1cnlaircs ¡>ar ra¡>J>orl at1 IJlan 1iri111ilivc-
111e11L ado¡ilé entre lui el le 111ailrc1, il fera la ¡ircuve tl'u11c c11le11le e11 v11e
<le C!\S su¡>¡1l{:111cnls s11iva11t. lns r<'·glcs cl11 l)roil com1111111. ,\.11 co11Lrai1·e, s'il y a
<:11 tlrix fail, l'article 1i\l:I ¡>orle que l'arcl1ileclc c>11 l'e11Lre¡>rc11c11r 11e 1icul
rt':cla111er le re111IJ011rs<·111c11L dPs lra,aux s111ipló111c11taircs <111'e11 ¡1rocl11i-
sa11l 1111 orrlrc écril <l11 ¡,ro¡irit'·tairr. 11 y a 111, non sr11lc111e11t 1111e cléro-
galicin an i)r<Jil. CO!lllllllll Cll 111alii•re <le ¡ire11ves, 111ais t111e co11<lilio11 s11]Js-


558 Ll,'RE JI. - TITRE 11. - DEl"XIEl\IE PARTIE. - - CJI.\PITRE 11
tantielle tle la valielité ele la conYe11lio11 n1oelificatrice du pla11 pri111itif. Des
lors, 11011 set1le111ent le co11s tructeur ne pourrait invoquer 1111 co1nn1e11ce111ent
de pre11,·e par écrit, afi11 de dé111ontrer par té111oins l'ordre supplé111entaire de
son clie11t, r11ais il 11e po11rrait lt1i eléférer le sern1ent. J,es entrepreneurs 011t
souvent réclan1é contre cette regle et ¡Jostulé ou obtenu les tempérarr1ents
suivar1ts :
e:<) On a parfois préte11elu que l'entrepreneur pourrail obtenir paie111ent
de ses lravaux su¡Jplén1entaires par l'aclion de i,i rem verso, dans la mesure
ele l'enricl1isse111e11t elu 111aitre, qiiale1111s loc11¡1lelior, 1nais cette solution est
i11ael111issible, car elle per111ettrait de n1éconnaitre facilen1ent le texte si
in1pératif de l'article 1793 (I\eq., !1 janYier 1870, D. P. 70.1.246).
¡3;1 Certains arrets écartent la regle ele l'article 1793 pour les travaiix
1le te1·rassen1ents, si fréc¡11ents r1otan1n1ent en 111atiere e.le travaux pulJlics,
lt cause eles clifficultés s¡Jéciales q11'il y a pour l'entrepreneur it co11r1aitre
la 11al11re du terrai11, ce qui re11d les erre11r.s ele sa part tro¡J faciles (l\ee¡ ..
20 aYril 187!1, D. 11. 7'1.1 .329, S. 75. r.5ü¡. Mais l'erreur, qui est 1111e cause
cl'ar1n11lation du contrat, pe11t-elle er1 changer les conditions ;i
·¡) 11 fa11t écarter la rt'·gle ele l'arlicle 1793 lorsqu'il y a da11s le n1arcl1é
a forfait 11ne clat1se par lac¡uelle le propriétaire se réserve de faire des
n1oclifications a11 plan ¡1rimitif (l\e11,, 1'' fó,rier 1904, sol. in1pl., 1). l).
1904. 1.:360). ,\lors en ell'et, le propriétaire parait s'etre réserYé une optio'n
er1tre cle11x. 111arcl1és e.le caracti:re dill'óre11l; et, e11 co111n1andant des travaux.

suprilé111entaires, il a11rait opté 1)our le n1arcl1é strr deYis .
;\) 011 co11teste que l'article , 793 s'a1)pliquc aux travaux supplén1entaires
des c11tre¡Jre11eurs qui fot1r11isser1t le sol (arg. elu 111ot: « le propriétaire du
solnl.
,\jot1lor1s qtre, ¡)ratic1ue111e11l, les e11lre¡)re11eurs qui veule11l olJte11ir t111e
modificatio11 11 le11r avantage du forfait q11'ils 011t conse11ti, t1sent parfc)is
cl'11r1e ruse co11sisla11l h 111e11acer le 111.1itre de se 111etlre en faillite, s'il 11c
veut lc11r consc11tir 1111e l)onificatio11. Coritre 11n pareil procédé, il 11·y a
q11'1111c prt'.:cat1li1111 ¡¡ 1)rc11clr1', c·esl cl'exiger tle 1·e11lreprc11e11r ¡\ forfail le
clép1\L el '111i ca11lio1111e1ue11l.
1)) /~11 ce 1¡1ti ,;0111·er111• /11 res¡1011snhilit1:. •- l{ic11 q11e, raticJ1111ellc111c11t, le
111odc ele rt'·11111111:ralio11 clu co11slrucl1)11r ne s1J111l1lc ¡1ns dcvoi1· i11ll11er sur sa
'
'
res¡)onsa!Jilitt'·, la j11ris11r111lc11cc a acl111is ici la 1listincti1Jn s11iva11l11:
Si le c1111slrucle11r a fait 1111 111arcl1ó it ()l'ix. fait (<lu111ai11e de l'art. 1 ¡n·i). il
csl, c11 cas 1le rlcslr11ctin11. ¡1rés111111: c11 /1111/e (clisons si111¡)lc111e11l 1¡11'il csl
s1)u111is a11x regles 1ln la res1Jo11salrilitt': c1111lractucllc). Ce sera /1 lui, s'il ,c11l
t':cl1a1111er aux clo111111agcs-inttr1~ls, i1 JJr1111vcr le cas 1'11rlt1it 011 la frirc11 111a-
jet1re <111i a a111c11t'J la calaslrt>¡ihc. \lais. la tlén1011strali1111 1l'1111e fa11lti in1-
1111tal>lc a11 111aitrc l11i-111e111r,, ¡)ar cxe111¡1lc, le fail 1¡11n c'tist, l11i 1111i a frlurni
le 11lar1, ne ~crait JJas 111111 cause tl"1:x<>1Jr''.ralirH1 fH111r le c1)nslr11cte11r. l•:11
cll'el, celui-ci 11'a11rait ¡1a1; clíi acc1\J>lcr dcs 11r1lr1•s lla11g-cre11x, 1111 ¡>ln11 1lr':fl'c-
L11e11x 1 \'. Cl\fl, (iren<Jl>ln, '.!8 n1ars '!)<>ti, I).' 11. 'H<H>.:i.t,:{,; f>aris, :i¡ 111ars
188!1, /,11 /,oi, l1 j11i11 188!1). 'J\H1Lef11is In (~1111scil tl'l•:tat, fait asscz )Hlll 111ar-
cl1é 1lc celtc i1léc, lrirsr¡u'il s'agit ele l'cx1\c11li1J11 cl'1111 lravail 11rl11r 111 co1111>te
559
<le l'Elat ou cl't1ne co111n1u11c; (la11s cecas, une fa11\c ele <lirectio11 é111a11a11t
<le la perso1111e IJUlJli<111e alté11ue la res¡lo11sabilité du constructeur \C.
d'Elat, 12 110Ye111Lre 1886, D. l). 88.3.27), sans do11te parce q11e, dans l'es-
¡Jece, la lilJerlé et l'a11lorité de l'entrepre11eur s011L n1oi11s co111pleles qu'au
regarcl cl'11n particulier.
()11e si, a11 conlraire, le conslr11clr11r a ¡1as_s1' 1111 111arcl1é sur devis (do-
111air1c (le l'art. 2270), c'est at1 1Jro1lriétaire, e11 ca,.; (le catastropl1e, .\ clé-
n1011trer la fat1Le, l'i111pi'·rilie du constr11cteur, le vice de co11struction 011 le
vice d11 sol dont il aurait d1i se rendre co1npte. 11 r1'y a la, dit-on, qu'une
applicationde la responsalJilité desarlicles 1382 et 1383 IJ{ecr., 24 n1ai 1894,
D. JJ. 94.1.451, S. 94.1.448; Ci,-., 14 110Yc111lJrc 1900, D. 1>. 1901.1.153, S.
1902.1.265).
11 y a la asst1ré111c11t 1111e clisti11clio11 fort arbitraire. J~lle a cependa11t u11
avantag·e ¡Jralic111e. C'est que, dans lc cas cl'1111 111nrcl1é il prix fait, le IJéné-
fice cl11 co11sLr11cle11r (levant résulter (les éco11on1ies <¡11'il réalisera, il est l>on
ele co111111i11er conlre lui un(, sa11ction plus rigoureuse, afin qu'il ne cl1ercl1e
pas ú faire des éconon1ies excessives,

B. Distinction entre les édifices et les gros et menus ouvrages.


- D11 rapprocl1e111ent (les arlicles 1792 el 22¡0 011 tire u11c a11tre distinction
énlre trois sorles de travaux: l'édijice enlier, les gros oiivrar¡es, les nie1111s
ouvrages. La deslruclion de l'édijice e11tier donnera lieu, jointe aux autres
conditions de l'article 1792, ú l'applicatio11 ele la présomptio11 de faute soi-
disant édictée 1Jar ce lexle. Des gros ouvrages, le constructeur n'est respon-
sable q11e dans les lern1es ele 1·arlicle 2270, c'est-a-dire a condition q11'uoe
f'a11lc soit pro11,·ée contre l11i. E11fi11, aux 111e1i11s 01ivrages s'applique la regle
cJu Dr1>it co111111u11 en 111alierc cl'e11trcprisc, c'est-ú-<lire <1ue nulle rcsponsa-
bilité r1e ¡Jese s11r le conslr11cteur, llu 1110111ent qu'il y a e11 réception des•
lrava11x. . /
On appelle gros ouvrc1ges, tous les Lrava11x qui co11stit11e11t 11ne partie
111ailresse lle l'éclifice, co11vcrl11res, plo111berie, cl1eminée, asce11seurs, voi'1tes
cl'11r1 four ele f¡o11la11gerie, etc. (l\c<¡., :\ 110,·c111J1rc 190!}, D. P. 1910.1.221),
les grosscs ri".¡larations ele l'éclificc, el, e11 dcl1ors ele l'édilice, les puits, }Jrise:-
cl'ca11, 1iavagcs. Les Tll<'lltLs ottl't'rtrJes, ce sont les réparations d'entretien,
co11,erl11res 11011 e11Liercs, ,·itres, ele., les 111cu)Jlcs i111111c>Lilisés par (lesti-
11al.i<1n ll'ls r¡11e glaces, lJoiscrics, ¡>ariiers de le11L11res, ele ...
<)n rc111arc¡11era ais<':111<:111. 1¡11r, si 1'011 s'cx¡>li<¡11e sa11s pei11e In clisli11ctio11
faite entre lrs gros et. les 111en11s ouvragcs, ceux-ci JJ011va11t t':lrc aisé111ent
vt'•rilic':s 111c111e ¡i;11· 1111e ¡>r1·son11e cl<'·1lo11rv11e lle co11naissances tccl1nir¡11es, la
clifl'ére11ce, quanl ;\ la res¡1011salJilili'·, failn entre la deslrt1clion 11'1111 gros
{J11,1·age <iL cellc <le f'¡',(lifice 1•11licr ¡iarail alisol11111e11l art>il.raire.

(:. Perte ou simple malfa9on. -- l,'articlc , 7!J'J 1101Ís {lHrlc de JJl!J'le


lo/u/e ritl ¡irtrlielle 11<' 1'1;1lili1·1·; l'article sans ¡ir{!ciser, se cor1le11te
:-11~¡0.
1l'i111¡ios<'r 1111c gara11tin tle <lix a11s a11 C(H1slr11cle11r, ce <Jtli se1nllle IJie11 le
renclre r<):-1>011salile <les sini¡>les 11111IJ'<1ro11s. l~a co11sí:1¡11e11cc (le ccllc <lis-
ti11clio11 esl d<J11lil1•.

560 LIVRE II. - TITRE II. - '


DEFXIE~IE PARTIE, - CHAPITRE 11

a) En cas de ¡1erte propre111cnt dile, il faudra, si les autrcs conditions d11


texte sont rél1nics, a1)Jilic111cr l'articlc 1192, tel que !'interprete la jurispr11-
dence, c·cst-a-dire que le constructeur sera présun1é en fa11tc. En cas dc-
sin1ple 111alfa<;on, au co11lrairc, la cl1arge de la preu,·e d'unc faulc elu cons-
lructeur inco111bcra ali propriétaire (lleq, 16 mai 1904, D. P. 1go5.1.352,
s. 1910.1.132).
b) La sa11ction ne sera ¡)as non pl11s absolument la 111e111c. La J>crlc lotale-
a
OlI partielle e11trainc la cl1arge cl11 construcleur eles elon1n1ag·cs-inlérels. La
n1alfa<;o11 in1pose a l'arcl1itcctc ou a l'cnlrc1>rcncur l'olJligation ele réparer
sa faute ¡101ir ['avenir en reslit11ant i1 l'édifice toutes les qualités d'une
bonne exécution (Ci,·., 3 décen1lJre 1890, D. P. 91.1.151, S. 94.1.343). (:ettc-
solution semblc raiso11nable. S11¡Jposons q11'il s'agisse d'u11e 111alfa(o11, c11
l'espece, ele l'e111¡Jloi el·un 111ortier n1anquant ele col1ésio11; si on se contcntail
a
d'in1poser l'enlreprenc11r la rt'·paralio11, sous forme ele don1n1ages-inlérels,
du JJrt'•j11dice déj;\ enconru, sans réfcclio11 poµr l'avc11ir, le conslr11clcur rcs-
J)011sablc 11'a11rait pas snlisfait it la garanlic c1ui lui cst irnposée par la loi.
Ilestc ¿\ savoir ce q11'il faut entcnclre ¡)ar 11ia(fa9011?
L'opinio11 la plus faYoralJlc au:x arcl1ilcctcs el entrcprc11c11rs, ccllc d11.
Conseil el'Etat (C. d'EL., 18 111ai 1888, D. 11 • 89.5.:ig9), ne con1prend dans
la 1nnlfa(on que les ,·ices qui peuYenl all'cclcr la soliclité ele l'éelif1ce. Des
lors, les vices indill'ére11ls po11r la solielité, lels ql1c la n1auvaise e111alité des
tuilcs et des plon1bs c111¡)loyés a la col1vcrl11re, le 111a11quc de joi11turc de~
fe11elres, l' c111 plo i de pi erres sal J)etrées, etc ... s011 t co11vcrls ¡Ja r la réceptio11.
No11s croyons ¡Jréféral)lc ele consielércr, avec les j11riclictio11s civiles, c¡11e·
la responsalJilité d11 co11str11cle11r c111brassc généralc111c11t loulcs cspeccs
ele ,·ices dt'•passa11t la 111es11rc eles i11111crfeclio11s auxc1uclles 011 doit s'altcr1-
elrc elans 11ne co11slr11clion. Nons co111prc11<lro11s elo11c ela11s les 111alf'a(.011s les
lléfal1ls indiqu{•s plus I1aut, ,·oirc n1¡\111c les fa11tcsj11rielie¡11cs co11sistanl da11s
l'i110IJservalio11 eles regles légalcs sur Je voisinage (art. 657) Oll llcs ri'·glc-
111cnts ele ,·oiric, et exposar1t le ¡Jropri{·laire it eles clt')sagr/)111cn ,~, lPls <I ne
I'ol)ligalio11 ele el{:truirc (JU ele rel'aire llcs 11111rs construils l1,Jrs I'aligr1c111enl
011 c11 violali()Il eles regles rclalives it la n1itoyc1111ct1'·.

lJ. Répartition de la responsabilité entre ceux qui ont construit,


fait ou dirigé les travaux. Architectes, entrepreneurs, sous-entre-
preneurs. - J,'nrticlc ''7!J'.l i111¡1risP )'{•¡1rP11vf' eln (lix a11s it ceux e¡ui ont
co11slr11il l'éelilicc <)nlie'r. J;arlicle :>. 1¡r1 l'i1n11nse :'t Cl'IIX r¡ni (>1tl ./i1il r>u clirir¡11
lPs travaux. <Jucllcs sc>nl el(lllC, a11 juslP, l('S pcrs1>1111cs res¡11>11sal>lr'.s ele~
r11i11cs 011111alfar,'.,Hts :> J,a loi 11011s ¡>arle rlcs 11rc/1ilecl,·s et e11/r1·¡1r1•111•111·s. lin
pc>i11t esl ccrtai11, c'csl <111'il fa11L e11IP11clre ¡>ar 11rchilcc/cs 111,'111c cc11x <(llÍ,
sans l'1'lr<', Pil accc>1111ilissP11l. I,•s f'oncticn1s, 11ar r,xc111¡ile un agr,nl-vciycr q11i
a l'ait 1111P co11slr11cli<>11, :'1 ¡>lus f'nrlP rais(>ll un archilPt:IP 1111111ici1>al, <jt1(•!
1¡11e sr>il le Ill(JdP de sa rt'·111111u'·rali1111. ~lais cu111111c•11l tlislril>11er la r<'.S)><>nsa-
l>ilil{• ('.lllrc l':ircl1ileclP ('( 1'Pt1ll'<')>l'«'IH'III' ,1
(,llllllllCll<,"OIIS
' JHII' ('(')('.V('I" lllll' ()l)SPl'\'alir,11 (1(' fati
· SOll\'()111 )ll"l'S!'II
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...
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LO!jAGE 1) ' IXDliSTI\IE 56 r


les arcl1ilcclés. c:·csl <1n'u11 11olal)le cl1angerr1e11t s'est 01Jéré da11s les l1a-
l)ilueles de la constrt1clio11 dep11is 180!1. A ce.lle époque, la profession des
arcl1ileclr,; el ce.lle ele,; enlrcprer1eurs se confondaicnl e11 g{•néral. Depuis,
1111c catég·oric no11Yelle s'est développéc, celle des arcl1ilecles-arlisles, <1t1i se
co11tenler1l en général de fournir les plar1s et ele recevoir les travaux, n1ais
sa11s s11rveillcr lcur exéc11tion e111i cst confi<'·c it l'e11lrepre11eur. Ccci di!,
i11elic1uo11s ici les distinctio11s 11écessai res:
a) Supposons d'aborcl r111'u11 seul (arcl1ilccle se faisant entre1)rencur 011
a
1•ice-versci) ail la fois f'ai l le 1Jla11 et exécuté le tra,·ail. Alors, il )' aura lJour
lui plénitucle de respo11salJilité, soil dans les tern1es de l'article 179?., soil
clans ceux de l'arliclc ?.270. Xotons loulefois c¡11e, si le propriétaire s'étail
adressé direclen1enl it un entrepre11cur po11 r faire l'écono111ie dºun arcl1itecte,
il se111l)le l)ic11 résulter ele ccrlaines elécisio11s cr11'il trouYerait 11ne garantie
111oi11elre, car la res¡Jo11sal)ilil1\ ele l'er1lrcpre11e11r 11e s'<'•lenelrail 1Jas a11x vices
résulla11l elu eléfanl ele ccir111aissa11ccs e¡11'011 11e pe11t allcndre de sa profcs-
sion ('r· C. d'I•:lal, 11 11ove111l)re 1881 D. I>. 83.3.21. S. 83.3 32) . .1\insi,
el'apres ces clécisio11s. cet entrer)rene11r 11e serait pas responsable, it moins
ele fa11le prouYée, eles ruines rés11llant des vices clu sol; 011 peut exiger
eles co1111aissa11ces g·éologiq11es el'u11 arcl1itecte, 111ais non el'un entre1)re11e11r.
_b¡ S111Jposo11s, a11 cor1traire - ce q11i est le cas le plus fréquer1t - c¡11'il }'
a
ait e11 la fois architecle el enlreprene11r. ¡\lors, il fa11t sous-distinguer:
Pre11iiere lt.''Jlolliese. - L'arcl1ilecle a-t-il se11le111e11tfo11r1ii le pla11, ou, cr
c¡ui revient a11 n1e111e, accepté·. le plan d'11n a11lre, se l'appropria11t ainsi;
il 11e ré1)or1el da11s cecas c¡ue des vices du plan, n1ais no11 des ,·ices du sol
011 eles 111atériaux et ele la 111a11vaise exéculio11 eles tra,,a11x, vices elo11t l'e11-
lrepre11e111· se11l sera le1111. Nalurelle111e11l, il po11rra y avoir élargisse111ent de
la res¡)onsal)ilité de cl1acu11 e11 cas clcfaitle JJrouvée. 1\i11si, l'arcl1ilecte qui,
l)ien q11e 11'ayant que fourni le 11la11, serail 11rouvé avoir connu la eléfec-
1uosi Lé du sol, e11 serai t rcspo11sal)le. De n1e111e, l' en treprc11cu r sera i l respon-
salJle des ,ices el111ilar1 s'il était pr<Jt1vé les avoir connt1s el avoir 11éann1oi11,;
cll'eclut'- Je lravail sa11s ol)servatior1 .
.'-;cco111{c li,Y/iO/licl.~e. - I,orsr111c l'arcl1ilccle a, n<111 sc11le111ent fo11rni l<'
¡,lan, 111ais cncorc <liriµ-{~ les lrava11x, de11x systó1r1cs so11l en 1Jrésc11ce:
(() Cclui ele la res11u11sc1bililé ¡1riualil'e, clo11t les arcl1ilcclcs r{cla111ent la
co11sécralirn1. A r11<1i11s <le faule <lé111011lrée, cl1acu11 serail rcs¡ionsal)le ele cr
<¡11i renlrc dans sa s1il1<'·re, J'arcltilecle <les ,·ices du pla11 el cl11 sol (les ,éri-
licalio11s géol1Jgi<1ues lui inco111IH'lll.),l'cnlre¡irc11e11r 1les vices eles 111atériaux
el <le la 11u1uvaisc ext'·cnlÍ1)11 eles trava11x. J,a rcsrlo11sal1ilit{i se divis<\rait clrinc,
Pl cºesl le 1iro¡,ri<'\laire <JUÍ sul1irail Jp risr1uc <le l'insolvaliilil<'\ ele cl1ac1111 ele
ses dt'\l)ileurs ((:. d'l•:tal., 11ijuin 188:i, l). 11 8:~.:{.1:i~).
~) l)'a¡Jrt'~s la j11ris¡1ru<lence civilc, au conlraire, l'arcl1ilccle esl r<':;1)011sal1lP
1le /011/, 11H'\11H1 d<~ la 111a11,aise exéculio11 des trava11x el eles ,ices eles 111al{•.
riaux cu1¡iluyés ¡¡ar l'<\lllre¡)re11rur; no11 <¡ue cel11i-ci soit sci,i ¡1r{·¡i<1s{), n1ais
¡>arce <¡11<' l'arcl1ileclr s'{,tail cngag-{'. it sur,eillr.r ses lra,·a11x. (:elle res1ionsa-
liilité ll'ailll'lll'S 11e sn¡i¡iriu11'. 1ias cPIIP 1IP l'cutre1irr11e11r, it s11ppc1ser r¡11'il y
:lit, /1 la cliarg·e <I<' cc•l11i-ci, 1111e raule pcrso1111elle clén1011trée (l\crJ., '..>.:{ nc>v.
1'01111! 11 3()
LlVIIE II. - TlTRE 11. - '
DEGXIE~IE PARTIE. - CHAPITRE 11

1842, D ../.(;., Louctge cl"ouvrctr¡e, 148-1°; Ileq., 1ojuin 1898, D. ll. 98.1.3G¡).
Il résulte de tot1t ce qui précecle r111'il pe11t }' avoir pluralité ele respo11,;a-
bles. Et alors deux r¡ueslions se posent :
Preniiere r¡iiestio,i. - Co1111nent se distrilJue la responsabilité? Dans 1111
pre111ier syste111e, s'il s'agit cl'une fa11le dont l'architecte et l'e11treprenc11r
sont res¡1011salJles e11sen1IJle, l'arcl1ilecle 11'est tenu c¡t1e s1zbsilliai1·e111e11l,
c'esl-a-clire e11 cas cl'i11solvabilité de l'e11treprene11r. Ce serait le sysle111e le
plus éc¡uitalJle, la responsalJilité ele l"arcl1itecle étant e11 cléfiniti,·e engag·óc
par la faute d'11n a11tre. Cepcnda11t, il est repoussé par la juris1Jrude11cc
(Req., 16 Ínai r904, .D. P. 1905.1.352, S. 1910.1.132). Le propriétaire ¡Jc11l ·
récla111er le tout a l'arcl1itecte, sa11s perdre pour cela le droit d'actionncr
fentrepreneur dans la 111csure de sa rcsponsabilité 1Jerso11nelle.
Detixieme qizeslio11. - \- a-t-il }JossilJilité d'ur1 recours ¡1ostéric11r a l'ac-
tion cl11 propriétaire ~ 011 en pcut concevoir de11x. C'est cl'aliorcl le reco11r,;
de l'arcl1itectc c111i a payé le dor11111ag·e conlre l'cnlre¡Jre11e11r a11quel ce clo111-
111age est i1npt1table. La j11ris¡Jr11cler1cc aci111cl la possilJili té ele ce rcco11r,;,
pour,·11 toutefois q11c l'arcl1ilecle soit exen1¡Jt ele fa11lc perso11nrlle (Jloilier,;,
29 janvier 1900 sous Ci,., 3o jui11 1902, D. ll. 190¡. 1.t,3G).
E11 seconcl lieu peut-il y a',;oir recours de l'cntrepreneur co11trc les so11s-
trail111ils 011 so1zs-e1ilreprericurs ?
Ces der11iers ne doivc11t pas etre confo11clus a,,cc les enlrep1·e11c1trs parliels
que 1'011 rc~co11lrc lorsque le propriétaire ou l'arcl1ilecte s'a<lresse clirccle-

1ne11t, pour l'cxécutio11 du travail, a di,ers s¡Jécialistes, serr11rier, plon1-
]Jier, 111a,011, etc. De ces e11lreprene11rs partiels s'occupe l'article 1799, a11x
ter111es duquel ces loca/ores « sont enlreprc11curs cla11s la lJ~rlie c¡u'i],;
traile11L n; il n'y a clone q11'11 le11r a¡Jplic¡uer 11111talis 1n11la11llis les rr'.gles c¡11i
pr1•ce<le11l. La seulc olJser,alior1 /1 faire e11 ce <Jtli les cc>11ccr11c, c·est <1uc la
j11rispr11dc11ce ne consiclere pas comme cntreprer1eurs partiels, so11rr1is it la
rcspcJr1salJilité 1les articles , i!J'.l el :>.:i¡<>, laq11cllc s11pposerail 1111 élabliss1•-
r11c11l, une erit,·e¡>rise, les <Juvricrs err1¡Jloyr'·s i1 la t:icltc 011 ú la jo11rnóc,
liicn <¡11·e11lrc¡Jré11eurs a11 sc11s juriclic111e clu 111ol; ces 011vricrs so11t dr111c
lili{~rí·s 11ar la ri~Cf'fllio11 clP leur l.ravail (1). J. r;., !,011ar¡e 1l'o111•r11r¡e, S. 1:>,:\,,.
11<>111' ne ¡iarlcr c¡t1c t!Ps so11s-1·11lr1•¡1r1·11c11rs ¡>ro¡>re111e11l ,tils, c'Psl-a-<lir<·
ele ccux a11x<111cls l'e11lrc¡ire11c11I' e11gagr'~ Pn,ers le ¡iro¡>riélnire (q11i 11'a r¡11P
lui ú co1111ailre) a C<H1fií~ 1111e parlie clu lra,ail c¡u'il a,ait n,;s11111t'·, 1·1>¡iinic111
cltJ111i11anlc esl r¡u'ils JH' SfJlll sc111111is :\ a11c1111 recours ele In 1iarl ele l'cnlrc-
llrcncur ¡irinci1ial tli'·clart'· responsable, sur la ¡io11rs11ilc 1111 1iro¡lrit':tairc,
cl'unn l'a11lc <¡n'ils aurainnl. rn111111isc. lls sonl lil>i'•ri•s 1iar la ri'·r<'{llir111 de
lcur lra,·ail. ()11 invcH¡1111 e11 lc11r l'avc11r ccllc cr>11sicl{·ralirH1 c111c l'c11lrc-

pre11c11r a11rail. 1>11 el 1111 y(•rifil'r le11rs l.ravaux. ,1ais ccllP j11~tificalic>11 csl
i11s111'flsanlc, croyo11s-1Hi11s, car le 111r~111c rais1innc111cnl. p<>11rrait 1\lrc fail. .\
¡Jro¡>t>s ele l'arcl1il1\cle c1H11la1111H'• p1111r 1111c l'a11le tic J'enlre¡¡rcnc111·; et CP·
¡ie111lanl. on. 11')1{·sit1~ ¡111s, Pll en cas, :'1 !'aire l>i'·n{·fici<!r l'arcl1il.Prl<', fH>tll' son
r<1Ct>11rs crH1lre le ,rai r1•sp1l11sahlP, <le In 1li,;¡u>sit.i1)11 1{11s nrlicles 17f)'l el '.>.'!j<>
(Civ., 1:>. f{ivricr 1868, [). l'. (iH.1.:Hi·>,, S. l\8.1.21>H).

1~. Durée de la responsabilité. - J,:tlc 1l11rc ,ti.e 1111111 1es (arl. , 7!l'.>. t>I.
¡,---- ......... ,.:;. -. •• . ' . . _--- '"'.""-·
, ., .- ·------ ,- -

LOI-_-\GE !)'I'iDI-ST!lIE

2270). Ce délai co111111e11ce i1 co11rir ii partir de la réception eles lra,aux 011 ele
la prise de possessior1, lorse¡u'elle 1Jréccde la réception, hypothese fréq11e11lc
en 111atiere ele trava11x publics. i\Iais deux questions se pose11t ici.
a) Su1l1loso11s e¡ue la ruine de l'édifice se ¡lroduise ela11s les elix a11s. Le
propriélaire a certai11eme11t le elroil d'agir. i\Iais peudant co111llie11 ele ten1¡ls :l
La cloclri11e a enseigné longtc111ps q11e les eleux elélais, celui ele la garantie
et celui de l'aclion, ne eloivcr1L ¡las se co11fo11dre. ü11e fois do11c la gara11tie
encourue en raison d'un sinislre s11r,enu dans les dix a11s de la réceplio11,
11n clélai 11011veau co111111eucerail i1 courir, celui de l'action, et ce délai serait
encare de dix ans. [\ir1si s'ex1Jliq11erait, pour certains i11ter¡lretes, la dualité
des dispositions (art. 1792 et 2270) ,•isa11t le 111e111e elélai. L'n11e eléter111i-
nerait la dur(~e ele la garantie, l'autre la elurée de l'action.
Les Cours el'appel n'o11t ja111ais ael111is ce S)·ste111e. Elles 011t Loujours dé-
ciclé e111e le délai de la gara11lie et cel11i de l'actio11 so11t iele11Lic111es; la loi
veul <¡ue les ouvrages eles construcleurs soie11l assu.ieltis ii 1111e épreuve de
<lix n11s, 111ais, ¡Jassé ce lem¡Js, arcl1itecles et enlrepre11eurs doivent elre
;\ l'abri ues ¡Jo11rsuiles. 'l'elle élail cléjil la solulion de l'a11cien J)roil. La
Cour de cassalio11 qui avait condn11111é le sysle111e, s'y est ralliée llar 1111 arret
renclu to11tes cl1an1bres réunies (Cass., Cl1. réur1., 2 aout 1882, D. P. 83.r.5,
S. 83. 1 .5 ). Nulo11s, parmi les lég·islatio11s étra11g·ercs, le sysle111e ingé11icux
cl11 Code civil i talie11 (art. 1 G39) c¡ui fixe h dix ans la durée de la gara11tie
el a deux a11s celle (le l'aclion. Ce sysle111e llOUS ¡Jarailrait préférable, 111e111e
da11s l'i11léret eles arcl1itecl.cs et er1tre¡)re11e11rs qu'il libérerait plus ,-ite e11
cas de si11istre surve11u ¡1eu apres la réce1Jtion; il aurait de plus l'avantag-c,
e11 cas de si11islre s11rve11u it l'exlr<}111e lir11ile llu délai ele gara11lie, ele 11e
¡Jas cxposer le 11ropriélaire :\ voir so11 droil forclos a11ssitl,L 11é.
b) Le tlélai ele t!ix a11s des arlicles 1¡92 el 2:i¡o constilue-t-il u11e prescri¡J-
tio11 cn1 11r1 délai prófix ~ C'est évide111111e11t u11e 1Jrescriptior1. Ce1Je11elanl
11011s décidero11s t¡u'il 11'est ¡Jas sou111is, au bé11éfice des 111ine11rs et eles
i11lerllils, :1 la sus¡1c1isio1i de la prescriplio11. 1~11 ell'el, 11ous avo11s ,u
<1ue la loi Y<'tll la lilJéralion eles archilecles el cnlre1Jrer1curs au IJ011l <le
clix ans. ~:11 rcva11cl1c, la 11rorogalic1n c111 ri'·cl11cli<111 co11ve11tio11nelle cl11 clélai
lle tlix a11s scrail ¡1ossible. ll va ele soi <¡ue les arcl1ilcclcs el e11lrc¡1rcnc11rs,
11u11r l1é11t',ficicr <le leur lil1órali<JII a11 l1011l de ,\ix a11s, a11ro11L ]Jcsoin cl'i11vo-
r¡11cr l'exce¡1Lic111 <le ¡1rescri¡Jtio11, ii la<111elle ils seraic11t t!"aillcurs :ul111is .'1
rc111>11ccr valal>l<i111c11t. (\'. lle<¡., r, 11ove111lire 1 !Jºí, D. l'. 1908.1.13:i ; Civ .•
'.! 8 j 11 i 11 1 \)O!)' D. l'. 1 \) 1 (). 1 • :J 3).

1\jr111l1111s r¡ue lo11L ce <¡11i 11ri'icecle 11<, s'a¡111li<¡11e <¡u'nux ra11¡1orls <111 11ro-
prii'.•lairc et <lu co11slr11cte11r. l,a rcs¡1¡111saliilili'· tic ce cl<,r11i<ir e1u•crs les liers
a1~xc¡uels 1111c l'a11lc dé111<111lr1'1\, ele sa ¡>arl,aurail ¡1cJrlé ¡1ri'-j11dice, scrait g<111-
,·cr11i',e llar Ir. l)ruit cr11111111111. J,'actirJn 11c se 11rescrirail clone <111<' ¡1ar lrc11lc
a11s, c<1111111c11<;a11t /¡ c1>11rir cl11 j<)11r tl11 tli'·lil r111 cln <111asi-délil, el la ',icti111c
<le la l'aulc lié1u',licierail, I<\ cas ,".i:lii'•a11I, tics ca11s1is ele s11s11ei1sio11 ,le la 11rcs-
cri11Lio11 élal1lies 11ar la lc1i a11 l1i',11(,li'ce eles 11u1i 1•r1le11lcs 111¡err.
'
564 LIVRE 11. - TITRE 11. - DEüXIE~IE P.~RTIE. - ClfAPITRE 11

~
e
'!. - :lcctlo11 dl1•ecte des 011v1•lcr!oó c11 co11str11ctlou 1

Aux tern1es de l'arlicle Ií98 << les n1a<;o11s, cl1arpentiers et aul'res 011vrier:;
qui ont été en1ployés a la construction el'un batin1ent ou d'autres ouvrages
faits a l'entreprise, n'ont d'action co11tre celui pour lequel les 011vrag·es ont
été faits, que jusqu'a conc11rr_ence de ce dont il se tro11,'e elél)iteur envers
l'entre1Jreneur, au n1oment 011. leur action est i11tentée n.
L'origine de cette disposition ele fa,·eur, spéciale a11x: 011vriers du IJati-
111e11t, se trouve <lans la législation révolutionnaire. Elle se rattacl1e en-ell'et
au clécret du 26 pluviose an II qui accordait un véritable privilege aux: ot1-
vriers et fournisseurs de matériaux des entre1)re11eurs de l'J~lat s11r les
somn1es dues par l'Etat it ces entrepreneurs. Ce régin1e de fa,,c11r a ét{·
éter1d11 :\ tot1s les lravaizx publics, qu'ils soient faits pour le co111pte de l'Etal1
ou pot1r cel11i d'autres persono es pt1l)liques, par la loi d11 25 j11illet 189,. Le
fo11deme11t ele ce privilege est surlo11t el'assurer l'ext'·cution eles travat1x
pulJlics, e11 n1ettant l'entrepreneur it n1eme d'o!Jtenir la coopération eles
011vri<:rs el le~ fo11rnit.ur()s des 111atéria11x: do11t il ¡Je11l avoir besoi11.
L'article 1í98, luí, a trait aux: travaux ex:t\culés ¡Jo11r le con1ple eles JJar-
ticuliers; el not1s allons voir q11e,bien qu'inspiré de la Ioi ele l'an 11,il alJ011tif
it une instit11LicJ11 j11ridiq11e to11le elilfére11le.

Natura <le la faveur accordée aux ouvriers. - U11e cl1ose est cer-

tai11e, c'est c111e l'article Ií98 écarte, e11 ce qui concer11e le reco11rs cle,-
ou,,riers s11r les s01nn1es dues JJar le 111aitre de l'ou,·rage it l'entreprene11r
leur palro11, l'ap¡Jlication d11 1)ri11cipe ele I'article 1166. Ce principe c11
elfet., en cx¡1osar1 t les 011vriers. le jou r oi'1 ils feraient saisie-arrel sur ces
sor11111cs, au co11cours de to11s les a11tres créanciers ele l'e11lreprene11r, les
cx11oserail i, 11e recevoir qt1't1r1 paie111e11t partiel, ce q11i serait injusle, éta11(
clonné c111e c'est let1r travail q11i a engcnclré la créa11ce ele le11r 1Jalror1.
Mais c1ucllc est a11 j11ste la r1at11re d11 droit accordó n11x 011vriers :1
1º lJ11 JJre1r1ier sysler11e, q11i cst cel11i (le la j11ris¡Jr11cle11cc, voil cla11s lP
b{i11{,fic() ele l'arliclc , í98 l'cll'et. d'1111e nclio,i <lirecle accorel<'·e a11x. n11vrie1·s
conlre In c!Í(\lll ele l'e11tre11rene11r. ]~! Yoici les const'!c111ences ele ce ¡1oi11L ele•
,·uc.
;\. - l,<:s ouvriers, ¡1011Ya11l aclirJrtncr rlireclc111e11l Je clic11l rlc l'cnt.re¡>rc-
11e11r, SP lrn11ve11l i11Ycslis ele la fac11ltt', (le 1leva11cer l'aclic,11 eles créanciers
r1rdi11aircs <le l'n11lrc¡Jrc11e11r, C'Jl faisa11l verser entre l<>urs r11ains les so111n1e~
<lues it C('lni-ci. avant <¡uc les crt'•ancinrs aiP11l p11, er1 verlu rlc l'arl.iclc 1 1!l(i,
cll'ccl1u'r 1111c saisie-arrt\t et. la ¡1<111sscr j11sr¡11'a11 j11gn111cnt. <le vali1litt',. J•:1
celte fac11lló r1r<i1luit cr1 fait. 1() 11I11s sc>tIYPnl I'cfl'el rl'u11 vt'·ritnl>le <lroil 1lc
¡1rc'!ftrence \[a!l1e11re11se111enl, la j11rispr111IP11cc act.11elle, 1¡11i vc1il. cla11s IP·
j11ge111cnl rle ,ali1litt',, 1111c allrilJut.i1111, 1111 t.rans¡1orl 11,1 la S(lllllllP saisie-a1'1'(\-
t.ée a11 saisissar1l (lte<¡., :.18 111ars 19,1/1, S. I!l<l:J.1.'.1:.1/1 el IH>l() 1le l\l. 'fissier
SOIIS s. 1!)00.1.l'.ll), C()ll(i11it. it <lt',ci<lcr r111n, si ce j11ge111c11t. es!. <>l>LCllll Jlar

1. Cons. Solus, 1'hi•sc París, 1914.


- . -, . .'

LOU.-1-GE D ' INDUSTRIE 565


les créanciers ava11t l'exercice ele l'action directe par les ouvriers, il 1net
obstacle a cet exercice (Paris, 12 a,,ril 1866, D. P. 66.5.291, S. 66.2.252).
Cette solution. 011 le coni;oit, aboutit a priver souvent les ouvriers rl11 béné-
fice de l'article 1798.
B. - J~n cas de faillite de l'entreprene11r, les ouvriers, étant créa11ciers
liu 111aitre ele l'ouvrage, ne seront pas. q11ant a11x S()n1111es dues par celui-ci,
co111pris clans la faillite; ils toucl1ero11t clone i11tégrale1nent leur salaire, a11
1noins jusqu'á concurre11ce (le ce qui est du par le 111aitre.
C. - L'action des 011vriers sera, 111e111e en cas de faillite, de la compé-
tence de la juricliction civile.
~otons to11tefois une différence in11Jorta11te aYec l'actio11 clirecte, qui,
cl'apres la juris1Jrudence, est établie par l'article r 753 en faveur des proprié-
taires contre les sous-locataires.
L'article r 753 pre11cl soi11 de clire que le sous-locataire ne peut opposer au •
pro1Jriétaire les paie111en ts fai ts par a11 tici pation. L' article r 798 décide,au con-
traire, que les 011vriers n'o11t d'action, contre celui pour lequel les ouvrages
011t été faits, c111e j11squ'it conc11rrcncc ele ce dont il se tro11ve débiteur
er1vcrs l'entrepreneur, ·a11111on1ent ou lei1r aclio,i est i11lentée. En conséquence.
les versements fáits a titre cl'aco111pte JJar le client, et qui sont d'ailleurs
sp11vent néccssaires a11 co11rs des travaux de construction, s011t opposables
,1ux ouvrif'rs, ce qui est d'autant plus facl1e11x que, cl'a¡Jres laj11risprudence,
les quittar1ccs, pour clrc opposables aux tiers, 11'011t pas besoi11 d'avoir
acq11is date certaine par l'e11registre111ent (lleq., 16 décen1hre 1873, D. J. G.,
Louage ll'o11vrage, S. roo, S. 76.1.264). II y a lit une véritable faculté de
coll11sior1 c11trc clicnt et entre1Jre11e11r.
De 111e111c, la ccssion faite par l'enlreprene11r de sa créa11ce contre so11
clie11t ernpecl1e l'exercice de l'action directo des 011vriers, puisqu'elle éteint
la créa11ce de lcur clé)Jiteur.
2º Un at1lre syslcn1e, touL cloctrinal, enseigne q11e les ouvriers trouvent

tla11s l'arlicle 1798 llll vérita})le JJl'iviler¡e Slll' les SOllllllCS dues a letll' patror1
¡Jar le clicnt. Ce syste111e oll'rirait s11r le ¡Jrécédcnt cellc gra11de supériorité
l{IIC les JJaie111c11ts a11tici¡i1:s seraie11t ino¡Jposables a11x ouvriers, ai11si que
les saisics-arr<\ts eíl'cctn{•cs 1iar les cr<'.•a11ciers ordi11aires et que les cessions
a11tici11ées <lesa créa11cc co11sc11Lics 11ar l'cntrc¡)re11cur. '.\fall1e11re11se1nent, ce
systcn1e JI() 11c11L g11cre se S(Jt1Le11ir ()11 l)t'éser1cc clu lcxlc de l'arlicle 1798, q11i
ne ll<i1111c acl.io11 anx <Juvricrs <¡uc sur ce <1ui est d1i lt lcur patro11 au rno-
111c11l 011. l'aclio,i esl i11le11lée. l~t c111 1JeuL ex1Jliquer llttc l'avar1lage fait aux:
,iuvricrs des co11st.r11clin11s ¡Jarliculicres S(Jit 111(>i11s éte11d11 r¡11e cclui dont
lié11élicie11t, ll(111s l'avons v11, les <n1vriers des trava11x JJU)Jlics. C'est c1u'c11
l'avcu1· tlu ¡irivilt\gc ele ces clcr11iers il y a t111 i11Léret 1J11)Jlic, celui de la
IHi1111c ex<'•c11Li<111 <l<'s l.ravaux, l.a11clis ({lle les ouvriers eles c11trc¡Jrises efl'ec-
t.11t'·cs s11 r 1•l>rd re t!es JHt rticu Iiers 'ne ¡ieuven t i 11voc¡11c1· c¡11'u11 i 11 téret de
si11111lc l1111r1a11ilt'•.
Réglementatlon de l'action directe. - A (¡11i est-ellc llo1111éc il A11x
1Jlll!l'Íel's, 1lit l'article '7!)8, lc1i 1>rolcclrice 1le la 111ai11-cl',1111vr11. 011 la refuscra
,rltlllC :
566 LlVRE 11, - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE PARTIE. - CHAPITRE II

1º ,\11x fo1ir1iisseurs, lesquels, au co11lraire, bénéficient du décret d11


26 pl11viose a11 II er1 111atiere de trava11x p11l1lics.
2° •.\.ux comniis et eniployés.

3° i\ux s01ts•t1·aill111ls. elt1 r110111ent qu'il }. a ele leur parl 1111e pensée de
spéc1ilatio11 (Req., 28 janvier 1880, D. P. 80. 1.25{1). Naturellen1e11t, l'actio11
directe po11rrait a¡1partenir aux s011s-lraila11ts, si une clause forn1elle d11
contrat d'entreprise en décielait ai11si. Cette stipulalio11, ,·éritalJle stipulalion
po11r a11tr11i, est sou,·enl consiclérée co1n111e résullant de la cla11se du cal1ier
des cl1arges e11 ,·ertu de la<Juelle l'c11Lrepreneur, au cas oi'1 il pre11drait des
sous-traitants, derrait JJayer clirecte111e11t les 011vriers et les 1natériaux de
ce11x:-ci(Civ., 23jan·vier 1900, D. P. 1900.1.324).

SEC1'IO~ III. - F1x IJl' LO!" \GE


0
1J 1xo1,sTR IE.

Modes spéciaux de terminaison du contrat. - Nous e11 rencontrons


deux:
1° La morl <le ['011.vrier, de l'arrl1itecte oii cle l'e11treprene1il' (art. 1795). -
1'~11 elfet, le contrat est essentielle111ent pass<' e11 co11siclératio11 ele la perso11ne
de l'entrcprencur. 1'outcfoi~. le contral s11!Jsisterait si, par clause spéciale,
cxpri111ée ou 11_011. les 11arties avaient d{ciclé e11 conlracla11t, c1ue les l1éritiers
• de l'entrepre11e11r co11li11ucraient son mt1, re e11 cas de déces .
0

2º La l'éil'actatio11 c/11 111allre. - E11 efl'et, a11x Ler111es de l'article r 79!1,


« le 111aitre 11c11L r{~silier, ¡1ar sa se11lc Y<Jlo11lé, le 111arcl1é a ÍlJrfail, q11oiq11r
J'o11Yragc soil 1li'·j:\ con1111r11c<'•, c11 d{:clon1111ag~ar1l l'enl.rrprcnc11r ele toulcs
ses dé¡1e11ses, ele tous ses trava11x. et 1lc !<)111 ce r¡11'il a11rait p11 gag11er clans
cettr cntreprisc n. Cclle clérogal.ion lra1litio1111cllc - car elle no11s Yic11t ele
l'a11cic11 l)roil - a11 ¡iri11cipr <¡11r les convr11lions font la loi des parlics.
' s'expliq11e ¡Jar la C(Jnsi<léralic>n 1le l'i11térel ro1111111111 des cor1lracla11ts. JI
arriYc s011,·e11t que celui 1¡11i co111111a11clc 1111 lravail agil i1111Jr11dc111111c11t,
r,ar, étanl <1111111<'· I(' tr111¡Js <le l'cxóc11l.io11, il pr11l sr f'airc q11'a11 1110111cnl
de sa tcr111i11aiso11, srs ressources; S<)Í<'nl l.r<JJJ 1li111i1111éc's ¡Jo11r l11i ¡icr111rllrr
1lc Ir paycr. D<'•s lors, il csl utile, ¡io11r l'enlr<'(Jl'rnr11r l11i-1111\111c, q11e I<'
111ailre )¡{•11éficir 1l'1111 j1ts pa!11it,•n1/i c¡t1i l11i ¡irr111rtl.ra. c11 i11,Ic111nisa11l
d'aillc11rs ccl11i-ci, cl'arr1\trr l'ex1'.i:11Lic111 cl'1111r cc,111111a11clc·. cl1\s <111'rllc) 11c
corrcs1J<Jncl pl11s ú ses ress(J11rcrs. l•:tanl. <i1J11n<'·s crs 111olifs, 011 ~;'ex11lir¡11c
n1al <¡11c la loi 11'ail stat11{: c¡uc dans l'hyp<>lht:se <1'1111 Tll<ll'l'hé 1/Jorfail; car la
raiso11 tl'acc<Jr1lcr a11 co111l1tt'/or o¡n·,·is ccll<' fac11It{· ele r{·silial.i1111 1111ilatl·ralr
cxistrrait to11t aussi l>ir11, si1HJII 1lava11lagc. ,111 cas ele 111arclH': s11r devis.
Ocux <liffic11ltós cloi,enl 1\lr<! ici rxan1i11/·c:s.
A. - (}ne 1l{·ci1lcr Iors1¡11'il y a ¡il11r1tlil1: ,te l'o111lt1rlorcs :1 [,'l1)·potlH':sP cst
fr{~q11rnlc rn fait. car il arrivr s1111vc•11l 1111'1111 1111,·ragc c11n1111a11,I{: 11ar 1111
pt·opriólairc q11i vie11l <le 111c111rir nP c1J11, i1:1111e ¡ias ,\ lti11s ses l1óriliers :1 S'il y
0

• a parlag1·, rl <¡111' l'i111rr1c11IJ!c soil 111is l<lt1l 1•11li,~r au 11.,L ll 1111 sr11l hi'·rilicr
, . ' - ..


LOUAGE DIXDUSTRIE

1111 q11'il soit adjug·é s11r licitalio11 a


1111 Liers, or1 allr11et q11e l'acc¡uéreur
cxcrcera l)Olll' le tout l'«)l)lio11 <le l'arlicle 1794, car, si c'est u11 l1érilier qui
a l'in1n1eul)le, il est ce11sé e11 a,·oir toujours été seul propriétaire (art. 883) ;
et ~i c·est un adj11dicataire étranger, la faculté de résiliaLio11 cloiL eLre co11si-
<lérée co111111c lui aya11t été transrnise par une cessio11 accessoire ele celle de
l'i1r1n1eulile . .\Iais s'il 11'y a poi11L partag·e, il se111)Jle que les l1éritiers eloi-
,e11t se n1ettre d'accorel (anal. art. 1G 1e>, 1G85) el llu'e11 cas lle 111é~er1le11te,
c·e~L a11 tribunal qu'il apparlicn11e de les elé¡)artag·er.
13. - (¿uelle est a11 juste la splterc d'applicalio,i de l'arlicle 1794 ~ 11 se111-
lJle ]¡ien qu'il 11e vise c111e les entreprises de conslruclion de bálisscs. C'esl
ce c¡ue prétende11t 11otan1111ent les constructe11rs de 111acl1ines ou de 111alériel
el'usi11e,qui, d'ailleurs, soutiennent etre J)luttit des vendeurs et, con1n1e tels,
¡1rétenele11t écl1ap¡)er a la faculté de résiliation unilatérale de leurs clients .
.\lais la Cour de cassation est d'u11 avis contraile, et gé11éralise la disposi- •

li1)11 ele l'article 17911 q11'elle étenel 111e111e aux 111arcl1és ele fournitures i1
!'aire;\ l'ELat 1_Civ., 5 janvier 1897, D. P. 97. 1.89, 11ote ele i\I. Planiol, S.97.
1.73).

SECl'lO\' l \'. - CoxT1t,\ rs n'ExTnEPHISE SPÉCI,\CX.

s1 er. - Co11ccssit,11 tic lllOIIOpoles pt1IJllcs.

U11e c¡11estio11 essentielle se pose po11r ces concessio11s (tra111,vays. 0111ni-


lJ11s, 1)01n¡)es funebres, éclairage, J)erceptior1 des droits de place sur les
l1alles el r11arcl1és, exploitatio11 d'11n tl1érltre m11nicipal, etc ... ).,- a-t-il la
1111 lei11age el'o11vrage, les co11cessionnaires jo11ar1t le role de localol'es opel'is ;i
< )11 11'cst-ce pas pluloL u11 lo11age de cl1ose, le lonage ele cette cl1ose i 111111a-
l1'riellc c¡ui esl la faculté d'exploitalion d11 111011opole ~ S'il en était ainsi, le
localol' serait la ville, le départe111e11t; le concession11aire jouerait le r<ilc de
COtldttclol'. 11 )- a plusicurs intérels la c1uestion : a
rº S'il y a lcn1age d'ouvrag·e, le 1r1arcl1é est so11r11is a l'e11rcg·islre111e11t et
a11 <lroil 1le, <J/o, e11 vert11 ele l'articlc 78 de la loi clt1 15 r11ai 1818 assujel-
tissa11l. les 1r1arcl1és aeln1i11istraLifs :\ l'e11reg·islrcr11c11l. da11s le cl{•lai de Yingt
jours. ,\11 cotilraire, s'il y a liail el!\ cl1ose, la co11ccssiun e~t exen11Jle cl'enre-
g·isLren1e11l. aux ler111cs <le l'arliclc 80 ele la n1e111e l<li.
:>." S'il y a lo11age 1lc cl1cisc, le locrilol' esl le1111 ¡\ la gara11tic. 11 cloil s'abs-
1.cnir 1le Lr1n1liler le ¡ire11eur. llar exe111¡il1), la ville c1ui a coucódó J'i-clairage
¡\ 11uc cc11111iagnie Lle gaz, 11c 11011rrail. lraitcr avcc 1111c a11tre enlreprise, r11e111c
11cJ11r 1111 {·clairage clil1'«\re11l.. ¡Jar l'{~lcctricil«'•. 11ola11111H•11t, car· il y a11rait 1:\ 1111
lrn11!Jlc ,le f'ait ¡\ la j1iui~sa11cr ,le l'expl1iilalicn1 co11cé1lée. Sol11Lion 1lif1'1'.rc11le
si l'1lll C<>usicl«'•rc <¡n'il y a loc11lio 0¡11•f'is.
:1° ()11 a S<J11tc1111 <¡11c, si 1'1111 '\'11il. dans la concession 1111 lo11agr <le cl1oses,
il f'a11dra l11i a11pli1¡111·r la r«'-g·le <I<\ la lacil.1• rcco11cl11cli1111. 'i11us 11e le })Pnso11s
1ias, c:11· la l.acil1\ rec<"J111\11cl.i<i11 11n s'a1111li1¡11e c¡11'a11 l1ail el'i1n1nc11!Jle. Or.
0

ici, la ch11~f~ c1111ct'·1l«'-e snrait 1111 <lr1JiL d 1\x¡>l«1ilalio11, c'esl-/1-clirc 1111 1111•ulile
i IICOl'l)í)l'l'I .


568 LIVI\E II. - TITRE II. - '
DECXIE~IE l'Al\TIE. - CIIAPITRE 11

:\"ous croyo11s llu'il faul réponclrc par la clisli11clio11 suiva11lc. Si la villc


paie 1111 droit au concessio1111aire (l1y1Jotl1ese, par exe1111Jle, d'u11e vi lle payant
au concessionnaire du tl1éAtre 111unicipal une subvention, soi t sous forn1e
rl'allocalion pécu11iaire, soit sous for111e el'a11tres ava11tages lels q11e gratuil(\
ele la salle, éclairage, orcl1estre 111unici1Jal, ele.), il y a louage clºouvrage :
c'est le concessio11naire c1u i loue ses services 111oyen11a11t u11e rén11111ération;
c'est lui q11i esL locator. 1\11 conlraire, si c'esL le co11cession11aire qui payc
11ne redevance, l1ypoll1ese de lJcauco111> la 11lus fréq11e11le, il }- a louage ele
cl1ose; le co1illcicto1· c'est celui qui paie la ré111u11ération, c'esl-a-dire le
concessionnaire; la vil!~ est le localor.

§ 2. - Entreprise tic tra11s1101·t.

Celle variété ele lo11age d'inelustrie, la plus i1111Jorta11te 1Je11t-etre ele to11tes,
s'a11plic111e it la lraclion ar1in1alc ou 111écar1ic¡uc, aux enlre¡1riscs ele cl1e111i11s
lle fer, ele roulage, de trans1J<Jrls a11lo1110JJiles, it la IJalellerie fluviale /sou-
111ise, en l<'ra11cc, a11 ri'·gi111e eles trans1Jorls terrestres), it la 11avigalion n1ari-
ti111e cc1111111erciale enfl11. Cetlc 111atiere csl i11flni111enl co111¡ilexe, car le contrnt
ele trar1s¡1orl, da11s lec1ucl l'idt'-c ele louage se co111lJine, e11 1111c certainc
111es11rc, avcc ce lle de elépol, est u11 conlral de Droit civil, r<'·glé 11ar les arti-
cles 1í82 il I í8(3 elu Coele civil. :\Iais, d'a11lre parl, les voit11riers 011 trans-
llOrlet1rs sont des co111r11cr<;anls. D'ot'1 eles textes 110111]Jrc11x cl11 Cocle ele
co111111erce (art. !)G et s., 103 i1 108),a11plicables el'aille11rs aux co11Lrals 111t\111c
civils passés par les vrJituriers. l)º11n a11lre ct,ti'•, le co11trat ele tra11sport rcs-
sortit it ]Jie11 des égarcls au Droit 1J11lJlic et at1 Droit ad111i11istratif, á raiso11
<les co11cessio11s faitcs e11 celte 111aliere 1Jar l'l~lal, les elt'•1Jarte111e11ls, les co111-
11111nes, i1 raiso11 a11ssi el11 caractere (le ser,icc pulilic c111i ar11Jarlie11l aux
gra11eles e11lre1Jrises de lra11s¡Jort el <¡ui j11slific l'i11tervc11lio11 ¡Je l'I•:tal,
soit pour parlici¡lcr aux tlópenses eles (~01111Jagnies, sous forn1e ele gara11lic
ll'i11t(·rels, soit 11our lc11r i11111r1ser l°l'•galitó lle larif's ¡\ l't'!gartl ¡Je:-. perso11nes
el eles ineluslries tli,erses. 'fout cela a1111clle llcs rt•glc111e11ls 11arlic11liers \\'.
art. 1 í8G).
(:etlc lt'.·gislati<HI ¡Jarliculiere llcs lransporls se ll"íJIIYP- ll'alJ<ll'tl llans lles
luis s¡iéci<tles i11ler11cs (l,<1i tlu ,:-¡ juillct 1," 11:> s11r la (lolicc <les cl1c111i11s (le
fer; <lrdo1111a11cc ¡{11 1;i 11ovc111l1rl' 18 11ti, 111_¡111l1re11x arr<\lt'·s 111i11isll°!ricls
aya11l, co111111c l'i1rtlo1111a11ce 11réciti'·e, f<ircc lt'·gb,lativc ¡'¡ raiso11 tl't111p, (li'·lt'·-
galio11 lle la loi_, el e11s11ile, llans des lextcs (111 l)r<1il i11lcr11ati1111al ~(:1i11-
ve11lit111 ele llcrne lltt 111 ciclo!Jrc 180<1 1>e>11r les lra11:-.¡u1rts i11lPr11ali1111a11x).
\'tJIIS renvoy1i11s llu11c ici au /)roil con1111t•rci11l, a11 /)ruit a1l111i11islr11l1f
1'l au /)roil i11te1·n1zlio11nl, 11c1ur lns <JtH'slious qui cu11ccr11c11l 11l11s s1it'•cialt!-
111e11t ces ]¡ra11cl1es <l<! la Sci<\IICP j11rilli<Jt1<', t•l 11011s nn rclP11ci11s <¡11'1111 IH)I i t
110111IJre ¡Je c¡11eslil111s lle l)rc>il civil.

1º Comment et entre qui se forme le contrat de transport. - J:'11 /11


.Jiir111r•, la 11re11v1• 1111 c1111 Ira I ti<! 1ra IIS(H>rt fai l 1'11hjPI ll1~ l'articl<\ 1í8:i 1lu (;1 ><l<~
civil (t:r. arl. !Jti, <:. c1.1t11.J <¡ui i111¡111se aux \'()iluri,·rs lle !P11ir r,·gislrP tlPs
ol>jc·ls d1i11l ils se chargent, el lles arlicl<!S 1tJ1 el JfJ:1 llt1 <:1Hle ll1: c1.H111111•rc<'
LOU,I.GE o'I/íDUSTRIE 56g
,,isa11t la Letlre (le voilure qui, no11s clit-011, « for,ne llll co,ilrat c11tre l'expt'·-
·cliteur et le voiturier n. l\lais il faudrait se garder de croire q11e la lellre de
·voilure soit exigée quoad substa,itiam, el que le co11trat de tra11sport, si111¡)le
variété el11 lo11age el'ouvrage, soit 1111 contrat sole1111el. 11 n'en est rien ; le
contrat ele transport est purerrie11t consens11el, et ,,oici les conséquences de
• •
-ce pr1nc1pe :
· ,\. - La responsal1ilité des Lra11s¡)orle11rs co111111ence des a,a11t la rédac-
tiori de la leltre de ,·oit11re, du 1110111enl oi't les cl1oses a trar1sporter onl ét<\
re1r1ises au transporle11r (art. 1783).
J3. - La lettre de voiture pourrait elre rédigée sous forn1e de titre a
ordre ou rr1en1e au porteur, ce qui constit11crait 1111 111oye11 con1n1ode ele
1transn1ission de la n1arc}1an<lise relatée au titre. Ce llrocédé n'est ¡Jas e11
fait 11sité 1Jo11r les lcllres de Yoiture propren1ent di tes, c'est-a-llire pour les
récé1Jissés ll0s lra11s¡Jorls terrestres: 1nais il l'est pour les co1i1iaisseme1ils
ou récépissé5 eles transports maritin1es, lesq11els sont lrans111issil)les par
voi0 d' e11dossen1e11 t.
C. -·· 11 n'y a pas de for11111lc sacra111enlelle a e111ploycr ¡Jour la de111ande
tl'applicalio11 d'u11 tarif Sflt'.Cial en cas d'expéditior1 ¡1ar voie ferrée. L'ex¡Jé-
tlite11r peut se bor11er i1 cle111ar1der l'applicalio11 du larif spécial Le plus rélluit,
sa11s avoir l1esoin ele désig11er ¡1ar u11 numéro précis le tarifa lui appliq11er
(Civ., 22 février 1898, D. IJ. 1900.1.150, S. 98.1.411).
D. - L'énoncialio11 des 111er1lio11s de la lellre de voitnrc llo11née ¡Jar l'ar-
ticle 102 d11 Code lle con11nerce 11'est ¡Jas lin1itative. Le Lra11sporteur ¡Jeut,
¡Jar 11ne 111e11tio11 supplé111entaire, assu111er une o!Jligalio11 spéciale. C'est le
cas po11r les cxpéllilio11s failes contre rernbourseme,it (V. Con,·entior1 de
,
13crne, arl. 13), 011 ¡Jonr In rer11ise cl11 litre s¡1écial clit (/éclaralio,i e,i cloua,ie
<J11 litre ele mouve111e1il, aslreigna11t les lra11s11orlc11rs 1¡11i l'accepte11t a la
cl1arg·e d'acco111¡Jlir les for111alilés de doua11e 011 cl'octroi.
111ifo1id, entre c111i se for111e le co11lrat) Evide111111e11t entre l'expéditeur
1~t le transporleur. Cependa11l, 011 acl111el q1í'il y a lien ele droit e11lre celui-
ci el le desti1111laire. l)'1111e parl, le tra11s1Jorle11r ¡1eul 111ettre le dcslir1ataire
e11 ele111e11re d'c11leYer le colis arrivé it la gare lle clesli11ation, so11s ¡Jci11e
cl\\trc ¡Jassillle de clroils ele 111ngasinage (¡1rat.ic¡11c111c11t !1811c11rcs a ¡Jarlir de
l'cnvoi ele la lellrc ll'avis), ce c¡11i i1r1pli1111e c111e le clesli11alaire esL créar1cier
,le la livraiso11 lle la cl1osc (V. arl , :>.G/1). l)'a11lrc ¡Jarl, le clesli11alairc, 11111r1i
1111 r<'•ct'•1Jissé r¡11e l11i a rc111is l'cx¡1<'·clile11r, esl <'JI clroit ele récla111er llirecte-
111e11 L 1ln Lrans1>orlc11r la liYraison ele la 111arcl1a11clise, et cela c¡11'il en soi L 011
11011 1leve1111 propriélaire. Ces cll'els s'explic¡11c11L par l'idée cl'n11e slip1ilalio1i
rio11r a11lr1ii; l'ex¡1éclite11r csl censé aYoir sli¡J11ló 1>011r lni-111e111e el e11111e111e
letn¡is ¡iour le 1leslit1(tl(tire. l~l confor111{·111cr1l a11x ¡>rincipes acl11ellen1e11l
acl111is e11 111aliere ele sli¡iulalicH1 JHJlll' aulrui, nous croyons que le dcslina-
Laire <levient i111r11cclialen1c111, el a,anl lo11le acccptali<lTl ele sa ¡1art, cri'•a11-
cicr ¡Je la liv1·ais11n er1vnrs Je lrans¡iort.cur. J)<'·s lors, 110111,; ¡1c11scJ11s c¡11c cel11i-
ci, en cas <l'<,x¡)(\1Jitic>11 c11 [/<tf'C, e:-L lcnu cl'aviscr le llest.inalaire cln l'arrivée
1lc la IIJ:II'Clia,1<lisc (V. CCJ), <:iv., ,5 jui11 1n(){), 1). ]>. 1900,1.,Íor, S. I\J<)O.T.
:i:1.G).
-
OíO LIVRE II. - TITI\E Il. -
.
DEUXIEllE PAI\TIE. - CIIAPITRE II

2" Responsabilité du transporteur. - r\.. E,i 11ictlie1·e de 1narcl1a11llises,


i 1 11'esl l}as doule11x q11e la res1}011salliliLé du tra11s1}orteur est lle 11ature

a a
C<}11tractuelle. 11 s'cst eng·agé tra11sporter la n1arcl1a11llise et la livrer da11s
!'(tal 011. elle lui a été co11fiée. S'il n'exéc11le pas s011 ollligation, c'est-it-dire
ctt cas de perle, d'ava1 ie 011 de retard cla11s la liYraison, il sera do11c res-
l}Onsa!Jle, it n11>i11s de 1}ro11ver e¡11e l'i11exécutio11 ele s011 o)Jligatior1 tie11l
it 11ne cause i11dépe11dante de sa ,·olo11lé (art. Ií84, C. ci,·.; arL. 103, 10!1.
C. co111.). On se souvie11t qu'il y a co11lroverse sur le poi11l de savoir si cell('
circo11stance li)Jéralricc est, co11for111é111e11t a11 Droil con1n1ur1, a11ssi Lie11 le
cas fo1·luil e¡ue la force 11iajetire, 011 si la force 1r1aje11re se11le libere le lra11s~
porte11r (suprlt, p. 11).
Quant a l'étend11e de la respo11sa)Jilité, elle co111pre11d, confor111é111e11t au
l)roit con1mu11, a la fois le da11111111n e111erge11s et le lucruni cessans; ¡Jar
exe111ple, le ,·oyage11r lle co1111nerce devra etre i11cle11111isé des afl'aires 111a11-
l}t1ées 1Jar suite du retarll de sa caisse d'écl1a11tillo11s. La sc11le li111ilatici11 dc
la rcspo11salJilil<': ll11 lra11s1Jorlcur cloil elrc cliercl1éc da11s l'articlc 11~0 qui.
sauf dar1s le cas ele do!, 1·exo11ere eles suites ele sa fa11te c¡11'il 11c pouvaiL ¡}rÓ-
voir en co11lractanl. Cclte reg-lr, pcrn1cltra a11x co111¡Jag·11ics tic cl1cr11ius de
fer de résister ú eles ¡)réLP11li1)11,; exag·érées, c111a11l au co11le11u ele bagages
e11registrés con11r1e voyagca11t avec leur propriútaire, puis prrdus el aya11l soi-
clisant co11t.en11 eles ol>jels ll<• JJrix, lcls llllC dc11Lcllcs, !Jijot1x, fourrt1res •
(flaris, 1;>jui11 I!)I:>., S. '!)13.2.1!10; Rcc¡., :>.;> 111ars 1012. l). }). I\)1:{.1.341).
lle111arc¡1101!s ici clc11x dérogalio11s at1 Droit co1111111111.
r1, En cas de retare! ela11s les livraiso11s /1 ell"cclucr par les Co111pag11ics ele
cl1crni11s ele fer, 011 ad111ct c¡ue, 111alg·ré l'abse11cc el'1111 texle légal déciclar1l
que llics i11ter¡ie!l(tf ¡iro !10111i11c, les do111111ages-i11l1'rets 111oratoircs scro11l
elu,-;, i11cl<'•¡Jc11cla111111enl ll'une so111111ali<J11, sans elo11lc en vcrl11 el'11ne tlis¡J1:11sc
·1acitc ele cctlc so111111alil>ll 1111i rést1llerail de l'a1l11¡1Lio11, ¡Jar les co11lracla11ls,
ele lcl <Jtl le! lari f sti¡Jula11t eles llólais de livraiso11.
h: L'i11dc11111isatio11 tloil se f'airc en arg·e11I el corres¡Hiudrc cxaclc111c11l
a11 ¡>rl'.-j111licc. C'.e¡)cnela11l, la j11ris¡>r11dc11cc ael111el ici volonticrs 1111c fc>r1r1P

ele réparali<>11 co11sista11l e11 ce 1111c le clie11l laisso 1>ot1r co111pte ¡\ la cci111¡>a-
¡.:-ni11 la 111arcl1a11eli,;P a,arii•11 011 en r1\lar1l 1¡11i a11rait ¡>erdu sa valcur 111ar-
cl1a11dc, ni rei:11i 1 1l'cllc 1111 rc111l,011rsc111c11l c1Jrrcs¡>on1la11L a11x ¡>rix llt1
ll('tJf (l)ijo11, ~¡ j11illel 18uu, o. 11. l!)íJ0.'-1. lí3, S. lj)()l .:>..G1).

1. Mnlgrtl cclt1• linlilntion, la responsahilité du tr1111sportPur il rnison du transporl


d'ohjets ,te ce grnre ¡,cut étrc exc1!ssivc. 11 convi1!11drail icl, ;) l'instar ti!' ce que la loi
du 8 avril f!JII, 111odlllnnt l'articll' l!J:i3 du Codl' civil, a ,111,:i,lé, rp1ant il In rPsponsahililil
des h,'iteliPrs, Pl en i111itation ,tu nroil nllP1111111cl, ,le fl,Pr 1111 111axin111111 furfaila1r1•, pnr
exen1pl1! 1~0 francs par 100 kilos, au 1l1•li1 duque( 11111• dec/11r11tio11 spécia/e d'111/er~1. 11slr!'i-
gn11nt l't•xpéditcnr au paiP111e11t d"une pri111P s11pplt'•111cntairl', sPrait 1111cPssai1•p pour
donner droit II une inde111nit{~ cnli1\r1~. On rt'1nurq11era ((IHl In r1!spun~uhilit,1 ,ie l'Etnl
est éca1 lét! un ne rloil pns d6pusser un Cf!rtain n111xi11111111 lorsqu'il s'ngit du transport,
soit dt,s co1·responda11ct·s. soit rlPs vul1!11rs rceo111111a1111,1es, des lctlres cllurg11ps un des
colls postaux (L. 'i n1,·1isl' .in IV, arl. 24; L. 2!1 nol"P111hr11 ll(iO, art. tl; 1,. 2,i jnn,•ipr
1873, url. 't; ílé·cr. 27 jnin l~!l:.!, art. 7:. C!' n1axin111111 nc pPnt i'!trP d(lpass,1, 111(•1ne
lnrsc¡u'il l' u eu di111unstratio11 11'1111e so11stract1011 i111p11tahlc 1\ un agenl de l'Elnl (t.:iv.,
~1 jnnvier 18U3, 1). l'. !l3.1.2i!l, S. U3.l.30:i).
•-
,·~ -1 -.
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' .... -- ' '-

LOU,\GE D ' IXDUSTRIE

13. E11 11ialierc de trr11isporl de voyageurs, la respo11sabilité llu tra11s-


porteur e11 cas d'acci(le11l a faiL l'objet d'une vive cor1Lroversc,porlai1t surloul
a
s11r le 1Joint de sa,·oir qui ir1con1JJe le fardeau ele la preuve. Doit-on consi-
(!érer le lransporleur com111e ayar1t ass11111é la cl1arge, no11 se11le111enL de
tra11sporter le vo}·ageur, n1áis encorc ele le re11clre in(le111nc a
destination
el ele veiller ú sa sécurité? S'il en est ai11si - el la llnctri11c, e11 1najorité,
incline ¡Jlutot en ce sens - le Lra11s1Jorlc11r ne peul, e11 cas cl"accident,
éviler les do1n1nages-intér(\[s r¡u'e11 dé111ontrant le cas fortuil, la force 111a-
jeure ou la faule du voyageur. La Co11r de cassatio11, 111algré de 11on1JJreux
arrets de Cours cl'appel, nota111111ent de la Cour de Paris, a longtemps jugé
que la rcsponsalJilité (lu transporlc11r était ici (l(·lict11elle, et q11e c'était, par
a
conséque11t, au YO)'ageur prou,·er la faute d11 transporteur. E11 effet, di-
sait-011, l'article 1¡8'1 11e peut s'a¡Jpliq11er, car il 11e ,·ise que le transporl
des n1atit'·res inertes ; le voyageur, clre lib,·e et intelligcnt, po11rvoit lui-
111er11e i1 sa sécurité; il écl1appe. er1 tous cas, a11x direclions eles agenls eles
con1pag·11ies ; il peut enfrei11dre les rcgle111enls (Ci,-., 10 nove111bre 1884,
D. l). 85. 1.433, note de M. Sarr11l, S. 85. r. 129. 11otc ele .\I. Lyon-Caen ; Req.
Iº' 111ai 1899, D. P. 99.1.558, S. 99.1.524. - ,·. CCl), llouen, 2 arrels,
3 d()ce111lJre 1898, D. P. 99.2.316, S. l!J00,2.57; Rion1, 27 ja11vier 1896,
S. 1900.2.60. Cf. note (le l\1. Esn1ein sous S. 1900.2.5 1 ). '\[ais la j11rispru-
de11ce de la Cour supre111e a, réce111111ec1t, s11bi une i111porta11le et., CI'O)'Ons-
11011s, lteureuse lransf'orr11alion. Elle a posé ce pri11ci1Je r¡ue (( l'ex.écutio11
d11 conlral (le lra11sport co1nporle pour le transporteur l'obligatio11 ele
conduire le ''O)ageur sain et sa11f á desti11ation n. Sa respo11sabilité repose
dor1c s11r 11ne base co11tracluelle (art. 11 !1¡) et, e11 cas d'accident, ce sera it
l11i ;\ (ló111011trer,s'il ve11t éviler u11e coneia11111atior1 i1 (les dor11n1ages-intérels,
l'aclio11 rl'unc ca11se étra11gcre (CiY., 21 r1ove111JJre 191 ,, D. l>. 1i11:).1,'.>.!19,
S. 1912.1.¡3, 11otc ele ~l. Lyon-Caen; 27 janvier 1913, D. J>. 1913.1.24~¡,
S. 1913.,. 177). Cette jurispr11de11ce 11011velle a11ra sans (ioutc des répercus-
sio11s no111breuscs. No11s cro~·o,1s, 11ar ex.e111ple, c111'il dcvie11dra diflicile la a
Cou r ele cassalio11 (le n1ai nle11ir la (loclri11e e11 ,·crl 11 lle laq11elle elle déclarai t
la (:(J!llpag11ie (le cl1en1i11s ele fer 11011 res1Jo11salJle, /1 111oi11s de fautc dt'.•-
a
111011lr{·c /1 sa cl1ar¡;c, el(! la JJCrte des colis trar1sriorté.-; la 111ai11 1Jar le
vciyagcur. el C<ila 111c111c l1irsc111P ce voyngeur a ¡1ris 11lacc dans un ,vago11-lil
(Civ., :{ l't\,ricr 18!)G, !). J>. \18, 1.5t>:i, S. i1G. 1. 1(i:í).

:1° Des stipulations d'irresponsabilité. - La e¡11estion ele la valiclilé ele


ces clauses 11'esl 1>as spí•ciale a11 contral de lra11sport. l~lle se ¡1ose d'1111c fac;on
- gó11í~rale, 11r¡11s 1·a,011s v11 (.~lt/Jl'it, 1i. , :.i ). ()11 sait r¡11c les llo111ai11s a(l111el-
l.ai(!!IL la cla11s(' ll'cx1111t''.ralio11 des faulcs (>rdi11aires, 11011 celle du deil r>11 de
la fa11te l011r<le, c11l¡i1t lata clolo JJ/'o.1;i1r1ior (:.i3. D. ele l'Cf/11.lis juri.~. 1,. 1¡).
J)o ll(JS j(n1rs, l>ien e111c ccll<' elistinctio11 ail. ('.LÓ conservée c11 ¡1rinci1Jc ¡ia1· la
juris¡1r11elc11cc, il est i11C(>1JlcslalJ\c c¡ue le (:ocle civil pa11ail ¡Jr,11 favorable a
(!Ps sti11ulal.i()I1s <le ce gPnrr·. c:·()Sl ainsi (111c le vc11d1'11r 11c ¡ic11l t'~carl('J' la
gara11liP e·11 ce l{11i coucernr• les lro11l>les ¡>rovc11a11l de so11 proprc fail
(art.. 1(i:1¡ i, 1 O:.i!)). l,e rniscJ1111e111e11l e111i ¡1laielc la Yalielit(\ eles slip11latio11s
LIVRE II. - TlTl\E 11. - '
DEL'XIE)IE PARTIE. - Cll.\l'ITRE II

d'irrcspo11sal)ililé c11 i11,·ot¡ua11t cclle cl11 contrat cl'assurancc ele ses ¡1roprcs
faulcs, est cerlcs cléfectueux. L'assurance
. .
est 11ne gara11tie d'inden111isation
pour le créancicr éYentucl de don1n1ages-i11térets, landis q11e la clause
d' exonéra Lion cansen Iie c11 tre lie11x con tractan ls pri Ye la Yicti111e d '1111e fau le
éventuelle de l011te inde111ni Lé.
Spéciale111c11t, e11 ce c¡11i concerne les lransporls par cl1e111i11 ele fer, on a
lo11gle1111)s elisc11té sur la ,·aleur ele la sli1)11lalion de 11on-res1)onsal)ilité e¡11i
seml)!ait résulter de l'adoption des tarif~ spécia1ix P. V., étar1t do11r1é que,
<lans les co11clitions el'applieatio11 de ces tarifs, 111oi11s co11.teux que le tarif
général, les co111pagnies avaient inséré cette forn111Ie: « La con1pagnie ne
réponel l)as des décl1ets et aYaries de route. » La Cour de cassatio11 avait fini
par adopter cette solution assez singuliere, c¡u'une telle clause ne devait pas
a,·oir po11r ell'ct d'exonércr la Co111pagnic de toute responsal)ilité, 1nais
q11'clle ren,·ersait la cl1arge ele la preuYe, t'cartait I'applicatio11 ele l'arti-
clc 1784, et olJlig·eait el<'·s lors le clic11t_ c¡ui récla111ait u11c incle11111ité it
prouver la fa11te elu lransporle11r (Civ., {¡ février 187!1, D. P. 7/1. r.3o5,
S. 711.1.:173; Gj11in 1882, D. I>. 83.1.3!10, S. 83.1.3:13). (~cite solutio11 al)ou-
tissait el'aillc11rs e11 fait, le plus so11venl, it l'exo11ératio11 lotalc des con1pa-
gnies, ú raiso11 ele I'i1111lossilJilité 011 se ~ro11vaier1t les ex1)édileurs, 1111e fois
la n1arcl1a11elisc ren1ise a11 chen1i11 ele fer, ele clé111011lrer ou 111,1r11e ele eléco11-
vrir le fail ¡Jrécis el po:;ilif co11slilua11t le lra11s1Jorlet1r en faute. :\t1ssi, les
récla1r1alio11s el11 co111111erce fure11l-clles no111]Jreuses. Elles alJ011tirenl, a1)r<'\s
des ¡Jéri¡Jéties no111brct1scs, au Yole ele la loi cl11 17 111ars 1905, conn11e so11s
le no111 ele loi llabier, laq11elle a 111odilié l'art.icle 103 du Cocle ele co111111crcc.
D'apres ce texle, le voituricr est rcsponsalJle des JJerles et avaries, l1 111oi11s
c¡t1'il 11c clén1011lre f¡11'elles sonl s11rvrn11es ¡)ar force n1ajeure 011 ¡Jar le vice
pro1>re ele la 111arcl1a11tlisc (¡)!11s gt'·n1~rale111P11l, ¡)ar la fat1le ele l'cx1>éelilc11r).
Le 11ou,ca11 paragrapl1e ajouté e11 1905 11orle : (( 'l'ou te cla11se conlraire i 11s(,rée
ela11s toule lcltrc ele voit11re, tarif' 011 aulre piecc f(11clco111¡11c c:-l 1111llr i> '.
<¿uel csl le cl1a111p cl'a1>[>lication ele crlle ¡1rol1i!Jilio11 et 1¡11els lcn111éra-
1ner1ls co11111orlc-l-cllc ~
\.·-),a ¡1r,,l1ilJili<JJl rtc s'n¡1plic¡uc 11ns nu frrt11.~¡iort 1{es ¡>erso,111,is. J>o11r
celui-lii, la clau!'-e cl',•x1i11/·ralio11 rPslc s<H1111isc au l)rc>il c.1>1111111111. l•:n fait.
011 c11 rc11co11lrc eles cxe111¡>lcs, soil tlans les l1orairPs 1111l)!iés ¡>ar l<'s (;o,11-
¡1agnil's <'l JJ01la11t e111'clle ue garanlit (HIS les corrcs¡H111cl:111ccs, soit cla11s les
larifs cl'al1c))111c111P11l (Hlrlanl 1¡11c l'alJ<))JllÓ s'c11gagc ii 11e r1•cla111c1· a11c1111c
it1cle11111ilé e11 cas cl'arrc~l, 1·111¡u\chc111P11t, relarfl, cha11ge111c11t. ele S<)rvicc.
<li111i1111tic111 cl11 110111l>re <les trai11s, al>S<'llC<' ,lc ,vagons ele sa classc. <J11cllc
csl a11 j11sl<• la ,alP11r ,I<) CP[lc cla11se ,> (ln trr>11vc llt•s el/·cisi,1ns ¡)rnn<>JH,anl
<¡uc la co111¡1ag11ic reste 110111¡(1sta11l rcs¡><)llsal>lc·. a11 llH)ins <'ll cas rlc clcJI,
frauclc, tHJ fa11lc l<>11rclo ('l'ril,. co111. SPine, 11 j11i11 l!J<>'l, /,e /)roit. 1,1 j11ill<)l
l!J1>:1: (~iv., '.I a<)Jil '!l'>!">, 1). (l. 1!¡,18.:1.:>K, S. 1!¡1>G.1.:):1(i). l)'a11lrPs ¡1r1rlc•11t
<JtlC 1'1111i,¡11c pfl'pl cl'1111P ¡iarPill<' ,·lanse cst ele 111Pttr1\ la ¡1re11\'<' tic la fa11IP

1. V. 1'hallPI', 1'railé 9é11éral de droit co111111erci11/; /.es tr1111s¡1ort.~. par Josscran,I, n. li22
et s. ; et ~larcel G1•rhPrt, /.a clause d,i 11011-re.,¡n111s11bilitt' d1111s les tr<111s¡1"rts de 11111rcha11•
dises ¡111r les l'on1pog11irs de clte111i11s de fer, l\105.
LOC AGE 1) •I:\"DlJSTI\IE •

a la cl1arg·e ele l'alJ01111é ('fo11louse, 14 février 1908, Ga::;. Pc1l., 19 111ars 1908).
11 fa11t s'alle11drc it ce que le J>arle111ent éte11de ici, u11 jour ou l'autrc, la
¡)rol1ibilio11 ele la loi Rabier.
B. -- I.a loi l\al)ier 11'englobe pas no11 })lus les expéditio11s de colis ¡Jo~·-
laiix, ¡)our lesquelles des textes particuliers éla)Jlisscnt t111e inde11111isalion
forfailaire (Lois dt1 3 rnars 1881 et du 12 avril 189·>., 1). '2¡ j11in 1892).
C. - On aura ren1arqué qt1e, 111e111e e11 ce c¡ui cor1cerne les 111arcl1a11clises,
le texle 11ouveau de l'article 10:~ du Code ele co111n1erce exclut la clause
cl'irres¡)o11sabilité pour les })Crics el avaries, 111ais no11 pour eles do111111ages
rés11lta11t dt1 telarcl, ce qui est évide111r11e11t 1111e facl1euse lact1ne.
D. - De men1e, la ¡1rol1ilJitio11 est étra11gt~rc aux trt111s¡Jorls 111ariti111es,.
daus lesquels la clause d'irres¡)o11salJilité est tres fréc¡ue11te ele la parl des
arrnateurs. Cette cla11se, i11sérée da11s les co1111aissc111eJ1.ls, a ce lle portée d'ex-
clure la respor1salJilité ele l'ar111aleur, 111e111e e11 cas ele faute prouvée dt1.
capitai11e. El, 111algré les réclan1ations elu eon1111erce, il ¡)arait tr,\s elifficilc
ele la ¡ircil1ilJcr, sat1f })e11t-etre clans le elo1r1ai11e ele la navigalion réservée a11x
11alio11aux (ca!Jolage, 1\.lgérie), ¡)arce que celle ¡)rol1ilJilio11 e11lrai11crail un
rcl1aus::-e111e11l des frcls c¡ui ¡Jourrait IJé11éficier aux 111ari11es étrangeres.
E. - La loi. de 1905 laisse sul)sisler l'arlicle 98 du Codc ele co111n1erce,
qt1i autorise la cla11se d'irrespo11salJililé de la part des co11i,nissio,1,1aires lle
l ra11sporl.
¡.~_ - E11fi11, il 11e se111lJle ¡)as qt1e 1'011 ¡)uisse prol1il)rr la cla1zse pé,zale li-
1nita11l d'ava11ce ou fixant forfaitaire111e11l le laux de l'i11dc11111ité a payer par
le transporleur,au cas ou sa res¡)o11sallilité serait en jet1 (,·. arl. 1226 h 1233
st1r la clause pé11ale, ci•llessus, ¡). 23. Cf. Civ., 1-¡ n1ai 180:i, 1). l'. 92.1.520,
S. 9:{., ·!l'•J· ()r, une telle faculté esl ele nalure a
re11llrc ill11soirc 011 1Jet1
1:;fficacc la prol1illilio11 ele la loi JlalJier.

4º Expiration de l'action contra le voiturier. - Le ¡)ri11cipe que le


locator ope1·is esl lilJóré par la réce¡)tio11 de l'o11vrage, doil s'ap¡)!ic111cr avec
tl'a11la11l plus tle raiso11 au co11lral ele lra11s¡Jorl q11'u11e récla111alio11 faite
¡iosl<'·ric11re111ent /1 la livraiso11, el a1)res que la 111arcl1a11clisc aurait t'·lé 111a-
11i¡Jt1lée cl1cz le tlesli11alaire, clo11nerail lie11 a11x plus graneles clifficull{•s ele
1)re11 ve. Aussi, le tics l i 11a lai re es l-i l le1111 ele véri ll cr la cl1ose 1111 i l u i esl cl,\li v rt':c
at1 111u111e11l ele la récc¡ili<>II, ce it 1¡11oi il esl aielé ¡>ar les facililés cl'cx¡)crlisc
ra11i1lc el ¡>et, couleuse ,¡uc lui oll're l'arliclc 1oü elu C:c>clc ele c<)111111crce. En
co11s,'1¡111•ncc, l'arliclc 1c):> clu 11H'r11c Codc. 111odilié ¡>ar la loi clt1 11 avril 1888,
¡)orle 1¡11,1 11 la réce1Jlio11 eles cibjels lra11s1iorlt'~s el le ¡)aic111cnl cl11 ¡>rix ...
1'..lci¡.('11e11l l1i11le aclic,11 c1J11lrc lci vciilurier ¡>our avari<' 011 ¡ierlc ¡iarlicllc,
si cla11s les lrc,is j1i11rs, 111)11 co111pris il's jours f'<'~riés, e¡ui s11ivc11l cel11i <le
ccllc réce¡JlÍ1Jr1 el 1111 ce ¡iaic111e11l, le elesli11atairc 11'a pas 11olifié au v11ilt1ricr
jHlr acle cxlra-j11cliciairc <>ti ¡)ar lcllrc rcc<J111111a11clée sa ¡1rolcslalio11 111olivéc.
- 'J'1Julcs sli¡l11luliu11s ccJ11lraires sonl 1111lles el de 11111 ell'el "· au 111oi11s da11s
les tra11s¡H>rls 11alio11a11x.
()11 aura rc111ar<¡11t'•. 1¡11(' la rt'·cP¡ilio11 11'élci11l ¡>as la r<'SJH111sal)ilitt'\ 1111 Yt)i-

turier e•11 cas <le ¡>erle 011 ele relrtJ'll, 1'1y¡><)llii'·scs <>1'1 le 1lt'~fa11l el'cx1'c11lil111 clu
LIVI\E 11. - TITI\E 11. - '
DEL'XIEllE PAR'l'IE. - CHAPITI\E 11

contrat ne clo11ne lieu á aucunc diffict1lté de vérification, 111e111c a pres c¡ucl-


c1 ue i 11 tervalle. Seule111e11 l, ici, l'article 108 ( no1rvcau) so.u1nct á 1111e ¡Jrcscrip-
tio11 d'11n an (( les actio11s auxc¡uelles peut clor1ner lieu co11tre le Yoit11rier
le contrat tlc tra11s1Jort >J.
Cette prescriptio11 spéciale 11e s'ap1Jlique pas:
,\. - ,\ l' actio11 di rigéc co11tre le voi tu rieren cas de J1·a1ide el d' i11jiclélitli,
aclio11 fo11clée 110n sur la res¡JonsalJilité du contracla11t 111ais sur l'art. 1382,
110n ¡Jl11s qu'á l'actio12 (lit voiturier en paien1c11t du prix, 11i á ce lle tle l'ex¡Jé-
tlile11r ou <lu desti11atairc e1i 1léla:ce ou 011 répt\litio11 ele l'i11d1i, cr1 cas ele
¡1aie111ent d'u11 ¡Jrix cxccssif. Ces actions se prescriYent par cinq ans (arl. 108,
C. co111., al. 1•r injiric et 2).
13. - ,\ l'action en rcve11dication ele la 111arcl1a11dise retrouvée. Cette ac-
tion 11'éta11t pas (( 11ée cl11 contrat » écl1appc a11x regles de l'article ro8 d11
<:otlc ele co111n1erce; elle ne se prescrit q11e par lrc11tc a11s.
CONTRAT DE TRAVAIL 1


Définition et dénomination du contrat. - I,e co11Lral <le lravail est '
1111 conlral ¡)ar lcquel 1111c perso11ne, e111¡Jlnyi'·, 011vricr 011 d{>111cstic¡11e, s'e11-
gag·e i1 travailler 1}c111r 1111e a11Lrc pcr1dant 1111 te111ps clélcr111i11é, 011, le ¡>l11s
S<)uvcnl, sa11s fixatio11 ele délai, 111oyc1111a11t 1111c ré1111111<'•ralio11 en argc11l
fixée soil ¡Jar jour, ¡}ar sc111ai11e 011 par r11ois, soil d'apres le lravail acco1111Jli.
L'cx¡Jression ele co,itra.l ele lravail 11'csl 11siL{·c c111c dc¡)11is q11clq11cs a11-
11écs; J,ic11 c111c crilir¡11éc par (111clc¡11cs aut.e11rs. elle s'est rapidc1nenl i111pos{'.c
elans Lo11s les pays. Chcz 11011s, le législaleur l'a cr11¡Jloyéc ¡1our .la ¡¡ren1ierc
fois ela11s la lcJi elu 18 j11illct 1()º', (Jlli g·ara11Lit le11r Lravail el lcnr cn1ploi
aux r<'-servi:;lcs el lcrriloria11x a¡i¡1elés i1 fairc lc11rs périoclcs de scrvice
111ililairc. Le Coclc elu lravail l'a <l1\li11iliver11er1t co11sacréc c11 en faisa11t la
r11IJl'Í(flle du Litre II ele so11 prcrr1icr livre.
ll y a cc¡Je11da11l 1les autcurs c¡11i so11Lie11r1c11L c¡11e c·csl 11ne ex1>rcssio11
,1 vide ,Je se11s el inj11slifia)Jle n. Ce co11trat, clise11t-ils, 11'esl c¡11'une variété
cl11 le)11age, et il 11'y a ¡1as plus de raiso11 ele clirc co,itral 1le lravail que co11-
lrltl lle lo)'er ou ¡{e 111ltiso1i polir tlésigner le lol1agc de cl1<Jscs. D'apr<'s cux,
la sc11IP ,li',110111inalio11 <¡11i ail 1111c valc11r scienlifi<¡11e esl cellc de louage ele
lravail 011 lrn1agc 1lc scrvices, 1¡11'a cn11Jloyt:c la loi cl11 ',/,í dt'·cc111'1Jrc 18ao,
i11s1'.rt'·<' claus l'arlicle I íRo 1111 (;,¡de civil.

Le contrat de travail est-il un contrat de louage •? - Ces obscr,a-
tions seraienl cxaclcs,si l'<>II s'cn lc11nil a11 poi11l ele YII<) lraclilio1111cl c¡ui, 11011s
l'a,ons v11, rc111011l<) au drrJÍl ro111ai11 el a <'•l<'• llurcr11c11t el si111¡Jlc111cnt
cunsncrt', ¡>ar l'arliclc I íOR. ;\[ais l'analyse si'·culaire s11r laquelle rc¡losc
la classification cl11 <~cJclc civil 11011s ¡Jarail co11lraire i1 la réalilé. Les Ro-
111ains, JJOIII' l'airc e11lrcr la 1i1·cslalion <.I<· s,,rviccs cla11s le l<iuage, avaic11l 1111e
rais<Jll: 1:'esl <[lle, chcz e11x, le 110111l)rc tics Cl>IIlrals rcco111111s 11ar I<'. l)r,,il
civil t'•lail. li111il1\; il l'allail 1l<>nc, ¡u>11r la co111111<Hliti', 1111 co111111erce, élarg·ir

1. Pie, 1'raite élén1e11taii·e de /é_qislíllion i11d11slrielle, 4• édit., 1912, p. 7~2 rt sniv.: Bry,
Cour., é/r•111e11taire de lé,qislatiori i11d11strielle, 4• t\clit., I\JO!), p. 6•> ·et sui,·.; Capitant, Cours
de /,'yi.e/11tin11 i11du.,1,·it•l/e, 1!ll2, p. l:l:i Pl s11iv.
2. ~larlini, 1.a 11otio11 du cn11lr11l ,fe t1·r:1•ail, t111'>se París, 1912; Pan! t:uche, /Ju rapporl
de dépc11r/a11ce, élé111e111 co11stit11tif du co11trat de travail, l\ev. crit., 1\Jl:l, p. 412 et s.
LIVHE If. - TlTllE 11. - '
THOISIE~IE l'AHTIE

les cadres des conLrats exisLanLs. Dºaulre ¡Jart, l'esclavage prédisposail les.
llomair1s i1 assin1iler i1 t111e cl1ose le travail de l'l10111n1e. !\fais ces n1otifs
11'oiit évide111111ent plus aucune ,·aleur aujourel'l1ui. l~nlre le louage de cl10-
ses el le conlrat }lar lequel une personnc s'c11gage i1 lravaillcr ¡Jour autr11i.
il) a celte diITérence essenliellc c111c le conlral de travail 111et en jcu la
JJC/'so1111e 111en1c d11 contracta11t. EL 1'011 sent Lo11L ce c111'il y a cl'artificiel clans
une a11alysc q11i prétcncl, e11 l'assi111ila11t it une cl1osc, s<'·parer la jol'ce 1/e
ll'avail de la pcrso1i11e 111c111c d11 lravaillcur.
De ¡>lu~, si no11s cc1111paro11s les elfets juridiqucs d11 louage et clu co11tral
ele lravail, nous co11stalons 1¡11'a11cu11 ele ces elfels 11'esL co111111u11 a l'un et it
l'aulre .•\uc1111e des regles éelictécs par le Code ¡lour lP- lo11ag·e de cl1oscs ne
s'applique a11 contral de traYail. 11 r1'y a clo11c aucune raison plausi!Jle }lOUr
a
conlir111er clire que le salarié a loué sa force de travail it l'en1ployc11r, et
pour ,·oir da11s le pre111ier un !Jailleur, clans le scconcl 1111 pre11eur.
I~11 rt'•alilé, le c1J11lral ele tra,ail esl 1111 conlrat ava11t

so11 indiviclualiL<'·
pro¡Jre, clistincl el1) lo11s les autrcs co11lrals el11 Droil ¡Jrivé, et r111'il faul lrai-
ter co111n1e tel. C'esL précisé111c11L pour cela e¡11'il co11vie11l ele lui clo1111er 1111
110111 s¡Jécial 1111i le clisting11e rle loutes Je-; a11lres conve11lions; el la cl(·110-
111ir1alio11 de co11lral 1/e ll'ai•ail r1ot1s ¡Jarail bic11 cl1oisic, ¡Jarcc c¡11'ellc es!
clairc et c.xpressivc.
La r¡uestio11 c¡11e 11ous vc11011s ele cliscutcr, si elle 11'a ¡las d'i11lérct ¡Jratique
irr1111édial, r1'e11 ¡Jrésc11lc Jlas 111oir1s t1nc réelle i111porlar1cc. 011 se préoccupe
aujo11rel'l1ui, _cla11s l(JUs les ¡Jays, ele régle111c11lcr les ra¡1¡Jorts d'c111¡llclye11r it
salarié par une loi d'cnser11IJ!e. ()r, pour !Jic11 réussir cla11s cclle enLrcprisc,
il faul clºaborcl $e fairc une icléc cxaclc ele la r1aL11rc j11rieliquc cl11 contra!
c¡ui les lic. En 011tre, l'assi111ilalion traclili<H111ellc 1lc 11olrc co11tral it 1111
louage a v11lg·arisé l'icléc c111c la li!JerLé eles ¡1arlies cluiL y elrc so11,erai11c
maitresse, co111111e clic l'esL da11s la ve11Lc, le lo11agc et les aulres cor1trals
11sucls. Celle fa11ssc conccpLio11 a cerlaine111cnt coutrilJ11é it c11lrav1·r j11sr1,1'l1
ce jour l'i11lerve11li<J11 lt'·g·islativ1•, 11i'-cessairc pourtant ¡,011r ¡Jrolt'·ger le sala-
rié conlrc l'e111¡1loi rlc cla11ses c111i l11i so11l ¡1ri'•juclicia!J!es.

Le contrat u.e travail dans le Code civil et depuis. - J,e conlral 1Je
· lra,·ail csL a11 11cn11l1rc (!es co11lrats (ps ¡ilus 11silós C'csl l11i 1¡11i f'ail ,ivrc la
grar1elc 111ajoriló eles hn111111es. (:'esl lui r¡ui f'1ir111e la !Jase rlc 11<1lre 11rga11i-
satio11 (,co110111i1¡11e PL i11(l11stril'IIP-. I•:t 111111rla11I, ja111ais, jusr¡u'h l'i'·¡ioc¡111·
111oclcrne, il 11·a,ail atlirt', l'allP11lio11 (les jurisll's ni 1111 I(·gislaleur. !,es a11-
cic11s auleurs 11'e11 ¡¡arlai<'nl 1¡11'i11cidc111111c11l, <'l. !ns ré1laclc11rs 1lu C1Hle 111·
lui onL crinsacri'· 1¡11'1111r cc111rt1, secl.io11 inlituJ{p: lott(l[/1' 1lcs 1lu1111·sli1¡1tes
el eles u1tl'l'icr s, e Lco 111 Jl rcna n 1 1!cu x ar l icles, 11011 t 1·1111, I' ar Iiclc 1180, i II l1• r1I i 1
cl'c11gagcr se•s scrYiccs i, vie, Pl l'aulrc, l'arlicl1, 1 181, a11jo11r(l'l111i ahrc,g(·,
1léciclail r111'i,11 cas 1lc co11tcslalio11 sur 1() salair<', le 111.1ilre s!'rail cru sur
Sllll affir111alir111. <:11 lacrJ11is1111) Pxccssif' LiP11I. /1 CP r¡u'p11 18<il1, il s1·111lilail
i1111lile 11'{,Lqtlier c11 1li':lail 11\s ra¡¡¡1rirts j11ri1li1¡111·s 1IPs e111¡il1l)<'lll"S <'l. 1le~
salariés,¡i:trce 1¡11e la classe eles 1111Yriers 1le la gra111l1• indusl.ric cr1111n11•11-
<;ail s1'ulen11·11l ú se f1ir111cr. l,a l>ri<'·vct(· 1111 (;<Hlc s'<'x¡1li1¡111•, en 011lr<', ¡iar
. . ,,

· CONTilAT DE TRA V AIL

ce fait e¡11c, e1uelc¡11c te111ps a11r1aravant, la l<)Í d11 22 gern1inal an "\I, rclative
a11x n1anufactures, fallric¡11es et atelicrs, avai t én11111éré les ol)ligations drs
ouvriers et de ceux q11i les emploient, édicté et réglementé notan1n1ent Ir
livret cl'o11vricr co111111e sa11ctio11 eles engagements du salarié. C'est po11rquoi
il avait par,1 i1111tile e11 1804 de traiter en délail dans le Code civil unr
n1atiere e¡11i venait d'ctre régle1ne11téc ailleurs.
Quoi q11'il en soit, cclle lacunc de ncilrc législalio11 a persisté presqur
jusqu'ú la fin du x1x• siecle. l\Iais, a,cc le nom!Jrc toujours croissant des
ouvricrs ele !'industrie et des c111¡)loyt':s d11 co111111erce, le l)esoin d'une régle-
111cnlalion législative s'cst fail ele jour e11 jour plus ,·iven1enl sentir. D'oú
plusieurs lois récentcs. I,a prc111iere a été celle du ?.í décemlJre 1890, qui
a tenté, sans y parve11ir du reste d'11ne fa<,on satisfaisante, de régler les
conséc¡11ences de la résiliation el11 co11lrat de travail a
d11rée indétermi11ée.
I111is. la loi d11 g a,ril 1898 que 11ous avons })récéden1111e11t étudiée, a
i111posé a11x cliefs cl'entreprisc l'olJligation ele payer une inden111ité leurs a
fJuvriers et e111¡)loyós viclir11es rl'ur1 accielent sur,en11 par le fait ou l1
)'occasio11 d11 travail. Le:-. lois cl11 18 juillct 1901 el clu 2-¡ 11ovc111bre 1909
on t prc1l{:gé, la pren1ierc les réservisles et terri toria11x, la seconde, les
fen1n1es en couclies, conlre la résilialio11 ele leur contrat de lravail. La loi
du 8 décen1bre I DºD a réglé le n1ode ele paierr1en t eles salaires des ouvriers
el e111plo)'«',s. Cellr cl11 12 ja11vier 18~¡5 s11r la saisie-arret des salaires et petils
traitemenls, avail. el{·ji.t li111ité les rele1111es c1uc le JJatro11 peut faire sur le
salaire.
Ce so11t ces eliverses lois q11i, avec l'article 1-¡80 dt1 Code civil, 011l ét{·
insérées clans le I,i, re Prcn1ier du Cacle dii il'avail promulgué le 28 décen1lJrc
1910; Piles y sonl co111prises flans le l'itrc 11 intitulé: cltt co,zlral (le ll'avail
(art. 10 it 3:i) et rlans le litre 111 intil11lé: clti salczil'e (arl. 33 el s.).
Si :\ ces clispositio11s no11s ajot1lons diverses a11lres lois inléressa11t encore
le conl.rat de travail, parce c1u'elles y restrcigne11t. l'efTet ele la li!Jre volont{·
des partics conlraclant.cs, lois lin1ila11t· la. clurée ele la jour11ée de tra,·ail
rla11s l'i11rl11slrie, ri'·glcr11enlanl le travail cles fc111rnes el des enfanls, in1po-
sar1l le l'C))O:-. l1elJcl(J1nadaire, })l'escrivant clcs rl',glcs rlcslir1ées it ass11rer
l'l1ygii',11e eles locaux co111111erciaux el i11duslriels el la sécurilc'• clcs travail- '

le11rs, 01t se renclra cr111111t.e e¡uc 11cJlrc ccH1lral. fail. dc'-jlt a.ct11elle111ent l'objcl
cl'une ]{·gislalio11 toull'11e. 11 scrail opporl1111 aujourcl'ltui, ele co11sacrer 1111r
lcii .'1 sa ri'·gle1r1cnlalin11 juricliq11c. Ccf.(() r111cstin11, résolue cl{,j.'1 ¡)ar pl11-
sieurs I•:lals <':lrangers, 13clgic11u,. Ilollancle, .\llcn1agne, ele., csl ti l'orclre clu
jour cliez 11c>11s <lcr111is 1)lusie11rs a1111t\es '.

l. Ln S,Jciété d'E'tudes légis/atives a élahoré <'l discnté clans le cours de l'année 1906
une proposition de loi qui ínt reprise i\. cPlte époque dans son texte intt'•gral par le gou-
V!'rnt•n1ent et déposée sous forrne de proj1•t dr loi le 2 juillet 190G (Voir le /Julletin de la
Socilté 1/'Etu,les /é_qislatives. 1906, ¡1a.,sin1, el la cornparnison des denx l1•xt1·s, p. !.í07. Voir '
nussi /,e 1:ontl'at de tl'a11ail et le Code civil, hrocliuru puhliée par l'tlssociat1011 /ranraise
¡1011r /11 ¡1roteclio11 légr,/e de., tra1,ai//e11rsJ. ·

1·0111e 11 37
LIVI\E 11. - 'flTI\E 11. - '
TIIOISIE)IE PA.l\TIE

SJ~C'l'IO:\ J. - ]<'01l)I\TIO'i ET Pl\EUVE l)U CO,TIL\T DE TII.\V,\IL.

::;• 1. - Fo1·m11tio11 1111 e1,11t1•11t .

Absence de formes. - L'article 19 cl11 Code d11 travail, rcprocluisa11L


l'article 2 de la loi cl11 2 j11illct 1890 alJrogaLiYe du livret d'o11vrier, cléclarc,
da11s so_11 pre111ier alinéa, crue << le conlrat ele travail est sou111is a11x rr·µ-les
d11 l)roit co111n111r1 et peut etre constaté dans les forn1es c¡11'il co11vicr1t aux
parlies contracta11tcs d'adopter n. Les parlics n'ont done pas besoin dr: ré~
diger 11n écrit, et, e11 fait, le contrat 11'est presquejan1ais constaté par écrit.
La Co11r de cassation (Civ., 12 nover11bre ,1!)13, Caz. Pal., 1913.2.:i83;
a tirt'• ele cet arlicle une co11clt1sion fort co11lestablc. Ellr: a eléciclé 1¡11c,
qua11cl les parties rédiger1t 1111 acle sons seir1g 11rivc'~, cct acle n'cst pas sou-
111is, ¡Jour sa Yalielilc'-, h la forr11alilé prC'scritc JJar l'arlicle 13:>.5 clu Coelc
civil, ele la réclaclio11 c11 clenx exe1nplaires el de la n1enlicJn s11r cl1acu11 cl11
no111IJre eles origina11x. 'l'ellc n'a ja111ais {•té, croyons-111111s, la pensée dC's-
a11Le11rs ele la loi clu .,. juillel 18:10. lis <J11L si1111Jlerr1e11L Youl11 dire c111c le
co11lral ele Lra,·ail esl 1111re111c11t co11sensuel, co111n1e prcsc1ue lous les co11trals
ele 11otre droit. ?llais ele la ne rés11lte pas c¡11e les ¡1arlies, q11i décide11t de
faire 11r1 écrit, soic11t souslrai Les i1 la regle prolectricc el11 doulJ!e exe111plairc,
lac111clle s'applic¡11e 11 !011s les co11lrals sy11allag111alic111es.
Si le co11tral ele Lra,ail esl, C'll JJri11ci¡1e, ¡Jurcn1er1l consc11s11el, il e11 est
autre111e11t cepentla11t q11a11el le salarié s'engagc ¡101tr Jlltts cl'1i1i r11i. L'arli-
cle 15 ele la loi d11 :~2 gerrni11al a11 XI, a11jourcl'l1ui arlicle 22, li,re r•···, cl11
Cci<le clu lra,ail, clécicle en eíl'cl << r¡ue l'e11gagen1e11t cl'1111 011,ricr 11c J)CIII
excéder u11 a11, it 111oi11s c111'il 11e soil ccJnlrcn1aitre, c1J11el11cle11r dC's a11Lres
011vriers, ou q11'il 11'ait 1111 lraile111c11t <;t eles conditio11s stipulés par u11 acle
ex¡1rt\s ». I,e co11lrat cor1cln par 11n 011vrier ¡Jour une cl11rée s11¡1éricurc i1
1111e a1111ée n'C'sl clone valalJI<' <¡ue s'il rsl co11slal/~ ¡1ar c'·cril.
J,a loi a ,·011111 ai11si altircr l'altcnlio11 ele) l'i11Lc'·rrssc'· s11r l'i111JJ<Jrla11ce des
0J¡}igatio11s c111'il co11lractc.

Interdiction <les engagements a vie. Contrat a durée indétermi-


née. - l,'a1·licle 178cJ, 1"· alirti')a, <iu <:ocle ci,il tléclarc c¡11' << <>TI 11c ¡><'111 P11-
gage1· ses ser,iccs c¡11'i1 le1n¡Js eiu llOllr 1111c cnlrPprisP <IÍ·l<'r111i11c'•e >>. 11 in-
l<'rtlil elo11r; i1 lous lrs salari/•s, tlcln1eslic111<'s, ciuvri<'rs, c•111¡>l<)yt'·s, el<' SI' lir,r
¡)n11r loulc lcur vic) tJII ¡iu11r 1111C1 ¡ii''.ric)dr, clr: lc)111ps C<ll'l"esrlc>11cla11t ú llCU Jll'<\s
.'1 la durée ele !Pur exisLPnc1·. linte! c·ngag<'111<111l c<>nsl.il11erail 11110 vc'·rila-
l)le alic')11alio11 ele le11r lil1erlt').1\11s~i est-il l'ra¡1¡u'• <l'1111c nullili'i alJsoluc. (:cll<·
c]ispositi1i11 11'a <l'ail!c)urs J)as granel inli'·r<\L yic>11r lc•s 011,riers. J,cs t¡11clc111es
.dc'icisic>ns <¡11i en 1i11L fail a¡¡¡1licalic>11 1ir1l Lrail i1 eles c11gagc111e11ls cc>11lraclós
¡1ar 1les cl<J111csliq11es. (:t•11cncla11t, IPs Lril>11na11x S<' so11t, lt J>l11siti11rs l'C'·
¡>risPs, a1>1111Jc'·s sur la ¡>r11hil,ili1111 dn l'arl.iclr, 1781, ¡i1>11r cléci1ler que
l'acle ¡>ar lc•c¡11el 1111 en111l1Jyi\ tlll 1111 011vri1)r, a11 ser,ice cl'11n 1>al.ro11,
s'engage ¡¡ 11c ja111ais servir <>11 s·associer clirectcn1c~nl <Jll intlirPcle111c•11I
CONTR,\T DE TRAV,\IL

<lans ur1 autre établissemenl ayanl le 111c1ne objet, cloit etre co11sitléré co1n1ne
nul et de nul efl'et (i\Ietz, 26 juillet 1856, D. ll, 58.2.87, S. 58.2.37, el s11r
pourvoi, Civ., 11 n1ai 1858, D. J)_ 58.1.219, S. 58.1.7!17; Ileq., 17 111ai
191 r, D. P. r913.1.342, S. 1913.1.253).
J;'arLicle 1 180 pcr111eL a11x ouvriers et en1ployés (le s'ei11lla11cl1cr pour u11e
(lurée fixe. ~lais, elans la praLique, il est rare qu'ils 11sc11t ele celte facultó.
Dans la ¡ll111larl des cas, le co11Lral de lravail csl co11clu sa11s Lcrn1e, sans
(lÓler111inalio11 ele terrt¡ls, cl1a(¡11e 11arlie co11scrva11t le droil tle le rósilier
(111a11el elle le j11g·e u Lile. Ce rnoelc d'c11g·age111e11t est e11 eíl'et ¡Jlus ava11lageux
et 11011r le patron et pour le salarié.

Accord des volontés. Reglement d'atelier. - 11 11'y a rie11 ele plus


si111ple, en pratique, q11e la conclusion du contrat de Lravail. 11 n'y a 11i
écrit, r1i accord exr>licite sur autre chose c¡ue le ta11x du salaire. Et e11core
cel11i-ci cst-il fixé, dans la grar1ele industrie, 11ar des regles e1ui ne per-
meltent pas la disc11ssior1 i11divid11elle. L'o11vrier en1baucl1ó est rén1unéré
cla11s les 111c1r1es conditior1s q11e to11s ceux ele sa catégorie.
Q11ant aux obligatio11s c¡u'ass11n1e l'ouvrier en entrant dar1s l'étalllisse-
n1ent, elles se trouvent éno11cées dans le ,·eglernenl ll'alelier, leqiiel est l'reii-
vre exclusive d1i JJalro,i. Ce regle1ne11t d'atelier contient ordinaire111e11t trois
a
gro11pes de cla11ses: 1° les r11esures relatives l'orgar1isation i1ilérie11re cl11
travail et au bo11 ordre: l1eures d'entrée et de sortie, re1Jos, 1Jrescriplions
concernant la cliscipline, la 1noralité, l'l1ygii:ne et la sécurité; 2° les sanc-
a
tions p11nissant les infraclions ces prescriptions, réprin1ande, a1r1endes
a
dont le laux est fixé par ledit reglement,. n1ise pied, re1rvoi ; 3° enfin des
dispositions concernant les eíl'ets 111cmes d11 contrat et détern1inant les
-co11di tions de l'c111!Jaucl1age, le calcul et le paye111ent eles salaires, les. rete-
r1ues sur les salaires, la durée elu délai-congé a11 cas de résiliati1Jr1, ou la
suppression ele ce elélai.
Le róglcment d'atelier est obligaloire po11r l'o11vrier, pourvu qu'il ait t'.·L1\
11orté á sa connaissa11ce au 1no111e11t ele l'en1baucl1age, nolam1nent {lar so11
afficl1age da11s les eli.vers ateliers. /_;'ouvrier 1¡ui s'e11ibaucl1e esf ce11sé accepler
Loules les clau.ses 1¡1ii y so1il i,isérées, bie,i r¡1i'il 11e soit ¡Jas ,l nien1e (le les
1lisc11.ler. 11 e11 est ai11si 111t\1nc llOllr les a111cnlles, e¡11cl q11e soil le ta11x a11-
{J11cl le patron e11 ait. fixé le 111011la11l el si exag·úró r¡u'il 1111isse t:tre. La j11-
ris1,1·11cle11ce 1iousse si lrJir1 le res¡>ect. ele ce 11rét.e111l11 accorll, c111'cllc se re-
fuse le tlrelil el'allaisser 11) cl1ill're ele ces p(·rralit(·s, 11l!\111e s'il lui parait '
exccssif, ¡Jarce e¡ue, Jit-elle, l'an1e11(ln est ur1e cla11se ¡1énale co11ver1ue entre
les parties, et. e¡ue l'article 1152 cl11 Cocle civil interclit aux juges d'en. modi- •
ficr le 111or1lant. ~laintes feJis la Ce111r ele cassat.ior1 a cor1sacrú cctte solutior1,
ni. cassó les elócisions ele co11scils ele [ll'Uel'l1rJ1r11r1cs c¡ui avaicnl réduit des
a111n11cles lnur paraissant. exag-()ri'-es ((:iv ., 1/¡ f'óvrier 18(i(i, 1). 1i. (i(i. 1 .8'1, S.
(i(i.1.1n'1; :>.:i fóvrier '!)ll!J, lJ1illeti1i de l'(Jfjice ll11 lrr1u(1il, '!)O!),¡>. 67:1, Voir
ci-dess11s, p. :Al1).
1inn Lelle ¡Jrt':so1111il.ie111 rt•¡Josl' s11r 1111P Jllll"e: ficlit>11. t:onlr1' c:1:lle li1:ticl11
les 1H1vrinrs ne cessnnt. ele JJI'Olesler aYec raiso11, tle111ar1elar1l f(IH: la (1111'slio11

580 LIVRE 11. - TITRE 11, - '
TROISIE~IE PARTIE

des an1endes soit enfin régle1nentée par le législateur, en vue d'en1pecl1er


les abus de pouvoir des e111ployeurs, et surto11t des cor1tre111ailres. Cetle
question est une de celles sur lesquelles l'accord est le plus difficile faire a
entre les intéressés. Et en attendant, elle s11scite chaq11e an11ée un 110111JJre
in1portant de greves.

s 2. - P1•euve do ~011t1•at.

Preuve dift'érente suivant que le patron est ou non commergant.


- Il faut appliquer au contrat de travail les regles ordinaires sur la preu,•e.
Orces regles varient s11iva11t que le patron est ou n'est JJas u11 co111111er<;a11t. .
Dans le premier cas (art. 109, C. com. ), il dépe11d du tribunal cl'auto-
riser la preuYe par témoins, fluel que soit le cl1iffre el 11 litige. Co11for111é-
ment au Droit con1n1un, l'adn1ission de la JJre11ve testi111cH1iale, c111a1_1cl elle
'
sera prononcée, en trainera celle des si 111ples pr<\s0111 ¡1Lio11s (Civ., (i 111ars
1912, D. 11. 1912.1.304, S. 1912.1.:116).
Dans le second cas, la preuve par tér11oi11s r1'est possilJle c¡nc si l'ol1jel cl11
liligc ne dépasse pas 150 fra11cs : a11-eless11s, il fanl ¡Jrod11ire 1111 écril
(art. 1341) ou toul au 111oi11s 1111 co111111e11ce111e11t ele preu,·e 11ar écril corro-
boré par des témoignages (arl. 134í, C. civ.). Or, les parties 11e 11euvenl
a
presque ja111ais satisfaire cette exigence ele la loi, car il esl lrt·s rare <¡u'elles
rédigenl un écrit. 11 en résulte que, lorsq11'u11e cliffic11lté surgit, la ¡Jreuve
a
11e peut pas etre adn1inistrée, et la partie qui elle inco111]Je c11 est réduite
á déférer le ser1nent á s011 aclversaire. Esl-ce JJar exem11le l'ouvrier c¡ui ré-
.clarne une son1n1e supérieure l1 150 fra11cs, il 11c peut 11as fairc la preuve ele
sa prétention. De 111en1e, le patro11 qui affirn1e avoir pa)·é les salaires écl1us
11c pe11t, ú défa11t de c¡11illar1ce ócrile, c¡ue eléft':rcr le scr111e11l i, l'c111vricr.
La jurispruclence apJJorte, il esl vrai, 1111 len11Jéra111e11L i1 la r<'~gle, 11our le
cas 01'1 il s'agit d'un n1aitre el d't1n domestique. Elle fait bé11éficier alors le
111ailrei de l'arliclc 13!18, c111i per111cl la ¡ire11vc ¡1ar Lt'·111oir1s, ltn1lcs les fois
c1u'il n'a ¡1as été possiblc au créa11cier ele se JJroct1rPr t111e ¡ireu,·e {:crile de
l'acle conclu. Or, discr1t les arrels, cet arlicle vise a11ssi )Jic11 l'i11111ossilJililt'·
111orale que l'in1¡1ossilJilitó pl1ysique (V. ci-<lessus, 11. :>.11:1). l•~l il 11'csl 1ias
possi!Jle a11 111ailre ele r<':cla111cr 1111c e111illa11ce <le sPs <l<>111cslie¡11es, ¡iarcc
c1u'u11c lellc exige11ce irn¡1lic111erail 1111c <lólia11ce i1tC()ll1¡1alilJle a,ec le carac- •

l<'-re eles relalio11s f¡11i «loivenl 11«'•ccssairc111n11l s'élalJlir P11lr<' 111ailrP el


servile11r (l{ef¡., 1'' 111ai 1n11, S. 1!¡1:I. 1.:11,5).
<J11oi c¡11'il e11 s<>il, cclle co11Lradiclio11 e11Lr<i la r<'·g·le <le ¡Jri11ci¡1c ni l'11sagc
• csl rcgrellable. 11 fa11<irait y 111ellre 1111 ler111c, Pll <1«\cidanl <¡11e la Jll'<'IJY<'
lcsti1r1<111ialc sera lo11j<J11rs acl111ise da11s lcsco11LeslatilJlts relalivPs a11 co11trat
<le t1·avail.

L'article 1781 du Code civil aboli par la loi du 2 aout 1868. -


Le Codc civil avait Jlrt'~v,1 celle <>¡11iosilion <111 l)r<iit <'L <I<' la ¡irati<¡t1<', Pl,
11011r les ct111lcslalicl!1s ¡1orla11t s111· l<' l1t11.c 1ltt sr1l11ir1· <Hl so11 ¡111ii•1111·11/, il
avail, dans l'articlc , 781, éclict{· 1111c r«'-gle ai11si co11,;1rP: « l,c 111ailr<' <'sl cr11
COXTR,\.T DE 'fRAVAIL 581
sur so11 affirr11ation po11r la quotité des gages; pour le paie1ncnt d11 salaire
de l' année écl1ue; et pour les acomptes donnés sur l'année couranle. n « Le
co11trat de travail n'étant presque jamais rédigé par écrit, disait Treilhard,
il fa11t llien se fier a11x déclarations des parties ; or le maitrc mérite plus
de confiance. n 11 est vrai que cette clisposition, trop partiale, a,ait été écrite
spécialement pour les n1aitres et leurs clo111estiques. i\lais la jurisprudence
a
l'appliquait aux 011vriers travaillanl la journée, parce que, disait-on, ils
a
sont dans un état de s 11jétior1, (le s11llordination analogue la do111esticité .

En revancl1e, l'article 1781 ne s'appliquait pas aux ouvriers travaillant a
fai:;on.
a
La loi d11 :i ao11t 1868 a abrogé cette regle, la clen1ande des syndicats
ou,,riers, co111n1e contraire au principe d'égalité. 11 faut, du reste, recon-
naitre q11e cette abolition n'a guere amélioré la condition du salarié
derr1andeur, puisque, nous l'a,011s vu, a
défa11t d'un écrit, qu'il ne peut
preS(JUe ja111ais produire, il est en fait tro¡l souvent obligé de déférer le ser-
111ent a11 défendeur.

SEC'fl O.N 11. -- }),\IE)IEXT ET PROTECTIO'.'l DU S,\.L,\IRE.

C'est surtout en cette matiere que s'est produite, au cours ele ces dernie-
res années, l'intcrvention protectrice du législateur. Le salaire est la seule
ressource d11 salarié et de sa famille; il ofTre évidemment un caractere ali-
n1entaire; c' est pourquoi la loi édicte toutes les mesures nécessaires pour en
assurer la sauvegarde et la destination.
On peut ranger ces mesures en cinq groupes:
a
1º llegles desti11ées assurer le ¡laiement lo)·al et régulier du salaire;
2° Lin1itation des retenues que l'emploJeur peut faire sur le salaire;
3° llrivilege destiné l1 en garantir le paiement; '
t,• Insaisissallilité et incessillilité du salaire (loi d11 12 janvier 1895).
5° Protectio11 du s11laire de la fen1111e n1ariée et contribution des épo11x
a11x cl1arges elu n1énage (loi el11 13 j11illet 1 !)07).
'f(l11tes ces dispositio11s so11t a11jourel'l1ui ré1111ies clans le litre 111 clu
livre l'' (111 Codc el11 travail, articles 3:1 et s11ivants.
No11s n'étucliero11s, ¡\ cclte Jllace, que le 11aie111r11t cl11 salaire et la c1uestion
eles rctcn11es. ·

I, - Regles destinées aassurer le paiement loyal


et régulier du salaire.
<:es rt')gles 011t été t'·clictécs par la loi el11 7 décc111bre 1909, aujourd'h11i
a
i11corport'~e lla11s les arlicles t,:~ !15 el11 livrc ¡,r el11 C:ode du lra,ail. Ces dis-
¡1osilions oi1t riour 1>111. ele su¡lpri1ncr certaincs ¡>ratic1ucs ab11stYes et d'c11
cn1pt1cl1cr le rct(1ur.
Ellt1s S<lnl a11 110111!Jrc de llc11x :

Les salaires des ouvriers etemployés doivent étre payés en mon-



naie métallique ou ftduciaire ayant cours légal (arl. !13).- Cette dispo-
LlVRE 11, - TITRE 11, - '
TROISIE~IE PAI\TIE

sitio11 ,isc Lous les ou1.•riers el employés, sa11s distinction, qu'ils travaillenl
dans l'i11dustrie, le corr1111erce, l'agriculture, ou pour le con1pte de l'Etat ou
d'u11e personne adn1inistrative. ~Iais elle ne s'appliq11c pas aux domestiques
et gens de se1·vice, car ils ne so11t pas co111pris dans la dénon1ination d'ou-
a
vriers et e111ployés. Elle a po11r but de mettre fin 1111 abus q11i consistai t
a payer les 011vriers en denrées 011 marcl1a11dises, ou e11 jetor1s convertibles
en 111arcl1andises. que le salarié devait acl1cter dans 11n magasin ou écono-
n1al géré par le patror1 ou par u11 contrc111aitre. Cettc pratif¡uc, connue sous
le nom de Truclc-syslen1, a été er111Jloyée clans tous les pays ir1dustriels aux
llremiers ten1ps de la grande i11clustrie, el elle n'a pas n1all1eureusemerit
con1pletement disparu de certaines entreprises '. '1'011s les Etats se sont
etforcés de la déraciner, en édicta11t u11e prescription analogue celle de a
11otre loi.
L'article 43 frappe de nullilé loute stip11latio11 cor1traire, c·est-a-dire toute
con,•entio11 par lafruellc l'ouYrier 011 l'e111plciyé accc¡Jterait, soit a11 n10111e11l
,111 conlrat, soit lors de cl1aq11e payc, d'elre payé e11 marcl1andises 011jelons.
Il reste. a11 contraire, perrnis de stip11lcr c111e le salarié rece,ra partic de
son salairc sous for111c ele 11ourrilur~ 011 ele logc111e11t, ou q11'il toucl1era
cliverscs fo11rnitures c11 nalure e11 plus de so11 salaire. L'article í5, :i• ali11éa,
el11 Code el11 lravail reconnait la valielité de ces clauses.

:i"Lieu, jour. périodicité du paiement. - Cellc ele11xie111e série ele


l't\gles co111¡Ji·e11cl trois ¡Jresc.riJJLions t'.~11011cées dans l'arlicle 45 clu Code clt1
lravail :
.\. - /,e JJaie1nerzt 11c pe11l clre effecltté 1111 jour ozi l' ouvrie!' ou l' e1111Jloyé a
,truit ,111 l'l'/JOS, soit en 1•crt11 ,¡,, [11 loi, soil c1t Pcr/11 1[1• lfl co11ventio11.
13. - ll 11e ¡ieul <ll'OÍI' lie11 lla11s les llébils de boisso11s ou 1nagasin.~ de ve11le,
saul' po11r les person11es qui y sont occ11pées. Celle secondc 111esure est le
cor11¡1J1\111c11l logif{IIC ele la ¡1rc111ii'·rc regle. Elle csl 11i'·cessaire }J(J11r c111p1\c!H\r
eles praliq11cs r111i 11c seraicn 1 1¡11'1111 rcl<ltl r, llar 1111 cl1err1ir1 déto11r11<'·, au
t !'11clí:-svsle111

.
(:. - /,es s11[11ires ,tes 01tvriers <l11 r:0111111erec 1·l 1le l'i111111strie 11oil'<'JI/ <:ll'e
¡111yés au 111oi11s 1h·11.1· Jiiis ¡1111' 111ois. 11 Jfi ju111·s 1111 ¡1/11s rl' i11lcl't'11lle. Ce11:,; 11es
l'lllployés 1loive,1l cll'C /JU_yés 111/ 1110i11s llllC Ji1is /J(//' /11/JÍS. L'i11tt'.•rel di\ la fa-
111ille 1i11Yrióre, a11La11l <111c le caracl.1'-r,~ j11ri1liq11e cl11 salairc, le1111cl esl. 1111
l'orfait, exig·c <¡uc cclui-ci soit r1\111is au l.ravaillcur .'1 ele c1i11rls inl.Pr,allos.
),a ¡ilu¡Jart eles législalie,ns Ólrang'l'ires {·1licl1~nl <les ¡ircscri¡Jtio11s anal1ig·11Ps .
.\ la 1lifl'/·rencc 1lcs pr1\~{\1)e11les, c<~lle tr1,isii\111e r<'·g·l11 11c c1,nccr11c 1¡11c le
co111r11crce el l'i11dusl.riP, ¡~( 111J11 l'agric11ll.11rc.

11. -- Retenues que l'employeur peut faire au moment de la paye.

L'e111¡il11ye11r, 1lélJilnur 1111 salairc, 11cul. 1\lrc, el'a11Lr<' ¡Jarl. créa11cier <le
l'o11vricr ¡ie111r eles causes 1livers11s 1¡11i sonl 1,~s s11iva11 LPs •:

1. V. Bulleti11 de l'Of/ice du travail, 1909, .p. 1190, t\91, 1198.


2. Nous laissons de cóté les rctenucs pour 1·crse111cnts du sularlé a une cnissc suit de


CO~TRAT DE TRAVAIL 583
1º ¡\111endes ¡Jro11011ct':es ¡Jour cor1trave11lions au regle111enl ll'alelier;
2° ,ralfac;o11s co111n1ises dans l'exécution du travail;
3° Do111n1ag·es-intérets dus par le salarié po11r abus du droit de résilia-
lio11 clu co11lral, ou 11on-o!Jservalio11 d11 délai-co11g{~;
!1° ,\,anees e11 arge11t ou en four11itures cli,crses, outils, 111alieres pre-
111ieres, dcnrées ali111e11Laires, failes au salari<\.
l,e palron ¡Jc11t-il, da11s ces di ll't':re11ls cas, se rc1nlJourser ele sa créa11cc
par ,·oie de rele11iies siir le salciire i1 I~t, da11s le cas de l'affir111ative, ela11s
c111ellc 111csure a-l-il ce elrr>il :1 La.réponse a cette e111eslio11 se lrouve cla11s la
l1Ji du 12 ja11,ier 189;j relalive a la saisie-arret s11r les salaires et petils lrai.
t.en1ents. Cette loi contier1t deux ordres de solutio11s: 1º Un prir1cipe géné-
ral, découlant ele la con1binaíson ele son arlicle 1'' a,ec les regles d11 Droit
cor11111un, c·est-a-dire du Code civil. :iº Des solutio11s particulieres résulla11t
ele ses arlicles t, et 5, el relatives s1Jécialc111e11l a11 cas ou Je patro11 a fail
certai11es a,•a11ces en ci1·ge11l ou e,i jour11itures. Eluclions successi,·en1enl ces
cle11-.; poi11ts.

1" Le principe général: - ll cor1sisle a elirc que la compe11sation e11tre


la créance du salaire de l'ou,rier et les créar1ces d11 palron ue ¡Jeut s'efl'ec-
lt1er c111ejus1¡11'11 conciirre,ice clit di.i:ie,nc clit salaire. Voici co1n111ent 011 rai-
a
so11ne po11r arl'ivcr cellc solt1lion.
\'011ssavo11sq11c (arl. I:l8!) a l'.l\)I, c. civ.), lorsque de11x J)erso11nes
so11l r<\ci¡Jroc1ue111e11t clé!Jilrices l'une de l'a11lre ele son1111es liq11ides et
exigibles, le11rs deltes s'éleig11e11t de plei11
. . clroit, jusq11'a cor1currence de la
1Jl11s faible, par l'effet ele la con1pensalion ; 111ais I'articlc I2!J3-3" ex-
clut crllc co111pensalio11 c111ancl l'11ne des dclles a ¡Jo11r cause des ali11ie11ls
1léclurés i,isaisi.~sables. Or, d'unc part, il esl ir¡contestalJle que le salaire a


un caraclt')re ali111er1lairc. l~t, d'autre parl, la loi d11 12 janvier 1895, dans
son arlicle I cr 1:a11jourd'l111i art. GI clu Iivre I du Code d11 travail¡, décidc
c¡ue les salaires 11e sonl saisissalJles que jusc111'á co11c11rre11ce elu dixícn1e.
11 résulle do11c <le la c1)rr1bi11aiso11 ele ces <le11x texles <111'011 pri11cipe el sauf
ll is1iosi Lio11 cor1 traire de la loi, l' e111 plcJye11r, créa11cier ele l' ouvrier, 11c
1icul fairc de reten11cs c111e j11sq11'a co11c11rre11ce elu elixie111e du salaire
1¡11'il doil i1 l'cJ11Yrier, p11isr¡11c les ncuf di-.;i<':111cs ele ce salaire conslil11cnl
,les II ali111e11ls dt'•clarós i11saisissa!Jles )>.
(;elle solnli<Jn, aujfi11rcl'l111i consacrée pal' la (:011r <le cassalio11, 11'a été ce-
p1111cla11l acl111ise q11'a11 ccH1rs <le ces cler11ieres a1111écs. 1\11¡Jaravant, 011 dt'·cidail
sa11s l1<'.·sitalio11 que la co111¡>e11salio11 s'opérait <le flleir1 droit, car 11ul 11'avail
s,111gó ¡'¡ a¡>J>liqner a11 salaire la clis¡Jositio11 de l'arliclc 1:!!)3-:1°.Lc revirc111er1t.

1ualadie, soit de rctraite. Ces relenues n'ont pas pour cause une créance du patron.
En CI\ qni r.onC<\l'tll) IPs retrailPS onvri<ires, la loi dn :i a\'ril 1910, articlc :1, décide que
l'e1nploy<inr doit, lors de chaqne payP, pril)l'ver sur le salaire la pnrt inr.01nhant nu salarié
(Ponr l1!s ,tiíflcultis soulevil,:s par l'applicatiun de r.ct artil'IP. V. Capitant, Cours de lé9is-
latio11 i1ul11.~1rielle, p. 231 Pl suiv.). 11 Pn est de 1né111e pour les ·ouvriers rnincurs afflliés
ohlignluirPn111nt nnx rnis,Ps de srcours et de rctraile organisécs par la loí du 29 juin 1894
et cel11\ 1lt1 2:i février 1 !ll 4.
•En dehor~ de ce dernier cns, les retenucs concernant l'assurancc-n1aladie ne peuvent
<1tre fnites que n1oyenn1lnt acr,ord des dcux parlies.

584 LIVRE 11. - TITRE 11. - TROISIE~IE PAI\TIE

c¡11i s'cst opéré loul réce11101e11t ¡\ cet égarcl cla11s la juris1}1·urlencc,a été inspiró
par les ol)servalio11s de la tloclri11e, et 011 peut le co11sidérer aujo11rd'l111i
con101e définitif(Cf. Civ., 31 n1ai 1907, D. P. 1911.1.299, sous note a, S.
1909.1.153, note de l\1. 'l'issier; 28juin 1910, D P. 1912.1.44!.), S. 1912.1.
185;811over11l}re 1911, D. lJ. 1912.1.!1!19,11oledel\I.ll. Lalou,S. 1912.1.183.
11ole de ?11. LJon-Caen; 3 juillet 1912, l). JJ. 1913.1.110).

2º Solutions spéciales a certaines avances patronales. - Ces solu-


tions 011t été consacrées l}ar le législateur de 1895, a un n10111e11t 011 il 11e
soup<;onnait pas lui-me111e les co11séc¡ue11ces qui résulteraient de l'article 1°•·
qu'il venait d'édicter, rapprocl1é des dis1lositio11s du Code ci,·il sur la con1-
pensatio11. Elles ont trait: _!\. aux avances d'outils et de 1natériaux; Il. a11x
avances d'argent; C. aux ava11ccs de fournitures.
,\. - Avancesfaites a l'oiiv,·ier pour lui permelll'c 1le se pl'oc11rel' les 011tils
u1i i1isl1·1i111c11ls nécessail'es 1't so11 ll'auail, 01i. les 111atieres 01i 1nalél'ia11x do,il
il a la cl1ul'ge el l'iisage. (¿u'ellcs soie11t faites en nal11rc, ou so11s forme
ele de11iers eles ti nés .\ l' acl1a t ele ces o}Jjets, ces a vanees s011 l néccssai re111cnl
lin1ilées, et, d'a11trc part, clics renclcnt inco11tcst..1Llc111enl scrvice ¡\ r·ouvricr.
La loi les voit clone d'1111 mil favorable. :\.ussi décide-t-elle que la compe1i-
salio1i s'opere a11 pl'ojil des ¡1all'o1is e11ll'e le mor1la11l 1les salaires rl1ts par e11J;
a le1irs 01ivriers el la valeur de ces four11it1ires (art. t, ele la loi d11 12 janvier
1895, aujourtl'l1ui art. 5o d11 livre 1°r du Codc du lra,·ail).
On re1narqucra q11e la loi 11e lin1ite 1ias le n1011lant ele la co111pensatio11.
Est-ce i1 clire que le palron ¡lo11rra rele11ir to11l le salaire jusq11'.\ parfait
y
paiement? Non, car il a loujours u11e part d11 salaire 11écessaire l'ali- a
111e11lalio11 ele l'o11vrier. l~n cas ele conllil, ce sera ici anx lril}11na11x ú fixer
ce lle part. •
Il. ,ivarices e,i arge,il. Le livrel d'oiivrier. - La <¡ucslion <les avances e1,
argent, fréquen1n1ent e11iploy(\es. an co11rs d11 x1xº sit'•cl<', 11ar la grar1clc
i11d11slric r1aissanlc co111111c 1111 111ovcr1 •
rl'allacl1cr lr>s salari<;s ;\ l'alelier, S<!
lro11vc élroiter11enl liéc .\ l'inslilnli(}ll 1111 livrcl d'o11vricr cr<;¡., Jlar la loi rlu
22 gern1i11al an \.I. Occ11po11s-11011s s11ccessiver11c11t: a) J)e l'avanlagc c¡ue
ce livrcl 1>rocurail aux ¡1atro11s 1ir,11r le rc1r1l)ourse111e11l 1!11 le11rs ava11ces;
Ji) ])e la co111¡)c11sali1in.
a) !.e li1 1rel 011vrier. - Le livrel 011vril'r avail {:!(\ conc:11 c11111111e 1111 111oyc11
1le co11lrai11te 111is ú la clisposilio11 1!11 cl1ef el'enlrc11risc. c:c ¡Jer11icr ¡lc111eu-
rail c11 cll'el 1IÓJJ(1silairc ¡}11 livrcl el 11'/•tait LP11u <le le rc111lre /1 l'ouvricr,
avcc le congé el'acr¡11it, <111'a11la11l 1111e celui-ci avait acceJ111pli ses <Jl1liga-
tio11s el, 11ola111111c11t, rc111lio11rsú les ava11ces. ()r, il /.,Lail inlcrclil 1'1 loul cl1ef
cl'c11lrc1lris11 ¡J'1•111lia11chcr 1111 <Juvricr 11011 ¡1orleur ¡Je so11 livret conte11a11 l
le ccrtifical cl'acc111il; J,ien ¡1l11s, l'ouvricr saus livr<'l ,:tail cnnsicl<'.r{., cn111111c
1111 vaga 1101111. J,:nfir1, si le ¡ialron cr/,a11cier cri11!--c11tail au 1lt',1>arl dn l'ouvricr,
il po11vail i11scrirc sa cr«'•a11cc sur le livrcl, el, de ¡1lcin llr«>il, cc11x <(IIÍ
c111¡lloyaie11~ 11llt'·ric11re111c11l l'o11vricr clcvaient fair11 eles rcl<!nues :-.11r I<\
salairc ¡11)111' l'<'111lio11r:-.cr lP 1ir<'·ct'·dP11l J)alr<>n.
Cctte i11stil11lin11 1111 livrel, a1ne111l/·c 11ar ¡il11si1•11rs I,1is. 11'a jn111ais élú
co~·rnAT DE TRAVAIL 585
acce¡Jlée llar les 011vriers, el ils e11 or1t e11fln olJLe1111 l'a)Jrog·atio11 ¡Jar 1111e
loi d11 2 juillet 1890 ..\.insi a disparu le privilege qu'elle créail au ¡Jrofit d11
patro11 créancier ele l'ouvrier.
lJ) Co111¡ie11salio11 en.lre les salaires et le.~ ava,ices e11 arge11l. - Bien loi11
de fa,oriser les a,a11ces en argent, la législatio11 réce11le cl1crcl1e au cor1traire
a. e11 rcslrcinelre
.
l'exces, afl11 cl'é\"itcr c1u'cllcs 11·cncl1ai11enl la lilJcrté de
l 011 Vl'Jer.
1~11 conséq11e11ce, l'arlicle 5 ele la loi cl11 r :i janvier 1895 (a11jo11rcl'l111i arli-
cle 5, cl11 livre I•' d11 Co<le <lu travail) ne per111et a11 JJalro11 créa11cier de se
rer11)Jourser qu' aii 111oye11 lle rete,iucs successiPes ne llépassa11l pas u11 clixienie
<l1i 111011ta11l des salaires exigibles. 11 convient de re111arquer q11e ce dixien1e
11e se confo11d ni avec le dixieme saisissable, 11i a,ec le dixien1e que 1'011,-rier
a
peul céder un tiers. C'est u11e fractiein exclusi,-ement réservée au patron
qui a fait eles avances en arge11t, el sur laquelle il n'a pas á crai11dre le con-
cours des a11lres créanciers. I;'article 51 étalJlit done a11 ¡Jroflt cl11 cl1ef d'e11-
treprise, po11r cette créance spi'~ciale, un vérilalJle droit de préférence.
e) ,lva11ces Oll Jour11it11rcs rlc dc11récs ou marcl1a11rlises. - La ·ven le á cré-
clil ele cle11ri·es 011 111arcl1a11clises JJar l'e111ployeur á ses 011vriers et e111ployés
a a
pc11t donner lieu des alJus analogues ce11x d11 lr1icl,-system. Le patron
pe11t spéc11ler sur les olJjets q11'il vend; et, cl'aulre part, l'ouvrier q11i acl1ete
so11,•cnt a11 dela ele ses Lesoins, contracte une clelle c111'il r1e peut plus
i'•lci11clrc. ,\.nssi le législalet1r, clans tous les pays induslriels, a-t-il ,,oul11
en1pecl1er ce gen1·e cl'opérations. _
Cl1ez 11011s, l'article 4, 1º' alinéa, ele la loi de 1895 (aujo11rcl'l111i article 5o
ilt1 livre I••- <lu Code clu traYail) cléclare q11'a1ici111e con1pe1isalio11 ,ie s'opere
1111 JJrofil rles ¡iatru11s c11lre le 111011lr111l des salaircs el les so1n111cs 1't cux cl1ies
po1ir Jo1ir11it1ires cliverses. J;c cl1ef el'entreprise q11i a vend11 eles 111arcl1a11-
<lises á crédit est done obligc\ d'en réclan1cr le paieme11t ;\ son dé)Jiteur.

Complément de la regle précédente: Suppression des économats


patronaux. - 011 con1¡,rc11cl con1IJie11 il csl clifflcile en fait de faire res-
pecler la 1Jrol1ilJilio11 ¡1r1~c1•cle11lc.
(;()lllllle11t e111pecl1cr, par exe111¡J!e, C(ll() le palro11 pesn Sil!' la V(ilo11ló
ele l'<,11vrier et ol,LiP11nc de Jui, a11 1110111c11t cl11 r1'.glen1ent c\11 salairc, q11'il
al,a11elor111e cnlrc) ses 111ains 1111e ¡1arlie cl11 salaire :'t lui payc\ '.1 J,a e¡uestio11 ele
savoir si les Jlrcscri¡,tions eles arlicles 5<i el 51 clu Coele dt1 lravail or1t u11
caract,',re el'orelrc [lt1l,Jic el 11rol1ilJP11l lo11le co11YPnlÍ<J11 conlraire, c'csl á-dire
si c!IP,-; fonl <'·cl1ec. 11c111 se11lc111c11l :'t la co111pensalio11 l<'·galc, 111ais ¡'¡ la con1-
¡1e11sati1,11 co11ve11lic11111e)lle, s'csl 11ola111111c11t pos/:e c11 pralic111c ,\ J'c1ccasio11
<l'acli<ins ir1lcnlc\es ]>areles e111vricrs C(>llg<;cli<\s. r1~cla111ar1L.i le11rs 11alro11s les
rclc1111es c¡11i leur avaicr1l c'·l<'~ faites sur lcurs salairc)s, a11 co11rs <le let1r con-
1.ral, el <¡u'ils avaienl accc¡,l<'•es sans ¡JrOl<)Sler. I•:llc a <'·le'· rc\snl11e clar1s le ser1s
le ¡,lus f'avc,ral>lc aux. 011\'riers ¡>ar cleux arrels ele la Cour de cassalior1
(<:ha111l>re civile) clu :,i1 jnillel '!JO!) et cl11 (e• juin l!)Iel, arr<\ts (JIIi <Jill as-
si111il<'- la cc>111¡ic11salio11 c<>11ve11lion11clle :\ la con1¡Jc11salio11 Iégale (1). )1 •
'!)I0.1.:i:>, S. '!JI<>.1.11:{, 11ole ele -:\l. 'l'issier; 1). 11 . 1910.,.'.197, S. 1910 •

LIVI\E II. - TITI\E II. - '
1'1\0ISlE)IE PAI\TIE

1.417, nole ele :\l. L)·o11-Cac11. ,•. 1\111l1roise Coli11, lle1J1te ll'im. 1le llroil civil,
1909, p. 817, el Capitanl, (~Oll/'S de législal. i,zduslr., p. 222 a
225).
a
:\Iais celte j uris11r11dence elonne lie11 des critiques doctrinales r1ombreu.
a
ses et d'i11sol11l1les cliffic11llés cl'applicatio11. La vérilable solutio11 du pro-
l1le111e devait elre cl1ercl1ée aille11rs, da11s la suppression des ava11ces de
fourni tu res fai tes par le palro11 á l'o11vrier. C'esl pr1urquoi la loi du :>.Ci 1r1ars
111ars I!)'º i11lerclil a11x 11alro11s: 1° D'a1111ex:er ¡'¡ leurs établisse1nenls un éco-
tlo11ial 011 ils ve11cler1t clirecle111e11t ou i11clirecleme11t i1 leurs 011,•riers et
en1ployés ou :'t le11rs fa111illes des cle11récs et n1arcl1a11discs de <¡11elc¡ue
nature c111e ce soit; 2º D'in1¡Joser i1 leurs 011vriers et en1ployés l'ol1ligation
de dépe11ser le11rs salaires, e11 tolalité ou er1 JJartic, da11s eles 111agasins
incliqués par eu:x (art. 75 .\ 77, 105 it 107 d11 livre ¡er du Cocle du travail).

1
Sl·~C1'IO'·'
'.. , , III. - E' XTIXCTIO:X IJL' CO:XTl\AT.

),es ca11scs g(\11órales cl'exli11ctic111 cl11 co11lrat de travail so11t :


1" La 111ort 1/e l' Olll'l'ier ;

:J. 0 Les c<1s de force 1naje11re qui mette11t !'une des parties da11s l'i111¡Jossi-
l1ilité d'ex:écuter ses olJligalio11s: 111aladies 011 infirn1ilés. rleslruction de
l'établis:-e111e11L ¡Jar l'e(l'p[ d'1111 sinistre, etc.
:1° Le ler,ne co1ive1i1i, r¡11a11cl 11' co11lral es!. co11clt1 po11r 11n l.c1111Js d<'•Lcr-
.
n1111e;
,

!1° La 1•olo11lé lle l'ii,ze des ¡1r1rties, lors1¡1ie le cu,ilral esl friil sa,is déler111i-
11alio1i rle 1l11rée.
II convic11t cl'insistcr s11r cetlc dcrnierc ca11sc <i'ex:ti11cl.io11 c¡11i est la f)l11s
fréque11 le ele le)IT tes.

Résiliation unilatérale du contrat a durée indéterminée. - « I,e


lo11age de services, fail sa11s d{)ter111i11atio11 de d11ré<', ¡1e11l lo11jo11rs cesscr
par la v1)lonté cl'1111e eles riartics co11l.racla11l!'s » (arl. 1780, '.!" al., (~. ciY,) .
.\insi, cci11lrairc1nc11L ii ce r¡11i se ¡1assc 1la11s les co11lrals orcli11aires, il 11'c,-f
pas !Jcsoi11 cl'1111 accorcl 11011vea11 ¡1our clissoudrc le co11l.rat ele lravail, au
111oi11s l<1rsr111'il esl c1Jr1cli1 - ce 11ui l'sl le cas c1rclinaire - sans cl{•l()l'ILIÍ-
11ati1111 ele el11r{·P. Cn 1rtoll(1 (!<1 résilial,i11n fl/11' la ,·,1(011lt'• unilalórale dP l'1111c
rlcs 11arlics 11'psf (l'aillP11rs 1Jas s¡1t')cial a11 conlral <le l.raYail: il se rnnconlre
tla11s les c1111lrals succcssif's co11cl11s sans Ler1111) ¡1rt'•fix. i\i11si, la soci{•L{) ¡'¡
tl11ré<1 illi111iléc se cliss,1111. ¡Jar la V()lonl.é <le 1'1111<1 <les ¡1arl.ics (ar!.. 18(i!J),
De rtt(~tnc, si 1111c pcrso1111c (l1J1111c 1111nc a11Lrc 111a1ttlal. <in g{·rnr S<!S afl'aircs,
sans intli((IICr la tl11rt')c <In ce 111a11clal, chac1111e tl'<1llcs ¡Jcul y 111cllrc fin ¡1ar
sa sP11le YOl<111té (arl. '.!<l1J'1. '.!C1r17). l~l. e11 efl'()!, s'il 11'e11 {•Lail Jlas ai11si, ces
0
conlrats risc111eraic11I. ele 1lurnr in1lófi11in1P1tl. ni. 1l <'11gagcr ;'1 r1er¡¡{•l11if.{) lcs
dc11x: JJarlies, cr111traire111c11L it la ¡Jrcscri¡1ti1111 ele l'arl.iclc , 7811, ali11{·a 1cr,
parce <¡11'il. s111'firail <lu ref'11s 1le 1'1111e tl'ellcs 11011r en r111ulrl' i111possihlo la
résiliaLÍ<J11 1>ar le 11111l1111s 1lisse11s11s.
Si le elr<)Ít lle r{·siliali<111 1111ilalt'•rnle est 1111' 111ode d'exli11cli1)11 i11l1ércnt. a11
CO:\'TR.\ T DE TR,l V,llL 58¡
co11tral lle Lravail i1 <lur(·e inclétern1i11ée, il est indispensable ccpe11tla11l d'c11
réglemc11Lcr l'er11ploi, afi11 ele préver1ir le préjudice qu'il peu t, inte1111icsti-
ven1cnl exercé. ca11ser a l'autre partic. 1\jouto11s que c'est surtou tau salarié
l[tle la rupt11re peut etrc préjudicialJ!c, car cclui-ci, lorsc¡uc l'e111ployeur
le co11géelie, csl exposé it ne pas tro11ver i1r1r11éeliale111e11l u11 autre ernploi
c1ui le J'assc vivre.
\ous allo11s renco11trer ici ele11x sortes ele réglc111cnlalio11s.
I,a ¡irc111ierc résullc elepuis longlc111ps de I'11srige, lc<¡uel i111posc a11x
1iarlics l'ol)ligalion de se prévcnir de leur i11te11tior1 de résilicr, u11 ccrlain
lc111ps avant la rupturc efl'eclive.
La scco11de a été tentée par le législateur r11oeler11e, q11i s'cst efl'orcé, sans
gra11d s11cces d'ailleurs, de con1pléler l'm11vrc de la ¡)ratic1uc.

s 1.. - Le 1lélai-co11gé 011 délal de préavil'Ji.

Insuffisance de la regle coutumiere du délai-congé. - <:cttc reg-Ic a


pour l.Jut cl'allé11ucr le clo111111age <¡ue ¡ieut ca11scr la l1rusque r1111 lure d11
contrat; elle ol1lige celui c.¡ui vcut résilicr le co11lral a clo111ier co11.gé, c'csl-a-
elirc h J)réve11ir l'autre ]larlie <1uel<1ue Le1111>s d'avance.
L'e1111iloi du délai-c<.J11µ-é existe ele1J11is u11 tc1111is i111111é111orial da11s la
plu1)art eles professio11s, sous le no111 de clélai de ¡1réavis ou délai-co1zgé. \Iais
il ne<"'agit que ,}'1111 11sage, el ici apparail l'ir1fériorilé elu Droil coutu111ier
sur le l)roit écril, car cet 11sage varie s11iva11t les 111étiers, suiva11t les loca-
lit<'S. 'fo11l d'a!Jord, il r1'exislc ¡Jas lla11s to11les les 1Jrofessio11s. 11 y e11 a clar1s
lcsf{LI<'ll<'s il 11'a ja111ais éLé pralic¡11é 13ien plus, ¡1our u11e 111e111c 1Jrofessio11,
il 11'esl 1ias usilé dans to11les les localités '.
E11 onlre, la durée lltr délai varic suiva11L les 111élicrs el les rég·ior1s, r1uel-
<1uefois 1nen1c suiva11l les alcliers. D'u11e far:011 gé11éralc, 011 ¡Jcul llirc
<1u'elle est de l1uit jo11rs J)OLII" les ge11s ele service el les ouvricrs, ele qui11ze
jo11rs 011 d'un m(iis JJ<Jllr les c1r11Jloyt'~s.
E11fi11, il fa11L aj<J11l1~r c111c, <lans la gra11tlc i11dnslric, les [Jarlies a!Ja11do11-
11c11L v1>l<H1linrs ce lle 1irali<111e. Les cl1ef's d'c11Lrc1Jrisc i11s<':re111 so11ve11L cla11s
lcurs rt'·¡.:-lc1ne11Ls cl'alclicrs 1111c clausc sti1J11la11l que les ¡iarlies 1Jo11rro11l se
1¡11ill<'r sa11s 1iliscrver I<' 1lt'·lai-co11g·t'·, cla11se valal>le, car il liópc11d lo11jo11rs
· '
<les 111lcr<•sses ' Il''ecarlcr 1111c r1•g·
' l e 1¡n1. 11c !'<~su
' lL e J)o11r e 11 es <¡11r <l' 1111 s1111¡1
· l f'
usagc (Civ., 1¡j11i11 l!)Oj, )). [>. '!JOH.1.1'1<>, S. '!J<>¡.1.:{•>.1>; ¡ 111ars '!)II, D.
l>.1u11.1.30!1, S. l!Jl l.1.:1!í~)•. C'nsl q11'1•n cll'el le 1lt'·lai-co11gé 11'ofl"rc pas
<l'uLiliL<', p<)11r l'i111luslricl. Le J¡rusr1ne dt',¡Jarl tic l'<J11vricr 11c le ge11c pas,
¡>are,~ <1n'il lrri11vc facilc111e11L ;'¡ le re111¡ilacer. ()e 11lt1s, pc11da11 t le <lélai-
C<J11gt'•, l'<J11vrier travailln sa11s c11Lrai11; il a le <lroil tic s'a!Jsc11l.cr lltJur cl1cr-

1. Lti Conseil supéricnr rlu travail a fait, en I\JO:i, une enquéte aupres des ronseils de
prutl'hon11nes, de laquel11i il r11s11ltP <fil<', ria ns c1irtainPs \'ill11s, IPs q1111t.rc cinquie,nes des
profcssions ignorent le tl1llai-congé, V. JJ11/leti11 de /"O/fice du tr,u,ail. 1903, p. 824.
2. 11 l'Sl rrgreltnble que les parliPs pnissent ninsi 1\eartcr l'application d'unc r,\gfe aussi
ntilti q111, Jp tlélai-congé. Le projPl de loi ti<' 190ti sur le contrat d1! travail (art. 46) sup-
••
pri,nait cPllt\ facult1 1 et 1lo11nait it sa disposition un cara<·t1\rr. i1npératif (V. le lPxle voté
en 190:i par le Conseil supérieur dn trnvail, Bulletin de tOffice du travail, 190:i, p. 10i\J).

588 LIVI\E JI. - TITRE II. - TROISIE~IE PARTIE

cher lln e111ploi. E11fin, q11a11d la procluctior1 se ralentit, le patrona avan-


a
tage llouvoir cor1gédier sans retard 11n nombre plus Oll moins grand de
travailleurs.
Quant aux ouvriers, pour lesquels le délai de préavis parait llourlant fort
utile, car il évite qu'ils soient d11 jol1r ali lenden1ain réduits au cl1omage,
ils ne 1iaraissenl 11as y tenir aujourd'l111i bea11coup plus q11e leurs
en1ployeurs.

Conséquence de la violation du délai de préavis. - Si l'une des


parties ro111pt le contrat sans pré,·e11ir l'autre conformé111ent l'11sage du a
n1étier, celte derniere pe11t réclan1er la réparation du préjudice que lui
cause la brusc¡ue cessation clu conlrat. Le plus sou,·ent, en fait, l'action est
inlentée JJar l'ouvrier qui se JJlaint de n'avoir pas rec;u son congé conforrr1é-
1nent h l'11sagc. Si sa de1nancle est fondée, les trillunaux condam11ent ordi-
a
11aire111er1t le cl1ef cl'entre1lrise payer u11e somme égale au salaire clesjours
ele travail com11ris dans le clélai. Mais les juges pe11vc11t, bien entenclu,
,~lever le cl1iffre de l'i11demnité, s'ils estin1e11t que le préüudice causé est plus
élevé (Req., 22 n1ars 1904, D. V: 190!1.1.!1!19, note de !\f. JlJaniol, S. 1905.1.
1 64).
II esl pi 11s rare c¡11e l'aclio11 én1ane des cl1efs d'entreprise. Cepenclant, 011
a
a ,·u, di,·erses reprises, a11 col1rs de ces dernieres années, et l'occasion de a
cliverses greves, eles 11atrons action11er les cl1efs gré~vistcs en dom111ages-ir1-
térels pour "inobservation d11 clélai-congé (V. Ci,•,, 28 jui11 1910, D. ]J. 1912.
1.449, s. 1912.1.185).

Du cas ou le délai-congé cesse de s'appliquer. - !\teme cla11s les


fJ rofessio11s 01'1 il cst usité, et en del1ors cl'u11e clérogalion formelle ¡\ l'11sage
i 11sérée clans le co11trat ou clans un reglen1e11t d'alelier, cerlaines causes dis-
p ensent les contraclanls ele l'olJscrvalio11 cl11 délai-congé·. Ce s011l les s11i-
v a11tes:
1 ° Lorsc¡u'1111e clPs parlics a CC))1111_1is 11nc Jau/e grave clar1s l'cx1'.c11lion ele
ses cil1ligalio11s, l'a11trc pc11l ri'·silier in1n1í·diatc11JP11! le co11lral (Civ.,
!)juillel 1901, ]). ]>. 1!102.1.128, S. l!){l:>.,1.11!1; Civ., 25,iuillel '!)IC>, D. I>.
, , 6 ; .,~ J11IlVl()f'
1!)11. 1·''" · · '!)10, D. 1>. 191,,., ..r.J.,),
,. s·· . 1\)1 I. I · '!I 5) .

:iº 11 cst ad1r1is {}lle, pc11cla11l la ¡iério<le <l'css<1i c¡11i suil l'e111liaucl1age, el

c¡11i cst orcli11aire111e11t de l111il 011 c¡11i11ze jo11rs, le ¡>alro11 el ]'1>11vricr peu-
ve11l se quilter sa11s se J>r<':v1~11ir ú 1·ava11cc. (~elle ¡>i''.riotle 1)réli111i11aire esl.
cor11111e u11 l.crrrps cl'c\ssai cl11ra11l le1¡11el les parlics 11e so11l pus 1li'~li11il.ivc-
.'
lllí'll l 111·es.

3" J•:11fin, lorsc¡11·1111 cas ele ji1rcc 1111{je11rc s'o¡iriose ir la co11Li1111aliu11 ci11
conlrat, cclui c¡11i ne pe11! ¡il11s nxéc11lcr la co11vc11lici11 nsl 1lis1ic11sé ele
l'observaliou 1!11 1!1\lai-cong<'· .



CO~TRAT DE TRAVAIL 589

- llé~lementatlo11 lé"l1o1latlve cln cl1•olt ele


1•éslllatlon 11nllsté1•ale.

I,a réglc111e11lation législati,e du droit de résilialion a été l'olJjc l ele troi:,;


lois qui sont les suivantes :
1º La loi du 27 décen1bre 1890 destin<'e it répri111cr l'alJ11s eltr droit de
résiliation ,·
2º La loi elu 18 juillet 1901 g·arantissa11l lcur en1ploi aux réser,istes et
a
lcrriloriaux appelés faire letrrs périodes d'instruclio11 111ilitaire;
3° La loi du 27 noven1IJre 1909 garantissar1t leur ernploi aux fe111111es e11
coucl1es.
Enonc;ons brieveme11t l'objet ele ces clcux ller11ieres 111csures, a,a11t d'a-
lJorcler les elifficultés d'in Lcrprétatior1 soulevées par la loi de 1890.

1º el 2º Lois du 18 juillet 1901 et du 27 novembre 1909.- D'apres


la loi clti ,8jttillel '!)OI (a11jot1rd'l1l1i art. 2:1 it 28 clu livre l elu Code du tra-
vail ,, lorsqtre le patron, l'e1nployé 011 l'ot1vrier cst appclé sous les clra¡Jeaux.
co111n1e réserviste, 011 territorial, }JOur u11e période olJligatoire el·instruc-
liQn n1ilitaire, le contrat de travail ne peut etre ro1111Ju it ca11se ele ce fait
(art. 25).
Bien plus, si. au n1oment 01'1 1'1111 des conlractanls est appelé sous les <lra-
peaux, l'autre avait déj:\ résilié le conlrat, la el11rée de la période 111ilitaire
est exclue des elélais in1¡Jartis par l'usage po11r la valiclilé ele la clé11011ciatio11
(arl. 26).
Ces clispositions s'applique11l clans tous les cas, rne,ne s'il s'agit, d'une
professio11 ela,1s laq11elle le clélai de préavis 11'est ¡Jas 11sité (Ci,., 2 aot1l
1¡¡11. D. J>. l!JI2.1.76, S. 1912.1.:io,, 11otede ;\l. )Val1l).
Enfi11, elles 011t 11n caractere i111¡Jéralif. 'l'o11te slipulatio11 co11lraire est
11ulle de plei11 droit (art. ::i8).
D'apres la loi clu :i7 11oven1bre I\Jº!I (a11j1Jurcl'l1ui art. 2fl d11 li,re Iº' el11
Code cl11 lravail), la s11spension du travail par la fen1111e, ¡Je1tlla11t l1uit se-
111aincs co11sóc11tives, clans la pi'!riodc q11i ¡Jrécede et suit l'accoucl1er11er1l, 11e
peul l\tre 11nc ca11se <le r11[JL11re el11 cl111tral d<\ lravail par l'en11Jlc1ye11r. el ce
,\ pei11e lle clo1n111ages-i11lér<~ls au J)rolit ele la fe111111e.

:~u La loi du 27 décembre 1890 et l'abus du droit de résiliation


(arl. 178e>, al. :i ii 5 C.. civ., et arl. :i:~ 1i11 livre I•• clu Code du lravail). -S'il
a¡1parlie11t it cl1a1111e C<>ntraclanl ele rou1¡1re ¡>ar sa seulc ,,olo11lt'• le co11tral
ele lravail, it c<1111lilior1 <le res¡Jccler le eli':lai-co11gó e¡11ancl il existe, er1core
faul-il q11"il 11'<ib1i.~e 11as ele ce el1·eJÍL, car, 11011s l'avor1s ,·u, loul droil
ccsse lit 01\ co111n1e11ce l'al.111s; celt1i e¡11i, <lar1s l'exercice ll'un elroil, se rer1d
co11¡>al>le ll'alJ11s co111111<'l 1111c vérilalJ!e fa11le lJlli engage st~ rcsplJ11saLilili'.·
(V. ci-llnssus, p. :-171 ). l)a11s nolre rr1ali<'\rc, il y aura, J>ar exe111rile, al>us
llu 1lroit <11: l't!siliati<>11 si ur1 ¡>alrc>rl a fait venir u11 co11l.re111aitrl' el'1111e
aulrn vil le. l11i a 1>ro111is 1111 ent¡>l<Ji slalile el llural>lc, ¡i11is, q11ell¡11cs jliurs
a¡Jres, lui a clo1111ó cor1gé sa11s 111otif pla11silJle. AIJ11s encore si l'usinier

LIVRE II. - TITRE 11. - '
TROISIE~IE P,\.l\TIE

rc11voie u11 011,·ricr parce q11'il est syndiqué. ou candidata 11ne t'·lection
polilir1ue, 011 parce q11'il a réclam{) l'application d'11ne n1esure lég·islalivc
concer11ant le lravail.
~'luis. si le pri11cipe ne pe11 t g·uere faire doule, pratic1ue111ent to11 t esl ici
c¡uestio11 ele pre11ve; el il s'agit de savoir a lar1uelle des deux parlies 011 e11
in1posera la cl1arge. Est-ce a l'o11vrier e1ui se préte11d i11justcment renvoy{·
a prouvcr la fa11lc all{·guéc llar lui :l Est-ce a11 co11lraire a11 llatron a éta,-
blir q11'il avail 11n juste 111olif de co11géeiier l'o11vrier :' ()11 co111prend l(it1lc
l'in1porla11cc de la solulio11. ])e cellc sol11lio11 dé¡icnelra prcsque loujciurs
l'issuc d11 proces. ll csl bien évielent. e11 eflel, q11e l'ouvricr a11ra gra11d'1Jei11P
a prouvcr qu'il a été rer1voyé f)Our tellc ou lelle ca11se co11stil11live d'11n
q11asi-délit.
Or si nous appliq11or1s ici les 1irinci1)es g·én{:raux, la répo11se ne 1Je11t faire
eloulc; elle cli'~co11lc ele l'arlagr,: _1lclnri i11c11111bil ¡Jrobatio. (:'esl elo11c ii !'011-
,·ricr den1a11dcur c¡u'il ap1larlicnl ele ¡iro11vcr la fa11lc q11'il rc¡Jrocl1c a11 pa-
lro11. 'felle csl la sol11 Lion que la Cou r ele cassa Lio11 a loujours applic¡u{·c.
'1'011lcs les fois r¡11c les lrib1111aux onl accorelé eles cl,J111n1ag·es-i11lúrels i, des
salariés, sans fo11clcr ccllc co11ela11111alio11 siir la cor1slalatior1 d'1111e faulc
co1111nise par l'e111¡iloyc11r, clic a cass{i lc11rs elócisio11s (Civ., :i fóvrier 1872,
:J arrels, D. P. 73.,.63, s. 72.r.132; :!I j11illet 1873, 2 arrets, s. 73.1.!170,
:i aoC,t 1873, D. ll. 74.1.fi5, S. 73.1./170; /1 aot'1l 187!), D. J>. 80.1.:J72, S. So.
1.3:i).
J>rcsr111c lo11s les arr<:ts <¡uc noi1s ,·c11011s de citcr avaic11t ótt', rc11d11s
ela11s des pi·oct•s i11le11t(:s co11Lrc les Co111¡Jag11ies ele cl1c111i11s ele fer ¡Jar des
age11ls róvor¡uós, q11i se plaig11aic11t cl'avoir ótó renvoyés sa11s r110Lifs, el ele
perclrc llar l'cll'el ele lcur re11voi les vcrsc111c11ls qu'ils avaicr1l f'ait cr1 vuc
de lc11r 1icr1si<)t1 ele rclraitc. ,\11:,;si, il la s11il.c ele p<\Liti<lllS aclrcssées par
les c111¡iloyés eles <:0111¡>ag11ics au J>arlc111e11l, cclui-ci i',lalJ<Jra 1111c loi c¡11i
fut llron1i1lgu{,c le :i7 el1\ce111lirc 18!)0 et ins{·réc clans l'arliclc 17~0 el11 Cod,,
civil.
;\[all1c11re11sc111c11l, c'esl 1111c loi forl 111al faite; r,Jle 11<' r<',s<J11l ¡Jas la 1111cs-

tio11 r111i l'a 111,)liv/·c; <'lle r1<i lra11cl1e ¡ias PJI lc1·111cs clairs le 1ir<1IJ!i,111c (J11'cll,,
clcvait r{·sotHlrc.
I•:11 cll'el, Pile c,i111111c11cc ¡iar <l{,clar<'r q11c l<' lc111agc uc scrvic('s, l'ail sans
ut',tcr111i11ali<Jlt ele cl11ri'·<', 1ic11I lu11jrJ11rs ccsscr ¡iar la vol,¡11(.Ó 1l'1111c <les ¡1ar-
tics c<i11lractanl<·s. l•:Ilc r<'cn1111ail clci11c le clroit 11011r cli:1e111r• cr)11lracl.a11l.
clc rósilicr I<' cu11tral. i>uis Pl!P ajoulc dans l'ali11éa s11iva11l. : <1 ~t'•a11-
11111i11s la rt'·silialio11 IH'lll clor1111·r li<,11 ;\ 1l1·s do11111i:1g·ps-i11lÓr<\ls n. ,1ais <'111·
0111cl <le Il<HIS clirP, cc 1¡11i /•tail JH1111·ta11l. I<' poi11l ess<i11l.iel, rla11s r111nls cas, ú
<¡11cll1is coruliliri11s <'<'S d,i11111tag,'s-i11l1',r1:ls s1·ro11I 1lt1s. l•:1, ce <111'il y a <1<·
J>l11s g·ravc, c'est 1¡11'il 11':v a pas n11 1?1 ,111hli 1!11 ll\gislal<'lll'. (;'ns!. sci,\1111111~111
rp1'il a laiss/• cPll1• r¡111,slil111 sa11s l'l\ll<lltsc; il IH' l'a ¡ias lra11cl1<'•<', ¡>arce q11'il
n'a ¡¡as ¡>11 lr1111\'1·r 1111c sol11tio11 salisl'aisant1,.'1'011s lcsell°tJrls ¡¡11'il a l'ails ¡111111'
ali,i11lir ,1111 /·cl1,111/, <l11 avail ¡¡ro¡>osi', ¡il11si,·11rs tcxl1•s, 11r)l.a111111c11L !ns s11i-
va11ls: "·¡¡ y aura liP11 i1 <l<1111111ag·i,s-i11l1·r1\[s lorsr¡111· le renvoi s,•ra fail. s1111s
1
j11sles 11101,:1:~ )), ,i11 c11curc,(( lt11·sr¡1H~ le c,111g·i': sera <Ionn,\ 1[,• 1111i11P11iscfoi el,'¡
. CO'.\''fl\,\ T DE TRA VA.IL 591
contrete,n¡Js n. Ces forr11 trlcs on t <'Lé écartées com me insuffisanles ou elange-
reuses, et fir1ale1ne11l, le législateur a décidé de laisser aux tri)Junat1x le soi11
el' ap1Jrécier qua11cl il y a11rai t lieu cl'accorder une indemnit6.

Oontroverse sur l'interprétation de la loi. -- 1\.ussi la loi rle 1890


a-t-elle été une granele désillusion pour la classe 011vricre et nolan1ment
pour les ag·e11ls eles Cor1i1Jagnies ele che111ir1s ele fer, erui croyaie11l ayo ir cause
g·ag11ée. ,\. peine était-elle pro111ulg11ée qu'u11e co11troverse s'élevait sur le ¡

poi11L ele savoir si elle avait 011 11011 111odifié J'élat du droit anlérieur. El
cle11x systcn1es opposés, invoqt1ar1t l'ur1 et l'a11tre les déclaralions faites clar1s
les 1'ravaux: préparatoires, f11rent at1ssitot soute11us.
Le pre111ier semblait le plus logic1uc, car il elisait: la loi ele 1890 a cerlaiue-
111ent n1odifié le droit anlérieur; elle a été faite co11Lre laj11risprude11ce de la
Cour supre111e, pour do11ner satisfaclio11 a11x cl<Jléances des salariés en per-
n1r,tta11t aux: tri!Jt1na11x ele leur alloncr eles elo111111ag·cs-i11Lércts, lorsqu'ils
sont l'objet d'11n rc11Yoi i11j11stifié. 1~11 co11séc¡11c11ce, il fa11t décicler que la
résiliation ex:posc scJn a11tcur a des <lom111ag·es-i11lércts, e111and il agit sans
1110Lifs légilirr1c~ et par p11r cariricc. Cclui qui résilie clevra doréna,·ant
prouver r1u'il avait des raisons pla11siLles de le faire, {,ta!Jlir, par ex:emple,
c¡u'il 11'ayait pllIS besoirt des services ele l'autre partic, ou CJlie celle-ci
rc111plissait mal ses olllig·ations,
Ainsi, cl'apres cette opir1ion, la loi nouvelle aurait rnodifié le droit anté~
rieur, e11 ce se11s que le contral ele lra,,ail ne Jlourrait pll1s etre résilié acl
1iul11ni, par cl1ac1111e eles parties. 111ais seulerne11t po11r un 111cJtif légitirne.
Ce ¡Jrcn1 icr systcn1e n'a ceper1dant pas trion11Jl1é, et c'est l'opir1ion con-
lrairc e¡ui l'a e111¡iorlé. Elle co11sisle lt clécider crue la loi de 1890 n'a fait que
co11sacrer la jl1ris¡Jr11de11ce ar1Lérieure.E11 consé1111encc,cclui c¡11i résilie n'er1-
gagc sa rcs¡Jo11saLilité q11c s'il crJmrnet u11e fa11 Le. I~n efl'et, le lexte nou,·ea11
consacre expressément le droi Lele résiliation,et l'exercice d'un droi t ne pe ut
,cxposer son tilulaire a l'0Lligalio11 de ¡Jay(\r 11r1e indcmr1ilé que s'il dógénérc '
{)ll <lólit 011 quasi-rléliL.
Ccllc i11l.crprótalion lrouve 1111 aripl1i cla11s les !lr~claratio11s ele ~I. l>oincaré,
ra11¡1t1rlc11r /1 la Cl1au1]Jre eles llé¡i11Lés, lequcl avait affir111ó c¡uc (( l1i loi 11'e1i-
le1icluil i111iover 1¡1te relctlive1ne11l 11 lit déter111i1ialir¡1t cíes élén1e1ils cl'11¡1¡Jrécia-
lio1i 1l1t 1¡1t1111l1t11i 1/es do111111c1ges-i11l1;rc!/s, 111ais <¡u'cllc se rófórait l.t la j11ris-
pr11<le11cc a11Lérie11rc JlOllr la <lólcr111i11ali<i11 (lps cas clans lesq11els ces
{!0111111agcs-inl.érels seraic11t ll11s i> (s{·a11cc <le la Cl1ar11lirc du 2\) cl{)cc1r1lJre
1888). ,\11ssi a-l.•1\llc r'~Ló a<l!>JJLÓe llar la jurisprude11cc. La C<Jur <le cassalio11
a1111ule i 11varialilc111c11l l(./IILes les <lécisic)11s <les t.rilJ1111aux <1ui JJror1oncent
conlre le cl1ef <l'e11lrc¡1risc ,les cl<i1r111iagcs-inl.{·r{\Ls, sous le 11rólcxl1i r¡t1e le
cl1Pf' ll'c11Lrc¡irise 11'avai l. J)as (le 111rilifs sórienx lle ce11igó<lier l'r¡11vrier. <( L)at1- •

Le11r <In la rósiliali<Jll, el'aJJl't'.S la (:onr snprr~111e, 11'a pas l1j11slifier le congó-
<lic111e11I.; il ne ¡>cut c~lre C<Jlt<la11111ó ;\ <les do111111ages-i11lérels <111e si 1'011
1irc>11Ye co11l.rc l11i, 0111.rc 1111 ¡1r<\j11llice sulii, l'cxiste11cc · cl'1111e fautc légalc-
111c11I. i 111¡i11LalJlo. ,) Ce s1J11l les 111¡\111cs c1J11si<léra11ls 1¡uc ccux <¡11'i11Víl(J1Jaie11l
{l<'.,ja les arrt~ls 1)récités lle 1872 et 187:~ (Civ., 23 1r1ars l\)<J/1, 1). 11• rgot,.1.
LIVRE II. - TITllE II. - '
TROISIE~IE l'ARTIE

192, S. 190!1.1.26!1; 22 clécen1lJre 1909, D. J>. 1910.1.416 1 S. 1910.1.136;


28 11ove111bre 1910, !Julleti,i ele l'Ofjice dutravail, 1()11, p. 47; 19j11i11 1911,
D. P. 1912.1.543, S. 1911.1.4!1!1; 27 clécen1brc 1911, 1). l>. 1912.1.136, S.
1913.1.126).
11 ne suffit pas du reste que le trilJ11nal fonde sa co11dan1nation sur 1111e
préte11due faute du patron. La Co11r de cassation se réserve <e le droit de'
vérifier el de déclarer si, des circo11slances relevées 11ar les j11ges clu fo11d,
. rés11ltent soit l'existence, soit l'i11existence de la fa11te n (CiY., 28 n0Yen1l)rr-
1g I o préci té,J.

Conséquence de la jurisprudence et projets de réforme. - 11 résulte


ele la jurisprude11ce q11e no11s venons cl'analyser, q11e IJien rares sont les cas
oi'1 l'ouYrier congédié peut o)Jte11ir des do111n1ages-intérets, car il l11i est forl
difficile ele 11rouvcr q11e le Jlalrc>11 a alJ11sé ele son clroit. Ni la lo11g11e d11rée
de ses services, 11i le fait n1en1e qu'il aurait été e111pecl1é ele re¡Jrcnelre so11
travail ¡1ar l'eITct cl'11nc n1alallie ou cl'1111 accicle11t (Voir Civ., 'J.7 cli'•ce111br<'
1911 précité; note ele i\I. Lalou s011s Civ., 7 clécc111lirc 1909 1 )). J). 1910. 1.Gi>),
a
ne suffironl justifier J'allocatio11 dº1111e i11clen1niti'i '.
1\11ssi. a-t-011 ¡>r<Jposé de reprc11dre la réfor111e a,·ortée e11 1890, et de ré-
gle111enter d'une fa«;:on plus étroite l'exercice du droit ele résiliatio11. L'mu-
vre cst plus difficilc c111'011 11e pensc, et il est proba!Jle c111e le législateur 11c
reussirait pas mie11x a11jourd'hui q11'en 1890. 11 ne peut etre e111estion, er1
ell'et, de sup¡Jrimer le clroil de resilialio11 unilalérale, car il est esse11Licl.
Or, tlu 111ome11t qt1'il faut le 111ai11tenir, il ne pe11t s'agir q11e d'en répri111er
les abus et, t¡uel que soit le texte q11c l'or1 ,·ote ii cet ell"ct, 011 11e cl1a11gera
guere lºétat ele cl1oses actuel. I>ar exe111ple, on pro¡1ose d'aclopler la for111ule
suiva11le: << La r11¡JL11re du contrat lle travail rloil <'\trc fonclée s11r eles 111olifs
légilir11es. » l\lais 11'i11v0(JUe-t-il tJas u11 111olif légiti,ne le palror1 c¡ui pr{:le11cl
n'avoir J)lus besoin de l'ouvrier, 011 11'etre ¡1as co11te11l ele l11i ~ I~t, su1111oscr a
la forn111lc co11sacri'·e par la loi, scra-l-il possil)lc tle cl("couvrir, plus souvenl
0

c111e 11c le fo11l aujo11rll l111i les lriliu11a11x, les vóritables causes r111e peul
dissin111lcr le 111olif appare11L tl11 rer1voi ;1

Fixation des dommages-intéréts dus en cas de congé abusif. - I,a


loi llu :.17 1lt'ice111lire 18\J<> a i11clir¡u{: aux juges les rlivcrs élé111c11ls clo11L ils
tloiYl'Ill te11ir co1111>le ¡iour éval11<\l' les llo111111agl's-i11lt'·r<\ts. (:<• sont Jps s11i-
,

,·a 11 Ls.
r• /,es llS<lfJCS: ce 111<)l fail all11sir>11 sa11s <l(ntlc a11 c,,1s rn'1 il y a11rail ;\ la
fois i11c>l>scrvalio11 rlu c)<\lai-cr111gt el ali11s d11 clroil <le r{~siliation ;
:>." l,<l 11al11rc <les scrl'ices Cllf/llfJ1 1s : il PSL j11sll', <'ll cfl°<)l., <¡ne l'i111ln11111il{·

I
1. Ln Cuur ,le cassalion a acl1nis qn'il y avnit ínul!1 ,Ians IP fait de cong,1dicr un uu-
,·ri<'r pour le rnotif qn'il élait sccr(!l.aire d'un syntl1cal on consciller p1·ud'ho111ruc
(CI\'., 21 mai 1910, ll, i'. 1911.1.22:J, S. 1910.1.-i21); ,lans le fail de lnissrr croirc ll
l'ouvrirr q11c son cn1ploi serait clnrable <it de IP l'ongiclier rnsnilc sans nrolif (Civ.,
18 1111d 1909, S. l!J09 l.-12R. \'oír aussi 11<'<(., 16 avril 1(107, [), I'. 1907.1.445, conelus. tle
M. l'nvocat g,\n,1ral Fcuillolcy; Clv., 28 janl'ier 1008, ll. I'. 1908.l,1!.lii, S. 1908.1.241).
· CONTRAT DE TRAVJ\IL 593
varie suivant la difficullé du Lravail, l'importa11ce de la silualio11 occupée,
le genre d'inclt1strie 011 ele cornn1erce ;
3º Le le111¡Js éco1ilé : l'o11vrier e111ployé depuis longten1ps a évide1n111e11t
a
droit une indemnilé pl11s forte qu'11n ouvrier 11ou,•eau ;
4° Le.~ rete11ues opér1:es et versemenls effectués e11 vue il' 1111e pe11sion de re-
1,·aite.
Ce tler11ier point 111érite de retenir nolre atte11Lio11. Jusc1t1'a ces elerr1ieres
an11(\cs, Ull 011vrier Oll employé au scrvice d'une ad111inislralion publique 011
(l'un ¡)atron ayar1t orgar1isé t1ne caisse de retraite, perdait tot1s ses verse-
111ents. a 111oins qu'il n'obtinl une condamnation pour renvoi abusif. 011 a
a
peine con1prendre con1n1e11t une solutio11 aussi injuste a pu ctre si long·-
temps tolérée. Il r1'est pas douleux, en effet, que les retent1es opérées s11r le
salaire appartiennent a 1'011,·rier et devraient lui etre restituées.Et pourtant,
cette injustice n'avait pas alliré l'attention clu législateur 1 • Les deux lois
récer1tes du :iu juillet I!)O!), sur les rctraites clu personnel desgra11ds résea11x
ele cl1en1ins de fer, et clu 5 avril 1910, sur les relraites ouvrieres et paysa11-
11es, y or1t enfi11 111is u11 tern1e.
D'apres l'arlicle 5 ele la loi ele 1909, l'agent qui quitte le service de la Co111-
pagnie pour quelque cause q11e ce soit a toujours clroit, soit au re111bourse-
me11t ele ses relenues et de leurs i11tércls, soit á sa pension de retraite.
Qua11L aux salariés sour11is au régir11e eles retrai les ouvrieres et paysa11-
n es, to11s les versements effeclués po11r leur con1pte resle11t défi11itiven1e11l
a
ail'ectés la conslitulion de leurs pe11sions.

Le droit a indemnisation pour congé abusif peut-il etre éludé? -


En príncipe, ce droit est inla11gil)le; il tie11l a l'ordre public. L'article 1780,
al. 5, clécide qu'il est inlerdil tl'y renor1ccr it l'ava11ce.
Cependa11t,la pratique a trouvé 111oyc11 de tour11er la regle. Cclle-ci en ell'el
n'est édiclée que pour les co11lrats passés avec indétern1ination de dt1réc. Les
a
contrats durée fixe prcnne11t fin nat11relle111ent a11 ter111c stipulé: il est alors
lilJre fJOur cl1aque co11lracla11t ele 11e pas re11ouvcler l'er1gagemcnt expiré. 11
arrivc <lo11c S<J11venl c¡11c, tlans le reglen1e11l d'atelier, 011 insere celte clat1sc
q11c l'c11gagc111c11l tle cl1aquc 011vrier csl fail 1't la jour,iée. Des lors. i1 l'ex¡li-
ralio11 tic cl1a<¡11c journée, le ¡)alro11- ¡lcul sig11ifler a11 salarió <¡t1'il 11e sera
!las c111ba11cl1é le le11dc111air1; el celui-ci, )Jic11 tiue co11gédié en fail, 11'a
<lroit it auc1111e i11de111nité. Ur1e telle clause esl consitlérée con1r11c 1)arfailc-
111c11l valablc ((:iv., :J.o 111ars 1895,1). I>. 95.1.249, S. 95.1.313; 18 <lécc111JJrc
1907. l). ll, l!)<J8.1.1ü8, S. l!)<l8.1.2!11; 8 décc111lJre 19r3, Gaz. J:Ja/., 3 tlé-
cc111brc 191:3). ]~lle 11ous ¡>arail i;c1ic11<la11l forl co11lcslalJle. N'csl-il ¡las évi-

1. Fort heureusement, un grand nornhre d"étahlissemcnts et d'administrations, au licu


de cr,\er des raisses particnÍiercs, ont pris dcpuis longtf.'rnps l'hahiturle ele verser les.
fonds it la Cnisse nntionnlr eles retrnitPs pour In vieillesse. Or, celle-ci remct i1 chacun
de ses assurés un liv1·ct inrlividuel, qui est ~a propriété, t>l sur lequel sont portées toutes
les s01111111~s versées II son pront, avec intlication tle la frnctio·n de pension correspon-
dnnte qui lui sera tlue s'il ntteint r~g1i flxé. GrAce 1t cr systemc, l'ouvril'r conserve le
.hénéflcc dr. ses versements et de ceux du pntron, rnéme s'il quitte l'établissen1ent.
Ton1c I1 :is
LIVRE 11, - TITRE 11. - '
TROISIEME PARTIE

dent, cr1 cll'cl, c¡ue la clausc en question a pou.r llt1t de to11rner une loi
d'ordre ¡JulJlic et, des lors, 11e ton1!Je-t-elle pas sous le coup de la prol1ibition
de l'article 6 dt1 Code civil ~

Lagreve met-elle fin au contrat de travail ou n'en est-elle qu'une


suspension momentanée? - Cette q11estio11 aétéviven1e11t discutée dans le
cours de ces dernieres années. Elle a été soulevée. tantot par les patrons qui
réclamaient des dommages-inlérets aux grévistes, pour inobservation elu
cli~lai-co11gé, 011 abus du droit de résiliatio11, tantot 1Jar les ouvriers q11e le
patron refusait de reprendre a pres la greve, et qui sot1tenaient que le con~
trat continuait, tant qu'il n'avait pas été expresse111e11t résilié.
i\ plusieurs reprises, la Cour de cassation a décidé que la greve résilie
l!.' contrat. Les ouvriers, en quittant le travail, manifestent en efl'et, estir11e-
L-elle, leur ir1tention de rompre le contrat, puisqu'ils de111andent á en rr1ocli-
fiPr les conditions. Et de la la Co11r a co11clu :
,• Que le cl1ef d'entreprise peut récla,11er des tlo111111agcs-i11térets aux
ffrévislcs ¡Jour violation d11 délai-congé, 011 meme pour ab11s du clroit Ele
rúsiliation IRee¡., 181nars r902, D. 1). 190'.l.1.323, S. 1903. 1.4G5, note; CiY.,
4 n1ai 1!104, D. P. 190!1. 1 .289, S. 1906. 1 .t,97 11ote ele ,\l. \Vahl; 28 juin
1!110, D. P. 1912.1.449, S. 1912.1.185, note ele ,\l. Lyon-Caen).
2• Qt1e les ouvriers 11011 repris par l'e111ployeur, apres la cessatior1 de la
greve, 11c pe11vent pas l11i den1a11der une indemnité po11r rupt11re sa11s ¡1rt'•a-
vis du contrat- (CiY., 15 rr1ai 1907, D. P. 1907.1.36g, note de T\I. ,.\1nlJroise
·Coli11, S. 1go8.1.417, note de T\1. \Val1l. Voir a11ssi Ni111es, 3 1nai 1911, Ga:=.
])lll., 19r1.2,!)3).
Ce systerne a t'~té comlJattu par q11elc¡11es a11teurs, r1ui 011t s011te1111 que la
preve laisse sulJsister le licn contractuel, 111ais 1\11 er1 sus¡Je11da11t. provisoire-
111ent l'efTet(encesens'l'rib. civ. Lille, 27février 1907,sous Cass.,D.11 • 1907.
1.369, S. 1908.1./117). J~esouvriers qui se mettent en greve, elit-on clans ce
syslen1e, ne vc11lcni ¡1as ro1npre le cor1trat, q11itter tléfinitiven1cnt. le patron.
Cel11i-ci, de so11 cc'>té, r1e considere pas 11011 plus cornrne brisés les rapporls
a
<111i l'11nisser1t so11 ¡Jcrsonnel. l)a11s la ¡Jens{~c lles 1111s el eles a11tres,la grr~vc
csl 1111c crise passagi·rc, q11i sera s11ivie de la reprise tl11 travail. J,a 1>re11ve e11
est <111e les Jlarties rcsle11t en cor1tact. écl1angcr1t eles prcJposi ticJ11s, cl1Prcl1en l.
1111 lerrai11 <l'e11tc11tc. l)a11s certains ITlt)l.iers 1r1e111e, 011 convient q11e les tra-
,a11x 11rgc11ts cor1cerr1anl l'c11trcticn ele la 111i11e, eles r11achi11cs, lPs 111a-
ti1'~res ¡1órissalJlcs, snront exi'icul.és 1r1algr<'i l'arr1':t du travail. 'l\Jut cela
}Jl'OU ve q11e les partics se consillere11 t co1n1ne lle111e11 ra n t cngagées. ,\ 11
s11rpl11s, les lois .cl11 18 juillet '!Jº' s11r les púriodcs cl<)s r<'~servisl<!s el
!1)l'ritoria1,x, el tlu 117 11ovc111brc l!Jll!) sur le l'()pos <les fe111111es en c<111chPs,
r1e prouvent-clles pas c¡ue Je conlrat ¡1c11t sulJsisLer l>ie11 q11c le travail soil
'arr<:té i1J)el:'t llll co11cl11t <JIIC la si111plc s11s¡>e11sir111 d11 lravail, avcc i11lenlic111
ele le repre11dre, 11'esl lJas so11111ise it l'olJserv.1tio11 ll'un clt'~lai <le prí~avis, car
ce dólai r1e se raltacl1e <111'/1 u11e résilialio11 pr<llll'C111e11t tlite, el <[ll<i, <l'aulr<'
¡1art, le cl1ef cl'e11lre¡1risc doit co11gé1lier, er1 se co111'c1r111a11t ¡\ l'usagc, cenx
<les grévislcs c111'il 11e ve11t ¡1as rerJre11dre.
-

CO'ITilAT DE TR,\ V,\IL 595


On voit co111bie11 il est difficile de prenclre parti da11s cetle f¡uestio11 .
.\Icn1e si on acl111el le systcn1e de la jurisprudence, il faut y inlrocl11ire, nou~
semble-t-il, ur1e clisti11ction r1écessaire entre les ouvriers qui font greve ,·o.
lu11laire111e11 t el ceux c1ui n'abando11nent le travail c1ue cor1lrai11ts et forcés.
car, ¡Jo11r ce~ derniers, la volonté de résilier fait cerlai11r111ent cléfa11t (I~n ce
se11s, 'fril). civ. l\ilontl)éliard, 25 j11illet 1900, so11s Cass., S. 1903., ./165). La •
véritt'·, c'esl qu'il est irralio1111el cl'applic¡11er i1 ces co,~flils colleclifs q11e sonl ·
a
les grc,·es des dispositio11s écrites pour des rapports cl'i11di,·itlu inclivi<l11.
a
l.a vraie solution - 111ais elle serait tres clifficile organiser - consisterail.
croyons-no11s, .\ réglen1enter l'exercice du clroit ele grcve, en i111posanl aux
parties l'obligation de reco11rir a une ter1tative de conciliation, avant d'e11
arriver it la cessatio11 d11 lravail.

1.
'

'


'


QUA'l'RIE~IE I> ARTIE

CONTRAT D'ASSURANCE.
1

Objet du contra t. Assurances de choses. Assurances de personnes.


-- 11 r1e 11ous parait pas possible cl'e11fcrn1er da11s u11e cléfi11itio11 ur1ique
lout le cl1a111p cl11 conlral d'ass11ra11cc. Voici cepe11clant celle c1ue l'on do1111c
ordir1aire111e11t: << L'ass11ra11ce est u11 co11trat ¡1ar lec111el l'assure11r s'ol1lig·e,
n1oyennant une rén1unération appclée pri111e ou cotisation, a i11cle111r1iser
l'assuré des perles ou clon11nages que peut épro11ver celui-ci ¡1ar suite de la
réalisation ele cerlains risques relatifs 11 ses IJicr1s ou á sa perso11ne. >> Cettc
défi11ition en1JJrasse la plupart des applicalio11s de l'assurance: assura11ce:-
co11tre l'ince11die, co11lre les accide11ts, co11tre le risq11e ele n1ort du pere ele
a
fa111ille. ~In.is elle ne s'appli.que pas loutes les variétés de l'assurance sur
la ,·ie. Dans ce clernicr genre d'o¡1ératior1s, en efl'ct, l'assuré n'a pas toujours
er1 vue un risque qui pe11t l'atteindre. 11 vise so11ven t á se procurer des res-
a
sources po11r la vieillesse, ou encore 11 co11slil11cr 1111e clol 1111 enfa11t qui
vienl ele naitre.
l)'autre part, il est i11exact ele poser c11 principe crue l'assure11r s'olJlige :\
i11<le11111iser l'assiiré <les ¡1erles 011 do1n111ages 1¡ii'il pe1il épro1ii,er, car le co11tral
d'ass11rance r1'est pas to11jo11rs 1111 co11tral 1f'i11clern11ité.
11 11011s se1nble clcJnc ¡iréféra)J!e ele rc'·¡1artir les cliverses ass11ra11ces l'Il cleux
grou¡>es et e1e co11s11 . l'erer se¡Jarl'111cr1t
' ' eI 1ac1111 <l' eux.
C'est c111'c11 cfl'ct il y a e11tre ces opérations ele ¡¡r{~voyar1cc 11r1e clisli11ctio11
fo11clar11e11talc c¡ui tlo1i1i11c lo11Le la i11ali<\rc. JI faul <'·tutlier s11ccessivc111<'Ill:
1 o les CISSUl'll/lCCS <le e/toses, :¡º les (lSSll/'ll/lCCS 1/e JJC/'S0/1/ICS.

1" Assurances de ch oses. - l,cs ass11ranccs tic clu.lses q11 'on d<\si¡.;-ne
})arfciis a11ssi }lar le tc'rr11c el'ass11r1111ccs-i111ie1n1tifés, cci111¡irc1i11c11t l<HIS les
conlrals 11ar lesq11cls 1111e pcrs(11111e s'ass11re c<Jntrc les C(J11s{:q1H111ccs tl'1111
évé11c111c11L 1>011va11l causcr 1111 (lo111111agc 11 scin J>at.ri111oi11c: i11cc11dic, grel<·,
111(1rlalité eles J¡eslia11x, vol, e¡uasi-<lélit, ris<¡11c ¡1rofessio1111cl cngageant
sa res¡1011saliililé, cte. ,
Ce gc11rc el'ass111"a11ces a })011r olijet el'i11clc11111isc1" l'ass11r{: ele la ll!'l'lt' 111a-
Lériclle e111e l11i causel'ait l'al'l'iv<'·e du risc¡ue conlrc lee¡11cl il :,;'ass11rc.
Da11s ces assul'anccs, la so111111e eluc }lar l'assul'Clll', aucas 01'1 Je ris(¡11e S<'
réalisc, 11c ¡ieul jar11ais dé¡Jasser le 111011la11I. ele la ¡1crle su!Jie. J;'11ss1tr1111c:e
CO\TIIAT D ' ASSUI\.-1.\CE

,ie ¡ieut pas elre 1t11e s01iri;e d'e1iricltissenie1il pour l'assitré. Cette regle csl
d'0rd1·c1)u!Jlic (Civ., r:J févrie1· I!JI3, Gaz. J:>a/., I!JI3.1.402). La raison ({lli
la justifie est e11 eíl'et qu'il 11e f'a11t pas clonner a l'assuré u11 inLéret a l'arrivée
<lu si11islre, afi11 ele ne ¡Jas lui ins1)irer la co11¡)a!Jle pe11s1~e ele le provoq11er
l11i-111e111e, pour réaliser un IJénófice. S1Jéciale111e11L, e11 111atiere d"ass11rance
de res1Jo11sabilité, c'est-a-dirc 1l'ass11ra11ce co11tre la faule ou le risr111e pro-
fessi<J1111el, la pr11(!ence (le l'ass11rt': se relt1cl1erail certai11e1ne11t, si le (lon1-
111age r111'il cause a11x Liers ¡J011rait devenir llour Iui 1111e cause cl'enricl1is-

Se111e11 t.
Ce n'est pas clirc, cl11 reste, c1ue, dans les assura11ces de cl1oses, l'assu-
reur doive 11écessairen1ent réparer la totalilé du don1111age subi. Le contrat
pe11t etre lin1ité á 11ne partie du risc¡ue. IJar exen1ple, on pcut assurer 11n
in1111eulJle contre l'ince11dic, u11 11a,•ire contre le risque de n1er pour les
(!e11x tiers ele leur valeur, soil c111e l'assuré, pour éviter de payer une pri111e
tro1J ólevée, ve11ille co11server 1111 déco11vert, soit (¡ue l'assureur, vu l'i111por-
la11ce de l'o!Jjet, refusc ele l'assurer to11t e11tier. Da11s ce cas, l'assuré 11'aura
rlroit q11'aux deux tiers du do111111age total 011 ¡)arlicl causé par le sinislre.
De n1e111e, <la11s l'assurance de responsabilité, presque to11jours l'assure11r
fixe á l'ava11ce le cl1ifl'rc n1axin1u111 q11'il co11scnt á vcrser lt la victi111c ele la
fautc ele l'assuré. Si clo11c ce eler11icr cst conclan111é a ur1c so1n111e supéricurc,
il clcn1c11re scul lcnu de l'excéLlc11l.

2° Assurances de personnes. - Dans cctle dcuxie111c série d'opéra-


tions, c'est la¡Je1·s01111c n1er11e de l'assuré qui fait l'olJjetdu contrat. On com-
1Jrend par111i les ass1ira1ices de ¡ierso1i11es les (livcrscs for111cs de l'ass1t-
ra11ce s1ir llt uic, assurancc en cas <le déces 011 ass11rancc h tcr111c; l'ass11rc111ce

co11lrc les r1ccille11ls r¡1ti ¡1euve1il frapper l'ass1tré ; l' assura,ice co,ilrc la 11ia-
ladie. 011 l'invalillilé. I~'assuré slip11le tle l'ass11rc11r le ,·crscn1ent d'un capital
u11 cl"u11c re11tc, apres la survc11ancc ele l'óvéncment. n1ort, accidc11t, 111ala-
dic, i11validité, arrivéc a 1111 certai11 agc, en vuc (!11c1uel il a contracté.
Ces assura11ccs, ii la difl'ére11cc des précó(!c11lcs, ne sont pas des contrats
1l'i11(!c111nité. Les llarlies fixcnl li!Jrc111e11t le 111or1ta11t de la prcslatio11 cruc
l'assurcur llcvra 1Jaycr i1 l'assuró. (:ctlc so111111c csl indópen(lantc d'1111 préj11-
1licc s11IJi. l~t vrJici la raiso11 de cctlc llifl'ét·cncc avcc les assuranccs de cl1oscs.
(;'1\sl (¡ue, <l'alJ01·rl, da11s ccrLaincs for111cs de l'ass11rance s11r la vie, ass11rar1cc
tlutalc, s<i111111c 1iayalilc a11 cas de s11rvic (!e l'ass11ré a l'agc indir1ué par
la ¡icilice. l'icl1'P ll'in(lc11111ité fait co111pletc111e11t cl1\f'auL, car 011110 pc11t consi-
<lórer c<in1111e 1111 cl(J111111age le f'ait q11c l'ass11ré :illci11clra l',1g·c fixé, ou que
s1ir1 enfanl arrivera á sa ·111ajoriLú. Pour ce l(lli est des aulres assuranccs de
1Jerso1111es, assurar1ce C(J11 trc la , 111alcidic, I' i1t1Jalidilé. l' ctccitlc,il. le déccs, l'as-
Sil!'() a bic11 Cll VllC le tlf)l[llllagc q11c causcra, soit il l11i-111<!llle, soil il ses
¡>roches, l'évó11e111c11l rerlcutt':, 111ais la cl1\let:n1inatio11 exaclc du ¡Jrójudicc
e~l tro1J <lif'ficile 1i11 in11iossililc. C'est 1Jo11rl111oi 011 laisse a11x partics le
sui11 cln fixcr <)l!cs-1111)111cs le 111unla11t lle la so111111c assuréc. 11 n'y a pas ú '
crai11clre ici le 111<'111e calcul <JUC ela11s les ass11ra11ccs tic cl1oscs ; l'i11stinct
<le co11servatio11 <'sl 1111 f'rci11 s11ffisa11I.
598 LIVRE 11. - TITI\E 11. - '
QUA.TRIEliE P,\RTIE

• Etant llonné les explications qui préccdcrit, on pol1rrait se de111ancler c11


<1 11oi les assurances ele personnes different du parí? En ceci, répondra-
t-on, qu' elles ont pour but de garantir l'assuré contre les conséque11ces d'un
fait, n1ort, n1aladic, accidcnt, vieillcsse, etc., lJltÍ co11cer11e sa ¡Jerso1111e elle-
nzeme. Dans le pari, au contraire, le fait incertain qui sert de base au con-
l rat est un fai t cxtéricur. De plus, la pensée qui pousse l'assuré est )Jic11
clifférente de celle qui anime le parie11r. L'assuré fait u11 f]Cle de prévoyance
á son profit ou au profit de ses l1ériticrs; le paric11r n'cst anin1é c1uc 1iar
l'appat du gain; il jouc sur u11e cl1ancc.

Utilité que présenterait une réglementation législative du contrat


d'assurance. - Le contrat d'assura11ce, qui ne s'est développé qu'au
x1x• siecle, au moirts e11 ce qui concerne les assura:1ces terrestres, 11e fail

l'objel d'aucune dispositio11 d11 Code civil. La pratique seulc en a f1xé. les
regles. Cela csl a·autanl ¡Jlus facl1eux et i11suffisa11t que, cl1ez nous con1111e
dans prcsque tous les Etats,les cliverses bra11cl1cs d'assurances sont exploit{•es
par de puissantes sociétés q11i font la loi du cor1tral, el i111poscnt aux assurés
des polices conter1ar1t des clauses stipulées dar1s le11r proprc i11téret, afin ele
donner plus de soliclité á leurs opératio11s et de se défendre contre les
fraudes possibles. Ces clauses sor1l souvent défa,·orables it l'assuré, e11 ce
seos c¡u'ellcs restrcigne11l pour lui les avantages du co11trat ; l'assuré les
acceplc cependarit parce qu'il 11'est pasen situation de les cliscutcr. 011 a JJll
clirc avcc raiso11 que da11s les all"aircs ll'ass11ra11cc, la liberté des cor1ve11tio11s
u·cxiste c11 réalité que ¡iour l'assure11r, et c111e t< l'ass11ré 11e pcut se soustraire ·
. n.
a' sa prcss1or1
Le besoi11 d'u11e régle111c11latio11 législalive se l'ait do11c g·ra11dc111Pill

SCitLir e11 cette 111atiere. ll r1'a jns<¡Lt'ici l"Cyll Cüllll)lelc satisfactifJJl q11º< 1 ll
Suissc el er1 1\lle111ag11e. La S11issc a pro111ulgué uuc loi s11r le co11trat cl"as-
~u raucc le 2 ,rvril 1908, el l' Allc111agnc en possede une du 3o 1r1ai I go8. (;es
'
de11x: lciis, forl co1r1plelcs et fort liicr1 ét11cliées, peuvc11t elre do11nécs cor11111<'
111odeles aux aulres pays. E11 l◄'ra11ce au co11traire, la questior1 de la r{·g·l<1-
111c11lalio11 l<;g•islali,e tic l'assura11cc Lerreslre lrai11c llcp11is lo11glcu1¡>s.
ü11e co111111issio11 cxlra-parle111e11Laire 11<Jtr1111éc e11 19<J:.1 a ólalJciré un Lc:-..Ln,
e¡ 11i a été dé1Jcisé ¡iar le g·ouvcr11e111e11l s11r le L11rca11 <le la (~I1a111l1r<· le
12 j11illel 190/1, 111ais 11'a ja111ais éli) <lisc11lé {Hll" le llarlcrr1c11l '.

Mécanisme de l'assurance. Mutualité, calcul des probabilités. -


1~,1 ªl)l)al'CllCC, l'asSlll'UllC() sn ¡irt'·sc11lc C()llllllC 1111 C()lll.rat 11'i11Lércssa11[. <[llC
llc11x JJcrso1111es: lºass11re11r el l'ass11ré. L'assureur, 1r11iye1111a11l le f>aic11H'ltl
<l 'uue }Jri111e {lar l'assur1''., ¡irc11ll h sa charg·<1 u11 risque <¡11i 111c1i:1cc ce <l!'r-
11icr, el. s'cngagc .'1 l11i payer 1111e ccrtai11c so1u111e si ce risc¡11c vic11l ;\ SI'
JJl'<>duirc.

1. 11 a été, en rcvanche, étndié d<1 pres et amélioré par la .',ociété d'E,'tudes législatives
(V. Bulleli11, 1.90!í et 1906), et par l'Association /ranraise des Assurances sociales fondile en
mars 190!í (V. Capitant, Co,11¡,a1·aiso11 du projet de loi fronrais avec le ¡irojet alle111a11d de
190:l PI le prnjet suisse de 1!!04, llnllctin de la SociéLé d',!tndes t, 1gislatives, 1!!06, p. :i~O
a !,ssi.
CO'.\"TRAT D ' ASSURA~CE

1iais ce r1'esl li1 qu'une apparence. Si l'assureur opérait ai11si, il ferail 1111
1n élier forl da11gere11x qui serait tout si111¡)le111e11l 11ne opératio11 de je11 et
rien de ¡)lus.
l~n réalitó, l'ass11rance esl lo11l aulre cl1ose. Ja111ais elle ne se prése11tc a
l' élat de contral isolé conclu e11lre deux personnes. Elle s11ppose touio11rs
el r1écessairement u11 ense111IJle el'opératio11s qui re1)osent sur eleux idóf's:
1° Le gro1t¡Jement des c1ss11rés c11 niutualilé; 2° Le crilcul eles JJroú11bilités.
1° 1J1ulualité des ass1irés. - Le n1ot de n1utualilé ve11l dire que ce so11t
les assurés q11i se g·ara11tissent eux-me111es, réci1)roquen1e11l, contre le ris-
que considéré. E:11 efl'et, les colisaliu11s Oll p1·imes versées JJar eux cha<jue
a1i 11ée conslilue11l le capital r¡ui serl 11 i11de1111iiser ceux d'e1itre e1i.J; qui, clci11s
le co11rs ele laclile a11née, so,il c1tlei1ils par ce risq1ie.
C'est ainsi que les cl1oses se passent da11s toute entreprise d'assurar1ce.
Ce 11'esl don~ pas l'assureur q11i paye en róalité ele ses deniers perso11nels
la so111n1e par lui pron1ise. 11 la préleve s11r le n1or1tant des primes qui lui
so11t remises par les assurés. Ce sont les assurés eux-mcn1es e111i four11is-
se11t les deniers nécessaires au ,·erse111enl des son1n1es ou inde111r1ités dues.
Ils sont rcspective111ent les assureurs les uns des autres. Celte caractóristi-
e¡ue essenlielle des entrcprises d'ass11rances per111et de les répartir en dP11x
, .
calegor1es.
1\. Les sociélés d'assura11ces muluelles. - Ces sociétés so11t celles ou la
111 u luali té eles ass11rés est visible el pate11te. Il en est ainsi, qu 'il s'agisse
d'u11e peti te sociélé de seco11rs muluels co11lre la r11alaelie, ou d'1111e gra11de
n1ul11alité d'assura11ce conlre }'incendie ou :,;ur la vie. Da11s les unes et les
a11Lres, il y a ostensiblen1ent association ,·olo11laire d'un certain nombre de
personr1es e11 ,·ue ele se garantir 11111tuelle111ent, par eles ,·ersc111e11ts ann11els,
e 011lre u11 risq11e délerminé. 1\11ssi, la colisalion que ces perso11nes s'e11-
gagent a verser esl-elle, e11 pri11cipe, variable •. Elle elépencl de l'i111-
llorlance des so111111es que la société elevra paJer, dans le C()11rs ele l'a1111ée,
aux assurL·s altei11ls par le risq11e. •
13. l~es Co111¡1ag1iics 1l'r1ss11rances 11 /Jrimcs jixes. - Les cl1oses scn1blc11t
,\ 1ire111ierc v11e se Jlasscr a11lre111er1l <lans les Co111pagnies d'ass11ranccs ltJJri-
111es ji:,;es, SíJciút{:s a11onyn1es f'cJrn1ées en v11e tle faire le co111111crce ele l'as-
s ura11ce. ()11 po11rrail. ctT>ire que ces sociétt'·s co1r1¡lle11t s11r lcur capilal-ac-
tifins ¡)011r 1iaycr les indf'n111ilés. 11 n'e11 esl ric11 cepe11danl. Le n11~car1is111e
a
<le I'op{~ral.ií)tl est louj<i11rs le r11e111e. Elle consiste louj<)11rs grouper 1111
111l111IJre s11ffisa11l tic }JPrsonncs el it ré¡Jarlir e11lre elles le risque so11s for111c
ele 1irin1cs, c'esl-:'i-(lir<1 :', ctJ11stil11cr avec ces pri111es le capital s11ffisa11l po11r
,•ers<>r }ps i11cler1111ilt'•s 011 les son1n1es pron1ises.La Co1n¡1cir¡11ic n'esl 1!011cr¡1t'1111
i11lcr111é1li11ir1: t{IIÍ f/l"Olljlt' f,·s 11ss11rés; elle esl une v<'~rilalJl!' c11tr1•¡1ris11 de ges-
lio1111'1111e 11111l1111lit1:. <• l,'ass11rt!, cla11s la pri111e fixe, r1e cesse Jlas f'II r{\alité ele

1. En fail, pour éviter les inconvénients de la variahilité, les sociél••s d'assnrancrs


rnulul'lles rlemandent une rotisntion flxe a leurs adhércnts, soit qu'elles la cahiulent
a 1111 chill're nssez i\levé pour convrir tous les risques el meltl'nl rexc~rlent en réser\'C,
soit qu'elles lin1itenl il 1"111·ance a ce chilfre global le m11xin1u1n des sornmes qu'cll•!S
réparliront entre les nssnrés attcints par le risque.
600 LIVRE II. - TITRE II. - '
QUATRIEME PARTIE

faire partie-d'une association 111utuelle, n1ais il n'a pl11s u se tJréoccu¡Jer de-


ses coassociés qu'il ne connait pas, qu'il ne connaitra jan1ais et q11e l'assu-
reur prend soin de recruter lui-1ncme. n La Con1pagnie est la gérante de
cclle m11tualité de fait; elle s'arra11ge de fac;on que cette g·érar1ce l11i laisse
a
un l)énéfice personnel destiné rémunérer ses actionnaires. Et tel est ))ier1
le critériun1 qui différencie vrai111ent les deux catégories d'entrepriscs. E11
effel, dans les grandes sociétés d'assuranccs mutuelles q11i óperer1t sur lo11tc
l'étendue du territoire, les assurés, on _le conc;oit, ne se cl1oisissent et 11c se
con11aisse11t pas plus q11e ceux des Co111pagnics 11 pri111es fixes. La différence
fonda111entale entre les deux especes de sociétés, c'est c¡ue les mutuelles
a
n'or1t pas d'actior1naires rén1unérer. Elles ne sont pas des co111n1erc;a11 ts
a
qui cl1ercl1ent réaliser des bénéfices.
2° Le calc1il des probabililés. - Le premier élément que nous ·venons
d'étudier pourrait suffire u la rigucur pour caractériser les opérations d'as-
surar1ce. On pe11t concevoir un g·roupen1ónt, cla11s leq11el on ferait, la 611 a
de cl1aq11e a1111ée, le co111pte des i11de111nités a payer, et oi'11'011 den1anderait
¡\ cl1aq11e associé la contribution nécessaire pou r le versen1c11t de cette
son1r11e. Mais il n'y aurail 111, on le co111prer1d vite, qu'une for111e r11din1en-
taire de l'assurance, laq11elle ne clonnerait pas satisfaction au )Jesoi11 de
a
séc11rité de l'assuré, puisque cel11i-ci ne saurait jamais l'avar1ce ce qu'il·
a
aurait débourser. << L'assurance 11'a11rait pas clonr1é de bien grands rés11l-
tats, si elle s'était bor11ée 11 créer 11ne co1nn1unauté de risques entre des
perso11nes inenacées par 11n n1e1ne évé11en1ent. · » Elle ne contie11drait rie11
de ¡Jlus que l'idée d'associatio11, lacr11elle se retrouve clans IJea11cou¡J d'a11tres
institu tions de la vie éco11on1 ique.
A11ssi trouve-t-on dans l'ass11ra11ce 1111 seco11d ólérr1cr1t qui l11i est 1Jroprc,
et complete sa IJase tec\111ique: le crtlctil (les ¡1robab ilités. Cet élé111er1t ¡Jcr-
n1et de calculer i1 l'avance, en se fonda11t s11r l'olJservatio11 des faits passés,
observatio11 c¡ui csl l'objet ele la statistiq11e, les c\1ances de réalisation d11
risq11e, et de fixer en conséc¡11e11ce cl'ur1e fac;or1 s11fllsa111n1e11t a¡J}Jroxir11atiYe
la cotisatior1 de cl1aq11e ass11ré. La stnlisti¡¡11e 11011s 1iro11ve, en efl'et, q11c
le rcLtJllr tles évér1ements q11i 11011s paraissenl fortui ts, rnorls, accicicr1ts,
maladies, i11ce11dies, se pr0d11it avec 1111e r<'~g11larit{~ sensi!Jlc 1¡11and 011 f'ait
}Jorler ses cilJservatio11s s11r 1111 rHJ111!Jrn s11f'lisa111111c11t élevó 1l'i11clivid11s 011
d'objets placés dar1s des cor11litior1s analogues.
1~11 rés111n1\, 011 a p11 dirc, et r1011s so11scriY(JllS ¡'¡ ccttc exccllenle <léfl11ilio11,
c¡11e << l'ass11ra11ce est la com1Je11salio11 ¡Jes ell'els cl11 l1asarcl ¡Jar la 11111l11alilé
orga11isée s11iva11t les lois de la stalisti¡¡ue >i .


CHc\.PI'fl{J~ f>JlEMIER

SJ•:C1'IOX l. - BASES FO'l:DA~IE'l:TALES ))U CO'l:TRAT.

:i t . - Elt_~111e11ts eoustlt11tlrs d11 eo11t1•at.


Les élé1i1e11ls co11slilulifs <lL1 conlrat s011t a11 110111IJre de trois: le risqite.
la 11ri111e, l'i11cle1n11ité.
l. - Le risque.

Diversas acceptions de ce mot. - Le 1not risr¡Lte co111porte, e11 notre


111aticre, <leux sig11ifications dilTérenles, suivant q11'on considere la tecl1nique
de l'assura11cc, ou le fait r11e111e co11tre lequel l"assuré veL1t se prén1ur1ir .
.\11 prcn1ier poi11t de vue, le ris<1ue esl le degré ele JJrobabililé de l'arrivée
de l'évé11e111e11t et s011 in1¡Jortance. J>o11r chaq11e co11trat qu'il passe, l'assu-
re11r évalue Cl1r11)Jier1 il y a de cl1ar1ces JJour q11e le sir1istre se produise, et
c111elle so111111c il cle,·ra <lébourser en cas de si11islre. 11 calcule la JJri111e e11
'
conseque11ce.
1\u seco11d point de v11e, d'o11 1'011 e11visage no11 pl11s l'assureur, 1nais
l'ass11ré, le risq11e, est soit le si11istre envisagé, lequel s'il se JJroduit e11trai-
11era pour l'ass11ré une perle 111alérielle, soit l'é,·énement i11certain en vue
1luq11el l'ass11ré ve11t se procurer u11e so111111e cl'argeut.
<:·es! i1 ce seco11d JJoi11l de v11e c111e 11011s no11s placero11s clésor111ais.
Nous défi11i1·<111s <lo11c le ris<111e u,i 1:vé11c1nc11l f11l11r, incerlain, soil 1¡ua11l a
sa réalisatio11. soil r¡1ta11l 1t1t 1no111e11l 01't il se ¡1rotluir1t. •
C'est 1:\ 1111 ól{·111c11t esse11tiel d11 contrat, e11 l'a\1se11cc <lu<111cl ce dernier
11e ¡1e11l ¡ias se for111cr. Si do11c l'évé11c111c11t co11sidéré s'cst <léja procl11il a11
111<1r11e11l l)11 la ¡i,1lice est sig11éc, le contral 11c prollL1it a11cur1 eJl'ct. ()11 re-
r11ar1111era 1¡11'il c11 csl aulrr111cnl cr1 111aticre ll'ass11rar1ces 111aritin1es. ],es
arliclcs :)G:í h 3G7 1111 <:,idc 1lc cc1111111crcc, en ell'el, auloriscnt l'assura11ce

s11r bo1111es utt 1r1<tltl!<tiscs 11ou1,ellcs, c·csl-a-1lire l'assura11cc relative a un
11avirc Cllt i, u11c carg·aisu11 1lc111l lc sort csl i11ccrlai11. C'esl q11e les co11ditio11s
1111'111cs 1la11s lesy_11cllcs s,) fail so11vc11t ce contrat 11c JJermcttenl pas aux
i11t.,~rcsst'·s 1le co11r1ailrc avcc cerlilulle le sorl <lu 1Íavirc ou des 111arcl1an-
1lis<'.s, a11 111<)111e11I, 1111 ils lrailc11l. (:elle fac11llú 11'cxisle ¡Jas IJour les assu-.
rances terrestres, <111 1111ii11s c11 l~rancc. l~l pourlant, il scrait facilc de

602 LIVIIE 11. - TITRE 11. - QL'.\.TRIE~IE PARTIE. · - CIIAPITRE PRE~IIER

• signaler des cas oú les parlies peuvenl 11e pas elre e11 état (le connaitre le
sort de l' obj et assuré, par exen1ple, pour l'ass11ra11ce ele trar1sport terreslre.

Du cas oü le risque se réalise par la faute de l'assuré. - Le co11tral


el' ass11ra11ce couvre-t-il, 110n se11le111enl les perles el don1111ages causés ¡)ar
<les cas fortuits, n1ais n1e111e ceux q11i résulte11l de la faule ele l'assuré ~ La
questior1 est fort intéressante, car elle n1ontre l'évolution qui s'cst ¡)roduite
dans les idées, a n1esure que se dé,•eloppail la pratic¡ue des assurances. Elle
ne se présenle guere, ren1arquons-le tout d'a!Jor<l, r.¡ue pour les assura11ces
<le choses. Er1 efl'et, dans l'assurance en cas ele déces,ou conlre les accide11Ls,
il est adn1is sans discussion que l'assureur est tenu de pa)·er la so1nr11e
pron1ise, men1e s'il y a e11 fa11te de l'assuré, i1 111oi11s que la l)olice n'{~carte
expressér11ent certains faits, par exemple, le duel ou le suicide dans l'as-
' '
surance- d eces.
1\bstraclion faite de ces l1)·potl1eses, la (1uestion ele sav,)ir si l'ass11rance
peul couvfir les fa11tcs ele l'assuré a été résolue pendant longte111ps par la
négative. (( 11 est évident, clisait PoLlrier ((~o,itral cl'assura11ce, nº 6'1), que je
11e peux conver1ir avec quelq11'un qu'il se cliargera eles fautes que je co111-
111ettrai. Ce serait une convention qui in,·iterait ad delinque1i1ltim. n (< 11
serait intoléralJle, disait de son coté En1erigon, q11e l'assuré s'inden1r1isal
sur autrui d'une perle donl il serait l'auteur. n \ussi, le Code ele con1n1erce,
dans les q11elq11es dispositions q11'il consacre aux assurarrces 111ariti111es,
décide-t-il q11e les perles el domnrages prover1ant d11 faiL de l'ass11ré 11e
sont point a la cl1arge de l'assureur (art. 351). 11 ad111et cependar1t c111e
l'arn1aleur l)eut s'assurer contre la faute de son préposé, c'esl-a-dire ele so11
capitai11e, a co11dition de s'c11 etre for111ellerner1l expliqué da11s la police
(art. 35:i et 35.J).
' Cette conceptio11 arcl1a'i(Jlie, co11Lraire a11 ])cS1Ji11 lle séc11rit1\ c1ue lléve-
loppe la pratique de I'ass11ra11ce, r1'a pas pu s'i111planter dans les ass11ranccs
a
terrestres. L'ass11ra11ce 11c proc11rerail Jlas l'ass11ré la sécuril(' e¡u'il recl1er-

cl1e, si elle 11e le couvrait <111c ct>nlre les cas forluils; il fa11l r1u'clle le pr<)-
tegc égalc111e11 l c<Jn lre le do111111agc c111i ¡Jeu L prove11 ir de ses l'a11 tes, s11 i Le
Jlrcse111e i11ó,ital)le ele so11 activité. C'esl 1>011rc¡uoi l'ass11ra11ce Ct)nlre les
fa11tcs a pé11<':Lr1: tres rapi<lPilleill da11s les lllUllll'S. J•:lle r,orle, llOllS lesa-
,·011s, le 1111111 el'nss11r1111ce rle res¡1011s11'1ilité. II y a d<'.·ja ltH1g!,)JllJJS 1¡11c sa
validitó 11'cst plus 111isc c11 clo11lc) 1.
Un cornprc11<l 111·a11111oins <111c 1'011 fi11irait ¡iar r11l{icl1cr ¡'¡ 1·,)xcc'·s lc ressorl
ele la ¡irucle11ce l111111ai11c, si !'011 ()Cl'Jt1ellail :1 l'i11cli,id11 de se g·ara11tir c<>lll.rc
les c,>11s<')t¡11cnc<)S 1><')c1111iaires ele ses faull's, <¡11nlle c111'1•11 f1)t la gra,il{:.

1, Ceperulanl, avant 1868, alors que les sociélés d'11ssuranccs étaicnt s0111niscs au ré-
gin1e de l'autorisalion préalahlt•, )1) Conseil d'Etat rcfusait d'hotnologucr tous les statnts
ayant pour ohjet de garantir In responsahilité ci vile d<'s in1l11strit>ls ;) l'occasion ,les
accidcnts survenus ;\ l!'urs ouvriers, sous le prétcxte q11'1111P tcllc assurance e1it risqué
de rendre lrs chefs d'étahlissenH•nt rnoins s011cit>UX de la sécnrité de leurs ouvriers.
Anjo11rd'tt11i, on ntlrnel que, 111/1111<' en dPhors de l'assurnncc-rrsponsnhilit<'·, notnrn-
. ment dans l'assurnnre conlre l'incendie, l'assurcur doit payer l'indcmnité il l'assuré,
lorsque le sinistrc a été provoqué par la fautc tic ce dcrnier; sotution 11,icessaire en
présencc de la préson1ption famcusc : i11c'!11dia pleru111que fiu111 culpa i11habi1r111tiu111,
• • •
LES ,\SSUR,\'1CES E"\' GE'iEH,\L 603
_\ ussi, la doctrine a-t-elle toujours 111ai11tenu une barriere, en faisanl ici,
e on1111e e11 111atiere (le cla11se cl'irresponsabilité, une distinclion entre la
jaule lér¡ere et la j'ciuie lourde, laquellc e:-t, suivant la traditior1 romai11e.
assi111ilt'.e a11 clol. Elle (lécide done q11e, s'il est pcr111is de s'assurer co11tre
les co11séquenccs d'une faute légere, il esl inlcr(lit de fairc 1111c conventio11
a ya11t l)Our but d'exonérer l'assuré de sa Jr1iilc lo11rúc ((:iv., I 5 r11ars 18í6,
D. I>. 1 G. r.449, S. 16. 1.337, r1ole de;\[. La!Jbé). <, L'ortlrc public. dit la
0

Co11r de cassation, s'oppose a la valiclilé (l 11n lel pacten.


1Iais ,·oici que cetlc IJarriere flécl1it cllc-1111~111c déja sur ccrtair1s ¡1oi11ts,
so11s la poussée du lJcsoi11 de sécurilé. 'fout d'abord, la jurisprucle11cc ac-
tuelle, apres avoir lo11gte1111)s l1ésité (Rec¡., 18 avril 1882, D.]>. 83.r.260,
S. 82.1.2!i5), adr11cl a11jo11rdºhui que l'ass11reur répond du sinistre quand il
l1 •été ca11sé par une faute lourde d'11n préposé de l'assuré (lle(¡., 1::i clécen1l1re
1893, D. 11 . gt,.1.3!10, S. 2º arrel, 96.1.91). D'aulre part, depuis la loi d11
~l avril 1898, concernant les rcs¡1onsal1ilités des accidc11ts dont les ouvricrs
sont victin1es da11s le11r travail, les Co111pag11ics q11i assurent le cl1ef (l'e11-
treprisc cor1tre ce risc111e, ont r11odifié lc11rs polices anlérieures el prenr1e11t
;1 le11r cl1arg·e la rcspo11sal1ililé e11liere c111e cette loi i111posc a11 11atron,
111erne pour le cas ou l'accide11t aurait sa ca11se dans 11ne fat1le i11excusal1le
{!e ce der11ier.
E11fl11, 011 lrot1ve at1jo11rtl'l111i, cla11s les polices d'ass11ra11ces co11tre les
accide11ls cn11s{·s a11x liers par les voit11res aul1)n1oliiles, des cla11ses stipu-
la11l r111c la garantic de la c:on1pagnie esl élentl11e ¡i11x accide11ls occasio1111és
alors 111(~111e c1ue le con(lucteur a11rait été e11dorrr1i 011 en état d'i\'ressc,
011 (111'il y a11rait e11 ele sa part i11fractio11 a11x lois r,t reglen1enls s11r·1a J)O-
licc cl11 ro11lagc 1.
11. -- La Prime.

La ¡1rirne re11rése11le la co11lre¡)arlie (]u risr¡ue r¡ue l'assureur pre11d ú sa


cl1arge. Da11s l'assura11ce-111ul11elle, elle J?Orle le 110111 (le colisr1iio11.

Prime annuelle, prime unique. Indivisibilité de la prime annuelle.


- 011 co11c:oit tlct1x fa1,'.0J1s ele calc11lcr la pri111c. 011 pe11l la di,iser e11 frac-
Li1in,; pt'·rio1li1¡11cs, tlonl cl1acu11c sera ¡Jayalile a11 ler111e co11ve1111. (.ln ¡Je11l
aussi la flxcr en IJl1ic Jllllll" l1l11le la llurée du co11lrat, et slip11lcr qu'cllc sera
ac(¡t1il(/'.e Cll 1111 se11I Yersen1enl.
J>r1!s1¡ue loujours, 011 <'1111iloie la 11rin1e ¡iériodi1¡11e, el l'1111ilé 1le lc1n¡1s

:1. Ln projet de loi frant;ais sur le contrnt d'assurance ,naintient ferme cependant la
dislinction entre les drux fautes. L'article 20 est ainsi conr,u : « Les perles et dommages
occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute de l'assuré sont ;i la charge de
l'assureur. 1'outefois, l'assur1\ur ne répond pas, nonobstant toutt convention contraire, des
pcrtns P,l don11nagcs prov1!nant d'unn faute inlf!ntionnclle 011 d·une faute lourde de l'assu-
ré ». L' Association frant;aise des assurances sociales, avcc une vue plus exacte dr.s beso1ns
de la pratique, a propost\ la 11101liflcation suivante: << L'assur.eur de responsahililé gll-
rantit les conséqncnces de la fault' lonrde de l'assuré sanf conv,·ntion contraire. » Et en
elfet le vieil adag11 culpa lata dolo rer¡uiparat11r est exact en tant qu'il s'applique au débi-
teur ,l'un corps t:ertain tenu de veiller il sa conservation. Mais il ne faut 1ias l'étendre
¡\ des cas tels que cclui de l'assurance-rcsponsahilité, pour lesqucls iJ n'a certainement
pas été écrit.
604 LIVRE II. - TITIIE II. - '
QUJ\.TRIE~IE P ..\RTIE. - CHAPITRE PRE~flER

adoptéc cst l'a1111éc. ]~11 clJ'et, le~ statisticic11s pre11ne11t l'a1111ée co111111c base
de lc11rs calculs de 1)roballilil<'S.
La ¡Jri111e annuelle esl inclivisible. Cela signifie que du 1110111en t que le ris-
que a étó ¡\ la cl1arg() de l'assure11r 1)er1dant 1111c périodc (le l'an11ée, si lJrevc
soit-elle, il a droil a la lolalilé de la prirne, et n'est te11u, e11 conséq11rncc, a
aucu11e restitutio11, lJien q11e le contrat pren11e fin da11s le cours de J'a1111éc
(art. :{51, C. Cl)t11.). Or1 elo1111e ele cette regle, co11sillérée co1n111e 1111 axio111e,
ectte raiso11 que le risq11e a11rait 1)11 se proeluire penelar1t le te1111Js 01't il a été
assu111é par l'a,;sureur, el qu'il 11'est pas possihle ele ealc11ler la parl exaele
<le ce risq11e c111i revie11t a cl1aque fractio11 ele l'a1111ée.

III. - L'indemnité.

1° Assurances de personnes. - Xo11s savons que, clans les assura11ces de


11erson11es, le 111011lant ele la 1)restalio11 e1ue l'assure11r cloit acc1uitler a11 cas
ele réalisation clu risc111c esl lil)re111e11t fixé ¡)ar les ¡)arties. Cetle ¡)reslation
co11sislera, s11iva11l le,; ca,;, soit c11 1111e ir1cle111nilé jour11alierc, soit c11 1111c
rc11te ,·iagere, soit en u11 capital.

2º Assurances de choses. - Da11s les ass11ra11ces de cl1oses, l'obligalio11


de l'assurcur 11c pe11t jarnais, 11011s l'avons vu, llé1iasser le 111011la11t 1le la perle
'
é¡)rouvée par J'assuré. ~Iais il fa11l ó,aluer le cl1ilJ're ele celle perle. De11x
1\ló111e11ls ser,ironl

i1 faire eelte c'•val11atio11: ,\. J,a vale11r de l'objet asst1r(· ;
11. La s0111111e jt1sq11'11 coric11rre11ce ele lac111elle cet objeta été ass11rc'·.
,\. ·J7 ulcur lle l'ubjcl assiiré. - J>our calculer cette ,aleur, il faut se ¡Jlaccr
au jolll' 1!11 si11islrc, et 11011 au 1110111e11l ele la eo11cl11sio11 cl11 co11lral. Si clone
il s'agil cl'o]Jjl'ls so11111is i1 11s11re, 111alóriel industricl, 1r1acl1i11es, 011 tie11clra
eo1111Jte ele la di 111i11ulio11 rés11l La11l eles a1111óes ele ser, ice.
E11 ,erl11 cl11 1Jri11cipe que l'assura11ce de cl1oses esl u11 contrat cl'inde111-
11ité, la vale11r a11 jc111r (111 si11istre 111arc111c le n1a:x:i1nii111 de l'i11dc1r111itt'i cl11c.
f
11 e11 rt''.s11ltc c¡11e l'assuró 11e JJe11l ¡1as faire cnlrcr en lig·ne la ¡Jcrlc i11direc/c
1
c¡11e l11i ca11sc le si11istrn: cl1t,111agc _cl11 eo111111erce, ¡1erlc eles locatio11s 11e11-
clar1t la reco11slr11cti1111 ele l'i111111011IJ!c, ele. Nóa111111,i11s, a11c1111e raiso11 d'or-
clre ¡i11lJlic nc s"t,¡i¡iosc i1 ce que l'ass11rc11r, ¡1ar 11110 cla11se s¡1i'•cialc <IP la
¡iolice, ¡ire1111c il sa cl1argc ces 1lo111111agcs c¡ui 11e SlJ11l c¡11e la c1J11st'·1111c11cc
1111 si11islrc•. l lne cla11sl' (le en g·1•11rc se rencontre 1111\111e cc,11ra111111c11l.
()11 rcf11sc a11 COJllrair<! <le rec1>1111aitre la valiclitú ele la ela11se c111i co111¡ire11-
clrail cla11s l'i111lc11111ilú lt> l111·r11111 cessa11s, c'esl-11-(lirc le J>l"<Jfil cs¡i{irt'., ¡)ar
cxe 111 ¡1le, le 11{'.11{· fice e¡ 11 'a11 ra i l 1111 f¡111 r11 ir la ven Le 1les 111 a re! 1a 11¡l ises si II is Lrt''.cs.
'
11 s·agit l1ic11 J/¡ cc11c111cla11t a11ssi 11'1111e 11crlc; 111ais 011 so11Li<'11t <111'1111e lclle
ass11ra11ce clonncrail 11aissa11ce il <les 11e11st'•cs con1Jalilcs, car la clest1·11cti<lll
eles c1hjels 11er111etlrail i1 l'ass11rt'i lle rt':aliscr 1111 ¡irofil ú c(i11¡1 si\r.
13. /,r¡ so111111e ass1irée. - l,P co11lral co11lie11l l.011jo11rs l'i11<licalio11 cln la
so111111e ass11r{•1•, car l'ass11re11r a IJCS<Ji11 el<' la co1111ait.rc• ¡Jo11r calc11lcr Pxac-
te111enl l'i11111orla11cc 1lu risc¡11e c¡11'il ass11111e el lixc1· la 1iri111e <'11 ec111st'·-
c¡11ence.
• •
LES ASSUllA~CES E~ GENERAL 605
La son1n1e asstirée ne sert pas de base pour l'évall1alio11 clu don1111age,
n1ais elle co11slill1e 11r1 seconcl 111ax.irr1un1 que l'i11dem11ité ne pourra ja111ais
dépasser.
Orclinaire111ent la somn1e assurée est détcrn1i11ée par les sel1les déclara-
tions ele l'assuré sa11s controle de l'assure11r. 11 se peut clone quºelle soit su-
¡Jérie11re ou i11férieure it la Yale11r ele la cl1ose assurée. Da11s le pren1ier
cas, il •y a Sllrass1lra11ce, da11s le seco11cl, so11s-ass1il'a11cc .
a) Slil'assura11ce. - Si l'cx.ag·ératio11 ele la ,·aleur ele l'objet assuré a été
fai Le ele r11auvaise fe1i Jlar l'ass11ré, ¡Jour tro111per l'assure11r. le conlrat est
11ul (t l'égard de l'ass1tré sc11leme11t. C'est ce que clécicle l'arlicle 357 du Code
de co111n1erce, c¡ue l'on applique par analogie at1x assurances terrestres.
L'assureur q11i fail prononcer la r111llité, conserYe done les prir11es rei;ues et
a
a droit i11elc111nité pour le ten1ps resta11t Cüllrir. a
Si l'assuré a été de bonnc foi, le conlrat reste valalJle jusql1'a concur-
rence ele la valeur des olJjcts assurés, d'apres l'esli111alio11 c¡11i en csl faite
ou conYc11ue (art. 358, C. co111.). L'ass11ré peut clo11c de111a11elcr que la 1irin1e
soit rt'·tll1ite pour l'avenir il la valcur ex.acle de la cl1cJse assur1\e. Mais l'as-
sureur a droit it inele111nité pour l'cxcédenl ele valeur (art. 358 i,i Jiric).
IJ) ,Sot1s-assul'a11cc. - La somme indiquée at1 conlrat forn1a11t loujours
le maximl11r1 de l'i11de111nité due, une regle traelitionnclle décide ql1e l'as-
Sllré ,·este so,, propre assurcur pour ce qui 11'esl pas couverl par l'assura11ce.
En con.sé(¡uence, e,i cas lle si,zislre, il ,i' a llroit qii' li 1t11c i11lle1n11ilé pl'oporl io11-
11elle. l)ar exen1plc, si la son1n1e ne rcpréscnte que les cleux tiers de la valeur
de la cl1ose, l'assuré n'aura droit qu'aux deux tiers du clomn1age réelle111ent
st1lJi. Si dor1c nous supposons qu't111e rnaison valant 100.000 francs ait été
ass11r<'·e pour 50.000 francs, et qt1c le do111magc causé par l'ince11die s'élevc
i1 Go.ooo fra11cs, l'ir1de1nnité sera fixée aux lrois cinquir\111es ele 50.000 francs,
c'est-a-dire a 30.000 francs '.

§ a. - I?o1•111atloí1 du contrat.
Absence de formes. - J,c co11lral el'assura11c<~ csl ,alaLle 1Jar le se11l
accorel des volo11tós; il 11'esl so11111is par la loi it auc1111e for111e.
J,'arlicle 3:~1 cl11 Cocle (le con1111ercc 1lécicle, il cst ,·rai. c¡ue le co11lral
cl'ass11ra11cc 111arili111e doit i'trc r{icligó JJ(tr écl'il, 111ais cPtle ri·gle 11c co11ccr11e
<¡uc la Jireuve du conlral. l•:llc sig·11iíie si111¡ile111c11l 1¡1H\ co11lrairc111<>nl a
1. Dans les assurances de r1•sponsahilil1\, J'applicalion de cetle regle ne se con~oit pas
en príncipe, car on ne sait pns it !'avance que! dommage l'assuré peut éprouver. L'assu-
renr est done tenu jusqu',\ concurrence de la somme assurée.
C,•pendant, il en est 1111tre1nent lorsque rassurance de responsahilité a pour objet le
do11111111gc qui peut tltre causé par l'as~uré 11 une chose déterminée, ce qui est le cas de
l'assurance du locataire contre le risque localir. l{ien n'e1npéche alors tle calculer a !'a-
vance la valeur de l"in11neuble loué, et d'appliquer la regle proportionnelle. Les Co1npa-
gnics íran~aises tl'assuranc1•s en écartent cependant l'application, lorsc¡u·it s'agit d'im-
1nr11bles hahltés par plusieurs locataires, si le locataire a fait assurer une somme égale
ll quinze rois au 1noins le nrontant nnnucl de son loycr; clics répondent alors du dom-
rnagn jusqu'il concurrcnce d1! l111iill'- s01n111c. Si, uu contrnire, le locataire n'a fnit assurer
qu'une sornmc moindre, la Cornpagnic ne garantit le dommage que dans la proportion
existant entre la s01nmc assuréc et le rnontant <le quiuze années de loycrs.
606 LIVRE II. - TITRE II. - '
Ql'A'fRIE~IE P,\.RTIE. - CIIAPITI\E PRE~IIER

l'article IO!) el11 n1eme Codc, l'assurancc,·


maritime ne peut pas etrc prouvée
par tén1oins, lorsque la ,·ale1.1r de l'olijet assuré excede cent cinqua11tc francs.
Elle a été el'aillcurs étendue, ¡)ar la jurisprudcnce, aux assurances terrestres
(Civ., 2 n1ars 1go3, D. ll. 190!1. 1. 14·1, S. 1no3.1.216).

De la poli ce. --:- En pratique, le contrat est to11jours constaté par un


acte sous sci11gs privés, qui porte le no1n de police, et, d'aprcs une clausc
de style, la convenlion n'est for111ée q11e lorsq11e l'assuré a payé la prer11ic re-
pri111e a la Compagnie, et qu'en écl1angc ceile-ci ou son représenta11L lui a
fait sig11er el remis une police. Ces deux conditions deviennent done, par la
a
,·olonté eles parties, des élén1ents essentiels la conclusio11 de l'accord.
La police rer1ferme deux sortes de clauses :
1º Les clauses r11a1iuscrites. conte11ant les indications et stip11lations spé-
ciales a11 contrat q11'elle constnte;
2° Les clauses irnprimées, q11i renferri1ent les ri\gles cor11munes a
to11s les
conlrats dºassurnr1ce co11cl11s par la Con1pagnie et ayant pour objet le men1e
risq11e. Elles portent le 11on1 de co1iclilions gé1iérc1les.
Ce sont ces dcrnieres qui é11u111crent nolan1ment toutes les olJligatio11s de
l'ass11ré, soit au n1on1ent ele la forn1alior1, soit a11 0011rs du contrat,soit a l'ar-
rivée de l'évé11e111ent; les ca11ses de clécl1éance; les délais de la prcscription
des obligatio11s de cl1aq11e ¡)artie. L'ass11ré ne participe pas a leur rédaction;
il n'est pas appelé /1 les disc11ter et 11e se lro11ve prcsque ja1nais c11 situation
ele les faire 111odifier. Le plus so11vent, il 11'en a connaissance q11'a11 1non1ent
011, ayant payé la premicre pri111e, la police lui est présentée pour In signa-
ture. 11 y a done la pour lt1i 11n danger ir1déniable, car cerlaines de ces clau-
ses lt1i sont trt'•s clófavoralJlcs et lui i111¡1osc11t eles ol)ligations que souvenl
i1 lle soupyOll lle pas 1 •
()11 a c111elc¡11efois contesté le caractcrc obligatoirc de ces cla11ses ir11pri-
111ées, en so11le11a11l q11'ellcs nºélaient pas le résultat cl'11n accorcl des cle11x
volo11lt•s (,\la11zel, l'o11i111e1tlaire lltt Code de cor1111icrcc, t. :>., 11º G:i8, p. 16G.
\'oir a11ssi J)aris, 19 cl1'cc111l)re 18'1!), 1). Jl ;io,:1.110, S. 5o.:>..4:>.). ~Iais ccll.<'
' a e.,.
t lll'Se , par 1a e 011r St1J)ren1e:
·1 • rc,r1c1nn1nPc · u I,a s1gnat11re
· a¡1posec• par

1. Voir Guionin, les clauses tle décl11!a11r.e dans les po/ices d'assu,·ance contre /'incendie,
these Paris, 1905.
Le texte rle ces conditions gP.n11rales, aujourrl'hui uniforme chez les grandes Cornpa-
gnies, est discuté et rr-digr, avPc le plus granel soin par leur contenticux. Ell!'s y pour-
suivPnt un doublc but: i° Connailre trrs exnct!'rnent les particularités rlu risque assuré,
et d{,jouer les fraudes qut· pourraient com111ettre les nssurrs rnnlhonn~l.t•s, soit an m o-
mcnt rle la conclusion du contrat, pour rlisslmuh•r le risque, soit aprl•~ le sinistre ;
2° Irnpos<>r cprtaincs el a uses ,lPstiné!'s a assurer 111 pPrceplion des prin1es, In déclarnli on
rapide du sinistre, a fncilitPr les poursuites en ras de proc/)s, et i'l accélt1rer le r1\gle1ne nl
des inrlPmnltés. On a pu rlire avec r11ison que les polices sont rédigées co111111e si tous les
nssnrés tltnient des gens de n1auvaise foi.
C'cst snrtout en n111lirrc cl'nssurance contrr l'incenrlie que les clauses i111pri111ées sonl
dnng11rP11ses pour l'assnré. A la suite des ell'orts rle la lifJlle de.~ assurés conMtitnúe par
les cha,nhrPs et syntlicats de propritltaires, lt•s grandes Cornpagnics ont acct>pl1\ 1le 1no-
difi11r la ·r11dnction de leurs polires d'assurnn.,es r.ontl'1· l'inccndie, et ont rPnoncé il cer-
tainPs ~tip11l11tions par trup onérruses pour lrs assurés l V. Com,11e11taire des polices
d'assurance contre le risque d'ince11clie, par Alfred Oroz, avec une préface de M. 'l'haller,
· Paris, 1913).
• , ,
LES A.SSUll,\:'ICES E:-1 GE:'!EllA.L

les contracta11ts au lJas de la police i111plique de leur part la co11naissancc


et J'acceptatior1 de to11lcs les sli¡1ulations qui l'ont précédée, sans qu'il y ait
lieu de distir1g·uer entre celles qui ont été exprimées en caracteres in1primés
et celles qui se tro11vaie11t tracées a la 111ain • » (Civ., 1•' février 1853, D. P.
53.1.77, s. 55.1.892).

SEC'fl():.\" 11. -- 1,:FFETS Dl' C()'iTRAT.

§ 1. - Oltll,;atious de l'assureu1•.

a
La prir1cipale obligatio11 ele l'assureur cor1siste payer la son1n1e con,·enue
a
(assurances de personnes ), ou réparer le clon1n1age causé par le sinistre
(assurances de cl1oses), au cas ou se procluit l'événer11ent pré,·tr par le con-
lrat. Nous avo11s indiqt1é ci-dcssus co111111ent se détern1ine l'étcndue de cette
olJligalion clar1s les assurar1ces ele cl1oses.
Co11tentons-nous d'ajouter que l'assureur peut acq1ritter cette obligatior1
e11 faisar1t remettre e11 l'lat les cl1oscs partielle111ent clétériorées, et en rer11-
11la<;ant er1 nature celles qui out été détrt1ites.

Recours de l'assureur contre le tiers auteur du dommage. - Il


11eut arri,,er que le risque c¡tri a frappé l'ass11ré ait pour ca11sc la faute d'un
tiers. llar cxernple, l'inclividu qui s'est assuré coutre les accidents 011 sur la
,ie a été blessé ou tué 11ar la faute d'u11 transporteur ou d'une autre ¡1er-
sonne ; l'ince11die de l'in1111euble assuré a été provoqué par l'in1pr11dence
ou la 11égligence d'1111 locataire, d'un voisi11, el't1n tiers quelco11que.
L'ass11re11r a-l-il, cla11s ces clivcrs cas, 1111 recot1rs cor1trc l'a11teur res11on-
sable de l'accide11t 011 d11 si11islrc.
Deux l1ypotl1cses s011t a elistinguer:
1° La police contie11t une clause ele_, subrogation ele l'assureur elans les
clrcJils ele l'assuré conlre les tiers.
:iº ll 11'y pas de clause de s11l>rogatio11.

J)re,1iiere siltialio,i: (}l1111se ,te suúrogalio,i au JJrojil de l'l1ssureu1·. - Cette


clause esl ele slyle cla11s les 11cJliccs d'assl1rance co11lre l'ir1cenclie, et elle se
re11co11lre prcsq11e l<1ujo11rs cla11s les autres assurances de cl1oses. l~lle porte

1. 11 parait bien diíflcile d'interdire l'usage des clauscs impriméPs. Exiger que la po-
licc tout Pntiere soit n1anuscrite ne serait pas une garantie pour l'assuré. L'assureur
continuerait /J. rédigcr les conditions générales; il les écrirait au licu de les fairc im-
primPr. Elles scraient un peu moins lisibles et voila tout. Cependant, la ,',ociété d'études
lé!Jislatives avait propost\ un texte stipulant que les clauses contenant des nullit, 1s ou dé-
ch11ancr•s non prévues par la loi devraient élre n1a11uscrite.~. Mais cela reviendrait presque
ft exiger la police manuscrite, car, si 011 enle\'e des condilions générales les déchéances
,,t nullilés, il n'y reste pas grand'chose. ·
(In 111•11t espérer que le jour, trop long a venir, 011 une Joi aura enfin sérieusement
régleruenté le conlrnt, les polic,1s se siruplifleront beaucoup .. Les cnuses de d,1cl111ance
seront inscritcs dans la Ioi, et celle-ci devr1t int,~rdire toutcs lrs ,•,laus,·s trop défavora-
hles aux ns,urés. C'cst du reste ce qui s'est produil pour l'nssurance des chPís d'entre-
prise contre le risque des accidents du lrnvail. Il est a rcmarquer que, depuis la loi de
1898, ce genre d'nssurance souléve pcu de conlestations entre assureurs et assurés.

'
. '
608 LIVRE II. - TITRE II. - QU,\TRIE~IE PARTIE, - CHAPITRE PRE~IIER

que, ((parle seul fail <le la police et sa11s c¡t1'il soil besoin d'aucune at1tre ces-
sion ou tra11sport, la Con1pagnie est sul}rogée dar1s tous les droits, recours et
actions de l'assuré co11tre les Liers responsables du sinistre ot1 de l'accident->>.
/
Elle est beaucoup n1oins fréqt1ente dans les assurances ele personnes,
ou on ne la trouve guere qu'a propos des assurances conlre les accide11ls.
Dans l'assurance du risque professionnel enfin,la Con1pag11ie se fait st1broger
en tous les clroits et actions du cl1ef cl'e11lreprise contre les tiers responsa-
bles de l'accident d11 travail, aux tern1es de l'arlicle 7 de la loi clt1 g avril
1898.
Nous a,·011s cléja signalé que l'expressior1 de subrogatio,i e111pl0Jée par les
polices est inexacte. En effet, la subrogation st1ppose u,i tiers qui pa)'e le
créancier e11 l'acquit du débitet1r. Or, l'assureur n'est pas u11 tiers; c'est un
débiteur q11i acc¡uitte sa propre cletle en paJant l'indemnité. Q11elques tri-
bunaux, se fonclant sur cette co11sidération, 011t refusé lout efl'el it la cla11se
(1'rib. co1n Seine, g avril 1903, ll. l~. 1no4.2.133), mais cetle solution esl
cerlaine111ent inexacle. Une sim¡}le erreur de clénon1inalion ne sat1rait e11-
trainer la nullilé d'une convenlio11. 11 faul recl1ercl1er ce <1uc les parlics 011t
vot1l11; toute clause est licite, pot1rvu qu'elle ne viole ni l'orclre p11blic, 11i
les bor1nes 111murs. Or, la convention i11terve11ue entre l'assureur et l'asst1r{·
est une cession ele c1·éance éven luelle, laq11elle est certainen1ent licite (Ci v .•
3 février et 5 aout 1885, D. 1i. 86.1.173-17!1, S. 86.1.273, note s011s Civ.,
2 juillet 1878, D. ll. 78.1.345; {Jaris, 27 111ars 1903, S. 1903.2.261). Seulc-
111enl, elle s.era sot1mise aux rt'·gles rclalives a la cessio11 de créance, et, 110~
tan1n1ent, 11 la néccssi té d'u11e signification a faire au débiteur cédé, c11
l'espece, a l'auteur responsaJJle el11 sinislre, conformén1ent a l'arlicle 1690.
Seco11cle sil11atio1i : Il ,i·y et ¡>as cla11se 1lc s11brogalio1i. -- L'ass11re11r peul-
il da11s ce cas cxerccr 1111 rcco11rs contre le tiers a11Leur <l11 clo111111agc e11 se
fondant sur les arlicles 138:>. et 1 :383 el sur ce fai t que, par son clol ou sa
négligence, l'auteur du sinistrc lui a ca11sé u11 domrnagc, a savoir, la <lé-
pcnse résulta11t clu paien1cnl ele l'inden1nité versée a l'assuré? La questio11

est tres vive111e11t co11troversée. No11s penso11s qu'il n'y a pas ele reco11rs
possi!}le de la parl ele l'ass11re11r, l'évc11L11alité cl11 préj11clice éta11t 11éccs-
saire111e11L co11111rise clar1s les pr1\visio11s ele l'assureur el, cli~s lors, dans
le calcul de la prirr1c. (J11 11e pe11L clo11c co11sidérer c¡11e l'a11le11r d11 d11111111ag·<'
ait ca11sé \111 pr{·j11clicc ¡'¡ l'ass11re11r. C'est er1 ce se11s c1ue vie11t ele se pronc,11-
cer la Cour tic cassalion (Civ., G ja11vier 1111!1, G11z. / 1 ctl., 15 ja11,icr I!)Il1) '·

Oltll,r;atl,,11,.; de l ft!';8111•t•.
0

§ ~. -

I,cs ol)ligalions clc l'ass11rú ¡1c11vc11L :,;n cliviscr en cle11x cal{·gorics:


1° Oliligalic>11s ava11L l'arri,·t':c <111 risc¡uc; •

:i 0 (}l)ligalions au 1110111c11l cH'1 le ris1¡11c se ¡iroclnil.

1. Cons. · C11pit11nt, nu r1!cours soit de l'assureur, soit de l"assuré coritre le tiers qui, ¡111r
sa faute, a a111e11t! ld risque prévu au co11trat d'aisurance, llcvue ll'i111est, de dl'oit cil'il,
1906·, p. 31.
• •
LES ASSURANCES E'.'! GE'!Ell ..\L 609

1. - Obligations avant l'arrivée du risque.


· Ces obligations sonl at1 nomllre ele trois:
rº Le paie111ent de la prin1e;
2º La déclaralion, at1 n10111e11t du contrat, de toules les circo11slances q11i

a
i11ílue11t sur le risque que l'assureur prend sa cl1arge ;
3º La déclaralion, au cours du co11lrat, eles circonslances 11ou,elles q11i
011l pour efl'et d'aggraver le risque.

Premiare obligation : Le paiement de la prime. - .1\. J,,¡1or¡iie (/ii paie-


11ie1it.- L'assuré est obligé de payer la prin1e aux époqt1es co11venues. Dans
a
la pratique des assurances, la prime est lo.ujot1rs payée l'a,·ance, contrai-
rement aux regles du Droit commun. La raiso11 en est que I'assure11r a
besoin du capital constitué par la totalilé des 1Jri111es lJour payer les asst1r1"s
<¡ui seronl, au cot1rs de l'année, atleints par le risque.
U. Lieu de paiemenl de la prime. - '!'otiles les polices sti1Jule11l r¡11e les
primes d'ass11rances sont payables au sicge de la Co111pag11ie, ot1 a11 li11rea11
ele l'age11ce oi'1 la police a été souscrite. Elles ajoulenl, e11 out re, qt1e la seule
écl1éa11ce du lern1e conslitue l'assuré en llen1eure, sa11s c¡u'il soit llesoi11
el'aucun acle, el que l'assuré en demeure n'a droi L, e11 cas ele si11istre, a
aucu11e inde11111i té•.
llais, en pralique, l'assureur fait- perce,oir les pri111es par ses ag·enls a11
1lo111icile des assurés, afin d'évi ter des retards dans les verse111ents. La juris-
prude11ce a, e11 conséquence, cléciclé que cetle pratique, co11traire la clausc a
insérée cla11s les condilions gé11érales, constit11ait de la ¡Jart des 1Jarties 11nc
clérogation it cetle clause, el avait pour résullat d'e11 détruire l'ell'et, et ele re-
placer les conlraclanls sous l'e111pire du Droil co1n11111n. /,ci llelle sli¡11ilée
¡1orlable devie,il llo11c q1iérable, et la mise en de111eure de I'ass1Jré 11'a plus
lieu de plein droit, 111ais ne lleut résuller q11e d't111c so111111alion 011 autre acle
a
1\c¡uivale11L. Si done le risque vienl se p'roduire apres I'écl1<'.-a11ce, 111ais a,·ant
la 111ise en ele111eure, l'assuré, erui n'a 1Jas e11core payó sa 1)ri111c, 11'c11co11rt
¡las la décl1éa11ce é11onci'.~e par la ¡Jo!ice ((~re11ol)le, G fé,rier 18!1!), D. Ll.
- · 3',,, s • :.>0.-2.7
;)Q,;), · 3 ; I',er¡., 1a• Jllln
· · I 3·:>2, D. Jl •
• J'.!.1,1,> ''8 , s • 5 2.I.;);Jo;
h ·" e·IV.,
8jui111875, 1). ll, 75.1.!1:J(), s. ¡5.1.!1:J3; llccr., 25jan,ic1· 1888. D. P. 88.1.
!132, S. 88., .35:~ ; Civ., , !) oclollre 190!1, 1). 1>. 1!J05, 1.!J 1, S. , !)04. 1.t,85 ; Re<¡.,
:i8 f'óvricr 1!l 11, S. 1!) 1 1., .:{8!)),
)lour écarler cclle sol11Lirl11 1¡ui Icur élail llrt'-judicia!)lc. lPs (:0111pag·11iPs
r,11l cu reco11rs it 1111e 11011velle ri'.~rlaclio11 de leurs poi ices. Elles y 011L i11st'·rú
une 1lis1iosili1i11 eléclaranl 1¡11e l'ass11ré re11011ce expressé111e11L it i11vo,¡11cr le
fail e¡11e les 1>rin1es auraie11L étó ¡Jeri;11es it so11 do111icile, ce)111111e co11slil11ant
1111e tlt':rngalio11 i1 la cla11sc próciléc. (¿uel1¡11es d1\cisious isolées 011l l)ic11
cssay1\ ele 111ainle11ir, r11algré celle 111)uvelle for11111le, la j11ris¡lr11clc11ce a11t,\-

1. La nouvellc poli,:c d'assurance contre l"incendie tt uhandonn,\ relte clausc rigou-


rcuse, el décidc c¡uc, quel que soit le licu adopté pour le ¡:aii,rncnt, l'f'll'cl de l'assura11ce
pourra tltrc suspcndu quinzc jours a pres la mise en dcrneure de l',,ssuré.
1·01ne I 1 39
610 LIVRE 11. - TITRE 11. - '
QUA.TRIEME PARTIE, - CH.>\PITRE PRE~llER

rieure (Cl1a111!Jéry, 13 juin 1888 sot1s Cass., D. P. 9'..l.1.313, S. 91.1 .532).


n1a is. les tri!Ju11au x da11 s Iet1 r e11se111ble 011 t fi11 i par reco1111ai tre la ,·alicli té
ele la re11onciatio11 co11sc11Lie par l'assuré (Civ., 4 nove111lJre 1891, D. P. 92.
1.:l1.3, S. 91.1.532; Gre11o]Jle, 6 féYrier 191:i, S. 1g13.2.10).

La créance de la prime n'est pas privilégiée. - Le Code de co111-


a
n1erce accorde l'assure11r n1aritin1e, po11r le n1011tant des pri111es qui luí
s011l dues, un ¡)riYilege c111i porte sur le 11avire ou les marcl1andises assu-
rés (art. 101-10°),. Les privil<'.~ges éta11l ele droit étroit, il est )Jier1 certai11
que celle dis¡)ositio11 11e s'applic1ue pas aux assurances terrestres, C'est une
sol11tion c1ui r1'cst pl11s contestée. On pourrait o)Jjecter, il est vrai, c¡ue l'as-
s11rance est co11tractéc dans l'intéret des créanciers de l'assuré, car elle a
pour b11I de conserYcr leur gage, rr1ais cette raiso11 ne vaudrait rien. 11 11'y
a J)as de ¡Jrivilege sa11s texle; de plus, l'assureur 11e peut etre assi111ilé a un
co11serYalcur ele la cl1osc, car il 11'a fait áuc1111 déboursé l)our cetle co11ser-
,·atio11. C'est l'assuré seul q11i y a pourv11 e11 paya11l les 1Jri111es.
·-
De u xi eme obligati o n : Déclarer, au moment du contrat, toutes les
circonstances qui sont de natura a influer sur le risque. - 11 cst in-
dis1Je11sable, en cll'el, c111e l'ass11ret1r co1t11aisse exacte111e11t l'éte11clue du
ris<¡11e c¡11'il ass11re; or il 11e lt1i est 1natérielle111enl pas possible de se
prl1curer ¡Jar l11i-r11en1c les re11seig11e111e11ts 11écessaires, ele savoir, par cxen1-
J)le, si l'assr1ré a déja sul)i anlérieure111e11t t111 si11i5tre, si l'i111111euble est
CfJ11slrt1il avec des 111atériaux parlict1liere111ent i11fla111111a]Jles, ,)u s'il co11-
lie11l eles ¡Jroel11ils ela11g·eret1x. J)e 111e111e, e11111aliere d'assura11ces s11r la vie,
il 11e r>eul 1Jas co1111allre les circo11sta11ces a11térieures st1sce¡)libles de le
renseig11er sur l'élal ele sanlé de l'assuré. Celui-ci esl clo11c le1111 lle luí <i<)11-
11er tuules les ir1dicalions donl il a IJesoin.
L'arlicle 348 d11 Codc lle co111111erce, relalif a11x assura11ces 111ariti111es,
s,u1clio1111e e11 ces lern1es cclle obligalio11: « 'fo11lc rélice11ce, to11l.c fat1ssc
<léclaralio11 de la llarl lle l'ass11ré, l.0111.e <lill'érc11ce entre le co11trat <l'assu-
rrince et 1,, co1111aissc111c11l, c¡ui cli111i11ucraie11l l'o¡Ji11io11 tl11 ris<111c <Jtr P.11
cl1a11gcraie11l le s11jct, a111111lc11l l'assura11ce. - L'as:-;11ra11cc esl 1111lle, 111e111c
tla11s le cas 011 la r<'~Licc11cc, la fausso déclaralio11 011 la elill'érencc 11'a11raic11l
¡1as inflt1é sur le <lo111111agc ou la ¡Jerle de la cl1osc assurée. » l~t les aul.curs
sonl gé11éralc111c11l el'accortl ¡iu11r rcco1t11aitre e111'il fat1l, 1\ ca11sc ele l'itle11-
lil,'. <les sil11alio11s, élentlre ¡>ar a11al1>gic ccl arliclc a11x ass11ra11ccs lcrreslrcs
( lloue11 (111otifs). :.i I ja11vicr 1876, ]). 11• 77. :.i. 12Ü, S. 78.:1 .337 ).
1 1:11 111aliere tl'assuranccs 11111riti111cs. 011 ad111el c¡ue la 1111llité csl e11c<.>u-
ruc, 11011 sct1lc111e11l t!a11s le cas oú l'assuré a t'•lé tle 111auvaise foi, 111ai:-;
alors <¡t1'il 1\ été lle ))01111c foi. cr<.1ya11l <¡u'il s'agissail 11'1111 fail sans i111-
¡1urla11cc, el 111<\111c s'il a ig11c>ré l'cxislence de ce l'ail. (:elle sc>l11li<111 rigou-
rcusc se lrou,c, c11 cll'<'I. Cl>11lir111éc ¡>ar l'ex¡>usé llcs 1111.1til's 1!11 (:o<l<' di'
co111111erce. J,a Il-ltllitt'·, a-l-<JII <lil, <'SI alors la co11séc¡11<'11cc, 11011 1ias <lu
clol tlc l'as.-;urt'·, 111ais <le l'erre11r do11l l'ass11rc11r a él<'• ,icli111e. (111 s'<'sl dc-
1na11tlé s'il l'allail a¡>¡ili<111er la 111e111c r<'·glc a11x ass11ra11ccs lerrcslrei, (;'csl
,,
LES ASSUR,\:XCES E:'.'! GENERAL 6rr
i1n poinl discuté (Voir LalJl)é, note S. 80.2.225). La n1ajorilé eles arrets se
prononce ¡Jour l'affir111ative (Civ., 3o mars 1892, D. P. 92. 1.295, S. 93. 1.
13, pour l'ass11ra11ce contre !'incendie; Paris, 17 février 1881, S 83.2.25,
11ole de ~1. LalJIJé; Lyon, 24 juin 1904, S. 1905.2.70, pour l'assura11ce sur
la vie ; Co,itra Paris, 17 mai 1889, S. 91.2.215 ; Cf. Recr., 20 j uillet r 908,
D. P. 1909.1.56, S. 1909.1.127, pour l'assi1rance co11tre les accidents).
1)11 reste, la nullité n'est encoi1rue q11'a11la11l q11e le fait 0111is est de na:-
a
lure modifier l'opinion du risque, ce · qui est u11e affaire d'a¡Jpréciatio11
cor1fiée a11x Lribunaux (Lyo11, 2!1 j11in 1904, S. 1905.2.70; Req., 1t1 110,;e111l)rc
I()05, S. 1908.r.235; Ileq.,·G juin 1910, l). P, 1912.1.191, S. 1913.1.7).
En pratiq11e d'ailleurs, les polices énumcrent le plus sou, enl les diverses
0

circonstances qui doi,·ent faire l'objet d'une déclaration expresse de la


part ele l'ass11ré. Si do11c l'assuré ne se conforn1e pas a cette obligation,
s'il 0111et l'un ou l'a11tre des faits é11oncés, il enco11rt nécessairen1ent la
ll1\cl1éance prononcée par la clause, sans qi1'il y ait a rechercl1er si son oubli
a éLé ou non volon taire et si le fait o mis a p11 oi1 non influer sur l' opinion
clu risque. E11 efTet, il y a lieu alors a application 11ure et si111ple de l'ar-
ticle 1184 (Ci,,., 3o n1ars 1892, D. P. 92.1.295, S. 93.1.13).

Cas ou l'assureur a eu connaissance du fait omis. - Ordinairen1e11t,


c¡11and il s'agit d'ass11rance contre !'incendie, c'est l'agent de la Con1¡Jagnie
q11i rédige lui-111cn1e la police, aprcs avoir ,·isité les lie11x. L'o111ission es!
alc>rs in1p11ta]Jle a11 préposé de la Compagnie et non plus al'assuré. C'esl
pourquoi la jurisprudence décide qi1e, da11s cecas, l'assure11r ne ¡Jeut plus
se prévaloir du défa11t de déclaration (Req., 3 noven1lJre 1845, D. P.
!15. 1.423, S. t,5. r .801 ; 2/1 111ars 189G, D. 1). 97. 1.46 r, S. 96. 1./188).
a
Jlour écha¡Jper cette jurisprudence, les Corr1pagnies ont e11 recours a
1111c nou,,elle cla11se stipulant que l'assuré ne pourrait, en aucun cas, exciper
lle ce q11e la ¡Jolice serait l'muvre de l'agent de l'assureur, ni demander a
faire at1ci1ne ¡Jrcuve outre ciu contré: le conle11u al'acte. Et la Cour de
ca:-;sation a décidé q11e l'ass11ré se tro11vait lié par l'efTet de cette dispositio11
(Civ., 1Gja11vier 1895, D. ll. 95.1.87, S. 95.1.137; lleq., 13 j11illet 1896,
S. If)01.1.!181, 11ote ele M. Cl1avegrin; Civ., 3o novcml)re 1903, D. JJ. 190{1•
1,:J I {¡; S. 190/¡. 1 .327).

Troisieme obligation de l'assuré: Déclarer a l'assureur, dans le


cours du contrat, les circonstances nouvelles de nature a aggraver
le risque. - Lorsc¡11e les élén1er1ts cl11 risque sont varinllles, par exen1ple,
a11 cas cl'assur::ince co11tre l'i11cendie, 011 d'ass11ra11ce d11 cl1el' d'e11treprisc
cc>nlre le risq11e professio1111el, l'assureur doit ctre te11u a11 courar1t des fails
11011Yeo11x q11i ¡)e11ve11l rcnclre plus lourd le risque ele sinistrc. De l¡\ l'ollli-
g·atior1 1io11r l'ass11ré ele déclarcr ces faits. Les polices d'assurances ont soi11
<l'é11011cer les cliverscs circo11stanccs q11i cloivenl faire·1•olijet d'11ne déclara-
ti,;11. Cette o];ligatior1 cl<Jn11e lieu, cla11s la ¡1ratil¡11e, ii <le 11on1lire11x co11llits
entre ass11re11rs et ass11rés.
JI cc1nYic11t ele 110Ler cepe11cla11L q11'elle ne s'ap¡)lique pus a11x assurtl11ccs

612 LIVRE II. - TITRE II. - '


QUATRIE~IE P,\RTIE. - Cll ..\PITRE PRE~IIER


sur la vie. En eífet, la ql1estion cl'aggravation dl1 ri sq11e souleverait en cettc
matiere trop de difficultés. C'est pourquoi l'assureur calcule a l'avance les
chances d'aggravation qui peuvent se produire dans l'état de santé de l'as-
suré, et fix:e la prin1e en conséqueni::e. En outre, il a soin d'ex:clure de l'as-
surance certains événen1ents tels que les risques de guerre, ceux d'un VO)'age
d'ex:ploration, le fait par l'assuré d'cn1brasser certaines professions dange-
rcuses, etc.

II. - Obligations au moment de la réalisation du risque.

a
Lorsque le risque vie11t se prod11ire, eleux obligations incombe11t l'as- a
'
sure:
1° Faire tout ce qu'il peut pour en dín1inuer les conséquences domn1a-
geables;
2° Do11ner avis a l'assureur, dans u11 délai tres IJref, de to11t sinistre ele
nalure it entrainer sa respo11sabilité.

Premiare obligation: Faire tout ce qu'il peut pour diminuer les


conséquences dommageables du sinistre (Con1p. ~rt. 381, C. con1.). -
/ C'est l'oblígation dl1 sauvetage; elle n'existe, bien entendu, c1ue dans les
assurances de cl1oses. Cette obligalion ne doit pas etre trop rigoureuse111e11t
appliquée ; car, con1n1e le disait l'exposé des 111otifs du projet de la loi
suisse, (( l'expériencc 111011tre qu'en cas ele danger, beaucoup ele ge11s 11e sa-
vent plus c1ue faire ».
Si l'assuré 11e ren1plit ¡Jas l'obligation du sa11vetage, il peut etre conclan111é
a eles don1111ages-i11Lérets r¡ui se co111pcnsero11tjuse¡u'a due conc11rrc11ce avec
l'i11den111ité a laquellc il a clroil. ~lais il 11e saurait encourir e11 pri11ci¡1e la
décl1L·a11ce ('r· cepe11clant Cae11, 2!1 mars 1862, D. J. G., Ass111·. terrestres, S.
I 69 Íll ji lle).

Seconde obligation: Donner avis a l'assureur, dans un délai tres


bref. de tout sinistre de natura A engager la responsabilité de celui-
ci. - laa ra¡1icle cléclaralio111111 si11islre est 11ócessaire. 11 fal1l c¡ue l'ass11re11r
puisse faire le plus lc'1l possi!Jle, 011 v11e ele so11 reco11rs possi!Jle co11lrc les
liers, les recl1ercl1es Slir les causes clu siuistre, sur so11 i111¡1orta11ce, car ces
recl1crcl1es 11c so11t efficaces r¡ue si elles 011t lic11 ¡>res11ue i111111éeliale111e11l.
11 faut ausl'ii 1¡11'il 1i11isse ¡ire11elre les 1r1esures 1iro1>res .'t reslrei111lre le
don1111age.
Les ¡1oliccs <l'assura11ce co11trc lºi11cc111lie sti1iule11t r111c l'assuré cl11it (lo11-
11cr avis elu si11istre eles 11u'il c11 a e11 co1111uissa11ce. l)ans l'ussura111:e co11tre
les accicle11ts, soit ¡1erso1111els ,\ l'assuró, soit ¡>ar lui ca11sés aux ticrs, le 11<'.:lai
csl orcli11aire111e11L lle cleux ju11rs. F:11 cas tl'ass11ra11ce sur la vie, les ¡iolices
lléclare11t (Jlle le clécós <ltiit elre llülilié U la C<)lllllag·11ie tla11s 1111 ell'.•lai <le
Lrois 111ois h co111¡1lcr ele sa elalc.
'l'res f'rt'·c¡ue111111e11l, les ¡>oliccs sa11ctio1111c11t ¡>ar la 1lécl11:a,1ce lºir1oliser-
valio11 lle ce délai, ce r¡ui est u11c sa11ctio11 vrai111e11t i11j11stifiable. l,a seule
• •
LES ASSUl\ANCES E'.'! GE:'iERAL

co11séquence dt1 retard devrait ctre une condan1nation a des dommages-in-


tércts (V. 1\lger, 19 noven1!Jre 1907, D. P. 1908.2.24!1, S. 1908.2.309).

§ 3. - De la 11rcscrlpt(o11.

Non-application de l'article 432 du Code de commerce. - L'arti-


clc 432 du Code de con1mercd décide que toute action dérivant d'une police
d'assurance est prescrite par ci,iq a1is a con1ptcr de la date du contrat. ~lais
on est d'accord pour ne pas appliq11er cet article aux assurances terrestres,
parce qtre c'est un texte qui déroge au Droit commun.
Ce sont done les regles ordinaires de la prescription qui, tl1éoriquement,
s'appliquent a ces assurances; c'est-a-dire que l'action en paien1ent de l'in-
den1nité de,-rait se prescrire par trente ans (art. 2262, C. civ.) et l'action
e11 JJaien1enl des 1Jri111r,s par cinq ans (art. 2277, C. civ.).

Restriction du délai de prescription par les polices. - Mais ces


clélais ne co11viennent pas a11 conlrat d'assurance; ils sont beaucotrp trop
lo11gs. 11 ne faut pas que l'ass11reur demeurc exposé aux poursuites de I'as-
suré penclant trente a11s; il est nécessaire que le regle111ent dt1 sinistre se
fasse rapiden1ent. Il ne fa11t pas non plus que l'ass11ré en retard de ses pri-
111es en reste délJilct1r durant cinq ans. C'esl ¡Jourquoi, en pratir1ue, les
délais sont consiclérable111c11t di111inués par les 1Jolices. l\lais les Compagnies,
alJusar1t ici, co111111e dans bien d'a11tres cas, de le11r p11issancc, restreignent
a l'exces la durée de la prescri1Jtion de l'action de l'assuré. Ainsi les po-
lices cl'assurances contre les accidents ou contrc l'i11cendie stipulent que
l'action er1 ¡Jaie111ent de la prir11e 11c s'éteint q11'11n an et cle111i apres le
dernicr acle de 1Jo11rs11ite : quar1L ;\ la durée de l'actio11 en indemnité, elles
la li111itent a
six n1ois ou u11 an. La valiclité de celle clause ne saurait
clre n1ise en doute ; l'arlicle 2220 d11 Codc civil, que l'on a invoqué
a
q11elq11efois son e11contre, n'intcrclit pas en effet aux parties de diminuer
le ler11ps de la prescription, n1ais se11lcment ele l'a11g111cnter. Or l'a}Jrege-
1110111 cxccssif d11 clélai présentc le plus grand danger po11r l'ass11ré, car les
11égfJcialio11s c¡ui, en fait, s11ivenl le sinislrc 11'i11Lerron1pe11t pas le co11rs
lle la prcscri¡Jlio11, 011 la11t q11'cl\es 110 co11slitnc11t ¡Jas de la part de l'assu-
rcur 11nc reco1111aissa11ce ele sa dettc. l~a prescriplion s'accomplit done trop _
scH1vcnt ava11l cr11c tout soit rógló, et sa11s q11c l'assuré, co1nptant s11r une
solulio11 a111ialile 1 ail songé :\ l'i11lcrro111¡1rc llar 11nc aclion en j11stice 1 •
1
Point de départ du délai. - Les ¡Joliccs dóciclc11l en général q11e le
cl{·lai cor11111c11cc 11 courir ¡\ co111ptcr clt1 jo11r ele la réalisatio11 clu risq11c.
011 rcr1conlrc cclle cla11sc 111e111c cla11s les ass11ra11ces de rcsponsabilité,
¡1ar cxcn1ple, cla11s les ass11ranccs con lrc les accidcn Ls ca11s1\s a11x liers par

l'ass11ré, dans l'asst1rancc du risc¡11c localif 011 du rccours des voisins au cas ·

1. La nouvellc police Incendie conlient icl encore une amélioration sensible. Elle dé-
cidc que l'action de l'assuré se prescrit par un an, a co,npter, soit de l'événe1nent qui y
donnc nnissnncc, si cclui-ci n'a pas été déclaré, soit de In cloture de l'opération d'expertise.
LIVRE II. - TITRE II. - '
QUATRIE~IE PARTIE. - - ClIAPITRE PREMIE!\

d'incer1die. ~1ais elle présente en cette n1atierc un grave clangcr pour l'as-
suré, qui ne pcut pas actionner l'assureur a,·a11t cl'avoir été pot1rsuivi l11i-
men1e par le ticrs at1quel il a cat1sé un don1mage. Or, il peut arriver que ce
a
tiers 11'intentc son action qu'au bout d'un cerlain len1ps, t1n n1on1e11l 011
le délai de ¡Jrescription fixé par la police est expiré. L'assuré ,·a-L-il alors
-se trouver pri,,é de tout recours contre l'assureur ~ La quesLion s'est posée
bien sot1vent devant les tribu11aux, avant la loi du 9 avril 1898, au cas oi'1
le cl1ef d'entreprise assuraít sa responsabiliLé pour les accidents d11 travail
provenant de sa faute 011 de celle de ses préposés. Si rigoureuse, si illogil111e
que f11t la solution indiquée, la jurispruclence l'avait cependant consacrée
par de non1breux arrets, parce que, disait-elle, la convention fait la loi lles
parties et doit etre respectée du n1on1ent qu'elle n'est pas contraire l'orelre a
p11blic (Ci,,., 25 octobre 1893, D. P. 97.1.5, S. 94.1.361; ll.eq., 26 octol)re
1896, D. P. 97.r.5, note de ?il. Krel1ler, S. 98.r.330). La loi du 9 avril 1898
a
a mis un lern1e celle diffic11lté, en ce ·qui concerne l'assurance cor1tre les
accide11ts du travail, mais elle sul)siste pour les autres genres d'assura11ce
de respor1sal)ilité '.

SECTION 111. - ExTINCTIO:-. nu co:-.TR.\T n°.\SSURA.NCE.

Les causes d'extir1ction du co11trat sont, en outre du ter1ne fixé par les
parties:
1° La faillitc ou la liquidation judiciaire ele l'assureur ou de l'assuré;
2° La perle de la chose assurée ;
3° La mort de J'assuré;
4· L'aliénalio11 cle la cl1ose ass11rée.
Ces trois dernieres causes ne co11cernen t c1ue l'assura11ce des cl1oses.

1º Faillite ou liquidation judiciaire. -La faillite ou la lie1uidatio11 j 11cli-


ciaire n'emporle pas ele plein clroil la résiliatio11 eles conlrals successifs a11Lé-
rieure1ne11l co11clus Jlarledél)ileur (Civ., 15 ja11,·ier 1900, D. Jl. 19or.1.:.iJ,
11ole de :\l. Laco11r, S. r900.1.!133, 11ote ele l\'l. Lyon-Cac11). :\lais elle ahou-
lit a11 n1(;111e résullaL, e11 ce qu'clle e111pecl1c le llébiteur d'exéculer ses
obligalio11s. 1\ussi, l'arlicle 346 d11 C()dc de con1n1erce, rclatif a11x a:-s11-
ra11ces n1arili111es, cl()11ne-l-il 11 l'antrc partie, e11 cas lle faillilc (le so11
COC()ntracla11L, le ciroiL cle (le111a11cler soit 11110 ca11Lio11, soit la résilialio11 (111
contra l.
()11 esL d'accorll po11r ap¡1lic111er ce lle Jis¡iosi Lio11 at1x assurances LC'l'l'C'S-
tres, car il y a les 111(\111cs raiso11s (llaris, 31 111ai 1905, S. 1uo6.2.20!1). 1:·esl
au co11lracla11l i,i hu11is c111e l'arlicle :Jt16 c<n1ferci l'r>¡>lio11 cutre les dc11x
parLis á prer1drr!. !,e l'ailli 11e ¡>ourrail tlo11c pas s'o¡>¡1oscr ú la résilialit>rt c11
oll'ra11l 1111e cau Li<)Il.
1. lci e'ncore lit nouvellc police incendie donne s111isfaction aux nssur1\s. Elle slipnle
en clfr.t que qunnd l'action ele l'nssur11 contre l'assurcnr a pour cause le recours d'un
liers, le délni de la pres~riplion ne court que du jour oü ce tiers excrcc une action en
justice contre l'nssuré, ou a été indemnisé par ce dernlcr.
, ,
LES ASSURA~CES E~ GENERAL

2º Perte de la chose assurée. - La perle lolale lle la cl1o~c assuréc e111-


porlc natureller11e11L cessatio11 du co11Lrat, pl1isqu'il n'a plus ll'objet.
11 en est aulre111enl de la perle parlielle. l\Iais les polices donnc11t toujo 11 rs
¡, l'assurenr le droit de résiliation, aprcs tout sinistrc n1en1c parliel.

3° Déces de l'assuré. - Da11s l'assl1ra11cc de cl1oses, la sel1le dont il soit


ici question, le déccs de l'assuré esl-il une cause lle résilialion dl1 conlral ~
011 adn1ct ordinaircment l'affir111alive, parce (111e, dit-011, la ¡)erso1111a-
lité de l'assl1ré joue u11 role in1¡)orla11t et constitue u11 facte11r essentiel Lle
l'opinion du risql1e. L'ass11reur pre11ll en considération la diligence, la 111ora-
lité, la solval)ilité de la 1)erson11e avec laquelle il traite. )Iais cetle affirn1a-
tion est fort exagérée. En réalité, la perso11ne de l'assuré constitue u11 ¡',lé-
a
111ent d'appréciation tout fait accessoire ; ce sont les qualités de la cl1ose
assurée c¡ui forn1ent l'élén1e11t clécisif de la déter111i11ation ele l'assurel1r
(V. 11ole de l\1. llé111ard sous S.1908.1.337).
E11 pratique, les polices d'assurances contre l'incenclie écarte11t done cette
cause de résiliation, et décident que l'assurance con ti nuera de plein droil e11
faveur des l1éri ticrs c¡ui scront en rc,·ancl1e tenus solidaire111enl du paic-
ment des primes, ta11t que l'l1éritier dans le lot duquel tomberont les objels
a
assl1rés n'aura pas fait tra11sférer la police son 00111.

4º Aliénation de la chose assurée. - 11 cst gé11éralen1enl adn1is en


cloctrir1e et en jurisprudence que le contral prend fin, a déf'aul ele stipula-
tion contraire, par l'aliénalion de la cl1ose assurée, parce que, dit-on encore
ici, le contrat est formé i,iluitu perso,ia?. La Co111pagnie 11e peut clone pas
se ·voir i111poser u11 11ou,·el assuré conlre son gré.
Celle solulion a de grands i11co11vér1ienls pratiques. Elle entra,·e la circu-
lalion des bicns. En effet, l'assuré qui ve11d l'in1meuble assuré s'ex¡lose a
u11e de111a11ele de do111n1ages-i11térets de la part de l'assureur pour résiliation
(lu contra t. De plus, elle priYe l'acqu,óreur du bénéfice de l'assurance daler
'
a
du jour mcn1e du lransfert de l)l"Ollriéló, ce qui est fort dangereux ¡)our lui.
E11fi11, elle 11'esl pas 1noi11s do1r1111agcable a l'assureur qui a intéret au
111ai11lic11 ele so11 contral.
,\.ussi, l011lcs les ¡)oliccs r(g·lc111c11le11t-clles celle siluatio11. l,a clause la
a
(llus f'réc1ue11lc i1111)ose l'ass11ré l'obligalio11 de faire prendre ú l'acq11éreur
a
l'cngage111e11l (le co11li1111er l'ass11rance, et de notifiercel cngage111c11l l'assu-
rc11r clans 1111 clélai dt':lcrr11i11é ; fa11lc ele c¡11oi, le co11lral esl résilié de ¡llci11
clroil (l\ccJ., !1 11ovc111!Jre 1\)07, 1). l). 1908.1.287, S. 1908.1.337, note ele
i\[. llé111arcl).

Appendice: Oomp~tence en matiere de contrats d'assurance. -


Loi du 2 janvier 1902. - l,a loi d11 :i jar1vicr 1902, relative a la co111-
11élc11cc c11 malicrc ele co11trals cl'ass11rance, a été 11_10Livéc par une de ces
clanscs lé!J11i11es c¡ue les {:or1111agnics i1i"scre11l trop so11ve11t clans lc11rs
co11lral.s. <:cite clausc alt.ri!J11ail co1111Jélc11cc au l.ri!Jt111al de la Sei11c pour
lous leurs liliges avec lcurs assurés. J~llc avait llOt1r les Co111pagnies 11n


ÜI 6 LIVRE JI, - TITRE 11, - QUATRIE~lE PAilTIE. - · CUAPITRE PRE~IIE!l

double ava11tage: elle leur pern1eltait de suivre pl11s aisén1ent les i11slance,-;_
Surlout elle raréfiait les aclions inlentées par les assurés l1alJilanl dans
le ressort d'un autre tribunal ; car la difficulté d'aller plaider au loin_
devar1t un tribunal aussi surchargé que celui de la Sei11e, et les frai,-.
qu'ur1e telle instance entrainait, décourageaient ]Jien des assurés, et les co11-
a
traignaie11t subir les conditions de la Con1pagnie. C'est pour éli111iner ce lle
cla11se qu'a été rédigée la loi de 1902. La proposition prin1iti,,e co11lenail
a
cl'aillet1rs différe11tes autres dispositions desti11ées défendre les assuré,-;
conlre la puissance des Con1pag11ies, n1ais elles 011t élé 111all1eure11se111enl
abandon11ées par la commission de la Cl1an1JJre des dépt1tés, sous prétexle
d'alléger la proposition et d'en accélérer le ,-ote.
La loi nouvelle décide, dans so11 article ¡e•, que le défer1deur doit elre
assigné devant la juridiction du domicile de l'assuré, ele quelq1ie espccc
d' assura11ce qu'il s' agisse.
En conséquence. l'assuré qui YCt1l actionncr la Com1Jagnie c11 justice cst
a
aulorisé porter l'aclion devant le tribu11al de son clo111icile; et c'est cJeyanl
le n1cr11e tribunal qu'il doit etre pours11iYi par elle.
L'article ¡•r admel deux exceptions :
1° Qua11d il s'agit de l'assurance conlre un risque concernanl un ir11111eu-
)Jle ot1 n1eulJle par nature, c'est le trilJunal d11 lieu de la situatio11 q11i cst
con1pétc11t;
2° S'il s'agit d'ass11rances contre les acciclents, c'est celui d11 lieu de l'ac-
cidenl.
'foute co11ventio11, anlérieure á la naissance d11 litigc, contraire ¡'¡ la reg·lc
de co111péter1ce nouYelle, est nulle de plei11 droit (art. 2).
Les Co111pagnies d'assurances ont cl1crcl1é :\ paralyser cette prol1i!Jitio11
par u11 procéclé assez l1alJile, sino11 tres 111oral. E11 cas cl'ass11ra11ce cor1lrc
a
l'i11cendic. les parlies, la suite clu sir1istre, désig11enl cl1acune u11 ex¡Jert
po11r esti111er les do111111ages. Les Co111pagnics ont in1aginé d'exiger, cla11s
['acle ayc111l poiir objel celte désig11atio1i 1/'e;rperts, l'i11sertio11 cl'une cla11s<'
atlrib11a11l co111¡1éle11ce exclusive au lri!Jt111al civil d11 sit'\ge de la Co111pag11ic,
c'esl-1t-dire il cclt1i de I>aris, pot1r slatuer s11r Lo11s les liligcs it 11nilrc 11 raison
tlu sir1istrc. l,es Co111pag11ics cs¡Jéraic11t c¡uc ccltc clausc, ¡1oslérieurc 11 /(1
concl1lsio11 (llt co11lr<1l, écl1a¡)(Jerait lt la 1111llili'.·. l<'orl l1ct1rct1se111c11t, ce rai-
sor1nc1ne11L a t'.ll' rc1ioussé, car la cla11sc c11 c¡11estion 11'c11 csl ¡Jas 111oi11s
<111lé1·ic11rc 11 la 11aissr111ce (ltl lilifJC (l>at1, 1:i c.lécc111)Jre '!JO:Í, S. I(J<>G.:i,í;->:
Char11l1éry. :ií tléccn1lire 1005. S. r!¡oG.2.:172) .


C~IIAPlTitE 11

L'1\.SSUR,\.?-iCE DE ll.ESPO~S,\.BILITI~ 1

Définition. --- L'c1ss11ra11ce (le res¡Jo11sabililé a pour objel ele garantir


l'asst1ré contre les récla111ations péct1niaires eles tiers a
l'égarcl desq11els sa
a
responsalJilité est engagée raison el'1111 fait elo111111agealJle elétern1i11é (acci-
cle11t causé;¡ autrui, incendie, fatrle con1n1ise dans l"exercice des fonctions,
risqtre profession11el, ele.).

Droits de la victime du dommage sur l'indemnité d'assurance.


La plus intéressanle it coup sur eles questions soulevées par cette variété
d'assura11ce est celle de savoir si le liers, victi111e el'u11 don11nage occasion11é
par l'assuré, possecle st1r cette i11de111nité trn clroit de préfére11ce op1Josa]Jle
a
at1x: autres créanciers de 1·auleur rle ce do111r11age, supposer qt1e celui-ci se
Lro11ve e11 état de faillite ou d'insolvabilité? Ou, ce qui re,·iendrait au
111en1e, a-l-il t111c aclio11 (lirecle contre l'assureur?
Si 1'011 11e c911st1ltail e1ue l'équilé, 01111'hésilerait pas ;¡ répondre affir111a-
liver11e11l : il ¡Jarail lo11t nalurel cl'e1nployer ex:cl11sive111e11t celle inde111nilé
il dési11tére~ser la vicli111e cl11 délit 011 elu q11asi-délit. Il est injuste de faire
¡1rofiler ele ce lle inelen1nité les autres créanciers ele l'assuré. Ce n'est pa s
1"viden1111e11t elans leur intérel c1ne l'¡1ss11rance a été co11lractée.
El po11rla11t, c'est celte clerniere sol11tio11 que la j11risprude11ce a été e11
¡1rincipe co11trai11le cl'acl1neltre, en 1·atJse11ce cl'1111 lexle créanl t111 privilege
ex¡ir1'-s a11 11rolil de la vicli111e. Il 11e fa11t pasen ell"et se Iaisser égarer par
celte iel{·e <[tir I'ass11ré a11rait fait 1t1ie sli¡1ulalio1i po11r (llllrtti. Car ce serait
a11alysPr l'o¡Jérati<Jll cl'1111e fac;o11 erro11óe. 1;ass11ré rre sti¡111Ie ¡1as pou r at1tr11i,
111ais )Jie11 da11s so11 i11lér,\t ¡1ro¡Jre; il vc11l se gara11Lir co11lre les co11séf¡uences
¡i{•c1111iaires d'1111e 0011cla11111atio11 óvc11luellc ú eles clo111111ages-i11lérels. 1iour
alin1,i11ler l'ass11rance, il próleve le 111onlanl eles prir11es ann11elle s st1r le g·age
co1111111111 ele ses cr,\a11ciers. llar f'.011st'·e¡11er1l, la créa11cc née elu conlral cl'as-
s11ra11cc L,1111!Jc cla11s sci11 palri1r1cii11c, el for111c le gag·e ele ses crí·a11cicrs,)
co111¡iris la vicli1nc ele son elélit 011 c¡ua'si-délil, ve11a11t a11 111arc le fra11c c11
co11c11rr<'nce avec lous les aulres (Civ., :\ci octol>re l!)OCi, D. ri. rao8.r.:>.G5,
11olc <1<' ;\1. Du1iuicl1, S. '!)08., .!111 1, 11ote ele ;\l. l,yon-C acr1. ,,. ccpr11da11t
f,a!Jl>Í·, /(,·1•. crit., 188G, ¡1. !í71, GG:i, 11ole scius S. 8G.2.l1!)).

i. Cons. Gcorges Anee y, les assurances de responsabilité co11 cer11a11t les o/Jjets, les per-
s111111es et les f ails do,1t on e.~, respo11sable, Paris, 1905.
LIVRE 11. - TITRE 11, - '
(!UA.TRIEl\lE PARTIE. - CH.-\Pll'RE 11

Cepe1iclant, s'il n'y a pas encore ele Ioi générale attrilJuant pour tous les cas
cl'ass11rances de responsalJilité 11n privilege a la victin1e, di, ers textes spé-
0

ciaux d'origine récente ont créé ce privilege pour les applications les plus
fréquentes de cette assurance. Ces textes sor1t )es suiva11ls:
1º La loi du 18 février 1889, relative a l'attrilJution eles inden111ités dues
par suite d'assurances (art. 3, 2• al.);
2° La loi du g avril 1898, concer11ant les res1Jo11sabilités des accide11ts

elont les ouvriers sont victin1es dans lc11r travail (art. 16, elerr1ier alir1éa);
3° La loi du 23 n1ai 1913, créant un JJrivill·ge au profit de la victin1e d'1111
accielenl sur l'inden1nité d' assura11ce due al'a11teur ele l'accident, assuré pour
co11vrir sa res11onsabilité.
Nous é tudierons plus loin ces trois lois a propos eles privileges spéciaux
snr les meulJles, et nous 11'a vons c1u'a ren,·o)·er le lecteur a 110s explications
11ltérie11res a ce sujet.

,-
CI·lAPITílE III

Définition. Historique. - L'assura11ce sur la , ie esl t1n con Lrat })ar


lec1t1el l'assureur, en relot1r cl'1111e ¡1ri111e 011 cotisalion, lac111elle 1)et1l elre soit
a a
unic1ue, soil ann11elle, s'e11gagc ¡)ayer l'assuré, ou .'1 toute at1lre person11e
désignée ¡1,1r lui, t111e son11ne cl'argent (capital ou rente), lorsqt1e se réalisera
l'événe111er1t prévt1 au co11trat (n1ort ele l'assuré, 111ort d'1111 tiers, 6urvie de
l'assuré ou cl11 tiers désigné au bo11t cl'un clélai détern1iné).
Le contral d'asst1rance sur la vie est lout récenl. 11 11'est g·uere pratiqué
que depuis quara11le ans. t\ l'époque de la rédaction de nos Codes, 011 le
considérait co1111ne u11e spéculatior1 in1111orale qu'il fallait proscrire. Il n'a
a
con1111encé vrai111ent se répa11dre en l•rance qu'a partir de 18ío, n1ais il
est bie11 vi le er1tré dans les n1m11rs, quoiq11'il demeure er1core cl1ez nous
preS\JUe excl11siven1er1t 1)ratiq11é par la classe aisée.
E11 r11en1e le1n¡Js que ce co11trat se vulgarisail, les q11eslions qtie faisait
11ailre so11 en1¡Jloi surgissaier1t err grand r10111J;re clevant les lribt111aux. De
la, une jt1rispruder1ce forl abo11clanle q11i e11 a pe11 it peu déler1ni11é les efTels
juridic¡11es. ,

Diversas variétés d'assurances sur la vie. - L'ass11rance s11r la vie


se 1irele h lle no111lJre11ses co111bi11aiso11s. 011 J)C11l les classer e11 cleux
grOU})CS :
1
l,es assura11ces <in cas de cléc< \S;
Les ass11ra11ces e11 cas lle vie.
1
1º Assurances en cas de déces. -- L'ass11reur s'engage it })ayer la
so111111e >1liJJt1lóe 011 liie11 1111 d{·c<'.s soit <le l'ass11rt\, soit d'1111 liers, 11 c¡11elq11e
ó¡io1¡11e 1¡11'il se ¡>r(Jcl11ise (<tss1tra11ce 1•ie ettlic·re), 011 lJic11 aullil dóc<\s, s'il
s11rvie11l tla11s 1111 dt'•lai cl<'·lcr111i111, (rtss11rr111rc le111¡Jol'aire).
Lorsc¡ue l~t so111111e esl 1>ayalile :\ l'ass11ró au cléci·s d'1111 lirrs, 011 clil c¡t1'il
y a ass1trr1111·e s111· la [¡1fe 1I'u11 lie,·s.
. . ()11 a lí>11glc1111)s ll!is .cr1 clo11IP la vali-


t. Oe Courr.y, l'récis de l'assurance .sur la vie, 3• é<lit. ; Lefort, 1·raitt! théorique tf
pratique du co1itrat d'ass11ra11ce s11r la vic.
LIVRE 11, - TITRE II. - '
QUATRIEl\lE PARTIE. - CHA.PITRE III

dité lle ce genre d'assurance, car, disait-011, elle fait naitre cl1ez I'assuré
a
11n intéret la n1ort du Liers désigné. Aussi, pour éviter un calcul crin1i-
11el, u11 avis du Conseil d'Etat du 28 mai 1818 déclarait-il qu'il ne doit etre
permis de contracter une assurance sur la vie d'un tiers, qu'a11tant que
cel11i-ci )" a donné son consente1nent. Pendant tout le cours du xrx• siecle,
les orelo1111ances ou décrets d'autorisatio11 des sociétés d'assurances sur la
vie ont exigé cette co11dition. Elle s'in1posait d"ailleurs d'elle-111e111e, car il
faut toujours, e11 cas de conclusio11 d'une ass11rance de ce genre, que le tiers
a
se sou111elte un exan1e11 n1édical, exa111en d11quel dépenel la conclusion du
contra t.
a
Encore n'était-il pas toujours possihle de déférer la condition légale. Il
arrivait so11vent en effet que des assurances étaie11t contractées sur la tete
cl'un enfa11t ·venant de naitre ou encore en has age; le conlrat sti¡1ulait que
a a
le capital serait payalJle, soit la n1ajorité de l'enfant, soil so11 <léccs, s'il
a
venait 111ourir auparavant. Nal11relleri1ent, il ne po11vait elre queslion, e11
¡1areil cas, du conse11ten1e11l ele l'er1fant. Ce genre el'opéralion, on se l'ex-
a
¡1lique aisé111e11t, donnait lie11 de graves ahus. 011 a vu, da11s les clé¡Jarte-
111ents du Nord, certaines Con1pagnies faire des assura11ces en cas ele déccs
d'e11fants si111ple111e11t conc;us, si bien q11e l'avortement de la 111ere dcve11ail
11ne s011rc;e de profi L pour elle. 1:ass11ra11ce étai t ¡Jarfois contraclée 1Jar des
a a
gar<liens ele nourrisso11s l'ins11 des pare11Ls. 011 devi11e quelles cri111i11elles
JJe11sées ele LPls co11lrals po11,·aienl do11ncr naissa11cc. Ur1e c11q11etc faite e11
Belgique a mo11Lré q11c, dans ce ¡Jays, s11r 1!11 enfa11ls assurés e11 has ,'\ge,
1?. 1 étaient morls avanl d'avoir attei11t 11n an et q11'a11c11n 11·avail rl{)passé
qualre a11s. Bien plus. 1t,o s11r 1!11 étaie11t décédés elar1s l'ann<'·e n1e111c qui
avail s11ivi le co11tral. 1\11ssi, c11 l-'ra11ce, la loi clu 8 rlécen1lJrc 190!1 a-l-elle
sagen1enl i11lerclit ele lels co11lrals. Elle déclare conlrairc 11 l'or1/rc ¡11túlic
Lo11tc ass11ra1zce ctll cléces reposa,zl s1ir la tele 1l'enj(tl1ls 1le 111oi11s <le c/011::e a11s.

:iº Assurances en cas de vie. - Da11s ce ge11re d"opératio11s, l'assuret1r


11ro111et tle payer la so1r1n1c sti1J11l{:c, si l'assuré 011 1111 Liers esl c11core ,,iva11l
/111 lcrrr1c COllYCllll.

Combinaison des deux types précédents. Assurances mixtes. -·


],es ele11x: Ly1)es précé1le11Ls tl'ass11ra11ces senil frée1uen1111c11l co111l1i11és
(la11s 1111 1r11~111e conlral, <¡11i lH)rlc le 110111 tl'ctsstll'<lllCC ,niJ;/c. l\1r ex:c111plc,
l'assurcur s'engage 11 1)ayer la so111111c co11vc11uc, soil ii l'a:;suré l11i-1111~111e,
s'il est e11corc viva11t au lcr111c fix:é (lla11s vingl, da11s trcr1le a11s), soil ¡\ sa
fen1111e, <>ti 11 ses c11fa11ls, ou .\ Lellc aulre 1iers1Jr111e, a11:;sitt>l apres s<>n llé-
C<'s, s'il n1e11rl ava11l ce ler111c.

Assurance au profl.t d'un tiers. - l)a11s les 1ire111iers lc11111s 01'1 l'as-
s11ra11ce élail ¡>raliq11éc, lors<¡11'1111c ¡Jersonne c<inlraclail 1111e ass11ra11cc
.¡iour le 1r10111enl tic so11 <léccs, elle se c1111lc11lail <l<' sti1111l1•r 1¡11c lo ca¡1i-
tal serail pay{~ ¡'¡ sa succcssion. 11 en r{~sullail 1¡11c ce ca¡Jilal, fr11il des
cfl'orls tl'<'•¡iargne 1ln J'assuró, 1levc11ail so11venl le gage tic ses crt'.•a11ciers


LES ASSURA~CES SUR LA VIE 621

€t ne profitait pasa ses procl1es, fe111me, enfanls, parents. Or, ce 11'est 1Jas
la ce que veut l'asst1ré; il fait éviden11nent acle de prévoyance au proflt des
etres qui lui s011t cl1ers, en vue de leur procurer les ressources dont ils
seront privés llar son déccs. C'est pourquoi les polices acluelles stip11lent
toujo11rs c1ue le capital sera pa)·able lors dt1 déces de l'assuré, telle per- a
sonne déler111inée.
Cette clésignation ne lie pas cl11 reste eléfi11iliven1e11t l'ass11ré. Cel11i-ci
€ntencl se réser·ver la faculté ele la 111oclifier, car les circonsta11ces ullé-
riet1res (prédéccs du tiers l1é11éficiaire, naissa11ce d'un enfa11t, obligation ele
se procurer du crédit en disposa11t de la police) peuvent le contraindre ¡\
désigner un autre ayant elroit.

SEC1'ION II. - L,\ PRI)JE. L.\ RÉSERYE )JATIIÉ)IATIQT.:E.

I. - La prime.

L'assurar1ce s11r la vic repose, co111111e les aulres assurances, sur les cle1!x
bases ci-dessus i11diquées : la 11111l11alité, le calcul des probalJilités, calcul
a
q11i sera fait en notre n1atiere l'aide eles tables ele mortalité.
a
Supposons qu'une perso11ne propose 1111e Co111pagnie de contracler 1111e
assurance en cas ele déces. Celle-ci, pour étalJlir la prime, raisonnera com111e
si elle réu11issait des 1nai11tenant 1111 grand nombre d'assurés préser1ta11t le
111eme risr1ue que l'intéressé, c'est-h-dire ayant atteint le 111eme age, jouis-
sant d'11ne sar1té normale (ce que constatera, pour le contractant, la visite
r11éclicale ,\ laquellc il devra se sou111ettre), et co11cluant une police identique.
La Lal1le ele 111ortalité lui i11diquera c¡uelle est la pri111e an11uelle que devrait
verser cl1acu11 ele ces assurés, po11r constil11er le capital destiné faire face a
aux 1Jaie111c11ts q11'enlrai11cro11t les déccs survenus dans le cours de l'année;
et c'cst cetle son1111e e111'elle de111a11elera ,con1me ¡Jri111e á son contraclant.

La prime annuelle constante. - Co111n1e les risq11es ele 111ort clt1 grot1¡Je
ass11ré a11g·111er1le11L it 111es11re c¡11e vieillissent ceux e¡11i le co111¡Joscnt, la ¡Jri111e
elevrail suivre 1111e n1arcl1e ascendanle, cl'ar1nee e11 an11ée. :'\Iais ce ¡Jrocédé
¡>réscnlc 1111 vice raelical c111i pot1rrait elélourner ele l'ass11rar1ce ur1 gra11el
110111l1re ele perso1111es : c'est e1u'il exagere encore le caraclcre aléatoire ele
l'ass11ra11ce, h savoir le IJénéfice ele ce11x qui vier1ne11l h décéder da11s les r>re-
111icres a1111écs el la cl1arge ele ce11x des assurés q11i vive11t le pl11s lo11gten1¡Js.
11 était cllJllC i11elis¡ic11sa!Jle ele procécler autre1r1cr1t.
Ccci ¡1ost'·, 1le11x fac;.011s cl'o¡>érer se ¡irése11lc11l ¡'¡ l'es¡Jril: 011 IJien calculer
1111c ¡1ri111e 1111ii¡11e po11r loule la clurée cl11 conlrat, 111ais ce ¡Jre111ier llrocéeló
11"csl. ¡1as ¡Jratic¡ue, car il c>l>lige l'ass11ré ¡\ verser cl<'•s le eli'•IJ11l t111 cariilal in1-
¡itJrla11t, s11péric11r /1 sa capacit{'. el'éco110111ie; 011 l>ie11 _eliviser celte prin1e
1111i1¡11c c11 1111 ccrtai11 11c1n1l>rc ele ¡1ri111es 1111111telles co11slrt11les, 110111l>re égal
a la 1l11rt'·c lll"Ol>a)¡Jc 1!11 c,1nlrat. (~'cst cP sccc1111l ¡1rocéclé <¡ni esl e111ployé c11
¡1ralic¡11e. L'asst1re11r calcule la valcur aclt1cllc ele loutes les i11ele11111ités l¡11'il
022 LIVRE II. - TITRE 11. - QU,\TRIEME PARTIE. - CIIAPITRE 111

aura :'t ¡)ayer jt1sc¡11'a l'exti11ction de la 111ut11alité, et recl1ercl1e q11elle est la


prin1e consta11te que doit verser chaque assuré pour llalancer exacte111e11 t
cette son1me. Grace a cette fac;on d'opérer, 011 obtient un double résultat:
d'al1ord la prin1e annuelle est assez faiblc pour qu'elle puisse etre prélevée
par l'assuré sur ses re·venus; et, en second lieu, son chiffre de1neure inva-
riable llendant toute la clurée du co11trat 1 •

Indivisibilité de l'opération. Droit de résiliation annuelle. - Il


fa11t bie11 ren1arq11er q11e, en tJayant cette prin1e a11nuelle constante, l'assuré
ne passe pas cl1aque année un nouveau contrat avec l'assureur. 11 n'en serait
ainsi que si l'on faisait sui,·re a la prin1e une n1arcl1e ascendante corres-
pondant au risque de cl1aque année. Au contraire, la prime, étánt constante,
est calculée sur la durée lo tale de l'assurance, laquelle est considérée comn1e
11r1e opératio11 uniq11e devant clurer jusqu'au déces de l'assuré.
Cctte constatation est i111porla11tc; elle est contraire a une opinion cou-

i. Supposons qu'une personne f1géc de 30 ans veuille s'assurer une somme de 1.000 fr.
payable a son déces. La table de mortalité employée par les Compagnies franqaises
apprend a l'assureur que, si 171. 015 individus du méme áge signaient la méme police,
les choses se passeraient de la fa~on suivante :
La prémiere année, il y aurait 5.385 déces et, par conséquent, J'assureur aurait a
payer aux décédés 5.385.000 fr. La seconde année, le chiffre Jes déces s'éleverait it
5.487 et nécessiterait un second versement de 5.487.000 fr. Le nombre des assurés irail
ainsi en di1ninuant d'aunée en année ... Au bout de 73 ans, il n'en resterait plus que 9,
et sur ces 9, G n1ourraient dans le cours de ladite année, ce qui exigerait un versement
de 6,000 francs. La 74° année, 2 des assurés subsistanls mourraient a leur tour, d'ou
un versement de 2. 000 f1·ancs, et eníln Je dernie1· survivant décéderait au cours de la
75• année, rerevant la derniere indemnité, SfJit 1. OOll fr.
11 faut done que l'cnsemhle des primes versées par les 771.075 individns considérés
soit suftlsant pour faire face a tous les paiements annuels additionnés.
Si on employait le systcme de la pri1ne ascendante, voici que! en scrait successive-
ment le chilfre :
Pour la premiere année, il y aurait 5.385.000 francs a payer; la prime it demander a
eh aque r,ssur,!, sera1. t d onc d e 5 385.
_ 000
771 075
=6 fr. 9'~- p our Ia secon d e annec,
, 1· 1 y uura1•t .
5.487.000 francs il v~rser; 1nais le groupe ne comprendrait plus que 765.690 individus;
il faudralt done demander ii chacun d'eux " ~:~Í;~~O
7 = 7 fr. lü ... Pour la 73' année,
le nombre des assurés vivunts n'étant plus que de 9, la prime que chacun d'eux devrait
6 000
P ayer serail de ·
9
= 6G6 fr. 66. Pour la 74• ann~e, elle serait de
2 000
·
3
= 666 fr. 66,
et enfln, pour la 75• nnnéc, elle serait de f. 000 francs, c'esl-it-dire du .:hilfre exuct de
l'inde111ni ti\ u vcrser au dcrnier sur vi vant.
Ces chill"res prouvent d'uue far¡on évidonte qu'il esl i111possible de 1:alculcr les prirncs
de cette far,on usccndante, car personnc ne consentirait á courir l'aléa d'une pareille
charge. On voit, en cll"et, que le dcrnier assuré su1·vivant paierait, rien que dans les
trois dernieres années, plus dn double de la s01111ne qu'il doit rcccvoir.
Si, au lieu de suivre ce procédé, 011 voulait réparlir i111111é<liate111ent entre les 771.07:i
nssurés le total des indcmnités que l'nssureur nurait /t pnycr durnnt tout le cours de
J'opérntion, la prime uni<¡ue <JUC chucun d'eui devrnit acquitter sernit de 5;¡9 fr. 87.
Enfin, si on crnplole le proc('.d~ de lu prilne unnuelle constan le, il sufllra de dc1uand1ir
it chaquc assuré 38 fr. 90 par an.
Nous parlons ici de lu pri111e, pure ¡ car il vu de soi que l'assurcur chargera cetle pri111e
pure pour lenir co1nplc des frais 1¡11e luí co1ile cha1111t• coutrat, et aussi pour se réscrl'er
un búu,1llct'. - Cons, l'cxccllentc lhesc de 1\1. Julli,,t de la ~loraudiiJrc, De la rtlserv1:
mathtJ111a1fr¡ue des prinres, p. 75 et s., /t ln<¡uclle les chill'res précédcnts sont cn1pruntés.
'
'

LES ASSURA~CES SUR LA VIE

rante d'aprcs lac1uelle le co11trat d'assurance sur la vie se re11ot1vellerai l


d'annéc c11 a11néc par tacite rccond11ction. Il n'est pas exact de clirc que les
parties ne s'engagent que pour un an. L'assuré a en vue, des le jour ou il
contracto, le ca1Jilal c111'il stipule pou1· le tern1e fixé.
Cepe11clant, il y a lieu d'ajouter que les conditions usuelles des polices
a a
clor111e11t l'ass11ré, 111ais l'ass11ré scul, la fac11lté de résilicr le contrat
cl1aque a1111éc, en cessant de pa)'Cr la pri111c. Ce droit ele ré,;iliation l11i a
été co11cédé sous l'en1píre de considt'·ralio11s i111péricuscs. l,'assuré l1ésileraít
1\ traitcr, s'il était o!Jligé clós it préscnt cl'acc1uíttcr les pri111cs pe11clant lo11te
la durée clt1 co11lrat. Ses ressourccs peuvent di111inuer, ou l'intéret qt1'il
a
avait contracler clis¡Jaraitre. 11 faut done luí pern1ettrc de reprendre sa
liberté.

11. - La Réserve mathématique •.

Réserve globale et réserve individuelle. - 11 résulte de nos expli-


cations précédentes c1ue la pri111e an11uelle constante est, pencla11t les pre-
.'
1111eres '
annees, ' .
super1cure a' ce que ' 11 e d evra1. t c't re pour que l es rece ti es et
les dépe11ses a11nuclles co"i11cide11t, tandis r¡ue, per1dar1t les dernieres an11ées,
elle est i11férieure.
On don ne le no111 ele rése,·ve 111allié111atiqtie globale a la 111asse for111ée par
l'cxcédent ele rccetlcs fourni par les 1Jrirr1es sur les dépe11ses co1'rcspondan-
les. Pe11cla11t les prc111iercs a1111ées, cctlc réserve globale va croitre. Ens11íte,
il 1Jartir clu 1110111ent ot', le cl1ill"rc des i11den1nités devienclra supérieur á celui
eles pri111cs, elle con1me11cera a décroitre, et finira par disparailre le jour 01\
le <lcrnicr ass11ré du groupe sera décé<lé. l\. ce 1no111e11t, le solde <le la ré-
scrvc, ajouté a la der11ierc ¡Jri111c versée par cct ass11ré, sera égal á la dcr-
11ierc incle111nilé c111i est <lue a celui-ci.
()11 ap¡)elle réserue ittllii•illuelle la fractio11 de la réscrvc glol)ale que 1'011
o!Jtient e,1 divisant celle <lcr11iere par le 1101nbre des ass11rés survivants a la

lin de cl1aque a11néc. Da11s l'ass11ra11cc vic c11tierc, co111mc ce no111bre va
sa11s cesse e11 cli1r1i1111anl, la réserve i11divicluclle de cl1ac¡uc s11rvivant va
C<l11slan1111c11l c11 grossissanl, 1\ 111csure c1t1'il ava11ce e11 agc, ta11dis q11e la
ri'•scrvc glolJalc di111i1111c. La réserl'e i111liui1l1ielle se lrotive eti e.ffel co11sliluée
11 /11 fois ¡111r les e.ccé1le1ils ue!'sés ¡>al' l'assttl'é el ¡>al' u,ie fraclio,i lles excé-

1lc11l.~ vcrsés ¡1al' les ¡1ré1lllc,J1[,Js 2 •

l. V.Julliot de la Olo1·nn,llcre, thése Paris, 1900; Ilans, Théorie juridique de la réserve


n1athen1atique, Annales de droil con11nercial, l.906, p. 213.
2. La réserve ne suit pas la 111(\1110 n1arche dans toutes les variétés d'assurances. Sup-
posons, par extJ111plc, une assurance dillér1\e, par laquellc l'ru.sureur s'engngc li pnycr
une so111111,i, si l'nssuré est vivant uu hout de 20 ou :JO ans. üans ce cas, la réserve
globale est for1née ¡,ar la capitnlisalion á intéréts co111posés des prirnes versécs, car,
pcndnnt les vingt ou trente ans du contrat, la Compagn1e n'a aucun capital 11 débourser.
En conséquence, la ré.~eroe globale c,·oit c:011stan1111e11t. 11 en est de milrn,i a fortiori de
la rilserve individucllc.
Supposons, au coutraire, ('¡tssurance d'une son1111n payahle pour le cas oü l'assuré
n1011rra uvant le ter1ne Hx,•. l>ans celle ussur1111ce, lit 1·t\serv1, gloltale co1111ncnce par
croilre, arrive ¡\ un 111nxi111u111, puis décroit lcnle1nent it partir du 11101111!11L oi1 les
pri111es versées deviennL•nl inférieures aux dépenscs annuelles. Quant il la rése1·ve indi-

LIVRE 11. - TITIIE 11. - QUATRIEI\IE PARTIE. - CHAPITRE 111

Natura juridique de la réserve. - On a soute1111 que la réserve 111a-


thé111atique ap1Jartenait exclusive1nent a l'assuretrr, et que les assurés
n'avaient sur elle aucun droit. En effet, a-t-on dit, si l'assureur constitue
une réserve, « ce n'est pas parce qu'il y est obligé contractuellen1ent envers
ses assurés, rnais parce q11'il désire cor1duire son entreprise cl'u11e n1aniere
stable et fructueuse n. Il s'inspire, en ce faisant, de raisons con11nerciales,
économic1ues, et non de considérations juridiques. Le calcul des réserves
111atl1én1atiques n'est q11' u une 111esure intérieure de gestion de l'assuret1r n.
Et la preuve, dit-on, c'est que, si l'on considere une assurance isolée, 011 ne
peut faire i11ter,·enir la notio11 de réserve. Pour la voir appara1tre, il faut
en1brasser }'ensemble des opérations de la Compagnie, envisager la n1utua-
lité forn1ée par ses assurés. Or, l'idée de n1utualité doit res ter étrangere atrx
rapports des clet1x partiesen cause; ce n'est pas un des élé1ne11ts juridiqtres
du contrat.
Nous croyons ce SJSlen1e indéfer1dable. 11 n'est pas possible ele faire abs-
tractio11 de la notion de n1utualité, puisqu'elle forn1e la }Jase eles opérations
d'assurances. L'écarter, c'est dénat11rer cl1ac11n des contrats passés par l'as-
sure11r. Et il nous parait cléraisonnable ele régler les·efl'ets juridir1ues d'1111
contrat st1r l'apparer1ce et 110n sur la réalité des faits. Peu importe que l'as-
suré connaisse ou non le vérita}Jle mécanisme de l'assurance. Ce qui 11'est
pas elouteux, c'est que la réserve est constituée par les excécle11ts ele pri111es
versés par tous les assurés. Done, elle appartient au gro11pe eles assurés et
no11 pas a' l' 1,ssureur.
;\lais cÓn1111ent expliquer, doit-on alors se den1ander, c111e l'assuré ac-
c1uicre u11 droit, non seulen1e11t sur les excéde11ts 1Jar lui 1Jerson11elle111e11t
versés, n1ais st1r ceux q11i proviennent eles assurés prédécéelés) Car il ne
fa11t pas oulJlier f¡uc la réserve i11clivicl11elle se co1111Jose ele ces cleux élén1c11ls.
La répo11se a l'olJjection est la s11ivante. Q11iconc¡ue fait un contrat d'ass11-
rance aell1ere par ce fait a 1111e r11utualité constituée par tous les assurés d11
mc111e ordre e¡ue lui. c·csl cellc 1111tl11alilé qui esl propriélairc (/e la réseri·e
globalc. J>ar conséqt1e11t, cl1aque n1ul11aliste qui se retire du gro11pe en rési-
lia11t son contral, JJe11l cle111anelcr c¡11c ses clroits cla11s ccltc 11111tualité soic11t
lir¡11iclé~, et c¡11c sa ¡)art clu forrcls co111n1u11 l11i soit rc111))011rsée 1 •

viduelle, contraircmcnt ¡\ l'cxc1nplc pris au t,•xlc, clic ne croil pas consla111n1ent; clic
suit ici la 1nt1111c trajcctoire que la réservc glohale. Au déhut, clic augn1cntc, parre que
J,t réscrve glohalc a11g1nenlc et qnc le no111brc des assurés di111inuc. ~lais ensuitrJ elle
dé.croit, parce qui! In réser11e globale baisse el baisse plus vite que ne din1i11ue le nonibre
des assu,-t's. En clfcl, /J. la fln du conlrat, il rcslcra 1111 ccrtain no1nbrc d'assnrés sur,·i-
,•ants 1111i n'auront droit it rien (Cons. de la ~lorandicrc, thcsc précitée, p. 1,il et s.).
1. Pour bien cornprcndre l'in1porlancc de cctlc qucslion, il faut savoir r111r. plus de la
1noitié des contrals d'assuran,:Ps sur la vic ne se prolonge pas jusqu'au lcrn1c norrnal,
rnais cst résilié prén1at11rt'•111cnt ponr des can,cs tres <liverses. 11 résultc ,l'unc stalisti-
qnc dresséc en Suisse qne les conlr,tls ,l'assnranccs sur la vic passés par les C:ornpagnics
su isses, r1 u i 011 t pris li n tia nH la p,:rio.!c de 1891 ;'1 1900, rcprésentnicn t 3 111 iII iards
900 rnillions de francs de s0111111<•s as~nrées. Or, parmi ces conlrats, ccnx qni ont pris fin
11orrnalen1cnt rcprésentaicnt 1 rnilliard GOO 111illions, r.t ccux qui ont pris fin prérnatu-
ré1ncnt, ·par renonciation, r,,chat 011 réduction, 2 111illi11rds 300 1nillions.
LES ASSURANCES SUR LA VIE

A quelles conditions l'assuré qui cesse de payer la prime peut-il


invoquer son droit sur la réserve individuelle? Réduction et ra-
chat. - 'l'outes les Con1pagnies d'assurances reconnaissent a l'assuré qui
cesse de payer·la pri111e 11n droit s11r sa résérve individuelle •, n1ais elles re-
fusent de la lui re111l)ourser en tolalité, parce que, disent-elles, la résiliation
de l'assurance cause un préjudice a l'assure11r. Cel11i-ci, en effet, a fait des
frais pour conclure le contrat; nola111111e11t il a ¡layé 1111e co111n1ission a
l'age11l, co111missio11 q11i se tro11ve r[·partie s11r la el11rée lotale el11 co11trat.
De plus, en cessant de llayer ses prir11es. l'assuré din1i11ue le no111bre des
me1nbres de la m11lualilé; il aug111e11te les cl1ances d'inexactitude des cal-
culs, car, moins il y a d'assurés, plus les cl1a11ces d'écart grandissent.
L'assureur retie11t done une partie de la réserve á ti tre de clédo111n1age-
n1ent, et ap¡llic111e la dislincticl11 suivante:
Pl'en1iel' cas: Au mo,nent de la résiliatio11, l'ass111·é ,i'auait JJas intégrale-
111e11t paJ•é les p,.i,nes (les ll'ois pl'e111ie1'es a1111ées. - Dans celte l1ypotl1ese,
la Co111pagnie conscr,·e la lolali té des pri111cs verséet-, parce c¡u'elle cstin1e
c¡uc la réscrve csl absorbée par ses frais.
Seco11cl cas : L' assuré a payé i11légralcme11l les prin1es des lrois pl'emiel'es
a1111ées. - La Co111pagnic fait alors un préleve111cnt sur la réscrve pour se
couvrir du don1n1age que lui cause la résiliation, et l'assuré a droit a l'ex-
céelenl.
Resle lt savoir con1111ent cet cxcéde11t est payé a l'assuré. E11 princi¡le, il
ne l11i est pas rcn1is. D'apres les ter111es des polices, u11e nouvelle opé-
ralio11 el'assurancc se co11clut ele plein droit entre l'assureur et l'assuré,
dans les condilions prév11es par la police primitive, n1o)·ennar1t une prin1e
1111iq11e représer1tée par la réscrve inclividuelle de l'ass11ré. 11 y a elo11c ré-
ductio,i d11 contrat prin1itif. Cepe11clanl, celle solution ne s'i111pose pas.
L' ass11ré a le clroi l de la refuser. S'il use ele ce droi t, il peu t clen1ander le
reml)ourse111c11l ele sa réserve. ~Iais, elans ce cas, les polices 11e lúi recon-
11aissent ¡las le droit d'e11 exigcr la lolalité. C'est le co11seil cl'adn1inistratio11

ele la Co111pagnie qui fixe les bases d'apres lesc¡uelle on cléter111inera la
a
so111r11e re111l)o11rser. L'o¡léralion porte le non1 ele rac/1al ~.

Sl~C'l'l(JN 111. -- L'Asscn.\~CE sen L.\ YIE .\1· PHOFIT 1)'L~ TIEns.

No11s avo11s dójh clit r¡11e l'assurancc e11 cas ele déces t''.lail presq11c lo11jo11rs

1. Quand il s'agit d'assurances déccs vie cntiere, ou d'assurances dilférées (capital


payable :\ un terme flxé si l'assuré vit encor(•), ou enfln d'assurances n1ixtrs.
Au conlraire, les polices d'assurancc tcmporairc en cas de déces (si l'assuré rneurt
arant le tcrrnc flx1 1), ou en cns de survic, ne donnent a l'assuré aucun droit sur la ré-
serve, parce qu'ellc y est de fort pcu d'irnporlance.
2. Les Cornpngnies agisscnt ainsi pour découragcr les den1andes de rachat dont la
111ulliplicité, discnl-cllcs, risqucrait de lrouhlr.r leurs opt'•ralions. Ce sont les assurés les
plus robustes, les micux portants r111i cesscnl de payer les prirncs, tnndis que C(:ux de
cornplr>xion moins vigourcuse continuPnt le contrat. 11 se próduit done un phénomene
d'antist'•lcclion. ·IJe plus, l'afflux des demandes de ract1at en période de crise rncnaccrait
d'éhranlcr· la situnlion des Con1pagnics.
'l'orne 11 40
LIVRE II, - TITRE 11, '
QUA'flllE~IE P.I.RTIE. - CIIAPlTRE III

faite au profit el'u11 tiers )Jénéficiaire. L'assuré se préocct1pe 111oins <l 'e11ri-
a
cl1ir sa succession que <le procurer un capital, soit ccux que sa 111orl lais-
sera sans ressources, son conjoint, ses enfa11ts, ses pere et n1ere, etc., soit
a un créancier c1u'il n'a pas pu <lési11téresser <le son viva11t. Or, s'il se cr)n-
Lentait de stipuler au jour ele son déces, saos <lésig11er de )Jé11éficiaire, la
son1n1e assurée to111berait dans sa succession et deviendrait, au ca:o 01'1 il
111ourrait insalvable, le gage <le ses créanciers. Le )Jut ele prévoya11ce 1111'il
poursuit serait done 111a11qué.
Le conflit ele ces dcux intércts 01Jpos«'~s, cclui des créancicrs elu défu111,
celui du bénóficiairc, est une eles pri11cipalcs difficullés qu'a soulcvécs
l'assurance-vie au profit d'un tiers. Les prirtci¡)es du Droit civil sen1blaie11t
s'opposer au dé,·eloppen1ent de ce genre d'opéralion. La juris¡Jrude11cc s'cst
ell'orcóe néa11n1oins de donner satisfaclio11 au sentin1e11t de prévoyancc e¡t1i
l'inspire en général. Et nous avons eléjit 1r1011Lré c11 parlic, c11 éluelia11l la
stipulation pour autrui, com111enl elle y était parvenue 1 (V. ci-dcss11s.
p. 333 et s.;.
l. - Désignation du tiers bénéficiaire et analyse juridique
de son droit.

La fa<;on do11t est désigné le tiers IJé11éficiaire jo11e e11 notre 111atiere 1111
role i111portant. II i111porle ici ele dislinguer Lrois l1ypoll1escs:
1° L'assuré a stipulé que le capital serait paya!Jle it telles perso11nes cléler-
.,
m111ees, par exe111ple 'asa f e1nn1e, a' ses e11 f 'a ses pcre
a11ls, ' '
el 111ere, ele.
a a
2° Il a déclaré e¡ue le capital serait ¡JayalJle ses l1ériliers ou sa s11cces-

s1on.
a
3° J~11fi11 il a stipulé a11 ¡Jrofil <le ses enfa11ls 11és ou naitre.

Premiare hypothese: L'assuré a stipulé au profit de personn(s


déterminées. - ~ous avons déjit exa111ir1é cclte l1ypoll1ese 1Jrécéde1r1111e11l
(V. ci-dess11s, p. 33g el s.). 011 se sot1vic11l c¡ue la stip11lalior1 ¡iour a11lrui
conle1111e cla11s l'asst1ra11ce fail 11ailrc 1lircclc111e11l au l)rolil llu l1t'·11éficiaire
t1n 1/roil ¡iro¡1re sur le capital assur{\. <:'cst ce c¡ui a éLé 1lécillé ¡Jar six arr1~ls
de la Cl1an1lJrc ciYile lle la (~our ele cassali<>11 re11ll11s a11 co11rs ele l'a11n1\c
1888 (Civ., 1(.i janvier 1888, D. 1). 88.1.77, S. 88.1.1:i 1 ; Gfé,rier 1888, 8 fé-
vrier 1888, '..!'.! féYricr 1888, ?.7 111ars 1888, 1). l>. 88.1.1u3, S. 88.1.1:.11;
7 aot'1t 1888, D. J>. 8g.1.118, S. 8u.1 -~17). La s<>111111c ,crs«'·e par l'assura11cc
a
cst une Vl1lei1r créée q11i r1'a ja111ais a¡>parle11u l'ass11ré. De lit la Char11lJrc
civile co11clul q11c ccllc so111111e 11e fait 1>as parlie ele la succession lle l'as-
suré, el e¡11e les créar1cicrs ele celle-ci 11e pe11,e11l ¡>as s'1)¡11Joscr a11 1)aie111c11l
lle ce ca1>ilal entre les 111ai11s elt1 Liers clé110111111é. U11 11011vcl arrel ele la

1. Nou.s nous occuperons dans le troisie111e volun1e des c111eslions que soulevo l'as-
surancc un profit d'un ticrs dans le cas oü l'ussuré et le hénéficiai1·e sont n1ariés so11s
le régi1ne de la co1n1nunauté.
LES ASSURA~CES SCR LA VIE 627
Cl1a111JJre civile du 29j11i11 189G (D. 11 • 97.1.73, S. 9G.1.361) a égale111e11t
décillé que ce capital, ne constituant pas une valeur successorale, r1e cloit
pas entrer e11 co111pte pour calculer le 111ontant de la réserve des l1éritiers.
Enfin, Ull arret de la 1nerr1e Cl1a111IJre e11 el ate dtl !1 aout 1908 (D. p. 19º\J·
1. 185, nole de :\I. I)upuicl1, S. 1909. 1 .:J note de :\l. Lyo11-Caen) a elécielé que
l'l1éritier au profit duquel l'ass11rance a été co11clue n'est pas obligé de
rapporter le capital a la s11ccession cl11 ~li¡J11la11t, ¡Jarce c111e ce capital 11'a
jan1ais fait ¡Jartie du }Jalri1r1oi11e ele ce der11ier (.J1l11e: Ci,., 19 11ovc111-
bre 1907, D. P. 1908.1.12\l, 110Le de :\l. Dupuicl1, S. 1907. 1.481, note ele
i\1. Lyon-Caen; 2 aout 1909, D. 1>. 1910.1.328, S. 1910.1.5!¡0).
Le plus sou,·e11t, la elésignatio11 se re11conlre clans la 1Jolice, n1ais elle peut
résc1lter el'11n acte 1Jostérieur, et nota111n1e11t el'u11 avena11t, soit que l'acle
primitif 11e no111111at aucun IJénéficiairc, soit erue l'assuré ré, oq11e ou cl1a11ge
0

a
la pre111iere slipulation. 11 n'y a aucune disti11ction faire entre ces de11x
cas. Le )Jé11éflciaire elésig·né a11 cours d11 contrat acc¡11iert u11 clroit ¡Jropre
azljour 111erne oit la police a élé sig11ée, 1J11isque l'ass11reur s'eng·age ¡1ayer a
la s0111111e e11Lre ses 111ai11s. 1'onl se passe elo11c co111111e s'il avait été elésig·11é
clans la pc1licc. E11 eJl'cl, l'assl1ré se réscrYe i111plicite111c11l 111ais 11écessaire-
a
111e11l, le clroit el'i11diqucr 11llérie11re111ent la ¡)erso11ne c¡ui le capital sera
versé, et celle désig11ation procl11it le 111e111e efTet c1uc si elle avait été insérée
dans la ¡Jolice }Jriu1ilive. l~lle cJétruit l'eil'et ele la clause ¡Jortée a11 pre111ier
con tral (Ci ,, . , 16 ja r1 vier 1888, J). P. 88. 1•7-¡, S. 88. , . 12 r ; 19 11oveir1 }Jre 1907,
D. P. 1908.1.129, S. 1907.1.481).
La j11rispruelence a co11clu ele ce qui ¡Jrécecle c¡ue le droit du tiers bé11éfi-
ciaire 11e pe11t etre attaqué par les créa11ciers ele l'ass11ré, quand bier1 111e111e
l'ave11ant aurait été so11scrit ela11s les elix jo11rs qui 0111 ¡Jrécédé la date ele la
cessalio11 des paiemenls de l'ass11ré Lo111bé en faillitc 1 Gre11olJlc, ::i2 ja11,ier
1uor, D. P. 1901.2.337, S. 1903.2.17. })011r le cas ele clésignation dans 11ne
Jetlre 111issivc, V. l,eq., 17 j11illet 1906, D. P. 1¡¡07.1.121, note de :\l. Du-
JJ11icl1, S. 1909.1.28). ,
lfauelrail-il mai11ler1ir la 111e111e solu(io11 lla11s le cas 01'i le sti1111la11t elési-
gnerait, po11r la 1Jrc111ióre fois, u11 liónéficiairc, 11011 ¡JJ11s ela11s 1111 avc11a11t,
n1ais 1la11.s so,i tcslarne11t :, J,'affirn1alive nous parait el{·conler du raison11e111cr1t
¡Jrécécle11l ; la róvocalio11 lle la ¡Jrc111ióre rl{·sig11atio11 11roeluit tln cfl'et
rélroactif. l~l po11rta11t la Chan1lire civile n'a pas osé ap11Iiq11er ici la
Lliét>rie d11 clroil llirecl (Civ., :~!, ré,rier 1902, D. P. Tf)03. 1./133, note ele
~1. l)upuicl1, s. 1!)02. 1. 165 . - c:r. Jl()lC ele :\I. l)n p11icl1 SOllS 1). ¡>. I 908. 1. 1?.\t)-
l~llc a lléclaré r¡ue le llroit au ca¡1ilal assuré fail ¡1arlic lln palri111oi11e ele
l'assuró ju:-r¡t1'¡\ son llécós, el que le Licrs le rcc11eille elans sa s11ccession,
i\ Litre de l{-.g·atairc. l\lais cclte 111a11ióre ele voir csl contcslalile. 1'011te clat1se
ir1strée da11s u11 lcsla1ne11L 11'a ¡1as r1óccs:;airer11c11l trait lt la s11cccssio11 clu
leslal.cnr. l)'a11lre ¡iart, l'assur{• ¡innt jnsr1u'it sa 111<irt cxercer la fac11llé lle
révc>calio11 <111'il tic~nt rlu co11Lrat <l'ass11ra11cc; en l'exrr<:a11t, il a11éanlit le
le <lrnil elu ¡irc111icr lilulaire <lósigné. f,c fail r¡11e sa 111anifrstatio11 <le volo11té
csl écrite tlar1s sci11 Lesla111e11L 11c n1nclili<1 ¡>as lc caract1',re ele l'op{)ratior1,
LIVRE II. - TITRE 11. - '
QUATRIE~IE PAJlTIE. - CHAPITRE III

Deuxieme hypothese: L'assuré a stipulé que le capital serait paya-


ble asa succession ou ases ayants droit. - Lorsque l'assuré a déclaré
que le capital serait payable a sa succession, cas pratique111ent assez rare, il
n'est pas douteux que c'est luí qui devient créancier et que le capital fait
partie de l'actif héréditaire ; il devier1t done le gage de ses créanciers.
Faut-il en dire autant dans le cas 01't il a stipulé au pro fil ele ses liéritiers 011
aya,ils droil? C'est plus douteux. 11 y a tout licu de présurr1er en ce cas
que l'ass11ré a voulu conférer u11 droit propre et inclépendant de son l1éré-
dité u ceux c111i seront a¡Jpelés u la recucillir. 11 n'cn scrait autre111ent q11c
si l'intention de l'assuré de slipuler au profil de sa successio11 r,lle-111en1e
ressortait clairen1ent des circonstances de fait (V. París, 8 juillet 1904, D.
P. 1906.2.13).

Troisieme hypothese: L'assuré a stipulé au profit de ses enfants


nés et a naitre. - Lorsque l'assuré stipule au profit de ses enfa11ts, n11l
cloute q11'il entende leur attribuer 11n droit dircct contre l'ass11reur. S'il
prévoit qu'il peut lui naitre des e11fants postérieuren1ent, il ne 111anque pas
ele les ,iser égalen1e11t dans la police, car il ne ,cut 11as ava11Lager ccux qui
sont déja nés a leur détrin1ent. Nlall1eureuse1nen t, cette désignation se l1eurte
a l'article 906 de notrc Code civil, d'aprcs lcc1uel, pour etre capable de rece-
voir 1Jar donatio11 entre vifs, il faut etre né ou convu au mo1r1e11t de la
donatio11. La jurisprudence en a conclu qu'11ne personnc non e11corc née 11 e
peut pas devenir tit11laire cl'11n droit. E11 conséc1ue11cc, elle a1111ule la stipu-
lation po11r le tout, et cléclarc c1ue le ca1Jital doit to111bcr p11re111ent et si111-
plen1e11t dans la succession de l'assuré (I\ecJ., 7 mars 1893, D. lJ. 94.r.77,
S. 94.1.161; Civ., 2(1 février 1902, D. P. 1i103.1.t133, r1otc de 1\1. Dupuicl1,
S. 190'.l. 1. 165). Cetlc solutio11 est regrettal1lc, car ce capital clcvicr1t la 1Jroie
eles créa11ciers, lorsquc l'ass11ré 1ne11rt e11 état d'ir1solvalJiliLé. J<:llc cst, du
reslc, fort co11testablc. L'article goG vise cr1 cll'ct spécialc111cnt le cas d'11r1e
clo11atior1 dirccte. Or, clar1s r1otrc espccc, il 110 s'agit 1Jas cl'u11e clo11atio11
clirecte; e11 vcrtu de l'assurar1cc, ce 11'est ¡1as l'assuré, n1ais l'ass11rcur c¡11i
s'oblig·e ¡\ l'égard eles J1é11éficiaircs; la prcstatio11 clo11t IJé11é(iciera l'cnfa11l i1
11ailre 110 sorl pas du palri111oi11e lle l 'ass11ré. J.a c¡ucslio11 c¡11i se ¡>ose reste
clone 1111ic¡11e111e11t ccllc ele savoir s'il cst in111ossilJlc l¡11'u11c olJligatio11
pre11nc 11aissar1cc ava11L c¡11'cxiste cclui q11i e11 sera cri'·a11cicr. i\'(Jll cerles,
el 11011s e11 avo11s 1>l11sie11rs cxc1111Jles claus le Coclc l11i-111e1ne (arl.. 10/18 el
1082). 1111'esl clo11c 11as i11lerclit ele sti1111lcr 1111c ass11rar1cc a11 11rofit d'1111P
perso1111e fulure (\'. l)11¡1uicl1, 110Lc l).~I•. l!)(J:l.:>..:l7!), :iº cc1l., el :l8rJ. (:I'. ci-
clcss11s, 11. :l/17).

II. - Rapports juridiques de l'assuré et du tiers bénéficiaire.

l.es ra¡J¡>orls cl11 so11scri¡Jtcur ele la 11olice el cl11 Liers IJ1\11éliciairc ¡>cuvc11l
, . . .
se rcsu11_1cr c11 lroJs 11rci¡1os1l1<i11s:
1º Le souscriplc11r <le la 11<Jlicc esl lilJrc tle révol¡11cr la <lésig11atiu11 ¡1ri-
1nitivc111e11l faite par lui.
LES A.SSURA::\'CES SUR LA VIE

2° Lorsque le tiers bénéficiaire a accepté le bénéfice du clroit 11é son a


profit, ce droit devient définitif, irrévocable.
3° Le tiers IJénéficiaire est, sui,·ant les cas, un donataire ou un ayant
ca11se a titre onéreux de l'asst1ré.

1° Droit de révocation du souscripteur de la police.- Le droit, pour


le souscripteur de la police, ele révoquer la clésignalio11 faite JJar lt1i et de la
ren1placer par une autre est inl1érentit1-u contrat d'assurance sur la vie. En
eifet, con1me nous l'avons dit ci-dessus, des événements qu'il 11e saurait
fJré,•oir peu,•ent le contraindre a a
transporter de nouveaux i11téressés le
IJénéfice du contrat (prédéces du conjoint, el'un cnfant, divorce, acles d'in-
a
gratitude), ou IJicn tircr créclit ele la policc pour sortir d'unc situation
e111barrassée.
La faculté de révocatio11 se trou,·e du reste en accord avec la ll1éorie de la
stip11lalio11 pour a11lrui, par laquelle 011 explique le mécanisn1c de l'opéra-
tio11. car, d'apr1~s l'article 1121 du Code civil, celui qui a fait la stipulation
¡iet1l la révoquer jt1squ'a ce que le ticr:-; ait déclaré vouloir en profiter.
Ce elroit ele révocatio11 est un droit stricte111ent personnel a 1·assuré. Lui
seul est juge des considérations qui 1Jeuvent en j11stifier l'exercice. Ni ses
créanciers, ni ses l1éritiers ne peuvent done prétendre l'exercer.
La Cour de cassation a cepcnda11t ael111is JJar ele11x arrcts, déja anciens il
est vrai (Req., 22 juin 1859, D. P. 59.1.385, S. 61.1.151; 27 février 1884,
D. P. 84. 1. 389, S. 86. 1. 4 22), que la fac11l té de ré,•oca tion apparticr1 t en géné-
ra l, aux l1éritiers du stipulant pour autrui ; 111ais jan1ais elle n'a été appe-
lée á staluer á l'occasion de l'asst1rance sur la vie. 11 est done pern1is de pré-
su 111er (\í .note de ~I.Crépon sous S.88. 1. 123) que,elans la pensée de la Cour
lle cassation, le cléces de l'assuré rene! irré,·ocalJle le droit dt1 bénéficiaire
el' une assurance sur la vie (Bordeaux, 27 octo)Jre 1908, D. P. 1910.2.56).

2° Acceptation du tiers bénéficiaire. - L'acceptation du tiers béné-


ficiaire n'cst pas co11stitulive d11 clroit de créance qui existe au profit de
celt1i-ci conlre l'ass11reur. Ce droi Lest 11é au jour de la signat11re de la police;
l'acce1)talio11 ne fait c¡uc le co11solider. ,\11ssi, fa11t-il acl111eltre sans hésita-
Lio11 c¡11e le liers pc11L acce¡)ler, soil llt1 viva11t de l'ass11ré (par exc111ple, l'as-
st1ré ccJnlracle 1111c ass11rance a11 11rofit d't1n créancier qui accepte sur-le-
el1a m¡l ), soi L aprt'•s son cléces, (:e dcr11ier cas esl le 11lt1s fréqt1e11t.
L'accc¡italio11 rc11cl irrévocalilc le droil clu tiers; l'assnré ne peut plus
1lésor1r1ais le révoc¡ucr. Ccci csl co11forr11e 11 l'arliclc 1121 et la plus élé-a
111e11loi rc t'~c¡t1ilt'\, Le <lroit 1111 tiers scrait sans valeur, si, 111e111e apres son ac-
ce11Latio11, il élail s11!Jorclo11né at1 li<>Il plaisir de l'ass11ré.

:{ Qualité du tiers bénéflciaire a l'égard du eouscripteur de la


0

police. - I,e Licrs Lé11<\ficiairc pcut elre, suiva11l lcs.cas, un donataire ou


1111 aya11l-cause 11 litre or1ére11x. 11 est 1111 <lo11alaire, s'il acq11ierl le droit
sti1111l{\ lt scJll ¡1r1Jflt, sa11s faire a11c11ne cci11lre-¡11·estalio11 at1 profit ele l'assuré.
JI es L 1111 ayar1 L-ca11se a' t'I l re 011creux,
' s1,. au conlraire,
. l'assura11ce a etc ' ' sous-
630 LIVRE 11. - TITRE 11. - '
QUATRIE~IE PARTIE. - CHAPITRE III

crite pour le ren1bourser d'une créa11ce dont l'assuré était son débiteur
(1\mie11s, 4 aot1t 1898, D. P. 1902.2.24, S. 1901.2.11 ; Do11ai, 16 janvier
1897, D. P. 97.2,425, note de M. Dupuich, S. 1901.2.9). l\íais quel est, dans
le premier cas, l'objet de la do11ation ~ Ce 11'est certainen1ent pas la somme
versée par l'assureur a11 tiers, puisque cette somme ne sort pas du patrimoine
de l'assuré. La situation juridique qui 11nit ici le donateur et le donatairc
présente cette particularité, qu'a11cu11e valeur ne passe du patrimoine du
rlonateur dans celui du donataire. Néanmoins, il y a certainen1ent donation,
n1ais donation indirecte. En effet, le donateur agit a11imo donandi, en ,•uc
de procurer un bénéfice purement gratuit au bénéficiair e, et il s'appauvrit
en sa faveur des primes qu'il paye a l'assureu r. Ce so11t ces primes qzii re-
présentent l'appazivrissement d1i disposant, et, par conséquent, ce sont elles
qui déterminent l'in1portance de la donatio11. Si done le tiers bénéficiaire
est obligé, con1n1e p.éritier de l'assuré, de rapporter a sa succession la
libéralité résultant de l'as:::urance conclue ason profl t, la s01n1ne a rapporter
sera déterminée par le montant des primes payées ¡)ar l'assuré (V. Civ.,
4 aout 1908, D. P. 1909.1,185, note de M. Dupuicl1, S. 1909.1.5, note de
M. Lyon-Caen).
II pourrait arriver que le total des primes fut supérieur au capital assuré.
Da11s cecas, c'est ce ca1)ital q11i n1arquera la limite de la do11ation, car il
ne peut y avoir donatio11 que de ce que le dona taire a rec;u. Quand do11c
l'appa11vrissement du do11ateur dépasse l'enricl1issen1ent clu donataire, c'est
ce dernier élén1ent qui détermir1e le n1011tant de la libéralité (Civ., li aout
1908, D. P.-1909. 1. 185, S. 1909.1.5; 2 ao-C,t 1909, D. P. 1910. 1.328, S. 1910.
1.540; Req., 3o mai 1911, D. P. 1912.r,172, S.1911.1.560).

CIN(JUIEME PARTIE

PETITS CONTRATS t

\(JUS lrailo11s, sous celtc rulJriquc, e,npruntéc a la tern1inologie ordi-


11airc de la Doctrine et de la ¡Jratique, tou le u11c série ele conlrals us11els
(Sí>cit'·tt'·, Dé¡Ji',t, J>rel, Conlrats aléatoires), IJarfois d'une grande in1¡1orta11ce
¡)ralic1ue, mais a11x.quels le Cocle consacre un 11on1lJre relative111cnt récluil de
dispositio11s. D'o11 la dé11omi11ation de petits co11lrats, ¡Jar opposilion aux
co11lrats lcls q11e la ,-ente, le louag·e, le conlrat de travail, l'assura11ce, aux-
c¡11cls le Code,ou des lois paralleles ou postérieurcs, ou e11fin laju1:ispr11dc11ce
co11sacrent des clis¡1osilio11s ou des décisions non1breuses et drveloppées.
Cl1acu11 eles ¡1clils conlrats fera l'ol1jeL d'u11 cl1apitre disti11cl.

1. l.laudry-T,acantinerie et ,,·ahl, De la Suciété, du prét et du dépót ; Pont, Traité des


pelils co11trats; Guillouard, Du ¡,rét, du dépót, du sér¡uestre.

' /


CIIAPITRE PREl\ilIEI{

DE L:\ SOCif~rr~ I

Définition. - L'article 1832 définit la société de la fa<,on suiva11te : « La


société est un contrat par leqt1el det1x ou plusieurs personnes conviennent
de mettre quelque chose en commun, dans la ,,ue de partager le bénéfice
qui pourra en rést1lter. n
Celte définition, dont les tern1es sont en1pruntés en partie a Potl1ier
(Société, n° 1 ), appelle plt1sieurs olJservations.
Tou t el' a}Jorel,nous rcn1are¡uons e1ue la société esl 1111 contrctl. En efl'et, elle
suppose l'accord des ,,olonlés des personnes e1ui décident de se grouper en
a
vue du but atteindre. l\lais ordinairen1ent, clans les co11trals intéressés, cl1a-
que partie prend en vt1e son intéret propre dont elle poursuit la satisfaclio11.
II y a done une opposition cl'intérels e11tre les contraclants, cl1act1n cl1er-
a
chant obtenir de l'autre les conclitions les plus avantageuses pour lui.
Dans la société, at1 contraire, les conlractants sonl inspirés par t1nc memc
pensée: ils s'associent afin de réaliser t1n 1,énéfice qu'ils se partagere)]lt. J,e
contrat crée e11tre e11x 11ne co1111111t11a11lé (/'i11téréls r1t1e les Ro111air1s dési-
gnaie11t sous le 1101n ele co11Jrater11ité. On retrouve, cl11 reste, le 111e111e ca-
ractere clans tous les groupen1ents for111és 1Jar eles l10111mes r1ui unissen t
leurs efl'orts e11 vt1e el'atleir1elre t1r1 but co11111111n, c'est-a-elire dans to11t co11-
trat el'associatio11. ~Iais, ainsi <111c 11ot1s le verro11s, le Cocle civil a soin ele
distinguer la société cl11 conlral cl'a.~socialio11.
Ajot1tons r¡11e si, e11 llrinciJlC, la soci{:t{· csl 1111 conlral, er1 ce q11'Pllc su¡J-
posc l'asse11ti1r1c11l des eli,ers ass<Jciés au 1iacte social, il faul J¡ien rcco11-
11aitre r¡t1e c'csl t111 co11lral el'1111 gc11re lo11l s11i')cial, q11a11<l il s'agit ele gro11-
pemc11ls 110111l1rct1x tcls 1¡11c les sociétés ano11y111cs. ]~11 cfl'cl, les so11scri¡ile11rs
el'aclions n'o11t a11c1111c 11arl it la r{'.daclio11 eles statuts clc1 la société. llic11
so11,·e11t 111e111e, ils n'c11 ¡i1·e1111c11l 1ias co1111aissa11cc au 1r10111e11l ele leur sc)11s-
cription. Les staluts so11l J'Q)u,rc cxcl11sive eles fo11date11rs. ,\11ssi,la for111a-
tio11 ele sociétés ele ce gr11rc re11lre-t elle ela11s ce lle catégoric ¡)arlic11lit'·re ele
co11trats qt1c l'on elésignc sot1s le 110111 ele co11tra/s (l'l1(//1ésio11.

Insuffisance des regles du Coda civil. Leur archa·isme. -- 1,a


société esl 1111 contrat forl en11>lciyé; Je 110111l1rc eles socit\l<'is rst co11sicl<\-

i. Cons. llayr,111, Elude /1istorir¡11e et critique de la lé9islatio11 et de la juris¡1r11de11c11


concer11ant les societés civiles, Pnris, 1911.


, ,
DE LA. SOCIETE 633

ralJle. Il se1r1IJle clone que les rt\gles clt1 Corle civil relatives a
lct1r régle-
111entalio11 présente11t un tres l1aut intérct. Pourta11t, plusieurs raiso11s
,·ien11ent en diminuer la portée cl'ap1Jlication:
1° Sans do11te, les dispositions contenues clans le litre I\. d11 li,·re III

a
s'applic¡uent toutes les sociétés, comn1erciales 011 civiles (art. 1873), n1ais,
po11r les pre111ieres, elles n'ont presque plus jama is d'a1)plication, parce r1ue
ces sociétés ont été régten1enlées par le Code ele co111111erce et eles lois pos-
térieures.
2º Les sociétés civiles les plus i111portanles emprt1nlent les for1nes ele

constitution des sociétés con1merciales, et elles sont, par ce fail, 'depuis la


loi du 1'' aout 1893, soun1ises aux regles clu Droit cor11111ercial.
~éanmoins, il existe encore IJeauco11p de sociéLés civiles pro¡Jre111ent di tes.
a
Un grand nor11bre el'er1tre elles fonclionne11t litre d'a1i1iexe d'un g·roupe-
rnent ele caractere clilférenl. C'est ai11si c¡u'il se forn1e souve11t eles sociél<'·s
e11tre 1)crson11es ayanl i1 défendre des i11térels comn1uns, par exen1ple, e11tre
olJligataires d'u11e e11treprise financiere ot1 i11clt1slrielle, e11Lre alJ011nés d'une
sociélé concessionnaire d'un service p11IJlic, ele. Ileauco11p ele sociétés civiles
se sont de mcmc fondées au co11rs clu xrxº siecle, pour constiluer et g·érer
un palrin1oine destiné a
ali1nenter eles congrégations 110n reconnues ou
des oouvres d'enseignen1ent privé. 11 arrive a11ssi ciue eles l1éritiers, vo11lant
éviler le partage el écl1ap¡Jer en 111cr11e ler11ps aux i11convénienls de l'i11-
llivision, metle11l les )Jiens l1éréditaires en société. De plus, le n·on1bre des
sociélés civiles lie11t aussi a
ce que notre Coele de co111n1erce li111ite cl'11ne
fa<;on assez étroile le clo111aine des opéralions co111111erciales, et laisse no-
tan1111enl e11 clel1ors de ses ¡Jrévisions lot1tes les opéralio11s de spéculatio11
aya11L ¡Jo11r o)Jjel eles i111111eu!Jles. I•:nlin JJar111i les sociéLés civiles for111e a
co1111nerciale, loulcs celles clont la constilutio11 esl a11Lériet1re la l;_1i 1Jré- a
ciLée de 1893, resle11L so111nises aux regles clu Code civil.
Les sociéLés civiles sont done une 111atiere tres pralique. ?ifall1e11re11se-
111ent, les regles qui les concernent, perites dans le Litre IX. clu Code civil,
011l éLé enlJJrunlées par ses rédacte11rs ·~ 110s ancie11s jt1risconsultes q11i les
le11aie11l e11x-111c111es eles Lexles ro111ai11s. Elles so11L clone cl'orclre plus ll1éo-
ric¡11e c¡11e 11ralic¡11e, el co11vie1111e11L nial, 11011r la plu¡)art, au IJ011 fonclion-
11e111e11L ll'1111e sociéLé. ]~11 co11séq11e11ce, les JJerso1111es e¡11i fonl 11n acle ele
S<JciéLé 011L soi11 orcli11airer11e11L cl'y sup11léer llar les cla11ses ele leur conlral. '

"'l•'.C'l'l(.l."
,-, •
' .,1 l. - I'~Lt,;\IE'iTS
' '
C\IIAGTEI\IS'l'Jl)CES • •
l)E LA SOCIETE.

Soc11~TÉS ll!YEI\SES.

~ 1. - 'l'ralts esse11tlels «le la l'!loclété.

[,a cl/·fl11ilio11 lle l'arlicle 18:\2 se lru11Ye co111¡Jléléc ¡1ar l'arliclc suivanl:
,\rl. 18:l:l. « 'l'ti11Lc sociéLé clc)il ... i\trr conlraclóe po111; l'inlérct con1n11111 des
¡iarli1:s. · -- (~h:íc¡ue a~socié llt>Í L y a1J¡iorlcr 1J11 ele J'arg-enl, ou cl'at1lrcs IJicns,
011 son i ncluslrie. ))
634 LIVRE Il. - TITRE II. - '
CINQUIE~IE PARTIE. - CHAPITRE PRE~IIER

De ces dispositio11s, il résulte qlre les traits esse11tiels de notre co11trat


sont au nombre de ql1alre :
1 ° Cl1aque associé doit faire u11 apport ;

2° La société est faite en vue de réaliser des l)é11éfices ;


3° Les l)énéfices doivertt etre partagés entre les associés ;
!1° Chacun des associés doi t partici 1)er aux bénéfices, de n1cme qtr'il doi t
supporter les perles ;
11 nous faut étudier st1ccessiven1ent ces quatre élé1nents dor1t la réunio11
est nécessaire pot1r c1u'il y ait contrat de société.

1º Apports des associés. - Cl1aq11e associé doit faire u11 ap¡Jort. L'ap-
port peut consister,soit en une son1me d'argent, soit en une cl1ose, meuble ou
in1n1e11ble, corporelle 011 incorporelle, par exemple, une idée no11velle sus-
ceptible d'etre appliquée et exploitée, l1n brevet d'in,·e11tion, une n1arc1ue
de fal)rique, une clientele, etc. L'ap1)ort peut e11fin avo ir pour objet l' i,icliis-
trie ele l'associé, c'est-a-dire ses aptitudes com111erciales ou industrielles,
ses connaissances tecl1niques, son expérience des affaires, son cré<]i t, son
11on1.
En résun1é, toute cl1ose présentar1t une trtilité po11r les associés est sus-
ce¡)lil)le cl'etre 111ise en société. 11 11'y a c111't1ne condition req11ise: c'est que
cette cl1ose n'ait pas un caractere illicile. Nous re, ie11drons bienlc>t s11r ce
0

poi11t.

?. 0 But lucratif de la société. Comparaison de la société et de


l'association. - La société est constill1ée clans l'i11te11tion de réaliser des
})c'•n<'·fices ii l'aide des apports faits par les associés. C'esl lc't le carriclere es-
senliel de llt sociélé, cel1ii r¡1ti la 1lislinr¡ite ele l' ctssociatio,i. L'arlicle , ••· ele la
Ioi dt1 ,.,. juillet 1901, relativo a11 contrat d'associalion, cléfi11it en effet ce
contrat de la far;on s11ivante : << J;associatio11 est la convention par laq11elle
de11x 011 pl11sie11rs person11es mettent en co111mu11 d'une fai;on ¡1er1r1ancnl<'
leurs co1111alssances ot1 lcur activitó 1la11s u,1 úttl aulre r¡1te de ¡Jarlc1r¡er 1les
bénéjiccs .. » 011 le voit, les <lctrx lléli11ilio11s lle la société et ele l'association se
corresrJonele11t el se con1plele11l. 'l'oul gronperncnl volo11lail'e el per111a11c111
tl'i11<iiviclus co11slilt1e 11éccssaire111ent, soit u11e soci1)lÓ, soil 11ne associalio11,
el il i1111)o!'le <l'aille11rs g·l'alltlen1er1l de cl{·ter111i11er cla11s la<111ellc de ces cle11x
cat{·gorics il lloit c11l!'e!'. C'esl <¡11'e11 efl'el les tlis¡iositio11s législali,cs <[11 is'}
a¡J[>lic¡ucnl conslilucnl <les r1'gi111es alJsol11111e11L <lill'érer1ls. 1;associali1J11 a
Loujo11rs ét.ó ,ue avcc cl<'•f'avcur 1>ar l<' législalcur; la lilJcrlé cl'associalion
11 ' a ele
' ' C(lllS/lCl'CC
' <fil 'en l !)() 1. ,Jl!S<}lle- I'a, OII IIC l)()llVa 'L
I S' asS()CICI'
. f(ll ' avcc
l'aulorisalio11 tlu gc¡11ver11c111c11l (a!'l. 2!)1, (:. ¡>é11, alJ!'og{i [lar la loi <iu
1' .. juillel I(lC>1; \'oir nolrc to111e T•··, p. G/11 el s.). l,a sociéle, au c<Jlltl'aire,
11'a ja111ais suscité les 111c111cs clófianccs, les 111<'•111es 111esures reslriclives:
elle a Lot1jo11rs ét{~ ¡)er111ise. i\Iais 011 cn111¡>re11cl a11ssi <1110 le I{·gislatcur ail
cru n<'•ccssail'e tl'pn rircnnscl'il'c a,cc; soin In 1!111r1ai11P, afin <l'en11H'cl1el' <[11<'
eles ass11cialin11s 11c S<' <lissi11111lc11t scn1s le 110111 <le s<icii•t{'.s.
l,c crilt?l'Í11111 <le la tlisli11rlio11 a-L-il ÓI<' Ll't:s l':tlinn11cllc111<'11L d{·lel'111in{· :1
, ,
DE LA SOCIETE 635
On peut en clouter. 1<:11 exigeant que la société ait pour but de réaliser
des bé,z~fices, le Coele, il est pcrn1is de le dire, s'est n1011tré trop rigoureux.
Nous verrons en effet qu'il )' a des associations qui, tout en ne se proposant
a
lJas propremcnt parler ce but, sont ccpendant faites dans l'intércl pé cu-
niaire de leurs adlrérents. Il est pcu logic¡t1c de leur refuser le régime de
faveur accordé aux sociétés. 1'el cst nolan1n1c11l le cas des Sociétés coopé-
ralives de co11sommation et des Sociélés n11tl1zelles cl'ass1ira11ces. ,\ussi, le
législate11r a-t-il fini par assimilcr ces groupen1cnts aux sociétés. Noirs les
a,,ons pris con1me exc111ple, n1ais lJien d'autres organismes encorc, ne
remplissant pas a la lettre la condition requise par l'article 1832, se son!
cr.pendant constitués en sociétés at1 cours clu x1x 0 siccle. Jusqu'a la loi du
1°' juillet 1901, ils vi,,aient d'unc vie précaire, risq11ant to11jours Li'etre
dissous con1111c consti tuar1 t des assoc"iations.

Intérets pratiques actuels <le la distinction des sociétés et des asso-


ciations. - E11 proclamant la liberté d'association, la loi du 1,r juillet 1901
a
a cr1levé u11e grande partie de son intérct la qúestion de savoir si 1111 gro11- .
pcn1cnt constitue une société ou 1111c association. Cependant,'. cet intérct
subsiste cncore, et voici les principales difl'érenccs qui frappe11 t a premicre
vue dans le régime juridique eles unes et des a u tres.
,\. - Nous verrons plus loir1 que la j11ris¡Jrude11ce rcconnait a11x sociétés,
lar1t ci,,iles que con1n1crciales, la pcrsonnalité juridiquc et 11nc capacité
a
sans limite. Elle ad111ct r10Lan1mcnt q11'ellcs so11t a¡Jles rccevoir des lilJé-
ralités (Req., 2 ja11vier 1894 (n1otifs), D. P. 94. r.84. S. 94. 1. 129; 2n octo-
brc 189!1 (1110Lifs), D. 1). g6.r.r45, note de l\I. 'l'l1aller, S. 95.1.65, note ele
7\1. IJyon-Caen; TrilJ. civ. Scine, 3o n1ars 1881, D. P. 83.3.3,, S. 81 .~.2!19).
l)c 111emc, clics pct1Ycnt acc¡i1érir eles im111culJlcs. La loi 11e 1Jrcnd ai1ci1ne
111cs11rc pour limiter le patri111oine i111111olJilier des socirtés, parce c¡i1'elles
11e sont pas des pcrsonncs de mainmortc, et parce que, d'autre part, le bu t
lircralif qu'ellcs poursi1ivent ne présevte aucun danger p<Jtrr l'Etat.
IJcs associalions, at1 contrairc, n'acqúicrent la personnalité qu'a la condi-
Lion ele rc1111Jlir les forn1alités prcscrites par l'articlc 5 ele la loi de 1901.
Encorc lc11r capacité s11hil-cllc IJlusie11rs reslriclio11s. Elles ne 1Jc11yc11t
possí~dcr c¡11c les in1111ci1blcs stricte111ent néccssaires u l'accon1plissc111cnt
tl11 IJ11t q11'cllcs se propelscnt (arl. 6, dernicr al.); elles ne sonl pas capalJlcs
ele rcccvoir par dons ot1 par lcgs (arl. r 1, :i• al., a co11lrurio). ~lc111e c111and
clics sonl rcco111111cs d'11Lilité pu!Jlic¡ue, elles clc111c11rc11l so11n1ises ¡\ la rcs-
triclion lin1itati,·c de le11r patrin1oine in1111obilier; et, si u11c li!Jéralité le11r
csl aclrcsséc, elles 110 J>CUYc11l l'acccplcr qu'avec l'autoí·isation du go11vcrnc-
n1cnt: (art. 11, :iº al.).
13. -Noi1s n,·ons dil ci-dcssirs <111'il y a bca11coup ele sociétí~s civiles q11i
llrcnncnl la for111e ele sociélés ¡iar aclio,is, afi11 de pouvoir réu11ir les capi-
laux elont elles ont l>csoi11 ¡1011r atlci11drc lci1r IJ11t. Or, s'il est pcrr11is a11x
soci1'\LÍ•s ¡1roprc1ncnl diles tl'é111cltrc des aclions, cela cst, scmlJle-t-il, i11Lcr-
clit a11x associati,1ns. 011 rc11conlrc, il csl vrai, parfois c11 111·ali<¡uc des asso-
ciations sa11s !Jtll l11cralif rcvtila11l la for111c a11011yn1c (V. 'l'rib. Sci11c,
636 LIVRE II, - TITRE II. - '
CINQUlE~IE PARTIE. - CHAPITRE PRE~IIER

27 juillet 1906, S. 1908.2.55), mais la régularité de leur co11stitution l)Sl


tres contestable.
a
C. - La constitution des sociétés est soun1ise un droit d'enregistren1ent,
auquel ne donne pas lieu la formation d'une association (art. 68, § 3-4°, de
la loi du 22 frin1aire a11 VII).

Groupements intéressés exclus de la catégorie juridique des


sociétés. - Pour élargir les caelres un peu étroils que le Coele trace a la
a
société, il suffirait, remarc111ons-le a11ssittit, de do1111er l'cxprcssio11 de« bé-
a
néfice réaliser >J une sig11ificalion un peu plus large que cclle que lui atta-
chaient les premiers interpretes du Code civil. Or, cet élargissement parait
a
tout fait rationnel. Faire u,i bénéjice, ce n'est pas se11len1cnt gag,ier ele
l'arge,zl, rnais réaliser un gain, quelle qu'en soit la nature, qu'il consiste en
une son1n1e d'argent 011 en un profit d'11ne a11tre nature. ,\insi, faire une
économic en acl1ctant moins cl1er, c'est cerlai11cn1e11l réaliser un bé11éfice.
Com111e on l'a juslen1ent fait obserYer, l'arlicle 18!11 confir111e cette i11terpré-
tation, car il adn1et e¡ue la société peut aYoir pour o!Jjet I'1isage cl'111ze cliosc,
par exen1ple, la jo11issance e11 con111111n <l'11n i111111eul)le. Or, cette jouis-
sancc en con1111ur1 11e se traduit pas nécessairen1ent par u11 bénéfice l)écu-
niai re. De 111<!n1e, les sociétés 11niverselles de lo11s bie11s prése11ts, e¡ue le Code
civil a11lorise, s011t eles sociétés da11s lesquelles les parties 111elle11l e11 co111-
1n11n tous les l)iens 111e11l)les et imn1eu]Jles qu'ellcs posseele11t actuelle111e11l
et les proli~s qu'elles peuvent e11 Lirer (arl. 1837, 1"' al.J.~lais 1111e lelleco111-
a
n111na11 té ne ¡)e11 t avoir po11r !Ju t d' alJou ti r eles l)énéfices péc11niaires pro-
pre111e11t dits.
1·011lef6is, il s11l)siste lo11jours ele la co11ceplio11 étroile cl11 (:ode civil que,
en ele\1ors eles cleux cas ci-eless11s, 11n gro11pen1e11l qui 11e pours11il ¡Jas la
réalisatio11 cl'11r1 gain e¡uelconerne, 11e rentre ¡)as clar1s la calégorie eles so-
ciétés. Or, c'est le cas po11r ele no111l1re11ses associatio11s qu'il y aurait cepen-
elant lo11t ava11lage h co111prendre ¡1ar111i les sociélés. En voici les exc1nples
• •
pr111c1pa11x :
1\. - Les sociétés ll'l1ss11rr111ccs 11111l1icllcs q11i onl po11r ol)jet ele réu11ir cl1a-
<¡ue a11nt'.·e 1111 capital ¡1011r ir1de11111iser ceux <les ass11r{·s c111i sero11t fra11pés par
1111 si11islre, 111alaclic, i11ce11elie, grele, ele., 11c so11t pas des sociétés, 11,ais eles
associalicH1s, parce <¡11'elles 11e ,isc11t pas .\ JJroc11rer 11n l)éoéfice aux assnrés,
111ais si1r11>le111e11t lt les ineler1111iscr ele la ¡>erle c¡11e le11r cause le si11islre.
¡\jo11lo11s 11(an111oins c¡11cja111ais ces ass11ranccs m11tuelles 11'011l ,'.té lraitées
co111 n1e les associa Lil111s ore\ i 11ai res. La j 11ri spr11clence, prélc>rien ne e11 cela,
les a lo11jo11rs assi111il1•cs ;\ eles sociétés (Civ., 13 111ai 18fí7, D. }l. fí7. 1. 201,
S. i'i8.1. 120). IJe rli'~crct <in 22 janvier 18(i8, c¡11i a r{·glé le11r sil11alirJ11, sc111blc
bien s'ctre placé a11 111c111e poir1l ele vue el, ¡1ar co11sér¡11e11l,en conlraelictio11
avec les cor1ce1>Lio11s strictes cl11 Coele civil.
ll. - ()11 ¡1e11l a11ssi ClHllcslcr la r¡11alil<\ ele sociélí:s a11x s,y111licr1ls ,l'ubli-
galaires Cl'l)ÓS en \'IIC ll(• <lt~f<•nelrc les i11IÍ·rcls <le ceux-ci ¡, l'1·gar1l de la
société clél>ilrice (V. J,acour, J>r,'cis ,te 1lroil co111111crciltl, rn1 :i, nº ü/1<>).
C. - ,l Jortiori, 011 elnit e11 <lire auta11t eles ccrclcs, gr1>11¡>cn1er1ts elesti11í·s
a \ll'oc11rer aux adhi'.-re11ls 1111 lic11 1\e ré1111io11 el eln elistraclic>n, eles Sllciétés
, ,
DE LA SOCIETE

de cl1asse el de co111·se (,-. note de i\I. \Val1l s011s Douai, 25 ja1rvier 1809,
S. 1900.2.25; }loiticrs, 20 ja11vier 1909, D. }). 1909.2.157, S. 1909.2.55;
l)Our les sociétésdecourses, I\.cq.,2janvicr 1894, D. P. 94.1.81, S. 94.1.129).
Ccpe11tlant, la Cour de cassalio11 (Req., 25 avril 1910, D. }l. 1911.1.473,
note ele i\I. Nast, S. 1913. r .!181. r,ote de 1\1. Gauelen1ct) a reconnu le carac-
a
lerc ele société 1111 groupen1c11t for111é c11trc alJ01111és (l'11nc société d'é-
clairage électrique, pour défc11drc les i11lérels socia11x, réaliscr les ri'·for111es
utiles el parlager les bé11éficcs ú l)l'OYenir eles ar11c11dcs et inelc11111ités ¡)ayécs
par le conccssionnaire de l'éclairage.
D. -- Les sociélés cooJJéralives de co1isoni1natio1i 11c sont pas non plus de
véritalJles sociétés, car clics se proposent, 11011 ¡)as 1111 )Jénéfice, n1ais sin1-
a
l)le111ent de procurer certai11s ¡)roel11its leurs 111c111 lJres au 111eilleur con1pte
a
possible. 11 en est ai11si r11e111e q11a11el, au lie11 de vcndre leurs adl1érents
pour 1111 prix ég·al a11 prix el'acl1al majoré sin1plc111c11t des frais gé11éraux,
elles lc11r Yc11dc11l a11 J)rix d11 <létail, sauf ¡\ répartir entre cux en fin cl'exer-
cicc les !Jé11éficcs réalisés au prorala ele le11rs acl1ats. 11 ne s·agit pas lá de
,i'·rita!Jlcs IJénéfices, n1ais ele la rcstitutio11 eles somn1cs pcrc;ues en lrop
(Civ., !1 aoú.t 1909, D. P. 1910.r.153, 11ote ele l\l. Louis Duranel, S. 1910.r.
393, note ele l\I. ,val1l). 11 faut en elire autant des coopéralives de créllil qui
a a
cl1crcl1cnt procurer leurs 111e111!Jres, au n1eilleur con1p te, le crédit donl
ils 011t besoi11 c,r.Cass., cl1. ré1111., I I 111ars 191!1, Gaz. Pal., G n1ai 1914).
11 en est Loutefois a11lrc111c11L lorsq11c les sociétés coopératives prorr1elte11l
en 111e111c tc111ps u11 i11lérét au capital social, lcc111cl csl })rélevé sur les ré-
s11.ltats eles o¡)érations. Cet i11térel co11slit11c u11e rén1u11ération, u11 bé11éficc
par co11sé(Jl1e11t, el, des lors, il y a véritable société ('l'l1allcr, Trailé élé111e1i-
lrtire de clroil con1111ercial, !1° étlit., 11º 5 í09-800 1 ).

3° Partage des béné:fices entre les associés. -- 11 ne suffit ¡Jas, ¡)ou r


c1u'il y ait société, q11c l'associalio11 se })ropose de réaliser des bé11éfices; il
faut encare e¡ue ces bé11éfices profilent aux associés, soil e11 élanl distribués
c11trc eux, soilc11 a11g111c11lar1l la valcur tic leurs parls sociales. L'arlicle 1832
ir1clic¡11e celle co11<litio11, q11a11cl il clit << da11s la i•ue lle parlr1ger le bénéjice
c1ui ¡iourra c11 résullcr n. Et l'arlicle 1•r ele la loi clu 1"r juillet 1901 l'é11011ce
égale111e11l: << L'associatio11 csl la co11ve11tio11 })ar lac1ucllc <leux 011 plusieurs
perso1111cs 111elle11l e11 COllllllUII tl'u11c fac,011 per111a11e11le le11rs COllIIaissan-
ccs 011 le11r acti,ité d1111s 1i1i b11t (t11lre r¡11e 1le JJltrlar¡er lles bé11éflces. n 1\insi,
1111c ass<iciatior1 .\ liut ieléal t¡ui rc'.•alise eles lié11él1ces. 111ais les c111¡Jloie i11lé-
grale111e11l a11 )Jul (¡u'cllc se ¡Jro¡1ose, 11'csl pas 1111e :--ociété. '!'elle esl, par
cxc111¡ilc,la Sociótó 11alio11alc eles l3ea11x-1\rls c¡ui cJrga11ise cl1aque a1111ée ur1
salo11 ele pci11t11re el de scul11ture, perc,;oil 1111 elroil cl'enlrée, 111ais er11¡Jloie
lcJn les ses ressources á tl<~s achals 011 su!Jsi<les a11x ar listes. 'felle est e11core ·
1111e sociétc'i f'or111éc IH)lll' f,i11tlc)r eles étalilissc111e11ls cl'e11séigr1e111e11l supérie11r

1. ~l. 'l"haller, op. cit., nº 2:17, fait tri\s justcrnrnt rc1nar<p1Pr qu'il ne faut pas s'cxa-
gilrcr l'i1H•o111patihililé du r,1gi111e dPs sociélés avec les assurances rnuluPlles et les coo-
pératlves. En cfl'et, ces groupcrnents sunt reconnus par des lois spéciales qui leur don-
ncnt la qualillcation de so~iétés, el ils pcuvcnt prcndrc la forn1e anonyme.
638 LIVRE II. - TITRE II. - '
CI'.'IQUIE~IE l'ARTIE. - CII.\l'ITRE PRE~IIER

(Voir aussi ¡\ pro1)0s (l't111c société ele spirilcs, l\cq., 29 oclobre 1894, D. P.
9G. 1. 143, 11ote de )l. 'l'l1aller, S. 95., .65, nole ele )l. Lyo11-Cae11; alllle : •
Cass., cl1. réun., , r 111ars 191!1 précité).

4º Participation de chaque associé aux bénéfices et aux pertes. -


C'est la une condition que le Code é11011ce ¡\ deux re¡)rises. Elle est d'alJOl'll
indiquée dans la défi11itio11 de 1'arlicle 1832, ¡luis elle est développée da11s
l'arLicle 1855. 11 La conveution qui do1111erait á l'u11 eles associés la lotaliL{•
des bé11éfices est 11ulle. - 11 en est ele 111en1e ele la stipulatiou qui alfra11cl1i-
rait de touLe contribution a11x ¡)erLes, les so111n1es ou effets n1is da11s le
fonds de la société par un ou plusieurs des associés. n
Le Code exige do11c que cl1aque associé ¡lartage les bonnes cl1ances et les
n1auvaises. 11 ir1terdit de sLipL1ler que lous les lJér1éfices seront attribués 1\
certai11s associés a l'exclusion des a11Lres. 011 ap¡lelle sociélé léo1ii11e, le
cor1trat e¡ui co11tier1drail une lelle clause:
Le Code inlerdil égale111e11t la clause q11i dispenserail u11 des associés de
la co11lri!Jution aux eletles. 11 se 111011lre sur ce poi11t ¡Jlus séYere que le
Droit ro111ai11 (2, lr1sL. Just., lle ,5ocielale, JI!, :i3) el l}tte 11olre a11cie11 l)roil
qui avait suivi la lradilio11 ro111aine (llotl1ier, Société, 11º' 19, 20 et 75, écl.
B11g11et, t. '•· ¡J. 2!17, 266).
J.a sancLio11 ele ceLle double prol1ibition est la 1111llité, r1on seulen1ent de
la clause illicite, 111ais elu co11Lral ele sociéLé, car il s'agiL el'u11 de ses élé-
111ents esseBtiels c,r. cep. l)aris, 17 j11i11 1901, s. 1901.2.304).
l'outefois, il r1'est ¡Jas 11écessaire qu'il )' ait })ro¡lortion11alité e11tre les
ap¡1orLs el la répart.itio11 des IJénéfices el eles perles. 11 est égale111enL
perr11is d"allrilJuer it cha<111e associé eles parLs elill'ére11les da11s les !Jé11éfices
el ela11s les ¡1erles.
L'arLicle 183:{ préYoil le cas oú les parties 11'011t ¡Jas prévu la ré¡lartiLio11
tles bé11éfices et lles perles, el clécide e1u'elle se fera alors en 1)ro¡1ortion ele
la r11isc lle cl1acu11 e11 sociétó.
CeLle o!Jligation pour cl1aq11e associé de conlrilJ11er a11x perles 11cr111et
<le clisli11gucr la socii'~lé tic ccrLai11s co11lrals 1¡ui, lo11l en éLalJlissa11l uno
11arLiciJJaLio11 tics parLies a11x )Jé11éficcs rt•alisés, 11e C<J11sliL11e11l ¡Jas eles so-
ciélés. 'fe! <'Sl le co11/rat 1le lr<1l'11il ll1111s le1¡uel lltt e111¡Jlu,yé reroit e11 llt•h.ors
1le ses a¡J¡1oi11le111e11ls 1i11 la11lic111e sitr lelf.. bé11~/ices. l)e 111c111e, le co11lral
1l'éditio11, ¡1ar lec1t1el 1111 éclitc11r ¡¡1•0111cl á 1111 a11leu1· u11e parL da11s les lll'!J-
duits de la 1J11IJlicalio11, n'est ¡1as 1111e sociéLé (Voir a11ssi, 1Jo11r la tlisli11cLi1Jn
tlu JJl'cl el ele la sociélé, !\ce¡., 1ojuilleL 19<>5, l). I>. 19oli.1.1!J1).

<)11 11cul, e11 se plar;aul ¡\ tlill'érc11Ls JJoints ele v11e, classcr les sociéti':s c11
¡il11sie11rs gr1J1111cs:
1º (J11ar1l a11 IJ11l ¡ioursuivi: ,'io1:iL:lés cil•ilcs el sociétés co111111erci11les;
:.iº <Junut 1\ lcur c1J111¡1osilic111: Sucitltés de /Jcrso1111es el sociétés de t'IIJ1i-
la11x;
3• Qua11L ,\ lc11r étc11llne : SociL:lL:s 1t11it>erselle.~ el socit:lés ¡111rlic1tlicrcs.
• •
DE LA. SOCIETE 639
1º Sociétés civiles et sociétés commerciales. U11e société.esl co111-
n1crcialc r¡ii111ill elle a élé cl'éée poltl' faire des 011éralio11s co111111erciales
(arl. 1·"· C. co111.). 'L'oute société qui 11'a pas po11r but de faire le co111111erce
csl do11c civile.
y a
L'i11téret de la distinction est le 111en1e q11e celui C(!I'il a distinguer
les con1111eri;ar1ts des 11on-con1n1erc;a11Ls.
Les sociétés com111erciales s011l s11sceplil1les ll'etre liéclarées e11 faillite
ou e 11 liquiclation j11diciaire. Elles releve11t, 1Jour leurs cor1leslalio11s, lle la
con1pétence des trib1111aux ele co111n1ercc. 1\joutons q11'clles sonl sou111ises
a des regles spéciales é11oncécs dar1s le Code de co1nn1erce, a-rt. 18 et s11i,-.,
et dans la loi du 2!1 juillet 186¡. :\.insi, 11ola111111er1t, elles sont astreintes a
lles forn1alités ele pulJlicité au 1110111e11t de leur constitulion litre 4 de la
loi el11 24juillel 186¡). :'llais les sociétés ci,iles 1Jeuvent, 11ous l'avo11s clit.
bénéficier des elisposilions lle cette dernicrc loi.

2º Sociétés de personnes et sociétés de capitaux, ou sociétés par


intéréts et sociétés par actions. - Il y a <les sociétés forn1.Ses c11tre
Jeux ou quelques personnes q11i s'associent parce que, se connaissa11t, elles
onl réciproquement co11fiance les 1111es en les a11lres. On les ap1Jelle des so-
ciélés 11ar ir1térels, oii sociétés de 11erso1111es, car elles sor1t co11stiluécs i11t1iil1t
JJersonaruni. Elles peuvc11l elre,soit des sociétés civiles, soit des sociétés de
con1111crce (en 11011i colleclif ou e11 co11i111a1i'iile si111ple (arl. 20, 23, C. co111.).
11 y a d'autres sociétés elans lesqt1elles les fonclaleurs se préocc111Je11t, 11011
¡Jas ele la personne des associés, 111ais uniqt1e111ent ele la 111asse de capitaux
l¡11'il s'agit de réunir. Ce sont les sociélés par actio,is (sociétés l111ortyn1es,
snciélés e,i co11111ia1iclite par aclio11s, loi elt1 :i4 j11illel 186¡, litres I el 2J.
J)ans les sociétés de ¡Jcrso11nes, les parts sociales s011l i11lrans111issibles el
i11cessi)Jles. Sauf conve11lio11 co11lraire, la n1ort el'u11 associé dissoul la so-
ciélé (arl. 1865-3°). E11 011lre, cl1acu11 des associés r11ponll des delles socia-
les sur son ¡Jalri111oine propI"e (a l'exceptio11 des con1n1andita1res, dans la
sociélé en co111111a11clile si111ple).
:\.t1 conlraire, ela11s les sociétés ele capilaux, les actio11s sont 11égocia!Jlcs.
L'aclion11aire lrar1s111el scllI droit lt ses l1ériliers, il pe11l le cécler á u11 liers
c¡ni 1)re11d sa ¡)lace. 11 11'esl le1111 des elelles sociales que dans la n1cst1re de
son a1)porl. c:·csl ¡)011r<111oi 011 les ap¡1clle l)arfois sociéL<'·s 11 rcs11n1isuúilité
li111ilée.

Des Sociétés civiles a forme commerciale. - 011 rcuco11lre bPauco11p


lle suciút{~s c¡11i ¡Jrc1111c11t la for111e des sociéLés a11ony111es ou <les sociélés er1
cu1n1r¡¡111dilc ¡Jar aclicJ11s, l1ie11 c¡11'clles 11c fasSc11l ¡Jas cl'u¡Jéralio11s co111111er-
ciales. c:·esl e¡uc la furn1e l>rcli11aire el 11,Jr111ale ele la sociélt~ civilc ne sau-
rail co11,e11ir a11x sociétús 1111i so11l a¡1pclécs :\ avoir _1111e lo11guc <luréc el a
· · (1es cap1la11x
l'Cllllll" · · 1era)
COIISI( e ·,
, 1 1cs. es S()Cle t'es, lllClllC
• 1orsc111 ·e11 es !Je do1-
·
\Clll 1>as se livrcr ,\ llcs <>¡1éralio11s ce)111111c1"cialcs,so11l olJligées ele f'aire a¡JpPl
a
au ¡1ulJlic cl,11011r cela, d'é111ellrc eles aclions.,\.11ssi,c'esl celle for111e q11'0 11 t
\
640 LIVRE II. - 1'ITRE II. - '
CI'.\'QUIE,IE PARTIE. - CII,\PITRE PRE,IIER

et1 reco11rs to11tes les sociélés lle 111i11es co11stituées au cours rle xrxº siecle, el
les sociélés (/'opératio11s in1111obilieres. On 11'a ja111ais 111is c11 do11le que cet
em1}runt cl'une for111e, établie ccpenda11I ¡}ar le Cocle de comn1erce pour les
sociétés co111111erciales seule111r11t,11e ft"1l licite. :\Iais on s'esl de111a11dé e111elles
consér1ue11ces il e11lrainait. Les sociétés civiles a for111e comn1erciale de-
n1e11rent-elles excl11sive1nent régies l}ar le Codc civil, ou sont-elles sou111ises
aux 111cn1es regles f1•1e les sociétés con11nerciales (possibilité de 111ise e11
faillite, li111itation de la res¡}onsal)ilité des action11aires, etc.)?
La questio11 a élé ,·ivc111e11I cliscutéc a11 cours clu x1x siecle, et s11rto11t
0

apres la loi du 24 juillet 186¡. Laj11risprudence avait décidé que les sociétés
civiles en1pruntant la forn1e co111n1erciale demeuraient, aux deux p,Ji11ts de
vue indiqués, sous l'e1111)ire clu Droit civil.
Cette jurisprude11ce a,ait de grands inco11vénients. Une loi du 1'' ao11.t
1893 a do11c été ,·otéc ¡)our ar11<'·liorer le rógir11c de~ sociétés e11 r111estio11.
Celle loi a ajonl,' ú In ]ni cl11 :1.11 j11illel 186¡ 1111 arlicle 68 clisa11t: « Quel q11e
soit leur ol)jel, les sociétés e11 co111111a11clile 011 ano11yn1es qui sero11t co11s-
til11óes cla11s les for111cs du Cocle de co111n1ercc 011 de la prósente loi scront
con1111ercialcs et sou111 ises aux lois et 11sag·es elu co111n1erce. )J
l\Iais cette loi 11c s'arl¡}licrue 1111'aux sociétés l'onclóes 1)ostórie11ren1ent a
sa 1)11blicatio11. Or, l)ca11cou1J ele soci{·tós i1 for111e c0m111crcialc, nolan1111ent
la plupart eles sociétés 1r1i11ieres, re111011tent ú u11e clate antérieure. Le régi111e
jurielique applicalile ¡\ ces soci{·Lós ancicnnes res le clone co11for111e ¡\ la j 11-
risprudc11ce anciennc. llar co11séq11er1l, elles ne sor1t 1Jas s011rniscs a11 Coclc
de co111n1erce et, d'a11Lrc llart, leurs actionnaires de111e11re11t respo11sal)les
i,i i11ji1iilcinic11vcrslescréancicrssociaux(Civ., 1~j11i11190!1,D. P. I!.Jo5.r.~5.
note ele \l. llercero11, S. I!.J06., .385 note ele \l. '\'al1l).

Sociétés civiles qui divisent leur capital en actions sans prendre


la forme commerciale '. - JI y a c11corc des sociétós civiles qui crécnt des
actions parce c111'ellcs onl l}csoi11 de gros capita11x, n1ais sans se so11111ettrc
aux forn1cs ele la loi ele 18G7. Ces sociétós sont-elles valalilcs 011 cloiver1l-
ellcs elre a11nulóes co111111c co11Lraircs a11x cli,1iosilio11s ele celle loi :1 La
questio11 a óté co11lroversóe. 11 se111!Jle 11e11 ralio1111cl c¡11'1111e socióté p11isse
!)ónéficier des ava11tages rt'·s<'rvt'·s aux soci<'·Lt'·s co111111ercialcs, et {·cl1a1i1icr
cepe11cla11t aux rt'·gles ele l'ur111c a11xe¡11cllcs ces SCJCÍt'.tc'~s ont été so11111iscs
pour eles raiso11s el'i11Lór1\t gc'•n1'ral.
~óar1111oi11s, il fa11t reco1111aitrc q11'a11c1111c l1Ji 11'a interclit aux socit'·tós ci-
viles ele cli,ise1· lcur caJJiLal l'll aclions loul en 1le11H\t1ra11t socic'·lt'·s civiles.
E11 outrl', les lravaux 1irt'•¡Jaratoires el<' la lc1i ele 18!¡:1 et le lexle ele c<'lle loi
pro11ve11t e111e cclle-ci a c11tc11clu S<Jlllltcltr,: aux lois 1111 cor11111crcc, 11<i11 ¡ias
loutes les soci{:L1's civiles par aclions, n1ais se11Ie111c~11t lc•s scicit'·tt'·s e·n co111-
111a11elite ci11 a11011y111es (l•:11 ce• Sl'IIS, ,11J11t1J<'llicr, :>.,J 111ai 1!)1>:~. 1). ¡i_ l!)<l'J.:>..
:i/11, ll<Jle cie \l. l'crcc•ro11, S. l!)0!¡.:>.,8!.J, IHJLc cle ;\[. llo11¡Ji11, el IIPsa111,,011,
:>.¡ 111ars l!)03, (). ll. '!1º'1.:i.:,.1, 1, S. 1\)1J 11.:1,8\); <;iv., 7 ja11vin1· l\)<J8, (). ¡i_

t. \Vahl, /Jts sucitités civilf.s par actiu11s, Journal des sociélé,, 1~01, p. 243.

, ,
DE Lile SOCIETE 64r
1908.1.1::i6, S. 1gro.1.313, notedeM. \Val1l; Civ., 16noven1bre 1910,D.P.
, g 11. 1.321, note de ~f. Percerou. S. 1911. 1.3oo). En conséq11ence, les sociétés
civiles par actions, fondées depuis 1893, qui ne prennent pas la forme con1-
merciale, ne so11t pas soumises aux regles du Droit commercial.
0 11 comprend cependant combien ces sociétés, qui écl1appent ainsi aux
regles ele publicité et de constitution établies par la loi ele 186¡ dans l'intéret
des Liers, présentent de danger pour le pulJlic. Par exen1ple, les actio11naires
auxquels elles font appel vont se trouver te11us i,i i11fi11ilu1n, alors que sa11s
do11 te ils ne pensaie11 t etre engagés q11e j usqu'a concurrence du n1onta11 l
de leurs actions. La jurisprudence actuelle chercl1e done a restreindre le
plus qu'elle peut ce genre de sociétés. La Cour de cassation a décidé que,
si la société a divisé son capital en actions et a lin1ité la responsabilité des
· associés au n1ontant ele le11rs ¡Jarls, elle devient nécessairement co111n1erciale,
bien q11e so11 olJjet soi l civil, ¡Jarce qu'elle emprunte une forn1e exclusive-
n1e11t réserYée aux sociétés comn1erciales (Ci,,., ¡ janvier , 908, 16 noven1bre
1g10 précités). Il en résulte q11e ces sociétés s011t 1111lles, si, lors de leur
formation, les forn1alití~s prescrites par la loi de 1867, pour la constil11-
tior1 des sociétés par actio11s, n'ont 1Jas été o)Jservées.

3° Sociétés universelles et sociétés particulieres. - Cette distinction


énoncée par 1·article 1835, a beaucoup n1oins d'intéret que les précéden tes.
Les sociétés universelles ne sont plus conn11es a11jourd'l1ui. Elles étaie11t
tres fréquentes autrefois sous le non1 de sociélés laisibles. Elles ne se for-
111aient f¡u'entre parents, et supposaient une com111una11té de vie que les
n1murs actuelles ne pern1ettent plus. Un tel genre de société ne pourra it
g11ere se co111pre11dre acl11ellen1e11t q11'entre épo11x. Or, 1Jrécisér11e11t, la j11-
ris1Jr11der1ce interdit a11x ó1Joux de s'associer. ll 11e reste clone guere con1111e
a1J1Jlicatior1 ele la sociótó universelle que le rógime 111atrimonial de la co111-
11111r1a11tó de )Jie11s entre ópoux, laq11elle peut comprendre tous les bie11s
prósents et a ve11ir (art. 152Ü) mais est ,-.0111nise a des regles !)ie11 difl'ére11tes
ele celles des sociétós.
l,a sociótó u11ivcrscllc pr{!vue ¡>ar le Code civil t!a11s les articles 183G, 18i{7
11e pcut co111¡)rcr1tlre l¡ue les Jiicns ¡Jr{\ser1Ls eles associós, n1eulJles et in1-
111culiles, rt lt)US lcurs g·ains, J co111pris les reve11us de le11rs IJie11s fulurs.
~Iais el!(! IH! saurail s'a1>1Jlic¡uer a11~ IJie11s qui advie11draie11t aux associés
<lans la suite ¡1ar s11ccessio11, <lo11alio11 011 ll'gs.

SEC'l'J()X 11. - l\1~r;1,1E ,Jl'RIJl!Qt:E DES sor:11~TÉS.

~ 1. - Per1o101111allté j11rldlt11■ e ele la Sociétt•.

l,<1 lrail le ¡J!t1s caractórisl.itJllC cl11 rt'·gi111e j11ri<li<¡ue eles socit'·lt'·s, c'rsl lc11r
JJCl'St>1111ificatio11. Ce trail se re11conlre-l-il 1la11s to11les les sociótés :1 ,\ cet
t'·gard. il co11vie11L ele j¡>arlcr s11ccessive111c11l 1lcs sociétós co111111erciales el
<les soci/·tt'·s ci,·iles.

Sociétés commerciales. - Dc1í11is le Cocle ci,il, la Doctrine et la juris-


To1ne 11 41

6.42 LIVRF. II, - TITRE 11. '


CINQUIE~IE PARTIE. - Cllil.PITRE PREMIER

prudence ad111ettenl qt1e les sociétés ele con1111erce sont eles personnes juri-
diq11es, cºest-a-dire constituent des sujels de droit distincls des ctres l1u-
n1ains dont elles sont con1posées. C'est la société qui est pro1}riétaire eles
biens sociaux, c'est elle qui, par lºi11terrr1édiaire de ses géra11ls, co11tractc
a,·ec les tiers, devient créanciere, débitrice (Voir notre t. ¡e,-, p. 640 et s.,
notamment p. 655).
Deux articles de r1os Codcs 1}araisscr1t, en cJl"et, etre 1111c a¡1plicatio11 de
cette conccption. C'cst d'abord l'arlicle 529, ¡er alinéa, du Code civil, ai11si
co11<;u : << Sont meubles ..... les actions· ou inlércls dans les con1pagnies Lle
'
financc, de co1nu1crce ou Ll'i11dustrie, encore que des irr1meubles dépendant
de ces entreprises appartieuucnt aux cou1¡}aguies. Ces actio11s ou ir1téEets
a
sont rép11tés n1eubles l'égard ele chaque associé seulen1eut, tant que dure
la société. ,, Si le droit ele l'associé d'une société possédant des imn1eul}les
est mol1ilier, c'est parce que les imr11eublcs sont la ¡iropriété, 110n pas eles
associés, 111ais d'un etre juridique q11i csl la société.
C'est ensuile l'article Gg Gº du Codc ele ¡}rocédurc civile. Les sociétés de
co1111nerce sout assiguées, << tant qu'ellcs existent, en lcur 1naison sociale n.
Ce texte pro11ve égaJe111c11L c1uc la sociétó c,;t 11nc pcrso1111e j11rieliquc, car, si
elle r1c l'était pas, il fautlrait assigner spécialen1e11t cl1acun eles associós,
c11 vert11 d11 ,·ieil adagc q11i veut que nul en Fra11ce 11e JJ!aide pa,· procureur.

Sociétés civiles. -- Les de11x articles précéder1ts ne visent que les sociét<~s
ele co111n1ercc. La l)octri11c cu a longtc1nps conclu que les sociétés civiles
n'a,·aie11L pas été considérécs par le législate11r corr11ne des personnes j11ri<ii-
ques, et constituaient par conséquc11t de sim¡1les indivisions so111nises la a
réglcn1cnlation é<lictéc par les articles ,8!13 et suiva11ts el11 Code civil.
a
,\.ucuu des articlcs 1832 1873, disaie11t les at1lcurs, 11e laissc soup<;onncr
l'existe11cc cl'un ctrc distinct Lles associés; ces tcxtes ,,ise11L cxcl11sivcmcnt
des ra¡}porls inter socios. L'article 1832 11c dit-il ¡Jas, clu reste, e¡uc la so-
ciété cor1sistc clans la 11iise c,i coni1nu11. de quclq11e cl1ose ? l\iettre e11 c1)m-
m1111, cela 11c sig11ilie•t-il 11as 111ctlrc c11 in<livision?
Cctlc opi11ior1 a lo11glerr1ps étó partagée par la jurisprude11ce, mais la
Cl1a111!1rc des rec¡11cles de la Co111· de cassalio11 J'a abar1d<Jr1née dans dcux
arr<\ts clu 23 févricr 1891 (!). l'. !)I.1.337, S. !J:.1.1.7:{); et el11 :i r11ars 18n:.i
(1). I>. 93.1.1G9, S. 92. r .!1f)7, Vtlir sous cet arrct el le ¡Jrécécle11t les notes de
~l. ;\Icy11ial. Adde, l\ee¡., 2 ja11vicr 189/1, l>. ]>, !)4, 1 .8,, S. !1'1.1.129; :.i2 f'é-
vricr 1898, 1). ]>. u9.1.:>9:{). l,a Cha111lirc eles rcc¡u,\tcs a, d11 rcstc, aflirntó
plus q11c 1iro11vé. Elle s'cst bor11óe a dirc e¡11ºil est ele l'cssc11cc eles soci{\Lés
civiles, a11ssi l1ic11 e¡11c eles sociét.ós co111111crciales, ele crécr, a11 ¡1roli t. clP
l'in<livielualité collcctive, tles i11LÓr<)lS el <les elroils proprcs el disti11cls ,les
ir1tórels et eles clroits Lle cl1ac1111 clc ses 111e111l1rcs. l•:lle a ajo11Lé que lc)s texlcs
du Codc civil, r1ota111111e11l les articles 1,':!:ío, 18:i:i, 18ti7, 1845 /1 18/18, 18:-15,
,85\J, 11ersonnilie11L la sociétó cl"u11c 1r1a11it'~1·e cx11rcssc, e1111'étalJlissa11tja111ais
ele ra¡i¡i_orls cl'associ{i ¡\ associ{·, el. en 111etta11L l.1i11jo11rs les ass<)ciés en ra¡J-
P(Jf'l avcc la sociél{\. (:·esl 111111 l':u:<>11 11011vclle 1l'e11l.e11clre c<'s tcxl.es, car
ja111ais a11¡1arava11l, ni la l)octri11c 11i les Lril>1111a11x 11'y avaie11t rieu ,11 ele
se1r1l>lable.
• •
l)E L,~ SOCIE1'E 643
La vraie raison qui a lléterrniné ce reviren1ent doit <~tre cl1ercl1ée lla11s-,
les avanlages praliques de la perso1111ification. Nous allons les apercevc1ir
en étueliant les efl'ets jurieliques qt1'e11trair1e la personnalité des sociétés.

Conséquences de la personnalité de la société. - Elles sont les


suivan tes :
1° Pre,nicre co12sér¡11ence : Les bic11s 111is en société 11c so,il JJcts i12(!ivis
e11.trc les associés. lis forn1e11t llll ¡1alrimoinc clisli,icl 1lc cel11i ele cliac1111 ,les
ctssociés, et apparlc12ant 1'¡ l'elrc moral. D'oú les corollaires suivanls:
.\. - Les biens sociaux sont le gage exclusif des créanciers qt1i ont [raí té
avec la société. Les créanciers l)ersonnels des associés 11e peuvent pas les
poursuivre. ,\insi, il a été d<'cidé c¡ue, si l't1r1 des associés exerce 11ne t11telle, .,.
1
l'l1ypotl1ec¡11e lé-gale lle s011 ¡)upille ne greve pas l'i111111eu!Jle faisant partie ..•
"

de la société (ller¡., 22 février 1898, D. P. 99.r.593).


13. - 11 11'y a ¡)as corr1pens~tion entre les ohligalio11s de la sociét{· et ·
celles eles associ{·s. Si clone t1r1 tiers se tro11ve créancier ele la sociélé el elébi-
.'
le11r d'1111 associé, la dettc ele la socií~tó n'est pas éteinte par la créance per-
son11elle de l'associé. .1
.. ''
C. - Le droit des associés da11s le fonds social es! 111ol)ilier, n1e111e r¡ua11d .
i
'
la société posseclc eles i111111eulJles. La loi d11 21 avril 1810 s11r les 111ines ••'
'
l'a,·ail clu reste cxpressé111ent déclaré dans son arlicle 8, der1.1ier alir1éa,
pour les sociétrs n1inicres, lesq11elles so11t eles sociélés civiles.
De11xien1c co11séqi1e11ce: La sociélé pe11t ester e,i iustice ¡1ar ses géra11ls

ou adn1i11istrateurs. - Si, a11 contraire, elle n'était pas clot1ée de la person-


nalité, il fauelrait c111e cl1aq11e associé figurat en 110111 clans l'i11sla11ce, car
1111! e,i J?ra,ice 11c JJ!aide JJar Jlroc11reur (Req., 2 mars 1892, D. 1). 93. r. 169,
S. 92. I ./197 ).
3° Troisicn1e co11sér¡ue11ce: Lc1 sociélé csl ca1iable cl'r1cq11érir toiis les droils
dii pc1lrimoi11e. - ]~lle pet1l nota111111ent recevoir eles dons et eles legs. E11
en·et, a11ct1n lexte ele nos lois ne reslrei11t la capacité des sociéLés. 11 fa11t .
h
clone leur reco11nailre la rr11~1ne apliluele jt1riclic1ue q11'aux perso11nes pl1ysi- . '

<¡11es, en ce r¡ui conccrne les clroits clt1 palrirnrJi11e ..\11 conlraire, 11r1 gro11¡)c-
n1e11t r¡ui ne co11slil11e 1Jas 1111e pcrsonne r11orale r1c pet1l pas recevoir 11ne
lil1éralité, ¡¡arce <1n'il 11e ¡icul acr¡11érir co111111c lel a11c11n elroil, 11'élanl JJas
s11jet ele clroits (\'oir Jlel¡., 2 ja11vier 189!1, 1). P. 9!1.1.81, S. !)l,.1.129, 11ole
ele M. J,y<>n-Caen; llerr., :1.9 ocl1.1lire 18!)!1, D. J>. 9G.1.1'1i>, 11.ole ele ,1. 'fl1al- • 1

. '
lcr, S. 95.1.G:,, r10Le ele ~l. J,yo11-Cacr1; '.>.!) 11ove111l1re 1897, D. 1). 98.1.108, ,,"

S. 1 !)02. 1 . I 5).
,\tJles .\ reccvc>ir des llons el l<'gs, les s<Jciétés sont ógalen1ent capal)les ele .,

les accc¡iler sa11s av<Jir IJesoin ele l'a11lorisalio11 ael111inistralivc. Ce dcrnicr ' -1

JJOÍ11t a Í~Lé, il est vrai, cor1leslé. (ln a souler111 qt1e les sociétés ét.aie11t so11-
1r1iscs, C<J111me les <':tal>lisscn,cnls cl'11Lililé pulilir¡uc, :\ l'arlicle 910 dt1 Coclc
civil. ,tais ccllc 1>¡1i11i<Jlt csl auj<)11rd'l111i al>a11elo1111Í:c. Si la loi sulJordB11;11e
a l'a11t<>l"isalio11 nllr11i11istrnliYc l'acc<'ptatirlrl eles lilJÍ~ralités failcs at1x éta- ' ' ..
l1lisse111c11ts clº11lililé ¡i11l>li<¡ne, c'cst c¡u'elle r<'uri11le l'accroissc111e11L elu 1>a-
tri1r1oi11e 1lcs ¡1crso1111es de 111ai11111orlc, dot1ées ll u11e vic i11uéfi11ie, acq11éra11t, •
0

. ' '.
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.
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644 LIVRE 11. - TITRE II. - CINQUIEllE P,\RTIE. - CHAPITRE PREMIER

n1ais 11'aliénar1t ja111ais. ;\.u contraire, les sociétés, groupen1ents constitués


en yue_ d'11n but lucratif et pour un ten1ps ordinairen1cnt assez lJref, n'ont
ja1nais été ,·ues a·vec défaveur '.

§ 2. - Condltions de valldlté du cont1•at de société.


E11 dcl1ors des traits essentiels rele,·és ci-dessus, il faut applie111er atr
contrat de société les regles générales de validité des conventions :
Co11senten1ent des parties exempt de tous ,·ices ;
Ca1Jaciti'- tles contractants ;
Objet et cause réels et licites.
Nous n'a,·ons pasa reprendre l'étude ele ces di,·er8 éléments, n1ais seu-
len1e11t a insister ici sur deux points s¡Jécia11x :
1° L'i11capacité des époux de former entre eux: une société.
2° Le caractere licite de l'objet de la société.
3• E11fi.11 nous dirons quelques mols de la preuve du contrat ele société.

,º Des sociétés entre époux. - Les rpo11x peuve11t-ils ,alablen1en t


for111cr e11tre eux une société, soit qu'ils e11 fassent se11ls partie. soit qu'ellr
co111preu11e d'autres personnes? Si l'on se plac;ait ex:clusiven1ent au point de
vur des ¡Jrincipes, l'affirn1ative s'ir11poserait, serr1ble-t-il. En effet, le régi1nc
légal des lJiens entre époux, la co111n1ur1a11té, est 11ne n1ise er1 con1mun de
to11s lr11rs biens, les uns pour la ¡Jro¡Jriétt'•, les autres JJ011r la jouissar1ce .

Co111111e11l pourrait-il etre interdit a11x: conjoints ele constiturr entre eux 11ne
., ' s¡Jcc1a
soc,etc ' ' 1e forn1cc ' en ,11e el e rea '1·1ser d es l' Jcnc'flices 1: .. \. ce pre1111er
· ar-
g11111e11t, s'en ajo11te 1111 scco11cl Il()Tl 111oins fort : c'est q11e 11111 lcxlc cl11
Codr civil 11r ¡Jrol1il)e les sociétés e11tre érioux. Bie11 pl11s, le Cotlc a soir1.
da11s l'articlc 1595; li'i11terclirc le co11lrat de vente e11lre 1 ópo11x ; 11e faut-il
pas c11 cor1cl11re par ri co,itrario q11e les at1lrcs co11trals sonl ¡Jern1is ~ Celtc
sol11tio11 li)J{•ralc 11'cst pus ceper1da11t cclle de la j11ris¡Jrt1llc11ce. Une suite>
i111¡1osa11lc ll'arrets <l{·ci(!e (111c la soci{~tó co11lract(\c r11trc 1111 111a1·i el sa
fc111111e r,;I 111111.P, 11arcn (¡11'clle csl i11co111¡irtlilil1• 1u•ec /'e:cercii:e lle lri ¡ittissancc
111aritale et s1tsce¡1lible 1le ¡iortcr attei11/c 1i1t ¡iri11ci¡ic 1/c /'i1111ri1tlabilif1 1 1les

' 1. Certains autcurs prétendcnt qn'il cst irrationnPI de considércr loutrs IPs soch\tés,
sans distinction, con1111c <les pcrsonncs juridiqnes. La pcrsonualilé ,inridique suppose,
discnt-ils, un groupc ouvrrl, cornposé d'un grand 11on1IH·1~ d'adhércnts snsceplihlcs de
changer, dr1 se rcmplaccr les uns les autres. 'l'el esl le cas pour les sociétés d11 capitaux.
Orce trait caractérisliqne ne se renconlre pas dans les sociét,1s formées i11tllil11 per.~011,l',
entre un pelit non1bre 11'individ11s qni se sunt choisis et liés ponr lonte la dnréc dn
pacte social. Dans ces socii',ti'•s, l'intér'1t des associés apparalt. an pre1nicr plan, el c'est
abnscr de la flction qnc de ll'nr snperposcr 1111 (}[re jnridique ayant un int,1r~l ,lislinct dn
leur pro pre. nlais, tout en atln1ettant que les hiens de1ncurent la cu-propri(,t11 tl,·s asso-
ciés, ces anteurs conlinnent ce¡Ícndant il appliqner les cll'cts ci-dessus i111liq11és et que
l'on considere corn111r. découlant de la personnalité j11ridiqt11\. l'our jnstifler c<'lte con-
clnsion, ils font appel it une a11tre lhéorie. Li,s uns s1• rallicnl /1 la nolion atlernande dr-
pro¡1riétt! en 111riiri con11111111e (Voir Lacour, l'récis de droit co111mercinf, l'aris, 1912, p. 231):
les autres discnt qu'il faut applic¡uer la charle sociale non seulc1nenl aux rapports des
associés <'ntrc eux, rnais aux liers avcc qui ils traitcnt (Voir l'hallPr, 1·,·ai.11; e/1'1111•111.,
·Í' édit., 11•' 289-2!10; cf. ~l1chou,I, /,a théurie de la ¡1erso11nali1é 111orale, promic~re partil',
• 11'" 68 et s.).
• •
DE LA. SOCIETE 645
conve11tio11s 111atrimo11iales (Cass. crim., 9 aout 1851, D. P. 52.1.160, S. 52.
l.281; RecJ., ·19 n1ai 1908, D. P. 1908.1.359; Civ., 23 janvier 1912, D. P.
1912.1.481, note de T\1. Bouvier-Bangillon, S. 1912.1.149 ; cons. notes de MM.
Lacointa, S. 88. 1.3o5, Labbé, S. 90. 1-49 ; Hémard, Théorie et pratique des
nullités de sociétés, Paris, 1912, p. 93 et s.). Les arr('\ts ont été jusqu'a dire
{Nimes, 18 décembre 1886, sous Req., 12 juillet 188¡, S. 8¡. 1.38!1l q11e l'état
de mariage est incompatilJle a,,ec t1ne association entre épo11x at1tre que
celle rést1ltant de leur régime 1natrimo11ial.
Voyons ce que valent ces raisons. On dit que, puisque le conlrat de ma-
riage ou le mariage établit un régin1e de biens déterminé entre les
époux, la société qt1'ils forment ensuite est une n1odification de ce-régirne,
done une atteinte a l'in1mutabilité des conventions matrin1oniales.En effet,
ou les époux sont mariés sous un régin1e de séparation d'intércts, et ils ne
peuvenl pas créer entre eux t1ne société de )Jiens, 011 ils sont n1ariés sous le
régime de con1n1unauté, et a coté de cette association conjugale dirigée par
le mari seul, ils ne pe11,ent pas en établir une seconde, soumise a des regles
clilférentes d'administration, et dans laquelle la fe111n1e serait peut-etre
l'égale du mari, pourrait exercer un droit de controle sur ses actes et em-
piéter ainsi sur les pou,-oirs q11e la loi donne a celui-ci. Il est bien difficile
de réfuter ces argt1me11ts, surtout le pren1ier, tiré de I'im111t1tabilité des

-eonventions matrimoniales. Il est impossible, en effet, de nier q11e l'établis-
sement d'une société entre cleux épo11x ne n1odifie leur régime n1atri1nonial.
C'est en vain que les auteurs l'ont tenté. Aussi, nous rallions-not1s au sys-
terr1e de la j11risprudence, tout en reconnaissant qu'il est rigoureux et regret-
table. C'est la une des conséquences mauvaises qui découlent de ce principe
si critic¡uable de l'immutalJilité, proclan1é par l'article 1395. La prohibition
<les sociétés entre épot1x est certainement une entra ve fort genante pour les
époux. Il suffit pour s'en con·vaincre de lire les nombreuses décisions qui,
cl1aque année, frappent de nt1llité des sociétés contractées entre eux. Ces

documer1ts prouvent q11e, n1algr{~ les prol1i]Jitions cl'ur1e jurisprudence fixée
depuis longtcmps, il se forn1e toujours en fait des sociétés entre époux,
indice cerlai11 ele l'11tilit{i c¡ue présente pour eux, dans bien des cas, une
convcnlion de ce gcnre. Par cxerr1plc, c'cst 11n pcre q11i associe son ge11dre
ases afl'aires, {Jt1is il 1ne11rt et sa filie l1érite de ses droits clans la société; ou
lJien, aprt~s la 111ort de so11 l1ea11-pere, le gendrc s'associe avec sa femme
pour gércr le 1'011cls tic con1111crce d11 cléfunt. 011 se cle111a11de ce que de telles
-co11vr11Lio11s J)Ct1vc11t 1>rése11ter ele elangere11x pour les époux ou po11r les tiers.

Tempéraments apportés par la jurisprudence au systeme de la


_nullité. Théorie de la société de fait. - II fa11t. d11 reste, reconnaitre
<Jtle lajt1rispr11de11cc a fait ce q11'elle po11vait pour attén11er la rigueur de la
prol1illi lion.
'fo11t cl'abord, les Lribu11aux s'ril'orce11t d'interpréler les actes de société '
-q11i lenr so11t so11111is da11s le sens le ¡Jl11s f'avoralJle a le11r efficacité, et sou-
vc11t ils cli\ciclent q11'il 11'y a ¡)as sociétó réelle, 111ais que l'11n des époux est
l'e111ployé ele l'a11tre, ot1 liien gérant, sails clre associé.
646 LlVRE 11. - TITRE II. - '
CI!liQUIE~IE P,\RTIE. - Cll,\PITRE PRE:\IIEll

De plus, il est ad111is en pratique que l'interdiction ne concer11e que les


sociétés de personnes et non les sociétés de 9a¡)itaux. 011 ne conteste pas que
les époux peuYent ctre l'un et l'autre actionr1aircs da11s 11ne 111e111e société,
car l'actionnaire ne prend pas u11e part actiYe a
l'adn1inistralion cl11 fonds
social. On ne saurait soutenir sérieusement que le-fait par deux époux de
posséder des actior1s d'11r1e meme Co111pag11ie de finance ou d'induslrie soit
a
11ne atteinte leur régin1e matrimonial.
Enfi11 et surtout, !)ien que la nullité qui sanclion11e la prol1ibitio11 soit
radicale, puisqu'elle est fondée sur l'ordre public, les effet.~ prodttils pa1·

z·assoeiation ne sont ¡1as tenas pour anéa,itis. La société a fo1iclio1i1ié e,i fait
jiusqu'au jour ou elle est annulée. En co11séquence, 011 tient pour valables
a
toutes les o¡)érations qu'clle a faites, et on procede sa liquidation suivant
a
les regles afférentes celles des sociétés (Civ .. 5 111ai I go:i. D. JJ. 1go3. 1. 207,
S. 1905.r.41. note de M. IIémard ;.llef¡ .. 19 111ai 1908. 1). 1). 1908.1.35!),
Ci:v., 23 janvier 1912, D. P. 1g12.1.!181, S. 1g12.1.14g). Cette solutio11
tem..pe-re singt1l-iere111ent la rigueur apparente d11 systeme de la prohibi-
ti011: (< la n11llité n'empecl1ant J)as 11ne sociélé de f'ait cl'avoir exislé dans
le passé, il s'ensuil q11e personne n'a i ntéret i1 dc111a11der la 11ullité, La11t que
les :affaires s011t prosperes; au co11traire, des qu'elles viennenl péricliter, a
l'i11Léret des associés, cor11n1e aussi celui lles créanciers, les llo11sse u de-
a
n1ander la n11llité ». l\lais, ce mon1ent, il 11'y a pas ll'i11convénie11ts la a •
cessatio11 de la•
sociétt'.· .

2° Caractere illicite de certaines sociétés. - Pot1r qu'1111e société soit


valable, il faut q11e le ll11t J)oursui,·i ot1 l'objet de la sociétú ne soil llas in-
a
tCTdit par la loi 011 contraire la mora]e.
11 ne 11ous est pas possi)Jle d'é11u111érer ici lo11s les cas 01'1 u11e sociélé ¡Jeul
ctre illicite ou immorale; il nous s11ffil ll'i11clic¡11er les ¡Jrincipa1es especes
relevées en j11ri5pr11dence. Une société pe11L etrc illicile: A) e11 raiso11 de
l'objet n1e111e de son exploilatio11 ; 1~·1 parce <¡ne sor1 <)lijel 11c peut pas <~lre
exploi Lé e11 soci étt'.:.
A. - Objet illicite oti immorc1l. - ;\11raie11I. 1111 <>IJjet illicilc (ltI i1n111oral
les sociótés Cllnstit11(·es e11 v11e :
De praliquer la irllÍie lles ricgres, 011 ce 1111'011 ªl))Jtdle la lr<tile lles bla1ic/1es ;
De fra11der le trésor, et nola111111e11t <l'i11Lr<J<l11ire flcs r11a1·cl1a11dises er1
ro11t1"eb(111de (D011ai, 11 110,·c1r1bre l!Jºi, 1). l). l!}<J8.:,. ,:,, S. 1!107.:i.31)8):
D'ex11loiter 1111 élablissen1enl de jetix 1le ltasar<l :-a11s l'a11l(>risalior1 ad111i-
11istraliYe, 011 d'o11vrir 1111c rnrzison. 1le lo/1:l'<t111·c ;
De p11]Jlicr des livres 011 gravurcs o)Jscc\ucs.
l)c 111emc, serail 1111lle la société {J11i J>rése11Lerail. les caracteres 11'1111c
lolcrie i11lc1Tlite par la loi d11 :11 111ai 18:{G (l,y<Jll, l!J juill<•I. 18!18, S. 1!1<>1.
:.1.:.if,7, 11ole <le ~l. \\'al1l).
l!. - Clioscs 11e ¡101tl'anl ¡iris élr1i 111ises en soci,:lú. -- a) (~/.'fices 111i11islériel.,
(notaires, ·,11•oii1:s, uvoc11/s a1i (;onseil 1/'/~la/ el ,'t lr1 r:011r rle cr1ssnlio11, liuis-
siers, co111r11issaires-¡1risetlrs). lli<111 f¡11e rP¡lrt'.,se11la11l 1111(, 1iartie cl11 ¡1alri-
n1oinc lle lc11rs litulaires (V(Jir t. J"·, ¡,. íi8:.i), ces <)f'fices 11e pe11venl 1>as elre
• •
DE LA SOCIETE

ex¡)loilés en société. L'f)fflcier ministériel, cl1oisi par l'Etat pour so11 !1ono-
ra!Jilité et sa capacité professionr1e!le, doit etre seul titulaire de sa fonction
et se11l n1aitrc de la fa<;on dont elle doit etre remplie. En s'adjoignant des
associés, il renoncerait en partie a
so11 po11voir de direction; !'esprit de
lucre l'emporlerait sur les considc'·ralions d'ordre professionnel.
On applie1ue la me1ne regle aux cl1arges cl'ngréés ¡ires les lribu11aux de
a
cornn1erce, celles des S)'lldics ele faillite el li1¡11i1lale1trs j1t1liciaires.
ll y a cependa11t une exce¡)tion : clic co11cerne les cliarges ll'lt1Je11ls ele
cltcinr¡e. La loi du 2 jt1illcl 1862, i11corporée dans l'article 75 du Code de
a
com111erce, a a11lorisé les agents de cl1ange, non pas, proprement .parler,
a a
mettre leur_ office en société, rnais s'adjoir1dre des bailleurs de fonds
participant aux IJénéfices ~t aux perles résultant de l'exploitation ele l'office
et de la liq11idation de sa valeur. ·
a
1)) (,'abinets lC1I1•ocats. - 11 n'est ¡Jas perr11is des a,•ocats de s'associer
er1 v11c de l'exercice de leur profession. Le caractere de spéculation de cette
a:-socialio11 serait en opposi Lion avec le monopole que la loi accorde aux
aYocats en con5idération de leur dignité professionnelle. Au s11rplus, la
q11estion ne 1)arait pas s'etre jamais posée da11s la l~rance co11tinentale.
Dans les colonies, notan1111ent en Indo-Cl1ir1e, les fonctions de défenseiirs
font sou,,e11t l"ol1jet de co11trats de société, sa11s qu'on ait jan1ais contesté
Ja validité el'un tel pacte.
c) Alédeci11s, JJ/1arn1acie11s. - (Jr1 discute s11r le point ele sa,·oir s'il faut
i111poser la 111e111e prol1ibilion aux n1éclecins et phar111aciens. La jurispru-
de11ce a anr1ulé des sociétés ayanl pour objet l'exploitalion de pl1armacies,
q11ar1d le pl1arn1acien r1'csl pas n1aitrc absolu de son offlcine, tant au point ''
ele v11e co1n111ercial que tccl111ique (l{ec¡., ~ 1 juin 1898, D. I>. ()9• 1.53, ·S. ' '.
'
j)\). r.71).
1

Caracteres de la nullité. · - La sociélé poursuivant 11n but illicile ou


i111111oral esl r1ullc cl'u11e 11ullité alJsoli1e, qui peul ctre, en conséc1ue11ce, in-
vor¡11éc par tous les intéressés, et 11 ·est pas s11scepliblc de se convrir par la
prc>scriplio11 exli11clive.
~lais <¡ne d{·ci<l<'r po11r les o¡Jérati1>11s failc1s par la société) Doil-on les
te11ir {)0111' 1111llcs el r1cJ11 avc1111cs, 011, ~111 cor1lraire, fa11l-il les rcspccler, el
lí<p1iclcr la sociétt'~ a11 jonr 01'1 la nullilé csl pro11oncée, sans to11cher au passé?
a
l)e ces cle11x systr'~n1es, le ¡Jrer11icr doil clre rejelé cause du tro11l)le pro- .'
'
fci11<l q11'il ca11serail a11x lic·rs et d11 pr1\j11dice in1mérilé qu'il leur i11íligerait. ''
'
•' '
(~'c)sl pcn1rq11oi la j11ris¡>r11der1ce d«\cíde c¡11'011 r1c sa11rail efl'acer ce q11i a été
l'ail, et c¡11c l"a111111lalio11 ne procl11it pas d"cfl'et rélroaclíf. ~iais, comr11e le 1
¡>acle social csl incxislanl, il r1'e11 sera len u a11cur1 con1ple. l,es associés sont ''
'
<'11 «'·lal d'in<livision; on f'era In liq11iclalion <le l'aclifet cl11 pnssif, el le parlage .' '.'
<111 f'¡_>nds social s"il c11 oxistP, ,1·apres la r«\gle de la· proporlionnnlit1\ des
a
Hll()<Jrls. ()na so11len11 ccpc111lanl <111'il 11'y avait pas lietl la restitution des
a¡i¡11)rls, 1>arc<1 <1u'r.ll1 <i<iil a11J>liq11or aux associt')s l'aclago: .IVemo ai11lit11r ·-. '

¡1ro¡Jrict111 t11r¡iil1tcli11c111 11llcr¡1111s; en cons1'.•q11ence, les c!tfiscs devraie11l resler


•1
.,
' -,-
en 1'«\tnt 011 ell«•s son!. J,c géranl cons<\rYcrait done le fonds social, 1,'enri-
. '
''
' '
.. ,
'
648 LIVRE 11, - TITRE II. - '
CI',QUIE~IE PARTIE, - Cfl,\PITRE PRE~IIER

chirait de tous les bénéfices et s'appauvrirait de toutes les pertes. Mais cette
· solution est inacceptable; elle favoriserait les calculs frauduleux; il dépe11-
drait du gérant de demander la nullité au moment opportun. :\ussi, la
doctrine est-elle unanime lt décider q11e les associés d'une société illicite onl
le droit de revendiquer'leurs apports.

3° Forme et preuve du contrat de société. Le contrat de société


n'est soun1is lt aucune for111e particuliere. Il 1Jeut etre constaté verbalen1ent
ou par écrit.
En pratique, les associés ne n1a.r1que11t pas de rédiger un écrit qui regle
la question des apporls, le fonctionnen1ent de la société, sa (lurée, les causes
de dissolution et le mode de liquidatio11.
Si l'écrit est sous seing privé, il doit elre dressé en autant d'exe111plaires
qu'il y a d'associés (art. 1325, C. civ.).
Pour les sociétés de cor11n1erce, le Colle de con1n1erce prescrit en tern1cs
absolus la rédactio11 d'ur1 écrit (art. 39 el 4o).
Relativement lt la preuve du cor1trat, il faut appliquer les regles cl11 Droil
con1111un. Si l'arlicle 1834 a cr11 ulile de le ra¡Jpelcr, c'cst qu'il a voul11
proscrire un vieil usag·e concer11a11t les soéiélés taisibles, lesquelles con1-
menc;aient au bout d'u11 a11 et 1111 jour, sans c1u'il y f(1t l1esoi11, ni de con,·er1-
tio11 expresse, ni ltfortio,·i d'écrit. Par co11séquenl, lorsque l'objel de la
société est d'une valeur de plus de 150 f1·a11cs, les associés ne peuvent
faire la preuve du conlrat que par écrit, ou par Lé111oi11s, 111ais a la
condition de produire 1111 commencen1ent ele pre11ve par {~crit. Les Liers,
au contraire, s011t toujours adn1is a
établir l'exisle11ce d'une société,
soit par lén1oi11s, soil ¡Jar eles llrésornplions, co11fcir111é111er1l lt la regle
énoncée par l'articlc 13!18, 1'' ali11éa (Civ., :.i5 oclol1re I!JO!), D. l>. 1g10. 1. 12:1,
s. 1909. 1.560).

SEC'l'ION 111. - E'íGAGE~IE'íTS !)ES .\SSOCIÉS E'.TIIE ELX


••
ET ,\ L EGAI\I) DES 'l'IEl\5.

Cclle 111aliere a t':Lé longue111e11l rég·le111e11téc par le Cocle civil ¡}ans le


chapitre III, art. 18t,:1 lt 18G/1• licauco111i ele ces rt'·gles, co¡lit':cs cl1cz Jlf>S an-
ciens auleurs c¡ui les avaicnl eux-111(~111cs c111¡)r1111lt':es au l)roiL rcl111ai11, scJ11t
sans i11térel praliqt1c, les ¡iarlics ayanl toujo11rs soi11, corr1111e 11011s l'avo11s
<lit, de prévoir les llri11ciJlales ¡¡11esli(lllS !lans les slaluls ele la sociéL{·.
Nous ¡1urleror1s succcssivc111c11l:
1° De la réalisalion des ap¡lorls;
:iº De l'i11lerdiclion ¡lour l'associé de céclcr son clroil i1 1111 LiPrs;
3° De la gcslio11 ele la socii:Ló;
!1º l)es. obligaliíJJIS !les associt'-s envcrs les tiers.

1° Réalisation des apports. - Clia¡¡ue associé esl débiteur c11vcrs la


, ,
DE LA. SOCIETE 649
société de tout ce qu'il a 1Jro111is d'y apporter (art. 18!1;°>, 1•·· al.). L'éte11clue
ele cetle obligatio11 varie st1ivant la 11ature de l'apport.
A¡Jport d'1i1z corps cerlai,z. - Q11and l'apport consiste en corps cerlains,
il y U transfert ele la ¡Jro1)riélé a l'elre 1noral Ull 1110111e11t 111e111e Oll la co11-
ventior1 est conclue. l\iais, s'il s'agit d'un i111111eu}Jle, la société ne devient
a
propriétaire l'égard des tiers que par la tra11scription d11 conlral. S'il s'agit
d'11r1e créance, la société elevra faire a11 clélJile11r la significalio11 prescrite
par l'article 1690, ou obter1ir so11 acceplatio11.
L' associé apporteur esl te,iu (l lrt gctra,ilie, comr11e le Yendeur enYers
l'acl1eteur (art. 1845, :ie al.).
Appo,·l d'1i1ze so111111e d'arge,it. -- Lorsque l'associé cloit apporter un capi-
tal e11 argent, il devie11t, de plein droit et sans de1nande, clébiteur eles inté-
rets de cette sor11111e it co111pter d11 jo11r 011 elle de,·ait etre ¡Jayée (art. 1846,
1'' al.). Il n'est pas besoi11 d'une so111r11atio11, con1n1e celle c1u'exige l'arti-
cle r 1j3, 3• al., pour les detles orclinaires. La S(iciété a, en effet, le plus
gra11cl i11téret,á ce que les apports soie11t versés a11 jo11r co11,·e1111.
1l¡Jporl e,z jo1tissa11ce. - Les cl1oses, do11t la jo11issance seule111ent a <'-té
111ise e11 sociélé, f!e111eure11t aux risf111es ele l'associé llropriétaire lorsqu'il
s'agit de corps certains c¡11i 11e se consor11n1e11t pas par l't1sage (art. 185r,
1... al.). Si ces cl1oscs se co11so1111nent, si elles se détériorent á l'user, si elles
ont été destint'-es á etre venelues, ou si elles ont été n1ises e11 société sur
u1re esli111alio11 llortée par un inYentaire, elles sont aux risques de la société
(art. 18j1, 2e al.). ' ¡

:1° Interdiction pour l'associé de céder son droit a un tiers. -


Cl1ac¡11r, associé s'est engagé pot1r toulc la durée de la ·soci<'-tt'-, et co111r11e,
sauf llans les socit'-lés de capilat1x, le co11lrat est for111ó i11litil1t perso,z:e, il ne
peµt pas céeler so11 droit et se sul1stituer 11n tiers.
Ce¡Jendant l'arlicle 1861 a11torise cl1aque associé á s'associer, sans lecon-
a
senlernent des aulres, 11ne lierce persóone relatiYe1ne11t la parl q11'il a dans
la sociólt'~. Ce sous-associé 11orle le 11rJ111 de cro11¡Jier, par con11Jaraiso11 avec
'
le Y<1yageur t1u'u11 cavalier 1ire11{l en cro11pe. J,e croupier ne fait pas partie ele
la soci<'-Ló; il 11'a ele rap1Jorls q11'avec so11 co-associ{·. Les autres associés ne
le con11aisse11l pas.

:1° Gestion de la société. - J,a gestion de la société ¡ieul etre co11fiée lt


u11 011 plusieurs géra11Ls <>U laissée l1 lo11s les assciciés.
/Jreniicre !1y¡1otl1ese : /Jes !Jéra,zls. - T,es géra11ts sont presqt1e loujours
<les associés, 111ais cela 11'csl pas 11éccssairc. J,es parlies po11rraient confier
l'acl111i11islralic)Jl U 11n licrs.
Le g<'~rar1l esl le 111a11dalaire des associós. Cependa11t, le clroit de révocalio11
<le ceux-ci varie s11iva11l c¡ue la cl{:sigr1alio11 a eu liet1 clar1s !'acle de sociétú
ou 11a r acle p<Jslérieur.
S'il a ót{: cl1argé ele l'acl111i11istralic>11 par 1111c clause s1Jéciale clu co11trat lle
sociél<:, le géra11l 11c pe11l ,'trc r{\voc111é sa11s ca11se l<~gilin1e, ta11t c¡ue cl11re la
société (art. 18:,li), sa11f', liien enlenclu, clause contraire.
650 •
LIVRE 11. - TITRE II. - CINQUIEME 1',\RTIE. - Cfl,\PITRE PRE~IIEI\

Si. au co11traire, il r1e lie11t ses l)Ouvoirs 11ue d'u11 acte 1Jostérieur, il est
ré,ocable co111n1e un 1nandataire sin1ple (art. 1856, 2' al.).
:\lais la loi on1et de nous dire s'il faudra, po11r le révoquer, la volonté de
tous les associés, ou de la 111ajorité seulen1ent, ou s'il suffira de cellc d'un
a
seul. C'est la regle de la 111ajorité qu'il fa11t se rallier. 11 ne saurait suffire
de la 111at1vaisc volonté d'u11 seul pour troubler la 111arcl1e de la société.
Exiger, d'autrc part, l'11nar1imité serait in1possillle, car il suffirait de la
r<'.·sistance de l'associé géra11t pour faire écl1ec aux a11tres.
Les pouvoirs des géranls sont or(linairc111enl fixés par l'acte de non1ina-
tion. A défaut de cette fixalion, ils consislent dans le droit de faire tous les
acles d'administration nécessaires a la bonne conduite des opérations so-
ciales (art. 1856, r"' al., art. 1860, a contrario).
Lorsque plusieurs associés sont cl1argés d'ad111inistrer, sans que leuTs
fonctions soient détern1i11ées, ou sans r1u'il ait étó expri111é que l'ur1 ne
pourrait agir sa11s l'at1tre, ils pc11vcnt faire séparén1ent to11s les acles de
ccllc ad111inistratior1 (art. 1867).
S'il a été stipulé que l'u11 des ad111i11istratet1rs 11c po11rra ríen faire sa11s
l'a11lre, 11n seul ne peul, sn11s 1111c 11011vclle convPntion, ngir en l'n)Jsence de
l'a11tre, lcirs 111cn1e que celui-ci serait (!a11s l'in1possilJilité actuelle de con-
courir a11x acles el'ad1ni11islratior1 (arl. 1858).
a
Qua11t l'associó qui n'cst poir1t adn1inistrate11r, il ne pe11t 11i alióner, ni
e11gager le,; cl1oses 111c111es 111obilicres qui dóper1denl ele la socióté (art. 1860).
11 faut 111en!'c allcr plus loi11 et dire q11'il 11c J)C11t pas s'in1111iscer dans l'ad-
Jninistralior1. 11 r1'i11lcrvie11dra do11c (¡ue 1Jo11r décider avcc les aulres eles
acles dépassant les po11voirs eles admir1istrale11rs.
/}euxie,ne l1,ypothcse: r:ns ou il 11'y a JJas eu désignatio,i d'admi,iislraleur.
- Dans cecas, l'article ,85~¡ dólir11ite ainsi les clroils de cl1acun:
1\. - Les assuciós sonl ccnsós s'etre .elo1111ó réciproq11en1cnt le pou,·oir
<l'aclministrcr l'un pour l'a11Lre. Ce que chacu11 fait cst valablc metne potrr
la }lart ele ses associós, sa11s q11'il ait pris le11r cor1sc11tcn1e11l; sauf le droit
q11'ont ces eler11icrs, ou 1'1111 11'cnx, rle s'op¡)oscr it l'opératio1t ava11t c111'ellc
soit co11cluc (nrt. 1859-1").
1~. - <:t1a<Jt1c associé J)C11t se servir des cl1oscs apparle11anl ú la sociéló,
a
¡)ourv11 c¡11'il les c1nploir lcur <lcstinali<JII fix1\c par l'usagc, el qu'il 11c
s'c11 serve ¡ias co11Lrc l'intt'·ri\l de la st)Ci<~Lú, 011 cie 111a11i1')re it c1111H'\cl1er ses
associés d'cr1 11ser sclon lcnr dr11il (art. 185!)-:iº).
f:. - Chac111c associú a le clroit 1l'c)IJliµ·er ses associ11s ú !'aire avec lui les
d[·penses c¡ui sont 11éccssaircs 1>011r la conservalion des cl1oscs (!e la sociótó
(arl. 185n-:{").
1). - 1:u11 des associés 11e 1>eul fairc d'i1111ovalio11s suT les i111111c11l1les dé-
}lCn<ia11L ele la socióté, 1ne111c q11a11el il les so11lie11drait ava11tage11scs it cettc
sociótó, si les autres assticiós 11'y C<J11se11lcnl (art. 185!¡-/1"). ;I jv,·liori l'as-
sc,ció 11c ¡1e11l ¡1as alit'·11er les i>icns 111is 1'11 S<>ciólt'\, 11i les g-rcver 1le drclils
l't\P)s, sa11s le co11se11lc111cnl tics antrcs.

/1'' Obligations des associés envere les tiers. - IJe11x <111eslio11s se


(>OS!'II l a• llf)IIS :


• •
DE LA SOCIETE •
A. - Da11s q11els cas les associés sont-ils respousa)Jles e11vers les tiers?
B. - Quelle est l'éle11due de leur responsabilitó ?
A. - Da,is q1tels c11s les 1issociés so1il-ils res¡Jo1isables envers les tie,·s ?·
a
- L'article 1864 du Code civil répond cette question par u11e disti11ction
e11Lre le cas ot'1 auct1n des associés n'est cl1argó de la geslio11 et cclui 011 il y a
des géra11ls désignés.
Da11s le premier cas, l'associé r111i traite avec u11 liers· llOllr le con11Jtc de
la société, 11'engage que lui-111e111e el 1100 les a u tres associés. II est assez diffi-
cile rle concilier cette solulio11 ayee la personnalité de la sociélé. Le lexte,
en cffet, parait sup¡Joser que les bie11s sont la copropriété des associés, et
sc111ble bien nous dire ~ue l'associé n'engage que sa parl et ses IJiens pro-
IJres. Or, co111111e11l l'entendre, étant donné que le fonds social appartient a
l'etre 111oral) La ré1Jo11se n'est pas do11le11se. Elle résulte de l'article 1860
d'apres leq11el (< l'associé c¡ui 11·est ¡Jas adn1inislrateur ne peut aliéner ni
e11gager les cl1oses n1e111e 1110IJilieres <¡ui dé¡Jendent de la société )>. Il en
résulle que les créauciers auro11t excl11sive111e11t pour gage les bie11s 1Jropres
de l'associé. J~es IJiens sociaux 11e seront pas alteints 1Jar l'e11gagcn1ent de
l'associé. Le tiers créar1cier n'acquerra aucu11 droil non 1Jlus sur les biens
personnels des autres associés. Pourtant, la loi lui accorde le bénéfice de
l'aclio11 lle i,i re111 verso, pour le cas ou la société a tiré profiL de l'o1Jératioo
(art. 1864 irifi,ie).
Q11a11d il s'agit d'associés cl1argés de gérer la société, les co11lrals qu'ils
conclueut engagent, 0011 seule,nent les lJiens sociaux, mais tous les IJie11s
persrn1nels eles associés.
l!. - Que lle esl l'éle111l1ie (!e lrt respn11srtbilité 1/es 11ssociés. - Da11s les
sociL;!ás de ¡1erso1111es, les associés s011l respo11sa)Jles e11vers les tiers i,1 i1ift11i-
l1i1n, sur leurs biens pro1Jres (art. 1863). Les créanciers de la société pe11vent
done pours11ivre: cl'abord les )Jie11s 111is e11 sociélé, lesr¡11els forn1er1t leur
gage cxclusif; et, e11 second lieu, les l1iec1s persor111els de cl1aque associé. 11
Pn Pst ainsi pour lo11les les soci{:tés de ce ger1rc, <¡u'elles soic11t cou1111er-
cialcs ou civiles. avec cetlc particularil{\ que, 1)011r celles <ftii so11L coi11111er-
cialrs, les associt)S S<)Ol te11us sr>li<laire111e11l (arl. :12 el :i:~. C. con1.), la11dis
q11e, cla11s les sociétés civiles, cl1aque associé 11'cst obligó que /Jl'O JJarle
(art. 1862).
Con1111e11t calcule-l-on la parl cl'rJIJligalio11 de cl1ac1ue assrJcié ~ · l)arli-
cle 1863 répond c¡uc cl111cu11 esl lc11,1.1 !)(Jur u11e so111111c égale, encore q11e la
¡>art lle l'11r1 1l'cux rlans la soci{·lé ft'1l 111oinclre. El la juris¡Jrude11ce dúcide
a
r¡u" ce lle regle s'ap¡ili<Jtlr! aux sociél(:S civiles ¡>ar aclions, anlérie11res 18!)3,
el 111[<' cl1a1111e acti<Jn11ai,re 3· esl Le,111 e11vcrs .les créa11ciers, en raiso11, non
clu 111>111l1re 1Jc sps acl.ions, 1r1ais cln 111)111IJre de ses coassociés /Civ., 13 jui11
19c> 11, J). J>. 1905.1.25, nole 1le :\l. ¡>prcero11. S. 1!)OG. 1.38i">, 11ole de M. \\' al1l.
Vr1ir aussi 1101.e clr l\[. J>rrcerou, S<Jus :\/a11cy, G avril l!)O:Í, 1). }>. 1908.'.~. 1).
()11a11l aux liic11s sociaux, ils rí-11011d<\r1t ¡>our le lo11l des rJ<\lles sociales,
pui;;r¡11'ils sont la pr01>riélr'~ tle la 1>erson11e juridique.
0..1ns les .~ociétés <le ca¡iila1i.r. il e11 est a11lre111cnt. Cl1aq11e associé n'cst

652 LIVRE 11. - TITRE 11. - CINQUIEJIIE PARTIE. - CHAPITRE PREIIIIER

tent1 que jt1squ'a concurrence de son apport, et non sur son patrimoine.
Les créanciers n'ont done action que sur les biens sociat1x.
On s'est den1andé si cette limitation de responsabilité devait etre adn1ise
a l'égard des sociétés par actions ayant un caractere non co1n111ercial, fon-
a
dées antérieurement 1893. Nous avo11s dit ci-dessus que la jurisprudence
I'avait résolue négativement.
De n1eme, les tribt1nat1x décident que l'on ne J)ourrait pas, dans u11e
société civile ordinaire, i11troduire u11e clause lin1itant les droits de créan-
ciers au fonds social (Req., 2 1 février 1883, D. 1). ·s3. 1. 2 17, S. 84.1.361, 11ole
de ~l. Labbé; Civ., 13 juin 1904. D. P. 1905.1.25 note ele ~l. Jlercerou,
S. 1906.1.385, note de ~I. "\-Val1l). Cette clause ne serait pas opposable aux
tiers, parce qu'elle e111porte de leur part une reno11ciatio11 laquelle ils a
n'ont pas consenti. Les associés ne peuvent pas enlever ceux avec qui ils a
traitent, et sans leur co11senten1ent, t1n droil c111e ces derniers tiennent de la
loi. En co11séque11ce, po11r c1ue l'aclion <lu créancier soit réduite a11x l)iens so-
ciaux, il faut qt1e cette lir11ilatio11 résulle d11 co11trat conclu avec ce créancier.
,1ais la clat1se de li111itation serait-elle valalJle a11 n1oins er1lre les parties,
a11 cas ot't elle a11rait été slipulée a11 profit de quclq11es-uns eles associés, ele
ceux, par exen1ple, e111i ne prenne11l aucu11e J)art a l'aelr11inistration de la
société? L'affirmativc nous parait cerlaine. 1\uc11n article,. aucun prín-
cipe ne s'y opposent. L'arlicle 1855 elu Code civil fournil <l11 reste 1111 argu-
111e11t décisif, car il an11ule la conve11lion e111i affra11cl1irait lle to1tle co11tri-
b11lion au~ peri.es les bie11s ou ell'ets apportés dans la société par un associé.
\'est-ce ¡)as reconnaitre, par a co,itrario, la vnlielilé ele la clnuse li1nitant In
conlrilJ11lio11 aux !Jiens 111is en société?

SEC'fION IV. - 1•'1~ DE LA SOCIÉTÉ.

1° Causes de dissolution. -· L'arlicle 1865 .:•n11111ere les principales


ca11ses de <lissolutio11 ele In socióté:
.\. - /)ex¡Jiralio11 cl1t te,n¡Js JJour le1¡11cl elle a été co11lracléti;
]\. - /,a /Jerte llll .ro,icls soci11l;
(:. - l,<l co11.~o,n,nc1lio,1 de la ,ié[¡ocialion ;
l). - /,u 111ort 1!1· !'1111 1les r1ssociés; la socit':lt': csl e11 cll't~L 1111 co11tral fail
i11l1til11 JJerso11ar11111, au 111oins c¡t1a11cl il s'agit des sociólós ele pcrso1111es. 11
cst tlu reste 11cr111is a11x pnrlies <l'écnrler ccllc rt'•gle et de slipulcr q11e la
société co11li1111era sc>il c11lre les~s11rviva11ls, soil e11lre e11x et les l1t'•riliers
1111 ¡)róclécédé (art. 1868).
I•:. - {,'i1iler1lictior1, In 1léco11jil11re, il fa11l ajc>11lcr la /<tillite tic l'1tr1 eles
llSSOCleS•• ;
l•'. - /,a vo/011/1 1 rlc /'1111. 1lt•s r1ssociés, r¡uanti la soci1'll: esl faite ¡1011r 11111\
cl11rée illi111ilt':c (arl. 18G(1);
Il fa11l ajo11ler tleux anlres caus<'s ucellc t'·1111111t\ralirn1:
e;. - /)i111¡io.~sibilité ¡iu11r 1111 ,les associés cle 1·é,1liser so11 11¡,¡>orl (arl. 18(i7 ).
- \lais el' cas esl sa11s aJJf>licalÍt)11 ¡1ralic¡11l', car ccllc i111¡1t1ssi!Jililt'• 11e ¡>cut
DE LA SOCIÉTÉ 655
se rencontrer q11'au cas 01'1 l'apport pron1is consisterait en un corps certai11,
el 011 ce corps cerlain auraít péri fortuítement. Or, 11ous avons vu que la
société devíent propriétaíre ele ce genre d'apport au jour n1e111e du contrat.
C'est dor1c elle et nor1 l'assocíé qui supporte la perle (art. 1867, 3° al.). Par
conséque11t, le cas pré,·u par l'article 1867 ne ¡Jourra se présenler q11e da11s
des l1y1Jotl1eses ex:ceptionnelles.
II. - La dissol1tlio1i pro,ioncée par le lrib1z1ial, it la de111ande de l'un des
associés, quancl il y a de j11stes n1otifs, co111111e lorsq11'un autre associé
n1ar1c1ue il ses engagen1ents, ou qu'une infir111ité l1abi t11elle le rend inl1a)Jile
aux: all'aires de la société, ou autres cas sen1blables, do11t la légitimité et la
a
gravité soút laissées l'arbitrage des j11ges (art. 18 1 1).

2° Consequences de la dissolution. - A. - Survie de la perso,inalité


juridique. - La dissolution de la société n'en1porte pas disparition in1111é-
diate de la pcrsonnali té juridique, el naissance d'11ne ir1division entre les
associés. JI est nécessaire, e11 ell'el, q11e le patri111oi11e social garde son indi-
vicl11alité, jusqu'il ce q11e la liquidatio11 en soit faite; si11011, les créa11ciers
sociaux perdraient le hénéfice de leur droit de gage excl11sif. La person11a-
lité s11rvit done il la société, pour les )Jesoí11s de la liquiclatio11 (l\eq.,
27 juillet 1863, D. P. 63. 1.460, S. 63. 1 .457).
l3.- Partage clufo1i1ls.-- ur1e fois les opératío11s de liquidatio11 tern1inées,
il y a lieu de fJartager entre les associés tous les IJiens constituant le patri-
111oine social. l)'apres l'arlicle 1872, « les regles coi1cernant le partage eles
successio11s, la forme de ce ¡Jartage et les olJligatior1s qui en résulte11t entre •
les col1órilicrs, s'appliquent aux: JJartages entre associés 1). (~l1ac¡ue associé
¡1ru l cl<)JlC rócla111er sa parten 11al11re dans to11s les IJie11s :sociaux:. :'ilais, e11
pralic¡11e. ,¡11 ¡Jroccde 1Jres1¡ue loujo11rs ú la ve11le, el u11c fois les llettcs
payées, lescréa11ces recouvrées, 011 dislrib11e l'actif nel enlre les associés.
Contraire111ent il la for1nule ele l'article 1871, il y a certaines regles spl'.·-
cialcs au 1Jarlage lles successions qui ne s'appliquenl JJas aux: sociétés. Ce
son 1 : '
a. - J;arliclc 8!1,, élalJlissa11l le rctrail s11ccessoral au profit llcs col1éri-
Licrs, c111a11tl l'1111 d'cux a Yc11tl11 ses tlroils successifs ú un élra11gcr;
ll. - L'arliclc 88:i; tl'a¡Jrt'~s lcc¡uel ll's crt'·a11ciers tics cc1l1óritiers 11e so11l
¡ias rect•YalJlrs :\ allac¡11cr le parlag-e 1111e fois C<Jllso11111u'· 11ar l'acli<)ll l>au-
lil'1111e. J,a j11ris¡1rucle11ce <lécide c¡ue celle rt'·gle c·xce¡Jli1>1111elle 11c dclil 11as
s'/•tc,ntlr<' a11x socit'•t1~s (l\cc1., ~8 111ai 18u:í, 1). J>. 91i.1. 1:í/1, S. !),Í, 1.:~8:í. (~f.
l\cc¡., 18j11illel 1K9\), 1). l>. I!)00.1.1 1 . 11olc tlc :'11. tic l,<Jyr1cs, S. l\)00.1.27).
654 LIVRE 11. - TITRE II. - '
CI:-!QUIE~IE P.\RTIE. - CH.\PITRE PRE~IIER

DL CO'iTR.\T D ' ASSOCl,\TIO'i.

~ous avons exposé déja (1'. I"·, Jl. G4!1 i1 G118) l'l1isloire du régi111e tle
-surveillance admi11istrati,·e so11s leq11el ont ,·écu les associatio11s en France
j11sq11'a la loi d11 1•• juillet 1901, q11i a enfi11 proclan1é la liberté d'associa-
tion. ,ous nous contcnlcrons par conséc¡uent ici d'indiquer llrievement

quelle est la condition juridique actuelle des associations.

Distinction entre les associations ordinaires et les congrégations.


-·- Si la loi de 1901 a permis de forn1rr lil;ren1enl des assticialions, sa11s
a11torisation ni d·éclaration J)réalable: elle a cepe11cla11t excepté de celle rt~gle
les congréga'tions religieuses, q11e le litre III soun1et a un régime tout clifl'é-
rent caractérisé en ces termes par l'article l3: « A11cu11e congrégatio11 reli-
gie11se ne pcut se formcr sans une autorisatio11 don11t'·e par une loi qt1i clé-
terminera les conclitions de son fonclionnernen!:. - Elle ne po11rra for1dcr
.1ucun nouvel établissc111cnt qu'en vert11 d'11n décret renclu e11 Conseil d'Elat.
- La dissol11tion de la congrégalion 011 la fern1cl11rc de tó11t étnlllisse111e11l
pourront elre prono11cécs par décret rer1d11 e11 co11seil des 111i11islres. n
l\ous ne no11s occ11pero11s ici que des assc)cialions ordi11aircs. ,ous lais-
a
sero11s égale1nent de coté les associatio11s so11111iscs une législation spé-
ciale : syr1dica Is profcssionncls, sociétés de scco11rs 11111tuels, associalit.J11s
sy11dicales entre J)ropriótaires, cte.

Déflnition de l'association. - L'arliclc 1''" de la loi défi11it ai11si nolre


contral: <• L'ass1)ciation est la con,·ention par laqt1clle de11x ()II ¡)!11sie11rs
person11cs n1ctlcnt e11 c1)m1111111 d'1111e fac,011 per111a11cntc le11rs con11aissa11ccs
{>II lc11r aclivité dans 1111 )¡ul a11lr<' 1(111' 1111 J)arlagcr <les !)é11t'·ficcs. n

l)e11x trails caracl1\riscnl' rlonc l'ass<icialion:


1º l,e r1rn11pemcnl clcs perso1111cs (/'1111c f,11:011 pcrr11a11c11fc. - C'est ce 1¡11i
<lisli11g11c l'associalior1 rlc la coaliti1)11 sc)il <le palrons, :,;,iil ll'c111vricrs, en v11e
ele 1111ltlificr l,'.s c1111dilinns <111 tra,ail. la1¡11cllc ¡1rt'•sc11lc 11n carnclt':re 11as:,;a-
gcr, el cond.11il <irdi11airc111f'11I Sl)ÍI ;1 la gró,e, soil n11 lock-riul 1.
·.1° 1:r1ssncir1fio11 ¡1011rs11il 1111 h11t nutre ,¡11c ,te ¡111rt,1r¡e1· ,les bé11(:/ices c11frc

ses ,1,lhúrc,1/.~. - N,H1s av,ins s11flisar11111c11t insist1• s11r ce tlc11xit'•111e carac-


,
1ere, . 1IJSSIIS 1a Sl)CIC
Cll C<llllJlHl'all 1. CI-( . 't'C I'.1 l' assoc1a
• t·11>1I.

1. On s'cst <lcrnanrl,1 si 1,,s lrusts forn1és €;nlre pro,lucle111·s ,t'nnP 11111111!' 1n:1rchanclisr,
pour en lirniter la production et rn1pl'chl'r l'abaisscrnenl du prix ,le: ,·t~nt,•, sont des
nssociations. Nous nous ¡11·011011<'.l'rions pour l'afllr,nativc. car ils présentl'nt hicn le cara,·.•
tc':rc ,le :l11r11 r requis par la ,lt'?flnition ci-1l1\ss11s. La !JHl'Stion c•st controver~(,c (Voir dans
le scns d1• l'afnr111atlv1\ note!, D. P. l!ll0.~.:l'.l8, et 1!11 íavPur dt• la u,igativc, Pnrl,, 7 111ai
l.908, IJ. P. 1910.:!.3:17. - Cons. la note de ~l. L,\vy-l'll1na1111, ~5, sons Bor1\e1111x, :!jnn-
. 1900
-v1cr . , S • 1CJOI
~ '1 '>•>'')
..... ---" .


J)C CO'!TRA.T o' ASSOCIATIO'i 655

§ 1. - For111ntlon ,111 co11trnt d'nssoclatlon.


Conditlons ,te la person ■■ nllté.

1º Formation du contrat. - .\.. l•'orme. - Le contrat ll'associalion 11'est


sou111is i1 auc11ne for111e. Il suffit do11c ele l'accorcl des volontés des adl1ére11ts
pour q11'il ¡Jren11e naissa11ce. Jlais, en praLic1ue: aucur1e association r1e se
cor1slil11e sa11s ródiger des slaluts qui éno11ce11l le IJ11t lle l'associatior1, les
condi tions d'aeln1issior1 des sociétaires, le n1ocle de 11on1i11atio11 et les po11-
voirs des représe11la11ts, ceux de l'asscn1IJléc g·ér1éralc, les cat1ses ele disso-
lution, etc ... La réclaction de ces stat11ts cst e11 efTct cxigée par la loi pour
l'acq11isition de la personnalité.
B. Fo11d. - Le contrat n'est soun1is non ¡Jlus 11 a11c11ne co11ditio11 spécialc de
fond. II est régi, quant asa validité, dit l'article 1"·, 1···· al. injine, par les prir1-
cipes généra11x du droit ap1Jlicables a11x contrats. L'arLicle 3 fail a¡Jplicatio11
de cette rt'.g-Ie, e.Il no11s clisa11t q11e toule assorialio11 fonelée s11r u11e ca11se ou
· en v11e cl'u11 ohjet illici Le, co11traire a11x lois, a11x lJonncs n1crurs, c;u qui
auraiL pour but de porlcr attcinte a l'ir1t{grité cl11 lerritoire 11atio_nal et la a
forn1e r{•pulJlicainc clu gouverne111ent, est nulle Pt de r1ul efl'et.
011 re1narc¡11era c111e l'article 3 ne n1entio11ne ¡Jas Iºatlei11te (t l'orllre p11blic
par111i les causes qui s'opposent it la valiclité cl'11ne associatior1. Cctte on1is-
sior1 se1r1lJle IJier1 avoir i'·Lé Yolor1tairc, car le ¡Jrojet el'ot'1 la loi cst sorli
comprenait cette cause da11s son lextc. TI faudrait done en conclure qt1'unc
associalion clont J'objel serait co11traire h I'ordre ¡J11lllic n'est ¡Jas frap¡Jée de
nullité (\'oir en ce sens, note ele i\l. Cl1a,cgrin, S. 191:J.2.266, 3" colon11e).
i\fais cclte solution 11011s laisse des do11tes. Con1111e11t admettre que des par-
ticnliers puissent valalller11ent rie11 fairc q11i 111cnace l'orclre pulllic' ;1

2º Oonditions requises pour l'acquisition tle la personnalité. -


Une associalion 11'acc1uiert la person11alit{i j11riclic1ue q11'11 la condition de
re111plir les forn1alités de pt1IJlicilé requises ¡Jar l'article 5 de la loi et le titre
¡Jre111ier cltr clécret cl11 16 ao1it 1901. Elle doit :
i\. - l•'aire une déclar11lio11 <'·crite it la JJrúfcct11re cl11 d{ipartement 011 :'1 la
sous-prófect11re ele l'arrondissemcnt 01'1 l'assnc-iation a son siegc sol:ial.
Cette 1l{)claratio11 fcra co1111aitre le litre et l'<)!Jjct ele l'associalio11, le siege de
ses t\lablisscn1cnts, et les r1oms, prcJfessi1)11s ti 1)1Jrr1icilcs de ce11x qui, :'t
1111 Litre c¡11elco11c¡11c, sonl cl1argós ele scin a1!111inistratio11 flll ele sa clircctior1.
l\. - Jc,indrc deux CX<)lll)llaircs tics slat11ls :\ la 1l{)claralio11.
<:. - l>a11s 11) <l<\lai d'u111111iis, faire i11sórer, a11 .lo111·nr1l offlciel, 1111 exlrail
1:011lenar1l la clal.e <le la cl{'.clarali<Jll, le l.ilrí\ el l'1il,jeL ele 1·associalicin, ainsi
<¡ue l'inelicati<JII ele s1>11 si<\gc social (art .. 1··•, :>.º al., 1l11 clécrel clu 16 a1J1il.
'!)01).
1. Voir sur In validité d'unc associnlion de pbrcs de farnille pour la déf1•nse de la neu-
tralité reli¡;iensc duns lrs (icoles, 'l'rib. Pan, \J ,lécernhre 1910, S11int-I>aJ11is, 7 rnai 1!110,
llayonne, 10 rnai 1910, D. P. 1911.2.:l:J, not,i .de 1\1. L:tlon, :;;, 1!!12.2.26,i; Pau, 13 1nai
1912, 4 arri\ts, D. I'. i9t2.2.2'o:l, S. 1912.2,26,i, et la nolf\ ele 1\1. Chavcgrin, se prononr,ant
pour leur lllégalit,1 ; sur la <[ll<!Slion de v11li1lité <les t.rusts entre producteurs, llordcaux,
2 jnnvicr 1!100, S. 1!!01,2.225, et la note de ~l. Lévy-Cllrnann; Paris, 7 mai 1908, D. P.
t 910.2.337.
656 LIVRE II. - TITRE II. - '
CINQl'IE~IE PA.RTIE. - CHAPITRE PRE~IIER

D. - I•'aire connaitre, dans les trois 111ois, to11s les cl1angen1ents sur-
,·e11us dans l'ad111inislratio11 ou la direction de l'association, ainsi que
toutes les n1odifications apportées it ses statuts.
Ces forn1alités onl été jugées nécessaires 1}011r permetlre de vérifier si
l'associatio11 est licite. D'autre part, la connaissance des non1s des adminis-
· trateurs pcr111et les poursuites a11 cas d'infractions a la loi.

§ 2. - U,1pacité ,les assoclations.

Il y a trois degrés cla11s la capacité des associatio11s, suivant q11'elles onl


ou non re111pli les formalités de publicité ci-dessus indiquées, et, pour
celles qui les ont ren1plies, suivant qu'elles ont ou non obtenu la recon-
naissance d'utilité publique.

1° Associations qui n'ont pas fait de déclaration. - Ces associatio11s


ne jo11isse11t ¡}as (le la 11ersl1nr1alitt'•: ce c¡tJÍ veut dire c¡11'elles n'ont pas la
capacité j11riclique (art. '.l). Elles ne peu·vent clone acq11érir auc11n droit, ni
s'o!Jliger, 11i ester c11 justice. La loi sanctionne cette incapacité en frappant
ele nullité to11s acles entre vifs ou lesta111e11taires. á litre onéreux ou gratuit,
accon1plis soit directe111ent, soit par personne interposée, ou toute autre
voie indireclc, ayant ¡}011r olijet de ¡}er111ettrc a ces associ.ations cl'acq11{·rir
eles droits (art. ,,, 1"' al.). ,-\i11si, serait n11lle la IilJéralitó adi-essée it l'u11
des sociótaires et (lestinée á I'associatio11; il en serail ele 1111\n1e de I'acqui-
sition faite so11s le non1 des acll1érents, n1ais cr1 réalité pour servir au h11l
• •
poursu1v1 en co111n11111.
\fai:, si l'associalion non cléclarée 11'a a11c11ne perso1111alil{\ il 11'en s11it pas
c111e le contra! f(¡r1nt'~ entre lPs socit'~laires soit 11111 et ele 11111 elfet. 'fouL au
conlraire; le contra! cl'associatio11 csL at1jo11rcl'l111i licite ; les parlies q11i y
adl1erent sont clo11c <)liligées cl'en respecler les cla11ses. E11 consécruence, si
l'associatio11 est faite pour 11r1 Le111ps clt''.ter111iné, cl1aq11e sociétaire csL lit'~
J)Our la })érioc!P conve11t1<' et ne ¡)c11l se relirer avanl ln tcr111e fix{·. J;arti-
clc !1 co11sacre i111¡llicile111c11I C<'llc r1'.g·l1·, car il (lt'·ciclc c¡11e to11l 1nr111l}rP
rl'u11e assricialio11 q11i n'csl ¡¡as Jor1111 1c ¡10111' 1111 le111¡¡s 1ll1lerr1ii11é ¡)c11L s'e11
rctirPr er1 lo11t Len1¡)s. ])e 1111~n1c, cl1a1·un cst lc1111 1l'acc¡11iller sa c1Jlisati1J11,
lanl c¡u'il fail Jlarli1'. di' l'asso1:iatio11, r'.l rl<' p:iy1:r Jps ¡it'•11alitt':s ¡iro111incér:s
¡iar Jps slalnls, s'il ,iolP !'11111: dr' leurs Jlrl'scriptirins.
11 l'a11t ég·a!P111Pnl a<l111ell1·1• <¡111'. les rc¡irÓsP11tar1ts cl11 groupe ¡ic11,1•11L va-
lalilc111e11l lo1H•r 1111 local JHllll' les ri'·1111i1>11s.
J•:11fin, si r¡11cl1¡11c litig·c s11rgit. c11tr1' I<' groupc ni 1111 1l1;s a1ll11':rcnls <lll 1111
tiers, les s1H:it'·lairns ¡icl\1rr1i11l plai,li·r. n1ais i1 la con<lition de ¡iarailr1• l1J11s
en 111.1111 <la11s la )l!'oct'·1l11rc, c1i11f1¡r111{~111c11l ;\ la ,i1·illc ri'·g·I,; l1i11ju11rs c11, i-
g·11p11r: ,, :\11! en Icrancc II!: ¡¡laid(' ¡ias )ll'<H'llr1'11r '. "

1. CPltr, rt':gle lraditionrH•ll,: qui s·1•st 111ainte111t<' ila11s notr,• llroit nri:11lrrnc·, .n1ais 11'a
plus bl'aucoup de raiso11s tl'1\tre, 11'i11li'rilil pas dt: pla1il1•r par 111n11dalnirc ; seul<'llll'llt,
elle ex·i¡.;e !JUP le 110111 ,111 1111111,la11l ligur!' ila11s 1011s l1·s il!'ll's il1! proc(•dnrP. (.l11a11d il
s'agit d'n11e associatio11 11011 douéP 11!! la pPrso1111alit1\ il raul ,lonc que tous l<'s atll111rents
¡,laidcnt en l!\UI' no111. C:t·lle ohligalion fort co11ll'USP peul ahoulir 11 une Yéritahle in1pos-
,
DU CONTRA. T D AS SOCIA TI0'.'1

Reste h se den1ancler si les sociétaires pourront constituer un patri1noi11e


-com111un en ,·ue d'aug111entcr la force de lcur association. 011 se tro11ve
fort en1barrassé pour répondre. Co111n1ent, en cffet, refuser aux représen-
,tants du groupe le droit de fairc des éco11on1ies sur les cotisalior1s et tle les
placer? Cependant, adn1ettre l'affirn1ative n'est-ce pas reconnaitre l'exis-
tence ll'11n patrimoine de 111ainn1orte sans ¡Jropriétairc) ()11 JJe11t dire, il
est vrai, que ces éconor11ics seront la co-propriété des adl1érer1ls. :\lais il fa11t
JJien reconnaitrc r¡uc ce n'est pas 11ne co-pro¡Jriété ordinaire, don11ant a
cl1aque adl1ércnt le clroit de den1ancler le partage, conformé111ent a11 pri11-
a
cipe de l'article 8r5; car les statuts s'opposent ce partage, et, en e11lra11t
a
-dans le groupe, les sociétaires ont renoncé exercer tout droit privatif sur
le fonds social. Ce fonds est done nécessairement un ]Jien de 111air1-1norte.
Or la loi n'ir1terdit-elle pas la constitution d'un tel bie11 en faveur d'1111
groupen1e11t qui n'a pas la person11alité? '.

2º Associations qui ont rempli les formalités de la déclaration.


Elles ont la pcrson11alité j11ridiq11e et, par co11séq11e11t, l'aplitude a
ac-
quérir to11s les droits. Cepcndant la loi a édicté trois r11cs11rcs ¡Jour li111itcr
l'étend11e de leur patrimoine •
.e\. - Le racl1at des cotisalio11s eles adl1érents 11c peut pas elrc fixé u11e a
a
son1111e supérieure cinq cents francs (art. 6-1º);
13. - l~lles ne peuvcnt pas rccevoir des clons 011 des legs, rr1e111e sin1plc-
n1ent n1o]Jiliers (art. 6 et 11, 2·· al., rapprochés);
C. - Elles r1c pc11vent acquérir cornn1c in1meubles que le local destiné
a
:.'t l'ad111i11istralio11 de l'mu,·re et la ré1111ion de lcurs 1nc111bres, et ceux
a
.CJlli so11t striclc111cr1l 11éccssaircs l'accor11plisscn1c11t de leur !Jul (art. 6,
:1° el 3°). 11 lc11r esl clone i11lcrdit de fairc llcs place111cnls i111n10IJilicrs.
Er1 dcl1ors de ces restrictions, la capacité eles associalion:s déclarées cst
a
con1pli:le. 11 csl IJie11 certai11 q11'clles sonl aptes faire lout ce que la loi 11e
Jc11r i11lPrdit pas. 1\insi, la loi 11e f1xe pas de li111ile n1axima i1 le11rs placc-
r11c11ts en valc11rs n1obiliercs; clic n'cxige 111en1e pas que ces Yalc11rs soient
llülll Í IHILÍVPS.
11 csl í:galP111c11L pcr111is lt ces associalio11s dP s·associcr entre clics et (le
.for111cr eles 1111io11s, lcsq11cllcs acc111crror1l aussi la pcrso1111alité á co11clilio11
<le rc111¡1lir )ps f',1rrr1alití:s llP pulilicit{: lle l'arliclc 5. ],a loi llu 1"· juillct
1 !)ClJ 11'a pas prév11 la co11slil11li(>Il <le CPS u11io11s. 111ais i<• décrcl r{·glcr11c11-

l.aire <lu rü a<11il 1nci1, articlc 7, reco11nail f'or111ellc111er1l leur Yali<lité.

, :~
0
Associations reconnues d'utilité publique. - I,a rcc1i1111aissancc

sihilité, 11u:lnd il s'agil d'associnlions cornprenant de nornhreux rnemhres. Aussi, res


associnlions ne doivenl-elles pas hésiter i1 faire la déclaration requise ponr l'acqnisilion
de In personnulit~.
Avant la loi de 1901, la jurisprudence nvnit llni par a<lmettre que lrs associations sim-
plemenl antorisées. bien qur. n'étant pns des personnes juridiques, pouvaient cependant
-ester en juslice par l'inter,n,1,Jiaire de leurs rr.présentants.
1, Cons. ~largat, De la co11dition juridir¡"• des as.~ociatio11s 11011 déclarées, l\evue trirn.
de llroit civil, 1905, p. 235; llit:houd, la théorie de la person11a/ité 111orale, 1•• partie,
'P· 420 et s.
'forne 11 42

6ñ8 LIVRE II. - TITRE II. - '


ClNQUIE~lE P,\RTIE. - CIIAPI'l'l\E Pl\E~IIEI\

d't1tilité ¡)11blique est ¡lror1oncée par 11n décret rendu e11 la for111e des regle-
n1e11ts d'adn1inistration p11lllique (art. ro de la loi, et art 8. a r3 d11 décret
cl11 16 aout 1901).
!<~lle co11fere a l'association le clroit de recevoir des doris et legs (art. r,,
2• al.).
f,es associatio11s recon11ues ll'11tilité pulllique deme11re11t s011mises cer- a
tai11es incapacités:
,\. -;,o'abord, elles ne pe11vent acq11érir d'aulrcs i1111neullles que ce11x
q11i sont nécessaires au )Jut qu'elles se proposent. En co11séquence, s'il le11r
est faít 11ne do11ation ou t1n legs d'in11neullles q11i ne soient pas nécessaires a
le11r fo11ctionnen1ent, elles doivent les alié11er et les trar1sforn1er en vale11rs
n1obilieres (art. I I, 2'' al.).
!{. - Elles 11e pe1rvent accept0r une donation molliliere ou in11nobilierc
• ayee réscrYe d'us11fr11it a11 profit clu douateur (art. 11, 3e al.) .
<:. -. Leurs raleurs n1ol1ilieres doive11t etre placées en litres no111inalifs.
La loi ne Yeut pas f[tie ces associations clissimulent leur }Jatrimoine sous la
forme de titres au porteur.
D. - 11 res le cnfin u11e derni1're incapacité. celle-la d'exercice et 110n plus
clejouissance, pro11011cée par les a1;ticles 910 et 937 du Cacle civil. Les asso-
"
cintions reco11n11es d'utilité publique ne peuvent accepter un don 011 11n legs
r¡u'ayec l'a11torisatio11 du go11,,er11ement. Cette dispositio11 s'cxplique, a la
fois, par l'intéret de la famille d11 do11ateur 011 d11 testateur c1t1e la loi vcut
tJr1)lt'·ger cóntrc les ex.ces cl't1ne gt)nérosité inspiréc parfois par des se1ltiments
rle púre vrinil(:, et la crainte du cléveloppc111ent excessif des ¡latri1noi11cs ele
111ai111norle. Le spectre de la 111air1n1orte a to11jours l1a11té le législate11r, et
c'cst so11 inll11e11ce c¡11i ex¡lliq11c aujonrcl'l111i e11core to11t.es les inca1lacités
1iro11011cées ¡lar la loi de 190, .

Du principe de la spécialité des personnes juridiques. - \'ous


nv<Jns clit r¡11e les assc1ciations 0111 In ca¡1acit/: de faire 1011s les act.cs j11ridi-
<1 ues <t 11 i ne le11r s011 L¡las ex prrsst'· 111<'11 l. i111 ,~ re! i Is ¡ia r la !,Ji. I l y a 11/:a 11111<ii ns ,
,·nlrc lc11r ca1iacilt': el. cnllc c¡ui a11partiP11l :'1 1111e 1ierso1111<· 11l1ysiq11c, 1111c
1lill'<'·re11ce cssentiellc. [,es associnti,ins sont c1111slituóes c11 Y11c cl'11r1 IJ11t ,lt'·-
tcrn1i11t'·, srii·cilit'· par le11rs slal11ts, et lc11r activi t/· se lronvc ¡1ar l:'1 111,'nt<)
ca11aliséc vers la ll<J11rs11ile lle en !Htl. Elle <loit. ,'tri~ t.out cnli<':r<' 1lirigt~P Yers
cclt.o fin. l,es associations e11 C(lllSé<fllellCn IIC JlCIIVPlll. Jl:tS, :'t 11111ir1s <in 1110-
difiPI' Je11rs stat11ts et <Ir remplir 1lr IHHIV<)ll<'s 1'11r111alil.1's, 1lo11ncr :'t Ie11rs
cl1'1Jrts 1111 aulrr olijet r¡11c ccl11i r¡11i r/:sult.c 1ln l,·11rs slal11ls ,111 1ln le11r na- •
l11rc. :\insi, 1111<' s,1ci{~ti'• dP spcours 11111l11els, 1111 sy11,lical pr,1f'essiri1111cl 11,i
,-;rlltl 1ias a11tcs :'t fo111ler <les /)c<iles, :'1 fairo ,In la 1>r<t¡iaga11<le ¡Htliti<¡111~, :'t r1r-
g·a11iser 1111c cntrc11ris<' co111111ercial". (ln <l{:sig-111: cPLl.e canalisati<Jll <lt: la vic
j11ritli<111<• des JH)rs,i1111cs 111r>rales s1H1s In Illllll el<' ¡1ri1tl'I/IC ,le la s¡1él'i1llit, 1.
l,a j11risprurle11cc a /•tt': fr<'·<11111111111e11t aJlJleli'•n :'1 fairP a¡1¡llicalir>11 clP e,:
¡irinci¡in aux actions PII juslicP i11l1:11tiH:s 1iar les assricialio11s co11l.r<' lli:s
Liers. C'cst. ainsi {J11'11n arr,'t <IP la 1:ha111l>rP crin1i11Plle tl11 Ifl j11i'I IfJ<l8
i[). 11 • 19,i!j.I.~1. S. 1i110.1.:171a1léci<l<'· <111'1111 sy11llicat1irt1fcssio1111cl IIC{l<'ttl


l)l' CONTI\A'J' n' AS SOCIA. TIO:\' 659
pas possétler u11e r11arqi1e de falJrique et poursuivre en justice la réparation
eles atteintes ¡Jortées a la propriété de cette mar<Ji1e (Voir aussi Il.eq., 3 avril
1!) , 2, D .11 . , (l 1 3. , . 7 1, S. , g 13. r .489). De n1en1e, le Con se il tl'Etat décide q11 'une
société de secours n1utuels for1née e11Lre fo11ctio11r1aires ne peut pas attaquer
des non1i11ations qui lui sen1lJlent illégales (Cons. cl'Etat, 10 r10Ye111bre
1 HI I ' D. 11 • I 9 I 3. 3. I 1 9' s. 1 () l :~. 3. 3:1).
l,a (¡uestio11 spéciale ele savoir tlans quels cas les syndicats professio11nels
et les associations ele fo11ctionnaires peuve11t ester e11 juslice a donr1é lieu
it de , ifs débats. Ces diverge11ces ont été lrancl1ées poi1r les synclicats pro-
fcssionnels par un arret des Cl1ambres réunics clu :> avril 1913 (D. IJ. r91!1 .
, .65. Voir a propos d'une poursuite en do111n1ages-i11térets dirigée par des
associations d'instituteurs contre les é,·eques de li'rance signataires cl'une
leltre pastorale dirigée contre les écoles publiqi1es, Paris, 4 ja11vier 1911 ;
'l'ril). Cal1ors, 13 juillet 1910; 'l'ri!J. Nanc}·, 18 mars 1910, S. 1912.2.1, 11ote
<le}[. Cl1avegri11; Civ., !1 111ars 1913, D. [>. 1¡¡13.:121, 11ote ele :\l. ll.olla11d,
S. 1913.1.345 note de:\[. Cl1a,·egrin; Orléans, 1odéce111bre 1913, (;a::;. Pal.,
:i7 déce1nbre 1913).

§ 3. - Dlssolution des assoeiatio ■1s.

1º Causes de dissolution. - La dissolution d'une association ¡Jeut etre


vrilontaire ou forcée.
\. - /)issolution volo,ilaire. - Les staluls prévoie11t ordinairen1e11t les
ca11ses c¡ui peuvent enlrainer la dissolutio11 de la société. lVIais s'il n'y a pas
<le slalu ls ou s'ils 11e dise11l rie11 a ce s11jet, l'asse111blée générale des so-
ci/·Laircs a le droit de ,·<iler la dissolulio11 r¡ua11cl elle la juge 11écessaire.
13. - Dissoliitio,i Jo1·cée. - La dissolulion forcée est 11ne ¡Jei11e édictée
c<>nlre l'associatior1 qui a violé la loi. Elle esl pro11011cée, non pas par l' Ad-
a
111inislratio11, car la loi a souslrait les associations l'arbitraire du gouver-
11c111e11L, 111ais llar le Lri!Junal civil, lt la requelc du ·n1i11istere pul)lic, ou
11u\111e <le lout iutéressé.
l,<'S faulcs <¡ui e1111Jortent cetle sa11clio11 so11L é1111111érées li111italive111ent
1>ar l'arlicle 7 de la lf>i tic 1!J<>1.
r¡) L'o!Jjel. <>U Je IJ11t <le l'association est co11lraire aux ¡¡rescriplio11s de
1·arliclc 3. l)a11s cecas, le tribu11al c111i co11slalc l'ir1fractior1 cloil r1i'•cessai-
rc111e11L JJrouonccr la clissolutic>11.
/1) l)assc>ciaLio11 a fail 1111e cl/!claratio11 i11c<1m1Jl<\le c>u i11exaclc, ou elle a
c1111 is ele cl{!clarer les 111<J<li ficalions a¡JJJortóes á ses slalu Is 011 les cl1ange-
1
111eu ls s11rvc1111s cla11s S<>Tt a<l111i11islralio11. Co111111e la fa11le C<J111n1ise est
IH!at1c<JIIJ> 111oi11s graY<', le Lrili11nal a 11111>cJ11voir d'ap¡>r<'-ciation; il 11'est pas
<d>lig/: <l<'. cliss<Jll<lre l'associali1Jn. La l<>i ¡JrÓV<>il <111 reste ¡>our ces i11fraclio11s
<les a111e11des C<111l.re les a<l111i11islralc11rs (art. 8, , r al.).
0

llar excc1>Lio11, l'arliclf' 1~ <le la lc>i 11er111el a11 g1111vcr11e1r1e11t de disso11dre


¡ia1· <lúcrol les assc>cialions ccJlllllOSt'.es e11 111ajc11re ¡>urtie cl'élrangPrs, ou
aya11l <l<'s a<l111i11islralcurs 1·lra11gcrs. 01.1 <lonl le sit':g<' csl lt l'étrar1ger, quar1d
lcurs agissc111c11ls so11l <le 11al11rc soil á fausscr les co1idilions 11or111alcs clu

660 LIVRE II, - TITRE II. - Cl:\'QUIE~lE PARTIE. - CIIAPITHE PRElIIER

a
n1arcl1é des valeurs ou des n1arcl1andises, soit n1e11acer la st1reté inlérie11re
ou extérieure de l'Etat.
Quand un jugen1ent ou un décret a prononcé la dissolution d'une associa-
ti on, il lui est inlerelit de se 111aintenir ou de se reconstiluer. La loi sar1c-
t ionne cette interdiction e11 édictant 11ne amenele de r6 á 5.ooo francs et
a
u11 en1¡Jrisonne111ent de six jours u11 an co11tre les fo11daleurs, direcle11rs
ou adr11inistrateurs, et conlre toutes les person11es fftli auraie11t favorisé la
réunion des membres de l'association dissoute, e11 consenlant l'usage d'11r1
local (art. 8, 2' et 3' al., et art. 12, 2° al.).

2° Retrait de la reconnaissance d'utilité publique. - La recon11ais-


sance d'utilité publique ayant le caractere d'11n privilege peut etre retirée
par voie de décret, q11and l'muvre sort de ses altrilJutions. ou ne présente

p l 11s l e n1eme . ' • t d' ord re genera
1ntcrc ' ' 1.
L'associalion contre laquelle elle est édictée 11'esL ¡Jas tenue ele se dissou-
dre, ta11t qt1e sa dissolution 11'est pas J)rononcée J)ar le trilJt1nal. Elle llc11t
a
continuer vivre con1me associatio11 simplement déclaréc.

3º Dévolution des biens. - L'arlicle g de la loi de 1901 per111et á l'as-


socialion de réglcr la dévolution de ses biens par une disposi Lion i11sér1'c
a
dans ses statuts, ou, défa11t, par une décision de l'assemblée générale. Ce!
article 11'é11once aucune restricLio11, et on po11rraiL e11 co11clurc que l'asso-
ciation a·le droit de disposer de so11 1Jatrin1oinc co111me elle l'e11tcnd, el
i1ola111me11t, de le JJarlager e11lre les sociétaires au jot1r ele la elissol11 ti 011.
Te! n'a pas été l'avis des a11Leurs elu clécret el11 ,G aoul 1uo1 (art. 15). Se
fonclanl s11r l'arlicle 1°' ele la loi, ils 011L elo11né 1111e a11tre i11Lerprélalion, el
déclaré que l'asse111IJlée gé11érale pe11l IJic11 res ti tuer aux associés le11rs
apports,' mais 11011 partager e11lre e11x les biens ele l'association.
Celle solution déduile de la définition de l'association elo1111éc ¡Jar l'arli-
cle 1•r esl fort co11leslalJle. De ce q11e l'associali<Jn se ¡Jro11ose u11 IJul a11[r('
q11e le parlage ele IJÓ11ól1ccs, 011 11e sa11rail lirer 1111e ¡1areille concl11sio11 •.\
c11lé eles gro11pcn1c11ls it l>tll ¡l11rc111e11l elési11léressé 011 allruislc, il J e11 a
ll'aulrcs r111i 11c visenl c111e l'i11l.érel ¡iers1>1111cl llcs aell1ércnls, lels 1111 c1•rclc,
11r1e soci<'·Ló lle SJ>f>rt., ele. ()r, ces <lcr11icrs ne s11¡l¡>oser1t. ¡1as <l11 lo11l íJIII'
les associés re11011cenl it loul 1lroil s11r le fo11lls s1>cial. 'l'oul <l<'•¡)en<l rl<HIC
ici, :\ n<ilrc avis, <111 lJul 1111\111e 1le l'ass<Jcialion. c;·csl lui r¡11i el<iil rt',glcr la
<l<'.,volulion eles IJiens co111111e il r<'·glail le11r r,111¡ilt>i. 1,cs ass1ici<',s JlOUrronl
se part.agcr les lJiens socia11x, s'il s'agil 1l'1111c associaLirH1 cr<'·<'•c ela11s leur
i11 L<',r<1l cxclusif: ils nn le 1>011rr1inl ¡>as, si l'assc>ciatio11 111)11rs11il 1111 )¡ul
1lósi11ti'•rcssé: 1la11s ce elernier cas, le f<i111ls social licvra 1\tre allrili11¡', :\ 1111P
tüt1vrc el11 1110111<' gen re c¡ue 1·ass<>cial ic>n c11 1111esliu11 '.

l. Cons. sur cette <(lll'Stion ~licho111!, op. cit., 2• parlie, n"' :!71, :l11 1\ :1s2; l\Iargal,
De la dévnlution ele, bie11s ct1111e associatio11 ¡1erso1111e 111orale e11 cas de di.~so/11tio11, 111!\"ll<'
trirncslricllc de Droil civil, 1908, p. 421 .

CHAPITRE 11

CON1'RA1' DE Plll~1'

Définition. Di verses especes de prét. - Le pret est le contrat 1Ja r


leq11el u11e person11e (1Jreteur) livre 11ne cl1ose a u11e autre (en1prunteur)
J)011r qu'elle s'e11 serve, el JJar lequel 1·e111pr11nleur s'oblige a restituer cette
cliose a pres s' en etre servi.
11 y a deux sortes de prel, suiva11t l'usage donl l'objel preté est suscep -
tibie(''· art. 1874, 1875, 1892).
Si cetle cl1ose est lelle que l'en1prunteur puisse l'utiliser sans la co11-
sor11mer ou la détruire, de telle sorte qu'il soit tenu de la restituer dans
5011 indiYid11ali té n1er11e, il } a JJl'el a usage ou co11in1odal. : .
Si, au cor1traire, la cl1ose pretée est telle que l'emprunteur ne puisse en
fairc 11sagc sans la consommer, il en deviendra propriétaire, et ne sera ten u
de rcstilucr que eles cl1oscs de men1e espece el qualité. 11 y ~a alors pret de
consomn1alio11 (JU 1nuluti111.
( )11 le \"OÍL, cla11s le pre1nier cas, le pret Jle lra11sfere pas a l'emprunteur'
la propriélé de la cl1ose prelée, ni n1eme sa possession, au sens tecl1niqu e
<lu 111ol. 11 11'e11 devie11t que lléle,ileurprécaire. C'est le preteur qui conserve
la possessio11, ¡Jossession qu'il exerce par l'i11ter11íédiaire de l'en1prunteur.
E11 co11séf1ue11cc, les risc¡ncs sont pour le pr1~Lc11r. Si la cl1osc preléc vienta
p<'·rir parcas fort11il, l'c1111Jrur1t.cur est li!Jéré.
l)a11s le cas ele 1ntilu1i1n, a11 co11 trai re, les ris(111cs so11 t po11r l 'en1prun teu r,
¡>11isc111e cclui-ci, cleve11u pro1Jriélaire par le fait de la prestation, n'est que
cl(:!Jileur cl'1111 ge11re; ge,iera ,ion pereu,il (art. r8u3). Par exemple, suppo-
s,1ns <¡ue le 11olaire cl1argé de 11égocicr 1111 acle d'e111pr1111t, mandalaire par
c1J11sé11uc11l de l'e111¡lru11leur, vie1111e a to111lJcr e11 déconfiture aussil11t a pres
avoir rer.:11 les fon<ls pri'\Lés; l'c111prunteur 11'011 sera pas n1oins lc11u de les
rcstit11cr a11 ¡Jrtilc11r.
l)a11s llllcl cas y a-t-il co1111nodal, lla11s c¡11,'.l cas 1111.iltlttm? C'est cr1 gér1éral
la nal11rc ele la cl1osc pri'\li''.c q11i clélcrrninc ccllc cl11 co11trat. Ccpendant,
le crili'\ri11111 11'a ¡Jas 11nc Jl<)rtóc al>sol11c et il cor11p<irle dcux dérogatior1s.
J•:11 prc111icr Iic11, <les cl1oscs 111<'\n1c 11011 co11son1plil1lcs pc11venl fairc l'objet
1I '1111 11111/1111111, i<Jrsf111'cllcs s1>11tfo11gililes. ()11 cite l'cxc111¡Jlc du librairc q11i,
111anq11a11l d'exe111plaircs d't111 Iivre récla111é par eles acl1eteurs, en emprunlc
a
1111 011 pl11si<'11rs ur1 co11fr1\rc. JI cst évidcnt q11'il ne rc11dra pas les 1n<)n1cs
'
"LIVnE JI. - TITRE II. - '
CI~QUIE,IE P,~fi'I'IE. - CH,~PITfiE II

exe111plaires, 111ais tl'a11lres ,·olu111es icle11lic¡ues, lorsc111'il aura rc<;11 un 11011-


vel e11voi de l'éditeur.
En second lieu, la volo,ité eles JJarties peut in1pri111er au contrat 11n carac-
lcre difl'ére11t de cel11i q11i résulterait de la nature des cl1oses prt\lécs. J1ar
exen1ple, u11 marcl1a11d de co111estibles peut preter des fruits 1Jrécieux it 1111
entrepreneur de ba11quets po11r qu'il e11 décore sa ta)Jle, n1ais sa11s les fairP
découper et servir aux banq11eteurs. La réunion ter111i11ée, ce sonl les fr11 i ts
eux-n1en1es qui sero11t restitués au preteur.

Caracteres juridiques du contrat de pret. - 11 est de tradition tll'


dire que le pret (d'usage ou de conson1n1ation) esl u11 contrat réel. En efl'el,
il ne se forme que par la re111ise de la chose prelée. Étyn1olog·ique1ne11t,
preter c'est ¡1restare, fournir.
On a cependant co11testé cetle caractéristiq11e d11 co11trat ele pret, en sig11a-
la11t que, dans nolre Droit, u11 co11Li·at olJligaLoire peut se forn1er entre e111-
pru11le11r et preteur, avant la rer11ise ele la cl1<)se pr11tée. C'est le cas, notau1-
1r1ent, lorsqu'un lJa11quier co11sent a1111 clier1t une oiive,·lttre 1/e erérlif.
L'objeclion 11'a pas ele ,·aleur. :\ulre cl1osc er1 efl'et esl le JJl'cl, autre clt()~e
la ¡1ron1esse de prcl. Les o)Jligatio11s 1Jrinci¡Jales qui 11aissenl de ces eletrx:
opératio11s ne sont ¡Jas 11 la cl1arge ele la 111eme perso11ne. Cel11i e¡ui s'o-
blige par la promesse de pret, c'est, r1on l'empr11nteur, n1ais le futur pr11-
Le1tr. :\ quoi s'oblige-t-il? :\ preler. C'est se11len1e11t lorse¡u'il a11ra fourni
les cl1oses· ou eleniers promis qu'il )' aura pret. :\lors la partie engagée sera
l'emprunteur.
]3ien entendu, la remise de la cl1ose á 1111 a11tre c¡11e l'emprunteur serail
opéra11lc, si I'accipie11s élait le 111a11clalaire ele l'c1111>rur1te11r, co1111r1e, llar
exemple, le notaire réclacte11r ele )'acle <le rirel (l{cc¡., 5 décerr1JJre , noG,
D. P. 1908. 1.545, note de M. }loncet).
Le prel rrntre e11core d.ans la catégorie des co11trats Ltnilall;ra11.1;. ]~11 cfl'et,
au rr1orner1L oi1 il se f<ir111e, il 11'cngc11<lre el'o)Jligal.i<Jll q11'1'1 la cl1argc 1lr
l'en1prunte11r qui esl aslrcint 1't reslil.11cr. 'l\111lcf'ois, 11011s ,·err<ins que, ¡Jar
suite ele circu11star1ccs 11ltérie11res, certair1cs olJligations pe11vent r1ait1·c ¡\ la
cl1arge d11 preteur (art. 1890-18111). J,e pr1\t. fait clone partic ele cette classc
de contruts 11r1ilat1\ra11x c¡11'on 11¡1pellc c¡11elq11efois sy1111llr1g111"li1¡11<·s i111¡i,1r-
fails.
Da11s Lrois seclicins s11ccessivPs, 11011s 11ous occuperons: 1° 1)11 ¡1rt'\t 11sag·p a
011 co1111111Jdnt. '.Aº 1)11 1ir1\t ele co11so1nrnati<i11 ordinairc. 3° 1)11 prel cl'argP11t
a i11túret.

SEC'I'I()\ l.-· 1)1: 1'111'\T ,\ l'SAGE ()(, CO~l\101),\'I'.

Caractere g1·atuit du commodat. •- l,c ¡irt':t l1 usagc c:,;l 1111 cliutral dP


IJic11faisa11cc. 11 cst essc11/iclle111e11/ !/l'ttlttil (arl.. 187li). La prcslali<>II, f'ail1•
moye1111a11l r<'·trili11Lio11d'u11c, clH>se 11 une 1iersc111111~ ¡1our <tu'clle s'e11 S1!rv1•.
scrait, 11011 1111 ¡Jr<\t, 111ais 1111 l,iuagc.


COXTRAT DE PRET 663
l)lusieurs conséq11er1ces se rattacl1e11t á ce caractere gratuit rdu cor1tral <le
pret.
1° Respo,isabilité clu commodataire. - L'emprunteur est astrei11t une di- a
ligence partic11liere, d'ou il rés11lte que la perle de la chose parcas fortuil
ne le libere pas toujours. Il en est ainsi, non seulement lorsque l'c1nprun-
teur est en de,neure de restituer, ce qui cst l'application cl11 Droit con11111111,

111a1s er1core dans les lrois cas sui,-ants:
1\ . - Si la chose a péri par u11 cas fort11it << dont l'cn1pr11nteur aurait llU
la garantir en en1ploya11t la sie11ne proprc, ou si, ne pouvant conserver que
l'une des deux, il a préféré la sienr1e n (art. 1882).
B. - « Si l'emprunteur emploie la cl1ose aun autre usage, ou pour un
a
temps plus long qu'il ne le deYait n (art. 1881); h)l)Othese laquelle on doit
assimiler, croyons-nous, celle_ 011 l'emprunteur conserve la cl1ose pretée,
me1ne sans s'en servir, au delá du te111ps prescrit.
C. - Si la cl1ose a été estimée au moment du prct (art. 1883). Cependar1t,
a
nous croyons qu'il dépendrait des parlies de conférer l'esti111ation de la
chose q11i accomp;ignerait le pret u11e autre sig11ificatio11. Elles pot1rraie11t,
par exemple, convenir que celte estimation n'a pas pour but de mellre le
a
risque de perle fort11ite la charge de l'empr11nteur, n1ais se11lement ele
a
délerminer d'avance le monlant de l'indemnité laquelle il serait lenu en
cas de perle arri,·ée ¡Jar sa fa11te ou apres sa mise en demeure.
2° Dérogatio,i aux pri11ci¡1es gérzéraux en 111aliere de ler111e. - On se sou-
vient que, de Droit commun, le terme ne peut 3an1ais etre deYancé par le
créancier, lorsqu'il est stip11lé au profit du débiteur. Tel est bien le cas en
a
matiere de pret usage. Cepcndant, l'article r889 porte (JU~, (( si, pendan! ce
clélai ... , il s11rvient au prctc11r 11n ])esoin pressant et imprévu de -;a cl1ose. le
a
juge peut, s11ivant les circonsta11ces, obliger l'empr11nte11r la lui rendre ».
3° Dé,·ogalion aux pri11ci¡1es eti n1aliere de solida,·ité. - Bien qu'en 1Jrin •
cipe la solidarité 11c se prés11111e pas, l'article 188¡, pour al1g111enter les
garanties du prelet1r q11i-a agi 1Jar simple bien,-eillancc, llécicle llue, e, si
pl11sicl1rs onl co11jointerr1cnl e1111Jrt1ntó la n1c1ne cl1ose, ils en sor1t soli-
llaircn1ent responsa]Jles cr1vers le pr<\le11r )).

Obligations eréées par le commodat. - Le 11rct ;\ usage fail toujot1rs


n ailre des obligatior1s ;'1 la cl1arg·e <le l'em1Jru11le11r. I~\-enl11elle111c11l el acci-
<l cntcllcrne11t il 1Je11l e11 produire ;'1 la cl1argc flu pr(\leur.
, 0 Oblir¡rtlio11s de L'e111pr1t11le11r. - l,'c111pru11Leur s'oblige Jlar le seul l'ait
<111 llr<\l :
A. -- A 11e se servir de la cl1ose <JUe s11ivant « 1·11sage détcr1!1iné par
sa r1ature 011 Jlar la co11ver1lic111 » (art. r88o, al. :.i). ]>ar exc1nple, cel11i a
q11i <)JI 1>r<1le 11r1c aulor11obile J1e 11e11t la louer a des licrs, sous peine de
ll 0111r11agcs-i11 tértils ;
1~. ·-- 1\_ ,eillcr 1'1 la garllc el ú la c<>11sPrvat.io11 lle la cl1osc ¡irclt'.e en b<}O
piH·c 1le far11illc (arl. 1880, 1"º ¡>l1rase). Nous avor1s vu que ce 11'csl pas I;\
0

assez Jire, car· l'c111pr11uleur csl lc1111 li ur1c diligcnce <Jui dí'.passe la mesure
664 LIVRE II, - TITRE II, - '
CINQUIE~IE P,\RTIE, - CIIAPITRE 11

ordinaire et qui peut l'astreindre n1en1e, le cas écl1éant, au sacrifice de·


sa propre chose.
C. - ..\. restituer la chose (art. 1888). A quel moment doit se faire la
restitution? A,1 n1on1ent fixé par la convention soit expressen1ent, soit ta-
citement, ou par le juge aucas sus-indiqué de l'article 1889. 11 y aura con-
venlion tacite lorsque la cl1ose a été pretée pour un usage déterr11iné. Alors,
a
le pret est ce11sé fait pour le te1nps nécessaire cet usage. A défaut de con-
vention ex¡lresse ou tacite, la restitution se fera a premiere réq11isition d11
Jlreteur. On dit alors qu'il y a précaire.
On ren1arquera que le preteur a deux actions pour obtenir la restitution.
D'abord, l'action personnelle née du contrat, laquelle se prescrit par trente
ans. Cette action est la seule qui appartien11e au preteur, lorsqu'il a preté la
cl1ose d'autrui, ce qui est parfaitement licite de sa part s'il a droit de se
servir de cette cl1ose, con1111e usufruitier. par exen1ple. De plus, le preteur~
s'il est ¡lropriétaire, a l'action en reve11dication, laqu elle ne s'éteint poin t
llar prescri¡ltion. .
a
11 est ,,raí que le propriétaire pourrait se l1e11rter la prescri¡)tior1 acqui-

sitive (s'il ). a e11 prct d'in1me11ble) ou it la regle de l'article :i279 (s"il y a eu
Jlret de 111euble), 111ais se,1le111er1t au cas 01'1 la cl1ose pretée se trou,·erait
¡lar,·enue e11tre les 111ains d'un tiers déte11teur. L'en1prunteur, lt1i, 11e pourra
jamais OJll)oser aucune de ces prescriptio11 011 exception, éta11t, nor1 pas
possesseur, 111ais détenteur pour le con1pte d'a11trui.
2° Obligalio11s llu préleur. - J,es obligatior1s éventuelles qui peu,·e11t apres
coup ir1co111lJer au preteur sont au non1bre de deux. 11 doit eles dommages-
a
i11térets ou des rer11l)oursements l'emprunteur: ·
.-\.. - « Lorsque la cl1ose pretée a des défa11ts tels c¡u'ils p11isse11t causér du.
a
préjudice cel11i c¡11i s'e11 sert ... s'il (le pretcur:1 connaissait les défa11ts el
n'cn a pas averti l'em¡lru11teur » (art. 1891);
B. - (< Si, Jle11clant la durée d11 pret, l'en1prunteur a été obligé, po11r la
co11servatio11 rle la cl1ose, it quelr1ue déper1se extraordinairc, rtécessaire, et
telleme11l 11rge11te q11'il 11'ait ¡1as 1)11 e11 J)l'l'.YCnir le preteur n (art. 18!¡0). L(•
Jlreteur dcvra rc1nbourser ces frais exlraortlinaircs. S'il s'agissait <le fruis
t1rdi11airPs: ¡>ar excr11¡1le,lcs tlé¡>c11scs tl'esse11cc ¡)1i11r l'usage tl'1111e a11to1111Jl>ill'
¡1relee. la lll)lll'I'il11rc d'u11 cl1eval })l'CLÓ), le }ll'<\Lcur lle serait te1111 ¡'¡ aucu11
rembourse111e11t. }:n cll'et, 0111>c11t co11sicl<'·rcr co1111r1e aya11t (tt'i in1¡1licilc1111111t
co11ve1111 e11tre les }larties 1¡uc l'c111pr11r1tc11r s11¡1¡lorlerait les 111c11ues cliarges-
nt'·cessaircs JlOIII' l'usage rlc la cl1osc (art. 188G).
()n })Ourrait so11tc11ir c¡11e ces 11l>ligali<111s accide11tclles tlu l)l'1\te11r 11r, se
rattacl1c11l 11as au co11trat tic ¡1r1\t (1¡11c, tl<'is l(1rs, 01111c tlcvrait ¡1as C()llsi<lércr
co111n1e _sy11allag·111atique i11111arfait), 111ais ¡'¡ tl'a11tres ca11ses g-1\néralriccs
rl'obligalio11 : IP 111\li L c>11 !1~ 1111asi-rlí·lit 1lu ¡1rt\l11u r da11s le cas rlc l'article 18!) 1,
la gcstio11 tl'all'aires tlaus cclui 1!11 l'arlicle 18!¡11. N1Jt1s cr1iyo11s ¡>rúl't'•ral>lc 1lc
rallacl1er ces 1>l>lig-atio11s au cr>11trat 1¡11i liP les ¡1artics. l~t Y<lici l'intéret <l<·
la q11cstion.
C'csl <JU<'. rlans 11otrc syste111e, 011 1lcvra sa11s l1(siter acc<>rrlcr i1 I'c~111-
]irur1te11r 1111 ,truit ,te réte11tio1i s11r la cl1<Jsc ¡1r1\Lí:c, clr<iit <¡ui lui 11er1r1eltr1t
CO'.'ITRA.T DE PRET 665
d'eu différer la restitution jusqt1'a ce qt1e le preteur ait versé les inde111nités
qu'il lui doit. Cette garantie, nous le verrons, appartient d'apres l'opinion
générale, a tout créa11cier, détenteor d'une cl1ose de son débiteur, du mo-
111ent que sa créa11ce est née a l'occasion de la cl1ose qu'il détie11t (debituni
cuni reju11cl¡i1n); n1ais elle lui appartie11t lJien plus suren1ent encore, lorsque
so11 obligation de restitution découle (lu me111e cor1trat que la créance dont
il récla111e le paie1nent.
Or il r1ous parait in1¡Jossible de refuser ici a l'cn1prunteur le droit de réten-
lion. L'ancien Droit le lui accordait (Pothier, Prel a usage, n" 82). Et rien
n'indique que le législateur n1odernc ait pu aYoir une raison quelconque de
• 111odifier cette solution .
On ren1arquera qt1e l'article 1885 sen1ble exclure ce droit de réte11tion. 11
11ous dit que<< l'en1prunteur ne pe11t pas retenir la chose par con1pensation
ele ce que le pr<\tet1r lui doit n. ?llais il n'y a la (Jt1'une appare11ce. L'arti-
cle 1885 vise le cas 01'1 1.1 créance de l'en1prunteur ne se rattacl1crait at1cune-
111cnt au contra! de pret, ni n1e111e a la détenlion de la cl1ose. l)ar exemple,
ayant preté 1 .ooo francs a t111 de 111es a111is, je l11i e111pru11tc son argenterie
pour donner u11 diner. Je ne po11rrai prétendre retenir celte argenterie jus-
qu'au remlJoursement des 1.000 francs qui n1e sont dus. En cecas, il n')' a
pas me111e llebil1i111 ciin1 re jii11ciltn1. 1'out at1lre est la sit11ation lorsque la
créance de l'e111prunteur se ratlacl1e au conlrat qui l11i a ren1is l'usage de la

cl1ose prel<'-e. Alors, le droit ele rétentio11 lui appartient, 1\ notre avis,
cerlai11eme11l.

SE(~'l'l()!\" 11. - Jl111'.:T DE CO'iSO~l~IA.TIO'i Sl)IPLE.

,
'
Les textes co11sacr{·s par le Code 11 ce contrat (arl. 1892 190!1), n'o11t ena
général,a11c11ne t1lilité, ótant seule111ent la reproduclion des pri11cipes géné-
rat1x, 011 eles dófinitio11s et disti11ctions que 11011s avons prócóden1'i11e11t
fourr1ies :\ 1Jro1Jos dt1 JJret c11 gé11{~ral. D'ailleurs, le pret de co11son1n1atio11
sirn¡Jle, c'csl-i1-(lire g-ratuit, 11e clo1111c 1)as lie11 11 difficultés 11i h j11rispr11-
dencP. 'l'ci11le l'alte11tio11 se co11cc11lre sur le ¡1rel 1l'arr¡c11t (t intércl (lor1t nous
traiter\JIIS it la scclio11 s11i,a11tc. :\<JIIS 11e rctie11clro11s ici c1t1e les q11estions
. '
c1-apres.

Conditions requises pour pouvoir contracter dans le prét de


consommation. - 11 fau l les rccl1ercl1er, el tlar1s la JJersonne d11 preleur,
el clans ce lle ele l'P1111Jr1111lc11r.
1º (,'0111liliv11s re1¡1iises cite: l,i ¡1rcle1ir. - Le ¡)r<!L de cons<>n1111alÍ<)Il re11-
clar1t l'c111111·1111lct1r Jll'tlpriótair<• <lP la cl1ose ¡ir1\[{•e, il e11 r{~s11llc c¡uc, J)011r
¡1011voir J>r•'t .. r, il faut: 1\) J•:trc lll'<lJlriótairc ele cclle chose; 11) J•:trc caJ)alJlc
1lc l'alióncr .
.1\. - I.a .c1111clilio11 <¡110 lP ¡1r1'to11r soil Jlropriótairo 1lill'ére11cic le llrel de
a
co11so111111atio11 du Jlrel it usagc. (:cl11i c111i a ¡Jrel{i 11sagc la cl1osc d'a11trui
¡1e11t ce1Jc111la11t <lcve11ir créancicr; il a le droit ele rócla,ner la rcstil11tio11 de
666 LIVRE II. - TITHE II. - '
CINQUIE,\IE PAHTIE. - CIIAPITHE II

cette cl1ose, 11ous l'a,•011s vu. ,\u co11Lraire, celui qui apreté pour la conson1-
111ation la cl1ose d'aulrui, ne devie11t pas preleur, car, n'ayant pt1 tra11sfércr
la propriété de la chose d'autrui, il n'a pas fait de pret, ce contrat se formanl
1·e, co111111e TlOUS l'avons dit.
Bien enlend11, le veras domin11s pourrait revendic111er la chose, a n1oins
a
c¡u'il ne se l1eurtat l'exceptio11 de l'arliclc :>.·>.79: l~r1 fail de r11euble posscs-
sion vaut litre, l'e111pru11teur étant de )Jon11e foi.
13. - Le pret de consommatio11 est un acte d'alié11alio11. Ceux qui 11'011L
que des pouvoirs ou une capacité reslreints aux acles d'admi11islralion ne
pcuve11t tlonc l'effectuer ,·alalJle111enl. ~ous croyons inutile d'cnlrer da11s
l'exa111en détaillé des l1ypotl1eses 011 la q11eslion peut se poser. ~ous n'e11
examinerons q11e deux, relatives a la situatio11 de la femn1e mariée.
D'abord, la fe111n1e 111ariée séparée de lJie11s, ou la fe111111e do tale agissa11L
sur ses parapl1ernaux, ¡Jeut-ellc !'aire uu ¡Jret lle co11so111111alio11? ll ). a lieu
de llistingt1er. S"il s'ag·it d'un Jirél grul11il, c'est-a-clire sa11s inlérel, la fem•
n1e séparéc de biens 11'est pas capalJlc de l'effccluer, car ce pret cons-
tilue u11e vérilablc libéralité. Le 1Jr1~t a i11téret au conlrairc est u11 acle
de ¡ilace111e11/, c·est-it-clire u11 acle 1f'u¡/111i11islratio11 qui rcnlre llans les
pouvoirs de la fe111.n1c sé1Jaréc de biens. L' arlicle 1!149 ne porte-t-il pas
c111'clle a le droit d'alié,ier so,i ,nobilier (dans la lin1ile, il est ,·raí, de sa ca-•
¡Jacité d'ad1r1inistralic>n)?
La 1111\1110 qucstion se pose {·galemenl pour la fen1111e qui exerce u11c pro-
fession disllnctc de cellc de S<)n 111ari. ] 1our elle, il esl IJien cerlain qu'elle
pcu t pre't era' .1n t.ere
' 't ses cconon11cs,
' . car l' art1c
. l e_ 1•' . .'',• a1·1nea
' eIe 1a l 01. r111
13 juillel 1!)º'7 lui pern1ct cl'cn clis¡)o;;er h Litre 011érc11x. :'.\Iais il faut luí
ref11scr i1 clic a11ssi le clroit de lll'<~lcr ses ca¡)ilaux sa11;; i11tér1\1, l)ien c¡t1c
sa capacitó s11it 1)111s 1•lcncl11e c¡un ccllc <le la fcn1n1e súparée ele bic11s. En
ell'el, ce prel, nous l'avons <lit, co11sliluc 1111 actc de bienfaisance, el les
acle,; lle ce gP11 re ne son t pns au lorisús par la loi ele 1no,. .
:iº Co111lilio11s rc1¡1tises che: /'e111¡ir1tr1le11r. - J,e ¡>rel de co11so111111alic111
ol>ligc l'cr11¡1ru11leur. 11 fa11l ·<l1>11c l[IIC c<~lui-ci ait la capacité de s'l>l1liger.
l'l111r ce q11i cst elf's 111nr1clalaircs lt'·ga11x, ils 11'011l le t"lroil ll'e111¡1r111)ter
pour le co111¡lle clu 111a11da11L, c111c elans In 1r1cs11rc 01'1 l'empr11nl 11cul e'\lrc
COllSH. I ere
' ' COllllll() 11ll acle ll' /1( l m1111slral11111.
. . . E ncorc les 1 lex.tcs S[H'CHIUX,
' .
11olar11n1c11L t•n ce c¡ui co11r:Prne 11• l11IP11r (arl. '1ií7 el,;.), sr>11111elLP11L-ils ¡1ar-
fois l'e1n11ru11l i', <les frlr1nali1t'~s Pl r:11nclilio11,; s¡it'•cialf's.
1

Obligations de l'emp1·unteur. - L'ern¡1r11r1lcur, ¡1ar le pr•c'\l ele c1111sor11-


.
1nal101l, (( e,;( 1!'llll (IP )"(~ll(·¡ ]'(' 1(',\ C1l(lSCS jll'tll.('.()S,
'' '
('ll llllHlle ., el ,¡ua-
quanl1le
litú, el a,, Ler111e conve11u n (arl. 1!¡<1:i).
11 cor1vie11L ele repre11<lrc les clivPrs Lcrn1Ps lle celle 1lis¡1osilio11.
J)'aliorcl ce ne sortl ¡1as u l<·s cl1<>ses pr11L{·es >> 1¡11n l'c1n¡ir1111Le11r s'obligc /1
. t l ('Se 1l()SCS (1e llll!llle
rest1"L IICI', 111a1s ' <(ll:I 1·11.c' el. c111a11l.1LP,
. '
l~n S!'Cr>1ul lic11 1 la r1istilulio11 <ioit. av<>ir lieu ,r 1111 lcrrric c<HJVP1111 n, le
cré1111cier n'aya11l ¡Jas ici, sauf dans les cas ele d{•c\11•1111ce elu lor1r1e (faillite,
li<1uidati<>t1 j1rcliciairc, ele ..• ), la 11111111e fac11llt'i q11'c11 1uuticrc ele cc1rn11101lal
A
CfJ"\''l'f\AT DE l'IIET

ele deva11ccr ¡Jarf<)is le ler111e (Cf. art. 1889 et 1899). Et, in"·erserr1e11t, le
terme élant ici 011 général réputé stipulé aussi )Jie11 elans l'i11téret <lu créar1-
cier e¡11e elans celui ele l'en1pruntcur, il est de j11rispr11de11ce (¡11e celui-ci 11e
pcut, ele so11 c<'>té, cleva11cer le 111on1e11t íi.xé pci11r le re111JJ011rse111e11l ¡Jar la
co11,·e11tio11, ¡Jar exe1nplc, ¡Jar le talJlea11 d'a111ortissen1enl ar111cxé aux acles
d'c1n¡1ru11t (l{eq., 21 avril 18\¡G, D. Jl. 96.1.!184, S. 9í·'·t,8,; CiY., 2ojuillet
r9rJ 11. S. I!J06.1.25; Cor1s. cl'EL., í dóccmbre 189!1, D. P. 95.3.89, S. gli.3.8!J).
<211c si a11c11n tern1c 11'a óté co11ver111, la loi elo1111c a11juge 1111 ccrtai11 pouvoir
po111· fixer la date du ren1boursen1ent suivant les circonslanccs (arl. I!)OO et
I 901).
Enfin, on remarq11era q11e 1a j11risprude11ce interprete assez étroite111e11t
cette expression « en 111en1e qua11tité et c111aliló n. S11pposons q11e le pret
de conson1111atio11 ait portó s11r eles ,·aleurs ele 13ourse, l'c·u1pru11tc11r 11P
sera tc11u q11e de resliluer des Litres ele 111e111c nalure, e11 110111bre égal et 1lu
1n¡1n1e 1no11la11l 11omi11al. 1\.insi, fút-ellc énc1rn1e, •1a <ló¡Jrécialio11 e¡11e ces
a
ti tres auraient subis e11 Ilo11rsc elans l'i11tervalle, sera la c'!1arge elu 1Jrc\le11r
(l{ecr .. ,3 j11illet 189í, [). P. 98.1.353). Du 11,oi11s 011 scra-t-il ainsi lorsf¡uc
la reslilution a11ra lieu a11 tern1e cor1venu. Car, si le re111boursc1r1ent avait
été di lféré par l'e111prunte11r et c111e la déprécialion f{it sur,'e1111e e11tre len1ps,
J'en1¡iru11tc11r ne se li}J{'.rcrait é¡u'e11 rcstituant la ,ale11r q11c les ti tres a11- ·
raie11t eue s'il les avait rembo11rs{•s cxactcr11ent au ter111e co11ve11u (V. cep.
Req., 3, 111ars r8íg, D. Jl. í9·1.469, S. 80.1.ííl·

§ 1. - ~otlon11 ,irnérales. lll!oitolre tlt■ pret a l11té ■•t-.t.


Notions générales. Article, 1906. - Or<li11airen1e11t, cclui qui rr11-
f)ru11te de l'arge11t 11c s'oblige pas seule111e11L h le rendre au lern1e ceJ11ve11u;
a
il s'cngag·c en outre lJayer cl1aque a1111ée, ta11L que cl11rera lc prel, u11e so1r1111e
calc11lée ii ta11t po11r ce11t cl11 car)ilal, laq11ellc re1)résenle. le sacrifico fail J)ar
le ¡Jrele11r, le prix cl11 servicc rc11<lu par l11i. Cette so111111e ¡Jorlc le 110111
cl'i11l<:r11l. Air1si, l'nrgcnt est 1111e cl1ose ¡)roductive, 011 ce ser1s r¡uc le ca1)ita-
lisle JH111t se ¡Jrocurer 1111 rever1u en le 1)r1\la11L.
Cc¡>e11cla11l, le pret d'arge11t. 11'er11porle ¡>as r)ar lui-1111'\111c ¡>rocl11ctior1 <l'i11-
tt'·r1\ls, c¡uoic¡uc ce soit le cas le ¡>lus fréq11e11t. L'ir1lérL:l 11'est d1i ¡¡ar l'c111-
I>r11nle11r (¡u'a11ln11t 1¡11'il a t'~lé sLi1J11lé (arl. 1!)CJ:i), c'esl-a-<lire qu'aula11l
c111'11ne clause d'inlérc\ls a élé s¡1{:ciale111cr1t i11sérée clar1s le co11lrat. La co11-
cc¡Jliti11 lradi tio11r1elle <l11 pret 111ulttu111 q11i 11cJus vicr1t <lu l)roit ro111ai11 11'a \ .
d1n1c ¡>as cl1a11gé. Le Jlr<\t est cr1 ¡irinci¡>c 1111 coulrat dési11lércssi':, :i n1oi11s
que le conlraire 11'ail t':Lé 11x¡iressé111e11l co11vcn11.
J>r¡urla11l, l'articln 1uoG a1>1>cirle a11ssil1\t un lc111¡>11ra1ne11t assez clifficilc 11
,
ex1ili1¡uer :1 la rcgl1\ prt':c{:<le11le. l)'a¡>rc':s ce lcx.le, l'e1u¡,ru11lcur c¡1ri a payú '
''
eles intúr,\ts c¡11i 11'étaie11t 1Jas sti¡iul1\s, 11c 1>n11l 11i les rú¡>Ól<'r ni l<'s i111¡i11lcr

'
s11r le ca¡iit:11. 11 fa11t sup¡H>scr, Cl'll}(lllS-11t111s, c1uc l'cu1¡>ru11leur a ¡¡ayé c11
co1111aissa11ce de cause, el 111J11 ¡>ar orreur. 11 11'cst !las do11teux po11r 11011s
1¡110, s'il s'étail lro1111H':, il ¡lourrail récla111er les intórt:ls i11cl1i1ner1t vcrst'•s.

668 LIVRE II, - TITRE II. - '


CIXQUIE~IE PARTIE. - CJIAPITRE II

"\'oici, des lors, co111111cnt nous expliquons l"article 1906: ce texte, a notre
avis, présun1e qu'il }. a eu conve,itio,i tacite d'intércts entre les parties. Cette
con,•ention n ·est pas obligatoire, en ce ser1s qu'elle ne pern1et pas au créan-
cier el'cxiger le paien1ent des intérels; 111ais, si le débiteur les a volontaire-
ment acquittés, il ne peut plus les réclan1er. En d'autres termes, la con-
,·ention tacite présun1éc par la loi n'engendre ici qu'une obligation naturelle.
Histoire du prét a intérét. Sa prohibition dans l'ancien Droit. -
Le prct a intéret a appeló de tout Lcn1ps l'intervention elu législateur, a
cause des conflits qu'il a soulevés entre les manieurs d'argent et les en1prun-
te11rs ollligés de subir leurs conditions. l)our défendre les délliteurs contre
!'apreté eles preteurs, divers procédés ont été en1ployés au cours de
l'l1istoire.
, Le prcr11ier, pratiqué dep11is l'antiquilé, a co11sisté a fixer 11ne lin1ite
n1axi111a et a inlerdire aux créar1ciers ele stipuler .un taux supérie11r.
C'est le systeme qu'a eniployé, pendant lo11t le cours ele son histoire, le
Droit ron1ain. Ce n1axi111ur11, qui parait avoir été étalJli pour la pre111icre
'
fois i1 Ron1e par la Ioi des D011ze Tables, a ]Jcaucoup varié, dep11is cette
époquc jusqu'á cellc de Justinien (Voir po11r les détails, Girard, op. cit.,
5°édit.,p. 515 a 518). l.a sanction était, du reste, purernentcivile: ellecon-
sistait dar1s la restitutio11 eles intt'~rets illégalen1ent pcr~us. Le fait de
llreter á gros intérets n'était pas 11r1 délit p11ni par la loi pénale.
L'Eglise call1oliq11e a usé d'un 11rocéelé plus efficacc. Des son origi11e .

elle et pro!tibé la sti¡1ulatio1i cl'i,itéréls. Elle tirait cette interdiclion, d'allorel
11 eles préceptes rr1os,fiques, d'a¡lrcs Iesq11els les liélJre11x, q11anel ils pretaienl

de l'arge11t, n'étaient a11lorisés a exiger des i11lérets q11e si le prt\t était fait a
eles étrangers; c11lre c11x, ils eleYaier1L se Lraiter e11 freres et se co11ler1-
lcr de la restilution elu ca¡lital »; e11suilc eles ¡¡aroles de l'Eva11gile de Saint
L11c, ''I, :~5: 1l11tl1tu1n date, niltil i11llc spera11tes. n A ces textes, 011 aj(111ta
pl11s !arel l'autorité du granel clocleur ele l'a11Liq11itt'·. :\risll)lc, r¡t1i avait
eléclaré que l'arger1l 11c ¡1c11l ¡Jas <•11gc11clrcr ele l'argc11t.: Ntt1111n1ts 11tt111111u111
11011 ¡1aril, ce q11i n'cst <1u'1111 ¡ia11Yrc argu111c11t., cnr 011 ¡iourrait elire a11ssi
llicn <¡11e les 111aiso11s 11e ¡¡e11ve11L ¡ias 1irotl11irc ele t,iy<•rs (\'. llrissauel, 1lfa-
1111el. l\)fl¡, ¡). /171). <J11oi r111'il e11 soit, CtJ11lrc le ¡1rt\l .\ intórt:t. l'l~g·lise a
¡Jro11<Jr1cé les sa11clio11s l<'s plus rigo11re11scs. La11L civiles (1111llitt'· ele la sli-
p11lntion d'i11lt'•rt\t.s) e¡ue IH'11ales (<!Xct11111n1111icatio11). l.c 11011vt1ir st'•culicr y a
njeiult'• ses ¡ir<J¡1rcs sa11ct ion s.
Cepc11da11L, 1r1algrt': f'.t~s efl'llrls co1r1l1i11t'·s. l'es11rit ele lucrl', i11l1t'·rn11L á la
11al11re l111111ai11e, a LritJ111¡1l1é tle l'i11Lcr(liclic)11. ()11 ¡iPut tlire <¡uc ja111ais 011
11'a cesst'· tic ¡1relc•r tic l'arg<!ltl /1 intt':rt\l. 'l',1111. el'alHir<l, lcs.lnif's r111I Lo11jc111rs
¡111 ¡1rati<¡11cr c111Y<'l'IP111c11l ce ge11r<' dr-! 1iri\l, car lc11r rcligio11 11c lct1r elt':f'e11-
tlail ¡1as de s'c11 servir /1 l'(•gar<l el'a11lr<!S <¡11c leurs cnrt:ligio1111aires. l.<) co111-
111ercc tle l'argcnl cln,i11l ainsi 1io11r t•ux 1111 vt'·rila!Jlt• 111ri110¡1nlt•, <f11'ils ¡iarla-
gcrcnt 11l11s !.arel avec les l.<H11l>artls. ~lais, 111t\111e t!11Lr<: cl1rt':licns, le ¡ir,\I. it
i11lórt1l ful l<)ujours ¡1raliq11t'-. ()11 11sail, en cfl'<1l, <le lo11IPs st11·tcs ele suhler-
. pro d 111re
f uges 1ic>11r f arre . 1111 reve1111 a, I' arge11l lll'Plti ' , •.
1. La ,·ente conslituéc (Voir t. 1°•, p. 686 et s.), préscntnit 1\ pcu pres les mérncs nvnn-
CO'.'iTRAT DE PRET 669
La rigueur de la ró1)ressio11 11e Larda pas dt1 res le it se rel1icl1er, et, e11 fai t,
on ne poursuivait q11e l'11sure énorme et non l'usure Ill(}dérée ..\u xv111c sie-
cle, on ¡Jeut 111e111e elire que la prol1ibition n'existait pl11s r¡11'en tl1éorie '.

Suppression de la prohibition par l'Assemblée Constituante. -


Les óconon1istes et les pl1ilosopl1es du xv111e sieclc <len1a11elaient 110n seule-
n1ent c¡11'il f1it pern1is ele stip11ler eles intérets, 111ais récla111aient e11 otil.re la
lilJerté d'en fixer libre111e11l le tat1x. L'arge11t est u11e n1archa11elise, disaient-
ils, <lont on peut trafiquer co1111ne de toutes les a11lres : il est juste que le
prix de cette 111arcl1a11dise puisse ,·arier suivant la loi ele l'ofl're et de la de-
n1ande (V. Cau,,·es, Cours cl'éco,iomie politir¡ue, 3" édit., t. 3, p. 833 et s.).
Sans aller aussi loin e1ue ces tl1éoriciens, l' c\ssen1!Jlée Constituante décréta
le 3 octobre 1 789, qu'a l'ave11ir to11s les particuliers, corps, co111n1unautés
et gens de mainn1orte po11rraient ¡Jreler l'arge11t it ter111e fixe, avec sti¡)ula-
Lior1 el'intérets, suiva11t le taux dóter111iné par la loi. Ce décret laissail done
prévoi r c¡11'une loi fixerai t le 111ax i n1um ele l'i11 l(:ret, n1ais on 11e elonna
a
pas suite cetle idée. 011 passa ai11si du régi111e ele la prol1il}ition celui ele a
la libertó con1¡Jlele. Ce régi111e n'allait pas tarder d'ailleurs ;\ (\tre faussé 1Jar
la créalion des assigr1als, qui amena une élévatio11 co11sidérable du taux de
l'intér<\l •.


Le Code civil et la loi du 3 septembre 1807. - Le Coele ci,il décide
a son tour, da11s l'article 1905, qu'il est pern1is de sli¡Juler des i11lérets pour
simple pret, soit d'argent, soit de elcnrées, ou autres cl1oses n1obilieres.
IJuis l'arlicle 1907, 1)osar1l la elisliuction ele l'intéret lt'·g·al et ele l'intéret
co11ve11lion11el, se IJc>rr1e a clt'·clarer e¡t1'il appartienl a11 l<'·gislatet1r ele lin1i-
ler le la11x de ce <lerr1ier, sans 1}ro11011ccr lui-n1er11c cetle li111itation.

tages que le pret it inléret. I>epuis le xv1• siecle, les ordonnances royales fixcnt un
taux maximum que la rente ne peut dépasser sous peine d'étre infectée d'usure (\'oír
Drissaud, Jla11uet, p. 482).
1. Voltaire, Dictio1111aire p!tilosopltiq11e, V• I11terets, dit it ce snjel: " La Sorbonne a
décid,; que le pret it intér(:t est un péché rnortel. 11 n'y a aucun rle ces raisonneurs qui
ne fasse valoir son argent, quand il le peut, it tí ou 6 0/0, l'n achetant sur la place des
billets des fe1·1nes, des actions de la Cornpagnie des Inclcs, des billets du Canada. •
11 faut voi1·, sur celte queslion de la prohibition, le Traite dP /'uRure de Pothicr féd.
Rugnct, t. 5, p. 63 C't s.), dans Icquel l'auleur expose longuernent la prohibition de !'usure
par l'Erritur<) sainte et la lradilion, et pnr les lois du royaumc-. Pothier, respectneux
interpr(!le eles lois, se prononc1\ contrc la validilé de l'intérél, n1~1ne dans les pr1lls com-
111erciaux. l\lais, plus loin, il s'elforce de justifier l'opéralion de la Cornpagnie des Indes qui
avalt été autorisée n crnpruntcr 10 1nillions sous forme rle billets de t.000 ou 500 livres,
prorluisant un int(\rét de ,; O¡O l'an, jus1¡u'au rernhoursement qu'cllc ferait de crs som-
111e~, lliquel devait s'opérer par voi<) d1i tira ge au sort annucl des hillets a rembourser.
Ces hilll'ls, dlt-il, renferrnent unP constitution de rente tr,',s légitime : • La raison en est
que ce n'cs pas envers les cr(!anciers de ces bill1~ts que la compagnie s'ohligc au rachal;
C'lle ne contracte r.ettc ohligatlon qu'envcrs le roi, qui met cctte condition a la permis-
sion qn'il 1111 nccor,lc de faire l'emprunt ». L'argument n'est qu'u11 mauvais distinguo.
2. Que lle a !'!li'! l'altitude dP l'Eglise en prl1scn('.e de ce chan¡;ernent dans la législation?
" L'Egllse, tlit M. llriss1111rl (l\fa11uel, p. 477), s'cst rcf11s(\c il ,t(,clarer l'intér~t légitirne en
lui-111!1111c; rn11is elle a rccorn1111111di\ anx autorités ecclésiastiqur.s dr ne pas inquiéter
les pri\lcurs qui se conforrneraiPnt anx lois, jusqu'i1 ce que le Saint-Siegr. érnit une sen-
lcnce d,',finitive. On attcnd cncore cctte sentence. »

LIVRE II. - TITRE II. - CINQUIEllE P.\RTIE. - Cll.\PITRE II

La loi qu'a11non<,)ait ce der.nier article fu Lpro1nulguée le 3 septembre 18<)'7.


f:tle n1arque une étape no11velle, car elle ne re contente pas de détermi11er
l'i11téret légal qui sera, <lit-elle, de 5 o/o e11 matiere civile, de 6 o/o en n1a-
tiere de con1n1erce; elle li1ni le, e11 out re, le taux de l'intér1't conve11lionnel,
lec1uel ne ¡iourra excéder en n1atiere ci,ile 5 o/o, ni e11 n1atiere de con1merce
(i o/o. Ces cl1ifi'res fur<:>nt en1pruntés a
la législalion de l'ancien régime en
111aliere ele rentes.
Pour justifier celte seconde li111itatio11, l'Exposé des motifs ir1voq11e les
111aux prod11its par la liberté: « Il est reconnu, dit-il, que le taux excessif
de l'i11téret de }'argent attaque la propriété daos ses fondements; r1u'il mene
l'agriculture a sa perle, qu'il e1npccl1e les propriétaires de faire des amélio-
rations titiles; qu'il corrompt les ,·éritables so11rceil de l'ind11strie ; q11e, par
~a per11icieuse facilité de procurer des gains considérables, il détourne les
cit0Je11s des professions titiles et moclestes; enfin, qu'il tend r11i11er eles a
fan1illes er1tieres et i1 y porler le désespoir. Le con1111erce lui-mcn1e est bie11
loin de récla111er une exception ¡\ ces príncipes. n

Attaques dirigées contra la loi de 1807. Premiares restrictions.


Loi du 12 janvier 1886. - Cette loi ele 1807 n'a pas cessé d'etre, a11
cours du x1x• siecle. l'ol1jet eles allaques de l'Ecole éco11on1iq11e lil1éralc,
laquelle condan1ne l'inlervention du législateur dans les rapports des capi-
talistes et des e111pru11leurs, co1n111e inopporl11ne, gcnante et inefficace. El il
faut bie11 reconnailre, en elfet, qu'il 11'est pas clifficile a11x usuriers de se
soustraire a la prol1ilJitio11. lis 11'ont r1u'a remeltre a l'empr11nteur u11e
somrne i11férieure a celle qui est portée s11r le billet. La preuve de la fra11de
est presq11e in1possible. ¡\ 111aintes reprises, en 1836, 1857, 1871, 187G. 1881,
eles propositio11s ful'enl clone clt'i¡}osées au IJarle111e11t e11 vue de rélalJlir la
libel'té cl11 laux de l'i11tér1~t. ,\lais ces elforts n'o11L a)Jouti que partielleme11t
cl1ez not1s.
'frJtil cl'a!JOl'd, 1111e granclc c11r¡111'te, 011vcrtc so11s le seco11d l~111pire e11
1861, pa!'ut favora!Jle at1 111ai11lier1 ele la prol1ilJilio11. 011 avait fait valoil'
ulors avec fol'ce les r11otifs c¡11'il y avait ele 1irott\ge!'crintl'e l'usure les paysar1s
et le petil co111n1ercc. Néan1r1oir1s, la lc>i de 1807 su!Jil, llurant lo11t le seco11cl
I•:111pirc, 1111e série ll'excc¡ilio11s c¡11i e11 atlé11uere11l se11sible111e11l l'ell'cl. Di·j.\,
on avail a11torist\ les ~Ior1ls-cle-Jlj{•lt'\ .\ clt'•11asscr le la11x tic [i <}/<>, <Jlli 11c lc11r
1ier1netlait J>as de c1i11vrir lnurs l'rais. J,a j11!'is¡}ruclc11ce, ele S<Jll c1ilé, avail
oxen1¡>L<~ l'esco1r111te cl11 }Hll}ier co111n1ercinl cln la li111italio11, en rec<Jn11ais-
snnt <Jite les l}a11r111iers avaicnt le clroil de ¡ir{·lcver 1111 droi l de cr11n111issi1>n
au del1'1 clu laux ele (i <>/<>. I~11Jl11, la lc}i 1111 !J juin 18:>7 a11lt>risail la lla11c¡110
de l•'ra11ce ¡\ {·lcv<'r le ta11x tle so11 esco1n¡,lo a11-clessus de li 11/0. ()n lcn<lnil
ai11si 1\ ne ¡>l11s ap¡ilic¡ucr la l<ii c11 111ali1·rn <le co1111111·rcc.
l•'.11 so111111c.l'a11l<Jrilú ti(' la lt>i <le 1807 avuil étt'\ l>ie11 t'·l,ra11({'.e cl1... j.\ pur ces
1liv1irs<'S 111cs11res. O'autrcs luis ¡H1slt''.rie11rt's l'unt cnCDl'C 1il11s clirecl11111nnt
11Lta1¡11éc. (:<' sr111t les luis cltt 10 j11illel 188:-, sur /'hy¡>ullte1¡1te 111ctrili111c el la
loi du 1 :i j1111uier 188H.

COXTI\AT DE PHET

La premiere a rétabli la liberté ele l'i11téret cor1ventionnel e11 matiere ele


prets hypotl1écaires s11r na,,ires (art. :18).
La seconde (loi du 12 jar1vier r 88G) a défi11iti,,ement abrogé, e,i matie,·e
de commerce, la loi du 3 seplc111lJre 1807. Celle-ci 11e den1eure dor1c plus en
Yigueur qu'en n1aticre civile.
l)our j11stifier cette clisti11ction, au premier aborcl sing11liere, le législate11r
a donné les raisons suiYantcs. Le comn1eri;a11t, a-t-il <lit, est plus aptc se a ·,

elt\fendre qu'un parliculier ordinaire ; il cor111ait mieux les affaires. l\1ieux


vaut po11r lui tro11ver de l'argent it un ta11x élevé que d'etre obligé de sacri-
fier a has prix ses marchandises. Enfin, les bénéfices q11'il espere réaliser
lui pern1ette11t de supporter le taux élevé c1u'or1 l11i récla111e.
On peut dire en résun1é que la loi de 1807 ne subsiste pl11s aujourd'l1ui .,

qu'en tl1éorie. Bien rarcs sor1t les applications faites par les trilJu11aux des
sanctior1s qu'elle édicte. Des lors, la limitatior1 d11 taux ele l'i11téret, bien
r111e sulJsista11t en principe, est 11ne 111esure inefficace. ,\.u reste, le législatc11r , .
1r1odcrne sen1l1le s'y résigner, et c'est par un autre procédé qu'il cl1ercl1e
,\ lJrocurer aux e111prunte11rs dignes d'intéret de l'argent a bon con1pte. Ce
procédé consiste dans l'orgar1isation du crédit i1 bon marché au profit des
ag·riculteurs, des petits con1meri;a11ts, des 1narins, et cela par la création et
l'e11couragement de caisscs m11tuelles de crédit forn1ées entre les intéressés.

1
Législations étrangeres. - La JJl11part des législatio11s étrar1geres onl, 1

a11 cours d11 x1x' sieclc, cléfinitive111ent a!Jandonné le systen1e de la li1nita-


' .
tio11 d11 Laux de l'intéret.
Il en a été ainsi e11 Espagne \loi clu 14 n1ars 185G), en ltalic (art. 1831 C.
ciY.), c11 1\l1tricl1e et e11 llongrie (18G8), e11 Allc111agne \loi d11 1!1 11ove1nbre
18/i7 l)OUr la confédératio11 ele I' .c\Ilcr11agne du Norcl, et d11 1... janvie1' 1871,
cf. l'art. ?./17 C. civ. alle111a11c1) 1; en 13elgique (loi d11 5 mai 1875).
Il n'cst pas in1possible, du reste, ele co11cilicr la liberté du taux de l'intéret
avec la répression ele l'11surc. La législation allen1andc s'y est cll'orcée. Elle

a co111pletc111e11t tra11sfc>r111é 11otre co11cer>tio11 si si111plislc et si i111parfailc
el<• l'11s11rc. Cl1ez no11s, l'11s11re consiste cla11s le fail de pretcr de !'argent er1
nxigeanl 1111 intért\t s11pt'\rie11r au La11x lt'gal '. l)a11s la concer1tio11 alle111ande,
ce 11'csl ¡1as le taux tic l'int1~ret e¡11i constil11c l'11s11rc, 111ais le fait ci'cxploiter
les besoins 011 l'ign11rance de l'en1¡Jr1111te11r. 1~11 const'~c111e11ce, la loi elo1111c
',
a11 juge 1111 11011voir so11verai11 cl'a¡Jprt~ciatio11. l)'a11Lre part, ce 11'esl pas
scule1r1er1t da11s le\ prc~L d'arge11t q11'il pe11t y avoir 11surc, n1ais cla11s Lout
conlral c1uel c¡u'il soil.
'
" 2 . -
~ l~l111ltatltt11 tle l'l11Ct~rt"t t!tt11,·e11tlonnel
en 111atlere c!l'l'lle.

Distinotion du prét commercial et du prét civil. - 11 résultc ele nos


1. Nous nous plal)ons au point dn vuc civil scul. (.'usure n'csl r11pri1né1\ par la loi
pénale qu'autnnt qu'elle c~l llabituel/e (nrt. .\, loi du 3 scplcrnhrc 1807 et art. 2, loi du
1\l décernhrc 185C¡.
I.IVI\E II. - TITRE II. - '
CI~QLilE)IE P.\l\TIE. - CH.\PITRE II

explications précéclentes que le taux de l'i11térct convention11el est lin1ité it


5 o/o en matiere ci,·ile, tandis qu'il est libre en matiere con1111erciale.
,\ quel signe reconnaitra-t-on que l' on est en maticre ciyi]e ou en matiere
con1merciale? La question a grand i11tér1\t, car il ne pet1t y avoir délit
d'usure qu'autant que le pret dépasse le n1axin1un1 fixé par la loi.
Les auteurs de la loi de 1886 n'ont pas trancl1é la question; ils ont <léclaré
qu'ils s'en rapporlaie11t a la j11risprude11ce. La doctrine décide ordinaire-
ment q11'il faut considérer excl11siven1ent la 1lesti1ialio1i <les fonds prctés.
S'ils <loivent etre e1nployés par l'en1pr11nteur dans le co111111erce, le pret esl
comn1ercial; il est civil, au contraire, 'si les capitaux doive11t etre affectés a
un emploi non con1n1ercial. Celte solutio11 est logique; elle concorde lJien
avec la pensée du législateur, qui a jugé que les spéculations co111n1erciales
ne comportaient pas l'établissement d'un 1naximum. 'fel n'est pas cepen-
<lant le systen1e s11iYi par les tri!Ju11aux. Ceux-ci se 111ontre11t encare 11lus
favoral)les a la liberté. lis décident; e11 effet, que to11t pr1\t consentí par 1111
banr¡uier est con1111ercial, qua11d 111c111e il est fait a un non comrr1er1,ant et
po11r un but purement civil (Req., 25 juillet 1895, D. P. !J6. 1. 193. r1ole elr
1\1. Lo11is Gué11ée, S. 9!)-1 .:l26). 1111·y a pas ele raiso11, disent les arrets, de clis-
tinguer suivant c111e les l)all(IUicrs prcte11t U des con1n1er¡;ants ou a des nou
comn1er1,ants, car ils per(,'oivent le mcme intéret. Ils ne 1)et1Yent pas fairP
des concli tions ditl'ére11tes suivant la qualité des clicnts 011 la destinalio11
de l'argcnt.
Cepenclant, la Cl1a111IJrc cri111i11elle ele la Cour de cassalio11 se rap¡Jrocl1e ici
de la doctrine. Ses arrets du g 110Yc111IJre 1888 (I). IJ. 89.1.:>.72, S. 8!).1.393,
11ote de ~l. Lyo11-Cac11 et d11 19 se11te111bre 1907 (D. t>. 1!)º7·1.519) 011l en
effet clc'~ciclé c¡ue les aYances faites s11r Litres de pensio11 it eles 1'011cli1)1111aircs
retraités conslilue11l eles ¡1rets ci,ils, 1111'n1c l1Jrsc¡u'ellcs so11t failes par 1111
)Ja11<111ier, et elevic1111e11t tles Iors eles acles cl'us11re, Iorsqu'elles co1111Jorlcr1t
1111 int<'-rel clépassant le taux 111axi111u111 fixé ¡Jar la loi ('r· a11ssi lle<¡., !1 j11il-
let 1!)011, ~ 1. J~ ~I Í, s
' D. t> . 1\)Oct. ,_ , 1!JO.11. 1. ;¡- 1!) ) .

Contrata auxquels s'applique la limitation. - J,a l1Ji 1!11 :1 seple111brc


1807 se conle11lc tic fixer le la11x 111axi11111111 ele l'i11lc'•r1\t convenlio11nel, san s
s¡)éciflcr 1¡11c ccllP li111ilalio11 s'a1JJili1¡ue ;\ Lcl ge11rc tic co11lral 11lulul 1¡11'.\
tel a11lre. 11 fa11clrail 1l011c. sc111lilP-l-il, l'c'itc11elrc i1 l1>11s ll's Cl>nlrals 1lans les-
<¡11cls il y a slipulali1,11 el'i11lc'•r1'ls. 11u'il s'ag·isse el'1111 11r1\l d'arg1~11t, tlu prix
tl'1111c ve11te, tl'u11 ca¡)ilal c1,11sliluc'· P11 tlol, ele. (l~i1 ce se11s l\uislel, notes
SOIIS 1). J>. !):1.:i.:{(¡;¡, !l7·'.l,11>3. 1\)tHI, 1.;1).
'l'<'l n'csl ¡>as CP(J1•111la11l l'a,is 111' la j11ris¡ir11dc11cc. ]•:lle 1li'~ci1lP 1¡11c la li-
1r1il.aliu11 ne ,isc 1¡11e le /Jl'<1l 1l'<1l'f/<'l1l el. 111' c1>11ccr11c 11as les i11l.érels slip11-
lés 1la11s 1111 a11lre c11nlral (J>aris, ·11,ja11viPr ,H!J'.l, 1). i>. !J:l.:1.:)<1:J, S. !l 1r,' 1·
16!), 11ole de JI. 'l'issiP1·; (;i, .. 1:1111ars 18!)!), 1). t>. 1!)011. 1.:1, co11cl. ele l'a-
voc. gó11. l)csjarelins, S. !l!)-1.'.ll(i). <:ctl.e s11l11tio11, il faul. le rcc1,1111ailrc. a
{)Ollr <'111\ l1>11l1• la lr:Hlili1111 11<' 1111lrP a11ci1•11 dr11il .. \11lr<'l'ois, c11 <'.f1'1~l, l<'s
sli¡)ulations cl'i11L{·r1\ts {•laienl 11Pr111iscs 1la11s lc contra Is a11Lrcs 1¡11e le 11r1\l.
Poll1ier c11seig11ail <¡11e ce 11'c'~tail c1uc 1la11s le ¡irel 1¡11c se cc1111111cltail l'11s11r1·
CO:'iTRA.T DE PRET

,proprement dite (Prel de co1isommatio11, nº 88, éd. Bugnet, t. 5, p. 81). On


.ajoute, spécialen1ent pour la vente a
crédit, que les intércts y sont un élé-
1nent du prix ; orles parties sont libres de fixer ce dernier a11 cl1ilfre qu'elles
veulent. :\insi done, dans tout contrat autre que le pret d'argent, la stip11-
lation el'intéret est lilJre. Par conséquent, le délit d'usure ne peut se con1-
mettre que dans le pret (.\Jger, 19 mai 1909, D. P. 1909.2.368,S.1909.2.112).
n·a11lrc parl, on cst d'accorJ pour acln1eltre q11e la loi de 1807 ne con-
cer11e c¡11c le pret d'argc11t el non le 1)rct de elenrécs, car elle 11c ,·ise que
Je laux de l'i11lérel de l'arr¡e11l.
Enfin, men1e quand il s'agit de pret d'argcnt, la limitation cesse de s'ap-
pliquer, lorsque le contrat présente un caractere aléatoire. Ce caractere ne
permet pas, en effet, de dire apremiere vue quelle est celle des deux par-
ties qui fait une bonne affaire (Req., 6 décembre 1886, D. P. 87.1.312, S. 87.
r.419; Crim., 2 jui11 1888, D. P. 89.1.272, S. 89.1.393, note de 1\1. Lyon-
Caen).
On ,·oi t e11 so1nn1e con1bien le chan1p d'application de la loi de 1807 se
trouve lin1ité, et co111!Jien, par conséquent, notre conception frant;aise du
délit d'11surc est étroite et insuffisante.
Sanction de la limitation. · - La sanction de la li111itatio11 ¡Jronoucée . 1
. );

par la loi ele 1807 est double: elle cst a la fois civile et 11é11ale. ?\Iais l'u11e et '
l'autre sont ¡)resque toujours inopérantes.
1º Sa11clio11 civile. - La sanclion la pl11s efficace cut été de frappcr le
a
prct usuraire de nullité, et de ne laisser l'usurier que l'actio11 rle i,i re,,i . i
1
verso. l\Iais lel n'est pas le systc1ne de la loi. Elle se contente d'une regle
plus douce. Les perceptio11s excessives sont in1putées ele plein droit, aux
é1Joques 01'1 elles 011l cu lie11, s11r les intércls alors échus, et s11!Jsidiaire-
111enl sur le ca1Jilal ele la créance. ,\.11 cas 01'1 elles dépasseraie11l le capital
et les i11tércls, le ¡Jreteur est co11damné a restituer les son1111es ind1ir11ent
pert;ues, avec i11lércl clu jour ot't elles lui ont été payées (loi du , !l décen1bre
- ar t . r er')·
1 ,8~o,
,\insi, cel11i qui slipule des i11tércts usuraires ne court pas gra11cl risque;
a
-car so11 co11lral esl lrailé co111111e s'il avait óté 11assé co11f'or111é111enl la l1Ji.
ll 11'e11 courl <i'aille11rs g11cre plus a11 ¡Joinl de v11e pé11al, no11s allor1s le

vo1r.
:iº Sllliclio,i ¡1é11lilc. -- L't1sure 11e devic11t 1111 clélil qu'aula11l r111'clle esl

ltabiltlelle. u '1'011l i11clivillu t1ui sera préve1111 lle se livrer l1alJiluPlle111e11l a


l'us11re ... », l)urtc l'arliclc /1 ele la loi <le 1807. U11 co11lral isolé conlena11l sli-
lllllalion <i'i11L(ir<~ls 11s11raires 11'esl llo11c ¡las ¡J11ni par la loi ¡)1:11alc (lí1Í <l11
I!) clécc111!Jre 18:"><l, arl. :i el 3). ()11 co1111Jrc11cl que, 1la11s ces co111lilions, la
¡Jre11v<i <111 li<'·lit Sllit forl llif'licile ¡1 f'aire. 1\jo11lo11s <111e les 11s11riers ne
a
11i:111<¡11e11L ¡Jas <le 111<iyc11s po11r clissi11111lcr le11rs o¡lérali<)11s el !'.·cl1a¡Jpt•r
la llli.
~ :1. - Le taux lt.•a-al de l'l11téret.

1'1<~111c s'il lli·oclan1ail la lilierlé de l'i11lér<~t co11ve11Lion11cl, le législatenr


llevrail 11xer le laux léyl1l ele l'i11lércl. Celle fixalio11 présc11lc c11 ell'et le }llns
'!'orne 11 ' 4:J
LIVRE II. -'-- TITRE II. - '
CI:"!QUIE)IE P1\RTIE. - CHAPITRE 11

gra11d i11Léret pour le con1n1erce juricliquc. C'est en efl'et le taux fixé par la
loi qui s'applic1ue au calcul eles ititérets 111oratoires. C'est lui aussi q11i
s·applic¡ue it toutc dettc ayant sa source cla11s la loi, lorsque cc'lle-ci in1¡Jose
au débiteur le paicment d'intérets de plein clroit (ex.: art. 2001).
Enfi11, bien souvcnt, dans leurs conventions, les parties se conte11tent de
slipuler que le débitcur devra payer les intércts calc11lés d'aprcs le ta11x légal.
<)11el doit done etre le taux ele l'intéret Iégal ~ II est é,·ident qu'en príncipe
il doit se rapprocl1er le plus possible dt1 taux con,·entionnel nor111al. C'e st
})Ourq11oi la loi du 3 septen1bre , 807 avai t cl1oisi pour l'un et l'autre les
rr1cn1es q11otités, 5 o/o en 1naticre ciYile, 6 o/o en maticre de com111crce.
La loi du 7 a,·ril 1900, tenant con1pte de la baisse du lO)'er des capitaux-
qui s'cst produite dans les dernicres années du x1x• siccle, a di111inué le
a
taux légal. d'une unité et l'a fixé !1 ojo en matiere ci,·ile, 5 o/o e11 n1alicrc
co1111nerciale. Cette loi n'a pas étó l1eurc11sc. car le Laux ele l'i11téret s'cst
presque imn1édiate111ent relevé ens11ite, et l'a11cicr111e fixatio11 corres¡Jo11drail
bie11 plus exactemc11t aujourd'l1ui a11 11iyca11 de l'i11térct cor1ve11tio1111el. Les
partisans du statu.• quo, qui, en 1900, s'opposaier1t il la réfor111c, e11 décla-
ran l que. la baissc pouvait n'ctre q11c te1nporairc, aYaie11t c11, cr1 s0111111e,
alJsol11111c11t raiso11.


\

CIIAPlTRE III

DF~J>O'l' ET Sl~QUESTRE

Définition. Caracteres du contrat. - Le Dépot est le contrat par


a
leqt1el ou re<;oit la cl1ose d'autr1ii, la cl1arge de la garder et de la restituer
er1 11ature au déposa11L (111and il la réclan1era. A cette définition l'a.rti-
cle 1915 n'apporle qu'11n correctif; il n'e111ploie pas le 111ot de co11iral, n1ais
cel11i d'acle. Si, pot1r les rédacte11rs du Code, le dépot 11'est pas toujours un
conlrat, c'est sans doute pour deux raiso11s. D'abord, le Code, con11nettant
d'ailleurs en cela une erreur, a voulu faire entrer le séqueslre da11s la caté-
gorie des dépr'>ts, alors qu'il y a entre les de11x opérations une si1nple a11alo-
a
gie, tres se11sillle la vérité, n1ais 110Il u11e si111ilitude complete. En second
lie11, il y a 1i11e variété de clépi\t, le (lóprit ,iécessaire ou miséra&le, dans
' '
· leq11el le co11trat peut paraitre imparfait, incomplet, parce que la ,·olonté de
l'11r1e des parties, voire n1c1ne de l'une et de l'autre, apparait comme n'ayant
pas tclujours été parfai lement libre et réílócl1ie.
(:(ll11n1e co11tral, le Dé¡Jr>l olTrc les caractéristiqucs sui,·antes :
, " C'esl un contrat ,·éel : il ne se forn1e que par la lradition réelle ou
fei11Le (traditio11 b,·evi ma,iu) de la cl1ose déposóe (art. 1919). En effet, l'olJli- ' '1J
.,

··-,L'
gatio11 pri11cipale qu'e11gendre le dé¡Jot est celle de restituer la cl1ose déposée.
Celte obligalio11 ne pet1t 1Jre11dre naissance que si le dé1Jositaire a re<;u cette
cl111sc.
:1º C'est 1111 co11tral s_y,iallar¡malir¡ue i111¡Ja1jciil. I~e (lóptit n'cr1gcndre en
JJrinci¡><' cl'antres obligalions q11e celles c111i pese11t sur le clópositaire, et
1¡11i co11siste11t i, C(lllSül'YCr la cl1ose ct.lt la rcstil11er a la rre111iórc réquisi-
ti(JII cl11 t!ÓJJosa11l. Ce¡1c11cla11l, si le tl{))Jf'Jt occasionnait a11 cló1Josa11tcles perles
a
el des dópcnses, par exc111¡1lc, raiso11 ele la co11scr,alio11 µe la cl1ose, u11e
11L>ligatio11 ¡Jre11drail 11aissa11ce i1 la cl1argc cln dóposanl, celle tl'c11 i11de111- ¡ '·.'

11iscr le déJ)ositaire (arl. 19'17); et la loi accorclc it cel11i-ci le droit ele rele11i r '

la cl1t>sc clé¡1os1'c jt1sq11'a11 Ycrsc111c11l ele ccllc inclc11111itó (arl. 1!)48).


:{" l1:11fi11, le dc')¡it,t est 1111 c<intrat fJl'1tl11il 011 de i)ienfaisa11ce. A11cu11e rón111 -
11{•rati<l1i 11P 1icut t!lre sti¡Jul{·c po11r le ctúpositaire (art. 1917). Le d{•¡iosilaire
r<•1HI a,, clt'·¡iosa11t 1111 s1•rvic<) (l'a111i. <~'est !¡\ u11e caraclt'·rislic¡11e esse,iliel le
1111 c<i11tral. c;·<!Sl pour cela c111e le sé<¡ttcslre 11'esl 1ias a pro¡ire111c11l ¡Ja rler
1111 1lt')¡J<>l. t•:n ell'<'L, il pnul co111porler et C(i111¡i1irte c11 gt'•111\ral c11 J'ait 1111c
ré1111111c'irali<>11 (art. l!):>7).
Signal<JIIS ici u11c a11li110111ie ap¡n1re11le entre l'arlicle I!)l7, ¡1orla11l c¡11e le
LIVRE II. - TITRE II, - •
Cl"IQUIE~IE P,\.RTIE. - CII,\.PITRE III
cléptit est essentiellen1ent gratuit, et l'article 1928, el'ot\ il se111ble bien rést1l-
ter qu'un salaire peut etre stipttlé pottr la garde elu dépót. La contradiction,
elisons-nous, n'est qu'appare11te. F,11 effet, lorse¡u'il y a stipulation de salaire,
le contrat n'est plus u11 déprJt, c'est un loitage, ele f{Uelque non1 qu'on l'ail
clésig11é. C'est le cas, par exen1ple, pottr les soi-disant dépots effectués elans
les vestiaires des tl1é{itres ou elans les co1isig11es eles gares. Et c'est préciséme11l
pour cela q11e l'article 1928 in1pose au gardie11 ré111unéré de la cl1ose d'au-
trui (localor de ses offices) t1ne respo11sabilité dill'érente de celle qt1i pese
sur le dépositaire et se11si!Jle111ent plus lourde.

SECTION I. - DÉPOT PROPRE)IE:\"T DIT.

Conditions de formation du contrat. - Le clóp,;t propren1cnt dil co111-


porte les conclitions ele forn1ation suivantcs:
1° Il ne 1Jeut porter que s11r des clioses n1oúilieres corporelles (art. 1918).
En effet, on clépose une chose pour la garder a l'abri des cl1ances ele perle
otr de vol, et afin d'~tre sur de la retrouYer. Or 1111 in1111et1ble, 1111e cróa11ce
se garclcnt tout se11ls. Con1111e le faisait rcn1arc¡uer J>otl1ier, cel11i e¡ui confie
l1 un ami son in1n1eulJle, e11 lui en rerr1ettanl les clés, dépose les clés et les
meubles garclés so11s cié, mais non l'in1n1eulJle lui-n1cme.
:>.º J.a capacité requise po11r 1Jasser 11n contrat ele dép<it, soit co111111e dé¡Jo-
sant, soit cpmn1e dépositaire, est celle cl11 Droit con1n1un (art. 1925, 1°·· al.). Si
do11c un incapalJle, t111 mineur, t111 inlerdit, tine fe111n1e n1ariée non a11to-
risée prennent part a ce contrat, il est annt1lable, d't1ne nullilé relalil'e,
c'est-it-clire laissre lt let1r oplio11. Et, en fait, il csl IJie11 t'·viclenl fJllC la nnl-
lité ne sera i11vOf[t1ée cl11 c1ité ele l'i11capalJle e¡11e s'il est clópositairC', car c'esl
clans cecas seule111ent c¡ue le contra! co11stitue pour lui une cl1arge. S'il est
cléposant, il a lout intér1\t a11 111air1lien clt1 co11lrat. Supposons t1n cl{-¡Josar1l
incapable; si srs rC'pr{·sentants ne demanclent pas la 11ullilt'·, Ir eléposilairc
capable sera Le1111 de to11trs lrs olJligalions rl11 conlral !arl. 192!í, 2° al.). S111l-
posons u11 cl{•positairc incapal1lc: si ses r1~¡1rt'•sC'11lar1l.s invoquent la 1111llit{-.
le d{·posilairc sera clispe11só ele conserver la cl1ose: il ne sera lcn11 1111e de la
reslil11lio11 de la cl1ose 011 eles fr11its 1111i a11rc1nt t1J11rnó b sc111 profit, f'l cela
par J'acti<lll 1/e in rc111 1•erso (art. '!rili1.
3" J.a ¡11·e1ii•e cl11 clt'·p1il. ol1{•it aux rt'·glPs 1111 l)roil co1111111111 (art. '!)'.1:\): il
fa11l flo11c 11r1 écril a11-cless11s ele 1:ic1 fra11cs (l\cn11~11, :ilijanvicr 18!)8, 1). l'. !J8.
·1.:151 ). <:epe11clant. l'al)sencc fl't'•crit llOllrrail (\lr1· s11111Jlt'·{·n par la lll'Pt1vc IPs-
lirr11Jniale el. les llrt'•S(llll!>lic111s si11111IC's, s'il y avail. rr1111111e11ee111e11I 1hi ¡11·ett/lr
/JCII" ,:cril. 01~ ¡Jlus, lf' S('/'/11('//I, 1°f/l't:ll 1l11 1lt'•1u1silairc r1~raic11l la lll'f'IJY(' 1111

contrat. Spt'·cialc111cnt, c11 cas ele SPl'll!CIII 11111lt'·11osilair1~. il y anrail lin11 d'ap-
¡1liq11er la r1'.g-l1\ ele l'inclivisil1iliti~ 1l1~ l'ave11, cl'ot'i il rós11lte, co111111c le 1lil
J'arlicle 1u:it1, c111e le cl<'·1lnsitaire sera crn sur sa 1lóclaralic>n si, lonl <'ll
av<nta11t avc>ir re1,'.11 ert 1lt'·p1il la cl1osc rt'·clarnt'·1•, il ajc111te 1¡11'il l'a 1l!')lt1is
rcslilnt'·c a s1Jr1 11roprit'•tairc.
11 va ele soi cl'ailleurs - el ccci esl c11corc confor111e a11 J)roil c<J1111111111 -
1

• A •
DEPOT ET SEQUESTRE

que l'affirmation, disons l'aveu, du dépositaire 11'a d'effet que dans ses rap-
ports avec le déposant et non a l'encontre des tiers. II ne serait pas oppo-
salile, par exen1ple, aux créanciers dL1 déclarant qui saisiraient entre ses
n1ains des fonds qu'il 1Jrétendrail lui avoir été confiés par un an1i litre de a
dépót (Req., 15 juillet 18í8, D. í9· 1.1í9).
Ces conditions de forn1atio11 sonl suffisantes. Ainsi, il n'est pas nécessaire
c¡ue le déposant soit pro¡Jriélaire de la cl1ose déposée; on peut tres ,·alable-
1nent déposer la cl1ose d'autrui (art. 1938, ¡cr al.). Le dépositaire n'en est
pas 1noins te11u de la restituer au déposant. Cependant, si le dépositaire
découvre que la cl1ose déposée a été ,·olée, l'article 1938, alinéa 2, luí
a
e11joint, supposer qu'il connaisse le véritable propriétaire, d~ << dér1oncer
a celui-ci le dépót qui l11i a été fait, avec son1mation de le réclamer dans un
délai déterminé et suffisant >>.Comme ce texte constitue manifestement une ,
1
dérogalion au princi¡Je général forn1ulé dans le 1'' alinéa de l'article 1938,
et cl'apres lequel le dépositaire n'a aucune justification de propriété exiger a
d11 déposant, on décide e11 général que,_ visa11t u11iq11ement les cl1oses volées,
il ne s'applique lJas aux cl1oses perdues.

Effets du contrat. Obligations du dépositaire. - Les obligations du


dépositaire sont a11 r1omlJre de deux. ll doit:
a
r O Veiller la conserva tion de la cl1osc ;
2° La reslituer au dépositaire lorsq11e celui-ci la réclame.

1° Premiare obligation: Garde et conservation de la chose. - Cette


¡Jre111iere olJligation du dépositaire e111prunte sa pl1ysionon1 ie a ce trait
q11c le clép<'>t est, de la ¡1arl d11 dépositaire, 11n conlral de )Jienfaisance, un
'
office ,J'a111i re11d11 a11 dé11osant. 11 en r{·sulte les co11séque11ces suivanles:
a
:\. - Le dépositairc « ne cloit poi11t cl1ercher co11naitre q11elles sont les 'l
'
cl1oses qui lui 011t été dépos1\es, si elles lui ont été conflées da11s u11 coffre •
frrmé ou so11s 11nc e11velo1111e cacl1elée » (arl. 1931 ).
13. - « ll 11c pc11t se servir ele la cl1ose cléposée, sans la 1ier111issio11 expresse
011 1>rt'\s111nóc cl11 cléposa11l n (arl. 1930).
(;, - ll « Lloil a¡1porlcr, cla11s la gar1lc de la cltose cl/)¡1ost':e, les 111c'\111cs soi11s
c¡11'il a1111orlc cla11s la gard<) des cl1oses q11i l11i ap1iarlie1111enl >> (arl. 192í)·
i\011s a\'011s cl1\ji1 rc11co11Lré el ex11lic¡11é cctle disposilio11, d'o1'1 il rós11lle q11c,'
a
c<.>11lrairc111enl la regle 11rdi11airc, la clilige11ce in1posée au débile11r da11s
1·1~xt'·culir>11 1lc so11 ol>ligalio11 11'esl 11as ici ap11rt'•ciéc i11 abstracto, ¡lar com11a-
raiso11 avec le l)'lle 111oye11 ll11 bo1111s ¡1alerfa11iilias, 111ais in co11crelo, par
c1>11111arai:-011 avcc les soins 1¡11'il a¡1pr>rle ,\ la gcslio11 de ses ¡1roprcs alTaires.
<.>11 11c 1)c11t ¡1as 011 cfl'el exiger ll'1111 a111i 1¡11i vous rc11ll u11 servicc gratuit,
1¡11'il fassc 11l11s ¡iour llOIIS 1¡11'il 11e fait }10111' lui-111e111c.
l,'arlicle I!)'..IR a111lorlc h la r1\glc próc{~dc11te J)l11sic11rs dórogalio11s, donl
l'!dl'el co11111111n csl ele resla11rer le ¡1ri11cipc lle la respo11salJililé calc1tlée i11
11/Js/rnclo 1la11s IPs llr!11x sóries cl'l1y1>0Ll1eses s11i\'a11lcs :
,1) l,orsr¡u'il y a co11v11nlio11 f1>r111elle 011 i1nplicile in1posanl a11 dé¡1osi-
lairc 1111c rcs1i1i11sal1ilitó ¡il11s t'\Le11cl11e, ce qui esl le cas: d'alJord lorsq11' « il
LIVRE I[. - TITRE 11. '
Cl:.'í'Ql'I-E~IE PARTlE. - CHAPJTRE 111

a été conve11t1 ... que le déposilairc répondrait de tot1te espece de fautc »


(art. 1928-4º); en second lieu, lorsque (< le cléposilaire s'est otl'ert lui-n1Ar11c
po11r rece,-oir le dépót » (art. 1928-1°).
b) Lorsqu'or1 se trouve en face, non d'un dépot, au sans technic111e du r110L,
mais d'un autre contrat. C'est le cas: dºabord·si le dépositaire << a stipulé t111
salaire pour la garde du dépóL >> (art. 1928-2°) (alors, le prétenllu dépositaire
est un locato,· operis); en second lieu, << si le clópot a été fait uniq11err1e11t
pour l'inLéret clu dépositaire n (art. 1928-3°) (alors, le soi-disant dép6L 11c
peut etre qu'un contrat de 11a1ltissen1ent ou de prel lt usage).

2º Seconde obligation: Restitution de la chose. - Cette secor1dc


obligation du dépositaire donne lieu a diverses q11estions.
A. - Qua11cl et oi'i doit se Jairc la reslitutio11? - _.\u n101nent ou il plait au
déposant de la réclan1er (art. 1944), et cela qua11dliien 1ne111e il y aurait eu
un tern1e : détern1iné pour la restitution. En e!l'et, le ter111e éta11t ici néccs-
sairement stipulé clans l'i11téret du créancier, il dépcnd toujours de celui-ci
de le devancer. Naturellen1ent, tine saisie-arret otl"cctuéc entre les 111ai11s tlt1
tléposilaire pourrait cepenclant 111cltre olJstaclc b la rcstit11tio11.
Q11ant a11 iie11 ele la restiLutio11, c'est celui ot'i le dépót a été efl"ect11é
(art. 1943), 011 le lieu difl'ércnt qui a11rait été fixé par le co11trat (art. 1942);
auq11el cas, pour les 1n1\111es raisons que précédemn1ent, il dépendrait tou-
jours du d1\posant ele clispe11ser le cl{1posilaire du Lransporl it efl'ectt1,er par
I11i, et de reprendre la cl1ose déposée lit ou elle se trouvcrait.
B. - Que tloit con1.prenclrc la restilttlion? -· Ce c¡ui doit etre restil11é, c'csl
la. cl1ose me1ne dt\¡Josée (arl. 1932), clans l'état oi'1 elle se Lro1rve lors de
la restitution (art. 1933). (¿11e si la cl1ose a {·té c11lcvéc a11 déposilairc ¡iar
un cas de force 111ajourc, clont il r1e rloive pas ré¡io11clrc, et s'il a toucl1é ur1c
so111n1e á la place, par excn1ple, au cas ele réc1t1isition de gucrrc, le dó1Josi-
taire clevrn reslilucr la so1n111c rc011e par lui en écl1ange de la cl1osc clé-
pos{·e (art. 193!1). ¡\11Lre111c11L, s'il conservait cclle so1r1111e. il s'cr1ricl1irail
injusten1011L aux di\¡Jcr1s cl'autr11i.
C. - 11 qi1i doil elrc frtifc lri rcslit11/io11 :> - :\ cclui q,1i a f'ail le clépc► L, 1l11
it sor1 rcpri'!sentar1t lt!gal 011 co11vc11ti1i1111el. 'J'cl est le ¡Jrinci¡ic tres si1111>l<'
e¡ui résulle eles arliclcs 19:{7 ¡\ 1!)11<1, textos 1l'1111<• i1111tilc 11rolixiL<'~. ¡irirtci¡>e
c¡11'il était 1l'aille11rs i11ulile cl'é111J11ccr car il allail di' s1Ji. (;CflCitlla11L, :'te<'
¡1rinci¡Jc la loi ap¡1ortc lliverses exco1iti1>11s.

a) No11s co111111iss1>11s cli'j¡\ la ¡1re111ii'ire. E11 cas ele clé¡it,t cl'1111c cl1use 1•u-
lée, 11ous av<JIIS cl{j/1 vu e¡uc le' d<'•JJt► sitaire ¡¡cut av<>ir it la reslit11er 11c>11 1111
d{,1iosant. 1r111is 1111 1•c1·tts do111i1ius (art. , 9:)8).
b) E11 cas ele 111orl dt.t rlé¡iosc11il, l'nrticlc I!);)!J pc)rlc c¡11<\ la clt<Jsc J{~¡,o-
séc 11n ¡ic11t 1'\Lrc rcstiL11ó1i <¡,1"t111x ltériliers <lt1 tlÍ'JHlst111t. 1\i11si, 1111'r11c cla11s
cas oú le dé1)osa11L a11rait désiguú 1111e 1111tre ¡ierso1111e e11trc los 111ai11R <le 1¡11i
la reslitt1Li<111 clevrail 1)tre faite, le clt\Jlt>silaire 1lnvrail f'aire la re8tiluLio11 ;'¡
J'l1óritier et 111111 ¡\ la ¡iers1i1111e llt':sigrH'·e. l11n1r<¡11oi cctlc clúrog11Li1ir1 au ¡1ri11-
cipc que les co11ve1tti,111s f'out la l1Ji 1les 1>arLies :1 11 s11f'iit <l'i11terrognr les
LraYat1x }lrÍ'paral1Jires 1iciur s'<'It re111lrc co11iple. l,c législute111· 11 vc111l11 ici
. ' .
DEPCJT ET SEQUESTRE

prohiber une fraude qui consislerail de la part d'unc person11c a se scr,·ir


d'un prétendu dépot restituable JJosl 111ortern a X ou Y pour tourner la loi,
soit en faisant u11e libéralité 1)rol1ibéc a une personne déclarée incapable
par la loi, soit en élu(la11L le 1Jaie111e11l des droits de mutation (V. F011el,
t. \_IV, p. 5r5).
Si telle est la raisor1 Lle la reg·le de l'article 1939, celle-ci doit etre écartée
lorsqu'il résultc des circonstanccs cruc le déposant n'a ccrtainement pas
visé le but qu'on pouvait craiudre. ])ar cxcmple, si le déposant a valablc-
rr1ent et oste11siblement, ¡Jar un acle ele dcniere ,•olonté, disposé de sa cl1osc
en faYeur cl'un légataire capable de la recevoir, et n'a eu recours au d{·pót
que pour assurer l'cxéc11tion ele sa ,·olo11té, le dépositaire sera tenu de rcs-
a
Lit11er la cl1ose, non l'l1éritier, 111ais au légataire clésigné pour la recevoir
da11s l'aclc de d{,put (Ci,·., 28 juillel 1909, D. J>. 19ro.r.4Li, S. r912.1.81,
note de l\I. Nac¡ucl).
e) En cas de ve,ite ou de do11alio,i de la cl1ose déposéc, le droit cl'exiger
la rcslilulion du dépc'it et, plus gé11<'•ralemcnt, les clroits naissanl du contrat
<le <lépc'\t au profit du déposa11L 1)asse11l-ils au Liers acq11éreur ~ On l'a nié,en
allégua11L ce príncipe que le co11trat de dépot est, a l'égard du tiers acqué-
reur, res inler alias acla, el crue le dé1Jositaire n'est lié qu'envers le <lépo-
sant et ses l1ériticrs. l\Iais il 11e faut pas ou)Jlier que tout contrat translatif
<le propriété confere i111plicite111c11L a l'acquéreur Lous les <lroils et actio11s
<¡ui apparlenaient a l'aliénatcur sur la chose aliénée. Par consóquer1t, et
pour pre11dre un exe111ple, l'acquéreur de marcl1andises déposées dans 11n
a
1nagasin général est recevable a agir e11 restitution l'enco11tre du déposi- .,
taire, cor11111c aussi en clo111n1agcs-i11lérr~ts a raison des avaries surYen11es
aux 111arcl1andises déposées 11ar so11 Ye11deur (Douai, ro décen1bre 1907,
D. Jl. 1909.2.21; ller1., 27 j11illcl 1909, 1). ll. 1910.1.r87).
D. - l)a r1s <¡11els cas le déJJosilai1·e est-il dispe11sé de restilulion? - Conf()r-
111ér11en L au Droit cor111r1u11, le dé¡1ositaire est libéré de so11 obligatior1
lorsqt1e ln cl1ose déposée a péri }lar· cas forluit ou force n1ajeure, ou, plus a
!'orle raiso11, par suite (le so11 Yicc ¡Jro11rc (art. 1933, 193Li). S'il y a et1 si111ple
1lótérioralion forl11ite 011 tlcstr11clion 11articlle, il restitue ce c111i reste <le la
el 1c1se.
NrJ11s ra¡1pelo11s ici la clis1i(1silir111 de l'articlc 1933, e11 vertu de lac¡uellc
(< l'l1érilier d11 <lé¡1osilaire c¡11i a YClltl11 <le bo11nc foi la chose donl il ig11orail

le dépot, 11'csl le1111 (}lle de re11clrc le 11rix qu'il a rcc;u 011 de cédcr son actic1n
I
ccH1lre l'acl1elcur, s'il 11'a pas rcc:11 le ¡irix n. Cetlc regle s'cx¡1liq11c ¡iar celte
co11sidórati,111 <¡11c l'incxc'•culio11 tic 1'11IJligalion, bic11 t¡u'irnputa!Jlc e11 appa-
rc~ 11,e a11 fr1il clu 1iébile11r. lienl l'll rc\alitc'.·, ,·u les circo11sla11ccs i11<liq11{1es ¡1ar
a
le le xl<', la Jaule 1l1t crér111r:icr. <J11 s'exposc loujours, q11a11d 011 fait ur1
eI épc'1L secrcl lt a 11 trui, 11 (!es i 11ciclc11 ts 1111 gen re de ccl u i c111e v isc 1·a rl icle 19:15 ;
nl le clc'!lHIS/llll nr, ¡icul, Cll lllle trile lt)'l)Oll1cse, s'c11 prc11<lre <111'a lui-lll<~l\le
tlu Jlréj11<licc qu'il a e11cc111r11.

Du dépót irrégulier. - l.c· c1111trat ai11si dé110111n1é <lifl"erc d11 1lc'~1>L1L


,,r<li11aire ,\ cleux 11r1i11ls tic ,·uc: ·/
1

'
1
680 LIVRE II. - TITRE II. - '
CIXQUIEME PARTIE. - CIIAPITRE III

1° E11 ce que le dépositaire est a11torisé a se servir de la cl1ose déposée,.


voire r11eme a la conson1mer et ala détruire.- En un mot le dépositaire de-
. ,~ient ¡lropriétaire des choses déposées (généralement de !'argent).
2° E11 ce que le dépositaire, au lieu d'etre astreint a restituer identique-·
me11t la chose men1e déposée, ne doit rendre au déposant que des ch oses de
n1e111e espece, qualité et quantité.
Le Code ne co11sacre aucu11e disposition au Déput irrégulier. Et cela se
con1prend sans peine. C'est que ce contrat n'a du Dépt>t que le nom. l◄'ai t
dans l'intéret, non du seul déposant, 111ais du dépositaire autant que du
déposant, c'est en réalité un pret, soit rl'usage, soit de consommation. Ce
caractere est tres apparent dans les députs d'argent faits dans les banques.
Les lJanques en1ploient les fonds des déposants a le11rs opératio11s d'es-
con1pte, de report ou a u tres. Ce sont des en1prunteu rs et n1en1e des en1-
prunteurs a intéret, car elles versent le Illus souve11t 11n léger intéret au
soi-disa11t déposant. 11 y a, po11rra-t-on dire, entre les rapports de la ba11que
avcc le déposar1t et ceux qui r1aissent d'u11 mitluu,n, cette différe11ce que le
dépot est souvent re111boursable a pren1iere réquisitior1. ;\lais, cl't111c ¡Jart,
rie11 n'emp!\che de concevoir un pret cl'arge11t all'ecté de ccttc conclition;
et, cl'at1lrc parl, il cst tres fréquc11t que les cléputs d'argent faits da11s les
banq11cs ne soie11t sti¡Julés re111lJoursablcs c¡t1'au bo11t d'1111e certai11e clale de
préavis, trois mois, six mois, un an. L'i11téret a verser par le ba11quier croit .
naturellerr1c11t avec le délai stipulé.

Du dépót nécessaire et du dépót d'hótellerie. - <e Le dépul 11éces-


saire )), no11s dit l'article 1949, (( est celui c¡11i a été forcé ¡Jar quelque acci-
clent, tel qu'u11 i11ce11die, une rt1ine, 1111 JJillage, u11 11aufragc 011 autre évé-
ne111ent i111prévu n. Da11s u11 tel co11tral, il )' a lieu de déroger aux regle;;
orcli11aires co11cer11ant la pre11ve a produire 1Jar le d!'.•posa11t. Celui-ci e11 efl'et
11'a ¡>as e11 le ten1ps ele se faire délivrer u11 rei;u par le dépositaire. D'o1\ ccltc
regle, for111ulóc ¡Jar l'articlc 1~1:io (re1Jrod11isa11t l'a1. 2 ele l'art. 13!18), c1ue la
<( preu,·e par t{·111oi11s 1Jeut !\lrc rc,;11e ... lll(~lltc c111a11cl il s'agit tl'unc Yalcur
a11-dessus de ce11l ci11!111a11le fra11cs ,, .
.\11 <l{·¡>t\L 11t'·cessaire le <:(>lle (arl. •!1:-i:1) assi111ile le dé¡H>l ,l'l1ulcllcric,
c'est-ii-<lirc le clt'·1i1\t. fait da11s 1111 lu'>tel tlll 1111<' aubergc. 1,a 1ire11Yc tesli1110-
11ialc csl <l<HIC rc~:tH' !le la ¡Jart !)11 voyagcur, !Jt1a11t ú l'cxislencc el !J11a11t i1
a
1·i1r11lorla11ce 1111 !lt'·1>t>l lui reslilucr. sa11s aulrc rPsl.ricli(JII <¡uc cPllc !Jlli
résultc <les JJ011voirs d'ap1ir{·cialio11 souverains r{·scrvés a11 jugc ¡>ar l'arti-
cle 13/18, 2°, i1iji1"i, <e suiva11t la !J11alitó <les JH)l'S<Jllll<'S et l!1s circonsla11-
ces <lu fail n. ),a raiso11 ,le ·:cctlc assin1ilali1>n csl ó,·i<le1111111·11l 1¡11'il y a,
:-i111i11 i111¡HJssilJilil{• 111att',ricllc alis1>lt1l', au 111l>i11s i1111uissiliilitt', 111<,ralc, ¡1011r
l<· Yoyagc11r, i1 rt'·cla111cr <II\ J'hi\tclier 1111 rc<:11 1lc ses cll'<' Is, l'usag<• s'y o¡>JHl-
sant.
l1011r ce <tui cst llu snns (¡11'il fa11t <lt>1111er aux ex1>rcssi<111s cl'(( a11l,ergislcs
<>l. l1otclicrs », la juris1>ru!l!,11cc cst asscz i111!{,cise. ])'1111e ¡iarl, 1·IIP s1·
111011t1·e ext1,11sive e11 a¡i¡ili<Jllant les l(•xl1•s rclalifs a11 ,It'.,¡H>l 11{,ccssaire a11x
/ogeurs e11 f/lll'Jti((;i, .. G 110Yc111lJr<> l!J<>¡, I>. 11• 'tlº!l·1.1:I, S. 1n1<>.1. 11:l,)el
• • •
DEPOT ET SEQUESTRE 681

aux dépots faits par les artistcs dans les loges que leur altribuent les
théalres ('l'rib. Marseille, 26 février 1903, D. P. 1905.2. 185, S. 1905.2.251).
D'autre part elle se n1ontre restrictive en refusant d'a1Jpliquer les 111en1es
textcs aux compagnies de wago,zs-lits (Rcq., 3 février 1896, D. P. 98. 1 .502 ),
bien que ces .,vagons semblent rationr1ellen1ent devoir etre considérés con1n1e
Lies l1otels roulants.
a
Deux particularités relatives la responsabilité du dépositaire caracléri,
sent le dépot d'l1otellerie, l'une aggravant, l'autre atténuant cette respon-
sabilité.
1° Pre11ziere partic1ilarité: Res¡Jo1zsabilité clu cas fortuit. -- La responsabi-
lité de l'l1otelier est aggravée, en ce qu' elle n' est pas seulen1ent calct1lée, co1111ne
celle du dépositaire ordi11aire, sur la diligence concrete dont il fait preuve
pour ses propres affairés (1927). Cela allait de soi. On peut dire ici, d'une
part, que « le dépositaire s'est offert lui-men1e pour rece,·oir le dépot )) et,
cl'autre part, qu'il a « stipulé uri salaire pot1r la g_arde du dép6t n, salaire
inclus dar1s le prix de l'appartement. Done, aux ler111es de l'arlicle 1928-1°
et 2º, la respo11sa}Jilité du débiteur d(>it etre ici ap1Jréciée lJlus rigoureuse-
n1ent.
En somn1e, l'l1otelier n'est pas un ,·rai dépositaire, c'est un loueur, loca-
lor domus quant au loge111ent, localor operis quant la garde des effets du a
locataire.
1\fais il ). a JJlus. L'l1t>telier n'est pas quitte en apportant la garde des a
effets remis da11s son établissen1ent la diligence n1oye11ne du bonus pate1ja-
1nilias, considéré i,z abstracto. Nous a,·ons déjit indiqué que, confor111én1ent a
une tradition rerr1ontant au Droit romain, le Code lui in1pose la cl1arge du
cas forl11il; il n'est exor1<'·ré c¡ue si la 11011-représentatio,1 eles olJjets dépo-
s{·s est in11J11La)Jle a u11 cas de force mctjei1re. C'est ce c¡ui résulte des arti-
cles 1953, 1'' alinéa, et 195!1, aux ter111es desq11els les l16teliers << s011t respo11-
sa!Jles du vol ou du don1n1age des efl'ets du Yoyageur, soit que le vol ait été
fait 011 que le don1n1age ait été causé par les do111estiques et préposés de
l'lic\tellerie, 011 par des étrang·er.,; alla11t et Yena11t da11s l'l1otellerie n, et, e11
reva11cl1e, « 11c sont pas responsalJles des ·vols faits avec force ar111ée 011
a11lre f<)rcc 111ajeure )>. No11s avons ógale111ent i11dir111é la raiso11 de cetle s<'·-
vóritó ele la loi :1 l'ógard des l1c\teliers. Elle tienta ce <111e le voyage11r, le11r
clie11l, les cl1oisit forcé111e11t ele confiancc, sar1s les co1111ailre, sa11s :1voir })U
111<>s11rer l'óte11clne des r11oyens de garde et de s11rveilla11ce dor1l ils clispo-
sent; l'a11))crgistc cl<)il cl<Jnc 1~lre J)rés11111{\ clis¡Joser clu 111axi111urn ele ces
r11oyrus

.
( :r I IP <\X 111 ica ti o u j ns ti 11 r la j n ri s11rn el c11ce ela11s les clÍ!Ci si on s 01'1, s' a ppll)'ª 111
sur Ir 111rit" vcJyagenrs n en111l<lyÍ! par les arlicles l!J52 et 1953, elle refuse
11'a¡1¡1liq1H•r ces tcxtcs aux 11rrsc1n11rs log<'arit da11s eles l1c\lels de la localitc'·
cit'r <'llrs ri'•si1lc11l l1al1it11cllen1c11l. J•:11 11areil cas, e11 ell'el, le créar1cier a 1111
cl1uisir S<)ll l1l'>te e11 co1111aissar1ce 1le cause, il u'a c¡11':'i s'e11 }lre11clrc lt1i- a
111c~n1e s'il a chc1isi 11ne 111aiso11 JHlll s11rc el 111al gar1li'•e ((;iv ., li 110,e111l1re
'Vºi, I>. 11 • '!11)!)·'·';{, s. l\)l().J./1:{1).
:.iº /)e1l.1;i1'.1111i ¡i,11·Lic11larit11 : /,i111ilnlio11. 111a;ri11zr1 ele lit res¡io1igahililé ¡io111·
LIVRE 11. - TITRE 11, - '
CINQUIE~IE PARTIE, - CH,\PITRE 111

certai11s effels. - La responsabilité des l1tJteliers envisagés co111n1e déposi-
taires s'étend sans distinctio11 a tous les e.f!els, c'est-a-dire a tous les olJjcts
n1obiliers, quels qu'ils soient, apportés par les voyageurs. ()r, certai11s
ele ces olJjets peuvent avoir une ,·ale11r considéralJle, ce qui rendrait tro1J
lourde ladite responsabilité, Sur les réclamalio11s des hoteliers, le légis-
lateur est done intervenu en cette 111atiere. La loi clu 18 avril 1899,
co111plétée par celle d11 8 avril 191 r, a introduit dans l'article 1933 1111
r1ouvel alinéa ainsi cor1<;u: « Cetle responsabilité est lin1itée a r .ooo fra11cs
pour les cspcces n1onnayées, les valc11rs, les Litres, les IJijoux et les ob-
jets précieux de Loute nalure non réelleme11t eléposés entre les mains
des aubergistes ou l1óteliers. » 1\insi, les YO)'age11rs, s'ils veulent conserver
l'intégralité de le11r recours contre l'hótelier, doiver1t ne pas laisser dans leur
appartement, mais confiera l'l1otelier en perso1111e 011 a SOi} l)réposé, les
olJjets précieux dont ils seraie11l portcurs. Les inllications données par la loi
11' 011t d' aillcurs rien de li111 i talj f. A i11si, le tribunal po11rrai t considérer
comn1e objels précieux de sin1¡Jles eITels cl'l1abille111e11t, tels que dentelles et
fourrurcs, lorsq11'ils olfrent une valeur cxccptionncllc et ne font poi11t partic
ele la garcle-robc i11dispensa)Jle c111e le ,·oyage11r 11e pe11t se clispe11ser de co11-
server cla11s so11 apparle111c11l. Que si le YOJageur r11a11que a faire aux n1ai11s
de so11 l1ote ce dépot S{Jécial de ses effels précieux, la responsabilité de cel11i-
ci 11e pcut dépasser le n1axi1r1u111 forfaitaire ele 1.ooo francs.
Cette régler11enlation que les l1t.,teliers lro11ver1t encore trop rig·ourcusc
111\cessite tleux ol}servatio11s.
J\. - La restriclio11 apporlée par l'arlicle 1953, alinéa 2, a11 Droitcon11nun
n'a Lrail qu'au c/1iff1·e tle la res1Jo11sabilitó. Rie11 n'esl n1odifié qua11t aux
regles <le preiive. !Jonc, 111c111e 1Jour les t)bjets prÍ)cieux co11fiés a11x n1ai11s dt•
l'l1tJtelier, la regle de l'arlicle I u5o, pcr111elta11l l'en1ploi de la prn11ve lesti-
111oniale el <les sirnples préso111pli<lr1s au-dcssus ele 15o fra11cs, cor1tin11era ;\
s'ap¡llir¡11cr.
13. - !,a juris11r11<le11ce <lécitle e¡ue la regle elu 111axir1111111 forfaitairc de
, .ooo fra11cs, 11011r les 1ilijcls ¡Jrt'icie11x co11sorvés 11ar le v<iyageur rlans so11
apparle111e11l, ccsse tlc s'ap¡ili<111cr du11s l'liy1}oll1csc cJ1'1 le voyage11r prc)uverail
l 'ex iste11ce <l' 1111c / a11te co 111111i se ¡iar l' l1<'itelicr. J>11 r cxe111 rile, col 11i-ci ¡11J11rra i 1
vciir sa respo11sabililú 011gngúe J}Ollr 1111e sorn111c s1111érie11re l1 , .<100 fra11cs,
si, cxer1,,a11l sa ¡1r<1fcssio11 da11s 1111P régi<)Il 01'1 les vc1ls Ho11L 1'1•í•q11c11ls, il avnil
négligt'i 1l'<Jrga11isor IJ<1ur la 1111il 1111 scrvicc tic s11rvoilla11ce , suflisa11l, 011 <111
garnir los ¡}<irles <les cl1a111brcs de V<\l"ro11s i11Lórieurs (\'. !lec¡., :l<J 111ars I\)í>\),
l). i>. l!)ll\).l :{;i1. S. '!Jrei.1.83). ~uus t.rc111,cins celtcjuris11r11<le11ce t.r1'1s cc111-
t.eslable. 1,cs nrr1,Ls prócití:s allt':g11e11l 1¡11"il s'ngit., 011 cas 1lc fn11le llt':111011trt'•<i,
tlc la res¡}o11sal,ilit.t', <les arlicles 138:1, ,:183. c:cln cst i11a1l111issilJI<'. J•:11Lrc
<le11x c1)11lract.a11ls, ol :\ pr<>JHIS <111 J'i 11ext'·c11t.i<>ll d'u11e c1l>lig11lil)IJ i1111J(1s<\c pnr
le co11lral, il 11c ¡>Pul. s'ag-ir 11ue <lo fa11t.n C<>11lrucl1rellc. ()r, les J>riru·i¡J<'S el('
la faule co11lracl11elle 1111raic11l <lti, da11s les es¡1t'·ccs visíies, all{~11uer co11si-
<lúrablc111er1l la respo11sal}iliL{i ele J'J1t>Lelicr. 1)"11110 ¡iart, s'agissa11t <l'1>l1jPts
précic11x et <l<'·1ias¡.;ar1t. la valeur l1alJit11('lle <les ell'cts ar>Jl<>rlús par Jps \'<1ya-
geu1·s, 1'·IH> Lol ie r ,JJO II va i l i 11 v<>q 11er 1·n l'.l i(:IP ,1 r 5<) e111 i , sa 11 f pc,u r 1" ca s lle fa u le
,
, . ,
DEPí)T ET SEQUESTllE 683
i11te11tio1111clle. li1nile l'obligalio11 clu clélJitct1r a11x clon1111ages qu'il pouvait
prévoir. l)e plt1s, le fail, ele la part du voyageur, de conserver eles o]Jjets
précieux dans sa cha111!Jrc co11stilue u11e grave imprudence; il y avait des_
lors fa11tc co111111ur1e ele la part clu créancier et du dé]Jiteur la fois. a

s1-:c:r10~ II. - De SÉQl'ESTRE (arl. 1955 i1 1963).

Le séc111estre est le dépol fait, entre les 111ains d'u11 Liers, cl'une cl1ose sur
laquclle de11x personnes or1t 011 ¡Jrétendent avoir respcctive111ent des droits,
en atte11da11t le r&glen1e11t définitif de ces droits.
Ordinairement, la chose ainsi déposée est une cl1ose co1ile11tie11se ou lili-
gieuse. C'est l'l1ypoll1&se u11ic111e que pré,·oient les textes l''· art. 1956 et
1961), et ils décicle11t c1t1e Ir tiers, clésig11é comn1e séqucslre, 11e JJourra
restitucr la cl1ose qu'a11x n1air1s de la pcrsonne c1u.i sera jugée devoir l'ob-
ler1ir (art. 1956). l\1ais il peut )' a,·oir séquestre cl'u11e cl1ose non liligieuse.
C'cst ainsi q11'aux tern1es de l'article 602, les in1n1eubles soumis usufruit a
cloive11t etre mis sous séq11eslre lorsc111e l'11sufr11ilier 11e pcut pas trouver
<;le ca11tion.
a
J,e séq11estre difl"ere cle11x poi-nts de vue d11 clép1'it.
1° 11 peut porter sur les 111eublcs et s11r les i1111r1eulJles et non sur les ·,
I .
n1culJles seulemcnt (art. 1959). .
2º 11 peut 11 'elre pas gralttit (art. 1957), 111ais con1porler un salaire po11r le
dépositaire. J,c séquestre est done en général pl11tr'it une locatio 011eris
q11'u11 clépot.
J,e s{•questre est, soit co11ve11lio1111el, soit i111licir1i1·e. Le J)ren1ier cst celui .\
{JUi est fait a l'a111iaLlc. Le scco11u est celui <Jui es! orclon11é par le juge. •
.1

L'art.icle r961 exa111ir1e 1111 ccrtain nor11llrc de cas 01't celle faculté ap1)artient •
'
au juµ-e. JI pe11t <1 orclonncr Je sé<111cstre:
1º Des n1c11!Jles saisis sur u11 dé)Jile11r ;
2º l)'11n i111111e11Llc ou cl'une cl1cJsc 111olJiliere donl la prci¡iriété 011 la JJOS•
sessic>n est li tigieuse er1Lrc llc11x ou plusieurs pcrson11es ; '.
, .
3° ()es cl1oses c1t1'1111 ll{·l1iteur <ifl're ¡io11r sa lilJt•ralion ».
(~ctlP í·1111n1érati1J11 esl-ellc li111ilati,,c i' La juris11r111lc11cc parait i11cli11er a
arlr11etlrc q11e 11011 (llaris, :11 avril 18~6, D. ti. 87·.2.52, S. 87.:1.203). ~lais 1

la qt1cslio11 csl lr<'·s disculée. ()11 se tlc111a11clc 110l.a111111ent si la 111isc so11s


1-il-1111cslrc pct1I figt1rer a11 11<i111lJre tlt•s 111es11rcs co11servaloires <111'il a¡JJ1ar- 'I

tio11l a11 juge ll'c1rtlon11er. JJL>lll" la ¡1rí·scrvali(111 eles )Jie11s tic la fe111111e 011 ue
cc11x ti,~ la co1111111111at1Ló, c11 cas cl'i11sla11ce c11 clivorcc, <J11 p<J11r la sat1vcgar-
<i Pr eles i11t{·rc'ts ucs cr,\a11cic•rs, e11 cas cl'acccJllalior1 cl'111H~ s11cc,issio11 s1Jlls
l1{•11Í}lice <i'i11ve11lair,1.

''
1

' 1
'
CI-l1\PITRE IV

CONTR.i\TS r\Ll~ATOIRES 1

Dé:finition. - Il y a, dans le Code, deux définitions du conlrat aléatoire.


D'apres l'article 1964, 011 appelle ai11si « une conventio11 réciproque do11t les
efl'ets, c1uant aux avantages et at1x perles, soit pour toitles les parlies, soit JJOlll'
['une Oll JJl1tsieurs 1l'e11tre elles, dépendent d'ur1 événerr1ent incertain ». D'a-
pr<\s l'article 1104, 'le contrat est aléatoire << lorsque l'équivalent (de ce que
cl1aque partie donne et rec;oit) consiste dans la chance ele gai11 011 de perte
pour cl1ac111ie eles parlies d' a pres un é,·é11err1en t i ncertain ».
De ces deux définitions, c'est celle de l'article 1104 qui est générale111ent
¡Jréférée par la Doctrine. ll 11e pe11t, disent les auteurs, y avoir cl1ance de
gain ou de perle po11r 11ne de5 parties, sa11s qu'il y ait une cl1ar1ce corrcs¡Jo11-
dante et in,·erse po11r l'autre partic. U11 co11lrat ne peut etre aléatoire aú tllla
JJarle. Noiis avons v11 cependant, e11 traitant de l' Assurance, que, ,,u le mé-
ca11is111e de ce co11tral. il 11'est aléatoire q11e ¡Jour l'assuré. La cléfi11itior1 de
l'articlc 196!1 lui co11vie11t clone ¡Jarfaitcn1enl.
On voit aussilt>t la clifl'érence qt1'il y a entre u11 co11lrat aléatoire (prenor1s
con1n1e exemple u11 pari) et 1111 conlrat co11dition11cl. Ce qui esl st1spcndu
par l't'~vc'·r1cn1cnt incertai11 cla11s le conlrat co11ditio1111cl, c'est l'exisle1zce 111e11ie
clu co11.lrc1l. 1\u ccH1lrairc, clar1s 1111 ¡Jari, le cor1Lrat a u11e e:1;isle11ce fer111c. Ce
c111i cl1'pc11cl ele l'événc111cnt i11cerlain cr1,isagé, c'csl 1111ic111er11eul le ¡Joi11l
de savc>ir lec111cl des co11lracla11ls rt'•alisnra 1111 gai11, lcq11cl s11liira 1111c ¡icrlc.
De plus, tla11s le co11lrat c1J11clilio11nel, l'év{:11cn1c11l i11ccrlai11 c11visagé es!.
JH'ccssairc1nc11l f'11l11r. l)a11s le ¡Jari, il pc11l 1~lrc 1'11l11r 011 dt'jit passé.
(;o,11111c cxc111¡Jlcs <le co11lrals aléaloires, l'arliclc , !)G!1 cite: le co11/ral rl'<lS-
Slll"llllCC, i<• JJl't 1! 1i r1rossc 111'1·11l11rti, le je11 el le ¡uiri, le co,ilral 1!,, 1·e11tc Pia-
f/1\rc. l\tais ccllc t',r111111t'·rali1)11 11'csl ¡ias li111ilalivc. {>ar cxc111¡1l1·, les vc11lcs
cl1! tlroils liligic11x, cl'11s111'r11il, de 1111c-pro¡Jri{,tó soul. 1lcs conlrals aléalrJircs,
IJien <¡11e 11011 t'·n11111ór{)cs 1la11s l'arliclc• 1 !JG',. 1~11 so111111c, le caracti:rc alt'·a-
l1Jirc ¡1e11l 1\lrt) i11111ri111t', it l1111s les. conlrals i1 lilrc c111ércux: il s111'lil ¡1011r
cela r¡11c les J>restalio11s i1 f'<i11r11ir 1!<'•1J<'lllic11I 1la11s lc11r t•xislc11cc 1J11 11,úr 11110-
Lilt'~ 11'1111 t',vó11e111c11I. i11cerlai11.
1\'1>11s a,011s 1lt'j.\ ¡iarlt'· 1(11 co1tlr11/ 1l'11ss11r111icc 1¡11i, i1 ¡1ro¡irc111c11l ¡iarl<'r,

1. 1:uillouard, IJes contrats alcatoires et e/u 1111111dat: Uaudry-Lacanlinerie et \Vahl, !Jcs


co11trat.~ aleatoires, ciu 1n11ndat, du ca11tio11ne111e111 et de /11 tra11sactiun; Frérejouan du Saint,
Jt:u et 11ari.
--. . . ,.

,
CO~TRATS .\LEA.TOIRES 685
et vu le méca11is111e de l'assurance, n'est pas 1111 vrai conlral aléatoire. Le
prel lt la grosse civenliire appartient au Droit 111aritime. No11s ue lraiterons
do11c ici, comn1e le Code lui-n1en1e, e1ue de de11x contrats aléatoircs: 1º le
jeu el le JJari; 2° la co,isliluliori de re11le viagere. Encore deux ol)scrYalio11s
sont-elles nécessaires :
1º Le caractere aléatoire q11i a1lparlie11t cerlainen1ent au llari r1e se re11-

contre pas toujours dans les jeux, ou 11e s':¡ re11co11tre qu'a lleine, lorsqu ·¡¡
s'agit ele jeux d'adresse ou de con1lJi11aisons. Supposons une partie d'écl1ecs
engagée entre u11 IJ011 joueur et u11 ap¡Jrenti. Peul-on dire que la perle et le
gain y dépendent d'un événen1ent incertain ?
2° La constitution de rente viagere n'est pas non plus toujours 1111 co11-
trat aléatoire. En effet, les contrats aléatoires ne sont q11'une subdivisio11 des
a
contrats titre onéreux (V. art. r ro4). Les constitutions de re11te ,•iagere a
Litre gratuit, si frt''quentes en pratiq11e, ne sont done pas des contrats aléa-
toires.

SEC'fION l. - JEc ET PAHI.

Regle fondamentale: Pas d'action pour le jeu et le parí. - Le jeu


est 11n co11trat })ar lequel les partics assure11t .\ l'une d'ellcs un gai,1 déter-
111i11é e1ui dé1Jer1d d11 1Jl11s ou 111oins el'adresse 011 d'agilité des joueurs, de
leurs co1r1IJinaiso11s, 011, cla11s une 111esure pl11s ou 111oi11s large, du -l1asard.
~Ier11c dans les jeux <lils ele l1asard, roulotte, baccarat, il y a toujours place
pour certaines co111IJi11aisons. Me111e elans les je11x <lits d'a<lresse ou de co111-
)Ji11aisu11~, il y a 11r1e cerlai11e place 1)011r le l1asarcl, car le meilleur joueur
pcul elre desserYi 11ar les circor1slances, ou avoir une cléfaillance <¡ui lui
fasse pcrclre la parlie.
l~c ¡1c1ri est 1111c co11ve11 lio11 par laq11elle deux {Jarties, l'u11e affirn1a11t, l'au-
tre niar1t u11 éYé11c111cnt clí:lcr111i11t'', ass11rent 1111 gai11 fixé a celle el'cntre
elles c¡ui, vérificatio11 faite, se trouYera avoir e11 raisor1.
J,a regle co1111111111c q11i <lon1i11c ces elcux co11lrals (ce q11i justific Ie11r réu-
r1icH1 sous 1111e 1111':111c !'11l1ri<¡11e), csl l'1Jrn111léc <la11s l'arliclc 1965. 1< La l1)i
11'acc1)r1le a11c1111c\ acli<Hl ¡J1iur 11nc <lelle clc je11 011 ll(Jllr le paic1nc11t d'1111
¡Jari. )> \c'•a11111oi11s, aj,)utc J'arliclc I!Jli7, <1 tla11s a11c1111 cas, le perda11t ne
pe11t !'ti¡iétcr ce q_u'il a ,·c1lontaire111cr1I. ¡)ayé, ¡\ 111oi11s c¡11'il r1'y ail cu, tle la
1Jart clu g·agna11l, <lo!, su11ercl1cric tlll escro1¡11eric n.
'í1)11s aYc>ns incli1111<'' ¡ilus l1a11l (\'. ¡1. G,'{) la llt)rtéc ele cctle regle. No11s
avons v11 c1111' la l<Ji ret'11sP a11x co11l.rats ele je11 el ele ¡Jari ele don11cr nais-
sar1cc 1'1 <les ubli1¡r1lio11s ci1•ilcs, el cela¡\ cause tl11 caracl1':rP clé111oralisateur
c111i s'allaclte aux gai11s ¡>r<>vc11a11l cl'une so11rce ¡Jareillc. \Iais, e11 rcva11cl1e,
la cletle rt':sultanl <l'un jcu 1Jt1 1!'11n 11ari so11t clcs obligalio11s 1ial11rellcs. C'est
J)1J11r cela 1¡11c le ¡>aic111enl. volo11Lair() ne 1>e11l 1Jas elre ré¡iété. 'l'cl 11·est ¡Jas
ce¡icncla11t le sysli'.~111e cle la _jurispr111lc11ce. Celle-ci co11si<lerc le jc11 ou Jo
¡1a!'i con11t1() 11_11 acle in111111ral c¡ni 1111 ¡1c11l elre invoc¡1u~ dcvanl les l.ri!J11-
11a11x, ni 1:ci111111e cause cl'olJligalic>I1, 11i con1111c 111utif de ré¡>étilio11. l~t ele
li't, la j11ris1ir11tle11ce tire tle11x co11st'.1111e11ccs i11lércssa11tcs:
686 LIVRE II. - TITRE 11. - '
CINQUIE~lE PARTIE. - CHAPITRE IV

1° 1'andis que la promesse de payer une obligation 11aturelle lie définiti-


ven1ent le débiteur, la Cour de cassation décide, au contraire, qi1e les billets
souscrits en reconnaissance d'une dette de jeu ou d'un pari, n'e111pechent
pas d'opposer l'exception de jeu au gagnant (Civ., 27 avril 1870, D. P.
70. 1,258).
Cependant, il en serait autrement si le perdant avait sousc rit un billet a
ordre au gagnant, et si celui-ci l'avait endossé lt un 1Jorteur de bon11c foi
q11i en réclamerait le n1ontant ai1 souscriptct1r (Paris, 27 ji1illct 1896, D. P.
a
\)7. 2. 122). Mais cela ticnt au régimc pro pre des !Jillcts ordre, en ,erlu du-
c1uel les exceptions opposables au créancier ne le sont pas au porte11r de
lJonne foi.
2° L' exception de jeu, opposable par le perdant a
l'action du gagnant,
est, ,·u les motifs qui l'ont dictée, d'ordre public. Elle doit done etre
,;i1ppléée au besoin par le j11ge, et pourrait etre opposée en tout éiat de
cause, ft'1l-ce, ¡Jo11r la prerr1ióre fois, clevant la Cc>ur de cast1alion (Civ .,
15 r1oven1bre 1864,_ D. 1). 65.1.224, S. 65.1.77; llaris, 13 n1ai 1873, D. P.
73.2.240).
Quoi qu'il en soit du motif de l'article 1965, il faut acln1ellre c1ue la ¡Jro -
priété ele l'e11je11 111is sur table est acq11ise au gag11anl par le seul gain de
la partie (Cass. crin1., 26 février 189:J, D. P. 92.1.472, S. 92.1.601). En
efl'ct, dans ce cas, il ;y a eu paien1enl volontaire, fait d'avance. L'arlicle 196 7
doit done s'a¡Jpliq11er.

Ex.ceptions A l'inefficacité des dettes de jeu. - Le Code lui-111en1e


apporte i1ne exception au príncipe de l'article 1967. 11 décide (art. 1966)
que" les jeux propres aexercer a11 fait des arrr1es, les courses apied ot1 acl1e-
val, les courses de chariol, le je11 ele r)au111e et aulres jcux eie r11(!111e 11at11re
a a
e¡11i tie1111ent l'adresse et l'exercice du cor¡Js, sor1L exceptés de la dis¡Josi -
a
tio11 précécle11le ». Cette exce1Jtion tient, d'abord, ce que l'i11tér(\l J)tll)li e
co111n1a11cle cl'cncoi1ragcr les jc11x ele celte es¡Jóce. et, ele }Jl11s, il ce e¡11e la
parl du l1asard y est si failJ]c e111'on Jl() ¡Je11l, e11 l>or1r1e logiq11e, let1r ,llllJli -
e¡uer la eléfir1ilio11 cl11 jet1 e11visagó co111111c o¡J('.ralio11 aléaloire. Ajoulo11s ici
cleux observatio11s :
1° II esl i1111Lile de ,Iire- le texto de J'article 1u66 esl cx¡Jlicile en ce sc11s
- que I'{•11i1111ératitJr1 <lu lexlc 11'est l)llS li111ilalive. Air1si, il 11'esL ¡>as doi1-
leux eJlH) le jPtl tle .fool-ball rcr1t.re tlan s la calt°)g'(>ric eles jc11x faYl.lrisés 1>a r
la loi. En csl-il de 11ll!IIIC <lt1 jcu lle l1illa.r1l ~ Sur ce ¡ieJinl il y a conlrl>Vc1·sc
el la juris11r11de11ce csl co11lraclicleiire (CJ'. 1\ix, :.iG 111ai 18\¡:1, S. u:l.:.i. 1\) el
t>aris, 10,iuillel l\)O:.i, S. I\)0'>..2.:1ci1).
:.iº ],a rt•glc tic l'avc11r ele l'arlicle lj)Gli llll s'a¡JJ1lic¡11c c¡u':i l'aclio11 tics
jo11ci1rs J'u11 co11lrc J'a11lre, cHI, ce e1ui rcvient au 11H\111c, conlrn le 111111111¡¡e1·
<¡t1i les re¡Jr{)scnt.c !'1111 nl l'a11lre. ¡\i11si, le cha111¡>i<>11 ,le l>oxc ¡'¡ e¡ui 011
. ref11scrail tlc ¡>ayer l'e11jc11 ele la JJarlie e¡11'il a11rait gag11{·c, JH>t1rrail. s'alfresscr
aux tril>unaux 11ciur en rt')cla1n1)r le ¡iaicn1c1t l. 1)c 11H\1tH', les 1>aris {)chang·{·s
c11tre j<J11c11rs, ¡Jar cxe111ple, e11lre ¡1ro¡1ri{)l.airl)S tic chevaux cngagús ll's nrts
co11trc les at1lrcs tla11s une cot11·sc, 11e11ve11t tlo1111cr 11aissu11cc ¡\ t111e acliu11
,
COXTRATS ALEATOIRES

en jus 1tice (llaris, 27 juillet 1896, D•. P. 97.2.122). Ce1Jc11tlanl, les tribu11aux.
posscdent ici t111 certain pouvoir d'appréciatio11. L'article 1966, al. 2, dispose
en effet q11'ils Jle11vent ti rejeter la den1ande, quan<l la somme leur parait
cxcessivc ,,. !\1ais les parís e11g-agés entre 1Jerso1111es étra11gcrcs aux. jcux de
force et d'adresse. bien qu'ils le soient a
propos de ces actes de sport.
rcton1bent sous le coup ele l'articlc 1965; aucune action ne peut en résultcr.
,\i11si, les paricurs soit aux co11rses, soit aux jcux tels que la paun1c ou le
tc1111is, a11tres que les propriétaircs 011 les joi1curs, n'ont aucune aclion pour
réclan1er le gain r111'ils auraic11t fait, soit co11lre les perdants, soit co11lre
les i11tcr111édiaircs, tels que les age11ces de course 011 les cercles, qui recueil-
lcraient el contróleraient les paris \Cass. cri111., 16 111ars 1905. D. P. 1905.
1 .533, S. 1~¡05. 1 .424).
On notcra ici qu·unc législation spéciale (Loi du 2 juin 1891, n1odifiée
par cclles des 1•r avril 1900 et !1 juin 1909) érigc en délit le fait de servir d'in-
Lcr111édiaire a11x ¡Jarieurs de co11rses decl1evaux. Jlar exceplio11, il est co11cédé
aux sociétés de coi1rses régulicrer11e11t autorisées tl'organiser le JJari ,nutuel
s11r le11rs l1i¡Jpotlromes, en vcrt11 d'u11e autorisatio11 toujours révocable cl11
111i11istre de l'agricult11re, et sa11f un prélcve111enl sur leurs recettes destiné i1
etre en1ployé en fa,·eur de l'élcvage ou réparti au profil d'muvres de bienfai-
sancc (Loi tlu :i j11i11 18!)1, art. 5).

De l'exception de jeu en 1natiere de marché a terme '· - Une-des va-


riétés les 1Jlus i1111Jortanles et les plus dangereuses d11 jeu consiste dans les.
jettx (le bottrse q11i s'effectue11t sous forn1e de marchés l~ te1·n1e. On appelle
a
ai11si des 111arcl1és intervcna11t entre spéculateurs, la: 13011rse eles vale11rs ou
,\ cellc tlcs marcl1a11discs, et ela11s lese1ucls le vendeur et l'acl1ete11r slipt1lent,
l'u11 <111'il 11e livrcra l'objet. ,e11d.\1, l'a11lrc e111'il n'e11 prcndra livraison, qu'a
une clalc t1ltórieure.
U11e Lclle convention ap1Jarait co111me tres licite, con1rne · inelispensal)le
111cme pour les industriels et les 11égociants qui ve11le11L, soit régulariscr l'é-
co11le111e11t de le11r productio11, soi l s'.assurer le stock eles 111aticres nécessaires
it leur fal)ricalic)n. i\fais il 11'c11 est ainsi <111c lorsc111'il s'agit de marcl1és só-
ricux. 'l'els so11l les 1narcltl:S fer111es. c'est-/1-tlirc llcslint'is clar1s la pcnsée des
a
("()Jllracla11Ls clre eX:l'.ClilÚs flllf'()lllelll el sin1plen1e11t au jour conveJ!ll, <111cllel
<flH\ soit la IJaissc 011 la l1a11ssc s11rvc1111c ii l'úpeH¡ue <l11 tcrn1e. i\fe111c, l'in-
scrt.i11n cl'u11c clause ele ¡1ri111e, c'cst-a-dirfl la f'ac,1llé accorcl1~e a11 sti¡J11la11t
1l'al)ando1111cr le rr1arcl1é 111oye1111a11l le paie111c11l. tl'1111e ¡Jri111e, a11 cas 01'1 les
cours l11i clcviendraicnt <lúf'a,cJralilns, r1e 111otlifie 11as le carnet.ere licite el
parftJis 11H'!111e llie11f'aisant 1l1!s 111arcl1ós it tern1e sóriet1x: et sir1cercs. JI 11'y a
11111 i11co11vúnie11t 11c1n 1il11s it ce <¡11c les co11tracta11ls, s'ils voicnl les cir-
constaucr!s el la si l11ali1Jn tl11 111arcl1t'· se 111t1<lifier, co11,·ic11nent <l'alia11<lo11-
11er lc11rs ¡1<1sit.irn1s ¡1ri111ilives el tic réglcr l'opt'!ralio11 par le si1nple verse-
111r•nl. <l'11r1e tliffércncc.
\lais 011 a¡ier«;riit. a11ssitt,l 1¡11e, so11s 1!1 c1111vcrl 1!'1111 111arcl11''. /1 Lf'r111e, il csl

t. V. Lacoslr., f,'x¡1/icatio11 de la loi du 28 111ars 188:i dans Rcv. cril., l.88U ; note de
ll. Lncour sous n. P. us.1.!i.
688 LIVRE II. - TITRE II. - '
Cl'SQUIEllE P,\RTIE. - CHAPITRE IV

facile á eles spéculaleurs de se livrer á de ,·éritables paris sur les cl1a11ces


de l1ausse ou de baisse. Entre contractanls de ce genre, dont les opérations
porte11t générale111ent sur des qLiantités énormes, il est des l'abord bie11
entendu ou plti tót sous-e11tenclt1 qu'il n'y aura jan1ais livraiso11 réelle,
effective des ti tres de bourse ou des 111arcl1andises vendt1es et acl1etées. 1'out,
clans l'intention con1111une des co11lraclants, doit se ramener, 1·écl1éa11ce
arrivée, au paie111e11t cl'une cli1Tére11ce.
Depuis lo11gten1ps le législaleur s'est préoccupé ele ces jetix ele bourse et
des cla11gers c¡u'ils entrainent. Des arrcls du Conseil du Roi en dale de
1724, 1785, 1786, une loi du 28 ve11dén1iaire an IV, l'article 422 du Code
pénal, s'étaient fetl'orcés de 111ettre obstacle a ceux des n1archés a tern1e qt1i
ne faisaient que cou,-rir un pari sur la hausse et la baisse. ,\u point de vue
civil, la jurispruderice, apres a,-oir beaucoup el sotivent ,-arié, a,,ait fini
par se fixer er1 ce scns qu'il ap¡)arle11ail aux tribu11aux, lorsc¡ue l'exéct1lio11
cl'un marcl1é á tcrn1e élait réclarr1éc devant .,e11x (e11 gé11éral par l'age11t de
cl1ange, le coulissier, ()U autre intern1édiaire),de décider, par u11e apprécia-
tio11 souverai11e des faits de la cause, si 1·011 se trot1vait en prése1tce cl'u11
marché 1·éel, c'est-a-dire ayant été co11tracté en vue el'u11e livraiso11 effeclive
ele ti tres ot1 de 111arcl1a11dises, ou <l'u11 111arcl1é jiclif. Da11s le pren1ier cas, ils
devaient repousser l'exception de jeu, l'adn1ettre au contraire elans la se-
co11de hypotl1ese (lleq., 21 aoi1t 1882, D. P. 83.r.258, S. 84.r.425).
Cette jurispr11elence avait st1scité les pl11s vives récla111alior1s ele la ¡)ar!
des age11t~ ele cl1a11ge et eles coulissiers. l~lles abot1lirenl, á une é¡)oque 011
l'influence de la fi11ance sur le J)arlen1ent, toujours si reclot1table en clé1110-
cratie, se faisait partic11lieren1e11t ser1tir, á la loi d11 28 n1ars 1885, rapportée
par :\I. Xac¡uet at1 Sé11at, l<.)Í clo11t l'arlicle 1"r esl ai11si co11<;11: ,, 'l'ot1s
111arcl1t'•s á tern1e s11r elfels pu!Jlics et autres, lous 111arcl1és á livrer sur
clenrc'·es et n1arcl1a11clises sont reco111111s légaux. - Nt1l 11e pet1t, pour se
soustrairc aux <)bligatio11s c¡ui e11 rést1lte11t, se prévaloir de l'article 1!)Ü:Í el11
Cocle civil, lors 111e111e c111'ils se réso11<lraie11t par le ¡)aic111er1t cl'1111e si111¡)lc
clill'érence. »
'1'l1éoriqt1c111cnl, celle lui 11'a lJas,cela ll<)IIS 1>arail ccrlai11,rt'.})<)11clu cnlierc'.-
111ent a 1·atlnnln cln ::-es ¡)rci111ol<'11rs. 11i s11¡i¡iri1r1ó con11il!'!le1r1c11t l'ex1·Pp-
tio11 cln je11 c11 111ati<'·re ele 111archt'·s :'1 ler111e 011 :'1 livrer. l~llc a se11le111nnl res-
lrei11l le clo111ai11c ele l'nxcn11ticJ11.I•:111iri11cipn, elle laissc sulisisler la clisti11C:-
licl11 e11trn les 111<1r1·h,;s ré,•ls et l<'s 11111rch,:s./il'lifs. (:eux-ci rcslent cln si1111Jl1:s
¡iaris so11111is :'1 l'article 1!)¡¡,-, el i, l'<'xcr1iticJ11 cln jc)tl. l•~l il 11'cst ¡>as 1lo11ln11x
c¡u'•J11 111.Jil cc111siclt'·rer co111111e tcls les 111arcl1t'is c111i, att 111or,1e11l 1/e lcttr ¡1as-
salio11. sci11l clcslirH'•s, cl'a1ir!''.s la vol1>11tt'· cl1·s ¡1arti1,s. :'1 SP rí:s11111lrn Jlar I<)
¡1aie111c11l cl'1111n si111¡1le clifl'í,rcnc<'. (;'<'si 1ic111r c1111sacr<)f' cnlln .sc1l11lio11 c¡uc·
le Sé11al a sulistitut', au lcxl<! i11ilial c¡ui luí Í'.lail ¡Jr1,11os{) u l11rs 1111\111c c¡u·ils
1l,!1•rai,!11/ se rí·s,111clre ». In 11•,tP 1lc'·fi11ilif ainsi C<lll<,•11 : u l,,rs 1111\111c 1¡1t'ils
st' r1:so1t1lrc1it'11t, <'le ...>) J,a <listinctÍ<lll a11Lt',ric)t1l't)111c)11t c'ilalilic ¡¡ar la j11ris-
11r11clc11cn csl c11 sc1111111P 111ai11IP1111c•.
S11r <111<,i clc111c a lH>rlé l'inn<lYali<>li el<) la loi ele 1HH:, i1 lJ11ic¡11<)1llc•11l s111·
la J!l'Clll'C i, acl111inislrer c,11 juslicc. 'lc>11s aY<JllS Yll c¡11'ava11l 188:1, I<':-. lril,11-
,
CO~TRATS ALEATOIRES 689
naux appréciaient si le 111arcl1é était réel ou fictif. Ils pouvaient fonder le11r
apprécialio11 Sil!' locis les éléme,its de conviclio,i possibles, y compris la sin1-
ple présomptio11 tirée des habit11des des parties, ce qui était cor1for111e au
Droit con1n1u11, cl'apres lequel les déto11rs et sin1ulations employés pour
faire fraude a la loi peuvent s' établir ¡Jar tous les moyens. Depuis la loi
ele 1885, il y a, au contraire, 11ne présoniption <le réalité, de si11cérilé, établie
JJar la loi e11 fa,•eur de to11 t 1narct1é a tern1e.
• i\lais quels sont a11 juste les caracteres. la force de cette préson1ption ?
Lli-clessus les avis ont ]Jea11coup varié.
D'apres un pren1ier systeme, cette préson1ptio11 de légalité pourrait etre
co111battue JJar toute pre1ive contraire ('"· notes de Mi\l. Sarrut sous D. P.
85.2.121; Paul Pie sous D. P. 97.1.177; LablJé sous S. 86.2.1; "\,Vahl sous
S. 95.2.257; Paris, 3o juin 1894, D. P. 95.2.5:>,, S. 95.2.257 ; 15 décembre
1896, D. P. ¡¡7.2.291, S. 97.2.69; 19 décembre 1896, D. P. et S. /bid.). i\lais
cette opi11io11 est, en jurispruelence, tenue pour i11exa_cte, bien qu'elle soit la
plus confor111e á la n1oralité publique et aux 1Jri11cipes généraux d11 Droit.
Elle aboulirait en effet a rendre la loi de 1885 lettre-111orle.
Lºopinion de la Cour ele cassation - et les trava11x préparatoires 111ilitent
en ce sens - est que la préson1ption de la régularité des marcl1és a ter111e
peut etre co111batt11e, n1ais seuleme11t au n1oyen ele la production d'11r1e
J>!'euve écrite, établissa11t cl1ez les contracta11 ts, <les le 111ome11t de lecir co11l!'al,
la ,·olonlé co11111111ne qu'il n'y ait jan1ais livraison de ti tres ou de marcl1an-
clises. mais simple paien1ent de dilférences (Paris, 12 n1ars et 23 juillet :896,
D. P. 96.2.528, S. 97.2.69; Rouen, 5 n1ai 1897. sous Req., 19 mars 1900, D.
1>. 1901.r.437, S. 97.2.238; Cf. Civ., 22j11ir11898, D. P. 99.1.5, S. 98.1.313;
l\e(J., 1••·aout 190!,, D.P. 190',.1.583, s. 1905.1.7(¡). 011conr;oit, des lors, que,
la réclaclio11 el'écrits de ce genre étant e11 fait exlre1nen1enl rare, la loi de
r885 aboulit le ph1s souvent á la suppression 1J11re et sim1Jle ele l'exce1J-
Lion ele jeu en cas de n1arcl1és á tern1e.

Autres exceptions opposables par le pe1·dant. -- I,a loi de 1885 11'a


¡1as Lo11cl1é h el'aulres exce1JLior1s que la j11rispruele11ce accorelait et accordc
cncore, c11 cerlai11s cas, ¡\ u11 spéc11laleur n1all1e11re11x.
J;1111c csl lºexce¡Jli<)II <lile tle cotilissc. I•:llc r<'11usc sur l'i11sliL11Lior1 du 1110-
nnpole ,les rt[J<'11ls (le c/1a11r¡e, el ¡Jcr111el ele repousser la (le111a11dc cl11 coulis-
si<'r 1111i a scr,i <l ir1Ler111{·diaire á eles 11égocialici11s ¡Jortar1L sur eles valeurs
0

ael111iscs :\ la cote officiclll'. f:Ps valeurs, c11 ofl"cl. 11c pouver1L <~Lre rég11liere-
111c11l 11rgoci{•cs 1111e JJar lºc11Lrc111isc eles agc11Ls <le cl1a11ge.
J;aulre exce¡Jti,111,<lite ele en11lre¡iartie,11e11l <':Lre 0¡11José<) a11x ir1lcrrnédiaires
(coulissi<•r, co1r1111issieJ1111airc, 1\LC ... ), qui, cl1argés d'cfl"ecl11er une opéralio11
po11r 1111 clicnl, l'auraicnl lJass{·e avec l11i ¡><Hir leur proprc C<J111¡>le, a11 lic11
<le la fairc ¡1011r le c1>n1¡1Le elºun liers. l,a juris¡Jr11de11cc consi<l<'\rc <[Ue ,Je tcls
agissr,111c11Ls, c1111Lraircs a11 r,'ile 11<ir111al r,l a111Jarc11l 1lc l'i11Ler111é1liaire. fo11L
fH1scr sur 1·011t'•ralion, ¡\ 111oins 1l'avoir t':Li': s¡iócialcn1cnl a11lorisós }lar 1111r,
claus<) 1lu C<Jnlrat., 11ne 11r<':s11111¡>Li<>n ,le fraudr,, le co11Lrc¡iarlislc <'~La11t lr<>p
s<111vc11l P11cli11 :\ joner /1 c(111¡1 si1r e11 fo11r11issa11l<lc fanx rc11seig11c111ents au
1'orn<' 11 4i


690 LIVRE II. - TITRE II. - Cl'íQl'IEllE P,\RTIE. - CIIA.Pl'fl\E 1,•
clie11l. coutre lec1uel il spécule (l)aris, 1G jui11 1900. sous Cass., l). P. 1no2.
1.:)16, S. 1903.1.209; Civ., (j 111ai 1902, D. J). 1903.1.99, S. 1903.1.:>.:1.o;
note de }l. Lacour so11s D. P. 1905.r.65). D'ou la possiLililé po11r le clif'III
de te11ir le contrat pour nul et ele se refuser lt Pª)'Cr ses dill'l'.·renccs.

SEC1'ION II. -- CoxsTITl"l'IO'í I>E nE'íTE VIAGEnE •


Constitution a titre gratuit et a titre onéreux .. - 11 résulte lle la
défi11ition 1ncrne des co11trals aléatoires que la co11stitution de re11le ,iagerP
ne rentre dans cette catégorie q11'aula11t q11'elle est faite 1l lilre onéreUJ;.
Lorsqu'elle cst faite a litre gratuil, c'est-a-dire sa11s que le crécli-renticr ait
rien fourni e11 écl1ange de la rente dont il bé11éficiera, le co11lrat (s'il }- a
co11trat) u'esl pas u11 co11trat aléaloire, c'cst 11110 do11utio1i. De plus, la co11s-
tilution de rente ' viagerc ¡Jc11t rés11ltcr et résulte souve11t e11 fait, 11011 ¡Ja:-
cl'u11 contrat, 111ais cl'un teslanie11l.
Ce poi11t ele v11e csL bie11 cel11i auquel se placent les texles relatifs a11x
a
co11stitutions de re11le tilre grat11it, textes c¡11e, par 11110 é,i(le11le erreur ele
111éll1ollc, les réelacteurs d11 Codc 011t i11tercalés sous la r11lJri<111e eles co11tral:-
aléatoircs. Les articlcs 19G9 et 19¡-o elécide11t en s11bstance que ces co11stit11-
tio11s sont so11n1ises a11x reg'les ele Jo11d relativos a11x douations el testa111e11ls.
,\i11si, elles peuve11t faire l'oLjet d'11ne réductio11 lorsqu'cllcs ¡Jortcnt atlci11tc
lt la réserv~ des l1éritiers réservalaircs du couslit11ant (arl. 19 ¡-o). J>o11r ce
qui est plus spécialen1e11t des regles de forme des li]Jéralités. il y a Iie11 c]P
el istinguer.
'l'a11tl'it, la co11slitutio11 de rc11te viagi'ire esl faite elirecte111c11t par le co11s- ·
tituanl asa 1Jro1Jre cl1arge 011 a ccllc ele ses l1ériticrs; ,c'est le co11stit11a11l
lui-1n11111e ou ses I1éritiers q11i feront le ser,ice eles arrt'.rages. Dans ce cas.
il y a tlo11atio11 elirecle 011 legs, el la for1nc de ces acles cloit clrc rPs¡icc-
tée (art. '!)Ú!J). 'I'a11l<>l. a11 cr111traire - et c'est J¿\ I'hypotl1<'·se le plus fr{:-
q11e11tc - le scrvice tic la re11le <leYra 1\trc assuré ¡>ar u11 ticrs, générale111enl
a
u11e compag11ie d'assurance sur la vie, c¡11i le cor1stil11ar1t four11il un capi-
tal a cct ell'ct. E11 ce cas, 11011s no11s trcJ11vons e11 ¡Jrésc11ce d'une donalion
i1i1lirecle q11i, á ce Litre, écl1appe a11x rt~gles ele fcJrr11e des dor1ations. Dt.~s
lors, il 11'y aura pas bes<Ji11 tic l'inlcrvc11lio11 el'u11 11otairc pour la régularitl'.•
d11 co11trat (arl. 1!)73, :.iº al.).
1\joutor1s e¡11c,mcr11e 1la11s le cas 01'1 le constitua11t s'e11gage, lui et ses l1éri-
ticr, i1 servir 1Jcrse11111ellemenl la rc11te viagere, 011 tro11vc eles 1lécisio11s l{tli
dispcnse11l le litre eles condilicu1s <le for111c des elor111tior1s, lorsq11e la libó-
ralit{! prése11tc 1111 caract,'ire ré1ritt11,'raluire, ¡Jar exe1n¡:>le q11a11d elle esl desli-
11ée arémunércr les lor1gs et lt1ya11x serviccs cl'11r1 el1irr1esli<¡11e. E11 cc cas il y
a, 11c111 pns tlonatior1, 1nais paic111e11t d'11r1c ol>ligalici11 1111t111·ellc (E1aris,
8 110,eml,re 18u1, 1). 11 • !)!1.'..!.l!ll).
ilour e11 finir avec la co11stit11lic>11 <I<· rc11l1: ¡'¡ lilr<i graluit el ses tlill'órPnc<'s
a
a\'ec la co11slilutio11 Lilrr c1111!re11x, si¡;11al1.111s 1111c clis1><lsitio11 i111p11rla11tn.
ccllc de l'articlc l\)81, aux Lerr11es d11q11cl « In rc11lc viager·e 11c ¡>cut <\lrP si i-

CO:\Tl\ATS ..\.LEA.TOIRES (ig I

a
llulée insaisissalJle, c¡u<' lorsqu'elle a été stip11léc litre g·ratuil ,>. J)"aJlres
l'arlicle 581-4º cl11 (:ocle ele procécJ11re, celte sli¡J11lation esl 111en1c sous-cnlcn-
due dans les co11stitutions gratuitcs failcs a
litre d'ali111ent. ,\jo11tor1s q11c,
el'apres la j11risprudc11ce, il faut ap¡llic¡ucr la 111en1c sol11tion a11x sli¡l11lali<)11s
cl'inccssibilité (llaris, 5 avril 1905, D. ll. 1905.2.225, note E. L., S. 1905.2.
2!),).
a
Ccltc dill'érc11ce e11tre les co11stilutions litre onéreux el celles titrP a
gratuit se j11stifle cl'ellc-n1e111e. l,es créar1ciers d'1111 donalaire ne pe11venl se
1ilai11dre que cclui-ci rcc;oive des bie11s i11saisis:;aLles. Leur gage n'est ¡Ja~
cli1ninué,puisquc le11r débiteur n'a ricr1 fourni en écl1ange de la rente c¡ui lui
est désor111ais assurée. :\11 contraire, on ne saurait adn1ettre qu'ur1 clél)itcur
ai t le droit de cléto11rner u11e partie du gagc de ses créauciers,pour se n1é11a-
a
ger des ressources viag·eres soustraites leur droit de saisie. Ur1c telle opé-
ratio11 est 11 ¡Jriori, et par défl11ition 111eme, fra11duleuse.
Nolo11s cepencla11t que les rentes viag<~res co11stiluées au n1oyen de ,·ersc-
n1c11ts á la Caisse natio11alc des rctraites sont incessibles et insaisissablcs
jusq11'a co11currencc de ~{60 fra11cs (Loi clu 20 juillet 1886, art. 8). (1 }. a lit
une exceptio11 c1ui s'expliq11e par la 111oclicilé ele la portian ir1saisissallle el
par des co11sidéralions d'l1u111ani té.

Conditions de formation <lu contrat de rente viagere. - La renlr


·viagere peut elre co11sliluéc á litre onére11x de cleux fai:or1s (art. ID68):
1º 'l'ant<'\l, 111oyen11ant une son11ne d'argenl ;
2º 'fanttit, n1oyenna11t l'aliénalion d'1111 corps cerlain,i11obilier ou in11110-
liilier.
a
Dar1s le prc111ier cas, le co11tral se rallacl1c un ¡irel. Dans le seco11(l,
c'cst une variété ele ve,ile 011 cl'éclia,ige. l)'oi'1 celtc ditl'ére11ce que, elar1s Jr
prcn1ier cas, le co11Lrat 11c se for111e q11e re, c'esl-á-clire ¡)ar la rerr1ise de la
so1ni11e co11Yc1111e, et, q11'éta11l 11nilatéral, il pe11t ctre cor1stitué par 1111 acle
sous sei11g ¡lrivé drcssé c11 u11 se11l origi11al, tandis que, da11s le seconcl cas.
le co11trat se frirn1e di•s l'{:cl1a11ge rles Cf)11sc11ternenls, et req11icrl la réelactio11
(1'1111 1\cril e11 cloulJle orig·i11al (arl. r:~25); ele plus, le paic111e11t etc la re11lc
sera garanli ¡Jar le ¡irivilegc cl11 Ye11deur (ar!. 2102, !1º, 210:3, 1°); cnll11.
!11 crótlircntier sei·a gara11l d11 di'•lJircnLicr, si ccl11i-ci ,·ie11L ¡\ elrc évi11c{· (le
la cl1osc re1;11c par lui.
~oto11s 1¡11c, l1J1·sc111c la c<111stitulio11 ele la rc11lc viagi:re cst faite co1111r1c
Cf>11trc-parlic d'1111 lll'f~l cl'argc11l, clic ¡lr{:sc11te cctte ¡Jarticularitó 11u'elle
i'•cl1ap11c, ,11 so11 caracterc aléat<>ire, :\ la li111ilalion cl11 la11x 1ln l'i11lér(\t
Cf)JIYCJllitHITlCI (arl. 1()7li).
(;{:11óralrr11c11t, la rente ,·iag<:rc cst co11stit11óc sur la l<~lc d11 renticr, el d11rc
a11la11t 1111c la vie 1lc cclui-ci. l)11cl<111cf(Jis, elle cst cci11slil11ée sur la lf!lC ele
1lc11x <ltl ¡Jl11si1111rs ¡1ers(11111cs, el rc,crsilile s11r cellc el11 s11rviva11t (art. 1¡172 ),
J~11ll11, l'arlicle 1!l'i, 11011s clil c¡11c 1'011 ¡l<J11rrait la c1ii1stilt1Pr sur la tele d'1111
tiers anlrc c¡111• Ir l'('Jlli1:r, <in lf'llc l'a<,'.(lll <111'cllc ccss¡it d'1\tre (!11<' ú la 111orl (le
ce tiers. :\lais il y a l.\ 11110 cu!11IJi11aison que la ¡1ratic1uc ig·11orn aLsol11n1cnt.

LIVRE, - TITRE 11., -- CIXQUIE~IE PARTIE, - CHAPITI\E IV

Conditions spéciales des articles 1974 et 1975. -- 1\ux termes des-


articles 1974 et 1975, (( tout contrat de rente viagere créé sur la tete d'une
personne qui était morte au jour ,iu contrat, ne produi t aucun effet ». (( II e11
est de n1en1e du contrat par leq11el la re11te a été créée sur la tete d'une per-
sonne atteinte de la maladie dont elle est décédée dans les ving l jours de la
date du contrat. » Cette seconde disposition nous vient de l'ancie11 Droit,
avec cette seule différence que, pour nos anciens auteurs, le délai duran l
lequel devait mourir le crédirentier, pour rendre le contrat nul, était aba11-
donné á l'appréciation des magistrats (Pothier, Co11slil1tlio1i de re,zte, n º 2 25 ;
Merlín, Réperloire, Vº Rente viage,·e, nº 3). Le Code a éta)Jli un délai
fixe, et il n'est pas discutable que ce délai est de rigueur. 11 y a la une pré-
somption absolue. Si le crédirentier n1ourait le v·ingt et unien1e jour, le
contrat resterait parfaitement valable ('l'rib. Seine, g 111ars 1903, Gaz. T1·ib.,
¡•'aout 1903).
Mais quels sont au juste le fondement et le caractere de la nullité pro-
noncée par les articles 1974 et 1975 ?
D'aprbs u11e premiere opinion, ces deux textes établiraient une présomJJ-
tion d'erre1ir subsla,itielle commise par le constit11ant de la re11te viagere
qui 11'a11rail certaine111e11t pas traité, s'il avait co11n11 le cléces du }Jénéficiaire
de la rer1le ou son état n1aladif (''· note de 1\1. La}Jbé sous S.65.2.321).
Nous croyons que tel 11'est pas le se11s des articles 1u74 et 1975. Le co11-
trat passé clans les conditio11s ,·isées par ces textes, c·est-á-dire au profi 1
d'u11 111ort ou d'un 111oribond, est nul JJOlll' cléfaut lle caiise. Er1 ell'et le co11-
trat al6ato¡'re est conclu en vue ll'1tr1 aléa. Si cet al<'~a n'existe pas, il 11e pe11L
y avoir cor1trat.Noto11s qu'une troisie111e opinio11, variante de la précédente,
(V. note de °'l. IJla11iol sous D. ll. 1905.1.8!¡), e11seig11e q11'il y a ici 11ullité
fante cl'objél; le contrat aléatoire s11¡Jposa11t 1111 éclta11ge ele JJreslatio,is, el
a a
celui q11i s'e11gage verser une rente viagt\re 1111 111ort 011 ¡\ u11 111oura11t
11'ayant ríen promis ele série11x.
Les i11tért\Ls ¡Jratiq11es ailacl1és a11 cl1oix /1 fnire r11lrc ce:- lrois opi11io11s
sont tres 110111IJreux.
1° La 1111llilé llcs articlcs 1!)7!1 et 1975 est-clle rel(t/i1•e (Jtl <tbsullte :1 1~11('
es! relalive 1la11s le systen1c (!e la {ll'éso111¡Jlio11 tl'crre11r, <thsol1ie dans les
(l('IIX a11tres. Or, c'est liicn c11 ce 1lernicr se11s 1¡11e sr ¡Jro11tH1ce IP lexlP c!P
l'arliclr 1!)7 11 ( « toul ct>nlral ele ... ne ¡irud11il a11c1111 (://i•/ 1> ). l)o11c, tlans
ll<lll'<) o¡li11io11, l'ac!Í(>ll en 1111llitó S<) {lrcscrirn ¡>ar lrc11lc a11s el 111i11 ¡Jar
(!ix; ell<) Jl(J11rra (\trc i11,01¡11{·c ¡>ar les li<'IIX C(>lllracla11Ls, et 11011 sc11lc111c11l
¡Jar 1'1111 ¡J'eux.
~• l)a11s le systt'·111e <IP la 11r1\so111¡ili1i11 1l'crrc11r. la 1111llil1'• 1lcs arliclcs
1g7 11 et l!J7;> 1l11il. (\!re t'·carlt'•c, si cclui 1¡11i fuurnissail. 1'<'·1¡11ivalc11t 1le la
rente, a en fail C<lllllll la 111nla1lic 1lc la ¡icrs<lnllc s11r la t(\I<) 1l0 1¡11i il la
C(11\S!Ílt1ail; !'acle va1Hlra :'t 1(>111. le 11t(>i11s co111111<' (l<i11ali1i11 (lt·g11isc'!c faite
a11 pr<llil cl11 1lé!Jir1'11licr. l)a11s (1\s 1lc11x a11lrcs s~·sli'•111Ps, la 1111llitú ne dc\Yra
pas 111r>i11s t:lrr. }ll'01Hi11cíic. l,a c1>1111aissa11cc ele la siluali<>ll 1lc la ¡iarl 1111
('.(l11lracla11I. 11c fait ¡ias q11c le C(Jfllral: ail <'ll 1111 11lijcl (>11 tlll() ca11sc. c;·(•sl PII
,·e llc11xie111P SCllS 1¡11e s'esl ()1'()11()[\Céc la j11ris¡>l'U(le11ce 1,\ngPrS, '.l!l .i ui 11 1Hu7'
1). (>, 1!)01.'.l,:lü(), S. 1()00.'.l,'.lj:l).
,

CONTRATS ALÉATOIRES 693


3° Dans le systeme de la présomption d'crreur, la regle des articles 1974
,et 1975 s'applique aussi bien aux constit11tions de rente a titre gratuit
a
q11'aux constitutions titre onéreux. Au contraire, dans notre systcme, le
;_[éfaul (le cause résultant du défaut d'aléa dans le contrat, il faut, pour
q11'il )' ait lieu a application de la 11ullité, qt1'on se trouve en présence
. cl'un co11trat aléatoire, c'esl-a--dire d'une constitution de rente a titre
on<\rcux. La jurisprudence cst en ce sens : elle décide que l'article 1975 ne
a
s'ap1)lic¡ue pas au:x. conslitulions litre gratuit (Req., 17 février 1904, D. P.
190/1,1.526, s. .1904.1.335).
4º Supposons l'l1ypotl1ese suivante. U11epersonne, te11ue envers 11ne autre
-d'une rente viagere, traite avec une r,ompagnie d'ass11rances pour que celle-ci,
a
n1oyennant le versen1ent d'11n capital qu'elle lui fait, prenne sa cl1arge le
service de la rente. Or, le crédirentier se trou,•ai t atteint d'une n1aladie dont
il meurt dans les vingt jours. Le systeme de la présomption d'erre11r devra
admettre que, dans ce cas, il y a nullité, car, sans· do11te, le stipulant n'au-
rait pas co11traclé con1me il l'a fait, s'il avait connu l'état de santé d11 cré-
clirenticr. Dans nolre systeme, il nous sen1ble qu'il ne doit pas y a,oir nul-
lité, car la cause du versen1ent du stipulant, c'était qu'il fut exonéré du
service de la rente. 11 n'y a done pas abse11ce de cause. C'est c.ependant dans
le se11s de la 11ullité que s'est prononcé un arrel c¡ui, par ses consiclérants,
se_rattacl1e pourtant au systeme de la nullité absolue (1\ngers, 29 juin 1897,
préci té).
a
Une der11iere question se pose propos de l'article 1975. C'est ele savoir
s'il fau l J'appliq11er au cas ou la rente est établie sur la tete de cle11x ou de
plusie11rs personnes, et 01'1 un seul d'entre les crédirentiers est 111ort dans
les vi11gl jours ele la co11ventio11. Nous croyons qu'il y a lieu de distinguer.
La rente él11il-elle ré,ersilJlc pour le tout sur la tete du surviva11t, nous ne
pe11sons pas qu'il y ail lieu a nullité. Le caractcre aléatoire du contrat sub-
siste suffisam1nent. l\'lais nous don11crons une solulio11 contraire dans l'hy-
poll1ósc 01'1 la 1iart de rc11lc allrilJt1ée au cléft111t 11'cst pas réversilJle s11r la
tele du Slll'Vivant ('í· Civ., 1!1 llfJYemlJre 190!1, D. J>, 1905.1.89, •S. 1905.1.5:
l{cc¡., (i février 18GG, D ../.(;., ne,zles Piageres, S. !1!1, S. GG.1.192).

Service de la rente. - !,es arrérages des rentes viagcres, l•tant des


fr11ils ci,ils, s'ace¡11i<'-'rc11l au jo11r le juur. l)'o1i l'arlicle 1980 tire celle con-
sér¡11c11ce <¡11() la re11le ,iagl•rc 11'csl acc¡11ise a11 prrlpriétaire q11e clans la pro-
purli<>II el11 11eJ111JJrc ele jo11rs c111'il a ,écu. Néa11111oins, ajoule-l-il, s'il a élé
co11vc1111 <¡11'cllc serail payÍ\C cl'ava11ce, le ler111e r¡11i a elt11"!lrepayé, esl acq11is
• •
d11 jo11r <J1'1 le J)aicn1c11t a <111 c11 •'Lre fait.
Nal11rcllc111c11l, el l' arliclc 1!)8:1 q11i le dí•cicle étail i1111lilc, le Lilulaire
ele la re11le viag<\rc 11'p11 pe11t réclan1cr les arrérages q11'e11 justifia11L de son
cxisle11cc, CJII ele celle ele la ¡>crsrJ1111c sur la lelo de laq11elle la rente a été
cr>nsli luóe. ],e 111oclc ele ¡>re11vc 11si Ló c11 ce cas esl la ¡Jrocl11clio11 cl'1111 certi-
Jical ,te "ie, tléli,ró ¡iar 1111 11olairc, par le 111airc 011 par le présielent d11
LrilJ1111al (l,eii (i 11111rs I í!)I ; orclu11nancc G j11i11 18:~u. art. 1).

LIVRE 11. - TITRE 11. - CINQUIE~IE P,\I\TIE. - CHAPITRE IV

Différences entre les rentes viageres et les rentes perpétuelles.


Il y a, entre les rentes perp{>tt1elles (''· notre t. I"', p. 685 s.) et les re11tes Yia-
gcrcs, des <lifférences in1porta11tcs.
1° Q11a11l ll la faculté lle raclzal. - On se souYient <1ue les re11tes per1Jé-
tuelles so11l lo11jours rachetables (art. 1911). ,\11 cor1traire, l'article 19 1 \)
porte qt1e « le cor1stitua11t (d'u11e re11te Yiagere) 11e pe11t ~e libérer cl11 paie-
ment de la rente en offra11t ele re111l)ourser le carl'ital, et e11 rcnor11:a11t la a
ré¡)élitio11 des arrérages l)ayés n.
2° <¿1tlltll <111 tau.1; <le la re,zle. - No11s a,·011s Yll <lllC la re11le Yiagere esl
souslraitc, q11ant a son n1ontant, i1 la lin1itation du taux de l'intérct conven-
tionnel établie par la loi du 3 septer11bre 180 1 . :\u contraire, les rentes
perpétuellcs constituées a prix <l'argent sor1t soun1ises a ce n1axi111u111
légal.
3° Quanl a la1·ésolutio1z <l11 co,ztral. - \ous avo11s ,11 ¡Jrécéde1nment (s11-
pra. p. 1:lu) c111e la co11stitution cie rente ¡1erpétuelle est s011r11ise a11 Dt·oil
c01111n1111 r¡ua11t a la· résolutio11 po11r cause d'inexécution des co11ventions.
'fout au ¡>lus, l'article 1912 y apporte-t-il cette dérog-atior1 c¡11e, po11r en-
traiuer ri'·solution, le défa11t de paien1c11t eles arrérage,,; lloit s'elre prolong·L·
penela11t deux anr1ées.
I>our ce q11i est de la constitutio11 de rente viag·l're, il y a lieu de dislir1-
guer.
:\. - l,c 111a11c1uer11enl d11 dé})irc11tier ;'1 ses ol)ligati1111s co11sistc-t-il er1 ce
qu'il n ·a ¡)as f<Jurni au crédiren tier les szirelés sti¡Jtilées po11r la gara11tie d 11
servic1• de la re11te, alors le Droit co111111u11 s'applique, el le crédire11lier peul
den1a11der la résolution du contra t (arl. r 917 ). Cette résolu li<J11 e11 trainera
la resLit11tio11 <lu capital ou tie la cl1ose fo11r11ie au dél)ire11tier. E11 reva11-
cl1e, le crédi1·enticr devra rer11bo11rser les arrL•rages elt'~ji1 rei:,us.
1.1. - Le r11anquen1en ta l'obligatio11 consiste-t-il da11s Je lléfaul (/e ¡1r1ie-
1ne11l <les r1rré1·ages, l'article 11r¡8 {,carle l'aclio11 e11 r1·soluti1111; il lléci<lc
q_uc le crétlire11lier 11e }J(•11i (' dc111a11d('r le rcn1IJ<)t1rst•111c11t lit1 capital ; il
,,·a c¡ue le droit de sai,,;ir et ele fairc Vl'IItlre le,,; liiens Lle so11 d{·l>ile11r, et de
faire ordc>n11er ou co11sCJ1tir sur le 1>ro1J11il ele la ve11Le,1·c111plc>i tl'11ne sorn1r1c
s11ffisa11le 1>ou1· le sr,rvice eles arr{,ragcs n. :\lallic11re11se111e11l, cclle llis¡iosi-
t.ion, dict<'·e 11ar une penst',e de fave11r p<111r le rcnlier, se ret<Jt1rne conlr<·
lu.i, lorsq11e, le dé!)irentier <'·Lant i11solval1lt>, il se lI'lltlYC ex¡>os<'~ a11 conc<Jurs
dt~ a11lres créar1ciers. L'actio11 t'II rl\sf>iut.illll l'aurail fail écl1a1>per a ce c<>11-
cours.
La diSf.>Osition de l'arlicMl 19¡8 11'éta11l pas tl'orllrc J}Ul1lic, il esl cert~1i11e•
111c111. loisil,lc· aux co11lracl1111ls <l'insórcr <la11s le co11l.ral. cctte cla11sc t¡ue le
<léfa11l tlc paic111e11l eles a11·érages cnlraincra résoluticin. l)e ¡>lus, <!11'il y ait
uu 11011 résolL1lio11, Je <.'l'ÓlJire11tier a ccrtai11e111e11l clrliil 1'1 r1·cla111cr e.les
d(llll111ag·cs-i11Lé1~ts l>lllll' le 1>r1•j11clict! c¡ue !11i <~111se la cnssalit>11 clu servicc
e.les a rrérages. l~l ces d<JD 111 rages-i 11 tt'• r(' ls ¡11~11ve11 l i\ lrc li XL'S li ·a ,·a 11ce, co111111e
J.c 1>er111el le !)roit co1111111111, ¡>ar la (J1111,c11lio11 (les 1>arli(~s ( \ 1 • l)ijl>n, 11 <lé-
cen1l)rc 1no:l, S. •!1º7·:.i.7:l, 11t>l1• de \l. l)c111og11cJ.
!1" Co1tlrúle de ¡·¡~·t,il. - [,es c1111slit11tic111s lle rente 1i1•rpi'·t11cllc, t.rt'·s rar<!S

COXTRATS ALEATOIRES

e11 fait, se fo11L lilire111e11t et sa11s co11trole. At1 conlraire, les conslitutions
ele rente viagere ne s011t libres q11e quand elles so11L contractées entre parti-
ct1liers. Ell'eclu{•es par eles sociétés (ce qui est le cas Ir l}lus fréque11t), rllrs
to111IJe11t sous le co11p de la loi d11 17 111ars 190:i c¡11i éta)Jlit 11n controle et
. 11ne survcillance de caractere ad111inistratif, s11r les e11treprises da11s les
op<'ralio11s clesr111clles i11tervienL la d11rée de la vie l1u111aine. Celte loi, r¡ui
organise ¡io11r le crédirc11tier 11ne prolection a11Lrer11e11t efficace que celle
de la loi de 1807 s11r la li111itatio11 .cl11 t,aux de l'i11tért:t légal, so11111ct 110-
a
La111111e11l 1111 controle organisé par le i\Ii11istere clu 'l'ravail le taux des
rc11les et les tables de 111orlalité sur lesquelles les compagnies se fondent
llot1r fixer ce taux, lequel cesse ainsi de dépendre du je11 de l'ofl're et de la
cle111anclc.

Du baila nourriture 1. - l~e bail u no1trrittzre est


11n autre co11lrat 1z
jo,icls ¡¡ere/u r1t1i l}résenle de graneles analogies avec le·contrat de conslilutio11
de rc11le viagere. 11 consiste en ce que une person11e, recevant d'une a11lre
1111 capital ot1 un bien déter111in<'·, s'olJlige a la loger, no11rrir et entrelenir
sa vie durant. Ce co11trat, q11e l'on rencontre en fait assez fréque1n111e11t
11 la cam¡Jagne entre des JJarents ,1gés et leurs enfants, est sou111is au
l)roit cou1111un ; il écl1appe des lors aux regles spécifiques qui caractéri-
sent la co11slitution de rente viagere, notan1r11ent aux articles 1975 et 1978.
1\_insi, il 11'csl pas annulé lorsque le stipulant vie11t a 111ourir dans les
vingt jours d'u11e n1aladie existant· clrja au 111on1ent du contrat. Et, au cas
01'1 le dél}iteur 111anquerait a exécuter son ol}ligatio11 de 11ourrir et loger le
stipnlnnl. ce <lernicr pourrait exerccr l'actio11 c11 r{·solutio11 de l'arlicle 118(1
1l\c1111es, :11 1nai 1883, 1). i>. 8!¡.2.130, S. 85.2.18!1; (~renol)lc, 19 février
l()Oj', S. 1907.2 .2:10).

1. Lalou, Du bail a nourriture. Thése de Paris, 1900.

,
c:HAPlTRE \'

í\l:\.ND.t\. T E'l' GES'l'ION D' Al<'F :\.IRES

SECTION I. - De; 'L-\.XD.-1.T.

~
<
1. - Généralltés.

Deflnition du i:nandat. - Le n1andat ou procuration est t1n acle par


«
lequel t1ne personne rlon11e a t1ne autre le pouYoir rle faire r¡11clq11e cl1osc
po11r le n1andant et er1 son 110111. - Le contrat ne se forn10 q11e par l'accep-
tation elu mandatairc n (art. 1984).
Cettc définition ele l'article 198 11 corres1Jonel it la fa<;'on elo11l se co11clut ordi-
' nairement dans la praliq11e le contrat ele 111a11dat. Le n1a11elant elonne au n1a11-
dataire un _po11voir écrit, le<111el porte le 110111 de ¡Jroc11ratio11, l11i e11joignar1l
d'accomplir en son lic11 et place, et générale111ent en son no111, 11nc ou 1Jl11-
sie11rs opérations j11ridic¡11es. Orclir1aire111ent, celle 11roc11ration 11e conlient
pas l'acceptation elu 111anrlatairc; elle 11e co11stale do11c pas la for111alio11 <111
contrat; l'acceptatio11 sera t:.icite, el r<°'sullera tl11 fait. par celui-ci rl'acco1111Jlir
les acles dont il a été chargé (arl. 1985, 2• al.).

Le mandataire représente-t-il toujours le mandant? - ,\ Jire l'nr-


ticle I!J8!1, 011 croirait quc le 111a11clalairc agil lo11jo11rs con1111e représe11ta11t,
c'esl-it-clirc au 11orn cl11 111a11cla11t '. í\lais, si c·Psl lit 1111 caract<'·rc or1li11air1i ele
11otre Cfi11lrat, ce 11'p11 esl ¡ias 1111 caracti'.rp css,·11/icl, l>ien 1¡11'011 l'ait 1¡11cl-
r111cfois prólc11el11. l\ic11 11°1H11pt\cl1c les ¡iarlies de tlt'·cidnr que le 111a11datairc
lrailr'ra avec les licrs en son 111i111 1Jrci11rc-, et sa11s lc11r fairc- co1111ailrc sa
YÍ~ritallle !J11alilt'•. Sans do11L1•, c11 11arf'il ras, c'cst. l11i r¡11i s'oliligcrn 1~l 1l1)YiP11-
dra créancic-r, la11¡)js !JII<', c¡11a111l il agil c<1111111e 111a111lalaire, les rap¡>nrts
j11ricli1¡11cs se fc1r111e11l clirPclc111t11l !'111.rc le 111a11da11t. el les lit•rs. ,tais, c¡11'il
traite c11 l'1111c 011 I'a11trc 1¡11alilt'•. cnla 11<' 11101lifi<' ¡>as le caracl( 1'!~ 1111 co11Lral
0

r¡ui s'cst. for111t'• cnlr<' 111.i cl le vt',rital1IP inli'•rpsst'·; e<' c1i11lrat Psi. L1111jciurs 1111
111a11clal ~.

1. Sur la rcpréscntatlon, ses 1°.nracteres clistinr,llfs, sa naturc j111·i,liq11e, voir nolr,~


t. )••, p. 86 /t 89,
2. Un nrrét de In Cha111hrc ci,·ite tlu 1.i avril 188(i (1). P. 8(i.t.220 (!" arr~I), S.
87 .1. 76), scrnhle contraire /t nolrc opinion. 11 d,1clnrc qt1P le c11racte1·1, essentiel ,In ruan,lal
consiste duns Je pouvoir donné nu mandalairc de rrpréscnter le rnandnnl; rnais il r(,s11l!P.
de l'especc réglée par· cet nrrél qu'll prcnd ces rnots co111111c synonyrncs de ¡iouvoir ,/'ayir
)IA.'.'ID.\T ET GESTIO'.'l n'_-\.FF,\IRES

Il est rare, il esl vrai, qu'en 111atiere civile, le mandataire 11e fasse pas
connailre sa qualité aux tiers. En effet, en la leur révélant, il évite de s'en-
gager personnellement et simplifie la forn1ation du rapport de droit qui
doit, en définitive, se produire sur la tete ele son n1andant. Pourtant, le
'
a
1nandant peut avoir i11térct ne pas faire savoir aux tiers que l'opération
est conclue pour son co111pte. On dit alors qu'il y a conventio11 de ¡1rele-
11om '.
a
De 1ncme la personne qui consent se porter caution de la dette contrac-
tée par une a11tre est un mandataire qui s'engage perso11nellen1ent.
Dans les opérations commerciales,au contraire de ce qui se passe habituel-
lement en matiere civile, le n1andataire ou comn1issionnaire s'engage pres-
que toujours personnellement, sans indiquer le nom de son co1nn1ettant
(art. 94, C. con1.). Cclte fac;on de procéder est, en efret, plus co111mode pour

a
les , endeurs qui 11'ont pas s'inquiéter de la solvabilité des acheleurs,
0

lcsc1uels se trouvent sur d'autres places, c1uelquefois dans d'au tres pays. Le
pl11s souvent, ils ne vet1lent avoir affaire qu'au con1n1issionnaire, dont ils
connaissent la solvalJilité, l'l1onorabilité. Enfin, le co111n1ission11aire a inté-
a a
ret égalen1e11t ne pas dévoiler son comn1ettant le non1 de ses clients. De
cette fac;on, il évite q11e, pour l'avenir, on ne se passe de son intern1édiaire.

Mandat gratuit; mandat salarié. - L'article 1986 clispose c¡ue le n1an-


dat est r1ratuit, s'il n'y a con,·ention contrairc. ·
D'apres la conception traditionnelle, le ma11dat est, en effet, un co11trat
lle úie1ifaisa11ce; le n1andataire agit pour rendre service a11 mandant, et non
po11ssé par un rnobile i11téressé. Le Droit ron1ain ancien déciclait n1cn1e
q11'a11cun salaire ne pouvait elrc stip11lé par le ma11dataire.Pourtant, la fin a
ele l'époque classique, on ad1nettait que les parties pouvaient convenir d'a-
va11ce d'unc rén1unératio11 (salariun1, lio11or), et que le mandataire pouvait
e11 exiger judiciairement le paien1enl. L'action qui lui était clonnée cet effet a
n'était pas l'action 111anclali, rnais 1111e perseculio extra ordi1ien1.Lc n1ag·istrat ·
avaiL le clroil de 111oclifier le n1011ta11t de l'allocalior1 conven11e,de 111en1e f}t1'il
po11vait e11 allouer 1111c e11 l'al1se11ce 111e111e ele toule convention.
Celle doctri11c s'cst co11servée a11 cours des siecles, et l'article 1986 repro-
cluit la r,\gie traclitiu11nellc. \
l)'a¡ires ce tcxle, le 111a11dalairc 11'a elr,Jit it 1111c ré1111111{\rali1)11 c1u'a11la11t
c¡11'clle a él.é co11vc1111c. (~'est elu11c it l11i ,\ c11 f'aire la ¡ire11ve, et it défa11t ele
cettc prc11ve, il 11e {lfJtirra exigcr a11c1111 {\1111ilu111e11t (l\efJ., 1"' déce111}Jre 1891,
D. 11. 11:1.1.:.1<>!t,S,i1:l.1.!1i17; l\cc¡., 1:>j11illet,8!)Ü, 1).11 • 9G.1.5(i1,S.97.1.:iü9.
ll 11·Psl 1>as 11óccssairc_, clu reste, 1¡11c cctte co11ve11lio11 ail fail l'ol1jet cl'1111c
1l1'claratior1 ex¡>rcssc; elle ¡>e11t etrc tacitc, c'esl-11-clirc résultcr, soit ele la
1>r1if'cssi1>11 elu 111a111lal.airn, Sl>it 1les circo11sta11ces 1111'\111cs 1la11s lcsc¡11clles le

du 111a11da11t. En cfl'cl, il s'ngissait, rlans l'espilcc, de dire si l'agcnt d'unc


¡1011r le con1¡11e
co1npagni1• de _chernins dt! fer, qui avail exécnlé un or,lre il luí ,lonné, avail agi cornme
eruployé de la co1np11gnie, en vcrln dn contrat de trnvail qui l'unissait ;\ elle, ou comme
son 111and11tnirc.
1. Cons. Lerehours-l'igeonni1'!re, 1'hese de Caen, 1898.

698 LIVRE II. - TITRE II. - CIXQUIE~IE PAI\TIE. - ClfAPITHE ,.

111andat a été do1111t'·. E11 fnit, le 111nndnt salarié est plus frt'-(.¡ue11t <Jtie le
rnandat gratt1it. 11 ·y a. e11 ell'et, eles ¡Jersonnes do11t la ¡Jrofession co11sisle it
faire des acles po11r le co111¡Jte d'autr11i. 1'els s011t les avoués qui so11t les
représe11lanls l1\ga11x des parties p<Jur Lous les actes ele la 1Jrocéd11re, les
l111issiers do11t la fo11ctio11 co11siste ii récliger certains actes. a les sig11ifier et
¡\ les exéc11ter, les aYlicats, les agents rl'affaires, les agents de cha11ge, les
IJanq11icrs <¡11i se cl1arg·e11l <l'ordrcs de IJ011rse, el11 paien1cnt des co11po11s, etc.
De n1c111e, il est d'usage que les arl111ir1istrate11rs des sociétés anonyr11es,
représe11tants des actionnaires, toucl1ent 11ne rémunération.

Droit d'appréciation des tribunaux sur le cbi:ffre de la ré munéra-


tion du mandat salarié. - De l"article 1986 q11i proclan1e la graluité cl11

n1andal, la jurisprudence a déel11it une fort intéressa11te solutior1, déjii ad-
111ise elt1 reste par les j11riscons11ltes ron1ains. Elle co11siste en ce c¡11e les
tril~1111a11x s'arrog·e11l le droit de ·réYiser la rén11111ératio11 stipul<'•e par le
111a11clataire et acceptée par le 111andant, lorsque celui-ci dé111onLTe q11'elle
est exagérée et excede de lieauco11p les services rend11s. r;es triliuna11x tro11-
ve11l 11n arg111ne11t e11·: faveur ele le11r inlerve11lio11 da11s le de11xie1r1e alinéa
de l'article 19!)9· C0 lexte, J)arla11l it la fc,is eles ava11ces faites par le 1r1anda-
laire el tle ses salaires, 111'.·ci<le c¡ue le ma11dant ne peut se disper1ser cl'e11 faire
le re111boursemenl et le paien1ent,lors n1en1e q11e l'affaire n'at1rait pas ré11ssi.
i>uis il ajo11le, ne Yisa11t ¡)!us cette fois (¡ue les ava11ces: H le 111anda11t ne
peut faire l'édt1ire le n1ontant eles frais et avances sous le prétextc <Ju'ils
JlOt1vaient ctre moindres n. Cettc clernii'~re disposi tion, r¡11i ne concer11e JJl11s
q11e les aYa11ces, J)l'OUYe. dil-011, c¡u'at1 c<i11lrairc les salaircs JJet1ve11l clrc
r,~duits q11and ils so11t excessifs.
Cette solution, co11sacr<'1e Jlar une long11e suite ele décisions, rni\rit e
rl'a11u111t plus cl'etre rele,·ée, qu'cn toute autre matiere, nous l'a,·ons vu, la
j11rispr11clence se 111or1trc pr1ifondé111ent respect11euse du pri11cipe c111e le s
co11ve11tions sonl la lrJi eles J>artiPs (arl. 113!1),el a¡)plir¡trc des cla11ses, <¡11el-
quc i11j11stes el alJ11si,•es qt1'elles sciic11t, 1!11 111c)111cr1l c1n'elles 1int été slipu -
){~es a11 1r10111e11l 1111 co11lral. l,a cloctri11e presr¡ue lo11l er1ti1':rc s'cst élevt'-e
crl11tr0 l"attei11le que les tril111na11x porlP11l ici nux pri11cipes, 1n.ais ses cri-
tiques s1111l cle111e11r{·es, sans {·cl11J, 11arce (lile, a11x yc11x eles tril111na11x, lar<'·-
' . t l tl 111a11c lataire
1111111eral1on . 11 'a e1e ra1son . d ''ctre 1¡11 'a11lar1l c¡u ' e 11 e es L¡>r<,¡>or-
ti1in11i'·e au scrvicc rC'11d11, 10 111a1ulal ,;La11t c11 Jlri11ci¡>e 1111 actf' <lési11tt'·ress<')
(Voir Civ., '.!!)janvier 1H(i7. 1). J>. (i7.1.:,3, S. G7.,.'.lf1:>; l\c<¡., 11 eli'·ce111llre
1!) 1 1' n. ¡>. 1!) 13. 1• 1'.l !) , 111 Jlf' el e ~1. J•'e11 i 1") 1e~-' s. 1!) 1'.I • 1. :{ 7/¡ ; 1 1 111a rs 1!I 1:i ,
(). J>. 1i11:l.1./11>8, S. 1n13.,.l/1o; r:011lr,1, 1:ass. l1clg., :ifi f{~vri<'r 18,'{:>, J>. J>.
H(i.:1.·157, S. H!)-'1.:1:1).

Distinction du mandat et du louage de services.


'
-- Nous avc111s
¡lrÚcÍ·<lrn1111e11 l <li lfére11cii': In 111anrla l. 1111 l1Juagn d ·t111vr11gc.
!)e 111t\111c, il csl parf,iis f\1rl cliflicilc el<· savuir si le c1J11lral <111i 1111il dP11x
1>crso1111cs csl 1111 lott<t(/1' ,le s,•r1•iccs <llI 1111 111a111lal.
J,a c¡11csli1ll1 sf' t><JSl' fr{·q111·111111c11t e11 ¡1ralÍ<[lll' ¡H111r IPs relati1J11s 1l<'s aYcl-
~I,I.XDA T ET GESTIOX !)' ,I.FF AIRES 699
cats et des arcl1i lec les avec le11rs clients, pour les r1olaires lorsq11'ils se char-
gent d'acco1111llir des forn1alités (inscriplion d'u11e l1)·potl1eque, transcrip-
tion cl'un acte), 011 des dén1arcl1es (place111er1ts clr fonds), Elle se llrésente
a
égale111er1t J'occasion des relatio11s des age11ls avec les Co1111lagnies d'as-
sura11ces qui les en1ploienl.
Les ¡lrincipatIX i11lérels q11i s'altacl1e11t U la solution d11 proble1ne sont les
s11ivanls:
1° f,orsq11e plusieurs perso1111es dor1nent 1111 111ar1dat po11r une afl'aire
con1n1une, cltacune d'elles esl te11ue solidaire111er1t envers le 111andataire
(art. 2002 ). 1\.insi le notaire, s'il est co11sidéré con1n1e un n1andataire,aura une
action solidaire contre les personnes c1ui l'ont chargé de faire, po11r leur
con1pte con1mun, une opération. Il n'y a11ra pas, au contraire, solidarité, si
on décide que le notaire est un locateur de services.
2° Lorsqu'il y a 111andat salaril~, les trilJ11na11x s'arrogent le droit, no11s
l'avons vu, de réduire le 111onlanl d11 salaire promi-s au ma11dataire, sºils
jugent qu'il dépasse la vale11r des services rendus. Dans le louage de services,
a11 co11traii·e, la co11vention fait la loi des parties.
3° Le rr1andataire, q11i traite a11 110111 du 111a11dant, ne s'oblige ¡Jas person-
11ellement, tandis que l'e111ployé s'errgage personnelle111ent envers les tiers
¡Jar les acles quºil fait avec eux.
011 a proposé )Jien eles critériu111s JJour facililer la distinctio11 des de11x
conlrals.
Les uns or1t prétendu n1aintenir la l1iérarchie c¡ue le Droil romair1 avait
ÓlalJlie entre les professions. No11s ne re,iendro11s point sur cette idóe don t
11011s avons prócéde111n1ent démo11lró l'ina11it{· (V. szipr/1, p. 552).
l)'a11tres 011t cl1ercl1é le lrail llisli11ctif da11s l'idée ele repr{·senlation. Le

111andataire, dise11L-ils, représcnte le n1a11clanl, la11dis q11e le locateur de
services 11e représente pas celui qui l'er11ploie. I,a ju risprudence s'est rat-
tacl1ée parfois ¡\ ce critérium s011,·e11t trbs conteslal)le (Civ., 1!1 avril 1886

(1"" arret), 1). 1). Rti,, .:>.20, S. 87. r .76).
D'aulres e11fir1 011l prétend11 <¡11e le n1anclat a po11r o!Jjet l'acco1111Jlissc-
a
111c11t. el' acles j 1irirlir¡1ies, lar1cl is q11c le louage de services co,1s isle fai re des
acles 110n j11ridiq11es, plaiclcr, faire les plans d'u11c maison, cl1ercl1er un
¡lláccn1e11t de foncls, etc. Cellc clernit'-re distir1ction ne vaul pas rr1ie11x q11c
les précédcntes, Elle est cclnlredile Jlar l'article 11¡8/1, 1•r ali11éa, q11i définil
le n1andal <l'1111e fac,011 IJicr1 Jllns large, et. clit c¡11'il cor1sisle clans le pouuoir
1[1• .(ltire ,¡1telq1ie ehose Jlci11r le r11ar1rla n t. '
1\ nolrc avis, le lrait clistinclif cloil elre cl1ercl1é ailleurs. f,e lo11age de
s¡•rviccs s11ppo:-.c u11c s11llorcli11alion cl11 locatc11r ele services, 011vricr, e111-
flloyt'·, ingé11ie11r, clireclc11r, c111c 11e co111¡Jorte pas le 111ar1<lat. Le r11a11dataire
C<Hlservc S<lll incl{:1)r1uia11ce, sa lillcrt:é de cor11l11ire cornr11e il l'c11lcncl l'af-
f'aire 1l<J11I. il esl cl1arg{:, l)n Jll11s, Ir lcJnage lle services absorlle ordir1aire-
111<'11l. l.011le l'aclivit{: 1111 l<>caleur, ta11clis c1ue le 111a11dal vise 1111 011 }Jl11sie11rs
• . '
nct,:s el ¡:tc:rr11111cs. •
<:'cst IJie11 cetlc idée c¡ui llarnit guicler la jurisJlr11de11ce. Elle cor1sidcre
co111n1c: ¡)es 111a11claluircs, les avocals (Age11, /11nars 188!), D. P. 90.2.:181, note
700 LIVRE 11. - TITRE JI. - '
Cl'iQUIE~IE P ..\RTIE. - CH ..\PITRE V

de ~l. Glassor1, S. 89.2. 139. Co,ilrc't note lle :'11. Labbé, S. 93. 1 .497; voir
aussi note de ,\l. Claro, D. P. 1900.1.105), les arcl1itectes, les notaires (Req.,
1•rdécen1bre 1891, D. P. ()2.1.209, S. !)3.1,!¡97 note de ~l. Lal)bé)cl1argés de
faire certai11es forn1alilés ot1 opérations pour let1rs clients, les age11ts des
Con1pagnies d'assurances (Req ., 26 octobre 1891, D. P. 92.1.411, S. 9:1.1.551 ).
'fres souvent les arrets admette11t qu'il peut ~- avo ir en n1en1e te111 ps con-
trat de travail et mandat, et décident qt1'un e1111)loyé a agi, da11s Lel cas,
coh11ne 1nandataire de son patron, dans tel at1lrc co111me localor opcraru111
(V. Civ., 24j11illet 1900, D. P. 1905.1.261, S. 1901.1.f¡, note de :'11. 1'issier).
o\insi, llll arret de 'l'oulouse, du 16 no,·en1bre 1887 (D. P. 88.2.161, S. 88.
2.28), a décidé que n'est pas un mandataire l'agent principal qui, po11r
assurer la prospérité de son agence et l11i donner la rapide extension désirée
par la Compag11ie, a abando11né !'industrie q11'il exer<;ait, consacré tout son
te111 ps et to11 le son acti vi té a11 service ele la Co111pag11ie, r<'\tril>ué des sous-
agcn ts et fait eles frais cl'inslallation de l>urea11. 11 y a, da11s ce cas, Iouage
ele services, el, par co11séquent, I'age11l, bénéficianl de la dis¡)osilion de
I'arlicle 1780, a ciroil /1 des don1n1ages-i11L{·rets cr1 cas de rí·silia:Lio11 de sor1
conlrat, sans n10Lifs sérieux.

;; 2. - Co11clltlo11s ele f'o1•1uatlo11 clu manclat.

1" Du consentement des parties. Procuration authentique. - Le


a
n1a11dat est. u11 contrat consensuel. 11 n'cst do11c so11n1is a11c11ne for111e ;
il pe11t etre clonr1é par écrit ou verl>ale111c11t. ,rais la preuve tesli111oniale
11'e11 est re<;ue c¡ue clar1s lesconclitior1s du Droil c1)11111111n, c'est-/1-clire sou:,;
les reslrictic)ns prescrilcs J)UI' les arliclcs 13!11 el ,:~!1¡- (arl. 1i¡85, C.. ci,.).
11 arrive fr{•c¡11c111111e11l, cor11111e r1ous l'avo11s dt'-jh clit, e¡11c la proc11ralio11
clor1r1<''.c a11 111andatairc ne porte (¡11e la sig11at11rc c\11 n1a11dant. Le 111a11-
dataire acccplC' tacile111e11I, en cx{·c11la11l )'acle clor1l il csl cl1argt'·. L't'•cril
11c f1ir111c clone, en ce cas, (¡11'1111 c1im111c11cc111r11l ele ¡ircuve; le co11lral 11'esl
concl11 (¡11'a11ri.,s son 1'xt·c11tin11.
Lors1¡11<' lc 111anllal a ¡1011r ul>jel 1l'acc1i111plir 1111 aclr a11ll1cnli(¡11c, la J)l"O-
ct1ralio11 cloit, c11 ¡1ri11ci¡)C', 1\tr() 1\011111\P 1\ans la n11\111c for111P, c'Psl-11-clirc
clcvanl Il<>lairc. I•:11 ell'et, l'at1ll1c11licilé csl rC'c¡11isl' ¡1ar la l<>Í cla11:,; l'i11lí·r1\t,
eles co11lractanls, p1111r a¡i¡>cler l1•ur allP11ti11n sur )'acle. 11 <'Sl il>gi1¡11c
<i"cxigcr 1¡11c )1\ 111a111la11I, 1¡11i VPIII 11ass1'r 11n 1u·tc s1Jlc11ncl, 111anif'eslP 1lr
la 1111\111!' f'ac:011 :--Clll i11lr11ticin 1\c 11• f'airl' acco111¡ilir ¡iar un 111a111lalairc.
l,a l1ii f'ail 111ai11tes a¡>¡1Iicati1i11s 1lt' cclle i1li'·P 1111"il f'aul, sans a,11·1111 1lo11IP,
g1\11{,raliscr iv,iir arl. :lli, 11011r l1·s aclPs tic l"t'•tat ,·ivil, lili )ll>llr le:,; aclPs
c\'1>J)JlOsilio11 i1 111ariagP, 11:1:{ JH>11r l'accP¡ilati11n d"1111c 1l1>nali!Jl1: arl. !l dP
la loi 1!11 ~1 j11i11 18 11:{, sur la f'1irn1cclcs acll!s ru>tarit'·s, n11Jclili{, ¡iar la loi 1\11
l l ao,il l\j!)'!),

,\ la rt'·gle, il co11vil111I ll'a1>tH1rler Cl'J>P111la11l 11nP !IÍ,r<>galil>ll, (HHlr IPs


cas clans lcsc¡11els la rais1111 l'Í-¡)pssus 1l1111111'•p c1·ss1• 11'1\tr1\ vraiP. 11 y a c!Ps
l1yp<>ll1i,scs, en cll•'t, oú la solc1111it{· Psi rP1¡11isP. 111111 ¡ilus ¡H111r ¡irolí·g,,r IPs
conlraclanls, 111ais 1111Í<Jlll•1111,11l¡H>11r ¡ir{,vc11ir les Li1•rs, (JII 1la11s )!\\Ir inlí·r,\l,

~IA~OA.T ET GESTIO:\" o' ..\.FFAIRES

11 en est ainsi du cas ou u11 débiteur em¡1r1t1ite des fo1icls en , ue de paye1· 0

son créancier, et sitbroge le ¡1releur dans les droits de celui-ci, conformén1ent


a l'article 1250-2º; ici, l'acte a11thentique a pour b11t exclusif de proté-
ger les tiers. Do11c,le rr1arrdat clor111é par le débiteur <l'e111pru11ter et de lla)·er
le créancier n'a ¡Jas besoi11 clºetre constaté par acte authentique (Civ., 5 aout
1891, D. ll. 92.1.217, s. !)2.1.57. Cf. Civ., 20 juillet 18!r~, D. Jl. 93.1.42, s.
92.1.415 lJOur le n1an<lat du débiteur d'accepter u11e cession de e réance).

Du mandat tacita. - La volonté du n1anda11t n'a pas besoin d'ctre 1na-


nifestée par écrit ou par la parole; elle peut etre exprin1ée taciten1ent, c'est-
a-dire résulter d'11,1e fa<;on certaine des conditions n1cmes dans lesquelles le
111andataire agit. C'est par cette idée du 111andat tacite que l'on explique,
on s'en souvienl, la ,·alidité eles acles passés par la fc1nme mariée llour les
!Jesoins q11otidiens de la fan1illc (V. tome J••, p. 625). La n1eme idée re<;oit
e11core cl'autres ap1Jlications. ,\.insi, la domestique qui fait cl1aque jour les
achats nécessaires a l'ali111e11tation de ses n1aitres; le clerc d'un officier
111inistériel cl1argé de recevoir des paien1ents, et d'en donner quitta11ce,
agissent en vertu d'un ma11dat tacile.
T,a jurisprude11cc ad1net égalen1ent que le notaire q11i re<;oit en son étude
les intércts d'un pret l1yJJoll1écaire pour le com1Jte du créancier, agit en
vcrlu d'1111 1nandat tacite de celui-ci. Pareillen1ent, l'l1uissier auquel 1111
titre a été ren1is llOUr e11 lloursuivre l'ex{~cution, est réputé avoir re<;u le-
n1andat tacite de toucl1er la somme due et d'en don11er quittance. Le débi-
te11r se libere clo11c vala]Jlernent entre ses n1ains, comme l'emprunteur
e11tre celles du 11otaire.
llesle a savoir co111111e11l se fera la 1Jreuve d11 111a11dat lacite. Jurispru-
cle11cc et eloctri11e sc1r1l cl'accord pour adn1cttre q11'il faut ap¡Jliqucr ici
les arlicles 13!11 et s11iva11 ts dtr Codc civil. Si do11c, il s' agit d 'une opératio11
do11l la valcur excede 15o fra11cs, la pre11ve 11e po11rra etre faite que par
écrit, 011 a11 111oi11s ¡\ l'aiele d'1111 comn1ence1ne11t de pre11ve par écrit (Ci,·.,
2!) rlécc111bre 1875, J). ll. 7li.,. 149, S. 76. 1.t,01, note ele 1'1. La]Jbé; llcq.,
711ove111!Jre 1899. J). 1i·!l!J-1.:-,1,3,S. 1901.1.25; Civ., 4 no,·e1r1IJre 190'.1, l). }l.
19rJ:i.1.:120, S.1uo:i.1./188: :i:i jui11 1903, S. 1903.1./163; l{eq., :ija11vier 1907.
1). )l, 1\)1(),l,'.!Ú'.!, S. 1\)11.1.lf)),
ll 1tl)11s ¡)arail ce¡ienelanl 11écessairc <l'a¡i¡Jorlcr t111 Lc111¡Jéra111e11l h celle
s11!11tio11. 11 y a eles cas oi'i le tiers <¡ni i11v11c¡11e le 111a11elat lacile, se tro11ve
<ians l'i111¡1ossil1ililí• ,le ¡Jro1luire a11c1111 í·cril ii 1·a¡)¡J1ri de sa elc111a11cle,¡Jarce
q11'il 11'a ¡Jas dí•JJC11rl11 ele' !11i tle s'en procurer 1111. 'fe] esl 11ota111111enl le cas
el11 fe111rnisseur 1111i a lrailí· avec 1111e fe111111<' 111arióe, 1l11 1lélJile11r r¡11i Jlaie
entre l<'s 111ai11s du clerc e11caisse11r ele l'oflicit~r 111i11islóriel. 11 fa11t 11í•ces-
saire111P11t ¡iern1ellre .'t tic l<'ls tlí·liilP11rs 1le ¡Jr<J11ver le 111a11elal tacile 1'1 l'aiele
<11' si111¡1l<'s ¡1r{•s1i11111licJ11s <JII <le tíi111oi11s. J•:t, en ele ¡iareilles l1y¡1<1t!H\ses,
111111s Sllllllll<'S ro11vai11c11s c¡11c la j11ris11r11elc11ce 11'écarl1•rait ¡ias l'tdl'r<' rle
¡1r<'t1Y<' 1l11 <lt)IIHl!ldc11r. 11 c•st lio11 1lc Cllllslall'r, 1~11 Pfl'l'L, <¡11<' 1la11s !Ps arr<~ls
¡1récitt':s, il s'ag·1ssail 1!'1•s¡11:ces elans lesq11r1llcs le 1l1"111a11rlti11r aurail <1lt'i ;1
Illl~IIIC ele se ¡>rllClll'CI' lllll' 1)re11ve t'·crile el11 111a11elal 1:c:r. ])ijtlll, '..!'.! 110,·e111-


702 LIVI\E II. - TITRE II. - CI~QUIE~IE P,~RTIE. - CIIAPITRE V

bre 1895, D. 1). 96.2.523. S. 97.2.204; Iieq., 13 noven1]Jre I\)OI, D. ¡i_ 190:1.
1.!189, 11ote de ~l. Gué11ée). Du reste, la jurisprucle11ce u'ad111et-elle llns c1ue
le 111a11dant qui a do1111é proc11ration au 111anelalaire, peut llrouver par tous
111oyer1s les faits d'ou résulle l'acce¡ltalion lacite de celui-ci :1 (Civ., 20 110-
ve111bre 1888, S. 89.1.9).

2° Capacité des parties. - llour c1ue le 111andat soit ,,alalJle, il faut que
le 111a11elant ait la capacité exigée pour faire l'acte elo11t il co11fie l'acco1r11Jlis-
sen1ent au 111a11datai1;e, car c'est lui c1ui profitera ou souffrira de cet acle.
I\.u co11traire, le 111andalaire, qui traite au 00111 du n1a11dant, 11·a IJas be-
soin d'etre capable, car il 11e s'oblige pas person11ellen1ent.
En co11séq11ence, les fen1r11es 111ariées et les 111i11eurs émancipés peuvent
~tre cl1oisis pour n1andataires (art. 19!101, ainsi du reste, que les a11tres
incapables '. Si la loi cite spécialc1ne11t les fen11r1es el les 111ineurs érr1an-
cipés, c'esl parce qu'en pralique on 11c do11r1c ¡r11ere ele 111andat a d'autres
inca1Jables qu'a ceux-la. Et il faul ajouler que l'incapalJle cl1oisi co1111nc
111a11dalaire 11'a 1>as l>esoin cl't\tre l1abilité co111111c il cle,raitl'11tre, s'il agissait
pour so11 propre co1npte.
D¡ins ses rapporls persorinels avec le 111a11danl, au contraire, l'i11ca¡lalJle
co11serve le droit <le se prévaloir ele s'o11 incapacité, du 1non1ent tJu'il a ac-
cepté le 111a11dat sa11s etre r1'~guliere111e11t habilité. ~1\a11rr1oi11s, il 11e pourrail
pas i11voquer la 11t1llité ele l'acte pour refuser ele rcslitucr les so111111es <¡11'il
aurait loucl1ées po11r le co111ple du n1a11dar1l, car ce serait 11n dol de les re-
.tenir, et la loi 11e le proli:ge pas contre ses acles elolosifs (arl. 1310).

3° Objet du mandat. - Il sufJit <le rap¡leler ici, sans avoir lJesoi11 cl'in-
·sistcr, r1ue confor111é1T1ent aux regles aJJplicablcs 11 tc>11s l<'s cr1nlrals, l'<>lljet
<lu n1a11clal doit etre d<'·tern1iné, possiblc, licite. c·est par ap1>licalio·11 de cettc
.iclée qu'il y a elis.cussÍl)II sur le l)llint ele savtlir si le 1na11dat rlo11nt :'t une
agencc 111atri111011iale de 11t'.•gocier 11n 111ariage esl licite. La jurisprt1<lencc
q11i le cr>11siclt'·rait orcli11airc111c11t co111111c co11lrairc aux 1110-i11rs, se· rel1\cl1c
tlepuis c¡uelc¡11es ar111i:cs ele sa rig11cur, el ele 1111111Lrc11ses clt':cisí<J11s se 1iro-
11011c<!11l act.uellc111e11t e11 fave11r ele la validilt'• (V. L)'OII, 1;> oclobrc 'H':),
fia:. ] 1t1l., :i<l janvier 1n1t1).

E&endue du mandat. - Les articles clu <:o<lc 11'insislent c111c sur 1111
poi11l: celui ele l'í•le11<l11c clu 111a111lat lart. 1 !IH, 1\ 1 !)H!¡).
lis fo11t, ;'¡ ce point tle v11e, 1111c clo11llle 1lisl.i11cti1>11:
.\. - J,c 1r1ar1clal csl 011 s¡J1'cinl el 11011r 1111c allitirc 1111 C<!rlui11cs atl"aircs
seule111e11t, t)ll t1é11,:r,1/ et po11r lr>ulcs lt!s all'airt!S ,lu 111a111la11l.. t~1!ll.c J)f"c111it'•rc
<listinclio11 vise l'étnn1l11c <les atl"aircs co111pris1•s tla11s lt\ 111a11d,1t.
8. - l.. e 111an1lat J)tJtll clrc ('()111;11 Cll lt!l'/1/C.~ f/t!llt 1l'(tll;C ()11 vistil' t!.1:11rcs-
sé111enl 1111 11cle ,/1:lcrmi11é (arl. 1 \188).

1. Pnr PXCPpllon, cepen<lnnl celui qul ne pcul s'ohllge1· ne pent pus 1\tre cxécuteur les-
,tamentairc (art. 1028).
Celle seco11de disli11clio11, 1,lus ir111Jort.a11le c¡11c la J)re111ie1'e, co11cer11e les
01Jérations c¡ue le 1r1ar1tlalaire csl a11lorisé a l'airc. Le 111ar1clat con<;u e11 ter-
111es gé11éraux ¡,eul s'a1)pliquer, soil h une all'aire c!t''.lern1i11ée: par exe111ple,
je ,ous do1111e 111a11tlal pour tout ce (111i co11cer11e tel i111111eulJle; soit ii l'e11-
sen1JJle eles all'aires cl11 r11anda11l. tel le 111andat tlon11é a u11 régisse11r cl'i111-
a
n1e11!Jles, 011 par les slatuls d'11ne société so11 tlirecte11r 011 acln1inistrale11r
llélc'~guó.
LP 111ar1dat co11<;u e11 ler111es généraux sera, par exe1111)le, clon11é de la fa<;o11
s11i,anle: faire lous les acles n0cessaires, l)(Jur lo11l ce c1ui ¡Jaraitra ulile et
11écessaire et lo11t ce que les circonsta11ces exigero11t. l"11 tel n1a11clat ¡iré-
senle, par le fait 111en1e de son i111¡Jrécision, quelque cla11ger. :\"os a11cier1s
auleurs discutaient dor1c sur les li111ites de ce ge11re de procuratio11, et
l'étenclue des pouvoirs c¡u',elle co11fere au 111a11dalaire (''oir llotl1ier, Jla,idal,
11°' 1'1'1-14j), }Jour 111eltre un lerr11e ¡¡ celle difllcullé, l'article 19t{S clécide
flue le 111a11clat co11<;11 e11 lerr11es généra11x 11'e11lrainc c¡11e le l)ou,oir cl'acco111-
plir les acles cl'ad111i11istralion. S'il s'agil,ajo11le l<' lexle, cl'ali<':11er 011 d'l1ypo-
tliéc¡uer, ou de quelque autre acle de tlisposilion, le n1a11clal cloil etre expi:es.
<< U11 l1un11r1e 11e co11fie u11 111a11dal gé11éral, clisail le lri!Jl111 'l'arriLle, <JUC
lorsc¡ue u11e lo11g·ue absence l'e111¡Jeclte de gou,·erner lui-111e111e ses all'aires.
Cel l1omn1e, clans une pareille position, 11'csl censé a,·oir e11 ,ue de ¡Jour,oir
<¡u'i1 la si1111Jle ad111i11islralio11 de ses alfaires. J,a loi ¡Jrésu111e q11e, s'il cut
eu l'inlention ele conférer le pouvoir d'alii'-r1er, cl'l1y¡)oll1éc¡uer, 011 de faire
<les acles de ¡Jropriéll'.·. i1 11' aurai l ¡Jas 111a11qué el' expri 111er sa ,olo11lé sur
eles o!Jjets cl'u11e si l1aute i111portance. Celle inlcrprétatio11 de la loi a le
<loulJle ava11lage d'elre la plus j11clicie11se et de fixer loules les i11certitudes. »
<Jua11t a11 rnct11dal ex¡1res, il se li111ile aux acles qui y sor1t é11c,uc<'·s. Le
111a11Llalaire 11c ¡Je11l rie11 faire au delit de ce <111i esl 1iorlé clans s011 111a11dat
(ar!. 1!JS!)) : ainsi, le ¡1011Yoir de /ra11siger 11e renfer111e llas cel11i ele co111p1·0-
111ellre (art. 1!)8!), :>.e pl1rasc). l>e r11er1tc, le po11,rJi r <l ·ltlié11er II n i111111e1ible
11e co1111J1Jrle ¡)as cel11i d'e11 lo11c/1er le pri:,: .

~ 3. - Deflli oltll~atlo ■11J1 do wan«lat11ire (art. 19u1-109;J.

L<'s 1>hligali<i1ts cl11 111a11clalairc co11sislc11I.:


1º _.\ <·x<'·c11ler S<JII 111auclal;
:.1" .\ r<'1Hlr1• co1n¡1le de sa geslio11.

1º Exécution du mandat. - << l,e 111a11dalair11 esl le1111 d'acco111¡Jlir le


111a11clat lanl 1¡11'il en clc111curc cl1argó. ,,1. rt')fJ1111<l ,les 1l<Jr11111ages-i11tt'·rels
,¡ui 111111rraio11l r<':sul!Pr de son i11t)x.éc11Li1111 •> iarl. '!l!)I, 1·'al.).
c:·<'sl 1;'1 1111 cfl'el la ¡¡re111it'·rc PI. ¡,ri11ci¡ial1! <Jlilig·alitn1 q11e le 111a11clalaire a
c1,11lr,u:lt'·<·. S'il ne la l'Pllllllil 1ias, le 111a11cla11l sera a11lc>risc': it l11i c!P111a11cl<•r
rc'•¡iarali<>Il 1111 ¡irt'j111licc c¡uP l11i <:a11sP sa 11t':glige11cc.
l)f' 11Hl1111•, le n1a11dalairo 1l1iil. acc,1111¡,lir sa 111issi,,11 ti! f,011 ¡)('•re 1lc./'rtr11ille.
11 ,•si 1!()11<: l'es¡1011sllf1lc 1!es f1111lcs 1¡11'il ¡,c1tl co111111ellre (arl. l\)!J'.I, 1•·r al.).
\lais, <lans l'a¡J¡>rt'.:cialiu11 tlu <legré cl1\ lliligc11ce d<Jlll il csl redevable.il f,111-
¡o4 LIV}\E 11. - TITRE II. - '
Cl~QUIEME PARTIE. - CHAPITRE V

dra se n1ontrer 111oi11s sévere e11vers le 111a11clataire gratuit qu'envers cel11i


qui rer,oit un salaire (art. 1992, 2° al.).
La respo11sabilité du 111andataire pet1l cl'aille11rs etre atlé11uée ou augn1e11-
tée par la co11,·ention. :\insi, en n1aliere con1merciale, le con1111issio11naire
peut prendre it sa cl1arge les risques d'insolvabilité des acl1eteurs (con11nis-
sionnaire clucroire). En revanche, le 111andataire peut sti1Juler qt1'il 11e ré-
pondra pas des fautes qu'il viendrait i1 con1mettre.

Droit du mandataire de se substituer un tiers. - Le n1andataire


peút-il se sulJstituer t1n ticrs, lorsqu'il ne s'cst pas réservé ce clroit daos le
contrat? Non, sen1ble-t-il. car le n1andant cl1oisit le n1andataire cause de a
la confiance qu'il a en lui : il prend done en considération pri11cipale les
aptitudes, les qualités de celui qu'il cl1oisit. 1'elle t)tait bien l'opinion adn1isc
par nos anciens auleur,-, Seul, Potl1ier (J/a11(lat, 11° 99), déclare qt1e la
questio11 se 1Jose ele savoir si, e11 cas de silence ele la procura ti 011. le po11voir
de se sulJstituer quelqu'un doil ctre ¡Jré~u111é accordé au 111a11dalaire.
Les rédacteurs d11 Code civil ont acloplé 11n autre ¡1oint de vue; ils 011t
conféré a11 n1andataire le droil de se sulJslit11er un tiers, daos lot1s les cas.
sauf, bien enle11d11, si la conver1tior1 le lui inlerclit formelle111e11l. Ils ont
estimé, en effel, quºil suffil, pour don11er toute garantie a11 111a11dar1t, ele
elécider que le 111a11clalaire sera responsable des actes de so11 subslil11{·,
con1n1e s'il les a,·ait acco111plis lui-n1en1e (art. 199 11, 1°• al.). Cependa11l, ce
pouvoir de st1bslilt1lio11 n'est pas sa11s da11ger pour le 111a11da11t. l~t il fa11l
bien adn1ettre qu'il cesse d'apparle11ir au n1andataire, q11a11cl il s'agit cl'u11
mandat salarié, et c¡11e le 111a11danl a cu spécialen1cnt en v11e l'l1alJilcté, le
tale11t ele cclt1i c¡11'il a cl1oisi. Con1111c11t ael111cllre, ¡1ar exen1ple, cru'1111 av(1-
cal, u11 avo11é ¡111issc11l se s11IJslituer 1111 co11frere po11r eltfendrc 1111e causP
ou fairc les acles ele la procédure :1 ('r· l\e(¡., 8 jar1vier '!J12, 1). J>. 1!¡1:{.1.
185, 11ole ele;\[. Lalou, S. 1D1:i.1.:{59). II y a, e11 pareil cas, 110 e11gagc111e11l
lacile elu 111a11dalairc el'exéculcr l11i-111c\111<' le 111a11clal.
]~11 cas ele s11IJslil11tio11, la rcs11011sal)ililc'· du s11l)slil11a11l ,·arie s11ivanl (¡11c
la s11lislil11lio11 a {·Li'· ou 11011 aulorisée J)ar sa ¡>rocuralic>n (arl. '!l!J!1).
.i\. - J,r)rsc¡11c la 1>rc1curalio11 rcco1111ait <'X[>rcssi':111e11L au 111an,lalaire IP
el roi t ele se s 11 lis l i Iti<' r <¡ 11P 11¡11·1111, sa 11 s 1li'•sig11 a ti 011 rl e [>C rson n <', le n 1a nlla la i re
11·esl ¡ias rcs¡1<>11sal)le ,les faulcs ele cclui c¡11'il cl1oisil, lt 111oi11s (¡11'il 11'ail
fait cl1oix el'1111c ¡icrso1111c IH>l<Jire111c11l i11ra¡1al)lc el i11s1>lvalilc.
Si cc1 liPrs es! ll(>llllllc'·n11•11l clc'·signc': clans le co11tral, le 111a11,Ialairl' 11°l'sl
¡1as reS[>ll!ISalile de sa gPslic>n, el cPla sans n11c111Hi r«'.·scrvc 11i llisli11clio11.
11. - (]11a11cl la ¡>r1,c11ralio11 resle 111111•11<) sur la s11l)slil11li<>11. il 11'pst ¡>as
1lc)11lc11x 1¡t11), 1la11s 11111s ll's cas, Jp 111ar11lalairc csl rcs11ci11sahlP ele 1,,us l1•s
acles tic Cl'lui 1¡11'il s·Psl s11l)slit11c'·.
I•:11 ce q11i 1·1,11cPr11e lrs ra¡111c1rls 1!11 111anda11l Pl clu sul,slit111·•. 11n cl,,il
clécicl<:r <[lle Jps aclPs clu st1l1slit11i'· ,,l,ligrnl 11' 111:1,ulanl, co111111I' s'ils a,ail'nl
c'itc'· fails ¡,ar 11' 111a11datair1•, saul' 1la11s 11' cas 111'1 la s11l,stil11lio11 c·sl <·x¡>r1•s-
sé111enl 1111 lacilc•111e11l inl1·r,lile.
l)a11s !IHIS l1·s cas. J'arliclc •!l!t'•• '.l'' alinc'·a, clc,1111<' a11 111a1ula11l 1111c 111·/iq¡¡
JIA:'iD,\ T ET GESTION D ' ,\FF,\IRES ~o5
1

-flirecle contre le SlllJsLi Lué. Gr,1ce a cetle action il est gara11Li c<Jntrc l'in-
solvabili té é, cn luclle elu 111andata ire el, ¡Jar conséqt1en t aussi, con Lre le
0

concours eles créa11ciers de celui-ci sur les som111es do11l le su}Jstitué cst
con1¡JtalJ!c.

Cas ou il y a plusieurs mandataires. - Le Droit ro111ai11 et l'a11cic11


Droi t a<l111etlaient q11e les co-n1andataires cl1argés el'une 111e111e afTaire
étaic11L re:--ponsalJ!es solidc1ire111enl ele leur gestion (üo, § 2, D. 1na1idati,
\.\'11, , ; J)otl1ier. 1l/a11r.lal, 11º G3).
L"article 1995 du Code civil a su1J1Jri111é cetle solidarilé, parce que les
o!Jligatíons eles mandataires prcn11ent << Jeur source dans 1111 scrvice offi-
cieux » (Fenet, t. 14, JJ. 599). « Quand il y a plusiel1rs fondés de pouvoir
-0u n1andataires non1més ¡iar le 111e111c acle, dit cet articlc, il-11'y a de soli-
llaríté entre eux q11'aula11t l¡u'elle esl exprir11ée. » ·
11 c11 résulte que cl1aque 111a11llataíre est se11l lenu lle la faule quila 1ier-
son11ellc111e11t co111r11ise. S'il s'agit d'une fa11le con11i1u11c a11x llivers 111an<la-
taircs, la rcs1JonsalJílílé se divise e11Lre cux.
I)ar exception. les co-n1andataircs son! res1Jonsablcs sc1lídaircn1e11t e11,rrs
le n1andan t :
1\. - Qua11ll la solidarilé a élé e.r¡iressé111enl slip11lée arl. 1202, 1'' al.).
U. __:_ Quand les mandc1laires onl co111n1is 1111e Jaule co111111u11e el concerlée,
c'esl-lt-rlire 011l agi dolosive111e11l. C'est u11e applicalilin ele la jqris1Jr11-
cle11ce ll'apres laquelle les co-auleurs d"t1n llélit civil so11t solidairen1c11L rc,;-
,po11salil<',; ;1 l'égard lle la victir11e de leur fa11te (V. s11pr,i. p. :101 ; Rc<1.,
3 1r1aí 1865, D. P. G5.1 .3í!)).
C. - I,orSl}llC le 1na1zllr1l esl co111111ercictl; car e11 111alierc c<J1111nercialc, la
solíllarilti eles codélJiLet1rs cst lle clroiL.
D. - Lorsc1u'il s'agil cl'exéc1ileurs lesla111e11taires (arl. 10:;:l).

·iº Obligation de rendre compte. - « 'foul 111a111lataire csl lcnu ele


rc111lrc co111¡>le ele sa gcstio11, et lle fairc raiso11 au 111a11da111 ,le l(1ul ce q11'il
a r<•<;n <•11 verlu lle sa JJI'<>curation, q11a11cl 1r11'111c CP <¡11"il a11rait rc,;u 11"e1it

1>r1inl t'·l<'· ,l1i a11 111a11clanl n (.1rt. '!)!);l). ,\insi, to11l 111a11tlatairc, <¡u'il sr1il
It'•gal, j111liciairc; co11v1•11tici1111cl, esl Le1111 ,le re11dre co111¡>l" de sa gesli1>11.
C1•Llc rc<l1lili<1r11ln cti111¡it.cs ¡icut se faire, sr1it h la fin 1l1•s <>¡>t":rati1111s e11lr<\-
-I>l'is<'s, s11it. 1i<'·rio1li<¡11c111c11L. })ar <'X<·1r1¡Jlc, le cl!'rc <111i rP1:uil ,les 1iai<•111P11ls
1,l vcrs11 1lcs s<1111111cs }HJIII" 1'1.Jfficícr 111i11islt"·1•ipl rc11,lra ses cri1111itcs, soit lc111s
}ps ,Í<HI rs, soi t. h in l<\J"Vallcs 1il11s 1',I1iig11ós.
J,c ct1111¡ile ,l11ít c11111¡irc111lr1•:
,\. - '/'111tl ce 1¡1te le 111,111,l11/11irti 11 reru ,'t ce lill'I'. \insi, le 111a11dalairc
cl1argt', ¡>ar 1111 c<inecssic11111airc 1lc ¡ilac<'r <l<'s liillrts ,1,, lotPric 11c ¡ic11t ¡1rt'·-
lc111lr<, consPJ'V<'I' Ir l<.Jl gagrH'· ¡iar 1111 1lcs liillcts c111"il 11·a ¡1as vc111!11s. 11 <'11
tl<iil C<J111¡,tc it S<>ll 111anlla11t. (,l\c1¡., •í ft',,ricr '!)I:I. S. •!11J.1.:1:J8 1. J,1\ '
111a11tlatairc t,st c,1111¡1lal1lc, aj1111lc l'arliclc I()!):I, 1111'111c r!Ps :-.c1111111es t(IIÍ
-lui a11rai<•11I t'·Lí: iud1inH111l ¡iay«'•<1s IH>III' 11: 111a111la11l. l•:11 l'll'cl, ce 11 cst 1ias
-co11tr11 lui 1¡11e le liPrs <lirigcra so11 aclio11 c11 ri)tJt•lilir,n, 111ais c1i11tr1• le
'l'on1c 11 4~
LIVI\E 11. - TITRE 11. - '
Cl~QUIEllE PARTIE. - CH ..\PITRE V

n1a11dant lui-n1en1e. Il cr1 serait autre111e11t cependa11t clans le cas 01'1 il


s'agirait 110n d'un paien1e11l indC1, 111ais clºu11e errc11r pure1ner1t n1atcrielle
con1mise da11s la n11n1ératio11 des esp<'·ccs (Ci,·., :i4 juillet 1900, D. P. 1905.
1.·1G1, S. 1901.1.9, 11ole de ?11. 'l'issier;,.
13. - Le con1pte con1pre11d, e11 seco11d lieu, les i11lérets eles so111n1es que le
1111tridalaire 11 tozicltées (art. 1ggG). La loi fait ici u11e distir1clion.
Les i11térets des son1n1es q11e le 111anclataire a en1ployées son usage a
s011t dus a compler de ce/ en1ploi;
Ceux des son1111es dor1l il est reliq11alaire apres la redditio11 de co111ptc,
á tlciter t/11 jo11r oii il est n11s erz 1len1eure.
1\.ux dépenses, le n1andataire fera fig11rer:
,e\.'. - Les a,·ances et frais nécessités par l'exéc11tion du n1andat (art. 1999!;
B'. - Les i11térets de ces ava11ces a 1laler clt1jo1ir 01i elles 011t été con.slcilées
(arl. 2001); ·
e·. - Les l1011oraircs, s'il y a lieu.

§ el . .:_ De~ oltllgatlo11,-; 1111 111a11cla11t.

Les obligalio11s clu 111a11cla11t sont les s11iva11tes: 1° lle1111Jourser a11 1r1a1,-
clataire les dépe11scs qu'il a failcs po11r l'exéc11tio11 elu 111andal; :>.º L11i ver-
ser le salairc cor1ve11u ; :1° L'inde111niser des perles ess11yées ;1 raison ele sa
gc>s li 011.
1° Jfe111f!oltl'se1ne11l des 1lépc11scsfailcs ¡1oti1· t·e.réc11tio111lu 111a111lal (art. I()!l9,
1"· al.).- Le 1nar1dar1l cloit re111llourser au 111a11elatairc> le 111011La11L i11t<'·gral de
ses ava11ccs el frais, lors 111e111e que l'afl'airc 11·a11rait. pas réussi. 1111e pc11l
pas 1111n ¡1l11s en fairc r1\cJuire le 111(111lanl so11s le prélextc 1111'ils a11raic11t }JII
vire 111oi11drcs (arl. '!l!l!l• :1• al.).
:\cius Y<~rr1)11s, au cc)ntrairc, q11P, elans le cas de geslÍC)Il cl'a(l:1ires, le 111ai-
tre 11e rc111l)Llt1rsc c111c les elt'·11e11scs utilcs 011 11{·ccssaires clu géranl. La rai-
so11 de celle dill'óre11cc· ticnl ú C<' 1111c le góra11l i11t.erviP11l ¡1ro¡ir10 1110/11,
sa11s en 1\lrc cl1argt'•, tanclis <(IIC le 111a111lalaire agil s11r la {ll'Íl\l'C elu 111a11-
!la11t. ll csl cl<JIIC juste 1p1'il sciil c1i111plt'~le111enl i1Hle1r111ist'·.
l,a ri·glc subit clu reste 1111c excc11Liu11 (Jl1ur le cas 11t't les frais 0111. P11 JHJIII'
cause 111H' fa11Le i111¡>11lal>le a11 111an1lalaire (art. I!l!l!l, :>.º al. i11 ¡1rir1ci¡1io).
l.c 111a11elanl U<Jil 111)11 se11lc111enl le capital, 111a is enc<>re les i11lt'~r1\ts ell's
a,a11c,•s t111 11i:1n1l ataire. . el ce Ia a' ceJJIIJ>lcr eI II JOllr . <lit' e 11 es <>nl ,•.li,
' ' co11stalt•cs'
(arl :1<Jo1 ). .\joul1J11s e111c I<' 111a111lalaire jo11il <111 ,lroil ,le ,.,:le11li1111 tHJIII' le
rr·111IJ1111rse·111er1l el<' sps aYanccs ((:t1an1ht'•ry. 1<1 j11i11 11-i!Jli, 1). J>. !li··1.18~;
• I'1·a11s, '.l,l.)11111
( ,r ., . . In!)•,
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(> !I!),'.>., ("\
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- • • ' () .(>. l!J<l¡.I.
1!)1)(, ' (')()(,
~- '!)f(), 1. 1/1:1).
<:1•1><'1Hla11t. la j11ris11r11<IPJICI' refusr. 1l'a1>1>li<111cr l'articlc !lfH>r a11x: 110Laircs
¡,our I,:s i11t,\r1'Ls 1les 1lr1>Íls 1l'cnrcgislr1•1111•11l 1lo11l ils 1'1>111. l'avancc; 1\(ln tlé-
ci1lc 1111r. ce1s intt'·r,\ts ne ,·,,11r<'nl 1111'.'t <'<>111111,~r elu j1>11r 111\ la s11111111ali<>ll d<'
¡>a)t'I' ((:iY., 18 111ars 18.-H>, I>. I'. fH>.1.1111, S. :i1>.1.:IH1\. l.'011 1'1>111lc cel.l<~ st>-
lulio11 ~ur I'arliclc :>o ele la loi 1lu :J:! fri111airP a11 \ 1 11, 1111i 1l1n111e a11x 11otai-
~I.\XDAT ET GESTIO'i D •,\FFAIHES

res un 111oye11 cl'assurer leur re111bourse1nent e11 pre11ant exécutoire contre


le déllileur, 111ais ne fait 1Jas co11rir les i11lérels de lllein droit.
La r11c~111c sol11tion est ªlJfJlic¡uée aux ava11ces des avo11és (Civ ., 21 aoul
18í:>., 1). ll.í:l.1.113, S. í:1.1.:-líg), parce q11e le tarif légal qui fixe leur ré-
111unératior1 ne co111¡1ortc pas d'allocalion d'intérets.
1
:iº l ltie111e1il du salairc. - Cetle oblig·a tio11 est visée par l'article 199f¡,
1º' al. i,i ji1ic. J"c deuxie111e alinéa ajoute q11e le salaire doit etre payé,
111e111e si !'affaire 11'a pas réussi, JJ011rvu c111e ce 11e soil pas JJar la faute du
111anclataire.
::1° J1illcn111i1,alio1i ¡fes ¡;erles subies ¡;ar le 111a1illataire. - Ici encore, l'in-
clen1nisatio11 11'a lieu q11'autanl que les perles clu 111a11dalaire ne provie11-
11ent pas de sa faute (art. 2000; Req., 10 111ai 1905, D. P. 1905.1.428).

Solidarité entre les comandants. -- « Lorsq11e le n1a11dalaire a été


co11slilué par 11l11sieurs perso11nes pour 1111e affaire co111n111ne, cl1acune
cl'elles est tenue soliclairc111e11t e11vcrs lui de toús les elfels d11 n1a11clat n
(arl. 2002).
Cctte solidarilé vic11l ele l'ancien Droit; clic était la juste conLreparLie de
la solidarité i111posée aux r11andataires. 'l'out en suppri111a11t celle-ci, les ré-
dacte11rs du (:ocle 011t 111ai11lc1111 cclle-1.'t. << 11 cst juste, ont-ils clit, que cclui
q11i re11cl un scrvice souvcnt gratuit ait une action soliclairc contre ceux qui
tirc11l ele cel acle ur1 profit con1rnu11. >> ~Jais cette explication ne v;iut que
pour le n1a11clat gratuit. Les réclacleurs du Code ont raisonné cl'apres la con-
ccplion a11cic1111c qui te11ai L le n1ar1dat pour un acle esscnlielle1ne11t gra-
l11il. Or, le ma11clat salarié est cle,en11 la regle, el cepencla11t l'article 2002,
11e faisa11t aucu11c clistinclio11, s'ap1Jli11ue a
ce 111a11clal co111rne ¡'¡ cclui qui
cst gral11il, ce c¡ui 11'a pas tic raiso11 d'1~lre.
11 fa11t cc¡Jenclar1t concl11re ele l'a1·ticle 2002 c1ue les officiers n1inistériels,
a,oués, 11olaires, ont u11c aclion solidairc contre les parties c¡ui recoure11l
c11sen1l)le ú lcur 111i11islt·rc (''· s11¡Jr11, p. G9f1).

~ ó. - DeH 1•a pport• d11 1ua11da11t e, 1111


111a111latalre R'l'ec lc1o1 tier!'li.

l,a q11Pstio11 1¡11c nr>us a!Jorclo11s 11c se ¡icise c¡11'a11ta11t c¡ue le 111ar1c.lataire
a traitó au 111¡111 Ju 111a11tla11l.
I,,•s raJJ(H)rls 1¡11i se f1>r111c11l c11trc le 111a11cla11t el les liers avcc lcsq11cls
le 111a111lataire a lraili• 1ieu,c11l ainsi se ri~su111er:
1° /,,•s co11fr11ls ¡i11ss1:s ¡111r le 1na11.tl11l11irc, 1la11s 111 lirnilc tic ses ¡,1,111•oirs,

¡1rorlt1isc11f l,·urs 1:fTcls 1la11s [11 ¡;erso1111c 1lu 1n11111l1111t . .i\i11si, les 1lrcJits el les
1>l>ligalicJ11s qui 11aiss1)11l 1l1!S cc>11ve11lions ¡iassi·es J>ar le 111a111lataire, so11I
1lir1•cl1•111e11l acx¡uis au 111:1111la11l, <!lle lic11L 1iers1>1111elle111e11L euvers les liers
av,:c lcsc¡uels le 111a111lalairc a lraili· (\'1>ir l11111e !0 •·, ~>. 8(i i1 89).
'
1)1'11:. cc>11sc·1¡1H'IICl'S . '
111ll'r1,ssa11 1 c11tle r,·g
t es le ' 1e 11H,r1le11t.
' . <l''clre s1g11a
. l'ces:
.\ .... l.1•s acles so11s sci11g ¡iri,ó ¡iassí·s par le 1r1a111Jalairc fcJnl f<>i ele le11r
1lalc i1 l'i•gar1l 1111 111a11<la11l, l)ic11 c¡u'ils 11'aie11l 1ias tlalc cerlai11c.
LIVRE 11, - TITIIE 11. - '
CINQUIE~IE PAI\TIE, - CIIAPITHE V

B. - La contrc-lcllre faite par le n1anclalaire csl op¡)osallle au 111ancla11l,


com111e s'il l'avait sig11ée.
2° Au co,itrazre, le ma1zda11t ,i·est ¡1as lié pal' le1, acles r11zi clé¡1asse1zt les
vouvoirs du manclalail'e (arl. 1ug8, :1º al.), 11 111oi11s fJl1'il 11e les ail ralijiés
expressén1ent 01i tacite111e11l.
~lais celte proposition 11e s'ap11lique qt1'aulant que les liers or1t 1J11 co11-
naitre l'étendue des pou,·oirs cor1fiés au 111andalaire. Si clone, soit par les
termes obscurs ele la procuralio11, soil par ses acles, le 111ancla11l lcur avail
donné eles 111otifs raisor111ablcs ele croire c1ue le r11an<lataire agissail <la11s la
limite de ses pouvoirs, le n1andant ne pourrait ¡1as se prévaloir de l'abt1,;
con1mis par cclui-ci.
Lorsquc le n1andar1t ratifie l'opération excédant les pouvoirs du 111a11-
dataire, il la prencl pour son co111ple con1me s'il y avait e11 111a11dat. · Le,;
cl1oses se passent alors co111rr1e a11 cas ele gestio11 cl'alfaires.
3° Le n1anclalaire qizi clé¡Jasse ses ¡1011uoirs ne s'oblige /JIIS ¡1el'so1111e/le111e11l
e,ivers les ticrs avec qizi il co11trc1cle, ¡111isr¡1i'il ,z'agil ¡1as e,z so,i JJl'opre 110111.
mais il est te,111 11 la garantie 11 l'c:gard ele ce11.r-ci.
Tc>tl tefois, si le n1ancla taire avai t do1111é a son coconlracla11 tu 11c su ffi sa11 le
connaissance de ses pouvoirs, il 11e serait pl11s gara11t de ce qui a élé fait a11
dela, car l'autre partie aurail alors traité a ses risc1ucs el p1~rils (art. 1!19il•

Délits ou quasi-délits du mandataire. - Si le 111a11datairc r111i lrai le


au no,n du 111a11da11t ne s'olJlige pas, il c11 est autrer11ent cc1>c11da11l
quand il cause ¡1ar sa faule t1n pr<'-judicc a ceux avec qui il co11lraclc, par
cxcmplc, s'il se livre a eles 111anmt1vres clolosivcs. 11 cst alors pcrsor111ellc-
mcnl rcs¡>onsal1le d11 clo111n1agc r¡11'il a causó (l\rq., 12 110,,er11!Jrc l!)ºi• 1).
}>. 1908.1.8¡, S. l!)I0.1.'1!)8; 11 111ai IflO!), 1). P. 1910.1. 11¡, S. I!)I0.1.500).
l)e so11 ct'>lt'., le 111a11clant esl égalc111e11l len u en vcrlt1 de l'arlicle 138{1, 3° al.
e11vers les viclir11cs eles délils c11 qt1eslio11, si le n1a11dalaire ¡ir1'.se11le !,~
, d' 1111 COlllllllS
C aracll're
. 011 prl'JlOSC.
, ,

f,cs ca11ses 1¡11i 11c11vc11l. P1111>1>rlcr l'<'xlinclion cl11 111anclal so11l asscz 111>111-
lirc11scs :
11 faul 111ellr() <'11 ¡ir1)111i1\re lignP /'c,c¡1ir,1tio1i ,/11 f1•111¡1s ¡1011/' l,•,¡11el il 111'1/ÍI
été 1lo111u:, 1111 la co11so11111111lio11 1le l'1~ff11irc. l,es aulrcs ca11s1·s sc111l:
'
J,e c/11111r¡e111e11t 1{,: 1•0!011/,: 1/11 111a11rl1111t ott 1/1z 11111111ll/l11i1·1· ;
/,a 111n1·t 1[11 111a111la11l 1i11 du 111a1ulalairP:
Lit ji1illite na 1/éco11jilure ele 1·1111 1i11 1le J'aulr<';
Leur i11tcr1lictio11.
'ions 11'av1111s ríen l, 1lire 1lc la 1irP111it'·rc ca11sr cl'Pxli1u:li1>11 l'l 11,>us 11011,;
occu¡ierons 1111i1¡11P11u•11l 1ll's s11iva11les.

1º Changement de volonté du mandant ou du mandataire. - c:1ta-


c1111 <les cr111lracln11ls 11e11t 111cllrc fin a11 111a111lal ¡inr sa se11l1• ,0[01111'·

. ,

\IA'íD,\T ET GESTIO'í D'AFFAIRES

(art. 2004, 200¡). Ordinaircn1e11t, il n'en est pas ainsi pot1r les contrats a
clt1rée détern1i11<'·e. '\Iais cette ex.ceplion se j11stific aisé111e11t.
Le 1nanclat su ¡>¡)ose en effet que le manda11t a confia11ce dans la personne
cl11 manclataire; il faut done 1)er111cttre au 111andanl ele le révoquer, le jour
oi'1 il 11'est pas satisfait de la conduite du n1andataire. De son coté, ce der-
nier cst ce11sé renclre un service gratuit. C'est pot1rqt1oi il doit etre at1to-
a
risé se décl1arger, le jot1r 01'1 il trot1,·e la cl1arge tro1) lo11rde. :\Iais cette
faculté de renonciatior1 se comprer1d moi11s de sa l)art, lorsqu'il s'agit d't1n
111andat salarié.
La regle de la lilJre résiliation t1nilatérale cesse d'ailleurs de s'a1Jpliquer
a
lorsque le n1andat concer11e la fois l'intérct du n1andant et celt1i dt1 n1an-
dataire, par exc111ple, s'il s'agi t de deux co1)ropriétaires d'un imn1euble qui
cl1argent l'un cl'cux de l'adn1inistration de cet i111n1euble pendant cinq ans.
Dans cecas, en effet, le n1andat dcvient un vérita!Jle contrat sy11allagma-
tic1ue {Civ., 11février 1891, D. IJ. 91.r.I!)7,S,91.1.1:i1).
Ceci dit, distinguons entre la révocation q11i vient du rnandanl et la
renonciatio11 du 111a11dalaire.
1\.. lféuocation ele la ¡1arl du ma,zdanl. - << Le 111andant peut révoquer sa
procuratio11 c¡uand bon l11i sen1ble, et co11traindre, s'il y a lieu, le 111anda-
taire a lui re111ettre, soit l'écrit sous seing privé c¡ui la contienl, soit l'ori-
gi11al de la proct1ration, si elle a été délivrée en !Jrevet, soit l'expédition, s'il
c11 a été gardé minute n (art. 200{1).
La j11risprudence appliqt1e ici la mc111e regle qu'en n1aticre de ccmtrat de
travail, et décide qt1e, si la révocatio11 est faite de telle sorte qu'elle constitue
t1n abus dt1 droit, c'est-a-dire 11ne faute, le 1nandataire a droit des dom-a
111ages-intérets (lleq .. 10 j11illet 1865, S. 65.1 .35o; Nancy, 2 février 1909,
IJ. [>. 1910.2.268, S. 1909.2.246).
,\joutons q11'il faut que le rr1anda11t notifie aux intéressés la révocation;
siuon il ccinlin11era a etre obligé par les actes que les tiers auront passés de
!Jonne foi avec le 111a11dataire ,art. 2005).
T3. Reno11eialio11 dtt 1na11clalaire. - << Le 111a11dataire pe11t reno11cer au
111a11clat, en nolifia11t au 1na11da11t sa révocation. - Néa11moins si cetle re-
Il<)rtciatio11 préj11dicie a11 111a11da11t, il devra e11 etre i11demnisé par le man-
a
datairc, 111oi11s <1ue cel11i-ci 11e se lro11ve dans l'in1possilJilité de conti-
1111er le 111andat sa11s c11 éprouvcr lui-rne111e 1111 ¡)réj11dice considérable 1>
(arl. 2007). ·
Air1si, la facultli de rc11011ciatio11 <lu 111a11<lalaire est n1oins large que le
droit rlc révocatici11 du n1a11tla11t. Le 1na11dalaire q11i rer1once est toujours
rcspc>nsalJle d11 pr1\j11dicc c¡uc cetle re11011ciatio11 pe11l ca11ser au mar1dant,
sauf la réserve incliq11t'•c par la fi11 tic l'arliclc.

:¡• Mort de l'une des parties. - La 111orl cl11 1nar1da11l ou celle d11
111a11cl11taire dc.,il 11alurellP111enl e11lrai11er la cessatio11 d'1111 co11trat fait
i11l11i ltl /JC/'SO/ltC.
'fo11lefois, 111algré la 1norl cl11 111ar1da11t, le 111andataire est le1111 d'acl1ever
la cluisc corn111e11céc an 1lt'•ct•s 1111 111a11da11l, s'il y a pc'•ril en la demeure
(arl. 1!1!)1, :i• ul.).
710 LIVRE 11. - TITRE 11. - '
Cl"IQUIEME PARTIE. - CIIAPITRE V

En cas de n1orl clu n1andataire, ses l1éritiers cloi,·enl en donner avis a11
n1andant, et po11rvoir, en attendant, a ce q11e les circonslances exigent pc111r
l'in téret ele celui-ci (art. 20 I O).
La 111ort du manclant ne met pas fin a11 n1ar1dat lorsc¡u 'il a été clans l'i11-
tention des parties q11'il s'exécute ou co11tinue apres le déces. 'J'cl est le cas
de l'exéc11tion testa111entaire (arl. 1025 et suiv.).

3° Faillite, décon:fiture ou interdiction (art. :>.003, 3' al.). - Ces évt'·11c-


111ents, q11'ils se produiser1l en la pcrsonne d11 n1a11dant 011 du n1a11dalairc.
emportent ccssalion de la cohfiance réciproc¡ue qui esl ala source clu n1a11dat.
De plus, et spécialement, l'interdiction rend le mandant i11capalJle ele
manifesfer sa ,·olonté de continuer le n1a ndat, et le n1a11dalaire incapalJlc
de l'exéculer.
Il co11vient de rc111arq11er ici que la mort, la faillitc ou l'inlcrdiclion du
111a11clanl n'cn11}orlcnt l)as exlir1clic)11 du n1a 11clat, lorsq11e celui-ci a él(•.
do1111é clans l'i11tc~r(~l de plusieurs perso11nes, par excn11)lc, d11 111andar1l el
cl'u11 ticrs, c111 du 111ar1da11l el clu 111ar1datairc. C'est par ap¡ilicalion de celle
idée c¡11e le 1nandal dor1né a
un r1otaire par le ve11deur, l'acqut'·reur cl'u11
immeuble et les créanciers inscrits de clistrilJuer le prix auxdits créanciers,
ne clisparait pas av1~c la faillite d11 vende11r, et res le oppo~alJle au syndic
de la faillite (Ci,· .• 31 j11illet If)12, l). l).1913.1.81, note ele :\l. 1iercer(>11,
S. 1913.1,8l1),

~ 1. - .N«ttlo ■al!I a-éné ■•nlel!I.

Comparaison avec le mandat. - l,a geslio11 cl'afl'aires rcsscn1JJ!e a11


maridal en ce q11'ellc cor1sisle ú fairc c¡11clque cl1osc dans l'intt'·r<~l cl'a11lr11i,
111ais clic c11 1l ill'erc en ce c111e le gérar1l agil ele son J)roprc 111l>11vc111c11l, sa11s
en aYoir re,11 •
l'rlrdrP .
l,a geslio11 rf11.ff,1ires 11'csl cl1111c ¡1as 1111 co11lral. car il 11·~- a ¡1as accord de
volr111l<'•s.Sui,a11l l'n¡1i11ion trarlilir11111Plle 110111011 sail r¡uc 11rH1s ll!lllS c'·carl1111s
(s11¡1rr't. J'· ~71 ), elle csl 1111 1¡1111si-co11/ral. ()11 ,1•11l rlirc ()ar Jii c¡11P, IJiP11
q11'c'·tar1l l'rn11vrc 11'1111c se11h) v11)1J11lc'·, )'acle acco11111li ¡iar Jp gt'•ra11l 1•11gPr11lrP
des oblig·ali1111s r1:ci¡iroq1H)S ii la charg() <IPs 1IP11X i11l1•r(•ssc'·s. ],e fJérr111/ Psi
olJlig{: 1le cc111lin11er la gcsli<)II r¡11'il a 1·11111111<•11ct'·e <'l 1111\1111! ele l'nchc\Yl'I'.
11 se) so11111cl. en 011lrc, ii lcH1les !Ps r1l1ligalio11s (¡11i r<'•s11llcraiP11l d'1111
111a111lat cx1>r<'·s (arl. ,:l¡:1). 1)1) S(lll c,'it«'·, )(1 f/< 11'< 1011111rzi/rr,, ,lr>tll l'afl'airP a «'·le'•
bic11 a(l111i11islréc, cl11il ext'·c11ler les c11gagc111e11ls 1¡11c lo gt')ra11l a cn11lracl1·s
c11 so11 11(1111, l'i11,le11111iser 1)() lc111s lc1s e11gagc111c11ls ¡1crs111111cls c¡u'il a ¡iris.
el l11i rc1111IH>11rscr l1111lcs IPs 1l«'·r1e11ses 11Lilcs Pl 11{:cessair<'s <¡11'il a failcs
(ar!.. ,:17:1).

Origine historique et applications actuelles de la gestfon d'a1faires.


- C:,1tle i11slil11lirl11 1le la gcsli<lll 1l'afl'air<'s vic·nl 1l11 l)rc>il ro11111i11. ~:111) a
,
,1.-\.XD:iT ET GESTION D AFFA.IRES ~ 1I
1

sa source da11s l'équité. L'éql1ité veut e11 etfet crue l'inclividu qt1i i11tervienl en
faveur d'a11trui, ¡)our ll1i éviter un préjudice, soit inde11111isé par ce der11ier
des dépe11ses qu'il est obligé de faire. L'actior1 (!e i,i rem verso ne suffirait
pas toujours ii assurer son re111IJ011rsen1ent, car elle ne peut etre invoqt1ée
qu'auta11t que !'affaire a procuré un enrichisser11e11t au r11aitre; or il se
peut q11e la gestion n1en1e l1abilen1e11t concluite 11'aboutisse pas i1 ce résultat.
1
II fat1l, cl'aulre parl, }Jrcr1clre en considératio11 l'i11téret du 111aitre de }'af-
faire, qui pourrait ctre. con1pror11is par les . opérations du géra11t, s'il les
condt1isait néglige111n1ent ou les aba11dor1nait a,·a11t de les avoir lern1i11t'.·es.
IJour protéger ce doulJle int<'·ret, le Droit ron1ain a,·ait done créé cleux
actio11s, l'action 1iegotio1·urn gestorlini clirecta au profit du géré, l'action nego -
lio,·um gesloriim co;itraria au profi t du géra11 t. Ces deux actions avaient été
a
institt1ées it l'in1itation de cellcs clu n1a11dat. 'l'outefois, la dill'ére11ce du
111anclalaire, qui a·vait droil a11 rer11JJoursen1er1t de loutes ses dépenses. le
géranl, c11 l)roit ro111ai11, 11e pouvait récla111er qt1e les dépenses q11i présen-
taient une utilité pour le gérant. Cctte disti11ction, n1aintenue par notre
Droi t moder11e, avai L pour bt1 t de garantir le gt'~ré contre les ingére11ces
inop¡iortunes d'un tiers indiscret 011 étourdi da11s ses atfaires .
.\ctuclle111ent, les auteurs, encore in1bus des exen1ples fournis par les
jurisconsl1ltcs ron1ai11s, citent ordinairen1e11t,co111n1e principale application
de la gestion d'ail'aires, le cas d'une personne qui, voulant rendre service
1\ un an1i alJsent, prencl en n1ains l'adn1inistratio11 de ses bie11s, fait u11e
réparatio11 urgen le. ou ¡JaJe sa clette pour arreter une saisie. La pre'l.lve que
telle esl lJien l'hJpotl1ese qu'o11t eu en ,·ue les rédacteurs du Code, c'est que
l'article 13¡2 ir11pose a11 gérant l'obligation ele cor1tin1ier la gestion co111-
menc<'·e, jusqu'it ce q11c le propriélairc soit e11 état d'y pourvoir lui-n11\111e.
Et c'est parce qu'ils s'altacl1e11t a cette conce¡Jlio11 lradi tionnelle que q11el-
q11es auleurs soutie1111e11t e11col'e que la gestion d'afl'aires ne peut avoir
¡Jour olJjet que des acles d'ad111inistration (:.\aquet, 11ote sous Req., 20 dé-
cembrc r !) 1o, S. 191 2. 1.3o5 ). ~Iais il est trop {~vicle11 l que l'l1ypotl1<.·se classique
cnvisagéc est, cr1 fait, IJic11 1Jc11 fróql1e11lc. Et la gcslio11 d'affaires ne jouerait
pas 1111 rc,Ie i111porla11l si elle 11'i11lerve11ait <flie dans des especes de ce genre.
Or, ltHJl a11 co11lrairc, les a¡1¡Jlicali1Jns ele la gc!ilion cl'afl'aires so11t tres 110111-
lirc11scs c11 prali1111e. l,'acli11n rier¡olior1i111 gcslor11rn est dor111t'~e en effet
lo11les les f11is c111'1111c pers111111c acco111¡>lit 1111 aclcj111·i(lifJUC r¡1iclco11f¡uc d'ad-
minislralio11 1>11 autre, 1lans l'i11térel d'a11lr11i ...\i11si, le copro¡1riólaire 11ui
fail des lrava11x sur l'in1111e11lile i11divis ci,;t cc11sé agir co111111e g<'.·r11nt
<l'afl'aires, el jo11il, co111r11e lel, d'u11 reco11rs co11lrc ses coindivisaires (Civ.,
1"' jnillPl 1!)º1, S. 1!)<>:i. 1.i'>10; J>aris, 1'' f1'•,ricr l!)IO so11s l\eq., :~o d<'~cern-
1,re •!}I<>, 1).1>. '!111.1.3¡¡, 11olcclc~t. J>la11ir1l,S. 191:1.1.:\05. V.a11ssiRe11.,
1lij11illct 18!1º• 1). J>. n1.1.!1!), 11olc <le ,1. Pl11ni11l, S. 9!1.1.1!)· - Co11lra.,
11ole s1111s S. !l'J• 1. 1!)). l)e 1111'\111e, la j11ris¡1r 11dti11ce fait so11ve11l a¡>plication
eles rc\gles de la geslici11 c-J'aflhires a11x rap1>orls de l'officicr n1inistériel,
i,;¡>i'-cialc111cnl tl11 11ol11ire, 1111i ag-it ¡1011r le c1>n1ple ele sor1 clic11t. sa11s n,·oir
rPr:11 ,le lui 1111111andat. (V". I\P<t,, '.! 111ai 18!)'.l, D. 1>. 9:\.1.:~1(i, S. !1:i.1.:~0/1;
l\c1r1len11x, ·Ali 11c1Yer11l>rc 18!):>, 1). 11• !)li. :.i. 1<1:l, S. !)O.~. 165). Le ccid.ébile11r
712 LIVRE 11. - TITRE 11. - CIXQUJE~IE PARTIE. - CH ..\PITRE V

solidaire qui ¡Jaye la dette au créa11cier co111111u11 peul <'•galemeot etre traité·
con1n1e u11 gérant d'affaires.
La gestion d'afl'aires ne suppose pas forcé111e11t, cl'ailleurs, qt1'il s'agit de·
facco111¡>lisse1ne11t <l111i acle j11ridique, car 11t1lle ¡Jart celte restriclior1 ne se·
trouve indiquée dans les articles 1372 et suivants. Aussi, la jurisprude11ce
accorcle-t-ellc la qualité ele gérant d'all'aires it cclt1i r¡11i a fail u11 acle 111alt\riel
11tilc dans l'inLéret cl'une aulre personne (V. cep. 11ote ele :\l. lJla11iol sot1s D.
1>. 191,. r .377). 1\insi, l'a11bergiste qui, sur les co11seils elu 111éelecin, ret;:oit el
J1élJcrge pe11dant quelqt1es jours un ouYrier viclin1e dºu11 accident sur,c1111
s11r la voie publir1ue, peut ·invoe1uer l'action 11egolior1111i yesloriz,n co11tre le
cl1ef d'entre1Jrise auquel i11con1be la responsa!Jilité de l'accidenl (Req.,
28 février 1910, D. P. 1911.1.137, 11otede ~l. l)upuicl1. Cf...\.ix, 20 eléccn1-
IJre 1888, S. flº· 2.25, note de ~l. Xaq11et. ''oir aussi 'frilJ. coí11. Seine,
3janvier 1~¡00, S. 190'.1.·1.'.117, 11ole ele~[. I~. lf. Perrea11).

De l'intention de gérer lºaft'aire d'autrui. - Ce c1ui acl1e,e d'élargir


co11sidéra}Jle111cnt le cl1an1p de la gcslio11 d'afl'aircs,c'csl e1u'il 11'cst n1emc pas
néccssaire q11c l'inléressé ail l'i11le11tion (! agir po11r le co,nple d'1t1i liers. La
jurispr11elc11ce décide e11 efl'et que celui q11i, croya11l faire son afl:tire pro-
pre, a e11 réalité rencl11 service a aulrui, pe11t inYoquer co11lre ce dernier
l'aclio11 11egulior1111i geslor1i111 (Voir lleq., 18 juir1 1872, D. ll. 72.1.471,
S. 90.2.'.15, er1 so11s-notc ; lleq., 1li j11illel 18!)0, D. P. 91 .1.!1!), S. 94. r.
1g). ,\insi co111prise, la gestio11 ll'afl:1ires se ra¡Jprocl1e se11silile111e11t de
l'action <le i,i re1n 1•erso, a11 point qu'il esl parfois elifficile lle les distinguer
l'11ne <le 1·a11tre ('r· note so11s Dijon, 17 j11illet 1905, D. I). 1907.2.369) .
.t\. l'i1rverse ele la j11rispr11<lence, les auleurs a<l111elle11t volo11tiers qu'il 11e·
faul pas appli<111er les rt'·gles de la gestio11 <l'all'aires a11 cas ot'1 11r1e persor1ne
croil agir 11011r so11 propre crl111plc, cla11s s011 seul i11Lérel, el re11cl, sa11s le
vouloir, scrvice a 1111 tiers. ,1ais ils dor1r1e11L ú l'a¡ipui 1le celle solulion u11
argur11er1l c111i 11011s ¡1arail pc11 acceplable. l\aiso1111anl, e11 ell'et, par a11alr)gie
<le ce qui se passe rn 111alit•re ele cr1ntrats, ils 1liser1l r¡uc les <Jliligalior.1s
allacl1ées i1 la gcslirJ11 e\'affaires rlnl le11r so11rcc 1\ans la volonlé ll11 géra11l.
(;elle n1a11i1•rc de voir, i1 laq11clle les a11lc11rs onl t:l.é CíJI11l11ils 11ar J'ex-
}l!'essio11 i11rxacle lle q11asi-co11lral, esl Prrc111ée. 1~11 111ali1:re 1lc gcsl.io11 1l'af-
faires, ce 11'esl. pas la volo11L<'· 1111 gí•ra11l. r¡ui esl la cat1se gónéralricc des cc111-
séquenccs j11 riel ie¡11cs al l.ncl1c'\es ¡'¡ 1'act.c. <:<.J111111c11 L, c11 cll'cl., la volo11 té ,l'1111c
¡1erso1111e ¡i1111rrait-cllc faire 11ailre eles oliligalio11s ¡'¡ In cl1arge cl'u11c a11Lrc ~·
(:omn1e11t la ,·olortlé sc11le cl11 géra11l ¡J<J11rrait-ellc cilJliger Je 111ail.rc <le l'af-
fairc? ]~11 rc'•aliL<'•. c'esl !11 loi e¡11i, ¡1011r les raisrins d'{:c¡11ité ci-clessus incli-
'
<¡11ces, ' Pl'O( l llll'C
fa1l . CPrla111s . . ¡·1e¡11es a' J' ac lC(l e ges L'lflll. C,e r¡11c l' ()1)
. C 11'cls Jlll'le
¡1eul so11lc11ir avrc q11el,¡11c rniscl11, sc111lilc-l-il, c'csl e¡11c C<'S raiso11s ,l'<'•,¡11ilt'\
ne se re11co11lrc11t c111e clnr1s le cns oú )'acle a<:co111¡¡Jj a c'·l<': i11s¡1irt'• Jlar le ,lósir
,le rcnclrc sr1·vice .'1 1111lr11i. 11 csl j11sl11, ¡1c111rrail-<lll elirl', ,¡u,: I<' I<'·gislnte111·
,ie1111c au sec,J11rs ele cel11i c¡11i esl 1110 ¡Jar 1111 sc11li111e11l dt':sinlt':rcssé, 111ais
<)JI ne cor11prc11clrnit ¡Jl11s 1¡11'il nccorcl1\l les 111,1111cs 11vnr1lagcs 1\ la pcrso1111<'
11t1i 11'agit 1111e ,ln11s des v11es <l'inlórel ¡icrso1111el el ¡1111·e111011t égo'islcs.
~l.\'íD.\T ET GESTIO'í D •,\FF,lIRES

1"elle est la raiso11 pour laquelle il co11,ie11t, croyo11s-11011s, de refuser


l'action 11egotior11m gestor1i1n it la personne c¡ui fait, sa,is le voitloir, l'afTaire
(l'autrui.:\.11 s11r1Jlus, cette solution trouve sa consécration dans les termes de
l'article 1:171 c¡11i s11ppose que le géra11t a géré volo11laire1ne11t l'afTaire
li'a11trui.
Il ne résulterait pas ele la clu reste que le géranl in, olo11taire 11'aurait 1Jas ·
0

a
ele recours contre le tiers. S'il n'a pas sa disposition l'aclio11 11egotior11111
fJeslor1im, cl11 111oi11s pourrait-il i11tentcr l'action lle i11 rern verso; n1ais la

clifTérence entre les deux est gra11de. En effet, (!'apres l'article 1375, le
n1aitre doit inde1nniser le gérant d'afTaires de to11s les engagements person-
11els qu'il a pris, et lui ren1lJourser to11tes les dépenses utiles ou nécessaires
qu'il a faites. 1\u contraire, l'action de i,i reni verso ne per111et de récla111er
que le bL:11éjice efl'ectiven1en t réalisé par le tiers.
Cependa11t, si fer111e111e11t éta!Jlie que soit la co11ception de la Doctrine,
a
11ous a,·011s cléjit dit que lajurisprucle11ce se refuse ad,nettre la distinction
sur lac¡uelle elle repose. Les tribn11aux décident ciu:¡¡ y a geslio11 d'afTaires,
111en1e lorsc111e l'intention cl'agir pour a11lr11i fait défaut, par ce n1otif,
liit l'arret ¡Jrécité lle la Cl1an1]Jre des requetes du 18 j11i11 1872, (( que les
obligatio11s réci¡Jroq11es q11i pe11vent naitre cl'11n c¡uasi-contrat de g·estion
d'afTaires 11aissent du fait 1r1én1e de la gestio11 el de la loi, et 110n de l'inten-
tion des parties ». La considération invoquée par l'arret est exacte. Il est
lJien vrai de dire que c'est !'acle lle gestio11 l11i-111e111e, et 110n la ,·olo11té de
son auteur, qui m1gendre les olJligations; 111ais ce que la Cour de· cassation
a
11églige ele dé111ontrer, c'est que la loi ait attacl1é cet efl'et un acte qui n'a
pas été i11s¡Jiré par le désir (le rendre service aulrui.a
Capacité du gérant et du géré. - 1° Les obligalio11s c¡ue !'acle de
gestion fail 11allre a la cl1arge du géra,it, et q11i so11t énu111érées dans les

articles 137'.l :'t 1374, 11e prer111cnl IJas naissa11ce c¡11ar1d c'est 1111 i11capal)le,
111i11eur, intcrdit, fer11111e 111ariée, prodig11e, q11i fait pour le con11Jte d'au-
lr11i 110 acle q11'il 11c pourrait ¡1as acco111plir po11r so11 JJropre co111¡)le sa11s
t':lre l1al)ilité. 1~11 efl'el, les acles j11rilliq11es ¡Jassés par les i11capables 11e les
olJligenl pas.
11 e11 nsl a11tre111c11l, er1 yiarcil cas, clu 1nc1t'lre de !'affaire. Cclui ci se
trouve ol>ligó de re111JJ011rscr :'t J'i11ca¡ialJle les dépc11ses c¡11'il a failes et de
l'inllernr1ist'r de ses e11gagcn1c11ls ¡Jerso1111els, clans les lcr111cs lle l'arli-
cle 1 :J7&.
:iº 1\11 c1i11trairc, l'i11ca¡1alJlc pciur le co111¡1le d11c¡ucl 1111 acle de geslitJll a

t'·té 11lilc1ne11l acctll11¡1li se lrcJ11ve oliligt\ e11vcrs 1,: g1\ra11l clans les 111('n1es
co11clili<JllS c111'1111e ¡ierso1111e ca¡ial,Ic. l,a raiso11 e11 est c1uc ses obligations
¡1re1111c11t 11aissa11cn, sans 1111'il y ail c11 aucu11 acle j11ri<lic11111 acco1n¡1li llar
l11i. <)r, l'incu¡iacitt': J>l'<Jlt\gc l'i11lércssé co11lre ses ¡iro¡ircs acles, n1ais 11011
cci11lre les ol>ligati<i11s <¡ui 11aissent :'1 sa cl1arge i11dt!pc11<la111111c11t de sa ;,o-
l1J11lú (arg. arl. 1:\1<>).
LIVRE If. - TITRE II. - '
CIXQUIE)IIE P!,RTIE. - CIJ.-1.PITRE V

§ ~- - Ol,llgatlo11s du gé1•a11t d'alfal1•es.

Le gérant d'afTaires est len11 (les n1en1es obligations que le n1andataire.


L'article 13¡:i, :ie alinéa, llit qu'il se sou111et a loutes les obligatio11s qui ré-
sulleraie11t d'un 111andat expr<'·s q11e l11i aurail do11né le propriétaire. Er1
consé(111e11ce, il est lenu d'ap¡Jorler a la g·eslio11 de l'afl'aire tous les soins
el'u11 IJ011 pere de fan1ille (art. 13 111 , 1•' al.). \"éar1111oi11s, les circo11sla11ces
(JUi l"ont con(luit it se cl1arger lle l'afl'aire, pet1Yent a11toriser le juge it 111oclérer
les don1n1ages el i11Lérets q11i- résulteraient de ses fa u tes 011 de sa néglig·ence
(art. 1374, 2e al.).
Le g{~rant est égalen1ent tenu ele rendre con1pte ele sa gestion, co111111e le
111anllataire :\[ais il faut ael111etlre con1me conlre-partie: d'abord, q11'il a,
con1111e le 111a11llalaire, droit aux inlérels de ses avances a compler d11 jour
ci1'1 elles ont i'·té co11statées /arl. :ioor). el no11 se11len1e11L ,\ dater ele la so111-
n1alion ele pa}·er, conformé111e11l a11 Droit con1n111n I art. 1 153) (Ci, ·io 111ars 0
.,

I!)OO. D. t>. 1uo1.1.l17¡, S. 190:i.2.:-l·,.1); cl,enseconcllieu,q11'ilpe11t.co111n1e


le 111a11(lataire, rele11ir la cl1ose géréc j11sc¡11·a11 paien1ent de lout ce qui l11i
est clíi i1 raison de sa gestio11 (Civ., 25janvier 1904, D. P. 1904.1 601, S. 1910.
1.14'.l).
S11r 11n poir1t, la loi traite le géra11t pltis rigotire1iscn1e11l q11e le 111anda-
tairc. Ce der11icr pe11t renonccr au 1na11clal (art. 2007). Le gérant, a11 co11-
trairc, esl te11u ele conti1111er la gestion qu"il a con1n1en~ée et de l'achever
jus(¡u'a ce q11e le propriétairc soit en état d')· 1Jourvoir lui-1ncn1e. 11 eloit se
cl1arger égalen1en l (le to11 tes les cl{pcnda11ccs ele cette 111e111c affaire (arl. 1 :{7·1,
1e•·a1.).
De plus, a11 cas ele <11\ces llt1 111ailrc, ava11t CJtlc l'all'aire soit conso1n1111\e, le
gérant cst o]Jli¡;{· ele cor1ti1111er sa g-cstio11 j11s(¡11'b,ce c¡11c l'l1ériticr ait 1iu e11
pren(lre la direclio11 (Cf. arl. 1:17:1 et 1u91, ;i• al.).

~ 3. - Obll,r¡atlo111!1 du 101,itrt".

1,e 111aitrc es! le1111, c11 J>rinci¡Jr, <les 111<~111es <Jliligatio11s ({llf' le 111a11clant.
l1011rtant, il y a <'11lrc les <lcux sil11alic111s <l<:s dill'i':r<1r1ces i111p(Jrlanlcs:
1° l,P 111aitre n'esl rililig·é s•iil PllYers les tiers, s1,it ú l'l•g-arll clu g·t'·ra11l
1l'all"aires, <111'1111/1111/ <¡ue l'11.fJi1irl' 11 ,:¡e; bic11 c11{111i11islrc;l' (arl. 1:~7/1) (''· l\P(f.,
'.lí JuillPt ¡,~5:i, [). I'. ií:i.1.:1:ili; c:iv., l'.,l 111ars 188\J, 1). l'. !)0.1.1:i, s. 8!1·•·
:>. 11!1). 1\i11si I<' 111ailr<1 11'esl <>IJligt'· t>ar les acles <111 g1•ra11l e¡11'a11la11t 1111c cci11x-
ci (>lll c'·tt'1 11lilPs. (~Plte disJJC>sitieJil esl forl irtl[>(1rla11lc. I•:Ilc c11nslil11P lag-a-
ra11lic cl11 111altrc ce111lrP IPs i11l<'rYP11tio11s i11<>(>JH>rl1111cs el'1111 tirrs elans ses
alfaires. (~'psi. le tri l,11r1al c¡ui S('ra cl1arg{'. el'a¡>J>rc'•cier si 1'1,pérati,111 failP
pr<\sentc 1111e\ ri'·ellc 11lililt'1.
11 n'y a ri<'n ele\ sc111l>lal>lc, 1>11 le C(>IJ<,'.<>il, c11111ali<':rc ele 111anclat, ¡>11isc¡11'il
y a 1111 a,·ccir<l (111 v1,l1>11l<'·s s11r 1'11lijPI. 111t•111e <l<'s act!'s 1'1 acc11111¡ilir.
l)'aill1•11rs, lors<[ll<' l<' gl•ranl a lrait<'· a,Pc fps Licrs, a11 110111 <111 111allrc <lr·
l'affnirc, el e¡uc les e>1>éralici11s ¡>ar l11i failes ¡1rt'.sc11tc11l 1111e 11tilit{1 1>1111r ce
~IA~DA.T ET GESTIO~ D ' ,\FF.-\11\ES

<lcrnier, les cfl'cts lle ces o¡)érations se prod11isenl <lirecte111c11t s11r la tele d11
111aitre, co111n1e en 111alierc de 111andat. C'est done l11i q11i llevie11l créa11cier
ou clé!)ite11r (lleq., 16 juillet 1890, D. P. \)1. 1 .49, 11ote lle:\[. J)Ja11iol. S. 9!,.
1.19).
De plus, lorsque le 111aitre ratific la gcslion faite pour son co111pte, l'opé-
ration sp transfor111e en u11 111a11dat, et ce s011t les regles llu 111an<lal qui
s'a11¡iliquent. llalihabilio ma11clc1lu :rqui¡Jar11lur. 11 n'y a do11c 11lus alors ;\
tenir con111te lles llill'ércnccs ci-llessus signal1\es entre Je 111andal et la
gc·stio11 cl'afl'aircs.
2° Le mai'lre 11'esl le11u de re,nbourser all géra11l r¡11e les dé11e11ses uliles ou
11écessaires qu'il afailes (art. 1375 i1iji11e). 'ío11s s11pposons crue les 0¡1éra-
tions failes par le gérant ont été utiles. 11 se ¡1eut cc¡1endant c1ue le gérant
ait dé¡1e11sé des son1n1es excessiYes. Le 111ailre ne sera ¡1as obligé d'en re111-
)Jourser la totalitó. 1\u co11traire, le 111anlla11t y serail 0l1ligó (arl. 1999. 2" al.).
1'11c olJservatio11 esser1lielle tro11Ye ici sa place. Lorsque la gestio11 ll'af-
faircs esl e11tre¡Jrise dans l'ir1tér1~l lle 1Jl11sicurs 1Jer:;on11es, cclles-ci 110 s011t
a
11as c11gagécs solidaire111cnt l'ógard d11 g·érant. En cll"ct, il 11'esl pas possil1le
ll'ótenllrc 011 llehors du 111a11dal la regle écliclée par l'arlicle ·2002 .


CII,\PITRE \'l

1
Tll\\SACTIO\

Les textes da11s lesquels le Cocle traite de la transaction sont assuré111ent


au noml)re eles plus n1al ,·enus. C'est qu'en effet ses rédactet1rs ont été, en
cette 111atiere, pl'i,·és ele leur guide l1abituel, Potl1ier, ce gl'a11d juriscons11lte
(Jtii avait pro111is d'écril'e t1n traité sur ce co11tral, éta11t mort a,·ant cl'avoil'
re1111}li sa 1Jro111esse. l\lieux at1rait valt1 assuré1ne11t que l'on suivit le pla11
prin1itif des a11teurs clt1 Codc qui ne con1porlait aucune disposition spé-
ciale sur la tra11sactio11, et la laissai t, par conséc¡11enl, sou111isc aux regles
clu Droit co111111u11. Plt1siet1rs tril)unaux aya11t réclan1é qt1't1n till'c spécial
fi'il consacrt'· ú la n1atiere, 011 déféra it lcur désir et 1'011 cut tort.

Définition. - l,'al'ticle 20!1!1 cléfi11it la lra11saclio11 le co11lrat « par lc(¡uel


les parlics·lel'n1i11e11t 1111e co11testatio11 11ée,ou pl'évicnnent u11e conlestalion
it 11aitrc n. Cctte cli'·fi11ilion, on l'a 111ai11tcs fois fait observcr, est lo11t a fait
i11suffisanle. En elret, l)ic11 d'autrcs opél'atio11s partagent, avcc la tra11sac-
tion, cet cll"el ele préve11ir 011 (le lerr11i11er u11c co11leslalion. C'cst le cas ¡Jot1r
l'ac<¡1ticscc111e11l, ¡)our le llésisle111e11l, Jl<llll' la co11jir111(1/io11, po111' le co111¡1ro-
mis, JJour la llélalio,i <Ílt sernie,il, ele. E11 réalité, ce <¡u'il y a ele s¡)éciflque
clans la ll'a11sactio11, c'esl c¡u'elle tcr111i11c ou prévic11t 1111c co11teslation grdce
<i lt11 ·sacrijice réci¡1ro<¡11e dr,s parlics, sacrifice qui pcul d'aille11rs aussi l1ie11
consislf'r cla11s 1111c rc11011ciali<J11 ;'i u11 rlroit prt'·le11d11 <111c da11s u11e presta-
tio11 ou la J)ro111ess,• d'1111e 1Jreslali<)11 élrang1)re a11 lilige. 11 a élt'. jugó /1 pl11-
sic11rs rc¡>risPs 1¡11c ce sacrifice réci11r<1q11c csl inclis¡1e11sal)!c 1)0111" <¡t1'<HI se
lrouvc en ¡1rÍ'.scncc cl'une lra11saclio11 (V. 11ola111111e11l l\ec1,, 8 11ovc111l,re
18!12, )). {l. !J:).1.92).
ll C<)11vic11l d'i11cli<¡11cr ici c¡11P, cla11s la ¡lrali<¡ue. les conlraclnnls clég11ise11l
frí:11uc111111e11l so11s le 110111 <le lra11saclions eles acles aya11t c11 r{~alité 1111 l,11l
et 1111 caracli·rc l011t dilli'·r1!11ts, co111111e 1111e vente, 1111c cl<J11ali1111, 11n Jlarlage.
Le l111t <11' c11 <lt'·g11ise111enl csl le ¡1l11s so11Yc11L <le fairc fra11cle aux clr1>ils
cl'er1registrc111c11l. 'íal11rclle111c11l, le cc111lral 11'csl 11as 11111 clar1s cecas (lar Je
scul cíl'Pl <111 <lt'·g11iscr11e11I, 111ais il esl lrailc'! suivanl sa 11al11r11 récllc el 11011
s11iva11l so11 Í•I í<¡uellc. J)'o1't ce lle cl1l11l,lc cor1sc'~c¡11c11cc. l)'al,11r1l, 1¡11'il clc11111c
lic11 h 1111e J>crcc¡ilici11 s11¡>¡1lt':111e11lairc <le droils fiscaux; <'11 scc11111l licu,

t. V. Accnrlns, transactio11, lhcsc, t8G3; etlestrnilésprécitésde M~t.Gulllounrd,


/Je la
Daudrr-Lucnntincrle et Wnhl.
TRA~SACTIO~ 717
qu'il cesse cl'etre Yalal)le si le déguise111ent a pour Lul de 111asc¡uer 11n
acte interdit, })ar exen1ple, une do11ation a un incapal)le.

Caracteres de la transaction. - Les caracteres ele la Lransaclio11 fJ11i


découlent de sa définition n1t~n1e sont les suivants:
1° (:'esl un conlrat cl'alié11atio11 a litre 011éreu.,:. Des lors, la capacité 11é-
ce~saire J)Our l'ell'ect11er est celle f{Ui est rec1uise 11our dis¡ioscr (''· art. 20115).
J)e ¡)lus, la transaclion ne ¡ieut porler q11e s11r eles ol)jets s11sccpti]J]e-; cl'a-
lié11alion. J)ar conséque11t, on ne po11rra transigcr sur des lilig·cs i11léressa11t
l' état des personnes ou sur la répression . d'une i11fraction clonnant lieu a
1· action Jlt1l)lique (art. 2046), etc •.. Des regles spéciales so11 t établies c;a et la
par la loi en ce qui co11cer11e la ca¡1acilé 011 les JJ011eoirs nécessaires pour
transiger. No11s en avons d<'•ja trailé ou c11 traitero11s a ¡irorJos de cl1ac1ue
calt'•gorie ¡Jarticuliere d'i11capaLles ou de n1a11clalaires. 11 est done i11ulilc
d'e11 parler ici.
1\joutons cctle autre co11séquence d11 caraclere cl'ácle de clis1iosilio11 a1)par-
le11ant a la tra11,.;actio11 q11'cllc pe11t elre altac¡11ée par les créa11ciers clo11t le
débiteur a transigé en fraude de leurs clroits (:\ancy, 12. févricr 1898, D. 11 •
99. 2 .86).
2º La tran~actio11 est 1111 co11lrat sy11allagn1ltlil¡11e. 1)'01'1 les cleux const':-

q11cnces suiva11tes :
1\. - J,orsq11e la lra11saclio11 est constalée par 11n l\Crit sous st:i11g llrivé, cel
écrit doit elre rédigé c11 llouble origi,ial, avec la 111entio11 de l'accoi11plissc-
n1ent de celte formalité (Paris, 31 déccmbre 189:i, D. P. 96.2.360; Ci,·.,
8 jar1vicr 1900, D.·P. 1904.1.606, S. 1902.1.311). J)ourlant, il 11'en est ainsi,
v11 le motif q11i a dicté la regle lle l'arlicle 1315, a¡lplica!)le sur ce 1)oi11l.
qu'aut.a11t l¡ue les deux parties ont intóret a posséder cl1ac1111c 1111 origi11al.
Ainsi, l'acle instrun1er1taire pourra elre rédigé e11 11n sc11l original clans le
cas 01\, !'1111c eles parties aya11t ¡Jlei11e111e11t exéculé sa ¡)rOJJre f)lJligatio11 a,·a11 L
la róclacLior1 <le l'écril, l'a11lre ¡iarlic n'a des lors auc11n inLéreL a la posses-
sior1 cl'1111e pre11ve.
13. -- ()n <loit ap¡lliq11er i1 la Lra11sactio11 l'arlicle r 184. ]~!, ¡iarco11séc¡11c11l,
la rt\s(>lulior1 ¡1011rra er1 <~lrc cle111ar1cl{,e si l'u11c des Jlarlics 11'exécule pas la
preslali<Hl /1 laquellc elle s'cst cngagt'•c.
:\
0
La Lra11saclio11 csl 1111· ccH1lral co11se11s11el. 1•:Ilc 11'esl do11c sou111isc a
a11c1111c l'tJr111c llt'·ler111inéc. 11 csl Yrai <¡ue, d'aprt\s l'arlicle :J.<>'1'1, al. 2, elle
<loil <~Lre rétligéc ¡iar écrit. l,a loi 11'a pas vot1l11 c111'1111 acle dr\slir1é ¡'¡ e111¡>r\-
cl1cr 1111 ¡>roces ¡111issc clr,1111er lie11 a11x })l'Oct\<l11res cc>111¡ilexcs c¡11e 11i'·ccssiln
l'crn¡il<>i <le la ¡irc11vc lcsli111ti11ialc. ?llais il 11'y a la ¡¡11'1111e rr'·glc rclaliYe !1
ta ¡)rc11Yr el 11c>n ¡ias l'in<licalio11 d'1111c solc1111iL{, rcc¡11isc ti 1>ei11c lle 11ullité.
l)'<H'1 ccllc C!111s{•¡¡11!111cc ¡¡11c, si la r1\<lacli<i11 cl'1111 {,cril csl 11í,ccssairc J)<111r
les Lransacli1H1s l)!>rlant sur 1111 i11Lér1~L 1111\n1e i111'{\rie11r ú 1:io fra11cs (CiY.,
'..18 11,1v¡1111lire 18G/1, ]). 11 . (i:J.1. tri:>, S. li:i. r .:>), l'cxisler1cr <le ce conlral })Ctll
<'lrr t'\talilio ¡>_ar )'a1•e111•1. le scr111e11/, V!>irn 111t'1110' ¡>ar Li'·111oi11s lt>l'S!!U'il e11
exislP 1111 c1i111111encc111c11I <le ¡)rc,1vn ¡>ar t'\cril ((~iv., 8 jan,ier i87!), 1). I>.
LIVRE II. - TITRE II. - '
CI:-!QUIE~IE P,\.RTIE. - CH.,\.PITRE VI

7!).1.128, S. 79.1.:i16; llordeaux, 11 juillet 1898. D. P. 99.2.149, S. 99.2.


206; ,\n11ecy, 8 n1ars 1888, lJ. ·¡.,_ 88.'.1.:i84), ou lcrsqu'or1 se trou,·e en rna-
ticre con1111erciale (París, 13jui11 1894, 1). P. 94.2.498, S. 95.2.19).

Caractere déclaratif de la transaction. - La caractéristique essen -


tielle ele la transaction c'est qu'elle esl ur1 acle 110n pas l1·a1islalif, n1ais dé-
cluralif de droils. Si 1·on s11ppose, Jlar exen1ple, que deux parties qui se
dis¡J11tenl u11 l1{·ritage co11vie11ne11l de l"aba11elonner a l'une d'entre elles
111o)·en11a11t u11e s0111n1e d'argent que l'altribulaire versera au renon<;ant, le
bénéficiaire de l'abandon esl considéré com111e ayant toujours été l'u11ique
}lropriétaire. Ce que la transaction luí a procuré, ce n'est pas l'héritage,
n1ais le désiste111ent de son adversaire. Cette n1anicre de voir nous vient de
l'ancien Droit, 01't elle parail a,·oir été adoptée da11s u11e pe11st'·e de défaveur
Ct)nlre les tlroits fiscaux c1ui frappaie11t les r11utations. La loi d11 '.l'.l fri111aire
ele l'a11 ''11 sur l'E11registre111e11t a aclopté ce J)Oi11L de vue en décidan L
(art. 68, § 1, 11. !15 et art. 69, S 3, 11. 3) e1ue la lransactiou n'esl sou1nise
c¡11'au droil fixe, el non, par consét¡uent, au droil ¡Jrop<irlio1111el bea11cou¡l
a
plus <inéreux qui frap1ie la 111ulalion. 11 esl cepe11da11l rcr11arquer c1ue l'Ad-
111i11istratio11 de l'e11regislrcn1ent a réussi 11 rendre ce texte it pcu pres lettre
111orte cu obtena11l ele la Cour de cassalio11 ur1 arret de pri11cipc (C\1, réunies,
12 déce111lire 1865, D. 1i. 65. 1.!157, S. 66. 1.73), en vertu d11quel le droit all"é-
a
re11t aux 111ulalio11s Litre or1éreux esl per<;u sur loulc la partie des liie11s
abanclon11t'·e .a cel11i des contractanls qui n'e11 était ¡Jas e11 possession.
Cepc11da11l, abstractio11 faite de celte solutio11, ot'1 se 111a11ifesle l'op1Jo si-
Lio11 qu'or1 peut relever si fr<\t1ue111111cnt cr1tre le ¡loinl de v11c d11 Droil
civil el cel11i d11 Droil fiscal, le caraclcrc cléclaralif tics tra11saclio11s cst
e11corc co11sacré ¡iar la j11ris¡irude11cc qt1i e11 tire les co11séquc11ccs ci-a1Jres:
1º La ll'a11sc1·i¡1liv11 ele la lransacliu11 r1'cst pas requise quand elle porte
sur eles droits i111111obiliers, el alors 111e111e c¡11'il y a déplace111er1l cla11s ·la
posscssio11 tle l'objcl liligic11x (Bor<lea11x, 17 111ars 18()'.I, D. Jl. 9:{.:>..18'..I, S.
D'r.'.1.9; l)rli'·a11s. ·i:{ 11ovc111lJr<1 18():~. 1). }l. !)!1.·1.·>.87, S. 9!1.:>..!)).
'..1° U 11e lra11:-aclio11 ne 11cul jar11ais servir dcjttsle litre ¡H111r la ¡ircscri¡ilio11

ele di.e vu vi,i[¡I ans de l'arliclc :1'..16:1,


:{" l,cs Ctllllracla11ls ne sonl ¡>oinl Lc1111s de se g11r1111li1· les clrciils <111'ils se
rcc<>1111a issc11 l.
~aL11r1·llP111P11l, ces diverscs sol11Litins 11e s'a¡J11li<¡11eraie11l [Hiiul <la11s le
cas ülI 1'111ui des cla11scs de la lra11sacli<i11 ¡i1Jrl1irail s11r l1: lra11sfcrl d"un
objcl élr1111gc1· 11 /11 cu11lestalio11. Si, r>ar cxe1n¡ilc, v1ius aba11elu11111:1. v11s ¡iré-
L<·11Lio11s sur 1111e s11ccPssi1J11 1'1 la c<i11ditie111 t¡11e I<: lit'•nt'·liciairc ele ce tli'·sis-
lc111c:11l ,1111s cltn111cra lcl 011 Lcl i111111e11lJle, c111 se lro11,e c11 }Jréscnce, <·n ce
ttui c1n1c<1rnc l1: tra11sfcrl. 1le ccl i111111cul1IP, 1l'1111c <1¡Jéraliti11 lra11slalivc,
s11jPllc it Lra11scri¡Jtio11, [Jo11va11l st1r,·ir ti<: j11slt1 litro a 1111c J>rc:scri11Liu11, el
0l1ligeauL le céda11l i1 la garar1Lic nnvcrs s1i11 c1111L1·acta11L.

Rapprochement entre la transaction et le jugement. --· Le 1l1i11l,le


fuil <¡11c la Lransacli<Jll lcr111i11c 1111c co11lc~slali1i11 el <JtI'tille reulrc <lans la
Tl\A."S.\CTIO'.'i

catégorie tles acles déclaratifs, appellc l1r1c com11araison entre cet actc el
le j11ge1ne11t. L'article 2052, ex:agéra11t 1111c si111ple a11alogic jusqu'a e11 tirer
une assi111ilation, nous dit que « les lransactions ont, entre les parties, l'au-
torité <le la cliose j1igée e11 ller,iier rcssort ». :\Iais, en réalit{:, des <lilfére11-
ces nombreuses disti11guent le juge111ent, décision de l'autorité publique,
tlc la transaclion q11i n'est qu'un si111ple contrat. S'il est Yrai que la lra11-
sactior1, cornme un j 11ge111c11t, per111ctte d' op110 ser a la dcn1ande de celle
tles parties qui voudrait rcnouYcler en juslice la contestatio11 qu'elle a
tcr111i11ée, une ex:ceptior1 analogue a l'cx:ceptior1 rei jizdical:r (Na11cy, , 2 fé-
vricr 1898, D. P. 99.2.86), cela tic11t unicrucn1cnl a l'effel obligaloire qui
a
s'attacl1e a la transaction co1111ne tout contrat. Ce c1ui fait que l'actio11 d11
tle111andcur n'est pas rcce, able, c'est que, par la transaction, il s'esl engagé
0

a r1c ¡1as l'cx:crcer ; il a asst1111é u11e olJligation de 11c 11as faire qu'il 11e peut
etre ad1nis a enfreindre. Pour 11lus de précision, voici les clifl'érences c¡u'il
co11vient tle relevcr e11tre la lransactio11 et le juge111ent:
rº La transactio11. ,\ la dill'érence dt1 jugen1ent, n'a 11as force exéc11loire, a
r11oins d'ayoir été passée par un acle 11otarié, et elle 11'e111portc pas !1y¡Jollie-
1¡ite judiciaire. Cepenclant, l)ier1 enlenclu, il cu scrait a11treJncJ1t si la lran-
saction avail fait l'objet d'un juge111cnt co11ve111t Oll d'expédie,zt.
2° Le jugcr11e11t ne peut ir1ter, cnir r1t1c sur t111c contesta tion cléjr1 11ée ; la
transactio,1 peut elrc cor1clt1e sur une difficulté 11éc u1t a 11c1ilre.
3° Un jugcn1cnt obscur ou aJ11bigt1 doil etre i11le11Jr¡:[é ¡1ar la jt1ridictio11
de qui il é111anc. 1\u co11traire, l'interprétation d'u11c lraJ1saction, cor11n1e
celle de toul contrat, a¡1parlient, 110n pas at1x parties contraclantes, 111ais t1
la juslice. Les juges I'interprelcnl sou1•eraine111e11i. sans qt1e leur !lécision
p11isse clo11ner lie11 au contrt,lc de la Co11r ele cassalioJ1, pot1rYt1 loulcfois que
so1.1s prétcxtc cl'interprétatio11, ils 11'ai-cJ1t poiJ1l dé11aturé le se11s et la porlée
du cor1trat (lleq., 24 janvier 18v8, D. l). !Jfl· J. 10v; Civ., :i3 f'é,rier 18u·i, D.
1). !):.!. 1 IJO, S. ()'.-l.I.3r:~)-
40 Un jugerncnt est susceptible de voies de recours t1 la suite tlesqt1clles il
}lc11t ton1ber cr1 totalilé ot1 er1 ¡>artic. l.;¡1e transaction ne ¡1cul. elre i11fir111ée
a
}>ar une auloritt': supt':rieurc ccllc tles ¡iartics, sauf l1uar1d la 111illité en est
clcr11a11déc el ol)tenue. l~J1 cecas, la lra11saclili11 anJ1ulée tr.Jrnl)e ¡>our le tout,
1·er1sc1r1ble lle ses clauses for111a11l UJl tout ÍJ1llivisil)lc (llcq,, 3 J1\cer11brc
1 88t). D. J). \l 1 • 1 • 7. s. !)O. 1 • 1 ()1)).

Nullité de la transaction. - l,c <~01lc co11sa<.'.f'l' it cclle 111atierc plu-


sicurs articlt\S (art. :Jo5:.i, al. :1, it ·Ac157) ¡\ la fois ol)sc11rs et inutilcs, car ils 11e
1'1J1tl, en so111111P, lPllc es! 1l11 111oi11s l'1i1>i11i1i11 gi'.•J1i'·ralc111c11l au111isc a11jo11r-
11'li11i. 4uc cc111firn1cr le l)rc>il coJ11111u11. :\iJ1si, l1irsquc J'article 2053 11011s
,lit lllH: la tra11saclio111>c11I 1\trc a11J111léc 1>rJt1r cause 1l'erre1tr sur lrt /Jl'rsu1111e,
1111 csl 1l'accor¡I JH111r 11/·ciclcr 1¡11'il 1loil se cc1111l>i11cr a,ec l'articlc JI Jo, et
1111c, (Hll' C<)11sí·1¡11c11t, l'errc11r n'csl. 1111c ca11sc 1l1• 11ullili• qui' si,, la consi-
1li'•ral.i1H1 lle la 1><irsc1111ui a í:té la cause 1>ri11ci¡>ale 111" la cc>11v1•11Lill11 n, el si
l'crre11r a IH)rli: sur la c111alité lle\ la 11nrso1111e q111· l\111 aYail en , 11c CJJ
c1111lrac:la11t. llar cs.c111¡>lc~, scrait 1111lle la tra11sacli1>Jl 11assée avec 1111 ÍJ1llivid1t
1111e 1'011 croil l1i':ritier el 1¡11i J1e l'cst ¡>as CJl rc'·alilc'•.
j20 LIVRE 11, - TITRE 11. - '
CI'.'IQUIE~IE PARTIE. - Cll,\PITRE VI

I,a seule dérogation at1 Droit con1n1un que se111l)le ici co11sacrer le Coele
civil, est celle de l'article 2052, alinéa '.>., at1x ter111es d11qt1el les tra11sactio11s
(( ne peuvent etre atlaquées pour cat1se d'erreur de droit n. Ce texle a elor1né
Iieu ,'¡ de gra11eles diffic:ultés, soit quant a la eléco11verte de la raison qui le
justifie soit quant a sa J)Ortée. Nola111n1er1t, con1111ent peut-011 le co11cilier
avec l'arlicle '.105!1, aux tern1cs duque! il }' a lie11 tt actione11 rcscisio11 co1tlre
une transaction << lorse¡u'elle a été faite en exéc11tio11 el'1111 litre 1111/, 111oi11s a
e¡tie les IJarties n'aient expressén1e11t lrailé st1r la nullilé :1 n. l.a j11ris1Jru-
<lence a cu beau 1Jrocla111er e1uc les dcux textes doi,·e11l se co11cilier (llcq.,
19 décc111bre 1865, D. I>. 66.1'.182, S. 66.1.301; lleq., '.>.8 février I!)05, D. I>.
1905.1.168, S. 1905.r.212. Cf. note ele :\l. Guénéesous D. P. 190~.1.'.iog), il
nous parait 1nanifesten1ent in1possible d'appliquer le seconel sa11s eléroger

.au pren11er.
II y a11rait, croyor1s-nous, 1111 111oyen tres sin1ple d 'ex1Jlie¡11er et ele juslifier
la elis¡Jositior1 ele l'article 2052, alinéa 2. Ce serait ele co111pre11clre c¡ue la loi
a e11 e11 vue l'erreur juriclie¡ue c¡11e les parties con1111ettraie11l s11r le caraclcre
liligie11x eles elroits q11'elles or1t décluits da11s la transaclio11. ,\i11si, f[Ua11d
bien n1en1e la tra11saction at1rai t porté sur un poi11l 110n clo11leux po11r eles
j11risco11sultes, 111ais que les parties 011t considéré con1n1e te!, le11r transac-
tio11 11'en serait pas 111oi11s valalJle. 011 11e po11rrait l'attaq11er en se fonda11t
s11r I'erreur ele llroit e¡ue les cor1tractants ont co111r11ise e11 regarclar1t la
'}tteslio11 con1rne llo11leuse. I~t e11 efl'et, celui c¡ui possi~cle 1111 clroit certai11,
111ais c¡u'on _l11i C(111trste ou qu'o11 le n1c11ace de co11tesler, ¡Je11t co11sillérer
co111n1e t'.la11t de so11 aYa11tage de transigcr, f1it ce au Jlrix d't111e conccssion.
pour i·viter le sca11dale, l'enn11i et les frais cl'u11 Jlroces, 111en1e gagné
-d'aya11cr,. C'rst ce q11e le lio11 se11s pop11laire lracluit ¡)ar J'allage « 111a11vais
acco111111oclen1e11l Yaut mie11x q11e bon proces n. La tra11saclio11 ainsi co11se11lic
11'est pas elt'.1111ée de cause. ~lais, c11 llel1ors lle ce se11s. 011 11P ¡1c11t trouYer
de bo1111c raiso11 pour justifier le ref11s de l'actio11 e11 1111llité it celle dl'S
partics qui llé111011trerait avoir i'·té incluite ;1 la lransaclion 11ar u11e errcur
de droit, alfJrs q11'011 l'accorclerait ;1 celle q11i juslifierait cl'unc r,rrcur ele
f'ait. l)a11s lt•s clcux cas, 11P peul. 011 11as clire: 1¡11i crr11/ 111111 cu11se11lirc
vi1lel11r ~ ,\ussi, la j11ris¡1r111lc•ncc s'arra11ge-t-ellc [HJIII' ass11rer 1111 reco11rs h
la victin1r, de l'crrr,ur de 1lr11il, l<Jrsc111e le rcf'us ele ce l'<'C<)lll'S serait par lro11
cl1c1l¡11a11t. l\1r f'Xf'IIIJJIP, <'11 111ali,\re cl'accillc11ls 1!11 travail, la (~cJur ele cas-
salic111 a j11gi'· <[11!1 l'ci11vric•rc111i, altPi11l cl'1111r inca¡1acil1• ¡1er111a11c•nlc, a Cf1n-
sc11li ¡\ se c<JlllPnl<'r ele l'inclP11111itt'· trn11i<1rairc), cla11s la fa11ssc cr,1ya11cc <Jlle
sa lilessure 11c l11i clc11111ail pas clrc,il. ¡\ 1111c re11le, JJCIII allaf(tJer la Lransac-
tic111 <'11 i11,•fHJlH1nt l'<•rr,•11r 1111'il a c·,1111111isc el 1111i a porl<'· s11r la subs/1111,·e 1/e
/11 c/iosc. ol,jct r/11 co11/r11/ ([\p1¡., :1:t clt''.cc111Lr,~ l!}l1 1, [). I'. 1i11:,i.1. 111). J,;1,
C<'p<'nclant, Pll parcil cas, l'errc11r i11vcic111t'•c i'·tait J¡ii•11 c'·,iclP111111ent 1111,\ e1·r1i111·
tle tlroil .


SURE1'ÉS PEllSONNELLES & RÉELLES


'

Classification des s1ireté3. - Dans ce livre, nous traiterons des garan-


lics co,itre l'i,tsolvabilité c/11 débiteur. C'est, a11lremenl dit, une théorie du
r;,-éllit que no11s allons exposer.
Dans 11olre Livre Pren1ier, 11011s avo11s étudié, a:vec les E.ffcls lles obliga-
lions, les 111oye11s mis llar la loi i1 la clisposilior1 du créa11cier po11r olJtenir,
a
c11 11alure ou par éq11ivalent, la satisfaction laquelle il a droit. :\lais toule
cette tl1éorie suppose un débiteur capable ele s'exécuter et qu'il s'agit seule-
111er1t ll'y co11trair1drc. Orle créancier court un bien autre péril q11e celui de
la 111a11,aisc YL1lonté de so11 clébileur. C'cst ciue cclui-ci soit i,isolvablc, c'esl-
:\-dire ne Jl<lSSt!llc pas 11n actif s11ffisa11t 1Jo11r le ¡Jayer, ou q11e, posséda11t cel
aclif, il ait ll'aulrcs créa11ciers en lrop grar1d no1nlJre, ce qui revicnt exac-
tc111c11l au 1ne1nc, p11isquc les créa11cicrs se réduise11l m11tucllen1e11t par la
lui cl11 conco11rs (art. 209:1). Quels seront les n1oyens i1 cn1ployer pour ga-
ra11lir le cróa11cier co11tre ce póril. et ¡Jo11r ass11rcr par li1 du crédit au dé!Ji-
le11r en lui ¡lcr111ella11l ele lrouver l'ava11cc c111'il sollicite ~
Ces 1111>ye11s, ce so11l les s11rclés. 1~11,~s sonl ele cle11x sorlcs: ¡1crso111i,1llcs
011 réclles.
J,cs s1irt:IL:s ¡1crso1111ellcs c1)11sislc11l cla11s l'aclj<>11clio11 cl'a11lrcs dóbileurs,
ll1>11t les resso11rc<!S s'ajo11te11t :\ celles 1lc l'oliligt'! ¡iour garantir l'cx<\c11lio11 dl'
J',ililigalion. \011s c11 avo11s vu 1111 cxcn1¡Jle da11s la soli!lrtril(:. Le ca11/io1i-
11e111c1il Psl 1111e a11tre s11relt'~ ¡1el'S(Jll11elle. Soliclarilé, caulio1111e111e11l, ces ga-
rantics re1i<>se11t Lo11j1>11rs s11r la C<J11fia11cr cl11 cr{:ancier r11 c111elq11'1111 <JI! e11
<¡11el<JU<'s-1111s.Ces s11ret1\s ¡iers1J1111clles s,lnl l<:s 11l11s 11silócs,les scules 11silées
11H'111e .'1 J'p11fa11c1• d<·s S<Jci{'.Lt·s. JI y a el<' c1)la ¡Jl11sie11r,; raisons: la ¡1a11vrel{·
d1:s cl{diilc11rs, l'i111¡HJssiliilit/· <>1'1 ils s,inl cl'c11gager lns liic11s les ¡1lus i111¡H>l'-
ta11ts <l11 ¡iatri1111ii11r, les i11111H•11liles, consi1l{:rés lci11gte111¡is co111111c t'-la11t
1111ii11sla ¡irci¡iri<':Li!<le le11r 1l/•LP11lc11r c¡11cc<:ll1: 1le la fa111ille llo11L cclui-ci esl
le rc¡ir/•sc•11la11L H('f111•l; c11fi11, la s<>ii<larilt': <111i existe e11lr1) les 111c111!Jres clu
gr<lllJH', 1[011111s, !/t'lls, au,111<•1 a¡i1iarlie11l le <l<'·liile11r, soli1laril<'· lui ¡ier111ella11L
'J'o111c 11 46
722 LI ''l\E 111

de trouver ais1~r11e11t <les répo11danls. La s11rviva11cc 1)l11s ou 111c)i11,- latcnlc


de ces raiso11s, j<)inte at1:x i111perfectio11s dt1 régi111e l1ypotl1écaire ro111ai11,
voilii ce qt1i explique la fréq11ence et l'i111portance des s11retés perso11nellcs
en Droit ro111ai11 ((;irarcl, ¡). 11 3 et 11otc 3).
La elisparition ele ces diverses cat1scs a aniené de 110s jot1rs la pr1'do111i-
nance des siirelés réelles, consistant elans l'afl'cclatio11 SJléciale el'un IJic11
<lu dé]Jiteur au 1Jaie111e11t ele la dette a garantir. Ces su relés so11t co11s illérí·cs
aujourel'l1ui con1111e préférablcs aux su.relés pcrscJr111ellcs. J~n ell'ct, elles 11c
fo11t pas courir au créanci('.r le risq11e ele 1·i11solvalJililé eles cat1lio11s 011 llcs
codébite11rs solidaires, i11solvabilité qui vie11drait s'ajouter á celle du clélJi-
teur elont il se elélie spécialerr1ent.
Les suretés réellcs de 11otre législation so11L au no111bre lle c¡uatre :
1º Le 1iantisse1ne1il ou ren1isc ele la possessio11 el't111e cl1ose elt1 dé]Jite11r
au créancier, pour qt1'il la gar<le j11sc¡t1'a paicn1e11t et, at1 besoin, se paie llar
préférence a tot1s au tres sur le prix ele celtc cl1ose ;
2º Le rlroil ele réle11lion, ou clroit ¡Jour le clélc11te11r cl't111c cl1ose, qui est
deven11 créa11cier a l'occasion ele cette eléter1tion, ele la rete11ir, c·est-a-dire
de refuser de la restitt1er a11 clélJiteur, tant qu'il 11'est ¡Jas elésintéressé;
a
3° Le privilege, 011 droi t de préférence accordé par la loi certaines cri'·a11-
ces st1r lous les biens 011 s11r certai11s biens du débileur;
4º L'liypollier¡ue ou affectation d'un i1n111euble ou ele tous Jes in1111eulJles
du dé!Jiteur a la gara11tie ele la créance.
No11s ferons sur ces su.relés réelles diversos o!Jservatio11s.
1º Elles s011t de deux sorles. Les ur1es, co111n1c le g11ge, e11lrainc11t Je llc,;-
saisissen1ent el11 dé!Jitcur, cio11t la cl1ose se lrouve re1r1ise aux 111ai11s tlu
créa11cier. Da11s lrs aulres, do11l le ly1ie cst l'll,YJJ0/l1i:<¡1te 011 le privilege, la
cl1ose alTeclée ¡, la s11rclé cl11 créa11cier reste at1:x 111ai11s clt1 débiteur. Le
créancier 11'a ceper1ela11l, si la vale11r de cette cl1ose est s11ffisaute, a!Jst1lt1-
1ne11t rie11 .'t crair1dre. E11 ell'et, a11 r<'gard des a11trcs créa11cicrs, ses co11cur-
rc11ts, il es.t arn1{, cl'11r1 rlrnil rle JJréférc11ce lui Jlcr1r1ettar1l de se fairc ¡Jaycr
le ¡Jre111icr. l~t il u'a ¡Jas ú rccloulcr 110n Jllus <[ue le lJicn l1y¡loll1i'·e¡11í· t>11
fra¡ip{, de seJII 1irivilegc ciis¡>araisse, car, <111 111c,i11s <111ar1ll il s'agil cl'i111-
111c11!Jles, il esl ar111t', tl'1111 rlrnil ele s1tile c¡ui lui lH,r111t>I. clP saisir le bien c11
<¡11Plc111es 111ai11s c111'il ¡1arvi1,n11c, ¡iour se ¡iayer 11ar ¡1rúf1·rc11ce sur le ¡irix.
:1" l,cs s1lrc/1:s réell,is sont. ex.c1rliila11tes clu J>r,,il c1J1111111111 e¡ui cvnsacre

l'{•galit{· <les cr{·a11cicrs (arl. ~º!l:.i). ll11e lionnc lí:¡'.:-islali<>ll lltiit ce1>crula11t.
les a<l111ctlrn. (:ar, c11 lc11r absc11ce, il 11c 111aru¡11crail 1ias 111, s'{,tal,lir c11lrn
cri',ancil·rs eles causes ele ¡Jréít',rnncn accidt>11!Pllc..,, 111rii11s a<J111issil1l11s e11c11rc.
Ce scrail le ca¡1ricP, la l'av<•11r 1l11 cl1,liilP11r, la ¡ir11xi111il{· 1¡11 la rig111·11r .J>lus
gra11tle tl11 crt',anciPr 11ui tui JH•r111ctlrail tl·av<iir YPIII eles 111<J111enls 11<' crisn,
el. ¡iar 1111e Jl<J11rs11ito o¡i¡ic1rt1111t•, clc sn fair11 payer ava11t. les autrcs. ,1ic11,
vaut orga11is<·r (Hllll' le d1·l1ile11r la fac11ltt', cl'<ifl'rir 1les s11rcl{·s ¡iarliculi1\res
it s<1s créa11ci1•rs, el d'11l>lt•11ir ¡iar l/1 IP crt'·dil tlont. il a IH·s<1i11, Une c1,r1Jili<J11
<,st c1·1H~rulnnt i111lis¡1nnsal1l1•: 1·'l'sl q1u• Cl'S s1ir1•li'•s SL>Íc11t enlo11rt',es tl'u11t•

¡iulilicitt', l1ic11 C<J111¡iris1!, alin t¡ue lns autres (H'l'S1>1111cs a¡1¡1elí,ns .'1 traÍIPr a\P1'
le 1111'11Hi <lt'·hitn11r 1i11issc11l SI' re111lrn 1111 <)t111111t.e cxacl 1!1~ la cli1ui1111IÍ1J11
<l1...jlt suliic ¡1ar les gag1,s c¡ui leur so11t t>ll'crls.
, ,
SURETES PERSO'i'iELLES ET l\EELLES

3° Enflr1, il 11'cst pas sa11s i11t1\ret ele constater c1u'a raiso11 eles i1111)erfec-
tions du créclit réel. tel que le régit 11otre loi fran<;aise, le cr{·dit person11el
a
parait lendre elepuis quelc¡11e:-; a11i1ées reve11ir e11 l1onneur. l:11 peu partout
011 s'elforce de l'org·aniser sous la for111e de n1utualité,; ele créclit. S'il se dé-
velo¡Jpe, co111me 011 l'rspere, surlo11t a11 proflt eles agricnlteurs. ce sera par
les 111e111es raiso11s ((tie dans le tres ar1cier1 _l)roit ro1r1ai11, c'est-i1-clire grilce
a l'ielée d'1111e solielarité élroite entre 111c111l)res eles 111e111es groupc111e11ls,
groupemenls i1 la Yéritó 11011 plus fa111iliaux, 1uais volo11taires, et résulta11 t
des progres ele l'csprit d'association.

TITRE PREivIIER

SURETÉS PERSONNELLES. GAUTIONNEMENT

a
Not1s 11·a,ons plus ríen dire (le la sf11eté l)ersonnelle qt1i rést1ltc, c11 cas
de plt1ralitr lle débilet1rs, de la stipt1latio11 (le soliclarité ou (l'i11!li1•isibililé.
~ous 11c 11ot1s occupcrons ici q11e (lu cautio1111e111c11l.
a
Le Coclc ci,il consacre ce st1jct le litre SI\' (lt1 li,re 111 (art. 201 r ¡'1
20(13), lJt1'il lli,ise e11 (¡uatre ci1a¡)ilres, llivisio11 lJtic 11ous suivro11s cla11s 110s
ex¡>licatio11s, !out en nous li111ilant aux trois 11re111iers ·cl1apitrcs. car les
(lisJ)ositio11s (lt1 cl1apitre I\' sont l)eu i111porta11les. et, not1s 11ot1s co11tente-
rons clC' les sig11aler '.

SEC'fl():\ l. - 1'A.TUI\E, ÉTE'illLE ET F(JR)l.\Tl()\ l)L C.\l'TIU'i'iE~IE'iT.

l. - Notions générales.

Double sens du mot cautionnement. - J,c 11101 ca11li1H111c111cnl esl


e111¡1ll1yt'·, a11jo11rll'l111i, llaus 1111c clo11l>le acce1>Lio11.
1° Da11s le la11gage co11ra11t, il sig11ilie le (!t:¡1ul ll'1111c so111111c !l arr¡c11l 011 1lc
0

cr1/e11rs. fait ¡Jar 1111c 1>crso1111(' c11 Yuc lle garantir la l1<11111c cxéc11lion (les
clcvc>irs ll<' sa Jlrofessio11 el (le ré¡1arcr les co11sé11ue11c1•s lles fa11l<'s r¡11'ell1·
¡iourrait c<1111111ellrc. 1\insi, les co11scrvalc•11rs 1l1~s l1y11cill1<'·1¡11Ps, les <il'licicrs
111i11istt'·ri1·ls s1i11t le1111s lle ,crsl'l' 1111 ca11li(J111H'IIH'11t 1¡11i <'sl afl'cclt'· ¡iar ¡iri-
,·ih'.gp a11 ¡iaic111c11I 1lcs co11lla11111alic111s 1¡11'ils JHJ11rraic11l cncfJlll'Ír JHltll' ali11s
PI ¡>r<'·varicalillllS (arl. ~ I(>:>.-¡º. (;. civ. ·1. l,a 111,\11H' ¡.:-ara11Lic esl {•gal<•111c11l
<·xigt'·P 1ll's <'<)1111italilcs <le d<·11i<'rs ¡>11lilics. l•:11fi11, <'IIP Psi. a11ssi f'rt'·1111<•111111c11l
rcq11is1·. <la11s l'i11cl11slric ¡iri,i°·<·, 1lcs caissil'rs <lll <IPs re¡>ri°•scnlanls 1le co111-
111erc<', llt'·¡>osilaircs lle 111arcl1a11discs.
l)a11s C<'ll<' ¡1r1'.111i<'•r1• acce¡>t.i,,11. IP 111<1!. 1h· ca11lil>IIIH'lll<'lll <'SI. s~·11r111y111<'
ll<' gag<'. L\<111s la laissons ,le c,',rt'• ptHII' !,, l11(1111c11I.
~
0
l)a11s 1111 scc<ind s1\11s, Jp sc11I atH[ll<'I 11,111s IHHIS allacl1011s ici, 11• ca11-
li1H111e1111·11l <'SI 1111 1·011/rul ¡u1r /1•1¡1t<·l 1111 li,·rs ,1¡1¡u~1,: cr111/io11 ¡1ro111cl 11 1111
,·r1:11111·icr ,/,• !1• Jllt)'t'/', si le 1/11/Jii<'tll' 1i'1•.,:111·11/c ¡111s .~1111 ol,li11uli1111. ),'arliclc :1<>1 1

i. i\os anci<•ns 1111t1•11rs trailaiPnl lo11¡.:111•111Pnl. t'Plt" 111alli•rf'. tln consultl'l'II pottt· IPs
pr{•cédPnls du Co,I,: ci,·11. l'ol11iPI', 1'r11iti di,.~ obli¡J"li1111s, ~- purllP, chnp. VI, 11"' :Hi,i <:t
suiv. 1'011r lo llrolt nrluel, Ba11,try-l.a,·.a11li111•riP 1:l \\"ahl, '/'rait,' de.~ r.011/r11ls 11/,·1t1oire.~,
1/14 111a11d11/, dtt c11utio11•1~111e11t, d" /11 tr1111x•1cli1111; li11illu11111·il, 1'r11i/1! 1(11 ra11tio11111•1111!11/ ;
llt,u,lnnt, ,',1ire/t!s 11ersu1111clitJ1 et rtJelle~.
,
SURETES PERSON'iELLES. CAUTIONNE~IENT

du Code civil, au titre du Cautionnement, décrit ainsi l'opératio11: « Celui


qui se rend caution d'une obligation, se soun1et en,,ers le créa11cier a satis-
faire a celte obligation, si le <lélJiteur n'y satisfait pas lui-meme. n
Une derniere explication reste a fournir, celle du 1not cautio,i réelle. On
appelle ainsi le tiers qui inter,·ie11t pour garantir la dette du débitet1r prin-
cipal, 110n pas en s'obligeant ¡Jersonnellement, mais en l1}'pothéc1uant a cet
effet, jusqu'a due concurrence, un in1n1euble lui appartenant.

Notions historiques. - Le cautionnen1ent, quijouait un g·ra11d role en


Droit ron1ain a une époc1ue ou les traditions de l'ancienne solidarité de la
famille et de la ge,is n'étaient pas completement perdues, se réalisait alors
par divers procédés : la spo1isio, lajidepromissio, puis la fldejussio, formes
d'engagen1ent par contrat verbal, et plus tard, le mandatum pecii,ii::e cre-
dendx et le pacte de co,istitut. A !'origine, la caution était tenue titre de a
clébiteur prin<2ipal et po11r la totalité; mai5, par la suite, clet1x bénéfices,
celui de division et celui de discussion, lui furent accordés.
Il convient encore ele rappeler que le Droit ·ro111ain avait, par le :5énatus-
consulte Velléien, frappé les fe111mes de !'incapacité d'intercéder pour au-
trui, c'est-a-dire de cautionner. Cette incapacité qui, dep11is Justi11ien, visait
surtout les cngagen1ents de la fen1me en faveur de son n1ari, a joué un grand
,role dans 11otre ancien Droit en pays de Droit écrit, et n1en1e er1 pays coutu-
miers, jusqu'a un édit de 1606 qui la supprima.
De nos jours, !'incapacité Velléienne, meme restreinte aux rapports de
· la fe111me et de son mari, a disparu. ·
Il en est de men1e d'une autre caractéristique clu cautionne111e11t en Droit
ron1ain, a savoir son ca,·aciere gratuit. Certes, ordinairen1ent, la caution
s'oblige ¡Jour rendre service au clé!Jiteur, et dans une pensée clési11téressée.
~lais il peut arriver que la caution exige une rémunération, soit du débiteur
(Recr., 2 111ai 1906, S. 1908. 1.286), soit du créancier lui-meme, ou qu'elle
soit déterminéc par la considération de son propre intéret. 1'el est évidem-
111ent le cas po11r les acl1ni11islraleurs cl'une société anony111e, intéressés a la
¡iros¡1érilé de celle-ci, lorsc111·i1s caulio1111ent personnelle111ent t1ne dette

,co11tractée 11ar la société (V. 13or<leaux, 3o 111ai l!Jº''• S. 1905.2.6!1).

Caractere accessoire du cautionnement. - 11 rés11lte de notre défini-


tio11 clt1 cautior111e111e11t <¡ue c'esl 1111 co11lrat accessoire, c'est-a-dire supposant
l'exisle11cc ll't111e olJligalicin pri11cipale. lll11siet1rs conséquences de ce carac-
lt\l'e acccssoirc 1r1éritent cl'etre sig11al<)es:
,
0
l'rc,riierc co11sé,¡11c11ce : ¡; c11r¡<1gc111c11t ,Je ici caution ne peiit cxcéder
<:e ,¡ui csl cltl JJCll' le 1lébilc1ir, 11i t!lre co11lracté a des condilions pl11s onéreuses
(art. :1<11:S, 1•r al.), -Le cautio1111e111e11t c1ui excede la detle,ot1 qui estcontracté
¡\ eles c<>IJ<lili<ir1s pl11s <lnt'•.rc11scs, 11'cst ¡ioir1t r111l: il est set1le111e11t réduclible
:\ la 111cs11rc <le l'ol,Jigation ¡irinci¡1ale (art. :Jo13, :i• al.). ]lar cxe1r1ple, si la
-c1111Liu11 s'ólail t>l>ligéc i't la ca¡1italisatio11 <les i11térets de la dette, alors que
le clébilct1r 11c <loit J)ayer ,¡ue les int{~rcls si111ples, cetle cla11se scrail non
avc1111c cc>111111e nxcé1la11L l'engage111er1l principal (Civ ., :i février., 886, D. ll.
86.1.:13:{, s. 87.1.r,. :iº arrct).
LIVI\E III. - TlTRE PREMIEI\

J<~n l'eva11cl1e, le caution11e111ent peul s'appliq11er it parlie seule111e11l de


l'obligatio11, 011 etre contracté a des co11ditit111s 111oi11s 011éreuses rart. 2013,
2• al.). 1\i11si, celui c1ui cautionne jusq11'a conc11rre11ce d'u11 cl1ill're déter-
111iné une ou,·erture de crí\dit, 11e peut elre te1111 a11 delit (CiY., 12 11ove111l)re
1 8!1º, D. P. 9 2. 1 • 1 9, S. 9 1 . 1 . 5 5).
:iº Deuxieme co11séque11ce : Le cautio1111e111e11/ 11e peLil e.1;ister que .~1ir 1111e
obligalio11 vctlable (art. :io1 :i, 1 .,. al.). - Si tlonc l 'olJ!igation ¡1ri11ci pal e cst e11-
tacl1éc d'1111e cause de 11ullité, la cautio11 po11rra se 11ré,aloir de ccltc 11ullité.
011 ne co111prendrait 1ias ºI?- e!Tet que la caulio11 f1it obligée, alors r1u'il 11'y
a pas ele débiteur principal. Cette regle s'applique 110n seulen1ent au cas de
1111llité alJsolue, 111ais a celui de nullité relative.
Cepe11dant, il ). a, au príncipe q11e nous Yenons d'éno11cer, 11nc exception
traclitio1111clle conccrnant l'obligation co11lractée JJar u11 i11capable, par
exemple, 11ar un n1ineur no11 l1a!Jilité conformé111ent a la loi. ~os anciens
a11te11rs décitlaie11t, et l'article 2012. :iº alinéa, <léela re i1 son tour q11e cctle
olJligatio11 ¡Jcut etre ca11lio11n,~e par un tiers. La ca11lior1 deme11rera done olJli-
gée, mc111e si l'incapable fait ann11ler s011 obligatio11. Cette solutior1 rc1iosc,
d'nprcs les 1'raYaux 11réparatoircs, sur 11ne ir1ter¡Jrétatio11 tic ,,olonlé. La
ca11tio11 est rép11tée s'etre engagée 011 connaissance de cause. et en v11e de
garantir le créa11cicr conlrc le risque tic l'ann11latio11. :\Iais 011 ne voit pas
bien po11rq11oi on 11'appliq11erail ¡las le n1en1c raisonnement a11x autres
ca11scs de 1111llitt'.· relativo.
(In a ¡1ol1rta11t essayé d'expliq11er cetle dill"Í\rcnce, en disant que l'a111111-
lation ele l'e11gager11e11l de l'incapalJlc laissc sulisister a sa cl1arge ur1e olJli-
gation 11at11rellc, laq1ielle s1zfjirl1it 1't sernir 1le so1ztien a1i caution11er11e11t.
Dans le cas tic nulli té pro11oncóe po11 r vice rl 11 co11se11te111e n t, a11 co11trai re,
]'eng-agcincnt a11n11lt'\ cst co111plete111cnl a111\a11ti; a11c1111c obligali<lil 11alurcllc
a
ne :-urvit la cl1argc d11 ti{·biteur. :\lais cctlc cxplicatio11 cst purcrr1c11t appa-
renlc. En clfet. co111111c11t la surYie d'11nc <JIJIÍg-ali1Jn 11at11rclle pourrait-clle
scr,·ir de s11p1Jort Yalalile a11 ca11tionnc1r1enl. ¡J11is<¡11'elle r1c per111Pl ¡ias h la
cn11tio11 de rPccn1rir co11trc l'i11ca1lalJ!c :l ()r, il Psl dr~ l'esscncc d11 ca11tio11-
nc111cnt c111c la ca11lio11 ait 1111 l'PC<lurs c<H1lre IP <li'·l1itc11r princi¡ial. l)arli-
clP ·>.01 :~ de111P11re <lo11c une a11orr1alic j11ri<li<¡11c111enl i11cx1ilical1l1\,
:1° 'J'roisi1i11ic co11s1'1¡1le11ce. - l,a ca11li<111 ¡1c11l 1,¡1¡ir,scr la co111¡ic11s11/io11 <l<'
ce• 1111c rlt>il le tlt'·l1itc11r pri11ci¡ial (arl. l:l!J/1':. l,a co111¡H'I1sali<111 ayanl i'·lei11t
¡>11rlc i,i 1¡1111 la <l<'lle ¡iri11ei¡1aln, su¡J¡iri 111e <111 1111'111P co1111 <lans la 1111\111<'
¡>roportion la cletle <lt· la ca11li<J11.
11• <J1zalrit\111e co11sé1¡11e11cc. - l•:11fi11 1H1 JJt•11I raltacl1er 1111 caracl,-,rc acccs-
sciirc tlt1 l',)liligalio11 c!P la ca11li11111111P ccrlai11<' i11t.Prdi'·¡H111r]ancP i'·lalilic enlr<'
cctlc cil>lig·atirl11 el la tlell<' 11rinci¡Jale ¡iar l'arliclr\ '.A'.A;111, a11x l<'r111es tl111¡11el
l'i11ler1·1t¡1/io11 1[1• 11/ ¡1rescri¡1lin11 a11 rrgarcl tl11 <léliilP11r a Pfl'l'l ¡\ l'1•11c1111lrp
cl11 la ca11li1111. ()11 re111ar1¡11cra ce¡JP11cla11t 1¡11e l'i11Yt\l'SC JII\ scrail ¡,as Yrai, el
c¡ur !'acle i11lrrr11¡ilif' <lirig<'.· c1111lrr la ca11li<111 11'a11rail ¡ias Pll'cl i'1 J'p11c1111lrr
(!u 1lt'·LitP11r pri11ci¡ial.

Caractere consensuel du cautionnement. Tempérament au prin-


. cipe. - 1,e ca11lio1111c111c11l csl ,111 cor1lral cn11sen1;1icl. I)onc, il 11'1,sl so11111is

SURETES PEIISO:-i'."ELLES. CAtTIO'.":-;E\IE:-iT

¡1 a11c1111e forn1e parliculicre; il se concl11t par le seul accord des volontés.


Cc1Jcnlla11t la loi exig·e lJUC I'i11tc11Lio11 lle ca11Lici11r1er soit expressé111e11t énon-
cée: << Le caution11e111c11t ne se prés111r1e poi11L; il doit etre ex pres n (art.2015).
<:elle e, igencc se co111pre1,cl aisé111e11t. Le ca11Lio11nen1e11t est un acle grave,
qui faiL co11rir 11n risque séric11x sa11s a~1c1111c co111pe11salion, puisq11'il cst
orrli11nirc111c11t gratuit. Qtti c1111lio1ine ¡1aie, dit 11n vie11x proverbc. 11 faut
clu11c c111c l'intcn tion <lu con lraclar1t soi t expri n1ée el· une fai;or1 no11 dou-
Lcu se, 11ar écril, 011 ¡1ar 1111c cléclaratior1 vcr)Jale. C11c 111a11ifcslalio11 lacilc de
vci!,)11lé ne suffirait ¡Jas, parce c1u'clle ne ~erait pas asscz claire, assez for-
1r1clle. Les jug·es 11c pourraie11t clone pas concl11re des circonstances de la
ca11se qu'11ne persor1ne a e11 l'intention de se porter caution, si cette inten-
tio11 n'avait ¡Jas été expressé111e11t énor1cée par elle (Civ., 10 111ai 1909, D. P.
1911.1./139, S. 191·i.1.169). De la regle qu'il éclicte. l'article 2015 tire cette
conséq11e11ce qu' 011 ne ¡1eul pas éte11(/re le ca11lio1111e111e11l a1i (/e/(l des limites
,/a11s lesr¡iiclles il et élé co11lraclé. En d'a11tres termes, le ca11tionnen1enl doit_
,\tre inter1Jrété restrictivement.
1·~11 revancl1e, lorsr¡ue la ca11tion s'est engag{~r sa11s auc1ine li111il1tlio11, elle
es! lc11uP co111111e le llébileLtr li1i-111c111e. Elle lloit do11c, 11011 seulc111enl ac-
<¡uitter l'obligalior1, mais cncore supporter ccrlai11es preslations accessoires,
c<>111n1e les i11térels no11 ¡Jayés. et << les frais de la prcn1icrc de111a11de n,
c'csl-Ú-llire ceux lle la poursuite dirigée par le créancier contre le débi-
l.cu r, ai nsi que « Lous ce11x 110s térie11 rs a la déno11ciation c111i en es~ faite
a la cautio11 n (art. 2016).

11. - Des obligations qui peuvent étre cautionnées.

l,c caulio11nc111c11t peul s'appliquer a toulcs les olJligaLions quel qu'cn


soit l'olJjeL; a11ssi ]Jien ú 11nc 1lelle fulure, par excn1plc /1 cellc qui résulte
1l'1111e 011verlure ele cr{'.llit 11011 c11c<>rc r{~ali~éc, c¡11'it une dcllc présente.
l1cul-011 ca11lici1111cr 1111e oliligalio11 11alurclle? )/ous a,·ons déja rópo11du
11(·g·alive111e11l ¡'¡ cclle qucslit>11 (V. s11¡>r1't, p. í:3). [,e ca11Lio11ncn1cnl su¡>pose
11écessairc111<'11t u11 ll<'-IJiLeur ¡>ri11ci¡>al c¡ue I<' cróa11cicr a le llroil de 1>011r-
s11ivr<', el C<>11lrc ler111cl la ca11lic1n pc>11rra cxcrrer 1111 rccours. Or, l'olJligation
11al11rl'llc 11'csl. pas susccplil,Ie 1l'cx{'.culio11 forct'·c. L"11 lel ca11lio1111c111cnt
111a111¡11crail. cl1i11c de cause, ¡J11is<¡11e Je cauti,i1111e111c11l a po11r liul de rc11<lre
scrvicc a11 ,lélJilc11r, el r¡u'ici il n'y a pasen ri'·alil{~ <le d{·liileur ¡iri11cipal.
1.a 111aj,)rilé 1lcs auleurs se ¡Jr1111011cc ccpe11da11L ¡>c>ur l'affirr11alivc, c11 se
f,111,ianl s11r l'arliclc 'lfll'>., ·i" alint'•a, ,¡11i cli'·ci,lc, 11c>11s le savo11s, t¡uc le
ca11l.itHJlll'll1enl lle l'<1l,ligalio11 11'1111 i11ca1ial1lc survil ;\ s,in a1111ulatio11 ~lais
11,111s 11<i11s s<i111111cs cl<'-j1'1 cx¡1li1¡11{is a11 sujcl ele ce lcxlc, le,¡nr,l s11p¡losc <lu
rcsl.c <[11<' I<! cautir,1111c111c11I a <'lo ' ' cl1Hruc' a' 1111 1110111c11l <Ju' l' o Ll'rga L'1011 <l e
l'i11ca¡ial,I<· 11'i'•laiL 1i:1s e11<:<>r<' an11uli'•P. <>r, il n'csl 1ias 1>cissil)!c ll'éLcnclrc la
s,,Iuti,111 illl\>l'lllalc ,le cel arlicl<' a11 cas 011 la <lclle ii ca11Lici1111er csl si111plc-
111cnl 11al11rc~II<·. '

LIVRE III, - TITRE PREMIER

Certificateur de caution. - L'engagement de la caulio11 peut elre lui-


n1eme garanti par un tiers, auquel on donne le non1 de cerlijicateur ele
caulion. Le créar1cier jouit dans ce cas d'une gara11tie a cleux degrés, puis-
e1u'il est assuré contre l'insolvabilité de la caution.

III. - Diversas especes de cautionnement. Conditions


auxquelles doit satisfaire toute caution.
Sources du cautionnement. - Le cautionnen1e11t a le plus sot1,·e11t
pour origine une convention librcmcnt conclue entre les parties; on di t
dans ce cas qu'il y a cautionnement volonlaire ou conve1ilio111iel. Il J a eles
cas cependánt oi'1 l'obligation de fournir une caution résulte: 1º soit el'u11e
prescriplion de la loi (caution légale); 2° soit d'une sente11ce du jt1ge (caii-
tion j11diciaire ).
1" l'aution légalc. - Les cas dans lesqucls la loi obligc u11 dé}Jiteur i1
elonncr caution sont assez nombret1x. 1\.insi, l'étranger, demandeur princi-
cipal Oll intervena11t clevant un trilJt1nal fran(ais, doit dor1ncr ur1e ca11lion,
elite caution judicc1lum solvi, pour le J)aiemenl eles frais el clon1n1ages-inté-
rcts auxe1urls il pot1rra 1~lrc co11dan111é (art. 16); l'usufruitier est tenu ele
donncr caution de jouir en }ion 11ere de fa111ille (art. 601) (''oir aussi les
arlicles 120,626, ííl, 8oí, íí3, 1613, 1653, 2185-5°).
2° Caulio1ij1l(iiciairc. - Le j11ge peut in1poser, cla11s certains cas, /1 l'une
eles partics l'obligation de dor111cr caulio11 ; ainsi, 11ar exe1n¡>le, c¡ua11d il
ordon11e i'cxéculion J>rovisoire d'unjugc1ncnl (art. 135 et !139, C. proc. civ.).
Nolons a11ssilot e¡u'á la difl'érence des de11x a11trcs, la ca11tion jutliciairc
ne jouit pas clt1 bt'·néficc ele cli!'.'ct1ssio11 (art. 204:1).

Conditions que <loit remplir la caution offerte par le débiteur. -


Le dl•lJilet1r obligt'· ele fo11r11ir 11nc ca11tion, en ,·crlu de la loi, d't1n j11gc-
ment ou d't1n co11lrat, eloit en ¡1rt'·scr1lrr u11c qt1i rt'·t111isse les lrois c¡ualités
suivantcs (art. ·1018):
1° Eire lio111iciliée (!c111s le rcssorl (le /(t cour 1l'rt¡1¡1el, el. cela afi11 ele l)Cl'-
n1ellre au créancirr c!P la s11rYcillcr <'l lle la ¡1011rs11ivre ¡1l11s aisé111c11t;
:1° Eire ca¡1ahle lle s'olilir¡cr valahlc111c11l ; car i1 c111oi serYirail l'c11gagc-
111cnt cl't111 i11capalJ!c ~
3° 11vuir 1111 liie11 s11Jjisa11l ¡1011r /'(:po11(/l'c de l'objcl 1/c l'ohlit1<1lio11. r:arli-
clc :1019 ajo11lc .'1 C<' ¡irclpos 1111c la so!Yal1ililt'~ ll'1111c ca11tio1111c s·esli1r1e e¡11'c11
1~gard a ses propriétt'•s fonci<'·res, cxcr11tt'~ c11 111atier<' <le co111111ercc, 011 lors-
qt1c la s<>n1n1c csl mo<li<JII<'. ()11 rctro11vc <la11s cel. arliclc la 1)rt'•tl1°!111i1111ncc
do11l jo11issait a11 clt'•lJ11l d11 x1x• sit'·clc la ¡lro¡irit'•lt'~ i1i1111c1l1ilit'·rc.
Si la ca11lil111 11r, rr111plit ¡ias ces Cl111tlili<111s, elle ¡1c11t i'Lrc rPfusi'ir, }Jar le
, .
crea11c1er.
l)c mc111c, lt1rs<¡11e la ca11lio11 clcvie11t insolvalilc, il ll11it c11 ('lrc <lo1111ó
1111c a11trc (art. '.lC>'.!O, 1•' ,:l.). ll 11'r11 scrait a11lrr111c11l 1¡11c si le crt'•a11cicr
nvait dt'•sig11é l11i-111<'111e lla11s la c<>11vc11lio11 la ¡1crs<11111e c¡11'il Yo11l11it J)011r
caulior1 (arl.. :io'.lo, :i• ni.). ])a11s ccllc <lcr11it'.·rc l1y¡><Jll1esc, il y a i11l1til11s ¡>er-

SVI\ETES PERSONNELLES. CAUTIOXXE:IIENT

so1zx de la part llt1 créancier. Des Iors, nulle autre caution r1e doit etre four-
11ie que celle l{UÍ est désignée au contrat. Dans les autres cas, au co11-
traire, ce qt1e le créancier demande, ce n'est Jlas telle ou telle cat1tion, c'est
une ca11tion c1uelcon¡1ue, pourvu qu'elle soit solvallle.

Suretés admises a la place d'une caution. - _\_ux terr11es de l'arti-


cle 2041, « celui qui r1e peut pas trou, er une caution (qt1'il est olJligé de
0

a a
fournir), est re.;u donncr sa Jllacc u11 gag·e ou 11anlisse111ent suffisant n.
L'i11Lerprétation de ce lcxte a llor111é lieu á de granfles controverses. l<'aut-il
l'interpréter restrictive111ent, et, des lors, repousser les si'1retés autres qu'un
gage, telles, par exe111ple, qu'une hypotlieqtie 011 une c11zlicl1rese c1ue le délJi-
teur offrirai t de fournir? La j11rispr11dence a fini par se fixer dans le sens le
plus lilJéral. Elle adn1et nota111n1ent l'équivalence d'une garar1tie hypotl1é-
caire (Civ., 7 aof1t 1882, D. P. 83. 1 .220, S. 82. 1 .!i57; Civ., 3 février 1897,
D. P. 97.1.601, S. 97.1.137). Et en effet, l'l1ypotl1eque ou 1·anticl1rese peu-
,·ent etre considérées lato sensu corr1n1e co111¡Jriscs llans l'cx1Jressior1 de gage.
Cependar1t il y a ici deux restrictio11s it re111a1:quer;
1" En dé¡Ji t lle la générali té des ter111es del 'article 2041, 011 décide coura111-
111en t que les facilités qu'il accorde au dé)Jite11r tenu de fournir une caution
n'existent qu'en cas de caution légale oujLt(liciaire et 11011 e11 cas de caution
co11ve11tio11nelle. En effet il ne saurait lléper1dre du législate11r de r11odifier
l'efl'et ll'une con,e11tion libre111er1t arrclée. D11 1110111ent que les parties sont
con,enues qu'il y aurait caution four11ie, ¡1eu in1porte qu'un gage 011 une

l1ypotl1eque soie11t aussi ou n1cn1e plus avantageux pour le créancier. Le
dé!Jitet1r r1e s'exéculera c¡u'e11 fo11r11issanl 1111e caution.

:i 0 11 ). a 111e111e u11 cas de catrlion lég·ale oi'1 l'inlcrprétation large don11ée a
l'arlicle 20!1 , ne sat1rait s'applil¡t1er. <.:·csl lorsc¡u'il s'agil lle la caulion exigée
clu sure11cl1érisseu1·. En ell"et, l 'article 832 clu Colle de procéllure ( 111odifié
par la loi du 2 j11ir1 1841) qt1i exige de luí 11ne caulior1, et ajoute qu'il lui est
a
perrr1is ele su]Jstiluer u11 gage celle caulion. porte forr11clle111e11t que le
gage lloi t co11sisler en c1rgc11t 011 e11 re,iles sur l' J~'lat. l)es lors, le st1re11cl1é-
a
risse11r lle serait 11as ad111is four11ir ¡¡ la place 11ne l1_y¡1oll1eque, 11i n1er11e un
gage consistant e11 bo11s (!ti 1'rl1sor, n1algró l'analc)gie l{tt'il y a e11lre cetlc
sorlc lle valeurs et les r<\nles sur l'l~lat (I3orelcat1x, :13 n<)Ye111bre 1888, D. Jl.
90.:1. 1/1!)).

l. - Eft'ets du cautionnement entre le créancier et la caution.


Idées générales. Comparaison avec la solidarité. - I,a co11llilion de
la ca11tio11 rcsscr11lile ;\ cPllr. cl'1111 c,,elíil>ileur sc>li<laire. ]~11 ell'cl, la caulio11
s ' ou
'-1·1ge a' ¡1aycr l¡111te la <1,, ti e, <)t pet1I. 011 co11seq11ence
' '
elre · · pot1r
pours111v1e
In llllalití:. Elle s11l>il << le ¡iéril lle J'avar1ce n, car lorsq11'elle paye, sor1 re-
C<>urs contre le ,lólJile11r princi¡ial ris<¡un ele resler illusoire e11 cas cl'ir1sol-
v11Lilitó ele c<'lui-ci.
LIVRE III. - TITRE PREl\lIER

De plus, s'il y a plt1sieurs cautior1s d't1ne r11cn1e o!Jligation, chacune rl'ellcs


s'e11gage pour le tout e11vers le créancier, et 110n seuleme11t pour une 1)art
cli,ise.
E11fi11, la cautio11 1)eut opposcr au créancier toutes les exccptions qui
appartienr1e11t at1 elétiitcur principal et c¡ui s011t i11l1ére11tcs a la clettc
,art. :io3j, 1•·•· al.,1. 1\t1 co11lraire, elle 11c pcut op1Joser celles qui so11t llure-
111e11t pcrson11ellcs au dé!Jiteur, 11ota111111e11t cclles r¡11i ticr111e11t a l'inca¡)acité
lle celt1i-ci (art. 203j, 2° al.). c·cst cncorc 1111 trail c¡ui la rapprocl1c clu co-
tlébitcur solidairc (cor11p. art. 1208).
~Iais la cautio11 differe du codébiteur soliclaire, e11 ce qt1'ellejouit, a I'égard
clu créa11cier, de det1x bénéficcs q11i lui sont propres : le bé,iéjice ele cliscus-
sio,i, 011 droit d'obliger le créa11cier it saisir et ven<lre les l)iens du cléliiteur,
avant de la pourst1ivre clle-1ner11e, el le bé,iéjice ele divisio,i. Ce der11icr sup-
posc qu'il )' a plusiet1rs ca11tio11s. Cl1acune d'clles, nous le sa,·ons, es! ol)li-
géc 11ot1r le to11t, 111ais clic J)eul-exigcr r¡ue le c!'éa11cier divise s011 actio11, et
la récluise ¡1 la parl el porlio11 ele cl1ae¡ue ca11tion.
Les elcux avar1tages que 11011s vcnor1s cl'i11diquer ont été inslit11és par le
Droit ro111air1 classique. :'íi l'u11 ni 1·a11tre 11'existait clar1s le Droit 1Jri111itif.
Les cautions t'~taient alors assin1ilées, clans let1rs rapports avec le créa11cier,
a eles codébitcurs soliclaires. Le créa11cier poi1vait pourst1ivre une q11elco11-
quc d'enlre elles JJ011r le lout, sa11s elre obligé de s'adresser d'ahortl au dé-
bitet1r principal . .\lais ces regles rigoureuses f11re11t ensuite tc111¡1érées,
el'aborcl ¡iar l'introduclion tlu bé11{•fice ele di, isio11, puis par le bénéfice de
cliscussion opposablc par voic d'cxception a l'actio11 du créa11cier (V. Girard,
lla1111el, 5° t'·cli t., J). íjj i1 í61 ).
Le (~ocle civil a consacré :'t son lo11r ces deux bé11éficcs. }:t il est it rc111ar-
<111cr e¡11'il a, clans le11r fc1nclion11e111c11t, contint1é a s'i11s11ircr, elans t1ne·
large 1nrst1re, des traditio11s for111alislf's du l)roil ro111ai11. 11 sernit e11 cll'et
1)lt1s 11alurel el JJlt1s si111plc c¡11c la loi op{r:i.l de plei11 droil la tlivisio11 ele la
clcttc ncccssoirc e11lrc les co-cautions, et c¡11'ellc décicl:1t 11 ¡irinri que le
rccc)11rs cl11 cr<'·ancier ne dciit s'cxnrccr que s11bsicli11irc111e11l co11lrc la ca11lio11,
¡Jl11t,\l <¡ne <le fair<'. con1r11c clic 1<· fail, <l<'·penclre ces solulions t'!q11iLaliles
<l'1111c excc¡ili<111 opp<>st':c ¡>ar la cauti<JII :\ la po11rs11ilc tlu crrancier.

Retour de la pratique a l'engagement solidairo des cautions. -


l,es clcux )¡{•nóficf's <l<' <lis<'11ssio11 ()1 <I<• <li\'isi<>ll <li111i1111<•11L, cela se conc.~oil
.,
a1sente11t, I ' ., <JU<! I e caut1onnc111cnl
a s<•c11r1t1• . ' .
¡1roc11r<' a11 crPa11c1cr. \ .
1 11ss1, c11

¡1rali<111c, C<'lui-ci clu•rclu·-1-il /1 l<•s <'•carler ¡io11r a11g111f'11l<'r sa gal'anlie. A


cel <"fl'el, il ne S<' cci11lr11te 11as <le l'<'ngagemer1t or<linairc tic la cauli<Jll, 11111is
il cxig<' <¡11'<'ll<"· s·<1l1ligr. so{ir/11ir1•111<'11l rtl'<'I' /¡• 1/,:{¡ifc11r. l,a ca11Li<i11 S<' lr<>llY<'
aii1si lra11sf'<1r11u'·<·, <'11 C<' q11i I<' con<·crn<', <'111111 v,'•rital1IP r111t,:1i;1,•11r snlitl11ir<',
car elle 11c 1><·111 ¡>l11s lui t)J1¡H1sf'r 11i 1'1111<' ni l'a11lre tl<'s tlc11x cxc<1¡1li<>ns
¡1r<'·c<'·<l<'IIIPS (arl. 'l()'.l l, :1• ¡il1ras<1 PI arl. '.IO'lH, 1oral.). 11 y a l/1 llll J>l1<'•n<>((l(\(1p
clc cir<·11il rP111arq11al>I<'. l,a ¡irali<(ll<) 1n<1rlc•r11<' a Pll s<>111111r r<1ss11scilt'• S<>lls
'.
IIOS )'<'11\ 1f'S Clll'HClt•l'<'S l'Ig<llll'<'ll\ <1
11 ll'l'S'IIIICl<\11
. <'illlllt>IIIIPlll('ll
' t '
· l'<llllalll.
c:·csl 1111 fail <¡u'il ne fa11t 11as ¡i<'r<lrc <le \'lit! <¡11111111 <lll í~t111li<• nlilre 111ali<'-re .
t '

SUHETÉS PERSO~NELLES. CAl:TIOXXE,IE'\T í31


Ccci clit, nous allo11s, po11r cntrer dans tes clétails, elistingucr selon qu'il
y

a caulio1111e111e11t no11 solidairc 011 ca11Lionnc111enl s::ilielairc .

1ºOautionnement non solidaire. - Les cau Lio11s (JU i 11c sor1t pas en-
gagées solidaire111ent, ce qui est le cas (les caulio11s lt'gales el a11ssi, en
1)ri11ci1)e, 111ais raren1e11l e11 fai l, eles cat1Lions co11vc11Lio1111clles, jouisscnt
des elc11x !)énéficcs s11sé11011c{~s, c1u'il in1porte el'<'ludier successive111e11t.
Qua11L ;\ la cautio11 jucliciaire, elle 11e profile, ai11si c111e no11s le Yerro11s, que
du seco11d.

_;\_ Bénéfice <le discussion. - :\. l'écl1éancc ele la clettc, le créa11cier


11'est pas ol)ligé de poursui,-re cl'abord le dé))iteur 1)rir1cipal (Civ., 31 j11illet
1900, D. J). 1901.1.2í5, S. 190:>..1.119); il 11'est n1e111e pas obligó de le
n1etLre er1 elen1eurc. 11 a le droit ele s'aelresscr elireclen1e11L ;\ la ca11lion.
l\lais la loi permet tt celle-ci el'arreler le ¡1011rs11iva11t en lui opposa11t le
bé11éfice ele discussion, et ¡)ar lit, de le co11lrai11dre it saisir d'aborcl le délJi-
leur. C'est ce c¡11e dit le clél)ut ele l'article :io:i 1 : <( la ca11lio11 11'esl ol1ligée
envers le cróancier it le payer q11'i1 eléfa11t el11 dél1iteur, c1ui doit eLre préala-
l)le111e11t disc11té da11s ses J1ie11s ».
Le Coclc s11l1ordon11e le IJé11{·fice ele discussion /1 trois condiLions :
cz) JI faut q11e la ca11lio11 le rec¡11iere siir les prcniieres po11rsuiles clirigée.~
co,itre elle (arl. :10:i:i). F.11 ell'cl, la ca11tion qui laisse conlinucr les pour-
suites sa11s op¡)<J"Ser ce IJénéfice, est 1)résu111ée y a,·oir rcr1011cé, co111n1e 11c
¡Jrése11lant ¡1as cl'ir1térel.
b) JI fa11l (¡11'elle in.cliq11e aii créa,icier les bic,is 1!11 clébile11r JJrincipal i1 •dis-
ct1lcr (arl. :io2:I, 1•·•· al.). ll esl 11rol)alJlc, er1 cll'et, fltIP le cr<'·ancicr 11e co11nail
¡)as ele l1ie11s i1 saisir; sir1on il 11'auraiL ¡Jas agi flireclc111cr1l co11tre la cau-
tion ..Ou reste, l'article :io:13, 2• ali11éa, ajoute e1ue la ca11Lio11 11c d11it ir1di-
q11er ni (les lJic11s clu d{~IJitcur pri11cipal siL11és l1ors de l'arronclissc111cnl de
la Cour cl'a11¡1el llt1 lieu 01'1 Je paie111enl dciil etre fait, ni lles liiens liligicux:
les (liffic11llés t!(1 la J)(Jt1rs11ile 1lcJivcnl e11 pareil cas eLrc lai:o.s<'·es a la cl1argc
ele la ca11lio11, p11i:,;1111'ellc s'csl engag-ée .\ ¡)ayer le cr1'ancier. })our la 111e1nc
rais1i11, Pile 11c 11(i11rrail pas 11011 ¡ilt1s in1liqt1er <lPs l1ir11s l1~-11otl1{)c¡11<'•s it la
<lclLc e111i IHJ St)rtl ¡ilus 1·11 la ¡1osscssÍ(J11 1111 1l{\]1ilet1r. I•:11 eíl'cl, le licrs 1l<':lc11-
Lc11r a le 1lr<>il de ¡1rocé(lcr ;\ la 1i11rgc, ¡1r11c<'·1l11re q11i (J]Jlige le crí:a11cicr a
accr1iLPr so11 cilfrc ou .\ f'airP s11rP11clH':re. L'exéc11tio11 el la réalisalio11 de ces
])ic11s ris(JU('rai<'nl. 1lo11c 1le se l1e11rlcr ;\ u11 <JIJslaclc 1)<'•re111¡1l(lÍl'e.
1·í E11fi11, il faul r¡11c la ca11tio11 c11,,1,1ce les 1/er1iers suffls1111.ls pottr la 1lis-
,·11ssio11 (arl. '.l<i:1:I. , 0 •• al.), S1>l11lio11 <'·q11ilal1le, ¡i11is(¡t1c ces f'rais pP11,e11L
1\tr1· i1111lilcs, et tl1>ÍY1~11t c11 cecas rel<111ilH'I' i1 la cltargc (le la cat1lio11.
0
(Juanl ¡'¡ l'ell'el 1lt1 ])1'111<':fic'.C ele <lisct1ssi1>11, c c!sl <¡11c Je cr1'a11cicr esl ol1lig{
1lc ,/isc:11/er, c'csl-1\-1lirc1 11P saisir l11s l1i1)I1S i1Hli1¡u<'·s. S'il 11{·glign ele le
f'air<', PI si, fa11lt• 1l1\ [HH1rs11il<'s, le <l<'•l,il1it1r dPviP11l insolvalile, Je cr<'ia11cier
rsl rPs¡u1nsal>lf' <le cellP i11s1>lval1ilil<'\ 1'1 J'{\gar(l ele la cat1lin11, j11s1¡11'1't C<J11-
C\1rrc11cc lll'.S i>i<'rls i11cliq11t'•s (arl, :J.<>:1!1).
Si la <lisc11ssic111 rl1\s liicns a pr1,c11r{· au cri':a11cirr 1111 pair111cnl part.iel, la
ca11tio11 esl lilH'•ri'-c· j11s1¡11'1\ co11c11rr1111ce elP ce paien1c:11l.

LIVRE 11I. - TITRE PRE~IIER

Rappelons ici qt1e la cauliori iulliciairc ne pcut poi11t de111a11dcr la discus-


sion du débiteur principal (art. 20!1?.). De n1e111e, le certijicaleur, c'est-a-
dirc celui qui a cautionné la cat1tion judiciairc, ne 1Jcut cle111andcr la discus-
sion du débileur principal ni de la caution (art. 2043). Ces det1x clispositions
s'expliquer1t par le respect du aux juge111ents dont l'ex(c11tion ne doit etre
retr,rdóe par auct111 111oye11 dilatoirc.

B. Bénéfice de division. - « Lorsque plusieurs pcrsor111es se sont rcn-


clues cautions ct·un 111emc ,débiteur, elles sont obligées cl1acune toute la a
clette n (art. 2025). Néann1oins, si le créancíer poursuit l't1ne d'elles, elle
pcut exiger que le créancier divise préalal}len1ent son actior1, et la réduise
a la part et porlion ele cl1aqt1e ca11tion (art. 2026).
11 y a dcux raisons pour cxplie¡ucr cetle faveur. La ¡Jren1iere, qui ne
s'appliquc qu'aux cautions conver1tionnelles, c'cst l'i11terprc'•tation ele la
volonlé présun1ée des caulions. En s'obligeant plusict1rs cnsc111lJlc fJOUr
garantir la 111en1c detlc, les cautions ont con11Jté les 1111cs sur les at1lres.
Chacunc d'clles c11tcnclait que l'inlerve11Lion eles autrcs récluirait it une
fraclion ele la de lle sa rcsponsalJili té évenluelle. E11 sccond lic11 - et celtc
a
seconcle raison s'ap11lique toutes les varic'·tés du cat1tionnen1ent - il 11c
faut ¡}as 011blicr que la di,ision de la detlc cor1slil11c le droit comrr1un des
obligations plt1rales. Lorsqu'il y a plusicurs délJitcurs, et que rien ele con-
trairc n'a été dit dans l'cngngen1c11t co11111111n, la clcttc se eli,ise ele plein
droit en autant ele portions qt1'il ). a ele délJitcurs (art. 1220).
Cepcndanl, il 11c fa11t pas que la s11.rcté d11 créa11cicr se trou,c rli1ni1111ée
par le l1é11c'·ficc tic elivisio11. ,\11~si, la divisio11 r1c s'opércra e¡u'cnlre des
cat1lions sol,·al}les. Si elo11c, au jour tic la 11oursuile, il y e11 a t111c d'insol-
vablc, 011 diviscra la totalilé ele la rlclle c11lre les aulrcs, sans tcT1ir cor11ptc
tle celle <1ui cst i11solYa!Jlc (arl. :>.02G, :i• al.).
La ca11tio11 qui i11voq11e le bé11éficc ele divisio11 n'cst conclan1néc q11c po11r
sa part, fix.ée co111111c 11ous ,·c11011s ele le dirc. Si, posl{·ricurc111er1I, l'1111c des
ca11Li<)11s ,levicnt insolvablc, ccllc i11solval>ilité reste :'1 la cl1argc d11 créa11cier,
car clic csl i1111lulalJlc :'t sa 11t'·gligc11cc (art. :102G, ·>," al.). 11 n'c11 aurail (Jas
souíl'ert s'il avail 1Jours11ivi i 111111t':elialc1r1ent la ca11Lior1 clcve1111c deJlt1is
i11sol,alJlc.
,\ la el i 11'1':rcncc el 11 lJé11óficc ele el isc11ssií>11, le !}rnt':ficc ele 1-J i,isillII pc11 l
i'tre i11vo<111ó e11. /011! ¡l/11l 1/c ca11sc el non sc11le1ncnl iri li1ni11c lili.~. l•:11 cfl'ct,
ce 11'cst pas 1111c excr1lLÍ011 <¡ui ail 1>011r l}11l tl'arrelcr la ll!>11rs11ile; clic lc1i,l
sculc111cnl u li111ilcr la con<la11111alio11.

:iº Oautionnement solidaire 1


• No11s savo11s ,¡11c, 1la11s la 1>ratir¡11c,
-

le cr{·a11cicr, au,¡uPI le tlt'·hitc11r t>fl're 1111n caulion, elc111a1uln le ¡1l11s sr.111vc11l :'t
cellc ci 1lc s'cn~agPr solitlairP111c11t. l•:11 111nli1'.rc ti!\ ,l,:llcs co11slntéPs ¡>ar
cffels <le ¡•0111n1erc¡i, la S!>li!laritt': 1le la ca11lit111, 0111lo1111c11r 1l'a1J<tl, csl 111t'111e
1, Cons. l\larct'I Fournicr, !Ju ca11tion11en1e11t solidaire, l\evuc critique de législnlion et de
jurisprutlcnce, 1887 ; Turtnrl, !Ju ,·a11tio11ne,11ent solidaire, Annnles .Ju l'enscignt•n11•11l s11p(\-
rieur de Grcnohlc, l. 2 (t890) p. 41!3; 1'hnller, lle1>11e critique ,Je l11gi1l. et ;urispr., 1883, p. 361.
établie de plei11 elroit par l'article ·1!12 d11 Cocle de con1n1erce. Nous a,·ons
a
déja dit que celle solielarilé a pour efl'et d'enlever la caution le droit de se
prévaloir du l)é11éfice de discussion et du bénéfice de division. l\Iais la cau-
tion solidaire doit-elle etre, da11s ses rapports avec le créa11cier, con1ple-
ten1ent assin1ilée it un codébiteur solidaire ordi11aire; et des lors, faut-il lui
appliquer les regles des articles , 200 et suivants, h l'exclusion ele celles du
titre du Cautionnement ~ 011 · bie11, a11 contraire, la ca11tio11 solidaire J)eut-
elle encore, a d'autres ¡)oir1ts de vue, se prévaloir envers le créancier de sa
e1ualité de fidéjusseur ~
La q11estion présente plusieurs intérets. Voici nc)tan1n1ent deux points sur
lesquels les regles de la solidarité et du cautionnement diIT<'irent.
A. - D'apres l'article 2027, lorsque le créancier a divisé lui-n1en1e et vo-
lontaire1nent son 3ction e11tre les cautio11s, il ne peut revenir sur cette divi-
sion, q11oiqu'il y cut, n1cn1e a11térieure111ent au te111ps oi'1 il l'a consentie,
des cautions insolvables. C'est do11c lui_ qui supporte celte insolva!)ilité. :\u
conlraire, l'article 1215 dor1ne u11e sol11tion opposée po11r le cas ou le créan-
cier a renoncé a l'actior1 solidaire e11vers 1'1111 des codé!Jiteurs solidaires. et
il décide que, si l'un ou plusie11rs des aulres cod<'.·bite11rs deviennent insol-
vables, la portio11 des insalvables sera répartie entre tous les débiteurs,
111cr11e entre ce11x 1Jrécéde111n1e11t décl1argés de la solielarité ¡>ar le créancier.
Quel esl de ces deux texles celui qu'il fa11 t appliq11er :\ la cautio11 solidaire )·
D'apreslajurispr11clence (lleq., 7 j11in 188'.'-, D.P. 82.1.!1!11, S.82.1.321), c'est
a
l'article 1215 relatif la solidarité. En eITet, clisent les arrcls, l'article 2021
infi,ie déclare q11e l'efl'et ele l'engage111e11t de la ca11tio11 solidaire <e se 1·egle
par les /Jl'i1ici¡Jes établis JJOlll' les cletles solirlaires n. Solutio11 rigoureuse
1Jo11r la cautio11, 111ais c111i parail IJie11 cor1forr11e lt l'inte11tio11 des parlies. Le
créa11cier qui a i111posi'~ aux ca11lio11s 1111 e11gagen1e11t soliclaire, el n1anifestó
llas llt son inte11lio11 cl'exiger le 111axi11111111 eles garanlies l)ossi!Jles, ne doit
¡)as clre prés11111é avoir re11011cé a11 clroit de les 1)011rsuivre ¡>our le tout, ¡Jar
Je se11l fait qu'il a co11se11ti i1 cliviscr sa pot1rs11itc·.
13. - L'arliclc ·icJJ7, 1101,s le verro11s )Jicntt,t, d1:cl1argc la ca11lio11 Je s011
c>l)!igation, lors<¡ue la s11IJr1ig·ati<)r1 aux clroits el gara11Lies ll11 créa11cicr 11e
¡1e11l ¡1lus s'<>pércr en sa favc11r 11ar le faiL clu cr1·a11cier. Cctlc llisposition,
spi':ciale111e11l écliclc':c a11 1>rc1l1l rle la cat1lic>11, 11e sa11raiL i\lre élc11due au co-
clc'·l>ile11r soliclairP, Ji'·liilc11r 1irinci¡>al, Lc1111 clans l<ius les cas cl'ac<¡11itter. la
clct.lc q11i J>c':se sur l11i cci111111e s11r ses c<HJ)ilig{·s. l•a11L-il 1l1111c J>cr111eltre i1
la ca11lio11 soliclairc ele l'i11,or¡ucr, 011 l11i c11 rel'usr•r le l>c'-11(:0cc :1 lci, la j11ris-
1>ru<lc11cc el. la cl<Jctrin<' scJrtl cl'acccircl. l~'1111c <'l l'aulrc ad111eltc:11t c¡ue
l'articlc ~0:)7 cloit s'a11¡1li1¡11<:r :'1 la caulicJtl solillair<', JH1rcc r¡uc le ca11tion-
11c1111•11l, <¡uelles c¡uc sc>Í<'nL ses 1r1rJ<lalitc:s, i111¡1ose a11 crr':a11cier l'oliligation
clc: cr>IISPrvcr ses gara11l.ies :'1 la C'aulic111 (ll:111, ·i1 janvicr 188 11, l). ]>. 8:>.:i.
77, S. 81i.'.l.\)O; '.l'rili. ci,. l3t'·ziPrs, !J avril 18!)'1, SlJUS Cass., 1). l>. I!Jo 11.,.
1,:)(), s. 1 \)()'!, 1.8ti).
1\insi la soliclaritc'• 11'ri11lc'!vc: 1>as :'1 la ca11lir111 sa c¡11alilc'· di' c<>clc':liilc11r ac-
cess<1ire, clans la 1111~s11rc 01'1 ccllc-ci cst. cc11111Jal.ililc\ avc•c l'<'r1.~agc111c11t soli-
1lui1·c c<.111lraclt'· 1111r elle. N1Jus 1lcvrc)11s cl<':cillcr 1)ar c1J11séc1ue11l c¡uc la
LIVI\E ·111. - TITRE PREMIER

ca11tio11 solidai re po11rra i nvoquer la co1n ¡)ensa tic>n ac<111ise au dé!Ji leur
pri11cipal, faculté q11c n'aurail llas 11n codélJitenr soliclaire (Cf. art. 1·J9!1,
al. 1 et ·1036J; et q11e les acles interruptifs ele prescriptio11 dirigés co11trc elle
n'auraie11l ¡Jas d'ell"ct a l'c>ncontre du d1;J>ilc11r pri11cipal.

II. - Effets du cautionnement entre le débiteur et la caution.


Les arlicles 2028 ii 20:\·1 disling11c11t cle11x l1ypotl1eses :
1º La ca11lio11 a ¡Jayé la dellc :
:iº Elle n'a pas encore payé;

1° Premiare hypothese: La caution a payé la dette. - Lorsq11'il en


~st ainsi, la caulion possecle un rccours conlre le débiteur principal ¡Jour
se faire re111IJourscr ¡Jar l11i (art. 20:18, 1•' al.:1.
Elle doit étrc. ¡)ar l"efl'cl de ce rccfJurs, co1111Jleten1c11l i11dc11111isée ele
toutes les conséque11ccs do111111ageablcs que le J)aien1enl a c11lrainées pour
elle. I~lle peut dor1c se fairc rc111bourscr:
:\.. - J,e JJl'i1icipal de la delle, c'cst-a-dire lo11l ce qu'elle a payé pour le
(:On1ptc du débilcur, capital, i,ité,-Jts et j,·ais clus par cel11i-ci au créa11cier;
ll. - Les i,ilél'l1ls lle l'e JJl'i11ci¡Jr1l, 11 cor1111ter llu jour du 1iaicn1e11 t
(art. :io28, 2e al.). 1\i11si, les ir1térets de ses déboursés co11l'e11l lle ¡ilei,i llroil
11 so11 profil. Elle csl, a ce 11oi11l ele v11c, trailéc co111111e ur1 ma11datairc.
C. - Les j,·ais. Ces 111ots de l'article 2028 visc11t les frais de la pours11ite
• dirigée co11trc clic. Cc11c11da11t. co111111c ces frais pourraic11t ctrc ir111Lilcs, la
loi exige c111c la ca11lior1 clt'·11oncc ccltc 11011rs11ilc a11 dt•l)ilc11r, afi11 <~uc cPlui-
ci puissc l'arr,~lcr c11 1Jaya11l. . \11ssi, la ca11li1111 11'a-l-cllc tic rec(iurs c¡11c
pour les frais ¡iar clic fails cle¡1ttis /(1 cl(;1io1icif1lio1i (arl. :10:18, 3' al.).
D. - ]~lle peut c11fir1 clc111a111lcr eles clo11i1nl1ges-i11/érel.~, s'il y a licu
(arl. 20:18-3°). En clfet la caulio11, privée tle l'arge11l 1¡11'ellc a dt'1 vcrscr a11
crí·a11cicr, ¡ic11l a,tJi r s11bi tic ce cl1cf un ¡>réjudicP: par exc1111Jlc, clic 11 ·a
pus pu paycr cllc-111l\n1c une 1leltc ¡1crso11r1cllc el a í·tí~ cc)11tla111nt'•c en Cl111-
s1~quc11cc it 1les 1lo111n1ages-i11LÍ!r1'Ls; <Jll c11corc, ses lJicns 011l t'~tó saisis ¡1ar
ses créancicrs; <J11 c11li11, elle a ¡'~tt'i 111isc e11 faillile. l)c ces llivers prt'.-j11di-
cc~. IP 1lélJileur lJrinci¡ial 1luil J'i11cln111niser.
llo11r rcc1H1vrcr ces tlivcrses scl111111es, la ca11lit>11 a clcux aclÍ(>Jts:
.\'. - U11c 11cliu11 ¡1ers1;1111l'lle. 1léri,a11l <l11 111a11<.Ú1l, c¡11a11ll elle s'csl olilig·¡'•t~
;1 la cl111111111llc clu tlt'•]¡jfp11r, tic /11 11eslio1i c/'11ffl1ires, 1¡11a11d elle u agi s11011la-
11t':111c11l.
ll'. - ¡;:tic esl subro1¡,:c, t'II V«\r[u de l'arliclt! 1:.i:11-:~ d1111l l'arlicle :.ic>:l\ ►
0

l11i ap1ili1¡11P cx¡Jrcsst'·111e11l la 1Jis¡uisili<lll, ,, lu11s les 1/1·oits ,tu Cl'<1<t1tci,·r.


l~llc (l<\111 ll1111c ex.ercer les ¡irivilt'•gtis. l1)·¡H>l.lu'.<¡11cs Pl aulrPs gara11Lies. al-
lacl1és á l.1 crí·a11t't' ¡¡ar tdle ac1¡ 11 i ttt'·1\.

Recours de la caution contre le tiers <létenteur d'un immeuble


hypothéqué. -- <,.>uand la crt'•a11cn «•sl garant.i1·.1:111111l.r1• 1111 ca11l.i111111t'n11~111.,
¡iar un<· liy¡HJLl1t'~11uc, el «¡uc l'i1111111•11l1lc grcvt'~ st~ lr1111vc 1~11lrt! lt•s 111ai11s 1!'1111
-35
1

tiers déte11tcur, la st1Lrog·ation 1)er111ct-cllc h la ca11Lio11 ll'cxercer l'actio11


l1ypotl1écaire el lle rejelcr sur ce Licrs le fardea11 lle la <leltc, ou, ¡Jo11r 111ieux
<lirc, le /Jl:,.¡[ rle l'a¡,a11ce it recouvrcr cr1st1ilc cl11 déLite11r ¡Jri11cipal? La dif-
ficulté lic11l it ce c1ue le ticrs lléte11lcur cst, lui aussi, sul1rogé da11s les droils
<l11 cr1'.ancicr. 11 se111IJlc <lente r¡uc, s'il a,ail été IJ011rs11i,i le ¡Jre111ier, il
a11rait 1)11 se rctourrtcr cortlrc la caulio11. Ccrtai11s esti111e11t 111er11c <¡11e cclle-
ci est 1Jl11s étroitc111c11t Lcr111e <le la <letle <¡ue le ticrs déte11te11r, p11isqu'clle
s'cst JJerso1111elle111e11L ol1ligéc. :\'1'a11111oir1s, il r1e faul 11as l1ésiler it do11ner
la préférencc it la ca11Lio11, car elle a certai11e111ent con1pté sur l'l1ypotl1eque
pour garantir son recours, et l'alié11ation de l'in1111eulJle par le d{·bite11r 11e
saurait la ¡JriYer de celle garanlie. Le tiers acc1uéreur, au contraire, snvail
J1ien qu'il courait le risque d'<\lre JJOursuivi, et il a,•ail, <lu reste. 1111 n1oye11
de se liLérer de l'olJligatio11: c'était de procéder it la ¡11trge de l'l1y¡Jotl1e<¡uc
( art. '.>. 181 el s.); il a e11 tort de ne pas l'em¡>loycr.
,

Effets de la subrogation aucas ou les débiteurs principaux sont


tenus solidairement. - Lorsc¡ue l'oLligati,111 princi¡Jale líe solidaire111e11t
plusicurs débite11rs, da11s qucllc n1es11re la cautio11 c¡ui a payé lleut-elle re-
courir contre eux? I>our réponclre acette qucstion, il i1nporte de disti11guer
deux l1y¡10Ll1<~ses :
a) Pl'c111iere liypotl1ese : Lr1 caulio,i s'esl e11r¡agée pour taus les codébiteurs
solidaires. - Elle a, cla11s cecas, c11 , crl11 ele la suLrogation, le droit ele re-
0

courir contre cl1acur1 des codélJiLeurs,pour la répétition du total de ce q11'clle


a paJé (arl. 2030 ). · •
l1) Deuxie,ne l1y¡1olhesc: J?lle 11'a caiitio111ié r¡uc l'u,i rles codébiteitrs soli-
,tail'cs. - l>cul-elle c11core, po11r sor1 recours cor1lre les aulres codélJilcurs,
se prévaloir de la suLrogalion légalc dans les droits lilI créar1cier ~ oici la ,r
raison de <lo11ler. Si le codéLilcur ca11tior111é aYait payé lui-rr1e111e la dette,,
il n'a11rail p11 répéter co11tre les aulres q11c les part et portion de cl1acun
tl'e11x (arl. J '.J 1/1, 1··•· al.); orla cauti<>n 11c saurail a\'oir ¡Jl11s de <lroits <1uc
lui. Ne C<>11vic11l-il ¡>as tlc clire, en co11sé<¡ue11cc, <¡t1'cllc agira, <lans so11 re-
(;<J11rs, 11011 pas ce11111ne s11brogéc, au Cl'ér111ciel', 111ais co111111e s11brog1'c llll
rlébileu.l' c¡u'ellc a ca11tionni~, c'csl-it-dirc 11011r la 1Jarl ele cl1acun des aulrcs
<:oll1\liitc11rs ,, l:arliclc '..l<>:{o sei11IJlc co11lir111er par a co1ilral'io cellc deuxier11e
solulion ..\11ssi csl-cllc gt\nt'•ralcnt(•nt a<ln1isc par les a11l<\11rs el par cerlai11s
,ll'l'<!ls (i\111ic11s, :'!I nove111lirc 189!1, 1). i>. n~1.2.:>.71, S. 95.2.2¡G: J\eq.,
.,-1 .1). ¡>
•!I avr,., 1n,>1 -~
. ;>¡.I.:>.!I·'• '} "",1. :>;>,1.1¡.
·- )
<111 IH~11l r<'~¡io1ulrc c1·¡H•11<lant 1\ ccl le argu111c11l,1Li<111 que 11ulle parl u11c
tcllc cXCP[>li<Ht ú la rt'·gl<' ft1r111cllc <le l'arliclc 21>:>.!J 11'esl écritc da11s la loi.
e;<> 11111H·11t <l<>11c rPl'11scr ici h la ca11li1.111 le l)t\Jléficc de la subrogat.i<Hl 1/arzs
le.~ ,[,.oils 1ltl 1·rér111cier :i <J11'y a-t-il tl'{:Lc111ua11l au Slll'[ll11s q11'ellc S<)il 111ieux
traitt'•.n <111<: I<: C<>tlt'·l1it.1•11r ca11ti111111t'· :1 .\ la <lill'<irencc t1<: ce clcrnier, elle 11e
s'csl ¡1as <>l1lig-t'.\1! s11li<l11irn111l:11t. r11•,•c /,•s 111tlrcs tlé/Jitc11rs. (~'esl ¡iourl¡uoi la
1:,,11r ti<' ca:,;salion a al,a11<l,11111,'•. lt: s~stt\111c ¡>ri':ct'i<lcnl. I~llc rccc11111ail a11j1111r-
<l'l111i <jllP la cauli<lll t~st <lans e<: cas, c<1111111c da11s les aulrcs, s11l1rogt'!t~ <ttt
l'l'é 111cit'/'. l)oit-011 en c111u:l11re 1111'cllc jlourr·a rúcla111cr ii l'1t1t 1¡11elco111¡uc
' 1

LIVRE 111. - TlTRE PRE~IIER

des aulres codébiteurs la tolalité de ce qu'elle a paJé, 1noi11s la parl ir1con1-


bant au codébiteur par elle cautionné, ou, au contraire, devra-t-elle diviser
son recours ~ C'est encare un poi11t controversé. La encare, la Cour de cas-
. sation a varié. ;\pres aYoir décidé que la caution ne 1)et1t réclamer a cl1aqur
codébitcur que sa part elans la clctte (Req .. 10 juin 1861, D. P. 61. 1.361, S.
61.1.577 et Civ., 7 n1ars 1887, D. P. 8¡.1.271, S. 87.1.265), elle s'est pro-
noncée pour le rcco11rs tola! da11s un arret du 6 juillet 1896 (Ci,., D. 1).
96., .455, S. g¡. 1 .5, nole de :\l. Lyon-Cacn. Dans le r11en1e sens, lloiliers.
29 jan,·icr 1913, Ga:::. JJaf., .'3 avril 1~¡13).
Cettc clernierc opinion nous parait la 111ieux fonclée. J<~n cffel, du n1on1ent
que l'on reconnait /1 la caulion le droit cl'excrcer l'action dtl créa,icier, au-
cun texte ne lin1ite son recours, si ce n'est pourtant l'obligatio11 qui l11i
incornbc de supporter la part ele la dellc i11con1bant en der11iere analyse it
celui des débileurs J)ri1:ci¡1a11x e11 favcur eluquel elle élait i11lerven11e.

Cas exceptionnels dans lesquels la caution solvens est privée de


son recours. - L'arlicle 2031 inclic¡ue cle11x faulcs ele la caulio11 qui la
privent de tout recours co11tre le dél)itc11r:
,\. - Elle 11'a pas avcrti le délJite11r d11 1Jaicmcnt par elle fail, si l)ie11
c¡t1e ccl11i-ci, l'ignora11t, a l)ayé t1nc scconde fois. La ca11tio11 11égligc11le n'a
alors qu'1111c aclion en ré¡J<'lilio11 contrc le cr{:ancier (art. 2031, 1"· al.).
13. -- La ca11Lio11 a J)ª)"L' sa11s elrc 1Jo11rsuivie el sans avcrtir le <lél)iteur
principal, ler¡t1cl aurail cu, a11 1110111ent <lu 1)aier11e11l, des n1oye11s po11r faire
d«'·clarer la deltc «'·lci11lc. Ici encare, la ca11tion 11'at1ra <¡11'1111e aclio11 e11
répélitior1 co11lre le créa11cier (art. 2031, '.l'. al.).
l~n elPl1ors ele ces cleux cas, il ¡1c11l arriver qur, 111en1e sans avoir co111n1is
ele fa11lc. la caulio11 fe lr1)11Yr ¡iriy{•n <l<' toul reco11rs. C'csl ce qui se {)l"odui t
q11a11cl il y a caulio1111rrnr11L })arliel el'1111e <lelle, et que le clél)ile11r a fait
faillile el a ol)lenu so11 c1)1ico1"llal (\'oir lle<¡., 1:1 janvier '!101, D.{). '!)OI.
1,3'.J.5, S. l!)O'.J,I,!¡1).

:iºDeuxieme hypothese : La caution n'a pas encore payé la


dette. - l\ic·n <¡ue la cauticl!l n'ait ¡1as e11core pay<'· la <lelle, la l<,i lui clo1111P
c<'¡1c11<la11l, <lans cerlai11s cas PXcc1itio1111cls, le <lrc,it cl'i11ll'11l(1r ,, /'a1•(111c1•
l'actio11 <le 111a111lat 1111 (!1· gPsli1111 <l'all'aires co11lrc, )p cl{,!)ilcur ¡1ri11ci1>al, afi11
cl'ol)ligl'r celui-ci it la (lt'·cliarg"r c,11 :'t la garantir cc111lrc la co111la11111alic111
c¡u'ellr cst sur le JH1i11l cJ'p11c1J11rir.
11 <'11 esl ainsi (la11s les cas s11i,a11ls, t'·1111111t'·r{,s ¡iar l'arliclP '.10:):1:
.!\. - l,a ca11lio11 csl ¡iciursuivir en jusi ice JHHII' le ¡iaiP111r11l;
11. - J,c clél1ilc•11r a fail faillitP 1l11 esl ('11 1l{·rr111fit11re:
e:. - I,<' clt',l)il<'ur s'est <>l)ligt'· c)P lui ra1>1H11'l<'r sa d{·cl1arg-n clans 1111 cer-
tai11 le111¡1s;
1). - l,a clcll(\ esl clP,c1111c exigible ¡i.1r l't'•ch{•ancc 1!11 ler111e scius lP1111cl
elle avait t'·Lé c<111lract{:I':
1~. - I•:nfin, la ca11ti1H1 ¡>PIII PIHº<•r<· c·xer,·,·r 1111 rcc1111r:-. anlici¡>t'•. a¡iri'•s 1111
<li',lai de <iix ans, c¡ua111l l't1l>ligali1111 1>ri11ci¡>ale 11'a tH>int <le ler111c fix<·
,
SURETES PEI\S0:'lNELLES. C.\t:TIONNE~IE:\'T

tl'écl1éance, qua11cl il s\1gil 1>ar cxc111ple el'11ne rente perpél11elle. L'éver1tualité


c¡ui pese sur la caution est trop lourcle alors 1Jour pou,·oir durer incléfinin1c11t.

III. - Effets du cautionnement entre les cofidéjusseurs.

Recours de la caution contra ses cofidéjusseurs. - 1\ux termes (!e


l'arlicle :1033, <( lorsque 1Jlusicurs personries ont cautio11r1é 11n 111e1ne clébi-
leur 11our une n1en1e dette, la caulio11 q11i a acquilté la detlc, a rccours
co11 tre les au tres cau tions, cl1acune ¡Jour sa part et portion ; - 111ais ce
recours n'a lieu _que lorsque la caution a ¡1a;yé dans l'un des cas énoncés e11
l'article précédent n.
Ce lexte repose sur une raiso11 cl'éq11ité: il est juste que cl1acu11e lles ca11-
lions supporte une part de la delte, au cas d'insolva)Jilité d11 dél1iteur ca11-
tion11é. Q11ant au fonden1ent juridique el11 rcco11rs de la caulion q11i a }Jayé,
011 11e11l clire q11'il est le n1e111e c111e pour le recours du codél1ilcur solidairc
i1 J'c11co11tre de ses cool1ligés. La caulior1 a co_nlre ses cofidéj11sse11rs 11r1c
(lo11l1le aclion :
1° U11c aclion ele gestion d'afl'aires, car, en paya11t, elle a liliéré les autres;
2° L'action du créancier, car elle bénéllcie ele la subrogatio11 légale e11
,·erlu lle l'article 1251~3•.
La caution ne jouit <l'ailleurs de ce reco11rs c¡u'aulant q11'elle a payé sur
la 11ours11ite el11 créancier, ou a11 cas de faillite ou cléconfiture du débite11r,
ou (lans l'un eles autres cas é11un1érés par l'article 2032, et qu'clle 11·a llas
11égligé el'invoq11er un 111o}·en ele lil1ératio11 (111'elle aurait 1J11 op}Joser a11x
po11rs11iles clu créancier.
L'ell'el 1111 recours est que cliac¡ue ficl<'·jusseur ¡1c11t etre pours11ivi jusqu·a
co11c11rre 11ce de sa ¡Jarl et portion. 11 y a lie11 de no ter ici que le recours d11
.solve11s prése11te la 111en1e élendue q11and il s'exerce contre une ca11lion réelle,
c'est-i1-clire co11tre 1111 gara11t qui a l1ypotl1équé so11 i111meuble a la clette d11
coclél>ile11r pri11cipal. La ca11lion réelle doit 1\trc entiere111e11t assir11ilée a11
¡1oi11l ele vuc cl11 rccours a 1111c ca11lior1 ¡lcrsonnelle. 1\i11si, la ·caulio11 orcli-
nai rc 1¡11 i, aya11 l payé, se rctournerai l con lrc elle, po11rrai t 111 i de111a11cler la
totalilé <lesa parl, c111and l>ien 111e111e la Yalc11r ele l'i1i1111eul1le l1ypoll1éq1H·:
srrail i11féric11re it ccllc: ¡Jarl ('fo11lousc, '.lj clécen1l1re 1n11, D. Jl. 1913.'.l.(i~>,
.note <le '.\l. ])01i11celie11 ele ''al1rcs).

S l~C'I'l ON II 1. - ¡~, TI '.\CTl()'.\ IJIJ CA l:'l' !():','.\ E)l ENT.

),es causes cl'cxli11cliflll 1!11 ca11tio1111e111e11t. ¡1c11,c11l ,;e cliviscr c11 clcnx
gr<)ll)lCS,

Premiar groupe : Causes éteignant l'obligation principale, et en


méme temps calle de la caution. - l.'1ililigalio11 lle la ca11tic>n, ttanl
a1·c1\ss(1ir1•, 111• ¡1c11t. s11lisislcr 1111<? f1iis <(l!C l'ol>ligalio11 c¡11'clle gara11lit. a
1lis1>ar11. ('.'csl ¡11111r 1·1·la, 11011s 1·a,1111s llt\jit 111011trt'.·, 1¡11e la ca11IÍ<)ll pcut
'1'111111? 11 17
LIVRE 111. - TITRE PRE~IIER

opposer au créancier toutes les exceptions qui appartiennent au débiteur


principal et qui sont inl1érentes a la detle (art. 2036, 1e•· al.). Il n'y a, on
s·e11 souvient, qu'une exception qt1'elle 11e po11rrait invoc¡uer, c'est celle qt1i
est fondée sur l'incapacité du contractanl (art. 2036, 2e al. et 2012, 2' al.J.
l-ne 111ention particuliere est due ici a la dalion e,i ¡Jaieme,it. Cclle-ci, i1
la :;;u¡)poser faite par le débiteur pri11cipal, comme le paien1ent lui-me111e,
éteinl l'olJligation de la caution. L'article 2038 décide men1e que si, plus tarcl,
le créancier est évincé de la cl1ose c¡u'il a re<;11e en paie111ent, la caution n' c11
de111eure ¡Jas n1oins décl1argée. C'est la une mesure de faveur érlictée dan:,;
l'intéret de la caution, car le créancier évincé de la cl1ose re<;ue en paien1ent
recou,·re certainen1ent son action pri111itive contre le débiteur. 11 devrai t
dor1c, logiquenlent, étant clonné le lien étroit qu'il y a entre la dette 1Jrin-
cipale et celle de la cautio11, recot1vrer aussi son action co11tre celte der11iere.
La reviviscence d11 principal llevrait faire renaitre l'accessoire. ~íais la loi
a co11sidéré qt1e l'e11gage1ue11t cl'11ne cautio11 étar1t tres lourd, il in1portc
4u'o11 11e puisse la re111ettre en ca11se, lorsqt1'elle a dtt légilin1e111ent pen-
scr c¡u'clle était cléfi11itiven1e11t lilJérée.

Cas oti l'obligation de la caution survit a l'extinction de la dette


principale. -- Celle survie se produit cla11s lleux cas excc1Jlionncls :
1° La (/elle a élé ¡¡ayée JJ(ll' 1111 tiers c11ilre <¡ue le clébile11r, et ce tiers soll.'e11s
s'c:,;t fait_ subroger clans les clroits llu créa11cier. La cautior1 pcut alors elro
IJ011rsui vie par ce tiers solve,zs.
Cellc solutio11 s'ex¡Jlic¡11c aisé111c11t, ¡J11isq11e le tiers sulJrogé conserve le>
droil ele ¡Jourst1ivre le délJile11r pri11ci¡Jal po11r se faire ren1lJot1r:,;er ele so11
a \:tnce. L'olJligation lle ce ller11ier su l)sistar1t a son profi t, cellc lle la cau Lio11
co11ti11ue it la gara11tir.
·iº T~e clébiletir pri,ici¡Jal <t Jiiil ji1illite et ses cré(11icie1·s l1li 01il fail 1·en1ise
,{1111e JJ11rlie 1le ses lle/les. J,e co11cordat accordó a11 failli 11c dispc11se ¡Jas la
ca11tio11 ele JJaJcr le 111onta11l i11li'\gral lle la llelle. L'arliclo 5 115 clu Codc <le
C'll111111crcc llis1Josc, e11 clfel, <Jll<', nonol1star1t le C<Jr1corclal, les créa11cicrs
c1H1scr,c11l lcur actio11 pour la Lolalitó ele le11rs cróanccs co11trc les coDIJli-
g{\S cl11 failli (V. l\c<¡., (i fóvrier '!Jo6, l). I>. l(J08.1.'.1:i5, note ele ~l. \'ali'·ry.
S. 1~ioli. r ./181, 11ole 1lc !\l. l,Jt)11-f:a1\11 ).

Deuxieme groupe: Hypotheses d'extlnotion de l'obligation de la


caution avec survie de l'obligation principale. - ()11 ¡>c11t snl)eli,i-
scr ces l1y1u>ll1<'•sps <'lles-1111~1111•s en 1l1•11x classes:
1' (;<lltses cle.l'li11ctio11 1l11rii 11111l 1[1¡ /)roit co111111.1111. - c:cs ca11scs :,;011l le"
s11i,a11lcs:
.\. •·- l,a e1111./'usio111¡11i s'1>¡>Óre entre la 1>orsn1111e 1111 Cl't'.a11ci1\r el ccllc 1ln
la ca11tio11 (arl, ,:101, :Aº al).
IJ. -- 1,a re111ise 1l1i 1lell1'. faite ¡>ar lo cri'•11ncicr ¡\ la ca11lio11 (arl. 1'.18¡.
·i•· al.).
<:. •- l,a ro1111ie11s11fio11. <¡11111111 la ca11li1)11 rl<)Vic11t cr<'•anci1\re 1111 cri'\:tllcÍ1•r.
:1" (,'r111s1• 1l'c.1•ti111·fio11 s1i1 1,·i,1le <lll c111tfio1111e111t'llf. - J,a ca11Li1,n esl. lil)l'.•r,:<'
,
S CHETES PEHSONNELLES. C,\ UTIO'.\"~E~IE'.\"T

lorse¡ue la subrogalio,i aux llrqils, li.vpotl1eq11es el JJrivilege.~ llii créa,icier ,ie


¡Jeut pliis, par le Jait de ce créa,icier, s'opérer e,z Jr1veur de la caution
(art. 2037) ..i\.insi, le créancier est tenu, sot1s peine ele perdre la garantie
résultanl pour lui de l'intervention de la cautio11, de conserver, a11 profit
ele celle-ci, les autres suretés de la créa11ce qt1i, e11 ,ertu de la st1!Jrogation,
doiYe11t é,entuelle111ent gara11tir le reco11rs ele la ca11tion contre le débite11r
1Jrinci1Jal. C'est ce qu'on appelle l'exce¡Jtio,i ot1 bé,i~fice lle cessio,i d'ctclio,1s
ou lle subrogation.
La disposition de l'article 2037 a son origi11e dans le ma,idatum pecunire
credendre. 1\. Ron1e, la cat1tion qui s'o)Jligeait par fid{jussion 011 par simple
convention ne jouissait pas cl'un tel bénéfice; le créancier n'était pas obligé
ele conser,·er ses s1iretés afi11 de les lui céder. Il en était autrement dans le
cas ou la caulion, pour s'e11gager e11vers le créa11cier, avait usé du procédé
consista11l lt l11i donner 111a11clat de preter a11 elélJile11r. Dans ce cas, en efTet,
le créancier devait, en tant q11e n1andataire, tent1 comme tel de veiller aux
i11lérets cl11 111a11da11t. prenclre soin de lui co11ser,er les suretés existantes
afin d'ass11rer s011 recours 11ltérieur contre le clé)Jiteur cautio1111é. D'o11 le
)Jénéfice de cessio,i cl'actio,1.~ que la cat1tion-111anelant 1Jou,·ait opposer aux
¡1ourst1ites du créancier-111a11dataire négligent.
Ce bénéfice aya11t 11assé da11s 11otre vieux Droit frani;ais, nos ancier1s au-
teurs discutaie11t encore le 11oint de savoir s'il devait ctre étendt1 en dehors
de ce cas spécial d 11 11ia11ll(tl1im pec111iire crelle11ll,r, cas qu 'ils con ti nt1aient
ele disti11guer eles autres n1odes ele ca11tionne111ent. :\lais ils résolvaient en
gé11éral la clisc11ssion par l'affirn1ative ('roir la lo11gt1e discussion de Po-
Ll1ier, Obligalions, 557). c·est cette <ipinio11 de l1 ot11ier qui a été en somn1e
cor1sacrée par l'article :10:{7 el11 Coele civil. On 11e11l cl'ailleurs encore expli-
e¡11er cetle disposition ¡iar la 1ne111e idée qt1i aYait inspiré les jurisconsultes
ron1ains it propos du man<laliim ¡1ec1111i:r c,·ellenll:r. J,e créa11cier, en,,ers le-·
quel la caulio11 s'engage,cloit etre considéré, de nosjours, comme s'obligeant
ele S011 c1">té ¡\ COllSCl'VCI', a11 l)fl)Ílt ele la ca11lio11 ll[ en v11e 1lu reCOlll'S éve11-
l11el (le celle-ci, les :111tres s1\retés de sa créa11ce. Le ca11lion11en1e11t revet
<l1J11c dans 11c1tre Droit 11n caractere synallagn1atique; et c'est l.\ ce qui ex-
11li1111e e¡11e le <léfa11 t el· e\éc11 tio11 ele l' o!Jl iga tio11 d11 créaucier e111porle
exti11ctici11 <le l'oJJligatio11 ele la caut.io11 (Cf. 11ote ele ~l. Gt1é11ée, don11ant
1111e explicalio11 elifl'ére11le sous 1). [>. !17· 1 .5Gn).

Oonditions requises pour que la caution puisse invoquer le bé-


néflce de subrogation. - Ces co111litio11s sont a11 no111JJre de de11x:
1° JI J<111l <JllC le cré<111,·ier <lit 111a11<11ié ,i so,i ohlir¡alio,i de co,iscrver ~s sii-
reté.~ <Jtti r1arn11tiss11ie11t la l'l'é<t1ice. - Jlc11 i 111porle, 1111 reste, <¡11e la ¡Jerle
clP la st)reté provic1111P, soi t d'u11 fai l aclif 1le sa ¡Jarl, par exe111ple, s'il a

1lcJ1111ó 111ai11lcvée d'1111e i11scriplio11 l1y¡1oll1/•cnire avanl 1l'etre con1pletc111e11t
' Oll s ''Il a rc11011cca
1iay11, . 'l'cge (C.IV., G f'1:vr1er
' \ SOII {Jl'IVI . 1!)11, D .1. 1 r. .,
l!)I J.J,'..l;}J,
S. , !) 11. 1. ;>o 1), soi t d'u11c si 111 ple 11égl igcncc, le l lc e¡ 11e le 11011-re11ouvelle1nc11 t
1l'1111e inscriptio11. Ln clisti11clio11 q11e l'ein a vo11l11 fairc c11trc les de11x cas
(''· 11ole tic :\l. Lal>l>é s011s S. 87. 1 .5) csl sa11s fo11clc111c11l (V. lleq., :.i déce111-
LIVRE 111. - TITIIE PRElflER

bre 1895, D. fJ. 9G.1.2á5, S. 9G.1.G5, 11ole ele ?11. Lyor1-Cac11; :.\fa11cy, 22 clé-
ce111bre 1900, l). P. 1901.2.434). Cc¡Jcnclanl, si gé11éralc CJlIC soit la di,;-
position ele l'article 2037, son a1Jplicatior:, rcposa11l st1r le 111a11c¡ucr11enl elu
créancier a une certaine oblig·ation délern1inée, est sulJorclon11éc a11x elcux
circonstanccs ci-dessous.
1\.. - D'apres la jurispruelc11ce, et 111algré l'avis conlrairc de no111)Jrct1x
aule11rs, le créancier n'esl en faule que s'il s'ag·it d'u11c s11.rclé cxista11t a11
1110111e11l da ca11lio1111e111enl, car c'est sur cclle-la seule111cnt c1uc la cat1lio11
1Jouvait co111pter. Le créancier 11e serait elo11c pas responsable s'il avait laisst'.·
périr une su reté née poslérieurcrr1ent (Ci v., 1o décen1lJre I SGG, D. 1>. G6. 1. 4 2 5,
S. 67.1.15; 8 juillct 1913, Ca:. Pal., 2 octolJre 1913). J>olirlaut, co111111c le
fai t ren1arquer l' arret préci té dt1 8 j uillet , 9 13, le créa11cier serai t rcspo11sa-
ble s'il 11'avait pas 11sé d11 droil ele rétenlior1, lJien e1ue celui-ci 11'exislal 1Jas
encorc it la dale du cautio11ncr11ent, car la regle en vcrl11 ele lac¡11cllc I'arti-
cle 2037 rrc co11cer11c que les s11.retés exislar1t au jour elu cautionr1cn1c11t es/
i11a¡JJJlicl1ble aii.:e garctnlies q1ii so11t la consé<¡ue11ce légale, bien 1¡11e sciile,nent
éve11l11elle, du co11Lrat intcrve1111 cutre les parlies.
13. - Le créa11cier n'csl rcs1Jo11sable qu'auta11l que sa 11ég-ligc11cc co11siste
a avoir laissé éleinclre ll/le Sltl'elé, privilegc, l1y¡Joll1equc, 11a11lissc111e11l,
elroit ele réte11tion, cautio11ne111c11t. Le si111ple fait ele 11e ¡Jas ¡Jot1rsuivrc le
clébiteur a l'écl1éa11ce, ou de l11i accordcr 1111c ¡Jrorogatio11 cl11 tcrr11c ¡1ri111itif,
011 111e111e ele 11c llas produirc a la faillitc cle cclui-ci, 11c prive ¡1as le créa11cicr
ele son recours co11tre la cautio11 (lleq., 6 février I!JOG, D. 1>. I\)08. 1.'.!·i5,
11otc tlc '.\I. ,·alt'·ry, S. 1906.1.481, 110Le de i\l. Lyon-Cacr1) 1 • L'articlc 203t) e11
cll'ct déclare cx¡1rcssén1cnt e¡ue la si111¡ilc ¡irorogatio11 du tcr111c 11c clt'.·cl1ar¡.r0
¡Joi11l la cat1tio11. 11 cst vrai c¡uc ccttc ClJ11vc11tio11 ele prorogalitlll, ¡iassée c11
clcl1ors d'clle, 11c ¡1ouva11l nggravcr la sil11atio11 ele la caulio11, l'articlc 20~l!J
¡iot·Lc, i11fi11c, e111e la ca11tici11 ¡ic11t (u11c fuis l'écl1éa11cc ¡)rin1itivc arrivl'.e)
recot1rir a11ssitcit co11tre le clébitct1r pri11ci¡1al ¡Jo11r le forccr au paicn1cnt.
t·oc tcllc fac11lté va rc11cl1·c cntierc111c11t ill11soirc le IJÍ•núlicc ele la ¡Jrorogali1J11
llu lcrn1c accurllÍ)c ¡inr le crt'.·aucicr au dúbilcur.
'.lº ll fc111l 1¡1tc l1t/<tltle 1/11 c!'é(111cicr riil causé u11 ¡ir1:j111licc 11 {11 c1111/io11, -

Si clo11c il élait Í)lalJli e¡nc les st'1rctés auxq11cllcs le cróa11cicr a rcnoncé cusscnl
été i11cf'licaces, l'articlc 20:17 ne s'a¡J¡ilie¡ucrail ¡ias. C'cst el'aill<'lll'S :'1 la caulicln
11 fairc la ¡Jrcuvc elu ¡irt'j11clicc elo11l clic se ¡Jlaint (\,._ note ele l\l, l,)1Jn-
, so11s s . !) ,·1.1. ,•r.1,J: e·,IV.,,,º 111a1. ,,,:io,
(,acn u- -u s . :Jo,1
I> . 11. :>eJ.1.1:1,,,
• . ..r.>!Jí: ¡1,ce¡ ..
18 111ars '!lº' • l>. 11 • l()<J3.1.:lt1:1, S. I\JC>:l.1. 1:17, nnlc ele· :\l. \\'al1l; :i el/•cp111-
lirc 1no:l, 1). 11 • l!J(lfí,1,!J, s. I\J08,1.,:{8).

Qui peut se prévaloir de l'article 2087? - .'\eitrc anci1•11 l)r11il a1·1·tJr-


elail le l1óru'•licc ele c1•ssio11 cl'acti1J11s, JH>Il seulc111cnt :'t la ca11lillll, 111ais au\
coclt'·liileurs S<Jli1lair<'s 1:1i1¡[)1i1•r, '/'r,1ifé 1l1•s oblir¡r1lio11s, 11° :i7!í); <'l ccllc• S(>-
-1. Ct>rtaincs tl,1cisions cPpcn,lant in!1)rrrl•t,•nt plus lar¡;r1nt>nl h\ l11xll'. Ainsi, 1111 arrf'I
de la Cliarnhre des l'l'<(Uétcs 11112 <l,11·.<•rnhrr 18\J!i(ll. l'.!Hi.1.25:í, S. !lti.1.H:í:, n 11ppliq11i'•
l'nrticl,\ :!0:11 au rréancier qui n·a pas pr,ivenu li\s caulions tlu risque tl'11111111l11tio11 111<1-
nn~nnt l'hypothcr¡111\ 011 qui ne les a pas appulties :i ,1,1r<'11,lre 1i In· tlt>ruan,1<' en r1•1111rl
,te In fnillite du d, 1hitcur, laquelle dcrnnude nvnit ponr hui tl'r111portcr ,'.<\lle nnnnlalion.

SURETES PERSO'!NELLES. CA.l:TION'iE~IE'iT

lt1tion était logifftie. Car, con1111e le clit Pothier, (< les débiteurs solidaires ne
se seraient pas olJligés solidairement, mais seule111ent pour leurs parts, s'ils
n'e11ssent co111pt1' q11'e11 paJant le total ils a11raient recours contre leurs co-
débiteurs, et qt1'ils auraient pour cet effet la cession des actions du créan-
cier pour les aulres parties n.
Le Code civil s'est n1or1tré plus rigo11re11x. L'article 203í ne s'appliquc
c¡11'a la ca11tio11, et on ne saurait l'étendre aux débiteurs solidaires (CiY .,
;{ avril 1861, D. P. 6r. r. r53, S. 6r. r .586),
En re,-ancl1e, 011 adr11et q11e le bénéfice de l'article 203í appartie11t toule a
caution, n1en1e a celle q11i s'est obligée soliflairen1ent, ainsi que nous l'ayons
el i t ci-dessus.

Comparaison entre la situation créée par le cautionnement et d'au-


tres situations analogues. - Résumons les caracteres spécifiq11es ele l'o]Jli-
galio11 de la caution en la con1paranl avec celle de certains obligés analogues.
a
rº La ca11tion difl'cre d'11n codébileur solidaire IJeaucoup de poi11ts de vue.
,\. - Le cod<'.·bileur solidaire, débiteur 1Jri11cipal et no11 accessoire a
l'égard du créancier comn1un, ne peut invoquer a
son encontre aucun des
lrois bénéfices dont jo11i t la cau tion (discussion, di vision, cession d' actio11s).
B. - Le codébiteur solidaire ne peut invof¡uer la compensatio,z opérée a11
1Jrofil d'u11 de ses codébiteurs, tandis que la caution ¡Jeut se prévaloir de celle
qui s'est opérée au profit cl11 débiteur principal.
C. - ,\11cun des effels seconclaires de la solidarité ne se produit dans les
rapports entre clé)Jiteur principal et caution. sauf que les actos interruptifs
a
lle J)rescriptio11 accon1plis l'encor1tre cl11 délJiteur prir1cipal ont effet 11 l'en-
C<)Illre ele la ca11lio11, la réciproq11e n'ayant d'ailleurs pas lieu.
Ces différences s'attén11ent en cas de caulio111zen1e11t soliclaire. La caulion
soliclaire ne pe11l:, pas plus q11'un codébiteur solidaire, inYoquer les ]Jénéfices
ele clisc1zssio1i et ele rlivisio11, et elle r.essemble encare au débiteur solidairc
a11 poinl ele vue ele l'a1)1)licalion ele l'article 1?. 15.
:1º ()n pet1l c11corc rapprocl1er le cautionnc111e11t el la clélégalio,i (''· sizprc'i,
Il, 10 í)-
La clill't'•rc11cr csl 1)rofo11clc c11 cas ele 1lélér¡alio1i JJa1jc1ilc Oll 11ovaloire. Le
<i<'.·lí-gué elevienl llc'•IJile11r 1)rinci1)al; le précéde11l elt\bitc11r 011 clélég11a11t est
cor11plelc111cnl clt'·cl1argé. Ni le déltg11é, ni le clélég11a11t ne 1)cuve11t et.re ra¡)-
l)rocl1és de la ca11 tio11.
1\11 cas ele délér7alio11 i111¡>a1f11ile a11 co11lraire, on a quelq11efois comparé le
clí·lég11a11l .'1 une ca11lior1 ll11 clí•lég11é. l\1ais no11s avo11s ,·11 q11'il r1e pe11l op-
poser a11x l)<l11rs11ites clu elélégalaire le lió11c'ifice ele discussior1 (V. s11pra,
¡i. r 10). I\cslar1l c<Hlél,ilc11r }Jri11cipal, il 11c ll011rrait pas 11011 ¡ilus o¡Jposcr
la co111¡Je11sali<)J1 <¡11i se s<>rail ¡irocluile da11s les ra1Jporls d11 dólégalairc el
cJ11 clí-lí•g11{1. .
:1° 1,c c1!rlrt11l <l'une crí~a11cc ressc111l,Jc .'1 1111e caulior1 lorsc111'il r1ara11lil la
-~O{l)rlbilit11 ltcl11cllc el /tllltl'C tlll clébilcu,· céd11, Cepe11dant il er1 diJl'ere Uplu-
sic111·s ¡1oi11ls 1lc vuc. 11 es! garar1l el 11011 ca11lior1. Des lors, le cessionnairc
<le la crí•a11,·<1 11<' (l<'lll r<•c<111rir C<J11lre lui <111'.'1 cl1arge ,le clé111011lrcr <111'il n'a
LIVRE 111. - TITRE PREM:IER

pu obtenir paie111ent du cédé, ta11dis que la ca11tio11 peut etre poursuivie


des l'écl1éance par le créancier, et doit inYoquer forn1elle111ent le bénéfice ele
discussion. De ¡)lus, le céclant, garant de sol,·abililé, ne peut pas invoquer
le bénéfice de subrogatio11 de l'article 2037.
4º On ne doit pas confondre non pi us le porte-fort et la caution. Le porle-
forL promet que le dél)ite11r s'e11gag·erri et 0011 qu'il JJctiera ; il est libér<'·
des que le débiteur a contracté l'e11gagen1ent qu'il a,·ait pron1is de lui fair<'
prendre. II ne ré¡)oncl poi11l ele sa solvabilité.
TITRE II

SURETÉS RÉELLES

~ot1s diviscro11s ce litre e11 dcux l)artics. Dans la pren1ierc 11011s étudie-
rons les s11.relés réelles q11i entrainent la clé11cissession du débite11r. c'est-a-
clire le Na11tisse111e11l el le Droil de réle11lio1i. Da11s la seconclc parlic, not1s
trai tcro11s des sf1retés rí·elles, plt1s perfectio11nées et plus pratiqucs, qui
laissc11t la cl1ose all'ccléc a la s11.relé clu créa11cier entre les n1ains (!11 clébi-

teur, c'cst-a-dire les J>rivileges et les ll'j'/Joil1eques.


PRE:VIII~RE PARTIE

SURETÉS DÉPOSSÉDANT LE DÉBITEUR

CHAPITilE PREMIER

N1\N'fISSE~IENT

Définition. Variétés du nantissement, Gage et antichrese, - « Le


11anlissen1c11t csl 1111 co11lral par lec¡uel un elébite11r re111et u11e cl1ose a so11
créancier pour s11.reté de la clette ,, (art, 207, ),
Il )' a ele11x ,ariétés ele 11antisse111cr1l, le gagc el l'a11licl1rese. Le gage es 1
le na11tissc111ent d'1111e chose mubilit'•rc; l'a11licl1r(\se esl le 11a11lisse111e11t cl'1111 e·
citase i111111obilierc (art. 2072:1, De ces cle11x opéralior1s, l'1111e, la J)re,nii.'re, est
fort usit(\c. La 1nis<' e11 gage eles objels 111olliliers. corporels 011 incor1Jorels,
rst 1111 n1ocle elr cr{,cli t auc111el le clt•lii lc11r rrcourt volo11tiC'rs, et r¡11i cst el c-
,·en11 pl11s fréqur11l encore a,ec le clé,elop1Jc1ner1t eles aclions et ollligatio11s
, eles sociétés cci1111nerciales 011 incl11slriPlles. J,e pro1)riélairc de crs litres se
¡1roc11rc e11 cffet aist'·111cnl 1111c avance ele fo11cls e11 les clo1111a11l rn gage :\ 1111
(lal>lissc111ent ele créclit,
1111'c11 csl 1ias ele 111en1e ele l'a11licl1rt':sc. I~llc esl lica11ccJ111i 111oi11s 11silt'!c.
A11ssi 11c tui cci11sacrcro11s-11011s c111c •.l'asspz lirt'·,es cx1ilicalions.

SJ~C'f[()\' l. - .\~1·1c1111~:si-:.

Défl.nition. Inconvénients de l'antlchrese. · - J•:11 YPrl11 de l'a11Licl1rt',sc.


le créa11cier acc¡uierl le• clrciil clP se 11111llre en ¡iossessio11 cl'1111 i111111c'11l,IP a¡i-
¡iartc11a11l ¡'¡ scJ11 clc':IJileur j11sc¡11'a11 ¡iaic111cnt clc sa crt'·a11cc, Pl, en altcncla nl,
cclui d'c11 ¡iercevc)ir les f'ruils rl rcvc\1111s, .\ la cl1argc ele les i111¡lul<'r a111111rl-
. lc111c11l s11r lPs i11l{•r('ts, s'il tui ('11 esl cl1i, c1l c11s11il1) s11r In ca1iilal 1lc) sa
créa11cc (art. 1c>8i', ).
U11 lcl co11lral cst, 011 le cc1111;1>il ais{·rr1r11l, 1111 ¡>rcict'•clt'· r11(li111P11lairP clc•
1

'.'\A'\"TISSEllE'\"T

crédit. En efl'et, il e11leYc au délJile11r la possessio11 el la j()t1issance de l'in1-


111euble, et le priYc e11111e111e te111ps de la faculté lle l'aliér1er, crrr 1·a11ticl1rese,
droit réel, est OJ)posable a tous les acquéreurs jusq11'a l)arfait paien1e11t de
la créa11ce ¡,tara11lie. De J)lus, l'a11licl1rese 11e per111et })US <le ¡1ro¡1orlion11er la
su.reté au crédit recl1ercl1é. La vale11r ele crédit incluse dans l'i111111eul)le est
épuisée e11 1111e fois pour la st1rcté el'u11e se11le elelte. L'l1y1)otl1eque est l1ie11
SUJ)érieure, car elle laisse l'in1111e11l)le entre les n1ains elu <lél)ile11r, et per111et
a celui-ci de u'en utiliser la Yaleur que dans Ja n1esure ele ses l)esoins.
,\.ussi, le elélJileur ¡)réfere-t-il IJeaucoup en général ce secor1el n1ode ele créelit.
Quant a11 créa11cier, sar1s doute l'a11ticl1rese cor1slit11e pour lui une garantie
plus con1plete, e11 ce ser1s qu'elle le n1et i:t l'abri des conséq11ences cl'une
aliénation, et par s11ite de la purge; n1ais elle l'olJlige a perceYoir lui-111c111e
les fruits, ú re11clre co111pte de l'excéden t au dé)Jiteur, ,\ n1oins q11'il ne
l'i1111)11te sur le capital, ce qui est 1111 rnocle ele rer11boursen1ent 1Jartiel })Cll
a
avanlage11x, et enfi11 adrninislrer l'i111111eul)le. Pour toutcs ces raiso11s,
l'ar1ticl1rese est ¡)c11 e111ployée. Elle a été su1Jplantée par l'hy¡)otl1eque. Les
réelacteurs cl11 Cocle civil n'avaie11t pas 111e111e ji1gt'· utile el'e11 11arler. Ce n'csl
qu'h la suite des olJservations de pl11sieurs tribunaux el'appel d11 l\lidi, ou
l'antichrese se J)ratic1uait encore, q11'ils se s011t déciclés ¡\ la régle111enter
da11s les articles 2085 lt 2091.
On se 111é¡)re11clrait cepe11da11l si l'on croyail que l'anticl1rese esl alJa11don-
11ée ¡1ar la pratiq11e. Les es¡Jeces releYées da11s les recueils de j11risprudence
11ous n1ontre11t q11'011 en renco11lre encore u11 certain 110111bre el'a¡)plicatior1s.
'l'ar1tc'\t c'est le créancier qui exige cetle gara11tie, sans do11te pour se proté-
ger co11lre les suites cl'u11e alié11alio11 éve11t11elle ele l'i111111eul)le; ta11tol c'est
uu débi teur surcl1argé d'l1y1Joll1ec1ues c111 i l' oll're it un créar1cier trop
co11fiant, e11 l11i faisa11l croire q11e la possessio11 de l'i111111e11ble le ¡)rolt'·gera
conlrc les l1y1loll1eques inscrites; la11tol enfir1, c'est un procédé e111¡)loyé
pour lcnter ele fr11slrer les cr1!ar1ciers l1y¡lotl1écaires ('1oir l'espece de l'arrct
ele l 1aris, :15 juin 1u1·1, (;a::; Pal., :i, oclol)rc 1!)1:1).

Comparaison entre l'antichrese et la cession de loyers ou fermages


non échus '· - L:ne a11lre raiso11 ele la clésui'ilt1de relaliYc ele l'a11ticl1rese,
c'csl c111c la ¡iralic111e a i111aginé 1111e f'or111e ele créelit analogue, ¡1l11s sou11le,
a
11l11s si111¡1lc, <¡t1i clo1111c a11 créancier ¡Je11 llres les 111e111es a\'a11tages, sans
cxigcr la clt'·1ic1ssessi<J11 <lu d<'·l)ilet1r; c'esl la ccssioti 1/c loycrs 01ifer111(LfJCS
11011 Úl'lt11s, lae¡uPlle csl ¡iarf'ois <lésign{:c cla11s les acles s011s le 110111 cl'anti-
cl1rese. Cetlc cPssic1n JlCr111el a11 cr{·a11cier ele lo11cl1er )11i-rn<\111c les loyers de
l'i111111<111l1lc, sans l11i i111pc1scr la g<'n,• ele la ¡Jossessio11 .. \ussi s'e11 co11lcnte-
L-il SOIIY('Jll.
l,a loi clu •1:{ 111ars 18:1:> s11r la lranscri1iti(1t1 lraile .\ la f'c1is eles deux 0¡1é-
a
ralio11s, el les ass11jcllil l'une Pl l'a11lre la 1n1lllicil1:. l\,lais <"lle 11c les scJu-
111el 11as ,\ 11n ri'·gi111e icle11li<Jt1P. ]~11 ell'el, l'anlicl1rt':sc dciil tu11jc1urs <\tre
lra11scril.c, l{t1Plh~ 1111c S<>il sa 1l11rée (arl. :.i 1º). ,\11 c1111lraire, la lra11scri1>Lion
t. Lngnrde, /Jcs ccssio11s et q11itta11ces a11licipées de loyer., 011 (ern,ages 11011 echus, thesc
,le Pnrls, 1!ll 3.
746 LIVRE III. - - TITRE II. - '
PRE~lIERE PARTIE. - CH.\PITRE PRE~IIER

ne s'ap¡)lique qu'aux cessio11s de somn1es éqi1ivale11tes au 111oi11s ú trois


an nécs de loyers ou fern1ages 110n écl111s.
De cette différence résulte une conséquence regrettable: l'anticl1rese 11'est
jama is opposablc aux créanciers l1ypotl1écaircs antérie11rement i11scrils; a11
con traire, ce11x-ci doi vent supporter l' effet d'une cession co11sen tie ¡Jar le11r
débiteur, q11a11d elle cst i,ijériezire a trois a1111ées de loyers Oll fer,nciges.
Or, ces cessions anticípées constitue11t 11n a111oir1drisse111ent de la valeur de
l'i1nn1eulJle susce¡Jtible de préjudicier aux créanciers inscrits; car un débi-
a
teur a11x a]Jois recoi1rt ¡Jarfois ce procédé pour se procurer encare de l'ar-

a
gent leur détri111e11t. On cherche done _vainen1ent les motifs qui peu,,e11l
j11stifier la solution légale. Les rédacleurs de la loi de 1855 et, apres e11x, la
jurisprudence, ont én1is cette appréciation que les cessions a11licipées de
loyers, quand elles portent sur moins de trois années, sonl des acles de
simple ad n1inistration. Sing11liere adn1ínistratio11 que celle qui consiste ú
cngager d'avance les revcnus ! Ajoulons q11e la j11ris¡Jrudc11ce a e11core
Lrou,é le 1110Je11 d'aggraver 1·crre11r des rédacleurs ele la loi tle 1853. E11
a
cll'cl, elle elécidc c¡11 'une ccssion égale ou supéricure lrois ans est op1Josa]Jle
aux créanciers anlérieuren1enl inscrils, pour une el11rée ele trois a11s 1noi11s
u1ijo11r (Civ., 12 février 1902, D. P. 1902 1.337, note de i'II ..\111lJroise Coli11,
S. 1903. 1. IÜ\), note ele i'II. i\ac¡11el).

l. - Formes du contrat d'antichrese.

,-
L'anlicl1rese doit toujo11rs clre co11slatée par écrit (arl. 2085, 1°r al.). Ce
n'est pas cependa11t un co11Lral solennel; l'écrit n'esl exigé par la loi q11c a(/
11robalio11e111. Done, le sc11l cffet de la elisposilion ele l'articlc 2085, 1'' alin{·a,
csl q11e la preuve par té111oi11s 11'csl 1Jas a<l111ise 111c111c a11-llcsso11s ele
150 fra11cs (,r. 1''e11cl. L. 15, p. :111). Cela était1Jeu titile it clirc, car ja111ais
une co11slitution d'anticl1resc 11e se f'cra pour une son1n1c aussi ¡Jc11 i111por-
lantc. l)'a11lrc part, l'écrit csl, par la force 111c111c eles cl1oses, 11<'.~ccssairc po11r
la lranscriplio11, car on 11c 11cut 11as lra11scrirc 1111 acle 110n co11slalé 11ar
' . l.
ccr1
l~n so111111c, a11 JJoi11t tic v11c eles for111es tic co11:--litutio11, dc11x 1>oi11ts S(Jlll
ú sig11aler fla11:-- l'a11Licl1r(\sc:
1° 1\ la elill'érc11cc flc l'l1yJ)Oll1t'·c¡11c, elle 11'cxigc pas la rí:elaclio11 el'1111 acle
.,
110 lar1c ;
2º !•:lle rcc¡11iert. la re111isc cll'('.Clivc (!e l'i111111culJlc Pltlre le:- 111ai11s el11

créancier. (~'est tlor1c 1111 co,ilrat récl.

11. -- Droits et obligations du créancier antichrésiste.


L'anticl1rt'·sc cor1ft'·rc q11alrc 11r{•rf1gativcs a11 crt'•ar1cicr: 1° Le (irr,it a11x
f'r11ils et rcvcn11s ele l'in1111e11l1lc: 1• l,c clroil cll' le rct.enir j11s1¡11'lt paic111c11t
clu prix; :1° Le elrciit <Ir. le fnirc v1•11clrc 11 {·clu\anrr ¡1011r sc ¡111ycrclc so11 <lft:
!1º t:11 clroit de prt'•ft'·rC'11cc sur le ¡>rix ele ccllc ,·e11lc.

1º Droit aux revenus. - l,c cr(:a11cicr a le <lroit. de touclicr ll•s r,~,e1111s


'íA'íTISSE~IEXT

<le J'i111n1euble, i1 cl1arg·e ele les i111puter sur les i11térels de la créance et
ensui te sur le capital (art. 2085).
,\ titre ele conlrepartie, l'article 2086 l11i i111110:-e l'ohligatior1, s'il n'en es!
a11lren1e11l con-vcn11, de ¡Jayer les co11Lri]Julions et les cl1arges annuelles de
l'im111c11ble, et de pourvoir it l'enlrelien el aux ré¡Jarations 11tiles et néces-
saires, sauf a préle-vcr sur les fr11its toules les clépe11scs relatives ces a
,livers olJjets.

2° Droit de rétention. - Le créancier a le clroit ele conserver la posses-


sion de l'imn1eulJle, j11squ'a entier acq11itten1e11t de la dettc (art. 208í,
2• al.). Ce droit de rétenlion est certaine1nent opposable aux tiers, c'est-a-
clire aux ª)'ants-cause du débiteur, tiers acquéreurs de l'in1n1eu}Jle clonl le
ti lre a été 1Jostérie11rement transcri t, créanciers hypotl1écaires inserí ls a pres
la transcriJJlion ele l'anticl1rese, et créanciers cl1irograpl1aires. L'anticl1rese
cesserail d'elre une garanlie s'il n'en était pas ainsi, et s'il dépc11dait d11
cléllileur de l'anéa11lir. C'est un point q11i ne fait auc11n doule e11 j11rispru-
cler1ce, et la lradition de notre a11cic11 Droit est clans le n1e111c sens. Poll1ier
considérail bien l'a11ticl1ri'.•se cou1me co11slilua11l un clroil réel (Trailé •
<le
l' l1ypotl1eque, 231, 236); les réelacteurs d11 Code n'ont certainen1ent pas
v oul11 111o<lifier le caractere d'une institulion c111'ils n'o11t rcc11eillie que
}Jar rcspccl po11r la lradition.
Nalurellen1enl, le droil ele rétention de l'anlicl1résiste n'est pas opposable
a11x. liers q11i a11raicnt acq11is s11r l'in1111c11l}le un droit réel el l'auraient pu-
blié antérie11remc11l lt la tra11scri¡Jtio11 de l'acte d'anliclzrese. L'arlicle 2091,
1•' al., cl11 Coele civil éclicle ccltc regle, et la loi d11 23 n1ars 1855, arlicle 3,
la consacre ele 11011vea11. Si clone l'imn1e11lile a été vend11 par le dí·hiteur, et
si l'acl1eleur·a transcril le ¡}ren1ier, cclui-ci peut co11lraindre l'anlicl1r<'~sisle
il luí ren1eltre l'im111e11IJle; de n1cme, les créanciers ll)'pothécaires antérieu-
re111ent i11scrits co11serve11l le droil ele saisir l'in1meuhle entre les n1ains de
l'anlicl1résisle (Ci,·., 211 ao11t 1865, J). 11• 6fi. 1.3:i(), S. 65.1.!133; Rc<J., 24ja11-
vicr 18í:>., IJ. l>. í:i.,.353, S. í!!,I :11; 11 aris, 1:1ja11vicr 189:), D. I>. gü.2.5í,
S. !)8,:1 :i8:1). l~n 1iareil cas, si crs crL•a11cicrs 11'alJsorlJenl ¡1as la tolalité el11
llrix, l'a11licl1résist.c jo11ira cl'1111 elrciit. ele pr<'·férrnce sur le surpl11s (llec¡.,
:i/1 janvier 187:i, l). I>. í'.>.,1.35:1, S. í~.1.:11).

:1° Droit de faire vendre l'immeuble. - 1\11 cas ele 11011-paie111e11t a


l'1\cl1í•ance, le créa11cicr a11licl1résiste pcul JJ011rs11ivre l'expropriatio11 de
l'i111111r.11lilc par lr.s voics l{•gales (arl. :1088). I,e 111cn1c nrliclc i11lerclil, de
1111\111<• q11'c11 111at.it'•re ele gage (arl. :>.078). l'en1ploi cl11 J}acle co111111issoire,
c'esl-.'t-elirc 1le la ce}11ve11liel11 allrili11a11t. a11 créaHcier la ¡iro1iri{tc'· ele l'i1n-
111P11i,lc, a11 cas elr. 111i11-¡iaiP111e11t. 1111 lcr111e co11,·e1111. F:t 011 rc111ar<¡11era q11c
la lcii ne JH\l'IIIel pas a11 créa11cir.r anlicl1rl'.~siste, co111111e 11011s allo11s voir
<111c le ¡1P11t le gagistc, ele se fairc allril,11Pr l'in1n1eu]¡Je <'11 ¡1aiP111cnl ¡>ar
1111c dí~cision <le juslicc.

l1º Droit de préférence sur le prix. - Lo créancior anlicl1résistc a


LIVRE 111, - TITIIE 11, - '
PRE~IIERE P,\llTIE. - CH,\PITRE PRE~IIEI\

cnfin u11 droit ele préfére11cc sur le prix, soit y_11a11ll il fait vcnclrc lui-111c111e
l'imn1eublc, soil quand la vente est poursui,·ie ¡)ar les créanciers l1y¡)otl1é-
caires antérieurs, sauf alors a exercer ce clroit de 1Jréférence a son ra11g
(Voir les arrcts précéde1n111ent cités). Et, en effet, la g·arantie de l'anticl1ré-
sisle serait boiteuse si ce droit de préférence n'existait pas. Pourtant, nos
ancie11s auteurs 11e lui accordaient pas ce lJé11éfice. D'a1Jres Potl1ier, l'anli-
cl1résiste ne jouissait c1uc du droit de réte11tio11, il n'a,·ait 1Jas le clroit de
,endre l'l1éritage (Traité de l'liypollieq11c, 232).
Les rédacteurs du Code civil 011t !1eureuse111e11t a!Jando11né celle solulion.
Nous sa,·ons, en effet, que l'article 2088 autorise l'a11ticl1résiste a pour-
suivre l'expropriation de l'i111111euble, d'o1i résulte évidemn1ent le droit de
se faire payer par préférence sur le prix; en effet, s'il devait perdre saga-
rantie en se dessaisissanl ele l'i111111euble, l'anticl1résiste ne poursuivrait.
jan1ais une expropriation dont le pren1ier résultat serait de le dessaisir.

SEC'l'ION II. - G.\GE .


Notions générales. Définition. - I,e gage est le contrat par leq11el un


débite11r re111ct a titre de garantie a son créa11cier la lJOssession d'ur1 n1eulJle
cor¡Jorel 011 incorpore!, que le créa11cier pourra retenir jusc111'it l'écl1éance
a
et faire vendre défa11t de paie111e11t, afi11 ele se 1Jayer ¡Jar privilege et pré-
férence áux autres créa11ciers (art. 2oí3, C. civ.).
Xous avons déjá dit q11e ce n1ocle de créclit joue u11 role in11Jortant dans
la pratic¡11e. Cela tie11l h ce c¡11e 11otre l)roit 11e ¡Jerr11et 1Jas ele conslituer
cl'l1y1Jotl1L'Cit1e s11r les 111e11!Jles (art. 2119, C. ci,•.). 11 e11 résulte q11e le se11l
111oye11 ele Lirer 1Jrofil de lc11r vale11r ele créelit esl ele les ren1ellre en gage
a11 créancier. Ce1ie11elant, 11ous verror1s plus loin q11e le lég·islaleur n1ollerne
a créé, 1Jo11r ccrlai11s IJic11s 111o!Jilicrs (fo11els de con1n1crce, elcnrécs agricolcs,
111c11!Jles garnissa11L 1111 l1t\lel), un 1irocéll1'• ele 1nise e11 gagc sa11s clé¡Jlaco111enl,
a
qui rapprficl1e certains {•garels ce genrc lle gage cl'1111e l1y¡1oll1ec¡11e 111o!Ji-
l ierc.,
Si 11011s recl1ercl1011s les a¡>plícations ¡1ratic¡ues les 1Jl11s 11suellcs elu gagc,
11011s cc>11slalcrons c111c ccllc s11relt': a lc>ujours ólt': forl cn11)lc1y{·c J>ar les
co111111crc:a11ls c111i, 11'ayanl 11as oreli11aire111e11l d'i1r1111c11IJlcs, cl1crcl1c11t ú se
¡Jrcic11rcr el11 cr{:elit 1\ l'aicle tic leurs ÍfJlllls ele cc1111111crcc el ele leurs 111ar-
cl1a11clises. Orla création eles r11agasins gé11{:raux, fails pour rccevoir e11 llt'·-
p,il eles 111arcl1a11eliscs, a l1ca11c<1111i facilil{: el a11g111c11 L,: ele 11c1s jf111rs l'c111-
IJloi 1le ce co11tral. l,c gagc co111111crcial csl 1l'aille11rs, ela11s le Coclc de
co111111crce (arl. 9, 1\ g3), l'objet ll'1111c réglc111c11lalic)11 ¡1arlic11liL·rc, ¡1l11s
si1111ile ¡¡11e ccllc 1111 gagc civil.
Celui-ci, <le so11 c1ité, ¡:sl égalc111c11l clcv1)1111 IJcauco11¡i ¡>lus fréf¡ucnl de la
¡Jarl <les 11011 co1111111•rc;a11ts. La cr{•at.i,111 eles \l1111ls-1le -1 1 i{·t{· a ¡1er111is aux
gens 11c'•ccssil1·11x ele se 11rc>c11rc·r <'II <•ll'cl e¡11el1¡11es ressciurccs, it 1111 la11x cl'i11-
lérel cl'aille11rs asscz c'·levt'•, 111oye1111ant l'c11gagc1ne11l ll'olijcls 111ol>ilicrs 1 •
i. L'inslitutlon des ~lont~-de-Piélé n été régle111enléc pnr le décret du 2-í n1essidor
:

D'at1tre part, la 111ulli¡Jlicatio11 eles valeurs 111obilieres, aclions el obligations,


sous la forme 110111i11ative ot1 au portet1r, a ¡Jer111is de les uliliser co111n1e
instr11n1e11ts de créelit. Les ava11ces sur Litres couramn1ent négociées ¡Jar
les éLa!J!isse111e11ls lle crédit re1Jrése11lcnt cl1ac1ue année eles ce11tai11es ele
111illior1s (plus de l1oo 111illions pot1r la seule Bane¡uc de France ).

s t. - f::011,litions de fo1.•1uatlo11 tlu co1.1trat de g11,i,;.-.

Quelles choses peuvent etre données en gage. - II n')· a c¡ue les


meubles qui puisse11t ctre l'o!Jjet d'un gage (art. 20 1 2). Pour les in1n1eubles,
il }' a, nous l'avo11s ,-,1, une forn1e spéciale de na11tisse111ent qui est l'anti-
cl1rese.
Cepencla11t, certai11s arrets de Cours cl'appel onl elécielé que les i111111eublcs
t·elifiés et a111é11agés par 1111 con1111eri;-a11t en vue ele son exploilation con1-
111crciale deve11aieut un eles élé111e11ls du for1els ele con1111erce, et se trou-
vaic11L ai11si er1glo!Jés ela11s la 111ise e11 g·age de celui-ci (!Jau, G 11ove111bre
1911, D. P. 1912.2.3 15, S. 1913.2. 193). ~Iais cetle solulior1, conlrairc at1x
ter111es précis de l'arlicle 20 1 2 elu Coele civil, a éLé re1Joussée par la Cour ele
cassation (Req., 20 jan,ier 1913, Gaz. Pal., r2 février 1913), qui a clécidé
c¡ue le conlrat de gage ne ¡Je11L s'appliquer ni aux i111111c11J¡Jcs co111pris cla11s
le fonds de co111r11erce, 11i 11 l'outillage et autres objets qui or1t revctu le
caraclere cl'i111111culJles IJ'lr cleslinalio11 (\1 • note ele ,1. JJercerou sous 'l'rilJ.
civ. Dijon, 3o 111ars 1!)º8, D. ll. 1909.2.153).
Taus les 111e1lbles, en reva11cl1e, peu,·ent ctre do11nés en gage, no11 seule-
111e11t les olJjets corporels, 111ais les cl1oses incorporelles : créances orclinai-
res, Litres 110111inalifs, au J)Orleur, it orelre, fo11ds ele co1n1nerce, IJrevels
cl'i11vention, el 111c111e le elroit cl'exploitalio11 cl'11ne concession de clistribu-
lior1 <l'énergie élcclrique ('fo11louse, 3o avril 1u13, Gaz. Pal., G- 1 j11illet
1!)13).
f~cs rer1les sur l'l~lat JJc11Ye11l égale111e11L clre clo1111ées en 11antissc111cnt,
c¡uoic111'cllcs soic11L insaisissal)lcs. Ccllc i11saisissalJilité en ell'et a seulc111ent
pour )¡11L cl'i11Lerclire les saisics-arrt)IS er1Lre les 111ai11s clu 'frésor; elle 11'en1-
¡Jccl1c ¡ias le gagislc ele 1lcr11a11clcr la vc11Le ele ces rentes, a11 cas ele 11011
.
pa1c111e11 1 a' !' ec
' 11cance.
'

Du cautionnement en argent. - l,e c111lliu1111e111e11t (a11 scns vulgaire cl11


111cll) ou re111ise el'ur1c C<'rlainc so111r11c cl'arg<)lll i1 Litre ele garanlie de la
IJ1J1111e gesticln d'u11c }JcrscJ1111r, lcl qu'il s'e111¡>loic, soit llour les fo11ctio11-
11aircs 1>11lJlics, soil entre e1111>loyés el cl1cfs 1l'enlre¡Jrise, esl u11e sureló
a11alrJg11e :\ la cu11slilulirJ11 111• gagc. 11 011 clifl'erc ccrienclanl en ce c¡ue la
¡icrso11nc h lac¡ucllc l'argcnl esl rc111is en clcvie11L ¡Jropriélaire, puisq11'il
s'agiL ,le cl1<JS1)s co11srJ111¡ililJll's, el 11ri11 si111¡>lc 1iosscssc11r co111rr1e ela11s le

1111XII et In loi ilu 21 juin 18:;1. !Is jouissenl du 111onopule dn pri\t sur gagl' d'objcls
1nuhiliers curporels; ancun¡•. antre pcrsonne n1i peut tlone ~e livrer á ces opi\rations. Ce
n1unopol1, ne s'appliq111• pas aux clHJs,•s incorpor1dh,s, et ue s'oppose pas, par ronséquent,
il la lt'·galité des avances sur litres pratic¡uécs par les llanqurs.
LIVRE '
, III. - TITRE II. - PRE:\IIERE PARTIE. - CHAPITRE PRErtlIER

_gage ; mais I'acci¡Jie,is s'e11gag·e a restituer une somn1e égale au ter111e


convenlt, si l'intéressé a l)ie11 re111pli ses obligations (V. Cri111., l1 j11illel
1912, Gaz. Pal., 1913.:i.491).

Qui peut donner une chose en gage. - Le gage peut ctre donné: soil
par le (lébileur l11i-111e111e, soit ¡)ar l1r1 tiers ¡Jour le délJileur (art. 2077). Le
a
tiers qui consent don11er sa cl1ose e11 gage llOur gara11Lir la dette d'autrui,
11e s'ol)lige 1Jas person11elle111e11t, a la clifTérence de la caulion. I~n ce c¡11i le
concer11e, le droil dtr créancier se li111ite a I"ol)jet qui ltri a été ren1is.
Que le coQ.stituant soit le (lébi teur ou un tiers, en tout cas, pour co11stituer
une cl1ose en gage, il faut e11 etre pl'opl'iétail'e et etre capable de l'alié11er.
Le (léfaut de pro¡Jriété d11 constituant expose le créancier gagiste a l111e
actio,1 en !'evenclicatio,i du vel'tts clon1i1zus. l 1ourta11t, cetle actio11 en reven- ·
dication peut se trouver paralysée par la r<\gle : en fai t ele 111eu)Jles posses-
sion Yaut Litre. E11 efl"et, a11 regare! des tiers a11tres c¡11e le constitua11t, le
créancier gagiste est l111 possesse11r, et peul se prévaloir de cctte regle a leur
enco11tre aussi bie11 qu'1111 ncc111ére11 r.
Si le gage a été constitué ¡Jar 11n débiteur 11'ayn11t pas la capacité d'aliéner
et non régulicre111e11t l1alJilité, le contrat est e11Lacl1é d'une ,iullité l'elatiiie.

Formes de la constitution de gage. - Le contrat de gage ne se for111e


pas par le seul accorll (!es volo11tés ; il a toujou rs été co11sidéré, dep11is le
Droil ro1nai11, co111111e 1111 co11ll'al l'éel. 11110 prod11it do11c ses effets que par
la !'e1nise ele la c/1ose a11 cri•ancier ou a u11 tiers co11ve11l1 (art. 207G).
En del1ors de ce prc111ier élé111enl, la loi exige, 1)011r la ,·alielité elu co11tral
.\ l'égard des licrs, dc11x: co11llitio11s: J)'alJorel la réclc1clio11 1l'1i1i acJc écril
(art. 2074); ensuite, c¡11a11d il s'agi t de, créa11ces, la sig11ijicatio1i de ce/ acle
au lléúileltl' lle la créa11ce clo1111ée e,i rJª!/C (arl. 2074).
11 faul élt1elicr s11ccessivc111cnl ces Lrois co11dilio11s. J,a 1ircn1i<'·rc csl rc-
lJUisc a11ssi !Jic11 ¡iour la Yalielit,:~ ele la co11stit11Lion ll11 gago i1iler¡Jarles. lJtIC
a
pour so11 cflicacilé l'e11co11lrc eles ticrs. Les <le11x: a11trcs so11l 11éccssaircs
1111ique111e11I JJOtir la valillilt'• ll11 ct>11lral ,'¡ l'1'g<1r1l <les licrs.

l. - Déposseesion du débiteur.
La llé1>osscssio11 ,Iu 1léhilc11r csl 1111 élé111c11l essc11Litil ¡\ la for111alilHl el11
contra!. l,e si111¡1ln accnr1I tic volo11Lés 11c créc auc1111 droil s11r l'olJjct
re111is c11 gago a11 ¡>rc>fil 1111 crt'•a11cier; celui-ci 11'aclJt1icrl 1111 elr1>il r1'cl sur
ccl olJjcl t¡11'a11La11l <111·¡¡ lui c11 a úté fait lra(iilillll. i,'acc1J111¡>lisst•111c11l 1lt•
cnllt: co111litili11, 11011s i11sislcJ11s s11r ce llü inl, csl 11éccss11ire e11lre les ¡i11rlies
e/les-111c111cs. l 1e>11r <¡110 le cr1•anc_icr ¡J11issc se ¡JréYaloir <i11 co11lral ,\ l'cnc1H1lrc
ele son <lt'~tiile11r, il fa11L 1111'il soil 11a11li, c't•sl-it-elirc 111is en p1isscssio11
cll'ccliYc 1lc la cl1cJsc e11gag{·c 1(;iv., 18 111ai 18!)8, I>. 11• 1 \)ºº· 1./181, S. !J8. 1•
4:13).

i. V. Ple, 1"raittlt!lé111e111. de /e_r¡i~·l. i11dus1,·., 4' édit., 11° tOl.8 bis.


r
,

:'iA:'iTISSE~IE'íT

011 peut s'éto11ncr a11 1Jrc1nier al)ord q11e le Code civil ait 111aintenu cette
regle ven11e d11 Droil ro111ain. En effet, elle ne s'accordc 1Jas l)icn avec le
príncipe e11 Yert11 eluq11el la conve11tion suffit pour tra11sférer la propriété
el'u11 l)ie11. el lllus gé11érale1r1ent pour eng·cndrer 1111 droit réel (art. 1138).
La raiso11 ele la solution contraire consacrée par l'articlc 2oíG, c'est qu'il
fa11t rc11elrc a1)pare11lc aux yeux des tiers la constit11 tio11 d11 gage, a fin de
les ¡Jrévc11ir q11'ils n'o11t ¡Jl11s a co111¡Jler sur la ,·aleur de l'olJjet. La dé¡1os-
:,;essio11 joue done 1111 r,'ile ele pttblicité. Bie11 que requise da11s les ra¡)porls
eles parties entre elles, elle bér1éfice surtout a11 public, a11x tiers (''· Civ.,
l!) février 1894, D. ll. 94.1.420, S. 94.r.2í3).
Le but 111en1e de la regle nous indique de quellc n1aniere elle doit etre
ap1Jliquée. Co111111e le dit l'arret précité du 19 février 1894, la livraison doit
etre un fait a11pare11l, ele nature h avertir les tiers t''· aussi l{eq., 29 décen1-
)Jre 18í5, 1). Jl. íG.1.219. S,íG.1.109; llec1., 2janvicr 1912, D. P. 1912.1.35í,
S. 1g 1 2. 1 .200). J>ar consée1ue11t, u11e si111ple trallitio,ifeinle, laissan t la cl1ose
e11lre les n1air1s du débiteur :\ titre de constitut possessoire, ne s11ffirail pas.
11 fa11t que le dél)ileur 11e reste pas déte11teur de.la cl1ose. D011c, la remise des
clés d'un 111agasin ap1)arte11a11t a11 débiteur da11s lequel so11t déposés les
ol>jets e11gagés, 11e donnerai Lpas efficacité a la constitu tion du gage (Req.,
'.J8 111ai 1910, S. 1910. 1.488).

:'\11 sur¡Jl11s, cor11111e la 111ise de la cl1osc a la elisposition d11 créancier dé-


pcnd ele circcJ11sla11ces varial)les et con1plexes, l'appréciation clu poir1t de
savoir si clic a e11 lieu réclle111ent, rentre dans les pou,,oirs des juges du
for1d (lleq., ?.9 déce111JJre ,8í5, D. J>. í6.1.219, S. íG 1.109).
Ce n'est pas !out que ele 111cltre le gagistc e11 possession. L'arliclc 2oí6
exige q11c la elépossession d11 dé]Jite11r soit continuc et dure jusqu'lt l'cxpi-
rati,)11 cl11 cor1trat (lleq., :iG n1ars 19oí, D. 11 . 1909.1.58, S. 1911.1.3í2). Le
Coele a Y(J11l11 air1si co111)er co11rl aux ¡Jratic111es a11cien11es consislant, aprcs
la prise de posscssio11 par le créar1cier, a restituer la cl1ose lt titre précaire au
clélJilc11r. Ur1c !clic })ratique scrail de 11ature lt pern1ettre de fra11der les ticrs.

De la tradition des choses inoorporelles. - La rc1nise a11 créa11cier


csl cxigée, 11c>I1 se11len1cr1l ¡Jo11r les CJ)Jjcls corporcls, 111ais 111e 111c po11r les
cl1<)scs ir1c1ir1>orcllcs, créanccs el a11Lrcs elroits, clor111ées e11 gagc. Ce ¡1oi11t a
ce¡1c11cla11t été contcslt'i ¡>ar <111clc¡11cs auleurs, ¡>our la raiso11 t¡ue l'arti-
cle '..!075 relatif au gagc eles 111eul)les ir1corporels 11e fait pas 111enlior1 ele
ccllc co11clitio11. ~lais cclte 0¡1i11ior1 11'a ¡Jas trouvé et 11c J>ouvail tro11ver fa-
\'Cllr. 1•:11 cll'cl. l'articln s11iva11L a s,Ji11 <le 11011s ,tire <111c, 111111s lo1is les cas,
le gag·c <loil elrc 111is eu la JJosscssi,)11 <111 créa11cicr, el l'article !)'..! du Codc
1le con1111ercn, révisé cr1 r8G3, reprocl11it la 111e111c for11111lc. 1\11ssi, la juris-
t>r11cle11cn a-t-1ille l<)11j1>11rs exigó la Lraclili<)ll ¡1011r Lous les droils i11c1Jr¡10-
rcls, <111els <¡u'ils soicr1l (Civ., :1oja11vier 188li, 1). ll. 8G.1,!toG, S. 8G.1.3o5,
11tlle de i\l. l.yo11-Cac11; 18 111ai 18!¡8, 1). 11 • 1!)ºº· r .!181, 11ot0 ele ~l. Sarrul,
S. !)8, r ,/133, IHJlc Je i\f. Ly1Jr1-Cac11; :.i!1 ja11vicr l!JO:i, 1). l1• 1go~>- 1.!1¡)3, S.
l!jf>;),1.1 r:~).
!leste :'t savoir c,,111111c11L <111 1>011rra cll'ect11cr cellc lradilio11. El e11

LIVI\E 111, - 'flTRE 11, - PRE~IIEI\E P ..\RTIE. - CIIAPITI\E PRE~IIER

effct, la rc111ise n1atérielle eles cl1oses incorporelles 11'est ¡)as Lo11jo11rs fa-
cile a réaliser el'u11e fa<;on ap¡Jarente, it n1oins que le clroit elo1111é 11e soit 1111
ti tre a11 porte11r incorporé dans l' acte écri t. \T oici les sol11 lio11s auxq11elle;-
on est arriYé :
S'il s'agit de créa,ices, la n1ise en possession se r<'·alise par la livraiso,i d11
litre, c'est-a-dire de l',\cril co11stc1ta11l !et créa,zce(Civ., 1¡ ja11,ier 1908, D. 1).
1910.1.522, S. 1910.1.53¡. 11otc ele \l. \aquel). ()n co111prenel elu reste q11e
celte livraison 11c co11stilue pas pour le créancier u11e gara11tie suffisante,
car elle n'esl ¡Jas cor1nue clu clébiteur de la créa11ce. C'est po11re111oi la loi en
con1plete l'efl'el ¡Jar une significalion dont 11ous parlerons plus loin.
\
S'il s'agit ele droils siiccessijs, la tradition consiste a re111ettre au créan-
cier l'acte qui constate l'existence de ces droils, par exe111¡Jle, le testan1enl
(\i. CiY., 19 février 1894 précité) '.
Cetle Lraelitio11 elt1 tilre écrit esl d'ailleurs ¡Jarfois lrt.'S ge11a11le. Elle re11cl
in1possi)Jlc la 111ise e11 gage eles créa11ces 110n constalées 11ar ,:crit, 011 eles
droils successifs c1b i11Leslal (\' oir nota111n1cnt ¡Jour ces der11iers, Civ., 1H fé-
,·rier 18n4, D. P. 9 11. 1.!1:>.o, S. 9!1.1.:1¡3, 11ole ele ~l. I,yo11-Cae11 . C'esl un ré-
sultat f,icl1e11x; l'i11Lérel du créclit ele111a11derait q11e cl1ac1111 1J1'tt au )Jesoin
affecter a la g·ara11tie ele ses créa11ciers tous les élé111e11ts e¡ui con1pose11t son
patri111oi11e.

Remise de la chose a un tiers autre que le créancier. - 11 r1'est pas


nécessaire q11e l'objet soit livré a11 créancier lui-111en1e; il ¡}et1l l\lre cor1fi<~

a un liers ,:art. :io¡G), e¡11i le posséelera pour le co1111Jte d11 gag·iste. Ce pr<)-
cédé, elésig11é par 110s a11cie11s a11le11rs so11s le 110111 ll'e11tiercc111e11l, esl fré-
l¡t1e11I e11 r11alit'·re co111n1ercialc; il ofl're le cloulil1• avautage lle llé!Jarrasser
le créa11cier lle la garele cl'u11e cl1ose c11co111IJra11te, el ele per111ettre au clébi-
te11r ele tirer ele ses 111arcl1a11elises ¡Jar ¡Jl11sic11rs engag·e111e11Ls s11ccessifs, Lo11t
le créelil clo11t-clles so11t susceriti!Jles; le Liers cléle11leur ¡J<>uva11t elre cl1arg{,
lle co11i;er,er la el tose re1nise 1'11 gag·e ¡Jo11r le cc1111¡Jl<' lle ¡1)11sieurs créa11ci<'rs
,\ la fois. C'esl 11r<\cis{•111e11l 11our 11er111eltre l'e1nploi lle ce ¡1roc{·lló c¡11'eJ11l
été cr{,{·s les 111nr¡11si11s r1énl;l'<111x el 1¡11'a t'·t{, i11ve11t{, Jp litre aJ>JJPlé ll!ltl'ranl.

11. - Conditions requises pour la validité du contrat


A l'égard des tiers.
1° Rédaction d'un acte écrit. - 1:arliclc ·io¡/1 ,1·111 1¡ue ln11lc C<JI1\'c11-
Lio11 ele gage soit co11slat{:1' 1la11s 1111 11clc l;tril, JH1lilic 1111 s,111s ,;<'i11g ¡1ri,{·.
1l1irne11l c11rcr¡istr,:.
(~Pl {·cril lloit Cllltlenir el1,11x 111t,11li1,11s: ,\. la 1l{·clarali1111 eJ,, la s,1111111c 1lur,:
13. 1'1'SJH'.ce Pl la nal.llr<' eles cl1t1ses r<·111isPs 1,11 g·age, tlll 1111 {·tal a1111t•xé ti<' l1·11r,;
- e¡11alit{·. Jll>ills <'l 111Ps11re.
llc111r c111111>rc11elrP la rais1HJ 1l'<'•lrc 1lc c1,Ltr, rt'•g·l1•, il fa11l 1'11 Cllllllaitre
!'origine. I•:Ilc viP11l 1IP n<>I l'<' anci<'n J)r11il (arr1\t. de r1\g)p111<'11l. d11 ·1:1 110,c111-
IJrc 1;·>!)!), C1l11fir111{• 11ar l'arlicl1, 111,'i 111, )'11r<lo1111ance' ele janYicr 1(i:l\l el [,,,_
1. Pour IPs hrPl'l'lS 1l"in1•pntiun, \'oir Paris, 2!l no1lt lXfi:, ,:s. (iü.'.!.~-l); pu11r l,·s droils di'
propriété littérnire et arlisti1111c, Pnris, 1,; jauvi1•r 1~7-i (ll. P. 7:i.~.4:l, S. 7ü.~.IO;.
'í A'íTISSE~IE'íT

arlicles 8 et 9 <lu Litre ,r1 de l'ordonnancc sur le co111111erce de n1ars 1673).


Elle fut édictée pour éviter qu'un débiteur aux abois ne fit une constitu-
tion de gago frauduleuse au profit d'un ticrs, afin de soustraire tout ou
partie de son actif aux poursuites de ses créanciers.
Cette raison explique les conditions exigées par l'article 2074.
¡\. - Il faut que l'écrit soit passé de,·ant notaire, ou, s'il est sous seing
pri, é, qu'il soit enregistré. La loi veut ainsi en1pccl1er le danger d'une
0

a11tidate.
B. - L'écrit doit contenir la désig,iatio,i précise de la cl1ose donnée en
gage, a.fin de rendre in1possible la substitution d'une cl1ose précieuse a un
objet de n1oindre valeur.
C. - 11 doit enfin mentionner le mo,ita,it ele la som,ne dtie, pour éviter
ql1e cette son1n1e ne soit modifiée apres coup.
Le but n1cn1e en ,·tic duque! la regle est établie permet d'en déterminer
aisé111ent la sanction. La réd 1ction de l'écrit r1'est in1¡Josée que dans l'inté-
rct des tiers. ,\ défaut tl'écrit réunissant les conditio11s prescrites, le contrat
reste done valable entre les parties, mais le créancier ne pcut pas opposer
son droit aux tiers intéressés (V. Potl1ier, Trailédu,ianlisseme,it, nº 17, éd.
Bugnet, t. 5, 11, 396).
Qt1ant ;'1 la portée exacle tle la regle, elle varie quelq11e pel1, suivant qu'il
s'agit de 11ie1tbles corporels ot1 de ,nettbles i,icorporels.
S'agi t-il de ,1ieubles orcli,1ai,·es, e' es t-a-dire corporels, l'article 207 !1 .ali11éa 2,
11ous <lit q11e (< la rédactio11 de !'acle ¡Jar écrit et son enregistrement ne sont
prescrils qu'c11 111atiere cxcédant la valeur de ce11t cinquante francs ,>. Cettc
solution esl to11l a fait 1•aiso11r1a]Jle, car il serait excessif lle requérir la
forn1alité d'un acle écrit pour des 01Jératior1s ro11lant sur des valeurs infé-
ricU1'es a 150 francs, r1'01Tra11t par conséque11t que eles llangers bien n1ini-
111es pour les Licrs.
,\11 contrairc, lorsq11'il s'agit lle la r11ise e11 gage de me1ibles i,1c_orporels, en
1>arlic11lier de créanccs, l'arlicle 2075 ¡Jorle si1n1>lc111en l q11e le privilege ne
s'í:talJlit <( ffUC par acle ¡>ul>lic 011 so11s seing privé, a11ssi cnregistré etc ... >>
(~<J111111e le tcxle 11'ajoulú ¡ilus r111'il 11'c11 csl ai11si r111'au-lless11s lle 150 francs,
<111 tloil 011 i11cl11ire, sa11s r¡11c d'aillc11rs on 1111isse llon11er (!e l>on11cs raisons
ele cellc clifl'órc11ce, ,¡11'1111 acle écril el c11rcgislré cst 11ócessaire ¡1011r to11l.
11anlisscrnc11l, f11L-il ir1féricnr :1 1:io fra11cs.
l)a11s lo11s IPs cas, 011 cloit, croyo11s-11011s, tléci<lcr <¡uc la JJrod11clio11 d'u11
écril 110 JlCUI c\trc sup1Jlót'·c ¡iar l'ave1t 011 le ser,11e,1l; car (le Lr.ls n1odcs de
11re11vc, 011 ¡>rclar1t ;'i la collusio11 tl11 <li'il>i tcur el <111 créa11cicr gagislc, fc-
raicnl courir a11x ticrs In 111<\1110 clangcr cl'anl.illalc r¡11'1111 écril non cr1rcgistr<'·.
J•:11 rcvanclu\ not1s csti111<>11s <¡110 les fails assi111il<'•s ¡Jar J'arliclc 13'.!8 n
l 'c11registrc111c11l (n1f>rl cl11 signatairc lle l'<\cri l 011 rclalio11 <le la s11l>sla11cc
tic !'acle rla11s 1111 Litre a11Ll1cr1Lir¡11c) cl,iivent. aY<Jir la 111,\1110 r,fficacilé <¡11c
l'c11rcgisl.rc111e11t, ¡io11r la rí:g11larisalio11 ,Ju gag1\. ca1 ces 111,1tl,1s tl'acr¡11isilio11
1

<l'1111c <late ccrlai11c ¡>rol<'•gPnl loul a11la11l le.~ Licrs conlrc le cla11g<\I' cl'1111c
a11li<lalc fra1ul11lc11sc.
Torne 11 48


LIVRE III. - TITRE II. - '
PllE'.lflERE P.-1.HTIE, - CH,-1.PITRE PRE)IIER

2°Formalité spéciale a l'engagement des créances '. Signification


de 1·acte écrit au débiteur de la créance donnée en gage. -- Q11a11el le
gage a ¡Jour olJjet 1111e créance, l'article ?.075 prescrit une troisie111e co11di-
tiou qui consiste a sig11ifier l'écrit co11slataut le conlrat <le gage au clé}Jiteur
de la créance.
Cette sig11ification prósente ici la n1e111e 11lilité qt1'en 111alicre ele ccssio11
de créa11ce (art. 1690, C. civ.). C'est elle qui rcnd la constilutio11 ele gage
opposalJle a11x tiers. 'fa11t c111'ellc 11'a pas eu licu, le créancier gagistr. 11e
peut pas se prévaloir de son droit pot1r exiger le paiement dt1 délJiteur ele
la créance; cel11i-ci ne con11ait jusque-la que son pro¡Jre créancier. ·
11 ,·a de soi que la sig11ifica tion 1Jo11rrai t etre suppléée ¡Jar le 111ode
a
sulJsidiaire énoncé dans l'article 1690, 2• ali11éa, sa,·oir l'acceplation ele
la constilt1tion de gage faite par le débitcur da11s 1111 acte aull1e11tique (Civ.,
27 jan,ier 1908, D. P. 1910.1.522, S. 1910.1.;j37).

Regles particulieres du gage commercial. Leur application par-


•tielle A certaines mises en gage civiles. - Les regles que 11011s ,·e11ons
d'incliquer sont écartées e11 ce q11i concerr1e le gage co1111ncrcial (arl. 208!1).
1° C'est to11t el'aborcl la for111alité co11sistant da11s la réelaction cl'un écrit,
que la loi écarle e11 111atierc co1111r1erciale (Cf. art. 91, al. ,•··, C. co111., 1110-
elilié par la loi clu 23 111ai 1803), par celle raiso11 q11e la rapidité eles 01Jéra-
tions co1111ncrciales r1e per111et pas toujours a11x com111crc;a11ls, lesc¡nels uscnt
a
beauco11p·du pret sur gage, de recourir un lel mode de preuve.
2º J,a significalion a11 clólJi tc11r csl égale111ent s11pprin1éc, au n1oins da11s

ccrtains cas, et re111placéc llar cl'a11tres for111alités qui varient suiva11l les
créa11ces clor1 l l' c11gagc111c11 l cst elfcclt1é.
L'article 91 clu Code lle co1n111erce, 111odifié r>ar la loi clu 23 1nai 1803,
fait i1 ce s11jet la disli11ctio11 suiva11tc:
.\. -- Pour les créa11ces co,itre ¡>erso111ie (lé11011z11zée, elont la ccssicn1 cloil
elrc signifiéc au llé!Jile11r (art. 'º!lº• C. civ.). il 11'est JJas llérogé at1x rt'.glcs
clt1 J)roil con1111u11 (art. !)', 11" al.,(:. con1.'). L'acte Cl>r1stitutif lle gagc <lcJil.
' . 1, cnrcg1s
el once'l re 1·cr1 • Lre' e l s1g111
. º 1'11•' a11 le
l '1 II. t cur ._< l e 1a crea11cc.
' J''..JI e 11ºe 1,
ces for111alitús ¡irésc11le11t ici la 111e111c t1lilitú <[UC si le gag·c útait civil.
l3. - 11 e11 cst a11lre111cnl 111>ur les litres <lit ¡>or/e11r, les tit,·cs (t Ol'<lrc,
les 1•alc11rs 110111i11r1li1•cs.
a) 1'ilres ltlt ¡>01·lc1t1·. - 1,cs Litres a11 IHJrtcur se lra11sfer1111l. ele la 111ai11 ·i1
la 111ai11, c1>111111e 1111 ol>jcl 111c1IJiliPr; le 1lr<1it lle créa11cc est inc11r¡>1>rt'.· tlans
!'acle úcrit el se tra11sn1el avcc l11i. l)es lors, la r11111isc 1!11 l.itro a11 crúa11cicr
gagisle s11flil, sans 11u'il Sllil !Jes11i11 <le signilicalio11 at1 1lt'·liilcur, 1iuis<Jllf'
ccl11i-ci s'esl engagi'· i't 11<1 ¡1ayor 1111·11nlre los 111ains <111 ¡>t>rleur (arl. !J',
1•r al., (;. Cfllll. el 11x.1i11s1', <IPs n111lifs tic• la lcJi cll' 18(i:\).
l~la11t <lc>nni'·s ces lllt)l.ifs, il s11111l>lerait 1111\n1e l(lll' la 1lis11e11se 1lc sig·niflca-
Lic>n clcvrail s'a¡>¡>li1¡11Pr, lt1rs1¡11'il s'ag·il 1111 litros a11 ¡1orl1\11r, a11ssi bien it
1111 conlrat <le gago civil <¡11'.'i _1111 gag11 c:011111111rcial. J>a11s les 1lc11x. cas, la
1. Guionin, ne la 111isB e11 r¡age des créa11ces et .~¡1éciale1111!11I de 1'111•a11ce sur litre.~.
Th~sc de l'aris, 1!l07.


X \XTISSE~IE:'\'.T

signification est égale111e11L sa11s ol)jeL. 'l'el 11'esL ¡)as ce¡ie11ela11t l'avis ele la
j uris1lrudence qui maintient, 11our le gage civil des Litres au 1)orle11r, la 11é-
cessiLé de la sig·11ificatio11, bie11 q11'ellc ne 11rése11lP 11ourla11t a11c1111c utilité
( Ci,·., 3o 110,e111bre 18ti4, D. J>. 65. 1.55, S. 6!1., .5o3; 5 jui11 1872, IJ. P. 72.
1.161, S. 72.1.157; 28 mars 1888, D. ll. 88.1,253, S. 88.1.265).
ú) 1'ilres lt ordre el Palet1rs 110111i11aliPes. - l)'a1lres l'article 91, :!'· alinéa
du Cocle de comn1erce, la 111ise en gage eles litres á ordre ¡leut <)!re établie
¡lar un e11llossen1e11l rt'·g·11licr, ir1diqua11t c111e les ,·ale11rs 011t été re111iscs en
gara11tie.
A l' égard eles valeurs 110111i11atives, le gage csl créé ¡lar un tr,tl!sjerl ele
garanlie inscril sur les registres ele la société' (art. 91, 3° al.).
Ici encore, on cloit se cle111ander si les for111es édictées par l'arliclc \)1 })Ollr

le gage con1n1ercial 11e pe11ve11t etre ,alable1nent employées, c111a11d la 1nise
en /.!"age eles ,·alc11rs no111inalives 011 des litres á orelre a 1111 caraclere civil?
La c111estion est co11troversée. Cela lient á ce e¡11e la loi de 1863 11e c,)nccrnc,
el'aprcs s011 i11titulé, c111c le gage co111111ercial . .
Diso11s Lo11t d'allord que, s'il 1'i agit cl'u11 gage civil, la réclc1clio11 ,!un riele
0

écril dc111cure lo11jours 11éccssaire; c'est un point qui nous parail ccrlain.
Ce que 11011s nous cle111a11dor1s, c'cst si la sig11iflcc1lio1i aii déúileur 11c 1)e11t JJas
etrc rc111¡)lact'e ¡iar les forr11es i11clic¡uées dans l'article gr d11 Code de con1-
111ercc. L'affirrr1alive 11e 11011s ¡iarait ¡Jas <lo11teusc ¡lo11r les valeurs 11or11ina-
tives; car le transfert s11r les registres de la société déllitrice équivaut óvicle111-
a a
111en l i1 1111e significatio11 elle fai le, ou, n1ieux encore, u11e acceplatio11 tic
la ccssion faite ¡iar le clél)ilc11r. <)11anl aux Litres it orclre, nous esti111,Jns c111e
l'c11clossc111c11t lt tilre ele g·ara11 tic re11cl t'•galc111e11L inutilc 11ne significatio11
a11cl{•l1ilcur, p11isc1uf' ccl11i-ci, c11 so11scriva11l so11 ol1ligalio11, s'csl •.>l1lig·ó ;'¡
paycr i1 lo11te perso1111e c¡11i serait dcve11ue portcur régnlicir clu litre ¡iar
,,oie el'c11dossc111e11t. :\éann1oi11s, il y a 1111 arre! c11 sc11s conlraire ,_l>aris,
2 juillet 18(¡G, 1). ll. ()8.:1.!1!), 11ole ele ~l. Dn1111icl1).

A quoi reconnait-on le caractere commercial du gaga? - J,c:, ex-


¡ilicati1111s JJri'·c{·clcntcs n1r>r1lrer1t co111l>ic11 il i111porlc cl'elrc fixé, s11r ce ¡>e1i11t.
lAi 11rc111icr alir1i'•a ele J'articlc \)I cl11 Cnde ele co111111crce no11s e11scig11e c¡u'il
fa11t r<'•¡111ter co1n111crcial" l<' µ-agc constitnt'·, soil JJ11r 1111 co1n111c1·,:a11/, sl)i/ ¡1,1r
11,1. i111li1•i1l11 11011 1·0111r11,·rrr111l. JJOttr 1111 11,·le ,te co1nrncrce ». J>o11r cliscer11cr si
1111 gagc csl co1111r1,•rcial, il l'aul 1lonc s'al lacl11•r au cara el ere ele la ,lcltc ga-
ra11lic et 1111la1111nc•r1L, en cas1le ¡ir<\1, :\ la 1lcsli11alio111/es 1lc11iers ,·. l,acour,
l'récis rlc 1lroil co111111crci11l, i \) 1~. 11º x~:1).

i, La jnrisprn,lence ·ad1net, dn reste, en se fondnnl snr les tern1es de l'nrlicle !JI, el sur
le r11pproi,h1•n1enl du 1" ali111 1a f'I. ,les ,1,•ux 1oli11t111s sni1·ants, <¡uc l'rn1¡,loi dP ces for111es
spicialt•s ,•sl si111plP111t•nl f111·11llatif Pl 11011 ohligatoirc. LP gage con1nu•rrial p<'nt don.:
s'i':talihr pnr lous 11111yPns, confor1niln11•nt /1 l"arlirle 10!1 du Co,le de com111rrcl', pourl'U,
hit•n 1•11t1•n,ln, qu'il y nil PII 111isr. en possession du ,·1·,!ancicr gngislc (Civ., 14 1nars
1910, D. I'. IUII.I.V-1, S. 1\JIO,I 281, note lle ~l. l,yon-Cal'n: .


,
,
LIVRE III. - TITRE II. - PRE~IIERE P.-1.RTIE. - CH,\PITRE PRE~IIER

§ 2. - Effets d11 eo11trat de gage.

l. - Droits du créancier.
Le créancier a un d,·oit réel sur la cl1ose donnée en gage. C'esl ce droit
réel qui constitue sa garantie. 11 lui est do11né, non pas pot1r lui llermettre
ele jouir de la cl1ose, mais pour asst1rer so11 paien1enl préférentiel st1r le
prix, le jour oi'1 elle sera vendue.
Co1nme titulaire d'un droit réel, le créancier gagiste est un ,·éritable
possesseur. Il esl possesseur de la cliose lt litre_ de créa,icier gag is le. San s
cloute, il n'est pas un possesset1r a,iimo do11iini ; il ne se ·considere pas
con1111e propriétaire, il ne peut pas prescrire la propriété de la cl1ose enga-
gée; mais il est un possesseur en tant q11e titulaire íl'11n droit récl, a,iinio
11ig1io1·is, peut-on dire. Il peut done opposer sa possessio11 a1.1x liers c1t1i YOtl ·
draient saisir Otl revendiquer le n1euble. E11 tant que llossesset1r, il pet1I
<'.-galen1e11t se fa_ire ren1ettre e11 possessio11, a11 cas ele ¡lerte ou de Yol. 1\ cc
point de ,·ue encore, il faut l'assimiler i1 celui qui possede t111 111e11lJle a11i1110
clnn1 ini.
Ces explicatior1s 1Jer1netter1t ele cor111Jre11clre aist'·rne11t les diYers a,anla-
ges que le gage clo1111e au créancier. lls so11t au 11on1JJre de ci11c1:
r 0 Droit de rt'·tention; 2° Droit de réclan1er l'objet c111a11el il a t'·té 1Jercl11
011 ,·olé; ~º Droit de le faire Ycndre; 4º Droit de s'en faire altrilJt1cr la pro-
}Jriétó JJar j11stice; 5° Droit ele préfére11ce s11r le prix.

1° Droit de rétention. Indivisibilité de ce droit. - Le droit de r1'-


tentio11 per111et a11 gagistc ele ClJnser,er la 1Jossessil111 ele l'o!Jjct, tant c¡11e la
elclle 11·a ¡1as t'·té i11tégrale111e11t accruittée, la11t c11 1iri11ci11al c111'i11tér1\ts el
frais (arl. 2082, 1"' al.). Jusqu'ú ce n10111e11t, le elé!Jiteur 11e 1>et1l 11as lt·
ronlrai11clre ú la resliluer.
J,'article 2ciH:{ ajoute c¡ue le gagc esl i1i(liuisiúle, 11011olista11l la lli,isiliilil{
ele la cJptle c11ll'c les l1érilicrs, soit ll11 elt'•IJilc11r, soil ll11 créa11cier. Si 1lo11c
il a 11011r objct <les cl1oscs elivisililes, l'l1t'·l'ilicr cl11 elt'·liilcur r111i a ¡)ay(· sa
llart 1la11s la clelle, 11c J>cul. clc111a111lcl' la l'!\slil11ti1J11 1IP sa ¡>r1rtio11 cla11s
le gage, ta11t c¡11c la clctte 11'est ¡ias c11lierc111c11l ac1¡11itl1·e. l\1•ci¡Jl'OCJlll~111e11l.
1'111':l'ilier el11 cr{·ancicr, c¡ui a l'c<:11 sa ¡1art 1lc la rrt'·anc1•. 11<' l><'lll f'<'slilucr 11!
gag·e a11 ¡1l't'-ji11lic11 ele ccux ele ses col1t'·rilicrs 1¡11i ne s<Jlll pas ¡1a~1·s lal'I. :!<iH:~.
~ft nl. :)e al.).

Survivance possible du droit de rétention au paiement de la


dette. - l,ors1¡11'il existe, ti!' la ¡1al'l 1111 111e111c <l1·liit.e11l'. <'11\crs IP 1111\111<'
cri'·a11cicr, 1111c a11l1'1~ clcllc c<111tractt'•1~ pnstúrin111·c111cnt. ct 1lc,c1111<' 1~xigil1lc
avanl le ¡1aie111c11t ele la ¡irc111i<'·l'c, le c1'1•a11cicr n'cst ¡ias 1<•1111 1lc se 1lcssaisir
<111 gage ava11t el'<\lr1~ 1111li1\r1:11H~11l 11ay{: ele l'unc el. 11<~ l'a11lrc <l<•lle•, leu·s 1111\111<'
<¡11'il 11'y a11rail <'ll a11c11nc sli¡111lali<>J1 ¡><>111' all'<)Cl<'l' 11~ ¡.:-ag<· au ¡1aic1111:11I 111•
la seco111le (al'l. :.1c1H:.1, :.1º al.).
(:etll' clis¡>usitio11 ele favcur 11<111s vi1111L <111 l)!'oil r111nni11 (('.<1nst. 1111it1111• •


NANTISSE~IENT

C. Eiia,n ob chirograpl1aria111 pecu,1., VIII, 27). Elle est fondée sur une i11-
t erprétatio11 de la volonté 1Jrésu111ée des parties. On considere que le créan-
(:Íer déja nanti d'un gage n'a consentí a faire une nouvelle avance au .me111e
clébite111', q11e parce qu'il a compté sur la ,•aleur du gage po11r gara11tir a la
fois le reglen1ent de ses deux créances.

Opposabilité du droit de rétention aux tiers. - Le droit de réte11-


tio11 issu du gage est opposable aux a}·ants cause du dé)Jiteur, co1nme au
<lébiteur lui-n1eme. 11 est également opposable a ceux qui auraient t1n
a
privilege sur le 111euble do11né en gage. Cela tient ce que le gagiste, étant
en possession, peut invoquer contre tout recours d'un titulaire de droit
réel cruelconque sur l'objet mobilier qu'il détient, la regle de l'article 2279:
En fait de n1eubles possession vaut titre. Cette raison 1ioit faire décider
que le créancier gagiste, pour méconnaitre le privilege appartenant a
un tiers sur l'objet e11gagé, doit avoir ignoré l'existence de ce privilege
au 111on1ent ele la constitution du gage. Autren1ent, en effet, il ne serait
plus protégé 11ar l'article 2279, puisqu'il lui manquerait la J1onne foi.
Si done nous s11p¡1osons qt1e le n1et1ble donné en gage a,•ait été acheté et
non encore payé par le débiteur, le créancier gagiste de bonne foi pourrait
opposcr son droit at1 ,-endeur, et résister asa poursuite (Arg. art. 2102-4º,
3c al.). Il ne le pourrait pas au contraire, s'il avait su, en recevant le meuble
clonné en gage, que ce 111euble n'était pas encore pa}·é.
Enfin, le créancier gagiste de bonne foi peut également opposer son droit
a
au propriétaire du meuble, supposer que le débiteur ait engagé la chose
d'autrui, pourvu toutefois que ce n1euble n'ait été ni perdu, ni ,·olé
(art. 2279, 2• al.).
On re111arquera ici que, lorsqu'il s'agit d'un n1euble perdu Oll volé, le
créa11cier gagiste de bo11ne foi est n1oins bien protégé que I' acquéreur lle
bo11nc foi. Ce dernier, c11 efTet, a le droit d'exiger du revendiquant le rem-
bot1rsen1e11t de son 11rix, s'il a acl1clé la cl1ose dans u11e foire, un n1arché, une
vente pulJlic¡ue, 011 d'1111 111arcl1a11d ,-endant des cl1oses pareilles (art. 2280,
,•• al.). A11 co11traire, le créancier gagiste, auquel son débiteur a remis la
cl1ose perd11e 011 volée, 11e re1r1¡Jlitjan1ais cette conditio11, et, des lors, il ne
peul 11as rt''.clan1cr le prix du gag·e lorsqu'il en est évincé par la revendica-
tion d111•erus (lo1ni111ts (Civ., 11 111ai 1898, D. P. 98.1.50!1, S. 98.1.481, 11ote
ele 1\-1. 'l'issier; 'frilJ. co111. 13r11xelles, 18 rr1ai 1910, D. P. 1911.2.209 1 note ele
~I. ele Loy11es).

:iº Droit deréclamerl'objet aucas dedépossession non volontaire.


- I~orsc¡t1e le créa11cier gagislc a per(lu l'o)Jjet rcn1is c11 gage 011 a été vic-
ti111e cl'1111 vol, il 11e11t e11 dc111a11cler la rcstitution au tiers entre les mai11s
(l 111¡11cl il le tro11vc, co111n1c le ferait le propriétaire lui-1111~mc, c'est-a-dire :\
la cl1argc d'er1 restitucr le ¡)rix, si le possesse11r act11el l'a ncquis de bonnc
f'oi (lar1s 1111e foirc c¡11 cl1ez 1111 111arcl1and vcr1da11l des cl1oses ¡1arcillcs ,
(arl. :i:180, 1º' al.).

:1° Droit de faire vendre l'objet. - Si le délJitc11r 11e ¡>aic pas la delte a


LlVRE III. - TITRE 11. - '
PREc\IIERE P,\.RTIE. · - CIIAPITRE PREMIE R

l'écl1éar1ce, le créa11cier a le clroi t de faire vendre le gage afi11 de se paye r


s11r le prix (arl. 20¡8, 1º' al.). <J11 peut se de111a11de1· e11 quoi consiste au
juste so11 avantage, éta11t do1111é que tout créancier a le droit de faire vendre
les bie11s de so11 délJite11r. La ré1lonse it la questio11 est tres sin1ple. La por-
tée ele la dispositio11 de l'article 20¡8, 1,r alinéa, c'est que le créa11cier ga-
giste se trouve dispensé de l'obligatio11 ele procéder lt 1111e saisie ,nobiliere.
Il s11ffit <¡u'il s'adrcsse au trilJu11al 1Jour lui demander <l'orelonner la vc11te.
La vente doit avoir lie11 aux e11cl1eres, ou lt la J3ourse, s'il s'agil de vale11rs
nógocialiles, e11 to11s cas á de bien 111oi11clres frais c¡ue ccux q11'entraine 11ne
• •
satSIC.
1\jo11tons que l'article 20¡8, 2' alinéa, frappe de nullité toute clause qui
a11toriserait le créancier a vendre sans observer les formes prescrites. c'est-
a-dire sa11s avoir obten11 la pern1ission du tribunal.

4º Droit de se faire attribuer le gage en propriété. - Ce droit est u11


s11cci~dané clu précéde11t. Ce 11'esl q11'1111 n1ode de réalisation de la valeur de
a
gage incl11se da11s l'olJjet réaliser, plus si111ple et plus rapide qu'1111e 111isc
en vente. A11 lie11 de requérir la ,·e11te, le créancier pe11t faire ordonner par
le tribu11al que le gage soit esti111é par experts, et lui demeure en paie111e11 t
jusqu'a concurrc11ce de ce qui lui est d1i. En s0111111e, on le voit, la loi
don11e au créa11cier le <lroit ele se faire attri!Juer en justice la propriété du
.• me11blc 1Jar voie de dation en 11aie111en t 1 •
On ren1arc1ue1·a que, d'apres l'arlicle 20¡8, l'optio11 entre la ve11te el l'al-
a
tri!J11tio11 cc1· 11alure a1Jpartient au créancier el no11 la j11stice. Le trilJunal,
lorsq11'il est saisi d'une <len1a11de d'altrilJ11tio11 en pro11riété, esl done ten11 de
défércr a11 désir d11 créa11cier.
Si la Yaleur clu 111e11IJle est su¡)érie11re a11 111onlant ele la créance, le créan-
cier attrilJutaire du gage deYra ¡)ayer 11nc soulle a11 clél)ite11r.

Interdiction du pacte commissoire. - Si la loi autorise cette attrilJ11-


tion judiciaire de ¡Jropriété, elle i11terdit cl'insérer <la11s le co11trat u11e cla11s e
en ,ertu de la<¡11clle le créancier, 110n 11ay1~ ¡\ l\'·cl1éa11cP, elc,neurerail ele

plei11 droil pro¡,ri{'.l11ire el11 gage (arl. :.io¡8, al. :1).
Cette cla11se,dite¡Jaclc co11i1ni.~soi1·e,a to11jours {·11· i11tcrelitc, parce 1¡u'elle
¡irése11te lro¡> ele da11ger IJOllr le elélJi le11r <Jui, JJ<)IJSsÍ• 1iar le J,esoi11 el'arg·c11l,
et remcltanl 1111 ol,jcl de valeur su¡)érienre a11 111011la11l tlu ¡1r<'L, s'y S<H1111et-
lrait cepe11ela11t 1la11s l'csl>éra11ce ele 1>ouvoir re111IH111rser le ¡>releur a
l't'.•cl1éa11ce. Le ¡1acle cci111111issc1ire esl u11 1noyc11 d'{•cl1a1i¡)er a11x reslricli<)llS
légnles do l'11s11re c¡11e les prc~te11rs cc1n11aissenl liion. Aussi s'i11génie11t-ils á
tour11er la 1>rol1ibitio11 clo la loi, 11olnn1111cr1l, co111111e no11s I'avons Yu, en
masquant leurs o¡>{•ralio11s sous l'a11parc11ce fl'1111e vente¡'¡ ré1116ré (V. sttJJr,i,
}l, !186).

t. La loi du 1i 1uars l.909 rclalil'e au nnnlissl'nH•nt tics fonds de co1n1nerce, 11rl. 8,


2• ni., cnleve au rréancicr gngisle le droil lle se faire nttrihuor le fouils en pnil'ntcnl
jusc¡u':\ cine concurrcncc, C'cst c¡u'il s'ngil lcl d'un hien qui prul nvoir une grande valcur,
el l'expertise n'olrre pas les 1110,ncs garanlies pour les nutres créanciers c¡u'nne vente
aux cnchercs.
NANTISSE~IEXT

11 11e fa11~ pas d'ailleurs s'égarer sur la porlée de la prol1ibilion. Elle ne


,·ise c111c le pacte co111missoire concl11 au nio1ne11t de lct co1istit1itio1i d11 gage,
111ais non la convention IJoslérieu re i11terYenue, soit a pres l'écl1éa11ce de la
delte. soit n1c111e a,·ant l'écl1éance, co11,·c11lion par laq11elle le dé)Jileur
co11Yie11clrail de laisser au créancier gagiste la 1Jro1Jriété de la chose au cas
lle 11011-paic111e11t. U11e telle co11vention, clisent les arrcts, est 1Jarfaite111e11t
licite (Req., '.lI 111ai 1855, D.}). 55.1.279, S. GG.1.{15; J\cq., 17 oclolJre 1906,
D. P. 190,.1.79, S. 1911.1.572). Laj11ris1Jrude11ce fonele cetlc Loléra11ce s11r
les tcr111es de l'arlicle 2078, 2• ali11éa, qui, eli l-011, suppose u11e clause insé-
rée lla11s l'acte constitutif elu gage. Le texte est pourtant 1noins forn1el
qu'on ne le prétend; ce qu'il y a de ,·rai, c'est q11'une fois le prct réalisé,
le débiteur est lilJre ele se défendre ; il n'est ¡Jlus a la 111erci du 1Jreteur. Il
pe11t done rcfuser el'accéder a une sti¡Julalior1 trop onéreuse pour lui.
D'aillcurs il y aurait lie11 el'anr111ler la conve11lion, s'il apparaissait qu'elle
a {·té convenue des le 111on1e11t du prct, et retardée de c1uele1ues jo11rs da11s
le se11l dessei 11 lle faire fraude a la loi.
í¿uant a la sa,iction de la proliibilio,i, elle a varié avec les époques. E11
Droit ron1ain et da11s 11otre a11cie11 Droit, la nullité frappail l'acle loul entier;
le créancier était obligé de reslit11er le gage. 111ais, en 111c111e te111ps. il pou-
vait ir11médiaten1c11l récla111er son ren1boursen1enl (Pothier, T1·ailé du ,ian-
lisseme,it, 18). Le Code civil a JJréféré une sanctio11 moins radicale, qui
suffil h la eléfcnse du clébiteur. Le pacte com111issoire est n11l, n1ais la co11s-
ti tution ele gage sulJsiste.

G• D1·oit de préférence sur le prix. - Au cas ou il fait vendre le meu-


..
ble, le créancier jo11il el'11n JJrivilcge ou droit de préférence sur le prix
(art. 2073, 2 102-2°). 11 est done payé sur cette valeur aYant tous les autrcs
créa11ciers du débiteur.
Lorsqu'il y a 1Jlusieurs créanciers gagistes s11ccessifs pour u11 meme objet
(ce qui suppose évidem111ent lJ11e cette chose a été remise entre les mains
cl'11n tiers conve11u), l'ordre de préfére11ce se regle d·apr1':s la date des cons-
Lil11tions de gage, e11 vcrtu de la regle: P,·ior lempore, potior jure.

11. - Obligations du créancier gagiste.


Les CJIJligalio11s du créancier gagisle so11t au 1101nbre ele lrois : 1º Veiller
'
su1· la cl1ose e11 IJon pere de l'a111ille; :iº 11e pas s'e11 servir pour son 11sage
1Jerson11el, 11i en jouit· si elle prodttit des revc11us; 3° la restituer apres
paic111c11t total lle la detle.
\

1° Veiller sur la ohose en bon pbre de famille. - Le créancier na11ti


1loil faire les frais néccssaircs ¡1011r ass11rcr la co11servatio11 de la cl1ose, frais
1¡11c le débite11r sera te11u de l11i remlJourser (art., '.Jo8o, 2• al.).
a
Si la clrosc vient périr 011 .\ se llétériorer par sa J1{!glige11ce, il est tenu de . '
rt':11arer la llerle s11l,ie ¡1ar le dt'.•IJileur (arl. 2080, ,•r al.). C'esl ainsi q11e , __ ,

le créa1tcier serail rcs¡1011sal)le. s'il avail 11t'.·gligé ele faire reno11vclcr e11
LIVRE 111. - TITRE 11. - '
PRE~IIERE PARTIE. - CII,\.PITRE PRE\IIER

ten1ps titile l'inscription de l'l1ypoll1eque garanlissa11t t111e créance par l11i


rei;ue en gage (Civ., 29 juin 1904, D. 1). 1905. 1.331, S. 1904.1.416).
En pareil cas, le débiteur pourrait en outrc de111ander, en vertu de l'ar-
ticle 2082, 1'' alinéa, l'an11ulation du gage el la restilution de l'olJjet, sans
ctre tenu cependant de payer sa detle avant c1u'elle ne fut écl1ue.

2º Ne pas se servir de la chose pour son usage personnel. - Le


créancier gagisle ne peut se servir de la cl1ose; il n'a pas le droit d'en perce-
voir les fruils ou les reve11us, si elle e11 produil (art. 2079, 2081 a co1itrario).
En cela, il cliffere grar1den1ent du créancier anlicl1résiste.Que si le créancier
a
conlrevienl cette obligalion, le cléhiteur peut clemander la resliluliíJn in1-
n1édiate de l'ohjel donné en gage (art. 2082, 1'r al.), sans que, pour cela.
l'échéar1ce de sa delte se trot1,e 111odifiée. La sanction consiste do11c dar1s
l'an11ulalio11 de la constitulion de gage.
La solulion qt1i vient d'elre i11cliquée esl inléressanle surto11t c111ar1d il
s'agit de 111ise en gage d'une cr<'-ance productive d'inlérels. Pour ce cas,
l' article 208 r fai t exce¡Jlion a la prol1ibi ti on ¡Jréc{·de11 te. 11 clécide en effet
c1ue le créancier lot1cl1era lui-r11en1e les intérels, et les i111pulcra sur ceux q11i
peuvenl l11i elre clus. Bien plus, si la clclle pour s11reté ele lac¡11elle la cr<'-a11ce
a été donnée en gage 11e porte poinl elle-n1en1e i11Lérels, l'i111pulalio11 se fait
s11r le capital de la clelle (arl. 2081, 2" al.). Ce qui juslifie celle solulion, c'esl
qu'elle sin1plifie les rapporls eles ¡Jarlies. ,A,,, quoi servirail-il qt1e le d<'.•lJilet1r
Loucl1al lui-n1e111e les i11lérels ele sa créance pot1r les reverser er1suile a11
gagisle ? Ajoulo11s que les inlérels de la créa11ce ren1ise en gag·e forn1e11l
un élén1ent de garanlie q11e le gagisle a dt1 pre11dre en consicléralio11 a11
n1on1ent de la co11slit11lion du gage.
.
S upposo11s e11 fi111 c1ue 1a crea11cP- tl 011nce
' en gage v1en11e . a' 'ce!1eance
' pe11-
clar1t la clurée dt1 ccJr1lrat. Ni le créar1cier g·agi:--lc, ni le clé)Jite11r 11c ¡>e11vcnl
c11 to11cl1cr le 111011la11t, le ¡Jre111irr, parce q11'il 11c peut pas elisposcr cl11
gage, le second, pnrcc (111'il n clo1111é la cr<'-ancc en garn11lie el 11e ¡Jct1l pl1i's,
eles lors, c11 llisp<Jscr. l,n loi 11'a ¡Jas prévu ccllc cliffict1llé. 11 n'y a c¡t1'1111c
solulio11 possil>le: déciclP-r c¡11c le ¡Jai<'n1c11l srl'a fail elu co11sc11lcn1e•11l. tics
clc11x i11Lt'·rcsst'·s, el co11sig·11t''. 011 e111 ¡1loyó i 111111t'·clialc111c111 {''ni r l'arlicle , 281
tlu Coclc civil allc111a11cl). :\j<J11lo11s e¡11'c11 ¡1l'aliq11c, !'acle co11slil11lif ele
gngc 11e 111ane111c ja111ais tic ¡Jr<'.•voir celle <'•vr11lualilé.

3° Restituer la chose a pres paiement. - l,l>rse¡11e la elcllr a ót{: lolale-


111cnt ace¡11ilt<',r, la11l r11 pri11ci¡Jal c111'i11tt'•r<~ls el f'rait:, le crt'·anci<'r eloil rcs-
til11cr Ir gagc avcc tous ses nccPssoircs (arl. '.>.08'.>., 1'' al.).

Lois récentes admettant le gage sans déplacement. - N<111s avc>11s


vu q11c la 111isc r11 JJOsscssio11 d11 cr1\a11cier cunsliluc l'<'•I<':111e11l esscnlicl ele
la forrr1alio11 cl11 conlral de gag<·. Ce¡1c11lla11t, eles lois r{,ce11lcs c>11l. fail écl1cc
a ce JJri11cipc lrallilieJnnrl, el ad111is la c1111slil11li1i11 ele gage sans el{,¡Jos-
scssion cl11 clólJilcur pour lrois sorles ele 111c11!1lcs:
:'i A'.\'TISSEl\lEXT

1° Les fonds de co111111erce (Loi d11 1•r 111ars 1898 et loi du 17 111ars 1909,
111odifiée par celle clu 31 juillet 1913);
2º Les produits agricoles (Lois du 18 juillet 1898 et clu 3o avril 1906);

3° Le nio!Jilier con1n1ercial, le 111atériel et l'outillage des l1olels it voya-


geurs (Loi du 8 aout 1913).
Pot1r ces trois catégories ele n1eu!Jles. le législateur a ren1placé la dépos-
session par 1lesfor111alités 1le p1tblicité 1lcslinc:cs (1 JJrévcnir les iiers.

Véritable nature de ce gage. - Y a-t-il vrain1ent constitulion de gage


dans ces trois cas? On a prétendu que non. Le législateur, a-t-on dit, peut
bien cl1anger les conditions de validité d'u11 acte; il ne luí appartie11t pas
de méconnaitre des définitions scientifiques c1ui dépendent du seul raisonne-
n1ent. Orle gage est un contrat récl, c·est-a-dire un contrat qtii se forme par
la ren1ise de l'objet; on ne saurait concevoir un gage sans déplacen1ent. Le
Iég·islateur 111oderne s'est done n1épris; il a, sans s'en douter, créé de véri-
tablcs liypotheques mobiliel'es, ne conféranl at1 créancier, élant donné qu'elles
porlen-t sur des n1eubles 11or1 siisceptiblcs ele cll'oil 1lc sitilc, e¡ti'un si1nple
elroit de préférence.
Nous ne partageons pas une telle ma11iere de ,oir. llien ne s'oppose en
so 111111e a la création elu gage sar1s déplacen1ent. ~ous dirons plus, la
constitulion el'un droit réel sur un olJjet, sans tradition, est conforme aux
principes ele notre Droit. Sans doute, le Cocle civil a conser,·é la conceptio11
ancien11e du gag·e, n1ais c'est unique111ent parce que la elépossession du clé-
a
bileur donne l'o¡Jération la publicité nécessaire. Si done cette publicité
peut etre o!Jten11e par 11n autre procédé, pourq11oi ne pourrait-on pas renon-
cer it la clépossession qui est parfois si genante et ,·oire meme in1possilJle?
1111'esl en son1111e 1111lle111ent contraire al'essence 111e1ne de notre contrat
d'e11 faire clisparaitre la conditio11 de dépossession. f,e contrat de gage a
pour but de faire acquérir un droit de préférence sur la cl1ose engagée; or
ce !Jut peut etre atlei11t, e1t1e la cl1ose soit n1ise 011 110n entre les n1ains d11
' .
crea11c1er.
1)11 reste, nous Yerrons er1 éL11diant la loi de 1906 sur le ,varrant ag·ricole,
c¡11e 1il11sieurs ele ses clispc1sitio11s so11t i11co111¡>atil>ies a,ec les eJTels ele l'l1)·-
a
potl1ec¡11e, el se rallacl1enl cl'11ne fac:011 inco11lcslalile la 11otior1 de gagc.
Nf>11s Jaisso11s de c<'>Lé le 11a11lisse111ent des f'o11ds de con1111erce qui releYe
du Droi t co111111ercial, et 11ous r1e ¡}arlero11s r111e eles ,,a1:ra11ls agricoles
et 1111 ,varra11t l1olclicr.
'
l. - Des warrants agricoles.
Défini tion du mot warrant. - J,e 111ot 1uarrr11il ,·icnt de la lang11e con1.
111erciale. 11 serta <lésig11er l'c'•cril co11slalar1l la r11ise e11 gage de 111arcl1a11-
clises cléposécs clans 1les 111agasir1s gér1éra11x 011 clocks 1 • Quancl 11n com111er-
c:ant dt'•¡1osc rlcs 111arcl1ancliscs clans 1111 1lock, l'c'-LalJlisse111e11t l~1i délivre 1111

1. Voir la loi du 28 rnni 18~8 sur les rnagasins généraux (Cons. Lacour, Précis de
droit co111111ercial, 1912, 11•• 8U9 el s.).
LIVRE III. - TITIIE II. - '
PREMIERE P,\RTIE. - CIIA.PITRE PRE~IIEII

doulJle litre détacl1é d'un registre a soucl1e: le récépissé et le warra11t. J)u11


a
et l'autre sont ordre et se lransn1ettent par endosse111ent. Le pre111ier co11s-
tate le dépót; le second pern1et la 111ise en gage des 111arcl1anclises. Le co111-
111erc:a11l 111entio1111e s11r le ,varrant la dette q11'il ,·cut gara11tir, et l'entlossc
it son créancier. On l'a clit avec raison: « Le ,varrant est u11 billet a orclre au
1Jaie111ent duq11el les r11arcl1anclises di~posées sont affectées c11 gara11tic. C11e
fois créé, il circule con1n1e tout elfet de commerce et 1Je11t faire l'olJjet tl'u11
no111!Jre illi111i Lé d'endosse111ents n (l,ac:our, 0¡1. cit., nº 86t,).
'fel est le litre q11e les lois récentes ont voulu introll11i re elans 11otre l)roi t
ci,•il, pour er1 faire bénéficier les agriculte11rs et les 11<\teliers.
l\lais la question ne·se 1Jrése11tait pas pour ces débiteurs d'une fa<;:011 a11ssi
sin1ple e¡ue pour les co111111er<;ar1ts. En effet, les choses que les agriculteurs
et les l1oteliers peu,·ent donner en gage, c'est-a-dire les prod11its ag·ricoles ou
le 111obilier des ltólels, 11e sont pas s11sceptibles d"etre, con1n1e les 111arcl1a11-
dises a11xq11elles s'appliquc la loi de 18;-i8. tra11sporti•es cla11s eles 111ag·asi11s
généraux. Cela va ele soi po11r le mobilier de l't1ótel; qua11l aux: récolles,
la rcn1ise a 1111 tiers cst sans doute 1Jossiblc, 111ais elle cst asscz rarc; les
frais de 1léplacc111e11t greveraie11t trop lo11rde111ent l'o¡J1'ratio11. Il faut clone
per1nettre au délJite11r de conserver l11i-1nen1e les olJjets par lui don11és e11
gage. De la, 110 risq11e ¡Jo11r le créancier, risque que le législateur a cl1crcl1é
u pallier de so11 111ieux, en 111ena<;ant de ¡Jei11es séYeres le débiteur infidele.
J)e lii. a11ssi la 11écessil1: el'organiser 1111e p11blicitó efficace, ele ma11it·re a
Jll'ÓYe11ir l~s tiers qui pourraient etre tro111pés par la possession du dé!Jilcur.
l)e lu e11fi11, l'o!Jligation de régler le co11flit possi!Jle des droits d11 crt'·a11cier
gagiste et d11 l1aille11r d'i111r11eubles, co11flit qui 11e se présente pas au
cas de ,varra11t co111111ercial, puise¡11e les n1arcl1andises ,varra11tées, éta11l
l1ors tics 1nagasi11s du co1r1r11err.a11l, 11e s011l pas grevées d11 privileg·e clu
lJaille11 r.

But de l'institution du warrant agricole.- L'agriculteur qui a lJesoi11


11'arge11t po11r la cult11rc et l'a111élioralio11 ele se~ tcrrPs, 11e ¡Je11t s'cr1 ¡)r1Jc11-
rer qu'e11 ve11ela11l ses produits, el, con1111e il eloit acl1eter ses sen1e11ces el
ses cngrais fe)rl 11c11 ele tc111ps a¡Jres sa rócoltc, il cst o!Jligé 1le la venclre
ra¡iicle111er1t. 11 en rés11lle u11 affl11x ele 111arcl1andises et u11e clé11récialio11 eles
co11rs. Le lt'·gislaleur a voul11 re111édier á cetle situatio11 e11 1lo1111a11t i1 l'agri-
cultcur 1111 111oye11 Jlrat.ie¡11c ll'c111¡Jr1111ter s11r ses ¡)roel11its, c'cst-/1-dirc de
les engagcr sans s'r11 clessaisir. Oc)¡'¡ l'instit11tio11 1111 ,varra11t agricc>l<1 or-
ga11isc'·e Jl/ll' la lcii d11 1H j11illrl 1H\¡8. 1[ais. co111n1c cellr-ci 11'avail ¡ias 1l01111é
de rc'•s11llat, ni co111111c, 011 lui 1·e¡1rocl1nit j11sln1nent d'avclil' 1:lalili eles f'or-
1nalil1•s ll'll}) C<llll!llic111ócs r.t tro¡i co11.te11ses, ta11t a11 lloi11l 1lc ,ue lle la
co11slil11lion 1¡11r clci la réalisatic111 clu gagr. la loi 1l11 :~<1 avril '!Jo(i !'a alJr<1g·<'·e,
et a {)1lictc'i rn rcn1placc111r.11l des elis¡)cJsili<Jns 11l11s IH)lll'C11sc•s.

1° Constitution du Warrantage. - Nc111s re11ccH1lrci11s sur e<' ¡1rc•111i<'r


11oinl 1111 g·ra11el llilllll)r«· ele í[ll<'stions.
\. - <J1ti ¡ie11/ 11s1'1' rltt 111arr1111/1111c ;, - l,a le>i a <'it,'• t'·1lictée e11 f'11,·l'11r i!Ps


"l ..\.1\'TISSE~IE"lT

agriculteurs (proi)riétaires, tisufruitiers. fern1iers, 111étayers), des sociétés


coopérc1livcs ar¡ricolcs (art. 1"·, al. 1 el 2) et des ostréic11lle1irs (art. r8).
B. - Quels JJrocluils peuvenl et,·e wa,·ra,ilés :1 - Le ,varrantage peut s'appli-
quer lt tous les ¡Jroduits agricoles ou incluslriels de l'exploilalio11, y co111pris
a
le sel 111ari n et les anin1aux a¡)¡Jarte11an t l' agrict1l teur.
C. - Co,11111.ent se Jait le warra,rlage. - De11x regles doivent etre ici dé-
'
gagces.
a
a) Ré1iactio11 dii warra12t. - Le ,varra11test 1111 litre ordrc, lra11s1nissilJle
par voie d'endossen1enl. 11 est étalJli par les parties elles-r11,~111es, au 111o)·er1
d'un acte sous seing privé (art. 4); 011 )Jie11 il peut etre rédigé ¡Jar le gref-
fier de la justice de paix du can ton (art. 3).
b) Publicité. - Le ,varrant doit etre tra,iscrit sur un registre spécial,
teuu au cl1ef-lie11 du can ton llar le greffier de la justice de llaix clans le res-
sorl duque} l'e1111Jrunteur est elo111icilié (art. 3, 2° al.). 'foute personne peut
se fairri délivrer, avec l'autorisation de l'e111pr1111Leur, un état eles ,yarra11ts
inscrits au no111 de ce der11ier, 011 1111 certificat étalJlissa11t qu'il n'exisle pas
e!'i11scription (art. 6).
D. -- I11lerllictio1i J aite aii débitcur de ve,iclre les produits warra,ilés. - Le
danger qt1e présente le gag·e sans déplace1nent, c'est que le délJiteur de 1nau-
a
vaise foi vende les objets engagés u11 tigrs, et sup1Jrin1e ainsi la garantie
a
qu'il a don11ée. Le ,,·arra1tt est done, ce point de vue, IJien inférieur a11
,rai gage avec dópossession. C'esl pourq11oi la loi a se11Li le besoin ele pro-
téger le créancier, en 111ena<;ant le débiteur i11ficlele ele pénalités rigoure11ses,
celles qui frappent l'escroquerie (art. !to5, C. pén.), ou l'abus de confiance
(art. !106 et !108, C. pén.) (V. art. 14 de la loi).
J~. - Tra1i.~1nissibililé dti varrct1il. - Le ,,·arra11t próse11te ccl ava11Lage
a
c1u'óta11l u11 tilre ;\ ordre, le cróa11cier lleul le tra11s111ellre 1111 tiers par voie
d'endosse111e11t. ;\ rnesure qu'il circule, la force du ,varrant aug111er1te, car
tous ceux qui l'on~ sig11é ou endossé sont tenus, nous le verrons, la ga- a
rantie solidaire e11,,crs le porteur (art. ro, al. 1 ) •


:>.º Droits du porteur du warrant. - Le porteur d11 ,varranljo11iL d'11n
r¡11aelru1Jle llroit:
A. - l,e elroit ele s'op11oser /1 la livraisor1 ele la cl1ose, aucas 01't elle a11rail
ótó vend11c par le dt',l)ile11r;
lJ. - ],e llroil ele fairc ve11elre l'ol1jet a11 cas ele r1c111-¡laie111._r11t;
C. - J,c droil de préfí\rence s11r le llrix ele la Yc11te;
)). - F,11 casel'ir1suffisa11ce clu prix, le droiL ele reco11rir conlre les endos-
se11rs el co11trc l'e111111·1111leur .
.1\.. - J)roit de s'o¡¡¡iose1· 11 llt livraiso11 lle lci cliosc, (lit cas 01t elle a¡¡1•ail été
ve111.l1ic ¡iar le ciébilc1ir. - Cclte fac11lt(\ résulle ele l'arlicle 8, 1•r ali11("ª· Il c,i
1.~1ille r¡tte le créa,icier csl 1111 l!érilrtble cré1111cicr gayislc, el 11011, co1111ne 011
,.1

l'a ¡irél1i111l11, u,i cré111icic1· l1_y¡>olhécltire. Er1 efl'et, ce e!ernier 11e Jleut pas
e111¡H~t:hcr lP _el{•l1ile11r elr- clisJ><>S(\l' c!c la cl1osc l1y¡1oll1é<1ut\c, lanclis r¡ue le
g·agisl.c jouil clu clroit clc rt'·Le11lio11 (arl. :io8:>., ,., al.). [,a llis¡>t)sitio11 de


LIVRE 111. - TITRE 11. - '
PRE~IIERE PA.RTIE. - CHA.PITRE PRE:\IIER

l'article 8, 1•r al., est éviden1ment 1111e a¡J¡Jlication du droit ele rétention.
B. - Droit de faire ve,illre l'objel ciu CllS de 1ion-paieme11t (art. 11 ).- _1\u cas
a
de no11-paien1ent l'échéance, le porteur doit adresser l'e111prunteur u11e a
lettre reco111n1ar1dée. S'il n'est pas ¡Ja}·é dans les cinq jours ele l'envoi, il est
tenu de prévenir les endosseurs par l'i11tern1édiaire du greffier de lajustice
de paix. Quinze jours aprt•s la lettre reco111mandée, il peut faire procéder
a
par u11 officier public 011 ministériel la vente p11)Jlique de la 111arcl1ar1dise
engagée. II }' est procédé e11 vertu d'une ordo11nance d11 juge de paix rendue
sur reeruete, fixant les jours, lieu et lreure de la vente. 1\insi, les formalités
de ,·er1te sont sin1plifiées; car la loi donne au juge de ¡Jaix la compétence
qui, de Droit con1n1un (art. 2oí8, C civ.), appartient au trib11nal de pre111iere
instance.
C. - Droit de préférence Slll' le prix.- Le porteur est payé directe111e11t de
sa créance sur le prix de vente, par privilege et préférence ú to11s créanciers ;
seulement il peut etre pri111é ela11s certains cas par le privilege du bailleur,
ainsi q11e 11ous l'ex¡Jliquerons ci-clessous (art. 12).
1\ir1si, en principc, le 1Jorte11r prirne tous aulres créa11cicrs. 11ota111111e11L
les ouvriers q11i 011L aidé :'t faire la rt'·colte, le vc11deur de sen1ences, le lJail-
leur. Cette faveur concédée a11 porleur llrouve lJien encore qu'il est 11n ga-
giste, et non un sin1ple créancier l1}·poll1écaire. S'il n'a,·ail c1u'11ne l1ypo-
tl1eque, il viendrait li son rang. La loi, au contraire, le consiclcre co111me
un vrai gagiste, préférable h to11s ú raison ele sa posscssion.
D. - Recoi1rs co,itre les e11dosseiirs el z·e,,iprlinteur.-I<:n cas d'insuffisance
du prix 1Jour le désir1téresser, le porte11r a un reco11rs contre les endosseurs
et conlre l'en1pru11tcur. i\•Iais ce recours est subsidiaire; il ne peut s'exercer
qu'a11 cas oi'1 le prix eles prod11its ,·c11clt1s 11c s11ffit pas ú paycr le llOrlcur elu
,varrant (art. 1¿{).

Condition sp~ciale imposée au fermier emprunteur dans I'intérét


du bailleur. - L'arliclc :>.102-1°, 11ous le vcrro11s, elonne a11 }Jailleur d'u11
fonels rural 1111 11ri,ilt•ge qui ¡Jorlc 11ota111n1cnt s11r les récoltes. Le législa-
te11r a tentó ele concilicr le r11ai11tic11 lle ce llrivil1:gc avec le l)csoin de créclit
lltr fcr111ier 011 ll11 111{•tayPr. 11 a, :', ccl cfl'et, 1\la)Jli les ri'·gles s11iva11lcs:
1° Le fcr111 icr csl c>IJlig<'·, ava11 t lo11l e111¡)ru11 t, el' c1viser le JJl'O/Jl'il:laire ele la
11al11rc, Yalc11r et 1¡11a11til{· des 111arcl1andises q11i doivc11t servir ele gagc l)Ot1r
l'c111pr1111t, air1si c¡11c d11 111011lar1!. 1Jes so1111nes ú e111pr11ntcr (art. :i, 1•' al.).
Cct avis eloit i'trc licin1u'\ ¡iar l'i11ler111{•1liairc clu grcfficr 1lc 1iaix 1!11 ca11tor1
1le la silualio11 eles olijcls ,varra11tt'·s (art. :i, :i• al.).
:iº Si le fcr111icr 11c rer11¡1lit ¡1as cctle ol1ligalio11, le JlriYili'·gc 1111 ]Jailleur

pri111c ccl11i cl11 créar1cicr gagislc. (:p]11i-ci sera rlonc i11lércsst\ ¡'¡ veiller :',
l'o)Jscrvation ele cellc for111alitt'·. <J11a11ll, au conlrairc, )'avis a t'·tú llonnó, la
situalio11 varie s11iYa11t les cas:
A. - Si le fcr111ier a ¡layó au IJaille11r to11.~ les ler111es éch11s, en 1lcr11ier ne
¡Je11t ¡ias :,;'1JpJJ<Jser a11 ,varra11tage, 11i i11vo<111er so11 ¡>rivilegc s11r _les ol)jels
,varra11tós au 1>réj111lice d11 prete11r.
- 13. - Si, a11 conlrairc, 1/es ler1111·s 1'1·h11s /ni so11l r11corc 1l11s, le l)aillcur
"\" \"\"TISSE\IE"\"T

peut, dans 1111 délai de l1uil jours, s'op1Joser a11 pret par u11e lettre envoyée
au greffier (art. 2, 3° al.).
E11 édiclant ces dispositio11s, le lt'·gislateur s'est préocc11pé a l'exces des
i11térets du baille11r, et a encore e>.:agéré la proleclion déja si grande q11i
lt1i est accordée ¡Jar nos lois. E11 effet, tout fern1ier a le droit de ,endre ses
récoltes sans prévcnir son propriétaire, <111a11el 111e111e il serait er1 retard avcc
luí, et celte ,·ente est toujo11rs 01JposalJle a11 lJaillcur, q11i, d'apres l'o¡Ji11ion
unanin1e de la eloctri11e, 11e j<Juit pas, e11 ce q11i co11cer11e les récoltes, du
droil de revendication de l'arlicle 2102-1°, 5• al. Des lors, il n'y avait auc11ne
raison pour contraindre le pre11eur a
aviser le baillet1r de son intention
d'emprunter, ni pour autoriser celui-ci a
s'op¡Joser au ,varrant.
Cette obligation d'aviser le propriétaire est cl'ailleurs, parait-il, une des
causes q11i e111pccl1ent le dó,elo1Jpement de l'institutio11, car le cullivateur,
lorse¡u'il en11Jru11le, ne se so11cie 1Jas den ir1for111er son )Jailleur.

De l'emploi du warrant agrícola dans la pratique. - La réfor111e


de 1906 a produit un assez bo11 résultat. L'usage.d11 ,varrant, j11sq11e-la pres-
que inc:onnu, s·est un pe11 répanelu dans les n1ilie11x: agricoles. mais il n')'
est pas encore aussi développ<\ e¡u'on pourrait l'espérer. Le rapport du mi-
11islre de l'agricull11re sur le fo11clionne111e11t eles caisses de crédit agricole,
en 1008, constalait que ces caisses aYaient rec;t1, au cours de cette a11née,
a
7.668 ,,·arrants corresponda11l i1 eles e1111Jrunls s'élcvant 9.092.145 francs.
D'ur1 nou,·eau rapport pulJlié au Jo1irrial officiel du 3, décembre 1913,
il résulte q11c le nomlJrc eles ,,·arrants délivrés j11sc1u'au 31 décen1bre 1912
s'élevait pour toule la Francc .'t _f¡j,892, et le 111onla11t des son1r11es en1pru11-
lécs i1 91 .t,:-,0.(125 francs. << Si la JJraliqt1c eles ,varra11ts agricoles, dit ce
rapport, s'cst génétaliséc d'1111c fac;o11 salisfaisantc dans le ressort de cer-
taincs cours d'appel, il n'en est pas rnoins certain que l'agriculte11r franc;ais
-
11e s'cst pas c11core co111¡Jlt'·tc111c11t fa111iliarisé a,cc l'ulilisalion de ce crédil
s11r gagc. >>

II. - Le warrant-hótelier.
But de cette institution. Comparaison avec le nantissement des
fonda de commerce. - l.c ,, arra11t lH'>lclier a étt': créé 1Jar la loi d11 8 ao1it
, !} 1 :~. e11 vuc ele 1Jer111ellrc aux ex¡iloila11ts <l'IH'ilcls ele se pr1ic11rer les foncls
el s11rlo11l lcs four11il11rcs 11{·cessaircs po11r l'cx¡>loilalio11 el l'a111élioralio11 ele
lcurs élalJlissc111c11ls, c11 clo1111a11l c11 gagc ;\ lcurs f<J11rnisscurs le 111atóric}
el l'o11lillage scrvanl it lc11r cx¡>loilalio11.
11 co11vic11l ele ren1ar<¡11cr aussit,\l c¡uc les l11\lclicrs so11l eles co1nr11cr-
1:anls, el <111c, <les avanl cellc ll>i, ils 1>011vaicnt clo1111er lc11r f'or1ds c11 gagc
c1Jnf'<>1·111ó111c11l it la loi 1lu 17 111ars 19cJ9, rclalive /1 la vc11lc et a11 11anlis-
sc111e11l <les f1)11rls ,le co111111crce. \jo11lo11s <¡11c, rl'a11res l'arliclc 'J.7 tic larlilc
l1Ji, la crt!a11cc 1111 gagisle ¡11i11vail elrc i11c<1r¡1rirt'!<~ c,a,1s 1111 lilre ii or<lrc, dont
la 1H'~g1icia Lió11 ¡Jar v,iic <l 'c11,l(isse111c11 l c111 ¡iortai I Lra nsla tion <I11 JJri vi li\gc.
11 sc111IJ!c d<J11c 1¡11c le licsciin cl'1111c réfor111c 11c se faisail guere sc11lir.
Ll\'I\E III, - TITI\E 11. - '
PI\E~IIEl\ll P\I\Tlll. - CHAPITI\E PRE,tlEI\

~Iais, en fait, les h<'iteliers 11e se servaienl pas cl11 rnode ele crétlil e¡11c le11r
ofl'rait la loi ele 1909. (~'esl qu'en ell'cl ils paye11l ¡)resr111e to11jo11rs d'é11or1nes
lo,·ers,

et la créance ele le11r bailleur absorbe la valeur de le11r actif. Or,
co111111e la loi de 1909 ne li111ite aucu11e111e11t le 11ri,·ilege el11 IJaille11r, 011
con<;oit qu'u11 capitaliste ne cor1sente pasa se co11tenler tl'1111 g·age déja si
lourelen1e11t grevé.
La loi no11,·elle a done été faite po11r restreindre le privilege du )Jailleur a11
1)rofit d11 prete11r cl'argcnt. l\lais 11ous allo11s voir c¡u'elle est loin d'avoir
atteint l'olJjet qu'elle avait en ,·ue.

Constitution du warrant hótelier. - Et d'alJord, den1andons-11ous


quels o!Jjets ¡)euvent etre clonnés en gage. L'exploitant d'l1ótel peut engag·er
le 111obilier coni.mercial, le ,nalériel 011 l'ottlillaye servant a l'exploitatio11, a
conclitio11 q11e ces olijets 11e soient pas irn111e11liles 1iar clestinatio11 (art. 1J.
Jlour ce c¡11i esl des forn1es -ele ré(/aclion rlu 1varra11l, la loi 11011,clle a
l1e11re11sen1ent sirnpliflé et pcrfectio11né l'inslit11tion d11 ,,·arra11t. Lelle c¡ue
l'avait organ.isée la loi ele 1906 rio11r l'agriculture. Elle décide qu'il esl le1111
dans chac111e grell'e ele LrilJunal de con1111erce 1111 registre it soucl1e do11t le
volant et la soucl1e porle11t cl1acun, d'a1)res les cléclaralions ele l'ern¡Jru11-
te11r, les i11elications nécessaires it la forn1alio11 du co11lrat (arl. :)). Levo-
la11l constit11e le ,varranl l1ólelier. 11 est ren1is ¡Jar le greffier it l'l1otelier
en1pr11nle11r; cel11i-ci le lransfbre au preleur par voie cl'enelosse1ne11t clalé
el signé.

f
'' . Réalisation du gage. - A11 cas de 11011-¡laien1enl it l'écl1éa11ce, les droits
'
..',. cl11 ¡lorle11r d11 ,varrant so11l les 111err1es q11e ce11x clt1 crt'•ancier auc¡11el u11
i.
'
fo11els ele c:0111111erce a ót,: 1!1ir111{! e11 g·age (arl. 11, 2' al.J.
'
1lais le poinl s11r lequel il i111porte cl'i11sisler, c'esl la réserve eles droils 1!1i
baille1tr. I,a loi de 1913 a cl1ercl1é e11 ell'el á co11cilier le ])esoir1 ele crédit ele
l'l1otelier avec le privilt'·ge el11 liaille11r. Le 11rcible111e 11e se posait pas da11s lPs
. 111t'\mes tern1es 1¡t1e ¡iour les ,varra11ls agricoles, car les rt'•colle•s d11 fcr111ier
11e for111c11 L r¡ 11'1111e 11arl ie eles liic11s grevés el 11 pri vi lt'·ge cl11 ¡iro11ri é la i re el
s011l dcsti111•es it 1\lre ve11clucs, lanclis e111e le 111eJIJilier 1le 1'111\lel re¡1r1•~e11 le
lot1le la garantie <l11 li11ille11r. l)e 1>l11s, le ¡ir,'!l s11r ,,·arra11l agriccile cst lo11-
jo11rs 1111 ¡>r1\t it co11rl Lcr111e, ¡i11is1¡11'il csl gara11ti ¡iar eles r1\cc1lles 1lesti11c'·es
/1 1'\Lrc rapicle111e11l alié11óes, la11dis e¡uc le 11r1\t fail ú l'l1c'>Lclicr ¡Jciur 111111\liu-

'
r
rer so11 l111lel sera 11al11rellc111e11l 1111 1ir1)l it loug lcr111e.
La lcii a cl<i11c i111¡1ost', ¡\ l'ex¡lloitanl l'oliligalio11 cl'aviser, avanl 10111 c111-
lll'U11t, 11ar acle 1·xlraj11cliciaire, le ¡>r<ipri{·taire ot1·1·ust1frt1ilicr ele l'i111111P11-
l>lc, de la e¡ 11a11litó, de la 1111l11re el de la valour ,les ol>jr!l;-, <¡11'il vc11l en¡.ra-
1
'· ger, ainsi e¡ue cl11 111011lar1l eles so111111es /1 P111¡>r1111lcr. l,e 1iro¡iri{·lairP ¡>e11L
s'o¡>¡J11ser it l'c111¡>r1111l, l11rse111e l'e)lllfll'IIJil.n111· n'a 11as ¡>ayó les l11yc>rs 1·cl111s.
six 111r>is 1lc loycrs 011 CCJlll'S el six 11111is 1'1 écl11.iir. ()11 Jp Y<Jil, l1! 1lrc1il d11
pro¡lri1•lairc ele l'i111111f'11]Jle l1)11Ú ¡\ 1111 111,lelier eist. liea11c,i111i ¡>lus étc11d11 nn
notrc 111atil'•re 1¡11e CPl11i elu liaillcur el'1111 l'1l11tls rural. L'tl1>1>osilio11 tlu pr11-
¡>ri{•taire, lorsc¡11'elle se ¡>re>1l11il, 1lc1il 1\[rc notifit'•e cla11s 1111 1lélai ti!~ 1¡11i11zc
jours (arl, ~, 1• al.).
Da11s Je;; aulres cas, c·esl-:\ clire lorsc¡11e l'l10Lelier a ¡}ayé les loyers écl111s,
a
six: 111ois (le luyers 011 cou r,; et six: 111ois écl1oir, le llailleur ne· peut pas
s'o¡Jposer it la 111ise en gage, 111ais il conserve s011 elroit de préfére11ce. da11s
11ne 111esure pl11s restrei11le, il esl vrai, q11c el'apres le elroit co1111111111. 1~11
cll'et a11 cas lle saisie el de vente des 111e11blcs, il peut exercer son privil&ge
j11s<¡11'it co11curre11ce de si:r n1ois de lo_yers, 11011 Ct)111pris les loyers e11 co11rs
. l essus ! arl. 11, ,¡'
., a l . ) ' .
. el ' avance vises
et les Iovers . ' et-e
.

Disposition transitoire. - E11fi11, la loi co11tient une dispositio11 tra11-


si toire qui res1Jccte les elroits rés11lta11t des llaux er1 cours. )~lle est écrite
da11s l'article I G: <( Sauf dans les cas OLl le baille11r donnerait s011 co11sente-
111e11l ex:prcs, la co11slil11tion du ,varrant ne 1Jeul elre appliq11éc a11x: o!Jjets
111o!Jiliers se lro11va11t dans eles i1111r1cullles clo11t les ba11x: a11ro11t elale ccr-
lai11e el11 jo11r ele la pro111ulgation de la préscnle loi •. >> Celte disposilion est
forl nial récligt'·e. Il sen1l1lerait, it la Jire, e¡11'1111 11<\lelier 11'a11rait pas le droit
ele ,, arra11ler so11 111atériel ava11t l'cx:piralio11 de ~011 llail en cours. :'\lais
a
cclle solutio11 esl i11acceplal1le. E11 ell'et, la loi ele 1901¡ a donné loul co111-
111er<;a11L, do11c aux llLJlcliers cu111111c a11x aulrcs, le clroit de 111ellrc e11 gage
le11r fo11els de co111111erce, sans a11cune réserve, et ce droit n'a pu ctre clé-
tr11il par le législaleur ele 1913. 'l'out ce qu'a voul11 dire ce dernier, c'cst
c¡11e cctle 111ise e11 g·age 11e serait ¡Jas o¡J1Josallle a11 )Jailleur. L'arlicle 1G
sig11ifie clone sir11ple111ent c111'1111 IH\Lclier, clont Je !Jail a eu elate cerlainc
ava11l la ¡Jro111ulgatio11 de la loi de 1913, 11e ¡lc11t pas restreindre les clroits
de so11 propriétaire a11x li111ites indiquées par cette loi.
11 11'est 1Jas llouteux: que cettc dispositio11 va retarcler penclanl long·Le111ps
l'ell'0t ele la loi 11cJ11relle, les IJa11x: el'l1(\tels éla11l c11 fail loujours de Lrt·s lon-
gur, <l11réc. De 1Jl11s, il esta crai11clrc qL1'en rer1ouvela11t ces )}a11x, les pro-
¡Jriétaires 11'i111pose11t a11x l1oleliers u11c rer1oncialio11 a11 droit c¡ue leur
concelle celle loi .. ;\.11 111oi11~ e1il-il fall11 prol1ibcr ele Lelles clauses, si l'or1

voulnit dor111er <¡11elr¡ue <'ll'et ii la loi tic 1Dr:{ •. Po11r lo11tcs ces raisons, il
y a tri11l lic11 ele pe11scr <111'elle ira e11ricl1ir la colleclio11 des Lextes déja si
11rJ111lire11x c¡11i. t<J11I en Lé111oig·11a11t ele la llo1111n volonlé clu l<'·gislaleur, ne
¡>é11<'-trenl ja111ais <la11s la vic j11riclic¡11e.

t. La loi du 17 1nars 1909 sur la n1ise en gage des fonds de commerce n'a pris aucune
1neH11re li1nltant le droit du hailleur au profit du créancier gagistc,. 11 en r,1sulte que le
privil1\g1! du baillc:ur, dont·le hnil a acquis dale certaine avant la constitution du gage,
esl ''l'i'ºsalilt• au r.réancicr l\'agisle.
2. C'r.sl le Sénat qui a ajouti'i ect article. Le projet voté par la Cha1nbre ne contenail
ríen ft ce sujet; mais le silencr du texte n'e1it pas crnp~ché la question dr. sr poser, et,
11 notr1i avis, il aurait fallu la trancher dnns le mé1ne sens que l'a fait le Srnal (Voir
notrr. l. !••, p. 49¡.
3. llós II présent, les synilicats 1le la propriété bfitic et les revues notariales reco1n1nan-
dent l'iusertion dans les haux (l'lt1ilcls d'unc clausc crnportant rPnonciation pour le prr-
nc11r a11 droit de 11·arranter son 111atilricl. Plusieurs députés ont déposé, le 24 déce111bre
i!Jt:i, une propositiou ,le loi prohihant l'c1nploi de celtc clltusc (J. oll ., Doc. ¡,arl.,
Cha111hrc, nnucxc 1914, n• 3339, p. 278),
C l-l API T l{ E 11

l)R0l1' DE I\l~TE\ITION 1

Dé:finition. - Le droit de rétention est le droit en ,·ertu d11quel le dé-


a a
tenleur cl'une cl1ose a¡Jparlenant a11tr11i est autorisé la retenir jusqu'au
paie1ne11t d'unc del le (J11i l11i est clue par le propriétaire de cette cl1ose.
Celle su.reté differe (le l'l1ypotl1eqlle et (lll privilege, d'abord en ce qu'cllc
exige, con1111e le 11anti:-sc111e11t, la déte11lio11 de la cl1ose par le créancier, et
er1 fr11slre, par conséquc11t, le débileur. En seconcl lieu, elle ne co11fere
pas au créa11cier le droit (le faire ve11elre la cl1ose reter111e et de se 1Jayer par
préférence sur le prix. Du 111on1e11t q11e le créancier se dessaisit de la cl1ose
q11'il détie11t, il n'a plus auc1111 droit. C'est lit, en son1111e, la forr11e la plus
rudimentaire des suretés réelles; quelc111e cl1ose el'analogue it l'l1ypotl1ec111e
romaine pri111itivc, lorsq11'elle ne co111porlail pas qejits clislral1e1icli.

Historique. - C'esl a11 Droit ro111ai11 que re1nonte le droit de rétention.


A11x I11slit11tes ele J11stinier1, il er1 est c¡ueslio11 (3o De rer11m llivisio,ie, 11, 1)
á propos ele la rever1elicalio11 i11le11tée par le 1Jropriétaire clu sol co11lre 1111
possesse11r qui a, sur ce sol, élevé eles co11slructions, eleven u es l'accessoire el('
l'i111n1e11JJle et apparle11a11t llt'·s lors a11 revencliquant. Il estdécielé q·11e le pos-
sesseur peul op1Joser l'cxce¡Jtio11 ele clol, la11t qu'o11 11e lui a JJas rernl>o11rsé
le n1011tanl ele sa clépe11~c, a11 1noi11s lorsr¡11'il est de l>onne foi (Cf. !1, § g, 1).
ele doli 111nli e.rcc¡>l., XLI\·, !1; 6, C. (/e rci vi111l., 111, 31).
Le clroit ele rélenlion passa clans 11otre ar1cier1 Droit fran<;ais. I,a Co11t11111c
ele l)aris (arl. J j'5, 3o5) l'acc<Jl'lle it l'l11'itelier s11r les cl1evatJX el l1agngcs clll
JJelcri,i, a11 c0l1érilier sur l'i111111e11l1le 1lo11l il <loil le rap¡Jorl ,i la s11ccessio11,
pour le re1r1l1011rse111c11l. (le ses i111pe11scs. L'orcll11111ar1ce ele Villers-Collercts.
(ao,iL 153¡¡, arl. !)7) leconc1\tlc a11ssi a11 c<)nslr11cle11r; a11Le11r <le r<')1>nralio11s
ou cl't1r11t':lioralicl11s s11r le sol cl'a11lr11i. 'l'<>11lefois, ce 1lroiL <111e les a11leurs 011 t
tencla11ce h gén<')raliscr e11corc clavar1lag-c, est assez 111al v11 ¡>ar la Doclri11c,
car il co11slil11e 1111,) vui1· 1/1• f11if. ),es 11rdo1111anccs inlervir1111c11L ¡1011r 111ellr<•
ol)slaclc ú ce <111'il se ¡1er¡¡i',111c irulólini111e11l. 1:or1l1J11nn11ce lle l\[oulins
(1GGG, nrt. f>:.i), l'orclo1111a11ce d1, 1GG7 (til. 117, arl. 9) e111¡>l<lic11l h ccl ell'el
clcux 111oyens. J,e ¡1re111ÍPI' co11sislc i1 JH'l't11ellre a11 ¡>r,1¡1riétair<) cl'cxig-cr la
rcstit11ti,111 <I<' sn cl1osc e11 fo11r11issa11l cat1lio11 (Cl'. arl. :.ij':1, :1·· al., (~. ci,.

1. René Cassin, De l'exception tiré~ de l'i11~xécutiu11 dan.~ les rappurts s;¡11allag11111til¡ues,


thcsc de Parls, 1914, p. 139 et s.
,
DROI T DE 1\1::TENTIO:.'I

alle111anllJ. J,e seco11d co11sisle i1 enjoinllre au possesseur de faire liquiller


JJro1111Jte111ent sa créance.
Le Cocle civil. ú so11 tour, a fait place au droit de rétentio11. 11 l'accorde
a
no111111<'rrienl pl11sie11rs créa11ciers, soit mu11is, en oulre, ll u11 ¡)rivileg·e,
0

co111111e le gagiste et Je vendeur, soit privés de tout droit de préférence.


'llais, 11ulle part, i1 la différe11ce cl11 Code civil allemar1d (art. 273 et s.) et d11
Code civil suisse (art. 89i) h 898), il ne 11ous do1111e 11ne r<'•gle111e11tati(1r1
cl'e11sen1ble lle ce droit. Cette lacune a ca11sé clans la j11risprullence u11e ,•<'·ri-
table a11arcl1ie. C'est li1 11ne eles 111a ti eres ou la Doctrine a eu le pl11s fai re a
pour s11ppléer au sile11ce d11 législaleur.

§ t. - Ca1•aeteres et cffctN tlu drolt de 1•étcntion.

Le droit de rétention est-il opposable aux tiers? - La q11estion <Jlli


do111i11e la 111atiere est ele sa, oir si le droit de rélention est 011 110n op¡Jnsa/,l,]
0

rttlX liers, ce e¡ue bea11coup d'auteurs expriment assez i11exacte111e11t en-"e


clemandant si le droit de rétention est ou non u11 (iroit récl. Si le llroit ele
a
réte11tion est op11osable d'autres que le ¡Jropriétaire, ¡Jar exen1ple, sc,- a
a
créanciers, il procluira, sup1)oser que la valeur de la cl1ose rete11ue llé¡Jas,:;e
celle de la créa11ce, quoique non accon1pagnée d'un droit de 11référence, eles

cffets tres Cl/lalogties U CCllX (['¡¡¡¡ privilege. En effet, en cas dºi11solYabilité
clu 1Jropriétaire, ses créanciers, po11r réaliser et se distril)uer la valeur de la
cl1ose retenue par l'11n d'e11tre eux, seront forcés de con1poser avec ce réte,1-
a
teur e1ui ne conseutira se dessaisir de l'objet qu'apres avoir été ¡)a)·é inló-
grale111ent. Si, au conlraire, le droit de rétenlion n'est OIJIJOsal)le c¡u·a11
clé!)ilc11r propriétaire, il est, si non sans intéret, du moins sa11s gra11cl inlért-l.
So11 se11l avantage sera, e11 privant le débileur de la possession cl'u11e cl1osc
a
e¡ui lui esl 11tile, de le pousser se lil)érer plus vite, afi11 de 1Jouvoir rentrer

en possess1on. -
a
Sa11s revenir ce s11jet s11r l'ét11lle de la lradition ro111ai11e qui est ici
tro11!)le el 1'c¡11ivoc¡11c, 11011s croyons qu'il faut diviser le 1Jroblt'•n1e.
S'agit-il lles créa,iciers cliirogra¡J/tctires du pro¡Jriélaire, le droit ele rétP11-
Lio11 le11r est certair1c1nent opposal)le, car ils ne peuvenl avoir 1Jl11s lle droils
c¡ue leur 1lé!Jilcur. L'arlicle 1G13 neclis¡Jose-L-il pasd'aille11rsq11e le ve11dc11r
cl'1111 111e11IJle 11011 llayé peut op¡1oser s011 droit ele réte11lio11 ú la faillite ◄ le
l'acl1eteur í1
I11vcrsc111e11l., le 1lroit lle rt\le11Lio11 est cerlainen1c11l i11<J[lJll>salile h ile,-
('J"éa11ciers l1.v¡1olhécaires (t1ilérie11rs ii la ¡1rise lle 11ossession lle la cl1ose llar
te rt'•le\11!.cur. !~11 efl'el ccl11i-ci 11'a rec;u l'i111n1e11)Jle c111'il clt'·lic11L <111e r:11111
0/ICl"C SUO.
J,r 1lt'•IJat se reslrci11L clone a11x ra¡1¡1orts du réle11leur avcc les crt'~a,1ci<'rs
l1y11c1lht',caircs. <>ll avec les Liers acc1ut'·reurs. do11l le Litre esl 110s1{,rieur it la
¡1rise tlt\ 11c1sscssio11 ele la cl1osc, ai11si <¡u'avec les créanciers llrivilt'•gi<'•s, <le
e111c\lc111P. 1lale e111c ce soil. 111111 ar111és el'11n <lroit ele s11ile. La j11ris11rudc11,·e
el la u1aj<Jrilt', ele la l)<Jcl.rinc 11'll11l ja111ais l1i',sité .'t se 11ro11011cer c11 faveur
<le l' <i11p< 1sali i I i ti', <l 11 ll rt>i Llle rt'·lcn ti on (C i v., 8 clécen1li re , 868. 1). ll. G!)., . ¡(i,
Torne 11 4\J
77º LIVRE III. - TITRE II. - '
PRE~IIERE PARTIE. - ClIAPITRE II
1

S. Gg., .272). La lraclitio11 de nos anciens auleurs est e11 ce ser1s. Et e11 efTet,
la solutio11 cortlrairc reslrei11draiL vrai111ent it l"exces l"ell'et 11Lile cl11 droit
de réte11tio11. De plus, 011 l}eut in,·oquer l"arLicle 1749, cl'ot'1 il rés11lle que le
localaire ex1J11lsé 1Jar L111 no11vel acquéreur l}euL lui ·opposér so11 clroit de
réle1tliou jusqu'a 1}aie111e11l <les <lo111111ages-i11lérels q11i l)euvertl lui elre cl11s
1Jar le lJailletrr, sous la se11le con<litio11 c111e l'a11térioritó ele so11 Litre soil
élalilie.
(l11 olJjecLe i1 la solutior1 acl111ise par la juris1Jrude11ce le lexte de l'arti-
cle 21>9!1, a11x ter111cs cl11quel les seules causes lógiLi~11es ele 1Jréférc11ce sorrl
les ¡Jrivileges el les !1y¡1otl1i•(¡lles. 11 est facile r.lc ré1Jo11<lre c¡ue, liicu c¡11'arri-
a
vanl e11 fait urr rés11ltat tres ser1silJle111enL analoguc, le clroit ele r<'·lc11tio11
11c Ct>11slil11e IJas u11 clroit de préférencc, le clroiL de préférence co11sisla11t
clans 1·ava11tag·e d'etre llayé e11 J}re111icr, lors de la clistri!J11Lio11 a11x cr{•a11-
ciers eles so111111cs ¡Jr0Ye1!a11L d'1111e saisic. J.e créa11cier rétenteur a si llet11111
<lroil ele ce g·c11rc c¡uc, 11ous l'avo11s vu, so11 clroit co11sisle ¡}rt'·cis{·111e11L i1
111ellre olJslaclc ú la saisic. S'il la laisse pratic¡11er, il a JJcrclu sa garanlie 1 •
· <)11 rc111arqt1cra ici lftle, la jurispru<le11ce ad111ella11l 1·01JJlOs-al>ili L<\ clu
clruit <le réle11lio11 a11x liers 111e111e e11 cas rle J1iillile (D011ai, 17 clécc111bre
1877, D. P. 78.3.!112;. il e11 résulte c¡ue ce clroil prése11le 11nc s111)ériorité
111arr1uée sur la s11rcl<'.• clP fait rés11llant rl'u11e co111¡1e11satio11, puisc1ue, 11ous
1·avo11s vu, la co111¡le11salio11 cesse de ll011voir elre Oflposée e11 cas ele faillite.
l{ie11 cl'ailleurs 11e justific celle difl'ére11ce entre des st1retés c1ui prése11le11t
e11lrc ellc.s la Jll11s g·ra11cle a11alogie, la co1n1lensation co11sistanl rele1iir ce a
c1ue 1'011 doit, JlOur s·assurer le regle1ne11L ele ce q11i vous est <l11. De 111e111e
que la co111pe11salio11, le clroiL de réte11tio11 ¡Jet1l etre co1111}aró 11 1111e saisie-
arrel s111· soi-111e'111e. (ln 11e ,·oil <l<'S lors tJas po11rquoi l'une eles s1iretés st1lJ-
~istc c11 cas ele faillilc, la11clis <¡11e l'a11lre clis¡Jarail.

~ ~. - Q11el!ii i,¡011t le"' c1•t·1111cle1•,-¡ i11•111é!ii tl11 tl ■•oit de réte11tloa

Conceptions rationnelles dominant la 1natiere. - ,\ <!H<'ls créa11ciers


d,iit. ar>1)artc11ir le <lroit ele r<'·lc11tic>11 :1 l.a solution elP ccllt• c¡ut'slion tl1'•¡H'ntl
úvi<lP1n111r'11l cl11 1'011tlc111t·11l rali11n11t'l l'L l{~gislalif sur lec111el 011 f'ail 1·r¡H>St'l'
celle st'tr,\lt'·.
l.e fo11clt~1111·nl le ¡Jlt1s élruit c1H1sislPrail it vc>ir <la11s le l)roil ele rt'•IP11lio11
11111• gara11lie Lacilt' r{•s11lta11l clc· la 1•ulo11l'é co1111111111e 1!1t débile111· el dlt cré(111-
a
cic1·. I•:11 t)assanl 1111c' co1tve11Lio11 rrlative 1111e citos<' l11i H)lJJarl<'11:111t Pl 1111'il
rt•111l'l it so11 crt'·ancier. lt>t¡uel s 'o!Jli¡.:·c 11 la resliltl<\I", le el{'.!Jilc11r, clira-l-011.
a
a cc>11ser1ti ce <flIC ce lle cl1cJSt' 11e l11i soi l renllue c111e lorsq11 il exécu lera sa

1. 11 cst bon de constatiir que, pratlqucment, 011 (ivltc le plus sou1·ent les corn¡,lica-
lions lnulilcs nuxquellcs tlonnc licu le 1néc11nis1nc surauntí de notre droit dn ri'•l1!11tio11.
1«1 syn,lic ,!'une faillitn, pour con1prrntlrr. tlans l'aclif lrs ohjets détcnns par un crtíun-
1·1er rt\tenteur, s'ohlige envrrs lni :\ le dt1sintér,,sser lnt11gralement, moy1!1111a11t quol le •
rrtlancic1· conscut 1\ se tlrssnisir de l11 chosc. 011 11'11 j1111111is contesté la v11litlit,\ d'uu tel
arra11grn1ent. La pratiquc ici, comme en 11111intes nutres circonstances, 11 1nontnl la voic
/1 suivre 1111 llgislateur. 11 serait évide111111ent II désirer qur cclui-ci accor1lhl 1'1 1011s les
cr,:anriors aclucltrmcnt invr.stis dn tlroil de 1·,!tcntion le j11s dislra/i8ndi uvcc 1111 v,\rita-
hlri privift\gc. /i l'instnr tlu Co,lc civil suissc (art. 898).
'
DROIT DE RETEXTIOX
ÍÍ 1
Jlropre o!Jligalio11. Da11s 11ne Lelle conceptio11, il n'y a lie11 clroiL de ré- a
a
Lcnlion c111e lors(¡ue la ¡Jossessio11 de la cl1ose se lie 11n rapport conlractuel
a
relaLif celte cl1ose. Et le droit de réte11tio11 n'est q11'u11e application de
l'exce1ltion 11011 alli111¡1leli co11lraclL1s, ad111issi!Jle seule111ent cla11s le cas 011

cette exceptio11 11ourrait etre in, oq11ée. 0

\ cetle co11ception s'en oppose une infi11i1ncnl ¡1lus large qui fait reposer
le droit ele rélcntion 11niquen1e11t sur l'ér¡11ilé. X'esl-il ¡1as ]¡lessant po11r Iaj11s-
Lice c¡11'1111e ¡1crsonne, tenue cl'u11e obligalion ele reslilution envers u11c a11lre,
c¡11i esl e11 111eme le11111s sa elébitrice, po11r q11elqL1e ca1ise que ce soil, p11isse
a
elre astreinle s'exécuter, alors c¡ue sa propre créance n'aura pas encore été
r<'·glée? Dans cette co11ce¡1tion, le droit de rétc11tion sera, a11 111oins e11 prin-
a
ci1Je, accorclé lout créancier se lrouvant en possession d'uoc cl1ose appar-
te11ant a s011 el(\bile11r. C'est vers ce syste111e q11'incli11c le législateur alle-
111a11cl, e11 ce c¡ui concer11e les ra¡Jports e11lre co1111ner9a11ls ; l'arlicle 369 du
Cnclc de co111n1erce allen1a11d acl111eltant le droit ele rélenlion, sous celte seule
coneliLion c¡ue la possession de la cltose a1lparle1,ant au clélJile11r, ai11si c¡ue
l'ol1ligalion de celui-ci, se ratlacl1e11L aux rap11orts d'affaires exislant entre
les clet1x i11téressés. Dans un te! systen1e, le clroit de réLention serail d'11ne

ªPfJlication a11ssi générale que la co1npe11satio11 a,ec laquelle on ne saurait
Lro11 souligner ses analogies.
l~11tre ces clcux co11ceptions anlago11istes, une solution n1ixle adn1ettra le
'
<lrt1il ele réte11Lio11 cl1aql1e fois q11'il y a co1111eicité entre la créance et la cl1ose
releuue, clebituni cu111 re j1t11clu111, c'est-a-dire lorsque la créance a llris
11aissance a l'o,~casio11 ele la cliose retenue, n1e111e e11 dehors de tout rapport
conlractuel, ¡iar exem¡1le parce que le ¡¡ossesseur a fait des clépenscs sur la
cl1osc d'autrt1i, 011 parce que cette clt<Jse lt1i a ca11sé 11n préjudice do11t il lui
cst <lt) réparation. (~'est ce syste111e r11ixte qui est consacré, ¡Jour les ra¡>ports
entre 11011-co111111crc;ants, par le Code civil allen1a11d (art. 2í3), et par le Code
civil suisse (arl. 8oj). -

Textes posltifs du Droit fran9ais établissant un droit de réten-


tion. - Si 1'011 cl1ercl1e <111cl cst le sysle111e ac!opl{i par le Drc)it franc;ais, il
i 111porle cl'aborel de cléte1·1ni11e1· dans <111cls cas la législatio11 positive étal1lit
forn1elle111e11l 1111 elroit ele réle11Lio11. Ces cas sont assez no111l1reux. 11 st1ffira
<le les exa111i11er ¡1011r se rí!rt<lre con1ple qu'aucnne co11ceplio11 doclrinale
el'e11sc1r1!J!c 11c pet1l elre eléduile de leur é11t1111éralion.
1º 'fo11L <l'a!Jorel, no11s renconlro11s cle11x cas ele droil (le réte11lio11 co11ve11-
l io1111el, c' csl-,\-eli re rí~su I lant d'une co11ven Lion ayan t formellcn1en t pour
o!,jct ele co11slitucr ce clrrJiL a11 ¡>r11fit cl11 créa11cier. Ce sel11t les l1ypoll1eses du
!J11ge (arl. 2082) et ele l'a11licl1rese (art. 2087).
:iº ]~11 seco111l lic11, il y a eles l1y¡>oll1escs asscz 110111!Jre11ses 01'1 1111 clroil de

réte11tio11 lég<tl r1;s11lle ele rappcJrls c1>11tracl11els Il(Jt1és e11lre Je rétenleur et le


¡>ro¡>ric\lairc a11 sujet ele la cl1ose relc1111e, et elt'1, elt•s lors, le clroit ele réle11-
l j (lll ,,c11 l c'\tre _co11sieléré Ce) ll l 11 le 1111e Va ria11 le cle l 'ex cc¡1tio11 11011 <i1li111pleli CO/l-
ll'<tClllS fc111clée SUI' la regle gé11éralc ele l'article 118/1. Ces l1y1><Jll1eses sonl
)ps su i va11Les :

1
772 LIVllE III. - TITHE II. - '
PI\E)llEI\E J>,\RTIE. - Cll,\PITl\E 11

1\. - Droit de rétenlio11 llu ve11deztr au con1pta11t j11s(111'ú ¡Jaie111enl elu


prix: (art. 1612, 1613).
B. - Droit de rétention ele l' acl1eleur a rén1éré, en cas ll'ex:ercice d11 ré-
n1éré, jusqu'au re1r1lJ011rser11c11t clu 1Jrix et eles el(,1Jenses llo11t il eloil elrc
inde111nisé (art. 1673, r'' al. i,z fine).
C. - Droit de réte11lio11 du pro1Jri1:taire e:r·¡Jro¡Jrié poitr ca1tse ll'ltlililé
¡1uhliqzte jusqu'au paie111e11t de lajusle inclen1nité q11i luí csl clue (arl. 5115,.
D. - Droit de réte11tion elu déposiiaire jusc¡u'au 1Jaie111e11t de ce c¡ue le
déposant lui doit a raiso11 elu elépot 1arl. 19!18, C. civ., 8.ir, C. ¡Jroc ci,.).
E. - Droil de réle11tio11 d11 ca¡1itcci11e de 11avire sur la cargaison jusqu'/1
paiement du fret (art. 306, C. co111 ).
3° On trouve e11core cla11s le Code des cas cie droit de réter1tion oi1 il esl
in1possible de rele,cr entre le réten teu r et le 1Jropriétai re un rappor t
contractuel relatif ú la cl1ose, mais ou, e11 rc,ancl1c, il ,. a (/ehiizt111 c11n1 re
.

ju11cizt1n, c'est-a-clire con11cx:ité entre la créance et la cl1<Jse rete11ue. Ce sont


les sui vants:
,\. - Droit de réle11tio11 accorllé a l'oiiuricr s¡1écijicltlc1tr r1ui a fa1;0J111é
des 111atieres apparlena11t t1 a~lrui, 1Jo11r l11i 11er111ettre el'olJLenir, lors ele la
revcndication, le 1Jaic111cnt ele so11 travail (art. 570).
B. - Droit ele réte11Lion clu colzérilier le111t att 1·apporl des o!Jjels rc1;11s
uu cléfu11l e11 ava11ce111c11I cl'l1oirie, jusqu'au ren1IJot1rsc111c11t lle ses in1pe11-
ses 1Jar ses col1ériliers (art. 86í)·
C. - Droit de réter1lion clt1 possesseur cl'1111e c/1ose 1•0/Je 01i pel'1ltte c¡ui,
l'aya11t acl1elée dans 11ne foirc ou un marcl1é, n droit au re111l)ourse111c11t cltr
prix ele la part du revenllic¡unnt (art 2280).
!1° E11fl11, 011 lrotivc lla11s le CcJfle 1111e l1ypotlu\se ele clrciil <le réter1tion lriut
/1 fait élrar1gere aux catégories 1>récécle11tes.C'est celle <le l'arlicle I í!1g pr{·citt'.·,
aux lcr111es clul¡t1el le localaire 011 fern1ier, ex1J11ls1'• IJar u11 ticrs acquéreur,
rsl aulorisé t1 rete11ir la 111aiso11 ou la fC'r111e j11sr¡11'it ce c¡11'il ait {,tú inlle111-
nisó par le IJaille11r <lu clo111111age <¡11c l11i ca11sc so11 ex¡iulsic>n. Ici, 011 ne 1)e11 t
111en1c ¡ias dirc qu'il y ail 1lehil1t111 c1t111 rej1i11cl11111, 1J11isc¡11e le tiers acq11ére11r
11e tloit ric11 a11 rélentcur; c'est le baillc11r qui cloil J'inel<~1r111ité. Le législa-
lcur a cn11Jloyé le 1ir<>CL'llÓ clu 1lroil ele róte11lici11, sans a11c1111e juslificalilJII
ratio1111c!lP, sous l'e1111)irc lle c1insi(l1·ralio11s J)11re111e11t 1iratiques, 11arce <JII<'
c'était le 111oye11 le 1)l11s eflicacc 1>ciur faire i11fle11111iscr le f'cr111ier 011 l<Jca-
laire, e11 intércssanl l'ac1111t''reur ii son i111le11111isati1111 par i<) IJailleur.

Extensions jurisprudentielles du droit de rétention. - J,e llroit de


rótc11tio11 11e11t-il elrc t'•Le11u11 a11 llel:'t de ces lcxtes 1iositif's. c'cst-:'1-<lire ac-
cor1lé a cerlai11s créauciers auxc¡uels la lc>i 11c 111 co11c1:de })l>Í11t l'or1111\lle-
111e11t? La c111cslio11 a óté 11ag11<\re tres conlroversé<·. <:ertains i11terprt'·tcs s<;
refusaie11t i1 to11lc cxlc11si<i11, c11 se fo11cla11t sur le lexle <le l'arliclc :1<i!1'1,et en
assi111ila11t le clr<Jil <le r1·ter1lio11 i1 une c11use ,le ¡11"éf<;!'e11cc, i11a1l111issiblc, 1l1'.s
lors, en llel1ors ll'1111 textc f'or111el. ¡\<111s 11c 1H111s allarclerc>ns 1ias ¡\ rt'·futcr
cette arg11111e11latio11 déj.\ crilir¡11<'\c 1>l11s l1a11t et. lo11j1Jurs rc¡>o11ssóe 1ia1· la
j11risprulle11ce fra11c;aise tV. e11 sens co11traire, Cass. ~a11les, :\1 juillcL '!JoS,
,
DROIT DE RETE;-;TIO~

S. 1909.4.8). II 11'est plus co11testé aujourd'l1ui q11e les textes du Code rela-
tifs au droit de rétentio11 ont ur1e lJortée é1io11cialive et non resll'ictive, que
ce sor1t des ap1Jlicatio11s d'une i11sliluiio11 génél'ale elont le Code a eu le tort
ele sous-e1tle1i(l!'e la consécration de prir1cipe, 111ais dont il appartient aux
i11tcrpretes el'assurer le fonctionnen1e11t dans toutes les hypotl1eses 01\ il est
co111111a11dé tJar les pri11cipes généraux de notre Droit. La seule q11estion
qui reste doulctise, est de savoir qt1els so11t au juste le crilériu111 el la 1ne-
a
s11re <le l'extc11sion qu'il convicnt ele elonner li11stitution ..~ cet égard, les
a
solt1tions ele la j11rispruelcnce se raltacl1cnt deux séries distinctes d'l1ypo-
tl1eses.

1° Premiere série. - Dans tous les cas 01\ il ). a rap¡Jorl contractuel. sy-
11allagmalic111e 011 autre, entre le propriétaire et le rétenteur, relative111ent a
la 1Jossessio11 ele l'obj<it, le droil ele réte11lion s'exerce sans difficulté. Il re-
¡Jose alors sur le fonden1ent d'un texte,l'arlicle 118!1, et d11 principe d'équité
su¡Ji'•rieur donl l'actio11 e11 résolutio11 et l'exception 11011 adi111pleti contl'aclus,
issues elles-111e111es de ce texle, sont les corollai'res. Voici les principales ap-
plications q11'011 trouve dans les décisions ele jurisprudence et dans la doc-
trine :
;\. - Droit ele rétentio11 de l'e111pru11teur a usage ou co111modatail'e a
l'efl'et d'o)Jtenir, avant de restit11er la chose au con1111odant, l'inden1nité a
la<1uelle lui don11ent droit les dé1Jenses qu'il a faites pour la conservation
ele la cl1ose 1Jretée, ou le 1Jréjuelice qui l11i a été causé par les vices de cette
cl1ose ;
ll.- Droit de rétention cl11 nia111lataire (011 gél'a1it d'affltil'es) qui a fait des
a
<li'•1)e11ses sur les cl1oses JJar luí détenues raiso11 de son 1nandat (Orléans,
23 jui11 1898, 1). l). 99.2.63; Civ., 25 ja11vier 190!1, D. P. 1904.1.601, S.
19ro.1.142);
C. - Droit cle.rétention d€!s arcliilecles sur les n1émoires réglés par leurs
soi11s (Iieq., 19j11illel r90!1, D. IJ. 1906.1.9, note ele fil. Glasso11, S. 1909.1.
1 33) ;
D. ·· D11 cl1ef d'orcliestre sur 1111e parlition q11i l11i a été ren1ise pour
¡>roc<~llcr it <les répélilions (1\n1iens, 13 juin 1901, D. P. 1901 .2.!112,
s. 190::i.:i.283¡;
E. - De l'ofjlcier nii,iislériel sur les pieces et acles q11'il a dressés pour
le co111ple de son clie11t (Civ., 10 ao11t 1870, l). ll, 71.1.!10, _S. 70.1.398;
Dijo11, 27 jartYicr 1887, D. P. 87.2.166, S. 88.2.82);
l◄'. - Droil <le rétentior1 enfin de l'o1lvrier <111i a ré¡Jaré ou tra1isformé un

ol>jel, {lOtir ol>lenir paie111c11l d(i son salaire (llec¡, 13 n1ai 1861, 1). ll. 61 .1.
328, S. 61.1.865; 'l'ril). Na11cy, :1 juillet 1908, D. I>. 1908.5.64). 011 ren1ar-
a
c111era, pr<)JlOs <le ce dernie1· créancier, c111e, s'il avait fait des frais, no11
poir1l ¡>011r ré¡>arer ou lra11sformer la cl1osc, mais pour la co1ise1·ve1·, la loi
a
l11i <l(>llrterail 1111c s11reté supérie11re au droit ele réte11lior1, savoir 1111 /Jrivi-
ler¡e SU!' la cl1osr co11se1·vée (arl. '.l l0:!•3°). .
a
No11s fero11s la 111e111e re1r1arr¡11e pour de11x a11tres c1·éanciers,le voil1t1·ie1·,
l'égar<l <les 111arcl1a11llises lra11sporl<'•es, el l'liúlelier, 11 l'égard des bagages des
LIVRE 111. - TITI\E I[. - '
PRE~IIERE PAI\TIE. - CIIAPITRE 11

voyageurs. L'un et l'autre onl t1n privilege tlour olJLe11ir paie111e11t cl11 prix
cl11 tra11s1Jort ou de la 11ote d'a11berge (art. 2 ,o·>.-5° et Gº), c'esl-ú-elire le droit,
110n seulen1ent de reten ir la cl1ose, mais encorc celui ele la faire ve11drc 1Jo11r
se tJa}·er, par préfére11ce, sur le prix.

2° Deuxieme série. - l~n dcl1ors de ces cas, la jurisprude11ce accorele


le droit de réter1tion a certains créanciers qu'auc1111 lic11 co11tracluel 11·1111it
au ¡Jropriétaire, leur elélJiteur, dans dill'érentes l1ypotl1eses fJt1'011 peut
clles-memes s11bdiviser e11 deux gro11pes :
,\. - llarfois, il n'y a pas lie11 contracl11el acluellen1e11l, 111ais il a existé
entre les inléressés t1n co1ztrat origi,zctire, aujourd'l1t1i étei11t. C'esl le cas
a
d'11n prelell/' sur gage qui a preté de l'argent une femme rnariée llOll Qltlo-
risée; d'oi'1 annulation clu co11lrat. 11 a été jugé c1ue le preleur, c¡11i esl en
clroit de rc'•clan1er i1 la fe111me ce clont elle s'est e11ricl1ie par l'actior1 de i1t
rem verso, aura, juse111'11 re111!Joursen1e11t, le droit de relenir le gage i'lleq.,
:iG avril 1900, D. IJ. 1900. 1 .L,55, S. 19_01., .193, 11ole de ~I. J<'erro11). Ici, le
fo11de111ent du droit de rétention peut etre cl1ercl1é dans l'a11alogie c1ui existe
avec les situatio11s de la série préc/~denle. ll 11'y a ¡ias aclitelleme11l de licn
co11lract11el, r11ais ce lien a exi:;té. ·
n. - L>a11s d'a11 tres l1y¡)otl1eses, la caractérisl ique cl11 droi l ele rétc11lio11
accordé ¡Jar les tribunaux réside clans ce q11'il y a debil11n1 cu111 re j1111cl1zrn :
le rétcnleur cst créa11cicr el11 ¡)ropriétaire, sa11s co11lrat, il est vrai, 111ais 11
l'occc1sio11 lle la cliose re/e11.11e. (:'esta ce litre q11e le possesseur (le úon11e foi
d'u11 i111111e11IJle revc11clif111é ¡Jar le ve rus llo111i111is cst aulorisé it rclcnir l'in1-
1ne11lJlc, jusq11'a re1r1IJ011rsen1er1t des i111pc11scs auxc¡11elles il a droi l c11 vert11
<le l'arliclc j j j (l3esa11c;o11, 17 1r1ars 18!)7, D. l). nS.2.:11 ,). l~L nous croyor1s
c1n'il fa11t a¡Jplic¡11cr la 111e111c solutio11 ú l'l1érit1er 11¡J/Jarenl <¡11i seraiL évincc'\
par la 1)étilio11 el'héréclité cl11 vc'•rita!Jle l1éritier. leí, le for1clc111cnt cl11 clroil de
réte11tio11 11c pet1l c1 tre cherché clans aucu11 lcxlc 1iosi lif, n1ais cla11s l'es1iril
général de 11otre l)rc,it, do11l les articles 570, 8G¡, '.l'.J8o, s011L l'ex¡Jression, el,
en cler11ii·rc analysc, !la11s la fra1/itio11. ~<HIS avons vu <JIIP le flr1)il ele rélc11-
lio11 a f'ait s011 a¡iparition cla11s l'llisloire .'t (lro¡ir1s ele la sil11ali<i11 elu ¡,<isses-
seur ele IJ01111e f'oi, cli'•fc>rulc•ur :'t u11P rcvc>11clicalion. l~lanl dci1111ú 11uc l'ins-
tituli!in a i'ilt'. c<inservc'•e ¡iar 11olrc L>roil 111ocJcr11e, il 11'cst 1ic1i11l lH1r111is ele
Sll)llJOscr <JtI_'il l'c'•carlc 1la11s cellc <le lot1lns les hJ¡Jotl1bscs lraditio1111cllcs cit't
so11 applicatio11 se j11slif1e le 111ieux el le plus n11cic>11ne111c11l llar 1lcs rais1)11s
el'i111¡Jéric11sc éq11itc'\.
l~n som 111c, on le voi l, 1101.re jt1 rispr11ele11ce nliou lit. :\ clcs sol II Lions 1011 t il
foil. a11al<igucis á celles que cc111sacr<)lll 1l'1111e f'a1.~<lll posilivc le J)r11it suisse el
le Droil allc111nncl. 'l'outPfois, clic rel'11sP a11 cróancicr le 1lroit ele rc'·tcnlit)II
- el il y a lic11 de s'c11 c'~l111111cr - elans cleux l1yp1itl1eses 1i1'1 011 1ir.11 l cP¡ie11-
danl 1·elcver 1111 lie11 ele co11ne.\'.ilú entre la crc'!ancc et la 1Jossessi1)11 ele In
cl1osc, 1111 1lebii1z111 c11111 re,j1111cl11111. ll en esl ai11si en ce <¡11i concerne le JJos-
se.~se11r 1/e 1nai1uaise foi el IP licrs 1l,'le11lc1t1· 1/'1111 i1111111•11ble /1_y¡>oi/1é1¡111 1.
}>011r ce <¡ui esl 1111 pe)ssnsse11r 1lc 111a11vaisc f',ii, 1lc'•fpr1de11r .'t 11ne rcvcnelica-
tio11, nous 11e v(1yo11s ¡>as pourqueii (lll l11i refusc le clroit ele rétc11lio11 ¡io11r Ir.
,
DROIT DE RETENTION

¡Jaien1e11t ele ce c1ue l11i est elíi, lorS(JUC le lJropriétaire relic11t les co11slruc-
tio11s c11r'il a failes (11eq., 13 j11illet 1903, D. P. 1904.1.22, S. 1904.1.31).
'fo11t au plus 1Je11t-011 all<'·guer contre lui la défayeur que 111érite sa 111auvaise
foi, ce c111i est 1111e raison ele ¡Jur senti111ent, el d'aille11rs Lon1l)a11l i1 faux,
car, lorsqu'il récla111e le paien1ent cl'une conslructio11 e111'il elé¡Jc11dait ele son
aelversaire ele 110 J)as repre11clre, le possesse11r 11e se 111011tre pas ele 111a11-
vaise foi.
Er1 ce (JUi concer11e, at1 co11Lraire, le tiers détenteur el'u11 i.111111c11l)le l1yJH)-
ll1éc1ué c111i a fait des ell"l)e11ses sur la cl1ose, les trilJunaux (Civ., 1!1 11ove111l)re
1881, D. P. 82.1.1G8, S. 82.1.:i57; Bordea11x, 12 aout 1902, D. P. 190G.2.
!109) font valoir i1 l'appui de son exclusio11 eles raisons parliculicrcs ele q11el-
que poids. D'u11e part, so11 clroit ele rétenlion, si 011 le lui accordait, e11tra-
Yerait l'exercice de l'action l1ypoll1écaire, e11 co11lraig·11ant le créa11cier ¡Jour-
suiva11t il faire une avance de fo11els. Et, ele plus, ses intérels 11e so11t pas e11
réalité con1pro111is 1Jar le refus c111'on lui fait du clroit de réle11tio11: car il
}JOurra se faire re111lJourser de ses i111pc11ses IJar ,oie de clistraclio11 s11r le
prix obten11, da11s l'adjuclicatio11 co11sécutive ¡\ la saisie l1ypotl11'.·caire '.

1. Aucun auteur n'a ja1nais soutenu qur la jurisprudence dut aller encore plus loin
et admettre le droit de rétention dans le cas ou il n'y a pas debiturn cum rejunctu1n, 1nais
simple réunion, sur la téte d'une m(}me personne, d'une créance contre le propriétaire
et d'une obligation de restitution envers ce 1néme propriétaire. Nous croyons cepen- •
danl que l','est ,·ers ce systeme, le seul completement équitable, que la juris¡,rudence
devrait s'orienter. Et, pour lui trouver une hase textuelle, il sufflrait de s'appuyer sur
l'arti~le 1293-1 ° et 2°, texte applicable in termi11is a la compensation, mais presque
énigmatique si on le comprend de la sorte, et qui, au contraire, deviendrait d'une clarté
!impide si on lisait droit de rétention la oii le législateur a écrit compensation. D'apres
cet article, le déhiteur ne pt•ut opposer la con1pensation: i• lorsqu'il s·agit d'une de-
mande en reslilulion d'une chose dont le p1·opriétaire a été injustement dépouillé;
2° lorsc¡u'il s'agit d'une demande en restitution d'un dépot ou d'un commodat. Si nous
comprenions ce texte comme s'appliquant au droit de rétention, il en résulterail deux
solutions. ll'abord, que le rétenteur ne peut exercer le droit de rétention contre le pro-
priélaire, dans les deux cas indiqu(,s au texte, ce qui s'explique tres bien, car le droit de
rétention, reposant sur l'éc¡uité, doit clre refusé a celui qui s'est mis en pos"ession d'une
manit~re irréguliere, ou s'est vu conlier la chose dans des conditions c¡ui lui font un
dcvoir étroit de la rcstituer a prc,ni<'irc réquisition. Et en second licu, il résullerait
a contrario de l'article 1.293 ain.si compris, que le créancier aurait le droit d'opposer le
droit de rtltention dt111s toutes les aut,es hypotheses. Cette interprétalion, c¡ui aurait le
grand avantage de donner au droit de ri\tenlion un fondement positif dans les t1•xtes du
Code, repose sur le poslulat d'une assilnilation toutc rationnelle ¡\ admcttre entre le droit
de rétPntion et la co111pensation. Or, cr.tte assimilation est d'autant plus ndn1issihle c¡u'elle
a élé faite déj.\ par les rédacteurs du Code dans un texte, douhlet de l'arlicle i293-2°,
l'nrticle i88!i, ou nous lisons justen1ent: « L'emprunte11r ne peut 1 p11s rel<'nir la chose
par compe11satio11 de r.e que le prétcur lui doit. ,

DEUXIENIE 1~ All'flf~

• •
PRIVILEGES ET HYPOTHEQUES 1

Généralités. - Il y a deux sortes de su.relés réelles n'entrai11ant pas la


dépossession cl11 dél)iteur, ce sont les JJrivileges et les liypotlieq11es.
Le trait con1n1un ele ces deux su.re tés, c'est eru'clles e,11porte11t l'afl'ectatio11
s¡)éciale au paicn1ent d'une dette d'u11 bien déter111ir1é, 111eullle ou i111111e11-
llle, lec¡t1el n'e11 de111eure pas n1oins e11tre les 1nains du eléllileur. 1\joulons
que ce llie11, it raiso11 de so11 a1Tectatio11 it la garantie cl'u11e detle 11arlicu-
liere, 11'est point souslrail pour cela au gage con1111u11 de lous les créa11cier::-
(art. 2092). 11 est toujours saisissalJle par les créanciers cl1irograpl1aires.
Se11le111ent, s11r le prix obleRu en cas de réalisation du bie11 e11 q11eslio11,
les créa11ciers pri vilégiés et l1ypotl1écaire s s011t payés ¡Jar JJréfére11ce; el les
créanciers orelinaires ou cl1irograpl1aires 11'onl i1 se distribuer que le s11r¡)lus
clu prix. .
C'est ce clroil de JJréfére,ice qui co11stitue la caractéristiq11e essentielle et
le trait co111111un eles JJrivileges et l1ypotl1eques. :\Iais il faut re111arc¡uer q11e
11ous avo11s eléjá rer1contré le n1c111e elroit á pro pos ele cerlai r1es <les s11.retés
appartena11t á la catégorie dill'ére11le, étueliée da11s 11otre pre111iere partie, i,
savoir ccllcs q11i enlrainent déposscssio11 du di'.•IJile11r. Nous avons v11 q11e·
le gage et me111e, d'apres la jt1ris1)rt1de11cc, l (llllicltrese co11fere11l au créa11-
0

cier gagisle ou a11Licl1résiste le droit cl'ctre payé, s11r le 111onta11t ele la saisic.
¡iar prt'·férc11ce a11x a11tres crt\anciers el11 pro¡iriétaire ele la cl1osc rc111isc e11
11anlisse111c11l. Ce c1ucl'o11 expri1ncc11 clisa11Lc111e lccréa11cier gagisle(o11 a11-
tichrésiste) ¡1ossecle 11n1irivilege sur le gagc clo11l il csl saisi (\'. art. :.i 1<J:1-:1°).

1, Baudry-Lacantincric et de Loyncs, Traité <lu na111isse,11e111, des ¡1rivilé,qes el des h_ypo-


tl,eques, 3• éd. (3 \'Ol.); Bendant, ,',1iretés r1erso1111el/es el ,·éelles (2 vol.): Guillouard,
Traité des ¡,rii•iléges el <les hypotlte,¡ ues (4 vol.); André, Trailé pratique, du r,',¡iu1e h¡¡¡10-
t/11Jl!aire, l 8!18 ; de Loyncs, l,e l'otle civil et le crétlil, régi111e h¡¡pothéc11ire, ré,qi'tne de /11
lransn1ission de la propriété, Livrc du ,'.entenairc du Co,lc civil, t. 1'', p. :J83 s.: Guil-
louard, La révisin11 <111 r1'gin1e h¡,pothécaire élabli par le l'o<le civil, ibi<I., p. t,1:i s.

CIIAPITRE PREMIER

NüTIO\S GÉ:\'ÉnALES.

Définition et traits caractéristiques. -- J)article 2095 cléfinit le 1)ri-


vilege un clroit ql1e la qualité de la créance clonne ;\ un créancier d'elre
¡ir<'·féré a11x al1tres créa11ciers, 111e111e l1ypotl1écaires. Les articles 2099 el
2100 con1pletc11t cetle définition en ajoutant qr1e le ¡lrivilege porte tar1tot
s11r taus les biens du clél)iteur, La11L(it sur cel'lai,zs rneubles, tanlot sur cel'-
lai,is imnieizbles.
[,es traits caractérisliq11es clu Jlrivilegc qui ressortc11t ele ces textes sonl
ali non1bre de <Juatre : 1 º le privil<'·gc est l111e favel1r concédée par la loi ;
:>.º e11 co11siclération de la r¡zzctlilé (le l(l créa,ice et non de la person11e du
créancier; 3° le privilege porte, soit sur taus les bie11s du débiteur. soit sur
rel'lai,zs mezzblcs, soit sur certai11s immeubles; 4° enfin les créances privilé-
giées so11t pa)·ées avant lol1tes les anlres sur le prix eles lliens désignés par
la loi.
l{eprenons ces traits clivers :
1° Le pripi/1\gc esl zz,ze fai•eur ca,zcérlée par la lai. - 1'el est, en effet, le
sc11s étyn1ologic1ue du mot privilegiitm (lex JJrivata); il signifie « lai établic
<lit prajil c/'1111 i,itérel ¡Jrivé ». JI er1 résl1lle c111e les privileges ne peuvent
existcr q11'aulanl ql1'ils ont été for111cllem ent créés par le législalP11r; i/ 11'y
11 pas 1/e ¡iriuilege sa,zs lc;,;le. La volo11ló eles i11dividus est impl1issa11le faire a
11ailre 11n clroit ele celle 11all1re, q11a11cl la loi ne l'a pas élal1li.
On re111arc¡11cra cepenclanl c111e cela n'est pas tout a
fait exacl c¡uand il
s'agil d11 ¡iril'ift\gc <ltz [Jagistc s11r la cl1ose c111i l11i a élé dor1née en gage
(art. 210:>.-2º). Sa11s elo11te, ce ¡>rivilt'•ge cst llien i11slilué par la loi, mais il
rt'•s11lle c11 prr111it'\re ligne de la va/011/é 1Jcs particuliers, puisqnc la consli-
L11lio11 ele gagc cst 1111 acle volo11taire. Or1 peut mcn1e dirc e¡11'e11 étalJlissant
ce 11rivilcgc, la loi ne fait q11e confirn1er la volonté eles parlies, car la co11s-
Lit11Lio11 ele gag·r 11'a pas cl'a11Lre b11l que ele co11fércr au créa11cicr 1111 droit
<le préférence s11r l'ol>jcl re111is e11 gage.
:iº 1'01,r cnncérlt•r 1111 ¡irivilegc, la lai prc111l e11 ca11sidér11lia11 la 1¡11c1lilé. 1/e la
i:r1'a11cc el 11011 la ¡11•rso1111c <Íu créa11cier. -11 )" a, en cffcl, cerlaincs créanccs

1. Pop!a,vski, la notio11 du privilege en clroit ron1ain et en droil civil fra11,;,ais, ll1efe


llordr.aux, 1913.
LIVRE lll. - TITRE 11. - '
DEUXIE1IE P,~RTLE. - CHAPITRE PRE~IIER

cr11i, }}ar elles-n1en1es, et pour des raisons varialJles qu'il est i111possi!Jle
d ,'e11un1erer
' toutes d'es a' present,
' ' .
r11cr1lent d' ctre
.\ '
payees avant 1es a11tres.
Deux exemples ,·ont 11ous per111ettre d'apprécier certai11es de ces raisons:
A. -- E11 cas lle faillite d'u11 con1n1er<;a11t, les salaires dus ¡}ar lui ses a
e,n¡Jloyés et oii_vriers jo11isse11t d'1111 privilege, parce <Jue ces salaires sont
a
inllispensa!Jles la subsista11ce eles intéressés (art. 2101-{1º, C. civ., :J4!),
C. con1.).
13. - Le ve11cle11r d'un 111euble ou cl'1111 ir11111eu!Jle a 11 n ¡Jrivilege sur la
cliose ,·endue, pour le paie111en t d11 pri x ( art. 2 r 0·1-!iº, 2 103-1 "), 11arce <1ue
c'est lui q11i a 111is cet objet dans le J}atri111oi11e de l'acl1ete11r, et q11'il est
équitalJle, des lors, q11'il soit payé sur le prix de cette cl1ose a,-ant les a11tres
créanciers qui, autren1ent, s'enricl1iraient sans cause ses dépe11s. a
On le ,·oit, quand elle crée un pri,·ilege, la loi ne s'inquiete ¡Jas ·de savoir
c1uelle est la personne du créancier; elle esl excl11sive1ne11t déter111inée par
la 11altire ríe la créa,ice.
Cetle proposilior1 n'esl po11rtant pas toujours exacte. II y a cl'abord to11t
11n groupe de pri,ileges c¡ui 011t été instilués i11l1iil1i perso11x; ce so11t ceux
<1ue eles lois spéciales 011L établis aii projit clu Trésor pttblic, r11 vue de
garantir le paien1ent de ses créances. L'article 2og8 du Cocle civil 111e11lio11r1e
du reste cettc cxccplion, et il cléclarc que ces privileges sont ré.glés ¡iar des
lois spéciales.
JJar111i les pri,ileges n1obiliers d11 Codc civil, il y c11 a égalc111cnt 1111
c1ui 11c se justific point J}ar la qualité ele la créance; c'cst cclui clu créa11cier
gctgisle siir la cliose clo111iée e,i gt1ge (art. 2102-2°). En cffcl, un créancicr
pe11t exiger ur1 gagc de son débilcur, c¡ucllc que soit la cause de sa créancc.
l\lais, c11 clcl1r)rs ele ces cxcc1Jtions, le trai t caracléristiquc c¡uc 11011s a Yo ns
relevé se rcnco11lrc dar1s lo11s les aulrcs cas. C'csl 111t~111c lá ce q11i llisli11g11c
le privilt'-gc <le l' !1_y¡¡otl1eq1ie légale (l1ypoll1eques des fen1111es n1ariées, de
1ni11e11rs, des iulerllils sur les !Jie11s <les 111aris et <les lulcurs). Ces l1ypotl1e-
qucs sont assi1r1ilalJles l1 de v{:rilables privileg·cs, si l'on prcnd ce dcrriicr
- n1ot cla11s so11 scns él)'n1ologic¡11e. l\fais, si on les a11alysc lle ¡Jrt':s, clics
<1il1'c')rc11l des ¡iri,ilt'·g·cs ¡1ar tlivcrs C1Jlés ; el la 1iri11ci1Jalc <lill'érc11cc, c'csl
juslcn1e11t e¡11'elles so11l lo1tjo1trs élablies ctlt ¡1rojil cle cerlcti11es calégories rle
, .
Cl'l:11/lClCl'S.
:1° Le privilt'!Je ¡iol'le, soil Slll' lu1ts les bic11s rlu 1lébile11r, scil sur cel'lcti11s
111e1tbles, soil sitl' cerlr1i11s in1111e1tbles. -11 y a clouc trois sorles ele privil<'·gcs:
.\. - l,cs ¡irivilc':gcs gé11éra11x c111i s'c'•lc11de11l sur lo11s les 111c11lilcs el, c11
cas cl'insuflisancc de ccux-ci, sur tous les i111r11c11lilcs <lu débilcur (arl.2100,
'.J 101, :110!1);
13. - Les ¡Jrivilc'•gcs su.r cer!ai11s 111e1tblcs, llll s¡Jécia1t:1; s1.1r les 111e11bles
(arl. :i 10'.l);
C. - Les 1irivilcges sur cerlai11s i111111ettl1les, <J11 s¡iéciau.c s11r les i1111r1eu-
bles (art.210:J).
!1° {,es crért11ces ¡iri1Jilér¡iécs so11/ JJa_yJes 11va11l lot1/es les 1111lres, 111e111e avar1l
les créanccs l1y¡1oll1écaircs, sur le ¡1rix des IJie11s grcvés. C'csl lh l'cll'el cssc11-
ticl du privilcge ; il assure u la créance q11'il acconipagnc 1111 droil tlc ¡1ré-
'
LES PHIVILEGES 779
a
férence par rapport to11s les aulres créanciers tlu tlélliteur. <J11a11cl do11c,
sur Je prix d'u11 irr1111e11llle, il y a conc11rrence e1Ílre des privileges el d<'s
l1ypotl1eques, ce so11t les pre111iers qui l'em¡lorte11t. :\irrsi, da11s les deux
exen1ples que 11011s avor1s cilés pl11s l1a11t, les salaires des 011vriers et e111-
¡lloyés d11 failli prir11ent les créances l1ypotl1écaires; de me111e, le vendeur
<le l'imrr1euble est préféré a11x créa11ciers ayant rec;11 l1ypotl1eqi1e sur ledit
im111e11llle d11 cl1ef de l'acl1ete11r.

Notions historiques. --· 1º Droil ro111ai11. - L'institulio11 des privileg·es


vient du Droit ron1ai11, rr1ais elle 11':y occ11¡lait qu'1111e place restreinte et
exceptionnelle, !)ea11coup 111oins importante par co11séquent que celle qu'elle
a prise clans Il(Jtre Droit franc;ais. D'11ne llart, en efl'et, il y avait a Ron1e
111oins ele privileges que clans 11otre Droit, et, cl'autre part, le11rs efl'ets
étaient 111oins étend11s que de nos jo11rs.
:\ l'époque classique, le l)rivilcge était 1111 sir11ple droit de 1)référe11ce
a
accordé par la loi certains créar1ciers d11 dé!Ji teur insolvalJle, grace auq11el
ils étaient payés ava11t Ies a11tres cl1irograr)l1aires sur le prix provenant de
la v e11dilio úonor¡¡1n. Le. privili:ge présentait done Lrois caracteres: A. 11
s'exerc;ait sur la n1asse des biens de l'insolvable; B. 11 n'était op¡Josal)le
q11'a11x créanciers cl1irographaires, et non a11x créanciers l1ypotl1écaires 011
gagistes, lesq11els prin1aient tous les autres sur les biens grevés de l'l1ypo-
tl1cq11e 011 re1nis en gage; C. J~r1fin, il ne conférait pas de droit de suite; il
ne donrrait pas au créa11cier privilég·ié le pouvoir de saisir, entre les mai11s
eles tiers, les l1icr1s aliér1és par le clébiteur. E,i 11,i mol, le JJrivilege 1i'élait
pas iiri droit réel, mais i111 simple clroit ele JJréfére,ice. Aussi, les textes l'a¡J-
pelaient-ils /Jrivilegi111n i11ler JJe1·s011ales c1clio11cs (7/1 D. de ,i 11re 1ioliLz111,
\\llf, 3; g C. qui JJnliores, VIII, 17).
Qt1ant a11 nomlJre des pri,iJ1\ges, il était assez limité. Les u11s avaier1t été
créés au profit de\cerlai11es pei·sonnes (n1ine11rs en tulelle ou en curatelle,
fe1nmes 111arióes, fisc ... ), les a11tres, a raiso11 de la qualité eles créa11ces
(frais funóraires, clenicrs prelós pour l'acl1al, la co11slruclio11 ou la répara-
tion cl'11n r1avire, ¡Jo11r la co11slr11clion cl'un édifice ... ).
I1 l11s tare!, a11 13as-l~n11iire, certains de ces privil<'·ges se transforn1crenl c11
l1y¡i<Jlhc1¡11cs taciles gó11{:rales, c'cst-:\-dire grc,·a11l to11s les l)ie11s cl11 clél)i-
te11r, et q11elc1ucs-ur1s n11\rr1e, lcl cel11i de la fen1n1e n1arióe pour la restilu-
t io11 tic sa clot, <'n l1ypotl1i:q11<'s 1irivilégióes, ·1¡ui ¡Jrin1aie11~ lo11lcs les autr<'s
l1ypoll1t'•q11es, c¡uelle <JUC ft1t le11r clate.
~º 1l11cie11 /)roil ./'ra,irczis. --- J,a conceptio11 ro111aine a subi cla11s le co11rs
<les siecles tlc r>rof'ondes 111otlificalio11s c¡ue l'on peut ai11si résu111er:
1\. - l)'abord, la classc tles ¡irivil1\ges généraux du Droit ro1nain s'est
enricl1ie <le 11011vr,Jles créances (\'. l)enisarl, \ 10 J>rivil1\!Jes, 11'' 12 et s11iv.),
,~11 111e111e
' lcn1ps, I a gara11t1e . allac l 1ee
' 11~ ces ¡ir1v1 . 'J'cges a ele
' ' se11s1)'J l e1ner1t
' f<i rc{:e. i\ l\(J 111e i Is 11 'éta ie11 t opposal1les e¡ 11 'at1x. crt!anciers cl1 i rogra pl1ai res,
re11
1r1ais 11011 a11x l1ypoll1e<¡11es. Nos a11cie11s a11te11rs rio11s clise11t, au co11lraire,
<¡11e les créanciers privil<igi{~s cl<Jivent. 1\tre ¡Jayós les 11re1niers, 111e111e ava11t
les cr{•ancicrs l1ypoll1écaires. l)c)111al le <léclare cx¡1ressé111enl: (, l)e lo11s
780 LIVRE III. - TITI\E 11, - CI:\"QUIE~IE l'ARTIE. - Clf.\l'ITIIE 11

les l}rivileges eles créanciers, les 111oi11elrcs clo11nent la préférc11ce co11lrc les
créa11cicrs cl1irograpl1aires, l1)·11otl1écaircs et aulrcs qui n'ont aucun ¡Jrivi-
lege n (Loix civiles, liv. 3, tit. 1, sect. 5, § 3 ). J~t Potl1ier don ne la 111e111e
sol11 tion ( Trait é 1/e la J.>rocéll1ire civile, nº' G44 i1 G5,, éel. Bugr1et, t. X, p. 2():l).
II est prolJalJlc q11c celte regle nouvelle s'introduisit sous l'influencc d'u11e
do11ble cause : d'abord le rétrécissc111cnt ele la classc des !Jicns n1c11bles et
leur fail)le valeur; en sccond lieu, la fréquence eles l1ypotl1eq11es qui, dans
notre ancien Droi t, gre,·aicn t en général lous les i 111 n1eu }Jlcs d11 débi lcur.
En JJréscncc ele ces cleux fails, les privileges scraicnt dcvcn11s illusoircs, si
l'on n'avait fortifié leur efl'et.
B. - ;\ coté de ces pri,·ileges q11i donnaie11t au créancier droit de préfé-
rence sur tous les lJiens clu débiteur, l'ancien Droit a créé des privileges
afl'ectant spéciale111e11t 11n IJicn détcr111ir1é, n1e11ble ou in1111c11ble ..l\i11si,
sont nécs clcux catégories 11ou,·elles: les privileges spéciaux s11r les in1111cu-
bles el les privilegcs spécia11x s1:¡r les n1eubles. Les pre111iers élaicnl ele
véritables hypoll1e1¡1ies JJrivilégiées, créées ¡\ l'i11slar clu Droil ro111ai11, n1ais
po11r des cas no11vca11x. C'esl ai11si c111'ar11Jarurcut le privileg·c cl11 vc11deur
rl'in1111c11!Jles, cel11i d11 co¡}arlagea11t, celui el11 co11slructe11r.
Quant aux privileges porlant sur cerlai11s 111e111Jles, ils fure11t créés, J}Our
des raisons tres eliverses, a11 profit de certai11es créances q11i paraissaienl
1r1éritcr cclle favcur. Les pri11cipaux fure11t le privilegc d11 bailleur d'i111111eu-
lJlcs sur les 111e11lJles d11 localaire ou elu fern1ier (art. 161 coul. de Jlaris),
celui elu vendeiir 1l'effels rnobiliers (art. 176 et 177 co11t. de I>aris), celui el11
co1iservale11r de la cl,ose, etc.
En r{:su111é, 011 voil que les rédacleurs clu Code civil ont lrou,·é tout tracé
cl1ez les a11le11rs co11 lun1iers, le caelre ele lc11r tl1éoric n1odcr11c eles privile-
gcs. Ils n'o11l c11 q11'ú c11 révi:-cr el ¡\ c11 111odillcr, sur ccrlai11s })Oi11ls, le
co11tc11u, ¡lour faire disparaitrc certai11s privilegcs q11i 11'avaic11t pl11s de
raiso11 ele s11bsisler, 011 en cr{~cr r¡uelf111cs 11011vcaux.

Natura juridique des privileges. - 11 r1'y a a11c1111 cloulc sur la 11a-


lt1rc jurielique llcs ¡1rivilef¡es i11111iobilicrs, é11011c<',s da11s l'articlc 2 l<},°3. Cr
scint eles l1ypollte1¡1tcs ¡11·ivilé1¡iées (argu111c11t arl. :.i 11~1), ¡1ar conséq11e11l. (les
elrl)ils réels elo1111a11t aux créancl's r1u'cllcs acco111¡}ag11e11L, 11011 seulc111c11l le
droil <l'elrc ¡iay{·es en prernit'.,re ligue sur le J}rix ele l'i111111c11IJle, 111ais le
po11voir ele saisir l'i111111e11l1lc en c¡11clqucs 1nai11s flt1'il se tro11ve.
11 11'e11 cst pas lle 111e111c 11<Jur les elcux autrcs catégorics, c'csl-it-clire 11our
les ¡1rivill:[JCS 111obiliers s¡1écia1tJ; el 11011r les ¡>rivi{i\[JCS gé11éra1tx ¡}orlanl, c11
¡>re111ier lien, sur lr111s lrs 111r11l1lcs, rl, s11bsidiaire111e11l, sur l.011s les i111-
111c11bles elu clél1ilc11r. U11c vicillc co11lrovcrsc, c1t1i clalc llt1 Cc><le civil, clivisP
e11c<1re les a11lc11rs et r111~111c la juris¡}ru<le11cc ;\ lenr sujcl. Elle ro11ln sur lP
pc,i11l ele savoir si ces privilt'•gcs so11t, ct1x anssi, llcs tlr<1its r{·cls <ltI si111¡1l,~-
111enl des ca11scs ele ¡1rél'ére11cc it l'{:garel des aulrcs créanciers.
J,'i11l1\rel <le ccllc r111cslif111 esl elo11l1lc:
1° Si ces ¡>rivil1'-ges so11l eles <lroits ri'·cls, ils elc11111c11l at1 créa11cier le 1/roif
tle sttile, c'csl-i1-clire Je droil <le ¡1011rs11ivre le l>icn grevc'• 111c111e entre lrs
mai11s eles ticrs elétc11teurs.


'
LES PIIIVILEGES

11 e11 résultera c1uc les cr1'.a11ciers ar111és cl'u11 JJrivilege yé11érc1l 1Jourro11l
no11 seulen1ent se faire payer sur le prix des in1111eubles, n1ais les saisir
contre les tiers acq11<'·reurs. .
De 1111\r11e, si les privilt'•ges so11t des dr,Jits réels, les 1iri,ili'•ges s¡1écia11x
sur les 111eulJles donneront égalen1ent 11aissancc e11 ¡Jri11ci¡Je au droil ele
s11ile. Il esl vrai crue ce clroit. ele s11ile sera 1Jresque to11jo11rs paralysé par la·
111axi111e e,i f ail de 111e1ibles ¡Jossessio,i vaitl litre, r111e le tiers <léten teu r po11 rra
a
01Jposer l'actio11 clu créartcier. ~lais il repren<lra sa vig11eur cla11s les cas
oi'1 ce délJileur 11e sera pas e11 situalio11 d'ir1voq11er l'exceplio11, soit 1Jarce
c1u'il 11'a11ra pas été n1is en possessio11 réelle, soit parce c111e sa 111auvaise foi
sera prouvée, soit parce r1ue le n1eu!Jle aura été ,·olé ou trou,·é, soit e11fi11
pal'ce q11'il s'agira de 111e11IJ!es incorporels.
011 ren1arq11era ici que la c1uestio11 ne se pose 1Jas ¡Jour eleux des pri,·ileges
a
111o!Jiliers spéciaux, sa,·oir cel11i el11 créa11cier gagisle s11r le gage, leq11el
est certai11e111ent u11 droil réel, et cel11i clu !Jailleur sur les 111eu!Jles d11 pre-
11e11r, 1Jrivilcge auquel, nous le verro11s, l'article 2102-1° altaclte expressé-
r11e11t Ull certai11 elroit de s11ile. \lais le pr(Jble111c et l'i11térel cru'il suscite
a1Jparait a propos de lo11s les autres privileges n1o!Jiliers.
2° Si les privileges sont des droits réels, ils so11l itz(livisibles, c'est-a-dire
c111e les meul)les qui en sont grevés répondent clu paien1ent total ele la créa11ce
privilégiée. 11 e11 résulle qu'au cas de rnort d11 elébiteur, le créa11cier pourra
récla111er la tolalité de sa créance á cclui des l1érilicrs <lans les 111ai11s duquel
se lrouYcront les 111eubles greYés du priYilege (V. e11 ce scns Borcleaux,
5 ao1'it 1896, D. ll. 97.2.400).
Les sol11tio11s cl11 problen1e proposées JJar les aulenrs so11t fort l'ariées. l)our
les u11s, les 1Jrivil&ges généraux et les 1Jrivileges 111o!)ilicrs sor1l des <lroils
réels : ponr les a11tres, ils sonl ele si111ples rlroils ele préfére11ce. l'n systen1e
i11tern1érliaire, lo11t e11 se ralliant á la prer11iere e)¡Jinion, l)ropose ce1)enda11t
1111c el i sli 11ctio11 cr¡ ce r¡ ui concerne les 1Jrivil.-\ges généra11x ele l' article 2 1o,,
q11i, prétcnd-il, constitue11l !)ie11 des <lroils réels, en tant c¡u'ils grevent les
i1111neu!Jles, n1ais sonl ele si111ples llroils ele 1Jrél'érc11ce et n'c111porlc11l pas
<le clroil lle s11ite, c¡uar1d ils s'ex:erce11l sur les r11eul1les. T~t or1 fail cibserver
c¡11'e11 etl'et ces privil<'.·ges gé11éraux: 11e so11l que le droit ele g·age général liu
créancicr sur l'c11se111ble eles l1ie11s el11 llé!Jileur, co1111Jlélé el renforcé par 1111
llroil de ¡1réf{·rence sur le prix eles r11e11IJles réalisc'•s. ·
I)e ces o¡Ji11io11s, c'cst. la seco11lle <111i 11ous 11arnil clcvoir, elre ndoptée. ,\
11olre avis, 1Jrivileges gé11éra11x el l)rivileges spéciaux CJnt tonjours été el
sor1l cle111eur<\s ele si1n11les clroits ele J>référe11ce e11lre créanciers. 'felle <"~lnil
el'al>or<l i11co11leslal1le111enl le caraclere <l()s J)rivil<:ges généraux d11 l)roil
ro111ai11, el rien, da11s nos a11cie11s a11lcurs, 11c 1)ern1et ele elire q11e ce caraclere
ail óté 111oclifi{~. A11 snr¡ilns, ces ¡Jrivil<·ges e¡ni lJorlenl s11r la lolalilé des
]Jiens, ne co11coreler1l-ils 1Jas cxacten1e11l avr,c le <lr<1it ele gnge gé11óral el i111-
1Jarfail <111e l'arliclc :ie>\)'.l <leH111c anx cróanciers sur le patri111oine el11 <lélii-
lenr ~ f,i~s créa11c()s 1)rivil<'.·gi1\es lle111enre11t eles créanccs cl1irograpl1aires;
aucnn liien 11'esl s¡1éciale111enl afl'eclé it le11r ¡Jaie111ent; elles jo11isscnt cl'un
lo11r ele faveu1·, llar ra1>1iorl aux a11tres créa11ces, el voilit l<>11t .


LIVRE 111. - TITRE 11. - '
DEUXIEllE PARTIE. - CHAPITRE PREllIER

Quant aux privileges spéciat1x sur les 111eubles, notrc ancie11 Droit, c111i les
a cr{~és, a j11sleme11t al)oli le droit lle s11ite en 111aliere 1nobiliere, er1 ¡lrocla.
r11ant la regle 111eubles ,i·o,il ¡1as ele s1Lile ¡iar liy¡iollicqiLe, l¡ue l'arlicle 2 r 19
du Code civil é11011ce encore aujot1rd'l111i el f¡ue 11011s eX.JJlir1t1erons IJlus loin.
Le droit de suite des créa11ciers pri, ilégiés s11r cerlains n1e11bles du rlé)Ji-
0

teur présenterait encore 1Jlus d'i11convénienls éco110111iq11es qt1e le droit ele


re,endicalio11 el11 propriélaire. C'est pot1rquoi l'ancien Droit l'avail proscri t
lla11s lot1s les cas, sa11f dans des l1y1Jotl1eses ex.ceptionnelles c¡11e 11ous re11-
co11trerons cl1en1i11 faisa11t. Le Coele civil 11'a certai11en1ent pas e11lentlu
l'établir.
La jurisprude11ce a eu plt1sieurs fois l'occasio11 de se prono11cer sur celle
qt1estion, en ce qui concerne les privileges s1Jéciaux sur les meubles; n1ais
il n'y a pas plus d'accord dans ses décisions que dans la doctrine. Certaines
d'enlre elles (Bordeaux, 5 ao11.l 189G llri·cité et 'l'rib. civ. Cl11iteauro11x, 19juin
1899, S. 1900.2.217, co11tru note .ele ~l. Tissier; Bourg·es, !) 111ai , 900, D. P.
190:1.'..l. 161) onl ael111is le syslen1e de la réalité, rnais seulen1ent llour e11
conclure q11e le privili~ge 111obilicr co11stilue 11ne gara11lie réelle i11clivisible,
el c¡11'en conséquence le créa11cier 1Je11l pourst1ivre, pour la totalité de sa
delte, et no11 se11le111e11t llOUr sa llart clivise, l'li<~ritier détenteur d'olJjels
1110IJiliers grevés ele ce droil.
<¿uant a la Co111· de cassalion, elle s'est pro11011cée plusieurs fois contre
le elroit ele s11ite, et l'on peut elire qu'elle considere les privileg·es s¡)écia11x
sur les r11_eubles c0111111e de si111ples droits de JJréfércnce dépourvt1s d11 droi t
de s11ite (Ci,·, rg février 189(1, D. P. 94.1.t,13, S 95.r.457, notecle~I. \\'al1l;
l{ec¡., 21 décer11bre 1910, D. Jl_ 1912.1.:i3, S. 1912.1.18¡)).
Nous trai tero11s do11c da11s ce cl1a1lilre, des Jlrivileges JJro¡ire111e11l llils,
c'est-a clire des clroits ainsi q11alifiés J)ar le Codc qui (cxceplion faite 1>011r
le gagisle et le bailleur d'i111111eubles) 11'e11lrainenl pas ele clr1)it de suite
au profit du créancier. Ce so11t: e11 llren1ier liet1, les ¡¡1•ivilcr¡es générallJJ;
en sccond lie11, les JJl'ivil1'r1cs s¡1Jcia1Lx Sltl' les mellbles.
A11 conlrairc, les ¡1rivil1'f/CS s¡iécin11.c Sltl" les i111111eltbles, <¡ui e111¡)orle11 l
droil ele s11ilc'. et lftie, pour celle raiso11, nous co11siclérons, 11 i¡nel<111es
1111ances 1>rt\s, co111111e de vt'iril11IJles l1y¡Joll1el¡ues légales, f'ero11l l'ol1jcl tl't111
cltapilre s11écial.

SEC'J'ION l. - 1i111v1r.i,c;i;s GÉ:-.ÉnAPX.

Les privileges gér1éraux s'éle11<ler1l ¡'¡ lo11s les biens elu dé)Jiteur. !Is J)Or-
le11t. c11 efl"el, 11011s clil l'arlicle '.!101, « sur la gér1éralité des 111eubles » el11
' clélJi l<Htr. l)e ¡llus, il résulle 1les arlicles '..! 1o[¡ el :.i I o5 lllle, ¡\ <lcfa11t de 111obi-
lier, 011. ce <tui 1·evienl au 1111~1110, e11 cas 1l'insuflisar1ce elans le JJl'<icluil 1le la
saisie Pl ele la ve11lc ele ce Jlt()l)ilicr, ils s'élerulenl sur lo11s les i111111eul)les
et so11l ¡>a~<'·s s11r le {)l'ix 1le ces 1l1!r11icrs !)ar l)réf'ércncc aux privili'·g·es ir11-
111olJiliers. lls consliluenl <lo11c la garanlie la plus élc111lue c¡11i ¡H1isse 11ppar-
le11ir ,\ tics cr1!a11ciers. ;\lais 011 ct1111¡>ren1l aussilt'il 1¡11'1111c garar1lic 1lc ce
ge11re c111¡iorle u11 grave incc111vé11ic11t, c'esl de g·rc,cr ll1urdcn1e11t le 1>alri-

' , ,
Pl\IVILEGES GE~EilA t;X

a
111oinc dt1 débitcur. Si done la loi accordait inconsidérén1e11l 1111 trop grar1d
norr11Jrc de créanccs el h des créances d'un cl1ifl're élevé, t111c favc11r de ce
ger1re, le débite11r. surtout le co111n1erc;a11t, 11c trou,·erait plus a11cu11 crédit,
car les ticrs seraie11t tro1J inq11iétés ¡Jar la 111c11acc ele privilegcs qui, 011 cas
ele el(·co11fiture ou de faillite. absor]Jeraicnt tout son actif. ;\nssi, le lég·isla-
lc11r 11'a-t-il concédé ce IJénéfice qu'a un 110111l>rc rcstrcint ele créances el a
des créar1ces d'une im¡>ortance rclative111c11l 111olliq11e '.

Quels sont les privileges généraux. - Les créances i11vestics cl'u11


privileg·e général for1t l'objet d'u11e longue én11n1éralion dans l'article 2101,
con1¡Jlété par quelq11es lois postéricurcs, clo11t u11e sculc luí a été incorporée.
On peut, alJslractio11 faite des privileges du fisc dont nous 11'avo11s ¡Jas h
parler, cliviser ces créa11ces en Lrois groupes:
1º Les cr1'a11ces pour frais ele juslice, c'cst-h-dire cclles c¡ui se réfere11t
aux frais r1écessilés po11r co11server et li<111icler l'actif llu délJilcur i11solva]Jle.
l~la11l fails da11s l'intéret. crin1111u11 des créanccs, il est 11alurel c¡ue ces frais
soic11L 1Jrélcvés s11r le prix lles IJic11s réalisés au profit ele lo11s. (l11 a llil avec
raison que les créanciers lJOur frais de j11stice s011l créa11ciers des créa11ciers
plutót que du d'é]Jileur.
2° Certai11es créa11ces prése11tanl llll caraclere ali111e11laire oii a11alog11e
JJOlll"le 1léúileur el les 111e111bres de sa f a111ille ; ce so11t les c1·éa1ices pour frais
f11111;r11ires, frais de ,nalaclic, .fo11r11ilures de subsisl1111ces. J<:11 concécla11t a
ces créa11ces u11 rang privil<'·g·ié, la loi vie11t en aide au clélJitcur n1all1eu-
re11x, el lui 1Jroc11re le crédit do11t il a l)esoi11 pour lrou,,er 11n tiers qui
a
co11se11lira lui fairc les ava11ces in<lispc11sables.
:{
0
c:crlai11es créa11ces aya11l 1i1i caraclere alimentaire, 11011 tJlus ¡Jour le
délJile11r, 111ais ¡>our le créa11cier lui-111J11ie (salaires 1/es ge11s úe service. úes
01ivricrs et 1/cs .e111ployés, créa,icc 1/e lct vicli1r1e 11' u11 rtccicle11t 1l1t trctvail Oll úe
ses ayanls d1·oil relativo aux·frais mé<licaux, pl1ar111aceuliques et fu11éraires
el á l'i11de11111ité de <le1ni-salaire accordée ¡Jendar1t le traite111ent nécessité pa1·
la lrlessure). Ici, c'est la co11si1léralio11 cle l'intéret cl11 créancier, et non ¡Jlus
a
<i<' cclui clu débitc11r, <¡11i cléler111ine la loi á do1111er ces créa11ces u11 ra11g
¡iri,ilt'·giú; les sorn111es c¡u'elles cloive11l assurer au cróa11cier s011t tellc1ne11t
inllis1ier1sal>lcs 11011r assurcr sa s11l>sisla11ce, <¡ne l'l111111a11iló con1111a11de de
lc11r accorder t111 lrailcr11e11l de fave11r <JUÍ asst1rc leur ¡1aie1r1e11l ava11l celui
<le toules les a11lrcs deLtes <lu débitcur.
l\c¡Jreno11s 111ai11le11a11l c11 <létail les difl't',rcnles crt'•a11ces é1111111érécs par
l'article 2101.

1° Les frais de justice (arl. 2101-1°). - Cellc cx¡Jressio11 co111¡Jrend


t.rJules les ava11ccs relati,es aux acles 1lc ¡Jrocóclure CJtt'il a fallt1 fairc pour

1. Ln loi hypolhi'•caire beige du 1(i déc<•111bre 18GI, qui a ren1placé' en Belgique le Titre
dPs privHeges el hypolh/,ques du Codr civil, décitle que les pri\'ileges généraux ne sont
pny(,s sur le prix dns i1111111•11hles 11u'aprc\s les privileges immohiliers el les hypolheques.
Ellt• 11 pens,1 c¡'u'il f1dlait nssurcr une gnranlie co1npletc aux cr,lancit,rs hypolhécaircs, et
ni, pas lc:s exposcr ¡\ voi1· une parlle de lcur gngc lcur échnpper pour servir a désinlé-
rc>~st'I' d'autrcs rrénnciers.
¡84 LIVRE 111, - TITRE 11, - '
DEUXIE:\IE PARTIE, - CIIAPITI\E PRE~IIER

cor1serYer, liquider ou réaliser les bie11s clu clébileur, c'est-lt-dire: les frais
ele saisie, de Yen le et de distribulion du prix; les frais nécessités par l'exer-
cice des droits et actions dtr débiteur (art. r 166). Il faut y ajouter égalen1e11l
certai11s frais extraj11cliciaires, qui sont égaler11ent ni'.cessaires pot1r conser-
ver le gage des créanciers: a1lposition eles scellés s11r les lliens d11 failli ou
d11 dt',funt, inYentaire des biens, dépenses d'ael111i11istratio11 cl11 syndic de la
faillite, el11 liquiclate11r jucliciaire ou ,le l'l1érilier bénéficiairc.
Xous a,·ons indiquó ci-dess11s la raison d'etrc ele ce ¡)ri,iti,ge ; les frais en
q11estion s011t faits clans l'intéret de to11s les créar1ciers. Cetlc raison d'elre
pern1et el' en déli111iter aisé111cnt le cl1a111p d'application.
'l'o11t cl'allord, les poursuites dirigées par 1111 créancier cor1lrc le dél)ileur,
exclitsiiie111e11t llans so11 intérel JJarticizlier, par exemple, 1)011r faire rcco11-
nc1itre le droit dor1t il se prévaut, 011 pour se procurer u11 litre exécutoirc,
n'onl llas le caraclerc ele frais pri,ilégiés, parce q11'ellcs ne profilerrt pas a11x
autres créa11ciers. L'arliclc ¡66 du Codc ele procéd11re ci,ile. 1•r ali11éa, fail
application de cctte iclée it la procédurc d'orelrc, c'est-it-dirc ele elislributio11
cl11 JJrix eles i111111eulJles l1ypoll1équés entre les créancicrs inscrits : ce Lcxlc
11ot1s clit c¡ue les dépens des contestalions auxquclles do1111e lict1 cellc elislri-
llulio1111c 1Je11Yent etre Jlris sur les clcniers proYenant de l'adj11dication (lleq.,
8 janvier 1u12, D. JJ. 1912.1.403).
On trouve 11ne autre applicatio11 de la r11en1e regle dans l'article 662 d11
Cocle ele 1lroct'·el11re ci,ilc, applicalion 1Jlus i11Léressanlc, parce e¡u'il s'agil ici
de frais fajts da11s l'inléret ele to11s les créa11ciers saufun. Pour con1prendrc ce
texte, il faul sa,oir e¡11e le llaillet1r d'un in1111e11IJle peut, en cas de saisie
n1obilicrc exercée s11r le localaire, se faire paycr ele ses loyers ou ferr11ages,
¡lar 1111e procéclure si111plifiée; il n'a qu'lt ap¡)eler son locatairc ir1solvallle
dcva11L le j11ge-cor11111issairc 1io11r faire staluer JJar cel11i-ci sur son ¡lrivileg·e
pour les s0111n1es q11i lui sont dues: les a11tres créa11ciers, at1 contraire, 11e
son!. pay(·s (¡t1'á la st1ite el'u11e proc{dure elite ele distributio11 par conlrilJ11-
tio11 rt'·gl{e llar les arliclcs G5G et s11iva11ts elu Code ele l)l'océdurc civile. ()r
l'articlc GG2 d11 Coclc ele lll'ticéelure 1Jorlc c¡ue )ps frais 11t'·ccssilés JJar ccll<'
JJrocéel11re ele clislrillulio11 scro11l ¡Jrélev()s avant loules aulres créanccs,
11 /'c:eccptio11 lle ccllc (lit úaille11r. C'csl e¡11'e11 cll'cl. les frais c11 e¡11cslio11 11e
profilc11l pas it ce eler11icr (art. GG:i).
l'ar co11st'·e¡11e11l si, ¡iar cxccplio11, le liaillc11r 11'avail ¡iai,; 11sé ele l'avanlagc
(¡ue l11i clo1111ait la loi, el s't'•lail 1,ornó i1 ¡iroel11ire cla11s la co11lrilJ11Lion (J11-
ve1:le sur les bicns el11 Iocalenr, il clcYrail s111i1iortcr, ccirr11r1e les at1Lres créan-
ciers, les frais ele la 1iroc{el11rc (Civ., ií j11illcl 1911, !). 11 • I(Jt:i.1.513, lllllc
ele !\l. ,le Lciy11es).
Sig11alo11s 1111 clernier cclr<Jllairo <111 11ri11ci¡in: les frais fail,- lla11s l'inlt)rel
{le la 111asse eles cróancicrs cl1irogra¡>l1aires 111) ¡ic11vc11l 1ias 1\tre 1irélevés a11
1irt'·juelicc eles crt'·ancicrs l1y¡iotlu'·caires.

:iº Les frais funét'aires. - <:e 1irivilt',ge gara11Lil a11 clél,ilcur inscJ!val>le
1111e st',1)ullurc 1lt'·cenlc, car il assure aux cróanciers le rc111IJ<Jt1rse111c11L eles
frais c¡11'ils ont aYa11ct'•s. 11 était elt'·jit co111111 en l)ruil ro111ai11 (1¡, 1). 1/c re-
' , ,
PRIYILEGES GE:'!ERA.uX

bus aitclol'ilale juclicis, XLII, 5 ; 45, D. de 1·eligiosis el su,n¡Jiibus fu1tel'11111,


XI, 7.)
L'expression de jl'ais fu,iérail'es comprend tous les frais se rapportant a
l'i11l111n1atio11 du défunt, cérémonie religieuse, dépenses d'enterren1ent, de
sépulture (Civ., 15 n1ars 1897, D. P. 97.1.280, S. 97.1.438). Naturellen1ent,
ces dépenses ne jouissent du privilcge c¡11'a11ta11t qu'elles sont réduites au
n1inin111m. On adn1et po11rtant c1u'elles pet1ve11t yarier suiYant la conditio11
sociale clu défunt. ~lais, ni les fruis de construction d'un monun1ent f1111el)re,
ni le prix J'acquisition d'u11e concession de terrain daos un ci111eticre, ni les
dépenses de deuil de la veuve, des enfants, des don1estiques ne peuvent ctrc
considérés comn1e frais funéraires.
En revancl1e, il r1e fa11 t pas li 111i ter le pri vilege aux frais concernant le déccs
du débiteur lui-1nen1e, 111ais l'ap1)liquer égalen1ent aucas de mort des per-
son11es c1ui vivaient avec l11i et clor1t il a la cl1arge, conjoint, enfants n1ineurs,
ascc11da11ls.

3° Les frais quelconques de derniere maladie. - L'article 2101-3°


a
ajo11te << concurren1111e11l entre ceux q11i ils so11L dus n, et la loi du 3o 110-
vc111bre 1892, article 12,a i11tercalé, apres les 01ots << derniere n1aladie >>, u11
n1e111bre de ¡ll1rase nouvea11: « quelle q11'en ait été la lern1inaison ».
Ce pri vilcge doit son origi11e a une fausse i11terprélatiou de deux frag-
111e11ls d11 Cocle de Justi11ien (4, C. ele petit.lie!'edit., III, 31, et 3, C. de relig.
a
et surnpt. fu1tel'., III, 44), lesq11els, contraire111e11t ce qu'ont cru nos an-
cie11s auteurs, clonr1aie11t a11 créancier, 110n pas un privilege, n1ais si111ple-
n1ent u11e aclion en répétition,contre la succession. Q11oi qu'il e11 soit, le
llrivilcge ele la créa11ce correspo11dante aux soi11s elo1111és a11 défunt cla11s sa
eler11iere 111aladie était ad111is par la 1Jratique ele l'a11cie11 droit, et Tarrible
no11s <lit c¡ue, d'apres l'usage du Cl1atelet de i>aris, altesté par 11n acte de
11otoriélé du t, aout 1Go2, il-venait apres le privilege des frais funéraires el
celui des loyers ele la 111aiso11 <l11 défunt ('1Ierlir1, Réperloire, V" Privilege rle
tl'é<lllCe, sect. 1, S I ¡.
l{eprc)cl11it par l'article :1101, ce ¡Jrivilege s'ap1Jlic¡ue /1 tous les frais q11c
11écessite la 111aladie: lionoraircs clu 111édecin ou cl1ir11rgie11, 111é<lica1r1enls,
salaircs eles gardes-111alades, so111111es dues /1 la 111aison ele sa11té dans la-
<1uelle l'i11lér.essé a été S<)ig11é, ele.
~lais il a¡J¡Jarlie11t aux trib1111a11x de cléter111iner l'i111porlancc des dé1le11ses
a
f'aites, c11 t'·garel la sit11atio11 cl11 clélJiteur. ,\i11si, les trilJ11na11x: 011t parfois
refusé <le C<)11sidércr co111111e llrivilégiés les l1onoraires <lus a un 111édeci11
<>11 cl1ir11rgicr1 en re1101n, llarce c¡11'ils ótaie11t clis11r<>portio11nés avcc la posi-
tio11 ele f'ort1111c cl11 délJite11r. ·
'fo11s ces frais v ie1111en t c11 conco1.1 rs.
Les co111111c11 tate u rs on t clisc11 té per1ela 11 t longte111 ¡Js sur la signi ficatio11
<¡11'il f'allait cl<Jillle1· a11x Ill<)ts: la clel'11ii'·rc 11iala1lie. Les uns soute11aient
(1u'ils ,isaie11l la 111ala1lic <111i ¡>r<'·cccle la <léconlll11re c>11 la faillite cl11 dó)Ji-
teur. I,es a11lres, a11 co11lraire. ¡Jr{•lc11<laie11t r¡uc la loi 11e co11sielérail que la
1nala<lie ayant occasio1111ó le 11<':ces. C'était cetle <lerniere i11ter¡Jrétation, co11-
To111c 11 50
LIVllE 111. - TITIIE II. - '
DEUXIE~IE PAIITIE. - CIIAPITllE PI\E~IIER

forr11e du reste a la lradilio11, <111i avail été a<l111isc par la j11risprt1(lencc


(Ci,-., 27 j11in 1892, D. I>. 92.1 376, S. 92.1.3601. Con1n1e clic était trOf)
rigoureuse et vrair11cnt illogique, puisqu'elle aboutissait a traitcr 111oi11s
favorable111ent le 1nédecin c¡ui a,·ait guéri c¡11e cel11i qui 11'avait pu g·uérir, la
loi du 3o novembre 1892, s11r l'exercice de la n1éclecine (art. i 2), a don11é
salisfactior1 aux réclar11atio11s des J)raticiens,<in co11sacrant la prcn1iere inter-
prétation, par l'adjonction des mols <Jite/le q1i'e1i ait été la ler1ni11aison, a11
texte de l'article 2101-3°.
Quand il s'agit d'une maladie cl1ronique, il fa11t ai:l111cttre q11c to11s les
frais sont privilégiés, tant q11'ils ne sont pas cou,'erls par la prcscription de
deux ans édicLéc par l'article 2:>.72, dcr11ier alinéa.
11 serait équitablc ici, ele n1en1e que dans le cas des frais funéraires, de
considércr com111e pri,·ilégiés les frais co11cernant,non se11lc111ent le débiLe11r,
mais cncore !'une des perso1111es dor1t il a la cl1arge. l)ourtant, la j11rispr11-
de11cc ir1lerprete restrictive1nc·nl le lexle, el 11e l'appliqt1c c¡11'a11 cas 01'1 il
s'agiL el'u11e ,naladic du clél)iteur l11i-111c111e (Civ., :{ aotiL 1897, D. 1>. 98.1.
3g4, S. I ()OO. 1 .3!) \,

4º Les mois de nourrice. - Ce privilege a été créé et classé au qua-


Lriemc rang, dans l'én11111ération ele l'article 2 101, par la loi d11 23 déce111brc
a
, 87!1, relative la l)rotcction des cnfants du prer11icr age et er1 particulicr
eles no11rrissons (art. 1!1). Ccttc loi a ,-oulu fairc disparailrc l'i11égalité de
traitcn1e1_1t qui cxistait e11trc les 11011rrices placées cl1cz les parenls de l'c11-
fa11t, lesquellcs jouissent d'un privilege po11r lcurs gages, en q11alilé ele gens
de scrvice (art. :1101-!1º), et les nourrices qui, recevant l'e11fa11L a leur clon1i-
cile, n·avaie11t droit a auc11n f)rivilege. Ce sont ces der11ieres c¡t1e la loi a c11
en· -vue. Le privilege q11'elle le11r accor(le pre11<l ra11g ava11t ccl11i eles gens
de service. l<~lles so11t clone 111ie11x trailécs q11e les 11ourrices en place.

5° Les salaires des gens de service et ceux des ouvriers, commis


et employés des commer9ants (arl. :>. 101-!1° C. riv. et ;-1'1!) (;. con1.). -- Le
Co<le civil r1c parlail cla11s l'arliclc ·11<11 <¡11c des r1e11s (le ser1•ice.
(:'est la loi cl11 28 1r1ai 18:{,~. 111c1<lificatrice clu livrc lroisii•111e rl11 Cocle ele
co111111ercc s11r les f'aillites el l1a11c¡11er<111l<•s, <111i a a11plic¡u{\ ce privili•g<i a11x
salaircs eles 0111•riers el co111111is 1!11 ./i1illi. i\lais l'élen1l11c <le la crt'ia11cc ga-
rantie vnrie avec ces lrois calég<irir,s ele personnr,s .
. /\. (Je,is 1/e ser1•i1·e. -- (;e s1111l les 111ie11x lrait/·s. Cela Lie11t. a ce <111c le11r
privil&ge re111011le .\ l'a11cien l)roit (\'oir l'<>ll1ier, 1'rnil,1<le In ¡1rocé1l1tre ci-
vile, 11º l1!)'.l; l\{erlin, /fé¡1crfoire, V" /Jrivil,'fl<' 1/e cr1:a,1re, sccl. :1, s 1\, et
<¡u'alc>rs lPs gagcs {:taic11l ¡iayt\S á i11lcrvallcs f'ort {•loignés. s1i11ve11l 11H\111e
1111c seule 1'1)is l'a11. J,eur crt':ance cst. ¡irivilrgi{•c ¡1011r 1·111111ée échtte et ,:e ,¡11i
es! d1i s11r /'111111,:e co1trr111te. l,n ¡ioi11t <le <l1\r1arL dP ce <lélai est rr1ar<111{: 1i:1r
la clalc (!'entrér, en scrvic<i. (!11 re111ar<111cra 1111e J'1\ll'1Hl11c clu ¡irivili\ge cor-
res¡io11<l exaclc111enl au <lt'·lai el<' la 1irPscri1itic>11. l~11 <1fl'PL,<l'a11r1':s l'arl.i1:le :.1:17:>.,
:\· alint'•a, l'aclion <l<'s ll<i111csti,¡11es 1111i se loucnl :\ l'a1111t':c se prcscril 1iar 1111
a11; or, la prescriplio11 11c co1111ne11ce 11 Ct)lll"Ír <111'11 l'ex¡1iratio11 uc l'a1111éc,
. ,,
PI\IVILEGES GE:'>EHAUX

si ))ic11 que les don1cstir111es llc11ve11t Loujo11rs a11 111axi11111111 r<':cla1ncr de11x
ans clc_gagcs.i\Iais le llrivilegc r1e caclre plus avec la durt'ie ele la prcscri11Lio11
¡lo11r les servitcurs llayés a11 111ois, ce qui cst le cas le ¡)lus fréquent a11jour-
d'l1ui; c11 rfTct. el'a¡lres l'arlicle 1171, 3° ali11éa, l'aclio11 rle ces der11icrs se
prescrit par six 111ois. Par co11séq11ent, si le 111aitre leur OJ)llosc la prescrip-
tio11, ils ne pe11vcnt pas réclan1er ril11s de sc¡1l n1ois de g·ag·es, et par suite,
c'csl i1 cclte durée c1uc se li111ilc lc11r llrivi)c\ge. 1111'en scrait a11trement q11e
si la llrescription avait été i11lc1·ro111¡lue 1iar le clo111eslie¡11e, ou c11cr)rc i11ter-
verlie par un ave11 d11 111ailre.
L'expression de ge11s de service co111prend les 11erson11es attachées au ser-
vice personnel ou i1 la 1naison d'u11 n1aitre, soit a la ville, soit it la can1pa-
gne, el q11i font h ce titre parlie ele sa do111csticité: valels et fc111n1es ele
cl1a111IJre, c11isiniers et c11isi11ieres, ¡lortiers, cocl1ers, cl1aulfeurs, jarcliniers;
et les elon1estiques en11Jloyés a11x Lra,·aux des cl1an11ls : garc;ons et. f1llcs ele
fer111c, c\1arrctiers, bergers, patres (Civ., 26 juin 1878, 1). IJ. 78. r .343,
S. 78.1.t,60; 5 j11illcl 1886. D. J). 86.1.{163, S. 86.1.352). 11 cst ccrlain. en
rcva11cl1c, qu'ellc 110 vise r1i lcs llrécepte11rs, sccrétaires, llibliotl1écaircs, ni
les clercs eles officiers 111inislériels.
Elle ne s'ap1)lique pas non ¡llus a11x 011vriers ou c111ployés. On avait dis-
culé cc1ie11clanl it ce s11jel, 111ais la jurispr11dcr1ce avait re1)011ssé l'ir1lcrpréta-
tion cxtensive, pour celte raiso11 e¡11'il n'avait Jlas <\té elans l'intention des
réclacteurs du Coelc d'accorclcr a11x ouvriers et c 0111n1is la n1e1ne fave11r
qu'aux ger1s de service 1,Ci,·., 10 févricr 1829, D. J.(;,.,., P1·illileges el
hy¡Jollie<¡lles, nº 201, s. 29.1 ,'.JO!' s. chr.).
13. (J1tvriers el c111¡Jloyés.- La loi cl11 :>.8 111ai 1838, er1 étc11dant le ¡irivilegc
it ces rlc11x catégorics de f.ravaillc11rs, a fail, entre eux, 11110 dislinclio11 fo11-
dée -,ur ccltc considéralion e111c les 011vriers sor1t l}ayés it ir1lervalles 1ilus rap-
procl1és e111e les cm¡Jloy{)s.1\ux ¡1rcmicrs, la loi précitc\e n'accordait 1>rivilege
que poitr les saluircs d1t n1ois JJrécé(la11t la déclarcilio11 1/e Jaillite, ce l¡t1i était
ins11flisanl., car il arrivc :-.ouvcnl e¡uc le co1n1ncrr:a11t gc\né, s11rlout <lans la
¡iclile i11<l11stric, 11c ¡>aye ¡)as rég·11Iierc111e11l se,; 011vriers. :\11ssi, la loi cl11
/1 111ars 188\) sur la liquiclalio11 jueliciairc, arliclc :i2, 111oelifla11t .'1 11ouvca11
le Lcxlc de I'articlc :í!r!) el11 Corle ele ccJ111n1crcc, •a-l-clle c':Lc11<l11 le ¡irivilegc
eles nuvricrs au salairc <les lrois 111ois í{tli onl ¡irt'Ctielú l'o11,erl11rc ele la lie¡11i-
clalion jueliciairc 011 <le la failliLP,
<)11a11l a11x co111111is_, ele¡>11is 18:~8. ils jo11issc11I clu privil<'•gc po11r les si,c
1ler11ii·rs 111ois ele l<:urs salaires.
J•:11li11, 1111c loi elu G février 18!)5, 111c>dilia11l 1111c fc>is tic ¡Jlus l'art.iclc 5!19
<111 <:<ule <le co11111H·rcc.a c\lc11cl11 le )¡c',nc\ficl' el11 ¡>rivil<'·g·c 11 <lc11x cas ,la11s lcs-
<[llnls la j11ris¡ir11tle11cc rcfu:-.ail ele J'.i1iJllic¡11<·r, 11arcc r111'i\s 11'élaie11L pas
ex¡Jress<'•111c11L ¡1rúv11s par le lexl.c. J,n ¡>r<'111icr <,sl cel11i eles 1·11111111is 11ilt1cl1és
11 ¡¡/11sii•11rs 1111tiso11,~ 1lc co1111111•rce. sc>it. ¡'¡ litre s<'i<lr·nlairc>. co111111c les co1111>-
tal>lc•.s, soit á Litre rle V<)yagr:11rs. J,e secourl co11ccr11e les rc111isC's J>l"OJ!Ol"lio11-
11elles au cliifl'rc tlc:s vcules, all,i11c'1<\S it l.ilre• <l'a1i¡loÍ11lc)111e11ls 011 ele s11p¡>lé-
111c11t <l'a¡11><>Í11le111c11ls ¡iar ccrlaiu<•s 111ais<>11s cl1: cc>1r1111crc1• 11 leur ¡ic'rsonuel.

.. LIVRE III. - TITRE II. -

DEUI.IE~IE P.-1.RTIE, - CHAPJTRE PRE~IIER

L'alinéa nouveau ajoulé á l'arlicle 5!19 inciique dans quelle n1es11re le ¡)rivi-
Iege csl accordé pour ces cleux cas 1 •

Lacunes <le la loi. - ~Ialgl'é les exle11sions réalisées par les lois de 1838
et de 1895, le privilege garantissant les créa11ces de:;; salaires 11c couvre pas-
encore toutes les catégories de salariés. 011 peut citer nota111n1enl Lrois
groupes qui en reslenl dépourvus. ·
A'. - Les clercs des officicrs 111i1iistériels. - lis ne rentrent, en effetr
ll'apres la jurisprudence, ni da11s la classe des ge11s de service, ni dans celle
eles co111111is (Civ., r5 janvier 1855, D. P. 55. r .5, S. 55. r .257).
B'. - Les artisles dra1natiq1ies 01t l.vriques et les rntisicie,is lle l'o,·clieslre
1/es tliédtres. - La juris¡)r11dence décide que le contl'at qui les lie au direc-
leur co11slilue u11 lo11age d'inrlustrie, lequel n'a po11r e!Tet ni de les ol)liger
a des services personnels, elans le sens de l'article 2101-4º du Code civil, 11i
de leur i111prin1er la qualité de préposés aux affail'es d'une 111aison de co111-

merce, cla11s le sens de l'arlicle 549 d11 Code de co1n1nerce (Req., 7 déce111-
brc 1909, S. 1910. 1.32, D. ll. 1910. 1.•18).
e·. - les sall1riés e111ployés par 1111 patro11 11011 co1n111erra11l. - L'arti-
cle 5!19 a, e11 effct, u11e porlée li111itée par le fait qt1'il fig·ul'e au Co<le ele
co111n1erce; il ne s'applique e1u'a11x salariés des con1111er<;a11ts. Or, il peul
arriver, assez rareme11t il esl vrai, qu'un cl1cf d'e11Lreprisc ne soit pas 1111
co111n1er<;a11t, et, da11s cecas, le privilege 11e s'ap¡)licrue pas. 11 e11 est ainsi
¡iour les ¡)erso1111es exer<;anl u11e profcssion libérale, pour les agric11lleurs, et
enfin po11r les sociéLés i111111obilit•res, lelles q11e les sociétés ele 111i11es 2 • Jlar
co11séq11cnt, les salariés a11 scrvice lle l'une ou l'aulre ele ces lrois calégories
cl'cmploye11rs ne jouisse11t d'a11cunc gara11Lie {)Our le 1)aic111e11t tlc lcurs
salair<'s. llic11 11e pe11t jL1slifiPt' ce lle lacune tic 11otrc loi ".

G• Retenues ou autres sommes a:ftectées a des caisses de retraite.


de secours ou de prévoyance fondées au profit des employés ou
ouvriers, et non effecti vement versées a l'une de ces caisses lors de
la faillite ou de la liquidation ju<liciaire du chef d'entreprise. - (:e
privili·gc clale de la loi du :17 clécerr1l)re 189:>, arl. !1, :iº al., loi n11Jliv1:e ¡iar
la sil11alio11 irr{·gulit')re ll<'s caisses tle ¡1l'évc>ya11cc l'll11tlt·cs ¡>ar la g-rancle

i. L'arlicle 47 du livre pren1ier du Code du travail rappellc dans son prcrnier p,1ra-
graphe les disposilions précétlcnles, conccrnanl les gens de sl'rvicc, corn,nis el ouvriers,
en ~es lerrnes: " L1 créance de salaire d,is gens ,le ser,·ic1•, des 011 vricrs el co1111nis <•s-t
privilégiée sur les rncuhles el irnrncuhlcs du déhitcnr dans J,.s con,lilions prt'~vues:
1° pour les gens de sPr,·ice, par l'arlicle 2101--í• du Cotle civil; 2" pour les ouvriers el
,~omrnis, par l'arlicle ¡;49 du Code de cornrnerce. »
2. 11 convicnt cepen,lant d'indiquer :'t titre de corrcclif que la pluparl des sociétils
irnmobilieres sonl conslilnées sous L1 forrne nnonyrn,!, et sonrnises corn,ne lcl11!S dnpuis
la loi du 1" no11t 1893 aux lois et usages Llu cornrner,:n, nu rnoins lorsqn'il s'agit de
cclles qui se sonl conslitu(oes poslérieurernPnl :'t cette loi.
3. Les ouvriers a_qricoles crnployés aux lrnvanx_ de la récolle jouissent il csl vrai,
nous le verrons, d'un privi111ge spécial sur le ¡1rix de la 1·eco//e (arl. 210·!-l 4" ni.).
0
,

Nous avons vu égalcrnent ,¡uc les 0111,rifrs d'u11 e11tre¡1re11e11r de lrava11:1; ¡1ublics onl un
privilcgc spt1cial sur les su1111ncs dues pn1· l'Elat, lti déparlenienl ou la co1111nune :'t cet
enlrPprrncur. V. s11¡1ra, p. 56\,

' . .
PRIVILEGES GENERAUX

industrie. A la suite de la eléclaration de faillite de plt1sieurs sociétés indus-


trielles, les tribunaux a,,aient déclare que les so111n1es retenues par ces so- •
ciétés sur les salaires ele leur personnel, en vue d'alimenter les i11stitutio11s
de prévoyance fondées au profit de ce personnel, faisaient parlie ele la rnasse
de la faillite, et devenaient le gage con1111un de tot1s les créanciers.
La loi du 27 décen1bre 1895 a pris cerlai11es 111esures pour é,iter u11e
solutio11 a11ssi injuste. Elle a notan1n1e11t établi u11 privilegc gé11éral sur les
biens du patron, pou~ g·arantir la restitution des sommes afl'ect[,es a11x ins-
titutions de prévoyance qui, lors de la faillite ou de la liquidatio11 judi- •
ciaire. n'auraient pas encare été effectiven1ent ,,ersées par lui a la caisse de
a
retraite ou de secours. Ce privilege s'étend toutes les son1n1es se rappor-
a a
tant soit l'année échue, soit l'année courante. JI prehd rang concurre111-
ment avec le précédent.

7º Les fournitures tle subsistances faites au débiteur et asa famille


(art. 2101-5°). - Ce privilege était déja connu dans notre ancie11 Droit
('r· Brodeau sur Louel, leltre C, somn1aire XXIX; nº 3; Dcnisart, Rec1ieil de
{lécisio11s no1zvelles, V 0 J:Jrivileges, nº 14). JI n' est pourtan t sig11alé 11i par
Pothier, ni par l'acte de notoriété du 4 aout 1692 attestant l'usag·e elu Cha-
telet de Paris. La loi du 11 brumaire an VII sur le régin1e hy1)otl1écaire n'en
parlait pas non plus. 11 se justifie par le crédit dont a besoin le débiteur,
a
pour se procurcr les cl1oses nécessaires sa subsistance. C'est pourquoi
le Code l'a consacré.
'
L' expression de fournilures de subsistances e111plo)·ée par l'article 2101 est
a
large. Elle co1nprend toutes les cl1oses nécessaircs l'alin1entation et a la
conson1mation jo11rnaliere de la fan1ille dt1 débi le11r : elenrées ali111cntaires,
cl1at1fl'age, éclairage, blancl1issage. On esl cepcnela11t généralc111c11t el'accord
pour n'y pas coniprendre le ,·cten1ent.
Si les enfants du débiteur·sont da11s un pensionr1at, le 111aitre ele pe11sion
peut se prévaloir du privilege po11r l'cnlrclic11 des enfants, 111ais non pour
les frais cl'instr11ction. ·
),es f'our11ilurcs visées par l'arlicle 2101-5° 11e sont el'ailleurs 11riYilégiées
q11'a11la11t c¡11'ellcs sont 11{·ccssaircs; clics ccsse11l de l'l~tre qt1and elles pré-
se11lcr1l le caraclerc ele cléJlenscs su¡1Prfl11es. C'cst ai11si c1t1'011 11e cloit pas
co11sidérer cor11 me privilégi{·es eles fo11rni lures de liq11cu rs et 11otar11n1ent
.cl'ea11-de-vie (Civ., ¡e•· f{·vricr 189:{, ]). l>. 93.1.18!1, S. 9.1.1,188,1.
l1 c)ur ce qui cst 1lc l'étc11d1tc llu JJl'ivilegc, 011 re111arq11era que la loi la fait
varier suivanl qu'il s'agi L ele fo11rnit11res failcs par les lltarclia111ls e,i délail,
lcls que ])011la11gcrs, IJ011cl1crs el a11lres, 011 11ar les rna,tres lle /Jl'Jlsion et
mc1rch.a111ls en gl'os. Er1 efl'et, les fo11rnit11res ele elélail se p:1ye11t á intcrvalles
pl11s rapprocl1()s q11e les fournit11res en gros. Po11r les prc111ieres, le privilegc
s'<'•lc11rl do11c a11x. f'r1ur11ilurcs des six (le1'11iers rnois, el, po11r les a11tres, ;1
cclles ele la 1lcr11iel'e a1111ée. ·1,c point d'arrivée d11 délai cst, en lous cas,
l'{iv{)11c111cnl 1¡11i elo1111e lie11 :\ la distribution d11 prix des }1ie11s, c'est-á-dirc,
s11ivanl les l1ypoll1t!ses, la faillile, la liquidation j11diciairc 011 la cléconfiture
conslatóe par la 1,aisie elc1, }1ie11s du el<'•l1itcur.
'
79º LlVRE 111. - TITRE II. - DEUXIE)'IE P,I.RTIE. - CHAPITRE PRE111ER

llour savoir si les fol1r11itl1res re11trent da11s la calég·orie du gros ou du


détail, il fal1drail, it lire l'article 2101, s'attacl1er it la qua lité du fol1r11isseur.
llourtant cette solution serait JJeu logique. La loi a jugé qu'u11 boucl1er,
l111 boulanger fo11l ordi11airc111e11t lles veriles au <lélail, et 1111e 111aiso11 de
gros des ventes en g·ros. j\lais le contraire peu t arriver. 11 faut done résoud re
la question, si elle se lJOsc, d'apres la 11alure me111e des fournil11res (Civ.,
,.,. février 1893 préciLé).
U11e <lerniere olJservalio11 relative a11 privilege des four11isse11rs lle sulJsis-


la11ces, c'csl que la ¡irc:-cri¡Jtio11 de l'act.ion des n1arcl1ands 1Jour les 111arcl1an-
dises qu'ils ve11de11 L al1x ¡Jarlicl1liers 11011 111arcl1a11ds esl fixée it cleux ans,
depuis la loi clu 20 féYrier 191 r (art. 2272 C. civ., clernier al.). On voit do11c
que la créance ql1e le n1arcl1and peut faire valoir contre sor1 délJiteur r1'est
pri,,ilégiée que pour partie.

8° La créance de la victime d'un accident du travail ou de ses


ayants droit. - Cette créance est privilégiée sur Lout le patri111oi11e ele
l'e111ploye11r, lorsqu'clle a lrait a11x frais 111éclicaux, pl1ar111aceutiques et fu-
11éraires, et it l'i11tle11111ilé de ele1ni-salaire allouée ¡Je11dant le traile111enl
du lJlessé.
Ce huilie111e privileg·e a été ajouté ali texte de l'article 2101 par l'arlicle 23
de la loi d11 !l avril 1898. Il vient ali derr1ier ra11g~ On re111arc1ucra q11'il 11c
JJrotege pas les re11tes 011 pensions cl11es it la victi111c ou it ses aya11ts clroil e11

cas d'inc(\pacité perr11a11ente ou de n1ort. c·esl <¡11e ces pensions pel1ve11L
représenter 11n capilal assez élcYé, et, e11 le11r accordant une telle gara11Lie,
011 eüt nui graven1e11t au crédit clo11l a !Jesoi11 le ct1ef cl'e11Lre¡Jrise.C'est pour-
quoi le lég·islale11r a (lrga11isé, e11 ce <¡tri les co11cernc, un a11trc r11o<lc tle
garanlie (V. les ar!. :>.3 i1iji1ie et :111 de la loi1.

9° Créances des assurés contre les sociétés d'assurances sur la vie.


- L.1 loi du 17 111ars 1no:,, relaLive ;'¡ la s11rvPilla11cc el a11 controle <les so-
ciélés 'd'ass11ra11ces sur la vi<' (arl. 7, .,.. al.1, a afl'ccl{· au r<'·glc111e11l eles
opératio11s cl'ass11ra11ces t·aclif <les co1111Jagnies cl'ass11ra11ccs, j11s<1n'it co11-
curre11cc d11111011ta11l<les r{!serYes 111all1t'•111ati<¡ucs el de la rt'-serve 11<' gara11lie,
ai11si q11c du 111<>11lanl eles co111¡,Les i11eliv:<l11c Is <111 ¡>arlici¡Jatic111 aux l,i'·né-
ficcs.
(~e privil<'·ge prc11el ra11g h la s11ile <les J)r1:céde11ls.

~)i'.(~'l'IO\. 11 •
e,_. -- l1 IIIYILEfiES
• •
SPECI\IX Sil\ LES ,1F.l'llLF.S.

Notions générales. Quatre groupes de privileges mobilier s spé-


ciaux. - ,\ la <lill'{·rcnce eles prt'·c{:de11ls, ces privili'·gcs so11t l1>calist'•s sur
certains n1e11bles tl11 dél1ilel1r, ol>jets crir¡11>rcls 011 tlroils <IP cr{!ancc.
Les raisons c¡11i en d1•tcr111i11cnl la crt'!aliu11 Yllric11L s11i,a11l lt!s cas. J-:L 1'011
¡>eul, de ce ¡1oi11l 1lc vue, clnsscr ces ¡Jri,ilt'•ges en r¡uatre gr1>u1>es :
1 ° fl1•ivif1\gcs /e11a11l 11 1111e co11sli/1tlion 1/e flª[le e:c¡1re.~.~e 011 /(tcile. - l,ors-
.
PIIIVILEGES
,
SPECIA.UX SUR LES ~IEUDLES
79 1
e1u'u11 délJile11r do1111e certnins objets en nar1lisse111er1l, le cr{~a11cier jo11it,
aucas ele no11-1Jaic111c1Jl a l'écl1éa11ce, du droit de faire veudre l'olJjcl et de
se 1Jnyer sur le prix. lae Coele civil qualifie ce droit de ¡)rivilege (arl. 2073 a
20,G, 2102-2º). L'expressio11 est tecl1niquerr1er1t i11exacte, puisqu'u11 ¡Jrivi-
lege est ur1 droit de préférence accordé par lcl loi, d'apres la qualité de la
créa11ce, et qu'ici c'est la volonlé des parlies í111i le créc, el ¡Jo11r n'in1porle
q11elle créa11ce. 1\ussi Do111al c11 faisail-il juslc111c11l la rcn1are¡11e (Lois
ciuiles, li,·. 3, lit. 1, sect. ::ÍJ: « ()n 11e 111et pas au non1IJrc des privil<'~gcs,
disail-il, la préfére11ce e¡u'a le créa11cier s11r les 1neulJles qui lui ont été
llor1r1és e11 gag·e el q11i sonl cu sa puissance : car cette préférence n 'esl pas
fondée sur la quali té de la créance, n1ais s11 r la su.relé que le créancie r a
JJrise en se saisissant du gage. ll :Xéar1n1oins, il était déja d'usage dans not re
aucien Droi l de considérer la créa11ce du gagiste con1111e privilégiée. Da 11s
sÓ11 1'railé lle la procédure civile, nº 482, J)oll1ier la cite précisé111ent dans
S011 (~[llllllération des privileges.
Le Code civil s'csl inspiré ele la lraclilio11 de llotl1ier, car, au 110111bre des
¡Jrivileges sur cerlair1s 111eubles, énu111érés par l'arlicle 2102, il co111prcnd :
« 2° la créance sur le g·age do11l le créancier cst sai,;i >l. El, pratique111ent,
celle 111aniere de voir se co111prend cl'elle-111e111e. Le créancier gagisle peu t
!Jien etre assirnilé ¡\ ur1 créancier privilégié, puisque, parr11i les avantages
qui résullenl pour lui elu 11a11Lisse111er1l créé ¡¡ar la volonté d11 clébiteur, le
llrincipal est tle pouvoir se co1nporter exacle1neut com1ne u11 créancier
i11,csti par la loi cl'u11 ¡Jri,ilege.
Ce 11'esl pas to11t. Le législateur a considéré c¡ue, dai1s cerlains cas. il ).
a lie11 de confércr 1111 pri,ilege au créa11cier, parce q11e, des circo11stances,
a
il r('.sulle ¡\ ses ye11x q11'il )' a eu affectalio11 (1'1111 bien ílu débileur la su.reté
ll11 créar1cier, conslilulio,i l<1cile lle gage er1 u11 mol.
C'est ainsi cl11 n1oir1s q11e la Doctrine explique les privileges sui,·a11ls :
,\. - Privilege • du bailleur cl'im11zetibles s11r les meribles ap¡1ortés par le
¡1re11eur dans les lieux par lui lo11és (arl. 2102 1•); B. - Jlrivilege des parties
lésées sur le cautio1111enzer1l i111posé aux ofjiciers mi11istériels et auxfonclion-
11aircs, J)Our les cróances rós11llant d'a!Jus et prévarications comn1is par eux
cla11s l'cxercice de lc11rs fonclicHlS (art. :.i 102-í"); C. - Jlrivil<'.·ge ele l'auber-
!JÍsle s11r lrs e.ffels clti 1,10,yageiir (art. 210:1-::ͺ); D. - llri,•ilegc du voilttrie,· '
s11r la e/tose lr1111sporlée (arl. 2102-Gº).
'.1° P1·iuil1'!ges te,ianl 11 la mise 1/e la e/tose rla11s le ¡1alrimoi11e. - Un seco11d
grou¡1c <le privilbges se jnstifie par cctlc icléc que, par le fait d;1 créM1cier,
1t11e l'ale1tr a été n1ise cla1zs le palrir11oine du llébiteu1·. C'cst l'idée qui
j11slifie 11ola1111ncnl le llrivilógc d11 ve,icletir d'e.ffels rnobiliers (art. 2102-4°).
11 csl ér111italJle q11e ce vende11r, c¡ui a 111is l'olJjet vcnclu dans le patrin1oi11e
(le l'acl1ele11r, soit tJayé s11r so11 prix avaul les a11trcs cr<'•ancicrs (le ce dernier.
!\f1\111c raiso11 cl't\lre flOur lt\S privilt':ges <ltt b1iilleur 1l'1in fo11cls rural s11r les
fr11 i Ls ele la récolle ele l'<1n11ée (arl. 2 102-1 º, , •• al.), el d11 ve11dettr ele se1ne11ces
SIi!' la 111(\IIIC ri':colle (arl. :110'.1-lº, 1,e al.); rl cn·fi11 1)0111' le J)rivili'~ge de la
s,:¡1a1·1.if io11 ·ctes ¡11tf ri111oi11es.
:1° JJrivi/(\f/r's fe11llltl 11 l<t ro11..~('f'l)(tlio11 1le lri chose. - l,c cr1\a11cier c¡ui a
LIVRE III. - TITRE 11, -- '
DEUXIE~IE PARTIE. - CHAPITRE PRE)IIER

fait des frais pour co11server une cl1ose du clélJileur 111érile, lui aussi, d"clre
payé avant tous les autres sur la ,·aleur de cet objet, parce q11e c'est g1·ace a
l ui que le gage co111111un subsiste e11core.
L'article 2102-3° établit e11 ter111es généra11x ce JJriYilege des Jrais (/e co11-
s eruation, et l'article 2 102-1 º, 4• alinéa, e11 fait spécialement application en
accordanl un priYilege aux son1mes dues pour les Jrais (/e la récolte lle
l'année.
4º Certai,is ¡1riuilcycs s111· des créa11ces d1t débilcur. - 011 rencontrc enfir1
11n qualrie111e groupc de privileges, ccux q11i portent s11r 1111e créance lllt
llébile11r conlrc u,i liers. Ces privileges s'cxpliq11e11t par 11ne raiso11 d'équité
consistant en ce que la créance du débiteur contre le tiers trouve sa raison
cl'etre dans le conlrat conclu entre le créancier privilégié et le débite11r, 011
clans le droit né au profit du créancier contre le débiteur.
Citons, co111n1c cxemple, le privilege accordé la victi111e d'u11 don1magea
sur l'indemnilé cl'assurancc due it 1·aule11r de ce clo111mage ¡Jar l'assure11r
de rcsponsalJili té.
De tous ces }Jri,ili~ges, les ur1s 011t une origine a11cie1111e, les nutres, a11
contraire. sont ele créatior1 111oder11e. l\011s les étucliero11s séparé111e11t e11
nous occupa11t successiven1ent:
1° D11 pri,ilege du lJailleur sur les 111e11IJ!es du preneur ; 2º Du privilege
clu vc11de11r; 3º l)es autrcs pri,ilt•ges spéciaux sur les n1e11lJles ; 4° Enfir1,
11011s étudierons le classe111c11 L respeclif de ces clivers privileges.

§ l. -P••l"llea-e d11 ballle11r d'lu1u1cublc (arl. 2102-1°).

Généralités. Historique. - La créance eles loyers 011 fer111ages tl11s a11


1,ailleur cl'i111111e11lile a loujo11rs été l'cilJjct de la sollicitucle cl11 ll'.·gislate11r.
La vraie raiso11 e11 esl que les propril'.·taires cl11 ~ol el des i111111e11bles lJ:itis
onl de to11t, te111ps forn1é la classe la 11lus }JUÍssa11te ele la 11alio11, et se so11l
fait altril,11cr par la loi les plus solicles garanties co11tre leurs lena11ciers 011
leurs locataires. :\ussi rc11co11tre-t-011 Icur pri, ilt'·ge so11s 1111c f<lr111c 011 sous
1111e a11lre dans IC)lllrs les li·¡.!'islati(JllS.
I~c l)roit ro111ain, tc>11l cl'alJ()rcl, cci11céclait a11 l>aillcur (!'11110 111aiso11 11110
l1y1)ollu'.()IIe lacitc s11r l(HIS lrs 111r11lilcs a¡)¡iort/·s }Jar Ir l(JCalaire, l1y1iíll)u'.-
()UC (flli lui clon11ait le clroil <le saisir ces n1e11lilrs, 111(\111e 1111a11cl ils avaie11l
/•té par la s11ile cli·¡ilaci:s 011 ali{:111\s ¡Jar le !(icatairc (/1 1). i,i </llÍIJtts Cílllsis
JJig11_1ts, X\, :i). ()11a11t au t,aill<'ur cl'1111 /Jr,r1li11111 r11slic11111, ilj<i11issaitll 1111c
0

II)'}lüll1óquc tacite, llllll ¡)as s11r les ol,jels i11lrocluits 11ar le fcr111ier, 111ais
se11le111c11l s11r les fruits procluils 1,ar le fun<ls (7 )JI". 1). !toe lit,).
Les ¡iays elP Droil <'·cril lllll cr)nscrvé la disli11ctio11 ro111ai11(•; 111ais elle a
clispnr11 cla11s nc,s Jlays (!(' Cíl11tu111P, c¡ui 011t étendu le ¡irivilt'•g(\ du pro¡)ri{·-
tairc aux 111e11l>lcs el i11slr11111e11ls arat(JÍrcs 1!11 f'cr111icr (arl. l1'..11, c:ciut. (!'Or-
léa11s; art. 1(i1, (:out. ele llaris; !l(itl1il'r, 1'raill' de la JJro,·,:,l1trli civile,
11° !18:i-:{•, f>'.l<>, fi'..I 1 ; 'l'rai/1 1 1/11 co11/r11/ ti,· l01111r¡c, 11'" '..l'.l7, '.!'.-18, '.l'.l\)l. J)'a11-
lrc parl, le clroil ele s11itc cl11 liaill<'11r sur les 111e11lil(\S s·est reslrri11l se11si-
l>le111c11l, e11 Y('rl11 ll(~ celle rt'•gle ele 11otr() a11cic11 l)rciit ()IIC\ les 1r1c11l,les
' .
Pl\lVILEGES SPECIAGX SUR LES i\IEUDLES

11·ont ¡las de suite par l1ypotl1eque (V. Potl1ier, Co11lral 1le louage, 11°' 229,
257, éd. ll11g·net, t. 4, p. 84 et 92).
Da11s quelle n1esure le bailleur pouvail-il se prévaloir de sa gara11tie)
Sur ce poinl, l'usagc constaté par lles actes de 11ot<)riété cl11 Cl1alelet de l>aris
de 1688, 1702, 1716 avait introduil u11e dislinclion que nous relate }Jolhier
( Co11lr11l de louage, nº 253 ), el qui a été co11servée par les rédacte11rs du
Code civil, suivant que le bail avait éLé passé deva11L 11otaires ot1 si1nple-
111enl sous signat11rc privée. Da11s le pren1ier cas, le llailleur étail préféré

aux créanciers de so11 localaire po11r tous les tern1es écl1us et pour Lous
a
ceux qui restaient courir du lJail; dans le sccond, au contraire, seulement
pour trois termes écl1us et le tern1e courant.
Le Code civil de 1804 a suivi la Lraditio11 des pa}'S de coutun1e. On peut
clire qu'il n'y a pas de créa11cier qt1i soit aussi bien traité par la loi que le
baille11r d'ir11111eubles E11 cas de faillile ou ele déco11filure d11 prene11r, il
tJasse le }lremier, il est dési11téressé avanl les créa11ciers les plus dig11es
cl'i11Lérel, Lels que les g·cns de scrvice, les en11JlCJJés et 011vriers. Son privilegc
gararilil lous les loyers qui lui soril clus, la11l dans le passé que dans l'a,·e-
11ir. ll est vrai que des lois poslérie11res au Cocle ont restreirit l'étendue des
droi ts du propriétai re quand le pre11eur esl un comn1erc;ant en failli te, ou
1111 ferr11ier; n1ais, 1r1e111e a1lres ces réformes, le pri,ilege d11 bailleur r1'er1
clen1e11re pas n1oi11s excessif it bien eles poi11ls ele vue.

l. - A qui appartient le privilege?

,\ loul bailleiir 1l'i1111nezzbles, c111'ils soient ur)Jains 011 ruraux. 11 n'y a sur
C<' 1>oi11l aucu11e elistinclior1 it faire. ~ler11e si l'i111111e11)Jle loué est un terrai11

sur lcq11cl ne s'éleve auct111e co11struclio11, ¡Jar exen1ple, t1n l1erlJage elans
lequel le localaire place eles besliaux pot1r les engraisser (Cae11, 3 aYril 1894,
D. P. 95.2 170, S. 9/1.2.312 ;_ Douai, 16 février 18g8, S. !)9.2.:-i), un terrain
vague sur leq11el il co11slr11it eles écl1afaudagcs po11r une fele ¡lulJliq11e, le
\ localairc jouit clupriYilt'·ge de l'arlicle 2102 (Cf. Req., 8jt1illcl 1901, 1). ll,
I!)CJ1.1.:Í<J<>, S. I!J<J::i.1.81, 11ole ele :\f. 1'issicr; Civ, :>.1 111ars 1~93, }). ll. 94.
1. 1:>.!), S. !)3.1 .3;>;\, nolc ele :\1. 'l'issicr).
J,e )¡ail it colonal parliairc ot1 111élayagc, 111oclc ele l<icalior1 eles Lerres avec
¡iarlagc des f'rt1ils c11tre IP })l'<JIJl'il'Laire el cPlui q11i c11ltiYe, lo11t co1r1n1e le
)Jail i1 fer111e, confi'·rc IP Jlrivilt'·g·e ele l'arliclc :1102-1º a11 ]Jailleur. Cclle solu••
a
lio11, ja<lis co11lest/·c, cause el1\ la 11al11rc s¡Jécialc clu n1ólayage c111i se r8.p-
Jlrocl1c <le la soci{·Lt'•. a t'·tó co11sacrt':c }lar l'articlc 10 ele la ll>Í clt1 18 j11illct
188!) s11r le (:<>de r11ral.
E11fi11, l<• localairc, <¡11i sn11s-lo11e les lic11x ¡)ar lui lo11és, jouil t':gale111c11l
ele la r111~111c garanlic (arl. 81!1, C. ¡iroc. civ.).
l,<irse111e 111 pr<l[lrii':Lairc l1)11c c1t f/<tl'1ti, ¡Je11t-il se Jlrt'\valoir clu priYili')ge
sur les <>lljels <111c le localairn Jlc11L occasio11nelle111c11L ap¡)orler dar1s le:,;
li1·11x lot1i'\s ~ J.es lrilJu111111x ri':s<Jlvc11l orcli11aire111eul cclle q11eslio11 par la
11.'·g·aliv<', ¡>arce <111c, 1l'1111c llarl, les ¡lrivilcgcs so11l ele clroil élroil el r¡uc
l'arlicle 21<>:1 11c vise 1ias celle l1y¡><JLl1i':se, el c111e, <l'a11lrc parl, le )Jaille11r


794 ·LIVRE III. - TITRE 11, - '
DEüXIE!IIE P.,\RTIE. - CH,\PITRE PIIE!IIIER

en gar11i 11e prend pasen co11sidératio11, au 111on1ent elu contrat, les n1eu!Jles
c111e le locataire ¡Jourra introcluire cla11s l'ap1Jarlc111ent ('l'rib. civ. Bruxelles,
10 déce111bre 18üG, D. P. 67.3.79; 'fril1. civ. Seine, 17 ja11vier 1910; D. P.
l!)I0.5,3o, S. 1910.2. 189).

II. - Objets sur lesquels porte le privilege.


•' L'árticle 210:1 no11s clit c¡11e la créance d11 !Jaille11r est privilégiéc, en pre-
111icr lie11, « s11r to11t ce c¡ui garnit la 111aiso11 lo11ée 011 la fern1e n. <'l, c11

011 lre, q11ancl il s'agi t de IJiens r11raux, « s11r tout ce q11i sert á l 'exploi tal ion
de la ferme et s11r les fruits ele la récolte de l'a11néc >l .
.•
llepre11ons ces trois élé111e11ts:

1° Tout ce qui garnit les lieux loués. - 1111e faut pas, con1111e ont
a
vo11lu le faire q11elques i11ter11retes, s'attacl1er la lettre d11 111ot garnil'. pou r
ell'.·limiter les ol1jets grevés elu privilege. Dans notre ancie11 Droit, e11 ell'et,
l'arlicle 161 ele la coul11111e de l>aris visait t<J11s les biens éta,it dans l<l 1nai-
-~n,1 louée, et 1->otl1ier 11ous clit ((;u,tll'al de louage, 11° 2!18) que to11s les n1e11-
l1les placl'.·s daus la 111aiso11 pou r y den1eurer, e¡11'ils )' soient en é,·icle11ce

ou c1ue ce soient des efl'ets rer1fern1és dans d'aulres n1eubles, tels que eles
a
l1ijoux et autres cl1oses scn1lJlables, sont all'eclés la gara11tie clu lJailleur.
Or, il esL certain c¡ue le Cocle 11'a pas voulu n1oclifier-l'assiettc d11 privilege.
fl fauL llonc y cor111Jrc11dre tous les n1c11bles ap¡Jorlés par le locataire ¡Jo11r
rcsler eln11s les licux. lou<'·s, meulJ!es n1cubla11ls, lalJleaux., livrcs. colleclior1s,
voit11res, aulo111obiles, ling·e, vete111ents, vaissclle, arge11terie, bijo11x, e11core
<¡u'il y ait co11lroverse pour ces clcr11iers olijets.
[,a j11rispr11clcnce a¡1pliq11e n0Lar11r11c11t nolrc rt'·gle a11 cas 01'1 il s'agiL ele
locations cl'lu·rliagcs sur lesr¡11cls le 11re11e11r a placé cl<'s a11i111a11x. Si les
. liestia11x. y ont {:té i11trod11ils acciclcr1Lelle111enL, ils 11e s011t pas all'cctés ii la
'
' gara11Lie cl11 liaille11r, ta11dis c¡u'ils clevie1111c11t s011 gagc c¡11a11d ils y sonl atta-
a
cl1<'·s cler11eure et aíl'ectés ii sa 111isc <'11 valcur (V. Civ., :i2 111ars 18g3,
précit{·).
1<:11 reva11cl1e, l'arge11t co111pta11l et les valenrs 1110l1ilit'~res, 110111i11ativcs 011
a11 porte11r, c¡ni se tr<.111veraie11L <la11s l'i1111r1eulJ!c loué, 11c s011L pas grevés
cl11 privili'·ge. [,a rais(Jll en <'SL, ¡1(J11r les 1lc11icrs, t¡11'ils ne sc111t ¡111s dcsli11ós

1\ rc~l<)r dans la r11aisc>11, 111ais ¡\ 1\trc clé¡Je11s<'~s; le ¡1ro¡1riétaire 11'a clo11c p11
cci111JJlcr 1111'ils rcsleraienl afl'cct{·s 1't sa garanlie. íJ11a11L a11x valc11rs r11olJi-
It;rcs, ce :--011 t d es Cl'C1111CCS,
l .' ' CLJHI!Ja1s
. . ce 11 CS-CI. 11 ' 011 l P'L'!' COIIIJ)!'ISClS
. Cl ans Ie

¡1rivili'!ge cl11 liailleur (l'cill1iPr, 0¡1. cit., 11'" :i:ir>-'.l:Ír).


()11 rc111ar1¡11cra 1111c, lors1¡11c In l<Jcalairo esl. 1111 c11111111Pr1;a11L tH11111 i11d11s-
lricl, le privilege porte 11<J11 S<'t1le111e11l sur le 111r>liilicr <In so11 fnnds <l<'
co111111crce <>L l'<>ulillagc, 111ais a11ssi s11r les n1arcl1a111lises, liicn c111'<'ll(!S
soicnt fl<Jurlant cleslini''.cs ¡\ (\[re vc11cl11cs. ~lais C(1n1111n le elisail l\ithi1•r
(0¡1. cit., 11º :1/1!1), ell<'s sonl le r111r1iisse111e11l 1u1f11rel <l'1111c li<i11Li<¡11n <>l cl'1111
111agasi11, PL fcir111ent le 1>ri11ci¡1al gage <l11 l>ailleur.
Les 1le11x a11lrcs t'~l{•111cnls cl11 gagn <l11 l>aill<:111' onl lrail <'X('l11sive111<>11t a11
c:is <11'1 l'in1111P11lJI<' l1n11'• Psi 1111 hi<'ll r11r11/. f.p so11L les s11iva11ls:
PRIVILEGES SPÉCIAUX SVR LES MEIJBLES

2º Objets servant a l'exploitation dela ferme. - Est all'eclé au privi-


l<'·ge dtt lJaille11r, « to11t ce c1ui sert it l'exploitation (le la fern1e )), c'est-a-
a
dire les ustensiles aratou·es, les anirr1aux a ttacl1és la c11lture. Cetle énon-
ciation sen1lJle faire double emploi avec In précéclente, car les olijets en
c1uestion re11trent dans le groupe eles 111e11)Jles garnissant les lieux loués.
J>eul-etre le législatet11-. e11 les ·visa11t, a-L-il vo11lu signifier que les uste_n-
siles araloires so11t grevés cl11 1Jrivilege, 111en1e lorsque, serYa11l a l'exploila-
Lion d'une terre, ils sor1t log·t'.·s dans eles IJali111e11ts placés en clcl1(Jrs. Ceci
aurait grand i11térel pour la locatior1 de terr0-s sans con;;truclio11s, q11'un
fern1ier exploite avec du n1atériel re111isé dnns eles loca11x situes sur el'autres
terrains luí appartenant ou par lui afl'er111és; le bailleur des terres nor1
construites aurait privilege s11r le 111atériel. C'est en ce sens que s'est ¡Jro-
11oncé, apres la Cour de D011ai, lln arret de la Cl1aml)re des requetes du
8j11illet 1901 (D. P. 1901.1.500, S. 1902.1.81, note de :\l. 'fissier). :\lais
cellc solution a été générale111e11t critic1uéc, et avec raison. Car on ne voit
¡Jas s11r quoi fonder clans cecas le privilege, p11isque l'idée de gage tacite
fait défaut. Peul-etre ·po11rrait-on répo11dre, il · est vrai, c1ue celte idée de
g·age tacite est un concept j11ridiq11e i111aginé ,par la cloctrine, et 11e se
trouve nulle 1Jarl é11oncé llar la loi.

3° Fruits de la récolte de l'année. ll r1e faudrait pas co11clure de


cetle forr11t1le, restrictive e11 apparence, e111plO}'éc par l'article 210:1-1º, que
les récoltes des a1i11ées précéelentes 1ie sont pas alreclées au priYilege d11
IJaille11r. Tant c111'elles der11e11rent clans les lieux loués, elles resle11t son
g,1gc, e11 la11t q11'o!Jjets g·arnissa11l la fcr111e. :\Iais, lorsc111'elles sonl tra11s-
¡1orlécs aille11rs par le fer1nier, elles ccsse11l, co111111e to11s les olJjcts apparle-
11a11t au locataire, cl'etre g·rcvóes d11 11rivil<'·ge, sauf le droit ele revenclication,
dont rious parlerons pl11s loi11, accordt\ par la loi a11 J¡aille11r pc>ur Je cas 011
le cléplacen1e11t a11rait été opéré sans son co11senter11ent.
Pot1r la récolte de l'an11ée, au contrairc, on acln1et q11e la ]Jase d11 lJrivi-
li•gn est a11trc. Ce 11'!'sl 1>l11s 1111e icléc de r1age l(icile c¡11i ex1Jliq110 le clroit <lu
lll'ílllriétaire. 111ais l'idóe cl'11ne valettr ,nisc ¡Jar luí d(tllS le pat1·i1no ine d11 fer-
111iPr. 1\11ssi cl{\cide-l.-011 cr11e le llrivili'•gc lle11l s'cxercer 111en1e si la récoltc
a étc'• c11grangt'·c ¡Jar le fer111ie1· l1ors 1les lie11x lout)S. Ceci a gra11cl i1itéret
cnc<Jre po11r le cas 01'1 il s'agil ele terrains de culture 11011 constr1iils.

Hypoth~se ou les meubles apportés par le preneur ne sont pas sa


propriété. - Bic11 c111c les 111e11liles placi'\s dans les lie11x lo11és 11'apparlien-
11c11t pas a11 'prr11e11r, le )Jaille11r ele IJc)11nr, foi, c'cst-ú-clire le l,aille11r 1(11 i
igncJrn e<! clt'.•fa11l de 1.il.re, conserve 111\a11n1oins son privilege sur ces meubles
1
( ' . ap11licatic>111ln la reglo dans l'arlicle 181.1). l~r1 ell'el, le liailleur est assi-

111ilc'i .\ 1111 cri'•a11cicr gagiste, el ce clcrnicr, 11011s l'avo11s v11, lJeut se préva-
lc>ir 1ln la 111axi111c 1le l'art.iclc :A27!), 1"' alinc'•a, et, co111111c loul ¡Jossesse11r ele
lion11<' foi, rn1i1J11sser loulr, aclion 011rcslitulic,111•111a11c'!n cl'un Liers. So11 droit
el<' gago nP cc\dr,ra, co11f<)rn1c'~11\1J11l /1 la rt•gle de l'article 2:17!), '.le alinc'~a, q11e
clr,va11l le drí>it cl11 Jll'ti¡iric'\Laire c111i rc'•clan1e 1111 cilijet /JOlé oti ¡>cr1l1i, el JJen-
¡96 LIVRE III. - TITRE JI, - '
DEUXIE~[E P,\RTIE. - CH,\PITI\E PRE,lIER

a
{la11t le délai de lrois a11s accordé ¡Jar la loi ce der11ier po11r faire valoir sa
revendication.
Si, au contraire, le bailleur est de maitvaise foi, .c'est-a-dire s'il a connu
le défaut de droit dt1 locataire, il n'est plus couvert par la regle: en fait de
n1eubles possession vaut litre, et des lors, le tiers propriétaire, e1ui a: preté
eles o)Jjets au locataire ou les a déposés cl1ez lui, pourra les revendiquer
a l'enconlre du baillet1r. 11 faut e11 dire aulant du ,·c11deur qui a11rait vendu
un n1euble au localaire, au ,•u et au su d11 }Jailleur, ou qui a11rait préve11u
celui-ci c¡ue le ¡Jrix lui est encore du. Son privilege pri111erail celui du
bailleur (art. 2102-4º, 3•al.)
~aturellement, la bonne foi du bailleur est présun1ée, con1111e le veut la
regle générale, sauf pour son adversaire a
renverser celte préso111ption, ce
qu'il peut faire par tous les moyens de preuve. Cependant, qua11d le loca-
taire est 1111 con1mer<;:ant (par cxen1ple l'exploita11L el'un garage d'auto1110-
biles ),do11t la profession consiste it recevoir en dé1Jól des objets apparlenanl
11 des liers, po11r les réparer ou les co11server, la préson1ption n'a plus de
raison cl'etre, car le bailleur ne peut pas ignorcr la véritablc situation. Elle
a
el CJit 111en1e faire place une préson1ption contraire: le lJailleur cst réputc'·
a priori de n1auvaisc foi.
C'est, d'apres cerlains auteurs, par a¡Jplication de cettc idée q11e l'arti-
cle 2102- 1°, !1° ali11éa, do1111c at1 ,·e11deurd'uslensiles le droit cl'etre payé, de
¡Jréférence at1 propriétaire, sur le prix des uslensiles ve11dus au fer111icr; 011
sup1Joserait en efl'et a priori que le propriélaire n'ignore pas la elette du fer-
a
ni ier l' égard ele ce ve11deur.

Droit du bailleur sur les indemnités d·'assurance dues au loca-


taire. - Lorsq11e les 111cu!Jles, les lJesliat1x ou les récolles d11 pre11e11r 011t
été clélruils par 11n si11islre, co11lre les co11séquences cluqucl celui-ci les
avail assurés, le }Jaillcur exerce so11 droit de 1Jréfére11ce sur les inden1nilés
clues par la Con1pag11ie d'ass11ra11ces au 1Jre11eur (arl. :1 de la loi Qu 19 fé-
,·rier 1 889).
Celle clis¡Jc1sitio11 excc¡ilio1111c•lle 11e elr>il pas c'Lrc éte11due aux aulrcs l1y-
a
potl1c':ses ela11s lesc111ellcs le localaire po11rrail aYoir clroit i11ele111nit1\ ¡io11r
perle ele ses 111culilcs 011 clc ses récollcs. 1\i11si, le bnilleur ne peut pas i11vcJ-
c1uer son pri,,ilegc pour se faire allrilJt1er, a11 détri111c11l des autres crén11-
cicrs, l'i11c.le111nité allouéc par le ])t'·parle111ent ot1 l'Etat a
1111 fcr111icr doul
les récolles 0111. été 1lélruiles ¡Jar la grc'le; no11 plus q11c l'i11clc11111ité nccor-
' •
elée po111· le cns 01\ eles ani111a11x atlei11ls clc n1aladies co11tagie11ses sonl
al>nllus c<J11for111t'i111c11l aux elis¡)osilio11s de la loi <lu '..! 1 j11ir1 · 18!¡8 sur Jp
Coclc rural (arl. l1íi), rJtI de\ la loi d11 , /1 jauvicr 1 !J05.

111. - Droit de revendication du bailleur.


Le })l"iYilt•gc <111 liaillcur éta,11, ll1c'•rJric¡11e111e11l an r11cJi11s, f'1H1uc': sur une
co11slil11lio11 lacile ele gage, 11c elevrail elurer c¡11'aula11l r¡11e les o]Jjcls ap¡)or-
tés ¡)ar le localairc 11'ont pas été J)al' l11i lrans¡)ortés ela11s 11n aulrc licu,
' ,
PRIVILEGES SPECIAliX SUR LES l\lEUBLES í97
Mais la loi, pour f)rotéger le bailleur contre le danger d'un déplacc111cnt ele
son gage, a 1nis a sa disposition deux 111oyens de défense:
1° Un n1ode de saisie tres rapide;
2º Un elroit de rcvendication, limité a une courlc eluréc, Le11cla11L /1 re-
. prendre les meubles déplacés sans son co11sente1nent.

rº Saisie.· - Le bailleur, créa11cier des loycrs ou fcr111ages écl1us, a a son


scrvice un 111oele spécial de saisie a procédure si111plifiée, q11i ¡Jortc le non1
de saisie-gagel'ie (art. 819 a 825, C. proc. civ.), et dont !'origine re111011Le a
nolre ancien Droit (art. 161 de la Coulun1e de París). Pour pratiq11er cette
saisie, le }Jailleur n'a pas besoin de la perrr1ission du juge. Il fait sig·nifier
11n commanden1ent au preneur, ce qui suppose qu il a en n1ains 11n titre
cxécutoire, c'est-a-dire un )Jail autl1entique 011 un jug·e111ent de co11dan1na-
tion, et il peu t, un jour a pres, faire saisir-gagcr les 111eubles du locataire
ou du fern1ier. Au cas d'urgence, et s'il craint que le prcneur ne dén1énage
sccreten1ent, il pcut meme de111ander par rec1uetc a11 p'l:ésident clu tril)llnal
la permission ele saisir-gager a l'i11stant et sans. comn1ar1dement 1Jréalable.
La saisie-gagerie ne pcut avoir lie11 que si les loyers ou fern1ages écl1us
11·011t pas été payés a l'écl1éance. Ce n'est done pas un re111ede JJréventif.
:\Iais, dans la pratiq11e, les propriétaircs d'in1111e11l)les s'attrilJ11e11t une ga-
rar1tie sup1Jlé111e11taire,en stipular1t, da11s les co11trats passés avec leur~ loca-
laircs, que les loyers seront payés, non pas a11x écl1éances conver1ues, n1ais
¡'¡ l'avance, c'est-a-elire au co111n1encen1ent de cl1aque période corres1Jo11dante ..
De la sorte, la saisie-gagerie peut etre exercée avant que le propriétaire ai t
cncore s11lJi a11c11n méco1npte.

Droit de revendication du bailleur (art. 2102-1°, 5• al.). - Lorsque


:iº

les meubles garnissant les lieux loués ont été déplaccs par le preneur sans
le conse,itemenl llti baillcul',_ celui-ci cor1serve sur eux son privilege, meme
sºils se tro11vent entre les 111ains d'un tiers acquéreur de bonnc foi, po11rvu
1¡u'il c11 fassc la rcvc11dication, savoir : (( lorsqu'il s'agit du 111obilier q11i
g·arnissait 11nc fcrr11c, clans le clélai ele r1ua/'a1ilc jo1il's; el da11s celui ele
rJtti11zai11e, s'il s'agil ele 111c11liles garnissa11l une r11aison >>.
011 le voit, le liaillc11r jouit d'1111 vórital)lc dr()it de suite, da11s les li111itcs
s11s-indic¡11écs. Cette sol11tior1 r1'cst ll'aillc11rs c1u'11nc applicatio11 -lles regles
a¡l¡Jlical)lcs a11 cr{:ancicr gagislc. '1'011 t cr{:ar1cicr gagistc dé1Jossédé 1:o,ilre s01i
r¡ré a, en ell"ct, 11011s l'avons vu, le llroit rlc rcvcndiq11cr' l'objct co11trc les
Licrs, co1n111c po11rrait le fairc le ¡Jropriétairc cl'u11 111cul)lc tlessaisi non
volo11taire1ne11t, er1 verl11 lle l'article 2:17!), :iº ali r1{•a.
Seule111c11t, nn ce c¡ui cor1ccrnc le baillc11r, la ·rcve111lication csl lir11itéc a
1111 tlólai s11écial c111i est tic 1¡11arantc 011 de quinzc jours.

Cas ou les meubles ont été vendus par le preneur. - J~c !Jaille11r
¡.1e11l cxercer sor1 11rivil<'•ge, sciil 1¡11c le 111c11hle ail ótó 1ló¡Hisó cl1cz ur1 tiers,
¡1r1!L1\ llll do11r1ó en gage, s1Jit e11íl11 1111'il ait éLé alióné ¡lar le prcncur. i\1ais
a
si l'alii'·11ali<i11 a c11 lic11 Litre onéreux, l'acl1ctcur de lion11c foi 11c pourra-
LIVHE III. - TITUE II. - '
DECXIE~IE P,\HTIE. - - CH.\PITI\E PI\E)IIEH

t-il 1Jas exiger du bailleur le re111IJourse111er1t de so11 prix, co111n1e il pour-


rait le faire e11 verl11 de l'article 2280 d11 Cocle civil, s'il élaiL en face clu
,·~rilable 1Jro1Jriétaire ele l'olJjet alié11é ~ 011 sait en effeL que, d'apres ce
textc, lorsque l'acl1ele11r a ac<1uis l'olJjet clans u11e foire ou dans 1111 n1arclu'•,
ou clans une ve11te p11bliq11e, ou d'u11 111arcl1a11d ,·cndant des clioses pareilles,
le t1erus (lomi,ius 11e pe11t se le faire rer1clre qu' en rcn1IJ011rsa11t a11 ¡Josses-
seur le prix q11'il lui a coulé. Ne faut-il ¡Jas appliquer la 111e111e solutio11 au
)Jailleur ~ La difficulté a été tranchée affir111ativement par la loi du , r juil-
a
let 1892 q11i a ajo11t{·, cet efret, 110 ¡Jaragrapl1e ú l'article 2280. 1\uparavanl
la question étail di sc11 tée, et si logique q11e f1lt la sol11tion favorable ü
l'acl1ete11r ele bo11ne foi, la jurispruclence refusait po11rtant de l'adn1etlre ;\
cause d11 silence de l'article 2102, si bien qu'elle lraitait plus favorable111ent
le bailleur q11e le pro1Jriétaire. Elle avait clécidé notan1111ent que le lJailleur
qui revendic¡11ait des )Jcsliaux ,·endus en foirc riar le fer111ier, n'élait pas
a
tenu dé re111IJourser le prix l'acl1eteur de bonne foi ! (Civ., 10 juillet 1889,
D. IJ. 90. 1.392, S. 8n. 1 .!124). C'est avec raiso11 que la loi de 1892 a consacrt'·
11ne sol11tio11 contraire.

Cas oü. la revendication n'est pas permise. - Ces cas so11t a11 110111IJre
de deux:
, 0 Lorsque le prc11eur est u11 con11ncr<;:ant ou 1111 fcrrnier el c¡ue les cl1oses

déplacées son l lles 111arcl1andises 011 des récolles, on ael111et qu 'il 11'y a pas
ele reve11dicatio11 ¡Jossi!Jle. Er1 eíl'et, le !Jailleur sai t que ces cl1oses sont desti-
11ées a eti·e ve11dues, et, ¡Jar co11séc¡uer1t, il doit ctre considéré co111me
a,·a11t

donr1é a l'avance. au rnor11c11t n1e111e ele la concl11sio11 du co11trat, so11
con:--cn le111en t it le11r a I i{·11a Lion.
2° Le IJailleur 11'aurail pas no11 1Jlus le droit d'exercer la rcvenllicalio11, s'il
restait da11s les lieux lo11és des n1eu)Jles s11ffisanls po11r garantir sa créancc.
E11 cll'et, le droil de re,endicatio11 n'a ¡Jour bul q11e de garantir le paie111ent
des loyers et fer111agcs; or, il 11'a plus ele raiso11 d'clre quand ce 1Jaie111c11l
cst ass11ré par les cilJjcls gar11issar1t l'i111111eulllc. On 1Je11t o!Jjecler, il esl
,raí, que l'articlc 2102 ne fait pas ele disti11clion de ce ger1re, el c¡11e le ¡Jri-
vilt'!gc grevc lo11s les ell'cls 111olJiliers, e¡uellc r111'c11 s1Jil I'i111porla11ce. \lais.
il fan I l'Í\{l<Jr1clrc <¡ ue seul 1111 i11 Lér(!l sérieux ¡¡cu Lj11slifier J'exercice el111lroi t
de s11ile c1>11ct'\llé au lJaille11r (Lyo11, 28 111ai 189,, 1). 11 • ()3. 2 .2 10; 'l'rill. ci,.
l{cn11cs, !) cli'.•cc111brc 18!¡:.i, 1). 11 . u5.:.1./19¡, 11olc <le ~f. ele I,oyncs).

Meubles vendus a un sous-locataire et non déplacés. - l,ors<¡11e 1,,


prene11r a ve11<l11 les c>IJjcls ¡1lacés c]a11s les lieux loués, 11i:1is ne les a IHIS
c11corc livrí·s. ceux-ci restc11L i11co11LcslalJl<!llle11t. grevés clu t>rivili'·ge d11
llaillcur. Cette soluli1>11 r(sulte ¡lar 11,forliori d1\s cx¡JlicaLions ¡1rÍ!c{•¡Jc11lcs,
¡111is1¡11c le ]Jaillc11r ¡1c11l cxcrc<'r le clr<lil <l<~ s11iln 11u'111e <¡11a111I les 111c11l,li!s
011l ét{: lra11s111is ;'t l'ac1¡11óre11r. !)e lit, la (:lia111l1rc civile a C<J11cl11, clans 1111
arrel d11 :>.o f{'.\"l'Íl'I' 1!)11 ([). 11. l!)I :.!, 1.',:.i:), 1111[(' ele\[. ¡(p Loy11cs. s. 1!)1:l.
1. 1u:{, ll<Jlc ele ,1. ll11gue11cy), r¡11c; si 1111 ct>111111cr1,::111L a cé1ló so11 f'o111ls <l1!
.com111ercc el le 111obilicr J allacl1é, c11 111e111c te111ps e111e le <lroil a11 hail, le

• •
PllIVILEGES SPECl,\GX Sl'R LES '.llEUilLES 'i99
IJailleur, de111e11ré créa11cier elu ct'~eln11t pour lO)'ers 11011 payi'·s, ¡Je11l cxercer
s011 privilege sur les 111eul>les gar11issn11t les liet1x lo11és, lJien c¡11'ils a¡J¡1ar-
tienne11t 111ai11lena11t au cession11aire, et lJien que celui-ci ait payé régulie-
re111enl les loyers par lui dus. (,e sous-locataire 11e peut pas, e11 pareil cas,
i nvoc¡11er l'arlicle 1163 d11. Cocle civil, lcc111el clispose e¡ue le !Jailleur 11'a
cl'actio11 contre lt1i qt1c j11s<¡11'ii concurre11ce cl11 ¡1rix ele la so11s-locatio11. E,1
c"fl'cl, -le ]Jailleur agit ici e11 ,erl11 ele son droil ¡Jropre co11trr le cécla11l, et
i n, oque le privilege q11'il possede, du chef de ce dernier, s111· les 111eul1les
0

garnissant les lieux loués.

IV. - Créances garanties par le privilege.

D'a¡Jres l'article 2102-1 • le pri,ilege d11 IJailleuÍ· garantit:


1º Lct créance (les loJ•ers el fer,nages.
2° !~es créa11ces accessoircs r¡ite le baillcur pe1tl r1voir co11/re le JJrc11e11r 11
l'occasio11 dtt bail. Ces crc'•ances seronl, par exe111ple, les i11de111nités clues
pour eléfaut de ré¡Jaratio11s loca ti ves ou elégradations ca11sées it l'in1n1c11]Jle,
ou pour i11exécutior1 des clat1ses du ]Jail, les avances d'arge11t que le bail-
leur a p11 consentir au pre11eur pour lui ¡Jer111ettre de s'iustaller dans l'i111-
rneuble. 1\insi, un propriétaire louant t1n 111agasi11 á un con1n1er~a11t lui
fait ur1e ava11ce d'arger1L e11 vue de J'a111é11agen1e11L des locat1x, 011 bie11
cncore, le propriótaire d'u11 fonds r11ral prele a11 fer111icr les so111111es néccs-
saircs á l'acl1at lles ustc11siles aratoires ou des IJesliaux. Ces cr{:anccs sout
garanties par le privilege du bailleur (Ileq., 19ja11vier 1880, D. P. 82.1. 19, ·
S. 80. 1,249). De n1crne, si 11n bailleur loue á un industrie! une usi11e, et,
en 11111111e le111ps, s'e11gage á lui fournir la force n1otrice 11tccssaire á la
111arcl1e eles n1acl1ir1es, sc111 IJrivilegc gara11tit á la fois les loyers rle l'usi11e
et la locatio11 de }a force 111otrice (Civ., 21 j11in 18(19, D. Jl. 99. 1.320, S. 99.
1.39?.).

Dans quelle mesure la créance des loyers et fermages est-elle


. garantie par le privilege? - 11 se pe11t l[tie le IJailleur 11'ail pas exigé cl11
pre11e11r le 11aie111e11t r1\g11lier cl11 loyer ou fer111age aux ler111cs convc11us, et
(lu'a11 jour oi'1 le (Jrcneur elevienl i11solva]Jlc, cclui-ci soit clélJileur de JJlu-
sicurs ler111es écl111s. 11 se ¡icul, el'a11lre ¡Jarl, q11'il reste e11corc, a•
ce jo11r,
a
plusicurs années courir avant l'expiratio11 cl11 lJail. Cela esl fréquc11t e11
111aliere ele cci111111erce, car l1)s l1a11x rles loca11x afl'rclés. a11 con1111crcc se
1'0111 ¡i1Jur 1111c ln11guc clur{:e, ving·t. a11s el ¡ilus, ú cau:o.e ele l'i11léret ¡Jri111or-
clial <1u'o11l les co111111crr.'.a11ls 11 11e pas d{•¡Jlacer lc11r exploitation. Le ]Jaille11r
¡io11rra-l-il i11voquer so11 ¡Jrivilege 1io11r to11s les loyers écl111s el po11r lo11s
les l111ers á écl1oir 'l
l;nc lelle solution ¡Jarail :\ 11rc111iere vue a!Jusive. l•:t p1Jurla11l c'esl cclle
c¡ue co11sacre e11 1iri11ci1ie le Co1lc civil, s11iva11t sur ce ¡i<Jint les erre111e11ts de
nolre a11cie11nc Jlrali<JU<'. ,\11c1111c raiso11 ,rai111e11t acceplalilc 11e {Je11l justi-
ficr la c1>11ccssio11 el'u11e fa,cur a11ssi exccssivc; elle 11c peut s'cxplie¡11cr <111e
¡iar la ¡1uissa11ce clo11l a touj1Jurs joui la classc eles {lropriélaircs du sol. 11
800 LIVRE III. - TITI\E 11. - '
DEUXIE'.\IE P,\RTIE. - CHAPITRE PREMIER

n'y a pas ]Jesoi11 de dire c111'u11 privilc'•ge a11ssi exorbitant est funesle a11
Iocataire, quand il s'agit d'11n l10111111e qui, par sa profession, cornmeri;a11t
nu agriculteur, ne ¡Jeut offrir con1111e créllit a ses créanciers que ses 111ar-
chanclises, son o'..Ilillage, ses récoltes. Ce gage courant le risq11e d'etre tout
entier absorbé par le !Jailleur, le co111n1eri;ant et le fern1ier ne pourraient
do11ner aucune garantie h ses autres créa11ciers; ils seraient privés de to11t
crédit.
Deux lois postérieures au Code civil, l'1111e d11 12 févricr 1872 pour les•
con11ner¡;ants, I'autre du ,g février 188g pour les fer111icrs, ontenfin rc111é-
dié, 111ais da11s 11nc 111esure e11core ins11ffisante, a I'exct'.:s ele la protection
concédée par le Code aux: propriétaires d'imn1eubles 1 •
Ces lois n'ont }Jas n1odifié le syste111e clu Cocle civil e11 ce qui concernc
les locataircs de n1aisons non con1111er<;ants, pour lesquels, du reste, il
présente 111oi11s el'inco11Yénie11ts. Il en r(:sulte qu'il y a act11ellen1e11t trois
régin1es difl'érents q11anl it Iºin1portance ele la créance des loyers gara11tie ¡1ar
le privili·ge.

Régime du Code civil applicable aux locataires autres que les


commer9ants et les fermiers. - L'article 2102-1º, 1"· et '.lº al., a re1Jro-


duit une distinclio11 ad111ise par la pratiq11e d11 Cl1,itelel de Paris et rappor-
tée par Jlotl1ier (Co,1/rat 1le Lo1iar¡e, 11° 253, écl. 13ugnel, t. 11, p. go), 111ais e11
e11 111odifia11t 1111 pe11 les lcrr11es.
Voici r1uel est Je syste111e c111'il a adopt<\:
:\. Lo'.yers écl111s. - Quelle <111e suit la for111e du IJail, r1u'il soit fait deva11t
r1olaire 011 so11s sei11g ¡1rivé, 011 sin1plen1ent ver!Jal, le pri,ilóge gara11Lit
toujo11rs le paie111cn t lle lnits les lo,vers éclius, a11 1110111e11t oú i 11 tervie11 l le
fail <1ui clo1111c lie11 /1 la vc11lc eles 111e11IJlcs cl11 ¡Jrer1c11r. Se11le, la 1)rescri11li1i11
de cinq ans, i'·lal)!ic ¡Jar l'articlc 2:177 llu Code civil, Iin1ite le clroil li11 bail-
Jeur sur les ler111es arriérés clen1eurés i111payés.
Celte pre111iere reg·le est !Jeaucoup trop largc. Elle pousse le IJaillet1r it
faire at1 1Jre11cur 1111 lrcip long crédi l, qui sera clósaslrcux po11r ce derr1icr,
et surto11l ¡io11r ses a11tres cr(a11cicrs, lcs<¡ucls ignorerr)11l I't'•lenelt1r> clr> la
cr{•ancc cl11 l>aillcur.
13. l.oyers ,'t 1ichoir. - lci, le Coclc civil clisti11g-11c s1tit1rt1il r¡1te le b11.il 11 01r
11011 1l11Le cer/11i11e.
JJre111ier cas. -- ,Si le baila rl11lc ccrl1ti1ie, c'cst-:'1-clirc s'il a óló 1>assó cle-
vanl Il<)lairc,011 si, ayant óté fait 11ar acle S<JIIS seing· ¡1rivó, il a ét1\ P11rcg·islr<',
lé privili'~gc gara11tit lo11s les lo_yers clfer1n11r¡es ,'t échoirj11s<¡11'.\ la fin li11 l>ail.
On re111ar<1ucra <[11<\ c'csl l.\ ce <¡11i, en fait, arrivcra prcs<111e loujonrs. 1~11
efl'el, lous les l>anx: (~crils ele r¡11elc¡11e i111¡1c>rlance sc>nl e11rcgislr1\s, I'arlici<) :J:1
ele la lui elu :1:1 fri111airc an \'11 or¡l¡i11na11l <le faire enrcgislr<~r les IJa11x clans
les Lrois 111ois lle lc11r liale (Arülc: art. 1!1 ll<\ la loi clu :1:1 a<>1il 1~71).
Cela éta11l, r>11 cloit r()co1111ailrc <¡11c le syst<':n1c el11 CtJc!c csl vrai1111:nl in-
scJ11le11al>lr>, 1\l1 1110111Pnl ele la <lt'\co111it11rn <111 lol'alairP, IC' l>ail!P11r 11011rra

1. 11 faut njoutcr it ces lois la loi plus spclcinlc du 8 no11t 1913, s111· les ,vnrrants lt1)-
t111iers, dont nous nvuns dij/1 parlé II pro pos du gnge, s,1/iril, p. lll:i.
PRIVILEGES SPÉCIAUX SUR LES :\IEUBLES 801
se faire payer, des 111ai11tenant, sur le prix des meubles, tous les loyers
futurs, jt1squ'a la date cl'expiration du contrat. Com1nent expliquer une so-
lution qui al)outit a lui conférer ur1 avantage aussi exorbitant? On a <lit
-que la créance des loyers était a terme, et que le débiteur en faillite ot1 en
.déconfi.ture est déchu du bénéfice du terme (art. r 188, C. civ.). l\iaisc'est la
a
11n raisonneinent contestable, car cl1aque période de loyers doit corres-
})Onclre 11ne période de jouissance, et c'est se11lement quand celle-ci a eu lieu
-q11e le loyer cst du •. Quoi qu'il en soit et quand meme cette explication
·serait exacte, la solution 11'e11 reste pas moins mauvaise au point de vue lé-
gislatif. Payer au bailleur des a présent tous les loyers échoir, c'est lui a
a
donner plus q11e ce quoi il a droit. Le mall1eur du débiteur enrichit done
l.e bailleur, il y gagne tout l'escompte des loyers futurs. La seule solution
logique consisterait a résilier le bail, sauf a accorder a11 bailleur des dom-
1nages-intérets pour co1npenser le préjudice que peut lui ca11ser cette rési-
liation.
On comprend, en particulier, combien le syste1ne du Code civil était dé-
sastreux pour la masse de la faillite, quand il s'agissait d'un fonds de com-
111erce jouissant d'un bail conclu pour de longues années. Il n'était pas rare,
a
en pareil cas, que le bailleur absorb¡'\t lui seul tout l'actif du failli 2. Ce

sont ces faits sca11daleux qui finirent par soulever les protestations unani-
r11es du co111n1erce, et par détern1iner les n1odifications partielles du régime
cl11 Code civil que nous verro11s plus loin.
a
Noto11s toutefois un tempérament la rigueur de la situation faite par .
la loi a la masse eles créanciers. U ne fois les loyers a venir versés, le preneur
conserve, bien entenclt1, le clroit au })ail. Les créanciers pourront done
relo11er la 111aiso11 011 la fern1e pour le reslant dt1 l)ail et faire le11r profit eles
·ba11x et fer1nages (art. 2102-1°, 1•r al.).
E11 revancl1e, il faut ajouter un autre droit a la prérogative du ])ailleur,
,'t savoir le droit de résiliatiou. En elTet, si la vente des 1neubles du locataire
11e st1ffit pasa paycr les loyers écl111s et a i'~cl1oir, la j11rispr11cle11ce ad111et
<lcp11is lo11gtcr11ps c¡11e le l)ailleur 11cut <len1andcr la résiliation d11 conlrat

1. Cons. 'l"hiercelin, note sous D. P. 62.2.1, 11°• 1-3 : ~lourlon, note sous ü. P. G:í. l.
201, nº' 1-:;. - ,\ la différPnci, des trihunaux cil'ils, les trihnnaux de con11nerce s'éle-
,•pnt avnc force contrri la thr~se qni consirliirc les loyers it échoir con11ne une créance it
t, 1 rn1e ('l'rih. com. Lille, 2:1 avril f912; Grenob.Ie, 6 décc1nhr1, 1912, llép . .171!1I. du ,\'ota-
riril, 10 févric1· l.91:l; Trib. corn. Paris, 7 et 14 janl'ier t91~, /,a Loi, 6 février et 1•• n111rs
1n1:1¡. La qucstion s'est, en efft>l, posée frilquernrnent devant enx aucas de vtintc ,!'un
r. 111 ,ts ,¡,, cornmercc. lis ont en alors :\ se dcrnantler si le haillPur pouvait fairc opposition
an paicrncnt dn prix, ponr la ¡;arnntie tic ses loyers it échoir (V. en fa\'eur de l'affir-
111ative, l\cq., 12 juin 191,, Gaz. /'al., 4 juillet 1914). La loi du 31 juillct 1913, rnodifiant
l'arU,,le :1 de la loi d11 17 1nars 1909, rclative ,\ la vente tics fonds rlc co1n1ncrcc, a
,1,, 111 ,is tranché ccttc rptestion par la négalil'e (art. 1", al. 4, 2' phras!'), conformén1ent
i\ ta jnrispru,lr.ncr. eorn1nercialc.
2. I,ors de l,1 ,liscnssion ,1,, la loi de 1872, ~l. Louvel al'ail cité d la trihnne le cas de
1. 1 faillilr, dn I•'actaqe pnrisie11, entreprisr. qui avait 1111 hail ,In :10 annr.es ,\ raison de
:;·i.000 fr. paran. L:1 faillitc ayant été di\clarén au hout d,i dcnx ans, le prr,priétaire
,1,, 111a11,lait le p:li,irncnt ,t,, tous les IO)'Pl"S /1 venir, soil 1.!íU0.000 fr. S'il y avait eu dfl
q, 11 ,¡ lr•s tui tlonner, le propri,ilalre anrait pn, en pla1¡a11l celle sornrnc ,) :i 0/0, se pro-
,·,1rc1· 1111 revt!nn 11n1111el de 7:;.ooo fr., c'esl·,\-rlirc 20.000 fr. de plus que ne lui aurait
J1r1Hluit son hnil. •
'l'orne 11 ~I
80~ Ll,'RE 111. - TITRE 11, - DEUXIEME PA.RTIE- - - CHAPITRE PREl\llER

(Civ., 28 n1ars 1865, D. P. 65.1.:ior, note de 1\1. Mourlon, S. 65 1.201).


C"est l'application du príncipe de l'article 1184.
Deiixieme cas. -Le bail 1i'a pa:s dcite ceriai11e. - ll en est ainsi pour les
baux verbaux, au sens vulgairc du n1ot, et pour les bau.x sous seings privé_s
non enregistrés. Daos cecas. le pri,ilege du bailleur ne garantit l)lus, en
del1ors des loyers écl111s, qoe ce11x d:e t'c111a11ée coiirante el d'u,ie an,11ée c'i Jl(lrhir
de l"expi,·alion de celte-ci (art. :110:i-ro., :t• al.).
Cette différence de traitement a été étahlie en vue de pré-venir la possi)Ji-
lite d"une fraude concertée entre le bailleur et le prer1eur au détr~me11t des
a
autres créancie.rs, fraude qui aurait cons.isté- faire un 11ouyeau bail d'uue
durée plus longue que le premier, et a. le substituer att premier par une
antidate. C'eut été un moyen, si le privi:iege avait garantí tOtlS les loyers a
échoir, de faire absorber en appatence par le bailleur tout l'actif du locataire.
Les deux fraudeurs ie seraient en.suite réparti le montant de leuu rapiue.

Régime applicable an eas de faillite ou de liquidation ju.diciaire


:iº
dn pren.eur. - Nousavons déja dit que, sur la demand-e des co111me.r<;ants,
l'article 210:i-1º avait été partiellement 1n,odifi~. Cette réforrne a été accom-
pl_ie par la loi du 12 fevrier- 1872, qui a étéinsérée-dans deux. tex.tes du 'fitre
des Failliles an Code de commerce, les articles 450 et 550.
Nons a-.ons. dit aussi quelles raisons avaient determiné le vote de la: loi.
Sous le régin1c du Codc civil, les créanciers de b faillite étaient ol>ligés,
soit de payel."'au bailleur toas les loyers a échoir, soit de st1bir la résiliation
du bail; et cette seconde alternative était souvent· aussi désastreuse pour
enx que la premiere, car elle ne leur permettait pas ele la:isser le failli la a
te-te de son exploi,a,io,r1, ··
11 fallait done, a tout prix, soustraire la masse des créuciers de la faill:ite
tant a l'une qu'i, l"autre- de ces deux alternatives, et luí perrnethre de couti-
nuer le bail, si elle le juge a propos, sans etre obligée- de payer a l'ava11ce
a
les loyers ve11ir. Telle a été la ¡lensée directrice de la loi du 12 fé,Tier
18:7:1.
1~11 verlt1 de cettc loi, la n1assc cst substituéc a11 failli, q11a11t a11x obliga-
tions résultant du hail. Si clic vcut conli1111er·le IJail, elle peut le faire,
moyennaut l1ne sim1)le 110Lificalio11 adrcsséc au propriétairc (art. t15o,
a
C. com.), la se11le co11tlitior1 de payer les loycrs écl111s et de respcctcr les.
-
cla11scs du l)ail, c•cst a-dirc de r11air1lcnir clans les lic11x lo11és des n1arcl1an-
cliscs suffisa11tcs po:ur la garantic du baillcur. E11 parcil cas, ce dcr11ier nc-
pe11l pas demander la résiliatior1 du co11trat, parce q11c la masse, respecta11l
les co11ditior1s du bail, est u11 d<'~tJilcur solvalJlc. Ai11si, pren1icr rést1ltat fort
apprécial)lc, la faillile 1ic pcrn1ct plus au baillcur tlc faire résilicr le }Jail el
cl"c1n¡>ecl1cr la co11ti11uatio11 de l'exploitatio11 co1nmcrciale. D'a11trc part,
secor1d rés11llal 11011 r11oi1ts utilc, le !)aillcur ne pe11t ¡Jlus récla111c1· le
a
paicme11t a11ticipé des loyers vc11ir, et absorl,er ainsi peul-clrc le }llus ciair
de l'actif 11u <létri111e11l eles n11tres créa11cicrs (art. 550, ~• ni., (:. co111.).
Mals si le syndic, 11c ,·011ln11l pas co11ti11uer le bail, dégar11il les lieux loués,
c11 vendar1l et enlcva11t les 111arcl1a11dises, le Jlropriétnire ¡>cut ex.ercer s011
' ,
PRI\'ILEGES SPECI.\lºX St.:R LES )IECBLES 803'
privilege sur le prix el le faire valoir, qtre le bait ait ou 1101t llale ccrlaine,
jusqu'a concurreucc lle lleu.x ar1r1ées écl1ues, ele l'a11née coura11le el ll'11ne
aunée a écl1oir (art. 550, 3' al.) (\º. la note de :\l. Levillai11, sous {Jaris,
2!1111ars 190G, l). t>. 1908.2.377). Le privilege se lrouve li111ilé a la fois dans
le passé el lla11s l'ayenir; dit11s le })assé, ce qui est logique, car le bailleirl'
est er1 faulc ll'etrc ¡¡esté plusieurs ar1nées sans cxigcr le paier11ent lles loyers;
el dans l'ave11ir, ce qtii se con1prend e11core r11ieu·x, le ¡Jropriétai.re repre-
nant so11 i111r11et1ble qu'il po11rra louer ii ll'a11lrcs. Si la loi de 1872 lt1i ll<)11ne
¡1riYilege pour llile au11ée i, Yenir, c'esl U litre de do111mag-es-i11térets,. et
parce que le bail 11'est ¡ias respecté.
Su¡>posons n1aiutena11t q11e le propriétaire de111an<le ltri-n1-e111e el olJtienne
la résiliation du bail, pour des causes antérieures ,\ la faillite (abus de
jouissancc, loyers e1li rclarcI, e:lc.). :\lors, s011 privilege est encore plus
reslreir1t q11e dans le cas précéde11t. II 11e garanlit c1t1e deux années écl1ues
et l'année co11rante, plus, il est ·vrai, les ll0m111ages-i11térets qui peuve11l
lui elre alloués par le tril)ul!lal (art. 550, 1•r. al., C. con1.).
Enfin, au cas de conlinuation d11 bail, l'al'ticle 550 du Code civil, t,• et
5• al., con1plete la série des réforn1es accon1plies en 187:i llaH.S L'intérel des
a
cJ.éanciers, en autorisa11l le sy11dic céder le droit at1 baila un tiers. 1nen1e
a
a11 cas ou le contral interclit <le céller ou sous-lot1er, inais la charge alors
lle payer les lo)·ers par anlicipation.
a
Une observation c0,mmu,ne toutes eesdis¡Jositions, e'est q.u'eltcs concer-
a
ne:mt seulement les locat1x afl'ectés }'industrie ou au comn1erce et les locaux
a
clépendant de ces immet1bles men1e s'ils servent l'l1abitation: dt1 failli et
de sa famille. Si, au eontraire, l'habitatio·n du failli- se t:vou,·e sépurée de son
i11dustrie ou de son co111merce, le Code civil cóntint1c 1\ s'aIJJJtiquer e11 ce
qu·i concerne l'l1abitati-011.
Telles ·sont, brievement résumées, les regles de la loi de t87:1, élendues
depuis du cas de faillite a_celui de liquidalion j11d.ici.a,íre par la loi du
4 mars 1889 (art. 18 et 24). Ces regles sont i11finiment su.péri:eures 11 celles
du Code civi•l, 111ais elles 11e clonnent pas encore 1111c sutisfaction s1iffisante
aux. besoi11s d11 cornmerce. u Les préteations du bai:11.eu.r, cdit M. 'l't1ailer
(Traité élémentaire de droit cornmercial, !1• édit., p. 1009, n-0te 1), pesent
encore lrop lo11rcler11e11t s~1J1 I:a masse, et une 110t1vellie lin1•itaVi·011 ele la 111e-
:,;11re- des loyers garantiis est encore souhai-ta}Jle. Du11-s les faillites-des Jlelits
111agasins, l•'aeti-fe'll.l• marcl1andises sert trop so11ver1ta•co11vrir-le IJa•illc11r. sans
a
laisser tl'excédenl la 111assc-, et, lle la, tanl lle- cl~'itures pour i11s11ffisar1cr.
<l'actif. ,

3º Régime a.pplicable aux bios ruranx. -- La loi d.u 19 févricr 188J.


i11s-piréc ¡Jar la pens~e <le favot·isc1· le crédit agricolc,. a, en gros, réalisé, atr
11rofil des fcr111iers, la rt'\for1ne qt1i avait étt'• faite e11 187::1 e11 fa,·eu1· lles
cor11111erc.'.ar1ls. Mais, a la dill'ére11ce lle celle der11iere, elle s'esl C(>lllenl11e d,~
reslrei11dre la créance privilégiée, sans lo11c\1er a1t .droit de résiliation. c;·cst
c¡11'e11 ell'ct le fer111ier n'est (las un co111n1er<,:anl, et ses crt'.a11cicrs ne sont pas
orga11isés en 111asse· con1n1e dans la faillite; ils, ne: pe,1ve11t cor1linuer son
exploiLali011. B11 conséquer1ce, quaw.L uru fermier devient. i.nsolvalJle, le !Jaii-

804 LIVRE III. - TITRE II. - '


DEUXIEr,IE PARTIE. - CHAPITRE PRErtIIER

let1r peut exercer son privilcge sur le prix des objets 111obiliers et des récoltes,
po11r les lleux der11ieres lt11nées écliues, pour l'a1111ée co1ira11te et 1¡11e a1i11ée
a partir ele l'a1111i!e coura,ite, ainsi que pour tout ce c¡ui concerne i·exécution
clu bail et po11r les domn1ages-in tércts qui 1)ourront lui ctre accordés par
les tribu11a11x, au cas 11otan1n1ent de détérioration de 1·immeu!)le.
On le voit, en cas de déconfiture du fern1ier, le bailleur se tro11ve ga-
ranti pour q1¡alre a1111ées de fer111ages, tandis que, en n1aticre de faillite,
le bailleu_r qui demantle la résiliation n'est privilégié que l)Our ll'ois
a1111ées (deux an11ées écl1ues et 1·année courante). La raison qu'or1 a donnée
de cette différence est que les biens ruraux sont plus elifficiles louer a
que les n1aiso11s. l\lais cette solution est encore beaucoup trop dure pour
le crétlit du fermier. un privilege _portant sur quatre annécs de fern1age
suffira presque toujours a absorber s:>11 actif. En outre, en cas ele dé-
confiture du fern1ier, il sera i1npossible i1 ses autres créanciers ele tirer
profit du ten1ps pe11dant lequel le bail continuera, c'est-a-elire ele la fin de
1·année e11 cours et de l'a1111ée s11iYar1te, car pour 11n ten11)s aussi court, ils
11e trouvero11t certainen1er1t pas 11 sous-lo11er.
La réforn1e de 1889 n'a clo11c ¡)as sérieuser11ent clégagé le crédit du fern1ier.
1'out ce c¡u·on peut elire, c·esl qu·elle restreint une prérogative tlont rien ne
po11vait j11stilier 1·excessive éte11clue.

Conclusion. Desideratum législatif. - Si 11ous ,·oulo11s résun1er 1·état


actuel de notre législatio11 er1 ce c1ui conccrne le privilege du bailleur, nous
dirons que le syslc111e ele protection exorbitante du Code civil reste encore
e11 vigueur pot1r toutes les n1aisons non affectées a11 commerce, ou ne fai-
sa11t pas partie cl'11ne exploitatio11 agricole. J)o11r les a11lres cas, la préroga-
tive tlu lJailleur, bie11 qu·e11tan1ée, est e11core co11sitlérable, ,·oire 111c1ne
excessive. 11 serait grant! ten1ps tle rem1)lacer les regles e11 Yigueur par u 11
rÍ)gin1e plus acceptable.
Le Code suisse des o!Jligatio11s tle 1912 11e donr1e au bailleur ct·i111meu!Jlcs
c¡11'1111 droil tle rélc11Lio11 sur les 111eulJlcs c¡ui garr1issenl les lie11x loués, el
ce elroit 110 fc>11clio11r1e c111e pour garanlie el11 loycr tic l'a1111ée écoulóe et cl11
se111eslre co11ra11l (art. 272). C'e:-l clans celle li111ite c¡11'il ccJr1vie11elrait L'gale-
111e11l cl·c11ferr11er cl1cz 11011s le t>rivili~ge elu !Jaillcur.
()nelc¡ues a11lc11rs vo11l ¡ilus loi11 encore, el se clc111a11de11t s·¡¡ ne serail ¡las
¡>rél'éralJlc ele laisser le IJailleur cla11s la co11clitior1 co1111111111e eles cr(ia11ciers:
H ~a 1>rúlenel11c 11écessité q11'il y a <le r11é11ager /1 cl1acu11 le créelit snl'lisa,1L

¡>011r clevc11ir Iocalairc 011 fcrn1icr, a-l-on écrit e11 ce sc11s (l~e11ela11l, Siirelés
¡11•rso1111el/cs et réelles, l. I•r, ¡>. J7f¡), 11·cst c¡11'1111 lie11 co111111u11; 1·i1l{·c el'u 11
gagc tacile n·cst <¡11·1111c liclion. 'l't>ule cclle tl1énric a vieilli et a1ipelle une
r{•ft>r111e. n l~l la réfor111c tlcvrait consister cla11s l'a1>1>licatio11 a11 IJaillcur clu
l)roit co1111111111.

§ 9. - •••·•v••••..e d11 ve11dc111• ••e •ncul••e11o1.


Garanties que la loi don ne au vendeur pour le paiement du prix.
_ No 11 s savci11s c¡11e cla11s 11olre ll·gislatio11, la ¡>rc>Jlriét<'i <le 1·0J>jct V<'nelu cst
' ,
PRIVILEGES SPECI,\UX SUR LES \IEUBLES 805
transférée a l'acl1eleur au n1on1cnt men1e de la conclusion du contrat. Il
importe done de donner au vendeur non payé des garanties contre l'insor-
vabilité de l'acl1eteur. Celles que notre loi luí accorde sont les suivantes:
1º Le <lroil <le rélentio,i ou droit de refuscr la livraison, qua11d la vente a

été faite a11 con1ptant (art. 1612) (ce q11i est le cas ordinaire pour les ventes
de 111eubles, tlu 111oins q11ancl clics sont faites a 11n non-con1n1er<;ant) ; et
111e1ne quand elle a eu lieu a tern1e si, de1J11is la ve11lc, l'acl1eteur cst ton1bé
en faillite ou en déconfiture (art. 1613).
2º Le privilege, c'est-a-dire le droit de se faire payer sur la ,·aleur de l'ob-
jet vendu a,·a11t to11s autres créanciers de l'acheteur (art. 2102-4°).
3° L'action e,i résolutio,i du cont,·at (art. 1 r84, 1654).
4º Enfin, dans les ventes de n1eubles faitesau con1ptant, l'actio11 e,i reve11-
clicatio11 ele l'objet ve,idll, pour le cas 01\ le vendeur a consentí a livrer la
cl1osc sans etre payé du prix (art. 2102-4º, 2• al.).
Nous a,•ons traité aillcurs d11 <lroit de rétention et de l'action en résolu-
tion en général, et il n 'y a rien a ajouter de spécial en ce qui concerne l'exer-
cicé ele ces droits et actions par le vendeur de n1eubles. Nous nous borne-
rons done ici a étudier le JJrivilege, qui est la principale des garanties que
la loi lui attri)Jue, et l' actio11 en revenllicatio,i spéciale aux ventes mobilieres
failcs au co1nptant.

Origine historique des droits du vendeur de meubles. - Droit ro-


1nai11. - Le,Droit roma in n'avai t pas jugé nécessaire d'accorder un privilege.
a11 vendeur. Celui-ci n'en avait pas besoin. En effet, il demeurait proprié-
taire de la cl1ose, 111eme quand il e11 avait fait tradition, tant que le prix
n'en élait pas payé. Il pouvait done la revendiq11cr, faule de paie111ent (4l
Inst. <le 1·er11n1 divisione, II, r): << Ve11ditx vero et tradilx 11011 aliler emp-
tori adqiliril11tur, quani si is ve11ditori preti11m solverit, vel alio modo ei satis-
feceril, veluti ex¡Jromissore-aut pigriore dato. n 'l'outefois, le vendeur perdait
ce IJé11éfice de la propriété rctenue, qua11d il avait fait co11fiance a l'ache-
Le11r, en ltti accordant un tern1e pour le ¡Jaiement. Po11r se n1ettre a co11-
verl, le venclcur dcvait alors stipulcr u11e gara11tie Lclle q11'un gage, une
l1y¡10Ll1e<111c, 11ne caulio11, 011 i11sérer cla11s le co11lrat 1111e clause de résolu-
tio11 11011r eléfaut ele paicn1ent; sino11 il cr1 éLait réduit a la siLuation de sin1-
¡Jlc créar1cicr cl1irograpl1airc. ·
A11cie11 f)roil. - Ccltc elisLi11ctio11 entre l'cflºcl ele la vente au complant et
'
celui ele la vc11tc b Ler111c a été conscrvéc dans 110Lrc ancie11 Droit, et, jusqu'au
XVI• sieclc, aucunc garantic légale r1'a été accordée ali vcndcur a terme.
C'était 11 l11i 1\ e11 sLi¡1l1lcr ur1e, el il ne mar1quait 11as de le fairc. Ordinairc-
111e11l, les parLies ir1séraie11t 11 cct cll'cL dar1s l'actc ele vcr1tc une clause stipu-
a
la11tc¡uc l'acl1cLcl11" Licr1dL"ail la cl1osc litre <le ¡irécaire jusq11'11 l'c11ticr paie-
111c11L d11 t)rix. l,a jl1rispr11dcnce dt'.~cielaiL, elu reste, c¡ue cctte clause n'c1npc-
cl1aiL ¡>as la tra11slalior1 tlc pro¡Jriété, 111ais avail ¡Jo11r cll'ct de donner au
vcnclc11r 1111 clroiL ele prt\fórc11cc, 11nc liy¡Jol/1er¡11e ele ¡iréférence, sur le prix .
ele la cl1osc · vcncluc (lloussca11 clc Laco111lic, Recueil de juris¡ir. civile, V•
(Jlausc el V /Jrécairc. V. aussi d'Olivc, Questioris 11olables, liv. 4, cl1. 10;
0

Despcisscs, /)es co11lrals, Lit. 1, J)cl'acltal, sccL. 6, nº 19).


806 LIVRE III. - Tll'RE II. - •
DEUXIEME PARTIIE. - CIIAPITRE PREMIER

Cette solution fut défi11itivc111c11L consacrée lors de la deuxie111e rédaction


de la Coutu111c de Paris e11 1580, ¡Jar les articles 11 6 et 1 11 c111i furcnt re1Jro-
duits, en 1583, dans l'a:rticlc 458 de la Coutu111c d'Orléans.
L'arlicle 176 111aintient l'action en reYcndicatio11 au profit du ve11de11r
q11i a Yendu sans j•o1tr el sa11s ternze, espérant clrc paJé pro111plement,
n1ais il ne l'appliq11e qu'a11x ,·entes n1olJilit•res, sans do11 le 1Jarce c111c ce
sont presque les scules qui se fasse11t au co111plant. Cla11clc (!e J,'erriere
nous llit llu reste llans so11 Co111111e1itaire de la Coutu111e ele llaris (art. , 111)
que la jurispruclence aYait éte11(!u cette dis1Josition aux ventes d'i111111e11-
bles faites dans les n1en1es oondilions.
a
Qua11t aux veriles t.err11e, l'arlicle 177 donne ali ,·endeur, 11011 pl11s la
reYendicatio11, p11isqu'il a cessé d'etre pro¡J1·iétaire depuis la traditio11, 111ais
u11 d,·oit de pr~f'ére1zce sur la cl1ose. 'l'ou t 11at.urellen1ent, ce privilt'·ge f11t
éter1cl11 llar la pratique aux Ye11tes faites au con1plant; 111ais il 11e s111)Jlri111a
pas, pour ces der11iercs, l'aclion e11 reYcndicatio11. Clat1de de J<'errierc 11ot1s
expli<¡11e (Dictio,znaire ele droil et lle praiil¡ue, t. 11, ,· 17ente faite 1't créclit)
0

_pourquoi cetle actior1, qui se111l)lait faire.double en1¡Jloi avec le privili:gc,


ful n1ainten11e. C'esl, 11ous dil-il, qu'elle pern1etlait au Yc11de11r de pour-
sui,·1,e sa cl1ose en L¡uelc1ue n1ain qu'elle cut 1Jassé, 111c111e co11tre l'acq1H're11r
lle lJ01111c foi 011 co11tre 1111 créancier auc¡t1el elle a11raiL été Llon11ée c11 gage,
n1ais ú la co11dition <l'elre cxerct'·e cla11s 11n clélai tres IJref. ,\.11 co11traire, le
droit de pr<'·fércnce do11né at1 ve11cle11r 11 tcr111e ne s'exeri:;ail q11c s11r le prix
(''oir aussi I-'erriere, ]\1011vca11 Co111n1e11t. siir la Co11ti1n1e lle /Jaris, art. 116 el
Potl1icr, Co1tlt1nzc l[Orléans, arl. !158, éd. B11g11et, t. I, p. fi8(i).
Le Code ci,,il.- Le Code ci,·il, dans l'arlic1e 2 102-!1°, a consacré e11 son1n1e
le Droit ancie11, et n1ai11t-c11t1, 11 ct,té <111 J>riYili•ge, l'aclio11 en reYendicalio11
pour les veriles n1olii.li1•rcs failes sans ler111e, actio11 <111i 11'a ¡Jourlar1l ¡Jlus
de raison d"etre aujo11rll·t111i., ¡J11isc111e le ,e11de11r cesse, clans tous les cas,
d'elre propriétaire a11 jour ele la ,ente, el q11i, a·a11tre parl, ne constilue llas
une n1eille11re garar1lie 1111e le 11rivili•ge, c11r elle 11e 11errr1el J)as ele reven<i i-
quer la cltose co11lre -i111 so11s-ac<111ére11r.

T. - Du privilege.
Le privilege cl11 ve11cleur se justifie l)ar cetle illée q11e le ,·ct1tle11r a J)laoé
l'objel da11s le palri111t>ine d11 lltilJile11r. « Sans 111 ,·cr1le, disait le trib1111
~1•er1ier au 'l'rib1111al, la cl1ose ,•cntluc ne sernit pas deYe1111e le gagc des
.aul1•es créanciers. ·Ce11x..ci cloiver1t <lo11c tout cl'aliord accornplir l'ol:1ligaLio11
qui pcsuit s11r leur <lt':IJilct11-. n 11 srrait i11jusle de le11r permcltre <le se faire
pa)·cr s111· le prix de la cl1ose c11 conc11rrence avec Je ven<lettr, Nous étudie-
ro11s s11ccessive111e11t: , 0 J,es ,·e11t.cs llo111ia11L lieu au Jlri,iJe.ge; :¡º Les cau-
ses d'exli11cti0n d11 ¡Jri,,ilt'·ge.

, .. Ventea donnant lieu au privilege. - L'a1·ticle 2102-4º donne 1111


privilegc au \"etlacur pouc << le 11rix d'effcls rnobilie,·s 110n payés». Ces rnots
effets mobilie,·s sout iolcqirétés de la faQOJl In plus large.
' ,
PRIVILEGES SPECL\.CX Sl"R LES 1\IEIIBLES

Toutcs les YenLes t11obilieres sans elistinction, q11'il s'agissed'objets oc;1·1)0-
1·els ou de bie,is i12oorporel.s, créa11ces, fonds de com111erce, etc., e11g-endrent
I.e dt'oit de préférencc sur la cl1ose ,·endue. Cette solution est aujourd'liui
cléfl11iliYe111-ent accc¡llée par la doclri11c el la j11risprudence. E11 cflet, l'article
535 11ous clit ailleurs e¡ue celte expression el' effels n1oúilie1·s con1prend gé11é-
ralen1e11t Lout ce qt1i est ce11sé 111e11l)le d'a¡)rcs l,t loi.
,'\u Stll'J)lus, c'est s11rlout en J11atiere ele ve11Les de fon(ls de co111111e1x:e que
ce ¡iriYilege llrése11te une 11lilité ¡lraliq11e. II en a beauooup n1oins ¡Jo11r les
,·<>u les d'objets corporels, Icsq11ellés se fo11t presq11c to11jours au co111pla11t,
et 01'1 le , endeur est protégé par le droit de réle11Lio11, et, s'il a liYré, par
0

l'action en re,·enelication.

Ventes d'offices ministériels. - F'aut-il cependa11t appliquer le privi-


lege du ,·e11cleur de 111e11]}les aux cessions d' offices 111 i11istériels) On pour-
rail tti·e tenté de répondre négati,,er11ent, car l'office 111i11istériel 11'est ¡}as
u11e cl10:-;e dans le co1n1nerce el 11e pe11t etre i'objet d'une vente. L'officier
a
11e vend JJas sa cl1arge; il JJrésenle si111plen1e11t s011 successe11r l'ag·ré111e11t
de la Ci1a11cellerie (art. g 1 ele la loi st1r les 11nances du 28 a,,il 181 G). \fais
celte elistinctio11 cst plus tl1éorique que réelle. L'officier se fait payer par
a
son cession11aire le elroit de le 1Jr<'·se11ler la Cl1a11cellerie; par consée¡uent,
il négocie la valeur de sa cl1arg·e. L'opération est, sinon idenlique, du
a
111oi11s tres analogue u11e ,•ente, et la créance du céelant n1érite d•ctre pro-
Légée au a11e1ne Litre que -celle d'un vendeur proprement dit. Aussi la juris-.
a
pJ·udeñce n'l1ési te-t..elle J?ªS lui accorder la garantie du privilcge.
•Ce¡Jendanl, co111rr1e l'office ne peut et<re saisi ni vendu aux encli-cres, i'effet
clu ¡1rivilcge se Lro11,·e ici sensiblen1e11t restreint. Le cédant ne pou1Ta faire
valoir so11 elroil ele J}référe11ce q11'a11 cas de cessio11 poslérieure, sur le t}rix
clu par le nouveau;titulaire (Civ., 13 juin 1853, O. P. 53.1.183, S. 53.1.497;
Req., 2ojan,ier 1857, D. l).-57.1.309, S. 57.1.332).
Des pa,rlic11larités i11l1érenles a
la cessio11 d'o'ffice ministériei ii vésu[te
oocore que, si le cession11aire e11court la deslilution, ie priviiege s'é.Jteint,
a
car l'article 91 de la Io-i de 1816 enlcv,e l'officier desti.tué son droit de p-ré-
se11lalion. 11 esl vrai q11'en pareil cas, le got1verne111er1t obli·ge le nouveau
tit11lairc par l11j 11aon1mé U payer u11e indemnité U q.lJ!i de droit, ce qui, en
l'espcoe. sigr1ifie c¡ue l'i11den1nilé servi!.'a a
désinitéresser ies créa11ciers de
!',oiflroier deslit11é. Mais le céda11t, con1pris pai1'1ni ces créanoiers, ine peut
'
pas fuire val0i1· so.11 ,droit <le préfére11cc su.T l'it1demnité oo quiestion, pa1,oe
-qu'cllc llle cor1s:li.Lue rpas de priK de l'o1'fice. Si rig0u111euse :que paraisse cette
s0>111tion, dle est, au poinl de Yt1e des pt·incipes, inat.taquable et, depuis lol'lg-
ton1ps., rconsncrée par la j,urisprudence (Ci,,., 7 juii[iet 1,84.7, D. P. 4.7.1.25¡,
S. 47.1. 496; 1\eq., 3o ma·i 1877, ·I). P. 79.i.:igó, S. 77.1.4:11. V. le irappol't
<lu co11seiller llal,inet) •.
A,u contraire - et il y :a la une clistinction :a la mi té bien saibtile - le

l. Une :(lt'o¡1ositlo11 de lol ,flréeentée au Sénat par .M. Tbézard. peur.autorlser e11 pareil
cas l'exercice du ,prlvil~ge sur l'lndemnité, n'a pns élé adoptée par l'Assemblee (Séance
,tu ill mars tS92, J. ,off., :9 ·mars 1892, ·Dib, parl., Sénn't, -p. ~'65),
8o8 LIVRE III. - TITRE II. - '
DEUXIEl\lE PARTIE, - CHAPITRE PREl\IIER

privilege subsiste, en cas de llé111issio1i volo11taire ou forcée, sur la son1111c


mise par le got1verne111ent a la cl1arge dt1 11ou,·eau titulaire no111n1é sans-
présentation, parce que l'article 91 n'enleve pas, da11s ce cas, le droit de
a
présentalion l'officier minislériel. En acceptanl sa dén1ission et en lt1i
réser,·ant la valeur de sa cl1arge, la Cl1ancellerie reconnait par la n1eme le-
droit du démission11aire (Civ., 3o aout 185!1, D. }J. 54.1.286, S. 54.1.519;
Montpellier, 21 fé,·rier 1895, D. P. 9¡.2.281, note ele 1\1. ,\pplelon, S. 96.2.
185, note de M. \Val1l, nº' 2, 3, t,).
Enfin, il faut ad111ettre qu'au cas ot'1 le gouverne111ent, 11sant de la faculté
que lui confere l'article 32 de la loi du 25 ,·en tose an XI, su¡Jprime un office
n1inistériel, le privilege s'exercera sur l'inden1nité n1ise a la cl1arge des offi-
ciers auxquels profite cette suppression. Dans ce cas, e11 effet, le titulaire
de l'office supprin1é n'est pas décl1u de son droit de 1Jrése11tation, et l'i11-
a
den1nité lui allouée en représente la ,·aleur (Civ., 11 avril 1865, D. P. 65.
1. 192, S. 65. 1. 2 19. V. cependan t la disti11ction proposée par 1\1. Col1e11dy.
note D. P. 92.:i.1¡, sous Bordeaux, 10 février 1891, S. 92.2.121).

2º Causes d'extinction du prlvilege. - Les causes d'extinction du


privilege sont les suivanles:

A. Premiare cause: L'acheteur a aliéné l'objet. - Le privilege ne d11re


q11'autant que la cl1ose est encore entre les n1ains ele l'acl1eleur (art. 2102-t, 0 ) .
E11 elTe_t, quand ce eler11ier l'a aliénée, il cesse d'en clre pro1Jriétaire, et par
conséquent, le vendeur ne peut plus la saisir. Le privilege lui confere un
sin1ple droit de préférence a l'encontre des autres créanciers de son débi-
teur, n1ais no11 un d¡-oit de suite: il n'a do1ic pas le clroit de saisir 14ffi-n1eu-
ble e11tre les mai11s d'u11 liers.
Cette solutio11, qui a toujours été adn1ise par nos ancie11s auteurs, sen1-
ble bien consacrée par l'article 2119 du Code civil: l\leubles n'onl pas de
suite par l1ypotl1eque, sur le sens de laf1uelle 11ous at1ro11s d'aille11rs l'oc-
casio11 de nous explicJt1er plus loi11. Cepe11da11L, elle 11'esl ¡Jas ad111ise sans
discussio11, et, clepuis la pro11111lgalio11 cl11 Coclc, elle so11lcvc 1111e co11lroverse
doclri11ale. Cerlai11s a11leurs so11lie1111e11l e11 cfl'el c111e si le ve11cleur 11e
pc11t 1Jas exercer le droit de suite co11lre les liers, c'esl 1111ique111e11l lorsc111e
ceux-ci so11t ¡Jrolégós par la regle: 1~11 fail ele 111e11bles possessio11 vaul
tilre. En co11sée¡11e11ce, le ve11de11r aurail le <lroil ele saisir le 111eu]Jle 11011
payé to11les les fois qu'il 11e se l1eurlerail 11as it celle 111axin1e; el il en serait
·ainsi da11s les cas s11ivanls : <i) si le r11e11lJle a été reve11clu, 111ais esl e11corc
e11lre les 111ai11s de l'acl1cleur; b) si le sous-acc¡uére11r esl de 111auvaise foi,
c'esl-ú-dire s'il co1111aissail, au 1110111e11l de l'acc1uisilio11, l'exislencc llu privi-
lege qui greve le me11l)lC; e) si le 111et1ble a été perd11 Oll volé; d) s'il s'agiL
d'u11 111et1ble i11corporel.
Ce11x q11i, co1111ne 11ot1s, au co11lraire, all111cltent f¡11e le ¡)rivilcge csl t111
sin1ple droil de 1)référe11ce, dó11ie11l at1 ve11de11r le 11cJ11voir ele saisir le
a
mcuble da11s ces di verses l1ypoll1eses, parce q11'il 11'apparlie11l plus so11 dó-
a
bileur, el se lrouve eles lors souslrail s011 clroit de gage général. l~l 11ous
' .
Pl\IVILEGES SPECIAUX SU!\ LES 11EUI3LES 809
don11ons la 111cn1e sol11tion au cas de ver1te no11 suivie de traclilio11 ; 110n
seulement, l'aclieleur qui a revendu le n1euble in1payé n'en esl pl11s pro-
priétaire, n1ais ce n'est pas n1cn1e un possessr.ur; c'est désorn1ais un sin1ple
détenleur, posséda11t au 1ioni du sous-acquéreur.
Cette controverse ne présente pas, du reste, grand intéret pratiq11e.
E11 effet, ta11t que le prix reste du, le ,·endeur n'a aucun intérct a in-
voq11er un 1)réte11du droit de suite contre le so11s-acquére11r; car il con-
ser,,c, ainsi q11e nous allons le voir, son droit ele préférence sur le prix.
Et, cl'autre part, une fois que le prix a été acquitté entre les mains de
l'acl1eteur, il arrive toujours, en fait, que l'ol)jet est 1)arve11u en la pos-
session du sous-acquéreur, et con1n1e il est presque impossible de prou-
ver la mauvaise foi de ce dernier, la faculté d'exercer un droit de
suite a son encontre est puren1ent théorique. Néann1oins, la Cour de
. cassation a eu l'occasion de se prono11ccr s11r la c111estion, et elle a sane.
tionné le systeme que no11s cléfendons. L'espece qui l11i était soun1ise
n1érite d'etre rapportée. Un lJailleur avait vendu U SOil fermier, apres esti-
n1ation contradictoire, un n1atériel agricole pour l'exploitalio11 du fonds;
puis, apres l'expiration du bail, il avait repris ce n1atériel en paie1nent de
sa créance du prix. Or, parn1i les uste11siles ainsi revendus par le fermier a
son ancien bailleur se trouvaient des i11stru111en ts agricoles achetés un a
tiers et non payés, cela au vu et au su du bailleur. La mauvaise foi de ce
dernier étant étalJlie, le vendeur eles instr11ments pouvait-il les saisir entre
les n1ains de l'ancien baille11r? La Cour supren1e a répondu négativen1er1t,

par ce motif que le privilege donne a11 ,·endeur le droit de se faire payer par
préférence sur le prix des effets vendus, lorsqu'il peut les saisir en la pos-
session de son dé!Jiteur ou en arrcter le prix entre les n1ains des tiers, r11ais
1ie l' autorise pas a po11rs1iivre le reco1ivreme11t de sa créa,ice co,ilre les tiers
acq1ié1·e1i1·s ele CC$ effeis (Civ., 19 février 1894, D. P. 94.r .4r3, S. 95.1.457,
note de M. ,,ral1l).
11 convient cl'ajo11ter qu'il y a exception aux princi1Jes de la n1atiere dans
la disposi tion <le l' articlc 2 2, 1 •• alinéa, ele la loi el u 1 7 n1ars 1909, rela-
ti ve:\ la ve11.le el azi 11a1ilisse1nent eles fo1ids de co111n1erce. Ce texte, en effet,
décide r¡ue le l)rivilegc clu ,·ende11r d'11n fo11cls de co111r11crce non payé siiil
le fonds e,i 1¡1ielq1ies mai11s qzi'il JJasse.

Droit de préférence du vendeur sur le prix du meuble revendu.


- Quoi flu'il e11 soil de cetle co11lroverse, il faut décidcr f{UC le vendcur
co11serve so11 droit de préfére11ce sur le prix de l'objct revc11du par l'ache-
te11r, lanl c¡11'il 11'a llas élé versé enlre les 111aius ele cel11i-ci. J)ourtant,
ici c11core il y a c11 c111clc¡11e llo11le, el cerlai11s aute11rs 011t prétcndu éta-
blir 1111e clisli11clion e11trc le cas efe saisie et cel11i d'aliénatio11 volontairc ;
le privilege lle l)OIIVUllt <l'apres eux clre invoc111é c¡ue dans la pre111iere
sil11alion. l\ilais ccllc clislinclion, co11trairc ?1 la tradilion, n'a aucune raison
d'elre. Le privilege cl11 vr.11cleur a po11r résultal d'ass11rcr le paien1ent de
cel11i-ci s1ír le ¡irix tic l'olJjr.t, par prófércnce a11x a11tres créa11ciers de l'a•
cl1ele11r, Jlarcc 1111e c'esl le vc11dc11r q11i a 111is la cl1ose clans le patrimoine du
8 10 LIVRE III, TlTRE II. - '
DEUXIEl\lE PARTIR. - CH:\.PITRE PRE11IEI\

tlébilet1r. On -11e sa11ra1il clone lui refuscr ccttc faveu.r Lant e111e le pri.x: reste d.;11.
'l'o.ulefois, il ne seraiiit pas e:x.act d'affirn1er r4ue le privilege s111.Jsiste lant
que le ¡~rix de111eure in1paJé. E11 réalilé, il ne peu t. etre in,·oqué que sur le
prix ele la JJrc111iel"e re11cnle et 11011 s11r cel11i <les rcYc11tcs s-i1ccessiv,es. No.11s
faisons allusion ainsi au cas 011 le s011s-acquéreur aurait reve11d11 á son lo11r,
t111e troisiet11c fois, l'objet c11 qi1.cstion. L'h.1·pothesc 11c se rencontTcra pas
souvc11t pot1r les veriles <l'efl'cts rr1ol)ilicrs, q11i se font ordi11airc111cnt au
co111¡1ta11L, n1ais elle pct1L se prt':scntcr aucas ele cess-ion d'office 111i11istériel.
()n su¡1posera lrois lrar1s111issions successivcs ele l'office, de f 3 ri1111ts Secun- a
¡{us, de Sccu11d11s it Te,-tius, de 1'c1·ti1is á Q11a1·lus, sa11s qu'aucurt prix nit été
a
¡1ayé. P1·in111s ne peul pas -de111aneler elre 11a1·é sur Je pvix du á 1'.erlillS, par,-··
préfére11ce aux a u tres cróa11ciers de son dé.J)i teur .Secu11¡fus. Cette solulion
nég·ati,e rés11lle clu raiso1111e111ent sui,·a11t: Il n'y a pas de droit de suite en
n1atiere ele 111c11lJles; done le pri,il<'·ge du pre111ier ct'·dant ne ¡Jorte que sur le
prix dti ú son cessio11r1aire Scc111iclus, n1ais non sur Je prix dti it Terlius.
Sct1l, lP ccssit)r111aire ,Sect111d11s a privilt'.~ge sur ce ¡1rix. Sans doute Pri,rius
¡1eu L i11 ,or1 uer, e11 verlu de l 'article 1166,Je droit de 1iréférru1ce ap¡)arlc11a11t a
so11 cl(ilJileur, 1r.1ais i,l cloil parlag·er le lJénéfice ele ·son actio11 avec les at1tres
créa11ciers ele Sec1111(!us, co11for111c'•111en,t a11x regles de l'actio11 indirocte (Ci,·.,
8 aout r86o, D. I>. 60.1.3¡7, note ele fil. Brésillion, S. 60.1.845).

Cas ou l'ach·eteur a remis la chose A un tiers a titre de dépót, de


commo~at ou de gage. - Xous avons vu que, -Lanl que l'acl1elet1r der11eure
prop1·iélaire de l'objel ¡1ar luí acc11-1-is, le ,·e11dcur pcul inv0q11er son 11rivi-
lege. 11 co11se1,·e clo11c le clroit ele saisir le r11euble, 1ne111e si celui-ci se tro11ve
entre les 111ai11s d'un ¡/élc11lc1t1" JJl",:caire, dé¡Jo·silaire, co1111r1c)elalaire, gagisle,
a11q11el l"aoheleur l'aurait rer.11is. E11,e-ll'el, C)Il ce-cas, l'cil.Jjcl fait Louj<JlI-I'S ¡>aa·-
lie clu JJntri111<)i11c clu déJJilc11r el reste le g.age ti.e ses créanc-iers.
Cc¡Jc11cla11L, le 1iri11ci11e e¡ue no11s Ye11011s ele forn111ler co111p0Tte u11e g·,1:ave
cxcc¡Jtio11. ,\11 cas ou l'objcl u1obilicr 110n ¡1aJé .a-w,rait été re111is ¡1ar l'acl1e-
a
leur, u litre de 1i111ilisse111e11l, un liers iy11ora11l l'cxiste,zce du ,priviJt\qe du
Pe11de1i1·, le J)l'iYilege Ju créa11cicr g·ag·istc ilr.ii11orail ccJ.11j ti.u vcncJeur. En
clfel, le créa11cier gagisle, co11s.itlt'.•J·t'.• co11111ac tcl, es!., au rcga11cl ~les tiers, ,un
a
v{~rital1le 11osscsse11r, 1111i ¡icul se ¡Jrévaloir Jc-u1· cuoor1Lre ,de la regJ,e: li:n
fait de 111e11l)lcs p1Jsscssion va11t Litre. 1,'arlicle 210:i-!1º, 3• al., é11011cc
cxpressé111c11t ccllc Sl>lutio11 clar1s le cas <le eo11fliL c11lrc le l1aillo1i11· et le
,·ende111; eles cll'els u1obilinrs introclui Ls 1Jar le J.oca-la.irc ,011 fer1ui-er dans les
licux loués (V ..11otc de i\,I. de Loy11cs, so11s Civ., :.i5 uovc111l>re I!JOí, D. P.
I !)Og. I , 5 j).

11. Deuxieme cause d'extinotion: Parte <le la chose. -- Eviclem-


n1c11L, le privil<''.ge du ,·e11lle11r s'étei11l si la ,cl1osc r¡ui e11 cst grcvt'ie vic11l u
a
elisparaitre. Ccpenda11t, la loi elu 19 février 188_9, relalivc l'alL!'iliuLio11 des
i11elcr1111ilés el11es pnr su.ilc d'assura11ces, a apporlé ici (arl. :i) un ,1c.ui,eux
corrcclif a11x co11séquc11ccs découla11l du 1>ri11cipe, 011 tlécidaul que. si l'objct
avail été ass1t1"é par l'acheleur, le Jlrivllcge d11 vcndeur s'c.xcrcer11it sur I'i11-
dem1tilé d'assurance.
' ,
PllIVIL1'.'GES SPECIAEX S'Cll LES :IIEURLES 81 l
.C. Troisieme cause d'extinction: Transformation matérielle de
l'objet ventlu. - Le 1,1·ivil('>g·c ll11 ,·e11dcur -s'éLeint encore - cette sol11tion
n'cst for111ulée J)ar aucu11 Lexte, 111ais s'impose en ,·ertu d'une vérital)le
11éccs::;ilé ralio11ncll<' - Ior,-;l¡ue lacl1ose a perd11 son i11dividualité, par suite
eles lra11sfllr111ations c111'elle a s11l)ics, car elle cesse a,lors d'exister j11ridique-
111c11l. 01111c 11eut dire, s11iva11l les l.cr111es de l'article :>.101-!1º, q11'elle est
(( c11corc c11 la ¡1ossessio11 du déLileur n; clic 11')· est JJl11s !elle 1¡11cllc. En
réalit(·, la cl1osc s11r Iac¡11cllc ¡)orlail le Jlrivili'·gc a (:té 11cr1!11c. 1\insi, le grairt
esl lra11sf(>r111é en fari11c, la farinc c11 pai11, la vc11dang·e en ,·i11 1 .Lc ,·er1clcur
ll11 g·rai11, de la fari11e, des raisir1,; a 11erdu so11 11rivilt•g·e. 11 en est de 1111\n1e
a
des 111a!ériaux ele co11slr1ictio1i c¡ui or1L été e111rJloyés l'édificatio11 ll'1111c !}a-
lisse, des y{>gétaux <111i out servia des ¡)lantations. (~es 111atériaux OlI Yégé-
tat1x perdcnt lcur i11cli,iclunlité el dc, ier111er1l partic int{g·rantc de lºi111-
0

111eul>lc. lis 11c s011l clo11c pli1s le g·age spécial de cclui c1ui les a,ail ,c11dus .

l◄'aul-il c11 clire a11la11t cla11s le cas oú le ¡)ro¡1ri(·taire a <lonnó alIX 111c11l>les
11011 ¡>r1y/.s Je caract('-rP1l'i111111c1túlcs ¡Jc1r clcsti11aliu11,c11 les ¡)!:u:a11L s11r 1111 J'o11cls
_¡\ ¡1cr¡1t'•t11ellc cle111c11re, ¡1011r :ser,ir :'t son exJ1loilalio11 i11cluslric•Jle, con1-
111ercialc, agricolc :' .\011 certai11Pn1cnt. Le ruc11l1lc, in1n1ol)ilisi· ¡1ar clesti-
11alio11, cha11gc IJic11 lle r¡ualill: j11ricli1¡11c, 111ais il de111curc 111at{riclle111e11t
reco1111ai;.;sal)le. Se11lc111e11l, e11 ¡1areil cas, si l'i111111el1!Jle a11q11el il est alta-
cl1é c:-l g·rcvé cl'u11 11riYilt'·ge <JU d'ur1e l1yr>0Ll1l·q11e, le droit des créancicrs
¡1ri,ill\g·iés 011 l1y¡iotl1écaire,; 1)rin1e celt1i dt1 ,·c11clcur (Rcc1., r I jar1vicr 1887,
D. P. 87.1.394, S. 8,.1.154). Cela rés11llc d11 Lcxle (art. 2133) ll'a¡Jres lequel_
(< l'l1y¡1olh1_•tjl1e s'éte111l ¡\ toules les a111i·lioralions surve11ucs á I'i111111c11ble

l1y1Jolhét¡11é ». 1\ lJUoi la Cour ele cassatio11 ajoule c¡uc le vendel1r 110n


¡ia)·t'\ 11c ¡iourrail 11as 110n 11l11s, ¡1011r é,·itcr le droit de ¡1référencc eles
cri•ar1ciers i11scrits sur l'i111n1eu!Jle, clen1a11dcr la résolulion ele la ve11lc au
pri'.-jullicc des cri·111cicrs susdils. i'\lais ccllc clcrniere sol11tio11 nous parait
a
asscz clifficile défc11llrc; il 11'y a pas ici de tcxlc, analog11e ¡\ l'articlc 7 de
la loi cl11 :13 11131"S 1855, lianl, Cll 111alierc 111(Jbilierc, le sort de l'aclio11 réso-
lutoirc 11 ccl11i du 11riYilegc, et 011 11c ,oit pas des lors sur c¡ucl argu111cnt
'
clécisif se fo11de la Cc)ur supre1nc l)Our écarlcr l'applicatio11 des arliclcs 1184
et ¡(i;it¡.

D. Quatrieme cause d'extinction : Faillite de l'acheteur. - L'ru:-


Liclc 550 1ler11icr ali11éa tlt1 Codc tic co111111crcc décidc q11c le privilege du
vcr1rlc11r d'cll'cts 111ol)ilicrs 11c ¡Jcut ctrc cxcrcé contrc la faillile. La raison
en csl l¡uc les 111arcl1a11dises cl11 failli forn1cr1L cr1 général le gagc presque
uniquc tic ses créancicrs, et qu'il scrai L IJClI éc1ui La lile de préférer le vendeur
aux aut.rcs créanciers s11r ce gage q11'ils 011l lo11s cscon1plé.
I1 011rla11l la loi clu 17 111ars 1909, rclative .i la vc11te des fo11tls tic commerce,
a éc.1rlé la rlispositio11 tlc l'arliclc 550 clu Codc de comn1crce pour les fonds
de co1111nerce. Le vc11de11r cl'11n fonds lleut do11c opposer son privilcge aux
autrcs créa11ciers de la faillilc. Cctlc loi 11'a fait• d'aillcurs e11 somn1c que
1. Nous verrons cr.penclant l>ieutót une exccplion il la regle e11 faveur du vendeur de
semences .(nrt. ji02-1•, 4' ni.).
Ll,'RE 111, - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE PARTIE. - CIIAPITRE PREl\llER

consacrer st1r ce point l'élat de cl1oses llréexistant. En effet, en pratique,


les vendeurs de fonds de con1n1erce, pot1r éviler l'application de l'article 550,
ne n1anqt1aient pas de se faire cor1stituer 11n droit de gage sur le fonds
vendu, llroit de gage qui était opposal)!e á la n1asse. Cette clause, peul-on
dire, est dorénavant sot1s-entendue.
La loi nou,·elle a organisé, d'at1tre llart, d'u11e fac;o11 sérieuse, la ptrblicité
d11 privilege, afin de le portera la co11naissance des autres créar1ciers du
con1 n1erc;an t.
On re111arc1uera ici une clifl'ére11ce i 111porlante entre le privilege du ven-
det1r et celui llu bailleur. Co11trairen1ent á ce qu'elle décide pour le ven-
de11r, la loi con1111erciale laisse subsister le privilege clu bailleur sur les
n1archandises du con1n1erc;ant failli, ainsi que nous l'avons dít ci-dessus.
On ne peut expliquer cette différe11ce de traiten1ent que par la faveur a,·ec
laq11elle le législateur, en raison ele le11r inlluence socíale, a tot1jours traité
les l)ailleurs cl'in1111eul)les.

11. - De l'action en revendication du vendeur de meubles.

Natura juridique de cette action. - Le Cocle civil, nous l'a,·ons dit,


a laisst st1bsisler l'actio11 en revendication que l'ancie11 Droit accordait au
vendeur de n1eubles at1 cas de ,·e11te faite sans tern1e (art. 176, Cout. ele
Paris). « Si la ven le a été faite sa11s tcr111e, llít l'article 2102-!1°, 2• alinéa, le
venclet1r peut n1e1ne re,·encliquer les,effets, tant c¡u'íls sont e11 la possession
de l'acl1ete11r, et e11 en1pecl1er la revente, pourvu que la revendicalion soit
faite cla11s la l1uilai11e de la livraison, et q11e les effets se trouvent dans le
n1cn1e état da11s lec¡11el celle livraiso11 a été faite.»
C'est llt u11e survivar1ce c¡11i 11'a guere de raison d'elre.
'I'ot1l ll'aborcl, e11 effel, cetle aclion er1 revendication fait doul)le e111ploi,
sen1ble-l-il, avec le privilege, puisque celt1i-ci est donné at1jourd'h11i ¡\ lot1t
ve11cleur avec ou sa11s ler111e. L'aclio11 en reve11dicalio11 ne prén1u11it le ve11-
dcur c¡11e contre 1111 ¡)éril lo11t ii fail s¡lécial el rare, l1 savoir cel11i cl'1111c
reve11le ¡lréci¡1ilée ele l'olijel vcnclu eíl'ecluée par l'acl1etet1r, et acco111pag11{e
ll11 regle111e11l i111111éelial cl11 prix ele revenle e11lre ses n1air1s.
D'a11lre parl, la conceplio11 11011vclle ado¡1lée par le Coclc c¡11a11l a11 111on1e11l
ot't la ve11Le o¡ltire lra11sfcrl ele pro¡Jri{\lé (arl. 1138) fail c1t1c l'aclio11 e11 rcve11-
dicatio11 lle l'arliclc :i 10~-!1° se ¡)rt'·se11le a11jourcl'l111i co111111c 11ne vórilal1lc
a110111alic. l)a11s 11olre a11cier1 l)roil, elle t'.~lail 1111e a¡)¡llicatio11 elu ¡lri11ci1)e
alors 011 vigue11r; 011 suivail, en cfl'cl, la rt)glc ú11011céc ¡lar les l11stil11lcs
(!11, /Je rer1tr11 cli1.1isio11e, 11. 1). 1,a cl1ose ver1lluc el livrt'~e 1'1 l'acl1etc11r ne de-
vc11ail sa ¡Jropriété c¡11'a11 1110111e11l 011 il e11 Jlayail le prix. l,e vc11cle11r étant
jus<¡11c-lá resté llropriélaire, il élail logique ti<) lui ¡>ern1ellrc cl'i11lc11lcr
l'actio11 e11 reve11clication, s'il 11'avail ¡)as co11céllé ele lcr111e 1\ l'acc¡11érc11r.
J\,lais a11jo11rcl'l111i, la ¡Jro¡>riélé esl lransférée a11 1110111e11l 1r11'n1e llt1 conlral,
el, par CC)Ilséc¡ue11l, le vc11llc111· 11e J)e11l pas rcvcnclic¡11er t111 elroil de ¡>ro¡>riélú
donl il 11'csl pl11s Lilulairc.
La co11lracliclio11 c¡ue 11011s sig11alo11s a J¡ca11co11¡J i11Lrig11é les co111111e11la-
' ,
PRIVILEGES SPECIAVX SUR LES l\lEU!lLES

tours de l'arlicle 2102-4°, 2° ali11éa. \'ainen1ent certains d'e11Lrc ct1x 011L-ils


a
ente11du ratlacl1cr le elroil ele revendicatio11 dt1 ,,endcur une soi-disant ré-
solution ele la vente pour défaut de paien1ent du prix (art. 1654). Le texte
111e111e ele l'article 2102-4º dé111e11L cettc explication, en 11ous clisa11t que le
vendeur, qui revendique la chose non ¡Ja)·ée, le fait, non pas pour la repren-
(lrc, 111ais seulen1e11t pour <e en e111¡Jec\1er la reve11Le >> 1Jar l'acl1elet1r. De
plt1s, si le elroit de revenelicalio11 étail u11e ap1Jlicalio11 ele l'action résolu-
toire ele l'article 1654, on ne s'ex¡Jlir¡11crait pas co111111c11t la loi 11e l'aeln1et-
lrail e¡ue elans l'l1ypoll1esc el'11nc vcr1tc au complant, le príncipe ele la réso-
lution pour inexécution clu contrat étant alJsolu111ent gé11éralet 5'a¡Jpliquant
a toutes les ,•entes sa11s distinction.
La seule justification plausible c1u'on ait ¡Ju don11cr de ce droit de reve11-
a
dication co11siste dire qu'il s'agil ici dºune action a11alogue cclle que le a
n1cme articlc 2 ro2 donne au IJaillcur d'ir11n1et1\Jles, lorsque le locataire ou
ferr11ier a déplacé les n1e11]Jles garnissant les licux lo11és, et que le 1º de
l'arlicle désigne aussi sous le 11on1 de revc11elicatio11. Or, ce que le bailleur
rcve11elique, ce n·est pas, }Jie11 entcncl11, la propriéLé des 111eubles, 111ais la
possession de son clroit de gage taci te. De 111e111e, eli t-011, ce que le ,·endeur
re,,eudique, ce n'est pas, non ¡Jlus,. la propriété de l'o}Jjet ,,endu, n1ais la
¡>ossessio,i matérielle de la cl1ose, ql)'il a imprude111111ent abando11née en
renonc;ant au droit de rétention c¡ue lui donne l'arlicle 1612 du Code civil.
a
11 de1nande re11Lrer da11s sa siluation de vendeur sans lerme, recouvrer, a
par conséquent, la elétention de la cl1ose jusqu'au jour ou il sera payé. En.
un mot, il reve,idique le droit de r6te11tio11.
L'explication proposée est ingénie11se, et elle est rendue tres ,·rai-
sc111IJlalJ!e ¡Jar le se11s do1111é a11 111ot reve11dicatio11 ela11s l'article 2102-1°,
t1• ali11éa. On objecle, il cst vrai, e¡ue le baille11r est 1111 gagiste, jouissant
cl'u11 tlroil réel sur la cl1ose, ta11dis q11e le ve11deur 11'a pas de elroit se111bla-
lJle; que jamais le droit to11t exceptionnel de rétention n'a autorisé la re-
a
,·endicatio11. i\lais 011 pcut ré¡Jo11dre l'objection c1t1c le IJailleur 11'est pas
t111 ,·rai créancicr gagisle; car il 11'a ¡Jas la ¡Jossessio11 efl'eclivc lle la cl1ose.
L'icl<'-c <l'u11c constit11Lio11 tic gage tacile, par laqt1elle 011 juslifie le privi-
lege <111 )Jaille11r, 11'cst e11 so111111e r¡u'u11e explicatio11 purc111ent eloctri-
11ale. ,\11 fonel, le elroit ele rcvenclicatio11 cl11 )Jaille11r el celui d11 vendet1r de
111e11JJ\es l!C s'ex¡>lir¡11e11t 11i plt1s 111al 11i n1ict1x l'u11 <¡ne l'autre. La 111eilleure
j11stilicatio11 lecl111ique c¡11'011 puisse e11 dou11er co11sisle e11core lt y voir 11ne
vi11rlicaliu ¡10s ses sio,iis.

Conditions d'exercice de la revendication. - Les co11ditions re-


r111iscs 11our l'excrcice ele la reve11dicali(JI1 c11 renLlc11l l't1tilisalio11 peu fré-
(¡11c11Le. J<:lles so11l, e11 efl'el., assez SL'.V(\res:
.\. -11 fa11t c111e la vc11tc ait. étó faite sa11s fcr111e. ()11 se s011vie11t r¡11c c'est
aussi ,'1 C<\llt\ co11tlilio11 sc11le111c11l <[llC le vc11tle11r )Jé11élicic clu liroit ele réle11-
tio11 (arl. 1ü11) (arg11111e11L cl<i ¡Jlus n11 fa,·eur <le l'explicalio11 clo1111ée ci-
rlcss11s),
li. - 11 fau l <¡ 11c la e hose soil c11curl! e11 lll ¡iossessio11 lit! l'aclteleiir. La re-
LI,'IIE Ifl. - TITRE II. - '
DEUXIEME Pc.\.RTlE:. - CII,\l'ITRE PI\E)IIEI\

,·endicatiou a, e11 ell'et, pour but, comn1e le clit l'arlicle :.i 102, cl'e1111Jecl1er la
re'óeule dP- la chose. llappelous que noLre a11cie11 Droit se 111011trail ¡ilus
large, et 1Jer111etlait au ,encleur ele reYc11d ic1uer r11en1e entre les 111ai11s des
tiers acq11éreurs ( ce qui líen¡ tt ce q11'il élail resté propriélaire).
C. - ll faut que la cl1ose se trouYe « cl1i1is le 111e1ne état cla11s lcf¡uel la
liYraiso11 a été faite n. Si done, elle a été l'olJjet d'une lra.11sfo1·111alio11 111até-
rielle, c¡ui e11 a fait un oh-jet t1ou,eu11, la reve11dication n'est plus possible.
D. - ll fa11t cnfin que la reve11<licatior1 soit fa-ite « clatts la l1ciilr1i11e ele la
liu1·aiso1i n. La brieveté de ce d~lai se co111¡Jrend aisémel'lt. Si le Ye11clcur reste
plus longtemps sans agir, c'est qu'il a co11liance da11s la solvabilité de
a
l'acl1eteur, c'est qu'il accorcle celui-ci tern1e et clélai. JI ne peut dor1c JJlus
' l01r
se preva ' d'u11 b'ene'fiice reserve
' ' exc l11s1ve111ent
. a11 ,,en·<leur a11 con1ptant.

E:ft'et de la revendication. - La rever1clicatior1 remet le ,·e11deur dans


la positio11 oi'1 il se tro11vait avar1l cf'ayoir liYré la chose. 11 recot1vre le droit
de rétention, et peut refuserdese dessaisir j11sqt1'at1 versement du prix.l\'Iais
la vente 11'est pas résolt1e; }e vendeur pe11t clone, s'il le ,,eut, co11trai11dre
l'achete11r, par toutes les vc,ies de droit, lt prcndre livraison moye11nant paie-
ment. l\'Iais, bien entendu, s'il le préférait, le ,·endeu:r po11rrait den1ander
la résolution du co,ntrat (art. r65t,).

Suppression de la revendieation au e-as de faillite ou de liquida-


tion judicíaire de l'acheteur. - De meine qtt'·¡:p écarte le· privilege du
vendeur de n1et1bles e11 111atiere ele faillite, l'arricle 550 in jine cl11 Code ele
con1n1erce exclut dans ce cas 1•·aetion en revendication de l'article 2 102-!1º.
La raison er1 est la n1enie. Les marct1a11dises du commerc;ant sont l'élé1nent
principal ele son crédit ; ceux q11i ont traité 1\Vec lui ont done compté s11r
ce gage. Le fo11rnisseur, c111i a commis firnprndence de ne pas se faire payer,
ne peut soustraire les n1archa11dises par lui fiYrées· aux créanciers. q11i se-
raient er1 droit de luí reprocher d~avotr canse leur décor1venue, en créant
au débitet1r co1nmu11 un créclit apparent sur la foi cluquel ils ont traité.

§ 3. - A11tre11 1•1·lvlle_,el!f moblllea•s l!tpéela11x.

Nous avons consacré des ¡1aragrapt1es spécia-i1x a11x cl'eux: i1nporta11ts pri-
viJccres
~
dt1 ú1liflettr 1fir11nieablcs et cl11 vcnlleu,·
.
de rnettble~ ~ ce so11t en effet
'les plus représe11talifs, 1'1111 <l'un privilege fo11clé sur l"enri-cl1issen1ent clu
clébite 11 r par le créancier, l'a11tre cl'11r1 privil<')ge fo11dé Stll' u11e iclée ¡1lus ou
111 oins tl1éoriq11e de 11 a11Lisse1ne11t Lncile. Not1s rnssen1l)lons 111air1ter1n11t er1
lln paragrapt1e11ntq11e les autrcs privilcges n1obiliers SJJécinux,clo11t I'in1por-
tance cloclrinale esl lfJir1 cl'égaler celle eles précéclents.
Aj<)UtOIIS q11e, pnr1ni CCIIX 1le ces privilcges q11'é11umcre le Coclc civil, llOUS
ne parlero11s }lllS de cel11i cl11 créancicr gagisle s11r le gagc clo11t il est saisi
(art. 2t¡o 2-2°). No11s nons contentons, e11 ce qui le co11ccrr1e, de rc11voycr a
110s dévcloppe111e11ls anléric11rs rclalil's a11 gagc.
'
PBIVILEGES '
SPECl,lUX Sl'll LES JIEIJHLES

l. -· Privilege des sommes dues pour les semences ou pour


les frais de la récolte de l'année.
Les so111rr1es dues polir les sen1e1ices ou les Jrciis de !et récolle ele l'an,iée
so11t 11rivilégiées sur le prix de cette- récolte et payées avant to11tes autres
créances, merne a,,antcelle d11 lJai'Jle11rcle l'in1111e11!Jle, si le débiteur cst un
fer111ier (art. 2,102-1º, !¡º al.).
• La raison, de ce privilege est c¡11e les créa11ciers de ces somn1es ont Jait
rraitre ou C(l)nservé la ,,écolte dan•s le patri1noine du débi teur ; if est don'C
j11ste qu'ii}s: soient payés les premiers sur son prix:.
tes expressions employées par la loi comprennent:
1•º La créance du vendeu·r de semences, lequel est privilégié, on le voit,
non pas seu:tement comn1e un ,·e11deur ordinai-re, s11r la chose -vendue, n1ais
sur la récolte que ces sen1e11ces 011t produile. 11 y a lit une exception re111ar-
qualile au príncipe q11e le privilege du vendeur disparait e11 cas de tra11sfor-
n1ation de }a eh.ose ve11due.
2º La créance des travailleurs q11i ont participé au laliour et it l'cnsP-n1en-

ce111ent des terres, a11x soi11s exigés pour la préparatio11 de la récolte. et enfin
a fa levée et ii l'a rentrée de celle-ci, y con1pris le !Jattage des grains (Req.,
2 7 j11iilet 1897, D. P. 9-8., .334, S. 1902. 1~23). IJiusieurs décisions (Bordeaux,

1•rjanvier 1872, D. P. 73.2.14; 5 aoCrt 1896, D. P. 97.2.4oo)ont111cmecon-


céelé le privilege au ,·endeur de barric¡ues desti11ées it loger le vi11 de l'a11née,
solution que donnait déja Pothier, dans notre ancien Droit, car, disait-il, ·
Ies tonneaux servent a conserver le vin a tous les créanciers ( Trailé de la '

p,·océlllll'C civile, ,1.. 483-l~º).


011 refuse a11 contraire le priviiege aux ve,idelll'S d'e,igrais, parce que, di t-
on, ils enricllissent le sol pour plusieurs récoltes, et q11'on ne doil pas faire
sup¡Jorter le prix de leur fourniture it la seule récolle de l'année (lleq., 9 110-
vembre , 857, D. P. 58'. 1 .3o; S. 58. 1 ,49).
Lorsque les lravaille11rs employés aux travaux de Ia terre so11t des gens
de scrvice de l'agric11lteur, ils jouisse11t déjit d'un privilege général sur les
bie11s de celui-ci (art. 2101-4º). Le privilcge sur la récolte de l'année s'ajoute
(fonc 11 teur privilcge gértéral. No11s verro11s bie11tt,t e1u'il constituo ur1e ga-
rantie supérieure, parce c¡11e, clans le classen1e11t des privilcges,les ¡Jrivileges
spéc.iaux passent avant les généraux. ,1ais cel ava11tage 11'ap¡ia1·tient aux
scrviteurs ele l'agriculteur qu'a la cooditio11 ele 1Jrouver que les salaires
q11'ils réclame11t provie1111e11t cxclusive1nent de travaux faits pour la récolte
de l'annéc (Civ., 18 j11i11 1889, D. P. 89.1.399, S. 90.1.68; Req., 15 juin
18n8, D. J>. 98.1.499, S. !)!),1,127).
Co1n1r1e les autres privileges 111obilie1·s, cel11i des four11isseurs de semences
et cl'es cróanciers pour frais de récolte 11'emporte pas de droit cie s11ite. 11
s'étei11t <les que la récolte csl sortie de la possessio11 de l'agriculte11r (lleq.,
6 1r1ai l!)OI, D. 1>, 1!)02 1.494, S. 1902.1.275; 21 cléce111!Jre 1910, D. IJ. 1912,
1.:.i3, S. 1 \Jt 2_.1. 189). Mais, lant c¡11c la récolte, 111c1ne ve11due, est c11cé're e11-
tre les 111ains ele l'agriculteur, la j11risprude11ce adwet c111c rie11 ne s'oppose
a. l'cxcrcicc du privill\ge (Civ., 11 juillct 186!1, D.}>. 6/1,1,/188, S. 64.1.311;
LIVRE 111, - TITI\E 11, - '
DEUXIE~IE PARTIE. - CllAPITRE PI\E~IIER

'l'rib. Cl1atea11ro11x, 19 juin 1899, S. 1900.2.217). Nous croyons cette solu-


tion plus que co11lestable, car les privilegcs n1obiliers, 11ous l'avo11s vu,
ne sont pas, sauf cclui du gagiste, des droits récls, et 110 conferent a11cun
droit de suite (''. note de :\l. 1'issicr sous 'l'rib. Cl1atca11ro11x, précité,
S. 1900.2.217; lleq., 17 juillet 1897, n1otifs, précité).
~otre privilegc appcllc une clernierc olJservation. Certains autcurs, ar-
guar1t de la place ot'1 il se trouve é11011cé, s011tic11ne11t qu'il n'existe que
dans le cas ot'1 l'i1n111euble esl exploité par 1i1i fer,riier. et 01'1 il )' a conflit
entre le IJailleur et les créa11ciers 1Jour se111ences 011 frais de récolte. lis re-
fusent de l'appliquer lorsL1ue le fo11ds appartient a 11n propriétaire qui le
cultive, ou le fait cultivcr pour son compte. Cette interprétation puren1ent
littérale 11ous parait inacceptable, parce qu'elle alJoutit une distinction a
absolun1cnt illogique, étant donnés les motifs sur lesquels le privilege est
ro11dé.

11. - Frais faits pour la conservation de la chose (,\.rt. 2102-3°).


Origine et caractere mobilier de ce privilege. - L'origine de ce
1Jrivilcge re111011te a11 Droit ro111ai11; 111ais il 11'y existait que pour les répara-
tions 011 reconstr11clions faites aux 11avires ou aux 111aiso11s (art. 24, S 1, 26
D. 1le reúi1s a11clorilale j1t(licis, XLII, 5). E11 outrc, c'était un privilegi1im i1i-
ter perso,iales actio,zes.
Da11s notro a11cien Droit,on tro11vc cliverscs a1Jplications de ce privilege du
co11scrvaleur ele la cl1ose (\'-. notan1n1ent Potl1ier, Trailé lle la procécliire ci-
l'ile. 11º' !167, t183-t1º, t,86; 1'railé ll1i prel ci llt grosse aiie,iture, nº 53; D0111at,
liv. 3, tit. 1, sect. 5, nº 6), 111ais nullc part ele regle gé11éralc con11nc celle
(¡11'éno11cc a11jo11rcl'l111i l'article 2102-3°. Dans tous les cas, cepcnda11t, 110s
ancic11s a11tcurs acln1etlaie11L c¡uc cclui qui avait fait des in1per1ses pour la
conservatio11 cl'1111c cl1ose se tro11vant e11 sa posscssio11 avait sur elle u11
clroit de rélentio11 pour se fairc ren1IJ011rscr (IJotl1icr, Traité clu ¡>rill 1i
11sar1e, 11º t,3).
Le prcijcL ele Coclc civil 110 111cr1tio1111ait })as le 1Jrivill~gc eles frais u.e
cc)nscrvalion. (:·csl lc 'J'rilJ1111aL (¡11i l'i11Lrc)Ll11isil, c11 cas ele d1\co11fit11rc u.u
clt'·l>ilc11r,c11 faisa11t rc111art¡1H•r co111IJic11 il cst juste ele IJréfércr aux a11lrcs le
créancicr ([IIi a conservt'•. it la 111assc 1111 tics éléntcnls cl11 gago co111n11111.
<:e ¡>rivilt\f/C ,re s'a¡1¡1li1¡11c 1111jo1trcl'/111i 111i'rz11.c 111c1tbles el 1101i,111xi111111c1ibles,
1lill't\rc11cc assez 1liflicile i't cx¡ilic111cr. 11 csl vrai 1¡11c ccLLc sol11Lici11 SP lrri11vc
atló1111éc ¡)ar l'articlc :1110 q11i 1!011110 1111 ¡)rivilt':gc aux arcl1ilccles, cnlrc1Jre-
11c11rs cl 111a1:ons,¡H111r les Lrava11x <le c1J11str11cli(JII 1111. 1le r1:¡>ar11/io11 <les J¡¡ili-
111c11ls 1111 a11LrPs 011,·ragcs. 11 11·1~11 sulisisl<) 11as 111oi11s c¡uc les Lravaux ele
rt'•parali1111 fails ~11r 1111 i111n1n111Jle 11ar 1111 l.icr,;, ¡1ar exe111plc, ¡>ar le syrulic
d'1111c failliL<' (!ans l'i11l1\r1\L 1le la 111assr,, 11c c1111slil11cnl pas 1111e cri'~a,1c1! ¡i1·i-
vilógii':c <)11111isalilc a11x crí~ancir,rs l1)'potlu'•caircs (C:iv., :.i:i j11i11 18G'..!, 1). ll. 63.
r .'..!(¡:{, S. (i:\.1.·1c1;i; l'aris, 1:-, 111ivc111IJrc 187:i, 1). I>. 77.:i.!l!), S. 77.:.1.:.11¡8).
l,1: ¡>rivilt\g(• 1le l'arliclc :11<>·1-:~ s'a1i¡ili1¡11e c11 rcva11cl1c h loits le.~ 1111•11-
0

blcs sa11s 1lislincli1i11, 1111'ils snicnl a11i1111'•s 1111 i11a11i111és, cor¡>circls 011 incor-
' ,
Pl\IVILEGES SPECIAUX: SUR LES ~IEUBLES

l)orels; ainsi, les frais faits 1Jour la co11servalio11 ou le recouvren1e11t des


créanccs s011t n1u11is de ce privilege.

Que faut-il entendre par frais de conservation ? - Ces 111ols co111-


1Jre11ne11t toutes les dépe11ses faites 11ot1r e111pecl1er la cl1ose ele 11(\rir, de
Lon1J1er e11 ru i11es, ele s' (·Lei 11elre. 1\ insi, il fau t )' co1111Jre11d re les son1111es
a
elues 1111 vétérinaire pour les soi11s et la 11ot1rriture d'1111 cl1cval 111aladc
(Civ., 1!1 fé,rier 1900, D. P. 1900.1.1í5, S. 1900.1.rí6); ii t111111arécl1alfer-
rant pour le ferrage el'1111 cl1e,al ((laris, 6 aYril 1900, D. Jl. 1901.2.95,
S. 1900.2. 191); ii un r11e11uisier pour la réparalio11 el'u11 n1eulJle. De
111en1e le 111andalaire qui a fait des frais pour le recouvre111ent el'une cr~a11ce
jouit égaler11e11l ele ce privil<'·ge. 11 garantit aussi les frais el'acln1inistratio11
du sée1uestrc aue1ucl eles liicns 011t été re111is (l'rili. civ. Sei11e, 19 décen1bre
1906, D. [). l()Oí.2-í2). .
~lais ici lrois 0JJ;·ervalio11-; sont n(ccssaires:
1º 11 ne suffit pas r¡ue les fournilurcs aicnt e11 pour li11l la co11servatio11
de la cl1ose; il faut c1u'elles I'aient elfective111ent co11servée (Ileq., 1'' déce111-
]Jre 1908, D. Jl, 1909.1.56, S. 1909.1.í8).
2° r\ la dilférence des frais nécessaires a la conser, ation, les dé¡Je11scs
0

cl'a.mélioralio,i el'une cl1ose 11e sont pas ¡1rivilégiées. :\i11si, l'ouvrier qui a
donné ii un ol1jel sa for1ne et e11 a aug·n1enlé la valeur, l'inelt1slriel, <lit
faro1z1iier, e¡ui a peigné des lai11es ou transfor111é e11 Iaito11 des cui,res et
zincs bruts, ne jouit pas elu privilege de l'article 210'.>.-3° (Req ., 25 février ·
18í8, D. P. í8.1.302, S. í8,1.4ío; Paris, 4 janvier 1901, D. P. 1902.2.2í3,
note ele ~I. Dupuicl1). II est vrai, nous l'avo11s vt1, qu'il ]Jé11(\ficie d'1111 droit
de réte11lio11 qt1i, pralique111ent, a!Joutit dans la plupart des cas ii u11 résul-
tat idenlic1ue.
3° Les Con1pagó.ies el'assura11ces terrestres 011t souYent é111is la ¡)rélention
de se prévaloir, sur I'objet assuré, pour le paie1nent des prin1es <l'assura11ces,
<lt1 privilegc ele l'article 2102-3°, sous le prétexle que l'ass11ra11cc a })Our o!J-
jet de conserver la ,·aleur de la cl1ose dans le ¡lalrin1oi11e lle I'ass11ré. :\lais
la jurispr11ller1ce a re¡ioussé avec raiso11 cclle préte11tio11. !~11 ell'ct, la Co111¡)a-
g·nie 1i'afl1il a11c1t1ifrlzis })OUr la conservatio11 lle la cl1ose (Nole <le :\l. ,,·al1l
sous S. 1uo9.2.:>.gí, 11º 1\1 , \T. s1t¡ir11, Jl. G8o).

Eft'ets du privilege. - Le ¡irivilege <les frais <le conscrvatio11, e¡ua11<l


il existe sur 1111c cl1osc déte11uc ¡lar le créancier, vir.nl co111pléler le droil
rle réle11tio11 r¡11i a¡Jparlic11l ii cel11i-ci. 11 lui ¡ier111ct lle saisir le lJie11 el ll'i11-
Y<HJIIC)I' so11 droil lle pr(!férence, 1r1e111e q11a11ll il est s<1rti de ses 111ai11s el a
0

t)lé re111is ¡1ar l11i a11 propriétaire. ll 11c s't'!leinl r111e si la cl1use a (·té alié11ée
¡Jar ce dernier et livréc ii 1111 Liers. Encore 1)e11t-il s'exerccr sur le ¡Jrix, la11l
c¡ue cel11i-ci 11'est ¡1as payé.

111. - Privilege de 1·aubergiste.


L'a11!Jcrgisle, créa11cicr lles fo11r11il11rcs <¡11'il a fai tes a11x voyagc11rs et cl11
·ro:ne 11 52 .

818 LlVIIE III. - Tl1'RE II. -

DEUXIE~IE PARTIE. - CIIAPITRE PRE~IIER

Ioyer du loge111e11t l¡u'il leur a fot1r11i, a t1n ¡Jrivilege st1r les efrets lra11s-
. portés parceux-ci llans son aul1erge (art.2102-5°). Di verses qt1estio11s serout
.1c1. exa1111nees.
. ,

1º Fo1iclen1e11t el origi,ie llll ¡,rivilege. - Le privilege lle 1·aubergiste est


fondé sur une idée de gage tacitc ; le ,,oyageur clon11e en gagc a l 'l1ólelicr,
co111n1e garanlie de ses dépenscs, les cíl'cls lJt1'il apporlc avec lui. « C'est
une cs¡1ecc de na11tisse111ent », disaie11t nos a11ciens auteurs (Potl1ier, Trailé
ele la JJrocédure civile, 11º t182-2ºJ· Son origine rc111onlc e11 cíl'ct a notrc an-
cie11 Droit. 11 était consacré par l'article I í5 ele la Co11tu1ne de París: (( Dé-
a a
pens cl'l1ostelage livrés ¡1ar l1ostes pelerins ou leurs cl1eva11x sont privi-
légiés, et vie11nent a préférer tlcva11t tout autre, sur les biens et che,·aux
l1ostelés, et les peut l'flostelier rete11ir jusq11'a payen1er1t : et si aucun au-
tre créancier les voulait c11lever, l'lloslelier a j11sle cause de soy opposer. n
A lire ce texle, il sen1l1lerait que ce ¡Jróle11clu privilegc se ra1ncn¡1t a un si1n-
ple clroil tic réte11tio11. Et, e11 elfct, il s'éteig·nait lorsf¡ue l'aubergiste. bien
qt1e non pa}·é, a,·ait laissé le voyagc11r e111¡1orler ses effets. ?llais il subsis-
tait aucas ou les eíl'ets avaie11t été furlive111ent enlevés (V. Bourjon, Droit
cor11r1111n de la J<'ra,ice, liv. _6, lit. 8, cl1. 2, nº :{9). De nos jours, au contraire,
il n'y a pas de doute ; l'l1ótelier jouit cl'11n véritable privilege, mais sans
clroit de suite, naturelle111e11t.
2º 11 q11i apparlie,il le privilege :> -- 1\. l'a1tbergiste. Cette expression com-
prend tous ce11x qui fo11t 11rofession de loger les voyage11rs, l1óteliers, logeurs
en gami. 1\u contraire, les cabareliers et restaurateurs cl1ez lcsquels leurs
clients auraient déposé des effets ne jouiraient <l'aucun privilcgc. Leur
créance ne 1nérite pas la 1ne1ne faveur c¡u.c celle de l'htitelier; et ce n'est
pas sur la garar1tie de so11 déptit q11'ils ont fait crédit au conson1mateur, le11r
clien t.
3° Créa11ces gara,ilies. - Le privilege garantit toules les fournitures failes
au voyageur, frais de nourriture et de logement, air1si que toules fournitt1-
res d'ordre di,·ers q11i se ratlacl1e11l .'t la 111e111c ca11sc.
t,º Assiette <l1i ¡1ri1•ilege. - JI porte sur les e,[Tels a¡1¡1orlés par le voyageur,
non seulerne11t sur ses velen1cr1ts, i)ijoux, vtiitures, cl1evaux, automobiles,
mais merne sur l'arge11t co111¡1tant f{tti se lr(Jt1ve c11 sa JJossession.
L'l1tilclier, po11rv11 qu'il Stlil tic !)01111e foi, 11eut s'e11 prévaloir alors m~n1e
que les ol1jets 11'ap¡1artie1111e11l ¡1as au voyngcnr, car sa Jlossessio11 cst pro-
tégée par l'articlc :.i:iíti, 1•' alinóa. J,e propriétaire 11e pourrait les revendi-
quer co11tre l11i, conforrnément a l'arlicle :1:1í9, :i• ali11éa, q11c s'il s'ngissail
d'objels vol{is 011 ¡1erdus.
5° (:ause d'exti11ctio11. - J,e privilbgc s't'•lci11t lorsq11e l'a11bergistc 1·cnonce
a son droil de gage, el ¡1er111el ,i son dél)ileur ¡{'c111¡1orler ses cfl'ets. l\1ais 11c
subsiste-t-il pas lors<111e les 111cul1lcs onl été furtive111c11l e11levés? C'esl 1111e
q11estior1 q11e no11s avons tl{~já élutliée ,\ ¡1ro¡10s dt1 créa11cier gagiste. 11 11'y
a q11'a appliqt1er ici la sul11tio11 tlcJnnt'·e e11 ce q11i co11cer11e ce <ler11ier. l\fais
on 11e renconlrc dar1s les I\ecucils <le j111·ispru¡lc11ce a11cur1c décisior1 1\ ce
sujct.
' ,
PRIVILEGES SPECI,\UX SUR LES l\lEUBLES

I\'. -- Privilege do voiturier.


Les frais de ,·oiture et les dépenses accessoires sont privilégiées sur la
chose voilur6e (art. 2102-6°).
Ce privilcge existait déja dans notre ancien Droit (Pothier, T,·ailé de la
¡Jrocédure civile, nº 486; Bou1jon, J)roit co1111nii11 ele la France, li,·, 6, tit. 8,
cl1. 2, nº 41).

Fondement juridique. - Quel est le fondementjuridique de ce privi-


lege? S11r ce point, les auteurs ne sont pas d'accord. D'apres les uns, il re-
poserait sur une constitution tacite de gage; d'apres les autres, sur_la plus-
value que le voiturier aurait don11ée a la chose, en la transportant e11 1111 lie11
oi'1 elle est demandée. 11 y a le plus grand intéret a cl1oisir entre ces deux
explications. Si l'on adopte la pren1icre, le pri,·ilege s'éteint avec la remise
ele la cl1ose au deslinataire. D'aprcs la seconde, au contraire, le privilcge
s11bsisterait men1e a pres la li,•raison. Or, c'est la premiere qui est générale-
n1ent préférée comn1e étant plus sin1ple, plus logic¡ue que la seconde. En
effet, on ne trouve pas d'exemple•
dans notre Droit de privilcge fondé sur
l'idée d'une augmentation de vale11r procurée a un meuble. On adn1et done
q11e le privilege s'éleint au mo1nent oi'1 le ,•oiturier se dessaisit de la chose
(Paris, 29 aou.t 1855, S. 56.2.109). l>otl1ier. qui ne s'e111barrassait pas de
ces explications tl1éoriques, donnait une solulion co11traire, et déciclait (loe.
cit.) que le voiturier pouvait se pré,·aloir de so11 privilege, men1e quancl
'
les marchandises se trouvaient dans la n1aison de leur débiteur, n1ais, ajou•
tait il, (( SOII privilcge 11e va qu'apres celui du bailleur )),
J>ar clérogalior1 aux príncipes ci-dess11s, le Cocle de co111merce décide
(art. 307) que le capilaine de navire peul exerccr so11 privilege sur les mar-
chandises qu'il a trar1sportées pendant la quinzaine qui suit leur délivrance,
si elles n' on t passé en 1nains tierces.

V. - Privilege sur le cautionnement des fonctionnaires publics


pour les créances résultant d'abus et de prévarications commis
par eux.
L'l~Lal pc11l exigcr le versen1e11t el'1111 ca11lionne111e11l de la part de cerlai11s
fo11clio1111aires, soit er1 vue ele sa11vegardcr sc>n pr1i¡Jrc i11lérel, e¡t1anel il s'agit
de cur11plalJles de denicrs p11lilics 1 , c'esl-a-clire ele fur1clionnaires c¡ui ont le
111ar1ie1nent eles cleniers de l'Elat, tels que lPs trésoricrs-pH)'e11rs gé11éraux,
les receve11rs particnlicrs eles fi11a11ces, soil en vue 1le garantir les particu-
licrs 1111i sont olJligés ele s'adresser po11r l'accon1plissement de certains acles
a des fonclio11naires p11IJlics désigr1ós par la loi. C'esl ele cette seccJ11dc sorte
ele ca11tio11nemc11t, étalJli da11s l'intéret des parlict1licrs, qu'il est ici queslion
(arl. 210:2-7º).

1. L1•s bicns des cornptahlcs de tlcnicrs publics sont ¡;rev,\s au proflt de l'Etat de
divPrs prívilcges portnnt : 1• sur to11s leurs hien~ 111t•11lilt•s; :l 0 sur crrtains de lcul's
lmmeubles ; 3° sur leur cnutlonne1nent (Voir lu loi du 5 st•pll'111hre t801 rclali\"e 11ux


LI,'RE III, - TITRE II. - '
DEUXIE~IE P,I.RTIE. - CIIAPITRE PRE~IIER

Les officiers pl1blics qui sont aslreinls l1 ce caulio11nen1ent s011L: les a,·o-
a
cats la Cour de cassation et a11 Conseil cl'Elal, les 11olaires, les aYoués,
l1uissiers, greffiers, agenls de cl1ange, con1n1issaires-1)riseurs et les co11ser-
vateurs eles l1ypoll1eques (L. du 25 ve11tuse a11 XI, arl. 33 el loi •du 25 11iY1'ise
ar1 XIII). Le cautionne111ent constit11e 1111 gag·e affecté il la su.reté eles
créa11ces résullar1t d'al)us et l)ré,aricalions co111n1is par ces officiers
dans l'exercice de leurs fo11clio11s au détri111ent des parliculiers. Cetle for-
n1ule con1pre11d tol1tes les fautes do111n1ageables con1n1ises il l'occasion des
fails de clzarge. Par exen1ple, un l1uissier cl1argé de signifier u11 co111111a11-
a
den1ent un dé])iteur ou de saisir ses l)iens détourne les fo11ds qui lui ont
été ren1is par lui ; ou encore, un conservaleur des l1)·potheques on1et de
n1ention11er une inscriptior1 l1ypotl1écaire da11s ur1 certificat par lui elélivré
(art. 2197, C. civ.). · '
Au contraire, le privilege 11'est pas accordé q11and il s'agit d'actes ¡Jo11r
lesc1uels le n1inistere de l'officier n'cst pas olJligatoire, et l{Ui sup1Josc11t. ele la
part du client, 1111e confiance l)Crsonnelle da11s la person11e de l'officier 111i-
nistériel. llar exe111ple, 1111 particulier confie des fo11ds l1 u11 notaire e11 le
cl1argea11l cl'en faire le placen1ent. Si le nolaire détourne ces fo11els, le clie11t
in1pr11de11t n'a aucun privileg·e sur so11 caul.io11nen1ent (Civ., 18 ja11,·ier
1854, D. JJ. 5!1.r.70, S. 5t,.1.r98; Civ., 28 j1iillet 18G8, D. P. 68.1.!138, S.
68.r.3G1).

Privilege du bailleur de fonds ou de second ordre sur le caution-


nement eles fonctionnaires publics. - Le cautionnen1ent des fonclio11-
naires pul)lics, officiers 111i11islériels ou con1ptables ( Lois d11 25 11ivosc
a11 XIII et clu G ve11tose an XIII), est grevé cl'u11 seconcl privilegc au profit
a
des JJréleurs e¡ui leur ont ava11cé les fo11ds 11écessaires la cor1stit11lio11 eluelit
caulio11nen1cnt. Ce privilege s'excrce i111111éeliatcn1ent apres le précédent,
pour le caulion11e111ent des officiers 111i11islériels, et a¡,res cclui ele l'Elal,
pour le ca11Lionncn1ent des co111plal)les.

VI. - Privilege des créanciers héréditaires et des légataires qui


demandent la séparation des patrimoines sur les meubles de la

success1on.
Les créa11ciers l1éréclilaircs el les lí·galaires ¡>e11ve11L cle1na11el<)I", cci11Lre les.
créanciers ele l'l1érilier, la sé¡iaralio11 el11 1>alri111oi11e cl11 cl{!f1111l d'avec le
¡ialrir11oi11r <le l'l1érilicr. (:etle <le111a11clc lc11r nss11re le clroil el 'clre ¡iayt'·s.
¡1ar préfére11cc aux crÍ!ancicrs ele lºl1t'·rilicr, sur les 111e11l1les el sur les i111-
111c11l>les ele la succession, ¡Jrórogalive fo11<lóc sur ccllc consi<léralio11 c¡ue
les lJie11s 111\ré<lilaircs 11'e11tre11l <la11s le ¡>alri111oi11e ele l'l1ériticr c¡11c s<i11s
réscrvc <111 1>aie111e11L eles clcllcs <¡11i les grcvc11L. (~t,11le11lo11s-11011s ele signa-
lcr ici ce <lrc,it <le ¡>réfí!re11cc e11 ce <¡ui c<>11ccr11c les 111c11lJl<'s. l}arliclc 878
11011s clil 1111ºil cloil elre <le111a11clé rclalivP111c11l a11x 111e11liles cla11s le <lt'•lai
ele trois a11s.

,lroils d11 Trésor sur lcis hiens ,IPs cornptahles). En 011tre, leurs irnrneuhles sonl grel'és-
d'une hypothiique 1<1gnle (_nrt. 2121-3°),
. '
PRIVILEGES SPECIA.UX SUR LES l\lEUBLES 82 l

VII. - Priviléges portant sur certaines créances.

N ous ré11nissons sous une n1eme rubrique, er1 raison des pri11cipes géné-
,raux qui do11iinent toute cette n1atiere, un certai11 no111bre de privileges
dont l'assiette est constituée par une créance du débiteur.

1ºPrivilége des ouvriers et fournisseurs des entrepreneurs de


travaux publics, sur les sommes dues par l'Etat, le département ou
la commune. - Nous a,·ons déja rencontré ce privilege en traitant du
contrat d'entreprise (supra, p. 564). Un décret du 26 pluvióse an 11, relatif
a l'exécution des travaux publics faits pour le con1pte de l'Etat, a interdit
aux créanciers des adjudicataires de ces travaux de faire aucune saisie-arret
ni opposition sur les fonds dus par l'Etat auxdits entrepreneurs. Cette me-
sure étlictée dans l'intéret ele l'Etat avait po11r b11t cl'éviter que de sembla-
bles saisies-arrets ne vinssent mettre l'er1trepreneur dans l"impossibilité
d'exécuter les trava11x dont il s'était chargé. Le décret (art. 3) faisait excep-
tio11 a cetle prol1ibition au profit des ouvriers de ces entrepreneurs pour le
paiement de leur salaire, et au profit de leurs créanciers pour fournitures
de matériaux et autres objets servant a la construction des ouvrages. 11
-créait ainsi u11 véritable privilege pour ces deux groupes de créances, afin
de faciliter, dans l'intéret de l'Etat, le recrutement de la main-d'muvre et la
fournilure des matériaux nécessaires. Ces deux catégories de créanciers
étaient plaqées sur le men1e rang. On se souvient qu'une loi du 25 juil~
let 1891 a étendu les dispositions de ce décret a tous les travaux publics,
exécutés par l'Elat, les départen1ents ou les cornmunes. En outre, elle a dé-
cidé c1ue les som111es dues aux ouvriers seraient pa)·ées de préférence a
celles dues a11x fournisseurs 1 •

Privilége de la victime d'un dommage sur l'indemnité d'assu-



rance due a l'auteur responsable. - Ce privilege a été créé par deux
texles successifs:
A. - L'arlicle 3 de la loi d11 19 févricr 1889;
13. - La loi tlu 28 111ai 1913, ajoula11t un l1uiticn1e numéro l'énuméra-a
tion ele l'arlicle 2102.
Jlo11r co111pre11tlre l'11tilité tlu privilcge, il faut s11p1Joser qu'une personne
a co11lrnclé 11r1e nss11ra11ce dile lle res¡Jo1tsabililé (V. siipra, p. 617), contre
les co11séquc11ces eles acles co1r1111is par elle qui pourraient engager sa res-
por1salJil ilé a l'égard eles liers, soit c11 vertu de l'nrticle 1382 du Code civil,
soit, si c'cst un cl1ef el'c11lreprisc, c11 vertu de la loi du 9 avril 1898. L'as-

:1. 11 y n cleux autres privileges sur les sommes dues aux ndjudicataires de marchés
p11blics: 1• le prlvilege des sous-trnitants, préposés 011 agents d'une entreprise de marché
de fournitures pour les armées (l)ér.ret du :13 décembre t906, Dnlloz, Nouveau Code civil
a1111olé, t. 4, p. :1703); 2° le prlvilcge des cr,1anclcrs d'une indemnlté due pour occupa-
tion tcmporai1·e de terrnins ou extrar,tion de matériaux en matiere de travaux publics
{Loi <lu 20 décembrc i892, art. :18. V. Dnlloz, lbid.).
LIVRE III. - TITRE II. - '
DEUXIEllE PARTIE. - CIIA.PITRE PREl\llER

suret1r 13'est engagé en conséquence ¡, payer, pour le con1pte de l'assuré, les


inde111r1i tés auxquelles celui-ci pourrait etre condan1né a11 profit des tiers.
Ceci dit, et a supposer que le risque assuré vienne a se produire, la vic-
time dé l'acte dommageable pourra-t-elle se prévaloir, a l'encontre des
autres créanciers de l'assuré, d'un droit de préférence sur le montan.t de l'in-
den1nité due par la Compagnie d'assurances a ce dernier ?
· Bie11 que la solution 11égative parC,t coutrairc a l'équité, elle élait ce-
pendant naguere in1posée par les principes clu Droit des obligatio11s et con-
sacrée par la jurisprudence (V. notan1111ent Req., 20 déce111bre 1859, D. P.
60.1.68, s. 60.1.24; Civ., 3o octobre 1906, D. P. 1908.1.265, ¡re CSJ)eCe,
note de l\,f. Dupuich, S. 1908. 1.4l11, note de :'\l. Lyon-Caen). En effet, l'in-
den1nité due par la Con1pagnie d'assurances a été stipulée par l'assuré a
son profit personnel, pour lui pern1ettre de payer les don1n1ages-intérets
auxquels il serait condan1né. Le contrat d'assurance passé par lui consti-
tue, non pas une stipulation pour autrui, mais un contrat conclu clans son
intéret propre. L'inde111nité to111be done dans le patrin1oine de l'assuré et y
devient le gage con11nun de ses créanciers. Po11r que la victi111e pC1t opposer
a ces derniers u11 droit de préférence, il faudrait qu'u11 texte le lui accordat.
Cependant, la solution con1n1andée par la logicrue juridique était telle-
ment choquante que certains auteurs s'étaient efforcés de s'e11 affrancl1ir en
construisant en cetle matiere une tl1éorie demeurée justement célebre
(V. nolan1n1ent Labbé, Revue critiqzie, 1876, p. 57 r-665, notes sous Civ.,
1'' juillet 1885, S. 85.1.409; Paris, 3o octobre 1885, S. 86 2.49). Cette tl1éo-
rie invoquait, tout d'abord, les articles 1753, 1798 d11 Code civil et la loi du
26 pluviose an II, c'est-a-dire les divers textes qt1i, sous le nom de privilcge
ou d'action directe, créent, au profit de. lel ou tel créancier (bailleur,
ouvriers de l'entreprene11r), u11 véritable clroil de préférence sur une cré-
a11ce aJ)partenant au clél)ileur co11lre u11 tiers (locataire co11tre sous-loca-
taire, entrepreneur contre le clie11t). Ces texles, ajoutait-on, 11e constilue11t
que des cas d'applicatio11 d'u11e regle plus large, résullant de l'équité
et du bon sens, et q11'on pe11t forn1uler ele la favo11 suivante: celui c¡ui a
a
fait 11aitre ses clt\pens t111e créa11ce cla11s le patrin1oi11e de sor1 délJileur
possccle ur1 })riviL' ge sur cette créa11ce. E11 cl'autrcs termes, r1ua11d la
cause qui a e11ger1dré le droit d11 ·créa11cier (co11venlio11, délit, quasi-
délit ou disposilio11 de la loi) a, en 111en1e tc1111)s, fail 11aitre au pro(il du
débileur un droit de créa11ce co11tre 1111 tiers, le pre111ier créa11cicr a u11

privilege sur cctte seco11dc créancc. 'l'oulr:fois, celle ll1éorie ingé11ic11sc et
profondén1enl rationnclle 11'avait ja111ais réussi ú pú11étrer da11s la juris1Jru-
dencc, qui avait toujours rec11lé devant ce lle olJjeclio11, décisive ¡\ prc111 iere
vue, qu'on 11e sa11rail ad111ellrc de privi)1.\gc sans Lexle. C'cst lo législatcur
qui devail s'e11 i11spircr le J)re111icr da11s les tleux texles <tti'il 11ous reste 11
analyser.
A.-Loi du 19/évrier 1889, a1·ticle 3. - La loi du 19 févricr 1889, arlicle 3,a
visé le cas d'assu,·ance du risq1ie localif ou d1i reco11r,~ <lti voisi,i. (~e texle
décide que l'assuré, c¡ui s'cst ainsi gara11ti co11tre le do111111age q11'un incendie
provoqué par luí pourrait ca11ser au propriétaire ou aux voisi11s, ne pourra
' ,
PRIVILEGES SPECl.-1.UX SUR LES ~IEUBLES 823
lo11cl1er tout 011 partie de l'inden111ilé sans e¡ue le 1)ro1)riétaire, le voisin 011
a
le tiers sulJrogé le11rs droits (expression c111i vise en particulier l'ass11reur
de l'i111111e11lJle i11cenelié) aie11l été désintéressés eles conséquences d11 si11istre.
a
On l'a11erc;oit pre111icre ,-11e, l'article 3 de la loi du I!) février 188!) est
fort 111al réeligé; il ne 11ous clit pas si le pro1Jriélairc 011 le ,,oisin ont un
privilcge sur l'inden1nité, ni s'ils ont une action elircctc co11tre l'assureur
ele la rcspo11sabilité.
S11r le pren1ier poi11t ce¡Je11da11l, le clo11lc 11'est g·uere possilJle. I.e pro-
1Jriétaire de l'i111n1eu)Jle clét.érioré par l'i11cc11die a cerlaine111c11t un elroit de
1Jrél'érc11ce sur l'i11de11111ilé. Ce droit résulte d11 rarJ1Jrocl1ernent eles arlicles 2
el 3 de la loi. L'article 2 elécide, en efret, que les i11clen111ités, d11es par suite
d'assurances contre l'i11cendie, la grele ou les a u tres risques, sont altribuées,
sans qu'il ). ait de délégatio11 CXJJresse, a11x créa11ciers 1Jrivilégiés ou l1ypo-
tl1écaires, ce qui veu t clire q11e ces créancicrs 011 t u11 clroi t propre, opposa-
ble a11x l.iers sur ces i11cler11 ni Lés. (Jr, l'article 3 ajo u te : JI e,i esl lle ,neme· des
inclen111ités d11es e11 cas de sinislre par le localaire ot1 le Yoisi11.
a
()uant la queslion de savoir si la victir11e ele l'i11cenelie a une aclio,i di-
recte co11tre l'assurcur, clic a óté l1eaucoup dis.culée. 1\prcs l'avoir tra11cl1ée
parla n1~galive(Civ., 5 clécc111bre 1899, D. P. 1901.1.45,, 11ote de ,1. 'l't1al-
ler, S. 1901.1.455; cf. llaris, 23 juin 1898, I). 1). 99.2.256, S. l!)00.2.102),
la Co11r ele cassation a abando11né sa pren1iere posi tion et reconnu l'existence
de l'action directe ¡Jar u11 arret d11 17 juillel 1911 (D. J). 1912.1.81, 11ole de
1\1. l)la11iol). Et, e11 ell'et, n'étail-ce }las, corn111e 011 l'a dit, <t un ,érilable
a
non-sens que d'altribuer une indemnité linc personne et de lui refuser la
llossibilité'd'en actionner directe1nent le débiteur » ~ ·
B. - Loi du 28 n1ai 1913. - La loi du 19 février 1889 n'avait fait qu'a111orcer
une réfor1ne c¡ue l'équité con1n1andait de généraliser. Cependant, lors de l'é-
la)Joralion de la loi du 9 avril 18!)8 sur la respo11sabilité des accide11ts elu tra-
,·ail, 011 ne songea pas 11 y i11sérer un texte donnant aux ouvriers accidentés
a
et leurs ayants clroit un .J.Jrivilege sur l'inden111ité due par la Cornpagnie
el'assura11ce au cl1ef d'entre¡Jrise responsable. ~lais, l_ors de la révisio11 du
Lexte pri111itif opérée par la lcJi el11 31 n1ai 190:J, cet oul1li devait elre ré1Jaré.
1;arlicle 16, llernier ali11óa ele cetle loi dócide aujourel'l111i que l'or-
llo1111a11ce llt1 présiele11l elu lri!Junal ou le jugerne11t fixant la rente allouée
eloit spc1cificr c¡ne l'assureur e.si su)Jslil11é a11 cl1cf d'cntreprise, de fac;on a
éviler to11l reco11rs ele la victi1r1e cor1tre ce cler11ier. C'est done 11 l'assureur
c¡ue s'adrcsseront les cróanciers de pensio11s pour en obte11ir le paicrnent.
Du r1011vca11 textc, il rés11lto e¡ne, ¡iour qu'il e11 scJit ainsi, il faut que la vic-
time 011 ses ayants droit aie11t assigné l'assureur e11 jl1slice en n1en1e ten1ps
1¡110 le cl1cf el'enlre1Jrisc ((~iv., fi ja11vier 1i¡10, :i" es¡>.,]). ll. l!)IO. 1.57, 11ote
<.le 1\1. Dnpuich, S. l!)IO. 1./1!13). :\iais, si l'assureur n'a pas été assig11é, le
tri}Jl111al 11c prono11ce pas ele co11dan1nation co11lre lui, si }Jien q11'il n'est
¡>lus alors llt•IJilcur direct ele la victi111e 011 ele ses ayants droit (Civ., 27
111ai 1n10, 2° espc'ice, 1). }>. 1!)11.1.307, S. 191:1.1.388).
<.:elle <lcr11icrc solutic>n 11c ¡>rt'~sc11Lc pas, 11 la vérilt'•, <le grave danger JJOur
les créancicrs, éta11t clo1111ées les gara11lies s11JJsidiaires qui sont orga11isées
LIVRE 111, - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE P,\RTIE, - Cll,\PITRE PI\El!IER

en leur fa,e11r par la loi. Néa11111oins, il y avait la 1111e vérilalJle ano111alie


c¡u'a seule fail ccsser la loi ele 1913, a laquelle 11ous arri,011s. Celte loi a co111-
plété la réforn1e a111orcéc lJar celle du 19 février 1889 e11 clor1na11t un ¡Jrivileg·e
a11x victin1es ll't111 c1ccille11l 011 r't lc11rs ava11ts

droil s1zr l'i11cle1nnité llo11l !'as-
s11reur ele !et respo11sabilité civilc se reco1111ai'l 011 a élé j1z1liciairc111c11l reco,11111
clébite11r lt raiso11 lle la co11L e11lio11 d'ctss1ira11ce. Le texte ajo11Le q11'aucun
1

paie111ent fait a l'ass11ré ne sera libératoire tant que les créanciers ¡Jri,ilégiés
n'auront pas été elésintéressés.
011 le ,oit, la clis1Jositior1 ele celle loi ele 1913 est forl large. Elle vise,
11011 seule111enl les accidenls du lravail, n1ais tous les cas 01't une ¡Jcrsonne,
cl1ef el'entreprise ou JJarlic11lier, a contracté une assura11ce de responsabilité
visant les accidents qu'elle peut causer a eles tiers.

!nsuffisance de la double réforme ci-dessus. - :\Icn1e apres cetle 11ou-


,·elle extension, la rcg·le introduite clans notre législation ¡Jar les lois préci-
tées 11e s'applique pas e11core a tous les cas d'assurance-respo11sabilité. Sans
doute, ces lois ,isent les l1ypotl1eses les plus fréc¡ue11Les, ince11clie, accidents
causés a eles tiel's. i'llais 011 rencortlre dar1s la pratique, eles assura11ces ele
responsalJilité ª}'a11t pour objel d'a11tres risques, notan1n1enl l'assurance
des officiers n1inislériels conlre les conséq11ences des faules par eux: con1-
n1ises dans l'exercice de leurs fonctions. ,\ ces ass11ra11ces la regle ci-dessus
clevrait s'a¡J1Jlic¡uer sans disli11ctio11; la créa11ce 11ée el'un acle clom111agealJle
elevrait elre toujours priYílégiée sur l'i11de11111ité e¡11'1111e ass11ra11ce de la res-
po11sabilité civile coriclue 1Jar l'a11le11r ele cet acle peul faire toucl1er a ceder-
nier. C'ést ce c¡11'a décidé l'article 60 ele la loi fédérale suisse du 2 avril 1908:
<< E11 cas el'assura11cc co11tre les conséc¡ue11ces ele la respo11salJilité civile, y
lisons-11ot1s, les tiers l<'·sés or1L, jusq11'11 co11c11i·re11ce ele l'incle11111ité c¡ui leur
csl clue, 1111 clroil ele gage sur l'i11clen111ité due au ¡Jre11e11r d'ass11rance. L'as-
surcur pe11t s'acc1uilter elirccten1enl entre leurs n1ains. » De n1en1e, l'arti-
cle 157 de la loi allen1ancle clu 3o 111ai 1908 sur le cor1Lral cl'assura11cc porte:
1< Si le prene11r d'assura11ce a été cléclaré en faillile, le liers peut cle111a11-

a
cler elre JJayé, par ¡Jrivilege, sur l'i11cle11111ilé duc a celui-ci, 1111 111011La11t
de la so111111e c111'il esl c11 clroit 1l'cxigcr ele ce cler11ier. »

3" Privilege de la Caisse nationale des retraites sur l'indemnité


due par l'assureur au chef c.l'entrep1·ise (art. 26, al. 2, de la loi du
9 avril 1898). - (;e ¡JrivilL·ge se ra1J11rocl1e IJea11co111> eles 1>récéele11Ls. 11
a ¡io11r ol,jcl 1lc gara11Lir le re111IJ011rse111P11l 1le la (~aisse 11ationalc eles
relrailes q11i a fail l'ava11ce 1les arréragcs ele la pe11sio11, a el1d'a11L 1lc 1>aie-
111er1l :\ l'écl1éa11ce.
E11 luí 1lo1111a11l 1111 ¡,rivilóge sur l'i111le11111ilé 1l11c llar la Cc11111iag11ic <l'as-
sura11ces, la loi a Vt>11l11 gara11Lir la (;aisse contre les créancicrs 1111 cl1ef cl'e11-
trc1>risc, <1ui, a11lre111cnl, auraicnl ¡>11 faire valoir lc11rs clroils s11r celle
i11dc111r1ilé,

,
'
CL ..\.SSE)IE'í'f DES PIIIVILEGES Sl.il\ LES ~IEUBLES

VIII. - Privileges établis par des lois spéciales '.


En elel1ors eles l)rivileges précéde11ts qui so11t les principat1x elu Droit ci, il, 0

il )' en a encore 11n certain no111bre c1ui 011t élé créés l)ar eles lois SJJécic1les.
:\'ous 11011s cor1le11lerons d'énu111érer les ¡)lus i111¡)orlanls:
1° Privilege c,i 111aliere de (!esséc!1en1e11l (le ,narctis (loi d11 1G se1)te111bre
1807, arl. 23).
2° Privilege sur les 111i11es (loi el11 21 avril 1810, art. 20\.
3° Privilege c,i ,naliere (le 1lrai11age (loi eles 17-23 juillel 185G, arl. 3).
!1° Privilegc pour t rava11x (f assai11isse1nc11l au l)rofi t des co1111111111es, sur
les revenus des in1111eulJles assai11is (loi elu 15 féYrier 1902 sur la protec-
tion de la sa11 té publique, art. 15).
5° Privilege 1l1t Créclil fo11cier sur les loyers ou récoltes eles i111n1e11!Jles
e¡ui lui so11t l1ypotl1équés, lorsqt1e le Créelit foncier s'est 111is e11 ¡Jossession
ele l'i111111e11IJle, en cas de relarel d11 elélJiteur (l)écrcl clu 28 février 1852,
arl. 3o).
G JJrivilege du 1'résor po11r le rcco11vrernc11l de l' i111pul fo11cier sur les
0

lo}ers, fruils el rt'·ccilles de J'i111111euble (loi clu ·12 11ove111!Jre 1808).


7° Privilege du 'frésor pour le paie111ent des llroits de 11111latiori ¡1ar lléces
sur les reve11us des IJiens h déclarer (loi du 22 fri111aire an ,;II, art. 32,
3• al.).
8° llrivil<'·g·e clu con11nissio1111ai1·e sur la valeur des 111arcl1a11dises ;1 lt1i
CXJJéeliécs, elóposées ou co11sig11ées (art. 95, C. co111.).
gº Privileges s¡1écia11.r, a1i commerce r11aritime (art. 19 1, 2 7 1, C. co111. ).
10° llap1lelons er1fi11 le priYilege elu saisissa,il créé par le 11ouvel arlicle 567
elt1 (~otle ele ¡)rOcl\el11re, 111odifié ¡1ar la loi clu 17 j11illet I Dº7, sur les so111111es
a
c1ue le saisi a éLé at1lorisé cor1sig11er ¡Jar orelo1111a11ce du présiclcnt (';· Ci,·.,
3 111ars 191!1, Caz. J>af .. 28 111ars 191!i, su¡Jra, p. 88).

~ •· - Clnsse1ne11t cle8 1••·1,·ilcges D1oblllers.


T,cs privileges c¡11i porlent sur les 111e111Jles so11t, con1111e 11011s l'avo11s v11,
asscz 110111l)re11x. 11 peul arriver r¡t1'e11 1Jraliq11e, pl11sie11rs ele ces créa11ces
¡1rivilógi{•es se 1)résc11le11t co11c11rre111111e11L pour ('lre payées sur le ¡Jrix eles
111c11]¡Jes (111 clt'-!Jileur. La c¡11eslio11 se ¡Jose alors (le savoir clans qucl orclre
1le próférence elles elevro11l elre classées. l,a loi r1e l'a pas r(·sol11?, sauf elans
certai11es l1ypoll1t',ses ¡1arlic11licres, et a laissé h la (loclrine le soi11 ele réso11-
(lrc ce clt'·lical 1)rOIJlt•111e. 'l'o11lefois elle a pris soin el'éelicter eleux regles
.
y¡sanl 1PS p1•1y1
. ·1•eges ger1craux.
' '
I,a J)rc111i<'•rc a lrail a11 co11co11rs lles ¡>riPilegcs gé11éra11x e11lre cux. L'arli-
cle '.,l 101 o¡>L•rc le classe111e11t ele ces privileges, e11 n1e111e ten1ps q11'il les
c'·1111111cre, ,le tclle sorle 1111e 1>011r c11x la c¡ueslio11 se Lro11ve lrar1chée. « Les
crt'~ances J)rivil<'~git'•cs sur la gé11óralitó eles 111et1lJles, clil ce lcxle, so11t ccllcs
ci-apr<'•s ex¡1ri111écs et s'exerccr1l llc111s l'orclre s11ivc1ril. »

1. Voir llalloz, l\'011veau Code civil a111101t!, appcndicc au litre des pril'ilcgcs et hypo-
thcc¡uc•s, t. 4, p. 1G!l8.
LIVRE III. - TITRE II. - '
DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE PREMJER

E11 second lieu, la loi a égale111ent réglé, dans l'arlicle 2105, leconllit des
privileges généralIX avec les privileges spéciaux, sur le prix des ir11n1eulJles.
La loi nous dit que ce sont les privileges généraux qui passeront les pre-

m1ers.
"\roici done les deux situations qui peuve11t se présenter et qui re$le11t a
régler :
1º 11 }' a co11currence e,itre pliisieiirs JJrivileges s¡Jéciaiix sur les nieiibles.
2º Il y a concurrence e,itre ¡1rivileges gé,iérctux et ¡1rivileges spéciaux si11·
les 111e1tbles.

l. - Concours entre créanciers a privileges mobiliers spéciaux.


1° Pre,niere liypothese: Co,iflit e,itre privileges apparte11a1it c't eles groupes
clifférents. -- Pour déterminer le rang des pri,·iJl,ges spéciaux portar1t sur
un mcme me11}Jle, il n'y a pas cl'aulre n10Jen que ele les diviser 1Jar
grol1pes, en les rattacl1ant au foncle111ent juricliq11e s11r leq11el repose cha-
cun d'eux. Or, r1011s savons q11e les privi!(~ges spécialIX 011t 1lo11r !Jase l'une
ou l'autrc des trois notions suivantes:
A. - Constitution de gage expresse ou tacite au profit du créancier;
B. - Conser,•ation de la cl1ose grcvée;
C. - ?llise de cette cl1ose dans le patrir11oi11e du dé!Jite11r.
Les privileges du 1Jre111ier groupe jo11issent r1écessaircn1e11t d'u11 droit
de priori té, par rapport u ceux des de11x a11lres catégories, lorsque le créa1i-
cie1· 1ia1iti cst de bo1i1ie foi. En efl'et, le créancier gagiste est protégé u l'égard
de to11tes autres personnes par la regle: En fait de n1eulJles possession vaut
a
titre; son droit est done opposable tous les autres créanciers.
L'article 2102 fait, du reste, co1n1ne 11011s· le savons, a1Jplication lle ce lle
idée au conflit qui peut s'élever entre le privilege d11 l1aille11r et cel11i clu
,·encleur ele n1eul1les (arl. 2102-t, 0 , 3° al.).
Cepe11clar1t, il fa11t faire cxceptior1 lJOur les frais ele co11servctlio1t de la
cl1ose lorsr1u'ils ont été faits postérie1tremenl c1 la conslilitlio,i llu gagc. ,\i11si,
le vélérinaire, e¡11i a douné ses soins aux besliaux du fer111ier, doil clre 1Jré-
féré a11 baille11r, parce q11'il a co11servé la cl1ose sou111ise u s011 gage (Paris,
5 111ars 1872, D. 1). 73.2.182, S. 73.2.1:{ ; 1\ix, 17 oclobre 1!)12, (Ja:. [~al.,
11 11ove111lJre 1913).
Les 1Jrivileges fo111lés s11r J'illée de co11servalio1i de la cliose ¡iassc11l <l'a11-
lre ¡Jarl ava11l ce11x <lu lroisie1ne grot1¡Je, llour 1111e raiso11 <l'éc¡uilé facilc a
co111pre11elre. Les clé¡ie11scs 1111'ils gara11lissenl 011t prolilé aux créa11cicrs 1le
ce cler11icr grou1io, il esl 1!011c jt1sle e¡11'clles soic11l payées ava11t ci1x. No11s
lrOU\'(JIIS égalc111c11l une ap¡ilicalio11 1lc celle 1iro1iosilio11 1la11s l'arli-
clc :110:.1-1°, a pro¡JOS dtl llrivil<'·gc du l1aillcur er1 COIICOlll'S avec le ¡irivilegc
des créa11ciers ¡1ot1r frais <le récolle sur le prix <le lct récolle ele l'anut':e. 011
sail que le ¡Jrivilege clu }Jaillcur s'expliq11e, q11a11l ii cellc récolle, ¡>111· J'i1lée
• de 111ise 1le la cl1ose 1la11s le 1>alri111oi11e du déLileur. <Jr, l'arlicle :110:1-1·',
t1• al., (!t'.cillc <111e les s0111111cs 1!11es ¡iot1r frais lle la rl'.·collc (frais 1lc conser-
valio11 <le la cl1osc) so11l payées ¡Jar ¡Jréfére11ce a11 ¡Jro¡>riélaire clo la fer111e
(frais lle 111ise lla11s le ¡Jalri111oi11e).
'
CLASSEllENT DES PRIVILEGES SUR LES MEUBLES

Ainsi, les trois grol1pes ele privileges spécialIX s'exercent dans cet ordre:
1\. - Derniers frais de co11servalion lie la cl1ose ; B. - Privileges résulta11t
du nantisse111ent; C. - l~rais de conservation en général; D. - l)rivileges
résultant de la mise de la cl1ose dans le patrin1oine.
2º Deiixie111e hypotliese: Co,ijlil e,itre JJrivileges dLi rnen1e grou¡Je. -11 nous
a
resle n1aintenant prévoir un conflit e1ui s'éléverait entre privileges ap-
JJarlena11t au meme groizpe.
A. -- Ce conflit ne pcut gl1ere se présenter entre créa11ciers gagistes, ¡Juis-
que l'existence du gage résl1lte de la possession effccti,,e qui,a priori,ne pa-
a a
rait pouvoir appartenir plus d'une personne la fois. Si, par exe111ple, u11
locataire donne en gage lindes 1neubles garnissant les lieux loués,le privilege
du bailleur s'éteint par le fait du déplacement. Cependant, la concurrence
serait possible dans del1x cas :
a) La chose donnée c11 gage a été confiée a 1111 tiers co11venu entre les
partics (art. 2076, C. civ.). Le elébilcl1r peut, e11 pareil cas, faire plusieurs
constitutions successi,·es du men1e objet. Ici, la solution a donner 11e sau-
rait fairc doute. L'orrlre de préférer1ce se reglcra par la date de consti-
tution. P1·ior tempo1·e polior j1ire. Ainsi, le ,varrant le plus ancien passcra
avant le moins ancien sur le prix d'une marcl1anclise déposée dans un n1a-
gasin général.
b) L'o)Jjet a été constitué en gage saris sortir (/es mai11s dtz débiteur. C'est
a
le cas pour le fonds de con1n1Brce, propos duquel lin conflit est possiblc
entre le créa11cier auquel il a élé donné en gage et le bailleur, ou entre deux
créanciers gagistes. Pour ce dernier cas, la loi du r 7 mars r 909 relative a la
vente et au nantissement des for1ds de commerce décide (art. 12) ql1e le rang
lles créanciers gagistes entre elIX est détern1iné par la date de lelirs inscrip-
tions. Quant au conflit entre gagiste et bailleur, c'est ce dernier qui l'em-
a
porte, condition que l'inscription du nantissement soil postérieure au com-
mencement du bail (Rouen, r1 décen1bre 1901, D. P. 1903.2.169, S. 1904.
2.225, note de M. ,val1l). -
B. - Le conflit pcut se présenter en second licu entre deux créanciers q11i
ont mis t1ne mcme chose dans le patrimoine dt1 débiteur. Nous en avons l111
a
exemple dans l'article 2 102-1 °, 4° alinéa, propos du bailleur et du marcha11(/
de scnie11ces q11i 011l, 1'1111 et l'aulre, privilege sur la récolle de l'année. En
¡Jareil cas, la loi donne le premier rang au ,•endeur de semences, parce qt1c
c'est lui q11i a mis l'ol)jct clans Je patrirrioine du débiteur, d'une fac;or1 plus
directo e11core que le bailleur.
La n1cn1c c1uestion se re11contre en cas ele ve11lcs successives d'u11 n1en1e
met1blc, Jorsq11'aucu11 prix 11'a été payé. 011 dit ordinairemcnt que le prn-
mier vendeur est préféré at1 seco11d, le second au troisieme et ainsi de suite,
parce <¡t1e le pre1nier achcteur, débitcur l11i-n1cme du prix, ne saurait, sans
blesscr l'c<111ité, rcf11scr de laisser son créancier exercer son privilcge avant
le sie11 propre. Cettc formule 11'est pourtant pus toujours·exactc. Nous avons
Yll ci-clcss11s q11c s'il )' a trois ventes successivcs, .el <ruc Terlius, le troisie111e
vendcur, soil ir1solvablc, Pri1nus ne pcul pas opposer son privilege aux
nutres créanciers de Te,·liLLS.
LIVRE III. - TITRE II. - '
DEüXIE)IE PARTIE. - CII,\PITIIE PRE)IIEII

C.- Iieste enfin le concours entre privilcges rcposa11t, les u11s et les autres,
sur la 11otio11 de conservalio11. Pot1r le résot1clre, il fat1t don11cr la priorité a
celui des créa11ciers q11i a fait le der11ier les dé1Jenses de co11serYation, car
ces dépe11scs or1t profité aux créances antéricures. Ainsi, si les frais de ré-
colte co1111Jrenncnt les frais de lalJour, l'ensen1encen1ent des terres, la le,,ée
et la rcntrée des frt1its, on paiera successi,·en1ent les cli,·ers créancicrs e11
con1n1en<;ant par les plus récenls.

II. - Concours entre privileges généraux et privileges spéciaux.

Nous supposo11s que, sur le prix des 111et1lJles clu débiteur, il se présente
plusieurs créanciers do11t les uns jouissent d't1n privilege général (créancie1·s
pour frais de juslice, pour salaircs, pour fournitt1res d'aliments, etc ... ) et
les at1 tres d'un priYilege spécial (gagiste, bailleur d'in1meu)Jlcs, ,·endeur
cl'elTels 111obiliers, ele.).
Deux regles per111ellcnl ele déter111i11er l'ordre ele préfércnce c11lre ces
clcux grou¡Jcs de créa11ciers privilégiés.
1° ]3 re,nicrc ,·cgle : Les frais ele jttslice <jlli Olll élé Jails da11s l'i11lérel coni-
Tllllll (les clivers créa11ciers ¡10111· arriver et la ré¡iarlilio11 e11lre eiix d1i prix des
me1iblcs grevés ele leiirs ¡irivilcges, cloii•e11l clre ¡ictyés e,i pre,nicre lig,ie. -
~ ous aYons déj/1 clo1111é ci-clcssus la raison ele celte regle. Les frais e11 ques-
tio11 sont faits clans l'intéret co111111u11 eles créancicrs. Ce s011t eux qui, á
proprcn1ent parler, e11 sont les débitcurs.
Conlento11s-no11s ele rappeler que la regle 11e s'ap¡Jliquc c111'aux frais ayant
profité á tous les cr<'·anciers ¡Jrivilégiés, par cxc111ple, aux frais de saisie et
ele ve11lc clu n1ol1ilier. Qua11t a11x acles de procédt1rc q11i 11'011l été fails que
clans l'i11lt',ret de c1t1elc1ucs-u11s, cct1x-ci sct1ls doive11t e11 sup11orlcr le prélc-
vcn1enl. ,\i11si, 11011s saYons q11c le baillct1r d'i111111cubles, qui a fait slaluer
prélin1i11aircn1c11t sur sa créa11ce par le juge-cor11111issaire, 11'a ¡Jas á subir le
. préleven1cnt des frais ele clislributio11 par contril111lio11 (arl. 661-662, C. ¡Jroc.
CÍ V.).
2ºDellXÍl\1/lC regle: J.Jes JJl'ivilcyes SJJéci<lllJJ prin1e11l les JJl'il'ilcyes gé11éra1ix.
-·- Voici, á 11olrc avis, ce 11t1ijt1sliflc la 1iréfére11ce á altribuer at1x IJrivilcges
• •
S})CCIUllX:
'l'oul cl'alJorll, 011 ¡Jeut i11voc1uer ici la lraclitio11 ele 11olre a11cie11 J)roil (V.
}loll1ier, 'J'raité ele lit ¡irocécliire ciuile, 11°' !18, el st1iv., 11ota111111c11t 11° 11!)1) 1 •
D'a11tre parl, il s11flll ele rc1Jrc11clrc les lrois 11¡1LicJ11s juriclir¡ucs ex¡Jlicalives
eles ¡1riYili,gcs s¡J1!cia11x, ¡io11r se cc>J1vai11cre 1111'il faut 1lo1111er it ce11x:-ci la
llriorilé st1r les ¡1rivilcgcs généra11x:. S'agil-il eles créa11ciers jouissa11L rl'1111
clroil lle gagc expres 1i11 lacile, 11ons savcl11s llt'•ji, 1111e lc11r clroil, JJrotégé par
l'arlicle :.i:.179, ,•r al., esl ci¡J¡JosalJle a11x liers, par co11sé1111c11t 11 tous les au-
Lrcs crt'•a11ciers 1le lenr 1léhilc11r. <¿na11l a11x ¡irivilt'•gcs re11lra11L cla11s les 1lc11x
a11lrcs grr111 ¡ics, tics ra ist)ns ll 't'·1¡11 i lt'-, llo11l 011 11n sa11 rai l 111éco1111ai lre la va-

1. Ccpendant l'olhir.r 111ett11it 1111 premicr rnng, in1111édi11lc111ent a pres les frnis de
jnslicc, le pri,·ili•gc des írais íun,1raircs, IC!(IIPI étnil 111~1nc préíér,: "aux loycrs sur les
1neuhles qui cxploitenl l'hótel » (Id. D0111nt, J.ois civiles, liv. :i, l. l., secl. ti, nº 32).
'
CLASSE)IE'iT llES PRIVlLEGES SU!\ LES ~IEUBLES

leur, exigent c1t1'ils soie11L l)ayés st1r l'objel qu'ils grevent a,·ant les privileges
généraux. Pour le co11serYateur de la cl1ose, cette raiso11 est évide11te. l~lle ne
l'est 1)as n1oi11s, nous sen1ble-t-il, 1Jour le créancier qt1i a 111is l'o)Jjet clans le
patri n1oi 11 e cl11 clélJi Leur. 11 nous JJarai Irait cl1oc1ua11 t, en ell'et, que l' 011
payat cl'aulres créanciers sur cel olJjet, J)ar J)référe11ce a celt1i qt1i, con1111e
t111 vendeur, a transféré la pro1)riélé ele l'o]Jjel au clébiteur, et at1c111el le l)rix
est encore dt1. 11 y aurait la pour les créa11ciers c¡ui seraient préférés au ve11-
cleur une sorte cl'e11ricl1isse111e11t i11juste aux dépe11s d'autrui.
Les co11sidératio11s c1ue nous venons de dévelo1)per n'ont pas ceper1dant
en1porté l'aell1ésio11 de tous les jurisco11s11ltes. Deux autres systen1es ont éLé
soutenus. Le pre111ier se foncle sur l'article 2105 pour soutcnir qu'il faut
toujours donner la préférence a11x priYileges g·énérat1x. En efTet, puisqu'ils
prin1ent, sur le 1Jrix des i111111eu)Jlcs, les créanciers ayar1t pri,·ilege spécial
sur ceux-ci, les privileges gé11éraux 11e doive11L-ils pas aussi pri1ner les 1)ri-
,,ileges spéciaux s11r le ¡)rix eles 111eulJles ;1 ::\Iais ce raiso1111e111ent est loi11
cl'etre décisif, car 1111e raisor1 J)articuliere expliqt1e la clisposition de l'ar•
ticle 2105. Le législateur a pe11sé que, ,·u le pet1 cl'in11)orta11ce des créances
par eux garanties, les privileges généraux ne nuise11t pas sérieusement aux
privileges imn1obiliers, d'autant plus q11'ils n'atteig11ent les i111n1eubles que
s11lJsidiairen1ent et apres clisct1ssion ele lout le 111o]Jilier dt1 délJiteur. Or, il
est ]Jien évident c¡u'un te! raisonnen1ent ne ,·aut pl11s ricn quand il s'agit
des ell'ets mobiliers.
Un autre systen1e,préte11dar1t qu'il faut con1parer les privileges un a un et
cléterminer,'pour cl1ac11n, le rang ele fa,·eur qu'il 111érite, aboutit en son1r11e,
a pe11 de cl1ose l)res, a11x 111emes conclusions c¡ue le nutre, sauf en ce qui
concer11e le 1)rivil1.•ge clu ,,e11deur d'efTets 111olJiliers qu'il fait passer a1)res les
privileges gé11éraux. 11 esl in11Lile de reprod11ire les raisons qui 11ous déter-
n1inent a préférer le 1)rivilege clu vendeur.

Systeme suivi par la jurisprudence.- La juris1)rudence a eu a se pro-


11or1cer fréq11e111111e11L s11r la questio11 c1ue 11ous ve11ons d'él11dier. Les especes
c111i se prése11taie11t a clics se référaienl presc111c to11Les a11 co11flil d11 privilege
1111 IJaillenr avec des 1irivil(•ges g1\11éra11x (J11clc111es a11ciens arrels avaie11t dé-
ci(lé C( ue les ¡iri vi ](•ges gé11éra11 x devaie11 t etre colloc¡t1és les prer11iers (Jloi tiers,
3ojuillet 1830, S. :{1 .2.88; l\ouen, 3oja11vicr 1851, ]). 11 • 5:i.2 ..37, S. 51.2.
·181 ). l\lais cetlc sol11lio11 ful vilc aba111lo11n1\e, et u11 arrel.cle la Cl1a111l)re des
re1111cles cl11 :io r11ars 18(1!) (D. J>. !1!)· 1.250, S. 5o. 1. 10G¡ vint, au contraire,
affir111er ((lle, 1l'1111c far.011 gt'~r1éralc, les privileges s1it''.ciaux l'c111porte11I s11r
les 1irivilt'~ges généraux, ¡Jar s11i Le (le la rt'·glc r1c11cri JJCI' s¡Jccic111 llerogaltir
(exceplio11 faite, liien e11te11clu, J)011r les frais (le justice ayant J)rofité a11x
cróa11cicrs 1\ ¡1rivilegc s¡iécial). l)c1111is cetlc ó1ioc¡11e, la CI1a111lJre civile a
statué 1iar les arr1\ts clu I!) ja11vier 18G!1 (1). J>. Gt,.1.80, S. G{i.1.Go), d11
1:-, 111ars 1875 (1). J>. 75.1.:173, S.7:1.1.311) et d1118 j11in 188!1 (D. P. 89.1.
:1!)!1, S. !J<J.1.68). ]~lle a óvitó cl'er11ploycr la for11111le ¡Jrécécle11Le, el a déclaré
si 111 ¡1lc111e11 t 1111 'i I fau t clétcr111 i11er Je rai1g de préférencc par les el i fTéren tes
1111alitl'.·s <le la créa11cc. ~[ais il cst }¡011 (le rc1r1arc¡uer <111e, cla11s les es¡>cces
830 •
LIVRE III, - TITRE II. - DECXIE)IE PARTIE. - CIIAPITRE PRE~llEll

r¡t1'elle a e11 ;\ tra11cl1er, elle a accordé la priorit<'., a11 privilege d11 lJailleur
(privili,g·c spécial) sur cel11i des ge11s de service (privilege g·é11éral) (Da11s le
111e111e se11s, Dijo11, 19 111ai 1893, S. 93.2.13'1; \lo11lpellier, 10 mai 1897,
S. 97.2.2!1!1. ''oir aussi 1111 jugen1e11t ]Jie11 1110Li,é cl11 lrilJunal civil ele J\Iclle,
11 j11ir1 1881, ]). l>. 82.3.37, S. 82.2.141, cléclara11t q11e le privilege cl11l1ail-
le11r et celui cl11 vc11de11r passe11t ava11l le ¡Jrivileg·c g·t',11éral ¡Jour four11it11res
de sulJsista11ces ).
CIIAPI'I'HE II

PRIVILEGES Sl)ÉCl,\l'X SUll LES I~J:\IEUBLES

Nous pourrions réunir, dans l1r1 111e111e cl1apitre, les JJrivileges spéciaiix
sur les im,11.P,ubles et les liyJJoll1eq1ies. Ce so11t e11 ell'et eles droits de n1eme
natt1re, }Jl1isque les privileges spéciat1x in1111ol)iliers, co111r11e les l1ypotl1e-
ques, co111portent un droil ele stzile et so11t sot1mis it pulJlicité. Les privileges
in1111obiliers sont en réalité de véritables hypoll1eqt1es légales. Nous consa-
creror1s cepenclant, pour clonner plus de clarté a 11otre exposilion, des cha-
pitres distincts alIX privileges in1111obiliers spéciaux, d'une part, et aux hy-
poll1cql1es, d'aulre part.

Déflnition. Enumération. - Les privileges s¡Jéciaux sur les im-


meubles donnent aux créances c¡u'ils garantissent le droit de saisir l'imn1eu-
ble, n1eme contre les tiers détenteurs, c'est-a-dire contre ceux auxquels le
délJiteur l'a cédé (droit de suite), et cl'etre payées sur le prixparpréférence
a toules les !1ypotl1eques qui grcvent ledit immeuble du cl1ef du délJiteur. 11
n'y a qtie les créances 111unies d'un privilege général sur les meulJles, et
su)Jsicliairement sur les i 1nmeubles, qui, en ver tu de l'article 2105, et pour
les raisons que nous avons indiquées plus l1aut, passent, le cas écl1éant,
avant ces privileges spéciaux.
l11cliql1ons aussitót la conclitio11 essentielle 11écessaire pour que le créan-
cier puisse se prévaloir ele ce droit de st1ile et de ce droit de préférence: il
faul c111'il ait ptiblié s011 privilcge 11ar une i11scriJJlio11 pt·ise au bureau de la
cor1servalio11 des l1y11otl1cc111es de l'arro11clissen1ent ou l'i111meuble est
a
silt1é. 1\joutons c¡11e cclle inscri11tio11, po11r conservcr son efl'et la date oi1
elle est prise, doil elre re,iouuclée tous les dix a11s (arl. :.i 154). ·
Les privilcges i1111nolJiliers é11u111érés par le Code civil dans l'article 2103
sor1l a11 110111bre ele q11alre:
, 0 Le lJrivil<'•ge clu ve11de1tr cl'i1111neubles pot1r le paiement du prix
(arl. :1103-1°);
:iº Le privilcge eles coltériliers ott co¡1arlagea11ts sur les in1meubles de la
successio11, po11r la gara11lio eles }Jartagcs fails e11trc cux, des soultes ou re-

tours ele lols, et pour le 11aicn1ent du prix des imn1eubles licités
(arl. :1103-3°);
3° Le 11rivilcge des archilecles, e11lrepre1ieu1·s, 111a~ons ou aul1·es ouvrie1·s ·
sur la 1Jlus-val11c do11néc a l'i111111ct1ble par les travaux qu'ils y ont effectués
(arl. 2103-!1°);
LIVRE 111. - TITI\E 11, - '
DEUXIE)IE PARTIE. - CIIAPITRE 11

!1° Le ¡Jrivilege ele la sé¡>aratio,i eles ¡>alrin1oi11es a11 ¡Jrofi Ldes créa11ciers
de la st1ccession et des légataires sur les i111111eubles de la successio11
(art. 2111).
:\ lire l'article 2103-:iº et ::ͺ, il sen1)Jlerait c¡u'il y ait encare clet1x autres
pri,·ileges, 111ais ce n'est qt1'u11e ap¡Jarence, car, e11 réalité, il est sc11le111ent
r111estion elans ces cleux ¡Jarag·ra¡Jl1es ele la sulJrog·ation : 1° de cet1x c111i 011l
¡Jrcté eles dcniers it l'acl1ete11r pour payer le prix, ela11s le privilege el11 ven-
deur; 2° ele ce11x c¡ui 011t 11relé eles eleniers au 11ro11riétaire pour 11aycr l'ar-
cl1itecle 011 l'e11tre¡1reneur, clar1s le privilege de ces clerniers. JI 11c s'c1gil elo11c
pas !11 ele (!c11:.r prii-ili'ges s¡Jéciji<¡ue111e11t 1lisli11cls.

Comparaison du privilege immobilier et de l'hypotheque. - 011


dit orelinaire111cr1t r111e le privileg·e ir111110l>ilier est t1ne li_v¡>ollier¡11e ¡>rivilégiée.
Cela esl cxact. l.e ¡iri,ilt'~g·e resse111lile s11rloul it 1·11ypotl1eq11e légale, puisq11e
tous deux "011l crt'·í~s ¡iar la loi. 11 y a néa11111oins une clill"érence, co11sli-
tua11t, it la vérité, 1111c ,-i111¡ile 1111a11ce, quar1l aux r11otifs qui cléter111i11e11l le
législaleur it étalJ!ir l'u11e ou l'a11lre ele ces gara11Lies. l)o11r i11slituer 11ne
l1y11oll1eq11e légale, le lt'·gislaleur 11renel e11 co11sidéralio11 ¡Jri11cipale la per-
son11e du créancier, la condilion 11arlic11lit\re cla11s laquelle il se trouve e11
face de s011 clébilet1r. 1\insi. il do1111e t1ne l1ypoll1t'~c1ue légale a
la fc111n1e
111ariéc sur les i111111culilcs de son 111ari, au pu¡iille et á l'i11terdit s11r ceux el11
tuleur, en raiso11 ele la proleclio11 elo11l il e11loure ces deux catégories cl'inca-
palJ!es. ;\u co11lraire, nous 1·a,·011s v11, c'est la 1¡11c1lité lle la créa1ice el 11011
plus celle elu créa11cier c¡11i tlélern1ine la créatio11 des privileges.
11 co11vie11t ele ra¡i¡Jc!er u11e seco11ele tlill"ó1'e11ce, pl11s in1porta11tr, e11trc les
l1y¡)oll1ee¡11es légales el les pri,il<'·ges i111111r>IJiliers. I~lle co11sisle e11 ce (Jtif' le
¡lrivil<'·g·e i111111obilicr esl }layé ¡iar ¡)référe11ce s11r le }ll'Íx ele l'in1r11eulJle, ava11t
tous les a11lres cróancicrs l1y¡Joll1í•caires le11anl le11rs droils d11 elélJileur.
])011c, il passe 111e111c ava11l les l1y¡ioll1eq11es li'•gales ele la fe111111e et tlu pt1-
¡>illc elt1 t!ólJilc11r, !Jie11 e¡11c celles-ci jouisse11l dój/1 tl'1111 ra11g ele fa,e11r it
l'enconlrc tles a11tres crt'·a11ciers l1y¡>oll1í·caires .

.
§ t. - 1•1•l'l·llt•gc cl11 'l'C11clc•111• cl'l111111c11ltlc.

Garanties du vendeur d'immeuble pour le paiement du prix. --


La loi eln1111e lruis f/!ll'a11tics a11 vPnclc11r el'i111111c11IJ!e, crí:a11cicr cl11 ¡)rix:
rº l,c 1lroit 1/c r1:tc11tio11, r¡11ancl la vente a Í•IÓ faite sans ler111e (art.. 161 :i),
'
011 IllCIJIC SI. 1111 <l'I. 't' HCC(}l"( I'C [lOllr 1e Jla1e•111cnl,
(' a1 a('.('. ' 1(Jl'S((\l() I' ac 11ct.c11r csl
tcu11lií· c11 faillilc 011 r~n t'·tat clr\ elt'·conlil11re 1IP¡>11is la vente (arl. 1!i1:3);
:iº l,e clroit ele 1le111anclcr la r1:so/11tio11 el11 Cl)lllral (art. 1G5!1):
:3° lJn J>l'il'ifl\f¡ti sur l'i1n111c11IJ)c YP111l11. ()11 rc111ar1111cra c¡11'1J1111c rc11cc>11trc
pas ici 1le elroil <le reve11clication a11ale>g11c :'t ccl11i c¡11i csl concí•clí\ 1)a1· l'ar-
ticl<' :i 1c)·1.-!1º, :iº aliníia; ce elroil n'cxislc c¡11'1\11 111at.it'·rc ele vente ele 111011l>lt)S.

Origine historique du privilege. - l,e ¡)rivilt'·gc el11 ve111lc11r 1l'i111-


' .
PRIVILEGES SPECIAUX SUR LES IM~IEUBLES 833
rneuble, commé celui du vendeur de rnet1ble, date de notre ancien Droit.
Dans les ventes faites a terme, il était d'usage de stipuler que l'irnrneuble
serai t grevé, au profi t du vendeur, d'une hypotheque lui donnant un droit
de préférence opposable á tous les créanciers de l'acl1eteur. Dcux arrels du
l)arlen1ent de Paris du 3o avril et du 8 septen1bre 1628 consacrerent cet
usage, et déciderer1t que, 1neme en l'absence d'une cla11se expresse, le ven-
deur jouirait d'une hypotl1eque tacile privilégiée pour sa créance du prix
(Ferriere, Compilatio,i des comrneritaires sur la Cout1zn1e ele Par is, t. 2, col.
1331 ; Basnage, Hypotheques, cl1ap. 14 ; Argou, J11stitution au Droit Jranrais,
t. :J, p. 4o¡; Pothier, Trailé de l'liypotheque, nº 145, éd. Bugnet, t. 9, p. 462).
<2uant au fonden1ent juridique de ce privilege, il est inutile d'y insister.
Ce fondement est de toute évidence le meme que celui du pri,·ilege du ven-
deur de meuble.
Nous allons étudier ici l'ensemble des regles relatives au privilege du
vende11r cl'immeuble, en nous attacl1ant aux 11oints suivants:
l. - Quand y a-t-il lieu au privilege ~
II. - Sur quels biens porle-t-il ~
111. - Quelles créances il garantit.
IV. - Comment il se conserve.
V. - Comrr1ent se regle le conflit entre vendeurs successifs.
VI. - Observation finale.

l. - Quand y a-t-íl lieu au privilege?

Le privilege pre11el 11aiss,1nce toutes les Jois qu'il y a ve,ite <l'tt1i in1n1eit-
úle, sa11s distir1guer s'il s'agit el'u11 in1rne11]Jle par 11alure ou d't1n clroit
irr1111ol)i!ier, vente cl'un usufruit 011 d'11ne aclior1 i111111obilisée de la l}a11q11e •
ele I<'rancc, conslilulion cl'unc scrvitude, cession ele la miloycn11eté d'u11
111ur ele st'~11aratio11.
J>our ces dc11x clcrnicrcs· l1ypoll1cscs, le cloutc cst ccpe11da11t possible.
U11e scrvil11dc, 1111 clroil de 111itoyc1111cté 11c pc11vcr1t ¡1as etrc saisis el ven-
el11s a11x e11cl1cres. D'a11lre parl, 11r1e fois placés cla11s le palrimoine de l'ac-
c111ére11r, ces droils ne ¡1euvc11t ¡Jas 11011 ¡Jlus faire l'ol>jel d'11r1e ccssio11 dis-
ti11cte. l)<'-s lors, il sc111lllc .\ prc111i<'·re v11c c¡11c le vrr1clcur cl'une scrvil11clc
011 tl'1111 llroil lle 111itoyc11nelé r1c }J<)urra ja111ais 11scr tic s011 privil<'•gc. J•:11
011trc, ¡Je11l-011 ajoulcr. ces llrc>ils 1ie so11l ¡nis susccplilllcs cl'l1y¡JotlJ<\ífUe
(art. :1118); or, le ¡>rivil<'·gc in1111olJilicr 11'cst ¡>as autrc chose q11'unc l1ypo-
ll1<~q11c privil/•gicc. ~lais ces arg11111e11ls 11c s011t JJas en so111111c dt~cisifs. (ln
c<)lll[>l'Clltl c¡11't111 11c ¡iuissc ¡>as l1y¡>oll1él¡uer 1111c scrvit11de 11i 11n droit ele
111itoyc1111clé in1Jé¡1c11cla111111e11t ílc l'i111111c11l>lc a11c111cl ces clroils se ratta-
cl1e11l; 111ais il 11'y a pas ele raiso11 ¡1our rcfuscr 11 cclui <]Ui les n vcnllus le
)Jénélicc llt1 privilcge. 11 est llJUt 11 fail faux tic })rélenelre que ce privil<'Jge
11c lui sera ll'a11cu11c 11lilil<S. l~c cc1nslit11ar1t 11'a11ra c¡u·a saisi1· et fairc Ye11-
drc l'i111111c11ble. lciul l'i111111e11blc, en ta11l c¡ue cróa11cicr, JJ11is il fcra valoir
so11 ,lrciit ,le ¡1r<Sfórc11cc sur la ¡1artie du prix. rc¡Jréscnlu11t la valc11r lle la
scrvil11,lc active 011 tl11 droil de co¡Jro¡>riété du r1111r. l\ic11 r1'csl ¡Jlus si111ple.
'1'0111e 11

834 LIVRE III. - TITRE II, - DEUXIE)IE PA.RTIE. - CH,\PITRE II

Cependant, la solution que nous préco11isons sen1l)le vue peu favora-


blement par la jurisprudence. Un arret (le la Cour de Paris du 10 1nai
1898 (D. 1). 98.2.497, note de ;\l. Planiol, S. 1900.2. 137, r1ole ele !11. 'fis-
sier) a décidé, en se fondant sur l'article 2118, qu'une servitude ne pe11t
servir de base a u11 privilege. Le tri!Junal civil de la Seine s'est 111011tré
moins sévere pour le droit de n1itoyenneté, )Jien q11'il ne soit pas ce¡Jendant
susceptible, lui non lllus, d'ctre l1yp0Ll1équé con1me tel, et a décidé ¡Jar u11 _
jugen1ent du 8 février 1880 que la cessio11 de ce droit éLait garanlie par le·
privilege du ,·endeur (D. ll. 80.3. 119, S. 81 .2.23 ; Ilor(lea11x, 21 avril 1890,
D. P. 92.2.!132).

Application du privilege a certaines opérations analogues a la


vente. - On est d'accord pour adn1ettre que le privilege garantit le clroit
d11 créancier dans de11x opéralions qui olTrcnt aYec la vente la plus grancle
analogie :
1º L'écl1ange a,·ec so11lte;

2º La dation en paiement ¡Jar 1111 (!é]Jile11r (!'1111 ir11111e11l1Ie s11¡Jérieur au

monta11t de la dellc.
1° Ecl1a11ge avec soLLlle. - L'échangiste, c1ui livrc it l'autre un i111111e11l1lc-
,,alant plus q11e celui c111'il re<;oi t, joui t du privilege clu Yendeur s11r J'i111-
1neublc livré, pour le paie111ent de sa créance de soulte. Cette solutior1, q11i
n'est co11lestéc 1Jar pcrsonr1c, résulle d'a)Jord de l'identité de siluali<Jn r111'il
y a enlr!: l'écl1angistc et le vendeur, lcsqucls 111etlent l'u11 et l'aulre 1111e
,·aleur dans le patrin1oine de le11r clé!Jite11r; el ensuite ele l'article 1707, qui
appliq11e it l'écl1ange les regles 1Jrescrites llo_ur la vente (l\ec¡., 11 111ai 1863,
D. 11 • 64. 1. 191, s. 64. I .357).
1º Dalio,i e,i JJaierne,il 1l'Lt1i im111c1iblc tl 1ltle valcur s1tpéricure r't ln tlcllc.
0

- Dans la 111esure ou la valeur de l'i111111eu!Jlc clépasse le 111011ta11t (lesa


(!elle, le débiteur est, 11011s l'avo11s ,11, un vérila!Jlc vendeur, et en co11s<'·-
c1uence, sa créa11ce est garantie ¡1ar le 1JriYilegc de l'arliclc :1103 ('"· SII/Jl'li,
¡>. 502).

11. - Sur quoi porte le privilege?

Le 1iriYilegc ¡iorle s111· fi1111ne11ble i•e11(lu. J,a j11ris¡>ru<lence all111PL <111"il


f'éle11(l, con11r1c l'l1ypllll1L•1¡11c el ¡>ar a¡J¡Jlication de J'articlc 2133, i1 toulcs
les a1nélior1tlio11s s11rve1111es il J'i111111e11l>lc (l\cr1., 15 j11illel 18(i7, ]). J>. li8.
1.2 6(), S . ('8
1 .,.~,; 'I' l'lu.
. l. CIY,
• .~e111e,
"" • 21 Ja11v1cr
• • 190:.i, D.l). 1()0,1.:.!,II¡;).
" - ) l\[a1s
.
cctte sol11Lio11, <111i s'explic¡11e forl l>ie11 e11 ce c111i concerne l'l1)'llülhi.•1¡11c,
cadre 111al avcc le f1J11llc111cnl j11rillic¡11c flu ¡>rivilt'•gc, celui-ci 11c ll11vant
grever 1¡11e la cl1osc 111isc ¡>ar le ,·e11deur 1la11s le palri111oi11e ele I'acl1ele11r.
l)c 111cr11e 1¡11'1111 ¡irivi)1\gc ¡Je11t ¡J<Jrler excl11sive111e11l s11r la ¡ilus-val11e 1lo11-
11éc i1 1111 i111111e11l>le, ce c111i, cl'aillc11rs, 11'est ja111ais ¡>ossil,Ic ¡>our l'hy¡10-
a
ll1e1¡uc, ric11 lle clevrait s'1J¡>poser ce 1¡11'1111 ¡irivil1·ge grev,iL l'i111111eul,le,.
abslraclion faite ele cclle pl11s-val11e.
' .
PRIVILEGES SPECIAU,'I: SUR LES l)I~IEUULES 835

III. - Créance garantie.

Le ¡Jrivilcge garantil la créance d11 JJria; ele vente. Et cette créance co111-
pre11cl non seule111ent le prix pri11cipal, 111ais les i11térets et les cl1arges acces-
soires stip11lées au contra 1, telles CJlle pots-de-Yi11, <·r,ingles, etc ...
Que faut-il décider ¡Jour les frais el !O)'a11.1; co11ls clu contrat, paie111ent
des !1or1oraires clu notaire, clroils ele 111ulalion et de lranscriplion, ele.? Or-
dinairen1e11t, c'est l'acl1eleur c¡11i les paie (art. 1593); n1ais il se pcllt q11e le
, ende11r en ait fail l'avance. J,e re111JJourse111ent en sera-t-il garanti par le
0

privilcge? La jurisprudence réso11t la c¡uestion affirn1ati,·en1ent (Civ.,


1'r aYril 18G3, D. P. G3.1. 184, S. G3. l .'.>,3g; Civ., g n1ars r898, J). ll. 98. 1.
349, S. 99.1.:1 111, 11ote ele :\l. \\.al1!,. 011 a o!Jjeclé que ces frais sont u11e
avance, u11 pret fail ii l'acltete11r, rnais 11e constil11ent ¡Jas u11 élé111ent d11
prix. 11 faut ré1Jondre, a,ec la Clta111!Jre civile. c¡11'en rt~alité ces frais forrr1enl,
clans la pensée des parlies, u11 sup11l{~ment d11 ¡1rix; et que, de plus, ce n'est
¡Joi11t par volontó de r1;nclre service 11 I'c1ccipie11s, ou pour réaliser un ¡Jlace-
111enl con1111e le fait 1111 1Jreleur, c111e le vencleur -les ava11ce,n1ais le pl11s sou-
,·ent parce qu'il y est obligé sur les poursuiles du cróa11cier con111111n. La
solutio11 de la jurispruclence csl, clu reste, to11t éq11ilalJle, car, si I'acl1cleur
avait payé lui-r11e111e ces frais, ses créa11cicrs tro11veraicnl en 111oins cclle
valc11r dans son patrin1oine. lis ne souffrcnt clone point cl1111ri,ilcgc altrib11ó
au vendeur ¡Jour leur recouvren1e11t.
Le privilcge d11 vendeur d'i111n1e11!Jle clure ta11t c111e sa créance 11'a pas.
été inlógralement payée. 1111e s'éteindrait c1u'a11 cas 01'1 le ,encleur en aurail
fail 11ovatio11, sa11s réser,er la garantic du ¡Jrivilt'•gc a11 ¡1rofit de sa nouvcllc
créa11ce. l\lais 11ne telle no,alio11 11c doil pas se prés11111er ; elle 11e résullc
c¡ue de la volo11lé ccrtainc eles parlics. 11 n'csl pas clo11teux, e11 particulier,
c1ue le fait, de la part clu vendcur, d'accepter des billels so11scrits par 1·acl1e-
le11r 11e constituc pas 11ne novatio11 (1'oulo11sc, 8 mai 1888, 1). J>. 8u.2.:>.08;
l\cc¡., 27 111ai 1895, D. 11 • !):Í.1,508, S 9!).r,:J1¡. ,;. s11¡1ra, ¡J. 105).
I,orsc¡u'il cst sli¡J11Jé da11s )'acle ele vc11le c1ue le prix sera ¡1ayé rn l.0111. 011
en parlie a urt liers, créancier d11 vc11deur. ou c¡uc le vendeur vc11l gralifier,
c'csl ce clt)légalaire e¡11i IJé11éflcie cl11 ¡1rivilcgr, car ccl11i-ci e~t allaclu': i1 la
cróance clu 1irix. Si 1'011 su1i11ose, ¡iar <'XC111¡Jlc, 1111e adj11clicalio11 cl'i1111r1c11-
)Jlcs l1érédilaircs, avcc ol1ligalio11 JlOllr l'adj11clicalairc ele ¡1ayer, c9n1111c ¡1rix.
1111c rente viagcrc lóguée IJar le cléf'1111l, le ¡Jaic111e11t ele ce lle rrnte se trouv<'
gara11li ¡Jar le privilcgc cl11 ,cnclc111· ()\ce¡., ¡•r ao11l '!)O!¡, 1). J>. 1908.1.
457' s . 1 !1º7 . 1 . 7:1).

IV. - Du rang du privilége du vendeur. Comment il se conserve.

I~c ¡1ri, i11\gc el u vcncle11 r ¡1ri 111c lou les les 11 y¡Jo ti ,ce¡ ucs 11ées d II cl1cf' ele l 'acl1c-
lcu r, 1111'\111e ccllcs q11i 011t 1111c clale a11tt'.ricure 11 la vc11tc. 011 ¡Jcul dire e¡ue
J'i111111c11l1lc 11'e11lre dn11s le ¡iatri111oi11t) 1lc lºachclcnr c¡uc grc,{: du Jlri,ilcgc.
S11¡J¡it1Sc>11s, ¡iar exe111¡>le, c¡11e 1·acl1eteur soit tulcur cl·u,1 111i11cur. Ses lJiens
so11l grevés, (IU Jll'Ojil <lit /lll/lillc, d'1111e l1yrioll1ce111c légale (}lli ))l'('fl(I ra11.~ Hll
836 LIVRE 111. - TITRE II. - '
DEUXIE~IE P.\IITIE. - CIIAPITRE 11

jour de l'o11verture de la tutelle. Néan111oins, si, durant la t11Lelle, le luteur


acquiert u11 in1111euble, le privilege du vendeur prin1era l'l1ypotheque légale
du pupille. Ríen n'est plus rationnel et éc1uitable. Le p11pille s'enricl1irait
injusten1ent a11x dépe11s cl'autrui, s'il pouvait se payer sur le prix d'un in1-
111euble acl1eté par son tuteur et q11e celui-ci n'aurait point payé.
,1ais, pour que le vencleur puisse se prévaloir de son privilege, il faul r1ue
celui-ci, comrr1e tou t ¡)ri vilege i n1n1obilier, ai t été porté a la connaissance
des tiers par la ¡)u!)licité. Ordi11aire111ent, ai11si que 11ous le verrons plus
loi11, les privileges et l1ypothi~c1ues sor1t publiés au 111oyen cl'u11e inscriptio11
faite sur un registre a ce destiné, au burea11 de la conservation des hypo-
tl1cques de l'arrondisserner1t oi'1 est situé lºin1111euble. ,1ais, comme la vente
immobiliere est sour11ise elle-n1c111e a la !)U])!icilé et doit etre transcrile sur
le registre des transcriptions <lnrlit bnreau, le Code civil a jugé inutile
d'in1poser aux ¡)arties lrs frais cl'u11e inscriplior1, t¡ui aurail fait double
e1nploi avec la lranscription. En ell'et, l'acte ele ,·e11te lra11scrit, c'est-a-dire
co¡Jié i,i exte11s0 sur le r0gistre, 11e n1anquera pas ele 1ncnlionner que le prix
n'a pas été payé con1ptant, et de slip11ler en conséquence les inlérets co11-
ve11us et le ter111e flxé pour le paien1e11t. Ltilisar1t celte publicité, l'arti-
cle 2108 décide do11c q11e la tra11scriptio1i cl1i contrat vau(lra inscri¡1tion pour
le ve11deur. Seulc111e11t, 1Jour 11c pas olJ!iger les Licrs a const1lter un acle qui
peut ctre long et compliqué,et po11r re11dre ¡)lus con1plete encorela publicité,
l'article :i 108 ¡Jrescril au conservateur eles l1ypoll1er1ues cl'exlraire du Litre
de vente l'indicalion relative á la créance du vendeur, et cl'en faire d'office
l'i11scri¡>Lio11 sur le registre llcs i11scriptio11s l1ypotl1écaires.
Les frais de la lra11scriplio11 s011t a la cl11\'rgc ele l'acl1ele11r, 111ais comme
le ve11det1r a i11l{)rel /1 la faire po11r co11servcr so11 ¡>ri,ilegc, 011 con1pre11d
cru'il eu ¡>ayc l11i-111e111e le 111011lnnt, sa11f á s'e11 faire re111bo111·ser ensuite;
ce re1nlJourser11e11t esl garantí ¡1ar so11 ¡1rivileg·e. Cc¡Jcnda11l, il n'en est
ainsi c¡ue si !'acle lranscril co11tie11l 1111e énonciation avcrtissanl les tiers que
les frais sont encore clus ('¡· Ci,., 11 r11ars 1898 }>l"(!cit{· el la 11olr lle ~I. lVal1l).
<)11 a loujours alln1is, <lu rf'sle, c¡ue Ir vcn<lPur a le clroit <le rf'n1placer la
lra11scriptio11 elu litre ele Yente ¡>ar une i11scri¡ilio11 ele sc>n privilege prisc
clireclc111c11l.
11 ce>11,ic11t lle ren1ar([ller, Pll linissanl sur ce ¡1oi11l, c111r l'arlicle :1108
,~tait 1111 <les rarcs articles <lu c;(Hlc civil (Jlli, aYa11l la loi <l11 :.i:1111ars 1855,
faisaienl 111e11Lio11 el() la lra11scri¡1lic>n el() la Y<'nlc. Cela lient it ce <1ne, a11
1110111e11l oú il ful. rt'·<lig{·, les ri'·elacle11rs 1l11 C(idc 11·avaie11l pas c11core ¡1ris
11arli s11r la c¡11csli1,11 <le sav11ir si la lra11scri¡1li(JII scrail. 011 11011 11écessairc
1>ot1r tra11sf1~rer la 1>ro11rii':li'! /1 l'i'•gar<I 1l1!s Liers. <>11 sail ([lle, linalc111cnt, ils
11e la trancl1i!rcnl ¡ioi11l, el e¡11e la dr>clrine et laj11ris¡1r1ule11cc co11cl11re11l 11<'
leur sile11ce q11e l'acl1el1!1II" el'1111 i1111111111lile clc,enail ¡1re1r1riétnire <lólinil.if.
erg<t 01111tes, du j1>11r <lu c1111lral. l,'acl1clc11r 11'avail (!(111c a11c1111 i11tércl ú
faire la lra11scri¡ilic>11. ,tais, 1>11 le v1>il, il 11'c11 i'!l.ait 11as (le 1111'11>() d11 vrn-
dc11r, puisque la Lranscri¡>Lion (ou l'inscri¡>Lil>ll <¡11i la rent¡ila,;ait) {:tait 1111()
co11dili1J11 11écessaire /1 la co11sPrvali1111 d1• son ¡irivili'·g,!, ( >11 s1i so11vie11L aussi
e1ue la loi 1l11 :i:1 111ars 18:-,:-, a rélal,li 1'l1ar111011il' <lans !(~s <lis¡>(>Silions !(·gis-
' .
PRIVILEGES SPECI ..\CX SUR LES I~l~IECBLES

latives afférentes at1x 111utatio11s i111n1obilieres, e11 décidanl qtie, jusqt1'a la


t.ranscription, l'acqt1éreur 11e pourrait pas opposer son droil aux liers qt1i
unt des clroits sur l'in1n1euble et les ont conservés en se co11formant at1x
a
lois. Des lors et deptiis cette Joi, l'acl1elet1r est intéressó faire transcrire
son litre el'acquisition, afin de le rc11dre opposable aux Licrs (\r. notre t. I••,
p. 9!19 et s.). En sau,•egardanl son J)ropre droit, il conservera e11 n1cn1e temps
la gara11lic de son créancier.

Aquel moment la transcription doit-elle étre faite pour conserver


le privilege du vendeur? -- Pour répo11elrc i1 cette q11estion, il ir11porte
de disting11cr suiva11t r1uc l'im111e11l)le est encorc entre les 111ains de J'ache-
teur, ou a été aliéné par lui.
1° Pre111iere liypotlicse: L'im111e1ible est e11core entre les mai11s ele l'aclieteur.
- 1\11cu11 clélai n'esl alors exigé par la loi pour l'acco111plissen1ent de la for-
n1alité ele la transcriplio11. Quel que soit le te111ps éco11lé elepuis la ,·ente, le
, endeur 1)et1t do11c to11jo11rs, en prirtcipe, a condition ele faire a11paravant
0

la transcription, op11oser son J)rivilege aux créanciers de l'acl1eteur.


Cepe11dant, il ~- a, 11ous le verro11s, de11x évé11eme11ls q11i s'o¡1pose11t cl'u11e
a
fa<;on générale toute inscri1)tion 11ouvelle ele privileges el l1ypotl1ec¡ues s11r
les imn1eubles d11 clél1iteur, et qui n1arr1ueront par conséqt1e11t le point ter-
111inal passé lequel le ve11deur cessera de ¡Jo11voir, s'il n'a pas fait la trans-
cription a11paravant, opposer ~on privilege aux 1autres créanciers de
l'acl1eteur. Ces événe111ents i'·11oncés par l'arlicle 11/16 sont:
a
A. - La faillile ele l'acheleztr, laquelle il fa11t assin1iler la liquidation.
j11diciaire; pl11s précisén1ent, le jugeme11t déclaratif de faillite ou de liqui-
clalio11 jucliciaire. F:t e11 effet, la faillite fixe dt'finitivemer1t les droits des
cr<'·a11ciers. et err1pccl1e 1¡11e 1'1111 d'e11x ¡Juisse acquérir, a11x dépens des au-
tres, ur1 elroit de préférence q11'il ne pouvait pas le11r opposer auparavant.
B. - La 111orl de l'aclieleur suiuie lle l'acce¡Jlation. bé,iéflciaire de sa s1tcces-
:1,
sio1i (art. !16. 2' al.). ]~11 elfet, l'acceptatio11 so11s bénéfice el'inventaire res-
se111lilc, par cerlai11s c,'>Lés, ú u11e faillite postl1u111e. E11 tout cas, elle Iaisse·
¡iré~t1111cr l'insolvalJili té clu défunt, el la loi 11e ve11t point, pas 1Jl11s qu'en
111atierc ele faillitc, qu'1111 crc':a11cier puisse rlésor111ais rnoclifier sa situation
a11 elétrin1cnl des a11lres, el se ¡1révai<Jir /1 Ir11r enconlre cl'u11 clroil ele pré-
ft'·rcnce r1ui ne Icur élait ¡ias 011¡iosalJlc ava11l la n1orl du elélJile11r.
C'csl ici le 1110111cnl rlu déces r¡ui conslitue le ¡ioinl préci~ auq11rl se
¡1rod11it l'ell'cl i11elir¡u<'·.
'
'fels so11t les deux se11ls évér1c111c11ls r¡ui, lant. q11c l'ir11111c11l1lc reslera
cla11s le ¡1alrin1oi11e ele l'acl1el<!11r, ¡1c11ve11l 1ncltrc olistacle /1 la 111ise en va-
leur clu ¡irivili·ge clu venclcur. (~elui-ci ¡iourra clone o¡iérer la lra11scriplio11,
'
111c111c ,¡uan<l 1•·1111,neu 1J I<! a11ra <'l<'
' ' sa1s1
. . ¡iar <I' a11tres cr<•a11c1crs,
' . '
111c1ne '
apres
a
c¡uP le ¡iroct\s-YPrlJal ele saisie aura étt'· lranscrit., co11forn1t'!rtlenl. l'art. 678
tl11 C.oclc ele procc'·d11rc civilc. 11 Ic llfH1rra cnc<Jre, 1r1t'111c a11r<\s l'aeljuclicalior1
<¡ui s11ivra la saisic. 11 ne sera 11rivc'• ,le la facull<' el<' re11<lrc so·n privilege
<ip¡i,isalilc aux aulrcs crt'·anciers ele l'ac1¡11<'•rc11r q11'a11 rr10111cnt 01'1 l'adj11di-
calicH1 aura t':tt'\ transcri te. l~n e\ll'cl, c·c~l ce lle lra11scri¡1tic1r1 qui n1arq11c la
sorlie <l<'-ll11iliv() cle l'i1r1111e11IJlc clu ¡,atri111cii11e clu saisi.
,
838 LIVllE III. - TITRE II, - DEUXIE~IE PA.RTIE. - Cli,\PITRE II

,';eco11cle liy¡Jolhese : L'i111111elible ri ,1lé rzliéné ¡1ar l'acr¡uéreiir. -- So11s


l'en1pire d11 Cocle civil, et avar1t la loi du :13 r11ars r855, la Doctrine et la
jurisp}udence admellaient c¡11e l'acc1uére11r devenait propriétaire erga 0111nes
.\ con1plcr d11 jo11r d11 contrat. E11 co11séc¡ue11ce, on clécielait q11e le vc11deur
ne pouvait saisir l'i111n1euble entre les 1nains cl'un sous-acquéreur qu'lt la
condition d'avoir fait la trar1seription ele l'acte de vente ava11t la co1icl1isio1i
rlii seco,irl co,ilral.
On con1prend co111bien cette regle élait elangereuse pour le ve11deur c¡u'elle
exposait .\ pcrdre son clroit ele suite, par l'effet d'11r1e revenle ig11orée de lui
et qui pouvait avoir lieu fort peu ele ten1ps a pres la pre111iere aliénation. Le
, e11deur n'a,-ait qu'11n moyen de se co11,·rir contre ce risque, c'était de faire,
0

sans tareler, transcrire l'acte de ve11te.


Le Code de procédure civile de 1807 ,,int parer lt cet inconvénient c11
décidant, dans son article 83!1• que le ver1deur aurail encore le clroit de faire
utilen1ent la transcription, apres la nouvelle aliénation et jusc¡u'it l'expira-
tion d'11n elélai de c111inzaine .\ clater de la transcri11tio11 de cette seconele
'
aliénatior1 ('r· to111e ¡er, p. 9!10 s.).
Er1fin la loi d11 23 111ars 1855 a réglé la sit11ation el'u11e fac;or1 confor111e
au principe nouvcau q11'elle a éclicté.
Elle déciclc, en ell'et, dans so11 article 7, c¡11e les créa11ciers priv ilégiés 011
l1y1Joll1écaires s11r l'i111n1e11lJle ¡Je11vent utilcn1ent prer1dre inscription sur
le précéde11t 11ropriétaire ji1s1¡1i'ii la lra11scri¡1tio11 ele /'acle d'alié11atio11. 11 e11
résulte q11e le vendeur pc11t op11oscr so11 droit ele suite au sous-acquéreur,
a conelitio11 d'avoir fait lranscrire son acle de ,e11lc ciuant la lra11sc1·i¡Jlion
rle la seco111le aliénntio11.
~lais celle 11ouvelle regle, si elle avait élé éclictée se11le et lclle quelle,
a11rait laissó le vendeur exposé a11 cla11ger Ll'1111e reve11Le pr«'.·ci¡Jilée de l'i111-
~11eul1le, s11ivie cl'1111e tra11scri¡Jtio11 opérée ¡Jar le so11s-acg11éreur avec 11ne
l111te fraud11le11se. Su¡>poso11s e11 ell'el c111e Sccu11llt1s, acl1ele11r el elélJiteur clt1
prix, se 11,'\le (le reYe11clre l'i111111eulJle acl1elé ele Pri11111s, et c¡11e celle re,c11te
soit lra11scrile avar1l q11e Pri11111s ait e11 le le111¡>s r11c1ral ele se rcco1111ailre
et de lra11scrirc la J>rc111ióre aliénalion. Ce clcr11ir11· Ya se lro11vcr ainsi clé-
pouilléduclroilcle st1ile at1'i',rr•11l i1 so11 ¡1rivil<'·ge it l'égarcl ele 7'erti11s,so11s-acl1e-
teur et ¡JrolJal>lcu1e11l co11111licc ele .'-;cc1111ll11s, el 11'a11ra cl'a11tre resso11rcc que
ce lle ele la lrós aléaloire aclion l\111lie1111c ! t 1011r proléger le ve11cle11r co11Lre u11
lel danger, l'articlc 7, :i• al., 1le la loi clt1 :i:) 111ars 185:i a clo11c í•cliclé 1111e se-
conele r1'glc (<¡11e 11ci11s relr<J11ver1J11s ¡>lus loi11 eucr1rc 011 í·l11clia11l le privilege
cl11 co¡Jarlagea11t). l)'a¡Jrós celle clis1>osili<>11, le Ycncleur pe11t, <¡11oi c¡11'il ar-
rivc. !'aire 11lilc111e11l. la lra11scri1>ti(>II, cl1111s les r¡H11rc111le-ci11r¡ ju11rs cle !'acle
de ve11lc (ele la prc111i1'rc vc11lc, l>ie11 c•11teuel11), 11u11obslr111l lo1ilc lrc111scr1¡i-
lio11 <i'<tclcs J<tils rlans ce clél,1i. ,\insi, le v,111clc11r se 111ct i1 l'a!Jri ele l<llllc
sur¡>rise, clu 11101111111l c¡u'il veille, clans les <111arante-ci1111 j1>11rs, /1 ce 11111i la
for111alilé 1>rescritc 1Jar la loi s11it accc>111)>lie.
(;cite 11c>11velle clis¡iosilion, ¡>r<Jlt'·geant eflicace111e11l le vc111l1111r cc¡11lre le
risc¡ue 1l'u11c scco111le 11lit':11alio11 1irt'·ci¡>il1'·11 et fra11d11l1:11se, a r1•111l11 i1111Lilc
la rt•gle i•clicli!c ¡>ar l'arlicle 8:)11 1l11 <:111le 1le 1>r<Jci:<l11re civile, l11<111cllc a í·lé,

er1 C()IISL'(lll<'IIC(), a 1>roge<'.

' ,
PRIVILEGES SPECIA.üX SUR· LES IMMEUBLES . 839
L'extinction du droit de suite emporte-t-elle celle du droit de pré-
férence ? - Lorsr1ue le vendeur a perdl1 le droit de suite, pour n'a,,oir pas
fait transcrire son acte de vente en ten1ps utile, pel1t-il encore invoquer
un droit de préférence a l'encontre des al1lres créanciers, ta11t que le prix
a
reste du l'acheteur par le sous-acquéreur ~ Sans hésiter il faut répondre
non. En effet, le ,·endeur r1e peut opposer son privilcge aux autres créan-
ciers qu'autant qu'il l'a p11blié. Or, la transcription de la sous-aliénation
n1et obstacle a ce qu'il puisse désormais transcrire la premiere vente (ol1
inscrire son privilege), et, par conséquent, remplir la condition r1écessaire
a l'exercice dudit privilege. .

Effet de l'extinction du privilege sur l'action résolutoire. - Jus-


qu'ici, nous n'avons parlé que du privilege, mais on se souvient que le
vendel1r non payé a, en outre, le droit de demander la résolution du con-
trat. Ce droit subsiste-t-il meme apres que le vendeur a perdu son privi-
a
lege? lnutile cl'insister Sl1r l'importance de cette q11estion la fois pour le
vendeur et pour les tiers. [,e vendeur, s'il conserve le droit de faire résou-
dre le contrat et ele recouvrer la propriété de l'in1meuble, échappf'ra par ce
n1oyen au risque de l'insolvabilité de l'acheteur. 11 retrouvera, sous une
nouvelle forn1e, l'équivalent d11 privilege que la loi a voulu lui enlever.
Quant alIX tiers, créanciers ou sous-acquéreurs, auxquels le privilege est
deven11 11on-opposable, la survie de l'action résolutoire constituera pour
e11x une véritable surprise, et reudra inefficace l'exlinction du privilege
<lont la loi 'enlendait les faire bénéficier.
11 est curietlX de constater que les rédacteurs dl1 Code semblent n'avoir
pas apcri;t1 toule la gravité de celte question, et l'ont entierement passée so11s
silence. Le résultat de cet oubli était déplorable pour les tiers. En e!Tet,
con1me l'action résolutoire n'est soun1ise a aucune mesure de publicité
analogue a celle qui est exjgée pot1r le privilege, il en résultait que le ven- '

deur pouvait l'intenter pendant trente ans, q11oique la vente n'eut pas été
transcritc, n1e111e apres la faillite ele l'acheteur, mcme a pres sa mort et l'ac-
ceplatio11 }Jé11éliciaire de sa successio11, me111e enfin qt1and l'io1meuble se
trotivait aux 111air1s cl't1n so11s-acrrt1óreur ayant trar1scrit son litre d'acquisi-
tior1 et au l)I'Ój 11dice ele ce elerr1ier.
Cette sit11atior1 a d11ré jt1se111'a la loi clu 23 n1ars 1855, laquelle a heureuse-
1ne11t réparé la lac1111<1 clu Cocle civil, <111 clécitlaot, dans son article 7, que I'ac-
lio,i résoluloirc 11c pc1it clrc c.Tcrcéc <ZJJ1·es l'cx li11ction du privilege du vendeur.
'fclle était bier1 la solt1lio11 co111n1a11elée par le régime de publicité institué
po11r le privilóge, car il sc\rait 1)viele1111nent illogiq11e de subordoooer a la pu-
blicité l'1111e eles gara11ties accorclées au veodeur en en a!Traocl1issaot l'autre.
Mall1e11re11sen1e11t, la loi de 1855 11'a pas supprimé, comn1e elle aurait du
le faire, toute cootroverse. Elle a e11 le lort d'e111ployer une formule équivo-
a
q11c, q11i, prise la leLlre, 11e vise pas tous les cas 011 la question peut se pré-
se 11 ter. J..'article 7 dit, en effet, que l'action résolutoire r1e peut plus etre
excrcéc au p1·éjudice des lie,·s qtti 011t acquis des droils sur fimmeuble et qui
se so,il co1ifor1nés a11x lois pour les conse1·ver. Cetle formule vise les tiers
840 LIVRE III, - TITRE II, - •
DEUXIEME PARTIE. · - CHAPITRE II

qui ont acquis, du chef de l'acheteur, un droit soumis par la loi du 23 mars
1855 a la transcription, et qui ont fait cette transcription : acquéreurs de la
pleine propriété, de l'usufruit, d'une servitude, preneurs ayant un bail de
plus de 18 ans, cessionnaires de trois années de loyers aéchoir, etc. Toutes
ces personnes qui, par la transcription de l'acte générateur de leur propre
droit opérée a,·ant la transcription de la vente, sont protégées contre le pri-
vilege du ,·endeur, se trouvent par la mcme a l'ahri des effets de l'action ré-
solutoire.
La formule de l'article 7 vise également les créanciers h;ypothécaires ou
privilégiés de l'acheteur, qui ont fait inscrire leur privilege ou leur hypothe-
que, et auxquels le vendeur ne peut plus opposer s011 privilege, soit parce
qu'il y a eu faillite ou liquidation judiciaire de l'acheteur, soit parce que ce
dernier est mort et que sa succession a été acceptée sous bénéfice d'inven-
taire.
Mais il y a deux autres situations dans lesquelles la question se pose
encore:
1º /?aillite ou liqtiülatio11judiciai1·e de l'acquéreur. - Nous savons que le
vendeur, qui n'a pas fait transcrire l'acte de vente avant lejugement <léela•
ratif de faillit,e ou de Jiquidation, ne peut plus opposer son privilege aux
autres créanciers de l'acheteur. Mais peut-il encore intenter l'action résolu•
toire? La difficulté vient de ce que les créanciers de la masse ne paraissent
pas, a premiere vue,rentrer daos le groupe des tiers indiqués par l'article 7
précité. Cependant, a la réllexion, on constate qu'il est possible de les)' ran-
ger. En effet, les créanciers de la 111asse jo11issent d'une liypotheque légale
sur tous les i1nn1eubles du failli,laquelle doit etrc inscrite par le syndic (art.
490, 3• al. et 5r7, C. coro.). Des lors, et du mo1nent que cette inscription a
été prise, ils satisfont bie11 aux deux conditions requises par la loi de 1855.
La 1uasse est désormais a l'abri de l'action en résolution d11 vendeur.
Pourtant, cette so lution a été penda11t longten1ps contestée en doctrine
et repoussée par la jurisprudence (Voir nota1nment Ci,·., 1•r mai 1860, D.
P. 60. r. 236, S. 60. 1 .60:i ). On faisai l valoi r, er1 favcur de la survie de l'action
en résolution, un argu111erit tiré de la lcllre de la loi. L'article 7, disait-on,
supprin1e cette aclion en cas d'exti11ction cl11 privilcgc d11 ,·e11deur. Or, en
cas de faillile de l'acl1cle111·, le privilcge 11'est pas éteinl, il s11bsistc, il est
enoore opposablc a I'achetcur, mais il ne p1·ocltiit plus auc1tn effct: ce sont
les expressions memes de l'article :i I t,(i relalive1nent á la n1asse. Mais cet
argument vraiment trop subtil a óté al)andonr1é dcpuis par la Cour ele
cassation, et deux arrets, l'u11de la Chaml)re civile, d11 :it, n1ars 1891 (D. P.
91.1.1!15, note de M. An1broise Colín, S. !J1,1.:io!1, 11ote de M. Lyon-Caer1),
l'autre de la Cl1nmbrc des roquetes, d11 7 févricr 1898 (1). 11 • 98.1.459, S.
99. 1.3o7), ont décidé que l'uctio11 résoluloire 11e pe11t ¡>lus etre exercée par
le vendeur contre la masso, lorsquc le synclic a pris inscriptio11 au proíil ele
oelle-ci. En eflet, oomme le disent ces arr()ts, le sort de l'action résolutoire
est intimement lié uoclui du privilcgc .
.2° Acceptati.on bénéjiciairc <k la succcssion de l'aclie~ur. - lci encore, il
y a lieu de se demander si le vendeu.r q11i, depuis la n1ort, ne peul pl11s
PRIVILEGES SPÉCIAUX SUR LES l~IMEUBLES 841
a
faire la transcription I'effet de eonserver son privilege, est eependant en-
a
core admis in,·oquer l'aetion ·résolutoire eontre les autres eréaneiers de
la suecession ? L'affirmative semble lJien s'imposer, les eréaneiers héré-
ditaires non hypothéeaires, ni privilégiés ne remplissant pas les conditions
exigées par l'artiele 7 de la loi de 1855: ils n'ont pas aequis sur l'immeuble
du el1ef de l'aequéreur de droits susceptibles d'etre pulJliés. On pourrait
etre tenté cependant de con tes ter eet te solution en faisant le raiso11ne-
ment suivant. L'aceeptation bénéfieiaire, dirait-on, en1porte de plein droit,
eon1me nous le verrons, au profit des eréar1eiers l1éréditaires, la séparation
des patrimoines sur les immeubles, séparation qui, d'apres l'artiele 211,,
doit etre inserite dans les six n1ois. Done, par l'effet de l'aeceptation so11s
bénéfiee d'inventaire, tous les eréaneiers héréditaires deviennent des tiers
au sens de l'artiele 7. Mais un tel raisonnemer1t reposerait sur une n1éprise.
Car la séparation des patrin1oines est un bénéfiee donné exelusivement aux
eréaneiers de la suceession contre les créa,iciers de l'héritier; elle ne rno1lifie
pas la situation des c1·éa1iciers héréditai,·es les u11s vis-a-vis des autres ; elle
ne peut done pas etre invoquée dans leurs rappoi:ts respeelifs.
On le voi t, en son1me, il résul te de la n1auvaise 1·édaetion de l' artielP- 7
que le ,·endeur. privé de son privilege par le fait que la ver1te n'a pas été
transerite avant la mort de l'ael1eteur dont la sueeession a été aceeptée sous
bénéfice d'inventaire, peut néanmoins demander encore la résolution de la
vente au préjudiee des a11tres eréaneiers de I ael1eteur défunt (Er1 ce sens:
Montpellier, 6 avril 1859, D. P.59.2.113, S. 59.2.593; Civ., 27 1nars 1861,
D. P. 61.1.102, S. 61.1.758).

Appréciation critique du systeme de publicité établi par le Code


'
pour le privilége du vendeur. - Regles particulieres en cas de
ve11te d'un fonds de commerce. - Le systen1e de JJublicité aetuelle1nent
organisé pour le privilege cl4 vendeur est beaueoup trop compliq11é et fort
peu salisfaisant, a11tar1t pour le vendeur que pour les tiers.
Pot1r le vendeur d'abord. Celi1i-ci, en effet, peut se trouver surpris par
la faillite, la Iiquidatior1 judieiaire ou la mort de l'acl1etc11r suivie d'aceep-
tatior1 ]Jénéfieiaire de la successio11, surve11ant pe11 aprt'>s l'alié11ation, et ava11t
qu'il ait été procé<lé ii la transcriptio11 de la ve11te. 11 se trot1vcra alors fJrivt'•,
forl i11justen1e11t, liu bé11élice de so11 privilcge.
Q11ar1t aux tiers, ils onl ¡\ redo11lcr le ris<1ue at1l¡11el les exposc Ía latilulle
indéfinic aecordée at1 ven<lc11r pour leur rcr1dre son ¡)rivilege opprJsalJlc, a11
moyc11 d'1111e tra11scriptio11 lle son acle de ver1te 011 d'ur1e inscri¡Jtio11 de la
mentio11 rclative au J)rivilege, 01Jéralior1s c¡ui, r1i l'ur1e· 11i l'aulre, r1e so11l
ir1cl11ses da11s a11e1111 llélai tic rig11e11r.
On {iviterail ce <loulJle vice si 011 dócidait q11e le ve11de11r jouira d'un
délai de 45 jours u partir de la sig11al11re ele l'acle de vente f)Our i11scrirc
sor1 privilt\gc, el que, fa11le de le faire, il 11e JJourra plus invoq11er vis-u-vis
des ticrs, <¡ucls q11'ils soic11t, 111c111c si111¡Jles cr{:a r1cicrs cl1irograpl1aires de
l'acl1eleur, 11f s011 privilLge. 11i l'actio11 résolutoire.
011 re111ar1¡11era 1111e la loi <lu 17 rnars 190!) relativo,\ la ve11le des fo11lls
LIVRE 111. - TITRE 11. - '
DEU.'!.IEME P,lcRTIE. - CIIAPITRE 11

ele con1n1erce a réalisé l'an1élioration c1uc nous dc111andons. L'article 2


clécide, en effet, que l'inscription clu privilege du vendcur du fonds doit
etre prise dans la quinzaine de la dale de l'acte de vente. Cette inscription
a a
est, en cecas seulen1ent, opposable la faillile et la lic1t1idation judiciaire
de l'acquéretir, ainsi qu'a sa succession bénéficiaire, n1en1e si ces événe-
n1er1ts se produisaier1t da11s le délai de quinzaine. E11 revancl1e, l'actio11
résolutoire doit, pour produire effet, etre n1entionnée et réservée expressé-
111ent dans l'inscription (art. 2, 2" al.).

V. -- Contlit entre vendeurs successifs.

Il peu t arriver qu'un n1e111e in1meublc soit l'objet de plusieurs ve11tes


succe~si,es, et qu'aucun des acl1eteurs n'ait été payé au n1on1ent 011 le prix
de l'in1n1euble esl n1is en dislribt1tion. Da11s quel ordre les ,·endeurs succes-
sifs seron t-ils alors désintéressés ;1
Faisons tout d'a}Jord u11e re111arc1ue 1Jrélin1inaire. Pot1r que cl1aque ven-
deur puisse invoquer so11 clroit ele préférence, il fat1t que l'alié11atio11 par
lui faite ait été lranscrite; si11on, so11 privilege 11'est pas opposable aux sous-
acquéreurs qui 011t eux-1r1en1es fait transcrire leur proprc acqt1isition.
Nous suppo~ons clone c¡ue les ventes st1ccessives ont été toutes Lranscrites.
Qua11d il en est ai11si, l"orrlrc de JJréférence e11Lre les divers ,encleurs s'établit
bie11 sin1plen1ent. Le JJre111ier ,·er1deur est JJréféré au seconcl, le second au
Lroisie_me et ai11si de suite (art. 2103-1°, 2• al.). Cctte solution se comprencl
aisén1ent. Le pren1icr ve11cle11r, aya11t le droit de saisir l'in1n1euble entre les
111ains d11 tiers déter1teur, doil etre éviden1n1e11t paJé par préfére11ce a son
propre délJiteur qt1i esl le vencle11r po~térieur c11 clate ; cel11i-ci cloit etre
a
préféré, s011 tour, a11 ,e11cle11r s11iva11l, ele.

,,.1. - Observation critique finale.

No11s 11c po11vons tcrmi11cr ccllc matierc sans fairc to11cl1cr cl11 cloig'l une
fois ele ¡,l11s l'illogis111c ele nolrc ~ysl1~n1c ele la transcription:(Cf. t 1•r,p.¡¡G2 s.).
'fa11t <111c la lra11scriplio11 cl'1111c vente 11'a pas <)lÓ faite, l'acl1elc11r 11'cst
pas JJropriétairc a11x yc11x eles liC'rs, c'csl-:'t-llirc /1 l't',gard de ccux a11x<¡11cls le
vc11clc11 r co11cédcra i l cncorc eles el roi ls sur 1·¡ 1r1111c11l>lc. 1\ i 11si, le vc11cleur
pcul, la11l <¡11c la lra11scri1itio11 r1'esl ¡1as faite, revc11clrc l'i1111nc11lJlc 1111 a
t.icrs, 011 le grcvcr <l'unc l1y¡Joll1ee¡11e; les elroils ai11si cré<\s ¡>ar lui so11t
OJJposahles a11 prc111ier acl1elc11r s'ils so11t ¡i11l>liés ava11l le elroil ele celtii-ci,
,\11 c<111lrairc, s'il 11'y a pas c11 lranscription de !'acle lle vc11le, le vc11<lct1r
ne JJcul pas c,¡iJJoscr son JJrivili'·ge /1 1111 so11s-ac<¡11{·rc11r e111i a11rait fail lrar1s-
crirc la llcuxió111e ac1¡11isitio11.
''oici elc>nc !1, r,,sullat singuliPr a11r¡11el c>n arriYe'. r,e vc11cle11r, q11i ne ¡>cut
JJlus o¡>poscr so11 ¡>rivil<'-g<, aux licrs 11cc111<',rc11rs, ¡>c11t crpcnelant cr1corc
co11cí•eler valaJ¡)c111c11L eles llrc1ils rí,els ¡\ eles licrs s11r l'ir11111e11!Jle vcr1d11,
la11t <¡11c la ven le Jllll' lui fnilc 11'a ¡>as éló lranscrile. // ,i·,1 ¡iltts ,te clroil ele
¡irc'f,:rc11c,i Stll' l'i111.111e1túlc, 111ais il Jl<'ttl e,1 créer 1111, ¡ir,~/il 1l'r111ir1ti. U11c légis-
lalio11 cst jug<'.·e c¡11a111l elle 1iro1!11il ,le lcls rl,s11llals !
' ,
PHIVILEGES SPECIAUX SU!l LES l~l~IEUBLES

:\nx ter111es ele l'article :i 103-3°, les col1éritiers sont priYilégiés << s11r les
i111r11eul1les de la succession, pour la garantie des l}artages faits entre eux,
et eles s011lte ou retour de lols i>.
'

Fondement rationnel de ce privilege. Son historique. - Le privi-


lege dtt copartagea11t a po11r o!Jjct de garantir l'exécution eles olJligalio11s
de cl1aqt1e copartageant a l'égard eles autres. Il fait partie d'un ense111!Jle
de n1esures que le législate11r a édictées pour assurer l' égalité e11tre les co-
partagea,ils, c'est-a-dire pour faire obtenir a cl1acun d'eux l'intégralité de
la parta lac1uelle il a elroit. Ces n1esures sont:
1° Le clroit l}Ottr le copartagea11t, évi11cé JJar u11 Liers d'u11 objet 111is cla11s
so11 lot, <le pours11iYre ses copartagearits e11 gara11tie et de se fai re inele111ni-
ser ¡1ar ct1x (art. 884 et s.);
:iº J,e elroit pour cl1acu11 des copartagea11ts de de111a11eler la rescisio11 cltl

¡1c1rlc1r¡e, ¡Jour le cas 01'1 il su!Jirait 1111e lésio11 de plus du quart (art. 88í,
:i' al. et s.).

J,'u11e et l'autre de ces de11x r11esures ont pour ol}jel d'établir l'égalité en-
tre les col1éritiers. Le pri1•ilege, lui, a pour liut de mai11Le11ir cette égalité,
e11 assura11t l'exécutio11 eles obligatio11s q11i, par l'efl'et du partage, pe11ve11t
11aitre entre col1éritiers. 11 est bie11 évident en efl'et que, si cette exécutio11
n'étail pas a~surée par la loi, l'c'•galité, fut-elle d1i1nent établie par l'acte de.
partage, risc111erait fort de se Lrouver détruite par la suite. Ce privilege l}arait
dor1c f'o11cl<'~ sur ele solides raisons d'équité. Pot1rtant, certains a11teurs e11 011t
' vive111e11t critie¡11é le princi11e. Le ¡1rivilege du c11partageant, ont-ils dit, 11e
gara11til l'égalilé r1u'a11 clét,ri111enl tics créa11ciers clu copartageant déLileur:
<< ce sont eux e¡ui fo11t les f'rais de l'idée cl'égalité, résultat assuré111e11t fort
étra11gc >>.
Cetle critique 11e 11011s parail poi11t fo11clée. JI no11s sen1ble que le copar-
lagea11l, créa11cier ele so11 col1t)riticr ¡}ar l'efl'et du partage, a elroit /1 u11 traile-
menl ele faveur, car, a la clifl'ére11ce eles a11Lres créa11ciers ele son clél1ile11r,"il
11'a ¡ias suivi la frJi ele ce tler11ier. D'a11lre l}art, les liie11s l1{·réclilaires 11e
cloivenl clcve11ir le gagc eles cr1\a11ciers de l'l1érilier r¡11e ela11s la 111es11re eles
clroils ele ce dernier: or, les eletlcs clont cel11i-ci est te,111 e11,ers ses cr.>l1<'·ri-
ticrs cli111i1111c11L ¡1récist'~111n11t la ¡}arl a¡1¡1are11le CJllÍ lui csl altriliuée. Loi11
clone <Jll<! nous ré¡Jro11vio11s le ¡1rivilege clu co¡Jarlagea11l s11r les i111111eu!J!es
succesSl>ra11x, il co11vic11clrail J}l11t1\t, /1 11olre avis, ele l'élcnelrc aux 111e11!1les
l1éréelitaircs.
Ce ¡Jrivil<'•ge 11'a ¡ias été cl11 reslc créó par les r<°!clacle11rs el11 Coele civil. 11
re1111111Le .\ 11olrc a11cie11 l)roil. l\>Lltier le 111cnlio1111e a11 1}re111ier ra 11g eles
l1y1>oll1c<¡11cs laciles géJl()rales (1'r<lilé tle l'lty¡Jolhe<JllC, 33. \ 7 • a11ssi Lcl1r1111,
,')1iccessio11s, Ji,. t1, cit. 1, 11º J!1 ; 13rt>tlca11 sur l,<>11et, ([, 1). Sous la l\i'ivnl11-
tio11, la loi l_1y¡Joll1écairc 1111 1 1 lir11111airc a11 ,·11 1i'c11 fil 1>as 111e11lio11. c:·csl
le Cocle civil qui l'a r{ila!Jli.
Nous cxa111i11cro11s successive111e11l les 11ui11Ls s11iva11ts:
844 LIVRE III, - TITRE II, - DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE II

I. - A qui appartienl le pri·vilege du copartageant.


11. - Quelles créances il garantit.
111. - Qt1els biens en sont grevés.
1,1 • - Comment est-il publié et conservé.

I. - A qui appartient le privilege?

L'article 2103-3° sen1ble ne l'accorder qu'aux coliéritiers pour la garan lie


du partagc des bie11s l1éréditaires; 111ais l'article 2109 rectific cette expres-
sion et donne le pri,·ilege a tout copcirlageant, c'est-a-dire a
tous ceux lJUi,
étant dans l'indivision, quelle qu'en soit la cause. communauté entre époux,
achat de biens en comn1un, liquidatiori d'une société, etc ... , procedent a u
partage des biens con1n1uns.

ll. - Créances garanties.

Le privilege garantit tol1tes les créances que le copartageant ¡Jeut acq11éJ"ir


contre ses copartagea11ts par l'efl'et du partage. Ces créances se trouve11t énu-
n1érées dans les articlcs 2103 et 2109, et se ramenent aux trois cl1efs sui-
,·ants :
1° Les soulles 011 retours de lols destinés a con1penser les inégalités ressor-
ta11t d11 partage en nature.
a
11 fa11t assimiler u11e soulte la créance des col1éritiers contre l'un d'e11x
résultant de ce que ce dernier est redevable des fruits ou i,itérets produi ts,
depuis le déces, par des objets dont il doit le rapport, et qui ont été perc;u s
par l11i (Civ ., 15 ja11vier 1896, D. P. 96. r .441, note de i\'I. de Loynes, S. 96.
1 .497, 11ote de l\f. 'l'issicr). Cette créance co11stitue, en cffct, u11 des élé111c11ls
de la 111assc it partager, et rentre, des lors, dans la catégorie des soultes.
:1° La créa11ce (!ti prix ele l'in1meuble licité, lorsc¡ue c'est 1'1111 des copro-
priétaircs c111i s'est porté adjt1dicataire. On sait en effet que l'adj11dicatio11
est alors 1111 si1nplc {lrocédé de partage (t. I••, p. 9!14); c111a11d, au cor1lrairc,
l'atlj11clicalaire esl 11r1 étra11ger, les coprllpriétaires so11l g-aranlis par le ¡Jri-
vilcge tl11 vcnde11r, car l'adj11clicalion conslilue alors ,1r1c ve11tc pure et
si111plc.
3º La rréa11re de r1ara11tie JJOIII' i:attse <l'évictio,1, tlans le cas ot1 1'1111 eles
co¡lnrlagea11ls esl évincé ¡iar ,111 tiers de 1'1111 eles objcts 111is tlans so11 l<il
(art. 88!1).
111. - Biens grevés.

1,c privilóge <l11 coparlugca11t porte s11r les i111111c11l>les 1nis <la11s Je lot ,les
col1c'·ritiers cl<)nt il esl cr{:ancier, 111ais son étcncluc varíe s11iva11l la r1al11re (le
,
sa crc·a11cc.
1° J>re111ier c11s: 11rlj1tclicatio11 de l'i1n1ne1tbll' att ¡irojil ele ['1111 ,les co¡iarln-
r1ea11ls. -- 1,c 1irivil<':gc ne Jl<>rle alors c¡nc s11r l'in1111c•11hlc• Iicilc'·, el 11011 s11r
les anlres i111111e11l>les 111is clans le lcll de l'acljudicat.aire (ar!. :i 10!1)-
II sc•rail, c11 cll'el, i11ulile <le grevPr ces clcrniers: l'i111111c11lilc licil{\ suf'fit.
' ,
PRIVILEGES SPECIAUX SL'R LES l~l:MEl'BLES 845
a
-évidemn1e11t gara11lir les créa11ces des co¡Jartageants, ¡Juisc¡11c ces créances
ne re¡Jrése11lent que la Yaleur de cel i111me11IJle, din1i11uée de la q11ote-1Jart
a
np¡Jartenant l'adjudicataire.
2º ,Seca11ll cas: Gard11lie paiir cause dºévictia11. - Si 1·1111 des coparlageanls
est 1:Yincé cle 1'1111 eles olJjets mis dans so11 lot, il a u11 recours e11 garantie
co11tre to11s les autres copartageants. En d'autres tern1es, la ¡Jerte ¡Jar lui
sulJie deYant se répartir entre to11s, chacu11 d'eux doit en supporler une
part, et c'est pour cetle JJart que le col1éritier évi11cé est créancier de cl1ac1111
des autres (art. 885). llour garantir•cette créance, il a privilege sur taus les
imn1eubles ,nis cla,is les lots de ses cahérilie1·s (arl. :i 109).
3° Traisie111e cas: Soulte au retour de lol. - }Jas de difficulté, si la soulte
a
est due prtr taus les aulres cal1éritiers l'u11 d'e11x ; le privilege porte alors
sur tous les i111n1eubles mis dans les lots des copartagea11ts clébiteurs. l.\'1ais
q11e fa11t-il décider lorsque la soulte est rl11e par 1111 seitl <les ca!tériliers al'ii,i
des a1ilres? l)oit-on adn1ettre, dans cecas, q11e le coltéritier, créa11cier de la
soulle, a 1Jrivilege, non seulement sur les i1111neubles altribués a
son débi-
teur, n1ais sur ceux des autres col1éritiers? 11 fa11l réso11clre la queslion par
une clistinction. E11 principe, le créancier n'a privilege que sur les imn1eu-
bles de son débiteur, car le privilege est l'accessoire cle la créance, et il n'y
a de rapport cl'o}Jligation qu'entre les de11x copartageants dont la so11lte doit
équililJrer les lots. 'foutefois, si le cohéritier débiteur était insolvable a1i
r11a1ne11t d1i parlage, le créancier pourrait agir e11 garantie contre les autrcs,
dans les ter1nes de l'article 884. Par conséquent, il aurait alors privilege sur
a
tous les in1n1eulJles attrib11és ses cohéritiers, no11 pasa litre de créancier ·
cle la soulte, mais de créancier de la garantie.

IV. - Inscription du privilege du copartageant.

Le privilege cl11 coparlag·0a11t créancier 11e pe11l <\tre opposé aux créa11ciers
clu coriarlagea11l <léliile11r, c¡11'it la conrlition cl'ayoir él(• l'olJjet cl'u11e inscrip-
Lion s11r le registre clcs i11scri¡)tio11s <lu IJurea11 cle la co11servation des l1ypo-
tl1e<¡ucs 1le cl1a<¡11e arro111lisse111ent da11s Jcc¡11el esl sit11é 1111 eles i111111eu!Jles
grey(:s; 11 11e sa u ra i l elre ici, en eflºel, q11cslior1 ele Ira nscription,com n1e po11 r

le ¡irivilege <lu vencleur : le 1)artagr. étant cl(·claralif, r1'est pas_ soun1is la a
tra11scriptio11.
L'i11scri¡)lio11 <111 ¡iriYi!1\gc d11 copartagcnnt <lciit 1\tre prise dans ur1 délai
cléler111i11é, 111ais ce clélai vnrie s11iva11l q11e l'in1111eu!Jle est resté entre les
maius d11 1lélJitc11r ou a été aliér1i'! 1iar l11i. No11s relro11vo11s clo11c ici 11ne
<lisli11cli<JJI a11alog11c U celle <¡uc l!OllS avons cl(~ja re11contrée' a propos d11
privil1'!ge <111 vc11<lcur.

1"Premiare situation : L'irnmeuble est ancore /dans le patrimoine


du copartageant débiteur. - Le crt'.•a11cicr doit JJrendrc i11scriplio11 dans
les suixa11leju1trs (art. 2109). l\toyen11anl <¡uoi, l'i11scription du privilege 111 ¡
LIVRE 111. - TITRE II, - '
DEUXIE~IE PARTIE, - CIIAPITRE 11

fait prendre rang au jour du point de clépart du délai, et il prin1era lot1les


les l1y¡)othcques nées du cl1ef du co1)artageant délJiteur.
Le délai de soixante jot1rs ¡Jart de !'acle lle partage, qua11cl il s'agit de la
créance de soulle ou de la créance évcnlt1elle de garanlie (art. 2109) 1 • Ce
dernier point n1érile cl'etre noté. Lorsque, ¡Jostériet1rement a11 partage, le
col1érilier sulJit une éviclion, la créa11ce de garantie 11e nait c¡t1c du jour
01'1 il est i11c¡t1iétó, et ccpencla11t 1 le ¡Jrivil<'·gc ne snlJsistc a so11 profit, en
tant q11c privilegc prin1a11t toulcs les l1y¡Jotlu'.c111cs, que s'il a été inscril
da11s les soixa11te jours c1ui ont suivi !'acle lle JJartage. 011 co111prencl ai-
sén1ent la raison d'ctre de cettc exigence. La loi ne veut pas que la n1enacC'
du privilegc piisc trop longtc111ps sur les col1éritiers, sans avoir été an11on-
céc aux, tiers. 11 )' aurait la une ca11se d'i11sécurité trop redoutalJle JJour
ces derniers.
Pour la cr~ancc clu ))rix ele licitatio11, le clélai co111111c11ce ;\ courir clLtjoL1r
ele l'acljttllicalio11 sur licilalio,i (art. 2109); c'est e11 elfct cclle adjudicalio11
c¡ui fait sortir l'i111n1cu!Jlc de J'indivision.
11 seinble qt1e ce délai de soixa11tc jours clcvrait loujo11rs e\trc réservé a11
co1Jartagca11t crc'•ancier JJour inscrire so11 privileg·c. Et cepe11dant on 1ie11t 011
douter. 11 résulte,e11 ell"et,des tcr111es si ¡Jrécis de l"article 21!16 du Code civil,
c1ue si. cla11s cet inlervallc, le coparlagea11t est déclaré 011 failliie ou e11 état
de li1¡11iclatio11judiciairc, 011 e11corc s'il 111curt et c¡t1c ses l1érilicrs acce¡Jle11l
sa succcssio11 sous bé11éjice ll'i11ue11lctire, le pri,ilegc 11e JJcul pl11s etrc ir1s-
crit une fois le jugen1ent renclu 011 la 111ort s11rvcn11e.
?llais ce rés11ltat est tellc111e11l cl1oqua11t, il y a lit 11n !el da11g·cr pour le co-
JJartagca11t que ccrtains autcurs, rlont 11011s_ sor11111cs, rel'usent ele l'acce¡)tcr.
lis so11tic1111c11l c¡11c le cr('ancier conserve cncorc, 111algr1~ ces é,énc1r1c11ts,
le droit cl'ir1scrirc so11 privilegc jusc¡11'a l'cx1)iratio11 des soixantc jo111s. l~I,
011 cfl"et, a (¡uoi ser, irait (l"avoir lir11itc'· tt ce délai le clroit cl'inscri¡)tio11, si 011
011 ¡Jrivait le créa11cier ¡Jrc'•cis1~111cnt clar1s Jps cas 01'1 il e11 a le plus IJcsoi11 ;1
L'a!Js11rclitú tic ce róst1llal s11flil ú le co11cla11111cr. 11 11'y a d'aillcurs JJas, :'1
11otrc cor111aissa11cc, ele clócisions lle j11ris¡Jruelc11cC' ra1Jporl1•ps clans lns re-
c11eils st1r cetle c1ucslio11.

Conséquences de l"inscription ou de la non-inscriptlon dans le


délai de soixante jour!I. - l]11a11(l il csl ir1scrit llans le tlélai incliquó 1iar
l'article '.! 10!), le ¡irivili,gn ll11 c1>1iarlagcanl 1irir11c llnts les Jlri,il<'.,ges el J1y-
poll1ee¡111~s 1¡ui grt',venl l'i111111c11lilc elu cl1cf' cl11 cl1·liitc11r iart. :i 10¡1 i11,/i11c), 1'1
1·excc¡Jlior1 l1n1tefe>is llcs ¡>rivili,ges g1,11éra11x ele l'arlicle :i 1rJ1, a11 cas 1l'ins11f-
lisa11cc llu 111obilicr (arl. :i 11,:>). 11 11'esl ¡ias ll<J11tc11x, 11ota111111c11l, q11c l'i11s-
cri¡ilio11 llor111c au co¡iarlagcant 1111 lil"(Jit lle ¡iróf{·rcnce :'t l'cncontrc rlu
cri'·a11cicr a11c111cl le ccil1{,rilicr tle\Iiitenr a11rait, el11ra11t l'i111livisie>11, l1y¡Jo-
tl1éc¡11í, sa r>art i11clivisc cl'1111 i111111P11l>le e¡ni aurail (•11s11ilc ét/· n1isP elans son

1. llicn n'e1np1'cliPrail du reste 1l'ln~crirc le privil('.g,, 11r11Nt 11,,111,e la ¡,arla9e, si, dn-
ranl lrs opéralions dn parla!;", 11111• rr,iance élait 11é1: an pruflt d1!s roliérilil'rs 1:onlre
1'1111 d'1,11x (Civ., 11i ja11Ii1•r l~!lü, ll. 1'. !IG.1.,141, note de ~l. de l.oynes, § 1•:!, S. !)6 .1.
4ll1. nolf• dr> i1. 1'i~~icr, ~ 11¡.
' .
PHIVILEGES SPECl,\UX SU!l LES IM~IEUBLES

lot (Civ., 15janvier 1896, sol. i1nplic., D. P. 96.1.!141,S. 96.1.497, note ele
M. 1'issier, S 111).
Quand, au contraire, le pri,·ilege n'a pas été inscrit dans les soixantc
jours, il pet1 t ctre encore utile111en t inscri t, n1ais il pertl son rang de faYeur.
a
il dégé11ere e11 llllC si111ple liypollteque, et il ne dale, l' égard des tiers, qt1e
de l'époque ou il est i11scrit. 1\lors, le privilege sera 1}rin1é par toute l1ypo-
tl1eqt1e légale ayant rang· a
une clate antériet1re, et par toute l1)·potl1equr
conventionnelle ou judiciaire inscri te a11paraYant (art. 2113).

Deuxieme situation : Le copartageant débiteur a aliéné l'im-


meuble grevé du privilege. - S6us l'e111pire du Code ci,,il, le créancier


perdait le droit de suite et, par conséquent, le droit de se prévaloir de son
privilege, lt da ter clu 1non1ent précis de l'aliénatior1, car, par suite de l'a!Jan-
rlon du régi111e de la loi ele !Jrurr1aire an ''11, celte aliénation transférait ;\
l'acquéreur la propriété erga 0111,ies. :\'011s avons dit ci-dessus, propos cl11 a
vendeur d'imn1eul}les, co1nn1ent l'article 834 d11 Code de procédure civile
avait corrigé la rigueur ele cette regle, en pern1etlant a11x créanciers l1)·potl1é-
caires et privilégiés de l'aliénate11r de prendre inscriptionjusqu'a l'expiratior1
a
d'u11 délai de q11inzaine partir de la lranscriptio11 de l'acte d'aliénation. La
loi du 23 n1ars 1855 a al}rogé cet article et édicté, dans so11 article 6, 11ne re-
gle que nous connaissons déja. En principc, les créanciers l1ypotl1écaires ot1
privilégiés ne pe11,•ent prendre utilement inscription sur le ¡}récédent pro-
priétaire riue jusqu'a la tra11scription de l'acte d'aliénatior1. i\Iais, par me-
sure de faveur, et pour protéger le copartageant créancier, de n1en1e que Ir
vendeur, contre 11ne aliénalio11 précipitée, le deuxieme alinéa de l'articl<·
clonne at1 copartageant, con1r11e au ve11deur, un délai de r¡uara11te-ci11q jo11rs,
a dater de !'acle de JJarlage, penda11t leq11el le copartageant peul i11scrire
son privilege, nonobstant toute transcriJJtio11 d'actes faits da11s ce délai.
t\i11si, la loi de 185i> protege le copartageant con lre le risque que lui ferai t
co11rir la lranscription d'u11e· aliénation prócipitée faite dans les ¡Jren1iers
jo11rs c111i suive11l le }}arlage 011 l'adj11dicatior1.
~Iais po11rc¡11oi avoir élal}li, pour les lleux sil11ations c¡11'il y avatt lie11 de
1ir,'•vciir, clcux délais elifl'ére11ts, l'u11 ele soixa11lc, l'a11lrc ele quaranle-cinc¡
.i<>1irs ~ ti y a llt /t la f'ois 11110 ar1ornalic et 11nc cor11plicalion que rie11 11e
¡icut jt1slificr.

Le droit de préférence peut-il survivre au droit de suite? - Si


l'alió11alio11 a e11 lie11 entre le c¡uara11lc-ci11q11ie111c et le soixantiemc jo11r
suiva11l l'a..:tc ele ¡1arlage ele l'ir11111e11l>lc rcvcnclu, le coparlagcant peut-il
encore 1>rc11elre i11scri¡>li<lll 011 v11c ele co11servcr son droit ele ¡iréfére11cc
su 1· le ¡irix :1 J,a q11estio11 csl C<J11lrc1verséc; 11r>11s crc1yo11s c¡u'il faut la tran-
cl1cr co111r11c 1>011r le vc11elc11r. 1'1 ¡iro¡ios ele r1ui 11011s l'av1111s re11conlrée et
r{~sol11c. l,e ¡ir1vili•gc (el le eiroil ele J>r{:f{\rc11ce e11 rst l'éló1ne11l essc11licl)
ne JH111l s'cxercer s11r 1111 i111111n11lile <111'1\ la c1111elili<J11 1¡11'1111c inscriplici11 ail
<'•té ¡irisr. ()r, co111111e11l ¡J<>urrail-011 ¡>re11clrc 11lile1r1cnl 11110 i11scriptior1 sur
1111 irn111e11!1le c¡11i 11'esl ¡il11s clar1s le ¡>alri111oinc cl11 clél>ilc11r ~ ('r· ¡>ourtant
c•:1 sr.11s conlrairr., Age11, 11 j11i11 18!)!1, !). (>. !1'1.2.3:!6, S. !l'• :i.28ci.)
'
848 LIVRE 111, - TITRE 11. - DEUXIEJ\IE PARTIE, - CHAPITRE 11

~ 3. - 1•1·lvllc,r;e des arelaltectes, e11t1•e1•rene111•s, 01a~ous et


a11tres 011,·rle1•s sur la pl11s-,·alue du11uée a 1'111101.eul,le 11ar
le!!i tra,·a11x exée11tés.

Fondement et historique du privilege. - Ce pri,·ilcge est fondé sur


l'itlée de la valeur mise dans le patrin1oine du débiteur par les travaux
exécutés sur l'in1n1euble. ,\ussi ne porte-t-il que stir la plus-valtie prodt1ite
par ces travaux.
a
Quanl son origi11e, elle se trouve clans le Droit ron1ain, lequel accordait
un privilcge aux reconstr11cteurs d'une maison détruite ( 1 D. in quibus
caii.~is pignus, XX, 2).
(;'est notre ancienne jurisprucle11ce qui a éte11du la solution du Digeste a
tous les tra,·a11x effectués sur un in1meuble (Brodeau sur Louet, 1-I, Sonim.,
?.1, nº 3; Basnage, Des h,Ypollieques, cl1. x1,r, p. 63).
De nos jours, ce pri,·ilege est peu em¡)loyé, et cela ¡)our une raison facile
a comprendre. L'architccte ou l'entreprencur, cl1oisi par u11 propriétaire
pour édifier ou ré1Jarer une co11struction, 11'ose pas, avant n1en1e le com-
111encen1enl des travaux, comn1e le veut la loi, 1Jre11dre 11ne i11scriplion sur
l'i1n1net1ble, car cette n1esure ele défiance déterminerait probablement le
a
propriétaire lui rctirer les lrava11x.
On trouve néanmoins dans les recueils de jurisprudence un certain
non1l)re de décisio11s c1t1i ¡)rouvent c1ue ce 1Jrivilege est parfois usité.
Examinons les 11oi11ts ci-apres:
I. - ,\ c1ui appartient le privilege,
II. - Quelles créanccs il garantit.
III. - Sur c¡uoi il porte.
IV. - Quclles sont les formalités cxigées pour sa 11aissa11ce et sa conser-
vation ~
I. -A qui appartient ce privilege.

L'article 2103-!1º le clo1111c a !011s ce11x, arcl1ileclcs, e11lre¡ire11e11rs, 111a-


<;011s et aulrcs 011vricrs, 1¡11i édilie11L, reco11struisc11L 011 répare11t eles IJ,\li-
111e11Ls, ca11a11x ci11 a11lres 1i11vrages c¡uelccJ11c111cs. t>ar J¡,, il vise lo11s ceux
11ui 011l /l'(tilé 1lireclerr1cnl avec le ¡>r<Jpriétairc, ¡>our 1111 travail ele co11str11c-
tio11 011 tic rt'•1)aratic111 á f'aire st1r 1111 i1111neulJle. ~lais il 11e vise c¡11e ce11x-la,
el 11011 les sous-e11Lrc¡)re11eurs 011 ouvriers avcc lesc¡11els l'arcl1ilccle ou l'c11-
tre¡)rencur a se11\ lrailt'\, el <¡11i 11e se lro11ve11t ¡1as i'Lre les créar1ciers uu
¡1ro¡iriélaire. Celle 1\islinction rt'·sulle tl11 lcxle lle l'arlicle 2103 c¡ui ¡iarle
eles ouvrages 1¡11e le JJl'o¡iric11<1i1·c 1léclal'e at•oir l'i,1Lc11Lio1i ele fail'e. Les 011-
vriers e111¡)loyés ¡1ar l'e11lre¡)rc11enr jo11issc11L tl11 reste, 011 s'e11 so11vie11L (stl-
¡>ra, ¡i. 5(i!1), 1\'1111e garanlie 1¡11i leur cst pr11¡ire. L'arlice 1 ¡!)8 lc11r co11cc1le
une actio,i ,lireclc conlre 11\ J)ropriétaire, j11squ'a co11curre11ce ele ce 1lo11L il se
tro11ve 1lél)ile11r e11Ycr,; l'enlrerire11eur, a11 11101ne11l oi'1 le11r actio11 esl i11le11-
Lée. Cette aclio11 c1)11slil11e ponr e11x u11 droil tic préfére11ce á l'e11co11Lrc 1lcs
at1lres créa11ciers 1le leur tlt'\bilc11r. l\Iais l.\ s'arr1~le la faveur q11c leur accortlc
la loi. Quant au ¡irivilcge ele l'arlicle :i 103, c'esl 1111 t!1·oit 1¡11i fail ¡iarlic• clu
' .
PRIVILEGES SPECIAUX SLR LES 1~1\IEL"DLES 849
1Jalri111oii1e ele l'entreprene11r, et forn1e. co111111e tel, le gage co111m11 n de
tous ses créa11ciers sans distinctio11, ni préférence.

II. - Gréances garanties.

Le privilegc 11e CD11cer11e (!ue les lrava11x (le co11slruclion, cntendt1s au


se11s le plus large, il esl vrai, n1ais no11 les lrava11x p11re111ent agricoles, tels
(1ue le clessécl1c111e11t eles 111arais, le tlrainage tics lerrai11s i111prt'!g11és d'ea11 .
. Des lois spéciales (loi elu , Gseple111IJre 1807 sur le tlessécl1e111ent eles 111arais,
arl. :.i3; loi du 17 juillel 1856 sur le drai11age, arl. 3 et !1J, ont d'ailleurs créé
des privileges pour ces cas spéciaux. (~elui de l'arlicle :1103-4º garanlit tou-
tes les so111111es dues ¡Jar le 1Jropriétaire a ceux c1u'il a cl1argés de l'exécutio11
des lravaux, principal el accessoires, intérels, frais eles experlises el des
inscriplions.

III. - Assiette du privilege.

Le privilege greve l'i111n1eulJle, n1ais il ne tlo1111c au créa11cier 1111 droit ele


préférence que sur la porlio11 d11 prix re1Jrése11la11l la JJ!1is-i•alue protiuile
par les travanx elfectués. Po11r fixer l'irr1porta11ce ele celte plus-value, on se
place, non pas au 1no111ent 111eme oi'1 les Lravaux viennent cl'etre acl1evés,
mais a11 mo1ne11t 011 le créancier fait valoir so11 elroit, c'est-a-dirc i1 l'époc1ue
de l'aliénalio11 volontaire 011 forcée de l'i111111e11lJlc. Or, il lJ<1ut arriver e1u'a
ce 1non1ent la plus-value ail déja diminué, parce que la valeur globale de
l'imme11ble aurait s11bi une elépréciation résulta11t ele causes extéricures, tel-
loii, par exe111ple, que le cléplace111er1t du con1111erce el'11n ([llarlier ela11s
l'aulre. Celle dépréciatior1 frap¡Je, l>ier1 entc11el11, la plus-valuc co1111ne le

reste de l'imn1e11hle; il faut en tenir con1ple.
I~r1 revancl1e, il pe11t arriver. que la valeur ele l'in1n1euble ait a11g111enlé
postérieuren1ent aux travaux: Cet accroisse1nenl ele ·valeur p<Jrle a la fois
s11r les travaux exécut{•s et snr l'irnrr1euhle ; il sen1IJ!e clo1ic, ú JJre111ii'·re vue,
q11'il devrait t)lflver le cl1ill're de la plt1s-val11e servar1t el'assietle a11 pri,il,'-g·c.
C'esl la contre-parlie logie¡11e de la rt\gle éeliclée par l'arliclc :1 ,o:I. Elle 11'esl
¡Jas adn1ise cepc11da11l. ),es a11le11rs s'accortlent Ol'cli11airc111c11t ú dire ({lle le
privilege cloit 1\tre li111iLú 11 la pl1ts-val11c rést1//11nl 1/es lra1•a11.c, fol'11111lc
c¡11'ils cr11prunle11l au '.l' ali11i'•a ele l'arlicle '.l10:l-!1º. Ce lcxlc, c11 eíl:e1, cli'·clarc
1111e le 111011ta11l clu ¡Jrivilt'•ge r1e pe11l excétler les valcurs_ c1instali'·es pal' le
seco11tl proces-verlial. (~es valet1rs rc1Jróse11lc11l cl1Jnc le gage 111axi11111111 clu
cr1la11cier . .\lais, ajo11lc la st1ile d11 tcxlc, elles peuvenl se r1\(J11il'e, el. tia ns
ce cas. le privilegc r1c ¡>orle 1Jl11s ((lle sur la JJlus-value exisla11le ;'1 réJH>qnc
tlc l'aliónalio11 de l'i111111c11!Jle. l,c sysl1'!n1c ele la loi parait sans (!out1• 1ie11
1\(Jllilal1lc, 111ais il esl lrt'!s clair. 11 fa11l 1lo11c l'accepler tcl-{¡11'il Pst.

!\'. - Formalités concernant la naissance et la conservation


du privilege.

Les for111alilós élal>lics par la loi so11l ele cleux sortcs: les 1111cs onl 1io11r
1'orne 11
850 LIVRE 111, - TITI\E 11, - '
I>EUXIE)IE PA.l\TIE, - CIIAPITRE ll

objet de fixer la })lus-value st1r laquelle s'exercera le droit ele préfére11ce;


a
les autres ont trait la publicité.

• 1°Formalités destinées a constater la plus-value. - Elles consistent


llans la l'éda-Jlio,z <le lleux JJroc~s-verbaiix, drcssés par u11 expert 110111n1é
d'office ¡)ar le présielent elu trillt111al de pren1iere inslance dans le ressort
eluc1uel l'i111111eullle est situé, sur la ele111a11de elu conslructeur. La loi 11e
¡lern1et ¡)as a ce dernier ele cl1oisir lt1i-n1cn1e cet expert; elle ne })er111et
n1e111e pas aux de11x parties intéressées de le désigner d't1n co111111un accord,
parce qt1'elle craint des con1¡llaisances d'un l1om111e ainsi désig11é, et qu'elle

prenden considération les intércts eles autres créanciers dt1 propriétaire.
De ces det1x proces-,·er!Jaux, le pre111ier doit etre réeligé JJl'éalableme12l,
c'est-li-elire ava,zl le con1n1e11ce111e11l des travaux, it l'efl'et de conslaler l'état
eles lieux relative111ent aux 011Yrag·es e¡ue le pro¡Jriétaire déclarc avoir dessein
ele faire. C'est la piece indispensa!Jle ¡Jour ¡Jermetlre ele fixer l'élendue clt1
llroit c111e elo11nera le privillige. :\ussi, la j11ris¡Jruele11ce se 111011tre-t-elle tres
sévere s11r l'observation ele la co11dition requise par le texte. Elle décide qt1e,
si le proces-verlJal 11'est pas elressé ava,zl les ll'avau;c, 111ais seule111er1t aJ)res
lct1r con1111ence111c11t, et;\ 11n 11101ne11t 011 l'état Jlri111itif des lieux 11'est J>lus
reco1111aissa)Jle, le privilege 11e 11ait point, et que le conslr11cte11r ne peut
1nt':111e pas en invoc111er le llé11éfice po11r la valeur des trava11x exécutés prJs-
térieul'en1e11t a la rédactio11 elu ¡)roc<'·s-verl>al. La Doctri11e, suivie ¡lar c111el-
r¡ues clécisions de cours el'a¡Jpel, a })ro¡losé cependa11t cettc distinctio11 qt1i
}larail él111ita!Jlc (V. 11ota111111ent, l\011cn, 2t1juillct 1893, so11s Cass., S. ()8,
1.257, 11otc ele i\l. l)e111antc, el la 11ote ele \l. lle [,oy11es at1 D. l). 911. 1,2:13);
111ais la Co11r ele cassatio11 l'a t()Ujo11rs repousséc (Civ., 3o décc111l}re 1912,
'
S. 1911¡.1.1 34 ; J',cq .. 1 '' 111ar,-; In:'·'•,.
...,-., S a,,.1.
.., 30' ,,2 ; l) ar1s,
. 3 f'evr1cr
. l!lºfl, D.
· l).
1910.5.39, S. 1910.:.1.211). La solution ai11si co11sacréc par la jurisprudcnce,
csl éviele1n111c11t rigoureuse. C'csl so11vc11l au cours tics lrava11x, et l¡ua 11 cl il
crai11t l'insolvalJilil1: d11 ¡ir,,¡irit',taire, 1¡11c l'c11tre1>rcne11r aurait le 1ilus d'i11-
tért!l /1 faire lircsscr le ¡ire111icr ¡>roct,s-verl}al, ¡iour se róservcr 1111 elroit ll,,
¡iróférc11ce s11r les travaux rcslant /1 f'airc.
<Juanl au sccunll J}I'OCL'S·YCI'lial, c'esl 1111 acle de rc'·cc¡ition llcs trava11x, il csl
1lcsti11t', /1 en consta ter l'i1111iorlancn. J;arlicl1, 2 rl,3- 11", 1•' al .. v1,11t ,¡u'il soit
dressc', tlans les six lllllis a11 1il11s lle lc11r ¡ierfecli<}ll.

2° Formalités de publicité et rang du privilege. - l,a ¡iulilicitc'· 1lu


¡>rivili'·g·n s'cll'lctuc ¡iar 1111f' ll1>11l>I<' i11scri¡ili1,n au l>11rea11 tic la clinservali<)ll
lles l1y¡)(itl1ec¡ues: 1° tlu ¡iroc1'.,s-verlial cr>11stalant l't'•lal ¡irin1itif eles lic11x;
·1" 1111 1>r1,ci',s-verLal 1lc rt'·c<'pli,1n.
J,'arlicl1• :1111,, 1¡11i t'·1licll' cctt1, r<'·gle, n'i11lli1¡11e ¡ias <l<' 1lt'·lai. 11 11'exig1•
point 11clla111111c11t, co1111111, Ir, f'aisail l'arlicln ,:~ 1lc la loi 1111 11 IJl"!llltairc
an \'11, 1¡11c l<' ¡>rP111ir.r Jll'<Jc1'.s•Y<'I'l>al St>il inscrit avant I<' c1in1111c11ce11H•11t
1les trava11x. l)e lit esL nc'·c 1111P 1¡11eslillll tlc'·Iicale, a11 s11jet 1lc la1¡11<'ll1• 1111 11
1liv<"rg1,11c1\, <¡11i s'cst 11ro,l11ilc <'Hlre les <:ours 11'a¡11icl el la (~011r 111' cassalii, 11 ,
a c,Lligt', celtc llt•rni,',re ¡'¡ r1•11tlre 1111 arr<\t. s1>l<,1111cl, l.1111lrs cha111l,rf's r,•uni<'s,

1
.
PRIVILEGES
,
SPECI,\.UX SUR LES 1:\1:\IEUilLES 851
;\lais avant de l'aborder, comn1eni;o11s par clire quel est le rang du privi-
lege, lorsque la pren1iere inscriptio11 a été prise préalablen1ent aux travalrx
et la seco11de a la suite ele leur acl1eve111ent.
1\ lire le texte de l'article 2110, le privilege pre11drait rang a la clate ele
l'i11scriptio11 du pren1icr ¡)roces-,·erlJal ; mais cette forn1ulc cst incontesta-
lJle111e11t incxacle. JI fau t dire que le co11structeur joui t, sur la ¡)artic d11
prix représc11tant la plus-value prod11ite par l'ouvrage, cl'11n droit de pré-
fére11ce, op¡1osable (t toiis les c1·éanciers privilég iés ou liypotliécaires dii ¡1ro-
¡1riétaire, sauf naturellement aux créanciers a privileges généraux. Ainsi,
le constructeur sera pa}·é avant les copartageants créa11ciers, s'il s'agit cl't1n
ir11meuble adjugé au propriétaire a la suite d'11ne licitation, et ava11t le
vendeur de l'in1n1euble. De n1en1c, il sera payé avant les créanciers a
l1ypotl1eque légale prc11a11t ra11g ii 1111e date a11térieure ali comn1ence111ent
eles lravaux.
\Iais que rlécider lorsque l'inscriptio11 cl11 pre111ier proces-,•er)Jal n\1 c11
licu qu'a11 cours de l'cxt'•c11tion de l'o11vrage) La _q11estion a été fort discutée.
\' oyons bie11 d'abord con1111c11t elle se ¡)ose. 11 s'agit de savoir si le construc-
leur conservera son clroit de préférence s11r la ¡)lus-value lotale produite par
les travaux, 011 si, a11 co11traire, il se lin1itera dans ce cas it la plt1s-value
a
r1's11ltant des lrava11x. postérieurs l'i11scriptio11.
(_)ue le co11slr11cteur puisse i11voc¡11er so11 privilege sur la ¡1l1ts-value ¡1osté-
a
1·ie1ire l'i11scriptio11, a l'encontre ele tous les créanciers 111eme a11Lérieure-
111e11t i11scrits, cela 11e no11s parail ¡ias disc11talJ!e. Du jo11r oi'1 l'inscription
vienl les averlir, les créanciers 11'cH1t plus ii co111¡Jter s11r l'augn1entation
¡>rr>duite JJar les lravaux c¡ui sero11l fails /¡ partir de ce 1110111ent.
],a c¡11eslio1t 11e se ¡Jose clone q11e ¡Jo11r les conslrt1clio11s édillées avant le
1110111e11l oi'1 le proces-verlJal a élé i11scrit. lci e11core, il y a lieu de faire u11e
'rlislinctio11. 11 11'y a pas ele ~oule po11r les cr{•a11ciers l1)·potl1écaires clont le
,lr(}il cst né <le¡1uis le ~0111111c11ce111enl. de l'o11vrage et a élé i11scril le pre111ier.
Ceux.-la 011l con1ptt\ lt'•gili111en1e11l sur la valeur eles lravaux en co11rs cor11111e
{'.lón1nnl de lcur gage; il serail i11j11slc ele !Ps e11 ¡>riv<ir. 11 r1e pet1l y avoir
l1t'•silalio11 <¡11c ¡1011r les lt)'{JOLIH\<¡tu·s nées el i11scritcs a11l{:rie11re111e11t. J>our
cPlles-ci, l'll <'ll'cl, 011 ¡>cul. <lire c¡ue l<•s crt'·a11cicrs (¡t1'ellcs gara11lisse11l 11'011l
¡>as 1Jris e11 C<Jnsirléralion, au 1110111Pnl ri1'r lcur 1lrc>it cst 11{·, eles co11sl.rnclio11s

<¡ni 11'{•Laie11l ¡>as alc>rs C<H11111,•11cécs, el c¡uc, (lt'·s lt>rs, le ¡irivi}1\ge du co11slr11c-
l<'lll" eloil il's [H'i1Hcr ¡><>ur la lcilalitt': clP la J)lus-value r1"s11llanl ele l'e11se111ble
1lcs co11slr11clions, lanl anl•'•ric11res c111c 1irisl/·rie11rcs /1 l'inscriplion. J,a Cour
1le llaris avail aelo¡it/• ,·<· ssstt'·111c 1>ar 1111 arrt':I. du ·1 a, ril 189cJ, c¡uc la <:han1-
l>rc civile cassa le 1:1. clt''.ccn1l>re 18\1:~ (1). 11 . \¡!1.1.:1.:1:-:i, 11cJle lle :\l. ele Loy11es,
:--. !)'1.1.:117). l,a (~,111r1ll' l\oucn, 1leva11t,111i l'atraire ful r<'n,·<Jyóc, se ¡iro11011<:a
~1a11s In 11l!\11H~ snns <¡11<) la C::our ele i>aris, le ·1!1 juillct 18\¡:>. ~lais la Cour ele
('.assal.icin, loulcs c:t1a111l>rl's rt''.1111ies, 111ai11li11I. sa 1>rl'111it:rc inlcr¡irt''.lalion par
1111 arr,\t. <111 :~1 janviPr 18i¡8 (1). 11 • !)8.1.:1.:l:l, 1101,, ,1,, \l. 1I<' l,oy11es, S. \)8,1.
·1~17, 11,,tn de l\1. (,al>ri<·l l)n111a11IP). Se f,indanl sur IPs lPr111cs forntl'ls ele l'ar-
1icl<~ ·1.1 1<>, <din <lt':cida qun le llrivilt'•gp <·si c11ns<:rv/• ,¡ frt r/1//1: 1/e l'i11scri11tio11.
,1/11 /l/'1•111i1•r ¡1roi:1\~-1•crl111/. ( )11 ¡H:111 aj1>11lt1r <¡11<'. l'articlc ·1.1 13 vii:111 corrolio-
LIVRE 111, - TITRE I[. - '
DEUXIEME P,~RTIE. - CHAPITRE 11

rer cette sol11tion, car il en résulte que, lorsq11e le pri,,ilege n'est pas inscrit
au temps fixé, il dégénere en hypotl1eque et ne date q11e de l'époque de
l'i 11scri p Lior1.
En ce qui concerne le second proces-verbal, la c1uestion s'est égalen1ent
posée de sa,,oir s'il doil ~tre inscrit dans le délai de six n1ois prescrit pour
sa confection par l'article 2103. L'arlicle 2110 ne clit ric11 de semlJlallle, et
on peut interpréter son silence e11 fave11r de la négative. Qu'i111porle, en
effet, pe11t-on dire, que ce proces-verbal soil i11scrit á l'expiration d11 délai,
ou seulement ápres, puisc¡ue les tiers sont déja avertis de l'existence du
privilege par la pren1iere i11scription? 11 serait bie11 dur d'enlever son droit
de préférence au constructeur, et d'e11 faire 11n simple créancier l1ypotl1écaire
ayant rang a11 jo11r 011 cette seconde inscriptio11 aurait lieu. ,\u lant di re q11' on
lui enleverait, pour défau t d'accon1plisse111ent cl'une for111alilé d'orclrc sub-
sidiaire, tout le bénéfice de son priYi!ege. Une lelle rigueur ne sa11rait se
con1prendre, alors que l'arlicle 2110 reste n1uet sur la question.
Pourlant, nous déciderons que la faillite ou la n1ort du propriétai re suivie
d'acceptation IJé11éficiaire, ou la transcriplion d'1111e alié11ation de l'i111n1eu-
lJle prive11t le construcleur du droit de prendre sa seconde inscription, une
fois les six mois expirés. Apres ces évéu.eme11ts, en ell'et, a11cunc i11scription
n'est plus possible. <Juelq11es a11teurs se n1011tre11t cepenclant n1oins rigou-
re11x.; mais c'esl, croyons-nous. faire trop llon marcl1é eles lern1es formels
de l'articie 21!16 d11 Code civil et de l'article 6 de la loi d11 23 n1ars 1855.

§ ,1. - Sé pu1•atlou des 1,at1•l111olnef!I.

Notion sommaire. - Q11and un héritier accc1llc purement et si111ple-


mc11t une s11ccessio11, les bic11s l1óréclilaires se confo11dc11t aYec les siens
proprcs el clevicnnent le gage de ses créa11cicrs. Cctte co11f11sion conslitue
1111 grave da11gcr po11r les créancicrs de la successio11 et les légalaircs,car, si
l'J1{!rilicr cst insolva)Jlc. ils courcnt le risr¡11c ele 11\\tre pas inti'•g·ralcn1e11t
pa)·és par s11itc du co11co11rs des créancicrs pcrso1111cls ele cclui-ci. }lo11r
parcr :\ ce clangcr, la loi do11ne <lonc a11x crt)anciers clu cl(1fu11t et ¡'¡ ses lé-
gataircs le droit. ele clon1a11cler la sé¡Jaralio,i ¡/11 JJalri111oi1ie dtt <léf1111l (l'aver
• cel1ti <le l'hérilicr; e-Je crllc fai;on, ils se fcront ¡)ayer, s11r le palri111cJi11e l1t')ré-
ditaire, par lll'Í)férrncc anx. cr{•ancicrs perso11ncls clc l'l1érilicr. ],a s{)paralio11
eles llalrin1oincs csl clo11c cssc11licllc1nc11t 1111 IJ{•nóflcc. co11sislant, ll011r les
créar1cicrs l1érédilairrs et. les lí·gatairc)s,c11 llll 1/roil <le JJréfére,ice s11r la val<'tll'
rlcs bic11s l11lré1lit,1ircs. (~e )¡{•nóficc pc>rle l1 la f'ciis sur les 111c11IJ]cs et. s11r
les i111111c11lJlcs (\'. s11¡ira, p. 8:10).
l◄:11 prir1cipe, il cl()il <'Lrc <l<)Jl1a11clé par les créa11ci<)l'S et les I{)galaircs, a11
1r101r1cnl 111c)111c 01't le 11rix tics liicns l1órÍ)<litaircs va elr<) clislrilJ11<\. Ce1)n11-
clanl, cl'aprl)s 1111c juris¡irurlcncc conslanln, il (JXist.11 cle 1>lci11 clroil, sa11s
c¡11'il soit lJcsoin c¡ue Jps ir1lt')rrssc'is le cle111a11dcnl, <la11s clc11x cas: 1° I,ors-
c¡uc le cléfunt cst d{•claré en faillitc ; :iº J,c>rsq11e 1'111'.·rilicr accc¡>lc la succcs-
sion s1i11s ll1111éftcr <l'ir1v1111lairc; cr1 cll'et cclle acccpt.atio11 c111pecl111 la C<J11-
' ,
PRIVILEGES SPECIAUX SUR LES 11\Il\IEUDLES 853
fusio11 des lJiens l1éréclilaires avec ce11x de l'l1éritier (art. 802, 3• al.) et
corr11Jorte la lic¡uidatio11 collective de l'l1érédi té (art. 805 et s.).
La jurisprudence décide que la séparation des patrin1oines découlant de
l'acceptation bénéficiaire se produit r11en1e s'il y a pl11sieurs l1éritiers, dont
quclc¡ues-L1r1s acceptc11t pure111e11t el si1nplen1e11t et les autres so11s béné-
fice d'inventaire. \. cut-il un seul l1éri licr c1ui e11t recours au bénéfice cl'inven-
taire, la séparation des ¡1aLri111oir1es se réalise a11 profit des créa11ciers et
légataires pour toute la s11cce~sio11, et subsiste 111e111e apres c111e les biens
a
ont été partag·és. I~lle s11JJsisterait égale111e11t si l'l1érilier IJér1éficiaire ve11ait
etre décl1u de s011 IJé11éfice,parce que, des le 1110111ent 011. s'était produile l'ac-
ceptation de l'l1érilier, la séparation eles patri111oines constituait, pour les
créanciers et lég·ataires, un droit acquis do11t u11e fau te de l'l1éritier ne devait
point pou,·oir les dépouiller (Ci,., 18juin 1803 , S. 33.1.730 ; Ci,·., 3 aout
1857_,D. 1). 57.1.336, S. 58.1.286; 11 janvier 1882, D. P. 82.1.364, S. 84.1.
317; Civ., 2ojuin 1908, 1). 1). 1908.1.575, S. 1912.1.499).
La séparation des patri111oines perd done, dans le cas d'acceptation béné-
ficiaire \et aussi da11s celui de faillite), le caractere individue! q11i lui ap-
partie11t en gé11éral. Elle devicnt alors, mais alors seulement, 11nc n1csure
collecti,•e profila11t de plein droit a tous les créanciers de la succession
et a11x lógataires.
Le Code civil traite de la Sé¡Jaratio11 des patrin1oines e11 deux passages dif-
férents. D'abord, au titre des ,',ucce.5sions, dans les articles 878 a 881. Au
ti tre eles Privileges el /¿ypotlieques, 11i l'article 2 102, rela tif aux 11rivileges sur
les µ1eubles,. 11i l'article 2103, concernant les privileges in1mobiliers, ne par-
lent de cette institutio11 q11i constitue pourtant un droit de préférence; n1ais
{lans la seclio11 1,í clu 1ne111e titre, 011 le Code traite de la fa<;on dont se con-
serve11l les privilcges sur les i1111ne11bles, l'arlicle 2111 cite la séparation des
¡lalri111oi11es co1n111e co11stitua11t u11 ¡)rivilege, et nous dit quelles sont les
forn1alités rec¡uises pour sa conservation.
Nous ne nous occ11¡)011s ici ele cette inslitution qu'en tant qu'elle constitue
un privilege porta11t sur les irnmettbles ríe la sticcession.
1. - \ q11i appartienl ce pri,·ilcge jl
I I. - ()11elle cst sa na tu re véri tal)lc ?
III. - l<'ormalités rcc¡11ises po11r sa conservation, et rang clu privilcge.

l. - A qui appartient le privilege?


J.,a loi nccorele le IJéuélice de la sé¡)aratio11 des palri111oines: 1º aux créan-


cicrs l1éré<litaires (arl. 878); 2º a11x légataires.
1º 1,es Cl'éa11ciel's clltl'OfJl'apltllircs du <léfunt sont évidemment les plus in-
t«'.-rcssés u l'i11voc1ucr. Ccpc11dar1l, · les créanciers aya11t u11e liypotheque ins-
a
crito sur 1111 des i111rnc11blcs s11ccessora11x ont eux-mc111es intérllt demander
la séparalion, car ils ¡1cJurro11t ai11si jcJ11ir d'u11 elroit de ¡lréfére11ce sur les
a11lrcs in1r11e11blcs el sur les meublcs de la succession. Bien pl11s, ils y 011t
\In clo11l,le ava11lagc 1ncmc en ce q11i conccrnc l'immeublc qui lcur cst afl'ccté
comn1c garantie.
854 LIVRE 111. - TITRE 11, - DEUXJEllE P,\.l\TIE. - - CII,\.PITI\E 11

a
1\. - l'out d'allord, su¡Jposer <ftle le créa11cier l1)·potl1écaire n'ct"1t }las
e11core }Jris i11scriptio11 au 111on1e11t ll11 déces de so11 délJilcur, lles l1ypotl1t':-
ques générales nées du cl1ef de l'l1ériticr a a
une date antéricure celle ele
l'inscription, par exen1plc, l'l1ypotl1er¡t1e légale de sa fen1n1e 011 cl'u11 n1inc11r
dont il serait tuteur, prin1eraie11t ccllc d11 créa11cier du défu11t, s'il ne ¡Jou,ait
se prévaloir que de son l1)'pothi~c111e. :\tt co11trairc, la séparation des patri-
n1oi11es luí pern1et, co111n1e créancier pri,·ilégié, de pri111er l'l1)·potl1eq11e de
lafemn1eo11dupupilledel'l1éritier(Grenoble,11111ars1854,S. 54.:i.737; 1\ix,
1!1111ars 1900, D. P. 1902.2.129, note de ?11. de Loy11cs, S. 1902.2.303).
B. - U11 seco11d intéret, pour le créancier l1ypotl1écairc, a se prévaloir
de la séparatio11 des patrin1oines, résulte de l'article 2151 du Code civil,
aux tern1es duque! le créancier (l1ypotl1écaire) inscrita le droit d'etre collo-
qué, pour t1·ois a,i,iées seulenient cl'intéréts, a11 n1en1e rang q11e pour le capital.
Au contraire, la séparation des 1Jalri 111oines clonne at1 créancier sé1Jaratistc
co111n1e tel un droit de préférence opposable a11x créa11ciers de l'l1éritier,JJOlll'
taus les i,itérets a lui 1lus pa,· le cléf1i1it, 111e111c ¡Jo11r ceux q11i 110 seraienl 1Jas
conservés par s011 inscription l1)'poll1écairc.
2° Les légataires du d<'~f11nt out égale111ent le droit cl'in,·oc1uer la s1•1Jara-
tion des patrimoincs pou r éviter que les créa11ciers personncls de l'l1éri Licr
a
n'absorbcnt l'actif successoral qui doit servir acquitter le11rs leg·s. Par lé-
gataires (art. 211, ), il faul évillem111e11t entenclre les légataircs de so111n1es
d'arge,it a litre parlic11lier. Quand il s'agit, en elfet, clelegs lle cor11s ccrtai11s,
ces objets, dcve11a11t la propriété des légataires a11 jour du cléccs, ne pet1vent
pas etre saisis par les créanciers de l'l1éritier. Quant a11x légataires univer-
sels 011 a litre 1111ivcrsel, ce sont de ,·érita)Jles l1ériliers; ce 11'est pas pot1r
eux, par co11séque11t, c¡11e la séparatio11 eles palri111oi11es a été i11stituée.

111. - Quelle est la nature véritable de la Séparation


des patrimoines.
1,a qt1estio11 de savoir si la sé¡laralion des palri111oi11es co11stilt1e t111 sin1-
ple droit lle préfére11ce, 0¡1posal)le se11lc111e11l at1x ct"éa11ciers lle l'l1éritif!r, ot1
un vraiprivilege, e111¡lorta11te11 011lrc le droillle suilc,c'esl-:\-llire le <lroit llC'
saisir les i111111eubles ltét'édilaires, 111e111e c¡11a11ll ils 011t été alié11és ¡Jar l'l1é-
ritier, et se lro11ve11t e11 la ¡)ossessio11 d'un liers, est 1111e lles ¡Jlus c<'•lt'.llrcs
de 11olre 111aliere. l)oclri11e el j11ris¡)r11dc11ce I l'o11l rt\sol11e cla11s 1111 scns
,
op¡>ose.
La Doctrine so11lie11t. e11 g{i11éral c1ue la sé¡laralio11 des ¡lalri111oi11es se
a
réd11il u11 si111¡Jle droit ele préfére11ce; elle ne per111et do11c pas a11x crtla11-
ciers sé¡larnlistes de ¡lot1rs11ivre les i111111e11l>les alié11és ¡)ar l'l1éri tier. ]~lle
invol¡ue en ce se11s, a la fois u11e lradition l1islori<111c no11 do11leuse, el les
tcxles du Code civil.

1. La Cour de cnssation n'a statué q11'111111 fois sur ccttc qucstion par un nrrllt dr. la
Charnhre des requl\trs du 27 juillet 1870 (ll. I'. 11.t.:Hi2, S. 72.1.153, nol<i de
M. Lnbhé. llans le 1n11 me scns, Aix, 4 déccn1brr. 1.893, ll. P. !13.2.273,note de 1'1. de Loy-
nes, S. !16.2.171, note de 1'1. 'l'issier; I'. F. 95,2,321),
PRIVILEGES SPÉCIA.UX SUR LES 1)1:\IEUBLES 855
llour co111pre11dre l'arg11111ent tiré de la tradition, il fa11t retracer rapide-
111e11t l'évolulio11 subie par l'i11stit11tion, depuis le Droit ron1ain jusc1u'a nos
jo11rs (note ele :\I. Capitant sous 1\ix, 4 décembre 1893, P. F. g5.1.32r).
Er1 Droít ro111ain, la separatio bo11oru111 était une mesure collective q11e
les créa11ciers l1éréditaircs pouvaie11t cl0n1a11dcr au n1omc11t oi't il était
procéc!é a la vente des biens de l'l1éritier i11solvable, ,·ente qui, a Ron1e,
prése11tait le caractere d'11ne procédure cl'e11sen1ble, a11alogt1e ii ce q11'est
ele 110s jo11rs la li(¡uidatio11 des biens du failli. Gr,lce ii la se¡Jarctlio bo110-
ru111, les l)ier1s de la s11ccessio11 restaient ii l'état ele 111asse distincle. et 1'011
a
procéclait leur ve11te et it la distribution du prix entre les se11ls créanciers
ltéréditaires. La se¡Jarc1tio n'était done qu'u11 111ocle ele liquidation, organisé
pour er11pecl1er le concours des créanciers de l'l1éritier avec ce11x de la suc-
cessio11. ]<;JJe cessai t d' etre possible lorsque l'l1éri tier ava i t aliéné les in1-
n1eul)les l1éréclitaires et ne pouvait, par conséquent, etre invoq11ée contre
a
l'acquéreur. ~-lais cette aliénatio11 étai t peu craindre, car la procédure de
la ve111lilio bo11or11111 dépot1illait le délJile11r clu droit de vendre.
E11 passant dans nolre ar1cie11 Droit, l'institt1tio11 a co11servé son cara«.-,
tere lraclition11el; n1ais, de collective,elle est cleve1111e u11e n1est1re puren1ent
i11clividuellc, qui doit elre réclamée par cl1aqtie créancier. Cela tient a
la trar1sformation qui s'était faite da11s le n1ode de liquidation des }Jiens
des insolvables non co111111er<;ants, la 11otion de faillite civile ayant con1-
pletement disparu de notre Droit. Des lors, da11s notre ancien l)roit,
cl1aquc créa11cier l1érédilaire était obligé de de111ander la séparation pour
so11 propre co111pte, cl1aque fois qu'11n lJien l1éréditaire venait etre saisi a
et qu'il s'agissait d'en clistri}Jt1er le prix. La séparation des patri1noir1es
a
contin11a au surplus 11'elre qu'11ne n1esure de défense contre les créanciers
ele l'ltéritier: il est certai11 qu'ellc ne po11vail s'exercer sur les lJiens ,·er1dt1s
par ce clernier ('r· LelJrn11, 1'raité 1les successio11s, liv. !1, cl1. 2, sect. 1,nº 4 ;
Potltier, 1'railé des successio11s, cl1. 5, art. t,).
Du reste, la séparatio11 des patri111oines semble avoir été peu e111ployée
cla11s notre a11cien Droit. lle11't-etre faut-il e11 cl1ercl1er la raison dans ce fait
crue la fJl11¡JarL eles créa11ciers jo11issaie11l íl'u11c l1y¡JoLl1cquc généralc s11r
les l1ie11s, ¡iarce c¡11e leur litre élait le pl11s souve11l 11n acle r1otarié, et q11e,
cl'autrc 1iarl, les légataircs avaic11t 1111c l1y¡Joll1eqt1e sur les in1n1e11lJles héré-
clilai res.
Les réclaclet1rs d11 Ccide civil or1l-ils vot1l11 n1oclifier le caraclerc de l'i11s-
lil11tion, en f'airc ur1 llri,ill:ge 1r1t1ni du clroil lle s11ile, ell'~l c¡u'clle n'avait
ja111ais JJrocl11it au¡Jarav,111L ;i Qua11cl 011 lit les arlicles 878 et suiva11ts, on
¡Je11l sa11s ltésiler ré¡Jo11dre négaliver11e11t. J;arlicle 880, :i" al., en particu-
lier, clc':clare <¡11'11 l'c\garcl eles i111111e11blcs, l'aclio11 11e 1>eut elrc exercée qu'aii-
/1111! r¡u' ils e;1;isle11l 1/1111s lrt 111ai11 1le l'ltéritier. I>eu l-011 se r11011trer plus pré-
cis ~ l.a j11ris1Jrudence, il esl vrai, ró¡Jo11cl c¡11c les réclacle11rs clu Code 011t
1>l11s larcl IIl<J<lifit': lcur c<incc11tion, el c¡11'er1 c'icrivant l'article :1111, ils 011t
111anif'cst<Í lcur cl1anger11e11t ele JJOinl ele v11e. (:et articlc qualilie, ert ell'cl, la
só1larali<111 <le ¡>rivili~oe: <Jr, les llrivil<':ges i111n1ol>iliers do11ne11t tous le droit
ele suite. 1~11 011tre, l'arlicle 211:~ vie11drait cnccJre 1Jréciser le sens de l'inno-.
856 LIVllE III. - TITRE 11. - '
DEUXlE)IE PARTIE, - ClIAPITRE 11

vatio11, puisq11e, d'apres ce texle, la séparalio11 des patrin1oines, con1111e Lo11L


privilege in11nol)ilier, dégé11ere c11 !1y¡1ollter¡ue l11.1antl elle 11'est pas i11scrile
dans le clélai fixé. Co111111enl, elit-on, la séparatio11 11011 clér¡é11érée r1'e11trai-
nerai t-elle ¡Jas de droi Lde suite, alors que, llégénérée, elle eloi t certai11e111e11 t
enge11tlrer ce elroil, u11 tel effet devanl elre 11écessairemenl attacl1é á 1111e
s11.reté que la loi assi111ile a une l1ypotl1eque ~ t\lais ces cle11x arg·11111e11ls, clont
les arrels se sont co11le11tés, 11'011l c¡u'u11e force appare11le. lis ¡Jcr<lenl toule
,·aleur quand on réflécl1it q11e la sectio111,r, cla11s laquelle se lro11vcr1t les ele11x
articles précités, a trait it la cvnservatio11 lllt llroil 1le préférc11cc rés11lla11t eles
privileg·es i111111olliliers, et laisse de c11Lé le droit de suite, c'esl-a-clire le cas 011
il y a eu aliénation ele l'in1111euble grevé. Les textes de cette Seclio11 11·011t
qu'u11 objet: déter111i11er la fac;o11 elo11t les créances priYilégiées co11serve11t
le1i1· droil ele préfére,ice a l'e11contre des créanciers du débi leur, et 11011 pas
régler le co11fli t e11tre ces créa11ciers et les Liers acq11éret1rs, poin t ele vuc tou t
difl'érer1t do11L il 11'a été traité 1111e elans la loi d11 23 111ars 18:15. f)t':s lors,
qua11cl l'article :J. 11 1 c¡ualifie la séparatio11 des patri111cJi11es ele ¡Jrivill·ge,
quand l'article :1113 la co1111Jare it u11e l1y¡Joll1eq11e, 1'1111 et l'a11Lre 11c i•iscnl
,¡11e le co11co11rs des cri:c111ciers !1éré1liluires c1ecc cc11.r: 1le ['/¡¡:rilicr. ,\joulons
enfin c¡11'il élait lléj/1 cl'11sage ela11s nolre a11cier1 <lroit ele qualifier tlc pri-
,,ilege la séparatio11 des palri111oines, sans c¡ue cetle qualificatio11 cut
ja111ais fait 111ettre c11 doule le caracti·re ele J'i11slitulio11.
Il reste, il cst Yrai, 11ne aut.re object.io11 r1u'a releYL'e l'arrl'L de la Cl1a111bre
clrs req11etes d11 27 juillet 1870. X'est-il 1Jas illogic¡ue ll'all111Pllre c111e l'l1<'.·ri-
tier pl1isse,par 11ne ve11Le, ar1éa11lir u11 droit qu·¡¡ 11e ¡1011rrait e11la111cr ¡Jar 1111e
hypotl1eq11e ~ 11 est )¡ie11 cerlain Cl1 .~rret 11ne les l1ypotl1eqt1es cor1scnlics par
lui s11r u11 i111111e11l1lc l1érL•tlilaire 11c 111ocli·fieraie11l e11 ricn l'ell'et ele la sr'·para-
tio11 lles patri111c)i11cs. ~luis, /1 celte o!Jjeclio11 011 ¡Jcul r(,pondrc c¡ue cel illo-
gisn1e, si illogis111e il y a, a été V<J11l11 ¡Jar le l1)gislate11r; celui-ci ajug{ q11'il
faisait assez llOtir les cr(:anciers l1(·r1'.<lilaires el les lt'·gat.aircs e11 le11r llon11a11L
1111 111oye11 d'r'•carler le concours des crt'•a11cicrs llerso1111cls de l'J1éritier. ¡\11
sur11l11s, l'alit'•11alic111 lle l'i111n1e11IJle successoral esl cr1 r/~aliló 111oins elangc-
re11se ¡iour les crt'·anciers 1111e l'J1~·¡1rJLl1ec111c, car, <'11 cas el"alir'·nat.io11, ils
po11rront invoc¡ucr l<~ droit ll<' ¡1r()f(irP11cc rr'·s11lta11t ¡ionr cux <le la st'·para-
tio11 eles ¡Jalri111c1i11cs snr le ¡irix, tan!. <(IIP celui-ci reslPra <111 it l'hóriticr.
l~n rt'·s11111ó, :'1 co11s11ller la Lradili1111 el les t.cxles <l11 Coele, 1111 ¡Jeut affir-
n1cr c111e la st'·parali<Jll eles ¡iat.ri1111ii11cs 11'a jan1ais r'·L<'·, et 11e 1lcvrait e'tre,
a11jour1l'l1ui, 1111'1111 1lroit de ¡irt',ft'·r<'IIC<' <'I rien ele Jllt1s. (juellcs sonl elo11c
les raisons ¡1rofcl11cles 1¡11i c,nt d1'.•ter1ui11ó la j11ris¡1ru1lence ¡'¡ al)UllllonnPr, e11
se fo111lant. sur lle si failJles argun1e11ls, la sol11t.icl11 traclilio1111clle? 11 est ais<\
de les llóco11vrir. I•:t elles Sl1nt at1 110111l1re <le 1le11x.
F.n Jlrc111ier lic11, 011 ¡icnl liire <111'c11 Jlcr<lant le caracti•re ele 111es11rc col-
leclive lle li1¡11idalio11 q11'Pllc avait c11 l)reiit ro1uai11, la sé¡1aratio11 eles patri-
1noi11es, si clic 11 'cngen<l ra i L11u'1111 <I roi L lle prt'\fércnce, a11 raí L cess{i <l 'l'Lre
u11e gara11Lic vrair11e11I cfficacc Jl<Jllr les crÍ'n11ciers el les 1/•galnires. 1,:,1 efl'et,
la sépnr11tio11 <l<~s ¡ialri111oines 11e 1lcss11isil /J{ts l'l1{•rilicr con1111c le faisait la
separ<1lio bo11oru111. Ilie11 11'e111¡Jccl1e a11jot1l'd'l111i l'ltél'iliel' ele vendre, eles le
' ,
PRIVILEGES SPECIA.UX SUR LES l\l~IEUBLES

le11de111air1 lle l'o11verture de la s11ccession, les im111e11liles JH\réditaires. Les


a
créar1ciers ltérédilaires 11'onl pas ele moye11 lle s'o¡iposer celle aliénatio11,
la séparation des palri111oi11es r1e n1oclifiant en rien les droits de l'l1éritier
sur les Liens. Po1ir protéger les créanciers et légataircs contre un tel risque,
1iour rer1forcer l'etret 1irotecle11r lle J'i11slil11lion, la juris1irudence devail
clone l11i atlacl1er le droit de s1iile, et la tra11sforn1er e11 11n véritalJle privilege.
1<:11 seconcl lieu,si la SÍ'llaralio11 eles ¡ialri111oi11es 11cccH1slit11ait c111'1111 siruple
droit de prófére11ce, i I e11 rt'.·sulterai t JlOU r les cr<\a11ciers, ¡1ar rap¡1ort a11x I<'.•ga-
taires, 1111e cria11te i11juslice. \ous verrons Lienlot en etl'et q11e les li·galaires
1
jouisse11l, con1111e gara11lic clu 1iaie111er1t de leur lcgs, ll'u11e li,vpoll1t\r¡11e lé-
gale sur les i111rr1eulJles successora11x (arl. 1017, al. 2 :. ,\ cetle l1~·poll1eque,
con1111e a lo11tes a11lrcs, est attaché le clroit de suile : c'est d11 n1oins
l'opir1io11 g·<\11érale. Co111111ent, des lors, ref\1ser a11x cré~nciers c¡11i, cux,
cerla11! (/e 1{0111110 i 1ita11clo, 11n clroil de suite s11r les in1111e11)Jles l1éréditaires
c¡ue la loi accorlle a11x IJé11éficiairPs cl'1111e lilJ<\ralilé du íléf1111l?

IV. - Formalités requises pour la conservation de la séparation des


patrimoines sur les immeubles, et rang qu'elles donnent aux
créanciers et légataires.

Les forn1alités varie11l s11iva11t r111'il y a e11 accc1)tatio11 l)llrc et si111¡1le de


la s11ccession, ou acceptatio11 sous bénéfice d'invc11laire.
1° ,lcce¡Jlalio11 JJltre et sirn¡Jle (/e la suc<'essiori. - Les créanciers el léga-
taires lloivc11l pre11dre 1111e inscri1Jlio11 sur cl1ac1111 des i111111eubles l1érélli-

taires, 1la11s les six rnois tl co111JJLer (le l'ouverture t!e la successio,i .
a
.\. - S'ils se co11forn1e11l cetle tJrcscri1Jtio11, les créanciers et légataires
act¡ui1_•rc11t u11 dr<Jil lle préférc11cc c11J1)osa!Jlc ú tous les créaucicrs l1}11otl1é-
a
caircs 011 l)rivilég·iés de l'l1érilicr, sa11f flOUrla11l ceux aya11t llll }Jl'ivilege gé-
11éral sur les im111c11)Jles ('r· ccp. c,1 sc11s co11lraire: Gren<JIJle, 12 février
1909, sol. in1pl., D. 11 . 1,909.:>..3·i1, S. lt)I0.2.1). L'arlicle 2111, :i" ali11éa,
constate ce résultat e11 ces lcr111es: H ,\va11t l'ex1Jiralio11 de ce délai, au-
c1111e l1y¡iotl1cquc 11e pcul elre éta!Jlic avcc cll'et sur ces bicns par les l1éri-
ticrs ou rc11résc11ta11ls au 1irí·j11llicc lle ces créa11cicrs 011 lég·alaires. n

:\lais Jps crt'•a11ciers et ll'.galaircs jf>11issc11l-ils touj<Jurs lle ce llélai de six
1nois ¡Jo11r l)l'Cllllt·c lcur inscri¡>lit111 ,i
Dcux l1y¡1otl1escs fle11ver1t se llréscnl.er:
a) 1\va11l 1·ex1Jiratio11 des :six 111ois, 1·11ériticr to111!Je e_11 faillilc t1u er1 liqui-
clatio11 judiciairc, ou bie11 il n1e11rl et sa successitJJI csl acccptée sous béné-
ficc ll'irtventairc.
L'arliclc :i 14G décidc,11ous l'avo11s vu,c¡uc les inscri1ilions ¡Jrises apres l'un
de ces événe111c11 ts 11e ¡irodu iser1 t aucur1 etl'el. Devor1s-11ous a¡Jpliqucr ici cette
regle ~ A lirc le tex te lle l 'arlicle :>. 1t1ü, il faudrai l rópo11dre afli rmativcn1cnt,
car il 11c fait aucune réscrvc. :\lais 1111e tcllc SfJl11tio11 parait vrair11ent illogi-
q11c. La loi <lonr1c at1x créa11ciers el légataires six n1ois ¡>our inscrire lcur
privil<!ge. parce q uc, ¡>récisé1ne11l, clic veul q 11'ils 1>11isse11L se re11dre con1pte
de la solvabilité de l'héritier. Or, 011 les e11 priverait justemcnl l'heure a ou

858 LIVRE 111. - TITRE 11. - DEUXIE~IE PARTIE. - CIIAPITRE 11

l'insolvabilité se 111a11ifeste ! i\e serait-ce pas aller co11tre le bul mc111e de la


loi ~ At1ssi. u11 arret de la Cot1r lle Bordeaux a-L-il llécidé c1uc les créanciers
conserve11t le clroit ele prendre inscriptio11, n1algré l'arrivée des événe111e11ts
susvisés, tant que le délai de six 111ois n'est pas expiré (Bordeaux, 19 février
1895, D. 1). 9G.2.27G, S. 96.2.27).
b) Avan t l' ex piral ion eles six n1ois, l 'l1éri tier a al iéné 1111 des i 111111eu!Jles
l1é1:éditaires et !'acle d'alié11ation a été lra11scrit. Le droi t d'inscrire u ti les
111ent lcur privil1~ge s11bsistc-t-il ¡Jour les créanciers séparatistcs? L'articlc 6
ele la loi du 23 111ars , 855 r1011s co11trai11 t i1 do11ncr ici 11 ne sol11 tio11 con trai re
h la précédente. Du 1110111e11t q11'a11c11ne inscri¡Jlior1 11e greYe l'in1111e11lJ!e a11
111on1e11t 011, par l'effet de la transcription, il entre erga 011111es dans le pa-
trin1oine de l'acquéreur, il )' entre libre de tous privilcges et l1ypotl1eq11es
nés du cl1ef de 1:alié11ateur. ,\ cettc regle l'article 6 n'apporte d'exce¡Jtions

qu'a11 ¡Jrofit du vende11r et du copartagea11t, 111ais 0011 des créanciers el lles
légataires successoraux. D011c ceux-ci 11c pe11vcnt pas, par une inscri¡Jtion
tardive, faire renailre 11n elroit ele s11ile qu'ils n'ont jama is e11.
a
Reslerait se dc111a11eler si, ela11s celtc sil11alio11, les créa11ciers et légalaires
po11rraicnt cncorc i11voq11er lcur droit de préférencc sur le prix. ?llais 11ous
croyo11s c¡u'il fa11t répo11drc 11égative111c11t. 1111c serait pas exact,lout d'aborll,
de consiclérer le prix con1111e éta11t 1¡11e valeur mo!Ji!iere faisant ¡Jarlie ele
l'l1éréclil~, ce serail acl111cllrc u11c s11IJrogatio11 réellc cl11 ¡Jrix 11 la cltose
c¡tt'a11ct111 lexte 11'autorise. De plus, il ne fa11t pas 011!Jlicr e111e l'excrcice dt1
clroil de 1Jréfére11cc sur le ¡Jrix d'un i111mct1IJle su1J¡Jose une i11scriplio11
¡Jrise en ·ten1ps u Lile ; or il 11'esl pas possible ele pre11dre inscription st1r un
i111n1ct1ble, d11 1110111ent q11'il n'cst plus dar1s le patrir11oir1c llu délJite11r.
B. - Lorsc1ue les créa11ciers et légataircs 011t laissé écot1lcr le clélai de six
n1ois sa11s prenclrc i11scri¡1tio11, ils pct1vcnl c11corc p11IJlier lcur privilegc, 1\
la co11elilio11 qu'aucu11 des évé11c111e11ts ci-dcssus indic¡ués 11c se soit procl11it.
i\lais ccltc inscri¡Jtio11 tarclivc 11c JJl'OtluiL ¡ilt1s alors c¡11't111 cll'ct rcslrci11l. J<:llc
ne clo11ne rang at1 ¡1rivilcgc des i11scriYa11ls qu'111latcr 1lujo1tr 111e111c 01't elle
csl ¡irise; des lors, leur ¡irivilL!gc cst pri111é par toulcs les inscriptions a11té-
• ricurcs (arl. 2113) <¡ui a11raie11t ¡111 <\trc ¡Jriscs 11 raiso11 cl'hypoLl1L·c¡11cs n{~cs
conlrc l'l1érilicr, c11 111<~111c tc111¡is r¡uc 1iar les l1ypoLl1i·r111cs lí:galcs (fe1n111e,
111i11cur) pcsa11l s11r l'c11sc111 l>lc eles liic11s <lri cclui-ci.
:>.º A cce¡ill1lio1t ,le llt s1tccessi111t so11s bé111fjicc <l'i11l'e11lairc. - lla1Jpclc111s
c111<', cl'a¡iri·s la j11ris¡Jru1lc11c<', au cas ot'r la successio11 cl11 tléf1111l cst accc11-
téc s<111s Ii{:11éficc el'i11vc11tairc, ccltc acce1Jtalic111 cnlrainc tic ¡¡Jcin tlroil la
sé11aralit>11 eles 1>alri 111oi11cs a11 1>roli L <les cr<'·ancicrs <le la succcssici11 el <les
légalaircs.
Les arr<\ts c11 concl11cnl r¡ue les cr<':ancicrs 11'011l pas licsoin ele prcn<lrc
l'i11scri11tio11 prescrito JHtr l'arliclc :>. 111 (''· les ar1·<\ts ci-<lcssus cili''s, (~iv.,
18 j11i11 18:{:{, :{ ao11l 18:>7, 11 ja11,i1\r 188:i; \Iclz, :>.5 j11illcL 18(i;'i. !). 11. G:,,
:i.15¡, S. tiG.:i.:1!1!), 11ole <le l\l. J,alili1\),
!~11 cas <le ¡il11ralit1: cl'lu'~riticrs, il r{,sulle <lo la s11l11LitJ11 J>récé<lc11tc, co111-
bi11t',o avcc ce lle <111i faiL r/~s11ltcr 1111c só¡iarati1111 g-1\111:rale des 11alrin1oines
d'u11c acceptalion IJé11éliciairc é11i:111.111L tl'1111 sct1l l1érilier, 11ne co11sé<¡11e11co


' .
PRIVILEGES SPECIAUX SlJl\ LES 1~11IEUIILES S59
logique n1ais 11eu ¡Jralie¡t1e. C'est qt1e, si l't111 des l1éritiers ayar1L acce11Lé llU-
re111ent et si111ple111e11L la successio11 pour son co111pte co11ccde 11r1e l1y110-
tl1eque sur 11n i111111euble 111is dans s011 l(lt, cetle l1y11otl1eque sera pri111ée
11ar les créanciers succcssora11x et les lég1taires, qua11d bien n1er11e ceux-ci
a11raie11l 11<'·gligé d'inscrire le privilege llécoula11t á le11r 11rofit de la sépara-
tion eles patrin1oines.

Créancier hypothécaire du défunt. - J,e crt'~a11cier el11 eléfunt ayant


u11e hy1Joll1ec¡uc ir1scrile sur les i111111eul)les ele la s11ccession, est-il o]Jligt'-
cle prenelre i11scription de la séparation lles palrir11oines :1 Un arret ancie,1
ele la Cour de cassation dt13o no,·en1IJre 1847 (D.P. !18. 1 41, S. 48. r .17) dé-
cide q11'il en est dispensé.En elfet, son droit aya11t été déji.t ¡Jublié,it quoi ser-
·virait une 11ouvelle publicité, qui n'apprendrait ríen de lllus aux tiers ~ Le
raisonnen1e11t nous semlJle contestal1le. ll }- a J1ien une différence er1tre les
deux i11scri¡Jlions, puisque la seconde est deslinée ii élargir le elroit de
préférence clt1 créa11cier l1ypotl1écaire. 1\t1ssi les Cours d'appel 011L-elles plu-
sieurs fois stalué en u11 se11s contraire a celui ele la Cour ele cassation ((;re-
11ol1le, 12 fé,rier 1!)09, l).P. 1909.2.321,11ote ele .'II . .'llag11ol, S. 1010.2.1, 11otc
de .'11. \\'al1l; 1\ix, 111 111ars 1900, D. P. 1~¡02.2.' 129, 11ole de ill. de Loy11es,
s. 1902.2.303).
~ ó. Prl,-ile,:;es l1111nolallie1·s rés11lta11t de
lol!ii !;(•éclales.

Quelc¡11es aulres 11rivileges in1n1obiliers ont été créés 11ar des lois spécia-
les. Ce so11t :
Iº J,e pri,ilcge gara11Lissanl le paie111e11t de l'i11elem11ité eluc ¡\ l'Etat Oll
a11 cor1cessio1111aire l)Ot1r lravaii.r de clessechc111e1it lles 111arais, sur la plus-
val11e proc11rée aux terrains (Loi du 16 se¡1tcn11Jre 1807 relative at1 dessccl1e-
1ncnt des 111arais, art. 23).
:.iº Privilege sur les lerrai11s drai,iés pour le ren1lJourse111ent eles avances

de l'l~lal, lles sy11dicats, 011 des partict1liers, el le ¡1rix des tra,•a11x dus a11x
e11lre11re11e11rs (I,oi cl11 17 j11illel 1856 sur le clrainage, arl. 3, 4). Ce privi-
lt\ge 11'cst <.l{)posal)lc a11x créar1ciers l1y¡1oll1écaires a11lt'-rieurs q11e pour la
plt1s-val11e rósulla11l eles lrava11x.
3° Jlrivili'•gc sur la co1icessio11 ele 111i11e e11 fave11r de ceux q11i ont fo11rni
lles f<llllls ll<Hll' les recl1ercl1cs 011 les lra,a11x de C<)nslr11clio11 011 co11feclio11
<le 111acl1i11es 111:cessaires ¡'¡ l'ex¡)loitalio11 (1,oi cl11 ·>.1 avril 1810, co11cerna11l
les 111ines, arl. :iol. ,

/1° I>rivil1~gc Ju rlo1111111icr ¡io11r le re111l><llll'Sc111c11t ele la plus-val11e 1)roc11-


rée ¡'¡ l'i111111e11l>lc 1>ar les Óllificcs el superfices ¡>ar l11i conslr11its, e11 cas ele
liail :'i con1¡1la11L (l,<ii <111 8 f\'.,vricr 18!)7, 1>orla11t 111<Jdificalion ele la loi d11
(i a(ltil 17i11 s11r les clo111ai11es Cl>ngéa]Jles, arl. 5, :ic al.). .., ..,
fí 0 I1 rivil1•ge cl11 1'résor ¡111hlic s11r les i111r11ctiblcs <les co111¡>Lables ile l'lttat,
acc¡uis /1 Litre oní•re11x, J>ar cux 011 leurs fc111111cs, drp11is le11r 110111inalio11
(l,cli 1111 :, sc1)le111l>re 1807, arl. /1). (:e ¡)rivili'~gc 11'a¡>¡)arlie11l <¡11':'1 l'J<:tal, no11
a11xna11lres pers<>1111es acl1ni11islratives .


860 LIVI\E III. TI'fRE II, - DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE II

Privilc"e du 1'résor sur les i111111eubles lles eo11da11111és, pour le recou-


ܺ
º .
vre111e11t des Jrais ele juslicc (Loi d11 5 septer11bre 18oí, art. 3 et 4). ,\. la
dilfére11ce des précéde11ts, ce privilcge ne prend rang qu'au jour de son
inscri JJ Ii 011.

Les conflits entre pri,·ilcges sur les im111e11!Jles sont IJcu difficiles a Lran-
cl1er.
l{ap¡Jelo11s tout d'abord c¡u'c11 vcrlu de l'arlicle 2105, les créa11ces garar1-
Lies ¡Jar les privileges gé11él'UllX (le l'article :>. 101, qui n'ont pas f}U etre
pasées sur le 1r1olJilier, , iennen t a u 1Jren1ier rar1g, a,·ant tous les pri,·ileges
spéciaux, sur le prix des i111n1eubles. Ce rés11ltat est p:irfois cl1oquant, 110-
a
la111111e11t, lorsqu'il fait passer les créanciers privilege gó11éral ele l'acl1eteur
avar1t le vendeur, sur le ¡Jrix. lle l'i111111euble vendu, ou ava11t les cróanciers
l1érédilaires el les lógataircs st1r les i111n1eubles recueillis ¡Jar le dé!Jileur
da11s u11e successici11. 'llais ces solulio11s so11l ir11¡Josées par le Lcx.le de l'ar-
Licle 2 1o5.
<,.>ua11t a11x co11llils e11tre JJrivili·f¡es .~¡Jéeia11J; sur les i111111eubles, ils sont
rares. 11 n'y e11 a pas ele ¡Jossible, loul d'abord, c11lre vcneleur et coparta-
gcan l, car ces clcux ¡Jrivilcg·es s11¡JfJOser1t cl1acur1 1111e alié11alior1, el ces alié-
r1alions 11e ¡)euvent etre que s1rccessives. Done, les privileges s'exerccront
res¡>cctive111cnt dans l'orclrc eles aliér1atio11s. Su¡J1Joso11s, par ex.e111¡Jle, q11e
0

l'acl1eteui: ll t111 i111111e11IJle 11011 e11core payé ,ien11e a


clécéder laissa11t plu-
sicurs l1t'·riticrs lfllÍ ¡iroc/,cl<'11t e11lrc cux á 11r1 partagc. 11 est lJic11 éviclent
r¡t1e le privilcgc ll11 ve111let1r 1Jri111cra celui llc:s col1ériliers coparlagea11ls. Si,
at1 contraire, le col1érilicr, clélJilcur cl'1111c sot1lte 011 ll'u11 rclour de lol, ,l
ve111l11 1111 i1111ne11blc 111is clar1s so11 lot, c'cst le privilcge dt1 coparlagea11t
c111i_ JJassera le ¡Jre111icr. 11 ne s'a¡.til ¡ias, clans ces clP11x cas, ele co11llil ¡1ro-
Jlrc111enl dit, ¡Jas ¡ilus (fll'il 11c ¡Jeul y avoir co11llil e11lre les privi]1')gcs ele
vcnclcu rs s11ccessi fs. Le 1lé)Ji teu r 11' u11r cróa11cc pri vilógiée sur 11 u i 111111culilc
11c sa11rail i'•vide111111enl acc¡uérir l11i-1111\111P, sur le 111e111e i111111c11!Jlc, par suilc
d'1111e 01ii''.ralio11 ¡>osli'·rieure, 1111 1irivil<'•gp ¡>rt':f{·rahlc au 1iri'·cé1lcnl.
Le cc>11llil fJc11l, a11 c1H1lraire, se 1irocl11ire c11Lre le ¡irivilcge clu co11slr11c-
lc11r el cf'lui 1l11 ,e11clc11r, c>tl cl11 co1>arlagca11L, 011 ll11 cr,;a,1cier l1érédilairc
i11,·01111a11l la si'•1>aralio11 c!Ps 1)atri1111ii11cs, lorsr111c l'acl1cle11r, le cn¡>arlagca11l
011 l'l1érilicr a fail fairP 1lcs lravaux sur l'i111111e11J¡)c grevi'•, 1~11 1>areil cas,
c'esl, i1 nolrc avis, le ¡irivilt'·ge 1l11 c1111slr11clct1r c¡11i 1loil ¡>asscr c11 IJrcn1ii':rc
ligne s11r le 111!Hlla11I clr la fll11s-,·al11e, car celle l)l11s-val11c esl s011 oJuvre;
les a11lrcs créancicrs s'c11ricl1iraie11l 1\ ses clé¡Je11s e11 cxcrc;a11L leurs dr1J.its
avanl lui s11r ccLLe vale11r.
l{<'slc enli11 1\ clirc 1111 111ol 1l11 co111·011rs llcs créa11cier.~ 11y1i11t JJl'il'ile[/C s1z1·
1111 i111111e11ble <tl'cc les eré1z1icicrs l1y¡iolh1'c1tires i11scrils Sil/' le 111t!111c i111111cuble.
No11s 11'nv1J11s J>(J11r cela 1111'¡\ rc¡>rlHluire les CXjllicalÍ<lllS c¡uc r1011s avo11s ll{:jli
1lon11i'•cs en 1\l11clia11l cl1ac1111 <les JJrivit«'~ges. Le ¡1ri11ilefJC przsse ava11L Lo1iles
les l1y¡1oll1e1¡11es 1¡11i f/l'Cl'c11l l'i11i111euble 1lu c/1cf d1t 1lébilc1tr, c1t1clle l¡11c
' ,
PI\IVILEGES SPECIAUX Sl'll LES l~l~IEllBLES 86,
a
soit la dale laquelle ces l1ypotl1eques prennenl ra11g, et q11and l)ien n1eme
elles po11rraie11l, co1nme 11ne l1ypoll1et¡t1e j11cliciaire, ou l'l1ypoll1cc1ue légale
de la fe111111e n1ariée, ou celle du n1ineur, re111onter a une date antérieure
3. l'acle (JllÍ a clo11né Tl/lÍssa11ce au privil1'-ge.
On co111prend cli·s lors co1111Jien est in1¡Jarfaile la for111ule e111¡Jlo}-ée par . '

l'arlicle 2 106 pour fixer le ra11g des privilcg-es : t< Ils 11e procluisenl elfet.
dit-il, q11'a11ta11t q11"ils sont rendus p11IJlics JJar inscri11tion el <t co111JJ/cr ele
la <late de cctle i1isc1·i1Jtio1i. >> l.es auteurs 011t cl1ercl1é e11 vai11 a eXJ)lic¡uer cette
a
forn1ule et la concilier avec celle ele l'article 2096. <t Entre les créa11ciers
pri,,ilégiés, la préférence se regle par les difrérentes qualités des privile-
ges. >> (~'élait 11n en·ort ]Jien inutile. L'article 2106 co11lient en réalilé 11r1e
erre11r de rédaclion. L'inscriptio11 des privil1\ges spéciaux (a11 n1oins des
privileges clt1 Cotle civil) ne ¡Jroduit c¡u'1111 cfl"el co11servatoire: elle n1¡¡i11-
a
tie11l a11 privilege so11 ra11g a11térieur <_¡ui le re11d préft'•rable lo11tes l1y¡Jo-
theques nées clu cl1ef du dt'•IJite11r, 111c~n1e :\ cellcs <111i renionleraient une a
date antc'•rie11re a celle 01'1 l'in1n1e11lJle est er1lré dans le patrimoine ele ce
débiteur.
Cepe11danl, il )" a lieu de faire ici cle11x oliservatio11s:
. rº Si Ir privilege pri111e loutes les l1y¡Jotl1c'-r¡ucs nées du cl1ef elu débileur,
il passe, au conlraire, bie11 e11te11du, a¡Jrt·s celles q11i grevaieut cet i111111eu-
ble du chef du créancier ¡Jrivilégié. Par exe111ple, lorse¡11'un propriétaire a
l1ypotl1c\qué son imr11euble, et qu'il le vencl ensuite, il est clair r1ue, si cel
i111mel1IJ!e est saisi entre les mains lle l'acl1eteur, le privilege d11 vcnde11r
passera a1Jr<'·s les l1ypotl1t'q11es concéllées ¡Jar l11i-1ne111e antérieuren1e11t it la
,·en te.
2° l\le111e ;\ l'égard des aya11ts cause clu propriétaire actuel, le pri,·ilege

pc11t elre ¡Jrin1é par ccrlaines l1ypoll1eques. 11 e11 est ai11si, ali 111oins pour
ccrlains créanciers privilt'·gi{~s,'lc copartagea11t, le créar1cier séparaliste, l'ar-
cl1i tecle <111 e11lrcpre11e11r, l<)rs<¡ue cc11x-ci 11'011l ¡Jas pris le11r inscri¡)tion llans
le llélai.'.prescril JJar la loi (soixanle jo11rs ou six 111ois). 1\Iors, on se souvicnl
r111'a11x lern1es:de I'arliclc :i 1 1:{ le ¡Jri,il<'•ge 1>e11l c11corc t~lre i11scril, n1ais
<¡11'il <l<¡f¡é111\rc e11 l1y¡Jntl1e1¡1te, c'esl-i't-<lire 1111'il 11c don11e ra11g au créancier
r111'1'1 clater:tle so11 inscri¡Jlio11. II sera do11c (sa11f' co11lrovcrsc po11r le privi-
legc eles arcl1ilecles el enlrc¡Jre11e11r~\ ¡Jri111é ¡Jar les l1y¡Joll1~~<111es inscrilcs
da11s l'ir1lervalle par <les aya11ls cause <111 clt'•IJitcur.
Cl1,\PITRE 111

DES llYPO'l'll.Éf¿GES

SEC 'fl0"'.·., f. -
1
T DE L ' IIYP o THE!JuE
' ' '
E~ GE~ER.lL.

Définition. Notions générales. - 1;11y¡Jotl1eque, elroit réel accessoire,


¡1llacl1é a 1111e créancc, et greva11t 1111 i111111cu)J!e, elo11ne a11 créancier no11
a
¡Jayé I'écl1éance le clroit ele saisir l'i111111e11JJ!e, en quelques n1ains qu'il se
trouve (ll1·oit lle sitile). et de se faire ¡Jayer ¡1c11· ¡1référe11ce sur le prix.
()11 ,·oit llar celte eléfinilio11 c¡11e l'l1y1Joll1ee¡11e est 1111 111ocle ele crédil fo11-
cier fort co111111ode. Elle per111et a11 propriétaii·e d'un i111n1euble de se pro-
curer, par la conslit11 tion el'11ne 011 ¡>l11!-ie11rs l1ypoll1eques s11ccessives, 1111
capital r.cprése11ta11t to11l ou parlie ele la ,·aleur ele l'in1me11ble, et cela sa11s
en perclre la jouissance 11i le elroit ele l'a\iéner, en 11n 111ot sans al>andonner
auc1111 des attri!Juls ele la llro¡Jril·té. 11 sc111)Jle, il est vrai, c111e le délJite11r
c111i a l1ypoll1t')l!llé so11 in1111c11ble 11c tro11vera fJlus aisé111c11t ¡, le ve11dre, car
1111 tiers 11e se souciera g11<\re ll'acq11órir 11n IJie11 grevé el'1111e telle cliargc.
,1ais 11011s verro11s <¡uc le lt'·µ-islatcur a rlc¡J11is f'íirt lo11glcn11>s re111l·elié á cel
inccJ11vé11ie11t. en llo1111a11l :\ l'acr111t'•rr11r le liroit lle ¡111rr¡cr l'i111111eulJle eles
!1y¡Jotl1t'·q11cs q11i le grt'•ve11l.
Jlo11r r¡uc l'l1y¡iotl1t'·r111c rencle 1011s les services clonl Pile Psl s11sce¡>ti!Jlc,
il csl 11(:ce::.sairc li'c1rga11isPr 1\'11111· fa,;1111 pfficacc 1111e clcn1lJle p11l>licitó:
1" La Jl11lilicilé clrs 11lú:1111/io11s i111111ohilit\r1·s ,•/ 1!,·s char!Jl'S, 11s11f'ruit, :,;cr-
,it11c\cs, l>a11x, ele., r¡11i llPtJYP11l grc•,er 1111 i111111PlllJlc. J•:11 efl'cl, la Jlrc111ii'·re
lll't•occ111iali<111 t\'1111 ca¡1ilalislP,at1<ft1Pl 1111 c1111ir1111le11r oll'rc 1111c l1yJJoll1i'·c1un
:--111' ::.011 i111111c11lil<', Psi de :--'as:--111'<'1' quP en clt'·bilcur Psl hiP11 fll'<>Jirir'~lairc ,le
l'i111111e11lilP, Pl 1lc c<11111ailrn l<'s t·harg·ps f'<Jllcii'•rps <111 autrcs 1111i Je gr<\vp11t.
'1011s saY<JllS CJII<' cPllr! fHJ!ili<'itr'· rst 11rga11is,~n l'hl'z 11t111s, 111ais cl'1111P fn<;1J11
1•11Clll'C i111¡iarfaill', 11ar l.r l,1i rl11 :1:\ 111ars 18:i;1, sur la lrn11s1·ri11ti,111 "" 111 a-
li1\rp l1y¡Hitht'·cair<'. \1111s ll1' rP,ir•11dr<111:-- J>as s11r CI! 1111n 11011s a,ons <lit fll'i'•-
ct•llc111111Pnl ii ce• sujct 1_\. 11r1frl' l. J••r, ¡1. !J:~:-i pf s.).
'.1° r.a 1111l1licill'· dl's /ll'i1•ili'·r11•s ,•/ 1/,•s h,v¡111/h1'•1¡111•s <111i gri'·,1\Jll J'i11111JPlliJIC.

(;1•ll<~ 1111!1licitr'· 1•sl 11~11t-,\[r1'. 1·1H'lll'I' 11I11s i11clis111\11sal1IP 'flll' In 1irr'•c(~cl1·11IP,


lanl JlOIII' Jp ¡ir1\[1•11r q111· \HHJI' 1·pf11i 1111i SI' Jll'OfH>Sc cl'acc¡ur'•rir f'i111111P11l1l1•.
<.lrganist':P fHtl' le <:,11IP ci,il <¡11i, sur e<· fHIÍlll, avait l'l'fll'<11l11il la rr'•1'11rntn
dr'-ji1 rr'·alis/•1• JHtr 11' I>roil ri"•,11l11ti,,1111airP dans la loi 111' 111Pssi1l11r an III.
<'l'lln fHtlili<'ilt'· Psi <'ll!'t>I'<' ¡1l11s i11111arl'ail<! 'l"" la ¡1r1•111i<'·rP. \olrP ri'·giu,,:
'
DES IIYPOTIIEQVES 863
liypoll1écaire cle111eure e11core aloureli par le poiels d'11ne longue lradition
a
to11te contraire l'idée de publicité.

Statistique. Le Crédit Foncier de France. - La dctte l1ypoll1écaire


c111i greve le sol de la Fra11ce et les i111111e11l)les 1),tlis esl 1\valuée 111 111illiards a
500 111illions de francs •.
,\ 11 pren1ier rang eles ¡Jrcteurs s11r l1ypotl1ee¡11e, il fa11t citer le {,'J'édil Jlo11-
ciel' lle ]l/'Q/1Ce, dont les prcls hypotl1écaires s'élever1t a11jourd'l1ui a pres de
cleux n1illiarels 500 n1illions de francs. Cet éta!Jlissen1ent est done aujour-
d'liui le grand preteur sur l1ypoll1eque. Fondé et organisé par le décret-loi
<lu 2 8 février , 852 et la loi du 10 jui11 , 853, dans l'intéret de la propriété
agricole écraséc sous le poids d'1111e clelte l1ypoll1écaire it lo11rds intércts,q11e
le revenu de la terre ne per111ellail pas d'an1ortir, il a surloutaidé. e11 réalité,
au cléveloppen1e11t eles co11slr11ctio11s 11rlJair1es. ,,.oici par c¡11el n1i'•canisn1e le
Créelit l<'o11cier se procure !'argent e¡u'il prcle aux propriélaires. Le Crédit
l<'oncicr n'cst c¡11'11n intern1édiaire. 11 e111pruntc au pul)lic les capita11x clont
il a }Jesoin, e11 é111etta11l des lellres el<' r¡age 01t obligalio,zs fo11ciel'e.~. proel11i-
sant \lll intéret ann11el et re111lJO\Irsal)!e a 500 francs; puis, il prctc les ca-
1Jila11x air1si an1assés, s011s forn1e de pr(~ts l1ypotl1écaircs. Les porteurs eles
o!Jligalions foncieres sont done les vérita!Jles crt'·anciers eles en1pru11teurs:
leurs Litres ont 1Jour gagc les !Jie11s sur lesq11els la société prend l1ypothe-
eii1e. C'est ce qui e11 fait la solidité et ce qui les signale a la fa, eur des 0

ca pi lalisles.
Ce q11i ajo11le h la sécuriló des Litres par l11i én1is, c'est q11e les prcts effec-
_t11t'·s ¡)ar le Cri'·elit l?o11cier ne doivent !'1\tre c111e Sltl' Jll'e111iere lrypotl1e1¡11e, et
qu'en a11cu11 cas, ils ne dc>ivenl cxcécler la 111oitié 1/e la valettl' de l'i1n111e1ible.
!,es prcts l1y1Joll1écaires du Créclit fo11cicr pe11vent ctre, soit eles prets it
long lern1e re111IJ011rsalilcs par ,,oic el'a111ortisserne11l, dar1s 11ne période de
le111ps (JUi ¡Je11t aller j11s,¡11•a' í5 a11s, soit. eles prcts ¡'¡ Cl)\Jrt t~r111e avec 011
sans a111<Jrlissp111c11l. J,cs pre111iers so11l ele liPa11co11p les plus no1r1l)re11x et
lPs ¡¡lus atlraya11ts ¡)our la cliP11li''.lr. !)es Jlr1\ts .\ aussi lunguc {·chóancc cons-
li t11c11t t•n ell'cl, 1111c f()l'IIIC (I<' cr{·clit (Jlle les capilalisles ortli11aires ne ¡Je11-
Yc11l ¡>as ('lllllloyer et ,¡ui facilil(! si11guli<'·rP111cnt la lilJ{•ratio11 des e1111Jr1111-
tnurs. (:l1a(¡l11· an,u'•c, IP dúlJilcnr ¡1aye 11ne ann11itt'• flxc, reprt'·se11la11l, en sus
(les inlÓr<\ls, 1111<' flclilc fraction ele· la S(>I11n1e c¡11'il a c\111¡Jr1~11l(\e; ccllP a11-
11uilú va 11al11rcllc111<'11l e11 a11g111enlanl :'t 111csurc c¡11c le capital el ¡)ar cor1-
si'i1¡11cnl les inli'·r1\ts elin1innP11l, si l>iPn (¡11'.'1 l'1!XI)iration cl11 trrr11c fixé, le
(!1'•l,ilc11r a rc111IH>11rsi'· sa (lcll<'. 1\jo11tr,11s (¡11e le laux tl'inli'·rcl sti¡)t1ló par
le <:r/•(lil l'oncicr c!sl inft'·ri(!tir a11 taux exigt'· ,,r(linaire111()lll llar les ¡)artic11-
l iPr.~ •.

1. V. E·l1110111l ·r111',ry, /,nfor/11111! ¡,11i,/i1¡11,· d" /11 ¡:,.11,11:e, 1911, 1'· 9/o et s.
~- 1,,. t:r(·illl fo11,·i1•r fail 1111 s1•co111I l,1'111'" 1l'opí-ralions consislant 1'11 pr1\ls, a,·1•r 011
san, lrypollri,i¡111•s, 1111~ ,l,',p:irlP1111·11ls, co1111111J11Ps ,., i'·lahlissPIIIPIIIS 1,11hlirs. 11 i',1111'1, :'1
,•¡,I 1•11'1•1. 1IPs o/1/iy111io11., dill's co111•111111a/ . •,, ;'i la s1)rl'l1: d1·s1¡r1Pll,·s les cr{-ances r1\sullant
,li,M pri',1, aux ,liparll'IIH'lllS, l'.Ollllllllll('S I'[ itahliSSl'llll'll[S ('llhlics, sunl all'ectécs par
pri vi li'•g1•.
'
864 LI,ºRE 111. - 'lºITRE 11. - DEt;XlE:\IE PAI\TIE. - CJIAPITI\E 111

Pour faciliter les prels (lt1 Crédit foncier el a11g111e11ler ses g·ara11lies, la
li·gislatio11 lui a cl'aille11rs ass11ré certaines prérogatives que 11ous sig11ale-
rons 1Jlus loin.
Dep11is sa fo11datio11, le Crédi t foncier a r/•alisé 1 ¡o.88il prets l1ypoll1é-
ca·ires pour 11n n1011la11L total ele 6. 1!16.!¡93.5ei8 fra11cs 1 •

~ 1. - llisto1•lq11e cl11 1•é,:i1ne l1y1totl1él'aire.f1•a11c¡ais.

Les pe11ples a11cie11s 11'011t pas déco11verL du ¡Jre111ier coup ce n1ode de


crédil réel perfectio1111é q11'esl l'l1ypotl1eque. Ils 11'y sont arrivés qu'i1 la suite
el'11ne lo11gue périoele de tt1ton11err1ents, que nous retrouvons, suivanL a peu
pres les 111en1es pl1ases, e.i (]rece, a Ro111e, rluranl le :\loyen ,1ge. 1>arlc>tlt et
Loujours, l'apparilio11 ele l'l1ypoll1ec¡ue a été précéeléc ele 111oye11s rud i r11e11-
taires de crédit, l'alié11atio11 11duciaire et le 11a11lissc1nent. ~Iais, une fois
e11trée da11s l'usage, l'l1ypoll1eque n'aJJas la relé i1 se su!Jslilucr aux ¡Jrocéelés
ele crédil i1r1parfails a11¡Jara,a11t usil<'·s. 11 a fallu de longs siecles 1Jo11r q11e
le sysle111e hJpotl1écaire lui-111e1r1e se ¡1erf'ectio11nal, el s'établit sur les !Jases
i11dispeusables de la pu!Jlicilé. Ces bases, inco111111es de l'antiq11ité, 011t été
i~ta!Jlies, ¡Jour la JJrc111ierc fois, dar1s cerlai11cs rí•gio11s de 1101.rc ancie11ne
]<'rance. ~lais elles y sont restées canlo1111ées j11sc1u'a la fi11 ele l'a11cie11 ré-
gi111e, si ]Jie11 e¡ue, juse¡u'á la fin el11 x,111° siecle, la cla11desli11iló eles l1ypo-
tl1eques était encore la regle générale111eu t s11ivie en l•'ra11ce. C'est la l\évo-
lutio11 qui, la prc111ióre, a organisé cl'1111c fai;on ration11elle 11otre S}Slerr1c
l1ypotl1écaire.
Repre11or1s les elélails <l11 talJleau d'e11se1i1lJle e1ue 11ous veno11s de Lracer.

Droit romain. - l.e seul 111oele ele créelil rt'·cl P111plo~·é par l'ancie11 Droil
0
ro111ai11 (Girard, 1lla111tel, 5• éelil., p. ¡67 et s.), étail l l1lié11alio11 Ji<lltciaire.
1;e1n¡Jr1111te11r lra11sférait la ¡Jropriété de sa cl1ose au preleur, el cel11i-ci
s'cngag·cait, ¡Jar le 1iaclc ele fiducic, 11 re11drc celle cl1ose dt•s c¡11e la eletlc
serai t re111lJut1 rsée.
Ce ¡Jre111ier proc{·elt', 11c larda ¡ias a se si1111Jlilier. 011 s'apcrc;ul !Jie11 vite
c¡n'il élail i11utile cl'o¡>érer ai11si un clo11lile tra11sf'erl ele pro¡Jriólé, el 1¡11'il
suffisait ele re1r1ellre at1 crt'.•ar1cier la dóle11lio11 111aléricllc de la clu>se, P11 l11i
¡1errr1ella11l ele la vcnelre ¡'¡ l't'·cl1t'•a11cc, s'il 11't'•tail pas rc111lJoursé. Ce 111otle
ele gara11lie co11stil11c le 1H111lisse111enl. t>ius si11111Ie c111c le pr{·ct'·dc11t, il ¡irci-
lege l'e111pr1111le11r cei11lrc 1111•\ alit'·natio!t 111all1ci11111\le c¡11c ferait le crc\111cier.
¡J11isq11c ce clcr11ier n'cst ¡il11s Jlrci¡irií·tairc. ~tais, si le 11a11Lisse111e11l esl 1111
111ocle clr, cródil c¡ni co11,·ie11L asscz liicn a11x. 111culiles, parce 11ue la ¡irivalicin
d'un ,ilij<•l 1111il1ilier ¡icnela11l In clurt',ii cl11 prel 11'csl ¡¡¡18: ?1i\~ic11 gr<>SS«' g-1\11<'
¡1011r I'e111¡1ru11le11r, celtc <>¡1t',rati«111 Psi, a11 ccintraire, f'cJrL i11d'tl1111111Hlc 1¡11a11el
il s'agil 1l'in1111c11liles. La clt'·pcisscssi1>11 el'1111 i111111e11l1lc esl, c11 ell'cl, ¡ileine
cl'i11co11ví:11ie11ls ¡Hiur le ,l<'·liilcur c¡11i 11c ¡Jcut ¡Jlus ni <'11 jouir, ili l'cx¡Jluitcr.

1. 1:ons. Joss~nu, Trailé liu l'rérlit (011cier, 2 vol. 188~; Arlh111· Glrnull, /.es ¡1ri11ilrgc.,
d11 Crédit (011cier, lhc',~c pour lu doclornl, l'nri~. 188lJ.
'
DES HYPOTIIEQUES 865
}lour le créancier 1ne111e. cette prise de possession n'a pas non plus que des
avantages, car elle l'oblige a veiller a la conservation de la chose. Aussi, ima-
gina-t-on l)ien vite un moyen d'éYiter cette dépossessio11, et on y parvint en
accon1pagnant l'aliénation fiduciaire d'une convention ele louage ou de pré-
caire, en vertu ele laquelle l'en1pru11teur conservait la chose a litre de loca-
lai re ot1 de précariste.
L'l1ypotl1eque devait tout naturellement sortir de la combinaison de ces
det1x insti tutio11s, nantissement, aliénation fiduciaire avec convention de
¡)récaire. Elle réalise, en efl'et, les a,•antages de l'une et de l'autre, laissant
au débiteur la propriété et la possession, et don11ant au créancier la sureté
réelle dont il a besoin, c'est-a-dire le droit de faire ,·endre l'imn1euble a
l'écl1éance, en quelques n1ains qu'il ait passé, et de se faire pa)·er par pré-
férence sur le prix. Elle pern1et, en outre, a l'ernpruntet1r de tirer plusieurs
fois crédit de sa cl1ose, en constituant sur elle plusieurs l1ypoll1eques suc-
cessiYes. Cette nouvelle forn1e de crédit réel a¡)parut probable111ent a pres le
dél)ut de l'En1pire. Elle fu t d'abord organisée par l'Edit du préteur pour u1i
cas parliculier, celui du fer111ier o!Jligé ele elon11er e11 gara11tie au !Jailleur
8 011 111atériel d'exploilation, dont il ne peut, bien entend11, se passer. l)uis
l'emploi de l'l1ypotl1eque fut généralisé par le préteur. Du reste, elle ne
supplanta pas i1n1nédiaten1ent les institutions ancienncs, et les lrois syste-
mes coexistere11t pendant Iongte111ps.
Si l'on se ¡1lace it l'époque de son pleir1 épano11isse111e11t, l'l1ypotl1eque
du Droit ro111ain se conslituait par un sin1plr. pacte sans for1ne. Elle
s·appliquait, · 110n seulen1er1t aux imn1eubles, mais me111e aux n1eubles,
et 11ous ,·c11or1s de dire que ce ful 111er11e á ce11x:-ci c¡11'er1 ful faite la pre-
111iere a¡1plici1tior1. 11 J a. cr1 efl'el, bic11 des cas ot'1 la dépossession eles n1e11-
}1Jes est i111¡iossiblc, soit ¡1arcc qu'il s'agit cl'olijels do11t le dé)Jile11r 11e peut.
se passer, soit parce qu'il s'agit de 111eubles i11cor¡1orels co111111e les créan-
-ces. c¡t1i, da11s les co11ceplions du Droit ro111ain classi<1ue, 11e sont pas sus-
cer>tilJles de possessio11. L'l1y'¡1otl1ec¡uc ro111air1e enfin clon11ait a11 créancicr
le 1lrc>it de s11ilc aussi IJien s11r les 111cu)1lcs c¡11e s111· les i111111eul1Ies.
l,P systt':n1c l1y¡>ollu\caire 11'a ¡,as rencl11 h l\e1111e l!~s services c¡11'e11 tire11t
a 11 j,>11rcl'h11i l<1s ¡1ro¡)rit':laires 1'011cicrs. Cela Lient ,ice c¡11'il rcnfer111ail alors
1111 tl1J11lile vice:
1° J,rl cl11111lesli11ilé, - ~i les ali{:nalio11s i111n1olJili1·res, 11i les cc111slil11lions
cl'l1y¡H1ll1t·1¡111!s 11'{:laient ¡iorlt'·cs ¡\ la C<J1111aissa11ce cl!)S ticr~, ce c¡11i cst u11e
1!1J11l>le canse 1l'i11st~c11rité . .\11ssi cst-il ¡irt>IJal>le c¡uc, ¡1011r rc111édicr cet a
.jnc!lll\'t)JIÍ<)lll, l'l1y¡>t1ll1óc¡11e tlnvail, clans la 11l11parl <les cas, s'élenclre ,'¡ lc>us
le-; liiens 1111 ,lt'·l1ile11r, l!) cr1\1ncicr chl'rchanl i1 se l'airc 1l<J111u•r le 111axin1u111
tic gara11lic. (;ai11s ( ,:-i, 1 1). (/e JJÍ[Jll<>rib11s, \\, 1), signa le, e11 cfl'cl, con1111c
t':lant q111>li<lie1111<)lllClll. 11sitt'•11 la cla11sc ¡>ar lac¡11ellc IP dt':liil<'III' hy1>oll1<\1¡11ail,
¡\ c,'ilt') !le hic11s clt'•l1\r111int'·s. l1J11s ses aulrcs l>iPns ¡irt'•scnls et¡\ ve11ir.
:1° l•:n ras ele ¡1l11ralilt'· cl'lt)"IH>llu'.q11Ps, le: 111·,·111iPr crt'·anci<'r liy¡>r1ll11':cairc
s1•11I a,ail IP,j11s dislr11he111li, c'cst-11-dirc lt) 1lr1>il. 111· fairc v1·111lrc l'i111111c11J¡le;
il n't'•lait t>as !>l1ligt'·, 1l'a11lr1! ¡iarl, !I(• le: vn11dr1: aux P11ch1·r1•s. l,es crt'·ancicrs
l1y¡1 11tl1t'·caircs (>tisl<'·rieurs ne j<>11issai1·nl ¡>as tlu nu\n1n tlr<>il, ce c¡ni cr1levail
'J'o111e 11 ;,5
' P11R TIE. - · CIIA PITR E III
866 LIVR E 111, - TITR E II. - DEUX IEl\lE

· beau coup d'ut ilité l1 leur gara ntie . lis n'av aicn t qu'u ne resso11rcc, qui étail
de d1"s intér esse r le prem ier créa ncie r pou r pre11dre sa plac e. ,\uss i. 1( l'l1)· po-
tl1eq ue n'cst -elle jan1 ais arriv ée, con1n1e ont fait les sttre tés réell es n1od er-
nes, a pren dre lepa s á Rom e s11r les su.re lés {)ersor1nelles i> (Gir arll, Jla-
nziel, p. 773).

Anc ien Dro it fran gais '. - L'l1y potl1 eque est dem euré e inco11n11e du-
rant de long s siccl es dans notr c ¡)ay s; elle r1'y a fait s011 appa rilio 11 cru'a u
x:111° siecl e, et cela , non poin t par l'i1n porl ation de l'l1)·potl1e
q11c 1·0111aine,
mais ¡Jar l'efl'et d'u11e. é,·olutio11 orig inal e qui ressen11Jle, du reste , á cclle qui
s'éta it prod uile lt Ro111e.ll faut savo ir, en ell'et,q11'en Occident,j11squ'e11 plei n
~1oyen tlge, les n1eu bles et les reve nus ~les foncls de terrc ser,· aien t seul s de
gara11lie aux créa ncie rs, lesq11els ne ¡Jou ,·aie nt pas sais ir les i111n1e11IJles. De
lit le beso in pou r les créa11ci ers ele se faire don11er ce11x-ci e11 gara11tie. Ce
rl'.·sultat fut obte nu pend ant longte111ps par une alié1 1atio n de l'i111111cu!Jle,
qui elev cnai t la prOJ )riét ú du créa1 1cier ,avec oblig atio1 1 ¡Jou r ce der11icr de le
resti t11e r apre s rer11bo11rse111ent, et droi t ele lo11cl1er jusc111e-la les rrver 1us.
Faut e lie paien1er1t. le créa ncie r ac<¡ uéra it la ¡Jro11riété défi nitiv e. C'ót ait
a
done , a11 for1d. 11ne vóri table vent e ré111óré, el par tá. l'o1lératio11 dill'é rail
de l'ali énal ion ficlu ciair e d11 Dr<iit ron1ai11, le<¡11cl pros criv ai L la !ex cu111111is-
soria. Cett e 0111~ralio11 était , 011 le co1n pren d, fort da11 gere use J)Our le déb i-
te11r, q11i risq uait ai11si de perc lre un i1111ncnble d'1111e vale ur orcli naire rnc1 1t
a
bier1 su1>érie11re lt sa clett c. Elle lit clone plac e 1111 proc éclé 111oins onér eux, la
co11slit11tio11 en gage de I'i111r11eublc, sans tran sfer t (le ¡)rop riété . Ce gage
don nait a11 créa11cier le droi t rle to11cl1cr les fruit s el reve1111s, tantt ,t co11di- a
tio11 ele les gard er co111mc i11térets (mo1·t-r1a!Je), ta11tt'1t 11 cl1ar ge lle les i.111-
. p11tcr sur le capi tal lui-1111\111e (1•if-g<1ge), conf orm é1nc nt at1x pl'es cri¡i lions
cano11i1¡11es q11i ¡Jros criva ie11 t la 11rernii\rc co111l1i11aiso11 et 1l1\fe11elaic11t auss i
a11 créa11cier de rete11ir la cl1osc cnga gée en paie111enl, si la clett c 11'était pa:,,
¡iay/·!' h l'i'•cl1t'•a11ce. Ces de11x disp ositi ons a1111~lioraic11t sc11sil)le1ne11t la
sil11alio11 <111 <l1'·hitP11r; n1ais le gagc n'en nvai l }las 111e>i11s l'inc1H1v1\nic11l
<l'olJligcr 11• <li'•!Jileur it se llÓ¡) ouill er tic l'i1r1111c11blc llel11r le re111el.Lre a11
' 1c1e
crea1 . r.
.\11ssi, :'t c1ilé ele c<·s 111odes 11<' cri'·elil, voil-011 a¡Jp arail rc, ¡'¡ Jlarl ir d11
x111" si1.,clc, 1111 proc i:lló 11<>11vca11, ¡iar leq11el le dól>ilc11r
a!Tectc 11'av1111cc
ses J1ic11s i1\11\\<1liiliers a11 llaic111r11l 1tc ses <lelles, c'esl -a-(i irc clr1n11c a11
::rl'.·a11cier le elroi l ele les sais ir el de les ve11elre, JJ<l11r le cas ot'1 il 11'11c1111il-
tcrai t Jlas so1i f1!1ligation. c:c ¡1roc,:d1:, cor\1111 so11s le 11001 d'obli!Jrtlio bo110-
r11111, avai l le <ll.111l1lc ava11lagc <le laiss cr le díll1ilc11r c11 possc
ssi1J11 111\ :-l's
l,ic11s, el ele ¡1cr111ctlrP a11 cri':a11cier de vcr1llre les i111n1c11l1les et 11111111c IPs
111e11JJl1:s en i'•vilar1t les 1'1Jr111e~: lc>11:;11cs el co111pli11111\cs 1lc la J>ro códu rc 1l0
• •
&llSI C,

1. V. Viollet, llisloir~ t/11 Droit civil fr11n<;11iR, 3° P-llil., p. iM4 11t s. ; Urissnud, .l/1111111'/,
l'· :itil Pt ~. ; 1•t surto ul ~:s,nein, /,e.• cru1tr11/¡¡ tinns le tres <1ncit111 /)roit f1·a111;11i.•. - V. a11.,si
p 0 us,:irt. 01·igi11ei el 1ra11sfur111atio11s de l'hypolhér¡11e d1111.• l'a11cien Droit /ra111;11is, lhi'•se
!,lle, \!lU8.

DES JIY1'0T11EQUES

L'oúlir¡r1l10 bonor1i111 re,elait de11x forn1es. l'anlol, elle était générale,


s'applie1ua11l ii tous les ])iens, 111eu]Jles et l1éritages, IJrésents et á ,enir, du
llé]Jile11r; en Cf' cas elle 11e donnait pas a11 créancier le droit 1le suite, 111ais
l11i ¡Jcrr11cltait de saisir les i111r11c11l)lcs, contraire111e11t a11 ,ieux pri11cipe
1le leur i11saisissal)ilit<'·. l'a11t,\t, elle était spéciale, c'csl-i1-elire lin1itéc á 1111
i111111cul)lc cl<~lcrr11iné, el clic clo11r1ail alors au créancier. et cela des le
x:111• siecle, le droit ele préfére11<.c et le clroil de s11ilc, ele11x: avanlagcs que
11e produisait pas l'o)Jligalion générale. ce c111i fait de l'obligalio spt'.cialc
<Jt1clquc cl1c)se d'ar1aloguc á l'l1ypotlu\q11c rornaine.
11 ser11l)le que l' olJLir¡al io générale, for1ne i11férieurc de crédi t, au raí t d 1i
clisparaitre d11 jour ot'1 l'on acl111it la saisic eles ir11111e11]Jlcs. Elle fut 11éan-
111oi11s c<)11servée, 1Jarce e1u'clle clispe11sait le créartcicr ele la procéd,1rc de
saisie, et, e11 n1e111e .te111¡Js, elle finit 1Jar proeluire les 111en1cs ell'ets e1ue
l'olJ!igalio spt•ciale, c'est-i1-dire ,¡11'elle clcvi11l une sorlc cl'l1ypotl1ec111e gé-
11érale s11r les liie11s cl11 dt'Jiile11r.
'l'elles s011t les origines 1¡¡1tio11ales clr. 11otrc syste111c l1y1Jotl1écaire. '.\lais
¡¡ n'est pas doule11x que l'i11fluence ti11 l)roit ro111ai.11 aida á la lrnnsfor111a-
tion de l'ollligalior1 gé11érale en l111e vérital)le st1reté r<\clle.
Si •mai11tena11t no11s considérons ce systi·n1c a
l'épor1ue oi'1 ses lrails sont
rléfl11itiven1e11t for111és, r1ol1s ,·oyons qu'il se caractérise par les regles sui-
vantes :
1" L' /1:,•potl1e1¡ue ne JJorle 1¡ue siir Les i111111eubles, et ,io,i s1tr les n1eubles. -
~ous recl1ercl1erons plus tard l'origine ele cctte elistinctio11, que le Droit
. na
i'OTI1a1n '
pas conn11e.
'.lº L'/ry¡1oll11\1¡1te co1ive1ilío1i11elle 1ie ¡1e1it résitller r¡ue <l'itn acle 1iol11rié, et
.
11011 d'1111 acle sous se1ng pr1,e.
. '
'
:{º Tout acle notarié emporfe liypotlic\r¡ue gé,iérale sur les i111111eubles pré-
sents el 11 uenir 1[11. cléhitettr. - Nos ar,ciens au tc11rs ex:plir¡11aicn t cette r<'·gle
.de deux fac;o11s. Les 1111s disaieo t q11 'elle ,cnai t ele l'usagc el·¡ n lrod ui re da ns
les acles uotari{:s ur1e clausc cl'ollligalion de to11s les lliens, laquelle fi11it
¡lar 1\trc s011s-e11te11due (I,oysea11, 1'r11il1! cl1t 1lég11er¡1isse111e1il, 111, 1 5); lesa
a 11 trc~s la ratlacl1aicr1t at1 caractere cx<''.c11loirc tic l'aclc autl1cnlir¡ue: u J,'a11- •

lclrilt'. JltJlilic¡ue t111 secan clo11l ils so11t 11111nis, clit J>otl1ier (Traité 1les /1:,·po-
ihe1¡1tes n" 10, éd. l\ugr1et, t. 10, p. 4:i6), est ce <¡11i le11r fait 1>r<1tl11irc ccttr.
l1~·p<Jll1eq11c. n
'rº 1'01it j11r¡e1ne11t ,Je c1111cla1111111tio11 e111¡101·lail égale111e11l !1y¡1oth,\r¡ue r11!1z1:-
rale .~u,· les i1111r1e11bles ¡1r1~se11ls el ci 1•e1iir cltt 1lébile1tr. - Cetlc rt'·glc étail,
for111ellc1r1c11t t'•clictt',e 11ar l'lirdo11111111cc lle i\loulins lle 1566, arlicle 53.
\,)s ancicns aulenrs l'cxpliquaient r1ar cclle illt''.c <111c le j11gc111c11l cst 1111
c¡, 1asi-contral c11lrc1 plaille11rs, et liQit, par co11sér111e11l, produire les 1111~11,cs
,dl'els c¡11P l'acle 11olari<':. \lais clic étail a11ssi la co11s<',c111cncc du priviic\ge lJlli
a¡1¡,arlenait a11 ¡lren1icr saisissa11l sur l'ir11111cul1lc, ¡Jrivilt'~gc qui se fondit
<ia11s l 'l1y¡><il.l1c\1¡ ue j11d iciai re.
!'ar s,iile de ces rlc11x llcrnit'.res r1\gics, 011 vc,it que l'l1y1>otl1cc¡uc gór1érale
1~lail 1lar1s l'ancicn l)roíl l1't\s fréq11enle et 111e111c la ¡1!11s fréc¡11e11tc. Or, ce
1111ide de garar1lic a l'i11co11vér1ier1t de gas¡Jillcr le crétlil cll1 <iébileur, qui
868 LIVRE 111. - TITRE II. - '
DEUXIE~IE P,\RTIE. - CH.\PITRE 111

donne ainsi en bloc au 1}ren1ier créancier tous ses bier1s en gage ; il a


aussi le défaut de multiplier a l'exces les l1)'potheques. Dans l'ancienne
France, il n'y avait, pour ainsi dire, pas de bien qui r1'en f11t gre,,é. Cela
était d'aulant plus genant que rien 11e révélait aux Liers l'exislence de ces
l1ypotl1eques. Et nous arrivons ainsi a une cinquien1e regle, caractéristique,
en celle matiere, du systeme de notre ancien Droit.

Clandestinité des hypotheques dans l'ancien Droit. - Dans l'a11-


cienne l~ra11ce, les li)'pollieques 1i'élaie11l pas soumises a la p11blicité. ,\ucu11e
forn·1alité n'en faisait connaitre la co11stit11tion aux tiers. Cela nous parait
surprenant, et l'on peut se demar1der, étant donnée la fréquence des l1ypo-
theques, con1n1ent la circulation des biens 11'était pas par la entravée. ~lais
il faut se dire que celte circulation était beaucoup moins importante e¡u'au-
jo11rd'l1ui. La tei·re restait dans les familles qui la possédaienl. D'aulre part,
on avait organisé, au profit eles acq11ére11rs, un syste111e de purge qui le11r
per111ettait de clégrever l'i1nme11ble des l1ypotl1eq11es er1 ¡}a)·ant les créanciers,
apres les avoir r11is en clen1eure de se faire connaitre au moye11 ele certai11e~
formalilés.
Cependant,Colbert, nous l'avons déja sigr1alé, len la d'organiSBr la publicité
eles l1ypotl1eques, par ur1 édit de mars 1673 (\'. Isa111bert, l?ecueil gé,iéral lles
a11cie1111es lois fra11¡:aises, t. 19, p. 73¡. Cet édit créait des grefl'cs cl'enregis-
1rer11en t, véri tables l}11rea 11x de conser,·a tion des l1ypo Ll1ec¡11es. <( dar1s lesq uels,
clisait·le préan1lJ11le de l'édit, ceux qui auror1t des l1ypotl1cques pourront for-
mer el faire cnrcgistrer le1rrs oppositions; ct,cc faisant, sero11t préférés a ceux
c¡11i a11ro11l 11L·gligé de le fairc; et par ce. 1110Jcn on po,,rra pr<)ler avcc s1irctó
et acquérir sans crainle d'elrc évincé ; les créanciers scronl cerlai11s de la
forlune 1lc lc11rs cl{•biteurs el r1c scront ni dans la crainlc ele les voir périr, 11i
cla11s l'in1¡11iét11clc cl'y veillrr; el les acquércurs scronl assurés ele n'etrc 1Jl11s
tro11IJIL·s dar1s lc·nr posscssio11 par des cl1argcs 011 l1ypoll1eques antérieurcs ».
~Tais rcllc tenlative ne ré11ssit pas; elle <~cl1ot1a lleva11l l'o¡Jposition des f'a-
n1illcs nfililes qui, f'orl<'!Ttcnl c11clcl.l{·cs, rcclo11laic11!. la p11)1licil{,, el, :-a11s
do11l1~ aus~i. llevanl cPllc eles notaircs a11x.1¡11<!ls la clantlcsli11il<: Jlrofitail, en
r<'tltlanl leur 111inisl<\re inclis¡Jc11sal1lc JlfJIII' cl1aq11e 01)(•ralio11 relalivc it la
¡irri¡>rit'•1(, funcic'·re. J;<"clil ful clf>IIC ra¡i¡Jortó J'an11{\e s11iva11le, h ca11sc H tics
inc1in,t'·11ic11ls 11111l!iplit'·s q11'il ¡ir(:scnlait », 11011s llil ¡1l11s larcl 1l'.\g11essca11,
<1 el 1l<:s r{·cla1nalio11s <111'p))c nxcila 1le L1Jus C<>l{·s ». l,e lll(~tlll' 1l',\g11cssea111lc>-
vail rt'·s11111er l't':lal 1l'cs¡iril tl<i111i11a11l it so11 c'•¡uH¡11e <'ll tlisa11L a 11ro¡J1Js ll'1111
r1r1ij1)l 1l'c'-la!Jlissen1P11I. tic co11servalc11rs <les l1yJHllltc'·1¡11cs (fJl:'tll'l't's, t \111.
(l. li'.11) : 11 ()11 a l<J11j1>11rs cru 1111'il t'·lail C<lltlrair<1 au liic11 PI .'t l'ava11lag<'
1les f:1111illes <le lr<>1i fair11 c1i1111ailr11 l'{:lal el la silualion 1lc, f'<>rl1111e1les ¡iarli-

culi<·rs. »
l'ar P\CPlllio11, cepP11(la11L, cerlai11es rt'·gici11s dP l•ra11cc avaicnl cl1J1111t':
1'1)xe111¡JIP 1!'1111<' Jllllllicitt', l1~·¡J1Jtlt{·caire. (;'{:laic11!., 11'11JH' ¡¡arl, !ns ¡irt)'S 1/1•
11r111liss1•111e11!, 1lc l'autrc, la /Jrt'fay11e.
l)a11s les /ltl,YS 1/1: 11a11li.~se111c11/, c¡ui r11111pre11aic11l 1111 grclllJll' in1¡J<1l'la11L 1!e
c1J11l11n1Ps 1!11 ~or<I Pl 111: l'J~st, les vicillcs for111cs ft'·c>dnlcs 11'1•11saisinc111e111 ,
'
DES HYPOTIIEQUES 869
a
clestinées ass11rer a11 seig11eur le paiement de ses profits, a,·aient. nous
l'avons vu précéelen1111c11t ( tome lº', p. 935 s.), conduit á 11n syste111e de
publicité des Lra11sferts im111obiliers, J)ar une inscriptior1 sur 11n registre
te11u a11 grf'fl'c du tri!Junal. De me111e, toute constitution d'l1y¡Jotl1eque
clevait 1\tre n1entionnée sur ce registre, et comme on y faisait la descriptio11
ele l'i1111r1e11l)!c ver1du ou l1ypoll1ér111é, il en résultait c1ue l'l1ypotl1eque géné-
rale était i1111Jossible dans lPs lla~·s de nantisse111e11t : 011 11'y pouvait l1ypo-
tl1éq11er q11e eles i111me11!Jles déter111inés ...\i11si, ces coutu1nes avaient réalisé
un do11IJ!e progres: la publicité et la spécialité de l'l1ypotl1eque.
11 y avait également un systeme de publicité en usage en Bretagne, de-
JJUÍs un édit d'aout 1626, qui avait exigé l'ir1si11uation au greffe des co11trats
cl'acquisition d'un immeuble et de constitution d'l1ypotl1<'.·que .

Droit intermédiaire. Publicité des hypotheques. Cédules hypo-


thécaires •. - C'est la Convenlion et le Direcloire qui,par deux lois s11cces-
sives, organiserent enfin la publicité de notre régi111e l1ypoll1écaire. Elles
s'inspirerent el11 systeme des pa)'S de 11antisseme11t el des regles adoplées
par le Code Prussien ele I í94-
La pren1iere ele ces lois, celle du g messidor a11 III (2í juin r í95), inti-
tulée : décret conte11ant le Code hypotl1écaire, ótait en elfet u11 vérilable Code
en 2í9 articles. Elle posail, pour la prer11iere fois, le príncipe de la publicité
de to11tes les l1ypotl1eq11es sans disti11ction. Elle ne recon11aissait que deux
sortes d'l1}·potl1eques : l'l1ypotl1eq11e convenlionnelle et l'l1ypotl1eque ju-
diciaire. Elle rejetait complelement le systeme des hypotheques légales,
comn1e celles de la fe111n1e mariée, du 1nine11r, de l'interdit, q11e les lois
postérie11res allaienl rétablir. ~Iall1eure11sen1e11l. la loi du g 111essidor an 111
11e procla111ail pas le prir1cipe de la spécialil1: du gage l1ypoll1ócaire, qui
forme po11rtant 11nc eles f)Íeces essentielles de to11t IJon systen1c l1ypotl1é-
caire, et, co11servanl s11r ce point les erremenls anciens, elle disposait que
J'l1ypotlH\q11c inscrilc s'ólencl s11r tous les IJicns próse11ts et.\ venir de l'obligé.
U11 trail J)artic11li1\rerne11t i11ti'•.rcssa11t de la loi d,1 9 111essidor an Ilf, c'est
<111'clle rssa}'ª cl'organiser ce c111'1111 a UJ)J)elé depuis la rnobilisatio,i du crédil
l1_y¡10/h1lt11irc. :\ ce!. 11f1'1\I, 1\lle a11Lorisail les propriólaires d'iu1u1eullles á
prendrc h,Ypolht\r¡iw sur e11.r-rr111111es j11squ'l1 conc11rrer1ce eles lrois quarts de
la valcur eles liic11s. I,e ¡1ro¡Jriótaire <111i 11sail ele ce ¡Jrocé,Ié recevait, apres
avoir «'•lalili clcva11t le cousr,rvale11r eles l1ypoll1i':r¡11es son droit ele pro¡lriélé
et la valeur ,¡,. ce clroil, une 011 ¡1lusie11rs c1l1/tilcs Lra11s1nissililes ¡Jar voie
d'11nclosse111enl ¡\ orclre. 11 ¡1011vait ainsi, cr11a11d il avait licsoin d'argent,
s'c11 Jll'<lc11rer aisc'\1111\nl 2 • l.a cc'•clulc l1y¡1oll1«'•cairc po11vail circuler comme
1111 ell'PL ele co111111crce. Ce sysl<n11e, q11i esl aujo11rd'l1ui e111ployé dans tlivers

t. Cons. Sngnac, /.a il'.1Jis/11tio11 ci11íle de la llé1•0/utio11 fr1111r11ise, Paris, 1898, p. 204 et
s., 3 ¡:; til s. ; Cai,~11111·ctlP, /.e 1·t'r¡ir11e /011cíer el hypoth1',,11íre etal,/i par les /oís du 9 n1es-
sídor 1111 111 et 11 br11111aíre 1111 fil, lhi,st, 1·011lo11si.. 18!)S.
2. Voir sur ci.tli. loi, Challarnrl, /1e la cession tlr•.~ ,·rér1111'es h11pothi,·11ires en Droit
fr11111;11is, th1'.sp Parls, 1878; l1011tlcl, /.a 1nobi/1sat1on du .~o/, th1\se, 1888. \'oir, dans les
1:odes 'l'ripier, étlilion ~lonnicr, sous l'nrlicl•• 212.¡ ilu Code ci,il, un 111odélc de cédulo
hypothéc11lr1•.
S¡o LIVRE III. - TITI\E II. - '
DEüXIE~lE PA.I\TIE. - Cll,\PlTl\E III

pays, 11e s'cst pas acclin1alé cl1cz 11ous, el pourtant, il parait offrir des avau-
tagcs. 11 csl vrai que la loi ele 111essidor cntourait la eléli,;rance des cédulcs
de forn1ali tés con1pliquécs et couteuses, et in1posait au conserva~etrr tles
l1ypoll1equcs une respo11sabililé, clevant la 111enace d1~ laq11ellc il était nal11-
relle111e111 peu disposé it aicler au fouclio1111c111e11t de l'innovatio11.
L'iclée de la 111obilisatio11 d11 sol parut cl11 reste bie11!1\l u11c 11ouvcaulé cla11-
gcre11sc, et le tribu11 Grer1ier put dire, da11s s011 rap¡)ort a11 'fril)u11at sur le
'.[ilre des Privileges el ll)'POllier¡ues clu Cacle ci,il: <1 On vil a,·ec efl'roi 1111e sorle
de n1ol)ilisalion d11 lerriloire de la lli'•public¡t1e qui, J)OUr e¡uelc1ues ava11la-
ges parliculiers qu'elle allail produire, ofl"rail les plus f1111esles 111oye11s á
la dissipation, el 111er1a<;ait les fortu11es d'u11 ébranle1nent ¡.!ér1éral. n 011
·voit par ces quelques n1ots cambien, au dél)ul du xrx' si(·cle, l'idée Lraditiou-
11elle de la conscrvaliou des l)iens da11s les fan1illes étai t c11corc ar1créc cla11s
les esprils. Le sysle111c de la loi de ruessidor ne 111érilail cependa11l pas ele
telles critiques; ii a fail ses ¡)rcuves a l'étra11ger.
Quoi e1u'il er1 soil, la loi du 11 l)ru111airc an ''Il (1°•· 110,eu1bre 1¡98) ,i11t
rcr11placcr la précédc11le (''· torrrc 1º'. p. 936 et s.). C'esl, e11 ce q11i co11ccr11e
les l1ypotl1eq11cs, u11e loi fort l)icn faite, et il csl rcg·rcllal)lc c1uc les rédac-
tcurs du Codc r1e l'aicnl pas conscr,éc. Elle orgar1isail ¡\ la fois la lra11scrip-
tion des acles lranslatifs ele l)iens et droits susceptibles d'l1~·¡)oll1ec111es, el
clic sourncllail loulcs les l1y¡)oll1equcs. sa11s cxccJ)lio11, á l'i11scriplion. l~lle
décidait, en oulrc, q11e l'l1ypoll1et¡ue co11,·e11lio1111cllc 11c po11,ait ¡.!re,er que
les Lie11s présc11ls, 110111r11é111cnl clésig11és, du clébilc11r. ,\len1e ri·glc pour
l'l1Jpoll1\'·quc jucliciairc el les l1Jpotl1ec¡ues légales, a,cc ccllc sc11le réser,e
que le crt'.·ancier, do11l le elroit élail gara11li l)ar u11c de ces l1ypoll1ec¡ues,
pouYait prc11clrc 11lléricurc111c11l iuscriplio11 sur les }1ic11s 11011,cllo111c11t ac-
quis ¡Jar le dél)ilcur. 1~111111, elle orga11isail, a11 ¡Jrolil eles acquércurs d'in1-
r11eul)!es, une pr1)ct'·clurc si111¡Jlifiéc de p11rgc, c¡uc le Coelc ci,il a rcprod11ilc.

Le Code civil. - llo11rc1uoi les rédaclc11rs clu Coclc 11'011l-ils pas égale-
menl cor1scrv<~. 1lans S<lH e11se111blc, le S)"sli·n1c ele bru111airc i1
Cela liPTll ii ce 1¡11<' I,• rt'·gi111e 1lc la 1i11l1licilc'· 11'avail ¡)as cncorc cause ga-
g11éc clc,a11l l"opi11i,>ll; les rt'·sislauces e¡11'il r1·ucc>11lrail 1'.Laieul c11corc lrt':s
lortcs. Le:; rt'·dacleurs d11 <:t>tle firc11l elci11c 1111c cole 111al laillée e¡11i clcvail
alJ011lir 1\ 1111 svslc'!111c

Loil<•ux:
1º l)'al)<)I"tl ils ne 111aiuliurc11l ¡ias la ¡i11lilicil1· eles alit'·11alio11s et cl1arg·cs
1n111ol1i lic'·r1·s.
:iº <]11a11l ú la 1iulilicilé des ¡)ri,ilt'·g<!S i111111oliili<1rs el eles l1y1Joll1ec¡11cs,

elle ne lrio111¡il1a 1111'a¡)rt'·s el'assPz ltingues cliscL1ssi,>11s. 13ca11co111> ele lriliu-


naux cl'a¡lJ>el s'1'.•laic11l ¡>ron1)11c{·s 1>c>11r le rélablisse111e11l cl11 s_,·s[1'.111e de l'a11-
cie11 J)roil.:\11 (:011seil 11'1•:lal, la secti1i11 clc lt'·gislalio11 c'!lail 1Jarlagt':c (\ .. l•'cnel,
l. 15, ¡i. :i:i:1 Pt :181>; I,t>crc',, l. 8, ¡1. 1/1(i el 1¡0 1. E11fi11, le 1iri11ci1u• 11011,cau
l'c111¡iorln, 1nais n<>It sans r<'•scrYc: les 11) pt)ll11\<¡11cs li'·galcs cl11 111i11c11r, tle
l'ir1tc·rtlil el lle la fe111111e 111arit':c 11'y fure11l S<>11111ises 1111ºe11 a¡>¡>are11ce.
:{• E11 011lrc, le Codc civil IIP s11l pas l'l>111¡1re aver. la vieille rt'•g-lc ,le la
gé11t'•ralili': <l11 gagc l1y¡icill1t'•cnirc. Sa11s clo11le, il ell'.,ciclc que 1·11y¡>oll11:1¡ue
'
DES IIYPOTIIEQUES

con,-entionnelle doit t\tre spéciale, 1nais l'l1ypotl1cque judiciaire et certaines


a
l1ypol}1eq11es }{·gales l'ure11t orga11iS('.CS de n1anicre frapper tous les bie11s
prése11ts et a ver1ir dt1 débiteur.

Essais de réforme du systeme hypothécaire depuis le Code civil.


La loi du 23 mars 1855 sur la transcription. - 1'el qu'il était, le
sysll·n1e tlt1 Co,Je étail tres i111parfait. Son principal vice résidail i11conles-
talJlc111ent dans le cll•faul de publicité des aliéualions i111n1obilii·res. On
sait co111n1ent le Cocle de procédure (art. 83!1 et 83j) essaya d'y rerr1édier
dar1s l'i11téret des créar1ciers -l1ypoll1écaires qu'une lJrusque aliénatio11 de
l'ir11111euble po11,-ait pri,er de leur droit de suite (V. t. 1°r, p. 941). i\Iais ce
n'était la c¡11·un pallialif. Les lacunes du syslcn1e l1y¡Jotl1écaire du Code civil
r1e lardL·rer1t pas a etre signalées ; ce 111élange de publicité et de clandesti-
11ilt'•, a111algarr1e des iclées traditionnelles et des ¡Jrincipes nouveaux, ne
r11anc111a ¡Jas d'elre attaqué. Le go11,er11e111e11t deJ11illelentreprit done lºmu-
vre ele la refonte de 11otre législation l1ypotl1écaire, n1ais il perdit sept an11ées
a la prépareret n'eut pas le ten1ps de la 1nener a bien. 11 subsiste néann1oins
de son eflort une encruete entreprise a11pres des cours d'appel et des facultés
de droit, clont les résultats ont été publiés e11 1844, en 3 volurnes, sous ce
titre : Dociime11ts relalifs au régime hypothécaire publiés par 01·dre du
r;ouverne111c11l. Une con1n1ission fut alors cl1argée de préparer un projet de
loi. 1nais elle n'abo11tit qu'a un texle insuffisant 11e conlcnant que eles ré-
forn1cs de détail. L'muvre fut rcprisc par la seconde Rép11bliq11e, puis
par l'Empire .. La création du Crédit l<'oncier de France et le vote des gran-
des lois agricoles, q11i n1arquenl la p<;rio<le de , 845 a 1855, en renrlaient
l'aclH'-ver11cr1t de plus cr1 pl11s urgen t. i\Iall1e11reuseme11t, le législateur ne sut
pa,s la faire abo11tir 001nplelc1ne11t, et, de to11t cet efl'ort de pres de quinze
années d'études et de trava11x, il ne sortit q11'une loi partielle, ne trancl1ant
qu'un coté d11 probli•me et d'une fai;o11 encore imparfaite, la loi du 2J mars
1855 sur la tra1t.'ic1·i¡ilion en matiere hypolhécaire.
Dcp11is lors, il r1'y ,a e11 que des réfor111es de détail, dont les principales
sonl les s11ivantcs:
1° J,a loi clu 1! 1 rnai 1858, s11r la proct'·tlure d'orclre, a modifié plusieurs
articlPs cl11 Co1lc civil, nfin ele pri'•ciscr les clroits de la femrne n1ariée. du
1ni11e11r el ele l'i11lcrclil elans le:- orclrcs cH1verts pour la distributioo du prix
des i 111 n1e11liles cln 1nari 011 <111 tu tenr;
:.1º Lr.s lc,is 1111 l<l cl1~ccrnl1re 187/1 el <lu 10 j11illel 1885 c1nt orga11isé l'l1y-

poll11'-c¡ue 111arili111e;
:\
0
J,a lc,i tl11 , :\ ft\vrior 188!1 a rl·gle1r1e11Lé ¡\ 11011vea11. s11r cerlai11s points,
les re11011cialio11s ¡'¡ l'l1y1ioll1i•t¡ue l,\galc <les fc111111cs n1ariées.
/1" NrH1s r11ppelci11s la lcJi d11 1i1 févricr 188!), relative ¡\ la reslrictio11 du
pri,il1'-ge cl11 l1aillc11r cl'u11 fo11<ls rural el a l'atlril1ulior1 des i11demnilés
cl11cs par suite cl'assurances.
La réfor111e d'c11scr11l,Ic de 11olrc sysll-111e l1ypotl1écaire a été reprise en
189 r. A celte date, le gouve1·r1e111ent a nommé une Commission extra-par-
lcmentairc cl1argéc de l'étudier. Cetle commission a préparé un vasLe projeL

•1
LIVRE 111. - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE PARTIE. - CHAPITRE 111

co111prenant, norr seulen1ent la ré,·ision de 11otre régime l1ypotl1écaire, rnais


celui de 11otre S)·sti:me de p11blicité des aliénations in1n1obilieres, el i11sti-
tuant le régime des Livres fonciers.
Celtc seconde partie du projet, do11t nous avons déja parlé dans 11otrc
ton1e premier (p. 967) s'est l1eurtée, con1n1e on sait, aux résistances du
notaria t. Elle parait aujourd'l1ui abandor1née.
Quant a la pren1iere, elle a inspiré un projet de réforn1c l1ypotl1écaire
déposé au Sénat, le 27 octobre 1896, par le gardc des scea11x l\I. })arlan '.
An1endé. édulcoré par les con1n1issions, ce projet a été discuté au Sé11al en
octo!Jrc 1908. Dep11is lors, il se traine devanl le {Jarlemcnt, sans qu'ou
puisse prévoir quaud il sera \'Olé 2 • Et pourtant, la réforn1e de notre S}'S-
ten1e h)·pothécaire serait une oouvre utile. Il est fache11x que sur ce point la,
Francc se soit laissée deva11cer par la plupart des nations étrangeres.

Les traits caractéristiques de l'l1ypoll1eque, énor1cés par l'articlc 211!1 dt1


Codc civil, JJeuvcnt se résurner dans les trois propositions s11iva11tes:
1" L'hypotheque est t1r1 droit l'éel accessoil'e;
:lº Elle est un droit réel inimobilie1·;
3° Elle est un droit i11(livisible.
Cl1acunc de ces proposi tions der11ande quelques explications.

l. - L'liypotheque est un droit réel accessoire (art.211!1, 1e' al.).


Nous 11'insistons ici que sur le caraclerc acccssoire, car nous avons di'-jit
dit ci-dcssus que l'l1ypotl1equc est un lll'oit !'écl, c'est-a-dirc do1111e ¡¡ so11
titulaire u11 llroit lle ¡Jréfére11cc rcnforcé JJar 1111 llroit tic s11itc. (¿11a11d 011
dit que ce droit réel csl ltccessoil'c, cela sig11ifie (JtlC 1·11y1Jotl1ec¡11c, dcstinéc
a servir de gara11tic il u11e créancc, ne se co1111lre11<l pas sa11s 11r1e créa11ce
dont elle doive asst1rer le paic111e11l. 11 11'est !las 11écess11ire, d11 res le, tiue la
créance visée par les Jlarlies existe a11 111ci111c11t 111(\111e tic la ctH1stiluli<J11 tic
l'l1ypotlu':c¡11e. Riert 1t'c111¡J('\cl1c 1111 (lébilcur 1lc co11ct'·dcr u11c l1yJJ<ill1i~11ue
en vue d'11ne créa11c~ f11lurc. 11 c11 est ainsi, 11ola111111e11t, lia11s le cas
d'ouvert11re de crédit faite par 1111 J,a111111ier a u11 clie11t, 111oyc1111a11t 1111c
l1y¡>oll1i'·c111e s11r les i1n111c11llles 1lc ccl11i-ci; cctlc l1yJl<Jtl11'-(111c (~xislc PI
n1e111e ¡Jre111l rang <lu jo11r de so11 i11scri¡ilio11, c'csl-¡1-clire a,ant 111e111c que le
client ai t rc¡;u des fo11lls.

1. Sénat, Doc. parlen1., S. fo:. 18!l6, nnnr.xe n• 2, p. :l32. llnppo1·t de l\l, Tfulznrd,
29 ,nnrs 1904, ibici., S. O. 1904, anne,c n• 111, p. 24\l.
2. Voir sur le projPl llarlnn, l)uíoussal, Lhi•se l'nris, 1898. Sur la 1lis('t1Ssion 1111 S(•nal,
,·oir /le~•ue 11·in1est. de /Jroit civil, 1\10!!, p. 19:i. Sur In ri'!íorm,, (:lt11li,\1i tlnns son f'IISl'lll-
ble, consnlh•r G11il101111rd, /,a ré11isio11 du rer1i111e hy¡iothécaire établi pur le Coc/e civil,
Le Code civil, Livre du ce11LP1H1ire, l. 1, p. -ll!i i1 ,139; dr J,oynPs, /.e <:ode civil et le
crédit, régir11e hypothtJcaire, 1·t!t1i111e ele le, tran.~111is.~io11 de la ¡1rn¡11·it11é, ibM., p. 38:l; 1111
n1t'\111r, cons. l'étude puhli1lp 1111x p. LIX 1'1 XCVI du 101111• I" de son Traité des ¡11·iviléges
et h¡¡potheques, en collnhornllon avcc ll1111dry-L11c,111lincrie, 3• 11Jit.
'
l)ES IIYPOTJIEQUES

De meme, l'l1ypoll1i·c111e légale du 111inet1r et de l'i11terdit sur les in1n1eu-


bles du tuteur prend 11aissance au jour de l'ouverlure de la Lutelle, et ce-
pendant les faits c¡ui peuvent faire nailre des créances au profit de l'incapa-
ble contre so11 l11Le11r,11e se sont pas e11core produils,ils s'écl1elonneront dans
le cours de la lutelle.
E11 del1ors de ces cas exception11els, l'l1ypotl1eq11e, clans notre conception ' '
franc;aise, 11ait et disparait en mcn1e tcmps que la créar1ce qu'ellc doil ga-
ra11tir; elle suil son sort jusqu'au bout.
rº La prer11iere consée¡uence de celle 1na11icre ele ,·oir,c'est que 11otre Droit
11e co1111ait plus l'l1ypotl1eque s11r soi-n1cn1e, créée llar un propriétaire, en
prévisior1 de ses besoins futurs, con1111e la cédule l1ypotl1écaire in1aginée par
la loi du g n1essidor an III.
2º D'autre part, il est fort rare que l'l1ypotl1cque créée en vue d'une
'
créance déter111i11ée soit tra11sportée au profil d'une créance 11ou, elle. Cela 0

peut se produire cependant da11s deux cas:


¡\. - Quar1el il y a noYation et e¡11e les parlies co11Yienr1e11L de Lransférer
á la nouvelle créance les garanti'cs de l'ancienne (arl. 1278). :\lais cela 11'cst
l)aS possilllc clans to11lcs les novalio11s ; ainsi, en cas de r1ovation llar cl1an-
gerr1ent de débite11r, les l1ypotl1ec¡11es de l'ancienne créance ne peuvenl poinl
passer sur les bie11s clu nouveau délliteur (art. 1279).
Il. - L'l1ypotl1eq11e légale ele la ferr1111c n1ariée peut elre cédéc par elle á
u11 créancier l1ypoll1écaire d11 1nari, et servir ai11si á la garantic ele ce créan-
cier. ~lais ici, co111111e 11ous le verrons plus loi11, ce que la fe111n1e cede,
c'est 111oins s011 lt}'potl1t1que que le droit d'i11,·oe¡11er le rang de favcur crui
l11i est altrillué par la loi.
E11 clel1ors ele ces cas, l'l1y1loll1eq11e est toujours cédée en rner11e tern¡ls r¡ue
la créa11ce. ll e11 est ai11si, 11ota111111e11t, lorsq11e, cor11111e cela se re11co11tre ¡Jar-
fois, il )" a co11stil11tio11 el'I1ypotl1eque au profit, non pas d'un créancicr déter-
r11i11ó, r11ais du ¡Jorleiir die litre. Cette forme de co11slit11tion per111et a11 cré-
a
ancier de céclcr la fois sa cr¡\a{1ce et sa g·aranlie ¡lar si111ple re111ise cl11 Litre,
\
el cela sa11s 1':Lre o!Jligt'i d'o)Jserver les for111alil1's de cessio11.de l'article 16~¡0
cl11 Coelc civil.'
a
3° l~11fi11, de ce 11110 l'l1y¡Joll1t:que esl 11rr droi t accessoirc u11e crí:a11ce, il
suit c1u'ellc suliit le s1irt ele cetle créa11cc. Si 1lo11c celle-ci est ar11111lt'·e, l'l1y-
IJOLl1t:que elis¡iarait. }~lle 1>rc11cl fi11 a11ssi a11ton1alic¡11c111e11t lorsc¡11e la cré-
a11ce esl élci11lc ¡iar le 11aier11e11l 011 ¡1ar Lo11t a11Lre 111cide cl'cxti11cl.i<J11 .

11. - L'hypotheque est un droit immobilier.


E11 efl'el, l'liy¡H1ll1/:c¡ue 11e ¡Jeul 1'trc co11slit11éc c¡ue st1r des i111111eul>les.
N{:a11r11oins, c¡11rl11ues a11teurs 011t 11rt'·tc11d11 c111c l'l1ypotl1eq11e, 1;la11l l'acccs-
s11ire 1!'1111e crí•a11c<', cl1ose 111cJbili1\re, 1lcvail rev1'Lir. 1•llc a11ssi, le caract1\re 1

n1e1l1ilier. C'esl 1111c crreur 1l1111t c111 a 1lc¡>11is lc>ngle111¡Js fait justicc. C'esl
¡i1i11sscr lr11¡J l11i11 l <'SJlril 1le logi¡111c 11l f'er111(!l' les yc11x ¡'¡ lu r1\a)itt'· eles cl10-
0

ses, ([1111 ¡}e v1111l11ir i111¡1oscr :'t l'access11ire l<JllS les trails j11ridic¡11es du ¡Jrin-
ci Jlnl.
LlVIIE 111. - TlTIIE 11. - '
DEUXlEl\lE PAH"rlE. - CIIAPITRE 111

Le caractere in1n1ol)ilier de l'hypolht'•que n'e1n¡Jtict1e pas du reste q11'elle


s11ive le sort ele la crt'·ance, et passe, a,ec celle-ci, a11 lt'·galaire de cette crl'a11ce,
011 e11core au cessionnaire, ou e11fi11 tornbe en co111n1unauté a,·ec elle, si le
crl'ancier se n1aric s011s le ré¡.ri111e ele la con1n1unautt'· lógale. !\Iais il importe
de dire (JUe, lou t e11 suiva11L le sorl ele la crt'•a11ce, l'l1ypbtl1c(¡ue conserve son
caraclt•re irnmobilier. ,\insi, pour re11oncer a une t1ypotl1c·q11e ou céeler1111e
crt'\ar1ce l1ypoll1écaire, il faul avoir la capacit{· req11ise pour alit'·ner t1r1 im~
r11ct1ble. ll a été jug·é 11olarr1111er1t (llaris, 17 jnillet 1866, D ../. G., vº Jiail-
lite. ,",11¡1¡1l., 11º n1G. S. (i7.:J..::i3) c¡ue le ,ole dt1 co11corclat par le sul)rog·é lt1leur
eles enfants n1ir1eurs dt1 failli 11'err1porle reno11ciation it l'l1ypotl1ec111e lt'•gale
de ces 111ineurs, ~ur les biens de le11r pcre et tuleur, c111'autant que le subrogé
t11le11r a élt; a11torisé a so11scrire au concordal par une délibération d11
conseil de far11ille, l1omolog-ut'·e par le tribu11al (l)ans Je ml\n1e sens: Civ.,
18 juillet 18!13, D. .l. G., v 0 -llinorité, n• 514, S. !13.1.778¡.

III. - L'hypotheque est un droit intlivisible (art. '.l l r 4, '.lº al.).

L'indivisil)ilité est u11 caractere forl intéressant de l'l1ypotl1eque, et consti-


ltic 1111 avantage sérieux pour le créancier. Po11r e11 con1prendre la portée, il
faut se rappeler q11e, q11and 11n débite11r meurt en laissant plusieurs l1éritiers,
la detle se divise de plein droit entre ceux-ci, de telle sorle que le créar1cier
ne peut po11rs11ivre chacu11 el'eux q11e jusq11'a conc11rrence de sa part et por-
Lio11 l1ért\c}ilaire (art. r 2?.o). 11 rés11lle de la q11e le créancier se lrouve avoir
dorénaYa11t plusieurs débiteurs difl'érents, et c¡uc, si l'un d'eux est insolva-
ble, il 11e peut pas réclar11cr a11x a1rtres la part de ce dernier. C'est la u11
,,éritable danger po11r le crt'.•ancier. et, pratiq11e111e11t, il ne pe11t s'y sous-
traire l¡u'en saisissa11t les biens ht'·réclilaires a,a11t le partage. Or, l'l1ypo-
tl1i•q11e supprir11e ce risq11e, gr.ice a so11 inclivisil)iliLé. E11 efl'et, l'aclion
hy¡1vil1écf1ire, a la ll1:fTérer1ce de l'a,·lion perso11nelle, ,ie se divise pas. L'im-
n1eulile t1~·¡l<lll1ér¡11é rt',poncl to11jo11rs de la totali ti, de la clelle, el, c}1cise
rc111arq11alJlc, ,·l1f1r¡1ie Jra,·lio11 lle r imrnc1tble h_ypotl1é1¡Lté 1·épo11d elle aiissi lle
la lvl11lilé.
l 1<>11r liie11 co111¡>rendre cclfe riig·lc esse11tielle, consicléro11s les cle11x l1ypo-
tl1i)ses qui ¡1euYe11L se prt':sentcr aprt'·s le lléct'•s d11 1lt'Jbite11r.
()11 l'i111111c11l)le l1Jpotht':<111t', cst 111is 1la11s le lcit de l't111 des col1éritiers.
Ce 1ler11ier. liien e¡uc 11•1111, co111rr1e 1lébitc11r persor111cl, d't111e part se11le-
1r1c11t 1le la <lette d11 déf1111l,scra oliligé l1JIJl)lhécairc111e11L, co111111e clélenlc11r
ele J'i111111p11Jilc l1l11oll1i•r¡11t'\, po11r la l<)lalité.
()11 l'i111111eul)le h)¡>oll1t.':q11t'i esl parlagé e11tre l<,s col1éritiers, el 1111c frac-
tio11 111ise cla11s le lot. ele cl1nc1111 cl'c11x. ritalgr/, cctlc <livisic,11. cl1aq11c frac-
tio11 de l'i1n111e11ble rí111011clra, <lans cecas, 1lc la lc>lalité 1lc la 1lctte, el le
cróa11cier ¡io11rra, grilce .'1 son aclio11 l1~·1>(>ll1écairc, dcr11a11cler h cl1ac111c l1éri-
lier le 11aic111c11l ele lo11L ce c¡11i lui Psl ll1i.
Ce do11l)le clli\L lle l'inclivisiliilitt'· ele l'J1ypotl11·1¡11e se Lro11ve é11011cé da11s
l'arlicle 873, a11 litre llcs s11ccessic>ns: H l,es l1t'Jrilicrs so11l lc11us des dcttcs
et cl1arges de la succcssion, pcrso11nellc111er1l pour lcur parl el porlion vi-
'
DES IIYPOTIIEQUES

rile, et /1y¡1olltécl1ire111e11l pour le LOLll )) ; da11s l'article 1009; elans l'articlc


1221-1", el enfi11 da11s l'arlicle 211!1. 2" alinéa. 'l'el (¡11el, il constiluc le pri11-
ci¡ial avanlage dc•\'inelivisibilité. Nous pouvons cepenela11t e11 citcr e11corc 1111
,1u lre. JI se re11cn11tre lors(¡11e JJl1tsieurs i1111ne11bles so11l h._y¡iolliér¡11és a la s1i.-
1·elé ele la 111c111e (Íellé. Le créancier peut alors po11rs11ivre chctci111 (les imme11-
bles JJOllr la trilalité de sa créa11ce; il 11'est pas o!Jlig·t'·. c11 ¡Jrinci[>P, de clivi-
ser so11 action, el ele fairc Jlorter sa cr(·ar1cc en ¡Jartic s11r le Jlrix (le cl1aq11e
i111111e11llle. 'io11s ,crr<Jns 1ilus !(Jin (¡11c cellc r1'-gle oll'rc u11 gra11cl int1\ret clans
le cas (JIJ. l'un des i111n1culilcs l1~potl1{~c111és se tro11,c, e11 r111~r11e lc111¡Js, grevé
cl'unc l1~potl1eq11e spéciale. C'f'st ú cette 1Jccasion ((Ue no11s a11ro11s á étu-
clier 1111e l1~·poLl1i•se délicate, co11n11e so11s le-110111 (le <¡uestion cl11 concours
ele l'l1_v¡1ollu'1¡ue r¡énérale 11i•ec eles /1ypotl11'r¡1ws s¡Jéciales.

Possibilité des hypotheques partielles. - De l'ir1di,isibilité de l'l1J-


p0Lhi·q11e, il 11c fa111lrail pas conclure l¡11'u1le l1ypoll1i'•quc s'étend 11écessai-
re111e11L i1 la tolalilé ele l'in1r11e11lJle greYé. el l¡ue l'on 11e pc11t 11as c11 g·rever
se11le111c11L u11c ¡iarl i11divise. Ce serait 11r1e erreur cerlair1e. ,\insi, par exer11-
IJl1', 1111 ccih{~ritier peul lty}Jüll1éq11cr sa parl ele copropriété da11s les irr1-
111eu!Jles l1éré<lilaires. Jlie11 pl11s, si, plus tare], 1'1111 des i1111t1eubles l1ypo-
tl11'q111'.s ¡Htr l11i dar1s ces condilions, est 111is da11s son lot. l'l1ypotl1c'que ne
fra¡Jpera Jlas la lotalit{'. ele l'in1111e11lJle: elle rcslera Lelle q11'elle a 1'lé créée,
c'esl-i1-clire <1u'elle 11e ¡.rri'•vcra l'in1me11)¡]e c¡ue IJ011r u11 tiers, un quarl, u11
ci11l¡uii':111e, ele ... , el le créancier hypoll1écaire ne 1Jo11rra se faire ¡¡ayer que
a
s11r la ¡iartie (lu. prix de l'i111111eulJle correspo11da11l la q11ote-¡Jart indi·vise
.

a' l litºd 01111ee


' ep g·arant1e.
.

~ :1. - BlenN su1iict•1,tll•lel'I tl'l11·1,otl1i•que.


l. -
!111111e11hles 1¡i1i ¡1e11uent elre h_vpotliéqués.
11. -- 1r11¡1ossibililé d'l1ypoll1é1¡i1er les 1ne1ibles.
'
I. - lmmeub]es qui peuvent étre hypothéqués.
J•:n príncipe, t11ul llroil i1111111Jliilier, (Jllc ce soil le clroit de propriété 011
1111 el r<JI. L I l er11cn1
' l >r1:' e1e Ia propr1clc,
. ' ' lle11t l'Lre
' grevc' el'I 1ypol ttcc¡nc,
' e ' csl-a-
'
<lirc <l1i11né e11 gara11tie ¡'¡ 1111 cr1·~a11cicr sar1s q11e le cl1'lJilc11r cessc d'en jouir.
Ce1icr1tla11l. 11 cclle JJro¡Jositior1 il faut apportcr tliverscs li1nitations:

Immeubles non susceptibles d'hypotheques. -- Leúr i11tlicalio11


ressorl lles ele11x JJroposi ti11r1s, ci-aprt'·s:
,
0
Scttls les i1111ne11bles </Lti sonl da11s le com111erce ¡ieuve,il 11lre l1y¡iothé-
1¡1tl:S. -- (~et.te ¡irc111i<\re resLriclio11 va de. S(Ji. L'hyriolh<',q11e <leva11t aboutir
.\ di'•fa11l de ¡iaie111er1t volonlairc ele la part cl11 cl{•)Jitcur, á la ve11tc forcée dt1
gagc, les in1111e11bles qui 11c so11l Jlas susce¡Jtibles tl'1~lre aliénés ne pe11ve11t
(!lre gl'C\'ÓS cl'l1ypollll\CJlle. De la, d{:C(lllle11l elctlX C()l!Si'~q11ences:
,\. - 1,es i111111eublcs c1ui co111¡)0i.'lC11l le /)1>1nai11e ¡>ublic de l'l~tat, des
déparlc111e11ls, des co1111111111cs, 11c pe11ve11l pas etr·e l1ypothéqués.
Au conlrairc, les bicns du Domai11.e privé sont daos le com111erce et, des
'

LIVRE 111. - TITRE 11. - •


DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE III

. · · ·lors, semble-t-il, son t susceptibles d'l1ypotl1eque. Po11rlant, u11e objection
'
. -~ se prése11te: c'esl (file res in1111eubles apparle11ant a des person11es p11)Jliques
11e peuvent pas t-tre saisis, 11i ,·er1dus contre.le gré de celles-ci. Or, si l'on
compare l'arti'cle 2118, qui éuumere les biens susceptibles d'l1ypoll1e<¡11e,
•et l'article 2204 qui é11u1nere les bieus dont un créancier peut pours11ivre
l'expropriatio,i, ou co11state que leur é11un1ératior1 est ide11tique. d'ou on est
en droit ele couclure c111e les )Jie11s 110n sujets a expro1Jriation ne s011t 1Jas
110n plus aptes a 1\tre l1ypoll1ée1ués. 1\11 surplus, celte solutio11 parail ration·-
11clle..e\ quoi se réduirail cr1 cfl"eL l'avar1lage d'11n créa11cicr l1y1)ol\1écaire crui
r1e pourrait saisir le )Jie11 grevé, et devrait altendre que son débite11r ,oulut
bien l'aliér1cr ~ Néann1oins, la jurisprudence n'ad1net pas cette exclusion d11
D0111ai11e privé. Du 111oins, unj11gement clu tribunal d' ,\gen du 12 décerr1bre
_1891 etun arrelde la Cour ele la r11e111e ville, en date du 18j11illet 189:1
(S. 94.2. 1, 11ote de i\I. :\licl1oucl), or1t-ils ad111is que les biens el'1111e ville
peuvent etre affectés cl'1111e l1ypoll1r:que. Cetle J1ypotl1eque, disent ces déci-
sions, do1111e au créa11cicr 1111 droit tic ¡Jréfére11ce sur le prix de l'i111111c11ble
<1ua11cl il sera aliér1é IJar la co111111ur1e.
B. - Les in1meul)lcs crui, bie11 c¡11'apparlenant a des partic11liers, sor1l
Jra¡i¡Jés ll'i11alié1iabilité 0111l'i11saisissabililé, 11e pcuve11l 1Jas 11011 ¡Jl11s 1\tre
l1ypotl1équés. II e11 est ainsi des i111r1ieubles lloiaux ele la fe111r11e marii'·e sous
le régi111e elotal (art. 1ií5!1); eles i111r11eubles [1:giiés so11s la cor1ditio11 <¡u'ils
ne pourront elre aliénés; des droils d'usage el <l'l1abil<iiio11 sur u11 in11r1eu-
ble (art. 631, 634). Jo:nfin, il ). a eles !)ic11s <¡ui, c¡11oiq11'éla11t alié11al)les,
sont i11saisissables ; ils so11L 11arta11t no11 susceptibles d'l1ypoll1L'(lUC. ,\ir1si,
l'irr1n1euble elotal déclaré ~1li1:nltble par le contrat ele 111ariage ne 1ieut 1\tre
l1y11otl1équt', (Cass., cl1. ri'·1111., :iu 111ai 18:19, I). P. 39.1.:i1u, S. 3u.r.!1'1!Jl-
l)c r111\n1e, l'i111111e11l)le c011stil.11é a l"élal ele hie11 (le Ja111ille i,isaisissable
(art. 10, 2° al., de la loi cl11 r:i juillet 191i9).
2º Il y ,z des i1n111eubles r¡1ti 11e ¡ie11ve11l ¡ias cfre h..vpolh1l1¡i1és isuh:rne,il,

1nais seule11ierti 1't litre d"accessoires (/11 fu111ls aur¡iiel ils sortl jui,ils. - 11 e11
est ai11si eles i1n111c11bles ¡¡ar 1lesii11aliu11, eles servil11des, ele la r11ifoye1111el11
el'ur1 n1ur de cli'it11re.
011 co1111Jre11cl 11011re¡111)i ces sortcs 1l'i111111euhles 11c sr>11l 1ias susce¡itililcs
tl'1~tre. ac11x seuls el p1:i11ci¡iale111e11l, l'<ilijet el'unc l1y¡>ollu'.1¡ue. J,11s i111111c11-
lilcs par deslinali<i11 11c 1ie11ve11L JHIS 1\trc saisis s{•¡¡¡1r{:111c11l 1lc l'i111111c11l>l<'
au<111el ils so11l allaclu\s; ll1\s lors, c11 serail aller cc.>111.re la co11cc1)tior1 llll\1111·
ele ce ge11re 1l'ir11111ol)ilisalio11 <¡uc 1l'a11lr;riser l'l1y¡1¡1llu'.1¡11c lle ces i111111e11-
bles ;1 Litre 1iri11ci1ial. <Jnant i1 la 111ile>ye1111cli'• el a11x servil11eles, ce sont tlcs
droits qui 11e peuvc11l ¡ias 1\trc elétachés ele l'irn111c11lil1,. 11i, lli'·s lors, saisis.
11i vcndus a11x enc(u'.r1•s. lis ce111slil11craic11l 1l1J11c ¡io11r le cróa11cier 1111c
garar1tie ins11flisa11te.
'J'r;11tefois, les elill'ér1,11ls 1lr11ils elonl rllitts ve111>11s <11, 1iarler r1e. sonl ¡ias,
abs<il11111e11l, i11s11sce¡ilililcs 1l'l1y¡1oll11'-q11e ; ils 11c le s1i11l 1111(, d'1111c l1y¡io-
tl1er¡ue ¡1ri11ci¡iale. J,'hy1ioll1r·c111e co11stil11i'•e sur l'i111111e11lilc s'l•tcn(I aux
i111111e11lilcs ¡iar cleslinali<Jll c¡ui y sc111L 1ilací•s, a11 1lroit 1ll' 111il1Jyc1111cti', c¡11i
y esl acljoi11t, a11x scrviludcs cor1stitui'•Ps 11011r so11 usagc et so11 11lilit1\. l~n
-
.... • •
'
DES IIYPOTHEQUES

a
conséqucncc, si, par fortu11e, certains de ces droits venaient (\tre vcnd~s · ·.. · ·
séparé111ent, le créancier l1ypotl1écaire inscrit sur l'irrin1eublc .cxercerait son .- .. ·
droi t r]e 1}référe11ce s11r le prix de cette vente. Supposons, }}ar e.xe111ple, que
le pro¡)riétairc cl'11r1 fonds en détacl1c eles imn1c11bles par dcstination, et
les vende, ou q11'il renonce, 1noyennant 1111e inclen1nité, a
une servitucle ·
c¡11'il a,·ait sur l'héritage voisin. Le créa11cicr lrypotl1écaire aura le droit ele
fairc porter son droit de préfére11ce sur le prix ou l'indemnité.
Tcl cst le sens de l'article 2118-1° et 2° c¡ui nous clit que sont sculs suscep
til)lcs d'l1ypotl1eq11e :
1º Les biens in1mobiliers et leurs accessoires réputés in1n1eubles;
2º J)usufruit des n1emes biens.

Immeubles susceptibles d'étre hypothéqués a titre principal. - En


réalité, la fortnule de l'articlc précédent a IJesoin cl'etrc co111plétée, Les in1-
111eubles susceptibles d'1\trc l1yriotl1équés a litre 1}rir1cipal so11t done les
suivants :
1" l,es i111111eubles par 11aturc;
2º L'us11fruit eles in1meubles;

3° La nue propriété ;
í1° Le clroit d'empliytéose;
5° Les actions immobilisées ele la Banque ele France.
1º /111111e1lbles ¡1ar 11ature. - 'l'o11s les i111n1e11bles par 11alure sont aptcs
a elre l1y¡Jotl1équés.
La 111i11e, q11i a fait l'olJjct cl'une co11cession, forn1e, nous le sa,-ons, un
in1111c11l)le distinct de la surfacc (V. t. Je•, p. 715), et, con1n1e tel, suscep-
tilile cl',\tre greví· el'l1y¡Jotl1equc. (¿ua11t ¡¡ l'l1ypotl1eque de la Sllljace, elle
11e 1iorle pas s11r la 111inc, 111ais seule1ne11t s11r la re<lc,-ancc fonciere due
par cellc-ci á l'in1111e11blc.
Le riropriétaire eles conslructions édifiécs sur un tcrrain qui appartient á
a11lr11i, par exemple, le locatairc jo11issant d'u11 long )Jail, pe11t certaine-
1nenl l1~·poll1i'~c¡11er les conslr11clio11s ¡¡ar lui f'ailes (Ga11d, :ig 111ai 1895, D.]).
!)7.:i. :>. 18). i\lais ce elroit el'l1ypollu',q11e s'élei11clra avec le droil de propriét1~
clu c1J11slil11ar1t (llaris, 8 l'úvrier 189:>., D. Jl: 92.:i./109, 11ole de i\f. })la11iol).
l)c 111e111c, 11110 car1alisali<J11 liesli11/•e á an1c11er les eaux ¡l'un torrent u11c a
11si11c po11r pr<Jlluirc 1111c !'orce tlcclrie111c, cst u11 ir111neu!Jle par nal11re s11s-
ccritilJle cl'l1y110Ll11•q11e (Cf. (}re11o!Jlc, 16 jui11 190!1, D. 1) .. 1906.:.1.:.iog, note
<le i\1. ll<lnccl.).
:>.º l 's11j'r1lil rlcs i1111nc1tblcs. - 1;us11fruiticr d'u11 i1nn1eublc peut I1y-
J>olh<'·qncr so11 <lrriit la11t r¡11'il clurc, c'csl-;'1-clirc, tanl r¡ue l11i-111en1c vil.
l~ie11 c11Le11<lt1, la 111orl de l'us11fr11ilicr cn1¡leirlc cxli11clio11 (le l'l1ypotl1equc.
11 e11 rt'·s11IL1\ c¡nc cctle l1y¡ioll11•r¡11e 11'oll're t)as a11 cri'·ar1cicr 1111e garar1Lic
l>Í('IJ ri':sisla11L1\,llllis,¡11e la 111orl elu cl<'•!Jilcur la l'ail elisparailre. :\11ssi cst-cllc
f1ll'I ¡>ctl e1111ll(JJ<'·c. 011 JJC l'CllCO!lll'C gui•rc Cll prat_i<JllC COIIIIJJC l1ypot!J1':-
<¡11cs grcva11t le clroil ¡l'usufruit c¡11c <les l1y¡ltlll11':11ucs judiciaircs ou !/·gales.
:{• !v11e ¡iro¡irit1lt1• - J.'hy¡>oll11:c¡11e tic la 1111e ¡lropriélú, a11 cor1Lrairc,

LIVRE III. - TITI\E 11. - '
DEUXIEME P,\l\TIE. - CllAPITRE III

prt'•se11te cel ava11tage c1u·elle porle sur 11n droit ¡)erp{•luel. L<)rs<111e l'usu-
fruilier vienl ¡'¡_ 111ourir, cette l1y¡)oll1eque s\'.[end a la l)lci1¡e J)l'Ol)riét{•,
parce que la 11ue-pro¡lriélé disparail,et fait place a la plei11e propri<'.té, il n'y
a llor1c plus r11oye11 de disli11g11er, da11s l'i111111eulllc, la valeur ile la 11ue pro-
pri{:té el celle de l'us11fruit. La situatio11 n'est pas, ¡)ar co11s{)que11t,,
con1pa-
rabie au c~s d'11n l1éritier atlrillulaire cl'un i111111eulJle llonl il a,ait l1)¡loll1é-
qu{: sa ¡)art i11divise, lc(¡uel l1érilier, 11011s nous e11 souveno11s, cclnli11ue ú
n'elre te1111 l1y1loll1écaire1uenl que 1)011r la }lart grevl'.e au cours de l'intlivi-

Slüll.
11° E111pltyléose. -- La loi d11 25 juin 1902, s11r le Code rural, arliclc ,,·,,
déclare que le bail e111pl1ylé0Lique de bier1s i111111euliles cor1fi·re au 1)re11e11r
u11 droit r<'.el susceptible 1l'l1y¡Joll1e1¡ue. La lo11gue clurée de ce ]Jail <lonne er1
eíl'et a11 droit de jouissa11cc <111 prcncnr 1111c valc11r clor1t il llCUl lirer crédil.
[,a loi 11·a fait, cl11 reste, que consacrcr une ¡>ralit¡11c <le¡luis longle111¡ls
a11lorisée l)llr la jurisprudc11ce,la <:our tle cassalitlll aya11l d{:jlt cl{·cill{: par 1111
arr,~L cl11 I!) j11illet 18:i:1 (S. 3:1. 1.531) 1¡11c l'en1pl1ytó0Lc 1>011vail l1ypotl1{~-
c¡11cr so11 clroit.
l)c l'c111pl1ytéose, il fa11l ra1)}Jrocl1er le h11il ,'t elomai11e 1·011r¡éable, 11sitt'·
da11s ccrtaincs parties <le l'a11cier111e 1Jrovi11cc de 13rclag·11e, et c¡11i est <'·galc-
111ent u11 baila 1011g Lcr111c. l,e dorna11ier a le <lroil cl'l1y¡)oll1(·qucr son droil
(\'oir art. 11 i11ji11e. loi clu 8 février 18u¡).
:íº .11clioris ir11n1obilisées ele lit Ba111¡ue ele J?ra11ce. - Le llécret <lu 1(i ja11-
vier 1808 1 arlicle 7., <léci<le c¡uc les actio11s lle la l~a11c¡ue ele l"ra11ce, a11x-
q11ellcs le11rs propriétaires 011l clonné la c¡ualilé d'i111111e11bles, so11t so11111ises
aux lois ele privilt·ge et d'l1ypotl1eq11e.

Impossibilité de constituer une hypotheque sur une hypotheque.


- ~ous avo11s dil c1uc t<l11s les droits i111111oliiliers pcu,eut elre l1ypotl1é-
l{Ués, soit a tilrepri11cipal,soil á Litre acccssr)irc.Il y a ccpc11da11L 1111cexcep-
lio11. 011 TIC {)etJt pas cor1slil11er une l1y¡>oll1ec¡11e sur u11e l1ypotl1er111e. '1'011L
cl·aliord, cela l)arail 11alurel, car 011 11'a¡1crc;oil pas 11 prc111ierc vuc la ¡lossi!Ji-
lilé 1l'11nc Lelle opt~ralio11. Ce1ie11cla11l. e11 y réflócl1issanl, 011 se rcu<l co111rite
.'
c¡u'ellc revie11clrail 11 clélacl1cr l'I1y1>oll1ec¡11c de la créar1ce q11'clle garanlil,
flllllr Ja transporler sur 1111c secoudc créa11cc. Si, cl1cz r1011s, cclle sériaralion
11c se 1Jratic111c pas c11 gt'·11éral, c'cst J)arcc q11c l'l1yrloll1t!<ftie csl 1111 llroil ac-
ccssoirc q11i s11it le sort de la crénr1cc: au profil ele l:H¡11ellc elle a él<': étalilic.
11 011 rés11lle 1¡11c, r¡11an<l u11 crt·a11cier l1y1ioll1écairc ve11L Lircr lt sor1 Lour
crédit ele son llroil, il raul c¡u'il c<\clc ú la fois ou lil>n11c e11 gagc el sa cr{:-
ance et sor1 l1y1>oll1<'·<¡11e. L<\ ca1iilalislc auquel il s'aclrcssc 11c 1,;e c1i11Leuterail
¡ias lle la eessio11 de l'l1y¡1<Jll1<'!<1ue, car cclle ccssio11 11e le garanlirail ¡Jas
s11ffisa111111enl si la crt'•aucc cle111c11rail :'t la clisposilio11 ele scir1 cédanl, cel11i-
ci ¡1011va11t l'e11 dt!¡HH1iller er1 acce¡,La11t le r1\gle111c11L ele su11 1ii1.
1:l1ypcill11'!<{IIC ele l'l1y1icitl1t:q11e a cc¡1c11da11l étú co111111c a11Lrcfois. i\ c<',Líi
rl11 ¡,ir¡r111s 110111i11is, c¡ui t'•tail la 111isc i:11 gagc 1lc la cri'•a11cc l1y¡lolhécaire
ellc-11111111e, les l\0111ai11s onl con1111 le ¡iir11111.s JJÍf/llur·is, c'csl-:'i-tlire l'l1y¡lo-
• t]1e11uc de I'l1ypoll1t!q11e (1:{.:.i 1). 1/e ¡,igri., XX, 1; I (;. si fJÍ(JllllS f>Íf/l!Ori ,t,1-
'
JJES IIYPOTIIE.QUES

lurri sil, Vfll, 2/1. V. Girarcl, 1lla11ael, 5• éd., p. 776, 11ote 5). Sous 11olre
ancien Droit, Pothier, a son tour, co11stale la 1JossilJilité de celte l1ypoll1i_•-
<1ue de l'l1ypotl1eque. sur la foi des tex.tes ro111ains précitós (V. Trailé rle
l' /¿y¡10[/¿eque, 11º :1\), éli. I311gnet, l. (), fl. 11'.)5 ). J,;1, ce¡Je11dant, les OJ(~111es
ra.iso11s qt1e ele nos jo11rs, raiso11s liré·es clu caracli·re accessoire de l'J1ypo-
ll1ec¡11e, 111ellaier1t olJstaclc, alors C(>t111uc a11jo11rcl'l111i, ¡'¡_ ce <111e le lrans¡Jort
ele l'hypoll11•c¡ue, dótacl1óe de la cr1'.a11ce JJar elle g·ara11lie, lltll etrc ulilisó
co111111e u11 proc(·elt'· ele cr(·clil efflcacl'.
l~n réalitó, ce c¡ui était fréq11e11t a11lrcfois, c'{•Lait q11'u11 créa11cicr
hy11otl1écaire se vit allribuer par 1Jróférer1ce le 1r1onlanl ele la collocatio11
allouée a s011 dólJiteur dans le prix. d'u11 i111n1e11IJle sur lec111el ce der11ier
avait l11i-111é111e l1ypoll1eque. Cela te11ait ¡'¡_ l'usage eles l1ypoll1ee1ues gér1éra-
les elont les i111111eubles, pour les raiso11s vues plus l1a11t, se trouvaient si
f'rl"<flie111111e11t grevés. f¿ua11el 1111 tlólJitc11r,. ¡Jours1.1ivi 1Jar ses créa11ciers,
poss(:elait l11i-111e111e' une l1~·poll1i•q11e sur les IJiens cl'u11 liers, or1 partageait
e11Lre ses créancicrs l1ypotlHicaires le IJé11óflce de la collocalion q11i lui élait
atlrili11ée dans l'orelrc 011,crt J)011r rlislriliuer le 1Jrix. eles bie11s ele son ¡JrorJre
débit.eur. et cela a l'ai<le cl'u11e IJrocédure elite de sous-or(lre. De cctte
n1a11iere, les créar1ciers par acte 110Larié jouissaie11t, sur les s0111111cs re- a
ver1ir eles créa11ces l1ypoll1écaires de le11r dóliile11r, 1l'u11 elroit de préférencc,
i1 l'e11co11tre des si111ples créa11ciers 1Jar acle sous sei11g· privé (V. IJotl1ier,
1'railé lle !11 JJrocéllure civile, r1º' 65<i, 657, éel. 1311g11et, t. 10, p. 2g8).
Le sous-ordre a óté aboli ¡Jar le Code ele procéelure ci,ile (art. 775). 11 r1'a-
vait JJlus de raison el'elre depuis que ll1y¡J<Jtl1ec¡uc g·énérale a cessé cl'étre la
ri·gle. E11 co11séq11ence, l'arlicle prócitó a réta!Jli l'égalité c11tre les créar1ciers
du clé]Ji Leur colloq11é da11s 1111 orelre : <( Le 111ontar1L de la collocation du dé-
!Ji leur est distrill11é con1111e cl1ose rnolJiliere entre lous les créancicrs ins-
crils ou OJlposa11ls avant la ci(Jture ele l'orelre. n El ainsi, cetle ap¡Jlicatio11
toule parlic11liere dufpigri1ts 11ir¡rzori.~. la seule qui, pratique111ent, ailjamais
'
fo11ction11t'·, a dispar11 ele notre Droi t.

11. - Impossibilité d'hypothéquer les meubles.

A ¡ire111i1•re v11e, llar leur 11alure 1111:111c, les 111c11bles 11e JJaraisse11t llas
s11scc11tibles cl'1:tre l1ypoll1équés. 1~11 cfl'el, ce e¡ui co11slilue la valeur de l'l1y-
ll<JLl11~r1ue, c'est que le créa11cier ¡Je11t saisir le bie11 grevé e11 c¡uellfUe rnain
q11'il se tro11vc. Or il 11'en ¡ie11l etrc ai11si ¡'¡_ JJropo,; des 111cnl1les, car ceux-
ci cl1ar1ge11I fróque1111ne11t 1le pro¡Jriélaire, lcur vc11le se fait sa11s for111a-
liti'·, sa11s q11e les tiers c11 soient 11róve11us, et ele plus, l'accruóre11r esl
prolt'·gé co11Lre les aclio11s réelles llar l'article :12,fl. L'l1ypoll1t•c¡11e r11obi-
li<'~rc serait e11 conséq11e11ce 11ne gara11lic saus aucu11e consislance po11r le
créancirir. Le cr1\1liL 111obilicr ex.ige do11c c¡ue le d{•!Jilc11r se clépouille dt1
111e11lJle el le do,111c e11 gage, c'est-it-dire en re111elle la riossessio11 a11 créan-

Ctel'.
No11s savo11s ce11eudant lJt1e, 111algré ce lle co11sitlí:ralion, les l\0111ai11s on t
pr11li1¡11í: l'l1ypoll1eq11e mc1bilii:re. D'a11lre ¡iarl, la raison juridiq11e que
•'

1'
880 LIVRE 111. - TITRE 11. - '
DEllXIE:\IE PARTIE. - CH.\PITRE 111

nous veno11s cl'indie¡ucr n'est pas vraie po11r to11s les r11e11blcs, car il y e11 a
auxc¡uels 11e s'applique pas la regle de l'articlc 2279.
11 nous faut done recl1ercl1er comment et quand le Droit frant:;ais a aba11-
donné, en celte 111atiere, la tradition ron1aine. Nous ,erro11s cnsuile qucls
sont actuellement les r11eubles qui sont susceptilJlcs d't-trc clon11és en garantic
sans déplacement,possibilité q11i rcconstit11e parfois sous nos yc11x, ¡, l'heure
acl11elle, l'éq11ivalent des ancienr1es l1}·potl1equcs 1110IJilii'·rcs.

1º Regle : Meubles n'ont pas de suite par hypotheque. - :\. Rome,


nous le répétons, il était adn1is que les meubles pouvaient etre l1ypotl1é-
q11és, et q11c le créancier avai t le droit de les saisir entre les mains des
tiers acquércurs. Ce qui justifie 11ne telle législation, c'est que, d'une part,
en Droi t ron1ain, la classe des me11IJles étai t fort importanJ,e, et q11e, d'au-
tre part,lcs textes no11s 111ontrent c¡11'01111c grcvait d'l1ypotl1cque que les meu-
!Jlcs d'une certai11c valeur et don11a11L lie11 it des n1utations pe11 fréque11tes,
cornme les troupeaux, le rr1atériel agricole ou comn1ercial, les fonds ele
com n1erce, les esclavcs, les navi res.

La tradition ron1aine se maintint elans nos provinces de Droit écrit ; l'l1)·-
potl1eque des n1e11bles conti11ua a y etre usitée. Cepcndant, avec le dévelop-
pement des l1ypotl1eq11es génóralcs, gre,·ar1t tous les biens, n1eubles et im-
mcubles, du dé)Jileur, le droit de s11ite des créar1ciers l1ypothécaires contre
les acquéreurs de 1r1e11bles r1e n1anq11a pas cl'apparaitre comme une vérita-
ble er1trave it la circulatio11 des cl1oses n1obilieres, et comme ur1e cause inlo-
lérablc d'i11s(:c11rilé. :\.ussi 110 tarda-t-il pas it etrc s11pprin1é. Désorrr1ais, les
111eubles aliénés 1Jar le débiteur écl1appere11t a la poursuite eles créanciers
saisissa11ls. C'esl 111 ce c¡11c sig11ifie, en pays ele Droit t•crit, l'adage: 1lleubles
,i'onl pas 1le Sltile /IQ/' /1_v¡10{/,¡\(JllC. JI Ye11t dire c¡ue, si l'l,ypotlu'quc porte sur
les 111e11lJles con1r11e sur les i111111e11lJles, elle ne pern1et pas cependant au
créa11cier ele ¡Jo11rsuivre les 111cubles sortis du patrimoine du débiteur et ac-
q11is par eles tiers (\··. llroelcau, s11r l'art. 170 ele la Co11turnc de l1aris).
(:crlai n<)S co11t11111cs, 11ota 111 n1e11 t ce lle de J3rclag11e (V. l)'.-\.rge11 tré, sur
l'art. '.ll1;>¡ et de "or111a11clic 1\r_ Jlasr1age, ¡1. 5o el s.) avaier1l el11 reste s11ivi
s11r ce ¡H1i11l les erre111e11ls eles pays <le Drc>il (:cril.
l)a11s les a11lrcs co11l11111c•s, au conlraire, jan1ais 01111'a arl111is que les meu-
l)lcs ¡111ss<111t <\trP l1~·¡1oll1c')<¡11c'•s. I•:11 ¡1ays ce111tu111iers. a11 ~loye11 :1gc, l'obligr1lio
ho11ur111r1 g·c'·11c1raln ne rl<11111ait a11 crc'ia11ciC'r ele elroit <le) prt)f'ércnce que sur
les i111111c11l>les. l1 l11s tar<l, <¡11a11<l l'l1ypotlu'.c¡11c vi11l re111¡Jlacer cellc for111c
i11f'cSric11rc ele créelit, clic ele111c11ra, elle a11ssi, li111il{!e aux i111rnc11))les. f.,'l1y-
11othc'·<111e gc'·nérale ne conf{•ra rl<111c clP drr>il ele ¡1rt'if't·re11cc c¡11<) sur les i111-
n1P11bl<)S PL 11011 sur les 111e11]Jlcs. (:e CLtii es!. c11ric11x, c'Pst r¡11e. 11011r expri111er
cclle r1·glc, 011 e1111>loya, <)11 J>ays co11l11111icrs, la.111c\111e for1nule : 1l/e11bles
1i·u,1l ¡111s 1le s11itc ¡1r1r h_v¡111//11\1¡111•; mais 011 J11i <lo1111a 1111e signiflcalior,
tlifl'{)rrr,tc, :'i sa,·<1ir <11111 ll's · 111P11l1les IH' 1>e11vc11l ¡ias 1\trc hyp1¡lJu\<JtI('S
(art. 170 el 1¡8 lle la C<>11l. <le Il:1ris). l•'crrii'1rP (sur l'arl. 1¡0 11r<'·cilc'•)
tracluit ai11si le Sl)IIS Pxacl el<' la 111axi111e. « l,e <lroit ele ¡Jri'.f't'.-rcncc, {)cril-il,
11'csl ac,¡uis sur les 111e11l)les ciue ¡iar la saisic fail<' <lans les f'rirrncs ¡1res-
'
DES HYPOTHEQUES 881
crites par les ordo11nances, en sorte que le premier saisissant les meu-
bles de so11 débiteur, ou le pre111ier cr11i arrete les deniers dus au débiteur,
cloit <~tre pren1ier payé de sa dette. n Et Potl1ier (Tr11ité ele laprocédure civile,
nº !19!1, écl. l3ug11et, t. 10, p. 230) 11011s tlit tle so11 ct,té: « Les 111eubles da11s
la coutu111e de París, article 170, et da11s celle dº()rléa11s, article !147, ne sont
pas st1sceriti)Jles d'l1y1)otl1ec¡ue, c'est pourquoi les créanciers l1~¡lotl1écaires
n'ont pas pl11s de droit c¡ue les si111ples cl1irograpl1aires ; ils 11e vien11ent
poi11t e11 ordre d'l1ypotl1<'·q11e cor11111e en :\'or111a11clie, dans quelques autres
cout11111es et dar1s le pays de l)roit écrit; 111ais ce qui reste d11 prix, apres les
privileges payés, se distriliue entre tous les autres créanciers at1 n1arc la
livre de leurs créar1ces. 1>
li con,•ient, clu reste, d'ajouler c¡ue, si l'aclag·e avait e11 pays de Droit écrit
un effet n1oi11s con1plet <¡u'e:1 pays ele coutu111es, il signiliait certaine111ent,
dans les t1ns f'L les aulrf's, q11e le clroit de suite n'existait pas s11r les r11et1-
bles. Ccci est u11 point i111porla11t i1 constater et qu'on 11·a pas asscz rc111ar-
qué. Notrc a11cicn Droit 11'acl111ettait ¡las, en pri11ci1lc, c1ue les créa11cicrs, ¡1as
¡1l1ts les créa,iciers ¡1rivilégiés </lle les créc11iciers l1_ypotl1écaires, pi1ssc11t
poursuivre les n1eubles sortis clu patrin1oir1e du déliiteur. Et rien 11'était
plus logiq11e. Du 1110111e11t q11e l'l1ypotl1eque ne po11vait pas donner clroit
ele suite sur les 111e11liles, co111111e11t une autre g·ara11lie, telle que le sirr1ple
privil<'•ge, a11rait-elle llll produire ce résultat? D'u11e fac;on générale do11c,
il n'y avait l)aS de droit (le suite Cll 111atiere n1obiliere. D'ou l'adage (( ,1c11-
bles n·o11t pas de suite», for11111le cl'u11c portée plus éte11due que la r1_•gle :
l•:n fait de r11eubles possession vaut titre, do11t elle n'était pas une si111ple
réplique, et r1ui, au surplus, avait été ad111ise bie11 avant cette derniere.
No11s sri111n1cs clt)11c co11lluils it constater que l'aclage (1 n1eublcs n'ont }las
ele s11ile ¡)ar l1y1Jotl1<'•que », 111ai11l.e11u Lcxtuell.eme11L dans 1·article 2119,
conserve aujourd'l1ui le sens l¡u'il avait autrefois. ll 11ous parait certai11
que les rédacteurs du Cocle 11·o~t pas e11 l'i11tentio11 d'en n1odifier la portée
l)es lors, il signifie, a11jourd'l1ui co111n1e autrcfois en pays de coul11n1e,
11011 se11lcn1e11t que les 111e11l)les 11c 11e11ve11l ¡Jas etre l1ypoll1éq11és, 111ais en-
care l¡11'il 11'y a ¡las (le droit de s11ite e11 1nati<'•re 111oliili<\re, c·est-it-llire c¡u<'
les créa11cicrs ¡irivilégiés sur les 111e11bles 11e pcuvc11t pas les poursuivrc
r¡ua11d ils 011t été alié11és ¡>ar le llélJiteur. C'est l.\ 1111e face de la r<'·glc qu<·
llie11 llcs a11le11rs 111oclcr11es 011l 11ercl11 ele vue. l)our eux, cette r1_•gle signifiP
p11re111c11t et si111¡>le1r1e11t que les 111c11IJlcs 11c ¡ieuver1t ¡>as <\trc l1ypotl1équés.
11s préte11lle11t que les ter111es de la loi, c¡ui parle d'l1y¡lotl1t'.que et 11or1 de
J)rivilege, et la place de l'article i11séré da11s le cl1apitre co11sacré aux !1ypo-
tl1i'.c111es s11flisent )lOttr r<\f11ter 11otre i11ter1)rÓtatio11. ~lais ce s011l lit (le liien
failJles arg111r1e11ts. Il 11'est pas clo11teux que l'adage avait, dar1s 11otre ancicn
Droit, le sens c¡11e 11ous l11i attriliuo11s. Co111111e11t l'a11rait-il perd11 e11 ¡Jassanl
1la11s le Code civil ?

~º Des meubles qui sont susceptibles d'étre dounés e11 gar .. ntio
sans déplacement. - La ri·glc c¡uc ;1cs mculiles 11e s<i11l pas suscc¡ilil,Ies
d'l1ypoll1i'.c111c sulJit u11c doublc rcstriclior1::
Tome 11 ti6


r
. .


LIVRE III. - TITRE II. - l)EUXlE:\IE PARTIE. -- · ClIA.PITl\E 111

,\. - Pre111iere resl1·iclio11: ..,1 la dijfére,zce eles azztres 111eubles, les 11avires
JJez1ve11l elre !/l'Cl'éS (i'fl)'JJOl!ier¡11e, el celle !iy¡Jollter¡iie e1ir1e1idre ll lrt fois '"
(lroil tle JJréférence el le 1lroil (le sitile. -- Les raisons qui ont fail interdire
l'l1ypoll1<'·q11e des 111eubles 11e valcnt rien pour les 11aYires. Ceux-ci, en elfet,
ne sonL pas l'ol}jet d'aliénatio11s a11ssi fréq11cntcs que les olijets 111obiliers
ordinaires; ils ont u11 port d"altacl1e c111i re11d aisée la 1}11l}licité eles droits
réels el eles alié11atio11s do11L ils sn11t l'ol)jel. Ceper1clant, l'l1y¡1oll1i~c111e des
11a,ires esl, cla11s nol.re l)roit a11 111oins, d'origi11e rnoeler11e. Elle a éLé orga-
nis{e cl1ez 11ous par les lois du 10 clt'•ce111l}re 1874 et <lu 10 juillet 188.->.
\111}aravant, on 11e ¡Jratir111ait c111e le 11a11tissen1c11t eles 11avircs. Ces lois de
187[1 el ele 1885 s'applique11t cl'ailleurs seule111cnt aux b(tlin1e11ls de nier 1/e
l'Ítigl lo11neau.1; el aa-dess1ts. Les registres ele l'inscription sont te.u11s par les
rcceveurs eles cloua11cs ela11s la circonscri11Lio11 ele,;c1uels le na,irc est e11
' co11str11clior1 ou. i111111alricul<'·. L'h~110!'11'.quc cl11111e11t inscrile JJer111et au
créancier ele saisir le 11avire e11lre les 111ai11s de lous tiers ace¡11érc11rs.
l!. - Seco11clt' reslrictio1i : !Je !/ª!Je, sa1is ,11:¡Josscssio,i ,t,i llébileur, es! JJOS-
sifJlc 1111jo11r1l'/11ti ¡Joa1· les fo11ds 1le co1n111ercc el J!Oltr les /Jl'oclails ar¡ricoles.--
\'ous avons elt'jú riarlé ele ce gag·e sa11s cl<;placer11e11L crui resse111ble /1 u11e l1y-
0

poll1i•(¡11e 111olJilii·re, La resse111IJlar1ce es! ll a11lanl plt1s gra11<le ({UC, cla11s


'. .. les tleux ca,;, la loi a orga11is{: u11e pulilicilé ¡iour prévcnir les tiers. Elle ne
va ¡>as cepe11da11L jt1Sl{U 1\ l'assi111il11Lio11.
0

l~n 011tre, e11 ce crni co11cer11e le fonds ele co111n1erce, la loi do1111c au
crt'·ancicr g·agisle u11 tlroil tic suite (Loi dt1 17 111ars 1903, art. 'l2) .

11 en est aulre111er1t. 011 s'en so11vie11t, pour les ,varrar1ts agricoles (arl. 13
ele la loi).

. . '

11 i 1111>orlc liea nco111> de d{·lcr111i 11er ll 11cls so11 L les biens c1 ui forme11 Lla
'

g·arantie cl'n11 crt'·ancier hypothécaire. Jlour cela, il faul disti11gucr s11ivar1l


c111e l'hyf}Oll11'.e¡nc esl f/l;tl<;rale ou s¡1écü1le. :\ous ,erro11s er1s11ile, it ¡Jro¡1(JS
de lh.Y1>0Lhi·e¡11c s¡J{:ciale, ela11s (¡11cllc 111esurc les elivcrs éló111er1ts con:-lil11-
lifs <ll, l"i111111eul>lc grevt': so11t all'ecl{•s /1 la s1ircl{: c111 crt'•ancicr.

Assiette des hypotheques générales. - i\cilrc J)roil. 111cidernc con11ail.


enc<irP J'h~¡1<.1ll11'.lflle gi'·nt'~rale. c'csl-i1-clirc l'J1~¡HJLh<'·1¡11c <¡11i gr<'.,c lo11s l!'s
l,ic11s ¡1r1;se11/s l'I 1t 1•c11ir el11 clt':l1il.c11r. (~elle hy¡1olhó1111e sn ¡1r<\sc11Ln sans
tl<111lc a11jo11rcl'l111i c111111i1e 1111e excc1)Li1J11; 11t':a11111oins <JII c11 rc11cci11trc les ,a-
ri{·tt'·s suivanles:
1" ¡; h.)·¡1ulh.e1¡11e j1t1licir1irc c¡ui gróve Lc1us les i111111<l11IJles tJrtisc11ts el¡\ venir
1111 cl(l1ilcur (arl, :.i 1:1:1):
:i" '1'r,1is l1.v¡1ofl,c\1¡1tes ¡,;!/ªles 1¡11i ¡>rése11ter1l. le 111<\111c cnraclc~re, et g·r<'•ve11l
l<HIS les i111111cul>les 1>rt'•sc11Ls et:\ ,1111ir clu cló!Jilc11r (arl.. :.11:.11). Ce S<llll:
\. -- (:clic ele la Ji•111111e 11111/'Íl;c sitr l<~s bi1•11s 1/e su11 1nari;
I\. - (~<'lle des 1r1i11e11rs el i11lcr1liis s11.r les bie11.~ rle lc1tr lalc1tr;
C. - Celle ele l'J~'lal, eles 1·01111111111es el rlc.~ él<1blisse111c11ls ¡iablies, s11r /,•.~
bie11s ,les l"<icevears el 01/111 i11isl rr1ie11 rs co111¡Jiriúle.~.
DES HYPOTH.EQUES 883
3° Enfir1, l'article 2129 nous dit sans doute qu'un débiteur ne peut donner
en gara11tie q11e chacun de ses in1meubles présents non1inativen1ent désigné;
mais l'article suivant déroge ar.e principe en per111ettant au débiteur, clo,il
les bie,is 11rése1its so,il i1tsiifjlsa11ls pou r la sC1relé de la créance, d'l1ypotl1é-
q11er ses !}ie11s fl venir.
Ceci <lit, l'l1ypotl1eque générale frappe tous les i111111eul}les que le débitet1r
possede et tous ce11x qui er1trent 1Jostérieure111enl dans son patrimoine jus-
qu'au r110111ent de sa 1nort. C'est u11 droit réel qui plane sur lout le patri-
111oine du débiteur. ,\insi, par exe1nple, 111en1e apres la dissolution du r11a-
riage ou la cessation de la tutelle, et tant qu'ils restent débiteurs, les biens
que le 111ari c>u le tute11r vienta acquérir deviennent le gage de la fe111r11e,
du 1nineur, de l'interdiL. On co111prend done co111bien des l1ypotl1eques ele ce
g·enre 1111iser1t au cródit du dél}iteur.

La r11orl clu dól}iteui' arrele cepe11dant l'extension de l'l1ypotl1eque góné-
rale, en ce sens qu'elle se tro11ve á ce 1110111e11l-la définitiYen1ent li111itée aux
i111r11e11l)les (lu défu11l, et r1'étend pas son e111pire sur ceux de ses lu'ritiers.

Assiette de l'hypotheque spéciale. Son application aux accessoi-


res et améliorations. - E11 (leltors eles cas exceplionú.els q11e nous ve11011~·
cl'ér1or1cer, J'l1Jpoll1eq11e est toujours s¡iéciale, c'esl-ú-dire qu'elle ne frappe
c¡11e eles i111111e,1l)les présents, i11divicl11elle111ent désignós. 11 nous reste dor1c
it voir c¡11els sonl les élér11e11ts ele l'i111111e11l>le g·revé afl'ectés a la ¡,:-aranlie de
la créance hypothécaire. I,a reg·le est l>ien sir11ple. Elle peut se forr11uler e11
rlc11\. proposilions :
1° l)l1ypoll1equc frappe tous les acccssoires de l'i111111e1i:ule;

2" J•:Ile s'éle11ll ~1 tc)ules les a111élioralior1s s11rven11cs u l'i111r11euLle l1ypo·


' llC.
t 1ll'(l '
1" L'/1_y¡iothe1JLLC .fra¡i¡ie lous les ctccessoires 1le l'i111111euble. - .t\.. - .\ir1si,
l'lt_\JJOLlieq11e grevc les i111111c1ibles J)ll/' !lesli1ialio11 qui so11t placés sur l'i111-
111(\IIIJle.(~cs cil>jels se lr<111ve11l all'eclós ;\ la garar1tie dt1 cr(~ar1cier au r110111enl
111i',1r1c <>Ú ils so11l i11trcHl11its dans l'i111111euble. 11 cn·rt'.·sulte c¡ue,si le 11rix c11
<~la i l c11c<Jl'c <l 11 JJa1· le J)l'OJJri(,Lai re, l'lt_\JJ<>Llt<\q uc [ll'i 111nrai Lcepe11danl le lll'iYi-
l<;g·<, clu vc11<leur, ú 111oi11s q1tc cclui-ci 11<, ¡)r(·vinl les cr(,ancicrs l1y¡ioll1ócaires.
• l)c 111t\111<:, si le 111al(iriPl <Ju l'¡J11lillage cl'1111 f'o11ds ele co111111ercc a i-1«',
<l01111(, c11 11a11lissc111enl ¡iar u11 con1111erc;a11t,¡1r<1¡>1·i«'·laire ele J'i111111eu]Jlc clans
l<,r¡unl il ex<ircc so11 cn111111crc<', ce 1rtal«'·riel, grevó J}ar l'liyp?lhi'•q11e c;insti-
Luc'·n sur cnl. i111111eulilc, esl. all'cclc', en ¡>r1•111ierc lig·11e au JJaic111c11L rlu cr(,a11-
cier li."IH>l.h(·cair<', 1¡ui ¡Jri11u) ainsi le cr(•a11cicr g·ag·isle ((;re1uilJle, :..¡ <l<'.·cc111-
lirc •!Jl:1, (;n:;. J>u[., :1:A-25 111ars I!J•;{; 1\ix, 1:i f(·vrier l\)l:1, f,11::. /'al ..
1;1 jui11 1\)1 :¡; \'. 'l'ril1. cir. l)ij(111, :)(J 111:1rs l\)1>8. )). {>. l!)º!l·'1.J5:l, 11c>le <I<'
,1. llcrccrou. \:_ aussi l\cq .. :1 jL1illcl r9ci1, l). ll, •!Jll!J-l.:)/12, S. 1¡¡cifi.1.iirio;
(;iv., 1•·r 111ai •~Je>(;, 1). J>. '!J<>H-•·:)/1:1, S. •!J0!).1.!J).
),ors<1ue les cil>jcts afl'<•clós a11 fcJrtcl's en sonl liétacltr':s JlHI' le prOJ)ri(•Lairc
ils cesscnl cl'1'Lre g-revés <le l'ltypoll1<~q11e. Néa11111<ii11s, s'ils e11 s1>nl sé¡)arl•s
pa1; suite cl'11i1e vc11le, le 1lroil de ¡Jréférc11ce du cr(·ar1cicr hy¡loll1écaire
s'exerc11 s11r le jll'ÍX co1n11te sur celui ele lo11t accessoirc ele l'irn111euble
(l'aris. :17 jui111n11, Ga::. l'izl., 1njan,ier 1n1:1).
884 LIVRE III. - TITRE II. DEUXlE)IE PA.RTIE. - CHAPITI\E III

B. - L'l1ypotl1eque s éte11d égale111ent aux scrvitiilles c1ctivcs que le fo11ds


posscde sur d'autres l1éritages.
C. - Enfin, elle frapperait la 1·ellcva11ce qui serait cl11e par le conces-
sionnaire d'11ne n1ine existant dans le sous-sol.
Parn1i les accessoires de l'im111euble ll}'potl1équé, nous 11'avons pas parlé
desfritils. En efTet, tant quºils per1dent par bra11cl1es et raci11es, ils sont
partie inlégrante du fonds. Des qu'ils e11 sont séparé~. ils cesse11t el'elre le
gage des créanciers hypotl1écaires. 11 faut ajouter cepe11cla11t que, dans le
cas de saisie de l'imn1euble, les fr11its s011t i1n111obilisés, c'est-a-dire all'ectés
a
par préférence au paien1ent des créa11ciers l1ypotl1écaires dater ele la trans-
cription du proccs-verbal de saisie (art. 682 et 685, C. proc. civ.).
2º L' lzypollzeque s'étend a loules les aniélioralions survcn11es a l' i111111e11ble

hypollzéqué. - Cette regle est édictóe par l'article 2133. 11 en rés11lte q11e les
constructions élevées s11run terrainl1ypot.l1éq11é(1\ix,26 n1ars 1885,sous Cass.,
D.P. 89., .102, S.89., .49), les servitudes actives acq11ises au pr<ifil de l'in1n1e11-
ble, les o}Jjets ir11mobilisés par desli11ation poslérieuren1ent i1 la co11stitu-
tion de l'l1y11oll1eque, vie11ner1t a11g111e11ler la valeur cl11 gage l1y¡1oll1écaire. 11
importe peu que ces amélioratior1s aie11t été faites par le déliiteur l11i n1e1ne
ou par un tiers acquéreur de l'in1n1eulJle. Cependa11t, e11 ce clernier cas.
l'équité veut que le tiers-acquérf'ur soit désintéressé; l'arlicle 21 ¡5 lui per-
n1et en consée¡uence de récla111er ses in1penses et a111éliorations jusq11'a
con~urrence de la plus-val11e en résulla11t (''oir ú propos d'im111eu]Jles par
destinatio11 placéspar1111 tierscléte11teur, llee¡., :i aof,t 1886, D. J>. 87.1.293,
s. 86.1.41¡).
llien entendu, les acquisilio11s 1101ivellcs qui ,·iendraient augn1er1Ler l'éten-
due cl11 fonds grevé, en y ajouta11t ele 11ouvelles parcelles, ne seraie11t pas eles
a111élioratio11s, et, 11ar co11sée¡ue11L, 11e se Lrouvcraient JJas all'ectées au gage
!1ypotl1écairc, 111eme si le propriétaire les 11r1issail a11 pre111ier, e11 les cnfer-
111ant dans une 111e111e e11ceinle (I>oiliers, 1••· juir1 18¡5, D. J>. ¡¡.?..'.-l3:i).
C'est en ,·erlu de celte idóe que l'l1y11oli11\e¡11e co11slil11{·e s11r sa ¡1art i11<livise
par 11u copropriétaire, q11i se rend er1s11ilc alljullicatairc el11 !Jie,1 loul er1tier.
ne s'étend pasa la tolalité ele l'i111111c11lilc.

Hypotheques légales,judiciaires, conventionnelles.- I,'arliclc :i,, (i


11ous clil que l'hy11<1tl11:q11e esl 01i lér¡,ilc, uitj111lici1zirc, 01t 1·u11vc11lio1i11cllc. J<:t
l'articlc s11iva11t elévcl<i¡1pe ai11si cclle é11u1r1<~rali<111: << L'l1y1Joll11:<¡11e lógale esl
celle q11i rés11llc ele la loi. -- J,'hy¡10LIH'1<¡ue jucliciaire est celle qui r{:sulle <les
jugc111e11ts 011 aclesjueliciaires. - L'l1y¡1oll1ee111e COll\'CJltior111clle esl cclle q11i
<l{:pcnel des co11vc11lic1ns et ele la for111e exlérieur<' eles acles et des conlrals. »
t>ar ces cler11iers 111ols, la loi veul expri111er <111e le co11lrat d'l1ypoll11'.:e¡11e est
sc111111is it eles for111es solen11elles.
l,a <li,·isi<111, prise e11 elle-111e111r, esl assrz crili<¡ualile. J,'hy¡1oll1<':c¡11e
.j11cliciaire r1'esl aulre cl1ose c¡11'11r1r l1y¡1otJ11\q11e l{:gale, car c'esl la loi r¡11i
l'allacl1e a11x j11ge111c11ts. Néa11111oi11s, la clill'ére11ce el'c>rigi11e l1istoriq11e ele
J'1111c et ele J'a11lre ex¡1li<¡11c la disti11cl.io11 tri11arlitc d11 Corlr.

DES HYPOTHEQUES 885

SEC1'ION III. - 1-IYPOTIIEQUES LÉG,\.LES.

Le Code civil énun1ere trois hypotl1ec1ues auxquelles il donne cette qua-


lificatio11, dans l'article 212 1 :
Celle <les femn1es 111ariées sur les }Jier1s ele leur 111ari ;
Celle des 111ineurs et i11lerelits sur les biens de leur tuteur ;
Celle de l'Etat, des déparlen1ents (que le Code ne cite pas parce qu'ils
n'ont acquis la personnalité juridique qu'en 1811), des communes et des
établissen1ents publics, sur les biens des receveurs et administrateurs
comptables.
Ces trois l1y1Jotheques présentent ce trait commun d'ctre générales, c'est-
a-dire, co111n1e nous le savons, de frapper tous les imn1eubles présents et a
venir <lu délJileur.
A l'énun1éralion de l'article 2121 il convient d'ajouler:
a
L'l1ypotl1eque donnée par l'article 1017, 2° al., au légalaire litre particu-
lier el'u11e so1n111e <l'arge11t ou d'u11e cl1ose fo11gible, sur les irr1meubles de
la succession ;
L'l1ypotheque des créa11ciers d'un conimeri;ant failli ou en état de liqui-
{lation judiciaire, sur les imn1eubles de celui-ci (art. !190, 3• al. et 517, C.
co111., et art. !1 de la loi dt1 4 mars 1889) ;
L'l1ypoll1eque accordée par la loi des 6-22 aout 1791, tit. XIII, art. 23,
a
pour l'exécution du tarif des droits d'entrée et de sorlie, la Régie des
Doua,ies, sur les im1ne11bles des redevables, hypotl1eque générale comme
celles ele l'arlicle 2121.
Nous étuelierons ici seule111ent les trois l1ypotl1eques légales ele l'arti-
cle 2121. Cclle clu · légataire se rallacl1e tout 11aturellement a la matiere des
testarnents.
' •

- Hy1,otl1eque Ié~••le d11 n,l11e11r et «le l'l11ter1Ilt


1J11r lel!i 1,lens du t11teor.

l. - Nolio11s l1isloric1t1es.
11. - l\<'.~gles gé11érales.
Ill. -- Dans c¡uelle 111es11re celle l1ypoll1ec1ue est-elle sou1nise a la publi-
cité. Son rang.
IV. - 1\pprécialio11 crilie1t1e ele l'i11slitulio11.

l. - Notions historiques.

I)l1ypoll1ec¡ue des 111i11eurs el i11lerdils a sa source dans le Droit romain.


Le droit classic¡uc avail accordé a11x i111pub1')rcs et aux n1ineurs, créanciers
de lct1rs lt1lcurs ou ct1rateurs, le droit d'ctre payés avant les créanciers
cl1irograpl1aires. L'e1r1percur Conslanlir1, jugcant cetle stireté insuffisante,
la lransfor1na e11 une l1ypoll1eqt1e taci Le, prenant rang at1 jour de l'ouverture
de la lt1lelle (:10 C. de ali1n. tul., V, 37), el la 111cme garantie fut concédée •
886 LIVRE 111. TITRE II. - '
DEUXIE~IE PARTIE. -- CH,\PITRE 111

t.· er1sl1ite aux interdits sur les biens de le11r t11teur (7, § ó el 6, C. de cur.
..
;(,

'

}
0

lll'., V, 70).
Notre ancien Droit conserva cette hypotl1eque (l)oll1ier, /1ilroclltctio1i au
lilre~Xde lacoulumecl'Orléans, nº 18, <\d. Bug11et, t. 1, p. 6(1?.).
La loi de messidor an III, au contraire, supprir11a l'l1ypotl1eque des n1i-
11eurs en men1e ten1ps que tol1tes les a11 tres l1ypotl1eques taci tes ; 111ais la
seco11de loi l1ypotl1écaire de la Ilévolution, celle dl1 r I br11111aire an VII,
crut nécessaire de la rétablir (art. 4, 3• al. et?. r-:1°), lot1t e11 la sol1metta11t it
la forn1alité de l'inscription,con1r11e les l1ypotl1equcs <}rdi11aircs. Cctte l1y1)0-
tl1eque frappait, a1i mo11ie1il me,ne de l'i1iscriptio1i, to11s les biens du tute11r.
a
Le Code civil, son tour, a considéré l'l1ypotl1ec1ue des n1incurs et inter-
dits com111e une garantie indispensable de leurs droits. i\Iais, tout en en
ordonnant la publicité, il n'a pas fait de celle-ci 1111e condition de l'effi-
cacilé de cetle l1ypotl1eque. Q11'ellc soit i11scrite ou 11011, elle prend ra11g llu
jour de l'ouverture de la tutelle.

11. - Réglementation générale de l'hypotheque des mineurs et


interdits.

A quelles personnes est-elle accordée? - La loi do11ne l'hypotl1cque


aux personnes do11t les biens sont administrés par 11n t11teur, c'esl.-i\-dit·e:
1º Aux nii,zeurs, dont l'11r1 des pere et mere est décéclé;
:1º Aux i11ler(lits j1icliciaires (arl. !189, C. civ.), et aux interclits légauJ:,
• c'est-a •dire at1x condan1nés ¡\ ur1e peine afflictive et infamante (art. :>.g,
C. pén. ).
En ce <¡ui concernc les 111ineurs, la loi fait u11c disti11ction, ¡leu logique
d'nilleurs, entre le cas 01'1 les pere et mere vivent l'u11 et l'a11tre, et cel1t1i 011
1'1111 d'eux est llécéclé. Le piire ou la rnt'•rc surviYa11t est t11teur légal de l'en-
fanl et, co111111e tel, sou111is u l'l1ypotl1cc111e légale .. :\ll contraire, le pi.ire,
adn1inistrateur légal, ll11ra11t le 1r1ariagc, e11 vertu ele l'article :189, des l)iens
qui ¡leuvent échoir ul'e11fant est, on s'e11 sou'iier1t, dispe11sé de l'l1ypotl1eq11e
1' (V.l<)1t1e 1••, p. 518). L'1111e lies raislir1s de la dispet\sc es!. alors, snns clo11le,
1
r·· c¡ue la ¡Jr{isence lle la 111erc cst une gara11tic snflisanlc ¡1011r l'er1fa11t. ~lais
1
' . celtc raiso11 {)erll toulc sa valc11r quar1ll il y a s{·pnratior1 ele corps 011 divorce.
1\ la clill'i'·rcnce eles e11f'a11ts lrgitir11os, les e11fa11ls nnl11rcls, {il.ant en t11telle,
n1<~111e quand ils ont été roconnus par lo11rs cleux a11tc11rs (art. 389, al, r~),
'.
l.
' jouissc11t loujours lle la gara11tie lle l'l1~¡icitl1<'·c¡11e I{•galc. Cetle ex.lcnsio11 de
'' '
1
l'l1ypotl1cq11e 11'.•gale 11'cst ¡1as, d11 reste, sans inco11vc'•11icints. JI sera forl llif'-
1,
'
1
ficile, cu pratic¡ue, de co1111aitre l'exisl.c11cc de cetle l1y1iotlu'.r¡11e, car la re-
,. 0

r. co1111aissa11cc ll 11n e111'a11t 11al11rcl peut se fairc sa11s a11c1111c 1i11l1licil<~. 1\11ssi,
l les l1ou11ucs d'all'aircs 11'011l-ils pas 11\a11qué ele signaler la cor11plicali<i11 c¡11e
1
ccllc réfor1uc allait apporter cla11s les lra11saclions i111111ol1ilit'•res 1 •
1

'
' t. Le Coogres inlernalional de ht proprfélt: I.J,\lie. tenu ii Pnris en rnai i!li:J, n 1\miR le
VU!U que l'hypothcquc légale ele l'rnfnnl nnturel nr prodnise rff'ct qu"ii tfnter clf" son ins-
r.rlption (V. Circulwe tri~1triel1- du C41111itf/ dn AOtairas tle11 dtiparterns1ltl, i9\3, D'" 2!l0,
1
• ~ p. 138) •
''
'
DES HYPOTIIEQUES

I,a loi <111 :{o j11i11 1838 n'a pas accordé non plus a11x ali('n<'·s non inlcrelits
intcr11ós ela11s 11n 1'talJ!isse111ent le l)énéficc de l'l1ypotl1óe1ue l<'gale. En cfl'et,
les fonctions cl'administrateur provisoire sont re111plies, on le sait. par un
n1cml)re de la Comn1ission adn1inislrativc ele l'{•tal)!isscn1ent ! nrt ..11 'i et il
' ''
ne pou,,ail 1}tre c1uestion d'in1poser 1111e parcillc cl1arg·c it 1111c personne c1ui
accepte ces fo11ctions par dóvo11e111e11l. 'foulcf11is, rruan<l le n1ala<le poss1\de
e111el(111e fortu11e, la loi J)er111cl ele fairc 110111111er 11n acl111inislralct11· SfH'cial
(art. 32), et le j11ge111c11l e111i le clósignc ¡icut constitucr s11r ses !)ic11s une
l1~·¡Joll1i·<¡ue gé11óralc ou s¡iécialc, j11squ'it conc11rrc11cc cl'11ne s0111r11c el('lcr-
111i11i'·e par ce juger11c11L (art. 3(1 , 2• al.).
En résu111é. les ad111inistrateurs dont les IJiens sont grevé:-- de 1·11ypotl1(\-
que lógale sont 1111ique111ent les lule1trs. So11s ce 110111, il fa11t co111prenelrc
certaine111ent le 111ari ele la 1r1<'·l'e re111ari<''.e, col1tlc1ir avec elle (11rl. 39G),
le JJl'O!Llleur de l'arlicle /117, enfir1, le !1ile!lr ele .fail, c'csl-it-elirc cclui q11i
gc'·rc i11df1111er1t les bie11s el11 ¡111pillc, ¡1ar cxc1111Jlc, la 1111'.re re1narióc r¡ui 11'a
¡)as COIIYO({lié le co11seil ele f'a111illc (art. 3!)5. ,,. l. t•r, ¡J. t11 01.
II 11·~· a el'exceplio11 (!lle pour le l11Lc11r 110111n1í· c11 cx{·cnlio11 ele l'arliclc 10,
2° ali11óa, ele la loi <111 :>./1 j11illet 1889 s11r la 1lérl1éa11ce ele la lJui:--sance ¡lalcr-
11ellc. 'fo11lefois, aucas 011 le 111ine11r ¡)ossóde 011 est a1)JJcló ,\ rcc11cillir des
IJic11s, le lrilJ1111al ¡Je11l orclor111cr e111'11ne l1ypotl1<'-e1ue gé11i·rale 011 sp<'·ciale
soi L consli l uí•c, j11sl111 'h co11cu rrence d 'u 11c son1111e dóterr11 inóc, sur les l)iens
lle ce Lutc11r. 011 voit do11c c¡uc le législatcur 111o<ler11e 11'a pas osé rcjeter
cl'u11e fa(;c111 el<'·flniliYe J'instil11lio11 de l'l1ypoll1r•(¡11c l<':gale. ?llais il l'a re11-
el11e, la ot'1 il l'adop!ail, fac11llali,c ¡)011r le jug·c. soit au JJoint de vue de
a
:-on' í•talJlisscn1e11t. soit cel11i de so11 assictlc.

Quels sont les biens grevés? - L'l1ypotl1r'•<111e eles 1ni11eurs el i11terelits


csl gÍ)ttórale; elle fra1J1Jc lous les i1n111eul)!cs 1Jrése11ls el yenir, 111(\111ea
c;cux que le t11lcnr acquiert apri~s la cessatio11 ele ses frJnctio11s.
Ccpenela11t, ccllc l1)¡loll11\(lllr, pe11l 1\trc rÍ)eluile, c'cst-h-elirc transfor1née
r,11 lt)'poll1i'•q11c s11i·cialc ne grcvant c111e ccrlair1s )Jie11s, lla11s clc11x cas:
1° .•\11 111rJ111e11t ele la r10111i11alicH1 elu Luleur, e11 verl11 d'11ne clólil)ération
1!11 co11seil (le fa111ille (arl. ?. 1/11);
::iº Jlc11elanl la dnr<'e de la lulellc, 11ar 1111 jugc111c11t rcnel11 sur la dc111anele

tl11 tulc11r, <lo11l les i111111cu!Jlcs excc'·1!('.lll ne1loirc111r,11l les s1i.rclós s11fflsa11lcs
JHJ11r ré1Jr>111lrc ele sa ¡.;-eslio11 1arl.. :J.1l1:>1. (~'cst le 1Jrer11ier exe111ple qun nous
rcncoulrions el'1111c <>ri{~rali<>II lli•si¡.r11i·c, dans la ¡iral.Íl{llC, ·scJus le uo1n ele
cr111lo1111i;111e11l d'u 11c 11 YlJO Lhi'•c¡ ue g{:11{'.ralc.

Quelles sont les créances garanties? - l,'hypolh<'·c1ue gara11Lit lo11tes


les cr{:anc<'s 1¡11e l'ir1ca¡1al>le ace¡11icrl co11Lrn son lulcur, <lu fait de la gcstion
<le cel11i-ci, ce q11i cc11111ire11cl c11 ri•alil{! l<111les les crt!a11ces, 111c\u1e cellcs qui
<·x istcra ic11 l, a11 ¡Jroll l 1le l 'i 11ca ¡1al1lc, a, a11 l l 'en tr{·c e11 fonclior1s clu tu lc11r •
cP!ui-ci 1lcve11a11l al(irs res111)11sal>lr, <le l'ac<¡11itlc111c11l <losa clctle,e11 la11l q11c
reprósc11lanl lle l'cr1far1l (V.arl. l15 r, :1" al.- \'. l\cc¡., :i3 r1ove111l)re , 898, D.
Jl. 99. 1.88,S. ()~)· 1.9). 1\insi,Iorsc¡11'1111c fc111r11e 111nriée 111c11rl,laissar1l des e11-
'
888 LIVRE III. - TlTRE II. - - DEUXlE:\lE PARTIE. - CHAPITRE III

fants 111ineurs, ceux-ci, créar1ciers (les reprises, c'est-/1-clire eles créances ele
leur 111ere contre s011 1r1ari, jouissenl el'11ne doul)le l1ypoll1ec¡ue sur les biens
de leur pere qui est leur tuteur: d'a]Jord,l'l1ypotl1eque légale qui apparte11ait
a le11r r11ere co111111e fen1111e 111ariée, e11suite, letll' propre l1ypotl1eque. car la
liq11idation de ces reprises fait partie (les devoirs que la t11telle i111pose au
pcre. Ils peuvent clone invoe¡11er l'u11e ou l'autre suivant leur ir1téret (Ci,·.,
5 décen1l)re 1900, D. 1i. 1901.1.213, S. 1904.1.219).

III. - Dans quelle mesure cette hypotheque est-elle


soumise a la publicité?

La loi de brun1aire a11 VII avait sou111is les l1y¡Jotl1eques légales, et celle
a
du 111ineur con11ne les autres, la 11écessitt''. de l'i11scription. Cette inscrip-
tion devait etre prise cl1aq11e fois qu'un i111111e11l)le e11trait da11s le palri111oi11e
elu t11teur, et c'est elle q11i déter111inait le rang ele l'l1ypotl1ee111e (art. !1, 3•
et 4º al.).
Cetle regle par11t trop rigourcuse aux ré(lacte111·s elu Code. Jlcllanl au prc-
111ier plan l'intéret (les incapal)lcs r¡11'ils Youlaie11t protéger, ils 011l ado1Jté
un systt\n1e

IJalard, fort peu logiq11e, q11i pcul se rés11111er ai11si:
1º L'l1ypoll1eq11e légalc doit elre i11scrite.
2º Le rang ele l'l1ypoll1equc csl i11elépendanl ele l'i11scriptior1.
Ce systi_in1e présentait ta11t de da11gers po1i'r les ticrs e¡u'il a fallu l'a111en-
<ler plus lard, da11s la loi du 23 111ars 1855 sur la lranscription.

1º L'hypotheque doit étre inscrita. - 1'el est le vmu du législateur


1¡11i, clar1s les arlicles :113G lt :11 :)9. ¡1rescril a11 tu le11r, au sulJrogé t11leur,
recor1irnu11<le au 11rocureur ele la llt'·pul)li<111e, aux 1)are11ls el a111is d11111i11e11r,
et perrnet au 111i11eur lui-111e111e e-le requt':rir l'i11~criplio11.
¡\_ - Personries ar¡iii la loi prcscril lle ¡ire11dre i11scriptiori. - Ce so11t le lu-
teur et le s1ibro1¡é l1tle11r. Co11tre ce11x q11i ne rcn1¡Jliraienl pas ce eleYoir, la loi
prononce cerlair1es sanctio11s :
Le t1ite1tr, qui a11rail cor1scnti 011 laissé f)re11dre eles ¡Jrivilt'•ges 011 des l1y-
pollH~q11es s11r ses i111111et1IJ!es, sa11s déclarer ex¡Jressén1e11t c¡11e ceux-ci sonl
all'eclés 11 l'ltyJJOll1i,c¡t1e I,,gale d11 JJtIIlillc, es! rt',puté slelliorictlaire, el, cor11n1e
tel, co11lraigr1al1le par cor1Js (arl. :.i 13G, :i• al). ~lais l'a!)olitio11 de la co11-
lr_ai11le ¡Jar corps e11l1)ve to11l i11térel 11 celle 1J1111ilio11. l,a sculc co11séque11ce
ele la 1na11vaise foi <lu lulc11r sera cl<)llC clésor111ais <l'engager sa res¡)o11sabi
lité au regard el11 liers c¡u'il a lro111¡)é; rnais il est l)ie11 évielr11t c¡11'1111 l11let1r
<Jtli se livrc á ele pareilles fraucles csl le J>lus s,¡11,enl 1111 i11solval1le.
E11 ce 1¡11i co11cer11e le -s11bro1¡é lttleur n1·glige11l, il csl i'•galc111e11l res1J<)11sa
ble e11vers le r11i11e11r el les liers rlu 11011 acco111¡Jlisse111c11l de la fc1r111alité.
(:etle resr1011sabilitú sera ¡Jlus cfficac<\, l.c su!)rogt\ l11le11r s'exric1se c11 ell'ct .'l
des elo1nmages-i11t<\rt\ts, S<lil <'Jtvcrs l'i11ca¡Jalilc, soil 1,11vers les liers, a11 cas
ou, par le <l1,fa11L ele J'inscri¡1ti<111 clo11l il a11rail <lti cci11tr,\Ier l'acccJ11111Iissc-
111e11t, 1·1 a11ra1l. ca11~n' prt•,111c
.. 1·1cr, a11x 1111s 011 a' l' aul.ro. 1, ..111ca¡1a 11
In, ·1 .
1 ,i~l vra1,
ne stiufl'rira 1ias, PII gi'·111·ral, <111 tlt',faul ele 1111lilicilt',, car il 11'e11 ccinscrvP ¡ias

DES IIYPOTIIEQUES 889
moi11s s011 rang ¡)rivilégié. 11 e11 sera aulren1e11t cependa11t dans certains cas:
par exe111ple,l'i1n111euble dt1 Luleur ayant été saisi ou ayant été aliéné, et l'ac-
a
quéreur ayanl ¡)rocéclé la purge, le 1ni11eur, faute d'inscriptior1, peut, 11ous
a
le verrons l>ienl<Jt, r'.Lre ex¡José voir son droit forclos. l\Iais c'est surlout
envers les tiers que la responsabililé du subrogé tuteur risquera d'etre elTec-
tivP, car ces Liers, au n1oins ceux qui 011t acquis un droil réel sur l'imn1euble,
sont exrJosés it se Yoir évi11cés par l'exercice ele 1·11y1Jolhec1ue légale dt1 111i-
neur, clor1L rien ne leur aura révélé l'existe11ce. l)ar cxcm¡)le, c'est un créa11cier
l1ypoll1écaire, ot1 lJien c'est 11n Yoisin fllli a acr1uis u11e servilude sur le fo11ds
grevé; 011 enfin, c'est 11n ac<1uéreur ele tot1t ou partie de l'immeuble qui n'a
pas procédé a la 1)11rge, parce qu'il l'a crue inutile (Req., 15 noven1l1re
1892, D. ll. !J3.1.3¡, S. 93.1.145, note ele i'\f. 1'issicr; Rec¡., 23 déce111bre
1895, D I). 96.1.481, 11ole de !\il. Guénée, S. 96.1.181; Req., 12 clécen1lJre
1898, D. ll. !)9.1.305, S. 99.1.333). Ces clilTérP11tes perso11r1Ps pourronl récla-
rncr a11 subrogé tule11r l'ir1clen111isalion clt1 ¡)réjudicc 11ue leur aurait causé
la clandeslinité de l'l1ypoll1ee¡11e du 111ineur.

Il. - Pe1·so1111es a11:,:q11elles la loi reco111ma11de ele pre11clre i11scri¡Jlio11. -
Les ¡Jerso11nPs auxquell<'s la loi confie le soi11 ele req11érir l'inscriptio11, dé- a
faut ¡)ar lPs Lulcurs et sul1rogés tuleurs de l'avoir clfectuée, sont le JJl"OCll-
1·eur rle la l?c1¡>ublir¡tie, les ¡>are11ls el a,nis du 111i11eur óu de l'interdit. l\lais
a11c11ne sa11ction n'ass11re. nn ce qui les co11cerne, l'acco111plisse111enl de celte
111ission. J.e procureur ele la ll.é¡J11]Jlic¡11c lui-n1eme 11'encot1rl aucune pénalité
s'il r1'y prc>ceclc pas ; et, en fait,ja111ais il ne rcquiert l'inscription par cette
raiso11 IJicr1 sin1ple que l'ouverture des Lutcllcs n'est pas portée sa con-

a
na1ssancP.
(~. -- !Je 111i11e11r lui-rnc111e. - Le 1r1i11eur l11i-111t~111c ¡>eitl ree¡11órir l'i11s-
cri1>tio11. C'esl unr ap¡llicalio11 ele cPlle rc'_·g·le gé11éralc e¡11e les ir1capa]Jles
sont toujours a1JLl.'s it acco111plir l<'s acles co11servaloires de lcurs droits. En
fait, le 111ir1e11r 011 l'i11terelit 11'use ja111ais lle cette fact1llé.
'
A11ssi, dans la réalité et n1nlg·ré les dis¡)ositions clrs articles précités,
est-il Lr<'·s rare c1ue l'l1ypoll1óc¡ur lógalc soit inscrite au cours de la lt1telle.

'.!º Le rang ue 1·hypotheque est indépendant de l'inscription. -- Le


elt'·fa11L cl'inscriplir)Jl 11e prive ¡las l'i11ca¡1alJle clt1 rang ele faveur q11e la loi
luí accorcle. lnscrilc ou llf>Il, l'l1y¡J<Jlh1•c¡11e prcnd ra11g, !)Our Lr1ules les
créances c¡ue l'i11ca¡1a)Jle 11c11L avoir co11Lre so11 Lt1Leur, :i 1111elc¡11e 111orr1e11t
1111'cllcs soienl 11r'·cs, ¡inr co11st'~c1ue11l, 1111~111e ¡Jot1r les créances rés11lla11l de
la rcdclilio11 <les co111¡Jles, aujonr c11'1 le l11Lc11r a acce¡Jlé la L11Lclle (art. :i 135),
011 pl11Ltil, fc>r11111lc plus exacle c¡11i se lro11ve cla11s l'arlicle 2195, :{• al., ati
jo11r 1/c l'c11lré,i c11 r1cslio11 1!11 t11lc11r.
()11 voil. clc>nc Cf1111l,ie11 la garanlie accorclée /1 l'i11ca¡)alJle esl ¡Jr1\cie11sc,
111ais c>xc>rlJilanlc. !•:lle !ni ass11re 1111 clr1Jil ele 11r{~ft'·re11ce :'i l'égard ele tons '
l1is liers c¡ui LrailerrJitl avcc le L11Lc11r poslérie11rer11e11t au clólJul de sa ges-
Lic>II.

:1° Modification au systeme du Code réalisée par l'article 8 de la


loi du 28 mars 1855. - Le Cocle civil, 011 le voiL, 11'atlache auc11nc i111-
890 LIVRE III. - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE PARTIE. - CHAPITRE III

¡Jortance a la pt1blicité de I'l1ypotl1ec¡ue légale des rr1ine11rs et interdits. I.e


cléfaut d'inscription 11c supprin1e pas le rar1g de favet1r accordé a cette
l1ypotl1eq11e, dont on peut dire, par conséquent, qu'elle est clanclestine.
Ce systemr, s'il présente des inconvé11irnts ¡Jcndant la durée clri la tutcllr,
en offre de bien plus graves e11core une fois que celle-ci a pris fin. En ell'et,
a
il nr fa11t pas oublier que la rrsponsabilité du t11tP11r l'ógard ele l'incapá-
ble d11rr IJ<•ndant dix ar1s a co111ptrr el<' la ct'ssatio11 ele l'ir1capacit<: (art. t1í5,
509). ()r, s'il est encore possililc 9n s'asst1rcr si la p<•rson11r·, a,·ec c1ui l'on
sr propase clP traiter relati, en1ent it un i111r11eul,le lui apparler1ant, cst ou
0

'
non chargée actuelle111ent d'une t11tellc, il dcvicr1t presque in1possible de
savoir si elle a cxcrcé autrefois cette for1ction, et se trouve encore délJi-
trice de ce cl1ef. 11 }- avait la une ca11se intolérable cl'insécurité c111i oblig·eait
l'acr1uéreur, clans lo11tes les accruisilions in1n1obili<'res, a fairP les frais ele
la purge, all11 de se garantir contrc l'apparitio11 possiblc d'l1y1JollH'<llles
par luí igr1orées. lr1cor1testalJle111Pnl, les rédactc11rs d11 Codc avait>11t d/•¡1assé
le b11L c111'ils poursuivaiPnl. c:ar, si lc11r s~ste111e de clar1de:-tínité pr'11I U la
rig11eur se déf<!ndrc a légarcl cl'u11 inca¡Jal1JP 1Jendant la cl11rt''e dP so11 i11-
capaci.té, il n'a pl11s de raison d't\Lr<' 11r1t• fois <111e l'ir1capacitó a pris fin
et qu'on se troi1vc e11 prése11cc, soit d'1111 e11far1t clPveni1 n1ajeur, soit d'11n.
aliéné gi1t'ri, soit cnfin ¡les l1/·ritiers n1ajPurs <'l sai11s d'es¡Jrit ele l'ur1 011
de J'autre; il n'y a ¡J!us a11cu11 111otif f>Ot1r souslraire ces pcrson11es a l'cn1-
pirc du Droit co111rr11111. C'est ce r¡u·(Hlt co111¡Jris lt•s r/•clact<·urs el<· la loi d11
:~3 n1ars 1855. Sans oser rr1odifler lt• princirJc n1er11e d11 systi'·rnc arlo¡,té ¡Jar
a
le Code civil, ils e11 0111 li111ité l'a¡Jplication la d11rée ele la tutelle. I:arti-
clc 8 ele la loi décicle c11 ell'et que le 111i11e11r deven11 rr1ajeur, l'interclit relevé
de l'inter1Ii-::tio11, le11rs l1érilicrs ci11 ayants causes cloiv<'nt prenclrc inscriptio11
1la11s l'111111ée 1¡1ti s1til la cessctlio11 ,te !et l1tlelle. S'ils se cor1J'orrr1e11L a la loi
et prt>1111e11L cette i11scri1ition e11 te111¡Js 11lile, l'l1y¡Jotl1e1¡t1c clu ci-clcva11t ir1-
ca¡JalJl1) co11serve le rang Je fa,c11r qui l11i /·tait altril111é. S'ils ne le fo11t pas,
l'l1y¡1otl1t'·r¡uP ¡iourra enccire elre i11scriLP ¡Jostérie11re111Pnt, n1ais ell<' cess<'ra
lle rr111unlt\r a11 jou1· de lentrt~e c11 g<'stiort clu L11l<'t1r; elle 11e ,/aler1i ¡1l1ts !Jite
rlit .iuttl' ele l'i11scri¡1lio11, ¡irise 11llérie11re111e11! ; clic 11c sr'.ra clone ¡Jlns <1¡i¡10-
sa)Jlt• a11x créa11ciers liypotlH'caires c¡ui S<' st•t'aie11L inscrits ant/·l'ie11rl'Ill<\lll
sur !Ps i111111eubil's ele l'r:x-t11tcur, 11i a11x til'rs c¡ui auraier1t acr¡uis lles elrriits
réels sur ces i111111eul,lcs 1iar 1111 Litre Lranscrit avanl l'i11scri¡,Li<Jll el<~ llt~fH>-
Lh<'•t¡u<• l{igale. ,
.\jot1Ln11s <111'a¡irt':s la cessatio!l el<· la L11Lelle, les intéresst's 011l tout avan-
tagP ¡\ se l111l1·r ele ¡11·1\nclr<' i11scripLiln1, car, e11 ,1·rt11 llt1 ¡,rinci¡,e gé11éral elt\
l'article :11f11i, ct·llt\-ci IH\ 1ieiul'rait ¡J!us ell'e fll'ise it Jl:trlir ll<· la ddclarafiu1t
,Le Juillile <le l'ex-Luteur, ele sa 11iort s11ivie <l'acce¡1lalio11 sutts bé11e{/icc 1l'i11-
vc11laire de sa s11ccessi1i11, <111 lle la I ra11scri¡1/ io11 1/e l' alicl1111lio11 r111 ·¡ I a11 ra i t
raite de l'i111n1cul¡Jc (\'. lllllC rle ~l. ele J.uy11{'S S()llS 1). (l. u4,'l,Jí7),
()11 re111arc¡uera e¡11e l'articlc 8 ele la loi <le 185:, vise (lcux cas sc11lcn1e11t :
;\. ·- La cessatie,11 ele l'i11ca¡1acitt'· Jlar la 111ajorit/i, la 111ai11lcvée el11 j11ge-
111e11t <l'ir1lcrclicli1)11, la lilJéralici11 el11 C<>11da11111é it uue ¡Jei11e afllictive et in-
. r8 111a11tc. - ll. - La 111orl 1Jc l'i11ca¡>alilc.
'
DES HYPOTilEQUES

Si, au contraire, le tuleur cesse ses fonclions pour une cause quelconque,
a,•ant la fin de l'ir1ca¡Jacit<'·, et est rerr1placé par 11n autre tute11r, 011 si le
· mineur est émancipé, la disposition de l'article 8 éta11t de droit étroit, vu
son caracterc d'<'xceplion aux princi pes, ne s'applic¡11e plus, l"inscriptio11
11'est plus olJligatoire. On doit done constater que, nonobstant l'article 8 de
la loi de 18;".í3, il y a e11core eles cas 01\ les IJie11s el'11n a11cier1 t11teur ¡Jeuvent
se t1·011ver grevés de l'l1ypotl1eque légale sans q11'aucune inscri1Jtion e11 révele
l'exister1ce a11x tiers. '

1,1 . - Appréciation critique des regles du Code.

L'hypotl1eque légale, générale et er1 fait occ11lte eles 111inel1rs et i11terdits,


est une garantie elétestable q11'il faudrait abolir. Tout d'abord, elle ne prott'•ge
ces incapalJles q11e da11s le cas ou leurs tuteurs possedent des in1rr1e11bles.
D'autre }Jarl. elle est, po11r le co111111erce juridique, 1111e gene consieléralJle.
Quico11q11e acquierl la propriété d'un in1111eu)Jle 011 ur1 droit. réel s11r ur1
in1n1euble craint l'exislence d'u11e l1y1Jotl1eque occulte, soit du chef de cel11i
avec qui il traite, soit surlout d11 cl1ef eles propriétaires a11térieurs. De la,
la nécessité de prendre des précautions, de faire lles recl1ercl1es. 1\ussi,
a
to11tes les fois qu'ils 011t dresser u11 acte constatant une opératio11 in11no-
)Jiliere, constitution d'l1ypotl1eque ou alié11ation, les notaires 11e 111a11quent-
ils pas de recl1ercl1er si le débiteur ou le vendeur a étó Oll no11 t11teur, et
s'il est encore, tl ce Litre, grevé de l'hypotl1eq11e légale. lis font, aular1L q11e
possilJle, la 111eme recl1ercl1c, po11r les pro¡Jriétaires antérieurs. D'oi'1 ur1e
perle de te1nps et d'argent. 11 est vrai que, lorsq11'il s'agit d'11ne aliér1atio11,
l'acq11ére11r peut se couvrir co11tre la eléco11verte d'une cl1arge 11or1 a1)1)arente
;1 l'aide ele la p11rge, opératio11 c¡11e le Code, 11011s le Yerrons, per111el de diri-
ger con tre les l1ypoll1eques dispensées d'ir1scriptio11 a11ssi bien ciue contre
les autres, i\lais cette procédure er11porte des frais souver1t disproportionnés.
'
avec la valcur de l'acquisilio11. Et, er1 tous cas, le n1en1e ren1elle 11'existe
pas pour ceux q11i efl'ect11cnt, avec l'ex-Luteur, 11ne opératio11 a11Lre q11'une
acq11isi tion de propriéLé. Quanel 1111 sysleme lle proteclior1 en1porte ele pa-
reils incor1vénie11Ls, il faut le suppri111er.
No11s 11e partageons drJnc 11ullen1e11t l'avis ele ccux q11i pro1Jose11l de co11-
server l'l1ypotl11)t(lle légale des rr1ir1eurs et inlerdits, en la so11n1ettant p11re-
ment et si111ple111e11l at1 régi111e de l'inscriptio11, con1n1c l'avait fait la loi
de br11n1aire an Vil. Ce 11e serait a nos yc11x qu'une rt~ft1rn1e ir1suffisa11te.
D'al)ord, il y a11rail tci11jours lie11 de crair1dre c1ue, malgró les prescriptior1s
de la loi, l'inscriptio11 ne f1it J)as elfectuée; or il serait i11j11ste ele f'aire dé-
per1llre l'existence de la gara11tic accordée au 1ni11e11r d'1111e l'or111alit<'· que
cel11i-ci r1'est pas er1 état d'accc1r11plir l11i-111e1ne. En 011tre, l'l1ypotl1eq11e
légalc gr1•ve l1>11rcler11cnt ·les l>ie11s cl11 tule111·, 1Jl11s lo11rdemenl encore que "
cellc de la fc111111r, 111aric'·e 11c grt'1,,e les i1n111eu!Jles clu 111ari_ En elfet, le mari
peut. uvr,c le co11c<Jurs de la ferr1rr1e, clóbarrassr,r ses l)iens de celle cl1argc,
ta11dis que le l1.1Leur ue le peul pas. Les Í<)11clio11s de la lulelle devienne11t
ai11si parlic11licre1nc11t rcdo11Lal)les po11r lo11s ce11x qui 0111. besoin de crédit.
LIVRE III. - TITRE II. - '
DEUXIElIE P,\.RTIE. - Cil,\.PITRE III

C'est pourq11oi nous esti111ons que cette vieille institution a assez duré et
doit disparaitre. C'est dans une autre voie quºil faudrait cl1ercl1er les garan-
ties nécessaires pour assurer l'adn1inistration loyale du tuteur, savoir, a
comn1e nous l'avor1s précéden1r11ent indiqué tV. notre t. 1°r, p. 512), clans
une réorganisation con1plete du régin1e de la tutelle.

I. - Notions l1istoriques.
II. Regles générales.
III. Dans quelle mesure cette l1ypotl1eque est-elle sou1nise la publi- a
. • a Son
cite. rang.
IV. - Des acles par lesquels la fen1111e transmet aux: créanciers du mari
le bénéfice de son llypotl1eque légale.
,r. - Appréciation critique.

Notions historiques (, ). - a
L'idée de do11ner la fe1nn1e 111ariée une
garantie contre les créa11cicrs de so11 n1ari pour assurer la rcstit11tion de sa
dot ren1onte a11 Droit ro111ain. Elle y a¡J¡larut des le jour ot't 1'011 ad111it que
le 111ari, propriétaire de la dot, serait tenu de la rendre ll la dissolution du
1nariage. 011 créa cl'alJorcl au ¡Jrofit de la f'c1n111e u11 privilegi11r1i ir1ter JJer-
sonales actiories (¡!1 D. ele jizre doli111n, XXIII, 3) (!Ui lui garantissait un
clouble av~ntage: si la dot consistait en un in1111eulJle, il lui ¡Jcr1nettait ele
s'en f'airc tra11sf'ércr la propriété ¡Jar préférence aux créanciers, quels qu'ils
fussent, car l'in1mcublc 11e pouvait etre 11i aliéné ni l1ypotl1équé par le
111ari; si elle co11sistait c11 r11eulJ!es, le privíl<'·g·e do11nait .\ la fen1n1e, pour
en recouvrer la valeur, u11 droit ele ¡Jréférence sur les llier1s d11 111ari, .\ l'en-
contre des créanciers cl1irograpl1aires.
J11stinie11, e11 111e1ne te111ps (Jti'il a généralisé l'obligation clu r11ari de
restit11er la dot, a renforcé c11corc les droits de la fe111n1e. I~n 529, il a
clécicl{\ que la f'e111111e a11rait u111) actio11 J1yJJOtl1{~caire privilégiéc s11r les
lliens clola11x: (3o (:. 1lej1tre doli11r11, , 1 • 1:.i); Jluis il a éte11d11 cetle l1y¡lot!1e-
c¡11e ¡'¡ lous les i>ie11s cl11 111ari, 1•11 clécidant c¡11ºellc ¡Jre11elrait ra11g a11 jo11r du
111ariagc (,,SI C. 1le rei 11;1;. riel., V, ,:~). rcgln c¡11e 11otre Droit fra11<;ais suit
encore a11jourcl')111i. I~11fln, 11e lro11va11t J)as <'IIC(>rc cetle garanlie s11flisa11te,
il a déclaré, da11s la c{'.lcLrc co11stit11tio11 Assii11tis 1lc f>3, (, :1 C. r111i JJolior·es,
VIII, 1¡), 1¡11e c1•lte l1J11oll1eq11c serait ¡JriPilé[¡iée, c'est-.'1-dire ¡>ri111erait
toules les a11tres l1y¡JotJ11\1¡11es existant sur les Lic11s 1111 111ari et re111ontant
1n1'\1ne .'1 unn (!ate a11l{•riP11rc a11 111aringl'. C'était 111:111ifcste111ent clépasser le
Lut et ¡)ortcr atlci11lc aux droi ls acq11is tic cróa11ciers 11ui avaic11t traité avcc
1111 110111111<' 11011 111arit'i. ()11 a clit j11stP111P11l c¡111i cclte ccJ11stilulio11 r11inait le
créclit eles célil1ataires a¡1ri'•s celui 1!1•s l10111111cs 111nrii'\s.

1. LPft>hvre, Cours dt? 1/octornl sui- /'lii.,toire du /Jroil 111atri111011inl frn11rai.~; /,e /Jroil des
ge11s 11111riés, p. 51i2 i, ,i8:i. Paris, 1908; )lr,ynial, /)es reno11ci11túi11s nu 111oye11 rl,qe el dans
110/re n,1ci1?n /Jroit, q11alri1'1111• arliclP, No11v1•ll1• Rcvuc histor .. 1!102; ()11val,Origi11r de l'hy-
¡101/ieque légnle 1/e In /e111111e 11111r1ée e,1 pa¡¡s coutu1nier~, lhcsc Paris, 1910.
'
DES IIYPOTIIEQUES 893
Aussi nos ¡lays llo l)roil écrit, :\ l'exce1lLior1 clu ressort d11 ]>arlc111e11t de
a
'foulouse 1 , abandon11('r¡111t-ils celte dispositio11, pour revenir la rL·glc lll11s
logiquc q11e l'l1)·potl1l~r111c date du jo11r, soit du 111ariage, soit du contrat de

mar1age.
D'autrc JJart, l'l1ypoll1eque légale de la fr111111e 111ariér s'cst infiltrée en
1Jays de co11t11n1c, 111ais,. sen1blc-t-il, pas avant le xv1" sii'~cle. \Toici. co111-
n1ent cctle cx:tension se réalisa. Corn111c lrs conlrals ele 111ariage étair11t,
le plus souYent, rédigés par 11n 11olaire el q11P les aclcs 11otariés cr11por-
taient, 11011s ne l'ou}Jlions pas, l1ypotlu'q11c gér1{1rale sur les in1111e11!Jlcs du
débiteur, les biens d11 111ari se trouvaient ainsi grevés d'l1ypotl1eque, toutes
les fois que le conlrat constatait un ap1Jort de la femme. Par la suite, s011s
l'influence elu Droit ro111ain, l'hypotl1equ_e ne tarda pasa etre accordéc a
toutes les fe111111es, n1e111e a celles qui se mariaient sans contrat. En prin-
ci1Je, cetlc l1ypotl1."•¡¡ue ¡Jr<•nail Loujo11rs date, pour toutes les créancrs ele
la fen1111e, au jour d11 contrat de r11ariage, qua11d il y en avait u11, et a tlé-
fa11t, au jour du 111ariage. ~éanr11oi11s, 011 peut rr;lever, dans certaines cou-
t11mes et dans quelc1ues clécisio11s de juris1lr11elence, un<' tr11clanco ú rr;culer
l'eíl'et de l'l1y1Jotl1cque, pour les cas cl'aliénation cl'u11 in1111e11!Jle de la femn1c
011 d'o)Jligation conlractée par elle avec so11 n1ari, jusq11'au jour de la nais-
sa11ce ele la créance, c'est-a-dire au moment de l'alié11atio11 011 ele l'rngage-
n1ent (''· J<'erri(~re, Dictio111iaire de 1lroit et 1le pratique, ,· Ily¡Jollieque ¡Jrivi-
0

légiée ; J>otl1ier, Trailé de la COfllmll/lCllllé' nºs í62 a í68, éeli t. 1311gnet, t. 7,


p. 380; l3rissaud, JIJ111i11el, p. 8?.g, 830) 2 •
Enfin, il est íntéressant de noter que la pratique de notre ancie11 Droil
avail chercl1é a diminuer la gene q11e causait l'l1)·potl1cque de la femme et
l'atlei11le si gra,,e qu'elle portait a11 crédit el11 n1ari. J}otl1icr 11ous dit (Trailé
ele la com111unaulé, nº 766) con1bie11 il i,nporte, « lorsqu'on conlracte avec
11n l10111n1e n1arié, ele faire intervenir la fen1me pour qu'elle s'oblige avec
a
lui ». En ell'et, ajoule-t-il, grAc€ cetle intervention. les créancicrs du n1ari,
ayar1t la ferr1me }lour ollligée, po11rront exercer les droits de celle-ci, et
seron l ccJllotJués e11 so11s-ordre da11s le bé11éfice de son l1~·potllcque légale.
Nolre l)roil 1noder11e, nous le verro11s plus loir1, n'a pas abando1111é cetlc
prali(Jtic; il n'a fail c111'e11 perfectio1111cr les }lrocéclés. J~l ai11si, il est c11rie11x
lle co11slater q11'e11 ¡iays ele co11l11n1e, ot', la fcmme n'étai t ¡>as protégóe par
l'i11alié11a!Jililé dotalc, l'l1y1Joll1cquo 11\gale avail llien vite cessó d'elre une
gara11lie efl1cacc, el n'avail e11 pí>ur résullal que cl'associcr_la fer11111e aux
c){Jérations j11ridiques fai les par le 111ari.
La lc>i d11 !) r11essitlor a11 111 a,·ait al)oli l'l1ypc>ll1cc1ue légale lle la femn1e
111ari<',c, 111ais la loi tle lJr11mairc a11 Vil la róLal)lit en l11i laissant so11 carac-
lere cl'l1y¡loll11'•q11c g(\nérule. Se11le1r1e11t, elle ,Jécitla, ici co1111ne pour l'l•~·po-

1. ~1(,rnc dans ce ressort, il était p1•rn1is nux rrénnciers antérieurs au maringe d'écar-
ler 111 priorité de la íen1111e, en' la préven11nt rle l'exislencr. rle leurs droits avant la célé-
hralion du 11111riage (Ferrirre, /1iclion11,.ire rle droit et dt< pratique, Iº /Jot, 11ouv. édit.,
l. 1, p. 185, 1" col.; Argou. /11slitu1io11, li1·. 3, ch. 8). ·
~- t:epcndont, la jurisprudencc rlu Parlerncnt de Puris íaisait toujours reruonter l'hy-
P'Jlhcqn1\ uu jour du contrut de nrariage ou ,in ruariagP, mais elle clnssait les créances
d'npres un ordre de préíérence (V. l.eíchvre, op. cit., p. 5i9 et suiv.).


894 LIVRE 111. - TITRE 11. - DEUXIEME PARTIE, - CHAPITI\E 111

tl1er1ue des persor111es e11 tutelle, c1t1e celle ele la fe111111e devrait etre inscrite
a
et qu'elle ¡Jroduirait efl'el la date de so11 i11scri¡Jlior1 (arl. 4, 3' et 4• al.).
L'inscriplion clevait etre ¡Jrise cl1aque fois qu'un ir11n1euble 11ot1veau entrait
dans le ¡Jalrir11oi11e elu 111ari. Les r{;dacte11rs clt1 Code 11'ont ¡Jas 111ainte11u
celte inr1ovation. Ils ont suivi ici t1n svsten1e
. a11alogue a celui qu'íls ont .

adopté JJour les perso1111es e11 tulelle. L'l1y¡Joll1eque de la femn1e 111ariée esl

clone aujourd'l1ui, co111111c cellc des rni11e11rs et i11terdits, a la fois ué11é-
rule el occulle au 111oins en fait •

II. - Regles générales.

No11s exar11inerons ici les points suivanls:


1º Quelles so11l les créa11ces gara11t.ics 1Jar l'l1y¡Jotl1eque?

2° Quels so11t les !Jiens st1r lcsc¡uels elle 1iorlc :1

1• Créances garanties par l'hypotheque de la femme. - L'l1y¡Joll1e-


que légale eles fe111111es 111ariées, aya11t ¡io11r IJul ele gara11lir le ¡Jaie111e11L de
toulcs les son1111es c¡u'1111 111ari ¡¡cut dc,<Jir asa fc111111c h la dissolulion elu
111ariage, accon1¡Jag·11e lot1lcs les créar1ces ele la fc111n1e sa11s disti11ctio1i, et
qucllc c1u·cn soit la cau:-.e. potrrvu qu'ellc,.; soicnt 11écs a,a11t la elissolu1io11
<111 111ariagc. :\le111c si la fc111111c était cr1'.a11ci<'·rc <le ,:;011111ari ar1léricurc111e11l
a11 111ariage, elle jo11irail ele l'hyrioll1<'•q11c l('.gale ¡Jour: le rc111IJeJursc111c11L
ele ccllc cr<;a11cc, car, i1 1iartir elu 111ariage, le 111ari elcvic11l clé!Jiteur c11 lanl
c¡t1c 111ari. ()11 11c ¡Je11l elo11c lrouvcr aucunc cr<'•a11cc de la fc111111c 11.Sc a,ant
la dissolutio11 du 111ariage qt1i 11c soit accorn1¡ag11ée de cetlc st1reló.
J,a j11ris¡1r11<lcnce a cu po11rlant c¡11clc¡11cs l1é~ilalio11s elans elcux cas: tl·a-
lJorcl, au sujcl tles frais tic l'i11slancc e11 tli,orce 011 c11 si'•paralio11 ti() cor¡is
lorse1ue le juge111Pnl a ótt'· Jlro11011ct', 1111 Jll'<)íil tic la fe111111c; c11 seco11el lie11, ,\
propcis ele la pe11sio11 ali1np11laire c¡uc le j11g·e111P11l de elil'orcc ou ele st'•¡Jara-
lion tle CtJrps ¡ie11L all<J11cr.\ la f'e111111e. ()uclc¡11Ps trilJu11a11x avaienl clans ces
cas,<'·cart<', l'l1~ poi h1\c¡ 11c ltgal<'. ¡Jarc() c¡uc, <I isa i<·n 1-ils, clic 11'a ¡1rH1 r l>IJj<·I que
<le garantir:\ la f'e1111nc la restiL11Li1>11 <le c<,11\ dP s<•s )Jie11s <1011l lt· 111ari a 011
l'ad111inislrali<>n, el ils a¡>¡J11yaie11L celle soluli<Jlt sur l'arlicl<, :11:t-, <¡ui i11tli-
<JllP, c11 <'11'<'1, trriis calt'·g<Jries de cr<'·ances a~ an 1 !cu r s<JII rce da11s l<'S acl1•s lle
g<•stiun 1111 111ari (llc:,;a11<;<Hl. :>.1 <l<',c<'111IJrP 18!}!1, 1). l'. !}f>.:i.:>.:I<>, S. !l•->.·1.·18,
et cla11s le 1111\111c scns la nc>lc <1<• ~1. \\'ahl so11:,; l)ij<lll. 1(ij11i11 18!1:I, el /1 j11i11
18!)'1, S. !l:1.:i.•1:-,). ,1ai:-., il ~- avail J;'1 une Prreur <l'i11ler¡1r/·tali1111. l,'arliclc :i ,:1:-i
'
11esl J>as 1111 l<>xle 1·· ; 1 scc<i11Ln11l<• 1I''e111incer 1er1tll[/e11'1
11111lal1·1··1 P 1~·JJ<>I I' u·que
11ci11r l<,s ¡iri11ci¡ialcs cr<'·ancc:,;. (:e n'esl JJas lui <p1i cri1c l'l1y¡uJll1<',<¡11c ltg·al<',
c'est l'articl<' :11:11 ; <Jr, C<' le;xle <·st crin<,:11 <111 l.l•r111<'s au:-.si largcs r¡11<' ¡u,ssil,ll·,
¡111isq11'il allrilJuP l'h)¡l<Jll1<',<¡11<• l(·galc r111.. c 1/roil.~ el cr1 11111c1is d,·s f'<•1111111•s
111arió<•s. 1\ussi, la c;11an11Jrc civil,• 11·a-l-<'llc 1ias 11111111111{ <le co11tla11111cr la
tcnclanc<' <!11<' 11<i11s ve11rJ11s de, crili<Jll<'I' ((;iY .. :1f1 j11i11 18\):->. !). )1, !)7.1.:,fi:>,
S. !):Í.1 :~118 ; ,·. a11ssi "'auc,v, 1:1 avril 18\)!I• 1). I>. l!)<)<J.:.i. 1!1:I, 110Le <lo
!\l. de Loynes, S. '!)<>2.:.1. 1:,:>, 11cilc <le ~l. 'l'issier; rtll1l1!, 110Le ele !\t. <lo l,o,v-
ncs, D. ll. l!)08.:.1.12!1; llec1., 15 <lt'.·cc111IJre l!)O!I, 1). ll, •!)JI.r.:i5, 111il1·<lc
. .
'
DES IIYPOTHEQUES

:\l. <le l,<Jy11es, S. rg 1:J.1.313, nole de ?il. Ga11de111et, r1º II). 'l'<)ut au ¡)111s, pour-
ra i t-011 ll<'U t-elre avoir e11core que!<¡ ue cloule pot1 r la cr«~ancc ali 111c11 tai re de
la fcn11ne <livorcée, mais la Cl1a111l)rc clc's rcc¡111\tcs a forl l)if'n clit,da11s so11
arre! ¡>r{~cilé <le 1909, <111e la p<·11sicll1 ali111c11ta_irc· alloui'·c it la fc111111e a s011
origirie lla11s le.fail ([u 111ariage, c'Pst-a-dire dans la Yiolalion des ol)ligatio11s
<1uc le 111ari avait ass11111écs co111111c tel.

Cas de faillite du mari. - 011a11d


.... le 111ari est co111rr1err;a11t a11 1110111c11t
du 111ariag·c, ou q11e, n'cxerr;a11t alors a11c1111e professio11, il l'est cleve11u da11s
l'a1111ée de la célélJratio11, la loi co111111ercialc, s'il vient it lo111}Jcr ensuite e11
faillite, rcstrcinl les favc11rs faitcs it la fen1111c, da11s l"ir1téret des créanciers
de la 111asse. D'alJord, la fe111n1e ne peut ¡ll11s i11voquer, n1c\r11e con1111e cré-
a11ciere cl1irogra1il1aire, les ava11tag·cs llOrtt'·s it so11 cclnlrat de 111ariag·e. E11
011lre, elle 11c Jle11t préle111lre cz 1t1te colloca/i1J11 !i_Y/Jolhéc11ire, 1Jo11r ses autres
crcanccs, c¡ue si elle pro11ve cru'ellc csl'.crc\a11cit•re <le so11 111ari, en llroduisa11l
une 1¡11illr111ce tic celui-ci 1\LaLlissa11lq11'il a Louché les valc111·s c¡11'elle récla111e
(arl. :"iG3, 5üt,, C. con1.).

2º Biens sur lesquels porte l'hypotheque légale. - L'l1ypoll1eq11e


grc'·ve lous les irn111e1ibles JJ!'ése11ts el 1} 1.•e1iir <lit ,nari, n1e111e ce1ix ccu'il acc1uiert
aprós la clissolutio11 cl11 111a1·iage. ,1
S'il s'agit tl'i111111e11lilcs acr¡1Jis so1Js cor1clilion r(,sollltoire, l'l1y1loll1eque, e11 '
• 1
.
1

llri11ci1ic, elis1larail cla11s le cas oi'1 le elrclit el11 111ari csl résol11 (art. :i 125).
[lollrlant, la loi po1isse si loi11 la lll'<Jleclio11 ele la fe111111e q11'e11 sa faveur, •

a '
elle fait écl1ec celte rc'·glc a ¡Jro¡1os tic cerlai11es lilJ«:raliLés in1111ol)ili1'res
aelr<•ssi'·cs au 111ari. ''oici les elis1losili<.J11s <111'il y a lic11 tic sig·nalcr a cel
{ig·n rtl.
,\. -- ll.v¡1olh.1}se ,/11 1/roit 1lc rclour. - I,ors<¡11e la tlo11alio11 faite au 111ari
csl rc'·sol11e ¡iar l'c\ercicc· el11 (!roil rll' relu11r sLi1lulé 1iar le 1lo11aleur co11for-
1111\111c11l /1 l'arlicle \):J 1, J'hy¡>oll1c'·<¡t1e l{~g·alc cclulir1ue ;\ grcYer l'i111111euLle
a11 ¡>r<Jlit tic la fe111111e, 111ais se11lf'111c11t SflllS l,•s elc,11x co111liLi<JllS s11iva11tes,:
11) Si les lli<,ns 1l11 1nari s1i11L i11s111'1isa11Ls p<HII' assllr<•r le ¡>aic111c11L de la
1'1,1111111· ; /i) Si la donalion a, {,te'· l'ailc au 111ari ¡iar le 11H\111c c1J11lral ele 111a-
ri,1g·c <l11e¡11el r(·s11llc11L les 1lr<>ils ele• la l'c11111H' 'arl. \¡5:1).
11. --- 11,v¡Jullu'-.~e <le fil s11/Jstil11/io11 ¡ier111ise. - J,ors1111<• 1<· 111ari_ a rc<:-u des
i111111n11IJlcs «In son pi'-rn 1)11 de son l'rc'·rn 11 i:h11rr¡e 1le les rcs!it11cr 11 ses e11jl11its,
ces i1111ne11IJl1\s scJnl i111lis¡H111i1Jlcs c11lr1, si,s 111ai11s, t'II ce ~<~ns e111c l1)s elroils
c1111sp11tis par !ni s1J11L in«lllllosa]Jl<•s anx 11¡i¡i<'l1:.~. \Iais l'arlicle 105/1 fail ex-
cc¡1lio11 ii cetlc rt',gle au ¡1rí1fil ele l'l1,,¡iollu'-<111e• lt'·gale 1IP la l'e111111e. 11 est
vrai e111c la survivance 1lc cctl.o lt~'llOLl11'-i¡11e e:sl s11IJ(ll'1l111111c'·c it Lrois c1i11di- i

tio11s. 11 faut <JllC le teslale11r l'ail nx¡)rossú111e11l rc'·s<:rvc'·1•, - í[u'il y ail i11-
s11flisa11c<1 <l«•s l>ic11s cl11 111ari, JHltt1· rr,111¡ilir la fc111111c 1le sc,s rcprises ; - c11fi11,
l'l1~·¡H1ll1c')<IIIP ne rnslc valalJle i1 l'c11co11Lre 1lcs a¡ipclc':s e111c ponr ass11rer le . ''
rc111IH)11rse111C,11l <iu ca¡>ilal eles 1lc11iers Jolaux.

lmmeubles faisant partie de la communauté. - L,es ir11111culJ!cs f'ai- "'


sa11t parlie de La comn1u11a11té, ou co11í¡ucls de c<J111n11111a11té, s1lnt la copro-

896 LIVRE III. - TITRE II. - '
DEUXIE~IE PARTIE. - CHAPITRE III

priété du mari et de la fen1n1e. Ils s011L ce1Jendant grevés de l'l1ypotl1(\que


légale de la fen1111e n1ariée. !\Iais le droi t pour la fen1n1e de se prévaloir de
son hypotl1<'·que légale sur cPs in1n1eubles varíe en étendue, suivant q11'a la
dissolution de la con1111u11a11té, ellP acceptc cPlle-ci ou y re11011ce. 11 y a la
des disli11cti(1r1s e1ui su¡Jpose11t connu le 111écanis111e de ce régi111P, et quP
11ous re11voyons en consí)qt1ence a notre lroisic111c vol11n1P.

Cas exceptionnels dans lesquels l'hypotheque de la femme ne


greve que certains in1meubles. -- l)ar PXC<'plion, il y a certains cas
ou l'assielte ele l'l1y¡Jotl1ce111e d(• la fp111111e 111ariée soull're une certaine res-
triction.
,\. - Cas defctillite rlu rnari. -Qua11d le 111ari est con1n1Pr«;ant au 1110111ent
clu n1ariage, 011 c1uc, 11'aya11t ¡Jas ele profession acetle époq11e, il est devenu
co111111er«;ant dans l'annL·<~ dP la ci'·lé1Jralio11, l'l1y¡Jotl11'.q11P légale nP !Jl"eve r¡uc
les irnr11e11bles 1¡11i lui r1¡J¡iurlc11ai~r1l 11 /'1:¡10 ¡11c 1lc la célébralio,i 011 q11i lui so11 l
1

adl'e1111s clc¡111is, soil Ji'tf' s11cccssio11, soil ¡ictr do11alio1i e11tre vif~ 011 lcsla1ne1i-
lairc (arl. 563, C. co111.). 1\ir1si, les i111111cul)les acr1uis par lui ¡\ tilrP onére11x
so11t eli'·cl1argés de l'l1ypoll11\quP légalP, clans l'i11tér('t de la r11assc di' SPS
créanciPrs.La loi vPul {~vi ter 1Jar lit qt1<' lP ;11ari, e111brassar1t la profession ele
co1nn1er«;a11l, ne souslra~,e une )Jonnc partie de son actif a11x aléas df' ses
er:treprisf's en la tra11sfor111anl c11 i111111e11lJles all'ectés al'l1y¡)oll1eq11c (!esa
fem111e.
13. - Gas de ré1!1tclio1i co111•er1lio1111ellc 1/e l' hy¡Joll1e1¡11c. - La loi 11e tJrrn1et
pas aux futurs époux. de con,-enir qu<' Jps ir11111eublcs du 111ari S<'ror1t tota-
lerr1ent dégrev{,s de l'l1y¡)otl1i·qt1P lí•g'ale (art. :i 1!10 irz jirzc). 111ais cllP les
a a
aulorise, la con1litio1z toutefois 1¡11c La f1'111111c soil 111aje11re, stip11!Pr <lans
le conlrat ele 111ariagc q11P l'liypotl1e<111c 11c gr1'vcra que 1111 011 c<'rlains i1n-
111e11lJlPs du n1ari (art. ~ 1/10).
C. - r:as de carzlo111icr11c11l 011 lle r1:1l11l'lio1zju1Liciaire. - La co11Yc11tio11
ci-<lessus 11'1)st plus ¡JossilJI<' 11111' fois 11' 111ariagc céléllré, car Plle scrail une
alteir1tP a· l'i1111r111talJiliL{: ell's co11YP11tions 111atri111011ialcs procla1111'•p par·
l'articlc 1395. ~lais. si a11c1111e r1'el11clio11 n 'a {:tó C<)Il Vl'Itt1c lors ele la r{·daclio11
<l11 contral, Jp 111ari 1>eul, <l11ranl le 111ariage, elc111a11<ll'r ala j11slicc 1le rl•-
cl11irc l'l1y1>0Ll1i:q11c ele sa fe111111c :'1 c1•rtains sculPtll<'nl de S<'S i111111e11l1IPs.
L'articlP :.i 1!111 <·11lour1·, el11 rPsl<•, Cl'lll' ell'n1a11dl' <11: cc111eliti11ns 111i1111lil't1SPS:
a) 11 faut <l'alJor<l lP c1>11se11L1,1rte11l <le la fc111n111;
li) 11 fanl, Pll 011lrc, 11111' le r11ari ait ¡>ris l'avis -ell's 1111atrc 11l11s 11rc1cl1cs
¡1are11 ls ell' cl'lle-ci ;
,·) 11 fat1l que il's in11111•11IJ!Ps <111i <lPn1c11rcr<>11l grl'v{•s soil'Ill snf(1sanls
¡>onr la co11sl'r\alio11 Pntii'•re t!l's 1lr1Jils <lP la 1'(:1111111:;
1/) l~111ir1, i<• j11g<:1111·11l 111• sera rPnd11 <¡11'apri•s r¡111• 11' pr<1c11rP11r tll' la l\í•-
I>t1l>lic¡11P a11ra {:tí, e11le111l11 conlra1licloirl'1111·11l aY1:c le 111ari (arl. :.11/,:1).

111. - Dans quelle mesure l'hypotheque de la femme


est-elle soumise a In publicité. --· Son rang.
Le Codea suivi ici les 111e111Ps crre111cnts c¡ue pc111r l'l1ypoll1c1¡11c des pcr-

'
DES IIYPOTHEQUES 8n~
;1 I

sonnes c11 t11telle. ll édicte encore des 111esures ele publicité, 111ais <le l'ac-
{:Olllplissen1ent de ces mesures ne dépenel pas l'effet de l'h)'potl1eq11e.

1º Publicité. - Et d'abord, e11 ce c1ui con cerne la publicité, l 'article 2 136


ordon11e au n1ari ele prendre inscriptio11, sous peine d'encourir la sanclio11
clti stellionat, au cas ou il aurai t consenti 011 laissé }Jrendre des privil1\gcs
ou des l1ypotl1eques s11r ses i111111e11bles sans déclarer exprcssén1ent c111 c
leselits i111111eubles étaier1t affectés lt l'l1ypotheq11e légale de sa fe111111c.
Si le n1ari n'cxécule pas cétte o]Jligation, le procureur ele la Répu!Jliq11e
cloit requérir l'inscription (art. 2138), ce qu'il r1e fait jan1ais e11 pratiq 11 e.
Enfir1, l'article 2139 autorise les pare,ils soit d11 mari soit de la fe111 111 e (o 11
re1narq11era que la loi 11e parle plus d' amis), et la fen1111e clle-n1e1ne, ,\ <le-
111ander l'inscription. -rirais ces prescriptions sont encore 111oi11s olJserv{'.es
c11 pratiq11c que celles q11i visent les personncs en t11teJle, car il 11'y a f>as
ici rle personnage q11i, con1n1e le subrogé-t11tc11r elans le cas précéde 11 t, soiL
perso11nellement responsa]Jle de leu r non-acco1nplissement.

2 ° Rang de l'hypotheque. - L'l1ypotl1&q11e produit s011 ell'et, n1e111e


cruancl elle n'a pas été inscrite, ce q11i arri,·e en fait le plus souve11t.
~fais ú que! 11101r1ent frap11e-t-elle les i n1n1eubles d 11 111ari? Ici, le Code civi 1.
continuant 11ne tendance q11i s'était déj.\ ma11ifestée da11s 11otrc a11cien Droil,
a aba11do1111é le sysl<~111c lrop sin1pliste qu'il avait aclopté po11r la protectio11
eles mi11e11rs et des i11terdíts. 11 a étalili t111e regle pl11s so11ple, n1énageanl
clavar1tage le crédit d11 mari. JI a con1pris con1IJien il serait g·rave ele elécicler
r¡ue l'l1y11otl1t'.que garar1tirail, a11 jour 111e111e el11 111ariage, lo11s les droits de
la fe111111e, ,\ c1uelque 111on1c11t <¡u'ils fusse11t 11és. Sa11s do11le, il e11 est ai11si
¡io11r In. t11telle, 1n¡1is c'est que la t11telle cst 11nc cl1argc te11111oraire <Iui
finira a.11 bot1l cl'11n len1¡is e11 som111e assez co11rL, la11elis c111e le 111ariage ,a
rl11rer, Pll JJrinci¡1e, penda11t to11le la vic eles épo11x. Jcaire re111011ler }'pfl'et ele
l'liy110Ll1óq11e au jonr clt1 111ariage, ¡iour lrJ11l()S les créa11ces c¡11i ¡>ourraicnL
nailre cla11s !'avenir a11 J>r<>liL rlc la fpn1111c, soil Jlar l'ell'el ele succcssilll!S ou de
<lri11alitlllS c¡11'cllc l'PC11cillcrait, soil ¡>ar l'ell'et dPs <'ngag·e1r1c11Ls <¡11'c]lc lll'<'ll-
clrail avcc so11 111ari, ce scraít l11er le ct·<\clit ele ce cler11ic•r. )lprson11c 11 c C<lll-
SPlllirait lt trailcr av<•c lui. <:e 1¡11'il faul, c'est c¡ur' les licrs 1>11iss1·11t, a 11
111 0111Pnl 01\ íls vont co11Lracler avcc In n1ari, {'.valu<·r a¡J¡>roxi111ative111cnt le
11i1111la11L <les crl)a11cPs gara11ties 1>ar l'l1_v1>0Ll1i·c111e ele sa fe111111e. 'J'ellcs so11t
les raisr111s c¡uí 1•xpli1¡11e11t la rlifli'!J'1•11có <111 trailc111Pnl. a1>¡ilic1uc'• ¡Jar le C1>d11
aux <l<·ux l1_v11rit.l1<'•q11cs g1\nóralcs, PL «)cc11ll1•s <le l'arliclc :11 ·>.,. J,a scclio 11 <111
législalio11 1111 'l'ril>1111al les avail ainsi r<':s11111{:cs: 11 Si la fe111t1H\ s' 11 ]¡Jige
<'Ollj<>i11lcn1cnt avec son 111ari, 011 si, ele son co11sc11te111<'nl, elle ali«'·ne :-es
i11111H'11lilcs, <'lle 11c 1loil. avciir l1y1iol.l1<'·q11c sur l<!S l1i<111s cl11 111ari, ¡>our so11 '
i111lc•11111il{ 1la11s crs <lc11x cas, r¡11'h co111¡>Ler ele l'<>l>ligalio11 <111 <le la ,·!'1111·.
11 11'«'sl. ¡ias juste q11'íl y níl 1111e hy¡1oth«'·1¡11c a,anl. 1'1!xislí't1Ce ele !'acle r¡ui
l'(ll'IIH' ]'origine ele la cr{·.111cc; el. il ci:-l <HlÍPll'< que J;1 fcn1111<', en s·11!1ligea11I. •

(111 en Y<'111lant ¡1osl{'.ric11rc111c11t., ¡111ís:sc ¡iri111er rles cr1\111ciers r)11 des ac-
1¡11«'·rP111's, 1¡11i ri11t ccintraclú a11parava11t avec le 111ari. C'élaít lit 1111c s«Hrrcc.
To,uc JJ r,,

LIVRE III. - TITRE II, - '


DEUXIEME PARTIE, - CII1\.PITRE III

de fraudes c1u'il est enfin ten1ps de faire disJ)araitre n (Fer1et, t. r5, JJ. 4rt1).
L'article 2135 a, en conséquence, distingué trois groupes de créances de
la fen1111e pour lesquelles l'l1y1Jotl1cc¡ue prend des rangs rlifTérents.
A. - J.Jre,nier groupe: La dot el les co,iventions ,natrimoniales. - Par ces
mots, la dot. l'article vise les biens c¡t1e la fen1n1e apporte en se 111ariant, ot1
qui lui sont donnés par des tiers, et qt1i doivent aicler a l'entrelien con1rnt1n
du 111énage. Ces biens so11t adrninistrés par le rnari. S11iva11t c¡ue ce sont
des clioses conson1ptibles 011 des corps certains, sniYant aussi le r{>gime
adopté par les é1Jo11x, le mari e11 a sin1plen1ent la jo11issa11ce, ou e11 acc¡uiert
la pleine propriélé. Dans le pren1ier cas, la fen1111e les reprend en nature
au n1on1e11t de la liquiclation; elle n'a do11c pas besoin de s011 l1~·potl1eque
légale. Dans le second, elle est créancicre de leur ,·ale11r, et sa créance est
gara11tie par l'l1ypoll1eqt1e prenant rang a11 jo11r d1l mariage.
Quant a11x 111ols, co11ve11tio11s malrimo11iales, ils con1pre1111e11t les ava11-
tages q11i sont assurés i:t la fe111me par son co11trat ele n1ariage, et qui
consistent orclinaire111er1t e11 gains de survic. Par exemple, les époux se son t.
fail .réciproc111c111cnt do11ation. au profit d'u11 s11rviva11t, ele l'11s11fruit el'une
partie ele leurs lJiens, ou d'11ne so111111e cl'arge11t, 011 cl'1111e re11te viagi'·re.
Lorsq11e la femn1e survivante se trouve 1\trr, en conséque11ce, non poinl
propriétaire de cerlai11s bie11s, 111ais créancicre de la snccession ele so11
n1ari, ce qt1i arrivera, par exen1ple, au cas 01'1 la elonation <111i l11i a été faite
par co11trat ele 1nariage avait pot1r o!Jjet 11ne rc11te viag1\re, 011 l'usnfr11it d'une
s0111111e el'argent, cette créancc sera g·arantie J)ar l'l1ypoll1<'·q11e légale a clciter
d11 ,nariar¡e.
13. - ,'-;e1"011cl gro11¡>e : St1crcssio11s échitcs 11 /11 fe111111e 011 rlo11ations r} elle
faites ¡>e1Hl1111l le 111,1riage. - Lorsque ces s11ccessions ou tlonatio11s con1-
prc1111ent eles son1111es d'arge11l que le 111ari a toucl1ées a titre <l'ad111inislra-
te11r, la fe1r1111e est créancicre de le11r restitutio11 a la rlissol11tior1 d11 r11a-
riage ot1 an jo11r de la sé1Jaratio11 de l)ie11s. L'l1ypotl1eque q11i Jlrotege sa
créa11cc 11e pre11tl rang q11'1} ro111¡>l1·r ,le l'o111 erl11re ,te In s111:,.essio11 011 cl11
1

jo1tr 1/llC {,¡ (/()//(Ilion (/ Cll S0/1 1:fT1•/.


C. - '/'roisie111e r11·01111e : l111/e11111ités 1/l's ,lelles co11lraclées [>ar la fe1r1111e
auec le 11111ri el re111¡Jl ,i 1le ses ¡1ro¡1res c1li1¡11és. - ('.clic for11111le c,nlJrassP
deux cas l>ie11 distincls:
a) La fe111111e s'est engagéc e11vcrs 1111 licrs a,,cc so11 111ari ll011r 1111e all'airP
co11c<n·11ant ce clernier 011 la co1r11111111a11t{1. Si la fe11111111 psl pr,11rs11ivic par le

tiers el esl oblig{•e de le 1Jay11r, ell11 a 1111 rcco11rs C<>11lrci so11 n1ari flll la
co1111n1111a11Ló, el l'J1ypollu'.<¡11<' lí~galB ass11rP son rP1nl)onrsc111c11l ú co1n¡1te1·
c/11 .io11-r rle l'obligalio11. ·
b) Les í·¡l<JllX 0111 alií·11é 1111 in11nc11l>lc ele la fr:111111<', el il 11'a 11as {·tú f'ail
d'ac1¡11isitio11 <)11~rc1111)loi, si l>ie11 1¡11e la fem111r: esl cr{~anciin·e eln prix l<lll-
clu'.: ¡¡ar le 111ari. J,'(1y1>ollu'.!11ne 1¡11i garanl.it le rPn1!)011rs1!111e11t <le ce Jlrix.
prcnll rang:1111 .io11r ,le l'11/i,:1111tio11.

Créances non énoncées dans l'article 2135. - L'é1111111éralic>11 1le


l'article :11 :~5 11'é1>t1isc ¡¡as t1111les les cr<'•u11ces 1¡11c la fe1111110 ¡1cul uv11ir contri:
son 111ari ; <'lle 11e vise <fil<' les ¡Jrinci1111les ..i\.insi, Jlar exc1111)IP, 1111c J)e11si1J11

DES HYPOTHEQUES 899
alin1entaire a été allouée a la fe1nme par le jugen1e11t de séparalio11 de corps
.
ou de divorce; ot1 llie11 encore, les fruis de l'inslance ont été 111is it la cl1arn-e ~

lit1 n1ari.
_¡\ quelle date l'\1y¡Jot\1eqt1e lt\gale lJUÍ gara11til a la fen1111e le paie1r1enl de.
ces son1111es, prenclra-t-elle rang? l; 11e diverge11ce de vt1es a toujo11rs sé1Jaró
s11r ce poi11t la cloctrine et la j11rispruelence. La jurisprudence eléclare que
l'l1ypotl1eque lég·ale clale, en príncipe, du jour d11 n1ariage. Le Collc, a so,1
avis, a co11servé st1r ce point la regle ele l'ancie11 Droil. ,\ cetle regle, il a
llie11 apporté qt1elqt1es exce1Jtio11s, elans l'i11tércl des tiers; n1ais ces exce¡1-
tions so11t limilalive111e11t déLern1i11ées. La rédaction de l'arlicle 2135-2° e11
fournit, nous elit-011, la preuYe, car ce texte elébute par une disposilio11
aínsi co11GUC: L'I1ypotl1eque existe, pour la clot et les conYentio11s n1alri1110-
niales (for111ule générale e111IJrassa11l la pl11part des créa11ces), a co1n1Jter
clt1 j(JUr llt1 n1ariag·c ; p11is il forr11ule les exceptio11s. Qua11t aux trava11x
préparatoires, ils 11c sont ¡Jas 111oins significalifs, car le projet définitif,
so11111is a11 Co11seil el'Etat, éelictail 11nc ri>glc uniqt1e ainsi conc;uc : L'l1y- •
11otl1ee1ue existe au ¡1rofil clC's fe111n1es, po11r raison de leurs dot et co11ven-
lions n1atrin1011iales, a co1111lter du jour cl11 111ariage (l<'e11el, l. r5, ¡1. 336\.
Ces mots corr1pre11aie11t done to11Les les causes de créances. . c·est
. la section
ele législatio11 el11 'l'ribu11at e¡11i fit ajouler les lleux paragrapl1es subsé-
quents, lesquels apparaissent )Jien, par conséque11t, co111n1e deux exce¡1tio11s
au príncipe éno11cé el e1ui, co1n111e tels, doive11t s'i11terpróter restricti,e111ent.
l\lalgré la force ele ces raiso11s, la J)octrine n'a ja111ais ,·oulu se rallier it
tine i1iterprélation qui, dans )Jien des cas, sacrifie les i11tért\ls des Liers it
la prolection lle la fen1n1e. Mais il faul llie11 reco1111ailre c¡ue les auteurs,
presl¡ue una11in1es ela11s la critic111e de la jt1ris¡Jruelence, 11e s011L gu(',re <l'ac-
corel da11s leurs concl11sions. Les 1111s, les se11ls r1t1i soie11l ,rai111ent logi-
c1ues, décieler1t q11e J'I1ypotl1er¡uc de la fen1111e doi t llre11elre ra11g. e11
rt•gle générale, a11 jo11r oi't se proelt1it le fait qui engenllrc sa créa11ce. :\Iais
i1 ceux-la on olljccle avec raison que, si Lel était le systen1e lltt Collc, il au-
rail llti faire llatcr l'l1~·poth1\r¡11e, 1iour raiso11 de la dot, 11011 du jonr <111 n1a-
riage, 111ais elu jo11r (Ji'1 Je 111ari e11 a re<;tt le paie111e11L. D'autres a11le11rs pr<J•
{lOSenl elcJllC des a111c11(le111e11ts d'orclre elivers. l\lais leur varieté 111en1e fail
rcssorlir tlava11lagc la soli<lilt'~ cln sysle111e juris¡ir11lle11tiel.
f)uclt¡11es co11rs el'appc•l s'étaicnt ralliées a11x raisons li't'•r1uité el ll'intc'·ret
{·cono111ic¡11e i11vor¡u{~cs ¡1ar la eloclrine, 111nis 1111 arrct. ele ¡irincipc tlti la
(~()11r ele cassati,Jn ((~iv., :i5 jui11 189fi, 1). ll. !Jí· 1.553, 11ole tic l\l. L{·o11 l\li-
c:l1el, S. 95.1.:\!18) a rl{~claró que, e11 1lel1ors tics cns spécifiés aux 2° et 3• ali-
iH'•as clu 11nrngra¡il1c '.l ele l'arlicle :>.1:\fi, l'l1y¡itlll1c'•(¡uc 1lc la fe111111c ne ¡iet1l
a,oir d'autrc cinte (¡ue ccl\c de la c{·léliralion <111111ariage, daLeétalJlic par le
1•r nlin{~a <it1 111(\111c arliclc ¡1011r loutes les cr{:1111ces 11ées elu 111ariage, et
(fu'c11 consé1¡1H•11ce, la J>e11sio11 ali111c11lairc rl11c /1 la fe1111ne sóparée de cor¡Js
<'l les frais rlc l'instance sonl garn11lis ¡1ar l'l1J¡ie1Lh<'·q11c <t J>rtrlir <le la e,.:/,:_
hralio1t 1Lu n1arill(JC (\'. <la11s le 111(\1r1c ~e11s. ,\111ic11s, !) jnillct 18!)1i, S. !)8.
2.G8 ; l\t1rlle:Íux, ,li rnars '!lº!J, 1). ll. '!Jlo.:.i. 19:i, S. I!)og.:1.:139).
900 LIVRE 111. - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE P,tRTIE. - CII,tPITRE 111

Modification apportée au systeme,du Coda civil par l'article 8 de


la loi du 23 mars 1855. - La loi dú 23 111ars 1855 a a111enclé ici le sysle111c
du Codc de la 111eme fa<;on que pour l'l1ypotl1eque légale des mineurs el
interdits. L'l1ypotl1eque de la fe111111e 11'est dis¡Jensée d'i11scri1Jlion qtre JJe11-
lla11t le ,nariage et ait profi l lle la Jem,ne se1ileme11t; elle 11e conser,·e clone
son rang ele faveur que si la veuve 011 ses liéritiers la fo11l inscrire dar1s
l'année qui s11it la dissolutio11 cl11 n1ariage. Si non, elle 11e dale, al'égard de::;
ticrs, c1ue llcijour des inscriplio11s prises iillérie11ren1e11t. L'l1ypotl1e<1ue légalc,
non inscrile da11s le délai i11diqué, dégénerc en une l1y1Joll1i·que ordinairc.
Cet arlicle 8 ne prévoit q11't111 cas de dissolution du 111ariage, celui <1ui
rés11lle de la 111ort eles é¡Jo11x. C'cst qu'it l'époque ou il a 1\té récligé, le divorcc
n'était pas pern1is. ;\lais il n'est pas douteux qu'il fat1t appliq11er la regle
qu'il édicle a11 cas de dissol1ilio11 par clivorce.
llesle une situalion un peu ¡Jl11s clélicalc. l)ep11is la loi cl11 ú février 18\}3,
la fe111n1e séparée de cor¡Js reco11vre le ¡Jlei11 exercicc ele sa ca¡Jacilé civilc
(art. 31,, 3° al.). (Jr, la sé¡Jaratio11 de corps, si elle 11e clisso11l pas le 111a-
riage, n1oclific le régin1e malrin1011ial des <\¡Joux, et y s11lJslituc la séparatio11
de bicns, qui 111el fin a l'acl111i11istralio11cl11111ari. Ne faut-il ¡Jas e11 conclure
<¡ue, désor111ais, la fe111n1c séparée ele corps derra inscrire son l1y1Jotl1eqt1e
1lans l'a1111ée 1¡1ii sitil ltt ¡1ro11011ciatio11 du j11ge111e11l :1 Les avis sont ¡Jarlagés.
11 11011s se111blerait logique cl'appliqtrer ici la prescri¡Jtio11 éclictée par l'ar-
ticle 8 de la loi ele 1855.

IV. -- Des actas par lesquels la femme transmet aux créanciers


de son mari le bénéflce de son hypotheque légale.

Notions historiques. L'article 9 de la loi du 23 mars 1855; la loi


du 13 février 1889. - L'l1y¡>oll1eque légale grúvc !,)11rdc111e11L le cl'élliL
1!11 111ari. ,\ussi, chac¡uc fois qur, cel11i-ci veul co11lracler 1111e olJligat.ion, ou
,cndrc 1111 de ses i111n1eul)les ou 1111 irr1111e11!)lc ele la C<H111111111aulé, esL-il
olilig·ó lle lle111anclcl' SíHl concoul's ;i1 la fe111111e, a fin <¡ue cclle-ci renoncr, it
spa l1ypoll1i'•e¡11e lég·alc au ¡Jrtlfil lle l'inLÓ!'esst'.·. I•:n cfl'<1l, lf.• li<\l'S, a,cc e¡11i Je
111ari vc11L lrailer, <111'il s'agisse tl'1111 <le ses crt'·anciers, <Hl cl'1111 Liers at;l¡tié-
reur, 11c ct1nse111l an co11lral <¡11,) si la fe111111c l11i l!'a11s111el In IJ1'•.11(:fice dP son
l1yJ)l>ll1t'·q11n lt':gale. S'il ne le faisait. ¡>as, il courrail le ris¡1ue ¡['¡\[re t':Yinct':
¡iar <:lle. i1 IIHJins, e¡t1a11cl il s'ag·iL cl'1111 aClJ11ére11r, c¡u'il llf' fil les frais ele la
¡111rg,:. (; 1:sl ¡)<>lll'<[IIC>i, llans la ¡irat.i1¡11c, ces re11011cialiu11s lltl sttfJror,•11/iuns
Slllll C<>1Jra11les. I•:lles <111l ¡J1>11r rt'·sullal 1!11 reslit.ucr St>ll cr<'.ilit. au 111ari, 111ai,-
cn 111<\111<: lc1111Js lln ¡>rirer )a fe111n1e ele la garanlic <¡ue la lui tui aCCí>l'<l<·.
l•:IJc,- ,11nl ¡[une ceJ11lrc le l)ul n1e111e <le l'inslilulion <le l'h_ypllLIH\l¡ue. e >n
,;aisil lit sur In vif 1111 P\11111¡Jle ele l'i111¡J11issa11ce <les 1lis¡J<>sili<l!IS lt':gislat.iY<'s,
l,1r,-1¡u'ellcs so11l conlraires a11x 111:cessit.t':s éc<111ll111ic¡11<•s.
;\011s a\'11ns eliL 11lus l1a11l <¡11c la ¡lratic111e <l<' IH>l.re a11ci<!ll l)roil c<111nais-
sail <lt'•j;\ Cf'S 11¡J1!rali<>11s, que faY<JrisaiL la (ll'<>c1\dure 1111 so11s-<1r<lre. I,<\ 1i<\rs
<:ll\'Pl'S lc<¡11el la fe111111e s'étail <il)ligt'·e c11 111<\111e Lc11111s <(IH: S<>ll 111ari ¡>ar
acle 1111tarié, ace¡111\rail hy¡ioLIH\c¡ue sur L1,11s l<is l)ic11s el1\ celle-ci, ni, (lill'
'
DES IIYPOTHEQUES 901

conséqt1ent, sur l'l1y¡)otl1cque ele la fen1n1e grevant les lliens du 111ari. Des
lors, quar1el Je prix eles lJiens du mari était n1is e11 distribution, ce créan-
. cier se voyait colloc¡t1é en so11s-ordre da11s le bér1éfice de l'hypotl1eque de la
fe111111e.
L'l1alJilucle ele faire interve11ir la fe111111e dans les acles d'obligatio11 du
111ari ou cl'aliénalio11 eles ir11111cubles se perpétt1a, IJien e11te11du, apres la pi·o-
11111lgalion elu Cacle civil. i\Iais, con1me la législation était cl1a11géc, co111111e,
d't111c part,lcs acles notariés 11'e111portaient plus l1ypotl1e11ue généralc, et q11e,
cl't111 at1tre colé, le sous-orclre étail alJoli par l'article íi5 dt1 Code de procé-
dure civile, il fallut cmployer el'at1tres forn1es. Le créa11cier auc1ucl le 111ari
concédait u11e l1ypotl1ee¡ue sur ses in1111eublcs, prit l'l1allitude de de111andcr
a la fe111111e, soit de lt1i cédcr son l1ypotl1eque légale, soit de le sulJroger
clans cclle-ci, soit d'y renoncer á s011 profit. On en1ploya clans les acles les
t111es ou les nutres de ces expressio11s. Et le tiers acquércur d'un in1n1eublc
de co111111t111auté ou dt1 111ari ne 111a11qua ¡Jas de prendrc la n1en1e précaution.
Qt1e valait cctlc i11tervcntio11 de la fe111mc ;i ()11clc1t1es autcurs en avaic11t
n1is en clot1lc la valicliló, sot1s prélcxtc que le Coclc ele proc(•cl11rc civilc avait
i11tcrdil le so11s-ordrc, ce e1t1i était un argu111c11t sans valeur, car 011 11c 1Jeut
assi111iler a11 sot1s-ordrc un transferl cl11 IJónéficc de l'l1y¡Jotheqt1e d'unc
créance i1 1111c a11Lre créance. 011 o)Jjcctait c11corc, ce q11i était plus sérieux, I

c¡ue l'l1y1Jotl1ee¡t1e légalc a pot1r lJut ele garantir le JJaic111ent eles créa11ces de
la fe111111c, <'l c¡11c c'est la clétourner ele so11 )Jut et dépouillcr la fen1n1e d'1111
lJénéficc q11c la loi a ,·011lu l11i assurcr, que ele fairc servir cctte l1y1Jotl1ec¡uc
á rcstilucr at1111ari le crédit dont il a besoi11. :\lais, c'était oulJlier qu'aucun
tcxlc n'intcrclit /1 la fc111111c ele s'obligcr a11 profit cl11 111ari, !'incapacité
,·cllt'·ic1111c 11'cxislant plus da11s notrc Droit. ,\11ssi, la ¡1ratiq11c eles subroga-
a
tions l'l1y1Joll1~q11c de la fc111mc survéc11t-elle a11x critiques dont elle avait
été l'objct. 'fo11tefois, co111111e cctle opératio11 n'était pr<\vue r1i régléc par
a11c11n lcxle, el c¡11c, par suite-, clic po11vait se fairc sa11s pulJlicité, il en ré-
sultail ele grn,·es elangers, et pour la fc111111c cllc-n11~,11c, et pour les licrs.
JJour la f'cr11n1c d'alJOrll. La s11llrogalio11 011 rcno11ciatio11 11ouvait résuller
a
ele la sculc signaturc a¡11Joséc ¡>ar clic 1111 acle sous scing priv1'. El con1111c
il 11'{,tail ¡>as clifflcilc a11 111ari ll'olllc11ir ccllc sig11alurc en <'1, clissi11111la11L
:'t la f'e111111c les co11s1·<111c11ccs, le 111ari JJ011vait ainsi, pnr 11n nclc de subro-
galio11 i11sidit>11x, la clt'•p<luillcr de la garar1Lic de so11 l1y¡1olheq11c.
Pc111r l<'s ti<'rs, 10. ílangcr résullait d11 cléf'aul ele p11l>licité de la st1l>rogatio11
011 rcn,111riatio11. J•:l, en cfl'ct, le cr{·a11cier <Ju le lirrs acc¡uércur ¡\ qui les
1\poux 1lll'raie11t. ele cc111scnlir cctle s11l>rogalio11, n'était pas cr1 élal de véri-
ficr si ,1110. n'avait {HIS el1\j:1 cu lic11 a11 11rofll el'antrc•s 11crso1111cs. Les époux
¡1ouvaic11l ainsi, i, l'aill<' ll'opératio11s ri'i¡Jt•tócs et sccri':Les, se ¡Jrocurcr 11n
cr{·llil fict.if'. 'l'ri'·s f'rór¡11c11tcs (•taic11L 011 fail les fra11clcs de cellc sorlc. 11 élait
1l<l11c i11tlis¡)c11sablc 1lc r<\glc111c11lcr l'tipéralio11, ¡Jour 111cttrc u11 ler111c

a
el'inlol(•ralilcs a!Jns.
(:etlP r<'·gle111cr1tati1111ac11fir11\tt', 1·,\alist',c ¡1ar l'arliclc !) de la loi cl1123111ars
, 8:i5. 1¡11i a éclicté 1111c do11lllc r<':glc :

902 LIVRE 111. - TITRE 11. - DEEXIE;\IE PARTIE. - CIIAPITRE 111

1º La ccssio11, subrogation ou reno11cialion doit désor111ais elrc faite par


acte autl1entique.
2° Elle n'a d'effet a l'í•gard des tiers q11'aulant q11'elle est con1plétée par
l'i11scriplior1 de l'l1ypoll1eq11e l{•gale prise a11 profit cl11 l)í•111·ficiaire. ou par
une 111ention faite e11 n1arge de l'inscription préexistante. Quelle raison cr1
efl'el po11vait-il y a,·oir ele dispenser l'l1ypoll1eque de l'i11scri1ltio11, i1 ¡larlir
du n10111ent ou elle a cessé el'appartenir a la fer11111e, pour liénéficicr a 1111
ti~rs parfaiter11enl n1ajeur et capallle?
Les de11x n1esures ci-dessus ont paró a11x eleux dang·ers q11e 11ous avons
sigr1alós. Nóann1oins, cette rég·len1entation n'ótail pas encore suffisanle.
Elle ne comblait pas lo11les les lac11nes de la loi, el 11e supprir11ait pas toute
co11troverse. Des do11tes subsistaient cncore au sujel ele l'l1ypotl1ese fort
pratie¡ue, 01i la fe111n1e renonce a son l1ypotl1ec¡ue légalc au profit, 110n pas
d'un cróancicr du 111ari, 111ais de l'acq11{~reur cl'1111 im111cuble ele celui-ci 011
de la con11n11na11ló. 011 11e s'e11le11dail 11i sur la for111e, 11i s11r les ell'ets <le•
cetle opc'·ralion, et cet état d'ir1ce11tituele était co11lraire a la sóc11rilé eles
tra11sactions immobilieres. Ce ~011t ces raiso11s c1ui 011l rnotivé la loi cl11
13 f{,,,rjcr 1889.
Nous allo11s mai11te11ant étuclier successive111cnt c11 délail les cleux l1ypo-
thescs elar1s lrsc111cllcs inlerviertt la s1.1brogation i1 l'l1yp11Ll1<'·11ue lógale de la
fen1111c:
rº L'opt\ralion a lie11 a11 profil d'1111 cróa11cicr du 111ari.
2° Elle a. licu au profil de l'acq111·reur cl'11n i1111neul1le.
!\lais, auparavant, i1ne pren1iere questio11 se prc'•sc11le it 11011s, qu'il fati!
. d'abord cxa111ir1cr: 1i11e Je111111c 111ariéc JJCttl-cllc loujo11rs (!is¡1oscr de s01i liy¡10-
ih(\r¡11c légt1lc au ¡1rojil tl'1111 ticrs ? La fa<;o11 cl1)11l esl rócligc\ l'arlicle 9 de la
loi ele 18fi5 11ot1s 111onlrc <[Ul' 11011, ce tcxtc co111111c11~a11t par ces mols:
t< Dans ll' cas ou les fe111111es pc11vc11t códer lc11r l1ypoll1eq11c lc'•galc ou y r1•-
nor1cer ... n L'arlicle :io d11 clócrel-loi d11 28 f<'·vrier 185:1 s11 r les sociétés ele
cróclit foncier est 11!11s explicite encorc, car il clil: « J,a fe111111c JlCUI, si clic
n'csl ¡1as 111t1riéc sous le rér¡i,nc 1/olttl, rc11011ccr ¡'¡ so11 !1y¡l,>Llu\qt1c lógalc. n
En ell'cl, sc111s Jp rógi111P dcilal, les l>iPns clota11x so11L i11alii'•11al1lcs, el la j11-
ris¡ir11tl<'nce en cci11cl11l IJII<' crllc i11alit'•11al1ililó s'a¡1plir¡11P, 11011 sculc111c•11l
a11x i111111c,11f,lc·s el<1la11x, 111ais /1 la cl,il 111ol1ili1'.rc, l'l 11ola111111t•11l ¡\ la cri'ia11c<'
ele la fc111111e c·11 rcslil11lio11 de sa d<ll. 1~11 co11só11111•11ce, la fe111111e cl<1lale tll'
pc11t 11as l'l'IIOIICer 11011 ¡>l11s it l'accessoirc e1l1ligt': ele Sl'S cr<'•anccs dotales,
c'esl ú-clil'c ¡'¡ l'l1)'J><>ll1t'~c111e l<'•gale c¡11i c11 gal'a11Lil le rP1111Joursc111e11l (l\cc1,,
:17 avril 1880, D. }>. 80. 1.!1:{1, S. 8c1, 1.:{1i11; (i dt'·cP111lire 188:i, l). l>. 83. 1.
21\), s. 8/1. 1.:17). .
()11 r-cr1co11lrc [>arf(>Ís, il c·sl vrai, clans IP c1)1tll'at ele 111ariag<i, 111ais assPz
ral'<~111ent, cal' 1111c lellP cla11:-;n clt'•IJ"11il L<111L l'<'ll'<\L Jll'C>lecl<·11r 1l11 rc'·gi111c dotal,
1111P sli¡,11lulic>11 1111lc>ri1H111L la l'e111111<' clr>Lail', 11011 sP11l<\n1c11L /1 alió11e1" se·s
bie11s clt>laux, 111ais 1111\11u• ¡\ rPnoncc•r :'t sc>It hy¡>ollu'i1¡11c l<'·galc (V. (~iv.,
tg 11ove111l1re 1888, I>. 11 • !)<J. 1.5:,, S. 8!)-1, 15:{).
l.orsc¡11e la fc111111c csl 111arit'•.c sou~ 111111111.rc rí·gi111c <jlle le l't\gi111e dolul,
clic csl 11al11rellc111c11l to11jo111·s lil1re ele rc11c111ccr :1 so11 l1y¡)oll1cq11c légalc;
'
DES llYPOTllEQUES 903
111ais pour que celte renonciation soit valable, il faut, bien entend11, que la
fen1111e soi t au lorisée.

1° Subrogation au profit d'un créancier du mari. - Faisons ici 11ne


observatíou préli111ir1aire. Dans la pralique, lorsqu'un hon1n1e marié veut
e1r1prunler de l'arg·e11l, le capitalisle, auquel il s'adresse, se fait d'abord
couslituer u11e l1ypot.l1eq11e s11r ses i111111eubles ou s11r ceux de la con1n1u-
11aulé, el, e11 outre, il den1a11de ú elre subrogé dans le bénéfice de l'hypo-
tl1equc lt'.gale de la fe111111c, afin <le 11e ¡Jas etre prin1é par celle-ci, le jour
ou il voutlrail saisir les i1n111eubles qui lui s011l l1ypotl1équés. En fait, le
créa11cier exige toujours ces det1x garanties. 11 ne se contente pas de la
subrogalion, parce que celle-ci, dans certain cas, ne suffirait pasa elle seule
a le protéger. E11 effet, s'il se trou,ail que la fen1n1e n'eut aucune créance
a faire valoir co11lre son 111ari, l'l1ypi;¡Ll1eque légale resterait sans elfet faute
d'un droit pri11cipal a1111uel s'a<ljoir1dre, et, des lors, le tiers, q11i n'aurait pas
exigé u11e s1'irelé persor111elle, se tro11Yerail réduit au rang de simple créa11-
cier cl1irograpl1aire.
Ceci di l, 11ous exa1nineror1s successi,e1r1ent:
1\. - Les condilions de la subrogalion consentie par la fen1me;
13. - Les ell'ets juridiques de cette subrogation.
I

,\. Conditions de la subrogation. - L'article 9 de la loi de 1855


i111pose deux conditions:
a) L'opéralion doit elre faite par acle authentique;
b) Elle <loi L elre lltllJliée.
a) Ji'or111e c1ull1e11li1¡ue. - L'opératiou doit elre faite par acte 11olarié sous
pei11e de 11ullilé. Cetle 111esure a élé élalJlie dans l'i11léret de la fe111me, afin
tl'appeler so11 atlenlio11 sur la graYité de l'acle qu'elle conseñt a faire. Le
législateur a ¡Je11sé ({Ue l'inlerve11tion
'
<lu notaire serait une garantie pour
.

elle, llarce que, 111ieu,;: i11for111ée, elle pourrait refuser de céder aux instances :,
tic so11 111ari.
b) Jl11blicilé. - Si l'l1y11otl1e(1ue légale n'est pas encore inscritc a11 moment
1le la s11IJl'(Jgatio11, le créa11cier (loit 1>ren<lre une inscription a son pro.fil,
c'est-i1-1lire i11<liquer, dans cette i11scriplior1, q11'il est subrogé dans le béné-
lice (le l'l1y¡>t>Ll1eq11e. S'il y a 1111c i111,,cri¡1tio11 précédente, prise par la femme
011 ceux c¡11e la loi cl1arge ele ce soin (art. :i 136et:1139), il n'cst pas 11écessaire
<le fairc les frais d'1111e inscri11Lio11 11ouvclle; il suffit de.mention11er la su-
brogatio11 c11 111argc <le l'i11scri¡Jtio11 préexislante.
CctLc ¡>11IJ!icité a J><>Ul' buL <le 11révenir les tiers et d'empccher ainsi les
fra11<les 1111e les ÓJ>llUX ¡>1)uvaie11l co111111ettrc avar1t 1855. En conséquence,
l'arti~le 9 tléci<le 1¡11c les <lates eles inscriptions ou mentions délerminent
l'or<lre <la11s lequel ccux t¡11i out olJLe11u des cessions ou renonciations exer-
cent les 1lroits l1ypoll1écaires <le la fc111me.
i\i11si, la puLlicité esl exclusive1ne11l établie dans l'intéret des créanciers,
a
el pour réglcr. lcuri; 1·upporls respeclifs. Elle 11'est pas nécessaire la vali-
dilé de l'opéraLio11 elle-n1cn1e. lnler parles, c'est-a-dire dans les rapports du
904 LlVRE III, - TITRE II. - '
DEt;XIE~lE PARTIE, - ClIA.PITRE 111

créancier et de la fe1nn1e, la subrogatio11 est valablc, indépcndamn1ent ele


loute inscription ot1 n1ention. La fc111111e 11e pourrait doncpas se prévaloir clu
cléfaut d'inscription a l'enco11tre du créancier auqucl elle aurait co11se11Li la
su!Jroga tio11. ·
On s'est quelquefois dcn1andé, d'autre part, si l'i,iscriptio,i prise /Jar le
créancier pe1it pro,(iter a la fem,ne, et la dispenser ele JJre11drc elle-1111\111e
1111e nouvelle i11scription, au cas 01'1 celle-ci deviendrait nécessatre 1Jour cllc-
n1e111e, comme cela se produit c¡11and un i111111e11lJle elu 111ari csl ve11d11 et
c¡11e l'acr1uéreur procede a la 11urgc, ou qua11cl le n1ariagc ,·ient á se dissot1-
drc. 11 se111blc tout d'abord q11c la questio11 ne devrait 1Jas se poser. Puisque
l'l1ypotheque est déja inscrite, á quoi scrvirait une nouvelle inscriplion? l\Iais
il fau t savoir que l'inscription l1}·potl1écaire est prise czu 1io1n clu créa,icier
qui la requiert, et, des lors, 11e pe11t procluire effet que da11s l'intéret ele
celui-ci (art. 2148 et 2153). E11 co11ségucncc, il co11vicnt de répo11drc a
la
qucstion posée par une dislinctio11 :
Si l'inscription prise ne n1e11tion11c que le no111 du créancier, elle ne J>ro-
fi tcra q11'a lui, et non a la fen1n1c. E11 cfl"et, cctte i11scription 11e s11ffirail 1Jas
á rc11seig11cr les Liers i11Léressés, car clic 11c 111c11Lion11c e¡11e le 111onlanl ele
la créai1cc pcrso11ncllc du créancier inscrivant, sans elonncr auc1111c indica-
tior1 s11r l'étcr1duc des droits de la fen1111c (E11 ce sens, Civ., :11 j11illct 18G3,
D. P. G3. 1.339, s. G3. 1.489).
a
Si, at1 contrairc, le ticrs a pris t111c inscription la fois a1i 1io11i de la
fer11n1e el a1i sie11¡1ropre, en y 111c11lio1111anl, co11forn1é111cnt á l'article 2153-3'',

la nat11re des droits it cor1servcr et le n1ontant de leur valet1r c¡t1anl aux
olJjcts détern1int'·s, son inscriptiu11 suffit ¡>011r conserver l'l1ypotl1i·quc au
profit de la fe111111c co1n1nc au sier1.

B. Efl'ets de l'opération. - ,\va11t cl'étuclicr ces_ efl'els, il ccH1vie11l


de faire une i111porta11lc obscrvatio11. Les acles notariós e111¡)loic11l inclifl'é-
rc111111e11 l les ex1Jrcssio11s de ccssio,i, Sltb!'ogalio,i 011 re1io11ci<1lio11. 011 a liea11-
cot1p discuté ¡1011r savoi1· si ces 111ols visaienl eles 01Jérali<J11s clifl'{:rcntrs,
prod11isa11t des cll'cls tlisli11cls. I,a ccssio11 el. la snlJrogalion, a-l-<Hl dit,
tra11sfcre11l a11 ticrs le bé111\f1cc 111e111e de l'hy¡Joll1er¡11c lt'•galc, el lui 11cr111cl-
lcr1t de l'invoc¡ucr po11r so11 pro¡1rc CtJ111plc ; la rc11tl11cialio11, a11 c1H1l.rairc,
étei11t l'l1yrioll1eq11c, c11 ce se11s que la fcr11n1e 11c pcul JJl11s l'invo<¡uer c1i11lr<'
le t,icrs, 111ais 11'c11 Lrans1Jorl.c pas le l1t':11t'·ficc i\ ce clernier. Diso11s lo11l <le
suite q11c, lol'S<Jlte l'i11ler/Je11tio11 <le [11 fen1n1e a lieu a1i ¡ir1~/il 1['1111 créa11rie1·
llu rna!'i (11ous 11c parlons 11our le r110111c11l que ele ce cas, et 11011s vrrr<111s
q11'il 11'e11 cst pas .ele 111e111c c¡uancl clic i11tervicnl a11 ¡1r11fil cl'1111 acc¡uérc,11r
_d'in1111c11lJle), ces dislinctio)is 1i'o1il <LUCllTt i11lé!'t!l; /'riele /Jl'od1iil foujuul's
le mernc e,Dct, q1iels que soie11l les terrncs clont se so11 t scrvies lrs ¡iarlics.
On re111nrq11era cl11 reste c¡uc l'articlc 9 ele la loi ele 1855 c11.11ilc1ic i11dif1'{1-
rc1nmcnl les 1nots de cessio11 011 de re11011ciali1in, co111r11e sy11011y111cs ele
subrogatio11, et q11c l'ali11éa 1 111011lrc )Jic11 que l'cll"el }Jt'11cluit cloil to11j1>11rs
~trc le n1cn1c, ¡111isqu'il dit: 11 Les clalcs eles inscri¡1tio11s 011 1nc11tic111s cló-
tcrminent l'ordre dar1s Ieq11el ceux qui or1t oblcr111 eles ccssio11s 011 rc11011-

'
DES llYPOTIIE(Jl.iES 90:.>-
ciations exerce11l les clroits l1ypotl1écai1·es lle la fe111111e. n Cette for111ule
l)rouve bien que le créancier esL autorisé, da11s to11s les cas. quels que soient
les termes en1ployés, it exe'rcer les droi ts de la fen1111e en son lieu et place.
C'est, du resté, ce qn'adn1et la jurisprLidc11ce (Ci,-., 25 février 1862, D. P.
62. I .240, S. 62. I .356).
Pour préciser 111aintena11t e11 c¡uoi co11sisLc cet effet, l)renons un e_xen11)le.
Supposons qu·u11e fe111n1e, 111ariée sous le régi111e ele la co111111u11a11té d'ac-
quets, a ap¡1orlé 100.000 francs en elot. Ces 100.000 fra11cs resten t pro pres it
la fen1n1e; le 111ari er1 a l'aeln1inislralion, el la co111mu11aulé la jouissa11ce;
h la <lissolution du 111ariage, le 111ari cloil les reslil11er it la fe111111e. Celte
créa11ce est done gara11tie par l'l1ypotl1eque légale it dater du jour elu 111a-
riage (art. :1135-2°, rer al.). Pe11dant le 111ariage, le 111ari e1nprunte 20.000 fr.
lt Primus, a,·ec garantie l1ypoll1écaire sur ses i111n1e11l)les 011 ceux de la co1n-
111unauté, el la fem111e s11l)roge le créancier dans le l)<;néfice ele so11 l1ypotl1e-
<¡11e légale jusqu'a concurrence de la créance lle 20.000 francs. Prin1i1s ins-
crit son l1ypotl1cque, et, e11 oulre, 1)re11cl u11c inscriptio11 constata11t la
sul)rogalion interve11ue á s011 l)rofil. ]>ostérieure111ent, le 111ari empruntc de
11011veau -20.000 francs á u11 a11Lre créancier f,ec111icl11s, lla11s les 111c111es
cond i tions. Cl1acun des créanciers pourra se prévaloir elu rang l1ypothé-
caire de la fe111111e, j11sq11'ú conc11rre11ce de sa créance, et cela dans l'ordre
I
eles i11scripLions de su·IJrogatio11 par e11x l)rises. Si done, ,'¡ la s11ile lle l'ex-
propriation forcée des in1r11eubles l1yp0Ll1ée¡11{·s, u11 ordre s'onvre pour la
distribulio11 elu [Jrix, la fe111rr1e sera colloc¡uée sur ce prix en ¡)re111icre ligne;
pour le 111or1lant de sa dot, soil 100.000 frar1cs, et, sur cette collocalion, 011
attrilJuera ú Pri1n1is 20.000 francs, e11suitc á Seci1111l1ts 20.000 francs.
<¿ua11L á la fe111111e,h su¡J¡)oser que le prix des in1111e11blcs expropriés soit de
Go.ooo fra11cs, elle ne recevra q11e l'cxcéelent, soit :>.o.ooo francs. J>o11r le
surplus de sa créance, elle sera done récluile a11 rang ele créa11ciere cl1iro-
grapl1a i re. .
Tcl esL l'cfl'et esse11liel de la su)Jrogalion, cessio11 011 re11oncialio11 conscn-
Lic par la fc111111e a11 ¡>rofil d'u11 créa11cicr l1yri0Ll1écaire.
Ajoulo11s llcux o!Jservalions J)011r )Jie11 ex¡Jlie¡uer le 111<'ca11is111e de l'opó-
ralion.
a) Nous aY011s lléjú elit q11e le créa11cier 11e })CIIL se prúvaloir ele la suliro-
gali<JII <¡11c 1l1111s fa 111es1tre oii lafe1111n.e esl créa1iciereelle-n1é1ne de son 1nari.
Si llo11c 11011s sup¡iosons c¡11e la f'en11r1e n'ail ric11 ap¡)orté c11 llot, el q11'a11 jo11r
ot'1 l'orelre s'e>nvr<J, elle 11'ail a11cu11e crt'•ance it faire valoir. co11lre son 111ari,
la s11lJrogalilin rcslera sans efl'el; elle a11ra t\ló ir111lile, et cl1aque créancier
sera coli<Je¡n{~ /1 la elato <le l'i11scri¡>Lion lle sa pro¡)re l1y11oll1tie¡11e. C'csL pour
cellc raison, 11011s l'avo11s i11clie¡ué, c¡ue, pralie¡11e111cnt, le cr<\ancier llt1 rr1ari
11e se co11le11IP ¡1as ele la s11lirog·alio11 dans l'l1y¡1<ill1t·<¡11c de la fe1r1me, rr1ais
se fait loujei11rs, en 111e111e lc111¡1s, co11se11Lir 1111e l1y¡10Ll1cque }Jersonnelle
sur les i111111c11)Jles d11 111ari 011 ele la cor1111111111111l{·.
b) No11s av<111s llil t'!gale111c11t c¡11e la fc111111e s11lirogcal1lc se Lro11ve ¡1rivéc
<111 ra11g <le faYP11r lle su11 l1y¡1ot.l1c~q11c légale, j11sc111'¡\ co11c11rre11ce ele la
créa11cc el11 licrs sul1rogalairc. 11 faul 111ainte11a11t co111¡Jléler ceLLe pro¡1osition.

'

906 LIVRE III. - TITI\E 11, - PI\E~IIEI\E PARTIE. - CIIAPITllE III

Ce qu'il 11e fa11drait l)as croire, c'cst q11e la fe111111e se lrouve toujou/'s réduite,
par l'cffet de la subrog·ation q11"cllc a consc11tie, et da11s la 1nesure ou · elle
a
profite au subrog·ataire, la co11ditio11 de sin11)le créa11ciere cl1irograpl1aire.
La fe111111e e11 cll'et acqniert, J)ar l'clret ele la ccssion q11'clle consc11l au tiers,
u11e doulJlc gara11tie D'aborcl, cr1 vert11 de l'article 1251-3° du Code civil,
elle cst subrogéc ele 1Jlein droit da11s l'liy¡Jollte<Jlle JJe1·s01i1telle du créancier,
l1ypotl1eque e1uc cclui-ci, 11(Jus l'ayons vu, 11e 111anquc ja111ais, e11 fail, ele se
faire co11sentir par le 111ari. E11 outre. s'éta11t obligée ela11s l'i11térel du mari,
le rc111bo11rsc111c11l ele sa créancc se lrouvc garar1ti par so11 l1ypotl1cque lé-
galc prena11t rang au jour n1e1ne ot'1 elle s'cst obligéc, confor1nén1cnt l'ar- a
ticlc 2133-2°, 3' alinéa. L'exe111ple pris ci-dessus, 11n peu n1odifié, va r1ous
n1ontrer l'i11térel c¡ne peul ¡)résenler cette 11ouvelle g·ara11tie pour la fen1n1e.
SuJJposons que, poslérieure111ent a11x s11brogations co11se11ties par la fen1n1e,
un crí•a11cier cl1irograpl1aire, Tel'lius, o]Jticn11e t1n jugernenl de cor1dan111a-
tio11 contre le 111ari et fassc inscrirc l'l1y¡Jotl1cque rés11ltant de ce j11ge111ent.
Les i111111eu!Jlcs cl11 111ari s011t ,·e11elus 100.000 frar1cs. La distril1utior1 de ce
prix se fcra de la fa<;on suiYa11le. La fe111111e sera colloquée au pre1r1ier
rang. pour la tolalité de ses repriscs, soit 100.000 frar1cs, et sur cette
a
son1111c, 20.000 fra11cs seront attribués cl1acu11 des créanciers au profit
desq11els elle a co11sc11ti la s11brogatio11. i\lais le rcsta11t d11 prix sera attribué
a la fe111111e par JJréfére11ce au créaucier a
l1ypoll1equc j udiciaire, car la
fe111n1e, qui rcsle créanciere de 100.000 francs, est g·aranlie par son l1ypo-
tl1eq ue légale, ¡Jo11r les üo.ooo francs rcslés c11 del1ors eles subroga Lio11s pa rellc
co11se11Lics, i111111éeliaten1ent apres les st1l1rogalaires; pour les 40.000 autres
francs, elle pre11el ra11g cncore a,ant le créa11cicr á hypotl1t\C{Ue j udiciaire,
soit a11 jo11r 01'1 la fcn1111c s'est o!Jlig·t\C tlans l'i11Léret elu rr1ari lt l't'•garcl des
créar1cicrs (art. '.11:{5, al. 5), soil, si elle y a i11téret, a11 jour de l'i11scrip-
a
tio11 eles l1y1)otl11~(lt1cs perso11nellcs co11scntics ces der11iers (art. 1251-3°).
En scJ111111c, ce llllC la fcn1111c a céllé, elans la s11l1rog·atio11 11ar elle co11scntic
a11 Licrs, c'cst 111oi11s so11 l1y¡10Ll1r!c111c que le ra11g clo11l elle )Jé11éficiait.
0
L 01it'·raticJ11 <¡11'ellc a réaliséc ¡>cut elrc c1ualifiéc et l'cst so11Ye11t, cla11s le la11-
gagc lle la ¡Jralic¡11c, ele ccssio11 ll'(ttilériorilé.

Renonoiation au proflt de l'acquéreur d'un immeuble du mari


'..lº

0\1 de la communauté. - Les clis¡>ositio11s étliclées ¡>ar l'arlicle 9 lle la loi


ele 1855 étail'nl, ¡1c>11r cctlc l1y1>olhesc,i11s11flisanles,cl ¡Jlusicurs q11cstions rcs-
taic11t i11cléciscs.Cctlc lac1111c 1>r<Jvc11ail lle la fiu:011 dont se fail ici l'opératio11.
Le licrs acc1úérc11r cl'u11 i111111c11lilc cl11 11111ri 011 de la C<J111111u11aulé cle111a11clc á
la fc111111c ele rt'11011ccr 1\ stJII l1yr>oll1ec111c légale sur cct ir11111cul>lc; il ne lie11t
pas orcli11airc111cnl ú elrc súbrc1gé ela11s ccllc l1ypoll1ee111c, á en actJUt\rir le
bé11éficc. ¡\ quoi cela l11i scrvirait-il ~ Ce qu'il vcul, c'csl c¡uc la fe111111c 11c
puissc ¡ilus poursuivrc l'i111111c11!Jlc alií:né, c'csl-á-clirc c111'cllc rc11011ce u sor1
droil ele suite. L'o¡>éralio11 se ¡irt'.·scnlc do11c ici so11s for111c <l'u11e rc11011ci<t•
lio,i c.cli11cliuc el, JJlus JJrécisé111e11l c11curc, d'u11e rc11u11ci<tlio1t 1·eslrei1il.e Clll
droit ,te s1tile, scul ólú111c11t de l'l1ypoll1equc tlonl le ticrs ac,¡11éreu1· ¡>11isse
avoir asou ll'rir.11 lui i111porle peu que la fe1nn1e puisse ou 11011 fairc valoir so11
,

'
DES JIYPOTIIEQUES

<lroil de 1iréfére11ce sur le pri,c r¡u'il doil au 111ari (\r. Orléans, 21 1r1ars
189!1, D. P. 94.2.529, 11ole de i\1. de Loyr1es, S. 94.2.274; l{eq., 11 jui11
1894. D. P. 96.1.537, 11otede ;\l. ele Loynes, S. 98.1.483).
L'i11terve11tio11 de la fer111r1e at1 ¡1roflt d'u11 tiers acq11éreur sc111IJlait do11c
liea11coup moins da11gereuse pour elle, que la subrog·alio11 cu11sentie 1111 a •
créancier l1ypotiH'caire. (~'esl po11rc1uoi deux questions s'étaient ¡1osées.
011 se 1le111a11dait d'allord s'il élait 11écessaire c1ue la re11011ciatio11 eut lieu
cle,ant 11olaire, et si la rédactior1 d'u11 acte ele ve11le sous sei11g privé sig11é
par la fe111111e 11'élait pas suffisa11le. i\lais ur1 arret de la Cl1a111bre des rec1ueles
cl11 22 11ove111lJre 1880 (D. l>. 81.1.58, S. 81.1.473) avait.tra11cl1é la c¡uestio11
en exig·ear1l l'autl1e11Licité de la reno11ciation so11s peir1e cw r1ullilé.
()11 se de111andail, d'aulre part, s'il 11e suff1sait pas, }lOllr re11dre efflcace
l'opéralio11 i11tervenue entre la fen1111e el le liers acc1uéreur, de faire trans-
crire l'acle 1le ye11te conte11anl la reno11ciatio11, ou si, au co11traire, l'acc1ué-
re11r, ¡1our pouvoir 01Jposer a11x tiers la reno11cialio11, devait, c11 011lre, co11-
a
for111é111cr1t l'arlicle 9 de la lc1i ele 1855,et con1111e 1111 créa11cier s11lJrogataire,
faire i11scrire l'l1ypoll1óc¡11e légale. line se111blalJle i11scriplio11 paraissait
aller co11lre le liut n1e111e ¡1011rsuivi par les parlies. N'est-il pas contradic-
loire, en elTet, d'inscrire une l1y1Joll1cque c¡ue 1'011 Yeut éteir1dre ~ J•:t, l'ins-
a
cription 1111c fois ¡irise, la supposer nécessaire, 11e fallait-il ¡Jas la reno11- I
veler a11 liout de 10 a11s, si !Jier1 que, po11r la faire dis¡)araitre déflnilive111er1t,
'
l'acr¡uérc11r ei'i.t éti'• conlrair1l de procéder a la ¡lurge? ('roir la r1ole précitée
de i\l. ele Loynes sous ()rlt'·a11s, 21 111ars 1894, D. 1>. 95.2.529). 011 con1prend
aisén1enl c¡uc, si telles étaier1t les exige11ces de la loi, les acquéreurs de pelites
parcelles renon~asse11t a faire de pareils frais, disproportio11nés avec l'in1-
})0rla11ce 1le leur acq11isilior1. ,\11ssi, e11 1Jralic¡ue, les nolaires se dispe11-
saie11l-ils le plus sOuYer1l ele faire i11scrire les acles de rcno11cialio11 conscnlis •

par la fe111111e á 11n liers acquéreur. Et, u11 arrct de la Cl1ar11bre civile d11
:J 111ai 1890 (1). 1>. 90.1.!1G7, S. 90.1.3!)2) aYait a¡JprouYélapraliq11c ets'était
¡1runo11cé, par co11s<'~c¡11e11t, da11s le se11s ele la si111pliflcalio11.
IJa loi clu 13 fé,,rier 1889 i11cor11orée dans l'arlicle !) de la loi de 185G a
1:l<'~ faite ¡io11r 111ellre 1111 ler111e 1\ ces lliverses eliflic11llés, el co11sacrer législ,i-
live111¡•11l les scJlutions a1l,111ises ¡>ar la Cour supre111e. :\ous allo11s e11 él11dier
ra1Jicln111<1n l les clis1>risi lions.

,\. Conditions de forme. - Les rt':gles <':cliclécs ¡>ar la loi de 1889, e11 ce
<¡11i co11cer11e les l'or111alilés requises, penvenl aiusi :;e rós11111er:
a) /,,1 re11011ciatio11 11'l'sl 1•<1lr1ble 1¡11e si elle l'sl co11lcn1te 1la11s 1t11 (tele atl-
t/1e11ti1¡11e.
lJ) L<11irése11c1i 1/c /11 J'e111111e a l'11cte 11c s11f./il ¡111s. JI .fa11t r¡11'elle y appa-
l'<ti sse co11i111e cune111leresse, s' il s' ª!! i l 11' ttll i11i111euble cu111111t111, con11ne ga-
l'<111le 01t ca1tlio1t 1lu niari, s'il s'ctf/il 1l'1t11 i111111ettble 1/e celui-ci (art. 9-4º et
G• al.).
(~<)S 1l1)11x co111lilio11s sonl i111¡i1isées <la11s l'i11lér1\l ele la l'e1n111e, ali11
,¡11'elle n'agissc (¡11'en co1111aissa11ce ele ca11se, sacl1a11l l>ic11 q11elles sero11t les
consé1¡11enccs de !'acle <¡11'ellc va co11se11tir.
'
'
908 LlVRE 111. - TlTl\E 11. - DEUXlEl\lE P_,\RTlE. - CH ..\PITRE III

Il n'en est pas 111oins regrettable d'in11Joser a11x JJarties l'o!Jligatio11 de


a
l'acte nolarié, car les frais de cet acle (crui s'éleYero11t 20 francs at1 1noins)
sont excessifs, quand il s'agit de ,·entes (el ce sor1t les plus no111!Jreuses:,
elor1t le prix ne dépasse pas 200 francs. 11 et1t n1ieux Yalu ne 1Jas exiger
I
l'at1tl1enticité pour les ventes au-elesso11s cl'un certain cl1iíl're.
c) Le tiers acr¡1iére1ir 11'est pas obligé lle fail'e i11scrire el l1,v¡1other¡1Le lér¡ale.
JI suf.fit r¡ii'il J'c1sse lra11scrire le co11lral (!'alié11alio11, et, si la renoncialio11 a
c11 lieu par acte séparé, r1u'il e11 soil fait 111enlion en 111arge ele la tra11scrip-
tion. Ici encore et a,ec raison, la loi a confir111é la solt1lion de la j11rispr11-
clencc. La p11IJlicité est assurée 1Jar le procédé le 111oins couteux.

B. Effets de la renonciation. - /,a renonciatio,z cmporle e.1;ti11clio11


(!e l'h)·potl1eqiie et i•aul ¡1urge ll partir ele !et trct11scriplio11 oii ele !(t 111e11tio11
e,z ,nargc, clit l'article 9 3• al. Cela ,cut dirc qt1e le droit lle suite est
1

élei11l, rt que le tiers acq11éret1r est d<'•lJarrassé ele l'l1y1Joll1cque, sa11s crn'il
soi l olJligé de procécler it la fc,r111a litó ele la ¡Ju rge. J,a loi de 1889 a clo11c
ici e11core clonnó force l1"gal<' it la sol11tio11 aclo1ltéc 1Jar lajt1rispr11dc11ce 1 •
;\la.is si le elroit de suite est Óleint, la fen1n1e co,zserve so,i llroit 1.lc ¡1r1:fé-
re11ce s11r le ¡1ri.1; cl1i par l'acc¡u<'·reur et elle 1Jot1rra se le faire attril1uer j11s-
qt1'it concurrence du 111ontant de ses créa11ccs, par préfóre11cc tot1s les crt'·a11- a
ciers do11t le ra11g esl inférie11r /1 celui de son l1ypotl1i•c¡11e. :\Ieme, po11r do11-
a
11er 11lt1s ele force ce elroit ele prt'·fi'·rc11cP, la lcii dt'·cielc qt1e le tiers 11c1¡u1:-
reur ne ¡10111·,·a ¡1as payer le prix a11 ,nari sans le conse1ileme11l 1/e lafe111111e
(arl. 9, 5° al.). S'il le versait sans exiger l'interve11tio11 ele la fen1n1e /1 la
r1uitta11cc, ce 1Jaie111e11t ne scrait pas O\JlJOsa_blc /1 cclle-ci.
011 !P voil, tant e¡uP le prix reste rl1i, c'pst-it-tlirc ¡ic11t-1 1lre JJen.1/1111{
lre11le a,zs, la fc111n1e co11scrvP 1•ncore so11 tlroit de 1Jréférence. c·nsl lit t1111·
l1yJJolt1i'·s1· 1111iq11c. Sans do11le, il y a cl'a11lr<'S situations, et no11s <'ll rcncn11-
trero11s }Jienlot, elans lcsc¡t1el!Ps Jp clroit tle pr1\ft'•rcnc(' d'11n crt'•a11cier l1ypo-
ll1écair1• surYit it l'Pxli11clio11 cln clrt)Íl elP s11ite. ll e11 cst ai11si a11 cas rle saisic·
rl'1111 imn1PUlJlc cl11 111ari et cl11 t11te11r, el aucas oú l'acr111érP11r cl'1111 i111n1P11-

1. C'Pst la lranscriplion di, l'acte 1l'ali1\nation qui 1·0111 ¡111r9e. Cela signille r¡uie la
purgP s'opi•re de plPin droit. sans ancnni: for1ualit1\, Pt nol,1n11nl'nl sans que IP cons,•rva-
teur ,les hypt>lhi~q11P, soil pr1\~t•n11. lll' 1:\ r,'snlle 11n gra~e incon~t'•nicnl. Si plns lar,l,
nne inscriplion di, l'hypolhi•qne lt1gale esl p1·is1•, 1•1 qu'un d1•111an,IP au 1·onserl'ali,11r íl<'S
hyp•Jthi,,p1es 1111 élat hypolh11cairc dP l'in1111P11hle ali1\11t'•, rel11i-cl 111, 111anr¡tlf•ra pas ,l'y
faire tl¡.;111·1•1· l'inseriplion de l'hypothi•q11e lrgale. En en·ct, sa 1uissio11 Psl dr. co111pr1•11-
dr1, dans les t'-tats qn'il tl1\livre toules l1•s in,criptions subsislanlPS, sans recht•r,·.hl'r si
elh•s sont l'IH'orr sns,·PplihlPs ,t,, prod11irl' 1111 Pfl't•t 11tile. ()r rPla t•st plPin 1l'i111·on\111ti1•nl,
et po11r 1'ac1¡11érc11r dt> l'i1n1111•11hll' ,¡11i, Pll appar1•nc1•, rPste grel't', di' l'hypotl11.,qnP, et
surtout ponr les cr1\anci1•rs sollicitant lllll\ snhrog11lion dans l'hypother¡tH' li'gale, car,
t1·0111p11s par l'Pllr. inscription, ils pc111·,•nt croire (1111' l'hypoth,.,q1u• ¡¡r1',\'u en,·orc, l'i111n1e11-
hle aliénr. N,1an111oins, la Clla111hrl' cil'ilr a rc•1·on1111 111 validili\ die la prnliq111• sniviP par
11,s conserv11\eurs tlPs hypot111'.q11¡,s (Civ., 1r; 111ai !BOi, 1). P. 1!lll~.1 .4-11 note dl•
~l. d,, !,ornes, S. l\l0l.1.3l:I). L1•s nolaircs onl dP1nantlé :'1 j11sti, litre qu'on 11111 11n
tcrnte ;'1 1·1•tte pratiq11P, 1'11 ntndilianl 11' texte de la loi de 188!1. l'ne proposilion dr loi a
{•t1\ ,l,'·pos1lc, a11 l111rlP111cnt 1t CPl ptl'pt. Ellt> propnsP d1, cnns\a\Pr Pn 111argP t11, la trnns,·rip-
tion la \'11li,lit1\ de la reno111,ialion faite par In fe111111r.. ,\insi, le conserv11tP11r des hypo-
thi•qucs, pré\'cnn p111· ccltl' 111rntion,de\'r11it s'nhstcnir de porter sur ses 1il11ts IPs insl'rip-
tions concc1·n1111t l'immc11blc alitlné.
'
J)ES HYPOTlIEQUES
9°9
ble, procédant ii la purg·e des l1ypot\1er1l1es non i11scriles, i11vilc vaine111~nt
les i11téressés ii révéler le11rs clroits par uuc inscri1)tion (art. 717, i11 ji,ie,
C. proc. civ., 2195-1°, C. civ., et 772, 5e al., C. proc. civ.). Dans cescle11xcas,
co111111e dans le 116lre, la fc111n1e, le n1ineur 011 l'interdit perde11l le droit
de suite s11r l'i1nn1eul)le p11rgó tout en co11scr,·ant leur droit de préférencc
sur le prix qui e11 est dtt. :\Iais, da11s ces eleux cas, la survie d11 droit de pré-
fére11ce 11'a pour !)ut que de per1nettre ii la fe111r11e ele produire h l'ordre eles
r't JJl'ése11l el i111111écliate111e11l ouvert pour la distribu Lio11 elt1 prix. U11c fois
J'ordrc clos, le tlroit de préférence est définilive111e11l éteinl.

Cas ou le tiers acquéreur est subrogé dans le bénéfice meme du


droit de préférence. - 11 peut exception11elle111cnl arriver que le Licrs
acc¡uéreur ait intérct, au 111oment ot'1, avec l'asscnti111e11l de la fe111n1e, il
a
¡Jayc le prix au r11ari, etre sul)rogé da11s ce elroil ele préfércnce r¡11i survit
al1 profit de celle-ci. 11 en cst ainsi lorsqiie l'i111111ei1úle eslgrevé úaulres i11s-
cri¡Jlio11s lty¡Jolltécaires, et c¡uc l'acquéreur 11e fait pas la purgo ele ces l1y1Jo-
ll1ec111es, ¡Jarce que le prix est absorlJé par les créances de la fe111111e. llar
exc111ple, l'i111111eulJle ,·cndu vaut 100.000 francs, et les créances ele la fe111111c
a
conlre le 111ari s'élevent ce cl1iffre. En 011lre, l'i111111e11!1le est grevé de elcux
i11scri1Jtio11s l1ypotl1écaircs ¡1ostérieurcs c11 rang· ii l'l1ypot\1cc1ue légale. Le 1

tiers acc¡uéreur, ne procédant pas ii la pt1rgc de ces eleux l1ypotl1ccrt1es


inscrilcs, reste cxposé aux ¡)ours11iles tles créa11cicrs. 11 a done i11térel a
¡)ouvoir lcl1r opposcr, le cas écl1éant, l'l1ypotl1eque légalc de la fcn1111e.
a
Supposo11s en ell'ct que ces créar1ciers viennent saisir l'i111n1cublc, et que
cel11i-ci soil ver1elt1 100.000 frar1cs. Da11s l'ordrc ouvcrl, le Liers acquércur
saisi vit·11elrail, ¡>ar ¡)réfórence aux saisissants, l'l e11 tanl c1ue sul1rogó aux I
c\roils 1\e la f1•111n1p ¡irél'éralJ\es at1x: leurs, prcndre 100.000 francs, c'Pst-it-
dirc la lolaliLé du prix q11'il a Ycrsé. llie11 tiue cetle pcrspective s11ffira le
pl11s so11ve11l /1 elt'~co11rag·er les créancicrs inscrils, el ii les e111pec\1er d'cfl'ec-
tul'r 1111c saisic entre ll's 111air1s tics Licrs acc¡ut',reurs. L'arliclc !) (uotrveau) de
la l1>i tic 185;>, 5,, ali1H:a, lll'l'lllcl 1,11 cor1,;éc¡11c11cc ú l'acc¡u{,rPlll' cl'i11voe¡t1l'I' sa
s11l1rog·ali<)ll cla1u; les elroils (ela11s le droil tic préfc':rcnccJ ele la f1•111111e avcc
c¡ui il a lrail«'·. (~el ali1H·•a esl ainsi con1;11: <1 Le concours 011 lc co11se11le111c11l
clo11111'.· ¡iar la fc111nH', sciil /1 1111 acle tl'ali<'·11alio11 cor1lcnar1l c1uilla11cc lolale
011 1>arl.icllc d11 ¡iri\, sciil it \'acl<• ult/,ri1·11r de <jt1illa11ce lolalc ou 11arliP!le,
etll[H>l'll' 1111:111c·, ¡'¡ cluc ccJ11c11rrer1cl', sul1rt1galio11 ¡\ l'l1y1>0Lhi:q11co I{·galc• s11r
l'i111n1e11l1lc Vl'lltl11, au ¡>rolil ele l'acc111ért•11r, vis-h-vis e!Ps ·créanciers l1_yjJO-
ll1t'•cairt•s ¡ic1slt'•ric11rs en ra11g ... >>

Subrogation du tiers acquéreur dans les droits ele la femme sur


les autres immeubles du mari. - J,'aliru:a fi ele l'arliclt• !l se lcr111i11c ¡Jar
11111• ¡,l1rasc do11L il csl classi<¡11co <le signalcr l'cil,sc11ril<',: H •.• :\Jais ccl.lP s11-
l>r<1g·alic,n, <lit In lexl<!, nn ¡H>11rra r1r1\j11clicicr aux liers <111i clcvi<•ndraic11l
{;cssi111111air1·s <le l'h~·¡HillH',c111c l<':galc <I<' la fc•1111r1c s11r ,t',1ulrcs i111111c11bll's 1!11
11111ri, it 111oius <¡11e l'ac<¡u<'•re11r 11e se soil coufor111é aux ¡1r<'scri¡ilio11s d11 r1ara-
gra1il1c, ,•r tlu ¡>rÓS<'tll arlicln. >> .\insi, r¡11a11cl l'acc¡11<'•rp11r vciudrnil op¡iclSl'I'
910 LIVRE III. - TITRE 11. - '
DEUXIEl\lE PARTIE. - CIIAPIºfRE 111

son droit de préf{·re11ce sizr áaulres in1n1t:ubles d1i niari, a des créancicrs
auxquels la femn1e at1rait cédé son l1ypotl1eq11é lí·g·ale, il faudrait e111'il se
f11t fait consentir u11e subrog·ation nolariée et c111'il et1t pris 11ne i11scriptior1.
:'liais, dit--on généralen1ent, on 11e ,oit ])as de pri111e aborel con1111e11t cettc
situation pourrait se préscnter. Car l'acquére11r de l'im111euble 11e sa11rait
e11trer er1 conflit avec eles Liers ccssio1111aires ele l'l1)·potl1eque lég·alc s1ir
el' atilres i111n1eubles llu mari.
Pe11t-etre y aurait-il ccpcndant u11 111oyc11 trc'-s si1111ile d'expliquer le lc.\tP.
On pe11t supposcr 1111 tiers acq11ére11r c111i, par s11rcroit rle prÍ'.ca11tio11s et,
en ,·ue cl'ass11rer au besoin son reco11rs e11 gara11tie contre le 111ari, son ve11-
deur, pour le cas 011, n1algré la i·enonciatio11 de la fpn1111e, il vie11drait, {JOur
une cause ou u11e a11tre, U elre é,i11cé, exigerait d'etre subrog·é da11s l'l1ypo-
tl1<'-quc de la fe111n1e sur les a u tres i1111r1euliles du 111ari. CPtte l1y1JoLl1ese 11ous

ra111enerait ¡\ la prcn1i<'.•re des deux séries d'opératior1s que nous avons
a
cxa1r1inées, savoir les s11brogatio11s co11ser1lies ú u11 crí•a11cier. 11 cst clair
c111e le tiers acq11órcur, en tant r¡ue créa11cier 1/e la r1ar1111tie, 11e pciurrait bó-
11í·ficier de la s11lirogatio11 cla11s l'l1~·potl1óc1ue ele la fe1n111e que 111oyen11a11t
les forn1alités prescriles ¡Jar l'article 9 <le la loi ele 1853.

V. -- Appréciation critique de l'hypotheque légale


de la femme mariée •. ,
L'l1y¡Jotl1eque légale de la fc111111e 111ariéc esl e11corc !Jie11 111oi11s eléfe11cla-
lile que celle des 1nincurs et inlerclits. 1'011t el'aliord, elle est plus gena11le,
JJarce q11'elle est liea11co11p pl11s fréc1uer1le. D'a11lrc ]Jarl, elle 11e constil11c
¡Jas pour les fen1111cs 111ariées u11c ¡Jroleclio11 efficacc, p11isq11e l'expéricnce
llrouve, co111111e 11ous l'avo11s 111011Lré, c1t1e, i1 la prer11i<'·re occasion, la fc1111r1c
11e 111anquera pas d'y re11011cer, ¡Jonr reslil11cr au 111ari le créclit do11t il a
IJesoi11. :\i11si, si 1'011 fait exceJJlio11 clu r<'·gin1c clolal; lcq11el co11stituc l'ex-
ceplio11, 011 peul affir111er <¡ne, de nos jours, l'l1ypoll1c'·c¡uc légalc negaran-

Lit 1111lle111e11L i1 la fc1r1111c la rcslil11Lio11 de sa clcJt. Des ll1rs, c'cst. une
i11st.it11tion co11<la11111<'~c. Loir1 ele cl1crcl1er h rn a1ní·lic1rer le 1r1<\canisr11e en
la sc111111ellar1L ¡'¡ la ¡i11l1licit<'·, il f'anclrail 1i11rc111c11t et si1111ilcr11e11l l'abnlir.
(:erles, 1111c Lelle r<'·fc>r1ue lH!ul parait.r<~ auelaciense, et !Jic11 eles jurislcs ltÍ)si-
lero11L lt c1J11lla11111er 1111e inslilulilJit c¡ui dure cle1Juis le !)rnil rc1111ai11.
J,'é¡ireuve <les fails 11011s 1iarait cerc11ela11L <l<'·cisiv<'. J,'ltyJJOl.lu\c111e lt'•gale ele
la fe111111c 11'a auc1111c 11Lilit.t'·; c'est. 1111 111í·ca11is111c lJIIi lo11r1H) ¡'¡ vicln PI. <111i,
cl'a11tTP 11arl, ralc11til la 111arcl1c eles 01i<'·ratio11s i1111110IJili<'·rcs c11 i11111nsa11t.
aux ac<1ní·rP11rs <le:- l'rai:-- inuliles. N<>us 111i voycJIJs el<Jllc ¡>as <¡nnls argn-
111c11ls clécisifs <>11 11011rrait. in,0<111cr 1Jo11r la Cl>r1:-;erv('r '.

1. V. lluíonssnt, /Je l'hypollH1r¡ue ¡,;gale de la fe111111e 111ari,'e d'a¡,res le projl!l i/1, re/orine
hyµoiliécaire tlu 27 octnbre fH!J(j, l11l•s1! Paris. 1~!l8.
2. Nnus ne \'Otllons pas d1re ,:1ipP11dant _qn'il laudr:,it supprini,•r pnrPIIIPlll el si111pl1•-
1nP11t l'hypotl1l•q111• lt1gall'. 11 tHi faut ¡,as ouhli1:r, <'ll pfJ°l'l, qu,, rt•ll<• hypollu'.que nssociP
Pn íait la ÍPlllllH! a11,.: lll'tl's d1! disp,1sitio11 ou ,l'afl'<'elnlion h1'poth,11·ail"I' l'Otosr•ntis par 11'
1n11ri. C'est 1;'1 son h•Jn cut{,. La snppr1•ssio11 [llllº<' "l siniplo! d1! l'liypotlu'.q1ui lú¡,al" rPn-
rlrait done <!ll fail au 111ari IPs ponvoirs l'X("(•ssiís qne lui a do1111(,s '" 1,1gisl11tP11r cn111111C!
a,l•J'i11istratP11r dr la ro111111111,a11lo'·. J1a11s 1:ol1P 1•1 nirl'. 1, 11•• ~1q·pr•·~si,·11 d1·11ait <·11
e.011s,•q111•1u·1• s';icro111pag11Pr d'11111• r.-.ro,·1111' d,is r,,.¡;IPs ,1., la "u1111111111a11tt'•.
'
DES H\'POTIIEQt'ES 91 1

On po11rrait songer, il est vrl"\Í, ;', rendre plus effective la gara11lie ele
l'l1)'potl1¿·q11e l{•gale, e11 enle,·ant a la fen1n1e le droit d'y renoncer; n1ais ce
serait la priver de to11t créclit les l10111mes 111ariés et frapper leurs biens
d'inaliónal)ilité. 11 ne sa11rait done etre c¡11estio11 e1·1111e ¡)arcille 111esure.
llie11 eles l1\gislatior1s étrangt'·res 11011s onl el'aille11rs elevancc'·s en suppri111ant
l'l1}·poll1t'·r1ue lt'·gale eles l'e111111es rnari<\es. ¡\insi, clic 11'cxislc plus ni e111\lle-
r11ag11e, r1i e11 Suisse, 11i c11 .c\11glclcrrc. l)'aprt'·s le (:ode civil allc111and
(art. 1391 a 1:~93), la fcn1111c r11arií·e pe11t si111¡)lc111c11t exigcr cerlaines
gara11Lics, l)ar exe1111)lc, le elí'.pül de ses litres 111 porleur <lans u11e l)an-
que, q11and l'adn1inistratio11 du n1ari fait courir 11n elanger a son l)atri-
11101• ne.
Cepe11dant, elans les projets de réformc de notre régin1e h)·pothécaire,
jamais 011 11'a osé, j11se111'a })l'ésenl, proposer l'abolitio11 p11re et si111ple de
l'l1ypoll1ee111e l<'gale ele la fen1n1e. 'J'o11s les rófclr111aleurs · se contenlent de
soun1ellre cellc !1ypotl1<\c¡11e ¡\ la p11IJlicitt'~ et a la s¡)écialitó. Elle serait
i nscri te par les soins el 11 11otai re réclactc11 r du co11 lra l ele 111ariage, lorsq11e
ce co11t.rat constaterait 11ne créa11cc au prrJfit ele la fe111111P co11lre son 111ari.
<)uanel il 11'y a11rait pas ele contrat de 111ariage, ce scrail le 111ari ou la
fem111e ellc-me111e qui devrait procéder ;'1 l'inscription. l)c JJlus, l'inscrip-
Lio11 clevrail clí·tcr111iner le 111011la11l <les créa11ces ele la fc111111c, el spécifier
les i111n1rnliles sur lese¡11rls elle porlerait. Nous so111111rs co11vaincus, e¡uant
¡\ nous, el<· l'inaniló el'1111e lPlle réforn1e, <ftii laisscrait s11lJsistcr les incon-
vér1ients ele l'l1ypotl1eque, sans rer1dre plus eflicace la gara11tie eles fem1nes
111ariécs. Ici, e11corc, la protectio11 ele ces elernil·res doil, croyo11s-nous, elre
cl1erc:l1ée clans t111<' a11lre voie. :\ssocier pl11s étroitc111e•11t la fe111111e a la gest:ion
eles liiens :,;er,a11t ¡\ ali111e11ler le 1nér1age, exiger s011 i11ler,entio11 toutes les
l'ois c¡11'il s'agit d'alié11alion ou ele conslilt1Lio11 d'l1ypotl1eque, tclle serait ¡\
notre avis la sc11le róforr11e c¡11i ass11rerait efficace111ent, sans danger pour
le cr<'\<lit, Ir rPco11vrP111cnl cles'cr{•ances ele la fem111e co11lrc son 111ari.

~ :1. - lly1••··••e•1•■ e tic l'l~t,,t, tle!io tlé1•111•te111e11t11t, tleN


f.lftllllllllllt~S et ..~taltll!io"'CIIIC ■ltl!I ······••cl!i.

1:l~lal, l<'s 1lt'•¡)arlc111r11ts, l<is co1111111111es el ~es <'·talJlissc111c11ls ¡J11blics onl


111111 l1)'!lClllit'·<¡t1c sur )ps i1111r1e11IJles ele lenrs rccevcnr~ el a1ln1inislraleurs
c<i111ptalilcs.
Ai11si 111 1li·ci<l<' l'arl.icle :>. r :>. 1, /1" alini'·a. 011 rc1r1ar1¡1u\ra que ce lexle 11e
111cnti<H111c 1ias les <líi1iarte111cnls. La raiso11 e11 esl <¡ne la perso1111alilé rr10-
ral11 11n l<111r a t'•tt'· rcco11r111P <111c JJar le dt'·crct eln 9 avril 1811. J11sq11c-la, les
1lt'·¡>arle11H•11ls 11'avai1·nl 11i ¡ialri111oinc, 11i, JJar co11si'·c¡t1<'11l, <le rccevenrs.
()11 r<1111ar<Jt1<'ra 1111corc <JllC la i<JÍ r1'acc1>r1lc cclle g·aranli<· <¡11'anx élablis-
sc111c11ls ¡¡ul,lics el 11<i11 a11x 11l11blissc111c11ls 1f11lilil11 ¡J11l,li,¡11<'., Ces dcrniers,
r11 cll'ct., s<i11t eles ¡)erso1111csjnricli1111cs cl11 elr<>Íl privt'•, r1ni cloivcrtt, ¡\ ce Litre,
,·cillcr i'1 la elt'•l'ensc <le lcurs i11t{ir<~ls, lanclis c¡ue les {·talJlisser11cnts p11blics

912 LIVI\E III. - TITRE 11. - DEUXIE~IE PART_IE. - CH,lPITRE III

sont '.des personnes acln1i11istralives, é111anations de l'Elal, el11 départen1enl,


ele la co1n111u11e, cl1arg·és de la gestio11 d'u11 service 1111lllic.
L'l1~·potl1eque en c¡uestion frappe les in1meubles de tous les fonctionnai-
res q11i ont le n1a11ie111e11l des denicrs publics : reccvc11rs, caissiers, lréso-
riers-payeurs ~néra11x, etc ... , c'est-a-dire de tous ceu:x q11i re<;oivent des
son1111cs 011 font des paiemcnts pour le co111ple eles person11es acln1inistra-
tiYes. Ccux, au co11traire, qui engag·e11l eles dépcnscs, 111ais sans avoir lema-
nie111ent des de11icrs, par c:xc111ple, les n1inistres pot1r l'Etat, les 111aires po11r
la co11111111ne, 11c sont pas sou111is it cette cl1argc.
-Une controverse est née au sujel eles11ercepleurs lles co1ilriúiilio11s direcles.
Ceux-ci sonl bien cl1argés ele rece,oir des paien1ents pour l'Elat, les dé-
parle111e11ts, les con1n1unes, 111ais ils ne s011l pas comptables envers ces
pei-so1111es ; ils rende11t leurs con1p.tes soit au trésorier-11ayeur général,
soil a11x rccevcur~ 111unici1ia11x, clo11L ils sortl les préposé~. Néann1oin~,
n1algré celle consielératio11, un arret de la Co11r ele Xancy du 8 1nars 188!1
(D. 11 • 86.:1.9, S. 84.2.5()) a elécielé que le privilóge établi par l'arlicle 1º' de
la loi du 5 scplcmbrc i8o¡ au profil clu 'l'résor. sur les Jiic11s des co111pta-
llles, s·a¡1plic¡ue aux ¡1crce11tc11rs. Cela reYie11t h clirc qu'ils sortt des co11111-
laúles lié de,iiers JJllblics; ils cloivcnl done ,~trc soumis aussi a l'article 2121.
l\ous savo11s c¡11e l'l1ypolheque légale de l'Elat, des clépartcr11cnls, des co111-
111u11es el eles établisse1r1enls ¡111blics esl !/éiiérale ; elle n'esl 111er11e pas s11s-
ceplilllc de réduclio11, á la cli~fi'·rence eles deux précédcntes. E11 rcvancl1c,
elle 11c pref?d ra11g el r1e l}roduit cfl'et 11 l'égarcl des liers f¡u'a la conditio11
{l'c\lre inscrito. Elle 11'csl do11c l}as occiilte.
llap¡ielons enfin q11'e11 ce c111i co11cer11c l'Etal, 111ais l'l~tal scul, la loi du
1
;i se11tcn1llrc 1807 a tra11sfor111{, ccllc l1yriollH )q11e e11 11r1 ¡}rivil1'.ge ¡1orlar1l
sur les i1n111c11Lles ac1¡11is it tilrc 1)nércux par les co111ptalllcs, llOslérieure-
111e11t ¡'¡ le11r no111ir1aliou. J,'l1ypoll11•quc légale ele l'arlicle ·11 :i 1 11e fra¡ipc
1lonc plus, 1¡ua11l aux co111¡1lalJ!es ele l'J~tal, que les i1nr11c11lllcs l111lérie1irs ¡\
leur r10111i11alion el ceux q11'ils 1>11t acr¡11is cle11uis, it t.itrc /.rraluit.
Le ¡irivili·gc créé ¡1ar la loi clc 18ci¡ 1iorlc égalc111cnt s11r les i111111cullles
ac1¡11is i, litre or1Órc11x 11a1· les fe111111ps tics r11111ptal1les. 1lcp11is la 110111iua-
ti<Jll <le ceux-ci.
J•:11fi11, la 1111\111c lcii ele 18!1¡ <lo1111n ¡irivili'-g·c .'1 l'l•:t.at. sur lous les )Jie11s
111c11!Jles ele srs co111¡1talJll's.

Sl•:(:'l'l(l\ 111. - llYl'llTlll•:1)1 1E ,llilllCIAllll•:'.

Généralités. Dualité des cas visés par le Code. - Sous le 1111111 d ·tiy-

t. l)p \';1rPilll's•So11111iii•r1•s, /Je l'h!lf)Otl11'1¡11e j11diciair1•, 1nt',111oirl' co111·01111t'• par (' 111,1111t1-
1nie ,¡., '1'011li111s1•: Ch:dla1111•I, /,'hy¡101hir¡11i, ¡11d1ciair11, 1881, rn,1111oir1, 1·011ro111 11\ par In
f:11:ult,·, ,li, druil d,, !':iris; Luuis Sa111l-1)11e11ti11, /,11 ~11pµressio11 d11 l'h1¡polhéq11e /udiciriir,1
t11 IIPl!Ji,¡ue el le ¡1ru¡el de loi .ir,r /11 ,.,;¡i1r111c hypot/11Jcu.ire, th,:-s,_, P,,ris, t\JU;!,
'
IJES IIYJ>OTHEQUES

potl1ec1t1e judiciaire, c'est-lt-clire cl'l1ypotl1cqt1e attacl1ée de plein droit lt t111


jt1g·en1ent, l'arlicle 2123 vise det1x cas bien dilTérents, qu'il i111porte de
séparer, car ils 11'011t ríen ele co111n1un.
Le pre111ier cas cst celui de I'hy¡1otl1er¡1ie !'és11lla1it eles j11r¡e111e11ts ríe l'eco11-
11c1issa11ce 011 lle i•érijicalion cl'éc!'il1t!'e.
Le clc11xi1'-111e est cel11i de I'l1y¡1oll1e1¡11e rés11l!a11l lles j11.r¡e1ne11ts de co111la1n-
11atio11, c'est-a-dire des juge111e11ts c¡ui conclan1ncnt u11e pcrso11ne it acc¡nitler
1111e olJligatio11 au Jlrofil cl'1111e aulrc .
.-\. va11t d'étudier cl1acu11 ele ces cas, indiquo11s d'alJorcl les caracti.·res de
l'l1ypotl1cque jucliciaire. lis s011t au non1bre de trois:
1° Elle a lieu de ¡1lei11 droit. Cela vet1t dire c¡11'elle clécoule nécessaire111e11t
clu jt1gen1e11t, sa11s c¡ue le !Pxle de cel11i-ci en fasse 111enlio11. l\ie11 plus, elle
cst i11clópe11da11te de la Yolc111lé eles j11ges, en ce se11s que ce11x-ci ne pe11,e11l

ni la supririn1er, ni c111r1odilicr l'c'•tcnclnc. C'est clone l'autorilécle laloi c¡ui
c11 est la v(~rilalil<' 11ri;,ri11c. ( )11 l'a 1lil aYec raiso11: l'l1y11oll1i'·c111e j11cliciairc
cst e11 r(~alité une l1~¡1oll11'-quc I(·galc.
2" Elle est r¡é11é!'ale 1¡11a11l a1i;r; bie,1s. I~lle frappe, e11 efl'et, to11s les i111111e11-
bles ¡1rése11ts el 11 ve,zir dn clóuileur. l\lais elle cst s¡1éciale q11ct11t ú la créance,
car elle 11c garanlit que la créancc conslalée par le jugcn1ent. el 11011 les
1
autres q11c le cróa11cicr 1)011rrail avoir contre le n1e1r1c cléi)iteur.
3° Enfin, clic es! sou111ise lt l'i11scri¡ilio11, el r1c prencl ra11g c¡u'it clalcr clu
jo11r oi'1 clic csl i11scritc.

§ t. - 11,·1•otl1eq11c 1•és1■ •tant ••es j11;:;e•11e11ts •le


1•ec••1111,1ls,.;1111c•~ 011 ••e , .... 1·lllt!atlo•• ••••.... ••it1•••••·

Solution du Code civil. Loi du 3 décembre 1807. - Le cas ,isL· ¡)ar


l'arliclc :1123, 1•' al., 2" pl1rase, n'est qt1't1nc survivancc l1istoric¡11e, 111ain-
lc11uc dans le Droit 111oclcrnc p:1r suite d'unc r11éprise des r1'daclc11rs cl11
(~ocle civil. Voici au juste l'l1ypotl11•sc cnvisagéc par la loi. U11e 1)erso1111c
lll'<~lc 1.000 f'ra11cs /1 1111c a11trc sa11s exigcr cl'cllc a11cu11e gara11lie l1~·¡)oll1é-
cairc, et le 11r1\t cst constató ¡iar 1111 acle so11s sei11g privé sig11é ¡lar le 1léllilcur.
J1ostórie11re111c11t, le créaricicr assignc le tlÓIJiteur ou ses l1(~ritic1s dc,a11t le
lrilJunal 1io11r f'air<) ,órilicr la sig11al11rc, scJil, le ¡Jlus so11,enl, ¡iarcc c¡u<'
cclle-ci est cc111tesl(·c, soit 1111\n1c en del1ors ele toulc co11lcstali1)11. l)a11s la
pre111i1'-re l1y¡1otl11~sc, le tril11111al orclo11nera 1111c C\.pcrtisc _el s'c11lu11rera ele
tcJus les re11scig11cn1e11ts possi!Jlcs po11r vórifier s'il y a eu r>11 r1011 1111 faux;
s'il reco111iall la sinci'\ritó ele la signalnrc, il rene! 1111 jtLf/ClllCfll tic l'ériji1:a-
lio11. J)a11s la seco11cle l1y¡Hitl11!sc, cclle 01'1 le eléfe11dcur ne conlesle 11as ~a
sig11at11rc 011 cellc <le so11 a11tcnr, il r1'y a pas :'i proprc111cnt ¡1arl1•r el<' cl<'•ual,
el le triliu11al rencl 1111 j11gc111cnl clil de reco1111<1issa11ce d'clcrilttl'<'.
On rc111ar1¡ucra 1¡ue, clans l'11r1 el l'at1lre cas. le jur¡e1ne11t r,·111[11 ll<' co11-
(!11r111ie ¡>as le (/éfc11<lcur; ce 11'csl pas Ju e11 cll'et l'olijet de la elc111a11de porl{c
1lcvanl le tril>1111al. Celui-ci, cla11s la elí·cision c111'il rr11d, ~f' C<)ll[f'nle cll'
1l(·clarer e¡ue la signalt1re porlóe sur !'acle 11'est J)as co11LrPfaile. (:f'JH'llllanl,
n11x ler111es ele l'nrticlc :.11 :.i:J, ce jngc111e11l e111¡>orle l1y¡>oll1cc¡11e sur lous les
Tu111e 11
,-o
.,,,
914 LIVRE 111. - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE P ..\.RTIE. - CHA.PITRE 111

imn1eubles du défendeur. Pourqt1oi ? 11 n'y a auc11nc bo11ne raison a e11


fournir. Et meme on aper<;oit a premiere vt1e q11'u11e telle solution va per-
mettre au créancier de ,,ioler la foi du contra t. En elfet, apres avoir co11senti
un pret sans exiger de garantie l1ypoll1écaire, il pourra s'en procurer une
avant l'échéance de sa créance, des le lenden1ain du pret. ,\ cet effet, il n'a11ra
(fu'a poursuivre son débileur en reconnaissance d'écriture. C'est vrain1ent la
un calcul peu n1oral el qui ne n1ériterait guere d'etre encouragé par la loi.
Deux observatio11s vonl acl1ever de 11ous faire co111prendre l'illogis1ne de
la loi.
1'ot1l d'abord, 011 ren1arquera que le créancier sans hypotheque se trouvc
etre n1ieux traité que le créancier auquel une l1ypotl1i•que a été volontaire-
111ent consentie. Ce dernier, en effet, ne pe11t en príncipe, nous le ,·errons
bientot, obte11ir du délJiteur qu't1nc l1ypotl1cque SJJéciale, c'est-a-dire portant
s11r u11 ou pl11sieurs i111111eubles clétern1inés. 1\u conlraire, le créancier clé-
pourvu cl'l1y¡Joll1cque conventio11nelle, 111ais c111i olJlient u11 jugen1ent e11
reco1111aissa11ce 011 er1 vérification cl'écrit11re. va se trouver na11li d'u11e
l1ypotl1eque g/11érale grcvant, 110n sculen1ent l'e11se1111Jle des biens présenls,
111ais. encare lo11s les }Jiens a venir tlt1 débiteur.
E11 seco11cl Iieu, er1tre deux créanciers sa11s l1ypotl1ec111e, celui crui est n111ni
cl'11n acle so11s seing privé est pl11s favora!Jle111ent lrailé c1ue celui qui a pris
1a précautio11 de se r11unir d'ur1 acte autl1entique. J~,1 elfet, le créancier por-
te11r cl'u11 acle sous scing privé peul agir e11 reco1111aissa11cc 011 vérificatio11
cl'écril11rc. (:etlc clc111a11dc cst, au contraire, i111possible si le pret a élé
a
co11slalé par acle autl1entiquc; car, il n'y a plus lic11 alors la procéd11re ele
rcconnaissa11ce ou tic vérificatio11 d'écrilure, la sig·11alt1re dt1 clébilcur aya11l
1•té (!01111{:e c11 11rósc11cc d11 11rJlairc réclacleur ele }'acle, et sa sincérité rés11l-
la11t eles caractúrcs aull1c11lic1ucs de l'aclc c¡11i la conlient. Supposons, ¡1ar
c1J11st'r111c11l, c111c deux ¡lersonnes aic11t prelé 11 11¡1 111en1e clébilcur, sa11s
gara11lic l1y¡1oll1{,caire, cl1ac1111e 1 .ooo francs rer11bo11rsables cla11s unan, ol
<jllt' 1'1111 clrs ¡Jrels srJil co11slalé par acle r1olarié, l'autrc par u11 si111ple billct.
J,c ¡1orlcur cl11 billcl ¡1ot1rra aussilt>l, c11 1;sa11l 1lc la faculté <JUC l11i clonnc
l'arliclt' :i 1:i3, o!Jlc11ir l1ypoll1L,c{Ue sur les i111111culJles du dólJilc11r, el s'assu-
rcr ai11si 1111 clroit ele prél'l'.·rc11cc co11lrc l'at1LrL'. t•:11 cll'PL, le cróancicr clor1l l1•
litre esl 11olarié 11'a11ra le clrciil ele ¡io11rs11ivre s1>11 d/•IJitct1r c11 juslice, po11r
r1IJtc11ir co11lr<' lui 1111 j11gen1er1l 1le co111la11111ali1J11, c111'a¡1res l'écl1éa11cc 1lc la
tlellc.
U11 l<'l rí·sullal l'.·lail lellcn1e11l alJsurcle Pl suscilail, a11 lc111lc111ai11 clu
<:ocle, ele lellcs r1·cla111atio11s ele la ¡iarl eles 11otaircs, r1uc le li'·gislalcur aj11g1'•
¡>rPs1¡11c i1111111·dialP111c11l 11éccssairc de 111otlif1er 1·arliclc :ir:i~{. Une loi cl11
:1 se¡>lc111l1rc 1807 a tll'.·cidé lt cct ciJ'cl <ruc le créa11cicr, qt1i poursuivrait s1111
cl{·bitcur e11 r1•co1111aissa11cc on ·vérificali<111 cl'écrilt1r1, ava11t l'écl1éar1ce de la
cr1\ar1cl', 11c ¡iuurrail 1>rc11clrc a11cu11c i11scri¡1Lio11 l1y¡1ulhécair(• 1n1 vcrlt1 ()11
jugcr11cnl oblc1111, c¡u'ú défaul de 1>aicr11c11l tic l'0Lligalic111 a¡Jrcs s011 éc/1éa11ce
011 .~u,1 c.1:Íf/ióililé. ,\insi, la favc11r acc1}rcléc par le (:ocle an cri'.•a11cicr porlc11r
11'1111 tilr1, sous scing privé s'csl lro11vée elli1cée, 111ais e1111arlic sculernc11L.
l•:11 cll'cl. si la loi i11lcrdil i1 ce créa11cier d'i11scrire s1111 l1y¡1c1l.!1cqne avaul
'
DES HYPOTHEQUES

l'écl11~ance, elle ne lui eléfenel pas de forn1er sa den1ande avant cette date.
Il peut done toujours s'assurer a l'avance l'avantage d'un juge111e11t de véri-
ficatio11 ou de reco11naissance entrainant une hypotl1cque générale qu'il
pourra faire inscrire des le jour lle l' écliéa,ice. ll prin1era loujours ainsi le
créancier porteur d'11n titre nolarié, car ce clerr1ier n'a qu'un 1110Jcn de se
proc11rcr une garantie óquivalente sur les biens du débiteur, c'est de le fairc
condan1ner en justice, a défa11t ele paien1e11t a l'écl1éance. ~Iais il ne po11rra
co1nn1e11cer l'instance qu'apre5 la date el'exigibilité.
A coté de la précédente réforme, la loi de 1807 en a réalisé u11e seconde
c1ui ne laisse pas de présenter une certaine utilité. Pour décourager le
créancier trop cupide, prompt a saisir la justice, l'arlicle 2 clécide qu0, si le
débile11r 1Joursuivi ne dénie pas so11 écrilure, les frais du juge111enl reste-
ront a la charge du créancier. ~lais ces de11x réformes juxtaposées n'en res-
tent pas n1oi11s insuffisantes. La elisposition édictée par l'article 2123, 1"· al.,
2• pl1rasc, 11'est pas défendable ; il n'y aurait qu'a la supprin1er. Co111ment
se fait-il clo11c c1ue le Code l'ail consacrée? C'est que les rédacteurs l'ont
trouvée e1J vigueur ela11s le clroit cxistant en 1804, el l'onl 111ai11tenue sans
se re11drc con1pte c1u'clle n'avait 1Jlus ele raison d'etrc. Q11elques explicalions
vonl nous permettre ele cor11pre11dre l'erreur qu'ils onl ainsi co111111ise.
1

Origine historique de notre disposition. - Nous avo11s déja <lit q11e,


cla11s 11olre a11cien Droil, les olJligalions notariées e111porlaienl l1y¡Jotl1ec111e de
¡Jlei11 droit sur tous les i1nn1eubles d11 dé)Jiteur. Il n'ert était pas ele 111e111e,
IJien ente11elu, de l'olJlig·atio11 constatée par acle St)11s sei11g JJrivé. Cepe11-
<.la11t, u11e fois e¡ue la si11cérité ele cet acle a,·ait été reco111111e ¡Jar une eléci-
sio11 ele j11slice, il 11'y avail pl11s ele raiso11 ¡Jour lui rel'user le 1111~111c clfct, le
j11ge111e11l ele vétificalio11 011 ele reco1111aissa11ce do1111a11l a l'acle le bé11éfice
ele l'a11ll1er1ticité. (~'est JJ011rc111oi 011 adr11il l'assir11ilatior1 au xv1• siecle, et
l'articlc 78 ele la 1Jre111i1\re co11lt1111e lle Jlaris ( 1510), la co11sacra en ces ter-
111cs: H Cédt1le privée, c¡11i porte 1Jro111esse:c1e 11ayer,e111¡1orle l1ypotl1ec¡11e d11
jo11r 1lc la conl'essi<111 cl'icelle e11 j11gc111c11l. (( f,'orclo1111a11ce lle \'illers-Cotle-
rels ele ,5:3!) (art. \)1 et n:3) 1\te11elit cette regle 11 tout le roya11111e, IIOII-SCUle-
lll()l\l ¡1our le cas ele confessi<JIL, c'esl-i1-elirc el<) rcco1111aissa11cc, 111ais aussi, et'
<¡11i élail lcigic¡11e, 11011r cel11i ele ,i'!rificati1J11 i1 la suite ele dé11{·gati1111 <111 clélJi-
te11r. Or1 tro11ve la r1\g)c ai11si f<ir11111I{:c dans J'articlc 107 ele la seco11ele co11-
t11111e lle llaris lle 1:i81i. « (;1\lule ¡1ri,1\c, c¡11i 1icirlc\ 1>rn111essc lle lJayer, c111-
¡iortc l1y1iotJ11\q11c <111 j1J11r dP la co11fessio11 c>11 rc·c111111aissa11ce cl'iccllc c11
j11gc111c11t. c1t1 ¡1ar <lcva11t 11<1l.air<'S, ei11 clu j1111r ele la cl{·11{·gatio11, e11 cas c111e
¡iar a¡,ri'~s elle sc1it ,i'·riliéc. n ()11 Yt1il clone c¡uc cctlc clis¡H1sitiu11 fais;iit pe11-
1la11l, cla11s 11otrc a11ci1!11 l)roit, /1 la regle c¡11i atlacl1a,il force l1y¡>11ll1i'•caire
aux acles 11citari{:s. ,tais, les ré1lacle11rs cl11 <:tHlc civil lllll l'<J111¡111 ccl éc¡11ili-
lire, car ils cint s11¡>¡1ri111{· la scc1111clc <les clc11x ri'·g·lcs ¡iaralli'il<'S, ,\11jo11r-
ll'l111i, les acl•'S 11otariés 11'e111¡iorlent. 1>lus 1lc ¡1lei11 dr<1it. l1y¡¡otl1ec¡ue sur
les i111111c11l>lcs d11 cl{\]Jilc11r. 11 a11r,1il clo11c l'all11 Pll 18<>!1 aliolir, cu 1111\111c
tc111¡1s, la clis¡1ositio11 allrilJ11a11t l1y1Joll1i'·c1uc a11x j11g·c111c11ts elci rcc1>11nais-
su11cc <>U 1lc vérilicalion cl'écrilt1re. C'est ce <¡111i 1'011 a 1i111is ele fairP. l)'11ú
la s11rvi,a11ce 1l'1111e elis¡1osilio11 c¡t1e ric11 11e justilie pl11s a11jourcl'l1t1i.
LIVRE III. - TITRE II, - '
DEUXIE1IE 1',\llTIE. - CIIAPITRE III

§ 2. · - llypotlaeque 1•ésulta11t «les j11;;e111ents


tle t!ondam11atio11.

C'est la la ,·éritable l1ypoll1eque judiciaire: Toul juge111e11t qui co11da11111e


une person11e a exécuter 1111e obligatio,i llU projit d'1111e a11tre ernporte li.vpo-
theque sur les i1n1ne11bles lllt débileur (art. 2123, 1.,. al., 1,., pl1rase).
Cette regle constitue 11ne des pieces essenlielles de 11olre systeme de lic¡ui-
dation des lJiens d11 débiteur en déconfil11re. C'esl la se11le garanlie crue la
loi donne aux créanciers chirograpl1aires dont le dé)Jiteur esl insolvalJle. 011
sait, en effet, que notre droit 11'a pas organisé la déconfiture con1111e il a
organisé la faillite. 11 n'y a pas de procédure collective de liquidalion des
biens du non-commerc;ant i11solvable. Chaque créancier co11serve so11 droit
de po11rsuite individuelle co11tre le clébileur; cl1ac1111 lloil faire clilige11ce
¡Jour Lacl1er d'obtenir so11 paiement. Dar1s 11n pareil sysle111e, évicle111111e11t
fort i1nparfait, il sen1ble indispc11sable ele clonner a11 créancicr 1111 111oye11
de se procurer 11r1e gara11tie, garantie q11i lui assurera ú la fuis 1111 clroi t de
préférence a l'encor1tre des autres créanciers 111oins cliligents, et 11r1 droil
de suite a l'enco11tre des tiers auxq11els le débiteur céderait les IJiens co11s-
Lituant son gage. C'cst la précisé1nent le role de l'l1ypotl11\c¡11e judiciaire .

}~n poursui,•ant a le111ps so11 <lébile11r c11 justice, en le faisanl cur1da111ner
a exécuter son obligalion, le cr<'•ancier obtie11t u11e l1Jpoll1<'·c1ue s11r tous les
immeubles du débiteur. l1Jpotl1eque qui le 111cl doréna,·a11t it l'a!Jri de toute
surprise en ce qui concerne cetle par! ie de son gage 1 • l\lais il se111blc a11ssi
c¡ue cette perspective ne laisse pas cl'e11lrai11er ele nota!Jles inco11vé11ients.
CJ1aque créancier ne va-t-il pas se li.iler de po1irsuivre le débite11r,afin 1le s'as-
surer un clroit de préfére11ce it l'e11contre eles a11tres, et les pre111iers sy11111t,\-
1ncs ele la déconfit11re ne sero11l-ils pas le signa! ele 1Jours11iles qui aggrave-
ront singulieren1ent la situalio11 du ri1all1eurc11x elébílcur? L'l1y1Jc1tl1e(1uc
judiciaire 11'apparait-clle pas it JJre1r1i1)re vue co111n1e 1111e prirne aux cré-
ancicrs les plus rigo11reux ~
}:xa111i11ons s11ccessivcrr1cr1l:
I. - L'origi11e l1islorique de l'l1Jpoll1equc j11eliciairc.
11. - Les clécisio11s <111i e1111>orte11l l1y¡ioll1equo j11eliciairc.
111. - Les cas 01'1 la loi enleve a11x créanciers le li<'.·11éfice ele l'l1ypotl1ec¡11e
j udiciai re.
IV. - No11s ferons en clernier lieu l'ap¡lróciali,ni critique ele l'i11slil11Lio11.

1, 11 n'en est pns ,le 111~mc, -1·c11111rqnons-lP, en c11 qui concernc les 111cnhl"s <1,1 d{-hi-
ltJtll". On con,pr1•ndrnlt ponrlnnt que le j11g1i1nent de co11<111111nalion assnr~I an dernan-
dt•ur 1111 droit ,le prt11\'•r,111c1• sur lf's 111t•11hlf'S co111n1e sur )!'s irn11H•11b)Ps. ~lais il n',in PSl
pns ninsi dnns nolr11 Uroil. I.P l'r11ancif'r n'11rq11ip1•t 1111 droit pri1·11tif snr lf's hiens
1nohiliPrs ele son cl,1hitPnr que pn1· l'cfl",!l dt! la snisie. Po11rq11oi cette diff1lrcnr.r. '! Elle
fit>nl cl'11hor1l 111,c que les rncuhles :11·11i1•nt nutrefois 1noins d'i111port11111·c <JIIP lt•s ln1n1cu-
l1les : !'lle ti1•11t nussi 1\ CP ()111' la procédurc de snislc des 1111•uhl1!S f'Sl 111oins longuc q1111
1·1dle des i1n1nc•11hles. ti y a 1noins il crnindrc, di•s lors, 11ue le l'ro'•nnciPr po11rsui1nnl
puissc s1• volr d,ipouillé, avnnt d'arri,·er II réalisation, dn h{,n,1 llce cl1i sa 1lilig1·111:e.
'
DES IIYPOTIIEQUES

l. -- Origine historique de l'hypotheque judiciaire.


Les législatio11s qui ont établi une procédure collective de liq11idation des
biens, non se11le111ent po11r le con1111erc,ant, 1nais aussi pour le non-cornmer-
c,ant en état d'insolvabilité, ne connaissent, pas l'l1ypoll1equejudiciaire. Bien
au contraire, elles cl1erchent a assurer 11nc répartition a11ssi équitable que
possible des biens entre les créanciers, et, des lors, interdisent a ceux-ci de
se procurer un droit de préfércnce au détrin1ent des a u tres, postérieurement
a l'ouvcrture de la procéd11re de liq11idation.
Il e11 était précisé111ent ainsi en Droit ron1ain. Lorsqu'un débiteur était
insalvable, ses créanciers po11vaient se faire envoyer en possession de ses
biens par le préleur. Cet envoi en possession donnait aux. créanciers un
droi t de gage (¡Jig niis p1·:rtorium) sur tous les biens du débi teur, mais
ce droit de gagc était créé au profit de tous les créanciers, tout comme
l'l1ypotl1cque légale étalllie par 11otre Cocle de com1nerce (art. !190, 517,
C. com.), au profit des créa11ciers de la faillite.
11 exislait bie11 pourtant, en Droit ro111ain, une institution qui resse1nblait
a notre l1ypotl1cque judiciaire: c'était le pignus ex causajudicati capium,
véritable garantie l1ypothécaire que le juge pouvait concéder au créancier
sur les biens du débiteur récalcitrant. l\Iais le juge n'accordait cette garan-
tie a11 de111ande11r q11e si le débite11r était solvable, et refusait d'exécuter 1
son ollligation, ou s'il n'y a,,ait pas d'autres créanciers.
C'est l'abandon par notre ancien Droit de l'organisation collective de la
déconfiture qvi a engendré l'hypotl1eque judiciaire. Du rr1oment que le lé-
gislaleur ne prenait plus en mains la défense des intérets des créanciers, il
fallait }Jien leur perr11ellre de les défendre e11x-n1en1cs. A11ssi, voit-on appa-
raitre l'l1ypoll1cque j11diciaire ele fort bon11e l1eurc dans notre ancien Droit.
Beaur11anoir la signale a11 XIIIº siccle. 11 sen1ble me,ne qu'a cette époque le
jugement de cor1damnalion donnait préférence au créancier sur tous les
biens, meubles et immeulJles, d 11 débi teu r. L' ordonnance de l\foulins ( 1566),
art. 53, cor1sacra définiliven1ent l'l1ypotl1eque judiciaire sur les immeubles,
et lui clonna pour poi n t ele départ la date men1e du jugement. « Des lors,
a
et l'i11sta11t 111c111e ele la co11da11111atio11 dor1née en dernier ressort ... , sera
acquis it la partie droit d'l1ypotl1i'~r111e s11r les biens elu condamné pour l'clfel
et cxécution elu jugc111cnt ou arrel sur l11i olJlenu. »
l)cpuis cctlc ópoq11e, l'l1ypotl1cr111e j11diciaire a to11jours été conservée par
11olre l)roit. Les rédaclc11rs d11 Code l' ont présentée comme un moyen efficace
tl'<1ssttrer l' exéc11lio1i des j ugeme,ils. ·

11. - Décisions qui emportent hypotheque judiciaire.

1° L'l1ypoll1cq11e judiciairc cléco11le de to11t juge111ent de condarnnalion.


:iº ]~lle dcíco11lc en oulrc des sentcnces arbitrales, lorsqu'elles ont été re-
v<'!t11es de l'ordon11a11cc j11cliciairc d'exécutio11 (art. :i 1 :i3, :i• al.).
3° 1~11fi11, elle clécoule égalemc11t de cerlai11es contrai11les adn1i11istra-
livcs.
918 LIVRE III, - TITRE 11, - DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE 111

1º Jugements de condamnation. - Toutes les dé,:isions rendues par


la justice ne donnent pas naissance a 11ne l1ypotheque. Pour que cet effet
se produise, une double condition est nécessaire.
1\. - 11 faut qu'il y ait jugemenl, c'est-a-dire décision rendue par un
tribunal au sujet d'une contestation portée devant lui.
B. - 11 faut que cejugement prononce une condam,talion, c'iost-a-dire
a
constate une obligation la cl1arge de l'une des parties, et lui ordonne de
l'exécuter.
011 remarquera que l'article 2 123, 1e• alinéa, semble con,:;.11 er1 termes
plus larges, puisqu'il dit que l'l1ypotheque résulte des jugements en fave11r
de celui qui ]es a obtenus. l\fais il n'est pas douteux que, seuls, lesjttgemerits
de condamnation produisent hypotl1eque, car l'h:ypotheque_ suppose néces-
sairement une créance dont elle garantit le paie111ent. La ou il n'y a pas de
créance, il n'y a pas d'hypotl1eque .•.\insi, par exemple, un jugement reje- ·
tant pure1nent et sin1plement la demande n'emporte évidemment pas hy-
potl1eque. Pourtant, il en sera autrement s'il condam11e le demandeur aux
a
dépens, car, dans cette mesure, il l'oblige payer les frais faits par le dé-
fendeur. De n1en1e encore, les jugements ordonnant 11ne enquete, 11ne ex-
perti~. ceux qui statuent sur 11ne question de compétence ne produisent
pat; non plus hypotl1eque.
En revanche, tout juge11ie1il qui condamne l'une des parties entraine l1ypo-
theque sur ses biens.
II en est ainsi q11elle que soit la 11ature de l'obligation i1nposée, que ce
soit une obligation de donner, de fairc 011 de ne pas faire, qu~ le 111ontant
de la condamnation soit délern1i11é ou indétern1i11é. 11 suffit mcn1e que le
gern1c de l'ol)ligation se trouve da11s la clécision d11 tribunal. La qucstion
s'esl prése11tée nolan1111ent a l'occasio11 d'u11 j11gcrr1e11t ordonnanl i1 un
comptablc des deniers d'a11lrui, associé, n1andalaire, gérant d'alfaires, de
rendre ses con1ptes. 11 n'est ¡Jas douleux q11'en ce qui concerne l'exécution
de cettc obligatio11, le n1aitre de l'afl'aire cst co11vcrt par l'l1ypothcque. Mais
supposons q11e la rcddilio11 de co111pte fassc apparaitre u11 reliquat de dette
a la cl1arge du co111ptable. Cetle créa11ce sera également gara11tie par l'l1ypo-
tl1eq11e juciiciaire. 'relle est du 111oins la' sol11lio11 ad111ise ¡Jar la j11risprucle11cc
(l\eq., 19 aoul 1878, D. 1). 79.1,'.!64,S.7!)·' ·29).l~ien eles auteurs, il cst vrai, en
co11teslenl le bic11-fondé, pour cettc raiso11 <¡11e le j11gen1c11t de reddition ele
compte 11e condan111e pas le con1plal,lc it payer le reliq11al, 111ais se11leme11L
a rc11dre con11)lc. l\lais la jurispr11de11cc rc¡it111sse av<ic rais(111 celte disti11c-
lio11 scolastiq11c; car la scco11cle ril>ligatic>11 esl la suite uécessaire 1Je la prc-
' 111icre. L't111c el 1·a11trc so11L co11lc11t1cs 1la11s le juge111enl. ll serait vrai111c11l
'
exccssif de refuscr a11 de111a11dcur <111i inle11tc u11c ¡>arcille aclio11, le bó11ólicc
de l'hypoll1e1¡uc, pour la gara11tic tic la créa11cc co11staléc h so11 profil, el rlc
a
l'obligcr enta111er 11ne scco11cle inslancc en vue cl'ass11rer le pnierr1e11t ele
ce qui lui esl d1i. N'cst-cc pas ln en ctl'et le b11t direcl <111'il po11rs11it en de-
a
n1a11dn11t eles cornples son r11andataire ~
}leu imporle également le caraclere 1111 j11gemenl q11i or<lonne d'exl,cuter.
Que ce soil 1111 j11gcn1e11t JJrovisoirc, ¡,ar exc111ple, 1111 juge111c11t co11da111nnnt
'
DES HYPOTHEQUES 9 19
a a
le mari payer une pension alimentaire sa femrne pendant la durée de
l'i ns lance en divorce, ou un jugement tranchant le fond du débat, que ce
jugeme11t soit cont,·adictoire ou par défaut, il engendre toujours l'l1ypothe-
a
. que, et le créancier aura le droit de l'inscrire, sauf la voir lomber si la dé-
cision qu'il a obte11l1e est réformée par une décision postérieure (Civ.,
t, aout 1913, Gaz. Pat., 21 octobre 1913). Si, au contraire, lejugement est
confirmé, ou mainten11 par le rejet de l'opposition de l'appel ou d11 pourvoi
en cassatic>n, l'l1}·potl1cq11e conservera le rang que luí a donné s011 inscrip-
Lion (Monlpellier, 5jan,ier 1911, S. 1911.2.114).
Peu importe aussi la juricliction dont émane le jugement de condamna-
tion: juges de paix, tribuna11x civils, cours d'appel, tribu11aux de comn1erce,
tribuna11x administratifs, consuls franc;ais a
l'étranger, l'article 2123 les
englobe tous da11s sa généralité.
Bien plus, l'l1ypotl1cc1ue est attachée meme aux juge111ents rendus par des
tril)unaux élrangers, }JOurvu qu'ils aient été déclarés exécutoires par 11n tri-
!Junal franc;ais (art. 2 123, !1° al.).

Décisions n'entrainant pas l'hypotheque judiciaire. - ,\u contraire,


les décisions des tribunaux q11i ne présentent pas le caractcre de jugements,
11e produise11t pas l'efl'et énoncé par l'article 2123. \'ous citerons nolamment:
1\'. - Les /Jroccs-verba1ix de conciliatio,i dressés par les ;1iges de paix, qui
co11slatent la reconnaissance d'11ne obligation et la promesse de l'acquitter.
!~11 elfet, le juge de paix slalue ici, no11 C(imn1e juge, rnais corr1n1e co11cilia-
te11r. II 11e fait que reconnaitre l'acc<Jrd des cleux parties, il ne condamne
))US.
,\u contraire, lesjur;eme11ls conve11us Oll cfexpédie11t, c'cst-a-dire les juge-
n1ents rencl11s entre deux personnes r1ui sor1L cl'accord et veulent sin1ple111ent
faire co11slaler c~l accord llar la j11slicc, e111porlent l1ypotl1e(111e judiciaire.
(~ela peut paraitre lo11l d'a!Jord contradictoire, puisqu'il 11'y a pas eu a pro-
}lre111e11l parler proccs; 111ais 'celte solulio11 s'explique par cette idée que le
a
j11gcn1c11t d'cxp<'•dient conda11111q l'une des ¡Jarties exécuter son obligation.
13'. - Les acles ,te jurid¡clion r1racie11se. - lis dill"ere11t ¡1rc>fo11dérr1enl des
0
j11gc111enls; le trilJunal stal11e alors, 110n ¡ilus con1rr1c juge ll 1111e co11lesta-
ti11n, n1ais con1111c invcsli tlºune a11torité (lile la loi l11i a confiée pour l'ac-
co111¡1lisse111e11l de ccrlaincs o¡iératio11s juridi(Jties q11i ne pe11ve11l se fairc
sa11s scln i11tcrvPnlion. I•:11 011Lrc, !'acle ele juridicliort gracie11sc 11e suppose
pas l'exislcncn c1'1111 lilige. ,\insi, 1111 juge111cnl 11on1111a11t 1111 ad1ninislrale11r
Jirovisoire des IJic11s tl'u11 alit'·11i'· (arl. !111¡), ou 1111 cort:-.'<:'il j11cliciairc, r1'cn-
ge11dre pas une l1y¡lollH')r¡ue s11r les i1nrne11}Jlcs de cclte ¡1crso11ne. De 1111~n1e,
1111 j11ge111cnl cl'adjudicatic>11 clºun i111n1eulile vP11tlu e11 juslice 11e grevc ¡>as
1l'l1ypolh«'~1111c les )Jicr1s <le l'adj11clictllaire (Li1111>gcs, :{ n1ars 1854, D. ll. 55.
:.i.:.i!l, S. G!,.:.i.:{,li¡.
!,e clo11le s11 pri'·sc11lc cepc11tla11l a11 sujcl tics juge111e11ls l10111ologua11l ur1
Jlarlage fail nn juslicc. lci cncorc, cJn dcvrail décicler, sc,11lilc-L-il, que l'l10-
111ologalion cst un acle rclcva11l de la j11ri1liclion gracic11sc, el quc~, eles lors,
clic 11'cst ¡>as 1111e vérilalJ!c décisio11 co11lc11Licusc. I~Ile revclirait, il esl vrai,
920 LIVRE 111. - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE PARTIE, - CHAPITRE 111
ce caractcrc si 1'1111 eles co1)arlagcanls avail sot1le,é i1nc co11Lcslation rclati,c
au partagc el cle111a11llé au lrilJu11al ll'e11 111odifier l'écono1r1ie. i\Iais la jt1ris-
prt1dence ne fait pas cetle clisti11clion. U11 arret réce11l de la Cl1a111lJre civilc
du 4janYier 1911 (D. ll. 1911.1.249, note de :\I. Planiol) décideque lejugc-.

, ' 111e11t el'l1omologalion proelt1it Loujours l1ypotl1equc sur lous les i111111eulJlcs
des copartageants ala cl1arge desquels le parlage établit des obligations.Cettc
l1)·potl1eque Yient done s'adjoindre a11 privilege étalJli ¡)ar l'arliclc 2103-3" .

a
Elle ne fait pas dou!Jle c111¡)loi avec lt1i, car la dill'érc11ce ele cclui-ci, clic
porte, 110n seulen1e11l. sur les in1n1eu!Jlcs lJarlag·és, n1ais sur les i111111eulJlcs
personnels des co¡Jartagea11ls. 11 11ous ¡Jarail difficile de justificr ccllc s0111-
tion. Elle 111éconnait, nous se111blc-L-il, le ,éritable caraclerc du jugcn1e11l
d'l10111ologation, acle d'autorité et no11 de j11ridictio11. 1\11 surplus, cettr
so lution est e11 contradiclio11 avec celle c1uc 11011s i11cliq11ions ci-dessus a11
. ,,
sujet du j ugen1ent d'adj11tlication d'11n i111111c11blc ve11d11 en j11slice (V. 110-
ta mment Limoges, 3 111ars 1854, IJrécité). 11 n'y a pas ele raison IJour fairc
produirc a ces deux sortcs <le juge111cnts des cITets difrérr11ts, car ils 011t lc
'
n1 en1e '
caracterc.
"

EJ1:ception a la regle que les jugements de condamnation empor-


tent hypotheq ue j udiciaire. -- La loi clt1 9 avril 1898, sur les accide11ts
el u tra,ail, eléciele da11s so11 article 2G, 4" ali11éa, que les elt'\cisio11s conela111-
n a11l le cl1ef d'cntrc1)risc, ot1 la Co111pagnic d'assura11ce it l11i sulJslil11éc,
e11vcrs la Yict i111c ou ses rc1Jrésc11tan ls, 11 ·e111 ¡)ortc11 t pas l1y1Joll1c'.~que j ucli-
ciaire s11r les lJiens du conda111né. Cclte cxccplion a la rL·gle ele l'arlicle 2123
a pour bul ele 11e pas grcvcr Lrop lourde111e11l lcs biens cl11 cl1ef cl'cnlre1irisc.
''
¡· La loi de 1898 a pris cl'aulres mest1res, r1qc 11ous co1111aisso11s (V. SllJJl'li,
p. 397), ¡)011r gara11lir le ¡Jaic1nc11l eles incl<'n1uilés allo11<'.•es.

2° Sentences arbitrales. - Les arlJilrcs so11t des jugcs cl1oisis par les
parties; ce so11t des }Jarliculiers a11xq11els elles clonnc11I 111issio11 de lra11cl1cr
le conílit q11i · les clivisc. La elécision rc11cl11c par cux 11'c11 csl pas 111oi11s
u11 véritablc jugc111cnl, el le Coclc de 1iroct'·clure civilc (arl. 1<J20 et s.) la
<Jualilic ele ccltc fac;rJJI. Ní:aun1oins, C<)111111e clic é111a11e ele ¡1arlic11liers, clic
n' a pas force cxéc11Loire, el 11'c111¡iorte 1ias de ¡1lei11 droil l1)·¡Joll1<'·c111c sur
les bié11s el11 1Jcrcla11l. (~e elci11IJlc cll'cl 11e se ¡irocl11il q11'a11ta11l e111c la juslicc
a rcvel11 la se11lc11cc ele l'aull1c11licilé, c11 1iro11011e:a11l. l'e,fc1111al1tr<iu orelon-
nancc el'cxí•c11lie111 (arl. :i 1:13, 3° al.).

:{° Contraintes administrativas. - 011 elt'~sig11c so11s ce no111 eles 111n11-


clc1ne11ts aya11l force <'Xt•c11Lciirc e¡uc les ael111inistratici11s ri11lilie¡11cs (co11lri-
b11 tici11s clircctes, contrilJ11tio11s i11elirccles, clo111ai11c, c11rcgislre111c11t,· ctoua-
ncs, ele.) ¡ic11vc11l eléccrncr contrc les parliculicrs elé!Jilc11rs ele l'l~tat. Ces
acles d is¡ic11sc11 l l'a u tori ti~ ¡iu J,lieJ uc ele fa i re cci11lla 111 ner le cl1\l,i l<:11 r c•n
justicc, et l11i J)<'l'Ir1cll<'nl <le saisir i1111111'.eJiale!I11cnt .ses J,i1•11s. ),1• l'<'tlcYa-
blc, conlrc IP<Jll<'I la c<Jntraintc csl elt'•ccr111:c, ¡icul, <l11 r<•st,•, 1·11 1irinci¡1<',
c11 arr1\tcr l'cxt'•c11Lio11 1iar 1111c si 111¡,le o¡i11ositic111.

,,
'
'
DES IIYPOTHEQUES 921

Les contrainlcs acl1ninistratives re111pla,:;ant 11n jugen1cnt de conlla111na-


tion, on dcvail se dc111andcr si elles 11'e11gcndrent ¡las 1·11ypotl1eque judi-
ciaire. La c1ucslion, forl déball11e apres la pron1ulgation d11 Code civil, a
dor1né lieu a deux aYis cl11 Co11seil cl'Etat des 16-25 tl1ern1idor a11 \.lI et des
2 9 oclcilJre 12 110,e111bre 181 2, lcsq uels 011 t acc¡11 is force rJc loi en vert11 de

leur ap¡lrobalion ¡lar le cl1ef de \']~la t et de leur i11serlio11 a11 BLtllcti,i eles
lois co11for111é111cnt a la Co!1slitutio11 alors en ,ig·t1eur. Le llrc111ier ele ces a,is
a cléciclé, e11 llri11cipe, c¡11c les co11trai11Les e111porle11t l1_ypoll1ec1ue ele la 111en1e
n1aniere et aux: 111e111es conclitions c¡ue les co11cla111nalio11s prono11ct'·es par
l'aulorité jucliciaire, el le seco11cl a reco111111 s¡lécialen1ent cet ellet a11x
conlrajn tes clécernécs Jlar la rég·ie <les Douanes.
Ilt'·sulte-L-il ele la que lo11tes les contrainles e111portent l1~·potl1óque j11di-
ciaire :i On l'a soute1111, et lel parait llie11 elre le sens a¡lparer1L de l'a,is de
l'an :XII. Cc¡lcr1dant, ce 11·est pas ainsi que l'i11ler¡lrete la j11ris¡lr11dence.
a
Elle a acloptó 11nc dislinclio11 to11L fait sagc. J,a co11trainte, clit-elle, n'e111-
porlc l1y¡)oll1ec¡ue jucliciaire c¡11e si elle a le caractere cl't1n etc/e 1le j1tridic-
lio11, c'est-it-dire si l'acl111i11istralio11 c¡ui l'é111el statuc c11 tant que trillu11al
acl111i11islralif. Elle 11e l'engendrc 11as, au conlraire, si la co11lrai11lc co11sli-
l11P 1111 acle d'aulorité, un acle ,le co111111a11(lc111e11l, éllicl<'· sa11s c¡11'il y ait cu
litigo. llar applicatio11 ele cetlc clisli11clio11, les trilJt1naux eléciele11t que
l'l1ypoll1ec111e j11cliciaire 11'esl allachée 11i a1~x co11trainles clécer11ées par la
rógic ele l'E11regislre1111•nt po11r le recou,re111e11t eles droits fiscaux (Ci,·.,
28 ja11vier 1828, 1). J. Ci., /Jrivil1'ges el·l1ypoll1., 1110, S. cl1r.; Ci,·., 4 avril
a
1900, 1).11 • 1901.1.219, S. 1901.1.19¡), ni cellesquié111anentelesConlribu-
tions i11direclcs (llcq., 9 nove111bre 1880, D. 11 • 81.1.:>.!19, S. 81. 1.30!1), 11i a
cellcs des Co11lrill11lions clirecles, cclles-ci 11't'•la11t c¡ue des injo11ctio11s
aclrcssócs a11x agc11ls ele l'all111i11islralic)11 cl'avoir i.t fll'Oct\dcr aux: l)Oursuites.
Des lors, l'hyJlOtl1t'·que 11e s'allacl1c plt1s c¡u'aux: co11trai11les délivrécs par
l'adrninistratior1 eles D011anes.
'
I I I. - Cas ou la loi enleve aux créanciers le bénéfi.ce
de l'hypotheque judiciaire.

~1¡11s avons cli l c¡11e l'l1y¡Joll11:c1ue j11diciaire esl deslii1,;e a s11p¡lléer au


<lt•faul el'cirganisation colleclive de la lic¡11i<lalio11 des IJicns du el1'•bilet1r 011
clécc>11fil11rc. ~ous lro11vcJns la ccJ11fir111alicin lle celle itit'e 1\a11s ce fait que
1,\ rit't la loi a élalJli 1111c pr1Jcécl11re colleclive de lic111i<lalicJ11, clic enleve aux
créa11cicrs le )Jé11éflce de l'lt)'potl1eq11e j11<liciaire. <Jr, il• e11 esl ainsi da11s
les clc11x si l11alio11s que voici :
, 0 J,:,1 ras ,le J,iillite. - J.clrsc111e le cl,\))ileur esl un co1111r1erc;a11l el r¡u'u11
j11ge111cnl a pr<J11oncé la cléclaralio11 cle faillilc, le Code ele co111111ercc regle
les co11st'·c111e11ccs de ce j11ge111e11l. Les créa11cicrs cl11 failli perde11l 11ota111-
n1enl le ,lr<>il cl'cxcrcer cc111lre l11i llcs po11rs11ites inclivicluelles; lc11rs i11té-
rets /1 lous ~011t repr<'•sc11lt'\s 1lésor111ais par le S)'t1clic. 11 e11 r,ísulle q11·aucu11
-crta11cicr 11c ¡1e11l 11l11s ptll11's11ivre le <lél>ilcur, }l011r o)Jtc11ir co11lre lui 1111
juge111enl ele co11clan111alio11 et, par suite, une l1ypoll1eq11n sur lous ses biens •

922 LIVRE III. - TITRE II. - DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE III

Bien plus, si lln créancier a,,ait fait condan1ner le débitel1r antérieurement


a la déclaration de la faillite, mais n'avait pas encore pris inscription a ce
moment, il ne pourrait faire inscrire son hypothcque ( art. 2 146, 1•r al., C.
ci,•., 448, 1•r al., C. com.).
En cas <le mo,·t d1i débiteur, lorsque ses liéritie,·s acceptenl la successio11

sous bé11éjice d'i11l'entaire. - Quand il y a acceptation sous bénéfice d'i11-
,·entaire <l'l1ne succession, la loi a organisé, <l'une fa~.on rudin1entaire il est
,·rai, la liquiclation clu patrimoine (art. 808 et s., C. ciY.). Sans doute, elle
n'enJcye pas aux créanciers du eléfunt le droit de saisir indiYidl1clle111ent les
biens, elle 11e les organise pas en n1asse, comme dans le cas de faillite;
111ais l'article 21!16, 2• al., leur interdit, en pareil cas, de prenclre aucunc
inscription s11r les bie11s a
co111pter du jour d11 déces. II résulte de la que
les créanciers n'ont plus aucun intéret a obtenir 1111 jugen1ent de condan1-
nation contre le rléf11nt, car ils ne pol1rraient faire inscrire le11r hypotl1eq11c
(Bordeaux, 6 février 1851. D. 1>. 52.?.. 167).

1,r. - Critique de l'institution.


'
L'_l1y1Joll1eq11e j11diciaire a été hea11cou1J attaquée. 11 n'est ni équitalJle, ni
ralionnel, a-t-on <lit, de don11er 11n droit de préférence au créancicr le plus
a.pre, le pl11s pressé, 011 n1ie11x placó qu'11n antre pour co11nailre l'élat pr1•-
caire ele son délJite11r. « .<\ux approcl1es de la dóc,)11fit11rc, a-t-on écril (Ch.
Beudant, Les s11relés perso111ielles el ,•éelles, t. 2, p. 10'1), l'l1ypotl1óqne sera
ainsi le prix de la co11rse, 011 le résullat de coll11sions. Quelquefois elle sera lf'
résullat du l1asard. suiva11t q11c les tril>unaux saisis de plnsieurs den1ar1des
contre lln n1e111e dél>ite11r expédieront les afl"aires plus 0111noins vite, suivanl
a
rt11e la créance don11cr:1 li<'tl eles co11testatio11s plus 011 n1oi11s difficiles <JU
long11es, '1'011t cela est f,lcl1e11x. » !~11 consÓfJL1e11ce, IJcauco11p de jurisco11-
s111 les se prononcen t acl uelle1nen t po11 r l' al>oli lion de. celte insti t11 tio11.
Les criliqt1Ps q11c 11011s Yenons <le ra1)portcr sonl cerlrs fondt\es en gra11<l<'
¡>artic. ,1ais 11ous croyons c¡11'ellcs se tro111penl rl'adresse. (;e 11'esl ¡Jas sur
l'inslil11tion ele l'l1ypoliH~<(tle j11<liciaire qu'clles ¡iorlenl en rt'•alitú; c'f'sl s11r
l'al>senc<', <lans 11c>lre l)r<iit. de l011lc róg·lcn1c11latici11 ele la <lt'•co11íit11r<• (~'<'sl
ccllc lacu11P, rl elle s<'ttlc, <¡11i esl la ca11sc de l0111 le 111al. ()r, lanl <111'cllP
s11lJsislcra, lanl <(IIC la loi laisscra :'1 cl1aq11f' cr1·ancier 11• so11ci de vcillrr ú sPs
inlór1\ts nt ,le se fair<' Jla~·er s'il le ¡)et1l, il fa11<lra 111ai11lf'11ir l'hy¡Joll1i')e¡11c
jncliciairc, car nlle n'<'sl <¡11c !ajuste co1r11Je11snli<)II <le l'i11<iill't'•re11cc du It',g·is-
Intc11r ¡\ l'i•gar<l des crt'•anciPrs. N'esl-il J>as 11alnr<'I a¡ir1'.s lo11t, 1i11isq11'il 11·.,
a llll s tic llr<Jc1·< I11 rf' col l<'cl ive ele Ii,¡11 iela l ion, <t II e le e r1~1111ci e r le ¡>I 11s di Iigc111 ,
a
le Jll11s allrnlif la <lt'd'Pnsc <le s<•s clr<JÍls soil le 111ie11x lrail1• ;, ·ra11l pis ¡i<Jllr
les n1·gligenls. ],a SIIJlprcssion [lllre el siJll()le tic l'l1y¡>othi'·e¡1111 j11diciairl',
si ellf' <icvait <)!re co11sarr1\e, ca11scrnit 1111 J>r<'·ju<licc i111111i•ril1\ nux cr1•a11-
r·iers c¡11i 011t e11 cor1fiance clans le <l<'·liile11r el n'o11t exigi'· de l11i aucunn
garantie. ()11clle scrnil <'11 ell'<'I l<'11r sil11atio11 i1 lis 11'a11raie11L 1>l11s <¡11c la
ref!so11rcc clr. In saisi<'. l)f' celtc rf'ssonrce ils useraier1l cl'aille11rs liinn ¡>lus
rtn'act11cllen1r.11t, en <¡11i Jlf' sr.rail JJas 1111 progr<~s. A11jo111·cl'l111i, c11 ell"cl, le


DES HYPOTHEQUES

créancier qui a fail co11dan1ner son débite11r, et a inscrit son !1ypotl1cquc,


¡Jeut désormais attendre; il est ·garantí. En outre, en cas de suppression de
l'hypotl1ec1ue judiciaire jusqu·a la saisie, le débiteur pourrait faire dispa-
raitre ses biens par des moyens frauduleux, et les créanciers en seraient
réduits aux preuves difficiles de l'action Paulienne.
Enfi11, co1n111e l'a fait remarquer le Congres de la propriélé privée da11s
ses vce11x acloptés en 1896 (V. Baudry-Lacantinerie et de Loynes, O/J. cit., t.l.
¡J. LXXX). les detles ne dérivent pas seule1nent des contrats, rnais tres sou-
,•ent de la loi, des délits 011 quasi-délits, et, dans ces cas, il 11'est pas possible
au créancier destipuler a !'avance une garantie. Or, et les créances qui 11aisse11l
de tous ces faits, les pensions alimentaires in1posées par la loi, etc., sont a11
n1oins aussi sacrées que celles qui sont consti tuées au profi t de prcteurs d 'ar-
gent,et cependant elles leur seraient purement et simplen1ent sacrifiées, ¡Juis-
qu'il dépendrait toujours d'un débite11r 110n cor11n1er<;a11t de les annuler e11
consentant au profit de tiers des l1ypotl1eq11es conve11tionnelles ».
Nous ne croyo11s dor1c pas q11'il soit ulile de supprir11er l'l1ypotl1cque
judiciaire; ou, du 111oins, sa suppressio11, si on la pronon<;ait, devrait s'ac-
compagner de l'organisation de la faillite civile '.
La Belgic1ue a cependant alJoli l'hypotl1cque judiciaire, sans réaliser la
seconde partie de la réforme. La loi du 16 décen1lJre 1851, crui a 111odifié
cl1ez nos voisi11s le systcn1e l1ypot.J1écaire du Code Napoléon, a réalisé cctle
s11ppression. ~fais, pour ne pas laisser les créanciers a la rnerci d11 débiteur,
11ne loi postérie11re clu 15 aout ,854 a décidt\ que, a partir du jour 011 le
créancier saisissant aura fait transcrire le co1n1nanden1ent qu'il signifie a11
débiteur avant de procécler a la saisie, ce dernier ne pourra plus disposer de
l'i1111neu!Jle a11 ¡Jréjudice clu pours11ivant. C'est la 11ne disposition analogue a
cellc de l'arliclc 686 de notro Codo de procédure civilc, rnais pl11s cfficace.
car, d'apres 11otrc article 686 c'est se11leme11t la transcriplion du proccs-
verbal de saisic, lec¡ucl ne peu~ etrc fait que trente jours apres le con1-
1nanden1e11l (ar!. 674), qui frappe le bien saisi d'indisponilJilité.

1. C'est d'une idre analogue que s'inspirait le projct ,le loi eléposé r:ir ~l. Dupuy-
lluternps, en 1894 (J. O., /)ne. ¡,ar/., 1894, Chamhre, p. 114). Ce projPt supprir11ail l'hypo-
theqne ju,liciairP, "t flxait en r11ér11e te1nps le 1nor11ent ui1 il ne pon\'ait plus etf'e pl'is
<l.'inscription snr lfis hiens ,lu elt\hitPur an pr11jn,1ire de 111 rnasse eles erilancirrs chiro-
grHphaires. A cct ell'et, il introrluisait c!Jez nous 11111' pruc,1,lnrr usitée dans un grand
non1hre dt! législatiuns 1nodPrnes, la 111ain111Í$e i111111()biliere. Par CPltc pl'oc,:dure, les
créanciPrs de so1n1nes échuPs et liq11irl,,s pcnvent Jlf'ovur¡uPr une in~cription qni proflle
,\ lo11te la 1nasse ,les créanciers. CPtt,, inscription rend IPs hiens inaliénahli'l<, et e111¡.,Ache
qu'ils soiPnl grevés de nunvelles hypolht,qnt•s. L',,ll'el de la ,nainrnisc pent se prulonger
pendanl denx ans.
'-" projPt tlnrlan, sournis rlrpnis aux Charnhrrs, 11 n1alhe11reusPnHint nhandonné crlte
voit>, el propuse la suppression pnrc et simple de l'hypolheque judiciaire. ~lais. lors de
la 1lisc11ssion qni s'1ist 011,·erti: ,fans son sein, fe 2:J uctc,hre t!JOS. le Sénal s'cst pr·u-
non~t', ponr IP 111aintien rl,, l'hypotfH'.qnc jncliciaire et s'csl cuntrnt,\ el'ajouler a l'nr-
licle 2123 1111 pnrngra¡illc ainsi corH¡n: « La nullit~ de l'hypothi•r¡uc jndiciaire ponrra
élre tlr11111n,l1\r. ¡un· les créanciers donl le dr'lit sr.ra anlérieur au ju¡¡;erncnl, el t•lle dp,·ra
~lre ¡irononcéf', r1•lalive111ent 11 e11x, lorsqt11\ ce j11ge111Pnl aura 1\té <1hlen11 en connaissance
el~ l'(otnl ele ,li\conlllnre ,In déhiteur • (V. sur lous cPs points l'cxcPllente étntlc de
1\1. de LoynPs su1· hl réforrnc de nolre régin1e hypolhrcaire, dnns son trailé rles l'rivile-
r¡es et h1111otlteques, en collahoration avec l.laudry-Lacantinerie, t. 1, p. LXXIX cts.).
LIVRE 111. - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE P,\RTIE. - CHAPITRE 111

Du reste, l'a!Jolition de l'J1ypotl1cq11e j11lliciaire a donné lieu en l3elg·ir1ue


a une jurispr11ele11ce e111i e11 est en q11elque sortc la ccln1pensation. Les trilJu-
naux belges acln1ette11t, e11 elfet, q11e le créa11cier ¡Joursuivanl Jleut den1ar1der
au tribunal de co11da111ner le dé!Jiteur a lui constituer une hypotl1eque sur
ses IJiens, sous peine <le do111n1ages-inlérets e11 cas de retare!, et ils fo11t
volontiers clroit a cetle sorte de den1ande.
1\joulons, co1111ne l'a fait ren1arcruer cl1ez 11ous le Congres ¡Jrécité de la
propriété IJatie ele 1896, qu'e11 Belgique, llep11is la su ppression de l'l1ypo-
tl1eque j11eliciaire, le 110111bre des expro¡Jrialio11s a tri¡Jlé. Voila q11i confirn1e
11olrc obserYalio11 précédente sur l'ava11tag·e crue pe11t offrir l'l1~·1Jotl1cq11c
jucliciaire pour le débitetrr lui-men1e.

SEC'fl ON IV. - ll YPOTIIEQ(;E COXVEXTIOXXELLE.

L'l1ypoll1eque co11vention11elle, elit l'article 2117, 3° alinéa, << est celle qui
dépcncl eles conve11tions et ele la for111e extérieurc eles acles et des co11trats >>.
Ces ller11iers 111ots 11e11 clairs 11e ¡Jc11Ye11l <~lre con1pris, llans l'état actuel lle
110L)·e Droit, q11e co111111e faisanl all11sio11 a11 caraclere for111aliste elu co11trat
d'l1ypotl1cc1ue; ils signifie11t c1u'il ne pe11t etrc valable111ent conclu que dans
la forr11e notariéc. ,\. les lire, 011 croirait qu'a11jourd'l1ui encore l'l1y11otl1eq11e
est allacl1c'·e ele plcin llroil a la for111e cxtérieure des actes, c'est-a-elire aux
acles notariés, n1ais ce 11'esl la eru'11r1 s011venir n1ale11co11trc11x t!e l'a11cie11
Droit.
Les articles 21:1!1 ;i 2133 ll11 Colle civil qui forme11t la scclio11 III eles !1_ypo-
ll1er¡11es co11ve11lio1111elles cléter111i11e11t:
1º Lrs C<>11ditio11s re<111iscs lla11s la perso11ne elu co11slil11a11l.
2° Les for111cs ll11 C<)nlrat ele co11slil11tio11 d'l1y1Joll1eque.
3° J<:11 011tre, ils écliclcnt la r<'·g1e ele la s¡Jécialilé .de l'l1~·potl1t':que.
!1º El e11fi11. ils inlcrclisenl. l'l1y¡10Ll1cque de!'\ )Jie11s :'t ,·cnir.
:\'011s t'·ltHlicrous s11ccessi,<·111c11t lous ces [lOi11ts.

§ l. - (;011••ltlo1•1!1 ••e•111INCl'!l ••••••l'!l 111 1,er..ic•••••e «111 eo1•Ntlt111•11t.


L'article :i 1:1/1 1·n<i11cc i111plicile111e11l ces co11dilio11s : (( ),es J1y¡Jotl1t'111ues
co11vcnlio1111ell<'s 1111 ¡ie11vc11l elre co11sc11li11s c¡11c par ce11x c¡11i 1111L la ca¡Jacilé
d'aliéuer i<'s i111n1c11IJl11s 1¡11'ils y so11111elle11l. n
Bie11 <¡11e le lexle ne parle c¡11e ele la ca¡Jacil(· d'ali{\11cr, les co11clitio11s re-
c¡11ises so11l en rt'\alilé au 110111lJr11 lle cle11x; car, ¡Jo11r p1111voir ali{·r1e1·11n i111-
111e11!J!e, il f'a11l 11t'·cessaire111c11t en ,'tre ¡>r<>¡>rit'•lairc. Ai11si lio11c, dlre ¡1ro-
¡1riétaire <l<' l'ir11111e11ble, i!lre cr1¡1r1ble rlc l'(1lic:11er, tcllcs s011l les deux qualités
qui cloivc11l se r<1nco11lrcr 1la11s la 1>erso1111e llu C<111slitua11l.

1 º Premiare condition: Etre propriétaire de l'immeuble. - Q11'u11e


1>crscJ1111c• 11c ¡iuisse ¡ias conslilucr 1111c lty¡>otlu\c¡ue s11r 1111 i111111e11blc 411i ne
lui a1>1>artie11l ¡ias. cela lo111IH\ so11s Je sens : 011 ne ¡1e11l pas pl11s !1y¡>othé-
'
DES IIYPOTIIEQUES

quer l'in1111euble d'autr11i qt1'011 11e peut le venclre (art. 1599). U11e sen1bla-
!)le l1ypotl1cc1ue est nulle, co111n1e est 11ulle la ve11te de la cl1ose cl'autrui. Les
effets de la nullité sen1l)leraienl done devoir etre les 111er11es dans les rJeux cas.
Cepenclant, il n'en éSl rie11, lajuris¡Jrudence et la Doctrine traitant to11t dilfé-
re1nme11t les det1x situations. 'l'anclis que la nullité ele la ,-ente de la cl1ose
cl'autrui est, on s'en souvie11t(\'. su¡1ra, J). 433) t1ne 11ullité relative, qui ne
pe11t etre i11voquée que par l'acl1eleur et 11011 J)ar le ve11deur, et q11i s'éteint
si, postérieure111er1t, le vrai propriétaire ratifie la ve11te, ou si le ve11cleur ac-
quiert la propriété, au co11traire, 011 décide que la co11stitulion d'l1ypotl1cque
faite a 1io1i domi,io est nulle d'11ne 1i11llilé absolue, invocable par conséq11e11t
par tout intéressé, et 11011 susceptil)le de disparaitre, 111e111e si, plus tard, le
constituant de,·ient pro1)riétaire (Civ., 24 n1ai 1892, D. JJ. 92.r.32í, S. 92.1.
289; riiontpellier, 1ofévrier 189G, D. P. 9¡.2.2Gg, S. 9G.2.1:18 '; Ci,-., 13 no•
veml)re 1912, D. 1>. l\)':l.·1.4:13, note ele :'II. de Loy11es, S. 1g14.1.15o). La
jurisprude11ce et les auteurs i11voc111ent l'arlicle 21:ig, 1• ali11éa. qui i11terdit
l'l1ypotl1cquc des biens it ,·e11 ir. Cetle prol1ibi tio11 pro11 ve, di t-011, qu ·on 11' a
l)as le droit cl'l1ypotl1équer 11n bie11 do11t on n'est pas act11cllement proprié-
taire, et, la raison en est qu'u11e conslituti~n d'l1ypotl1cque ainsi faite 11e pré-
senterait pas les garanties q11e cloit olfrir le gage l1ypotl1écaire. La qualité
de propriétaire est done considérée co111111e un élé111ent esse11liel du con- ,
trat, et la 11ullité de l'l1ypotl1eq11e de la cl1ose d'aulrui est, en co11séque11ce,
11ne 11ullité d'orclre public. L'arret précité ele la Cha1111Jre civile porte n1e1ne
que le co11trat e_st en taché d'une nullité absolue, co111n1e 11ia1iqua1it d'objet;
sa11s doute veut-il dire par la que l'objel est illicile.
Q11oi qu'il e11 soit, les a11leurs concluent de la solulio11 ad111ise e11 juris-
IJrudence <ftle le dé!Jilcur ne po11rrait n1en1e pas hy1)oll1équer ti11 !Jie11 ne lui
apparte11a11t point, sous celle conditio11 q11'il e11 acquerrail par la suite la
propriété. 011 se souyient, au GOnlraire, qu'une ve11le faite dans ces condi-
lions serait parfaiten1e11t vala]Jle.

t. L'espece au sujet de lnqu1Jlle ces dcux arréls onl •1 té rendus 1n1\rite d'etrc signn-
lée. l)1!UX copropriétaires d'un tcrrain, /'ri11111s et Sec1111d11s, alin de le 111ettrc en valenr,
ouvrcnt une ruc au n1ili11u, puis se partagent lt• terrain indivis, rhacuu prenanl la pat'lie
s1tuée d'1111 ccitú cl1J l;l rue. L'un 1t'enx, l'ri,nus, ven,t son t1•rrai11, Pl l'acheteur, en cons-
trnisant, P1npii,t1J sur le sol de la r111• inrlivis1! qui dessert les dPux i111n1eulilrs. 11 h~po-
lheque ensuite sa 1naison au Crédit foncier. Secu11dus, proprit1 taire de l'aulre i1n111euhle,
se plaignnnt de l'nsurpation co1nrnise, nctionne en jnstice lll riverain d'cn face et le tri-
hun:d, r1!conuaissant le hien-fondé de sa prétention,111ai5 ,·onlant é1·itcr la dén,olition de
l'i1n111euhlc, décide qnll In largcnr norrnale de la run sera reportée de l'antrr. coté, et
conclnrnne l'nsurpntenr 1\ pnyer 1\ !'nutre nne inde11111ité torrespondant il. la vnleur du
terrain usurpé. L11 dernandeur fait inscrire l'hypolhiHJUe rés11ltant de ce j11gc1nent de
condamnalion. Plus tard, la maison est cxpropri1\e :'t la dcrnanrlc du Crédit foncirr, et un
ordre s'ouvre pou1· en distribucr le prix aux créancirrs in~crits. Dans ccl or.tr(•, le jugr
,·olloquc lli Cré,lil íoncicr au premier rang. llais Sei:1111dus, t·rtancier de l'inde111nilé 11
lui 11ll011¡1e par Ir. tribunal, uttaquc cett,i collocation et sontirnt que l'hypolhcqu,i cons-
l1tut\e en faveur du Cré,lit íoncier r>sl nulle, dans l,l 1nPsurr. oil elle porte sur la pnrtifl de
lr>rrain usurpée par le constructcur, car nu 1110111ent oit PIie a ,',té ,·onslituél', ce dernier
n','•lnit pns propriétaire ,le el! terraln. Les arrets précilt:s ont re,·,1111111 le bien rondé de -
rette prétention.

LIVRE III. - TITRE II. - DEUXIE"IE -PARTIE. - CHAPITRE III

Du propriétaire sous condition suspensive ou sous condition ré-


-solutoire. - Celt1i qui a un droit de propriété subordonné a l'arrivée
rl'1111e conditio11 ne ton1be pas so11s le coup de la prol1ibition précéde11te; il
peut l1ypotl1équer son droit tel qucl. L'l1ypotl1equc ainsi conslituée cst va-
la)Jle, n1ais elle est soumise a
la 111en1e incertitude que le droit de pro-
lJriété. L'article 2125 éno11ce la regle en ces ter111es: (( Ceux q11i n'o11t sur
l'i111111euble qu'un droit suspendu par une condition, ou résoluble dans cer-
tai11s cas, ou sujeta rescision, ne peuvent consentir qu'une hypothcque sou-
1nise aux n1emes condi tions ou a
la 111eme rescision. n
La regle ci-dessus s·applique aussi bien au propriétaire sous condition
suspensive qu·au propriétaire dont le droit est sou111is une condition réso- a
lutoire. On sait du reste que condition suspensive et condition résolutoire
ne sont que les deux faces de la 111(\me modalité. La faculté ainsi accordée
au propriétaire sous co11dition s11spe11si,e d'l1ypotl1équer s011 clroit n'a
rien lle contraire, re111arquons-le, it la prol1i bi tion d'l1ypoll1équer les biens
a ,·enir co11tenus dans l'arlicle 2129, 2• al,, car, si la.co11dition se réalise,
le conslituant sera réputé a,·oir été propriétaire au jour ou il a l1ypoll1équé
l'in1meuble. 011 trouvc cependant, en 111atiere de vente it rén1éré. lles arrets
qui paraissent contraires, car ils déclarei1t que le vcndeur a
rén1éré, 11e
peut J)as valable1ne11l l1ypotl1éqt1er l'i111meuble ava11t cl'avoir exercé le ra-
cl1at (l\eq., 29 juin 1870, S. 71.2.9; Paris, 12 aot1t 1871, D. P. 73.2.133,
S. 71.:1.193, 11ole de \1. Lal)bé, co11tra)'. i\lais d'autres arrels ad111etlent la
solutio11 co11traire qui, seule, parait conforrne aux: pri11cipes (13ordeaux,
1:J aout 1872, D. P. 73.2.209; ,\lger. 2 noven1lJre 1885, D. J. G., 1-'riuilcge
a
el l1ypol/1cque, S. 788), au moi11s si 1'011 e1rvisage le vcnlleur ró111éré co111111e
u11 11ropri1'.láire st111s co11clition s11spe11sivc. ·
13ie11 enle11du, si le droil de propriété clu co11slitua11l étail all'ecté d'u11e
ca11se ele résol11tio11 qui se ¡)roduisit sans ell'el rétroactif, ex 111111c el no11 c.:,;
/11,zc, con1r11c la résolutio11 cl't111r: donatio11 i1nn1obi!i('>re po11r ir1gralit11cle-cl11
llo11alaire, l'l1)·¡)otlu'-1¡11e co11senlie J)ar l<' proprit',tairr: clo11l le llroil esl résolu
11c serail ¡>as a11/•a11tie. el c'csl ce r¡11c 11011s (lit l'article !)58, ¡irécist',111c11l :t
¡iro¡1os ele la ca11se lle róv<Jcalio11 <¡ue nt1us ve11(111s <Ir: cil<'r.

Du copropriétaire d'un immeuble indivis. - l.<, ct)¡>r<>t>ri{lairc <1'1111


i111111e11!Jle l)cul l1y¡iollu'•t¡11r:r la 1)art inclivisP, la 111<)itii'·, le tiers, le quarl,
<¡t1i l11i apparlienl tlans la 11ro¡Jrió1é 1lr: l'i1111r1e11l1Ie, 1uais le Sl>l'l tle cclle
I1y¡iotl11,c¡11P lli',¡1e11ll de la f'n<;<)ll tl<>lll ¡>reudra lin l'i111livisi(lll. Si l'i111111cu-,
L>le esl ali1,11t', el ac1111is }Htr 1111 1·tra11g1•r, l'h)·poll11•c¡11c rr:sle valal1le, Pll Ilriu-
cipc. Si, nu conlraire, l-'i1111uc11l)lc e:--l 111is a11 i()l di' 1·1111 tles a11lr1•s c<>¡>r•>-

1. 11 Bsl vrni q11B dans lt•s especes prévues par ces arr~ls, le droil ,11, rénu\r,·, avait ,11,1
c1ldé par le Vl'nilt•ur il 1111 licrs. 11 e11l t'!l,1, d1',s lors, par trop contraír,, 1\ l',111uitt', ,Ir.
dé('idPr <1nc l<'s hypolh1\q11cs n(.i•s ,!11 clu,f du VP11clP11r ava11t la cPssion gr1\v1•r11i1•11l l'i111-
n1e11hl1, r11,·hPl1\ par 11' cPssionnairr. l\lais ne pouvail-011 pas justili(•r ct,ll1! solntion par
un nutre arg11111c11t. pnr PXPll>plP, 1'11 disant ·qttc, le v1•11,IPur qui c,-.,lc, 11, droit di' r,\nu\r,\
1·enon1•p par lil nu\rnc i, loute p1·11tention sur la chos1, et, par cons,\c¡11Pnt, ;\ s,iu droit
condilionncl '?
I '
'
l)ES IIYPO TliEQU ES

priét aires 011 ac<¡uis par u11 d'eux , l'l1ypoll1eque s'éva nouit , ¡Jarce que le
_parlag·e ¡Jroeluit 1111 ell'el elécl aralif (art. 883, C. civ.), et que, enco11séquencc,
l'i111rneublc est ré·1Juté 11'ayoirja111ais été dans l'indivisio11, n1ais avoir appa r-
tc11u ú celu i qui est a11jourd'l1ui atlri} Julair e, dc¡Juis ll' jour ou l'indivisio11
a co111111e11cé: el'o1'1 il résul le <111e l'l1ypoll1equc a été conse nlie a 11on,llo111i1io.
Si, au conlr aire, l'i111111cuble est acqu is ¡Jar le cor1s liluan l lui-1nen1e ou 111is
cla11s son lot, 1·11spotl1cque qu'il a co11slituée est définitiYen1enl co11solidée.
On re111arquera e¡u'11n copro priét aire pour rait n1eme, pc11danl l'i11e!iYisio11,
l1ypotl1équer la totali té de l'imn1e11lJle pour le cas ou il en de,•ie ndrai t pro-
priét aire exclu sif par l'effe t clu parla ge. L'art icle 2 r 29, 2e al., ne fait pas
o!Jslacle a la Yalidité de cette sti¡Julatio11 ; il ri'y a pas lit en effet liypo the-
a
que d'11n )Jie11 ve11ir, puisq ue, si l'in1m euble est n1is au lot du const i-
tua11t ou ace¡uis par l11i, son droil de JJropriété ren1o ntera dans le passé e11
cler;1\ du n1orr1c11l 01\ il l'a l1ypoll1équé, jusqu 'h l'<'•poque <111 déb11t ele l'ineli-
·visio11 (I\eq ., 26 n1ars 1907, D. J>. 1907.1.388).

Cas exce ption nels dans lesqu els les hypo theq ues cont inue nt a
grev er l'imm eubl e bien que le droi t du prop riéta ire soit rétro acti-
vem ent effac é. - 11 y a trois cas dans lesfJuels, ¡Jar excep tion a la regle
¡Jrécédenle, la résol11Lio11 rélro activ e du droil ele prop riété du cor1s tituan t ,
laisse cepe11clant sulJs islcr l'hypoll1<'r111e. Les deux prcn1 iers ,isen t l'l1ypo~
tl1cque légal e tic la fe111me r11ariéc el s'ex11liquenl par la faveu r clor1t la loi
cntou re cetle l1ypoll1óq11e:
1º Pl'e1niel' cas. - Le n1ari a rc\tl u11 i111n1eulJ!e it tilre ele dona tion, avec
clause ele relou l' pour le cas oi'1 il 111ourrait aYant le clo11ateur (art. 952). Si
celtc cci11elilio11 se rt'·alise, lou::¡ les elroits réels 11és clu cl1efdt1 dona tairc sont
'
cll'acés. ,\lais, ¡1al' cxce¡1Lior1, l'l1)'Püll1óque légal e de la fen1111e survi t. 11 n'en
esl ainsi , il esl Yrai, q11c sous, lcs conditio11s suiva11les .
.\. - 11 faut que la tlrJ111Lio11 ait <'~té faite da11s le co11trat de 111ariage.
11. - 11 faul que les a11lrcs liic11s d11 111ari scJienl i11st1ffisa11ts a gara ntir
.\ la fen1111<! In ¡1aic111c11I tic sa dol.
C. -- l~nfin, J'l1~¡)oll1eq11c lég·ale 11e s11r,il <¡ne ¡io11r la garan lic ele la clot
•·l tic,; ccJ11,c11 Li<)IIS 11111 lri 111<J11ialcs.
'.>." Seco1t<Í ,·,1s. -- Le lllari a rc<,'.U eles lJic11s ele so11 asce11da11L 011 tic so11 frerc
011 sc1Jur ri1•e1· C'h/11'[/C ,f,, les /'c1i,ll'1: ,'t ses 1lcscc11<l1111/s !_arl. 10!18, 1ot1g). Ces
IJiens ¡1ass1!11I a11, clescP11cla11ls <111 <lonatairc lil1res <le l~111Le <'l1argo r1ée ,lu
cl1cf de cclui -ci. (:e¡1e11danl, l'l1yp<Jllu~quc l<'·g·alc ele la fe111111c su!Jsisle, 111ais
sc11lc111c11l JHHII' le <'a¡1ilal <lesa clol, sous les con<lilions s11iva11tcs:
,\. - ()ue le 111ari s,iit inscilva)Jln.
JI. - (¿uc le l<•slalc11r l'ail ex¡1rcssó111enl orclonnó (arl. 105/1).
:1° '/'roisi,\111<i ,·,is. - J,c lr<)isi<'-111e e.as csl celui fi1'1 ur1 i1r1111culJ!c i11<livis a ét,\
l1y¡1<1Lhéc1111· ¡,a,. /011s /,is co¡11·0¡1rit:lail'cs. 11 11'y a ¡¡Jus a!(>l'S 1\ s'i11quiéler ele
l'eflcl. <léclaralif' llll J)11l'lagc. J,'hyJ>Ol)1ec111e COIISCl'YC SOll ellcl, <111el q11c soil
a
le r<'·sullal 1111 1iarlage. <:etlc llis¡lc)silio11 finalc, ajo11léc l'arli clc 2125 par
la lrii clu :J, tl1'!ccn1l,rc 191<), a e11 ¡Jo11r l111l d'cr11¡)ecl1cr le résul tal vrai111cnt
injus lc a111111cl cu11<lt1isail ici l'a¡Jplicalio11 tic l'arli cle 883. ]~11 cfl'cl, avar1l


(

LIV!lE llf. - TITI\E II. - '


DEUXIE)IE PAIITIE. - CIIAPITRE III

cettc loi. il résullait de l'article 2125 <¡ue les l1ypotl1eques, ela11s la 111es11re 011
elles avaient été conse11ties par les co¡)ropriétaires autres q11e •
le coparta-
. geant altributairc ele l'in1n1eul)le, <'•taicnt cffacécs, les constituants éta11t
censés 11'avoir jarr1ais été co¡)ropriétaires de l'i1r1111e11ble : l'l1ypotl1equc
s11IJsislait seulc111e11t dans la 111esure ot't clic avait été conscntie, po11r sa J)art
inelivise, ¡)ar l'attrilJutairc actucl. Ce résultat était 111anifcsten1c11t co11traire
a la volo11té cln créa11cicr .e¡11i, c11 cxigca11t l'cugagcment ele tous les créa11-
ciers, avait 1Jrécisén1ent voul11 éviler les consér¡ucnccs de l'cfl'ct eléclaratif,
a
et celle des autres copartagcants qui avaient consenli lui assurcr lotilc a
séc11rité. De lú l'équitable elis¡Josilior1 ele la loi d11 31 décen1l)re 1910.

Hypotheque consentie par un propriétaire apparent. - J,a regle


que l'hy1Jotl1t'·<¡11e c<Jnscntic lt 11011 clo111i110 cst n1ille, stibit une exccptic>11 pour
le cas 01'1 le constil11a11l e,l 1111 liéritier a¡ipare11l. 011 sait, e11 cfl'ct, c¡11e la
j1iris¡Jr11elcnce ad111el. la vnli<lilé des nli(•11nlions el eles conslitutio11s <le droit
réel,: co11sentis 1Jar celtii c¡ui l)nsse, aux yc11x eles tiers, J)Our le véritalJlc
succcsscur elu défnnl (\'. to1nc 1•r, ll· gG3).
La n1¡'\n1e sol1ition a été étendue par ln juris1)ruelcnce da11s le cours de ces
clernit)res an11écs, aux l1ypotl1ee¡11es constituées par les prete-110111s c¡ui se
présc11taif'nt aux ticrs cor11111e pro¡)riélaires d'i111111e11l)lcs a¡J¡)artc1ia11t, cr1
réaliti'·. /1 fl~s co11grt'•galio11s religie11ses i1on a1itoris1\es. l~aisant ici appli-
calio11 ele la 111axi111c J.,'rror 1·0111111t111is f11citj11s, clic a validé les l1y1)otl1eq11es
ai11si co11stit1iées (\'. Civ., 17 j11illel 1go7, D. 1). 1go8.1.11, S. 1go7.1.l101,
note de l\1. \\-al1l et les concl11sio11s ele :rii. le Jlrocureur gé11éral 13a11do11i11.
Cf. Civ., 23 111ars 1go9, 1). l>. 1u10. 1.11 11; l{ce¡., ¡ el 8 jnillct 1go¡¡: Civ.,
l'.l jJJillcl 1gon, 1). I). 1()1(), 1.372, S. l!)O\). l .5!18, l!llO. 1.8!1).
Ajonlons, et cela rés11ll.c eles regles ele 111,lre syslt!111c fle ¡i11IJlicité i1111110-
Jiilierc. e¡11c le vcndcur tl'1111 i111111eulilc ¡Jcul, la11l c¡uc la vente 11'a pas ét<'~
transcrile. co11slit11er utilc111cnl eles l1y¡1otl1equcs sur l'i1n1nc11blc venclu.
En cfl'ct, il csl ele111eur<'· pro11riétaire a /'éf¡nrcl lles fiers (\'. to111P I•r, 1>. ¡¡:ir)).

:iºDeuxieme con di tion : Etre capable d'aliéne1·. - 1iuu r 1Jo11v,,i r


co11stil11cr valalilc111c11l 11uc l1y¡u>lhi'•¡¡uc sur SC'S i111111e11liles. il f'aul <fUC le
J)ro¡irit':taire S(iil Cll/Jable 1l'alié11er. J•:11 ell'cl, l1ypoll1ée¡11C'r csl 1111 acl.e aussi
gra,·c c¡11'aliér1cr ¡¡¡11· les co11s1\<¡ue11ccs ,¡u'il c1111iort1~. Les i11ca11aliles ne llCt1-
,·c11L d,i11c l1~·1iotl1óe¡11cr leurs i111111c11lilcs ¡¡u'cn c1liscrva11t les 11H1111cs f'or111a-
lités e¡ue ¡i<>Ur l'alit!llalit>ll (\·. noln111111e11t 1)011r les 111i11e11rs, art. !157 el !158,
arl. !18 11 ; ¡1011r l'interelit, arl. :io!J; 11our les 11crson11cs ¡1<)urvues cl'un co11scil
judiciaire, arl. !1!)!) et 51:~).
J>ar exce¡ition, il y a eles l1y¡Joll1<'·scs 01'1 une J)crso1111e jo11il ¡l11 clroit el'l1y-
1>ollu\,¡ul·r sa11s ay11ir ¡)<Jurlanl cel11i el'aliéucr. 11 e111 cst ainsi tlans les cas
. ' :
c1-a¡irl!S
,\. -- l.c 111i11elll' é1na11ci¡ié, (llt{Ol'is11 11 jitil',! /,'. COl/lllle/'r"C C(lltf'or111é111e11l ¡,
l'arlicle :i ¡J11 ('.ollc ¡}¡• co111111erce, ¡>e11t lty¡>oth<'~<¡11cr ses i1111r1e11blcs sa11s
avoir l1csoin <l'c\trc n11loris1'·; au conlrair<', il uc 1>e11l les ali1:ucr r¡11'nvcc
l'a11lorisntio11 ll11 ce111scil lle f'ar11ille hon1ologu<\c ¡1ar le trilJtinal (arl. G,
C, COlll, ).

DES IIY POT HE' QU ES

B. - So11s le régi111e de co n1 mu na uté , lor squ e le co ntr at


de n1 ari age
ameublit les i111111cubles pré sen ts ou fut urs de la fem me , c'e st-
a-d ire sti pu le
qu 'ils en tre ron t en co n1 mu na uté , no n pa s po ur le tou t,
ma is jus qu 'a co nc ur-
ren ce d'u ne cer tai ne son1n1e, le ma ri a le po uv oir de les
l1y pot l1é que r jus qu 'a
co nc urr cn ce de la son 1m e am eu bli e, n1ais il ne pe ut
les ali én er qu 'av ec le
.co nse nte me nt de sa fem me (ar t. 1507, 3• al. , et 150 8,
2• al. ).
C. - 1<:nfin, il y a ur1 cas ou le pro pri éta ire pc rd le dro it d'a lié ne r, ma is
con ser ve cel ui d'l1 ypo ll1 équ er. Ce la se pro du it au ca s de
saisie de l'imn1euble.
L'a rti cle 686 du Co dc ele pro céd ure civ ile dé cla re
en eff et qu e la pa rti e
sai sie ne pe ut, c'i com¡Jter du joz1r de la transcriptio,i de
la saisie, ali én er les
in1n1e11bles sai sis a pci11e de nu llit é. :\Ia is, d'a pre s la
jur isp rud en ce, cet tc
pro l1i bit ion ne vis e qu e l'a lié na tio n, et n'e mp ech e pa
s la co nst itu tio n d'l1)'-
pot !1e que . Ce qu i ex pli qu e, no us dit -el le, l'in ali én
ab ilit é de l'im me ub le
sai si, c'e st qu e le dé bit eu r sai si po urr ait , en ali én an t,
en tra ,·e r la n1 arc he de
la sai sie , p11isq11c le sai sis san t de vra it rec on1 n1e nce r les
po urs uit es co ntr e le
no 11 vea u pro pri éta ire . Or , rie n de pa rei l n'e st a red ou ter
qu an d il s'a git d'u nc
con stit 11l ion d'l1 )'p otl 1eq uc. Ce tte co nst itu tio n ne nu
tai rc, pu isq ue l'a dju dic ati on va pu rge r les l1y po tl1 equ
ira pa s a l'ad juc lic a-
es; ell e ne nu ira pa s
-non plu s a11x cré an cie rs dé ja ins cri ts. Le s seu ls au xq
ue ls ell e pe ut po rte r
pré jud icc son t les cré an cie rs cl1 iro gra ph air es ; n1a is
ceu x-c i 11'a, aie nt q11'a
0

fai re co nd am ne r leu r dé bit eu r en tcn 1ps uti le et a ins


cri re l'l1 ypo tl1 equ e ju-
cli cia ire . S'i ls ne l'o nt pa s fai t, c'c st qu 'ils n'o nt au cu
n csp oir d'e tre pay és
su r le pri x de l'in 1m eu ble .

Hy po th eq ue co ns tit ué e pa r un no n- dé blt eu r. Caution


ré ell e. -
Le s dc11x co nd ilio ns ci- de ssu s son t néc ess air es et• suf
fis ant cs. Il n'c st 1Jas
11 écc ssa ire , })OUr la va lid ité de l'l1ypoll1eql1c, qu e le co nst itu an t soi t le clé
bi-
teu r de l'o !Jl iga tio n ga ran tie pa r l'l1 ypo tl1 equ c. Ce rte
s, la co1 1st itu tio n d'h y-
pollii'·r¡uc é111anc le plu s sou ve1 )t du clé )Ji lcu r lui-111er11e,
qu i use de ce 111oi·c11
(le crc'~clit po ur se pro cu rcr les f;:1ncls qu 'il ve ut c111pr
u11ter. ~la is il arr ivc
r>arfois a11ssi <1t1'u11 tie rs conse11t it l1ypoll1ét¡,1cr son in1
111el1IJle da ns l'ir1térc\t
a
(!u clc'!IJilc11r, JJ011r pcr111cttre ccl ui- ci de fai rc l'e111p
ru11t do11t il a IJcsoi11.
Ce tiP rs ¡1orlc le no111 de ca1tlio1i réelle. Cor11111e r1ous
l'a vo ns cléj/i dit (s1111r1't.
¡>. í').;>), i1 la clilférc11cc de la ca11lio11 (Jrdi11aire (ar t. 201
r), la cau lio n rc'•clle
11 c s'o l>l igc 11as ¡icrsor111cllc111c11t su r lou s ses l>icr1s; cli c alf ccl e sculc1
11cnt
1111 c>11 plu sic urs i111111c11lilcs a la s11rclé ele la cré a11 cc: ell e 11'cst lcr111c
<111e
¡11·0¡1/er 1·e111. l,e créa11cier ne po11rra clo11c, au cas d'ir 1so l,1
ali ilit é clu déb itc 11r
¡>ri 11ci pal , rio11rsuivre (¡ue les i111111c11Iilcs l1y1>0Ll1éq11és
. La ca11tio11 rc'•cllc,
ten un sc11lc111c11l ¡1roJ>le1· re111, se lro uv c, c11 son1111c (la1
1s 1111c sil11atio11 <Jui
rcssn111l>lc ¡\ ccl lc <le 1·acr¡uc\re11r d'1111 i111111e11!Jlc !1y
pot l1é qué , 111ais il ~- a
t!nlrc• les <lcux r>hligés, les clill'érc11ccs sui va1 1tc s:
1º Sa <¡ualiló ,Je clé lJil eur acccss1>irc <lo nnc a la cauli<111
réc llc 1lcux ava11-
laµ·1•s 1¡11c 11'a ¡)as le lic rs <lt\lc11lc11r :
.\. -- <)11a11cl la ca11Li1>11 r{iclle a ¡>ayó le créa11cicr, cli c
csl s11l,rogc':c co nlr c
les tie rs 1l{•lc11tcurs 1l'in1111e11l>lcs hy¡ lot héq t1é s :'1 la cle lle
(ar l. 12i'i 1-3°). ()r ,
le tic1·s tlt' !lc ntc ur jon il l>ic11 égalcr11c11t tl11 n1e1ne J,é1
1éJicc ele sul Jro gal ior 1
1'urnc11
!i\J
LIV RE 111, - TlT RE 11, - DEUXIB' ME PAR TJE . - CHA l'ITR E 111

tion
ma is il ne pou rra it pas pou rsu ivr e l'ir nm eub le hyp oth équ é par la cau
Tel le est du rnoir1s l'op inio n gén éra lem ent adm ise, et elle se jus tifi e
rée lle.
des con sid éra tion s d'é qui té, et par cet arg um ent que le tier s dét ent eur
par
pri n-
qui acq uie rt t1n imm eub le l1y pot héq ué est l'a) ·an t cau se du dél lite ur
).
cip al; il ne peu t pas avo ir plu s de dro its que luí (V. supra, p. 734, 735
B. - La cau tion rée lle peu t inv oqu er l'ar ticl e 2037 pou r rcp ous ser la
ues et
pou rsu ite des cré anc iers , qua nd la sub rog atio n aux dro its, hy¡lotl1eq
r en
priv ileg es du cré anc ier ne peu t plu s, par le fait de ce cré anc ier, s'op ére
fav eur de la cau tion . .

2• En rev anc he, la situ atio n de la cautio11


'

est inf érie ure a cell e du tier s dé-


ten teu r en ce qu' elle ne peu t pas pur ger .

§ e. - Fo 1·m es d11 t!o ntr at de «!0 11s tlto tlo n 1l'l 1yp otl1 eq1 1e.

l. - Né ces sité d"un act e not ari é.

Or igi ne et uti lité pra tiq ue de la reg le. - Le con trat de con stit i1ti on
ypo the que ne peu t elre co1 1se nti qt1e par acl e pas sé dev ant 11o taire
d'h
(art . 2127) C'e st un lles rare s con trat s solenr1els de not re Dro it.
lre
Cet le reg le, cou serv ée par les réd act eur s du Cod e civ il, vie11t ele 11o
ind is-
a11cie11 Dro it. Elle s·y éta it étal1lie lle l)on nc l1ci1rc. 11 sen1ble, c11 c1l'ct,
io11s
pe11salJle, dan s 011 syste111e l{Ui n'o rga nis e ¡1oint la pt1 hlic ité eles aliér1at
bilie res et des con slit utio 11s cl'l1 ypo tl1e que s, de con fier la réel acli o11 de
i111r11o
a sil1lcs
ces acle s un not aire , car c'es t la seu le gar ant ie con tre les cau ses pos
ictio11 ou de 11l1 llilé . El po1 1rla nt, r1o tre a11c ie11 Dro it n'i1 11p ()Sa il la fc>r111c
cl'év
arié e qt1e ¡1o ur les acle s de con stit utio 11s d'l1 ypo tl1e q11 P, 11011 _ 1>01 1r lc;,-
- nol
it ú
lrar1sfcrls de proprit':Lé. L'l1ypothec¡11e éta it r11eme atlacl1ée ele ¡ilei11 <lro
l1e-
la se11le réclaclion de !'ac le 11olarié co11slatant t1ne cr(\a11ce; il 11'étail 11as
s le
sc>i11 ele la stir iulc r cxpressé111e11t. 11 r1'en esl plu s ai11si a11jo11rcl'l111i, nc,u
i Lé ele
savo11s, 111ais les rt'·claclcurs <111 Cod e onl 111ai11len11 dt1 111oi11s la 111\ccss
Jrrai t
}'acle IHilarié ¡1011r !'ac le co11s\.ilt1lif <le l'l1y¡>t>llti'.1¡11c. Cel te exigc11ce }1(H
S(llll
dtHtc 1ia rail rc <le 11<>s j<Hll'S cxcessivP, 111ai11lena11t <¡11n les l1~·11<)ll1i'·,¡11<!S
la loi
s<)11111iscs á la 1i11blicili'·. l\ali<H111ellc111cnl, 011 ne voi t ¡1as JHlt1r,¡11oi
act.i,111
11'i111¡ieisc ;111cu11c l'or111c ¡il>llr la Y<'11lc el'11n i111111e11lile, el exi ge la ri':<l
<l'u11 acle n<1larii'~ lHllll' la co11slit11li<111 ¡J'hypot)u\<111c.
<le
Cnpe11ua11t, il fa11t rcc<J1111ailrc <file cla11s l'{:Lat acl uel ¡l'i111¡H·rf'Pcli<>11
11Jilcs,
11olre r{•gi111e de 1111lJlicitó cl<•s acle s r<'lati l's 11 la }ll'<lf>riété ele.-; i111111c
l>(Jlllle
l'inlcrvc11lio11 cl1111olair-c 11<111r la c<>11stit11ti,i11 <l'l1~·¡>otht'·r¡11r. cst 11110
au 11,1- _
clH>sc. C'e st 1111c gar anl ic ¡1tH1r le cri'\a11cinl' hy¡H1lht'·cairc, car , gr1ic<'
.Y)lfl-
tair c, i<'s <¡uesli<HIS <l'(irig·inc <I<' la ¡>r<>prit'·tt'•, dn capacil{\, d'r. xisl nnc c <l'lr
(icacili':
Ll11'.1¡11cs (JCC11llcs :--er<l11l 1:l111li1\cs av<•c: soi n el. JHII' J;\, les ca11ses 1l'i11Pl'
HJL l1,'-e¡11c s<11'<J11l t'·,il{ •r,~- 1><1 1111\1111• , la IH>n 11c l'(\< lacli cin 1l,1 l'acl <',< 'I ccll <'
11<' l'hy¡
r<l< ·rcau x <l'i11scr i¡>L i<H I, q11i JH'l'lll<'I. seul 11 ,l'{~ cl1a ¡>fH '.I' a11x cau s,·s <)<\ 1111 1-
d«-s h<>
csl assu r{·c ¡1ar l'i11 tcr,e 11li o11 ll11 11< ilaÍr P. Pti1 1r !:<>1 111> re11< lr1i les 111í •c1i1 11¡i-
lili'\,
sla ler
lcs qui , a11Lrc111c11l, pourraic11l all<ii11clrc les i11l{\ress{:s, il s11flit <le con
'
DES IIYPOTIIEQUES

f[Ue les constitutions cl'l1ypotl1eque sont les acles qui, en fait, don11ent le plus
souvent lieu it des actions en responsabilité contre les notaires. N'est-ce pas
la preu·ve que ce sont les actes les pl11s difficiles et les plus dangereux?
Enfin, on JJetrt encore signaler un derniet· avantage de l'acte notarié. 11 ·
a
permet au créancicr hypotl1écaire non payé l'écl1éance. de saisir et de fair~
vendre l'irnmeuble sans avoir besoin d'ollte11ir u11 j11geme11t de condamna-
tion, ce qu'il devrait fair~ s'il n'avait qu't1n titre sous seing privé, c'est-a-dire
110n revetu de la formule exécutoire. La nécessilé d'un acte a11tl1eutique •

simplifie done, pour les créanciers l1ypotl1écaires, les formalités d'exécution,


et, par la, elle est, dans t1ne certaine mesure, favorable au crédi t.
Il convient cependant d'ajouter, comme contrepartie, que l'intervention
du notaire et l'enregistremenl de l'acte dressé par lui emportent des frais
assez élevés. On a calculé qu'en en tenant co111pte, un propriétaire ne trouve
jamais a emprunter a rnoins de 6 o/o, et que le taux de l'intéret pe11t s'éle-
ver bien au dela quand il s'agit de prets l1ypotl1écaires inférieurs a 500 francs.
Or, ces petils prets sont naturellen1ent les plus non1]Jreux.

Cas ou la constitution d'hypotheque est faite par mandataire. -


Lorsque le constituant 11'apparait ¡Jas :\ l'acte, mais y est représenté par 11n
r11anclataire, il faut q11e le 1nandal c¡ui lui a été clonné soit rédigé dans la
forn1e authentique. C'est la conséquence nécessaire de l'article 2 r 27. La loi du
r•r aoi'1t r8r,3 sur l~s sociélés par actio11s a cepe11dar1t apporté une exception
en faveur des sociétés par actions. Elle a ajouté a l'article Gg de la loi du
:iti juillet 1867 u11 paragrapl1e décidanl qu'il pourra etre consenti l1ypo-
tl1iique, atr norn de toute société com111erciale, c,z vcrlu eles JJ011voirs résultant
de sori acle <le .formation me11ze sous seinr¡ privé, 011 des clélibérations ou
auloris[ttions co11statées dans les fortnes réglées par ledit acte. J\.Yant cette
loi, lorsque les statuts de la s9ciété étaient rédigés par acle sous sei11g
privé, les géra11ts n'avaient pas le droit de consti t11er l1ypotl1eque sur les
in1rr1et1bles socia11x e11 vertu des pouYoirs qu'ils tenaient de ces statuts. fl
fallait c¡ue l'asse111lllée gónérale lc11r c11 do11nat 111andat cla11s la forrr1c no-
lariéc. La 1lis11rJsitio1111ouvelle óvite ces frais i11t1tiles, 111ais elle ne s'applir111e
a
qu'anx sociéti'·s cor11r11erciales 011 forrnc co111111ercialc.

Sanction de la nécessité de l'acte notarié. - J,c contrat d'l1ypothequc


réclig{i JJar actc so11s sci11g llrivé est 11ul d'1111e nt1llité alJsolue. La 111c~n1c
11ullitó f'ra¡,¡icrait le cor1tral., n1e111e s'il était 1>assé 1levar1t nolaire, 1nais par
1111 r11a11clalairc tcr1a11t S(lII po11voir cl't111 actc so11s seing privé (Civ., 15 f'évrier
18:I:l, 1)., .!11ris¡>. f/l:11., Vº S11ccessio11s, ,:36,, S. 3:~·'·'i\)2; l>oitiers, 4 cléccr11-
l>re 18\)\l, ]). J>. l\)<l0.2. 171, S. I\)0:>.2.247).
l>ar excr\plio11, la j11ris1iru<lcnce adrnet qt1c la 1111llilé cst couYertc par le
<lt'~pt,t <le l'acl.c C<Jnslil11tif' sot1s seing· 1>rivé enlre les 1r1ains <l'u11 11otaire. [,a
C<>nslit11lio11 <1'11y1H1ll11)<Jt1e c'lcvie11t ai11si Yalalile /1 clalcr <lu dlipot (Civ., 3 d1\-
cc111IJre 188!), 1). l'. 9<>.1.1cJ!í, S. 91.1.ií25). [,a j11risprucle11ce 11c l'ait ainsi
<111c cor1ti1111<~r Ia· tradition de 11otre ar1cic11 Droil, leq11el acl111eltait que, ¡>ar
le11r clé¡>ul cltcz 1111 11olairc, les acles sous scing ¡1rivé acquéraicr1t la r11c111e
(
.
LlVI\E lll. - TlTRE 11, - '
DEUXIEME PARTlE. - CIIAPITRE lll

autorité que s'ils avaie11t élé rédigés par lui (V. Potl1ier. De l'hypotlicque,
nº 19; Basnage, Des liypolhcques, cl1. 12). l\lais, naturellement, pour que cet
elfet se produise, il faut que le dépot soit elfectué_ du consenten1ent des
deux parties.

Exceptions a la nécessité de l'acte notarié. - Il y a deux exceptions


a la regle de l'autl1enticité.
• La premiere ,·ise l'liypotlicque maritime. L'articlc 2, 1°' al., de la loi du
10 juillet 1885 décide que le contrat peut ctre fait par acte sous signatures
privées. Le com1nerce s'accommode mal, en elfet, des lenteurs de l'acte
notarié.
La seconde concerne l'Etat. 011 adn1et que les acles admi,iistratifs peuvent
conte,iir constit1ilio,i d'liypoilicr¡ue au profit de l'Etat, sans interve11tion d'un
notaire. On fonde cette solution sur la tradition. La loi des 28 octo}Jre-
5 novemlJre 1790 (art. 1l1), relative aux biens <lon1aniaux, et celle des
4-7 n1ars 1793 (art. 3), relative aux 111arcl1és passés par l'Etat, assin1ilaient
les acles a<l111inislratlfs aux acles notariés et en concluaient q11e, comn1e ces
(lerniers, ils emportent hypotl1eque (\'. Bertl1élen1y, P,·écis de Droit ad,ni-
nistratif, 5• édit., p. 99).

II. - Formes de la rédaction de l'acte notarié.

Les c;onditions instrun1entaires de l'acte co11stilutif d'l1ypotl1eque se ra-


menent aux propositions sui,•antes:
'
1° L' acle co,istitutif cloit ctre rédigé en France. - « Les conlrals passés er1
pays étranger ne pcuvent donner d'J1ypoll1equc sur les biens de France »
(art. 2128). Ainsi, ur1 dé}Jilcur r1e peut pas, en paJs élranger, mcrne devant
un notaire. conslil11er l1ypoll1eque sur les i111111eulJles qu'il possede en
Fra11ce. Cctte exigence est vraime11t inexplicable. Les rédacte1.1rs du Code
civil l'o11t sirnple111ent Cl)piée llans l'arliclc 121 ele l'ordo11nance de ja11vier
1629 qui (lisail: (( Les juge111e11ts rcndus, conlrals ou obligalions re~'.US es
royau111cs el s011vcrai11etés élrangercs pour <¡11elquc cause que ce soil,
n'a11ront a11cunc l1ypoll1er¡11c ni exéculion c11 11olrc dil 1ioyau111c. n
Lors<111c les <leux parlies sonl fra11i;aises, elles 1ieuve11l, <lu res le, valal1le-
ment passer le co11lral devanl les cl1a11celiers <1'1111 de nos co11s11lats, les-
q11els s011l i11veslis des r11c111es fo11clions que les 11olaires. l\lais, si !'une <les
parlies esl élra11gere, la conslil11liu11 cl'l1ypoll1e<111<1 11e ¡let1l avoir Iieu qt1'er1
l•'rar1ce. A celle rl·gle si gcnar1le, l'arlicle 21 ~8 i11ji11e décide <¡11'il pe11l <~lre
a¡>porlé des exceptio11s /J<ll' (!es lois olt JJar ,les lrailés. J>,1r <lés lois, cela
,,a sans llire, n1ais il 11'er1 existe a11c1111e. JJar <les lraités; il y e11 a <l'assez.
110111}Jre11x q11i 011l, e11 elfel, i:carl1: la rigueur <le la disposilio11 <le l'arli•
cle 2128. lis sonl de de11x sorles. Les 1111s a11lurise11l les cl1anccliers ele
llOS COIIStllals U <lresser eles co11slil11lio11s d'hy¡H)llll'({llüS, q11an<l l'1111c <les
1iarlies 011 111<~n1e les cleux scinl 1:lra11g-tires. l)'a11tres, concer11a11t l'llalic, la
Suisse, la llelgi(¡11e, co11ferenl a11x r1olaires de ces ¡>ays le droil ele récliger
des co11lrals (l'lt)'lloll1e<¡t1e a1i1>licables sur <les i 111111cul1lcs fra111.~ais.
DES HYPOTIIEQUES 933
2° L'acte peLtl i!tre rédigé en nii,iule ou e,i breve!. - Presque tous les
acles nolariés sont rédig·és en n1inute. Cela veut dire que l'original reste
en l'étucle du notaire, lequel en délivre au créancier une expédition reve-
tue de la forn1ulc exécutoirc, dite grosse. En pratiquc c'cst presque tot1-
jours ainsi qu'est dressé le contrat d'l1ypotl1equc. Ccpenda11t, il résulte de
l'article 2148, ¡eral., qu'il 'peut etrc passé er1 IJreYet.
3° L'acle est rer;1i par
I
u,i seul notaire. - • 11 er1 est ainsi depuis la loi du
12 ao11t 190'.J, qui a n1odifié l'article 9 de la loi organique du 11otariat du
25 ve11ttJsc an XI, et a suppri111é la nécessité jusque-la imposée de faire
signer l'acte apres coup par un second 1iotaire ou deux témoins, forn1alité
qu'exigeait d'ailleurs expressément l'article 2 r 27.
4º L'acte doit, sous peine rle nullité, déclarer spéciale111ent la nature et la
situation de cl1acun des in1meubles sur lesquels le débiteur consent l'hypo-
tl1eque (art. 2 T 29).
5° 11 doit égale111ent,. sous la n1e111e sanction, individualiser la créance
pour laquelle l'l1ypotl1ec¡ue est consentie, c'est-a-dire en inclic¡11er la cause
et en énoncer le montant, sauf pourtant dans le cas ou le cl1ill're en serait
indétern1iné (art. 2132).
Nous étudierons ces cleux regles dans le paragrapl1e sui,•ant. Elles cons-
tituent, en ell'et, ce qu'on appelle la spécialilé de l'l1ypotheque.
~.
Hypotheques au porteur ou a ordre.
- 11 n'est pas nécessaire, en
revancl1e, d'indiquer dans l'acte le 1io1n. cltt créa,icier, bien q11e naturelle-
ment il s'y trou,·e presqt1e toujours. 1\ussi rencontre-t-on, dans la pratique,
des acles constitutifs dans lesquels ce nom ne figure pas. L'l1ypotheque
est alors constituée au 1Jroflt cl1i porleur ele [11, grosse. On vcut par la donner
plus de 111olJilité a la créa11ce et perr11ettrc au créancier de la céder lJlus
facile111er1t. 11 lui suffit, en eflet, de ren1ettre au cessior1naire la grosse de
l'acte·; pour lui transférer le liénéflce de sa créance l1ypotl1écaire. Il n'est pas
nécessaire ele faire une significalion au délJileur.
D'aulres acles ér1or1ce11t le nor11 rlu créar1cier, n1ais conliennent la clause
l1 orllrc. q11i l11i pern1et ele tra11sférer la créa11ce Jlar t111 sir11ple enclosse-
me11 t 1 •

Le príncipe ele la spécialité s'ap¡ilic¡11e it tou tes les liypotl1eqt1es, c¡uelle


q11e soit leur source, sa11fpo11rta11-t, d'ur1e part, les deux l1ypotl1eques léga-
les lle la fe1111r1e 111arióe el eles perso1111es ()fi L11Lellc q11i y sont cornplete-
me11t soustraites, et 1l'a11tr() ¡Jart, l'l1ypciLl1eque légale de l'Elat, des com-
1n1111es, el l'l1ypoll1eqt1e jt1cliciaire, q11i r1e srJn t so11111ises qt1'a la premic\re
des cleux r1\gles co11stit11tives de ce pri11cipe.
No11s avons dt'-jh ir1clic¡11é ci-desst1s ces de11x regles. Enon<;ons-les de nou-
vea11, e11 les classa11L d'a¡>res leur ordre d'ir11¡>ortance :
f. Voir J,ouis tlaston, Des obligalions hypothécaires a ordre ou au pol'teur, thcse Pul'is,
i907.
934 LIVRE 111, - TITRE 11. - DEUXIEME PARTIE. - CllA.PITRE III

1º Premiere regle. - L'l1ypothcque n'est valable que si ·1a créance


pour laquelle elle est constituée est individualisée dans sa cause et da,zs so,i
chiffre \art. 2132). On désigne cette premiere face du principe sous le nom
' de spécialité de la créance hypotl1écai1·e.
2º Deuxieme regle. - L'hypotl1eque n'est valable que si elle déclare spé-
ciale1nént la ,zaliire el la situation de chac1in lles in1111eubles actuellement
appartenant au débiteur. s11r lesquels il conse11t l'l1ypothcque (art. 2129).
Cette deuxieme face du principe s'appelle la spécialilé da gage hypothé-

cazre.
Nous avons dit ci-dessus que ces deux regles forment deux éléments es-
sentiels de l'acte constitutif d'hypothcque. Nous allons voir qu'elles doivent
également se retrouver dans l'inscription.

r º Spécialité de la créance hypothécaire. - Des deux regles énon-


cées, c'est la plus importante. 11 est indispensable, en effet, de connaitre
exactement, et la créance garantie par l'l1ypotl1eque, et le cl1ifl're de cette
créance. Si ces deux indications n'étaient pas énoncées, si les imrneubles
élaieo t l1ypotl1équés pour la garantie ele to u tes les créances qui pourraienl
naitre au profit du créancier, sans aucune limitation, le crédit du débiteur
serait ruiné par la premiL·re l1ypotheque qu'il consentirait. En face de cette
a
incertitude, aucune a11tre personne 11e consentirait lui preler de l'argent .
.i\ussi, n')' a-t-il q11e deux l1Jpothcques qui écl1appent a
cette regle : ce
sont les l1ypothcques légales établies au profit des femmes nzariées et des
personnes en tute/le, l1ypothequcs garantissant, nous le sa,·ons, toutes les
créances qui peuvent naitre clurant le n1ariage ou la tutellc. L'i11convénient
de cette indétermination est n1eme la 1)l11s grave critique que 1'011 puissc
a a
adrcsser ces l1ypotl1eq11es. et c'est surtout cause de ce vice qu'elles grc-
vent si lo11rclemcnt le crédit clu mari et du tute11r.
L'i11diviclualisatio11 de la créance doit etre faite 11 la fois 1la11s l'acte cons-
titiilif 11' /1y¡Joll1er¡1zc et da11s l'i11scri¡Jtion.
A. - Dar1s /'acle corzstilulif, le notaire doit, ll'abord, so11s peine de 11111-
lité, i11diq11er la ca11se de la créance gara11tic : prl~t, ir1lle11111i LÚ d'u11 pr{ju-
djce ca11s{·, cor1slilulio11 de re11le ,·iagcre, cl1arge d'u11e llo11alio11, créance
résulla11t ll u11c obligalio11 ele l'aire, cte ... 11 <loil, c11 oulre, {·r1011ccr le c/1iffre
0

ele cclle crécz1ice. l\Iais cellc seco11lle 111e11lion n'cst 111~cessairc 1111'a11ta11t <¡uc
le 111or1la11l lle la créance esl co1111u. Si, a11 co11traire, il esl. ir1<Iétern1i11é, si.
}lar exer11¡llc, il s'agil ll'11nc reco11naissance ele ¡la)'e1· le llo1r1111age causé 111ais
11011 e11core óval11é, 011 cl·unc obligatio11 ele faire, il 11'cst 1ias l>esoin cl'e11
fo11rr1i r l'óval11a tio11 cla11s 1·acle co11sli l11 ti r. (; ·est ela11s l' i 11scri ption e¡11' elle
aura licu et cela s11flil. ·
ll. - Da11s l'i11scri¡ilio11. il n'cst ¡ias 11{:cessairc c¡11c la ca11sc ele la créancc
soit 1;11011c{·c. l,a leli rxigc sculc111ent q11c le créa11cicr i11lliq11c le filr,i, c·est-
11-dire !'acle 11otari1\ et sa dale (art. 21/18-3°). E11 rcva11cl1e, si le cl1ilfrc de la
crl!a11ce cst i11lléter111inó cta11s l'acte cor1slit11lif, il fa11t q11c, cla11s l'ir1scrip-
tio11, le créancicr en l'assc l'évr1l1111lio1i el <11:clare ex¡lressé111er1t cellc {!valua-
tio11 (art. lr3:i, i11./i11e, 21/18-/1º).
L'article 2, 32 <léclare c¡11'il faut fairc la 111(!1nc éval11alior1 lorsc¡11c la
'
DES IIYPOTHEQUES 935
créance est co12dition1ielle. C'cst la u11e méprise évidente, car, de ce qu'une
créance est conditionnelle, il ne résulte pas que son chiffre soit indéter-
miné. Ce qu'il faut dire, c'est que, si la créance garantie est conditionnelle,
on doit 111entionner dans l'inscripticJn la condition qui affecte l'existence
de la créance.

2• Spécialité du gage hypothécaire. - L'l1ypotl1eque n'est valable que


si l'acte qui la constitue cléclare spécialen1ent la nature et la situation de
cl1acun des immeubles appartenant au débiteur, sur lcsquels il consent hypo-
theque (art. 2129). L'article 2129 ajoute: << Cl1acun de tous ses biens pré-
sents peut etre nominativement soumis a l'hypotheque. n La loi ne défend
1
done pás a un débiteur d'hypothéquer, a la garantie d'une créance, taus ses
i1nmeubles présents, rnais elle exige que ces immeubles soient nominati-
vement désignés.
En revancl1e, et comme conséquence de la regle, l'article .2129, .2• alinéa,
interdit d' liypotliéquer les biens a venir. Nous reviendrons ci-dessous sur
cette prol1ibition, aprcs avoir étudié la regle elle-meme.
Rappelons que cette regle, qui forme la seconde face du príncipe de la
spécialité, est moderne. Elle date de la loi de brumaire an VII. Ni le Droit
romain, ni l'ancien Droit ne l'avaient édictée. L'un et l'autre permettaient,
au contraire, d'établir des l1ypothcqucs générales grevant tous les biens pré- ,
sents et a venir, et l'on sait que, dans notre ancien Droit, tout acte notarié
d'obligation emporlait de plein droit une l1ypotl1equc de ce gen.re au profit
du créa.ncier.

Utilité de la regle moderna. La regle moderne de la spécialité du


gage l1ypoll1écairc est forl u lile. En effet, l'hypotl1eque générale a trois
. , .
1nconvcn1ents.
D'abord, elle ne mé,iage pas sufjisamment le crédit da débilcw. Si
tous les bic11s de celui-ci se trouvent engagés a la su.reté d'une premiere
créance, 111cn1c bien inféricure a leur valcur, les ticrs auxquels il s'a-
drcssera cnsuitc, J1ésilcronl a accepler 11nc garantie en secan.de ligne, parce
q11'il lcur esl 11lus difficile cl'elre rer1seignés s11r la valeur exacto de Lous les
in1111e11l)les 1111 (lébile11r c¡uc sur cellc (le cl1acun (l'cux séparément. II est
<lo11c llréférablc, dar1s l'ir1ltircl n1e111e du débilcur, qu'il n'aiTcctc a la ga-
rantic de cl1aque créance <Jllc les i1nr11eubles suffisanls, et qu'il garde les
autr11s libres.

Nóa11111oi11s, ce 11'esl ¡1as l:\ le principal i11co11vénient des hypotl1cques
a
généralcs, car, aprós lou l, le créancier pcut arriver conna1tre la valeur de
l'e11se111ulc des i111111e11lllcs du <lóbileur, el savoir de combier1 elle <lépasse le
cl1ill'rc de la r>re111icre créance i11scri le. Le Jllus grave défaut des hypothe-
q 11cs gó11éralcs esl qu 'elles corn¡>lique11l suig1tlie1·er11c11t les or·dres el erilrainent
a
des frais co,i.~irlérables, ca11sc du co11co11rs sur les rr1cmes biens d'un g1·and
no111bre de cróa11ciers.
1\jo11lo11s e11fi11 qu'il e.~l 111auvais de grevcr· J>our une seulc créance lou.s les
1,ic,is d'ttri ,Jébilcur, car lcur circulalion se l1·ouvc par la cnlravée ou co1npli-
q114e.
./

936 LIVRE 111, - TITRE 11, - DEUXIE~IE PA.RTIE. - CHA.PITRE 111

Les rédacteurs du Code ont done bien fait ele consacrer le príncipe de la
s1Jécialité du gage l1}·potl1écaire. J\Iais il convient d'ajouter qu'en fait le
créancier, auquel on offre une garantie, cl1ercl1e a se la procurer la plus
largo qu'il peut, et demande souvent l1ypotl1eqt1e sur tous les imn1eublcs
présents de son débiteur. Aussi arriv~t-il fréquen1r11ent que le débiteu1•
qui chercl1e du crédit est olJligé ele donner garantie sur tous ses in11net1bles
présents.

Comment doit-il étre satisfait a la spécialité du gage hypothé-


caire? - L'article 2 r 29 exige que l'acte constitutif déclare spécialement la
natu,·e et la situalion de cl1acun des immeubles actt1ellement apparte11ant air
débiteur, sur lesquels il consent l'l1ypotl1eque. De son coté, l'article 2148-5"
exige que l'inscription 111entionne l'indicatio11 de l'espece el de la silualio,z
des lJiens l1ypotl1équés. La 11alure ou l' es¡Jece, cela con1pre11d les prir1cipales
qualités qui caractérisent l'imn1euble: bati ou non lJ,i.ti, terre ct1ltiva!Jle ot1
pare ou jardin, genre de culture. La situatiori, c'est-a-dire la con11nune 011
l'i111meuble est situé, so11 nom, la désignatio11 de ses tcnants et aboutissar1ts.
L'article 2 r 29 décide que le débiteur qui l1ypotl1eque plu~iet1rs i1nn1culJlcs
doit faire ces déclarations spécialement pour cl1acun d'eux. On con1prc11d
done difficilement comn1ent des doutes ont pu s'élever dans le cas ou le
débiteur l1ypotheque tot1s les imn1eubles, toutes les parcellcs qu'il posse<le
dans tino con1mt1ne. 11 se111ble évident qu'u11c telle indicatior1 est ir1suffi-
santc (V.-Civ., 26 avril 1852, D. ll. 52.r.131, S. 52.1.513). \laisfa11l-il que
le débiteur é11umere chacune 1le ces ¡Jarcelles en iriclivid11alisanl chacune
á elles~ L'affir111ative ne parait pas doutcuse, 011 préscnce des tcr111es de la
loi. Et pourtant, la juris¡Jrude11ce n'cxige pas cette individualisation. Elle
se contente d'une désignatio11 collcctive tellc que cellc-ci: « 1'ous les in1-
meubles que le débiteur posseclc dans telle con1111unc ou 1ne111e da11s lcl
arrondisse111cr1t l1ypotl1écaire, et qui se compose11t de batin1c11ls, maisons,
terrains, terres, prés, lJois, vig11cs, jarclins et planlalior1s c¡uelconqucs >>
(Req., 12 n1ars 1867, D. l>. 67.r.347, S. 67.1.221; I>aris, 11 avril 189'.l,
D. ll, 9!1.'.l.79, S. 94.'.l. 131; llcc1., 'J7 11ovc111brc 18()3, D. IJ. !}4, r .566, S.
94.1.3!19). I~t lellc cst, en fail, la for11111le c¡ue l'on re11co11lre fréque111n1c11t
dans les acles 11olariés. Ccttc pralic¡11e s'cx¡Jlic¡11e ¡lar le 1norcclle111c11l si
accer1lué de la propriété r11ralc. << l>our le llropriétairc qui possetlc tics 11ar-
cclles dissé111inécs et souvc11t d'u11e failJle éte11due, l'all'eclatio11 l1y¡lotl1écairc
dcvie11clrai t pl11s ti i fficilc, a-l-011 di t juslc111e11 t ( 13at1tl ry-Laca11li 11eric et (l<'
Loyr1cs, o¡J. cit., t. 11, 3' éd., nº 1:37!1), s'il fallail llo11ner, clans les acles. 1111e
én111néralio11 clétailléc tics di verses parcellcs grevt'!cs. La j11ris11rudcncc a lllt
croirc. favoriser le crédil 011 aulorisanl 11nc all'cclalio11 collcclive, en 1lin1i-
nua11l, par ce n1oyen, le no1r1brc des proc1'!s 0111111lliló el en rcspo11sa!Jililé. )>
Le bien qui rés11lle d'u11c lcllc pralic¡11c, csl ll'aillcurs tres cc111Leslal1lc, car
c'est précisé111c11t << le pclit propriélairc, ig11ora11t trop so11ve11L <l11 l)roil et
de ses regles, q11'il i111porlcrail surlo11l 1lc (líifc11drcconlrc les c11lrai11c111cnls,
et ele n1cltrc 011 111cs11rc 1lc <lisc11ler l'éte11<l11c <l'11nc all'cclalio11, po11r 111éna-
gcr son crédit et luí cor1scrvcr la lilJrc dispositio11 tic ses autrcs l1ic11s ».
'
!)ES lIYPOTHEQUES

1\Iais il ne fatit pas oublicr crue, da11s le contrat d'l1ypotl1eque, e' est le ca1J i-
talistc, c'cst-a-dire le preteur, qui fait la loi du contrat; il est done naturel
qt1'il exige la plus large gara11tie possil)le.
Ajo11to11s, cl11 reste, ce tc111¡1érame11t q11e, si l'é11u111ération collective alJré -
gée i11sérée da11s l'acte ne ,•isait ¡1as la 11ature de to11s les ]Jie11s du débiteur, '

ceux qui n'y seraient 11as co111pris écl1a¡1peraic11t a l'atrcctatio11. ,\ins i, il a


été décidé (,,\n1iens, 31 juillet 1880 et sur pourvoi lleq., 1:1 juillet 1881,
D. P. 83.r. 3o, S. 82.1.222) q11e l'l1y¡1otl1eque co11vc11tio11nelle établic sur
<< les i111111c11l)les, nature de n1aiso11, !Jati111c11t et torre», situés dans 11n ar-

rondissen1ent déter111iné, 11e s'étend pasa une fo11dcrie ou usine possédéc


par le débiteur dans le n1en1e arro11disse111ent.

· Sanction de la spécialité du gage hypothécaire. - La sanction de


la regle de la spécialité est la nullité alJsolue du co11trat d'l1ypotl1cque, ou
de l'i11scri¡1tion, si c'est elans l'inscription scule111c11t que la violation ele la
loi a été co111mise. Cette nullité est absol11c et pe11t etre invoq11éc par tous
les intéressés, par le débiteur et 1Jar ses aya11ts cause, l1éritiers, créa11ciers
l1ypotl1écaires de rang postérieur, tiers acquéreur.

Exceptions a la spécialité du gage hypothécaire. - Nous rappelons


qu'il y a plusieurs l1ypotl1eques qui gre,·ent inelisti11cte111e11t tous les bic11s '
a
prése11ts et venir du dél)ite11r. Ce sont :
1º L'l1ypotl1eque légale des perso11ncs en tulellc ;
2° L'l1ypotheque légalc de la fen1me mariée ;
3° Celle de l'Etat, des départemer1ts, co111111unes, établissen1ents ¡Ju]Jlics
sur les IJier1s de leurs co1111JLalJles;
!1° L'l1ypoll1eque jueliciairc.
Au co11traire, lºl1)·potl1eq11c légale de la n1asse de la faillite et cellc eles lé-
gataires ne fo11t 1Jas écl1ec au princi¡Je, car elles 11e porlent que sur cerlains
in11neu]Jles d11 elébiteur, a savoir sur les i1111neubles appartenant au failli
at1 jour ele la déclaration ele faillite, et sur ceux recueillis par le dé!Jiteur
dans la successio11 d11 teslale11r.

L'article :.11 :.1u, 2• al., eléciele que les ]Jie11s á venir 11e pcuvent pas etre
l1ypotl1éq11és. Cetle prol1i!Jitio11 est la co11séc¡uer1ce logiquc de la regle ele la
spécialilé. De {Jlus, q11a11<l un clébiteur veut tirer crédit de liiens dont il r1'est
¡Jas act11ellc111e11t 1iropriélaire, il a oreli11aire111e11t 011 vue les bic11s a¡J¡Jarle-
na11t a l111c ¡icrso1111e elonl il est l'l1éritier préson1ptif. L'interdictio11 ele ,.
l'l1ypotl1eq11c ele ces lJic11s clécoule elo11c, 11011 sc11le111c11t cl11 pri11ci¡ic de la
spéci:ilité, 111ais de la ¡irol1ibilio11 1les pactes sur s11ccessio11 ju~ure. •

La eléfe11sc ¡irono11cée par l'arlicle :i 129 cst cl'aille11rs absolue. Elle vise
lo11tes les l1yricitlu\ses. Air1si, il 11011s parail certai11 qu'clle frappc ele 1111llité
la conslitutio11. 1l'l1ypotl1ce¡ue faite s11r tel i1111nc11ble détern1i11é q11e le co11s-
titua11t se ¡>ro¡>ose d'acc1l1érir, et sous la cor1dition q11'il l'acq11erra. II y a

'
!

938 LIVRE 111. - TITRE 11. - DEUXl"E:\IE PARTIE, - CHA.PITRE 111

des auteurs qt1i en out douté, mais les termes de l'article 2129 ne permet-
tent pas pareille disti11ction. Au surplus, qt1and une personne propose
d'l1ypothéquer des biens qu'elle ne possede pas actuellement, n'est-ce pas
toujours sous la condition tacite qu'elle en deviendra propriétaire?

Exceptions a l'interdiction. -- Si ferme que paraisse l'interdiction
prononcée par l'article 2129, 2º al., elle subit pourtant deux exceptions qt1i
en din1inuent singulierement la portée. ·
Premiere excepiio,i. - La premiere, la plus grave, est énoncée par I'arti-
cle 2130, en ces termes : << Néanmoins, si les biens présents et libres du
<lébiteur sont insuffisants pour la sureté de la créance, il peut, en expri-
mant cette insuffisance, consentir que chacun des biens qu'il acquerra par
a
la suite y demeure affecté mesure des acquisitions. n
L'exception ainsi forr11ulée sen1ble presque enlever toute ,·aleur la pro- a
a
l1ibition, car il parait évident que ceux qui en sont rédui ls l13'potl1équer
a
leurs biens venir sont ceux qui ne possedent pas de biens actuels suffisants
pour la garantie de leur créancier. Le Code n'aurait-il pas mieux fait de
<lire simplement qu'il est toujotirs permis d'hypotliéquer ses biens venir, a
quaGd on en a besoin :1 Pourtant, ainsi énoncée, la regle ne serait pas tout
a fait exacte. Car nous somn1es ici en présence d'une exception; il faut
done interpréter reslrictiven1e11t le texte qui l'énonce. Or, l'article 2 r 3o ne
permet l'opération c1t1'il prévoit que si les biens préserits et libl'es du débiteur
sont i11suffisa11ts poltl' la sürelé de la cr·éance. Il exige done que le débiteur
soit déja pl'o¡1riélail'e ll'in11neubles, n1ais d'immeubles insuffisants, soit par
leur valeur, soit parce (lu'ils sont déja grevés á'hypotheque, pour garantir le
capitaliste c¡t1i demancle t1ne sí',reté. ll faut, er1 outre, que cette ir1suf-
fisance soit exprin1ée (la11s le co11trat. 11 er1 résulte que l'individu qui ne
possede aucun imn1euble ne peut pas l1ypotl1équer ses bie11s ii venir, et la
a
jurisprude11cc a tout fait raison de 111aintenir cetle i11terdiction, car il ne
peut s'agir alors q11e d'un fils ele fan1ille <¡ui cl1crcl1e a se proct1rer de
l'arge11t en escon1ptant la s11ccessior1 de ses pare11ls (Civ., 3o ja11vicr 1872,
1). P. ¡!1. 1·9!l, S. 73.1.40'1; l{io111, :1G 111ars 189:1, S. 9G. 1.!¡33 ; Civ.,
11 n1ars 189;>, sol. i111¡ll., D. J>. g:->.1.:105, 11ote ele l\f. Lé<J11 l\licl1el,S. uG.1.
/133, 11ole <le i\l. \\' al1l).
Qua11ll, at1 contrairc, le llél>itc11r llossi•llc q11elc¡11es i111n1e11l1les, 111ais
i11suffisants, l'hypotl1c(1ue <le ses biens ¡'1 venir lui esl per,nise. Et re1r1ar-
q11ons (Ju'clle est pcr111ise e11 lcr111cs fort larges. L'i11L<'iressé pcul do11c l1ypo-
ll1équer, 11or1 seule111ent tcl <>11 tcl in1111cul1le qu'il espere acquérir, 1r1ais to11s
les i1nn1cubles qui l11i advic11llro11t, 11ola111n1c11l ceux <¡ui ap¡>artier1ncr1t it
ses a11tcurs. 11 y a clo11c lit-1111e dér<>gatio11110Lal1le h la prol1il>itio11 lies ¡)acles
su1· successio11 fu turc.
l.. a lcJi beige ele 1851 el le (:clcle civil italic11 1le 18G7 onl jugt'i cettc d1\ro-
galior1 inopporl1111e; ils 011l crt1 pr<'·férable (le 1'cfli1ccr et rle 111ai11tenir J'ir 1•
lcrdiction ¡111rc et si1nplc. « L'expérie11ce a clt':111011l1·é, a <lit le rap11ortcur
de la loi beige, les i11co11vt'.\Jlie11ls séricux résullnnt de la facult{: accordée
au débi teur d'l1ypothé1¡uer ses liic11s ,'1 ve11ir. 1:llc favorise les passior1s sur
lcsquellcs ccrlai11s pre le u rs 11e craig11c11 t pas 1le spéculer. n
,

'
DES HYPOTHEQUES

Cl1ez no11s, au co11trairc, en 1840, les Cours d'appel se prononcerent er1


majorité pour le n1aintien de la regle de l'article 2130. A les en croire, il
ne semblerait pas qu'elle ait produit les graves abus qu'on lui reprocl1ait,
a
et elle serait plutot un secours mis la disposition du débiteur l1onnete
a
qui n'a pas 11n gage suffisant it offrir son créancier. Quoi qu'il en soit, ce
qu'il faut constater c'est que beaucoup de notaires inserent la clause d'af-
fectatior1 des biens futurs clans les actes constitutifs d'l1ypotheques. Cette
pratic1ue a évidemment l'inconvénient de perpét11er cl1ez nous un régime qui
resscn1ble peu a11 syste1ne ,·oulu par le Code, car une pareille constitution
équivaut a l'l1ypotl1eque générale. Et ainsi, grace au désir légitin1e du
créancier de se faire accorcler une l1ypotl1eque aussi large que possible,
grace a la con1plaisance du débiteur dans l'en1barras, se maintient un
état de cl1oses contraire au príncipe de la spécialité.
Deuxienie exceptio11. - L'article 2 13 r énonce une deuxic~n1e exception :
« Pareillen1ent, en cas c¡ue l'imn1euble ou les in1n1e11lJlcs présents, assujettis
á l'hypotl1eq11e, eusse11t péri ou éprouvé des dégradatio11s, de maniere qu'ils
fussent de,-enus insuffisants pour la su.reté du créancier, cel11i-ci pourra,
ou poursuivre son remboursen1ent, Oll obte11ir un s11pplé111ent ú' liypollieque. n '¡
1

Lorsque le créancier se contente d'11n supplén1ent de garantie, et que les


imn1eubles présents du dé!Jiteur sont déja tous grevés, le débiteur peut luí 1

a
donner ll}'pothcquc sur ses biens venir. 1'el est le sens de l'article 2131
précisé par le n1c>t (( pareillen1e11t » qui ouvre le texte.

Eftets de l'hypotheque des biens a venir. - L'hypotl1cque des biens


ít ve11ir 11'est pas d'ailleurs tout a fait, á proprement parler, 11ne hypotl1eque
générale. Elle reste du 111oins sou111ise ;\ la regle de la spécialilé quant a
l' inscri¡1tio11. L' article 2 13o déclare, en efTet, que cl1acun des biens que le
clébiteur acquerra sera all'eclé lt, ,nesure úes acr¡uisilions. De plus, l'arti- "
cle 21!18-5° exige, d'1111e fa¡;.on générale, que l'inscriptio11 énoncee l'espece et
la sit11alion eles bicns, ce qui 11e pe11t é,·iclemr11ent pas se faire avant que
le l>ie11 ail été ac11uis; el il n'y a d'exception :\ celte exigence é11oncée par la
loi 1¡11e po11r les l1ypotl1eq11es légales (art. 2, 53). De lo11s ces textcs il résulte
ccrlair1en1enl c111e le créar1cicr, 111ur1i ll'1111e l1)'JJOll1cc¡11e sur )Jic11s ;1 vcr1ir, doit
vren<lre 1111e i11scri1)tior1 sur cl1a1111e bien e11trar1t cla11s le patrir11oi11e ele so11
<lt~IJilc11r, et lJtie J'l1y¡ioll1tir¡11e r1c le grc':ve q11'¡\ co111pter ele celte inscriptior1.
(:eta co11sfil1te une 1l(ffére11ce r1olable e11lre l'hy¡Joll1er¡ue <le bie11s

a 1.•e11ir el les ,.
!1y¡Joihe1¡11cs r1é11érales, r111'111e l1irsc¡11e cclles-ci so11t so11111iscs ¡\ i11scriplio11
:
(l1y¡iotl1c':e¡11c lc'·gale de l'Etat, llcs cornr11ur1cs et l1ypotl1ó1¡ue j11rliciaire). ',

J1011r ces llerr1i<'~rcs, l'i11scri¡ilio11 ¡>rise <lans 1111 IJ1rrcau de la co11servatio11


eles l1ypcJtl1cc¡11es s't'~tc11cl <le plcin clroit a tous les r1011vea11x i111111e11!Jles
acc¡uis [>ar le llÓl>ilcur ¡Ja11s l'arro11llissen1cr1l <le ce li11rea11. Le créa11cicr
11'csl ¡J¡ir1c olilig{i <le 1>renllre 1111c 11rJ11vell11 i11scriplio11, 1111e si l'irnn1cuble
ac1111is ,~st situé clans u11 arronllisse111e11t clar1s Jc¡¡11cl le clé]Jitc11r 11e ¡iossé-
clait er1ccirc a11cur1 in1n1eulilc. Et voici la consé1¡11er1cc prati1¡11c de cetle
a
clitl'érencc. S11¡J¡>osor1s ¡¡11'1111 débilc11r ait l1ypotl1éq11é ses bicns venir, el
<¡ue, plus ta1·d, urt aulrc créancier ail ol,tcr111 et inscril contrc lui 1111e
,, ., . rl

940 LIVRE 111, - TITRE 11, - '


DEUXIE~IE PARTIE. - CHAPITRE 111

l1ypotheque judiciaire. Si un nouveau bien, situé dans le ressort dt1 llureau


011 ont été prises les deux inscriptions, écl1oit au dél)iteur, ce llien sera frappé
de plein droit par l'l1yp0Ll1eque judiciaire, tandis qu'il ne sera affecté a la
pren1iere h)·potl1eque que du jour ou le créancier aura pris inscription.
C'est seulen1ent si l'immeuble nouvelle111ent acquis était situé dans 11n autre
arrondissen1ent, cl1acun des créanciers devant alors prendre inscription,
que la date de ces inscriptions détern1inerait leur rang respectif.
11 y a la po11r l'l1ypotl1eque des biens a venir une cause d'i11fériorité r¡ui en
di111i11ue sensiblen1ent la valeur et expose le créancier 111uni de celte garan tic
it de facl1euses surprises,
CI-lAPl'f RE I\T

l<'ONCTIONNE~IENT E'f EXTINCTION DES IIYPOTI-IEQlJl~S


ET DES PRr\TII,EGES I:\l?!IOBILIEllS

SECTION l. -- EFFETS DE L'IIYPOTIIEQUE.

Sous cette rubrique nous con1prenons :


1º Les conséquences que l'hypoth('que entraine a l'égard clu débileizr, soit

avant l'exercice de l"action hypothécaire, soit apres;


2º Les avantages qu 'elle procure au créancier sur les in1meubles affectés

a l'égarcl lles lie1·s, c'est-a-dire, soit des aulres créanciers du débiteur (droit
<le préférence), soit des tiers détenteurs de l'in1meuble h)·potl1éqt1é ( clroit de '
stiitc).
11 va de soi d'ailleurs que ce que nous disons ici des effets de l'l1ypotl1e-
que doit s'entendre également des effets des privileges in1mobiliers (a tout
le n1oins des privileges spéciaux) qui sont, nous l'avons vu, de ,·éritables
l1ypotl1eques légales.

§ t. - Co11sé11uenees ,le l'l1ypothcq11e a l'égard


d11 déltlte11r.

J. - Avant l'exercice de l'action hypothécaire.


'l'a11t r111c le créancier r1'exerce 1Jas l'action l1)'IJOLl1écaire, le débiteur co11-
serve tous les attril)11ts d11 droit ele ¡Jro¡Jriété: adn1inistralion, jot1issa11ce
ele J'i1111r1c11l1le, el elroit ele l'aliéner.
1;11,1c 1les co11sér111enccs ele ce 1)ri11cipe, c'est c111e les ba11x passés par le
elt'.\l1itc11r relativen1e11t ¡L l"i111111euble l1ypotl1éq11é sont opposal1les a11 créan-
cicr l1y1)1>ll1écaire, c'est-lt-dire c111e celui-ci 11e pourra pás 111ettre obstacle a
Je11r cxt'•c11tio11. l\lais cela 11'est vrai r¡11e po11r les l1aux qui 11e dé1Jassent ¡Jas
dix-l111it a11s. L~eux c111i sont co11cl11s po11r plus ele clix-l1uit a11s 11e luí seraier1t
01>¡H1salilris r111e s'ils avaie11l étt': tra11scrits avar1t l'i11scriplion de I'l1ypoll1l,._
<111c (arl. :i et 3, loi du :i:~ 111ars 18:i5).
Si, a11 c1111lrairc, t111 l1ail tic J>lus <le clix-l111il a11s a élé lra11scril ¡>oslériet1-
rc11u~11t, il 11c ¡iro1luira eff'et co11tre le créa11cier inscril qt1c pour une clurée
ele 1lix-l1uit a11s (art. :1 i11 jiric, lcii ¡1récitée).
l,P ¡ir(i¡irit':taire co11ti1111c égale111cnt ú ¡>ercevoir les fruils el revenus ele
l'i111111c11IJle l1ypotl1éc¡ué. 11 peul n1e111e toucl1er 011 cédcr les loyers 11or1
LIVRE III. - TITRE 11. - '
DEUXIE~fE PARTIE. - CIIAPITRE IV

échus. i\lais, ici encore, la loi du 23 mars 1855 a limité son droit, en soumet-
tant a la transcription les quittances ou cessions quand elles s'appliquent a
trois années de loyers ou fermages non échus. Quand done l'l1ypotheque est
inscrite. le débiteur ne peut plus toucl1er a l'avance ou céder les revenus de
l'in1n1euble hypotl1équé que pour 11ne période infériel1re a trois années (Req.,
14 n1ai 1907, D. P. 1907.1.341, S. 1909.1.321, note de ?11. \Val1l; Civ.,
19juir1 1897, 1•eesp., D. P. 1900.r.577, notede ~i.Sarrut, S. 98.1.r69; r2 fé-
vrier 1902,D. P. r902.r.337, note cleM. AmbroiseColin, S. rgo3.1.r69, note
de i\I. :Nac1uet, V. supra, p. 746).
~ous supposons, bie11 entendu, que tous les acles ci-dessus visés ont été
passés sans intention frauduleuse, car, s'il en était autrement, le créancier
pourrait les attaquer par l'action Paulienne.
Enfin. le débiteur conserve le droit de disposer du bien grevé d'hypotl1c-
que. :\lais ici, il importe de distinguer entre les imn1eubles par clestinatio11
et les a11lres droits i111mo!)iliers.
1 º }Jour les irnmeubles par (leslinatio11, lorsqu'ils sont détachés du fonds

par le propriétaire, ils perdent leur caractcre in1mobilier et cessent d'etre


grev{·s ele l'l1ypotl1cc1ue, sauf ici, encore, le droit du créa11cier d'inle11Lcr
l'action llaulien11e, si la séparation a été faite a,ii,no 1ioce1icli (Req., 21 no-
,·en1llre 1894, D. P. 96.1.:1 11 , S. 96.1.230).
2° ,\u co11trairc, pour les aulres droits i1nn1obiliers, l'aliénation ne n1odifie
pas le clroit du créancier. S'agit-il de l'aliénatior1 d'u11e parcelle clt1 fo11cl,;,
a
1·11ypotl1cq11e co11tir111e grever cette parcelle e11tre les mains de l'ace1uére11r.
S'agit-il de l' 1:,xli11clio11 el' une scrv i tude existan t au profit du for1ds l1;ypo-
. tl1équé sur u11 l1éritage voisir1, l'cxlinctio11 ne sera pas 01lposalile a11 créar1-
cicr l1ypoll1écairc. l)e 111e111e e11core, la ye11te ele rnarnes ou argiles it extrairc
el11 sol 11c scrail pas O{Jllosallle a11 créa11cier, car il 11e s'agit ¡Jas lit ele fruils
(Ilef¡., :1 11 111ai 19ou, 1). J). 1910.1.!189, note ele ;\l. de Loy11es, S. 1911.1.g.
110Lc ele \1. \'ac111et).

Autx·e effet de l'hypotheque. Indivisibilité des poursuites. - \jo11-


to11s a11x cll"Pls J>rrHluils ¡Jar l'l1ypollu':r¡11e ela11s les ra¡i¡>or[.s el11 cr{·ancier
avcc le 1l<'·l1ilc11r 11ue, d<':s sa conslil11lio11, el, croy(H1s-11ous, in1l<',1>cnda111-
111cr1t lle to11le inscri1ition, l'hy¡ioll1t':q11c r,11lraine l'i111Ii,isil1ilitó 1lc la dell1).
Si 1l011c le cl<'•l)ilcur vicnt /1 1J1\c{·elcr, l<) cr<'·a11cier aura le 1lroil dP ¡ioursui,r<·
{lfllJI' le to11l !'1111 q11clc<llll(lle eles IH':riliers 1¡ui aura dans s(111 l<>l l1H1l. 11u
¡1arli<' 111' l'i111111c11l>lc hypollu':<¡nt'·. Cc•ltc Sf1l11lio11 1111i s1:111l1IP c11111111a111J1\c
1>ar la lngi1¡11c ¡i1111l cc1icn1la11l 1\lre cor1lcsti\c, car elle csl c1)nlrair1: aux !()f'lll<'S
fr,r111cls 1lc l'arlicle :11 l1(i, :.iº al.

11. - Apres l'exercice de l'action hypothécaire.

l•:11 l)r1>Íl ro111ai11, pe1Hla11t longle111¡>t-, l h~poll1<'•1¡11I' n'a pas cnrtfi'·ri': 1111
' . (i C ''('11( 1re 1··lllllllí'II)1 1e. 1,1' Cl'('/IIICl<'l"
· 1e (11'1)11
C!'l';\J[Clt'l' ' . lit: tHHl\':111
· 1111c s ' CII
illl'll.rc 1•11 1><JSS()SSi1i11; il ne l11i i':lait. 1>cr111is <le li: ,c111lrc 1¡11e si 11110 cla11sc
cx¡Jressc 1!11 co11tral I'y aulorisail. l1l11s lar1l, 111ais sc11l11111e11l a11 le111¡is

FONCTIONNEME:ST DES HYPOTHEQUES ET PRIVILEGES IMMOBILIERS 943
cl'Ulpien, on considéra cette clat1se comme sous-entendue dans toute cons-
titulion d'l1ypotl1eque. En revanche, le créancier était libre de vendre quand
a
et comme il voulait, aux encl1eres ou l'amiable, avec ou sans l'assentin1ent
a
<lu dél1iteur (V. Girard, Jffariuel, 5• édit., ¡J. 781 783), ce r¡t1i se co1nprend
puisqu'il était censé tirer ce droit d'une clause insérée au contrat. Ainsi, le
a
créancier l1ypoll1écairc n'avait pas IJesoin de procéder la saisie; il n'avait
pas de forrnalités prélin1inaires it remplir avant d'arriver la vente. a
Une telle conception législative, liien q11'un peu simpliste, est défendable
daos son 1Jrincipe, car elle éconon1ise bien dés frais. Néann1oins elle n'a pas
été suivie par notre ancien Droit. Désorn1ais, l'l1ypotheque ne confere au
créancier c1ue le droit de saisir l'imn1eulJle et non celui de s'en mettre en
possession, et de se l'approprier. Le créancier est done obligé de pratiquer
une saisie réelle et de faire ,,endre le lJien en justice, comn1e s'il était
créancier cl1irograpl1aire.
Tel est le pri11cipe que notre Droit actuel a conservé. Le créancier l1ypo-
a
tl1écaire doit done, faute de paien1ent l'écl1éance, procéder la saisie de a
l'i1nmeuble, apres avoir adressé au débiteur un commandement de payer
(art. 2217, C. civ., et 673, C. proc. civ.). Et n1eme, toutes les regles du Codc
a
de procédure civile relatives la saisie immobiliere (art. 673 et s.) sont pré-
cisén1ent édictées en vuc des privileges et des l1ypotl1eq11es. Ces textes ne
s·occ11pent 11ulle111ent des créa11cicrs cl1irographaircs, lesquels n'ont presque ,
ja1r1ais rie11 it espérer de la saisic i111mobilierc, it cause de la présence l1a-
)Jituclle lles créancicrs privilégiés ou l1ypotl1écaires.
Nous 11'a,·ons ,pas, bien entendu, a tracer ici les formes de la saisie
i 1111nolJiliere. Nous ne devons que rechercl1er dans quelle n1csure cctte
saisie va 11aralyser les llroits du débitcur sur l'imme11IJlc c¡ui en est l'olJjel.
,\ la s11ile lle la sig11ificatio11 de la saisie et de sa déno11ciatio11 au saisi, le
créancier tloi t faire trar1scrire ces deux exploits a11 IJt1reau de la conserv·a-
tio11 des l1ypotl1equcs (art. 678,' C. proc. civ.). Cetlc transcription a 1Jour
b11t lle {Jréve11ir les ticrs qt1i pourraient traitcravec le saisi. E11 efTet, it partir
cl11 1110111ent 01'1 clic cst acco111plic, les (lroits du d1\}Jitct1r s1Jr l'i111n1eu!Jle se
lrr>11vc11t sc11si}Jlc1r1c11t restrcints, et cela at1x points lle \'lle ci-a1Jres :
1 ° 'l'o11l cl'alJord, la lranscriptio11 lle la saisie er1lt':,c at1 propriétaire le

,/ruil 1l'rl1l111i11.islrcilio1i el ríe .iu11.issa1ice.


,\iusi, it tlatc1· llll cc,111111a11(lemcnt f{\IÍ l11i a c':té sigr1iflé, il r1c pe11t pl11s
l'airc 1le l1a11x op11osalilcs it ses créa11cicrs (arl. G8!1, C. ¡1roc. civ.).
},es crt'·a11cicrs ¡Je11vcr1t dc111anclcr so11 cx1111lsirJ11 ele l'i111n1e11l>le et la r10-
111i11atirJ11 1]'1111 sé1111eslre. S'ils l11i laisse11t le drc1it c!c ¡lcrccvoir les loycrs el
fc:r111ages, il Cll llcvie11l corn¡lta!)!e CIIVCl'S CIIX, et TIC ¡>ettl CII Cl)JlSOlfllllCI'
c111c ce q11i csl 11éccssairc /1 sa s11l>si:a.ta11ce et /i cellc ele sa fa111ille (arl, 681,
(;. [ll'CJC. CÍY.).
l,csfr11ifs de l'i111111e11l,lc c':cl111s 1le¡1uis la lranscriplio11 de la saisie
·i"

sout i111111obilis¡1s, et afl'cctés par 11réf'ére11cc a11 paic111c11l clcis crc'•anciers ins-
1·rils (arl. (i8:i, (i8:í, C. ¡1rric. civ.).
;1° J~11fi11, le saisi 11e ¡ie11l ¡1l1ts alié11er l'i111111e1thlc h ¡Jeinc de 11ullité, et
sa11s <¡11'il soil l>esoiu de la faire 1iro11011cer (art. 686, C. 1,roc. civ.).
'
'
944 LIVRE III. - TITRE 11. - DEUXIEJIE PARTIE, - CIIAPITRE IV

Cette prohibition comprend également les constitutions de droits réels.


·Cependant, co1nn1c nous l'a,·ons dit plus l1aut, la jurisprudence admet
qu'elle ne ·vise pas les l1ypotheques et que le saisi conser,·e encore la faculté
-d'l1)·potl1éc1uer l'i111meuble.

§ 2. - A va11ta¡:-es •111e l'l1ypotl1eqoe procure no


e1•éantiler a l'égard des tlers.

L'l1ypotl1eque produit, nous le savons, deux effets. Elle donne au créan-



cier le droit lle p_référence et le droil ele Sllile.
L'effet essentiel est le droil de ¡1réfé1·e1ice, c'est-a-dire le droit pou,· le
rréancier d' elre payé par préfére,ice aux autres sur le p,·ix de l'immeuble hy-
pothéc¡ué. Assurer cet avantage au créancier, tel est en effet le but en vue
dt1quel l'l1ypotl1eq11e est étalJlic.
Le droit de suite, ou clroit cl'i11tenter l'action hypothécaire contre les
ticrs détenteurs de l'imn1eu)Jle, n'est qu'u,i ,noyen organisé en ,·ue de garan-
·tir au créancier l'exercice ele so11 elroit de préférence, n1eme quand )'in1n1eu-
ble a été aliéné par le elébiteur. Le llroil ele suite 11'est qu'Ltll prolo11gen1e11t dtt
droil de préfére11cc.
La divisior1 de notre sujet se trouve ainsi lout naturellemenl tracée. No11s
allons étudier d'abord le droit ele préférence, puis nous aborderons le droit
-de suite.

I. - Le droit de préférence.

Notions générales. Nécessité de l'inscription. - Le créancier l1ypo-


tl1écaire jot1il elans tous les cas el11 elroit de préf{·rence, soit qu'il ait saisi
l'in1n1c11lJle co11tre le débitc11r, soit c111'il I'ait saisi .co11tre un tiers déten-
te111-, 011 contre 1111 c11ratcur i1 l'i111111c11}Jle délaissé, au cas ou le tiers déten-
teur po11rsui,·i a11rait cl{•laissé l'i111111e11l1le, soit cnfin que le tiers acqué-
rc11r cor1sc11lc ,\ paycr volo11lairc111r11l 011 fasse la p11rge. Dans lous ces cas,
1111e prc¡c{:el11re s'o11vrc, elite ¡1roc,1rl11rc r{or1lr1•, <¡ui a 1Jo11r l111t de r{·parlir le
11rix e11lre les cróa11cicrs. J,Ps rt'·glcs c11 ~011l l'<>r11111Jées par le Cocle de pro-
cécl11rc civile (arl. ¡!1() h íi!l), <l<111l le te•xl(1 a i'·tt': 111oclifié JJar la loi clu
'.l I n1ai 18!í8. (:et/,• ¡1ro,·1:,111rc ,•si 11111• v,:rilr1/i/1• i11sta11,·c 1¡11i c.cir¡e le 111i11is-

/1\rc <les al'o111 1s; 111ais clic s1• dt'·roule, 111111 ¡1as ll(!Va11l lo lril11111al, 111ais fHll'
dcva11t 1111 j11ge-ce>111111issaire. 'f1111s lcs crt'·a11ciers inscrils sont a¡1¡iclés 11 y
11arlici11cr. ],ors1111c l1J11lcs IPs lliffic11ll{•s el (ps i11ciclenls sci11l villós, le j11gc
•ll{:I i vre a11 11re•111 i<'r cr{·a11ci1•r i 11scri 1 1111 liorrl,·r1·,111 rlc 1·olloc,1/io11 c11 ,·crlu
ll 111111el il sc•ra 11ayé sur lc ¡1rix ll11 111011.lanl dP sa crt'·a11ce ; 1111is il er1 fait
a11ta11l ¡1c111r le scce111el, ()l ainsi lle s11ilc, j11sc¡11·i1 t'·11uisc111cnl elu 11rix ele la
vente 011 <ln l'adj11clicaliu11.
l)e¡iuis 18[18, les cróanciers ¡1e11ve11l évilcr lc\S frais lle ccllc1 ¡>re1ci'·1l11rP, en
faisanl a111ial1le111P11t entre cux la rt'·¡1arlilin11 1l11 ¡1rix; 111ais il faul 11at11rcl-
le111c11t lc ceH1sc11lP1111·11l 1le ll"Hts les cri'•ancicr!'I, car il s'agit alors ll'1111e C(>t1-
ve11lio11. Le j11gc1-co111111issaire ce>llal>orc ll11 reste ú ce rt'•glc111enl a111ial1le (\'.
I1aul C11cl1e, JJrL11'is 1le.~ i•uics tl'<'.ct1c11/iu11, l'aris, 1n1~l, ¡1. 3/18 el s.).
FO:XCTIO:\':XE~1E"IT DES l!Y POTII EQUES i:1' PRIVILEGES 11l~IOIIILIERS 9!1 ;Í

'\lais, pour que les créa11ciers hypotl1écaires puissent exercer leur droit de
préférencc, il faut qu'ils aie11t pris une inscri¡Jtion, et c'est cette inscription
qui déterr11i11e le ra11g ele leur l1ypotl1eque.
Ces deux regles fonda111entales sont énoncées par l'article 2134 dt1 Code
civil: H E11lre les créa11ciers, l'J1ypoll1eque, soit l<'.~gale, soit jt1diciaire, soit
conve11lio1111elle, n'a de ra11g r¡ue clujour de l'i11scriptio11 prise par le créa11-
cier sur les registres dt1 conservateur. n

Premiere regle: Tant qu'il n'a pas inscrit son hypotheque, le


créancier ne peut l'opposer aux autres créanciers, méme chirogra-
phai res - Si le cróancier 110n inscrit ne peut pas invoquer son droit de
préférence it l'enconlre eles aulres créanciers, 111é111e sin1ples cl1irogra¡Jl1aires,
il convient cl'ajot1ter que, ta11l 1¡ue l'i111111eullle est clans le patri111oi11e de son
délii te11r, le créancicr a le el roi I el·¡ 11scri re s1)11 l1ypotl1equc, et,par conséq11en t,
d'acquérir le clroit lle 1Jrt'·f'i'~re11cc ú l'i'•garcl de ceux qui ne so11t 1Jas inscrils.
Po11rtant, cela 11'est 11as to11j<i11rs vrai. 111ieut, e11 etl'et, se ¡Jr_oduire des évé-
ne1ne11ts 11ui le priveront du clroit de prencire inscriptio11.

Evénements qui empéchent le créancier d'inscrire son hypothe-


qu•. -- Ces événements, én11rnérés da11s l'article 21{16, 1°r al. i11ji1ie, n10- ' \

difié par le Coclc de con1111erce, et le 2• ali11éa cl11 1nen1e article, événen1ents


que 11011s avons d'ailleurs rencontrés eléja e11 traita11t ele la conservatio11 des
' '

privileges, sont les suiva11ts:


1° La faillitc ou la lir¡uiclalio11 j11cliciaire llu dé!Jitcur;
2° La 111orl clu débile11r, ela11s le cas ot1 sa succession esl acceptée s011s
bé11éfice d'i11venlaire.
'
1º Faillite du débiteur ou liquidation judiciaire. - D'apres l'arti.
ele 21!16, 1•' al., les i11scri¡Jlions 11c 1)ro1luiscnt auct1n ell'cl, si elles s011l
JJrises dans le elélai pe11da11l lec1uel les acles fails avant l'ouverlure eles fail-
liles sonl déclart'is 1111ls. ()11 c1J111prcncl la raiso11 el'<\lre de cclle clisrJosilio11. 11
y a licu de re<lo11ter l<iulcs scirtes ele fraudes ele la part d'un co111111cr~a11t aux
alJois, <!l sur le ¡Joi11t cl\\trc 111is c11 faillilc. 011 pcul crainllre 11ola111111e11l qu'il
ne co11stilu1, clolcisivc111er1l 11110 l1y¡iotl1ec¡11e 1·1\cllc 011 si111ulée au profit cl'u11
' .
crca11c1cr.
' .
Nca111110111s, '
la r1:glc ' par 1e (,o
e'el'1clcc ' d<) 1~larl
' . lrop severo,
' ' . car elle ¡Jouva1t .
atlcin<lr1i injuslen1e11l 1111 crt'iancie1· 1lc IJ<>n11n foi, do11t l'l1~'(loll1<'•c111c étail
néc it la vcillc de la rit'•rio1lc s11s¡1rcle, el 1u>la111111c11l 1111 créancier ¡1rivilt'·gié.
!,a lr>i clu :.i8 1r1ars 18:{8, 111cHlitical.ivc clr~s articles 1!11 Collc ele corr1111crcc re-
lalifs h la faillilc, n clone établj ici u11 ler111c ¡>lus ralio1111cl. J,'arliclc {1/18 ac-
lt1<'l cl11 ('.1icle rle co1r1111crcc lixe co111111c pr1i11t cl'arr1\t <les inscri¡1lio11s lcjo11r
du J11r¡e111e11I <léc:lal'<1lif ,te faillile, ler111e tixc liie11 ¡Jréf1\ralile ;'¡ l'a11cic11.
J,n 11H\111c arlicle vise ensuile les inscri¡ili1>ns priscs avant le jugcn1cnt
<l{,cJaralif de faillile el ¡>c11<la11t ce <¡u'rin a¡>¡1ellr la /ll11'io,/e s11s¡icctc, ¡1t'·riode
e¡11i con1111c11cc clix j,iurs ava11t l't':1>oc¡ue <l1\ la cessalic>11 tics paie111c11t:-:.
<:01111110 il y a licu <lecrai111lre ¡>en<la11l celle ¡Jériotlc les lcnlalives de fraud1\
1'01110 11 üO
'
946 LlVRE lll. - TlTilE 11. - DEUXIE~IE P:lllTIE. - CHAPITRE IV

du débiteur, la loi permet de déclarer 11ulles les inscriptions prises durant


ce délai, s'il s'est écoulé plus de quinze jours entre la date de l'acte consti-
tutif de l'hypotl1cque ou du pri,ilege et celle de l'inscription. En effet, le
retard mis par le créancier a inscrire son droit laisse planer une suspicion
sur l'acte intervenu entre le débiteur et ltii. Celte seconde disposition n'est
qu'une adaptation de l'actio11 l)aulienne a la faillite •. Nous pouvons done la
laisser de coté. La seule disposilion de l'article {148 qui nous intéresse dí-

recten1ent est celle qui i11terdit de prendre inscription aprcs le jugement
déclaratif de faillite.
On ne trouve rien de semblable en n1atiere de déconfiture. Cela ne doit
pas nous étouner, puisque la loi n'a pas organisé de faillite civile. Done,
le créancier h)·potl1écaire d'un non-co111Í11er~ant peut toujours prendre ins-
cription sur ses biens. quel que soit l'état ele ses affaires, et c'est justement
pour éviter une telle sur¡Jrise c¡ue, pratiq11er11enl, les créanciers ordinaires
ont soirt de faire condan1ner le dé!Jiteur e11 jt1stice afln d'inscrire sur ses
in1111eulJles ,1ne l1ypotheq11ejudiciaire leur assurant ur1 rang préférable aux
!1ypotl1cques inco1111ues d'e11x qui viendraier1t a se révéler par l'i11scription.
La loi du 4 mars 1889, qui a institué la liquidation jt1diciaire, décide
(art. 5, 2• al.) c¡u'aucune inscription ne peul etre prise a partir du juge1nent
déclaratif. Cette loi n'a pas établi de n1est1res concernant les inscriptions
• prises avant le juge1nent, car la liquidatior1 judiciaire suppose que le débi-
teur n'a·con1mis aucuo. acle frauduleux. 11 ne saurait done etre question ici
ele pério(le sus11ecte.

Déces du débiteur, suivi de l'acceptation de sa succession sous


~ 0

bénéfice d'inventaire (art. :i 146, 2º al.). - En principe, la n1órt du débi-


tcur n'e11le,·e pas au créancier le droit d'inscrire son l1ypotl1eque. Le fait
men1e que les autres créanciers du cléfunt de1nanderaient, contre les cróa11-
ciers ele l'l1óritier, la sóparatior1 des palri111oines, r1e le priverait pasJde ce
,lroit. E11 ell'el, la séparation eles patri1noines 11e 1nodifie pas les rapporls
res¡iectifs eles créa11ciers l1éréditaires.
11 e11 cst a11trer11c11L ce1Jer1da11t lorsq11e la s11cccssio11 cst acccptée sous bé-
n{dicc cl'i11ve11tairc. l~r1 ¡larcil cas,c'csl le déces r¡ui ,,ia,.,¡ue le ler,11.e jat,zl; il
11.·esl plus ¡ier111is, ,l ¡iarlir (le l'uuverl11re de la s11ccessio11, de ¡irenrlre i11s-
cri¡iliu11 sur les i111111e11lJles de la s11cccssion •.
<Juelle cst la raison d'etrc de cettc rógle ~ C'est c¡uc le Codc civil a étalili,
tla11s les articlcs 803 et s11iva11ts, 1111e lic111iclatio11, d'aillcurs loute r11dimcu-

1. i'ious ne parlons nu texte que de l'inscription. Les nrliclcs 4-iG et 4,7 du Code dt\
1•.01111111•rc" viscnt la constilution d'hypolhi,i1ue. Le pre1nier décide que l'hypotheque cons-
tilu,',e par 111 d11hilcur pen,lanl la p11riode suspeclP, pour garnntir une dctlP antérieurc•
111Pnl 1'.ontr11cl1\P, est nullc·. Et u1"mc, si 111 constitulion est contcn1por11l11e de In naissancP
d11 ta dlltlt,, elle peul étr1! nnnulée, d'aprcs l'artlcle 4i7, si le crénncier connnlssait, nu
n101nent oit ita t1•;lité, la cessatlon ,les ¡,aiP111ents (V. supri1, p. 60).
:! . Ln rrglc, ne s'npplique, hien cnt,,ndu, ni i\ l'inscriptlon tle ht séparntlon des palri-
111oi111,s. ni ,·1 c1•lle de l'hypoth/,que légnte drs tt\gnt11lrcs, ni cnlln a cellc de l'hypothcquc
oc In rnasse, q111tnd le défunl esl déch1ré en faillitc.
...
' '

FO'.'iCTIONNE~IENT DES HYPOTHEQUES ET PRIVILEGES I~IMODILIERS 947


taire de la succession bénéficiaire, qu'il charge l'héritier d'accon1plir. 11
est done naturel qt1'il se soit préoccupé de n1aintenir l'égalité e,itre les créari-
ciers,en interdisant désormais toute nouvelle cause de préférence. 11 estjuste,
en effet, qt1e la liquidation de la succession s'opere comme si elle a·vait lieu
immédiatement au déces.
On a cependant adressé des critiques a cette disposition et, dans les dis-
cussions ouverles entre 1849 et 1852 sur la réforme du régime l1ypothé-
caire, on avait proposé de la supprin1er. On lui reprochait d'etre parfois in-
juste, car, disait-on, elle peut frapper de déchéance un créancier diligent
dont le droit est né la veille du déccs impré,,u du débj.teur. On n'a pas ten u
compte de ces observations et on a eu raison. En effel, 11 danger signalé ne
nous parait pas bien sérieux; un créancier diligent,auquel le débiteur consti-
tue une hypotheque, ne manque pas de-l'inscrire avant de preter l'arge11t. La
décl1éance ne pourrait done surprendre qu'un créancier a l1ypotl1eque ju-
diciaire, ou le vendeur d'i1n1neubles, 011 e11core le copartagea11t. Et si,
d'autre part, l'articlc 2146 n'existait ¡1as, on ,·crrait, des le déces, tot1s les
créanciers poursuivre l'l1éritier con1me représentant du défunt, pour obte-
nir l1ypotheque sur les biens l1éréditaires. La meilleure solution est celle
a
qu'a adoptée la loi l)elge de 1851. Elle consiste fixcr 11n délai ele trois
n1ois a partir du déc,~s. pendant lequel les créanciers peuvent encore pren- '
dre inscription utilement, mais aprcs l'expiration duquel aucune inscri1)liou

11'est plus possible, quel que soit du reste le rnode d'acceptation des héritiers.

Cas ou il y a plusieurs héritiers dont les uns acceptent purement


et simplement et les autres sous béné:ftce d'inventaire. - Lorsque
plusieurs l1éritiers rec11eillent la succession, ils sor1t libres de prendrc cl1a-
cun le parti qui leur convient. Comn1ent done appliquer la prohibi tion de
l'article 21!16, s'il )' en a qui acceptent purer11ent et si111plement, et d'autrcs
sous bénéfice d'inventaire? La question assez délicate a donné licu it pl11-
sie11rs syste111es. ,;oici cel11i c1u'adopte la jurisprudence. ll 11ous parait l\tre

le f)l11s ratio11nel.
'J'a11t c1uc dure l'i11divisio11, l'acceptation sous béuéflce cl'invcntairc })ro-
cluil so11 efl'el vis-i\-vis de to11s les l1ériliers, car on ne sait quels scro11t Jps
l)ir-11s clévolus a chac1111 el 'eux. Les créanciers ne pot1rronl tlor1c pas Jlrenclrc
cl'i11scri¡)tio11, cluranl celle périodc, sur les lliens iuclivis, ni sur les i111-
111c11blcs q11i sero11t licités (Civ., 18 110,·en1bre 183:>, D l>. 33.1.:>53, S. :1:).
1 .817 ). A u co11traire, une fc>is le partage co11so1n111c'!, ils peuvent prer1clre va-
lal1lcr11ent inscriptio11 sur les irr1me11bles atlrillt1és aux l1ériliers p11rs el
si1n¡Jles, car ¡1011r ceux-ci il 11'y a ¡ilusa parler d'acccplalio11 lié11éficiairP
(Civ., 25 aot'\l 1858, D. 1). fí8. 1.356, S. 59. 1.G-5).

Succession vacante. - U11e s11ccession vaca11te esl u11e succcssio11


i¡ui 11'csl réclamée par a11c1111 successiblc (arl. 811, C. civ.). 11 y a lieu al,Jrs
<le 11111r1n1er u11- curale11r cl1argé de dresser 1111 i11venlaire et de la lic1uider.
a
L.a si L11alio11 csl clo11c ar1alogue celle q11e Yise l'acceplalio11 s011s búnéficc
cl'i11ventaire, el il couvieut (l'applilJUcr 11 cecas la 1>rol1ibition édict1\c 11ar
l'arlicle 2146, 2" al. lOrléans, :.16 aoul 1869, D. J>. 69.2.185, S.70.2.11:1).
• CHAP ITHE IV
LlVR E 111. - TITR E 11, - DEUX IE~IE P,\RT IE. -
948
Oas ou l'hé ritie r bén éfic iair e enc our t la déc héa nce du bén éfic e
d'in ven tair e. - L'l1é ritie r béné ficia ire r.¡ui dépa sse les pou, -oirs que l11i
altri lJue la Joi et se co111porte co111n1e 111aitre de la succ cssio n, perd le }Jéné-
fice de sa décl arat ion et devi ent l1éritier pur et si111ple. Cett e llécl1éancc
va-t- elle re11dre aux créa11ciers non i11scrits le droi t de pre11dre i11scriplion?
Oui, sen1ble-t-il, car c'est bien la la cons éque nce logiq11e de la llisp ariti on
du )Jénéfice d'inve11laire, et c'est en ce sens que se so11t 1-irononcés 1111 arre t
de la Cou r de Gae11 e11 date du 16 juill et 1834 (S. 35.2 .559 ), et un arr1}t de la
Col1r de Tou lous e du 28 n1ai 1896 (D. P. 98.2 . 136, S. 98.2. 174. - Voir co,itra
cepe ndan t Grenoble,.,,26 décen1bre 1891, D. P. 93.2 .279 . S. 93.2 .33, note de
,v
:riI. al1l ).

Que stio n com mun e aux deu x cau ses d'arrét des insc ript ions . - A
q11elles i11scriptions faut -il appl ique r l'art icle 21!16 d11 Cod e civil el l'art i-
cle !148 clu Code de com n1er cc? Ces disp osili ons s'ap pliq uenl a tout es les
inscriptio11s qui ont pou r obje t de faire appa railr c ur1 priv ilege ou une
l1ypotl1eque qui, a11111on1ent de la faill itc ou de la n1ort, n'éta ient pas e11core
i11scrits. ¡\ins i, il faut déci der, a prop os du ¡1rivilege du ·vendeur, que, si le
vcnd cur n'a pas reno11vclé, au IJ011t de dix ans, l'i11scription pris e d'off ice
par le co11servateur eles l1ypotl1eques conf orm én1e nt a l'art icle 2 ro8, et que
l'11n des évé11en1e11ts sus-ér1oncés vicr111e a se prod11ire, il toml Je sous le
cou1J cte l'int erdi ctio n. De mem e, l'int erdi ctio n vise rait égal emc nt l'l1ypo-
theq11e judi ciair e résulta11t cl'1111 juge n1en t de co11llar1111ation q11'un créar1cier
a11rai t obte,111 post érieu reme 11t i1 la n1ort du déf1111t (_Bordea11x, 6 févr ier 1851.
D. 11 • 5 2 . 2 . 1 67).
• 1\11 cont raire , il ne fa11l pas ap1>lic111er 110s artic les aux c1·éa11ciers llon t le
llroi t est lléja opposa!Jle aux tiers a11 jo11r de l'arr ivée de l'u11 des événe-
1nents préc ités. ll en est ai11si da11s les cas s11iva11ts:
_,\. - Le créa11cicr do11t J'l1y11otl1eq11c est clt1me11t i11scrile, peut rcr1011veler
so11 i11scri¡Jlio11 a11 IJ011 Lele dix a11s (arl. 215/i), hie11 q11c, cla11s l'i11lerva IIP, le cló-
lJi Leur soitd écéc lé, 011 q11'il ail étú 111is c11 l'aillile cJ11 c11 lic111illalio11 jucli ciair c.
l\. - Oc 111cn1e, le crr':a11cicr i11scrit pe11l, rr1algré 1'11n llcs év1\11c111c11ls s11s-
visr'~s. pren drc ele~ i11scriplio11s 1¡011r les a1111érs 1l'i11Lér1\ls écl111s 11011 gara11lis
¡¡ar l'i11scri¡1ti,;11 1:rir1cipalc (arl. :1151).
C. - Les i1y11o!l1«'•1¡11cs l{•galcs ele la l'c1111r1c 111ariée, cl11 111i11e11r, de l'i11-
lcrd it, <Jtli proc luise nl lc111· ell'el lle JJlci11 clroil, sa11s 1¡11'il scJil hnsc>ir1 1l'ins-
criplio11, pe11ve11l <~lre i11scriles, 11cJ11c,IJsla11l la faill ile 011 le cléces clu 1l1\JJi-
tc11r. Seuler11cr1l, cclle favc11r ccss c avcc l'anr1í•c 1¡11i s11il la cliss1Jl11ti1ir1 cl11
r11ariagc ou la ccs:,;aliori lle la l11lcllc. l~n cll'ct, .\ claler ele ce 1110111c11l, ces
l1y¡¡cill11'.-qucs re11tre11t llans la r1\:.~le C<J11111111ne. Si clor1c elles 1111 so11L llas
insc riles cla11s le ccJ11rs 1le ccllc a1111ée, clics 11n ¡1011rr1>11l ¡Jl11s l'1\Lre i1 l'ave11ir
<l<\s 1¡11e l 'u 11 eles 1\v1\11c111en ls é11011cós se ¡irotlu ira.
1). - l\arJJJCllJIJS cnlin c¡u'e11 ce c¡11i co11cc1·11e le ¡iriv ilógc ll11 cc11Jarlagea11l,
les a11lc11rs r-;011l })arlagt'•s sur le 11oi11l 1lc savo ir s'il ¡¡cnl elre cnc<)r1i i11scrit
jusq11'i1 l'expiralio11 llu 1lélai 1lc li<J jciurs tic l'arl icle :i I<>!I, lorsc¡uc In cc¡¡iar-
lagca11t déli ilcu r csl, tlans l'ínl crva llc, 111is e11 faill ilc 011 vic11l ,\ 1lt'·có1l<'r
(s11¡>r11, JJ. 8/1!i,.
FO'.'<CTIO'.'<NEMENT DES HYPOTJfEQUES ET PRIVILEGES IMlllOBILIERS 949
Ex.ercice du droit de préférence sur le prix au cas ou l'immeuble
a été vendu par le débiteur. - Dans nos explications précédentes, nol1s
avons supposé que le clébiteur était demeuré propriétaire de l'in1meuble. Il
nous fal1t maintenant envisager le cas ou le débiteur originaire aurait vendii
l'im1ne11IJle, et voir a e1uclles conditions le créancier l1)'potl1écaire peut alors
invoe1uer son droit de préférence sur le prix. II faut pour cela que le créancier
ait i,zscrit son h.y¡ioll1eq11c ava,zt q11c l'alié11atio1i ait élé tra11scrite. S'il ne l'a
pas fait, il perd, non seulen1ent s011 clroit de suite, co111n1e nous le verrons
plus loin, n1ais aussi son droit ele préférence. A partir de la transcriptio11
de l'acte de vente, le créancier ne pourrait done pas prétendre qu'il a encore
le droit ele prenclre une i11scriptior1, pour faire valoir son droit de préférence
sur le prix au détriment eles autres créanciers du ,·endeur. Cela n'est pas
douteux. En effet, le créancier ne peut prendre inscription sur l'imn1euble,
ql1'autant que cel11i-ci est encore dans le patrimoine de sor1 débiteur. Une
fois qu'il en est sorti, il n'y a plus d'inscription possible, et, par consé-
c1uent, l'hypotl1equc n'cst plus opposable aux ticrs. Pour qu'il en ful autre-
a
me11t, il faudrait que le prix fC1t subrogé l'immeuble, et que le créancier
a
p11t prendre 11ne inscription relativement ce prix. Mais aucun texte n'éta-
.blit cette variété de su]Jrogation réelle.

Deuxieme regle: L'hypotheque n'a de rang que du jour de l'ins-


cription. - C'est le jour de l'inscription qui détermine le rang auquel le 1

créancier sera payé dans l'ordre qui s'ouvrira pour la distribution du prix
a
,de l'in1n1euble. Il n'y a done pas s'inquiéter de la date de constitt1tion de
l'hypotl1eque, mais seule111ent de la date de son inscription. De men1e, peu
importe si la créance garantie cst conditionnelle ou sin1plement éventuelle.
NolJS avo11s Vll 11ota1111r1cnt ql1e l'l1ypotl1ee1ue qui garantit l'1)u,•crturc de
a
crédit faite ¡Jar 11n. IJanc¡t1ier 110 ele ses clients, prend rang au jour ol\ elle
cst inscri te, IJic11 que, á ce 111or¡1cnt, le banquier n'ait encore fait peut-ctre
a11cu11e avance de fonels (V. Civ., 21 novembre 1849, D. P. 49. I .275,
S. 50.1.91; l{ec1,, 8 n1ars 1853, D. }J. 5{i.r.3!11, S. 55.r.214).
On a préte11clu q11c cettc regle 11'était ¡Jas sans inconvénients pr.ur le créan-
cicr l1ypcJtl1écairc co11{ia11t cla11s la sit11ation ele son débiteur, car ce créancier
pct1l 11e ¡ia¡; inscrire i111111écliale111cr1t sor1 l1ypotl1eqt1e, et il est ainsi exposé a
se tro11ver ¡iri111é par t1n a11trc cróar1cicr, do11t le droit. né apres le sien, au-
rait {!té p11IJlié le 1irc111ier. U11c l'ra11clc serail 1ne111e possilJle, dont il serait
diflicilc at1 créa11cicr lrori cor1fia11t <le ¡irouvcr l'existe11ce. A q11oi il faut
répor1tlrc r¡uc le créa11cicr ne co11rt gt1ere de risque, pourvu qu'il fasse pret1ve
<le la11t soit pe11 de diligcncc; car il esl d'usage qt1c le notaire prer1r1e ins-
cription ele J'J1y1ioll1t!<IUC ava11l <1110 les l'oncls 110 soicnl remisa l'cmpr11r1teur.

Généralité de la regle. Exceptions qu'elle comporte. - La regle de


•r•
1a pre11~rcncc ' l'ce Jlar Ia pr1or1le
r1~g ' ' ' d es 1nscr1pt1ons
' . . s ' app 1·1que u:1. loutes l es
hypollH'\<Jt1cs 1¡11ellcs r¡11'r.Jlcs soient. 11 n'y en a que deux qui y écl1appent.
·(~e sor1t, co1111nc r1011s Je savons dója, l'ltypotl1eq1tc légale de lajernrne mariée
et celle des perso111ies ett tutelle, clont le ra11g est détcrminé par la loi, sar1s

950 Ll'Vl\E 111. - TITRE 11. - DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE IV

qu'elle tienne compte de leur inscription. Mais, une fois la tutelle ou le


ma,riage terminés, ces deux hypotheques ne conservent leur rang de faveur
qu'a ·la condi'tion d'a,,oir été inscrites daos l'année qui suit la dissolution ·
du mariage ou la cessation de la tutelle (art. 8, loi du 23 mars 1855). Sinon,
elles tombent sous l'application du Droit commun, et ne d.atent plus que
dn jour des inscriptions prises ultérieurement.
La regle ne s'applique pas non plus aux privilcges immobiliers. Sans
doute, le rang des privileges immobiliers (a l'exception toutefois des privi-
lages généraux de l'article 2101) est subordonné a l'inscription, en ce seos
que,s"ils ne sont pas inscrits,ils ne peuvent pas etre opposés aux tiers, mais
nous avons vu qu'une fois inscrits, ils prennent rang avant tou.s les privile-
ges ou hypotheques nés du chef du débiteu,·.

Application de la regle aux hypotheques inscritas le mame jour.


- La loi a prévu le cas ou deu-x créanciers prendraient inscription le meme
jaur. L'article 2147 ne tient pas compte, en cecas, de l'ordre d'inscription,
caT cet ordre pourrait dépendre de l'arbitraire du conservateur. 11 décide
(!Ue ces créanciers exerce,·on:t leu,·s droits en concurrence, c'est-a-dire qu'ils
viendront au meme rang, saos distinctioo entre l'inscription du matin et
celle du soir, quand bien mcme cettc différence serait marquée par le
conservateur.

Application anx hypotheques générales. - Quand il s'agit d'hypo-


theques générales soumises a l'ins.cription, comme l'hypotl1eque judiciaire,
ou celle de l'Etat et des communes sur les biens des comptables, l'inscription
déterm;ne le rang, non seulement pour les immeubles présents, mais pour
ceux que le débiteur acquerra a !'avenir dans le ressort du bureau oi'1 elle a
• été 1)rise .
Supposons en conséquence qu'il y ait deux inscriptions d'hypotheq11e
judiciaire prises, l'une en 1910, l'autre en 191 I. Si un im1net1ble échoit par
succession au débiteur en 1912, la premicre l1ypotl1eque prendra rang sur ce
nouYeau bien avant la seconde,quoique pol1rlan.t l'une el l'autre l'aient frappé
au morr1ent mfi1ne ci1i il a été acq11is. Ce qui con1pte ici encore, ce n'est pas
le morncnt ou le bic11 entre dans le patrimoine, c'est excl11si,·emcnt la dale
des i11sc1·iptions. 11 en serait autrement ccpencla11t si le nouveau bien élait
situé daos un atrtrc rcssort hypothécaire q11e cel11i 011 a été prise la prcrnit':re
inscription. Il faurlrait alors que cha<¡uc créancier s'i11scriYil daos ce ressort,
et c'est la date de ces i11scciptions c1ui déler111i11erail let1r ra11g respcctif.
Rappelons a ce S\tjet q11e l'hypotl1cc¡ue portant sur <les J)ie11s a venir 11'esl
pas, anx ye11x d11 législatet1r, uno l1ypotl1t~<¡11c gént\rale. ll en résulle <lonc
que le créancier cloil prendre 1111e no11vellc i11scri1lLior1 sur cl1aquc i1111r1euhle
postérieuremcnt acquis; el c·est la date de oette nouvelle i11scription q11i
fixcra le rang de l'lrypolhcque.

Gonditions nécessairea pour l'applicatioo de la regle de l'&rtl-


cle 2184. - Pour que la regle énoncée par l'article :i 134 re<:oive appiica-
tion, il faut nécessaircment supposer:
FO:'l'CTIO:.-.:'\'E~IE:'\'T DES HYPOTHEQUES ET PRIVILEGES ll\l~IOBILIERS 951
1° Qu'il s'agit d'hypotheques grevant un meme immeuble. En effet, ql1and •

(les l1ypothec1ues (tout a11 moins eles l1ypotl1eques ordinaires,c'est-a-dire spé-


ciales) portent sur des biens dilférents, il n'y a pas de co11flit possible entre
elles, et la date de leurs inscriptions ne joue plus des lors aucun róle.
2° Que ces hypotl1eques sont nées da clief da 111e1ne débiteur. Si, au con-
traire, les hypotheques ont été constit11ées par les propriétaires successifs
de l'immeuble. les créanciers de l'auteur sont toujours préférés a ce11x de
l'ayant cause. Cctte seconde observation se111ble d'abord n'avoir al1cune
11tilité, car l'l1ypotheque constituée par le vendeur d'un immeublc ne sera
opposal)le a l'acheteur que si elle a été inscrite avant la transcription de
l'aliénation, et, })ar conséquent, avant celles ql1e pourrait constituer l'ache-
teur. Mais l'intéret se présente quand il s'agit d'l1}'potl1eques générales. sou-
a
mises ou non l'inscription, et prenant · rang sur les biens de l'acheteur
antérieurement a l'acquisition. Par exen1ple, ]'ensemble des biens de l'ac-

quéreur est grevé d'une hypotheque judiciaire inscrite le 1"' mai 1910,
ou er1core de l'l1ypotl1eque légale de sa fen1me, garantissant la restitution
de la dot aujour de la célébration du mariage qui a eu lieu en 1910, ou en-
fin de celle d'un pupille dont il a été nommé tutel1r au cours de cette meme
année. C'est en 1912, que se place l'acquisitior1 qu'il a faite de l'immeuble,
et, sur cet immeuble, le propriétaire antérie11r avait constitué une l1ypo-
tl1eque inserí te dans le cours de l'année 1911. Cette derniere l1ypotheque
primera les l1ypotheques nées du cl1ef de l'acquéreur, bien que pourtant 1

a
celles-ci frappent tous les in1meubles acquis par lui compter du jour 01'1
elles pre11nent rang sur ses l)iens. L'article 2177, 2• al., consacre ~xpressé-
ment cette solution.
11 en cst ainsi, remarquons-le bien, non seulen1ent quand l'acquéreur
a
est un ayant cause titre particulier, mais memc s'il est un ayant cause
a titre universel. E11 effet, le bien n'e11tre da11s le patrimoir1e de l'acquéreur ,

que czzm onere suo, c'est-a-dire greYé des l1ypotl1eques existant du cl1ef
'
de sor1 au teur (V. la note de M. l\Iagnol sous Grenoble, 12 février 1909,
D. P. 1910.2.321).
Il en fa11t dire autanl, 11ous l'avons v11, des cas ou il s'agit du conflit
<l'u11 privilege avec 1111e l1)·potl1eque créée, no11 poi11t par le délJiteur de la
créance privili:giée, r11ais par l'autcur de cell1i-ci. C'est l'h)·potl1eque qui
J>asse dans cecas avant le privilege (s1i¡ir1i, p. 861).

Con:ftit entre hypotheques frappant tous les biens du débiteur


et hypotheques grevant un bien déterminé. - r,a cocxisle11ce d'l1ypo-
tlil:qucs grevar1t loas les úie11s <lu délJite11r(l1y1JolJ11\qucjucliciaire,l1ypoll1equcs
de l'arliclc '. >.1 '.11, l1y¡>oll1ec1uc co11vc11lio11nellc porla11l sur des l)íens a venir),
et cl'l1y1iotJ11\1¡11es ¡iosti':ric11rc1r1c11t inscrilPs stll' t11i settl lle ces bie11s, ¡Jcul
[Jroduirc <les rt':s11ltals co11Lraircs 11 l'é1¡11it1\ ..
De11x cxe111rilcs vonl 11ous le r11or1Lrcr:
JJre111ier e::ce111ple. - Le dóbile11r possed.c cleux i111111eublcs 1\ et ll, sur
lesq11cls existc11L clc11x i11scríptio11s, 1111c prc1r1ióre fra¡)pa11l les de11x i1nmeu-
bles, 11ne sr:ccJnclc J)Orlant s11r l'im111c11ble 13 sculc111eut: Le créancier pre-
mier inscrit a inconteslable111ci1t le choix de f'aire po1·Ler sa collocation sur
'

LIVRE 111. - TITRE II. DEUXIE~(E PAR'fIE. CHAPITRE IV

l'un ou l'autre des in1meubles qui lui sont alTectés. C'est la conséqucncC'
<le l'i ncli visi!Jil i té de l'l1ypoll1t•q11e ; cl1aquc in1n1eublc garan ti t la Lotali té
ele la créance et on ne pc11t l)as, en pri11cipe, obliger le créancier a poursui-
vre un des in1n1eu!Jlcs plutot c¡uc l'a11tre, ni le contraindre a cliviser sa de-
1nancle ele collocation po11r la faire porter proportionnellen1ent s_11r le
prix de cl1aquc imn1euble (Ileq., 11 a,·ril 1902, D. J). 1903.1.4G5; Civ.,
g n1ai 1905, D. P. 1909. 1.225, note de i\,I. de Loy11es, S. , goG. 1./189). Si done
l'in1n1eublc B est saisi, ou _s'il est ,·er1du, et q11e l'acl1eteur lJrocede ú la
purgc, le créancier a l1Jpothec¡uc généralc pourra demander son paicme11t
total sur le prix, au détrin1ent clu créancier it l1ypotl1cquc spéciale.
La situation resterait la 111e1ne, bien cntendu. si les dcux i111111cu!Jles 1\.
et B étaient cl1acun grevés d'une l1)·potheque spéciale. Le sort de ces l1ypo-
theq11es dépendra done de la fac:;on dont se fera la collocation ele la pren1iere
l1Jpotheque, celle qui porte i1 la fois sur les deux biens. Ce résultat est vrai-

mcnt bien peu satisfaisa11t. Un second exen1ple ya 11ous faire ,·oir qu'il peut
devenir C'ncorc plus cl1oquan t.
Deuxiemc exemple. - Le débiteur posscde trois in11neu!Jles ,\, B, C, ,·a-
lant cl1ac1111 20.000 francs et grc,•és: 1° d'une l1ypoll1cque gé11érale, i11scrite
la prcmicre, et garantissant 1111c cr<'-ance de !10.000 francs; 2° d'une l1)·po-
tl1t'·c1ue spéciale de 10.000 francs sur l'imn1e11ble A; 3° d'une }1ypotl1ec111e
spéciale de 10.000 francs sur l'in1n1e11!)le B. Les créances l1)'l)Oll1écaires ab-
sorlJent la totalité ele la vale11r eles in1n1eu!Jles. l'íéann1oi11s, le clébitcur s'en-
tend avec 11n nouvea11 créa11cier c¡11i consent it l11i pretor 15.ooo francs,
IUO)'enna_nt 11nc l1ypotl1cc1uc sur l'imn1e11ble C. Ce nou,·cau créancier se
11/\.te ele tcn1!Jourser le créa11cier ú l1ypotl1tiquc générale, et se trouyc ainsi,
en vertu de l'article 1251-1º, s11brogé dans le IJénéfice de cettc l1Jpotl1equc.
Le voila dorénavant com1)l,~lcn1c11t garar1ti', car il fera, a l'occasio11,. porlcr
l'l1ypotl11:que g<'~néralc cla11s laqucllc il s'cst fail sul1roger, s11r les i111111cubles

.i\. et B, dont il alJsorbera co1111ilelc111c11t la ,•ale11r, au_ clétrin1e11t <les dcux
créanciers l1ypotl1écaircs inscrils sur ces i11111ic11liles, et il conservera l'in1-
meublc C con1111c gara11tic personnelle.
On le ,·oil, il y a llcs 1iroc<'-ll(\s 1¡11i pcrn1cttc11t au dé!Jitc11r, lorsc¡11'il
tro11vc 1111 nouvcau prelc11r, d't'.·Yi11ccr eles créa11ciers pl11s a11cicns c¡11i se
croyaicr1l garantis par lc11r l1y110Llu'.lit1c. U11 parcil résultat cst a!Jsolu111e11t
cl1oc111a11t, et po11rlar1t il est i11c'•vilalJlc. La juris11r11dc11cA a IJicn t)té oliligée
cl'en convc11ir. JI }' a c11 c!C's <lisc11ssio11s a11 s11jet. de l'cfl'ct cl11 paic111c11l
avcc s11brogalion, n1ais 1111 arr<'L 1lc la Cot1r ele cassation a reco111111 la vali-
clilé de l'op<'·ratio11, et cor1sacr{\ le <lroil d11 sulirogé ele fairc 11orlcr l'l1ypo-
tl1<'quc gé1i<'·ralc s11r l'i111111c11!Jlc q11i r1e l11i est ¡1as spécialc111c11t afl'ecté
(Ci,·., g 1nai l(JO:l, 1). Jl. •!)º9·' ·:.12!'1, 111Jlc flc ~l. ele Loy,ies, S. I!)oG.1./189,
note de 1\1. l\Ia11ricc Jlcrna.rcl).
1\.11x clroils clu crt'·ancirr <le fairc 11orlcr sa collocalio11 sur tcl 011 tcl i111-
111c11blc 11 s<>11 cl1c1ix, la juris¡1r11<lP11cc n'a¡1¡1orlc q11'1111 te111¡1{:ra1111•11l.: c'cst
<lans le cas ot'i les i111111c11liles grey{•s sc111t situ{·s clans 111 r11<'n1P arrc11ulissc-
r11cnt, et ot'1 ils s911t YC11<l11s <111 saisis en 11H'111c lc111¡1s; 111Hi Sf'lll(i 11rocé-
clurc ll'orclrc s'o11vra11t al<1rs 1io11r la <lislri!J11tio11 eles prix. J,cs trilJ1111n11x
ad111cttc11t c¡u'c11 11arcil cas, si le créancier ,\ l1ypol.l1ef¡t1c g<'•11ér11le 11'a
FONCTIO"i!NE~IE"i!T DES HYPOTHEQUES ET PRIVILEGES l~l~IODILIERS 953
auct1n intéret a fairc porter sa collocatio11 sur tel prix, plt1ttJt que sur
tel atilre, le juge doit le colloquer de 1nanicre a 11uire le moins JJossible
a l'efTet des l1ypotl1cques spéciales, alors que la valeur totale des im111eubles
est suffisante pour désintéresser tous les créanciers. La collocation du
créancier a l1ypotl1t~que générale pourra done portcr en partie sur le prix
d'un in1meuble, en partie sur l'autre. Ce n'est pas la co11trevenir au prin-
cipe de l'inclivisibilité, puisque le créancier est inlégrale1nent payé, et
qu'il 11e s'agit que d'une question de rópartition des deniers.
Que si le fJrix: total ne suffisait pas a dési11téresser totis les créanciers,
{le nombreux: arrets ont cléciclé qu'en pareil cas, il faudra faire porter le
poids de l'l1ypotl1cq11e générale Sllr l'in1n1e11blé greYé de l'l1ypotl1ec¡ue spé-
ciale inscrito en dernier lieu, afin de respecter les droits du créancier qui a
inscrit le premier son l1ypotl1eque spéciale (Civ., 16 juillet 1821, D. J. G.,
Priv. et liyp., 2360, 1°, S. cl1r.; Req., 5 aout 1847, D. P. 47.1.304, S. 47.
1.830). Cette dernicre solution n'est pas du reste a l'abri de toute critique,

car, si la date des inscriptions détermine le ra11g, c'est seule111ent qt1and
il s'agit d'l1y¡Joll1eques portant s11r un meme imn1euble; le príncipe ne
s'applique plus aucas d'l1)'potl1cques inscrites s11r des i111n1eubles difTérents.
Un arret de la Cl1an1IJrecivile clu 26 décembre 1853 (D. P. 55. 1.200,S. 5t,. 1.86)
a done, tenant co111ple de l'o)Jjection, admis que le juge a le droit de ré-
partir l'l1ypotl1t'~que générale sur les divers immeulJles, au n1arc le franc ele
\
leur valeur.
Si, au contraire, le créancicr ayant l1ypotl1ec¡uc sur tous les biens a inté-
a
ret etre colloq11é sur un bien plutót que sur un autre, par exen1ple, parce
<[U'il a 11ne l1ypotl1cqt1e gre,•a11 t exclusiven1en t ce dernier, il recouvre alors
la plénitude de son cl1oix. '
'fel est le seul ten1péran1ent qtie la jurispruclence ait pt1 apporter a la
rigueur des solutions précéden1ment énoncées.
Il convient du reste d'ajouter que, contre les da11gers que leur fait courir
la préexislence d'l1ypotl1cques grevant tous les IJiens du débiteur, les
not1veat1x: créanciers ont un moyen de se prémunir: c'est d'exiger de l'em-
prunte11r t111e l1ypotl1cque portant s11r tot1s ses biens présents, et affectant en
011tre les bie11s h venir er1 raison de l'ins11ffisance des IJiens présents
(art. 2, 3o). Et ai11si, l'l1ypoll1cc¡uc générale en1p<Jrte fatalemer1 t a,·cc elle
l'}1ypoll1t'·q11e g{•11éralc, el ceci n1011tre une fois de pl11s combien le princi1Je
de la spé)cialité cst, er1 pralilJUe, pe11 respecté'.

l.. Voir sur cr,ttc qucstion \Vahl, A n11ales de l'enscignen1e11t supérieur de Grenoble, 1892,
p. 5/42 et s. IJ1111s les dispositions volécs en 1908, lors de la discussion du projet de ré-
forn1c hypothécaire, le Sénat a réglé le conllit des hypothcques générnles et des hypo-
thcqups spéciales de la fa1;on s111vante. Les créancitirs ayant des hypolheques générales
préfilrah!Ps en rang aux crénnci(•rs ,\ hypotheque spéciale seront, s'ils ne s'y opposent
pas for1nellernent, et si l'orrlre s'uuvr<' ,\ In fois sur plusieurs imrneu!Jles nffectés it leur
súreté, colloqnés sur chacun d'eux en proporlion de leur valeur. Dnns tons autres cns,
les cr11anciPrs i\ hypothl'!f1Ues spéciales, crnp1'chés de venir en rang Ulile, seront légalc-
rnent snbrogés ¡\ leurs droits, duns la n1esure nécessnirc a leur propre paien1ent (V.
J(evue crilir¡11P. de lé,qislation, f90!l, p. 187).
LIVRE 111, - TITRE 11, - '
DEUXIEME PARTIE. - CH,\.PITRE IV

II. - Le droit <le suite.

Le droit de suite est le complément nécessaire du droit de préférence, il


en est, comme nous a,·ons dit, le prolongement. En effet, il pern1el au
créancier d'exercer son droit de préfére11ce sur le prix de l'in1n1euble, r11erne
quand celui-ci est sorti du patrimoine du débiteur, et est deve11u la pro-
priété d'u11e autre personne. C'est ce qu'exprin1e fort bien l'article 2166
ainsi con<;u: ,, Les créanciers ayant privilcge ou l1ypotheque inscrite sur
un immeuble, le suivent en q11elq11es 1nains q11'il passe, pour. etrc eolio-
qués et payés suivant l'0rdre de leurs créances ou inscriptior1s. n
No11s examinerons: rº Les cas ou il )' a lieu i1 l'exercice du droit de suite;
2º Les conditions requises pour l'exercice du droit de suite ;

3° L'exercice du droit de suite et les différents partis que peut prendre le


tiers détenteur poursuivi.

rº Des cas oú il y a lieu a l'exercice du droit de suite. - Le créan-


cier l1ypothécaire exerce le droit de suite, lorsque l'immeuble ou un de ses
démembrements est passé dans le patrimoine d'un tiers détenteur.
Quelles sont les personnes qu'il faut ranger a11 nombre des tiers déten-
teurs ~
Quelles sont les aliénations qui donnent 011verture au droil de suite~
1'elles sont les deux questions auxquelles il nous fa11t répondre.
A. - Premie,·e question. - To11t acquéreur ele l'im111e11ble n'est pas u,i
tiers ctétenteu,·. On désigne sous ce nom ceux qui ne sont pas persor1nelle-

! ment tenus de la dette, sur tous leurs biens, en vert11 de l'article 2092, mais
'
' ne sor1t obligés que comme propriétaires de l'i111rne11llle l1ypotl1éq11é, prop-
ter rern. 11 convie11l do11c de r{~partir les tiers, propri1'Laires de l'i1nrr1euble,
e11 deux catégories:
a) Ceux qui sont tenus persor1uellement ele la delle. com111e le débileur
lui-meme. Ce sont les aya,its cause a litre universel d1t llébiteur qui o,it accepté
sn succcssion p1treme11l et sirnplenieR.t. Contre e11x, le créancier n'a pas á
ir1voquer le <lroil de suite. lls s011t bic11 eles ac1¡ué1·c11rs de l'i111rr1c11l}le ;
111ais ce r1e sri11t pas llcs licrs, car ils sonl au lie11 el JJ!ace d11 lléf1111l.
',.' b) Ce11x q11i 11e so11l pas ¡1erso11nellemenl elél)ilc11rs,111ais r1e so11l len11s r¡11e
con1rr1e propri1)laires de lºi111r11e11blc l1ypoll1ér¡uú. (;e so11t ce11x-l:\ 11ue 1'011
clésigne :\ 11ropre111en t ¡1arler so11s le 110111 de licrs détc11tc11rs. el r¡11 i sor1 L
cxposés a11 clroil 1/e s11ilc. !.e Licrs rl<'~le11le11r 11'psl ¡>as 11r1 cl1•l)ile11r, ce 11'esl
pas l11i r¡11i doil, c'esl l'i111111e11l)lc: llcs, 11011 pcrso11<1 <lcbcl. Si l'i111r11e11lile
J)011vait se défc11cire, c'est l11i r¡11e le créancier atlaq11erait.
l\enlrc11l cla11s celle catégorie:
«) J.a ca11tio11 réclle;
' 13) Les acqui'•rcurs it litre parlic11licr;
1

1) Les acquére11rs :'1 Litre ur1iversel c¡ui 011l acce¡>LÚ Sl)IIS ll1?11él1cc cl'i11ve11-
taire;
3) Cclui qui cst deve1111 ¡1r11¡iriélairc par l'effet ele l'11s11capio11.
FONCTIONNEl\lENT DES HYPOTHEQUES ET PRIVILEGES
, 11\11\IORII.IERS 955-
.) Enfin, l'liéritier partiai,·e, c'est-a-dire, aucas ou le défu11t a laissé plu-
sieurs l1éritiers, celui q11i, ayant accepté purement et sin1plen1ent la succes-
sion, aurait payé sa quote-part de la dette, d11 consentement du créancier
(car tin créancier l1)-potl1écaire n'est jamais obligé d'accepter un paiement
partiel¡. Ce cohéritier n'est plus tenu perso1inelleme1it de la <lette. Si done.
plus tard, l'irnmeuble l1ypotl1équé est n1is dans son lot, il ne sera obligé
envers le créancier que pro¡Jter rem, a Litre de détenteur de l'immeuble
hypotl1équé.
Telle est la liste des tiers détenteurs contre lesquels le créancier exerce le
droit de suite. i\Iais nous verrons plus loin que tous ces liers détenteurs ne
se trouvent pas dans une situation identique, a l'égard du créancier l1ypo-
thécaire ou privilégié. 11 y en a parmi eux qui jouissent des droits de délais-
sement et de purge, et d'autres qui n'en jouissent point. ·
B. - Deiixieme question. - 1'outes les aliénations ne donnent pas lieu
á l'exercice du droit de suite.
a
11 y a ici une double distinction faire:
a) D'abord il y a des aliénations qui produisent un elfet définitif, en ce
sens qu'elles alfranchissent par elles-mcmes l'in1meul)le des privileges et
l1ypotheques qui le grevent, et ne laissent plus aux créanciers que le droi t
de se faire payer sur le prix. Nous les énumérerons quand nous étudierons
la purge.
b) D'a11tre part, il )' a des aliénations qui ne sont pas opposables. aux 1
créancicrs privilégiés ou l1ypotl1écaires. Nous 1·oulo11s · dire par la fJUe les
créanciers conservent le droit de saisir l'i111meuble e,itre les niains de
leu1· débite11r, comme s'il n'avait rien aliéné. Ce sont les aliénations qui ont
pour objet des droits immobiliers détacl1és de l'in1meuble, et no11 suscep-
tibles d'etre saisis et vendus aux enchcres séparémenl. J)ot1r exercer son
droit nonolistant de telles aliénations, le créancier l1y¡}otl1écaire n'a pas
l)esoin de faire appel au droit de suite. En effet, le droit de suite consiste
'.

dans le pou,·oir de saisir l'immeul)le entre les mains de l'acquéreur et de


le faire vendre aux encheres.
JI n'y a clone, en son1111e, que les aliénatio11s portant sur un droil irr1mo-
bilier susceptil)le d'elre saisi et vendu aux encl1crcs qui donne11l naissance
au droit de suite. Ce so11t les alié11ations ayant pour objet la JJleine prop1·iété ou
l'us1ifruil ele toul 011, parlic de l'immeuble, ou encore la constilution d'u.11
rlroil d'cmpliyléose.
At1 cor1lraire, la co11slil11lion d'un droil d'usage 011 d'liabilalion, d'un
droit rlc servitudc, la cessio11 de la n1ilo,ycn11elé <l't1n n11;1r 11e donner1t pas
ouverlure a11 droit de suite. Ces acles r1e cl1a11grr1t pas la siluation des
créa11cicrs l1ypoll1écaires vi.s-11-Yis de leur dt'·biteur. Ces créanciers conser- ·
venl le ,po11voir de saisi1· l'i1n1neuble conlrc l11i, comme si les acles r,11 ques- '
lio11 n'av,lier1t pas e11 lieu.
Enfl11, 11011s avons dil J)lus l1aut que, lorsf111e le llébiteur détacl1e du
fon<ls lles i1111neublcs ¡>ar 1/csli,iatio,1, ces objels cessent d'elre grevés de
l'l1ypoll1c(¡ue. Le <lroit de suite disparail alors. car les ir11n1eubles ¡)ar des-
tinalion sonl redcvenus <l<.'s mcublcs a11xqucls s'appliq11e la regle ,ncubles
'
956 LIVRE 111. - Tl'fRE 11. - '
DEUXIEl\lE PARTIE. - CHAPITRE IV

,i· ont pas de suite par ltypotl1e<1ue; les eréaneiers ne peuvent done q11'cxereer
leur droit de préfére11ec sur le llrix, s'ils so11t vendus. Et il faut en dirc autant
eles r11aléria11x <le <lémolilion el'une eonstr11etio11, ou des récolles coiipées.

2" Conditions requises pour l'exercice du droit tle suite. - l)our


e1ue le eréaneier puisse exercer le droit ele suite eontre le tiers clétenteur,
deux eonditions sont nécessaires:
¡\._ -'-- L' exigibilité ele la c1·él111ce. - L'article 2 167 elécide en etl'et c¡ue le tiers
détente11r jouit des termes et <lélais aceorclés au clé!)iteur originaire. Cela se
con1prend fort l1ien. L'l1y1lolheque csl l'accessoire de la créar1ce, elle est
a
cleslinée en assurer le paien1cnt. Le créancier l1ypotl1écaire se présente
eon1me créancier; il demandé a etre pa)·é sur le prix de l'imn1euble. 11 faut
done qu'il ait le droit de dc111ander son paieme11t, et que, s'il y a tern1e, ce
tern1e soit écl1u.
B.- La 11ublicité lle l'/1y¡1oll1eque.- Le créancier 11e peut pours11ivre le tiers
clélenteur q11'a11ta11t qu'il a inscrit s011 l1ypothec1ue (art. 2166). Ceci nous
a111ene lt l'i111porlante c¡11estion ci-clessous.

Jusqu'a quel moment l'inscription peut-elle étre prise ~ - II est


inutile, car nous l'avons fait ailleurs (t. 1'", p. 935 s.), de retracer les étapes
JJar lesquellcs a passé notre Droit avant cl'arri,er it la rt·glc actuelle formulée
dans'la loi du 23 n1ars 1855. l)epuis celte loi, c'est, en príncipe, la trans-
criptio11 ele l'actc <l'acquisilio,i 1111 licrs 1ll:fcnle11r r1ui n1et u11 tern1e a la
faculté apparle11a11 t au eréancicr d'inserire ulile111ent son l1ypotl1eque sur
l'i 111 n1eul1le.
;\[all1eureuse111ent, le systc'.~111e ele p11blicité de la loi de 1855 }lOur les alié-
natio11s in1n1obiliercs, et ccl11i cl11 Co,le ei,il 1Jo11r la eo11stil11tior1 el'l1y11otl1c~
ques, ne sont 11i l'u11 ni l'a11tre assez co11111lels. ll )' a, 11011s le savons, deux
l1ypotl1eques lt'\g·ales <lonl le rang est ir1elépenclant ele I'inseriplion. D'au-
lre ¡1art, toutes les 111utalions ele propriélé ne s011t pas s011n1ises it la trans-
criplion.
1\.insi, pour sayoir jusq11'i1 quel 111on1rnt u11 créa11eier pe11l inscrirc, il
fa11t elisti11g11er s11ivant la 11at11rc de l'ali{•nalion.
a) Alié1ialio11s r¡11i 11e s011/ J)czs so1i1niscs <t lcz tra11scri¡)lio1i. - No11s 11'avons
a
guere citer <la11s celte calégorie c1ue le legs li litre 11arliculicr, el la n1ula-
lio11 11ar s11ccessio11 ab i11lestal, da11s le cas 01'i le successeur 1111iversel
accepte so11s bé11t',fiee cl'i 11vcn la i re.
I<~n ce c111i co11cerr1e le lcgs <l tilre ¡1e1rlic1ilier, il op1'ire le trnr1sfert ele pro-
priété a11 11101ne11t n1eme rl11 <lt',ces cl11 tit',f1111l (arl. 7 r 1). Si clone le créar1cier
l1ypotl1éeaire 11'a pas e11_corc 11ris i11scri¡1Li<>11 ¡'¡ ce 1110111e11t, il 11CT pe11l pas
• exercer le clroil ele s11ile co11lrP le I<'•gatairP. 11 en cst ele 111cn1c, no11s le
saY011s, au cas cl'a1·ce¡1lalio1i l11!111:fií'Í<1ir1•. C'cst le tlt',ct•s c111i 111nrq11e le
1nor11e11l 01'1 Je cr{•a11cicr cessc tic pr>uvc>ir faire 1111e i11seri11tic>r1 OJl{JOsablc
.'1 l'l1érilier C>U aux ayanls

ca11se dP celui-ci .
11) Alié11alio11s a11xq111'llés s'r1¡1¡ilir¡111· la lra11s<·ri¡1lio11. - Ici, la rl-glc csl
éclictée par l'arlicle 6, ,•• al., ele la loi <111 :1:\ 111ars 18f>fj : 11 A partir de la

FO'iCTIO'i'iE~IE'iT DES HYPOTIIEQL.ES ET PI\IVILEGES I~l~IOIJILIERS 957


transcri1JLio11, les créa11ciers privilégiés ou ayant l1ypoll1eque, aux tern1As
des arlicles 2123, 21:i7 et 2128 du Code civil, 11e ¡Jeuvent prendre utile-
1ne11t inscriplion sur le 1Jrécéde11t propriétaire. n
1\insi, les créa11ciers peuvenl ¡Jre11dre utile111ent i11scriptio11 jusqu'au
1110111ent 011 la tra11scri¡Jlion ele l'aliénatio11 est ell'ectuée sur les registres. Et
il i111porte pe11 de savoir si l'l1ypotl1eque a été co11stituée ava11t ou a¡Jres l'a-
lié11ation. E11 elTel, le ve11cleur reste pro1Jriétaire vis-a-vis des tiersjusq11'a la
transcriplio11. Done il 1Jeul e11core, la11t que la tra11scri¡Jtion 11'a pas été
faite, co11slituer valalJle111ent eles l1)·poll1ee¡ucs (V. 1\gen, 5 novemlJre 1888,
D. 1). 91.2.261; Rec1., 16février 1887, D. P. 87.1.259; S. 88.1.:157, note de
l\I. Esmei11; lleq., 1'' décen1lJre 1902, D. 1). 1904.1.5, note de ?11. de Loynes,
S. 1903.1.180. Cont,·a, ce¡Je11dant :.'\a11cy, 14juin 1876, S. 78.2.33, note de
l\'.1. Labbé).

Cas ou l'inscription est prisa le méme jour que la transcription. -


La loi, qui a réglé le sort des inscriplio11s prises le n1en1e jour (art. 21!17),
11' a pas prévu ce cas. La ju ris¡Jr11clence décide c¡11'il fau t recl1ercl1er q11elle
est celle eles deux for111alités qui a été acco1nplie la pren1iere. Con1n1e
celles-ci se fo11t sur des registres dilTérenls, lesquels 11e 111entionne11t que le
jour, mais 11011 l'l1eure 011 elles ont été requises, l'exa111en de ces registres
1
de lra11scri¡Jtio11 et el'i11scri¡Jlio1i ne pe11t fournir aucun re11seignernent. l\Iais
les co11servateurs so11t tenus el'avoir un registre des dé¡Jols (art. 2200), sur
lequel ils écrivcntjour par jour, et par orclre numérique, les ren1ises qui
le11r so11t faites d'actes, pour etre transcrits, et de bordercaux:, pour ctre
inscrits. C'est do11c ce lroisiemc registre c1ui pern1cttra ele lranchcr laques-
lio11 cle ¡Jriorité (l1áris, 15 tnai 1900, D. P. 1901.2.287, S. 1902.2.187). 'l'outc-
fois, co1n111e il r1c co11stituc c¡u'1111
,
doc11n1ent d'ordre intéricur, ses indica-
tio11s 11'011t ¡Joint co11lre les tiers la force probantc qui s'attacl1e aux énon-
ciatiorts co11tcnues dans les registres eles transcriplions et dans ceux des
inscri¡Jtio11s, lcsquels S<J11t des acles aull1e11liqucs. Les ¡Jarties i11téressées
pourraie11l done co11lesler les indicalio11s tln registre des dép<'>ts et fairc
la ¡irc11vc tlc lc11r i11cx:aclit11tle (Bastia, 1 :1 cléccn1lJrc 1881, ]). P. 82.'.l. 19!1,
S. 8:~.:l-!); Na11cy, 1G 111ai 18nt1, l). 11. 9G.:1.3o5, 11ole de l\·I. de Loyncs,
S. 9/1.2.191; ~ac11, 18 jui11 l!)o8, S. I\J0!),2.300).

Exceptions a la regle. - La reg·lc i'i11011céc ¡Jar l'articlc G <le la lc>i


tlc 1855 s'a¡i¡Jliq11c h lous les ¡1rivil<\g·cs i111111obilicrs el ·a toulcs les l1ypo-
tl1t•c1ues. I•:tlc s11lJi t cc¡ie11tla11t trcJis cxce¡Jlif111s :
a) l?:c¡1ro¡Jri<zlio1t ¡1011r ca1tse 1l'11lililé ¡111blir¡1te. - l)a11s ce cas s'a¡ipliquc
J'arliclc 17 1lc la loi tl11 :1 111ai 18!11, lec¡11cl 11'a J>as été 1nodifié par la loi de
185:í. ür, la l<li tic 18!11 s11r l'cxprtJ¡lrialio11, aya11l été récligéc ¡'¡ 1111c époc111c
<11'1 l'articlc 83!1 <lu <:01lc tic ¡Jrocétl11re civile élail c11corc e11 vig11cur, a
111ai11te1111 la r<':gle étlict<\c ¡Jar ccl11i-ci. l.'arliclc 1 ¡, 1 •' al. ele la<litc loi dé-
ci1lc!, e11 c1>11sÍ!f{tlencc, e111c les privil1'.!ges el l1y¡Joll1<'·qucs peuvcnt e11corc elrc
inscrils da11s la f¡11i11zai11e ele la lranscriplio11 tln j11g1!J1lP11l 11'ex1lr<1priatio11
lHJ <le !'acle a111iaLle e ccssion. A eléfa11l tl'i11scriptifin tla11s ce dólai, l'i111-

958 LIVRE 111. - TITRE 11. - DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE IV

111euble exproprié est atrranchi de tous privileges et l1ypotl1cques (art. 17,


2• al.).
,

b) Ilypolheqites légales de la f emme niariée et des pe1·so11nes en tute lle. -


Jusqu'a l'expiration de 1·an11ée qui suit la dissolution du mariage ot1 la ces-
satio11 de la tutelle (art. 8, L. du 23 1nars 1855), ces l1ypothcques sont dis-
pensées cl'inscription, en ce sens que leur ra11g est cléterminé par la loi.
c) Priviler¡e <ltt ve,ide11r d'im,neubles et dti copa,·tageant. - llappelons
enfin que l'article G, 2• al., de la loi de 1855 donne au vendet1r el au copar-,
tagear1t t1n clélai lle quarante-ci,ir¡ jours a partir de, !'acle de vente ou de par-
tage, pendant leqt1el ils peuvent utilement inscrire leur privilege, nonobstant
toute transcription d'actes d'aliénation de l'immeuble faite dans ce délai.
Or1 pet1t s'éto1111er q11e la loi n'ait pas concédé la n1eme faculté au créa11-
cier l1y¡Jotl1écaire. Le créancier l1ypotl1écaire, lui aussi, peut se trot1ver sur-
pris ¡Jar u11e ,·ente 1Jrécipitée lle l'i111n1euble, faite au le11den1ain de la cons-
titt1tion d'l1ypotJ11\que et transcrite avant qu'il ait pris son inscription.
l}ourquoi la loi 11'a-l-elle pas jt1gé utile de le ¡Jrotéger co11tre ce danger, au
meme Litre que le vendeur 011 le copartagea11t :i Elle s'est dit sans dot1te que
le éréa11cier l1ypotl1écaire se trouve dans une situalion différente: pour se
prémunir contrc la fraude envisagée par l'arlicle G de la loi de 1855, il n'a
a
qu'a prendre inscriplion avant de verser les deniers l'emprunteur, et c'est
ce que, pratiquen1ent, il ne manque jan1ais de faire.

3" Ex.ercice du droit de suite et dívers partis que peut prendre le


tiers détenteur poursuivi. - :\. Comment s'exerce le droit de suite.
- Le créancier l1ypothécairc ne ¡Jeut, nous le savo11s, poursuivrc le tiers
<létc11teur l¡u'apres l'écl1éance <le la crén.11ce. -'lais, i1 partir de ce n101ne11l,
il peut saisir l'i111111euble entre ses 111ain:,.
:\ cel clTet, il doit fairc u11e doublc sig11ification (art. 2169, C. civ.):
a) 11 adrcsse cl'aliord t1n co1n1na1icleme1il au débileur tenu pcrsonncllcrncnl
de la lle lle, car le con1n1auden1e11l est le prélir11inaire ol1ligaloire <le la saisic
(arl. 6¡3, C. proc. ci,•.\.
bj F:n 111<~111c lc111rJs, il fail au licrs <léte11lc11r 11ne so1n111alio11 de ¡iriycr l<i
1/etlc c:1;ir¡ililc 011 (le rll;l11isser l'/1éril11ge. 11 fat1t liie11, ett ell'et, préve11ir le ticrs
rlc la saisic c¡11i va (\trc o¡Jérée, el, co111111e le créancicr 11'a pas <le Litre ex('-
c11loirc cor1tre lt1i, il 11c pe11l J)as lui signifier 1111 C()111111a1t<le1r1e11t, La s(1111-
111alir1n tie11t done lieu ici <le cor11111a11<Jer11e11t (Civ., 1!1 févricr 18()\),
D. I). Dfl·1.2¡5, S. 1900.1.9).
Trc11lc jr)11rs a¡ir1'.s le co111r11a11dement fail. a11 <lébile11r el la son1rnat.ic)11
faite a11 liers, c'cst-/1-<tiro trc11le jours /1 partir <111 dernier de crs acles
(art. :i1Gu, arl. (i¡/1, C. ¡iroc. civ.), le créa11cicr a le rlroil de ¡>roct'i<ler :'1 la
saisic (art. :11(i9).
Dans r¡11el llrclrr ces cle11x acles <loivcnt-ils (\tr,i accr11r1¡ilis ~ l,c¡g·i1¡11e1nc11t,
le c1Jn1r11a11<lernr11t cl11il 1>rí·cé1l1\r la sr11111r1ali1i11: le crí•a11cicr 1l<1il s'nclreis-
ser <l'nl><Jrcl a11 <léliilcur 1)rigi11aire, car, si ccl11i-ci payc~ sa <lelle, il 11'y n11ra
pas lie11 d'cxPrccr l'aclio11 l1y1Jc>ll1écnirc. ),a j11ris11r11<IP11ce cléci<l<i rr1('111c <111<!
ccl orclre s'i1n11cJse sous ¡)cinc <le nullit.é. l,a so111111alion. ele ¡n1ycr 1111 <lt'·-

,
'
FO::\'CTIO::\'::\'E\IE::\'T DES JIYPOTIIEQUES .
ET Pl\lVILEGES l:\<l~IODILIERS -
9;_¡9
laisser serait done nulle, si elle n'a,,ait pas été précédée ou, au n1oi11s,
accon1pag11ée du comn1anden1ent. En efTet, le comn1andement, disent les
arrcLs, est le prélin1inaire indispensable ele la saisie; ta11t q11'il n'a pas été
fait, le clélai de tre11tejo11rs prescrit par l'article 2169 ne peut pas courir.
Or, l'expiration ele ce cl{·lai, crui fixe le clébut de la saisie, présenle le
pli1s gra11d intt'~rct, les articles 2176 et 2183 déclarant que, trente jours
apres la som111ation, les fruits s011L im111obilisés el le tiers détenteur
décl1u ele la faculLé de purger. Ces effets ne se produiraient pas si l'expi-
raLion di1 délai n'ayait pas n1arqué le délJut de la saisie (Civ., 17 n1ars
1886, D. P. 86.1.340, S. 86.1.207;-¡ n1ars 1893 (motifs), D. P. 93.1.156,
S. 96.1.348. - CoritrZt: Bo11rges, 1•r mars 1893, D. P. 93.2.520). 11 s'agit
la, du reste, cl'u11e nullité de forn1e qui, conformén1ent l'article 173 du a
Code de 11rocéclure ciYile, est cou,·erte, si elle n·est JJroposée avant toute dé-
fense a11 fond (\'oir l'arrct du 7 mars 1893, précité).

J3. Divers partis que peut prendre le ti~rs poursuivi. - Les partis
c1ui s'oll'rent au tiers détenteur toucl1é 11ar la son1111ation du créancier t1ypo-
thécaire sont divcrs suiYa11t les cas :
a) 'fout cl'aborel, il y a eles l1ypotl1eses clans lcsq11elles il peut opposcr au
pours11iva11t cerlair1es excepLions, do11t la principale est le bériéfice de dis- ,

CUSSlOTl.
b) E11 dehors de ces cas, il n'a pas d'autres resso11rces que celles-ci :
(l.) Purger ;
' .
S) Payer le créancier;
•¡) D{•laisser l'im111e11!Jle ;
-3) Se laisser exproprier.

a) Ex.ceptions que le tiers détenteur peut opposer a la poursuite


tlu créancier. - Le tiers déte11te11r peut, lout d'a!Jord, trouver dans le
droil co111mun certaines exceptions tirées, soit de la n1illité de l'inscri¡ilion,
suit 11e ce lle lle l'l1y¡1otl1eque, ou ele so11 cxli11clio1i par l'c.ffet de la ¡1rcscri¡1lio11,
etc. J)n 111<':n1e aussi, il ¡>cut avoir i1 sa disposition l'c.:cceplio,i de gara,ilic,
si le cr<\a11cier esl lc11u ¡)ersonncllerr1en t á la garantie e11vers lui, pa1· exem-
11le, co111111e l1érilier 011 caulio11 du clé!Jiteur. 11 suffit de signalcr ces moyens
a
de cl{~fense; il 11'y a rie11 ele particulier en dire.
1\11 co11traire, la loi tlo1111e au tiers déter1te11r un droil ilpécial, le bénéjicc
1/e rliscrissiori, e¡u'il 11011s fa11l étudier séparé1nc11t.

Du bénéfl.ce de discussion. - (( Le ticrs détenleur qui n'cst pas perso11-


n<'llcn1e11l c>l)ligé /1 la deltc, dit l'arlicle 2170, pcut s'o¡)poser a la ve11te de
l'ltl'.rilage l1ypoll1éq11é q11i l11i a étú lransrnis, s'il est de1neuré d'a11tres i111-
a
111ei1l)lcs l1ypotl1é1111és la 111<':n1c elelle dans la possession du prir1cipal ou
eles ¡1ri11cipaux 1i!Jligús, el c11 rcq11érir la discussio11 préalable selo11 la forr11e
rúgléc a11 'l'ilrc. du Cautio1111e111c11l: pe11dant cetle cliscussio11, il csl sursis a
la vc11tc ele l't1t'~rilage l1ypoll1ér¡11é. >>
l,a loi accorde, 011 le voit, uu liers eiétc11teur le mc1nc bénéficc qu'a la cau-
960 LIVRE 111. - TITI\E II. - '
DEUXIE~IE PAI\TIE. - CIIAPITRE IV

tion, en le li111ita11t, il est vrai, au cas oi'1 il SC' trouve entre les 1nai11s elu
a
débiteur d'autres i111n1eubles l1ypotl1équés la n1en1e deltC'. Pourla11t, il )-
a entre le tiers-détentcur et la caulio11 ltne dilférencc essentielle. La ca11tio11
est u11 débiteur s11bsicliaire; elle ne s'est engagée it payer que si le débileur
a
ne satisfaisait pas lui-r11e111e son obligalio11(2011). Il n'e11 cst pas de 1r1e111e
<lu tiers-détenteur. L'l1y¡1otl1tiquc, er1 cffct, est u11e g·aranlic ¡1ri11ci¡Jale el
no11 subsidiaire. Le créancier l1y¡}oll1écairc a le elroit ele po11rsuil'rc l'i111-
n1eu)Jlc l1ypotl1équé, aYa11t tous les autrcs l1iens du délJilc11r, et, lorsquc
sa garantic co111prcncl ¡}lusieurs l1)'potlu'q11es, il ¡1eut saisir celui des in1111eu-
bles qu'il veut, en ,-erl11 de l'indivisi!Jilité de son clroit. Le bé11éfice de discus-
sion du Liers-détentelrr est done inconlcstable111ent une atteinte l'intégrité a
du droit du créancier. ,\ussi, le projet de réforn1e de 1850 en proposait-il la
suppression. et la loi !Jelge de 1851 l'a-l-clle aboli, con1n1e n'ayant plus de
raison d' elre. 11 s' ex pl ir¡ 11ai t 111 ieux a11 Lrefois, alors que la pu!Jlici té 11' exis-
a
tai t pas. EL c'c~t liie11, 1·11 ell'ct. co111111e un palliatif la cla11rleslinité des
hypotl1eques q11'il f11t in1agi11i'·. 011 le re11co11tre. pour la pre1r1iere fois, dans
la novelle !i (cl1a11ilre 2) <le Justinie11. Nolre ancicn Droit le cor1serva, a
l'cxception toutefois de quelql1es coutu111es. On con1prend, en efl'et, con1-
bie11 il était utile, dans llll systó111e d'l1J1}oll1equcs générales occulles, ele
a
donner l'acquéreur d'11n i111n1eublc, toujol1rs 111cr1acé de voir surgir une
l1ypotl1ee¡ue, ce n1oye11 ele défcnsc contre le ¡}oursuiYant. Du reste, ce 11'était
pas le S~l1l bér1éficc c¡11c l' on accordai t a11 Licrs-détcn teur. L'ancie11 Droi L
s'était na Lurellement ell'orcé de le protéger contrc l'évictio11; le Liers-déten-
teur avait done, lo11t con1111c la caution actuclle (art. 2037, C. civ.), le droit de
re1Jo11sser la poursuile lorse1uc le créa11cicr avait percl11, par sa fa11te, l.es
autrcs stlretés dont le ticrs a11rai L {}U se scrYir pour assurer so11 sccours
contrc le clébiteur originairc; (~elle clcr11ierc exccplion n'cxisle cerlaine111e11I
plus aujourd'l1ui. Le silencc d11 Codf! 11c laisse a11cu11 do11le sur ce tJoi11t
(V. Civ., 17 mars 1852, D. ll. 52.1.97, S. 5:J.1. 11~7) 1 • J)ourc1uoi flo11c avoir
1r1air1lc11u le bénélicc tic cliscussio11 :i 'fout 1111 plus l}C11l-011 dirc q11'il sin1-
Illilie la siluatio11 des parlics. I,orsr¡ue le cl{:l1ile11r a encorc c11 111ai11 u11
i111111cul1le l1y¡ioll1ér¡uó /1 la s11relé tic sa <lellc, il cst tJlus 11aturcl el plus
expéclitif c¡11c le crtancicr soit 11ayé clir<"clcn1cnt ¡iar ,lui, car ai11si on {~vite
1111 rcco11rs 111 t<'.·ric11 r cl11 ticrs-clétcu lcu r. La loi se 1no11 Lrc c11 gón{• ral cl{•fa-
voral>le a11x circ1iits 1l'actio11s. CepP11<la11l, cetlc j11stificali<l11 esl l>ic11 ¡1011
1>rol1a11lc. 011 pe11L ajouler, il est vrai. c111c la l<1i a lcllc1r1cr1l circ(ir1scril le
b{~11éficc ele discussitlll <111'il 11'csl cr1 s1i111111c ¡1rcsq11c ja111ais /1 la dis¡1ositio11
cl11 ticrs-cl{:lc11Lc11r. ~luis c>11 11c ¡1eut Ytiir lú c¡11'11nc raison ele '.1>l11s 1>011r
l'cll'acer de 110s lois.

• •
Conditions du bénéfi.ce de discussion. -- (:es conclitions lri'•s SCVPl'eS
s011l con ler1ucs clar1s les articles :117<> el ~ 1¡ 1.

(1) Pourtant, In raution rt'elle, qu'on pPul, ll l>i1•n <IPS 1'•µ11rd,, assin1ilrr ,\ un llers-dé-
tenteur, puisqu'clle n'r.st tunue 111111 ¡•rnpter re111, 11 le droit, en l1111t <(UC l'nution, de se
prévnloir du b,\nélice de 1'11rti1·ic :!037.

'
IIYPOTIIEQUES '
ET PRIVILEGES ll\11\l0131LIERS

u) 11 fat1t, lout cl'a)Jord, c1ue le liers-détenleur ne soit pas JJerson11ellen1e11l


vbligé a la de lle (art. 2 170 ). Cela va de soi. Celui qui est personnellen1ent
obligé sur tous ses l)iens est tenu au n1eme titre ccue le dé)Jiteur; par con-
sécruent, il n'y a aucune raiso11 pour l[U'il puisse obliger le créancier a
pours11ivre d'abord ce clernier.
La loi aurait clt1 ccpc11dant faire exceptior1 pour la caution, dans l'l1)'IJO-
tl1esc ou celle-ci vienclrait aacquérir un irr1rneuble l1ypotl1équé a la deltc cat1-
tio11néc ¡Jar elle. Ela11t personnellement obligée ,\ la dette, en ta11t r¡uc
,caution, aux termes ele l'article 2170, elle ne pourra pas opposer le bénéficc
de discussion, ce l{UÍ est absurde. P0urq11oi lui refuser en cffet, le droit
<l'invoc¡uer ur1e exception c1ui lui appartiendrait, si elle n'avait que l'une
ou l'autre des deux r1t1alités désormais réunies sur sa tete?
Quoi qu'il en soit, il résulte de cette pren1iere condition c¡ue sculs ¡)eu-
Ycnt invot1uer le ]Jénéfice de discussio11:
L'act¡uére11r a tilre parliculier: acl1eteur, do11atairc, légatairc;
Le col1éritier partiairc <[Ui a11rait 1>a1·é, pendant l'indivision, sa part ele
la dctle, et r111i se trouverait avoir 11n des immeulJles l1~·potl1é1111és a cctlc
<lette clans son lot. E11 effel, il ne serait plus délJiteur personuel, n1ais sin1-
¡Jlement tenu /Jropter rem. ,
Enfi11, le col1éritier r¡ui a acccpté sous !Jénéfice d'inve11taire, alors c111e les 1
autres ont accepté p11re111ent et simplement. et c¡11i a été alloti avec 11n in1- •

n1e11JJle successoral l1ypotl1éc1ué, pcut pareillen1ent op¡Joser le )Jénéfice ele


discussion, car il 11'esl pas perso1111ellernent tenu des detles l1éréditaires.
5) 11 fa11l c¡u'il s'agisse d'une lty¡Jollteque générale. L'article 2171 <lécicle,
1
e11 ell'et, que l'excrplion 11e pe11t etre opposée 11 at1 créancier privilégié rJu
aya11l l1\llf>tl1i'·,¡11e spé·ciale s11r l'i111111eulilc n. ,\i11si, lorsc¡11'il s'agit cl'11r1e
l1y¡Jollu'-r¡11e spc'·ciale greva11L pl11sieurs i111r11eulJles ou tous les irr1111e11)Jles
clt1 clélJile11r, 111e111c les in1111eul)les ii venir, le )Jér1éfice de discussion clu tiers-
cléte11teur est écarlé. Po11rr¡11oi clo11c ~ 011 n'en sa11rait allt':g11er ele IJ01111e
raisrin, si ce 11'rst r111e la loi 11'a ¡)as osé porlcr atleinte a11 droit. e¡11c le
crt'•a11cicr l1~¡)otht'·cairc lic11t ele so11 co11lrat. \ 7oilit e¡ui reslreint si11g11lii':-
rr111P11l. le cha111¡) el'a¡1plicatie>n tl11 l)c'•11<'·1icc; car il ne ¡Jo11rra elrc in,oe¡11é
1111·,·11 J>ri'.:sc11cc cl'1111P l1}J>t>ll1<'•e¡11c gér1érale, c'rsl-a-clire soit ele l'l1y¡)ol_l1i'·e¡11c
j11cliciaire, soil ele 1'1111<' eles trc>is l1yr)oll1<'·q11<'s <le l'arlicle :>.1'.-!1. J•:ncorc le
J¡c'•nt'dicc cesscrail-il cl'i':lrc lll)l>osahlc, si l'h~·11oll1i'·,¡11c gé11éralc avait. t'•l<' res-
lreintc ¡>ar la co11Yc11li<>11 1'1 Cl'rlai11s i111111e11l1lcs d1\Ler111i11<'·s. I•:n so111111c, le
l)t'•11ólic<' ele ll isc11ssi, >11 el 11 Liers-tlélcn tcu r 11011s a 1) J>arai t có111111e 1111 Lc1 n pt\-
ra 111<!11 t ;\ l'cxci'•s ,les gara11lies accorclécs ¡iar la loi ¡\ cerlains crt'•aucicrs.
so11s f'r1r111r) 1l'hypothi'•q11cs g/·11úralcs.
•¡) 11 f'a11l cnli11 q11'il ~ ail ll'a1tlrcs i1n111e11hles l1,v¡>olhér¡11és 1't la 111¡:,n,i ,[e/le
entre les 1nr1i11s 1/11 ¡1ri11i:i¡>al 0111l1•s ¡>ri11ci¡>r1u;c ohlir¡és (art. '.-! 1íC> ), - ],e t iers-
rlt':IPnl<)lll" ne J)<'lll llonc ¡ias 1·e•11v11ycr le cr(a11cicr i1 cliscuter lrs liiens cl11
cl/·liite11r 1¡11i 11<' son t. ¡ias all',:clc'·s SJ)c':ciale111e11l i1 la gara11tic clt! la cl't'·ancc:.
11111) JH!llt pas 11011 f>l11s l'<Jliligcr it IH>11rs11ivrc ceux <les i111111culilcs I1yp<>-
tl1t'•1111t':s qui se lro11vt)11l entre Jrs 111ai11s cl'aulres lirrs-clt)le11LP11rs. J•:n ,·ll'cl,
le l1t'•11/!lic1) ele cliscussit)ll a ¡1rl\cisé111e11t ¡>011r ava11lagc ele s11¡>¡)ri111cr l'actirir1
Torne 11 li 1

'
962 LIVRE 111. - TllRE II. - DEUXIE~IE P.<\.l\TIE. - CHAPITRE IV

récursoire des tiers contre le débiteur ; ce serait aller contre ce b11t que
a
d'en autoriser l'exercice l'encontre d'autres tiers-détenteurs.

Exercice et eft'et du béné:fi.ce. - L'article 2170 renvoie, quant a l'exer-


cice du bénéfice de discussion, aux regles clu Cautionne111ent. Le tiers-déten-
teur, lorsqu'il invoque ce bénéfice contre l'action hypotl1écaire, devra done,
a
notamn1ent, indiquer les bieus discuter et avancer les deniers sufflsants
pour faire la discussion (art. 2023, 1°'· al.).
Le bé11éfice de discussion arrete la po11rsuite; n1ais, bien e11tendu, si le
créancier n'était pas complctement désintéressé sur les biens iudiq11és par
le tiers-détenteur, il a11rait le droit,de poursuivre de 11ouveau celui-ci pour
se faire payer l'excédent.

llJ Des partís qui s'ouvrent au tiers-détenteur aucas ou il n'a pas


d'exception a opposer au poursuivant. a) Premiar partí: Purgar. -
c·est le procédé orclinaire qu'e111ploient l'acl1eteur, le donataire 011 le léga-
taire d'u11 ir11n1eul)le l1ypotl1<'·qué. C'est le ¡)arli qui ofrre pour le tiers-dé-
te11leur les plus grandes gara11ties de séc11rilé. Nous consacrero11s 1111e Sec-
tic1i1 s¡)éciale á l'étudc de la llrocédurc de p11rge, i1 cause de son i111portance
pratiquc. Nous 11'avor1s do11c ici q11'a n1ention11er ce prer11ier partí pour
• •
JIIClllOire.

~) D~uxieme parti: Payer purement et simplement le créancier. -


11 cst rarc c¡11e le ticrs-détente11r e1nploie ce ¡Jrocédé. 11 le fera cepe11da11l
s'il a été chargé, llar le Yendeur, ele ¡)ayer le créa11cier SI]!' le pnx ele );1 cl1ose.
11 le fera er1core. s'il csl 1111 <l<)nalairc 011 !<\;ataire, el si le 1r1011la11L de ltt
cr<'·ance est i11férie11r it la valc11r cl11 liie11. ll ¡Jot1rra <'Ilcore aYciir i11Lér1~l ú
11aycr, 111e111e c11 clel1ors de ces l1y¡Joll1escs, s'il exisle au pr(ifil clu cr1'.a11-
cicr cl'aulres gara11lies, ¡iar exe1r1¡Jle cl'autres i1r1111eullles l1y¡>oll1équés, <la11s
le h1:ní:fice des<¡11ellcs il sera st1l)rog{· ¡Jar l'ell'el ele sor, paic111e11t e11 verl11
clr• l'arlicle 1:151-'.lº, :\ supr>oscr <!IH' ces aulrcs g·ara11lies l11i f>ll'renl ass11z 1lc
si'·curilé 1>our 1¡11'il soil cerlain, en les exer1,'.a11t. de re11trcr dans so11 ava11cc.
l~11fi11, le ticrs-di'•leulenr 11e11l ¡iayer J)lll'e111c11l. el si1111>lc1ue11l, al1>rs
1111\1111· 1¡u'il r1'y a11rail. ¡>as 1l'a11lres gara11ties afl'eclécs :\ la s11rcti', <le la
1IPIL<' l1y¡i1>ll1écaire 1la11s lcs1¡11rlles il scrail s11l>r1lg·é ¡Jar l'efl'et de son ¡iaic-
;11P11l, s'il a consci1•11c1~ 1l'av1>ir ac<¡uis l'ir11111e11lile [>tllll' le r11axi11111111 1111 ¡irix
a111¡11cl il ¡>uisse allPirulr<). l•:11 rll'el, il 11c fa11t ¡>as oulJlier <[UP, si le tinrs-
<l1·le11 Lcur .~oluens <'SI s11l1rogí, da11s l'l1y[><il.hi''.c111<) c¡ue le créa11ci1)r t1l'ci¡iic1ts
IH'lll aY<Jir s11r <l'aulres i111111e11liles, il l'esl. <'•gale111c11I. 1Ia11s les 1lroils 1l1! e<'
cri'·aucier sur l'i111111e111ile 111<~111c <111'il clótienl. S11¡1¡1r>st>11s <l<JIIC <¡ue )p
li1•r,;-1ll'.•le11le11r, sur l<•s 1>011rs11iles 1!'1111 cr<'•a11ci1!r hy¡)(1l.lu'icaire ¡1r<·111icr i11s-
1·ril. paye la clellc l1y¡ic>llu\cair<) j11s1¡11':\ concurrcucc de so11 ¡irix <l'achal. 11
aura 11c11 ú red1>11ler 1111c saisie ele la ¡iarl <les cr{•a11ci<)l'S s11lisi''.1¡11c11ls 1u111
a
pa)t'•s, car, si celle saisie ve11ail se ¡iroclt1ire. il ¡11J11rrait, g·r:ice :'1 la sulirc,-
g·al io11 1lo11t il l>é11élicic da11s les 1Jr1>ils du créa11cier ,1cci¡Jie1t.~ ¡ir<1111 ier ius-
cri 1. r1·cu1>ércr da11s l'c1rdre 11ui s'o11vrirail sur le ¡>rix d'adj11llicalio11 de
'
HYPOTHEQUES '
ET PRIVILEGES .
ÍMMOllíLiERS 963
l'irr1meuble saisi, le montant de ce qu'il at1rait versé. Sa sécurité est done a
peu pr1\s complete. I~t, en payant purement et sin1plement. il évite les
lenteurs. les frais, les surprises possibles d'une procédure de purge.

Condition pour que ce paiement soit libératoire. - Pour que le


a
tiers-détenteur affrancl1isse son i111meuble l'égard du créaricier accipie,is
e11 réglant la dette l1ypott1écaire, il faut qu'il paye, non se11Jement le capi-
tal de la créance, mais tous les intércts c,)nservés, soit par l'inscriplion dll
capital (art. 2151), soit par des inscription:'I particulieres, prises avant la
transcription de l'alié11ation (art. 2168). ~Iais il 11'est pas tenu de payer
les intérets non conservés par des inscriptions, car ceux-ci ne sont pas
garantis par l'l1ypotl1eque.

1) Troisieme parti : Délaisser l'immeuble (art. 2172 a 2174). -


1

N'étanl te11u q11e ¡1ro¡,ter rern clelerilarn, le tiers-délente11r s'afl'ra11cl1it de


l'obliga tion l1ypotl1écaire e11 abnndon11a11t l'i 1n111eu ble. Le délaissernenl
n'est pas d'aille11rs une reno11ciation au droit de propriété. C'est l'aba11don
de la possession. i\[ais, pourra-t-011 llire, quel ava11tage le délJileur a-t-il it
délaisser ~ Le pis qui pourrait lui arriver 1Jar suite de l'action l1ypoll1écaire
serait d'etre évincé de l'i1111neuble. Le délaisser11ent ne fait en so1r1111e q11e
deva11cer cette évent11alité. :\ quoi il fa11t répondre c¡ue, lorsque le tiers-dé- ' .
te11te11r clélaisse, la procédure de saisic n'est pas clirigée conlre luí, n1ais
a
co11trc u11 c1irateur non1rné l'in1r11eulJle délaissé. Le tiers-détenleur tro11vc
done au délaissement l'a,,antage de 11e pas faire figure de saisi, de rie pas
·voir s011 r1on1 s'étáler sur les afficl1es an11on~ant la vertte forc<~e.
Le cl(laisse111e11t. dans not.re Droit 111oderrte, esl, 011 le voit., 11ne fave11.r
co11cé1l1'.e a11 tiers-d_éte11te11r. "'l[ais ce 11'esl pas celle idée c1ui luí a don11é
naissar1ce. Son origir1c est Lot1Le clifl'érenle. J,e clélaisse111e11t, en cll'et. nous
vienl cl11 Droit rornain 01't il élai( la co11sélJUe11ce logir.111c de la conceplio11 •
c¡11'011 se faisait lle I'aclion l1ypollu\cairc. Nous avons diL, en efl'et, ¡)l11s I1aut,
q11c le tlroit tl11 créa11cicr l1ypoll11)cairc co11sistail alors esse11ticlle111e11t ii
s<' fair() 111Pllre c11 ¡irisscssion de l'in1111c11lile; lors<1u'il exer<:ait. l'aclion I1y-
[l<llh<'·cairc, il tlP111a11rlail tlonc a11 liers de luí alJanllonner la JJ<Jssessio11,
afi11 qu'il ¡Hit cnsuitc f'airc ve11dre l'i111111c11lJle. l,c tl<':laisse111c11t i':tait i<'
]¡11t Jlri11ci¡ial el 1lirccl tl<' l'aclion l1y¡Jot.l1écairc. l\lais cetle cor1ce¡JIÍcl11 a <~ti':
a]¡an1lri1111i'•c 1la11s 110Lr1'. a11cion l)rcJil: Sans clo11Le. 110s a11cic11s autc11rs rJ11!
co11scr,ó. s<>llS l'inll1H:11c1: 1lu l)r1>il ro111ai11, la, icill<' J'ai:011 ele ¡iarler. (:er-

tai11s t!'cnlr(: cux <llll co11tin11ó i, clirc <(lle l'acLÍ<Hl dirig<'·c cor1Lre le dótenle11r
a 1>our 1-ll'el tlo le f'airc c1>1ula11111er :\ t!i':laisser l'i111111c11(1lc l1yfJ<>ll11':1111i'• (Voir
(li1t.l1ier, 'J'r11ilé 1/e l'h.v¡>ol/11'•1¡1ie, 11º 1oli); mais 1l'a11lres a11teurs <'·crivenl tl<'jii
alors (l?<'rri<'·rr·, V ll.v¡1ulh1\1¡11e) <¡11c lo liers-clólcrrlc11r 11::;c du 1J{,[aisson1P11t
0

(H>lll' se~ sr>11slrairc a11x: cnr111is tlo la ¡Jr11cótl11re er1 ex¡1roprialio11. 1\insi, 11•
1li':laissc1r1c11L osl cl()ven11 11ne facultó po111· le Liers, al<)rs qu'origi11aire111c11l
c'i'•tail l><Jlll' l11i 1111c <llJligalÍ<>ll.
() 11 a 1l'aille11rs J¡cauco11¡> crili<¡uó ccltfl facultó <io <l1)laisscrne11L. ()11 a ,lil
, 111 'cllc esl 1111 111oyen tlo1111é il l'acl1eleur 1le r{:so11clro 1>ar sa senlo volonli': le

904 LIVRE 111. - TITRE 11. - DEL"XIE~IE PARTIE. - CIIAPITRE IV

contrat c1t1'il a conclt1 avec le vendeur. l\fais l'objectior1 n'est pas bien grave.
On vise, en la faisant, non pas l'exercice norn1al de cetle faculté, 1nais un
véritable abus que la jurisprudence a du reste conda1nr1é. 11 a été jugé, en
effet, que l'acl1eteur d'un in1n1eul)le, dont le prix suffit désintéressér les a
créanciers l1y¡)otl1écaires, n'aurait pas le droit de délaisser le l1ien ¡1ar lt1i
acq11is, pour se dégager de ses obligations envers le vencleur. La Cour de
cassation admet avec raisor1 qu'en pareil cas le vendeur pourrait l'olJliger a
reprendre l'in1111euble délaissé (Rec¡., 1••· juillet 1850, D. P. 50.1.177, S.
53. 1.3o3; Civ., 28 avril 1874, D. 1>. 7!,. 1.287). Des lors, le clélaissemcnt
nous apparait con1me une utile institt1tion. 11 serait excessif de contrainclre
le tiers asupporter les en1barras, les soucis d'1111e expropriation forcée,
et le conlre-coup <1ue son crédit ne n1a11querait pas d'en ressentir. étant
donné surtout e¡11e le délaissen1ent ne nt1it en rien aux intércts du créancier
poursuivant. ·

Conditions du délaissement. - L'arlicle 2172 exige cleux cor1dili<J11s


de la part clu détcnte11r de l'in1n1cuble:
11 faut d'abord <¡u'il 1ie soil ¡1as ¡1erso111ielleme1it obligé c't la delle. Cela se
conc;oit aisément; il n'y a pas ele raisor1 cl'accorder ce bé11éfice at1 débilet1r
ten11 sur tous ses l1iens .. Le cl{,Jaisser11ent, con1me le !)é11éficc de discussio11,
ne ¡1eut clone etre exercé CJtJe par les liers-déienteurs ¡1ropre111er1t dits, c'esl-
i1-dire par ceux dont 11ous avo11s do11né l'én11111éralio11 ¡\ propos d11 bé11éfice
de d iscussion 1 •
11 fa11l, en seconcl lieu, <¡ue le tiers-cléte11leur soit ca11able cl'alié1ier. 011
11'er1 voit pas lJie11 la raiso11, J)11is1111e le dt'·1aisse111e11t 11e clépouil.Je pas le
délaissant ele la pro¡iriété, 111ais set1len1ent de la llossessio11. ()11 pc11t clire
r1éan1noins 1111c c'est 1111 acle grave 1111'il 11e faut faire c¡11'i1 bor1 escier1t, a¡ires
avoir IJicn ét11clié la sit11alio11.
;\11 poi11l ele v11e de sa for111e. le clélaissc111c11l s·op<'•re ¡1ar une déclaralio1i
llUfJ!"effc1!1ilrib1111al1/elcisil1talio11clesbiens (arl. ?.17!1, ,•r al.). ll est sig11i-
1i/! a11 crt'-ancier ¡,011rs11iva11l et au vcncle11r, avcc Sflllllllalio11 ele ve11ir ¡\
l'a11tlic11c~ ¡1011r q11'il e11 soit tlo1111é acle a11 clc'·laissanl.

Effet du délaissement. - .\ la suite cl11 clt'daiss()IllClll, le lrilinnal


110111111c 1111 c11ralc11r i1 J'i111111c11l1le 1lt'•.laissé, el c'est cti11lre celui-ci 1¡1H) l'ex.-
pro11riati1)11 est 1io11rsuivie (arl. '.I 17!1, '.I' al.).

l. l."arlieJ,. :!ti:! d,1clnre q1111 le ,l{,laissenHint p1•11t elre fait, n11'1nr, npri,s q11r Ji, ti1,rs-
,t,\IP11le11r a r1•co111111 /'obli1¡atio11 011 su/Ji co11da111•1atio11 e11 ce/le 1¡1111/ité s1!11/1•1111•111. Cl's
rxpressions n,, v~nlent pas ·,Jire 1¡111, le ticrs-11cqu,1reur qui se serait perso1111el/en1e11t
11b/1gé ú payPr Ji, cr,·,anci1,r, po11rrait Pncor,, fair,, le ,lélaissenH•11t. La 11.'•galive l'Sl CPr-
lainP, Jlltis,111e 11' li1•rs-,lélPnte11r d,,viPntlrait, par r1,t P11gag1•n1Pnl, 1111 d1'•hilP111· \1•1111 sur
lo11s ses hiPns. L'arlicll' 211:1 fail :dlnsion a11 cas oil lf' tiers-dt',tl!ntenr ponrsnivi f'll J11sli1•.,,
tf11r11it rtco111111 l'exislence dB l'hypotlieq1111, ¡,( lt rehri oü CPltr, nxisl!'llCf' anrnil ,:t,: cons-
lat,1,, par 1111 jn¡;Pn11,11t 111' t·o111l11•11nation. 1,,. r,\sultat clP l'a,,l!on ,liri¡;{:n contro Jp tier~-
,1,\lt•nlf'III" 111• 1110,liflP alors 1111llf!1n1,i,l sa quallt,1. Nous ,·errons plu~ loin qur. cetl,, action
,.,, rcc,n11111iisaHc11 d'hypothé1¡11e a pour hut d'ernpl\chcr la prc•scription extl11cliv11 de l"hy-
pothi•quc.
'
llíPOTHEQUES '
ET PRIVILEGES 1,1\IOBILIERS 965
L'adjt1dication une fois pro11oncée étei11t définitivement les droils du tiers-
déte11teur; n1ais, jusqu'a l'adjudicatio11, il peut reprendre l'i111n1euble en
payant la dette et les frais déja fai ts par les créanciers saisissants ( art. 2 1 73,
2º pl1rase). 11 ne fa11t pas oublier, en ell'et, 11ue, n1algré le délaisse111ent, le

tiers-détenteur a conservé la propriété de l'in1me11ble. Et de la résultent


les conséque11ces suivar1tes :
Le délaisseme11t est ass11jetti a un droit fixe de cinq fra11cs, et non a un
droit pro1Jortio11nel de n1utatio11 (loi du :12 fri111aire an , 1 1I, art. 68, S 4).
Si, dans les encl1eres ouvertes sur les poursuites dirigées co11tre le cura-
teur, le délaissant se portait adj11dicataire, il ne serai t obligé de payer le
droit de mutation c¡ue sur ce c1ui dépasserait le prix de la vente qui lui avait
été faite.
Si l'in1meuble vient a périr par cas forluit a,·ant l'adjudication, c'est le
tiers-détenteur qui en supporte la perle ; il reste alors te11u de payer son
prix d'acc1uisition au ,·endeur. s'il ne l'a pas e11core versé.
Les l1ypotl1eques nées du cl1ef du tiers-détenteur avar1t le délaissen1e11t
et mt\me depuis continuent a grever l'in1n1euble, pourvu qu'elles aient été
i11scrites a temps, c'est-a-dire avant la transcription du j11gen1ent d'adjudi-
cation.
Enfin, si l'immeuble délaissé est adjugé pour un prix superieur at1 1uon-
\
tant des dettes l1ypotl1écaires, le reliquat appartient certainement au délais-
sant.

3) Quatrieme partí : Se laisser exproprier. - Lorsr¡ue le tiers-déten-


teur n'a usé ni de la purge, ni du paiernent, et n'a pas non plus fait le
délaissement, la procédure de la saisie suit son. cours (art. 2 169).
Nous n'avons pasa exposer ici les formalités de cette procédure, n1ais
seulement a dire cruelles vont ctr.e les conséquences du jugen1ent d'adjudi-
cation, auquel aboutira cette procédure, cruant aux droits des créanciers
l1ypothécaires ou privilégiés et q11ant a ceux du ticrs-détenteur saisi. Nous
cxaminerons successivement :
Les ell'ets du jugernent d'adjudicalio11 ;
a
Les con1ples régler e11tre les créanciers et le tiers-détenteur exproprié;
Le recours du tiers-déle11teur exproprié.

Premiar point. Effet du jugement d'adjudication. - Ces efl'ets peu-


vent ainsi se rós111ner :
P1·e1r1.ier effel. - I.. e j11gement d'adj11dicalion s11r saisie df1n1ent transcrit
purge loules les l1ypotl1tiques, ainsi q11e les J>rivileges, et les cróa11ciers
11'011l plus ci'aclio11 <¡11e sur le ¡>rix (art. 717, 71 al., C. proc. civ.).
Seco11d e.Del. - Le jugemenl éteir1t le droil de propriótú <111 liers-déten-
leur saisi, mais 11e le résot1t pas rétroactiven1e11l.

. Premiar effet du jugement d'expropriation du tiers-détenteur :


Purga automatique. - I~e j1ir1e111er1l cl'a1lj1i1Jicalion 1ltlme11t lranscril purge
les l1y¡>ol/1e1¡1ies el ¡>rivilcges, el le.~ créa11ciers 11' ont ¡1l1is 11' aclion 1¡11e s11.r le
966 LIVRE III. - TITRE 11. '
DEUXIEllE P,\RTIE. - CHAPITRE IV

prix. L'adjudicataire n'a done pas besoi11 de procéder aux formalités de la


• purge; disposition fort utile, car il ne faut pas ajouter sans raiso11 de no11-
veaux frais a ceux de la saisie.
C'est la 11ne regle traditionnelle ele notre Droit. Décret forcé 11eltoie
to11tes hy¡Jotlieques, disaient les Instit11tes coul11111ieres de Loysel (VI, 5,
nº 15). I~t il .est aisé, .aujo11rd'l111i co111111e jadis, de justifier cetle purge
virtuelle. Les créanciers inscrits sur l'irn1ne11ble sont directen1en l reliés a
.

la procédure de saisie; ils rei;oivent somn1ation de pre11dre co111111u11ica-


tion du cal1ier des cl1arges (art. 692, C. proc. r,iv.). Si le prix d'acljudicatio11
ne leur parait pas assez élevé, la loi leur réserve un recours, car tou te per-
sonne peut, dans les huit jours qui suivent l'adjudication, obtenir une
remise aux encl1eres, a la condition de faire une surenchere atteignant le
sixie,ne au moins d11 prix principal (art. 708, C. proc. civ. ). 'foutes les
précautions sont done prises po11r c¡11e l'immeuble soit vendu a11 plus l1a11t
prix possillle. Dt'•s lors, il convient ele co11sidérer con1n1e cléfinitif le résullat
obtenu soit par la ¡lren1iere adjudication, soit par l'aclj11dication s11r suren-
cl1l•re, c1ua11cl il y er1 a e11 ur1e. 11 ne serait pas aelrr1issil:ile <¡11e les ¡1rivili·ges
et l1ypotheques continuassent a gre,er l'in1me11ble entre les rr1ains de l'ael-
j11dicataire. C'e.st pourquoi le elroit des créanciers l1ypotl1écaires et privilégiés
est transporté de l'i111111e11lJle s11r le prix, lee¡uel va servir ales clósi11li'~resser.
L'l1ypotl1eque a, comn1e on dit, prod11it son efret l{,gal. }~lle arri,e ace <¡11i cst
~on point <l'alJoutissen1c)nt 11or111al: faire paycr les créa11ciers l1y¡Joll1écaires
sur le prix de l'i111111e11blc s11ivant lc11r rang.
La regle de la purg·e autorr1atiq11e ctrectuée par le jugen1er1t d'adjudicalion
s'applique ¡\ tous les créa11ciers privil{·giés 011 l1ypotl1écaires, i11scrils a,ant
la lra11scription el11 jugcr11cr1t cl'nelj11clicatior1.
F:Ile s'ap1Jlique {•gale111e11t, clc¡111i~ la loi d11 '.l T rnai 1858, a11x h_v¡Jolher¡ues
légales clis¡l<'Itsées <l'i11scri1JLio11. ,\va11l CPtlc loi, la j11rispr11clencc acl111eltait
la sol11tio11 cor1lrairc (Cass., cl1. ré11n., 2:>. j11i11 1833, S. 1833.1. 11!1\J). I•:11
cflet, clisait-cJn, l<'s crt',a11ciPrs it l1~·¡10IIH',c¡11e lt'•g-alc, 11'c'•ta11t ¡las inscrits, 11c
son! Jlas C(l!IIIIIS; ils 11(' rec:c>ive11t 11as (le so11111,atio11: ils 11c ¡1c11v1•11l do11c
pas s11r,ciller l'aelj111licati1J11 ;\ la11uclle ils 11c Stllll 1ias reliés, el fairc au l1c-
soi11 111(lJJler le ¡1rix. l,a co11st'•(111e11c<~ de cellc j11ris11r11<le11cc, c't'~tait !(t1'il
fallait <111c l'acljuelicatairc 1!'1111 i111111<'11l1lc saisi fil. les frais ele la ¡111r1,.rc [lt)tlr
les se11l~ créanci<'rs ;\ l1J¡1otl11\qne <lis1lc11st',e el'inscri¡1ti!lll. J,a l1,i 1'11 :i 1 111ai
18:lH a n1is 1111 l<'rn1c ;\ ccltc juris¡iru<lc11cc. llicn <¡ue 11ci11 i11scritPs, lns hy-
Jlllll11·q11cs tic la fe1111111, PI 1)1)s 11crson11cs c11 t.111.Pllc sc1nl p11rg-t'·cs d!' ¡1)1\i11
droit C<lr11111c les a11tres. ce 1¡11i signific <111c le <lroil tlc suite PSI. t'·t.einl et
q11'cllc~ 11c s<111t. ¡1l11s o¡>pl,sal,IPs :\ l'acljuclicatairc. ~1ai,.; la l<,i ¡>cr111ct ¡'¡ la
fc111111e 1r1arit'·c el a11x Jlcrsor1nc)s c11 t11telle ele fairc valeiir Icur drciil ele
11réf"ére11ce ~ur le ¡irix, I,icn c¡11'cllcs 11'aie11l 11.1s ¡,ris i11scri11Lio11 c•n lc1n¡1s
11tilc, :\ la :-culc ct1nllilh111 <le ¡1ro<l11irc ;'¡ l'or!lrc 1¡11i ,,a s'1)11,·rir, s1lil. <lans
les 1¡11ara11lc j1n1rs ;'1 ¡1artirtlcs so111111alions, s'il s'agil el'1111 or<lrejudiciaire,
soil avanl la cli\t11re 1!1~ l'or1lre, s'il s'ag-it. <l'11n or<lrc arr1ial,Ie (arl. 717, iri
Jine et 7:i/1, C. ¡1rc1c. civ.) .


• •
TIYPOTHEQUES ET PRIVILEGES IMJ\lOBILIERS

Deuxieme effet: Extinction ex nunc de la propriété du tiers-dé-


tenteur saisi. - Le jugement d'arljudication éteint le droit de prop,·iété du
tiers-clétente11r saisi, mais ,ie le résout pas rétroactivement.
Le droit de propriété passe de la tete du tiers-détenteur sur celle de l'adju-
dicataire, com1ne dans le cas 011 la saisie est pratiquée contre le débiteur
a
lui-n1eme. L'adjudication transporte l'adjudicataire les droits du saisi sur
l'imn1euble adjugé (art. 7r7. 1º' al., C. proc. civ.). l\iais, si l"adjudication pro-
duit cet etl'et tra11slatif, elle n'entraine pas rósolution d11 droit de proprióté
du tiers-cléte11teur (V. la note de 1\1. (;lasson sous D. P. 88. 1 .337 ). Com-
ment, en efl'et, l)Ourrait-elle produire cet effet? Tl est vrai que l'article 2 177,
1••· al., contient, no11s allons bientot le voir, ur1e disposition difficilen1ent
conciliable a,·ec la regle que nous ,•enons d'énoncer. Sans doute, aussi, la
j urisprudence. au cas d'adjudication s11r surenchere du dixieme h la suite de
la purge, si tuation analogue h la n<Jtre, décide-t-elie que cette adj11clication
résout rétroactiven1ent le droit du tiers-détenteur, mais ce sont la des solu-
tions qui s'expliquent par des raisons particulieres que nous exposerons
bienltJt. Elles ne peuvent iníluer s11r la solution du prol)leme que nous avons
a résoudre ici. Au surplus, la loi elle-meme, dans le second alinéa de l'ar-
ticle 2 177, énonce 11ne conséquence bien nette de l' ell'et purement translatif
ele nolre jugen1ent d'adj11dication. Les liypotlzeques nées d11 clief clu tiers-
clétenteiir, nous dit-elle, co1iserue11t leu1· e.ffet. Par conséquent, elles seront \

colloquées sur le prix de l'in1n1euble, apres tous les créanciers qui se sont
inscri ts s11r les précédents propriétaires. N'est-ce pas la preuve évidente que
le droil du tiers-flótenteur saisi n'est pas rétroact-ivement efl'acé?
a
Ce que la loi clit des l1ypotl1eq11es s'applique tous les droits réels. c1ue1s
c¡11'ils sfiient, consentís par le tiers-clétenle111-. Seulement, i1 convient ici de
f'aire 1111c olJscrvaticin. Si le détente11r a constitué sur l'imr11eu}Jle, <lans l'in-
tervalle, 11n d roi t 110n susceptil~le ele saisie clirecte et principale, par exem'-
ple, s'il a ótabli une servilucle sur l'in1meuble au profit d'un fonds voisin, 1

ou códé la n1'itoye11netó cl'11r1 n111r, ces acles ne sont pas opposables aux
cróa11ciers l1ypoll1i'·ca·ires i11scrils. Si dor1c le prix ele la servitude 011 ele la
n1ilo~·e1111etó 11'a pas /•Ló Yers/: par l'a~ ar1t cause clu tiers-détenteur aux
0

créa11ciers l1y¡i<>lhúcaircs, cc11x-ci po11r1·011t faire vc11dre l'in1111eublc oomme


librfl ,le la scrvitu<lc ou rlc l1i11t ,lroit ,le cor1ropriélé du voisin sur le irnur
011 qucsli<JJl.
<¿11e si, au co11lraire, le cli'-lo11tc11r avait consti·tué 1111 <lroit s11sceptible d'titre
.. sc¡>ílr1·r11c11
sa1~1 ' ' 1, ri:1r cxc1111J l e, s ''l . e1on11P' la 1JJrue-pr.opr1e
I ava1l . 'L'e en se -rcser-
'
,·ant l'us11fr11i t, les cr<'•ar1cicrs prali<¡11eraie11t la sa:sie 11 la fois contre le nu-
r>ro¡>rit'~lairc el contrc l'us11fr11iticr.
\ 1<iici c11fi11 uno derni1'..re ctJ11s/ic¡uc11ce de la propositio11 sus-ónoncée: c',est

<111c, si le J>rix d'11clj11clic11Lior1 dúpusse le 111ontnnt eles inscrjpti0ns ~1yipot:b.é-


cair<'s <'l. eles frais, le rcli<111al a1i¡>arlic11t a11 tiers-<lí\Lcnteur.

Réapparition des servitudes éteintes _par confusion. - Nous arri-


vons 111ai11 le11anl .\ la <lisp11siticJ11 ele l'arlicle ~ 177, r 8' al., qu·i, 0011s fannon-
cions ¡il11s l1a1il, parail clif'ficilen1cnL co11ci1ia}Jle avec la regle préciídcntc:
968 LIVRE III. - TITRE 11. - '
DEUXIE~IE P,\RTIE. - CIIAPlTRE IV

ce Les servitt1dcs et droits réels que le tiers-llétcnlcur avait sur l'i111n1et1blc·


a,,a11t sa possession re11aissent, nous dit ce tcxte, apres le délaissen1ent ot1
a1)res l'adjudication faite sur lui. »
L'article 2177, 1°' al., suppose que le tiers-clétenteurjouissait jadis, avant
l'actc c1ui l'a rendu propriélaire de l'i1111neul)le, d'un droit réel, usufruit,
usage, l1abitation, servitude au profit d'un l1éritage l11i appartcnant, sur
l'i111111euble c¡u'il a acquis. Ce droit réel s'est étcint par co11ft1sion ou conso-
lidation, en vertu de ce principe qu'ón ne pct1t a,·oir un droit réel sur la
cl1osc clo11t on est propriétaire. l\Iais, d'apres l'article 2177, ce droil réel re-
nait a pres le jugen1ent d'adjudication co11sécu tifa la saisic opérée con tre le
tiers-détenteur. N'est-ce pas la preuve que ce jugen1en t résot1t rétroactive-
ment le droit de propriété du tiers-détenteur ~ Con1111ent, en effet, cette
réapparition pourrait-elle s'expliquer si l'adjudicataire de,,-ait ctre considéré
com111e un ayant-cause du tiers-détenteur exproprié?
Il ne faut 1Jas cependant se laisser tromper par cet argu111ent, si S[)écieux
qu'il soit. En vérité, la raison e¡ui a fait édicter la dispositio11 de l'arti-
cle 2177, al. 1•', est d'ordre esse11tiellen1ent prali!JUe; et, si le législate11r a
fait écl1ec ici a l'efl'et certain dt1 jugement d'adjudication, c'est en vue de
sin1plifier les rapports des parties. Quelques mots d'explication vorit nous
le faire con1prendre. Si le droit réel dont jouissait le tiers-détenteur ne revi-
vait pas, le tiers adjt1dicataire serait obligé de lt1i e11 paycr la valeur, en
vertu de la disposition de l'article 2175, 2• pl1rase, qui astreint l'adjudica-
taire a ren1bourser au tiers-détenteur évincé les an1élioratio11s par lui ap-
portées ·a l'in1meuble jusqu'a concurrence de la plus-value. Et, en effet, la
valeur de l'immeuble s'est trouvée évidemment augmentée, lorsc¡11'il a été

débarrassé du droit réel qui le grevait avant qu'il n'eut été accruis par le
tiers-déle11tcur. N'est-il pas pl~s simple, des lors, au lieu d'obliger l'aclju-
a
dicataire faire ce re111bourse1nent, de donner salisfacliort direclc au dé-
tenteur en faisant revivre le droit réel q11'il ayait sur l'in1meuble, c'est-a-
dire en le replai;ant dans la situation 011 il se trouvait aYar1t d'aYoir acqnis.
le bien dont l'action l1ypothécaire des créanciers l'a par la suite évincé ~

Hypothese inversa de la précédente. - La raiso11 q11e .11011s vc11011s


a
d'cxposer r1ous co11duit appliquer la rt\gle éno11céc ¡>ar l"articlc :i 17í, 1•' al.,
¡\ l'l1ypothesc invcrse ele ccllc qu'il vise, c'cst-i'1-elirc a11 cas 01'1 u11e scrvit11tle
existait au profll (le l' irnmeublc sur uri liéril(l[JC du licrs-1lélcr1lc1tr. Ici c11core,
cettc scrvitude s'est étcinte par confusio11 ; 111ais, da11s cecas, c'cst le ticrs-
dé(enteur qui profiterait gratuiter11enl ele l'a111élioratio11 survcn11e a so11
fo11ds, si ce dcr11icr dcme11rait cxc111pt des cl1argcs qui le grcvaicnl a11trc-
fois. II co11vicnl done de décider q11e la servitude nppartenant naguere a
l'imrrteuble dont le tiers-détentcur a été óvi11cé,re11ailra apr1's l'adj11dicatio11.

Second point. Des comptes Arégler entre les créanciers et le tiers-


détenteur poursuivi (art. :i 175 et :1176). - Le tie1·s-tléte11te11r et les crt'•a11-
ciers inscrits peuvc11t se dcvoir r{)ciproque111e11t tics indc11111it{is, soit i\ rni-

' ' . 6
IIYPOTIIEQl.'.ES ET PHIVILEGES 1\1\IOBILIEI\S 9 9
s011 des a111éliorations ou détériorations que le 1Jren1ier a apportées ou cau-
a
sées it l'i111111et1IJle, soit raison des fruits.
_4mélioratio12s 01t délérioratio,is JJrove1ia12l clLi fail dLt tiers-d,éte,iteur. -

L'équité exige que le tiers-tlétenteur i11clc111nise les créa11ciers fl11 préjudice
a
que leur causenl les détériorations cat1sées par lt1i l'in1n1euble, et les créan-
ciers doivent, de leur coté, lt1i ren1bo11rser la plt1s-value procurée it l'im111e11-
ble par les an1éliorations qu'il y a apportées. D'o1't la disposi tion de l'arti-
cle 2175: << Les détérioralions, qui proc1ident du fait ou de la néglige11ce du
tiers-détenlet11-, au llréjudice des créanciers l1)·potl1écaires 011 privilégiés,
donnent liet1 contre lui it une action en indemr1ité; 111ais il ne peut répéte r
ses impenses et an1éliorations que jusqu'ii. concurrence de la plus-value
résultant de l'an1élioration. ii
La regle ne s'applique, IJien er1tendt1, qt1'aux détériorations ou an1éliora-
lions provenant du fait du débiteur. Celles qui 011t une cause llurement
a
fortuile ne donnent liet1 auc11ne i11den1nité.
I~n tant qt1'il vise les détériorations, l'article 2175 n'est qu'une ap1Jlica-
tio11 de l'article 1382; en tant qu'il vise les an1élioratio11s, il s'inspire du
príncipe que nul ne doit s'e11ricl1ir aux dépens d'a11tr11i.
Quel doit etre le mo,1ta,it de l'indeni,iité ? ,
a
Pour les détério,·ations, les créanciers ont droit une indemnité égale a
a
la din1inution .de valeur qu'elles causent l'imn1eulJle. '
E11 ce qui concerne les a11iélioralions, le tiers-détenteur peut réclamer
a
une somme égale la JJl11s-value procurée au bien, car c'est cette plus-value
qui marque l'enrichissen1ent des créanciers. S'il s'agit, non plus d'in1penses
a
d'amélioration, 1nais de dépenses nécessaires la conservation de l'in1meu-
ble, telles que les grosses réparations, le tiers-détenteur a certai11ement
a a
droit le11r rem]Joursement, et leur remlJourseme11t total. Cela a été con-
testé po11rtant sous prétex te q11e, ces dé¡>enses 1i' améliorenl pas l'in1n1euble ;
mais c'est oublier le príncipe s11r leq11el est fondée l'actio11 du tiers-déten-
a
teur. Les créanciers s'enricl1iraient injustement ses dépens s'ils ]Jénéfi-
ciaient des grosses réparations c¡t1'il a faites, sans l'en indemniser.
I>our ce qui est d11 ,,iode de JJaieme,zl lle ces i11demnités, nous avons vu
plus l1a11t q11e la jurisprudence refuse au tiers-détenteur le droit de réte11-
tio11 s11r l'i111n1euble do11l il est évi11cé, 1nais l11i accorde u11e garantie
tneilleure en décida11l q11e les incle1r111ités a~xquelles il a droit sero11t préle-
vées s11r le prix d'adjuclicalio11 (V. s1t¡Jr1i, 1>. 775).
Co,n¡Jles de fritils. - L'article :i 17G décide que lo tiers-déte11teur c.levie11 l
com1>table des fr11i ts, :\ claler <llt jo1i1· ele la som,nalion rle pa_yer 01i de dé-
lczisser. A partir de ce 111<J111e11t, les fruits vienr1e11l a11grr1enter le gage des
a
créanciers J1ypotl1écaires; ils s<Jnl ir11mol>ilisés. f~a regle n'est pas to11t fail
la 1n1~rr1e qua11d l'im1ne11IJle est saisi co11tre le délJiteur, car ce 11'est pas alors
le co111111a11de111e11l, 111ais la lra11scri1Jtion e.le la saisie, laquelle a lieu trente
jo11rs aprtis (art.G77, G78, C.proc.civ.), qui ernporle imn1ol>ilisation des fruits
(arl. 68'..l, C. proc. civ.). t>o11rquoi slal11er clilféren1n1c11t lorsq11c l'immcuble
est saisi e11lre les n1ai11s d'un tiers-c.létenleur? On 11'e11 peut guere do11ner
de lJ01111es raiso11s. Ce¡Je11dant, lºarticle :i 176, n'ayant pas été ex:1lressément
,

LIVRE III. - TITRE II. - '


DEUXIEl\lE l'ARTIE. CIIAPITRE IV

n1odifié lors de la rédaction dt1 Code de procédt1re, doit cor1tinuer s'ap- a


a
plic¡uer. C'est done partir de la sommafion qt1e le tiers-détenteur devient
cornptable des fruits de 1'immeuble. .
'Lorsque le tiers-détenteur n'a pas encore payé son prix, at1 mon1ent de la
;,aisie, il est pareillen1ent comptable des intérets. 11 est clair que les créan-
ciers h)•potl1écaires ne peuvent pas lui réclan1er a la fois les intérets et les
fruits. l\ilais si, au lieu de se laisser exproprier, le tiers-déte11tet1r ofl'rait
de payer son prix aux créanciers, il conviendrait d'appliquer l'article 2176
aux intérets, et de décider qu'ils seraient dus aux créanciers l1ypothécaires
a compter de la somn1ation ('r· Grenoble, 20 jan,·ier 189!1, D. P. 94.2.473,
s. 95.2.201).
La somn1ation de payer ou de délaisser se périn1e par trois ans. Si done
les créanciers laissent passer trois ans sans saisie, l'in1n1obi1isation des fruits
ou intérets cesse de prod11ire son effet. Elle ne recommencera c¡ti'a dater
d't1ne nouvelle son1n1ation (art. 2176, 2• phrase).

Troisieme point. Recours du tiers-détenteur exproprié (art. 2178).


- Le tiers-détenteur expro11rié pei1t avoir, sui,,a11t les cas, 11n double recours
a sa disposition:
En premie,· lieu, 1i1i 1·eco111·s en gara11tie contre son auteitr, duquel il tient
a
l'in1me11ble, lorsqt1'il l'a acquis litre 011éreux;
E11 seconcl lie11, 1111 recours coritrc le clébite1ir¡Jri1icipal, lorsque celui-ci n'est
pas so11 auteur ir11r11édiat. ce lIUi se prod11il dans le cas 011 il a acc1uis l'im-
1ne11ble d'un précédent tiers-détenteur, ou encore lorsqu'il est 1111 ayant-
a
cause titre gratuit, donataire ou légatai1:e a titre particulier rlu dét)ileur
principal.
Le recours en garantie JJOtir ca11se ll'{,viclil111 permet a l'ex¡1ro¡Jrié de
• •
récla1r1er, 11011 seule111e11L la restitution clu prix, s'ill'a déj,\ 1iayé, 111ais des
do111mages-i11tért,ts, ai11si q11e les f'rais et loya11x couts llu co11trat (art. 1630).
Le recot1rs co11tre le t!{,J>ile11r pri11cipal, lui, a pour ol>jet la restit11tio11 de
la (!elle tl11e par cf'lui-ci et ¡ia}<'·e s11r le ¡Jrix de l'i111111ct1l>le. l,e liers-d{:Lcn-
tc11r cx¡>rt>¡>ri('. cst lraitt'- C<>111111c s'il avait. ¡n1~·t'i cett.c elcllc, car l'cx¡)rÓ¡>ria-
lil)ll 11'esl qu'1111 ¡>aie111e11L f'e>rci'·: il r.st ll(>11c sulirt)gé clans les liroits et ac-
Lious du crénncinr e}n vert11 ele l 'art.icle 1 :i5 r -3".

Appendice: Du recours du tiers-détenteur qui a pay~ la dette ou


s'est laissé exproprier contre les autres détenteurs d'immeubles hy-
pothéqués A la mame dette. - l,t>rsc¡u'il ~- a el'autres i111111c11l)lcs l1ypo-
tl1ée111és ,\ la n1e111e e!Pt.Lc entre les 111ai11s d.'a11lres liers-cJ1:/1'.11/e11.rs, l'ace¡ué-
rnur 1¡11i, /1 la s11ilc ele la so111111at.io11 ,le l)ªY"l' t>II ,le 1li'•laisscr, a 11ayó
les crt'•a11cicrs ot1 s'rst li1isst'i t)x1>rti¡1ricr, est. sulJrogt', 11011s le savo11s, tla11s
les llroit.s 1lcs saisissants. 11 ¡)t>11rra cl1Jnc, /1 so11 t.011r, t)Xerccr l'act.io11 l1}po-
t.lu':caire Ct)11Lr1) les at1lrcs t.icrs-eli'·Lc11te11rs. 1\tais il serait. inj11sle 1¡t1'il Jlt)l
f'airc s11p¡J<Jrler ll>lll le ¡Joitls t'lci la llelte ¡\ l't111 1¡11elctJlll(llC ele ces tler11iers.
1\ussi allniet-011 c¡t1e les llivt)l'S Litirs-1lt'·le11Le11rs elt>ivenl l<>us·t~Lrti trait.t'·s rle
la 1n1i111e fai.:011,
E11 co11sét1ue11ce, le tiers pot1rsuivi (levra se rclot1rnc1· 1l'al)Orll co11Lro le
¡ /

' '
IJYPOTIIEQUES ET PRIVILEGES I~l~IOBILIERS 97 1
débiteur principal. Si celui-ci est insolvable, il recourra contre les autres
détenteurs, mais il ne pourra exercer contre chacu11 d'eux qu'un recours
partiel et proportionnel, de fai:;on (¡ue la perle se répartisse entre eux tous
au prorata de la ,·alenr respective des in1meubles l1ypotl1équés (V-. l\eq.,
8 décembre 1903, D. P. 1904.r.193, note de 711. :\férignl1ac, S. 1904.1.161,
-
note de M. LYon-Caen 1. .
S'il existe une caizlio,i r·éelle, le tiers-d1\te11teur exproprié pourra-t-il in-
tenter contre elle, a titre de recours, l'actio11 l1ypotl1écaire il 11 faut répondre
non. En efl'et, la caution est un débiteur subsidiaire, qui ne s'est engagé
que pour le cas 01't le débiteur serait · insolvable. Or, le débiteur n'était pas
insolvable, puisque le créancier a pu saisir un ir11111euble qu'il avait l1ypo-
tl1équé a la dette. JJar consér¡uent, le tiers-déte11teur, a~ a11t cause du débi-
0

teur, ne l)eut pas recourir contre la caution.


Au co11traire, la cautio11 réelle poursui,·ie par le créancier a11rait incon-
testallle,nentlc droit d'exercer l'action l1ypotl1écaire contre le tiers-déte11leur.

SECTIO'i 11. - DE L\. Pl'l\(;E DES Pl\lVILEGES ET IIYP01'11EQCES.

Notion générale et justiflcation économique de la purge. - La


purge est une procéclure instituée par la loi, a111)rofit du tiers-détenleur d'un \

im1r1e11IJle, llour l11i per1neltre cl'afl'ra11cl1ir ce bien des privileges et l1ypoll1e-


ques c1ui le grevent. Voici en c1uoi elle consiste. L'acquéreur ofl're a11x créan-
ciers de leur payer s011 prix cl'acc1uisition, s'il est acl1eteur, ou la son1me
re1)résenta11L la vale11r vraie ele l'i111n1e11lJlc, s'il est acquéreur 11 titre g·ratuit.
1~11 llll~11tP le111ps, il les so111111e, 011 el'nccepler so11 cill're, a11quel cas il clevra
le11r ¡layer le Jlrix ¡>roposé, 011 tic fnire, tla11s 1111 llt•lai de quara11te jours,
11ne s11re11cl1ere du dixien1e, 11 la s11i te rle laquelle l'i 111111e11l>le sera n1is aux
c11clteres et vend11, fJ011r le prix c11 1\tre distrill11{: e11trc eux par la ,·oie ele la
proci':tl11re ele l'or1lre.
La 1111rgc, 011 l'a11cri;oit a11ssitt,t, a le grnnrl nva11tage 1le faciliter la circu-
laticJJl 1lc:s lJic11s l1ypotl1<':q11és. Sa11s In Jlllrge, biert rares seraic11t ce11x e¡ui •

consPnliraie11L i1 acr¡11<'·rir 1111 i111111c11IJlc grev{: tl'l1y1>oll11)1111es a11 cicla de sa


vall'lll', tanl il y a11rail lic11 1lc crai111lrc, e11 cecas, ll 1\tre eXJJropri{: par les
0

cr<'•anciel's. <;r;ice :'1 la Jl11rge, au ct>11lraire, les l)ic11s lt}pc,tl1{·1¡u{:s circ11lent


a11ssi l'acile111er1L t¡111: s'ils nn l'étaic11L pas, puisr¡uc l'achelc11r n'a q11'i1 ac-
co111¡Jlir eles f'c1r111alilés a-,scz sir11¡>les po11r se li}¡{:rcr, s1,111s ricri tlébourser
aiz rlel,1 1le so11. ¡Jri:r. Aj1H1lons <111'1111e lelle prtJci':1lurc cst vórilalJle1r1ent in-
<lis1Jensa}¡)e 1lans 1111e J1\gislaticH1 r¡ui, co1n1111: la JI<>Lrc, all1r1el des l1y¡1cJLl1e-
q11es occ11IL11s, cal' elle csl In se11I 1r111yen, }J011r 1111 acl1clc11r, ele sci garar1tir
cor1lrc le 1la11gcr de vcJir s11rgir 11nc l1ypolh<':q11c igncJréc a11 j1¡11r 1J1't il a ac-
c¡11is l'i 111 nte11J¡[c.
'l'<'IIPs :--0111. Jps raisor1s 1l'<lr<lre g{:néral q11i j11stifienl l'i11stit11Lio11. 11 cst
,·rai c111c sr•s a·va11lages 11e ,•011L ri:1s sans <111r:lc¡11c incor1vt\t1ie11l ¡1011r les créan-
cicrs. l,e 1ircl l.1y1>oll1écairc nsl 1111 r11ocle <le Jliace111c11l rccl1crcl1é par les ca-
pilalisles. <>r, le rn·1~lc11r, <tni a fnit 11n pr<~l pou1· ci11c¡ 011 clix ar1s 11 ur1 Laux
111. - 11. - '
97 2 LIVIIE TITHE DEUXIE~IE PAllTIE. - CIIAPITI\E IV

cl'i11térc~t ava11taget1x. peut se trouver privó de ce placemc11t par l'c!Tet de la


})urge, bie11 ava11t l'arrivée de l'écl1éance. En efl'et, le Liers-détenteur procede
it la purge c1uand il ,•eut, et met les créanciers en den1e11re d'accepter leur
ren1l)oursement st1r-le-cl1an1p,s'ils ne ,·eule11t sure11cl1érir; il n'cst pas obligé
de respecter la date d'r,xigibilité de la dette 1 . II y a done dans la p11rgr, t1ne
atteir1te certaine au droit que le créancier tient du contrat, et, dans u11c
certaine n1esure, une variété d'expropriatio11. l\lais les consiclératio11s d'i11-
téret général auxqt1elles cette procédure donne satisfactio11, ont cléter111i11é
a
le législateur it sacrif1er cet intérét celui des créanciers l1ypotl1écaires.
1
U11 autre reprocl1e encare a été adressé it la.purge. C'est de n1ettre les
créanciers dans une allernative qui peut leur etre préjudiciable, celle d"ac-
cepter t1ne somme qu'ils jugent insuffisante, ou de faire vendre l'immeuble
aux encl1eres lt un n1oment c1ui est pct1t etre défa,·orablc. La critiqt1e n'a
pas grand fondernent. L'expérience no11s montre, e·n efl'et, que les créanciers
recot1rent tres rare111ent i1 la surencl1cre du dixicn1e; ils se contentent pres-
c¡ue toujours ele la somn1c c¡ui leur est ofl'erte. C'est que la purge est prati-
quement faite par un acl1cteur a1nial)le; et que le prix qu 'il ofl're est pres-
a
que toujours supérieur celui qu'o11 pourrait espérer d'u11e adjudicatio11 sur
saisie, les ventes en justice, lt raison des frais qt1'elles entrainent, produisant
- l'expérience le dén1ontre - des prix généralemen t inférieurs it cet1x des
ventes an1iables. ·
A11 fond, on pe11t meme dire qu'á part la déchéance possible elu Jiénéfice
du tern~e, la purge respecte les droits des.créanciers. Elle leur procure une
somn1e égale á la vale11r de leur gage; elle leur assure un paiement plus
rapide et plus écor1omique qt1e la saisie.

Origine historique de la purge. - La purge est encare bien plus in-


tlispensable dans une législalio11 qui n 'organise pas la pt1blicité des l1)·po-
tl1óqt1es que sot1s t111 régir11e de pul)licité. C 'est done aux praticiens de 11otre
ancien Droit q11e re111onte J'inve11tio11 d't1n e procédt1re perr11ettant at1x acqué-
reurs de « nettoyer les l1ypotl1i·qu es >1. Le poi11 t de départ ele cetle procé-
dure se lrouve dar1s la r<'·gle c¡11e 11ous avo11s signal{·e plus l1a11t, lt propos de
l'ell'et d11 juge111ent d'adj11dication s11r saisie. Notrc a11cic11 Droit, 011 s'e11
sot1vier1t, décidail c¡11e le << clécrcl forc{: 11 ct.loic to11les l1y1iotl1<'·qt1es », con-
séq11c11cc logique eles for1r1alitt\s excessives do11t. s'acco1111)agr1ait la saisic
des i111111et1bles. Or, les praticic11s i111agir1<':re11l de trar1sporlcr cel efl'cl at1x
aliér1ations a111ialiles, a11 n1oyc11 d'1111 si11111lacre lle saisie. J,'acl1elet1r s'c11te11-
dait, á cet ell'et, aYec 11n tiers <111i se prése11tail co1r1111e cróa11cicr Pn vert11
d'1111 litre f1ctif, el J>l>urs11ivail ccJ11tre lui l'cxpro¡irialio11. I,a J)roc{:dure se
terminait par t111 dt)Cret 011 juge111e11t, dit 1/éc rcl volo,1lairc, parce c¡uc les
partics ótaic11t <l'acc1)rd po11r l'olJtc11ir, el ce <lécrct volo11 laire nelloJait l'i111-

i. 11 scrnit cependnnt posslhle, en législation, de supprimer cet inconvtlnient d<) la


purge el de re~pectr,r le droit du crénncicr. L'arlicie :10 de In loi de hr11111air1\ 1111 Vil
déchlalt que l'acquéreur, au licu de lcur offrlr pnirn1cnt in1111édlnt, ,lcvait s'cngager
cnvers les crénnciers 1\ terrne 1\ s·ac11uitter c nlre lcurs mnlns ª"
jour de l'arrivt!e dr,
tenne. En i850, on propasa de revenir 1\ ce systcme.
'
II\ºPOTIIEQCES '
ET Pl\IVILEGES l)I)IOillLIEIIS

n1cu!Jlc con1111e le décret forcé. La procédure de la purge était ainsi créée;


il restait il la si1111llifier, car la saisie ficti,,e exigeait !Jeaucoup de te111ps et
coutait fo(t cl1er. Ce n'est qu'en 1771 qu'un édit ren1édia il ces inconvé-
nie11Ls, e11 orga11isant u11 procédé plus sin1ple, les lettres ele ratijicatio11. L'ac-
quéret1r déposait son contrat au grefl'e du IJailliage 011 de la sénécl1aussée
dans le ressort duquel l'immet1blc étaiL sitt1é. U11 ex.trait de ce contrat
étail afficl1é cla11s l'auditoire cl11 Lri!Jtrnal, 1Jendant un délai ele c¡t1arante
a
jours, cl11ra11t lequel les créanciers étaicnt in,·ités faire opposilio11 et a
s11rencl1érir d11 clixieme, si le prix. leur paraissait i11suffisant. l◄'aute de
a
s11rc11cl1ere, le tribunal délivrait l'acquére11r des lettres de ratificalion,qui
purgeaient les l1ypotl1ec1ues et transportaie11t définitive111ent le droit des
Gréanciers sur le prix. Signalons, en passant. c¡ue c'est cet édit de 1771 qui
a
a créé les conservatcurs des l1ypotl1ec¡ue;; l'efl'et de recevoir les oppositio11s
eles cr<'•ar1ciers.
La procéelure de 1771 a été si111plifiée, 111ais conservée da11s ses gra11des
lignes, ¡Jar les lois r(\volutionnaires et par le Code civil. C'est elle c1ui co11s-
tilue encore aujourd'l111i r1otre purge des l1y1Jotl1t'·c¡ues.

l,e !Jut 1nc111e de l'i11sli tulior1 fournit la ré1Jonse ú nolre c¡ueslion. La \

p11rge est faite ¡Jour faciliter }'alié 11alio11 eles bie11s J1ypotl1équés. Elle esl
do11c étalJlie a11 profit des r1cr¡11ére11rs de l'i111r11euble l1y¡1otl1ér¡i1é.
'!'elle est la 1Jre[\1it'•re conclition requise: J.Jo11r pouvoir ¡1urger, il faiit etre
cLc171iéreur. Done, 1111 cr<'~a11cier 11'a j a1r1ais le droit ele l)rocéder la purge a
afin ele se ¡Jroc11rer le ¡ire111ier rang. Il 1Jo11rrait cepe11dant a,oir intérct á
1111c lelle OJJéralion. S11p1ioso11s c¡11'11n. i111111e111Jle valar1l 100.000 francs soit
grcvó d'1111e l1Jpotlu\q11c de :J 5 'º,ºº fra !!CS. un a
capi talisle consert t ¡Jreter
a11 clé!Jileur 7;J,ooo fra11cs, 111ais il vot1drait se elélJarrasser de l'l1y¡iotl1,~que
inscrite, e11 ¡Jr1\levar1t 25'.ooo fra11cs sur celle so111n1e ¡Jo11r la rcn1bo11rser. El1
'
liicn, si la cr{,a11cc r1'cst JJas arrivt'-c ú t'.:cl1óa11cc, le lll'<\tcur 11'a pas ele rr1oyc11
ele C(>lllrainclre le crt':ancicr ¡>rc111ier inscril 11 accepler so11 paie111ent. 011
C<J1111>r(•11d, ~n cll'cl, 1¡11e l'inlt'•rct ele ce capilalistn 11'est pas co111¡iarable 11
cl'lui cl'11r1 ac11ut',reur. <Jue lui fait a1>res loul u·(~lrc e11 sccon1lc ligne, si
l'i111n1c11IJlc s11ffiL cncorc ú gnra11Lir sa créancc :1 11 11'y avait clo11c pas de
l1c>1111c rais1i11 ele sacrifier a11 sien l'i11Léret el11 pre111ier crt'·ancier inscrit.
i'li<111s verro11s ce¡ie11<la11t }Jlus loin e¡11c la loi, JJar <•x.ce¡l_lio11. a 1ier111is a11
(}r1'1lil ,(01icicr, 1>rele11r sur l1y¡>ollu'-(¡11e, 1le 1>rOc(\rJcr ú la ¡n1rge eles l1yp11-
ll1i',(¡tH's ll(Jll inscriles. ~Iais ccllc ¡>r<icóclure a si1r1¡1lc11H,11L po11r liul ele fairc
a¡1¡1arailrc ces l1y¡ioll1i:c¡ues. Si <l1i11c elles s<111L i11scriles, le Cl't:diL f<>ncier
11c ¡1i:11t ¡ias les ¡111rger. 11 11'y a 1¡u'a11 cas (JI! elles 1_1e s,)nl ¡ias i11scrites,

1¡11'Pllcs se lrciuvent ¡111rgt'•1:s ¡1ar l(:s for111alit(\s accr>1n¡1lics. J>eut-clrc Sl'rail-
il util1: 1l'accordcr 11• 111t•111e po11Y11ir a trJul, [ll'(~lcur ele clenicrs ; el le ¡irojel
V<Jlt'· 11ar le St',nat en t!)1>8 cor1li1•11l C(:lle exle11sio11 (\1 • lle!'. cril., 1909,
)1, 188).
Mais s'il faut elre acc¡ut'ircur 1i<>11r 1111rgcr, lo11s les acc¡11ére11rs 11e pctJ-
974 LIVRE III. - TITRE II. - '
DEUXIEME PARTIE. - CIIAPITRE ·IV

vent pas le faire, et deux catégories d'entre eux sont exclues du droit de
purger. Ce sont:
,
a
1° Les acquéreurs titre universel;
2º Certains acquéreurs a
litre particulier: ceux crui se son.t obligés res- a
pecter le contrat d'obligation interven u entre le créancier et le débiteur.

1º Acquéreurs a titre universal. -- Les acquéreurs de cette calégorie


sont les successeurs, lié,·itiers ou légalctires u,iiversels ou a tit,·e u,iiversel
du débiteur. Ce n'est pas pour eux que la purge a été créée. Du reste, les
a
héritiers et légataires universcls ou litre uni,·ersel sont tenus de toutes
les obligations de leur auteur; ils ne pourraient done pas in11Joser aux
créanciers inscrits un ren1boursen1ent partiel ou anticipé. ~lais ce n·est
pas cette raison <1ui, set1le, s'oppose ici a
l'e1111Jloi de la pt1rge, car on doit
refuser cet emploi 111eme aux l1ériticrs ou légataires qui ne sont pas débi-
teurs personnels du crt'•a11cicr, ¡iarce <¡u'ils 01il acce¡Jlé soL1s úénéjice d'i11ven-
laire. 1<:u ell'et, si l'l1éritier bénéficiaire n'cst pas tenu sur ses-bicns pt·opres
des dettes de la successio11, il dcn1eure obligé ele resrJccter, en ce qt1i con-
cer11e les bie11s de la succession, les engagen1e11ts pris ¡Jar le cléfu11l. 11 ne
peut done pas in1pgscr aux créa11cicrs l1éréditaires un rcn1bourscn1c11t a,,ar1t
tern1e ou un paie1r1e11t ¡Jarticl. Au surplus, con1ment po11rrait-il procéder
a la purgc sa11s ver1clrc l'i111r11et1IJle? 'l'ant qt1c l'i111n1e11ble n'cst pas alién,~.
il reste le gage eles créa11cicrs l1éréditaires. aussi IJien des créanciers _cl1i-
rog·ra¡J!1aires que des créa11ciers i11scrits. ,\. quoi l11i servirait, dós lors, de
tra11sforn1cr les créanciers l1y¡Jotl1écaires en créanciers ordinaires :1
.
Droit pour l'héritier bénéficiaire de purger l'immeuble dont il
... s·est rendu adjudicataire. - Ta::i. situatio11 cl1angc ccpc11cla11t lorsc111c
' l'im111ct1IJlc a été n1is en vc11tc ¡1ar J'l1ériticr !J('.11éficiairc, co11l'orr11é111cnt i1
l'article 806 du Colle civil. el r¡u'tl s·e,i esl re11(llt a(ljitdicalaire. 11 détic11l
alors le bien, non plus co111n1c l1éri l.icr, n1ais co111111e ac1¡uére11r; il 11'esl ¡Jlus
tc11u r¡11'i1 ce no11vca11 litre. et, rl<'·s lor:,;. il ¡>cut 11ser lle la p11rgc. ()r1 tro11vc,
1111 reste, rlar1:,; l'articlc 806 clu (;ollc ci,il, la cor1sécratio11 lle cctlc sol11tio11.
(:et article cléclarc 1¡11'a11 cas (JÚ il ,·e11rl les i111111e11Lles, l'h,\rilicr IJt'.111\li-
ciairc est tcn11 cl'e11 1li'·l{·g11cr le 1>rix a11x cr1'•ancicrs l1y¡>otl1/'.caircs, en fJUi
sig11ilie q11'il ne r>c11t ¡ias le lc111cl1Pr l11i-1111~111c, 111ais doit clo1111cr orclrc au
0

licrs alljuclicataire de le pa~·<·r <lircclc1r1cnt aux cr<'.·a11cicrs. JI 1t Pst ¡>as


1!011tc11x 1111'il cst tc1111 1lc la 1111\111e <>bligation, <¡11a11<l c'cst. lui f[Ui sn rcnrl
adjudicatairc. ()r, serait-il ad111issil>lc q11c la l1>i l'lililige:it ai11si it JJaycr les
pre111i<\rs cr{'.aitciers et it 1le1nc11r1·r, fa11t!) !l'avoir p11 !'aire la 11111·gc, Sfllls Je
co11¡1 tics ¡>011rs11il1·s lle ccux qu'il 11'a11rait }lll !li\sinti·rcss!it· i' Cctlc c¡111•slif11,
a rl!111111'. licu cepc11da11t :\ 1lc ,ifs <li':liats cla11s la 1lcH:tri11c, 111ais 1111 arr,\t clc:;
(:l1a111IJres r{•1111ies flc la Cour lln cassalio11 !lu r '.! ja11vicr 187(i (1). 11. 7G. 1.
fi::i, S. 7li.1.81) a cor1sacr{• la s<il11li1111 lltH1 11<>11s ,c11011s cl'cx1ioscr (Voir
aussi l\c<¡., fí 111ars 18\¡11, 1). 11. !)11.1.!1\)I, S. \¡:'1 •. 1.1l1!), tl<Jlc ele l\,f. \Val1l;
Civ., 17 111ai l!)O!), 1). 11• l!)(l!)·l-rl'..!I, s. l!)I:\.1.!1fi6').

i. 1·011s les arr~ls cités nn tcxtr onl élé rc>ndns 1\ l'occnsion rl'nnc quesliou qnc 11011s
'
HYPOTifEQUES '
ET PRIVILEGES IMl\lOlllLIEllS

2° Certains acquéreurs a titre particulier. - En principe. tous les


acquéreurs a titre particulier ont le droit de purger. llcu in1porte qu'ils
. aier1t acquis a
titre 011éreux 011 a
titre gratuit. Ce n'est done pas seule-
ment l' aclieteur, mais aussi le do1iatai1·e et le légalaire a litre parliculie1·
(V. e11 ce qui concerne ce dernier, Civ., 6 février 1889, D. 11• 89. 1.299, S.
89. 1 .385, note de ?\I. G. Demante), qui peuvent efl'ectuer la purge.
i\Iais la regle cesse de s'appliquer dans le cas ou le tiers acquércur est
obligé au ¡1aien1ent de la dettc garantie par l'l1ypothi~que, et dans cclui ou
il est obligé de rcspecter le contrat c1ui a donné r1aissance au privilegc ou a
l'l1ypotl1eque.
A . .4cquérelll'S obligés a1l paie,nent ele la dette. - '!'elle est la situation du
codébileur solidaii·e et de la cai1tion qui deviennent acquéreurs d'un in1me11-
a
ble l1ypotl1équé la sureté de la dette, soit par un de leurs codébite11rs, soit
par le dél1iteur ¡lrincipal. A q11oi le11r ser,irait-il de purger, puisq11'apres
la p11rge, ils pourraient ertcorc etrc, en tant que clél)ite11rs personnels ele
l'obligatio11, poursuivis s11r tous leurs )Jiens, y co111pris l'immcublc acquis
par cux et JJurgé ;i
13. Acr¡uércurs obli[¡és de respecter le co,ilrat qiii a llo1i11é 11aissa1icc rtll pri-
vilegc ou a l'liypotliequc. - 11 est bien évider1t qu'u11 lel acc¡uérc11r lle peut
pas dava11tage olJliger le créancier l1 recevoir un paien1ent partiel ou anti-
cipé, car, e11 ce faisant, il violerait l'ol)ligation qu'il a contractée.
\
11 faul do11c refuser le droit de ¡)11rger:
a) 1\. la caulio,i réelle ;
b) 1\ l'acq11ére11r d'un in1meuble demcuré dél)ite11r d11 prix, f}Ui, apres
avoir re,,cndu l'in1n1e11ble, l'aurait e11suite racl1eté. Cet acquére11r r1e pour-
rail évidc111111e11t purger le privilege clu ¡1rc111icr vcncleur clont il est encore
le dóllileur (V. l 1aris, !} j11illet 189:1, D. ll. !)3.2.569. 11ole ele i\I. de Loy11es,
S. 95.2. 137, note de i\I. Dal111bert).
'

Acquéreur sous condition résolutoire. - llie1111c s'oppose, e11 revan-


cl1e, ú ce que l'acciuérr11r sous co11ditio11 réscilutoirc pi·c1c1\lle a la llurge. ,1ais
or1 se dc111ar1de si ccllc-ci sulJsistera, ali cas oti, JJar la s11itc, Sflll clroil ele
¡Jro¡Jriót{: se troL1vc rt'·solu ¡1ar l'arriv{,e 1lc la c1i11ditic)11. l,a doctrine cléci1le
1ircli11airc111er1t q11e la 1)11rge es!. a11<'a11lie, ¡larce 11ue l'acl1et.cur es!. r1'1)uté
11'av1iir ja111ais óté llropriétairc du liiP11. :\lais c'cst la 11nc sfiluticJ11 llralil¡11c-
111cnl. i11déf'endable. 11 11c fa11l pas. 11011s l'avons v11, a¡J¡Jli<[tJCr sans 111es11re
la 111ilio11 1le rótruactivit{, 1lc la co11diticJ11. ('.elle 11oli1i11 11e c<i11slilue ¡las 1111c
r1'-gle alisolue 1¡ui clciive Pfl'a<,;er lo11s les acles 1iassés ¡iai· l'acq11ére11r. 11 11e
faut y rccciurir 1¡ue 1lans la 111es11rc <H'1 clic cst 11 tilc ¡i1iur assurcr le rcs1lcct
1les v1llcJ11t{,s des ¡1arli()S CfJ11lracla11tes. 11 co11vic11t, a11 co11trairc, de 111ai11-
lcnir les acles llHSSÍ!S ¡1ar l'acc¡11órcur fJtli 11e 111écon11aissc11t pas ccltc ir1tc11-

rencontrerons plus loin, it ¡,ropos de la lranscription 11uP <loil fairc l'ac11ut',rr11r avant
de co1111111•n,,er la purge. lis ont décitl,1 r111r. l'h, 1ritier htln, 1llciaire, qui s,· rPnd alljurli-
calairc ,1'1111 iln1n1•11hle htlri'·dilnirf', doit pnyr.r le ,lroit de transcription, l'll ,·ertn ,le l'ar-
ticle !i4 de la loi du 28 nvril 1816, 1111 1non1enl rn/\1111• ,le l'adjuJicntion, et cela parce qu'il
re11/rf! da11s /11 crrtégol'tC ,tes acq11éreurs autorisés iJ ¡1ur9er.
LIVfiE 111. - TITI\E II. - '
DEUXlE)IE P,\l\TIE. - CllAPlTfiE IV

tion. La loi ne nous e11 clon11e-t-elle ¡Jas l'exe111ple, c¡nancl elle 11011s clit c1ue
les actes d'acln1i11islratio11 fails par l'acq11éreur doivenl etre respectés par
le vende11r qui exerce le rén1éré (arl. 1673, 2• al.)? Or il faut évide111111ent
en elire autanl ele la purge. La jurisprueler1ce s'est clone bien 'garelée ele ton1-
ber dans les exagérations ele la Doctrine, et elle décide que la purge ell'ec-
tuée par 11n propri<itairc elonl le droit esl résolu, par exe111ple 1Jar 11n acl1e-
te11r aré111éré, subsiste 11onclbslant l'arrivéc ele la co11clitio11 résolutoire
(Req., 23 aoul 18 1 1, 1). P. 13.1.321, S. 71.1.118. -· Co111p. Civ., 13j11illet
1903, D. 1). 190;1.1.393, S. 190!1.1.!117).

- c~c•1••isitio11!!i ••e donua11t pas lie11


a 1·e11111loi ,le la •••••·1,;e.
Xo11s rangeo11s s011s cette rulJriq11e eleux groupes de cas qu'il faut bie11
clislinguer.
Pre,nier groLlJJe. - I.es aliénatio11s ele droils réels 11011 s11sceptilJles el'elre
venel11s a11x encl11.·res ,ie per,neltenl ¡>as l'e111¡Jloi ele la JJ11rge.
!Je11xie111e gro11¡1e. - (~erlai11cs aliénalions 0¡1ere1il ¡>1trge de ¡1lei1i clroil .

Premiar groupe: Acquisition de droits réels non susceptibles de


vente aux encheres. - Les créar1ciers 1Jrivilégiés ou l1ypotl1écaires aux-
r¡uels l'acc¡11ércur cJll're le prix or1t le elroil ele le refuscr el ele elerr1ander la
111ise a"1x e11cl11.~res ele l'i111n1eulJle. Si done l'aliénation a po11r o!Jjet 1111
droit réel i1111nobilier 11cl11 susceptilJle d'elre ver1d11 aux e11cl11\rcs, il n':, n
fJUS ele ¡Jurgc ¡icJs~ible. Di·s lor~, l'acq11<'.·re11r d'un <lroit 1l'LtSClfJe 0111l'/1r1lii-
/alio11, ele la 111ito,ve11111·lé 1!"1111 1n1tl', 1l'ur1e servil1zlle sur l'i1111ne1tlile l1_y¡Joll1é-
1¡1té, IIC pe11l }lllÍIIL e11 í'llllJloya11l la r>urgc lilJérer SOll tll't)il tics llrivilegcs
Oll l1y1Joll1i·r1t1es l[tli gre\Clll l'i1111r1ct1lJle.
11 fa11l c11 clir,• a11La11l 1111 cas ci1'i l'ali{·r1atio11 a11rail llOIII' olJjel t111c 1¡110/e-
JJarl i1tllil'ise ll,· l'i111111¡;1tlile, car l'arlicle :i:i<J;J el<'·cie\e e1ue la lJarl i11<livise 11c
pcul ¡>as ,\[re YP11e\11c aux <'11chi'·res. l'ar C<l11séc1un11t, le ccssio1111airc 11'11111•.
¡1r1rt i111lil'ise µ·reYée e\'h~11olhe<JIH'. ¡Jar le c{•1\a11l 11e lHiurrail ¡ias pr<Jc{·1lcr it
la ¡>11rge.
]~11 facc 1l1·s 1li,r·rscs alii'·11atio11s s11s,b;i'•es, les cr<'.•a11cicrs cc111scr,c11L i11lact
)1\11r gag<' l1y1loll1i'·cair1\ <'l la facultó d<' saisir l'i111111eul>lc. co1111110 si l"ali<:-
11alio11 11'aYail ¡>a~ c11 li<'II. t:ac1¡11ér<·11r 11'a <l<JIIC <¡t1'1111 111oye11 tic se 111cllr<\
ú l'alJri de lc11rs 1io11rsuil<•s, c'1•sl <le lc11r fairc acce11Lcr a111ial1le111c11l le
¡irix <lll la val<'11r cl11 <lroil ar;1¡t1is ¡¡ar l11i; n1ais il 11c JJClll ¡,as les y co11-
trai111lrc. l,a loi 11'a 1ias jug<'\ 11ue C!\S alii'.11ali<HIS fusse11l assez fr{'.qll<'lllcs
¡iour <1u'il ., c1'1l lie11, ir lcur occasi<lTI, ele 11orlcr all1:i11le aux 1lrliils eles
cr<'•anci<·rs l1~1Jolhi'·cair<'s c,u ¡irivil<'·gii'·s. •
l,a ¡111rg<' <'si, au co11lrair<•, ll<l~sil>le <lans Lo11s les cas <J1'1 <'lle 11<\ se l1c11rl<\
pas i1 J'11lJsl.acl1• ri':sullant <I<' l'i11111<1ssil1ilili': <le la vcntn aux <'11<·hi':rns. e:"
n·csl <lo11c 11as s1'.ulc111e11l l'ac1111<'·r<•ur tic la 1Jlci11e J>l'<lJlrit'·l{\ ele l'i111111<\1Jlil<\
1¡11i ¡icul y pr<lct'•clnr, 111ais aussi l'ac11uí1re11r 1t1,11e ¡111rccl/1i 1l1i C<!l i1111111i11.IJle,
el ccl11i c¡ui P-11 csl clcvcnu S<)Íl 11~ufr11ilier. soit 1111-¡iro¡1riél1iire. l)c 1111\111e,
'
IIYPOTHEQUES '
ET PHIVILEGES l111JODILIEHS
9íí
cncore l'acquéreur d'une source jaillissant da11s le fonds grevé d'll}'potheque
jouit de la faculté de purger (Grenoble, 25 juin 1892, D. P. 93.2.425, S. 94.
2 .257 ).

Deuxieme groupe: Aliénations opérant la purge de plein droit .


- Il y a des aliénations q11i operent p11rge ele plein droit, ou /Jltrge virluelle,
c'est-a-dire qui affrancl1issent définitiven1ent l'in1n1eulJle de toute charge
l1ypotl1écaire. Cela se produit dans q11atre cas :
A. l~renzier cas: Exproprialio,z pour cause d'utililé publique. - Il résulte
(le l' article 17, 3° alinéa, de la loi du 3 n1ai 1841 que le droi t des créanciers
IJrivilégiés et l1ypotl1écaires se transporte de plein droit sur le montant de
l'indemnité d'expropriation, et q11'ils n'ont, des lors, en aucun cas, la faculté
ele surenchi.'.re. On co111prencl aisén1cnt la raiso11 qui a fait édicter cette
regle. 11 n'est pas adn1issible c¡ne les créar1ciers puissent, au n1oyen d'une
s11rencl1ere, faire ve11dre l'in1111euble a11x e11cl1i·res, lorsqu'il doit f'ervir entre
les 111ains de l'expropriartt it un usage ll'utilité publique. I\Iais la loi donne
ici aux créanciers 11ne autre gara11tie; celle de 11e pas se co11tenter du prix
amiablen1ent demandé par le pro1Jriétaire, el d'exig·er riue l'i11de11111ité soit
fixée par le jury d'expropriation.
B. ,Seco,id cas : Adjiidicalio,i sttr saisie i11z1nobiliere. - Nous avons déja
expliqué ci-dessus que l'adjudicataire d'1111 i111111eulJle ve11clu sur saisie esta ,
!'abrí (111 droit de suite eles créanciers privilégiés 011 !t)'!Jotl1écaires, sans
avoir besoi11 d'efl'ectuer la purge it le11r encontre (art. 717, C. proc. civ.,
7' alinéa¡. Ce q11'il ,fa11t lJien con1prenllre, c'est que cet effet se produit uni-
quement en cas de ve,zte puhlique forcée. Q11and, au contraire, il ). a ve,ile
publique volo11laire, c'est-a-dire Iorsq11e la vc11te a Iie11 en justice it
l'amiable, par exemple, parce qu'il s'agit d'un bien de 111i11e11r, ou d'u11
i1nmeuble faisant partie d'une successio11 acceptée sous bénéfice cl'inven-
laire, ou encore en cas de licitation d'un i1n111e11ble indivis, l'adjudication
11e purge pas de plein droit les privileges et l1ypotl1eques. J.e 111otif de cette
¡{istincti(JJ1 cst que, a la dill'érence de ce qui a lieu c11 cas de ,·e11le pul)liquc
l'orcée, les créanciers ir1scrits ne sont llas relit'·s h l'aclj11dicalio11 s11r ,,ente
publiq11e vc1!011taire, et pc11ver1t, e11 consé(¡11c11ce, 110 pas la co1111aitre. Ce-
per1dant, il e11 esl dill'éren1me11t Iorsque l'adjudicatior1 pronc1nc{\e ii la suite
cl'u11e vc11le a1nialile en juslice ¡¡ été l'ol)jel cl'1111e s11re11cl1t'·re d11 sixii)r11c,
el s11ivic, par cor1sé(¡11er1t, d'une 11ouvelle adj11clicatio11. No11s arrivo11s ai11si
¡\ r1otre troisi1~111e cas.
C. Troisie,ne cas: Adj11dicalio1i s1ir st1re11c/1ere. - '1'01itc adjudication
s11r surencl1/ire, rne1r1e pro11oncée a la s11ile d'u11e ve11te volrintaire e11 j11stice,
p11rge de plcin clroit les privileges et l1y¡iotl1eques 1 • Cette regle se lrouve

1. Ch:idril, f)e la p11rge virtuelle des privileges el hypothér¡11ts, th<'~se Puris, 1902.
2. 11 y 11, dans notrc llrott, denx sortes de snr<•ncl1t.,rts:
n) La .~11re11chére du sixie111e du prix principal ,t,~ l,1 ,·ente, qui est la surC'nchere dr.
Droit cornntun, ouvertc il toute pt•rsonnc, i1 la suite ,!'une vente en jnslice íail<i arnin-
hlen1ent ou sur snisic ;
b) /,a ~ll•·enchere .du dixien1e, qui n'cst per111ise que dnns drnx cns: «) au ¡,rolll df'S
• créanclers hypothécnlres, auxquels l'acqn,!reur qui purgc ofl're le prix 011 la ,·aleur d1i
·ro,ne 11 02

978 LIVRE 111. - 'f!TRE ll. - DEUXIE~IE PAUTIE. - CIIAPITUE IV

el'abord énoncée dans l'article 838, 8• alinéa, du Code ele procédt1re civile,
pour le cas 011 l'adjudication sur surenchere est la s11ite de la procédure ele
la purge. Elle se comprend d'elle-n1en1e en pareil cas. 11 serait absurcle,
en efl'et, c1u'a la suite de la purge r¡ui vient d'avoir lieu, l'adjudicataire fut
obligé d'en recon1mencer une seconde; les créa11ciers n'ont éviden1ment
plus rien a prétendre, puisque le prix a été fixé a la st1ile d'une ve11te aux
encheres provoquée par l'un cl'eux.
Pour les autres aliénalions volontaires, la regle résulte el'un principe
énoncé dans l'article 710, :i• ali11éa, du Code ele procédure civile: (( Lors-
qu'une seconde adjudication aura cu lieu, aprcs la st1rer1cl1ere, aucune autre
surenchere des n1en1es biens ne pourra etre re<;ue. n Ce qu'o11 exprime par
l'adage: s1ire1icl1ere sur s11rencl1ere ,ie vaut. En efl'et, il n'y a plus d'espoir,
apres la s11rencl1ere, de trouver acq11éreur it 1111 prix plus élevé. Désorrr1ais,
les créanciers l1ypothécaires inscrits sur l'i111n1et1!Jle ne petrvent done plus
en demander la ve11te er1 juslice. Et, clós lors, l'acljuclicatairc se trouve clis-
pensé de la purge, puisqu'il esl it l'a!}ri des ¡}oursuites des créar1ciers.
D. Q11alrie111e cas: Adj11tlicatio1i JJro,ioncée ci la suite de la Jaillile.
a
Lorsqt1e, la suite 9-e la faillite d'un co1nmer<;ant et apres la déclaration de
l'état d'union qui suit le refus elu concordat, il est procédé a la ,,ente ele
ses in1meubles pour que le prix en soit réparti entre ses créanciers (art. 571
a 573, C. con1. ), l'aliénation se fait, non pas d'apres les forn1es de la saisie
immobiliere, lesqt1elles seraient ici inutiles, puisq11e les créanciers dt1 failli
sont forn1és en n1asse et représentés par le syndic, 111ais suivant les formes
prescrites pour la ,·ente des bie11s des mineurs (art. 572, i11jine, C. co111.).
Néann1oins, et bien qu'il ne s'agisse pas ici in terminis d'11ne aliénation sur
exproprialio11 forcée, la jurispri¡dence décide avec raison que l'adjudication
vautpurge(l{eq., 19mars 1851, D. P. 51.1.292, S.51.1.:.170; Civ.,3aout 186!1,
D.P.64.1.329,S.64.1.381;4jui11 1889, D. I>. 90.1.133,S. 90.1.65). 011
con<;oit aisén1e11t le motif de celte solution. Une telle vente présente pour
les créanciers autant de garanlics de ha11t prix que la vente s11r saisie des
bicr1s rl'u11 clébi tcur 11011 failli.

§ 3. - l<'ormallté ■ de 111 p1■ r{;c.

La ¡1re111ierc for1nalité consiste cla11s la lrci11scriplio11 cl11 litre <le I'acq11é-


reur. t:el11i-ci lioil c11suite Jaire l'o.Di·e (le so,i ¡irix <111.c cré<111ciers. l\1ais ici,
011 co111prcnd l{UC les for111alités doiver1l r1éccssaire1r1e11l varier, s11iva11t q11e
l'aute11r ele la purge s'udrcssc 11 des créc11tciers i,iscrils, ¡1ar consé(111c11t
a
conr1us lle lui, ou des créa,iciers 1101ii1isc1·ils (fc111111cs 111ariécs, perso1111es
e11 tutelle), do11t il pcut ig11orer l'exisle11cc. Le Iégislutcur a done éLé obligé
d'étnblir des regles spécialcs pour ces dcux l1ypoll1cscs.

,.

I'lnuneuble; ~) nu cns de vente des immeuhlr.s d'un fuilli sur la poursulte du syndlc
(urt. !i13, G. co111,).
11 scrnit préíJrable de fixer unlformément au dl1ieme, pour tous les cas, le taux de
la surench~re.
' '
IIYPOTHEQUES ET PRIVILEGES IMMOBILIERS 979
l. - Transcription du contrat d'acquisition.
D'apres l'article 2 181 du Code civil, les contrats translatifs de la propriété
d'i111meubles 011 de droits réels ir11111obiliers, que le ticrs-détenteur ,·eut
purger des ¡Jrivileg·es et l1ypotl1eques, doivent etre transcrits. C'est la pre-
n1iere formalité de Loute procédure de purge.
011 pouvait s'éto1111er ele rencontrer ¡Jareille disposition dans le Code civil
originaire. ~~lle avaiL été copiée s11r l'article 26 de la loi de brumaire an VII,
a u11 1110111ent ou, sans doute, les rédacteurs du Code croyaient encore q11'ils
adopteraient la p11blicité des n1utations d'i111meubles. Celle-ci n'ayant pas
été établie par e11x, la regle de l'article 2, 81 constituait u11e anomalie. La
transcription 11'avait aucune utilité IJien apparente, puisque l'acquéreur
devenait propriétaire erga om,ies du jour du contrat, et qu'on ne pouvait
plus prenclre d'inscription contre lui. C'était done une pure formali té d'ordre
fiscal 1 • ~Iais l'intéret de la transcri¡ition reparut avec l'innovation consacrée
par l'article 83!1 du Code de procérlure civile; et, aujourd'l111i, depuis la loi
du 23 n1ars 1855, l'article 2181 se trouve en con1pl<\te l1arn1011ie avec les
¡Jrincipes consacrés par cette loi. La transcriptio11 apparait en effet con1me
le prélude indispensable de la procédure de purge, parce que, seule, elle
arrete le cours des inscriptions nouvelles, et pern1et de déter111iner ,ze va-
a
1·ielur la si t11ation l1ypotl1écaire de l'ir11meuble purger.
'1'011tefois, le fait que cette disposition se trouve insérée dans le Code
civil a conduit certains auteurs a une singuliere interprétation d11 texte.
Comn1e l'article 2_ 181 exige la transcriptio11 de tous co,ilrals lranslatifs de
propriélé, on en conclut c1ue le tiers ac<¡uéreur doit y procéder, merne quand
s011 titre d'acq11isition en est dispensé par les pri11cipes de la loi de 1855.
i\.i nsi, cette loi n' obl ige pas l'l1éri tier liénéficiaire <¡ ui se rend adj udicataire
d'1111 i111111euble l1éréclitaire a transcrire, l'adjudication prononcée a son
'
profit ayant un caract<\re déclaratif, tJuis<¡u'il était déja, en tant qu'l1é-
ritier, propriétaire ele l'irr1111euble. Néa11moins, dit-on, si cet l1éritier liéné-
ficiaire, allrib11taire fle l'irnn1eulile, veut le p11rger, il doit transcrire le
jugen1e11t d'adjudication. 11 en rés11lte que crt I1<'~ritier doit, a1J n1on1ent d1i
l'aeljudicalio,1, pay1ir le droit dr transcription imposé en vertu de l'articlc :>4
,le la loi d11 :18 avril 1816, car ce lrxl<~ dt\clare <111e le droit de lranscription
a
sp per<;oil /1 !'avance lla11s l<i11s l<>s cas oi'1 111 litre <•sl de nalure llr<' lrans-
crit, et il 11e disling11e pas s11iva11t <¡11e la Lra11scriptio11 esl requise e11 vue
<le re11(lre l'aliénatio11
.
OJJJ>Osalile aux ticrs, ou e11 vue de .procéder aux for-
,nalilés de la purge (Vo1r l'arrel llcs Cha1r1bres ró11n.ics dr la Co11r (11'
<:assalic>11d11 1:ija11vicr 1876 ¡ir<'·cil<'•, 1). J>. 76.1.52, S. 76.1.81).
Si, au lic11 d'uu l1óritier bó11éficiaire, il s·agit du légalaire ¡\ litre parlicu-
lier cl'1111 imr11euble l1ypotlu~c1ué, il seml>le <¡11e cel11i-ci, a tout le 111oi11s, 11e

1. Tout au plus aurait-on pu dirc que la transcriplion, ou copie textuelle et publique


du lit.re tl'acquisitiun .ie l'auteur de la purge, perrnettait 11ux: créanciers ,l'étudier ce
titre. pour 'se 1·nndrc con1ptc s'il était hll'n v11h1hle ou, au contrnire, ne recélait pi1S 1les
causes dl• nulllté.
,
. LlV RE 111. - TIT RE 11. - DEU XIE' ~IE PAR TIE , - Cll, \PIT IIE IV-
980
po ur pro céd er a la pu rgc , avo ir bes oir1 de tra nsc rirc s011 titrC"
de, ·ra it pas ,
-di re le test a11 1en t). En eff et, l'ar tic le 218 1 r1'e xig e la tran scr ipti o11
(c'e st-a
po ur les con lra ts tra nsl ati fs de la pro pri été d'i1 11n 1eu ble s. Cepe11dant,
que
le pré tex te c¡11e
ccr tai ns aut cur s app liq uen t enc are ici l'ar tic le 2 181, sou s
er1tiellc de la
ce tex te con sid ere la tra nsc rip tio n con1n1e une con dit ion ess
nio11 qu i rc1Jose·
p11rgc. 11 ne nou s est pas pos sib le de no us ral lie r a cet tc opi
exc lus ive me nt sur des arg 11m ent s lilt éra ux.
i que la jur isp r11 den ce a déc idé que si le déf un t a lég ué 11n i111-
11 est vra
ind ivi sén 1en t a plu sie urs per son nes , cel ui des lég ata ire s q11 i, sur la•
n1e ubl e
n de l'im n1e ubl e, s'e n ren d adj udi cat air e, est ten u de pay er le dro it
lic ita tio
nsc rip tio n, par ce que son titr e est de 11a ture a etr e tra nsc rit en ver tu
de tra
l'ar tic le 218 1 (Ci v., 6 fév rie r 188 9, D. P. 89. r.2 29, S. 89. r.3 85. 11ote de
de
in1 pos é
1'1. G. De n1a nte ). ~la is nou s ne con nai sso ns pas de déc isio n qui ait
11e ¡Jro ¡Jri été
la me n1e olJ lig atio n au lég ata ire a titr e par tic1 1líe r de la plei
d'u11 imn1e11ble hy¡ Jot l1é qué ,

ieu rs
Ob lig ati on de tra nsc rir e les titr es de s pr op rié tai res an tér
nsc rit s. - De pui s la loi du 23 n1a rs 185 5, l'acq11ére11r qu i
no n én cor e tra
r do it tra nsc rire , no n seu lcm cnt son act e d'a cqu isit io1 1. r11ais les
,·cu t pu rge
d'a ct¡ uis itio n de ses aut eur s, s'il s ne l'o nt pas été . E11 <'ll'et, le ',<'n-
con tra ts
res te pro pri t'·ta i re au reg ard des ticr s, et les l1)· pot l1e que s 11<'es ele son
cle11r
rfp euv cnt ctr e i11 scri tes s11r l'in 1n1 cub lf', tan t r¡u e la V<'ntP n'e st pas lra11s-
clt
te. Si don e l'ac c¡u ére 11r qu i V<' tit p11 rgc r ne prc nai t pas cel tP ¡Jrt'·ca11tio11,
cri
i l s' cx:poserai t a ,·oi r app ara itre , pos t<\ rieu ren 1cn ta la pu rge ,
des i 11s crip tion s
rs tic cel11i-ci.►
d'hyJJOLl11\c¡11cs <'m ana nl, non ele son vendr11r, mu is drs autc11
inscri¡>Lions <111i l11i scraic11t opp osa ulc s.

11. - Fo rm ali tés qu e do it rem pli r l'a cq ué reu r


a l'é ga rd de s cré an cie rs ins cri ts.
cré ar1 cic rs i11 scri ls, el san s dis tin gu er s'il s'a git d'l1 ypo lh<';-
A l'ég ard eles
s (fe1111 11cs 111 arié es, pers o11 11c s en t11tcllc) llis pe1 1sé cs cl'i11sc ri¡Jtici11,
1¡11cs li•gale
scr iles c11 fai t, cl'l1 ypo tl1i )llll es sou111 ises h l'i1 1sc ripl io1 1, la ¡¡roct':-
,ua is i11 011

clurc csl ain si rí•gl<'•c :

, • Pr em ier e ph ase : No tifi cat ion s ad res sée s a ch a e un de s cré an


cie rs.
ins cri ts. - Ces 11cilif1cations on l 1111 ,loul>lc o!J jel:
I•:lles 111 c11 lion 11c 11l ll'a lio rd l'of fre <le pay e1· le JJl'Í:1; e11tre les 111ai11s (/es
,\)
Cl'l1a11ciers \ar l. 118!1).
11ti e11n e11t e11 011 trc les é11 onc iatio11s 111 !ces sair es 1101,r re11 seig111•r
!~) Ell es CLJ
le.~ c1·é 1111 l'ie1·.1· s1,1 · la sit1 1ati o11 lt.YJ 1olh é1:r 1ire de l'i111111e 11IJ /e, el les
eJ;r1cle111e11/
sit1 1ali o11 <le tlbc irlc r s'il s <ilJ ivc nl acc epl cr ri11 rcf use r l'1J ll'rc c¡11i
111eltrc c11
lc11r csl atlr css éc (ar l. 118:1).
cle 8:í:.i ll11 Coc le 1lc ¡>r< >c<' :<l11rc civ ilc 1101 1s dit c¡11e ces 11r Jlil1catio11s
J~·arti
so11t fai les par 1111 l11 1iss icr cti1 n11 1is a cct ell' cl, s11r si11 1¡il e rcc¡1u'1 e, 11ar le
si1\c11 l tlu trib 111 1al civ il ele l'arro1 1di sse 1r1 c11 l 01'1 clic s <J11 t licu . ¡;;!les tloi -
J>ró
'
IIYPOTIIEQUES '
ET PRIVILEGES l~l.\lOBILIERS 981
vent co11Lenir constitution d'avoué pres le tribunal ou la surenchere et l'or-
dre clevront etre portés.
Les notifications doivent etre adressées a cl1acun des créanciers inscrits,aux
<lomiciles par eux: élus dans leurs inscriptions (art. 2183, 1•• al., in fine).
Si l'un des créanciers avait été omis, la purge ne serait pas pour cela
frappée de nullité; elle conserverait ses effets a l'égard des autres. Quant
au créancier 0111is, la loi le traite différemme11t, suivant que l'omission est
imptitable au conservateur des hypotheques ou au tiers acquéreur:
Est-ce le conservateur qui est cot1pable, parce qu'il n'a pás fait figurer
une des inscriptions dans l'état délivré par lui au tiers acquéreur, l'immeu-
ble est purgé de l'hypotheque du créancier on1is con1n1e des autres. La loi
accorde seulement au créancier le droit de se faire colloquer sur le prix, tant
que l'ordre n'est pas clos (art. 2198), et, s'il arrive trop tard, il lui reste
u11 recours en responsabilité contre le conservateur (art. 2197 ).
Si l'erreur a été comn1ise par le tiers acquéreur, le créancier conserve son
droit d'hypotl1eque sur l'immeuble. Il pourra done, s'il est prévenu, en fait,
de la purge, se présenter a l'ordre et obtenir sa collocation ; ou bien, s'il
n'est pas prévenu, il conservera son droit de suite sur l'immeuble .
.
A. - Oft're de payer. - C'est la le but principal des notifications. L'ac-
quéreur déclare qu'il est pret a acq11itter, sur-le-champ, les dettes et charges
l1ypothécaires, sans distinction des dettes exigibles ou non e:¿;igibles, mais
jusqu'a concurrence seulement du prix, s'il est un acheteur, ou de l'évalua-
tion de l'imrneuble, s'il est un donataire ou un légataire ou encore un
écl1angiste.
Le liers acquéreur offre de payer s1i1·-le- cliamp. Son offre doit done etre
pure el sin11>le; il ne peut pas la subordonner aux: délais de paiement sti-
pulés en sa faveur dans l'acle de vente. La loi ne lui permet pas de modifier
les regles de la purge, en préten'dant se prévaloir, vis-a-vis des créanciers,
eles stipulations de son contrat d'acq11isi tion qui sont, pour ceux-ci, res ínter
alios acta (Civ., 5 février 1900, D. P. 1900.1.219, S. 1901.1.77). Le tiers
acc1uéreur 11e po11rrait pas, 110Larnment, i nvoquer une clause qui lui permet-
trait de déduire du 1Jrix le 111onlanl des frais dont le paiement lui incombe
aux ler,nes de l'article 159a du Corle civil.
En revar1che, le tiers acq11éreur n'a pas a tenir comple des dates d'é-
chéance des diverses créar1ces l1ypolhécaires. Les créanciers a terme sont
obligés de 1>re11drc parli <lar1s le 1ncn1e délai q11e les autres. La loi veut
c¡uc l'cfl'et ele l'offre 11e soit retardé, r1i du coté de l'offrati.t, ni du coté des
créanciers. ]~lle désire que 1'011 aboutisse sans retard.
1~111111, l'o.ffrc doit étrc i,ilégrale, ce qui sig11ifie qu'elle doitcornprendre le
prix lo11t e11tier, lorsc¡11'il y a prix. L'acquéreur 11e peut pas prétendre en
reten ir t111c ¡>artie, so11s prélexte c¡u'il e11 serait libéré par l'efl'et de la com-
pe11salio11 légale.
a
1,orsquc l'acquérc11r 11'esl pas ur1 acl1eteur, mais un acquéreur litre gra-
ltrit, il est lillre, a11 co11trairc, de faire l'évaluation co111me bon lui semble.
J,'article 2183-1° i,ifinc ne lui i111pose auc11n contrcJle. Les créanciers sont
suffisa1r1n1cnt gara11tis, aux yeux de la loi, par leur droit de surencl1crc.
LIVRE 111. - TITRE 11. - '
DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE IV

• Caraetere j11ridique de l'offre. - L'olfre n'est pas une simple pollici-


tation, qui ne lie l'offrant qu'autant. qu'elle s'est transformée en contrat
par l'acceptation de l'autre partie. c·est un véritable ertgagement par acte de
volonté unilalérale. L'acquéreur ne peut done pas la rétracter ¡lar sa seule
volonté; il est obligé des l'émission de l'ofl're envers les créanciers. Si cette
solution n'est pas écrite dans la loi, elle résulte de ce fait que les créanciers
out la faculté d'accepter ou de refuser pendant un délai de quarante jours.
Le tiers acqtJéreur s'engage done nécessairement pour la durée de ce délai.
On ne comprendrait pas. du reste, qu'il put arbitrairen1ent arreter la pro-
cédure qu'il a ouvcrte (V. Civ., 9 avril 1878, motifs, D. IJ. 78. 1 .372 , S. 78.
1.319; Trib. civ. Seine, 16 mai 1893, D. P. 93.2.553).

B. - Enonciations destinées a faire connaitre aux créanciers la


situation hypothécaire de l'immeuble. - L'article 2183 énumere les
énonciations qui doivent etre insérées dans les notifications, a fin de permet-
tre aux créanciers de se prononcer en connaissance de cause. Elles sont de
trois sortes :
a)_ U,i extrait da til1·e cfacquisilion de celui qui veut purger contena11t:
a) La date et la (flliilité de l' acle, le nom el la désig1iatio11 précise clll ve,i-
deur Oll du donateur; cela, afin que les créanciers puissent vérifier si le
requórant cst bien en-droit de purger;
¡3) La naitl1·e el la sil1lalion ele la cliose (lonnée Oll vend1ie, et, s'il s'agit
d'un corps ele biens, la elénon1i11ation génóralc seuler11cnt elu domaine et
des arrondisscments clans lesquels il est situé.
a
Si le contrat d'acquisition compre11cl la fois des me11bles et eles im1neu-
bles, ou plusieurs in1me11bles, clonl les 11ns sont l1ypotl1éc¡t1és et les autres
'
ne le sont pas, il faut ¡>rocécler a u11c Yentilation tlt1 prix ele cl1aquc bien,
a
afin que le cré)ancier sacl1c exacte111ent qt1el cst le p1'ix afl"érent l'ir11111e11-
hle sur leq11el il a l1ypotl1ce¡11P (art. ::i 192). Cctlc Yentilation est in1¡lost'•c
' .

sous peine ele nullité (V. la note tlc 1\1. César-Bru sous 'l'rilJ. civ. ele Vanncs,
17 111ars I\J0!1, D. {>. 19ot,.:i. I\J3).
-yl Le JJrix el les cliarges Jaisa,it p<irtie dti JJrix. nii l'é1•<1lualior1 de t,i cltose,
si elle a été donr1ée. })ar" cl1arges faisa11t parlie tl11 1irix n, le lexle vise to11-
tes les so111111es ciu ¡ireslations c¡ue l'acc¡11c'~rc11r s'esl oliligé tle 1iayer e11 sus
d11 ¡>rix 1>ropreme11t elit, ¡1ar exe1111ile. le r1aic1111)11l eles co11tribulio11s elt\ji\
6cl111es avar1t sor1 cr1lr{!c e11 jo11issa11cc, les s1Jn1111es c¡11'il eloit re1nl1ourser
pour frais de c11lt11re et de se1r1e11ces, la rente viag-t'!re sti¡i11lt'•e 11ar le vcn-
det1r a11 profit tl'un liers, clc ... 'l'c>ulcs ces 1ireslalio11s f'o11t en ell'et partic el11
prix; clics vic11ner1t s'y ajtiuler.
(J11a11t a11x frais f{lli 'i11cor11lie11l 11or111ale111011t ¡'¡ l'ac1¡11ére11r, <lr<Jils ele
· m11tatio11 el cl'cnrcgislre111ent, frais <l'aclcs, ce 11e scJ11l J>as eles cltnrg-cs 1l11
prix, car ils ne s,1r1t ¡ias 1iayós f!ll l'acc111il 1111 ve111lf!11r el 11c ¡1rofilc11l ¡ias,
par co11sé1111er1l., :'i ce 1lcr11ier (V. la 11ole ele ~1. 1le Loyr1es so11s (~iv., 1!1 110-
ven1}Jrc 189/1, D. l'. !)!i.1.ü1!1, 11•• 1 et :1).
b) Uri exlrait (le la trar1scri¡Jlior1 1le l'<tcle 1l'acq11isilio11,
e) Vn tab'leazt des ir1scriptions [Jl'eva11l r i1n111e1ible. La loi exige que ce

,

HYPOTHf;QUES ET PRIVILEGES l~I~fOBILIERS 983 •

tableau fasse connaitre exactement le montant des cl1arges hypotl1écaires.


Elle prescrit, er1 conséquence, de le dresser sur trois colon11es, ainsi coni;ues:
· l)ales des h;ypol heques :\'onis eles créanciers Jfonlant des
et des inscri¡Jtions créances inscrites

Le créancier verra ainsi aisén1ent si la son1me ofl'erte suffit ou non a le


désintéresser.

Deuxieme phase. - Option des créanciers dans les quarante



jours de la notifi.cation. - Dans les q11ara11te jo11rs q11i strivent la récep-
tion de la 11otification, cl1ac1ue créancier doit opter entre l'une 011 l'autre de
ces alternati,·es: ou accepter le prix offert, ou requérir la n1ise ele l'imn1eu-
lJle aux e11cl1eres et adjuelications publiques (art. 2185, re' al.).

A. - Premier parti : Acceptation de l'o:ffre. - C'est le parti que


pren11ent le pl11s sou,·ent en fait les créanciers, soit parce q11'ils n'ont pas
l'espoir d'o!Jtenir d"11r1e vente en j11stice un prix pl11s élevé que la somn1e
oll'ertc, soit parce q11'ils llensent que l'excéder1t qu'ils obtie11clraie11t suflirait
sculcmerrt a couvrir les cl1arges qui incomlJeront a
l'adjuclicataire, les-
quelles sont assez lo11rdes comme nous le verrons.
L'acceptation eles créanciers 11'a pas !Jesoin d'etre expresse. )~lle rés11ltc
de ce fai t q11'ils laissent passer le délai ele q11ara11te jours sans req11érir la
n1ise atlX encl1eres.
1\. l'expiration. de ce clélai, le requérant sera done obligé, vis-a-vis des
créanciers, ele payer le prix entre le11rs mai11s. i\Iais, le plus souvent, il ne
paiera pas directen1ent: il consignera jusc¡u'a11 n10111ent 011 la procédure
d'ordre sera close. L'article 2186 co11state, e11 ces ter111es, cet efl'et de l'ac-
ceptation : (( /\ cléfa11t, par les ~réanciers, el'avoir requis la n1ise aux enche-
res cla11s le dólai et les forrr1es prescrits. la vale11r ele l'immeulJle demeure
cléfir1itive111er1t fixée a11 prix stipulé dans le contrat, ou cléclaré par le nou-
vea11 prOJlriótaire, lcr111el cst, en co11s{'.q11ence, lilJéré de tout privilógc et l1y-
potl1eque, e11 payar1L lccliL prix aux créanciers q11i seront en orclre ele le rece-
voir, ou e11 le cor1sig11ant. n

A partir de quel moment sont dus les intéréts du prix? - I~a


q11esti1ir1 a étó f'<Jrl cliscul<'ie entre les a11Le11rs el a suscitó clivorses répo11ses.
(~crlains 011t tJréte11cl11 c¡11e le rcc111éranL doiL les inL<~rets a co111¡>Ler d11
jo11r <le la ve11le. ¡>arce 1¡11'ils sonL J'accessoire d11 ¡irix. ·~Iais c'c\Lait 011IJlier
<¡11e les cróancinrs 11'011t a11c1111 drc>iL a11x revcn11s de la cl1c,se LanL <111'ils 11e
l'o11L JJas saisie. 1\ <¡11el Litre réclarr1erain11L-ils les fr11its ~ 11 faul do11c re-
1>011sscr ce lle s<>l11Lio11, et réso11clre 110Lre t¡11eslior1 par la clistinction sui-
van to :
Si 111 Liers acq11óre11r ne s'csL clécicló á fuire la ri11rge <111'aprcs avoir rer1i
a
,J1¿ crér111i:ier 1111e sor11111alio11. ,le Jl<tyer 1i11 délaisser, c'esL }Htrlir de cetle
Mom1nati<>r1 c111'il tloiL les int<'·rels. L'arlicle :.i 17li tlc!cide e11 ell'et 11ue lesfruits
de l'i1nff1e11ble sonl d11s aux créu11ciers ¡\ compter de ce jour. ()r, er1 accop-

984 LIVRE 111, - TITI\E 11. - DEüXIE~IE P.-1.I\'l'IE, CJIAPITl\E IV

tant l'ofl're du prix, les créanciers ont re11oncé a leurs droits s11r l'imn1euble
a
et consenti les transporter sur le prix : celui-ci se tro11ve do11c substit11é
a l'immeuble.
Si, au contraire, le requérant a fait les notifications ava,it to11ie pours1ziiG,
a
les intérels courent a partir des noLifications: c'est partir de ce n1on1ent
crue le détenteur se recon11ait débiteur du prix, et crue le droit des créanciers
est transporté de l'i111n1euble sur ce prix (V. Civ., 9 aout 1859, D. P. 59. 1.
346, S. 59.1.785; Bordeaux, 21 février 1893, D. P. 93.2.361; Grenoble,
20 janvier 1894, D. P. 94.2.473, note de 1\1. de Loynes, S. 95,2.201, note ele
M. Dalmbert, P. Fr., 1895.2. 193, note de 1\1. Cl1arn1ont; Civ., 6 n1ars 1900,
D. P. 1902.1.305, note de l\I. de Loynes, S. 1901.1.281, note de l\f. Ferro11).

B. - Deuxieme parti: Réquisition de mise aux encheres. - Si les


créanciers 11e trouvent pas l'ofl're suffisante, ils doivent, <la11s le délai de
quaranle jours a date,· de la noiiflcalion, requérir la n1ise de l'imn1euble
aux encl1eres et adj11clications publiques (art. 2185 ).
Ce droit appartient a l'un cruelconque des créanciers inscrits s11r l'in1-
meuble.
11 est soun1is aux deux conditions suivantes:
a) Le créancier crui rec¡uiert la vente en justice doit s'engager dans ladiLe
réquisitior1 U porler le prix a Ull dixierne e,i SllS de celtii qui a élé o.fferl.
C'est la surenchere clu clixieme.
b) 11 doit ofl'rir, da11s le 111e111e acte, de donrzer caulio,z jusc¡u'a concur-
rence dú nouveau prix ai11si fixé et des cl1arges qui incombero11t au surer1-
. chérisseur. La loi ne ,·cut pas, en efl'et, e¡ue · pareil engage111e11t soit pris a
la légere.
La réquisition de n1ise aux encl1eres est faite par exploit d'l111issier et
contie11l constitution d'avoué, comrr1e la 11otification elle-111e111e (art. 838,
C. proc. civ.). L'original et les copies de ces exploits doivent ctre signés lJar
le créancier ree¡uéra11t ou son fondé de procuration expresse (art. 2185-4°).
La réquisitio11 est sigJ1ifiée: Gt) au no11vea11 ¡Jropriétaire, c'est-a-dire á
l'auteur eles oll'rcs; ~) au précédent JJro¡JriéLairc; ,) au clébitc11r principal,
s'il n'cst pas l'a11leur direct du détenteur actucl. 11 i111porte, er1 cfl'ct, ele ¡Jré-
vcnir ces <lcux clcrr1i1')res perso1111cs, car la rnisc a11x cr1cl1eres va les ex1Joscr
a Ull l'CCOlll'S er1 garantie (art, :i 185, 1° el :1°).
Ces cor1clitio11s ele forrnc sor1t substa11ticlles. l~,1 cfl'cl, l'arlicle 2185 i,t
fine sanctio11ne par la 1111lliLé l'ir1observalio11 tics forr11alités 1111'il ¡>rcscril.

Effets de la réquisition de mise aux encheres. - Ccttc réc¡uisi Lior1 11c


peut plus ctrc rctiréc par.Je créar1cier c1ui l'a faite. Cl1a<1uc créa11cier acc¡11icrt,
a
en ell'et, 11 partir ele ce mo1nc11t, le droil de se fairc s11l>roger la pours11itc
con1r11e11cée, si le s11rencl1érisse11r n'y dor111e ¡ias s11i te daris le 111ui.~ de la
ré<¡uisilion. La subrogati1J11 a lic11 en cecas a11x ris11ues et ¡>érils (111 s11rc11-
cl1érissc11r, sa ca11tion cor1tir111ant ¡\ 1':trc obligée (art. 8:33, C. ¡>r<Jc. civ.).
Bicr1 pl11s, le créar1cie1· 11c sa11rait arreter les efl'cts 1lc la s1rrc,1cl1erc,
mcmc e11 ofl'rant de paycr sa so11rnission. (1 Le clésislcn1e11t <l11 créar1cicr
' '
IIYPOTflEQliES ET Pl\IVILEGES l:\l~[OllILIEI\S 985
requérant la 111ise aux encl1eres, <lit l'arlicle 2190, ne peut, 111cn1e <¡ua11d le
créancier paierait le montant de la s011n1ission, en1pecl1er l'adjudicatio11
publique, si ce n'est du consentement expres de tous les autres créanciers
hypot\1écaires. » Les créanciers ont, en efret, 11n intéret évident a ce que la
mise aux encl1eres ait lieu; non seulement ils peuvent compter sur le n1on-
tant de la surencl1ere; n1ais, de plus, ils ont l'espoir q11'il se présentera
d'aulres encl1érisseurs.

Formes de la reventa. - La revente sur la s11re11cl1ere clu clixie111e se


fait suivant les formes établies pour les expropriations forcées, ala diligeuce
soit du créancier qui l'a requise, soit d11 nouveau propriétaire.
Le poursuivaut énonce dans les afficl1es le prix stipulé dans le contrat.
ou déclaré, et la somme en sus a laquelle le créancier s'est obligé de la
porter ou faire porter (art. 2187).

III. - Formalités que doit remplir l'acquéreur qui veut purgar a


l'égard des créanciers a hypotheques occultes.
On se souvient c1ue, bien que non inscri tes, les h}·poll1ec1ues des fen1mes
mariées et des personnes en t11telle sont opposables au tiers acquéreur.
Celui-ci, q11i peut ignorer leur existence, se trouvera ainsi dans l'impossibi-
lité de faire des notifications a11x créanciers qui en sont munis. De la, lors-
<1u'il recourt a la purge, l'impossibili té d'employer les for1nes de la procédure
ordinaire dont la caractéristique réside dans les notifications, et la nécessité
d'err1ployer des forrr1alités de publicité destinées a prévenir les créanciers
a l1ypoll1óques occultes et a les détern1iner a prenclre inscription. Le Code
civil a clone 1nainter1u en celte rnatióre le sysleme c¡ue J'édit de 1771 avait
a
instil11é pour neltoyer l'irnmeub,le, une époc1ue ou toutes les l1ypotheques
étaient occultes, et il organise une procédure tres différente de celle que
nous avons ét11diée jusqu'ici.
011 désig11e <¡uel<¡11efois cette procéd11re s1Jéciale sous le nom de ¡11trr¡e des
hy¡1oll1c1¡lles légales, ou me111e, par abréviation, de ¡1urge légale; n1ais il va
de soi q11'elle ne s'appli<¡ue q11'a11x l1y¡Jotl1ó<¡ues légales dispensées d'i1zs-
Cl'i¡1lio1i, el llatts le cas sc1ile1ne1zt oii, e,z f ail, elles tt' o,zt pas élé i,zserites.

1° Premiare phase: Publicité (art. 219!1). - La prernióre pirase de la


a a
pttrge légrilc con1pre11cl les formali tés deslinées porle,r la con11aissance
<les créa11ciers 1nur1is cl'l1ypoll1eques nor1 inscrites la procédure entamée par
le liers acc111óre111-. Ces forrr1alitós sonl les s11iva11les:
A. - I,e tiers ac<¡ucreur dé¡>ose au grefl'e du lrib11nal civil du lieu de la
sit11alior1 eles bie11s 1111e eo¡1ie collatio1111ée, c'est-a-dire faite sur la r11inule ou
l'origi11al de l'acle, du co11lrat tra11slalif de ¡1ropriété.
B. - Un exlrnit 1le ce cc>nlrat est afjiclté ¡1e1ida1it de11x mois dans fauditoire
du ll'iúu,ial. Cet extrail. 1lesti11é :\ J>réver1ir les intéressós, c,1r1tient les 111emes
mc11lio11s r¡ue celles <111i sor1t {inor1cées cla11s les r1otificalior1s adressées aux
créa11ciers i11scrits, c'cst-i't-clire: a) la <late, les non1s, prénoms, professions
986 LIVRE III. - TITRE II. - '
DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE IV

et clomiciles des contractants ; b) la désignation ele la 11ature et de la situa-


tion des biens; e) le J)rix et les a11tres cl1arges de la vente, ou l'évaluation de
a
l'in1n1euble en cas d'acquisition titre gratuit.
a
C. - loe tiers .acquére11r sig,iijie la fen1n1e de son auteur ou au subrogé
tuteur du pupille. lorsqu'il les connait, ainsi q11'au procureur de la Répu-
blique pres le tribunal. le dépót qu'il a eil'ectué.
Cette troisieme formalité est la seule vraiment efficace, et il eut été beau-
cou¡i J)l11s simple, lorsque le tiers acq11ére11r connait l'existence des créan-
a
ciers l1y1Jotl1ec¡ue légale, de lui in1poser l'olJligation de leur aclresser une
notification co1nme aux créanciers inscrits, notificatio11 qui les .eut beaucoup
.
mreux . '
rense1gnes.
Quoi q11'il en soit, la signification devient in1possible quand l'acquéreur
ignore s·il y a des l1)·¡)otl1eq11es légales, ce qui est souvent le cas. U11 avis d11
Conseil cl'Etat eles g n1ai-1•r jui11 1807 a 1irescrit, en cette l1y1Jotl1ese, d'en1-
plo)·er les forn1alités suivantes. loe tiers acc¡11ére11r cléclare, cla11s la significa-
tion qu'il adresse au 1Jrocure11r de la l-\t'•¡iulJ!ic111e, ne pas.con11aitre les créan-
a
ciers J1y1iotl1eque légale. En 011 tre, il fai t insérer la sig·nification dans le;;
jour11aux cl11 clé1iarte1ne11t cl1argés eles ar1nor1ces j11cliciaires.
If y a bien des cl1a11ces, cin le comJJre11cl, ¡1011r q11e ce 1node de publicité
i1npersonnelle ne prévienne pas efl'ecti,·e111ent les intéressés. Aussi, le tiers
acquéreur ne doit-il s'en conter1Ler que 1¡ua11(l il 11e les co,inait pas el 11e pe1.1l
pas les co11nailre. Il doit done faire les recl1ercl1es nécessaires JJour se rensei-
gner; sir1on, le défa11t de sig11ilicalio11 ¡ierso11nelle an11ulera la ¡irocécJurc

(Civ., 14 janvier 1817, D. .J. G., Privileges et liy¡Jot/1., 2249, 1°, S. cl1r.; Pau.
23 juin 1884, D. P. 85.2.253).

'.!
0
Deuxieme phase: La de11xie111e }Jitase de la purge légale Cülll)ll'eJJd
a
les forn1alités par lesc¡uelles les créar1ciers hy1Joll1eques occulles, rt'·putés
toucl1és ¡Jar la publicitó prócéde11te, fo11L valoir leurs clroits, el faule des-
quelles ils en sonl déclarés clécl1us.

Délai de deux mois pour prendre inscription (arl. l>ans les


:11 ~l'' ). -
dci11x 1r1ois c111i s11iver1L l'cx1iositio11 d11 co11Lral, les créa11cicrs intéressí:s 1loi-
ve,1l i11s1:rire le11r !t,YJJo/l11\1¡11e.
,',' ils ¡1rc1111e11l i11.~1·ri¡,tio11., i ls s1i11 L dós lors as:-;i 111 ilts a11x a II tres cri'•a 11cinrs
el 011t ccH11111e eux le clrciiL clP fairP surc11cl1óre. i\fais (JU acl111el c¡u'ils ll('
jo11isscr1L ¡>as l)<lllr cela cl'1111 111¡11vca11 1lélai ele c111ara11Lc jli11rs. lls doive11l
surer1cl1érir, lorsq11'iL" 1ire1111c11L ce ¡iarti, <lar1s les cle11x 111uis qtri le11r so11t
i111¡iarlis plltII' s'i11scrirc.
S'ils 11c ¡1r111i1ie11l JJCIS i11scri¡1lio11, l'i111111e11lile csl ¡H1rgc':; il ¡iassc i1 l'acc¡11c'·-
re11r, diL l'arliclc :11¡¡:i, 1••· al., sans a11c11ne charge, it raiso11 <les ll11Ls, rcpri-
ses <'l. C(J11vn11Li1111:,; 111alri1n<inia!Ps ele la fc111111e, 1>11 <le la gcslici11 clu t11Lc11r.
111ais l(t ./i:,11111e 111ariée, le ,11i11eur, l'i11lcrúit, lli11si tléc/111s 1le lc11r 1lroil 1/1:
suite, ¡ie1·1le11t-ils ,'r11.1/c111e11l le 1lroil ,le se ¡1résc11ler 1't l'or(/re, ¡1011r ,:t,·e collo-
<Jués u.u l'<Llt!J <le lc11r 1t.•v¡Jolh1'q11e :> La c¡ucslion 11·avail ¡ias c':Lú ¡irc'•v11n ¡iar le
Codc civil el <lo1111ail lio11 il co11troversc. La Co11r <le cassulio11 s'éLail 1iro-
'
lfYPOTHEQUES '
ET PRIVILEGES IM!\IOBILIERS

noncée contre le maintien du droit de préférence. La loi du 2, n1ai 1858 q11i


a modifié le Code de procédure ci,,ile, a décidé, au co11traire (art. 772,
5e al.), que le droit de préférence survit au projit des intéressés, mais a une
double condition:
a) Qu'un ordre soit ouvert dans les trois n1ois suivant l'expiration dt1 délai
de l'article 2195 (deux 1nois a partir de l'exposilio11 d11 contrat), les créan-
ciers a hypotl1e(1ue occulte ayar1t, bien entendu, le droit de provoquer l'ou-
verture de cet ortlre ;
a
b) Que les créanciers protluisent cet ordre dans le délai fixé par l'ar-
ticle 754 du Code de procédure civile, si l'ordre est judiciaire, ou avant la
clóture, s'il est amiable 1 •

Collocation des créanciers a hypotheques légales. - La présence


a
des créanciers hypotheques légales '"ª
con1pliquer le reglen1ent de l'ordre
a raison cl11 caractcre éventuel, indéter111iné, de leurs créances. S'ils so11t
primés par des créanciers antérieurs qui absorbent la totalité du prix. il n'y
a
a pas de difficulté, puisqu'ils n'ont droit rie11 (art. 2195, 2' al.). l\fais il
n'en est pas de mc111c s'ils viennent au JJren1ier rar1g. Exan1inor1s cette l1y-
potl1ese, en distinguant suivant qu'il s'agit de personnes e11 tutelle ou de
femmes mariées.
A. - La situation est particulicren1ent con1pli(1uée en ce qui co11cerne le
mineur et l'inter<lil, car toutes les créances de ces derniers prennent rang a11
· jour de l'ouverture de la tulelle, et on n'en co11naitra le montant exact qu'au
jour ou la t11telle sera finie. Com1nent done procéder? Le n1ieux serait évi-
demment d'atte11dre le n101nent ou les créances eles créanciers e11 questio11
seror1t déflnitiveme11t déter111i11ées et ele consigner le prix jusqne-li1. l\lais il
est inutile d'insister sur les i11co11vénients d'u11 ¡Jareil retard. Les autres
créanciers, auxquels on in1pose,la purge, ont éviden1me11t le droit de de-
a
mander etre payés sur-le-cl1a1r1p. C'est pour eux la j11ste compensation de
l'atteinte portée ú leurs droi ts. Aussi la praliq11e a-l-elle i1naginé une solution
qui co11cilic la11l IJien que 111al les intérets en présence. 011 distribue a11x
créa11ciers de créa11ces actuelle111e11l déter111inées le [Jrix ele l'i111n1euble, a la
charp;e ¡Jar e11x d'ofl'rir 1111 gage l1ypotl1écairc 011 1111e ca11tion s11ffisa11Lepour
a
la gara11tie des rcstit11Lions óver1luelles faire a11 111ineur 011 ú l'i11lerdit,
lors lle la rclldilio11 du co111¡ile de lulelle (Civ., u ja11vier 1855, D. 1>. 55.
1.:.18, s. 55.1.1:15).

1. Cettn survie du droit de préf11rcnce n'cst pas sans danger pour les créanciers ins-
crits, car il peHt nrriver que ceux-l'i soirnt tron1pés par la non-inscriplion des hypoth1•-
c¡ues légalr.s. et, cornptnnt l\tre payés sur le prix oll'r.rt, n11gligent rle raire une suren-
1:here; puis ils sr. vcrront ensuitn opposer Ir, droit de préfércncr. Aussi In prujrl voté
par le Sénnt supprirne t-il c11tte fuveur, et décidr-t-il que IPs crénnciPrs /1 hyputlu\ques
légales qui n'ont pus pris inscription dnns le délai llxé, perdent, en 111én111 ternps que le
droit d1! suite, le droit dtJ préft'•rpnr,e. -
Le texte projeté ujoute que le l11\rs-détenteur doit purger les hypotlu'!ques occultes
uvnnt de rernplir les forrnalités ,t,i pnrl{P des hyputhr.ques inscrites. 11 irnporte, en effet,
a
que les r,r,1anciers lnscrits r,onnnissent, au rnornent 011 ils sont appelés opter, les hy-
pothcques légales c¡ui leur sont opposables.
'
988 LlVRE III. - TITRE II. - DEUXIE~IE l',\RTIE. - Cll,<\PITRE IV

B. - Pour les fe1nn1es niariées, la situation est difl'érente, parce que le


rang de leur hypotheque varíe sui,•an t la catégorie a laquelle appartiennent
leurs créances. 11 convient done de faire des distinctions:
a) Si la fe1nme 11' a pas actuelleme11t de créance contre son mari, elle n'a
droit a auc11ne collocation. Elle ne peut pas demander, notamn1ent, que ses
droits soient réservés, sous prétexte qu'une succession peut lui écl1oir, ou
c1u'elle peut s'engager dans l'avenir pour les besoins de la con11nunauté.
En effet, l'hypotheque Iégale ne garantira ces créances qu'au jo11r ou elles
prendront naissance, et ne peut pas frapper des lors les bie11s alié,,és anté-
rie11rement. 11 n'y a done a s'occuper que des créances actuelles ou f11tures
c¡ui prendront rang a une date antérieure a la transcription du jugement
d'adjudication.
b) Pour les créa11ces acl1ielles, c'est-a-dire déja nées, la feinme sera collo-
«Juée daos l'ordre, mais nous verrons plus loin que le monta11t de sa col-
location ne lui sera pas immédiatement versé.
e) Po11r les créa1zces conditio11nellcs, par exemple, pour le paie111ent d'un
gain de survie stipulé dans le contrat de mariage, la femme sera traitée
com.me tout autre créancier conditionnel.
d) Enfin pour les créances éventuelles a ra11g utile, c'est-a-dire pour celles
qui pourraient naitre pl11s tard, 111ais prendre rang utilen1enf dans l'ordre
parce_ qu'elles ren1onteraient au jo11r d11 mariage, par exen1ple, pour la
créar1ce de la femme résultant des détériorations con1mises par le mari sur
ses biens ou d'une pension alimentaire qui lui serai t allouée a pres sépara-
tion de corps, la femn1e ne peut ni demander une collocatiou provísoire,
11i exiger aucune mes11re conservatoire. 11 n'y a pas, en eil'et, d'évaluation
riossible de sa créance, et ce serait vraiment exagérer la protection a la-
quelle elle a droit, que de suspe11dre le reglen1ent de l'ordre, sous le prétexte
c1u'une créance peut naitre dans !'avenir au profit de la fen1me.
Quoi qu'il en soit, da11s tous les cas 01'1 une collocation actuelle et défini-
tive doit etre atlribuée a la femme, que fa11dra-t-il faire d11 rnontant de cette
collocatio11 ~ Une 11011velle diffic11lté se ¡Jrésc11lc er1 effct ici. 1'ant qu'elle
u'est }las sé¡Jarée ele cor}JS ou ele lJiens, la fen1rne ne J>CUl pas to11cl1er elle-
111en1e la son1r11e c¡ui l11i rcvier1t, car ce 11'esl ¡>as elle q11i ad1nir1istre ses
bie11s, el elle 11'a droit á la reslit11tior1 ele sor1 ¡>atri111oir1e q11'a11 jour de la
dissol11lion du 111ariagc 011 ele la séparatior1 ele cor11s ou de biens. Verser,
d'autre 1>art, 1111rcrncnl el sirr1ple1ner1t le n1011la11t ele la collocation entre
les 111ai11s tl11 rr1ari, scrait a11i•a11tir la garar1tie elor1t jo11issait la fe1111r1e. Il
n'y a dor1c que lrois sol11tions: co11sig11er le ¡1rix; 011 Je laisser a11x 111ains de
l'acc111érc111· j11se¡u'at1 jc111r ou la fcmr11c po11rra le toucl1er; 011 enfi11 faire or-
tlo11r1er 1>ar justice e¡t1c le prix sera versó a11 111ari ¡\ co11clition cl'enJJJloi. La
¡,ralique el la j11risr>rude11ce 11c ¡>araisse11t pas avoir optó d'u11e fa«;o11 clóci-
sive cr1trc ces lrois procédés elo11t l'acloptio11, cl«')s lors, clépc11d «1ssc11lielle-
111er1t des circonsla11ces parlic11li«'~res ele cl1ac¡uc l1y1>otJu')se.
011 voil asscz J>ar tout ce c111i ¡,r/~c«\cle 11 «111ellns co11111licalions co11d11isenL
les l1)"¡>othc'ic¡nes légales tics n1incurs el fen1111es 111ari{•es. C'cst 11ne raisor1
cle plus J)OUI' c11 cle111a11cler l'al>c)liticJ11.
'
IIYPOTIIEQ[;ES '
ET PI\IVILEGES l~l~IOBILIEI\S

§ 4. - Elfets de l'adj111lleatl•••• s111• s11re11el1i~re


du dlxle1ue.

Qu'il s'agisse de purge ordinaire ou de 1)11rge légale, et a supposer qu·¡¡


·y ait eu surencl1t•re du dixie111e, no11s avons a nous clen1ander quels en son L
les efl'ets. Il faut clisti11gucr ici s11ivant q11e l'adj11dication qui suit la n1ise
aux cncheres est ¡1ronor1cée au profit du tiers acquére11r 011 au profi t d'1111e
autre ¡Jersonnc.

I. - L'adjudication est prononcée au profit du tiers acquéreur.


011 suppose que le tiers arq11éreur, lenantál'irr1me11!Jle dont il avait entan1é
la purge, se résigne a le 1)ayer plus cl1er, et, e11 consót¡uer1ce, se fait déclarer
adjudicataire dans la ve11te consécutive ú la s11re11cl1ere. Ce tiers acquére11r
était déja 11ro11riétaire ele J'i1n111e11lJle; le jugemertt d'adj11dicatio11 consolide
définitiver11ent sor1 droit e11 le n1etta11l it l'a!Jri eles ¡1oursuites des cr{:a11ciers
ll)'potl1t'•caires. L'arlicle 2189 concl11t de 111 e¡11e ce jugen1ent n'a pas lJesoin
d'etre tra11scrit, dis11osition c¡11'011 est t~ton11ú de tro11ver clar1s le Code civil,
et qui a fourr1i nagut'-re un argumen L i1 ce11x qui s011Lenaie11t c¡11e ses rédac-
teurs avaient ente11d11 maintenir la ¡111IJ!icité eles n111tations imn1o!Jilieres.
Si le tiers acquéreur conserve la propriété de l'in1111e11!Jle, ce n'est, avons-
no11s clit, qu'au prix d'un sacrifice. Ce sacrifice co1n¡)re11d d'al1orcl l'exct'-
dent du ¡)rix d'adj11dication sur le ¡Jrix ou la ,·ale11r de la cl1ose c1u'il olfrail
a11x créancicrs, el e11 outre, les frais de la procédure de mise a11x
encl1eres.
Ce sacrificc, e11 to11le éq11ité, ne doit ¡)as retomber s11r le tiers acqu{·reur.
définitiver11er1l adj11dicataire. Celui-ci 11eut, en consí·q11ence, tout cl'alJord de-
manqcr au dt'~biteur princi11al le rer11!Jourse111er1t des son1111es c¡11'il a expo-
si•es, non seulemenl, co111n1e 011 le dit quelqucfois, jusqu'a concurre11ce des
clettes ele ce elernier q11i or1t óté payées, mais ¡)our le total, car c'est par la
faule de ce débiteur qu'il a subi l'ex11ro11riation. II a, a cet efl'el, contre le
1lt'·biteur, nor1 scule111ent u11e action en gestio11 d'afl'aire. mais 11r1c action en
do111n1agcs-i11térels fo11dée s11r l'arlicle 1382. l\fais, on le comprer1d aist'~-
me11t, ce reco11rs est, en fait, le ¡1l11s so11ve11t lllalonit¡ue, le déliite11r t'·ta11l
gón1\ralcn1ent i11solvalilc.
Le tiers acc111ére1,:r ¡ieut, cl'a11tre parl, i11tcnler 1111c aclion e11 garar1Lie con-
lrc so11 a11leur, llans les cas 011 il cst acqui·re11r a litre onéreux (art. 1626
et s.), 011 donatairc e11 vertu cl'une co11stitution de clot '(art. 1!140, 1547).
Cette actio11 luí ¡1crrr1ettra ele rt'·clar11cr le rc1r1IJ011rsc111ent ele l'exct'-clent dn
a
JJrix, et l'ir1t{~r(:t de cet excédcnl co1111itcr ele cl1aq11e ¡iaien1e11t (art. 2191),
les frais c¡11'il a cl11 ¡Jayer, et e11fir1 eles dom111ages-i11lt'•rets (art. 1630).

11. - L'adjudication est prononcée au proflt d'une autre personne.


()11 s11p¡>ose 111air1lcna11t. c¡11c le licrs acqut'1re11r, esti111u11t c¡n'il avait payé
l'im1ne11l1IP s1>11 juste prix, 011 11e dis¡1osa11t poi11t de rcsso111"t.:es s11f'fisanles,
a rc11oncé i1 se pt1rtcr e11cl1érissc11r, et a laissé 1111 tiers ol1tcnir l'adjudicatio11.
-990 LIVIIE III. - TITIIE II. - '
DEUXIE~IE P,\l\TIE. - CIIAPITI\E IV

Nous avons a détern1iner quels sont les efl'els que cette adjuclication va
produire a l'égard du tiers-déter1teur évincé.
Pot1r cela il faut exarr1iner les trois points suivants :
1° Le re111boursement des frais faits par l'acc¡uéreur surencl1éri;
2º Le regler11ent de con1pte provena11t des an1éliorations ou détérioraticíns

ele l'i111111cuble qui se sont produites pencla11t que l'immeuble était entre

ses n1a111s ;
3° La résolution de son clroil.

1º Remboursement des frais faits par le tiers-détenteur. - D'a1Jrcs


l'article 2188. l'adjudicataire est tenu, c11i clela cl1i prix de son adjiidicalio,z,
ele ren1bot1rser au tiers-détenteur tous les frais qu'il a du payer, soit pour
clever1ir propriétaire de 1 immeuble, soit jusq11'a l'adjudicatio11, ce qui com-
prend:
A. - Les frais et loyaux co11ts de son contrat d'acc¡t1isition;
B. - Les frais de transcriptio11 ;
a
C. - Les frais de nolilication et les fr1:1is faits po11r parvenir la revente.
ll_est j11sle en efl'et c¡ue le tiers acc¡uéreur soit inde111nisé de toutes ces
dépenses, 1J11isc¡11'il 11c conserve pas l'imn1euble. 11 est vrai c1u'il pourrait les
réclan1er au dL·biteur 011 it son auteur, 1nais fa loi juge pl11s si111ple et plus
st1r de le faire rernbourser par l'adjt1dicatai re.
Cette oliligation in1posée a l'adjudicataire constit11e pour lui u11c lourdc
cl1arge .qui vient s'ajouler a la sure11cl1ere du dixieme. Le créancier qui
surencl1érit 11e doil pas 111a11c¡uer de les faire entrer en lig11e de compte,
s'il veut a¡Jprécier les cl1ances de réadjudicatio11 et le bénéfice c1u'il peut
espérer de sa sureocl1cre. C'est encore la u11e des raisons pour lesquelles les
créanciers 11sent raren1ent ele la surenclicre d11 dixió1ne. Cette surc11cl1cre,
en y joignant les frais c1u'ellc e11trair1e, cond11it en elfet ¡\ une majoration
q11i peut elre éval11éc pralic¡ueme11t presc1uc au tiers de la son1n1e ollerte
¡iar le tiers ac([uéreur lorsc¡11'il procede ¡\ la IJurge.

2° Impensas et détériorations. - Le liers ncc¡11ére11r dépossédé doit


égale111er1t elre i11cle111nistS des clépenses el a111éliorations <111'il a faites sur
l'imn1eul>le. 11 serait inj11sle c¡11'il 11e le ft"1t pas. Et pourtant aucur1 texte
n'impose ele pleir1 llroil cclle obligaliclll ¡'¡ l'atlj11clicataire. C'est dor1c aux
créanciers hypolhécaires <1n'il clevra e11 récla111er le remboursc111er1l, e11
llen1andant <(lle la pl11s-valt1e 1¡11i e11 esl résullt'•e pour l'in1meu)Jle soil llré-
levc\e s11r le JJrix d'adjuclicalion. 011 disc11le, il est vrai, la c¡uestion de sa-
voir si le licrs acc1uére11r s11rencl1éri po11rrail t'•gale111ent dernancler c¡11'ur1e
clause spécialc d11 caliiei· des cl1arges ir11pos¡il it l'adjudicataire l'ol>ligalion
de payer ccllc pl11s-value en s11s du prix cl'adj11<licalio11 (En ce sens: V. 13or-
deaux, 1 'J ao11t 1no2, l>. l>. 19o(i.'J.!1o!J· - Co,ilra: Cae11, 'J7 avril 1903, ibid.).
Qua11t a11x 1/élérioralio11s c1uc le liers-<léte11le11r s111·encl1óri a p11 causer h.
l'imn1eullle, il est égalcn1ent j1iste c111'il paye 11r1e inden111ité égale a la
moins-val11e <¡11'elles e11lrainent (Arg. art. 'J175). c;ettc i11dem11ité sera due
a l'adjudicataire, car c'est l11i <tui est lésé par la 111oins-value, puiílqu'i I
' '
HYPOTIIEQUES ET PRIVILEGES l~l~IOBlLIERS 99 1
acc¡11iert l'i1nn1euble co111me s'il n'était pas déprécié. 11 est évident, en etl'et,
que le prix oll'ert par le tiers acc¡uéreur c¡ui p11rge représentait la valeur
réelle ele l'in1n1eul)le, avant c¡u'il eut subí des dégradations.

3° Résolution du droit de propriété du tiers acquéreur. - L'adju-


clication prononcée au profit <i'11n tiers fait passer le clroit ele propriét<'~ ele la
tete rlu ticrs acq11ércur sur ccllc <le l'adjudicataire. '!'elle est la solution que
11ous avons acln1ise ci-dessus pour le cas cl'expropriation forcée. Telle est
celle q11i cloit également s'appliquer ici, se111l)le-t-il. Et pourtant, par une
contracliction qui reste ll1éoriquement inexplical)le, la jurisprudence dis-
tingue entre ces rleux hypotl1eses. D'accorel avec la cloctrine sur l'efl"ct de
l'acljuclicatio11 apres saisie, elle eléciele au conlraire que l'adjiidicatio11 sur
s11rencliere cl11. clixieme a1i cas de pul'ge !'ésout le ll!'oit ele JJl'OJJl'iété d1i tiers-
détenlc11r el l'cfface 1·él!'oactivcment. L'acljudicatio11 s11r sure11cl1ere, clit la
Cour ele cassation, a pour efl'et ele faire évanouir la propriété clu tiers-elé-
tenteur, rt ele fairc succédcr clirectcmcnt, sans intern1éeliaire, l'adjudicataire
au débiteur hypotl1écaire 1Ileq., 13 eléceml)re 1887, D. l). 88.1.337, S. 89.
1.473. Voiraussi Ci,,., 10 avril 1848, D. P. 48.1.160, S. 48.1.357; Req.,
15 décen1bre 1862, D. P. 63.1.161, S. 63.1.57; Civ., 26 juillet 1894, D. P.
96.1.281, s·. 94.1.408).
La j11rispr11clence invoque cleux arguments a l'appui ele cette solution:
Elle tire le premier du texte ele l'arlicle 2188. Cet article déciele que l'adj11-
clicataire 1;st lcnu de rcstituer au tiers acquéreur les frais et loyaux couts de
son contrat. N'est-ce pas une preuve, elit-on, que ce contrat est considéré
comme a11éanti ~
En seconcl lie11, ln Cour supr<~me invoque l'effet ordinaire eles surencl1<'·-
res. L'aelj11dication s11r surencl1ere, dit-elle, opere toujours résolution ele la
propriété du premier acljudicataire, car celui-ci n'était devenu propriétaire
que sous la conelition qu'il n'y aurait pas de surenchere venant le dépouil-
ler ele son droit.
E11fin, ajoute la Cour ele cassation, la elifférence entre le cas de la saisie
et le 11,'>tre s'expliq11e aisément. Au cas de saisie, les créanciers traite11t le
tiers-cléte11leur cornme propriétair11; ils reconnaiss11nt la validité de son
litre, ¡111isq11'ils ex.crcent la saisic contre l11i. 11 11'en est pas de n111me a
l'úgard du liers <tui purgc. Ici, les créanciers, refusant le prix qui leur est
olfert J)arcc e¡u'ils le tiei1ner1t ¡Jour i11s11fíisa11t, protesle11t conlre l'acq11isi-
tio11 et s'attaquent directcrnent a11 titre du tiers-détente_ur (V. llcq., 15 dé-
ce111l)re 1862, D. ll. 63.1.161, S. 63.1.57).
()n ne peut pas 11c pas 1'trc frappé de la faiblesse de ces argun1ents. Le
seul 11ui ait quelquc valc11r est colui q11i se fondn sur l'arlicle 2188, mais il
atlacl,c 1i la sol11tio11 d'éq11ilé de ce texte 1111e portée Yrairnent ex.cessive.
CP <111'il y a de pl11s c11rin11x clans le syslt\n1c dn la j11risprudencc, c'nsl
c1u'ellc n'applic¡ue pas rigoureusernent le principc <tu'elle proclame. Elle
• 11'en a jamnis déd11it en cfl'et e¡uc deux conséc¡11e11ccs q11e voici:
A. - Les liypot/11~<¡1ies co,icédées dans fi,iter1Jalle ¡Ja1· l'ac<¡uérettr su1·enché1•i
-01i née.~ de son cliej stir l' immetible. sonl anéanties par le j ugement d' adjudica-
,

992 LIVI\E lll, - Tl1'1\E 11. - '


DEUXIE)IE PAI\TIE, - CIIAPITI\E IV

tio11. On ne pcut nicr que cctlc solutior1 soit fort l1e11reuse et seulc pratique.
C'esl sans doute parce q11'ellc a senti le besoin de la consacrcr ,rue la juris-
prudence a posé le principe de la résolution rétroactive. Ce ne serait pas la
prcmierc foisq11'un principc trouverait sa raison d'etre clans 11nc cor1séquence
qu'il cst cl1argt'· d'expliquer. lci, en cll'et, on po11rrait craindrc qu'un s}·steme
contrairc á celui de la jurispruder1cc reconduisit il une co11séc111cnce vrai111ent
dé¡)lorable. Si l'adj11dicatair<' définitif devait etrP considéré co111111P l'ayanl-
cause de l'acquéreur surc11cl1éri, il c11 rr'·sultcrait <JUP les l1y1)otl1eq11es, r1ées
du cl1ef de cPlui-ci et inscrites avant la transcriptio11 du Jugemcnt d'adju-
clica tion défini ti f, scraie11 t 111ain te11uPs. Car ces /1y¡Jnlheq11es 11e sont pas
pztrgées par leclil ji1ge111ent, les créancicrs du cl1ef de l'acc1ui'•rcur sure11cl1éri
a
n'a)·ant pas été parties la proct'·durc de la purge, et n'y a)·ant ¡)as été rcliés.
a
La procédure de p11rge ell'ectu(·c 11'arrivPrait done pas nettoyer l'in1n1euble.
11 faudrait c1uc l"acljuclic:ataire, s'il ,·011lait all'rancl1ir son i111111euble, re-
con1n1e11<:at u11c 11ouvellc 1>1qc:t'·dure /1 l'i'-gard eles cr(•anciers cl11 ticrs s11ren-
cl1éri. Et rc111arc¡11011s ,¡11e. si cetle lJroc/·dure se !Pr111iriail á son to11r par
1111e adjudicalion a11 profil cl'u11 tiers, l'in1111euble de1neurPrail e11core grevé•
des l_1J1Jotl1eques n{•ps d11 chl'f du 11rcn1ier adjuilicalaire. l,;11 ¡iareil résultat
, serait évid<'n1n1enl ini'icccplalile.
B. - La srco11,lc conséc1uencc tiré<' de son S)'Str'·r11e par la jurisprudence,
c'est que, si le ¡1riJ; rl'a(ljllllicalio11 dépasse le mu11la11l des lz,ypolheques, l'e;¡;-
célle11l sera allribcté r111 ve11(leur et a ses créanciers cl1irogrc1pl1aires (lle,¡,.
15 dt'•cet11bre 18li2, précité). lci e11cor,·, la solution adrnise est, il faut le re-
. co1111ailre, ¡)lus {·c1uitable que ccllc ,\ laqiiellc couduirait le syste111e contraire.
11 ne serait ¡Jas juste d'atlriL11er ce reli<¡uat á l'acqu(·reur, <1ui a été con1pl<'-
ten1c11l désinléressé tics frais ele s011 co11trat. Ce serait ¡Jo11r lui u11 bé11éficc
. , ,
lllPS¡)ere.
'¡' 1'ellcs sont les tlc11x scules co11séc¡u<'11ccs <¡ue la j1iris1Jrudc11ce a d1\d11iles
du princi¡Jc ele la r,\solutior1. Sans s'i11quiéter du reprocl1c d'illogisn1e t¡ue
luí a aclresst'· la doctrine, elle a laissé de C<Jlé l'idée ele la résolution des droits
de l'act¡uére11r i11ler1r1élliairc, clar1s les cas oú il l11i a ¡Jar11 ,1u"cllc contlui-
rait /1 eles sol11Lit1r1s 111a11Yaiscs, et c'csl ai11si ,¡11'ellc (]écicle, co11trairl'111n11t /1
sa pro¡J1·e ll1<'·se :
/\.'. - <J11n lPs hy¡1olhe,¡11cs 11c'·cs tl11 chef <lu clíilJilcur originairc, inscriles
postéric11rc111cr1l /1 la lra11scriplion 1111 litre clu tiers acquérc111·, 11e pe11vc11t
fraJJpcr l'i1r1111culJle 11ar l'e(l'ct <le la ri·sol11lio11 tic la Ye11tc rí·sulla11t de la
s11rencl11•re (Civ., :i(i j11illct 18!1!1, 1). 11. \)Ü.1.281, 11olc ele ~l. de I,oyncs, S.
9!1, I .!108), ,
8'. - ()u<' l'acqu1\reur s11re11cl1r')ri 11'esl 1Jas lcr111 tic restit11er les fr11ils
q11'il a pcrt;ns (Civ., 19 a,·ril 18(iii, l>.1 1• (ii'í.1.208, S. lii'í.1,280. (:011lr!'1: Civ.,
10 avril 18!18, D. 1>. 48.,. 1üo, S. /18. 1,:\57).
e·. --- ()u'cnfi11 l'acc¡n{·r<·nr surc11chí:ri a u11 rec<n1rs er1 gara11tic c<i11tre
so11 vcnrlc11r /Civ., 28 111ars 18t1:~, l>. J.<:., Prioi/1\ges el hy¡iullt., 2:Ici:1, S.
4:\.1.:.197; l\cc¡., 1i'ítlécc111!Jrc 18li:1. 1). 11 • li3.1.1ü1, S. 6:i.1.i'17; ~fo11t1iellicr,
:11 110,·e111l,rr. 181i!1, S. üi'i.:1.:\0. Cf. r1t>IPstl<' ~l. <IP l,<1ynes, 1). 11 • 190:1. 1.305,
et de M. (ilasson, 1). 11 • 88.,.3~\¡).
' '
IIYPOTHEQUES ET PRIVILEGES I~lllOBILIERS 993

SECTIO~ 111. -- l~SClllPTIO:'i" DES PRIVILEGES ET IIYPOTIIEQt:ES.

'1'011s les privileges irn111olJiliers (sauf les privileges gé11éraux de


l' art. 2 I O I) et to u tes les l1ypotl1eques (111eme, d'apres le ''(l)U de la loi, les
l1ypotl1ec1ues légales de la fe111n1e mariée et des ¡rersonnes e11 tutelle) doi-
vent etre re11clus pulJlics. Le procédé employ·é paur réaliser cette publicité
· est 11ne inscription sur des registres tenus dans les }Jureaux de co11servation
des l1ypotl1ec1ues.
Pour étudier les regles relatives a11 fonctionnen1ent de cette publicité,
nous 11ous attacl1erons aux points ci-apres :
1 ° Organisation de la conservation des l1ypotl1eques et te11ue des regis-
tres ,·
2° Oi'1 et con1111ent se fait l'ir1scri¡)tion;
3° Da11s r111elle 111es11re l'i11scription conserve-t-elle les i11térets ve11ir <le a
la créa11ce gara11tie;
4º lleno11vellcr11c11t décennal eles i11scriptio11s;
5° lladiation eles i11scriplions.

§ :1 . - Or;;·1111ifliotlo11 tic la ~t• ■ aservotion des 11,·1•otl1ct11■ es


et te1111e tic-. re;;-ist1•es.

La conservation des hypotheques. -- La publicité des privili·g·es in1_


111olJiliers el eles l1ypotl1ec1ues se fait clans les bureaux de la co11servalio11
eles hy11otl1i·c111es.
L ·i 11s ti tu tio11 eles co11serv a teu rs des 11 y110 tl1<'·c1 ues ren1011 te a r<'·el i l el e 177 1,
<1ui a orgar1isé la ¡1rocéclure de la })urge. Le11r role co11sistait alors recevoir a
les o¡){JOsitio11~ eles créa11ciers a11xqucls le llrix ele l'i111111eul)le t\lail otl'ert.
La loi elu '.>. I venl<>se an \'II, c1ui s11ivil ele lri·s 1)res la gra11cle loi hy1)oll1é-
caire du l)roil intern1éeliaire, en elate de l1ru111aire a11 \'II, a réglc\ << l'organi-
satio11 de la co11servatio11 eles hyp<ill1t•c1t1es ». I~llc est loujours en Yiguenr.
J•:IJe clé·ci<le qu'il y aura t111 )¡11reat1 tle la conservalio11 eles l1y¡Joth<'·quC"s ¡Jat·
cha<¡uc· arre)11clisse111c11l, lec1uel esl situé clans la con11111111e oú sit·ge le tri•
IJu11al civil (ce 11'cst llas lo1_1jot1rs le si<'·ge <le la sous-¡Jréfect11re).
<:ctlc rc'•g·lc a <'·t<': ¡1arlirlle111c11t 111ocliliée 1iar 1111 elécrcl tl11 :,.:; 110,e111-
Lrc l\)<J<J, rcnclu en exéculicJíl clc la l,ii tic li11a11ccs cl11 :~<J 1nai 18!}\)· CP
cl<'·crct a sulJ<li,is<'·. it elater cl11 1"' ja11vier l!)OI, IPs ci,rco11scri¡ilio11s <les
l>11rca11x cl'hyriolh<'·<1nes ele la Sei11c el eles 1Jri11cipalcs villes. •
),Ps c<111s<'1·vate11rs cles l1ypoll1eq11cs S<>lll chargés cl'i11scrire sur lcurs re•
gislres les i1tscri1Jtio11s rcr¡uiscs ¡1ar les i11l1:r,·sstis 1 •

1. 11 n'y a que deux eas dans les<1ncls I<~ consrrvalcur doit prendre ,l'ofllce 11111• ins-
cription :
1° L'arli<'le 2108 ,In Corle civil fui pr<~~crit <l'inscrire le privili·ge ,In ,·e11dP111· ,l'i111111<•11-
hlPs 1111 111u111enl de la trnnscriplio11 <le la vrnl<'.
2" L'arli,:I" 7 <le la loi dn 21 VPnlusc an \'11 et l'article 7 de Ja loi dn 5 S<'fllPtnlJrc 1807
lui irnpos<•nl l'ohligalion d'inscrire le pl·ivil<~ge et l'ltypotltec¡ue de l'Etat sur les in11ncu-
l,les a.:quis par S<'S comptnhle~.
'1'011:c 11 ,:a
DEU XIEM E PAR TIE. - CHA PITR E IV
994 LIVR E III. - TITR E II. -

Reg istr es. - 11 y a troi s regi stre s dist inct s pou r l'ac com plis sem ent des
form alit és que doi t rem plir le con serv ateu r :
1º Le regi stre des insc ript ions des priv ileg es et hyp
otl1eques ;
2º Le regi stre de tran scri ptio n des acle s de mut atio n ;
3° Le regi stre de tran scri ptio n des sais ies imm obi lier es.
En out re, la loi pres crit aux con serv ateu rs de ten ir un regi stre des 1·e111i-
ses ou de dép6t, sur lequ el ils insc rive nt, jou r par jou r et par ord re 11ui11é-
riqu e, les rem ises qui leur son l faites d'ac tes de 1nu tati on 011 de saisie
in1n1obiliere, pou r elre tran scri ts, (l'ex trai ts, pou r elre n1e nlio nné s e11
mar ge, et de bor dere aux , pou r etre insc rits (art. 2.200).
Dep uis la loi du 5 janv ier 1875, ce der nier regi stre doi t etre ten u en dou -
ble_; l'un rest ant a la con serv atio n, l'au tre étan t déposé, dan s les Lre11te
jo11rs qui s11ivent sa clot ure, au grefTe d11 trib una l civi l d'1111 arro ndis se-
mcn t autr e c¡uc celu i 011 réside le con serv ateu r.
Qua nt aux troi s pre mie rs registr·es, il a par u i111possilJle d'cx igcr la
n1e111e ¡)récautio11 de la tenu e en rlc111ble, h cause (les féais é11or111es qu'u ne
se111blablc 111esure cut enlrai11és lJOUr l'f~tato11 les ¡Jar ticu lier s, ou de I'excós
de ·tra ,·ail qu'e llc euJ, in1posé aux co11scrvalcurs. Le regi stre des <lé¡Jóts co 11-
tena nt rnen lion de toutes les ren1ises faites au con serv aleu r peu t, clt1 rest e,
per111cltre ele reco nsti tucr les aulr es, au cas ou ils seraie11t détr11ils llar 11n
si11islre.
Les regi stre s son t tenu s }Jat· 110111s de pcrso11nes, et 11011 pas par clésigna-
tion in<lividucllc cics in1111e11blcs. Quancl on veu t con nait rc la situatior1
l1Jpotl1écairc cl't111 i111111c11blc, il fa11t don e clcmandcr a11 con serv atcu r s'il
existe des i11scriplions a11 110111 <111 pro prié tair c aclu cl, ou des ¡Jro prié tair cs
,111Léric11r.-;, .-;'il 11'y a pas c11 <le ¡Jnrgc lors ele la clcr11ierc 11111tatio11. c:c sys-
Li·111c csl évidc111111c11l i111¡Jarfait. ll scra il ¡Jréférahlc q11c les reg·istrcs do11-
11assc11t la silualio11 l1ypoll1écairc ele cl1aq11c imn1ct1IJ!c. ~Iais, Jan s u11 ¡Jays
01'1 la pro prié té cst a11ssi 111orccléc c1u'c11 I<'rance, la réalisalior1 d'un c tcllc
rt'•for111c ¡Jróscnlc, r1011s 1·avo11s cxplic¡ué da11s 11olrc ton1c }'', les ¡Jlus g·randes
diílic11lté~.

l. - Ou se fait l'in scr ipti on?


l,'i11scri1itio11 eles 1>rivil<'•gcs el l1y¡>oll1<'·<¡11cs se fnil a11 IJ11r1•1111 clt> la co11-
.,,·rvali<111 eles l1y¡>oll1e11ucs, cla11s la circr>11scri¡>tio11 cluc¡nPl cst situi': l'i111-
11H•11 lile g·rcv1\.
ll<iur les l1y¡ioll1<'.>1111cs élab lics st1r eles acti ons i111111r1liilis1\cs <le la llarHJIIP
<lt· l•'rauce, l'inscri¡ilicin se fail au ¡ire111icr li11rca111lcs ltypcillti'·1111es <le Jlaris,
1p1i cci111p1·c111l clar1s sc111 ress orl le sicgc 1lc la l3a111¡11e ele l•'ra11cc.

II. - Comment se fait l'in scr ipti on?


1" Qui peu t la req uér ir? - (;'cs t le créa11cicr l1y1ioll1écaire 1>111>ri,ilégil'.-
<¡11i rc1¡11icrl l'ir1scri1itio11; il pc11l a11ssi coi1fier ce soir111 1111 111a11clalnirc,
I-IYPOTIIEQUES ET PRIVI LEGES IMMO BILIE RS 995
a
sans que le mand at soit soum iH aucu ne form e. Un si111ple géran t d'affa ire
pour rait égale ment rec111érir l'insc riptio n pour le comp te du créan cier
(V. notan 1n1en t Civ., 26 nove mbre 1895, D. P. 96.1. 313, note de ;\f. Plani ol,
nº 1, S. 96.i. 73; Civ., 2oocl o}Jre 1897, D. ll, 1902 .r.49, note de 'II. Sarru t,
. , teJ.
, \
a
S. 97. 1,489 , propo s d'obl igati ons l1y¡Joll1écaires au porte ur émis es par
une soc1e
L'ins cript ion est un acle conse rvato ire q11i peut etre accon1¡)li l)ar un
i11capable non l1a!Jilité ('Toir art. 2 r3g, in jine) .

2° Piec es néce ssair es. - Le re(¡11érant doit appo rter au conse rvate ur
1 des h)·po tl1eq ues deux piece s: ·
a) Le titre géné rateu r d11 tirivi lege ou de l'l1ypotl1cc111e;
b) Un borderea11 en do11}Jle cxen1¡1laire conte nant les me11tions néces saire s
et q11e le conse rvate ur va co¡Jie r sur le regis tre.
a) 7'itre gé11érate1i1· dit ¡iril'il ege oii de l'lt.vpollt1\r¡11e. - 1\ Jire l'arli cle 2148,
1••· al., ce titre serai t toujo urs un acte autl1 entiq ue. Le créan cicr, y liso11s-
nous en ell'et, représe11te a11 conse rvate ur des l1y¡1otl1equcs (< l'o1·ig·inal en
brcve t ou une expé dilio n a11tl1enti1¡ue d11 j11ge ment ou ele )'acle <1ui clo11ne
naiss ance au 11rivilege Oll a l'l1y1Jotl1eq11e. » ~Iais il )' a la une erre1 1r: le
créan cier n'est néces saire ment })Orteur d'1111 acte autlle ntic¡u e (J11e 1¡ua11ll
il s'agi t d'une b)·po tl1cq ue conv entio nnell e 011 judic iaire . Daos les a11tres
cas, 11 savoi r lfUand il y a lie11 a inscrit)tio11 d'un privi lege i1111110)Jilier 011
a
de l'l1)•potl1el¡11e.légale du légat aire, l'inté ressé peut avoir prod uire, soil 11n
acte autl1cntic¡11e. soit un simp le acle sous sei11g privé (par exerr1plc, ,·e11te.
parta ge const atés par un acle J)rivé. pour le privi lcge d11 vend cur ou clu
co¡1artagear1t, proces-verlJa11x po11r le 11rivili.·ge de l'arcl 1itcc tc, lesla111Pr1t
ologra¡Jl1e po11r l'l1yp otl1cq ue du légat aire, litre de créar1ce a11lhentir¡ue ou
s011s scing· ¡irivé ¡1011r le ¡1rivil1'.ge lle la sé¡iaratio11 lles patri1noi11es). 11 est
lJien évi(le11t c¡ue le Litre sous sig11at11re privé e suffit cla11s ces cas J)Otlr
rcc¡u érir l'inscri¡>Lio11. JI faut done rectif ier s11r ce poin t l'arli clc :i.14."l '.
/1) Jlur<lereaii ¡f'i11scri¡itio11. - Le IJorclcreau esl un écril s011s seing 1>rivé,
le1¡11el ¡Jcut (tre rédig é sur ria¡iie r lilire (loi clu :17 j11illcl 1900 r<>lative ú la
t1·a11sfor111ali(lll c1111nc laxe 111·011ortio1111ellc des dr(iit s per¡;11s s11r les for-
111ali tés hy¡io lh1:ca ires, articl e ,•r). Cet écrit co11tic11t loulc s les 1nc11Li11ns de
l'insc riptio n. J,r, rtjlc 1111 co11s cr,·at cur se liorn e a le rec<JJJicr sur l<! reg·is lrc.
11 i1111iu1·te tl1>11c q11e le l1orclerea11 soit rédig é avec le ¡ilus gra111l soin, car
tlc sa correclio11 va clé¡>cncirc la valid ité ele l'ir1scri¡>Li<H1. 1\.ussi, e11 1>raliq11<', •
so11l-ce les 11<11.aÍrPs c¡ui f"rlnl c<'Lle rc\clactior1.
J,e liortl crenu 1loíl 1\tre rí·clig1! Pll tlo11\)lc exe1111>lairc (u de11x l>orclcreanx n,
<lit l'ali11<\a :i. de l'arl. :,i, / 18). C11Lle exigc nce a ll011r objet de 111ellre ,\ couY erl

1. 11 peul. 111~11H• n1·ril'cr, ;i prop,ls du privll/•¡.;e <il' la sipara tion rlrs patri111Qines, q11<•
le <'l'énncif'r n'ait a11c1111 (-cril consta tant sa cr,1ancr•. Cne Conr d'appe l 1Ag 1·11, l 8 juillel
18\J.',, ll. I'. \l\..2.2 11, S. \l',.t.1 111 a ,\éci,lt\ que 111 co11s1!l"VnlP11r rloit alor,; ,e ,•rint,· nler
<le la dt'·cln ralion t111 créa11ci,•r Pt llP pcut cxig1•r qn'il SH 11111niss1i d'un,· pcr1ni~.<io11 ,l11
jugp 11;,u,trlt, note de ~l. tlt! I,oynPS, sous l'arr1\ln11 1). I'.). Nous n~ parlon , pas i<·i ,lt•s
hypol11ler(l1<'S légnh•s ile I'nrticlri 2121, pour lcsqu(•lles II n'y a pas /1 prils,~nli•r d,! titr,•
( V . Hr l . ->1
.,. 1,.1.i¡,
·•··
996 LlVRE 111. - TlTRE 11. - '
DEUXIEIIIE PARTIE. CHAPITIIE IV

la responsabilité du conservateur. En effet, le conservateur conserve par


devers lui t1n de ces exe1nplaires, qu'il pourrait in,oquer si 1'011 attaquait !a
fa<;on dont il a ren1pli sa mission, et il ren1et l'a11tre au requérant, apres
avoir certifié au Las qu'il a fait l'inscription (art. 2150).

• 111. - Mentions du bordereau et, par suite, de l'inscription.


Les énonciations qui doiver1t figurer da11s le bordereau et, par conséque11l,
clans l'i¡1scriplion, sont les suivanles (art. 2148-1° 5°). a
1º [Jésig11alio1i du créa11cicr. - Elle se fait en n1entio1111ant les non1, pré-
no111s, domicile du crt'•ancier, sa profession s'il en a une '.
11 faut, en outre, c1ue le créancier fasse éleclio,i ele cloniicile dans un lieu
q11elco11que du ressort du triL11nal civil cle ¡)ren1iere insla:ice ele la situatio11
des biens 2 , men1e s'il y est clomicilié de fait. En effet, le don1icile cle fait
peu t cl1a11ger, et il faut que les intéressés con11aisse11t par l'i11scri1)tio11 t111
do111icile i11variaLle, parce c¡11e c·cst ce don1icile q11i ctétern1ine la co111pé-
te11ce clu trib1111al pour les actions auxquelles les i11scriptio11s peu,ent do11ner
lieu contre les créa11cicrs en ,ue dºe11 oble11ir la racliatio11 (art. 2156); c'est
aussi i1 ce do111icile uu'ils scro11t assignés ; c'est c11fi11 au n1eme lie11 c¡ue le
a
tiers acquére11r cle,ra faire les notifications fi11 ele purge (art.2183, 1"' al.).
11 est cl'aillc11rs loisilJlc au créa11cier, ai11si c1u'ú ses représcnla11ts ou ces-
sionnaires par acle at1ll1entique, cle cl1anger sur le registre des l1ypotl1cc111cs
le clo111icile ¡)ri1nitive111e11t élu, i1 la cl1arge cl'e11 cl1oisir et i11clic111er u11 autre
cla1is le m1\r11e arro11clisseme1it (art. 21;>2).
2° J)ésig11c1/io1i ¡/11 lfllúilcur. - Le ]Jorclerea11 doit 111e11tio11ner les no111,
prt'·110111s, clo111icilc clu dé)Jiteur, :-a professio11 s'il en a 111ic co1111uc, 011 t111c
dt'·sig11atio11 i11di,icl11ellc el s1>éciale, !clic c¡11e le co11servateur p11isse rcelJII·
nailrc el clistingucr ela11s l011s les cas l'indiYillu cl1)11t le !Jic11 cst g·rcvé
d 'hypothi·c¡uc.
()n co111¡)rc11d l'i111porta11ce ele ccttc clésig11atio11, ótanl do1111é s11rl1iut
c¡ue, elº1111c 1iarl, la })lllilicilé se fait par r1on1s eles 1iarliPs, et c¡11c, ll'a1ilrc
parl, ccrtai11s 110111s se tro11,P11t en fail ¡>clrl1's 1iar 1111 forl gra11ll 110111!Jrc
el'i11elivicl11s.
J,orsc111c l'i111111c11!Jlc hy1Jollu'e111t'• a¡J¡1artie11L ú 1111c cauliu,i récllc, il faul
i11clie¡11er ú la fois le 11cJ111 clu di',Lilcur el ccl11i ele la ca11Lio11.
1\11 cas ,,t'r l'i11scri1>tio11 est ¡>rise cc>11lre 1111 d1'•f1111t, le créa11cier a le choix
ele la faire sur le cléf1111t l11i-111e111c, 011 sur ses l1éritiers.

J. Lorsq11c la runslilulion 11'hypolhi,11uc rsl faite a11 porle11r, il n'Psl pas possih1 1, dn
,léslgnl'r le cr1\¡i11ricr. Ccln-al'ait filil ,luuli,r de la vali<lilé d'unr! tellc conslilution, IIHtis
crtli•. ,·;diditt\ n'rsl pl11s conlr,sléc (V. Gillard, 0¡1. cit., 11°• :!41i-:!47).
Q11an,I 1111P suciélé énu,l des ohligations au porle•ur IIV!'t" garnnlie hypolht'•cnirc sur
srs i1111neuhl1•s, l'inscriplion e.;l pris1! au 110111 d'ui, tiers qui ,lt1clnrc agir ru111111c g,1rant
,l'all'airc dPs ohligataires \V. llouai, I:! 11111i 1880, ll. I'. 8:l.:!.24:l); ou hien 011 créP IIIH'
stH'i111i: t"il'ile ,•ntr,, lr:s ohligatairPs, l'l c'1•sl au 110111 des rcpri':,cntants dr: CPt[P sociét,1 qui,
l'inseripliun Psi pris<' (V. Aix, 8 11vril 1878, S. 79.:!.:113, nolf! tle ~l. Lal,bt\).
!. C'"ll" r,\daetion ,late de la loi du 17 juin 1907. Av1111l cette loi, l'ile,:lion di,1·uil i'lrc
faite dans l'nrrundiss1in1enl du liureuu, lec¡ucl cu"incidnil nlors avcc l'arrondisscrncntj, 1.t¡.
ciair(•, p11isq11'il n'y n,·ait qu'un hurenu p111· urrondi~Sl'lll<'lll.

'
11 YPOTII EQUES .
ET PRIVILEGES l)l)IOBILIERS 997
• E11fin, lorsq11c l'i111n1e11blc se trouvc e11tre les rr1ains d'un tiers-détente11r,
le créancier, pou,·ant encorc prenclre i11scription soit avant la transcription
de l'aliénation, soit n1e111e a pres (l1ypotl1eq11e légale de la fen1me 111ariée ou
du 111ineur, privilcges d11 ve11deur et d11 copartageant i11scriptilJlcs dar1s les
45 jours de la vente 011 d11 partage ), cloit 111entionner dans le IJordereau,
no11 pas le 11on1 d11 propriétaire actuel, 111ais celui de so11 clébiteur.
3° A ele gé11él'ateu/' du privilege 0111le l' liypotheque .-L'inscri 1Jtion doi t n1en-
tionner la clale ei la ,iaiiire cl11 litre, c'est-a-dirc ele l'actc q11i a engendré la
A ,
surete.
La date pern1et de ,·érifier la capacité du constituant, la validité de la
consti tu tion.
La nature permet de savoir s'il s'agit d'un privilege ou d'une l1)·potl1eque,
et si cette 11)'potheque est généralc ou spécialc. L'inscri van t <lira done que
le privilcge ou l'l1ypotl1ee¡ue a sa sourcc da11s u11e vc11te, un partage, un
actc notarié, un juge1nef!l, etc. (,r. note de ~l. de Loynes sous D. P. 95.
l.217).
4º 1lJ01ila11l cle la créance el ses ,noclczlités. --11 fa11t ir1diquer le n1ontant du
capital de la Cl'éance. 11 fa11t égalcn1ent indiquer le n1ontant des accessoires
de la c!'éa,ice, lesquels peuvcnt ctre de nature diverse: jl'ais de l'inscripiion
(c1ue l'art. 2155 meta la cl1arge du débiteur, mais dor1t l'ava11ce est faite
par l'inscriva nt), jl'ais clu contrat, jl'ais de déliul'a1ice d1i till'e el de son e1i!'e-
gisl!'en1c1il, 1lé¡1e11s 1/11 proces quand il s'agit d'unc l1y¡Jotl1cque judiciaire,
i,itél'els écli1is a1i jo111· ele l'inscription, car ces intérets font partie de la
,
creance.
Lorsque la créa11cc cst conditio1i1iclle, il faut faire 1nention de la condi-
lion qui c11 suspcnd la forn1ation 011 l'cxtinction.
De men1e, si elle est éue,ituelle, il convient de l'indiquer, car il se peut
qu'elle ne pren11c pas naissance.,
Enfin, lorsq11c le cl1ifTre de la créance est in1lélel'mi1ié, ce qui peut arri-
ver pour eles créances p11rcs et simples, conditior1nelles ou éventuelles
(cxcmples: créancc en indemnité clo11t le cl1ifTre n'cst pas encore connu,
rente viagcrc, preslalion d'alin1enls, ele.), il ra11t que le créancicr fassc dans
l'inscriplion I'évaluation clu 111onla11l de la créance (art. 21!18-4° a rappro-
cl1cr de l'arl. 2132).
E11 ce q11i cor1cerr1c ccttc dcrnicrc 111cntior1, l'articlc 21!18-4° dit c¡ue l'é,·a-
l11atior1 doit ctrc faite clans les cas 01'1 clic est ordonnéc. Or, l'article 2132,
q11i i111¡Josc cctlc olJligalio11, ne vise c1ue l'liypotlicque co1~uentio11nelle. 11 n'y a
{Jas de lcxtc a11alog11e po11r l'liypollier¡ue judiciaire. La jurisprudcnce en con-
clut qt1c le créar1cicr porlc11r d'11n j11gen1e11t esl clispcnsé de faire I'évalua-
lior1 de sa créa11cc, c1ua11<l le j11gcn1cnt n'c11 détcrmine pas le montant
(l\oucn, 8 févricr 1851, D. J>. 52.:.1.53, S. 51 .2.715 ; D011ai, 1G rnai 1895,
a
D. 1>. !)8.:.1.105, S. g5.:.i.:.1li9). Cctlc inlcrprétalion al1oulit ur1 résultat re-
g1·cttablc, car l'i11scriplio11 ccsse cl'c~lrc vraimcnt utilc, si clic 11c fait pas
co11nallre 1111x liers le cl1ilfrc de la créa11ce qt1'clle garanlit.
Enfi11, il fa11l cncorc 111c11lio1111er la rJ¡ile ,J'exir¡ibililé de la créa,ice, é11on-
ciatior1 11tilc pci11r les ticri-, et 110Lan1ment po11r le ticrs-détc11le11r qui vot1-
'l
'

998 LIVRE III. - TITRE 11, - '


DEUXIE11E P.\RTIE. - CHAPITRE IV

drait profitcr du délai de paic111ent accordé au débiteur, at1 lieu de purger •


in1n1édiaten1en t.
5° I,idication lles biens gl'et1és. - L'inscription doit enfin énoncer l'espece
et la situation des biens sul' lesqitels pol'te l'liypotlieque (art. 21!18, 5°). rilais
nous savons déja que la jurisprude11ce_ ne se rnontre pas exigeante JJour
l'acco111plissement de cette n1ention. Nous l'avons déja elit, it propos de la
rédaction de l'acte constitutif d'hypotl1ec¡ue. Lorsque la co11stitution e1·11y-
poll1cque porte s11r tous les bicns d11 dél)iteur, ce qui cst, nous le savons,
assez fréquent, les tribuna11x se contcnte11l d'u11e 111ention globale ainsi
coni;ue: <• les imn1e11bles con1pris dans l'arrondissement et consista11t en
maisons d'l1abitations, bati1nents et dépendances, jardi11s, terres laboura-
bles, 1Jrés, vignes et autres natures de propriété sans aucune exception ni
réservc >> (V. Req., 27 noven1bre 1893, D. P. 94.1.566, S. 9!,.1.349). Nous
avons égalcn1ent dit que c'esl le morcellemenl excessif ele la lerre qui a
conduit le notarial et les trilJunaux a se contcnter de, ce ¡Jrocéelé d'ineli-
catio11 globale. •

ExceJJiio,i JJOUI' les /1ypot/1eq11es gé,zérales. - L'article 2148, elernier alinéa,


n'exige pas l'indication de l'espece et de la sit11atior1 eles lJic11s, dans le cas
des l1ypotl1cc¡11es légales ele l'article 2121 et ele l'l1ypotl1ec¡11e judiciaire.
Cellcs-ci grcvcnt, en efl'el, to11s les IJiens présents et ave11ir el11 elél)iteur.11 est
done inutilc cl'én11n1érer lrs in1meubles. Une seule inscriptio11, pour ces
hypotl1c(Jt1cs, frappe tous les i111111eulJlcs présents et a venir co111¡Jris da11s
l'arrondisse111ent d11 burca11.
'1'011tefois l'cxception ne vise pas la co11slit11tion cl'l1ypotl1eq11e sur les bie11s
a i,enir. 11 fa11l elor1c prcnelrc 1111c no11vcllc i11scripti'o11 á cl1a<111c acc¡uisililJII
faite par le llé!Jitc11r.
I•:n rcvanche, il fa11t a¡JJllic¡11cr la clispositior1 ele l' articlc :>. 1!18 i11 ,/i11e :'1
l'lty¡Jollier¡11clégaledeslégal11ires (!lec¡., 2011ovcn11Jre 1go1, [). ll. I!)07.1.:J17,
S. 190!,.1.:1:i) el it l'inscri¡1lio11 de la séparatio111les patri111oi11es, car I'1111c el
l'a11trc porta11l sur to11s les i1111nc11IJles lle la s11ccessio11, il 11'csl pas 11tilc
d'é11u111t'·rcr ccux-ci.

Regles spéciales concernant l'inscriptio11 des hypotheques legales


de l'article 2121 (art. :11;-¡;{), -Co111111c les h)[lulhi'·1111cs énonct'·cs {lar l'ar-
ticle :>.1 '.l 1, étanl t'·tul1lics ¡1ar la ll>i, t'icl1a¡J¡lc11l .\ la ri'·gl,i 1Jc la s1Jécialitó,
lanl at1 ¡ioinl <le ,11c eles cr<'~anccs 1111'cllcs garanlissc11l <111c 1les i111111c11l1lcs
q11'elles g-rt'ivcnt. les 111c11lio11s lle leur i11scri¡itio11 se lro11vc11l si111¡)liliécs
de la fai;o11 inui1111(~c ¡Jar l'arlicle 2 ,:-1;{:
1° Le cr1•a11cicr 11'a ¡¡as ú rc1lrésc11lcr a11 cc111scrvatcur s1J11 litre ele créa11cc;
il se co11Lc11lc el'a¡1¡Jorlcr' 1111 1le1ulJlc l1or<lcrca11.
:i" ll 11'csl 11as 11écessaire <le 111c11lion11cr llans le l>lJl'elereau la elale el la
11al11rc el11 litre. 11 s11ffit cl'i11<lil111cr la <111aliL1\ 1111 créa11cicr.
3º J>as 11'csl l><'S<>i11 r1<Jll 11l11s ele fairc 1111c c'!val11ati1111 <les crt'ia11ccs éve11-
luellcs ou i111l1•tcr111i11t\cs. (~0111111c11l clu rcslc 11011rrail-l'llc 1:lrc faite ji 11
suffil 1lc>11c d'<'~,alucr· les créa11ccs elo11l le 111011ta11t cst clús :1 ¡Jrésc11t c<J1111u
(art. :.i 15:1-3"). ~lais pour ces <lcr11iercs, l'évol11aliu11 est o)Jligatoirc 11 ¡icinc de

'
HYPOTIIEQUES ET PRIVILEGES IMMOBILIERS 999
nullité. II y a la une distinction dont l'application ne laisse pas de soulever
certaines difficultés.
Supposons d'abord qu'il s'agisse de l'hypotheque d'unepersonne en tutelle.
L'inscription est-elle prise a pres que le compte de tulelle a été rendu, il
faudra,y faire figurer le chiffre de la créance du minet1r (Paris, 2 1 décembre
1909, Gaz. T1·ib., 1•r n1ai 1910). Si, au contraire, elle est prise avant la red-
dition du compte, on se contentcra de mcntionner qu'elle a pour objet de
conserver toutes les créances résultant de la tutelle.
Supposons, en second lieu, qu'il s'agisse de l'l1ypotheque d't1ne femn1e
mariée. 11 se peut qu'au j<Jur ou l'inscription est prise, cette fem111e soit
créanciere de so1nmes des a présent connues, soit en vertu de son contrat
de mariage, soit a raison des s11ccessions qu'elle a recueillies. Faudra-t-il
en indiquer le montant? L'article 2153-3° parait bien l'exiger (En ce sens:
\lontpellier, 4 aout 1890, D. P. 91 .2.234). Et pourtant, les derniers arrets
ele la Cour de cassation sont en sens contraire. 11s décidenl que le cl1iffre
exact des reprises ne sera connu qu'au jour ou la dot devra etre restituée, et
01\ la liquidation des droits de la femme aura été faite. Jusque-la, il est
indéterminé. E11 conséqucnce, il ne sera pas nécessaire, avant celte date,
cl'indiquer les sommes dont la femme est créanciere, car ces créances peu-
vent disparaitre par la suite(Civ., 2 mai 1904, D. P. 1906.1,340, S. 1905.1.
!181; llec1., 13 j11illet 1904, D. P. 1908.1,81, note de 1\1. de Loynes, S. 1905.
1,!181, note de )l. Lyon-Caen; Civ., 24 novembre 1908, D. P. 1909.1. 173,
S. 1909.1.151; 5 noven1bre 1912, S. 1913.1.207¡.
4° La date d'exigibilité des créances des femmes mariées ou des personnes
e11 tutelle n'a pas a etre 1ne11tionnée. On l'ignore, en effet, puisqu'on ne sait

pas c¡uand finira la tutelle, ou q11a11d devra se faire la restitulion de la dot.
5" E11fi11, con1me no11s l'avons dit ci-dessus, il n'est pas besoin de me11-
tionner l'espcce et la situalio11 des biens grevés.

IV. - Conséquences des omissions commises dans l'inscription.


Les articles :i 1/18 el suiva11ls 11e disent pas que les diverses énonciations
eles l)orclerea11x soie11t prescriles ,\ ¡Jei11e de n11llité. Cependa11t, il n'cst pas
clo11teux qu'il e11 esl, ¡1ar111i clics, clo11t l'<J111ission doit en1portcr cette
sa11ctio11. Sa11s certaines <le ces 111e11lio11s, e11 efl'et, l'inscriptio11 11e produi-
raiL pas so11 efl'et, 1¡11i est ele faire co11nailre a11x tiers la sit11ation hypotl1é-
caire cl11 clél1ile11r. 11 s11ffil cl11 reste, ¡1011r s'en convai11cre, de co11stater avec
q11el s<)in les articlcs :i 1/18 el 2153 én11mere11t les me11.tions rec¡11iscs. P11is,
l'nrlicle :.i 13/1 11e 11011s clit-il ¡1as r1ue l'l1ypoll1cquc n'a de ra11e- qt1e d11 jo11r
de l'i11scri¡1tio11 pl'ise s11r les registres, dans la for111c el de la 111a11icre pres-
critcs JJ<ll' la loi :1 D'1111 aulre ccJlé, il serait é,·idemn1ent exagéré d'attacher
1111e sanclio11 aussi rigo11ret1se c¡11e la 1111llité rle l'i11scriplion a la moindre
0111issio11 co111111ise cla11s celle-ci. De 111, la distinction r111e l'on a été conduit
a fai rn cr1 lre les 111c11liu11s sitbsta11lielles et les 111e11lio11s accessoires. Les pre-
n1 i1'res so11l celles uo11l l'i11sertio11 est inclis¡)f'TJSaLle (1 la complete réalisa-
lion cl11 do11llle pri11cipe ele la spécialité et de la publicité des l1ypothcques.
Les seco11dcs sor1t cclles q11i, <1uoique utilcs, ne sont pas indispensables,

,


1000 LIVRE III. - TITRE II. - DEUXIE~IE P,\.I\TIE, - CIIA.l'ITRE IV

celles clo11t l'abse11ce n'en1pecl1e pas les tiers de connaitre la situation l1)·po-
a
tl1écairc du débitcur. Les pren1iercs seules sont rcc¡uises ¡)eine de 11ullité.
Cette distinction est d'ailleurs fort délicate á faire . .1\.11ssi les auteurs sont-
ils ici fort peu d'accord.
1° 1'out d'abord, il n'y a pas de do11te~ possible sur le caractere substan-
tiel des n1entions suivantes:
A. - La clésignatio,i d1i débile1i1·;
B. - La clate el la natu,·e du litre (Civ., t, 1nars 1912, D. P. 1913. 1.137,
note de 1\1. ele Loynes, S. 1914.1.30).
C. - Le montant ele la créa,ice ;
D. - La date d'exigibilité. On s'est demandé cependant, apres la rédac-
a
tion du Code, si cette indication était prescrite peine de nullité. Beaucoup
d'inscriptions avaient été prises sans c1ue la date d'exigibililé )' fut portée.
a
Une loi du 4 septcmbre 1807 a mis un tern1e la controverse, en déclaranl
que cetle énonciation cst s11l)stantielle. En 111en1e temps, elle a autorisé la
rectification, sur la présentation d'un nouvcau bordcreau, des inscri¡)tions
déja faites qui ne n1entionnaient pas l'échéance de la créancc.
E. - L'i11dicatio1i eles bie,is grevés.
Le· défaut de l'une de ces mentions entraine la nullité de l'inscription.
2° 11 y a doute, au contrairc, sur l'importance des n1entions suivantes :
A. - La désignatio11 du c1·éancie1·;
B. - L'électio11 de clo11iicile dtl créancier da11s farro11clisse11ie11t.
A. - _La clésig11atio1i dtt créancier sen1ble surtout dcstinée a servir l'in-
téret de ce dernicr. L'absence de cette indication ne pcut nuire qu'a lui;
a
· elle l'expose ne pas etre prévenu a11 cas de purge ou de saisie. l\lais, s'il
se présc11te e11 tcn1ps utile, on ne pourra pas l11i opposcr l'irrégularité de so11
ir1scription. 11 ne sen1blc done pas qu'il y ait la 11nc n1entio11 substanlicllc.
La jurisprudencc 11'a ja1nais cu a statucr sur un cas cl'absencc co111pletc de
désignation, mais elle se n1ontrc assez tolérantc pour les on1issions par-
tielles (V. notamment lleq., 9 février 1891, D. P. 92.1.11, S. 92.1.113). D11
resle, 11011s l'avons vu, elle pcr111cl de co11slit11er une l1ypoll1eq11e a11 profil
cl1t porle111· clu litre. Or, en ce cas, il csl in1possible de clésig11cr le créa11cier
dans l'inscriptio11.
B. - Pour l'éleclio,i de do,nicile cltl créa,icicr, la jurispr11dence fait 11r1e
disli11ction. L'absc11cc d'électio11 n'e111¡)orle ¡)as r111llil{·, si le créa11cicr a so11
don1icile réel da11s l'arrondisse111e11l. Elle ar111ule l'inscri¡Jlio11 lla11s le cas
conlrairc (Cass., Cl1. réu11ies, 1!1 jar1vicr 1863, ]). 11 • 6:1.1.101, S. 63.1.73).
Les liers. en effet, 11'011l pas u se plai11drc tl11 dól'aul d'1\lectior1, lorsquc le
créancicr est domicilié en fait da11s l'arro11llissc111e11l, car il 11e le11r csl })as
J)lus difficilc de faire In notificatior1 au llo111icilc récl c¡11'a11 doii1icile ól11.
11 n'en est pus de n1cn1c dans l'a11lre cas. Mais, 1111\111c alors, c'csl se 111011lrcr
c11corc bier1 sévcrc pour la sanction d'u11c 111c11lio11 qui 11'est, aprós loul, pas
essentielle au but poursuivi par l'i11scriplio11.
3° Enfin, toul le 1nonde csl d'accord ll01i1· 1·ccon11aitrc c111'1111c sin1plc 0111is-
sion dar1s la désignatio11 du dél1ite11r c>11 du crénncicr, 0111ission lcllc q11'cllc
n'empl\cl1crait n11llcmcnt de les idc11tific1·, reslerait sar1s cll'el.

llíPOTIIEQUES E'f PI\IVILEGES I~I~IOIJILIEI\S 1001


Quoi qu'il en soit, le systeme c1ue nous ve11ons d'ex1loser est l)ier1 rig·ou-
re11x. J~n efl'et, lorsc111'il y a 11ullité d'11ne i11scription, toule personne inté-
ressée pe11t l'opposer au créancier; or, les cas de n11llité sont no111llreux. La
loi l)clge ele ,85, a adoptó 1111e sol11tio11 plus l1e11re11se. ]~lle clécide que les
irrégularités d'une inscri1)tior1 n'enlrai11e11t la nullité c111e s'il e11 rés11lte un
préjuclice pot1r les Licrs. l\le111e sol11lion dans le Code civil italie11.

D1111s •111elle 111es111•e 1·1nserl1,tlo11 co11~e1•,·e-t-elle lel'!t


lnté1•ets a venir ,le la c1•éance ~a1·11utle?

Généralités. Notions historiques. - ~ous sa,·011s que les intérets-


a
écl1us au jour de l'inscri1ltion s'incorporent la créancc, a la condition,
bien cnlendu, d'etre me11tionnés dans l'inscriptio11. l\·Iais, q11e clécicler pour
les intérets ú venir) JI est aisé de co111prenclre qu'il csl indispe11sable que
l'inscriptio11 du capital garantisse, clans 11ne c<1rtai11e 111esure, les intérets a
venir. S'il en était autren1e11t, il fauclrait que le cróancier prit u11e nouYelle
inscription ú cl1aqt1e écl1éa11ce d'intérets 11011 acquittés, et, con1111e ces ins-
cri plio11s s' écl1elonneraient, elles courraie11 t le risq11e <le deve11ir i nefficaces
par l'efl'et de nouvelles l1ypotl1eques consenties par le <lébitet1r et i11scrites
clans l'intervalle. Le créancier exigerait done rigoure11se111ent le paien1ent
eles intércts, afin de ne fJaS s'exposer a, une no11velle inscriptio11, et, Udéfa11l
du paien1cnt po11clt1el d'un seul ler111e cl'inlérets, il saisirait i111111édiate111ent
le bie11. II est <lor1c utile pour le clébiteur lt1i-men1e que l'inscription garan-
tisse, pour une certaine duréc, les intércts a écl1oir. l\Jais il ne faut pas,
cl'autre parl, qu'elle les garantisse sa11s restriction et quelle qu'en soit
l'in1portance. 11 y a11rait lit, c11 efl'et, t111 danger llOur les tiers, car ils ne
pourraient savoir le 1no11la11t exact de la somn1e garar1tie par l'i11scrip-
tion. Sans doute, les i11térets se.prescrivent par cinq ans (art. 2277), 111ais-
le créancier qui les laisserait s'accun111ler, ne 1nanquerait pas, tous les
cinq ans, d'interrompre la prescriptio11 en exigeant une reconnaissance du
1lébile11r.
Quelle est la li111itc a{loptée ¡lar nolrc Droit? Divcrs sysle111es ont été
succe.ssive111cnt acloptés.
A11cien Droil. - L'ar1cien Droit clécidait que loits les i11lérels <t éc/1oir
étaie11t gara11tis 1iar l'hy¡ioll1e11ue, at1 1111'\111e rar1g q11e le pri11ci1lal de la
créar1ce. C'cst., er1 cfl'el, le se11l sysle111e cornpatillle avec la cla11dcslinité. S'il
11'e11 avait llas él{\ ai11si, le cr{~a11cier a11rail été privé de l_o11te garantie l)Our
les i11Lércls, 011 bic11 il a11rait ótó obligó de dcr11a11der 1111e 11011velle consti-
t1rl.ior1 cl'l1ypotl11\c¡ue })Otir toulc a11néc 11011 acc¡uiltóe.
Droil inlcr111édiaire. - l,a Ioi de 111essidor a11 111 clócicla, au co11traire, que
l'inscriplio11 garantissail 1t11c a1111ée d'inlé,·els el le te,·,ne co1ira11l; puis, la
Ioi de !)rt1111aire a11 VII, arlicle '!), fix.a la Ii111ite ¡\ de11x a11nées d·i,zlércls.
/.,e Cacle civil. llédaclio11 origi,iq,ire de l'arlicle 2, 51. - A son tour, le
Co<le civil élargil CIICO!'e celte li111ite, Cll l'étcnda11l U 1/eux an11ées et U ra,1-
11éc cou1·a11le. L'article :i 151 1lisait, e11 co11séque11ce: 11 Le créar1cier i11scrit
po111· 1111 capital l)l'Ocl11isa11l inlérels ou arrérages a droil d'elre colloqué pour

1002 LlV RE lll. - TIT RE 11. - DEU XIE llE PAR TIE . -- CfIA PITR E IV

x ann ées seu lem ent , et pou r l'an née cou ran te, au me1 ne ran g d'h ypo -
deu
tl1eque que pou r son cap ital ; san s pré jud ice des ins crip tion s par ticu
lier es a
a u tres
pre ndr e, por tan t hyp oth eqt 1e a par tir de leu r dat e, pou r les arré rag es
que ceu x con ser vés par la pre mie re ins crip tion . n
se,
Cet te for mu le deu x a,inées et l'année courante n'é tait pas tres heu reu
dép en-
car elle cré ait, ent re les cré anc iers , t1ne diff ére nce de trai tem ent qt1i
l'an née
dai t exc lus ive me nt du l1asarcl. En effet, l'anr1ée cou ran te, c'es t-a- dire
ire de
d'in térc ts en cou rs, se dél ern 1in e par deu x dat es: 1° le jou r ann ive rsa
ssa nce de la det te; le jou r 011 l'hy pot l1e que pro dui t so11 effe t leg al,
la nai 2º
sur le
c'es t-a- dire cel ui ou le dro it dt1 cré anc ier est déf init ive n1e nt fixé
end re,
pri x de l'in 1m eub le. Par con séq uen t, l'an née cou ran te peu t con 1pr
pre squ e
sui van t les circ ons tan ces , que lqu es jou rs a pei ne, ou t1ne ann ée
ent iere .
jur is-
L'a rtic le 2151 n'a vai t, rl'a utre par t, visé que les hyp otl1 equ es, el la
con sé-
pru den ce déc ida it qu' il 11e fall ait pas l'ap pliq uer aux priv ileg es. En
col loc a-
que nce , tou s les intó rets d'u ne cré anc e priv ilég iée , dus at1 jou r de la
, éta ien t col loq ués au n1e1 11e ran g que le cap ital , rés ulta t vér itab len 1en t
tion
exc ess if el da11geret1x p_our les tier s.

Ré for me app ort ée au tex te de l'ar tic le 215 1 par la loi du 17 jut n
18 93 . - Un e loi du 17 jui n 1893 a mo difi é le text e de l'ar ticl e 2151.
iés
'fou t d'a bor d, elle app liqu e le n1cn1e trai tem ent aux cré anc iers priv ilég
qu' aux cré anc iers hyp olh éca ires .
· f~n secor1cl lict1, elle fixe a lrois a1111ées les i11térets gar ant ís at1 111eme
ran g
de l'ar -
que le cap ital , S)'Sten1e plt1s c'·c¡t1itable qt1e celt1i du Cod e. Le tex tc
1 est do1 1c aclt 1ell en1 enl ain si con< :.t1: 11 Le cré anc ier priv ilég ié don t
ticl e '..!15
titr e élé i11s crit ot1 lra1 1sc rit, 011 le cré anc ier l1y pot l1éc aire i11scri t po11r
le a
cap ital pro dui sa1 1t ir1tér1\ts ou arré rag es, a clro it (l'e tre coll oc1 ué pou r troi s
un
ins -
ann ées seule111c11l a11 me111e ra11g c¡ue le pri nci pal , sa11s préjt1clice des
criptio11s par ticu licr cs lt rirc ndr c, por tan t l1)'lJotl1cqt1e it com ¡Jte r de leu r
. ,, et arre,rag cs a11tres c¡t1c ce11x co11serves , 1
lte, lJ<JUr 1es 111ter1its
la ¡iar a tran s-
.cri1Jtio11 ou i11scri¡ilio11 pri1 r1it i,c. >>
l1011r c¡uc ce tcx tc s'a¡>1>li,¡11c c11 fav eur clt1 créa11cicr, il f"a11t c¡ue l'i11scrip-
lion riri sc po11r le ca1Jital fass c con nai tre <[IIC la c1·éc111cc csl ¡,ro1l11ctivc
ll'i11.-
a
léréls. ll f"aut ég-alc111e11t c¡i1'cllc c11 incli11t1e le lau x; sin<Jr1 011 1irt'~s11111cr
187/1, S.
<¡u'il s'ag il <lt1 lat1x lég al (V. 11<Jle <le \l. J,al>l>Ú s1Jt1s Civ ., ,3 1r1ai
. .'

¡;).1 ,;)).
is il 11'cst pas 111\ccssairc ,111c l'i11 scri1itio11 t\ll0 11ce le chif l're tota l au<1 11el
~Ia
l l ' ' 1·· ' '
lcre ts, pt11. sq11c e ' e."l l a 1 .
01 .
<1111 acco 1·c .
le d e [l 1c111
''l'
se evcro11 ces r1i1s a1111ecs < 111
.d roi t au cró anc icr le Lé11éficc ele cel te col loca ti<lll.

Qu elle s son t les tro is ann ées d'in tér éts gar ant ies par l'in scr ipt ion ?
ele le
- ll 11ot1s res te ú ~iréciscr ce {J<iinl. U11 cxc111¡>le vn 111it1s per111cttrc
1906 .
fair e ni:-é111ent. S11¡l(l<lsons t111 J>l't1t l1)'potl1écnirc con clu le 1•r ja11vicr
díi!Jite11r
.Le créa11cier a loucl1é les troi s 1)1·c111icrcs anr1ées cl'i nlé rets ; 111ais le
ins crip -
J1'a pns pay é les a1111ées suiva11tcs. E11 1\}I 1, le créar1cicr a ¡iri s u11c

llYPOTHEQUES ET PRlVILEGES Il\11\lOBILIERS 1003


tion spéciale pour les intérets des a11nées 1909 et 1910. Puis, fin 1913,
l'in1n1eulJle a été saisi, ou bien il a été vendu, et l'acquéreur a fait la purge.
Bien q11e le créancier ait toucl1é les intérets des lrois premieres ánnées,
l'inscription primitive lui garantira néann1oins, e11 outre, le paie111ent des
trois dernieres années.
Ainsi, les i11térets colloqués au n1e111e rang que le capital s011t ce11x des
trois a,i,iées les pltis 1·éce1iles, ce11x des trois der11ieres an11ées, calculées jus-
a
qu'a la saisie ou 11 la purge, sauf détermi11er (ce ([Ue llOUS ferons pl11s loin)
le n10111ent précis q11i marque l'expiralio11 de ces trois années. Grace a ce ... '•
systen1e, le créancier diligent se trouve parfaile111ent gara11ti. 11 prendra
des inscriptions spéciales pour les pren1iers tern1es écl1us qui ne seront pas
payés, et sera garantí par l'inscriplion du capital po11r les derniers, le tout
dans les li111iles de la prescription quinc¡11e11nale de l'article 2177.
Bien entenclu, si le créancier avait eu l'i111prudence de ne prendre aucune
inscriptioi1 patticuliere, nolre queslion ne se poserait plus. 11 serail collo-
qué pour trois an11ées quelco11q11es d'i11térets 110n prescrits (Voir 11ote de
~f. de Loynes, sous Pa11, 9 février 1903, D. l). 1905.2.257).
Supposons enfi11 c1ue, a la veille du jour oi'1 il y a eu saisie ou purge, le
créa11cier ait pris une inscriplio11, pour les cinq années d'i11térets qui allaient
J
écl1oir. II pourra den1a11der a etre colloqué po11r lrois de ces ar111ées, a11 J


n1 eme rang que le capital. Pour les de11x aulres, il sera colloqué au ra11g 1
ele sor1 inscription spéciale. l
]

. ·¡
. 1
Point d'arret des trois années. - 11 nous reste a déterminer quel est
le 111or11er1t qui n1arq11e la fin eles lrois a11nées d'intérets.
Repre11011s nolre exen1ple cl'11n ¡1rt\l co11se11 Li le I er jar1, ier I goG. L'i n1-
111eulJle est saisi 011 purgé fi11 1913. Aquel jo11r ele la procédure faudra-l-il se
11lacer pour calculer, e11 re111ontaat e11 arrit'·re, les lrois années colloquées
au 111en1e rang que le capital? C'est, ré11ondo11s-11ous, le 11101ne1it ou l'liypo-
l ltcr¡tte ¡1rocl1til so11 effel légc1l, c'esl-ú-clire le r11on1e11t 01'1 le créia11cier r1'a ,•·

plus IJcsoi11 de co11server son llroil, JJarce c¡u'il va elre ¡Jayé s11r le JJrix de
l 'i111n1c11lile. ()1·, ce 1110111e11t ,·arie s11iva11t <¡11'il y a e11 alié11alion yo\011taire
.•,
s11ivic ele purgc, 011 saisie.
En cas (falié1ir1lio1t volo1tlr1irc, celle lra11sftJr111ation so protlnil ¡>ar la si-
g11ificali<JI1 tic la 11otilicalitH111 fi11 <le ¡J11rge (l\cr¡., (i j11illel 189G, O. J>. !li·
1.!16ri, S. 190<>. 1 ./182). 1<:11 efl'et, c'esl 11 claler de l'ofl're c¡ue l'ac1¡11ére11r dc-
vie11l clé!Jilenr clu ¡irix envcrs les créanciers i11scrils. Ce sera do11c cellc •

nolilicali1111 c¡11i 111are¡uera le poi11t cl'arrel des i11lérc~ls garanlis ¡>ar l'i11s-
cri¡>li1J11.
S'il y a S(Jisie rlc l'i111111e11ble, <JII ¡1c11l l1úsiler entre de11x dales: le j11ge-
111e11l cl'adj11elicatio11 <>U la lra11scri¡ilio11 ele ce j11ge111e11t. C'esl cetle seco11de
dale c¡11'il fuul aclopler. l~n efl'et, c'esl lu tra11sc1·i¡>Lio11 qui 111arc¡11e le 1110-
111c11l <J1'1 l'i1111ne11IJ!e entre rl{1finiliven1ent, ergrz 011111.cs, clans le 1>alri111oine
ele I'a<lj11elicalaire, el se trouve cl{\)Jarrasst~ des 11rivilcges el J1,ypotl1e<1ues qui
le grevaie11t (arl. 717, 7' al, C. ¡>1·oc. civ, - V. Civ., 3ojuillet 1873, D.l). 7/1.
1.106, S. 78.:1.79, en 110Le; 7 avril 1880, O. 11 • 80.1.:109, S. 80.1.:1:.io; Cass.
1004 LIVI\E 111. - TITIIE II. - '
DEVXIE~lE PAHTIE, - CIIAPITHE IV

IJclg., ~J llécer11IJre 18u~, S. 93.!1.25, r1ote de 1\1. 'fissier; l{elJ., 6 juillet


1896, D. P. 97.1.465, S. 1900.1.!182).

Intéréts courus postérieurement a cette date. - Qua11l a11x i11térets


courus postérieuren1ent au tern1e ainsi fixé, c'cst-a-dire ¡Jenclant le ten1ps
11écessaire }J011r a!Joutir au paie111ent des créa11ciers, ils sont, e11x a11ssi,
el sans qu'il soit besoin cl'11ne disposition ex¡Jrcsse le décidant, garantis a11
n1e111e rang c1ue le capit"Ol. J,e créancier. en elfet, ne doit pas so11ffrir des
lente11rs ele la justice. Cctte sol u tion résulte de l'article 765, 2e al., et de
l'article 768 clu Cocle de ¡Jrocédure civile (V. i\'ancy, 15 noverr1bre 1907, S.
1908,2 .64).

Application de l'article 2151 aux hypotheques légales dispensées


d'inscription. - Jlour ces l1yJJOtl1cqucs, tant que dure la clis¡Jense d'ins-
cription, les intérels des créances se trou, er1t naturcllen1ent gara11tis, q11el
0

que soit let1r cl1iffre, au n1en1e rang que celles-ci. l\lais l'article 2151 clevie11t
applicalJle dujour oi'1 elles cesse11t cl'etre dispe11sées d'inscription.c'est-a-dire
a con1pter de l'expiralion lle l'année q11i 5uit la cessation de la tutelle ou la
dissolution du n1ariage.

Application de l'article 2151 aux arrérages des rentes. - L'ar-


ticle 2151 s'applic1ue, no11 se11len1ent aux intérets, n1ais a11x arréragcs des
re11tes. ll er1 rés11lte que le crédi-rentier, dont la rente est gara11tie par u11e
. inscription l1ypotl1écairc, ne JJOurra se fairc colloqucr a11 rang de sa pre-
n1i<'·rc inscriplio11 c¡ue ¡iour les arrérages des trois dernicrcs a11nées. Il
devra prcnclrc des inscriplions spéciales pour les arrérages non ¡Jayés des
a11lres années. Voici do11c c¡uellc sera la situation cl11 crédi-re11ticr clans la
procédure d'orclre. 11 sera colloc¡ué, tout cl'abord, au ra11g de s011 inscription
prin1ilive, ¡Jo11r 1111 capital représenta11l la valeur acluelle de sa rente, pl11s
trois a11r1écs d'arrérages. II sera c11s11ilc collo1¡uó au ra11g de cl1ac¡11e i11scri11-
tio11 prise par lui pour les n11trcs ler111cs cl'arrérages in1pay1\s.

§ -1. - lle11011,·elle111t•11t tlt•ce1111nl tics l11scrl1ttlo11H.

Généralités. La péremption tles inscriptions. - Les i11scriptior1s l1y-


11oll1<'~caircs 11c couservcnl lcur cfl'cl <¡uc 1>c11cla11l dix ans. J~llc·s 1loivc11l i\Lrc
rcnvuvelées ava11t l'cx¡Jiralio11 ele ce clt':lai ; sino11 clics so11l 11éri111écs el lc1111cs
IJou r cffacécs. Cctlc regle esl éno11cée dar1s l'articlc :i 1:1!1 : « ),es i11scriptio11s
conscrvc11I l'l1y¡>oll1<'~1¡11c el le ¡irivilC:•gc pcnda11I clix a1111écs, :\ cor11¡1tcr d11
jour lle leur clalc; lcur cfl'el ccssc, si ces inscri¡>Lions 11'011t été rc11011vclécs
nva11l l'cxpiratior1 ele ce dólai. 1>
Cclle 111es11rc a pot1r liut tic f'acililcr les recl1ercl1cs tla11s les registres. Si
l'i11scri¡>Lio11 cor1srrvail indéllr1i111c11I so11 cfl'cl, le conscrvate11r tics hy¡>oll1c-
q1-1es, auq11el 011 .cle111a11derait 1111 t'·lat eles i11scriplior1s, dcvrait rcr11011Ler
lrop l1a11l. ll 11e l11i s11fflrail 1111'\111c pas ele rc1no11tcr :\ trer1le a1111ées en
at·ricrc, car il y a eles ¡1rcts l1y¡>oll11\cnircs q11i se prolo11gcr1 L n11 cleli\ de
'

' '
l{Yl'OTHEQUES ET PlllVILEGES lll~lOIIILIEHS 1005
a
ce ter111e, le créancier n'exigeant pas sor1 paie111enl l'écl1éance prin1itive-
n1enl fixée, et co11servant le placen1ent que re1)rése11le le pret. On voit do11c
con1l)ie11 les recl1ercl1es deviendraient long11es. Elles seraient c'-galerr1e11t
co111pliq11ées, car il faut aussi, 011 s'en souvie11t, pour élal)lir avcc ccrlilude
l'élat l1ypoll1écaire d'un imn1eul)le, faire l}Orler les investig·atio11s s11r les
110111s lles 1}ropriétaires ar1térie11rs de l'i111111euble.
La péren1plion décennale J}rc'-senle 1111 seco11el ava11lage. Elle dispense sou-
,·enl le débiLeur ele faire les frais ele radialio11 d'u11e inscri¡}lio11 gara11lissant
1111e tlelle q11'il a acc111iltc'-e, lorsc1ue celle i11scriplio11 a plus ele elix a11s
ele elate. La péren1ption conslilue u11111ode a11to111atir¡ue ele rallialio,i des ins-
criptions correspondant a11x tlelles étei11les. C'est elo11c 1111e cause a1}1)ré-
cial}le cl'écono111ies.

Origine historique et appréciation de la regle. - La l)<•re111¡}tio11


eliosen11ale a éfé créée par la loi d11 11 l)ru111aire a11 ''II (art. 113). J,ors ele la
réel..1clio11 clu Code civil, ci11 en disc11la l'ulili té, el 011 ¡}ro¡losa ele clécicler que
l'i11scri1Jtio11 co11serverait indéfi11i111cnt s011 efl'el. La 111e111e tl1esc f11t reprise
lors eles projels ele réforn1e de 18!10. On a p11 elire en efl'et c1ue l'obligatio11
elu re11ouvelleme11t est u11 danger pour le créa11cier, expc)sé ai11si a ,·oír sa
s11rell\ s'éva11ouir ¡Jar 11n sir11ple 011IJli, e11 111e111e le111¡Js c1u'1111e cl1arge J}our
le clólJite11r c111i en s11¡}porle les frais. Or1 ¡Je11L ajo11ter q11e le d{·lai ele elix
ans esl Lrop courl, car la plu1)art eles pr<\ls l1yJJOLl1écnires c\11rer1l JJlus lo11g-
te111ps el exigen! ainsi au 111oins 11n rcnouvelle111ent. :'llalgró ces critiq11es,
la ri,gle clu reno11velle111er1L dt'·ccn11al a Lrior11pl1ó. Et il 11ous ¡}arait, e11 cfl'et,
c1ue so11 11Lilitt'· 11'esl pas cor1tcslalilc. \011s diro11s 111<\n1e <¡11'elle est i11clis-
¡)ensalile <la11s 1111 l'l;gi111c ele ¡i11IJlicilé prrso1111elle co1111ne le nc\lre. 011 ¡1e11l
sa11s <l<J11te c11 crilic111cr l<\ clt'·lai, et tron,er c¡11e celui ele clix a11s esl trc,p
courl, 111ais le princi¡ie l11i-111e111c est inatlaq11a!Jlc. Ce c111i le dó111onlre, c'est
c¡ue la lt'·gislalio11 IJelge, a¡Jres a,oir s11pprin1é la JJéren1ption en 1828, l'a
rétn!Jlic 1iar la loi <l11 1!1 11u1rs 18!1:1., co11íir1111:e ¡iar la lcJi l1ypolhécaire cl11
1G <lécc111JJrc 18:í1 (art.. :,o). 'J'r<'·s rares so11L les lla~s :\ ¡,ulJliciló ¡}crso1111elle
<¡11i (Jlll rejeté celle ri·glc: (Jll 1ie11l cilcr ce¡Jc11cla11t la Jlolla11clc (art. 123G.
C. civ. 11(~erla11clais).
:\',,tre I(·g·islali<JII 111(·rite 11t'•a11111<Jins elcux critic¡u<~s:
1º l,e <l(•lai ,le clix a11s, 11011s le r(·¡it':lu11s,esl lf't)JJ courl. 11 ~- a Jle11 d'i11s-

cri¡Jlici11s <¡ni n'aic11L Jlas ]¡csoi11 cl'<~lrc renou,clées 1111c 011 de11x fois, ce
<¡11i c1111l<Jrle eles frais ¡io11r le clóbile11r h)-llolhócaire. J•:t, cl'a11lre ¡Jart, il
arrivc ¡iarfois <{tic le crt'·ancirr ou)Jlie ele J'airc le reno11,elle111ent e11 te111JJS
11Lilc. l,a loi )¡clge n ¡iorté le cl(:l11i it <J11i11zc a11s, le (:ocie civil ilnlie11 ú
lrPnlc ans (art. 2o<J1 it :iooG). Nous Jlf>11rri<)ns 11lil(1111P11l les i111iler.
:i" ]1<J11r c¡11e la ¡iórc1111itio11 ofl'ril eles aYantag-cs sans ri'·serve. il fa11clrai L
<1u'cllc s'n1lJlli<111,\l 11 l<JUIPs les i11scripli<1ns sans clisti11clio11. <>r, l'arlicle 215!1
~11IJit <(ll<'i<¡ucs cxcc¡itions, tlont In ¡il11s i1111i<>rta11lc vise le Cr(·clil f'o11cier.
l.'arlicle /1í <111 clécr<'l-loi 1111 :18 ft':vri"r 18ií:>. a tlis¡Jcns(, c11 .efl'ct les i11scri1J-
lio11s hy¡i<Jlh{·caires 1,risPs a11 1irc,lit clu (:ri'·clit foncicr cln re11011vellen1cnt
<lóccnnal ¡ienllai1l l1>11le la cl11ri'·e d11 ¡>r<\t, l,a raiso11 en esl c1ue les pr<'Ls cl11
. ' -·..

1006 LIVRE 111. - TITRE 11. - DEUXIEME PARTIE. - CHAPl'l'RE IV

Crédit foncier sont a long terme: ils peuvent aller jusqi1'h 75 ans. 11 ai1rait
done fallu, si on leur avail appliqué le Droit comn1un, que le débiteur
du Crédit foncier st1pportat les frais de plusieurs renouvellements. I\fais
cette brecl1e faite au systeme dt1 Code civil le destitue de son efficacité. En
etTet, le conservateur des l1ypotl1eques ne peut plus désormais se contenter
de ren1onter a dix ans e11 arriere pour étal)lir la situation d'un ir11n1euble.
11 lui faut consulter tous les registres jusc¡i1'a 1852. 11 est vrai que, poi1r fa-
ciliter leurs rechercl1es, 11ne instruclio11 de la Régie du 3 février 1862 (D. P.
6:i.3.4o) a recomn1andé a11x conservaleurs d'a11noter les inscriptio11s d11 Cré-
dit foncier par un signe spécial. En fait, les cor1servateurs n'indie1uent pas
dans leurs états les inscrí1)tions qui 011t plus de dix a11s ele date, et des lors,
il faut, quand on Yeut co1111aitre exacte111e11t l'état l1ypoll1écaire d'un in11net1-
})!e, ,·érifier au siege clu Créclit fo11cie1; s'il r1'y a pas eu t111 ¡)rel etTectué et
s'il n'est 1)as con1 Jliete111ent a111orli '.
11 in1porte de rer11arquer, en ler111i11a11t ces généralité_s, crue le renouvel-
lement des i11scriptions, qui sen1l)le indispc11sable da11s le systb111e de la
1)ublicité personncllc, devicnt co111plelen1e11t in11Lile dans les pays c¡ui en1-
ploi.ent les livres fonciers. Cl1aq11e i1nn1eul)le ayant son feuillet spécial sur

lequel figurent to11s les droits réels qui le grc,er1t, il 11'y a plus i1 parler de
pére111ptíon.

I. - Inscriptions qui doivent étre renouvelées .



Généralités de l'article 2154. Ses inconvénients .
relativement au
privilege du vendeur. -- E11 príncipe, loules les inscri¡1lio,is s011t sou111i-
scs i1 l'a1iplicatio11 de l'article 2, Ci{,.
La regle s'a1)pliqt1e nola111111c11l it [' i11scri¡1lio11 cl'ofjice <llt ¡1riui/l\ge cltt ve,i-
tleur ll'i111111e1tbles. C'e:;t a11 ,e11cleur e¡u'il ínco111Le ele faire ce reuou,ellc111e11l.
011 11e 111a11e1uera ¡Jas ele co11slater co111l)ie11 l'instilutio11 lle la ¡)ére1111)tio11
<lcvicnt ici cla11gere11se, en se co111!Jir1ant avec celte rt'•gle re11co11trée ¡Jlus l1a11l
(¡i. 83¡) q11e le privileg·e du Ye11clct11' petrl elre i11<léfi11i111e11l l'Cllel11 O})JlOSal)le
a11x Licrs 1iar son i11scrí1)lio11 C)tl 1iar la lra11scri1ilil111 ele )'acle ele ,ente 1¡11i
lui a llo1111<'· 11aissancc. S11¡1¡)os<>lls c11 cll'ct r111c le v1•11ele11r 0111ellc de })l'Océclcr
au re11011velle111c11l ele l'i11scrí1ili1H1 prisc cl'office ¡)ar le co11serv11let1r ,les
a
l1_v¡)olh<'•1¡11es la suite lle la lra11sl'ri1iti1J11 ele S<JII acle ele vr.nle; les cr(,a11cicrs
l}lli ac1111crro11L clt'·sor111ais h~·1>e1lhe1¡11c sur l'i1u1nc11ble, 1l11 chcl'elc l'ac<¡11{·-
rc11r, seronl f1H1elt'·s it croire, sur la vue lill ccrtifical 11t'·galif' cl'insl'ri1ili1Jns
elélivr1'• 1iar le c1>uservaleur eles hy1)11ll1e<¡111)s, 1¡11e le ¡>rix a t'.·lt', riayó el le ¡>ri-
,·ili,ge {,[PÍ11l. ,tais il sera JH>ssil,le a11 VP111le11r 1le faire renailrr. sri11 t>rivi-
lt'·gc it lc11r e11co11lrr.. e11 1>rr.111111t 1111<' 111>t1Yl'lle i11scri¡>lil111, el de le l1.•11r <>1)11<>-
ser, tanl 1!11 111oi11s 11u'il ne se sera ¡iro1l11il a11c1111 eles évé11c111e11ls 1111i arr1\l1n1l
le cours tics i11scri¡1lio11s (faillile 1l11 1l<'·l1itc11r, 111orl 1l11 1lt'·l>ilc11r 1·l acce11La-
lio11 ele sa s11cc1\ssic111 sous béill'·licn cl'i11vP11taire, réalit'•11ali1J11 suívic <le lrans-

1. l'ne proposition dr. loi d,1¡,os,1P h. la Ch11111hr<' ,les tl,'•pntés le 11; d11cP1nlire l 8!J6 par
~l. Jounrl a,·ait d1•1111111dé l'11hrog11ti1111 dr 1'1.•xerpllo11 failf' 1111 prolll d11 Cr{·tlil foncier.
'

'
HYPOTHEQUES '
ET l'RIVILEGES I~l~IOBILIERS 1007
cription) (Req., r••· aout 1904, D. I). 1908. r .457, note de iVI. de J,oyr1es
contra, S. 1907.r.73, note de M. Naquet). 011 a olJjecté, il cst vrai, que le
vendeur qui n'a pas renou,-elé son inscription en temps utile, doit suppor-
ter la conséqi1e11ce de sa négligcnce. ~lais le ,-e11de11r ¡Jcut répo11tlrc victo-
rieusement que si la pren1iere inscriptio11 est te11ue pour non avenue, il
doit etrc Lrailé comm.c s'il n'avait pas encore publié so11 privilege. Or, la
loi ne lui i111parlit aucun délai pour faire cette lJtr!Jlicité, ta11L que l'in1n1eu-
ble est encore entre les 111ains de l'acquéreur.
a
Et l'inversc, le syslen1e du Code civil, Lcl <1u'il résulte de la con1binaison
des arlicles 2108 et 215!1 a1J1Jarait co111me aussi dangere11x pour le ,·endeur
que pour les créanciers l1)-¡Jotl1écaires du cl1cf de l'acl1eteur. En elfet, le non
re11ouvelle111ent décennal de l'i11scription d'office du privilege rnet un terme
á la publicité résirltant de la transcription de la vente. 11 e11 résulle q11e si,
a11 n1oment de la faillilc 011 de la 111ort de l'acl1etei1r suivie de l'accepta-
tio11 bé11éficiaire de sa successior1, le ,·cnde11r n'a pas renouvelé l'inscription,
conforn1é111cnt ti l'articlc 215!1, il cncourt' la décl1éance, IJicn qu'il y ait cu
tra11scriptio11 de l'acte de vente (Civ., 2 déce111lJrc 18G3, D. P. G4.1.105, S.
G4.1.57; :>.4 r11ars 1891, D. l). g1.1.145, S. gr.1.209).

Application de la regle aux l1ypotheques légales des incapables.


- La regle du renouvellen1e11t s'applieJ ue égalcr11ent aux liy¡Jollteqt1es légales
des fem111es 111ariées et des person,ies en ltllelle. Sci1lcn1c11t, ta11t que dure le
n1ariage ou la tutclle, la 1Jéren1ption n'en1porle aucune décl1<'·a11ce, puisque
le rang ele ces hypotheqi1es ne dépend pas ele le11r i11scriptior1. 11 en serait
aulrer11e11t si la pérempt.ior1 se produisait plus d'un ar1 apres la elissolulior1
el11 r11ariagc 011 ele la tutelle. I~lle r1rotluirail alors, Jlour ces l1ypoll1equcs, le
111en1c cfl'et c111c pour les aulres.
Lorsq11c l'inscriptio11 tle l'l1ypoll1ecrue légalc esl faile 1Jar 1111 créa11cicr
subrogé aux droits de la fe111111c 'i11ariéc, co11forr11é1nent ú l'articlc 9 de la
IL1i el11 :.i3 n1ars 1855, elle est s11llordo11née au re11011,clle111e11t déce1111al, et
cessc par conséqucnt ele produirc loul ell'et a
dater ele la ¡Jércn1ptior1. Le
créancier se lro11ve alors dar1s la 111e111c silualio11 r¡uc s'il 11'avail 11as c11core
¡iris tl'inscriplio11.

Créancier subrogé au Crédit foncier. - La reg-lc de l'arlicle 215!1


s11l1il cxce¡llion, 11ous 1·avor1s di 1, ¡lo11r les inscri11tio11s tl11 Cr<'~cli l foncier.
~lai:,; il co11vic11L tl'ajo11lcr ici <¡uc, si 1111 Licrs rc111IJ<)11rsc le Cré<lil fo11cicr el
se lrri11vc ai11si sulirogé 1la11s ses clroi ls el actions, il 1icr1l le l1é11éficc el11
a
¡1rivil<'·gc accortl1\ ce tlcr11icr. car ce ¡irivili·ge csl csscntiellc111c11l 11ersor111cl
it ccl étalJlisse111c11l. Le 11011vea11 créa11cicr <lcvra clo11c it !'avenir 1>rocédcr au
rc11ouvclle111c11l 1lécc1111al de l'i11scriJJtio11 ('frib. civ. Sci11c, 17 eléce111-
brc I!JI<>, I). l1 . I!)', .[1.[19). Cclle solulion csl 11011rla11t co11lcsléc, car clic
cst rigf111re11:,;c; cerlai11s arr11t:-; <>11L stalué c11 se11s co11lrairc ('1'1111lousc,
1'' 111ars 188!), l). l>. 90.:i.70, S. 90.2. 1:.19).

11. - Conséquences de la péremption.


l,'inscri¡1liclll ·11<\ri111t'·c csl lc1111c p<i11r 11011 cxislanle. J>ar c1111s1\c111cnl, le
,
1008 LIVI\E 111, - TITl\E II. - DEUXIE~IE PARTIE. - CHAPITIIE IV

privilege ou l'l1ypotl1eq11e est considéré con1n1e n'ayant jar11ais été inscril.


Pourra-t-il elre inscrit de 11ouveau? Cela clépend des cas. Il le pourra si
l'imn1euble grevé est encore entre les n1ains du débiteur, et si aucun des
lrois évér1en1ents qui 111etlent fin au cours des i11scri¡)tions (faillite, 111ort
du clébite11r suivie d'acceptatio11 bénéficiaire de sa s11ccession, réaliénation
clun1er1I tra11scrite), ne s'est prod11it .da11s l'intervalle. 11 r1e le pourra pas,
au contraire, si l'in1111eulJle a été aliéné par le clébite11r et si l'alié11atio11
est deven11e oppo~a}Jle aux liers, ou si l'11n des cleux événen1enls ir1di<¡ués
clar1s l'article 21 !16 s·est procluil dans l'intervalle.

III. - Calcul du délai de c.lix ans.


Le clélai ele dix ans se calcule jo11r par jour. 11 con1111ence done courir a
le lende111ai11 clu jo11r ou l'i11scriplion a été prise, et se tcrn1ine la fir1 d11 a
clcrnier jour eles clix: ar111óes révolues. ,\insi, 11ne i11scri¡Jtior1 ¡)rise le 1'' ja11-
vier 1908 JJ011rra 1\trc re11ouvelée jusc¡11'a11 1··, ja11,·ier 1918 a11 soir.

IV. - Comment se fait l'inscription de renouvellement?


L'.i11scri¡Jtio11 se fai! co11forn1é111c11t i1 l'inscriplio11 {Jri111itive. l\Iais il faul
)' indiquer c¡u'il s'agil cl'1111 renou,·elle111e11t. Les tiers ont en elTet i11téret it
cor1nailre celle circor1slancc, car elle les averlit que la 11011velle i11scri¡1lion
IlC fait c¡ue CO/lSCl'l'CI' le ra11g ele l'l1~·poll1ec¡11e 011 <lu privilege. La jurispru-
cle11ce cléciclc en cor1sí·qucnce c¡ue l'inscri¡1Lior1 re11011vclée est r111lle si cclle
iudicalio11 11'y figure pas (Civ., 6 juillet 1881, D. J>, 82. 1.3!18, S. 82.1.!15:"i·.
I~n reva11che, la jurispr11dence acl111et c¡11'il n'est ¡)as 11écessaire q11e la
11011vclle i11scriplio11 ccintic1111c toutes les ér1011ciatio11s ele la ¡Jre111iere. 11
suffil q11'ellc se rt',ferc cl'1111c fai;on cerlaine it cellc-ci. (ln 11'a11ra e11 cll'el
• c¡11'it se rP¡1orler it la ¡1réc{·cle11te inscri¡Jlio11 ¡1011r les re11seig11en1enls 11Lilc,
(l\e<¡., 9 ft'-vrier 1Hii1, 1). 11 • ()2,1.1 ,, S. ¡¡2.1.113, 11ole de :\l. LalJlJé; 28juil-
lcl 1uo2, 1). 11 • '!JC>ºl. 1.:{96, S. 1!)03.1.39:{, 11ole ele \l. l\a<¡uet). Cclte o¡>i11ic>n
¡)r1\tc. cruyo11s-11u11s, it la critique, car le rcnc>11,elle111c11l a ¡1r{'.CÍ~<"111ent
¡1011r IJ11l clº(iviler q11ºc111 ne suil 1ilJlig"!°, ll'étudier les inscri¡ilions re111u11lanl.
,\ ¡ilus el!' clix: ans.

\'. -- Jusqu·a quand faut-il renouveler les inscriptions?


l,e l'<'llüllYC'lle111P11l est 11{•ccssairc lanl <¡ue le ¡1rivili'·gc 011 l'hy¡10Ll1<'·1¡uc
11'a ¡ias ¡1r1Hl11il snn <'ll'el lt'·gal, c'esl-it-<lirt' la11I <¡uc le clr1>il clu crí·a11cicr
11'esl ¡1as lransfor111t'· en 11n clroil sur le ¡1rix: de l'i1r1r11e11lJlc. Nous savons
c111el PSI ce 1110111cnl. \<111s l'avc>ns i11clic¡11{'. it [llº<>JHJS de l'arliclc :.i 151 (¡J. IC><>:{).
Aucas <l'ali<'·nali<lll volo11laire sui,ie ele llllr¡,;-e, c'Psl la nulificali<lll adr1)ss1\<)
a11 cr<'·a11cier; a11 cas ele saisie, c'esl la lra11scri¡1ti1.111 <lu jugcn1c11l cl'a<lju-
•.1licali<>11.

1° Radiation. Comment elle s'opere. - 1,a r1t1liulio11 a 11011r liul ll()


co11slater c¡11'1111e i11srri¡1tio11 clcJil <\lrc te1111e 11011r anéanlie.
' '

• •
IIYPOTJIEQUES ET PRIVILEGES lll~IOBILIERS 1009
Elle ne s'eJl'ectue pas 111atériellen1er1t; on 11e !)ill'e l)as l'inscription portée
st1r le registre. Le conservate11r 111entionne e11 n1arge <¡11e l'i11scription se
trouve ra)·ée en ,·ertu de tel acte de 111ai11levée 011 de tel jugen1ent. L'arti-
cle 2157 nous elit en effet c¡uc << les i11scri¡)lio11s sonl rayées elu consentement
des parties intéressées et ayant capacité acet efl'et, ou en ,·ertu d'un juge-
n1ent er1 dernier ressort ou passé en force ele cl1osc jugéc n.

!\. Radiation ....olontaire. - La radiation est <lite volo,ilaire, lorsque


le créancicr consc11t a clonner 111ainlevée de l'inscription. 11 e11 est ainsi
c¡uand il a rec,u le 111onta11t de sa créance. '.\lais il pourrait don11er 111ainle-
,·ée tout en resta11t créancier, par cxe111ple par !)ienveilla11ce, l)Our n1éna-
ger Je crédit dt1 dél)iteur.
Deux conditions sont rec¡11ises pour la ,·alielité de l'actc de n1ainlevée.
a
a) 11 faut qu<~ le créar1cicr soit ca¡Jaúle ele consentir la radiation (art.
:>. 157). La capacit<'· rcq11isc varíe clu re,tc suiva11t <¡u'ellc est co11senlic a1)res
le 1)aie111e11t ele la créancc, ou ~ans <¡ue le J)aie111ent ait cu liet1.
S'il ). a cu 1)aic111e11t ele la créancc, il suffit qt1e le créancier ait la capacité
requise po11r recevoir les capilaux et en donner décl1argc. Ai11si, t111e fen1n1e
séJ)aréc de ]Jicns, u11 tuteur, le 111ari ad111inistrateur eles bie11s ele la fe111n1e
pc11vcnt donner n1ainlevéc de l'inscription gara11lissant la créa11ce qu'ils ont
toucl1éc. Au co11traire, le 1ni11et1r én1a11cipé dcvrait etre assisté ele son
c11ratcur (art. !182), le prodig11e ou le failJle el'esprit de son co11seiljueliciairc
(art. !199 et 513).
Si, par exceptio11, la radiation i11tervenait sans c1u'il ~- et"1t cu ¡)aie111ent de
a a
la créance, elle éc¡t1ivaudrait tinc re11onciatio11 l'l1ypoll1er1ue et exigcrait
la ca¡Jacité de elisposer ele la créar1ce dont l'l1ypoll1i'.:quc est J'accessoire et
la gara11lic. 11 fauclrait do11c au t11leur el a11111incur é1r1ancipé l'a11lorisation
cl11 conseil de fa111ille, /1 la fen1111e séparée de IJicr1s, celle de so11 111ari.
Le conservaleur des l1)·poll1c(111es a11quel on apporte un acle de mainlevéc
eloit vérificr la ca¡lacité de cclt1i donl il én1anc. JI ne joue plus ici, en cfl'et,
1111 rr">lc purcrnc11l ¡)assif, co111r11c ¡Jour l'inscription. S'il cll'ectuait 11ne ra-

diatio11 irrégulierc, il ¡1011rrait ca11ser 1111 grave 1iréj11clicc a11 créa11cicr, et il


scrait te11u ele rétJarcr ce ¡iréjudicc (Civ., !) j11i11 18!11, D. J. G., Prii•ilegesel
l1_y¡iotli., 2G9n-1°, S. !11,1.!1G8; 12juillct 18!17, 1). Jl. !17.1.31!1, S. !17.1.5oG).
IJ) JI fa11t r¡uc l"acte ele 1r1ai11levée soit rérlir¡é 1leva11t 11ofr1ire r,arl 2158).
a
c:·csl 1111c gara11lie <lcsti11éc it 111ettre l"aliri la rcspo11sal1ilité clu co11serva-
tc,,r eles l1ypotl1e(JUeS, e11 nI<~lllC lCIIIJJS (Jt1'u11cj11slc ap¡)licali()Jl ele cctlc regle
ele bo11 se11s q11c les for111alités IJl"olcctriccs rcq11ises IJ<>ui: l"acr1uisilio11 d"1111
clroit so11t r',gale1r1c11t 11<',ccssaircs po111· son cxli11ctio11.

ll. Radiation judiciaire. - La rarliatio11 rlc l'inscri¡Jlio11 l1y¡Jotl1écaire


est de111a11eléc it la justice, lors<¡uc le crr',a11cicr ne co11sc11l J)as it donner
111 ai 11levée de l'i11scriplio11. Le lrili1111al pe11t f>rclo1111er la racliatio11 dans les
cas s11iva11ts ó11u111érés par l'article 21Go:
a) J,'i11scriptio11 a {,té faite sa11s <1tre f¡J11cléc 11i sur la loi, r1i sur 11r1e cor1-
,·e11tion 011 llll j11gc111ent, c'csl-a-<lil'e alors q11'il n'exislait pas de privilcge
011 d'l1ypothc<¡11e;
To111e 11 G(

..

1010 LIVRE 111. - TITRE 11. - '
DEUXIEllE PARTIE, - Cll,\PITRE IV

b) Le litre constitutif de l'l1ypotl1eque était irrégulier, soit qu'il fut enta-


ché de nullité, ou soun1is a une condition résolutoire q11i s'est réalisée de-
puis, soit que le jugen1ent qui lui a donné naissance ait été réformé ;
e) La créance garantie par l'l1)·potl1eque ~st éteinte, soit par le paiement,
soit par la Jlrescription, soit par tout autre n1odc d'extinction;
el) Le droit d'l1ypotl1eque ou de privilege est éteint, l)ien que la créance
continue a exisler. Par exemple, l'l1ypotl1eque a disparu par l'ell'et de la
prescription (art. 2180-4º).
e) L'inscription est entacl1ée ele nullité, parce <1u'elle ne co11lie11t pas tou-
tes les 111entions substantielles recruises par la loi.
To11te personne intéressée peut de111ander la radiatio11. Ce droit appartient
done, e11 pren1iere ligne, au débiteur lui-111en1e, puis aux autres créanciers
inscrits, enfin a l'accruéreur de l'in1meuble.
La de111ande esl porlée elevan t le tribunal dans le ressort duque} l'i11scrip-
tion a été prise (art. 2159), c'cst-a-dire devant le tribu11al clu lieu de la sil11a-
tion de l'ir11n1euble.
Ce1)e11dant, lorsqu'une den1a11cle le11dant a faire co11stater la nullilé ou
l'exti11ction ele la créa11ce est pendante clevant un aulre trib11nal, c'est ce

dernier qui devient co111pétenl J)our slatuer sur la question de radiation
(art. 171, C. proc. civ. V. Nancy, 14 1nai 1913, Gaz. J.Ja/., 22-23 juin 1913).
E11fi11, si u11e inscription avait été J)rise en vertu d'u11 jugen1ent conda111-
na11l 11ne perso11ne a 1111e s0111n1e éve11tuelle ou inclétern1inée, et si le clé-
biteur e11 den1andait la radiation, la den1ande serait }JOrlée devant le tri]Ju-
. nal qui a rendu le jugen1ent de condamnation (art. 2 159, 1 ••· al.). Eu ell'ct,
les queslions que soulcve l'exécution d'u11 jugemcnt 11e peuver1l etre tra11-
0l1ées que par le tribunal qui l'a rendu.

Quand la radiation sera-t-elle opérée? - La radiation ne pourra avoir


lieu qu'ctpres que le juger1ie11l qtti la pl'ono,zce aura acr¡uis l'aulol'ilé de la
c/1osej11gée, c·est-a-dire apres crueles délais d'appel ou <l'opposilio11 sero11t
expirés. La regle est écrile <la11s l'arlicle 548 <lu Cacle <le procédure civile.
Elle <léroge au Droit co1nm1111, cl'apres leq11el les délais cl'appel ou d'opJ)O-
sitior1 11e sont pas s11spensifs, c'est-h-dire 11'e111¡>ecl1ent }las l'exéc11Lio11 cl'1111
juge111e11l, l'appel 011 l'opposition pro<luisant seuls cet ell'el s11spe11sif. l\1ais
celle 1lérogalio11 se justilie aisé1ne11t. U11e radiatio11 l)l'én1aturée pourrait
cause,· 1111 Ill't•j11dice irréparable a11 crt'·a11cier. L'expiralio11 <les <lélais d'a¡)pel
011 d'ol)llosilion sera <l'ailleul's co11slatée ¡Jal' 1111 cerlificat <le l'avoué <le la
partic Il011rs11ivanlc.

:iº Réduction des inscriptions. - Un dél>iteur pcut cle1nancler la rélltic-


lio,z cl'1111e i11scriplio11 l1ypotl1écaire, soil parce 1¡11e le cl1ill'rc de la créa11ce
lui JJUl'all cxagér{\, soit })arce que, s'agissa11t cI'u11e l1ypoll1equc gó11érale, sa
forlu11e i 111r11ollilicre dé1)asse <le l>ea11coup la gara11tie 11écessaire a11 créan-

c1er.
A. J>,.e,1iier cas. - Le dél1iteur peut de1nar1dcr c111e le chilfro de la
crea11ce énoncée da11s l'inscriJ>Lion soit réd11it, lorsq11c la créance cst indétcr-
.. ' .

HYPOTHEQUES ET PRIVILEGES IMMOBILIERS 1011

lninée, et que l'évaluation qu'en a faite le créancier lui parait exagérée


(art. 2132 in.fine et 2163). << L'exces dans cecas est arbitré par lesjuges,
· d'apres les circonstances, les probabilités des chances et les présomptions
de fait, dit l'article 2164, de maniere a concilier les droits vraisemblables
du créancier avec l'intéret du crédit raisonnable a, conserver au débiteur,
sans préjudice des nouvelles inscriptions a prendre avec hypotheque du
jou1· de leur date, lorsque l'événement aura porté les créances indéterminées
a une somine plus forte. n .
B. Dezixieme cas. - Si les biens du débite11r sont frappés d'une hypothcque·
générale, le débiteur peut demander que l'inscription prise soit limitée a un
ou quelques-uns seulement de ses immeubles, lesquels suffisent ala garantie
du créancier. Cette deuxieme variété de réduction ne peut done pas s'appli-
quer aux l1ypott1eques conventionnelles, meme quand elles portent sur les
biens a ,·er1ir. En effet, la convention fait lá loi des parties. Elle ne vise pas
1
non plus, d'autre part, les hypotheques légales de la femme mariée et des
personnes en tutelle, car, pour elles, la loi a établi 11n systeme particulier de
_réduction dit ca,itonne,nent dans les articles 2140 a 2145, systeme soumis a
. des conditions rigoureuses. Par conséquent, la demande en réduction prévue
par les articles 2161, 2162, 2165, ne vise que deux sortes d'hypotheques
· générales :
L'hypotheque judiciaire ;
L'hypotheque de l'Etat, des départements, des communes sur tous les
biens de le11rs comptables .
. Deux conditions.sont requises pour que la demande aboutisse:
a) Il faut que l'hypotl1eque générale n'ait pas fait déja l'objet d'une réduc-
tion conver1tionnelle/(art. 2161) ;
b) 11 faut que la ~aleur des imme11bles qui doivent den1eurer affectés a
l'hypothcque excede de plus d'un tiers en fonds libres le montant des
créances en capital et accessoires légaux (art, 2162 ). L'article 2165 indjq11e
aujuge comment il peut apprécier la valeur des immeubles. Nous nous
contentons d'y renvoyer.

SECTION IV. - ExTI'.'ICTION DES PRIVILEGEs ET HYPOTHEQUES,

No11s diviserons celte n1aticre de la fa<;on suivante:


En premier lieu, nous fournirons l'ipdication générale des causes dive1·ses
d'extinction des privilcges et l1ypotl1cques. ·
Un second par11grapl1e sera consacré a l'étude spéciale d'une de ces causes
d'extinction, a snvoir la prescriptic,i.
En troisicme lie11 enfin, nous ét11dierons les divers cas ou l'hypotl1eque
ne s'étei11t pas tout enticre mais seulement q11ant a11 d1·oit de suite, le droit
de préférence survivant au profit du créancier, sur le prix de l'imme11blc,
s'il est cncore dO par l'acquércur. •
§ 1 .. - lndleatlo ■a A'énérale de• eaa•e• dlve1••e• d'e1tl11etlo11 .

l,es privilcgcs et hypothcq11es s'éteigncnt de dc11x fac;ons:


1012 LIVRE 111. - TITRE II. - '


DEUXIE~IE PAI\TIE, - CIIAPITRE 1,•

1º Par voie accessoire, en men1e tcn1ps que la créance q11'ils gara11lissaienl ;


1° Par voie principale, c'est-a-dire en laissant subsister la créance garantie.

I. - Ex.tinction par voie accessoire.


L'extinclion des privileges et hypotheques résulte tout naturellen1ent de
I'extinction de la créance dont ils gara11Lissent le paic111cnt (arl. 2180-1º),
car les garantics de la créance n'ont plus de raison d'elre lorsquc celle-ci a
cessé d'exister.
f\lais cet effet ne se produit qu'autant qtie l'cxli11ction de la créance csl
totale. Tant qu'une fraclio11 de celle-ci reste due, le pri,·ilege 011 l'l1ypotl1e-
que subsiste pour en assurer l'acqt1itten1ent, et le gage l1ypotl1écaire 11e se
trot1ve en rien amoindri. C'est la une des conséquences de la regle, déja ren-
con trée, de l'indi visibili té de l 'l1ypotl1eque.
A cette pren1iere regle, il n'y a que deux exceptions :
La prc111iere résulte de l'article 1278. Les ¡Jarties peu,•e11t, c11 cas de 110-
vctlio,i lle la créa11ce, c'est-a-dire de substit11tion d'11ne nouvclle créance u la
prernierc, (lécicler que les privileges et l1y1Jotl1equcs de l'ancicnnc créa11cc
passcr_ont u cellc qui lui est s11bstiluée.
La seconclc exception ·cst écrite dans l'article 1299. Celui qui a payé sa dette,
ig11orant c1ue so11 créancicr était lui-n1en1c son lléliilcur, pcut ré¡Jétcr ce qu'il
a payé, car créa11cc et dclte se lrouvaienl éteintes de plcin droit par l'efl'el
de la con1pc11salio11 (art. 1290). l\Iais si la créancc do11t le solve11s ig11orait
l'existence i1 son ¡Jrofit, se lrouvait gara11lie par u11 privilege 011 1111e l1y¡10-
tl1el¡uc, la loi lui pern1ct de s'cn 1Jrévalr>ir p9ur s1ireté dt1 re1nlJonrscn1c11t
lle l'indu.

JI. - Extinction par voie principale.


Le ¡1rivil<'.·ge et l'l1ypotl1cquc pct1vent s'étcindrc en secor1ll lieu, sa11s quc
llisJJaraissc la créa11ce llonl ils son t l'accessoire. L'arlicle 2180 sig11ale trois.
lle ces causes d'cxli11clio11 par voie princi¡1alc:
1" La re1io11ci<1lin11 litt créa,icier lt l' hy¡iolhl\<Jtte n1t a1t privilege. - i\"(1us
stJ{l{lOso11s llUC le cr(·a11cicr co11sc11L á rc11011ccr ¡'¡ sa gara11Lie, sa11s que le
cléliiteur ail payé la lletle. ,roici lle11x applicalious 11ratic¡11cs lle cellc l1y1>0-
ll1cse :
,\. - l,a fc111111e 111ariée re11011cc au ¡irofil clu liers acc111óre11r u so11 l1y-
1>ollli:1¡11c J¡·gale s11r l'i111111c11lilc aliónó ¡iar le 111ari. (:cttc varit•l(: ele s11bro-
galion c11trai11c cxti11clio11 lle son l1ypothC::1¡11c, ¡¡J11s cxaclc111c11l, cxti11cti1i11.
partiellc, car 011 se sol1vic11l c¡l1c la rc11011cialion lle la fc111111e r1'élci11t l¡11e
le llroit lle suite: clic Jaissc s11l>sislcr /1 scin [ll'ofil le llroil lle pr1'•f<'·rcnce sur
Ir prix 1l11 par l'acc¡11Í)rc11r (s1t¡ir1t, ¡i. 9l>8).
Jl. - J~,1 cas lle faillil11 llu llóliilcur, il arriYc 1>arfois c¡11c le créa11cicr l1y-
polh1:caire ll11 failli re11c1ncc it so11 clroil; en cll'cl, il 11c ¡>e11L ¡1rc11clre ¡>art a11
vcilc clu co11corllal c¡ue s'il rc111J11ce 11 sc>11 ¡iriYilcgc 011 it son h}¡lc1tl1t:c¡11c
(arl. Iic>8, c. Cfllll.).
:iº /)(ll'Co111¡ilisser11e11l llesforr1111lilés de la¡iurge. - leí cncorc, I'h~·¡H>Ll11·1¡11e

c>tl le privil1'.ge clis¡>arait, sa11s c¡uc la créa11cc garanlic soil t'·Lcinte. f\fais.
• •
HYPOTHEQUES ET PRIVILEGES 11\11\IOBILIERS 1013
cela n'est vrai que des l1ypothcques légales non inscrites_ a la suite des 111e-
sures de publicité édictées par la loi (art. 219t1). Pour les l1ypotl1cques ins-
crites, ce n'est pas la purge, c'est le paiement qui la suit qui éteint les
pri,·ileges et hypotl1cques.
3" La prescriplio11 libéraloire accomplie a11 pro.fil <lti tiers délenleur del' im-
n2e11ble liypolliéqué. - 11 s'agit la d'une institt1tion originale a laquelle nous
consacrerons ci-dessous les explications nécessaires.
A ces trois causes d'extinction par voie principale, il convient d'ajouter
les s11ivantes:
4º Le défaut d'inscription e11 temps atile ;
5° L' a12n11lalion de l' acle conslilulij d' hypotheque ;
6° La résolalio11 dtl d1·nit de propriélé da conslitua12l;
7'' La perle de la chose oa l' exli11ctio11 da droit hypotliéqué.
Cet.te derniere cause d'extinction nous fo11rnit l'occasion d'étudier l'altri-
bution des indemnités d'assurances, au cas de sinistre venant frapper l'im-
meuble l1ypothéqué.

Attribution aux créanciers privilégiés ou hypothécaires des in-


demnités d'assurances. - Lorsque l'immeuble est frappé d'un sinistre,
en prévision cluquel le débiteur avait contracté une assurance, les créan-
ciers privilégiés ou hypothécaires peuvent-ils in,·oquer leur droit de préfé-
rence pour se faire payer sur le montant de l'indemnité, a l'exclusion •
des
créanciers chirographaires ~
Cette question n'a été tranchée que par les articles 2 et 3 de la loi du
19 février 1889. Avant cette loi, on la résolvait par la négative. En elfet,
disait-011, l'incle111nité ne représente pas le prix de l'immeuble; elle n'est
pas non plus su]Jrogée á celui-ci. Elle est la contrepartie des primes versées
par l'assuré; sa ca11se est dans le .contrat que cel11i-ci a passé avec l'assureur.
Lors done que l'indemnité a laquelle il a droit tombe daos son patri-
n1oine, elle devicnt le gage con1n1un de tous ses créanciers sans distinction,
Cette sol u tion qui découlai l des príncipes, n' en étai t p""[S- moins facheuse,
car il e11t été éviclen1n1ent pl11s éc¡uitable d'accorder a11x créanciers hypo-
tl1écaires la somn1c représentant la perle subie par leur gage. Dans la pra-
tique, les notaires remédiaie11t á celte lacune de la loi en insérant dans
le coulral d'l1ypotl1cq11e u11e cla11se, en verlu de laquelle le débiteur cédait
a11 prcte11r ses droits évenl11els á la créance d'indemnité.
La loi du 19 février 1889 a e11fi11 édicté une regle confqrme aux errements
ele la pratic111e. La réfor1nc avait du reste été préparée par la loi du 10 dé-
cen1l>re 187!1, s11r l'l1ypotl1eq11e n1aríti1ne, loi décidant qu'en cas de perle du
navire, les créanciers l1ypotl1écaires seraienl colloqués s11r les sommes dues
par les ass11re11rs, Mais il est curie11x de constater c¡ue cette disposition ne
ful pas mainle1111c par la loi du 10 juillet 1885 sur l'l1ypothcque maritime.
Elle écl1011a <lcva11l l'oppositior1 des compagnies d'assurances maritimes qui
prétc11claienl q11e le 1>aien1e11t des i11dem11ités se trouvait par la entravé.
l~orl l1e11rcuse111c11 L, la loi ele 1889 a fai t juslicc de cetle ins11ffisan te objcc-
tior,.

,
1014 LIVRE 111. - TITRE II. - DEUXIEME PARTIE. - CHAPITRE IV

La loi de 1889 prévoit deux hypotheses bien distinctes:


1º Premiere hypÓlliese (art. 2 de la loi): Indemnités dues azi propriétaire
de la chose par la Compagnie cl'assura11ces. - l( Les indemnités dues par
st1ite d'assurances contre l'incendie, contre la grcle, contre la n1ortalité des
bestiaux ou les .autres risques, so11t attribuées, sans qu'il y ait besoin de
délégation expresse, aux créanciers privilégiés ot1 l1ypotl1écaires st1ivant
leur rang » (art. 2, re' al.).
Ce texte vise tous les risques qui peuvent atteindre la cl1ose et contre les-
qucls le propriétaire peut s'assurer. 11 s'applique aussi bien a l'l1)·potl1eque
maritin1e qu'a l'hypotl1eque sur les immeubles, car il ne fait aucune dis-
tinction. 11 s'applique également au pri,·ilege du bailleur sur le n1obilier
dt1 preneur (Voir sur ce dernier point, Paris, 17 avril 1907, D. P. 1909.2.
36r, note del\{. Levillain, S. 1909.2.65, note de ~1. Blondcl).
11 e11 rés11lte, on le voit, que le créancier l1ypotl1écaire ou privilégié est
subrogé de plein droit dans l'action de l'assuré contre l'assureur. llourtant
il doit prévenir ce dernicr en lui adressant une opposition.- Et, si avant cette
opposition, l'assureur versait de bor1ne foi l'indemnité aux n1ai11s de l'ass11ré,
ce paicn1ent serai t valable ( art. :.1, 2e al.).
2° Seconde liypotliese ~ /11demnité du ,·isque locatif ozi contre le recours du
voisi,i. - Supposons que l'in1meuble l1ypotl1équé ait été endom111agé par un
ir1cendie in1pu table au locatairc (art. 1733, r 734, Civ. ), ou au voisin ( art. r 382 •
Civ.). Les locataires ne manquent pas, en ¡Jratiq11e, de se cot1,·rir de la res-
ponsabilt_té qui leur incombe en contractant une assurance contre le risque
locatif. De men1e, en général, le propriétaire qui assure son immeuble contre
l;ince11die, contracte égalen1ent une assurancc contre le recours clu ·voisin,
po11r le cas oi'1 l'ince11die, qui éclaterait da11s s011 in1n1euble par sa faute,
se co111n1uniquerait aux i111n1eubles ,·oisi11s.
L'article 3 de la loi de , 889 décide que. da11s ces cas, l'assuré ou ses ayants
droit ne pot1rront toucl1cr tout ou partic tic l'indcn1nité a laquelle leur
donnc droit la responsal>ilité par cux cr1couruc. sans r¡11e le pro1Jriétaire de
l'o)Jjct lo11é, le voisin ou le ticrs s11IJrogé h lcurs rlroits aic11t óté désintércssés
des conséqt1c11ccs 1!11 si11islrc (s11¡Jrc1, ¡J. 5{12, G18, 821 et s.). 11 rc'·s11ltc
d'a11tre parl de l'articlc 2 q11c les créancicrs l1y110Ll1écaircs 011 privilégiés
sc1r1L s11brogés par la loi da11s le:,; tlroits tic lc11r tlélJilc11r. lls po11rro11L
done cxerccr lc111· droit de 1Jréférc11cc sur l'i11dc11111ité d11c a11 localairc 011
au voisi11 par la Co111pag11ie q11i l'a ass11rt'·.

~ •· - 1•1·eserlptlo11 extl11etlve de l'hypotl1e«111c.

J>ar111i les ca11scs ll'cxli11ctio11 des privilegcs et l1y1Jotl1t'.q11cs, il en cst une


q11i aJ)llcllc des dévclo¡)¡Jc1ncnts partic11licrs : c'csl la ¡irescri¡Jtio,i cxli11ctive.
E11 ell"ct., a11x tcr111cs de l'article :i 180-4 °, u la prcscriptio11 csl 11cr¡11isc a11 débi-
tc11r, q11a11t a11x bic11s tJIIÍ sonl da11s ses ntains, ¡Jar le tc1111ls lixé 1>011r la
prescri¡itio11 des aclio11s r¡ui tlOJlllCll L l'l1y¡>oll1cquc 011 le lll'ÍYilegc. - Qua11L
a11x bicns q11i so11L da11s la rnai11 tl'un tiers-détcntcur, elle lui csl acc¡11isc par
a
le tc1nps réglé pou1· la prcscriptio11 de la propriété so11 ¡lrolll: dar1s le cas


' . .
HYPOTllEQUES ET PRlVILEGES ll\1MOBILIERS ror5
ou la prescriptior1 suppose un titre, elle ne commence a courir que du jo11r
ou il a été transcrit ».
On le voit, le Code prévoit deux cas: celui ot'1 l'imn1euble est resté entre
les n1ai11s du délJiteur origi11aire co11slitua11t de l'l1ypotl1ec¡ue, et celui ou
il a passé entre les mai11s d'un tiers. 11 convient de les distinguer avec soin.
Et il faut égalen1ent envisagcr deux sortes de prescri¡Jtion: celle de l'obli-
[Jatio12 gara,itie par l' l1ypotl1eque oii le JJrivilege, et celle de l' !1y¡Jol l1eque elle-
nieme.

1° Premier cas: L'immeuble est entre les mains du constituant. -


Lorsque l'in1meuLle l1ypotl1équé est de111euré la propriété du co11stitua11t,
que ce soit le débite11r ou 1111e caution réelle, il n'y a qu'une se11le ¡Jres-
cription possiLlc, c'est la prescriplion extinctive, non ¡)as de l'l1y1)oll1eque,
111ais de la créancc garantie. Cetle prescriptio11 éteint par co,itre-cou¡J le pri-
,·ilcge ou l'l1ypotl1eque. L'articlc 2 r8o-4º, 2° alinéa é11once expressén1ent
cette regle, qui fait doulJle e111ploi avec le 1° de l'article, ou il nous cst <lit
que les privilcgcs et l1ypotl1cc¡11es s'éteignc11t « par l'cxtinclior1 de l'oLliga-
tion pri11cipale ». Si les rédacteurs du Codc or1t cru r1écessaire de s'expri1ner
con1n1c ils l'ont fait á propos de l'exlinction de la créance par la prescrip-
a
tion, c'est que notre Ancien Droit admettail, la suite du Droit Ron1ain (7,
C. de p1·:cescri¡Jt. lrig. vel quadr. an11., VII, 39), une solulion dill'ére11te, 11
décidait, er1 cfl'et, que l'l1y¡Jotl1e1¡ue .~urvivait a la prescriplio11 de la créance
peñdant dix ans, et ne s'éleig11ait qu'au IJ011t de quarar1le ans, la créancc

garantie s'éla11t, elle, éteinle au bout ele trente ar1s. C'était la une singuliere
faveur concédée au créancier l1)·potl1écairc. 11 se trouvait ainsi protégé er1
fait conlre la }Jrescri1Jtion pendanl q11ara11lc a11s. Le Codea s11ppri111é avcc
raiso11 cclle a11on1alie. ,

Deuxieme cas: L'immeuble est entre les mains d'un tiers déten-
'Jº
teur. - Lorsque I'in1111eu]Jlc n'cst pas de111euré· propriété du clébite11r ori-
ginairc ou, pl11s générale111c11t, du conslituanl de l'hypotheque, 1nais
apparticnt 11 u11 liers dí:lentc11r, il y a dc11x sorlcs de llrescriplion qui peu-
vcnt allcir1clrc les hy¡)oll1cr¡11cs 011 }Jrivil<'·ges q11i le grÓYcnl.
1'out cl'alJord - el 011 conr;oit 1nal con1n1enl l'arliclc 2180-!1º a 011]Jlié de
le dirc - la ¡1res1·r1JJlior1 lle /11 cré1i11ce, si clic vicnt 1\ se prod11ire, étei11t
l'l1ypoll1t':c¡11e ou le privil<'•gc inrlireclcrr1<'r1l et ¡>ar vcJie ele consér¡11c11cc,
a11ssi Licn <111ancl l'1m111culJle esl parYc1111 a11x 111ai11s cl'nn liers ,¡11c lorsc¡u'il
apparlie11t a11 co11sliluant de l'l1y¡>otl1t'\(Jlle. •
En scco11cl lic11, lorsr¡uc l'i111111c11l>lc cst 1levc1111 la ¡lro1>riét.é cl'un liers,
et <l<111s ce cas sc11[e111c11l, le cl{·le11le11r ¡icul l)l'cscrire la lil1éralio11 ele l'irn-
n1c11lJlc par l'cfl'cl de l'11s11ca1>io11, et all'ranchir ainsi so11 llie11 cl11 }Jrivil<':gc
011 ele l'l1y¡iotl1<'~1111c.
ll s'agil do11c, cla11s ce sccon<I cas, <i'unc Jlrcscri¡>ticir1 <~leigr1ar1t, 11or1 pl11s
par v<iie de cor1s{!1¡11encc, -1r1ais llir1•clc111e11/ l'l1y¡ioll1<'~r¡11c, JJrcsr·ri¡1lio11 qui
.~· acco111¡ilil 11011obsllllll
Slll'l'ic 1l1t <lroil 11c cr<!n11ce.
ill
Cclle prescription r¡11c 11011s appellcro11s princi¡>ale, la sculc <lont no1rs
ullo11s r11ai11lenanl nci11s <)cc111>er, cst 11nc i11slil11lior1 l1yllri1lc. l~lle lic11t a la
1016 LIVRE III. - TI'fl\E 11. - '
DEVXIEllE PARTIE. --- CHAPITHE IV

fois de la prescription acquisilive et de la ¡)rescri1)tion extincli',c. Elle est


acquisitiYe, car elle s'accon1plit par la possessio11 prolo,zgée ; 011 a dit que
c'est une usucapio libertatis; elle est extinctive, puisqu'elle a l)Ot1r but d'é-
lei,idre l'l1ypotl1cque. Elle est indépendar1te, d'autre part, de la prescription
du droit de propriété. Le tiers détenteur peut etre propriétaire régulier ele
l'in1n1euble; il peut aussi elre 1111 sin1ple possesseur. Dans ce second cas,
pour devenir propriétairc inco111mutable de l'in1n1euble, et se lrouver dé-
a
sormais l'abri ele toute cl1ance d'éviclion, il de,-ra prescrire, :\ la fois, et la
propriété, etla libération de l'l1ypotl1cque.1Iais ces deux prescri11tions seront
indépendantes l'tine de l'autre; elles pourront ctre soumises des condi- a
tions clilférentes.

Origine historique. - Cette prescription spéciale de l'l1ypotl1l·que vient


du Droit Ro111ai11. Le préteur avait ad111is en elfet que l'l1ypotl1ec¡ue s'étei-
gnait par l'elfet de la prrcscri¡1lio longi temporis, au profit du tiers qui aYait
acquis l'in1me11l)le en vertu d'11n j11ste litre et ignorait l'existence de la
cl1arge c¡ui le grevait (5, § 1, D. de cliv. temp. pr., XLIV, 3). llJus tard,
1
Jus~ir1ie11 elécicla que celui c¡ui 11'avait pas ele j11ste litre, n1ais était de bonne
foi, prescrirait, lui aüssi, la li!Jerté de son fonds par une possession de
trente ans (8, pr. el§ 1, C. ele prrcscripl. XX.,Y vel., .,\'.".,Y.IX a,111., VII, 39).
Cette rt)gle s'est n1aintenue en pays de Droit écrit et a été adoptée par les
pays de Coutumes. On en a 111e111e éte11du l'ap1)lication a11 possesseur qui
n'avait-ni juste litre, ni bon11e foi (V. Potl1ier, T,·ailé de l'h_ypollieque, cl1. 111,
sect. 6, nº" 203, 20!1; Trailé dct baila re,ile,. cl1. ''I, sect. 4, § 1, 1i 197). Elle
0

a
avait, en elfet, une grande utilité cette époque d'l1ypotl1eques occt1ltes. Car
il était in1portanl de do1111er a11 tiers acc1uéreur, auquel ríen r1'a11r1on<;ait
l'existence eles l1ypotl1eques alors si nc1111l)re11ses, 1111 n1oyen de se défenelre
contre les réclamations de créanciers surve11ues plus ele dix, ele vingt ou de
trente ans apres q11'il avait élé 111is e11 possession.
Le Coele civil a,/¡ so11 to11r, rec11eilli la prescriplio11 1)ri11ci¡)ale des privi-
leges et J1ypoll1cc¡ues. 11 vet1l c¡11e, si le créa11cier privilégié 011 l1ypotl1écaire
reste pe11cla11l t1n tres long délai sa11s faire a11cune dilige11ce pot1r exercer ut1
tout a11 111oins 111a11ifesler so11 elroit, le t.icrs détcnle11r se lr<>UYe lil>éré a11
bou l ele ce len1ps de la cl1arge greva11l so11 i 111111c11lJle. La ¡iossessio11 pro-
longée <le l'i111111e11l>le co111111e libre ele lout privilcge 011 l1y1>oll1<'~q11e co11duit,
a
au boul <111 elélai ele la 1>rescriplio11, la lil>éralion de l'jr11111e11l)lc. Et c'esl
bie11 lil l'effcl orcli11aire de la ¡>rescri¡)lio11: al1011lir, par la J)rolo11gation
d'ur1 certai11 étal ele fail, /¡ l'ét.al de elroit c¡ui 11or111ale111e11L y correspo11ll.

A. - Durée de la prescription. Application possible de la prescrip-


tion abrégée de l'article 2265. - La ¡irescrii>Lil111 eles privilt'~ges el l1ypo-
tl1cc¡ues s'acc<>r11plil par 1111c 1>ussessicH1 de l'i111111et1ble 11<H1 lrc111l>lt~e par
l'exercice ele l'acliun l1y¡>oll1écaire, el ¡1r<ilo11gée,. soit ¡>c11dn11t clix 011 vi11gl
a11s, soit penda11l lrc11le ans.
a) Si le tie1·s 1léle11leur co1111ull l' exisle11ce de l' lty JJoll1c<¡11e, celle-ci 11e s'é-
teindrcl r¡1i' a11 bout <le tre11le a11.~ <le possess ion.
'
HYPOTHEQUES '
ET PRIVILEGES l~l~lOlllLIEfiS 1017
11 se pe11t, on le remarquera, que le tiers détenteur ait acquis l'i111n1euble
,a 110n domino et de bonne foi. Dar1s cecas, elix ou ,·ingt ans suffiront pour
· qu'il devienne propriétaire. l\fais, s'il connait l'existence de l'l1)·potl1eque,
celle-ci ne sera abolie a son profit q11'apres trente ans ele possession. Au
bout de dix ans ou vingt ans, le fJOssesseur se sera trouYé a l'a!Jri de l'action
en revendication. l\Iais ce n'est q11'au )Jout ele trente ans qu'il sera a l'abri
<le l'action hypothécaire.
b) Si le liers détie11t l'imnzeiible en verla d'u11juste litre, et s'il ig11ore
l'exislence ele l'hypotlieque, celle-ci s'éleirzdra au bout de clix ou vingt ans
(art. 2180-4º, 3• al.).
Le j11ste litre dont parle la loi, c'est éviden11ner1t le titre en vertu duquel
le tiers détient l'in1n1éuble, c'est son titre d'acquisition. Pourquoi la loi
fait-elle de ce juste titre une condition de la prescription alJrégée de l'l1)'-
potl1eque ~ On n'en voit pas bien la raison, puisque cette prescription est
indépen<lante ele l'usucapion du droit de propriété. Sans doute, la loi a-t-
elle estimé qu''l1n tiers détenteur e111i n'aurait 1Jas un juste titre d'acquisi-
tion, un usurpateur en un mot, ne serait pas elans 11ne situatio11 assez digne
<l'intérct lJOur erue <lix ou vingt ans de possessio11 le débarrasse11t de l'l1)·-
potl1eque.
Quant a la bo1111e foi, elle co11siste dans le fait, de la 1Jart <lu tiers-déten-
teur, d'ignorer l'existence de l'hypotl1eque. La loi pousse ici tres loin la
tolérance. En elTet, elle décide (art. 2180-4º, 4e al.) quel'existenced'une ins-
cription l1ypotl1écaire ne suffit pasa détruire la !Jonne foi présu111ée du déten-
teur.Celui-ci, dit-011,a pu ne pas con~ulter le registre des inscriptions.Cela est
,'¡_ la vérité peu vraisen1JJlable, étant donné q11'il s'agit d'11n acquéreur. Il est
vrai riue, si l'inscription s'opposait a la bonne foi du détenteur, la prescrip-
tion par <lix ou vir1gt ans ne pourrait plus s'opérer q11'a l'égard des hypo-
theques légales. En elTet, les a11tres l1ypotheques ne sont opposables au
tiers acquéreur q11'autant qu'elles ont été inscrites avant la transcription de
son titre d'acr1uisition 011 sa naissance (légataire a titre particulier). Et on
peut ajouter, er1 faveur du systerr1e du Code, cetle autre considération que
le tiers acq11órc11r, alors mc1ne c111'unc inscription a ótó prise, peut croire ele
bonne foi r¡11e l'l1ypotl1iiq11e n'existe plus, car les exe111ples abondent d'ins-
criplions que les intéressés laissent s11bsister apres c¡ue la dette a été payée
et r¡11e, par co11séque11t, l'l1ypotl1ecrue a dis1Jaru.
l<'aut-il exiger, pour que les privileges el l1ypoll1eques s'éLeignent par la
prescriptior1 a!Jrtigóc de dix ou vi11gt a11s, que le tie~·s-détente11r soit de
!Jonr1c foi, Jl0/1 .~eitleme11l en ce qui concerne f l1y¡1ot!1eqite ou le ¡1riuilege, 111ais
en ce <¡ui co11cer11e l'effcl de so11 litre ,l'ac<¡uisitio11 ~ E11 un r11ot, l'acquére11r
a 11011 domi110 d'1111 in·, mc11ble l1ypotl1équó n'acquerra-t-il la libération de
l'in1111c11!Jle llar dix 011 vi11gt ans q11'.i la cor1dition, 11011 seuleme11t d'avoir
cru l'ir11n1euLlc libre de toutc cl1argc, 1nais cncore d'avoir cru acquérir la
propriótó d11 ver11s domi1111s ¡1 ()11 esl lout cl'alJord porté .i répondre 11égati-
ve111cnl, p11isc111e les de11x prescri1ltio11s so11t indéper1da11tes. l\fais, a la ró-
tlexio11, l'opi11io11 affirr11ative s'irnpose. l~n cfl'et, pourquoi exiger du tiers
ncc¡uércur, pour q11'il puisse invor1uer In prescription de l'l1ypotl1eque, le
-'

1018 LIVRE III. - TITRE II, - DEUXIEME P.~RTIE. - CHAPITRE IV

a
juste litre relativen1ent l'acquisition de la propriété, et non la bon11e foi?
Il n'v• aurait aucune raison a cette distinction La loi 11'a évidem111e11t voulu
pern1ettre de prescrire l'l1ypoll1eque par dix ou vingt ans qu'a celui qui est,
a
rles présent, propriétaire, ou qui peut le deve-nir par le meme délai.
Cepe11dant, cette interdépe11dance établie, en ce q11i concerne l'applica-
tion de l'article 2265, entre la situation du tiers-cléte11teur ,·is-:\-vis du 1•erus
llorninus et sa sit11ation vis-a-vis du créar1cier l1}'potl1écaire, ne doit 1Jas etre
a
po11ssée 1·exlren1e. Elle n'existe plus lorsq11'il s'agit ele savoir si ce sera
le délai de llix aris ou celui de vi,ir¡t ar1s qu'il } aura licu d'a1J1Jlic¡uer. St1p-
posons q11e le tiers-détenteur ait acquis a 11011 clorni,io u11 i111111cuble l1ypo-
théqué. Le verus clomi,ius est don1ieilié dans le ressort ele la sit11ation de
l'in1n1euble ; le créancier h}·potl1écairc est doinicilié l1ors de ce ressort. La
prescription de la propriété s'accomplira au lJout de dix a11s; celle de l'l1y-
¡Jotheque au bout de vingt ans seule111e11t. Et vice versa si nous supposons
une situation inverse.

B. - Point de départ de la prescription. -- a) Prescriptio,1 lle trente


ans. - Lorsq11e la prescriptio11 s'acco1n1Jlil 1Jar trente ans, c'csl clu jour de
l'en\rée en possession d11 tiers-déte11te11r que con1111ence i1 courir le délai.
IJ) Prescriptio1i de Jix et vi,igl cins. - (¿uanel, au co11traire, la prescri11tion·
de l'l1ypotl1eque peut se réaliser par dix 1iu vir1gt a11s de posscssio11 ¡Jarcc
que le tiers-détenteur pe11t invoquer ense111ble 1111 juste litre et la lJ01111c foi, ·
la loi établit une regle spéciale. Le délai r1e co111111ence a
courir q11e llu
jou1· ui'z ·le litre de l'acqué,·eur a élé tra11scrit sur les 1'egistres 1!11 co11serva-
. le1ir ( art. 2 180-!1º, 3' al.). Voici encore un ele ces tex tes que l' on s'élonne
de renco11trer dans le Code civil. La raiso11 ele la solution ainsi a<loptée
en 180!1, est q11e le créa11cier l1ypotl1ócaire 011 pri,·ilt'•gié, 111e11acé JJar la
• prescriplior1. doit etre i11formt'•, par la p11blicilé (le J'aliénatio11 (!e l'i111111eulJle
alTecté ¡\ so11 gage, de la co11séq11e11ce q11e cettc aliénatio11 pe11t entrai11er
po11r Jui.

Point de départ de la prescription au cas ou la oréance n'est pas


encore échue. - l)'a1ir<\s le Co(le civil, le l)Oint (le llé1Jarl (le la 1ircscrip-
tio11 parait <'tre le 111c111c dans lo11s les cas, que le ter111c ll't)cl1éancc lle la
créancc l1y¡iotlu'.·caire soit arrivú 011 c¡u'il 11c le soit ¡1as encare.
1'clle n'csl ¡ias ce1Jc111la11l la sol11tio11 a(l<lf>l«'•o par la j11ris¡ir_11llcnce. f~llc
décidc, au conlrairc, que la prcscri1ition oxtinclive ne ¡ieul co111111e11ccr au
profit ll11 ticrs-(léle11te11r 1¡11'r't (!aler 1/e 1'<1chéa11ce 1/e la cré<111,·e . .\i11si, ta11t
q11c cette í·cl1éar1ce r1'est pas arrivée, la J>rcscri¡JtirJ11 110 court ¡1as. J,es trilJtl-
nuux f'1J11(lc11l cetle solutir>11 sur l'arliclc 2:157, 1l1>11l ils rl1>1111e11t 11ne inter-
prélalillll to11te clill'ére11tc tic ccllc 1lc la <loclrinP. l)'a¡1r<'~s IP :)' aliuéa 1lc ccl
arlicle, la ¡1rcscripti1J11 nc co11rl Jl<>Ínl 1'1 J't'•gnr1J ll'u11e Cl't)IIIICP 1'1 j<>11r Jixe,
j11squ'ú ce ((tlc ce jo11r soit arriv{•. Ce lt'xle 11c viso, scn1lilP-l-il, r¡111i la ¡1rcs-
criJJti,111 exti11cti,<1 1lc la crt'•a11c1\, et., Pll CI\ 1¡11i la Ctl11ccr11e, il se c1J11111rcn<l
e11 ell'el flirt bie11. ~Jais te! 11'c\sl ¡,as !'avis <les lril1u11a11x. 11 f'aul, u le11rs
yeux, a¡i¡ilic¡11c1· CPlte 1lispositio11, 11011 s1\11le111011l i\ la prPscri1ilio11 extinc-
tivo eles créa11ces, 111ais ¡'¡ la ¡irescri¡ili<i11 1lrs 1lroils r{·cls, et 11ota111111011l ú

j
j
--
.
-

' '
HYPOTIIEQUES ET PRIVILEGES 11\IMOBILIERS 1019
celle de l'l1ypotheque, droit accessoire a la créance. lis décident en cousé-
ql1ence que l'l1ypotl1eque 11e peut pas se prescrire tant q11e la créance ne le
peut pas elle-n1en1e.
Cette interprétation est, en logique pure, contestable, n1ais on est obligé
de reco11naitre combien est l1eureuse l'application qu'en fait la jurisprude11ce
Unotre n1atiere. Grace a cette ap1Jlication, e11 effet, la prestription extinctive
de l'l1ypoll1cque,qui est une ir1stitution fort critiqual)le, se trou,·e étrcile111ent
resserrée, et ses dangers sensiblement atténués, car elle ne fait courir de
a
risque qu'au créa11cier dont le droit est arrivé écl1éance (lleq., 16 nove111!Jre
1857,D. P. 58.r.54, S. 58.1.397; 8janvier 1900, D. P. 1900.1.103, S. 1900.
1.224 ).

C. - Comment le créancier pourra-t-il interrompre la prescrip-


tion? - Avec l'interprétation admise par la jurisprudence, la réponse est
des plus' sin1ples. Le créancier, pour interron1pre la prescription de 1·11ypo-
thcque, n'a qu'a in ten ter l'action l1ypotl1écaire. Or, il a toujours le droit
de Je faire, puisque, pour que la prescription le n1enace, il faut que sa
créance soit arrivéc a écl1éa11ce. D'apres la n1ajorité de la Doctrine, au co11-
traire, tant q11e sa créance n'est pas écl1ue, le créancier, n1e11acé nonobstant
de l'extinction de son hypotl1cque, n'aurait pas d'aulre 111oyen d'éviter la
prescription de celle-ci que d'i11tenter contre le créancier u11e actio,i en dé-
claratio,i d'liypotlicque, afi11 d'obtenir de lui une reco11naissar1ce du privilcge
ou de l'hypotl1eque.

D. - Qui peut invoquer la prescription? - La prescriptio11 li)Jéra-


toire de l'l1ypotl1cque ne pe11t etre invoq11ée que 1Jar le tiers-délenle11r qui
n'est pas person11elle111ent ol)ligé au 1Jaie111ent de la lletle. Si, e11 ell'el, il
était tenu con11ne débiteur perso11nel, il 11e pourrait 1Jas prescrire l'l1y¡)O-
tl1eque, sans prescrire en men1e ten1ps so11 obligation.
Il faut ajo11ter q11e la cautio11 réelle, bie11 que tenue seule1nc11t prople1·
rem,• n'est pas e11 sit11alion ll'invoquer la prescriptio11 de l'article :>. 180-4°,
parce qu'o11 11e peut llas prescrire cor1tre so11 litre.

E. - Appréciation critique de l'institution. •- La 1lrescri1Jtion


exti11clive de l'l1ypoll1cq11e avait 11ne gra11tle 11tilité da11s l'ar1cie11 l)roit,
nous l'avo11s llit, 1\ cause de la cla11desti11ité des l1y1loll1cc¡11es. Aujo11rd'J1ui,
au co11traire, 011 11e tro11ve gu,')re de raiso11s qui e11 justifie11t le 111ai11tie11.
• Le tiers ac1111éreur d'1111 i1r11r1euble 11'a q11'1\ se re11scig11er • en co11sulla11t les
registres lles i11scriplions. l)u 111ornc11t que la cons1!llatio11 de ces registres
lui a révélé l'exislc11ce d'l1ypotl1equcs ou de privileges, c'est, e11 l¡nelque sorte,
a
lui per111cttrc <le ¡1rescri1·e co11tre sori litre q11c d'a1l1neltre, so11 p rofit, une
usuca¡Jio liberlatis par la possessio11 prolo11gée. La prescri1itio11 de l'arli-
cle :i 180-4º cst, d'autrc part, fort périlleuse pour le créa11cicr qui, to11cl1a11t
cha<¡11e a11néc les i11térets de sa créa11ce, 11e s'i111¡11iele pas de savoir si l'i111-
mc11lllc a cl1angé ele propriétairc, el 11'accon1plil, des lors, aucun acle i11ter-
ruptif de la 1Jrescription de son droit. I?ort l1eureuser11e11t, la jurisprude11ce
signaléc ¡il11s l1aul a atté11ué sc11siblc1nc11l ce danger; il subsiste néa11moins

1020 LIVRE III. - TITRE II. - DEUXIE~IE PA.RTIE. - CHAPITRE IV

encore, car il arrive qu'11n


-
pret l1}·pothécaire se prolonge
parfois bien a11
dela de so11 écl1éance. Enfin, il n'est ¡Jas logiq11e que l'l1ypotl1ee1ue, acces-
soire de la créance, s'éteigne par prescription, alors q11e la créance co11tinue
de sulJsisler. ¡\11ssi, lors du projet de réformP. de notre systen1e l1ypotl1é-
caire éludié en 1850 et 1851, avai t-on justement pro posé de supprin1er notre
ir1stit11tio11.

§ 3. -- S11r,·le posslltle cl11 clrolt ele 1•réfé1•e11ce


au clrolt de s11lte.
Notions générales. - Quelquefois l'l1ypotl1eque ne disparait pas tout
en ti ere. Un seul de ses élén1enls s'est anéanti, asa,,oir le droit <le suite; n1ais
le droit de préfére,ice subsiste au profit du créancier.
Il en est ainsi dans certains cas ou le créancier a perdu le droit de suite,
parce e¡u'il 11'a pas inscril son l1ypotl1eque avant la transcriptio11 ele l'aliéna-
tion, ou avant l'aliénation elle-n1en1e (legs a litre partjculier) ele l'in1n1eu-
lJle l1ypotl1équé, et 01\ il co11serve pourtant son droit de préférence sur le

pr1x.
f:e qu'il y a de curieux daos ces l1ypotl1eses, c'est qu'11n créa11cier, dont
l'h}·potl1eque n'est pas inscrile et ne 1Jeut plus l'etre, puisque l'immeuble
est sorti d11 patri111oine du délJiteur, 1Jeut ceper1dant encore opposer son
droit de préférenc;e sur le prix.
Les cas oi'1 les cl1oses se passent de la sorte sont, on l'aperc:oit aussitót,
de nature exceptionnelle. En efTet, la regle est que l'l1ypotl1eque 110n inscrite
a
en ten1ps utile ne peut etre opposée auc11n point ele v11e aux tiers inté•
ressés, et ne saurail, des lors, avoir plus d'efTel a l'égard eles créanciers
clu dé!Jite11r qu'a l'enconlre d11 liers acquéreur. E11 cor1séc¡11e11ce, la survie
• <lu clroit ele préfére11ce au droit de suite ne devrait etre adn1ise que lors-
qu'il s'agit des l1y1Joll1cques légales dispensées d'inscri1Jlion (fen1n1es n1a-
riées, perso1111es en tutelle); et, précisé111enl, 11ous ,·erro11s q11e les prin-
a
cipaux cas de survie se renco11trent 1Jropos de ces l1ypotl1ee¡11es. i\'éan111oins,
la loi a éter1du la 111e111e faveur á d'aulres créa11ciers; 1r1ais ccllc exle11sior1
11e pe11l rés11ller c¡ue de lextes for111els elo11l il 11'esl pas per1nis de gér1éra·
liser les disposilior1s.

Eu uméralion des cas ou il y a survie du droit de préférence au


droit de suite. - ''oici c¡uels sont les cas 01'1 se re11co11l.re la sol11li<J11 <¡ue
r1011s ve11011s cl'indic¡11er. On peul les rt\¡Jarlir en lroisgro11¡les:
1º Gas visa11t les l1,v¡1ol/1e1¡ues légales 1lis¡1e11.~ées d'i11scri¡1tio11. - Ces cas
so11t a11 110111!1re <le trois. Nous les avons <lt':jh re11co11lrés a11 co11rs <le nos
précé<lcr1 !.es ex plica tions :
A. A dj 1,dicalio11 s11r s<tisie ir11111obilierc <l' 1111 ir11111e11ble (/11 111ari ou <i1, tute11r
(art. 717, 7• al., C. }ll'OC. civ.). - Cellc acljuclicalion, 11011s J'avons vu, p11rge
lot1tes les l1y¡loll1<·<¡11es, el les crt':a11ciers 11'or1l Jllus cl'acli1>11 c¡uc s11r le prix.
Qua11l a11x cri'·anciers á l1y¡Joll1t!c¡ues li'•gales 1¡11i 11'011l ¡>as fail i11scrire let11·
l1y¡iotl1eq11c ava11l la lra11scri1>Lio11 <l11 juge111ent 1l'atljutlicalio11, ils ¡1erde11t
.a11ssi le11r droil de s11ile, co111111e les cróancicrs i11scrils, 111ais ils cor1server1t
'
IIYPOTIIEQUES '
ET PRIVILEGES IlllIOUILIEI\S 1021
leur droil ele préférence sur le prix, i1 la condition de ¡)rocluire i1 l'ordrc.
dans les délais fix:és par l'article 754 du Code de procéclure, dans le cas ou
l'ordre se regle judiciairen1ent, ou de faire ,·aloir leurs droits avant la clti-
ture, si l'ordre se regle an1iablen1ent (s1i¡1r1't, ¡J. 966).
B. Purge des !1ypotlieq1ies occ1illes. - Lorsque l'acquéreur d'un i1nn1euble
procede U la purge des l1ypotl1eq11es occulles, et que celles-ci lle sont pas
inscrites dans le délai de deux n1ois (art. 2,194), l'in1n1euble cst li!Jéré
a
(art. 2195, 1"· al.), mais les créa11ciers l1ypoll1eque occulte co11servent Ieur
a
droit de préférence sur le prix, la condition qu'un ordre soit ouvert dans
a
les trois n1ois et qu'ils produisent cet ordre (art. 772, je al., C. proc. ci,·.),
(supra, p. 986-987).
e) Reno11ciatio1i de la fe,nme niariée a so,i !1y¡1other¡1ie légale a1i projit de
l'acquéreur cl'un in11neuble clu mari (art. 9 de la loi d11 23 111ars 1855, con1-
plélé par la loi clu 13 février 1889). -- Cetle renonciatio11 vaut purge, 11ous
le savons (s11pr11, JJ. !J08, 90D)- 1\Jais, la fe111111e conserve so11 clroil de pré-
fércnce sur le ¡Jrix, lanl c1u'il 11'cst pas payé, et il 11c pe11t l'etre sans son
consenten1ent.
On ren1arquera que, dans ce cas, la loi traite la fen1111e IJien plus favora-
blcn1ent q11e dans le précédent, puisque le droit de pr{)férence survit tant
q1ie 1l11re la créa11ce, tandis c1ue, dans le cas de purge, il 11e survit qu'a la
condition qu'un ordre s'ouvre dans les trois 111ois. La raison de celte clifTé-
rence est aisée /1 comprendre. t\11 cas de purge, le défaut d'i11scri1Jtion laisse
croire aux: tiers i11téressés qu'il n'exisle pas cl'l1ypotheq11e légale. 11s sont, au
contraire, renseigr1és lorsq11e l'acte de vente constate la renonciation de la
femme.
2º Cas ara¡1proclier 1les JJrécé1le11ts. J>1·ivifl\!]es gé11éra1ix s1ir les rneubles et
les irn1ne1ibles de l'arlicle :>. 101. - Ces llrivileges, quand ils 1Jorte11l s11r les
i1111neubles, sonl dis1Je11sés de la (ormalité de l'i11scriplio11 ¡Jar l 'arlicle 2107.
1\Iais cette clis1Je11se ne vise q11e le clroit de préférence et n011 le droit de
suite. Si clone l'in1n1e11IJle clu clé!Jileur est alié11é, le ¡Jrivilege 11'ayant pas été
i11scril e11 le1111Js ulile, le clroit lle suite s'éteir1t., 111ais le llroit ele préférence
survi L.
3° (;llS vis1111t les !1y¡1ollic1¡1ies sournises <t ir1scri¡1lio11 01i les ¡>1·ivill\!Jes in1-
r11obiliers .
.!\. - 0111issio11 ll'Li11e i11scriJ>lio11 dlt11s uri élrit clélivré ¡1ar le co11servateur
<les hy¡1oll1c1¡1tes (arl. :i 1!)8). - J:arliclc :i 1g8 sup¡Jose r¡11e le tiers ace¡u1\re11r
el'1111 i111111e11lile, a¡Jres avoir lra11scril so11 lilrr,, se fail clélivrer

1)ar lr, co11ser-
vateur eles hypoll1ec¡11es 11n étal eles i11scri1Jtions exiflta11t a11 11on1 des précé-
cle11ls pro¡iriélaires, r11ais le co11scrvaleur 0111el <le faire flgurer ur1e des
i11scriptio11s s11r cel état. J,a loi, ayar1l en pareil casa cl1oisir e11tre l'inléret ele
l'acq11ére11r el cr,lui clu créa11cier, se 1>ro11011cc en fave11r cl11 1Jre111ier. L'im- •
111e11IJle csl do11c all'rancl1i de l'l1y¡JollH'!q11e ou d11 priYilegc gara11li par l'i11s-
cri¡Jlio11. Le créar1cier 11e ¡ieut plus ni saisir J'i1r1me11l1le, ni surc11cl1érir au
cas ele p11rgc. ~lais le Cocle lui 1Jcr111et tl'excrcer e11corc son clroit de prt\-
fércnce sur le {Jrix, ¡\ la co11dilio11 ele produire tlans l'ortlrc, lant c¡11e le prix
11'a 1>as él<~ {layó, 011 la11t que I'ordre n'a 1>as été l10111cJlog11é (s11¡ir11, p. 981).
1022 LIVllE 111. - TITRE II. - '
DEUXIE11E PARTIE. - CHAPITRE IV

B. - Cas do1ite11x. Privilege d1i co¡Jartageant. - Nous avons signalé cette


question en étudiant ce privilege ; voici daos quel cas elle se pose. L'im-
n1euble grevé du privilege a été aliéné par le copartageant débiteur, et l'alié-
11ation a été transcrite, daos les quarante-cinq jours de l'acte ele partage ou
ele l'adjudication. Le copartageant créancier a laissé écouler ce délai de
c¡uarante-cinq jours sa11s prendre inscription (art. 6, 2• al., loi du 23 n1ars
1855). L'in1n1eulJle est libéré du droit de suite; mais lecréancier se trouve
encore dans le délai ele soixantc jours fixé par l'article 2109 pour inscrire
son privilege et opposer aux autres créanciers son droit de préférencc sur le
prix. Peut-il encore invoqt1er son droit de préférence, a la condition, bien
entendu, d'a,·oir pris une inscription a,·ant l'expiration du soixantieme jo11r ?
La question a été discutée par les at1teurs. Nous croyons qu'il faut, con1n1c
nous l'avons déja dit (supra, p. 847), la résoudre par la négative. Un créan-
cier ne pet1t pas prendre inscriptio11 sur u11 i111111e11]Jle elont son débiteur
n'est pas propriétaire. Une fois le bie11 sorli du patri1noi11e du elébiteur, le
privilege con1n1e l'l1ypotl1eque 11e peut plus etrc opposé aux aulrcs créanciers,
s'il 11'a pas été pu!Jlié alors que l'in1111euble faisait partic de ce patri111oine
(Voir contra cepe11dant, llau, 15 déce111bre 1890, D. P. 92.2.120; ,\gen,
11 juin 189{1, D. I>. "94.2.336, S. 94.2.280).
La meme e¡ueslion po11rrait se poser, remarquons-le, propos du privi- a
lege clu ,·endeur. On pourrait t'galen1ent se dcma11der si le vendeur n'a pas
le droit de prendrc inscription, pour conserver son droit de 1Jréférence,
apres l'expiratio11 des quarante-cinq jours qui suivent la vente, et nor1obs-
tar1t toutc aliénatior1 no11velle faite par l'acquéreur. Et cornrr1e il n'y pas
ici de délai ele soixante jours, le vendeur, si l'on ado1Jtait ici u11e solutio11
favorable it ses intérets. clevrait clre ad1nis lt s'inscrire et á exercer sor1 elroit
• de préférencc, ta11t q11e le second ace1uéreur 11'aurait pas payé son prix. Mais
presque to11s les a11teurs, n1eme ceux qui concedent cette fave11r au coparta-
gea11t, so11l el'accord po11r la refuser au vendeur (su¡Jl'<1, p. 839).

,\PPE'i!JICE. - AVA'i'l'AGES CO'i~'ÉIIÉS Al/ C1tÉl>Il' Fü:>!CIE!l POUll


' ,
l•'AVC)RISER SES l'llETS 11 Y POTIIECAlRES.

No11s a,·ons clit (¡>. 8ü:~) que le Crédit l◄'oncier avait été créé en v11e de
fairc des prcls Slll' l1ypotl1cq11es aux partic11liers, et r1ue ces J>rcts atteignaient
e11 191:¡ la somme de 2./1!1:i.6ü7.ooo fra11cs.
La 1ilL1part ele ces prcts sonl a long ter1ne (75 a11s au 111axi111u1n) et rem-
1>011rsa bles 1iar voie d' a111ortisse1r1e11 t.
J>o11r favoriser ces 0¡>6ratio11s l1ypotl1écaires, le législateur a acco1·dé au
Crédit l◄'o11cicr certai11cs 11rérogatives. 110111 la pri11cipale co11siste da11s le
<lroit de ¡>urger l'i1nme11ble qu'o11 l11i oll're en gage, eles l1ypotl1ct¡ues lt'igales
110n inscrites c¡11i pe11ve11t le grever.
a
Les a11tres so11t clr.sli11óes ass11re1· le ¡1aien1enl exact des a11nL1ités cl'ur11or•
tisse1ne11t.
Etudio11s bricvement les 1111s et les autres.
' '
llYPO'flIEQUES ET PRIVILEGES lll~IOBILIERS I 02.-$

1º Purge des_hypotheques non inscrites. - Le Crédit J<'oncier ne peut


faire de prets que sur 1Jren1iere l1ypotl1eque (art. 6 du décret du 28 février
a
1852). Or, po11r satisfaire cetle prescriptior1, il 11c lui suffit pas de vérifier
qu'il 11·y a aucu11e ir1scriptio11 sur l'irr1n1euble a11 non1 de l'emprunteur ou
des a11leurs de celui-ci. En etfet, l'i111111euble pe11t se trouver grevé cl'l1ypo-
tl1eques légales de fen1n1es 111ariécs ou de perso11nes en tutelle, lesc1uellcs
sont eli~1Jcnsées d'inscri¡Jlion. Le législaleur a done du accorder a11 Crédit
I◄'o11cier le droit de 1Jrocécler i1 la purge de ces l1ypotl1cques. C'est un privilegc
a
qui n'a1Jparlier1t lJu'a cet élablisse111ent et aucun autre capitaliste, parti-
culier 011 société ano11yn1e. En effet, no11s savo.r1s que la purge est réservée
aux acq11éreurs de l'i1nn1euble et non aux créanciers '.
a
Du reste, cette purge, la différence de la purge ordinaire des h}·potl1e-
c1ues non inscrites, 11'aboutit pas nécessairen1e11t ii l'affrancl1issen1e11t de
l'i111111euble; elle ne produit cet effet que si aucu11e inscriptio11 r1'est prise
dans le délai fixé par la loi. Si, au contraire, l'hypoll1eque esl inscrite, le
Crédit l◄'oncier ne peut lJas i111¡Joser au créancier son ren1!Joursen1ent. 11 ne
pcut que s'alJsle11ir de co11sentir le pret sollicill;. Er1 outre, la purge du dé-
cret de 1852 ne lJroduit qu'un effet relatif, li1nité aux rapports du créancier
et d11 Crédit Foncier.

Formalités de la purge spéciale du Crédit Foncier. - Les forn1alités


-de cette ¡Jurge varie11t suivant que les créanciers so11t connus ou incor1nus :
A. - S'ils sont connus, l'extrait du litre constitutif d'l1ypotl1cque eloit
ctre nolifié á la fe1n111e el au mari, au tuteur et au s11brogé-tuteur du n1ineur
a
et de l'intcrdit, au 111ine11r émancipé et son curateur, enfin aux aJants
ca11se i1 litre u11iversel ou particulier eles i11capablcs (art. 19 du décret de
1852).
Cet cxlrait co11tient, sous peine de nullilé, la date du contral, le nom de
l'e111pr1111Leur, la désignatio11 de l'immeulJle, et rnentionne le m<Jntant d11
pret. 11 contie11t, en outre, l'avcrtisse,nent que, pour conserver le rang de
l'l1y¡Jothee¡ue légale vis-h-,·is d11 Crédit l•'oncier, il est 11écessaire ele la faire
inscrire clans les quinzc jours, á ¡Jartir de la sig11ificalion (art. 20) •.
IJ. - Si les cróa11ciers 11 l1y1Jotl1eq11e légale sont inco11nus, un extrait de
l'actc cc>11stit11tif cl'l1y¡>oll1óc¡11e est 11otifié au ¡Jrocureur de la l{épublique et
i11séré tla11s les journaux (art. :it,). Da11s ce cas, le délai donné pour inscrire
CSL fixé U f{Ullrante jours.

1. Nous avons rlit ci-dessus, i\ propos de la purgc, que les texte~ votés par le Sénat en
1898 ncl'ord11ient i\ tous les créanciers le droit de procilder ¡\ cette purge spéciale.
2. (ln ne peut pns ne pns 6tre surprls de In facilité que le décret de 1852 donne ainsi
au 1nari d'ernprunler s111· st•s il11111cuhh~s en les débnrrassant de l'hypolheque légale de
sa fe1111ne, souvent 1\ l'insu de celte dcrnit'•re. I,'article 21 dit bien qu'cn parcil cas lit
siguitlcation doit élre re111isc i1 la pcrsonne de In fe1111nc. ~lais il est aisé nu 111nri de
dissi1nuler i\ In fe1n1nc les cons,1qucnccs de la signnture qu'elle va npposer nu has de
l'exploil de signitlcnlion. l,a fcn1111c, ignornnt qu't'lle dcvrnit, pour sauvegarder son
droit, inscrirc son hypolhé1¡11e, ne proccdcru pns 1\ celle forn1nlit,·•, et l'ilnn1eul,le se
trouv1~r11 nlnsi purgé. N'e1it-il pns éló plus prudenl J'exlgcr In p1•ésence de la femme au
conlral de pr(\l, et d'impost•r au notnir<•, en s'insplrnnt de l'nrtlcle 21 du décret, l'obliga-
tlon tlo l'nvertir c¡ue son hypotheque légnle sera purgée si elle n'cst pas inscrile dans les
qulnze jours ?


LIVRE III. - TITRE II. - l)EUXlE)IE PAIITIE. - Cll.li'ITRE IV

Effets de ces formalités, - L'efl"et des forn1alilés ¡Jrécéde11les vario sui-


vant que l'l1ypoll1cque a été inscrile dans le délai de q11inze ou quarante
jours, ou ne l'a pas été. .
Pre111ier cas. - Lorsque l'l1ypotl1eq11e a été i11scri te, les <lroi ts du créan-
cier sont sau, egardés. Le Cré<lit Foncier 11e pretera l'argent c1ue si le créan-
0

cier consent it la n1ainlevée ele l'l1ypoll1cque it son ' profit.


Qua11d il s'agit el'1111 111ineur 011 d'un i11t<·rdit, cette n1ai11levée doit 1~tre
don11éc par le sul)rogé-t11te11r, en ,·ertu d'une autorisatior1 du conscil de
fa111ille (art. g du décret de 1832).
Seco11ll cas. - Si l'l1ypotJ11\que n·est ¡)as inscrito elans le délai de quinze
ou q11arante jours. la 1)urge est opérée, et confcre a l'l1ypotl1eque du Crédit
}i'oncier le pren1ier ra11g sur l'i111n1e11}Jle. ~Iais cette ¡Jurge ne profite pas aux
tiers, vis-a-vis clesc¡ucls l'l1ypotl1i'·que légalc co11serve son rang de faveur
(art. :i:i cl11 clécrel). I~u co11séquc11cc, si l'i111111eul)lc est saisi, l'l1ypotl1cc¡ue
légalc pre11clra ra11g i1111111'·cliatcn1ent aprt'·s celle du Créclit li'o11cicr.

2º Privileges destinés a assurer le paiement exact des annuités.


Le paie111c11t régulicr eles an11uités ele rc111boursen1c11t clu prel joue 11n role
essenticl da11s le 111t'-.canis111c des opératio11s du Crédit I◄'or1cicr. En efl'et, 11ous
l'avons v11. la Sociélt': c111prunlc a11 p11blic so11s forme d'obligatio11s foncicres
les capitaux qu'clle ¡)rete, et rcn1bourse ces obligations avec les a11r1uités
c¡11'elle to11cl1e, de fa<;on c¡11'a11 111on1e11l 01\ ses er11prunte11rs sont complc-
tc111c11t lilJt'•rés c11vcrs elle, clic a rc111lJoursé ellc-n1en1e la totalilé des obli-
gations. _
E11 cor1séc¡uencc, la loi a éclicté les 111esures suivantcs en v11c d'assurer le
ren1bo11rse111c11t <les ar11111ilt~s.
1\. - Les jnges 11c ¡lc11vc11l accortlcr a11c11n llélai lle gr:ice ¡)011r le ¡)aic-
1nc11t tles a111111ilés iart. 2G).
B. - Ce paie111ent ne pc11t l\lrc arrelé ¡Jar a11c11ne 0¡1positio11 é111a11('e cl'1111
créancicr tic la Société, ou clu rlél)ite11r !art. 2¡).
C. - Les an1111itt'·s 11011 payi',cs it l'écht'•a11ce ¡)rorl11isc11l inléret <le plei11
clroit (art. 28. , al.); ce c¡ui esl 1111e <l1\rl1galio11 ¡\ l'arliclc , 15:{ cln (:otlc
00

ci vi 1.
l). - J•:11 cas lit• relarll rlu llt'·bile11r, el r¡uinzc jot1rs aprt'~s u11e 111ise e11
de111e11re, la Socit'·lt'• 1111 Crt'·<lit J<'1)11cicr. 11c11L, c11 vcrl11 cl'1111c or1lo11na11cc cln
présiclc11l cl11 Lribunal civil ele 11rc111it'•rp inslancr, se 111r:llrc r:11 ¡ir1ssessio11
des i111111c11l1lcs l1~¡iotl1í:1¡11t'.,s, aux frais el ris1¡11es clu llt'·l1itr11r c11 rclarcl
(arl. 2!)).
(>c111la11l la llllrt)C 1!1, ce s1~1¡ucslrc, la Socií•lé jc111il cl'1111 ¡1rivil1\gc s .1r le 1

111<111ta11t <:les reve1111s 011 réctiltcs (arl. :i<_>l


l•:. - I•:11(111, la ¡1roct•<l11rc ele la s.:\i~!e ii , 1ol1ilit'·rr: esl alJri'·gét\ lors1¡ue
cclte saisie cst ell'ccl11t'•<1 ,\ la rc<tlli\to 1lu <:ré~~ l•'<i11cier (ar!. 3:i it /1:i\.

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TABLE ~tfHA~É'l lQUE
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A - . Séparalio11 des palrin1oi11es, 852,


111 .fine et s., 85í et s.

Abandon de biens, 88. - Séqueslre, 683.


Abeilles. - D.01n111agcs, 38í. - Suspension de la prescription, 152.
Abonnement. - Cl1emi11s tle fer. Acceptation du tiers bénéficiaire.
(:lauses d'irresponsabilité, 5í:i. - 1\ssurance sur la vie, 629.
Abonnement a un journal, 291. Acceptation du tiers bénéficiaire
Absence de cause. - Rente via1rcre dans la stipulation pour autrui
' o , 342 et s. '
692.
Abstention. - Respo11sabilité, 368. Accession. - Enricl1issement saos
Abus de confiance. - Locatio11- cause aux dépens d'autrui, 4o5.
vente, !117. Accessoires. - Vente. Délivra11cc,
- l>reuve, 2/12. !14í-
Abus de jouissance. - Bail, 529. Accessoires de la créance. - Hypo-
- Bail. l\ésiliation, 544. tl1eque. lnscriplion, 997.
Abus du droit, 361, 371 et s. Accessoires (de l'immeuble). -
- Interdiction de sot1s louer, 535. llypothcque, 883 et s.
Abus du droit de résiliation (en Accident. - Résiliation du contrat
1nalicre de conlrat de travail), 589 de travail, 592.
et s., 594. - Ti·ansport de voyag~urs, 571.
Acceptation de succession. - l\es- Acc1dents du trava1l, 392 et s. -
cision pour lésion, 3o5. 1\.ssurances, 603.
Acceptation de succession sous - Co111pensation, 119.
bénéfice d"inventaire. - ,\bandon - IIy1lotl1cque judiciaire (,\bsence d'),
de bie11s, 37. !)20.
- ,\.ction en résolutio11. l~xlir1clio11 du - La force 1najeure libere le chef d'en-
¡lrivilcge dt1 vendeur, 840, in Ji11e, lre¡lrise, 11.
84 1. - J>rivilege, 790.
- c:onfusior1, 122. - lle11le. Inccssibililé, (¡29.
- llypolhcc¡ue jutliciaire (.\.bsence ti'), - 3:!8' 35 1' 358' 360, 370.
9 2 2. Accidents du travail occasionnés
- llypoll1cque légale des n1ir1eurs el par 1·emploi de machines a~ri-
interdils, 890. C<?les mues par des moteurs 1na-
- l11scriplio11 des hypolhi~ques, 9!16. n1més. - l\isque professionnel, 393.
- Obligalion de l"l1érilier rl'ad11iinis- Accidents imprévus, - Preuve tcs-
trer les biens, 8. lin1011iale, 246. ·
- Opposi lio11 ii ¡>u it•111e11 t l1ors de la Accord des volontés, 273 et s., 284
1>rése11ce des créancicrs, 84. et s.
- Paicrnenl avec subrogation, ()í• Achat de bestiaux. -- l'ltétayage, 548.
- I>rivilcgc des archilcclrs, 8[12·. Acquéreur a titre particulier. -
-· l 1rivil1\gc dt1 co1>arlageanl, 8!1ü. l 1 urge, g75. _
- l 1rivilcge du VPndc111:, 8:17. Acquéreur a titre universal. -
- l'urge. Iléritier adjudicatairc, !)7/i, l'nrgc, refus, 97!1•
!)79. Acquéreur sous condition réso-
lutoire. - I>urge, g75.

d ( 1)
I Celte table al¡>habétique est due aux soir1s de M. ALEXIS MA.RTl;li(, avoca 1,
oc cur c11 1lroit. - l,Ps n111néros rcnvoient aux ¡1nges.
'1'0111c J1 1



1026 T\RLE ALPH,tllETIQt:E

Acquisitions nouvelles. - Ilypo- Action de modo agri, 4119.


theque, 884. Action de peculio. /104. ·
Acquittement. - Aulorité au civil Action déclarative de simulation,
de la chose jugéc at1 crimincl, 25í 6, et s. - DiflérPncPs avec 1 aclion
et s. oblic¡ue, 62. - Difl"érences avec l'ac-
Actes a titre gratuit. - ,\clion pau- tion paulien11e, 5o, 62.
licnnc, 52, 53. - Prcscriplion, 158.
Actes a titre onéreux. - ,\clion pau- Action directa. - ,\.ssura11cc de res-
lienne, 52, 53. ponsabilité, 617.
Actes administratifs. - llypothi-- - Crssion de bail, 531 el s.
que, 932. - Privili•gc de la vicli1ne d'u11 don1-
Actes authentiques, 221 et s. 111agc sur l'inde111nilé d'assurancc
- Aclion paulien11e, 5G. duc a l'auleur responsable, 823.
Actesauthentiques nuls dégénérés - Risque localif. ,\sst1rance, 543.
en actes prives, 22.1 e s., 22h,. 2:ií.
. . ,. t - So11,-localion, 531 533 et s.
Actes confirmatifs, 236. Action directe des ouvriers du ha-
Actes conservatoires, 5í. timen t, 51i4 et s., 8/18.
Actes constatar,t des promesses Action directe du bailleur contre
unilatérales de sommes d'argent le sous-locataire. - Coniparaison
ou de choses appréciables en ar- avec l'aclio11 dirccle des ouvriers du
gent, 21í. balin1ent. 565
Actes d'administration. - Elfels des Action du voiturier en paiement
conlrals a l'l;gard des liers. 333. du prix de transport. - ltespon-
Actes de commerce. - l)o11ble exem- sabilité, 574.
plaire IDispr11se dti). 227 Action empti, 411, 4/i9.
Actes de juridiction gracieuse. - Action en déclaration d'hypothe-
N'e111portent pas hypolheque judi-
• •
q ue, 1019.
c1a1re, 919. Action en désaveu. - Aclion obli-
Actes écrits non signés, 219. · c¡11e, !1(1 •
Actes notariés. - ll)·poll1ec¡uc, 930 Action en détaxe. - 'fransport. Pres-
et S.· criplion, 574.
- N'etnporlent pltts l1ypotheque de Action en domma~es-intéréts ré-
plein droit, 915. sultant d'un acc1dent. - Action
- Rédaclion. ,·ente, 41~. obliquc, 45.
- 4o, 223. Action en justice. - Itcsponsabilité,
Actes récognitifs, 23ti. 37a. a7t1.

Actes rédigés en brevet, ~35. Action en nullité absolue de ma-
Actes relatant des conventions sy-• riage. - Aclion obliquc. 44-
nallagmatiques, :125 et s. Action en nullité pour incapacité.
Actes sous seing privé, 221 et s. - 1\clion oblique, 45.
- Co11lral ele lravail, 578. Action en reconnaissance d'hypo-
- ltc111ise dP delle, 1 ·>.5. tb eque, 96/1, note.
Actes unilatéraux. - l)ol, 3o3. Action en répétition. - Cnutior1,
Actio doli, 3:1/i. 736.
A ctio furti, 354. - (iara11tic, /a53. •
Actio legis Aquilim, 35/i. Action en répétition de l'indll., 398
Action mstimatoria ou quanti mi- el s.
noris, /1/1\J, !16¡. Action en rescision. - Conflrma-
Action auctoritatis, li!iu. tio11, ~as.
Action civile. - l'rescri¡Jtion, ,152. Action en resoision pour cause de
- :i5¡, 353. lésion des ventes d"immeubles,
Action contre le voiturier en cas /137 t)l s. - Vcr1tes auxquelles elle
de perte ou retard. -. l'rpscri¡ilion, s'appliq11c•, 4/io ot 11. - Condilions
5¡3, in .fine, !i74. cl'excrcice, 441 el s. - EITels, 44ll et s.
Action de dolo, 51. - Caracteres, 444 el s.
Action de in rem verso. 40a rl s. -· Action en resoision pour lésion,
llistoriq11e, 4o:l el s. - l)roit acl11Pl, :10!1 Pl s.
l¡e,5 PI s. <:011ditions, 11oti el s. - Aotion en résolution. - llail ¡, 11our-
EtPnrluP de la restitutio11. 1101¡. ritu rr, ti!)5.
- I>,:p,'il, li¡ti. . -- l)roil d<' r1\frnlion, 773.
- :\tarclu: i1 forfait. 551'. - RPn I<' viag1'.re, li!.111.
- Soch'•ló, ti[l 1. - Tra11snclio11, ¡ 17.
- 47, a\ls, ¡11, 7 12, 71:1, ¡ 14. - \:c,1lc de lu cuosc <.l'uuLL·ui, 433 el :! 1

,
T.\ll LE A LPtl,\llETl(_/U E 1027

- Vente de meublcs, 805. - Sociélt\, 11ullité, négociation, défaut


- V. llésolulio11. ll'objct, 428.
Action en résolution de la vente. Actions en nullité ou en rescision.
479 et s. - J>rcscriplion, 15/i et s.
- Effel lle l'exlinclion du ¡Jrivilegc d11 Actions immobiliséesd"' la Banque
vc11dcur, 839 el s. de France. - llypothcq11c, 878.
Action en responsabilité des ar- - Inscriplior1, hy¡Joll1equc, 99/2.
chitectes et entrepreneurs, 560 - !Jrivilege du Y('Jldcur, 833.
et s. - J)uréc, 5G?.. in ,fine et s. - Actions non libérées du quart. -
Point de déparl, 5(i3. l~rrC'ur, 2!)7·
Action en revendication. - Gage, Actions noxales. 35¡.

7::io. Actions réipersécutoires. 35~ .
- Transport, prcscriplio11, 574. Adages. -- 1lclioni 110n nalice no11 pr:es-
Action en revendication du ven- cribitur, 152.
deur de meubles, 812 el s. - Nalurc - .4clori incu1nbil probatio, 1 r, 216, 369.

juridique, 81?. rt s.- Conditions d'cx:- a90.
ercicc, 81:I el s. - Effct, 814. - Ex- - .llleri stip11lari nc1no potes/, 334.
clusion au cas de faillile 011 de liq11i- - .llterius facl11111 alleri 11ocel, 200.
dalio11 judiciairc de l'acl1clc11r, 81!1. - ,\lterius 111ora altcri 11011 nocel, 206.
Action furti o blati, ,157. - Conl1·1t non valenle1n agere 11011 curril
Action indirecta, !12. JJl'tcscri¡Jfio. 152.
Action negotiorum gestorum, 7 1 1. - Clllpa lata llolo :cquiparalur, 603,
Action oblique, /¡2 et s. - Origine note.
el raison cl'c'lre, 42. - Droils el ac- - /J1:crel forcé nelloi~ loutes hypoll1eques,
tions auxquels clic s'applique, 43 et gli6, 972.
s. - Conditions d'cxcrcicc, !15 el s. - J)ies infer¡¡e/lal pro lto111ine, 10.
- Effels, 47 et s. J,rranlis 1111/la voluntas, 292.
- Difl'érc11ces avec l'aclio1i en déclara- Error co111111unis .facit jus, 928.
tion de simulalion, 62. J•'ol es/ qui .~e ,nel en enquesle, 5 20.
- Elfets, 59. (;en era no11 ¡1ereunl, 661.
- Louage d'i11duslrie, 564. - /111possibiliu111 nulla esl ohligalio, 308.
- R1\méré, 488. In JJari causrt lurpiludinis cessat repe-
- Rcnoncialion ii prcscriptiou, 15li. lif io, 68.
- Sous-localion, 532, 533. - l11lerlocufoire ( L') ne Tic ¡¡as le juge,
Action paulienne, 48 el s. - Origine
et raison d'etrc, t,g 11t s. Concli tions - l,e crüninel licnl le civil en élal, 352.
d'exercicc, 5o el s. .~eles auxquels - .\lalifiis no11 esl indulgendu1n. 3¡3.
clic s'ap¡1liq11c, 51, 5/1 el s. - 1:réar1- - Jleubles 11'ont pas de suite par hypo~
cicrs q11i pc11vcnl l'ex:ercer, 56 el s. lheque, 880 et s.
- Effels et 11aturc, 57 et s. - Prcs- - 1Ve1ni111i111 la•llil, ne1no da11111u1n facit
criplion, 60. - A.clion paulicnne en ,¡ui suo jure ulifur, :1¡1, 372.
malicre de faillilc, 60 et s. - Ne1110 l1lie11u111 Ji1cl1un pro111iltere po-
- Ditl'ércn,;cs avrc l'aclio11 c11 déclara- ll!st, 308.
lion de simulalion, li2 el s. - ,Ve1110 a11dilu1· propria111 lur¡Jiludi11e111
- Excrcicc par le subrogé, 98. allega11s, 4o r. 64 7.
- Prcscri11Lio11, 158 - 1Ve1110 ce11selur su/Jrogassl! co11lr1L se,
- Rc11011cialir,n ¡'¡ prcscriplion, 150. 9!}·
- SociéL,\ 05:1. • - 1Ve1110 plus Juris ad uli11111 lransferre
- ''3 , 2,>~,
l 8g, :J,> r.r. 3 :i7, 33 I,,·¡r.·¡ '
D,, qO{}, 4 l:J,
• polcst quan1 ipse ha bel, 171, 185, 187,
838, 9~3, 9!12, 940. 3:.i¡. .
Acti.on publique. - Prcscriptio11, - !Vc1110 polcsl a se111elipso c:cigcre, 122.
352. - 1\'e1110 pr,1'.t:isc cogí ¡10/est ad facl111n,
. - Rcsponsabilité, 353. 17, 18.
- Vt•nlc d'engrais, 444, - No11 nide11t111· qui er·r·anl co11se11tirc,
Action quanti minoris. - \'ices :19 '.!.
r1\cll1ibiloires, /1¡0 - 1Vlll en Ji'ra11cc ne plai<le JJrtl' proc11 reur,
Action redhibitoria, 4r,9, t.6¡. ~-
.1a9, ('!
>.i:J, 6(·>
.¡-.l, ('""
):lu.
Action révocatoire, 48 el s. - , .. Ac- - 1\'ul ne ¡ic11l s'e11ricl1ir sans droil aux
lion ¡11111lil'IIIH'. 11,:pl'IIS 11'1111/rui. :198.
Action subrogatoire, 4:.i. - 1\111//11 ¡1:1•1111 sine lcf!I!, 351.
Actions. - C1·ssio11, 1¡ 1. - ()nus ¡iroli1111di i11c11111bil aclori, :.116.
- <,nge, 7!,u. . - Pas ú i11lilrtU, ¡i11s d'actio11, 345.
- Société, li35, 63!). - Pas de priviÜltJc sans tcxtc, 777•


, '

T .I.JJ LJ;; .l. l. I' 11,1.JJJ;;T I Q l I::

- Pro111esse de vente vaut vente, 413, Administration de l'immeuble hy-


[¡ I 6. pothéqué, 9'11. 942.
- QllX tc,npol'alia sunl ad agendiun per- Administration des contributions
pelllct sunt ad excipie1Jdlln1, 1 ü2. directes. - l1ypoll1equc judiciaire
- Qui accepte délégalion se fail ¡Jréju- (.\.bsence el'), !)21.
llice, 110. . Administration des contributions
- (.}lli cautionne ¡1aie, í ·i í. indirectes. Ily¡>oll1t•quc judi-
- (Jui llicil lle uno de altero 11eyal, :i5G. ciriirc 1,\bse11ce d'), ()21.
- <_)ui rloil ú ter111e ne doil rien, 18í· Administration légale. - .\cl1úl.
lnca¡>rtcilé, 11?.:i.
- l)ui cloif gnranfi,! ne J!Clli ét•incer, 't:l:1,
,·s
1 ;J • Aéroplanes. - ..\l>us dt1 tlroil, 3¡1.
- (lui erra/ 11011 co11se11lire vi,/el11r, í20. Affichage. - 13ail. Droit clu preneur,
- <)ui errat 11011 J"c1lelur, 263. 524 et s.
- <J11i ne dil ,no! consent, 291. Affiches ou prospectus financiers.
- l.}ui lace! conscnlire l'idelul', 2¡¡1. - Dol, 299.
- llal ihabil io 111a1ulalo rcquipar,1/11r,341 , Affirmation du maitre. - Conleslri-
•¡J tion sur le salairc, 5¡G, 580 et s.
1
- /les i11le1· alius jrulicala [011 ((Cfa] altsis Afflrmation mensongere. -- lJol,
n<'!Jllt' nocere ncr¡ue ¡1rollesse /Jo/es/, !1í, 2 99·
., ~! 33 , :1:::>J,
'.!,lO, • • i>2., 8 , J, ''3 J, -IOQ,
~ 3O, .:, ' • 1,
:JI Agences de course, G8í .
- ' ' tlí!),
J,J(J, ' !) 8 1. Agence de publicité. - llc11sc·ig·11e-
- //es jrulicala ¡Jro verilale liaúelu1·, :!5o. n1rnls cl«:rrivorahles. I\es1ionsal>ilil1:,
- //es. non ¡Jcrsona, del,el, !J:i',. 3-;3.
- Re.~ JJeril c/0111i110, J'l!),- 132, 1:1:3, 188, Agence matrimoniale, íO?..
-- -
,) J J.
. Agent d'affaires. - ~lrindat. 55·i, lig8.
- //es p,·ril e111pluri. 1 :ig. Agent d'assuraaces. - :\lanclal, 552.
- Ileso/11l0 jure da11lis, resol1•it11r jus 699. 1
llCCÍJJÍCllfis. 58, !,'1i. (¡Ío• !18/2, 118:-l. Agent de cbange. - .\rrhes, '• 16.
- 1/eus i11 exci¡Jie11r/o ,fil actor, 1!), 216. - :\lrindrit, G98.
- ,<;0/11.~ consensus ollligal, 282. - :\larcl1és il ter111e, G88.
- ,<;polinlus ante 011111ia reslil11e11d11s, 120. - N0Yalio11. 1o(i.
- ,'511renchere Slll' s111·enchere ne i•a11l, - Sociét1:, (l4í.
!Jj8. ' - Subrogatio11 l{-grile, D~.
- Té,noins ¡iassenl ll'llre. :1!10. - ,·rilrurs cult:rs, Ü8!)
- Test is 111111s. les/is n11llus, 21 ¡. Agentsforestiers. - ,·l'nll'. 11:!1.
- lí11e ¡/elle 11·e111¡Jechc ¡Jas l'aulrc, 11¡. Agréés. c:ribinets. ,·rnl1\ '12\¡,
--1·e111/aye passe louaye, 51 :l. i11 .fine, !,:lo.
Adjudication. - J-:viclion. (iriranli<', -- Sorit>ll', (i'ií-
421, ,1J2,
1 - g (')J.
- Alcool. - l\esponsaliilill', :1G't.
'
Adjudication au proflt de l'un des Aliénation de la chose assurée. G1:1.
copartageants. 8/,4. Aliénation de l'immeu ble hypo-
Adjudication prononcée a la suite théqué !J!t 1, !l'1:I, !J:1l1 PI s.
de la faillite. - l1t1rgc virluclle, Aliénation flduciaire, 8ti 11 pi s.
Aliénations donnant lieu au droit
~¡ll.d'1ca t'ion sur sa1s1e
A ªJU . . 1mmo
. b'1- de suite en matiere hypothé-
l1ere. - !'urge virt11PllP, !lí7· caire. !1:1:J el s.
Aliénés interdits. -- l'rescri¡ition
A~udication sur saisie immobi-
l1ere d'un immeuble du mari ou (( lo . . ., '
('l\',, ),.J(l¡), l ('JI.
du tuteur. - S11rvic t\11 tiroil tlt• Aliénés internés - 11rl'scri¡1li1J11 (L.
¡>rt>ft>rencc an <lroil de suil<', 1021. :lo juin 18311. ar!. :lq\, 1(i1.
Adjudication sur surenchere. - Aliénés non interdlts internés. -
P11rgc virl11t•lle, !)77 l'I s. ,\1\111i11islrnt1•11r, hypoll1i•11111•, 118,.
- Saisie i1nn1oliilii·re, 9tHi. Aliénés non interdits ni internés.
- l'rescri¡ilion di' 1'11clio11 <'11 1111llih:,
Adjudication sur surenchere du 1 (i 1 •
dixieme. --· 1':tr«•ls, !18!¡ l'l s. .Aliments. - 1:01111JP11satio11, 1•!I· .
Administrateurs. --- l)Pllt• tlt• In so- - J•:nfnnt 11alt1rPI 11011 r«'Cllllllll. <)1>11·
ciété. (~1111lionnc111c11l, ¡2:1. galio11 1111lt1r<'ll<•. (iq.
• •
- Soci1•l1•, ti',u PL s. - \'pn(I', /¡~q.
- Soci{-lt:. J\ln11drit, li!J8, Allégation meneongere. - Dol. ~!)!)•
Administrateurs des biens des Allumettee. \ c11ll', 1,21¡.
communes et des établisse1nents Aleace-Lorraine. - l\ait', ri'.•~ilintio11,
publics. -- .\l·hnl. l11l·;ipacill"•, !1·1·1. - :.t t'J •
,J

TAHLE ALPHABETIQ[E

Alteri stipulari nemo potest, 334. Arch i tectes-artistes, 561.


Alterius facturo alteri nocet, 206. Arrérages. - Prescriplion, 144.
Alterius mora alteri non nocet, - Ilen les. ,\.nalocis1ne, 31.
206. - Re11tes. lnscription hypothécaire,
Améliorations. - Bail a fcr1ne, 54 7. 1004.
- Eviclion lolalc, vente, 1162. - Re11lc viagere. Paien1ent, 693.
- Exproprialio11 forc(,c. lndrrnnil¡;_ Arrét des inscriptions (en matiere
'ficrs dt;lcnlcur, 9G9. hypothécaire), 9'15 PI s.
- Hypotheque, 883 el s. Arrhes. - ,\.11cien droil, 281.
•- Privilcge du vcndeur, 834. - I>ro111esse de ,ente, !115 et s.
- !,urge. Indc111nilé. 'firrs délenleur Artes liberales. 552.
évincé, 990 et s. Artes serviles. 552.
Amendes. - Reglcn1cnl d'alclier, 325, Artisans. - Dispense du "bonpour "•
579, 580. 227.
- llesponsabilité des maitrcs et com- - Prescription, 147.
111ettants, 384, 385. - llesponsabilité du fait des apprPnlis,
- ' Solidarit(, ¡Jassive, 201. 381.
Ameublissement. - llypoll1equc, - Risque profession11cl, 39'1.
9 2 9· Artistes dramatiques. - SalairPs.
Anatocisme, 26, 29 Pl s. - Caution- Privilege (,\bsc11ce de), 788.
11en1c11l, 725. Artistes lyriques. - Salaircs. llri,i-
- Compte courant, 10¡. lcge {,\.bsencc de), ¡88.
Animaux. - Chcplcl sin1¡1le, 549. Aseen seur. -- Respo11sa!Jililé, 389.
- Rcsponsahilité de let1rs J>ropriétai- Assiette de l'hypothéque. 882 et s.
rcs, 385 el s. Assignats, 30 11. :105, !137, 669.
Animaux domestiques. - J)o1nma- Assignation. - Délégatio11 i111par-
gcs, 387. faile dans l'ancie11 droit, 109.
- Vices, 4G7 et s., 472 et s. Assistance publique. - Responsabi-
Animaux féroces de ménagerie. - Iité des 1naitres et co1nmcllants, 383.
D0111111agcs, 387. Associations, 654 el s. - Formation.
Annuités. - Crédil foncier. Défaul Conditions de la personnalité, 65:í
de paie1ne11t. lnlér1'ls de droil, 1024. et s. - Capacité, 656 et s. - Disso-
- Crédil foncier. Ubligalaircs. Préro- lulion, 659 et s.
gativcs clcslinécs /1 assurcr la régula- - 632, 6:14 el s.
rilé clu 1>aie1nc11l, 102 11 el s. Association fran~aise des~ssuran-
Antichrese, 7!14 Pl s. - I<'orn1es, 7!16. ces sociales, :i98, note.
- Droils el obligalions clu créa11cier Association syndicale de proprié-
a11lichrésistc, 7'iG el s. taires. 276.
- 729, 771. 776. Associations de fonctionnaires. -- •
An tidate, 2:l:i. 1\.clion en juslice, U59.
Appartements meublés. - llail, 518. Assujettissement facultatif a la lé-
Appel. - <.:hose jugl~c. '.i:í2. _ gislation sur les accidents du
- lndivisihililt;, ~ 1:,. travail, 39 11.
- l\Plrail liligieux, 'i97. Assurances, :,gli el s. 'fl1l;oric
- Soliclarit(, ¡iassivP, 208. tl'e11se111l>le du contrat d'assurnncP,
Appointements des commis et em- :Í\)6 <'l. s. - Elén1rnts co11stilt1liís,
ployés payables au mois. - l'r¡•s- lio1 PI s. -l~íl-l'ls, (io7 el s. - I•:xti11c-
. 1·1011,
cr1p 1.,.,.
1r. tion, li1f1 el s .
Apports. - Socil;tt\, 0:11¡, U/18 ¡•l s. - i\.cqut'•reur c\'i111111Pnl1le. 1.011ti11na-
- Socit'•lt\. (Jhj¡•I illicile, U/¡7 el s. lion d11 conlral, :1,-8.
Apposition des scellés. r, 1. -- :\clion ele ill re111 ver.~o, /108.
A:eprentis. - l\isc¡nP ¡1rol'Pssio1111Pl, - llail /1 fer1111~. J)i1i1i1111tio11 el!' r1\col-
• , ,.
,In'•· l PS, a~,o.
Apprentissage. -- J>rt•seri pi ion, 1'• 7. - 1:1a11ses ele di'•chi'•anc!', :l'.i5.
Arbre. - <:hnlP. 1\espon8ahilih'., :18\J• - J)ol, :l\l!l·
Architecte. (:liPnlPIP. ,·P11IP, r,:lo. --- lncPndil'. t>aillPs et t•ngrais. llail i1
- t:onlral di' lrnvail :• \lanclnt :• li!)!I PI s. fprflH', fJ!¡f).
- l>roil di' l"l;le11tio11, 77:I. - ~lise 1~11 de1111•11rr, 1(i.
•- \la111lat, :,:,·1. - l'rPscri¡ilion, , :io.
- l'rivili•gl', 8!18. - )'rillll'. l'rt•scriplion, 1 'a:i.
- ll<'SIIOllsahililt\, :,(io PI s. - llt\solutio11, 1:lfl.
- IIPSJJ011snl1ililt\, J>r1•scri11lion, • 'i!l· -- S11liroiation h;¡:-nll', g:i.
·•·- Soliclnrit,1 11nssiv1•, ~o,. - ·racilP )'('('Ol)ci11clion, '!!)O.
,
1030 TABLE ALPHABETIQUE

- 274. 283, 684. - Prct a usage, 663, 664.


Assurances a primes ftxes, 599 et s. - Responsabililé, 391 et s.
Assurances collectives, 338. - 1'ransporl, 5G8.
Assurances contre les accidents, 2, Autonomie de la volonté. 3.
596, 597. Autorisation administrative.
Assurances contre les accidents .>\ssocialions rcconnues d'utilité pu-
d'automobiles, 12 et s. blique, 65¡, in ,fine et s.
Assurances contre les accidenta du - Dons el leg·s aux établisse111enls
travail, 338, ü 14. cl'utilit{, publique, 643.
Assurances contre l'incendie.-Sti- Autorisation maritale tacite, 290
pulation pour aulrui, 338. el s.
- 2, 16, 596. Autorité au civil de la chose jugée
Assurances contra l'invalidité. 597. au criminal 257 et s.
Assurances contre les fautes pro- Autorité de la chose jugée, 250 et s.
fessionnelles, 12. - V. Cl1ose ,it1g{-e.
Assurances de responsabilité, 12, Aval. - Solidarilé, -,32.•
338, 596 et .s .. 602, 605, 11ole, 61!¡, Avances. - ~Iandataire. Re111bourse-
61¡ et s., 8?.1 et s. 111ent. ¡oG.
Assurances du risque locatif, 822. - Relen11l's inlerdites sur le salairc,
Assurances-indemnités, 5u6 et s. 585.
Assurances maladie. 59 1 . - l\ete- Avances d'outils et de matériaux
nues ~ur IP salairr. !ill3, nolr. faites a l'ouvrier par le patron. -
Assurances maritimes. - J•:xli11c- llPlenues sur le salairl', :í8'i.
tion du conlral d'assurancc. li1'1. Avances en argent faites a l'ou-
- ]>rcscription, li13 el s. vrier par le patron. - Rclenues
- 1>rin1e, privilege, fJIO. sur le salaire. 584.
- Risc¡ue, 610. Avances sur titres, ¡49. nolP. .
- 601. 602, Go5, 606. _ Avant-contrats. 2í!l, in .fine. 280 1 286.
Assurances mutuelles. - l'rcscrip- Avantages conférés au Crédit fon-
tion, 1!16. cier en matiere de préts hypo-
- 599, 600, 60:l. thécaires, 9¡3 et s .• 100:í, 1oj?. et s.
Assuránces pour le compte de qui Avaries. - 'I'ransporl, 5íº·
il appartiendra, 337, :140, tl 11G. Avenant. - !\SSlll'llllCC Slll' IR vie a11
Assurances-responsabilité.Go3,11ote. profil <l'11nc perso,1111' délrr111inée,
Assurances sur bonnes ou mauvai- 6~¡.
ses nouvelles. lio 1. - Stipt1lalio11 ¡Jo11r aulrui, :1 11 11.
Assurances sur la vie. fi,q• et s. - Avertissement du receveur muni-
l\cnlc YiagerP. !iuo. cipal d'une commune au fermier
- Risque, t!t:claralion, 610,011. i11.fi11e. des emplacements publica. -,
li 1 '.l. ~lisc l'n clen1eurl', 1:i.
,., 1pu 1a 1·1011 11our au 1rttl.
- "t' . .'I''.,¡, "¡,1.
'' 1 •· Aveu, 259 el s. - l\nil, :1·10, :,2,.
''11,, i. - l•:xtraj1uliciairt•, ,.(l,. -
.l11llici11irc.
- 2, 3.1(1, 3'io. fi9(l, :ig¡. 2!i1 PI s.
Assurances sur la vie au proflt - ll1;¡Hil. fi¡(i.
d'un tiers, O·if, ,., s. · .
·--- ( ,ag<1, • ·¡ .
7a,
Astreintes. - Origint•. :1:1 el s. - - 'I'ra11saclio11. 71¡.
A11nlyse rl crilic1ue, 3!1 <'I s. - ,1¡. 118 250.
Atermoiement. - l'rcscriplion, ,r,n. Aveu du débiteur. - (~ot1rtes pres-
Atterrissage de11 aéroplanes. - cripl ions, , 41!.
Abus d11 droll, 3¡(¡. Avis du Conseil des bAtiments
Attribution aux créanciers privi civils, :1:,7.
légiés ou hypotbécaires des in- Avis du sinistre. - Ass11r1111cP, lit~.
demnités d'assurance. 101:l PI s. Avocat. ·- <:ahirtl'I. VPnll'. i>rohihi·
Aubergistes. - (:ns l'orluil. 11. 1•1011, 1 ·¡
1• o.
- Dépt,t. li8o. - 1:011tr11t dP lravail i1 l\fandnl ~ li!)8,
- Don1111nges ca11s1;s par lrs anin1aux. i11 fi11c et s.
:18(i. - l,011agr d'nuvrngl' ~ !\la111lal ~ 5:íi.
- ()11vriPr virli111<' d'accidl'nl d11 lra- - ' . '1 t'•
,,OClt' ('lrtí•
'
Yail. (;Pslinn d'alfair<•s, ¡1 ·1. A voué. -- ,\ va nrPs. IIP111 hnu r~1•111c11 I,
- l'rivilrg1•, 81 ¡ t'I s. íº--:.
Automobiles. ,\ss11raru·P, llo:I. - llt'•faut d1• pro1!11!'lio11 i1 or1lre, ~o. ,
- Lot111g1• ele choscs? Contra! ti<• lrans- - llt'•lalion de !<ll'l'llll'tll. t>o11vol1· :1p1•·
porl ? !i1c>. • 1, ~t ,·I;),
<'111 -
,
TABLE ALPHABETIQUE 1031

- Mandat, 552, 698. Bail écrit, 51 ¡.


- Prcscription, 147. Bail emphytéotique, 517, 522, 524.
- Représentation, ·..\ veu, 260. - Hy¡Jolt1i•que, 5 r 6.
Ayant cause a titre particulier. - Bail verbal. :i 1 ¡.
Cl1ose _jugée. 256. Banque de Franca. - ..\clio11s i111mo-
- Contre-leltre, 331. bilisrcs. lly¡)oll1eque, 8¡8.
- Date certaine des écrits privés, 233. - Ava11ccs sur litres, ¡!19.
- Effet des contrats. 327 el s. - Esco1111Jlc, 670.
Ayant-cause a titre universel. - Banques de dépót. - (~on1pensation,
Date cerlaine des écrits privés, 233. . Il!¡.
- Droil de suite, 954. Banquier. - ,\.vancPs snr litres, 749,
Ayant-cause
. , ..... universal. - (.;hose 1101.c.
.1ugee, 2::i;i. - J)épól, 680 .
- Contre-letlt·e, 330. - .\Iar1da t, 698.
- Créanciers, 4o. - llret, 6¡2.
- Effet des contrats, 325. Batellerie fluviale, 568.
Batimen ts. - ,\ction directe des ou-
B vricrs Pn co11struclion, 564 et s.
' - Respo11sabilité conséculive i1 la ré-
Baccarat, 685. cc¡)lio11 eles travaux, 556.
Bail, 507 et s. - .\ction de in reni llespo11sabilité des propriétaires,
verso, 408. 388 et s.
- Co1n¡laraison avec le 111étayage, 5/17 Batteuses mécaniques. - Risque
el s. ¡>rofcssionncl, 393.
- Date cerlaine. Op1losabililé at1 tiers Beaux-arts (Société nationale des),
acquéreur, 511 el s. 63¡.
- Droit du propriétaire d'u11 i1n111e11- Bénéfice de cession d'actions, 739.
ble l1ypolt1équé 941, 943. Benéfiee de discussion, 731 el s. -
- Preuves. Régi111e spécial, 51 !l et s. Caulior1, 731
- Rén1éré, 491 el s. - Cessio11 de créa11cP, 173.
- ''ente de l'in1111culJ)e, 328, 511. -- Délégalion, 110, 111.
Bail a cheptel, 5o4. i,i .fine, 5o5. 549 - Tiers détcr1teur. Droit de suite, 959
el s. et s. - Conditions, 960, in ,fine et s.
Baila colonat partiaire, 54¡ et s. - - Excrcice et effet, g61.
Cas forl11il, 11. - 5 I, 7:15, 728, ¡3o.
- Incendie, 539. Bénéfice de division. - Indivisibi--
- l) r1v1 . ·1·ege, ¡g 3 . 1·¡ '
ll',21¡. ~

- Sous-location. fi:14. - i!), ¡~5, 730, ¡32.


- 5o4, 52/¡. Bénéfl.ce d'inventaire. - ,-. 1\ccep-
Bail a com pla·n t, 5 1 ¡. talion lle succPssion ~ous bénéfice
- I>rivili•g(•, 859. cl'inventaire.
Bail a domaine congéable. - llyJ>O- Bénéfl.ces.- l'a1·tnge. Socit'·t1\ 6:3¡ el s.
thi·que, 8¡8. - Sociét,\. Co1111iaraiso11 avec J'associa-
-- I>rivili•ge, 8:>u- .
t 10n, ¡·31
1 .1 .
Bail ti ferme, 5o4, 54/1 el s. Be&tiaux. - Cl1c¡Jlel si111ple, 5~u-
- Cns forluit, 11. Bibliothécaires. - Salaires. PriYilege
- Congé, 523. (,\.lis<'nce de), 78¡.
- Droll de réle11tio11, ¡¡2. Bicyclette. - Iles¡>onsabilité, 391.
- l>rivilegc du l>nilleur, 7!l2 <'l s., 803. Bien de famille. - llypoll1cqul'. I11-
, , arranls agricoles, ¡li/1 el s.
1
- s11scPpl.il>ilil1\ 87G.
Bail a fruits. •- ,·. llail i1 colonagP Biens a venir. - lntcrrlirtion cl'hv- •
pnrli11ir11. t>nlhi•q11,•, !):l:i. ·
Bail a loyer, f>o'i. Biens insaisissables, /¡o. - :\clio11
-- l)roil dP r1qt'11lio11, ¡7~. ohliq11r>, 11'i.
- Jlrivll1'-g11 du haillPnr, ¡q~ el ~- - (:0111¡>1•11salio11, I I!)·
-- Saisie 111ohilii·r,•. l'rivil/•g<' d<•H frais Biens ruraux. - l'rivili~g-<' du hail-
1!11 juslicP, ¡ll'1• 1<•11 r. 80:1.
Bail a nourriture, (iq:>. Biens susceptibles d'hypothéque.
Bail a rente. ·,. · 8¡:', ,~1 s.
Bail authentique. - 'l'Pr1111• ,1,, gr1\c1·, Bijoux. - ll(:p1'1l ,t'h(>IPIIPrÍ(', 68i.
1 '! ~. Rillard, ti81i.
Baíl avec indioation de conte- Billets a ordre. - <~a11sc, a~o.
nance. r,.'t 11 "' ~- - (;PHHÍOl1, 170,

1 o3 2 T.\BLE ,\Ll'HABETIQUE

- !'iovation, 105. de prévoyance. - Retenues. Ou-


- Prescription, 149. vriers ou employés.Privilege.788 et s.
- Solidarité passive, 200. Caisse des dépOts et consigna-
- Ter1ne de grace (,\.bsence de), 191. tions, 82, 88.
Billets de banq,ue, ¡9. Caisse m11tuelle de crédit, 6¡1.
Billets de loterie. - Placement. Caisse nationale des retraites. -
l\1andat. Lot, ¡o5. Rente viagere, 691.
Billets non causés, 319, in.fine, et s. Caissiers. - Caution11e111ent, 724.
Billets souscrits en reconnais- Calcul des probabilités. - ,\ssura11-
sance d'une dette de jeu ou d'un ces, Goo.
pari, 686. Canalisation destinée a amener les
Bi1lets souscrits par l'acheteur. - eaux d'un torrent a une usine.
Privilege du vendeur, 835. - Hypotl1eque. 877.
Blanc-seing, 227. Cantonnement des hypothéques
Boiterie. - ''ente d'animaux, 4¡5. générales, 8~¡, 896.
Bon et approuvé, 22¡. Capacité. - Gestion cl'affaircs, ¡13.
« Bon pour ... », 227. - ''ente, !120 el s.
Bons du Trésor. - Surenchere. Cau- Capacité des associations, 656 el s.
tion, 729. Capacité des personnes. - OJJjet (lt1
Bonne foi. - Prescription extinctive contra!, 309.
des hypothcques, 1017· Capacité des sociétés, 656 et s.
- Répétition de l'indu, 402. Caractére consensuel, 280.
- \"ices rédl1ibitoircs. Vente, 471. Carreaux des chambres. - Ré11ara-
Bonorum cessio, 36. tions. Bail, 536.
Bonorum distractio, 36. Ca.rriére de marbre. - ''ente ?
Bonorum venditio, 36, Louage ? 508.
Bookmaker, 68¡. Cartes a jouer. - Ve11te. 429.
Bordereau de collocation, 94/4. Cas fortuit, 9 et s. - Bail, 526.
Bordereau d'inscription. - llypo- - Délaissen1ent (en n1atiere l1ypothé-
thcque, 995. .
ca1re1, g6;_i,
c.
Brevet. - Acles notariés, 235. - Dépót, 6¡9.
- Hypolhcque, 933. - Dépól d'hótellerie 681.
Brevets d'in ven tion. - Cession, 171. - Diminution de récoltes. Inde1nnitt'.·,
- - Gage, ¡!19, 752, note. 545 et s.
Bureaux de bienfaisance. - Stipu- - Inécndie. Bail, 539, :-,(¡o,
lation pour autrui, 346. a
- :\larcl1é forfait, 5:-,8.
Bureaux de la conservation des - i\c libt•rc pas le cl1ef (l'cntrr¡1rise tic
hypothéques. 993. la rcspo11sabilité des accidents du
lravail, 11.
- Obligations (11' son1111cs li'argPnl. ~6.
c - I>r1\l ú t1sagc. G61, 66:{.
- l\esponsabilité objcclivc, 359.
Cabinet d'agréé. - Société, 6/17. - - l\isqurs, 12!), 1:lo.
\'pnll', (¡ig, i11 fi11e, !130. - Transport, f>¡o.
Cabinet d'avocat. - Société, G/17, - 'J'rouul1•. ,·!'ni!', f15~.
- ,·e11lr. t>rohibition, f13o. - :1!1, i!l• 1~8.
Cabotage, 5¡3. Cause, :l13 l'I s. - J)l•fi11ilio11, 31:l el
Cafés, - D1;JHit. l'reuvr, ii6. s. - J)ans IPs conlrals ú litre oné•
Cahiers des charges. - Don1rnages- rcux, :l,f1 el s. - J)ans les donations,
i11tércts, ~:3. :l18 rl s.
- Saisie i1nn1obiliere, 966. - (~hnsr jug,;e, l:i/1.
Cahiers des char~es des marchés - Dt'•l,;gation, 112.
de travaux publ1cs ou de fourni- -- ()hligalion nnturelll', 7:1.
tures. - Sti¡111lation pour 1111tr11i. - l\is1¡uPs, 110.
:l38. Cause (Défllut de). - l\1•ntc via¡..¡i•rc,
Caisse de maladie. - l\uler111Ps sur li!)~.
Jp salnirP, !',R~. :,8:l, nol.P. Cause (Juste). - :\rtio11 ,/,• i11 r1•111
Caisse de retraite. -- t:011lral tle lrn- ,,,,,.,~o, 1'08 PI s.
VIII·1 , ,>!I
r. 3 , Cause légitime de vente entre
- l\t•lt•nut•s sur (p salnir1•, :-,R:I, noll'. époux. {¡:11 PI s
- I\Pl1'1111rs s11r IP snlair1•. l'ri\'ili'•gr, Cause illicite. :11:-,.
' , .
~88 l'I s .
Oaisse de retraite, de secours ou
Causes d'extinction des obliga-
tionll. ;'1 PI s.


T,\13LE ALPH,\13ETIQUE 1033
Cautio damni infecti, 388. - ~Iétayage, 548.
Caution judicatum solvi, ¡28. Cession de biens, 88 et s.
Caution judiciaire, ¡28, ¡29, ¡32. - Co11lrainte par corps, 37.
Caution juratoire, 264. Cession de créance, 164 et s. - His-
Caution légale, ¡28, 729. torique. 165. - Co11ditions, 166 et s.
Caution personnelle. - \". Caulio11- - Effets, 17 r et s.
ne111ent. - A.ssurances. 92. 608.
• Caution réelle, 929 el s. - Expropria- - Co111paraison avec la subrogatio11,
tio11 forcée. 'l'iers détenteur. l{ecours, 98 el s., 100 et s.; - avec la novation,
97 1 • 102 et s : - aYecla délégalionparfaite,
- Hypotheqt1e. Jnscri1)tion, 996. 109 et s. : - avec le caulionr1ement,
- Xovation, 10¡. í41,
- Prescri¡ltio11 extinclive, 1019. - Co111pcnsation, 122.
- Purge. llefus, 9¡5. - Entrepreneur. 1\.ction directe des
- 725, 737, 954, 960, note. 011 vriers. 565. ·
Cautions solidaires. - ,·. Caution- - lnfériorité économique sur la délé-
ne1nent solidaire. gation. 1 r3.
Cautionnement, 724 et s. - ~ature, - Vente d'hérédité, 495.
éte11due et forn1ation du cautionnP- Cession de dettes. 10 11, 1 í3 et s.
111enl, 72!1 el s. - Obligations sus- Cession de droits litigieux, 496 et s.
ce¡Jlibles d'etre cautionnécs, 727 et s. Cession de la faculté de réméré,49?..
- Divcrses cspeces de cautionne- Cession de l'hyJ?othéque légale de
ment. Conditions auxquellcs doit sa- la femme mar1ée, 900 et s.
lisfaire toute caulion, ¡28 et s. - Cession de loyers. Droil du pro-
Effets, 729 et s. - l. Entre le créan- ¡}riétairc d un im1neuble hypolhé-
cier et la caution, 729 et s. - II. En- que,• 9.11
t. e l s.
tre Je débiteur et la caution, ¡34 et s. Cession de loyers ou fermages non
- Efl"cls du cautionnement entre les échus. - Comparaison avec J'anti-
cofidéjusseurs, 737. - Extinction, ch rese, í45 el s
¡37 et s. Cession du droit de chasse, 18.
- Bail. Tacite reconduction, 52(1. Cession d offlce ministériel. -
- Obligation 11aturelle, 66, ¡3. <::ontre-lettre. Répélition, 67.
- !>urge. l{efus, 9¡5. - Novation, 105.
- Srrn1enl décisoirr, 266. - J>rivilege, 80¡ et s.
- 2¡, 65, 79, ,lo8, 721, 961, 962. - llésolulion, r4o.
Cautionnement d'une somme d'ar- Chambres de compensation, r r4.
gent, 724. Chanceliers de consulat - Hypo-
Cautionnement des fonctionnaires theque, 932.
pu blics. l'rivili•gc pou r les crean- Changement de destination de la
ces résultant ll'abus et de prévarica- chose louée. 527.
lions. 819 rt s. - l'rivilege dt1 bail- Changement de résidence. - Bail.
leu r de fonds, 8?.o. l{ésiliation, 517.
Cautionnement en argent. - Coii1- Char~es d'agents de change. - So-
paraison avrc le gal{P, 7/19 el s. cit'•tc, 647
Cautionnement solidaire, 110, 730, Charges d agréés pres les tribu-
¡32 PI s., 7111. naux de commerce. - Sociét1\ 1 !it,¡.
Cédule. - l1r!'scription. 1511 . - \'Pnle. /129. in fi11e, 11:lo.
Cédules ~;vpo~~éc~ires,869 rt s .• 8¡3. Charges de po1ice et de ville. -
Cercles. h,lti, titio. ti87. - ll a 1·1 , ,>,
r.3·a.
Certiflcat d acquit. - l,ivret ouvrier, Charges non déclarées. - \'ente.
58/1. Garantit•, 4;i5 e~ s.
Certiflcat de vie. - !lente viagcrr, Chasse. - Ilail, !i?.!,.
tiu:l. - l~Prtnelurt•. Gucrrl'. llail. 526.
Certiflcateur de caution, 728, 7:12. Cha.taignes. - ,·enle. Décl1et insigni-
Cessation des baux, r, 17 l'l s. flanl, /128.
Cession a titre onéreux de droits Chef d'entreprise. - llcspo11s11bilité
successifs, !1!):I «•t s. d(•S n1aill'l'S et co1nr11l'tlanls, 385.
Cession d ·actions. - <:an tion. ¡:18, Chef de gare. - lrrcspon~abililé des
in Jir11i Pt s. flltlll'S des ('lll!lloy(;S, 38:1.
- l)ol, :10:I. Chef d'orchestre. -· l)roil de réten-
Cession d'antériorité. -Jly¡>oll11\fl'1e tion, 773.
légalc d«• In fcm111c, 906. · Chemins de fer. - 1\ctio11 ,le i11 re,11
Ce111ion de bail, r,, fi, r,:-10 et s. IJr-/'&O, 407.
1034 •
TABLE ALPHABE1'IQUE

- Locomotives. Etincelles, 359. Clause de retour. - Hypoth/>que Ié-


- Résiliation du contrat de travail, gale de la fem1ne mariée, 895, 927.
590 et s. Clause « payable au domicile du
- lletraites, 593. vendeur ,,. 291.
- Serment in liten¡, 268. Clauses d'exonération de garantie
- Transport, 568. en matiere de vente, 465 el s.
Chenes-lieges (Concession de). - Clauses d'exonération dela respon-
Vente? Louage? 508. sabilité du débiteur, 12 et s.
Oheptel a moitié, 550. Clauses d inaliénabilité, 429.
Oheptel aveo estimation. - Cas for- Clauses d'irresponsabilité, 12 el s.
tuit, I 2. -- Assurances, 603.
Cheptel de fer, 550. - Conlrat de transport, 571 et s.
Oheptel donné au colon partiaire, Clauses de subrogation au profit
650. de l'assureur. 607 el s.
Cheptel simple, 549 et s. Clauses imprimées des polices
- Cas- fortuit, 1:i. d assurances, 606 et s.
Cheque. •· Compensation, 114. Clauses pénales. ~o, 23 et s. - Condi-
Oheval de sang. ,, ente. Délivran- tions d'appJ;cation, 24. - Caractere
ce, 44í- forfaitaire, 2!1. - Caractere acces-
Oheval emballé. - Dommages, 38í, soire, 25 et s.
Chirurgiens. - Prescrlplion, 1/1í- - Regle1nent d'atelier, 5í9·
Chose d'autrui. - ,, . ''ente de la - Transporls, 573.
chose d'aulrui. Clauses restrictives de la respon-
Chose future. - \'ente. 554. sabilité deR associés, 652.
Chose jugée, :i!io et s. - Conditio11s, Clavelée, t, 73.
251 et s. -· 1\utorité au civil de la Clearing-houses, 114.
cl1ose jugée au criminel. ,257 et s. Clercs. - Salaires. Privilege (AJJsence
-- Bail. Droit perso1111el, 515. de), 787, 788.
- Indivisibililé, 215. Clientele. - ,·cntr. !129, in fine, 430.
- Obligalion naturelle, ti7. Co-auteurs d'un méme crime, délit
- Solidarilé JJassive . '.108. ou contravention. Solidarité
Choses fongibles. - llr(•t, 661. passire, 201.
Choses futures. - Objct du contra!, Oocher. - 'fravail ii la 1noyen11c.
307. Louage de scrvices, 510.
- Obligation, 6. Code du travail, 575, 57li. 58,, ii82,
-· ''ente, !128. 583, 585, 589.
Ohoses hors du commeroe. - Objet Coexistence du contrat de travail
du co11trat. 309. et du mandat, 700.
Choses in genere. - llisc111es, 130. Coffres-forts (Location de), f>o8
- Vente. Délivrance. !1!17. . et s.
- 6, l 7• Colis postaux. - (;hen1i11 rlc fpr.
Choses inanimées. - l\rsponsabllilc; (:lnuse cl'irrrsponsahililé, 57:l.
de leurs JJropriétnirrs, 38!) et s. -- fiPsponsabilit1\, 570. note, :i7:l.
Choses perdues ou volées. - l<'oire Colis transportés a la main. -
ou 111arcl1é. Droit de rt'•lrntion, 772. ChPrnin de fer. l\esponsnbililé, 571.
Ohoses susceptibles d'hypothéque, Collocation des créanciers a hypo-
875 rt s. théq ues légales. - l'urge, 98í
Choses vendues au poids, au rt s.
compte ou a la mesure.- llis<1uPs, Co-locataires.
. ., - ,\bus de joui~sn11cc,
130. a~10.
Cimetiere. - (:oncpssion <IP IPrrains. -- lncPntliP, !i/10 Pl s.
Prix. l'rivili•gt• r ,\hsPnc1• ciP), 78:1. Colonat partiaire. - \'. lluil it col1>·
Citation en conciliation, , 5. na! J>artiairl'.
Oitation en justioe. 1 !1 rt.. s. Colonias. · - 1)1\fcnsPurs. Roci1\1i:, (i/17•
Classement des priviléges mobi- Oommandants de divisions mil1-
liers. 825 PI s. taires -- \pnln, !i11.
Classement des priviléges sur les Co111mandement. 1!i, !J'i:l, !)f>8 l'l s.
immeu blPB, Rilo 1•t s. Commencement de preuve par
Clause d'ameublissement. - llypo- écrit. 2!1!1 "' s.
thi·c¡11n, n29. .... ~~n. :1•i 7. ~:1~. 1:1t;, :1•i~. :,•,o, 07li.
Clause d'apport. - Ve11ll' et1tre 701. 717.
rpoux, ,.,,. Commerce similaire. - 'l'roublc.
Clause de porte-fort, 3oi el "· llail, 517,



TABLE ALPHABETIQUE 1036
Commettants. - l{esponsabililé du - Bail a ferme. Diminution de récolte,
fait des préposés. 381 el s. 547.
Commis; - .-\ction direcle des ou- - Caution, 726, 738, 741.
vriers dt1 batiment, 566. - Ccssion de créancc, 168
- Salaire. Privilcge, 786 et s. - l•aillilc, 770.
Commis-voyageurs. - Contrat do - Obligation naturelle, 66, 73.
travail, 552. - Saisir-arrel, 86.
- D0111111ages caus<;s ¡)ar les ani111aux, - Sociélé, 643.
387. - Solidarilé passlve, 204, 205.
- JlrivilCge, 18¡. - 'fern1c, 192.
Commission, 290. - 65, í!l· 771, 77_5, 11otc.
Commission de transport. - Délé- Competence en matiére de oontrats
ga tion, 113. d assurance, 615 et s.
Commissionnaire, G97. Complainte. - Dail. Trouble. Tiers,
Commissionnaire de transport. 5 15.
Clause d'irresponsabilité, 573. Complicité du tiers acquéreur. -
Commodat. 661, 6G2 et s. Action pnulienne, 5o, 62 et s.
- Con1pe11sation, 120. Comptables. - Salaires. Privilege,
- Droit de rétention, 773. 787 · •
- Privilcge du vendeur rlc n1eubles, Comptables de deniers publica. -
810. Cnutionne111cnt, 724.
Communauté légale. - Bail. Droil Compte arreté•. - Prcscription, 154.
111obilicr, 516. Oompte courant. - Anatocisme, 31,
- Bail. Mari, 518 el s. 107
- llrivilcge clu co¡Jarlagca111, 844. - Con1pensation, 11(¡, 119.
- l\adiation volonlaire des hypoll1e- - Intérets, 107.
qu('S, 100!). - Novation, 101, 104, 107.
- l{éco111pe11scs. A.clion de in re111 verso, Compte-joint, 198.
4o5. Comptes entre les créanciers et le
- l\é1néré. ;\lari. l'ot1voir, /188. tiers détenteur, ¡¡68 in flne et s.
- Solida rilé passivc, :ioo, in .fine, 201. Concession de distributlon d'éner-
Commune.-Acl1al. Incapacité. Adn1i- gie électrique. - Gage, 749.
11istratcurs 42:1. Concession de monopoles publica.
-- llypothi•quc ligalc sur les in11ncu- ;¡(i7 et s.
l)lcs des rcccvcurs el ad111inistratc11rs Concession de terrain dans un ci-
co111ptabl1•s, 911 el s. metiére.- llrix. l'rivilcge. \Ahsencr
- Sli¡Julation po11r a11lrt1i. :11,G. de), 785.
Commune renommée.218. Conciliation. - Contrat de travail.
Communication d'incendie - par Grevc, 595.
une maison voisine, 539. Concordat. - Caution, 7:l6, 738.
Com:pagnie des Indas. - Pr<~I ii - Cornpnrniso11 entro la rcn1isc concor-
inlert•I, li(ig, note 1. dalairc ('t la rr111isr ele del Ir clu droit
Oompagnies d'assurances. - l'r('s- civil, 127.
criptio11, 150. - Créanciers l1y¡ioll1écaires. ,, ole. l\e-
11oncia lion. 1 o, 2.
Compagnies de chemins de fer. - - llypotl1i.•quc J{-gale du 111ineur, 874.
J~111ployí•. l\landat 011 co11lral de tra-
- Obligalion naturrlle, 68, ¡2.
vail? 696-697, not('.
- l\ésilialion du co11tral de travail, - Solidarité ¡Jassive, 20 11, 205. ·
.-,¡¡o PI s. - 8, 04, 27G, 277, 332 .
- llclrailPs, 5¡¡:1. Ooncours des priviléges généraux
- Ser111P11l i11 li/c111, '.1Ü8. entre eux. 8'..1,5.
Oonoours entre créanciers a privi-
Oompagnies de transport. - l're~- léges mobiliers spéciaux, 826 el s.
• 11011,
cr1¡1 · r.
1,10. Concours entre priviléges géné-
Compensation, 11:1 ni ~- •-- IJtilit,:. raux et priviléges spéciaux, 8~8
l)on111i11Pd'applicalin11, 11:l. - <:arac- ¡,( s.
ti•rP fi'•gnl, 11:i PI s. - <:011rlilio11s Ooncubinage. - llonalions, :{18 et s.
d'a¡1plicalio11, 11!i PI s. - (:as PX<"<'[l- -- (Jhligation 11al11rrll1•, 70
tio11111•ls dans l1•s.q11Pls 1•1lp PNI <\carl<;I', Concurrence déloyale, /1:1/i.
118 el s. - 1.,:gislalio11 11IIP11111111h•, Condamnation comminatoire, 32
1 ~n t'l 11. - l11co11s1l1111P11rrs du ~y~- s.
¡,(
tc'.1111• írani;nis. ll<•11011clnlionK possi- Oondiotio causa data causa non
l1IPs 1\ la corhJl<'nsnti,1n, 1·11 l'I s . secuta, , 3:i, 321, ~o4.



103G •
TABLE ALPHABETIQUE

Condictio furtiva, 354. Congrégations religieuses non au-


Condictio indebiti, 65, 398 et s., torisées. - Condilion illicitc, 181.
4o4, 1109, 453, 46(}, 46!,. - Hypotheque, 928.
Condictio ob turpem vel injustam Connaissance par l'assureur du
causam, 4o4. fait non déclaré, 611.
Condictio sine causa, 1,0!1. Connaissement. - \ºente. 44¡.
Condictiones, 4o4. - 569. ií73.
Con di tion, 177 et s. - ;'\olio11s gé11é- Conquéts de communauté. - Hy¡io-
rales, 177 el s. - Classification, 178 thequr lt:galc de In frn1n1c ,naric'.•e,
et s. - Effets, 182 el s. 895.
- ..\.clion paulien11e, _57. Conseil judiciaire. - Prescriptio11
- llro111esse synallag111alique de vente de l'aclion en 11t1llité des acles pnssés
et d'acl1at, 417. sans so11 assislnnce, 161.
Condition casue'le, 179. - Rndiation volontairc des hy.potl1e-
Condition immorale ou illicite, 180. ques, 1009.
Condition impossible, 180. - Rescisio11 pour lésion de ven les d'in1•
Condition mixte, 179. 111eubles, 444.
Condition négative, 180. Consentement, 284 et s.
Condition positive, 180. - ,·ente, 413 et s.
Condition potestativa, 179, 415. Conservateur des hypotheques, 993
Condition purement potestative, et s.
13, 179. - Cnution11en1ent, 724.
Condition résolutoire, 178 et s., 180. - Etat d'l1ypolheques. 0111ission. Sur-
- ,\cquisition. Purge. 975. Yie du droit de préférP11ce a11 clroil
- Effels, 183. de suite, 1021.
- Hypothi•que, 926. • - Hypotheque Iégale de la femme 1nn-
- Promesse de vente avec arrl1es, (115. riée. Renonciation, 908, note.
- lléméré, !191. - Purgc, 981.
- Risques, 132 et s. - llndialion des l1y¡loll1i•ques. Ilespon-
Condition résolutoire tacite. - llé- sabililé, 1009
solution, 134 et s. - llegislre des dé1luls. !<'orce ¡1roba11le.
Condition suspensive, 178 et s. "
9;_¡¡. •
- Effels, 183. Conservation de la chose. - l1 rivi-
- Hypoll1i•qt1e, 926. Ii_•ge, 816 Pt s.
- Prescription, 151. Conservation des hypothéques. 9!J:l
- Pro111esse rle ve11tc avcc arrl1es, !i 15. el s.
- llé111éré, !1!J2. Consignation, 81 el s., 8:>, 8fi.
-- llisques. 132 el s. Consignes des gares. 6¡1i.
Conditions contraires aux lois ou Consilium fraudis (Aclion paulien·
aux moours dans les dispositions ne), 5o, r, 1 el s.
entre vifs ou testameniaires. - Consolidation de la blessure. -
t:ause i111p11lsive et 1léler1ni11a11IP, ,\ccicl<•nl d11 lravail, :lgli.
:1 1 9. Constitut possessoire. - c;agP, ¡:>1.
Conditions générales des polices -- \'enlP, f1l1¡.
d'assurances, 606 et s. Constitution « Assiduis " de l'an
Conflrmation. :1:1¡ el s. - l•ornH's t•I 531. Ilypol hi•q11c lt:gal,• des
couditions, ~:lis. -· l~lfl'ls. 2:l!) el s. f¡•nt llH'S 111arit:l'S, 891.
Confiit entre hypothéques frap- Constitution de dot. -·· :\clion 11:111·
pant tous les biens du débiteur til'lllll', :>:{.
et hypothéques grevant un bien -- 1;aranliP, '1 118.
déterminé !lª,
el s. Constructeurs de machines ou de
Contlits collectifs. - - 1:n11trat de• tra- matériel d'usine, 5(i¡.
vail, 5!)5. Constructions. - ,\h11s du droil, :17 11-
- •\ctiou dirl'cll' tlt's 011vri1.•rs du h1\li-
Confusion, 112 Pl s. - l)o111ni11P 11'ap- 111cnl, :>fi 11 l'l s.
plicalion, 12~. - l•:tl"Pls, 1•1:1.
- 1•;111 r1•pr<'111•u rs. l\isq111•s, :>:> 11.
- t:auliou, ¡:lis. •
•·· l\¡,sponsnbililt: cn11sc'·c11tive ii 111 r1·-
- ~erviltHIPs. J•:xprnpriation fnrc,:t•.
r:Pplio11 dPs lrn,·aux, :>:>(i.
11,:apparitiou, !Jti¡.
- !--olidarit,: passivP, 'H> 11
Constructions édiflées sur le ter-
rain d'autrui. . llypoll11'.q111•, H¡¡.
Congé. -·· IJail, 1/11, :i17. 511', :>1·1 <'l s. Constructions élevées par le pre-
Congé abusif. - Conlrnl d1• lravail. neur . .r.,.º\ 7.
fi8!J rt s .. :i91 PI s.
1

,
T.\IJLE .\LPHAIJETIOCE
-
Consuls. - Hypoll1eque judiciaire, - Dépól, 675.
9 1 9· - Gage, 750.
Contra non valentem agere non - Pret, 662.
currit prmscriptio, 152. Contrats commutatifs, 283.
Contrainte mora1e, 238. Contrats consensuels, 279.
Contrainte par corps, 36 el s .. 88, Contrats d'adhésion, 274 el s.
89, 353, 888. - l)rcscription, 150.
Contraintes administra ti ves. - lly- Contrats de travaux. 23.
pothcquP judiciairr, 917, 920. Contrats innomés, 281.
llé¡iétitior1 de l"i11rlt'1, 1101. Contrats par. correspondance, :!88
Contrats, 2, !1, 2¡3 et s. --· (:lassifica- el s.
tions, 27¡ el s. - (;011dilions <le for- Contrats par téléphone. 285.
111e et <le validilé, 28!1 el s. - Effets Contrats réels, 2¡9.
généraux, 323 et s. Contrats solennels, 279.
Contrats a titre gratuit, 277 el s. Contrats successifs. - Louage, 5o¡.
Contrats a titre onéreux, 277 el s. - Ilésilialion, 141.
Contrats aléatoires, 283, 68'1 el s. Contrats synallagmatiques, 2¡8 el
- l,iberté du tat1x de l'int,:ret, 67:I. s., :i¡8.
- llescisio11 ¡iour lésion, '140. - l\ÍS({llC'S, 130 et S.
- 'ºente, 1128. Contrats synallagmatiques impar-
-- ''ente. Exor1éralio11 <le gara11IÍl', 1,Gli. faits, 279.
Contrat collectif de travail. 339. , ·1 , 6 7;J.
- D l'Pº •
Contrat d'affectation. - Saisie-arrel. - Double exe111plaire (Dispe11se du),
87 l'l s. '.!26.
Contrat d'association, 2_. 632, 63!, et - l'rel. 6ü2.
s., 65 11 el s. Contrats unilatéraux. :i78 et s.
Contrat d'assurances, 2¡'&. 596 el s. - t>rel, ti62.
- ,\cc¡uércur d'i1n111euble. Conlinua- Contraventions. - Solidarilé passi-
lion. 328. VP, 201, 11ole.
- 'l'acitr rrconduction, 290. Contre-le tre. 329 et s.
Contrat de bienfaisance, 69¡. - '.\landat, ¡08.
Contrat d'édition, 638. - Novalion, 105.
Contrat d'entreprise, 32G. - Officrs 111inislériels, /135.
- I~rret1r sur la personne, 2\)'l. - Ci2, 32í.
Contrat de fournitures. :13. Contrebande. - llesponsabililt'.\ des
Contrat dºindemnité, 596. n1ailrrs el con1n1rlla11ls, 38{¡.
Contrat de prét, G61 el s. - Socit'.•lé. OLjel illicile, Gf1G.
Contrat de rente viagere. ~ , .. Contrepartie, 295.
!lente viagi.•rp. - (Exception de), 68!J·
Contrat de société. ti:12 et s. Contributions. - A11licl1ri~se, ¡4¡.
Contrat de transP.ort, 2, 5ti8 el s. Contribution fonciere. - Bail, 535.
Contrat de trava1l, f>¡,i PI s.- NatnrP Contribution personnelle et mobi-
juri<liqnt•, 575 Pl s.-ll1:glc•11u•nlalio11, liere. - llail, 53::,,
57ti el s. - l•or111ation, 5¡8 el s. - Con tri butions directas. !io 1. 911.
l1rruvr, :180 el s. - l1aie1111•nl el ¡iro- Contributions indirectas, 911.
lrclion des salaires, [181 el s. - Ex- Convention de Berne du 14 octo-
li11clio11 du contra!, 586 Pl s. bre 1890. - 'frans¡Jorls i11ler11alio-
- c:01111Jaraiso11 avec le 111a11clat, ti98 naux, .ir. ('Jo,
" ,>r. 6!l·
Pl s. Convention de préte-nom. ti97.
- l)ill'érPncPs a,·ec le louage d'indus- Conventions. 2í3 rl s.
lrie, 5:11 Pl ~. Conventions synallagmatiques. -
- l•:rreur sur la JH'rso111u•, ~!l'>- 1\cles sot1s seings priv(:s, 325.
- ..
1..tt'Ston. ·,r.·1··
,,0,1, , oo. Coopératives de crédit, ti:17.
- l'a rl ici pal ion aux Ju\nt'•lices. li:11-. Copie de lettres. 21 !l·
- l\1\si1i11tio11 1111ilalt'•ralr. 1!11. Copies des actes. -- l•oi, 1:1:i.
-- llisq1H•s, l l9 PI s. Copropriété. -- llypolhcqu<', 925,926,
- 'J'acill' r1•co11d11clio11, ~!lº !)17, i11 ,fine, 918.
- - 1 , ,, 'I 2,1,
~ ! ,a~,
:J7t, º ' ( i,>011,
r . ,:JOJ.
·· - l\(:1111:ré, 489 el s., 493.
Contrat en main, 477. - 1'uteur. J>u¡>ille. 1\ch11l. Capacité,
Con trat im propremen t appelé chep- 4~:~.
tel. 550. Corps certain. - \'ente. Délivrancr.
Contrat pignoratif, /18(i. !1 117.
Contrat réel. - ,\11ticl1ri•s1•, ¡'1fi. Corréalité, I\J!J·

1038 ·l',\.l:ILE ,\.Ll'li.-\llETIQlJ E

Correspondance. - Formalion des - Copropriélé. Hypolhcc1uc, 925, note,


contrats, 288 el s. 926, 92¡, infine. 928.
Correspondances en matiere de - Hypotheque légale de la fe111me 111a-
chemins de fer, 570, note, 572. riée. Renoncialion, 902.
Corridors. - Réparalions. Bail, 536. - PriYileges en matiere de prels l1y¡Jo-
Cote officielle. - 1\.genls de changc. ll1écaires. 1022 el s.
~lonopole, 689. - Purge, 9¡3, 10?.:I.
Cotisations, 596. - , .. Pri1ncs d'assu- - llenouvcllen1e11l décer111al des ins-
rance. criplions hypoll1écaires (Dispense
Cotutelle. - llypolhcquc légale, 88¡. du¡, 1005, in fine, 1006.
Coulisse (Exception de,, 689. - Tcr111e de grace (Abscnce du), I!II-
Coulissier, 688, 689. 1024.
- Arrhcs, 416. - Tiers subrogé. Reno11vcllc111ent cll"-
Coupes de bois. - Rén1éré, 490. cennal des inscriplior1s l1ypotl1écai-
Cour. - Incendie. Bail 540. res, 100¡.
- Réparations Bail, 536. - 825, 863, 871.
Cour intérieure. - Bail, 5~',. Crédit hypothécaire, 4.
Cours forcé. 79. Critérium de « la confiance légi-
Cours légal. 79. time trompée ». - l\esponsabilité,
Courses a pied. - Jeu et pari, ti8ti. 36¡.
Courses de chariot.- Jcu et pari GSG. Critiques théatrales. - ,\bus dl1
Courses de chevaux. - Je11 et parí, droil, 3¡4.
686, 687. Crolt. - Bail ii cl1l'plel, 550.
- Pari mutt1cl, 283. - Chcplcl si111plP, 54g.
Courtage matrimonial. 315. Oroupier. · - Société, G49.
Courtes prescri ptionit. 153. Culpa, 36G. - in co111111illendo, 350. -
- Délation de scrmcnt, '.!20. i11 eli[J• ndo, 356, ,{59. - in 0111ille11tlo,
Couverture. · 1\.rrl1r.s. (¡ 16 350. - i11 vigilando, 356, 359. - lata,
Créances. - Gagc. Tradition, 7:i2. -
1•
Créance conditionnelle. - llypo- Culpa lata dolo aiquiparatur, 603.
thcquc. Inscription, 997. nole.
- Hypolhcque légale de la femmc 111a- Culpa levis 011 levior, ¡.
riéc. !>urge. 988 - le vis in abstracto, 8, 3fi9.
Créance éventuelle. - llypotheqt1e. - levis in concreio, 8.
lnscription, 997. levissima. 7.
- Hypolhl•que légalc de la fe1nme 1na- Cultivateurs. - « IJon 11our ... n, 228.
riéc. Purgc. 988. Curateur. - Droil de <lélaissemcnt
Créance indéterminée. - Ifypolhi.'- (Pn maliere l1y1ioll1écairc), 963, 964.
quc. lnscription, 997. Curator bonorum, 5o.
Créanciers chirographaires. -
Chosc jugée, :i55.
- Conlrc-lcltre. 331. D
- Date ccrlai11c. 133, 13/¡.
- Droil de rélc11lion, 769.
- EITcl dl's co11lrals. ;{'l6 el s. Damnum emergens. - Oo111n1ages-
- Gagc gé1111ral, 3~. i11t<-r1\ls, :11
- Séparatio11 <les palri111oi11cs. 8:i3. - 'l'rans¡,orl, 5¡o.
Créanciers hypothécaires. - c:11osl' Date. - l~xigihilili': li<· la crt'•a11ce hypo-
jugée. '156. lht'•cairl' l11scri1ilio11, !l!li• i11.fi11e, !)!)8,
- Droit <le rt',tcntion, 769. - 0111ission, 1000.
- Gage, 39. Date certaine. - A.clion 1ia11lien11c,
- Séparatioo des palrimoincs, 851 in
r. ,.
,) ') .
j111e et s., 859. Date certaine des éorits privéa, :13~.
- 'fuleur. Sltrcncl,i:re, 423. :i:i3 et l!.
- v. 11ypo1 hcqu<•s. Date des actea. - l<'oi, :i:i:i.
Datio in solutum. -· V. Dal.ion 1•11
Oréanciers priTil,giés, 39. -\'. llri- ¡JaÍPIIH'lll.
vili•gcs.
Dation en paiement, :io I el :1.
Crédit. - Caisscs rnutucllrs, 6¡ 1. - (;a11tion. ¡:18.
- 4. 721. 713. - (.Jlagt', 7f>8.
Orédit Foncier de France. - ,\cli<in - l111111P11hll' <11· val1•11r s11pt'·ri1•11r<' i1 111
de i11 re111 verso, !107. ll<"III'. l'rivilt'.g<' du ,1•n<lt·11r, 834,
- A11utocis111c, J 1. - Vc11lc cul.J:c cpu~, /¡.4, el:;.

TABLE ALl'llABE'l'lQl'E 1039
Débits de boissons. - Salaire, 582. Dégradations. - l\escision pour lé-
Déces. - Assurances, 615. sion des ventes d'immeubles, 443.
- Date cerlaine, 23!1. Déguisement. - Transaction. ¡1ti
- Dé1Jcit, 6¡8 el s. et s.
- Gcstion d'alfaires, ¡14. Délai-congé, 58¡ et s., 592, 594.
- Hypotheque. Inscription, 996, i,1fine. Délai de grace. - Crédit foncier.
- lndivisibilité, 205, 212, 214. Impossibilité, 1024.
- Louage d'industrie, 566. - Réméré, 485.
- l\landat, ¡09. - Vente, 4¡9.
- Mélayage, 548. - 33, 79·
- Privilrge des arcl1itectcs, 852. Délai de préavis, 587 et s .• 594.
- Société, 652. Délai de prévenance. - Bail, 518.
- Solidarité passive, 205. Délai préfi:x, 159, 441.
Déchéance. - 1\.ssurances, 606 et s., Délaissement (en matiere hypothé-
612. caire), 958 963 et s. - Conditions,
Déchéance de la _puissance pater- 964. - EITets, 964, in fine, 965.
nelle. - I-Iy1Jotl1cqt1e. 88¡. Délation de serment, 219, 220, 264
Déchéance du bénéfice d'inven- et s.
taire. - Inscriplio11 des hypothe- Délégation, 101, 102, 107 et s. - Son
ques, 9 118. cl1a1np d'applicalion, 107 et s. - Dl~
Déchéance du terme, 5¡. légation parfaile et délégalion impar-
Déchet. - ,·ente, 428. faite, 108 et s. - Cornparaison entre
Déclaration. - .l\.ssocialio11s, 655 el s. la délég-atio11 parfaile el la cession de
Déclaration de command. 418 et s. créance, 109 et s. - Elfcts de la dé-
Déclaration de Henri IV de mai légation au rcgard du déléguant,
1609. - Subrogalion consenlie par 110 et s. - Effels de la délégalion au
le débilcur. 93 rcgard du délégué, 111 - Législa-
Déclaration de volonté. - Ré111éré, tions allemande et suisse, 112 et s.
489. - Droit co1nmercial, 113.
- Relrait liligicux, 500. - Cession de bail, 531.
- ,,. Consenlcment. - Comparaison avec le cautionncment,
Déclaration du risque. - .l\.ssuran- 741 ; - avec la cession de créance,
ces, 610 et s. 171 ; - avec la slipulation pour
Déclaration en douane. 569. aulrui, 339.
- Source d'obligalions, 2¡1 el s. - Privilcge du vendeur, 835.
Déclaration unilatérale devolonté, Délits civils, 349 el s. Dilférences
28¡. avec les quasi-déiits, 350 el s. - Dis-
Déconflture. - Déchéa11ce du lermc, tinclion avec le délit pénal, 351 et s.
189. . - l\landat, 708.
- 1-lypothcque judiciaire, 916 et ::;., - :\1ise en dcmeure, 16.
9~1 el s. - !>reuvc, 232, '.i4:i.
- ~fandal, ¡10. - :.i, 3, 4, :1¡2, 302.
- Sociélé, li52. Délits de chasse. - Prescl'iplion,149.
- 4o, 5o. 5¡, 946. - l\rsponsabililé du lulcur du fail du
Décret forcé nettoie toutes hypo- pu piilP, 3¡g.
théq u es, 96G, ,9i1, Délits de péche. - I>rcscriplion,149.
Décret volonta1re. - llurge, 9¡~. - Llcspo11sabililé du tuleur du fail du
Dédit, t,1~, f115, 465. pupiliP, :l¡9.
Défaut de déclaration des oircons- Déliis de presse. - Prrscriplion, 149.
tances de nature a inftuer sur le Délits forestiers. - Llcsponsabilité
risque. - ¡\Sl-\Ul'UIICes, (i I O el s. du tulc11r du fílil du pupille, 379.
Défaut d'entretien. - l\esponsabililé - llcsponsabilité pénale des mallres et
du fail des b1\liml•nls, 388. comrncllants, 385.
Défaut de surveillanoe. - l)épol. Délits ruraux. - Prescription, 149, ,
d'lu\lclll•1·ie, 68~. - l\csponsabilité dtt tulc11r du fait du
Défense de la neutralité religieuse p11piilc, 379.
dans les écolea. - Associulions, Délivranoe. - Rail, 524 el s.
655, nole. - Vc11 IP, 446 el s.
Défense en justice. - Abus du droil, Demande en J"eport de la faillite.-
.,¡.,.
., 1
t..:uulion, 740, note .
Défenseurs (au:r. colo11ie1). - So-- Démission. - üfllcc 1ni11istériel. Pri-
ciété, 647, vilcgc, 808.

T.tBLE ,tLPHABETIQCE

Dénégation d'écriture, 229. Devoir de conscience. - Obligation


Denrées alimentaires. - \'ices ré- naturellc, 66, 70.
dhibitoires Garantie, 469. Devoir moral. - Obligation natu-
Denrées et effetsmobiliers.- ,,.c11te. relle, 66, 70.
Retire111ent, 4í6. Dévouement !Défaut de), 368.
Denrées ou marchandises - Rcte- Dies interpellat pro homine, 1.'i.
11ues i11tcrdiles sur le salaire, 585. Diffamation. -- Action olllique, 4/i.
Dentelles. - Dé¡lól d'l1ólellcrie, 682. - Prescriplion, 149.
Dentistes. - Prcscriplior1, 14í- Diminution de loyer. - lléparalions
Départements. - llypotl1eque légalc urgentes, 528.
sur les i1nn1eubles des reccveurs et Diminution de récoltes. - I•'cr111ier.
adminislratcurs complables, 911 el s. J11dc111nilé, 545. ·
Département de la Seine.- Bureaux Diminution· des sftretés. - Dé-
d'hypotheques, 993. chéance du tcr111e, 189.
Dépens. - Hypothequejudiciaire,918. Directeurs d'hospices d'aliénés. -
- Hypotheque judiciairc. Inscription, l{csponsabilit{,, 380.
997 · Discernement (Absence de), 363
Dépositaires de marchandises. - et s.
Cat1tionnc111ent, í2!i. Dispositif
. ' . des jugements. - Chosc
Dépossession. - Gage, í5í. .1ugec, 2J2.
DépOt, G¡5 el s. - Caracteres, 6¡5 el DiSJ>OSitions testamentaires insé-
s. - Co11dilions, (i¡6 el s. - Effels, rees dans un testament nul en la
6¡í el s. forme. - Obligalion nalurclle, 67,
- Co1nparaison aYec le louage, 508 Dispositions testamentaires verba-
el 6. • les. - Obligalion 11aturt>lle, 67.
- Compensa lion, 120. Dissolution des associations, 659
- Droil de rc'•le11lion, ¡72. el s.
- Privilcge du vendet1r de 1ncublcs, Dissolution de!! sociétés, 652 el s.
810. Distinction de la société et de l'as-
- ,·ente par l'l1érilier du déposilaire sociation, 63/i el s. - lnlérets de
de la cl1ose déposéc, 9, note 1. celle distinclion, 6:15 el s,
- 3, í, 8, 9· Distinctions honorifiques. - l11a•
DépOt chez un notaire de l'acte Ii{-11abilil1\ /119.
sous seing privé constitutif d'hy- Dividendes. -- I>rrscri¡ll ion, 111li.
potheque, 931' ill fine, !)32. Divisibilité ou indivisibilité de
DépOt d'hóte1lerie, 680 el s. l'obligation de garantie en ma-
- l'rc11ve IPsli1no11iale, 24li. tiere de vente. 457 el s.
DépOt irrégulier, ti¡!), in fine el s, Division de la dette entre cohéri-
DépOt nécessaire, 680 rl s. tiers. í!I·
- l'rt•uve lcslin1onialc, 246. Divorce. ,\Ycu, :!60.
- :l7, 675. . - lo'rais de l'inslance. lly¡>olhec¡uc té-
DépOts de vétements, de cannes ou gafe de la fc111111e 111ariéP, 89~. 899.
parapluies dans cafés, vestiaires --- l't•nsion alin1P11lairc. Ilypolheq1.1e
ae thélltres, wagons-lits, 2/¡li. J1\gale ele la fen1111e 1n¡¡rit\c, 89!1.
Desséchement des marais. -- Privi- - S1\q11pslre. 68:l.
IegP, 825, s4 9 , 85!J. - SPr111e11I d1\cisoirr, ~66.
Destination 'de la chose louée Docks. 7(\ 1.
(Chan$'ement de), 5~7 Dol. ~us PI s. - l)1\1inition. l~ft\111e11ts
Destitut1on. - Offlce 111inislt•riPI. l'ri- caraclt'·rislit¡11es, ~98 el s. - Dol ¡1rin •
vili•gP, 807. ci¡ial PI dol inciden!, 301 el s. - ),e
Détention. - l'ri'I ;°1 usngP. fi61, ti(i!1. 1101 doil 1;1nanrr clu eo-conlrncln11t,
Détériorations. - J•:xpro1irialio11 for- :10•1 l'l s. - 1'en1péran11•11ts 1\ celle
1·,;e_ lndP11111il{-. 'l'it•rs d,',t1•11IP11r, !Jº!I· ri·glP. :10:1 1•l s.
- l'11rg1•, lndc11111ilt;. 'l'iPrs 1lc'·IPnl1•11r - <:0111p11raiso11 IIY<'C l'action l'II g11ra11·
• • •
l'\'l)lCl', !)!)O. lit• 1ll's vic,•s r{-dhiliiloires, 471.

- )\psol11lio11 dP In ,cnle, '•i!l· - ~I , ,')! •
Détournement de pouvoirs. - ,\hus Dolus bonus, ~\l!l·
tltt tlroil, :l¡f,. Domaine congéable. - 11ypothcque,
Dette future. - Cnt1lion11rn1cnl, 7~7. 8¡8.
Deuil de la veuve. - Privilcgc (:\h- - flri,•i!Cgl', 859,
~cnce de), 785. · Domaine privé. - l·ly1ioll1cqu1i, 875,
Devis. !i:i7. i11 .fi111•, PI s.
,
T,\J3LE ALPIIAllETIQUE ro!1r
Domaine public. Ilypotl1eque. - Dol, 3o3.
Insusceplibilité, 875. - Erreur, 298.
-- Inaliénabilité, 429. - Ilen te viagere, Ü(JO.
- Objel d11 contrat, 309. - Ilésolution poui· cause d'ingralitudc.
Domestiques a l'année. - Prescri¡J- llypoll1eque, 92G.
.
t 1011, 1
1,17. Donation déguisée. -· ,\clion en dé-
Domicile élu. - llypotl1eque. Ins- clarnlio11 de sin1ulation, 63.
cription, 99G. - \'ente entre rpoux, 423 el s.
Dommage, 3G1 et s. Donation indirecte.- A.ssurance sur
Dommage moral, 3G2. la vie, G3o.
Dommages-in téréts. Co11d ilion s - !lente viagere, Ü(JO.
pour l¡u'ils }Jt1isse11t elre réclamés, - Sti¡Julalio11 pour autrui, 3 11:i.
19 et s. - Evalualior1, 20 el s. Donation nulle en la forme.
- ,.\.clion ¡Ja11lie11nc, 58, 59. Obligntion 11alurelle, ti¡, 11olc.
- Assurar1ces. Déclaralio11 du si11islre. Donation rémunératoire. - Obli-
llelard, G,3. gntio11 naturelle, 70.
- 1\ssurances. Obligalio11 d11 sat1ve- - !lente viagcre, ligo.
tage, G1?.. Donation sub modo. - Slipulalio11
- 1\ulorité au ciYil de la ellos<' j11g<'e {JOUr aulrui, 335, 33G.
a11 crin1i11el, o.57 el s. Donner et retenir ne vaut, 1 í9, 343.
- BU!· 1, :l27,
- -
;,,29, - ')
'1,>9, - 1 3 <'·1 S.
iLI Donneur d'aval. - Caulion11e111cnl
- Caulion, 734. solidaire, í32.
- Congé abt1sif en 111nliere lle conlrat Donneur d ordre, 295.
de travail, 592 el s. Dot - ,\clio11 pnt1lie1111c, C,3 el s.
- Délni-congé, 588. - 1\ssuranccs, 59G, 597.
- l)élit civil, 35:>.. - Bail. Droit 111obilicr, 516.
- Erreur, 29¡. - l)alio i11 solutu.111. \'ente entre époux,
- Eviclio11 lolnlc. \"ente, 4G2. !12(l l't s.
- Geslio11 d'nfl'nires, 714. - E111¡Jloi. ,·ente entre é¡ioux, !1 26.
- ll6lel 111eublé. l\lalndie conlagieuse. - lly¡Joll1t•que. Insusce¡J\ibili ll\ 8í6.
-
; ,,29. - l11nlirnnbilité, 309.
- Inlerdiclion lle sous-loucr (l11frar- - Obligalion 11aturPlle, G8.
lio11 á l'), 535. . - llenoncialion i1 l'l1y¡Jotl1ec1ue lrgale
- c\lngasi11 générnl. Dé¡Jol, G7(), de la fe111111c, ()02.
- Oll"rc llelrnil, 28G. Dot moniale. - llcslilulion. l\isqt1es,
- Üfl'res réelll•s de 1>aic111cn 1, 8:~. I ,J 1 •
- l'rel it 11sagP, GGI¡. - SliJJulnlio11 ¡Jour a11lr11i, :137.
- llcnlc vingt•re. ·o<-raul de 1>aie111e11t Douanes. - Co11trnt de tra11s¡Jort,
lles arrérages, G(l4. 5G!J.
- ll<;sol u tion, 136, 138. - lly¡Joll1e1¡ue judiciair<', ()2 r.
- Solillarilé ¡iassive, 201, 20G. - llypolhcquc I<-gnle, 885.
- \ <'111<' ll'n11i111aux. /17:i. Double exemplaire, 22:;.
- \'t>nlc d'pngrais, !1!1!1. Drainage. - l'rivili·ge, 825, 8!19, 8:i!l
- \'ices r<\dhihiloircs. ,·<'nle, /171. Droit d administration du débiteur
- -
a, - 1 (',.
1a. o ,l,
17, Jo, ''(º('1, ,l e 1
•1¡•19, ,>H,I• sur l'immeu ble bypothéqué, ()~ 1,
Dommages-intéréts compensatoi- !l 11.,.
.,

res. 1 q, 2(i, 28. Droit d'aliénation de l'immeuble


Dommages-intéréts dans les obli- hypothéqué, !)'11, !l'i:l, !l'•-'1 Pl s.
gations de sommes d'argent, 2li Droit de chasse. - <:Pssion, 18.
PI s. Droit de créance. -- l>ilr<-renc<'s nvec:
Dommages-intéréts moratoircs, 1!J. le llroil ri'·el, 1, ?..
:1(i, ~7 <'l s. Droit de délaissement (en matiére
Dommages-intéréts supplémentai- hypothécaire), · u!i:i <'l s. - <:011di-
res. -- , :\11 cas d'i1H•xc\·11tio11 d'obli- tio11s, !lll'1. - l•:lrcts, ()li'i, i11 Jin,·.
galio11 nyanl pour obj<'l 1111<• so111111e oG:,.
d'argPnl), J 1• Droit d'intervention 1clt•s cri'•an-
Dons entre concubins, :i18 el s. cic•rs¡. /i 1.
Dons et legs. - ,\ssocialions, li:i:,, Droit de jouissance de l'immeublo
li:,7, (i[,8. hypothéqué. !l41, !1'1:i.
- S . •1, (' 1 .,
~ CH'lt ('S, LJ\l•
1
Dro1t do préférence. -- ,\11lichri·s1\
Donation. - •· :\ction 1/ci 111 r,•111 ll<'l'so, -/ ·11-
1 c•I .s •
'i CJ!) • -- (iagP. ¡[)(), .
- <:011cul1i11s, :118 et s. - \\'arranl~ ngricnlcs, 7!i/1.
1'omc 11 66
,
'rAllLE ,\LPHABETIQCE

- 39. 585, ¡22, ¡¡G. Droits de mutation par déces. -


Droit de préférence (en matiere Soli<larilé passive, 201.
hypothécaire), 94'1 et s. Droits de propriété littéraire ou
- Survie au droil ele suite, 1020 el s. artistique. - t>rescri¡Jlion, 14,..
Droit de reproduction. - \'ente. Droits de transcription. - 1-'rais <I<'
Stalt1e. Tablea u, /147, in .fine. '1'18. Yf'nle, /1¡¡.
Droit de résiliation. - 13ail, 801. - Pri,ilege clu venclcur. 835, 836.
Droit de rétention, ¡22, ¡08 et s. - Droits d'usage et d'habitation.
Hisloriq11e, ¡G8 el s. - Caracteres el Ilypolheque. lns11scc1Jlibilité, 8¡fi.
effcls, ¡G9 el s. - CréanciPrs aux- Droits éventuels. - t>rescriplion.
quels il ap¡Jarlient. ¡¡o et s. -
1 :l I.
- !1c11licl1rese. 74¡. Droits litigieux. - ,\.cl1al. I11ra11a-
- Ca11tio11, ¡ 11o. cilt;_ Gens ele jt1slice, '121 el s.
- D{,pót, ti¡5. - ('.Pssio11, '196 el s.
- Gagc. ¡5G. - \e11le, ti8'i.
- :\Ia11clat, ¡oG. Droits politiques. - Conclitio11 illi-
- Prc\L il usage, OG(¡, i,1 fine, GG5. cilP, 182.
- Ré111éré, 48n. Droits
,, publics. -- \bt1s clu clroil,
- Risque locatif. ,\.ss11rance, :, 11·1. • ) -J ry
.••
1 1
- \ e11te, 1/2¡. - t:n11dilion illicile, 18·>..
- \' en le ele 111eubles, 805. Droits successifs. - c:ession it titr,•
- \\'arra 111 s agricoles, ¡ti', . ont'·rPt1\, '1q3

el s.
Droit de retour. - Ilypollu'.c¡11e légale - (;agc. Traclilion, ¡:í,1.
de la fe111111e 111ariée. 89:i, 92¡. - \"l'11le. llescisiou ¡Jo11r lésio11, /2/10.
Droit de revendication du bailleur Dualité des fautes, :l(i8.
d'immeuble, ¡9G et s. Duel. --· _\.sst1ra11ces, tio2.
Droít de révocation de la désigna- Durée de la journée de travail
tion du tiers · bénéficiaire par dans !'industrie, ii¡¡.
1·assuré. - ,\.ssurance sur la vie, Durée des baux. fi 1 ¡ et s.
62¡, !i2¡¡ el s.
Droit de suite (en matiére hypothé- E

ca1reJ • 1 e t s.
..1,o. 722, ¡¡;1.1
Droit de transcription - !'urge, Eau-de-vie Fournitures d'). - l'ri-
9¡!1-(Jj5, IIOIP, 9i!J· vili•g<• (,\bsc11ce de), ¡8!J•
·nroit d'usage ou d'habitation. - Echange. - l~poux, /1·1tl.
l)roil ele suite (,\.bsc11ce <lt•). !J~i:í. - l,t:sion, 3o:í.
- l'11rg1•, !J¡ti. Echange avec soulte. - l 1 rivilege clu
Droit direct (Théorie du). - SliJJU- Y!'ll<i<•ur, 8:1'¡.
lation 11our a11lrui, :1 112. Echantillon. - \ <'nle, 11/27.
Droit direct et personnel au profl.t Echecs (Jeu d'), 68;,.
du tiers bénéfi.ciaire. - ,\ssurance Eclairage (Défaut d'). - llcs¡)onsa-
sur la vil', G2ti. - Stip11lalio11 ¡1011r hilil,:, ;lfii(
a11I r11i, :1 1,0 el s., 3!1fi el s. Ecoles. - \<'11lralilt: religieusr. ,\sso-
Droit du preneur. - 'ial11r1•, :,10 cialio11s, fi:,:,, 110!1•.
PI s. Economats, :11':1.
Droit personnel. - J>roil du J>rt·- Economats patronaux. - S11p¡1r<'s-

llt'lll'. :lJO. sio11, [1S;""> «'I s.
Droit réel. - ll1~11lr<'-l-il dans 11• 1lo- Ecrits J:lOn signés, ~l!J "' s.
111ai111• 1ll's ohligalions :1 1. -- IJill'<;_ Ediflces.• • •- - lll's111i11sahilili'•. J~nlr<'pl't'-
l'l'IIC<'s a,·c•c le tlroil ele crt'•a111·1•, 1, 2. 111'111", ;,;1!1.
Droits d'entrée et de sortie. -- J\,.s- Edit des édiles curules. - \"ic1•~-
pnnsahililt: Jll:nall' d1•s 111ailrl's !'l. (iaranlil'. ,· .. 111!', '1'1!J, /ifi¡.
l'Olll 1111•1 la II Is, :18:,. Edition, Contrat d'), 1;:18.
Droits de famille. -- 1:011dilio11 illi- " Effot légal " des privileges et
rill', 18·1. hrpotl1éq ues. - 111'11011 ,t·I ll'llH'll l
d1•c1·11111tl d1·s i11scri11lions, 1008.
Dr,,its de l'ho1nme, :1¡·'- Effets u u porteur. -- (lll'rl's réPll<•s
Droits de mutation. -- (:011f11sio11, "" ¡.111il'1111•11t. 8:1.
Efl'ets de con11nerce. - c:a11s1·, :1•,o.
-- l)1\laissc111cnl (1!11 111alii'·rl' hypoth:'.- - 1:auli,_111111•111~111 soli1lair<•, ¡:I~.
cairP 1, Hti;",. - \o\'1tl1011, 10.1.
1>i'•tHil, tii!I · Effets do con1plaisance, :11fi.
- l'ri,ili•gc 1lu ,·¡•11tlc•11r, 1-:1r,. Efl'ets généruux des contrate, :1,1:1
TABLE ,\LPHABÉTIQUE 1043
el s. - Entre les ¡Jarlics, 323 el s. - Engrais. - Aclio11 de i,¡ l'e111 verso,
- ,\. l'égarcl <le Jcurs ayanls cause, !,o¡. .
:125 el s. - ,\. l'{-gar<l eles ticrs, 331 - ,·r11tc. l'rivili•gc, 815.
- ,·ente. l\éduction ll11 prix pour cause
"' s. négociables. -
Effets OJfrcs réellcs de J{,sion, 306, 438, 4,~.
ele ¡Jaiemcnl, 83. Enlevement de la chose vendue,
Effets publics susceptibles d'etre '1¡6 el s.
cotés a la Bourse. - ,·c,1le, 1129. Enonciations des notifications en
Effets souscrits par l'acheteur. ·_ matiere de purge, n82 et s.
l'rivileg·e <ltl vrntleur, 835. Enonciations du bordereau d'ins-
Election d'ami ¡Vente avec réserve cription . en matiére hypothé-
d'¡, /118 el s. caire;, 99G.
Election de domicile. - Hy1Jothe- Enquéte. - lly¡Jol!1i•que ju<liciaire,
r¡ue. l11scriJJliou, 99li. - <)111issio11, !) 1 8.
1000. Enregistrement, - Co11trat <le so-
Emanations délétéres. - Bail. Ga- ciélé, 636.
rantir, 52¡. - Dale ccrtaine, 2311 •
Emancipation. - Ilail, 518 et s. - Dalion en paic111e11l, 502.
- :'llanclal, ¡02. - l<'rais <le vc11te, 677.
- I\Pscision 1io11rlésion <lP vcnlrs cl'i111- - lly¡iothec¡ue ju<liciaire (.-\.bscnce d' ;,
111eubles, !11'1. !) 2 1 •
- 1\rs¡JonsalJili té des }Jerc el 111ere, - \olairc. l\e111boursc111e11l <les droits,
3¡8. íOG.
Emphytéose. - Droit 1le suite, 955. - llésol11\ion <le la vc11te. I\cslilution
- llypoll1equc, 51G, 8¡8. <les <lroits, /¡So.
- 51;. 522, 52!,. Enrichissementinjusteaux dépens
Employés. - ,\clion <lirecle eles 011- d"autrui, 398 el s. - HistoriquP,
1
vriers du b,\li111e11l, i"ilili. 103 el s. - Dr9il aclucl, 4o5 el s. -
- llisque }lrofcssion nel, :191. Conclil.ions, 4oG et s. - Etcndue de
- Salair1•s. l'rivilL•gt•, ¡8li el s. la rPslil11tio11, 409.
Emprunt. - Soli<larité ¡Jassive, 100. - 117, li51, 711, ¡12.

En fait de meubles la possession Ensaisinement, 868.


vaut titre. - (,agt•, ¡5o, 757. Entiercemen t. - Gage, 752.
- (io, ¡81. Entrepreneur. - Privilcgc, 868.
Encheres. - Droi Is r{-els insuscP¡ili- - l\espo11sal>ililé, 5(io Pl s.
hll's de YP11le aux Pnchi!rrs. !'urge, - l\es¡>o11sabililé. l'rcsrri¡>lion, 169.
9¡1i. - l\t\q11isition 1lc 111ise aux - Solillaril1; passiYP, 201.
c·11chi•rPs. l'urgP. (\pfus clPs oll'r1•s, Entrepreneur de travaux publics.
u8 11 el l. _ - l'rivilcg1·, 788, note 3.
- J>i'•laisst'llll'lll (en 111alierp hypothé- Entrepreneur partiel. Ilrs¡1011-
cairc), !)ílf>. sabilité, 5liJ.
- \ 1'1il,· d11 droil 1111 bail, f,!1'1. Entreprise. - ,. . l,ouagc ll'i11<lu,;-
Endossen1ent. - <:Pssio11, 1 ¡o. I ric.
· - \\ arra nis agrirolPs, ¡li'r. En treprise de transport , 1, 5(l8 el s.
- ¡:};), ¡t.·~' ¡fi:~, ¡ti:, Entretien de la chose louée, 525.
Enfants adultérins ou inciistueux. Envoi d'echantillons. :1u1 ..
· -· Lihi'•ralilc;s. 1:a11s1· illi!'il<•, :1,!l· En voi en possession. - <:r(,di t fo11-
Enfants 1:1.gés de 1noins de treize c·ic•r. ln111ll'llhlc•s hy¡iolhc'•1¡11c'·s. llelard
ans. - llisqu<' profc·ssio11111•I, :1!) 11. dn di'•hill'III", 10~ 11.
Enfants naturels. ll)JH>lhi•q1H' Epingles. l'ri,ili·g<' d11 vP1Hl<•111·,
li~:.{ale. ~Kti. ... ·1 ,l.
o, •
Enfants nés et a naitrc.·-- .\ss11- Epoque du paiement. /1¡8.
1·a1u·,· sur la vic•, li·iK. Epoux. · · :-,01·i.'•t/·. l'rohihitinn, li/¡ 1,
Enfants non coni;us. •- \ . 1'1·rso11- li'1'1 l'I s. -- 'l'l'lll()l'l'ólllll'lllS, (i.'15 l'l s.
1H·s f11l11rc•s. - \ PUi(', /1 ,.;) f•I S.
Eugagement a la journée. •-- <'.011- Errantis nulla voluntas, ~!J'I.
l ral d,• lravail, :-,n:I. Erreur ''!1'1 ,·t s. --· Notions hislori-
Engnge1nent des ouvriers ou em- q111•s. ·J.0·1 <'l s. - l•:ll"t•ls. i¡1'1 l'I s.
ployés de ne jan1ais travailler . t:11111p;1raiso11 a,ec la gara11tic d,·s
danR un établisso111ent si1uilaire. ,i1·1•s ri'·dhihil11irPs, !1¡1.
. ~ ' .
-•~• . 111.(1111•,
~

·'i!l· - l\i'·pi'•lili1111 d,· l'indú, :lu!l·


Engagements a vie. - l11h•rdil'li<>11, Erreur de droit. ·1ir1.
:"1¡K t>I s. . - :\\l'II, lli'•lraclatio11 (Ahs1•11c1•d<'),~ti:'.
,
1044 TABLE ALPIIABETlQUE

-Transaclion, í'"º· Exceptions. - Caution, í3o, 738.


Erreur de fait. 292.. - Ccssion de créancc, 171.
- A veu. llétracta tion, 263. - Délégation. 111.
Error communis facit jus 928. - Lettre de cl1ange, 113.
Escaliar - Incendie. Bail. 540. - Solidarité passive, 203 rt s.
- Réparations. Bail, 536. - Tiers détcr1tcur. Droit ele s11ile, !)59.
- Responsabilité, 368. Exception de cession d'actions.
Escaliar d'honneur. -- Bail, 524. Caution, í38 in fine, et s.
Escaliar de service - Bail, 52'1- Exception de chose jugée. 253.
Escompte. 6ío, 680. .hxception de garantie, /15S.
Espéces monnayées. J){-pút cl'lHi- Exception de jeu, ü86. - Dans lrs
tcllcric. 6~2. 111a rcl1!'.•s ii ler111r, G87 el s.
Estimation. - I>rt\l ii usage. 663. Exception de subrogation. - Cau-
Etablissements d'utilité publique, tio11, í38 in .fine, et s.
643. Exception dilatoire, 458.
Etablissements industriels. - Ris- Exception dilatoire de garan tie.
que professionnel 393 - Solidarité passive, 20:l.
Etablissements publics. - ,\ssocia- Exception non adimpleti contrac-
tions sy11dicales de ¡)ro¡iri{-taires. 2¡G. tus. - Délégalio11, 112.
- Ilypotl1eque I{-galC' Slll' lrs Íllllll('\1- - ,·e11te, t,í8.
blrs drs receveurs rt adn1inislralet1rs - \'er1te de la cl1ose.cl'autr11i, t,:¡:J.
con1plablrs. 911 et s - 5, 135, 2í8, :115, 525, ¡71, ¡7:1,
Etat (L'). - llypothi_•<¡uc, !)32. Exception non numeratai pecuniai.
- Ily¡Jolhequc J{-gale Slll' les ÍllllllCll- 321.
bles des rcccveurs et ad111inislrateurs Exception non rite adimpleti con-
con1plablcs. 911 el s. tractus. 13:-,.
- I>rivilege des ouvrirrs rt four11is- Exceptions a la prohibition de la
scurs des enlrcprcncurs, 56 11 el s. vente entre époux, 42 11 et s.
- Rente viagere. Sociétés Co11trúlc, Excés de pouvoirs. - ,\b11s du droit,
69 11. in fine, (i95. 3í5.
- llesponsabililé. 'fransporls. :,¡o. 11otc. Exécuteurs testamentaires. - Soli-
- Subslitution de sa responsabilité it clarit{- ¡¡assivr, 201.
ccllc drs inslitulc11rs pu!Jlics JJ011r - í02. 11ote. ¡o5.
don1111ages ca11sés par lctfrs 1\Jcvcs, Exécutíon d1recte. 1 !, el s
380 et s. Exécution en nature, G, 1 G.
Etat de siége. - llnil. Jl{-silialion, :i2(i. Execution forcée, 1 !i et s.
Etat des lieux. - llail, 52(¡ Exécu tion par éq ui valen t. 5. 1 ¡.
Etat des personnes - ,\ntoriti'• n11 I!) el s.
civil de la cl1ose jngée au rri111i11el, Exécution partielle de l"obliga-
2G8. tion. - Cla11sp 111:nale, 2f>.
- Ohjet du conlral, :lo!J· Exécution provisoire. - c:antio11.
- ~<'r111e11l th;risoire, 2tili. 728.
Etat hypothécaire l)111issio11. Exécu tion sur la personne. :1:, PI s.
~lll'Vil' dn 1lrnil df' Jll'l:r1:l'{'IICI' 1111 Exécu tion sur les biens, :1,, l'l s.,
droit. dP suilP, 111:11. /10 PI s.
Etrangers. - llisq11e 1irol'Pssin1111PI, Exécutoire. - Nolairc, íºi·
.. 1
,lf).1 Exequatur. - .l11gl'11H·11ts 1;tra11¡¡Prs.
Evaluation du montant des créan- llypotlt~qiu• j11dil'iairP, !)1!)·
ces hypothécaires l11srriplio11, --- ~1•11IP11r!'s a1 hitralPs. Ilypothi•q11P
!J!)i j11diciair1•. !J20
Eventus damni. -- .\rlion 11a11liP111H', Exercice des droits et actions du
:,o <'I s débiteur par le créancier, t,~ 1•t s.
Eviction -- l)alion 1'11 pai1•11H•11t. :11,:1. Exhaussement d une rue. - 'l'rn11-
-- l•:xproprialio11 forc1°•1•. 'l'iPrs d1;IP11- blP. llail. :1:iK.
IP11r, !liº· Exi~ibilité de la créance. -- llypo-
- c;aranlil'. l'rivili•gp d11 roparlagl'nnl. lhPq111•. l11sl'riptio11, !l!)i i11 fi111•, !1!)8,
11'1'1 PI s. (l111issio11, 101111.
- l'urgP. 'l'i1•rs nrq111:r1•11r, !l!J:1, in .fine. Exonérationde garantie en matiére
- \'pnll' c;aranliP, 11:,o 1·1 s. de vente. !1li:, PI s.
Eviction partielle. - \" 1'1111', 111;:1 PI s. Exonération de responsabilité du
Eviction totale. - \ 1·1111', '1lio l'I s. dé ·,iteur. 1,i PI s.
Ex nudo pacto actio non nascitur. Exonération des fautes. 1,1 PI s .•

~~. a¡ t.

TAllLE ALPHAllETIQUE 1045
Expédition contre rembourse- - Décl1éance du ler111e, 189.
ment, 569 - Droit de rétenlion, 770, tcxle et note.
Expédition d'actes notariés. - l•oi, - Extinclion du contrat d'assurance,
235 614.
- lle1r1ise de dclle, 123. - lly1Joll1cquc judiciaire (Absence d'),
Expédition de marchandises. - 921 el s.
llisques, 130. - I-Iypotl1cque légale de la femme ma-
Expertise. - Ilail, 321, 323. riée, 895, 896.
- llypoll1equc judiciaire, !)18. - llypoll1eque légale des 1nineurs et
Exploitations agricoles. - llisquc interdils, 890.
¡irofcssio1111el, 3!)3. - lnscriplio11 des l1ypotl1eques, 945.
Exploitations commerciales. - llis- - Location-,·enle, 417.
c¡uc ¡Jrofessionnel, 393. - l\Iandal. 710.
- 'frouble. J3ail, 527. - Obliga tio11 alternative, 194.
Expromissio, 102, 175. - Obligalion nalurelle, 72.
Expropriation forcée, 965 et s. - - Privilege des architectes, 852.
Etl"ets, 965 et s. - Con1ples entre les - l)rivilege des ouvriers et commis,
créa11ciers et le tiers détenteur, 968 786 et s.
el s. - llecours du tiers délenteur, - Privilege du bailleur, 802.
970 et s. - Privilcge du coparlageant, 846.
- ,\.nlichrese, 7'17. - Privilcge du vendeur d'immeuble,
Expropriation pour utilité publi- 837.
que. Baux. llésolution, 513. - l)rivilcge du ve11deur ele meubles,
- Droit de rétcntion, 772. 811.
- Garanlie (Abse11cc de), 452. - lletenues affeclées a eles caisses de
- lnden1nité Prise de possession, 480. retraite, de secours ou de prévoyance
- Inscription de privileges et d'l1ypo- au profit des e1nployés. Privilegc,
ll1eques, 957. 788 et s.
- l'urge virluelle, !l77 · - Séparalion des patrimoines, 852,
- llescisio11 pour lésion (,\.bsence de), 857.
.,I .¡
11• - Sociélé, 65l.
- 'l'rot1ble. llail, 528. - Sous-location, 530.
Expulsion. - l3ail, 543, 5!,4. - 36, 39, 276. 327.
Extinction des hypothéques, 1011 Faillite civile, 36, 43, 855, 923, 946.
et s. Fait excusable, 9.
Extinction des obli~ations, 74 et s. Fait illicite, 367.
Extinction des priv1léges, 1011 el s. Fait personnel du vendeur, 465.
Extinction du privilége du ven- Faits nouveaux. - Assurance. Ris-
deur. - Elfcl sur l'aclion en réso- que. Déclaration, 611 et s.
lulion, 83!) el s. Faits purs et simples. - Preuve tes-
ti111011iale, l41.
F Falsifications, /169 et s,
Farcin, /173.
Facture acceptée, ?.!) 1. Fausse déclaration. - ,\.ssurances
Faculté de délaissement (en ma- 111arili111es, G10.
tiére hypothécaire. uli3 ,~l s. Faute. - Sa nolion, 350, 355 el s. -
Faculté <le réméré, !18!i, 1185 el s. 'l'héorie classique, 355 et s. - 'fhéo-
Faculté de révocation du stipulant. ric nouvcllc; responsabililéobjectivc,
- Slipulalion ¡iour a11lrui, :11¡:1. ;¡5(i Pl s. - Co11ditions, 363 el s.
Faillite. - ,\.el ion clircclc <ic:i 011vricrs - 1\.clio11 de i11 re111 verso, /107,
d11 IJ,ili111enl, :,G5. - Assura11ces, 6ol et s.
- 1\clio11 <'11 résol11lio11 ele la ve11l<', - Comandalaires, 705 .
1 . - Dépól d'l1ótellcrie, 68:i.
18l.
- Aclio11 ¡1aulie1111c, :i1, liu PI s. - Dill"ércr1ces e11lrc la faute d1\lietuelle
- :\.clio11 rt'!sol11loirc. l•:xti11clio11 cl11 el la fu tl te con lracluclle, 368 el s.
privili!gc du vr11de11r, 8!10, - Disli11clio11 entre la faute civile et la
- :\dj1ulicatio11. !'urge virl11elle, !J78. faulc 111orale, 3G7 el s.
-· ,\.ss11rancc sur la vie a11 1>rollt d'11ne - l'reuve, :lGg et s.
tJ(HºSOllllC d1\(c•r111i11,:r, (i17. - l\ésiliatio11 du conlral de lravail, 591,
- 1;a11lio11, 7:lli, 7:1s, 7!io. -· Solidarité passive, l06.
-· 1:0111pc11salio11, 11/1, 118 i11 jl11c, 119. Paute commune. - Comandataires,
___ 1:ré1111cicrs hypulh!:c11ir¡•s. 1;oncor- 705.
d111. llcnot1ciu lio11. 1o 1~. - l)épól d'l1ólcllerie, 683.

1046 TABLE ALPII,\DETIQUE

- Solidarité passiYc, 202. - I>rivileg<'. ,\.ctio11 résol11toir<', 8'i 1 111


- 23, 355, 371, 384. .fine, 8'i2.
Faute contractuelle, 7 et s., 19. 368 - Rl'striction a l'action <'11 résoh1lion
et s. de la ven te. 'i83 Pl s.
Faute du débiteur, 7. - Saisie. \ enll'. l)roil a11 bail, :i16.
Faute inexcusable. - Accident clt1 Fonds de garantie. - ,\.ccidenls clu
travail, 351, 396. lritvail, 39¡.
Faute intentionnelle, 351. Fonds ruraux. - Bail, :.i18.
Faute légere, 7. - Assurancc, 603. Foot-ball. li8ü.
Faute lourde, 7. -.\ssurnncc. 603. Force exécutoire des actes authen-
Faute morale, 367 et s. tiques, 228 el s.
Faute non intent1onnelle, 351. Force majeure, 9 <'l s. - .\cciden t
Faute tres légere. ¡. du lravnil, 39:.i.
Faux incident civil, 229. - Bnil, 526, 528. 536. 546.
Faux serment, 263, 266. - D{-lai-congé, 588.
Femme commerQante. - ,\utorisn- - Dépót, 6¡8, 6¡9.
tion tncite, 290. - Dépüt d'l1ólellcrie, 681.
Femmes en couches. - Contrat de - Evictio11. ,·cnlr. /¡52.
travail, 5¡7, 589, 594. - Incendie. l3ail, :i39.
Femme mariée. - Dommage. Res- - Libere le chef cl'r11trcprise de la
ponsabilité ciYilc du mari, 377. rCSJ)Onsabilité des accidents du lra-
- Gcstion cl'alraircs, ¡13. vail, 1 1.
- Mandat, 702. - Location de coffres-forls, 509.
- !\landat tacitc, 701. - ~Iarcl1é it forfait, 558.
- Prcscription, 160. - Obligatio11s de son1111es d'argent. 1(i.
- Pret, 666. • - Responsabilité objective, 359.
- Risque profcssionnel, rtlari. Aide. - Transporl, :í70.
3911. - 'l'ransporl. lles¡io11sabililé, 572.
Fermages. - Paiement, 535. - i !)
!LI, -3r·l,
-· J>rescri¡)tio11, 144. Force probante des actes produits
Fermages non échus. - Ccssion,171. en justice. 229.
Feu du ci•eI. - Di111inution de récol- Formalisme de l'ancien droit fran-
tes. Incle1nnité. 546. ~ais, 281 et s.
Fidejussio, 725. Formalisme du droit romain. 280
Fidepromissio, 725. et s
Filiares (Ventes par). -- l)él{,!!atio11. Formalité du double exemplaire.

113. ?.?.;).
Fin des baux. 517 et s. Formes des actes notariés. 223 et s.
Fisc. - I•'rat1de, ü3. Formule exécutoire. 328, 2:15.
- (>ri-·,ilrges, 778, 783. Fouilles. - ,\b11s clt1 droit, :1¡(1.
Foi due a la date des actes produits Fournitures. - llctent1Ps inlPrdilPs
en justice. :133. s11r lf' sal;iirP~ fí8!l.
Foi due au contenu des actes pro- Fournitures d'engrais. - ,\clion de
duits en justioe. 230. i11 /'t'.1/1 l'er·so, (10¡, !109.
Foi due aux copie des actes, ~:1ri. Fournit11res de subsistances. - l'ri-
Fol est qui se meten enqueste. 520. vili·g-<•, 78!) el s.
Folle enchére, 480. Fournitures de vins. - Aclio11 d,·
Fonotion1 publiques. - Innlil'nahi- i11 1·e111 1•1·1·s11, /¡oq.
lill', /129. Fournitures des' marchands a leurs
- OlljPl d11 co11lr11I, 3011. clienta. - l'r<•scri11tion, 1/17, 152.
Fonctionnaires. - l3ail. l\ésilin t ion. Fourrures. - J >t\111)! ,l'lu\lellcrir, !ils:1.
(:J1n11¡.re111r11t de rósiclencr, 517. . . .. _ ('.1111 ,·1011, ¡,·111.
- V. Associulio11s de fonctionnnirPs. F ra1s
- l~viclion lotalP. \ 1 <~11te, 1ali3.
Fondation, 3:19. - \landnl. ll<•111bo11rs<•111enl, ¡ofi.
Fonds de oommeroe. - 1\clion Pn - ~oli<lnrit1\ passivt•, 201.
résol11lion de In vc11tc. I<'uillilc, /18~.
- \'enll', !1 117, 11¡¡.
-- <~011trnls concl11s p111· Ir ct\dnnl, 338.
1
.... (~011lre-lPllrr, :129. Frais (Restitution des). - ll1•scisio11
- Erreur, 298, po11r it\sion <ll's Yl'nles d'i1111111'11bl<•s.
- (ingc, 7118, 74g, !1/1:l.
- Gnrnnlie. Acqut1reurs succrssifs,328. Frais de justice. - l'rivilcge, 71<:1
- Gnrnnlic. \ 1pr1lc, 6, 454. et s.
-- Nnr1tissement, 758, note. 882. - l'rivilbgC' (1,. !í sr¡>I. 1807), 8üo.

TABLE ALPHAlll!TIQUE

Frais• de l'inscription hypothé- - l'arlagr. 843 .


ca1re. 99í. - l't1rgl'. Tiers nrquéretir évincé, 99~.
Frais de l'instance en divorce. - - 1'ransaction, ¡18.
lly¡)olhequr Jégale de la fr111111e 111a- - \'ente• d'l1érédité. f19!,.
riée, 894, 899. Garan tie d'éviction. - Dation c11
Frais du paiement, 80. ¡)airml'11l, 5o3.
Frais et loyaux couts du contrat - ''ellll', /1/48 l'l s.
de vente . - l'rivili•ge du vcnde11r, Garantie de fait. - ,·enlP, 46/2 el s.
8,t"i. Garantie des vices de la chose. -
Frais faits pour la conservation de ,·ente, 4ti¡ el s.
la chose. - l'rivili·gc, 816 et s. Garantie des vices rédhibitoires.
Frais funéraires. - :\ccide11ls du - Dalion e11 ¡)aien1ent, 5o3
lravail, 395. Garantie des vices rédhibitoires
Frais médicaux et pharmaceuti- desanimaux domestiques,4¡5 et s.
ques. - :\ccide11ls du lravail, 395. Garantie incidente. - \·e11tP, 458. ·
Fraude. - ,\ctio11 paulic1111e, 51 et s. Garanties accordées au vendeur de
Fraude a la loi. - Preuve lcslin10- meubles pour le paiement du
n ialr, 2 113. prix, 804 el s.
Fret. - Droit de rétcnlio11, í-;2. Garanties accordées au vendeur
Fruits. - Droit d11 ¡)ropriétaire d'u11 d'immeuble pour le paiement
i111111rulJlc l1ypoll1éq11{,, 9/11, 9~3. du prix, 832.
- J•:victio11 lotalc. ,•ente, /161. . Gardes-malades. - Salnires. PriYi-
- Ex¡1ro¡1riatio11 forcée. 1'icrs clétr11- -~t-, .-8">
1(\rr.... / ...
let1r, 9ti{), Gares. - Consignr, 6¡6.
- I111n1o!Jilisntion, 88!1. Gaz acétylene. - Ilail, 529.
-- l'rivili•gc d11 baillet11', í9;i, Gelée. - Dimi11ution de récoltes. In-
- l'rivilege dtl CO-J)arlagea11l, 8!1!1. de1u11ité, :il¡(i,
- !'urge. Tii'rs acqt1c\reur {,vir1cé, uu:1. Gens de service. - Salaires. Privi-
- llénH\r{,, 1190. li•gr, ¡8(i rl s.
- Ilescisio11 pot1r I{,sio11 des ve11trs Généalogiste. - Actio11 de in re111
cl'i111111et1bles, !1'&3. verso, /207.
- ,·ente, !1í8, in .fi11c, 4í9• ;iºí· Genera non pereunt, 661.
Fumier. - C.hrptcl si111ple. 5(¡9. Gens de journée et de service.
DispP11se clu " !Jon pour ... », 227.
G Gens de service au mois. - l'res-
cripl ion, 111 ¡.
Gage. í48 el s. - <:onditious de for- Gens de travail. - l'rcscriplion, 1/26.
n1atio11 d11 co11lral, 7/i¡¡ el s. - Effets, Gérant. - GPstion d'affaircs, 713.
¡,i6 el s. - Socii'·tt'·, tili!J et s.
- llail, :,1:i. Gestion d'affaires, ¡10 el s. - Co111-
- (:ession d<' crt;ancc>, ,ti8 Pl s. ¡1araiso11 avrc le> 111nndnl, ílO. - 01i-
- [>rivili·gc•cl11 vc•ndPur de• 1111•11bles.810. gi11P historiqnr el n¡i¡)lieations ac-
-- l\1;solutio11, 1110. luellt•s, ílO el s. -- Obligations clu
- ¡.,..,., i''-H, ¡-;1. ¡¡n PL s .• , ¡81. g{,ra11I. ¡1'i. - Obligntio11s du n1ni-
Ga~e con1n1erc1al. - l\c•glPs ¡>a rlicu- lr1•, í1'1 el s.
lh·r1•s. ¡,1 11 c•I s. - J)roit de rétcnlio11, íí:1.
Ga~e général des créanciers sur les - lly¡iolhi·c¡11P. l11scri¡itio11, !)!J5, 99G.
b1ens des débiteurs, :l8 rl s. 11011' ] •
Gage sans déplacement, ¡lio ,,1 s. - <J11asi-co11tral, :A¡o.
Gage hypothécaire - S¡11;cialit1;, Gestion d'affaires (Théorie de la).
l11scri11tion, !)!J8, - ~lip11latio11 ¡,our at1lr11i, :141 PI s.
,Ga~es. --- l'r('sc·ri¡,lio11, 1:i:1. Gestion dlaffai're imparfaite ou
Ga1ns de survie. - llypothi·c¡11r I,;_ anormale. - J•o11dC'111e11l de J'action
gale (](' la fl'llIIIH' 1nari1•1>, 8q8. 1/t• in re111 1•1•r.~o. /105.
Garantie. - .\¡1pnrls. Socit'•t1!, fi'i!), G ibier. - IJ0111111ngcs, :187.
-- llail, :,:di, i11 Ji11,·. ('I s. - ,-('IJ(I', 'i~t),
-- 1:l'ssior1 <Ir crPancP, 1¡l l'I s. Gradation 'des fautes (<Jt1cslion de
- 1:11111s1•s 11'1•xor11:r11lio111•11111alii•rr cll' la¡, ¡ l'I s.
\"('1111', /1fi:, .. , s. Grand Livre de la Dette publique,
- l~xpro¡Jrinlion forc1 1e. 'l'ic•rs 1!1•(p11- 'i'.
lc11r 1\vin~r, !liº• Grands-paren ts. .,- IrrPsponsal1ili t,;
-- lly11oth/•q11c 1c:gall' <le In f1•111111c 11,n. du fnil de 11.'urs ¡1flllti;..c11f11nls, 378.
l'iée. l\l'nonrlnlion, 910. Gratuité. - l\fa11dnl, 097 et s.
,
'l'Alll.E ALPIIAIIETIQl'E

Gravures obscénes. - Société. Objet Hy:pothéques, 862 et s. - Nolio11s


iilicile, 6!16. ge11érales, 862 el s. - 1-lislorique,
Gréle. - Dimi11ulion de récoites. I11- 864 el s. - Carnctcres, 872 el s. -
de11111ité, 546. Biens susceptibles d'l1ypolhcq11e,
Gréve. - t :Jause pénale, 24. 8¡5 et s. - 1\ssielte, 882 el s. - Di-
- Constitue-t-eIIe u11 cas fortuit? 10. verses especes d'l1ypolhcq11es,884 el s.
- Résiliation ou suSIJension du contrat - Effets: e,) it l'égnrd du débileur,
de travail, 594. 941 et s. ; ~) a l'égnrd des tiers, \)!1'1
- llesponsabilité, 3í3. el s. - Droil de ¡iréférence, 9411 el s. ;
- ::,"8 o, ·6":J.1.
1
Droit ele suite, 95 11 et s. - Extiuc-
Gros ouvrages. -- Ilcsponsabilité. tion, 1011 et s.
E11trcprenet1r. 559. - ,\ction quanli 111inoris, 4íº·
Grosse - Re1nise de dette, 125. - a
Co111¡)nraiso11 avec In vc11lc ré111éré,
- 4o, 235. 486.
Guerre. - :\ssurances, 612. - InscriI)lion, 993 et s.
- Dépót. Réquisition, 678. - l'urge, 9¡ 1 el s.
- Di111inulion de récoltcs. Indem11ité, , , , , 3
- Re111cre, :19 .
546. - Snisie, 3(1.
- ()5, 722, 72(1, ¡¡6.
Hypotnéque au porteurou a ordre,
H 933, 1000.
Hypotbéque conventionnelle, u2.í
Habitations urbaines non meu- el s. - Conclilio11s requises po11r so11
blées. - Bail, 518. éta!Jlisse111e11l, da11s In ¡1ersonnc clu
Hérédité (Vente d'), 493 et s. co11slilun11t, 92.'¡ el s. - l"orn1es du
Hérftiers. - ,\ssura1icc sur la vie, contrnt de co11stilution d'l1y¡1othc-
6?.8. e1ue, 930 el s. - S11écialilé de l'l1ypo-
- 1''011ds de co111111erce. \·ente. Garan- tl1cc1ue, 933 el s.
tic, !1511 et s. Hypothéque de l'Etat et des com-
- :\la11llat, 710. munes. - l\éduclio11j11dicinire,1011.
- Stipulation ¡1our autrui, 344, 346.
Héritier apparent. - Droit de ré- Hypothéque de l'Etat sur les im-
lcntion, ¡74. meubles des comptables. - Ins-
- Elfcl dl's co11lrats, 332. cri¡Jlio11 el'oflice, 9(13, 11ote.
- llypoll1cc¡uc. 928. HyY.othéque de la masse (en ma-
- l'aic111c11t, 78. t1ére de faillite), 9f1!i, note 2.
Héritier bénéficiaire. - V. 1\ccr¡1ta- Hypothéque des biens a venir. -
lion de s11cccssio11 so11s bénéfice cl"in- ,. . lnlerLliclio11 el'hy¡1olhéc1uer les
vrntairc. biens it venir.
Héritier partiaire. -1'iers déle11tr11r, Hypotheque judiciaire, \l 1 2 (•! s. -
955. Caracti_•res, !I 1:l. - (Jrigine hislori-
Homologation de partage. - <:hose
. , -
JUgl'C, :1;,1.
q11e, !I 1¡. - l)(;cisions e111porta11 t
hypothi•(111c j11dicinirc•, !117 PI s. -
Bon oraires de l'archi tecte. -· •· ,1 n r- I>1•cisio11s ne l't•n1porta11l ¡ias, Vl!I
cl1é sur dcvis, 5:i7. el s. - <:as dans lpsquels la loi <'nlcvP
Honoraires des avocats. - l,011agc aux rréauciers le IJl'Ilt'licc de l'hypo-
cl'ouvragc, 552. thi_·q1u• j11diciairP. !J~I ('t s. - A¡)11r1\-
Honoraires des médecins.- l,011agc cialio11 critic111l', n~2 PI s.
d'ouvrngc, [1:12.
- l11scri¡1tion. lliens grevés, \)!J8.
Horaires. - Ch(•111i11s lle f(•r. <;lause - lnscriplion. l~valuation ele la cr1'•a11ce,
d'irres¡1onsabilité, 572.
Hotel meublé. - ~laladic conla- !l!li·
.
g1euse, - :,211.
- lli'•d11rtion juclicinirc•, 1011.
- 88~. u:17, u:l!J, nl10, !) 116, !) 118, !1:,o.
HOtelier. - (;as forluil, 11.
- Dépót. (i8o. Hypotheques légales. 881. 88:-, ('t s.
- Droil de réle11lio11, ¡¡:l. - lnlt;r,11~. 100(¡.
- l'rescri¡1lion, 1!11i. - l'urgP. J•:x¡1ropriatio11 forcéP, !)(iti.
- l\e~ponsabilil(\, 22, :,¡o, note. - I\i•gh•s s¡it'•ciall's concl'rnanl lt>nl"
Huiss1er. -- ~landa t, li!¡8. i11srriplio11, !J!J8 c>I s.
- l\l1111clal tacilc, ¡01. - l\eno11v1•!1(•111c•11l (ltircnnnl dc•s ins-
- l 1rescri¡1tion, 1/17. cri¡itions, 1007. .
Hygiene des looaux commerciaux Hypotheque légale de l'Etat, des
et industriels, 5¡7. departements, des co1nmunes et


TAJILE .\LPIIAllEfIQGE 1049
établissements publics, 88~, g1 r Immeubles mena~ant ruine, 388.
et s:, g37, g3(l, 950. Immeubles par destination.-Droil
Hypothéque légale de la femme ele suite (1\.bse11ce de), 955.
mariée, 892 et s. - i\"otions l1istori- - Droit du ¡Jropril;Laire de l'i111n1euhle
q11es, 8g2 et s. - ll,1glen1e11 la tio11 l1ypoLIH;f¡t1é, 9 1,2.
gé11érale, 8g'i et s. - i>ublicité, 8g¡. - 1-'onds de co111n1erce. Gage, í'•9·
- Jlnng, 8!)¡ et s. - '.llodificalion - Ilypolheque, 8¡6, 883.
npporlée au sysle.n1e du Code civil - 'l'ransforn1atio11 des 111eullles ve11dus
par I'nrticle 8 de la loi du 23 111ars c11 in1n1e11bles par desti11atio11. Pri-
1855, 900. - lle11011cintior1 et suliro- vilegr, 81 l.
gntion, 900 PI s. - ,\JJprécinlion cri- - \'ente. l)élivra11cc, !,(¡¡.
liq11e de l'hy¡Joll1eque légale, 910 el s. Immeubles par nature. - Hypotl1e-
- Crédil foncicr. 1023, tcxte et 11olc. que, 8¡¡.
- Exproprintio11 forcée, 966. Immobilisation des fruits. - Ex-
- l>urgc, 985 et s. JJro¡Jrintion. Tiers déte11teur, 969. · •
- Il/.•gles s¡Jéciales concernn11t l'ins- - 'l'ranscriplio11 de la saisie, g4:).
cript ion, 998 el s. Impenses. - D11¡Jót, G¡:i.
- llenouvellen1cnl décen11al, roo¡. - J)roit lle rélentio11, í72 el s.
- 873, 882, g37, g48, 9'i!) et s., 958,993. - J~nricl1issc111e11l sans cause a11x dé-
Hypothéque légale de l'interdit. pens d'a11trui, {¡o5.
1
- lly¡>oll1et1ue Jégale du 111ineu r
\ • - Evictio11 totale. \'ente, 462.
et de l'i11lerdit. -- l~xpro¡Jrialio11 forcée. gGg.
Hypothéque lé~ale de la masse 1en - (;eslio11 d'afl"aires, 715.
matiére de fa1llite), 885, 93¡. - l\landal, íOÜ.
Hypothéque légale des légataires - J>rel it 11sage, GG'i.
a titre particulier, 857. 885, !)3¡, 0'1fi. - l'urge, g90.
11ote 2, !)[J8. - lll'llll'ré, 1190.
Hypothéque légale du mineur. - - llescisio11 pour Jésion des ve11les
, .. llypothi·c111c I,1gale d11 111i11eur el cl'iI11111eubles, ', 113.
de l'intcrdit. - llt>solution de la vente, 4í9•
Hypothéque légale du mineur et Impossibilité d 'exécution. Con-
de l'interdit, 885 el s. - '.\'otions fusion, 123.
hisloriques, 885 el s. - ll,1glen1enla- - llrrle ele la cl1ose due, 12í.
tion g1•11érale, 88G el s. - llang, 88g. - 18.
- ,\¡iprt>cialion critique, 8!)1 el s. Impossibilité morale de se procu-
- (;r{,dit foncit•r, 10'.>.:l. rer une preuve écrite, 2/1:,.
- l~xpropriation forcée, !JGG. Impossibilium nulla est obligatio,
- l'nrge, 98:i et s. · 308.
- lli·gles S{Jl'cialcs co11cerna11l -rins- ImpOt des portes et fenétres. -
cription, 998 el s. llail, :i3:,.
- l\c11011,·pJIP111cnl d,lcennal, ion¡. Impót foncier. - Conslr11ctions 11Ie-
- g37, !1'18, 9'1!) PI. s., 9:,8, !)!):l. vées ¡1ar 11' JJI"l'IH'lll', 53¡.
Hypothequemaritime.- 1\ltrili11tio11 Imprescriptibilité. - ,\.clio11 e11 dé-
aux cr11;111ciPrs hypolht>cairPs des i11- cfaralion tlc sin111lalio11, G3.
dc11111it11s d'assurancPs, 101:l. 1011,. Impuissance du débiteur, ,o.
- J•or111P, !J:l'.>.. Imputabilité, 3(i;) et s.
- l,ihPrlt; du taux d,• l'i11lvr1\I, ti¡o. in Im\>utation des paiements, So et s.
.fine, ti¡ 1 . In 1ntegrum restitutio, !19 .
Hypotheque résultant des juge- In jure cessio, /i 10.
ments de reconnaissance ou de In lege Aquilia et levissima culpa
vériflcation d'écriture, 913 et s. venit, 3Gti, 3li9.
Hypotheque sur sa propre chose. In pari causa ·turpitudinis cessat
11 ;¡. repeti tio, 08.
Inal1énabilité dotale. - \'ente Pxcc¡1-
I l io1111Plle dPs i111111cubles dota11x, /111,
ill filll!. /11~.
Identité de cause. -- <:hos,• jngi'·l', Incapables. - 1\clio11 1/c i11 l'C/11 verso,
~r,11. '• 07.
Identité d'objet. - c;J,ose j11g,le, ~r,:1. - l\landat, 70~.
Identité de personnes. - <;hose j11- - Obligalion naturcllc, ü¡.
g{•c', :¡f,f,. - \ 1•1111',
1
,,~o el s ..
Immeubles. - :\ssocialions, (i:l:,, lif,¡, Incapacité permanente. - 1\.cci<lcnt
(jfi8. ll11 lravnil, 3!JÜ.
-
10:>o TAIILE AI,PIIAIIETJQIJE
,

Incapacité temporaire. - Accidc11l lnondation. - Di111i11utio11 de récul-


el11 lra,ail, :l9G. lcs. In1len1nité, 54G.
Incendie. - ,\clion de in re,n uersu. lnsaisissabilité. - llc11tc ,iagere, Gg 1.
1
108. - , .. Biens insaisissables.
- ,\ltributio11 eles iude111nités d'assn- Inscription de faux. '.130. 2:l2.
ranccs aux créa11cicrs l1ypotlu;cair!'s. - l•'orcc cxéc11toire (Sus¡)cnsion ele la',
Subrogation réellf', 101'¡. 228 el s.
- l~ail, 53¡ el s., 5!,5. lnscription d'hypothéque et trans-
. ,. 51¡8.
- :\léla,aa-e, cription de l'aliénation de 1 im-
- Occ11¡1atio11 ¡>ar le haille11r cl'un!' meuble
. . hypothéqué
- effectuées le
¡iartie eles lie11x loués, :í'i2 meme JOur. !J;1¡. ·
- ~ous-localio11, 533. Inscription d office de l'hypothe-
Incessibilité. - llc11tc ,iagerc, ü9,. que de l'Etat sur les immeubles
Indemnité d'assurance, 604 et s. des com pta bles. 993, nolt'.
- Privili_~ge d11 bailleur, 796. lnscription d'office du privilége
- Subrogatio11 réellc. ,\ llrib11tion aux du vendeur d'immeuble. 835 et s .•
créa11cicrs l1ypoll1écaircs, 101 :1 el ~- 993, 11olr.
Indemnité forfaitaire. - ,\cciclcnls Inscription des hypothéques, 8:!G.
clu tra,ail, 3Go, 39'.1, :l95 et s. !) 115 el s., !)!J3 Pl s.
- Dé¡1cit d'holellPrie. 682 el s. - E1éne111e11ts qui .y 111ellc11l ohstacle.
Indemnité j ournaliere. - ,\.ccicle11 t !)45 et s.
du lra,ail. 396. - .Jusc¡11'ii c¡11el 111on1enf elle pr11l «'•tri'
Indication des biens grevés d'hy- ¡lrise po11r que le droil de suite
pothéques. - lnscri¡1lio11. 998. - ¡)uissc c\lre C'Xercl'. !)5G el s.
0111ission, 1000. - On1issio11. q99 el s..
Individualisation de :ta créance (e11 -
'
llc11011,ellPn1enl dL·ce1111al, 100 11 el s.
111alii.•re l1y¡>oll11;cairP), 934 el s. Inscription des intéréts des créan-
Individualisation du gage hypo- ces hypothécaires et privilé-
thécaire, !J:l5 et s. giées, 1 oo I el s.
Indivisibilité, 211 et s. - l)éfl11ilio11 lnscription des priviléges, 8:J(i, 9\J3
et g1\né1:alitc\s, 211 et s. - Cas, 21 :,
el s.
et s. - Efrets. 2, 4 et s.
~
-.,
' (' , j;Ju.
( IHg Inscription du privilege du copar-
-. llaie111c11l a,ec subrogalio11, !)S. tageant, 8',5 l'l s.
- Súrell' ¡>ersou11elh•. 72 1,. lnscriptions hypothécaires prises
Indivisibilité de l'aveu, :1G, el s. le méme jour sur le méme im-
- l)i'·¡i()l, ti7li. meuble. 9:-10.
Indivisibilité de la prime d'assu- Insinuation. -- l ly·¡iol l1i•c¡111•s. ,\ ncien
rance. 60:1 el s. clroi 1, 81i!J•
Indivisibilité ou divisibilité de lnsolvabilité notoire. - .\.djndica-
11~1.
l'obligation de garantie en ma- lion. l11capacit«'·.
tiére de vente. 1,:-, 1 PI s. Installatiou du « Tout a l'égoOt "· --
Indivision. - llt'1n1;r,\, 118!) el s., ,,,,:{. 'l'r,111hlt· 111· fail. llail, :;,:,.
- ~aisiP. :lg. Instituteur. - .\tt,·inlt' a11'\ con,ic-
- 'l'ra,aux. Gestion cl'afl'airPs, ¡11. tinns. l)o1111nagl' 111oral. lll'SJHIIISahi
Indo-Chine. - l)t'fensenrs. ~oci,;tt'·. lil,;, :l(i·1
' l.
( 1., j. - l'rt'scriplion. 1 'ifi.
Inexécution des obligations, ti PI s. - ll,·spo11sahililt'· 1]11 fail d1•s ,:¡¡.,,.~.
Inexécution due a la faute du débi- :1 18. ;I¡!) l'I s.
teur. - llésul11tio11, ,:¡1¡ PI s. lnsti tu tion con tractuelle, :11 o. :1~1:1.
lnexécution non imputable au dé- :111s.
biteur. !I Pl s. ·
Intention. - (;rslion d'afl'air<'s, 1 1'.,.
lnexécution partielle. 1:lli.
lnfirmités. •· llésilialio11 cl11 cu11trat Intercession. 7•1:-,.
clP lravnil, 58fi. Interdiction. -(:1•slio1111'nll'air,•s.¡1:I.
Inftuence du crimine! sur le civil. --- llypothi•q11<' h;¡:alt', t<t<:, PI s.
~;i¡ t•I s. - l\lnndal, ¡10.
Infractions aux lois et réglements - l'rt'scri¡1lio11 t'Xli111:'.i1t'. (:011rh•s ¡1r1•s-
sur la police du rpulage. - ,\s- 1·ri pi ion s ~011-SII SJ>l'IISÍtlll. 1 :,:1.
surancPs, tio:I. -- l'r1•s1·1·iplio11 ((;. ci, .. 1:10 11), 1li1.
lngénieur. - ~lantlal? J.011ng1• <l'o11- - Snci,;tt'·. tL~•:i.
vr11gP ? 55:1. Interdiction de cédor le bail. ;i3f,.
Injures - ,\clion obli1¡11I', /11,. lnterdiction d'exercer le méme
- Jlr<':1criplion, ,fi!)· commerce ou un con1merce s1• -
,
TA.BLE ,\LPIIAllETl<"lC E
-
milaire. - l•'o111ls de co1111nerce. lnvestigations personnelles (des
\"ente. Gara11lie, 45~. juges), 21¡, inJi11e, ?.18.
lnterdiction d'hypothéq uer les lrresponsabilité, 363.
biens a venir, 935, 937 et s. - Ex- lrresponsabilité (Clauses d').
crptions il l'i11terdiclion, 938 el s. - Contra! ele lrans¡1ort, 571 et s.
Efl'els de l'l1ypolheque des bie11s il lvresse. - ,\.sst1ra11ces, 603.
vrnir. Ditférence avec l'l1y¡1otl1eqt1e - llrs¡io11saliilité, 36'i.
gé11érale, 939 el s .. ¡¡;io.
lnterdiction de so11s-louer, 53/4 et s. J
lnterdiction des engagements a
vie, 5í8 el s. Jeu, 0 11, li8'i, G85 el s. - Ol1ligalio11
lnterdiction pour l'associé de cé- nnlurclle, 68, í2-
der son droit a un tiers. 6'19. Jeu de billard. GSG.
lnterdit fraudatorum, 49. Jeu de foot-ball, 680.
lnterdits adipiscendre possessio- Jeu de paume. - Jeu el ¡Jari, 686.
• 1
nis, ,19. Jeux de bourse, 687 el s.
lnteréts. -- ,\clio11 r/c in re111 verso, Jeux de hasard. - (~ause illicite.
409. 317 ·
• t 10n,
- ( _Jau • ¡.J_J.
2 l
- Société. Objel illicite, 6 116.
- (:01npte coura11t. 1oí. Jouissance. - Bail. 52¡¡.
- (~réa11ce hypotl11;caire ou privilégiée. Jouissance de l'immeuble hypo-
J11scriptio11, 1001 el s. théqué, 9'i1,¡¡~3.
- lly¡1otheques légales, 1004. Journal officiel. - Associations.
- Prrscri¡1lion, 1'i4. 151. 655 el s.
- Pre!, 667 et s. Jugements, !10.
- Privili•ge 1lt1 coparlageant, 8/411. - Co1111)araison nYec la lransaclion.
- Purgt•, 983. í18, in .fine, ¡19.
- llescision 11our lésio11 rles vr11tes Jugement d'adjudication. ¡¡G5 el s.
d'i 111 n1e11 Jiles, /i '1:1. Jugement d'avant dire droit. -
- Ilésol11tion de la vr11le, '.79. CJ1osP jugér, 252.
- Société de prrsonnes. ti39. Jugement d'homologation de par-
- 'fat1x t1surairr. llé¡i{,titior1, Üí. tage fait en justice. - lly1iothi_·-
1
- \ ices réclhibitoir(•s. <,ara11lir, 11¡0. que j11diciaire, 919 rl s.
lntérét commercial. ?.8. Jugement de reddition de compte.
lntérét conventionnel. tili\l PI s. - !Iy11olheqt1e j11diciairr, 918.
- llente ¡1Prp,q11clll', li!)'i- Jugement convenu ou d'expé-
- Rcnlr viagi•re, tior. ti9'i. dient. - (;hose jugée, 252.
Intérét légal, :>.li PI s., üti9 et s. - - Jly¡1othec¡11e jucliciaire, !119.
Intéréts (Pacte d'\. - <:cssion, 171.
Jugement de reconnaissance 011 de
vériflcation d'écriture - lly¡>n -
Intéréts des intéréts. ,,.(i, ?.!) el s. thi·q11e j11lliciairc, 913 el s.
lntéréts du prix. - \ Pule, .1178. Jugement étranger. - Ily¡1othi_•c1111·
Intéréts moratoires. - c:alcul, ti¡'i. j111liciaire. l~XP<JHalur, 919.
- C:hosP jugi'·P, ~53. Juridiction gracieuse. - Chose j11-
- Solidarill\ ¡iassivP, 2o{i. · "l;l.,,, "r:.l
r, _,,. l •
Intéréts non stipulés. - l'aiernent. - llypothi•1¡11e j11lliciairr, 919 el s.
()bligalion nal11rPllt•, ti8. Juste cause. - A.et ion 1/t• i111·e111 v,irs".
Interlocutoire (L'1ne liepaslejuge, 'io8 el s.
:.15:1. Juste titre - l'rPscri¡1tio11 l'Xli11cti,<·
Interprétation des conventions, drs hypothi•qnPs, 1017.
:l?.:I PI s. Justes motifs. - l\ésiliation dt1 ro11-
Interrogatoire sur faite et articles. -
lral. di' tra,ail, ;'!lº PI s.
.
-- llail, :1?.o.
- (:0111111!'1!C!'llll'lll <le )ll'Cll\"e pnr écrit, K
n Ir,
.. ·• ,l.
lnterruption de la prescription. Kaolin. - \'enll'? J.011ag<' i', :108.
1:1:l rl s.
- c:n11tion11Pn11•11t, ¡~(i.
- lnclivisiliilil1;_ ?.1 'i.
L
- <lhligalin11 co11joinl<', 1qli. Laboureurs. -- llisp1•11s1· 1111 " bon

- Solidarit1\ (lassiYC', 107. (10111' ..• "• '.>.2j,
Intervention. 5!¡. Laine. - c;h(•¡>l1•l si111¡1lc, 5~!1-
lnventaire, 'i,. Laitage. - C!he¡llel si1111ile, 5/in-
10;)2 TAIILE ALPIJAD~TIQCE

Lapins des garennes. - D0111111agcs, - Co11cubins, 318 et s.


387. Libéralités a des enfants adulté-
Le crimine! tientle civil en état,352. rins ou incestueux, 319.
Légalisation. - ,\.eles nolariés, 22!J· Liberté contractuelle, 273 et s.
Legs. - ,\ssociations, 635, 657, 658. Liberté du commerce. - Ol1jet du
- Bail. Droit 111obilier, 516. conlrat, 309.
-- Co11dition, 183. Liberté du travail. - Objet du con-
- Dol, 3o4. trat, 309.
- Erreur, 298. Lien abstrait. - Dc\Jt:gation, 112.
- Erreur de fait, 292. Licitation. - l'rivilcge clu coparta-
- Société, 61¡3. geanl, 84 11 et s.
Legs a un établissemeot public. - Lien direct entre le tiers bénéfl-
Offres réelles de paie111e11l, 83. ciaire et le stipulant, 340 el s.
Legs de créance, 170. Lieu du paiement, So, 478.
Legs per vindicationem. 510. Ligue des assurés, 606, 11ote.
Légataire a titre particulier. - lly- Limitation de l'intérétcommercial,
potl1cque légale, 857, 885, 937, 946, 28.
11ole :i, 998. Limitation de la responsabilité
- l't1rge, 9¡5, 979. des associés, 652.
- Séparalio11 tles J)alrin1oi11es, 85!1. Limitation ma;x:ima de la responsa-
Lésion, 298, 30 11 el s. - Dt'•fi11itio11 el bilité des hóteliers pour le dépOt
caraclcrc 1•xceplio1111cl de la rescisio11 de certains effets, 681, in fine et s.
J)Our lésion, 30!1 el s. - Insuffisance Liqueurs (Fournitures de). - Pri-
des 111esures J)l'Íses, 3o5 el s. vilege i ,\.bsence de), 789.
- Co1n¡)araiso11 aYec J'actio11 f'll ga- Liquidateursjudiciaires. - Société,
ra11tie des vices rt;dl1ibiloires, !172. 6'1-.
- Co11firn1a tio11, 238. LiqJidation judiciaire. - ,\.ctio11
Lésion de plus des sept douziemes. résolt1loirc. Exlinclion du ¡1rivilcgc
- Prescri¡Jlion, 159. dt1 Yendeur, 8!10.
Lettre chargée. - lles¡ionsa!Jilité, - Décl1éa11ce dt1 ler111e, 189.
570, 11ote. - Exti11ctio11 clu conlral d'assuraiu:e,
Lettre d'avis. - 'l'rans¡Jorl, 569. 614.
Lettre de change. - Cat1se, 320. - lnscri¡>lio11 des l1y¡Jolhcc¡ucs, g/15.
-· (;ession, 1 ¡o. - l'ri,ili•ge d11 baillet1r, 802.
- Délégatio11.I11a¡J¡1licalJililt'· 1lt•s t'xce11- - l'ri,ili·g·e du coparlag·canl, 8/16.
t.io11s, 113. - l'ri,ili·ge tl11 Yt'lldl'tlr, s:17.
-- \on-pait'llll'll l, :17. - ll<'lt•1111es all"t'clt;l'S :\ des caisses de
- Xovation, 10,-,. relrailc, lit' sccours ot1 de prévoya11cc
- l'aie111e11t, 78. a11 l)rofi l des e111¡1loyés. l'rivilegl',
- PrPscription, 1 118. ¡88 PI s.
- Solidarilt; ¡l.1ssive, 200. - Snlaire~. llrivil(•gfl, ¡8¡.
- 'J'1•r1111• clt' grüce (,\bst>ncc de). l(JI. - Séparatio11 clt•s palri111oi11Ps, 857.
Lettre de crédit. - l)t;légation. 10¡. - :IG. :lg, 2¡li.
L~ttre de voiture. - l:onlral ele Liste civile. - llail. llt:silialio11, ií~fi.
1ra11sporl. ;ili!J. Litis contestatio. - (~orrc:alilt:, 20/1,
- ';C'lllt•. '1'1¡. Livre d'inventaires. ,. . q. •
Lettre missive. - .\ss11ra11ce sur la Livre-journal. :119.
vit' an prolil d'1111t• fH'rsonnc dt'·lt'r- Livres des commer~ants, ~l!l·
111 i lll;t', li :! ¡. Livres fonciers. 872, 1ooli.
Lettre pastorale. -1•:colc•s ¡,11hliq11es. Livres obscenas. • - Soci,:1(,. Objel
,-\ssocialions 11"i11sl1111le11rs ..\clio111•11 illicite, li(11i.
j11sticP, lii'",!J. Livret d'ouvrier, :,¡¡, :,8 11. -- Sup-
Lettre recommandée. - \Iisc• 1•11 tll'· pr<'ssio11, :1¡8, :,X;,.
. lllellrt', 1:1. Locataire principal -- l'rivili•ge, 793 .
Lettres de gage. -- 1:r1:1lil foncit'r, Location de coffres-forts. ,108 el s.
8ti:i. Location de meu bles, :, 18.
Lettres de ratiflcation. -- l'urgP. Location en garni. - l1rivili•g-e, 7!):!.
!17:t Locations perpétuelles ou quas1-
Lettres de rescision. - l'rPsc:ripl ion, rerpétuelles. - (:\ ncil'll clroil), :, 11,
1 -
a¡. ., 1 li.
Lex Aq uilia. :1:, 11. Locations-ventes, !117 Pl s.
Lex commissoria, 1 :1:,, 1 :11;, 8tili. Locaux soumis a
une jouissanoe
Libéralités. - ,\.ssocinlio11s, ti:I:,. commune.- 11,:¡,11r11Lion11. llail, 536.

T.\ B I.E A LPll.~JIETIQl'E ·3
IO;J

Lock-out. - Différer1ce avec l'associa- -Respo11sabilité, 389. 390.


lion, 654. Ma~ons, 848. .
- Res¡Jonsabilil1\ 3í3. Magasins de vente. - Salaire, 582.
Locomobile. - l\espor1sabililé, 389. Magasins généraux, í48, í52, í6r.
Locomotives. - l~lincelles. lnce11die Magíster bonorum. 5o.
des récolles, 359. Main-d'oouvre. - Louage ll'Ot1Yrage.
Loge d'artiste. - Dé¡J1,t, G81. Risques, 555.
Loge de concierge. - Incenrlie. l3ail, Mainlevée de l'inscription hypo-
5!,o. thécaire, 1009.
Loge

de théátre. - 13ail. c;aranlie, Mainmise immobiliere, !r13, 11ole.
:-J2í- Mainmorte, li 11:3, G5¡, ti58, GGg .
Logeur en garni. - Dépút, G8o. Maison de préts sur gages. -·- ,·enlt'
- l'rivilcge. í93. il ré111éré, 48li.
Loi. - Geslion tl'all'aires, íl'.l. Maison de san té. - l'riYilege, ¡85.
- Source d'obligalions, 269, 2í1 et s. Maison de tolérance. - Cause illi-
- Source des co11lrals, 2, 4. cile, 31í.
Loi Aquilia, 35/4. - Objel illicile. Société, 611G.
Loi du 17 mars 1905 ILoi
'
Rabier'.' - llé¡Jélitio11 tle J'i11dú, 101.
J 3. Maitres de pension. - l)rescri¡>lio11,
- Transporl. (:la uses 1l'irrrs¡ionsalii- 1 .1, ~I •
lilé (\ullilé llrs,1. 5í:1. - l'riYili•ge, í8!J.
Lois impératives. - Condilio11 illi- Maitres et commettants. - Res¡ion-
cile, 181. sabilil1; du fait eles don1Pslic¡ucs et
Loterie. - l3illcls. Place111ent. 'llan- JJI"éj}OSl'S, 081 el S.
dat. llcdclilion de con1¡Jle, ío5. Maladie. - lil'silialio11 du co11lral de
Louage, 50 11 et s. lraYail, 586, 592.
- 3, 7. Maladie (Frais de derniere). - l'ri-
Louage de choses, 5oí el s. - Ca- vilegc, ¡85 el s. .
racli,res généraux el 11al11re j11ri- Maladies contagieuses. - ,·enlP
cliq11c, 5oí el s. - (;onllilions de d'a11i111a11x, /1;3 el s.
for111alio11, 51G el s. - Obligalions Maladies professionnelles, 3!¡ '1.
du bailleur, 52!1 el s. - Ohligalions Malfa~ons. -- l~11lreprencur, 5,ig el s.
tlu prc11cur, 5?.8, in fine, el s. Malitiis non estindulgendum, 3í3.
- Ilésilialion, 141.
- l\isl1t1cs, 13o el s.
Malle contenant des objets d'une
- -11
valeur exceptionnelle (Perte
1' •
Louage d'industrie, ,1.·11 <'l s. --
d'une) par une Compagnie de
l>ill'érenccs /l\'l'C J,, conlrat de lraYail
transports, :12.
\551 el s.), le 111a11dal (553 el s.),_ la Malveillance. - Incf'ndif'. l3ail, 510.
Y<'nl<' (:i5f1 el s.). - l~ll'cls, 55'1 el s. Manager. - Je11 et pari, G86.
- (;pssalio11, 5Gü PI s. Manci patio, r, ,o, !i'1!l-
Mandat, (ic¡(i

f'l s. - :\'olio11 PI c:irac-
Louage d'ouvrage. - (;01n¡iaraiso11 ti•r1•s, (ig!i el s - <:011clilio11s de for-
avec le lonagP <IP chosC's, ,110. 111atio11, íºº l'l s. - Obligations d11
- 7.11 ;10:i.
• •
111a11dalairc, ¡o:I l'I s. - ()hligalio11s
Louage de services. - 1:0111¡1araiso11 cl11 1nandant, íº(i el s. -- l\a¡iports
avl'c 11' 1111111dat, li!J8 PI s. 1l11 111a11da11l el d11 111a111lalairl\ al'PI"
r:, .. ~ ..
- .)O:l, :,¡:,, i<'s lil'rs, ¡o¡ PI s. - J•:xti11l'lio11, ¡08
- V. 1:onlral dP.lrnl'ail. <'l s.
Louage de tranSJ.lOrt, :ioli. - <:hosl' jug,;,,, 2:i(i.
Lou11ge de trava1l, :1í5. ···· 1:01•xisl1•11ce d11 111a11dal C'l cl11 conlrat
Louage des meu bles, :in'i. dt• lraYail, íºº~
Loyers. -·- l'rPsrri pi ion. 1 ', ',. -·· <:011111araiso11 al'<'C ll· lo11agc• 1l'i11d11s-
Loyers non écl1 us. - 1:1•ssion, 1¡ 1. lri<1, :",:"',:.1 t'l s.
Lucrum cessans. - ,\ss11ra11c1•, tio!,. -- l>roil de r{·l1•11tio11. :\landalairc', ¡¡:l.
- · llo111111ag1·s-i11tt"·ri·ls, ~ 1. - ll~pothi·cpu•, !J:11. !1!1!1 in fine, !l!l''·
- :.t8ti, ;",¡o. -- lncaparitt'• dt•s 111a11dalair1•s churgt'•s
dc• l'!'11dr<' clt: SI' ¡,ortc•r adj11diralairt•s.
M '1'-'-·
- lli'·d 11c ti hi Ii t t'• dt• la r,;11111 IH; ra t iou ,:1:i:i .
Machines. 1:onstr11ct1•11rs. J.011ag1• --- 1\t'•siliation, 1\1.
r1"011,r11gP. lli'•lrnct11lio11, [1(i¡. - ~olid,1rilt'• pas,i,·1•. :«10.
-- l.oralio11-,·1•11I<'. 'i 1-;. - :J, 7!1• ¡f,, :iuo, :t:iG.

1054 TABLE .\LPIL\BETIQIJE

Mandat a durée indéterminée. - Menus ouvrages. - Rcs1>onsabilité.


(~essation, 586. l~11lreprcncur, 559.
Mandat tacite, íºr et s. Mercuriales. - Con1pe11salion, 117.
Mandatum pecunire credendre, í25, Mesures conservatoires. - Condi-
739. lion, 183.
Manifestation de la volonté dans le - Séquestrc, G8:I.
contrat, 289 el s. Métayage. - , .. Bail it colonat ¡Jar-
Maquignon. \·e11le cl"a11i111at1x, tiairc.
!,¡~. Meubles appartenant a
des tiers.
Marchand. Dis1Jensc du « bo11 - l'rivili•gc du baillcur, í95.
pour •.. », 22¡. Meubles n'ont pas de suite par hy-
- l•'ournitures. l'riYili•ge, í89. potheq ue. 880 PI s.
Marchandises. -- lléreJJlion, 5¡3. - í82, g5;i, in.fine, g5G.
- 'l'ransporl. lles¡ionsabililé, :Ííº· Mildew. - Di111ir1ulio11 de récollcs.
Marché a prix fait ou a forfait, 55¡. lnde111nité, 5 11G.
-- Résilial.io11, 111 ,. Milliard des Emigrés (Le). - Saisic-
- llesponsabilité, 558. arrt~L, 8í.
Marché de fournitures, :i5'¡. Mines. - Caracti•rr dt1 clroil des asso-
Marcbés a terme, 68í el~- .'
Cll'S, 'I'\
h.¡ . .
Marchés de fournitures a 1·Etat. - - ll~polhec¡ur, 8¡¡.
llr·lractation, 5lií. - l'ri,ili·ge, 8:>.:"i, 85.!)·
Marchés de travaux publics. - Sti- - l\ellC'Yance tr{>foncierc. l'rescri¡>lio11,
pulation ¡iour antrui, :-138. '-
I,¡;J.
Marché sur devis. - llcs¡Jonsabilité, - ,·c11lc ele la st1rfacc. Exo11éralio11 de
- . -..
:.,n¡. ª~D- garanlic, 328 PI s., /261i.
Maréchal ferrant.- D0111111agcs cau- Mineur. - ,- . :\li11oritl'.
sés iiar les ani111a11x:, :-1~6. Mineur émancipe. - :\landa!. ¡0:1.
Marque de fabrique - S~ ndicnt - l\adialio11 ,olonlaire des hy11otl1e-
¡irofPssio1111el, !i:i8, in ,fine, li59. 1¡ucs, 1009.
Matériel d'usine. - l,011age c1'011- Mineur émancipé autorisé a faire
, rnge. llétraclal ion, :ilií. le commerce. - ll~·potl1equc, 928.
Matiére . . - J,ouage cl'on,·ragc. llis- Minorité. - Gestio11 ll'atl'aircs, í13.
ques, 55'.. -. lly¡>olhi•c¡t1c ll'gale. 885 rl s.
Matiéres commerciales. - l)alc - ()bligalio11 a111111lalJle. Cauliun11e-
ccrtainc, 2:-15. 111Pnl, ¡:di.
- l'reuYc tcsli1no11ialr, ?. 1¡~. - l'ai1•111t•11l, í8,
-- 'l'ransarlio11, ¡18. - l'rrscription. 1;i;I,
Maximes. - \ ,\dages. - l'rPscriplion ((;, 1·i, .. 1:lo'iJ, 1fi1.
Médecin. - t:lirnti·le. ,·rnlr, ~3o. - :-,aisir, :I!).
- llonnrairl's. l'rcu,e IPslirnoniale, Minutes des actes notariés, ~35.
''J, ' 1•-) • Mise aux encheres IRéquisition
- llo11orairc•s. l'ri, ili·g·(•, ¡8,-,. de,. -· 1'11rgl', q8'1

el s.
Lo11agr d 011,ragP :i \landa! :i :-,:,·i.
--- Mise en cause. --- ,\ctiun olilir¡ue, !,¡.
-·-
Pres(·ription, 1'1í, 1:1:,. Mise en demeure. 1 'i PI s.
- lle~po11sahili1t\, :ltií, --- ,\ction PII ri'·sol11tin11. 1:18.
--Soci(\ti•, li 11¡. - ,\ction ohliq111•. '1ti.
Mémoire. - ~larcl11\ snr dP,is, :,:,¡. - -\ss11 ralH'('S, tioq. nnlP.
'
Ménageries. 1)0111111agPs, :1s¡. - ( :as da11s ll'S(Jlll'ls Plll' 11 °(•sl pas exi-
Mentions accessoires. - - l11scri¡>lio11 g,~, .. 1 [l t'I. S.
hypnlh(;rairP. !l!Hl el s. · (:as fnrt11it. 1:18.
Mentions de l'inscription hypothé- t:r(;(lil fnncil'I", 10·,'i.
caire, !)!)ti. -- ln¡li,isihiliti'•. ?.1,1.
Mentions dispositives des actes. . . \landa l. IIPddilion di' ro111plt•, ¡oli.
~ :1 1 - - tlhligalinn co11joi11IP. i!Jli.
Mentions du bordereau d'inscrip- (Jlrrl'S l'(;l'lll'S d,• pah·11u•11l. N~.
tion ,en matiére hypothécaire 1, - l'rl'S('l'iplin11, 1:,:1.
!)!)li. ] 1 1'(\ 1 ;'¡ ll~agP, lili:I.

Mentions énonciatives des actos. - Snli1larili'· passil(', ·,oti.


1
1 :1 1 • - - I~~, 1!), 'l 1, /!J•
1
Mentions mises par le créancier Missio in bona debitoris rei ser-
sur un titre --- l'rPt1YI', ·i·u, PI s. vandm cat1sa. :,o.
Mentions substantiPlles. - l11scrip- Missio in possessionem, :lti. 111.
tio11 hypnthi•rairl', !l!l!l PI s.

' .
•,
TABLE \LPIIAJlETIQUE
,
--
1 ();JJ

Mitoyennete. - l)roit de suite (,\JJ- Natura juridique des privileges.


sPnce de), 9:i5. í8o el s.
- llypoll1i.•(¡uf', 8íG. Navigation maritime commerciale,
- 1>rivilegc (lu Yendeur, 833 et s. 5G8.
-- l'nrg·e, 9,G. Navires. -· lly¡iuthe1¡ue, 88·>..
«Mobilisation du crédit hypothé- -\·ente, '112.
caire », 8G9 et s. Négligence. - llespo11sabilil1\, :IG8.
Modalités des obligations, 1 1 7 et s. Négociation d'actions non libérées
- ,·e11le, 1118 el s. du quart. - J~rre11r, ?.!Jj-
Mode de culture. - c\li'•layagP, :i'18. Neminem lredit, nemo damnum
Modes d'extinction des obliga- facit, qui suo jure utitur, 3¡,, :172.
tions, 7'1 el s. Nema alienum factum promittere
Mois de nourrice. - l'riYilege, ¡8G. potest, 308.
Monnaie de billon, ,D· Nema auditur propriam turpitudi-
Monopole. - \·e11tr, !12!)· nem allegans, !101, G'i¡.
Monopoles publics. - Concession. Nema censetur subrogasse contra
:i{i¡ el s. se, !lD·
Monts-de-Piété, '18G, G¡o, í~S, textc Nemo plus juris ad alium trans-
Pl 11ole. ferre potest quam ipse habet, 171,
Monument funebre. l•rais di' 18:i, 18¡, 32¡.
co11str11cliu11. l'rivili.·ge (,\l1se11ce lle_), Nema pote::t a semetipso exigere,
785.
Mort-gage, 8Gti. Nema prrecise cogi potest ad fac-
Morve, !i¡3. tura, 1¡, 18.
Moteur a gaz. - \'ices rédl1ibiloires. Neutralité religieuse. - ]~coles. ,\s-
Gara11li<>, 1Gu. socialio11, l\55, note.
Motif, ..31:1 <'l s. - Déflnitio11, :1,3 et s. Non-commerc;:ant. - ~alaires. Pri,i-
- (:as da11s l(•squels il es! ¡Jris e11 li.•gp l.\l1se11ce de), 788.
consi<lPralion dans les co11lrats it Non-garantía en matiere de vente,
litre onére11x, :)1Ü el s. ·11GfJ el s.
-- l)1;l(.galion, 112. N on-rétroactivité des lois, 323.
- Erreur, 298. Non videntur qui errant consen-
Motif immoral ou illicite, :11 ¡. tire, 2u2.
' Motifs de jugement, 21í. N ataire. - 1\eles 11olariés. 2 2:J.
- (~hose jng(~<'i 15:~. - (;Olll)Jf'llSHIÍOll, I?.O.
Motifs legitimes. - llésilialio11 1111 - (~onlral lle lravail ~ i\landal ~ Ü!J!I
conlral d1, lravail, 5!)1. el s.
Musiciens de l'orchestre des théa- - I•rais lle vente, !17¡.
tres. - Salair1•s. PriYilege (,\hse11ce - GPslion d'afl"aires, 711 .
11(•), ¡88. - ~landal lacil<', 701.
Mutualité. - .'\ssura11c1•, :l!J!J· - l'r<\l de conso11111111tio11. J)éconfit11r<•,
M utualités agricoles, fi'i(i. Gti 1 •
Mutualités de crédit, 7:1:). - I\P111bo11rst'111P11l des droils <l'e11rc-
Mutuum, titi:i <'l s. g·islr1•111p11l, ¡oti.
- :1:io, tifi 1, ti8o. - lll'llliSt' r]p dt•lll',
Mutuus dissensus, í:i, 1 'i 1. ,·i8ti. - ~uhrogation, !);>.
Notiflcatious. - l'urg(', !)80 el s.,
N !)!)fi.
Notoriété. - l 1 r1•11v1•, 218.
Nantissement, í'1'i PI s., 8ti'1 l'l s.
- :)H, (i7K, 7:.1~. j'A!), Nourrice (Mois de,1.- l'riYili.ige, ¡8G.
-·- <:0111paraiso1111\t'C la Y<'11l1• i1 rt'•1111;ré. Novation. 101 <'Is. - ,\11alysP et con1-
118fi . paraiso11 a,·pc la d1:11igalio11 et la C<'s-
Nantissement de créance. - J)t'•h;- siun dl' crt'•a11c1•, 101 el s. - (:0111¡,a ·
galio11, 110. raiso11 a,1•1· la 110\'aliu11 1!11 1lroit
Nantisse1nent des fonda de com- ro111ai11, 10:{ <'l s. - <:ondilions, 10'1
111erce, 7:18, 11011'. <'l s. - l•:ll'Pls, 1oG PI s.

- .\clio11 t'II rt'•sol11lio11 d1• la v1•11lt', - l>atio11 <'11 pai<'IIIPIII, 501, :,o:I.
18:I l'l s. •·- I•:xti11clio11 dl's hypolhi•1¡11Ps, 101 :i.
-·· <:0111paraiso11 aYl'I" IPs \\lll"l':tllls-l11i- - ()hlignlio11 1u1t11rl'llc, 7~.
ll'lic>rs, 7fi:i PI s. - l'r1•s1·1·iplion, 15/i.
Natura du droit du preneur, ,,1,, -- l'rivilcge 1111 \'Cll<l<'lll', 835.
PI s. - l•,a.
- 17.>.
'

1056 'fA BLE .\J.PllA BETJQLE

Nue propriété. - lly¡lothcqt1C', 877, Obligation abstraite. - Dt;le;galion,


in jine, et s. 1 1 ?. •
· - PurgC', 9¡G. Obligation alimentaire. - Obliga-
Nul en France ne plaide par pro- tio11 11al11relle, íº·
cureur, .1:J9,
1- (31.12, ('13
i.1 . Obligation alternative, 193 C'L s.
- ..\ssocialions 11011 déclaréC's, (35(3, Obligation ayant pour objet une
tcxtc el 11ote 1. somme d·argent, 2G et s.
Nul ne peut s'enrichir sans droit Obligation civile, 5, G,i.
aux dépens d·autrui, 398. Obligation civile paralysée par une
Nulla prena sine lege, :l51. exception. - Obligalio11 11alurclle.
Nullité d'obligations contractées G7.
par les incapables. - 'l'at1x ust1- Obligation conjonctive, 1u3.
raire, G¡. Obligation de donner, G el s., 15.
Nullité de la vente de la chose Obligation de faire, Gel s., 15.
d .au t ru1,
. .,.,o
1 .,
C'I s. - , enlC' de la chose d'a11lrui, 'i31.
Nullité des inscriptions hypothé- Obligation de garantie. •- Bail, 526,
caires, 999 et s. in Ji•ie, et s.
Nullités absolues. - ll)·¡iotheque. - (:ession ele créa11cC', 1 ¡2 C't s.
,\ele sous sPing ¡iriY,-._ \1:',1. - Dation C'II ¡iaie111e11l, 5o3.
- Hy¡Jolht·e¡1u• <!e la clio,l' d'a11l111i, - 'l'ra11saction, íl8.
-
!)2;).
- - , f'II IP, 'i 118 el s.
- l11lerdictio11 cl'hypu!J1(,e¡uer ]ps hiens - ,·f'nle cl'he;rt;dité, /i!) 11.
ii YC'llil', 9:l¡. Obligation de garnir. - 13ail it fer-
- I'rescri¡ition, 139. nu•, 5 11 11 el s.
- lle11I(' YiagerC', lÍ()'.! et s. - Ilail ii loyer, 5 113.
- Sociél<:. OlijC'l illicilC', G'1¡. Obligation de ne pas faire, G et s.,
- Spécialité elu t,n-a"e b hYJJot1I(,cair1·
•· •
93¡. Obligation de veiller a la conser-
Nullités relatives. - D{,pót, G¡(i. vation de la chose, 8.
- Gag(', ¡5o. Obligation faculta ti ve, 193 et s.
- l11ca¡iacité clC's ge11s ele j11slice el'ac- Obligation in solidum, 210.
¡¡11{,rir des <lroits liligieux, 11 :1'.L Obligation naturelle, 5, G3 et s.
- lnca¡iacité des 111andalnirC's charg(,s I)roit ronlain, G1, et s. - 1\ncien
ele YC'ndrc ele se }JPI'IC'r adj11clicalai- droit, G:i el s. - (:as dans lesr¡uels
rPs; inca¡iacil<; cl'acc¡ut'·rir dPs 111l¡•urs elles Pxistenl, GG et s. - Efl'els, ¡o
el ele~ ad111i11ist ral<'lll'S elC's hiC'IIS eles el s.
e'Ollllllllll('S, 12:l. - c:a11tin1111f'llll'III, í'-G, ¡27.
- 'fra11scri¡ilio11 de la saisie. ,·<•nle, - .let1 el ¡iari, G85 el s.
1 1.
.1?. - l'rt\l. lnli'·r1\(s nor1 sti¡iulés, GG8.
--- .e11 1e e) ' a111111a11x,
. . .17
1 1
1. - llenle Yiagi•r(', (i!)O.
- '''l'nl<' de' la cliosP d'aulrui. 'i:1:\ el s. Obligations a lots. - J,1;sio11, :loli.
- ,·e11te e•11lr1· t'·poux, '1·1'i. Obligations corumunales. - t:rc'•dit
foncie•r. K(i:I, note• ?..
o Obliga tions com plexes. 1 7G <'L s.
Obligations conditionnelles. -
Objet, :loli PI s. llist¡ll<'S, 1:1~ PI s.
- ~In11dal. ¡01. Obligations conjointes, 1!1:1 PI s.
-- \'c11IP, 11:1 1 PI s. Obligations de l acheteur, l17li <'l s.
Objets d art. -- I•:rre•ur sur la suhs- Obligations du bailleur, :11!i PI s.
lanr<'. :1qli

. Obligations du preneur, :,:1~. in ji11t',
Objets précieux. - 11,:¡u·,1 el'ht',1 .. 11 ... <'l s.
l'ifl, (it-:'.L Obligations du vendeur. /1 'ili PI s.
Obligatio bonorum. Hlili. Hli¡. Kilo. Obligations foncieres, Hli:I.
Obligation. -- l>,;fi11ilio11, ,. - <:a- Obligations hypothécaires au por-
rncli•r<'s. , . - ~011 re·<•s. :1. ~(in <,i s. - teur ou a ordre, 0:1:1, !1!1:i, unli,
'l'h<;oril' gt'·nt'·ralc•. :1 PI s. -- Efl'pls, :1 11011' 1.
PI s, · · \lodalilt'•s, 1 ¡¡ PI s. - -'l'ra11s- Obliga tions im parfai tes, li'i.
111issihililc0', 11i 11 <'Is. -- l•:xli11clio11, 7 11 Obligations légales, :1. ·1li!l• ~71 l'l s.
PI s. Obligntions non causées, :11!1, i11jit1t'.,
-
' .
( ,('SSIOll. 1/1. l'I ~-
- · 1;ag1•, 711!1· 0 bliga tion s non contractuelles.
- Pl11ralillº• d'ohjPls en, dt• s11je•ts, •!¡:I :l'1!l l'l s.
PL s.

• •

T,\BLE ALPH ..\llETIQUE

Obligations préexistantes. - Iles- Oppositions a paiement, 83 et s. -


po11sabililé, 367. Indisponibilite absoluc ou relative de
Obligations simples, 5. la créance saisie-arretéc, 86 et s. -
Obligations solidaires, 197 et s. Affcclation spéciale, 87. - L. 17 juil-
Obligations successives, 6 el s. let 1907, 88.
Obseques civiles. - Sonneries de Option légale. - .i\ction paulienne, 56.
cloches. Exccs de po11voirs, 3í6· Ordonnance de non!lieu. - Chose
• • •
Occupation par le bailleur d'une Jugec, 2::,7.
partie des liellx loués, 542. Ordre, 935, g'i4, 966, 971.
Octroi, 569. - Privilcge des frais de justice, í84.
Offl.ces ministériels. - Action obli- Ordre pu blic. - Arcl1itectes. Entre-
que, 45. pre11eurs, 556.
- ,\clion quanti ,ninoris, !1í1. - Associations, 655.
- Contre-leltres, 67, 329 et s. - Assurances, 597, 603, 608.
- ;\ovation, 105. - Assurance-déccs. Enfants de moins
- Objel du conlrat, 309. de douze ans, 620.
- Privilegc du ve11deur, 8oí el s: - Cl1ose jugée, 251.
- Prix, 435. - Conditio11 illicitc. 183.
- l\épélilion de l'indi1, !101, in fine, - Contrat de travail, 594,
/10,.. - .Jeu el pari, 686.
- l\ésolulion, 1/¡o, 480. - Objct du co11trat, 307. :lo9.
- Sociélé. Objel illieile, 6/26. - Oliligalion nalurcllc, ti¡.
Offl.ciers ministériels. - .\ssura11ce- - PrPuvc tcsli111oniale, 2!13.
rPs¡lonsabilité, 82/1. - Ilente viagcrr. Défaul de paiemenl
- .\ssurar1ces cortlrc les fautcs profcs- des arrérages, 694.
sionnellcs, 12. - Ri-pétition de l'indi1, 4o3.
- Caulionnc111e11t, í24. - Ilescisio11 pour cause de lésion des
- I>roil de réte11lio11, í73. ventes d'i1n1neubles, 439 et s.
- (;eslio11 d'alfaires, í' 1. - Ilis1¡11es, 13o.
Offl.ciers publics. - Subrogatio11, 96. - SPr111enl d1\cisoire, 266.
Offre, 285. Original des actes. - l•'oi, 235.
Offre (Théorie de l'). Stipulation Ouverture de crédit. 662.
po11r autrui, 3110 et s. - Ca11tionnc111e11t, 726, 727.
Offre de donation. - ,\clion p~u- - IlyJ)Olh/_•que. 87~.
lienne, 55. - lly1ioll1ec¡ue J(,gale, 9 1,g.
Offres de concours volontaire. - Ouvriers. - Jlrpscri¡ilion, 146.
'I'rava11x ¡iublics, 287. - }lrivilege, 786 et s , 788, note 3.
Offres de payer. l'urge. Notifica~ - Ilisque 11rofessionncl, 394.
tions, 981 rl s., !J83 Pl s. Ouvriers agricoles. - Privilegc,
Offres de récompense, 287. 788, note 3.
Off'res reelles de ¡,aiement, 81 el s. Ouvriers du ba.timent. - ,\clio11 1li-
- l\1•111(,rt'•. 111'!). rc•clc, :,6!1 el s.
- l\elrail liligil'IIX, f,oo. Ouvriers et fournisseurs de maté-
Offres satisfactoires, 20. riaux des entrepreneurs de
Omission d'inscription hypothé- l'Etat. -· l'rivill_•gr, :,G 11.
caire. - (;onsrr\'alcur. l~lal d'l1ypo- Ouvriers mineurs. - l\ele1111cs sur
lhi•11111•s. 1'11r\'il' du droil tic ¡irrfé- ll' salaire, :,8:l, note.
rt•11cP au clroil d,• s11it1•, 1021.
Omission de notifl.cation. - l'11rgc,
981.
p
Omissions conimises dans l'ins- •
cription hypothécaire. !l!l!I PI s. Pacta nuda. 2Hi.
Onus probandi incumbitactori,21li. Pacte commissoire. - A11licl1ri~sr,
Opérations de bourse. - Novalion, 7/i í ·

ºª·
1
-- (iagP, í[1R .
Opinion d u risque -- ,\ ss11r11r1crs, - \'l'nle. 111:solulion, /179.
(i10 r·l s. Pacte de flducie 8(i 11.
- l)ol, ~!l!l · Pacte de préférence -· }lro111esse
Opposabilité du droit du preneur 1111ilal1•ral1• dr vl'nlt•, /21:1.
aux tiers acquéreurs. !',11 el s. Pacte de rachat. /¡8:1 PI s.
Opposition. - 1:liosP j11g1'•1•, 2!'12. Pactes sur succession future. 3un
- f\t•lrail litigil'IIX, li!li· l'I s., :l2li, !)3¡, !1:i8.
- Soliclaritt'· passi1·p, 208. -- l'rt•sc1·i¡1lio11, 169.
Ton1e 11 6i
,
1058 TABLE ALPHADETIQUE

Paiement, 75 el s. - J>ur el simple, Patente. - Bail, 535.


~5
1
et s. - •.\. Yec subrogalio11, 89 et s. Pauvres. - Stipulalion pour autr11i,
_ _.\.et ion paulien11e inapplicable, 51, 3-l1(} •
i11 fine, 52. Pays de nantissement, 868.
- Cessio11 de créancr, 168. • h e. - B a1·¡ , ;i2.1.
P ec e i

- OIJ!i,,atio11 11alurelle, 66. - , .. l)éli Is de ¡)1\cl1e.


.,. • 3 Peines civiles, 353 .
-,- Re11 le viagcr@, 69 .
- 1'iprs clétc11ll'ur. J1111neul)!e l1ypo- Peines pri vées, 35:l.
théqué Poursuiles, 96'.1 el s. Pension alimentaire. - (:0111pc11sa-
Paiement avec subrogation, 89 <'l s. tion, 119.
- o,, -llaiso11 d'ctre et ctl"ets, 8!) el s. - DiYorce. llypolhl·c111c Iégale <le la
_ ~) Subrogalio11 co11Ye11 lio1111clle, ÍC!llllle 111111'Íl'P, 8[)• 11 C't S.
- lly¡iothi:-qt1P judicinirP, 919.
91 et s. - y) Subrogatio11 légale, 9.'i.
- ll~·¡iotl1equc légale de la fe1111n<' 111a-
et s. - ó) Con1paraisen ayee la ces- riée, 899.
sion de créance, 98 et s., roo et s. Pensions de la Légion d'honneur.
Paiement de 1 indo., 398 el s. - \ ente. 42n• .
- 9, íl, 75, '.!íO, l1~8- Pensions de réforme. - ,·c11l<'. '129.
Paier11eDt des fra1s de vente. 'iíí· Pensions de retraite. - l'rel it inté-
Paiemen t des loyers ou fermages, rt·t, ll¡2. ,
535 Pl s. , . ~ ~ - llc;siliatio11 dtr conli·at dp lrnvail.590.
- Suspc·11sio11. lll'paral1ons, ;:i2a. - ,.PIIIP. 129.
Paiement des salaires des ouvriers Pensionnat. - l'riYili•gP, í89 PI s.
et em ployés, 57¡. :i81 el s. Percepteurs des cc,ntributions di-
Paiement du pr1x de vente, 4-¡-¡ rectas. - lly¡iolhi·<¡ue Jc\gah' a11 ¡iro-
•·l s. . • lil clu 1'rt;sor, 912.
Paiement par erreur. - llt'·¡iétilio11 Pere et mere. - l\es¡io11sabilit(, (!U
dt· l'i11d11, :{g!). . . fail de• IP11rs t'11f'a11ls 111ineurs 11011
Pailles et engrais. - lla1I a fprn1c, l'IIIHlll'ÍJH;S. :l¡¡ el S.
• I
:, ,:,.-
,
Péremption. - Sn111111alio11 d<' ¡inyer
Parents et amis. - ll}¡iol hi·qt1<' le- ou dt'·laisser. J>11rge. !l'iº·
gal!• t!Ps ·111i11e11rs PI intcrtlits. l11s- Période d'essai ... l>t"·lai-co11p:é. :188.
cri¡ilio11, 889. Période suspecte , en matiére de
Pari. ti8!1, G85 et s. faillite,, G1, n'i:i, 9',li.
-- l)ill"t"•rc•nces a,·l'C Jps assurances ele Per-secutio extra ordinem. - ~la11-
lll'J'SOrl l!l'S, 598.
dat. li¡¡¡.
-- ()l,ligalio11 11alurellc, 68, í~- Personnalité civile. - .\ssociations,
•I "•>
- (1 I • 1l'",l. (i35, ti:,:·, l'l s.
Pari mutual. 28:l, 68í. Personnalité civile des sociétés.
Parts d'intéréts. - (:rssion, 171. (i3:-,, li 11 1 et s. -- <:011séc¡1H•11ces, li!1:l
- Soc·ic;ll' Ul' p<'l'SOIIIIC'S, n:ii1- <'I s.
Partage. - ,\ssocialions, tilio. Personnes fut\tres. - Sti¡iulation
- t•:li"l'l dt"·claralif. ll~¡iolhi.•<¡11P, 92ti, f)OIII' a11lr11i, :i 1,¡.
in Ji11e, ¡,:17. Personnes incapables devendre ou
- (;ara11lil', 17'.1. d'acheter. 11:11 l'I s.
- l11l1•rYl'lllio11 (!ps 1!r1\a11cic•rs, [,I,, 55. Personnes indéterminées. - SI iJHI-.
- J,t"•siori dt• ¡ilus d11 quarl, ;{o;,. latio11 po11r a11lr11i, :l'ili.
-- l'riYilegl' dtl co-¡iarlagt•a11I, 8 11:I rl s. Personnes morales. - I\Pspo11sabi-
- lli'·sol11lio11. 1'10. litc'•, :1ti'1 l'I s
~ocit'•l(' 1
, li:',:~. Personnes notoiremen t insolva-
Partage d'ascendant. - (;l,111se pt'·- bles - 1\dj11diralio11. l11cap:u·il1;.,,~ r.
11al<·, 2 1,.
- l'rPscriplio11. 1:,8 ..
Parte de la cho se. -- l•:x l i 11cl io11 1ll's
hy¡,othi·t¡uPs, 101:I. - ,\ltrih11tio11
Partage de ~uc?ess1on. - l11IPrvc11- nux cri•nneiPrs ¡irivi11\git'•s 011 h)"¡10-
tio11 dPS ('f'('¡¡)l('.l('l'S, r, 1. llu;cair1•s des i11dc•11111itc\sd'ass11rar1ce,
Partage simulé, 1;:1. .
Participation a~x .. bonéfices.
1:011lral dP lra,·,111, tia8.
-
-
.
101:1 l'( s.
( 1agtt, -
iªH·
- rilt'•ta,·ag<', :,l,,~-
Participation aux bénéfices et aux
- l'riYili•gl' d11 \'l'lldP\Jrclr 1111•11hlPs,li10.
Pertas. 1i:l8. - 'J'r1111s¡1orl. I\Ps¡1onsnhililé, :,¡o, :,¡~.
Pns.d'1ntérét, pas d ,act1on.,
. ·11.
.1:i,
Pas de privilege sane texte. ii.7; . ')e 7.'I .
Pnss11ge a niveau. - ll<'spo11~11l11hl<·, - \ icl's rc:tlhil>iloirl's, 471.
:11i8. Parte de la chose assurée, 111 f,.

TABLE ALl'HABETIQVE

Perte de la cho se due, 12¡ et s. - d'interprétation desconventions


c:araclerc exccplio1111cl de la regle de :i~:1 et s. '
l'.arliclc 11:18 - a) Sa non-applica- Pouvoir de substituer.· - ~Iandat,
11011 aux conlrals q11i 11'p11lrai11cnl ¡0 11 el s.
¡ias tra11sferl d!' ¡1ro¡1riélé ou de droi Is Pra:iscriptio longi temporis, 1016.
r_<:Pls. 130 el s. - ,6) :-a 11011-a¡J¡>lica- Préavis Délai de,, 58¡ el s .. 59~.
!1011 aux conlrals lra11slalifs dt• ¡iro- Précaire, 8(i5.
¡iriét{, 011 <l!' droils r{,c]s, lorsc¡11'ils - l'rt\l ú usngP. lili/2.
son! all'pc({,s c\"u11P condilion, ,:12 el s. - ,·enlP di' 111c11)JlPs, 805.
. Perte parcas fortuit.- llt;l,iisse111cnt Précepteur. - l\PsJ1011sahilité. 380 .
(PII 111aliere hypollu\cairt•, 9ti.-,. - ~alairPs. l'rivilegl' ! ,\hsl'Ill'l' <le¡. -8-.
Perte par une Compagnie de trans- Préférence (Droit de¡ (en mati'e~e
ports d'une malle contenant des hypothécaire1. ()'1!1 et s.
objets d'une valeur exception- Préfets. \ent,·. 11:11.
nelle. 2:i. Fréjt1dice. :io.
Perte partielle. ·- l3ail, ;i21i. - ,\ctio11 ¡ia11liPn11P, :>o PI s
- ·vente, /2:i¡. Premier _bureau des hypotbéques
Perte totale. llail, 5:!li. de Par1s. -- .\clions i111n1ohilist'·es
. .
- \ P11le • .11·•- . ' dt• l,1 ll«11q1H' d,• Fra11ce, qq'1.
Préposés. - ,\ss11ra11rPs. ¡;;,:l.
Perte to tale ou partielle del 'édifice.
- l~nlrt•¡>re11e11r, :,:-,q t'l s. - l>n111111a¡!t'S r:;111,t\s par les a11i111a11x,
• • ''8 Í. .
« Pet1ts contrats », li31 f'l s ,lL

Pharmaciens. - l'rescri¡1lion, 1.'1-. Prérogatives accordées au Crédit


- Socit·l<-. ti'¡ 1 . ' foncier _en matiere de préts hy-
Phylloxéra. - Bail it co111JJla11l, 51¡. pothéca1res. 9-;:l PI s, 100:1. 1022 el s.
Piéces•nécessaires pour 1 inscrip- Prescription. - .\el ion ¡1anlienne, ;i:1.
tion de~ privileges et hypothe- - :\SSIIl',llll'PS, fi1:I p( S.
9ues, 99:1 et s. -- llail, 548.
P~geons. - J>o111111agPs. 38¡. - i\lt;la~·ag<', 5í8.
P1gnon. ·-- .\ flichage. Bail, :-1:i;i. - Ubligalion nal11rl'll1•, G¡.
Pignoris capio. :1G: - J\,·s1HHJS[l]Jilil,: dt•s art·hileclPs et e11-
Pignus ex causa judicati captum. tre11rrnPurs, :,li:l.
:lfi, !)1 1 . ...:... ~nisie-nrr,'>l, RH.
Pignus nominis. 1<¡8. Prescription de dix a vingt ans. -
Pignus pignoris, 8¡8, 8¡9. 'l'ra11saclio11, ¡11<.
Pignus prmtorium. i11¡ -- \'pn!P. l\,:sol11lio11. /28:i.
Placements immobiliers. - ,\sso- Prescription décennale des inscrip-
cialions, (i:,¡. tions hypothécaires. - \ . I\P11011-
Plantations faites par le preneur, "elle11)(•11t 1lécP11nal <l!'s inscriplions
53¡. hy¡iol 111:cnirrs.
Platrage des vins, 11¡0. Prescription des actions en nullité
et en rescision. 1,1ti el s. - <lri"illl'
Plus-value indirecte. -
/'CIII. VCl'SO, f108.
,\rlio11 ,le in ~ .
1:ili PI s. --· l>on1ai11t•, ,:,¡ PI s.•-
~ '
Police sanitaire des animaux, r.,:1. l<'o11dt'11)('1Jt. 1:18 PI s. - (;aracli•rP,
Polices d'assurances, :1i18, fioli l'l s. 15!) PI s. - l'oint dt• d1\part, ,üo PI s ..
Pollicitation - J•orn1alio11 lll•s con- - 1-:1r,,1. , n:1 <·I s.
lrals, l8f,. Prescription extinctive des hypo-
- l'ro1111'SS!' 1111ilal1\ralt• de v1•11le, !1 1!1 • théques, 101/1 PI s. - <)rigi1H' hislo-
Porte-fort, :108 PI s. riq111•. 101li. -· JJ11rt'·1• . . \J>plicalion
--- {:0111¡inraiso11 avec la cuulion. ¡ 11~- ... <11•
possihll' di' la 11r,•scriplio11 ahrt;"t;<'
- \ ente de la chosp d'1111lrui, 1¡:11. J'arl. ~21i:1, 1:. ci\' .. 101li PI s. --- t>oinl
Posse11seur de bonne foi d'immeu- dt• dt'•11arl. 1018 ,,4 s - l11l1·rr11plio11,
ble. - J)roil de r1\l1•11lion, ;¡!1 . IOl!J. ,_, ()ui JH'III l'inYOIJlll'I'? 1019.
Possesseur de mauvaise fo1 d'i1n- -- A¡iprt'·cialion crili<¡n1•, 1011¡ el s.
meuble. - J)roil 1lc r,;lc11lio11, 7¡(1, - nti!1, nolt•. .
--',
1 , •• Prescription extinctive ou libéra-
Pots-de-vin. - Pri,·ili•ge 1l11 vl•ndPur, toire. 1'1~ PI s. - Fo11dP1111.•11I, 1!,3.
835. -· - <lrigin<' hisloriq111•, 1/¡:l. - ))11rée,
Poudre. - V1111ll', /ilq. 111!1 PI s.--l'ninl dl'dt'·¡iarl, 1:11·1~1 s.
Pourvoi
, . en cassatio'n. --- 1:11osr ju- •- S11s111•11sion, 1:1:i l'I s. - lnlerr11p-
gt•c, =.1a!l. lio11, 1:,:! et s. - J•:lj'l'ls, 1:i:1. - lu1-
- l\elr11il liligi1n1x, 497. posi1it1ilit1\ <le rl'noncl'r d'av11ncl' .i Ju
Pouvoir des tribunaux en matiere 11r1•srripl ior1, 1!1!) rl s. - lle11011cin-

'

1060 TABLE ALPIIADETIQUE

tion i1 la prescri¡>lion acc¡uisc, 155 et s. -- ~la11clal, 697.


- 64. Preuves, 216 el s. - Défi11ition et
- Prescriptions d'un an, 149. g<-11éralilés, 216 et s.
Prescriptions d'un mois, 1!i9. - :\11ticl1rcsc, ¡46.
Prescriptions décennales, 1!19, 156 - I~ail. l\i'.•gi111e s¡1écial, 519 et s.
Pl s. - Batl i1 colo11age parliaire, 54 7.
Prescriptions de deux ans, 149. - Go11tral de société, 648.
Prescriptions de trois ans, 1!19. - (:ontrat de tra11s¡>orl, 568.
Prescriptions de trois mois, 149. - D(,pól, 6¡G.
Prescri ptions fondées sur une pré- - Dt'.•ptil cl'hótclleric, G8o.
som ption de paiement, 1 116 el s. - D{-11ól 11éccssaire, 680.
Prescriptions quinquennales, 1!14 - (iage co111111ercial, ¡55, note.
el s. - :\landa I C'Xt)res, 700.
- lntércls, 1001, 1003. - :\la11dal tacite, 701 et s.
- :\oYalion, ro;. - \ovatio11, 105.
Présomption d'autorité de la chose - 'fransaction, ¡1¡.
jugée, 250 et s. Preuve de la faute. - l<'aute conlrac-
Présomption de faute. - l)o111111ages tuclle, fautc délicluelle, 369.
causí•s J>ar les a11i111aux, 385 el s. Preuve légale, 21 ¡.
- lncendiP. l3ail, 5:18, in fine, 539. Preuve littérale, 21¡,.218 el s.
- :\tarclu; it forfail, 558. Preuve morale. 21¡. •
- l\es1>011sabilit{, du fait des cl1oscs Preuve par commune renommee,
ina11i111écs, 391. 218.
- 19, 35(i, :158, 3(i1. Preuve préconstituée, ?.1¡.
Présomptions. 2',6 Pl s. Preuve testimoniale, 240 et s. - llis-
- (~onlral ele lraYail, 580. • lorique et gi'.•néralilés, 240 el s. -
- (i2, 21¡, 218, 2 11 11. l11tl'rllictio11 au-dl'sst1s de 150 fra11cs,
Présomptions absolues ou juris et 241 et s. - Intl'rcliction de prouver
de jure. '.!!1\J et s. ¡>ar tt'•111oi11s ot1lrc el co11lrc le cor1te-
- I\cspo11s11bilit{, des 111aitres el co111- 1111 i1 l'écrit, 24:{ Pl s.
111clta11ts, :181 el s. ' - ti2, 21¡, 218, 580.
Présomptioris légales, 21;, '.1 11; et s. Primes d'assurances, Go3 el s., 621
- l\p111isP di' del te, 125. et s.
" (º
Présomptions relativas ou juris - 1h
J.1a. :I!) l.
tantum, 2 11\J el s. Principedela liberté contractuelle,
- I>o111111ages ca11st;s 1>ar les a11i111aux, 2¡:\ PI s.
:186. Príncipe de la spécialité des asso-
- IJ0111111ages ca11st;s [>ilr [ps cl1oscs ciations, ti:i8.
i11a11in1{-es e11 g{-11{-ral, :l!J' · Prior tempore, potior jure. ¡:1!).
- l\esponsahiliti'• des ¡1i•re rl 111/_•rc, Privileges, ¡¡li el s. - 'J'raits carac-
instituteurs rl artisans, 3;; el s. 11:risti1111<'s, 7¡¡ el s. - l\otions l1is-
Présomptions simplesou présomp- torif¡11cs, 'ii!l l'l s. - l\aturf' juri-
tions de,l homme, 2 11¡. ditJllf', 780 t•t s.
Prestation colonique, [1 118. - (iagt', j:->n,
Prestation négative. 1. - lnscription, !}!};\ l'I s. •
Prestation posi tive, 1. Privileges d11 Crédit foncier en
Prét. tifi I et s. m~tiere de préts hypothécaires.
Prét a intérét. titi¡ rl s. - llistoriqnc,
tiü7 f'I s. - J,i111itatio11 dt• l"inll'r1\l - !}j,1 l'l s .. 100a,
,..,,,,
1A ., •
IOll l'I. s.

co111t•nlio1111f'l rn 111atii·r1• ci,ill', (i¡1 Pr1vileges généraux. ,s~ "' s. -


el s. - 'l'anx lt'•gal de l'inlt'.·rt'•t, ti¡:I l'ri vili·g1• dt!s frais d11 j11stic<', 78:l el s.
rl s. -·- IJes frais f11111\r11irf's, ¡8/1 f'I s -
Prét il. la gros se aventure, ti8!1. J)ps frais de <lf'rniiire 111ala11i<', ¡8:, t~l
Prét a usage, tHi1. tHil el s. s. - l>l's 111ois tlf' 11011rricf', ¡8ti. -
- 8, ti¡8. ))ps gf'ns dt• Sf'rl'ÍI"<', df's 011vricrs,
Prét do consommation, liti1, !Hi:, el ro111111is l'l l'lll[>loyt:s df's co111111cr-
f'l s .. tillo. \":t1Jls, ¡81i f'I s. - Sur les l'l'll'lllle~
Prét d ·u sage. li8o. 011 1111lr1•s so11111u•s at1·1•cl1:<'s it <le!!
Prét sur gage. ¡ 11\}, texlf' l'l 11ol1!. r11iss1•s ti!' r1•lrait1•, de sf'co11rs 011 1le
- l)roit d1• rt'•t1•11tio11, ¡¡',. 11r1'•voyancc fond,:,,s 1111 ¡1rolll 1lcs
Préts sur gages (Maisons de). - 1·111¡,loyi'•s, 788 l'l s. - l)f'S fo11r•
\ f'lllf' i1 l'\'111\'l"I;, !18(i. 11issf'11rs di' s11hsisla11ccs, ¡8!) el s. -
Préte-nom. - llypothiiqut•. t}l8. Des 011,·ri1.•rs vicli111cs 1lºnccidcnt tl11

'f.\HLE ALPHADETIQUE 1061

lravail rclaliven1ent au paien1enl de le cautionnement des fonction-


J'i11de11111ilé journalicre el (les frais naires publics, 820.
médicaux el JJl1arn1aceuliques, 790. Privilege du bailleur d'immeubles,
- Des assurés conlrc les sociétés 792 et s. - Historique, 792 et s. -
d'assura11ces sur la vie it raiso11 de ,\. qui il ap¡Jarlient. 79:l et s. - Ob-
lPurs créa11cPs. 7gn. jels sur lesquels il porte, 79'i et s. -
- Survie du droil de préférence a11 Droil de revendication, 790 et s.
droil tic s11ile, 1021. Créa11ces garar1liPs, 799 el s.
Privileges immobiliers, g5o. - l3ail i1 colonat parliaire, 548.
Privileges immobiliers résultant - Sous-location. :,:l1, 532.
de lois spéciales. 859 el s. - ,,, arra nis agricoles. 704 et s.
Priviléges spéciaux sur les im- -
0
, , arra11t-l1ólclicr, 71ili el s.

meubles, 8:l1 el s. Privilege du commissionnaire, 825.


Priviléges spéciaux sur les meu- Privilége du conservateur de la
bles, 790 et s. - l)rivil&ge (lu bail- chose. - Droit de réte11lion, 773.
lcur d'in1111c11blc, 790 et s. - l'rivi- Privilege du copartageant, 8~3 et s.
legc du vc11dcur ele 111cubles, 8o'i et - Fo11cle1r1e11t et l1islorique, 8!13 et s.
s. - 1\ulres ¡Jrivilcges 111obiliers spé- l'erso11nes gara11ties, 8'&4. --
ciat1x. 81!1 el s. - Classc111cnt des Créances garan líes, 8!1'i. - l3iens
11ri vili_•ges n1obiliers, 8:>.5 et s. grevés, 8'i'i el s. - lnscri1Jtion, 8'&5
Privilége de l'aubergiste, 817 PI s. el s. - Q11pslion de la s11r1·ie du
Privilege de la Caisse nationale rlroil de 11référe11ce a11 droit de suite,
des retraites sur l'indemnité due 8'&7. 102?..
par l'assureur au chef d'entre- - !)'18, 958.
.
prlSe, 82.1.
~ Privilege du domanier, 8:í9.
Privilége de la séparation des pa- Privilege du Trésor pour le paie-
trimoines. ment des droits de mutation, 825.
Privilége de la victime d'un dom- Privilége du Trésor pour le recou-
mage sur l'indemnité d'assurance vrement de l'impót foncier, 825.
due a 1 auteur responsable, 831 Privilége du vendeur d'immeuble,
Pl s. 83:i Pl s. - Origine l1islorie¡uc, 832
Privilege des architectes, entre- et s. - Quand y a-t-il liPu au lJrivi-
preneurs, mai;ons et autres ou- Jcge, 833 et s. - Sur quoi il l)OJ'le,
vriers. 8'18 PI s. - l•o11dpn1c11l el .,, -
8 •'-•· f'..1reancc
• garan 1·1c, 3•J·
.Ja. -
]1isloriq11P, 8 118. - l'1•rso1111PS garan- lla11g-, s:i:-, Pl s. - 11 se conserve par
ties. R!18 <ll. s - (~r(~nnces garanliPs, la lranscriplion de l'aclP ele vpnte,
8'19. -- AssiellP, 8'1!1, l·or111alil1;s 830 Pl s. - r\ (ltiel n101nenl la trans-
auxquclles sonl so11111isrs la naissance cri11tio11 doil-ellc t'.-lre faite pour le
PI la conservalion de 1·c 11rivilJ~ge, con server ~ 837 et s. - De la ques-
8'1\J PI s. l io11 de la s11rvie d11 droil de préfé-
Privilege des créanciers d'une in- renoe au droil de suite, 83g. - I~t1·et
demnité due pour occupation de l'Pxli11clio11 dn priYili•ge s11r lac-
temporaire de terrains ou extrac- tio11 résoluloirP, 8:l9 el s. - ,\ppré-
tion de matériaux en matiere de ciation criliquc d11 systi~1ne ele 11ubli-
travaux publics, 8·11, 11011•. cil1; t'•tahli pour <'P Jll'ivili•ge. 8 111 ets.
Privilege des frais de derniere - ( :011 fli I l'II I rP \'<'IHIPurs s11ccessifs,
maladie, 78:, 1-I s. 8 11 :.! •
Privilege des gens de service, - 1\clio11 <•n r1;sol11lio11, /¡8:.i et s.
ouvriers, commis et employés - J)ation en ¡rai1'1ne11l, :,0·1.
des commeri;an te. -;81i "' s. - l11scriJ>lio11 1J'of!ice. !l!l:{, note.
Privilege des ouvriers et fournis- - l11scriplio11 tl'l>flicl'. lle11011,·pllcn1enl
seurs des entrepreneurs de tra- 1lt'•cp1111al, 1ooli.
, u
~ • •
vaux publica sur les sommes -- !l I"• !lª' .
dues par l'Etat, le département Privilege du vendeur de meubles,
ou la commune, 5U 11 el s., 8~ 1. 80 11 <'l s. - \'pnles a11xq11clll's il s'ap-
Privilege des sommes dues pour J>li1¡111•. 8o(i Pt s. - (;auses d'exlinc-
les semences ou pour les fra1s de lion, 808 l'l s.
récolte de l'année, 81 :, PI s. Privilége du voiturier. 81u.
Privilege des sous-traitants, pré- Privilége en matiére de desséche-
posés ou agente d'une entreprise ment de marais, 8~:i.
de marché de fournitures pour Privilége en matiére de drainage,
les armées, 8~ 1, 11011'. S:.15.
Privilege du bailleur de fonds sur Privilége garantissant en matiére
,
,
TABLE ALPIIABETIQUE

d'accidents du travail le paie- Promesse de vente vaut vente, 413.


1 ,.
ment des fraismédicaux etautres -1 I tl.
et de 1 indemnitéjournaliere.397. Promesses fallacieuses. - l)ol, 2!J9·
Privilege pour travaux d·assainis- Promesses non causées, :11!) in Jine
sement, 825. et s
Privilege résultant de la sépara- Promesses synallagmatiques de
tion des patrimoines. 8:i2 el s. - vente et d'achat, '11ti el s.
,\. <¡ui il a¡>parlient, 853 el s. - De la Promesses unilatérales de sommes
11a 111i·e y{•ri ta ble de la s{-pa ra tion eles d'argent ou de choses apprécia-
palri111oincs, 8;>'1 et s. - l•or111alit{-s bles en argent rActes constatant
r1•q11ises ¡>011r la conserYalion dC' la desl, 117.
sé¡>aralion eles pal.ri1noincs. llang Promesses unilatérales de vendre
des crl'ancicrs et l1'galaircs, 857 et s. ou d'acheter, 'i 1 11 el s.
Privilege sur le cautionnement Propriété bonitaire, 411.
des fonctionnaires publics pour Propriété en main commune, G'i 11,
les créances résultant d'abus et 11011'.
de prévarications, 819 et s. Propriété littéraire. artistique et
Privilege sur les mines. 8:>.;i. industrielle. - Crssio,1, 1¡ 1.
Privilegium inter personales ac- - (;age, 752, 11olc.
tiones, 779. Prorogation du terme. - (:autio11,
Prix, 11:15 et s., '17, et s. ~'o
' -1 •
Procédure d'ordre. - ,·. t)r1lrc. Prospectus flnanciers. - Dol, 2!J!J·
Proces-verbaux. -· l'riYili•gc tles ;ir- Protection du salaire, 581 el s.
chil1•eles, 850. Protuteur. - llypnthi•tine J1\g;ile, 88¡.
Proces-verbaux de conciliation Proviseur de lycée. - Irresponsa-
dressé¡¡ par les juges d~ paix. - bilit{- dC's eJon1111agrs caus1;s par les
~·e111¡>orlent P'IS hypolhi·1¡ue j11tli- Slll'Yl'Íll~11 (s Oll lt• ])Cl'SOillll'I, 383.
c1a1re, !l'!l· Publicité (Absence de¡. - I\é111{-r{-,
Procuratio in rem suam, 1ti5. /¡ 8!).
Procuration, li!)li, ¡oo. Punaises. - 13ail. (;ara11lic, 517.
Procureur de la Répt1blique. Purge des hypotheques et privi-
ily¡iolhi•que i1'g-;ilp <les 1ni11e11rs l'I leges, !li I et s. - \ol ion g{-ru;rale
i111Prclits. l11scri¡ilio11, 889. el j11sliflcatio11 t'•conon1ir¡ue, !)ji el s.
Prodigue. - (;eslion tl'all'aircs, ¡, :1. - Origi11c hisloriqut•. 97·1 el s. -
Production a ordre. - (,\hsPnc<' de). l¿ni prul ¡111rg-Pr ~ 9¡:1 et s. - ,\cqni-
,\YOIIl', ~O. silinns 111' dn1111anl pas lie11 it ¡111rge,
Professions dangereuses. -- ,\.ssu- !Jili el s. - l•or111alil1's de la J>urgc,
rancPs. ti1·1. !]¡8 PI s.
Professions libérales. -- Salaircs. l>ri- - (:anlio11 r1'Pllc. l111¡1nssibililé, !J3o.
vili•gc (.\hsP11cl' d1•¡, ¡88. - Ex¡iroprialion forcé!', gti:-1 in ji11c
Profit indirect. .\clion de in re111 el s.
ve,-.~o (.-\bsPnc<! d'), /1o¡. - l ~rais, '17¡.
1

Prohibition des pactes sur succes- - l\1\1111\rt'•, !1() I.


sions futuras. :1º!} el s. --· lle11011c·ialio11 JHtr la f1•1nn11• ¡\ l'liy-
- . (',, !t·'\ ¡. 9•'\"º·
,\:.l JJCdhi•qu,• lc'·galt• au ¡irolil dt• l'al'qt11'-
Projet Darlan. --- llypolhi•1111r jucli- l'<'lll" cl'1111 i111111c·uhl<' d11 111ari 011 di'
ciair1•. Suppr1•ssio11, !J'.!3, 110!1•. la 1:01111111111aul1•, !}"li PI s.
-· ll1'for11H' hypothi'•rairl', 1'¡·1. -- !J:'l, !Jli, 'i¡I,. ¡:i:,. X(i:1, !Jli~. 101:> l'I s.
Pro~et Dup11y-Dutemps. - llypo- Purge des hypothéques inscritas.
thequ" jucliciairl', 11:1:\, 1101<•. Forr11alilt'·s. qXo l'I s.
Promesse d'aliments a un enfant Purga des hypothéques légales. -
natural non reconnu, lle¡. •
l•'or111alilc's. c¡8:, <'I s.
Promesse d'exécution. - <)blig-alio11 Purge des hyr.otbéques occultes.-
nal11,·l'lll', 7~. Survi" du e roil di' ¡ir1'f1\r1•111·e an
Promesse de mariage. - l>o111111a- clroil dt• snill'.• 10·11 .
g<'s-inl1\i·1'ts, :\ti?.. Purga dt1 Crédit foncíer, 97:1, 1o·A1
Promesse de préférence. -- l'rn- PI s.
111Pss1• unilatt'•ralr d,• ,·pul<', 111:,. Purga légale. - l•'or11111lit1\s, !)85 <•l s.
Promesse de prét, lili~. Purga virtuelle, !J77· ·
Promesse de vente, 111 :1 <'I s.
- 18, 28f1. Q
Promesse de vente a terma, la ,li. Quie temporalia aunt ad agendum
Promesse de vente avec arrhes. perpetua sunt ad excipfendum,
415 el s. 1 ü~.

...
,•.

,
T,\BLE ALPHABETIQUE 1063
Qualités différentes. - Chosc jt1géc, - Solidarité passive, 207.
256. Reconnaissance d'écriture, 230.
Quasi-contrats. - ('.riliqt1c lle la no- Reconnaissance d'écriture ;Juge-
tio11 ll11 l¡unsi-contral, 270. ment de). - Hypotheque judicinire,
- l'l"cttYe tesli1nonialc, 2 115. 913 el s.
- . ' .
..º> 3 ' .11 -10 .
Quasi-délits. 349 et s.-· 1Iandnt, 708.
Reconnaissance d'utilité publique.
- ,\ssocintions, 657 in .fine el s., 660.
- i\lisc Pll dcn1rurc, 16. Reconstruction. Bail, 525.
- Preuvc tesli111011iale, 245. Recours de l'assureur contre le
•- ?., 3, -'1, ?.J?.. tiers auteur du dommage. (io7 et s •
Qui accepte délégation se fait pré- Recours de la caution contra le
judice. 110. tiers détenteur d"un immeuble
Qui cautionne paie. 727. hypothéq ué, 734 et s.
Qui dicit de uno de altero negat, Recours de la caution contra ses
556. cofidéjusseurs. ¡37. .
Qui doit a terme ne doit rien, 187. Recours de la victime d'un accident
Qui doit garantie ne peut évincer, du travail contre le tiers respon-
•I 33 ' 1')
1 - 8. sable, 395. ·
1
Qui errat non consentire videtur, Recours du patron contra le tiers
7'.!0. responsable de l'accident (L.
Qui ne dit mot consent. 29 l. g aYr. 18()8, arl. 7). g¡.
Qui tacet consentire videtur, 291. Recours du tiers détenteur. - Ex-
Quittances. - Bail. 1>re11vc, 5'.i 1. ¡>roprialion forcée. 970.
- l)ate cerlaine, 235. Recours du voisin (en matiere
- Dispense du « bon pour », 227. d incendie). - ,\ttrib11tio11 ¡les in-
Frais du paien1ent, 80. dcn1nilés d'assurances aux créanciers
l1ypothécnircs. Subrogalion réellc,
R 101/i.
Recti:flcation des actes de l'état ci-
Rachat. - ,\ssurnnces, 625. vil. - (:hose j11gée, 252.
- lle11tes ¡}erpéluelles, 69 11. Reddition de comptes. - Gestion
Radiation des inscriptions hypo- ll'atl'air!'s, 71/1.
thécaires, 1008 et s. - llndialio11 - lly¡}olheq11e ju<liciaire, 918.
volonlairc, 1009. - llatlintio11 j11di- - :\landa!, ¡o5.
ciairP, 100¡¡ PI s. Redevance. - J3ail it colona! parliairc,
- 100a. - 548.
Raisin. - l)i111inution de r,;coilPs. Redevance due _par le concession-
l11dPlllllil1;, 5(16. naire d'une mine. - llypothequc,
Rang des hypotheques, g'i!) <'I s.· 884.
Rapport a succession. - ,\ssurancc - I>rcscriplion, 1/15
s11r la vi<' a,1 prolll 1!'11111· p1•rson11e Réductibilité des baux, 51g.
dt•IPl"lllÍlll;f', G2¡' n:1n. Réductibilité des engagements du
Ratification. -- .\la11dat, 708. mineur émancipé, !íi!J.
- 1'1'('11\'l'S, 2:I¡. Réduction de l'hypotheque légale
Ratihabitio mandato mquiparatur, de la femme mariée, Rg6.
., 1
,lll, ¡1:1.
-
Réduction de l'hypotheque légale
Recel I Succession ), :1:,:1. des mineurs et interdits, 887.
Récépissé. - 'l'ra11spnrts, ;ifi!J. Réduction des inscriptions hypo-
- \\'arran!s agricolPs, ¡ti2. thécaires, 1008. 1010 i11 fine et !l.
Réception de la chose. - T,011age Réduction du prix. - I~rreur. J<'onds . 1

11'011vragP. [lPspo11sahilit1;, ;i:,i',. de co111111ercc, :198. .


Réception des marchandises. - Réfection d'acte, nuls, ~3¡.
<:onll'al d1• lransporl, :,73. Réfection de la chose louée, 5:i!í.
Récoltes.
,, r
- !11cpndit•. Cht•rnin <le fcr, Référé. - 13ail. ll1•¡iaralions, 5:i5.
,l,)H. - Saisic-arr1'l, R7 el s.
- l'rivil/•gp d11 haill<'lll', -c¡!í. Régie de l'Enregistrement. - lly-
Récolte (Diminution 'ele). - i•<'r- 1>~1tl1i•1111ejudiciairc (A.bst•r1cc d'), 9:11.
111iPr. l11dl'11111ilé, :, 115. Régle des douanes. - ffypolhcquc
Récom penses. •- ,\et ion ,le in 1·e111 j11dicialrc, n~ 1. j
,,,irso, /105.- V. <:01n1111.1noulé l1lgnle. - llypoll1t•q11e lc\galc, 885.
- (:0111pP11s11lio11. l•'aillilc 1!11 mnrl,, '!I• Registre de transcription des actes
Reconnaissance de dette. - 11rcs- de mutation, 994. '
.1
cr1p• 11011,
· 1.,~ 3. 1

;
,1
'

·.' ·¡

''
. - ,,¡¡

1064 TABLE ALPHADETIQUE

Re~istre de transcription des sai- Remorqueur. - Respo11sabilité. 390.


s1es immobilieres. 994. Remplacement militaire. - Objel
-Registre des dépOts. - Conscrva- du conlral, 308.
teur des hypothequcs. Force pro- Remploi. - llypothcque Iégale de la
bante, 957. fe111111e 111ariée. 898.
Registre des inscriptions des pri- - Vc11 le e11 lre é1>oux, !12 4 et s.
vileges et hypotheques, 994. Rémunération. - l\fandat. Réduction ·
Registre des remisas ou de dépót. par les trib1111aux, 698.
- Conscrvaleur des l1ypotl1eques. Renonciation. - ,\clio11 1>auliennc,52.
994. - llypoll1eque, 1012.
Registres des conservateurs d'hy- - i\fandat, 709.
potheques, 99!1. Renonciation a la communauté.
Regle : Do1111e1· el relenir ne vaut, 179, 1\clion paulier111e, 52.
343. Renonciation a l'hypotheque lé-
- En fait de 111eubles la possessio,i vaut gale de la femme mariée, 412.
litre, 60, 750, 757, 781. Renonciation a la prescription, 149
- /11 lege ,1quilia et levissi,na culpa venit, et s., 155 et s.
366, 369 Renonciation a substitution.
- Ex lllllio pacto actio no,i nascitur, 281. ,\ction paulienne, 52.
- Jfeubles n'o11t pas de suite par h_y¡¡o Renonciation a succession. ,\c-
theque, 880 et s. lio11 ¡>aulie1111e, 52, 55, :,6.
- 782, 955, in fine, 956. Renonciation a usufruit. - 1\ctio11
- J)rior te,npore ¡10/ior jure. 759. pat1lien11c, 52.
Regles communes aux baux a loyer Renonciation par la femme a son
et aux baux a ferme, 516 et s. hypotheque legale au profl.t de
Regles speciales aux baux a loyer 1·acquéreur d'un immeuble du
et aux b·aux a ferme. 543 ·et s. mari ou de la communauté, !Jºº
Regles supplétives, 274. el s., 906 el s. - Condilio11s, 907 el
Reglement d'atelier, 579 et s. s. - Efl'els, uoS el s.
- :i3, 24, 3:i5. 593. - S11rvie du droit lle ¡lrt;fére11ce at1
Reglement de comptes. -1\Iétayage. droil de suite, 10:i1.
549. Renouvellement décennal des ins-
- Tiers délentcur et créancicrs, 968 criptions hypothécaires, 100l1 el s.
in .fine et s. - !1'18.
Reglement en eft'ets de commerce Rente. - ,\cci1le11t dt1 lravail, :!96.
du prix de vente. - i\ovalion. 105. Rente constituée, 2, 93, 61i8, 11olc.
Réintégrande. - Bail. 'frouble. 'fiers, - ,\11alocis1111•, :10.
5 I 5. - l1 rt'scri1llio11. 1'15.
Relation du serment. 26l1 et s. Rente perpétuelle, G9'1 el s.
Relativité de la chose jugée. - .\c- - /~ o.
1 3!I, .1,
lion paulie1111c, 60. Rente viagére. ti!Iº el s. - f:011slil11-
- V. Cl1ose jngée. tio11 i, tilre gralnil 011 i1 lilrl' 01u;r1.•11x,
Remboursement. - (;cslion cl'all'ai- (i!Iº PI s. - <:011dilio11s clt~ for111alion
res, 715. du conlral, lii¡1 el s. - St'rvicc de la
- I1n¡lenses, /105. l't'IIIP, li!1:I t•l s.
- i\landal, 7ofi. - 1lt;fa II l di' ¡>a iPIIH'II l cll's a rrt;rngcs, 'i X1.
- Ticrs délenleur. J,:,·iclion. l'nrgc. - l'riYili•gp thl Yl'llllt'lll', s:15.
99º· - Il,;solutio11, 1i10.
Remedes secreta, /1:i!)· - \'pnl<'. l\'nllilt;. llt've1111 an1111Pl. llenlt'
Réméré, /18!1. '18:", el s. ,;galt• 011 i11ft;rit•11rc, 11:lli, ill ./it1ti, r.:17.
0 ·1 1·" 1
- llypolhi!<Jttc, 9l6. - ¡;l,- :Aci,, Jo 1, 1'8"
1 :1.
.:... l't1rgc, !176. Rentes. - ,\rrt;ragPs. l11scriplio11 hy-
- 'fer111c de gr,ice (1\bsence de), 1~ 1. ¡1olht'•cairP, 11111 11.
Remise de dette, 1:i:l el s. - l\eglP- - l'rPsc1·iplio11. 1:i1.
n1cnlalio11 gént':ralc, 1~3 el s. - l'rt:- Rentes sur l'Etat. - (:ession, 171.
so111¡>lio11s Iégnlcs ele lil>éralio11 résul- - (;ngt•, 71,q.
tanl <le In re111ise volo11lairc 1!11 lilrf' - S11rP11chl•rP. (:a11lio11, 7:i!).
par le créancier at1 débilettr, 1:15 el Renvoi abusif. -- <:onlrnt el!• lravail,
s. - l\c1nisc de <lcllc rést1llanl d't111 r. ·¡ .
,ln,
concordal, 1:ili el s. Réparations. -- ,\nlichr/!sl', ¡!17.
- Cnulio11, 7:18. - lJail. f>:l~, r,~:,.
- I11divisibilité, :it4. -- IJroil <11' rt;le11tio11, 77:I.
Remisas proportionnelles. - Con1- -- l•:viclio11 lolnlc. \'c11lc, !16l,
n1is-voy11gcurs. I>rivilcgc, 787.
,
T,\BLE A.Ll'HABETIQUE 1065
Réparations d'entretien. - Bail, 525, - -
¡a.
536. Résiliation des contrats d'assu-
Réparations locatives. - V. Répara- rance sur la vie, 623, 624.
lions d'entrclien. Résiliation du bail, 529 et s., 533.
Réparations urgentes. - Bail, :í28. - Perle de la cl1ose, 526.
Répétition de l'indü, 398 el s. - - l 1 ret1Ye, :,22.
Fondement, 398 et s. - Conditions, Résiliation unilatérale du contrat
;¡!l!l et s. de travail a durée incléterminée,
- í5, í8, 188, 4-08, 453, 5í'i- 386 et s., 38i¡ et s.
Répétition des intéráts. - 1'aux - :\bus d11 droit, 3í"·
Usurairc, 6í. - 111, :í77. 58G et s.
Report, !)ti, 680. Résiliation unilatérale du mandat,
Report de faillite. - Caulion, 740, íº9·
note. Résolution. 13:l et s. - Fonde111e11t,
Repos des femmes en couches. - 13 11. Origine l1islorique et portée
\'. Femn1es en coucl1es. de l'article 118 11. Caracterejudiciaire,
Repos hebdomadaire, 57í· 135 et s. - Conditions d'exercice, 13,
Représentant de commerce. et s. - CI1amp d'applicatio11, 13¡¡ el s.
Ca11tionnemf'nt, 724. - llail i1 no11rrilt1re, tig5.
Reprise de dette (Droit allen1and), - :Eviclior1. ,•e11le, ,íG1. 'ili3.
104, 174. - Rente viagere, li¡¡'1. I
Reprises de la femme. - Co111pe11- -- Slip11lalion ¡iot1r autrui, 3 115.
sn lio11. l<'aillite clu mari, 119. - 'l'ransactio11, íI7-
Reproduction (Droit de). - Slaluc. - 1:)1. :)1:,.
\·ente, 447, in .fi11e, !1'i8. Résolution de la vente, 4í!l et s.
- 'I'ableau .• \'ente, 447, in fine, 448. - :Elfet. de l'exlir1clio11 du privilege du
Requéte civile. - CI1ose jugée, 252. vende11r, 839 el s.
· - llelrail litigie11x, !197. Résolution de plein droit, 138 et s.
Réquisition de guerre.- Dép<'>l, 678. Résolution du bail (Impossi'bilité
Réquisition de mise aux enchéres. de! par le bailleur en vue d'ha-
- llurge, g8'i el s. biter lui-méme, 5(¡:I.
Res ínter alios judicata [ou acta] Résolution ex nunc du droit de
aliis neq ue nocere neq ue pro- propriété du tiers détenteur
desse potest, 117, 2:lo, 233, 255, :l28, évincé. - :Ex¡1ro¡1rialion forct'·c, !)G7.
''3 ,,>I,
,JO, ·¡? .,Of},
1 •
a11, -,¡· ¡·>¡9, 901.
~).¡), º Résolution ex tune du droit de
Res• judicata pro veritate habetur, propriété du tiers détenteur
2:JO. évincé. - l'urgc, !)() 1 Pt s.
Res, non persona, debet. !)5!1. Resoluto jure dantis resolvitur jus
Res peri t domino, 129, 132, 1:13, 188, - • . . . J--s • ,,.11,1 2, ,,,_,o, .1131.,, 48 ,>.
acc1p1ent1s, ..
' 555. Responsabilité atténuée, '.>.1.
Res 1;>erit emptori, 1?.9. Responsabilité consécutive a la ré-
Resc1sion du parta~e, 8!1:1. ception des travaux en matiére
Rescision pour lés1on, :10 11 el s. de batiments, :-,,iG et s.
Res_<:ision pour ~ésion des ven tes Responsabilité contractuelle en
d 1mmeubles, .,37 1 "' s. matiére de transport de person-
- llalion ('11 pail'll1Clll, r,0:1. -
nes. :i71.
- l'rPscri¡1tio11, 1 11!), Responsabilité délictuelle. :1 11!) el s .•
Rescriptions (IJ11h1g-alio11 1la11s l'a11- :1,,:1 Pl s. - llislori1¡uP, :1:-,:1 el s. -
ciP11 druil), 107, 11olf', 108. f:n111lilions. :lli1 el s.
Réserve d'élection de command Responsabilité de l'Etat. - 'J'ra11s-
(Vente avec), !118 Pl s. porls, :-,¡o. 11111<~.
Réserve mathématique. - ,\ss11- Responsabilité des ;i.rchitectes et
ra11c1) s11r la ,·iP, (i~:I Pl s. entrepreneurs. - 1>ur,:e, :-,¡;~, i11
Réserve successorale. - Assnrancp fine. f,ü:\. - l'oinl d«) lli1parl, 5/i:J.
sur la vin a11 ¡1rufil 1l'u11c lll'rso1111c Responsabilité des associés a l'é-
cl111Pr1ni11111•, li:17. gard des tiers, ti,, 1 l'l s.
Réservistes. - c:onlral <le lravail, Responsabilité des hOteliers, r,¡n,
:177. :,8q. ág',. 11011'.
Résidence (Ohangement de). Responsabilité des pare _et mere du
llail. ll11silintion, f,17. fa1t de leurs enfants m1neurs non
Résiliation, 1/10, Pl s. émancipés. :I¡¡_ el s.
- llnil, 801. Respons_a:t>ilité des personnes mo-
- l,011ag1i d'ot1Yrag<', :itiG. rales. ,\h!1 et. s.
,
1066 TABLE ALPHABETIQUE

Responsabilité du dommage causé Rétractation de l'aveu, ?.63.


par les animaux, 38;i et s. Retrait conventionnel. - Ré1néré.
Responsabilité du fait d'autrui, :1,6 .\ncien clroil, !185.
el s. Retrait de la reconnaissance d'uti-
- :\5G, 3:i8, :\fio. lité publique. - r\ssociations, 660.
Responsabilité du fait des bati- Retrait litigieux, 11!)6 el s. - llisto-
ments, 388 el s. rit¡ue, 'i!l(i el s. - Co11clitions d'exer-
Responsabilité du fait des choses, eirP. '19¡ et s. - l<'or111cs, 4!)!) el s. -
:\85 ('[ s. Efl'cls, :100 PI. s.
- 351i, :l:'J8, 31io. Retrait successoral. - ..\.ctio11 obli-
Responsabilité du locator operis, c¡1H', 115 ..
:,:ií el' s. - Socil~l(~, G53.
Responsabilité du preneur en cas Retraites du personnel des grands
d"incendie. 53¡ et s. réseaux de chemins de fer, 5g3.
Responsabilité du transport, ;,¡o Retraites ouvrieres et paysannes,
el s. 5r,:l.

Responsabilité légale. 358. - llelenues sur le salairc, 583, note.
Responsabilité objective (Systeme Rétroactivité. - Confir111alion, 23!),
de la), 35ü et s. - Rt'llll'l"l;, 'i!)I.
- l•o11de111e11l ele l'aclion de i11 re,n Rétroactivité de la condition. -
verso, 'ioG. Originf', sens el ¡101'lt'·r, 18 11 el s.
Responsabilité pénale des maitres Reus in excipiendo flt actor, 19,?.16.
et commettants a raison de cer- Revendication. - llailleur d'in1111cu-
tains délits des domestiques et bl<', ¡gti et s. - l)roit de rélf'nlion,
préposés. 38'i el s. __ ,,_ ... -5
1 1· 11 •
Restitutio in integrum . .60. G:5, 3o'1. - \ e11clcur de 111eu]Jlcs, 81?. et s.
Restitution. - l){-¡i<'>l, (i¡8 .• Revente sur surenchere du
- I>r1\I ú usage, 6ü'i et s. dixiéme, 985.
- (>rt\l de cor1so1111nalio11, (ifi(i el s. Revenus. - ,\nticl1rrsc, ¡'16 f'l s.
Restitution des droits. - \. l~11r<'· Revenus échus. - A11alocisn1c, :l1.
gislrc111e11I. Réversibilité. - l\c11lc viagi.)rc, li91 ,'
Restitutiori des lieux loués. ;i3!i f'l s. 6!) •."{
Restitutions de fruits. - .\nalocis- Révocation. - Gt;rant. Société, 6!19
mc,. :\1. l'l s. .
Retard.
.;)¡,,. - Clat1sc cl'irrespo11sabilité,
~
"Révocation (Faculté de). - Slipt1la-
lio11 pour aulrt1i, 3 11:~.
- fl('spo11saliililé dt1 lransportenr.l'rcs- Révocation de donation. - 1\.ction
criplion, ;i·;-:l. O>1 1.l(Jlll', .f,¡.
I 1

- 'l'ra11s11ort. :>¡o. · - ,\rlion ¡iauliPnnl', ;11.


Rétention (Droit del, ¡li8 l'l s. - Révocation de la désignation du
llisloril111e, ¡U8 <•l s. - (;araclerf'S tiers bénéflciaire. - -\ssurnncc
el f'll'Pls, -;fi!l PI s. - 1:r1;a11ri('rs aux- sur la vi<•, (i:~,. li~!l•
quels il apparliPnl, ¡¡o el s. Révocation du mandat, ¡08 el s.
- ,\11lirhri•sP. ¡ 1,¡. Risques. , :i8 .. 1 s.
- (:a11lio11, -;'in. .\ss11ra11cP, (io1 el s., 610 el s.
- l),;pl'>I, li-;:·,. - llail. :,·~:, et s.
-
'
( Itlg°l', ..
¡af>. - llail ú f1·r11u•, :,',(i.
- Ma111lnl, ¡oG. - 1:111•1il<'I sinr¡ill', ;i!1!) et s.
-~ ) J'P'I.a t1Sílg'l', (i('I . ,·lll(!, ¡···
J 1, lit 1fl:l. -- (:011tlilin11s, '!l'•.
- l\1;1111:r,1,
' 118r¡. . - l.ouagP d'irulustrir, :,5!1.

- \\ arra11ts agri.:oles. ¡li',. - llhligalion all<•rnalive, '!l'i-
Retenues affectées a des caisses de -- l'r1\I it 11sng<', lilir.
retraite. - l'ri,·il,.,g ... 788 Pt s. - l'r,\I di' ('OIISOIII IIIII Iion. ti(l 1.
- l\11silintio111111 conlral <lt• lrnY11i1,,,\l:1. - l\espu11sahili1t1 ohj1•cliv<'. l•'<1111IP111r11l
Retenues sur les salaires, :·,s•i "' s. dí' l'aclio11 ,le i,¡ 1·e111 11erso, !1oti.
Réticence. - A.ssurnnc<•s 11111riti111t•s, - Soli1larit11 passiv1•, ~oH. '
j,

ti I o. - Su11rcc• d'ohlignlion, :1:,ti.


- J)ol, 'l!l!l· · - 'f't'l"IIII', 1 q 11.
Retirement des choses vendues. - \"<'nl1•s si1hordo1111Í'es a <les opéra-
',¡6 el s. tions 11)1tlrii•ur1•s, 41!),
Retour de lot. - \'. Soulln. - 1 ~. 1:1, ~78, ~88.
Rétractation. - J,01111gc <l'o11vrngc, Risque locatif. - ,\.ssurancc, 606,
56(}, 11011•.
,
TABLE 1\LPH,\BETIQUE

·- Assurance. Bailleur. Action directe. malion du 1nailrc, 5¡ü, 580 el s.- Ré-
;->42 et s. glen1e11tatio11 du 111ode de paicrne11t,
-- 1\Llribulion des i11den1nités d"assl1- 577. - Saisie-arrt\l, 57¡, 583 et s.
rances aux créa11cicrs hypotl1écaires. Paie1ncnt et proteclio11, 581 el s.
Sl1brogatio11 réPlle, 101'¡. - Co1npensatio11, 119.
Risque professionnel en matiere - L11sion, 3o5.
d'accidents du travail, 392 et s. - - :\Iandat. Iléduclio11 par les tribu-
l'rinci¡>e, 3!1''- el s. - l~te11d11e cl'ap- 11al1X, (i!)8,
plication, :{():3 el s. - l<'ixalion d<•s - l'rPscri1Jlion, 1:i2.
i1idc11111il,;s, :39:i el s. - c-:;nranlies de Salaire aux pieces, 5:i2.
le11r 1>aie111Pn t, 397. Salaire proportionnel aux bénéfi-
- llecours du palron conlrc le tiers ces, ,>a'.i.
rPspo11snble de J'accide11l. Subroga- Sanatorium, :i29.
lion, !lí· Sauterelles. - ' Din1inutio11 de récol-
-
- ªíi. tcs. I11de111nité, 5 1,G. '' '
Roulage. - ..\ssurances, Go3. Sauvetage (Obligatio11 tlu). - ,\.ssu-
- 'fra11s1>ort, :i68. rancf's, 61'.i. 1

Roulette (Jeu de la), G8:i. Schuldübernahme, 1¡(,.


Sécheresse. - I)i111i11utio11 de r1;col-
s les. I 11de111nilt>, ,i4G. .
Secours aux pauvres. - Stipulatior1
Sage-femme. - l'rescriplion. r/17. aulr11i, :11¡1,,
J)Olll'
Saisie. - 'l'ranscri¡>lio11. \"ente. :\'ul- •'
Secrétaire. - Salaires. l'riYil&gc ( ..\b-
11·¡ e,
' 1
.i20. sc11cc d<'I, ¡8¡.
- r'i, 36, 4o. Sécurité des travailleurs, :i¡7. 1
Saisie-arré!, 83 et s. - Effets, 8;i et s. Séd uction. - l)on1111agPs-i11tércts,3G2.
- l11dispo11ibilit,; absolue de la so1n- - Ohligalio11 11alurelle, 6g.
r11e saisie-arretée, 8G el s. - ,\.fTecta- Saine IDépartement de la). - Bu-
lio11 s¡>éciale, 8¡ Pl s. - rJ. 1í j11illPl reanx cl'hypolhi•11ues, !)!)3.
1907, 88. Sénatus-consulte Macédonien, 65.
- Cessio11 ele créancr, 1üg el s. Sénatus-consulte Velléien, 725.
- (;0111prnsatio11, 118. Sentence arbitrale. - Cl1ose jugée,
- c;rédil foncier. I>aic111en t des a1111ui- 2;)2.
tl"s, 102',. -- llypolhi·quc jndiciairc, !Jlj, 920.
- ])1;j)IJ(, (j¡8, Separatio bonorum, 8:i5, 85ü.
- l,oca I ion dP roffr<>s-forl~. :iog. Séparation de biens. - ,\clion obli-
- l'ail'nH'11l, ¡7. 1¡11e, !1!1.
- Pri\"ilCg<1, ~~;). • - ,\.clio11 paulic1111c, 5~. 1 ; ·, •

-.,1.1 ' ·1
-1·· - ,\ \'l'U, 2(io.
'--·
'.

Saisie-arrét sur les salaires etpetits - llail. Po11voir, 518 el s. •

traitements. - 1:01111>P11satio11, 119. -- Inf¡•rvenlion {]¡•s cr¡1anciers. 41, 51¡. ,


- (:onlral d<• lra,ail, ,->¡7, ;>l{I. - lladiatio11 volo11taire des l1y¡)olhe-
Saisie-arrét sur soi-méme. - c:0111- 1¡11t•s, IOO!), "
J>l'nsa l ion, 118. - S1•r1111•11t d,\·isoir<', ·1tHl.
- I>rnil el<' ri'·ll'nlion, 7¡0. - \'e11lt• 1·11lr1• t'•11011x, 112 11, /22li.
Saisie-brandon. - llail. l'reuvP, :>22. Séparation de corps. - ,\. vt•u, 260.
Saisie-exécu tion. '¡o. -- l•'rais dt• l'i11sla11cc. llypothi•1111c lé-
- So11s-loralio11, :-,:1~. galc de la l't•11111H' 111ariée, 899.
• • • l
S a1s1e-gager1e. 11, i!lí · - Ser11H•11L cl11cisoirc, 2tiü. '; l

- .\hus d11 clroil, :l¡:,. Séparation de fait entre époux. -


Saisie immobiliére. .\Ji11s clu ),ilH;ralil<;s. <:a11se illicilt•, 319.
1lroit. :I¡:>. Séparation des patrimoines 85:1 Pl s.
- 1:r,;tlit foncit'r, 10~ 11. - l'rivili·gP,8:i2 Pl s. - ,\ qui il a¡1par-
- lll'gisl l'C'S, !}!}'i. li¡•11L ;, Nat11rt! v1\rital1lc d11 la sépara-
- lll'slriclions aux droils cl11 cléliile11r l.io11 1lcs ¡>alri111oi11cs, 8:i!1 el s. - For-
Sil!' l'iJIIIIH'llhlt', !l1¡:1 p( s. 111alit.és rr1¡11isl'S flOIII' sa COIISl'l'Valiotl,
- 'l'ranscripliou d11 r1roci•s-vcrhal. llang des créancit•rs et lt;galaires, 857
11011 voi r 11' hy11ol l11111111•r, !l~!J• l'L s.
- /io, :1~¡. !JI!i, note, 9:i8 l'l s., 9(i5 l'L s. - lnscriplion, 99:i, note, 998,
Saisie mobiliére, o• li, 11olc. - 1~~, 8lu, !)fi(l.
Saisie-opposi tion, 111, Séquestre. - (:r{,dil Jo1~cier, 1ol4,
Saisie-revendication, /11.
Salaire,581 et 11.- (~011Lcslnlior1s, nfllr-
- l•'rnis d'ndrni11islralion. (lri\'ili·ge,81¡.
- 675, 68:1, 91,:1. .,
, '1'

•. ,.¡ 'il
.
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1068 '
TABLE ALPHABETIQUE

Serment. 263 et s. - ,\ncien droit, 281 Société entre époux. - Prol1ibition,


el s. G41, 644 et s. - Tcmpéran1ents, 645
- l\ail, 520, 523. el s.
- Contrat de traYail, 580. Société forméa entre abonnés
- C:ourtes Jlrescriplio11s, 146, 1'1í el s. d'une Compagnie d'éclairage,63¡.
- l)épot, 6¡6. Société formée pour la fondation
- (;agc, í53. d'établissements d'enseignement
- Obligation nalurelle, 6¡. supérieur, 63¡.
- Tra11sactio11, ¡ 1-¡. Société nationale des Beaux-Arts,
-- 218, 250. 63¡.
Serment de crédibilité, 1 '18, :i20, Sociétés anonymes, 639.
(.-
?. );J. ' Sociétés civiles, 639.
Serment in litem ou en plaids, 267 Sociétés civiles a forme commer-
et s. ciale, 639.
Serment décisoire, 264 et s. - Ca- Sociétés civiles a forme non com-
ractere, 264 rt s.- l•onden1e111. Con1- merciale et a capital divisé en
paraison aYec la tra11saction, '.165. actions, 640 el s.
- Bail, 520, 521. Sociétés civiles d'obligataires, 633,
- "I~
,. J • G;\(i, !J9G, 11olc 1.
Serment probatoire, 96'¡. Sociétés commerciales, G3u, 93 r.
Serment promissoire, '.i63. Sociétés coopérati\Tes de consom-
Serment supplétoire, '.i19, 220, 26¡. mation, (i3:,, (i3¡.
- l\ail, :°>'.!o. Sociétés d'assurances mutuelles,
Servitudes. - ,\clio11 q11a11/i 111i11oris, 5!)9, (i35, (i36.
!1¡0. Sociétés d'assurances sur la vie. -
- Co11fusion. I~xriroprialion forcée. Crt;ancl's des assurés. l'rivilt·gc. ¡90.
Rt'npJ)arilion, 967. • Sociétés de capitaux. - ll.csponsa-
- l)ruit de s11ilc (:\bsrnrr de), 9,i5. Jiilité des associés i1 l'égard (les liers,
-- Exti11clion. lnopposabilité at1 créa11- fi51 i11 .fine el s.
cil'r l1ypot J1écai re, q 11·i. Sociétés de chasse, 6:l!i, i11 .fine, ()3¡.
'
- llypolhcc¡11e, 8¡6, .88 11. Sociétés de course, G3G, in .fine, !i37.
- l'riYili.•gc d11 Ycndcur, 8:13 el s. Sociétés de crédit foncier, 31.
-- l'11rgc, 9¡6. Sociétés de fait, G115 et ~-
- l\é111éré, 11\13. Sociétés de mines, fi'1n.
- ,·rnlc d'l11·ritagc. Gara11lic, 1155. - Salairl's. l'rivilt•gc (.~hscnrc de). ~f88.
Signiflcation. -- (;agc, ¡5 11. Sociétés d'opérations immobi ie-
Signiflcation de jugement. - ~oli- res. !i:13. li'i", -¡88.
cla rilt; ¡iassiYt', ·108. Sociétés de personnes. - ll.<'sponsa-
Signiflcation de la cession de bilitt'· des associés ú l'égard drs tiers,
créances. - \' e11tc ll'hl'.·rédit1•, '195 el s- (15 I •
Silence. - l-'or1r1alio11 d11 contra!, :100 Sociétés de secours mu tuels ,05!), fi9\¡.
el s. Sociétés de spiri tes. (i:18.
Simulation, '.13:1, :120. Sociétés de sport, lilio.
- :\ctio11 d{•claraliYc lle si11111latio11, (i1 Sociétés en commandite par ac-
<'Is. tions, !i:lu.
Siphon. - l•:cla ll'111r11 l. l\ps¡1011 sa hil i- Sociétés en commandite simple, 63\J·
ti'•, :l\jl. Sociétés en nom collectif, ~º"• (i:l!J.
Société, (i3'.t PI s. - l•:lé111rnls cssPn- Sociétés immobilieres. - \'. ~ocil:-
liPls, 1;;1:1 PI. s. - l)ivcrsl'S es¡,i•cf's tic 1,;s d'o¡it'•ra t ions i 111111nhil ii•res.
sorit;it'•s, fi:18 t'l s. - llt'•gi111t• j11ridi- Sociétés léonines, n:1s.
q11t• tll's socit;lt'·s, li'11 PI s. - E11ga- Sociétés mutuelles d'assurances.
g1·111e11l d¡•s associt'•s 1•111 re t•11x PI il -- , .. Socii'·t1\s d'ass11ra11cPs 11111!.ttellcs.
J't'•gar<I tl1•s liPrs, (i 118 el s. -- llisso- Sociétés par actions, li:1\J•
l11tio11, (i;",,, PI s. Sociétés par intéréts, c:1!1.
- \lt'•layage, :, 118 PI s. Sociétés particuliéres, li 111.
- i'riYil1'.gp 1111 co-¡iartag<•anl, 8f1 11. Sociétés taisibles, <i'11.
-- l\1;siliation. 1111. - l'rP11vc, !i 118.
- llis1¡11Ps, 1:ln, 131. Sociétés universelles, (i:lli, !i 11,.
- :~. ¡. '.Aj, :i-.¡fi, Solidarité active, 1 Oí rl s. - c:as,
Société ~ durée indéterminée, ¡f,. l!)i PI s. -- l•:tr11ls, 1!)8 l'L s.
- llissol11tio11, :,8(i. - ~1•r11H•nt décisoirl', ~(ili.
Société d'Etudes législatives. - Solidari té im parfaite, ~ 1 o.
(;onlral <il' lravail, :,¡¡, 1101P. - ,\s- Solidarité passive. 1 !)!l et i'!. - No-
s11ra11ces, :,ns, 1101(', lio¡, 110(('. lio11s l1islori«¡11t•s, •!l!l· - So11rcr~,
,
T,\B LE ALl' IIAB ETIQ UE 1069
199 el s. - Effc ls da11s les rapp orls Spé cial i té de l'hy pot heq ue, 933 et s.
des co-d i•bit curs soli dair cs avec le Spé cial ité du gag e hyp oth éca ire.
créa ncic r, 203 el s. - llep résr nlal io11 - lnsc ripl ion, 998.
n1u luel lc des cod ébit curs soli dair es, Spé citi cati on. - Dro il de rélen tio11 ,
207 el s. - llcc ours du so/vens con trc
les aulr cs co-d ébit eurs soli dair es, 2 ro
--,
1 1 .• '
Spi rite s ( Soc iété de), 638.
et s. Spo liat us ant e om nia rest itue ndu s,
- Assu ra11 ce. Ilór ilier s, 615. l~O.
- l3ail. 1'ac ile reco ndu clio n. Epo ux,5 24. • 72:J.
Spon s10, h
- Bé.néfice de cess ion d'acl io11 s, 740. Sta nd I Con stru ctio n de), 15.
- Cautio11nc111e11l. Sub roga lion , í35. Sta tue · - \ enle . lll'p rodu clio n (Dro it
- Co1111iaraison avec le caulion11c1ne11l, dP), {¡47, in .fine, 448.
729 et S., í41. Ste llio nat , 3í. 38, 353, 888, 897.
- ,\la11clat, íº5, íºí· Stip ula tio, 280 el s., 320 et s. ; - (lu-
- l'ret a usag e, 663. pl:e, !,'ig ; - /J(l'/l [C, 23, 24, 334; - re111
- Purg e. Ref11s, 975. habere licere, 4'i9.
- Ser1 nent déci soir e, 266. Stip ula tion au pro flt de per son nes
Sol us con sen sus obl igat , 282. futu res. 3'ií·
Sol vab ilité . - l~rrr11r, 298. Stip ula tion au pro flt de per son nes
Som mat ion . - 1\ctio11 (le in re,n verso, ind éter min ées, 34U.
{¡O!). Stip ula tion de non -ga ran tie des
- Ap¡1 orts. Soei étó, 64g. vice s cac hés . fi7<L
- Ass uran ces, (io9. Stip ula tion de non gar ant ie en ma-
- De11rées el ell"els 111obiliers. lleli rr- t1ere de ven te, 46Cl el s.
1r1ent, 476. Stip ula tion pou r aut rui, 333 et s. -
- Dro it de suit e (en 1nal iere d'l1y po- Défi nilio 11 et hist oriq ue, 333 et s. -
thcq ue), 958 et s. App lica tion s pral ique s, 337 et s. --
- lnti• rels , :l9, !178. Con 1¡1a raiso n avec la délé gati on, 339.
- Olfr es réel les de paie n1en t, 82. - Ell'c ls, 339 el s. : ") Dro il acqu is
- lli·so l u lio11, 139. direc lern! '11t 11ar le tiers béné ficia ire,
- 24, 4-g. 3/¡o el s ; (3) l•ac ulté de révo cati on du
Som ma' tlon de pay er ou de dél ais- stipu lar1 t, ,143 et s. - Ra¡J porl s entr e
ser. - Ex11ro1Jrialion forc ée. 'l'ier s
Je 1iro 1net tant el le stip ulan t, 34 11 et
d(•l enle ur, !)Ü!J el s. .
- 1111 rg<', 983.
s. - En lre le bi·11éficiaire et le pro-
111el tan 1, 345. - E11 tre le tiers bé11éfi-
Son ner ies de e loch es. - Exc cs de ciai re el le stipu la11 t, 345 el s.
376.
}JOU VOÍI" ,
- ,\ssu ranc e de resp onsa bilit é, 617.
Sou lte. - l'.01 1\re- lellr e, :{29.
. - :\s> 'uran ce sur la vie, 626.
- Dalio11 c11 paie1nc11I. 502.
- Cess ion de bail , 532.
- Echa11gt:. l'riv ill•g e <lu ven deu r. 83',.
- l•or1n11tio11 drs con tra Is, 287.
- l'riv ill~g e du co-¡,arl11gc,111I, 81,t,.
- 'fran spo rl, 569.
Sou rce s des obl iga tion s, 2U9 et s. Su bro gati on. - ,\clio11 obli gue, 46.
- 2, 3, 1,. - :\ss1 1ran cPs, g~.
Sou s-ac qué reu r. -,\cl io11 ¡iau lirn ne, - {'.au tion , 73(¡, 7:18 in fine et s.
:18 el s.
- (:a11tio11 rél'l lc, 9~()·
Sou s-as sur anc e, tio:,.
- <:rí•dil fonc i<'r. l\rno uvcl le11 1enl dé-
Sou s-en trep rise . - l'ri,· ili•g e eles nr- cPn nal des insc ripti o11s )1ypotl1écai-
chilP clPs , 8/28.
r<1s, 1 oo¡.
- ll<'S(lOIISahilill:, r,Go <•l s.
- lly11olhc1¡11c i<:gale de la fc111111e 1na-
Sou s-lo cati on. - ('.011111araison 1•nl rc
J'ac lion clir1•cll• 1111 builll'11r <'I l'11ctior1 rií·P. l\P11ouvell!'111!'11t décc11nal des
1lir1•cle des ouv rier s d11 l11\lir11enl, insc ri11 tion s hy11 othé caire s, 100¡ .
.,r. ('. -- l'ai!'1111•11l, 8p el s. ·
,a.
- I ~3, ()fil
- ~lt'•lnyn~I', f,/i8.
- \' rll te (ft•s n H'll hll's gn rnis sn 11 l l!'s Sub rog atio n Al'hy ~ot beq ue léga le
fip11x ¡1111· I<• lo<'a laire prin cipa l. l'ri- de la fem me ruar1ée, 900 el s , 10, ~.
YilCl,(l\ d11 hail lPur , j\l8 l'l s. - (~011dilio11s, 903 el s - J~ll'cls, gol¡
Sou s•or dre . S¡u, 900 el s. l'l s.
Sou s-pr éfet . - \' 1'11 I<•, la~ 1. Sub rog atio n con ven tion nel le. -
Sou s-tr aita nt. - A<'lion dirc cle tics 1
\, ) nil'l11Clll HV!'C s11J,rogulio11.
011 ,. rÍ<'l"i'I 1111 l11\ ti llll'l l t, f1(ifi. Sub rog atio n de l'as sur eur dan s les
- I\<•s 1ions ahil ití•, r,ft~. dro its de l'as sur é con tre les tier s,
Sou scri ptio n d'ac tion s. - I>ol, :10:{ . Uo7 el s.

.
,
1070 T,\BLE ALPH •.\.BETIQUE

Subrogation légale. - Solidarité pas- Syndic de faillite. - Société, tl47.



s1ve, ~ r 1. Syndicat - Congé abusif en n1atiere
- ,•. Paie1ne11t avc>c subrogalion. de conlrat de lravail, 590, 592, note.
Subrogation réelle, 949. Syndicat d'obligataires. - ,,. So-
- Allribution des inden1nilL;s d'asst1- ciété civile d'obligalaires.
ranccs aux créanciers hypolhécaircs Syndicat de propriétaires. - ,\ss11-
aucas de perle de l'im111eul)le ass1tré, rances, tloli, note.
1013 et s. Syndicat professionnel. - ,\clio11
Subrogé tuteur. - llypolhequc lL;_ en jusi ice. G58, in .fine, 659.
galc>. !11scriplion, 888 Pl s. - In lerdil. Respo11sabilitv, 3¡3, 37/¡.
Subsistances. - l'ri,ilege, í8\J.
Substance. - Errc>ur, 2g:1, 2a::i c>t s. T
Substances alimentaires destinées
aux animaux de la ferme. - Tabac. - ''entr, /1:19.
,·enle. l\vduc\ion du J)rix pour cat1sc Tables de mortalité, tl21.
clr lésio11, '138 el s. Tablea u. \' en le. l\e•procluctio11
- l¡í2. (·¡>. ro1·1 d eJ,
. ➔➔i 1 Í• 1n.
• ¡·111e, ➔➔
i13 •
Substances vénéneuses, :In!). Tacberon, :í51 et s.
Substitution d"un tiers par le man- Tacite reconduction. - !\ssurance
dataire, íº'1 PI s sur la YÍl', ti2:l.
Substitutions fidéicommissaires, - llail, .-1:1·1 el s.
3•,,.l.•.
••,, . 1·tne. ,L¡t._.
, 1'j. in. ''18 -
1
1 12, ?.~!), '.!!)O .
Substitutions permises - Ilypo- Tacite reconduction (Absence .
de',.'
lhi·quc> lvgalc ele la Íl'llllllC lllarivP, - ,1011o¡>olc ¡1t1Llic, 3(i 1 .
8!):i !)?.'j. Tailles. ?.1¡. ?.?.1.
Succession. - lly11oll1eq11e légalc de Tarif spéc1al le plus réduit. - Cl1c-
la fPilllllP 111ari1;<', 898. • 1nins cll' fer, ,itin,
Succession non encore ouverte. - Tarifs d'abonnement. - Cl1e111in <le
(:oneli\io11 illicile, 181. fl'r. <:la11se tl'irres¡>or1saliilil{·, 5í2.
- Objel clt1 conlral. :log. Tarifs spéciaux, 2:1.
- \ Pule. l'rol1ibilio11, 1128. - (;hP111i11 dl' fl'r. l\es11onsahililé, :i72.
Succession . vacante. - Jnscriplio11 ·raux de l'intérét légal. :i¡.
dPS l1y¡10Lheqt1Ps. \) 11¡. Taux usuraire. - l{{JJl;litio11 des i11-
Suicide. - ,tss11ra11ces. tlo2. lt'·r1•ls, 6,;.
Suppression d'offl.ce ministériel. - Télé_gramme. -- I~rret1r, 2(li ·
l'ri,·ili·gc. 808 - :°IIIS<' l'll lll'llll'll!'l', 1;>.
Su rassurance. tlo:,. Télégraphe. - I~rrenr, 2n7,
Surélévation d un étage. -· l\1;silia- Téléphone.- l•or111alio11 des co11trals,
lion d11 hail, ,i28. 28:).
Surenchere du dixieme, !J'il, 9¡2, Témoins. - ,\cl1·s nolarivs, 224.
!líi, nol<', 98!1. g8;1, Témoins passent lettre, 2'io.
Surenchere du sixieme, \líí• lt>xle PI Tennis. li8¡.
110IP '.!. Tentative de conciliation. - Con
Surenchere sur surenchere ne lrat 11!· lra,11il. (ircY(', :,!J:-,.
vaut. 11 18. Terme. 18¡ PI s. -- ll1;1i11ilio11 el dif-
Süretés. !1. í~ 1 PI s. f,;rP11c1· avPc la cond i Iio11, 187 <'l s. -
- l)i111i1111lio11. l>t'·rh{·ancP du IPrnu•, l){•l'l11;a11cl', 188 1•1 s. - (:lassificatio11,
18\j l!)O l'I s.
Süretés personnelles, ¡·1/1 <'I s. - .\clio11 111111licn11t•, :,¡.
Süretés réelles. 11i:1 el s. - l>{·pr'1t. lií8.
- llail. 'l'acitc recc>1Hl11rlion, ;11'1- , •• l'rPscriplion, 151.
Surveillance insuffisante. - llt'•11<'>l - l'r1\I i1 usagP, liti:I.
1l'l11ilPIIPl'i<', ti8~. - l'ri't d1• co11so1n111alio11, fiti(i.
Survie du droit de préférence au - l'ronu•ssP sy1111llag111ali1¡11e ele vc11ll'
droit de suite. 1c110 l'l s. Pl tl'achal, /¡1(i.
- i108-!)09, 98tl, i11 ji,111, !J87, lexlc, el - l'rorogalion. Caulion, -;'io,
'
11011•. Terme certain. 1!1º·
Suspension de la prescription, 1;,1 Terme convenu. - llésilialion <lu
(
1
1 s. 1•c111tral di' lraYail, 58tl.
- ,\ction r11 r1•s¡io11sal1ilil1; 1!1•s archi- Terme do droit. 1\J 1.
ll'rlc~ l'l en ll'l'lll'l'lll'U rs, :,ti:l. Terme de grAce, 7\1• 191 t•l s.
- l111tivisibilil<;, :, 1/¡ - (:0111p1•11satio11, 118.
Su spension d u paiemen t des loyers. - (:rv<lil fo11cip1•. l1n¡1o~sibililó, 1024, i

- .
1\ 1•¡u11·n l'1011~, .,:,.,.
r. r.

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,
1'AllLE ALPHAIIETIQCE 10-1
I

Terme expres, 191, - exli11clif, 190, Titre au porteur. - Cessior1, 171.


- incerlai11, 1¡¡0, - suspensif, 190, - (;age, ¡49, í54 el s .
.:..... tacile, 191. - J,cllre de voilurc, 569.
Territoriaux. - Conlral de traYail, - Perle ou Yo!. Opposition a paien1enl,
577. 58!), 5() 11. 84.
Testament. - ,\.ssura11ce sur la Yir Titre de mouvement, 569.
a u profi l d'u11e ¡ierson 11e cléter111i néc, Titre exécutoire, !10.
6~¡. - 'J'ert»I' di' gr,ice, 1n1.
- Erre11r de ¡lroil, 292. Titre nominatif. -- ,\ssociations, 658.
- llcnlc Yiagi_·rr, li¡¡o. - Crssion, , , 1.
. '
Test1s unus, testis nullus, '.11¡. - l).qi'·¡:.ralio11, 11,l.
Théatre. - Oé¡16I. Loge d'arlisle, - . l t i - , ,~11()
('_an·p ¡-,·
681. Titre nouvel. -Tilrc récognitif, 231i.
- ,·(•sliaire, G¡li. Titre sorti a un tirage antérieur.
Théorie de l'abus du droit, :1 1 1 et s. -- l~rrPur i,ur la subslance, ?.96.
Théorie de la cause, 313 el s. •rente. - c;J1cplel sin1¡>le, 5'ig.
Théorie de la faute contractuelle., Tout a l'égout. - ·rrouhle de fait.
¡ el s. llail. ,i 1 ,i. . ,
Théorie de la responsabilité objec- Tradition. - Droil ron1ain, '¡10.
tive, :)5!3 el s. - <_;age, -¡;"lo C'l s.
Théorie de la société de fait, tj'15 - l\,;IPnlio11, '7í'i-
!'[ s. Tradition brevi manu, /211¡.
Théorie des astreintes, '.lo, :12 el s. -·· Ü(;J)t'I (, (jÍ;i.
Théorie des contre-lettres, 3:in et s. Traite des blanches. - Socit•lé. Ol>jet
Théorie des dommages-intéréts, , ·¡¡·
l l C 1·¡ (', (ji('
~I l.
1¡¡ et s. • Traite des négres. - Sociélé. Objet
Théorie des risques, , 2~ el s. illieite. 6'iG
Théorie des vices de la volonté, Traitements \Petits), 5,í, r,s:1.
291 i11 .fine el s. . -· (:0111¡Je11sation, 1 I 9.
Théorie générale des obligations, 5 Traitement des fonctionnaires. ·_
et s. J>rrscriplio11, 145.
Tierce-opposition, 5 11, 2:i5. Traiteurs. - l'rescription, 146.
Tiers. - (~pssio11 dr créa11cc. D<'•faut Transaction, ,1G et s. - Caracteres.
d'accon1plissr1nPnl des for1nalil•;s de ¡17 el s. - l~ll'cl déclaralif, í18. -
l'arlicle 1ti90, (;. ciY., 1G¡ rl s. (~0111¡1araisnn a,·ec le jugen1enl, ¡18
-· Dall' rrrlain¡• U('S écrits ¡1riY(;s, 23:). el s. - :\11llit.;, 719 el s.
- Droil 1le rétcnlion, ,tig. - f~on1paraiso11 avec le sern1e11t déci-
- Etli•l des contrals, 33, el s. soirP, 2ti:i.
Tiers béneficiaire. - ,\.ssurancc sur - Lésion, 3o5.
la vic, ti~5 el s. Transcription. - .i\.ction paulienne,
- Sli¡111latio11 ¡io11r aulr11i, 3:\9 et s. :-J"¡.
Tiers détenteur. 95 11el s. -- J).'·finition, - :\Ji{-nalion. ln1meuble. lly¡Jolhcquc
n:1/i et s. - c;ondilions requisrs 11011r l•;gale dPs 111ineurs el inlPrllils, 890.
1¡111• le droit d•• suite ¡iuisse •\Ir¡• rxrrc,; -- \lit'•nalion. l1n111cubll•. i>ri,·ilcgc des
contri' lui, !l;1ti l'l s. - l 1artis q11e archilectes, 8;12. -
tJ<•nl. prPndrr 11' lil'rs <l•;ll'nlt•ur JJOUr- - .\ulicbri•sr, ,!15. ·
suivi. !l;'!l PI s. - llail d1• ¡1l11s rlt• 1f! ar1s. Opposabilit{-
- llypothcquP. lnscriplion, !l!l7· a11 liers ac<¡11t'•r1°ur, :i1:i.
-- lly11othi•qu1•. l'rl'scri11tio11, 101:1 et s. - J)a t ion t•n ¡ia ie111e11 t, 502.
- l\t•ro11rs di' la caulion, ¡]',. - l'urgP, !lí'i-9¡:i, 1111le, !l'i!l·
Tiers détenteur d'un immeuble - s,:¡>aralio11 des ¡>alri111oi11es. l11scri¡1-
hypothéqu13. - l}roit el<• r1\le11lio11, tio11, 858.
¡7/¡' - 'l'ra11saclio11. ¡1fl. ·
Tiers porteurde bonne foi. - l~ll'cls - ''ente d'IH;r,;dilé, 119f1.
ele co11111laisa111·1•, :l1ti. Transcription (Absence de). - né-
Tiers responsable. - Accidenl du m,;r,;, /1R!J·
lrnv11il, \)'j, :l!¡:1.
- ,\ss11r11111·1•s, lio¡ PI s. Transcription (Droits de). 47¡.
- t>rivili•gp d11 vendeur, 83fi, 831i.
Timbre, :12:i. l:i:l.
Tirage. - 'l'ilr1• d1;ji1 sorli. J•:rr<·nr s11r Transfert des titres nominatifs. -
In suhslalll'I', ~on, J)1;J{-g11lio11, 113.
Titre A ordre. - c:11g<', 7!i9, 755. 'l'ransfert sur le grand livre de la
- l,ellre de voilurt•, .:,lig. Dette publique, 171.

T.-lBLE ALPll.-lBE'fIQUE

Transformations. - Droit de réten- Tutelle de fait. - Hypoll1eque lé-


tior1, í73. gale, 88¡.
Transformation matérielle de 1·ob- Tuteur. - V. 'l'utelle-Tuleur.
jet vendu. -. t>rivilege tlu vendeur
de 111eubles, 811.
Transmissibilité. - Obligations, 164 u
et s. Une dette n'empéche pas l'autre,
- ,,·arrar1ls agricoles, 163. 11 'j.
Transports, 568 el s. Unions. - ,\ssociations, ü5í.
- I>rescriplior1, 1:io. Unvermogen, 10.
- I\esponsabililé, :Íío et s. Usage. - Bail, 529.
Transpart (Contrat de), iio6. - Contral de travail, 587 et s., 592.
Transport-cession.
,
- \'. Cessio11 ele Usucapio libertatis. - J>rescriplion
crPa 11ce. exlinclive des l1ypotl1eques, 1016, 1019.
Travail a domicile. - L{,sion, 306. Usucapion par dix a vingt ans. -
Travail des femmes et des enfants,
-~--
~ 1 1•
,\clion paulienne, tio.
Usufruit - ..\clion de in rern verso,408.
Travaux d·assainissement. - l1 ri- - llail. Pouvoir, 518.
Yil(1gc, 82:l. - (:aulion, 728.
Travaux de desséchement. - l'ri- - Droil de suite, 955 .
vilL•ge, 8'i9, 8,i9. . '
- l 111111eubles. ll ypot l1eque, 87¡.
Travaux de tflrrassement. ;i;i8. - InlervC'ntion eles créanciers, !i1, 5!1•
Travaux publics. - ,\lius clu elroit, - l>rivili•ge clu YC'r1de111-, 833.
3¡;i, - t>urge, 97ti.
- Aclion ele in re111 verso, /¡08. - lléparalio11s 536.
- Ofl'res ele co11co11rs volor1laire, 28 1 . - Séqueslre, ü83.
- Privili.'ge, 5ti'i. • - 'l'uleur. ,\cl1al. Ca¡>acité, !123.
- Sli¡iulalion ¡iour a11trui, 338. Usure. :106, l18ti, ti71, ti72, tií3.
- 1'roublc. l3ail, ;i28. Usurpations commises par des
- 'l'ravaux sup1>IPmentaires, ;i58. tiers. - Bail ii fer111e. 1\ Yertissen1enl.,
'Travaux supplémentaires. - '.\Iar- 5 115.
cl11\ ii forfait. '.\larcl11; sur dcvis, 55 1 .
- Trava11x p11blics, 558.
Trésor public. - l'rivilL·ge. Jn1111eu- V
l>les des co11111tables de r1<:tal, 859.
- l'rivilege. ln1111eubles clrs co11dan1- Vacua possessio, !111.
r1és. 8lio. Valeurs a lot. - ·r¡ t re sorl i ii 11n ti-
- ií8, í8:l. rnge nntérieur. Erreur sur la su!Js-
• • • •
Tresor1ers - payeurs generaux. - tnnce, 2!J(i.
Ilypolhi·que Jégale a11 ¡1rofil d11 'fré- - \'p11le des cl1a11ces de gnir1, !i28, in
I.
1
sor, !)I~. , /lit', (12\)-
Trouble de droit. -- llail. ;i1¡ Pl s. Valeurs de Bourse. - tirt\l <le con-
- Garanlie \'pn[(•, (¡:1:1 t•l s., /1:i8, /1ti:i. so111111atio11. llestitutio11, (Hi¡.
- l'ail'IIH'III du prix. S11s¡H•11sio11, 'i¡8. - ,·l'nlc i1 lc111p1\ra1111•11l, /13(i.
Trouble de fait. - llail, :i1 :,, fi'.l'j l'I s. Valeurs mobilieres. - ,\ssoci11lio11s,
- (iaranlil' \pnll'. /1:i:I l'I s., !1li:i. (..,:,7. ,·r.s
);J •

Truck-system. :i8,. -- ( ;agP. 7!1!)·


~rruft'es dans une forét communale Valeurs nominativas. - (;agc, 755.
(Fouille de). - \'pnl<' :i l,ouag(~ ~ :iu8. Valeurs recommandées. - llcs¡,011-
Trusts. ti:,'i, 110I!', (ifi:i, 110l1•. sahilit1;, ;i¡o, nolP.
Tuberculosa (<'S}JL'ce ho,·i1u•). t,í'• et s. Vendage passe louage. :-, 1 ~-
Tutelle-Tuteur. - ,\chal d<'s liie11s d11 Venditio bonorum, /1:1:L
r.~1.
1>11¡,illl'. l11ra1i11cill', Vente, t,10Pl s. - <:aracti•rPs, /110 el s.
- llail, ;118 et s. - <:ondilions, /11:I PI s. - ~fo<lalilés,
- llypothi.'q11e lt;gall', ti(i:I. 88,i el s •. !a 11-l PI s. - J,;fl'<•ls, 1111(i el s.
-·- l\adiatio11 vulonlaire d<•s h)·¡,oll1i~- - 1:0111¡iar11iso11 av<•c lt• lo1111gc, :io7.
(lll<'S. 1ºº!l• - 1:0111paraiso11
. • r ., aYec ll' louagt• <l'intlus-
- l\1;1111;1'(;, !188. 11'1(' :J.l,l.
1

- l\psrision pour lt>sion de Y('nl<•s <l'i111- - J•:fl't•I d,• 1'1•xli11clio11 du J>riviliigc <IU
11u•11hl(•s, !i!i!1. ,·1•1ul(•11r s11r 1'11ctio11 r1:sol11toire, 839
- l\(•s¡io11s11hilit(\ (l11 fnil du ¡n1pill1•, ('[ s.
- (;ag1•, ¡;i¡, in ,/i111:, ¡:i8.
- :179. . S
Seco11d 11111r1. • o l'd
1 11r1·1·<' p11ss1vP,
. ~01. - 1,t'•sion, :lo~.
,
TABLE ALPil,\BETIQUE

- Opposabilitú des baux au liers acqué- - 309, 429.


reur, 511 et el s. Vente des meubles garnissant les
- \Varrants agricoles, 764. lieux loués. - Droit de revendica-
- 3, 7· tion du baillcur, 797 et s.
Vente a crédit de valeurs de Vente des substances destinées a
Bourse, 306. l'alimentation des animaux de la
Vente a livrer, 553. ferme. - Rescision pour cause de
V:ente a réméré, 485 et s. - Condi- lésion, 438 et s. ·
tions d' exercice de la faculté de ré- Ventedudroitau bail aux encheres
1néré, 487 et s. - Effets, 490 el s. publiques, 54!1.
-·Bail, 518 et s. Vente d'une chose future, 554.
- Droit de rétenlio11, 772. Vente en disponible, /119.
- llypotheque, 926. Vente entre époux, 'i23 et s.- llrohi-
- 484, 758, 976. bition, 423 et s. - Cas exceptionnels
Vente ad gustum, 419, !120. ou la prohibition est levée, 424 et s.
Vente a l'essai, 419, 420. Vente forcée, 411.
Vente a tempérament. - Localio.n- - Gara11lie (,\!Jscnce de), 452. .
)'ente, 417. Vente judiciaire. - llésolulion pour
Vente a tempérament de valeurs lléfaut de 1Jaie111enl du prix, 480.
de bourse, t1:lü. Vente par autorité de justice. -
·vente aléatoire. - Rescision pour Ilescision pour lésio11 (1\hsence de),
lésion, 440, !1!10.
- \'ices. (;aranlie (1\bsence de), 469.
Vente au comptant. - Droit de ré- Vente par filieres. - l)élégalio11,
tention, 772.
113.
Vente au mesurage, 419, 420.
Vente sur échantillon, 447.
Vente au pesage, !119. Ventes successives. - llrivilege des
Vente avec indication de conte- vc11clrurs, 8!¡2.
nance, 464 et s. Vers blancs. -- Din1inution de récol-
Vente avec réserve d'élection lcs. l11de111nité, 5/26.
d'ami, 418 el s. Vérifl.cation. - Livraison des mar-
Vente contre remboursement, 477. cha11discs, 573.
Vente d'animaux domestiques. - Vérification d'écriture, 230.
\'ices, 472 et s. Vérification d'écriture (Jugement
Vente de biens de mineurs, /1 11. de). - lly¡Joll1ec¡ue judiciaire, !)13
Vente de denrées et effets mobi- el s.
liers. - llelircrncnl, (¡7G el s. Verrous intérieurs. - Dépót d'hó-
Vente de droits litigieux. ti8/2. tcllcrie, 682.
Vente de droits.successifs. 11110. Versements effectués en vue de
Vente d'engrais. - PriYili_•ge, 81:i. pensions de retraite. - Ilésilialion
- llescision lJOur cause de li'•sion, !1:lS. 1l11 co11tral de lravail, 590, 593.
Vente de fonds de commerce - Vestiaire. -- D{,¡Jól. l'rcuvc, 246.
Aclion c11 résol11lio11 lle Ja YPnle, 4¿,:;¡ - J,011ngc, 07(i.
el s. Vétérinaire. - l)o111111ages causés par I
- l'rivili·ge. i\clion résoluloir<•, 8!1,, i11 les a11i1naux, :18ti.
•fi11e, 84:i. Vétusté. - ll,:¡1aralio11s. llail, 536 .
Vente de fruits, 507. - ll1•s11011saliililé du fail des bali111enls,
388.
Vente d'hérédité, 4!¡3 el s. Veuve. - \'¡\lt'111ents de deuil. l>rivi-
Vente d'immeu ble. - l'rivili•gc, 8:l:i lt•ge (1\lisrnce de), 785.
el s. Vice de la matiere. - Louage d'ou-
- llescisio11 ¡iour cause de lésio11, 3o[i, • ••
Yragr, ~aa.
437 el s. Vice propre. - Dé¡int, 67V.
Vente de la chose d'autrui, /¡:lo el s. - 'l'rans¡iorl. llrsponsahilite, 572.
- (:as dans les<¡11Pls CPlle vcnl<• esl Vices de construction. - l11cendie.
11ulle, 4:10 PI s. - l'orl<:P <'I S<'IIS Pxncl 11 ill·1 , ,>,
e·¡ 9, :t.10.
·1
de la 11ullit.1:, !1:1, PI s. - (:u111111e11l - .. J\P,po11s11bilih: 1111 fail des l>Aliments,
elle ¡ieul t'lrl' i11,·u¡¡uée, /1:!1 el s. -- :188.
c;arncti•re, 11:1:1 Pl s.
- "11. 4:i8, (¡(i,, !11:,. Vices de forme des donations. -
llhligalio11 11al.11rcllt•. 61 , r1ole 1.
Vente des animaux atteints ou
sou_p,;onnés d'étre atteints de ma- Vices de la chose lo.uée, 517, ri:lü.
lad1e contagieuse, /17/1 et s. Vices de la volonté, ~!11 i11ji11c el s. \
Tomo 11 08

•.. f

TABLE ALPHABÉTIQUE •

Vic es en mat iere de ven tes d'an i- - l\lanifestation, 289.


ma ux, 467 et s., 472 et s. - Prin cipe n1o dern e du pou voir de la
Vic es réd hib itoi res. - Dat ion en volo nlé, 3.
·paie men t, 5o3. - Rém éré. 489.
- Gar anli e. Vente, 467 et s. - Vices, 291 in .fine el s.
- Gar anti e. ''en te d'an in1a ux dotn es- Vol ont é uni laté rale . Sou rce
tiqu es, 475 et s. d'ob liga lion s, 271 el s.
Vif -ga ge, 866. - 28¡' 342.
Vig ner on. - Disp ense du « bo11 Voy age d'ex plo rati on. - 1\ss uran -
pou r ... », 22¡. ccs, 612.
Vin . - Di111inulion de réco ltes. In- Voy age urs . - 'l'ra nspo rt. llesp onsa -
dem nité , 546. bilil é, 571.
Vio len ce, 300 et s. - Déf initi on et Voy age urs de com mer ce. - llc111i-
con ditio ns, 300 él s. - De qui elle ses proporlion11clles. Priv ilcg e, 78¡.
doit éma ner, 302 el s. - Res pon sabi lilé du lra1 1spo rtcu r, 570.
Voi es d'ex écu tion . - ..\.bus du droi t,
375. w
Vo1 sin. - Tro uble . Abu s de joui s- a
sanc e, 530. Wa ·gon -lits . - Colis tran s1io rlés
Voi tur es aut omo bile s. - ,·. 1\ulo- la 111ai11. lles¡io11sali.ililé, 5¡1.
111obiles. - Dé1iót, :1!16, 681.
Voi tur ier, 568 el s. Wa rra nt. - \·en te, ',~G.
- Dro it de rélc ntio n, ¡73. - 752, 76:i, ¡63.
- ll1•ivilcgc, 819. Wa rra nt agr icol e, ¡61 el s.
Vol . - Cas fort uit, 16, 128. - 88~.
- Dép ót, 6¡8. • Wa rra nt-h ótel ier, 765 el s.
Vol aill es. - Dom 1nag cs, 387. - 800, r1ole.
Vol ont é. - Con cou rs des ·volonlés, Wa rra nta ge, ¡ü~ el s.
:i8o. We hrg eld , 354.
\

TABLE DI~ CONCOilDANCE Dl~S 'l'EXTES CI'fÉS


AU COlJRS Df~ L'OUVRAGE (t)

-·---

DÉCLARATIONS, ÉDITS, ORDONNANCES

Déclaralion de llc11ri IV de 1nai - janv. r 629 (Codc l\ficl1aud)


1609 (Conversion de rentes) i\r\. I 2 I
Edil de juin 1581 i\rl. 142 et 15o
- de 1606 (Caulio1111e1nent) Art. 148
- aoút 1626 (Insinualion des co11- Ordonnance civile de 1667
trals d'acquisition d'i111111et1ble Til. XII
el de conslilulion d'l1ypotl1c- - 'l'it. XX, art. 2
quc, c11 Brclag11e) 869 - 'l'il. XX, art. ;¡
- n1ars 16~3 234, 868 - 'fil. XX\ II, art. g
- déc. 1684 22!) - 111ars 16¡3 (sur le comn1erce)
- 17¡1 (l'rocédure de la ¡)urge) 993 ,\rl. 10
Ordonnar1ce de Louis XII (1510) - 111ars I Gí9
,\rl. 71 145 1'il. ,·1, arl. 2 3o
- Villcrs-f~ollcrels (1539) - 173í (sur le faux) 229
1\.rl. 3 - aot'1t 1827 (Exécution du Code
Arl. 92 et 93 forcsticr)
Art. 97 ,\rl. 31
- Moulins (1566) - ti j11i11 1839 (Ccrtificals de vie)
Art. 52 768 1\rl. I 693
Art. 53 867, gr¡ - 15 nóv. 1846 (Cl1cmins de fer) 568
Art. 54 240, 24 I

CODE CIVIL

Art. 2 :12 :l. Art. 319, alin. 2 886.


Art. f¡ J 8 o, 4·1 r. ,.
:J.¡, ,19.¡. Art. 32/1 220.
Art. 1f¡ 728. Arl. 327 258.
Art. 31i 700. 1\rt. :\7/1 378.
Art. /15 :135. /1. rl. 38,l 379.
Art. /1 (j ~~º- :\rl. :lS!J 422, 886.
Arl. (i(j 700. .11. rl. :l!)fi 201, 887.
Art. 7 :i :J:J:..t. Art. :lnti • :101' 887.
Art. 120 728. A rl. /11 7 887.
Art. I f>/, 2 :12. A rl. /1 :10 :188.
Arl. 1!) I /¡ t,. Arl. t,!,t, !I 18.
Art. :10,'i (i8. 1\rl. /1f>o r. I \).
,)
Arl. :10:i :ili!l· - alin. :i 2l18.
Arl. :ioli :1 nu. Arl. /1f11, alin. 2 887.
Arl. !I /1 :1 •r¡"i . Arl. t,f,li 2\},
Arl. 27:l, :ilin. :i 71i8. A rl. /1!'>7 PI s. (i(j(i.
,\ rl. a1 1 1(io. Arl. /1:i7 !):18.
- nlin. :1 !lºº. Arl. /1!i8 n:is.

(t) Les numéros en rcgard des tc1tcs rcnvoicnt nux pngcs.


1076 TABL E DE CONCORD1\NCE DES TEXT ES CITÉ S AU COURS DE L'OU VR,\G E

¡\rt. 806 974,


A:rt. 464 444.
.i\.rt. 807 728.
Art. 472 248.
Art. 808 et s. 922.
Art. 475 144, 149, 890.
.i\rt. 808 84.
Art. 481 518, 519.
- ali11. 1 84.
_i\.rt. 482 444, 1009.
- alin. 2 84.
Art. 484 928.
Art. 809 84.
- alin. 2 519.
,\rl. 811 gf17,
Art. 489 886. (j

,\.rt. 815 a7.
Art. 497 9 1 9· ¡\.rl. 841 45, [¡94, 653.
_i\.rt. 499 444, 928, 1009 . 10,
,\.rt. 5o3 2 18.
,\rt. 855
,\.rt. 856 29, 186.
Arl. 509 890, 928. (105, 408.
444, 928, 1009 . .i\rt. 86 l
Art. 513 [¡o5, {¡08.
Art. 529, alin. 1 642. Arl. 862
Arl. 865 54.
Art. 535 807. ~72 ~~,.
Art. 545 480, 772, 774. Art. 867 1 ' 1 /4'
Art. 8í3 196, 874.
Art. 54g 432, 461 .
Arl. 8í8 853, 920, 92í •
.i\.rt. 550 432.
.i\.rt. 551 537. Art. 8í8 a 881 853, 855.
249. Art. 880, alin. 2 S55.
Art. 553 41, 5[¡, 55, 63, 653.
Arl. 554 4o5. . Arl. 882
,\.rl. 883 490, 494, 567.
.-\rl. 555 :187, 4o5, 463, 537.
,\rl. 884 et s. 84:l.
- alin. 1 4!13, [¡{¡8,[¡51, [¡52, 8[¡4, 845.
Arl. 566 287. ,\.rl. 88!1
Arl. 886 1!19, 172.
Art. 570 4o5, 172, 774. :lo5 .
.i\.rl. 57 ,l 4o5. .<\.rl. 88í el s.
4o5. Arl. 88¡, ali11. 2
Art. 577 843.
.-\rt. 585 490. et s.
333, 513, 518, 519. ,\rt. 892 239.
1\.rt. 595 181.
Arl. 599, alin. 2 408. Ar!. 900
Arl. 906 3{1í, 348, 628.
Art. 601 728.
683. Arl. 908 :119.
1\.rt. 602 83, 643, 658.
Art. 603 26!,. Arl, u1 o
,\rl. 911 :148, 249, 250.
1\.rl. 605 536.
,\rl. 917 {1(11,
1\.rl. 606 536.
Arl. 928 186.
1\.rt. 618, alin. 2 /¡1, 54. l 2/1.
¡\.rt. 622 52. Arl. 931 el s.
Arl. 9:l 1 70, 222, 279.
Art. 626 728. 12!1, 222, 286,
,\.rt. 631 87li. ,\rt. 932
289, 3/13.
Art. 63!1 876.
Arl. g:!3 700 .
,\.rl. li51 el s. 269.
658.
.<\.rl. li53 :.1(19. Arl. !)37
Arl. 657 r. (')0.
.) 1\rl. 94!1 1 79·

,\rl.. 9!17 310.


1\.rl. 709 2 1 l1.
1\rl. !):"> l 8(1:Í.
1\.rl. 710 21(¡.
1\rl. !)C>:.t 8(1:i, 9:17.
,\.rl. 711 956.
1\rl. 95:l I 77 • :~/4fl.
.<\.rl. 720 it 722 :1!19,
55. Arl. 9:,C, 71 •
Arl. 72(¡ 18li, !l~ll.
Arl. 7(i:i :l 1 \l• A rl. 9:18
,\rl. !)li:.t 18(i.
,\rl. 771 7:,8. .
,\rl. 77:l :,8. Arl. 1001 , nlin. 1 '.!\¡5.
,\rl. 11H1/1 186.
1\1·t. 780 7.19!1, 87:1.
,\.rl. 78:l 3o4, 3o5. Arl. 100!)
:\rl. 1011 1 8ti.
,\rl 788 5:.i, 55.
Arl. 101!1 1 8(i.
1\rt. 791 :11:i.
- nlin. 1
Art. 79:i
,\rl. 801 Arl. 1017
- alin. :i 8 ~,~ ,88r,
(.,,, .... ,.
,\rl. 802, ali11. 1
:\rl. 10:i:1 PI. s. 710.
--- alin. :, 70~. 11olt•.
- alin. 3 Arl. 10:.t8
,\rl. 10:1:1 :10 l, ¡ofl.
,\rl. 80:l l'l s. !l'1(i i11 ji11e, \¡l17.
Arl 80/1 8. Arl. 10 110 183.
Arl. 805 el s. 85:l. 1 Arl. 104 2
,
TABLE DE CO:-iCORD,\NCE DES TEXTES CITES ,\U COURS DE L OUVRA.GE
. 1077
- alin. 2 9· Art. 11/i2 el s. 20, 33.
Art. 1048 el s. 348. 1 ,\rt. 11 {i 2 16, 17, 18, 416.
Art. 10(18 333, 628, 927. ,\rl. 1143 17, 18.
.,\rt. 1049 333, 927. Art. ¡¡fil¡ 17, 525.
A.rt. 1053 52. ,\rt. 11 !15 -
I ;¡.
1
.-\rl. 105/1 895, 92¡. .-\rt . 1 1116 1 1, 15. 138.
,\rt. 1076 22 2. Arl. 11(¡¡ 9, 10, 369, 5¡1.
.-\rt. 1082 310, G28. Arl. 1148 ro.
- alin. 2 333. Arl. 1149cls. 20.
1\-rt. 1086 345. Arl. 11 /19 21, 311.
Art. 1088 178. ,\rt. -
11:JO 2 I, 23, 28, 462, 570,
Art. 1094 1 2 3•
-1 682.
Art. 1096 180, 423. Art. 1 J il• I 21, 23, 28. •
Art. 1098 423. •
Art. I 1;)2 20, 23, 24, 25, 579.
Art. 1099 248. .-\ rl. 1153 26, 27, 28, 29,409,478,
- alin. 1 424. ¡14, 1024.
- alin. 2 /124. -- alin. :1 26.
1\rl. 1100 248. - alin. 3 '-!), ¡¡1,9.
Art. 1101 273. 1\ rl. 11:1 11 :10, 31, 32, 107.
,\rl. 11 o:>. 278. ,\ rl. 1155 :11' 3'.!.
,\rl. 1 1 o3 278. Arl. 11a- (j 19·3 • 1111.
,\rt. 110', 28:I, G811. 685. ,\ rl. 115(iii 11fil1 .,., ~'11•
,\rt. 1108 ) ~~ , ..,31
. .1
• R- ...,JI,),
?.ca, ·• Arl. 11 Go 11 I I •
11
/¡ 13. ,\rl. 1162 1:1G, I\J'i.
.<\.rt. 1110
. • 294. 719. ,\rl. IIU:Í 230,233,323,330,331,
- a l1n. 2 -
29;:,. 332, 333, 342, 431.
.<\.rt. 1 1 12 300 . ,\ rl. 1166 !¡2, 43, !14. 45, 46, 47,
- alin. 2 300. 48, 59, 62, 84, 156,
Art. 1113 300. 424, 488, 496, 501,
Ar!. 111(1 :loo. :,32, 533, 564, 784,
Art. 1115 238. 810.
Art. 1116 301, 302. ,\rt. 116¡ /12, /19, 5o,- 52, 53, 59,
Art. 1117 294. G2, 63, 156, 327,
Art. 1118 3o5, 437. 353.

Art. , 119 308, 3on, 33G. 3:1¡. - alin. 1 :JO.
Arl. 11 20 308, /13 I. - ali11. 2 • • a.6 .
na,
Art. 1121 :133, 3:lG. 337, 3!10, Arl. 1168 l 77 ·
3.12,
1 313
1 ' () 29. ,\rl. 1 169 1 79·
- alir1. 2 3•131 • Arl. 1170 l 79• .
Art. 1122 -
..~>~a. Arl. 1171 1 i!l·
Arl. 112G :lo(i. 1\rl. 1172 180, 181.
Art. 11:.18 :Jon. ,\rl. 11¡3 181 .
Art. 11 29 308. 1\rl. 117/1 13, 180. 415.
1\rl. 11:lo :lo¡, 312. 1\rt. 1175 I 8?..
- a\in. 1 /1:.18. Ail. 1176 l 82.
- nli11. 2 :109, 311, 428. .<\.rl. 1177 I 8 2.
Arl. 1131 :11:l. .<\.rt. 11¡8 183, 185 .
Art. 1132 31320, 321, 322, !100. Art. 1179 183, 18~. 185.
Arl. 1133 313. ,\rt. 1180 • 5¡, 183.
Arl.11:l/1 3, 25, 26¡, 323, :12:1, ,\rl. 1181 I 7¡.
345, 698. Arl. 1182 133,178,185,186,188,
- oli11. 1 27.3, :12:1. 419.
- nlin. 2 1 11 • alin. 1 I, :.1,.
º\
Art. 1 1 :1n /1/16. - ali11. 2 l 32.
.,\rl. 11:17 8, 10, /146 . - alin. :1
- olin. 1 8. .<\. l'l. I 183 183, 18/i, 185.
Art. 11 :ls 1, 17, 128, 12!), 130, Art. 1 186 1:\1, 13/1, 135, 1:16, 137,
1:11, 132, 178, 188, 1:18, 1:I!), 140, 1/11,
1!)/i, /111, f14G, :12Ü, 158, ~78, :115, 317.
751, 812. :14:,, 11:1:1, 4í9• 5:10,
- oli11. 2 1/1, 1!i. ti11, (i!)5, 717, 771,
A1·t. 1 13!) 1 4' 1 (i. 7¡:1, So~, 805, 811.
Art. 1141 234, Ar!. 1186 '8¡.

1
. )

1078 T,\BLE DE CO:\'CORD\'.'!CE DES TEXTES CITÉS AU COURS DE L'ü(jVR,lGE

Ar!. 1186 187, 188. f 1\rl. r 236 124.


.>\.rl. 1187 187 . - alin. r 77·

1\rt. 1188 57,136, 189, 190,192, - alin. 2 400.
483, 801. l\fl. l 237 77·
Ar\. 1189 et s. 193. 1\rl. I 238 5o3.
Ar!. 1189 193. - alin. r 76.
Art. r 190 194. - nlin. 2 76, 7í ·
Art. 1191 l 93. ,\rl. 1239
..\.r\.
I 193 194 . - alin. r 77 ·
Art. 1194 1
l 9 1. - alin. 2 ¡8. •
.i\.rl.
I 195 1
l 9-1. :\rl. r 240 78, 170, 33?.· .
1196
•>\.rl. 19:1 . 1\rl. 1241 78.
Ar!. 1197 197, 198. ..\.rt. 1242 85, 118.
Ar!. 1198 ..\.rt. I 243 78, 79, 1 93.
- alin. r 198. ..\rt. 1244 191, .¡!. 8"J.
- alin. :i 198. - alin. 1 78, ¡9, 212.
.i\.rt. 1 I 99 198. - alin. 2 ¡9, 191.
.i\.rt. 1200 et s. 733. ,\rt. 1245 9, 79, 4 117 .
.i\.r\. 1202 200, 202. - alin. 2 !148.
,,\_r\. 1202 ,\rt. r 2'iG 79, 4'17.

- alin. r 199, 200, 70:i. ,\rl. 124¡ 82, /178.
Ar\. 1203 203. - alin. 1 Su.
Ar\. r 204 1
20.¡. - ali11. 2 1!l, 80.
,\rl. 120;1 20:J, ?.OG, "º7· ,\rl. 1248 80, 501.
Ar!. l 205 a
1207 2 JO .

,\r\. 1250
Ar\. 1aoG 20:i, 20,. - alin. 1 !)!, 9:1.
Ar!. 1207 • :105, 206, 207. - alin. :, !)3, 9'i. 279, 701.
Ar\. 1208 :io3, 204, :108, 730. ,\rl. 12:)1 9!1.
Ar\. 1209 204. - 10 96, 95:l.
Art. 121 !1 ()5, 96, l 2:~, 962.
- ali11. 1 211, ¡35. 94, 95, 21 I, 731¡, ¡3¡,
- alin. ·,. 211. 90G, 9:i!J, 970 ..
1\rt. 1215 733, ¡'11. - tiº 97·
Arl. 121G 2 ro. Arl. 1 :>.C12 9U·
.i\rl. 1~17 1 1 !l. .\rl. 1 253 So .
,\rl. I 217 H ' !l l 1 . •3'a 1 ?. ,>C(j
!\ r 1. 1 :! :i 8o.
,\rl. 1218 213. ,\rl. 1 :15/1 81.
1\rl. l '.!20 79, 1()5, 19¡, 212,457, 1\rl. 1255 81. .

v.l • ~3-
:-..1 º
/ 2 ' 3~1
/•1• .i\rl. °x?.56, alin. 1 81.
1\rl. 1221 - alin: 2 81.
Iº 875. 1\rl. 1257, alin. 2 82.
!!º :1 I 3. 1\rl. 1257 /1 126!i 81.
4º 3 I :~. .i\1'\. 1:158 8?..
213. 1\rl. 1 :15u 8?..
Ar!. 12:12 21/i, 457. Ar!. 1:11io 83.
Ar\. 1213 21!i . 1\rl. 1:1!l1 8:i.
.\rl. 122!1 2 1 /1. Ar!. 1?.G:1 8:1.
- alin. :,i :\ rl. I :i(i/1 s:1, 5¡¡!}·
:1 1 " .
Art. 1:125 ll03, 214. Ar\. r:11i:1 ú 1170 37, 88.
Arl. 122!l 24. ,\rl. 1:1!i8 8(),
Arl. 12llti lt 1231 :¡ :i. ,\rl. 1 :1¡0, alin, ?. 8().
Art. 122!l ú 1233 r. ~
.i\rl. 1:1¡1
,12"· 101.
1\rl. , 2 27 2 ti . ,\rl. 1 :1¡•1 105.
... !'\. I ll 28 2 fi. !\rt. 1:1¡:I ro:i, 108, 10!)·
1\rt. 122\l ,\rl. 127/1 10:1.
- alin. 1 .\rl. 1:17:1 101, 108, 100,
• :\r\. 1:i¡li 1o!J, 110 .
- nlin. ll :., a.
Art. 11:lo .\rl. 1178 1oli, 87:I, 101:1.
Art. 12:l1 Ar!. 1:17\) 10¡, 87:!.
Art. 12:1l1 7-1,
1 l 3'!, , r.
,JOll, Arl. 1 :18:1 1 :1!,, 115, r :16, 2/18, 249,
Art. 1235 6ti, l100. Ar!. 1·,8·1 ú 1:188 1:1:1.
- nlin. 1 75, 3n9. Arl. 128:I 11!¡, 115,126,248,249,
- alln. 2 6!1, 68, 71, 75. 250.
TABLE DE CO~CORDA:'ICE DES TEXTES CITES ,\U COURS DE L OUVR\GE
, . .
10¡9
.l\rt. 1284 20/¡. 56, 57, I 67, 23?., 233,
¡\rl. 1285 12/¡, ?.o/¡. 1 ..')'1/,
,>.J, ·>3·:;
., v, ,-r;,3
¡v .
..\.rt. 1287 124 . .l\rl. 132!) 2l 9•
- alin. ·1 267' 7:18. ,\rt. 1330 ~>.19 •
.l\rt. l '.!8() 79• .\rf. 1;¡;¡ 1 ~ 'H ).

}\rt. l'.!8\) :1 1291 583. ,\rl. 1:l:i:1 '.>.'.~O.

,\rl. 1 :190 'jg, 115,121, 101~. - alin. 1 2 ~>. I .


.t\rl. 1291, alin. 1 110, 117, 118 . -- alin. :>.
- ali11. 2 1 l (i. ,\rt. 13:1:\ '.>.?.l.
,\rt. 12¡¡·>. 118. ' t . I ._),
ni' .• ·¡,.1 235.

!\rt. 129:i ¡7;1, note. ,\rl. 1:l:l:1
- alin. 1 119, 120. 1º 235.
- alin. 2 119, 120. 2º 23G.
- alin. :¡ 119, 583. 2°, ali11. 3 245.
t\rt. 129 11 726, 7311. 30 236.
· -alin. :1 1 • 2 36.
20,J, 20:J • 4º
.i\rt. 1295 122 • :\rt. 1336 245.
.i\rl. 1:195, alin. 1 168. !\rt. 1337 236.
- alin. ·1 168. - alin. 3 236.
Ar!. 1:1\¡8 86, 118. ,\rt. 1338 el s. 237.
1\rl. 1 :1!l!l 101:1. !\rl. 1338 237. 239, 21,o, {¡3!).
,\rt. 1:,011 - alir1. 1 239.
,\rl. 1:101 Arl. 1339 67, note, 23,.
- alin ..,. ¡38. ,\rl. 1340 67, note, 159, 237,
- alín. 3 ·10 11 • note.
.l\rt. 1:lo:~ 10, I~, ¡fi, I 27, ,\rl. 1341 et s. 200, 701.
19.1, • ''8 ' 539,
1 :.i., !\rl. 13!11 2(¡0, 2(¡ I, 2(13, 244,
555. 245. 580, 700.
- alin. 1 15, 128. - alin. 2 244-
- alin. :1 1:1, 15, 128. ,\rl. 13(¡2 24 2.
- alín. 3 11, l'.!8. ..\rl. 1343 242 .
- alin. /¡ 12, 16, 128, !\rf. 134(1 242.
Art. 13n:I I 27. ,\rl. 1:{ 115 242.
., '
A f t . 1 ,,0.1 60, 1!1:I. 1!&4, 150,157, ,\rl. 134, i , ?..¡;J,
2.111, i · :J- 8o, 700.

6?., 1• 1 (". 58 o.
158, 159. 160, 161, ,\rl. 13 118 ?.:¡:J, 21u,
'
• 16:1, 11·>. 11, !i34, 'i'i1, - ali11. 1 :13:>., !it,8.
/1µ0, 'i82. - alin. ·1 680.
- ali11. :1 1 (lo. ,\rt .. 13 11!) :>.!1<l,"':>./1¡, 392, note.
- alin. :1 1 (i 1 .

• !\rl. 1:150 :1/18, 249.
Art. 13o5 :105. - alir1. 3 ·1 118.
Arl. 1:ln¡ 1\r\. 1351 !io, 2!19, :151, '.!52, 253,
Art. 1:110
Art. 1:111
.,)(), 'º~~.
'.!\)9 ·
•1r.
:-1~~7. -~:~8.
·¡
71,.
:\rl. 1:~5:1 250.
25/1' ·158.

Art. 1:115 11. '!l• r,1i.210,:16u. - alin. 2 I /i8,


Arl. 1:l1!i 118. .i\rt. 1353 '.!'i'i, note.
Art. 1:117 ,\rl. 1355 2!i1.

.l\rl. 1:118 •1 ') ' \
.1•V• ,\ rl. 135ü
Arl. 1:l1!l ali11. 1 :160.

- ali11. 1 ~~?.!}. alin. ·1 :>.!iJ.
'
- ali11. 1 :1·i8. 11li11. 3 261.
1\rl. 1:110 :1:11 ' ali11. !1 2<l3.
Art. 1:111 :119, :1:10, :1:11' Arl. 1357 :.¡(i/¡.
Art. 1:111 ',I :{1 ,. 1\rl. 1il:i8 :.iG5.
Arl. 1:11:1 '.! 11), Art. 1 :~5!) :i(i/1.
'
Ar!. 1:114 11!)· Art. 1:lfio 26!i' 26(i.
•1
Arl. ,:125 ,., .'l '•'l ,
•• .i\rl. 1:lli1 '.! f J,1.
:)¡8, ,\ rl. 1 :1G·1 '..16/1.
- nlin. 1 :l!J!l· • 1
J\l". 1,'I(',.,1 26/i.
- nlin. /1 11H. .i\ rl. , :l!i5
Art. 1316 2¡9. - alin. 1 266.
- alin. 1 :J:J7. - ulín. ~ 198.
- alln. 2 227, 228. - ali11. 2 i1 ü ~li7.
Art. 132¡ 227, i\ rt. l 306 267.

1080 , '
TABLE DE CO"CORDA"CE DES TEXTES CITES 1\U COURS DE L OUVRAGE

:\.rt. 1367 267. Art. 1440 29, 448, 989.


• Art. 1368 267. 1 _,\.rt. 14!i2 2 18.
Art. 1369 267. - alin. 2 201.
Art. 1370 269, 350. Art. 144 11
- alin. (1 2íº· ,\rt. 1(¡!16
Art. 1371 270. _,\.rl. I /24 7
,\rt. 1372 1374 a 713. ,\.rl. 11¡49
¡\rt. 1372 11 1375 710,712. 1\.rl. 1451
1\rt. 1372 :ll¡1,il98, 1 10,¡11,713. - alin. ·1 '."?~?.
- alin. 1 7 1 /1. :\.rl. I 46'1 5?..
- alin. 2 714. 1\.rl. 1473 29.
,\.rt. 1373 714. ,\rt. 14 7G r, -
,J!).
,\rt. 1374 8, 714. Art. 1499 218.
1\.rt. 1375 341, 710, 713. ¡15. ,\rt. 1500 427.
1\.rt. 1376 el s. 398, 399. 1\rt. 1504 218.
Art .. 1376 71, 188,270,398,399, _-\.rt. 1;io7
453. - alin. 3
Art. 1377 71, 188,216,399,400, ,\rt. 1508
/153. - nlin. ?.
- alin. 2 4o3. Ar!. 15:10
Art. 13¡8 2t), t,02. 1\rl. 15/27
1\rt. l :l¡tj 12, 16, !102. ,\rl. 15:í/¡
Art. 1380 9, 11ole. '¡02. ,\rl. 1;¡58
Art. 138r !102, 4o5, 408. ,\rl. 1;JÍO
Art. 1382 23, 97, 2;i9, 272, 287, - nlin. 1 '.l 9.
350, 3~5. 359, :165, ,\rt. 1582 /¡10, 1111.
366, 3711, 378, 379, ,\rl. 1583 I 'I
I ...
,111,.,1
381, 387, 389, 391, .i\.rl. 158/1 {¡ ¡ 8.
393, 395, 406, 530, 1\rl. 1 ;¡8:i G, 130, 'i 19, !1 20.
538, 5!,o, 541, 559, 1\.rt. 1 :i86 6, /¡1q.


574, 608, 682, 921' ,\rl. 1587 419, /120.
969, 989, 101'¡. ,\.rt. 1588 419.
- alin. 2 fi 1 1 • .!\.rl. 1 :i8() !¡13, !114, 416 .
.i\.rl. 1383 9-;, 272,287,350,355, -
1\rl. I ;¡qo /¡1:1, !,1:i .
368, :1 7 s,
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682. ,\rl. I :Í() 11 I¡ '.!O.
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378, 379, 380, :182, '
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Arl. 1:185 :158, :185, ,180, 38¡, :l!Jº• ,\rl. 1 fio 1
,\rl. 1 :lSG 358,360,388, :18!1, :1!lº· 1\rt.
1\.1·1. '38!) 310.
Arl. 1394 ~:J:l.
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Art. 1 :195 "1-
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Arl. 1!i:l7 ,, u:,. ' .\ rl. ¡{iotl
TAllLE DE CO'.'ICORDANCE DES TEXTES CITÉS AU COURS DE L'OUVRAGE 1081

Art. 1610 9· Art. 1667 493.


Art. 1612 447,478,772,813,832. 1\.rt. a 1671 489.
1668
Art. 1613 447, 728,769,772,832. Art. 1668 490.
_1\.rt. 1614 !147. 1\.rt. 1669 488, 490.
- alin. '.l 447. ,\.rl. , 670 48'i' 490, 567.
Art. 1616 464. 1\.rt. 1671 490.
.l\.rt. 1617 et s. 544. :\.rl. 167:i /290.
Art. 1617 "
465. ,\rl. 16¡3 186,333,/¡o5,4o8,443,
Art. 1618 464, 465. 485, 513, 518, 519.
Art. 1619 465. - alin. 1 489, 49°, 77 2·
Art. 1620 465. - alin. 2 49 1, 976.
Art. 1625 213, 451. ,\.rt. 167/1 et s. 437.
Art. 1626 et s. 989. Art. 16¡4 3o5,439,44o,441,502.
Art. 1626 455, 456. ..\.rt. 1675 442 .
.l\.rt. 1627 464. Art. 16¡6 159,
a
Art. 1627 1629 571. - alin. 1 149, 441 .
.l\.rt. 1628 172, 466. - alin. 2 159, 441.
Art. 1629 466. - ali11. 3 441.
Art. 1630 172, 460, 461, /162, ,\.rt. 1677 4/12.
/166, 970, 989. .i\.rt. 1G78 1680 442. a
- Iº /160. .i\.rt. I 68 l 442, /1411.
- 2º /161. - alin. 2 4!14.
- 3º 462. Art. 1682 196.

- 4º /162. - alin. 1 /144.
Art. 163 i. !160, 461' 463, 464. - alin. 2 443.
Art. 1632 1160. - alin. 3 186, 443.
Art. 1633 22, 460, !162, 463. ,\.rl. r 68:1 438.
Art. 1 li34 462. ,\.rt. 168!1 440.
Art. 1635 462, 484. ,\rt. 1685 567.
Art. 1636 137, 461, 463, 5o3. ~\.ri. 1689 16G, 170.
Art. 1637 !163, 464, 5o3. ..\.rt. 1690 92,100,110,166,167,
1\.rt. 1638 455, 456, 464. 168, 169, 170, 171,
Art. 1639 462. 234, 516, 531, 649,
Arl. 1640 459. ¡54, 8¡3.
Arl. 16 111 468. - alin. 2 754.
Ar·I.. 1 I'L1!. 3 !170, /172. ,\rl. 1691 168.
.l\.rl. 16!1/1 470, 472. Arl. 1692 171.
Arl. 16!15 /156, 471, 527. 1\rt. 1693
Art. 16(16 471, 527. Art. 169/¡
,\.rl. 16!17 47 1. ,\.rl. 1695
- alir1. :i
Arl. 11i 118
471.
I -•1, r.r.-
lt70, aa,,, :..>:..>a.
,\.rl. 1
,\.rl. 1097
ºu"
,\.rl. 16'iu fi!i5, (¡69. 1\rl. 1698
Art. 11i:io /176. Arl. 1 Ggg
Arl. 1li:i1 (¡77. Arl. 169u it 1¡01
Arl. 1fi:i2 r. 78. 1\.rl. 1 700
Arl. 16fi3 432, 478, 728. ,\.rl. 1701
Ar!. 165!1 98,433,479,480,481, - 2•
{¡91, 805, 811, 813, - 30
814, 832. Art. 1705
Arl. 1655 136. Art. 1706
- ali11. 1 /¡79. Art. 1707
- alin. ~ f17!l· ,\.rt. 1 ¡08
1\.rl. 16:i(i 1:19, /1¡9. ,\.rl. 1708 ¡\ 1s:11
1\.rl. I (if¡7 !176, /i77. Ar!. 17º!l
Art. 1lifig /18:i, /187, /i88. Ar!. 1710
Arl. 1(Hin, alin. 1 /187. ,\.rl. 1711
- alin. ~ /187. ,\.rl. 1715
Arl. 1!Hi1 191, '1R:i. - 11li11. ~
Arl. 1lili~ /iHli, /188. ,\.rl. 1¡1G
Arl. 1 lili:I l."~
,p, '.
Art. 1 lili/¡ f1!)I. ,\ 1' l.
A rl. 1 lilili '1 HX. A rl.

T.<\BLE DE CO'.'!CORD,\'.'!CE DES TEXTES


.
CITES
.
.<\U COURS DE L OUVR1\GE
,

•\rt. líl!), alin. 3 545. 1 Arl. 5o5.


,\rt. 1í20, alin. 1 5?.4. Art. ,. 3
5 1~2,
Í'-' 74 , 3 · ·:JO:J,
7::,, 1
- alin. ?. 525. · 575, 57ti, 577, 579,

.\rl. 1721 509, 52¡, 5?.8. 090, 700.
- alin. 2 5?.7. alin. 1 3o!), 5¡8, :,8G.
1\rl. 1722 10. 130. 132, 13¡, 158, alir1. 2 586.
52(i, 5/28. alin. 2 i1 5 589.
•,, ., ...
,\rl. 1¡?.3 V-~ j • alin. 5 593 .
,\rl. 172!1 5:18. 1\rl. 1781 (abrogé) 5o4,5'21,5íli,58o,581.
- alin. 2 528. Ar!. 178:1 il 1786 568.
- ali11. 3 5:J8. 1\rl. 1Í83 569.
:\rt. 1-25 1
t,54. 515, 528. Arl. 1í8'1 10, 11, 570, 571, 572.
,\rt. 1¡26 /254. 528. ,\.rl. 1785 568.
:\rl. lj'..lí 515, 528. .-\.rt. 1786 568.
.-\.rt. 1í28. alin. 1 029. .i\.rt. 1787 554 .
- alin. 2 535. .-\.r.t. 1788 553, 554.
Art. 172!) 13í, 529, 530. Art. 1778 il 1790 554.
:\.rt. 1¡3o 10, ,ii3G. Art. 1789 553, 555.
:\.rt. 1¡31 536. 1\.rt. 1790 130, 555.
1\rl. 1¡31 510, 537. .\rt. 1792 149, 201, 556, 557,
,\rt. 1¡33 10, 338, 537, 538, 539, 558, 559, 560, 561'
5!10, 545, 1014. :íli2' 563.
Art. 1í3 1 1 ;3-jl •'i38 , 5 ...,o ' 541 1
V
1 1\.rt. 1793 537, 558.
1014. Art. 1794 141, 566, 567.
Art. 1¡35 534, 53¡. 1\.rt. 1790 1/12, 566.
.\rt. 1736 142, 517, 518, 523. ,\.rt. 1798 ;¡·51..,, .,"6-;J, 8 22, 81.8
L1 •
1\rl. 1-3- 1 1 51 Í · .\rt. 1799 !í52. 562.
.-\. rl. 1738 142, 5·i:i. ,\rl. 1800 rt s. 5o4 .

Art. 1739 022. :\rt. 1800 5/29 .
Arl. 1740 5'.!4. ,\rl. 1804 549.
.i\.rl. 1743 º(,.(jl •
3 20, ,;i •. ,92, :J11,012, r. ,\rt. 1805 549 .
• 'j aI;'.,J.,
;JI\, • I :J •4 g. ,\rl. 1807 10.
a
Art. 1744 1747 51 2. ,\rl. 1809 549.
.-
Art. 1748 \rl. 1810 ;J,)0.
Arl. 17!19 1\.rl. 1811

1\.rl. 1¡:.>o - ali11. :i 1 2.
,\ rl. 1751 1\.rl. 181:i :,4(),
Arl. 1-;¡2 • 1\rl. 181:I
. '.
:,49
1
- ·1
:\. rl. t -;~1. 1\rt. 1815 550.
,\.rl. 1817 5!,g.
Art. ] ...1•. :--,,:, ,\rl. 1818 r. •
.,ao.
Art. 17aa -- ,\rl. 1818 á 1820 ,),)(}. r. r.
Art. l ..1'~-1 ,\rt. 18:11 a r. -
1825 ,):)().
Art. 1758 Ar!. 182:, l !l.
1\ rt. 17;>!) - 1\rl. 1827 á 1830 :,.,7, • I
r. •
.i\. r t. 17(io ·\rl. 1828 ,lao.
.i\.rt. 1ífl 1 ,\rl. 18:l1 --
ªªº· n:1:1, 635,
Arl. 1 7 (i :1 1\rl. 1832 n:1~.
Art. 17fl!1 ' 6:18, lit,~.
Art. 1 71i:, ,\rl. 18:!2 /t 1873 64 ~- •
Art. líUU Art. 1833 (133.
Art. 17li7 Arl. 18:l 11 6!18.
Arl. 17li8 1\rl. 18:lr, 6 11 1 .
1\.rl. 17ft!] .\ rl. 1 8:lti ',.
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,\rl. 18:l¡ li'i1.
Art. 1----0 I I - nlin. 1 I
ü:10.
Art. 1--1 1\. rl. 18!11 n:10.
1I
- ali u. ,• . ,\rl. 18!13 rl s. li'i~ .
Art. 1 ../ -1 ',I 1 o, 1 1 . \ rl. 18 1,:1 i'1 181i 11 li'i8.
Arl. '¡¡ :1 10, 11, Arl. 18 1,r, i', 1818 li'i~.
Arl. 1--', ft 1 ~- :\rl. 18!,:,
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:, 18, nlin. 1 lifi!),
Arl. 1--8 I 1
,,.,a.
r. I • - nlin. 2 ti/19.
. TABLE DE CONCOI\D,\NCE DES TEXTES CITÉS 1\U COURS DE L'OUVRAGE 1083
.\rt. 18/16 Í - alin. 2 190, 481.
- alin. 1 ,\rt. 1915 675.
1\rt. 1850 .\rl. 1917 675 .
,\rt. 1851 ,\rt. 1918 676.
- alin. 1 6!,9. ,\rt. 1919 G75.
-- alin. 2 G49. ,\rl. 1923 07ü.
1\ rt. 185 2 6!1:!. \rt. 1g2(¡ G76.
,\rl. 1853 G38. ,\rl. 1925, alin. 1 G7G.
,\rt. 1855 638, 642, 652. - alin. 2 676.
,\rt. l 856 649. r\rl. 1926 ü76.
- alin. 1 650. ,\rl. 1927 8, 278, 508, 677, 681.
- alin. 2 650. ,\rt. 1928 li76, 677. .
Art. 1857 650. - 1º 6¡8, 681.
1\rl. 1858 650. - 2º 678, 681.
_\.rt. 18;i9 642, 650. - 30 678.
- 1º 650. - 4º 678.
- 2º 650. ,\rt. l 929 JO, 509.
- 30 650. Art. 1930 677.
- 4º 650. _\rt. 1931 677 .
.\rt. 1860 650, 651. .\.rt. 1932 678 .
Art. 1861 ü49. 1\rl. I 933 9, 678, 679.
1\rl. 1862 ,e
1),) I • ,\rl. 193 11 10, 678, 679.
A.rt. 1863 651. 1\rt. 1935 9, note, 679.
e
1\rt. 186/1 (j ,) 1• ,\rt. 1937 it 19 110 678.
Art. 1865. l.
141, "e
u;)2. .\rt. 1938 6í8.
- alin. 3 t.
lij2, 63 9• - alin. 1 677. •
.\.rl. 1867 G/¡2, G52, 653. - alin. 2 677.
- alir1. 1 130, 131. ,\rt. 1939 678, 679.
- alin. 3 c3 .
(j ,) ,\rt. 1942 6í8.
,\rl. 1868 (,_),)e 2. 1\rt. 19/13 078.
,\rl. 1869 75, 141, 586, 652. 1\rt. 1944 188, 6¡8 ..
1\rt. 1871 G53. .\rl. 1947 6¡5.
1\rl. 1872 G53. ,\rl. r 948 !108, 675, 772.
Arl. 1873 633. ,\rt. 19/19 680.
1\rl. 187(¡ G6 r. :\rl. 1950 ü8o, 682.
1\rl. 1875 (j(j l . ,\rl. 11¡52 li8o, 681.
1\rt. 1876 GG2. 1\rl. r 953 r 1, 22, 570, 11olc, 681,
1\ rl. 1880 682.
- alin. 1 663. ' - alin. 1 681.
- alin. 2 G63. - alin. 2 682.
.\.rl. 1881 ro, 663. 1\rl. 19511 10,11,G81.
Arl. 1882 JO, 278, 6G3. .\rl. 195G 683 .
Arl. 1883 12, 603. .i\rl. 19f,7 (i7 5, 683 .
Arl. 1885 120, 665, 775. r1olr. 1\rl. 1959 (i83.
,\rl. 188G 664. 1\rl. 19G1 G83.
1\ rl. 1887 200, 603. ,\rl. 19G/1 28:l, 084.
,\rl. 1888 f,(j(¡. 1\rl. 19G5 68,685,686,687,688.
1\rt. 188!1 lill/1, llll7. 1\rl. 19Gli G8li.
:\rl. 18!10 OG2, 66/i. - ali11. 2 687.
,\rl. 18!11 6G2, fl!il¡. 1\rt. 1907 (i8, /100, 685, 680.
Arl. 1892 6!i1. ,\rl. 19li8 691.
Arl. 1892 il 665. Art. 1969 690.
Art. 181¡:l G61. Arl. 1970 090.
Arl. 1899 6n 7. Arl. 1971 691.
Arl. 1900 liü7. Arl. 1972 691.
Art. 1!101 (ili], .\rl. 1!173 33li .
Art. 1uo2 ()(j(¡. - alir1. 2 690.
Art. 190:, (l(i7, 609. Arl. 197/1 6112, 693.
Arl. 1!loli ns, r,n 7, 668. Arl. 197!i 092, ll93, 095.
Arl. 1907 28, (i69. Art. 1976 691.
Arl. 1908 2!19, Art. 1977 6q4.
Art. 1911 lig4. Art. 1978 140, 481, 094, 095.
Art. 1n12 130, /i81, 094. Art. 1979 694.

_.

1084 TABLE DE CONCORDA.NCE DES TEXTES CITÉS AU COURS DE L'OUVR,\GE

A.rt. 1980 G93. \ Art. 2026


Art. 1981 690. ~ alin. 1
_c\.rt. 1983 693. 1 - alin. 2
Art. 1984 696. ,\rt. 2027
- alin. 1 699. ,\rt. 2028 2032 a
_c\.rt. 1985 700. ,\rt. 2028
- alin. 2 696. ali11. 1
Art. 1986 697, 698. - ali11. 2
Art. 198¡ 702 . - alin. 3
.i\rt. 1988 702' 703. ,\rt. 2029
Art. 1989 702, 703. ,\rt. 2030
Art. 1990 702. Art. 2031
Art. 1991 199¡ a 703. - alin. 1 736.
Art. 1991, alin. I ¡o3. .-\rt. 2031
- alin. 2 709, 714. - alin. 2 736.
Art. 1992 8. _c\.rt. 2032 737.
- alin. 1 ¡o3. ,\rt. 2033 98, 737.
- alin. 2 278, 704. ,\rt. 203!1 -
;J02 .
1\rt. 1993 705. .i\ rl. :io3:í
1\rl. 199!1 704. - alir1. 1
- alir1. 1 70!1. - ali11. 2
- alin. 2 2 18, 7o'i. ,\rt. 2036
Art. 19()5 íºª·
- -ali11. 1 73!1, 738.
Art. 199G 29, 706. -ali11. ·i 7:18.
1\rt. 199i 708. ,\rt. 2037 733,739,740,741,742,

,\rt. 1998 930, 960, texte et
- alin. 2 708. 11ote.
Art. 1999 705. ,\rl. 2038 • 3.
:io
- alin. 1 706, 707. ,\rt. 2039 ¡/10,
- alin. :i 698, 706, 715. ,\rt. 20!11 72 g.
Art. 2000 7º7· ,\rt. 2042 7~8,
,\rt. 2001 90, 211, 477, 674, 706, ,\rt. 2043 732.
714. ,\rl. :io!1!1 7 I 6.
Art. 2002 200, 699, 707, 715. - ali11. :i
1\rt. :1003 75, 141, 1/12, 326. ,\ rl. 2045 ~1~
1 1•
- ali11. 3 710. ,\rl. ?.0!16 7 I 7·
Art. 2004 586, 709. ,\rl. 2052 il 2057 7 I 9•
Art. 2005 7º9· ,\rl. 2052 7 I !J •
A.rt. 2007 fi86, 709, 714. - ali11. 2 :107' 7~o.
1\rt. 201 o 710. ·\rl. 20;,3 ¡19.
,\rt. 2011 u 20!,3 72!1. 1\ rl. 205!,
1\rt. 2011 73, 724, 929, 960. ,\ rl. :io5() it ·io¡o
Arl. 2012 (ahrogt•s) :17.
- alin. 1 7:1. 726. \ rl. :10;•!) (ahrogt'•) :1:-1:1.
- nlin. 2 7:1, 72(i, 727, 738. \rl. :ioli/i :17.
Art. :1013 \ rt. 206;1 :\¡.
- alin. 1 ¡~r,. •\rt. 2071 7'1 11.
- alin. 2 72 6. :\rt. :1072 ¡!1!1, 749.
- alin. 3 j~:J.- ,\rt. :1073 li 2076 791.
Art. 2015 72 7· ,\rt. 20¡3 7!18, 759.
Art. 2016 72 7. ,\rt. 20¡/1 750, 752, ¡53.
1\rt. 2018 72S. - ali11. :1 7:i3.
J ,·18 , t ('>9, a• 1.,. ~ .·¡ •
1\rt. 2019 728. \ r 1. ~.107.)r.
1
r. 1,
r. 7., j,l
1\rt. 20:10 190. ¡5/1.
- alin. 1 728. .\ rl. ·io¡!i 7:,o. 7r,,, ¡f,'.l, s~,.
- nlin. 2 728. \rl. 10¡¡ ¡f>o.
1\rt. 20:11 7:10, 731' 7:13. \ rl. 21178 /1/Hl, 7 11¡, ¡!i8, 76 11.
Arl. 2022 731. -- alin. 1 i;•)(i'l .
Arl. 20:13 - 1tli11. :1 ."
7:,n,
- 111i11. 1 7:1,, un2. .\ rl. '.lºi\J 7li11 .
i •
- nlin. :1 j :i 1 • .\l'I. 'H1811 ·•o:'.
Art. 202!1 7:11 . - 111i11. 1
Arl. 2025 732. - nlin. '.I
TABLE DE CONCORDANCE DES TEXTES CITÉS AU COURS DE L'OUVRAGE 1085
Art. 2081 - 4· 551, 831, 848, 849.
- alin. 2 1 - 4º, alin. 1 850.
Art. 2082 ~~1
11 • - 4º, alin. 2 84g.
- alin. 1 l 4o, 756, 760, 763. 832.
,\.rt. 2083 756. .\rt. 2104 778, 782 •
- ali11. :.i 756. ,\.rt. 2105 782, 826, 829, 831,
- alin. 3 756. 846, 860.
1\.rt. 2084 754. .i\.rt. 2106 861 .
Art. 2085 it 2091 745. ,\.rt. 2107 1021.
Art. 2085 744, 747. i\.rt. 2108 836, () 118, 993, note,
- alin. 1 746. 1007.
.i\.rt. 2086 747. .\rt. 2109 844, 845, 846, 948,
Art. 2087 1022.
- alin. 2 ,\.rt. 2110 816, 850, 851. 852.
.\rt. 2088 ,\.rt. 2111 832, 841, 853, 854,
.i\.rt. 2091 855, 856, 858 .
- alin. 1 747. - alin. 2 857.
1\.rt. 2092 38, 39, 4o, 84, 189, 1\.rl. 2113 780, 847, 851, 855,
721, 722, 776. 954. 856, 858, 861.
Art. 2093 39, 514. 1\.rt. 2114
1\rl. 2094 ~~2
11 · - alin. 1 872.
Art. 2095 777· - ali11. 2 874, 875.
Art. 2096 861. 1\.rt. 2116 884.
Art. 2098 778. 1\.rt. 2117
Arl. 2099 777· - alin. 3 92 '1.
Art. 2roo 777, 778. Art. 2118 833, 834, 876, 877.
1\.rt. 2101 778, 781. 782, 783, .\rt. 2119 7!18, 782, 808.
785, 786, 789, 7!lº• ,\rl. 212 l 882,885,894,897,912,
825, 846, 869, 950, 951, 961, 995, note,
993, 1021. 998.
783. - alin. 3 820, note.
• 785, 786. - alin. 4 911 .
551, 778, 786, 788, ,\.rl. 2123 228, 882, 913, 914,
815. -
9 19, 9 2º• 9:i7.
- 5• 789. - alin. 1 913, 915, 916, 918.
6º 397. - alin. :i 9 1 7.
Art. 2102 531. 778, 791' 793, - ali11. 3 920.
974. 798, 853. - alin. 4 9 1 9· j '

532,535,548,764,781, ,\.rl. 2124 a 2133 924.


7!)2, 793, 7g5, 799, 1\rt. 2 l 24 869, note, 924.
826. ,\.rl. 2125 185, 895, 926, 927,
- 1º , Ul.1n. l
1 •, a r1n. 3
7!)1, 800, 801. 928.
- 800. 802. .\rt. 2127 222, 27!), 930, 931,
- 1°, alir1. /1 788, 11olc, 7!) 1, 7!l? ·
,\.rt. 2128
933, 957.
796, 815, 826, 827. 932, 957.
r. ,\rl. 2129 883,!)33,934,935,936.
1°, alin. 5 7(i .,, 797·
- !lº 75!¡,776,777, 778,791, - alin. 2 312,925,926,927,935,
8 1 !1. u37, 938.
773, 79:1, 81{i, 817. Arl. :1130 31:1, 938, 939, 953.
6g1, 778, 791, 805, Art. 2131 190, 93!).
806, 811. ,\.rl. 213:i !)3:1, !)34, 997, 1011.
- 4°, alin. :.i 805, 81:.i,81:l,81!1, 832. 1\rt. :.i 133 811, 83!¡, 884.
- t1•, nli11. 3 757, 791i, 810, 8:16. ,\rl. :.1134 !)!i5, !)50, 999. i
- 50 77!1, 7!)1, 818. Arl. 2135 88!), 8!)4, 898.
1
- (jo 774, 791' 81!). :.i o 8!)!).
- 7º 7:14, 7!)1, 819. - :.iº, ali11. 1 8!)!), !)05. •

- 8• 8:.i 1. - 2°, alir1. :i 8!)9. 1


Arl. :i ro3 778, 780,831,8:l/1,8/1 11, -- 2°, ali11. 3 89!), !)OÜ.
8119, 8:,:i. sr,:1. 1\.rt. 213(i 888, 897, 903.
- 1º fi!)l, 778,831. - alin. :i 888.
- 1•, ali11. :i 8!12. ,\!'l. 21:18 8!)7.
8:1:.i. A.rt. 2131¡ 888, 8!)7, !lº:1, !)!)5.
-
- 3•
2"
8:11, 8/1:I, 8/14, n:.io. ,\rt.
.
:1140
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a 2145 101 l.
.1
''
1
' ; ¡'•

1086 T,\.BLE DE CONCORDAXCE OES TEXTES CITÉS ..\.U COURS DE L'OUVR,\.GE

,\rt. 2140 896. - alin. 1 981, 996.


:\rt. 2 141 887 . _.\rt. 2184 2j 1, 4¡8, 980.
.\rt. 21/13 88¡. ..\rt. 2185 84.
.\rt. 2144 896 . - lº 983, 984.
_\rt. 2165 896. - 30 985.
.\rt. 2146 837,84o,846,852,85¡, - /4º 98!,.
890, 948, 1008. -5º ¡28, 984.
- alin. 1 9:>.2, 945. ,\rl. :>.186 !)83.
- alin. 2 83¡, 922, 942, 945, _\rl. '.118¡ !)85.
946, 94¡. ..\rl. 2188 99 1 .
_\rl. 21!1í - 9;>¡.
9;>0, - ,\rl. :1189
99°,
989.
,\rl. 2148 1 99ª,
9°-1, - 99 6 , 999· ,\rl. :1190 98á.
- 1• 933, 995. ,\rt. 2191 989.
- 2• 995. •\rt. 2192 !)82.
- 3º. 934. Ar!. 2194 985, 1013, 1021.
...:.. 4º 934, 99¡. ,\rt. 2195 986, 987 .
936, 939, 998. - alin. 1 909, !)86, 1021.
.c\rl. :115o 996. - alin. 2 98¡ .
,\rl. 2151 85 11, 948, 96:l. 1001, - alin. 3 889.
1002, 1004, 1008. ,\rl. 2197 820, 981.
,\rl. :115'.1 996. ,\rl. 2198 981, 1021.
,\rl. 2153 90.,,
1 9 39, 99:>,
- no 1e, ,\rt. 2200 95¡, 994.
,\rt. 220 11 8¡6.
.
- º1º
998, 999·
998, 999·
831, 948, 1004, IOO;J,
,\rl.
:\rt.
:>. :>.o5
'.>.'.!06
!Jiº·
;¡ !l ·
1006, IOOIJ • ,\rl. 2 209 39.
..\rt. :i1;i;i 997 · •\rl. :121 :i l 91,
,\rl. 2156 99(i. .\rl. :i214 1ti8, 1¡1 .
.\rt. :1157 1008, 1009. ,\rl. 221 ¡ !)-113 '
,\rl. :11 :18 1009. _\rl. :1'.i20 1
l.f!), "
l:JO, "ti ,
-- l:J
l;J:J, 6l 3•
1\rl. :11;i9 1010. ,\rl. 2:>.:1:i , 5(i.
- alin. 1 1010. ,\rt. 22:13 155.
Art. 21 tio 1009. .\rt. 2224 I fl5 .
.\rl. :1161 1011. ,\rl. 2 2 ·15 55, 156.
.\rt. 2 l (i2 1011. :\rl. 2:130 2 'i 9'
.\rl. 2163 1011. •\rl. :1 :1!,t, 86, 153.
1\rt. 2 l (ji¡ 1011. :\rl. 22í;i ú :121¡ 153.
Arl. :i 1 (ifi _-\rl. 2:148 r. ·¡ •
1011. J ,._l.,_
.\rt. 2 l {i{i 954, 956. ,\rl. :i:.i4!J :io¡.
Art. :i1(i8 963. - alin. :i 211,
Art. 2169 95 8. 9;i9, 965. ,\rl. 22:io ¡~6.
,\rl. 11 ¡o 959, 960, 961' 96:1. Arl. 2 2:14 l1!i1.
.\rt. :11¡1 960, 961 . ,\rl. 22:i¡ 1o18,
,\rl. :i1¡2 u 21¡4 9ti:l. - alin. 1 r.
l ,l I •
.\rl. 11 ¡3 96/1, llO!C, 965. - alin. :l
Art. :11¡'1, alin. 1 964. ,\rl. J2:,8, alin. 1
- nlin. 2 !JÚ/1. ,\rl. :r:iliJ,
:\rl. :r1¡~1 1 •
.¡oa, l''l ""·'•
,,_,,, ""I ""
!)º", \rl. :1~ti:I
969, !)9º· ,\rl. :i:itiá
,\rl. 21¡1i 959, 91l8, 91i9, !J¡o,983. !\rl. :iJ(i8
1\rt. 2177 1 oo:l, o\rl. 12-01
- alin. 1 !)6¡. !J68.
- alin. :i !);I 1 , gti¡, ,\rl. 2:1-1
I
,\rl. 2178 !Jiº· - alin. :¡
,\rl. 2180 r,o·~, 101~. - nlin. !i - r.)
!), 1.
- lº 101:1, Ar!. :12¡ll 1/1fi, 1:1:l, 15/1,
- /i" 1010, 1019, lll'IO, - nlin. 1 ¡\ :¡ 1 /1 7·
- 4º, nli11. 2 -
101:i. - ali11. :1 r. " t
,):)J i"º(').
- l1", oli11. ~l -- alin. !1 ¡86.
- .,,.
101¡, 1018. 1 /1:1,
101/1. 1• . .',
-a111 1l1¡, ¡90.
1\rl. el s. i''I'., . :\rt. :1J¡:I 1/1(i, 1/17, 1/18, 1:10, 154,
2181
Arl. :1181 !li!l• 98o. ,\ rt. JJ¡/1 ,,,¡. 1r,r,.
A1·t. :118:l !)fl!}, \)80, !)8:t. - nlin. ~ 1:1/1,
T,\BL E DE CONCORDANCE DES TEXTE S CITÉS A.U COURS DE L'ouv R.\GE 1087
Art. 2275 146,1 47,14 8,250 ,265. 1\rt. 2279 60,23 4,258 ,259, 432,
- alin. 2 148 . 479, 482, 664, 666,
.i\.rt. 2276, alin. 1 149. 757, 879, 880.
- alin. 2 1 49, - alin. 1 795, 818, 828.
.-\.rt. 22¡7 144_. 145,1 46,15 1,153 , - alin. 2 757, 795, 797, 8 18.
551,6 13,/80 0, 1001, 1\rt. 2280 77 2, 774, 798 ·
\..rt. 2278 153. - alin. 1 -
7:.i7.

COD E DE PRO CÉD URE CIVI LE

.i\.rl. 59 !145 ,\rl. 68'1 ;¡1/1, 94:{


,\rl. 69-6° 642 _\rt. 68:í il27, 88 11, 9'13
,\rl. 122 191 ,\rt. 686 !11, 327, /¡20, 421,9 23,
,\rl. 1 24 192 929, 9-'i3
,\rl 1 35 ¡28 \rl. G8¡ 42 1
,\rt. 158 209 ,\rl. 688 42 1
:\rt. 171 1010 ,\rl. 692 966
1\rl. 1¡3 gag \rl. ¡o¡ 419
,\rL 175 '.!03, 214, 458 ,\ rt. ¡08 96(i
,\rt. 182, alin. 1 458 ,\rl. -; 1 o, alin. 2 978
'
- alin. 2 45¡¡ ,\rl. 711 /i21
,\rl. 185 ',58 ,\rl. ¡13 !180
,\rl. 193 el s. 2 3o · ,\rt. ¡17 482, 483
,\rl. 214 el s. 22!) alin. 1 967
,\rt. 252 /¡,, 294 '.J fi 1 - alin. 7 909, 965' 9ü6, 977,
,\rl. 324 el s. 2/25 1003, 1021
,\rl. 330 ,\ rl. 73:l !180
.i\.rl. 339 ·-
:_¡ :_¡ ,\rl. 7 119 it 779 944
,\rl. 3:i2 el s. '.l{io ,\rl. ¡3 11 966, 987, 1021
.-\.rt. 4o3 260 ,\rl. 7G5, ali11. 2 1004
Arl. 420 291 -\rl. 7G6. ali 11. 1 784
,\rl. 439 728 ,\rl. 768 1 oo'i
1\rt. 47/1 el s. 5/4, 256 ,\rl. 772, alin. 5 909, 98¡, 1021
Arl. 488 (¡97 ,\rl. ¡75 879, 901
1\rl. 512 :~5 ,\rl.8 12el s. 81
,\rl. 5(¡5 2 28 ,\rt. 813 el s. 82
,\rt. 5!18 1010 ,\rt. 819 793
Arl. 557 84, 509 ,\rl. 819 á 823 797
Arl. 558 8!1 1\rt. 820 532
..\rl. 559 85, 86, 118 Art. 832 729, 980
..\rt. 567 88, 825 1\rt. 833 984
,\rl. 581-4 º lig 1 Arl. 83/1 (abro gé) 838,8 47, 8¡1, 957, 9¡9
..\rl. 656 et s. 784 1\rl. 835 871
Arl. 661 828 ,\rt. 838 981
1\rl. 662 78 11' 828 - alin. 8 977, i,1 fine, 978
1\ rl. 67:1 et s. !)!13 ,\rl. 851 ¡72
_\rl. 673 !l!1il, 958 Art. 870 2(io
,\rl. 674 !J2:I, 958 .\rt. 8¡3 :>5
1\rl. (i7¡ \)fig 1\rl. 911:1 222
:\ rl. (i¡X 837, g/¡3, 96!) 8° 2(i4
,\ rt. li8 1 9!1:1 ,\rl. 1020 l'l s. !)io
,\rl. (iX~ 88/1' 9 11:1, !JÜ!J ,\rl _ 1036 3:í

OODE DE COM MER CE


.\ rl. 1 (i:lq 1\ rl. 1 '! '.11 !)

.-\rl.
,.
'.! 11 :18 ,\ rl. l :1 11 !)
.\ rl. 2110 Art. 1 /1 '.l :A C)
li •
A rl. 1128 1\ rl. 1 :> 2~0
1\ rl. 8 2 l !1 ,\ rl. 18el s. (i:I!)
.\rl. q• 2 I (j Arl. 20 U3!)

1088 TABLE DE CONCOIIDANCE DES TEXTES CITÉS AU COURS DE L'OUVR,I.GE

1\.rt. 22 200, 651 .l\rt. 191 825


Art. 23 639, 651 - 8º 553
• Art. 35 171 10° 610
Art. 39 244. 648 ..\rt. 195 244. 412
.l\rt. 4o 648 Art. 2¡1 825
Art. 41 244 ,\.rt. 273 244
.l\rt. 64 149 • Art. 306 77 2
.-\.rt. ¡5 6[¡7 ..\rt. 307 819
Art. ¡6 10;)" ,\.rl. 3:31 2/¡[¡
Art. 91 á 93 ¡48 ,\.rt. 332 2!14. 605
Art. 91 754 ;\.rt. 346 614
- alin. 1 754, 755 ,\.rt. 348 ?.!)!), 610
- alin. 2 ¡55 1\rt. 351 602, 604
- alin. 3 755 :\.rt. 352 602
- alin. 4 754 1\.rt. 353 602
.l\rt. 92 "
7::>1 ¡\rt. 357 605
.l\rt. 94 69¡ ..\rt. 358 605
Art. 95 825 :\.rl. :365 367 a Go1
Art. 96 et s. 568 1\.rl. 381 612
Art. 96 568 ,\. r 1. ~r. ,)" :1 (i 13
Art. !Ji 11 ,\.rt. f144 189
;\.rl. !J8 11, 573 ,\. rt. r, 46 61, 2!18, 946, note 1
Art. 100 130 ,\rt. 4 !17 61, 946, note 1
Art. 101 568 ,\rt. 4!18 • !1 115, 948
.-\.rt. 102 568, 56¡¡ alin. 1 !)2 2
Art. 103 108 a 568 ,\.rt. 450 802
1\.rt. 1 o3 II, 5¡0,--fi72, 573 Art. 490 !) l 7
- alin. 2 13 ali11. 3 840, 885
Art. 104 "
11, ;_-,¡o 1\.rt. 5o¡ 2 76. 332
• ;\.rt. 105 t,4¡, 5¡3 Arl. 508 10 l !J
1\.rt. 1oti 573 ,\.rt. 517 840, 885, 917
Art. 108 I 5o, f>Í~ :\. r t . ;i_,;i
C.f,C.
738
Art. 109 22¡,235,244. :i91,58o, Art. 5!,o 551, 778, 786. 787,
606, ¡55, note. ¡88, texle el 11ole
Art. 110 320 Art. 550 /¡ 1 ¡, 482, 535, 802
Art. 135 . 1 [) 1 alin. 1 803
Art. 14o 200 ali11. :1 802
Art. 142 733 alin. 3 803
Art. 1 f1:i ¡8 al. ', Pl 5 lso:l
Art. 157 191 ali11. 6 530,811, 81(1
Art. 178 :, 7 ,\rt. 5!i3 895, 8!)6
Art. 181 27 1\.rl. :,(if1 895
Art. 187 200 ,\.rl. :,71 i1 :,7:l !178
Art.
Art.
188
189
320
1 /¡8, :165
I 1\rt. 5¡:l 978, note

CODE PÉNAL
Arl. :1!1 886 Arl. /io!i ¡(i3
,\.rl. f1:i 3~1 Arl. /io8 t, 1¡, 763
Arl. f15 201, :io:.i, :, 10 Arl. /i11 l18<i
Arl. 1f17 2 1 !) Arl. /i:i:i ll88
Art. 1¡!i r, :.11 1\.rl. t,li7 :17
Art. :191 (i34 1\.rt. t, Og :17
Arl. t,o5 ¡63

CODE D'INSTRUCTION CRIMINELLE


,\. 1·l. :i Arl, r,:17
A1·1. :1 •,
11!1
Arl. (i:17 PI •S • :~ :) 1
Art. f10!, A.rl. ti:18
J
TABL E DE CO:-!CORDA.:.-iCE DES TEXTE S CITÉS AU COUR S DE r.'OUVRA.GE 1089

COD E . FOR ESTI ER

Art. 43 385 Art. 185


Art. 46 385 ,\rt. 206

COD E DU TRA VAIL

Art. 19 578 1\rt. /¡3 581, 582


Art. 19 a 32 -
G77 1\rt. 43 a 4.'i .'i8 1
Art. 22 5-8
I
Art. 45 582
Art. 23 589 Art. 47 788, note
Art. 25 589 Art. 5o 584, 585
Art. 25 a 28 589 Art 51 585
Art. 26 589 Art. 61 583
1\rt. 28 589 1\rt. 75 a 77 586
Art. 29 589 ,\rt. 75, alin. 2 582
Art. 33 et s. 577i 581 ;\rt. 105 il 107 586

LOIS

L. 7-11 sept. 1790 (Supp ressio n - :i8 vcndé111iairc an I\; (l1 olice
des Parle ment s) de la Bours e) 688
Art. 20- et 21 - i) nivós e an ,. (11 ostcs aux
- 29 sept. 1790 (Duré e des baux) letlrc s, Respo nsabi lité)
,\rt. 1 ,r ,\ rt. 111 570, note
- 28 oct.-5 nov. 1790 (Bien s do- - 15 ger1n inal an ,·1 (abro gée)
mani aux) (Con trainl e par corps ) 3-/
1\rt. 14 932 - 19 floréa l an ,·1 (Ve11tcs im1110-
- 6 n1ars 1791 (Cert ificat ele vie) 693 bilier<'s)
- 6 aout 1791 (Don1 aines congé a- - 11 brum aire a11 , 11I (Hypolhi•-
bles) 859 ques) 789,8 47,87 0,891 ,893, 935,9 93.
- 6-22 aout 1791 (Exécutior1 du ,\rl. 4, alin. 3 88ti
larif des droils d'enl rér et de ,\rt. 11, alin. 3 el /¡ 888, 89 1,
sortie ) ,\rl. l 3 850
1'it. 13, arl. :io 385 ,\rt. 19 1001

Til. 13, art. :i3 885 Arl. 21-2° 88ti


- 28 sept.- 6 oct. 1791 ( i>oJice ru- ,\rt. 23 100;,
rale) Art. 26 97!1
'fil. I, sect. 2, art. 2 Arl. 3o 972' 110\p
Tit. l, sccl. 2, arl. 3 - 13 l)l'UlllaÍr!' a,1 ,·11 (Sur Je
'l'it. I, sccl. 7, arl. 8 1i111 bre)
Tít. 11, art. 7 - 3 fri111aire 011 VII ((:011tril,11tio11
- 4-7 111ors 1793 (~1archés passé s foncit•re)
par l'I~tat) 1\rl. 1/¡7 53;,
Art. 3 932 - !1 fri111aire a11 \ 7 11 (Co11lri!J11lio11
- 2/1 aoül 17!)3 (l?or111alio11 d't111 sur IPs porte s l'l fP111't rPs)
grand Jivrc de la IJcllc J>t1bli- Arl. ,~ !i35
que) - ~~ fri111airc a11 VII (I~nrrgist1:t•-
Arl. (j 171 111enl) '.I 3'¡

- 2 lhPr111idor 1111 11 (Nota rial) 1\ rl. ~ll ·22:1


Art. 1•• 1\rl. ~2 800

- 9 1r1Pssi<lor 1111 111 (lly1>olhi~- .-\rt. 2\J 9li


ques) 8(i:1, 8!i!), 873, 881i, 8!):I, 1001 :\ ,·t. :10 9(i, ¡oli
- (i ll1er111idor 1111 111 ¡J)1·1Hil .<les :\rl. 32, :tlin. 2 201
cll'clii 11{-gocinblt•s 11011 J>r<'•st•n 111s ,\rt. :12, nlin. :1 8~,,
1\ l'éclu \ancc) 1\rl. /¡o 3~9
- 1/¡ fruclido1· 1111 111 (,\l>olilion 1\ rt. lio 480
de In rcscls ion ¡iour cnt1sc de lé- 1\rl. ti,, qfi
slon c11 rr1alil·re de ve11tc i111111u-
bilit•rc) 3o(¡, /1:1¡
:\l ·I . 1¡'8 . .
' .S 1'' ... _,.,.

!118

1·0111c 11 011

1090
.
T\BLE DE CO~COl\D\XCE DES TEXTES Cl'rES .\U COURS DE L OUVRAGE
. '

,\rl. 68, S 1-l¡.i 0 ,\rt. 3o 1 408


, \ I·t .
l'S ~º
> , S· ,'l -.1 - 12 llOV. 1808 (Privilcge du Tré-
.\rl. !\8, S l1 sor pour le recouvremenl des
,\ rl. (ig. S :l-3° conlribt1lions directes) 825
- ?.1 ve11l1isc a11 Yll (()rga11isalio11 - 20 avr. 1810 (Organisatio11 de
ele la conser,·a tio11 eles l1yJ)O- l'ordre judiciaire)
lhcc1 t1es; ,\rt. ¡. ali11. 2 217
\rt. í - ?.! avr. 1810 ( ines, 111ir1ieres
- 2 prairial a11 ,·11 (\.entes i1n1no- el carriCres;
bilicres) 3o:i ,\rl. 8 643
- 18 ¡)lu viosr an \'111 (l)ivisio11 et \rl. 20 825, 859
ad111inislralion du lcrriloirc) --- 28 avr. 1816 (I,oi lle financcs)
_\rl. 11, alin. '.l --3
;_¡ ;J \rl. 16 429-/130
- 25 ve11tose an Xl (il'olariat) ,\rt. 44-3° 418
,\rt. 5 223 \rt. 54 975, note, 979
A.rt. 8 223 ,\rl. 9 l 807, 808
.\rt. g 1
, 2 2 -•, 933 - 15 n1ai 1818 (Loi de financcs)
,\rt. 10 ?.23 .\rl. í8 567
:\rl. 13 22~ ,-\ rl. 80 567
.\rl. 1 11 ? 'J, I1
.•. - l í 111ai 18r9 (sur la presse) 35
,\rl. 15 2 '.>.3 - 2¡ avr. 1825 (~Iil!iard des émi-
\rl. I O !,
2 '.? grés)
,\rl. 20 23:i - 1.i avr. 1829 (l)i\:-he fluviale)
:\.rl. 2 2 .
') 3"J
_, ,\rt. 6:i
Art. 28 229 Art. 7!1
,\rt. 32 808 - 17 avr. 1832(abrogéc) (Con -
,\rl. 33 820 tralnte J)ar corps) 37
,\rt. 52 223 - :i 1 111ai 1836 ( Prol1ibilion des
,\rt. 68 223 loteries) 646
- 21 gcr111inal an XI (sur la ¡)har- - 20 111ai 1838 (\-ices rédhibitoi-
111acie) res) 468, 473
:\rl. 32 !129 - 28 n1ai 1838 (I?aillites et ban-
- 12 germinal an XI ('.\lanufac- queroutcs) ¡86, 787, ¡88, 945
turcs, fa!Jriq11cs et alcliers) 5¡7, ,,8/2 - 3o ,iui11 1838 (.<\.liér1és) 887
\rt. 1:i :"178 ?I,
.i\rt. 887
- 1:i nivcisP a11 XIII (Caulionnp- ,\ rl. ,'l:1 887
111ent cl(•s agenls lle change, \rl.?(¡, al. 2 887
COlll'liers <le COl!Illl('l'C(', ele.) .\rt. ,l9 161
- ¡¡ venl1isc a11 XIII (Cat1lionne- - :l n1ai 1841 (Exproprialion pour
111e11l) ulilité ¡iubliquc)
- 3 se¡JI. 18<>¡ (lnscri¡Jlions l1ypo- :\rl. 17 452, u57, i11ji11e, 958, 977
lh1;cair<"s ¡,riscs c•u verlu <l<• .\rl. 18 452
jug<'llll'llls rcndus sur les \rl. 21 528
cll'11111ndes <'n reconnaissance ,\ rl. 2:l 528
d'o)Jligalions sous sei11g ¡irivt'') :\rl. 1u 528
., 1
u•••· u1.,, 'ººº - ~ juin 18/¡ 1 (''pules ju<licinires
,\rl.:J u1:1 <IP hiPus i111111puJill•s) 729
- :i S<"pl. 180¡ ('l'aux 11<" l'iult;r,\t --- ?.1 j11i11 18!¡:l (l·or111e <les acles
d!' l'argl'11l) 2¡, ·18, liti!J, !\ 1 o, ti¡1, nolarit;s)

,.\)j!I, 1·)j,,
'l 1·)j,t,
1 1·l!).I,
1 1·lt),1
- \ rl. !) ¡oo
.\rl. /1 ti71, 1101!', ti¡:I - :1 n1ai 18 1/1 ((:hassP)
1
- :-, S<"pl. 180¡ /l)roils <111 'l'r,;sor \ rl. 'i
1iuhlic sur les hil'us d«•s co111p- .\rl. 1~-'1º
lahlL•s) 8111·8~0, 11ole A rl. ~s
•.<\rl. 1 !112 \ rl. ~!)
,\rt. 7 !l!J:I, 11011' - fi j11ill1:I. 18!1!i (Jlrc,·efs ll'i11vc11-
--- :, sP¡1l. 180¡ (I\Pco11vrcn1l'lll dt•s I ion)
fruis dt• justicl') \rt. :10, ni. 2 2~2
,\rl. :l 8(io ·\ rl. ·,o, ni. :1 171
.·\rl. !1 • 8~111, 1'1io - 1:"1 jnill. 18!1:"1 (Cliemius de fer) 508
- ,li Sl'pl. 1811¡ / l>1·ss1·che1111•11 l - 18 111ni 18f10 (l,oi dn fl11a11c<"s)
dt•s 111arais) :\ rt. 1 1
.\rl. l:I - ~!I nov. 1850 (C:orr(•s1>011<lnncc
,
TABLE l)E CO'.'iCORD,\.NCE DES TEXTES CITES AU COURS -DE L OUVRAGE
. J 09 l

télégrapl1ique privée) .i\.rl. 1 /1 800


..\.rt. 6 570, note Arl. 23, alin. 2 80
- 19 déc. 1850 (Délit d'usure) - 19 déc. 1871 (Contrainte par
Art. 1c' corps en n1atiere de frais de
Art. 2 juslice cri1ninelle) 38
,\.rt. 3 -- 12 féYr. 1872 (111odifiant les
·- 24 juin 1851 (l\lonts-de- Piété) art. 450 et 550, C. com.) 535, 800,
486, 748-749, note 802, 803
- ro juin 1853 (Sociélés de crédit - 15 juin 1872 ('l'ilres au Jlorteur) 84
fo11cier) 863 -- 2í juill. 1872 (llecruten1cnt de
- 23 mars 1855 (Tra11scriplio11 l'nr111ée) 308
hypolhécaire) 57, 23!1, 489, 7!16, 836. - 25 ja11v. 1873 (Objcts rcco111-
838, 8!17, 856, 862, 888, 890, 979, 980 1na11dés circula11t par la poste)
.<\.rl. r 495 ..\.rt. 'i 570, note
1\.rt. 1-1° 502 - 10 déc. 1874 (Hypothequc ma-
Art. 2 941 ritin1e) 8í1, 882, 1013
Arl. 2-1º 745 - 23 déc. 1874 (Protection des
Art. 2-4• 512 nourrissor1s)
1\. rt. 2-5• 1 7I ,\.rt. 1{¡ 786
.>\rt. 3 167, 233, 7(¡7, 94 I - 5 ja11v. 18í5 (llegislres I1ypo-
1\.rl. 6 847,852,858,956, in.fine, 957 ll1écaires)
•.\.rl. 6, alin. 2 958, 10:12 - 3 111ars 1881 (Colis poslaux)
A.rt. 7 137, 482, 483,811, 838. - 21 juill. 1881 (l>olice sanitaire
839, 81¡o, 84 I, 8¡ 1 des ani111aux) 4'.ig, /168, 473
1\.rt. 7, alin. 2 838 _,\_r\. 1 /¡74
1\.rt. 8 • 889, 890, 89 I, 900, 950, 958 ,\.rt, 2 474, 475
Art. 9 279, 412, 900,901, uo·i, po3, .i\rl. 13 !i73
904, 906, 907, 910, 1007, - 29 juill. 188 1 (Lillerlé de la
1 O'.! 1 presse)
, Art. g, ali11. 2 90!1, 905 ,\.rl. 6:i 149
ali11. 3 908 - 5 janY. 1883 (llisques localifs1
alin. 4 9o7 :í37, 538, 540, 541
- ali11. 5 90¡, 908. 9°9 - 2 not'.1t 188!i (\'icrs rc\dl1ibitoires
- 17 juill. 1856 (Drainage) cla11s les ventes d'ar1ir11nux do-
Arl. 3 8·i:i. 84¡¡, 859 mestiques) 468, /1¡3, 4íl1, !i76
A.rl. !1 8 11¡¡, 85!) Arl. 4 475
- 9 j11in 1857 ('l'a11x de l'escom¡ile 1\rl. 5 473
de la Banque ele J<'rance) G70 1\.rl. G /¡76
- 31 mai 1858 (Saisic i1111nobilierr),/18:1. . - 28 111ars 1885 (~larcl1és i.t lerme) 689
871' 9!1 ~. 11(i6, 987 ,\.rl. I •r 688
- 28 111ai 1858 (l\lagasins gJ11érau:x),7G1, - JO juill. 1885 (llypotl1eque 1na-
11ote_. 762 rili1ne) (i70, 871, 882, 1013
- :i 111ni 18G1 (],1:galisat.io11) :1:1 ,\rl. 2, alin. 1 932
- :i j11ill.18(i2 (111odifia11l les ar- .\ rl. :18 671
licles 7/1, 7:, PI !lº, (;. co111.) - 1:1 ja11v, 1886 ('l'nux de l'inl1:rc\t
- 2:i 111ai 186:l (qui 111odifie le ,le l'argl'nll 670, G71, 672
til. \'I dn liv. 1, C:. com.) 7:,!1, 7fi:, - :11, juill. 1886 (Caissc 11alionale
- 21 juin 18(i5 (,\ssocialio11s sy11- ,les rPlraites pour la vieilless<')
. dicales) ,\rl. 8 691
Arl. r :i - (¡ f1:vr. 1888 ( l\c"•JJrPssio11 des
- 22 j11ill. 18(i7 (<:011lr11i11le ¡>ar fraudes da11s le co1nn1ercc des
cor¡is) :16, :l7, :lS, 8!) engrais:, 438
ArL. 5 :1:,:1 - 1 Í avr. 1888 (111odifianl les
- 2/1 juill. r Sli7 \ :,;oci1:11:s¡ fi:lu, li!io, li/11 arl. 10:i t•l 108, l:. co111.) 57:I
- til. 1 Pl :i li:l!I - 1:1 dc"·c. 1888 (~y1Hlicals 1>ot1r
- liJ. /1 li:l!) la d,',frnse <l<•s vignt's eontre le
Arl. liS 0/10 ¡> h y llox,:ra: 276
- 2 ll<>Úl 18li8 (nhrogPanl l'nrli- - ~~ 111:c. 1888 C\.ssocialions sy11-
clc 1781,1:.civ.) :,:11,:,80, :,81 1liral1's: ~76
- 12 noi'1l 1870 ((:ours 11:gnl tll's -· 1:I f1•,·r. ,~8!1 (llypolhcq11<' l<\-
billelH 1le In l\11111¡111• 1lci l•r1111c1•) galP de la f1•11111u• n1ari,;<') 871, 900,
- 23 no1'1l 1871 (1111111\ts rl'lntifs i1 go~, !lº7• 908, 1021
, l'e11regislrc111c11l el_nu tln1l>re) 1 - 19 févr. 1889 (llcslrictio11 du

.,

• •
1092 T,\BLE DE CO'.\'CORDA.'.\'CE DES TEX'fES CITES ,\l" COURS DE L OUVRAGE

privilege du bailleur d'un fonds l'exéculion des travaux publics)


rural et altribution des indem- 1 1\rt. 18 821, note
nités dues par suite d'assuran- - 6 févr. 1893 (Séparation de
ces) 800, 803, 824, 871 corps¡ 900
Art. 2 543, 545, 796, 810, 823, - 17 juin 1893 (Cré1111ces privilé-
1013, 1014 giées) , 1002
,\rt. 3 534, 542, 543, 82 l, 822, - 1e, aout 1893 (Sociétés par ac-
823, 1013, 1014 lio11s) 633, 640, 788, note
,\rt. 3, ali11. 2 618 1\rl. ti, alin. 1. 931
- 4 mars 1889 (Liquidation judi- ---, 29 juin 1894 (Caisses de secours
ciaire) 36 et des retrai les des ou vriers
..\rl. 4 885 111ineurs) 583, note
,\rt. 5, alin. 2 946 - 24 juiii.' 1894 (\. en le des vins) 469
..\rt. 8, alin. 1 189 - 12 janv. 1895 (Saisie arrcl sur
A.rt. 15-1• 276 les salaires et pelils traitements, 119,
Art. 18 803 577, 581, 583, 584
Art. 2:a 787 :\rt. 1 583
,\rt. 24 803 1\rl. 4 583, 584
- 4 avr. 1889 (Code rural) :\rt. 4, alin. 1 585
,\rl. 4 ,\rt. 5 583, 585
,\rt. 7 - 6 févr. 1895 (n1odifiant
- 18 juill. 1889 (Bail a colo11al l'arl. 549, C. con1.) 787, 788
partiaire) 547 - 31 juill. 1895 (\'c11tc eles ani-
,\rt. :i 548 1naux alteinls de 111aladies con-
1\rt. 3 51¡7 tagicuses) 429, 468, 473

,\rt. 4 547 ,\rt. 2 • 475
,l,.rt. 4, alin. 2 11, 539, :i48 - 27 cléc. 1895 (Caisscs de relrai-
,\rt. 4, alin. 3 548 tes au ¡irofil des c1111iloyés et
,\rl. ;i 548 ouvricrs)
Art. 5, ali11. 2 524 1\rl. !1, alin. 1
1\rl. 6 548 - 8 févr. 18!J7 (D0111ai11es congéa-
,\rt. 7 548 blPs)
A.rt. 8 548 ,\rl. 5, alir1. 2
,\rt. 10 51¡8, ¡93 ,\rt. i 1
,\rt. 11 5(¡8, 549 - 6 avr. 189¡ (\·c11lc eles vi11s
,\rl. 12 548 arlificicls) 469
1
- 24 jt1ill. 1889 (l roleclio11 des - 1li avr. 1897 (I\éprcssion de la
cnfants 111allraités ou n1oralc- fraude da11s le co111111erce du
1nenl aba11do1111és) l><'ll l"l"C l
1\rt. 10, ali11. 2 1
- 1•• 1nars 1898 (l•o111ls de co1n- .
1
'
- 1/1 aoí1t 1889 (\ºente des ,·i11s) 111crce) •

- 2 juill. 1890 (abrogea11l les 1lis- - 8 11H1rs 1898 (\igncs ú co111-


posilions rclatives at1x livrels ¡1lant) 517
d'o11vriers) - 9 avr. 1898 (:\ccidP11ls clu lra-
,\rl. 2, 11li11. 1 vail) 11, 1~. :,(i¡¡, :158, :160, 3¡o, 381,
- 27 dt'•c. 1890 (l:011lratde lo11a¡.rc) .·1·1·11·1 r.
. g,' . . 9.,, , H7, ~10, ,).._,1, 6''
r.r. º"'
a75, 5 75, r, 77 , 58 9 , r, 110, 59 1, 592 607, 11ole, 61(1, 8~1, 823.
- 2 j11i11 1891 ((:ourses dP che- 1\ rl. 1 :193, 394
y¡111x) ti8¡ :\rl. :i, alin. :i :\114
,\rt. 5 (i8¡ :\rl. :1 3!J'•· 39r,, 3110
- 11 juill. 11l91 (\'l'r1ll' des vi11s) !1ti¡1 ,\rl. !1 :195
- :i;, juill. 1891 (lnlerdictio11 eles ,\rt. l1, alin. 1 395
saisics-arr1'ls sur lt•s fonds clPs- ,\rl. 7 !.17, 395, lio8
li11és aux P11lr1•11r1•11curs cll' lrn- 1\rl. ll
vnux 1111tion1111x) :1:l/1, :,tifa, 1!21 Arl. 1li, ni. :,
:1114
(j 18
..
- 12 nvr. lll!J:i (l:olis 11osla11x) :,73 A rl. 1 H 149
- 11 j11ill. 11!9:i (ajo11l1111l 1111 ¡111- ,\rl. :io, ali11. 1 351
ragra¡1h1• ú J'nrl. :i:il!o, <:. riv.) .-\rl. :io, alin. :\ :151
·- :lo nov. 11!92 (Sur l't'Xl'l'<"Í<"O <11' Art. :i:I
la 11u;cll'ci111•) Arl. :i:1, 11li11. 1 ~~;
:\rt. 1 :i 71!:,, ¡86 ,\rl. :ill, nlin. :, 824
- l!J <lt'•c. 11!9:i (I)o111111ugc•s Cllll· Arl. :ili, nlin. 4 920
st;s ii In ¡1ro¡1riéll\ ¡11·iv{,e J>Hr - :., 1 j11h1 18!)8 (l'olicc r11ralc)
TABLE DE CO'.'!CORD.\'.\'CE DES TEXTES CITÉS A.U COURS DE L'OVVRAGE 1093
,\.rl. 31 1\rt. 11, alin. 2 635, 657, 658
.i\.rt, (¡ 1 alin. 3 fi58
,\.rt. 41, alin. 4 Art. 12 659
:\.rl. 46. ,\rt. 12, alin. 2 660
- 18 juill. 1898 (\\' arran ls ,\rl. 1 3 654
coles) 1\rt. 17 250 ,
,\.rt. 1 1\rt. 17, alin. 1 656
,\.rt. 2, alin. 1 - 18 juill. 1901 (garantissant
- alin. 2 leur travail aux réservistes et
ali11. 3 aux terriloriaux appelés a faire
:\.rl. 3 leur période) 575, 577, 589, 594
alin. 2 - 2 janv. 1902 (Compétence en
1\.rt. 4 111aticre d'assurances) 615, 616
.i\.rt. 6 !\rt. 1 616
..\.rt. 8, alin. 1 .i\.rt. 2 616
,\.rt. 10, alin. 1 - 15 févr. 1902 (Protection de
.·\.rt. 1 l la san té pul>lique)
,\.rt. 12 ,\rt. 15
,\rl. 13 - 25 juin 1902 (Bail empl1ytéoti-
,\rt. 14 que) 617
,\rl. 18 ,\rl. 1 516, 878
18 IIOV. 1898 (Pccl1c fluvialc) ,\rl. 1, alin. 2 li:i:i
- 18 avr. 1899 (Rcsponsabililé ,\rl. 12 624
des hóleliers) 682 - 12 aout 1902 (Notarial) 224,700,933
- 3o mai 1899 (Loi de fina11ces) 993 ,\rt. 1 :123
- 3o j11i11 1899 (,\ccidents causés - 31 n1ars 1903 (Loi de finances)
dans les exploilalions agricoles) 393 ,\rl. 7 i98
- 20 juill. 1899 (llesponsabililé - 3o déc. 1903 (Loi de finances)
de I'Elat sul)sliluée a cellc des ,\rl. 3 198
1ne111bres de l'enseigne1nc11l pu- - 8 déc. 1904 (interdisanl l'assu-
blic) 376, 380, 381 rance en cas de déces des en-
- 12 1nars 1900 (\' e11 le it crédil far1ls de 1noins de douze ans)
des valeurs de Boursc) 306, 436 - 14 janv. 1905 (I11demnités
- 1e, a vr. 1900 (Cuu rses de cl1e- dansle cas d'abalage d'ani1naux
vaux) 687 pour cause de morvc ou de far-
- 7 avr. 1uoo (l'aux de I'inlércl cin) 796
legal) 26, 27, 29, 478, 67!1 - 23 févr. 1905 (Policc sanilaire
- 27 juill. 1900 (relalive a la des ani111aux) 429, 468,473,474,475
transformalion en une laxe ' ,\rt. 2 47!1
pro1>orlionnelle des droils ¡>er- - 17 1nars 1905 (ajoulanl un pa-
i;us sur les forrnalilés l1y1>oll1é- ragraphe it l'arlicle 103 C. com,)
caires) 13, 572, 5¡:I
Arl. 1 995 - 17 1nars 1905 (Sur,·eilla11ce et
- 4 févr. 1!lº 1 (1'u le lle ad n1 i 11is- controle des sociélés d'assuran-
l ra li ve CII llHllicre lle do11s el ces sur la vie) 6q:i

legs) 1\rl. 7, ali11. :.1 79º
Ar!. 8 83 - 31 111ars 1905 (Accide11ls du
- 1'' juill. 1901 lravail)
cia liu11) ,\rl. 11i, der11. ali11.
,\rl. 1 - 1'' aoul 1905 (l\épressior1 aes
,\rt. 1, alin. 1 frat1des dans la vc11tc des 1nar-
:\ rl. :A cl1a11discs) 470
,\ rl. :{ - 11 a,·r. 1906(1\ccillc11lsdu lravail
/\ rl. :1 dar1s les exploilalio11s co111111cr-
:\rl. fl ciales) 393
:\rt. ti, 1• - :{o aYr. 19o(i (\\'arranls agrlco-
-- 2°
:1.
Pl :1•
-
lt>s)
:\o ja11v. 1907 (Loi de ílnanccs)
761, 76l

Arl. 7 Art. /1 149


,\rl. !:<, 11li11. 1 - 1u 11111rs 190¡ (<~o,11¡>éle11co tor-
-- alin. 2 l'l 3 ri torialc des 11olaires)
,\rt, 11 Art. 1 el ~
Arl. 10
. . ' ----,,, ..... ···- '/ . .
. . .. ' -·

T ..\.BLE DE CO'.'ICORDA~CE DES TEXTES CITÉS .\U COURS DE I.'OUVRAGE

- 17 juin 1907 (~fentions de l'ins- Ar!. 3 583, note


, cription hypothécaire) 996, note - 6 avr. 1910 (Adn1inislralion lé-
- 8 juill. 1907 (\'ente des en- gale. C. civ., 389, nouveau)
grais) 306, 438, 439, !14!i - !) avr. 1910 (Proleclion clu droit
•.\rt. 1 /¡38 des auleurs en 111atiere de repro-
..\.rt. 3 440, 441 duclion des ceuvres d'arl) 448
- 13 juill. , 907 (Libre salairc de - 28 déc. 1910 (Codification des
la femme mariéc), 581 lois ouvrieres) 577
•.\rt. 1, alin. 3 666 - 31 déc. 1!)10 (I-Iypoll1eques CO!l-
- 17 juill. 1907 (Saisie-arrel. A.ffec- Yenlionnrlles) g?.¡, 928
talion spécialc) 85, 86, 88, 169, 825 2G févr. 1911 (n1odifiant l'arli-
- 18 juill. 1907 (Faculté d'adl1é- cle 2272, C. civ. 1 1!17, 790
sion a la législalion des acci- - 8 avr. 1911 (111odifiant 1·arl. 1!)53
dents du travail) 394 C. civ.) 22, 5¡o, note, 682
- 17 n1ars 1909 (''e11le et nanlis- - 18 janv. 1912 (Enregislreme11t.
se1nenl des fonds de commcrce) ,\IJrogalion de l"art. 60 de la loi
761, 765, 766, 767, 811 dt1 22 fri111aire 1111 ''ll. Restitu-
Ar!. 1 /¡83 tion des droits. Exccplio11s) 480
Art. :.i 483, 841, in .fine, 812 - 2¡ févr. 1!)12 (Loi de fi11ances)
..\rt. 2, al. :.i /¡82, 842 ,\ rl. 6 ·329, 330
..\rt. 8, al. 2 758, note Art. 7 329
Art. 12 8,-7 - 28 111ai 1913 (créant t1n priYi-
Art. ,3 88,- lt•ge at1 profit de la victi,ne d'un
Art. 22 809, 882 accidc11t sur l'i11den111il1; d'assu-
;\rt :i7 ~65
I rance d11e i1 l'aulc11r de l'acci-
- 4 juin 1909 (Courses de che- dcnt assuré pour couvrir sa res-
vnlLx) ponsabilité) 618, 821, 823, 824
- 12 juill. 1909 (Bien de fa111illc - 31 juill. 1!)13 ('·ente C'l 11a11tis-
insaisissable) se111enl des fo11ds de commcrcc)
Arl. 10. al. 2 876 761, 801
- 0
29 juill. 190¡¡ (Rctrailcs du per · ,\rl. 1, ali11. ~ 801, note
so nr1el des grands réseaux de - 8 aout 1913 (,,·arra11t-l1ótelier)
cl1e1nins de fer) 761, -;65, 800, 11ole
Arl. 5 :\ r 1. 1 76G
- 27 IIOV. 1909 lgaranlissa11! lt'llr 1\rl. ?., alin. 2 766
lraYail aux fe111111es t•n coucl1t's) Arl. 3 76(i
577, 589, 5!J4 ,\rt. 11, ali11. 2 761i
- 7 cléc. 1909 (l'aien1enl des sa- 1\rl. 11, ali11. :l 767
laires dus ouYricrs el e1n¡iloy1;s) 1\rl. 11) 7!i¡
577, 581 - 2/¡ févr. 1!)14 (\"ices r{,dl1ibi-
- :.i5 111ars 1910 (Supprcssio11 des loires llnns ll's vPnles d'ani-
écono111als) 586 11i:111x don1esli1¡11Ps) !1(i8, /¡7G
- 5 aYr. 1910 (llclrailcs 011Yrii·rcs - ~5 févr. '!l1'1 (S1•co11rs el rclrni-
C'l ¡1aysan11es) 5!)3 1 les 1lcs ouvriPrs 111inl•11rs) 58:l, note

DÉCRETS
• •
D{!crcl tl11 :16 pl11YiosP an 11 (l11- - 1 1 JUlll
tcrdiclio11 des saisics-arrcls sur ll il Ul"l'S)
les fonds deslinés at1x t>11lrc- A rl. 1 :i
1>rPneurs de lrava11x 11alio1111ux) - 1(i janv. 1808 (llanqtll' di'
'31.•I, :)r.¡·J.¡,
_, 1 ·1·0
!> J , 8 !l l 1 8 !.I '..t l•rnnce)
Arl. :J 8~1 ,\ rl. 7 R-R
. 1
- (¡ !,(l'l'lll i11al a 11 11 (( :onl llll'l"Ce - :10 111ars 1808 [f:ours

PI lrihu-
1t1arili111e PI llo111111es) IIIIIIX)
'fil. 111, nrl. 8 ,\rl. 102 3:,
- :.i/1 111t•ssiclor 1111 ~11 (l\1011ls- - !) avr. 1811 (1'1•rso1111alilti 1110-
cle-Pitilé) 748-¡!1!J, 11olt• r11ll' dPs d1;1111rl1•1111•11ls) !) 1 1
- 1 ¡.rcr111i1111l 1111 XIII (llroils - 28 f{,,r. 18:,~ (Soriét,;~ 1lc cr1:dit
réunis) fonciPr) 86:l
Arl. 3:, ,\rl. ti 102:1
- 13 thern1l<lor 1111 XIII ('fr1111s- 1\rl. !l 1023
ferl <les :, o/o co11solidPs) Art. 19 1024
.
TA.BLE DE CONCQRDA'.\"CE DES TEXTES CITES AU GOURS DE L OUVR,\.GE
. -
109:>

,\.rt. 20 1023 - 28 juill. 1888 (?iialadies conta-


1\.rt. 21 1023, note, note gicuses des animaux) 474
,\.rt. 2!1 1024 - 27 juin 1892 (Colis poslaux) 573
:\rt. 2;:i 1024 :\rl. 7 570, note
,\.rt. 26 10~4 - 23 nov. 1900 (réunissant divcr-
:\.rt. 27 1024 scs circonscriptions des conser- ·
..\.rt. 28 31 vations des l1ypotl1eques) 993
,\.rt. '.!8, alin. 1 1024 - 16 aout 1901 (Contrat d'asso-
:\.rl. 29 1024 ciatio11) 655
,\.rt. 3o 1024 'fil. 1°• 655
,\rl. 32 .i 42 102'i ..\.rl. l cr, alin. 2 655

1\.rl. /17 100a :\ rl. ¡ 657
- 22 ja11v. 1868 !Sociétés d'assu- :\.rt. 8 658
rancc. Constitution) li36 Art. 13 658
- 13 sept. 1870 (.Fcr111eture de la ,\.rt. l 5 660
cl1asse it raison de la gucrre) - 13 cléc. 1906 (:\Iarchés de four-
- 2 sept. 18¡1 {Formule cxécu- 11it11 rcs pour les ar1nécs) 821, note
toirt>)

LOIS ÉTRANGERES

,\.LLE:\IAGNE. !\.rl · !177 470


,\rt. 5!1 !J 535
Code prussien 1\rl. :1¡ 1 513, 514
de 1'19/1 869 ,\rt. 572 514
Code civil, :\rt. 66.1 290
,\.rt. 31 365 :\rl. ¡84, alin. 1 112
· :\rl. 8!J 365 ,\rt. 82 ¡ 364
1\.rt. 138 306 ,\rt. 828, alin. 1 364
..\.rt. 145 287 .-\.rt. 829 3ti4
_,\rt. 158 187 i\.rt. 830 202
Art. 159 187 1\.rl. 831 382
Art. 161 187 ,\.rt. 8!10 202
Art. :126 et s. 374 ,\.rt. 854 515
,\.rt. 24 7 671 ,\rt. 858 el s. 51:i
:\rt. 254, alin. 2 23 .\rt. 1'.181 ¡Ge
1\.rt. 2¡3 77 1 ,\.rl. 1391 it 1393 911
,\.rl. 2¡:I el s. 769 .\.rt. 23¡:l 494
'
1\.rt. 275, ali11. 2 10 Codc de co1n1nerce,
,\.rl. '.l 7(i 8 Arl. 323 290
1\.rt. 284, alin. 2 14 ,\rt. :lti!J 771
:\rl. 29:I i1 30!1 83 L. 1!1 110v. 18ti7 ('J'aux de l'intérel '¡

,\ rl. :11 !) 4:15 de I' a rgPn l)


,\ rl. :120 I •'\ ,>
r. - 1 janv. 18¡1 ('I'aux de l'i11tércl
,\rt. :121 J :\ti de J'arg<>nt)
:\rt. :i2f> 1 :18 - :10 111ai 1908 (<:011lral d'assu-
-\.rl. :12(i 1:10 ra111·p) 598

,\rl. :l'io :>. a ,\rl. 1:17 824
A rl. •'I'.1o, a I'111. 2 2a•
,\rl. :1r1:I, ali11. 1 '.~:.•
:\rl. :1ti!1, ali11. '.I 104
,\ rt. :188 120 1,. 1/1 IIHll'S 18/12 Iooli
:\ rl. :18!) 1 21 hy¡>olht'•caire du 1(i déc. 1851 •1

·\ rl. :lq7 1 2 !1 ¡8:\, note, g~3. !J38, 94¡, 900, 1001


,\ rt, 1'1r, a' /i 1!J l.
I 0,1' 17 '1 ,\ rt. :in 1110:1
·\ rl. !1 2 5 '.10!) :\1·1. 78 312
•\rl. /1:l'i '1 'i !) ),. 1:1 aoúl 18511 (Saisic i1111nobi-
\.1·t. '1 '1 o ,. :,o li1•rP) 9:13
,\rl. !1 11:1 11!18 - 5 111ai 18¡5 ('l'aux 1le J'ir1tércl
Art. /1;•!1 '1 í" ,te l'11r¡;P11l) (i71
Art. !tf•!J el :1, /2 li7 - :11 dt'·c. 1890 (\'entes d'engrnis) 438
.\rt. /11i2 '17 1

• 1
• ·' 1

'
,

T,\IlLE DE CO~CORl)A~CE DES TEXTES ·CITÉS AU COURS DE ,:ouvaAGE


1096
EsPAGl'iE Su1ssE

Code civil, . •
Code civil, Arl. 55, alin. 2 365
Art. 1488 471 Art. 895 771
L. 14 mars 1856 (Taux de l'inlé-
.-\rt. 895 it 898 ;69
rct de l'argen l) Arl. 898 ¡¡o, note.
Code fédéral des obligations,
(TALIE Tilre I 271
.-\rl. 2 1 306
Code civil, 1\.rt. 45, alin. 3 363
.-\rl. 1156 :io3 Arl. 47 363

Arl. 1223 Art. r,o, alin. I 202


- alin. 1'' 14 :\.rt. 54, alin. 1 364
:\rt. 1501 el s. 46¡ ..\rt. 55 382
1\rl. 1504 471 !\rl. 124 120
Art. 1639 563 - alin. :i 121
Arl. 1831 671 :\.rt. 146
.-\rt. 1977 312 ,\.rl. 151 a 154
Arl. 2001 2006 100;)-
a .-'.rt. 161, alin. 2
,\.rt. 163, alin. 3 25
l'A l S· B.1 S 1\rl. 192 450
Arl. 197 450
Code civil, Art. 197 et s. 467
Art. 1326 1005 .--+-"'!'_,_. l_ 2 7 ~ 1
80 ,
¡~rt. 1 392 290
PeRTUGAL A."rt.· ti&B~ alin. 1 11 :i
L. 2 · n'.'vr'!- 1 1908 (Contra! d'assu-
Code civil, ¡ 1rancet~, 1 598, 824
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