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Calcul instantané des racines d'un polynôme de degré
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Pouvez-vous donner de tête et immédiatement les solutions de l'équation du 3ème degré suivante ?
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Fermer ce menu Non ? C'est tout à fait normal pour l'instant. Mais sachez qu'après avoir lu cet article, vous serez capable de résoudre de tête
et en quelques secondes une telle équation, et même des équations algébriques plus complexes. Vous avez du mal à y
croire ? Alors je vous invite à lire attentivement l'article ci-dessous : vous allez être surpris de vos possibilités intellectuelles et
surtout des techniques de calcul instantané dévoilées ici.
Comme pour tous les articles mathématiques du site Gecif.net la vulgarisation mathématique permet ici d'expliquer avec des
mots et des notions simples (de niveau BAC) des résultats qui demandent en principe un niveau bien supérieur.
Introduction
Introduction
En mathématiques, pour trouver les racines d'un polynôme il existe principalement 4 méthodes :
la méthode complète qui consiste à exprimer les valeurs exactes des racines sous forme de fractions et radicaux en
passant (notamment) par le discriminant delta
la méthode par transformation qui consiste à réécrire le polynôme sous une autre forme (factorisation si on connaît déjà
une racine, forme canonique, changement de variable, etc.)
la méthode par analyse qui donne une valeur approchée des racines en analysant la courbe représentative de la fonction
polynôme
la méthode alternative, moins connue et utilisée dans certains tours de magie par les calculateurs prodiges, qui permet
de donner rapidement les valeurs exactes des racines, quel que soit le degré du polynome, à partir du moment où ce dernier
répond à certains critères particuliers
Nous allons voir ici seulement la méthode alternative, ou plutôt les méthodes alternatives, qui permettent, dans certains cas
particuliers de trouver instantanément les valeurs exactes des racines d'un polynôme de degré quelconque sans passer par la
méthode complète.
Lorsqu'on parle de recherche les racines d'un polynôme on pense tout de suite à Delta, c'est-à-dire à la méthode complète.
Pourtant, les méthodes alternatives présentées ici, permettent dans la plupart des cas d'obtenir bien plus rapidement les racines,
y compris dans des polynôme de degré supérieur à 2, tout en démontrant que l'on maîtrise les propriétés des polynômes.
Dans tout ce qui suit lorsque je parlerai de "polynôme", je parle en fait de la fonction polynôme et non d'un polynome en tant
qu'objet mathématique (qui aurait pu être vu comme un élément pris dans un espace vectoriel). Cette remarque s'adresse en
particulier aux mathématiciens puristes, s'il y en a parmi vous.
On appelle "racine" d'un polynôme, la valeur (ou les valeurs) de x qui annule la fonction polynôme P(x). Un polynôme de degré
n possède exactement n racines, qui peuvent être soit réelles, soit complexes.
Application imédiate : vous recherchez un polynôme de degré 3 ayant comme racines 1, 5, et 7 ? Votre polynôme s'écrit donc :
Après développement de cette forme factorisée vous obtenez le polynôme de degré 3 suivant qui a bien 1, 5, et 7 comme racines
:
Autre exemple, avec des racines complexes cette fois : on désire trouver un polynôme de degré 4 ayant pour racines 3+2i , 3-2i
, -5 , et 8
Après développement de cette forme factorisée, vous obtenez le polynôme de degré 4 suivant, qui a bien 3+2i , 3-2i , -5 , et 8
comme racines :
peut toujours se factoriser de la manière suivante, et ce quelle que soit la nature (réelles ou complexes) des racines :
Cette remarque est en contradiction avec ce qu'on a dû vous apprendre au lycée, puisqu'on a vous a appris que la factorisation
d'un polynôme n'est possible que dans le cas où les racines sont réelles (delta positif, pour un polynôme de degré 2).
Pourtant, la factorisation est aussi possible dans le cas où les racines sont complexes, à condition de garder en mémoires les
remarques suivantes :
un polynôme de degré impair a toujours au moins 1 racines réelles : les autres sont soit réelles, soit complexes conjuguées
deux à deux
un polynôme de degrés pair peut avoir soit des racines réelles, soit des racines complexes conjuguées deux à deux
Par exemple pour un polynôme de degré 3, il y a forcément 1 racine réelle. Les deux autres racines sont soit réelles toutes les
deux, soit complexes conjuguées.
Mais il est impossible d'obtenir un polynôme de degré 2 à coefficient réels dont les racines sont 3+2i et 7+5i (ces racines n'étant
pas des complexes conjugués).
J'appelle propriété fondamentale des polynômes le fait qu'un polynôme puisse toujours s'écrire sous la forme factorisée
suivante, faisant apparaîte chacune de ses racines :
Voici, sans la démontrer, la conséquence de la propriété fondamentale des polynômes. Cette conséquence, qui s'écrit sous forme
de 2 affirmations, est la base des méthodes de recherche alternatives des racines :
Cette remarque fondamentale nous donne un lien direct entre la somme ou le produit des racines, et certains des coefficients du
polynômes.
Avant d'attaquer la recherche de racines dans des cas concrets, voici quelques informations complémentaires, ainsi que les
conditions dans lesquelles nous allons nous placer pour appliquer les méthodes alternatives.
Polynôme unitaire
On appelle polynôme unitaire un polynôme dont le coefficient du monôme de plus haut degré vaut 1.
Comme le coefficent du monôme de plus haut degré vaut 1 la factorisation d'un polynôme unitaire est la suivante :
Equation algébrique
Remarque : toute équation algébrique peut se mettre sous la forme P(x) = 0, où P(x) est un polynôme unitaire. Il suffit
pour cela de diviser les deux membres de l'équation algébrique par le coefficient du monôme de plus haut degré (le coefficient
a). Exemple :
Trouver les solutions d'une équation algébrique revient donc à déterminer les racines d'un polynôme unitaire.
Le nombre x est un nombre algébrique s'il existe un polynôme P à coefficients rationnels tel que P(x)=0. Autrement dit, un
nombre (réel ou complexe) qui est une solution d'une équation algébrique est un nombre algébrique : toute racine d'un
polynôme à coefficients rationnels est un nombre algébrique. Mais un nombre algébrique n'est pas forcément réel. Par exemple le
nombre complexe i est algébrique puis qu'il est la solution d'une équation algébrique à coefficents rationnels.
Un nombre algébrique est donc un nombre "solution d'une équation algébrique", et peut être soit réel soit complexe.
Nous pouvons constater que tout nombre entier ou rationnel est un nombre algébrique (car le nombre rationnel p/q sera
toujours solution de l'équation algébrique q.x-p=0), mais que certains nombres réels ne sont pas algébriques (c'est le cas par
exemple du nombre Pi=3,14159265358979...).
Un nombre (réel ou complexe) qui n'est pas algébrique est appelé un nombre transcendant.
Un nombre transcendant est donc un nombre "non-algébrique", et peut être soit réel soit complexe.
Conditions d'application des méthodes alternatives de recherche des racines d'un polynôme
Dans tout ce qui suit nous ne considèrerons que les polynômes répondant aux conditions suivantes :
Dans ces conditions, puisque le coefficient a=1, la conséquence de la propriété fondamentale des polynômes s'écrit :
Et maintenant, appliquons tout ça dans des exemples concrets ... C'est parti !
Exemple 1 :
Le degré du polynôme est pair : la constante 21 est donc égale au produit des 2 racines.
Comment ça c'est trop simple ? En effet, c'est plus simple que de passer par Delta ... La résolution de l'équation se résume ici à
une simple décomposotion en facteurs premiers afin de trouver 2 entiers dont le produit vaut 21.
Exemple 2 :
Cette fois on a :
Il y a 2 solutions :
Mais on sait que la somme des deux racines vaut -b, c'est-à-dire -3
Exemple 3 :
Mais comme la somme des racines doit être égale à 12, il n'y a qu'une seule solution : les racines sont 2, 3 et 7.
Comment ça c'est magique ? En effet, résoudre de tête en moins de 10 secondes une équation du troisième degré est à la
hauteur de ce qu'un calculateur prodige est en mesure de faire (et encore ...). On continue !
Exemple 4 :
La somme des racines est égale à 6 : comment obtenir 6 en additionnant 3 nombres parmi les nombres 2, -2, 3, -3, 7, et -7 ?
La réponse est 6 = 2 - 3 + 7
On en déduit que 2 est une racine multiple d'ordre 3. En clair, les racines sont 2, 2, et 2 (3 fois le même nombre, mais il y a bien
3 racines). On constate que la somme des 3 racines est bien égale à - b = 6. Enfin, dans le cas de racines multiples, la forme
factorisée du polynôme peut s'écrire de la manière suivante :
Parmi ces 8 diviseurs de - 10, on recherche 2 nombres dont la somme est égale à - 9
A retenir :
Il faut aussi savoir détecter le cas où les racines ne sont pas entières :
Nous recherchons donc deux nombres dont le produit vaut 6 et dont la somme vaut 8 :
Après test, on constate qu'aucun des diviseurs de 6 (2, -2, 3, -3, 1, -1, 6, et -6) n'est racine du polynôme. De plus il est
impossible d'obtenir 8 en additionnant 2 de ces diviseurs (sauf 2+6 mais le produit ne fait plus 6). On en conclus que les racines
de ce polynôme ne sont pas entières, et la méthode alternative s'arrête là. Les racines sont soit réelles, soit complexes, et il
faudra utiliser la méthode complète (avec le discriminant Delta) pour en déterminer les valeurs.
Dans un polynôme unitaire à racines entières les racines peuvent être toutes de même signe ou de signes différents. En
observant le signe des coefficients du polynôme nous pouvons en déduires des informations importantes qui nous permettent
d'accélérer encore plus la recherche des racines. Voici ces informations :
si les coefficients du polynôme sont tous positifs, alors les racines entières du
polynôme sont toutes négatives
si le signe des coefficients n'est pas régulier, alors il y a à la fois des racines
positives et des racines négatives
Appliquons ces remarques pour trouver les valeurs exactes des racines entières de polynômes de degré 3 et 4, à travers les 10
exemples suivants :
Exemple 1 :
comme les coefficients sont tous positifs, on en déduit que les racines sont toutes négatives
Exemple 2 :
comme le signe des coefficients est alternatif (positif négatif positif négatif), on en déduit que les racines sont toutes
positives
Dans les deux exemples précédents, la recherche des racines des polynômes de degré 3 se résume en une simple décomposition
en facteurs premiers de la constante k du polynôme.
Exemple 3 :
cette fois le signe des coefficients n'est pas régulier : on en déduit qu'il y a à la fois des racines positives et des racines
négatives
- 11 = 3 + 47 - 61
Exemple 4 :
- 17 = 47 - 61 - 3
Exemple 5 :
les signes des coefficients sont alternatifs, donc toutes les racines sont positives
mais cette fois le produit des racines est un nombre premier : le produit des 3 racines vaut 13
Exemple 6 :
les signes des coefficients sont alternatifs, donc toutes les racines sont positives
384 = 3 x 2^7
avec la décomposition en facteurs premier 3 x 2^7 il est possible de composer 16 nombres différents, qui sont 1 2 3 4 6 8
12 16 24 32 48 64 96 128 192 et 384
les racines entières font partie de ces 16 nombres (qui sont les diviseurs de 384)
la somme des racines est 20, et comme toutes les racines sont positives, on peut déjà éliminer les nombres supérieurs à 20
dans la liste des 16 diviseurs de 384
Exemple 7 :
les signes des coefficients sont alternatifs, donc toutes les racines sont positives
avec la décomposition en facteurs premier 3^2 x 2^13 il est possible de composer (2+1).(13+1)=42 nombres différents,
qui sont les diviseurs de 73728
comme la somme des racines est 153, et comme toutes les racines sont positives, on peut déjà éliminer les nombres
supérieurs à 153 dans la liste des 42 diviseurs de 73728
après avoir testé tous les diviseurs de 73728 inférieurs à 153, on constate que les racines sont 1 24 32 et 96
Dans ce dernier cas, la méthode alternative ne nous donne pas directement les racines, mais une liste de "racines candidates"
qu'il nous faut tester une à une. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une méthode directe, et que certains d'entre vous ont envis d'appeler
ça du "système D" (et ça commence à en être), il faut tout de même remarquer ce qui est remarquable : cette méthode
alternative nous a donné au final les valeurs exactes des solutions d'une équation algébrique de quatrième degré !
Au suivant !
Exemple 8 :
comme zéro est une racine, on ne peut pas diviser par x pour diminuer le degré de l'équation, mais en revenche on peut
factoriser par (x - 0) ce qui nous donne :
Les deux autres racines (en plus de x=0) sont donc les racines du polynôme de degré 2 suivant :
On continue ? Allons-y !
Exemple 9 :
cette fois les 2 coefficients des monômes de plus faible degré sont nuls
21 = 3 x 7
Exemple 10 :
- 12 = - (1 x 2 x 2 x 3)
la sommes des racines vaut 4, que l'on compose à partir des diviseur de - 12 de la manière suivante :
4=3+1+2-2
Le polynôme de cet exemple 10 est en fait obtenu par le dévelopement de (x-3)(x-1)(x-2)(x+2), d'où les racines qui sont
3 1 2 et - 2
!! ATTENTION !!
L'analyse du polynôme suivant selon la même méthode donnerait le même résultat que l'exemple 10 :
Or les racines de ce polynômes ne sont pas 1, 2, 3 et -2. En effet ce polynôme n'est pas égal à (x-3)(x-1)(x-2)(x+2).
En réalité les racines de ce dernier polynôme ne sont pas entières, mais rien ne l'indique à première vue !
On ne le répètera jamais assez : la méthode alternative exposée sur cette page permet d'obtenir des "racines
candidates" qui peuvent être les véritables racines du polynôme dans le cas d'un polynôme à racines entières, mais
il faut dans tous les cas tester une à une les racines entières obtenues afin de vérifier si elle sont solution du
polynôme.
A retenir :
L'objectif de cette page est de démontrer qu'il est possible de trouver les racines de polynôme de degré important là même où la
plupart d'entre nous aurait envit de dire que c'est impossible. Un dernier exemple pour le prouver : quels sont les racines du
polynôme de 9ème degré suivant :
Comme le signe des coefficients est alterné, on en déduit que les 9 racines sont toutes positives.
Le problème revient à rechercher 9 nombres entiers positifs dont la somme est 45 et dont le produit est 362880.
cette fois 2 coefficients sont nuls (en x^3 et en x) mais ce ne sont pas les coefficients des 2 monômes de degré le plus
faible
pour résoudre ce type d'équation algébrique (appellée équation bicarrée) on effectue le changement de variable suivant :
225 = 25 x 9
Pour retrouver les 4 racines du polynôme en x de départ, on effectue le changement de variable inverse, sans oublier les valeurs
négatives :
la résolution d'une équation bicarrée par changement de variable comme ici fait partie de ce qui a été appelé "les
méthodes par transformation" dans l'introduction de cet article en haut de cette page
Courriel : jc.michel@gecif.net