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APPORT DE L’AFRIQUE
À LA
CIVILISATION UNIVERSELLE
Hominoïdes et hominidés
entré déjà formé, sous les traits d'un Homo sapiens, au paléolithique
supérieur, par le détroit de Behring, comme nous le verrons ci-après.
Seuls les catarhiniens sont impliqués dans le processus de
l'hominisation.
Les trois hominidés cités ci-dessus furent suivis par l’Homo erectus
(anciennement appelé pithécanthrope), 1800 à 100 000 ans. L'Homo
4
Composition de l'équipe : J.W.K. HARRIS, Université de Pittsburg en Pennsylvanie
(États-Unis), J.A.J. COWLETT, Université d'0xford (Angleterre) et D. WALTON,
Université Mac Master Hamilton, Ontario (Canada), B.A. Wood, Middelsex Hospital
School, Londres (Angleterre).
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 49
L'opinion est quasi unanime pour dire que le Néandertal est d'origine
européenne. C'est très possible, mais cette idée est susceptible d'une
vérification scientifique. Si elle est exacte, les fossiles néandertaliens
européens les plus anciens seront nécessairement plus anciens que
tous les fossiles néandertaliens du reste du monde. C'est là le seul
critère vraiment scientifique qui permettra de déterminer l'origine
50 APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE
5
Yves COPPENS, F. Clark HOWELL, Glynn LI, ISAAC and Richard E.F.
LEAKEY, « Earliest Man and Environment in the Lake Rudolf Basin », in Prehistoric
Archaeology and Ecology Series, Kari W. Butzer and Leslie G. Freeman. Éd., pp. 19-
20.
6
D'après la biologie moléculaire, le rameau négroïde s'est autonomisé il y a 120 000
ans, tandis que caucasoïdes et mongoloïdes se seraient séparés il y a 55 000 ans (cf.
RUFFIÉ J., De la biologie d la culture, Paris, Flammarion, p. 398). C'est l'opposé des
affirmations de certains anthropologues préoccupés d'idéologie, qui font remonter
l'origine des négroïdes au Néolithique, car, pour eux, l'ancêtre de l'humanité doit en
être plutôt le benjamin !
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 51
En fait, la physiologie même de l'homme montre qu'il est né, non sous
un climat tempéré, mais sous un climat chaud et humide de la région
tropicale. L'humanité qui est née en Afrique était nécessairement
pigmentée à cause de l'importance du flux des radiations ultraviolettes
au niveau de la ceinture de l'équateur terrestre. Cet homme, en
émigrant dans les régions tempérées, perd progressivement sa
pigmentation par sélection et adaptation. C'est sous cet angle qu'il
convient d'envisager l'apparition du Cro-Magnon, en Europe, au
Solutréen, après 20 000 ans d'adaptation et de transformation du
négroïde grimaldien dans les conditions de la dernière glaciation
würmienne.
Vers 8 000 ans avant J.-C. la céramique apparaît au Sahara, une des
plus anciennes du monde, contemporaine de celle de Jéricho. Les
dernières découvertes tendent à montrer que les premières tentatives
de domestication des plantes en Afrique remontent au paléolithique
supérieur, entre 17 000 et 18 500 ans, à une époque où l'Europe était
encore freinée par les glaces. Une équipe américaine a fouillé en 1982
à Wadi Kubbaniya, dans le désert ouest de l'Égypte 7 . Voici les
conclusions : les dernières découvertes faites dans ce domaine en
Afrique interdisent désormais de supposer que le Proche-Orient soit le
centre de diffusion des techniques agraires.
7
« We have found that, between 17000 and 18500 years ago — while ice still covered
much of Europe — African peoples were already raising crops of wheat, barley,
lentils, chick-peas, capers, and dates. They were doing it in the flood plains of the
Nile, much as people would continue to do for another 13000 years until the classical
Egyptian civilisation arose, and on into modern times. Moreover this is an indication
that the rise of this diversified agriculture did not lead directly to the beginning of
village life. » Fred WENDORF, Romuald SCHILD and Angela E. CLOSE, in
Science, November 1982, reprinted by Ivan Van SERTIMA, in Blacks in science,
April and November 1983, USA.
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Mathématiques
Géométrie
8
V. V. STRUVE, Mathematischer papyrus des staatlichen Museums der Schönen
Künste m Moskau (Quellen und Studien zur Geschichte der Mathematik ; Abteilung
A. Quellen, Band I) Berlin, 1930. La remarque de CLÉMENT D'ALEXANDRIE,
dans Stromata, donne une idée de l'importance de cet emprunt de la Grèce à l'Égypte
pharaonique : « Un livre de mille pages ne suffirait pas pour citer les noms de mes
compatriotes qui ont usé et abusé des connaissances égyptiennes. »
En effet, le « miracle grec », pour être probant, aurait dû être antérieur aux contacts
54 APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE
avec l’Égypte. Mais il n'en est rien. La Grèce ne s'ouvrira difficilement à la science et
à la philosophie qu'une fois initiée par l'Égypte. II n'existe pas de science et de
philosophie grecques antérieures au contact avec l'Égypte, au VIe siècle avant Jésus-
Christ, date des premiers voyages de THALÈS et des pré-socratiques en général.
9
V = πR2h. Cf. The Rhind Mathematical Papyrus, édité par T.E. PEET, problème n°
41.
10
N. de G. DAVIES, Rekh-Mi-Re, p. 1, L IV.
11
N. de G. DAVIES, The Tomb of two Sculptors at Thebes, p. 28.
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 55
12
ARCHIMÈDE dédie son traité De la méthode à son ami ERATOSTHÈNE, et il lui
dévoile sa méthode mécanique (de pesée de figures géométriques) comme la source
cachée de ses principales « découvertes ». Paul Ver EECKE, Les œuvres complètes
d'Archimède, Albert Blanchard, Paris, 1960. Introduction, p. XLIV-XLV.
13
P. Ver EECKE, op. cit., p. XIV-XV ; STRABON, Géographie, trad. par Amédée
Tardieu, vol. III, liv. XVII, p. 433 ; DIODORE DE SICILE, Histoire, vol. II, livre V,
chap. XXXVII, p. 39.
14
« Die Aufgabe Nr. 10 hat uns aber zusammen mit der Formel für die
Kugeloberfläche auch die Formel für den Kreisumfang gebracht », STRUVE, op. cit.,
p. 177-178.
56 APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE
dans le cas présent aurait été établie par les Égyptiens 1400 ans avant
son présumé inventeur grec. II rappelle, en citant les travaux de L.
CRON, qu'en mécanique aussi les Égyptiens avaient plus de
connaissances qu'on ne veut le croire. Leurs plans sont aussi exacts
que ceux des ingénieurs modernes 15 .
II est donc normal, conclut-il, que les Grecs aient explicitement avoué
que les Égyptiens étaient leurs maîtres en géométrie, et que celle-ci est
venue d'Égypte en Grèce, et non de la Babylonie. À ce dernier point
de vue, STRUVE insiste sur l'exactitude de la géométrie égyptienne. En
effet, une géométrie empirique utilisant des recettes comme la
géométrie babylonienne, par exemple, ne saurait aboutir à des
formules exactes comme celles de la géométrie égyptienne. Cela nous
amène au deuxième problème n° 14 du Papyrus de Moscou, qui traite
du volume d'un tronc de pyramide. Le scribe donne la formule
suivante :
h 2 2
V= ( a + ab + b )
3
avec :
a = côté du carré de base,
b = côté du carré au sommet,
h = hauteur séparant les plans des deux carrés.
15
« Die ägyptischen Werkzeichnungen erweisen sich ebenso genau wie die der
modernen Ingenieure. »
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 57
16
P. Ver EECKE, op. cit., p. XXXI. C'est pour cette raison qu'un prêtre égyptien avait
dit à DIODORE DE SICILE que les Grecs s'approprient toutes les sciences apprises
en Égypte une fois rentrés chez eux.
17
PYTHAGORE et PLATON, qui se sont initiés en Égypte, ont adopté cette
symbolique des nombres.
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Quadrature du cercle
Le problème n° 48 du Papyrus mathématique RHIND (PMR) est le
premier énoncé dans l'histoire des mathématiques du problème de la
quadrature du cercle. La surface d'un carré de côté 9 y est comparée
18
Richard J. GILLINGS, Mathematics in the Time of the Pharaohs, the MIT Press,
Cambridge Massachusetts and London, England, chapitre 20, p. 208.
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 59
Trigonométrie
Les Égyptiens sont les premiers inventeurs de la trigonométrie. Les
problèmes 56 et 60 du PMR portent tous sur le calcul des lignes
trigonométriques : sinus, cosinus, tangente, cotangente. Chaque fois,
deux lignes trigonométriques sont données et il s'agit de déterminer la
troisième. Dans le n° 56, il s'agit de calculer la pente d'une pyramide,
par conséquent une tangente. Le scribe assimile la hauteur de la
pyramide avec l'axe des sinus, et le cosinus avec la moitié de la
parallèle au côté du carré de base passant par le centre du carré.
Pour le scribe, ce résultat a la valeur d'un angle parce qu'il lui permet
d'affirmer qu'un déplacement de 5 palmes suivant l'axe des cosinus
correspond à une montée d'une coudée suivant l'axe des sinus. Bien
plus tard, le cercle trigonométrique de rayon unitaire sera inventé par
la mathématique moderne.
A+B
Le n° 52, de la surface du trapèze : S = h
2
Séries mathématiques
19
BORCHARDT L. : Ägyptischer Zeitung 35, pp. 150-152.
20
T.E. PEET, The Rhind Mathematical Papyrus, p. 78.
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 61
A = a + (n - 1) d
avec :
A = le dernier terme
a = le premier terme
d = la différence commune : 1/8
Le Papyrus RHIND montre que les Égyptiens étaient les inventeurs des
progressions arithmétiques et géométriques. Or les « supposées »
découvertes les plus fameuses de PYTHAGORE portent sur des
opérations sur les séries géométriques et arithmétiques — toutes
opérations, de sommation en particulier, que les Égyptiens savaient
effectuer couramment, par exemple :
1 2 3 4
Forme de l'âme : tétrade, tetraotys, nombres carrés.
3 5 7
Gnomons : série de nombres impairs.
Algèbre
21
Ferdinand HOEFER, Histoire des mathématiques, Librairie Hachette, Paris, 1985
(4e éd.), pp. 99, 129-130.
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 63
2X 1 2X
X+ − (X + ) = 10
3 3 3
c) Les nos 30 à 34 22 . Les 2/3 plus le 1/10 d'un nombre = 10. Quel est
ce nombre ? On aboutit à l'équation du premier degré :
2 1
( + ) X = 10
3 10
22
R.J. GILLINGS, op. cit., T.E. PEET, problèmes n° 24 à 34 (op. cit.)
64 APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE
X2 + Y2 = 100
I { 4X - 3Y = 0
X2 + Y2 = 400
II { 4X - 3Y = 0
Arithmétique
23
R.J. GILLINGS, op. cit., p. 181.
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 65
l'Antiquité 24 .
On rencontre cette table de 2000 av. J.-C. à 600 après J.-C. GILLINGS
constate que les mathématiciens grecs, romains, arabes, byzantins
n'ont jamais été capables de découvrir une technique plus efficace
pour traiter la banale fraction P/q. Les Grecs ont conservé dans leur
arithmétique la vieille notation égyptienne des fractions de 2200 av.
J.-C. En effet, sur un papyrus grec, on trouve :
1 1 1 1 1
d’un talent d’argent = 352 + − + + drachmas.
17 2 17 34 52
24
Maurice CAVEING, Formation du type mathématique de l'idéalité dans la pensée
grecque, CNRS, Paris.
25
R.J. GILLINGS, op. cit., p. 52.
66 APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE
Calendrier égyptien
La période qui va de 9000 av. J.-C. à 3000 av. J.-C. est riche
d'inventions en Afrique. C'est celle de la domestication indigène des
plantes, des animaux et, comme ce que nous avons évoqué ci-dessus,
sans que ces techniques vinssent d'ailleurs. C'est celle de l'invention
de la métallurgie. Les Égyptiens de l'ancien Empire connaissaient,
sans aucun doute, la métallurgie du fer 26 . De même les dernières
découvertes archéologiques au Burundi, faites par des Belges,
confirment nos idées sur la remise en question du premier âge du fer
en Afrique 27 . D'autre part, on sait maintenant que, en 4236 av. J.-C.,
les Égyptiens avaient déjà inventé un calendrier fondé sur le lever
héliaque de Sothis, ou Sirius (étoile la plus brillante du ciel), et dont la
périodicité est de 1 460 ans.
26
Cheikh Anta DIOP, « La métallurgie du fer sous l'ancien Empire », in Bulletin de
l’IFAN, tome XXXV, série B, n° 3, Dakar, 1973.
27
Cheikh Anta DIOP, « Vers une remise en question de l'âge du fer en Afrique », in
Notes africaines IFAN, n° 152, octobre 1976.
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 67
« These two calendars (of 365 and 365 1/4 days) existing side by side
from, it is thought, the time of the first pharaoh of upper and lower
Egypt, was the most scientific organization of calendar which has yet
been used by man. » 29
28
« This calendar », writes NEUGEBAUER, « is indeed the only intelligent calendar
which ever existed in human history ». 0. NEUGEBAUER, The Exact Sciences in
Antiquity, Harper New York, 1962, p. 81, cité par GILLINGS, op. cit., p. 235.
29
J.W.S. SEWELL, « The calendars and chronology », in The Legacy of Egypt,
S.R.K. Glanville editor, Oxford University Press, London, 1963, p. 7, cité par
GILLINGS, p. 236.
68 APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE
30
Cheikh Anta DIOP, Civilisation ou Barbarie, Présence africaine, Paris, 1981, p.
356.
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 69
Nous venons de voir que les deux calendriers égyptiens étaient déjà en
usage sous la Ire dynastie, 3300 av. J.-C. Cela n'empêchera pas
DIOGENE LAËRCE, biographe de THALÈS (VIe siècle av. J.-C.), d'écrire
qu'il fut le premier à diviser l'année en 365 jours. On se rappelle la
remarque du prêtre égyptien faite à DIODORE DE SICILE et citée ci-
dessus.
31
Op. cit., p. 77.
32
Op. cit., p. 92-99.
33
Ivan van SERTIMA, p. 92. Oudjat = œil d'Horus.
70 APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE
Médecine
34
Cf. Cheikh Anta DIOP, Civitisation ou Barbarie, op. cit., chapitre 17.
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 71
35
Charles FINCH, « The African background of medical science » in Blacks in
Science, op. cit., p. 152.
72 APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE
Que l'on se rappelle que c'est bien ce pays qui, grâce à la science, a
fait passer l'humanité de la préhistoire à la véritable conquête de la
civilisation. La première organisation étatique du monde est née dans
cette vallée du Nil, en Nubie, au Soudan — plus précisément à
Qostul 36 d'abord, puis en Égypte avec MÉNÈS en 3300 av. J.-C.
Par ailleurs, le Dialogue d'un désespéré avec son âme montre que les
Égyptiens ne se sont pas contentés de maîtriser la nature extérieure par
la science, mais qu'ils ont étudié aussi très profondément la nature
humaine.
36
Bruce WILLIAMS, Institut oriental de Chicago.
37
LENORMANT, Les Civilisations de l'Orient, vol. III, p. 100.
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 73
TEMPS MODERNES
L'apport arabe
Les Égyptiens anciens (1500 av. J.-C.) utilisaient déjà des gouvernails
du même genre, formés d'une seule rame. De tels gouvernails sont à
coup sûr les ancêtres du gouvernail axial dit d'étambot, fixé par une
charnière à l'arrière du bateau et qui permet la véritable maîtrise des
mouvements du navire (XIIIe siècle).
C'est au XIIIe siècle que cette assimilation devint active et que les
érudits du monde chrétien occidental commencèrent à faire des
apports originaux dans les différentes universités européennes :
Salerne, Oxford, Paris, Montpellier... Pour la période du XIIIe siècle,
l'Espagne sous ALPHONSE X le savant (1252-1284), et la Sicile sous
l'empereur FRÉDÉRIC II (1194-1250) — cette île avait été reconquise
sur le monde arabe par les Normands au XIe siècle — sont des foyers
actifs du développement intellectuel.
but d'améliorer celles établies à Tolède deux siècles plus tôt par
ARZACHEL. Ces travaux s'appuyèrent profondément sur la
trigonométrie d'AL-KHAWARIZIMI 38 . Les tables, ainsi que les
almanachs arabes, constituent des instruments théoriques de
navigation en haute mer.
38
AL-KHAVRARIZIMI a donné le mot « algorithme » : calcul.
80 APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE
39
De Mérimide : dynastie marocaine.
APPORT DE L’AFRIQUE À LA CIVILISATION UNIVERSELLE 81
Bibliographie