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Colette Canet
DT/25-97F
DT/25-97F - 1997
Copertina interna F 97.qxd 12-09-1998 16:23 Page 1 (1,1)
Rédacteur en chef
Revue et Collection «Aliments dans les villes»
Service de la commercialisation et des financements ruraux (AGSM)
FAO
Viale delle Terme di Caracalla
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Introduction 1
Présentation de l’auteur 1
3. L’assistance au secteur 8
Bibliographie 12
Présentation de l’auteur
Tableau 1
Bénin (Cotonou) 90
Congo (Brazzaville) 55
Côte d’Ivoire (Abidjan) 81
Ghana (Accra) 94
Kenya 75
Lesotho 85
Mali (Bamako) 80
Mauritanie (Nouakchott) 75
Nigeria(Ibadan) 86
(Kaduna) 79
(Lagos) 81
Ouganda (Kampala) 72
Sénégal (Dakar) 77
Togo 87
Zaïre (Kinshasa) 82
Zambie 70
Source: Documents et rapports de projets sur le secteur informel de l’alimentation , 1989-1996. FAO.
1
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ne et aux revenus faibles de nombreux résidents intérieure par exemple). La demande croissante de
urbains. mets et d’aliments préparés et vendus sur la voie
publique s’explique aussi par les phénomènes de
Ce secteur offre aux populations des villes des aliments migration qui entraînent l’augmentation du nombre de
prêts à être consommés, au goût populaire et à des personnes vivant seules, souvent en situation difficile et
coûts acceptables. En effet, de par l’absence de avec de bas revenus. Consommer ses repas dans les
moyens de transport adéquats et de temps, de nom- rues, le matin ou à mid,i devient un lieu commun en
breux travailleurs, employés, étudiants, écoliers, etc., Afrique. Les hommes célibataires de moins de trente
ne peuvent rentrer chez eux pour les repas. Par ans sont les consommateurs les plus nombreux et assi-
manque de système efficace de restauration collective, dus, y compris les écoliers et les étudiants (voir tableau
comme les cantines sur les lieux de travail, ils achètent 3). Le montant consacré à l’achat d’aliments de rue
dans la rue de quoi se nourrir à peu de frais par rapport varie suivant les pays et les catégories socio-profes-
à ce que leur coûterait un repas au restaurant ou même sionnelles des consommateurs. En effet, 20 pour cent
à la maison. Les conditions d’hébergement précaire du budget alimentaire à Dakar et en Côte d’Ivoire est
dans certaines zones urbaines, en particulier celles des consacré à la restauration hors domicile et seulement 5
familles les plus défavorisées, ne permettent pas tou- pour cent à Bamako.
jours la préparation des repas à la maison et les condui-
sent à dépendre de l’alimentation de rue. Certaines 1.3
opérations de préparation d’aliments traditionnels ne L’organisation spatiale
sont plus compatibles avec le travail des femmes à l’ex-
térieur ou avec les conditions d’habitat (pas de possibi- Spatialement, le secteur de l’alimentation de rue
lité de pilage dans les appartements ou pas de cour s’épanouit avec souplesse dans les zones de forte
Tableau 2
Source: Documents et rapports de projets sur le secteur informel de l’alimentation, 1989-1996. FAO.
* Salaire minimum garanti par le pays.
1
50% des vendeurs de nuit ont un revenu supérieur à celui d’un enseignant de l’école secondaire.
3
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activité économique et de forte concentration démo- crée le réel coeur de la ville de jour comme de nuit,
graphique: quartiers d’affaires, zones portuaires, se cache l’instabilité et la précarité due à la non
zones industrielles et artisanales, centres administra- reconnaissance juridique du secteur et de ses
tifs, marchés, gares, etc. Il est également perceptible acteurs.
le soir dans les zones d’habitat, en relation avec les
activités de détente. La structure du tissu urbain des 1.4
pays africains, conçue sur des trames d’urbanisme Les aspects institutionnels
occidentales se révèlent inadaptées à l’accueil du
secteur de rue qui prolifère dans tous les interstices Malgré l’énorme activité économique engendrée par
et les espaces de respiration de la ville. Le centre la vente d’aliments sur la voie publique et malgré son
colonial est structuré en réseaux assainis, découpant rôle pour répondre aux besoins alimentaires, socio-
nettement les espaces selon des concepts importés: économiques et culturels de la communauté, ce sec-
espace public/privé, caché/montré, propre/sale, com- teur n’est pas reconnu comme tel dans de nombreux
mandement/exécution, marginalisation des quartiers pays et continue à être traité comme un «commerce
indigènes. L’espace collectif semi-public n’existe pas parallèle». Certains espèrent même le voir dispa-
et le secteur informel a colonisé les espaces publics. raître avec le développement du pays; or, l’expérien-
Les trottoirs en terre battue encrassée ou en dalles ce tant en Asie qu’en Amérique latine, montre que ce
défoncées sont envahis de stands vétustes, couverts n’est pas le cas.
de vieilles tôles ou de toiles plastiques qui risquent de
s’enflammer, sans mobilier, ou précaire et sans pro- Dans les pays africains, plusieurs structures inter-
tection. Ils sont le symbole de la vie animée de la rue viennent dans la gestion du secteur de l’alimentation
en Afrique, mais au-delà de cet espace coloré qui de rue: services d’hygiène au niveau des
Tableau 3
Côte d’Ivoire 74 66 35 52 -
(Abidjan)
Ghana (Accra) 65 71 75 36 44
Mali (Bamako) - - 60 58 -
Maroc (Rabat-Salé) (majorité) (majorité) 60 - -
Nigeria
(Ibadan) 58 49 70 40 34
(Kaduna) 62 66 75 43 14
(Lagos) 70 31 56 46 26
Ouganda (Kampala) 76 58 77 - -
Zaíre (Kinshasa) 95 53 (âge moyen 38 ans) - -
Source: Documents et rapports de projets sur le secteur informel de l’alimentation , 1989-1996. FAO.
(-) pas d’information disponible.
N.B.: Ce tableau a été dressé à partir d’études plus ou moins ponctuelles effectuées de 1987 à 1995 avec des objectifs divers
et selon des méthodologies différentes. Ces chiffres sont donc indicatifs et ne peuvent que difficilement être comparés entre
eux.
2 2.1
Les aliments de rue Les types d’établissement
Trois catégories principales d’aliments de rue ont été Le «transformateur-vendeur» assure à la fois la produc-
identifiées en Afrique: les plats cuisinés, les casse-croûte tion (chez lui ou sur le lieu de vente) et la commercialisa-
et les boissons. La plupart de ces aliments sont préparés tion des aliments. Les exploitations impliquées sont géné-
à partir de produits locaux (céréales, tubercules, légumi- ralement de petite taille et gérées par des femmes. Le
neuses, fruits et légumes, produits carnés) au moyen de petit commerce des aliments, quant à lui, assure à la fois
technologies traditionnelles rarement améliorées. la distribution des aliments traditionnels et celle de pro-
Quelques aliments moins traditionnels ou importés sont duits industriels. Ce sont ici de simples revendeurs. Ils
parfois utilisés, comme les pâtes alimentaires, les exercent un commerce individuel qui constitue souvent
pommes de terre (frites), les sandwiches etc. un tremplin pour d’autres activités. Diverses catégories
sont observées: les opératrices qui s’approvisionnent en
Les plats cuisinés comprennent ceux du «petit-déjeuner» fruits, pains, gâteaux, biscuits, boissons; les jeunes filles
à base de pain (y compris parfois sandwich, brochettes et en début de carrière pour l’eau, les confiseries, beignets;
omelette), beurre (margarine) et café ou thé au lait, des les jeunes gens pour la revente de boissons industrielles
bouillies de céréales, de haricots ou de tubercules (aklui, dans des chariots réfrigérés.
koko, monie, tiakry, abobo, adowe, atassi, etc.) et ceux du
«déjeuner» ou «dîner» qui sont souvent les aliments tra- La restauration de rue fixe regroupe des restaurants tra-
ditionnels que l’on retrouve aux menus familiaux. Ces ditionnels dits «gargotes». Ce sont des établissements de
repas sont constitués d’un élément de base de nature glu- structure plus ou moins permanente, gérés de façon indi-
cidique (dérivé de céréales, de tubercules, etc.) et de la viduelle, et qui proposent des repas ou des plats cuisinés.
sauce (ou friture) à base de légumes, légumineuses, La préparation des aliments se fait souvent sur le lieu de
viande ou poisson. La nature de ces éléments varie selon vente. Parfois, ils sont préparés à domicile et transportés
la zone considérée dans la région et dépend des cultures sur le lieu de vente. Ces établissements emploient sou-
vivrières réalisées (tô, amiwo, monyo, fufu, gombo, attie- vent des aides familiaux et quelques employés salariés.
ke, riz gras, thiebu djienne, yassa). Mais avec le dévelop-
pement des échanges entre les pays, on assiste à la dif- La restauration ambulante se caractérise par une petite
fusion de certains plats dans toute la sous-région. Les production, une faible diversité des plats proposés, et l’in-
casse-croûtes pour leur part, peuvent être les mêmes existence de structures de vente. C’est surtout le domai-
produits que ceux proposés pour le «petit-déjeuner», ne des femmes. Les aliments sont préparés à domicile et
mais aussi des beignets, des arachides, nougats, pains, transportés sur le lieu de vente par les productrices.
biscuits et pâtisseries plus ou moins à l’occidentale, et des
produits laitiers (lait caillé). Les viandes et poissons grillés Dans l’ensemble de la sous-région, les «producteurs-ven-
sont aussi couramment proposés et consommés. Dans la deurs» sont les plus nombreux. Ils représentent environ
catégorie des boissons, l’eau (sachets plastiques, réfrigé- 70 pour cent des vendeurs d’aliments de rue.
rée ou non) est une des principales boissons vendues.
Dans l’ensemble, les boissons traditionnelles (tchakpalo, 2.2
dolo, jus de gingembre, de bissap, etc.) sont plus vendues Les aspects opérationnels
que les boissons industrielles.
Pour la réalisation de leurs activités de production et de
Les technologies de transformation utilisées dans le sec- vente, les établissements d’alimentation de rue entretien-
teur proviennent du patrimoine culturel et technique local. nent des rapports spécifiques avec différents secteurs.
Ce sont des technologies domestiques transmises à tra- Ces rapports sont directs ou indirects par le biais des
vers un procédé accompagné d’une communication ges- commerçants et permettent d’assurer les divers approvi-
tuelle et orale. sionnements (matières premières, matériels et équipe-
ments) ainsi que les prestations nécessaires au fonction-
Le secteur de l’alimentation de rue est varié. Il comprend nement de ces établissements (agents de transformation,
des établissements de «transformation et vente», des propriétaires publics ou privés des terrains où ils opèrent,
petits commerces alimentaires, une restauration de rue riverains autorisant l’activité, loueurs, municipalités préle-
fixe et une alimentation ambulante. vant les taxes, etc.). Tous les acteurs de l’alimentation de
rue fonctionnent avec des règles non écrites: le contrat
verbal constitue le moteur juridique du secteur informel.
On ne saurait se féliciter du dynamisme contractuel de ce
secteur si ces liens n’étaient d’abord dominés par l’igno-
rance et l’insécurité juridique, facteurs qui pénalisent l’in-
vestissement et le développement du commerce. Ces ment en fonction de la nature du produit traité ou fourni,
activités génèrent de nombreux jeux d’intérêts où appa- du travail effectué, du niveau de vie de la localité, etc. Les
raissent alors les intervenants habituels de l’informalité qui «aides» sur les postes de préparation et de vente sont,
sont pour l’essentiel les personnes susceptibles de tirer quant à eux, soit non rémunérés (aides familiaux), soit
partie ou profit de la situation de vulnérabilité des opéra- peu rémunérés (employés salariés).
teurs du secteur.
La journée de travail des opérateurs du secteur est
D’une façon générale, les opérateurs s’approvisionnent longue (en moyenne 10 heures). Les activités recouvrent
en matières premières agricoles sur les marchés, et chez l’approvisionnement en matières premières, la prépara-
des commerçants grossistes qui s’approvisionnent eux- tion, la vente, le nettoyage des ustensiles et autres maté-
mêmes directement en milieu rural. Certains s’approvi- riels et structures.
sionnent auprès des producteurs ou sur les marchés
ruraux proches des villes où ils ont souvent des relations La phase des achats se fait tôt le matin ou la veille.
familiales. Quelques opérateurs constituent des stocks pour certains
produits de longue conservation (riz, maïs, mil, etc.). Cette
Les produits animaux frais, tels que les poissons et les phase d’approvisionnement demande relativement peu
œufs sont acquis directement auprès de revendeurs sur de temps.
les marchés ou auprès de producteurs urbains (pêcheurs
maritimes ou lagunaires, éleveurs avicoles). Par contre, la phase de la préparation des aliments est
très longue. La plupart des opérations technologiques
Les produits finis ou semi-finis nécessaires (riz, pâtes ali- sont manuelles et grandes consommatrices de temps.
mentaires, boissons industrielles) sont achetés chez des Certains de ces produits sont donc stockés sous forme de
commerçants ou entreprises de production. produit semi-finis pour plusieurs cycles de production.
Ces différents achats se font généralement au comptant. La commercialisation requiert également du temps. La
Cependant, pour certains produits (maïs, sorgho, riz, fari- durée de vente dépend du type d’activité. Les vendeurs
ne, pain, huile, viande), les opérateurs disposent de four- de courte durée sont majoritaires: ils travaillent pour le
nisseurs permanents avec lesquels ils nouent des rela- petit déjeuner, le déjeuner ou le dîner, et une rotation des
tions sociales particulières et qui acceptent de leur faire vendeurs sur un même emplacement a été observée. Ce
crédit, à l’avantage marqué pour le commerçant cepen- type de vente permet de concilier plus facilement les acti-
dant. vités commerciales et les activités domestiques. Les ven-
deurs de longue durée sont installés surtout dans des
De nombreux matériels de production et vente sont issus structures fixes et disposent de nombreux aides pour les
de l’artisanat local (forgerons, potiers, fondeurs, menui- diverses opérations.
siers). Les matériels plastiques sont, par contre, achetés
chez les commerçants et sont issus du secteur industriel. D’une façon générale, les opérateurs préparent la quanti-
Ces achats sont effectués au comptant. té d’aliments pouvant être écoulée dans la journée. Dans
tous les cas, les invendus sont recyclés, voire consom-
Les opérateurs du secteur de l’alimentation de rue réali- més par la famille et les aides.
sent toutes leurs opérations de production et de vente.
Cependant, pour diverses raisons (pénibilité de l’opéra- Le nettoyage de la vaisselle et des lieux de vente est sou-
tion, caractère rural du travail, efficacité du travail mécani- vent effectué par des aides, même si les conditions sani-
sé), certaines tâches sont confiées à des prestataires de taires requises pour ce type d’opération ne sont pas sui-
service: les «pileuses» pour décortiquer le mil (Dakar, vies.
Bamako, Banjul) par exemple; les meuniers pour la mou-
ture des graines végétales, cossettes de tubercules,
tomates. A Cotonou, par exemple, 659 moulins ont été
recensés (un moulin pour 630 habitants environ). Plus de
300 opérateurs y font moudre environ 72 tonnes de pro-
duits, dont 90 pour cent de maïs. On peut aussi citer les
fournisseurs de feuilles végétales, essentiellement des
femmes rurales venant en ville pour l’emballage de pro-
duits divers, les fournisseurs d’emballage industriel qui se
recrutent parmi les couches les plus pauvres de la popu-
lation, et les vendeurs de bois et de charbon. Les travaux
de ces prestataires de service sont rémunérés diverse-
La troisième approche se concentrait sur l’étude de privés (écoles, universités, hôpitaux, gares, etc.) à
toutes les étapes de la filière (achat des matières construire et gérer leurs propres restaurants collec-
premières, transformation, cuisson, stockage, tifs, ce qui paraît irréaliste dans un futur, même à
conservation, transport, vente, etc.) d’un type d’ali- moyen terme. Dès lors, il faut trouver des espaces
ment. Elle a permis d’identifier plus aisément les urbains, collectifs, semi-publics, ouverts, etc. et y
bonnes pratiques de préparation à appliquer dans mettre en place des infrastructures pour l’alimenta-
le secteur de l’alimentation de rue, les innovations tion de rue. Quelle autorité sera responsable de ces
technologiques réplicables et les pratiques d’hygiè- espaces? Qui devra planifier cette organisation spa-
ne des aliments à mettre en œuvre. Cependant, là tiale? Ce sont là des questions préliminaires qu’il faut
encore, cette approche s’est avérée limitée dans la se poser pour agir.
mesure où les méthodes permettant l’amélioration
de la qualité dans la filière étaient peu appliquées Ne pouvant nier le phénomène de l’alimentation de
par des opérateurs difficiles à motiver et, en géné- rue, on doit évaluer ses besoins en termes de ser-
ral, mal comprises par les consommateurs. vices et d’infrastructures. Actuellement, les ingénieurs
ne prévoient, pour des installations de raccordement
La quatrième approche a donc incorporé, non seule- à l’eau et à l’assainissement, que des systèmes fon-
ment des enquêtes de type traditionnel pour mieux dés sur la propriété riveraine. Or, les besoins en eau
connaître les opérateurs du secteur, mais aussi des et assainissement paraissent ponctuels, collectifs et
méthodes de type participatif avec les opérateurs du mouvants dans l’alimentation de rue. Comment
secteur et des enquêtes auprès des consommateurs rendre compte techniquement, économiquement et
afin d’identifier les contraintes des préparateurs/ven- juridiquement de ces besoins? De même, on doit
deurs, d’une part, et de mieux comprendre l’attitude approfondir la réflexion sur les systèmes de ramassa-
du consommateur et ses attentes, de l’autre. ge des ordures, sur la gestion des effluents, et l’ap-
provisionnement en eau des villes africaines. Quels
Ces diverses approches ont aidé à faire évoluer les sont ces besoins? Qui doit payer leur installation et la
concepts sur le secteur de l’alimentation de rue. consommation? Comment financer ces travaux?
Parties de considérations purement scientifiques et
techniques sur les contaminants et la préparation des En second lieu, la capacité d’effectuer des choix dans
aliments, les études couvrent aujourd’hui des aspects la gestion de la ville repose sur la capacité à bien
culturels, juridiques, fonciers, réglementaires, socio- connaître les besoins sociaux et la réalité sociale de
économiques, urbanistiques, etc. La nécessité d’une tous les acteurs de l’alimentation de rue. Pour amé-
action multidisciplinaire dans l’approche du secteur et liorer la situation sociale et sanitaire des villes et du
son amélioration s’avère donc incontournable par secteur informel de l’alimentation en particulier, il n’y
l’expérience. a pas de solutions techniques et financières simples,
mais un éventail de mesures souples et d’interven-
4.1 tions multisectorielles. Il convient de trouver l’échelon
Repenser l’espace urbain de compétence qui puisse faire le triple lien entre
l’analyse du social, du politique et des solutions tech-
L’intégration à terme du secteur de l’alimentation de niques et juridiques. Sur le terrain et au niveau insti-
rue au tissu économique et urbanistique de villes afri- tutionnel, il faudra impliquer tous les partenaires pour
caines passe par une réévaluation des fonctions de améliorer l’alimentation de rue. Pour cela, il faudra
la ville, de son organisation spatiale et de sa gestion. les identifier et écouter leurs aspirations et obligations
respectives. Faire se concerter les multiples interve-
Le commerce de rue est devenu un composant de nants pour établir entre eux de nouvelles modalités
la ville africaine. Cela implique la mise en place de gestion et de fonctionnement de la ville en crois-
d’une réflexion pluridisciplinaire dans le domaine sance apparaît comme l’essentiel des interventions. Il
de l’urbanisme africain. D’une façon générale, les faudra aussi définir quelles institutions seront respon-
responsables sont en devoir d’évaluer les besoins sables et devront mettre en œuvre cette politique de
nécessaires pour absorber et accompagner ce nou- transformation de l’alimentation de rue.
veau service qu’est la restauration de rue.
4.2
Si, faute de cantines, les travailleurs urbains sont des Réévaluer les partenaires institutionnels
consommateurs de rue, il faut adapter la ville à ce
phénomène qui paraît inéluctable, à moins d’obliger L’expérience montre que le phénomène de décentra-
les entreprises ou autres établissements publics ou lisation des responsabilités administratives, dans la
Bibliographie