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ISBN: 979-10-95437-33-8
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Mot de remerciement
Préface de l’Editeur
Au nom de DIEU le Clément le MiséricorDIEUx, le très MiséricorDIEUx.
Nous demandons à DIEU d’augmenter les faveurs et les grades de notre Maitre (le Prophète
Muhamed) et de préserver sa famille, ses compagnons, son serviteur et tous ceux qui les ont
suivis.
La DAHIRA QURATUL HAYNI à le plaisir de partager avec vous les fruits de ses travaux
entrepris depuis plus de dix ans. En effet, l’association a été créé depuis 2005, sous l’impulsion
et le soutien du vénéré CHEIKH AHMADOU MBACKE CHUHAYBU qui nous exhorté à œuvrer
davantage pour éveiller les consciences sur la nécessité et l’importance capitale de la science
religieuse, dans la communauté mouride. Depuis lors l’association n’a cessé de mener des
activités culturelles et éducatives, des prédications religieuses, dans l’enceinte de la Mosquée
de CHEIKH CHUHAYBU MBACKE - que Allah l’agrée- dans le quartier de DAARU RAHMAAN,
au cœur de TOUBA la protégé, jouant ainsi un rôle déterminant dans la promotion de
l’enseignement islamique.
Au début de sa création, les activités de l’association se limitaient à la vivification du mois béni
de Ramadan et se focalisaient sur l’éveil et la conscientisation des gens à travers des séries de
conférences religieuses, des thématiques et des panels où sont traités les principes de base de
l’Islam orthodoxe, conformément à l’enseignement de CHEIKHOUL KHADIM le rénovateur de
l’Islam. Ces événements étaient organisés les jours et les nuits de vendredi durant le mois de
Ramadan. C’était pour nous l’occasion de distribuer des repas copieux au moment de la rupture
du jeûne.
L’association a continué dans cette lancé pendant cinq ans. En 2009, elle s’est rendu compte
de la nécessité de renforcer ses activités pour être plus utile à la communauté mouride, c’est
ainsi qu’elle a entrepris d’organiser chaque année, durant le mois de SAFAR, des activités
culturelles. On sait que le mois de SAFAR est la période la plus propice pour organiser des
activités de ce genre, car les condisciples mourides y font montre d’une exceptionnelle
disponibilité à recevoir la bénédiction du seigneur à travers les activités scientifiques et
cultuelles comme les conférences et thématiques sur l’Islam, ainsi que sur l’importance des
enseignements de CHEIKHOUL Khadim, qui comportent des trésors, des richesses, des
avantages; bref d’une utilité réelle pour toute la nation, si l’on parvient à expliquer
clairement et convenablement tout cela.
De ce point de vue, l’association s’est attelée à réunir les efforts de tous les acteurs
mourides qui se sont engagés sur la voie de la prédication islamique, en mobilisant
toutes les énergies culturelles et scientifiques actives de la communauté mouride dans
un cadre scientifique et culturel unifié qui offre aux scientifiques la possibilité de
contribuer à l'orientation et à la sensibilisation, en éclairant et en éduquant, en guidant
et en influençant l’orientation idéologique des membres de leur société.
De là, l'Université du MAGAL est née en 2009 pour servir de plate-forme aux
scientifiques, aux intellectuels et aux prédicateurs qui souhaitent exprimer leurs points
de vue et leurs idées novatrices.
Sur une période de quinze jours, durant le mois de SAFAR Al-Mubarak, l’Université du
MAGAL remplit sa fonction culturelle par son rayonnement, mais aussi et surtout par sa
stratégie de vulgarisation et d’orientation. Chaque Séance, un éminent savant de la
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communauté mouride est choisi pour donner une conférence importante sur un sujet
parmi les nombreux sujets qui préoccupent les Musulmans et plus particulièrement les
Mourides.
En outre, pour chaque journée universitaire il sera procédé à la désignation et à l’étude
de la vie d’un parrain parmi les personnalités les plus éminentes élevées par Cheikh Al-
Khadim, qu'Allah soit satisfait de lui, et ayant joué un rôle important dans l'appel de
Cheikh Al-Khadim et la transmission de son message tout en incarnant les valeurs et
les vertus léguées aux générations futures. Cet ouvrage qui se trouve entre nos mains
est le résultat des études qui ont été menées sur l’histoire et la vie de ses grands
personnages, ses nobles héros qui ont rendu de grands services aux gens de leur
époque, à leur nation et à leur communauté. Et c’est un devoir sacré pour leurs
successeurs de s’approprier de cet héritage et de le préserver au profit des générations
futures qui y trouveront la lumière de la bonne guidée et une source d’inspiration qui
leur permettra de mener une vie chaste et vertueuse sur terre.
A cet égard, nous espérons que ce livre sera le début, le prélude d'une encyclopédie
historique sur la biographie de nos grands héros dont nous nous glorifions. Et nous
ferons tout notre possible pour le faire convenablement, par la grâce du Seigneur.
Pour terminer nous remercions tous les chefs religieux, les guides, les érudits et les
hommes de culture qui ont contribué, avec nous, à l’accomplissement de cette œuvre
sainte. Nous demandons à DIEU -le Tout Puissant qui existe sans endroit et sans
direction- de les rétribuer et de placer cette récompense sur la balance de leurs bonnes
actions, le Jour du Jugement dernier. Car c’est Lui l’Omniscient, l’Omnipotent. Il me
suffit parce que c’est Lui le Meilleur Refuge, le Meilleur Maitre et le Meilleur pourvoyeur
de soutien. Que l’élévation en grade la plus complète soit sur notre maitre le prophète
Muhamed ( ), sur sa famille et ses compagnons. Que le Bon DIEU préserve sa
communauté de ce qu’il craint pour elle.
Préface du Traducteur : ABOO MADYANA CHUHAYBU KEBE
Louange à Allah que l’élévation en grade la plus complète soit sur notre maitre le
prophète Muhamed ( ), sa famille et ses compagnons, ainsi que tous ceux qui leur
auront suivi.
Avant d’entamer cet exposé sommaire, nous devons impérativement apporter des
éclaircissements sur un point d’une importance capitale :
Le travail que nous venons d’effectuer dépasse de loin celui d’un traducteur qui se
limite à traduire le sens des mots exprimés dans une langue vers une autre. Mais nous
nous sommes servis des renseignements et des élucidations qui se trouvent dans le
texte source en wolof pour reformuler et écrire la biographie des grandes figures du
Mouridisme, en nous basant sur les informations préliminaires contenues dans le texte
source en wolof comme nous l’avons envisagés.
Il était également nécessaire de mener d’autres études comparatives pour approfondir
et affiner la recherche concernant certaines personnalités et figures du Mouridisme
citées dans la version wolof, puis nous avons ajouté d’autres figures que nous même
nous avions étudiées dans le passé et sur qui nous avions déjà écrits.
Nous avons modifié la répartition en chapitre et en sous-chapitre de la version wolof
pour arriver à cette répartition en quatre chapitres :
Premier chapitre : l’histoire du Cheikh et de sa noble famille, ses proches parents, son
ascendance paternelle et maternelle, ses enfants, ses parents du côté paternel comme
maternel (les MBACKES et les BOUSSOS) et tous ceux qui les ont suivis.
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Deuxième chapitre : le premier groupe de disciples qui ont proclamé leur allégeance au
Cheikh avant son exil en mer, les disciples appartenant à cette première tranche sont
cités dans deux recueils différents : les plus âgés et les moins âgés.
Troisième chapitre : c’est le deuxième groupe de disciples qui ont proclamé leur
allégeance au Cheikh après son retour d’exil en mer et qui l’ont accompagnés à
TIEYEENE et à Diourbel.
Quatrième chapitre : c’est le troisième groupe de disciples qui ont proclamé leur
allégeance au Cheikh à Diourbel.
Ceux-là sont divisés en deux groupes en fonction du rôle qu’ils ont eu à jouer auprès du
Cheikh. Ceux qui n’ont jamais humé l’odeur du Cheikh ni goûté les prémices de sa
bénédiction qui émane directement de son Seigneur. Ils ne connaissaient même pas les
objectifs spirituels que l’on doit se fixer pour pouvoir vouer un culte exclusif au Seigneur
en ayant une détermination indéfectible, et en se consacrant entièrement au Seigneur,
tout en étant détournés du bas monde et de ses futilités. Ils ont accompagné le Cheikh
pour obtenir uniquement des privilèges de ce bas monde. Ils ont effectivement atteint
leur objectif vis-à-vis de celui-ci. Donc, point besoin de les citer ou de s’intéresser à leur
héritage, comme l’a si bien explicité Serigne MBACKE BOUSSO dans son ouvrage
intitulé « ANNUBZATUL MUBAARAKA » (le Précis béni).
Par contre, il y a un autre groupe de disciples qui ont œuvré pour le Cheikh à Diourbel
dans les domaines de l’écriture, de la lecture, de la construction et de l’agriculture ; tout
en ayant une intention sincère pour ne chercher que l’agrément du Seigneur. Ces gens-
là sont comptés parmi les vrais croyants qui obtiendront de DIEU une récompense
surabondante. Consacrer une biographie à ces nobles élus est une entreprise d’une
grande utilité pour les aspirants mourides qui doivent suivre leurs pas avec beaucoup
plus de considération et de respect.
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Cinquième partie : les disciples de Cheikhoul Khadim parmi les arabes et les érudits de
Chinguetti, en Mauritanie comme Cheikh IBRAHIM AL BAGDADI, Cheikh ALHALBI et
d’autres érudits de la tribu des OWLAD DAYMAN, de HADJIB, des YAHKHUBINS, des
TANDKHIYINS, etc.
En réalité, ces derniers n’appartiennent pas à une seule catégorie si l’on s’en tient à
leurs caractéristiques et à leurs particularités différentes les uns les autres, selon la
classification de Cheikh MBACKE BOUSSO. Certains parmi ces disciples font partie de
la première catégorie de disciples, tandis que les autres font partie de la deuxième
catégorie de disciples qui ont proclamé leurs allégeances au Cheikh pendant son exil
en Mauritanie. Nous y reviendrons avec beaucoup plus de précisions dans le dernier
chapitre de ce livre – par la grâce du Seigneur-.
Remarque méthodologique :
La répartition, en catégorie, des compagnons du Cheikh n’est pas une innovation de
notre part. Mais nous ne faisons qu’adopter celle du grand érudit Cheikh MBACKE
BOUSSO dans son ouvrage que nous avons cité plus haut, comme l’a rapporté Cheikh
MOUHAMADOU LAMINE DIOP DAGANA :
La première catégorie de disciples :
Après avoir exploré les mystères du Cheikh et de ses compagnons, nous les avons
classifiés en trois catégories. Le Cheikh, du vivant de son père, ne s’est jamais
prononcé sur une question pour la résoudre où y formuler une conclusion. Il obéissait à
son père avec une soumission totale et inconditionnelle. Après le rappel-à-DIEU de son
père en 1300 de l’hégire, il est resté pendant une année dans l’enseignement des
sciences religieuse, poursuivant ainsi la mission de son père. Avant de convoquer un
jour tous les disciples de l’école pour prononcer sa déclaration solennelle qui est restée
gravée dans les annales du Mouridisme :
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Je demande à tous ceux qui m’ont accompagné pour uniquement acquérir les
connaissances livresques de partir chercher une autre école de leur choix. Quant à
ceux qui partagent mes aspirations et veulent cheminer avec moi, je leur demande de
rester et de se conformer à mes ordres. Ce fut pour eux un dilemme complexe et
angoissant. Quant au Cheikh, il est resté déterminé et constant dans la poursuite de sa
nouvelle mission. Par la suite, la grande majorité des disciples a décidé de partir
laissant un petit nombre avec le Cheikh. Ce fut alors le début d’une nouvelle ère qui vit
le Cheikh s’engager avec ce petit groupe de disciple qu’il forma à l’endurance dans les
épreuves telles que la faim, le travail sans relâche, la lecture des invocations répétée en
permanence, la déclamation de ses panégyriques dédiés au prophète tout en étant en
permanence en état de pureté et éloignés des gens plus particulièrement les femmes
jusqu’à surpasser tous les gens de leurs générations. Le Cheikh, accompagné de ses
compagnons a su resté constant dans cette voie du début de l’année 1300 de l’hégire
jusqu’au début de l’année 1305. Puis il créa la ville sainte de Touba vers 1306 où il
s’installa peu de temps avant de procéder à la création d’autres villages et de hameaux
aux alentours de Touba vu le nombre sans cesse grandissant des disciples. Ces
villages ont comme noms : DAARU MINAN, DAARU RAHMAN, DAARU QUDOOS.
Cette stratégie de décentralisation le mènera jusqu’à MBACKE BAARI, au mois de
« SHAWWAAL » (Korité) 13012 de l’hégire. Pendant toute cette période ses
compagnons sont restés fidèles à sa mission de vivification de la « SUNNA » (tradition
prophétique) dans la droiture jusqu’à la période des agitations qui l’ont menées à l’exil
au mois de SAFAR de l’an 1313. Il est évident que les disciples appartenant à cette
catégorie font partie des meilleurs qui, sans aucun doute, ont goûté. Comme l’a attesté
Serigne MBACKE BOUSSO en ces termes : je jure devant DIEU que je n’ai jamais vu,
ni entendu des gens qui sont meilleurs qu’eux.
Avant son départ, le Cheikh choisit alors de confier ses enfants ses disciples et tous ses
affaires à son petit frère Cheikh IBRAHIMA FATY (MAME THIERNO) qui a su accomplir
cette exaltante mission avec justesse, délicatesse et sérénité. Car il s’est limité à la
méthode et à la démarche du Cheikh qui repose sur le triptyque : le travail, le ZIKR (les
invocations de DIEU) et l’enseignement de la bonne croyance « TAWHID ». En plus de
cela, il bénéficiait, pendant tout ce temps-là, du soutien des autres membres de cette
catégorie. Il envoyait souvent les plus petits chez les plus grands pour la collecte des
dons pieux destinés au Cheikh afin d’assurer le suivi et la continuité des nombreux
ouvrages relatifs à la poursuite de la mission du Cheikh. Et qui, d’ailleurs, continuait à
recevoir de nouveaux adeptes qui pactisaient avec les grands disciples qui se
trouvaient dans des contrées et endroits différents du pays ou parfois même avec les
plus jeunes disciples afin de pouvoir participer aux services rendus au Cheikh.
La deuxième catégorie de disciples :
Les choses sont ainsi restées jusqu’au retour du Cheikh au mois de « CHAHBAAN »
de l’an 1320 de l’hégire. A son arrivée, il s’est d’abord rendu à Saint-Louis avant
d’entreprendre un long périple qui le mènera à Touba en passant par SANUUSI chez
son disciple MOUHAMOUD NAASIR plus connu sous le nom de SIRE LO, puis par
d’autre foyers avant d’arriver à DAARU SALAAM au mois de ZULQIHDA, pour ensuite
continuer vers Touba dans sa nouvelle demeure qui fut par la suite submergée de
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mondes avec une affluence massive composée de personnes ayant effectué leurs
allégeances aux disciples de la première catégorie. L’argent coulait à flot la faim
apaisée, les travaux interrompus, l’enthousiasme s’émousse, l’ardeur au travail s’éteint
contrairement à ce qu’ils étaient dans les premiers moments marqués par une forte
effervescence, malgré l’amour immodéré et la passion à servir qu’éprouvaient les
disciples envers le Cheikh. Ce qui incitera les colonisateurs à l’exiler de nouveau vers la
Mauritanie un samedi douzième où treizième jours du mois de RABIIHIL AWWAL de
l’année 1321. Il y séjourna jusqu’au dix-septième jour du mois de RABIIHIL AWWAL de
l’année 1325, ce fut un jour de vendredi. Puis il fit construire, dans la partie du DJOLOF
la plus proche du DJAMBUR, dans une localité appelée THIEYENE, des concessions.
Avant d’entamer la construction des villages de DAARU RAHMAAN, DAARU
QUDOOS, en l’an 1327 de l’hégire. Il y resta jusqu’à un samedi vingt troisième jour du
mois de MUHARRAM de l’année 1330, il passa une nuit dans un endroit proche de
Touba, puis à Touba la nuit du lundi, avant d’arriver à NDIAREEM (la ville de Diourbel),
la nuit du mardi vingt sixième jour du même mois. Cette deuxième vague de disciples
ont certes humé l’odeur du Cheikh, mais ils n’ont pas goûté les prémices de sa
bénédiction comme l’ont été la majeure partie des gens de la première catégorie.
La troisième catégorie de disciple :
Les derniers moments de son séjour à DJOLOF ont été marqués par une forte
affluence des grands savants et des rois qui venaient de tous coins du monde. Le
Cheikh entreprit alors d’organiser durant ces occasions de somptueux festins auxquels
il conviait tout le monde. Il y avait une profusion de mets délicats et de boisson en
abondance que les gens ne connaissaient pas avant. Cette situation, cette tradition
d’hospitalité va se perpétuer jusqu’à son séjour à Diourbel qui sera marquée par une
plus grande affluence ; ce qui créera un « melting pot » (un brassage ethnico-culturel).
Ceux qui ne sont préoccupés que du bas-monde et ses futilités vont ainsi se frotter à
ceux qui n’étaient préoccupés que de l’au-delà. Ce qui se traduira par une diminution
des ardeurs et de l’enthousiasme de certains disciples envers les œuvres pieux.
Mot de remerciement
Préface de l’Editeur
Au nom de DIEU le Clément le MiséricorDIEUx, le très MiséricorDIEUx.
Nous demandons à DIEU d’augmenter les faveurs et les grades de notre Maitre (le
Prophète Muhamed) et de préserver sa famille, ses compagnons, son serviteur et tous
ceux qui les ont suivis.
La DAHIRA QURATUL HAYNI à le plaisir de partager avec vous les fruits de ses
travaux entrepris depuis plus de dix ans. En effet, l’association a été créé depuis 2005,
sous l’impulsion et le soutien du vénéré CHEIKH AHMADOU MBACKE CHUHAYBU qui
nous exhorté à œuvrer davantage pour éveiller les consciences sur la nécessité et
l’importance capitale de la science religieuse, dans la communauté mouride. Depuis
lors l’association n’a cessé de mener des activités culturelles et éducatives, des
prédications religieuses, dans l’enceinte de la Mosquée de CHEIKH CHUHAYBU
MBACKE - que Allah l’agrée- dans le quartier de DAARU RAHMAAN, au cœur de
TOUBA la protégé, jouant ainsi un rôle déterminant dans la promotion de
l’enseignement islamique.
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Pour terminer nous remercions tous les chefs religieux, les guides, les érudits et les
hommes de culture qui ont contribué, avec nous, à l’accomplissement de cette œuvre
sainte. Nous demandons à DIEU -le Tout Puissant qui existe sans endroit et sans
direction- de les rétribuer et de placer cette récompense sur la balance de leurs bonnes
actions, le Jour du Jugement dernier. Car c’est Lui l’Omniscient, l’Omnipotent. Il me
suffit parce que c’est Lui le Meilleur Refuge, le Meilleur Maitre et le Meilleur pourvoyeur
de soutien. Que l’élévation en grade la plus complète soit sur notre maitre le prophète
Muhamed ( ), sur sa famille et ses compagnons. Que le Bon DIEU préserve sa
communauté de ce qu’il craint pour elle.
Préface du Traducteur : ABOO MADYANA CHUHAYBU KEBE
Louange à Allah que l’élévation en grade la plus complète soit sur notre maitre le
prophète Muhamed ( ), sa famille et ses compagnons, ainsi que tous ceux qui leur
auront suivi.
Avant d’entamer cet exposé sommaire, nous devons impérativement apporter des
éclaircissements sur un point d’une importance capitale :
Le travail que nous venons d’effectuer dépasse de loin celui d’un traducteur qui se
limite à traduire le sens des mots exprimés dans une langue vers une autre. Mais nous
nous sommes servis des renseignements et des élucidations qui se trouvent dans le
texte source en wolof pour reformuler et écrire la biographie des grands figures du
Mouridisme, en nous basant sur les informations préliminaires contenues dans le texte
source en wolof comme nous l’avons envisagés.
Il était également nécessaire de mener d’autres études comparatives pour approfondir
et affiner la recherche concernant certaines personnalités et figures du Mouridisme
citées dans la version wolof, puis nous avons ajouté d’autres figures que nous même
nous avions étudiées dans le passé et sur qui nous avions déjà écrits.
Nous avons modifié la répartition en chapitre et en sous-chapitre de la version wolof
pour arriver à cette répartition en quatre chapitres :
Premier chapitre : l’histoire du Cheikh et de sa noble famille, ses proches parents, son
ascendance paternelle et maternelle, ses enfants, ses parents du côté paternel comme
maternel (les MBACKES et les BOUSSOS) et tous ceux qui les ont suivis.
Deuxième chapitre : le premier groupe de disciples qui ont proclamé leur allégeance au
Cheikh avant son exil en mer, les disciples appartenant à cette première tranche sont
cités dans deux recueils différents : les plus âgés et les moins âgés.
Troisième chapitre : c’est le deuxième groupe de disciples qui ont proclamé leur
allégeance au Cheikh après son retour d’exil en mer et qui l’ont accompagnés à
Thiéyène et à Diourbel.
Quatrième chapitre : c’est le troisième groupe de disciples qui ont proclamé leur
allégeance au Cheikh à Diourbel.
Ceux-là sont divisés en deux groupes en fonction du rôle qu’ils ont eu à jouer auprès du
Cheikh. Ceux qui n’ont jamais humé l’odeur du Cheikh ni goûté les prémices de sa
bénédiction qui émane directement de son Seigneur. Ils ne connaissaient même pas les
objectifs spirituels que l’on doit se fixer pour pouvoir vouer un culte exclusif au Seigneur
en ayant une détermination indéfectible, et en se consacrant entièrement au Seigneur,
tout en étant détournés du bas monde et de ses futilités. Ils ont accompagné le Cheikh
pour obtenir uniquement des privilèges de ce bas monde. Ils ont effectivement atteint
leur objectif vis-à-vis de celui-ci. Donc, point besoin de les citer ou de s’intéresser à leur
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héritage, comme l’a si bien explicité Serigne MBACKE BOUSSO dans son ouvrage
intitulé « ANNUBZATUL MUBAARAKA » (le Précis béni).
Par contre, il y a un autre groupe de disciples qui ont œuvré pour le Cheikh à Diourbel
dans les domaines de l’écriture, de la lecture, de la construction et de l’agriculture ; tout
en ayant une intention sincère pour ne chercher que l’agrément du Seigneur. Ces gens-
là sont comptés parmi les vrais croyants qui obtiendront de DIEU une récompense
surabondante. Consacrer une biographie à ces nobles élus est une entreprise d’une
grande utilité pour les aspirants mourides qui doivent suivre leurs pas avec beaucoup
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Cinquième partie : les disciples de Cheikhoul Khadim parmi les arabes et les érudits de
Chinguetti, en Mauritanie comme Cheikh IBRAHIM AL BAGDADI, Cheikh ALHALBI et
d’autres érudits de la tribu des OWLAD DAYMAN, de HADJIB, des YAHKHUBINS, des
TANDKHIYINS, etc.
En réalité, ces derniers n’appartiennent pas à une seule catégorie si l’on s’en tient à
leurs caractéristiques et à leurs particularités différentes les uns les autres, selon la
classification de Cheikh MBACKE BOUSSO. Certains parmi ces disciples font partie de
la première catégorie de disciples, tandis que les autres font partie de la deuxième
catégorie de disciples qui ont proclamé leurs allégeances au Cheikh pendant son exil
en Mauritanie. Nous y reviendrons avec beaucoup plus de précisions dans le dernier
chapitre de ce livre – par la grâce du Seigneur-.
Remarque méthodologique :
La répartition, en catégorie, des compagnons du Cheikh n’est pas une innovation de
notre part. Mais nous ne faisons qu’adopter celle du grand érudit Cheikh MBACKE
BOUSSO dans son ouvrage que nous avons cité plus haut, comme l’a rapporté Cheikh
MOUHAMADOU LAMINE DIOP DAGANA :
La première catégorie de disciples :
Après avoir exploré les mystères du Cheikh et de ses compagnons, nous les avons
classifiés en trois catégories. Le Cheikh, du vivant de son père, ne s’est jamais
prononcé sur une question pour la résoudre où y formuler une conclusion. Il obéissait à
son père avec une soumission totale et inconditionnelle. Après le rappel-à-DIEU de son
père en 1300 de l’hégire, il est resté pendant une année dans l’enseignement des
sciences religieuse, poursuivant ainsi la mission de son père. Avant de convoquer un
jour tous les disciples de l’école pour prononcer sa déclaration solennelle qui est restée
gravée dans les annales du Mouridisme :
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Je demande à tous ceux qui m’ont accompagné pour uniquement acquérir les
connaissances livresques de partir chercher une autre école de leur choix. Quant à
ceux qui partagent mes aspirations et veulent cheminer avec moi, je leur demande de
rester et de se conformer à mes ordres. Ce fut pour eux un dilemme complexe et
angoissant. Quant au Cheikh, il est resté déterminé et constant dans la poursuite de sa
nouvelle mission. Par la suite, la grande majorité des disciples a décidé de partir
laissant un petit nombre avec le Cheikh. Ce fut alors le début d’une nouvelle ère qui vit
le Cheikh s’engager avec ce petit groupe de disciple qu’il forma à l’endurance dans les
épreuves telles que la faim, le travail sans relâche, la lecture des invocations répétée en
permanence, la déclamation de ses panégyriques dédiés au prophète tout en étant en
permanence en état de pureté et éloignés des gens plus particulièrement les femmes
jusqu’à surpasser tous les gens de leurs générations. Le Cheikh, accompagné de ses
compagnons a su resté constant dans cette voie du début de l’année 1300 de l’hégire
jusqu’au début de l’année 1305. Puis il créa la ville sainte de Touba vers 1306 où il
s’installa peu de temps avant de procéder à la création d’autres villages et de hameaux
aux alentours de Touba vu le nombre sans cesse grandissant des disciples. Ces
villages ont comme noms : DAARU MINAN, DAARU RAHMAN, DAARU QUDOOS.
Cette stratégie de décentralisation le mènera jusqu’à MBACKE BAARI, au mois de
« SHAWWAAL » (Korité) 13012 de l’hégire. Pendant toute cette période ses
compagnons sont restés fidèles à sa mission de vivification de la « SUNNA » (tradition
prophétique) dans la droiture jusqu’à la période des agitations qui l’ont menées à l’exil
au mois de SAFAR de l’an 1313. Il est évident que les disciples appartenant à cette
catégorie font partie des meilleurs qui, sans aucun doute, ont goûté. Comme l’a attesté
Serigne MBACKE BOUSSO en ces termes : je jure devant DIEU que je n’ai jamais vu,
ni entendu des gens qui sont meilleurs qu’eux.
Avant son départ, le Cheikh choisit alors de confier ses enfants ses disciples et tous ses
affaires à son petit frère Cheikh IBRAHIMA FATY (MAME THIERNO) qui a su accomplir
cette exaltante mission avec justesse, délicatesse et sérénité. Car il s’est limité à la
méthode et à la démarche du Cheikh qui repose sur le triptyque : le travail, le ZIKR (les
invocations de DIEU) et l’enseignement de la bonne croyance « TAWHID ». En plus de
cela, il bénéficiait, pendant tout ce temps-là, du soutien des autres membres de cette
catégorie. Il envoyait souvent les plus petits chez les plus grands pour la collecte des
dons pieux destinés au Cheikh afin d’assurer le suivi et la continuité des nombreux
ouvrages relatifs à la poursuite de la mission du Cheikh. Et qui, d’ailleurs, continuait à
recevoir de nouveaux adeptes qui pactisaient avec les grands disciples qui se
trouvaient dans des contrées et endroits différents du pays ou parfois même avec les
plus jeunes disciples afin de pouvoir participer aux services rendus au Cheikh.
La deuxième catégorie de disciples :
Les choses sont ainsi restées jusqu’au retour du Cheikh au mois de « CHAHBAAN »
de l’an 1320 de l’hégire. A son arrivée, il s’est d’abord rendu à Saint-Louis avant
d’entreprendre un long périple qui le mènera à Touba en passant par SANUUSI chez
son disciple MOUHAMOUD NAASIR plus connu sous le nom de SIRE LO, puis par
d’autre foyers avant d’arriver à DAARU SALAAM au mois de ZULQIHDA, pour ensuite
continuer vers Touba dans sa nouvelle demeure qui fut par la suite submergée de
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mondes avec une affluence massive composée de personnes ayant effectué leurs
allégeances aux disciples de la première catégorie. L’argent coulait à flot la faim
apaisée, les travaux interrompus, l’enthousiasme s’émousse, l’ardeur au travail s’éteint
contrairement à ce qu’ils étaient dans les premiers moments marqués par une forte
effervescence, malgré l’amour immodéré et la passion à servir qu’éprouvaient les
disciples envers le Cheikh. Ce qui incitera les colonisateurs à l’exiler de nouveau vers la
Mauritanie un samedi douzième où treizième jours du mois de RABIIHIL AWWAL de
l’année 1321. Il y séjourna jusqu’au dix-septième jour du mois de RABIIHIL AWWAL de
l’année 1325, ce fut un jour de vendredi. Puis il fit construire, dans la partie du DJOLOF
la plus proche du DJAMBUR, dans une localité appelée THIEYENE, des concessions.
Avant d’entamer la construction des villages de DAARU RAHMAAN, DAARU
QUDOOS, en l’an 1327 de l’hégire. Il y resta jusqu’à un samedi vingt troisième jour du
mois de MUHARRAM de l’année 1330, il passa une nuit dans un endroit proche de
Touba, puis à Touba la nuit du lundi, avant d’arriver à NDIAREEM (la ville de Diourbel),
la nuit du mardi vingt sixième jour du même mois. Cette deuxième vague de disciples
ont certes humé l’odeur du Cheikh, mais ils n’ont pas goûté les prémices de sa
bénédiction comme l’ont été la majeure partie des gens de la première catégorie.
La troisième catégorie de disciple :
Les derniers moments de son séjour à DJOLOF ont été marqués par une forte
affluence des grands savants et des rois qui venaient de tous coins du monde. Le
Cheikh entreprit alors d’organiser durant ces occasions de somptueux festins auxquels
il conviait tout le monde. Il y avait une profusion de mets délicats et de boisson en
abondance que les gens ne connaissaient pas avant. Cette situation, cette tradition
d’hospitalité va se perpétuer jusqu’à son séjour à Diourbel qui sera marquée par une
plus grande affluence ; ce qui créera un « melting pot » (un brassage ethnico-culturel).
Ceux qui ne sont préoccupés que du bas-monde et ses futilités vont ainsi se frotter à
ceux qui n’étaient préoccupés que de l’au-delà. Ce qui se traduira par une diminution
des ardeurs et de l’enthousiasme de certains disciples envers les œuvres pieux.
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Première Chapitre:
Consacrée à sa biographie et à sa noble famille
Dans cette partie nous allons parler de
sa biographie fascinante
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« ALMAMY » dans leur lignée bien qu’ils ont toujours été des hommes pieux doublés
d’une grande érudition. Ils ont toujours fait preuve d’un désintéressement totale vis-à-vis
de ses privilèges. Pour cette raison, ils n’ont jamais pris part ni assisté aux élections et
ont toujours déclaré avoir accepté sans réserve celui dont le choix a été approuvé à
l’unanimité, jusqu’au changement du système électif vers un système de domination.
DIEU est Le seul Détenteur de la destinée de toute chose.
Cheikh AHMADOU BAMBA (que DIEU l’agrée) l’esclave de DIEU et le serviteur
privilégié du prophète MUHAMED .
De son vrai nom AHMED BUN MUHAMED BUN MUHAMED BUN HABIBALLAAHI
BUN MUHAMED ALKABIIR BUN MUHAMED ALKHAYRI, le serviteur, le soufi, le poète
écrivain, le rénovateur, le restaurateur, auteur de nombreux poèmes, fondateur de cette
voie spirituelle agréée.
Epoque et contexte de son apparition
Au moment de son apparition, la société sénégalaise vivait dans une situation de
troubles et de corruption mettant en péril la vie matérielle, spirituelle et morale.
Au plan socio-économique, la société sénégalaise était une société féodale, classifiée
en caste dont l’économie reposait sur l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et les petits
métiers.
Pour cette raison, la société a été classée en plusieurs castes et ordres selon la
fonction économique, le rôle joué au sein de la communauté. Il y a plusieurs catégories
de castes et ordres : la haute bourgeoisie dont les juges, les hommes libres
« BAADOOLA » (moins nantis), les esclaves, les artisans « NIEENIO » (les bijoutiers,
les cordonniers, les forgerons etc.)
Le roi ou l’émir exerce son pouvoir sur toute la hiérarchie du système et dispose des
pouvoirs étendus absolus. Ils ont utilisé leurs pouvoirs pour exploiter des citoyens
vulnérables usant des pires formes d’exploitation, ce qui va sans doute entrainer le
mécontentement des citoyens qui vont se révolter pour rejeter ce régime corrompu.
Au plan politique, ce fut une période d’agitation et de troubles marquée par une vague
de révolutions et de soulèvements populaires contre le système féodal, dirigés par les
savants et les religieux. C’est le cas de la révolution des Imams dirigée par les étudiants
et le mouvement djihadiste conduit par CHEIKH OUMAR FOUTIYOU TALL, ainsi que
ceux de MABA DIAKHOU BA, d’AHMADOU CHEIKHOU, de MUHAMED LAMINE
DRAME, et d’autres. Ces mouvements de révolution entrepris par ces résistants ont
contrecarré l’arrivée des colonisateurs Européens et entrainé la chute de plusieurs
dirigeants des pouvoirs féodaux et islamiques lors de ces guerres de libération et ces
conflits révolutionnaires qui ont lieu vers la fin du treizième siècle et au début du
quatorzième siècle de l’hégire.
Sur le plan religieux :
La société sénégalaise vivait dans une situation de corruption et de désordre
caractérisée par diverses crises : matérielles, spirituelles et morales qui ont favorisé la
propagation de l’ignorance, l’innovation blâmable, les extravagances, le jeu, la
distraction et la dissolution des mœurs. Ces vices ont même affecté les sphères
religieuses comme les centres de mémorisation du Coran honoré, les milieux des
savants musulmans et des cheikhs soufis.
CHEIKHOUL KHADIM a, dans son livre intitulé : « MAGHALIQU NIIRAAN » (les
verrous de l’enfer), campé le décor hallucinant de cette période d’ignorance, de
corruption et de dissolution des mœurs. Il dit :
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Le Sénégal est considéré comme le trait-d’ union entre des identités et des civilisations
diverses, c’est le point de convergence des Africains, des Arabes et des Berbères. Des
tribus arabes se sont implantées dans les régions situées sur le côté australe du Fleuve
Sénégal pour fuir les guerres, les troubles, la sécheresse et l’avancée du désert. Ces
tribus ont grandement contribué à l’expansion de l’Islam et à la vulgarisation des
sciences religieuses. Parmi ceux-là nous retrouvons, entre autres, les familles MBACKE
et BOUSSO. Les historiens ont attesté qu’ils appartiennent à la lignée paternelle des
« AALI MOODI NALLA », branche appartenant à la tribu des SABA’IS ADARASA qui
vivait au sud du Maroc et au nord de la Mauritanie voisine. Leurs ancêtres ont émigré
de leur terre d’origine pour venir s’installer au nord du Fleuve Sénégal, avant de
traverser le fleuve pour se rendre dans la berge sud précisément au FOUTA TOORO.
Certains d’entre eux ont ensuite migré du FOUTA TOORO vers le DJOLOF, dans le
centre du pays. Tandis que les autres ont préféré aller s’installer dans le BAOL.
Cette famille est connue par son attachement aux valeurs spirituelles, aux bonnes
qualités morales mais aussi et surtout par son dévouement absolu au service de l’Islam
et de la connaissance. Leur grand ancêtre MAME MAHRAM est très célèbre de par sa
grande érudition, et CHEIKH HABIIBALAAH, ainsi que le professeur, le juge, le
propriétaire de la célèbre école CHEIKH MUHAMED, sans oublier le grand érudit,
MUHAMED BOUSSO (le « MUFTY » du royaume islamique du SALOUM. Et enfin la
sainte femme, « JAARATULAAHI », (la voisine de son Seigneur), mère du serviteur
« ALXADIIM » connue par sa sainteté, sa crainte révérencielle envers le Seigneur, sa
chasteté attestées par ses nombreux prodiges et miracles.
Son apparition et sa formation :
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Le Cheikh est né en l’an 1270 du calendrier lunaire de l’hégire, coincidant avec l’année
1850 ou 1852 du calendrier grégorien, à MBACKE BAOL. Il a grandi et s’est épanoui
dans un univers scientifique, un environnement religieux ; car son père était un juge,
ses oncles paternels et maternels étaient tous des érudits, des théologiens, des
«MUFTYS». Très jeune, il mémorise le Coran et étudie les sciences islamiques et les
matières de la langue arabe auprès d’éminents professeurs de grands savants de
l’époque. Il a appris le Coran auprès de son oncle MUHAMED BUN MUHAMED
BOUSSO et auprès de son grand père oncle paternel de son père, l’exégète TAFSIR
MBACKE NUMBE. Après avoir perfectionné sa mémorisation du Coran, il s’est lancé
dans l’étude des sciences islamiques « CHARIA » auprès de son oncle paternel
CHEIKH IBRAHIM, plus connu sous le nom de SAMBA TOUCOULEUR KA, il y apprit
les principes fondamentaux de la science et certains livres comme le « RISAALA » de
AL QAYRAWAANI et le livre de l’imam AS SANUUSIYYU intitulé : « UMMUL
BARAAHIIN ». C’est pendant cette période que survinrent les plus graves crises que le
Sénégal ait connues. Les guerres de LAT DIOR et les « DJIHAAD » (guerre sainte)
menés par MABA DAKHU BA ont laissés dans son esprit des souvenirs traumatisants
et vont influencer profondément sa façon de penser. Après la chute de MABA DIAKHU
BA, les musulmans qui s’étaient joints se sont dispersés pour regagner leurs foyers
respectifs. Le cheikh est ainsi retourné chez son père que LAT DIOR venait de nommer
juge dans son royaume du CAYOR. Ce retour au CAYOR lui donne l’opportunité de
fréquenter le juge MADIAKHATE KALA qui était l’ami de son père pour perfectionner sa
maitrise des lettres et de la poésie arabe. En plus de cela, il fréquentait également le
savant Mauritanien établi à NDIAGNE pour y étudier la rhétorique, la logique, la
jurisprudence et d’autres matières qui étaient, à cette période, inconnues dans le pays.
Ce qui lui a permis, en un temps record, de compléter sa formation culturelle et
scientifique.
Ses œuvres écrites et ses efforts dans la propagation de la science :
Après l’acquisition des connaissances, le cheikh choisit alors de se consacrer à la
recherche, la lecture et l’enseignement dans l’école de son père. Il avait très tôt, dans
sa jeunesse, excellé dans la poésie et l’enseignement ; ce qui suscita l’émerveillement
de son père qui avait décidé d’insérer dans le curriculum les ouvrages écrits par son fils
CHEIKH AHMADOU BAMBA et entreprit de les enseigner à ses fils (petits frères du
cheikh).
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Parmi ses ouvrages on peut citer : « MAWAAHIBUL QUDOOS » (les dons du Très
Saint) une versification de l’ouvrage de l’imam ASSANUUSIYYU intitulé : « UMMUL
BARAAHIIN », « MULAYYINU SUDUUR » (l’apaisement des cœurs) une versification
de l’ouvrage de l’imam ALGHAZALI intitulé : « BIDAAYATUL HIDAAYA » (le début de la
guidance) qu’il rééditera plus tard pour l’intituler : « MUNAWIRU SUDUUR » (la lumière
qui illumine les cœurs) en 1294 de l’hégire, puis « JAZBATU SIGHAAR » (l’attirance
des jeunes), puis « JAWHARU NAFIIS » (la perle précieuse) une versification du texte
en prose de l’imam AL AKHDARIYYU. Ces ouvrages furent accueilli favorablement par
les étudiants de l’école de son père où il était devenu le maître préféré de la majorité
des étudiants jusqu’au rappel-à-DIEU de son père au mois de «MUHARAM » (premier
mois du calendrier lunaire musulman) de l’an 1300 de l’hégire. Il a été enterré à
DEKHELE ; au cours de la cérémonie funèbre, certains parmi les amis de son père ont
tenté de lui confier le poste de juge qu’occupait son défunt père dans la cour de LAT
DIOR. Il réfuta catégoriquement cette proposition affirmant ainsi sa nouvelle attitude et
son approche vis-à-vis des rois, des émirs et de tous ceux qui détenaient des pouvoirs
sur terre pour annoncer la nouvelle forme de prédication qu’il venait d’initier ainsi que
les changements qu’il avait décidé d’apporter.
Sa prédication et sa rénovation de la religion :
Après avoir été très versé dans la science et acquis des connaissances approfondies,
le Cheikh s’est convaincu de la nécessité d’apporter des changements dans la société
sénégalaise confrontée à une situation catastrophique au plan matériel, spirituel et
morale, comme nous l’avons mentionné plus haut.
Voulant entreprendre le combat contre son âme charnelle pour la purger de tous les
vices et passions, il s’est engagé dans la voie soufie et le « DJIHAAD » (combat sur la
voie de DIEU) contre les passions, par la science. Il s’appliquait à intensifier ses efforts
de méditation et les épreuves contre son âme charnelle. C’est ainsi qu’il prit le
« WIRD » (formule de prières et d’invocations », de la « QAADIRIYA » (une voie
soufie), de son oncle paternel CHEIKH SAMBA TOUCOULEUR KA. Puis il franchit les
étapes de l’ascension spirituelle, en s’imposant les privations volontaires par l’abandon
des biens matériels et le perfectionnement des bonnes actions. Ce qui l’incita à
expérimenter la pratique des différents « WIRDS » : « TIIJAAN », « SHAAZALIYA ».
Dans cette marche spirituelle, il a eu à rencontrer plusieurs guides, aussi bien à
l’intérieur du pays qu’à l’extérieur durant ses trois voyages. Une expérience spirituelle
qui lui a fait passer par plusieurs étapes que nous ne pouvons pas exposer de façon
détaillée, mais nous vous invitons à revisiter, au besoin, l’ouvrage intitulé « MINANUL
BAAQIL QADIIM » ; et au cours de laquelle, il a entrepris et réussi avec brio les
réformes et les changements qu’il souhaitait opérer au sein de la communauté
sénégalaise.
Peu de temps après le rappel-à-DIEU de son père, il réunit les disciples pour les
informer que le prophète venait de lui intimer l’ordre d’éduquer les disciples dans
l’ardeur religieuse, l’élévation spirituelle tout en ayant un objectif unique : l’aspiration au
Seigneur.
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Sur le chemin de l’exil, le Cheikh est passé par plusieurs endroits qu’il a lui-même cité
dans ses poèmes et considèrent que ces endroits représentaient des étapes
consécutives dans son ascension spirituel.
DIEU a désespéré, à jamais, SATAN de moi à DIEWOL, lorsque je l’interpellais par Son
nom YAA WALY (protecteur)
DIEU avait auparavant éloigné vers d’autres mes peines, par les vaillants combattants
de BADR à Saint-Louis.
A Dakar, DIEU a éloigné vers d’autres tous les ennuis que m’avait causés l’imposteur.
DIEU m’a fait savoir, lorsque je me trouvais dans la pirogue, que j’étais le serviteur de
l’homme de Médine .
A Conakry, DIEU m’a préservé de tout ce qui peut conduire aux actes interdites.
A KARAMBASAA, DIEU a chassé mes adversaires avant notre affrontement.
DIEU (Le Tout-MiséricorDIEUx) m’a appelé vers Lui à DAHOMEY et m’a préservé des
tractations.
Il m’a procuré de Ses bienfaits à Libreville, Lui qui m’a accordé des faveurs ignorés par
tous les saints.
Il m’a amené les vaillants soldats de BADR et chassé loin de moi les calomniateurs et
les méchants.
Où que je me trouverais, DIEU me procurera les bonheurs et les grâces de « LAA
ILAAHA ILLA LAAH » (Il n’y de DIEU que DIEU !)…
Il a dirigé vers d’autres que moi à MAYOMBA les vices du cœur et à élever les miens.
Mon livre (le Coran) m’a assuré une protection avant d’entamer ce voyage en mer et
m’a protégé des subterfuges des ennemis battus à plate couture.
Quand j’étais en mer, les buveurs de vin et les impies ne se sont jamais dirigés vers
moi.
Quand j’étais chez les égarés, DIEU (le Seigneur aux attributs de perfection) m’avait
facilité des privilèges qui m’ont éloignés à jamais des mécréants.
Les dons de celui qui m’a favorisé dans les moments d’opulence, m’ont donné
satisfaction et ont illuminé mon cœur.
Il m’a octroyé les lumières quand j’étais dans les ténèbres et m’a évité l’affrontement
avec les oppresseurs.
Ma félicité auprès de DIEU m’est devenue apparent quand j’étais chez les amuseurs.
Quand j’étais chez les buveurs de vin, DIEU (Le Seigneur à qui j’ai confié ma destinée),
m’avait préservé de tout ce qu’Il n’agrée pas.
DIEU m’a purifié quand j’étais chez les gens du livre et m’a préservé du malheur éternel
et de toutes les difficultés.
Il m’a accordé les honneurs suprêmes quand j’étais chez les assimilateurs et m’a
conduit vers Lui en m’imprégnant de Ses mystères.
Je me suis entretenu avec Lui en L’invoquant par Ses noms sublimes : YAA NASIIRU,
YAA WALIYYU. Il m’a épargné de « IBLIIS » (satan le maudit) à DIEWOL.
Le Cheikh a cité plusieurs événements parmi les nombreuses péripéties qui ont marqué
son voyage en mer, dans son livre intitulé « JAZAA U CHAKUUR ALHATUUF ».
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Il est resté pendant une période de sept ans dans ces terres d’exil et s’en est sorti
glorieux et honoré par son Seigneur qui l’a placé au-dessus de ses contemporains et a
fait de lui une lumière merveilleuse et éclatante. Il a réalisé des prodiges et des
merveilles que l’on retrouve dans les écrits de ses deux disciples : CHEIKH
MOUHAMADOU LAMINE DIOP dans son livre « MINAHUL MISKIYYA » (les dons
musqués dans la contemplation des prodiges de ALMBAKIYYU) et CHEIKH HALAWY
dans son livre « NAFAHAATUL MISKIYYA » (les odeurs musqués). Il a séjourné
pendant presque huit ans en mer avant de rentrer au Sénégal. Le pouvoir colonial avait
adopté la stratégie d’exil pour le contenir afin de contrecarrer son influence et l’anéantir
pendant ces années d’exil, ainsi les agitations causées par son enseignement seront
complètement oubliées au Sénégal. De ce point de vue, point besoin de s’apitoyer sur
son sort ou de craindre de lui. Car il leur sera très loisible de le retourner dans son
pays et de contrôler de près ses mouvements.
Son retour et l’accueil chaleureux que les gens lui ont réservé :
Ainsi, ils ont décidé de le ramener dans son pays natal (le Sénégal). Il est arrivé à
Dakar un jour de samedi, sixième jour du mois de « CHAHBAAN » (sixième mois du
calendrier lunaire hégirien) de l’an 1320. Ce retour fut célébré partout dans le pays, plus
particulièrement chez les Mourides. Sur son chemin vers DAARU MANNAAN, il est
passé par plusieurs villages où se trouvaient ses plus grands disciples comme Cheikh
NAASIR LO qui était à SAANUUSI, et son petit frère CHEIKH SIDY MOKHTAR et tant
d’autres qui tous lui ont réservé un accueil chaleureux et convivial avant son arrivée à
DAARU MANNAAN. A son arrivée, il n’a même pas eu le temps de s’installer
convenablement que les gens ont commencé à se ruer vers lui comme des nuées de
sauterelles s’abattant sur des seigles verts.
Son exil en terre mauritanienne :
Son retour a provoqué un retentissement considérable au Sénégal et en Mauritanie,
incitant les gens à s’empresser de lui faire allégeance pour suivre sa voie. Le pouvoir
colonial s’aperçut ainsi de l’influence sans cesse grandissante du Cheikh qui, à leurs
yeux, se fait de plus en plus craindre ; parce que pouvant leur causer des ennuis et des
difficultés s’il lui arrivait d’appeler les gens au « JIHAAD » (à la guerre sainte). Ce qui
amènera les colonialistes à décider de son internement en Mauritanie, une nouvelle
fois. Ils se mirent alors à guetter le moindre prétexte pour l’exiler de nouveau. Pour ce
faire, ils l’accusèrent d’avoir collecté des armes pour préparer la guerre sainte et
envoyèrent des régiments de spahis commandés par des chefs coutumiers, pour
inspecter sa maison et procéder à son arrestation et à son exil en Mauritanie.
Mais leurs calculs se sont révélés totalement illusoires ; contrairement à leurs attentes,
le Cheikh fut très favorablement accueilli par les Mauritaniens qui voyaient en lui un
sauveur. Pour cette raison, beaucoup de tribus et familles de notables se hâtèrent vers
lui pour lui faire allégeance. C’est le cas des DAYMAANN, des DEWHALY et tant
d’autres.
A ce propos, il dit :
Mes louanges et mes remerciements à Celui vers Qui je me suis dirigé pour me
soumettre totalement à Lui avec une satisfaction immense dénuée de tout chagrin, à
SARSAARA.
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Mes louanges et mes remerciements à Lui qui a mis à ma disposition des alliés, parmi
les gens de SARSAARA, qui m’ont apporté leur soutien total.
Je me suis totalement soumis à mon Seigneur quand j’étais dans les puits sacrés que
j’ai quittés en gardant en souvenir les gens qui venait par groupe me visiter pour
solliciter des bénédictions.
Ceux qui sont venus à SARSAARA pour me rendre visite se sont vus pardonné tous
leurs péchés dans les deux mondes.
Dans un autre poème il dit :
J’ai obtenu de mon Seigneur l’accomplissement de mes vœux qui s’est manifesté à
plusieurs reprises plus particulièrement lorsque j’étais dans les puits de JARRAARI.
Ma reconnaissance et ma gratitude au Seigneur qui m’a octroyé des bienfaits
implicitement et explicitement tout en me faisant aimer des saints.
Mon Seigneur m’a octroyé les privilèges des compagnons de Moustapha, Lui qui m’a
éloigné du malheur des impies.
Ma reconnaissance à l’Eternel, l’Exempt de début qui a protégé les miens de tous les
vices et m’a donné une immense profusion.
Ma reconnaissance à Celui qui m’a préservé de l’adversité et de la tromperie lorsque
j’étais chez les saints à la couleur blanche, descendant d’ALY (cousin et calife du
prophète ).
Que l’élévation en grade la plus complète et la protection de l’Eternel soit sur celui par
la grâce de qui mes vœux pieux se sont exaucés.
C’est durant son séjour en Mauritanie qu’il reçut du Seigneur son « WIRD » intitulé
« ALMAAXUUZ » par l’intermédiaire du prophète Muhamed . Ce « WIRD » a fait l’objet
d’une approbation unanime de la part des gens du terroir qui, immédiatement après, se
sont mis à le pratiquer. Malgré la perception sélective des Mauritaniens de l’époque vis-
à-vis des hommes de DIEU. Car, on ne saurait assez le rappeler, la Mauritanie est l’un
des pays qui enregistre le plus grand nombre de saints et d’élus de DIEU dans le
monde. Mais beaucoup parmi les saints de l’époque faisaient l’objet de désapprobation
et de désaveu.
Quant au Cheikh, il était accepté, respecté et vénéré par les membres des confréries
religieuses et des « ZAOUIAS » qui tous reconnurent sa grande érudition, sa sainteté et
ses prodiges à travers les nombreux recueils de poèmes épiques et de témoignages
qu’ils lui ont consacrés. Nous pouvons en citer : CHEIKH AHMED BUN BUDDI,
CHEIKH BAABA BUN CHEIKH SIDY, CHEIKH SAHD ABY, CHEIKH MUSTAHIIN, et
tant d’autres dignitaires, grands érudits et homme de DIEU.
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Le Cheikh est resté là-bas pendant quatre années durant lesquelles il était devenu le
pôle attractif, le point de convergence des savants et des étudiants. Ce qui raviva de
nouveau la crainte des colonisateurs qui commencèrent à interpréter cette
concentration des gens autour du Cheikh comme une volonté de créer des coalitions
armées entre le Sénégal et la Mauritanie pour les chasser des pays musulmans sous la
direction et la conduite du Cheikh. Pour cette raison, les colonisateurs ont tenté, par le
truchement de certains savants musulmans, de promulguer des « FATWAAS »
interdisant le « JIHAAD » comme l’a raconté CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE DIOP
DAGANA dans son livre : « notre frère musulman et condisciple mouride ELHADJ
MOUHAMADOU HABDULAAHI BUN HUBAYDU RAHMAAN a dit, dans son livre
intitulé : « NAFAHAATUL MISKIYYA FII XAWAARIQIL MBAKKIYYA » (les odeurs
musqués dans la contemplation des prodiges de ALMBAKKIYU), lorsque le
commandant chrétien KABLAAN (que DIEU nous préserve de lui), a interpelé notre
Cheikh sur la licéité et la légitimité du « JIHAAD » des musulmans face aux mécréants
qui, de nos jours, ne s’attaquent plus aux musulmans malgré leur supériorité et leur
puissance sur les musulmans qui, à leurs yeux, sont très faibles. Le Cheikh lui avait
donné une réponse qu’il remit à CHEIKH SAHDUL ABY qui les présenta. A ce propos
Cheikh Ahmed dit :
«les propos des deux Cheikhs sont destinés aux saints et aux érudits qui éprouvent les
autres, quant à celui qui a écrit ces lettres, DIEU a fait de lui la porte du bonheur, de la
félicité et de la gnose. Rien de cela ne s’est dirigé vers lui car il s’est à jamais éloigné
de toutes les dissensions, dans l’ici-bas et dans l’au-delà. Et ce depuis l’an 1320 de
l’hégire. Si ce n’était pas cela, il leur aurait donné une troisième réponse. Mais
maintenant il se considère comme l’un des combattants qui sont morts sur la voie de
DIEU, ceux que DIEU désigne ainsi : « certes ils sont toujours vivants auprès de leur
Seigneur qui continue de les approvisionner, de les récompenser de Ses bienfaits ».
Toutes ces causes réunies les ont amenés à décider de son retour vers son pays la nuit
du « MAWLID » de l’année 1325.
Les cinq années passées à TIEYEEN :
Les puissances coloniales ont instauré une nouvelle politique de control et d’isolement
à l’égard du Cheikh. Aussitôt après son arrivée au Sénégal après avoir passé sept à
huit ans au Gabon et quatre ans au Sénégal, elles ont procédé à son internement dans
un coin très reculé du pays, difficile d’accès ; où l’on ne trouve presque pas d’eau et
d’activité agricole, pour l’y assigner en résidence surveillée, en le mettant à la
disposition de gardiens qui avaient l’œil à tout, rien ne les échappait. Mais le Cheikh
avait adopté, dans sa prédication et dans sa résistance pacifique des stratégies selon
les changements politiques opérés par les colons tout en veillant toujours au respect
scrupuleux des principes de l’Islam. Durant tous ses moments de confrontations avec
les colons qui tentaient de fouler aux pieds les principes de l’Islam, le Cheikh n’a jamais
reculé d’un seul iota.
Dans l’une de ses lettres il définit les orientations stratégiques solides et pacifiques qu’il
a adoptées et les exigences liées à ces orientations et à leurs étapes, ainsi qu’aux
styles appropriés inspirés du Saint Coran et des paroles de notre maître « AL
MUSTAFAA » « AL MUXTAAR » (le choisi) :
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(Sagesse profonde de l’an 1313 de l’hégire à l’an 1346 de l’hégire) concernant les
versets coraniques qui l’ont interpellé directement durant ses échanges et ses
confrontations avec les ennemis de DIEU le Tout Puissant. Sa première interpellation a
été : (Et rappelle-toi) le moment où les mécréants complotaient contre toi pour
t’emprisonner où t’assassiner ou te bannir. Ils complotèrent, mais Allah a fait échouer
leur complot, et Allah est le meilleur en stratagèmes. Au moment de la rencontre : Ô
vous qui croyez quand vous rencontrez (l’armée) des mécréants en marche, ne leur
tournez point le dos. Au moment d’embarquer dans le train : Ô vous qui croyez !
Lorsque vous rencontrez une troupe (ennemie), soyez fermes, et invoquez beaucoup
Allah afin de réussir. Le séjour en mer (l’exil au Gabon) qui a presque duré huit ans : Ô
vous qui croyez ! Combattez ceux des mécréants qui sont près de vous ; et qu’ils
trouvent en vous de la dureté. Et sachez qu’Allah est avec les pieux. A son retour au
pays :
… Et si vous cessez (la mécréance et l’hostilité contre le prophète…), c’est mieux pour
vous. Mais si vous revenez, Nous reviendrons, et votre masse, même nombreuse, ne
vous sera d’aucune utilité. Car Allah est vraiment avec les croyants. Durant son séjour à
DAARU MANNAAN : par conséquent, s’ils restent neutres à votre égard et ne vous
combattent point, et qu’ils vous offrent la paix, alors, Allah ne vous donne pas de
chemin contre eux…Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta
confiance en Allah, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient. Pendant son séjour en
Mauritanie : Et s’ils te traitent de menteur, dis alors : « A moi mon œuvre, et à vous la
vôtre. Vous êtes irresponsables de ce que je fais et je suis irresponsable de ce que
vous faites ». Lorsqu’il était à DJOLOF : …Tant qu’ils sont droits envers vous, soyez
droits envers eux. Car Allah aime les pieux. De DJOLOF à DIOURBEL (la cité bénite) :
il se peut qu’Allah établisse de l’amitié entre vous et ceux d’entre eux dont vous avez
été les ennemis. Et Allah est Omnipotent et Allah est Pardonneur et Très
MiséricorDIEUx. Durant son séjour à Diourbel : A vous votre religion, et à moi ma
religion. Puis s’ils tournent le dos, dites : « soyez témoins que nous, nous sommes
soumis ».
A THIEYENE, le Cheikh s’était inspiré de ce verset : « …Tant qu’ils sont droits envers
vous, soyez droits envers eux. Car Allah aime les pieux » ; pour définir ses relations et
son comportement vis-à-vis des colonisateurs. Tout cela participe de la nécessité
d’observer une trêve pour se consacrer à l’éducation des disciples et la formation d’une
nouvelle génération de disciple dans les sciences religieuses, la prédication et
l’éducation spirituelle ; pour ensuite les envoyer dans les différentes régions du pays.
C’est ainsi que le Cheikh a transformé cette stratégie d’isolement politique imposée par
les blancs en une stratégie d’isolement spirituel, en déployant toutes les énergies
nécessaires pour former des générations des disciples qui seront des modèles de
musulmans qui voueront une adoration exclusive au Seigneur et seront très disposés à
dépenser avec prodigalité leurs biens et leurs énergies sur le chemin de DIEU ; tout en
participant de manière très active à la propagation du message islamique dans les
différents parties du pays. Lorsque les colonisateurs se sont rendus compte, encore
une fois, de l’échec de leur politique, ils ont décidé de l’acheminer vers les centres
urbains les plus agités et plus précisément à DIOURBEL, en 1912. A ce propos il dit :
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« Ils ont décidé de mon internement à DIOURBEL à l’an 1330 de l’hégire, s’ils étaient
imprégnés des mystères qui se cachaient derrière cette décision, ils ne l’auraient jamais
prise ».
Le Cheikh en résidence surveillée à DIOURBEL :
Les colonisateurs ont transféré le Cheikh à Diourbel, dans un endroit proche du
domicile du gouverneur général, au cœur de la ville. Par la suite, ils l’ont autorisé à aller
s’installer dans un autre coin qu’il baptisa : « BUQHATUL MUBAARAKA » (l’endroit
fertile) où il passa le restant de son séjour terrestre dans la prédication, le « JIHAAD »
et la guidance des créatures.
A DIOURBEL, DIEU décréta en sa faveur une victoire éclatante et une ouverture
extraordinaire sur le monde. Il y réalisa la construction de sa première grande mosquée,
l’implantation de lieux de dévotion, d’écoles coraniques et de centres de formation en
sciences religieuses. Les biens et les richesses de ce monde dans leur totalité lui sont
parvenus, des délégations venant de tous les coins et recoins du monde islamique
vinrent jusqu’à lui. De grands érudits et de grands saints du Maghreb et des Lieux
Saints de l’Islam sont venus le visiter pour solliciter ses prières et sa bénédiction à
l’instar de MAWLAAYA AHMED TIBRI, qui faisait partie des nobles dignitaires de
« MADIINATUL MUNAWARA » (la ville lumière), c’est lui d’ailleurs qui avait assuré
l’impression et édition de la première version de l’ouvrage de CHEIKHOUL KHADIM
intitulé : « MASAALIKUL JINAAN » (les itinéraires du Paradis) ; de SEYYIDU HAMZA,
un descendant de SEYYIDUNAA ABOUBACAR SADIIQ (que DIEU l’agrée), enterré à
RUFISQUE. Il était venu de la Mecque pour visiter le Cheikh à DIOURBEL.
Les dignitaires musulmans de la République islamique de Mauritanie parmi lesquels
des savants, des poètes, des descendants du prophète, les guides des voies soufies,
dont certains étaient venus pour suivre la psychothérapie spirituelle du Cheikh. Tandis
que les autres étaient préoccupés par les dons en argent et en matériels que leur
procurait le Cheikh avec une générosité et une prodigalité sans commune mesure,
comme l’a attesté CHEIKH SIDIYA BAABA dans ce vers de poésie :
Ce cheikh n’est qu’un bienfait, une source de provisions que le Seigneur a mise à la
disposition de Ses créatures.
Son rappel-à-DIEU :
Le Cheikh a consacré sa vie entière à la consolidation de l’Islam, à la propagation de
son message par la prédication, l’orientation des créatures vers les actions et les
comportements utiles dans les deux mondes, par la composition des poèmes et
panégyriques dédiés au Prophète , par le « JIHAAD », les éloges de « AL
MUSTAFAA » (que l’élévation en grade la plus complète soit sur lui), les louanges à
DIEU à travers Ses noms sublimes et Ses attributs de perfection. Il était également le
refuge vers qui se précipitaient les pauvres et les faibles, le soutien des veuves et des
démunis, jusqu’à son dernier souffle. Ainsi il retourna vers son Seigneur, après avoir
obtenu son agrément, et a laissé un héritage spirituel énorme aux Mourides et à
l’Humanité toute entière. Que DIEU l’agrée et lui accorde la meilleure récompense
promise à Ses nobles élus.
L’héritage spirituel de « AL XADIIM » (le serviteur) :
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L’héritage laissé par le Cheikh fut transmis à des dignes héritiers qui accomplissent les
cinq prières et ont délaissé les jouissances et les futilités mondaines. Des héritiers qui
ont troqué ce bas monde contre l’au-delà, déployé toutes les énergies nécessaires à la
préservation de ce patrimoine, et à sa propagation au profit de toutes les générations
qui viendront après. Les premiers héritiers sont : CHEIKH MOUHAMADOU
MOUSTAPHA, CHEIKH MOUHAMADOU FAADILU, CHEIKH ABDOU-L-AHAD,
CHEIKH ABDOU KHADRE et CHEIKH SALIOU, que le Bon DIEU nous fasse profiter
de leurs grâces et de leurs bénédictions. Ils ont tous œuvré pour l’Islam et la
communauté durant leurs magistères successifs.
CHEIKH MOUHAMADOU BUN HABIIBA LAAH plus connu sous le nom de CHEIKH
MOMAR ANTA SALY MBACKE.
MOUHAMADOU BUN HABIIBA LAAH BUN MOUHAMADOUL XAYRI BUN, plus connu
sous le nom de MOMAR ANTA SALY MBACKE est né en l’an 1814 ou 1815 du
calendrier grégorien, à MBACKE BAOL, dans le village de son grand père.
CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR MBACKE l’a ainsi décrit dans son ouvrage
intitulé : « MINANUL BAAQIL QADIIM » (les bienfaits de l’Eternel, Exempt de début) :
« MOUHAMED BUN HABIIBALAAH, était un érudit, un théologien, un noble qui aux
yeux des Musulmans possèdent les qualités requises pour un être un imam. Les émirs
et les rois, convaincus de son érudition, de sa chasteté, de la véracité de ses propos et
de la justesse de ses jugements lui vouaient un amour et une considération sans
faille. »
CHEIKH MOUHAMED BUN ABDOU RAHMAAN ALHALAWIYYU ASHINQIITIYYU l’a
ainsi décrit dans son ouvrage intitulé : « ANNAFAHAATUL MISKIYYA » (les odeurs
musquées) : « son père (MOUHAMED BUN HABIIBALAAH), était un érudit qui
pratiquait sa science, ne fréquentait pas les gens, parce qu’il jeûnait les jours et restait
debout les nuits pour prier et adorer son Seigneur. Il était doté d’une grande ouverture,
imprégné des bonnes qualités morales, et était également très fécond en prodiges et en
« BARAKA ». Il n’utilisait jamais les bienfaits du Seigneur dans la désobéissance mais
les consacrait plutôt aux actes de dévotion tout en faisant preuve d’une grande
générosité, afin d’obtenir l’agrément de DIEU le Tout Puissant. Il avait une maitrise
parfaite du Coran et des règles d’écriture, de lecture et d’édition qui le régissaient ; et
connaissait aussi les ressemblances et les dissemblances, ainsi que les versets
équivoques et les versets évidents, à l’instar de ses grands pères et ascendants. L’un
d’entre eux pouvait écrire entièrement le coran par cœur sans commettre des fautes de
vocalisation ou de ponctuation. Une personne digne de confiance qui connait bien leur
histoire m’a affirmé tout cela. »
Ses études et son érudition :
Il a appris de son père le Coran et les connaissances de base de la science
islamique. Puis il est parti vers d’autres localités du pays pour y chercher la
science. Il a fait le tour du pays, du BAOL au CADJOR en passant par le SALOUM
et le DJAMBOUR. Comme l’a rapporté CHEIKH MOUHAMDOU BACHIR dans son
ouvrage cité plus haut. Il a étudié la grammaire à KOKKI auprès de CHEIKH
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MASSAMBA ANTA DIOP qui faisait partie des plus grands érudits de l’époque, à
l’instar de ses grands pères et des autres membres de leur foyer religieux très
célèbre au CADJOR et partout au Sénégal comme MAKHTAR NOUMBE.
Beaucoup pensent que lui et l’oncle du Cheikh MOUHAMADOU BOUSSO ont
ensemble appris la grammaire de ce Cheikh. J’ai vu un poème composé par l’un
d’entre eux pour se féliciter d’avoir terminé l’apprentissage de cet important livre
de grammaire, écrit par IBNU BUUNA pour expliquer et commenter le « ALFIYA
IBNU MAALICK »1.
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LATDIOR qui était chassé de son royaume y retournera triomphalement, par la suite. Le
Conseil de régence révoqua son conquérant (l’émir MAJOOJA) et le nomma nouveau
roi du royaume et lui demanda de revenir pour gouverner. En ce moment LATDIOR
était déjà imprégné des valeurs de l’Islam, de sa justice équitable, et de sa méthode de
gouvernance qui était la meilleure des méthodes. Ce qui l’incita à vouloir l’appliquer au
CAYOR et la consolider. Pour cette raison, il a sollicité MOUHAMADOU BUN
HABIIBALAH (MAME MOR ANTA SALY) à venir au CADIOR pour être le juge du
tribunal islamique. CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR l’a rapporté dans son
ouvrage « MINANUL BAAQIL QADIIM » :
Lorsque LATDIOR s’apprêtait à retourner au CAYOR, il demanda avec insistance à
MAME MOR ANTA SALY de venir l’accompagner pour être son guide, son soutien
dans les affaires religieuses ; ainsi, il pourra lui confier les jugements et appliquera
toutes ces décisions de justice. Parce qu’il lui inspirait confiance plus que tout le monde.
Une offre que le père de notre vénéré Cheikh ne pouvait décliner vu l’importance que
revêtait cette tâche qui consistait à guider les gens et à les prodiguer au besoin de bons
conseils, ainsi que les récompenses escomptées auprès du Seigneur (Guider une seule
personne est plus méritoire que nourrir toutes les créatures de DIEU). Une fois au
CAYOR, LATDIOR lui confia un endroit près de KOKKI, que l’on nomme PATAAR et
qui se trouvait près du domicile du roi à THILMAXA.
Le roi LATDIOR lui avait proposé un emploi du temps autrement dit des jours de
rencontre pendant lesquels il rendait ses jugements, répondait aux questions sur la
religion et enseignait la science religieuse aux étudiants.6
Sa célèbre école :
Après s’être bien installé au CAYOR, le Cheikh s’est attelé à la réalisation d’une
université islamique où seront enseignée toutes les disciplines et branches scientifiques
de l’Islam. Il assuma lui-même les charges de l’enseignement et de la formation. Sa
bénédiction se répandit partout dans le pays et il jouissait d’une renommée sans cesse
grandissante. Les étudiants venaient de tous les coins et recoins du pays pour
converger vers lui, comme l’a si bien décrit l’auteur de « MINANUL BAAQIL QADIIM » :
« Il faisait partie des plus grands universitaires et des plus grands académiciens qui
regroupaient dans leurs centres de formations aussi bien des étudiants débutants que
des étudiants vétérans. Sa cour était devenue le lieu de rencontre des apprenants, des
érudits, des émirs et des rois parce qu’il accomplissait une double mission :
l’enseignement et la justice.7
Parmi ses étudiants on comptait les fils de ses anciens enseignants comme CHEIKH
MASSAMBA MARYAMA DIOP qui est le fils de CHEIKH MASSAMBA ANTA, comme l’a
attesté CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR dans son livre « MINANUL BAAQIL
QADIIM » :
«sa renommée s’est accrue comme s’il avait hérité les grâces et les bénédictions de
ses guides et enseignants ; les élèves se ruèrent vers lui venant de partout : du
SALOUM, du BAOL, du CAYOR et du JAAMBOUR ; ainsi que les enfants de ses
anciens professeurs et enseignants dont MASSAMBA MARYAMA fils de MASSAMBA
ANTA que nous avons mentionné plus haut ».8
Ses élèves et ses étudiants :
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Il recevait de partout des élèves et des étudiants qui venaient puiser de sa source
intarissable de connaissances. Parmi ces élèves on retrouve son fils vertueux CHEIKH
AHMED BUN MOUHAMED BUN HABIIBALAAH, le rénovateur de l’Islam au
quatorzième siècle de l’hégire et le grand érudit MASSAMBA MARYAMA fils de son
marabout MASSA ANTA susmentionné qui, par la suite, est devenu un grand érudit, un
grammairien hors pair, un homme de lettres qui a publié des commentaires sur le
« ALFIYA IBNU MAALICK » (ouvrage de référence en grammaire arabe).
Parmi les « diplomés » de son école, on peut également citer CHEIKH ABDOU
RAKHMAAANN LO, CHEIKH MASSAMBA DIOP SAAM, CHEIKH ADAMA GUEYE,
CHEIKH ADAMA SALL, CHEIKH MOUHAMADOU GUEYE, CHEIKH IBRAHIMA SARR,
et tant d’autres parmi les tous premiers disciples du Mouridisme. On peut également
citer : SERIGNE JAAMAL et d’autres parmi les marabouts « TIDIANES » et
« QAADRES » (deux confrères soufies très répandues au Sénégal).
Son équité et sa justice impartiale :
Selon CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR, CHEIKH MOUHAMED BUN HABIIBALAAHI
était un homme d’une grandeur morale admirable, d’une érudition impressionnante
dans les sciences religieuses, d’une équité souveraine, d’une chasteté perpétuelle,
d’une sincérité évidente, qui rendait de manière impartiale et équitable les décisions de
justice. Il dit : « MOUHAMED BUN HABIIBALAAH, était un érudit, un théologien, un
noble qui aux yeux des Musulmans possèdent les qualités requises pour un être un
imam. Les émirs et les rois, convaincus de son érudition, de sa chasteté, de la véracité
de ses propos et de la justesse de ses jugements lui vouaient un amour et une
considération sans faille ».
La preuve de sa chasteté réside dans le fait que, malgré sa grande érudition et les
charges de juges qui lui incombaient, il avait refusé d’habiter dans la capitale du
royaume et préférait toujours rester dans son village pour éviter de commettre les actes
entachés de suspicions et s’abstenir de manger l’illicite. CHEIKH MOUHAMADOU
LAMINE DIOP DAGANA l’a mentionné dans « IRWAA U NADIIM » (la fontaine des
convives) : «le roi (LATDIOR) l’aimait d’un amour fraternel et sincère et avait fait de lui
son conseiller et son guide spirituel, mais ce dernier ne souhaitait pas à leurs côtés
parce que ne voulant pas de leurs argents et n’aspirant point aux privilèges et honneurs
qui entouraient leur royauté. Sa collaboration et sa complaisance envers eux étaient
uniquement motivées par les intérêts de sa famille et de son foyer religieux, car il avait
comme seules préoccupations: l’enseignement et l’apprentissage ; activités qui
n’étaient pas compatibles avec la gestion du royaume. Pour cette raison, il avait préféré
se mettre à l’écart, dans un autre proche d’où il pourra facilement répondre aux
convocations du roi.9
Son fils CHEIKHOUL KHADIM -que DIEU l’agrée lui exprimait souvent son souhait de
le voir se retirer des fonctions juridictionnelles auprès du roi, à travers des missives ; vu
le respect et la pudeur timide qu’il lui vouait. Car pour le Cheikh les honneurs et les
privilèges de ce bas-monde sont des signes de déshonneurs et de disgrâce dans l’au-
delà.
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Son après avoir accepté avec humilité la véracité de ses propos sollicitait son
indulgence vis-à-vis de ce comportement qui était uniquement motivé par le souci de
préserver les intérêts supérieurs de la famille et de son foyer religieux, comme nous
l’avions annoncé plus haut, en nous référant à la première partie de « IRWAA U
NADIIM ».
CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR dit dans son livre : « On rapporte que dès son
jeune, le Cheikh avait déjà commencé à exprimer son mépris vis-à-vis des charges
qu’occupait son père dans la cour du roi, de façon modérée et bienveillante il
s’entretenait avec son père pour le convaincre de délaisser ses fonctions. Parfois, à
cause de sa pudeur timide, il profitait de ses sorties intempestives vers la cours du roi
pour poser les lettres dans ses lieux de retraite. Dans une certaine mesure, on pouvait
bien donner raison à son père qui non seulement remplissait toutes les critères et les
qualités requises pour remplir ces fonctions, mais c’était une nécessité au sein de la
communauté musulmane de l’époque où l’on assistait à beaucoup de duplicité et de
tartuferies dans les jugements. De ce point de vue, il jugeait impératif de s’acquitter de
ce devoir à l’instar des anciens savants musulmans qui le faisaient sous le règne de
certains califes. Et en plus de cela, il était le plus placé pour le faire. Quant à notre
Cheikh, il avait une perception différente basée sur sa doctrine qui accorde la priorité à
la purification de l’âme, l’accomplissement des obligations les plus essentielles. Avec sa
propension à libérer l’islam et ses adeptes de l’oppression des gouverneurs despotes
pour que puisse triompher la vérité. Il a était soutenu, dans ce combat, par d’autres
frères musulmans épris de justice et de droiture. Ce qu’il préféra aux mauvaises
fréquentations qui mènent vers le danger, l’égarement et la perdition. Le Cheikh fait
partie des privilégiés que DIEU a préservé de ces vices par la mise en garde et la
crainte révérencielle. Son espoir envers le Seigneur était pour lui une force dissuasive
contre satan le maudit, ce bas-monde, l’âme charnelle et les créatures qui n’avaient
aucune emprise sur sa personne. Durant toute sa vie, il n’a jamais eu de temps libre ou
des moments de distraction qui pourraient le tenter vers ces actes blâmables.
Sa vie spirituelle
CHEIKH MOUHAMED BUN HABIIBALAAH était un érudit soufie qui pratiquait la voie
de la « QAADIRIYA » comme l’a rapporté CHEIKH MBACKE BOUSSO dans son
ouvrage intitulé : « SAHAADATU TULAAB » (les félicité des étudiants), il dit : « son
père faisait partie de ceux qui ont adopté et pratiqué le « WIRD » de la « QAADIRIYA »,
que lui avait transmis l’un de ses proches parents (CHEIKH SAMBA TOUCOULEUR
KA). Il était le fils de son oncle maternel i.e. son cousin, et ils avaient presque le même
âge. CHEIKH SAMBA TOUCOULEUR avait auparavant entrepris un long voyage pour
acquérir la science.
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Au retour de ce voyage, il avait acquis des connaissances qui l’avaient classées parmi
les plus grands érudits de l’époque ; quelques temps après, il eut des échos sur la
famille de CHEIKH SIDY MAKHTAR ALKUNTIYYU, il décida ainsi de se rendre chez
CHEIKH SIDYA et BAABA pour solliciter leurs bénédictions et leurs prières. De ce
voyage, il est rentré avec ce « WIRD » après y avoir séjourné quelques temps. Il lui
arrivait souvent de raconter les merveilleuses qualités morales et le degré de sainteté et
de spiritualité qu’il avait trouvés chez eux. Ce qui a, sans doute, convaincu les
marabouts comme CHEIKH MOUHAMED BUN HABIIBALAAH (MAME MOR ANTA
SYLLA) à prendre ce « WIRD ».10
Il renouvellera par la suite l’acquisition de ce « WIRD » par la transmission d’un autre
érudit du TEKRUUR qui était son ami (THIERNO IBRAHIM). C’est d’après ce cheikh
qu’il a baptisé son fils MAME THIERNO IBRAHIM MBACKE.
Ses relations avec CHEIKHOUL KHADIM :
Du vivant de son père, CHEIKHOUL KHADIM était entièrement dévoué aux services de
ce dernier. Il n’a jamais osé entreprendre quoi que ce soit. Comme un mort entre les
mains de ceux qui s’occupent de sa toilette mortuaire, il vouait à son père une
obéissance totale.11
Il l’aidait dans l’administration et la gestion de l’école et consacrait la plupart de son
temps à l’enseignement. Il lui arrivait aussi de s’occuper de la rédaction des documents
et des lettres de réponse. Sa seule préoccupation était de se consacrer entièrement
aux services de son père pour obtenir sa satisfaction et son agrément. Il s’est acquitté
convenablement de son devoir vis-à-vis de son père qui était pour lui une opportunité
qui va lui permettre d’acquérir l’agrément du Seigneur et de son prophète en
accomplissant cette recommandation divine (et ton Seigneur a décrété : « n’adorez que
Lui, et faites preuve de bonté envers vos deux parents ». La bonté du Cheikh envers
son père était devenue un sujet de discussion partout dans le pays. 12
Il s’empressait toujours d’accomplir les tâches que lui confiait son père qui, en retour,
lui vouait un amour paternel et une considération particulière due à son esprit et ses
qualités chevaleresque, son attachement aux valeurs religieuses, à sa chasteté, à
l’immensité de son érudition, à la perfection avec laquelle il accomplissait ses devoirs et
à sa perspicacité remarquable qui l’a mené vers l’acquisition des bienfaits de l’ici-bas et
de l’au-delà.
Cet amour du père à son fils est conditionné par ces qualités très top décelées chez le
fils (notre Cheikh). Ces qualités sont les vrais signes de la crainte envers le Seigneur :
sa chasteté, ses retraites spirituelles pour mieux se consacrer à la vivification des
moments, sa contribution scientifique dans l’Islam sont autant les merveilles qui ont
permis à son père de pouvoir prédire les privilèges et les prodiges que DIEU lui réserve
dans le futur. (Le père n’a jamais voulu le quitter et ne pouvait presque pas supporter,
pendant longtemps, son absence. Il accompagnait son père partout où il se rendait ;
mais ne priait qu’en assemblée. Lorsqu’il atteignit l’âge de la puberté, son père et ses
compagnons comme le juge MAJAXATE KALA, le juge MOR XUMMA, ainsi que le
marabout CHEIKH SIDY XUWAYHI firent de lui leur Imam. En ce moment, il était un
jeune étudiant.
Ses cadeaux envers son père :
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Il était prompt à lui remettre toutes les sommes d’argent qui lui parvenaient, (on le
voyait parfois dans la chambre de son père entrain de lui remettre les habits neufs
qu’on venait de lui octroyer pour y rechercher uniquement l’agrément de DIEU) ; vêtu
de vieux haillons, il préférait se mettre à l’écart des assemblées. Mais s’il était vraiment
contraint de venir auprès de son père pour prendre une leçon, il ne s’approchait pas
trop du siège de son père, il s’éloignait un peu de lui pour se mettre dans un endroit où
il pouvait à peine l’entendre, par respect à celui-ci. Après avoir assimilé la leçon
transmise par son père, il avait l’habitude d’observer une petite avant de se lever. En
agissant ainsi, il voulait s’assurer que le père n’avait pas un besoin de lui. Au cas
échéant, il se levait tranquillement et poliment, pour retourner dans sa chambre, avec
ses livres, ses leçons et sa gourde pour ablution, en attendant leur de la prière en
assemblée.
Le Cheikh déployait toutes ses énergies, tous les efforts possibles pour les consacrer
aux services de son père. A ce propos, l’auteur de « MINANUL BAAQIL QADIIM » dit :
« Il exécutait à la lettre les ordres de son marabout et père et s’occupait bien de lui, tout
ce qui lui parvenait il le donner immédiatement après à son père. Les gens avaient une
haute estime pour lui et sollicitaient parfois ses prières et des remèdes provenant du
Coran et de la Sunna.
Après avoir trouvé satisfaction et profité de sa bénédiction, il leur arrivait de lui offrir des
biens et toutes sortes de cadeaux qu’il redonnait à son père, son marabout. Le Cheikh -
qu’Allah l’agrée-, racontant son enfance, nous disait un jour qu’il n’était pas trop
expérimenté dans la manipulation des instruments de labour à cause de la faiblesse de
sa constitution physique, de son éloignement des gens et des affaires du bas-monde.
Conscient de cela, mon père m’avait épargné de tout ce qui a trait à ces activités. Mais
lorsque je me suis rendu compte que l’homme ne doit pas rester sur terre sans être utile
à sa communauté, j’ai décidé de mener des activités de transport en plus de
l’enseignement et avais été très sollicité par les gens. Ce qui me rapportait beaucoup
d’argents que je remettais à mon père. Mes rendements dépassaient parfois les
rendements de beaucoup de paysans et je n’en prenais qu’en cas de nécessité
absolue. J’ai continué dans cette lancé en me consacrant à la vivification et à la
promotion de la science religieuse pour combattre l’ignorance, jusqu’à obtenir, par la
grâce du Seigneur tous ces dons scientifiques.
Son rappel-à-DIEU :
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« hadiths » (paroles) du prophète , l’histoire et les évènements qui ont jalonné sa vie,
ainsi que d’autres domaines scientifiques et religieuses jusqu’à devenir, à l’âge de dix-
neuf ans une enseignante comme sa mère AÏSSATOU MBACKE (MAME ASTA
WAALO).17
Son comportement modèle à sa maturité :
La dame MARYAMA JAARATULAAH BOUSSO a été aussi bien dans son adolescence
que dans sa maturité une modèle pour toutes les femmes musulmanes, de par son
dévouement, son extinction au Seigneur, son attachement aux principes de sa religion.
Elle a été depuis son enfance une sainte, une soufie, très dévouée à son Seigneur à
l’instar de sa mère (SOKHNA AÏSSATOU WAALO MBACKE). Elle était très attachée
aux actes d’adoration obligatoires et surérogatoires dont la multiplication lui vaudra, de
la part des siens, le titre de « JAARATOU LAAHI » (la voisine de DIEU). Elle priait
beaucoup jusqu’à ce qu’on lui demande un jour de se reposer un peu, mais elle
répondit : ces deux versets du Coran m’empêchent de dormir : le verset 79 de la
sourate 17 (le voyage nocturne) « Et de la nuit consacre une partie (avant l’aube) pour
des Salat surérogatoires : afin que ton Seigneur te ressuscite en une position de
gloire. » et le verset 17 de la sourate 51 « ADH-DHÂRIYÂT » (qui éparpillent) « Ils
dormaient peu, la nuit. »18
Son mariage avec CHEIKH MOUHAMED BUN HABIIBALAAH (MAME MOR ANTA
SALY)
A l’âge de quatorze ans, elle avait déjà terminé ses études islamiques. C’est ainsi que
son père MOUHAMED fils de MOUHAMED HAMMAAD fils de ALY ALBUSOOBIYYU
de la donner en mariage au grand érudit MOUHAMED BUN HABIIBALAAH MBACKE.
On rapporte que c’est sa coépouse (la sainte dame) ANTA NDIAYE mère de CHEIKH
SIDY MAKHTAR (MAME CHEIKH ANTA MBACKE) qui lui a proposé de prendre
comme épouse sa proche parente MARYAMA BOUSSO grâces aux bonnes qualités
morales, presque inexistantes chez les filles de sa génération, qu’elle avait trouvé en
elle.
On rapporte aussi qu’à son arrivée au domicile conjugal à MBACKE BAOL, chacune
des deux épouses avait promis, devant DIEU, d’œuvrer dans le foyer conjugal jusqu’à
avoir un enfant qui surpassera les gens de sa génération en grandeur, en noblesse et
en piété. La dame ANTA NDIAYE avait promis, par la grâce et la volonté divine, un
enfant qui, comme la lune, illuminera les cieux de son époque de par sa sainteté, sa
piété et ses prodiges. Quant à la dame MARYAMA BOUSSO surnommée la voisine de
son Seigneur, elle avait promis, par la grâce et la volonté divine, de faire venir au
monde un enfant qui sera comme le ciel en terme d’élévation, de couverture et
d’avantage par rapport aux astres. DIEU (le Tout Puissant) a exaucé leurs vœux pieux
en leur accordant à chacune un enfant qui symbolisait les aspirations exprimées. Que
DIEU les agrée !
La première a fait venir au monde deux enfants : SIDY MAKHTAR et CHEIKH AAFIYA,
la deuxième a mis au monde le plus grand pôle (« QUTB ») CHEIKHUNAL QADIIM
(CHEIKH AHMADOU BAMBA). Que DIEU l’agrée et nous comble de ses bienfaits et
des grâces qu’il a obtenus de son Seigneur.
Ses caractéristiques et ses qualités morales :
Son frère, CHEIKH MBACKE BOUSSO a mis en exergue ses caractéristiques uniques
et ses qualités nobles dans son ouvrage intitulé : « SAHAADAH » (une félicité).
S’adressant au Cheikh, il dit : « sa mère, la sainte, la fervente adoratrice de son
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Seigneur était connue par son ascétisme, sa crainte révérencielle et les dépenses
multiples qu’elle consacrait aux aumônes.
«Que le Bon DIEU leur accorde sa miséricorde éternelle ! »
Quant à CHEIKH MUHAMED fils de ABDOU RAKHMANE ALHALAWY - dans son
ouvrage « NAFAHAATUL MISKIYYA FI SIIRATIL MBAKKIYYA » (les odeurs musquées
dans l’évocation de l’histoire de ALMBAKKIYYU)-, il dit : « elle faisait partie des femmes
pieuses dévouées à leur Seigneur qui doivent leur renommée à leurs bénédictions et
leurs saintetés, ainsi qu’aux nombreuses œuvres de bienfaisance accomplies pour
rechercher l’agrément de DIEU, sans oublier leur constance dans l’adoration et
l’abandon des actes à la licéités douteuses.
Le Cheikh ALHALAWIYYU est allé plus loin, dans la partie de l’ouvrage consacrée aux
témoignages sur le Cheikh; il ajoute : « à partir du moment où sa mère l’a porté dans
son ventre jusqu’à jour de sa naissance, elle n’a jamais prié avec le « TAYAMUM »
(l’ablution sèche) et n’a jamais arrêté de jeûner le jour sauf en cas d’empêchement.
Après l’avoir mis au monde, elle s’est attelée à ne jamais l’allaiter en état d’impureté ou
manger une nourriture dont la licéité n’est pas démontrée avec évidence ». Aux âmes
bien nées la valeur n’attend point le nombre des années.
La dame MARYAMA BOUSSO était une femme modèle tant du point de vue
comportementale que morale. Elle était un échantillon unique de la fidélité conjugale
dont la loyauté à l’égard du mari était indéfectible et inébranlable. Femme au foyer, elle
était dévouée à ses services et exécutait, à la lettre, ses ordres pour rechercher de
DIEU. Comme l’a attesté le poète MASAMBA JAARA JOOP qui dit :
« Adorant son Seigneur, à côté de son maître, le marabout ; jusqu’à obtenir l’agrément
de DIEU, grâce à ses actes accomplies de manière constante. »
« Elle n’a jamais méprisé une personne ni terni son image, ne s’est jamais affichée,
celui ou celle qui essaierait de la ternir tombe dans le mensonge. »
La dame MARYAMA BOUSSO a démontré son extinction au Seigneur, en faisant
preuve d’un dévouement, envers son mari, incomparable et sans précédent. Ce qui l’a
ancré dans la mémoire et la conscience collective du peuple sénégalais comme une
femme modèle dans le sacrifice, l’extinction, le dévouement et la mise en pratique des
valeurs islamiques les plus nobles que devraient adopter toutes les femmes
musulmanes qui souhaiteraient être des femmes modèles. Son petit-fils CHEIKH
MOUHAMADOU BACHIR l’a ainsi décrit dans son célèbre ouvrage « MINANUL
BAAQIL QADIIM » :
« La mère, (voisine de DIEU, MARYAMA) était vertueuse, chaste et d’une piété
fervente qui se traduit par ses nombreuses prières et jeûnes surérogatoires, mais aussi
et surtout par l’abondance de ses aumônes et sa soumission envers son Seigneur. Elle
n’a jamais failli à ses obligations religieuses envers DIEU, ni à ses devoirs et
prérogatives envers son mari (le marabout l’imam) et vis-à-vis de ses enfants dont elle
s’occupait de l’éducation avec responsabilité ; en développant chez eux l’esprit
chevaleresque et en leur éduquant dans la piété et la pureté. Il lui arrivait très souvent
de leur raconter l’histoire des grands saints. »19
On rapporte que CHEIKHOUL KHADIM s’émerveillait beaucoup de la force supérieure
que détenait sa mère - la voisine de DIEU MARYAMA -, sa capacité à préserver les
secrets et sa discrétion absolue. Il exprimait très souvent sa reconnaissance et ses
remerciements à sa vertueuse mère et disait : « que le Bon DIEU la rétribue, elle m’a
honoré - cette dame -, et a été bienfaisante à mon égard. Oui, bienfaisante, elle l’a été
à mon égard, en cachant aux gens mes secrets et mes mystères. »
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Le CHEIKH disait aussi à son sujet : « je n’ai jamais vu une personne plus discrète
qu’elle, parce que de ma naissance à mon adolescence coïncidant à son rappel-à-
DIEU, elle n’a jamais divulgué mes prodiges ; et pourtant elle a assisté aux nombreuses
merveilles et miracles que DIEU m’avait octroyé alors que j’étais très jeune. Mais elle
en avait rien dissimulée. Si ce n’était pas son sens de la mesure et sa dimension
d’accomplissement personnel, elle s’en serait servie pour se vanter et s’enorgueillir.20
Ces informations sont tirées de l’ouvrage : l’influence d’une mère dans l’éducation de
ses enfants : l’exemple de SOKHNA ASTA WAALO MBACKE et de SOKHNA
JAARATU LAAHI par AWA BOUSSO FAADIL.
Ses nobles enfants :
La dame JAARATU LAAHI (voisine de DIEU) a vécu son époux CHEKH MOUHAMED à
MBACKE BAOL, le village qui a vu naître certains de ses enfants dont : MAME MOR
DIAARA et CHEIKHOUL KHADIIM (notre Cheikh) ; avant son déplacement vers XURU
MBACKE, auprès des oncles de son époux à NDIA KANE. C’est dans cette zone rurale
paisible que ses enfants ont grandi et se sont épanouis humainement et
intellectuellement. XURU MBACKE est aussi la localité qui a vu naître son enfant qui
s’appelait CHEIKH HABIIBU LAAH, décédé très jeune et enterré là-bas.
Après l’appel au DJIHAAD, contre les mécréants et les idolâtres, lancé par MABBA
DIAKHOU BA, toute la famille MBAKE s’est réunie pour aller s’installer au SALOUM,
dans le village de POROKHANE appelée aussi « ALFURQAAN », un village de NIORO
(la capitale de MABBA). Les conditions de déplacement étaient d’une extrême difficulté
et ont gravement affecté l’état de sa santé. Malgré toutes ses difficultés, elle a pu
résister jusqu’à POROKHAN où elle passera le restant de sa vie laborieuse et sanctifiée
à côté de son époux CHEIKH MOUHAMED MBACKE. Le cœur épanoui, elle travaillait
sans relâche, pour servir sa religion et sa famille, en faisant preuve d’une générosité
exceptionnelle, jusqu’à son retour vers DIEU. Elle a été enterrée à POROKHAN. Son
unique fille FATIMATA MBACKE est, elle aussi, décédée durant leur séjour dans cette
localité du SALOUM.
Son rappel à DIEU :
La vertueuse dame MARYAMA BOUSSO n’a vécu que trente-trois ans sur cette terre.
Elle fut rappelée à DIEU à l’an 1283 de l’Hégire correspondant à l’an 1864 du calendrier
grégorien, au SALOUM pendant la période du DJIHAAD organisé par le conquérant
MABBA DIAKHOU BA, comme l’a attesté CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE DIOP
dans IRWAA U NADIIM. Il dit : « Sa mère est enterrée à POROKHANE dans la région
du SALOUM où elle était avec son père au moment de son rappel à DIEU. »
Son court séjour terrestre est rempli de grâces et de bénédictions. La BARAKA
multiplie ce qui est peu et rend abondant ce qui est nombreux.21 Malgré son court
séjour terrestre elle occupe une place de choix au panthéon des héros à travers les
générations qui ont marqué l’histoire de l’Islam. Ce qui laisse augurer son appartenance
à la catégorie des martyrs du devoir et de la religion. Parce qu’elle fait partie de ceux
qui ont répondu à l’appel au DJIHAAD pour le triomphe de la vérité et de la religion.
Que DIEU la rétribue pour son œuvre en faveur de l’Islam.
Son mausolée est devenu un lieu de recueillement et de pèlerinage, et fait partie des
monuments historiques du Sénégal les plus visités. Chaque année, les gens viennent
de partout pour le visiter et chercher des bénédictions. Parce qu’à l’instar de tous les
mausolées où reposent des saints, c’est un lieu où l’on exauce les vœux pieux.
Beaucoup l’ont expérimentés et ont, par la suite, vu leurs vœux exaucés.
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La parole de son fils – à son sujet-, dans « SAHAADATU TULAAB » (la réussite des
étudiants) en est une parfaite illustration :
« Comme mon père dont le mausolée est éclairée, et comme ma mère dont la légende
est célèbre ».
La découverte de son mausolée sublime:
Après le martyr de MABBA et le retour des combattants vers leurs lieux d’origine, le
village de POROKHAN lieu d’habitation de MAME MOR ANTA SALY a été déserté et
abandonné pendant longtemps ; du coup l’emplacement exact de la tombe a été oublié
durant des années.
Mais on rapporte qu’un nommé NGUAGNE TOURE (à vérifier), avait l’habitude de voir,
pendant la nuit, des éclats lumineux qui se dégageaient à partir d’une tombe, puis il est
venu voir CHEIKHOUL KHADIM pour l’informer. C’est ce qui a amené ce dernier à
envoyer des émissaires pour retrouver l’emplacement exact de la tombe. Il avait
d’abord envoyé l’un de ses proches, CHEIKH MOUHAMADOU KHARY MBACKE oncle
maternel de CHEIKH MOUHAMADOU MAMOUNE, qui a voyagé de DJOLOF à
POROKHAN pour visiter la tombe de celle que l’on surnommait « la voisine de DIEU »
(MARYAMA BOUSSO). Il y avait à cette époque deux tombes, le Cheikh lui demanda
de rapporter une poignée de sable de chacune des deux tombes. Lorsqu’il huma le
sable provenant de l’une des deux tombes, il lui dit c’est celle-ci, puis il ordonna sa
réhabilitation. Cette découverte coïncide avec la naissance de CHEIKH ABDOULAH
BOROM DEURBI, ensuite le Cheikh lui remit le poème de CHEIKH MASSAMBA DIOP
KOKKI qu’il transforma en une œuvre exquise - intitulée « MATLABU RIDWAANUL
MBAKKIYYI FI TAGHYIIRI NAZMI CHEIKH MASAMBA MARYAMA AL KOKKIYYU »
(la recomposition du poème de CHEIKH MASAMBA MARYAM pour l’obtention de
l’agrément de AL MBAKIYYU)-, qui commence ainsi :
J’ai adressé à DIEU -Le Seigneur qui a exaucé mes vœux-, des louanges et des
actions de grâce qui me mèneront vers la réalisation de tous mes objectifs.
De temps à autre, le Cheikh envoyait des hommes pour aller se recueillir et prier pour
elle, en son nom, et s’occuper de la tombe. Il aurait envoyé là-bas, pour la première
fois, CHEIKH MOUHAMADOU KHARY MACKE et CHEIKH MOUHAMADOU DIAW
PAKHA. On ignore encore le premier à s’être rendu là-bas.
A la fin de son séjour à THIEYENE coïncidant avec le début de l’année 1912, l’un de
ses disciples nommé CHEIKH BARA TALL est venu effectuer sa « ZIYAARA » (visite)
auprès du Cheikh qui lui remit une lettre destinée aux personnes dont les noms
suivent : CHEIKH MBAYE MUUMY NDIAYE, CHEIKH MABBA AWA NDIAYE, CHEIKH
MOUSSA PATHE DRAME, à DAARU PAKAA JAARY (à vérifier). L’objet de cette lettre
était de les solliciter pour la lecture du « MUSHAF » (l’exemplaire de tout le Coran)
auprès de la tombe de sa vertueuse mère, et sa réhabilitation.
Quelque temps après, il donna à son fils CHEIK MOUHAMADOU BACHIR des repères
qu’il planta sur la tête et les deux pieds de la tombe. Ce dernier avait rencontré des
difficultés énormes, effectué des va-et-vient entre DIOURBEL et POROKANE, avant de
retrouver l’emplacement exacte de la tombe, en se basant sur les repères et les
délimitations effectuées par le CHEIKH lui-même depuis son jeune âge. A leur grande
surprise, ils ont trouvé intact son corps purifié. Par la suite CHEIKH BASSIROU reçut
l’ordre de créer son quartier DAARU SALAAM dans le village de DAARU PAKAA
JAARY (à vérifier), qu’il quittait chaque jour pour venir se recueillir auprès de la tombe
de sa grand-mère.
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Parmi ceux que le Cheikh a eu à envoyer à POROKHANE, on peut aussi citer CHEIKH
MOUHAMADOU MAMOUNE fils aîné de son petit frère CHEIKH SIDY MAKHTAR
(MAME CHEIKH ANTA) ; du vivant du Cheikh, il s’y rendait chaque année, en une
période bien déterminée, pour y organiser des fêtes et des cérémonies ; au cours
desquelles, toutes sortes de collations délicieuses, de nourritures agréables, étaient
distribuées gracieusement et en abondance, aux populations locales.
Parmi ses prodiges :
Parmi les prodiges de notre dame MARYAMA BOUSSO surnommée (la voisine de
DIEU). On peut citer celui que nous a raconté son petit-fils, le troisième calife général
des Mourides (CHEIKH ABDOU-L-AHAD), dans l’une de ses discours, évoquant les
tentatives d’assassinat perpétrées sur la personne du Cheikh, pendant l’exil, il dit :
« lorsqu’il fut précipité au fond de l’abîme, les habitants du royaume des cieux se
précipitèrent vers lui pour le sauver il leur dit ce qu’avait dit l’ami de DIEU IBRAHIM : si
vous êtes venus sur ordre du Seigneur, j’accepte volontiers. Si tel n’est pas le cas,
laissez-moi avec mon Seigneur qui est Omniscient. Il y resta quelque temps, y composa
un poème avant que ne vienne sa mère (la voisine de DIEU) le retirer de là, par la
volonté divine. Puis, elle lui dit retourne dans ton travail. En ce moment, elle n’était plus
de ce monde. »22
Elégie du grand érudit MASSAMBA MARYAMA dédiée à notre dame MARYAMA
BOUSSO :
MASSAMBA MARYAMA fils de CHEIKH MASSAMBA ANTA DIOP lui a consacré une
élégie. Dans ce poème, il détaille avec une finesse et un art exquis ses nobles qualités,
sa sainteté et ses hauts faits :
« Originaire de ce pays, descendante du prophète, une lignée noble dont la
prééminence est évidente ».
« Quant à son père, son frère et son oncle, ils sont les meilleurs guides, de par leurs
qualités morales et spirituelles ».23
On rapporte que ce CHEIKH MASSAMBA MARYAMA a passé sa vie estudiantine
auprès de CHEIKH MOUHAMADOU MBACKE (MAME MOR ANTA SALY) et était, déjà
à cette période, très émerveillé par la sainteté de cette grande dame MARYAMA
BOUSSO, sa douce affabilité, sa politesse marquée et très prévenante qui partant, la
distinguait encore des autres femmes. Il est même allé jusqu’à essayer de la tester pour
vérifier la véracité des qualités morales qu’on lui attribuait. A ce propos, il dit : «un jour
dans la chaleur infernale de l’été -dans cette partie du SALOUM faisant partie des
zones les plus chaudes du pays- la sainte dame revenait de son puits lointain portant
de l’eau, je recourus à un habile subterfuge pour renverser son eau. Lorsqu’elle s’en est
aperçu, elle n’a fait aucun geste ni manifesté dans son visage une mine rébarbative
exprimant un sentiment de colère ou de mécontentement. Mais, elle s’est plutôt
adressée à moi avec un ton glacial et poli et dit : le plus important c’est de préserver le
peu d’eau qui reste pour que le CHEIKH (son époux) puisse s’en servir, en cas de
besoin. Puis, elle est repartie sur la pointe des pieds chercher de l’eau ; malgré la
chaleur torride et la distance lointaine, à cette époque. C’est à partir de ce moment que
le sieur MASSAMBA MARYAMA s’est convaincu de la véracité de toutes les nobles
qualités que les siens et les siennes lui avaient attribuées.
Son immortalisation par la poésie :
Les plus grands poètes et les plus grands érudits de notre époque ont consacré à notre
dame MARYAMA BOUSSO des œuvres poétiques exquises pour tenter d’immortaliser
ses exploits et ses hauts faits. Les plus illustres d’entre eux sont :
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accomplir des prières surérogatoires dans lesquelles elle récitait tout le Coran. « Parmi
les exploits les plus célèbre que l’histoire a noté à son sujet - que DIEU l’agrée – Elle a
vécu longtemps, mais sa vie était empreinte de grâces et de bénédictions. Elle a
commencé, dès l’âge de trente ans, à terminer chaque nuit la lecture de tout le Coran,
en huit RAKKAS. Une habitude qu’elle a su perpétuer jusqu’à son rappel-à-DIEU.24
Elle s’occupait de l’éducation des jeunes filles, enseignait le Coran honoré et les textes
religieux aux enfants. Ce qui avait fait d’elle une grande éducatrice qui enseignait tous
les domaines : l’exégèse du Coran, « le FIQH » (la jurisprudence) les hadiths, les
événements marquants de l’Islam et la bonne croyance. Comme nous l’avons dit plus
haut, elle dispensait tous ces domaines scientifiques aux hommes comme aux femmes,
au même titre : le « MUXTASAR » de CHEIKH KHALIL l’un des plus grands ouvrages
de « FIQH » dans l’école de l’Imam MALICK, le « MAQAAMAATUL HARIIRII » dans le
domaine des lettres, de la poésie et de la littérature arabe classique et bien d’autres
domaines. C’est elle aussi qui s’est occupée de l’éducation de sa fille MARYAMA
BOUSSO (la voisine de DIEU). Elle a assuré sa mémorisation du Coran, et lui a
enseigné plusieurs textes religieux, des prières, des invocations en faveur du prophète
dont le célèbre ouvrage « DALAA ILUL XAYRAAT » (les indications des bienfaits). C’est
elle aussi qui s’est occupée de l’éducation de la dame ANTA NDIAYE mère de CHEIKH
SIDY MAKHTAR (CHEIKH ANTA MBACKE).
Son séjour à NAAWEL :
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Après le rappel à DIEU de son époux, SOKHNA AÏSSATOU MBACKE est restée dans
son foyer avec son fils aîné CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO. Ensemble, ils ont
migré vers le SALOUM, pour répondre à l’appel de MABBA DIAKHOU BA. Après un
long séjour au SALOUM, ils sont allés s’installer à BAAWUUS KOTO (à vérifier), avant
de continuer vers NAAWEL pour y rester définitivement. Le village de MAME ASTA
WAALO à NAAWEL était un refuge et une échappatoire pour tous ceux qui fuyaient les
assauts répétés des tyrans et des oppresseurs « THIEDDOS ».
Conscients de ses prodiges, de son ascétisme et de sa chasteté, les rois avaient peur
d’elle. Ils ont, à plusieurs reprises, essayé de la nuire mais n’en sont jamais parvenus
parce qu’elle était dotée de pouvoirs mystiques et de sciences occultes qui émanaient
directement de son Seigneur. Le roi du SALOUM que l’on surnommé « BOROM
SALOUM » de son vrai nom KOUDOUL BOOKHE (à vérifier) était un homme vicieux et
redoutable qui tentait sans cesse de causer des ennuis à ses voisins des villages
environnants. Pour se prémunir contre cet homme dangereux, ils s’étaient appropriés
le sens des paroles suivantes :
« Si tu éprouves une crainte réelle envers ton Seigneur, l’Unique, tu seras craint par
toutes les créatures ».
«La protection divine vaut mieux qu’une multitude de boucliers défensifs et de hautes
tourelles ».
Les soldats venaient solliciter ses prières avant d’aller au combat. Elle détenait le secret
que l’on appelle le sabre des ennemis. Secret qu’elle a transmise à son petit-fils
CHEIKHOUL KHADIM qui en composé son tout premier poème « AS-SINDIIDI » (le
héros), pour ensuite le lui remettre. CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL avait l’habitude
de dire que DIEU l’a récompensé d’une fille sainte et vertueuse, surnommée
« JAARATU LAAHI » (la voisine de DIEU).
Son rappel à DIEU :
Notre dame AÏSSATOU WAALO MBACKE a été rappelée à DIEU en 1883 à NAAWEL,
dans l région du SALOUM, près de la ville de MBIRKILAANE. CHEIKHOUL KHADIM
s’était lui-même rendu à ses obsèques pour présenter ses condoléances. Par la suite, il
a suggéré à son oncle, qui était avec lui, d’aller rendre visite à son ami, CHEIKH
MAKHTAR PENDA SY, qui se trouvait dans une localité très proche. Comme nous
allons le voir plus tard dans les biographies qui seront consacrées à CHEIKH MOR
KHARY SY et CHEIKH MALICK BASSINE SY. S’il plait à DIEU !
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49 Deuxième partie consacrée à ses nobles fils. Que DIEU les agrée.
Deuxième partie consacrée à ses nobles fils. Que DIEU les agrée.
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Il avait accompagné son père lors de son deuxième exil en Mauritanie. Ce séjour en
Mauritanie a été pour lui une grande opportunité, car il lui a permis d’approfondir ses
connaissances religieuses, linguistiques, littéraires et spirituelles. Il était très attaché à
son père, pendant cette période, ce qui lui a permis de pouvoir bénéficier de son
éducation spirituelle et de ses orientations dans la voie soufie. Ainsi, il se lança sur le
chemin cahoteux des élus de DIEU, sous la conduite de ce vénéré père qui l’a initié
dans la voie de l’aspiration au Seigneur, de l’élévation spirituelle et de l’engagement au
service de l’éducation islamique authentique. « Et cela, en passant par la
désaccoutumance de l’âme aux futilités mondaines ; le désintéressement devant
l’appât irrésistible des prestiges, des privilèges et de l’argent, et l’assiduité dans
l’accomplissement des œuvres de bienfaisance, l’intention sincère en toutes
choses, la recherche des objectifs de la CHARIA et des sagesses cachées dans
ses enseignements ; par la pratique des invocations, de l’ascétisme, la réalisation
d’œuvres caritatives en faveur des saints et de tous les autres musulmans, de
façon ininterrompue, tout en favorisant l’intérêt des autres ; mais aussi et surtout
par la pratique continue du jeûne et des dures labeurs, sans pour autant délaisser
les invocations par la profession de foi, les panégyriques du Cheikh, en restant
en permanence en état de pureté, en adoptant la posture de l’isolement volontaire
vis-à-vis des gens plus particulièrement des femmes ».
Tout cela s’est produit en Mauritanie, dans un environnement désertique pénible. Vu la
rareté de l’eau dans cette zone, ils éprouvaient des difficultés énormes pour se procurer
du liquide précieux. En plus de cela, les produits se faisaient rares et les conditions de
vie et de survie de plus en plus difficiles. L’auteur de « MINAN » nous raconte un
événement qui illustre à bien des égards l’ampleur des difficultés et des conditions de
vie pénibles :
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Il faisait partie de la délégation qui a accompagné son père à Dakar, en 1921, pour
répondre à l’invitation du gouverneur général de l’Afrique occidentale française. C’est lui
aussi qui avait remis à son père (CHEIKOUL KHADIM), la rondelette somme de cinq
cent mille francs CFA (500.000) ; avec laquelle ce dernier avait aidé la France, venue le
solliciter, à relever sa devise (le francs CFA), après sa chute causée par les
répercussions de la Première Guerre Mondiale.
Son approche dans l’éducation des Mourides :
Il avait reçu l’ordre d’éduquer les Mourides et de créer le village de « HUSNUL MA-
AAB » uniquement pour accomplir cette mission. C’est un village qui se trouve à
environ 7 km de Touba, il était autrefois un point de convergences des tribus nomades
« FULAANIYIINA » qui s’y retrouvaient pour abreuver leurs ovins et leurs caprins dans
un étang appelé TINDOODI. Sa méthode d’éducation est basée sur les mêmes
principes que celle appliquée par son père en Mauritanie. Telles que : la sincérité dans
l’aspiration, les objectifs et les préoccupations tournées vers DIEU, l’ascétisme
consistant à se détourner du bas monde et à se concentrer sur le Seigneur. On
rapporte que l’abnégation, la détermination et le dévouement de CHEKH
MOUHAMADOU MOUSTAPHA avait atteint un niveau très élevé. Il était allé jusqu’à se
raser et se tresser les cheveux de la même façon que les disciples en service ; et se
comportait de la même manière qu’eux dans les moments de labeur ; jusqu’à ce que
son père lui interdit ces genres de comportement, en lui faisant savoir que sa méthode
d’éducation doit se baser sur : la science exacte, l’action méritoire et la politesse
exquise qui seront désormais les principes fondamentaux de sa méthode d’éducation.
La période passée à HUSNUL MA-AAB lui a permis d’éduquer un grand nombre de
disciples et d’effectuer des réalisations importantes dans le domaine de l’éducation, de
la culture dont : l’édition de plusieurs exemplaires du Saint Coran qu’il remettait à son
vénéré père en guise d’offrande, ce qui, à l’époque, était rarissime, dans ce pays. Ses
offrandes envers son père ne se limitaient pas à cela, car il lui faisait parvenir jusqu’à
Diourbel des sommes colossales d’argent et tout le rendement de ses activités
agricoles. Cette lettre adressée à son père à la fin du mois de « ZUL-HIJJA »
(douzième mois lunaire du calendrier hégirien ou mois de la Tabaski et du pèlerinage
aux lieux saints de l’Islam) de l’année 1345 de l’hégire, en dit long : «Expéditeur :
CHEIKH MOUSTAPHA-ALKARIM ; Destinataire : Cheikh AHMADOUL KHADIM ;
Objet : Offrande d’une valeur de mille dirhams ; NB : c’est la dernière offrande que
CHEIKHOUL KHADIM a reçu sur terre. S’adressant à celui-ci, il dit : Au nom de DIEU le
Très MiséricorDIEUx, le Tout MiséricorDIEUx. J’exprime auprès de votre Majesté le
repentir éprouvé par l’esclave fautif, incapable de régler son sort. A travers cette lettre
que j’ai remise au transmetteur j’ai exprimé et formulé des vœux de gratitude et de
reconnaissance à la hauteur des faveurs qui se trouvent dans la sourate « ALQADRE »
(la destinée). Je ne place mes espoirs à personne d’autre que vous dans l’ici-bas et
dans l’au-delà. Ne me laisse avec personne d’autre. Que la paix soit sur vous !
MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE ».
En guise de réponse, le Cheikh lui dit :
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«L’offrande attire l’aspirant vers la félicité, les degrés les plus élevés, la richesse, la
longévité, la sympathie et l’admiration des gens, la préséance hiérarchique chez les
compagnons de même génération. Il vous préserve également de la vue de « NAKIR »
et de« MUNKAR » (les deux chargés de faire subir l’interrogatoire aux morts), vous
assure un passage rapide au moment de traverser le pont « SIRAAT », l’entrée au
Paradis sans subir des règlements de compte, une protection contre les affres de la
tombe, la décomposition qui vous mettrait à la disposition des fourmilles de la tombe,
etc. »
«L’offrande comporte des bienfaits qu’on ne saurait ni écrire à la plume, ni prononcer
par la langue. Parce qu’une seule offrande peut valoir, au moins, à son hauteur, douze
milles bienfaits, en récompense. Seul DIEU connait la plus grande récompense que son
hauteur pourrait y obtenir. Il est digne de gloire et de louange ! Que la paix soit sur
vous, MOUHAMED fils de MOUHAMED fils de HABIIBALAAH.
Le Cheikh lui a témoigné à plusieurs reprises sa satisfaction, la sincérité de son
aspiration, sa détermination absolue et son abnégation dans l’accomplissement des
œuvres pieuses. Malgré tout cela, il n’a jamais délaissé sa noble mission
d’enseignement et de consultances, dans les questions les plus pointues de la religion,
et d’éducation des disciples jusqu’au rappel-à-DIEU de son père, marquant le début de
son califat.
Sa production littéraire et scientifique :
Il à rédiger beaucoup de contributions scientifiques en prose et en poésie dont :
Le recueil de ses discours et recommandations adressés aux Mourides à l’occasion des
cérémonies.
Le recueil de ses poèmes publié par CHEIKH ABDOU-L-AHAD dans la catégorie des
recueils écrits par les Sénégalais.
Son califat et ses réalisations :
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Pour cette raison, il avait l’habitude de dire qu’il se gardera toujours de commettre des
erreurs de communication durant son califat ; et que s’il lui arrivait de le faire, ce serait
alors l’erreur de toute une communauté ; vu l’importance qu’il accordait à la
concertation, avant de se prononcer sur un sujet, ou prendre une décision quelconque.
Il disait aussi que ses conseillers étaient des gens dotés d’une clairvoyance
extraordinaire, des gens qui, si ce n’était pas mes liens familiaux directs avec le Cheikh,
ne m’auraient pas suivis comme guide ou acceptés de me faire allégeance. C’était cela,
le point de vue qu’il avait dans la gouvernance et la gestion de la communauté. Ce qui
lui, sans doute, permis de réussir le pari très difficile de l’unification des Mourides autour
de l’essentiel et de les amener à obéir à ses ordres et recommandations de manière
inconditionnelle, comme le voulait le Cheikh qui demande à son Seigneur :
« Ô mon Seigneur mettez tous mes disciples dans Ton bastion inexpugnable et fais
qu’ils soient unis. »
Sa détermination à éduquer et à instruire ses petits frères et sœurs conformément
aux recommandations du Cheikh qui lui avait confié cette exaltante mission a été très
remarquable. Il n’avait ménagé aucun effort pour la réussite de cette mission. Après
avoir parfait leur éducation religieuse, il les avait affectés dans des localités différentes
du pays et leur avait confié - à chacun -, des disciples à qui il avait demandé de leur
faire allégeance.
C’est ainsi qu’il affecta CHEIKH ABDOU-L-AHAD à KABBOU GAYE et CHEIKH
SALIOU à MBOUR, ainsi de suite.
Sa méthode d’éducation inspirée de son père :
C’est une méthode d’éducation basée sur la prédication par la sagesse et par la bonne
parole, l’engagement sur le chemin du « DJIHAD » par la science et la crainte
révérencielle, comme l’a préconisé son vénéré père. En agissant ainsi, il aura diminué
l’adversité des Colons vis-à-vis des Mourides, et ira jusqu’à les amener à servir ses
intérêts. Avec la nomination d’un chef coutumier chargé de veiller au développement du
terroir tant sur le plan matériel que moral, plus particulièrement dans les zones
agricoles, et au développement des zones rurales.
La réalisation des projets que CHEIKHOUL KHADIM avait voulu dans sa ville sainte
(Touba, la protégée) :
Centre d’enseignement des sciences :
En tant que premier calife, il a mis en œuvre les vœux et les recommandations de son
père dans les l’enseignement et la recherche en ouvrant un centre d’enseignement pour
permettre aux enfants musulmans de se former dans les nombreux domaines de la
science et d’approfondir leur connaissances jusqu’à devenir de grand érudits de la
religion à la suite du Cheikh qui, dans l’un de ses poèmes intitulé : « LAQAD JAA-
AKUM » (LIMAAHIN BACHIIRIN), il dit :
« Grâce à MOUSTAPHA , Le Très Saint m’a confié des écoles qui vaincront la
nuisance, l’ignorance et l’affliction ».
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Pour cette raison, il avait fait venir Cheikh HABIBOU MBACKE, un très grand érudit,
connu par son érudition mais aussi et surtout par sa crainte envers le Seigneur et sa
culture générale, pour lui confier cette exaltante mission, en mettant à sa disposition
tout le confort matériel nécessaire à son épanouissement pour qu’il se consacre
uniquement à l’enseignement des sciences religieuses. Pour commencer, il réunit ses
petits frères : CHEIKH ABDOU-L-AHAD, CHEIKH SALIOU, CHEIKH CHOUHAÏBOU et
son fils aîné CHEIKH AHMADOU MBACKE et les confia à CHEIKH HABIBOU pour les
besoins de leur apprentissage des sciences religieuses.
La construction de la grande mosquée de Touba :
Malgré les conditions de vie difficile et la crise qui affectaient toute la planète et plus
particulièrement le Sénégal, CHEIKH MOUSTAPHA a réussi la réalisation du vœu de
son père. En commençant d’abord par :
Le prolongement du chemin de fer jusqu’à Touba :
En effet, ce prolongement du chemin de fer était une condition sine qua non, un
préalable ; car il devrait permettre l’acheminement des matériaux de construction vers
la ville sainte de Touba. Les Mourides, dans leur ensemble, étaient dans l’obligation
d’apporter leur contribution financière et en main d’œuvre, pour la réalisation de ce
grand édifice historique. Et personne ne pouvait imaginer l’ampleur des difficultés
rencontrées par les Mourides à cette époque. Si l’on s’en tient au contexte historique
marqué par la Deuxième Guerre mondiale et la Grande Crise économique des années
1930 qu’ils ont vécues. En plus de cela, le Sénégal a connu une grande épidémie de
peste qui a dévasté tout le pays et a fait un nombre incalculable de victimes ; avec
aussi son corolaire (la faim), qui sévissait partout ; chacune de ces calamités naturelles
pouvait, à elle seule, compromettre ce projet grandiose. Mais CHEIKH MOUHAMADOU
MOUSTAPHA, ferme comme un roc, a tenu tête à la Métropole française qui a usé de
tous les moyens pour le dissuader. Il n’a jamais été ébranlé, il n’a jamais reculé, ce qui
lui aura permis de réaliser un grand nombre de projets, avant de partir rejoindre son
père.
La construction des villages propices à l’adoration du Seigneur et à l’éducation,
dont celui de TOUBA KIIL (à vérifier), etc.
Sa personnalité et ses traits de caractère :
CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA était d’une grande sagesse et d’une habilité
remarquable. Il a toujours fait preuve de patience, d’abnégation, de sagesse et de
clairvoyance devant les adversités et les épreuves de la vie. C’était un homme doué,
d’une intelligence supérieure, un homme averti, très magnanime, très posé et très
prudent lorsqu’il fallait prendre des décisions. Il était classé parmi les plus grands
monuments de la science, de la culture et de la littérature du Sénégal, au regard de sa
contribution dans la vulgarisation de la science et de la littérature. Il a éduqué ses
enfants dans l’amour et le dévouement envers la science. Les efforts entrepris par ces
derniers, dont CHEIKH AHMADOU MBACKE, dans la promotion et la propagation de la
science et de la culture arabe, partout dans le pays, en sont une parfaite illustration.
Tout le monde est au courant des performances et des réalisations de l’école de
DAARU QUDOOS, par l’envoi des missions scientifiques, des bourses aux étudiants,
ainsi que d’autres formes d’aide.
Ses relations avec les autres dignitaires de la communauté mouride :
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Ses relations avec ses nobles frères et sœurs étaient empreintes d’amour de respect
mutuel selon la coutume et les règles de bienséance établies par leur père qui,
s’adressant à son Seigneur, dit :
« Fais que les plus petits respectent les plus grands, que les plus grands portent
assistance aux plus petits.
La voie de la politesse commence par la commisération envers les deux parents et le
respect envers les aînés.
Traites ton alter ego comme tu te traites toi-même, en y recherchant l’agrément de
Celui qui exerce son emprise sur le trône ».
Quant à ceux, parmi ses frères qui avaient presque le même âge que lui, comme
CHEIKH FALLOU, il avait fait d’eux ses ministres et ses proches collaborateurs à qui il
avait confié l’exécution la diligence de certaines affaires concernant la communauté.
CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR était, quant à lui, son plus proche collaborateur et
conseiller. Quant à ceux parmi ses frères qui étaient plus jeunes, il avait fait de leur
éducation et de leur instruction religieuse un sacerdoce, en déployant toutes les
énergies imaginables pour sa réussite. Il les a aidés à affronter les nombreuses
péripéties de la vie ; après les avoir initié sur le chemin de l’entreprenariat et de la
responsabilité, par la création de villages sur son ordre, et les associé dans l’éducation
des Mourides en leur confiant des disciples qu’ils devront instruire éduquer et former au
travail et à la production agricole. Il lui arrivait parfois de les envoyer s’occuper d’une
affaire importante ou pour le représenter dans un événement ou une cérémonie.
Quant à ses relations avec les grands dignitaires de la communauté : ses érudits et
grands cheikhs, elles étaient empreintes d’amour d’estime et de révérence et de
soumission envers sa personne, malgré les tergiversations, les réticences du début de
son règne et les allégeances tardives de certains. Ils ont tous, par la suite, accepté de
se soumettre corps et âmes à lui en participant très activement à la réalisation de ses
nombreux projets.
Ses relations avec les guides soufis du Sénégal :
Ses relations avec ses frères musulmans, en l’occurrence les guides soufies du
Sénégal, étaient exemplaires et empreintes de convivialités et de respect mutuel. Quant
à CHEIKH HADY TOURE et CHEIKH KOUNTIYYU de NDIAASAAN, ils avaient entre
eux des relations parentales qui se seront, par la suite, fortifiées par des alliances (des
mariages).
Il en était de même avec les autres « MUQADDAM » (grands dignitaires) de la
Confrérie tidiane.
Son rappel à DIEU :
CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA a été rappelé à DIEU en 1945, il repose
désormais près de son père, dans l’enceinte sacrée de la Grande Mosquée de Touba.
Que DIEU l’agrée et fasse que nous bénéficions de ses bienfaits !
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Parmi les érudits qui ont été sous sa tutelle, on peut citer : SERIGNE MBACKE
BOUSSO calife de SERIGNE IBRAHIMA BOUSSO, CHEIKH OUSMANE BOUSSO,
SERIGNE NDIAYE GUEDE, CHEIKH MALICK DIOP du village de CAYAAR, SEIGNE
NAAR DIENNE fils de CHEIKH BAARA DIENNE, SERIGNE MODOU NDIAYE BINTA,
CHEIKH MBAYE SYLLA et tant d’autres érudits qui ont tous été formé à l’école de
CHEIKH MOUHAMADOU FAADILOU.
Lorsque son père était en résidence surveillée à DIOURBEL, il faisait preuve de
beaucoup de générosité envers lui, tout le rendement de sa production agricole et tout
ce qui lui parvenait comme richesse et argent était directement acheminé vers
DIOURBEL, chez son vénéré père, en guise d’offrande. Il a également rédigé de sa
propre main 28 exemplaires du Saint Coran qu’il a offert à son père, à l’occasion de ses
nombreuses visites à DIOURBEL. Mais la plupart de son temps, il le passait à
DENDEYE pour se consacrer entièrement à l’adoration de DIEU, au travail, et à la
propagation du message de son père en guidant les gens sur le droit chemin, en les
éduquant et assurant l’élévation spirituelle des aspirants. Après le rappel à DIEU de son
père, il n’avait pas tardé à proclamer son allégeance à son frère aîné CHEIKH
MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE. En plus d’être son conseiller, il déployait
tous les efforts nécessaires pour l’aider à gérer et à administrer les Mourides. Celui-ci
lui avait confié la fouille et l’exploitation des gisements de pierres et de bétons
nécessaires à la construction de la Grande Mosquée de Touba. Il s’est attelé à ce
travail de recherche et d’exploration jusqu’à découvrir la carrière de NDOKK, village
situé à quelques kilomètres de Touba. C’est lui également que CHEIKH MOUSTAPHA
avait chargé de procéder à l’inauguration de son village TAÏF et de lui choisir un nom.
Immédiatement après avoir procédé à la consécration du village, il improvisa ce vers de
poésie pour le baptiser :
« Ô toi qui mène une vie itinérante pour fuir les difficultés de la vie, attache-toi au calife
MOUSTAPHA à TAÏF.
Il est le refuge des veuves et de tous les démunis, qu’ils soient plein d’espoir ou qu’ils
aient peur. »
Sa personnalité et ses traits de caractère :
CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL était, sans aucun doute, une personnalité religieuse
très influente dans la vie politique de son pays. Il était non seulement un dirigeant au
plan national mais un guide spirituel éclairé très au fait des réalités de son époque. Son
attachement indéfectible et son amour profond à l’égard du serviteur du prophète
Muhamed , son maître spirituel et son guide était connu de tous, comme nous
pouvons le constater dans son poème intitulé : l’amour avoué et inavoué à l’égard du
Cheikh. Il faisait partie des soufies célèbres de par leurs prodiges et leur degré de
sainteté. Des récits émouvants concernant ses prodiges ont été racontés par CHEIKH
MOUHAMADOU LAMINE DIOP DAGANA, dans son ouvrage intitulé : « MINAHUL
MISKIYYA FI QAWAARIXIL MBAKKIYYA » (les gratifications musquées dans la
contemplation des prodiges de AL-MBAKKIYYU). Il était caractérisé par une élégance
raffinée, une ouverture d’esprit et un humour ironique irrésistible. On raconte à son sujet
des récits éminemment poétiques ponctués de nombreuses scènes humoristiques :
Dans ces moments d’humour, il disait parfois ce vers de poésie :
« Certes, je plaisante beaucoup, mais je ferai toujours preuve de fortitude. »
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Sa poésie se limite essentiellement aux éloges dédiés à son père, son guide spirituel
(CHEIKH AHMADOU BAMBA) ; avec un penchant pour les particularités les plus
recherchées dans les éloges faits en faveur des soufies pour mettre en exergue leurs
degrés de sainteté, leurs honneurs suprêmes et leurs nombreux prodiges. De même,
on retrouve dans sa poésie, une partie réservée aux communions avec le Seigneur, aux
« TAWASULS » (prières adressées au Seigneur par l’intermédiaire des grâces et
bénédictions accordées aux Saints) et aux invocations. Il a également prié pour le
Sénégal, dans un poème composé de douze vers. Dans ce poème composé après
l’année de sécheresse qu’avait traversé le pays, il demande au Seigneur de dissiper les
ennuis avant de le terminer par des invocations en faveur de notre maître le prophète
Muhamed . L’essentiel de sa poésie est axé sur son école soufie ; et pour la véhiculer,
il fait recours au langage de la transmission avec un peu d’imaginaire dans son style.
Après avoir effectué le pèlerinage à la Mecque, il a eu la présence d’esprit de nous
livrer le récit de son voyage, avec un style abordable, facilitant ainsi la transmission. Ce
voyage -rappelons-le-, a été effectué huit mois seulement, après le rappel à DIEU de
CHEIKHOUL KHADIM, suivant ses recommandations.
Durant tout le magistère de son grand frère, il était resté à ses côtés, en étant son
ministre et son meilleur collaborateur et soutien. Pendant cette période, il s’occupait
également de l’enseignement, des « FATWAS » et de l’éducation des Mourides. Il est
resté ainsi jusqu’au rappel-à-DIEU de CHEIKH MOUSTAPHA qui marque le début de
son ère.
Son califat et ses réalisations :
CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL MBACKE a accompli sa mission de calife de la plus
belle manière. Son éducation spirituelle l’a guidée dans la gestion des affaires de la
communauté. Cette éducation est basée sur trois principes : l’allégeance, la
consultation, et le bon conseil. Sa première préoccupation a été de poursuivre l’œuvre
grandiose d’édification de la Grande Mosquée de Touba, déjà entamé par son grand
frère CHEIKH MOUSTAPHA AL-KARIM. Il l’inaugura le 07 juillet 1963. Le contexte
économique et les conditions de vie, tant au plan national qu’au plan international,
n’étaient pas favorables à la réalisation d’un tel édifice, comme nous l’avons expliqué
dans le chapitre réservé à CHEIKH MOUSTAPHA. Cette situation avait entrainé la
suspension des travaux de construction de la mosquée, en un moment donné, plus
précisément de 1939 à 1945. Aussitôt après son intronisation, il avait ouvert un compte
bancaire et avait demandé à chaque Mouride de s’acquitter de la somme de vingt-huit
(28) francs CFA, en guise d’offrande, pour finir les travaux de la Grande Mosquée de
Touba. C’est ainsi que les Mourides se sont levés pour organiser la collecte des
donations. Certains allaient jusqu’à dépenser tous leurs rendements agricoles pour
participer aux travaux de finition de la mosquée. Ils se sont ainsi comportés jusqu’à la
fin des travaux. Ce fut un lundi, douzième jour du mois de RAJAB de l’année 1382, à
l’occasion de laquelle, il composa ces vers de poésie :
« Comme cela a toujours été mon désir le plus ardent, je me félicite de sa réalisation
dans la maison de la béatitude et de la félicité éternelle.
Restes éternellement dans cette opulence, toi qui est mon guérisseur agréé, mon
guide, le serviteur du prophète . »
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Sa relation avec ses nobles frères et sœurs, les enfants du Cheikh étaient empreintes
d’une fraternité et d’une convivialité exceptionnelle. Car, il les considérait comme les
enfants de son Cheikh, avec un respect affectueux et un amour sincère. Il ne faisait pas
de distinction entre ceux qui sont plus âgés que lui et ceux qui sont moins âgés que lui ;
encore moins entre les hommes et les femmes. Il avait toujours à l’esprit l’idée selon
laquelle, ils étaient tous les enfants de son Cheikh et qu’il devait leur vouer le même
respect qu’il avait envers ce Cheikh qu’il ne considérait plus comme son père. Il ne
lésinait pas sur ses moyens et ne ménageait aucun dans les actions qu’il menait pour
raffermir et mieux souder les liens qui les unissaient en effectuant des visites
périodiques et inopinées chez eux, en leur donnant des offrandes et en baptisant ses
propres enfants d’après eux. Sous ce rapport, il ne serait pas étonnant de retrouver
dans sa familles les noms suivants : MOUSTAPHA FAADILOU qu’il a baptisé d’après
son grand frère, puis le lui a confié pour qu’il assure son éducation ; CHEIKH
MOUHAMADOU AL-AMIINE BAARA, sixième et actuel calife que DIEU lui accorde une
longévité ; MOUHAMADOU BACHIR ; ABDOU-L-AHAD ambassadeur du Sénégal au
Koweït, les regrettés ABDOU KHADIR et SALIOU MBACKE et d’autres. On trouve
également parmi ses filles les noms suivants : MAÏMOUNA ; MOUMINA ; AMINATOU ;
qu’il a choisi pour chercher la bénédiction de leur tante paternelles et vivifier la fraternité
« khadimienne ». Tout cela, pour affirmer avec force que CHEIKH MOUHAMADOU
FAADIL a, durant toute sa vie, veillé à la consolidation des liens de parenté et de
fraternité qui le liaient avec tous les enfants de son maître, son guide spirituel, pour ne
pas dire son père.
Quant à ses relations avec la famille Mbacke dans son ensemble, il s’est acquitté de la
plus belle manière de son devoir vis-à-vis d’eux, en cultivant chez lui l’habitude de
rendre périodiquement des visites aux plus proches, mais en vouant à chacun le
respect et la considération qui sied à sa personne et à son statut vis-à-vis de lui. En
commençant par son oncle MAME MOR DIARRA, le frère germain de notre Cheikh et
CHEIKH IBRAHIMA qui fut le bras droit du Cheikh. CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL
doit à ces deux derniers la plus grande partie de son érudition dans les domaines des
sciences religieuses et littéraires. Et comme dit l’adage : « celui qui t’a enseigné une
seule lettre est ton maître ».
Lorsque CHEIKH MOUHAMADOU SOKHNA DIARRA fut rappelé à DIEU, CHEIKH
MOUHAMADOU FAADIL lui avait consacré un poème élégiaque qui commence ainsi :
« Ainsi va la vie, s’il te rend heureux aujourd’hui, sache que le chagrin suit toujours le
plaisir.
La mort de CHEIKH AHMADOU DIARRA est une grande catastrophe, un grand
malheur parmi les malheurs des temps »
Pour vivifier les liens solides et affectueux qui les liaient, il a entrepris, dès son
accession au califat, la construction de la Mosquée de MBACKE KHEWAR. Durant
toute sa vie, il n’a jamais cessé de visiter son mausolée à MBACKE BAOL, tout en
faisant preuve d’humilité et de commisération. Il en était de même avec son oncle
CHEIKH IBRAHIMA ; il se rendait très souvent à DAARU MUHTY pour visiter son
mausolée et prier pour lui. Au cours d’une de ses visites, il lui avait dédié ces vers de
poésie :
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Nous choisirons de parler de ses relations avec l’ancien président du Sénégal, Léopold
Sédar Senghor et celles qu’il entretenait avec le Cardinal HYACINTHE TIANDOUM.
Quant au premier, il voyait en SERIGNE FALLOU un père tendre, un grand soutien
dans sa politique, un patriote dévoué à son pays, un érudit, un éducateur et un
producteur. Quant à SERIGNE FALLOU MBACKE, il voyait en Senghor toutes les
qualités scientifiques, culturelles et politiques requises, pour présider aux destinées de
ce pays.
Quant au Cardinale TIANDOUM, son attitude à l’égard de SERIGNE FALLOU traduisait
la quintessence même du dialogue islamo-chrétienne fondé sur la coexistence pacifique
et le bon voisinage, conformément aux recommandations du texte coranique : « Allah
ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitable envers ceux qui ne vous ont
pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car
Allah aime les équitables. « ALMUMTAHANATU » (l’éprouvée) » V8, S60
Lorsqu’ALHADJ MOUHAMADOU FAADILOU fut rappelé à DIEU, le cardinal
TIANDOUM, présent aux funérailles, lui avait rendu un vibrant hommage, un
témoignage historique ; les larmes aux yeux il disait : « nous avons perdu une
personnalité religieuse, éminente, un grand patriote, qu’on pouvait assimiler au père de
l’humanité le prophète ADAM (HALEYHI SALAAM), parce qu’il était le père de tout le
monde. Il vouait à toutes les créatures un amour et une commisération par
considération à leur Créateur.
Ses relations avec l’Etat du Sénégal :
Il était très actif aussi bien dans la vie religieuse que dans la vie politique ; jusqu’à être
considéré comme étant le modèle de guide spirituel le plus idéal de son époque et de
son terroir. Il avait une influence décisive dans les affaires politiques de son pays. Sa
parole célèbre – au cours d’une discussion tenue avec le Chef du gouvernement d’alors
(MAMADOU DIA)- est restée gravée dans la mémoire collective des Sénégalais. Il
disait : « je suis le Sénégal ». Nous savons tous que CHEIKH FALLOU avait apporté à
Senghor un soutien efficace et indéfectible au détriment de MAMADOU DIA qui n’était
pas calé en politique, ne savait pas négocier avec les dirigeants religieux de la trempe
de SERIGNE FALLOU et n’était pas du tout tendre avec eux. Ce qui a exacerbé la
tension et empiré ses relations avec le Cheikh. Les raisons principales qui ont incité le
calife à soutenir Senghor au détriment de Dia sont personnelles et d’ordre ésotérique. Il
aurait effectué un « ISTIXAAR » (invocations adressées au Seigneur pour être guidé
vers le meilleur choix possible) pour savoir lequel des candidats en lice il devait
soutenir, puis il dit le premier qui se présentera pour me parler des travaux de la
Grande Mosquée de Touba aura mon soutien « IN CHAA ALLAH ! » (Sil plait à DIEU !)
Léopold Sédar Senghor était non seulement plus rusé et plus intelligent que les autres
candidats, mais savait comment discuter avec les religieux. C’est ainsi qu’il se présenta
devant SERIGNE FALLOU, pour lui dire ce qu’il voulait entendre et obtenir de lui ce
qu’il attendait, sans trompette ni tambour.
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En plus de cela, il serait important de préciser que SERIGNE FALLOU MBACKE, pour
ceux qui le connaissaient très bien, n’avait aucunement une mentalité chauvine ou un
esprit sectaire qui pourrait déterminer son choix. Il était loin de la bigoterie. Il avait juste
vu en Senghor toutes les qualités scientifiques, culturelles et politiques requises, pour
présider aux destinées de ce pays. Son point de vue, sa philosophie sur l’Etat et le
gouvernement était guidé par l’intérêt suprême de la nation en faisant fi des
considérations religieuses et ethniques.
Tant que les conditions n’empêchent pas l’établissement d’un califat orthodoxe ; comme
ce fut le cas en Turquie, où il fut achevé par son premier président MOUSTAFA KEMAL
ATATÜRK, il n’y a pas d’inconvénient à ce qu’on s’occupe-nous même-, du temporel,
en d’autres mots de notre système de gouvernance ; tout en privilégiant nos intérêts, si
cela ne s’oppose pas à l’esprit de la loi religieuse et à ses principes. Cette attitude
ferme vis-à-vis des préceptes religieuse a été démontré par les religieux du Sénégal,
lorsque Senghor avait voulu instauré, après le rappel-à-DIEU de SERIGNE FALLOU, la
loi portant Code du statut personnel, dans un pays marqué par un pluralisme religieux.
Ils ont montré une opposition farouche face à cette loi qui était contraire à l’esprit et aux
principes de l’Islam, et de ses enseignements. Que DIEU les agrée tous, ces
défenseurs infatigables de la religion et nous comble de leurs bénédictions.
Son rappel à DIEU :
Après avoir consacré toute sa vie au service de l’Islam, de sa patrie, et de la voie tracée
par son illustre père, il a été rappelé à DIEU la nuit du 06 aout 1968, coïncidant avec le
onzième jour du mois de « JUMAADAL UULAA » (cinquième mois du calendrier lunaire
hégirien) de l’an 1388 de l’hégire, à l’âge de 83 ans. Que DIEU l’agrée et le rétribue de
ses bienfaits en faveur de l’Islam et du Mouridisme.
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Après l’avoir initié à la lecture des lettres qui composent la « BASMALA », son père le
confia à son oncle paternel CHEIKH IBRAHIMA FATY, puis, quelques temps après, au
grand maître coranique, CHEIKH ABDOURAKHMANE LO, avec ses quelques frères. Il
va, par la suite, passer entre les mains de CHEIKH BABACAR DIAKHATE (SERIGNE
MBAYE DIAKHATE) fils du grand juge MADIAKHATE KALA. A son enfance, il fut atteint
de la variole, ce qui a été à l’origine de ses difficultés de prononciation et
d’entendement. Pour cette raison, il a eu à faire face à des difficultés d’apprentissage
avant que le Seigneur lui procure une ouverture extraordinaire, facilitant ainsi sa
mémorisation du Saint Coran, avant le retour d’exil de son père.
Il s’est, ensuite, rendu successivement auprès de ses oncles paternels, CHEIKH
IBRAHIMA FATY et CHEIKH MOMAR DIARRAA, pour y étudier les sciences
religieuses et littéraires jusqu’à devenir un grand érudit de l’Islam. Très jeune, DIEU lui
avait déjà inspiré l’amour de la science et des connaissances gnostiques. Ce qui
transparait d’ailleurs dans les prières et poèmes qu’il a rédigés. DIEU a exaucé ses
vœux, car il était un océan de savoirs et de sagesses, un abîme de connaissances
religieuses et littéraires. A ce propos, son grand frère CHEIKH MOUHAMADOU
FAADIL lui disait :
« Ton érudition, ta magnanimité, ta générosité et ta noble ascendance n’ont point
d’égal. »
Sa production littéraire et scientifique :
DIEU lui a accordé des connaissances immenses et un style d’écriture similaire à celui
de son père, aussi bien en poésie qu’en prose. Il était un grand écrivain, un poète fertile
qui, malgré son court séjour terrestre, a publié plusieurs panégyriques et ouvrages
poétiques dont :
- La pirogue des vertueux ; - Seigneur ! Tu es le Soutien
- La félicité des privilégiés ; unique ;
- La « cardiologie spirituelle » ; - Ô Toi qui crée et agit selon Ta
- La pierre précieuse ; Volonté éternelle ;
- La lumière de l’édifice ; - Le soutien du Seigneur a rendu
- Je sollicite les gens de BADR ; ma demeure agréable ;
- Le poème intitulé : bonheur à toi
la terre de Touba ;
- La versification en « BASIIT » du
poème qui commence par :
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« Je me suis exclusivement tourné vers le Seigneur notre Créateur, Il m’a octroyé les
faveurs de Ses élus.
Louange à Allah, Celui qui procure la grâce et l’honneur, que l’élévation en grade la
plus complète soit sur celui qui est choisi de par ses nobles qualités. »
Sa vie spirituelle :
Au retour d’exil de son père, CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE BARA MBACKE avait
déjà terminé ses études islamiques. Lorsque son père fut exilé une seconde fois en
Mauritanie, il l’avait invité à le rejoindre là-bas, à l’instar de ses autres frères, CHEIKH
FALLOU et CHEIKH MOUSTAPHA, pour partager avec lui ses expériences dans le
domaine du soufisme, sous la direction et la supervision du Cheikh. Ils ont ainsi vécu
avec lui quatre ans, en Mauritanie, avant d’effectuer, ensemble, le déplacement vers
THIEYEENE.
Pendant toute cette période CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE était attaché à son père
pour recevoir de lui une éducation spirituel basée sur l’apprentissage des sciences,
l’adoration du Seigneur et le travail. Ainsi, son père se chargea de l’éduquer dans la
voie de l’aspiration sincère, de l’élévation spirituelle et de l’extinction dans l’amour de
DIEU et de son prophète , libérant ainsi son cœur de toutes les futilités mondaines et
autres entraves, pour se dévouer corps et âme au Seigneur. C’est dans cette période
qu’il s’est habitué à la pratique des rudes épreuves du soufisme, allant de la réduction
de la consommation en aliment et en boisson à la sobriété en parole et en sommeil.
Comme ses frères avec il était dans le désert de la Mauritanie, il ne prenait qu’une
poignée de couscous sec et un petit gobelet d’eau, une seule fois par jour, et restait
ainsi jusqu’au lendemain à la même heure ; c’est dans cette atmosphère qu’il a été
éduqué. Tout en endurant avec une patience admirable toutes ces épreuves, il ne se
lassait jamais de prononcer les formules d’invocation, ou de se consacrer à la lecture
du Coran, l’écriture des poèmes et panégyriques du Cheikh dédiés au prophète ,
grosso modo, il était un disciple, un aspirant sincère, très engagé dans cette voie
spirituelle de l’aspiration et de l’élévation ; et très prompt à accomplir les ordres et
recommandations du Cheikh, avec une finesse exquise et une habileté remarquable.
Sa consécration sacerdotale pour l’éducation et la formation des disciples :
Au cours de son séjour à THIEYEEN, son père l’avait envoyé à SANUSI, auprès de son
oncle maternel CHEIKH NAASIR LO ; c’est dans ce village que vit le jour son fils aîné
CHEIKH MOUHAMADOU HAFIIZ. Par la suite le Cheikh l’invita à se rendre à MBACKE
CADIOR, en 1910, chez son oncle paternel CHEIKH IBRAHIMA, pour vivre là-bas.
Quelque temps après son arrivée, le Cheikh lui adressa cette fameuse lettre : « Que la
paix, la miséricorde et la bénédiction du Seigneur soient sur vous ! Ô
MOUHAMADOU AL-AMIN, saches que tu auras auprès de ton Seigneur un grade
que tous les gens de ta génération envieront ; saches aussi que tous ceux qui
sont avec toi ne verront que ce qu’ils désirent et ce qui leur seront utiles dans
l’ici-bas et dans l’au-delà ; et ils entreront tous au Paradis sans subir aucun
châtiment. Ne doutes point que ceci vient du Seigneur et de son prophète . Que
la paix soit sur vous ! »
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CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR MBACKE est l’un des plus éminents fils de
CHEIKHOUL KHADIM. Il faisait partie des plus proches disciples du CHEIKH. Toutes
ces faveurs lui ont values d’être classé parmi les plus grands savants de la
communauté mouride. Il a effectué des études approfondies, et ce dans tous les
domaines de la science religieuse. Il était un écrivain, un poète, un penseur, un
philosophe, un jurisconsulte, un soufi et un grand éducateur. Il a investi toutes ces
qualités et ces dons au service de l’Islam, du Mouridisme et de l’humanité toute entière.
Ses origines et sa naissance :
CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR MBACKE est né au mois de « JUMAADA
THAANIYA » (sixième mois du calendrier lunaire hégirien) de l’an 1313 de l’hégire
coïncidant au 12 aout 1895 du calendrier grégorien, dans le village de GALAA YELLA
(à vérifier), près de KOKKI. Son ascendance maternelle remonte jusqu’au grand érudit
et élu de DIEU MAKHTAR NOUMBE DIOP (ancêtre des gens de KOKKI).
Sa naissance coïncide avec le départ d’exil de son père vers le Gabon. Lorsqu’il fut
informé, il rendit grâce à son Seigneur et ne manqua pas de manifester sa joie, avant
de lui donner le nom de MOUHAMADOU BACHIR ; comme pour augurer bien du
bonheur, du bienfait et de la victoire prochaine de sa cause, à travers ce voyage. Donc,
sa naissance fut un symbole d’optimisme et d’espoir pour son père. Ce sentiment
d’optimisme et d’espoir qu’avait ressenti son père au moment de sa naissance a été
pour lui un encouragement à beaucoup œuvrer dans le chemin du savoir, de son
application et de la politesse qui va de pair avec la science religieuse, jusqu’à devenir
une référence par excellence de la science qui fait la fierté du Sénégal et de toute la
communauté musulmane.
Ses études islamiques :
Il a étudié le Coran auprès de CHEIKH ABDOURAKHMANE LO, qui fait partie de ses
oncles maternels originaires de KOKKI ; jusqu’à la parole d’Allah, dans la sourate AL-
FATH (la victoire éclatante) « LAQAD RADIYA-ALLAAHU HANIL MUUMINIINA.. »
(Allah a très certainement agréé les croyants quand ils t’ont prêté le serment
d’allégeance sous l’arbre. Il a su ce qu’il y avait dans leurs cœurs, et a fait descendre
sur eux la quiétude, et il les a récompensés par une victoire proche). Cela a coïncidé
exactement avec le retour d’exil de son père qui envoya CHEIKH OMAR GAYE KANE
pour aller le lui ramener à KOKKI, lorsque le Cheikh l’a interrogé pour s’enquérir de son
niveau, dans l’apprentissage du Coran, il fut saisi d’un sentiment de joie immense,
confirmant ainsi son optimisme et sa bonne augure, en se basant uniquement sur ce
verset coranique. Après que son père fut exilé une seconde fois en terre mauritanienne,
il le rejoignit et fut confié à CHEIKH BABACAR DIAKHATE (SERIGNE MBAYE
DIAKHATE), fils du grand juge MADIAKHATE KALA, auprès de qui il a complété ses
études coraniques jusqu’à la mémorisation et la maitrise des règles d’écriture et de
lecture qui le régissent.
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Il s’est ensuite lancé dans la quête du savoir, des sciences islamiques, de la littérature
et de la poésie arabe. Il a eu pendant ce temps le privilège inouï de recevoir, pendant
quelques temps, des enseignements de son père, par transmission directe, avant d’être
confié aux savants et érudits Mauritaniens qu’il a tous cité dans son ouvrage
« MINANUL BAAQIL QADIIM » (voir plus haut). Ce sont : CHEIKH MOUHAMAD fils de
ABDOU RAHMAAN ATTANDAAQIYYU, un savant ingénieux parmi les grands
jurisconsultes ; c’est lui qui l’a conscientisé sur la nécessité d’approfondir ses
connaissances dans le domaine du « FIQH » (jurisprudence) et des sciences relatives à
loi islamique « CHARIA ». En plus de cela, il l’a beaucoup aidé dans ce sens, comme
cela a été rapporté dans « MINANUL BAAQIL QADIIM » : « j’étais, en ce moment, à
la fleur de l’âge, très passionné des œuvres littéraires et des recueils de poèmes
que je consultais avec un très grand engouement, après m’avoir délaissé pendant
une journée sans me parler, il me sermonna sévèrement d’avoir délaissé le
« FIQH » (la jurisprudence), pour consacrer la majeur partie de mon temps à la
poésie et à la littérature arabe. Il me fit également savoir que ce n’était pas du tout
normal, pour quelqu’un qui est appelé à occuper la préséance, devant toute une
communauté de musulmans, de ne pas s’occuper de ce qui est le plus important,
dans le domaine de la science religieuse ; jusqu’à arriver à un niveau d’aptitude
requis pour diriger et guider tout le monde ; avant de se consacrer à autre chose.
Ces paroles étaient très poignants et m’avaient profondément touchées ; jusqu’à
laisser dans mon cœur une amertume qui me fouettait le visage à chaque fois
que je me retrouve devant une futilité ou un jeu pour m’orienter en direction de la
vérité.
En guise de reconnaissance pour ses critiques constructives et ses conseils très utiles,
il lui avait dédié ces vers de poésie :
« Qu’Allah accorde au maître, au vertueux que nous ne cesserons de pleurer,
des bienfaits qui vont couler comme des ruisseaux, ainsi que son voisinage.
Il m’a sauvé du gouffre de l’égarement et des tentations de la jeunesse et m’a
indiqué la voie du salut et des honneurs suprême, qu’il est bon ce médecin.
Le vrai ami n’est personne d’autre que celui qui t’indique la droiture ; le bon
conseil ne peut provenir que d’un ami sincère. »
Parmi les savants de SHINQITI qui ont enseigné CHEIKH BACHIR, le Cheikh SAALIH
fils d’ABDOULAH fils d’AY IYAH. Il l’a ainsi cité dans son célèbre ouvrage que nous
venons de citer : « durant toute la période que j’ai passé avec lui, la première chose que
j’ai apprise dans le domaine de la chronologie se trouve dans ses ouvrages. Jusqu’à
présent, j’ai avec moi son explication de l’approche de l’Imam ZUQAQ sur les règles de
la jurisprudence musulmane. Il était un aspirant sincère, un disciple de notre Cheikh. Un
homme véridique qui n’aimait rien d’autre que la vérité. Qu’Allah accepte ses œuvres et
les agrée dans l’au-delà comme il l’avait gratifié d’un très bon compagnonnage dans
l’ici-bas avec le Cheikh.
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Ceux parmi les Mauritaniens auprès de qui il a étudié sont nombreux, nous pouvons en
citer encore quelques-uns : CHEIKH MOUHAMAD WOULD ABIBAKRE WOULF
HAMIID, CHEIKH MOUHAMADOU YAHYA, CHEIKH AHMAD BUN HASSAN BUN
HAMMAADIYYU. Il a grandement profité de ces CHEIKHS ; jusqu’à avoir une maitrise
parfaite de tous les domaines de connaissances requis ; tels que : la grammaire, la
rhétorique, la littérature, les sciences exotériques comme la théologie, les branches, la
bonne croyance, l’interprétation et l’exégèse du Coran, l’histoire et les évènements
historiques de l’Islam, le soufisme, la gnose, l’ésotérisme, etc.
Il s’était fait distinguer par son amour profond de la science. Cet amour et cette passion
l’ont amené à vouloir toujours explorer de nouveaux domaines scientifiques sans se
limiter aux sciences de la religion et de la langue arabe. Pour cette raison, il s’est une
fois encore lancé à l’étude des sciences culturelles de son époque, à la philosophie, à
la psychologie, à l’astrologie et à la géographie.
Son statut auprès de CHEIKHOUL KHADIM :
Il a été, en un moment donné, très proche de son père, lorsque celui-ci était en
résidence surveillée, à DIOURBEL. Cela a beaucoup contribué à l’approfondissement
de ses connaissances et de son érudition. De la même manière, il a beaucoup pris des
savants Mauritaniens qui étaient fréquemment à côté du Cheikh ; et avec qui ce dernier
entretenait des relations sincères et solides. Il faisait également partie des proches
collaborateurs de CHEIKHOUL KHADIM qu’il aidait dans l’organisation des activités
culturelles et religieuses de la communauté mouride dont il était le fondateur. Parmi
tous les enfants du Cheikh, c’est lui qui a passé beaucoup plus de temps avec lui. Et
c’est le Cheikh lui-même qui l’avait sollicité, depuis son retour d’exil de la Mauritanie,
pour qu’il soit à ses côtés. Ce qui a été pour CHEIKH BACHIR une grande opportunité,
lui permettant de mieux le connaître et de pouvoir coexister et s’habituer à lui pendant
une période de vingt ans. Il a consigné par écrit tous les événements et péripéties qui
ont marqués cette période de collaboration et de coexistence, dans un ouvrage intitulé :
« MINANUL BAAQIL QADIM » (voir plus haut).
Son ouvrage intitulé : les bienfaits de l’Eternel, l’Exempt de début, dans l’histoire
du serviteur choisi :
Cet ouvrage est, en à point douter, sa plus importante production scientifique et
littéraire. C’est un ouvrage unique dans son genre qui constitue une référence par
excellence parce qu’étant le plus authentique et le plus original récit qu’on pouvait
espérer avoir dans ce domaine. Son importance en tant que référence est jaugée,
mesurée, à l’aune de la personnalité de l’auteur dans le Mouridisme. En effet, il s’agit
d’un fils de CHEIKHOUL KHADIM qui fait partie de ceux qui se sont distingués par leur
ascétisme, leur équité, leur chasteté, leur crainte révérencielle envers le seigneur, et
par d’autres bonnes qualités qu’on ne saurait toutes énumérer ici. On ne peut pas
regrouper toutes ces qualités sans pour autant bénéficier de la confiance totale de tous
les musulmans. De ce point de vue, il est une obligation pour tout un chacun d’attester
la véracité de tous les propos qui émanent d’eux, sans les soumettre au purgatoire de
la vérification.
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En plus de son intelligence supérieur, l’exactitude avec laquelle il énumère les faits, la
correspondance parfaite avec la réalité donne à son ouvrage un caractère on ne peut
plus authentique et digne de confiance. Ajoutons à cela, sa présence aux moments où
la plupart des faits racontés se déroulaient, il est ainsi un témoin oculaire des
événements.
Le sujet qu’il traite dans ce livre n’est rien d’autre que l’histoire de la vie de son père
CHEIKHOUL KHADIM. Un sujet qui préoccupe tous les chercheurs qui s’intéressent à
l’histoire du mouvement mouride et de la philosophie réformiste ou, en d’autres termes,
rénovatrices, qui se cache derrière lui. En effet, la vie du fondateur du Mouridisme, ou
autrement dit, du rénovateur de l’Islam, comme je préfère l’appeler, est foncièrement
imbriquée avec l’application effective de son idéologie dont il est la source. L’application
de cette idéologie suppose l’utilisation d’un baromètre ou d’un modèle à partir duquel, il
faudra mesurer toute chose, afin de pouvoir jauger et déterminer sa compatibilité avec
les idées prônées par le fondateur du Mouridisme.
Style et méthodologie de l’auteur :
CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR MBACKE jouissait d’une rationalité scientifique
imposante parce que pragmatique caractérisé par une authenticité garantie, et une
originalité singulière parce que incontestable. Sous ce rapport, il est considéré comme
étant le précurseur pour avoir initié cette méthodologie dans l’étude du soufisme
considéré comme un sujet autour duquel sa vie personnelle tourne. Il fait de sa
personne l’incarnation réelle des réalités soufies, dans leurs différents étapes, grades et
statuts ; comme l’avait vécu le prophète et ses nobles compagnons. Que DIEU les
agrée ! Fort de cela, il répartit son ouvrage en neuf chapitres. Ce qui correspond
originellement aux neufs grades de la certitude absolue (« MAQAAMAATUL YAQIIN »),
que l’aspirant engagé doit impérativement traverser pour accéder à l’enceinte scellée.
Ce sont : la peur, l’espoir, la patience, la reconnaissance, le repenti, l’ascétisme,
l’abandon de soi à DIEU, à la Providence, l’agrément, l’amour. CHEIKH BACHIR,
s’appuyant sur les analyses approfondies effectuées afin de pouvoir mieux cerner le
sens de ses concepts, nous livre les détails précis et authentiques de la vie de
CHEIKHOUL KHADIM à travers toutes ces étapes. De façon purement littérale et
artistique,
l'auteur se distingue par son style habile, dans la formulation de la phrase et par la belle
structure rhétorique à la fois éloquente et profonde.
Contenu du livre :
Cet ouvrage s’intéresse principalement à la vie de CHEIKHOUL KHADIM. Néanmoins,
au-delà de son thème original, il contient une mine d'informations précieuses sur les
célébrités, les personnalités éminentes, les scientifiques et la façon dont la manière de
penser des gens de cette époque. Il nous donne des informations précieuses qu’on ne
saurait retrouver dans un livre sur la vie de célébrités et de personnalités de l’islam
dans l’histoire du Sénégal, telles que MAME DIARRA BOUSSO, mère du Cheikh,
CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO (oncle maternel du Cheikh), le grand exégète
TAFSIR MBACKE NOUMBE (oncle paternel du Cheikh), son homonyme CHEIKH
AHMADOU BAMBA SALL, son père CHEIKH MOMAR ANTA SALY, son grand frère
germain CHEIKH MAME MOR DIARRA, le grand érudit CHEIKH MAKHTAR NOUMBE
DIOP (ancêtre des gens de KOOKI), CHEIKH MBACKE BOUSSO, CHEIKH IBRAHIMA
FALL, CHEIKH ASSANE NDIAYE, CHEIKH ABDOURAHMANE LO, sans oublier le
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mouvement djihadiste de MABA DIAKHOU BA, l’émir LATDIOR et son neveu SAMBA
LAOBE FALL, ainsi que d’autres personnalités.
Il contient également un certain nombre d'histoires, de faits et de récits, tels que
l'histoire du soufisme ou mysticisme islamique et la méthodologie de CHEIKHAL
KHADIM en matière d'éducation, et a traité tout cela de manière détaillée et
approfondie.
Le caractère référentiel conféré au livre :
Le livre est une référence fondamentale dont on ne peut se passer dans l’étude du
Mouridisme, de son histoire et de sa philosophie parce que l’auteur est témoin de la
plupart des récits abordés dans ce livre, Il aborde le thème du soufisme, un sujet de sa
spécialité, et met en lumière les différentes théories soufies et leurs applications réelles
sur le terrain, à travers ce récit biographique de CHEIKHAL KHADIM et la vie de ses
grands disciples qu’il a formés et élevés et se sont abreuvés à sa source. D'une
manière générale, ce livre intitulé : « MINANUL BAAQIL QADIIM » devrait susciter
auprès de tous les chercheurs un intérêt particulier, en termes d'étude, d'analyse, de
commentaire, de publication et de traduction, dans toutes les langues vivantes, de
manière à en améliorer l'utilité et la diffusion.
Ces autres ouvrages :
CHEIKH BACIR était un poète-soufie rare, sa versification ne sort pas de l’ordinaire au
regard des objectifs essentiels de la poésie contemporaine. Tels que l’actualité, la
supplication, la prédication et les prières, le style et les terminologies employés par les
soufies dominent sa poésie, ainsi que ses méthodes, son style était facile et dépourvu
d’ambiguïtés ou d’un penchant vers le style du rapport et du langage direct. Il nous a
laissé un recueil manuscrit de poésie, comportant plusieurs poèmes, dont :
- Ô bonheur parfaits
- Il a visité le bien-aimé
- DIEU vous bénisse
Sa personnalité et ses caractéristiques :
CHEIKH BACHIR jouissait d'une personnalité attrayante, d'une élégance exquise, d'une
beauté magnifique et d'un charme irrésistible ; il était également caractérisé par un
profond sentiment mystique ; c'était un diplomate de première classe au sens positif du
terme. L'ancien président de la Cour suprême du Sénégal, M. El HASSAN-AL-BACHIR
DIOUF, a écrit qu'il avait été surpris par l'étendue de l’horizon de ses connaissances, et
par son ouverture d’esprit. Et malgré son ouverture, il était caractérisé par un ascétisme
rigoureux et une chasteté admirable. Connu pour son attachement indéfectible à la
Sunna et son combat contre les hérésies et les mauvaises innovations qui ont tendance
à déformer les vérités de l'islam, il émerveillait de par sa beauté exceptionnelle et son
intelligence extraordinaire, son charme rare mêlé d’une extrême amabilité.
Ses relations avec les autres dignitaires Mourides :
CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR entretenait de très bonnes relations avec tous ses
proches, plus particulièrement les enfants de CHEIKHOUL KHADIM. Il était au service
de son grand frère CHEKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE durant toute la
période de son califat, et était son bras droit qui l’aidait dans la gestion des affaires de
la communauté mouride et du califat, en particulier. Il entretenait les mêmes relations
avec le second calife CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL MBACKE et avec CHEIKH
MOUHAMADOU AL-AMINE BARA MBACKE, et avec tous les autres fils et filles de
CHEIKHOUL KHADIM, auprès de qui il jouissait d’un grand respect et d’une grande
considération. Il n’a jamais cessé de faire preuve d'un fort sentiment de convergence et
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d'un désir sincère de réconcilier et de réformer, Il a toujours été au service des plus
âgés et a recommandé à ses honorables fils de suivre son attitude envers ses aînés,
par la grâce de DIEU ses enfants ont bien suivi cette recommandation, car ils ont tous
été des modèles parfaites de loyauté et d’humilité envers tous les califes qui se sont
succédés depuis le rappel-à-DIEU de leurs pères.
Ses relations avec les guides soufies du Sénégal :
Il jouissait d’une réputation des plus enviables, parmi ses contemporains dirigeants et
guides soufies, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, au Sénégal comme en
Mauritanie ; si l’on sait qu’il était un grand ami de CHEIKH IBRAHIMA NIASSE et était
aussi très proche des érudits Mauritaniens comme le grand poète IBNU MUHALLAA, et
tant d’autres.
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Sa naissance :
CHEIKH ABDOULAHI BOROOM DERBI est le fils de CHEIKHOUL KHADIM et de
FATOUMATA AL-KUBRAA une sainte dame d’origine mauritanienne. Il est né en 1907
à THIEYENE DJOLOF, dans le village de DAARU RAHMAAN. Sa naissance fut
accueilli avec joie par le CHEIKH qui, le jour de son baptême, prit une feuille balance et
y écrivit le nom de ABDOULAHI, avant de le remettre à CHEIKH MAKHTAR BINTA LO
où CHEIKH HAMZA DIAKHATE ; pour les instruire de le baptiser d’après ce nom. Puis
il appela quelques disciples parmi les plus grands pour leur faire part de la bonne
nouvelle et de sa satisfaction pour ce nouveau-né à qui, DIEU a réservé des grades
élevés. Cet événement heureux coïncide avec la publication de son poème intitulé :
« MINAL HAQQI » qui commence par ce vers :
« La vérité (le Coran) émanant de la Vérité (DIEU le Tout Puissant), destiné au
véridique (le prophète), symbole de la vérité parmi ses compagnons, est d’une évidence
flagrante facile à accepter et à supporter.»
Sa formation scientifique :
Après sa naissance, il est resté dans le giron protecteur de son ère jusqu’à l’âge de la
scolarité. Puis son père, après l’avoir initié à la lecture de la formule d’ouverture
« BASMALA » et des lettres de l’alphabet arabe, le confia au grand maître coranique de
la Communauté mouride CHEIKH ABDOU RAKHMANE LO qui a assuré son
apprentissage coranique jusqu’à la mémorisation. Mais c’est le grand érudit CHEIKH
MBACKE BOUSSO qui lui a enseigné les règles d’édition et de lecture ; et sous sa
supervision et son contrôle, il a rédigé le tout premier exemplaire du Coran qu’il remit à
son père. Après cela, il s’est lancé à la quête du savoir ; suivant l’ordre de son père, il
est allé chez son oncle paternel CHEIKH IBRAHIMA MBACKE pour l’apprentissage des
sciences religieuses et littéraires. Après y avoir passé quelques temps, il a regagné son
père à Diourbel auprès de qui, il a complété son éducation spirituelle. Pendant son
séjour à DIOURBEL, il recevait, par transmission directe, les enseignements de
CHEIKHOUL KHADIM jusqu’à son rappel-à-DIEU, puis il est allé s’installer à Touba où
il fréquentait l’école de CHEIKH HABIBOU MBACKE. Après avoir fondé le village de
DAARU RAHMAN, il a invité le grand érudit CHEIKH BOUSSO FATY KANE à venir
s’installer avec lui dans ce village. Celui-ci lui enseignait les autres domaines
complémentaires tels que : la rhétorique, la prosodie, la logique et la théologie,
l’astronomie et l’astrologie.
Sa formation spirituelle :
Après avoir mémorisé le Coran et parfait sa formation dans les sciences religieuses
auprès de son oncle paternel CHEIKH IBRAHIMA FATY, il exprima à son père son
souhait de rester à DIOURBEL, à ses côtés, pour recevoir une formation spirituelle
complète. Ce qu’il a pu obtenir grâce à la proximité dont il jouissait auprès du CHEIKH,
car il restait très souvent avec lui, dans ses moments de retraite spirituelle, pour se
consacrer entièrement à ses services.
Après avoir effectué de longues retraites spirituelles avec son père, sa vie avait
radicalement changé. Ce changement radical avait été perçu même dans sa
physionomie et dans son caractère. A son sujet, CHEIKHOUL KHADIM disait :
« l’éducation du Vivant qui ne mourra jamais, n’est pas la même que l’éducation du
vivant qui est appelé à mourir. »
Son père éprouvait à son égard une affection profonde. Un jour il lui dit : « je serais
toujours pour toi un père, un oncle et une mère. » C’est cet amour réciproque qui a
toujours caractérisés leur relation jusqu’au rappel-à-DIEU de son père en 1346 de
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l’hégire correspondant à l’année 1927du calendrier grégorien. C’est ainsi qu’il s’est
rendu à Touba pour fonder le village de DAARU RAHMAN et s’occuper de la formation
et de l’éducation religieuse et spirituelle.
Ses réalisations dans l’éducation et l’agriculture :
C’est dans la même année 1927, après le rappel-à-DIEU de CHEIKHOUL KHADIM,
qu’il explore son tout premier champs et crée des centres de formation dans les villages
environnants comme : TIIP, BOGGO, SAADIO et NIEBE LUMBAAY (à vérifier). DAARU
RAHMAN était à cette époque la capitale, le centre le plus célèbre ; qu’il avait créé
pour l’adoration exclusive du Seigneur, le travail, l’éducation, l’enseignement et la
recherche du licite. Il cultivait des pistaches, du mil et des céréales pendant la saison
des pluies. Puis, avec le temps, il a mis au point d’autres méthodes d’agricultures, en
vue d’une meilleure adaptation des récoltes avec toutes les saisons de l’année. Et pour
assurer un bon fonctionnement, il procède à la création d’une rivière artificielle dans
cette région, Il élargit les sources convergentes, crée un fleuve artificiel s’étendant sur
une longue distance, assurant ainsi l’irrigation des fermes agricoles et l’arrosage des
terres irriguées. Puis, grâce à cette rivière, il a pu développer d’autres activités comme
la pisciculture, la riziculture, la culture de plusieurs types de fruits et de légumes
comme les citrons, les mandarines, les papayes, les noix, les mangues, les palmiers et
les raisins, ainsi qu’une unité de production de l'huile de palme. Il en produisait de
grandes quantités, de sorte que les habitants de tous les villages voisins venaient
travailler dans ses champs, à chaque récolte. Ce qui, à l’époque était un vrai miracle,
un prodige parmi tant d’autres ; ce qui a aussi amené le grand érudit CHEIKH BOUSSO
FATY KANE, à lui consacrer un poème empreint de raffinement et de sensibilité.
Entrepreneur à succès, il s’activait dans le commerce et les affaires: à une époque où
les Arabes, les Blancs et les Syriens accaparaient occupaient une position
monopolistique dans le monde des affaires, il est intervenu sur la scène, brisant ainsi ce
monopole et ouvrant des magasins pour faciliter à sa population un meilleur accès aux
marchandises de qualité. Il réduisait ses prix pour soulager la misère des populations. Il
possédait des biens immobiliers dans certaines grandes villes, dont : sept dans la ville
de MBACKE, et une maison dans d’autres grandes villes.
Il s’activait également dans l’élevage d’ovins et avait à sa disposition des professionnels
spécialistes du domaine qui l’aidaient dans cette activité avec un soin particulier.
Ses caractéristiques physiques et morales :
(Qu'Allah soit satisfait de lui) il était un grand éducateur spirituel qui a formé de
nombreux saints-vertueux qui, par la suite, se sont dispersés dans tout le pays pour
répandre le bien, les bénédictions et les enseignements de CHEIKHOUL KHADIM,
qu'Allah soit satisfait de lui, faisant ainsi bénéficier plusieurs autres musulmans et
mourides de leur viatique. Nous pouvons en citer, entre autres : CHEIKH ABDOULAHI
NIANG fils de CHEIKH BALLA FAALY NIANG, CHEIKH ABDOULAHI MBAYE KAERE
fils de CHEIKH MAKHTAR MBAYE KAERE, CHEIKH OUSMANE GUEYE fils de
CHEIKH MOUHAMADOU GUEYE DIEMOOYE, CHEIKH MALICK FALL, CHEIKH
MBAYE DIAKHATE, CHEIKH BAYE SECK et SERIGNE DIOUF. Il ressemblait
moralement et physiquement à son père presque à s’y méprendre.
La crainte révérencielle envers le Seigneur, la chasteté, l’amour de l’isolement et de la
solitude pour se consacrer à la médiation, à la contemplation des merveilles du
Seigneur et à l’adoration, la fermeté dans les convictions qu’il ordonnait à ses disciples
et à ses adeptes étaient ses principaux caractères. Elégant et courtois, il l’était
vraiment, mais n’aimait pas trop s’occuper des affaires d’autrui ou ce qui ne le concerne
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Son rappel-à-DIEU
CHEIKH ABDOULAHI BOROM DEURBI a vécu sur terre en adoptant et en appliquant
à la lettre ses nobles caractères prophétiques jusqu’à son rappel-à-DIEU, un vendredi
quinzième jour du mois de « RAJAB » (septième mois du calendrier lunaire hégirien) -
coïncidant cette année-là à un mois de juin-, de l’année 1960 du calendrier grégorien,
dans le village de DAARU RAHMAN et repose désormais dans la ville sainte de Touba.
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CHEIKH IBRAHIMA MBACKE avait une fois déclaré que son père lui est apparu pour
lui demander de se rendre au Gabon et au Congo pour compléter les années d’exil qui
restaient…
Après décliné son plan de voyage et les différentes étapes, il quitte MBACKE BAARY
en passant par les étapes suivantes : Kaolack, Tambacounda, Kayes, Bamako,
Bouake, Abidjan, Grand BASAM, KABLABISA, Lomé, Douala, Libreville, Port-Gentil,
jusqu’à Brazzaville sa dernière (sa dernière étape) où il a effectué sa prière de Tabaski.
Il a rencontré à Brazzaville un vieil homme du nom de SAMBA NDIAYE qui avait vécu
avec le Cheikh dans ces lieux. Cette lui fit part des nombreux miracles et prodiges
accomplis par le Cheikh dans ces régions lointaines. Et par la grâce du Seigneur,
CHEIKH IBRAHIMA a pu visiter les nombreux endroits où vivait le Saint homme,
comme par exemple: les cimetières où sont enterrés cent quarante résistants
anticolonialistes locaux ; le peloton d’exécution où le Cheikh fut attaché pour être
exécuté ; la tombe du martyr l’Imam SAMORY TOURE, le puits où le Cheikh effectuait
ses ablutions.
Ses caractéristiques et son caractère :
CHEIKH IBRAHIMA MBACKE était d’un caractère noble, d’une extrême générosité
d’une tendresse chaste et d’une indulgence paternelle. Ses nombreux discours et
prédications adressés aux disciples étaient d’une éloquence exquise empreinte de
sagesses.
Décrivant sa noblesse et sa générosité CHEIKH MOUSSA KA dit :
« Il avait la générosité et la noblesse de son père, car il donnait de l’argent à tout le
monde sans exception, quiconque lui rend visite retournera chez lui, heureux et comblé.
Il ne fermait jamais ses portes ; ne dressait jamais un rideau devant quiconque,
accessible à tout le monde et très utile à la réalisation des besoins.
Il n’a jamais repoussé un solliciteur à BAARY (son village), il ne mérite aucun
reproche. »
Son rappel-à-DIEU :
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Sa naissance et sa vie :
Il est né le 23 ème jour du mois de « CHAWAAL » (dixième mois du calendrier lunaire) de
l’année 1332 de l’hégire à DIOURBEL, deux ans seulement après le départ de son père
de THIEYEENE, comme l’a rapporté l’auteur de « IRWAA-U NADIIM » (voir plus haut).
Sa mère est originaire de la famille DIAKHATE de MBAAKOL, une famille très connue
dont les membres sont caractérisés par la crainte de DIEU, la chasteté, la sainteté et
l’attachement au Coran. On raconte, parmi les raisons qui ont été à l’origine de leur
alliance avec CHEIKHOUL KHADIM un long récit très émouvant, qui illustre à bien des
égards leur degré de pureté, d’enracinement dans les valeurs religieuses et de
dévouement dans la pratique.
C’est dans cette illustre famille, dans cet environnement propice qu’est né CHEIKH
ABDOU-L-AHAD. Le jour de sa naissance CHEIKHOUL KHADIM avait exprimé l’espoir
immense qu’il plaçait en lui. S’adressant à ses grands disciples, il avait dit : « Priez pour
que DIEU accorde une longévité à ce nouveau-né, je place en lui un espoir immense ».
Et l’histoire lui a donné raison. Car, il a su incarné de son vivant tout cet espoir. A l’âge
de cinq ans, il perd sa mère et se retrouve entre les mains de sa tante maternelle, la
mère de CHEIKH SALIOU MBACKE (la sainte dame FATIMATOU DIAKHATE), qui va
prendre soin de lui.
Sa scolarité et son engagement dans la voie de l’aspiration :
Il est resté dans le giron de son père jusqu’à l’âge de sept ans, puis celui-ci le confia à
son oncle maternel CHEIKH HAMZATOU DIAKHATE avec ses quelques frères, il est
resté un moment dans son école coranique à Touba, avant d’aller regagner l’école de
CHEIKH ASSANE DIAKHATE qui faisait partie des plus grands maîtres coraniques de
l’époque. Il y mémorisa le Coran, mais par la volonté de DIEU, au moment où il
s’apprêtait à aller à DIOURBEL, pour remettre à son vénéré père, l’exemplaire du
Coran qu’il venait de rédiger de sa propre main, celui-ci fut rappelé à DIEU. Il le remit à
son grand frère CHEIKH MOUSTAPHA MBACKE, puis lui proclama son allégeance,
avant de se lancer avec lui dans la voie de l’aspiration et de l’élévation spirituelle.
CHEIKH MOUSTAPHA l’a formé et l’a dirigé dans cette voie conformément aux
principes de base établis par son père, plus précisément l’éducation par la science et
l’adoration et le délaissement de toutes les mauvaises coutumes :
« Celui qui aspire à aller vers le Seigneur n’a qu’à se conformer à la tradition de son
prophète .
En choisissant un guide éclairé qui ne s’écarte jamais de la voie, pour s’attacher à lui
aussi bien du point de vue ésotérique qu’exotérique.
Il le guidera par la science et la pratique, et l’éduquera à délaisser les coutumes. »
CHEIKH MOUSTAPHA l’avait envoyé à HUSNUL MA-AAB ou TINDOODI (son village),
avec ses frères pour se consacrer à l’apprentissage des sciences religieuses. Une
habitude héritée de leur vénéré père qui ordonnait toujours les jeunes de leur âge à
partir, à se lancer à la quête du savoir. Il s’est rendu auprès de CHEIKH MAKHTAR
NIANG KOYAAR (à vérifier) qui lui a enseigné les premiers ouvrages de jurisprudence,
de théologie et des sciences relatives à la loi et la législation islamique, ainsi que
certains ouvrages écrits par son père en « FIQH » (jurisprudence) en « TAWHIID » (la
bonne croyance) et en soufisme.
Après le séjour de CHEIKH ABDOU-L-AHAD à l'école de TINDOODI, le calife les a
transférés à Tuba pour étudier auprès de CHEIKH HABIBULAAHI MBACKE. Il lui a
enseigné les principes fondamentaux de la science et les règles de base de la
grammaire et quelques autres domaines. Pendant cette même période, accompagné de
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son frère CHEIKH CHOUHAYBOU, il se rendait très souvent chez le grand érudit
CHEIKH HASSANE BOUSSO pour bénéficier simultanément de ses leçons. Il s’était
investi corps et âme à l’étude et à la recherche jusqu’à atteindre un niveau d’érudition
très élevé dans les connaissances livresques, gnostiques et transcendantales. Il était
une référence dans beaucoup de domaines scientifiques. Nous avons pu accéder à une
partie de ses publications littéraires et poétiques recueillies par son fils CHEIKH
MOUHAMADOU ABDOU-L-AHAD MBACKE.
Les villages créés pour l’éducation des Mourides :
Après avoir complété ses études islamiques et parfait son éducation spirituelle, il
procéda à la création, en 1932, du village de KADD BALLOODJI, pour l’éducation
spirituelle de ses disciples Mourides. C’était une ferme fertile appartenant à son frère
CHEIKH HAMZATA DIAKHATE, qui l’avait reçu du calife CHEIKH MOUHAMADOU
MOUSTAPHA, avant de confier une partie de cette terre à CHEIKH ABDOU-L-AHAD
pour bien le soutenir dans ses efforts malgré ses capacités limitées. Il s’est installé là-
bas avec CHEIKH ABDOU-L-AHAD, pour une période d'au moins trois ans. Grâce à
quoi, la remise en état des terres a été effectuée la production des pistaches, des
arachides et d’autres types de céréales assurée. Il a ensuite aménagés des fermes
dans d’autres régions du pays, après la création de KADD BALLOODJI, dont :
GUELONGUAL, KABB GAYE, DAARU SALAAM BOKKI BARKA, BAYTI DJAH,
BIRAAN DJEKK (à vérifier) BAJAAN, BUDEEN NIAANE, BAYTI TOUBA BELEL, etc.
Chaque année, il fabriquait des tonnes de pistaches et d’autres produits dans ses
fermes. Il convient ici de noter que la philosophie mouride ne visait pas uniquement la
production économique et agricole, dans sa stratégie de création de villages et de
fermes ; mais visait plutôt à côté de la formation et de l’éducation au travail, plus
particulièrement dans le domaine agricole, à trouver un environnement propice à
l’éducation du mouride, à la conscientisation de l’esprit et à la purification de l’âme,
comme l’a clairement élucidé CHEIKHOUL KHADIM lorsqu’il déclinait les raisons de sa
création de Touba et de DAARU SALAAM : « ma préférence de ses deux cités au
détriment de toutes les autres cités, réside dans les intentions sincères qui sous-
tendent leur création : je les ai créés sur ordre du Seigneur pour me consacrer à
Son adoration exclusive et non pour l’exploitation agricole ou l’élevage ».
Continuant dans cette même lancée, CHEIKH ABDOU-L-AHADA a fondé tous ces
autres villages. Il faisait suivre les Mourides, qui était dans ses fermes, une éducation
spirituelle soufie, axée sur le travail et l’apprentissage des sciences et des
connaissances obligatoires pour tout un chacun, la réunification des efforts pour les
concentrer dans la recherche de l’agrément de DIEU, par les invocations, la lecture en
permanence du Coran et des panégyriques du Cheikh dédiés au prophète . Il a réussi
à élever de nombreux fidèles qui, par la suite, sont devenus des modèles de droiture
dans la société. Il avait installé SERIGNE GAYE NIAAKHA (à vérifier) dans son village
de TOUBA BOKKI BARAKA (à vérifier) pour qu’il s’occupe de l’enseignement
coranique. Lorsqu’il remarquait chez certains disciples des dispositions d’érudition où
certaine capacité cognitive les disposant aux hautes études, il les envoyait auprès de
ses frères CHEIKH SALIOU MBACKE et CHEIKH CHOUHAYBOU MBACKE. On a
comme l’impression qu’il existait une certaine complémentarité entre leurs programmes
d’enseignement.
Ses relations avec les califes :
Ses relations avec les différents califes qui se sont succédés avant lui avaient été celles
d’un disciple vis-à-vis de son guide ; des relations basées sur l’affection, l’obéissance,
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et l’exécution des ordres, comme l’a recommandé le Cheikh dans sa description du vrai
aspirant.
Durant toute la période passée à côté de ses grands frères, il n’a jamais cessé de se
consacrer à leurs services, de les visiter où qu’ils puissent se trouver et de les soutenir
dans tous leurs entreprises y compris la gestion de leurs califats. Tous ses rendements
agricoles étaient destinés aux califes de Touba. Ces derniers l’envoyaient parfois
s’occuper d’une affaire importante, visiter un grand dignitaire de la confrérie ou assurer
des activités de coordination.
Il s’est ainsi comporté avec CHEIKH MOUSTAPHA jusqu’à son rappel-à-DIEU, puis il a
continué dans cette même lancée avec son successeur CHEIKH MOUHAMADOU
FAADIL, en lui renouvelant son allégeance et en continuant à œuvrer à ses côtés, avec
la providence de CHEIKH BACHIR qui lui a d’ailleurs apporté son soutien pour
l’obtention d’une ferme d’exploitation agricole au SALOUM. CHEIKH FALLOU lui a
rendu visite dans ses exploitations agricoles, à deux reprises.
Quant à ses relations avec ses petits frères et sœurs, elles étaient fondées sur l’amour
et l’affection réciproques, le respect mutuel, il les considérait comme étant les enfants
de son Cheikh. Il leur envoyait souvent des dons et des provisions importantes en guise
d’offrande et s’occupait de leurs familles et de leurs enfants en leur présence et en leur
absence.
Son califat et ses réalisations :
Après le rappel-à-DIEU de CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL, CHEIKH ABDOU-L-
AHAD MBACKE fut intronisé calife de CHEIKHOUL KHADIM, pour poursuivre la
mission de son vénéré père et de ses deux successeurs. Sa première préoccupation
avait été la préservation de l’héritage de son père, sa purification de toutes les
souillures, afin qu’il puisse retrouver son lustre d’antan, comme l’avait laissé
CHEIKHOUL KHADIM. Pour cette raison, il s’est attelé à la vivification du patrimoine
« KHADIMIEN » par la réunification et la préservation. Tout d’abord, il a commencé par
la purification de sa ville sainte de toutes les souillures comme nous l’avons vu plus
haut; pour lui redorer son blason, afin qu’elle puisse retrouver son lustre d’antan. Ce
faisant, il a amené tout le monde à lui vouer le respect et la révérence qui sied à une
capitale religieuse et spirituelle de cette envergure.
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Il a accordé une importance capitale à la ville de Touba et s’est investi à fond, afin de lui
assurer les infrastructures les plus nécessaires pour l’approvisionnement des
populations en eau potable, en électricité, l’accès aux soins et un réseau routier
moderne et de qualité, pour assurer le transport. Il a construit un centre de santé dans
le district NDAAMATU, érigé des forages dans des endroits qui étaient quotidiennement
confronté à la rareté du liquide précieux. Il a exhorté le gouvernement à doter la ville de
suffisamment de puits artificiels, pour assurer l’approvisionnement en eau de la
population sans cesse croissante, mais aussi relier la ville par des routes goudronnées
connectées à des voies d’accès rapides, pour mieux assurer la liaison entre Touba et
MBACKE ; afin de faciliter le trafic, plus particulièrement lors des grands événements,
comme le Grand Magal et les fêtes religieuses. Il a construit pour le califat une maison
appelée la maison de CHEIKHOUL KHADIM, dédiée aux invités du calife et à l'accueil
des présidents, des dignitaires et des visiteurs.
Pour veiller à la sécurité des citoyens et au respect des lois de la République et de ses
interdits, il a également aménagé 86 milles parcelles offertes gracieusement à ceux qui
ont décidé de venir passer le restant de leurs jours à Touba avec leurs familles Il a
également procédé à la revivification des symboles spirituels de la ville, tels que les
lieux de visite et les lieux de culte, en réfectionnant « HAYNU RAHMATI » (un puits
creusé CHEIKHOUL KHADIM) et en construisant le marché de HOKAAZ.
Le respect du caractère sacré de la ville :
Et pour préserver le caractère sacré de la ville, il fit une déclaration officielle au cours de
laquelle, il proclama haut et fort l’interdiction de tout ce qui porte atteinte au statut de
Touba en tant que havre de paix et de sécurité, mais aussi et surtout en tant que
citadelle de l’islam. C’est dans la même ordre d’idée qu’il avait interdit la circulation et la
vente de l’alcool, de la drogue, du tabac, des jeux de hasard, de la contrebande, etc.,
bref tout ce qui contredit les enseignements de l’islam et ceux de son père CHEIKHOUL
KHADIM.
Parmi les réalisations les plus importantes qu’il a accomplies durant son magistère :
- La réfection de la Grande Mosquée de Touba, son élargissement et sa
modernisation ;
- Le projet de construction de la grande université islamique de Touba ;
L’universalisation du Mouridisme :
C’est à son époque que l’ampleur du Mouridisme s’est développée de manière
fulgurante, passant d’une dimension nationale à une dimension internationale. A
l’époque de son prédécesseur, CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL, les Mourides avaient
commencé à délaisser les campagnes, pour aller exercer les petits métiers et le
commerce ambulant, dans les grandes villes côtières. Cet exode rural était causé par la
sécheresse et la désertification.
Certains ont continué à migrer au-delà des frontières du Sénégal, d'autres se sont
installés dans des pays voisins comme la Gambie, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, la
Guinée, la Sierra Leone et le Ghana.
CHEIKH ABDOU-L-AHAD a exhorté les Mourides à mieux s’organiser dans ces régions
en réunissant leurs actions et leurs efforts au sein des « DAHIRAS » (associations
religieuses) afin de pouvoir œuvrer pour le Cheikh de manière beaucoup plus efficace
et efficiente
C’est sous son magistère aussi que la Semaine culturelle dédiée à CHEIKHOUL
KHADIM a été organisé sous l’égide de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies
pour l’éducation la science et la culture). Cette semaine culturelle a vu la participation
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« Fais que nos cœurs soient captivés par l’affection mutuelle, sans conflit ni jalousie
Sans querelle, ni contradiction, sans haine ni sans antipathie
Jusqu’à ce que nous soyons des musulmans humbles, loyaux et fidèles. »
Il leur envoyait très souvent des cadeaux et des provisions de toutes sortes, plus
particulièrement à l’occasion des fêtes islamiques et des événements, tels que EID-AL
FITR, on se rappelle toujours de la visite que CHEIKH AHMED TIDIANE fils du calife
SERIGNE BABACAR SY avait effectué à Touba, auprès de CHEIKH ABDOU-L-AHAD
MBACKE. Point besoin de mentionner l'accueil chaleureux que lui avait réservé le calife
CHEIKH ABDOU-L-AHAD. Comme ce fut également le cas avec CHEIKH
ABDOULAYE THIAW LAYE, dont la relation avec le cheikh était si forte que ce dernier
avait donné au CHEIKH une de ses filles, en mariage. Il en était de avec les aux autres
familles du pays.
Son rappel-à-DIEU :
C’est ainsi qu’il a consacré sa vie sur terre, poursuivant le chemin tracé par son père,
jusqu’à le rejoindre un dimanche 14éme jour du mois de « ZUL QIHDA » (onzième mois
lunaire du calendrier hégirien) de l’année 1409 de l’hégire coïncidant au 18/06/1989.
Son séjour terrestre est inscrit au panthéon des immortels ; car il a laissé derrière lui
des connaissances utiles, une charité permanente et des enfants justes et nobles, qui,
soit, sont issus de sa lignée directe ou font partie de ses fils spirituels ; et qui tous ne
cesseront de prier pour lui jusqu’au Jour du Jugement dernier.
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après l’avoir comblé de cadeaux et lui donné ses propres vêtements pour lui faire
profiter de sa bénédiction et de ses grâces.
C’est ainsi qu’il retourna à NDAAM, auprès de CHEIKH ABDOURAHMAN LO pour se
lancer dans les études coraniques. Peu de temps après, son père fit appel à lui de
nouveau pour s’enquérir de lui et vérifier l’état d’avancement de ses études coraniques.
Selon CHEIKH ABDOU KHADRE lorsqu’il fit savoir à son père, qui l’interrogeait sur son
niveau, qu’il était parvenu jusqu’à la Sourate « HADJ » (le pèlerinage), celui-ci fut saisi
d’un sentiment d’émerveillement, parce qu’en ce moment on était déjà dans le mois du
pèlerinage.
CHEIKH ABDOU KHADRE se rappelant de cette visite, disait que le CHEIKH l’avait
retenu un long moment pour bien s’occuper de lui afin de lui signifier son amour et son
affection. Il disait aussi que les grands disciples du Cheikh ne guettaient que ces
moments de gaieté et de satisfaction pour venir visiter le Cheikh.
Au terme de cette seconde visite, le Cheikh le confia à CHEIKH MBACKE BOUSSO
(son oncle) pour qu’il s’occupe de ses études dans son village de MBOUSOOBE, ils
sont retournés ensemble à DAARU HALIIMIL XABIIR (NDAAM), CHEIKH ABDOU
KHADRE y resta quelques temps avant de regagner son oncle CHEIKH MBACKE
BOUSSO, ce dernier le confia à un grand maître coranique CHEIKH NDIAYE, père de
SERIGNE NDIAYE GUEDE, pour qu’il s’occupe de sa mémorisation du Coran. Il est
resté avec celui-ci jusqu’à sa mémorisation parfaite du livre saint. Puis, comme à
l’accoutumée, il rédigea de sa propre main un exemplaire du Coran honoré qu’il remit à
son grand frère, le calife CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE ».
Il étudie ensuite le droit islamique et les disciplines de la langue arabe auprès de son
oncle le grand érudit CHEIKH MBACKE BOUSSO jusqu’à asseoir une base solide, il
continue son chemin jusqu’à DIOURBEL à l’école du grand érudit CHEIKH
MOUHAMADOU DEME pour approfondir son érudition dans d’autres domaines tels
que : la grammaire, la rhétorique, la prosodie, la logique, la bonne croyance, l’exégèse
du Coran l’astrologie et l’astronomie, etc.
Son installation à GUEDE :
Après son périple à la recherche de la science et des connaissances, le calife CHEIKH
MOUHAMADOU MOUSTAPHA l’instruit de rester à GUEDE à côté de son oncle
CHEIKH MBACKE BOUSSO, celui-ci lui fait construire une maison, pour qu’il reste
dans son giron. Mais malgré la longue distance qui le séparait de la mosquée, il ne
manquait jamais de répondre à l’appel de la prière. Certains disciples qui s’étaient
rendu compte de la pénibilité du trajet commencèrent à se faire des soucis pour lui, et à
éprouver une certaine commisération à son égard. Il leur dit : « j’aurais souhaité que le
chemin soit plus longs pour multiplier les récompenses » que le Seigneur me réserve
dans ces déplacements.
Conscient de son amour immodéré pour la prière, l’imam de la mosquée CHEIKH
MBACKE BOUSSO, avait l’habitude de patienter un peu, avant de commencer la prière,
s’il ne le voyait pas à son arrivée ; parce qu’il avait la ferme conviction qu’il allait
toujours se présenter, quelles que soient les circonstances et les raisons.
Pendant cette période, il entretenait avec le calife CHEIKH MOUSTAPHA MBACKE des
relations solides, consolidées par les nombreuses visites qu’il lui rendait très souvent.
CHEIKH MOUSTAPHA l’affectionnait beaucoup ; il disait : « j’aime CHEIKH ABDOU
KHADRE parce qu’il ressemble beaucoup au Cheikh. »
Il se rendait à Touba une fois par semaine, pour visiter le Mausolée de CHEIKHOUL
KHADIM et celui de CHEIKH MOUSTAPHA, avant de continuer son chemin en
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direction des cimetières pour visiter la tombe de sa mère la sainte dame AMINATA
BOUSSO.
Son déménagement à Touba :
En 1946, au début du califat de CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL MBACKE, il reçut de
celui-ci l’ordre de venir s’installer à Touba. Dès son arrivée, il construisit sa maison à
proximité de la mosquée et le calife lui creusa un puits devant sa demeure. Ce puits fut
par la suite occupé par la mosquée. CHEIKH FALLOU l’invitait chaque jeudi à venir
passer la journée avec lui. Et il y rencontrait CHEIKH MOUHAMADOU DIOP le fils aîné
de CHEIKH MASSAMBA DIOP SHAAM qui lui racontait les récits héroïques de
CHEIKHOUL KHADIM et les étapes de sa biographie. CHEIKH ABDOU KHADRE se
référait beaucoup à lui comme étant une chaine de transmission sûre, lorsqu’il lui
arrivait de raconter à certains privilégiés la vie du Cheikh.
C’est ainsi qu’il a vécu dans le giron de CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL ; il l’aimait le
respecter et lui vouait une révérence absolue. Ces sentiments de respect et de
révérence étaient réciproques. CHEIKH FALLOU avait l’habitude dire que CHEIKH
ABDOU KHADRE était un trésor parmi les trésors de CHEIKHOUL KHADIM.
Après le rappel-à-DIEU de CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL, CHEIKH ABOUL AHAD
a fait de lui son ministre conseiller son assistant, durant tout le califat de ce dernier il
avait la charge et la responsabilité de toutes les affaires religieuses. Il était l'imam de la
Grande Mosquée de Touba, dirigeait les prières des deux Fêtes (la Tabaski et la
Korité), ainsi que les prières mortuaires. Pendant vingt et un ans et deux mois, CHEIKH
ABDOU KHADRE MBACKE n’a jamais manqué la prière du vendredi, à l’exception des
deux semaines passées aux lieux saints de l’Islam, pour accomplir ce pilier obligatoire
qu’est le pèlerinage à la Mecque et pendant la courte maladie qui l’a emporté vers son
Seigneur l’Eternel qui est exempt de début.
Son pèlerinage à la Mecque :
En 1976, CHEIKH ABDOU KHADRE MBAKE (qu'Allah soit satisfait de lui) se rendit en
Arabie saoudite pour effectuer le pèlerinage à la Maison sacrée de DIEU et visiter la
Mosquée du prophète , il était accompagné d'un certain nombre d'érudits, de
dignitaires et de dirigeants de la Confrérie mouride choisis par CHEIKH ABDOU-L-
AHAD MBACKE. La raison de ce pèlerinage est que CHEIKHOUL KHADIM (qu’Allah
soit satisfait de lui) lui est apparu pour lui signifier d’aller accomplir le Hajj, Ceci fait
partie des prodiges que DIEU lui a accordé à l’instar de tous les autres saints et élus de
DIEU. Cette apparition s’est répétée à plusieurs reprises : à MBOUSOOBE, à Diourbel
et la dernière fois, ce fut à Touba. C’est ainsi qu’il prit la ferme résolution de se rendre
aux Lieux Saint de l’Islam.
Ses relations :
Cheikh ABDOUL KHADIR MBACKE (qu'Allah soit satisfait de lui) a continué d'exercer
ses fonctions d’imam ; tout en continuant à apporter son soutien à CHEIKH ABDOU-L-
AHAD MBACKE dans la gestion du califat. CHEIKH ABDOU-L-AHAD avait l’habitude
de dire que CHEIKH ABDOU KHADRE et lui étaient une et une seule personne.
Ses qualités et son caractère moral :
Cheikh ABDOU KHADRE MBACKE était un fervent défenseur de la SUNNA (tradition
du prophète ), son attachement à la SUNNA transparaissait dans son caractère, dans
ses comportements de tous les jours et dans ses relations avec autrui. . Dans ses
sermons et prédications, il exhortait toujours les gens à rester sur le droit chemin et à se
conformer à lois de la « CHARIA ». Il était caractérisé par une clarté admirable et
sereine dans toutes ses affaires, dans ses paroles, dans ses relations, dans son
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comportement et dans ses positions. Caractérisé par une ponctualité exemplaire, il n’a
jamais tardé à ses rendez-vous. Il était d’une modestie respectueuse et d’une
générosité exceptionnelle et désintéressée.
Son rappel-à-DIEU :
Après le rappel-à-DIEU de CHEIKH ABDOU-L-AHAD en 1989, CHEIKH ABDOU
KHADRE l’a succédé au califat tout en continuant à remplir convenablement ses
fonctions d’imam et à guider les créatures humaines dans le chemin de la droiture et de
la félicité divine aussi bien dans l’ici-bas que dans l’au-delà. Mais de temps après, il fut
rappelé-à-DIEU, à la suite d’une courte maladie, le 31 mai 1990, après avoir passé
onze mois seulement à la tête de la Confrérie mouride en tant que quatrième calife de
CHEIKHOUL KHADIM. Que DIEU l’agrée et nous fasse bénéficier de ses bienfaits.
AMEN !
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Il a fait de lui un soleil qui illumine les cieux de tous les temps, et poli les visages laids.
Il l’a laissé parmi nous pour qu’il continue Sa mission, nous comble de sa bénédiction et
nous guide sur le chemin de la rectitude et du bonheur éternel. »
Son éducation et sa formation :
Après sa naissance, il est resté dans le giron de son vénéré père jusqu’à atteindre l’âge
de la scolarité. Celui-ci le confia à son oncle, le gnostique CHEIKH HAMZATOU
DIAKHATE, pour qu’il s’occupe de sa mémorisation du Coran avec ses autres frères:
CHEIKH ABDOU-L-AHAD et CHEIKH CHOUHAYBOU. Puis le Cheikh
(Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui), lui dit: « Je vous ai confié la
tâche d’élever ces enfants, non pas parce que vous avez des liens de parenté,
mais pour une autre raison. Je t’ai éduqué et ai inculqué en toi quelque chose. Tu
es la personne la mieux indiquée pour leur transmettre cette chose et la
consolider en eux. Pour cette raison, je te confie la tâche de leur éducation et de
leur formation. »
C’est ainsi qu’ils sont partis avec leur oncle vers Touba la protégé, son lieu de
résidence. Une fois à Touba, Cheikh HAMZATOU DIAKHATE, les conduisit auprès du
grand maître coranique CHEIKH ASSANE DIAKHATE fils de JAMBAR (à vérifier) pour
assurer leur mémorisation du livre saint. On rapporte que CHEIKH SALIOU MBACKE
était doté d’une mémoire prodigieuse qui étonnait son entourage, le don d’apprendre et
de comprendre très rapidement, au moment de son apprentissage coranique. Il n’a
jamais oublié ce qu’il apprenait 27.
Pendant ce temps, leur vénéré père les faisait venir de temps en temps à DIOURBEL
pour inspecter leur état d’avancement, et leurs conditions d’étude. CHEIKH SALIOU
MBACKE a confié à son disciple Mauritanien CHEIKH HAMAAD WOULD ISHAAKH qui
rapporte : « J’avais demandé à CHEIKH SALIOU de partager avec moi les paroles qu’il
a eu à échanger avec son père, le CHEIKH. Il répond : après avoir mémorisé le Coran,
j’avais l’habitude de le fréquenter dans ses lieux de retraite, il m’interpellait parfois par
mon demandé de lui faire quelque chose. Il me disait, par moment, Ô SALIOU, dis
« BISMILAAH » (au nom d'Allah), et fais-moi ceci, fais le comme ci, fais le comme çà.
Ses études islamiques :
CHEIKH SALIOU MBACKE avait réussi à mémoriser le Coran, avec la méthode de
lecture de l’Imam WARSH, qui a pris de l’Imam NAAFIH, qui lui a pris de ABDOULAH
IBNU OUMAR (qu'Allah soit satisfait deux), sous la supervision de son maître CHEIKH
HASSAN DIAKHATE, mais avant de terminer sa rédaction manuscrite de l’exemplaire
du Coran pour attester, comme à l’accoutumée, sa mémorisation parfaite à l’orale
comme à l’écrit, CHEIKHOUL avait déjà été rappelé vers son Seigneur. Accompagné
de son oncle, il remit son exemplaire du Coran au calife CHEIKH MOUHAMADOU
MOUSTAPHA MBACKE.
Puis, il est allé s'installer auprès de CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA, dans son
village appelé HUSNUL MA-AAB ou TIDONDI et commence à étudier les sciences
islamiques auprès d’un grand érudit appelé Cheikh MAKHTAR DIENG GUYAR (à
vérifier). Il y étudie les principes de base de la science islamique comme la bonne
croyance, la jurisprudence, la théologie, le soufisme, la littérature arabe et la
grammaire. Mais, après avoir passé peu de temps à TINDODI, ils ont écourté leur
séjour pour se rendre à Touba, auprès du grand érudit CHEIKH HABIBOULAH
MBACKE, sur ordre du calife CHEIKH MOUSTAPHA. Il y a étudié quelques ouvrages
avant de continuer son chemin vers le MBAAKOL plus précisément dans les écoles
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Après avoir terminé ses études de législation islamique, CHEIKH SALIOU MBACKE a
entrepris un long voyage pour découvrir d’autres univers et se frotter avec les autres
cultures du monde. Ce voyage l’a mené un peu partout au Sénégal mais aussi en
Gambie, en Côte d'Ivoire et en Haute-Volta.
C’est au cours de cette période, qu’il a commencé à s'intéresser à l'éducation et à la
création de villages pour se consacrer à l’éducation et à l’agriculture et procéda à
l’aménagement de sa première ferme agricole à LOMBEL SAYEL (àvérifier) puis se
lance dans l’éducation des Mouride, nous sommes en 1930. Il combinait l'éducation
avec l’instruction religieuse et faisait parfois des déplacements à l’intérieur du pays.
Cependant, après le rappel-à-DIEU de CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA
MBACKE, il change de méthode et se consacre à l'éducation et à la création de villages
partout dans le pays.
En 1936, il s'installe à l'ouest du pays sur l'ordre de CHEIKH MOUHAMADOU
MOUSTAPHA, qui lui offre sa maison à Mbour. Ce qui sera pour lui le point de départ
pour aller à la conquête d’autres villages. Il crée un centre d’éducation et de formation
dans le village de KADD et y resta pour se consacrer à l’éducation, la formation
religieuse et l’agriculture. Il donnait à CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA
MBACKE tout le rendement de sa production agricole, en guise d’offrande. C’est
pendant cette même époque, qu’il procéda à l’ouverture d’un grand nombre de centres
éducatifs, dans les régions voisines, notamment à QAABAAN.
Dans les années 1950 ou 1960, il est retourné dans le centre du pays, où il a fondé
plusieurs autres centres, dont : NDIAPENDAL en 1956, NDIURUL à l’est de Touba en
1960 et NDOOKA en 1981, NDIAARO en 1983(à vérifier) et NDJIBIGEL en 1989.
Au début de son califat, CHEIKH SALIOU a ouvert un complexe éducatif et agricole
moderne et inclusif d'une superficie de 45 000 hectares situé dans la région centre de
KAFFRINE, au Sénégal,
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Parmi les écoles qui émanent de l’école de CHEIKH CHOUHAÏBOU nous pouvons
citer : l’école créée par son fils CHEIKH ABDOU-L-AHAD CHOUHAÏBOU, l’école de
SERIGNE CHEIKH ABDOU KHADRE, l’école de CHEIKH MOUSTAPHA ABDOU
KHADRE et l’école de CHEIKH HAMZA CHOUHAÏBOU qui, toutes, enseignent le
Coran jusqu’à la mémorisation, et assurent une très bonne formation religieuse et
spirituelle aux enfants.
La méthode d’éducation appliquée dans ses écoles :
Le CHEIKH combinait éducation coranique et éducation scientifique, spirituelle,
comportementale et morale. DIEU lui a accordé sa grâce et sa bénédiction qui ont fait
que des modèles d’éducateurs et de guides religieux qui, tous, sont sortis de son école.
Ce sont, entre autres, CHEIKH ABDOU-L-AHAD CHOUHAÏBOU, CHEIKH DJILY
ABDOU-L-AHAD, CHEIKH MOUSTAPHA ABDOU KHADRE et CHEIKH HAMZA
CHOUHAÏBOU, etc.
Ses ouvrages et ses publications :
Afin d'éduquer les élèves et les adeptes qui se trouvaient déjà dans ses écoles,
CHEIKH CHOUHAÏBOU avait entrepris d’écrire de nombreux ouvrages sur le TAWHIID
(la bonne croyance), le FIQH (la jurisprudence), le soufisme, l'éthique, les prières et les
invocations et ses ouvrages ont non seulement servi ses propres disciples mais ont été
d’une utilité remarquable pour tous les musulmans. Pour cette raison, il avait choisi de
rédiger certains de ses ouvrages en wolof pour une meilleure vulgarisation.
Ces ouvrages sont :
- le soulagement et la quiétude dans la distinction et la mise en exergue de
certaines obligations d’ordre individuelles ;
- l’objectif des aspirants et la richesse de ceux qui cherchent assistance ;
- les règles de politesse requises pour la lecture du Coran ;
- -les origines du soufisme ;
- l’acquisition des désirs par l’expiation des péchés ;
- recommandation adressée à son homonyme CHEIKH CHOUHAÏBOU DIENNE ;
- les discours et les recommandations
Son rappel-à-DIEU :
CHEIKH CHOUHAÏBOU MBACKE avait fait de sa vie un don pieux « WAQFUN »
destiné uniquement à son Seigneur et une propriété de l’Islam entièrement dévouée au
service du Coran et de la science religieuse par l’éducation et la formation des enfants
musulmans selon les vertus et les valeurs enseignées par CHEIKHOUL KHADIM toute
sa vie et dont il chargé de transmettre suivant les recommandations de son père. Il n’a
jamais délaissé l’accomplissement de cette mission jusqu’à son dernier souffle. Il fut
rappelé à DIEU une nuit de vendredi correspondant avec la Nuit du Destin « LAYLATUL
QADRE » du mois de ramadan. C’était le jeudi 05 avril 1991, à Touba où il repose
désormais. Que DIEU l’agrée et le rétribue d’avoir consacré sa vie au service du Coran,
des sciences religieuses et de l’éducation et la formation des jeunes ; et nous comble
de ses bienfaits et de sa grâce. Il est le Meilleur Maitre et le Meilleur Soutien.
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deux nobles parents. Sa mère est la fille de SERIGNE BAMBA SYLLA fils du grand
érudit et exégète du Coran CHEIKH MOUHAMADOU NOUMBE MAR SYLLA.
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C’est ainsi qu’il est revenu à Touba auprès de son grand frère aîné CHEIKH
MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE qui lui a enseigné, en même temps que
CHEIKH ALIOU MBACKE son fils, l’ouvrage de CHEIKHOUL KHADIM intitulé :
« TAZAWUDU SIQHAAR » (le viatique des adolescents) et le texte de la « RISAALA »
(lettre) de ABII ZAYD ALQAYRAWAANII ». Le calife CHEIKH MOUSTAPHA combinait,
en même temps, les charges de l’imam, l’enseignement de la religion et le califat.
Par la suite, les charges du califat commencèrent à s’accumuler autour de lui et à
constituer un lourd fardeau qui ne lui permettait plus de donner à l’enseignement de la
religion le temps nécessaire. Fort de cela, il est parti auprès du grand érudit CHEIKH
MOUHAMADOU LAMINE DIP DAGANA, dans le village de KELL pour étudier les
ouvrages de jurisprudence et de théologie, ainsi que d’autres domaines de la religion.
Mais dès qu’il découvrit chez que ce dernier menait d’autres en dehors de
l’enseignement, il se dirigea vers la terre des saints, dans le désert de la Mauritanie ; où
il séjourna, pendant deux ans, pour approfondir son érudition, auprès de grands érudits
comme le grand poète CHEIKH ABOO MADYANA qui a dédié à CHEIKHOUL KHADIM
beaucoup de poèmes. Il lui a enseigné beaucoup d’ouvrages dans plusieurs branches
et disciplines de la science religieuse dont la rhétorique, la prosodie, la logique et la
grammaire. CHEIKH ABOO MADYANA l’aimait beaucoup et avait une estime immense
pour lui. Il disait que le séjour de CHEIKH MOUHAMADOU MOURTADA était une
opportunité inouïe dans la mesure où il lui permettait de mieux connaitre le Seigneur et
d’augmenter ses connaissances gnostiques.
Et puis, après deux ans, il rentra chez lui, et s'installa dans l'école de CHEIKH MBACKE
BOUSSO, pour étudier auprès de son fils CHEIKH ASSANE BOUSSO, des ouvrages
de l’école de l’Imam MALICK, comme le « MUXTASAR » (le résumé) de CHEIKH
KHALIL, avant de retourner, une seconde fois, dans le village de KELL pour poursuivre
la recherche scientifique et l’acquisition des sciences dans beaucoup d’autres domaines
religieuses et littéraires.
Sa vie soufie :
A cette époque, ses dons spirituels avaient commencé à se manifester. Il multipliait ses
retraites et ses actes de dévotion. Il était déjà un soufie au sens premier du terme. Il
aimait faire du tourisme, ce qui l’incitait à parcourir la terre à la découverte des
merveilles de DIEU, ces voyages l’ont menés au SALOUM chez CHEIKH MOR
KHARY SY, celui-ci tenta de le persuader à rester, comme l’avait fait son père avec
CHEIKHOUL KHADIM, une répétition de l’histoire qui ne relève point du hasard.
CHEIKH MOURTADA finira par obtempérer et resta deux ans avec lui. Pendant tout le
temps qu’il est resté au SALOUM, il leur imposait la rectitude et la droiture et insistait
beaucoup sur la séparation entre les hommes et les femmes dans les assemblées de
religion.
Ses voyages et ses tournées dans le monde :
A son retour à Touba, il est allé voir son grand frère le calife CHEIKH MOUHAMADOU
MOUSTAPHA pour discuter avec lui sur les voies et moyens à utiliser pour obtenir de
l’administration coloniale l’autorisation de construire des établissements d’éducation et
d’enseignement, comme il va le faire avec son grand frère CHEIKH BACHIR, SERIGNE
ABDOU AZIZ SY DABAAX, SEYDOU NOUROU TALL et ELHADJ IBRAHIMA NIASS.
En 1957, il adresse une lettre au Gouverneur général de l’Afrique occidentale française
et devra attendre jusqu’en 1959 pour obtenir une réponse.
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religieuses, ethniques et régionales. Son objectif ultime était de trouver une source
inépuisable de financement, destinée à son projet de bienfaisance, dans le domaine de
l’éducation ; et d’aider les gens à trouver des opportunités d’emploi inédites, afin de
pouvoir, dignement, trouve une subsistance licite.
Il avait mis sur pied une filiale ALAZHAR spécialisée dans l’imprimerie la reprographie
et les publications des livres de science religieuse tout en participant à la préservation
du patrimoine écrite du Mouridisme. Il s’activait également dans le domaine agricole, à
l’instar de tous les chefs religieux de la Confrérie mouride. Outre la riziculture, il cultivait
également le millet et d’autres variétés céréalières, dans ses différents champs. Dans
le chapitre de ses nombreuses réalisations, on compte un nombre important de
mosquées et de centres islamiques construits un peu partout au Sénégal et plusieurs
écoles coraniques où l’on enseigne gratuitement le Coran et les devoirs religieux aux
enfants musulmans ; dont les plus célèbres sont : l’école de DAARA HALIIMUL XABIIR
(NDAAM) et celle du quartier HAALIYA de Touba ; sans oublier les mosquées
construites dans la diaspora et à l’intérieur de ses nombreuses maisons qui se trouvent
dans presque toutes les régions et les grandes villes du Sénégal. Lors de ses
nombreuses tournées à l’étranger pour la propagation de l’Islam, il ne se lassait jamais
d’exhorter les émigrés à unir leurs efforts pour construire des mosquées et des centres
islamiques dans les terres d’accueil, au bénéfice de leurs enfants qui y recevront une
éducation islamique. Ces discours étaient toujours axés sur ce triptyque : l’adoration
exclusive de DIEU en vouant un attachement indéfectible aux lois de la législation
islamique « CHARIA », l’exécution rapide et méticuleuse de ses ordres, l’éloignement
définitif de ses interdits. Quant aux disciples mourides, il les exhortait à multiplier les
efforts dans la recherche de la science et à faire preuve d’une détermination
inébranlable et d’un engouement sincère dans l’adoration du Seigneur. Il avait
l’habitude de dire : « le Mouridisme repose sur les enseignements du Coran et de
la « SUNNA » (traditions du prophète ). Toute perception ou conception
contraire à cette assertion confirmée relève de l’ignorance ou de
l’intempérance. »
La propagation du Mouridisme à l’étranger :
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connue de tous ; ses domiciles et ses lieux de résidence ne désemplissait jamais, les
hommes et les femmes - toutes catégories confondues- se précipitaient vers lui pour
solliciter ses prières et sa bénédiction ou profiter de l’abondance de sa générosité
légendaire. Epris de vérité et amoureux de la science, il vouait aux gens véridiques, aux
scientifiques et aux érudits de l’Islam, un respect affectueux et une considération
particulière. Ceux-ci jouissaient de tous les privilèges auprès de CHEIKH
MOUHAMADOU MOURTADA qui prenait soin de toujours les placer au-devant de la
scène. Doté d’un esprit chevaleresque et d’un sens élevé de la dévotion, CHEIKH
MOUHAMADOU MOURTADA n’a jamais reculé devant les obstacles qui ont essayé de
ralentir la marche de sa noble mission divine.
Bref, il avait hérité les nobles qualités d’inspiration coranique de son homonyme, notre
bien-aimé, le prophète Muhamed . Son amour infini et sincère envers le Seigneur
l’avait assujetti à la vivification permanente des nuits par des invocations et des prières
surérogatoires. Pendant les dernières années de son séjour terrestre, il lisait chaque
tout le Coran, du début à la fin. On rapporte qu’une nuit, après avoir accompli ses
obligations envers le Seigneur, il ressentit une fatigue extrême qui l’endormit
profondément. A son réveil, il ordonna aux disciples d’enlever le lit de la chambre ; puis
il dit : un musulman ne doit pas dormir pendant plus de deux heures. Il disait aussi que
la priorité, pour tout un chacun, est de se concentrer, de se focaliser sur ce qui sauvera
son corps du feu de l’enfer.
Son rappel à DIEU :
Après avoir consacré toute sa vie dans l’accomplissement des actions agrées par DIEU
(le Tout Puissant) et Son, au service de l'Islam et des musulmans. I fut rappelé à DIEU,
dans un hôpital militaire du Royaume du Maroc, le samedi août 2004, correspondant au
vingtième jour du mois de « JUMAADAL-UULAA » (cinquième mois lunaire du
calendrier hégirien), et son corps fut transféré dans la plus grande discrétion vers
Touba. Après la prière mortuaire dirigée par CHEIKH MOUHAMADOU MOUNTAQAA
MBACKE, il fut enterré dans l’enceinte de la Grande Mosquée de Touba où il repose
désormais.
Que DIEU l’agrée et nous fasse bénéficier de sa bénédiction. AMEN !
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ne s’est jamais séparée de lui jusqu’à la veille de son. Puis elle est allée compléter ses
études islamiques auprès des proches de son père.
Son éducation soufie :
Racontant les conditions difficiles de ses premiers moments d’éducation spirituelle,
SOKHNA FATOUMATA MBACKE disait que son père lui avait autorisé de ne manger
qu’une seule fois, chaque vingt-quatre heure, une lichette de pain assortie d’un vert
d’eau, à une où la maison était pleine de nourriture délicieuse et de toutes sortes. Ce
qui atteste, à suffisance, le caractère fondamental de l’esseulement, de la faim, du
silence et des veillées nocturnes ; qui constituent des piliers essentiels, dans l’éducation
spirituelle de CHEIKHOUL KHADIM qui, à ce propos dit :
«Le silence méditatif, la faim prolongée, les veillées nocturnes, et l’esseulement à
l’exception du guide indispensable sont des étapes incontournables de l’ascension
spirituelle. »
Car la gourmandise, l’hypersomnie, la prolixité et la fréquentation inutile sont des
refuges propices aux embuscades tendues par Satan (le maudit) aux privilégiés
engagés sur le chemin de la connaissance gnostique et de l’élévation spirituelle. Pour
cette raison, CHEIKHOUL KHADIM a beaucoup insister sur la nécessité de les limiter
au grand maximum et de se contenter du stricte nécessaire pour survivre et pouvoir
adorer le Seigneur. A cet effet, il dit : «Celui qui ne se préoccupe que de la nourriture et
du sexe mérite le blâme général.
Contentes toi de la quantité de nourriture strictement nécessaire pour pouvoir se tenir
debout et adorer le Seigneur.
Selon les gnostiques, celui qui se dit aspirant de DIEU et reste très attaché à la
nourriture fait pleurer les anges du Tout Puissant.
Que la miséricorde tombe sur lui, réfères toi aux paroles des savants gnostiques.
Une modèle de par son aspiration sincère :
Tous ces enseignements de CHEKHOUL KHADIM ne sont pas seulement des
imaginations chimériques où des théories de l’école de Touba inapplicables sur terre.
Sans aucun doute, le Cheikh les a véritablement appliqués à tous ses disciples, sans
exception, en commençant par ses propres enfants, les filles comme les garçons ;
avant de l’appliquer aux autres.
C’est ainsi que SOKHNA FATOU DIA MBACKE - comme on l’appelait communément-
s’est distinguée par une réputation de sainteté éminente, des qualités exceptionnelles
et un caractère noble qui faisaient d’elle une dame modèle pour tous les Mourides, plus
particulièrement les femmes. Conscient de sa crainte révérencielle envers DIEU, de son
ascétisme rigoureux et de sa chasteté admirable, de sa croyance en DIEU inébranlable,
de son comportement exemplaire, de son attachement indéfectible aux lois et
recommandations de la « CHARIA » et de la tradition du prophète , en toutes
circonstances, son vénéré père, CHEIKHOUL KHADIM, avait lui-même envoyé chez
elle sa petite sœur SOKHNA MAÏMOUNATOU KUBRAA, après qu’elle ait terminé ses
études islamiques, pour qu’elle s’occupe de son éducation spirituelle.
Elle avait atteint le degré de l’aspiration sincère et était, de ce point de vue, devenue
une aspirante sincère « MURID SAADIQ ». Cette aspiration sincère, sa détermination
sans faille, et sa dévotion totale envers le Seigneur ont caractérisé toute sa vie. Toutes
ces qualités ont été attesté par son vénéré père. Un Arabe Mauritanien était venu, un
jour, à DIOURBEL, pour effectuer une visite auprès du Cheikh. Sur son chemin, il croisa
SOKHNA FATOU DIA MBACKE et fut émerveillé par ses qualités morales et son
éducation spirituelle; arrivé auprès du Cheikh, il lui dit : « je viens de rencontrer votre
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fille FATOUMATA », le cheikh lui rétorqua : « elle est certes une aspirante sincère ».
Parmi ses actions qui illustrent à merveille le caractère sincère de son aspiration, son
amour et son extinction au Cheikh : la façon singulière dont elle avait participé à la
construction de la Grande Mosquée de Touba. Elle avait réuni tout ce qu’elle possédait
comme argent, vendu tous ses bijoux et tous ses biens qui avaient une valeur
marchande, pour ensuite remettre la somme en guise d’offrande. Elle ne s’est pas
arrêtée de si bon chemin, mais préparait sans cesse des repas copieux destinés aux
ouvriers. Son amour pour le Cheikh l’avait poussé à toujours solliciter la bénédiction et
la grâce de tous ses frères et de toutes ses sœurs qu’elle considérait comme les
enfants de son guide spirituel. Un jour son petit frère CHEIKH MOUHAMADOU
MOUSTAPHA était venu lui rendre visite, au moment de prendre congé d’elle,
SOKHNA FATOU DIA s’est mise à essuyer ses chaussures et les traces de sa voiture
pour se bénir le visage et le corps. Lorsqu’elle était à Diourbel, après le rappel à DIEU
de son vénéré père, elle avait l’habitude d’enlever ses chaussures, au passage du train
qui venait de Touba (la ville où repose son Cheikh), en signe de respect et de
considération pour cette ville et celui qui s’y trouve.
Elle s’occupait beaucoup des cimetières de DAARU HALIIMUL XABIIR (NDAAM) et de
XURU MBACKE, où sont enterrés les enfants du CHEIKH qui sont décédés à bas âge,
pour préserver le respect révérenciel qu’elle voue, pour toujours, à leur père. Si l’on sait
que la préservation de ce respect révérenciel fait partie des signes les plus
emblématiques d’une aspiration sincère, comme l’a clairement explicité le Cheikh dans
ces verts suivants :
«Ô vous les aspirants, les règles de politesse chez les élus de DIEU se résume en
cinq :
La préservation du respect révérenciel envers les saints et les élus les plus gradés ; la
loyauté dans le dévouement et la reconnaissance des bienfaits, lé persévérance tenace
et inébranlable devant n’importe quel obstacle.
Efforcez-vous donc de faire preuve d’un respect révérenciel absolu envers DIEU et
envers tous ceux qui sont attachés à Lui. Parmi ceux qui ont reçu la prophétie, ceux qui
ont obtenu des prodiges, les savants et tous ceux qui guident dans le droit chemin, ainsi
que ceux parmi les membres de la communauté qui ont une filiation solide et sincère
avec eux.
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détruire mes livres ». Sur ce, ils ont entreprit la réfection de la case et aussitôt après
avoir terminé les travaux, les eaux de pluie ont commencé à tomber, dans tout Touba et
ses environs, avec une abondance extraordinaire.
Un jour, CHEIKH AFIA MBACKE, fils de CHEIKH ABDOUL WADOUD MBACKE, et une
forte délégation, avaient entrepris un voyage vers POROKHANE, pour visiter le
Mausolée de SOKHNA DIAARA BOUSSO. Sur la route, ils ont fait un accident grave et
huit d’entre eux ont trouvé la mort. Les premières informations qui étaient parvenues à
Touba avaient cité CHEIKH AFIA MBACKE parmi les victimes. Lorsqu’elle eut écho de
ces informations, elle demanda aux gens d’aller vérifier les informations, avant d’ajouter
que, selon elle, CHEIKH AFIA MBACKE, qui était très dévouée à ses services ne
pouvait pas, en aucun cas, faire partie des morts. Ce n’était pas le moment pour lui de
quitter ce bas-monde. Et effectivement il en était ainsi ; car CHEIKH AFIA MBACKE est
resté sur terre trente ans après cet incident tragique, avant de regagner son Seigneur.
Son rappel à DIEU :
SOKHNA AÏSSATOU GAAWAANE MBACKE a consacré toute sa vie au service de
l’Islam et de l’éducation des Mourides, jusqu’à son rappel à DIEU, en 1984. Elle repose
désormais dans les cimetières de Touba la protégée.
Que DIEU l’agrée et nous fasse bénéficier de ses bienfaits !
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les confier à ses bons soins. Jusqu’au moment où ces lignes sont en train d’être
consignées par écrit, il y a dans sa maison de Touba une école coranique qui est
toujours fonctionnelle. Il est très rare voir presque impossible de trouver une famille
parmi les grandes familles de la Communauté mouride qui ne compte pas en son sein,
une ressortissante de ses écoles qui a reçu de SOKHNA MOOMY une bonne éducation
religieuse et domestique. Elle a réussi la prouesse scientifique, artistique et littéraire
d’avoir rédigé en wolof des poèmes pour y enseigner les obligations de la prière, les
procédés méthodiques du lavage obligatoire et les autres actes d’adoration, pour
faciliter leur assimilation. Par exemple, nous pouvons en citer ce vers en « BASIITE »
(dont la prosodie correspond au tétramètre), il dit en wolof :
C’est ainsi qu’elle est restée jusqu’à son rappel à DIEU, en 1988. Que DIEU le rétribue
pour ses œuvres remarquables en faveur de l’Islam et nous fasse profiter de ses
bienfaits, par les grâces et bénédictions de CHEIKHOUL KHADIM.
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il ne pouvait pas, selon les règles strictes, préétablies par la législation islamique,
voyager avec elle. C’est ainsi qu’il fit venir l’oncle de SOKHNA KHADIDIATOU
MBACKE, en l’occurrence SERIGNE MBACKE KINNE (à vérifier), pour le charger de
cette mission importante. Accompagné de son oncle, ils prirent un véhicule que
CHEIKH ISSA DIENNE avait donné au Cheikh, en guise d’offrande pour se rendre
auprès de CHEIKH MBACKE BOUSSO.
Ce fut en 1929, après son retour de pèlerinage à la Mecque, que SERIGNE MBACKE
BOUSSO exécuta les recommandations du CHEIKH, qui consistaient à sceller l’union
de SERIGNE ASSANE BOUSSO avec SOKHNA KHADIDIATOU MBACKE. SOKHNA
KHADIDIATOU est ainsi restée à côté de son époux, le grand érudit (SERIGNE
ASSANE BOUSSO), à GUEDE et à HADAA-IQUL FADAA-IL, pour se dévouer à ses
services, dans un contexte difficile et dans des conditions extrêmement rudes et
défavorables. De cette union naquirent : SOKHNA FATY BOUSSO (la fille aînée de
SERIGNE ASSANE BOUSSO) en 1930, à HADAA-IQUL FADAA-IL, SERIGNE
AHMADOU BOUSSO, vers 1933, à GUEDE et SOKHNA AÏDA BOUSSO, en 1936.
Faisant des témoignages sur son époux, SOKHNA KHADIDIATOU MBACKE déclare
n’avoir vu aucune différence entre son époux SERIGNE ASSANE BOUSSO et son père
SERIGNE MBACKE BOUSSO, si ce n’est la différence d’âge ; comme pour dire que
toutes les qualités d’érudition, de sainteté et de crainte révérencielle envers le Seigneur
que l’on attribuait à SERIGNE MBACKE BOUSSO étaient en SERIGNE ASSANE
BOUSSO. J’ai appris de source sûre que SOKHNA KHADIDIATOU avait une maitrise
parfaite du Coran, aussi bien à l’orale qu’à l’écrit. Elle avait des dons exceptionnels en
calligraphie et aidait son époux dans l’écriture des tablettes de bois ; une tâche qu’elle
accomplissait avec une finesse exquise et une rapidité hors du commun.
SERIGNE ASSANE DIOP qui a eu le privilège d’avoir reçu ses enseignements, durant
ses premières années d’étude ; nous a affirmé la véracité de tout ce que nous venons
de dire sur cette sainte et vertueuse dame.
Ses caractéristiques et sa moralité :
Il est tout à fait naturel de concevoir, très facilement, le caractère exceptionnel des tous
les enfants du Cheikh. Ce sont tous des étoiles sur lesquelles on se guide. A l’instar de
tous ses frères et sœurs elle était d’une douceur singulière, d’une générosité
exceptionnelle qui la prédisposait à être sociable attentionnée vis-à-vis de tout le
monde.
Elle avait à sa disposition plusieurs jeunes filles, qu’elle était chargée de former et
d’inculquer une éducation religieuse et domestique, dont : SOKHNA BOUSSO
SANKHE mère de SERIGNE TAFSIR MBACKE et ses sœurs, SOKHNA MARYAMA
BOUSSO, sœur de SOKHNA AMINTA BOUSSO IBRAHIMA, mère de SOKHNA MAY
NDIAYE, KHADY NDIAYE épouse de MODOU YASSINE NDIAYE à MBACKE, ASTA
DIOP épouse de MODOU SOW, BOUSSO MUBAKKAR fille de SERIGNE MAHMOUD
MUBAKKAR à DAARU MUHTY, SOKHNA MBARICK DABA, mère du célèbre MBAYE
FALL, SOKHNA AMINTA SANKHE, épouse de SERIGNE MODOU BOUSSO, premier
calife de SERIGNE MBACKE (à vérifier), SOKHNA KHADY BOUSSO HALIYYU,
KHADY KEBE fille du grand OUSMANE KEBE (à vérifier), et SOKHNA MARYAMA
DJIGUEL (à vérifier). Mais malgré la présence de toutes ces jeunes filles dans son
foyer. Elle n’a jamais accepté de leur laisser s’occuper des travaux sans œuvrer à leur
côté, comme une des leurs. Ce qu’elle pouvait bien faire, en toute légitimité, mais sons
sens élevé de la responsabilité, son humilité légendaire et son dynamisme exceptionnel
ne pouvait lui faire adopter une autre attitude. Elle était très attachée à la propreté et à
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la rectitude, ce qui témoigne de son goût raffiné et épuré ; et aimait la bravoure, les
actes d’héroïsme au service de l’Islam. Qualités que l’on retrouve chez ses enfants,
comme SERIGNE AHMADOU ASSANE BOUSSO qui en était un digne dépositaire et
sa sœur SOKHNA AIDA BOUSSO qu’ALLAH la préserve longtemps parmi nous.
Son rappel à DIEU :
Elle a été rappelée à DIEU, en 1945. Elle était venue à Touba pour effectuer une visite
auprès de son grand frère le calife CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA qui était en
convalescence. C’est ainsi qu’elle contracta une maladie qui l’a subitement emportée la
même année que son grand frère CHEIKH MOUSTAPHA-AL KARIM, alors qu’elle était
seulement âgée de 35 ans. Sa prière mortuaire fut dirigée par CHEIKH
MOUHAMADOU FAADILOU, le deuxième calife. Son fils CHEIKH AHMADOU ASSANE
BOUSSO lui a dédié une élégie très émouvante :
- Mon admirable mère s’en est allée, la distinguée aux avantages exceptionnels ;
- Un quatorzième jour du mois de JUMAADAL UULAA ;
- Elle était partie après le « ZUHR » (mi-journée) en direction de Touba ;
- Chez son frère le grand maître ;
- MOUSTAPHA le noble élu au grade élevé ;
- Dans sa vaste résidence de DAARU QUDOOS ;
- Que DIEU la préserve des ennuis et des malheurs ;
- Ce fut en l’an 1360 de l’hégire, dit le à celui qui demande ;
- L’intervalle de temps qui la sépare de MOUSTAPHA son frère ;
- Est de deux mois dix-neuf jours ;
- Lui consacrer une élégie de dix-huit vers est pour moi un bonheur suprême ;
- Que DIEU le Unique Créateur déverse sur eux ;
- Des nuages de miséricordes et ce de façon permanente ;
- Par la grâce de celui dont le pareil ne saurait jamais exister ;
- Le serviteur privilégié de AHMAD l’originaire de la Mecque, le plus noble des
êtres ;
- Que la Paix et le Salut éternels de DIEU soit sur lui ;
- Ô mon Seigneur ! Tant que brilleront les astres célestes ;
- Louange à Allah qui nous a gratifiés, en abondance, de Ses bienfaits !
Les sources bibliographiques de cette recherche :
SERIGNE THIERNO BOUSSO MOULAYE l’a rapporté de son père SERIGNE
MOULAYE BOUSSO ; SERIGNE ASSANE DIOP un contemporain qui a vécu avec
SOKHNA KHADIDIATOU MBACKE à GUEDE ; SERIGNE ASSANE SYLLA de
KAOLACK qui a rapporté de son père.
Présentation :
SOKHNA MAÏMOUNATOU KUBRAA est la fille de CHEIKHOUL KHADIM et de
SOKHNA AMINATOU BOUSSO, fille de SERIGNE MBUSOOBE, (frère germain de
SOKHNA DIARRA BOUSSO) ; il est le fils de MAME ASTA WAALO qui, elle, est la fille
d’AHMADOU SOKHNA BOUSSO, fils de MAME MAHARAM MBACKE.
D’un autre côté, sa mère AMINATOU est la fille de KANNI (à vérifier) AÏCHA, fille de
MOR DIEYE (à vérifier), fils d’IBRAHIMA AWA NIANG, fils de MAME MAHRAME
MBACKE. Sa mère AMINATOU est également la fille de KANNI AÏCHA, fille d’AÏCHA
BALLA, fille de MAME BALLA, fils de MAME MAHRAME. Qu’Allah les agrée tous.
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Cette personnalité exceptionnelle, que nous allons étudier avec une profonde humilité,
pour essayer d’apporter la lumière sur les mystères merveilleuses qui ont jalonné sa
vie, fait partie des grandes écoles du Mouridisme, où ont été éduquées et formées,
plusieurs dames issues des grands familles religieuses que compte la Confrérie
mouride. Nous pouvons dire sans risque de nous tromper qu’il est impossible de
raconter toute son histoire en vingt-quatre heures. Parce qu’elle était un océan de
grâces insondable, une modèle de référence pour toutes les femmes musulmanes,
aussi bien dans l’adoration du Seigneur que dans l’obéissance envers son époux. Son
sourire aimable et bienveillant, son humilité parfaite et sincère et son caractère noble,
étaient devenus une véritable légende vivante. Elle était considérée comme un
symbole, par excellence, dans le dévouement envers CHEIKHOUL KHADIM et
l’éducation des disciples.
Sa naissance et ses origines :
Son nom est MAÏMOUNA – celle qui est née sous d’heureux auspices, la favorisée- on
l’appelait le plus souvent, SOKHNA MAÏMOUNA SUGHRAA (la petite MAÏMOUNA), par
opposition à sa grande Sœur, qu’on appelait SOKHNA MAÏMOUNA KUBRAA (la
grande MAÏMOUNA), pour faire la différence.
Elle est née un jeudi du mois de RAMADAN, (neuvième mois lunaire du calendrier
hégirien/ mois du jeûne), de l’an 1343 de l’hégire, correspondant au 30 mars de l’année
1925 du calendrier grégorien, à DIOURBEL.
CHEIKHOUL KHADIM s’est chargé lui-même des rituels, le jour de son baptême, et l’a
baptisé d’après la mère des croyantes, (l’épouse du prophète ) la sainte et vertueuse
dame MAÏMOUNA fille de HAARISE. SOKHNA MAÏMOUNA a été la dernière fille de
CHEIKHOUL KHADIM, son dernier enfant ; et porte en même temps le nom de la
dernière épouse du prophète. Point besoin de présenter son père CHEIKHOUL
KHADIM (le serviteur privilégié du prophète) qui jouit de la plus haute renommée. Quant
à sa mère, il s’agit de la sainte et vertueuse dame SOKHNA MAME KHARY DAARU
SYLLA, fille de CHEIKH BAMBA SYLLA, fils de SERIGNE TAÏBA MOUHAMADOU
NOUMBE MAR SYLLA, compagnon de fortune de MAME MOR ANTA SYLLA que
CHEIKHOUL KHADIM avait sollicité et désigné pour diriger la prière mortuaire lorsque
son père MAME MOR ANTA SALY fut rappelé à DIEU.
Son éducation religieuse et sa formation :
SOKHNA MAÏMOUNA SUGHRAA n’a vécu que deux ans et un mois avec sa mère qui
fut rappelée à DIEU en 1346 de l’hégire/ 1927 du calendrier grégorien. C’est son grand
frère CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE qui s’est chargé entièrement
de son éducation. Lorsqu’elle fut parvenue à l’âge de la scolarité, CHEIKH
MOUSTAPHA la confia au grand maître coranique CHEIKH ASSANE DIAKHATE, le
cousin paternel de CHEIKH HAMZATOU DIAKHATE, oncle de CHEIKH ABDOU-L-
AHAD, CHEIKH CHOUHAÏBOU et CHEIKH SALIOU. CHEIKH ASSANE DIAKHATE lui
a enseigné le Coran jusqu’à la mémorisation parfaite. Après avoir mémorisé le Saint
Coran, elle se lança dans les études islamiques, auprès de son grand frère, le
deuxième calife, CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL MBACKE, elle est restée longtemps
auprès de celui-ci, jusqu’à atteindre un niveau d’érudition élevé dans plusieurs
domaines, plus particulièrement dans le domaine de la jurisprudence de l’école
« MALICKITE » (par référence à l’Imam MALIK).
SOKHNA MAÏMOUNA avait hérité, de sa sainte et vertueuse mère, les vertus
cardinales de la spiritualité ; avant de recevoir, par transmission, l’éducation spirituelle
de ses deux grands frères : CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA et CHEIKH
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Coran et son chapelet, pour se consacrer à eux. Elle a toujours été égale à elle-même,
en veillant scrupuleusement à la préservation de son identité islamique, musulmane et
mouride. Un exemple que nous devons tous suivre. Elle avait habitué tout le monde à la
dégustation des nourritures les plus délicieuses, plus particulièrement ceux qui vivaient
dans les grandes concessions des dignitaires Mourides, qu’elle remplissait de boissons
rafraîchissantes et de plats succulents, surtout pendant le mois béni de RAMADAN.
On lui attribue un poème en wolof qui en dit longs sur les qualités et les vertus innées
en sa personne et avec lesquelles elle a élevé ses disciples et tous les membres de sa
famille.
Dès l’entrée en matière, elle adresse ses louanges au Seigneur, Le remercie pour tous
les bienfaits qu’Il nous a gratifié et les grâces incommensurables qu’Il nous a
accordées. Puis elle décerne des louanges méritées à son vénéré père, son Cheikh,
son guide spirituel, lui renouvelle son allégeance sincère et sa détermination à lui vouer
une obéissance totale, avant de lui exprimer son amour profond et son attachement
indéfectible. Puis elle lève un coin du voile pour éclairer nos lanternes sur ses relations
avec CHEIKH MOUSTAPHA qui, après l’avoir élevé, lui a inculqué les principes
fondamentaux de l’Islam et les valeurs fondatrices du Mouridisme. Pour ensuite,
partager avec nous, un recueil posthume de ses directives et recommandations qui lui
étaient destinés. Au début de ces recommandations, elle nous livre une description
succincte de l’aspiration sincère qui se limite à l’exécution immédiate des ordres et au
délaissement total des interdits.
Parmi ses recommandations, il y a l’accomplissement des actes d’adorations,
conformément à la tradition prophétique, seul moyen de réaliser la félicité suprême,
dans l’au-delà. Il y a aussi l’appropriation des bonnes qualités morales, des nobles
caractères et des règles de politesse islamiques avec lesquelles on reconnait la morale
islamique d’une personne ainsi que sa piété. L’application minutieuse de ces règles est
également le seul moyen à suivre, pour parvenir à tisser, avec tout le monde, des
relations fructueuses, fondées sur le respect mutuel et la considération réciproque.
C’est seulement, par l’appropriation et la pratique de ces bonnes qualités morales, de
ces nobles caractères, inspirés des valeurs religieuses et spirituelles enseignées par
l’Islam, que l’on parviendra à attirer le cœur des gens et bénéficier de leur affection
sincère. Ensuite, CHEIKH MOUSTAPHA l’avait exhorté à déployer toutes les énergies
nécessaires pour chercher le licite à travers des activités rémunératrices légalement
reconnues par l’Islam, seul gage assuré de succès, d’acceptation des œuvres et des
actes d’adoration. C’est aussi une condition sine qua non pour la réalisation effective
des besoins nécessaires de survie et des exigences minimales et impérieuses de la vie.
Et en fin, il avait terminé ses recommandations, en l’encourageant à faire preuve de
beaucoup de dévouement et d’obéissance envers son époux caractérisé par la crainte
révérencielle envers le Seigneur. Recommandation dont la réalisation passe par
l’application scrupuleuse et l’appropriation réflexive et pragmatique des nobles qualités
morales réunies dans ce triptyque : la patience inaltérable, l’indulgence douce et tendre,
ainsi que la bienfaisance ingénieuse et active.
Après avoir terminé avec les recommandations de CHEIKH MOUSTAPHA, elle nous
plonge dans l’univers de ses relations avec CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL, en
commençant par énumérer avec beaucoup de fascinations les nobles actions de
SERIGNE FALLOU : la position courageuse et inflexible qu’il avait adoptée pour
défendre l’Islam de façon générale, la communauté mouride et plus particulièrement
l’intérêt des enfants de CHEIKHOUL KHADIM.
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Après quoi, elle nous fait part des directives et recommandation reçus du deuxième
calife et qui se résume ainsi : la nécessité d’adopter les nobles qualités et vertus
morales, l’aspiration sincère dans les comportements, les paroles et les actions comme
seul gage de succès et de bonheur éternel.
Elle a par la suite adressé à tous les disciples mourides des conseils pour les inviter à:
- Avoir un sens élevé de l’aspiration spirituelle ;
- Faire preuve de sincérité dans notre engagement et notre aspiration vis-à-vis du
Cheikh ;
- Suivre l’enseignement du Cheikh ;
- Faire le bien et le souhaiter pour tous les musulmans ;
- Faire preuve de cohabitation et de bon voisinage à la limite du possible ;
A la fin du poème, elle compose une élégie si touchante, si gracieuse, destinée à sa fille
MAME FATY MBACKE décédée prématurément, laissant derrière elle de petits enfants.
Elle commence d’abord par présenter ses condoléances à son père, à ses proches et à
tous ceux qui l’avaient connue.
Il est rarissime, presque impossible de voir, ici au Sénégal, une dame assurer la
supervision, l’entretien et la gestion de tout un village. En effet, par la grâce et la volonté
de DIEU, le village de DAARU WAHAAB lui a été attribué par son compagnon, son
époux, CHEIKH SIDY MAKHTAR MBACKE, plus connue sous le nom de CHEIKH AWA
BALLA MBACKE, qui l’a fondé en 1960.
SOKHNA MAÏMOUNA va y séjourner longtemps en tant que propriétaire et patriarche
du village ; en s’occupant de tout ce qui est nécessaire voir indispensable à son
développement et à sa modernisation, dont l’installation des structures sociales
nécessaires à la réalisation d’une vie descente, au profit des populations, telles que :
une mosquée ; la construction d’une route goudronnée le reliant à Touba - la capitale, le
berceau du Mouridisme -, un puits foré, un centre de santé, une école coranique et une
section d’établissement scolaire publique.
Sans compter les activités agricoles et d’élevage qu’elle y menait, et dont tout le
rendement était destiné aux écoles coraniques, qui l’assistaient dans les séances de
lecture complète du Coran, organisée sur sa demande à l’occasion de la célébration de
« LAYLATUL QADRI » (la nuit du destin). Pour la vivification de cette nuit bénite, elle
disait souvent : « je préfère dépenser pour les lecteurs du Coran de cette nuit bénite,
l’argent que j’ai obtenue par la sueur de mon front ». Pour mieux les honorer et
exprimer son respect révérenciel et sa considération absolue pour le Saint-Coran, à
l’instar de son père. Tel père tel fils.
Son rappel-à-DIEU
SOKHNA MAÏMOUNA SUGHRAA a été rappelé à DIEU le jeudi 02 février 1999 à l’âge
de 74 ans, laissant derrière elle deux enfants au caractère noble et vertueux :
SERIGNE MAHFOUZ MBACKE et SOKHNA BAALY MBACKE.
Laissant derrière elle un héritage religieux dont la valeur est inestimable, dont la
Célébration de la Nuit du Destin, initiée depuis le califat de CHEIKH MOUHAMADOU
FAADIL vers la fin des années quarante (1940) et au début des années cinquante
(1950), à DAARU-L- MUHTY, puis à DAARU-L-WAHAAB, avant de la transférer à
Touba suivant les recommandations de CHEIKH ABDOU-L-AHAD. Elle la célébrait par
des séances de lecture intense du Coran et des panégyriques de CHEIKHOUL
KHADIM, par la distribution gracieuse des plats de nourriture les plus agréables et les
plus succulents à l’assistance. Vers la fin de sa vie, le nombre d’exemplaires de Coran
qui était lu pour la circonstance, avait atteint les trois milles. Perpétuant l’œuvre de sa
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mère, son fils CHEIKH MAHFUZ MBACKE avait, en l’an 1437 de l’hégire/l’année 2016
du calendrier grégorien, réussi à hisser l’étendard jusqu’à dix-sept mille exemplaires de
Coran lus. Qu’Allah le préserve parmi nous !
Sa descendance ne cesse de s’illustrer dans les œuvres pieuses et les bonnes actions
accomplies au service de l’Islam et de la communauté mouride. Cet ouvrage entre nos
mains illustre à bien des égards cette assertion, mais aussi et surtout les colloques
scientifiques organisés par le comité d’organisation du Grand Magal de Touba, dirigé
par son petit-fils CHEIKH ABDOU-L-AHAD GAYNDE FATMA, en est une autre preuve
très édifiante.
Pour terminer, la meilleure leçon qu’on peut tirer de cette personnalité exceptionnelle,
est et restera son statut de modèle parfait de référence incontournable, pour toute la
Communauté mouride.
C’est un impératif absolu pour nous de revisiter ses bonnes qualités morales et de
mieux les exhiber, les mettre en exergue ; surtout dans ce contexte de mondialisation
incontrôlée, qui peut être uniformisant, parce que pouvant entrainer la perte des
identités et des repères culturels chez certains peuples.
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QUATRIEME PARTIE :
SES FRERES ET LES MEMBRES DE SA LIGNEE PATERNELLE
Que DIEU les agrée tous
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frère MOUHAMED, plus connu sous le nom de MOR ANTA SALY. Il était d’une grande
érudition dans plusieurs domaines, aussi bien littéraires que religieuses, tels que : la
littérature arabe, la rhétorique, la grammaire, les lettres classiques et les sciences
relatives à la législation islamique : la jurisprudence, la théologie, le soufisme et les
sciences coraniques. Sa demeure était un foyer de convergence, les gens venaient de
tous les horizons pour puiser à la source intarissable de ses connaissances.
Son allégeance et son engagement en faveur du Mouridisme :
A l’instar de tous les membres de sa lignée maternelle, CHEIKH IBRAHIMA MBACKE
se réclamait de la voie spirituelle de la « KHADIRIYYA » (voie tracée par CHEIKH
ABDOU KHADRE DJEYLANY), et pratiquait, comme à l’accoutumée, le « WIRD »
(formule d’invocation obligatoire), les autres invocations et secrets nécessaire à la
réalisation de l’ascension spirituelle. Après la proclamation de la mission rénovatrice
que CHEIKHUL KHADIM avait adressée aux siens, CHEIKH IBRAHIMA avait regroupé
tous les membres de sa famille, filles comme garçons et mêmes les serviteurs qui
étaient sous sa protection, pour répondre, avec eux, à l’appel du Cheikh et accepter de
lui faire une allégeance sincère, avec une détermination inébranlable et engagement
résolu à œuvrer à ses côté, tout en vouant une dévotion absolue au Seigneur et un
dévouement indéfectible et permanente au Cheikh, jusqu’à devenir un modèle de
référence que toutes les générations de Mourides qui viendront après lui ne pourront
jamais oublier, au regard de ses œuvres immenses et ses efforts louables pour la
promotion et la vulgarisation du message de CHEIKHOUL KHADIM, l’éduction des
gens à ses principes et la consolidation de ses valeurs dans l’esprit des disciples
mourides.
Son statut auprès de CHEIKHOUL KHADIM :
CHEIKH IBRAHIMA faisait partie des personnes les plus proches du Cheikh qui
éprouvait à son égard une affection profonde. Le Cheikh profitait souvent de ses
nombreuses visites à Touba, pour le retenir pendant des mois, avant de le libérer. Et au
cours de ses visites, il l’accueillait dans sa propre chambre pour discuter avec lui des
sujets les plus secrets. A son sujet, on rapporte du Cheikh les propos suivants: «DIEU
m’a ordonné de le consulter en toute chose ». Pour mieux attester son statut, le degré
d’élévation spirituelle qu’il jouissait auprès de son Seigneur, on peut aussi se référer à
la parole du Cheikh qui disait : « Si quelqu’un le dépasse sur le chemin d’Allah, ce serait
alors une émanation pure de la volonté divine, mais pas à travers les bonnes actions ou
les actes d’adorations accomplis de manière sincère ».
Dans un autre contexte, CHEIKHOUL KHADIM disait encore, à son sujet : « Ces trois
personnes-ci : CHEIKH MOR DIARRA, CHEIKH IBRAHIMA MBACKE CADIOR,
CHEIKH ASSANE NDIAYE, personne ne pourra jamais les devancer sur le chemin
d’Allah, ni par la multiplication des actes d’adoration, ni par l’accomplissement des
prières, encore moins par l’observation scrupuleuse du jeûne, dans toute sa rigueur ;
mais par une pure émanation de la volonté éternelle de DIEU. »
Pour se convaincre davantage de son statut suprême parmi les grands disciples du
Cheikh, les propos de CHEIKH IBRAHIMA FALL, à son égard, suffisent amplement, il
disait : « Ce CHEIKH IBRAHIMA occupe une position enviable, parce que privilégiée,
auprès du Cheikh ». Dans la même ordre d’idées, CHEIKH MBACKE BOUSSO, avait
lui aussi, exprimé des témoignages qui ne font que conforter les précédents, il disait à
propos de ce « SERIGNE MBACKE CADIOR » (titre nobiliaire/voir plus haut) (CHEIKH
IBRAHIMA MBACKE) : «c’est un fait rarissime, voir presque impossible de trouver un
individu qui n’a aucune considération pour les choses de ce bas-monde, à l’exception
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de ces deux personnes : CHEIKH AHMADOU BAMBA et son oncle paternel, CHEIKH
IBRAHIMA MBACKE ». On rapporte aussi de SERIGNE SALIOU MBACKE ces
propos : «Lorsqu’il arrivait à CHEIKHOUL KHADIM d’employer le terme « CHEIKH »
(guide spirituel), il voulait désigner son propre père, le grand juge, (CHEIKH
MOUHAMED MBACKE) ; mais lorsqu’il utilisait le terme « CHEIKH WAALID » (le guide,
le père), c’était toujours pour faire référence à son oncle paternel, CHEIKH IBRAHIMA
MBACKE. »
Pour terminer cette série de témoignages, on peut se rappeler des paroles de
CHEIKHOUL KHADIM, suite au rappel à DIEU de son oncle paternel, CHEIKH
IBRAHIMA, et celui de son frère aîné. Il dit à propos de ces deux derniers: «Ils sont
exempts de tout reproche vis-à-vis de leur Seigneur et vis-à-vis de leurs frères et sœurs
musulmans, DIEU les a préservés des péchés comme il les a préservés des dettes »
Son rappel à DIEU :
CHEIKH IBRAHIMA MBACKE a été rappelé à DIEU, dans son village de MBACKE
CADIOR, un vingt-cinquième jour du mois bénis de RAMADAN, de l’année ….Il repose
désormais dans les cimetières du village éponyme. Qu’Allah l’agrée et déverse sur lui
Sa miséricorde éternelle. Qu’Il nous fasse bénéficier de ses bienfaits AMEN !
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Donc, ces titres n’étaient pas attribués de manière délibérée, les candidats devraient
passer par un long purgatoire au cours duquel, ils subiront des examens approfondis et
se livreront à des expériences pédagogiques éprouvantes, avant d’arborer le turban
symbolisant l’immense érudition et la suprématie intellectuelle, dans tous les domaines
scientifiques de la législation islamique.
.
Tous ceux qui s’appelaient MOR, étaient comme CHEIKH MOR ANTA SALY ou
CHEIKH MOR DIARRA, de par la profondeur de leur érudition et la diversité de leurs
connaissances, après avoir effectué de longs périples sur le chemin du savoir et acquis
des compétences avérés dans tous les domaines de la connaissance.
Mais avec le temps, le surnom va voir son caractère prestigieux diminué peu à peu,
parce que attribué à certaines personnalités qui parfois n’auront pas les qualités
requises d’antan, ou qui ont été baptisé, à la naissance, d’après le nom de ces grands
érudits. C’est pour cela qu’on trouve parmi les homonymes de MAME MOR DIAARA,
certains que l’on appelle MOR KAASIM.
Parmi ses surnoms, nous avons également : BOROOM SAAM, (le fondateur du village
de SAAM) ; ce surnom est très célèbre, et utilisé le plus souvent, pour désigner la
plupart de ses homonymes, dont SERIGNE SAAM MBAYE fils de CHEIKH
MOUAMADOU KABIIR MBAYE de LOUGA. On l’appelait également SERIGNE
MBACKE, parce qu’à un moment de sa vie, il était, en même temps, le plus âgé de la
famille MBACKE et le patriarche du village de MBACKE. Pour cette raison, certains
parmi ses homonymes portaient ce prénom ; c’est le cas de SERIGNE MBACKE
MADINA, SERIGNE MBACKE FALL, fils de CHEIKH IBRAHIMA FALL et CHEIKH
MBACKE DIENNE, fils de CHEIKH ISSA DIENE.
Sa naissance, son éducation et sa formation religieuse :
CHEIKH MOUHAMADOU DIARRA MBACKE est né dans le village de MBACKE BAOL,
un quinzième jour du mois de CHAHBAANE (huitième mois lunaire du calendrier
hégirien), de l’an 1267 de l’hégire qui correspond à l’année 1850 du calendrier
grégorien. Il y a une autre version qui situerait sa naissance, vers 1845. Cependant, la
première reste la plus plausible. Après sa naissance, il est resté dans le giron de ses
deux nobles et vertueux parents : le Cheikh, le grand jurisconsulte CHEIKH
MOUHAMADOU MBACKE, plus connu sous le nom de MOMAR ANTA SALY et
l’immaculée, la sainte dame DIAARATULAAHI (la voisine de DIEU), de son vrai nom
MARYAMA BOUSSO. Son père l’a initié à l’apprentissage du Coran, avant de l’envoyer
auprès de son oncle maternel, le grand érudit (CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO)
chez qui, il est resté jusqu’à la mémorisation parfaite du livre saint. Il y apprit les
ouvrages de jurisprudence et de législation islamiques, consignés dans le curriculum
des foyers religieux du pays. Son père lui avait également enseigné certains textes
religieux. Au même moment, il fréquentait sa grand-mère MAME ASTA WAALO
MBACKE, qui était dotée d’une grande érudition, dans tous les domaines de la science
religieuse. Celle-ci lui a enseigné beaucoup d’ouvrages de religion.
Il avait aussi la chance inouïe d’avoir été au milieu des plus célèbres, des plus éminents
érudits du Sénégal, qui s’étaient tous joints au marabout-conquérant (MABBA
DIAKHOU BA), dans son repli tactique organisé au SALOUM, afin de combattre les
mécréants et les hypocrites. CHEIKH MOR DIARRA MBACKE a su profiter de ces
opportunités offertes, pour s’enrichir intellectuellement et approfondir son érudition,
dans tous les domaines de la science religieuse, auprès de ces sommités
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Le Cheikh avait l’hbitude d’envoyer certains disciples, en fin de formation, auprès de CHEIKH
MOR DIARRA, leur demandant d’œuvrer pour lui pendant un certain moment ; afin de pouvoir
bénéficier de sa bénédiction, avant d’aller se consacrer à l’éducation et à la formation de certains
disciples.
Il a eu à échanger, avec le Cheikh, beaucoup de correspondances, durant son exil en mer.
CHEIKH ABDOU-L-AHAD en avait publié quelques unes dans « Recueil des réponses et
recommandations du Cheikh », dont :
- Lors de son exil en mer, CHEIKHOUL KHADIM avait ordonné certains parmi les
grands diginitaires de lui remettre une partie de leurs offrandes. CHEIKH
MOUHAMADOU BACHIR rapporte dans « MINANUL BAAQIL QADIIM » (voir plus
haut), une partie de ces informations, il dit : « CHEIKH IBRAHIMA FALL qui, à
l’époque, avait installé son quartier général à Saint-Louis, envoyait à CHEIKH
IBRAHIM des dons charitables substanciels, en guise d’offrande. Parce que le
Cheikh lui avait ordonné de soutenir sa famille qui était placée sous la garde de
CHEIKH IBRAHIMA FATY MBACKE et d’œuvrer davantage dans le
renforcement des liens du Cheikh avec ses parents biologiques et spirituels. Je peux
affirmer que CHEIKH IBRAHIMA FALL a su accomplir cette tâche avec une
diligence incroyable et une délicatesse exquise. Je ne cesse de ma rappeler des
lourds colis soigneusement ficelés qu’il faisait parvenir jusqu’à MBACKE et des
riches offranches qu’il remettait souvent à CHEIKH MOR DIARRA, par
considération à son statut de grand frère du CHEIKH et pour se conformer
scrupuleusement aux ordres et directives de celui-ci, envers les membres de sa
famille. Mais aussi et surtout de ses dons substanciels en faveur des pauvres, des
démunis, des étrangers qui, en plus d’avoir perdu tout contact avec les siens, pour se
dévouer corps et âme à l’appel pour l’instauration et la propagation de l’islam
orthodoxe, se sont séparés du Cheikh en exil qui était leur refuge, celui qui leur
assurait protection et subsistance ».
Durant son exil en Mauritanie et à THIEYEEN DJOLOF, le cheikh avait demandé à certains
disciples de lui remettre les offrandes qu’ils souhaiteraient lui faire parvenir.
Son allégeance à CHEIKHOUL KHADIM :
CHEIKH MOR DIARRA pratiquait le « WIRD » (voir plus haut) de la voie soufie des
« QAADIRIYYA », instaurée par CHEIKH ABDOU KHADRE DJEYLAANI. Mais il éprouvait
un grand respect vis-à-vis de son frère CHEIKHOUL KHADIM, qu’il a toujours assisté et
soutenu plus particulièrement dans les périodes les plus difficiles de l’exil. C’est cette
cohabitation harmonieuse qui a toujours prévalu dans leur relation.
Lorsque le Seigneur, de par sa volonté éternelle, accorda à CHEIKHOUL KHADIM Ses faveurs
et Ses prodiges qui sont l’expression de Sa miséricorde, en lui otroyant un « WIRD » particulier,
par l’intermédiaire de celui dont il est le serviteur privilégié, le digne réprésentant sur terre, notre
maître, notre bien-aimé, le prophète Mouhamed , en Mauritanie ; CHEIKH MOR DIARRA
prit ainsi l’initiative de se rendre auprès de son frère à THIEYEENE, pour lui proclamer son
allégeance et œuvrer pour lui, comme tous les autres disciples, malgré le fait qu’il était plus âgé
que lui ; faisant ainsi preuve d’une humilité sincère et d’une acceptation complète et absolue de
la volonté divine.
On rapporte que lorsque le Cheikh eut terminé la composition de son poème intitulé :
« MINANUL BAAQIL QADIIM FII MUHDJIZAATI-R-RAAQIL MAXDUUM » (les dons de
l’Eternel-Exempt de début à travers les miracles du plus gradé des prophètes, celui dont je suis le
serviteur), CHEIKH MOR DIARRA se présenta à TIEYEENE, avant même de voir le poème
que le Cheikh venait de terminer, il se mit à le réciter par cœur. Lorsque celui-ci fut informé de
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sa présence sur les lieux et du prodige qu’l venait d’accomplir par la récitation de ce poème, il
dit : « il est certes imprégné de tous mes secrets et mystères comme je le suis à son égard ».
Quelques temps après, le Cheikh le placa à la tête d’un groupe de disciples qui lui proclamèrent
leurs allégences afin qu’il puisse s’occuper de leur éducation religieuse et de leur formation
spirituelle. Ce qui leur fera parvenir à l’enceinte scellée que le Seigneur réserve à Ses privilégiés.
CHEIKH MODOU THIAW rapporte que le CHEIKH l’a une fois envoyé auprès de MAME
MOR DIARRA pour lui transmettre le message ci-après : « Toute œuvre destinée à CHEIKH
MOR DIARRA entrainera ipso facto une récompense du Seigneur, de son prophète , de
moi-même et de CHEIKH MOR DIARRA ».
CHEIKHOUL KHADIM avait, un jour, envoyé son frère CHEIKH SIDY MAKHTAR auprès de
CHEIKH MOR DIARRA pour lui transmettre ce message : « DIEU, de part sa volonté éternelle,
m’a accordé la faveur d’être le seul qu’Il écoute parmi toutes ses créatures sur terre, tout ce que
je Lui demande, Il me l’accorde. Moi aussi, je ne saurais écouter les conseils de n’importe quelle
autre créature de Dieu su terre que lui.
Le CHEIKH se rendait un jour à KELL, sur son chemin, il est passé à MBACKE pour prier deux
rakkas avec dans sa mosquée. Après avoir terminé cette prière, il s’adressa à son frère CHEIKH
MOR DIARRA, en ces termes : « vous devez remercier le Seigneur et faire preuve de
reconnaissance envers Lui, Il vous a accordé tous les faveurs que les gens cherchent dans les
prières et autres actes d’adorations ».
Ses actes de dévotion envers le Seigneur :
CHEIKH MOR DIARRA faisait partie des plus fervents adorateurs de Dieu sur terre qui ont su
appliquer à la lettre cette recommandation du prophète : « Ô vous les hommes distribuez
gracieusement les nourritures et priez la nuit quand les gens dorment… »
Il distribuait généreusement des denrées de consommation aux pauvres, aux démunis et aux
élèves des écoles coraniques, avec une abondance extraordinare ; consacrait toutes ses nuits à
l’adoration du Seigneur, par des prières ; et s’astreignait à des jeûnes fréquents et rigoureux, les
jours. Son « WIRD » quotidien était de réciter chaque nuit tout le Coran qu’il répartissait en cent
rakkas. Sa langue était bien pendue aux invocations du nom de Dieu, à la récitation du Coran et
aux prières et invocations en faveur du prophète .
La multiplication de ses prières surérogatoires et autres actes d’adoration a été mentionné par
CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR dans livre précité, il dit : « ALHASSANE NDIAYE
faisait partie de ces saints qui ne se lassaient jamais d’effectuer des prières surérogatoires la nuit,
et d’observer des jeûnes fréquents et rigoureux le jour. En plus de cela, il était très attaché à
lecture du Coran et préferait, le plus souvent, se retirer des gens, pour mieux se consacrer à
l’adoration de son Seigneur, vu le nombre de disciples sans cesse croissant qui venaient toujours
lui faire allégeance. Car, il était compté parmi les plus éminents disciples, les tout-premiers à
avoir accepté de suivre le Cheikh, alors qu’ils n’étaient même pas une quarantaine de personnes.
Un jour, il avait reçu un émissaire du frère de notre Cheikh, CHEIKH MOR DIARRA, son
condisciple, son frère en islam, mais aussi et surtout son compagnon de fortune dans la chasteté,
qu’il avait envoyé pour s’enquérir de lui à cause de ce long absence. Il enleva son turban de la
tête et faisant allusion à ses cheveux blancs, il dit : « ses hôtes ne cessent de me détourner de tout
ce qui me tenterait parmi les choses de ce bas-monde »
Ses caractéristiques et sa moralité :
CHEIKH MOR DIARRA possédait les qualités morales et les nobles vertus d’inspiration
coranique et prophètique. Il était l’expression vivante des qualités exceptionnelles, des caractères
nobles et des comportements exemplaires que nous lisons dans l’hsitoire du prophète .
Qu’Allah l’agrée et nous fasse profiter de ses bienfaits. Les poètes qui lui ont consacrés des
élégies, après sa disparition, ont tous unaniment reconnus ces qualites morales, dans ses rapports
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vis-à-vis de son Seigneur et vis-à-vis des créautures. Il était caractérisé par une crainte
révérencielle, une pudeur timide, un ascétisme rigoureux et une chasteté absolue qui l’avait
assujetis à l’adoration de son Seigneur. Sa générosité légendaire, sa noblesse incomparable et sa
prodigualité excessive attiraient les gens vers lui, plus particulièrement les pauvres et les
nécessiteux. Il avait consacré toute sa vie à l’adoration de son Seigneur et au service des êtres
humains. Ce qui a été attesté par CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE dans
l’élégie qu’il lui avait destiné :
« Le refuge des veuves et des faibles, dans l’indigence comme dans l’opulence, pour l’amour de
Dieu ».
Les témoignages de CHEIKHOUL KHADIM à son égard, atteste à suffisance, tout ce que nous
venons de dire sur ce noble et vertueux érudit. Il dit : « « Ces trois personnes-ci : CHEIKH
MOR DIARRA, CHEIKH IBRAHIMA MBACKE CADIOR, CHEIKH ASSANE NDIAYE,
personne ne pourra jamais les devancer sur le chemin d’Allah, ni par la multiplication
des actes d’adoration, ni par l’accomplissement des prières, encore moins par
l’observation scrupuleuse du jeûne, dans toute sa rigueur ; mais par une pure
émanation de la volonté éternelle de DIEU. »
Son rappel à DIEU :
CHEIKH MOR DIARRA a été à l’orgine de la fondation de plusieurs villages et centres
d’éducation et de formation religieuse et spirituelle, dont : les villages de SAAM, MISRA,
DOKK, MADINA et tant d’autres. Il parcourait ses villages pour éduquer les disciples et leur
assurer une ascention spirituelle. C’est ainsi qu’il a consacré sa vie jusqu’à son rappel à en 1921.
Aussitôt informé, CHEIKHOUL KHADIM désigna CHEIKH MBACKE BOUSSO pour aller
s’occuper de ses obsèques et funérailles. Puis il dit : « son oncle CHEIKH MOUHAMADOU
BOUSSO souhaiterait avoir à ses côtés un compagne, CHEIKH MOR DIARRA est sans doute le
meilleur compagne pour lui ».
CHEIKHOUL KHADIM disait aussi : « Il a quitté ce bas-monde en étant exempt de péché et
exempt de dette et de reproche vis-à-vis de son Seigneur et vis-à-vis de ses frères et sœurs
musulmans. »
Son mausolée est devenu un lieu de convergence très propice, très favorable à l’exaucement des
vœux adressés au Seigneur. CHEIKHOUL KHADIM exhortait souvent les gens d’aller le visiter.
CHEIKH MOUSTAPHA THIEYTO MBACKE rapporte que CHEIKHOUL KHADIM avait
ordonné son père CHEIKH SIDY MAKHTAR MBAKE (MAME CHEIKH ANTA), de visiter
son mausolée une fois au moins par mois, à défaut de pouvoir le faire une fois par semaine.
BOROM GAWAANE le visitait chaque jeudi, avant de poursuivre chemin vers Touba, le
vendredi, pour visiter le Mausolée de CHEIKHOUL KHADIM. CHEIKH MOUSTAPHA
THIEYTOU rapporte également que lorsque son père fut éprouvé par le poid de l’âge, il
l’envoyait accomplir chaque jeudi cette recommandation de CHEIKHOUL KHADIM.
Quant à CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL, il avait l’habitude de visiter le mausolée de
CHEIKH MOR DIARRA chaque lundi.
Quelques élégies destinées à lui :
CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA disait dans l’élégie qu’il lui avait consacrée :
« Il était un pilier de cette tente, exalté par la bonté et la joie »
CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE BARA disait dans l’élégie qu’il lui avait consacrée :
« Tout son séjour terrestre a été exclusivement consacré à l’adoration du Seigneur, sa générosité
débordante comparable à une pluie diluvienne ».
CHEIKH IBRAHIMA FATY son frère disait, quant à lui :
« Un célèbre et tendre émissaire dont les vertus sont évidentes, les attributions abondantes, la
générosité plus débordante qu’une pluie diluvienne ».
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masculine, de rigueur et d’endurance dans les moments de dur labeur, tout en ayant un sens élevé
de la responsabilité. Dès sa tendre jeunesse, il était déjà caractérisé par une perspicacité
étonnante, un éveil intellectuel, une ingéniosité remarquable, une intelligence supérieure et un
sens élevé de la responsabilité. Il lui a fait subir toutes sortes d’épreuves et d’expériences, allant
jusqu’à lui demander, un jour, la provenance d’un repas qu’il avait apporté.
Mais après avoir subi toutes ces épreuves, il finira par bénéficier de la confiance totale du
CHEIKH et de son agrément infini. Le CHEIKH avait rédigé de sa propre main cette lettre qui
lui était destinée : « Au nom de DIEU le Miséricordieux, le Très Miséricordieux ; dès que tu
ouvre cette lettre, sois rassuré et saches que tu jouis désormais auprès de son expéditeur, un
agrément profond et infini qui ne sera jamais suivi d’une désapprobation, il demande également
au Seigneur de t’accorder des faveurs immense qui susciteront l’envie de tous les gens de ta
génération. Ne doute point que ces propos émanent directement de ton Seigneur et sont passés
par moi pour parvenir à toi ».
Son établissement d’enseignement des sciences religieuses :
CHEIKHOUL KHADIM l’avait désigné pour s’occuper de l’enseignement de la religion et des
questions pédagogiques. Il a su accompli cette noble mission avec la dligence requise ; à ce
propos, le prophète dit : les faveurs et les bienfaits obtenus dans l’apprentissage d’un chapitre
de la religion vaut mieux que les récompences promises à celui ou celle qui aurait dépensé sur le
chemin d’Allah une quantité d’or dont le poids équivaut à celui de la montagne de «ABUU
QUBAYSE ». De ce point de vue, comment pourrions-nous estimer les récompenses, les faveurs
réservés à celui qui a consacré toute sa vie à l’enseignement et à l’apprentissage des sciences de
la religion. Il a beaucoup assisté le Cheikh dans l’éducation et la formation des disciples comme
nous pouvons le remarquer dans cette recommandation du Cheikh :
« Je t’invite IBRHIMA à instruite toute personne réceptive à la science utile »
CHEIKH IBRAHIMA avait appliqué à la lettre les recommandations de son frère et ne s’est
jamais détourné de et objectif fixé, après avoir atteint un niveau d’érudition très élevé dans tous
les domaines scientifiques comme littéraires. »
Beaucoup parmi les grands disciples et dignitaires mourides ont étudié les sciences religieuses
auprès de CHEIKH IBRAHIMA FATY, dont : CHEIKH BALLA THIORO, CHEIKH MOR
SEYE surnommé le flambau du JAMBOUR, CHEIKH MAKHTAR BINTA LO, CHEIKH
MABADJA NDIAYE, SAMBA ASTOU DIOP, SERIGNE MOMAR ROKHAYA BOUSSO,
CHEIKH MASSAMBA MBACKE, CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA, CHEIKH
MOUHAMADOU FAADIL, CHEIKH ABDOULAHI BOROM DEURBI, et d’autres.
CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL avait l’habitude de répter ces propos :
« Nous avons été chez notre oncle paternel CHEIKH IBRAHIMA FATY, il nous a
enseigné jusqu’à nous faire parvenir à un niveau d’érudition immense et profonde, tout en
éveillant notre intelligence, après nous avoir assuré une éducation rigoureuse basée sur la
discipline, la politesse, la tempérance et la chasteté ».
Ses caractéristiques et sa moralité :
CHEIKH IBRAHIMA FATY était caractérisé par une bonté compatissante, une souplesse de
caractère une gentilesse exquise, une tempérance féconde en prodiges et une sagesse insondable ;
comme l’a décrit CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR, dans MINANE : « CHEIKH
IBRAHIMA était un homme d’une dimension exceptionnelle, d’une gentillesse incroyable
et d’une tempérance modérée qui ne pouvait jamais se laisser berner par les illusions et les
subterfuges». Ses points de vue étaient pertinents, ses analyses pointues, ses conseils sages. On
rapporte de lui des propos très sages et utiles pour tous les êtres humains. Il disait : « Concentrez
tous vos efforts dans la recherche de la nourriture spirituelle, mais ne vous préoccupez pas de la
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nourriture corporelle » ; on retrouve également dans ses sagesses : «si les gens craignaient Dieu
comme ils craignent la faim, ils seraient immensément riche ».
Son rôle dans la Confrèrie mouride :
Il inspirait à son frère le fondateur du Mouridisme une confiance absolue.Cette confiance parfaite
et cette complicité fraternelle bienveillante avait amené CHEIKHOUL KHADIM à lui porter ce
témoignage : « IBRAHIMA, celui qui ne m’a jamais désobéi aussi bien dans son enfance
que dans sa vieillesse ». Il était son bras droit, son assistant, son ministre et avait joué un rôle
prépondrant dans l’implantation de ce cette voie soufie. C’est lui que le Cheikh avait désigné
pour aller le représenter à SAINT-Louis ; une mission très difficile et très délicate qui, vu la
gravité de la situation, exigeait un sens très élevé de la responsabilité, une habileté tactique
particulière, un courage intrèpide et héroïque et une intelligence supérieure. Mais, par la grâce
infinie du Seigneur, il avait réussi avec brio cette exaltante mission, comme l’attesté CHEIKH
BACHIR dans son ouvrage précité.34
(voir texte de CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR dans MINANE : Lorsque le Gouverneur général de Saint-Louis reçut les informations du
Commandant LECLERK (administrateur du cercle de Louga), il exigea la présence effective du Cheikh. Lorsque LECLERK reçut la lettre du
Gouverneur de Saint-Louis, il le transmit au Cheikh qui exprima son empêchement, avant de dépécher son frère, son bras droit, pour aller le
représenter à Saint-Louis. Entretemps les calomniateurs avaient informé les colons qu’il n’allait pas se présenter de suite, et même s’il lui arrivait
de se présenter il va baisser la tête devant comme pour vous exprimer son dédain son mépris à votre égard. Conscient de l’humilité qui
caractérisait le Cheikh, son pacifisme et son mépris pour les choses du bas-monde, dans son ascétisme rigoureux, ils l’ont instrumentalisé pour
envenimer la situation. Lorsque le Cheikh envoya son frère CEIKH IBRAHIMA, le Gouverneur de Saint-Louis rapprocha les accusations et les
faits et vit une vraisemblance. Ce qui suscita sa colère ; au même moment l’administrateur du cercle de Louga avait déjà envoyé un détachement
de soldats pour procéder à son arrestation. Lorsque le Cheikh fut informé, il leur fit savoir qu’il ne savait même que la situation était arrivée
jusqu’à ce point. Il n’était même pas au courant que sa décision de ne pas déférer à leur convocation avait secoué leur colère.
Par la suite, il chargea son frère CHEIKH IBRAHIMA d’aller éclaircir la situation en leur précisant qu’il avait un empêchement et qu’il lui sera
très loisible de déférer à la convocation. Point besoin de faire tout ce bruit, et de dépenser leurs argents et leurs énergies inutilement. C’est ainsi
que CHEIKH IBRAHIMA est retourné pour les rencontrer cette fois-ci aux environs de DIEWOL. Parmi les preuves que cette affaire avait
comme soubassement la jalousie et les accusations fallacieuses, les propos des autorités coloniales qui ont permis à CHEIKH IBRAHIM de se
rendre compte que ses paroles n’ont pas été transmises fidèlement, lorsqu’il fit savoir au Gouverneur par l’intermédiaire de l’interprète les raisons
de sa visite. Ce qui a été à l’origine de tout cela. Puis je suis allé voir BARIYAAN DIAW pour partir avec lui chez le gouverneur et lui signifier
qu’il n’avait plus confiance au premier interprète et souhaiterait se faire interpréter par celui-ci. Après avoir réexprimé les intentions du Cheikh à
travers ses propos, le gouverneur fit un sourire ; le visage radieux, il se félicita de mon initiative et me fit savoir qu’il n’avait pas reçu les
informations comme telles. Puis il dit : « je n’ai pas besoin de venir, je reste ici et te demande de retourner auprès de ton grand frère pour lui
remettre cette lettre de convocation qu’il doit déferrer demain ; et le fit accompagner du premier interprète qui était à la tête de l’escadron…
Et CHEIKH IBRAHIMA de continuer pour dire : « lorsque ce dernier s’est rendu compte que j’étais au courant de tous ses subterfuges, il
entreprit alors de me tourner en rond, en essayant de me faire passer par une voie plus longue et beaucoup plus complexe, afin que je ne puisse
pas arriver à temps auprès du Cheikh pour l’informer de sa présence obligatoire devant les colons le lendemain, faute de quoi il aura raison sur
moi et sur le Cheikh. Ce faisant ses propos mensongers, ses accusations fallacieuses seront acceptées. Ayant compris tout cela, parce qu’il s’était
mis à traînasser avec moi comme un paresseux, avant de me proposer de prendre un repos parce qu’on était au beau milieu de la journée et il
faisait excessivement chaud. Lorsque les rayons ardents du soleil commenèrent à disparaitre avec l’approche du coucher, nous nous levâmes pour
partir, à quelques encablures de l’endroit où on avait passé la journée, il s’arrêta pour dire qu’il ne pouvait plus partir avant le dîner qu’on n’avait
même pas encore commencé à préparer ; et puis après le dîner, il dit qu’il avait sommeil et me confia à un homme- après lui avoir donné
secrètement comme consigne d’emprunter une mauvaise voie pour me désorienter et m’égarer dans les ténèbres de la nuit obscure ». Et CHEIKH
MOUHAMADOU BACHIR d’ajouter : « Mais ils ignoraient qu’il était avec CHEIKH IBRAHIMA FATY, un homme caractérisé par une
perspicacité étonnante, un éveil intellectuel, une ingéniosité remarquable, une intelligence supérieure et un sens élevé de la responsabilité qui ne
se laisse jamais berner par des illusions ou des subterfuges ». CHEIKH IBRAHIMA FATY DIT : « lorsque j’ai compris qu’il voulait m’égarer, je
me suis servis de mes connaissances astrologiques, après avoir déterminé- au préalable-, l’astre qui devrait me mener vers l’endroit où se trouvait
le CHEIKH, pour continuer ma route seul et arriver auprès de CHEIKHOUL KHADIM juste avant l’aurore. Il était dans son lieu de prière,
entouré de quelques disciples qui étaient restés debout pour porter ses bagages. Me voyant s’approcher de lui, il se précipita de me poser des
questions sur ce qui s’était rééllement passé et ne me laissa pas terminer mes explications, après en avoir écouté quelques unes, pour concure lui-
même que la situation s’était déjà envenimée et avait fini d’atteindre son paroxysme et un niveau d’insalubrité qui necessitait un lavage intensif
avec du savon. Puis il demanda son cheval et nous confia au Seigneur, avant de me demander de s’occuper de ses enfants, des disciples et des
travaux champêtres. Pour ensuite me suggérer d’aller au BAOL après la récolte.
Il était le suppléant désigné par le CHEIKH lui-même durant les sept ans d’exil en mer, pour
l’entretien, la supervision et la gestion de sa famille biologique et spirituelle (ses enfants, et les
disciples et adeptes de sa confrérie). CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR rapporte dans son
célèbre ouvrage : « Après avoir séjourné quelques temps à Saint-Louis, CHEIKHOUL KHADIM
avait envoyé à CHEIKH IBRAHIMA FATY une lettre, lui demandant de choisir l’endroit le plus
propice et le plus favorable, selon lui, pour y éduquer ses enfants (les enfants du Cheikh). C’est
ainsi alors qu’il choisit de rester à MBACKE BAARY, pour attendre la récolte des produits
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agricoles déjà ensemencés - parce que le départ en exil a eu lieu vers la fin de l’automne de l’an
1313 de l’hégire-, avant de continuer vers MBACKE BAOL, conformément aux
recommandations de son frère et guide spirituel, avec l’assistance et la collaboration de son
cousin paternel CHEIKH MANOUMBA KHABANE MBACKE qui a joué un grand rôle dans
l’exhortation et la conscientisation des disciples sur la nécessité impérieuse de se conformer aux
ordres et directives de CHEIKH IBRAHIMA FATY et de lui apporter un soutien inconditionnel
pour la réalisation de cette exaltante mission. Son appel a été entendu et accepté par beaucoup de
disciples qui étaient venus s’installer avec CHEIKH IBRAHIMA au BAOL, après avoir
renouvellé leur engagement auprès de MAME THIERNO IBRAHIMA FATY, à la suite de
CHEIKH MANOUMBE. Que DIEU le rétribue pour ses nobles actions.
Ils n’ont jamais diminué leur ardeur à servir le Cheikh et leur aspiration sincère à suivre sa voie,
dans une parfaite comunion. Mais si, par moment, ils ont été très éprouvés et très dépassés par la
tournure des événements qui a abouti à cette séparation inattendue d’avec leur guide éclairé. Très
solidaires et très soudés entre eux, ils ont réussi à réunir toutes les énérgies et les moyens
financiers et materiaux mises à leur disposition pour les consacrer aux services destinés au
Cheikh, mais aussi et surtout à la réalisation de ses objectifs en matière d’éducation et de
formation. CHEIKH IBRAHIMA qui avait atteint un niveau d’érudition très élevé et ce dans
tous les domaines de la science religieuse, ne s’est jamais détourné de cette voie tracée et
indiquée par le Cheikh.
La fondation du village de DAARU MUHTY :
CHEIKH IBRAHIMA FATY vivait à KEUR NGUIRANE (à vérifier) près de Touba, après le
rappel à Dieu de son oncle paternel CHEIKH IBRAHIMA fils de CHEIKH HABIBOULAH,
CHEIKHOUNA lui avait donné l’ordre d’aller s’installer à MBACKE CADIOR pour le suppléer
dans sa mission. Il a séjourné là-bas pendant une période déterminée ; avant de recevoir de
CHEIKHOUL KHADIM, en 1912, cette lettre lui ordonnant de procéder à la fondation du
village de DAARU MUHTY : « Au nom de DIEU, le Miséricordieux, le Très Misériordieux ;
après avoir commencé par cette formule d’ouverture et les salutations méritées qui devront
le suivre. Je t’instruis de procéder à la fondation de ce village, qui portera comme nom :
« DAARU MUHTY et d’y creuser un puits. Que la paix et le bonheur te suivent où que tu
seras ».
C’est à partir de ce moment que CHEIKH IBRAHIMA quitta MBACKE CADIOR pour venir
dans l’emplacement indiquée par CHEIKHOUL KHADIM, pour s’y installer définitivement. Il y
passa la nuit du dimanche, huitième jour du mois de JUMAADAL UULAA (cinquième mois
lunaire du calendrier hégirien), avant de procéder aux opérations de défrichage et
d’aménagement des espaces pour la formation, l’éducation et les activités agricoles. Il aménagea,
dans un premier temps, une espace d’une superficie de quarante kilomètres carrés pour y installer
des centres d’éducation et de formation spirituelle et professionnelle destinés à sa famille
biologique et spirituelle (ses enfants, ses disciples et ses adeptes). Ces centres sont : DAARU
MINANE, THINKOOLY (à vérifier), DJULA, MABRAAKANE (à vérifier), DJATMEE
DAARU KOSSO, MADINA, NAMAAR, CHAAM YABAL, SARSAARA, KARAADJIIL,
DAARU RAHMAANE.
Son rappel à DIEU :
CHEIKH IBRAHIMA FATY a été rappelé à Dieu un jeudi vingt septième jour du mois de
CHAHBAAN (huitième mois lunaire du calendrier hégirien) de l’an 1362 de l’hégire,
correspondant à l’année 1943 du calendrier grégorien. Que DIEU l’agrée et nous comble de ses
bienfaits.
CHEIKH SIDY MAKHTAR plus connu sous le nom de CHEIKH ANTA
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CHEIKH SIDY MAKHTAR est le fils de CHEIKH MOMAR ANTA SALY MBACKE et de
SOKHNA AÏSSATOU MBACKE plue connue sous le nom de SOKHNA ANTA NDIAYE. Son
père l’a baptisé d’après le nom de CHEIKH SIDY MAKHTAR KOUNTIYYU. Il est né dans le
village de POROKHANE, en 1866. CHEIKHOUL KHADIM est son aîné de quinze ans.
Sa scolarité :
Il a étudié le coran auprès de CHEIKH ABDOURAHMANE LO et CHEIKH MOR SECK ;
avant de se lancer dans les études religieuses et littéraires auprès de son père. Il également étudié
auprès de ses deux grands frères CHEIKHOUL KHADIM et CHEIKH MOR DIARRA.
Son attachement et son engagement à côté de CHEIKHOUL KHADIM :
CHEIKH SIDY MAKHTAR fait partie des premiers disciples qui, après avoir répondu à l’appel
du CHEIKH ont proclamé leurs allégeances à celui-ci. Le pacte sincère qu’avaient noué leurs
deux mères avait influencé positivement leurs relations, car il éprouvait à l’égard du Cheikh un
amour filial profond et une affection particulière. On rapporte que SOKHNA ANTA NDIAYE la
mère de CHEIKH ANTA avait très tot décelé en CHEIKHOUL KHADIM sa précaution
méticuleuse dans l’accomplissement des obligations religieuses, ses secrets divins et ses lumières
sublimes. Ce qui l’avait incité à exhorté son fils à le suivre, et à faire de lui son guide spirituel.
Elle ne cessait de lui rappeler la nécessité impérieuse de rester derrière lui pour le suivre en tout
moment et en toute circonstance. CHEIKH ANTA, se conformant aux directives et
recommandations de sa mère, vouait un dévouement sincère et exclusif à son frère
CHEIKHOUL KHADIM dont il était le disciple, le soutien et le ministre, un amour infini.
Durant toute sa vie avec le Cheikh, il n’a jamais cessé de lui apporter son assistance et de le
consulter dans tous ses affaires. Il a toujours été à la disposition entière du Cheikh et était très
prompte à exécuter et appliquer scrupuleusement les ordres et consignes données par le
CHEIKH.
On rapporte que CHEIKHOUL KHADIM avait été, une fois, éprouvé par le froid et par la rosée
humide tombant la nuit. Lorsqu’il en fut informé, CHEIKH ANTA a enlevé ses propres habits
pour les dérouler, les étaler sur le chemin du CHEIKH ; dans un contexte où les gens se
partageaient les vétements qui étaient un luxe. Ce qui atteste, à suffisance, le degré très élevé de
son aspiration sincère, son amour inconditionnel et son extinction au Cheikh.
CHEIKHOUL KHADIM éprouvait, lui aussi, une affection indescriptible à l’égard de son frère
CHEIKH ANTA, allant jusqu’à lui octroyer DAARU SALAAM, le premier village qu’il a fondé
pour se consacrer à l’adoration exclusive du Seigneur. A cette période, CHEIKHT était âgé de
dix-huit ans, le Cheikh lui confia le village et un nombre important de disciples qu’il devait
éduquer et former. Ils étaient quatre-vingt-dix-neuf hommes très engagés et très motivés, il leur
avait dit : « je voudrais… ».
Après son retour d’exil en mer, le CHEIKH y avait effectué une visite de courtoisie passionante
et mémorable qui est restée gravée dans les annales du Mouridisme. CHEIKH ANTA MBACKE
lui avait accordé un accueil chaleureux et une hosptalité généreuse hors du commun, en
égorgeant beaucoup de beaufs, de vaches et de chameaux, comme l’a raconté CHEIKH
MOUHAMADOU LAMINE DIOP DAGANA, dans son célèbre ouvrage : « IRWAA-U
NADIIM » (voir plus haut), il dit : « Il a ensuite poursuivi son chemin jusqu’à sa maison de
DAARU SALAM où se trouvait son frère CHEIKH SIDY MAKHTAR. Ce fut un mercredi
vingt-et-unième jour du mois de CHAWWAAL, « dixième mois lunaire du calendrier
hégirien » ; le caractère chaleureux de l’accueil, le degré de générosité et d’abondance de
l’hospitalité que son frère lui avait accordé à DAARU SALAAM, est d’une intensité hors du
commun que même les plus nantis parmi les autres compagnons du Cheikh, de cette époque,ne
pouvaient jamais atteindre ou imiter. Pendant les quinze jours qu’avait duré cette visite,
CHEIKH ANTA avait pris l’engagement et la ferme résolution d’égorger chaque jour quinze
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bœufs qu’il complétait parfois par des chameaux.» La légende de cette hospitalité avait, à
l’époque, fait le tour du Sénégal.
Ses beaux prodiges :
CHEKH SIDY MAKHTAR MBACKE faisait partie de ses saints vertueux qui ont su profiter
des belles merveilles de DIEU, tout en étant imprégnés de la beauté sublime des mystères et des
prodiges divins. Son propre Cheikh CHEIKHOUL KHADIM lui avait, une fois, témoigné cela :
il lui disait : « toi et CHEIKH MOR DIARRA vous faites partis de ces élus de Dieu qui font
leur asencion spirituelle, en jouissant de l’abondance des biens matériels les plus agréables
qui sont une manifestation des belles merveilles et des prodiges sublimes de Dieu
« JAMAAL ». Quant à moi, j’effectue mon ascencion à travers les révélations sublimes de
Sa grandeur incommensurable qui me font subir toutes sortes d’épreuves et d’atrocités
« JALAAL ».
Parmi les propos du Cheikh sur ceux qui accèdent à l’enceinte scellée réservée aux nobles élus,
en passant par les deux stations précitées : « le JAMAAL » (la beauté divine) et le « JALAAL »
(la grandeur divine) : « Par la grâce de DIEU, le Tout Puissant, Celui dont les mystères sont
insondables, qui attire les faibles parmi Ses saints, en leur faisant transiter par la station de
Sa beauté « JAMAAL » parce que ne pouvant pas supporter les autres. Quant aux plus
endurants, Il peut les faire transiter par les deux stations « JALAAL » comme
« JAMAAL » pour les faire parvenir à l’enceinte scellée.
Si cela leur est révélé à travers la station de Sa grandeur, ils n’auront pas de crainte vis-à-
vis des autres qui pourraient exercer sur eux une emprise parce qu’ils sont sous la
protection du Tout-Puissant, si le Seigneur choisit alors de les faire transiter par la station
de Sa beauté éternelle c’est parce que qu’Il ne veut pas qu’ils soient subjugués par la
beauté des autres ».
CHEIKH MBACKE BOUSSO nous livre ici une description parfaite de ses bonnes
qualités morales et de son noble caractère : « DIEU, le Tout Puissant l’a ainsi
façonné : il était épris de paix et caractérisé par une pureté de cœur exceptionnelle
et une tranquilité d’esprit inaltérable. Il ne faisait pas de distinction, dans ses
largesses, entre l’ami et l’ennemi, le proche et l’étranger. Parce que c’était naturel
et foncièrement ancré en lui, il ne pouvait se comporter autrement. S’il arrivait aux
ennemis de son ami de venir vers lui il les traiterait de la même en leur procurant
tout ce qu’ils désirent, mais la plupart des gens ne savent pas. »
Son dévouement au service de la Confrèrie mouride :
Il consacrait à CHEIKHOUL KHADIM des services dans beaucoup de domaines. Diplomate et
homme d’affaires raffiné, il jouait le rôle de médiateur entre CHEIKHOUL KHADIM et
l’administration coloniale. Il est considéré comme étant un précurseur dans la vulgarisation et la
promotion de l’enseignement du Cheikh, car c’est lui qui a, pour la première fois, procédé à
l’impression des ouvrages de CHEIKHOUL KHADIM, en Egypte et au Moyen Orient.
Il s’était également investi dans l’aménagement des routes qui mènent à DIOURBEL, pour
faciliter le déplacement des visiteurs et hôtes de CHEIKHOUL KHADIM. Il a construit un grand
nombre de mosquées sur le chemin de DIOURBEL, et dans d’autres endroits du pays. Pendant la
grande crise économique mondiale des années trentes, il avait apporté un soutien financier non
négligeable aux opérateurs économiques et commerçants qui avaient été durement éprouvés par
la crise, en épongeant leurs dettes auprès de leurs créanciers ; et avait également distribué des
quantités importantes de nourritures aux populations affectées. Lorsque cette crise financière
axphixiante avait fini d’atteindre son paroxysme, il avait, en une journée, distribué d’énormes
quantités de riz estimées à 12 500 tonnes. Il était caractérisé par une chasteté admirable qui
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l’avait assujeti à appliquer une extrême rigueur, dans sa recherche du licite, tout en étant
profondément attaché aux règles de la législation islamique. Il pratiquait une agriculture de
subsistance performante et intensive, le commerce de gros à grande échelle, les affaires et
importait des marchandises de l'étranger. En 1919, Il était l'homme d'affaires le plus célèbre et le
plus influent de l’AOF (Afrique occidentale française).
Il avait une grande influence politique dans le pays et était favorable à certains mouvements
politiques activistes de l'époque. Son influence sans cesse grandissante avait poussé certaines
forces politiques à le combattre, en essayant d’abord de lui tendre des pièges, pour proférer des
fausses accusations à son encontre et fomenter des complots contre lui jusqu’à réussier à lui faire
subir un exil de cinq ans à SEGOU, du début de l’année 1930 à la fin de l’année 1934.
CHEIKH MBACKE BOUSSO rapporte dans les lettres adressées à GUILANE NDAW DIOUF
(à vérifier) : « Ils ont porté sur lui des accusations fallacieuses qui ne siéent même pas à sa
personne, ceux qui le connaissat depuis toujours savent pertinement qu’il en était pour rien. Ô
Cheikh ! Sois reconnaissant envers ton Seigneur qui t’avoir accordé cette belle endurance devant
cette épreuve, cette accusation dont tu es totalement innocent. Mois je suis avec les patients, les
endurants. Dieu dit: Et nous récompenserons ceux qui ont été constants en fonction du meilleur
de ce qu’ils faisaient.
(Coran, 16 :96)
Au terme de son exil à SEGOU, l’éminent érudit CHEIKH MBACKE BOUSSO lui avait adressé
une lettre pour d’abord remercier le Seigneur de l’avoir délivré de ces épreuves, avant de
l’inviter à faire preuve de reconnaissance et de gratitude envers son Seigneur. Il di : « Ô toi le
guide ! Sois reconnaissant envers ton Seigneur qui t’accordé ces faveurs que je te demande
« Fais preuve de beaucoup de reconnaissances. C’est moi qui t’ai conduit chez toi comme tu
en étais sorti cette nuit d’horreur et de terreur où tu étais comme un bélier que le loup fait
sortir de la grange. Je t’ai conduit de jour vers ton lit confortable, alors que tu jouissais
d’une sécurité garantie et d’une gaieté resplendissante. Je me suis adressé aux puissants
décideurs pour leur demander de venir de rétracter les accusations portées sur sa
personne, rejteter les mensonges proférer à son endroits et mêmes les tentatives de
diabolisations propagées pour ternir son image immaculé. Ceux d’entre-vous qui
éprouvaient le mécontentement et l’inquiétude vont retrouver la gaieté douce et
resplendissante ; ceux d’entre-vous qui, par contre, respiraient le contentement et
s’adonnaient à la jubilation, vont tomber dans un abattement morne, et sombreront tous
dans une morosité persistante et une tristesse invincible. Ils vont devoir détacher les ficelles
avec lesquelles ils t’avaient attaché et revenir sur les accusations et les calomnies qu’ils
avaient proférées à votre égard. Sois reconnaissant envers ton Seigneur qui m’a accordé le
privilège de pouvoir l’adorer à l’intérieur de tes maisons. Confies toi au Seigneur, il est le
pourvoyeur de subsistance ; celui qui peut le faire venir jusqu’à toi, où qu’elle puisse se
trouver, dans les cieux et sur terre. Ainsi, il ne la retirera que pour t’accorder une
meilleure. DIEU est le Seul qui n’a de compte à rendre à qui que se soit. Aucune créature
ne pourra Lui faire des reproches. Il est exempt de toutes les imperfections. Qu’Il soit loué
de par Sa grandeur incommensurable ».
CHEIKH ANTA a créé des centres d’éducation et de formation professionnelle, dont JAQAM et
TOUBA TOOL, etc. Il a fondé le village de GAWAANE, où il passait la plupart de son temps,
en 1906. CHEIKHOUL KHADIM lui avait une fois rendu visite dans ce village. Il éduquait les
disciples mourides dans la pratique constante des actes d’adoratons en se basant sur la tradition
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de notre bien-aimé, le prophète Mouhamed . Il avait une fois adressé une correspondance à ses
disciples pour les exhorter à redoubler d’effort dans l’adoraton du Seigneur.
Son pélérinage aux Lieux saints de l’Islam :
Il faisait partie de la délégation, composée de certains dignitaires et disciples, parmi les plus
grands et les plus éminents de la Communauté mouride, dont CHEIKH MBACKE BOUSSO,
CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL et d’autres, qui s’était rendue au Lieux saints de l’Islam,
en 1928, pour accomplir le pélérinage à la Mecque.
Son rappel à Dieu :
CHEIKH SIDY MAKHTAR MBACKE a été rappelé à DIEU au début du mois de janvier de
l’année 1941du calendrier grégorien. Il repose désormais à DAARU SALAAM. Qu’Allah
l’agrée !
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CHEIKHOUL KHADIM et en lui vouant une obéissance absolue. Il faisait partie des
compagnons privilégiés du CHEIKH. Car il était un modèle parfait de disciple au regard de son
aspiration sincère, son dévouement inlassable et indéfectible envers le Cheikh, sa dévotion
absolue vis-à-vis du Seigneur. A son départ d’exil vers le Gabon, suite à une décision du pouvoir
colonial, le Cheikh lui avait donné comme ordre de rester à DAARU SALAAM, à côté de sa
sainte et vertueuse mère SOKHNA ANTA NDIAYE et de son grand frère CHEIKH ANTA
MBACKE, pour œuvrer au service de l’Islam, par l’enseignement du Saint Coran, l’éducation et
la formation spirituelles des disciples mourides.
Il faisait partie de ces saints qui s’étaient complètement détournés du bas-monde pour se
consacrer à l’adoration exclusive du Seigneur, en pratiquant un ascètisme rigoureux, et avait
acompagné le Cheikh en Mauritanie où il dirigeait les prières nocturnes et surérogatoires
du mois béni de Ramadan, sur ordre du Cheikh. Lorsque celui-ci fut assigné en
résidence surveillé à THIEYEEN DJOLOF, il l’avait également accompagné et
était resté avec lui jusqu’à son transfert vers DIOURBEL.
CHEIKH AAFIA MBACKE Imam de la Grande Mosquée de Diourbel :
Aussitôt après son installation dans le sanctuaire bénit de DIOURBEL, le Cheikh décida de faire
de lui son bras droit et le désigna comme Imam suppléant dans ses moments d’empêchement et
de retraite spirituelle. Après le rappel à Dieu du Cheikh, il a été confirmé officiellement comme
Imam de la Grande Mosquée de Diourbel jusqu’à son rappel à Dieu en 194, à DAARU
SALAAM. Il était venu rendre visite à son grand frère CHEIKH ANTA qui était malade ; et
Dieu le Tout Puissant de par Sa volonté éternelle l’a rappelé auprès de Lui, avant même son
grand frère Cheikh ANTA, comme l’avait prédit CHEIKHOUL KHADIM. C’est en pleine
communion avec son Seigneur, au moment de prier le « HASR » (prière de l’après midi vers 17
heures), qu’il fut rappelé à Dieu. Ce fut un mardi, CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL
MBACKE dirigea sa prière mortuaire, avant de procéder à son enterrement, la nuit du mercredi
.i.e le même jour, à Touba où il repose désormais. Quarante heures après, autrement dit, en
moins de deux jours son grand frère germain CHEIKH ANTA MBACKE, le suivit au royaume
des cieux. Qu’Allah les agrée et les accueille dans Son Paradis éternel. Amen !
CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE DIOP DAGANA, son fils CHEIKH QASSIM MBACKE
et CHEIKH MOUSSA KA lui ont tous consacrés des élégies.
Ses successeurs :
Après son rappel à Dieu, ses fils : CHEIKH MOUHAMADOU FARYMATA MBACKE
(SERIGNE MAMOUNE), CHEIKH MOUHAMADOU QAASIM MBACKE et CHEIKH
ABDOU-L-AKRAM MBACKE se sont succédés à son califat pour perpétuer son œuvre au
service de l’Islam.
Ses realisations :
Il a mis sur pied des centres d’éducation et d’enseignement dont TOKKI et JEYSI (à vérifier) où
il a formé ses plus grands disciples.
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son grand frère CHEIKHOUL KHADIM qui s’est occupé de son éducation. Après l’avoir initié à
la lecture de la formule « BASMALA » et des lettres de l’alphabet arabe, CHEIKHOUL
KHADIM l’avait confié à son frère CHEIKH IBRAHIMA FATY MBACKE qui va assurer son
apprentissage coranique jusqu’à la mémorisation. Puis il lui enseigne les ouvrages les plus
étudiés, en Afrique noire, dans le domaine des sciences religieuses et littéraires : la
jurisprudence, la théologie, la bonne croyance, le soufisme, la grammaire, la rhétorique, la
prosodie et la logique. Ce fut pendant la période d’exil en mer du Cheikh avant son enrollement
dans le système éducatif français, plus précisément à l’Ecole publique française de Saint-Louis
du Sénégal ; qu’il a fréquenté jusqu’à obtenir son certificat. En un moment donné, il avait essayé
de partir au Gabon, pour rencontrer son frère en exil, mais il n’a pas pu le faire, et finira par
désister.
Son allégeance et son compagnonnage avec le Cheikh :
A son retour d’exil, CHEIKH BALLA THIORO est allé à sa rencontre à Saint-Louis pour
l’informer de son passage à l’école française et sa maitrise de la langue. Puis, il l’a rejoint en
Mauritanie, dans le grand désert du SAHARA et était resté avec lui pendant deux ans pour se
dévouer coprs et âme à ses services et suivre son éducation spirituelle. On rapporte qu’il était
sous la même tente que le Cheikh lorsque celui-ci composait le poème : « HAMDII WA
SHUKRII LIMANE KULLII BIHII SAARAA LAHUU RIDANE DUUNA SUXTIN HINDA
SARSAARAA » (Ma louange et ma gratitude à Celui à qui j’ai confié mon tout, je lui témoigne
ma profonde gratitude ici à SARSAARA, sans jamais le désavouer). Après avoir passé un
moment avec lui, le Cheikh le libère et lui confie des disciples pour s’occuper de leur éducation
spirituelle et de leur formation religieuse. C’est ainsi qu’il est retourné au Sénégal pour procéder
à la fondation du village de KEUR SHERIFE dans le CADIOR, en 1905. C’est dans ce village
du CADIOR qu’il a commencé sa mission d’éducation et de formation des disciples, avant de se
déplacerr quelques temps après vers DJAAXAL. Le flux de gens qui convergeaient vers lui
commença à augmenter de plus en plus ; il s’engagea avec ses disciples dans des activités
agricoles intensives dont les rendements étaient entièrement destinés au Cheikh, en guise
d’offrandes. A son arrivée à Diourbel, en 1912, le Cheikh le fit venir à ses côtés pour lui servir
de traducteur et d’interprète, auprès de l’administration coloniale.
Ses caractéristiques et ses qualités :
Il avait de grandes ambitions et s’attellait à sa réalisation avec une motivation exceptionnelle ;
possédait un caractère d’une noblesse exquise qui n’était que la filiation de ses vertus primitives,
de son amour filial et sincère envers le Cheikh et des qualités intrinsèques profondément
empreints dans son âme. Ce qui explique sa détermination inébranlable et son engouement
extraordinaire envers le message du Cheikh et tout ce qui participe à sa promotion et à sa
vulgarisation. C’est avec ce rythme qu’il a continué avec le Cheikh jusqu’à son rappel à Dieu en
1927. Puis il s’est rendu au SALOUM pour procéder à la fondation du village de TEENU
TUBAAB, mais avec l’affluence sans cessse croissante des disciples, il sera contraint de créer un
autre village pour mieux les contenir et les superviser, c’est ainsi qu’il créa le village de
MBACKE SALOUM, en 1928. Il y resta pendant deux ans, avant de se déplacer vers la cité de
MBAR située à 45 kilomêtre de Touba, accompagné d’une trentaine de disciples. Dès son arrivée
à MBAR, il procéda à l’aménagement d’une grande ferme agricole et à la réalisation d’un grand
centre d’éducation religieuse et de formation spirituelle et professionnelle. Son système
d’éducation était axé sur l’adoration constante et rigoureuse du Seigneur, le travail minutieux,
assidu et routinier, la recherche du licite, l’adoption et l’appropriation des qualités morales
nobles. A cet effet, il avait sollicité SERIGNE MBACKE BOUSSO pour l’affectation d’un
imam qui se chargera en même temps de l’enseignement des sciences religieuses, dans ce
village. C’est ainsi qu’il désigna CHEIKH ABDOURAHMANE BOUSSO, plus connu sous le
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nom de SERIGNE DAME MBAR qui a vécu pendant dix-sept ans à MBAR en tant qu’Imam et
guide religieux du village.
Ses relations avec les guides religieux et les grands dignitaires mourides :
CHEKH HABIB MBACKE plus connu sous le nom de SERIGNE BALLA THIORO entretenait
de très bonnes relations avec les autres digintaires de la Communauté mouride, dont CHEIKH
IBRAHIMA FATY, CHEIKH MASSAMBA MBACKE, CHEIKH MOUSTAPHA MBACKE,
CHEIKH IBRAHIMA FALL, CHEIKH ISSA DIENNE et d’autres.
Son rappel-à-Dieu :
Il a été rappelé à Dieu en 1947, à l’âge de soixante-dix ans, au terme d’une vie sanctifiée, mais
laborieuse, parce que remplie de bonnes actions et d’exploits réalisés au service de l’Islam et des
musulmans à travers l’éducation réligieuse, la formation spirituelle et professionnelle,
l’agriculture et la recherche du licite. Un grand nombre de disciples parmi les plus grands
dignitaires de la Communauté mouride sont sortis de ses écoles. Son fils CHEIKH
ABDOURAHAMANE MBACKE l’a succédé dans l’accomplissement de sa noble mission, en
s’étant merveilleusement illustré par une participation active et un travail titanesque accompli
lors de la construction de la Grande Mosquée de Touba. Que Dieu l’agrée et l’accueille dans les
plus hautes stations réservées à Ses élus et au paradis celeste en compagnie de Ses amis, de Ses
martyrs et de Ses saints vertueux. Quel bon compagnonnage !
Il avait manifesté à son frère CHEIKHOUL KHADIM un attachement indéfectible parce que
profonde, l’avait accompagné dans plusieurs endroits, en Mauritanie et à THIEYEENE
DJOLOF, et lui vouait une admiration respectueuse et un dévouement passionné et une
aspiration sincère. Il lui envoyait souvent des offrandes et s’était rendu en Mauritanie puis à
THIEYEENE DJOLOF pour le visiter. A son départ de THIEYEEN pour DIUOURBEL, le
Cheikh lui ordonna de procéder à la création des centres de formation et d’éducation religieuse,
de s’atteler à l’adoration constante du Seigneur et à la recherche permanente du licite. C’est ainsi
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qu’il entreprit la création de trois villages à proximité de DIOURBEL ; ces villages sont
JOOREL, KAADJI et DJIITE, etc.
A ce propos, CHEIKH MOUSSA KA lui disait : « CHEIKH HAFSATOU MBACKE a ouvert
les forets de DIOURBEL et de ses environs, forgé les esprits pour ensuite les ramener tous à la
soumission de leur Créateur sans les offusquer. Il détenait des lumières resplendissantes, des
sagesses incomparables et une beauté éblouissante qu’on ne trouve pas chez les MBACKES à
l’exception de CHEIKHOUL KHADIM. »
Ses qualités et sa moralité :
Il possédait des vertus exceptionnelles qui sont l’expression de son amour constant et infini
envers le Seigneur, Son prophète et CHEIKHOUL KHADIM. Il faisait partie de ses saints
vertueux à qui Dieu avait octroyé des richesses abondantes et des moyens de subsistance
considérables. A son départ d’exil en mer, le Cheikh l’avait confié aux bons soins de son grand
frère CHEIKH ANTA MBACKE, à DAARU SALAAM où il était resté pendant toute la période
d’exil. CHEIKHOUL KHADIM lui fit également savoir que Dieu le Tout Puissant lui avait
pardonné tous ses péchés. Mais cette heureuse prédication n’a fait qu’augmenter son degré de
croyance envers le Seigneur, sa chasteté, sa dévotion, son ascétisme, sa crainte révérencielle
envers le Seigneur. Ce faisant, il était une illustration parfaite des propos du Cheikh, lorsqu’il
dit : « le vrai prodige d’un élu de Dieu est de ne jamais tomber dans la désobéissance,
explicitement et implicitement. »
Ses relations :
Il entretenait de très bonnes relations avec ses frères musulmans et ses concitoyens. Quant à ses
relations avec ses frères et sœurs consanguins (les enfants de CHEIKH MOMAR ANTA SALY),
elles étaient empreintes d’une affection particulière et d’une cordialité franche et sincère. Il a
réussi à baptiser d’après chacun parmi les enfants de CHEIKH MOMAR ANTA SALY le nom
d’un de ses enfants. Il avait l’habitude de dire : « CHEIKHOUL KHADIM est mon guide
spirituel, CHEIKH MOR DIARRA est mon père, CHEIKH ANTA MBACKE est mon
grand frère ».
Il avait aussi réussi à tisser avec tous les autres dignitaires de la Communauté mouride des
rapports excellents, il était l’ami de CHEIKH MBACKE BOUSSO et de CHEIKH
ABDOURAHMANE LO, ainsi que SERIGNE CHEIKH KA fils de CHEIKH SAMBA
TOUCOULEUR KA. Ses relations avec les enfants de CHEIKHOUL KHADIM étaient d’une
solidité inébranlable, plus particulièrement celles entretenues avec CHEIKH MOUSTAPHA
MBACKE, CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL MBACKE, CHEIKH MOUHAMADOU
LAMINE BARA MBACKE.
Son rappel à DIEU :
CHEIKH SIDY KABIIR MBACKE fut rappelé à DIEU en 1933, il repose désormais dans les
cimetières de Touba. Que l’agrée et l’accueille dans son Paradis éternel.
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(la préface de l’ouvrage de grammaire rédigé par le grand érudit originaire de KOKKI, fils du
grand érudit CHEIKH MASSAMBA ANTA THIEEBO, fils du grand érudit CHEIKH
MEDOUNE PENDA BOYE, fils du célèbre savant CHEIKH MAKHTAR NOUMBE DIOP
fondateur du célèbre foyer religieux de KOKKI. CHEIKHOUL KHADIM lui a rendu un vibrant
hommage dans lequel il disait : « CHEIKH MAKHTAR qui jouissait de la suprématie
incontestable et de la préséance absolue sur tous ceux qui, à son époque, se réclamaient de
la Communauté du Prophète Mouhamed , dans le CADIOR. Que l’élévation en grade la
plus complète lui soit accordée par le Seigneur qui m’a préservé des transgresseurs, ainsi
qu’à sa famille et ses compagnons ».
Sa naissance et son éducation :
CHEIKH MASSAMBA MBACKE est né un jeudi vingt-septième jour du mois de CHAHBANE
de l’an 1300 de l’hégire/1881 ou 1882 du calendrier grégorien, dans le village de PATAR, près
de NDIAAGNE, son père CHEIKH MOMAR ANTA SALY a été rappelé à Dieu peu de temps
avant sa naissance. Son grand frère CHEIKHOUL KHADIM s’est entièrement occupé de son
éducation et de sa formation, après l’avoir baptisé, le jour de son bapthème, d’après le nom du
maitre de son père, dans le domaine des sciences religieuses, le grand érudit CHEIKH
MASSAMBA ANTA THIEEBO. Il lui disait souvent : «je suis un père pour toi ».
Ses études et sa formation :
Au cours de son séjour en Mauritanie, le CHEIKH avait fait appel à lui. C’est ainsi qu’il s’est
lancé dans l’éducation spirituelle sous la direction et la supervision du Cheikh qui lui faisait subir
un ascétisme rigoureux. Il endurait une faim cruelle, se cachait dans une retraite solitaire et
s’appliquait à faire des invocations permanentes du Seigneur.
C’est ainsi qu’il a été éduqué et formé par le Cheikh, en Mauritanie et à THIEYEENE DJOLOF.
Au cours de cette période, il s’était dévoué au Cheikh corps et âmes, en lui apportant une
assistane non négligeable dans le travail de reproduction des exemplaires du Coran, la rédaction
et la vocalisation des poèmes et panégyriques composés par le Cheikh pour faire les éloges de
notre bien-aimé le prophète Mouhamed et faire des invocations en sa faveur. Il faisait partie
des meilleurs calligraphes de son époque, car ses écritures étaient d’une beauté exquise et d’un
raffinement esthétique admirable. Il a participé, avec sa plume experte et talentueuse, à la
vulgarisation des écrits de CHEIKHOUL KHADIM ; au même moment, il s’occupait des
lecteurs à qui le Cheikh avait confié la noble mission de la lecture de tout l’exemplaire du
Coran, après chaque prière obligatoire. Le Cheikh voulait toujours le voir à ses côtés sutout
lorsqu’il adressait des recommandations au public. Parce qu’il était doté d’une perspicacité
remarquable à comprendre les paroles des soufies pour ensuite les transmettre avec une fidélité
scrupuleuse et la précision sémantique requise, aussi bien en arabe qu’en wolof. Ce qui faisait
dire à CHEIKH MOUHAMADOU FAADILOU dans l’élégie qu’il lui avait consacrée :
« Celui qui maitrisait parfaitement l’essence même des propos exprimés par Cheikh et n’a jamais
tenté de les tronquer ou de les dénaturer.
CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE DIOP DAGANA lui disait :
« le frère de XADIIM (le serviteur du prophète), envers qui, il éprouvait un amour immense et
une affection sincère, le recipient à partir duquel il puisait sa science, celui qu’il ressemblait de
par sa générosité légendaire».
Sa désignation honorifique pour l’éducation et la formation spirituelle des disciples :
Après son arrivée à DIOURBEL, en 1330 de l’hégire/1912 du calendrier grégorien, le Cheikh le
réunit avec d’autres disciples et grands diginitaires pour procéder à leur désignation honorifique,
avant de les instruire de s’atteler à la fondation des villages et des centres d’éducation religieuse
et de formation spirituelle et professionnelle dans les villages qui se trouvent autour de Touba.
Ainsi, ils pourront se consacrer à l’éducation des mourides et leur engagement dans la voie de
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l’aspiration sincère. C’est ainsi, qu’il procéda, en 1912, à la fondation du village de DAARU-L-
KARIIM, puis d’autres villages. Il se consacrait, au sein de ses villages, à l’éducation des
disciples, par l’instruction religieuse, la formation spirituelle et professionnelle, à travers des
activités agricoles. Il réalisait chaque année une grande production agricole qui était entièrement
destinée au Cheikh, en guise d’offrande. Sur le plan spirituel, il a formé beaucoup de disciples
qui, aujourd’hui, sont devenus des saints vertueux, des hommes de Dieu d’une dimension
exceptionnelle.
Pendant ce temps, le Cheikh avait aussi l’habitude de l’envoyer parfois vers des zones reculées et
des endrois lointains, lieux de résidence de certains disciples et grands dignitaires, pour
s’enquérir de leur situation et les encourager à redoubler d’effort, dans l’accomplissement de la
noble mission de vivification des enseignements de l’Islam. Il a eu également à lui confier
beauoup de missions importantes à l’intérieur du pays. C’est lui, (CHEIKH MASSAMBA), qui
s’occupait également des lecteurs-déclamateurs des « XASAIDES » (poèmes et panégyriques du
Cheikh dédiés au Prophète Mouhamed .) C’est aussi lui qui a amené le grand lecteur
déclamateur CHEIKH IBRA BOUBA FALL, auprès du Cheikh. Par la suite, il demandera à son
disciple CHEIKH MAYIBE GUEYE de l’imiter dans la lecture et la déclamation des poèmes du
Cheikh. Ce que ce dernier finira par maitriser parfaitement. Ils se réunissaient chaque nuit autour
du Cheikh et en présence de tous les disciples, pour déclamer les panégyiques particulièrement
destinés au Prophète . Ces séances de lecture et de déclamation sont devenues une tradition
perpétuelle dans le Mouridisme comme dans tous les foyers religieux se réclamant du soufisme.
Sa moralité et ses qualités :
CHEIKH MASSAMBA était caractérisé par un ascétisme rigoureux, une chasteté admirable, et
une crainte révérencielle envers le Seigneur. Il appliquait scrupuleusement et minutieusement les
ordres du Seigneur, tout en faisant preuve d’une méfiance tenace pour ne pas violer les interdits.
Il était d’une extrême humilité et d’une dévotion fervente vis-à-vis de son Seigneur. Il ne s’est
jamais assis sur un lit ou se reposé dessus. Il faisait partie des adorateurs qui sont visés dans ces
versets : «ils dormaient peu, la nuit, et aux dernières heures de la nuit ils imploraient le pardon
(d’Allah) ; et dans leurs biens, il y avait un au mendiant et au déshérité. » (Coran 17, 18, 19 :51)
Sa bonté accoutumée, sa noblesse héréditaire, sa générosité légendaire avaient fait le tour du
pays ; les voyageurs et les caravaniers se le transmettaient et avaient fini de lui conférer une
grande renommée. Ces qualités se sont manifestées en lui de manière intensive. Ce qui faisait
dire à CHEIKH IBRAHIMA DIOP AL-MASHHARII :
Il a surpassé les vertueux qui s’étaient illustré dans la bonté, MASSAMBA MBACKE, le grand
érudit, le noble, le sage »
Un individu doté d’une intelligence supérieure, d’une capacité de discernement exeptionnelle,
d’une clairvoyance extraordianaire.
Il vouait un respect inransigeant et inconditionnel à la dignité humaine, il n’a jamais sous estimé
ou minimisé un être humain. Il s’est toujours gardé de ne pas enfreindre la loi divine quant au
respect dû à la dignité humaine qu’il a su préserver avec accoutumance ; comme l’avait
recommandé CHEKHOUL KHADIM qui dit : préserves en chaque créature les droits
inaliénables conférés par le créateur. Son attchement à la tradition prophètique transparaissait
dans ses actes d’adoration, dans son caractère, dans son comportement et dans ses transactions et
échanges avec autrui, aussi bien implicitement qu’explicitement, ainsi que dans toutes les
circonstances, situations et positions. Il était très attaché à l’accomplissement de la prière en
assemblée et n’a jamais effectué une prière obligatoire en dehors de la mosquée. On ne l’a jamais
entendu parler des futilités et des choses mondaines. Toutes ses discussions tournaient autour des
élus de Dieu et de leurs bienfaits, à defaut de se consacrer aux invocations et louanges du
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Seigneur, à l’instar des saints vertueux que CHEIKHOUL KHADIM décrit dans ce vers de
poésie :
« Leur discussions tournaient toujours autour du Seigneur, l’Olnipotant, le Pourvoyeur d’utilité,
l’Eternel qui n’a besoin de rien ni personne pour exister ; et non les femmes comme HIND et
LUBNAA ».
Son amour, son extinction à DIEU, à son Prophète et à CHEIKOUL KHADIM étaient sans
borne. Son aspiration sincère et son sens élevé de l’élevation spirituelle étaient inébranlable,
comme l’a decrit CHEIKH IBRAHIMA DIOP AL-MASHHARII :
«Claire comme une pleine lune, la poitrine incroyablement généreuse, doté d’une érudition
profonde, il guidait tout aspirant sincère doué de raison. »
Certes, ill était le plus jeune, le plus petit parmi les frères de « AL-XADIIM » (le serviteur
privilégié), mais sa détermination était d’une élevation considérable. »
Son seul défaut est la crainte, son dévouement permanent envers le Cheikh sans ostentation. »
Le cœur pur, il était d’une extrème amabilité
Tel un soleil éblouissant, ses rayons de vérité inondaient les souillures morales dans l’obscurité
de sentiers ténébreux de l’égarement.
Il était le refuge des orphelins, des veuves, des démunis et de pauvres ; il ne cessait de leur
distribuer toutes sortes de nourritures agréables et boissons succulentes.
Les visiteurs se bousculaient toujours devant sa porte, les uns avaient des préoccupations
purement mondaines parce que relevant de la vie dans l’ici-bas, tandis que les autres avaient des
préoccupations pour la vie éternelle dans l’au-delà, dont certains désiraient accéder à l’enceinte
scellée réservées aux élus de DIEU.
Comme le disait CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL à son égard :
«CHEIKH MASSAMBA l’utile en quête de l’utile qui soulage la misère des indigents et des
disseteux.
Il était très attentionné envers les démunis et les opprimés et ne faisait pas de distinction entre les
proches et les étrangers
La profusion de fruits, de victuailles variées, sans aucune exhibition ostentatoire, faisait que sa
maison ne désemplissait jamais.
Sa vaste cour était fréquentée par tout le monde, certains venaient individuellement, d’autre
accompagnés et d’autre encore collectivement. »
Ses caractéristiques :
Il avait une très belle allure et était caractérisé par une pudeur admirable, on ne pouvait pas ne
pas l’aimer, après l’avoir vu pour la première fois. Il était d’un charisme irrésistible d’une
prestance imposante et d’une réserve prudente ; il avait un teint clair et laissait transparaître une
couleur rougeatre entre les deux lèvres ; il ne portait jamais des habits qui trainaient par terre.
Il s’enturbannait la tête et le visage ; il était rare de voir son visage sans le turban ; il imitait son
frère CHEIKHOUL KHADIM dans sa manière de mettre le turban. C'était un homme
clairvoyant, visionnaire, rationnel et équilibré.
Sa production littéraire et poétique :
CHEIKH MASSAMBA MBACKE était doté d’une grande érudition dans tous les domaines
scientifques et religieuses. Qu’il s’agisse des sciences relatives à la législation islamique, à la
littérature, à la spiritualité, des connaissances livresques ou des connaissances émanant
directement du Seigneur. Il n’hésitait pas et n’observait pas non plus une pause pour répondre à
n’importe quelle question qu’on pouvait lui poser.
Que ce soit en matière de jurisprudence ou des autres branches relevant du soufisme de la
méthode et meême des autres domaines scientifique de la vie. Il a redigé des «FATWAAS »
basés sur l’enseignement du Cheikh, par rapports à des questions relevants du soufisme.
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CHEIKH MASSAMBA était un grand poète lyrique, un écrivain né, il a réalisé production
littéraire surabondante et de qualité, entièrement consacrée au Cheikh et à son œuvre, dont
« MAWAAHIBUL QADIIM » (les dons du serviteur), un poème de 108 vers qui débute ainsi :
« Louange à Allah qui a fait de son esclave à Lui (l’Eternel) un ami, Ô Allah ! Ô Allah
Si les crèatures étaient imprégnées de tes mystères cachés, elles seraient toutes devenues des
saintes vertueuses, dotées des grades le plus elevés ».
Dans ses recueils de poème, on retrouve ce qui suit :
« J’ai tendu ma main au Seigneur qui honore son esclave, il ne cesse de me procurer tout e qui
est utile ».
On retrouve également ce vers composé dans les moments d’extase et d’émerveillement :
« Je suis entré dans l’enceinte de son royaume, il m’a procuré tout ce que je désirais sans retard
ni honte. »
Il avait égalemen composé un aute poème pour glorifier le Seigneur et Le remercier de nous
avoir accordé ce bienfait qu’est CHEIKHOUL KHADIM. Il dit :
« Mon cœur témoigne la reconnaissance de toutes les créatures destinée au Serviteur, Ô Seigneur,
l’Omnipotent, l’Unique pourvoyeur de soutien. »
Son rappel à Dieu :
Il a été rappelé à Dieu une nuit de jeudi, neuvième jour du mois de RAJAB (septième mois
lunaire du calendrier hégirien), de l’an 1361 de l’hégire/ 1942 du calendrier grégorien, à
KAOLACK, son corps fut transféré à Touba où il repose désormais, sa prière mortuaire dirigée
par CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE, en présence de tous les guides
religieux et dignitaires de la Communauté mouride. Qu’Allah l’agrée et nous fasse profiter de ses
bienfaits Amen !
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de son engagement de sa détermination envers les œuvres qu’il lui consacrait comme : le puisage
de l’eau, l’arrosage et les travaux champêtres. Il était resté avec son Cheikh dans toutes étapes de
l’appel : MBACKE CADIOR, MBACKE BAOL, à DAARU SAAAM et à TOUBA. Tout ce qui
lui parvenait comme argent il le lui remettait directement. Sa seule préoccupation a été la quête
permanente de la satisfaction et de l’agrément du Cheikh dans les œuvres qu’il n’a jamais cessé
de lui consacrer. A ce propos CHEIKH MOUSSA KA, le grand poète, dit :
« C’était une tradition ancestrale de voir les étudiants de religion consacrer les mercredis et les
dimanches aux travaux champêtres de leur maître.
Lorsque CHEIKH MANOUMBE est arrivé, c’était déjà la fin des itinéraires du Paradis ».
Après le retour du Cheikh de son exil en mer, CHEIKH MANOUMBE était retourné auprès de
lui, pour renouveller son pacte d’allégeance. Il n’a jamais cessé d’exhorter les disciples à faire
preuve de beaucoup plus de détermination et d’engouement dans la poursuite des œuvres pieuses
destinées au Cheikh et dans l’adoption et l’appropriation consciencieuse de son enseignement,
comme l’a si bien illustré CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE DIOP DAGANA :
« Les plus éminents compagnons du Cheikh, dirigés par CHEIKH AHMADOU NOUMBE - qui
ne cessait de faire des va-et-vients, qui reveillait les somnolents-, se sont réunis auprès de lui ».
Faisant référence à ses œuvres colossales pendant la période l’exil, CHEIKH MOUHAMADOU
BACHIR dit : « Le grand guide CHEIKH AHMADOU NOUMBE s’est très bien illustré, il
s’est levé pour exhorter les disciples à faire preuve d’un engagement associatif sincère,
d’une fidelité constante et inébranlable, afin de pouvoir poursuivre, avec une
détermination courageuse et inflexible, cette noble et exaltante mission que le Cheikh nous
a assignés à savoir : l’éducation religieuse et l’élévation spirituelle. Pour ce faire, il
demandait à toux ceux qui devraient suivre des études islamiques, ou se consacrer aux
œuvres pieuses destinées au Cheikh, de se joindre à CHEIKH IBRAHIMA FATY
MBACKE, il en est de même pour ceux qui souhaiteraient effetueux des visites de
courtoisie pour solliciter la bénédiction et la grâce du Cheikh. Cette mission de conciliation
réalisée avec brio prouve à suffisance la préémineence de sa position, le caractère
exceptionnel de son soutien et de son utilité à l’endroit de la famille du Cheikh, confiée aux
bons soins de cet adjoint au caractère imposant et majestueux ».
« Son cousin paternel AHMADOU NOUMBE a continué dans cette lancé, tout en
exhortant les disciples à redoubler d’effort, dans la poursuite de la mission du Cheikh, et à
renouveller leur engagement et leur aspiration sincère, après avoir initié cette démarche et
adopté ce comportement. »
Ses plus grandes réalisations :
Il a procédé, en 1896, à la fondation du village de KEUR MAGUEYE NDAW (à vérifier),
pendant l’exil du Cheikh, pour y séjourner durant les sept ans d’exil. Puis une année après le
retour du Cheikh, il procéda à la création du village de XABBAANE. Ce fut en 1904 ; il va y
rester pendant dix ans. Au terme de ce jour de dix ans, il reçut l’ordre du Cheikh, qui venait de
s’installer à DIOURBEL, de se déplacer vers l’Est pour procéder à la fondation du village de
DAARU QADJAL, en 1914 ; après y avoir séjourné pendant une année, il se déplaça en
direction du village de MBAMBANA, dans la même année, il va y rester pendant une durée de
sept ans, avant de mouvoir ver le village de CHAAM, en 1923. Il va le quitter deux ans plus tard
pour aller créer le village de DENDEYE.
Le seul objectif qui se cachait derrière la création de ces villages a été de se consacrer
entièrement, de se dévouer corps et âmes au service de l’Islam, par un culte exclusif voué au
Seigneur, par l’éducation religieuse et la formation spirituelle et professionnelle des disciples,
conformément aux valeurs et vertus pronées par CHEIKHOUL KHADIM, dont : l’aspiration
sincère à l’élévation spirituelle et la dévotion totale au Seigneur.
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comme un nouveau disciple. Un jour, il était venu en Mauritanie avec CHEIKH ALIOU
MBAYE KEUR THIARE, le Cheikh les affranchit et leur dit : « j’atteste que vous êtes tous les
deux dignes d’être remercié, votre aspiration est sincère, votre agrément assuré ».
Une autre fois, il était venu avec CHEIKH MOUHAMADOU DIAW PAXA, le Cheikh les
affranchit de leurs attaches, ce fut un vingt-huitième jour du mois de RABIIHIL AWWAL
(troisième mois lunaire du calendrier hégirien) et lui demande de se diriger vers DAARU
NDIAYE, auprès de SERIGNE DAARU ASSANE NDIAYE à qui il devait remettre une lettre
du Cheikh.
Ses réalisations :
Il est resté pendant un mois auprès de CHEIKH ASSANE, il s’est marié là-bas avec une dame du
terroir. Il procéda, par la suite, à la fondation de quelques villages dont celui de JAMBOUR (à
vérifier) pour se consacrer à l’éducation religieuse et la formation spirituelle des disciples. Il est
resté là-bas jusqu’au retour du Cheikh de la Mauritanie. Il quitta le village pour aller lui rendre
visite. Cette visite coïncida avec la naissance de CHEIKH ABDOULAAH MBACKE.
Accompagné d’un groupe de personnes qui était venu apporter des offrandes considréables au
CHEIKH, le Cheikh les reçut puis l’envoya à POROKHANE pour visiter à son nom le mausolée
de sa sainte et vertueuse mère MARYAMA BOUSSO. Lorsqu’il s’apprétait à partir le Cheikh
lui remit le poème de CHEIKH MASSAMBA DIOP KOKKI. Et puis s’inscrivant dans la même
ordre d’idée, il compose un autre poème intitulé : (la quète de l’agrément de « AL-
MBAKIYYU » (le Cheikh) par la transformation du poème intitulé : Louange à Celui qui exauce
les vœux).
Il a également été à l’origine de la fondation d’autres villages pour l’implantation des centres
d’éducation religieuse et de formation spirituelle dont : NDIAMBOUR, KHABBAANE dans le
CADIOR, KHAAYAANE dans la région du SINE SALOUME, MISRA dans la région du
SALOUM, près de WAKKINGOUNA. En 1914, le Cheikh lui ordonna de procéder à la création
du village de PAFDYpour se consacrer au travail et aux œuvres pieuses et de bienfaisance ;
avant de l’envoyer s’occuper de la rénovation du mausolée de CHEIKH MAHRAME MBACKE
à MBACKE DJOLOF. Il entretenait avec le Cheikh des relations singulières et jouissait d’une
position très privilégiée et d’une considération distinguée dans l’entourage de celui-ci. Le Cheikh
s’entretenait beaucoup avec lui sur des sujets très délicates et très profonds. Il a été rappelé à
Dieu en 1936. Qu’Allah l’agrée et nous comble de ses bienfaits.
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Cheikh, ils lui remirent deux exemplaires du Saint Coran qu’ils venaient de rédiger par cœur,
confirmant ainsi leur mémorisation, avant de lui proclamer leurs allégeances et leurs
engagements à rester à ses côtés pour lui vouer une obéissance absolue et un dévouement
exemplaire afin de pouvoir bénéficier de son éducation et de son élévation spirituelle. Ils sont
ainsi restés durant tout le séjour du Cheikh en Mauitanie et à THIEEYEN DJOLOF. Ils vivaient
dans la même chambre que CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE, CHEIKH
MOUHAMADOU FAADIL MBACKE, et CHEIKH MOR SOKHNA MBACKE fils de
CHEIKH MOR DIARRA. Il partageait avec CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL le même lit.
Alors qu’ils se trouvaient tous dans un même endroit, ils avaient ensemble décidé de rédiger
vingt-et-huit exemplaires du Saint Coran, en raison de sept exemplaires par personnes, pour le
remettre à CHEIKHOUL KHADIM. Un exploit qu’ils ont réalisé avec succès, dans le désert
mauritanien.
Se rappelant de leur éducation spirituelle et des conditions de vie très pénibles dans lesquelles ils
étaient, à THIEEYEEN, CHEIKH ABDOU DIA MBACKE, disait un jour :
Le cheikh venait nous voir tous les jours, vers la fin de la matinée, pour inspecter notre travail et
nous donner une petite poignée de nourriture et une gouttelette d’eau, et nous restâmes ainsi sans
rien manger ni boire jusqu’au lendemain à la même heure, à son retour. Pendant ce temps, la
maison était suffisament approvisionnée en boisson et en nourritures de toutes sortes.
Il est ainsi resté, pendant six ans, à côté du Cheikh pour suivre cette formation spirituelle
rigoureuse, jusqu’à son affranhissement et sa consécration. Le Cheikh le plaça, après, à la tête
d’un groupe de disciples qu’il était appelé à guider dans le droit chemin, en leur transmettant
l’éducation et la formation reçue du Cheikh.
CHEIKH ABDOU DIA MBACKE l’a lui-même rapporté, il dit : «Lorsque le Cheikh entreprit de
m’affranchir de mes attaches spirituelles, il me dit : « fais ton choix », je lui réponds : « choisis
pour moi ». Il me répéte à trois reprises la même proposition ; je lui donne la même réponse.
Puis, il dit : « Est-ce que quelqu’un t’avait conseillé cette réponse, ou bien c’est ta perception
personnelle. Je lui fis savoir que c’était ma perception personnelle. Mais une perception qu’il
m’avait lui-même inspiré à travers son éducation spirituelle féconde et sa sagesse insondable.
Pour finir, le Cheikh lui dit : « Demain, dans l’au-delà, tu sauras que tu as le meilleur
selectionneur, car j’ai opéré pour toi le meilleur et le plus utile choix. » et sollicita pour lui la
bénédiction et les bienfaits que le Seigneur réserve à Ses élus.
Ses réalisations dans le domaine de l’éducation et de dans celui de l’agriculture :
CHEIKH ABDOUest, par la suite, parti s’installer dans le village de DJAKIIDJ (à vérifier) chez
le grand érudit BARAAMA ASTA (à vérifier). Son passage, dans ce village, a été motivé par les
recommandations du CHEIKH qui avait au DJOLOF la visite de ce dernier, en compagnie de son
oncle maternel. Le Cheikh lui avait demandé est ce qu’il connaissait un de ses disciples ; il dit :
« je connais CHEIKH ABDOU DIA MBACKE avec qui j’ai fréquenté l’école coranique de
CHEIKH GHULAAYE DIAW. Le Cheikh fit appel à CHEIKH ABDOU DIA MBACKE et le
lui confia.
CHEIKH ABDOU DIA va, par la suite, procéder à la fondation de plusieurs villages pour se
consacrer à l’éducation religieuse, à la formation spirituelle et surtout professionnelle des
disciples, à travers des activités agricoles, afin de trouver un moyen légitime de chercher le licite
et de participer à l’essor de développement, l’un des principes fondamentaux du système
d’éducation instauré par le Cheikh. Tout d’abord, il commença par la fondation du village de
KADD, près de DIOURBEL, puis KHABBAANE, puis NADJOOKHE, avant de se déplacer
vers DAARU SALAAM DUYOOLI, sur ordre du Cheikh qui lui fit savoir que cette zone avait
des particularités exceptionnelles et que ce sera, pour lui, un moyen d’interceder en faveur de
beaucoup de personnes, le Jour du Jugement dernier.
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Il faisait partie du tout premier groupe de disciples qui avaient proclamé leur allégeance au
Cheikh, aussitôt après son appel historique. Pare qu’après le rappel à DIEU de son père, il était
parti à MBACKE CADIOR, accompagné de sa mère, pour effectuer une visite de courtoisie
auprès de CHEIKHOUL KHADIM. Cette visite coïncida avec la proclamation de son appel
rénovateur, historique. C’est ainsi qu’il proclama son allégeance au Cheikh et s’engagea à
toujours rester à ses côtés pour suivre son éducation religieuse et sa formation spirituelle. Ce
faisant, il a eu la chance inouϊe d’avoir assisté à toutes létapes de la vie spirituelle du CHEIKH,
De MBAKE CADIOR à DIOURBEL, en passant par MBACKE BAOL, DAARU SALAAM,
TOUBA.
Sa participation à la découverte de Touba :
Il faisait partie de ceux qu ont accompagnés le Cheikh à MBACKE BAOL et à DAARU
SALAAM. Il faisait aussi partie de cette cohorte de disciple, de cette élite qui avait participé
avec le Cheikh à la fondation de Touba. On rapporte qu’il marchait côte à côte avec le Cheikh,
au moment de la découverte de Touba ; tout d’un coup celui-ci ota ses chaussures, il se pencha,
prit les chaussures et les plaça devant, sur son chemin, mais le Cheikh les enjamba comme si il
ne désirait plus les porter. Il reprit les chaussures et fit la même chose à trois reprises ; mais le
Cheikh refusa toujours de les porter. Puis il lui dit : « la raison pour la quelle je voue un
respect absolu et une considération singulière à cet endroit, réside dans son caractère
mystérieux et bénit. Beaucoup de saints, qui sont venus avant moi, l’ont cherché sans le
trouver. DIEU m’a accordé le privilège unique de l’avoir découvert. En signe de
reconnaissance, je dois l’honorer et lui vouer un respect révérenciel, pour rendre grâce au
Seigneur ».
Il a également rapporté qu’il était avec le Cheikh dans cette fôret, lorsqu’arriva le temps
d’effecuer les prières matinales surérogatoires, le Cheikh se leva pour prier, sans l’exprimer
ouvertement, j’eus l’impression qu’il s’était un peu détourné de la « QIBLA » (la KAABA), au
même moment, j’aperçus l’image de la KAABA qui s’était positionnée devant nous. Après la
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prière, le Cheikh se tourna vers moi et dit : « La KAABA vers laquelle se dirigent les gens pour
prier se dirige toujours devant moi ».
Sa vie pendant la période d’exil en mer :
CHEIKH MOR PENDA MBACKE faisait partie de cette élite très restreinte qui avaient franchi
toutes les étapes de l’ascencion spirituelle. C’est un groupe de sept personnes à qui le Cheikh
avait adressé des témoignages concordants, suffisant pour attester l’accomplissement parfait des
œuvres exigées dans la voie de la spiritualité, et la réalisation de la consécration suprême. De ce
point de vue, il ne leur reste plus aucune étape à franchir, pour accéder à l’enceinte scellée du
Seigneur, reservée aux élus. Toutefois, le Cheikh leur avait déconseillé le mariage avant son
retour d’exil en mer ; parce que Dieu lui avait donné des ordres sur eux. Pour cette raison,
CHEIKH MOR PENDA MBACKE et CHEIKH AAFIA BOUSSO étaient restés dans le célibat
jusqu’au retour du Cheikh, de son exil en mer. Pendant ce temps les saintes et vertueuses filles
du Cheikh, n’avaient pas encore atteint l’âge du mariage. C’est ainsi que le Cheikh scella leurs
unions avec les deux filles de CHEIKH MOR NDIAYE : SOKHNA KHADIDJATOU ou
KHARY MBACKE, confiée à CHEIKH MOR PENDA MBACKE et SOKHNA FATMATOU
ou FATY KANE, confée à CHEIKH AAFIA BOUSSO.
Son dévouement au Cheikh pendant l’exil en terre mauritanienne :
Lorsque le Cheikh s’est installé à DAARU-L-MANNAANE, après son retour d’exil en mer,
c’est lui qui avait construit sa toute première case.
Cheikh MOR PENDA MBACKE faisait également partie de ceux qui ont accompagnés
CHEIKHOUL KHADIM, dans son voyage terrestre, comme l'a attesté le grand poète et
historien du Mouridisme CHEIKH MOUSSA KA, dans son « DJAZAA-U- CHAKOOR » (la
rétribution des plus endurants dans la reconnaissance envers le Seigneur).
Dans le même livre, CHEIKH MOUSSA KA nous parle de ses positions nobles, de ses grands
sacrifices et des innombrables vicissitudes de sa vie avec CHEIKHOUL KHADIM, en
Mauritanie.Vous devriez le consulter pour plus d'informations.
Des prodiges émouvants et des merveilles miraculeux se sont passés entre lui et le Cheikh,
comme l’a rapporté de CHEIKH ABDOU-L-AHAD ses deux petits fils : CHEIKH FALLOU
MBACKE et CHEIKH BACHIR MBACKE qui sont tous les deux des fils de CHEIKH
MODOU MBACKE, fils de CHEIKH MOR PENDA MBACKE.
Il faisait aussi partie de ceux qui ont cheminé avec le Cheikh jusqu’à THIEEYEENE, arrivé à
THIEEYEEN, il demanda au Cheikh de lui confier une mission ; c’est ainsi que le Cheikh décida
de l’envoyer au BAOL, près de DIOURBEL, dans le village de MBAMPANA. Il y séjourna
pendant trois ans, avant la venue du Cheikh à DIOURBEL. Beaucoup parmi les enfants du
Cheikh qui sont décédés à bas âge sont enterrés dans ce village, à côté de leur grand-mère, la
sainte et vertueuse dame SOKHNA SALY KANE, mère du juge CHEIKH MOMAR ANTA
SALY.
Sa position auprès de CHEIKHOU-L-KHADIM :
Il jouissait d’une position singulière et d’une proximité affective évidente, auprès de
CHEIKHOUL KHADIM. Le poète et historien du Mouridisme CHEIKH MOUSSA KA a
rapporté de lui beaucoup de récits concernant la vie du Cheikh, et plus particulièrement son
voyage en mer, dans son « DJAZAA-U-CHAKOOR » (voir plus haut), plus précisément
lorsqu’il disait à propos du Cheikh :
« Il a vu dans les profondeurs de cet abîme, sa sainte et vertueuse mère surnommée la
voisine de Dieu qui était venue le rassurer et l’exhorter à augmenter sa confiance en Allah.
Il a également vu l’Envoyé de Dieu (le prophète Mouhamed ) qui lui a révélé les secrets les
plus sublimes, les plus mystérieux qu’aucune autre créature ne parviendra à percer.
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Si tu doutes de cela demandes à CHEIKH MOR PENDA qui en est un témoin oculaire et
auriculaire ».
Son disciple CHEIKH MODOU KA DIOP rapporte qu’il l’avait un jour raccompagné à
DIOURBEL auprès de CHEIKHOUL KHADIM, lorsqu’ils arrivèrent devant le lieu de résidence
du Cheikh, CHEIKH MOR PENDA vit un homme qui se dirigeait vers la QIBLA (direction de
la KAABA), il le salua ainsi : « ASSALAAMU HALEYKUM » (que la paix soit sur vous), puis
le Cheikh repondit et l’invita à se repprocher de lui pour lui serrer la main. Après qu’il se soit
mis par terre, adoptant ainsi la station assise requise d’un disciple devant son guide, le Cheikh lui
fait remarquer que ses cheveux commençaient déjà à blanchir, CHEIKH MOR PENDA
acquiesca aux propos du Cheikh avec un sourire béat. Puis le Cheikh lui dit : «je me dois de
rémercier le Seigneur qui m’a octroyé la faveur d’avoir éduqué quelqu’un de l’adolesence à la
vieillesse sans qu’il ne fasse, ne serait-ce qu’une seule fois, l’objet d’une réprimande. Nous
devons tous les deux remercier le Seigneur, puis il dit : « ALHAMDU LILLAAHI RABBIL
HAALAMIINE » (Louange à Allah, Seigneur des mondes).
Son rappel à Dieu :
Après le rappel à DIEU du Cheikh, CHEIKH MOR PENDA MBACKE était resté dans son
village pour se consacrer à l’adoration du Seigneur et se dévouer corps et âmes au service du
Cheikh jusqu’à le rejoindre au Royaume des cieux, une année après, en 1928. Que DIEU l’agrée
et lui accorde le plus haut paradis, en compagnie des prophètes des élus sincères, des marthyrs et
des saints vertueux, Amen !
CHEIKH AHMADOU NAASIR DIAYE MBACKE est né d’une famille très ancrée dans la
civilisation islamique et très attachée à la religion et aux sciences religieuses entre 1885 et 1886
du calendrien grégorien, à MBACKE BAOL. Son père s’appelle CHEIKH IBRAHIMA HAFSA
MBACKE, fils de CHEIKH AHMADOU DIAYE MBACKE, fils d’IBRAHIMA AWA NIANG,
fils de MOUHAMADOU KHAYRI plus connu sous le nom de MAHRAM MBACKE (l’ancètre
de la famille MBACKE). Sa sainte et vertueuse mère s’appelle SOKHNA FARMATA LO, elle
est la sœur germaine du grand maitre, le soufi, l’ascète, CHEIKH ABDOURAHMANE LO qui
est originaire de la noble lignée de NDAAM, célèbre pour son attachemen indéfectible à la
science et à la religion. A ce propos, CHEIKH IBRAHIMA DIOP AL MAZHARI dit :
«un lionceau issu d’une lionne rusée, une lune éclatante qui dissipe les ténèbres.»
Ses études :
Une fois arrivé à l’âge adulte, CHEIKH AHMADOU BAMBA, exilé en Mauritanie, demanda à
son oncle CHEIKH ABDOURAHMANE LO, de profiter de la prochaine délégation conduite par
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CHEIKH IBRAHIMA FATY MBACKE, pour le lui envoyer. Sa venue en Mauritanie a été une
réussite fulgurante sur le plan spirituel, parce que se trouvant désormais sous la conduite et la
supervision d’un guide religieux qui l’affectionait beaucoup. De ce point de vue, toutes les
opportunités pour s’épnouir spirituellement et religieusement au souffle divin salavateur lui ont
été accessibles. Il jouissait d’une proximité affective et résidentielle très privilégiée avec le
Cheikh qui lui avait recommandé de ne jamais s’éloigner de la porte d’entrée de la tente sous
laquelle il effectuait ses retraites spirituelles. Le Cheikh lui vouait une affection particulière et un
amour fraternel profond ; pour cette raison, il disait qu’il était son fils spirituel. Le Cheikh
éprouvait ces mêmes sentiments d’affection et d’amour à l’égard de CHEIKH SIDYA BAABA.
On rapporte que CHEIKH AHMADOU BAMBA avait, un jour, fait appel à lui pour lui
demander de choisir entre lui et CHEIKH SIDYA qui sera son guide spirituel ; parce que deux
béliers ne peuvent pas cohabiter dans dans un même enclos. CHEIKH AHMADOU DIAYE lui
avait ainsi répondu : « nous vous avons choisi pour être notre guide eclairé». Il est ainsi resté
pendant quatres années durant lesquelles, il s’est devoué corps et âme au service du Cheikh, sans
manifester un sentiment d’ennui ou air de lassitude ; jusqu’à ce que le Cheikh le surnomma
AHMADOU NAASIR (AHMADOU le fervent soutien).
Quelque temps après, le Cheikh fit appel à lui -ce fut un après midi-, pour lui dire: « Mon
Seigneur m'a ordonné de vous informer qu'il m’est désormais interdit d'utiliser une subsistance
provenant de toi. Et je profite de cette occasion pour vous annoncer la bonne nouvelle : Allah le
Tout Puissant, son messager et moi-même sommes tous satisfaits de toi, fort de cela, je t’intime
l’ordre de retourner auprès des siens.
Ce discours, malgré sa douceur enchanteresse son onctuosité incomparable et sa grandeur
suréminente ne parvint pas à assouvir la soif et les ambitions de CHEIKH AHMADOU DIAYE
MBACKE qui, après l’avoir entendu, resta cloué au sol du « ZUHRE » (prière de la mi-journée)
au « HASRE » (prière de l’après midi), i.e. pendant trois heures de temps, les larmes aux yeux.
Lorsque le Cheikh fut sorti de sa tente, pour se rendre à son lieu de prière, pour effectuer la
prière du « HASRE », il le vit dans cette état et s’arréta pour lui demander les raisons qui l’ont
menées vers cet état. La réponse qu’il fournit au Cheikh illustre, à bien des égards, que son cœur
pur était enflammé d’un fol amour envers le Cheikh. Un amour profond et sincère qui mérite
d’être enchâssé dans l’or. Il dit : « Si la satisfaction de Dieu, de son messager , ainsi que la
votre me séparent de vous, je prefère ne pas obtenir aucune de ses satisfactions précitées et rester
avec vous ». Le Cheikh comprit sa réaction et s’en alla sans piper un mot.
Après une longue période d’attente, il l’appela de nouveau et lui dit : « Ahmed, prépares-toi, je
dois t’envoyer au Sénégal, pour la transmission d’une lettre destinée à ton oncle maternel. »
Cette lettre dont tu ignores complètement le contenu émane de Celui qui connait toute chose, j’ai
l’obligation de la transmettre.
Il va sans dire que le jeune homme, à l'âge de dix-neuf ans seulement, était parvenu au cercle
restreint des élus imprégnés des connaissances gnostiques.
Les plus importants villes et villages fondés par CHEKH AHMAD :
CHEIKH AHMADOU DIAYE MBACKE ne s'est jamais écarté de la voie empruntée par ses
prédécesseurs et proches parents qui avaient su bénéficier de la tendresse, de la gratitude, et du
goût de la connaissance de leur guide spirituel, après avoir séjourné avec lui en Mauritanie,
avant de s'établir dans divers endroits du pays pour se consacrer à l’éducation religieuse et la
formation spirituelle, un moyen privilégié d’assurer la transmission de ce qu’ils ont reçu du
Cheikh.
Il a procédé d’abord à la fondation du village de MAAREENE dans la CADIOR, un lieu
privilégié pour se consacrer entièrement à son Seigneur et se dévouer corps et âme au Cheikh. Sa
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renomée s’est accrue et sa réputation de sainteté très répandue. Les disiples commenèrent à
converger vers luis venant de toutes les régions et de tous les groupes ethniques du pays pour lui
témoigner leurs sympaties, dont SERIGNE GALAYE SEYE et sa famille.
Peu de temps après, il avait réussi à réaliser un travail de titan d’une rareté exceptionnelle. Il était
très utile à ses voisins, car dés son installation dans cette contrée, il a procédé au forage d’un
grand puits. Après s’être illustré héroïquement, par la réalisation de cet œuvre de bienfaisance au
caractère humanitaire considérable, il envoie un émissaire auprès du Cheikh qui se trouvait, à
l’époque, à DIOURBEL, pour solliciter sa béndiction.
Lorsque son messager s’appretait à quitter DIOURBEL pour revenir vers lui, le Cheikh lui fait
part de son désir de le revoir dans un proche avenir. C’est cette convocation du CHEIKH qui a
été à l’origine de son départ du CADIOR pour venir s’installer dans le BAOL. Lorsque le jeune
CHEIKH AHMADOU DIAYE arriva à DIOURBEL, le Cheikh s’adressa à lui en ces termes : «
Prepares toi, car tu dois aller rejoindre ton oncle maternel à DAARU HALIIMIL XABIIR (voir
plus haut), ton oncle et moi nous avons cheminé ensemble depuis longtemps, maintenant nous
sommes parvenus à la vieillesse, toi et moi nous avons tous les deux des obligations envers lui.
Je te recommande d’aller au chevet de SERIGNE NDAAME, pour remplir les tiennes et les
miennes. A son arrivée à NDAAME son oncle paternel CHEIKH SIDY MAKHTAR BOROME
GAAWAANE et CHEIKH MBACKE BOUSSO lui octroyèrent chacun une parcelle, à DAARU
SALAAM. C’est l’actuel lieu de résidence de sa famille, dans le quartier de DAARU SALAAM,
à NDAAME. Il a également procédé à la fondation d’un autre village, situé à sept kilomètre de la
Grande Mosquée de Touba, qui s’appelle DAARU SALAAM NDIGEULE (à vérifier), en 1916,
selon les sources documentaires de PAUL MARTY dans son livre intitulé : l’Islam au Sénégal,
dans la partie reservée aux villages mourides fondés par les guides religieux de la Confrèrie
éponyme. Dans cet ouvrage, il a cité MAAREENE et DAARU SALAAM NDIGEULE parmi les
villages mourides fondés par CHEIKH AHMADOU MBACKE DIAYE.
Puis, il s’attela ensuite à la fondation du village de MAALIKA (à vérifier), dans le SINE
SALOUM, avant de s’investir dans la création du village de DAARU NAHIIM, située à neuf
kilomêtres de la Grande Mosquée de Touba, en 1927. Il passera le restant de sa vie, dans ce
village, pour se devouer entièrement à l’Islam, par l’adoration du Seigneur, l’éducation religieuse
et la formation spirituelle des disciples, dont un grand nombre vont sortir de son école pour aller
fonder d’autres villages et centres de formation religieuses et spirituelles, aussurant ainsi la
continuité de l’héritage du Cheikh.
Son rappel à Dieu :
En 1943, alors qu’il se trouvait, en retraite spirituelle, dans son village de DAARU NAHIIM, il
vit le Cheikh qui l’accompagna jusqu’à un endroit inconnu. Racontant ce songe prémonitoire à
ses disciples, il dit : « au moment de prendre congé du Cheikh que j’essayais de rattraper sans y
parvenir, il se tourna vers mois et me dit : restes là où tu es, ton œuvrea va se poursuivre dans
cet endroit ».
À la suite de cet incident, il est tombé malade et transféré à Dakar sur la recommandation et l'autorisation du calife
général des Mourides, CHEIKH MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE.
Avant de partir, il a rassemblé ses disciples et les membres de sa famille, préparé des repas copieux qu’il leur
distribua gracieusement et leur dit : « après ce jour, plus personne ne s’occupera de vous de cette manière », puis il
est parti. Une semaine après son arrivée à DAKAR, il fut rappelé à Dieu, à l’âge de 57 ans, ce fut en 1943. CHEIKH
MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE donna des instructions à SERIGNE CHEIKH AWA BALLA
MBACKE fils de CHEIKH IBRAHIMA FATY MBACKE, qui a dirigé sa prière mortuaire, avant son enterrement
au cimetière de BETOIRE à DAKAR.
Ses caractéristiques et sa moralité :
Pour résumer, on peut dire, sans risque de se tromper, que les caractéristiques d’un disciple
fervent sont toujours le reflet des caractéristiques de son maitre spirituel. CHEIKH AHMADOU
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DIAYE MBACKE n’a pas dérogé à cette règle, car il était le reflet de son guide éclairé,
CHEKHOUL KHADIM, physiquement et moralement.
Il avait belle allure, et était doté d’une moralité exceptionnelle, caractérisé par des vertus et des
qualités nobles, d’une érudition profonde, d’une générosité débordante, d’une bonté exemplaire,
d’une intelligence supérieure, d’un leadership incontestable et d’une pureté de cœur
extraordinaire :
Son frère en Dieu et dans l’aspiration, le poète CHEIK IBRAHIMA DIOP AL-MAZHARIYYU,
nous livre une description exaustive de ses louables qualités aux dimensions exceptionnelles.
Ô frère ambitieux va rejoindre CHEIKH AHMADOU DIAYE, tu seras comblé de provisions et
de bienfaits.
C’est un homme brave possédant des grades élevés, caractérisé en toutes circonstances,
explicitement et implicitement, par une générosité débordante.
Il avait surpassé les gens de sa génération, moralement et physiquement, et possédait des dons et
des prodiges qu’on ne pourrait jamais énumérer.
Il est caractérisé par une crainte révérencielle envers son Seigneur, d’une pureté immaculée et
d’une éminene extraordinaire, ses qualités sont connues des arabes et des non arabes.
Un lionceau issu d’une lionne rusée, une lune éclatante qui dissipe les ténèbres.
Issu des origines nobles, doté d’une érudition profonde, et d’une générosité hors du commun.
Son défaut a été sa générosité immodérée et son intélligence supérieur, celui qui le visite ne va
pas rentrer bredouille. »
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163 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
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165 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
vertueuse mère FATIMATOU est la fille de CHEIKH HABIBOULAH, qui est le fils de
CHEIKH MAHARAM MBACKE.
On rapporte que le Seigneur de par Sa bonté éternelle a gratifé l’une de ses grand-mères d’une
descendance dont tous les membres ayant survécu jusqu’à l’âge adulte sont parvenus à
mémoriser parfaitement le saint Coran. Malgré le fait que les membres de cette noble ascendance
maternelle qui se sont succédés, au fil des années, ont des origines paternelles diférentes et sont
issus de pères differents. 37. (Note de bas de page extrait de la biographie de CHEIKH
MOUHAMADOU BOUSSO écrit par son fils le grand érudit CHEIKH MBACKE BOUSSO).
Que DIEU le Créature leur accorde sa bénédiction !
Son fils CHEIKH MBACKE BOUSSO l’a ainsi décrit, dans son ouvrage intitulé SAHAADATU
TULAAB : « son père CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO et son oncle maternel
CHEIKH MOMAR ANTA SALY MBACKE étaient les plus grands savants de leur époque
et ce dans tous les domaines de la science religieuse. Leurs foyers religieux consitituaient les
centres d’attraction les plus sollicités par les étudiants musulmans de tous bords ».
Ces maitres et professeurs sont très nombreux, car il a fréquenté beaucoup de foyers de science
religieuse. A cette éppoque, ces foyers se trouvaient à KOKKI, au JAMBOUR, au CADIOR et
au BAOL. Il a étudié auprès de CHEIKH MASSAMBA ANTA THIEEBO de KOKKI d’après
qui, il a baptisé son fils CHEIKH MASSAMBA KANE (à vérifier) BOUSSO. Il lui a enseigné la
grammaire arabe comme l’a précisé l’auteur de MINANUL BAAQIL QADIM. Accompagné de
CHEIKH MOMAR ANTA SALY et de CHEIKH LIBASSE SYLLA, ils avaient tous les trois
entrepris un long voyage à la quête du savoir. Ce pèriple scientifique les avait menés au
JAMBOUR, au CADIOR, au BAOL et au SALOUM. CHEIKH MOUHAMADOU BACHIR l’a
confirmé dans son ouvrage, lorsqu’il dit : « Pour acuérir cette grande érudition scientifique, il a
du parcourir les foyers scientifiques du JAMBOUR, où se trouvait les plus grands foyers de
l’époque et qui était plus proche du CADIOR, plus précisément celui de CHEIKH MASSAMBA
ANTA THIEEBO, qui avait acquis une renommée incontestable partout dans le pays, à l’instar
de son ancêtre CHEIKH MAKHTAR NOUMBE DIOP (le fondateur du village de KOKKI) qui,
lui aussi, jouissait d’une renommée nationale. Selon une version beaucoup plus soutenue, il
(CHEIKH MOMAR ANTA SALY) aurait, lui et l’oncle maternel du Cheikh (CHEIKH
MOUHAMADOU BOUSSO), appris la grammaire seulement auprès de CHEIKH
MASSAMABA ANTA THIEEBO, avant de continuer vers le SALOUM auprès des grands
érudits de cette contrée dont CHEIKH MOUHAMADOU SALL originaire de BAMBA pour y
appronfondir leur érudition dans tous les autres domaines. J’ai vu un poème écrit par l’un d’entre
eux au terme de leurs études de l’ouvrage de grammaire d’IBNU BOUNA, (une explication de
l’ouvrage de référence, par excellence, de la grammaire arabe) ».
Son soufisme :
CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO faisait partie de ces adorateurs du Seigneur caractérisés
par une émminente sainteté, ces grands saints qui jouissaient d’une proximité relationnelle avec
le Seigneur. L’auteur de MINANUL BAAQIL QADIIM l’a ainsi décrit : « Il était un guide
éminent, doté d’une grande érudition dans tous les domaines, d’une magnanimité rare,
d’une pureté de cœur naturelle parce que native et d’un caractère morale très noble le
165
166 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
rendant ainsi très admirable ». Très dévoué à son Seigneur, il pratiquait un ascétisme
rigoureux et un soufisme authentique entièrement inspirés de la voie « QADIRIYYA » (comme
son nom l’indique, c’est une voie soufie fondée par CHEIKH ABDOUKHADRE JEYLAANI),
Ceci a été attesté par son fils CHEIKH MBACKE BOUSSO, dans son ouvrage intitulé
SAHAADATU TULAAB :
« Son père pratiquait le « WIRD XAADIRIYYA », de même que son oncle paternel et son oncle
maternel MOUHAMADOU BOUSSO sœur germaine de sa sainte et verteuse mère MARYAMA
BOUSSO. Il avait d’eux ce « WIRD » par transmission. Certains d’entre eux l’avaient reçu du
grand guide spirituel, le célèbre édeucateur religieux et spirituel (CHEIKH SIDY fils de
MAKHTAR, fils de HAYBE), rappelé à DIEU en 1288 de l’hégire, à l’âge de 88 ans, il était le
pôle de son époque, le grand éducateur spirituel CHEIKH SIDY MAKHTAR KOUNTIYYU. Il
detenait les secrets et les prodiges de l’éducation spirtuelle les plus favorables de la fin du
douzième siècle de l’hégire et du début du treizième siècle ; qui serait rappelé à Dieu, selon le
périple de TAHTAAWY, vers 1226 de l’hégire.
CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO était un grand érudit qui pratiquait à la lettre son savoir.
Il était d’une droiture morale inflexible, d’une intégrité scrupuleuse incapable de forfaire à sa
parole, et d’une honnêteté irreprochable, comme l’a attesté l’auteur de MINANUL BAAQIL
QADIM. Comme le disait le poète :
« Son courage inébranlable et son humilité sincère faisaient de lui le meilleur des guides. »
Pour cette raison, il était une personnalité qui forçait le respect, l’admiration et l’affection de
toutes les catégories sociales. Son statut de grand juge et de jurisconsulte été approuvé à
l’unanimité par les foyers religieux du SALOUM. A ce propos, CHEIKH MOUHAMADOU
BACHIR rapporte dans MINANUL BAAQIL QADIIM :
« Dirigés par les émires du DJOLOF, ils étaient tous partis au SALOUM, pour répondre à l’appel
de MABA, dans sa stratrégie de repli tactique, comme nous l’avons mentionné plus haut, il leur
convia à une grande conférence, un grand panel de dsicussion, dont l’objectif était de choisir les
plus grands érudits qui doivent être nommé comme juges et jurisconsultes des royaumes du
SALOUM. Après plusieurs tractations, CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO fut choisi et
166
167 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
approuvé à l’hunanimité. C’est ainsi qu’il quitta le DJOLOF avec sa famille pour venir s’installer
au SALOUM, pendant des années, avec MABA DIAKHOU BA ».
Selon CHEIKH MOUHAMADOU LAMINE DIOP DAGANA, dans son ouvrage intitulé
IRWAA-U-NADIIM, CHEIKHOUL KHADIM a effectué une partie de son apprentissage
coranique auprès de CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO. Il dit : « Lorsque le Cheikh atteint
l’âge de la scolarité, son père le confie à son oncle CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO frère
germain de sa sainte et vertueuse mère MARYAMA BOUSSO, à partir du moment où il avait
commencé à exceller, son père le confie de nouveau à son grand père, l’oncle de sa mère
TAFSIR MBACKE NOUMBE, fils de MOUHAMADOU SOKHNA BOUSSO, fils de
MOUHAMADOU KABIR ».
En plus de cela, CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO faisait partie des maitres spirituels du
Cheikh, dans la voie soufie « QAADIRIYYA ». En matière de spiritualité, il était un conseiller
spécial du Cheikh qui le consulter très souvents sur les questions pertinentes relatives à ce
domaine. On rapporte que le Cheikh est venu lui demander un jour, est ce que ce ciel couvrait le
prophète de Dieu , il repondit par l’affirmatif. Il revient un autre jour et lui demanda est ce que
le Prophète marchait sur cette terre, il repondit affirmativement comme par la dernière fois.
Le Cheikh ajoute : « cela me suffit largement comme viatique ».
Une autrefois, le Cheikh était venu lui proposer de migrer vers d’autres endroits pour faire du
tourisme, à l’instar des saints vertueux parmi les soufis. Il le conseilla d’aller voir son ami
CHEIKH MAKHTAR PENDA SEYE (à vérifier). Puis il ajoute : « DIEU a mis à ta disposition
les granges de Ses secrets, je voudrais que te frères soient les premiers à en avoir profité ».
Après la défaite des forces islamiques, CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO est resté avec sa
mère SOKHNA AICHA MBACKE jusqu’à son rappel à DIEU, c’est ainsi que CHEIKH
AHMADOU BAMBA KHADIMOU RASSOUL est venu lui demande avec insistance de venir à
MBACKE BAOL. Cependant, il ne lui était pas facile de se déplacer. C’est ainsi encore que le
Cheikh lui envoya CHEIKH IBRAHIMA FALL pour qu’il l’aide à transporter ses bagages afin
de pouvoir aisément se déplacer vers MBACKE BAOL. Pendant ce temps, CHEIKHOUL
KHADIM lui avait déjà préparé un lieu de résidence. A son arrivée, le Cheikh lui céda sa propre
167
168 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
résidence, après les salutations d’usage, en guise d’offrande ; c’est la maison dans laquelle, il a
écrit son célèbre ouvrage « MASAALIKUL JINAANE » (les itinéraires du Paradis).
Son oncle maternel avait très tôt découvert en lui les signes évidents d’un grand homme de Dieu.
Pour cette raison, il lui avait confié tous ses enfants et tous les autres membres de sa famille.
Lorsque l’un d’entre eux venait auprès du Cheikh pour effectuer son pacte d’allégeance, le
Cheikh lui disait : « tu ne fais que renouveller ton allégeance, car ton père l’avait déjà effectué à
ton nom, avant aujourd’hui ». Le Cheikh s’émerveillait des qualités de son oncle maternel
CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO et disait : « Avant de me confier ses enfants, ils étaient
tous caractérisés par une pureté absolue »
168
169 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
On rapporte que lorsque le Cheikh, dans sa retraite spirituelle de DAARU QUDOOS, quelques
temps avant son départ d’éxil, avait vu le Porphète , en état de veille, celui-ci lui fit savoir que
sa requête consistant à vouloir faire partie des combattants de BADRE était impossible, parce
qu’il va falloir passer par des épreuves très atroces qu’un être humain ne pourrait supporter ;
d’autres l’avaient tenté avant, non seulement ils n’ont pas pu le réussir, mais ce sont, par la suite,
égarés. Deux conditions seront, de ce point de vue, imposées : sortir de Touba qui est une ville
protégée et le rappel à DIEU de son oncle qui ne va jamais le laisser subir des atrocités sans pour
autant prier le Seigneur de le délivrer. Car il faisait partie des élus de DIEU dont les prières sont
toujours exaucées. Que DIEU l’agrée et l’accueille dans son Paradis.
Note de bas de page : Cette biographie est extrait du recueil des lettres de CHEIKH MBACKE
BOUSSO regroupé par son fils aîné CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO, au début de l’an
1369 de l’hégire/ 1949 du calendrier grégorien.
C’est le grand imam, le grand érudit, le saint vertueux, doué d’une perspicacité remarquable et
d’une intelligence supèrieure. Le père de JAHFAR, MOUHAMEDU fils de MOUHAMEDU,
169
170 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Il avait une taille moyenne, un corps svelte de couleur bronzé, une belle voix d’une éloquence
persuasive et d’une rhétorique très classique. Ses prêches prononcés faisaient couler les larmes.
Il faisait montre d’une patience admirable et exerçait une vigilance accrue dans la diligence des
affaires religieuses sociales et communautaires. Il était une montagne de connaissances que ne
pouvait secouer ni les tempêtes d’acclamation, ni les tempêtes de protestations. Il avait
l’habitude d’observer de longs moments de silence. Souvent, on le voyait, à demi renversé sur un
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171 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
sofa ou accroupi par terre, plongé dans une profonde méditation. Il jeûnait la plupart du temps et
consacrait toutes ses nuits à l’adoration du Seigneur.
Pour mieux s’en convaincre, on peut se référer à la réponse qu’il avait fourni à son compagnon,
son condisciple, son ami, son illustre frère, le grand expert dans les sciences relatives à la
détermination des points cardinaux et du temps, en l’occurrence CHEIKH AHMED fils de
ABDOURAHMANE ATTANDAAXIYYU. Il a expliqué dans cette correspondance la position
exacte du Sénégal par rapport au soleil et donné avec des précisions détaillées la direction de la
« QIBLA ». Voir document
On peut également citer son ouvrage intitulé : la détermination la plus exacte possible du temps
de la prière. Dans cette ouvrage, il nous livre une explication détaillée des temps de prières
d’abstention et de rupture du jeûne, durant toute l’année et dans toutes les contrées du pays, sans
se baser sur les indications des gens vivant dans ces différents terroires, encore moins les
lattitudes et les longitudes préatiblies pour ces zones géographiques. Comme ce fut le cas avec
les savants qui l’avaient précédé, dans ce domaine. Par la pratique répétitive et les expérienes
cumulées, il était parvenu à un niveau exceptionnel qui dépassait l’entendement humain, dans ce
domaine de spécialisation.
Il était également doté d’une expertise confirmée dans les sciences relatives à la lecture et à
l’écriture du coran, ainsi que ses règles d’édition.
171
172 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
une richesse scientifique inestimable. Il detenait une érudition immense, une maitrise parfaite et
toutes les habiletés intellectuelles requises dans, au moins, une vingtaine de disciplines
scientifiques qu’il maniait à merveille.
C’est CHEIKHOUL KHADIM qui l’a initié dans la voie des grands élus de DIEU ; jusqu’à ce
qu’il soit en mesure d’assurer l’initiation, la formation et l’élévation spirituelles d’autres
disciples. Toutefois, il préférait l’isolement et l’esseulment à la fréquentation et au
compagnonnage. Sa pudeur timide, sa solitude profonde et ses meditations solitaires et
fréquantes, ainsi que la vivification permanente du temps par des actes de dévotion, illustre à
bien des égards son engagement sincère dans la voie soufie. Il ne s’est jamais préoccupé des
futilités ou des affaires qui ne le concernaient pas. Il s’occupait scrupuleusement et
minutieusement de sa personne, de sa famille et de ses proches et s’est toujours montré très
magnanime et avenante vis-à-vis des étrangers et des expatriés.
Ses disciples :
Un grand nombre de musulmans sont sortis de son école, dont la plupart de ses frères
consanguins, ses cousins paternels et ses enfants. Beaucoup d’entre eux sont, comme lui,
devenus de très grands érudits. Il maitrisait la langue arabe avec une perfection merveilleuse, et
disposait d’une plume talentueuse et féconde et d’une connaissance encyclopédique de l’histoire
de la littérature et de la poésie.
« Je t’ai vu pratiquer la poésie avec une passion demesurée qui n’en affecte en rien
l’éloquence et le caractère intelligible ».
C’est une belle poésie très longue. Et cette autre qu’il avait composé en présence du gouverneur
de Saint-Louis, dépositaire du pouvoir de la République française en Afrique occidentale
française ; dans cette poésie, il a beaucoup insisté sur l’innocence prouvée du Cheikh face aux
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173 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
accusations fallacieuses fomentées par les jaloux et les impies calomniateurs qui lui prêtaient des
ambitions mesquines de conquête du pouvoir temporel. Ambitions qui ne lui avaient jamais frôlé
l’esprit au regard même de la rigueur de son ascétisme. Le gouverneur avait cru pour vrai ce qui
était loin de l’être. Ainsi, il s’en est suivi les événements que nous connaissons tous, on ne
saurait jamais écarter la volonté divine ; mais par la suite, la lumière de la vérité finira par
dissiper les ténèbres du mensonge. Ceux qui craignet leur Seigneur auront toujours une bonne
fin. Ce poème de CHEIKH MBACKE BOUSSO, car il s’agit bien de lui, débuté ainsi :
Il y’en a d’autres qui ne sont pas encore exploité, sans oublier les nombreuses élégies dédiées
aux grands dignitaires de la Communauté et érudits musulmans contemporains.
Il avait l’habitude de vivifier ses nuits par la prière, la lecture du Saint Coran, les invoations
« ZIKRE » le « ISTIGHFAAR » (demandes et sollicitations de pardon adressées au Seigneur),
plus particulièrement vers l’aube. CHEIKHOUL KHADIM l’avait désigné comme juge et
jurisconsulte, et l’avait également chargé de procéder à la mise en application des sentences
lorsqu’il le fallait. C’est lui aussi qu’il avait choisi pour répondre aux questions incidentes et
urgentes, relatives à l’islam et aux sciences religieuses, qui étaient destinées aux Cheikh, ainsi
que les nombreuses correspondances adressées par les grands érudits du monde musulman. Il
était le bras droit du Cheikh, son conseiller spécial, celui qu’il consultait dans la résolution des
questions énigmatiques. Par la grâce du Seigneur, il avait obtenu la satisfaction entière et
l’agrément mérité du Cheikh avant sa disparition.
Il avait atteint un niveau extrême d’humilité et d’ascétisme, corroboré par les mots de civilité que
l’on retrouve dans ses écrits, il n’accordait aucune importance à sa personne. Pour cette raison, il
s’attribuait les qualifiatifs suivants : « le plus pauvre des pauvres le plus humble des humbles ».
Après son retour à domicile, au terme d’un long périple sur le chemin du savoir, il séjourna
quelques années à MBACKE BAOL, à côté de son père, pour l’entretenir et le prendre
entièrement en charge jusqu’à son rappel à Dieu, en 1312 de l’hégire/1895 du calendrier
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174 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
grégorien. A propos de l’année du rappel à DIEU de son père et du nombre d’années vécus, il
avait composé le vers suivant :
« Le père fut rappelé à Dieu en 1312 de l’hégire ; à l’âge de 77 ans, une autre version lui aurait
attribué 75 ans ».
NB :
Le nombre 1312 est exprimé dans ce continum, composé de quatre lettres : le SIN dont la valeur
numérique est 300, le BA dont la valeur numérique est 2, le SHIIN dont la valeur numérique est
1000, et en enfin le YA dont la valeur numérique est 10 ; le nombre 77 exprimé dans le
continuum composé de deux lettres : le HA dont la valeur numérique est 70 et le za dont la
valeur numérique est 7 ; le nombre 75 exprimé dans le continuum composé de trois lettres : le
KA dont la valeur numérique est 20, le NUUN dont la valeur numérique est 50, et le HE dont la
valeur numérique est 5.
Ce poème précité se trouve dans une serie relatant la disparition de certains grands érudits et élus
de DIEU.
A partir de cette même année, il fut confronté à des épreuves de plus en plus insupportables :
Son père fut rappelé à Dieu, peu de temps après survint l’incendie de sa bibliothèque qui avait
occasionné la calcination de tous ses ouvrages et documents scientifiques et religieuses, avant
d’assister, avec une inquiétude douloureuse et insurmontable, au départ en exil de son bien-aimé
et guide spirituel CHEIKH AHMADOU BAMBA KHADIMOU RASSOUL. Cette série
d’épreuves l’avait contraint à migrer vers TIVAOUANE auprès de son ami, origine de la ville de
MARAKECHE au Maroc, MAWLAAYA NAASIR, un descendant du Prophète Mouhamed , à
travers la lignée descendante de son petit fils AL-HASSANE. Il était venu au Sénégal en statut
d’expatrié, mais finira par devenir un grand dignitaire et notable du terroir.
Il était plus qu’un ami pour lui, son adjoint à qui, il avait délégué la gestion et le recueil des
ouvrages et documents, l’éducation et l’enseignement jusqu’à son rappel à Dieu vers 1319 de
l’hégire/1901 du calendrier grégorien.
Dès son retour d’exil, le Cheikh lui ordonna de revenir au bercail, c’est ainsi qu’il procéda à la
construction de sa demeure près de DAARU MANNAAN
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175 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
avec son frère germain, l’un des plus grands sages de sa génération, le plus âgé parmi ses petits
frères CHEIKH OUMAR BOUSSO, l’homme à la clairvoyance extraordinaire, et d’autres frères
adeptes de sa génération moins âgés que lui. Il séjourna pendant plus d’une vingtaine d’années
dans cette maison.
Après le rappel à DIEU de son frère CHEIKH OUMAR BOUSSO, il a quitté DAARU
MANNAAN pour se rendre à GUEDE, un village inclus dans le périmêtre urbain de Touba, à un
mile de la Grande Mosquée, dans la partie septentrionale. Dés son arrivée à GUEDE, il procéda
au forage d’un grand puits qui a assuré au village, pendant longtemps, l’approvisionnement
abondante en eau potable, avant de délimiter une grande espace pour la résidence et les activités
agricoles des membres de sa famille et de ses disciples. Que DIEU le rétribue.
Son école :
Durant toutes ces années, il n’avait jamais cessé d’exercer le métier de l’enseignement du Coran
et des sciences islamiques, jusqu’à atteindre un âge très avancé. C’est ainsi que ses fils et grands
disciples sont intervenus pour assurer la relève, même si l’on sait que le boiteu ne peut être
comparé à l’homme robuste.
Vers la fin de l’année 1346 de l’hégire/1928 du calendrier grégorien, il s’est rendu en Arabie
Saoudite pour visiter le Prophète Mouhamed à MADINATUL MUNAWWARA (la ville
lumière) de son vrai nom Médine, et continuer jusqu’à la Mecque pour effectuer le pélérinage
qui est le cinquième pilier de l’Islam. Mais la chaleur de la canicule qui règne dans cette partie
du globe ne lui était pas familière avait gravement affecté sa santé ; les sequelles de cette chaleur
infernale se manifestaient souvent par des frissons et une hausse de sa température corporelle.
Pour cette raison, il était contraint de suivre en permanence un traitement médical, tout en se
fiant entièrement au Seigneur ; malgré ses efforts entrepris pour le garder le plus longtemps
possible parmi nous, son état de santé et sa force physique étaient sans cesse dégradante ; jusqu’à
son rappel à DIEU, au milieu de l’année 1365 de l’hégire correspondant à l’année 1946 du
calendrier grégorien, à l’âge de 84 ans, dans son village de GUEDE où il repose désormais. Son
Mausolé se trouve là-bas, il est très visité. Qu’Allah l’agré et nous comble de ses bienfaits !
Ses élégies :
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176 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Les poètes contemporains lui ont consacré des poèmes élégiatiques qu’on ne saurait citer ici ; on
ne pourra jamais énumérer de manière exaustive tous ses qualités et exploits héroïques. Si tel
n’était pas le cas, on serait tenté de vous énumérer les vertus et les qualités de ce grand homme
jusqu’à assouvir la soif des assoifés. Suffisant pour vous donner une aperçue complète de ce
grand érudit de la Communauté musulmane. Louange à Allah Seigneur des mondes !
Très jeune, il avait déjà mémorisé parfaitement le Coran, à l’école de son père. Selon son frère
CHEIKH MBACKE BOUSSO, il était doté d’une capacité de mémorisation exceptionnelle et
une dextérité remarquable. Il avait l’habitude de dire qu’il ne connaissait pas quelqu’un d’autre
qui maitrisait aussi parfaitement le Coran et les sciences relatives à son exégèse et à son
interprétation que CHEIKH MASSAMBA FATY BOUSSO. Il a étudié les principes de base de
la législation islamique et des disciplines relatives à la langue arabe classique auprès de son père,
avant d’aller à l’école de CHEIKHOUL KHADIM pour approfondir son érudition dans tous les
domaines scientifiques jusqu’à atteindre un niveau hors du commun et se classer parmi les plus
grands savants du Sénégal.
Il était resté attaché à CHEIKHOUL KHADIM pendant une trentaine d’années. Dès son jeune
âge, après avoir mémorisé le Coran et etudié quelques temps auprès de son père, il s’est joint à
lui pour poursuivre ses études, suivre une éducation religieuse et spirituelle et se dévouer à lui
corps et âme, en lui vouant une obéissance totale. Il faisait partie de ceux qui s’occupaient de
l’enseignement coranique, au service du Cheikh. Parmi les enfants de CHEIKH
MOUHAMADOU BOUSSO qui ont eu le privilège inouï d’avoir étudié les sciences religieuses
auprès de leur père, nous avons : le fils ainé CHEIKH MBACKE BOUSSO, CHEIKH BAARIK
NIANG, CHEIKH MASSAMBA BOUSSO, et d’autres.
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177 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Il faisait partie du groupe qui avait participé, avec le Cheikh, à la fondation du village de
DAARU SALAAM.
Il faisait partie des dix-sept personnes qui ont accompagné le Cheikh à la fondation de Touba (la
protégée). Il a rapporté que la première nuit qu’ils ont effectué à Touba, avec le Cheikh, ils l’ont
entièrement consacrée à la lecture du Coran jusqu’au levé du soleil. Le Cheikh s’était lui-même
chargé de la répartition des passages coraniques que chacun devait lire, jusqu’à l’aube. Au petit
matin, ils s’étaient rendu compte que chacun d’entre eux avait inconsciemment terminé la lecture
de tout le Coran, suivant la méthode de répartition élaborée par le Cheikh. Ceci a été rapporté
par son fils CHEIKH IBRAHIMA BOUSSO de MBIRKILAANE qui l’a directement pris de son
père, il disait : «Ceux qui avaient mémorisé le Coran, cette nuit mémorable, dont CHEIKH
MASSAMBA BOUSSO et CHEIKH MAYASSINE NIANG, avaient tout un chacun terminé la
lecture de tout l’exemplaire du Coran, avant l’aube. CHEIKHOUL KHADIM leur fit part des
secrets précieux et des mystères merveilleux qu’ils ont obtenus du Seigneur, après avoir passé,
avec lui, cette nuit ».
Durant les sept premiers mois qui ont suivi la fondation de Touba, CHEIKH MASSAMBA
BOUSSO n’avait jamais quitté CHEIKH KHADIM, il préparait tout ce que consommait le
Cheikh et était son confident et son proche collaborateur, jusqu’à son départ d’exil en mer.
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178 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
A son retour d’exil, il avait prit part à son accueil à Saint-Louis du Sénégal. Il se rendait souvent
en Mauritanie pour le visiter, c’est lui aussi que CHEIKH MBACKE BOUSSO avait chargé
d’aller remettre au Cheikh, qui se trouvait en Mauritanie,l’exemplaire du Coran rédigé de sa
propre main. Ses visites au Cheikh étaient aussi très fréquentes lorsque celui-ci se trouvait à
THIEEYEENE. Le plus souvent, c’est le Cheikh lui-même qui faisait appel à lui, mais parfois, il
venait de son propre gré pour visiter le Cheikh et solliciter sa bénédiction.
L’une de ses nombreuses visites à THIEEYEEN avait coïncidait au rappel à DIEU de SOKHNA
FATIMATOU ISSA DIOP (mère de CHEIKH IBRAHIMA FATY), le Cheikh lui avait demandé
ce jour là de s’occuper des préparatifs de l’enterrement, des rituels et des funérailles.
La preuve de son degré élevé de sainteté et de son privilège incontestable n’est plus à démontrer.
Le Cheikh s’émerveillait très souvent de ses privilèges enviables ; un jour, il lui dit : « Le
Prophète de DIEU rebrousse chemin dès qu’un visiteur s’introduit dans mon lieu de retraite,
mais s’il s’agit de toi il reste avec moi, voudrais-tu le voir ? ». Il lui répond : le fait de te voir, toi
qui le vois très souvent me suffit largement et au même titre que ton regard porté sur ma
personne, toi qu’il regarde le plus souvent.
CHEIKH AAFIA BOUSSO, de son vrai nom AHMADOU MAKHTAR BOUSSO, est le fils de
CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO, oncle de CHEIKHOUL KHADIM. CHEIKHOUL
KHADIM et les grands dignitaires Mourides l’appelait AHMADOU NIANG. Mais il était plus
célèbre de par son nom AAFIA NIANG. Sa mère s’appelle MATY NIANG, elle est la fille de
THIERNO KOOROK (à vérifier), fils d’ABDOU ARAME NIANG du village d’AAFIA, dans le
DJOLOF. C’est une famille très célèbre de par son attachement indéfectible à la science et à la
religion, son dévouement au Coran, à l’éducation et à la formation religieuse et spirituelle. Il est
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179 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Son père l’avait très tôt confié à CHEIKHOUL KHADIM, de ce point de vue, il faisait partie des
tout-premiers disiples du Cheikh qui ont proclamé leur allégeance avant le départ en exil de
celui-ci. Après son allégeance, il s’était attaché à lui et ne l’avait jamais quitté, c’est ainsi qu’il se
lança, avec lui, dans la voie des privilégiés engagés des saints et vertueux soufis et reçu, sous sa
protection et sa supervision, une éducation religieuse et spirituelle solide tout en s’abreuvant de
ses sources hagiographiques de ses mystères sublimes et des connaissances gnostiques émanant
directement du Seigneur. Durant cette période, il avait réussi à réaliser des œuvres grandioses
pour le Cheikh. Si l’on sait qu’il faisait partie de ses trentes personnes qui, avec le Cheikh, ont
quitté DAARU SALAAM pour se rendre à Touba, afin de procéder à son déffrichage et à
l’édification des premiers lieux de résidence. Il resta à ses côtés pendant septs ans suivant sa
formation et son éducation religieuse jusqu’à son départ d’exil en mer ; c’est ainsi qu’il fut
confié, à l’instar des membres de la famille du Cheikh, à CHEIKH IBRAHIMA FATY.
On rapporte qu’il avait perdu tous ses cheveux au moment de décharger une lourde valise qu’il
avait porté pendant longtemps, en compagnie du Cheikh. Emerveillé par cet acte de bravoure et
d’endurance, le Cheikh lui demanda les raisons, il dit : « mon seul objectif est de voir le degré
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180 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
d’amour que je porte pour ta personne augmenter de plus en plus jusqu’à l’extinction ». Le
Cheikh lui avait, un jour, annoncé la bonne nouvelle de son entrée au Paradis. Il était dans une
assemblée, tout d’un coup, le Cheikh passa devant eux et leur dit à trois reprises : « soyez parmi
les gens du Paradis » ; ils se turent. Puis il les invita d’attester oralement qu’ils sont des gens du
Paradis.
CHEIKH AAFIA BOUSSO était un aspirant sincère qui vouait un amour infini au Cheikh tout
en faisant preuve d’une détermination inébranlable, d’une obéissance absolue vis-à-vis du
Cheikh et d’une promptitude. Il exécutait les ordres du Cheikh et délaisser ses interdits avec une
promptitude merveilleuse ; et n’a jamais entrepris une action ou pris une décision, personelle ou
relevant du cadre général, sans requêrir, au préalable, l’ordre du Cheikh. Tel est le comportement
d’un aspirant sincère totalement dévoué à son guide spirituel. Il ne doit prendre aucune décision
ou faire un choix, avant d’avoir obtenu l’aval de son guide éclairé. Lorsque l’un de ses enfants
parvenait à l’âge de la scolarité, il l’amenait auprès du Cheikh qui se chargera de le bénir en
lisant et en lui faisant lire les premières lettres de l’arabe classique. Jusqu’à présent, sa
descendance continue de préserver minutieusement la tablette de bois avec laquelle,
CHEIKHOUL KHADIM avait initié l’un de ses enfants à l’apprentissage du Coran. Après le
rappel à DIEU, lorsqu’il se rendait à son mausolée pour se reccueillir, il enlevait ses chaussures à
partir du village de MBAL, ce qui prouve à suffisance son extinction totale au Cheikh et sa
révérence gracieuse et respectueuse vis-à-vis de son honneur. S’il se trouvait sur une monture, ou
un autre moyen locomotif, il descendait et marchait à nu-pieds jusqu’aux lieux sacrès. Arrivé à
proximité du mausolée, il s’adonnait à toutes sortes de gratifications et de dons en guise
d’offrande pour le Cheikh et déclamait, d’une voix belle et suave, les poèmes et panégyriques du
Cheikh jusqu’à son arrivée devant la tombe du saint homme. Tout cela, pour honorer, témoigner
son respect révérenciel et sanctifier ces hauts lieux où se repose son bien-aimé CHEIKHOUL
KADIM.
Accompagné de tous ses enfants, il était resté dans le mausolée du Cheikh, durant les quarante
premiers jours qui ont suivi son rappel à DIEU. Pendant ces quarante jours, il ne faisait que lire
le Coran et les panégyriques du Cheikh, dédiés au Prophètes ; en un moment donné, il avait
décidé d’y demeurer le restant de ses jours, mais un cas de force majeur est advenu et l’a
dispensé de cette noble mission.
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181 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Il était d’une érudition profonde, doublée d’une crainte révérencielle vis-à-vis de son Seigneur et
d’une chasteté perpétuelle, presque absolue, ce qui l’avait, d’ailleurs, assujeti à vouer un
attachement sincère aux valeurs et preceptes de l’Islam, un culte exclusif et permanent au
Seigneur, un ascétisme rigoureux et une sobriété extrême. Son aspiration sincère n’était que
l’expression de son amour profond et infini pour le Cheikh et son maitre le Prophète
Mouhamed ; le caractère sincère de son amour a été bien illustré par CHEIKH MAKHTAR
BINTA LO, dans le poème qu’il avait dédié à CHEIKHOUL KHADIM et ses proches :
« Le Cheikh l’avait, un jour, interrogé sur ses vœux et désirs, il repondit que son seul désir était
de faire partir des plus hauts gradés parmi les élus de Dieu, demain dans l’au-delà ». Il était
d’une générosité sans borne et ne lésinait jamais sur les moyens lorsqu’il dépensait sur le chemin
d’Allah. Magnanime, avenant, le visage très accueillant, il était aimé et admiré par tout le monde.
Ce qui était impressionant chez lui, c’est son calme, son sang froid et son sens de la mesure et de
la rectitude qui ne s’étaient jamais métamorphosés ; ceux qui l’ont connu attestent tous qu’il ne
s’est jamais mis en colère ou dans un autre état, peut être que cela est du à son désinteressement
total des choses de ce bas monde. Rien au monde ne pouvait le mettre en colère encore moins
rendre son visage renfrogné.
Parlant de lui, CHEIKH MOUHAMADOU KABIIR rapporte : « j’avais remarqué en lui trois
qualités, son aspiration sincère, son amour infini pour CHEIKHOUL KHADIM, et sa
préoccupation constante et prioritaire à satisfaire le besoin des gens ».
CHEIKH DAME MBACKE MODOU DJEYE (à vérifier) rapporte qu’il lui arriavait de subvenir
aux besoins des gens, qu’il soit implicite ou explicite, séance tenante.
Sa spécialiasation, dans les œuvres pieuses destinées au Cheikh, était l’écriture la reproduction et
la déclamation des « XASAÏDES » du Cheikh. On rapporte qu’il a été la première personne à
avoir déclamé les « XASAÏDES » devant le Cheikh qui en est l’auteur. Il les écrivait sur des
tablettes de bois afin de faciliter à ses enfants leur mémorisation, pour ensuite les habituer à la
lecture et à la déclamation qu’il effectuait avec eux toutes les soirées de jeudi (la nuit du
vendredi) et de lundi (la nuit de la naissance du prophète). Il avait une très belle voix. Ses enfants
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182 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
qui ont eu le privilège inouï d’avoir remis à CHEIKHOUL KHADIM un exemplaire du Saint
Coran l’ont accompagné de quelques poèmes du Cheikh qu’ils ont rédigé de leur propre main
après avoir terminé la rédaction de leur «MUSHAFE » (exemplaire du Coran). Conscient de son
attachement aux « XASAÏDES », le Cheikh lui avait lui-même offert l’introdution de son poème
très célèbre : « JAALIBATUL MARAAGHIB » qui se trouve jusqu’à présent entre les mains de
sa famille qui le conserve dans ses archives.
Il avait ouvert une grande école à DAARUL MANNAAN pour y enseigner le Coran et les
sciences de la législation islamique aux enfants musulmans. La plupart de ses enfants et
beaucoup d’autres dignitaires musulmans, qui sont aujourd’hui des spécialistes chevronnés de la
mémorisation coraniques, de grands érudits, sont sortis de cette école. Son grand dévouement au
service du Coran lui avait valu, de la part de CHEIKHOUL KHADIM, une très bone nouvelle :
Il lui fit savoir que SATAN (le maudit) ne se rapprochera jamais du lieu sacré dans lequel il
enseigne le Coran aux avants musulmans. C’est à la suite d’une visite effectuée auprès de
CHEIKHOUL KHADIM, en compagnie d’un grand nombre de disciples, souhaitant lui remettre,
à chacun, un exemplaire du Saint Coran ; qu’ils venaient tous de rediger, après l’avoir mémorisé
parfaitement, que CHEIKHOUL KHADIM lui fit cette déclaration de la plus haute importance :
« SATAN (le maudit) va toujours s’éloigner du lieu sacré dans lequel tu as réalisé cette œuvre
grandiose ».
Caractérisé par une chasteté absolue, il appliquait une rigueur méthodique inexorable dans son
système d’éducation. Un jeune élève de son école lui avait apporté de l’argent perdu qu’il avait
ramassé, il demanda aux plus âgés de lui infliger une sévère correction pour qu’il ne s’occupe
plus, la prochaine fois, du bien d’autrui ; avant de lui demander de remettre l’argent à son
endroit.
C’est ainsi que CHEIKH AAFIA MBACKE a vecu, au service du Coran, de l’éducation, la
formation religieuse et spirituelle, tout en participant très activement à la vulgarisation des
œuvres poétiques du Cheikh par la reproduction et la déclamation, dans sa résidence de
DAARUL MANNAAN. Le Cheikh lui avait dit un jour qu’il fera partie des premiers qui vont le
rejoindre dans l’au-delà. Pour cette raison, aussitôt après le rappel à DIEU de CHEIKH
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183 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
IBRAHIMA FALL, il réunit ses enfants pour faire ses adieux et leur prodiguer des conseils,
avant son d’entreprendre son voyage sans retour vers le royaume des cieux, en 1930. Il repose
désormais dans les cimetières de DAARUL MANNAANE. Qu’Allah l’agrée et nous fasse
bénéficier de ses bienfaits Amen !
Ses études :
C’est auprès de son père qu’il débuta son apprentissage coranique, avant de rejoindre l’école de
CHEIKH ABDOURAHMANE LO pour y poursuivre ses études jusqu’à la mémorisation
parfaite, aussi bien à l’orale qu’à l’écrit, à bas âge. Le Seigneur l’avait gratifié d’une très belle
plume. Après ses études coraniques, il s’est rendu auprès de CHEIKHOUL KHADIM pour
étudier les sciences religieuses et littéraires jusqu’à atteindre un niveau d’érudition très élevé. Par
la suite, il s’est lancé dans l’enseignement coranique ; pour assurer aux enfants musulmans une
mémorisation parfaite du livre saint. Plusieurs érudits de la Communauté mouride ont mémorisé
le Coran et etudié les sceinces islamiques dans son école, dont : CHEIKH MOULAYE ALIYYU
BOUSSO, CHEIKH MODOU MASSAMBA, CHEIKH OUMAR MANE MBACKE BAOL, et
bien d’autres.
Il était très jeune lorsqu’il commença à accompagner le Cheikh dans sa mission, il faisait partie
des enfants de CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO qui se sont vus confier au CHEIKH par
leur père, avant même de renouveller, par eux même, leur allégeance, comme l’a rapporté le
Cheikh. Par la suite, il était resté pendant longtemps à côté du Cheikh pour suivre son éducation
spirituelle et religieuse et se dévouer à lui corps et âme. C’est ainsi qu’il a pu recevoir du Cheikh
une éducation religieuse basée sur la crainte revérencielle du Seigneur et l’adoration exclusive et
183
184 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
perpétuelle du Seigneur. Son dévouement au service du Cheikh était plus essentiellement orienté
vers l’écriture et la reproduction des poèmes, des panégyriques dédiés au Prophète et des
exemplaires du Saint Coran. Il l’a accompagné dans toutes les étapes de sa mission rénovatrice,
avant et après l’exil en mer, ainsi qu’en Mauritanie. Il faisait partie des privilégiés engagés des
exaltés, des illuminés qui reçurent de CHEIKHOUL KHADIM une éducation spirituelle
inclusive, combinant une élévation spirituelle exaltante et une sainteté reconnue qui les avait
dépouillés et éloignés de toutes les bassesses de caractère et vices morales extérieures et
intérieures, avant de leur conférer les vertus légendaires et les nobles qualités d’inspiration
prophètique. Son aspiration sincère et son érudition transparaissaient dans ses actions, sa
dévotion envers le Seigneur, ses relations avec les gens, son engagement et sa moralité, comme
l’a témoigné le Cheikh lui-même. Il était venu un jour lui rendre visite, au moment de prendre
congé de lui, le Cheikh dit : « il est certes un Mouride « SAADIQ » (un aspirant sincère) ».
CHEIKHOUL KHADIM l’affectionnait beaucoup et lui vouait une confiance entière sans cesse
renouvelée par les nombreux disciples à qui il recommandait d’aller lui faire allégeance, comme
CHEIKH MOR LO et bien d’autres adeptes. Il n’a jamais entrepris quoi que ce soit sans avoir,
au préalable, l’aval du Cheikh ; même pour baptiser ses enfants il s’entretenait d’abord avec le
Cheikh qui choisissait les noms.
C’est le Cheikh qui l’avait ordonné de se rendre à GUEDE pour vivre à côté de son grand frère
CHEIKH MBACKE BOUSSO. Fort de cela, il décida, à partir de ce moment, de se limiter à
CHEIKH MBACKE BOUSSO et de se suffir à lui comme guide spirituel, appliquant ainsi à la
lettre les ordres du Cheikh. C’est de lui qu’il prenait les ordres et les directives. Il vouait au
Cheikh un amour infini. Après son rappel à Dieu, il quittait chaque vendredi le quartier de GEDE
pour se rendre à la Grande Mosquée de Touba, afin de visiter son mausolé ; arrivé à hauteur de
HAYNU RAHMATY (le puits de la miséricorde divine), il ôtait ses chaussures, pour ensuite
clôturer sa lecture du Coran dans le mausolé du Saint Homme.
On rapporte que CHEIKHOUL KHADIM l’avait un jour réuni avec CHEIKH IBRAHIMA
FALL, CHEIKH MOR BOUSSO MBACKE, fils de CHEIKH MOR DIAARA, et leur dit :
184
185 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
« vous avez l’obligation de cultiver entre vous un amour mutuel, car vous serez des voisins au
Paradis, et il se peut que vous me rejoignez dans l’au-delà, trois ans après mon rappel à Dieu ».
DIEU, de par sa volonté éternelle, les a tous les trois rappelé à Lui au mois de MUHARRAM
(premier mois du calendrier lunaire hégirien) de l’an1349 de l’hégire correspondant à l’année
1930 du calendrier grégorien.
« On l’a baptisé « l’ami de DIEU » le meilleur ami, l’amour que je lui porte ne diminuera jamais
tant que je vivrais.
Il s’était paré de la carainte envers son Seigneur et des toutes les belles qualités, grâce à quoi, il
avait obtenu les beautés de toutes les époques.
Sa main droite était comme une giboulée, et ruisselait de générosité sans se soucier de la
conjoncture.
Il s’est abreuvé à satieté du guide des guides, jusqu’à obtenir du Miséricordieux les faveurs les
plus sublimes ».
185
186 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Lorsqu’il s’appretait à quitter ce bas monde, il réuinit ses enfants et écrivit sur le sol : « soyez
comme CHEIKH IBRAHIMA FALL, en d’autres termes faites preuve d’une aspiration sincère
et d’une détermination inébranlable, tout en ayant un sens élevé de la responsabilité ».
Que DIEU répande sur lui, sur sa famille et sur nous même, Sa miséricorde et Ses grâce Amen !
186
187 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Sa scolarité :
C’est son père qui l’a inité dans l’apprentissage coranique, avant de le remettre à son grand frère
CHEIKH MASSAMBA FATY BOUSSO. Par la suite, il ira auprès du grand érudit et Imam,
CHEIKH TIOUMBLEENE MOR YASSINE SYLLA, pour parfaire sa maitrise et sa
mémorisation du Coran et des sciences coraniques.
Après cette étapé, il retourner a auprès de son père et de son grand frère CHEIKH MBACKE
BOUSSO qui vont successivement lui enseigner les sciences relatives à la législation islamique.
On rapporte aussi qu’il a étudié auprès de CHEIKHOUL KHADIM certains ouvrages dont son
poème intitulé « MUNAWWIRU SUDUUR » (l’illumination des cœurs). Puis le Cheikh lui
ordonna d’aller poursuivre ses études auprès Du grand érudit CHEIKH MOR GALAYE DIAW,
à TCHILLEENE, un village du DIAMBOUR. C’est auprès de ce grand érudit qu’il va
approfondire son érudtion dans les sciences littéraires de l’arabe classique : la grammaire, la
rhétorique, la prosodie et la logique, comme il l’avait lui-même attesté dans sa lettre.
Nous avons pu accéder au patrimoine scientifique, aussi riche que diversifié, qu’il nous a légué.
Dans cet héritage, nous avons trouvé des ouvrages traitant :
Les transactions ;
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188 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Les supplications ;
Sa vie spirituelle :
Son père avait confié tous ses enfants à son neveu CHEIKHOUL KHADIM, traduisant ainsi la
confiance totale qu’il plaçait en lui. Lorsque le Cheikh fut exilé en Mauritanie, il l’avait rejoint,
accompagné de son petit frère germain SERIGNE MBACKE KANNI junior et son cousin, le fils
de sa tante maternelle CHEIKH IBRAHIMA NIDAYE. Arrivée à destination, ils proclamèrent
au Cheikh leur allégeance et leur engagement à lui vouer une obéissance absolue. C’est là-bas,
en Mauritanie, qu’il lui confia sa sœur germaine SOKHNA AMINATA BOUSSO.
CHEIKH MASSAMBA KANNI BOUSSO est ainsi resté avec le Cheikh en Mauritanie, à
THEEYEN et à DIOURBEL sans jamais le quitter. Son obéissance envers le Cheikh était d’une
promptitude merveilleuse et d’une absoluité extrême. Ce qui a permis au Cheikh de le hisser
facilement vers les niveaux les plus élevés de l’ascencion spirituelle, après l’avoir dépuillé de
toutes les souillures de l’âme, pour ensuite le parer de toutes les vertus morales d’inspiration
prophètique.
Il jouisait d’une proximité affective, d’un statut particulier et des privilèges les plus enviables
auprès de CHEIKHOUL KHADIM. Il faisait partie de ce groupe restreint de dix personnes à qui
le Cheikh avait annoncé la bonne nouvelle de leur entrée au Paradis, à trois reprises, ils se turent.
Puis il les invita à répondre par l’affirmation. Ce qu’ils firent tous avant de s’engager dans la
voie de la félicité, en vouant au Cheikh une obéissance totale. Quant à CHEIKH MASSAMBA
KANNI BOUSSO, il fut saisi d’un sentiment d’extase et mit à répéter toute la journé la formule
de l’affirmation : « nous le serons ». CHEIKHOUL KHADIM lui a octroyé le privilège inouï de
la vue de notre bien-aimé, le Prophète Mouhamed , une nuit de MAWLOUD (célébration de la
naissance du prophète), à DIOURBEL. C’était dans la chambre reservée à l’accueil du Prophète,
dont l’accès était interdit à tous les disciples à l’exception de CHEIKH MASSAMBA KANNI
BOUSSO. C’est à lui seul que le Cheikh avait ordonné de rentrer dans cette chambre.
188
189 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
« Nous vous réitèrons notre soumission totale, et après vous avoir vendu notre être et nos biens,
nous vous remettons le prix en guise d’offrande ». C’est une vente conclue qui nous lie
désormais » et ne pourra jamais faire l’objet d’une résiliation ou d’une suspension. En ce qui
concerne vous préoccupation de nous voir délaisser ce bas-monde, nous aurons besoin de votre
soutien, vu nos faiblesses en tant qu’être humain. Satisfait de sa réponse, le Cheikh leur fit savoir
qu’il avait obtenu l’objectif recherché dans cette entrevue et dit : « C’est ce que j’avais voulu ».
Il était toujours assis à côté du Cheikh lors de ses sermons, l’écoutait religieusement et
transmettait avec une habileté narrative merveilleuse, une finesse exquise de perception et de
transmission du message, dans son intégralité et dans toute sa spleudeur. CHEIKH MOULAYE
HALIYYU BOUSSO rapporte qu’il gémissait et s’émerveillait lorsqu’il entendai le Cheikh
parler, lorsqu’il fut interpellé par certains disciples sur les raisons de ce comportement, il décida
de s’en abstenir pour ne pas commettre un acte qui serait contraire aux règles de politesse et de
bienséance qu’exigent l’entourage du Cheikh et ses lieux de résidence. Lorsque le Cheikh s’est
rendu compte de ce changement d’attitude au cours d’un sermon, il s’adressa à l’assemblée en
ces termes : « MASSAMBA KANNI n’est-il pas présent parmi vous ? » ; il répondit : « oui je
suis bien là ». Le Cheikh comprit que c’était par pure politesse qu’il agissait de la sorte. CHEKH
MOUHAMADOU MAMOUNE NIANG et d’autres l’ont ainsi rapporté.
189
190 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Parmi ses privilèges, on peut citer le fait qu’il fasse partie des premières personnes que le Cheikh
avaient envoyé à POROKHANE pour retrouver l’emplacement exact de la tombe de sa sainte et
vertueuse mère SOKHNA MARYAMA BOUSSO, surnommée : la voisine de DIEU.
Jouissant de sa confiance honorable, le Cheikh avait l’habitude de lui confier des missions
importantes. En tant que digne représentant, il les accomplissait scrupuleusement et
convenablement. Ces missions sont, entre autres :
(Extrait de la recherche effectuée par son petit fils le grand érudit CHEIKH MASSAMBA
BOUSSO).
Ses qualités :
« J’ai modifié ma détermination pour la hisser à la hauteur de celle des élus de DIEU, ceux dont
la préoccupation unique qui motive la détermination est l’agrément du Seigneur »
190
191 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
(TAWASSUL), les faveurs et les privilèges que les quatre califes avaient obtenus du Prophète ,
auprès de son guide religieux et spirituel (CHEIKH AHMADOU BAMBA KHADIMOU
RASSOUL). Il dit :
« Fais de moi le meilleur parmi tous les êtres humains de mon époque, à l’exception de
CHEIKHOUL KHADIM, par sa grâce ».
Cet amour infini vis-à-vis du Cheikh l’avait amené à éprouver le même sentiment à l’égard de
son maître le Prophète Mouhamed , et de sa tradition. L’application constante et la conformité
permanente avec la tradition prophètique était pour lui une préoccupation majeur qu’il n’a jamais
délaissée dans ses prières :
Ma demeure ainsi que mon corps appartiennent à l’Eternel, l’Exempt de début, qu’ils restent
toujours dans la voie traçée par le Prophète choisi ALMUXTAAR, par la grâce de l’esclave, le
serviteur.
CHEIKH MASSAMBA BOUSSO était d’une jalousie extrême vis-à-vis de son Seigneur. Il
s’efforçait de son mieux pour éloigner de Lui tous les attributs d’imperfection qui ne siéent pas à
Sa grandeur, Sa beauté sublime et Sa perfection. A ce propos, il a composé un poème dans lequel
il explique la quintessence de « LAA ILAAHA ILLA LAAH » (la profession de fois) symbole
de l’unicité de DIEU (le Tout Puissant), il dit :
« Celui ou celle qui pense que le bien et le mal peut provenir de quelqu’un d’autre que DIEU,
d’ici la fin des temps, sera chassé de la miséricorde et sombrera dans les difficultés et l’ennui »
Après avoir complété son éducation et sa formation spirituelle, CHEIKHOUL KHADIM le plaça
à la tête d’un groupe de disciples, en 1914, approuvant ainsi sa nommination en tant
qu’éducateur et formateur religieuse et spirituel. Il faisait partie de ce groupe de disciples qui
avaient reçu, du Cheikh, l’ordre de procéder à la création des centres d’éducation et de formation
religieuse et spirituelle aux alentours de Touba. Il avait installé son centre au nord de Touba et
l’avait baptisé « DAARUL QADIIM » (la maison de Celui qui est exempt de début, autement dit
la maison de DIEU), puis il composa un poème qui donne en acrostiche le nom de son village
« DAARUL QADIIM ».
NB :
191
192 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
L’acrostiche est une pièce de poésie dont la suite des initiales de chaque vers forme un nom de
personne ou un mot-clé qui peut être lu verticalement.
Mon espoir auprès de l’Eternel, l’Exempt de début, le Plus digne d’être honoré, m’a appelé ; je
suis un répondant, un aspirant du serviteur privilégié.
Au dernier vers qui débute avec la dernière lettre du nom de son foyer religieux (la lettre
« MIIM »), il s’adresse ainsi, à son Seigneur :
Exauce mes vœux et assures-moi une protection éternelle, et accorde Ta protection au Prophète
MOUSTAPHA , par la grâce du serviteur privilégié.
CHEIKHOUL KHADIM lui recommandait très souvent des disciples qui venaient auprès de lui
pour qu’il accepte leurs allégeances et s’occuper de leur éducation spirituelle. Cette confiance lui
avait valu d’être cité parmi les lieutenants du Cheikh qui possédaient le plus grand nombre de
disciples. Il se déplaçait avec eux le plus souvent d’un endroit vers un autre, de village en village.
Lorsque le Cheikh fut assigné en résidence surveillé à DIOURBEL, il s’installa à GUEDE, en
1916, et y exploita une ferme agricole qui lui avait rapporté des quantités énormes d’arachides.
L’année suivante, il migre vers KHABBAANE (une terre fertile, un oasis pour la transhumance
des pâturages), avant de prendre la ferme résolution de se rendre, l’année d’après, à NAAWEL,
son lieu de naissance, pour la revivification de l’héritage de ses ancêtres, c’est qu’il reçut du
Cheikh l’ordre de créer le village de DAARUL QADIIM situé au nord de la ville sainte de
Touba.40 (note de bas de page)
(Extrait des recherches effectuées par son petit fils CHEIKH MASSAMBA BOUSSO)
CHEIKH MASSAMBA BOUSSO a vécu dans son village de DAARUL QADIIM pendant une
période bien déterminée et s’y consacrait à des activités agricoles au service destinée à son guide
spirituel CHEIKHOUL KHADIM. Il lui envoyait des dons considérables en guise d’offrande,
qu’il acheminait jusqu’à DIOURBEL. C’est lui qui a inauguré GUEDE, après l’aîné de son père,
CHEIKH OUMAR BOUSSO, et l’a rendu habitable après y avoir implanté des fermes agricoles,
comme l’a attesté CHEIKH IBRAHIMA BOUSSO de MBIRKILAANE. C’est lui aussi qui a
défriché l’endroit où se trouve actuellement le village de DAARU NDIAYE et l’a légué à la
192
193 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
famille de CHEIKH DAARU ASSANE NDIAYE. C’était une grande exploitation agricole qui
produisait des quantités énormes de vivres, il y éduquait en même temps ses nombreux disciples
dans la voie de la droiture et de l’élévation spirituelle. Lorsqu’il constata une augmentation
fulgurante du nombre de ses disciples, il les dispersa auprès de ses autres condisciples qui étaient
comme lui des guides spirituels, pour ne pas tomber dans les pièges de SATAN et déclara que sa
préoccupation n’était pas les prestiges de ce bas-monde que ce nombre de disciples pourrait lui
apporter, mais l’agrément de son Seigneur à qui il vouait un culte exclusif et sincère dépouillé de
toutes formes d’association.
Sa vie en société :
Après son rappel à Dieu, beaucoup parmi les guides spirituels de la Communauté ont témoigné
qu’il faisait partie des plus grands hommes de Dieu et jouissait d’une position privilégiée auprès
de CHEIKHOUL KHADIM, dont son grand frère CHEIKH MBACKE BOUSSO et CHEIKH
ABDOURAHMANE LO qui disaient tous les deux : « personne n’est plus proche du Cheikh que
lui parmi les gens de BARZAX (l’au-delà) ». Son propre fils CHEIKH TCHOUMBLEEN
BOUSSO rapporte de CHEIKH MODOU FALL NDIEYE que CHEIKH IBRAHIMA FALL
disait : « le fait qu’il ait été jeune, au début de l’appel de CHEIKHOUL KHADIM, est pour nous
autres une chance inouïe, si tel n’était pas le cas, il se serait accaparé de tous les privilèges auprès
du Cheikh ».
193
194 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Après le rappel à Dieu de CHEIKHOUL KHADIM, il avait une fois rendu visite à CHEIKH
MOUHAMADOU MOUSTAPHA MBACKE son premier calife, au moment de prendre congé
de son hôte, CHEIKH MOUSTAPHA qui le voyait partir dit à ses proches : « il n’y a pas sur
terre une créature meilleure que lui ». Après son rappel à DIEU, CHEIKH MOUHAMADOU
MOUSTAPHA MBACKE réitere ses mêmes témoignages et dit : « DIEU accordera son
pardon à celui ou celle qui aura, dans sa tombe, une poignée de sable provenant de la
tombe de CHEIKH MASSAMBA BOUSSO ».
Son neveu fils de sa sœur germaine CHEIKH ABDOU KHADRE MBACKE (quatrième calife
de CHEIKHOUL KHADIM), disait que : « CHEIKH MASSAMBA BOUSSO faisait partie des
privilégiés qui jouissaient, auprès de CHEIKHOUL KHADIM, d’une position enviable dont la
particularité était singulière.
CHEIKH MBACKE KANNI BOUSSO est le frère germain de CHEIKH MASSAMBA KANNI
BOUSSO et de SOKHNA AMINATOU KANNI BOUSSO. Il est né en 1882, dans le village de
NAAWEL. Son père CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO l’avait baptisé d’après le nom de
l’un de ses proches parents, en l’occurrence CHEIKH MBACKE RAHMA SENIOR. Sa mère
s’appelle SOKHNA KANNI MBACKE, elle est la fille de SOKHNA AÏSSATOU MBACKE,
fille de CHEIKH MOR NDIEYE MBACKE, fils de CHEIKH IBRAHIMA AWA NIANG, fils
du grand érudit MAHRAM MBACKE. La mère de sa grand-mère AÏSSATOU MBACKE est la
fille de CHEIKH HABIBOULAH MBACKE (MAME BALLA AÏCHA MBACKE) qui lui est le
fils de CHEIKH MAHRAM MBACKE.
194
195 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Dès l’âge de la scolarité, il fut initié par son père, CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO, à
l’apprentissage du Coran, avant d’aller poursuivre ses études coraniques auprès de ses deux
grands frères CHEIKH MBACKE BOUSSO et CHEIKH MASSAMBA FATY BOUSSO. Il a
également étudié à TIVAOUANE, auprès du grand érudit de la Confrèrire tidiane, CHEIKH EL-
HADJ MALICK SY, certains textes relatives à d’autres domaines religieuses et littéraires.
A l’instar de tous les enfants de son père qui furent tous confié à CHEIKHOUL KHADIM pour
s’occuper de leur éducation spirituelle, il a concrétisé son allégeance lorsque le Cheikh se
trouvait en terre mauritanienne. Accompagné de son grand frère germain CHEIKH
MASSAMBA KANNI BOUSSO et de son cousin, fils de sa tante maternelle CHEIKH
IBRAHIMA NDIAYE, ils ont effectué le voyage ensemble jusqu’en Mauritanie, puis ils
proclamèrent leur allégeance et leur engagement dans la voie de l’aspiration sincère et de
l’élévation spirituelle qui nécessitait une détermination inébranlable et une obéissance absolue de
leur part. Par la suite, il retourna au Sénégal auprès du grand érudit CHEIKH EL-HADJI
MALICK pour étudier certains ouvrages et y resta jusqu’au retour du Cheikh et son internement
à THIEEYEENE. Après son installation à THIEEYEENE, le Cheikh fit appel à lui, c’est ainsi
qu’il délaissa tout ce qu’il faisait comme occupation à TIVAOUANE et rejoignit immédiatement
le Cheikh à THIEEYEENE, pour se lancer définitivement dans la voie des grands élus de DIEU,
sous la supervision du Cheikh qui le dépouilla de toutes les souillures morales pour le parer des
qualités et des vertus morales les plsu sublimes, avant de le hisser vers les degrés de sainteté les
plus convoités. Tel un aspirant sincère voulant acquérir la satisfaction du Seigneur à travers son
guide spirituel, il fit preuve d’un dévouement indéfectible vis-à-vis du Cheikh. Il s’occupait de la
rédaction et de la reproduction des exemplaires du Coran et des panégyriques de ce dernier
destinés au Prophète Mouhamed .
195
196 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
controlé et l’a supervisé jusqu’à la fin de la rédaction de l’exemplaire du Coran qu’il remit, en
bonne et due forme, à son père, CHEIKH AHMADOU BAMBA KHADIMOU RASSOUL.
CHEIKH MBACKE KANNI BOUSSO avait obtenu de CHEIKHOUL KHADIM des privilèges
exceptionnels. Le Cheikh disait à son sujet que : « DIEU lui avait formellement interdit la
consommation d’une viande provenant d’un animal qui n’avait pas été égorgé par CHEIKH
MBACKE KANNI BOUSSO ». CHEIKH MOUSSA ALIMA GAYE (à vérifier) rapporte que
CHEIKHOUL KHADIM lui a dit un jour que : « les écritures de CHEIKH MBACKE KANNI
BOUSSO ne doivent aucunement faire l’objet d’une révision, elles sont d’une véracité et d’une
authenticité garanties ; car il dispose d’une plume talentueuse qu’il manie avec une dextérité
surprenante, une habileté manuelle et intellectuelle remarquable et une finesse exquise ».
CHEIKH SALIOU MBACKE rapporte, lui aussi, que CHEIKH MBACKE KANNI faisait des
miracles, dans les services qu’il rendait au Cheikh, en matière d’écriture, de rédaction et de
reproduction. Dans le même ordre d’idées, CHEKH MOUSTAPHA MAÏ MBACKE confirme
les propos précédents et rapporte également que CHEIKH MBACKE KANNI a redigé de sa
propre main 64 exemplaires du Saint Coran qu’il a remis à CHEKHOUL KHADIM. Il a
également assuré la rédaction et la reproduction d’un grand nombre de poèmes et de
panégyriques relatives aux invocations du Seigneur aux louanges adressées au Prophète , et aux
prières en sa faveur, provenant du Cheikh. Il ressort de ce qui précède que CHEIKH MBACKE
KANNI faisait effectivement partie des plus grands privilégiés, parmi les compagnons du
Cheikh. On rapporte aussi qu’il faisait également partie des dix personnes qui avaient reçu du
Cheikh la bonne nouvelle de leur entrée au paradis, comme nous l’avons mentionné plus haut, au
sujet de son grand frère CHEIKH MASSAMBA KANNI BOUSSO. C’est un truisme, qu’il
convient de rappeler ici, les hommes de DIEU traversent parfois des situations d’une étrangeté
inquiétante, rendant difficile leur cohabitation avec les gens. Mais CHEIKH MBACKE KANNI
BOUSSO était doté d’une finesse d’esprit et d’une capacité adaptative hors du commun qui
l’avait prédisposé à pouvoir appréhender toutes les situations dans lesquelles se trouvait le
Cheikh afin de pouvoir communiquer et échanger avec lui convenablement. Pour cette raison,
beaucoup parmi les grands dignitaires de la Communauté mouride préféraient être accompagné
de lui, lorsqu’ils voulaient se rendre chez le Cheikh.
196
197 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Après avoir suivi, durant de longues années, une éducation et une formation spirituelle, ayant
nécessité un dévouement absolu envers le Cheikh, à THIEEYEENE et à DIOURBEL, lui confèra
le grade de maître spirituel et le chargea de transmettre l’éducation et la formation spirituelle
qu’il avait reçu de lui à ses disciples, pour participer à la vulgarisation de son message, en
propageant les connaissances gnostiques, et en faisant sortir les égarés de la société des ténèbres
de l’ignorance, pour les faires entrer dans les sphères lumineuses de la bonne guidée. Pour
l’accomplissement de cette noble mission, le Cheikh lui intima l’ordre de proceder à la fondation
des villages et des centres de formation et d’éducation religieuses et spirituelles ; pour mieux se
consacrer au service de l’Islam, par l’adoration exclusive du Seigneur, l’enseignement et le
travail. C’est dans cette optique qu’il avait créé le village de KUDJALI BOUSSO, situé à neuf
kilomêtres au nord de Touba. Il était resté dans ce village pour se consacrer à l’éduation et la
formation spirituelle et religieuse des disciples, assurer leur élévation spirituelle, suivant les
arcanes célestes de la bonne guidée qui mènent vers l’enceinte sellée réservée aux privilégiés
engagés. Son aptitude et ses qualités en la matière ont été approuvées par CHEIKHOUL
KHADIM qui lui envoyait très souvent des disciples pour qu’il s’occupe de leur éducation et de
leur ascencion spirtuelle. Cette confiance renouvelée deviendra beaucoup plus manifeste dans les
nombreuses circonstances et évènements où il va, par la suite, prendre part en tant que
représentant désigné par le Cheikh lui-même. Lorsque son grand frère germain CHEIKH MOR
DIARRA MBACKE fut rappelé à Dieu, le Cheikh l’avait désigné pour aller le représenter aux
obsèques, comme il l’avait fait, en 1922, lors du rappel à Dieu du grand érudit de TIVAOUANE
CHEIKH EL-HADJI MALICK SY ; il faisait partie de la délégation dirigée par CHEIKH ANTA
MBACKE pour aller présenter les condoléances du Cheikh.
197
198 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
les disciples de la localité et dit : « depuis le rappel à Dieu de CHEIKH AAFIA MBACKE,
j’étais entrain de chercher le meilleur profil possible pour le suppléer dans cette noble mission,
jusqu’à trouver en CHEIKH MBACKE KANNI BOUSSO toutes les qualités requises pour
diriger cette mosquée. Sachez désormais que prier derrière lui, c’est comme prier derrière
CHEIKHOUL KHADIM ».
CHEIKH MBACKE KANNI BOUSSO est resté à DIOURBEL pendant cinq ans, pour
accomplir cette noble mission, à la tête de la Grande Mosquée de Diourbel, de 1941 jusqu’à son
rappel à DIEU, en 1945. Qu’Allah l’agrée, l’accueille dans son Paradis et nous fasse bénéficier
de ses bienfaits. Amen !
CHEIKH OUMAR BOUSSO est le fils de CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO plus connu
sous le nom de SERIGNE MBOUSSOOBE et de SOKHNA ROKHAYA NDAW. Il est né à
MBOUSSOOBE un quartier du village de MBACKE BAOL en 1893, comme nous avons pu le
constater, en consultant sa pièce d’identité. Son père l’avait baptisé, à sa naissance, d’après le
nom de l’émir des croyants, le compagnon du prophète Mouhamed , SEYDINA OUMAR BUN
XATTAAB. Qu’Allah l’agrée.
Aussitôt après son sevrage, son père SERIGNE MBOUSSOBE le fut accompagné de tous ses
frères et sœurs, les conduisit auprès de CHEIKHOUL KHADIM pour qu’ils fassent leurs
allégeances à celui-ci. Peu de temps après, il fut rappelé à Dieu, nous étions en 1895, quelques
mois seulement avant le départ en exil du Cheikh.
Dès l’âge de la scolarité, son grand frère CHEIKH MBACKE BOUSSO s’est chargé de son
éducation et de son apprentissage coranique jusqu’à la mémorisation. Mais après avoir effectué
une bonne partie de son apprentissage coranique auprès de son grand frère, il reçut de
CHEIKHOUL KHADIM l’ordre de migrer vers le village de DAARU FAAL avec son frère
HALIYYU BOUSSO pour compléter leurs études auprès de CHEIKH MOR NGUONE FALL.
Ils jouissaient d’une considération particulière et d’un respect révérenciel de la part de ce dernier,
du fait de leur proximité parentale avec CHEIKHOUL KHADIM. Leur présence dans son école
198
199 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
le réjouissait profondément, pour cette raison il leur vouait le même respect et la même
considération qu’il aurait accordés à CHEIKHOUL KHADIM. Il avait choisi CHEIKH BARA
NIANG pour qu’il s’occupe bien de leur formation jusqu’à ce qu’ils mémorisent parfaitement le
Coran, aussi bien à l’orale qu’à l’écrit, tout en ayant une très bonne maitrise des règles d’édition
et de lecture du Coran.
Par la suite, il s’est rendu à Saint-Louis du Sénégal, une ville qui, à l’époque, était un foyer
scientifique et religieux très célèbre, parce que comptant les plus grand érudits du pays et de la
sous règion, dont CHEIKH MOKHESSINE DIOP qu’il a fréquenté pendant quelques temps et a
puisé de sa source, avant de continuer son périple vers le désert de la Mauritanie, pour y
retrouver les grands érudits de la tribu des SHINQIITS qui ont beaucoup contribué à
l’approfondissment de son érudition dans plusieurs domaines religieuses et littéraires, comme : la
littérature arabe, les lettres classiques, la rhétorique, la logique, la prosodie ; sans oublier les
autres domaines religieuses tels que l’interprétation et l’exégèse du Coran, les secrets mystiques
et les connaissances gnostiques.
Après avoir obtenu une érudition immense aussi bien dans les sciences religieuses que dans les
sciences littéraires, il décida de revenir parmi les siens pour partager ses connaissances avec eux.
Dans un premier temps, il fit escale à Saint-Louis du Sénégal. Informé de son installation à
Saint-Louis, CHEIKHOUL KHADIM, envoya son grand frère, CHEIKH MBACKE BOUSSO,
qui est venu le cueillir dans la vieille ville, pour le ramener au CADIOR, où il s’installa, sur
ordre du Cheikh, pour y mener des activités agricoles.
En 1914, il a pu réaliser, avec l’aide de ses disciples et adeptes, un rendement agricole estimé à
mille francs français, qu’il a acheminé jusqu’à DIOURBEL, pour l’offrier à CHEIKHOUL
KHADIM, en guise d’offrande. Après les salutations d’usage, le Cheikh s’enquérit de la situation
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200 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
des gens de CADIOR, et de la provenance de cet argent. Il lui fit savoir que c’était le rendement
de la production agricole, réalisée avec l’aide des disciples et adeptes qui lui avaient fait
allégeance, pour rechercher uniquement l’agrément du Seigneur, après déduction de la réserve
alimentaire et du montant destiné à l’aumone obligatoire. CHEIKHOUL KHADIM lui retorqua :
« Mon intention n’était pas de recevoir tes dons, cependant l’argent -lui-même-, s’est adressé à
moi, pour me faire savoir que sa provenance était licite et dépouillée de toutes impuretés et de
toutes souillures, pour cette raison, je l’ai accepté». Puis il ajouta : « tu es la première personne
qui m’a remis ce montant aussi élevé, parmi les membres de la famille BOUSSO, je mettrai, à ta
disposition, des gens qui, non seulement, ne cesseront de te le donner ; mais ne te quitteront
jamais ».
Un jour, le Cheikh lui dit : « Ô OUMAR, j’ai placé en toi des secrets qui te suffiront pour
toujours, tu n’auras plus besoin de porter des amulettes ou d’utiliser d’autre secrets mystiques
pour te protéger ou chercher quoi que ce soit. DIEU exaucera tous les vœux qui te seront
adressés par les créatures, le degré de ta détermination et de ton aspiration sincère est tel que, le
simple fait de souhaiter une issue heureuse à une question, un problème ou une situation que tu
auras entendu ou constaté, suffit pour que cela se réalise conformément à tes vœux et souhaits ».
Pour illustrer son statut et sa position parmi les élus de DIEU, on peut se référer à l’entretien du
Cheikh avec son grand frère, CHEIKH MBACKE BOUSSO, le concernant. Lors de cette
discussion, le Cheikh lui disait : « Deux ordres me sont parvenus du Seigneur par l’intermédiaire
du meilleur des prophètes : - Premièrement, il a fait de moi le dépositaire de la législation
islamique, dans toute sa pureté et sa splendeur, elle constitue désormais, pour moi, un dépôt et
une consignation que je dois préserver minutieusement et scrupuleusement, fort de cela j’ai
décidé d’y associer les membres de la famille BOUSSO. Deuxièment, il m’a ordonné de sceller
le mariage de CHEIKH OUMAR BOUSSO avec la dame ZEYNABA KEBE ».
CHEIKH MBACKE BOUSSO lui répond : « Au même moment, nous étions entrain de réfléchir
sur la possibilité de sceller son union avec cette dame ». Le Cheikh ajoute : « c’est un ordre qui
vient directement de Lui ». CHEIKH MBACKE BOUSSO reprend et dit : « nous allons procéder
à son exécution conformément aux ordres de DIEU, de son Prophète , et de leur digne
représentant auprès des Musulmans.
Sa recherche du licite :
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201 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Par la suite, CHEIKHOUL KHADIM lui avait ordonné d’élire domicile à GUEDE et de trouver
une ferme agricole qui ne sera pas éloignée de son lieu de résidence, pour vivre du licite, par la
culture des céréales et de l’arachide. Il lui intima également l’ordre d’effectuer ses prières de
vendredi, dans le village, de vivre avec sa production céréalière et de conserver l’arachide
jusqu’à ce qu’il reçoit, de lui, l’ordre de l’utiliser. C’est dans cette optique qu’il avait procédé à
la fondation du village de TAWFIIQ BOUSSO.
Cette perfection dans la mémorisation et cette maitrise parfaite des règles de lecture et d’écriture
avait attiré l’attention de CHEIKH MOUHAMADOU FAADIL qui, de passage à son domicile
de KEBEMER, pour lui rendre visite, l’avait entendu réciter tout le Coran, dans ses prières
surérogatoires nocturnes. Il était un soufi, un ascète, au vrai sens du terme qui vouait à
CHEIKHOUL KHADIM un amour infini ; pour cette raison, il se devouait corps et âme à ses
services ; et tout ce qu’il avait de précieux lui était entièrement destiné. La propagation du
message et de l’enseignement du Cheikh était, pour lui, un sacerdoce perpétuel, pour lequel il
déployait toutes ses énergies.
CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO plus connu sous le nom de CHEIKH MOR SOKHNA
BOUSSO faisait partie du tout-premier groupe de disciple qui avait repondu favorablement à
l’appel du Cheikh, il était également l’un des plus éminents érudits de la famille BOUSSO qui se
sont distingués par leur crainte révérencielle envers le Seigneur et leur ascétisme rigoureux.
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202 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
de HALIYYU, le premier de cette lignée paternelle qui a quitté le FOUTA TORO, pour
s’installer définitivement dans le DJOLOF qui, autrefois, n’était habité que par des WOLOFS.
De cette noble famille caractérisée par la grandeur d’âme, l’esprit chevaleresque, l’attachement à
cette religion agréée et la chasteté absolue est issu ce grand homme CHEIKH MOR SOKHNA
BOUSSO. Très jeune, il réussit l’exploit merveilleux de la mémorisation du Coran et se lança
dans l’étude des sciences relatives à la législation islamique et à la littérature, avant de bénéficier
de l’éducation spirituelle du rénovateur de son époque CHEIKHOUL KHADIM, en accepter de
se dévouer corps et âme à ses services jusqu’à obtenir son agrément et sa bénédiction. Pour,
ensuite, se dévouer entièrement à l’Islam, par l’adoration exclusif du Seigneur, la pratique d’un
ascétisme rigoureux, l’éducation et la formation des disciples, le partage et la transmission de son
immense érudition et de ses nobles qualités morales.Grand lecteur du Coran, il passait la plupart
de son temps à lire et à méditer sur le sens des versets coraniques qu’il enseignait.
CHEIKH MOR SOKHNA faisait partie de ces disciples, très proches du Cheikh qui, après avoir
proclamé leur allégeance, dès les premiers moments qui ont suivi l’appel de MBACKE
CADIOR, l’ont accompagné à DAARU SALAAM, et participé, de manière active, à la fondation
de Touba. Il est cité parmi les membres de ce groupe de privilégiés engagés que le Cheikh avait
désigné pour se retirer avec eux dans son nouveau sanctuaire, pour leur inculquer une éducation
spirituelle solide avant de les hisser vers les grades les plus élevés de la sainteté. Il se trouvait
dans le même endroit que CHEIKH IBRAHIMA FATY MBACKE, CHEIKH
MOUHAMADOU LAMINE GAYE et CHEIKH AHMADOU SAKHIR MBAYE. A cette
époque, le Cheikh avait divisé ses disciples en quatre catégories, chaque catégorie se trouvait
dans une maison à Touba.
CHEIKH MOR SOKHNA faisait également partie de ceux qui, après avoir rejoint le Cheikh en
Mauritanie, ont su rester avec lui pendant tout le séjour. C’est en Mauritanie que le Cheikh lui
avait, un jour, fait part de cette révélation miraculeuse, relative à la naissance de sa fille qui
s’appellera KHADIDJATOU, avant même qu’il ait rencontré sa mère. Cette fille
KHADIDJATOU BOUSSO verra effectivement le jour, comme l’avait prédit le Cheikh, en
Mauritanie. C’est la mère de SERIGNE CHEIKH NDIAYE KHARY BOUSSO.
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203 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
De retour à GUEDE, il fut accueilli par son frère SERIGNE MOR KOUNA MBACKE. Après
les salutations d’usage, il lui souffla, d’une voix faible et mourante, qu’un événement terrible et
épouvantable va bientôt se produire : notre guide éclairé, notre sauveur s’apprête à quitter ce bas-
monde, MOR SOKHNA, (son nom à lui), n’a plus besoin de rester dans ce bas-monde que le
Cheikht va bientôt quitter. Par la volonté du Tout Puissant, il fut rappelé à Dieu une année avant
la disparition du Cheikh, plus précisément en 1926.
CHEIKH MOR SOKHNA BOUSSO a su bénéficier de la confiance totale de son guide spirituel
CHEIKH AHMADOU BAMBA KHADIMOU RASSOUL, car le Cheikh avait scellé son
mariage avec sa fille aînée SOKHNA FATY DIA MBAKE, puis avec la fille de son grand frère
germain SERIGNE MOR DIAARA, SOKHNA AÏSSATOU MBACKE.
SERIGNE MOR SOKHNA BOUSSO avait réussi à tisser des relations amicales et fraternelles
très solides avec les gens de sa génération, plus particulièrement les érudits et les guides
religieux qui, en retour, lui vouaient un amour sincère et une considération respectueuse, parce
qu’ils avaient trouvé en lui une crainte révérencielle vis-à-vis de son Seigneur et une bonté de
cœur doublée d’une sainteté reconnue.
SERIGNE MOUHAMADOU DEME disait de lui : « MOR SOKHNA, celui dont les prodiges, la
sainteté et la proximité avec son Seigneur, ne fait aucun doute, parmi les saints vertueux de la
famille BOUSSO ».
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204 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Quant aux relations de SERIGNE MOR SOKHNA BOUSSO avec le fils de son oncle paternel :
le plus grand érudit du pays, le jurisconsulte, CHEIKH MBACKE BOUSSO, elles étaient
empreintes de fraternité et de spiritualité. Ils étaient comme des frères germains. CHEIKHOUL
KHADIM avait joué un rôle prépondérant dans le renforcement de cette relation, en les affectant
dans un même village, GUEDE, situé au nord de Touba. CHEIKH MOR SOKHNA s’occupait
de l’enseignement coranique, tandis que son cousin CHEIKH MBACKE BOUSSO et ses fils
s’occupaient de l’enseignement des sciences religieuses et littéraires.
Tous ceux qui ont connu le grand érudit de GUEDE CHEIKH MBACKE BOUSSO, savent
pertinemment qu’il n’a jamais accepté de verser dans la complaisance ou le sensationnalisme
devant la vérité. Il était rarissime de le voir gratifier ou faire les louanges de quelqu’un d’autre
que son Cheikh CHEIKHOUL KHADIM. Cependant, il a loué les qualités de CHEIKH MOR
SOKHNA en deux vers de poésie, rappelant la date et les circonstances de son rappel à DIEU :
«Quant à celui qui a été conduit par la bride vers le droit chemin, notre compagnon, le fils de
notre oncle paternel, au caractère noble ; MOUHAMED qui, après un séjour de 62 ans sur terre,
Ces deux vers exprimés avec une concision poétique admirable suffisent largement pour décrire
la personnalité de SERIGNE MOR SOKHNA BOUSSO.
Le premier vers exprime avec une clarté évidente son attachement à la droiture et son
engagement sincère sur la voix de la bonne guidée, comme s’il ne pouvait pas ou n’avait pas la
capacité de s’écater de cette bonne voie sur laquelle il a été conduit par une bride, attaché au cou,
comme pour illustrer un destin inexorable. Dans ce même vers, il a été question de ses bonnes
qualités morales. Ces deux caractéristiques : la droiture et les bonnes qualités morales sont des
richesses que l’on retrouve dans l’éducation de CHEIKHOUL KHADIM et caractérisent tous
ceux qui ont reçu son éducation. La considération respectueuse et la loyauté indéfectible de
CHEIKH MBACKE BOUSSO à son égard sont assez illustratives de son statut parmi les guides
religieux de son époque.
Le deuxième vers met en exergue le caractère amicale et fraternel de leur relation ; c’est la
preuve que CHEIKH MBACKE BOUSSO considérait son cousin paternel comme un
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205 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
compagnon dans la solitude, son proche parent et son soutien dans l’accomplissement des
missions délicates.
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206 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Mots de remerciements
Preface de l’éditeur
Preface du traducteur
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207 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
CHEIKH SIDY MAKHTAR MBACKE, plus connu sous le nom de CHEIKH ANTA
CHEIKH AHMADOU MAKHTAR MBACKE, plus connu sous le nom de SERIGNE AAFIA
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208 Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO
Le grand érudit CHEIKH MOUHAMADOU BOUSSO plus connu sous le nom de SERIGNE
MBOUSSOOBE
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Conscientisation des disciples sur l’importance d’un bon guide, d’un guide éclairé, dans
l’éducation des jeunes de la nouvelle génération.
Les éditeurs
Cet ouvrage a été édité par la DAHIARA QURATU HAYNI des petits fils de SERIGNE
CHOUHAYBOU MBACKE.
L’Université du Magal de Touba : une série de conférence scientifiques et religieuses qui offre
un cadre d’échange aux religieux, aux chercheurs et hommes de culture de l’intelligentzia
mouirde et musulmane.
Des cours thématiques organisés pendant le mois de RAMADAN : une série de conférences et
de panels sur des sujets divers.
Production et impression
DRMK : 979-10-95437-33-8
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5000 : ع
ISBN: 979-10-95437-33-8
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