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185 RERJ –N°1 1‫ العدد‬2018 ‫المجلة اإللكترونية لألبحاث القانونية‬

Les solutions juridiques pratiques aux conflits du


commerce international

Chahid Slimani:
Enseignant-Chercheur à la FSJES.
Université Moulay Ismail.

RESUME

Le droit des contrats internationaux qui est en gestation et mutations profondes s’impose
comme médiateur permettant et facilitant l’activité économique des opérateurs du commerce
international, apaisant les tensions et rapprochant visions et contradictions. Les juristes et les
autres acteurs (banquiers, assureurs etc.) ont participé au développement de techniques
juridiques propres aux contrats internationaux proposant des solutions juridiques pratiques
aux conflits du commerce international.

MOTS-CLES :
COMMERCE INTERNATIONAL ; CONTRATS INTERNATIONAUX ; ARBITRAGE ; LEX
MERCATORIA ; UNIDROIT ; INCOTERMS.

Introduction
Le commerce international est au centre des plus vives tensions que connait notre
monde aux relations mondialisées1. Des tensions entre les pays dits « développés »
et les pays dits « sous-développés ». Des tensions entre des systèmes juridiques
différents; entre le droit anglo-saxon et le droit romano-germanique2 dont s’est
inspiré le législateur marocain. Des tensions surtout entre les intérêts contradictoires
des opérateurs ou acteurs du commerce international.
Ces tensions sont l’écho de deux doctrines qui s’affrontent actuellement au
niveau mondial :
- Une doctrine libérale ne favorisant que la réglementation des principes
généraux. L’autorégulation par le marché et les pratiques du commerce international
suffisent alors.
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1
- G. RABU, « La mondialisation et le droit : éléments macrojuridiques de convergence des régimes
juridiques », Revue internationale de droit économique, 2008/3 (t. XXII, 3), p. 335.
2
- R. MONZER, La négociation des contrats internationaux. Une harmonisation des régimes
juridiques romano-germaniques et anglo-saxons. L.G.D.J, Paris 2008.
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- La seconde doctrine d’organisation rationnelle qui rejette les dérives de ce
libéralisme, a pour finalité d’organiser l’économie mondiale en se basant sur des
objectifs de justice et de paix.
Le droit du commerce international qui est en gestation et mutations profondes
ressemble aujourd’hui à un gigantesque puzzle qui s’est construit pièce par pièce,
type de contrats par type de contrats1 et s’impose désormais comme médiateur
incontournable permettant et facilitant l’activité économique des opérateurs, apaisant
les tensions et rapprochant visions et contradictions. Les juristes et les autres acteurs
du commerce international (banquiers, assureurs etc.) ont participé au
développement de techniques juridiques propres aux contrats internationaux2.
Se dotant d’un organe supranational comme l’ONU après la seconde guerre
mondiale, les Etats et les peuples ont ainsi renoué avec la solidarité internationale.
Après l’adoption du système du GATT3, des regroupements commerciaux par
régions ou par produits ont vu le jour, réglementés, comme l’ensemble des échanges,
par des conventions internationales ou par des usages du commerce international : la
lex mercatoria.
Branche du droit international privé, le droit des contrats internationaux 4 régit
dans chaque pays les situations juridiques dès lors qu’elles comprennent un élément
d’extranéité. Des situations dépassant par un ou plusieurs de leurs éléments le cadre
d’un seul pays, annonçant souvent un conflit de lois puisque plusieurs lois émanant
d’Etats différents ont vocation à connaitre de cette situation. La règle dite de conflit
de lois permettra de choisir entre les différents systèmes juridiques celui qui sera
appliqué. On parle alors d’un rattachement de la situation juridique internationale à
un ordre juridique interne. C’est-à-dire la loi qui va s’appliquer à cette situation5.
Face aux conflits liés aux contrats internationaux, le pays concerné peut appliquer
son droit interne aux relations internationales en élaborant un système de règle de
conflit de loi. C’est-à-dire un ensemble de norme qui en fonction de différents critères
de rattachement va permettre de déterminer la loi applicable6. Il peut aussi déterminer
‫ـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ‬
1
- É. LOQUIN, « Règles matérielles du commerce international et droit économique », Revue
internationale de droit économique, 2010/1 (t. XXIV, 1), p. 81.
2
- A.-J. ARNAUD, « La régulation par le droit en contexte de globalisation », in Entre modernité et
mondialisation. Leçon d’histoire de la philosophie du droit et de l’État, LGDJ, 2e éd., 2004.
3
- Né d’une proposition américaine, le General Agreement on Tariffs and Trade est un Accord général
sur les tarifs douaniers et le commerce, signé le 30 octobre 1947 par 23 pays, pour harmoniser les
politiques douanières des parties signataires.
L’Uruguay Round (1986 à 1994), l'un des derniers cycles de négociations, clos par l'accord de
Marrakech, a abouti à la création de l'Organisation mondiale du commerce.
4
- Pour Batiffol, le contrat international est une convention qui par les actes concernant sa conclusion
ou son exécution, ou la situation des parties quant à leur nationalité ou leur domicile, ou la
localisation de son objet, a des liens avec plus d’un système juridique. H. BATIFFOL, D. rép. dr.
int., V° Contrats et convention n°9 cité In J . Cl. Contrats commerciaux internationaux, Fasc. 335.
n°8.
5
- Les contrats internationaux sont soumis comme les contrats internes à la théorie générale des
contrats. Par conséquent, quand ces contrats relèvent de la loi marocaine, ce sont notamment les
dispositions du Dahir des Obligations et des contrats qui vont leur être applicables.
6
-Volonté des parties, nationalités des parties etc.
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des règles matérielles applicables aux seuls rapports internationaux. Ces règles vont
être distinctes des règles internes qui seront écartées car considérées comme
inadaptées. Ces règles sont d’origines jurisprudentielles. Généralement, ce sont des
conventions ratifiées par les Etats qui permettent de faciliter la conclusion des
contrats internationaux1. Les Etats étant responsables des questions politiques,
économiques et sociales, sont en première position. Au niveau juridique et
unilatéralement, les Etats interviennent de différentes manières et avec différents
instruments. Lois étatiques ; jurisprudence interne de chaque Etat ; réglementation
par voie de décret ou d’arrêté etc. Ils peuvent aussi d’une manière concertée établir
des règles communes du droit des contrats internationaux en se basant sur des
associations d’Etats de type économique ou juridique2.
Les opérations du commerce international se nouent et se dénouent dans le cadre
d’un contrat international3 devenu un instrument efficace et inévitable matérialisant
les transactions commerciales internationales. Le mode de règlement des litiges
éventuels prend alors des aspects spécifiques en raison du caractère international du
rapport de droit, interpellant des règles spécialement édictées pour régir les contrats
internationaux (I) ainsi que trois sources pratiques du droit des contrats
internationaux (II).
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1
- Il y a plusieurs catégories de conventions internationales :
- Les conventions qui ont pour objet d’unifier le système de conflit de loi (conférence de la Haye)
et qui permettent d’appliquer une seule règle de conflit de loi quel que soit le juge saisi.
- Les conventions qui unifient les règles matérielles en proposant une même solution au fond aux Etats
qui les ont ratifiées. Comme la Convention de Vienne de 1980 sur la vente internationale de
marchandises.
- Les conventions bilatérales : ce sont des conventions conclues par le Maroc avec d’autres Etats qui
permettent de faciliter les relations et les solutions juridiques entre ces pays et leurs contractants de
droit privé.
- Les conventions multilatérales : ces conventions visent à unifier des règles matérielles et s’intègrent
ainsi dans un cadre juridique forgé en 1994 à travers les accords de Marrakech.
2
- Juridique : OHADA (entre des pays de l’Afrique de l’Ouest)…
Economique : UE (la zone de l’Union européenne)…
D’autres instances publiques et privées interviennent activement pour organiser et faciliter ces
rapports :
- L’OMC qui a succédé aux accords du GATT en 1994 grâce aux accords de Marrakech, comme une
organisation internationale, indépendante de l’ONU.
- CNUDCI « Commission des Nations Unies pour le Droit du Commerce International » (en anglais
UNCITRAL), créée en 1966, elle a pour objet général la formulation des règles du droit du
commerce international et entre autres la réalisation de la Convention de Vienne sur la vente des
marchandises.
- UNIDROIT, l’Institut international pour l’unification du droit privé. Installée à Rome, cette
organisation regroupe des professeurs d’université tentant d’unifier et d’harmoniser les règles
juridiques dans différents domaines comme le crédit-bail international, les contrats internationaux
etc.
- CCI (Chambre de Commerce International), créée au début du XXème siècle, cette association a son
siège à Paris. Elle concerne surtout les milieux d’affaires en discutant et essayant d’élaborer des
règles de droit du commerce international.
- Cour d’arbitrage : des personnes physiques rendent des arbitrages sous son égide.
3
- J-M. JACQUET, Ph. DELEBECQUE et S. CORNELOUP, Droit du commerce international, Dalloz
2007. p. 191.
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I. Les mécanismes de règlement des litiges


En choisissant leur justice, étatique ou privée (A), les parties peuvent aussi
déterminer la loi applicable au contrat (B).
A. La compétence
En cas de litige, les contractants peuvent choisir entre deux voies de règlement:
un arbitre (justice privée) ou un juge étatique.
1. L’arbitrage international
Perçu comme « le mode normal de règlement des litiges »1, l’arbitrage qui est
une discipline juridique qui a connu une expansion fulgurante2, est un mécanisme de
justice privée qui s’accommode efficacement avec les exigences du commerce
international, dont les opérateurs sont souvent inquiets de la neutralité du for
étatique, représenté par un juge qui partage avec le national et son conseil un même
héritage culturel, que ce soit sur le plan linguistique, économique ou juridique3. Les
parties peuvent choisir leur arbitre en cas de litige, soit elles le décident avant la
naissance du litige, soit après le litige. En choisissant cet arbitre les parties
déterminent aussi sa mission et les règles procédurales. Une fois que l’arbitre a
rendu sa sentence, les parties peuvent soit l’exécuter, soit refuser d'exécuter. L’autre
partie peut alors saisir un juge étatique et demander l’exécution forcée de la
sentence.
Longtemps critiqué pour ne pas avoir doté l’arbitrage commercial international
d’un régime juridique moderne, le Maroc4 a créé une Cour d’arbitrage au sein de la
Chambre de Commerce internationale, domiciliée à Casablanca 5. Il y a quelques
semaines la Cour internationale de médiation a créé son antenne au Maroc. La
troisième au niveau international après celles de la Suisse et du Luxembourg. Une
commission Maroc de la CIM qui permettra de faciliter la résolution des litiges entre
les sociétés qui résident soit au Maroc soit à l’étranger et d’aider les tribunaux
étatiques à résoudre ce genre de problèmes6.

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1
- Ph. FOUCHARD, E. GAILLARD et B. GOLDMAN, Traité de l’arbitrage commercial
international, Litec 1996.
2
- E. GAILLARD, L’arbitrage international, Commentaire, Numéro 158, 2017/2, p.333.
3
- Y. DEARINS, « Sources et domaine d’application du droit français de l’arbitrage international »,
Droit et pratique de l’arbitrage international en France, Feduci, 1984. 1 et s.
4
- Le Maroc a adhéré à la convention de New York de 1958 relative à la reconnaissance et à l’exécution
des sentences arbitrales étrangères. Il a aussi ratifié la convention du 18 mars 1965 relative aux
règlements des différends concernant les investissements entre états et ressortissants d’autres états.
5
- Le règlement d’arbitrage au Maroc relève de la compétence de la Cour d’arbitrage depuis le 1er
janvier 1999.
6
- Entretien avec Ali Ouhmid, expert international et juge médiateur près de la Cour internationale de
médiation, réalisé par Brahim Mokhliss, LE MATIN du 28 Mars 2013.
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2. La justice étatique
Si les parties n’ont pas décidé le recours à l’arbitrage, la compétence revient à la
justice étatique. Mais la justice de quel pays? Les parties peuvent choisir le tribunal
compétent par une clause attributive de juridiction qui rend toutes les autres
juridictions incompétentes. Si les parties n’ont pas choisi le tribunal compétent, le
demandeur peut saisir soit le tribunal du lieu du domicile du défendeur, soit le
tribunal du lieu où l’obligation qui sert de base à la demande doit être exécutée. Pour
le contrat de vente, c’est le lieu où les marchandises doivent être livrées.

B. La détermination de la loi applicable au contrat


Il y a deux hypothèses : soit c’est le juge qui est l’interprète du contrat, soit c’est
l’arbitre.
1. Le juge est l’interprète du contrat
Si le juge est l’interprète du contrat, il est censé respecter l’ordre juridique de
son propre pays. Mais généralement il y a plusieurs conventions qui lui permettent
de trouver une règle acceptée de toutes les parties :
- La conférence de la Haye de droit international privé et sa convention sur la
loi applicable aux ventes d’objets mobiliers corporels adoptée le 15 juin 1955.
- La convention de Rome de 1980 sur la loi applicable aux obligations
contractuelles.
En même temps, rien n’empêche le juge d’apprécier différents indices de
localisation du contrat. Sans oublier la clause d’exception qui permet au juge de
rechercher directement la loi avec laquelle le contrat présente les liens les plus étroits,
en évaluant les points de contact du contrat avec différents états. De nombreux
éléments sont pris en compte :
- le lieu de conclusion du contrat
- la nationalité des parties
- le lieu d’exécution
- la monnaie du contrat
Cette la loi du contrat ne doit pas toutefois porter atteinte à des règles qui sont
essentielles pour un Etat. C’est ce qu’on appelle les lois de police ou d’ordre public1.

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1
- Quelques définitions des lois de police :
- « lois dont l’observation est nécessaire pour la sauvegarde de l’organisation politique, sociale et
économique du pays » (Franceskakis).
- CJCE : « Dispositions nationales dont l’observation a été jugé cruciale pour la sauvegarde de
l’organisation politique, sociale et économique de l’Etat membre concerné au point d’en imposer le
respect à toute personne se trouvant sur le territoire national de cet Etat membre ou à tout rapport
juridique localisé dans celui-ci », arrêt Harblade, 23 Novembre1999.
- règlement de Rome I du 17 Juin 2008 sur la loi applicable aux obligations contractuelles, article 9 :
« une loi de police est une disposition impérative dont le respect est jugé crucial par un pays pour la
sauvegarde de ses intérêts publiques, tel que son organisation politique, sociale ou économique, au
point d’en exiger l’application à toute situation entrant dans son champ d’application, quel que soit
par ailleurs la loi applicable au contrat d’après le présent règlement ».
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2. L’arbitre est l’interprète du contrat
Si l’arbitre est l’interprète du contrat, il est contrairement au juge libéré de devoir
rendre la justice au nom d’un ordre juridique national ou de choisir entre ces
conventions, ce qui risque de compliquer parfois sa tâche. Il est préférable alors de
recourir à la volonté des parties. Pour la convention de Rome il faut se référer à la
volonté des parties pour déterminer la loi du contrat sans le support d’aucun élément
objectif. C’est-à-dire que les parties peuvent se mettre d’accord pour donner leur
contrat à la loi d’un Etat ou d’un autre, rattachant le contrat à un ordre juridique
déterminé et supprimant ainsi toute incertitude liée à l’application de la règle des
conflits.1 Une fois le rattachement fait, la question de la formation du contrat, ses
effets etc., seront régis par la loi du contrat.

II. Les sources pratiques de rapprochement


Trois sources pratiques du droit des contrats internationaux permettent aux
opérateurs et aux parties au contrat de trouver des solutions aux tensions et conflits :
la lex mercatoria (A), les principes UNIDROIT (B) et les INCOTERMS (C).

A. La lex mercatoria
La lex mercatoria est un ensemble de règles constituées de principes et d’usages
qui se prononcent sur telle ou telle solution en cas de difficultés particulières.
Contrairement aux autres ordres juridiques elle n’a pas donc de vocation à fournir
des solutions juridiques à toutes les difficultés. Une jurisprudence française célèbre
considère la lex mercatoria comme une source à part entière de même nature que la
loi étatique, notamment les arrêts : Société Fougerolle, Civ 2ème, 9 Novembre
19812 ; Société Norselor, Civ 1ère, 9 Octobre 19843 ; Valenciana, Civ 1ère, 22
octobre1991 4 etc. Cette jurisprudence se posait la question de savoir si en appliquant
la lex mercatoria l’arbitre applique t-il des règles de droit ?

1. Les principes
Ces principes comportent certaines directives. Ils sont soit directement
applicables à une situation ou un acte juridique, soit ils sont à la source de règles qui
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1
- Selon la Cour de cassation française, Cass Civ 6 jullet 59 Fourrures Renel: « La loi applicable au
contrat est celle que les parties ont adopté à défaut de déclaration expresse, il appartient au juge du
fond de rechercher d'après l'économie de la convention et les circonstances de la cause quelle est la
loi qui doit régir les rapports des contractants ».
2
- Les arbitres se sont référés « aux principes généraux des obligations généralement applicables dans
le commerce international et ils n’ont fait que se conformer à l’obligation qu’ils avaient de définir
le droit applicable à l’accord conclu ».
3
- Les arbitres se sont référés à la « LM international » et se sont ainsi fondés sur les principes généraux
applicables dans le commerce international. La Cour de cassation a estimé qu’ils n'ont pas statué en
amiable mais en droit.
4
- La Cour de cassation a estimé qu'en se référant à l'ensemble des règles du CI dégagées par la
pratique, l'arbitre a statué en droit conformément à l'acte de mission.
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vont gouverner cette situation ou cet acte. Certains principes sont célèbres et connus
des opérateurs :
- pacta sunt servanda : ceux qui ont conclu un pacte sont liés par lui, c'est-à-dire les
contractants ont l’obligation de respecter les termes du contrat.
- rébus sic stantibus : des circonstances exceptionnelles peuvent mener à
l'invalidation d'une convention comme un changement fondamental des
circonstances.

2. Les usages
Les usages sont acceptés car ils constituent une source du droit. Les opérateurs
du commerce international interviennent dans la production des normes (à côté des
Etats ou des organisations internationales). Ils le font grâce à la formation
d’usages et de principes transnationaux qui naissent de la pratique répétée des
professionnels dans un certain secteur économique. Il existe deux catégories
d’usages:
- Les usages des parties : usages établis entre deux ou plusieurs parties qui ont
l’habitude de travailler ensemble. Leur portée sera réduite aux parties qui les ont
adoptés.
- Les usages du commerce : une pratique régulièrement observée dans un lieu, une
profession ou une branche du commerce.

Le principe selon l’article 9-2 de la convention de Vienne, c’est que si les parties
à un contrat ne les ont pas exclus, elles sont soumises à tous les usages
dont elles avaient connaissance. Certains usages ont été mis par écrit par les
organismes internationaux comme la Chambre de Commerce Internationale. Il s’agit
des « incoterms ». En cas de conflit entre ces sources nationales et internationales
ainsi que la lex mercatoria, les juristes s’accordent sur la primauté de l’ordre
juridique international, puis national, et enfin la lex mercatoria.

B. Les principes UNIDROIT


C’est un ensemble de principes élaborés par des juristes praticiens, magistrats,
fonctionnaires et universitaires venant d'horizons juridiques et professionnels
différents, au sein de l’organisation internationale Unidroit qui ne représente pas des
Etats. Selon les rédacteurs de ces principes, les instruments contraignants, telles
qu’une législation supranationale, des conventions internationales ou des lois
modèles, risquent souvent de rester lettre morte et ils ont tendance à être
fragmentaires, c’est pourquoi il faut préconiser de plus en plus le recours à des
moyens non législatifs d’unification ou d’harmonisation du droit.

1. L’objectif des principes Unidroit


Selon le préambule de l’Unidroit, il s’agit de principes généraux du droit du
commerce international. Ces principes qui sont des propositions aux parties, arbitres,
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juges, législateurs nationaux etc., tendent à constituer un ensemble cohérent du droit
des contrats1. Les auteurs de ces principes se réfèrent souvent à la lex mercatoria,
ainsi qu’à la Convention de Vienne et aux règles du droit national célèbres en la
matière comme le droit romain ou le code de commerce des Etats-Unis. Ces
principes reflètent alors des concepts que l’on trouve dans de nombreux systèmes
juridiques. Ils sont destinés à fournir un ensemble de règles spécialement adaptées
aux besoins des opérations du commerce international et renferment les solutions qui
sont perçues comme étant les meilleures, même si elles ne sont pas encore adoptées
de façon générale. Leur objectif est d’établir un ensemble équilibré de règles
destinées à être utilisées dans le monde entier quelles que soient les traditions
juridiques et les conditions économiques et politiques des pays dans lesquels elles
doivent s’appliquer.

2. L’application des principes Unidroit


Les principes Unidroit s’appliquent lorsque les parties acceptent d’y soumettre
leur contrat. Ils peuvent s’appliquer lorsque les parties acceptent que leur contrat soit
régi par les principes généraux du droit, la lex mercatoria ou autre formule similaire.
Ils peuvent apporter une solution lorsqu’il est impossible d’établir la règle pertinente
de la loi applicable. Ils peuvent être utilisés afin d’interpréter ou de compléter
d’autres instruments du droit international uniforme. Ils peuvent enfin servir de
modèle aux législateurs nationaux et internationaux.
En règle générale, les principes UNIDROIT s’appliquent :
- au contrat international selon une référence à l’établissement ou à la résidence
habituelle des parties dans différents pays et à l’adoption de critères plus généraux
comme le fait que le contrat a « des liens importants avec plus d’un Etat », qu’il
« implique un choix entre les législations de différents Etats » ou qu’il « affecte les
intérêts du commerce international ».
- au contrat du commerce selon le concept de contrat du commerce entendu dans
le sens le plus large possible afin d’inclure non seulement les opérations du
commerce pour la fourniture ou l’échange de marchandises ou de services, mais aussi
d’autres types d’opérations économiques telles que les contrats d’investissement
et/ou de concession, les contrats pour des services professionnels etc.
Ces principes sont appliqués par des juges nationaux et des arbitres au sein de la
CCI selon deux manières :
• Application indirecte : Si le droit applicable est la lex mercatoria, on se réfère
aux principes Unidroit pour déterminer son contenu.
• Application directe : en tant que « principes Unidroit » de façon codifiée.

C. Les Incoterms
Les Incoterms ou International Commercial Terms (Condition Internationale de
Vente (C.I.VI).), sont des termes commerciaux qui permettent d’harmoniser les
‫ـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ‬
1
-R. MONZER, La négociation des contrats internationaux. Essai d’harmonisation des régimes
juridiques, thèse dactyl. Montpellier, 2006, n° 27.
ISSN: 7476-2605 ‫ردمـد‬
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termes et pratiques en matière de contrats internationaux. Ils ont été rédigés pour la
première fois en 19361 par la CCI (Chambre de Commerce Internationale) dans le
but d'homogénéiser le vocabulaire dans les échanges et de limiter les litiges entre les
vendeurs et les acheteurs. Il est question d’une série de règles uniformes mais
facultatives d'interprétation des termes les plus fréquemment utilisés dans les contrats
de vente internationale qui servent à définir les « droits et devoirs » des acheteurs et
vendeurs. Ce sont des sigles commerciaux qui réglementent les problèmes liés à la
logistique internationale et aux transferts de propriété des marchandises, permettant
de répartir les frais et les risques de l'acheminement de la marchandise entre le
vendeur et l'acheteur.
Dans une vente internationale, entre l’établissement du vendeur et celui de
l’acheteur, la marchandise encourt des risques divers posant la question aux parties,
juristes, juges et arbitres de savoir qui devra supporter les conséquences de ces
risques2. Le choix de l'Incoterm3, nous permet alors de définir les responsabilités et
les obligations d'un vendeur et d'un acheteur, en matière de chargement, de transport,
de type de transport, des assurances et de la livraison. Considérés par les conventions
internationales, les acteurs du commerce international et les arbitres comme une
norme internationale composante de la lex mercatoria, les Incoterms sont inclus par
les juges étatiques dans l'ordre juridique en tant que norme nationale.
Le Centre des Nations Unies pour la facilitation du commerce et les transactions
électroniques (CEFACT-ONU) encourage et recommande aussi aux gouvernements,
aux organisations internationales et aux milieux d'affaires d’accepter et d’utiliser les
abréviations des termes commerciaux. Il s’agit des abréviations de trois lettres en tant
que code alphabétique des Incoterms 20004, qui sont identiques aux abréviations des
termes commerciaux figurant dans la publication No 560, Incoterms 2000 de la CCI,
devenus depuis le 1er janvier 2011, les Incoterms 20105.
‫ـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ‬
1
- Il faut prendre en compte les dernières révisions.
2
- B. AUDIT, La vente internationale de marchandises, L.G.D.J, Paris 1990, p. 86.
3
- Quelques règles Incoterms ICC 2010 utilisables pour tous les modes de transport :
FCA : Free Carrier, marchandises dédouanées et chargées dans le pays de départ, chez le vendeur
ou chez le commissionnaire de transport de l'acheteur.
CIP : Carriage and Insurance Paid to, idem CPT, avec assurance marchandise transportée souscrite
par le vendeur pour le compte de l'acheteur.
DAP : Delivered At Place, marchandises (non déchargées) mises à disposition de l'acheteur dans le
pays d'importation au lieu précisé dans le contrat (déchargement, dédouanement import payé par
l'acheteur).
4
- Code alphabétique des Incoterms 2000, Recommandation no 5, quatrième édition, adoptée par le
Centre des Nations Unies pour la facilitation du commerce et les transactions électroniques
(CEFACT-ONU), Genève, mai 2000.
5
- Parmi les changements apportés par les Incoterms 2010 notons :
- La suppression des Incoterms DAF/DES/DEQ/DDU ;
- La suppression de la notion de « passage du bastingage » ;
- Clarifier les contrôles relatifs à la sécurité des marchandises ;
- Création de deux nouveaux Incoterms : DAT : Delivered At Terminal (remplace le DEQ et
s’applique pour tout mode de transport) ;
DAP : Delivered At Place (remplace les DAF/DES/DDU).

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Les Incoterms 2010 sont la dernière version en vigueur, définissant :


- Les conditions d’acheminement et de livraison de la marchandise.
- Le point de transfert des frais.
- Le point de transfert des risques encourus par la marchandise à partir du
transport principal.
- Les documents dus par le vendeur à l’acheteur (ou données informatiques
équivalentes).

1. Les groupes d’Incoterms


Il s’agit de deux groupes d’Incoterms : les Incoterms multimodaux qui sont des
Incoterms principaux et les Incoterms maritimes qui sont secondaires.

a. Les Incoterms multimodaux


EX-Works, à l’usine (lieu convenu)
FCA, Franco transporteur lieu de livraison convenu
CPT, Port payé jusqu’au lieu de destination convenu
CIP, port payé, assurance comprise jusqu’au lieu de destination convenu
DAT, rendu au terminal
DAP, rendu au lieu de destination convenu
DDP, rendu, droits acquittés au lieu de destination convenu

b. Les Incoterms maritimes


FAS, franco le long du navire port d’expédition convenu
FOB, franco à bord port d’expédition convenu
CFR, coût et fret port de destination convenu
CIF, coût, assurance et fret port de destination convenu

2. Les familles d’Incoterms


Il y a quatre familles d’Incoterms :
- Famille « E » pour « Ex Works » lieu convenu : le vendeur met la marchandise
à la disposition de l’acheteur dans ses locaux ou dans un autre lieu convenu.
- Famille « F » pour Free (franco) : le vendeur organise et paie le transport
préalable dans le pays d’exportation mais n’assume ni les frais ni les risques du
transport principal. Il remet la marchandise à un transporteur désigné par l’acheteur.

- Famille « C » pour « cost » ou « carriage » : le vendeur paie les frais du transport


principal mais n’en assume pas les risques (pertes, dommages et frais
supplémentaires dus à des faits postérieurs à l’embarquement ou à l’envoi).
- Famille « D » pour « Delivered » : le vendeur assume les frais et les risques
jusqu’au lieu de destination convenu1 .
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195 RERJ –N°1 1‫ العدد‬2018 ‫المجلة اإللكترونية لألبحاث القانونية‬

Bibliographie
- ARNAUD A.-J., « La régulation par le droit en contexte de globalisation », in Entre
modernité et mondialisation. Leçon d’histoire de la philosophie du droit et de
l’État, LGDJ, 2ème éd., 2004.
- AUDIT B., La vente internationale de marchandises, L.G.D.J, Paris 1990.
- DEARINS Y, « Sources et domaine d’application du droit français de l’arbitrage
international », Droit et pratique de l’arbitrage international en France, Feduci,
1984.
- FOUCHARD Ph., E. GAILLARD et B. GOLDMAN, Traité de l’arbitrage
commercial international, Litec 1996.
- GAILLARD E., L’arbitrage international, Commentaire, Numéro 158, 2017/2.
- JACQUET J-M., Ph. DELEBECQUE et S. CORNELOUP, Droit du commerce
international, Dalloz 2007.
- LOQUIN É., « Règles matérielles du commerce international et droit économique»,
Revue internationale de droit économique, 2010/1 (t. XXIV, 1).
- MONZER R., La négociation des contrats internationaux. Une harmonisation des
régimes juridiques romano-germaniques et anglo-saxons. L.G.D.J, Paris 2008.
- MONZER R., La négociation des contrats internationaux. Essai d’harmonisation
des régimes juridiques, thèse dactyl. Montpellier, 2006.
- RABU G., « La mondialisation et le droit : éléments macro juridiques de
convergence des régimes juridiques », Revue internationale de droit économique,
2008/3 (t. XXII, 3).

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• Un Incoterm n’est pas un contrat de transport ;
• Son utilisation est facultative mais recommandée ;
• Il est choisi en fonction du mode de transport : maritime mais dorénavant essentiellement
multimodal ;
• Il aura des conséquences sur le type d’emballage qui demeure toujours de la responsabilité du
vendeur ;
• Il doit être défini par rapport à la dernière version en vigueur des « incoterms 2010 ICC »
• Il existe 4 famille d’Incoterms E, F, C, D, avec un niveau croissant d’obligations pour le vendeur;
• Les ventes départ sont : EXW, FCA, FAS, FOB, CFR, CIF, CPT, CIP ;
• Les ventes arrivée sont : DAF, DES, DEQ, DDU, DDP ;
• Un incoterm doit être défini par rapport à un lieu : « CIF New-York », - « FCA , mon transitaire
à Lesquin » - DDP, siège de l’acheteur à Francfort » ;
• Il peut être complété pour tenir compte d’usages locaux ou de manutention dans les ports du monde
entier.
V. Le guide des contrats internationaux, Enterprise Europe Network, Commission Européenne, 2013,
p. 17.
ISSN: 7476-2605 ‫ردمـد‬

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