Vous êtes sur la page 1sur 7

Notions juridiques

Notions juridiques générales utiles à l'approche des risques professionnels

Principales catégories de textes législatifs et réglementaires

La loi
La loi, source essentielle du droit, se définit comme un texte voté par le parlement
(c'est-à-dire Assemblée Nationale) et portant sur les matières énumérées par l'article
de la Constitution.

Ensemble de règles obligatoires, la loi dont le contenu a une portée générale est
promulguée par le Président de la République et elle fixe les règles fondamentales du
droit, dont celles relatives à l'hygiène et à la sécurité du travail.

La loi se situe au sommet de la hiérarchie des règles de droit qui régissent la vie du
citoyen.

La loi résulte soit d'un projet de loi préparé, par le gouvernement ou d'une proposition
de loi déposée par les membres du parlement.

La loi adoptée par le parlement entre en vigueur dès qu'elle est promulguée par le
Président de la République et publiée au journal officiel. Sa publication porte ce texte
à la connaissance du public. La loi est obligatoire dès son entrée en vigueur.

Les textes réglementaires

Les décrets
Ensemble de décisions du pouvoir gouvernemental dont les effets sont semblables à
ceux des lois.

L'autorité réglementaire, c'est-à-dire le gouvernement, possède la compétence de


droit commun quant à l'élaboration des règles générales.

Certains décrets doivent être précédés de l'avis d'un organisme consultatif : Conseil
supérieur des risques professionnels, Conseil national de la prévention par exemple.

Les décrets sont publiés au journal officiel (JORT).

Exemples :

 Décrets du Président de la République délibérés en Conseil des Ministres,


 Décrets du Premier Ministre,
 Décrets ministériels ou interministériels signés par les ministres concernés.

Les arrêtés
L'arrêté est une décision d'une autorité administrative comportant généralement un
visa de texte et un dispositif par article.

Les arrêtés émanent des ministres, des commissaires de la République (Gouverneurs)


ou encore de maires. On peut citer Arrêtés interministériels et ministériels, arrêtés
préfectoraux, arrêtés municipaux.

1
Abada MHAMDI, Laboratoire de toxicologie, d’Ergonomie et d’Environnement Professionnel – faculté de Médecine de Tunis
Notions juridiques

Les ordonnances (Texte ayant force de loi défini par l'article de la Constitution).
Ce sont des règlements bien particuliers. Ce sont des textes édictés par le
gouvernement ou par l'autorité administrative, dans un domaine qui relève
normalement de l'autorité législative et qui ont un caractère limité dans le temps.

Le gouvernement devra demander au parlement, pour l'exécution de son programme,


l'autorisation de prendre des mesures relevant normalement de sa compétence.

L'ordonnance est une mesure exceptionnelle.

Les circulaires
Elles sont prises par le ministre pour interpréter les textes législatifs et réglementaires
ou préciser des procédures ou donner des instructions à ses services. Ce sont des
règlements bien particuliers. Même si elles sont publiées, elles sont d'ordre intérieur.
Elles ont pour but de guider l'administration dans l'application des lois et règlements.
Elles n'ont pas un caractère réglementaire. Il s'agit d'actes d'administration internes
comme les notes techniques, ou les lettres.

La jurisprudence
Ensemble de décisions rendues par les tribunaux. Elle constitue une source de droit,
parce qu'elle pose un certain nombre de règles sur des points non précisés par la loi.

Si on connaît la jurisprudence sur un point précis, on peut prévoir avec une forte
probabilité la décision qui pourrait être rendue sur un litige particulier.
Elle joue un rôle novateur en matière du droit du travail. Elle oriente la
réglementation et permet de trancher des litiges pour lesquels il n'existe aucune règle
précise.

Les sources professionnelles


Ces sources du droit sont en matière sociale une des sources les plus importantes et
originales parce qu'elles sont élaborées par les intéressés eux-mêmes.

Les conventions collectives


Les sources résultant d'un accord de volontés : conventions collectives ou accords
collectifs.

Les conventions collectives, accords conclus entre un employeur (ou un groupement


d'employeurs) et un syndicat de travailleurs pour fixer les conditions de travail et de
rémunération dans une branche ou dans une entreprise constituent une source
fondamentale du droit du travail et un facteur d'évolution des relations du travail. Les
applications des conventions collectives et accords se font selon les signataires et à
plusieurs niveaux

 Niveau national : accords interprofessionnels, conventions ou accords de


branches.
 Niveau régional ou local : conventions ou accords de branches pour une région
déterminée d'entreprises ou d'établissements conventions ou accords
d'entreprise ou d'établissement.
Les signataires des conventions sont d'une part les employeurs ou organisations
d'employeurs, sans exclusivité syndicale, d'autre part les syndicats de salariés
représentatifs au niveau où se conclut la convention.

2
Abada MHAMDI, Laboratoire de toxicologie, d’Ergonomie et d’Environnement Professionnel – faculté de Médecine de Tunis
Notions juridiques

Le règlement intérieur * champ d'application :


Le règlement intérieur est obligatoire dans les entreprises ou établissements
industriels, commerciaux ou agricoles où sont employés habituellement 20 salariés et
son champ d'application s'étend à tous les organismes de droit privé, quels que soient
leur forme et leur objet, associations, syndicat, professionnels, organismes de sécurité
sociale (sauf les établissements publics administratifs) mais aussi les comités
d'entreprises et les entreprises nationalisées.

Modalités d'élaboration

C'est l'employeur qui établit le règlement intérieur mais il doit recueillir l'avis du
comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail pour les matières qui
relèvent de sa compétence et du comité d'entreprise ou à défaut, des délégués du
personnel. Si ces consultations préalables ne lient pas l'employeur, il ne peut s'en
dispenser sous peine de nullité du règlement.

* Contenu limité du règlement intérieur Le règlement intérieur comporte :

 des mesures relatives à l'application de la réglementation en matière d'hygiène


et sécurité du travail dans l'entreprise ou l'établissement.
 des règles générales et permanentes relatives à la discipline et notamment la
nature et l'échelle des sanctions que peut prendre l'employeur.
 l'énonciation des droits de la défense en cas de sanctions disciplinaires.
Le règlement intérieur ne soustrait pas l'employeur de sa responsabilité, mais la
prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles implique que les
salariés prennent conscience des risques et respectent les règles. Ainsi sont élaborées
des consignes de sécurité que les salariés doivent respecter et en application
desquelles le règlement intérieur peut prévoir des sanctions disciplinaires. Les
amendes et autres sanctions pécuniaires sont interdites.

Enfin le règlement intérieur doit être conforme aux dispositions légales, aux
règlements et conventions collectives applicables et respecter les droits des
personnes, les libertés individuelles et collectives.

Contrôle du règlement intérieur

L'inspection du travail (inspecteur ou contrôleur du travail) a en charge la vérification


d'une part de l'existence du règlement intérieur, le respect de sa procédure
d'élaboration et la présence des clauses obligatoires dans ce règlement, d'autre part
elle doit vérifier que les règles contenues dans ce règlement y ont bien leur place et
soient conformes aux dispositions légales et réglementaires et aux dispositions
conventionnelles applicables dans l'entreprise.

3
Abada MHAMDI, Laboratoire de toxicologie, d’Ergonomie et d’Environnement Professionnel – faculté de Médecine de Tunis
Notions juridiques

Accidents du travail et maladies professionnelles

L’accident du travail

Définition contenue dans le code de la sécurité sociale


"Est considéré comme accident du travail, quelle qu'en soit la cause, l'accident
survenu par le fait ou à l'occasion du travail, à toute personne salariée ou travaillant à
quel que titre ou en quel que lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs ou
chef d'entreprise"

Il doit être caractérisé par l'action violente et soudaine d'une cause extérieure
provocant au cours du travail une lésion de l'organisme humain (ou la mort).

L'employeur a l'obligation de déclarer l'accident du travail (ou du trajet) par contre, il


peut émettre des réserves sur le caractère professionnel de l'accident.

Les DIFFERENTS TYPES d'ACCIDENTS du TRAVAIL

Les accidents matériels ou incidents


Il n'y a pas de dommage corporel pour l'opérateur mais seulement des dégâts
matériels, par exemple, chute ' d'une charge lors d'un transfert avec un pont roulant ;
rupture d'une flèche de grue.

L'accident matériel peut être à l'origine d'un accident du travail ultérieur.

Les accidents sans arrêt de travail


Ils se caractérisent par de légers dommages corporels (par exemple : plaies,
brûlures... ) nécessitant des soins mais pas d'arrêt. Les soins sont prodigués sur le
chantier, dans l'atelier par des secouristes, à l'infirmerie quand elle existe... Dans le
cas de complication, et pour protéger les droits ultérieurs des salariés, il est impératif
d'établir une déclaration de l'accident du travail (D.A.T.) ou de l'inscrire sur un
registre spécifique.

Les accidents avec arrêt de travail


Les accidents avec un arrêt de, travail ou une incapacité temporaire (I.T.) supérieur
ou égal 24 heures (en plus du jour au cours duquel est survenu l'accident), doivent
être déclarés dans les 48 heures à la CNSS ou CNRPS.

Deux cas peuvent être envisagés

- absence de séquelle :
Le salarié reprend son travail après guérison, par exemple, après une entorse de la
cheville.

- présence de séquelle : : Il y a pour le salarié une perte d'une partie de la capacité


de travail. L'A.T. a provoqué une incapacité permanente, par exemple, l'amputation
des phalanges ou d'un doigt lors d'un travail sur une machine à bois.

Après guérison de la blessure et consolidation (la consolidation, c'est l'état stabilisé de


la lésion induisant ni amélioration, ni dégradation de l'état de la lésion), la reprise du
4
Abada MHAMDI, Laboratoire de toxicologie, d’Ergonomie et d’Environnement Professionnel – faculté de Médecine de Tunis
Notions juridiques

salarié pourra s'effectuer au même poste ou sur un poste de travail aménagé. Dans
le cas de séquelles importantes, la reprise du travail peut ne pas être envisagée.

Les accidents graves


Les accidents avec arrêt sont qualifiés de graves, en terme de réparation, lorsqu'il y a
attribution de rentes.
On distingue :
 l'incapacité permanente partielle (I.P.P.),
 l’incapacité permanente totale (I.P.T.) qui est l'incapacité physique totale au
travail,
 le décès.
La diminution définitive de la capacité de travail est évaluée en pourcentage par la
sécurité sociale et entraîne l'attribution :
 d'une indemnité en capital si l'incapacité permanente est inférieure à 10%,
 d'une rente pour les incapacités permanentes supérieures ou égales à 10%

L'ACCIDENT de TRAJET

DEFINITION
Est également considéré comme accident de travail, l'accident survenu à un travailleur
pendant le trajet aller/retour.

Le trajet se situe :

 entre le lieu de travail et le lieu où le travailleur prend généralement ses


repas (cantine, restaurant ... ).

 entre sa résidence principale ou secondaire présentant un caractère de stabilité,


ou tout autre lieu où le travailleur se rend de façon habituelle pour des motifs
d'ordre familial et le lieu de travail, et dans la mesure où le parcours n'a pas été
interrompu ou détourné pour un motif dicté par l'intérêt personnel et étranger
aux nécessités de la vie courante ou indépendante de l'emploi.

Les Maladies Professionnelles

DEFINITION
Une maladie est dite professionnelle si elle résulte de l'exposition habituelle plus ou
moins prolongée d'un salarié à un risque professionnel d'origine :
 physique : bruit, vibration...
 chimique : amiante, benzène...
 biologique : hépatite virale...
ou résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité professionnelle.
Par exemple, pour un menuisier, il peut y avoir exposition et absorption quotidienne
de petites doses de poussières de bois.

5
Abada MHAMDI, Laboratoire de toxicologie, d’Ergonomie et d’Environnement Professionnel – faculté de Médecine de Tunis
Notions juridiques

ASPECTS MEDICO-LEGAL des MALADIES PROFESSIONNELLES


Il est souvent impossible de fixer le point de départ de la maladie et surtout le début
de l'exposition au risque d'une part, et d'autre part, comment retrouver le produit
incriminé parmi les multiples produits manipulés.

Vu la difficulté, voire l'impossibilité de se baser sur la notion de preuve ou sur les


seules constatations médicales, le législateur a défini des conditions médicales,
techniques et administratives obligatoires.
Les tableaux : chaque maladie professionnelle fait l'objet d'un tableau.
Le nombre des tableaux aujourd'hui se limite à une centaine. Ils peuvent être
révisés.
La présomption d'origine toute affectation qui répond aux conditions médicales,
techniques, administratives des tableaux est systématiquement présumée d'origine
professionnelle (il n'y a pas besoin de preuves).

La déclaration de la maladie professionnelle est à effectuer par le salarié. Cette


obligation de déclarer la maladie professionnelle à la CNSS/CNRPS incombe aux
travailleurs, elle est appuyée par un certificat médical du médecin praticien.

Système complémentaire de reconnaissance des maladies professionnelles


Préalablement à l'instauration de ce système complémentaire de reconnaissance des
maladies professionnelles, se trouvaient exclues de la réparation, les maladies non
inscrites dans un tableau, et les maladies pour lesquelles toutes les conditions
médico-légales n'étaient pas remplies.

La maladie figure dans le cadre d’un tableau


Mais une ou plusieurs conditions ne sont pas remplies (délai de prise en charge, durée
d'exposition, liste limitative).

Elle peut être reconnue d'origine professionnelle, s'il est établi qu'elle est directement
causée par le travail habituel de la victime.

La maladie n'est pas mentionnée dans un tableau :


Elle peut être reconnue à condition d'être directement imputable à l'activité
professionnelle de la victime entraînant le décès de celle-ci ou une incapacité
permanente d'un taux au moins égal à un pourcentage de 66,66

Dans ces deux cas, le comité régional de reconnaissance des M.P. au vu d'un dossier
constitué par la CNSS OU CNRPS rend un avis motivé à celle-ci. La décision, bonne
ou mauvaise, est notifiée à la victime ou à ses ayants droit dans le cas d'un décès.

Caractéristiques des tableaux

Les tableaux spécifient :


 les symptômes ou lésions qui permettent de désigner la maladie,

 le délai de prise en charge, c'est-à-dire le délai maximal entre l'apparition de


l'affection et la date à laquelle le travailleur a cessé d'être exposé au risque. Ce
délai est très variable et souvent fonction du développement de la maladie.
 les travaux susceptibles de provoquer l'affection sont donnés soit :
6
Abada MHAMDI, Laboratoire de toxicologie, d’Ergonomie et d’Environnement Professionnel – faculté de Médecine de Tunis
Notions juridiques

- à titre indicatif
- à titre limitatif

Les maladies à caractère professionnel


On appelle maladie à caractère professionnel toute maladie dont l'origine
professionnelle apparaît comme probable tout en étant définie dans aucun des
tableaux de M.P. existant à ce jour.

Pour permettre la révision et l'extension des tableaux, il est imposé à tout docteur en
médecine de déclarer tout symptôme d'imprégnation toxique et toute maladie ayant
un caractère professionnel.

Cette notion de maladie à caractère professionnel est importante. Elle est un des
moyens qui permet l'extension du nombre des tableaux donc du nombre des maladies
professionnelles reconnues.

D'autre moyen se fondent sur la recherche scientifique et médicale. Les victimes des
maladies à caractère professionnel ne bénéficient d'aucun des droits des maladies
professionnelles.

7
Abada MHAMDI, Laboratoire de toxicologie, d’Ergonomie et d’Environnement Professionnel – faculté de Médecine de Tunis

Vous aimerez peut-être aussi