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David Diop est un enseignant-chercheur et écrivain français.

Son troisième roman « La porte


du voyage sans retour » retrace l’histoire d’un botaniste qui lors de son voyage au Sénégal rencontre
une femme dont il tombera amoureux. Cette rencontre avec une jeune Africaine le mènera à la
question de l'esclavage. Nous étudierons le premier chapitre du livre qui commence par la mort
dramatique du personnage principal, Michel Adanson, qui souhaite transmettre sa mémoire à sa fille.
En quoi ce premier chapitre de fiction met-il en avant la nécessité du devoir de mémoire ? Dans un
premier axe nous verrons que l’incipit construit le personnage de Michel Adanson, dans un deuxième
nous évoquerons la situation dramatique de ce chapitre et enfin la mémoire face à ma mort.

Dans un premier lieu, l’incipit du chapitre permet au narrateur d’effectuer la présentation du


personnage principal de Michel Adanson. On nous donne des informations sur sa vie et son
entourage. En effet, le premier trait important de ce personnage concerne son métier, il est botaniste.

Le vocabulaire botanique à travers des énumérations d’éléments de la flore : « des anacardiers, des
ébéniers, des eucalyptus » et de la faune : « lièvres, gazelles, lézards » nous montre l’importance et
l’omniprésence de la botanique dans la vie de Michel Adanson. Il prend très au sérieux son travail et
souhaite avant tout transmettre ses recherches à sa fille. Il ne craint pas la mort mais le fait que celle-
ci soit inutile à la science. En dépit d’avoir peur de la mort il a peur qu’on ne retrouve pas « ses
cahiers ». Le démonstratif « ses » montre l’importance de ses cahiers qui représente tout aux yeux du
personnage. Le narrateur retranscrit les pensées de Michel à travers le discours indirect « Pourvu
qu’Aglaé découvre ses cahiers ! » il la désigne directement par son nom, sans que le lecteur sache de
qui il s’agit. Cette incomplétude référentielle traduit l'urgence et l’ultime volonté du personnage
principal de rendre compte de ses recherches à sa fille. D’en laisser une trace, une mémoire. Ainsi
que son détachement par rapport à la mort imminente.

Le cadre spatio-temporelle de cet incipit est assez flou, on nous évoque plusieurs dates qui
porte sur des événements antérieur au passage décrit dans l’incipit. Seule ses dates nous permettent
de déterminés où se situe le texte et les événements décrit à l’imparfait rajoutant ainsi un flou
temporel sur le récit. Le narrateur met en avant une date précise : « Le 26 janvier 1806 » puis nous
donne d’autre informations « six mois avant le début de sa mort ». Grâce à cette date on sait quand
est mort Michel cependant l’accent ici est mis sur ma révélation et non sur la date de sa mort
renforçant ainsi l’idée que les préoccupations du personnage sont centrées sur les mémoires de ses
recherches. On ne sait pas où est Michel au moment de sa mort les lieux évoquer sont le « Sénégal »
lieu où le personnage à fait des recherches qu’il cherche à transmettre. Ainsi que « Paris », le lieu où il
s’est rendu compte qu’il braillait qu’il conserve ses recherches. On nous apprend aussi que
« cinquante ans auparavant » il a rencontré une femme, son amour éperdue dont il se souvient en
écrivant, date qui coïncide avec celle de l’incendie dans une forêt du Sénégal.

L’importance de l’écriture des mémoires de Michel se retrouve dans le vocabulaire du


domaine de l’écriture : « pages », « cahier » ainsi que par des métaphores : « emprisonné dans des
mots ». Les regrets du personnage sont canalisés par l’écriture traduisant ainsi son importance. Cette
importance de l’écriture passe aussi par le fait qu'elle suscite des émotions « lui avait coûté des
larmes ». Le personnage en écrivant est submergé par l’émotion, rédigé lui provoque des émotions
qui transparaissent via un effet direct qui sont les larmes.
Ce premier chapitre débute par une situation dramatique. Le personnage principal agonise.
Les premiers mots du roman comportent le verbe « mourir » désignant la situation du personnage.
Dès le départ il nous délivre ses souffrances à travers un narrateur externe. « Il croyait entendre ses
organes défaillir » cette métaphore traduit le drame de la situation sa souffrance est tellement
intense que c’est comme si ses organes pouvaient émettre un bruit voire un cri de détresse. L’agonie
est décrite comme un combat, la narratrice utilise un champ lexical du combat « battait », «défaites»,
« ultime bataille ». Ce vocabulaire traduit la lutte du personnage contre l’agonie. Dans sa souffrance il
ce remémore des souvenirs tout aussi dramatiques.

En effet, le narrateur nous raconte les souvenirs de Michel en commençant par celui d’un
incendie dans une forêt du Sénégal. La comparaison « Des craquements intimes […] crépitaient
faiblement dans sa tête comme au départ du feu ». Cette comparaison entre sa souffrance et le
souvenir du feu de brousse qu’il à déclenché intensifie le dramatique de la situation. Cette transition
permet au narrateur de délivrer un résumer de cet événement au narrateur. Rendant ainsi le début
du récit encore plus dramatique. Cette situation n’empêche cependant pas le personnage de Michel
de ne penser qu’au devoir de mémoire qui emporte tout. Se place même au-dessus d’une situation
dramatique suggérant ainsi que rien n’est plus important que ma mémoire.

En se remémorant ainsi de son passé douloureux Michel permet au lecteur de comprendre


quand ce devoir de mémoire est devenu important pour lui. À chaque fois qu’il à eu une révélation
sur ce devoir de mémoire, il souffrait. En effet, la première fois qu’il y a penser c’est l’orque qu’il a
senti son « fémur se rompre ». L’analogie entre sa révélation et son fémur rompu suggère que la
révélation de son devoir de mémoire envers sa fille lui a causer une entre une rupture physique et
mentale. Dans son drame il arrive à avoir cette révélation. De plus, il a rédigé ses souvenirs après me
« coup involontaire porte à son âme » par son ami Claude-François. Cet métaphore traduit encore
une fois l’idée que le malheur de Michel lui permet de se raccrocher à l’élaboration d’un mémoire
positionnée comme l'unique moyen de vaincre le drame qui lui arrive.

Ce premier chapitre met en avant dès le départ le motif sinistre de la mort mettant ainsi
l’importance de la mémoire face à la mort. Dès les premières pages du livre le personnage de Michel
agonise et commence à perdre la vie. Il est détaché de la mort « il ne craignait pas la mort il déplorait
qu'elle soit inutile à la science ». Le personnage accorde de l’importance a autre chose que sa
condition actuelle. Il explique qu’il cherche seulement à transmettre sa science à sa fille. Cet univers
pesant de la mort accorde de l’importance au devoir de mémoire qui devient plus important.

Ce motif de la mort touche aussi l’anecdote dramatique de l’incendie de la forêt. En effet, la


forêt brûle et avec elle la faune et la flore ainsi que les habitants menacés par les flammes. Tout cet
univers de la mort du au feu est représenté par un vocabulaire en lien avec le feu. Les arbres sont
« fendus par des flammes » comme si le feu était une figure personnifiée qui découpait et ainsi tuait
de lui-même les arbres. De plus le feu fait fuir les animaux ainsi que les habitants.
A travers les éléments opposés du feu représentant la mort et l’eau représentant la vie.
L’auteur rend la mort encore plus dramatique et positionne la question de devoir de mémoire au
milieu de cet ambiance sinistre. En effet le feu ravage tout ce qui l’entoure. Les arbres, les animaux,
l’intériorité du personnage. En opposition à ça on a l’élément de l’eau qui dans chaque situation de
souffrance provoquer par le feu, apporte la vitalité et une protection, une certaine sérénité. Face au
feu qui ravage la forêt Michel se réfugie « sur une pirogue » suggérant ainsi qu’il est entouré d’eau.
De plus les arbres consumer par le feu était « gorgés d’eau » traduisant leurs vitalités qui est détruite
par le feu avec le qualificatif renvoyant à la chaleur « bouillante ».

Pour conclure ce premier chapitre de fiction met en avant la nécessité du devoir de mémoire
à travers les convictions du personnage principale, la situation dramatique qui n’empêche pas le
personnage de penser au devoir de mémoire. Et pour finir à travers l’opposition entre la mort et le
devoir de mémoire qui devient plus important que tout.

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