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ORSTOM

MISSION D'ÉTUDE HYDROGËOLOGIQUE

A L'lLE DE LA RÉUNION
1
i 3L'''GE''-''-" 292 Août 1961

1"IJUR.GE.I!P
-
BUREAU D'ElUDES ilE GEOLOGIE APPUOUH
r
Dir:
P D'HYDROLOGIE SOUTERRAINE
Jean ARCHAMBAUlT - 4S, ru. P."on.l. NHlllY.lU,·$ein.· MAillol eB·ss
Département de La Réunion

Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer

MISSION D'ETUDE HYDROGEOLOGIQUE

A L'ILE DE lA REUNION

BURGEAP R 292

aoat 1961






• SOMMAIRE

• pages


• 1 CARACTERES GENERAUX 2

• 11 CARACTERES HYDROGEOLCGIQ~'ES DE LA REGION SOUS-LE-VENT 5

• A - La circulat10n de l'eau dans les basaltes


• B - Bilan des eaux souterraines 7

• C - Les principales émergences 8



•• D Les circulati0ns aquifer~s b.JS ~~ glaci~ 13


• III - RECHERCHE DES EAUX SOUTERRAINES 15






• Planches

• - dans le rapport

• 1 - Carte d'ansemble - Relief - Infiltrations - Cultures

• Echelle: 1/400.000

• 2 - Coupes schématiques d'interprétation


• 3 - Coupe géologique du littoral à Mafato,
•• passant par les sources de la Ravine St Gilles

••
- en fin de rapport

•• Région Sous-le-Vent - Géologie -. Points d'eau


Echelle : 1/50.000

••


••





















• La mission dont rend compte le présent rapport nous a été confiée
• par M. le Préfet de la Réunion, dans le cadre des recherches que poursuit
•• ~'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre Mer, chargée des
études d'aménagement hydraulique de l'lIe.

•• Parallèlement à l'établissement du bilan hydrologique et à l'in-


ventaire des ressources aquifères, l'ORSTOM a entrepris une campagne de
• prospection d'eaux souterraines par sondages dans les "Hauts" de la région
•• Sous-le-Vent. Devant les difficultés qu'a fait apparaitre cette reconnais-
sance, un avis nous a été demandé sur l'opportunité de la poursuivre et,
•• d'un point de vue plus général, sur les possibilités, les chances de succès
et le prix de revient d'une recherche systématique d'eaux souterraines pour
l'alimentation des collectivités et l'irrigation des cultures dans les Hauts.

•• Nous avons séjourné à La Réunion du Il au 22 juillet inclus. Nos


• tournées, guidées par M. LE GOURIERES, ingénieur de l'ORSTOM, nous ont per-
• mis d'examiner les principaux points d'eau et les traits géologiques et
• morphologiques du secteur compris entre la Rivière des Galets et la Rivière

•• St Etienne. Les remparts Ouest des cirques de Mafate et de Cilaos, limites


Est de l'unité hydrogéologique étudiée, et les émergences qui s'y manifestent,
ont également été reconnues.

• L'exposé qui suit est divisé en 3 parties : en premier lieu, on
• examine succinctement les caractères généraux qui donnent leur marque aux
• besoins et aux ressources aquifères de La Réunion.

• Un second chapitre expose les traits hydrogéologiques de la région


• Sous-le-Vent.

• La dernière partie est consacrée aux conditions de la recherche
• des eaux souterraines, et trace un programme de reconnaissance limité à la
• seule zone qui présente des chances valables de succès.






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Courbe d'égole Infdtrallon _ 5-

Débit spécifique d',nfiltration en I.lsec 1 km 2


(d'opres P Touellebeuf de Lussiçny) 5

Plantations de canne à sucre


Plantat.ans oc géraniums
(d'oprès f' Bussiere)

BoSSln d'ahmentatlon des sources de


St Pou. et de St Gilles

•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••


••
• 2

••
•• 1 - CARACTERES GENERAUX

• Géomorphologie (pl. 1 ci-contre)

• L'tle de La Réunion est formée d'un empilement de coulées basal-
• tiques de type classique ; cett8 série comprend des alternances de lave

• compacte, de lave poreuse ou caverneuse et de scories, dont le degré d'al-

•• tération varie beaucoup d'un point à l'autre en fonction de l'ancienneté de


la coulée, de sa nature et du climat local.

• Deux systèmes volcaniques sont nettement différenciés: l'un,


•• récent, le massif de La Fournaise, donne encore lieu à des éruptions assez
fréquentes i l'autre, plus ancien, et que rien ne permet d'ailleurs de dater

• avec précision, le système du Piton des Neiges, forme notamment toute la

• masse des coulées du versant Sous-le-Vent de l'ile.

•• De vastes cirques, dont l'origine (érosion pure ou effondrement)


n'est pas clairement déterminée, occupent le centre de l'tle. Les "remparts"
• de ces cirques font apparattre, sous les coulées stratifiées du Piton des
• Neiges, une masse volcanique plus ancienne, beaucoup plus altérée, dont la

•• stratification a disparu, et qui parait, en première approximation, se


comporter comme un substratum imperméable i l'ensemble des coulées supé-
rieures est, par contre, perméable en grand, en dépit des obstacles locaux
• qu'opposent les zones de roche massive ou les lits d'argile d'altération
•• aux circulations aquifères.

•• La région Sous-le-Vent forme donc un glacis d'une quinzaine de


kilomètres de largeur, qui s'é18ve du rivage à la ligne sommitale des
remparts des cirques avec une pt~te assez régulière de 15 % en moyenne.

• Cette ligne de crête surplombe de800.à 1500 mètres le fond des
• cirques de Mafnte et de Cilaos (les remparts snt une pente de 70 à 80°).

•• Hydrographie
•• Un chevelu hydrographique densü, soumis aux seuls écoulements des
•• crues exceptionnelles, court suivant la ligne de plus grande pente. Le
ruissellement a entaillé les coulées basaltiques en formant des "ravines"

•• dont l'encaissement est parfois considérable (2 à 300 mètres à la Grande


Ravine) •

• Il n'y a aucune vallée importante, à écoulement permanent entre


• la Rivière des Galets et le Bras de Cilaos qui drainent les eaux des cir-
• ques de Mafate et de Cilaos, et limitent, au Nord et au Sud, la région
• étudiée.










• 3


• Besoins et ressources

• En dehors du peuplement c8tier, la plus grande partie de la popu-


• lation de cette région est concentrée sur la zone des cultures (canne à
• sucre, géranium), entre300et 900 m. d'altitude (cf. pl. 1). Il Y a donc un
• besoin important d'eau en altitude (1).

• La majeure partie des sources de quelque importance qui se mani-


• festent en altitude (essentiellement les sources des hauts des Avirons) sont
• déjà captées pour alimenter ces populations. Mais les disponibilités sont
• extramement restreintes alors que les besoins progressent rapidement.

• On envisage actuellement de réaliser l'adduction d'un groupe de

• sources du rempart de Mafate (sources des Orangers, Ravine Grand-Mère),


jusque dans les hauts de St Paul. si aucune solution plus économique ne peut
• ~tre trouvée sur le glacis m~me.

• Eléments climatiques

• Le régime des vents et le relief de l'fIe font que le climat y
• est extramement varié.

• La température moyenne, qui est d'environ 24° sur la c8te Ouest(2),

• s'abaisserait de 0,85° par 100 mètres d'altitude.

• La pluviosité annuelle. marquée par les cyclones d'Est, dépasse


• 6 mètres sur le contrefort Est du cirque de Salazie, alors qu'elle est in-
• férieure à 2 mètres dans l'ensemble de la région Sous-le-Vent, et n'atteint
• pas 500 mm sur la zone littorale entre La Possession et St Leu.

• On conçoit aisément que les quantités d'eau qui s'infiltrent et
alimentent les circulations souterraines varient énormément suivant les
• points, et qu'à cet égard, la région Sous-le-Vent, où les cultures ont be-
• soin d'être irriguées, est particulièrement défavorisée.

• Eléments géologiques

• Abstraction faite du massif récent de La Fournaise, qui ne concer-
• ne pas cette étude, et en dehors de l'opposition marquée entre les "vieux

• (1) Dans la région Sous-le-Vent, où les pluies sont peu importantes, les
• plantations de canne gagneraient à être irriguées. Quant aux cultures vi-
• vrières qu'il sourait souhaitable de substituer à la canne à sucre, elles

• ne peuvent être implantées avec intérêt que dans la mesure où il est possi-
ble de les irriguer.

• (2) St Denis : 24°5 - St Gille : 22°3 - St Leu : 25°1 - St Pierre : 23°4

• (renseignements communiqués par la Météorologie Nationale)









• 4


• basaltes"dee cirques et les laves stratifiées du glacis Ouest, il est fort
difficile de dater les coulées les unes par rapport aux autres. Le seul
• critère est l'altération de la roche, et l'altération n'est pas seulement
• fonction de son ~ge.

• D'après les travaux de p. RIVALS (1), et de p. BUSSIERE (2), les
• coulées du glacis Sous-le-Vent se rattachent à une série de phases volcani-

• ques daes à l'activité de Pitons des Neiges successifs. Le mussif de la


Montagne, au Sud-Ouest de Saint-Denis, le petit massif de Sans-Souoi, sur
• la rive gauche de la Rivière des Galets, et le massif de l'Hermitage, au
• Sud de St Gilles, seraient des témoins d'éruptions beaucoup plus anciennes
• que celles qui constituent l'ensemble du glacis Sous-le-Vent.

• L'ancienneté de ces massifs devrait logiquement se traduire par

• une perméabilité beaucoup moins forte, dQe à leur altération plus impor-
tante. En première approximation, il semble que l'on n'observe rien de
• semblable, et que l'on ne puisse se fonder sur ces différenciations pour
• orienter les recherches hydrogéologiques.

• Tout autre est l'intérêt des tufs argileux, coulées boueuses
• consolidées qui affleurent en divers points de la c~te et dont la mise en

• place résulte de la démolition d'anciens massifs.

• Ces formations imperméables peuvent jouer, dans la mesure où leur


• extension est suffisante, un rôle hydrogéologique important en formant un
• substratum aux écoulements dont les terrains perméables sous-jacents sont

••
le siège, ou en maintenant captives les eaux des formations inférieures.

• Si les tufs récents de la Rivière St Etienne et de la Rivière


des Galets n'ont d'intérêt qu'en relation avec l'exploitation des nappes
• littorales, le tuf de la Houssaye et de St Gilles, antérieur aux coulées

••
qui constituent l'essentiel du glacis Sous-le-Vent, parait former, ou
relayer, un substratum imperméable de grande extension, qui donne lieu à
• d'abondantes sources en altitude (sources de la Ravine St Gilles entre les
• cotes 70 et 220).

• Malgré son hétérogénéité et la présence locale de matériaux ciné-


• ritiques moins argileux (le long du canal Prune, notamment), cette formation
• parait très généralement imperméable. Sa masse (plusieurs dizaines de mètres
• de hauteur) et les blocs de roche de plusieurs mètres cube qu'elle contient,
• témoignent de l'ampleur exceptionnelle du phénomène qui en est à l'origine.

• (1) Repris par J. DEFOS DU RAU: ilLe Relief de l'Ile de La Réunion. Etude
• de morphologie volcanique". Thèse de doctorat (Bordeaux 1959). La thèse de
• P. RIVALS : "Histoire géologique de l'ile de la Réunion" '(Paris 1950), n'a

• malheureusement pas été publiée. A noter l'intérêt qu'il y aurait à appuyer


sur les études géologiques antérieures, les observations hydrogéologiques
• que l'on effectue actuellement.
• (2) p. BUSSIERE: Etude géologique de l'fIe de la Réunion. Service Géologi-
• que de Madagascar nO 84 - 1952.







• 5


• Il est donc normal de penser qu'elle se poursuit largement sous les basaltes.

• Les coulées basaltiques sont localement recoupées par des intru-
• sions de laves postérieures, en cheminées ou dykes. On en observe en grand
• nombre dans les vieux basaltes de Cilaos, en particulier. Sur le glacis
• Sous-le-Vent, il semble bien que ces intrusions soient limitées à la Ravine
• des Avirons ; dans cette zone, leur localisation ne leur permet pas d'oppo-

• ser un barrage aux écoulements souterrains, qui les contournent. Le sondage


des Avirons a fait la preuve qu'à ces venues intrusives ne correspondait
• aucun niveau aquifère à une profondeur susceptible d'en permettre l'exploi-
• tation, Au demeurant, un véritable barrage hydraulique se traduirait par la
• présence de sources.

• Dans cet exposé géologique, il faudrait encore signaler les allu-
• vions des Rivières et surtout celles des plaines c6tières, où les eaux
• issues de la masse des basaltes forment des nappes littorales régulières.

• Dans la plaine des Galets, notamment, la perméabilité de ces al-
luvions grossières a été reconnue excellente (12 m3/h pour un rabattement
• de 0,40 m en un point), ce qui permet d'envisager très favorablement la mise
• en valeur des plaines littorales.


• II - CARACTERES HYDROGEOl.DGIQUES DE lA REGION SOUS-LE-VENT

• A - La circulation de l'eau dans les basaltes

• Nous avons été frappé, à La Réunion, par la terminologie employée
• au sujet des ressources aquifères: on distingue, couramment, à l'exemple
• des observations faites dans d'autres iles basaltiques (Maurice, Hawaï), une

• "nappe de base" et des lInappes perchées". Ces appellations risquent de faire


illusion concernant le cheminement de l'eau dans les basaltes, et les possi-
• bilités d'exploitation des ressources aquifères qu'ils contiennent.

• Dans les formations douées d'une perméabilité de fissures, telles
• que les basaltes, la circulation de l'eau peut présenter les formes sui-
• vantes :

• a) Une circulation de type purement karstique sans liaison avec un niveau


• de base quelconque, aboutissant à des émergences d'altitudes variées, sui-
• vant des axes de fissuration privilégiées. Des circulations de ce type sont
• douteuses dans la région Sous-le-Vent.

• b) Une phase de percolation des eaux d'infiltration, suivie d'un chemi-

• nement jusqu'à des points d'émergence déterminés, soit par la présence d'une
formation imperméable (tuf de St Gilles), soit par le niveau de la mer.










• 6


• Ces niveaux d'émergence ne correspondent pas forcément à la pré-
• sence d'une nappe, c'est-à-dire d'une masse aquifère à écoulement laminaire,
• possédant un niveau statique défini, que des ouvrages de reconnaissance

• peuvent régulièrement recouper.

• Etant donnéela forte perméabilité des basaltes, la pente d'équi-


• libre d'une telle nappe doit ~tre de l'ordre de grandeur de 1 0 / 0 0 ' Elle ne
• peut donc s'établir que lorsque le substratum imperméable a lui-même une
• pente inférieure, ou si le niveau de base est le niveau de la mer (pl. 2

.
schémas 1 et II). Dans ce dern1er cas, on peut parler d t une If nappe de base.
ft

• Une telle nappe a été reconnue dans toute la partie Nord de l'ile Maurice;
à la Réunion, les nappes littorales, et leur prolongement éventuel sous la
• masse des versants basaltiques, sont également de ce type.

• Ajoutons qU'il ne s'agit pas de nappes au sens strict mais de
• réseaux aquifères où le débit des ouvrages est fonction de la fissuration
• de la roche.

• Dans le cas où l'écoulement des eaux après percolation est déter-


• miné par une surface imperméable notablement pentée, il n'y a pas de réseau
• aquifère mais seulement des axes d'écoulement turbulent en conformité avec
• la topographie du substratum imperméable. Les ouvrages d'exploitation doi-
• vent donc ici atteindre les "thalwegs fossiles" que suivent les cheminements
• aquifères (pl. 2, schéma III).

• Il est impensable de chercher à recouper les circuits de percola-


• tion qui alimentent ces réseaux souterrains, même lorsque la percolation a
• lieu, localement, suivant la stratification des coulées.

• Même dans ce cas, on ne peut parler de "nappes perchées". Un
• niveau aquifère de quelque importance intercalé dans la série, donnerait

• lieu à des émergences notables et d'altitude régulière (1) i il n'en existe


pas, dans le glacis Sous-le-Vent. Les sources perchées des Avirons et du
• Bras de Jeanne émergent à une altitude quelconque, en rapport avec des par-
• ticularités locales de terrain. Elles ne constituent pas les exutoires d'une
• "nappe perchée".

• En définitive, ne sont exploitables dans la région Sous-la-Vent,
• et ce, dans des conditions particulières que nous allons maintenant définir,
• que les ressources aquifères suivantes :

• a) la nappe générale en réseau, dite "nappe de base", qui prolonge sans
doute, en de nombreux secteurs, les nappes littorales sous la masse des
• coulées du glacis.

• b) les "réseaux hydrographiques fossiles" déterminés par la topographie
•• souterraine de formations imperméables enfouies sous les coulées.

• (1) Le pendage des coulées est en effet bien plus faible que la pente topo-

• graphique.
••




• 7


• a) Nappe de base

• Dans la nappe de base, on peut penser qu'il existe en tous points
une fissuration suffisante pour qu'un forage soit productif (avec cette
• réserve que les zones de fissuration préférentielle, les seules capables de
• fournir de gros débits, sont difficilement déterminables).

• Mais la différence de pente entre le sol (10 % au minimum) et la
• surface d'équilibre du réseau aquifère (quelques 0/ 0 0) a pour conséquence

• qu'au-delà de l à 2 km de la lisière basaltique, la nappe se trouve à plus


de 150 m de profondeur, c'est-à-dire pratiquement inexploitable.

• b) "Réseaux hydrographiques fossiles"

• Il ne s'agit pas ici d'atteindre le niveau d'équilibre d'une
• nappe en réseau mais de recouper des axes d'écoulement localisés. On a, par

• contre, beaucoup plus de chances de trouver l'eau à une profondeur telle

• qu'elle soit exploitable sous certains secteurs des hauts.

• Mais la reconnaissance par sondages est insuffisante et trop chère


• si elle ne s'appuie pas sur la détermination préalable de la topographie
• souterraine du substratum imperméable, ce à quoi la prospection géophysique
• seule est susceptible de parvenir.

• B - Bilan des eaux souterraines

• La Mission Hydrologique de l'ORSTOM s'est attachée à préciser les
volumes d'eau qui s'infiltrent dans les nappes, vis-à-vis de ceux qui émer-
• gent dans les rivières et les sources.

• D'après p. TOUCHEBEUF de LUSIGNY (1), le total des infiltrations
• sur l'tle correspond à un débit permanent de l'ordre de 125 m3/sec, alors
• que les rivières n'en évacuent que 30 m3/sec environ. Le débit des émergen-
• ces cOtières et surtout sous-marines représenterait donc quelque 95 m3/sec,
dont une bonne partie devrait logiquement pouvoir être exploitée à proximité
• de la cete.

• Si l'on considère séparément la région Sous-le-Vent, le bilan est
• beaucoup moins favorable, mais pourtant encore très intéressant.

• La planche l figure les courbes des débits spécifiques d'infiltra-

• tion, en I/sec/km2 (d'après p. TOUCHEBEUF). On voit que l'infiltration,


nulle sur le littoral entre La Possession et St Leu, ne dépasse qu'excep-
• tionnellement 40 I/sec/km2.

• (1) Annuaire Hydrologique de la France d'Outre-Mer - Année 1950











• 8

• Sur les 510 km2 de l'ensemble de la région Sous-le-Vent, limitée
• à l'Est aux remparts des cirques, au Nord et au Sud respectivement par la
• Rivière des Galets et le Rivière St Etienne, l'intégration de ces courbes
• conduit à estimer l'infiltration globale à environ 8 m3/sec (1).

• Nous pensons que cette évaluation représente un bon ordre de

• grandeur. En effet, lorsqu'on trace d'après la topographie (pl. hors-texte)

• le bassin d'alimentation vraisemblable de l'ensemble des sources de St Paul


et des sources de St Gilles(115 km2 environ), on obtient par intégration un
• débit très voisin de Ce qui sort effectivement par ces émergences: 2,3 m3/
• sec en moyenne.

• Une grande partie des 6 m3/sec restant est sans doute récupérable

• sinon en altitude, du moins sur le littoral où une prospection soignée se-

• rait capable de mettre en évidence les zones d'apports les plus importantes.


• C - Les principales émergences

• 1) Nous signalerons en premier lieu, pour n'y plus revenir, les petites

• sources qui se manifestent à des altitudes quelconques sur le glacis. Des


hauts de St Paul à ceux de St Leu, ces émergences sont extr~mement rares,
• généralement temporaires ou soumises à de très fortes variations, et leur
• débit eot toujours de l'ordre du litre/seconde.

• Elles correspondent à des particularités de fissuration locales,
• et ne sont nullement l'indice de réserves importantes ni exploitables.


• Dans le secteur du Tévelave (cours supérieur de la Ravine des
Avirons, Bras de Jeanne, Grand Bras) une douzaine de sources fournissent
• ensemble un débit d'étiage de l'ordre de 20 à 30 l/sec. Les plus importan-
• tes sont captées et alimentent les hauts de St Leu.

• Ces venues aquifères émergent à des niveaux divers, entre SOC et
• 1400 mètres d'altitude, et n'ont visiblement aucune relation mutuelle. Elles

• résultent de la conjugaison de 3 facteurs favorables : bancs argileux bien


développés intercalés dans les coulées, pente forte, pluviosité locale plus
• élevée. On doit les considérer comme des accidents locaux. Nous ne pensons
• pas que des galeries de captage menées au toit des niveaux argileux soient
• susceptibles d'accroitre notablement leur débit utile.

• 2) Les sources des remparts de Mafate et de Cilaos (Orangers, Grand-Mère,

• Rocheplate, etc ••• ) donnent des débits beaucoup plus importants et réguliers
et montrent qu'une partie de l'eau infiltrée sur le sommet du glacier s'écou-
• le vers l'Est, en dépit du pendage Ouest des coulées du Piton des Neiges.

• (1) Soit une tranche moyenne de 500 mm de pluie par an.










• 9


• Il est possible que cette situation résulte de la présence d'un
• haut-fond du toit imperméable des "vieux basaltes" sous le glacis (coupes
• pl. 2).

• Il serait d'un grand intérêt dans la mesure où le terrain permet

• l'escalade, de reconnaître toutes ces sources, au griffon, en mesurant leur


débit approximatif, leur température et leur résistivité, et de situer leur
• gisement géologique par rapport au contact des deux formations.

• L'hydrogéologie des cirques est en effet fort mal connue et il
• faudrait préciser le r51e qu'y joue le substratum de laves anciennes que
• nous n'avons pu reconnattre que très rapidement.

• 3) Les sources c5tières



• Quelle que soit l'importance des Sources des remparts, elles ne
• représentent qu'une part minime des eaux qui s'infiltrent dans le glacis(l).
• L'essentiel donne lieu à des sources côtières ou sous-marines.

• Dès l'abord, il est frappant de constater que toutes les sources
visibles importantes (St Paul et St Gilles) se manifestent sur un front de
• moins de 10 km alors que l'Océan borde le glacis Sous-le-Vent sur plus de
• 45 km entre Le Port et St Louis.



Ces sources sont groupées en deux ensembles de caractères très
différents : les sources de St Paul qui forment une ligne d'émergence de 2

• kilomètres de long au contact des basaltes et de la plaine alluviale (débit


de l'étang de St Paul: 1,4 m3/sec) ; les sources de la Ravine St Gilles
• qui s'échelonnent en une série de bassins entre les altitudes 225 et 70
• (débit global: 900 l/sec).

• Sources de la Ravine St Gilles

• Ces sources ont été bien décrites par la Mission Hydrologique (2).
Leur situation est figurée sur la carte générale (hors-texte).

• Elles émergent dans le lit de la Ravine St Gilles, dans des bas-
• sins situés au pied de corniches de 10 à 20 m de hauteur. Du Bassin Bleu,
• le plus à l'amont, au Bassin de Cormoran, le plus à l'aval, la distance est
• de 1800 mètres, et la dénivelée de 170 mètres.


• (1) Dans le bilan des eaux souterraines du glacis Sous-le-Vent, il faut peut-
• être encore faire intervenir des échanges possibles avec la Rivière des

• Galets et le Bras de Cilaos : la rivière des Galets, perd plusieurs centai-


nes de litres/seconde qui s'infiltrent dans les basaltes: bien qu'il soit
• logique de penser que ces eaux s'écoulent à la mer sous les alluvions de la
• plaine littorale, il n'est pas impossible qu'une partie de ces pertes res-
• sorte par les sources de St Paul.
• (2) D. LE GOURIERES - Bilan hydrologique de La Ravine St Gilles - ORSTOM
• Juillet 1960



..



• 10

• Les eaux sont captées en presque totalité pour l'alimentation de
• St Gilles et surtout pour l'irrigation. Cependant il reste encore une cen-
• taine de litres/se~ disponibles.

• Le débit des différents bassins est le suivant :


• Altitude Débit moyen
Vs~
Variations du (débit min.)
débit (débit max.)

• Bassin Bleu 225 23

• Bassin
Bassin
Malheur
des Trois Roches
155
105
550
310
0,95
0,70
• Bassin du Cormoran 70 12

• En 1960, on a noté un décalage de 3 mois entre le maximum des
• pluies et le maximum des débits. De plus il semble qu'un régime de perco-

• lation plus rapide se superpose à ce régime lent, créant des pointes de

• débit peu après les pluies (bassin des Trois Roches).

• Nous avons relevé aux Trois Roches une température de 18°0 et au


• Bassin Bleu: 17°3, alors que les températures moyennes des lieux d'émer-
• gence seraient (sur la base de St Gilles) respectivement de 21°4 et 20°4 i
• ceci tendrait à prouver que la circulation des eaux n'a pas lieu sous une

• forte épaisseur de terrain (1).


• L'essentiel du débit de La Ravine St Gilles provient donc des 2
• sources intermédiaires, aux altitudes 105 et 155.

• Au bassin des Trois Roches, l'émergence est en relation indiscu-


• table avec le tuf argileux de St Gilles-La Houssaye; l'eau sort au contact
• du tuf et des coulées basaltiques susjacentes. Au bassin Malheur, le con-
• tact est moins évident mais probable. Au bassin Bleu, le tuf n'apparait pas
• mais on le trouve au village de l'Eperon à une cote supérieure à la cote de
• l'émergence.


••
(1) Dans une rIe telle que La Réunion, la température des eaux de sources
est très difficile à interpréter : 2 facteurs jouent en effet en sens in-

• verse
a) l'altitude du terrain qui entrainerait ici un gradient de décroissan-
• ce de 0,85° environ pour 100 mètres.
• b) la profondeur sous le sol, avec un gradient d' au~entation de 3 à 5°
• environ pour 100 mètres (degré géothermique).
• Cependant la comparaison des températures de sources voisines
• donne des indications sur l'identité ou la différence de leurs conditions

• de gisement et de circulation.
C'est pourquoi il est nécessaire de mesurer systématiquement la
• température des émergences.



••





• 11


• D'un point de vue plus général, le tuf affleure sur toute la rive
• droite de La Ravine St Gilles qu'il traverse en plongeant sous les basaltes
• plus récents: de la rive gauche. Mais on le retrouve sur la rive gauche,
• jusqu'à la cote 150 dans l'éperon qui domine le second village de St Gilles.
• Ceci montre bien qu'on a affaire à une vaste vallée dans les tufs, enfouie
• sous les basaltes, et recoupée par la Ravine St Gilles (pl. 2 schéma C).

• Sources de St Paul (1)



• A l'inverse des Sources de la Ravine st Gilles, les sources de
• St Paul constituent une ligne d'émergence au pied des coulées qui bordent
• la plaine alluviale de St Paul.

• 5 sources principales se relaient sur 3 kilomètres. De l'Ouest
vers l'Est:

• Altitude Débit moyen Taux de Chlorures t O

• l/sec ClNa mg/l (1)


• Source de La Fontaine 1,77 40 70
• Source Bouillon 2,20 35 70 20°0

• Source
Source
des Roches
Champcourt
2,0
1,33
130
95
70
70 18°8
• Source du Moulin à Eau 1,87 520 1430 19°2

• On a donc au total environ 820 l/sec auxquels il faudrait ajouter
• environ 80 l/sec de venues diverses.

• Quelques petites émergences à débit minime viennent au jour à 40
ou 50 m plus haut. Il serait intéressant de mesurer leurs caractères physi-
• cochimiques afin de voir si elles sont en relation avec les émergences de
• base (ce qui est improbable).

• Ces sources se déversent dans l'étang de St Paul, qui draine en
• outre 500 l/sec de venues occultes, puisque son débit est de l'ordre de

• 1,4 m3/sec.

• La majeure partie de cette eau est inutilisée.



• Le tableau ci-dessus montre que les eaux de ces différentes sour-
• ces, que l'on est tenté d'attribuer d~emblée à l'émergence d'une nappo en
• réseau régulière, ont des caractères différents. C'est essentiellement le

••
cas de la source du Moulin à Eau (plus de la moitié du débit de l'ensemble),
dont les eaux ont un taux de chlorure bien plus élevé que celles des sour-
ces vo~sines.


••
(1) Rapport ORSTOM Inventaire des eaux superficielles et souterraines pour
la mise en valeur de la Plaine des Galets, par D. LE GOURIERES - Aoat 1960










• 12


• On voit difficilement comment cette minéralisation, d'ailleurs

• anormale pour un gite basaltique sous un tel climat, pourrait provenir de


la décomposition de la roche alors que les sources voisines ont un taux de
• salure faible.

• Il est donc vraisemblable qu'il s'effectue, à la faveur d'une cir-
• culation en siphon, un mélange de la venue aquifère de la source du Moulin

• avec des eaux salées d'origine marine.

• L'analyse chimique, que nous avons fait effectuer par la Société


• DEGREMONT, d'un échantillon d'eau prélevé au pied de la roue du Moulin,
• confirme bien ce point de vue : la composition ionique correspond à la pré-
• sence de 1/25 à 1/30 d'eau de mer dans l'eau de la source (1).

• Par ailleurs, il convient de remarquer que les cotes d'émergence

• des différentes sources ne sont pas identiques et que leurs températures,


inférieures de 3 à AO à la moyenne du lieu, varient d'un point à l'autre de
• plus de 1 0 •

• Les conditions de gisement des sources de St Paul ne sont donc
• pas claires


• a) Si elles appartiennent bien à une "nappe de base" générale, nappe
dont le niveau est déterminé par l'équilibre des densités de l'eau douce
• avec les eaux salées sous-jacentes, on peut s'étonner que leurs caractères
• ne soient pas identiques. De plus, on devrait avoir, en vertu de cet équi-
• libre de densités, 50 à 80 m d'eau douce au-dessus des eaux salées. On voit
• mal comment les eaux de la source du Moulin pourraient parcourir un tel
• circuit tout en ressortant à une température voisine des autres sources, et

• inférieure à la moyenne du lieu.

• b) Il ne semble pas que l'émergence des sources de St Paul soient dé-


• terminées par une formation imperméable du type tuf; l'interposition de
• cette assise emp~cherait en effet le mélange des eaux douces et des eaux
• salées de la source du Moulin.

• c) Enfin, l'hypothèse selon laquelle il s'agirait d'exutoires de sys-
tèmes purement karstiques est malgré tout assez peu vraisemblable.

• On n'a donc pas d'indice déterminant qui permette d'envisager le
• recaptage des sources de St Paul, sinon à proximité immédiate des émergences.

• Emergences des eaux souterraines au Sud de St Gilles

• Entre St Gilles et St Louis, il existe de nombreux puits c~tiers,


• et les eaux souterraines peuvent sans doute être exploitées en tous points

• (1) Analyse DEGREMONT (mg/l) Na 16 - Mg
• C03H : 115 - Si02 : 49
427 - Ca 65 - Cl 767 -





Planche 2

COUPES SCHfMATIQUES D'INTERPRfTATION •


A- SCHËMA GËNËRAL •

Coupe dons la zone les Avirons -Bras de Jeanne




" vieux basaltes"




B • Coupe passant par la Ravine St Gilles •













JI •







:nI •



C - Coupe schématique .de la Ravine St Gilles ou niveau des Sources


RG basalte RD






••




••
•• 13

••
••
du littoral,

Mais on ne rencontre pas une seule source visible à débit notable,


• ce qui signifie que la majeure partie des 6 m3/sec qui s'écoulent, d'après
•• le bilan du chapitre précédent, à travers la partie Sud du glacis Sous-le-
Vent, aboutit à la mer par l'intermédiaire de sources sous-marines,
•• Si des sources d'une importance comparable à celles de St Gilles

• et de St Paul se manifestaient dans la zone de marnage elles seraient con-


nues des habitants, Les recherches de la Mission Hydrologique semblent bien

••
prouver que tel n'est pas le cas,

• Toutefois une enqu~te-prospection minutieuse, accompagnée de

•••
levers géologiquesde détail et éventuellement de géophysique, devrait par-
venir à localiser sur la c5te les points de captage les plus intéressants.

• Tout différent est évidemment le problème de l'exploitation de ces ressour-


ces en altitude,

•• D - Interprétation - Les circulations aquifères sous le glacis

• 1) Région Sud

• En ce qui concerne l'essentiel du glacis Sous-le-Vent, c'est-à-

••
dire toute la partie située au Sud de la Ravine St Gilles, il est très
probable qu'il existe une "nappe de base" en réseau sauf vers l'amont où le
toit du "vieux basalte" peut former surface de réception (pl. 2 - schéma A).

•• Le niveau d'équilibre est donc selon toutes probabilités hors


•• d'atteinte pour une exploitation économique par puits, forag~ ou galerie,

•••
En tout état de cause, aucun indice ne permet de supposer qu'un
obstacle imperméable oblige les eaux à cheminer, au moi.ns dans certains
secteurs, à proximité du sol.

• Le sondage des Avirons a montré que m~me à l'amont d'un massif


• intrusif, le niveau aquifère se Situait à plus de 110 m de profondeur, Par

••
ailleurs l'entaille de 250 mètres que constitue la Grande Ravine, à la cote
700 ne laisse apparattre que des coulGed r6guliè~8S et n~ donne lieu à aucu-

••
ne source.

2) Bassin d'alimentation des Sources de St Paul


•• Si, en dépit de la variété de leurs caractères, ces sources cor-
• respondent aussi à l'émergence d'une "nappe de base", le réseau aquifère est
• trop profond pour pouvoir ~tre exploité économiquement à quelque distance
• de la c5te.



•••

-•
••
•• 14

•• Si les sources ne sont pas l'exutoire d'un tel réseau mais l'abou-

•• tissement de circuits purement karstiques, les circulations aquifères peu-


vent se trouver à moins grande profondeur sous les hauts mais elles ne sont
pas pour autant exploitables car aucune prospection ne permet de les détec-
• ter.
•• 3) Bassin d'alimentation des sources de St Gilles

•• Ainsi qu'on l'a déjà noté, les conditions de gisement des eaux
qui aboutissent aux sources de la Ravine St Gilles doivent ~tre mises tout
•• à fait à part,

.'•• Dans la zone d'émergence, les eaux s'écoulent en effet suivant


un réseau hydrographique fossile tracé dans un massif de tufs imperméables
au sein des coulées basaltiques,

•• peuvent
Plusieurs hypothèses, figurées par les coupes de la planche 2,
~tre faites, concernant les circulations aquifères à l'amont des
•• sources

•• a) Circulation purement karstique débouchant par hasard au niveau du


massif de tuf (fig 1) ; hypothèse extrêmement douteuse que nous ne retien-

•• drons pas,

b) Le massif de tuf formerait barrage aux eaux des coulées dans les-
• quelles il est intercalé (fig II). Mais on peut se demander pourquoi, dans
• cette hypothèse, les eaux ne contournent pas la formation imperméable pour

•••
s'écouler vers St Paul ou vers la côte au Sud de St Gilles, au lieu d'émer-
ger en altitude dans la Ravine,

c) Le massif des tufs de La Houssaye se développe vers l'amont ou


•• relaie une formation imperméable de grande ampleur qui forme bassin de ré-
ception, Bien que l'on soit dépourvu d'observations déterminantes sur la
•• géologie du tuf de La Houssaye et sur les "vieux basaltes" de Mafate, il
n'est pas interdit de penser qu'il y ait relai entre ces deux formations
•• (figure III).

• Dès lors on peut envisager d'atteindre les circulations souter-


raines dans les Hauts à l'amont de St Gilles, sous les réserves suivantes:

•••
- que le toit du substratum imperméable ne soit pas trop profond ;
il risque malgré tout de le devenir assez rapidement vers l'Est (les sour-
ces du rempart de Mafate se trouvent à 9~O mètres sous le sommet).

• - qu'il soit possible, avant de forer, de déterminer la topographie

•••
souterraine du substratum imperméable, afin d'implanter les sondages dans
les thalwegs, en dehors desquels on risque de ne recouper aucune circulation
notable.

•••



Planche 3


COUPE GÉOLOGIQUE DU LITTORAL A MAFATE, PASSANT PAR LES SOURCES DE LA RAVINE SAINT GILLES •
••

Horizontale: 1/50.000 •
Echelles
Verticale : 1/20.000 •




Sources de la •
1 Ravine St Gilles il-------- z one des cultures 11------ Zone forestière II----cirque de Mofote •

BasSin des
Trois Roches


Grand
Fond
Bassin du
Cormoran
Bassi n à
Malheur
Bassin
Bleu
St GIlles
les Hauts
Sondage de
Fond Mounier
Piton des
Epinards
Sources du
rempart
Roche
Plate
RIVière des
Galets •
2. 2.00 m, •. - - t- -lf-_
(projection J

• •

1

------------t- - - -
-----------t------------------

2. 000 -i'f---------+---------+---+-+----+--------l---------+-------------------------------------------------"""'":::1~......,,==:::=>"......,,==~--+_----_+_------l----

+----------------t----t--+-----+--------t- ----l-----

1800

hI----------+-----------t-----t---t-----+--------+--------- L ----- - - ••
1600 1


1400


Il----------f'-------------

12.00


I l - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - --- - -- ------ - - - -

1000



eoo


800 "ft---------------------------------------------~-=:::::=""......,,:::::::::::::=""......,,::::::::"""""-===-----------------------------------------------------


400


------------------------------------\o:--...,..,~-=:.c:_=


2.00 1'1-----------------------+-,,,-==


o



2. 3 4 Il, 8 7 8 9 10 12 13 14 III III 17 18 B 20 21
, . ' , , , , , ,
1 L 1 1 1 1 !



~ Coulées du Piton des Neiges.....•. ~

Formations détritiques et coulées récentes des cirques __ Tuf de Saint Gilles " . "Vieux basaltes" .




~GËAP • h.v - 830 - R. 292 - Août 1961





• 15


• Ceci est très probablement réalisable par prospection électrique.

• Enfin il faut songer que toute quantité d'eau importante, préle-


• vée à l'amont, se marquera t8t ou tard en déduction du débit des sources de
• la Ravine, actuellement utilisées en presque totalité.

• La coupe géologique de la planche 3 figure l'ensemble des éléments
• connus dans le bassin d'alimentation des sources de St Gilles,

• Elle donne en particulier la position des sondages de la Ravine

• Fond Maunier. On sait que ce sondage a atteint, à la cote 415 environ, après
avoir traversé 85 mètres de coulées basaltiques diverses, un niveau aquifère
• de 6 m d'épaisseur, qui a fourni 2,6 m3/h pour un rabattement de 3,30 m.
• Le sondage a été arr~té dans la formation imperméable qui forme le mur de
• ce niveau, formation que l'on n'a pas pu caractériser.

• Il ne s'agit peut ~tre que d'un niveau-relai dans un circuit de

• percolation, Cependant, d'après la coupe de la planche 3, il n'est pas in-


terdit de supposer que l'on a eu affaire au substratum imperméable géné-
• ral (1).

• Il Y aurait donc le plus grand intérêt à approfondir cet ouvrage,
• que l'on a conservé, de quelques dizaines de mètres.


• III - RECHERCHE DES EAUX SOUTERRAINES

• En définitive, les bases du problème de la recherche hydrogéolo-
• gique dans les Hauts sont les suivantes :

• Parmi les ressources aquifères du glacis Sous-le-Vent, seules les
sources de la Ravine St Gilles sont utilisées à plein ou presque, Or le
• bassin d'alimentation de ces sources est justement le seul qui donne des
• chances sérieuses d'aboutir à la création d'ouvrages productifs dans les
• Hauts.

• Pour ce qui est de toute la région Sud, les chances de réussite

• sont infimes alors que les travaux de reconnaissance auraient un coat pro-

• hibitif. Dans le bassin des sources de St Paul, le pourcentage de chances


de succès est à peine plus élevé.

• (1) Le sondage stérile de la Ravine St Gilles a été mené à 42 m de profon-
• deur, jusqu'à la cote 350 environ. Mais sa position est moins favorable que
• celle des sondages de Fond Maunier, étant apparemment trop au Sud pour avoir
• des chances raisonnables de recouper le substratum à profondeur convenable.











• 16


• En ce qui concerne les Hauts, nous estimons donc que seul le sys-
• tème de St Gilles justifie la poursuite des recherches actuelles.

• Si, en effet l'on devait établir un programme de recherches por-


• tant sur l'ensemble des Hauts Sous-le-Vent, il faudrait commencer par exé-
• cuter 3 ou 4 sondages-tests, pas trop éloignés du rivage, par exemple à la
• cote 400.

• Etant donné que l'on a toutes chances d'avoir affaire à la "nappe
de base " , on devrait envisager de mener ces sondages jusqu , au niveau de la
• mer, sans quoi ils risqueraient d'être totalement privés de signification.

• Nous proposerions les emplacements suivants :

• - Pour le bassin de St Paul : Ravine Laforge ou Ravine Divon au niveau

• de la route des Hauts.

• - Pour le bassin de St Gilles: à l'Est de St Gilles-les-Hauts. Forer


• cet ouvrage jusqu'à la cote 0 permettrait de caractériser la formation et
• les ressources aquifères évontuelles qui se trouvent sous le tuf de St
• Gilles.

• - Pour la région Sud

• a) dans la Grande Ravine vers la cote 350 ou 400, si les points cor-
• respondants sont accessibles.

• b) dans la Rayine des Avirons, cote 350 à 400.

• En admettant que l'on trouve des indices intéressants (niveau
imperméable développé), ce qui est douteux, il faudrait encore déterminer
• les zones d'écoulement préférentiel, dans une région dont l'extension et
• la forte pente interdiraient sans doute l'emploi de la géophysique •••

• Bassin d'alimentation des sources de la Ravine St Gilles

• D'après les observations de terrain, nous pensons qu'on a des

• chances valables de recouper le substratum imperméable à moins de 150 m de


profondeur (ou moins de 2 km de galeries), en dessous de l'altitude 600. A
• plus forte altitude ces chances deviennent minimes.

• . D'autre part il semble que l'on puisse soustraire sans inconvé-
• nient grave .100 à 200 l/sec au débit des sources de la Ravine.

• Dans ces conditions la recherche nous parait pouvoir être menée
de la manière suivante :

• 1) Reprise des sondages de Fond Maunier et approfondissement maximum
• (quelques dizaines de mètres)








• 17


• - pour savoir si la venue aquifère recoupée correspond à une cir-
culation perchée (auquel cas elle se réinfiltrera par le trou de sonde) ou
• si elle repose sur le substratum imperméable de la région.

• pour tenter d'atteindre et de caractériser ce substratum, ce qui
• fournirait un excellent point d'étalonnage géophysique.

• 2) Campagne de prospection électrique dans la région de St Gilles-les-
Hauts, pour déterminer la topographie du substratum imperméable sous les
• basaltes.

• Il Y a tout lieu de penser que la différence de résistivité entre
• la masse basaltique et le tuf est suffisante pour faire apparattre le
• contact. Par ailleurs les pentes doivent être assez faibles dans cette zone

• pour ne pas gêner le déroulement et l'interprétation des mesures.

• Il sera peut-être nécessaire d'exécuter au préalable un sondage


• d'étalonnage de quelques dizaines de mètres. Ce sondage pourrait ~tre placé
• entre l'Eperon et St Gilles-Ies-Hauts.

• 3) Sondages de reconnaissance dans les axes de drainages détectés par

• la campagne géophysique puis, en cas de succès, forages d'exploitation.


• Le secteur à étudier en prospection électrique est figuré sur la

• carte hydrogéologique générale. Il représente une quinzaine de kilomètres


carrés, soit 1 à 2 mois d'étude .•• Eventuellement, la prospection pourrait
• être étendue vers le Nord, en direction des sources de St Paul.

• Pour les sondages, on peut compter, en toute première approxima-
• tion, sur un métrage total de l'ordre de 3 à 400 mètres.

• Recaptage de la Source du Moulin à Eau

• Notre avis a été sollicité au sujet d'un projet de puits dans la
• Ravine Laforge, pour tenter de recapter la source du Moulin à Eau à l'amont
•• du point où elle se minéralise.

• Le lieu où doit être entrepris l'ouvrage est situé à 500m à vol


d'oiseau à l'amont de la source, (altitude 35), vers le débouché de la
• partie encaissée de la Ravine ; la source se trouve dans l'axe de cette
• entaille (carte hydrogéologique in fine).

• L'alignement de la Ravine et de la source n'est peut-~tre pas
• l'effet d'un hasard: il est logique que les Ravines correspondent à des

• zones de plus grande fracturation. Cependant nous préfèrerions voir consi-


dérer ce projet comme un élément de reconnaissance (dans cette optique, sa
• situation est bonne)et non comme un essai de recaptage, ct plus, de recap-









• 18

• tage en altitude (1). Dans ce sens, il serait peut-~tre préférable d'exé-
• cuter un forage, sans doute plus économique.

• En effet, pour que cette circulation passe à une altitude notable
• à 500 m de son émergence, il faut qu'elle corresponde à un écoulement kars-
• tique, et dans ce cas, on a un pourcentage de chances extr~mement faible de

• la retrouver, m~me sous la Ravine Laforge.

• Le plus vraisemblable est que l'on ait affaire à un réseau dont


• le niveau s'équilibre à quelques dizaines de centimètres seulement au
• dessus de la cote des émergences. On devra donc capter l'eau à plus de 30 m
• de profondeur.



Enfin, en admettant que la roche soit très fissurée et que l'on
puisse pomper d'importants débits,s~l est probable que l'on obtienne de
l'eau douce, il n'est pas certain que ce soit aux dépens de la source du
• Moulin. Le pompage pourrait aussi bien réagir sur la source Champcourt.



• Note générale au sujet des recherches hydrogéologiques


• L'étude qu'il nous °a été donné de faire ne concerne qu'une partie

• bien limitée de l'fIe de la Réunion. Il est évident qu'on ne peut l'extra-


poler à d'autres secteurs, où la géologie et le climat sont différents. En
• particulier, il est fort possible qu'il existe sur d'autres versants des
• nappes perchées ayant une certaine importance et une certaine continuité.

• Ailleurs, dans les cirques, si restreintes que soient les obser-
• vations que nous avons pu y faire, l'hydrogéologie parait complexe, en re-

• lation avec une structure géologique beaucoup moins simple.

• Nous pensons donc qu'il serait utile de considérer les problèmes


• d'eaux souterraines d'un point de vue plus géologique qu'antérieurement,
• tout en conservant, bien sar, l'optique de leurs relations avec les eaux de
• surface, les deux aspects étant, le plus souvent, intimement liés.

• Par ailleurs il nous semble très important d'établir au plus tOt

• une carte hydrogéologique générale, sur la base du relevé systématique des


points d'eau, y compris ceux de la frange c6tière et ceux des cirques. Cette
•• carte devrait être accompagnée d'un fichier dont les fiches donneraient,
pour chaqUe point d'eau :

• (1) D'un point de vue plus général il est indispensable, en matière d'hydro-
• géologie de toujours considérer les premiers travaux de recherche comme de
• la reconnaissance, beaucoup plus que comme des tentatives de "coups au but",
• celle-là étant la condition nécessaire de ceux-ci.

••



..



• 19

• ( l'altitude d'équilibre ou d'émergence
• ( le débit et ses variations (sources)
• ( le gite géologique
• ( un caractère chimique tel que résistivité ou titre hydrotimétrique
• ( le taux de chlorures dans la zone c$tière
• ( la température (sources)

• ( l'utilisation actuelle ou possible etc •••

• Sur la carte, la géologie serait indiquée et précisée, en fonc-


• tion des relevés de points d'eau. Les pertes et les points de réalimentation
• des rivières y seraient signalés~.

• Cet ensemble carte-fichier permettrait d'estimer rapidement les

• ressources d'une région et de préparer des synthèses locales tournées vers


la mise en valeur des ressources aquifères.

• Les travaux déjà réalisés par la Mission Hydrologique de l'ORSTOM
• doivent permettre de faire parattre rapidement une partie au moins de cette
• carte qui est, pour l'ensemble de l'tle, un document de base capital.






• Mission et
Neuilly, aoat 1961
• rapport de

• Bureau d'Etudes de Géologie Appliquée


• et d'Hydrologie Souterraine



• Jacques LEMOINE


• Jean ARCHAMBAULT












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