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Dominique Boum

Troui’ré de
géoméîrie affine
Références‘ scnences

Troi’ré
de géomé’rrie affine
Dominique Boum
Collection Références sciences
dirigée par Paul de Laboulaye
paul.delaboulaye@edi’rions-e||ipses.fr

Calcul différentiel, Marcel Grange, 240 pages, 2012.


Convolufion, séries ef infégrales de Fourier, Jacques Peyrière, 120 pages, 2012.
De I‘infégrafion aux probabilifés, Olivier Gare’r, Aline Kurizmann, 504 pages, 2011.
Épisfémologie mafhémafique, Henri Lombardi, 216 pages, 2011.
Géoméfrie euclidienne élémenfaire, Aziz EI Kacimi Alaoui, 240 pages, 2012.
Ingénierie Dirigée par les Modèles, Jean-Marc Jézéquel, Benoît Combemale, Didier
Voj’risek, 144 pages, 2012.
Infégrafion - lnfégrale de Lebesgue ef infroducfion a l'analyse foncfionnelle,
Thierry Goudon, 192 pages, 2011.
Suifes ef séries numériques. Suifes ef séries de fonctions, Mohammed EI Amrani,
456 pages, 2011.
Traifé de géoméfrie affine, Dominique Bourn, 168 pages, 2012.

ISBN 978-2—7298-72090
© Ellipses Édition Marketing S.A., 2012
32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15
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www.editions-ellipses.fr
Introduction

L’usage bien établi est, aujourd’hui, de présenter une structure af—


fine X comme le résultat de l’action simplement transitive (on dit aussi
fidèlement transitive) d’un K—espace vectoriel E sur un ensemble X, où
K est un corps commutatif. S’il est certain, effectivement, que “faire de
la géométrie” au sens affine du terme, c’est essentiellement maîtriser la
relation affine/vectoriel, cette vectorialisation trop rapide de la situa-
tion en assèche radicalement, selon nous, la sève géométrique. Au point
d’ailleurs que cette aridité a peu à peu marginalisé la géométrie affine
dans le secondaire en un appendice mal identifié de la notion d’espace
vectoriel et l’a fait à peu près disparaître, en tant que sujet indépendant,
du premier cycle universitaire.

Notre ambition ici est de donner à la Géométrie Affine la dignité


d’une théorie à part entière, qui nécessite une analyse raffinée de sa re-
lation à l’Algèbre Linéaire. Selon cette ambition, nous développerons les
questions structurelles, rarement abordées frontalement, de l’espace af-
fine produit et de l’espace affine quotient. Se priver de la-première (celle
du produit), c’est, par exemple, se priver de la possibilité de concevoir
une chose aussi simple que le fait que la construction du milieu d’un seg-
ment est une construction affine, et donc de la possibilité de l’exprimer
très naturellement comme une application affine ,a : X X X —> X ; se
priver de la seconde (celle du quotient), c’est se priver d’y voir l’essence
même du Théorème de Thalès qui en est une sorte de “fossile concep-
tuel”. Nous ne manquerons pas, par ailleurs, de faire varier le corps K
des scalaires.

La figure fondamentale de la géométrie affine est, on le sait bien, le


parallélogramme. La présentation par action d’un K—espace vectoriel a,

3
4 INTROD UC'TION

d’une certaine manière, le défaut de l’absorber instantanément, si bien


que cette figure fondamentale devient, aussi immédiatement, invisible,
alors même que le recours aux figures est probablement, pour les élèves
et les étudiants en début de cursus scientifique, un des supports les plus
stimulants de l’intuition et de l’imagination mathématiques qui sont les
premiers outils dont ils doivent développer l’usage, le second temps de
leur apprentissage consistant précisément en la mise en forme de leurs
représentations au moyen de la relation aflîne/vectorz'el dont il a été
question plus haut.

L’alternative à la présentation par action d’un K—espace vectoriel


consistera donc à. se concentrer sur la figure du parallélogramme. Le
quatrième sommet d’un parallélogramme étant déterminé par les trois
autres, il peut se penser, de fait, comme le résultat d’une opération
ternairep:X><X><X—>X:

513 .=p(x7y)z)

y Z

La seconde originalité de ce traité sera d’aborder la question de la


géométrie affine à travers l’étude systématique de cette opération ter-
naire. Elle permettra d’approcher, par étape, la notion d’espace af-
fine. Ces étapes, petites et grandes, dont la principale est synthétisée
sous la notion d’espace de Mal ’cev, donneront aux étudiants les moyens
de se familiariser plus lentement avec ladite relation afi‘lne/vectorz'el
et d’apprendre à. la maîtriser sans être amené à. la considérer, assez
nébuleusement comme c’est souvent le cas, comme allant de soi.

Par ailleurs, l’outil essentiel de la géométrie affine est le calcul bary-


centrique. Mais les traités classiques se bornent généralement à. la ques-
tion du seul barycentre, en ignorant le rôle considérable des systèmes
massiques de poids nul. Focaliser davantage l’attention sur l’ensemble
des systèmes massiques, c’est se donner, par exemple, le moyens de pen-
ser et de montrer que l’application “barycentre” est elle-même une appli-
cation affine. Le cas particulier des systèmes autarciques (voir Définition
3.2.2.4) donnera, d’autre part un accès naturel à la fois à des questions
INTROD UCTION 5

très figuratives (voir Section 3.2.5 et Section 6.2) et à des questions


structurelles importantes (voir Section 5.4).

L’étape la plus déterminante de la mise en forme de la relation af-


fine/vectoriel, et déjà de la relation géométrie/algèbre qui préexiste au
niveau des espaces de Mal’cev, consiste à pouvoir exprimer les données
d’une situation géométrique en termes de transformation affine du type :
“n = f (m) ”, comme dans l’exemple de la construction du milieu d’un
segment abordée plus haut. Une attention toute particulière sera donc
portée aux propriétés des applications affines, et un grand nombre d’exer-
cices sera proposé pour illustrer ce mode remarquablement performant
d’utilisation de la relation aflîne/vectorz'el.

Enfin cette même figure du parallélogramme étant soutenue par


une égalité de la forme a = dc, elle pose la question de la nature
mathématique des objets ayant différentes représentations possibles,
question qui ne peut se résoudre rigoureusement que par la maîtrise
de la notion d’ensemble quotient par une relation d’équivalence. Un des
caractères marqués de ce traité sera donc attaché à. la maîtrise de cette
question.

Ce court traité de Géométrie Affine s’adresse principalement aux


étudiants du premier cycle universitaire, aux élèves des classes prépara-
toires, à. ceux qui préparent le CAPES ou l’agrégation et aux profes—
seurs du second degré. Avec la figure du parallélogramme, c’est sans
intermédiaires qu’il aborde ce domaine, en supposant connus les pré—
requis classiques de la théorie des ensembles, de la théorie des groupes
et de celle des espaces vectoriels. Cependant, pour être d’une lecture
autonome, il contient en Appendice les résultats les plus utiles concer-
nant ces matières, avec un accent particulier, comme il a été signalé plus
haut, sur la question de l’ensemble quotient.

Des exercices, soigneusement rédigés dans le style de l’ouvrage, sont


proposés à. la fin de chaque chapitre afin d’en illustrer le contenu et
de faire ressortir les bénéfices de l’investissement théorique. Cependant,
la lecture d’un traité de mathématiques devant, selon nous, se faire
un crayon à la main, nous avons choisi d’énoncer sous forme d’exercices
6 INTRODUCTION

quelques points élémentaires du cours dans le corps même du texte pour


inciter le lecteur A se saisir le plus rapidement possible du matériel
conceptuel.

L’auteur remercie Isar Stubbe de sa patiente et avisée relecture du


texte, ainsi que Denis Bitouzé, Philippe Marion et Christian Miebach
de l’aide qu’ils lui ont apporté dans la mise au point du document Latex
qui est à la base de cette édition.
Table des matières

Introduction 3

1 Espace de Mal’cev 11
1.1 Loi de Mal’cev ....................... 11
1.2 Relation d’équivalence de Chasles ............. 13
1.3 Direction d’un espace de Mal’cev ............. 14
1.4 Espace de Mal’cev et action de groupe .......... 16
1.5 Morphisme de Mal’cev ................... 17
1.6 Exercices ........................... 20

2 Construction d’espaces de Mal’cev 21


2.1 Sous-espace de Mal’cev ................... 21
2.1.1 Sous-espace ..................... 21
2.1.2 Parallélisme et “Postulat d’Euclide” ........ 24
2.2 Produit d’espaces de Mal’cev ............... 25
2.2.1 Espace produit ................... 25
2.2.2 Propriété universelle de l’espace produit ..... 26
2.3 Espace Mal’cev quotient .................. 27
2.3.1 Espace quotient ................... 27
2.3.2 Propriété universelle du quotient de Mal’cev . . . 30
2.4 Exercices ........................... 31

3 K-espace affine 35
3.1 Structure affine ....................... 35
3.2 Barycentre .......................... 38
3.2.1 Point massique, système massique ......... 38
3.2.2 Fonction de Leibniz d’un système massique . . . . 40
3.2.3 Barycentre ...................... 41

7
TABLE DES MATIÈRES

3.2.4 Propriétés du barycentre .............. 43


3.2.5 Systèmes massiques autarciques .......... 44
3.2.6 Exercices sur le barycentre ............. 46
3.3 Construction d’espaces affines ............... 47
3.3.1 Sous-espace affine, variété linéaire affine. ..... 48
3.3.2 Enfin de la géométrie affine. ............
3.3.3 Espace afiine produit ................ 53
3.3.4 Propriété universelle du produit d’espaces affines 54
3.3.5 Espace affine quotient ............... 56
3.3.6 Propriété universelle du quotient affine ...... 58
3.3.7 Le théorème de Thalès ............... 59
3.4 Applications affines ..................... 62
3.4.1 Principales propriétés ................ 62
3.4.2 “Postulat d’Euclide” pour les applications affines 62
3.5 Exercices ........................... 64

Le groupe affine 81
4.1 Endomorphisme affine ................... 81
4.2 Automorphisme aflîne ................... 84
4.2.1 Automorphisme ................... 84
4.2.2 Translation ..................... 84
4.3 Le sous-groupe des dilatations ............... 86
4.3.1 Dilatation ...................... 86
4.3.2 Homothétie affine .................. 88
4.4 Loi du groupe Dil(X) 94
4.5 Exercices................ ........... 97

Base affine et équation homogène 105


5.1 Repère affine ........................ 105
5.2 Repère affine et application affine ............. 111
5.3 Equation des hyperplans affines .............. 112
5.4 Propriété universelle de l’espace K1 (X) .......... 115
5.5 Exercices ........................... 117

Convexité 123
6.1 Ensemble convexe ...................... 123
6.2 Le théorème de Helly .................... 125
6.3 Somme de Minkowski .................... 126
TABLE DES MATIÈRES 9

6.4 Exercices ........................... 127

7 Appendice 129
7.1 Ensemble .......................... 129
7.1.1 Partie d’un ensemble ................ 130
7.1.2 Ensemble produit .................. 131
7.1.3 Ensemble quotient ................. 133
7.2 Groupe ............................ 139
7. 2.1 Sous-groupe ..................... 140
7.2.2 Groupe produit ................... 141
7.2.3 Groupe quotient .................. 142
7.2.4 Action de groupe .................. 146
7.3 K—espace vectoriel ...................... 148
7.3.1 Sous-espace vectoriel ................ 150
7.3.2 Espace vectoriel produit .............. 150
7.3.3 Espace vectoriel quotient .............. 154
7.3.4 Propriété universelle de K(X) ........... 157
7.3.5 Familles libres, génératrices; bases ........ 159
7.3.6 Le groupe linéaire .................. 161
7.3.7 Espace vectoriel et extension de corps ....... 164

Index 167
Chapitre 1

Espace de Mal’cev

On a insisté dans l’introduction sur le fait que la figure fondamentale


de la géométrie affine, celle qui est la pierre angulaire de la relation
afi‘lne/vectoriel, et plus généralement de la relation géométrie/algèbre,
est le parallélogramme. C’est de là, comme on l’a annoncé, que nous
allons partir. Le quatrième sommet d’un parallélogramme est déterminé
par les trois autres, et peut donc se penser comme le résultat d’une
opération ternaire.
æ .=p(æ)y)z)

y z
C’est cette opération ternaire que nous allons étudier systématiquement.

1.1 Loi de Mal’cev


Soit X un ensemble.
Définition 1.1.0.1. Une loi de Mal’ce'u sur X est une opération ter-
naire:
p=X ><X ><X—>X, (55.31,2) I—>p(ïv,y,2)
vérifiant: p(w,y,y) = x etp(y,y,Z) = z.
Exemple 1.1.0.2. A tout groupe (G, -, 1) on peut associer canonique-
ment une loi de Mal ’cev, définie par p(a:, y, z) = a: - y‘l - z

11
12 CHAPITRE 1. ESPACE DE MAL’CEV

Soit h : G —> H un homomorphisme de groupes. On sait que le


noyau Kerh = h'1{1} est un sous-groupe de G. En revanche, si t0 E H,
t0 7è 1, l’image réciproque Fto = h_1({t0}) n’est pas un sous-groupe du
groupe G.
Exercice 1.1.0.3. Montrer que la formule p(a:, y, z) = a: ' y—l - z définit
une loi de Mal’cev sur l’ensemble Fto = h—1({t0}).
Définition 1.1.0.4. Une loi de Mal ’cev p sur X est dite :
1) associative à droite si on a : p(æ,y,p(y, u, v)) = p(a:,u,v)
2) associative a gauche si on a : p(p(a:,y,u),u, v) = p(a:,y,v)
3) associative lorsque ces deux conditions sont satisfaites.
On appelle espace de Mal’cev la donnée d’un ensemble X non vide muni
d’une loi de Mal ’cev p qui est associative.
Exercice 1.1.0.5. Montrer que la loi de Mal’cev sur I‘to = h_1({t0}),
définie dans l’exercice précédent, est associative.
Exercice 1.1.0.6. Montrer qu’une loi de Mal’cev est associative si et
seulement si on a : p(p(a:, y, z), u,v) = p(æ,y,p(z,u, v)).
Exercice 1.1.0.7. Montrer que si la loi de Mal’cev est :
1) associative à. droite, on a : t = p(a:, y, z) (i) z = p(y, cc, t)
2) associative à. gauche, on a : t = p(:v, y, z) (i) a: = p(t, z, y)
3) associative, on a : p(:c,p(y, z,t),u) = p(p(æ, t,z),y,u).
Définition 1.1.0.8. Une loi de Mal ’cev p sur X est dite commutative
si on a : p(:z:, y, z) = p(z, y, æ). Un espace de Mal ’cev est dit commutatif
lorsque la loi de Mal ’cev qui le définit est commutative.
Exercice 1.1.0.9. Montrer que la loi de Mal’cev canonique sur un
groupe G définie dans l’Exemple 1.1.0.2 est commutative si et seulement
si le groupe G est abélien.
Définition 1.1.0.10. Une loi de Mal ’cev p sur X est dite autonome si
on a r p(p(:v, y, Z),p(rv’, y’, Z’),p(w”, y”, Z”))
= p(p(œ, 50’, x”),p(y, y’, y”),p(z, z’, Z”))
Exercice 1.1.0.11. Montrer que p est autonome si et seulement si la
loi p est associative et commutative.
Exercice 1.1.0.12. Représenter graphiquement en terme de parallélo-
grammes au sens de la géométrie classique du plan tous les axiomes
précédents, à savoir ceux d’une loi de Mal’cev, des associativités, de la
commutativité et de l’autonomie.
1.2. RELATION D’ÉQUIVALENCE DE CHASLES 13

1.2 Relation d’équivalence de Chasles


Soit p une loi de Mal’cev sur X. On définit sur l’ensemble X >< X des
bipoints de l’ensemble X la relation Rp suivante, appelée la relation de
Ghasles associée à p :

(æ, t)Rp(v. z) ë t= p(æ, v, z)


On laissera au lecteur la preuve du premier résultat qui est élémentaire :

Proposition 1.2.0.13. 1) La relation Rp est réflexive et, pour tout


œ,y E X, on a toujours (æ, :c)Rp(y,y).
Si de plus on suppose que la loi p est associative à droite :
2) Rp est symétrique et transitive, et donc une relation d’équivalence
3) la diagonale AX = {(ar, œ)/æ E X} C X >< X est une classe d ’équiva-
lence de la relation d’équivalence Rp
4) toute classe d’équivalence de Rp possède un unique représentant d’ori-
gine donnée 3:0.

Soit p une loi de Mal’cev associative à. droite. On note îlensemble


quotient (X >< X) /Rp (voir Section 7.1.3 de l’Appendice) et œt la classe
d’équivalence du bipoint (cc, t). Les points 3) et 4) ci—dessus déterminent
lespointssuivants: 375Üv=ÿÿ et 4’)3Îd=aïà 4:) a=b

On notera px : X >< X —» X la surjection canonique qui associe à


tout bipoint (æ,t) la classe Et). Par la Proposition 7.1.3.13, la relation
nucléaire R[px] (cf. Exemple 7.1.3.2) de cette surjection est la relation
dont on est parti, à. savoir la relation de Chasles Rp.
Exercice 1°2°0°14z Soit p une loi de Mal’cev associative à droite. Mon-
trer que : 331003.31, Z5 = Œ’MŒ’. v, Z5(= v7).
Exercice 1.2.0.15. Soit G un groupe et p sa loi de Mal’cev canonique.
Montrer que (æ,y)Rp(a°’,y’) si et seulement si 5171.3; = œ’_1.y’. Autre—
ment dit la relation de Chasles Rp est la relation d’équivalence nucléaire
R[d] associée à la “division” d : G >< G —> G définie par d(a:, y) = æ'l -y.
Exercice 1.2.0.16. Echange des termes moyens et extrêmes
Soit (X, p) un espace de Mal’cev. Montrer que les conditions suivantes
sont équivalentes :
14 CHAPITRE 1. ESPACE DE MAL’CEV

1) (X, p) est commutatif


2) pour tout (a, b, c, d) E X4, on a : d) (à (a,c)Rp(b,d)
a,b)%(c,
3) pourtout (a,b,c,d)EX4,ona: a =cd (à Ë=EZÏ
4) pourtout (a,b,c,d)EX4,ona: Æ=äi (a) a—È=Ët>.

1.3 Direction d’un espace de Mal’cev


Dorénavant on supposera fixé un espace de Mal’cev (X, p). On va
montrer que l’ensemble quotient ÿ est muni d’une structure de groupe
inspirée par la figure suivante :

3!
l
\
l 7 .
.........
.../ ............... l
æ ....... /
l

l /
/
U\/
U

Proposition 1.3.0.17. Soit (X, p) un espace de Mal’ceu. Alors l’en-


semble quotz'ent est muni d’une loz' de groupe définie par :

33'171 = œp(y,u,vl
Elle ue’rz'fie les identités de Chasles : 1) :ïÿ - y? = ü et 2) 5% = 1.
Preuve. Tout d’abord il faut montrer que la définition proposée ne
dé end pas des représentants des classes d’é uivalence. Supposons JÊ/ =
œ’y’ et ü = u’u’. On doit montrer æp(y, u, uä = x’p(y’,u’, 7/5, à savoir :

p(y. u, v) = 29(27, w’. p(y’, U’, v’))


Or = 20(56, æ’.p(y’. u’, v’)) = p(p(rc. Inti/Q. U’, v’) = p(y, u’. v’)
puisque ï y = 17(55, ï” y’) par Ë = Œ’y’â
et = p(y, u, v) = p(y, u, p(u, U’, v’)) =-->
p(y, U’, ’U’)
_
pu1sque : u = p(u, u’, u’) par 175 = u’u’.
Clairement la diagonale AX est l’élément neutre de cette loi binaire sur
ÿpuisque z na=mm=rfiuw =netnm=mgz=
wp(y. y, y = 97.1?-
1.3. DIRECTION D’UN ESPACE DE MAL’CEV 15

De plus 37.0 est l’inverse de aÊ puisque 1) : aîj ' fi = :cp(y, y, :13) = fi et


parsymétrie2) :yËœÊ/=yp(œ, æ ,y =y—ÿ.
Il reste donca prouver l’associativité. On a:
:IË- (ü î) =53Îj up(,,ustl=a:p(y,u,,p(u s,t)5=:1:p(p(
((,W s,t5
et, de même: (aî/o Ê) sî—— xp(y,u,ul Ë— - æp(p(y, u, u),s,t5. D
Définition 1.3.0.18. Soit (X, p) un espace de Mal’ceu. On dit que le
groupe X est la direction de l’espace de Mal ’ceu (X, p).
Exercice 1.3.0.19. Montrer que le groupe X est abélien si et seulement
si l’espace de Mal’cev (X,p) est commutatif. Dans ce cas, on note le
groupe (X, +, 0) additivement.
Exercice 1. 3. 0. 20. Quelquesformules utiles. Montrer que :
1) 1906.31. Z)p(rv wz’Ê= zz’
2)p(x,y, z)p(w y’ zÊ =2ËJ y’z=z7./ zy’
__>

3) p(æ)yaz)29(33 ’y’Z
Z5=Eÿ ŒŒ Eÿ—l

Etant donné un groupe G, on peut caractériser les espaces de Mal’cev


X qui ont, à. isomorphisme près, le groupe G comme direction :
Proposition 1. 3.0. 21. Soient (X, p) un espace de Mal’ceu et G un
groupe. Le groupe G est canoniquement isomorphe au groupe X si et
seulement s’il existe une application çb. X >< X —> G telle que.
1) çb est surjectiue
2) la relation nucléaire R[ç25] est e’gale à la relation de Ghasles Rp
3) M1353) = 1

Preuve. Supposons les 4 conditions réunies. L’inclusion Rp Ç R[çb] et la


propriété universelle du quotient (voir Théorème 7.1.3.16 et Corollaires)
déterminent une unique factorisation c9 dans le diagramme suivant qui
est définie par flic—ÿ) = p(æ,y) et injective du fait de la stricte égalité
Rp = R[q5] :

X><X .px>>(X><X)/RP=X

V
G
16 CHAPITRE 1. ESPACE DE MAL ’C’EV

Puisque çb est surjective, la factorisation t9 est aussi surjective; elle est


donc bijective. La condition 3) entraîne que (9 préserve l’élément neutre
de , tandis que la condition 4) entraine que 6’ préserve la loi de groupe.
Ainsi 0 est un homomorphisme de groupes bijectif et donc un isomor-
phisme. Réciproquement s’il existe un isomorphisme c9 entre et G, le
composé 6’ o px vérifie les conditions de o. D

C’est l’unicité de 9 qui permet de parler d’isomorphisme canonique.


Sous les hypothèses précédentes, on peut donc identifier X à. G et :UÎ à
çb(æ, y). Cette proposition va produire un premier exemple de direction :
Exercice 1.3.0.22. Soit G un groupe. Déterminer la direction associée
à. sa loi de Mal’cev canonique. Soit h : G —> H un homomorphisme de
groupes et t0 E H, t0 7E 1. Quelle est la direction de l’espace de Mal’cev
Fto = h_1({to}) ? On pourra s’aider de l’Exercice 1.2.0.15.

1.4 Espace de Mal’cev et action de groupe


Les notions d’espace de Mal’cev et d’action de groupe strictement
transitive (voir la Définition 7.2.4.5 de l’Appendice) sont étroitement
liées. En quelque sorte elles sont respectivement les versants géométri-
ques et algébriques d’une même structure.
Proposition 1.4.0.23. Soit (X, p) un espace de Mal’ceu. Alors la di-
rection X agit sur l’ensemble X d’une manière strictement transitive
par l’opération externe .'

XX:X><X—>X; (Ë,z)I——>Ïÿ*z=p(z,y,œ)
Preuve. Il faut d’abord montrer que la définition de XX est indépendante
du représentant de la classe 337J : on a déjà noté que zp(z, y, :1: = ÿÊ.
Par ailleurs 1)-:1>I<:c = flan; =p(a:,:c,:c) = a: et 2) : ÆZ>I< (y?*t) =
aî/*p(t,z,y) =p(p(t,z,y),y,w) =p(t.z.æ) = 52 *t= (5:? '31?) *t-
L’égalité yŸc >l< :c = p(:c, 31,31) = y montre que l’action est transitive. Par
ailleurs, si on a : uu>l<a° = y, c’est-à—dire p(a:, u, u) = y, on a (æ, y)Rp(u, u),
à. savoir aî/ = ü; et l’action est strictement transitive. D
Proposition 1.4.0.24. Soit X un ensemble non vide et G un groupe.
Il y a bijection entre les espaces de Mal ’ceu (X, p) de direction G et les
actions strictement transitiues de G sur X.
1.5. MORPHISME DE MAL ’CEV 17

Preuve. On vient de définir l’action strictement transitive de X sur X.


Inversement, soit oz une action strictement transitive de G sur X. On
définit la loi de Mal’cev de la façon suivante : soit (51:,y, z) E X >< X >< X
et g E G l’unique élément tel que g>I<y = z. On pose p(æ, y, z) = g*x. Ü

1.5 Morphisme de Mal’cev


On va à. présent se donner le moyen de comparer entre eux les espaces
de Mal’cev. Soient (X, p) et (Y, 7r) deux espaces de Mal’cev.
Définition 1.5.0.25. Une application f : X —> Y est un morphisme de
Mal ’ceu si f préserve la loi ternaire, autrement dit si :

f(p(u,v,t)) = 7T(f(ü), f(v), f(t))


Proposition 1.5.0.26. Soit f un de Mal ’ceu. Il détermine
mogphisme —> Ÿ tel que ÎŒË) =
un unique homorphisme de groupes
f(U)f(US.
Preuue. Soit f x f : X >< X —> Y X Y l’application définie sur l’ensemble
des bipoints de X par (f >< f)(u,u) = (f (u), f (11)) Considérons alors le
diagramme suivant :

”f
-l 1,.
XxX > Y >< Y

X a...................> Ÿ
f

D’après la propriété universelle du quotient (Théorème 7.1.3.16), on


aura une factorisation qui fait commuter le diagramme (c’est exactement
le sens de l’égalité 7(uÊ) = f (u) f (u ) si et seulement si :

Rp = Rlpxl C Rlpy 0 (f >< f)] = (f >< f)‘1(R[pyl) = (f >< f)‘1(R[rl)


Cette inclusion signifie: (u, u)Rp(u’ ,u’) => (f (u), f (u))R,r(f (u’), f (71’)),
à savoir : u = p(u,u’,u’) à f(u) = p(f(u),f(u’),f(u’)), ce qui est la
définition d’un morphisme de Mal’cev. Il reste à vérifier que est bien
un homorphisme de groupes.
18 CHAPITRE 1. ESPACE DE MAL ’CEV

1) On a = 7(1) = 70%) = f<æ>f<wî =


2) De plus on observe que: \
Mm) = 7%(capa u mi
= f(x)p(f(y). f(u). f<v>5=
v3)? Mm; = îflyîm).
(f(æ)f(.f(y5 E1
Définition 1.5.0.27. Soit f : (X, p) —> (Y, 7T) un morphisme de Mal ’cev.
On dit que l’homomorphz’sme de groupes est la direction de f.
Exercice 1.5.0.28. Soient G et H deux groupes, et h : G ——> H un ho-
momorphisme de groupes. Montrer que c’est un morphisme de Mal’cev
pour les structures de Mal’cev canoniques associées. Quelle est la direc—
tion de ce morphisme de Mal’cev ?
Exercice 1.5.0.29. 1) Soit (X, p) un espace de Mal’cev. Montrer que
l’application “identité” Idx : X —> X, définie par Idx(a:) = æ, est un
morphisme de Mal’cev. Quelle est sa direction ?
2) Soient (X, p) —f+ (Y, 7T) ï) (Z, 7,0) deux morphismes de Mal’cev. Mon—
trer que le composé go f : (X, p) —> (Z, 1b) est un morphisme de Mal’cev
et que 97])”: î o
3)
3Soit f: (X p) —> (Y, 7T) un morphisme de Mal’cev. Montrer que f est
injectif (resp. surjectif, bijectif) si et seulement si Î est injectif (resp.
surjectif, bijectif).
4) Soient (X, p) et (Y, 7T) deux espaces de Mal’cev et yo E Y. Montrer
que l’application constante ÿo : X —> Y définie par ÿ0(:c) = yo est un
morphisme de Mal’cev. Quelle est sa direction ?

Nous avons avec le point 3) ci—dessus une excellente illustration de ce


que nous entendons par la relation géométrie/algèbre.

“Postulat d’Euclide” pour les morphismes de Mal’cev

Le résultat suivant permet de générer extrêmement facilement des


morphismes de Mal’cev à partir d’homomorphismes de groupes :
Théorème 1.5.0.30. Soient X, Y deux espaces de Mal ’cev et un homo—
morphz’sme de groupes h : —> . Pour toute paire (530,3/0) E X >< Y,
il existe un et un seul morphisme de Mal ’cev f : X —> Y tel qu’on a :

f(330)=yo et î=h
1.5. MORPHISME DE MAL ’C’EV 19

Preuue. On définit l’image f (æ) en posant : yo f ( l = MM). D’où :


1) ÿofÛÛol = Maïa—03) = h(1) = 1 = yo—yà, et donc f(330) = yo.
2) Il faut Vérifier que f préserve la loi de lVlal’ceV. On constate que :
y0f(p(a:, 32’, 11:”)5 = h(:c0p(a:, x’,a;”5) = Mû . 37:?)
= Mm} . h(x‘77)
æ \) = hem) . h(æ7—) fi, )
x0) . h(azoa: \
= y0f(æl - f(Œ’)yo . yof(g:"5 = M225 - f(:c’)f(rc”5
= yopuu). f(w’), f(w”)5.
D’où l’on tire z f(p(:c,w’,w”)) = puce), je), f(æf’))-
3) Par ailleurs = in?) = f(:v)f(z5 = f(33)y0'y0f(zl = Mac—œil) me) =
Mû). On a donc = h, et l’application f est en effet un morphisme
de Mal’ceV satisfaisant les conditions énoncées.
4) Il reste à Vérifier que c’est le seul à. le faire. Soit g : X —> Y un
morphisme de Mal’cev possédant les mêmes propriétés que f ; on a alors
M = glæo>gccî = hem) = yof(wl- D’où g<æ> = me). a
De là, deux conséquences importantes :

Corollaire 1.5.0.31. Deux morphismes de Mal ’ceu f, f’ : X :ï Y sont


e’gaua: si et seulement s ’ils ont même direction et coïncident en un point.

Corollaire 1.5.0.32. Soit f : X —> Y un morphisme de Mal ’ceu bijec-


tif. Alors f—1 : Y —> X est un morphisme de Mal ’ceu.

Preuve. On a vu dans l’Exercice 1.5.0.29 que si le mor hisme de Mal’cev


f est bijectif, alors l’homomorphisme de groupes f est bijectif. Par
suite “1 : ——> est un homomorphisme de groupes. Soit 3:0 E X.
D’après le postulat d’Euclide, il existe un et un seul morphisme de
Mal’cev g : Y —> X tel que g(f(:1:0)) = :00 et Ë = 7—1. Il est alors aisé
de montrer, et laissé en exercice, que ce morphisme g est l’inverse du
morphisme f. D

Ce corollaire, si jamais on en doutait, place nettement la notion d’espace


de Mal’cev parmi les structures de nature algébrique.
Dorénavant, lorsqu’il n’y a pas d’ambiguïté, on se contentera de noter
sous la seule forme simplifiée X un espace de Mal’cev et f : X —+ Y un
morphisme de Mal’cev.
20 CHAPITRE 1. ESPACE DE MAL’CEV

1.6 Exercices
Les espaces de Mal’cev possèdent une propriété extrêmement signi-
ficative : toute relation réflexive qui est compatible avec la loi p est une
relation d’équivalence. Cela a une conséquence importante en ce qui
concerne les images directes de relations d’équivalence (voir 7.1.3.2.6).
Définition 1.6.0.33. Soient (X, p) un espace de Mal ’cev et R une rela-
tion sur l’ensemble X. On dit que R est compatible avec la loi de Mal ’cev
p si on a : æRæ’ , yRy’ , s’ à p(æ,y,z)Rp(:c’,y’,z’).
Exercice 1.6.0.34. Soient (X, p) un espace de Mal’cev et R une rela-
tion sur X compatible avec la loi p.
1) Montrer que, si R est réflexive, alors R est une relation d’équivalence.
2) Soit f : X —> Y un morphisme de Mal’cev. Montrer que l’image di—
recte f (R) est compatible avec la loi p. En déduire que, si la relation R
est réflexive et le morphisme f surjectif, alors la relation f (R) est une
relation d’équivalence sur Y.
Exercice 1.6.0.35. Si R et S sont deux relations sur l’ensemble X, on
définit la relation R o S de la façon suivante :
33(Ro S)z (à Elt E X tel que : at /\ tSz
1) Soient (X, p) un espace de Mal’cev et (R, S) deux relations compa—
tibles avec la loi p. Montrer que R o S est compatible avec la loi p.
2) On suppose de plus R et S réflexives. Montrer qu’on a : RoS = S 0R.
3) Montrer qu’alors R o S est une relation d’équivalence sur X.
Exercice 1.6.0.36. Soient (X, p) un espace de Mal’cev et 51:0 un point
de X. On définit sur X une loi binaire :
(11,22) I—> u >|<ŒO v = p(u, 560,11)
1) Montrer que :130 est l’élément neutre de cette loi et qu’elle est asso-
ciative.
2) Montrer que tout élément u E X admet un inverse et le déterminer.
On notera (X, >I<Œ0, :130) la loi de groupe ainsi obtenue.
3) Montrer que la loi de Mal’cev canonique associée à. la structure de
groupe (X, *Œ0,:1:0) ne dépend pas de 3:0.
Il est fortement recommandé d’accompagner de figures les réponses aux
questions 2 et 3.
Chapitre 2

Construction d’espaces de
Mal’cev

Nous allons maintenant étendre notre prise sur ce nouveau territoire


au moyen de trois processus classiques de construction, à savoir : les
sous-structures, les structures produit et les structures quotient.

2.1 Sous-espace de Mal’cev


Suivant l’usage, nous commencerons par le plus simple, c’est-à—dire par
l’étude des sous—structures.

2. 1. 1 Sous-espace
Définition 2.1.1.1. Soit (X, p) un espace de Mal ’ceu. Une partie X’ de
X est appelée sous-espace de Mal ’ceu si elle est non uz'de et stable pour
la loz' p, a savoir telle que :

(æ,y,z) E X’ x X’ >< X’ => p(:c,y,z) E X’

Proposition 2.1.1.2. Sz' X’ est un sous-espace de Mal ’ceu, z'l est muni
d’une structure d’espace de Mal ’ceu. Sa direction X’ est un sous-groupe
de X qui est défini par : Ÿ’ = {'ÎË E X/ u E X’, u E X’}.

Preuve. La restriction de la loi p à X’ definit une loi de Mal’cev associa—


tive p’ : X’ >< X’ x X’ ——> X’ qui fait de X’ un espace de Mal’cev. Il reste
22 CHAPITRE 2. CONSTRUCTION D’ESPACES DE MAL ’CEV

à. déterminer sa direction X". On va montrer d’abord que l’ensemble :


X, = {fié E X/ u E X’, v E X’} est un sous-groupe de X.
1) Comme X’ est non vide, il existe un point 3:0 E X’ et 1 = :c—œs—à E Î.
2) Soient uî et Et deux éléments de Î, c’est—à—dire tels que les quatre
points (u,v,w,t) sont dans X’; alors on a : iË - ’L—U—lÎ = up(v,w,t , avec
u E X’ et p(’u,w,t) E X’, puisque X’ est stable par la loi de Mal’cev.
Î est donc stable pour la loi de groupe.
3) Enfin si 713 est dans X7, le vecteur 'L—LÈ'I = v—i’i est dans Î; ainsi Î
est un sous-groupe de , et est donc lui—même un groupe.
Considérons la restriction p’ : X’ >< X’ —> Ÿ de la surjection cano-
nique p : X >< X —> X. Il est clair que p’ est surjective par définition de
Î et que la relation nucléaire R[p’] est la relation de Chasles s. Enfin
l’application p’ vérifie les conditions 3) et 4) de la Proposition 1.3.0.22,
car p’ est la restriction de p. Ainsi, par cette même proposition, le sous—
groupe Î est bien la direction de l’espace de Mal’cev X’, et on peut
dorénavant le noter X’.
De plus on peut observer que, l’inclusion canonique LX/ : X’ <—> X
étant un de Mal’cev, sa direction est nécessairement l’inclu-
morphism_e>
sion canonique L : X’ <—> . D
_>

Corollaire 2.1.1.3. Soient X’ un sous-espace de Mal’cev de X et ’


X
sa direction. Soit :130 E X’ et a: E X. On a alors: a: E X’ (à m E X’.

Preuve. définition de î’, si 3:0 et a: sont X’, le vecteur 370?


fia; dans
est dans X’. Réciproquement, supposons m E X’. Comme X’ est un
espace de Mal’cev, il existe un point z de X’ tel que cm = m. D’où,
dans X, æ = z, par conséquent 5c est bien dans X’. Ü

Une des singularités des espaces de Mal’cev, par rapport aux structures
algébriques usuelles, telles celles des groupes ou des espaces vectoriels,
est que tout point 3:0 E X détermine un sous-espace :

Exemple 2.1.1.4. Pour tout :170 E X, le singleton {Œo} est un sous-


espace de Mal ’cev. Quelle est sa direction?

Exercice 2.1.1.5. Montrer que la notion de sous-espace de Mal’cev


est stable par intersection non vide. A savoir : soit X,-, i E I une fa-
mille quelconque de sous—espaces de Mal’cev de X ; si le sous-ensemble
2.1. SOUS—ESPACE DE MAL ’C’EV 23

nid Xi n’est pas vide, c’est un sous-espace de Mal’ceV. Montrer alors


que n’iEI i = nieI
Proposition 2.1.1.6. Soit f : X —> Y un morphisme de Mal’cev. Si
X’ est un sous-espace de X, alors l’image directe f (X ’ ) est un sous-
espace de Y et on a : f(X’; = ?(X’). Si Y’ est un sous-espace de
Y et si l’image réciproque f“1(Y’ est non vide, alors f"1(Y’) est un
sous-espace de X et on a : f'1(Y’ = —1( ’).
Preuve. 1) Stabilité par image directe :
a) Si X’ est non vide, son image directe f (X ’ ) est non Vide.
B) Soit (y1,y2,y3) un triplet de points de f (X ’ ); il existe un triplet
(x1,:c2,a:3) de points de X’ tels que yz- = f(æz) pour i E {1, 2,3}. Alors
p(æ1, 332,13) est dans X’, car X’ est un sous-espace. De plus :

P(?J1, .712, 313) = 1900051), f(Œz), 10053)) = f(P(Œ1,Œ2,Œ3))


car f est un morphisme de Mal’cev. Ainsi p(y1,y2,y3) est dans f (X ’ ),
et f (X ’ ) est un sous-espace.
7) Soit u E f(X’ existe deux cc, 33’))de X’ tels u =
points(
f(œ (a:’.(:c)lOrf fIl (’=; î(朒)€?(X’). D’oùzmc î(’ que)
Supposons à présent u E ( ’). Il existe donc un w E_X’ tel)que
u = (w). D’où de X’ telle quew= :cœ’. Des lors
ona:u=î(w)= =(f:cWælem,etî())—(>’Cf—X’î.
unepaire(33,:1:’)points
2) Stabilité par image réciproque :
oz) Supposons f—1(Y’) non Vide; soit un triplet (œ1,:c2,œ3) de points
de f’1(Y’), à savoir tels que f(æ.) E Y’ pour tout i E {1,2,3}. Alors
le point f(P(Œ1,æ2.w3)) est égal à P(f(Œ1).f(Œ2),f(Œ3)) qui est dans
Y’, puisque Y’ est un sous-espace de Mal’cev. Par conséquent on a :
p(:c1, 932, æ3) E f‘1(Y’) qui est donc un sous-espace.
fi) Soit u E f'1(Y’ . Il existe une paire (33,33’) de oints de f—1(Y’)
telle que u = :cæ’. D’où (u) = (:cæ’) = f (cc) f (æ’ E Y’ ; ainsi on a
u e 7%?) et f (Y
Yîc 407). q
Soit maintenant u €1(’),à savoir tel que Î(u))E Y’. On choisit
un point 3:0 dans f‘1(’), ce qui est possible, car f 1(Y’) est non Vide.
Il existe cc E X tel que u = :ÎOÏ. On a alors f(œ0)f(:c; = îCE—OÏ) =
24 CHAPITRE 2. CONSTRUCTION D’ESPACES DE MAL’CEV

Î(Ü) E Y’. Comme Y’ est un sous-espace et qu’on a f(:c0) E Y’,


le point f (3;) est dans Y’, ce qui signifie que a: est dans f—1(Y’) Ainsi
——> —> ————>
u = œ—OÊ E f'1(Y’) et par conséquent on a bien î“1(Y’) C f_1(Y’). E!

2.1.2 Parallélisme et “Postulat d’Euclide”


La notion de direction attachée aux espaces de Mal’cev permet, dès
ce niveau, d’introduire très naturellement la notion de parallélisme, et de
créer des sous-espaces sur le modèle classique du “Postulat d’Euclide”.

Définition 2.1.2.1. Deux sous-espaces X’ et X” de X sont dits pa—


rallèles s’ils ont même direction (à savoir si X’ = fi).
Proposition 2.1.2.2. “Postulat d’Euclide”. Soit H un sous-groupe
quelconque de . Par tout point Œo E X, il passe un et un seul sous-
espace de direction H. On le notera (x0, H) et il est défini par :

(330,17) ={Œ€X/ÏOÊ€H}
Preuve. On pose (3:0,H) = {33 E X/ m E H}. Comme on a æÎv—o’ =
1 E H, on a 3:0 E (æ0,H). Si les éléments (a3,y,z) sont dans (3:0,H),
alors ona:

Ce dernier terme est dans H, puisque H est un sous-groupe et que ce


terme est le produit d’éléments de H ou d’inverses d’éléments de H.
Ainsi p(œ, y, z) est dans (æo, H) qui est donc un sous-espace de Mal’cev.
Un élément u E H est dans la direction de (3:0, H), puisque si on pose
m = u, les éléments x0 et a: sont dans (x0, H) Réciproquement si
u = yË avec y et z dans (1:0,H), alors u = y? = Æ - W est dans H
comme produit d’éléments de H. Ainsi (1:0, H) est un sous-espace de
Mal’cev contenant :130 et de direction H.
Il reste à. montrer que c’est le seul sous-espace à posséder ces pro-
priétés. Soit donc X’ un sous-espace les possédant é alement. Puisque
on a :130 E X’, on a z E X’ si et seulement si :270? E ’. Mais X’ = H,
et par ailleurs on a z E (:100, H) si et seulement si m E H. D

Corollaire 2.1.2.3. Soient X’ et deucc sous-espaces de X. On a.


_._X”
X’ = X” si et seulement si on a : X’ = fi et X’ flX” 7E (Z) (autrement
2.2. PRODUIT D’ESPACES DE MAL ’CEV 25

dit si et seulement s’ils sont parallèles et d’intersection non vide). Deux


sous-espaces parallèles sont donc égaux ou d’intersection uide.

2.2 Produit d’espaces de Mal’cev


Soient (X, p) et (Y, 7r) deux espaces de Mal’cev. On va s’interroger
sur l’existence d’une structure de Mal’cev sur l’ensemble produit X >< Y.

2.2. 1 Espace produit


La réponse est à la fois très nette et très facile.
Proposition 2.2.1.1. Il existe une et une seule structure d’espace de
Mal ’ceu sur l’ensemble produit X X Y telle que les projections px et py
soient des morphismes de Mal ’ceu. On l’appelle l’espace Mal ’ceu produit.
OnaalorsXxY= XŸ et H=p5b gîz’=pŸ.

Preuue. On doit définir une loi ternaire :

q:(X><Y)><(X><Y)><(X><Y)—>(X><Y)
Posons q((a:,y), (æ’,y’), (:I:”,y”)) = (cr/y). Le fait que px est un mor-
phisme de Mal’cev implique que oz = p(:1:, :c’, a3”), et le fait que py est
un morphisme de Mal’cev implique que 7 = 7r(y, y’, y”). D’où l’unique
définition possible :

q((æ. y), (5633/). (Œ’C y”)) = (p(Œ,Œ’, w”), 7T(y.y’.y”))


Il reste à vérifier que cette loi satisfait les axiomes d’une loi de Mal’cev
associative, ce qui est aisé et laissé en exercice.
Il faut à présent déterminer la direction X >< Y= (X x Y) /R de
cet espace de Mal’cev. Pour cela, considérons le diagramme suivant.

(XxY)x(XxY)——MX><_ Y’

M’0 v
X x Y

où l’application pX >l< pY est définie par :

(XxY>x(XxY>+îxŸ ; ((w.y).(w’.y’))'—>(Ë.y—y’)
26 CHAPITRE 2. CONSTRUCTION D’ESPACES DE MAL’CEV

Il est clair qu’elle est surjective et que sa relation nucléaire R[px * py]
est égale à la relation R[py] qui est elle-même la relation de Chasles
Rq. Enfin cette application vérifie les conditions 3) et 4) de la Proposi-
tion 1.3.0.22. La factorisation c9 est donc un isomorphisme de groupes
—>
d’identifier X >< Y et X >< Ÿ, et de poser (œ,y)(æ’,y’ =
qui+per>met
(œæ’.yy’)- Ü

2.2.2 Propriété universelle de l’espace produit


Cette paire (pX, py) de morphismes de Mal’cev a une propriété uni-
verselle : toute autre paire de morphismes de Mal’cev (f, g) du même
type, à. savoir de source un même espace de Mal’cev T et de buts res—
pectifs X et Y détermine un et un seul morphisme de Mal’cev çb qui fait
commuter le diagramme suivant :

X
f

T M .....>XxY

PY

\\
Y

D’après la propriété universelle du produit ensembliste, définie dans la


Section 7.1.2, la preuve de cette propriété est équivalente à la preuve de
la propriété suivante qui est une simple vérification laissée en exercice :
Corollaire 2.2.2.1. Soient T, X et Y des espaces de Mal ’cev. Une
application çb : T ——> X X Y est un morphisme de Mal ’ce'u si et seulement
si les composés f = pXoçb et g = pyoçb sont des morphismes de Mal ’cev.
La factorisation çb étant définie par çb(t) = (f (t), g(t)), il est naturel de
la noter çb = (f, g).
Exercice 2.2.2.2. Soit çb =_+
(f, g) : T ——> X >< Y un morphisme de
Mal’cev. Montrer qu’on a : çb = ( ,7).
Exercice 2.2.2.3. On suppose l’espace de Mal’cev (X, p) commutatif.
1) Montrer que la canonique px : X >< X —> est un mor-
phisme de Mal’cev,sulrèection
étant muni de la structure canonique d’espace
de Mal’cev associée à. sa structure de groupe. Montrer que sa direction
2.3. ESPACE MAL ’OEV QUOTIENT 27

Æ’ : X >< X —> X est définie par ='U—u.


2) Montrer que l’action de groupe 5H16?
XX : x X —> X est un morphisme
de Mal’cev. Montrer ue sa direction 56; : >< X —> X n’est autre que
la loi de groupe + : x —>
Exercice 2.2.2.4. Montrer qu’une loi de Mal’cev p est autonome (voir
Définition 1. 1. 0.10) si et seulement si l’opération p: X >< X x X —> X
est un morphisme de Mal’cev. Dans ce cas, (X) p) est donc un e de
Mal’cev commutatif. Montrer que sa direction Î: X XX Âpace
— a — ’U + w, c ’est-a-dire qu’elle est la loi de
est définie par î((a, v, w)-
Mal’cev canonique du groupe abélien

2.3 Espace Mal’cev quotient


Soit (X, p) un espace de Mal’cev et R une relation d’équivalence sur
X. La question est maintenant de savoir quand est—ce que l’ensemble
quotient X/R est lui-même un espace de Mal’cev.

2.3. 1 Espace quotient


Il est clair que pour cela il doit y avoir une forme de compatibilité
entre la loi de Mal’cev p et la relation d’équivalence R. Celle de la
Définition 1.6.0.33 va convenir, à savoir : une relation R sur l’ensemble
X est dite compatible avec la loi ternaire p si :

xRæ’. yRy’. s’ => p(w,y,z)Rp(rc’.y’,Z’)


Exemple 2.3.1.1. Soit f : X —+ Y un morphisme de Mal ’cev. Alors la
relation d’équivalence nucléaire R[f] est compatible avec la loi p, où R[f]
(voir Eæemple 7.1.3.24) est défini par : xR[f]:c’ (l) f(a:) = f(:c’).
Un exemple crucial est introduit par l’exercice suivant :
Exercice 2.3.1.2. Soit H un sous—groupe de la direction X. On definit
sur l’espace de Mal’cev X la relation RH par :
/ —_)/
œRHa: (l) :ca: EH

1) Montrer que RH est une relation d’équivalence.


2) Montrer que la classe d’équivalence 32—0 est le sous—espace (:130, H)
28 CHAPITRE 2. CONSTRUCTION D’ESPACES DE MAL ’CEV

3) Montrer que RH est compatible si et seulement si le sous-groupe H


est distingué dans .

Avec cette notion de relation compatible, on obtient effectivement ce


que l’on attendait :

Proposition 2.3.1.3. Si la relation d’équivalence R est compatible avec


la loi ternaire d’un espace de Mal ’cev (X, p), alors l’ensemble quotient
X/R est muni d’une unique structure d’espace de Mal ’cev telle que la
surjection canonique p : X —» X/R soit un morphisme de Mal ’cev.

Preuve. On doit définir une opération ternaire :

s/R >< X/R >< X/R—> X/R

Dire que p est un morphisme de Mal’cev impose que : p(:î:,ÿ,2) =


p(:1:, y, z). Pour que cette formule ait un sens, il reste à vérifier qu’elle
est indépendante des représentants des classes. C’est une conséquence
immédiate de la condition de compatibilité de la relation R avec la loi
de Mal’cev. La vérification des axiomes est un simple exercice. E]

Il s’agit maintenant de déterminer la direction de l’espace de Mal’cev


X/R. Nous commencerons par le cas particulier de RH, où la solution se
présente d’elle-même. Soit H un sous—groupe distingué de ÿ; on notera
alors directement sous la forme X/H la structure d’espace de Mal’cev
quotient X/RH.

Proposition 2.3.1.4. Soit H un sous-groupe distingué de ÿ. La di-


rection de l’espace de Mal ’cev quotient X/H est donnée par le groupe
quotient ÿ/H, et la direction du morphisme de Mal ’cev surjectif p :
X —» X/H est l’homomorphisme surjectif canonique pH : —» /H .

Preuve. On va utiliser la Proposition 1.3.0.22 et, en posant çb(ñi, ñ) =


ñ, définir une application çb : X/H >< X/H —> Ï)/H.
Il faut d’abord montrer que cette définition est indépendante des repré-
sentants des classes : supposons m = ñi’ et ñ = ñ’, à. savoir :
n—in—i’ G H et W E H. On doit montrer fi = în’, à savoir : MRHnÎË,
ou encore m_1.m’n’ E H d’après la Proposition 7.2.3.6. Or on a :
2.3. ESPACE MAL’CEV QUOTIENT 29

—> —> ——> —> —> —>


m4 -m’n’ = rWi . m’n’ = nm’ - m’n’ - m’n . nn’, avec nn’ E H
——+ ' ——> —> . ——> -
et : nm’— ’nl m’n = nm’ m’n’ nm"1 E H 5
car, dans “1 -m’n’ E H.
, le sous-groupe H est distingué. D’où : m
Cette application çb, qui est maintenant bien définie, est clairement
surjective. Montrons que R[çb] = R15. On a (rîi, ñ)R[çb](ñi’, ñ’) si et seule-
ment s1 fi = m’n’ . On v1ent de v01r que ce pomt est equ1valent \a
. : a o o l o \

ÎnÎ'l om’n’ E H. Or on a: nÎË—l-m’n’ = m ' m’n’\ = np(m,m’,n’5.


Ainsi m _1 . m’n’ E H est équivalent np(m,m’,n’5 E H, à savoir
ñ = p(m, m’, n’) = p(rîi, ñi’, ñ), ou encore (m, ñ)Rÿ(ñ’L/, ñ’).
_ _ _ _ _ 3 fi
Enfin p(m,m) =mä= 0 et p(m,n)oçt(n,t) =Ënî-nt =rWË-nt =
mt = Mini). La Propos1t1on 1.3.0.22 acheve la preuve; elle permet
q _ c o \

d’identifier (X/H avec le groupe quotient Î)/H et de poser ñîr‘l =


ñ. Ü
Il reste maintenant à déterminer plus généralement la direction de
l’espace de Mal’cev X/R et du morphisme de Mal’cev p : X —» X/R.
Cela va découler du fait que toute relation d’équivalence R compatible
avec la structure de Mal’cev est précisément de la forme décrite dans
l’Exercice 2.3.1.2.

Proposition 2.3.1.5. Soit R une relation d’équivalence compatible sur


l’espace de Mal’ceu (X,p). Notons R) = {ai E ÿ/ uRu}. Alors R est
un sous-groupe distingué de ÿ ; de plus : R = RR3 i.e. a E (i) aRb.

Preuve. L’élément neutre 1 = u—‘È est dans R, car R est réflexive. La par-
tie R est stable par inversion, car on a : ué‘l = i—ñî et R est symétrique.
Cette partie est stable par. composition : en effet, soit ai}? = up(u, s, t ;
sachant que uRu, sRs, t et que R est compatible, on obtient alors :
u = p(u, s, s)Rp(u, s,t). Par conséquent up(u, s,t E R. Ainsi R est un
sous—groupe de . Il est distingué : soit uÊ E . Quel que soit le vecleur
aî/ E ÿ, on a vu (dans l’Exercice 1.3.0.21) qu’on a : p(u, y, æ)p(u, y, :125 =
5:3 - iË . fil/“1. Or uRu, :ERa: et pRy entraînent p(u,y,a:)Rp(u,y,æ) et
par conséquent p(u, y, œ)p(u, y, :125 E
Il est clair que la définition de R entraine R C RR“ Réciproquement,
supposons que l’on a aRËb, à savoir 5l E R. Il existe alors un couple de
30 CHAPITRE 2. CONSTRUCTION D’ESPACES DE MAL’CEV

points (u, v) dans X tels que Æ = ü et uRv. L’égalité vectorielle signifie


que b = p(a, u, v). Du fait que R est compatible avec la loi de Mal’cev, on
obtient alors : aRa, uRu, uRv => a = p(a, u, u)R p(o,u, v) = b. III

Conclusion : étant donné un espace de Mal’cev (X, p), l’application :


H I—> RH détermine une bi'ection entre l’ensemble des sous—groupes H
distingués de la direction Ÿ et l’ensemble des relations d’équivalence R
compatibles avec la loi p; de plus cette bijection respecte l’inclusion.
Exercice 2.3.1.6. Dans cette bijection, si f : X —> Y est un mor-
phisme de Mal’cev, montrer qu’à la relation nucléaire R[f] correspond
le noyau Ker de l’homomorphisme . A quoi correspondent la rela-
tion d’égalité AX et la relation grossière VX dont les définitions sont
données dans les Exemples 7.1.3.2.2 et 7.1.3.2.3 ?

2.3.2 Propriété universelle du quotient de Mal’cev


Soient f : X —> Y un morphisme de Mal’cev et R = RH une relation
d’équivalence compatible sur X.
Théorème 2.3.2.1. Les trois propriétés suivantes sont équivalentes :
1) le morphisme f passe au quotient de X par R = RH au moyen d’un
(unique) morphisme de Mal’cev f : X/R ——> Y tel qu’on ait f = f o p :

X p X/R= X/H

Y
2) R C l]
3) H C Ker

Preuve. Cette propriété est une simple particularisation de la propriété


universelle du quotient ensembliste 7.1.3.16 : il suffit de vérifier que la
factorisation f : X/R[f] ——-> Y induite par l’inclusion R C R[f] est un
morphisme de Mal’cev, ce qui est une conséquence directe du fait que
f est lui—même un morphisme de Mal’cev, et est laissé en exercice. E]

Cette propriété a deux conséquences intéressantes. La première est la


décomposition canonique d’un morphisme de Mal’cev en composé d’un
2.4. EXERCICES 31

morphisme injectif et d’un morphisme surjectif qui est réalisée à. travers


l’espace de Mal’cev quotient X/R[f] = X/Ker :
Corollaire 2.3.2.2. Soit f : X —> Y un morphisme de Mal’ce_u. La
propriété universelle du quotient produit une décomposition f = f o p :

X p X/R[f]=YX/Kerf'

Y
telle que le morphisme de Mal ’ceu f est injectif.
La seconde est une caractérisation des surjections.
Corollaire 2.3.2.3. Soit f : X —> Y un morphisme de Mal’ceu. Il
est surjectif si et seulement si la factorisation f est un isomorphisme
d’espaces de Mal’ceu, i.e. si on a : Y 2 X/Ker .

2.4 Exercices
Exercice 2.4.0.4. Soient X un espace de Mal’ceV et R une relation
d’équivalence sur X.
1) Montrer que la relation R est compatible avec la loi p si et seulement
si R C X >< X est un sous-espace de Mal’cev de X >< X.
2) Quelle est la direction de ce sous—espace ?
3) Soit f : X —> Y un morphisme de Mal’cev. On considère sa relation
nucléaire R[f]. Montrer qu’on a : IÎÏÎ = Rm.
Exercice Soit f : X —> Y un morphisme de Mal’cev. Montrer
à4.0.5.
qu’on a : œœ’ E KerÏ si et seulement si f (as) = f (37’) On fixe m0 E X ;
en déduire que : (m0,Kerf) = f—1({f(mo}).
Exercice 2.4.0.6. Soient (G, H) une paire de groupes et (h, k) : G :î H
une paire d’homomorphismes de groupes. On note :

E61(h, k) = {93 E G/MŒ) = l433)}


1) Montrer que Eq(h, k) est un sous-groupe de G.
2) Montrer qu’on a : Eq(h, k) = G (l) h = k.
32 CHAPITRE 2. CONSTRUCTION D’ESPACES DE MAL ’CEV

Soient (X, Y) une paire d’espaces de Mal’cev. Soient (f, g) : X :ï Y


une paire de morphismes de Mal’cev. On note :

Eq(f,9) = {m E X/f(m) = 9(m)}


3) On suppose que Eq(f, g) est non Vide. Montrer que c’est un sous-
espace de Mal’cev de X, qu’on appellera l’égalisateur de la paire (f, g).
4) Si on note î et î les directions de f et g, montrer que la direction
du sous-espace Eq(f, g) est le sous-groupe Eq(—]Ë, î) de X.
5) Montrer qu’on a : f = g si et seulement si on a : Eq(f, g) = X, ou
encore si et seulement si on a : Eq(f, g) 7€ (Z) et Eq( ,î) =

Exercice 2.4.0.7. Tout morphisme de Mal’cev idempotent s :


X —> X détermine une décomposition de X en deux sous-
espaces qui engendrent X. Soient X un espace de Mal’cev et s :
X —> X un endomorphisme de Mal’ceV.
1) On note P3 l’ensemble des points fixes de s, c’est—à—dire des points
æ E X tels que 3(32) = æ. Montrer que si P3 est non Vide, c’est un sous-
espace de Mal’cev. Déterminer alors sa direction.
2) On suppose maintenant que s est idempotent, c’est-à—dire que s2 = s.
Montrer que sa direction Î’ est un homomorphisme de groupes idem—
potent. Plus généralement, soit h : G —-> G un homomorphisme de
groupes idempotent (h2 = h); montrer qu’on a Kerh fl Ph = {1} et
que, pour tout g E G, on a g.h(g“1) E Kerh.
3) Montrer que, pour tout a: E X, on a 3(512) E P8 et qu’on a : P3 = Ims.
4) Rappeler l’énoncé du “Postulat d’Euclide” pour les sous-espaces de
Mal’cev. Soit 3:0 un point de X, on notera SO = (:100, Kcr?) l’unique
sous-espace de direction K67"?> contenant :120. Montrer qu’alors on a :
3(320) E So fl P3. Déterminer le sous—espace So fl P3. On supposera
dorénavant que :130 est un point de P3. Quel est alors SoflPs ? En déduire
que t E SO si et seulement si 3(t) = 3:0.
5) Soit a: un point quelconque de X. Montrer que le point p(:c, 3(æ), :60)
appartient au sous-espace So. On pourra faire un dessin.
6) Soit :r E X. Calculer p(p(:c, s(æ),æ0),æ0, s(:c)). En déduire que tout
point a: de X est le sommet d’un parallélogramme dont les trois autres
sommets sont dans Se U P3.
Soit 5c E X. On suppose a: = p(t,:co,z) avec t E So et z E P3. Mon-
trer que z = 3(50) et t = p(œ, 3(33), œo). Autrement dit, la décomposition
2.4. EXERCICES 33

précédente est unique.


8) Soient f et g une paire de morphismes de Mal’cev X z; Y. On
considère la partie Eq(f, g) de X définie dans l’exercice précédent. Mon-
trer qu’on a : f = g si et seulement si les sous—espaces P3 et S0 sont
inclus dans Eq(f, g).
On suppose à présent que l’espace de Mal’cev X est commutatif.
9) Montrer que l’application qb: X —> S'o définie par çb(æ)= p,(:z: 3(32), œo)
est un morphisme de Mal’cev.
10) Montrer que l’application (s, çb) : X —> P3 >< S0 est un isomorphisme
de Mal’cev.
Exercice 2.4.0.8. Soit (X, p) un espace de Mal’cev. On suppose par
ailleurs qu’il est équipé d’une loi binaire X >< X —> X, (æ, z) H a: - z,
et que cette loi binaire admet un élément neutre e. On suppose de plus
que cette loi binaire est un morphisme de Mal’cev.
1) Montrer qu’on a : p(æ,z, t) -p(:c’,z’,t’) = p(æ . :c’,z - z’,t . t’).
2) En déduire que : a: - z = p(:c, e, z).
3) Montrer que cette loi est commutative et que tout élément de X
admet un inverse pour cette loi.
Ainsi, si une telle loi binaire existe, elle est unique et munit l’ensemble
X d’une loi de groupe abélien.
4) Montrer alors que l’espace de Mal’cev (X, p) est commutatif.
Exercice 2.4.0.9. Soient X et Y deux espaces de Mal’cev commutatifs.
On note M(X, Y) l’ensemble des morphismes de Mal’cev de X vers Y.
Le but est de montrer que l’ensemble M(X , Y) possède une
structure d’espace de Mal’cev commutatif.
1) Soit A un groupe abelien. On sait qu’il est muni canoniquement
d’une structure d’espace de Mal’cev commutatif. Montrer que M(X, A)
est un sous—groupe du groupe commutatif .7:(X , A) des applications de
l’ensemble X vers A.
2) Soient (f, g, h) trois morphismes de Mal’cev de X vers Y. Montrer
que, si on désigne par p : Y x Y >< Y —> Y la loi de Mal’cev sur Y, le
composé :
p.(f,g, h):X
XU—îh’ YxYxY-fl Y
est un morphisme de Mal’cev. Quelle est sa direction ?
3) Montrer que M(X, Y) est un espace de Mal’cev commutatif dont la
direction est le groupe abélien M(X, ).
34 CHAPITRE 2. CONSTRUCTION D’ESPACES DE MAL ’OEV

4) Si f : X —> Y et g : X —> Y sont deux morphismes de Mal’cev, quel


est le vecteur fg E M(X, Ÿ) ?
_>
5) Quelle est la direction du morphisme de Mal’cev fg ?
On rappelle que si B et O sont deux groupes abéliens, l’ensemble
Ab(B, C) des homomorphismes de groupes est un sous-groupe du groupe
abélien .7:(B , O) des applications de l’ensemble B vers O.
6) L’application “direction” (4) : M(X, Y) —> Ab(X, Ÿ) relie l’espace de
Mal’cev commutatif M(X, Y) au groupe abélien Ab(X, Ÿ), qui est lui-
même un espace de Mal’cev commutatif. Montrer que cette application
est un morphisme de Mal’cev et que sa direction est l’application :
(‘) : M(X, Ÿ) —> Ab( ,Ÿ), à savoir l’application ui associe à tout
morphisme de Mal’ceV çà : X —> sa direction çb : —> .
Exercice 2.4.0.10. 1) Soit X un espace de Mal’cev commutatif. On
considère l’application diagonale 6X : X ——> X >< X definie par ô(:12) =
(x, 3:). Montrer que c’est un morphisme de Mal’cev.
2) Soit (f, g) une paire de morphismes de Mal’cev X x X z; Y, telle
que f o 5X = g o 6X. Montrer qu’il existe un et un seul morphisme de
Mal’cev çb : X >< X X X ——> Y tel qu’on ait : çb(:c,œ,z) = f(œ,z) et
3(32, z, z) = 9(w, z).
3) Quelle est l’application çb lorsque Y = X et que la paire en question
est la paire (191,192) des projections : X X X z; X ?
Exercice 2.4.0.11. Cet exercice a pour but de donner une illustration
de la relation géométrie/algèbre à partir de l’Exercice 7.2.3.14 concer-
nant les groupes. On se donne trois espaces de Mal’cev et trois mor-
phismes de Mal’cev tels que le diagramme suivant commute :

XgX’
x2
Y
On considère la restriction KŒ) : Ke'rÎ —> Kerf” de la direction —g’.
1) Montrer que g est injective si et seulement si on a : Kter/5(5)) = {1}.
2) Montrer que, si de plus f est surjective, le morphisme g est surjectif
si et seulement si l’homomorphisme de groupes n(ÿ’) est surjectif.
3) En déduire que, sous ces conditions, g est un isomorphisme d’espaces
de Mal’cev si et seulement si 5(ÿ') est un isomorphisme de groupes.
Chapitre 3

K—espace affine

On introduit à. présent un corps commutatif K, appelé corps des


scalaires (du latin scalae : échelle) qui va nous permettre d’adjoindre au
parallélogramme un instrument d’évaluation de nature, en effet, scalaire
(ou linéaire). On supposera le lecteur familier avec la notion de K—espace
vectoriel, et on le renvoie à l’Appendice, section 7.3, pour le rappel des
propriétés essentielles concernant cette structure.

3.1 Structure affine


Définition 3.1.0.12. Un K-espace afline est la donnée d’un espace de
Mal ’ceu (X, p) commutatif tel que le groupe abe’lien ( ,+, O), à savoir
sa direction, soit sous-jacent â. une structure de K—espace vectoriel.

Cela signifiequ’il existe, en plus de l’opération ternaire p sur l’en-


semble X, une opération externe K x ——> qui fait de la direction
un K-espace vectoriel. En sus du parallélogramme, on dispose donc
à présent d’une opération (æ = k.a ) qui contrôle la linéarité et l’ali-
gnement. On appelle le K—espace vectoriel ÿ la direction du K—espace
affine X.

Remarque Du fait de Mal ’ceu X est commutatif,


3.1.0.53. qugl’espace
on a donc: Æ = cd (a) æ = bd 4:) 2% = EÊ par 1.2.0.16.

On va pouvoir rapatrier, sans frais, au niveau affine un grand nombre


de notions vectorielles, dont la plus importante d’entre elles :

35
36 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

Définition 3.1.0.14. Dimension.


Soit X un K-espace aflîne. On pose : dimX = dimX.
Il est donc légitime, dorénavant, de parler de droite (dimX = 1) et
de plan (dimX = 2) affines.
Remarque 3.1.0.15. Cette notion de dimension se laisse aisément
comprendre du fait que, quel que soit le point m0 E X, l’application :

âme Z X -> Ÿ, m l—Ÿ 771,07%

est bijective (voir Exercice 7.2.4.6 et la Proposition 1.4.0.23).

Remarque 3.1.0.16. Soit K C K’ une inclusion de corps. On rappelle


que tout K’-espace vectoriel E possède alors une structure de
K-espace vectoriel (voir Proposition 7. 3. 7. 1) De ce fait, tout K’-espace
aflîne X possède une structure de K-espace afi‘lne, mais évidemment ces
deux structures n’ont pas la même dimension, voir Proposition 7. 3. 7. 2.
En revanche, la loi de Mal’cev p étant la même, les notions de pa-
rallélogramme coïncident dans les deux structures. Tout (C-espace afiîne
possède ainsi une structure de R-espace afline.

Il faut pouvoir ensuite comparer les K—espaces affines entre eux.


Soient X et Y deux K—espaces affines.
Définition 3.1.0.17. Une application f : X —> Y est K-aflîne si c’est
un morphisme de Mal ’cev tel que sa direction î : X —> est une
application K-linéaire.

On appelle alors l’application K—linéaire î la direction de l’appli-


cation K—affine f. Lorsque le corps K est défini sans ambiguïté, on se
contentera de parler d’espace affine X et d’application affine f.

Exemple 3.1.0.18. On a immédiatement les exemples suivants :


1. structure aflîne canonique d’un espace vectoriel : soit
E un K-espace vectoriel; par l’Exemple 1.1.0.2, la structure de
groupe abélien (E, +) détermine sur E une loi de Mal’cev com-
mutative, définie par p(u, v,w) = u — v + w, dont la direction est
définie par l’application suivante :

EXE—>E; (u,v)I—+v—u
3.1. STRUCTURE AFFINE 37

on a donc Ê = E qui est, par définition, un K-espace vectoriel,


ce qui donne â. E une structure K-afi‘lne.
2. tout hyperplan “affine” d’un espace vectoriel est un es-
pace aflîne : un hyperplan “afiine” H de l’espace vectoriel E est
l’image reciproque çb‘l({k0}) d’un scalaire k0 E K par une forme
linéaire çb : E —> K non triviale. Si on a k0 7A 0, ce n’est pas un
sous-espace vectoriel. Notons H0 le noyau de d. La même formule
p(u, v, w) = u — v + w définit une loi de Mal ’cev commutative sur
H. La direction de H est donnée par l’application :

HXH—>H0; (u,v)I—>v—u

on a donc H = H0 qui est bien un K-espace vectoriel.


5’. par extension, toute intersection non vide d ’hyperplans “afiînes”
est un espace afltne.
4. ainsi tout ensemble E 7è (b de solutions d’un système de p équations
linéaires a n inconnues est un espace aflîne dont la direction est
l’espace vectoriel Eo des solutions des équations dites “sans second
membre”.
5. pareillement, tout ensemble I‘ 7E (b de solutions d’un système diflé-
rentiel linéaire d’ordre n non homogène est un espace afi‘lne dont la
direction est l’espace vectoriel F0 des solutions du système difléren-
tiel homogène associé.
Les guillemets qui apparaissent au point 2) ci—dessus sont là. pour
désigner la notion commune, et la plupart du temps jamais complètement
explicitée, qui qualifie par exemple de droite “affine” l’ensemble D des
points de coordonnées (1:, y) dans 1R2 satisfaisant la relation y = aa: + b.
Exercice 3.1.0.19. On considère le R—espace vectoriel R2 et les sca—
laires a, b de R. Montrer que l’application çb : R2 ——> R définie par
çb(:c,y) = —a:c + y est une forme linéaire. Montrer que l’ensemble D
défini ci-dessus n’est autre que d'l(b), à. savoir une droite affine réelle
au sens précis de cette section.
Exercice 3.1.0.20. Soient E et F deux K-espaces vectoriels, et une
application linéaire h : E —> F. Montrer que c’est une application affine
pour les structures affines canoniques associées. Quelle est la direction
de cette application affine ?
38 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

Exercice 3.1.0.21. On considère l’application âmo : X ——> X de la


remarque 3.1.0.15. Montrer qu’elle est affine. Quelle est sa direction ?
Exercice 3.1.0.22. Transport par bijection
Soient X un K—espace affine, T un ensemble et x : X —> T une bijection.
Montrer qu’il existe une et une seule structure de K—espace affine sur
T telle que l’application x ainsi que son inverse soient des applications
affines, autrement dit telle que x soit un isomorphisme affine.
Exercice 3.1.0.23. Quel est le R-espace affine des solutions de l’équa-
tion différentielle linéaire d’ordre 2 : y” + y = 1 — cosa'.

3.2 Barycentre
Nous allons introduire maintenant l’outil géométrique extrêmement
puissant que la structure affine met à. notre disposition avec la notion
de barycentre.

3.2.1 Point massique, système massique


Supposons momentanément que X ÿé (Il est juste un ensemble et
K un corps commutatif. Un point massique (à coefficients dans K) de
l’ensemble X est un couple (k,x) E K... x X, et k est appelé le poids
(ou la charge) du point 3:. Un système massique est un ensemble fini
(Ici, amie; de points massiques (la finitude est demandée afin de pouvoir
parler du poids total (Eiejki) du système).
L’ensemble des systèmes massiques 2(X) de X peut apparaître, à
première vue, comme non structuré. On va montrer qu’a peu de choses
près, sa structure est au contraire très affirmée. Soit 7' : X —> 1K une
application quelconque.
Définition 3.2.1.1. On appelle support de 7' la partie de X définie
par :
supp(T) = {æ E X/ 7(33) 7è 0}
On dira que 7' est a support fini si l’ensemble supp(7') est fini ou uide.
La seule application à support vide est l’application constante sur 0.
Système massique ponctuel : on aura grand usage de l’exemple sui-
vant : pour tout point a: E X, on notera i: : X —> K l’application définie
3.2. BARYCENTRE 39

par a':(:c) = 1 et i:(y) = 0 si y 7è as. Il est clair qu’on a supp(:'c) = {:L'} et


que l’application :‘c est à support fini. Enfin, on notera K(X) l’ensemble
des applications à. support fini.

Théorème 3.2.1.2. L’ensemble K(X) est muni d’une structure de K-


espace vectoriel.

Preuve. L’ensemble des applications .7:(X , K) est classiquement muni


d’une structure de K—espace vectoriel. On peut montrer que le sous-
ensemble K(X) C .7:(X , K) est un sous K—espace vectoriel au moyen des
observations suivantes :
1) supp(lc.7') = supp(r) si k 7è 0,
2) supp(7' + 7") C supp(r) U supp(r’). D

Exercice 3.2.1.3. 1) Montrer que la famille {Œ/æ E X} détermine


une base (éventuellement infinie) de l’espace vectoriel K(X). Montrer
en particulier que pour tout 7' E K(X) on a :

7' = Eæesupp(7-)T(Œ).â3

2) Si X est un ensemble fini, montrer que K(X) = .7:(X , 1K). Quelle est
la dimension de l’espace vectoriel K(X) ?
Proposition 3.2.1.4. L’ensemble des systèmes massiques 2(X) est en
bijection avec l’ensemble K(X) privé de l’origine.

Preuve. Soit (Ici, aime], I fini, un système massique. On lui associe l’ap—
plication 7' = Zig/scion, à. savoir :

TZX-èK; ŒiF—Ÿki,VŒi; ŒHO,SÎ œÿéœ,

C’est-à—dire qu’on associe à. tout point 5c,- du système son poids Ici, et 0
à tout autre point. Il est clair que le support supp(r) est en bijection
avec I et qu’il est donc fini. Réciproquement si 7' E K(X), 7' 7è 0, on lui
associe le système massique (r(a:), æ)œe5upp(7). El

Conclusion : Si on ajoute le “système massique (2)” à l’ensemble 2(X),


il devient isomorphe à K(X), et donc il devient un K—espace vectoriel.
Dorénavant on utilisera indifféremment les deux représentations pos—
sibles d’un système massique.
40 CHAPITRE 3. K-ES’PACE AFFINE

Exercice 3.2.1.5. On désigne par 7T : K(X) —> K l’application “poids


total” définie par : 7r(7') = EŒËSUPP(T)T(Œ)'
1) Montrer que c’est une forme linéaire.
2) On note Kt(X) = 7r—1({t}) l’hyperplan affine de K(X) des systèmes
massiques de poids t. Quelle est sa direction ?
Le noyau de 7r est donc le sous-espace vectoriel K0(X) des systèmes de
poids nul; par ailleurs l’espace affine K1 (X) des systèmes massiques de
poids 1 nous sera également très utile.
3) Soit X = {a0,a1, ...,an} un ensemble fini. Montrer que la famille
(çbl, çbg, ..., on) est une base de l’espace vectoriel K0(X), où çbz- = à.- — ào.
Quelle est la dimension du noyau K0(X) et la dimension de l’espace
affine K1 (X) ?

3.2.2 Fonction de Leibniz d’un système massique


Soit X un K—espace affine et 7' G K(X) un système massique de X.

Définition 3.2.2.1. La fonction de Leibniz L7 : X —> X associée à 7'


est définie par :
L.(m) = zæeswp(.,»r(æ)m
Si 7' = EieIkZ-jci, c’est-à—dire s’il représente le système massique
(la-maie], la formule s’écrit : LT(m) = Zig1121m
Pour étudier la fonction LT, on va classiquement étudier ses variations :
——>
— _'
LT (m) L'r (ml) = ZLBGISUIDMTW'(55)”î EæeSupp(T)T(Œ)'mlæ
—> —>
= zœ€Supp(.)T(œ).(m — m’œ) = (zœesupp(.)7(æ)).mm' = 7T(7').’mm’
où 7r(7') représente le poids total du système. De l’étude de ces variations,
on tire la classification radicale suivante :
Théorème 3.2.2.2. Si 7r(7‘) = O, la fonction de Leibniz L7. : X —> X
est constante. Si 7r(7') 7E 0, la fonction de Leibniz LT : X —> est
bijective.

Preuve. Si on a 7T(7') = 0, on obtient LT(m) — LT(m’) = 0 et donc


LT(m) = LT(m’) pour tout couple de points m, m’). Par conséquent L7
est constante.
__>
Si on a 7r(7') 7E 0, l’égalité L7 (m) — LT(m’) = 0 = 7r(7').mm’ entraine
mm’ = 0 et donc m = m’. Par conséquent l’application LT est injective.
3.2. BARYCENTRE 41

Il reste à montrer qu’elle est surjective. Soit u E Î. On cherche


m E X tel que LT(m) = u (*). On se donne m0 E X. Sachant que
LT(m0) — L7(m) = 7T(T).Tm, l’égalité (*) devient donc LT(mo) — u =
7r(7').n—i—07Ÿi. D’où la formule suivante :

m = fl—(lñxmmo) — u)
qui définit le point m tel que L7 (m) = u. EI

Exercice 3.2.2.3. 1) Montrer que la définition de la fonction de Leibniz


définit une application linéaire L : K(X) —> .7:(X , Ÿ).
2) On note A : K0(X) —> l’application qui associe à tout système
7' de poids nul la constante définie par le théorème précédent. Montrer
que A est linéaire et que A(y — :Ë) = 53?]. En déduire que A est surjective.
3) Montrer que le carré suivant est commutatif :

KO(X) A >> X’
7
la
Xî>—>
K(X
l) L .7-“(X, X)

où (v) est l’application linéaire qui associe à tout vecteur de u E Î


l’application a constante sur ce vecteur.
4) On note A0(X) le noyau de L. Montrer qu’il se factorise à travers
K0(X) et qu’il est aussi le noyau de A.
Définition 3.2.2.4. On appelle système massique autarcique tout élé-
ment du noyau A0(X).
Les propriétés du sous-espace vectoriel A0 (X) de K(X) sont étudiées
en détail dans la Section 3.2.5 ci—dessous.

3.2.3 Barycentre
Si 7r(7') 7E 0, on peut maintenant introduire la définition suivante :

Définition 3.2.3.1. Le barycentre d’un système massique 7' de poids


non nul est l’unique antécédent, note’ M7"), de 0 par l’application LT.
42 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

Le barycentre g du système massique 7' est donc caractérisé par


l’équation LT(g) = O, à. savoir : EaÆlgwpppr)7'(:2:).g—a:> = O. La terminologie
provient du mot grec flapuç : poids. Le barycentre est en effet le centre
pondéral du système; on ne doit pas confondre cependant la notion
mathématique de barycentre qui est discrète et la notion physique de
centre de gravité qui est continue; on pourra se reporter à. l’Exercice
4.3.2.9. A l’aide du barycentre g, on peut donner à. l’application L, son
expression réduite :

Proposition 3.2.3.2. Si on a 7r(r) 7E 0, on obtient LT(m) = 7r(r).nî.

Exemple 3.2.3.3. Isobarycentre.


Soit (æ,),-€I un ensemble fini de points. On appelle isobarycentre de cet
ensemble le barycentre, s’il existel, du système 7' = 2,61m,- (autrement
dit, on aflecte tous les points du même poids 1). Lorsque I est réduit a
deux points (m, n) et la caractéristique du corps K n’est pas 2, l’isoba-
rycentre est appelé le milieu de ces deux points, et on le notera u(m, n).

Exercice 3.2.3.4. Soit E un K-espace vectoriel. En considérant sa


structure affine canonique et un système massique 7', expliciter la fonc-
tion L7. Lorsque 7r(r) 7€ 0, déterminer le barycentre du système; lorsque
7r(r) = O, déterminer la constante associée à LT.

Définition 3.2.3.5. La figure affine du parallélogramme.


Soit X un K-espace afiîne. On appelle parallélogramme de l’espace afi‘lne
X la donnée de quatre points (a, b, c, d) tels que d = p(a, b, c) ou encore
tels que cîl = bc.

Exercice 3.2.3.3. Soient trois points a, b, c de X. Calculer le poids du


système 7' = a — b + c'. Montrer que (a, b, c, d) est un parallélogramme
si et seulement si on a : p(a — b + c') = d.

Exercice 3.2.3.7. Multiplication par un scalaire.


Soient a et b deux points de_X et k un scalaire. On considère le système
massique 7' = (1 — k).a + k.b. Quel est le poids de ce système? Montrer
que son barycentre est le point c tel que Ë = 19.3.

1. En effet, si la caractéristique du corps K est l’entier premier p 7è O, le cardinal


de l’ensemble I ne doit pas être un multiple de p.
3.2. BARYCENTRE 43

3.2.4 Propriétés du barycentre


Le barycentre a les propriétés suivantes :
Unitarité : Mi) = :13.
Homogénéité : fl(k.r) = 5(7), si k 7E 0; le barycentre est invariant
par multiplication (ou division) par un scalaire non nul.
Preuve. Il est clair qu’on a L“ = k.LT. Si k est non nul, on a donc :
Lk,.,(g) = 0 4:) k.LT(g) = O (i) LT(g) = 0. Ü
Commutativité : le barycentre ne dépend pas de l’ordre des éléments
du système massique.
Associativité : soit (Tj)jeJ une famille finie de systèmes massiques; on
a alors 5(Ejeflj) = 5(EjeJ7r(rj).B(TJ-)), si 7r(7'j) 7E 0 pour tout j E J;
autrement dit le barycentre d’un système ne change pas si on remplace
une partie (Tj) de poids non nul de ce système par le barycentre M73)
de cette partie en l’affectant du poids 7r(7'j) non nul de cette partie.

Preuve. Il est clair qu’on a neflj = EjeJLTj. Et si on note gz- = M73),


on en déduit : sem (m) = zjeJLn. (m) = zje(Tj).nîgi. D’où ;
seJTJ-(g) = 0 ë Ëjefl(Tj)-ÿÿl = 0 4:) g = 18(EJËJ7T(Tj)fi(Tj))- Ü
Les diagonales du parallélogramme

Proposition 3.2.4.1. Soit (a, b, c, d) un quadrilatère d’un plan K-aflîne


X. Les condition suivantes sont équivalentes :
1) (a, b, c, d) est un parallélogramme
2) le système massique : 7' = a — Î) + c' — d est autarcique (Définition
3.2.2.4)
et si de plus la caractérisque du corps K est diflérente de 2 :
5’) les diagonales (a, c) et (b, d) de (a, b, c, d) se coupent en leur milieu.

Z .
a .d

b
/ / ..
c

Preuve. Le poids de 7' est nul et donc la fonction LT est constante. On a


LT(m) = ba Ainsi 7' est autarcique si et seulement si ba + dc = O,
+ic.
à. savoir (È = dc.
44 CHAPITRE 3. K—ESPACE AFFINE

Si de plus la caractérisque du corps K est différente de 2, notons i le


milieu de (a,c); on a alors LT(i) = ia — i + id = —(i + id).
ic_—>
Par conséquent LT(i) = 0 si et seulement si ’LÈ + id = 0, à. savoir si et
seulement si i est aussi le milieu de (b, d). El

Caractérisation barycentrique des applications affines

Une première conséquence importante de l’introduction de la notion


de barycentre est la caractérisation suivante des applications affines :

Théorème 3.2.4.2. Une application f : X —> Y est afiîne si et seule-


ment si elle préserve les barycentres.

Preuve. Si f préserve les barycentres, l’expression barycentrique de la


loi de Mal’cev (Exercice 3.2.3.6) entraîne que f préserve la loi de Mal’cev
et l’expression barycentrique de la linéarité (Exercice 3.2.3.7) entraine
la linéarité de la direction .
Réciproquement, supposons f affine. Soit 7' = Eie1km un système
massique de poids non nul et de barycentre g. On a donc Eie1k).ÿïî = O.
D’où :

o = 7(0) = î(z.-ak..g—æz> = agnîo—xë) = 2.61k..f(g)f(œ.-)


Ce qui caractérise le point f (g) en tant que barycentre du système
massique f (7') = 2.551.195. f (:132) CI

3.2.5 Systèmes massiques autarciques


On a vu que les systèmes autarciques (Définition 3.2.2.4), à. savoir
les systèmes massiques çb de poids nul dont l’application de Leibniz
associée L4, est constante sur O, forment un sous-espace vectoriel A0(X)
de l’espace vectoriel K(X) des systèmes massiques de X. Ils ont des
propriétés remarquables que nous allons présenter à. travers l’exercice
suivant. On verra qu’ils ont à la fois un rôle théorique important qui
sera détaillé dans la Section 5.4 et une efficacité pratique qui sera utilisée
dans la preuve du théorème de Helly (Section 6.2).
Exercice 3.2.5.1. Soient X un K—espace affine et çb un système mas-
sique de poids nul.
3.2. BARYC’ENTRE 45

1) On pose 7' = d + [6.33, k 7E 0. Calculer L,(a:). En déduire que çb est


autarcique si et seulement si on a : fl(çb + 12.33) = æ.
2) Montrer plus généralement que çb est autarcique si et seulement si,
pour tout système massique 9 de poids non nul, on a : 5(çb + 0) = fl(9).
3) Soit 7' un système de poids non nul. Montrer que le système massique
çb = 7' — 7r(T).B(7') est autarcique.
4) On pose çb = Eielk,.m,-. Montrer que çb est autarcique si et seulement
s’il existe un point mio du système (b qui est le barycentre de tous
les autres affectés de leurs poids dans le système, à savoir du système
massique çb — k,0.m,-O.
5) Montrer que, si le système massique çb est autarcique, tout point m,
du système est le barycentre de tous les autres affectés de leurs poids
dans le système.
6) Soit (15 un système autarcique; montrer que toute bi—partition çb =
7'1 +72 de (b, telle que le poids de 7'1 (et donc de 7-2) n’est pas nul, est telle
que : 5(7'1) = fl(7‘2). En déduire qu’il n’existe pas de système autarcique
réduit à deux points distincts. Autrement dit : m — ñ est autarcique si
et seulement si m = n.
7) Soient 7'1 et 7'2 deux systèmes massiques de poids opposés et non nul,
de barycentres respectifs 91 et gg. Montrer que le système massique de
poids nul 7'1 + 7'2 est autarcique si et seulement si on a : gl = 92.
8) Hérédité des systèmes autarciques. Soient (72-),61 une famille
finie de systèmes massiques de poids 1 et çb = 2,61km. Montrer que
le système massique çb est de poids nul si et seulement si 2,61/9,; = 0.
Montrer que çb est autarcique si et seulement si le système massique
2,611€,. fl (73-) est autarcique. Autrement dit, étant donnés un système çb de
poids nul et une partition finie de ce système en parties de poids non nul,
çb est autarcique si et seulement le système obtenu par les barycentres
de ces parties, affectées de leurs poids respectifs, est autarcique.
Un bon exemple de l’efficacité des systèmes autarciques a été donné,
ci—dessus à la Proposition 3.2.4.1, avec le traitement de la question des
diagonales du parallélogramme. On en trouvera une autre illustration
avec l’exercice suivant :
Exercice 3.2.5.2. Triangles ayant même isobarycentre
On se donne un corps K de caractéristique différente de 3. Soient (a, b, c)
et (a’, b’, c’) deux triangles non dégénérés d’un espace affine X d’isoba—
rycentres respectifs g et g’. On considère alors le système massique :
46 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

q5=à+b+è—à.’—b’—c".
. —+ 7,; —,+
1) Montrer que la fonctlon n est constante et vaut : a’a + b + c c.
, _ —> —> —> —>
2) Calculer Lé(g) et en dedu1re que : aa’ + bb’ + cc’ = 3gg’.
3) On suppose que les sommets de (a, b, c) se déplacent sur trois plans
parallèles PA, PB et P0. Quel est alors le lieu de l’isobarycentre g ?
4) Montrer que les deux triangles ont même isobarycentre si et seule—
ment si : aa’ +bb’ +cc’ = 0, à. savoir si et seulement si le système massique
çb est autarcique.
5) Montrer que les deux triangles ont même isobarycentre si et seule-
ment si : a’ =fl(à+b+è—b’—c”).
6) Montrer que les deux triangles ont même isobarycentre si et seulement
si : le quatrième sommet du parallélogramme construit sur les som-
mets (b, a’, c) coïncide avec le quatrième sommet du parallélogramme
construit sur les sommets (b’, a, c’).
7) Caractériser les couples de quadrilatères (a, b, c,d) et (a’ , b’ ,c’ , d’)
ayant même isobarycentre.
8) Le sparadrap. On suppose que (a, b, c, d) et (a’, b’, c’, d’) sont des pa-
rallèlogrammes. Montrer qu’ils ont mêmes isobarycentres si et seulement
si le quadrilatère (a, a’ ,c, c’) (respectivement (b, d, b’ ,d’), (a, b’ ,c, d’) et
(a’, b, c’, d)) est un parallélogramme. Faire un dessin.

3.2.6 Exercices sur le barycentre


Exercice 3.2.6.1. Barycentres dans le corps (C des complexes
Soit (C le corps des nombres complexes et z' la racine carrée usuelle de
—1. Soit (b, c) un couple de complexes distincts. On considère le système
massique: 7' = (1 — i).b + (1 + 71).c'.
1) Montrer que le système massique 7' admet un barycentre.
2) On suppose que c = z’.b. Montrer que 0 est le barycentre de ce système.
3) Calculer (1 — z').(1 — 2') et (1 —z').(1+z'). En déduire que le barycentre
de 7' est aussi le barycentre de T’ = —z'.b + c'.
4) Donner l’équation que doit vérifier le barycentre a du système ’r’.
En interprétant classiquement le produit par z' comme la rotation de
sens direct d’angle 7T/2, montrer que a. est le sommet du triangle isocèle
rectangle de sens direct et de base (b, c).
5) Calculer explicitement a en fonction de b et c.
On note j et j2 les racines cubiques usuelles non triviales de l’unité.
3.3. CONSTRUCTION D’ESPACES AFFINES 47

On rappelle qu’on a : 1 +j +j2 = O.


6) On considère le système : 9 = 316 + j2.c'. Montrer qu’il admet un
barycentre a et que ce barycentre est le sommet du triangle équilatéral
de sens direct et de base (b, c).
7) Montrer que le système à + j.Î) + j2.c' est autarcique si et seulement
si le triangle (a, b, c) est équilatéral de sens direct.
Exercice 3.2.6.2. L’application “barycentre” est affine
Soient X un espace affine, qb un système massique de poids nul. On note
A(çb) E Î) la constante associée à la fonction L45.
1) Soit a: un point de X. Quel est le poids du système 7' = çb + si; ? On
note g son barycentre. Montrer que :Ê] = A(çb).
2) On note fi : K1 (X) —> X la restriction de l’application “barycentre”
aux systèmes de poids 1. Montrer que c’est un morphisme de Mal’cev.
3) Quelle est sa direction : K0(X) —> ? En déduire que fi est une
application affine.
4) Interpréter la propriété d’associativité du barycentre à la lumière de
ce résultat.
On effectue une bi—partition de çb en posant çb = 7'1 + 7-2, telle que le
poids de 71 (et donc de 7'2) n’est pas nul. On note 9,; le barycentre de
n, 75 E {1,2}.
5) Montrer que L4,(g1) = 7r(7'2).gîlÿà et en déduire que la droite (91,92)
admet une direction indépendante de la partition choisie.

Exercice 3.2.6.3. Alignement affine dans un K-espace vectoriel


Soient E un K—espace vectoriel et (u, v, w) un triplet de vecteurs de E.
Montrer qu’ils sont alignés en tant que points de l’espace affine E si et
seulement s’il existe un triplet de scalaires (Au, Av, Àw) tels que :
1) Àu+/\.,+/\w=0
2) Aura + Àvw + Àw.w = 0;
à. savoir si et seulement s’il existe un système : 2p = Àwù + /\.U.Ù + Àwab
qui est autarcique. Préciser la différence entre la dépendance affine et
la dépendance linéaire dans E.

3.3 Construction d’espaces affines


On va pouvoir aisément étendre au cas affine les résultats obtenus
dans le cadre des constructions d’espaces de Mal’cev. On supposera
48 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

dorénavant fixé le corps K des scalaires.

3.3.1 Sous-espace affine, variété linéaire aflîne.


La définition de sous—espace affine est très naturelle :

Définition 3.3.1.1. Une partie X’ de X est un sous-espace afl‘lne (on


dit aussi variété linéaire afi‘lne ou même v.l.a.) si c’est un sous-espace
de Mal ’cev tel que le sous-groupe X’ de X soit en fait un sous K-espace
vectoriel de .

Une droite (resp. un plan) d’un espace affine X est un sous—espace


de dimension 1 (resp. 2). Un hyperplan affine d’un espace affine X est
un sous-espace dont la direction est un hyperplan vectoriel de , à
savoir un sous-espace de dimension dimX — 1. Les résultats suivants
sont les conséquences immédiates des résultats analogues concernant
les sous-espaces de Mal’cev.

Proposition 3.3.1.2. Si X’ est un sous-espace aflîne de X, il est muni


d’une structure d’espace afi‘lne. Sa direction est donnée par le sous-
espace vectoriel :

X’={iÊEX/uEX’,v€X’}

Preuve. X’ étant un sous-espace de Mal’cev, la Proposition 2.1.1.2 a


montré qu’il est lui-même un espace de Mal’cev de direction X’, et ce
dernier est un K—espace vectoriel en tant que sous-espace vectoriel de
l’espace vectoriel . El
_>

Corollaire 3.3.1.3. Soient X’ un et X’ sa direction. Soit


sous-espace
ŒOEX’. Alors ona: ŒEX’ 4:) meX’.

Ces observations vont permettre de caractériser les sous—espaces af-


fines de façon plus géométrique :

Proposition 3.3.1.4. X’ est un sous-espace afline de X si et seulement


si X’ est stable pour la construction du parallélogramme et stable pour
l’alignement, a savoir : si X’ contient les points a et b distincts, alors il
contient aussi la droite (a, b) = (a,lKa ).
3.3. CONSTRUCTION D’ESPACES AFFINES 49

Exemple 3.3.1.5. Pour tout Œo E X, le singleton {3:0} est un sous-


espace afiîne. Quelle est sa direction, quelle est sa dimension .9

Exercice 3.3.1.6. Soit X’ un sous-espace affine de X. Montrer que


l’inclusion canonique LXI : X’ ;> X est une application aflîne. Quelle
est sa direction ?

Une application importante de la notion de barycentre est qu’elle va


permettre de caractériser directement la notion de sous-espace affine.

Proposition 3.3.1.7. Une partie X’ 7É (b de X est un sous—espace aflîne


si et seulement si elle est stable par barycentre, a savoir si et seulement
si le barycentre d’un système de points de X’ appartient a X’.

Preuue. Si X’ est stable par barycentre, la caractérisation barycentrique


(Exercice 3.2.3.6) du parallélogramme assure que X’ est un sous—espace
de Mal’cev. La caractérisation de la linéarité (Exercice
bary>centrique
3.2.3.7) assure que le sous-groupe X’ est un sous-espace vectoriel.
Réciproquement supposons que X’ est une v.l.a. de X. Soit r un
élément de K(X’) de poids non nul et de barycentre g dans X. On
choisit un point m0 dans X",alors pour tout point a: E supp(r), on a :
moÏ E X’. Du fait qu’on a 7r(r).m_ÿ= 3:). Î, et que
Eæesupp(r)7'(ï
est un sous-espace vectoriel, on a: m E X’ et donc g E X’. El

Exercice 3.3.1.8. Montrer que la notion de sous-espace afl'lne est stable


par intersection non vide. Quelle est dans ce cas la direction de l’inter-
section ?

Proposition 3.3.1.9. Soit f : X —> Y une application aflîne. Si X’


est un sous-espace afi‘lne de X, alors f (X ’ ) est un sous-espace afi‘lne de
Y, et on a f(X’l = î(X’). Si Y’ est un sous-espace aflîne de Y et si
f—1(Y’) est non uide, alors f‘1(Y’) est un sous-espace afi‘lne de X, et
——>
on a f“1(Y’) = î-lo”).
—>

Preuve. Les résutats sont vrais pour les espaces de Mal’cev


(PrOpo-
X’) et
sition 2.1.1.6). Il reste a montrer que les groupes abéliens ?(—)
—1(Y’) sont des sous-espaces vectoriels ce qui est immédiat puisque
î est linéaire et que ’ et Y’ sont des sous-espaces vectoriels. D
50 CHAPITRE 3. K—ESPACE AFFINE

Exercice 3.3.1.10. Soient f : X ——> Y une application affine et X’ une


v.l.a. de X. Montrer qu’on a : dimf (X ’ ) S dimX’ (on pourra utilement
consulter le Corollaire 7.3.5.6).

3.3.2 Enfin de la géométrie affine.


Avec la notion de sous-espace, on peut immédiatement mettre en
place deux importants dispositifs de la géométrie affine, à. savoir ceux
du parallélisme et de la supplémentarité.

Parallélisme et “Postulat d’Euclide”

Le parallélisme est une simple extension du résultat concernant les


espaces de Mal’cev.
Définition 3.3.2.1. Deuzz; sous-espaces et X” de X sont dits
aflîneszg’
parallèles s’ils ont même direction (à savoir si X’ = X ’). On note alors
Xl//Xl/.

Exercice 3.3.2.2. Soit f : X —> Y une application affine. Montrer que


les images directes de deux v.l.a. parallèles de X sont parallèles dans
Y. Montrer que les images réciproques de deux v.l.a. parallèles de Y, si
toutes deux sont non vide, sont deux v.l.a. parallèles de X.
Le “Postulat d’Euclide” et ses conséquences s’étendent aussi aisément.
Proposition 3.3.2.3. “Postulat d ’Euclide ”. Soit H un sous-espace
vectoriel de X. Par tout point 5E0 E X, il passe un et un seul sous-espace
aflîne de direction H. On le notera (3:0, H) et il est défini par :

(550,19) ={Œ€X/Œ—0È€H}

Preuve. Par la Proposition 2.1.2.2, on sait que (3:0, H) est l’unique sous-
espace de Mal’cev vérifiant les conditions énoncées. Sa direction H étant,
par hypothèse, un sous-espace vectoriel de , ce sous-espace de Mal’cev
(:20, H) est donc un sous-espace afiine. Ü

Corollaire 3.3.2.4. Soient X’ et_> X” deux sous-espaces de X. On a


=
X’ X” si et seulement si on a : X’ = Xj’ et X’ flX” 7E (l) (autrement
dit si et seulement s’ils sont parallèles et d’intersection non vide).
3.3. CONSTRUCTION D’ESPACES AFFINES 51

Sous-espaces supplémentaires

La notion de sous-espaces supplémentaires qui existe au niveau vec—


toriel (voir Définition 7.3.2.9) peut être naturellement rapatriée au ni—
veau affine.
Définition 3.3.2.5. Deux sous-espaces affines X’ et X” de X sont
dits supplémentaires si leurs directions sont supplémentaires, a savoir
si on a dans l’espace vectoriel la décomposition en somme directe :
î = ÿ' sa î".
Introduisons une première propriété importante de ces paires des sous-
espaces :
Proposition 3.3.2.6. Deux sous-espaces aflînes supplémentaires ad-
mettent un et un seul point d’intersection.

Preuve. Si on suppose X’ fl X” 7é_(l)>, nous savons que X’ fl X” est


un sous-espace affine direction X’ fl X’. Puisque X’ et X” sont
d_e>
supplémentaires, on a X’ fl 2T” = {O}, et par conséquent X’ fl X” est
réduit à. un point. Il reste à montrer que X’ fl X” 7É (l). Soient a E X’ et
b E X”. Du fait que X = X’ EB ”, il existe u e X’ et v E ” tels que
Æ = u + v. On définit le point x0 par CL—Œà = u. Puisque on a a E X’ et
u E X’, le point x0 est dans X’. Par ailleurs v = Ë—u = a —a—xo> = x0 .
Puisque on a b E X” et bxo = —v E X”, le point x0 est dans X”. Par
conséquent x0 E X’ fl X” . E]

Des classiques de l’incidence

De là, on établit aisément :


Corollaire 3.3.2.7. Dans un plan aflîne, deux droites afi‘lnes sont pa-
rallèles ou concourantes.

Preuve. Dans un espace vectoriel de dimension 2, deux droites vecto-


rielles distinctes sont nécessairement supplémentaires. Û

Et plus généralement :
Corollaire 3.3.2.8. Dans un espace aflîne X de dimension n, l’in-
tersection de deux hyperplans afiînes non parallèles est une v.l.a. de
dimension n — 2.
52 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

Preuue. Soient X1 et X2 ces deux hyper lans. On doit d’abord montrer


que X1 flX2 est non vide. Si on a 1 ÿé Îä, il existe une droite vectorielle
1 de 1 qui n’est pas dans 2, et qui est donc supplémentaire à
2. Soit m1 E X1. Alors la droite D1 = (m1, 1) est dans X1 et
supplémentaire à X2. On a donc (l 7è D1 fl X2 C X1 fl X2. La dimension
de cette v.l.a. est donnée par l’Exercice 7.3.5.7 et le fait qu’on a : =
31ŒÎ2CŸ1+Ÿ2CŸ. l:l

Par ailleurs on obtient :

Théorème 3.3.2.9. Dans un espace afiîne X, par deux points distincts,


il passe une et une seule droite aflîne. On notera cette droite (a, b).
Preuve. Soient a et b deux points distincts. Il est aisé de vérifier que la
droite (a, Kaâ) est l’unique droite affine passant par a et b. III
Pareillement, en partant de trois points, on a :
Proposition 3.3.2.10. Dans un espace afi‘lne X, par trois points (a, b, c)
non alignés, il passe un et un seul plan aflîne. On notera ce plan
(a, b, c).

Les médianes d’un triangle sont concourantes

La preuve du grand classique suivant va manifester de façon remar-


quable la puissance du calcul barycentrique.
Proposition 3.3.2.11. Soit (a, b, c) un triangle non de’ge’ne’re’ (ie. les
points (a, b, c) sont distincts et non alignés) d’un plan aflîne X sur un
corps K de caractéristique difle’rente de 2 et 3. On appelle médiane du
triangle toute droite joignant un sommet au milieu du côte’ opposé.

Les trois médianes du triangles sont concourantes.


3.3. CONSTRUCTION D’ESPACES AFFINES 53

Preuue. Notons oz (resp. B, 7) le milieu de (b, c) (resp. (c, a), (a, b))
et g l’isobarycentre des points (a, b, c). L’égalité caractéristique de cet
isobarycentre g est donnée par :

fi+3+æ=0
Puisque o: est l’isobarycentre de (b, c), on a selon l’associativité du ba-
rycentre :
gî + 2.gÊ = 0
ce qui entraine l’alignement des points (g, a, a), ou encore qu’on a :
g E (a, a), à savoir que g appartient à. la médiane (a, a). Une permuta-
tion circulaire des sommets entraine que ce point g est à l’intersection
des médianes. D

Exercice 3.3.2.12. Dans le même contexte, exprimer la généralisation


de ce résultat, en dimension 3, au cas d’un tétraèdre (a, b, c, d). Elle
devra s’exprimer par la concourance de sept droites à déterminer.
Il faut insister ici sur le fait que les systèmes massiques il de poids
nul sont aussi importants que ceux de poids non nul qui permettent de
définir les barycentres. En effet, semblablement au barycentre g de la
proposition précédente qui permet de caractériser la concourance d’une
famille de droites, dans le cas de poids nul le vecteur constant u associé à
l’application de Leibniz L10 peut caractériser la direction commune à une
famille de droites parallèles; on pourra s’en convaincre en se reportant,
par exemple, aux Exercices 3.5.0.7 et 3.5.0.11.

3.3.3 Espace affine produit


Soient X et Y deux espaces affines.
Proposition 3.3.3.1. Il existe une et une seule structure d’espace aflîne
sur l’ensemble produit X >< Y telle que les projections px et py soient
des applications aflînes. On l’appelle espace afi‘lne produit. On a alors :

XxY’=îxŸ et p_x’=pjç', p—Y’=pÿ


Preuue. Soient X et Y deux espaces affines. Ce sont deux espaces de
Mal’cev. D’après la Proposition 2.2.1.1, l’ensemble X >< Y est muni d’une
unique structure d’espace de Mal’cev telle que les projections soient
54 CHAPITRE 3. K—ESPAC’E AFFINE

des morphismes de Mal’cev. Sa direction est le goupe X >< Ÿ qui se


trouve être ici un K—espace vectoriel en tant que produit de K—espaces
vectoriels. Ainsi l’espace de Mal’cev produit X >< Y est un espace affine.
Les projections (pÏ,pŸ) étant linéaires, les projections (px,py) sont
affines. Ü

Exerc1ce 3.3.3.2. Sclt 7' = EieI/ci.(æz-, y.) un systeme mass1que de l’es-


pace affine X x Y. Montrer que le barycentre de ce système est le couple
suivant :
(18(zi61ki'j7i)>18(Et61ki°ÿt))

3.3.4 Propriété universelle du produit d’espaces af-


fines

t
La paire (pX, py) de projections affines a une propriété universelle :
toute autre paire d’applications affines (f, g) d’un espace affine T vers
les espaces affines X et Y détermine une et une seule application affine
çb qui fait commuter le diagramme suivant :

X
f
/
pX
T .................Ÿ...>X x Y

Y
C’est une conséquence de la propriété universelle du produit d’espaces
de Mal’cev et de la propriété suivante dont la preuve est une simple
vérification à, faire en exercice :

Proposition 3.3.4.1. Soient T, X et Y des espaces aflînes. Une ap-


plication (b : T —> X >< Y est afi‘ine si et seulement sz' les composés
f=pxooetg=pyoçbsontaflînea

La factorisation çb est définie par çb(m) = (f (m), g(m)); il est donc


naturel de la noter çb = (f, g).
Exercice Soit çb = (f, g) : T —> X X Y une application affine.
3.3_.;1.2.
Montrer que çb = (î,ÿ’).
3.3. CONSTRUCTION D’ESPACES AFFINES 55

Exercices sur le produit

Exercice 3.3.4.3. Soient X et Y deux espaces affines, X’ une V.l.a. de


X et Y’ une v.l.a. de Y. Montrer que X’ x Y’ est une V.l.a. de X x Y.
Toutes les V.l.a. du produit sont-elles de ce type ?

Exercice 3.3.4.4. Soit X un espace affine.


1) Montrer que la surjection canonique px : X x X —> X est une
application affine. Quelle est sa direction p—X’ : x X —> X (on pourra
consulter l’Exercice 2.2.2.3).
2) En déduire que si g = BŒŒI/q-Æi) et g’ = BŒŒIkiabg), on a toujours :

—>, —%
(EiEIki)°gg = zieI/îi-Œiœi

3) Montrer que l’action de groupe X : X x X —> X est affine. Quelle


est sa direction pa’ : X —> . Expliciter la formule qui exprime
que cette application préserve le barycentre.
4) Montrer que la loi de Mal’cev p : X >< X >< X —> X est affine; on
pourra s’aider de l’Exercice 2.2.2.4. Quelle est sa direction ?

Exercice 3.3.4.5. Soient X un espace affine et (a, b, c, d) un parallélo—


gramme. On suppose que les sommets de (a, b, c) se déplacent sur trois
plans parallèles PA, PB et P0. Quel est alors le lieu du quatrième sommet
d du parallélogramme en question ?

Exercice 3.3.4.6. Les milieux d’un segment d’extrémités va-


riables. Soit X un K—espace affine, où K est un corps de caractéristique
différente de 2. On note ”(55, :c’) le milieu de (cc, :13’)
1) Montrer que l’application u : X >< X —> X, qui associe à tout couple
de points de X le milieu de ces points, est une application affine. Quelle
est sa direction ?
2) Soient D et D’ deux droites affines de X. Quel est le lieu L des mi-
lieux des segments joignant un point de D à un point de D’ ?
3) Que se passe-t-il si les deux droites sont concourantes, parallèles ?
4) Soient D une droite et P un plan de X. Quel est le lieu L des milieux
des segments joignant un point de D à. un point de P ? Discuter suivant
leurs positions respectives.
56 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

3.3.5 Espace affine quotient


Soit X un espace affine et R une relation d’équivalence sur X. La
question est de savoir quand est-ce que l’ensemble quotient X/R est
lui-même un espace affine. Pour cela il doit y avoir compatibilité entre
la structure affine et la relation d’équivalence R. On possède déjà une
partie de la réponse quant à la forme de cette compatibilité avec la
notion de quotient d’espace de Mal’cev.
Définition 3.3.5.1. On dira qu’une relation R est compatible avec la
structure aflîne si elle est compatible avec la loi de Mal ’cev et avec la
linéarité, à savoir si, dès qu’on a : aRb, on a aussi : (a, b) C âR;
autrement dit si aRb entraine aRm pour tout point m de la droite (a, b),
ou encore si toute classe d’equivalence äR contient toute droite joignant
deuæ de ses points.
Exemple 3.3.5.2. Soit f : X —> Y une application affine. Alors la
relation nucléaire R[f] est compatible avec la structure aflîne de X.
Exercice 3.3.5.3. Soit H un sous-espace vectoriel de la direction X.
On definit sur l’espace affine X la relation RH par :

l _’I
æRHa: (à ææ EH

1) Montrer que RH est une relation d’équivalence.


2) Montrer que la classe d’équivalence 27—0 est le sous-espace (m0, H)
3) Montrer que RH est compatible avec la structure affine.
De même que dans le cas des espaces de Mal’cev, toute relation
d’équivalence compatible avec la structure affine est du type précédent :
Proposition 3.3.5.4. Si R est une relation d’équivalence compatible
avec la structure ajj‘lne de X , alors

Ê={Æeî/anb}
est un sous-espace vectoriel de X. On a de plus R = RÉ: à savoir :
a—bER 4:) aRb.
Preuve. La relation R étant compatible avec la loi de Mal’cev, R est
un sous-groupe de par la Proposition 2.3.1.5 et on a : R = RR“ Il
3.3. CONSTRUCTION D’ESPACES AFFINES 57

reste donc à. vérifier ce sous-groupe R est un sous—espace vectoriel


de X. Soient 'LÊ E guéet k un scalaire. Posons m = IMË. On a uRv
et w E (u, v), et par conséquent on a aussi uRw. Ce qui signifie l‘a/fi =
WER. E1

La proposition et l’exercice ci-dessus nous donnent immédiatement :


Conclusion : il y a bijection entre l’ensemble des relations d’équivalence
R compatibles avec la structure affine de X et l’ensemble des sous—
espaces vectoriels H de l’espace vectoriel X; cette bijection respecte
l’inclusion. De ce fait, on notera directement sous la forme X/H l’espace
affine quotient X/RH.

Exercice 3.3.5.5. Dans la bijection précédente, déterminer à quel sous-


espace vectoriel de correspond la relation nucléaire R[f] d’une appli—
cation affine f : X ——> Y. A quels sous—espaces la relation d’égalité AX
et la relation grossière VX (dont les définitions sont données dans les
Exemples 7.1.3.2.2 et 7.1.3.2.3.) correspondent-elles?

On peut à présent énoncer ce que l’on attendait :

Proposition 3.3.5.6. Si R est compatible avec la structure aflîne, alors


l’ensemble quotient X/R est muni d’une unique structure d’espace aflîne
telle que la surjection canonique p : X —» X/R soit aflîne. Sa direction
est l’espace vectoriel /

Preuve. Puisque R est compatible avec la loi de Mal’cev, on sait (par


la Proposition 2.3.1.3) que l’ensemble X/R est munie d’une unique
structure d’espace de Mal’cev telle que p : X —» X/R est un mor-
phisme de Mal’cev. Sa direction (Xîî est le groupe abélien X/R, où
R = {Ü G X/ uRv}. On vient de voir que est en fait un sous-espace
vectoriel de X. Il en résulte que X/R est un espace vectoriel et que par
conséquent X/R est un espace affine. Il s’ensuit que le mor hisme de
Mal’cev surjectif canonique ,o est affine, car sa direction î : —» /R
est linéaire. Ü

Une fois encore la notion de barycentre va nous permettre de ca-


ractériser les ingrédients ici en question :
58 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

Proposition 3.3.5.7. Une relation R est compatible avec la structure


afi‘lne si et seulement si elle est compatible avec le barycentre, à savoir
si, dès que 2.561k,- 7è 0, ou I est fini, on a :

Vi E], ira-Ra"; => 5(2i61ki-Ïi)R18(ziEIki'Èi)

Preuve. Supposons que la relation d’équivalence R vérifie la condition


précédente. La caractérisation barycentrique de la loi de Mal’cev (Exer-
cice 3.2.3.6) implique que R est compatible avec la loi de Mal’cev. La
caractérisation barycentrique de la linéarité (Exercice 3.2.3.7) implique
que R est compatible avec la linéarité. Ainsi R est compatible avec la
structure affine.
Réciproquement, supposons donnés R une relation d’équivalence
compatible avec la structure affine, 7' = Zig/cira et 7" = âgé-.33;
deux systèmes massiques ayant mêmes coeflicients, de poids non nul et
de barycentres respectifs g et g’. Supposons œiRæ; pour tout i E I, ce
—>
qui entraîne rire; E R. Par 3.3.4.4.2, on a : Zig/carné.
(Eiejki).gg:-
Du fait que R est un sous-espace vectoriel, on a donc gg’ E , et par
3.3.5.4, on a : gRg’. D

Puisque les espaces affines sont des espaces de Mal’cev, on obtient


une importante simplification : toute relation réflexive et compatible
avec la structure affine est déjà une relation d’équivalence :
Proposition 3.3.5.8. Soit R une relation réflexive et compatible avec la
structure aflïne de X. Alors R est une relation d’équivalence (compatible
avec la structure aflîne).

3.3.6 Propriété universelle du quotient affine


On étend naturellement la propriété universelle du quotient des es-
paces de Mal’cev aux espaces affines :
Proposition 3.3.6.1. Soient f : X —> Y une application afi‘lne et R =
RH (ou H est un sous-espace vectoriel de ÿ) une relation d’équivalence
compatible avec la structure aflîne. Les trois propriétés suivantes sont
équivalentes :
1) l ’application f passe au quotient par R au moyen d’une application
afi‘inef:X/R—>Y telle quef=fop,
3.3. CONSTRUCTION D’ESPACES AFFINES 59

2) on a :RCR[f],
5’) ona:HCKer

Cette propriété a deux conséquences importantes. La première est


la décomposition canonique d’une application affine en composé d’une
application affine injective et d’une application affine surjective qui est
réalisée à travers l’espace affine quotient X/R[f] = X/Ker :
Corollaire 3.3.6.2. Soit f : X —-> Y une application afiîne. La pro-
priété universelle du quotient détermine une décomposition f = f o p :

X p» X/R[f] X/Kerf’
=Y
f
f
v
Y

telle que l’application Ï est affine injective.

Preuve. La propriété universelle du quotient donne la factorisation af-


fine qui est injective par le Corollaire 7.1.3.17. El

La seconde est une caractérisation des surjections.

Corollaire 3.3.6.3. Soit f :_X —> Y une application afi‘lne. Elle est
surjective si et seulement si f est un isomorphisme afline (d’où : Y z
X/Rm = X/Kerf’).

3.3.7 Le théorème de Thalès


Un des plus antiques et monumentaux théorèmes de la géométrie est
le théorème de Thalès. On pourra le reconnaître dans un instant comme
une sorte de “fossile conceptuel”, une sorte “d’ancêtre” du passage au
quotient que, bien sûr, les mathématiciens grecs ne connaissaient pas.
Nous allons commencer par l’observation suivante :

Proposition 3.3.7.1. Soient X un espace afline et H un hyperplan


vectoriel de . Alors l’espace aflîne quotient X/H est une droite aflîne
dont les points sont les hyperplans aflînes de X de directions H.
60 CHAPITRE 3. K—ESPACE AFFINE

Preuve. La seconde affirmation est juste une conséquence de l’Exercice


3.3.5.3. En ce qui concerne la première, l’espace affine quotient est une
droite affine puisque la dimension de sa direction /H est donnée par :

dim(X/H) = dimX — dimH = 1

H étant un hyperplan vectoriel de X. Ü

Deux hyperplans affines W et W’ parallèles et distincts de X étant


deux classes d’équivalence de la relation d’équivalence RW, et donc deux
points distincts de la droite affine X/W ils déterminent alors un vecteur,
dans l’espace vectoriel /W qu’il est parfaitement licite et approprié
de noter : WW’.

Exercice 3. 3. 7. 2. Soient X un espace affine et W,, i E {1, 2 ,,3} trois


hyperplans parallèles de X de direction W.
1)Montrer que le quatrième sommet W4— — p(W1, W2, W3) du parallélo—
gramme déterminé par les trois points W,, i E {1,2,3} de X/W est
le lieu des quatrièmes sommets :134 = p(:1:1, :132, æ3) des parallélogrammes
dont les sommets :13, se déplacent sur les hyperplans W,, i E {1, 2, 3}.
2) En déduire, dans l’espace aflîne X/W, le translaté de W1 par le
vecteur W2 3 de l’espace vectoriel X/W
Soit VV,, i E I, une famille finie d’hyperplans parallèles de direction
3)
W, et k,, i E I, une famille finie de scalaires de somme non nulle.
Déterminer le barycentre fl(,€1k,.l/V,).

Les droites affines du type X/W sont évidemment extrêmement


intéressantes, dans la mesure où les surjections affines canoniques as—
sociées p : X —> X/ W vont nous permettre de comparer, sur ces droites,
toutes les proportions de X, hormis celle de direction W bien entendu,
et c’est ce que nous dit précisément le Théorème de Thalès. De là une
preuve très synthétique de ce théorème :

Théorème 3.3.7.3. Thalès


Soient X un espace aflîne et l/V,, i E {1, 2,3}, trois hyperplans ajj‘înes
distincts et parallèles. Alors ces trois hyperplans déterminent sur deua:
sécantes quelconques D et D’ des segments proportionnels. A sauoir : si
3.3. CONSTRUCTION D’ESPACES AFFINES 61

m,- E W, fl D et m; E W,- fl D’ désignent les points d’intersections, on a


l’égalité :
mlmga
— m’lmj2
I l
7774177713; m1m3
Preuve. Puisque les points m, (resp. mg) sont alignés et distincts, il
existe un scalaire k aé 0 (resp. k’ 7É 0) tel que 7311—152) = km (resp.
tel que m’1m2 = k’.mîm3). Le résultat à. montrer est que k = lc’. Dans
un plan affine X, les hyperplans sont des droites, et la situation peut se
représenter de la façon suivante :

W1
/ \, 1
/m1 \

w. m/ mg—
D D’
_>

Notons, plus généralement, W la direction commune des trois hyper-


plans qui est un hyperplan vectoriel de X. Nous allons naturellement
introduire la droite affine X/ W et la surjection p: X —> X/W
——>
— rh’
Puisque mimi E W = W, on a donc miRWm; et par suite mi—
- p(mg.) Et puisque p est affine et conserve les
ou encore p(mi) = W-—
proportions, on a donc.

mlmg W1 W2
=
3’lm
: =
77117713 W1 W3 z?
m’lm 00

En fait le scalaire k=—VK1:WË exprime précisément la position respective


WIW
des trois hyperplans dans l’espace X. D

Exercice 3.3.7.4. A l’aide de la Proposition 3.3.7.1, énoncer une réci-


proque au Théorème de Thalès.
62 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

3.4 Applications affines


3.4.1 Principales propriétés
Nous allons rassembler ici les principales propriétés des applications
affines qui vont être de même nature que celles des morphismes de
Mal’cev, en dehors de leur caractérisation spécifique par la préservation
du barycentre (Théorème 3.2.4.2).
Proposition 3.4.1.1. 1) Soit X un K—espace aflîne. Alors l’application
“identité” Idx X —> X est une application afiîne de direction Ida
2) Soient X—> Y —> Z deux applications aflînes. Alors le composé
——>
g o f: X —> Z est afiîne, et sa direction est telle que. g o îo
_f>=
3) Soit f: X —> Y une application afl‘lne. On a alors. :c—>r’ E Kerf si
et seulement si f ()—— f (æ). La v.l.a. (m0, Kerf) constitue donc l’en-
semble des points envoyés sur f(m0), a savoir l’ensemble f—1({f (m0)}).
4) Soit f : X ——> Y une application aflîne. Alors f est injective (resp.
surjective, bijective) si et seulement si sa direction est injective (resp.
surjective, bijective).
5) Soient X et Y deuzL' K-espaces aflînes et yo E Y. L’application
constante ÿo : X ——> Y définie par ÿ0(:c) = yo est une ap lication af-
fine dont la direction est l’application linéaire triviale Ô : —>
Le point 3) et surtout le point 4) de la proposition précédente fournissent
d’excellents exemples d’une forme élémentaire de ce que, dans ce traité,
on entend par relation aflîne/vectoriel.
Exercice 3.4.1.2. Soit f : X —> Y une application affine. Montrer que,
si f est un isomorphisme, les espaces X et Y ont même dimension.
On suppose dimX = dimY. Montrer que f est injective si et seule-
ment si elle est surjective; et que, dans ce cas, f est un isomorphisme
affine. On pourra consulter l’Exercice 7.3.5.8.

3.4.2 “Postulat d’Euclide” pour les applications af-


fines
La relation aflîne/vectoriel s’illustre encore dans le résultat suivant
qui permet de générer extrêmement facilement des applications affines
à partir d’applications linéaires.
3.4. APPLICATIONS AFFINES 63

Théorème 3.4.2.1. Soient X, Y deux espaces afi‘lnes et h : X ——> Ÿ


une application linéaire. Alors, pour toute paire (x0,y0) E X x Y, il
existe une et une seule application aflîne f : X —> Y telle que :

f(æo)=yo et Î=h
Preuve. Les espaces affines étant des espaces de Mal’cev, et une ap-
plication linéaire étant un homomorphisme de groupes, on sait, par le
Théorème 1.5.0.30 qu’il existe un unique morphisme de Mal’cev f :
X —> Y vérifiant les conditions de l’énoncé. Puisque = h est linéaire,
l’application f est affine. l]

Sur le modèle des espaces de Mal’cev, on obtient :


Corollaire 3.4.2.2. Deux applications affines f, f’ : X —> Y sont égales
si et seulement si elles ont même direction et coi'ncident en un point.
Corollaire 3.4.2.3. Soit f : X —> Y une application aflîne bijective.
Alors f“1 : Y ——> X est aflîne.

Preuve. On sait que î est linéaire et bijective, et donc un isomorphisme


linéaire. Il suffit de prouver que f “1 coïncide avec l’unique application
affine g : Y ——> X telle que î = ?_1 et g(f(mo)) = m0, m0 étant un
point quelconque de X. Or, par le corollaire précédent, il est immédiat
quegof=IdXetfog=Idy. Cl

Enfin, le corollaire suivant fournit une caractérisation plus frontale


des applications affines :
Corollaire 3.4.2.4. Soient X et Y deux K-espaces aflînes. Soit f :
X —> Y une application. S’il existe une application linéaire h : —>
telle que le diagramme suivant commute :

XxX ff YXY
pxl lpy
ÿ ................. ..............> Ÿ
A
a savoir telle que f(a f(l—— .Alors f est afl‘lne et î: h.
Le postulat d’Euclide peut fournir un puissant moyen de prouver le
caractère affine de certaines constructions :
64 CHAPITRE 3. lK-ESPACE AFFINE

Proposition 3.4.2.5. Projection afi‘lne


Soient X un K—espace afi‘lne et (X’,X”) une paire de sous-espaces
supplémentaires. On note f : X ——> X l’application qui associe a tout
x E X l’unique point d’intersection de X” auec son supplémentaire
(æ, X’). L’application f est afllne, et on l’appelle la projection sur X”
parallèlement a X’. Si Z est un autre sous-espace supplémentaire à X’,
la restriction fZ : Z —> X” de la projection f au sous-espace Z est un
isomorphisme aflîne.

Preuve. La paire de sous—espaces su plémentaires fournit une décom—


position en somme directe : = Ÿ’ EB X” de la direction de X qui,
elle-même, détermine la projection vectorielle 7T : ——> définie par :
7r(u) = U2, où u = u1 + u2 est la décomposition canonique de u donnée
par la somme directe en question, voir Exercice 7.3.2.10.
Notons {3:0} = X’ fl X” et çb : X —> X l’unique application affine
telle que çb(:c0) = :50 et (t = 7T. D’où, pour tout a: E X :

æoaxî = «seau î = 3ans) = «(m e Ÿ”


et par conséquent on a : çb(:c) E X”.
Notons d’autre part : m = w+7r(fic) la décomposition donnée par
la somme directe. De : Æ = w+ccîq5(ä, on tire : W = —w G X’, et
par conséquent on a : oct) E (x, ÿ’). De là. on peut conclure : f (cc) =
(æ, X’) fl X” = q5(a:) par la Proposition 3.3.2.6. Ainsi f est affine, et de
plus on observe que : = 7r.

Le noyau de la direction ÏZ : Z —> X” est Kerffl Z = X’ fl Z =


{O}. L’application affine fz est donc injective. De plus, comme on a
dimZ = dimX”, la restriction fz est un isomorphisme. Ü

3.5 Exercices
Exercice 3.5.0.6. Montrer que si la caractéristique du corps 1K est
différente de 2 et X un K—espace affine, une partie X’ C X est une V.l.a.
si et seulement si elle contient toute droite passant par deux de ses
points; autrement dit, avec cette seule hypothèse, la condition concer-
nant la loi de Mal’cev se trouve automatiquement vérifiée.
3.5. EXERCICES 65

Exercice 3.5.0.7. Soient K un corps de caractéristique 2 et X un


K—espace affine. Montrer que (a, b, c, d) est un parallélogramme si et
seulement si ses diagonales sont parallèles.
Exercice 3.5.0.8. On se donne X un K-espace affine et R une relation
d’équivalence sur X. Montrer que R est compatible avec la structure
affine de X si et seulement si R C X x X est une V.l.a. de X x X.
Quelle est sa direction? Soit f : X —+ Y une application affine. On
considère sa relation nucléaire R[f]. Montrer qu’on a : R[f = R[f].
Exercice 3.5.0.9. Soient 1K un corps et X un plan affine sur le corps
K. Soient (a, b, c) trois points non alignés de X, et (33,31, z) un triplet de
scalaires non nuls et deux à. deux distincts.
1) On considère le système massique çb = (y — z).à+ (z — œ).b+ (:1: — y).è.
Soit n : X —> la fonction de Leibniz associée. Montrer qu’elle est
constante. Calculer L4,(a) et montrer que cette constante vaut :
—) ,
gaz + a3.bc + yEc—î

On considère à. présent les systèmes : y.b—z.c’, —a:.à+z.è et 51:.à—y.b.


2) Montrer qu’ils admettent des barycentres que l’on notera a’, b’ et c’
respectivement. Montrer que le point a.’ appartient à. la droite (b, c) et
qu’il est distinct de b et c. Que peut-on dire des points b’ et c’ ?
3) On considère le système massique 1b = (y—z).à’ +(z—æ).b’+(æ—y).c".
Soit Lw : X ——> la fonction de Leibniz associée. Montrer qu’elle est
constante. Calculer L.0(a) et déterminer cette constante.
4) Etablir que pour tout point m de X, on a la relation :
—> ——> —>
L.0(m) = (y — z).ma.’ + (z — æ).mb’ + (æ — y).mc’ = 0

En déduire que les points a’, b’, c’ sont alignés. On notera D la droite
en question.
5) En utilisant la questlon 1) montrer que : z.a’b’ + :c.b’c’ + y.c’a’ = 0.
Soit le système massique : X = œ.(y—z).à’+y.(z—œ).b’+z.(æ—y).c”.
6) Montrer qu’il est de poids nul. Calculer Lx(m) et montrer qu’on
obtient : Lx(m) = —L;( (m), où 5€ est le système massique défini par la
formule : 5g = æ.(y — z).à + y.(z — æ).b + z.(:c — y).c'.
7) En déduire que le système massique x + 5€ est autarcique.
66 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

8) On note respectivement 7l, j et k les milieux de bipoints (a, a’), (b, b’)
et (c, c’). En déduire que les points z', j et k sont alignés.
On introduit à présent le quatrième sommet : â = p(b’ , a, c’) du
parallélogramme construit sur les points (a’ , c, b’), ainsi que les sommets
b = p(a’, b, c’) et ê = p(a’, c’, b’). Faire un dessin. Le but de cette dernière
partie de l’exercice est de montrer que les points (â, b, ê) sont alignés.
9) On introduit le système massique suivant :

'çb = (y—z).â+ (z—æ).b+ (æ—y).â


A

Calculer L15 (m) et montrer que L1,; (m) = —L,b (m)


10) En déduire que le système massique 7b est autarcique et que les trois
points (â, b, ê) sont alignés.
Exercice 3.5.0.10. Soient X un plan K—affine et (a, b, c) trois points
non alignés de X.
1) Montrer qu’il existe une et une seule application affine f : X ——> X
telle qu’on ait : f(a) = a, f(b) = c et f(c) = a.
Le but de l’exercice est de donner une construction géométrique de
l’image f (m) d’un point courant m du plan X. On pourra procéder de
la façon suivante :
2) Déterminer l’image directe f (X) et montrer que c’est une droite af-
fine D du plan X.
3) Décrire géométriquement la restriction fb : (a, b) —> D de l’appli-
cation f à la droite (a, b) et montrer que c’est une projection affine.
Décrire géométriquement la restriction fc : (a, c) —> D de l’application
f à la droite (a, c).
4) Montrer qu’on a : Kerf= Imf.
5) Soit A une droite parallèle à (a, c). Décrire géométriquement la res-
triction de f à la droite A. On pourra, pour cela, faire intervenir judi-
cieusement le point d’intersection p de A avec (a, b).
6) Donner, en toute généralité, la construction de l’image f (m) de tout
point m de X.
Exercice 3.5.0.11. Une singulière géométrie de poche
On fixe K = Z/3Z = {0, Ï,——1} pour corps des scalaires, voir Exercice
7.2.3.12. On se propose d’étudier les droites et les plans affines de la
géométrie associée à ce corps.
3.5. EXERCICES 67

1) Combien y a—t—il de points sur une droite affine de Z/3Z ? On pourra


s’aider de la remarque 3.1.0.15.
2) Montrer que sur une telle droite tout point est le milieu des deux
autres.
3) Combien y a—t—il de points sur un plan affine de Z/BZ ?
4) Combien y a—t-il de droites affines dans un plan affine de Z/3Z ? On
pourra décomposer la question de la manière suivante :
i) Combien y a—t-il de directions de droite affine dans ce plan ?
ii) Combien y a—t-il de droites parallèles à. une direction donnée ?
5) Justifier la représentation d’un plan X de Z/3Z par les points et les
relations d’alignement données par la figure suivante :
I Il
Q

_Q
Il

0—0—9 I\|/| |/|\|


O
_o:_
l
_G"
lI
C

6) Quelles sont alors les parallèles aux droites {a, b’, c”} et {a”, b’, c} ?
7) On considère le triangle (a’, c, c”). Quels sont les milieux des côtés de
ce triangle. Quelles sont ses médianes ?
8) Constater leur parallélisme. Est-on ici en contradiction avec la Pro-
position 3.3.2.11 ? On notera B leur direction commune.
9) On considère le système massique 7' = à’ + c' + c'”. Déterminer la
fonction de Leibniz LT.
10) Quel est le rapport de cette fonction avec la direction B.
11) Enoncer le “théorème des médianes” dans le plan affine de Z/3Z.
12) Compléter l’énoncé de la Proposition 3.3.2.11.
Exercice 3.5.0.12. 1) On fixe K = Z/5Z pour corps des scalaires.
Combien y a—t-il de points sur une droite affine de Z/5Z? Combien y
a—t-il de droites affines dans un plan affine de Z/5Z ?
2) On fixe K = Z/pZ, avec p un entier premier. Combien y a—t-il de
points sur une droite affine de Z/pZ, combien y a—t-il de droites affines
dans un plan affine de Z/pZ ?
Exercice 3.5.0.13. Une droite affine de l’espace affine X X X
Soit X un K—espace affine. Soient D et D’ deux droites affines de X et
g : D —> D’ une application affine.
1) Montrer que l’ensemble des bipoints {(œ, g(a:))/ æ E D} forme une
68 CHAPITRE 3. K—ESPACE AFFINE

droite affine de l’espace affine X >< X.


2) Montrer que l’application 0 : D —> X définie par : 0(33) = m est
affine et déterminer sa direction.
3) Montrer que si D et D’ ne sont as sécantes ni parallèles, 0(D) est
une droite affine de l’espace affine ë qui ne passe pas par l’origine.
4) En déduire que, dans ce cas, les droites affines (cc, g(:c)) de X restent,
quand :1: varie sur la droite D, parallèles à un même plan P.
_)

5) On fixe w E D. Montrer que 1—3 = n(w) + Im 0.


6) Quelles conditions doivent vérifier D, D’ et g pour que la droite affine
0(D) de passe par l’origine ?
Exercice 3.5.0.14. Soient X un plan affine, D et D’ deux droites affines
de X et f : D —> D’ un isomorphisme affine. On s’intéresse au lieu L
des milieux des bipoints (m, f (m)) lorque le point m varie sur D.
1) Montrer que L est en général une droite affine de X. Quel est le cas
d’exception ?
2) On suppose que D et D’ sont concourantes en un point w et que
f (w) 7E w. Montrer qu’alors on a : w 7É f_1(w). Construire la droite L
en fonction des points f (w) et f—1(w).
3) Etant données les droites D, D’ et L sous les conditions précédentes,
donner une construction du point f (m) pour tout point m E D.
4) Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes :
i) f(w) = w
ii) la droite L passe par le point w
iii) la direction de la droite (m, f (771)) demeure parallèle à. une direction
fixe lorsque m varie sur D.
5) Caractériser dans ce cas l’isomorphisme f.
On se donne à présent une droite L du plan, non parallèle à D et à
D’. On note l l’intersection de D et L, et l’ celle de D’ et L.
6) Montrer que pour tout point m E D, il existe un unique point m’ E D’
tel que le milieu de (m, m’) se trouve sur la droite L.
7) Notons f : D —+ D’ l’application qui associe m’ à m. Montrer qu’elle
est bijective. Déterminer les points f (w) et f_1(w).
8) Montrer que f est affine, et que le lieu des milieux des bipoints
(m, f (m)) est la doite L.
Exercice 3.5.0.15. Soient (X, Y) une paire de K-espaces affines et une
paire d’applications affines (f, g) : X :î Y. On appelle égalisateur de la
3.5. EXERCICES 69

paire (f, g) le sous-ensemble suivant de X :

Eq(fig) = {m E X/f(m) = 90%)}


1) On suppose que Eq(f, g) est non vide. Montrer que cet égalisateur est
un sous-espace affine de X dont on déterminera la direction Eq(f, g).
On pourra se reporter à. l’Exercice 2.4.0.6.
2) Montrer qu’on a : f = g si et seulement si on a: Eq(f — X, ou
encore si et seulement si on a : Eq(f, g) 7E (Il et Eq( f,g) ä)
3) On considère l’application go : X ——> Ÿ définie par <p(m =(mf (771.)
Montrer qu’elle est affine et déterminer sa direction. Montrer qug(
’on a
alors = Eq(f,g) = 90"({0})-
4) On suppose dimX = dimY. Montrer que si on a : Ker(Ï — ÿ’) = {0},
alors Eq(f, g) est non vide et réduit à un point. Si w est un vecteur de
, montrer qu’il existe un unique point m E X tel que w = f (m)g(m).
Exercice 3.5.0.16. Les v.l.a. du quotient
Soient X un K-espace affine, H un sous-espace vectoriel de X et p :
X —> X/H la surjection affine canonique. On note VX l’ensemble des
sous-espaces affines de X et VX l’ensemble des sous-espaces affines X’
de X dont la direction X’ contient H.
1) Montrer que l’application“ image réciproque” ,0“1 : VX/H —-> VX est
injective, préserve l’inclusion et prend ses valeurs dans V}? .
2) Montrer que sa restriction : VE/H —> V}? est bijective, autrement
dit qu’il y a bijection entre l’ensemble des v.l.a. de l’espace affine X/H
et l’ensemble des v.l.a. de X dont la direction contient H. On pourra
consulter l’Exercice 7.3.3.12.

Exercice 3.5.0.17. Anti-involution affine


On dit qu’un K-endomorphisme affine s : X ——> X est une anti-involu-
tion affine si sa direction 5’: —> est une anti-involution vectorielle,
à. savoir si on a: 32 =—IdX, voir Exercice 7. 3. 6. 6.
1) Montrer que si s est anti-involutif, c ’est un automorphisme qui ad-
met un unique point fixe qu’on notera o: et appellera le centre de l’anti-
involution. Montrer que l’inverse 3_1 est une anti-involution de même
centre.
2) Montrer que s4 = IdX. Montrer que pour tout point m de X, le
quadrilatère (m, 3(m), 32(m), s3 (m)) est un parallélogramme de X dont
70 CHAPITRE 3. K—ESPACE AFFINE

l’isobarycentre est le centre a.


3) Montrer qu’un endomorphisme s : X —+ X est anti—involutif si et
seulement si, pour tout m E X, le milieu de (m, 32(m)) est fixe; ou
encore si et seulement si s2 est une symétrie centrale.
4) Soit f un automorphisme affine de X et s une anti—involution; mon-
trer que l’application affine f o s o f ‘1 est une anti—involution, dont on
déterminera le centre.
5) Montrer que si D est une droite passant par le centre oz, alors D’ =
5(D) est une droite qui passe par a et qui est telle que 3(D’) = D.
6) On suppose que X est un plan affine et que a, b, a’, b’ sont quatre
points distincts de X tels que les droites D = (a, b) et D’ = (a’, b’) ne
soient pas parallèles. Montrer alors qu’il existe une et une seule anti—
involution affine s : X —+ X telle que l’on ait : 5(a) = a’ et 3(b) = b’.

Exercice 3.5.0.18. Anti-involution affine plane


Soient X un plan K—affine, (a, b, a’, b’) quatre points distincts de X tels
que les droites D = (a, b) et D’ = (a’, b’) ne soient pas parallèles, et
enfin s l’unique anti-involution affine de X telle qu’on a : 3(a) = a’
et 3(b) = b’. On se propose d’abord, à. l’aide de l’Exercice 3.5.0.14, de
donner une construction du centre oz de l’anti—involution s. Notons w
le point d’intersection de D et D’, 2' le milieu de (a, a’ ), j le milieu de
(b, b’) et L la droite (75,3).
1) Montrer que la droite L passe par w si et seulement si (a, a’) est pa-
rallèle à. (b, b’) et que dans ce cas les points a et w coïncident.
2) On suppose que la droite L ne passe pas par w. On note {m0} = DflL
et {m6} = D’ fl L. A l’aide de l’Exercice 3.5.0.14, déterminer les points
3(w) et s—1(w).
3) En déduire qu’on a : a = p(mo, w, m6), à savoir que a est le quatrième
sommet du parallélogramme construit sur les sommets (m0, w, m6).
4) Montrer qu’on a : 3(mo) = m6.
Dans le plan X, il est clair que toute anti—involution s est caractérisée
par la donnée d’un parallélogramme P5, = (m, 3(m), 32(m), 53(m)), m 7E
a, le centre a de s coïncidant avec le centre de Pm. On Vient précisément,
ci—dessus, d’en reconstituer un en partant du point m = s_1(w). On se
propose à présent de donner la construction de l’image 3(n) d’un point
courant n E X, à partir d’un parallélogramme Pä.
5) On choisit d’abord n sur la droite (m, s(m)). Montrer que s(n) est
sur le droite (3(m), 32(m)).
3.5. EXERCICES 71

Notons 7T la projection de (m,s(m)) sur (m, 33(m)) parallèlement


à. (3(m), 33(m)) et 7r’ la projection de (m, 33(m)) sur (3(m), 32(m)) pa-
rallèlement à. (m, s(m)). Montrer qu’on a : 3(n) = 7r’ o 7r(n).
6) En déduire la construction de l’image de tout point n du plan X.
7) Soit f un automorphisme affine de X ; dans l’exercice précédent on a
observé que l’application f o s o f ‘1 est une anti-involution de l’espace
_1
affine X. Montrer qu’on a alors : Pfäîf = f (P51)
Exercice 3.5.0.19. Anti-involutions affines planes réelles
Soit X un plan affine réel et (a, 7') une paire d’anti—involutions af-
fines de centres respectifs a et fi distincts. On se propose d’étudier
l’ensemble Eq(a, 7') des points de X ayant même image par a et 7'
dont on aura besoin explicitement dans l’Exercice 3.5.0.23; on pourra
se reporter éventuellement à l’Exercice 3.5.0.15 pour l’étude générale
des égalisateurs Eq(a,T) et à l’Exercice 7.3.6.6 pour l’étude des anti—
involutions vectorielles.
On introduit l’application (p : X —> X définie par (0(m) = (m)7'(m .
1) Montrer qu’elle est affine et déterminer sa direction.
2) Montrer qu’on a : Eq(a, 7') = go_1({0}).
3) On suppose d’abord qu’on a : 7’ = .
i) Montrer que c’est le cas si et seulement si on a : 5707) = —oza(fl l.
ii) Montrer qu’alors l’application affine (p est constante et non nulle. En
déduire qu’on a : Eq(a, 7') = (l).
On suppose dorénavant qu’on a : 7’ 7€ Ü.
4) Montrer, à. l’aide de l’Exercice 7.3.6.6, que l’application (p est un
isomorphisme affine et en déduire que l’ensemble Eq(a, 7') est non vide
et réduit à un point que l’on notera 5. On posera 0(6) = 7(6) = 5’.
Montrer que Eq(a'1, 7'_1) = {5’}.
Le but à. présent est de donner une construction de e. Pour cela, on va
s’intéresser à la droite D = (6, 5’), car on aura alors : Dfla—1(D) = {5}.
5) Montrer qu’on a : 90(6) = 0 et que : 90(6’) = 02(8)7'2(8 = 2655.
6) En déduire qu’on a : D = go_1(A), où Â) est la droite vectorielle
Raz—B).
On note Da la droite 0((oz, [3)) et Dg la droite 7((a, ,8)). On note
A0 la parallèle à (,8, 0(5)) passant par a et on note AT la parallèle à
(a, 7'(oz)) passant par fi.
7) Montrer que la restriction de a à la droite (a, fi) est la projection sur
72 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

Do, parallèlement à A0. En déduire que le couple de droites (Da, A0)


caractérise l’anti-involution a et que nécessairement on a : Da 7E A0.
Montrer qu’on a : 0—1((a, 5)) = Da et déterminer la droite Aa—l.
On suppose d’abord que Do, est parallèle à D5.
8) Montrer que A0 est parallèle a A, si et seulement si on a : Ÿ = Î,
ce qui a été exclu. On note donc 77 l’intersection de ces deux droites.
9) On note L l’intersection de (a, fi) avec la parallèle a Da issue de 77.
i) Montrer qu’on a : 90(L) = o: . En déduire que L est sur D.
11) Montrer qu’on a : Ê(Da) = Ê(Dfl) = A. En dédu1re que la dr01te
D est parallèle à DO, et conclure que D est la parallèle à Da passant par
le point 77.
On suppose à présent que Do, et D5 se coupent en un point w.
10) Montrer que ce point w appartient à. la droite D.
11) On suppose A0 et A, parallèles. On note L l’intersection de (a, fl)
et de (w, 0,). Déterminer 0(L) et 7'(L) et montrer qu’on a : 5 = L.
On suppose que les droites A0 et A, sont concourantes en un point 77.
12) Montrer qu’on a : Lu 7è 77.
13) On suppose que les droites (a, B) et (w, 77) se coupent en un point L.
Montrer que le point L est distinct de a et de B. Montrer que la droite
(0(L), T(L)) est parallèle à. (a, ,8). En déduire que le point L appartient à
la droite D qui coïncide donc avec la droite (Lu, 77).
14) Supposons maintenant les droites (0L, B) et (w, ) parallèles. Montrer
que la droite q5((w,77)) est parallèle à la droite A. En déduire que la
droite (w, 77) est parallèle à D et que, de nouveau, on a : D = (w,17).
15) Compléter, dans toutes les situations précédentes, la construction
du point 5.
16) On note 77’ l’intersection des droites Aa—l et AT_1 lorsque cette
intersection existe. Montrer que, s’ils sont définis, les points w,77 et 77’
sont alignés.
Collatéral. 1) Soient (fi, b1, b2, b3) et (0L, a1, a2, a3) deux parallélogram—
mes du plan réel tels que 0L soit le centre du premier et B soit le centre du
second. La droite (0L, [3) est donc une diagonale commune. Supposons les
diagonales (a1, a3) et (b1, b3) sécantes en w. Notons 77 l’intersection des
médianes relatives aux cotés (fi, b3) et (0L, a3) et notons 77’ l’intersection
des médianes relatives aux cotés (fi, b1) et (a, a1). Montrer que les points
Lu, 77 et 77’ sont alignés.
3.5. EXERCICES 73

2) Notons o l’intersection des médianes relatives aux cotés (fl,b1) et


(a, a3) et notons 0’ l’intersection des médianes relatives aux cotés (B, b3)
et (a, a1). Montrer que les points w, o et 0’ sont alignés.
3) Étendre le résultat précédent à. deux parallèlogrammes (b0, b1, b2, b3)
et (a0, a1, a2, a3) tels que les points (b0, b2, a0, a2) soient alignés.
Exercice 3.5.0.20. L’espace affine des droites affines non pa-
rallèles à un hyperplan donné
Soient X un K—espace affine et ÿ un hyperplan vectoriel de X. Notons
H7’ l’ensemble des droites affines de X non parallèles à ÿ, c’est-à—dire
des droites dont la direction n’est pas incluse dans . Le but est de
montrer que H7’ est un K—espace affine et d’étudier ses propriétés.
Pour cela on introduit H et H’ deux hyperplans affines distincts
parallèles à ÿ, ainsi que l’application :

(,0 : H7É —> HXH’; D I—> (m,m’), avec {m} = DflH et {m’} = DflH’
qui est bien définie puisque D est supplémentaire à. H et H’ par définition
de l’ensemble H7’.
1) Montrer que (,0 est une bijection.
2) En déduire qu’il existe une unique structure affine sur H7’ telle que
(,0 soit un isomorphisme affine.
3) Si on a dimX = n, quelle est la dimension de cet espace ?
On suppose dorénavant que X est un plan affine. On va s’intéresser
aux droites du plan affine H7’, et déterminer en particulier quand est-
ce que trois points D1, D2 et D3 de H7’ y sont alignés, quand est-
ce que quatre points D1, D2, D3 et D4 y sont les sommets d’un pa—
rallélogramme.
4) Soient donc D et D’ deux points de H7’. Supposons qu’on a :
D flD’ = {w} dans le plan X. Montrer que la droite (D, D’) de l’espace
affine H7’ est l’ensemble fw des droites de X passant par w dont la
direction n’est pas , à savoir le faisceau des droites passant par w
privé de la droite (w, ).
5) Supposons D parallèle à. D’ dans X. Montrer que la droite (D, D’)
de H7’ est le faisceau .7-"5 des droites parallèles à D.
6) Suivant les cas, quel est le milieu du bipoint (D, D’) de H7’ ?
7) Quelle est l’intersection des droites .72, et .s de H7è ? Quand sont-
elles parallèles dans H7’ ?
74 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

8) Quelle est l’intersection des droites .72, et .7-"5 de Hf ? Quand sont—


elles parallèles dans Hf ?
9) Montrer que si on a B 7E B’, les droites .7-"5 et f5, sont toujours pa—
rallèles.
On se donne D1, D2, D3 et D4 quatre points distincts de H75 On
notera aij, z' < j, l’intersection Di fl Dj dans X si elle existe.
10) On suppose les couples (D1, D2) et (D3, D4) d’intersection non vide
en tant que droites de X. Quelle condition doivent vérifier ces droites
pour que les points (D1, D2, D3, D4) forment un parallélogramme dans
l’espace affine Hf ?
11) Que devient dans ce contexte la caractérisation du parallélogramme
par la coïncidence des milieux des diagonales ? On pourra consulter pour
cela l’Exercice 4.3.2.8.
12) Mêmes questions qu’en 10) et 11) lorsque D1 et D2 sont parallèles.
13) Mêmes questions qu’en 10) et 11) si, de plus, D3 et D4 sont pa—
rallèles.
Exercice 3.5.0.21. L’espace afiîne des applications affines
Soient X et Y deux K-espaces affines. On note A(X, Y) l’ensemble des
applications affines de X vers Y. Le but est de montrer que l’ensemble
A(X, Y) est un K—espace affine.
1) Soit E un K-espace vectoriel. On sait qu’il est muni canoniquement
d’une structure de K—espace affine. Montrer que l’ensemble A(X, E) est
un sous-espace vectoriel du K-espace vectoriel f(X , E) des applications
de l’ensemble X vers E.
2) Soient (f, g, h) trois applications affines de X vers Y. Montrer que, si
on désigne par p : Y >< Y X Y —> Y la loi de Mal’cev sur Y, le composé

p.(f,g,h):X(fïSh)Y><Y><Y—p>Y
est une application affine. Quelle est sa direction ?
3) Montrer que A(X, Y) est un K—espace affine dont la direction est l’es-
pace vectoriel A(X, Ÿ). Calculer la dimension de l’espace affine A(X, Y)
en fonction de celles de X et de Y.
4) Si f : ——> Y et g : X —> Y sont deux applications affines, d’éfinir le
3g
vecteur fg E A(X, Ÿ).
5) Quelle est la direction de l’application affine qu’est ce vecteur f_g> ?
6) L’application “direction” ( relie l’espace affine A(X, Y) à. l’espace
3.5. EXERCICES 75

vectoriel Æ(X, Ÿ) (voir Section 7.3), qui est donc lui-même un espace
affine. Montrer que l’application ( est elle-même affine et que sa di-
rection est l’application (—) : A(X, Ÿ) —> L(X, Ÿ) qui associe à toute
application affine à : X —> sa direction Ë : —>
7) On suppose à. présent Y = X. L’espace affine A(X, X) possède,
avec IdX, un élément remarquable, qui détermine, du fait de la re-
marque 3.1.0.15, une bijection affine 6’Idx : A(X, X) —> A(X, X) entre
cet espace affine et sa direction. Expliciter cet isomorphisme affine qu’on
notera ’y pour simplifier. Montrer que : ”ygof = ’yg o f + 7f.
8) Montrer que le diagramme suivant commute :

A(X, X) _”> A(X, Ÿ)


al la
26?, ÿ)t_—MÎ 2(X, ÿ)
où tu, comme à l’ordinaire, désigne la translation de vecteur u.

Exercice 3.5.0.22. Espace affine et extension de corps


Soit K C K’ une extension de corps (i.e. K est un sous-corps du corps
K’). On rappelle que le corps K’ possède alors une structure de K—espace
vectoriel, voir Proposition 7.3.7.1. Lorsqu’elle est finie, la dimension m
de ce K—espace vectoriel est appelée le degré de l’extension. Soit X un
K’—espace afiîne.
1) Montrer que X possède une structure de K—espace affine. On notera
XIl cette structure pour la distinguer de la précédente, et on l’appellera la
structure affine induite par l’extension de corps. Si on a dis (X) = n,
montrer que dimK(Xu) = n.m, où m est le degré de l’extension. La loi de
Mal’cev p étant la même pour X et X", les notions de parallélogramme
coïncident donc dans les deux structures.
2) Montrer que si X’ C X est une K’-v.l.a. de X, c’est aussi une K—v.l.a.
du K—espace affine X“ que l’on notera X5. Déterminer la dimension de
X6 en fonction de la dimension de X’.
3) Montrer que la réciproque est fausse; penser à. l’inclusion R C (C.
4) Montrer que si trois points (a, b, c) sont alignés dans le K—espace af-
fine Xu, ils le sont dans le K’—espace affine X.
5) Montrer que la réciproque est fausse.
76 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

6) Soit f : X —> Y une application K’-affine entre deux espaces K-


affines. Montrer que f est K—affine, c’est-à—dire qu’elle respecte les struc-
tures affines induites. On notera fu : X“ —> Yu cette application K—aflîne.
Exercice 3.5.0.23. Un exemple de (C-espace affine
Soit E un R—espace vectoriel. Sur l’ensemble E x E on définit une
opération externe : (C x (E >< E) —> E X E, de la façon suivante :

(/\ + in).(u, v) = (Axa — p.1), ,u.u + /\.v)

qui munit le groupe abélien E >< E d’une structure de (C—espace vectoriel


que l’on note E E E pour la distinguer de la structure de R—espace
vectoriel produit classiquement notée E >< E, voir la Section 7.3.7 et les
exercices suivants. En accord avec cette section, on posera : (uyu) =
u + in).
A) Complexifié d’un R—espace affine
Soit X un R—espace affine.
1) Montrer que l’espace de Mal’cev produit X X X est muni d’une struc-
ture de (C-espace affine. On la notera X XI X pour la distinguer de la
structure de R-espace affine produit X >< X. Quelle est sa direction?
Quelle est sa dimension ? Déterminer quelle est la R-sructure affine in—
duite (X EX)“.
2) Montrer qu’on a : (a, b)(a’, b’ l = c—Ld’ +7113? . Si on note tu, la translation
de vecteur w, en déduire qu’on a : tu+zgv(a., b) = (tu(a), tv(b)).
3) Si g désigne l’homothétie de centre (w,w’) et de rapport z', montrer
que g(a, b) = (00(b),tu(a)), où u = ww’, 0 est le milieu de (w,w’) et 00
est la symétrie centrale de centre 0.
4) On considère j et j2 les racines cubiques non triviales de l’unité dans
(C. On rappelle qu’on a : 1 + j + j2 = O. Si h désigne l’homothétie
de centre (w,w’) et de rapport j, montrer que pour tout point (m, n),
l’isobarycentre du triangle ((m, n), h(m, n), h.2 (m, 71)) dansX EX est le
centre de cette homothétie.
B) Systèmes massiques du (C-espace affine X XI X
S01t 7' = EkeI(Àk + zuk).(mk, nk) un systeme mass1que de poids 1 dans
ü
o n \ o

l’espace affine X Ë X.
1) Montrer que le barycentre de ce système est le couple :

(ÊŒkEIÀk-mk - ËkeIflk-ñk), 18(EkeIÀk'ñk + Ëke Iluk'mk»


3.5. EXERCICES 77

Æ Æ
2) Soit 7' = (à +iu).(a1, b1) + (à — in).(a2, b2)) avec ,u E R. On note ale
milieu des (a1, a2) et b le milieu des (b1, b2). Montrer que le barycentre
de ce système est : tp,(,,_,;_u)(a, b), où u = (Îag’ et v = b1b2. Vérifier en
particulier qu’on a z.

i) (mm) = 5(1—-;î‘(m m)‘+1—'ÿïm>


ü) me + i#)(m,n) + (à — w>(n.m>> e Ax = {(a. a)/ a e X}
z—AA f—«H

iii) tout point de la diagonale AX peut être obtenu par une expression
de la forme précédente.
3) En déduire que AX n’est pas une (C—v.l.a. de X IXI X. Quelle est la
(C-v.l.a. engendrée par AX ? Vérifier que, cependant, la diagonale AX
est une droite R—affine de X x X.
4) Montrer que la droite (C-affine ((m, m), (n, 72)) est égale à la droite
(C-affine ((m, n), (n, m))
Æ
. \ \ . .Æ .
Æ
5) On cons1dere le syteme mass1que : 2p = (a1, b1)+j.(a2, b2)+]2.(a3, b3).
Montrer que la fonction de Leibniz Lw est la fonction constante sur le
vecteur :
—> 3 ——>
Œî +z'.bb1 + %.(b2b3 — m7813)
où a est le milieu de (a2, a3) et b est le milieu de (b2, b3).
6) Montrer que le système massique 2p est autarcique si est seulement si
OIl a Z
\/——>
(Ü: .b—>2b3 8l} b—àr— —\/—_>
.a2a3

C) Conjugaison dans X Ë X
Si z est un nombre complexe, on note, selon l’usage, 2 son conjugué
dans (C. Si u + 2'30 est un vecteur de E IXI E, on a défini, dans la section
7.3.7, le vecteur u — 12.71 comme son conjugué dans E IXI E et, de là,
on a défini, plus généralement, le conjugué d’un sous—espace vectoriel
complexe. Sur ce modèle, on appellera le point (n, m) le conjugué du
point (m, n) et on le notera (m, n). Soit 7' un système massique, on note
7" le système massique constitué des conjugués des points de 7', affectés
des poids conjugués.
1) Montrer que le poids 7r(7') est égala 7T—(7'). Montrer que, si 7r(7') est
non nul, on a ,8(7')= fl(7') et, s’il est nul, que le vecteur constant associé
à la fonction de Leibniz L; est le conjugué u — 72.7) du vecteur u + in}
78 CHAPITRE 3. K-ESPACE AFFINE

associé à la fonction LT. _


2) Si on a : T C X >< X, on note T l’ensemble de ses conjugués dans
X XI X. Montrer que si T est une (C-v.l.a. de X E X, alors T en est une

également, et qu’on a alors : T = Tî.
3) Montrer que le conjugué de T est T et qu’on a : T fl T’ = T fl Î.
4) Une C—v.l.a. T est dite réelle si T = T. Montrer que si T est une
C—v.l.a. et T fl T est non vide, alors la C—v.l.a. T fl T est une réelle.
D) Droites affines de X IXI X
On a observé dans l’exercice précédent que les notions de parallélogram-
me coïncident dans les espaces X x X et X IXIX , mais qu’il n’en est pas de
même pour la notion d’alignement. Nous allons étudier ici l’alignement
dans X l2 X et montrer qu’il faut y distinguer deux types de droites.
1) Soient D et D’ deux droites affines parallèles du R-espace affine X.
Montrer que la partie D >< D’ C X x X est une droite (C-affine de
X IXI X. On la notera D XI D’, pour la distinguer structurellement du
plan R—affine D >< D’. On dira que c’est une droite de type I. Quelle est
sa direction ?
2) Quels sont les points réels de cette droite? Quelle est la conjuguée
de cette droite ? Existe—t-il des droites réelles de ce type ?
3) Si (a, b) et (a’, b’) sont deux points distincts de l’espace affine com-
plexe X [Z X tels que les vecteurs aa’ et b—b’ sont R-colinéaires, montrer
qu’alors la droite ((a, b), (a’ , b’)) est de type I.
4) Quelle est la droite ((m, m’), (n, 71)) lorsqu’on a : m 7€ m’ ? Quelle est
1a droite ((m, m), (n, n)) ?
On se restreint à. présent au cas dimR(X) = 2. On dit qu’un en-
domorphisme vectoriel réel h : —> X est anti-involutif si on a :
h2 = —IdX+ et qu’un endomorphisme affine réel 3 : X —> X est anti-
involutif si sa direction ê’ est une anti—involution vectorielle, voir Exercice
7.3.6.6. Les propriétés des anti-involutions affines sont étudiées dans les
Exercices 3.5.0.17 et 3.5.0.18 ci—dessus.
5) Soit s un endomorphisme affine anti-involutif de X. Montrer que
l’ensemble F3 = {(m, s(m))/ m E X} est une C—v.l.a. de X E X.
6) Soient u et v deux vecteurs quelconques du plan vectoriel réel X.
Montrer que les vecteurs u + i.—s’(u) et ’U + ZIËÇU) sont colinéaires dans
le (C-espace vectoriel IXI
7) En déduire que F3 est une droite affine du plan affine complexe X EX .
3.5. EXERCICES 79

On dira que c’est une droite de type II. Quelle est sa direction ?
8) Montrer qu’une droite de type Il admet toujours un et un seul point
réel. Quelle est sa conjuguée ? Existe-t—il des droites réelles de ce type ?

On rappelle que, si u et v sont deux vecteurs non R-colinéaires


de , il existe un et un seul endomorphisme R—linéaire anti—involutif
a:X—>Xtelque0(u)=v.
9) Soient (a, b) et deux points distincts du plan affine X IXI X
(mî’)
tels que les vecteurs aa’ et bb’ ne soient pas R-colinéaires. Décrire la
droite ((a, b), (a’ , b’)) et montrer qu’elle est de type Il. En se reportant
à l’Exercice 3.5.0.18, construire son unique point réel.
10) Quand une droite ((a, b), (a’ , b’)) est-elle réelle ?
11) En déduire qu’il y a une bijection entre l’ensemble des droites affines
de type II (= non-réelles) du plan affine complexe X E X et l’ensemble
des anti—involutions affines du plan affine réel X.
12) Soit f : X —> X un automorphisme R—affine de X. Montrer que
l’application produit f >< f : X x X —> X x X détermine un automor—
phisme (C—affine de X E X. On le notera f XI f quand on le considère en
tant que tel.
13) Déterminer les images par f E f des droites de type I et de type II;
on pourra consulter la question 4) de l’Exercice 3.5.0.17.

E) Droites paralléles et concourantes dans le plan X E X


On suppose de nouveau que dimR (X) = 2.
1) Quand deux droites du type I sont—elles parallèles ?
2) Si ce n’est pas le cas, déterminer leur point d’intersection.
3) Montrer qu’une droite du type I et une droite du type II sont toujours
concourantes, et déterminer leur point d’intersection. Si on note D XI D’
la première et F3 la seconde, on pourra montrer que les droites 3(D) et
D’ ne sont pas parallèles et considérer leur point d’intersection.
4) Quand deux droites du type Il sont-elles parallèles ?
5) Si ce n’est pas le cas, déterminer leur point d’intersection et en donner
une construction. On pourra utilement se reporter à. l’Exercice 3.5.0.19.

F) Le (C—espace affine X IXI X


1) Montrer que l’ensemble X >< X est muni d’une structure d’espace
C—affine. Montrer qu’on a alors : (m, u) (n, v) = m + 7l.(v — u).
80 CHAPITRE 3. K—ESPACE AFFINE

2) Déterminer le barycentre du système de poids 1 :

f—JEN

T = ËkeI(/\k + Z/J'k)'(mka Uk)


.

3) Montrer que l’application : w : X x X —> X x X définie par


w(m,n) = (,LL(m,n), âmîî), où ,u(m,n) désigne le milieu de (m, n), est
un isomorphisme (C-affine. Quelle est sa direction ? Déterminer quel est
son inverse.
4) Quelle est l’image de AX par w.
5 ue devient modulo cet isomor hisme w l’ex ression de la con'u—
7 î

gaison dans l’espace (C-affine X XI ?


6) On suppose dimRX = 2. Décrire les droites C—afiines de X IXI X.
Exercice 3.5.0.24. Propriété universelle du complexifié X IXI X
Suivant les notations de l’exercice précédent, on appelle le C-espace
affine X [XI X le complexifié de l’espace affine réel X. On considère :
5x : X —> X x X l’application affine réelle injective définie par 6X (m) =
(m, m).
1) Montrer que le complexifié X E X possède la propriété universelle
suivante : pour tout (C-espace affine Y et toute application R—affine
f : X —> Yu_, il existe une et une seule application (C-affine f : XIXX —> Y
telle que fu o X = f. Autrement dit l’application R—affine f admet
toujours une unique extension C—affine f le long de 6X :

X—Ëxxx xzx
f if” if
vu Y
La présentation diagrammatique ci—dessus place à. droite ce qui se situe
au niveau (C-affine et place à gauche ce qui se situe seulement au niveau
R—afiîne.
2) Soit Z un espace affine réel et (f, g) une paire d’applications affines
réelles X :ÿ Z. Expliciter l’application (C-affine çb : X E X —> Z Z! Z
déterminée par l’application affine réelle (f, g) : X —> Z x Z = (Z lXIZ)u.
Montrer que toute application (C-affine 2p : X Ë X —> Z XI Z est du type
précédent.
Chapitre 4

Le groupe affine

4. 1 Endomorphisme affine
Un endomorphisme affine est une application affine f : X ——> X dont
le but est le même espace affine que la source. Dès lors qu’on a affaire
à un endomorphisme, on s’intéresse à l’ensemble de ses points fixes :

Pf = {cc e X/ f(w) =æ}


et à ses propriétés, qui vont être abordées ici au moyen d’une nouvelle
application affine ’yf et entrer dans un tableau plus général concernant
la structure même de l’endomorphisme f :
Définition 4.1.0.25. Si f : X —> X est un endomorphisme affine, on
appelle gradient de f l’application ’yf : X —> X définie par : ’yf(:c) =

Le premier intérêt de cette application tient à. ce que, très clairement,


on obtient : Pf = ’yjîl({0}). Par ailleurs, on a la :
Proposition 4.1.0.26. Si f est un endomorphisme affine, son gradient
’yf est une application aflîne de direction ”Î; = — Idÿ.

Preuve. On peut décomposer l’application ’yf de la façon suivante :

X(’ï’i>f’XxXï>î
ou l’on rappelle que : pX(a:, æ’) = ææ’. Or l’apphcatlon (IdX, f) est
\ —+ c n

affine, car chacune de ses projections est affine (Corollaire 3.3.4.1) et pX

81
82 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

est affine (Exercice 3.3.4.4). Ainsi 7j? est affine et sa direction est donnée
par le composé :
ÿ un ÿ x ÿ p2 ÿ
Onadoncîf’zî—Idÿ. D

De là on obtient :

Théorème 4.1.0.27. Structure des endomorphismes afi‘ines


Soit f : X ——> X un endomorphisme afline.
1) Si l’ensemble Pf est non vide, alors Pf est une v.l.a. de X dont la
direction est : 13; = Ker(? — Idÿ) = P];
2) Le champs de vecteurs Cf = {M/ æ E X} C X est une v.l.a. de
l’espace aflîne X de direction O_’f> = Im( — Idÿ).
3) On a : Pf 7E (l) si et seulement si on a .° O—f> = Cf, a savoir si et
seulement si la v. l.a. Cf est un sous-espace vectoriel de .
4) On a alors : dimPf + dimO'f = dimX.

Preuve. 1) On considère l’application gradient 7f : X —> X définie par


’yf(a:) = œf(a:l. On a vu que Pf = 7,Î1({0}). Comme ’yf est affine, le
point 1) est une conséquence de la Proposition 3.3.1.9 : en effet, puisque
’yf est affine et {O} est une v.1.a. de X, alors Pf = ’yJÎl({0}), s’il est non
vide, est une v.1.a. de X de direction Ker’yf = Ker( — Idÿ) = Pf.
Ainsi l’ensemble des points fixes de f s’il est non vide est une v.1.a. dont
la direction est l’ensemble des points fixes de .
2) Il est clair que Cf = 7f(X). Et puisque X est une v.1.a. de X, Of
est une v.1.a. de X de direction cTf’(X) = Imÿ}> = Im(? — Idÿ).
3) La v.1.a. Cf de X est un sous-espace vectoriel de X si et seulement
si O E Cf, à. savoir si et seulement s’il existe m E X tel que mf (ml = 0,
c’est-à—dire tel que m E Pf.
4) Le dernier point vient du Théorème du rang 7.3.5.5 appliqué à
l’application linéaire ”Îf’. El

De la on obtient le corollaire suivant, très efficace on le verra :


Corollaire 4.1.0.28. Soit f : X —> X un endomorphisme afi‘ine. Sous
la condition Pf = KerGÊ — Idÿ) = {0}, l’ensemble Pf des points fiæes
4.1. ENDOMORPHISME AFFINE 83

est non uide et réduit à un point. Plus généralement, pour tout uecteur
u E X, il existe un unique point m E X tel que mf (m = u.

Preuve. La condition Ker(î—Id22') = {0} est équivalente à. la condition


Ker’Îf> = {0}, qui est elle-même équivalente au fait que ”Îf’ : X —> X
est injective. Comme il s’agit d’un endomorphisme linéaire, cela est
équivalent à. ’Îf’ bijectif. D’après la proposition 3.4.1.1, cette condition
entraîne que ’yf est bijectif. Il est clair alors que 0 E admet un unique
antécédent par ’yf, c’est—à—dire que f admet un unique point fixe, et que,
plus généralement, tout vecteur u E admet un unique antécédent par
’Yf, ce qui est le sens de la dernière affirmation de l’énoncé. EI

Le théorème de structure permet de mettre en oeuvre puissamment


la relation aflîne/uectoriel : on va pouvoir dégager rapidement les ca-
ractéristiques géométriques d’une application affine à. partir des seules
informations vectorielles, ainsi que le montrent les exemples suivants :
Exercice 4.1.0.29. Involution affine
On suppose la caractéristique du corps 1K différente de 2. Soit f : X ——> X
une involution affine, c’est-à—dire un endomorphisme affine tel que :
f2=f0f=IdX etfaéIdX.
1) Montrer que c’est un isomorphisme affine.
2) Montrer que est une involution vectorielle. Vérifier qu’on a alors
la décomposition : X = Ker(? — Id) 69 Ker(? + Id).
3) Montrer que pour tout point a: E X, le milieu de (:13, f (58)) est fixe.
En déduire que Pf est une v.1.a. de X.
————>
4) Montrer que pour tout point a: E X on a : m + f (:13) f2(:1:) = O.
En déduire qu’on a : :cf(a: E Ker(î + Id).
5) On suppose que X est un plan affine. Montrer, selon la dimension de
Pf, que f est une symétrie centrale ou une symétrie oblique.
6) On suppose que dimX = 3. Montrer, selon la dimension de Pf, que
f est une symétrie centrale, une symétrie par rapport à une droite D
de X le long d’une direction donnée par un plan vectoriel de , ou une
symétrie par rapport à un plan P le long d’une direction donnée par
une droite vectorielle de .
Exercice 4.1.0.30. Idempotent affine
Soit f : X —> X un idempotent affine, c’est-à—dire un endomorphisme
84 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

affinetelque:f2=fof=fetfaéldx.
1) Montrer que Pf est non vide; on pourra s’aider de l’Exercice 7.1.1.3.
En déduire que Pf est une v.l.a. de X.
3) On suppose que X est un plan affine (dimX = 2). En déduire, selon la
dimension de Pf, que f est une application constante ou une projection
sur une droite D de X parallèlement à une direction donnée par une
droite vectorielle A de que l’on déterminera.
4) On suppose que dt = 3. En déduire, selon la dimension de Pf,
que f est une application constante, une projection sur une droite D de
X parallèlement à. une direction donnée par un plan vectoriel de X, ou
une projection sur un plan P parallèlement à. une direction donnée par
une droite vectorielle de .

4.2 Automorphisme affine


4.2. 1 Automorphisme
Un automorphisme affine est un endomorphisme affine f qui est bi-
jectif, ou encore un isomorphisme endomorphique. On employait autre-
fois pour le désigner le terme de transformation affine. On note GA(X)
l’ensemble des automorphismes affines de l’espace affine X et on l’ap-
pelle le groupe afiîne de X, puisqu’en effet :
Théorème 4.2.1.1. L’ensemble GA(X) est un groupe.

Preuve. Il est clair que les automorphismes sont stables par composi-
tion, que Idx est un automorphisme et, par la proposition 3.4.2.3, que
l’inverse d’un automorphisme est un automorphisme. Ü

Une des conséquences de la proposition 3.4.1.1 est que l’application


“direction” restreinte au groupe GA(X) détermine un homomorphisme
de groupes (Î : GA(X) —> GL(X) vers le groupe linéaire GL(X) (voir
Section 7.3.6).

4.2.2 Translation
Cet homomorphisme de groupes va nous permettre immédiatement
de mettre en avant une certaine classe d’automorphimes :
4.2. AUTOMORPHISME AFFINE 85

Définition 4.2.2.1. Etant donné un vecteur u E X, on appelle transla-


tion de vecteur (ou d’intensité) u et on note tu l’application définie, pour
tout point a: E X, par l’égalité xtu(a:l = u. On note T(X) l’ensemble
des translations.

On constate en effet qu’une translation est un automorphisme affine :

Théorème 4.2.2.2. L’homomorphisme de groupe Û est surjectif et son


noyau est le groupe T(X) des translations :

T(X) >_. GA(X) Q au?)


Ce groupe (T(X), o, IdX) est isomorphe au groupe (X, +, O), et est donc
commutatif.

Preuve. La surjectivité de (—3 est une conséquence directe du “Postulat


d’Euclide” pour les applications affines. A présent soit f : X —> X un
automorphisme tel que = Idÿ. Pour tout couple de points de X, on
a donc : f(.v)f(a:’l = î(:Æ>’) = æ. Par l’Exercice 1.2.0.16, cette égalité
est equivalente à. LIÎÏÎŒ—S = x’f (æ’ ; ainsi l’application affine gradient "yf
(Proposition 4.1.0.26) est constante. Si on note u cette constante, il est
clair qu’on a f = tu. Ainsi l’ensemble T(X) est le noyau de (—5 et un
sous—groupe distingué de GA(X). Par ailleurs il est clair que t0 = IdX
et tu o t1, = tu+.,. Par conséquent l’application t : X —> T(X) est un
homomorphisme surj ectif de groupe. Il est aisé de montrer que son noyau
est trivial, et que t est donc un isomorphisme. Ü

Exercices sur les translations

Exercice 4.2.2.3. Soient X un plan affine et (a, b, c) trois points non


alignés. Montrer que (a, b, c, d) est un parallélogramme si et seulement
si les couples de droites ((a, b), (c, d)) et ( (a, d), (b, c)) sont des couples
de droites parallèles.

Exercice 4.2.2.4. Soient X’ une V.l.a. de l’espace affine X et u un


vecteur de . Montrer que tu(X’) = X’ si et seulement si on a : u E X’.
86 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

Exercice 4.2.2.5. Montrer qu’une application affine f : X —> X est


une translation si et seulement si son gradient "yf est une application
constante.

Exercice 4.2.2.6. Soient f un automorphisme affine de l’espace affine


X et n un vecteur de .
1) Montrer que h = f o tu o f ‘1 est une translation.
2) On suppose que f admet un point fixe. Montrer que h = t
Î(u)'
3) Etendre le résultat précédent à tous les automorphismes f.
Exercice 4.2.2.7. Soient X un espace affine et Eiejki.m,; un système
massique de poids non nul et de barycentre g. Soit (11,2)261 une famille de
vecteurs de . On note n.- le translaté de mi par le vecteur ni. Quel est
le barycentre du système 25€1k..a.- ? On pourra se reporter à. l’Exercice
3.3.4.4, question 4.

4.3 Le sous-groupe des dilatations


Il est clair, puisque Ë = IdX, que les translations laissent globa—
lement invariantes toutes les directions des droites affines, c’est à. dire
qu’elles envoient toute droite D sur une droite parallèle à. D. En effet :

m = Élu—9)) = Ïdflî) = B
Le but de cette section est de caractériser complètement cette situation,
à. savoir de déterminer tous les automorphismes affines qui possèdent
cette propriété.

4.3.1 Dilatation
Définition 4.3.1.1. On appelle dilatation tout automorphisme aflîne
qui laisse globalement invariante la direction des droites aflînes. On note
Dil (X) l’ensemble des dilatations de X.
Théorème 4.3.1.2. L’ensemble Dil(X) est un sous—groupe du groupe
GA(X) et il contient le groupe T(X).
Preuve. L’application IdX est une translation donc une dilatation. La
propriété de conservation des directions de droite est clairement stable
4.3. LE SO US—GRO UPE DES DILATATIONS 87

par composition et il est aisé de montrer sa stabilité par inversion, ce


dernier point étant laissé au lecteur. El

Proposition 4.3.1.3. Un automorphisme f est une dilatation si et


seulement si î laisse globalement invariante toute droite vectorielle.

Preuve. Il est clair que, si î laisse globalement invariante toute droite


vectorielle, alors f est une dilatation. Réciproquement, soit une droite
vectorielle. Le postulat d’Euclide permet de construire un droite affine
D de direction 1—9). Dès lors Ÿ(B) = f(—D) = B. D
On sait (voir Apppendice 7.3.6.4) que les seuls endomorphismes
linéaires d’un K—espace vectoriel E laissant globalement invariante toute
droite vectorielle sont les homothéties vectorielles k.IdE, où k est un sca-
laire non nul. On note ’H(E) l’ensemble des homothéties vectorielles de
E, et on rappelle que c’est le centre du groupe linéaire GL(E) (à. sa-
voir l’ensemble des éléments du groupe GL(E) qui commutent avec tous
les éléments de GL(E), voir Proposition 7.3.6.5). Il est donc abélien et
constitue un sous-groupe distingué de GL(E).
Théorème 4.3.1.4. On a Dil(X) = 840%?» Par conséquent le
sous-groupe Dil(X) est distingué dans GL(Î).
Preuve. C’est une conséquence directe de la caractérisation donnée par
la proposition précédente et du fait que ’H(E) est le centre de GL(E).
Ü

Exercice 4.3.1.5. 1) Montrer que la restriction (Î : Dil(X) —> 7K?)


de l’homomorphisme “direction” : GA(X) —> GL( ) est un homor-
phisme surjectif.
2) Montrer que le noyau de cette restriction est le groupe T(X) :

T(X)>—> mon Ü 7a?)

T(L)>—> GA’(X) au?)


(—5
Cette situation produit un exemple de suite exacte (à savoir un homo-
morphisme surjectif de groupes précédé de son noyau) dont les termes
88 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

extrêmes sont abéliens tandis que le terme central ne l’est pas, comme
on le constatera un peu plus loin, voir Corollaire 4.4.0.10.

4.3.2 Homothétie affine


On va maintenant identifier géométriquement les dilatations dis-
tinctes des translations. Soit donc f un automorphisme affine tel que
î = kl‘dÿ, avec k gÉ {0,1}. On obtient alors Ker( — Idÿ) =
Ker(k.Idÿ—Idÿ) = Ker(k—1)Idÿ avec k—l ÿÉ {0, —1}. Par conséquent
Ker(î — Idÿ) = {0}, et, d’après le corollaire du théorème 4.1.0.27, f
admet un unique point fixe w. Dès lors pour tout point x on obtient :
W = (mol = 5%) = m.
Définition 4.3.2.1. On appelle homothétie aflîne de centre w et de
rapport k ÿÉ {0,1} l ’automorphisme afline f défini par wf (cc) = kflcfi
Il est clair que l’inverse de l’homothétie h(w, k) de centre w et de
rapport k est l’homothétie h(w, à) de centre w et de rapport à. En
résumé, une dilatation est donc soit une translation, soit une homothétie
affine. C’est pourquoi le groupe Dil(X) est appelé parfois groupe des
homothéties—translations.
Proposition 4.3.2.2. Soit D une droite afiîne. Alors on a GA(D) =
Dil(D). Autrement dit les seuls automophismes afiînes d’une droite af-
fine sont les homothéties ou les translations.

Preuve. Les seuls automorphismes linéaires d’une droite vectorielle (ou


plus simplement du corps K) sont les homothéties vectorielles. Ü

Notons ’Hw (X) l’ensemble des homothéties de centre w, y inclus IdX.


L’observation suivante, quoique simple, est importante :
Proposition 4.3.2.3. L’ensemble ’Hw(X) est un sous-groupe commu-
tatif de Dil(X).

Preuve. Il est clair que les homothéties de centre w sont stables par
composition et inversion. Deux homothéties f et g de même centre w
commutent, car f og et go f laissent fixe w et coïncident donc en ce point;
d’autre part leurs directions sont égales car le groupe des homothéties
vectorielles est commutatif. D
4.3. LE SO US—GROUPE DES DILATATIONS 89

Construction de l’image d’un point courant


Une fois le centre w fixé, le rapport k est déterminé géométriquement
par la seule image f (3:0) d’un point donné x0, évidemment située sur
la droite (w,a:0). On va, à partir de là, expliciter la construction de
l’image d’un point quelconque æ. Il est d’abord certain, par définition,
que f (:L') E (w,a:), droite qui est dans le plan (w,a:0,a:), ce qui est le
cas aussi du point f (3:0). Par ailleurs, puisque f est une dilatation, la
droite f ( (x0, æ)) = (f (æo), f (æ)) est parallèle à. la droite (:130, x) et elle se
trouve donc aussi dans le plan (w, x0, æ). Par conséquent le point f (æ) se
trouve à l’intersection des droites non parallèles (w, cc) et (f (:270), Kaîî)
du plan (w, Œo, :13). D’où le dessin suivant :

Application I : Pappus, Desargues

A partir de là, on obtient deux grands classiques de la géométrie affine :


Théorème 4.3.2.4. Pappns
Soit X un plan afi‘ine. Soient (a, b, c) (resp. (a’ , b’ , c’) ) trois points alignés
sur une droite D (resp. D’) Si on a :

(a, b’>//<a’, b) et (b, C’>//<b’, C)


alors on a aussi : (a, c’)//(a’, c).

Preuve. Observons d’abord que l’hypothèse (a, b’) // (a’ , b) peut s’écrire
également (a’, b) = (MKÆ).
Ensuite, du fait qu’on se trouve dans un plan affine, il y a évidemment
deux cas possibles. Soit D et D’ sont concourantes, soit elles sont pa—
rallèles. On se bornera ici à la preuve dans le premier cas. La preuve du
90 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

second cas est laissée au lecteur, puisqu’elle est une copie exacte de la
première, modulo un petit décalage cependant, qu’il est important que
le lecteur découvre par lui—même. Posons donc {w} = D fl D’.

—(.U
/

Avant d’aborder directement la preuve, introduisons quelques notations


qui permettent de saisir algébriquement les données du problème. No-
tons hl (resp. hg) l’homothétie de centre w qui envoie a sur b, à. savoir
telle que hl (a) = b (resp. l’homothétie de centre w telle que h2(b) = c).
D’après la construction du point courant, on établit que : h1(b’) = a’ ;
on trouve en effet : {h1(b’)} = (w, b’)n(h1(a),Kc—Lb’) = (w, b’)n(b, KÆ”) =
(w, b’) fl (b, a’) = {a’}. Pour les mêmes raisons, on aura : h2(c’) = b’.
Maintenant considérons la dilatation f = hg o hl. C’est l’homothétie
de centre w telle que f (a) = hgohl (a) = h2(b) = c. Mais puisqu’elles ont
même centre, hl et hg commutent et f (c’) = hg o h1(c’) = hl o h2(c’) =
h1(b’) = a’. Par conséquent (c, a’) = (f (a), f (c’)) // (a, c’) puisque f est
une dilatation. E]

Théorème 4.3.2.5. Desargues


On se donne un plan afi‘ine X et (a, b, c), (a’, b’, c’) deux triangles non
dégénérés. Si leurs côte’s sont parallèles, alors les trois droites (a, a’),
(b, b’), (c,c’) joignant les sommets de ces triangles sont parallèles ou
concourantes.

Preuve. De même que plus haut, on utilisera l’hypothèse du parallélisme


(a, b) // (a’ , b’) sous la forme (a’, b’) = (a’,Kæ).
4.3. LE SO US—GRO UPE DES DILATATIONS 91

Considérons les droites (a, a’) et (b, b’). Là. encore, du fait qu’on
se trouve dans un plan affine, il y a deux cas possibles. Soit les deux
droites sont concourantes, soit elles sont parallèles. On se bornera ici à
la preuve dans le premier cas. La preuve du second cas est laissée au
lecteur pour les mêmes raisons que dans le théorème précédent. Notons
{w} = (a,a’) fl (b,b’).

Avant d’aborder directement la preuve, introduisons les notations qui


permettent de saisir algébriquement les données du problème. Notons h
l’homothétie de centre w qui envoie a sur a’, à. savoir telle que h(a) = a’.
D’après la construction du point courant, on obtient : h(b) = b’ ;
on observe en effet : {h(b)} = (w, b) fl (h(a),KÆ) = (w, b) fl (a’,lKa ) =
(w,b) fl (a’,b’) = {b’}.
On terminera la preuve en montrant que h(c) = c’, puisque, si c’est
le cas, on aura alors w E (c, c’) Nous n’avons utilisé jusqu’à présent
qu’un tiers de l’hypothèse, il nous en reste encore deux tiers. On observe
que : {h(c)} = (h(a),h(c)) fl (h(b),h(c)) = h((a,c)) fl h((b,c)). Et de
plus, h étant une dilatation, on a : {h(c)} = (h(a),Ka—È) fl (h(b),Kbc)
= (afiKæ) n (b’, K52) = (a’, c’) n (b’, c’) = {c’}. I:
Exercices sur les homothéties

Exercice 4.3.2.6. Soit h : X —> X l’homothétie affine de centre w et


de rapport k. Déterminer son gradient 7h. Caractériser une homothétie
f par la nature de la direction ’ÿ'f de son gradient.
Exercice 4.3.2.7. Soient X un espace affine, et h(w,k) l’homothétie
de centre w et de rapport k.
92 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

1) Soit f un automorphisme affine. Montrer que f o h(w, k) o f “1 est


une homothétie de rapport k. Déterminer son centre.
2) Montrer que f o h(w, k) o f—1 = h(f(w), k).
Exercice 4.3.2.8. Le trapèze
Soit X un plan affine. Un trapèze du plan X est un quadrilatère de
sommets (a, b, c, d) dont les côtés (a,b) et (c, d) sont parallèles et qui
n’est pas un parallélogramme. On pose :

{w} = (a, c) fl (b, d) et {w’} = (a, d) fl (b, c)

On note z' le milieu de (a, b) et j le milieu de (c, d).

Montrer que les points (w, w’, z', j) sont alignés, c’est-à—dire que la droite
(w, w’) coupe les côtés parallèles du trapèze en leurs milieux.

Application II : Centre de gravité de quadrilatère “homogène”

Le but de l’exercice suivant est de montrer que le centre de gravité, au


sens de la physique, d’une plaque métallique quadrilatère homogène ne
coïncide pas en général avec l’isobarycentre de ses sommets, alors que
c’est le cas pour une plaque métallique triangulaire homogène.
Exercice 4.3.2.9. Soit X un plan affine sur un corps K de caractéristi—
que distincte de 2 et 3. Soient (a, b, c, d) quatre points du plan tels que
les droites (a, c) et (b, d) soient concourantes en un point w. On note z'
le milieu de (a, c), j le milieu de (b, d) et g l’isobarycentre des quatre
points.
1) Montrer que g est le milieu de (7S, j).
2) Montrer qu’on a : g = w si et seulement si on a : z' = j. (L’implication
“2' = j => g = w” est donné par la Proposition 3.2.4.1; en ce qui
concerne la réciproque, on pourra montrer que si on a : g = w, le point
4.3. LE SO US—GRO UPE DES DILATATIONS 93

j appartient à la droite (a, c) et que par conséquent on obtient : j =


(a, c) fl (b, d) = w; et qu’il en est de même pour le point z'). En conclure
qu’on a : g = w si et seulement si le quadrilatère (a, b, c, d) est un
parallélogramme.
On note ô l’isobarycentre du triangle (a, b, c), 7 l’isobarycentre du
triangle (a, b, d), 6 l’isobarycentre du triangle (a,c,d) et a l’isobary—
centre du triangle (b, c, d).
3) Montrer que les droites (a, a), (b, fi), (c, ’y) et (d, 5) sont concourantes
en g.
On note f l’homothétie de centre g et de rapport ‘ÎI.
4) Montrer que f(a) = a, f(b) = B, f(c) = 7 et f(d) = 5.
5) En déduire que les droites (or/y) et (5,5) sont concourantes. On
notera 6 leur point d’intersection. Montrer que les points g, w et 5 sont
alignés. Montrer plus précisément qu’on a : LË = âw
6) Montrer que si on a : w = 8, on a alors : g = w. En déduire que dans
ce cas le quadrilatère (a, b, c, d) est un parallélogramme.
7) Vérifier que si le quadrilatère (a, b, c, d) est un parallélogramme, on
a toujours l’égalité : w = a.
Le but est maintenant de donner une construction géométrique du point
5. On introduit pour cela le milieu m du bipoint (a, b), ainsi que les mi-
lieux n du bipoint (b, c), p du bipoint (c, d) et q du bipoint (d, a).
8) Montrer que (m, n,p, q) est un parallèllogramme P dont l’isobary—
centre est le point g. En déduire que 8 est l’isobarycentre du parallélo-
gramme h(P) où h est l’homothétie de centre w et de rapport 4/3.
9) On note u l’intersection des droites (b, d) et (m, n). Montrer que le
point u se trouve au milieu de (w, c). Montrer que son image v = h(u)
est telle que m = äcïb.
10) En déduire une méthode de construction du point e au moyen d’un
parallélogramme obtenu à partir de la trisection des côtés du quadri-
latère (a, b, c, d). On fera un dessin. Ce résultat est attribué à Witten—
bauer (1857).
Lorsque le corps K est le corps R des nombres réels, le point 5
va apparaitre comme le centre de gravité, au sens de la phy-
sique, de la plaque métallique homogène (a, b, c, d) ainsi que nous
allons le montrer. On va d’abord partir de la remarque suivant laquelle
le centre de gravité d’une plaque métallique homogène trian-
gulaire (a, b, c) se confond avec l’isobarycentre des sommets du
94 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

triangle. La preuve de ce résultat est naturellement de nature physique :


on découpe le triangle en bandes infinitésimales parallèles à (b, c). Le
centre de gravité de chacune de ces bandes se trouve au milieu de cette
bande et donc sur la médiane issue de a. On peut alors en déduire que le
centre de gravité du triangle se trouve nécessairement sur cette médiane.
14) Prouver que le centre de gravité du triangle coïncide avec l’isobary—
centre des sommets du triangle.
On suppose maintenant que la plaque métallique homogène est un
quadrilatère (a, b, c, d) convexe (ce qui signifie que le point w se trouve
à l’intérieur du quadrilatère en question, voir Exercice 6.1.0.54).
15) En découpant judicieusement cette plaque selon des triangles, mon-
trer que le centre de gravité de la plaque se trouve en 5. En conclure que
le centre de gravité d’un quadrilatère homogène convexe ne coïncide pas
en général avec l’isobarycentre de ses sommets. Dans quel cas ces deux
points coïncident-ils ?
16) La restriction “convexe” est-elle vraiment nécessaire ?

4.4 Loi du groupe Dil(X)


On a montré que Dil(X) est un groupe. Il s’agit maintenant de
décrire explicitement la loi de composition de ce groupe. On notera
h(w, k) l’homothétie affine de centre w et de rapport k.
1) Composés de translations : on a observé que : tu o t1, = tu”.
2) Composés de translations et d’homothéties :
. ->
Smt f = tu o h(w’,k’). Alors on 7 = tu o h(w’,k’l = Id)? o k’.Id)-{' =
k’ldÿ. Si on a k’ 7è 1, l’application f est une homothétie affine de
rapport k’. Il reste à déterminer son centre oz’. Celui-ci est caractérisé
par l’égalité f(a’) = tu o h(w’, k’)(a’) = a’. Posons a = h(w’, k’)(a’). On
a donc (If—dz = k’.w’a’ et tu(a) = oz’, d’où aa’ = u. De là on tire :
/_’/—wa+aa
wa _
T’ ‘î —k.wa
_ l l l +u

l
_>

Conséquemment (1 — k’).w’a’ = u. Puisque 1 — k’ 7E 0, la position du


centre oz’ est donc donné par w’o/ = fia Ce qui signale que ce centre
oz’ est situé sur la droite (w’, Ku).
3) Composés d’homothéties et de translations :
Soit f = h(w, k) otv. Alors on î = h(w, k) 0357,) = kldÿ oIdÿ = kldÿ.
4.4. LOI DU GROUPE DIL(X) 95
Si on a k 7è 1, l’application f est une homothétie affine de rapport k.
Il reste à déterminer son centre a. Celui-ci est caractérisé par l’égalité
f(a) = h(w, k) o tv(oz) = oz. Posons tv(a) = oz’. On a donc aa’ = v et
h(w, k)(a’) = a. D’où Æ = kwa’. De là on tire :
—> —>
[9.523 = kwo/ — koo/ = ŒÈ — km

Conséquemment (1 — I043 = km. Puisque 1 — k 7E O, la position du


centre oz est donc donné par ŒÈ = fin). Ce qui signale que ce centre
a est situé sur la droite (w, K22).
4) Composés de deux homothéties :
Soit f = h(w, k) o h(w’, k’). Alors on a :

7 = h(w, k o h(w’, k’ = kldÿ o k’ldÿ = (k.k’).IdX»


Si k.k’ = 1, alors le composé f est une translation; si k.k’ 7è 1, le
composé f est une homothétie affine de rapport k.k’.
i) Dans le premier cas, il faut préciser le vecteur de translation. Il
est donné par tout vecteur :1:f (æ . On a en particulier :
\ —> \ —-> —> —>
w’f(w’l = w’h(w, k)(w’5 = w’w+wh(w, k)(w’5 = w’w+k.ww’ = (k—l).ww’

Ce qui signale que le vecteur de la translation composée est porté par


la droite des centres (w, w’).
ii) Dans le second cas, il faut préciser la position du centre ’y. Il est ca-
ractérisé par ’y = f (7) = h(w, k) o h(w’, k’)(’y). Posons ’y’ = h(w’, k’)(7).
On a donc w’v’ = k’.w’7 et h(w,k)(’y’) = 7, à savoir : W = kncîfî’ De
là, on tire :
—> —> ——> ——> ——>
k.ww' = k.w’y’—k.w”y’ = cïÿ—kk’w’q; et: (1—k).c7ÿ+k(1—k’).w”y = 0

Le centre 7 du composé est donc le barycentre du système massique


7' = (1 — k).w + k(1 — k’).u}’ dont le poids 1 — kk’ est en effet différent
de O. Ce qui signale que le centre 7 de l’homothétie composée est sur la
droite des centres (w,w’).
Le tableau suivant synthétise nos résultats et donne la loi de composition
du groupe Dil (X) des dilatations :
96 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

o t1, h(w’, k’)


'u aé 0 k’ aé 1

h(a’, k’)
tu tu+v avec
u 7E 0 05’ E (w’,Ka)

tw, si k.k’ = 1
h(a, k) avec w E KŒÔ’
h(w, k) avec
k 7E 1 a E (w, K11) h(’y, kk’), si k.k’ aé 1
avec 7 E (w,w’)

Corollaire 4.4.0.10. Le groupe Dil(X) n’est pas abe’lien.


Preuve. Le point 4) précédent prouve en effet que, si k.k’ 7è 1 et w aé w’,
on a: h(w,k)o h(w’,k’) = h(w’,k’) o h(w,k) 4:) k = 1 ou k’ = 1. D

Application III : Menelaüs

Le théorème de Menelaus caractérise l’alignement de trois points


appartenant à trois droites distinctes du plan affine :

\ /
a

\
b
/a \c_

. ’7'"
.--'/

Théorème 4.4.0.11. Menelaüs


Soient X un plan afline et (a, b, c) an triangle non dégénéré. Soit oz
(resp. B, 7) un point de (b, c) (resp. (c, a), (a, b) j distinct des sommets.
4.5. EXERCICES 97

Alors les points (a, fi, ’y) sont alignés sz' et seulement sz' on o .'

aæafl
maî-
Prenve. Avant d’aborder directement la preuve, introduisons quelques
notations qui permettent de saisir algébriquement les données en ques-
tion. Notons ha (resp. hg, h.,) l’homothétie de centre oz (resp. fi, 7) qui
envoie c sur b, à. savoir telle que ha(c) = b (resp. hfl(a) = c, h,(b) = a).
Le rapport de l’homothétie ha (resp. hg, h.,) est précisément le sca-
' ° ' ’ oz—b — 5l; _ fl—b _ î et
la1re de proportlonnahte ä (resp. fic Î Notons k _ â Ê ä
Ê, ä).
considérons maintenant la dilatation f = ha o hg o h7. On a deux in-
formations importantes concernant f, d’abord Ÿ = laid? et ensuite
f(b) = ha o hg o h.,(b) = ha o h5(a) = h(a)(c) = b. Donc si on a k 7E 1,
alors f est l’homothétie h(b, k), et si on a k = 1, f est IdX, car c’est
une translation qui admet un point fixe.
Par conséquent si k = 1, on a haohfioh7 = IdX et donc hIBt, = hgl,
ce qui entraîne d’aprés le point 4) de la structure de Dtl(X) que les
centres (a, fi, ’y) des trois homothéties sont alignés.
Réciproquement, supposons les centres (a, fi, 7) alignés sur une droite
D. Puisque ces points sont distincts des sommets, cette droite D ne passe
par aucun des sommets. Supposons de plus k 7è 1. Alors la dilatation f
est une homothétie dont le centre se trouve nécessairement sur la droite
des centres D = (a, 5,7). Ce qui est absurde puisqu’on sait que son
centre est en b QÉ D. Par conséquent k vaut nécessairement 1. E!

On trouvera, dans l’Exercice 5.5.0.49, une généralisation du Théorème


de Menelaüs aux dimensions supérieures.

4.5 Exercices
Exercice 4.5.0.12. Soient X un espace affine et (a, b, c) un triplet de
points non alignés. On suppose que les points (b, c) sont fixes et que le
point a se déplace sur un plan P.
1) Quel est le lieu du quatrième sommet d du parallélogramme (a, b, c, d) ?
2) Quel est le lieu de l’isobarycentre g du triangle (a, b, c) ?
98 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

Exercice 4.5.0.13. Soient X un espace affine, (a, b) un couple de points


et (D, A) une paire de droites affines de X. Déterminer l’ensemble des
parallélogrammes (a, b, c, d) tels que l’on ait : c E D et d E A. Cet
ensemble peut-il être Vide ?

Exercice 4.5.0.14. Le théorème de Newton


Un quadrilatère complet est la donnée de quatre droites distinctes d’un
plan affine X, deux à deux concourantes et ayant des intersections dis-
tinctes. Le but est de montrer que les milieux des diagonales d’un qua-
drilatère complet sont alignés. On donnera ici une preuve utilisant le
théorème de Menelaüs. On pourra voir aussi l’Exercice 5.5.0.47.
Soient donc X un plan affine sur un corps K de caractéristique
différente de 2, (a, b, c) un triangle non dégénéré de X, et D une droite
de X ne passant par aucun des sommets. Les quatre droites en question
seront données par les trois côtés du triangles et la droite D. On note
{a’} = Dfl (b, c), {b’} = Dfl (c,a) et {c’} = Dfl (a, b), ainsi quei (resp.
j, k) le milieu de (a, a’) (resp. (b, b’), (c, c’)).
On introduit les milieux l, m, n des bipoints (b, c), (c, a) et (a, b).
1) Montrer que le point 2' appartient à. la droite (m, n), le point j à la
droite (l,n) et le point k à la droiteAl, m).
7‘) /
2) En déduire qu’on a alors : 22% = Ê—Tî.
a

3) Montrer, en considérant le triangle (l,m, n), que les points z', j et k


sont alignés.

Exercice 4.5.0.15. Variation pappusienne


Soient X un plan affine et Di, 7l E {0, 1, 2}, trois droites parallèles. Une
sécante A les coupe en trois points ai, i E {0, 1,2}. Soit n E D1 un
point distinct de a1.
1) Montrer que la droite D0 et la parallèle (a1, Km) à (a2, n) passant
par a1 sont sécantes. On note m le point d’intersection.
2) Montrer que la droite D2 et la parallèle (a1, Km) à (a0, n) passant
par a1 sont sécantes. On note p le point d’intersection.
Le but de l’exercice est de montrer que les points m, n, p sont alignés.
Pour cela, on introduit l’homothétie h de centre a0 telle que h(a1) = a2.
3) Constuire l’image m’ = h(m) et montrer que mm’ = m.
4) Constuire l’image n’ = h(n) et montrer que pn’ = a—fi.
5) Soit t la translation de vecteur nal et f = to h. Montrer que f est
4.5. EXERCICES 99

une homothétie dont on déterminera le centre.


6) Déterminer f (n) et conclure.
Exercice 4.5.0.16. Soient X un espace affine, f un endomorphisme et
çb un automorphisme de X. On suppose que l’ensemble Pf des points
fixes de f est non vide.
1) Déterminer l’ensemble des points fixes de l’endomorphisme ÔO f oçb—l.
2) Montrer que si f et çb commutent, on a : q5(Pf) = Pf.
—> —>
3) Montrer que f et çb commutent si et seulement si on a : 70 çb = çb o?
et (15(Pf) = Pf'
4) Montrer que f et la translation tu commutent si et seulement si le
vecteur u appartient à Pf.

Exercice 4.5.0.17. Soient X un plan affine sur un corps 1K de ca-


ractéristique différente de 2 et (a, b, c) un triangle non dégénéré. Soit
m0 un point de X et a0 (resp. b0, co) le symétrique de m0 par rapport
au milieu de (b, c) (resp. (c, a), (a,b)). Montrer que les droites (a,a0),
(b, b0) et (c, c0) sont concourantes.
1) Si la caractéristique de K est différente de 3, montrer que le point de
concours de ces droites est le milieu de (a, a0) (resp. (b, b0), (c, c0)) et le
barycentre du système massique 7' = m0 + 3.g où g est l’isobarycentre
du triangle.
2) Si la caractéristique de K est égale à 3, où ce point se trouve-t-il ?

Exercice 4.5.0.18. Le groupe des symétries-translations


Soit X un espace affine sur un corps K de caractéristique différente de
2. Pour tout point w de X et tout vecteur u de sa direction , on note
aw la symétrie centrale de centre w (i.e. l’homothetie de centre w et de
rapport -1) et tu la translation de vecteur u.
1) Pour tout couple (a, b) de points de X, montrer que 0b o ac, est une
translation dont on derminera le vecteur en fonction des points a et b.
2) Soient a, b, c, d quatre points de X. Déterminer une condition néces-
saire et suffisante pour que 0b o 0a = 0d o ac. En déduire une condition
pour la commutation 0a o 0b = 0b o au.
3) Soit u un vecteur de , montrer que aaotu et tuoaa sont des symétries
centrales dont on déterminera les centres.
4) On note ST(X) le sous-ensemble du groupe GA(X) des automor-
phismes affines formé des translations et des symétries centrales. Mon-
trer que ST(X) est un sous-groupe de GA(X). On précisera en parti-
100 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

culier les inverses de tu et de aw.


5) Montrer que le sous-groupe ST(X) est distingué dans GA(X).
6) Soient a, b, c trois points non alignés de X. Montrer que (b = aaoaboac
est une symétrie centrale. Si l’on note d le centre de cette symétrie, mon-
trer que 0a o 0b = 0d o ac. En déduire la position du point d.
7) On note 2', j, k les milieux des bipoints (b, c), (c, a), (a, b). Déterminer
le composé a. o 0j o 0k.
8) Que se passe-t-il lorsque la caractéristique du corps K est égale à. 2 ?

Exercice 4.5.0.19. Automorphismes du plan ayant une droite


D de points fixes
Soit X un plan affine et D une droite de X. On note ÿ l’ensemble des
automorphismes affines de X qui laissent la droite D invariante point
par point.
1) Montrer que ÿ est un sous roupe du groupe affine GA(X). Montrer
quepourtousfeÿet’weâonaztwofzfotw.
2) Soit f 7è Id un élément de Q. Montrer que l’ensemble Pf des points
fixes de f est égal à. D. En déduire que dimKer(î — Id) = 1.
3) Montrer que dimIm( — Id) = 1; on pourra utiliser le Théorème
du rang (7.3.5.5). En déduire que la direction des vecteurs mf (m) est
fixe. On notera A la droite vectorielle déterminée par cette direction.
4) Soit D’ une droite distincte de D. Montrer que si D’ est parallèle à.
D, alors son image f (D’) est parallèle à D.
5) Si D’ n’est pas parallèle à D, on note {p} = D fl D’. Montrer que le
point p appartient à f (D’) En déduire que la droite D’ et son image
f (D’) se coupent sur D.
6) On se donne D et l’image par f d’un point m0 çÉ D. Construire pour
tout point m E X son image f (æ)
7) On suppose Â) 7è . Montrer que toute droite A de direction Â) est
globalement invariante et que la restriction de f à A est nécessairement
une homothétie dont on explicitera le centre.
8) Si on pose {n} = D fl (m, f (m)), montrer que le rapport ”3:0” est
un scalaire k indé endant de m. On dit alors que f est l’affinité d’axe
D, de direction A et de rapport k. Lorsque k vaut —1, on retrouve la
notion de symétrie oblique.
9) On suppose A = . Montrer que toute droite D’ parallèle à. D est
globalement invariante, et que la restriction de f à. cette droite D’ est
4.5. EXERCICES 101

nécessairement une translation.


10) Soit m E D’. Si on pose {p0(m)} = D n (m0,m), montrer que le
—->
vecteur de translation mf (m vérifie mf (m = %——m))"Ïr.mof (m0 . On
P0 m mo
dit alors que f est une transvection d’axe D.
11) On note 72D l’ensemble des transvections d’axe D. Montrer que est
un sous-groupe distingué de ÿ.

Exercice 4.5.0.20. Variation arguesienne (1)


Soit (a, b, c) un triangle non dégénéré d’un plan affine X et f : X —> X
un endomorphisme affine. Soit m le barycentre du système massique
7' = 500.61 + xbb + xc.c'.
1) Montrer que (:60, + x1, + œc)mf (m) = æam + mm + 930m.
2) Montrer que, si les droites (a, f (a)), (b, f (b)), (c, f (c)) sont parallèles
(à. une droite vectorielle dénotée A), alors la droite (m, f (771)) leur reste
parallèle.
—> .
3) Montrer qu’on a Cf = {W/æ E X} C A, et que, Sl f n’est pas
une translation, on a Cf = A.
4) En déduire que dans ce cas :
i) on a: dim(Imî — Id) = 1, et donc dim(Ker? — Id) =1
ii) l’ensemble Pf des points fixes est non vide, et est une droite affine,
que l’on notera D.
5) Si D’ est une droite parallèle à. D, montrer que f (D’) est parallèle à.
D, et dans le cas contraire que D’ et f (D’) se coupent sur D.
Application. Soient (a, b, c) et (a’, b,’ , c’) deux triangles non dégénérés
tels que le droites (a, a’), (b, b’), (c, c’) soient parallèles et les vecteurs
a—a’, bb’, cc’ tous distincts.
6) Montrer alors que les trois intersections {7} = (a, b) fl (a’ , b’), {a} =
(b, c) fl (b’, c’), {[3} = (c, a) fl (c’ , a’) des côtés des triangles sont alignées.

Exercice 4.5.0.21. Gradient de repères affines dans un plan


Soient (a, b, c) et (a’, b’, c’) deux triangles non dégénérés d’un plan affine
X sur le corps K. Montrer à l’aide du “Postulat d’Euclide” pour les
applications affines qu’il existe une unique automorphisme affine f qui
envoie le premier triangle sur le second. On suppose que les trois vecteurs
aa’, bb’ et cc’ sont tous non nuls et ne sont pas tous égaux, i.e. que le
triangle (a, b, c) ne contient aucun point fixe de f et que f n’est pas
102 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

une translation. On rappelle que le gradient de f est l’application affine


’yf : X —> î définie par ’yf(a:) = :L’f(Œ .
. . , . —>
A) On suppose que ces trms vecteurs sont colmealres et on note A
la droite vectorielle a laquelle ils appartiennent.
= /:z: E X} = A.
_>
1) Montrer
que—çf {Âflæ
2) On suppose cc’ = k.bb’, k 7è 1. Montrer que le point m0 = fl(—k.Î)+c')
est fixe et en déduire que f admet une droite de points fixes. Se rapporter
alors à l’Exercice 4.5.0.19 pour la description de f.
B) On suppose que ces trois vecteurs ne sont pas colinéaires.
1) Montrer qu’il existe un triplet de scalaires (Àa,Àb,Àc) 74 (0,0,0),
unique à un coefficient près, tel que Àaaa’ + ÀbÆ’ + Accÿ = 0.
On suppose Àa + /\b + Àc 5€ 0.
_> _>
2) Montrer que les trois vecteurs aa’, bb’ et cc’ sont affinement indépen-
dants (voir Définition 5.1.0.29) et déterminent donc une base affine de
. En déduire que l’application gradient ’yf est un isomorphisme affine.
3) En conclure que l’application f admet un unique point fixe. On pose :
7' = Awà + Àbj) + Ac.c' et g = 6(7). Montrer que g est ce point fixe.
4) Dans le cas où cc’ = klî’, k 7è 1, montrer que g est le point d’inter—
section des droites (b, b’) et (c,c’).
On suppose à. présent A0, + Àb + /\c = 0 et on note u le vecteur associé
à la fonction de Leibniz LT.
5) Montrer que le système T ne peut être autarcique (voir Exercice
3.2.5.1) et en déduire que u est non nul.
6) Montrer que (u) = u.
7) On pose : D = K€T(Î — Id). Montrer que dimD = 1. Montrer
à. l’aide de la question 3) de l’Exercice 4.5.0.19 que l’ensemble Pf des
points fixes de f est nécessairement vide.
8) On suppose de plus que K67%? — Id) 7E Im(î — Id). Montrer que
Ker( — Id) fl Cf est réduit à. un point qu’on notera w. Montrer que
l’application g = t_w o f admet une droite D de points fixes de direction
= Km? — Id).
9) Montrer que D est globalement invariante par f et que la restriction
de f à. D est la translation de vecteur w. Finir la description de f à
l’aide de l’Exercice 35.0.19.
10) Dans le cas où cc’ = bb’, préciser la direction de D.
4.5. EXERCICES 103

Exercice 4.5.0.22. Droites portées par trois droites fixes


On se donne un K—espace affine X de dimension 3. On considère trois
droites D,,z' E {0,1,2}, non deux à deux concourantes, non deux à
deux parallèles, mais néanmoins parallèles à un même plan P, c’est-
à—dire telles que pour tout 7l, on ait : i C . On veut montrer que
toute droite A portée par ces trois droites reste parallèle à un
même plan. On va commencer par identifier, au moyen d’une certaine
construction, l’ensemble D de ces droites A qui, par définition, ont une
intersection non vide avec chacune des droites Di.
On note P le plan parallèle à. P et contenant D. On désigne par
k le scalaire ËËÎ, défini dans la droite affine X/P (voir la Proposition
3.3.7.1), et onPofixe un point wo E D0. Enfin on introduit l’homothétie h
de centre wo et de rapport k.
1) Montrer que la droite Ë1 = h(D1) est dans la plan P2.
2) Montrer que les droites E1 et D2 sont sécantes. On notera L02 leur
point d’intersection.
3) Montrer que le point wl = h_1(w2) appartient à la droite D1.
4) Montrer que la droite Aw contenant les trois points w, en question
est la seule droite portées par les D,- et passant par wo.
La construction précédente a permis d’associer à. tout point wo de
Do un point wz dans D2 ; elle détermine par conséquent une application
g : D0 —> D2. On va montrer que l’application g est affine. On note a
—>
présent h’ l’homothétie de centre wl et de rapport k’ = lÈl—lï?"
1 0

5) On note E0 la droite h’(D0). Montrer que la droite Ëo est dans le


plan P2 et qu’elle passe par 0.22.
Dans le plan P2, on note 7T : E0 —> D2 la projection affine de Êo
sur D2 parallèllement à. E1 qui est bien définie car ces trois droites du
plan P2 ne sont pas deux à deux parallèles, et on note [1’ : D0 —> E0 la
restriction de l’homothétie h’ à la droite D0.
6) Soit :130 E Do; on note :122 = 7r o h’ (x0). Montrer que la droite
(.730, 3:2) coupe la droite D1 en un point que l’on notera :131.
7) Déduire de la question précédente qu’on a : g = 7T o E et que par
conséquent l’application g est affine.
8) Montrer que l’ensemble D des droites A en question est l’ensemble
des droites (m, g(m)) lorsque m parcourt D0.
9) Conclure a l’aide de l’Exercice 3.5.0.13.
104 CHAPITRE 4. LE GROUPE AFFINE

Exercice 4.5.0.23. Quelques figures de l’espace affine A(X, X)


Soit X un K—espace affine. L’ensemble A(X, X) des endomorphismes
affines de X est, d’après l’exercice 3.5.0.21, un espace affine de direction
A(X, X). On se propose d’étudier quelques figures simples de cet espace.
Soit h (resp. h’, h”) l’homothétie de centre w et de rapport k (resp.
de centre w’ et de rapport k’, de centre w” et de rapport k”). On note g
le quatrième sommet du parallélogramme déterminé par (h, h’, h”) dans
l’espace affine A(X, X).
1) Si on a : k = k’ = k”, montrer que g est l’homothétie de centre â) et de
rapport k, où â) est le quatrième sommet du parallélogramme déterminé
par le triplet (w, w’, w”).
2) Si on a : k — k" + k” = 0, montrer que g est une fonction constante
que l’on déterminera. En déduire que Dil(X) et GA(X) ne sont pas des
V.l.a de A(X, X).
3) Si on a : k — k’ + k” = 1, montrer que g est une translation que l’on
déterminera.
__>
4) est la direction de l’application affine hh’ : X —> X ? Montrer
Q_u_>elle
que hh’ est un isomorphisme affine si et seulement si k 7E k’. Dans le cas
contraire, montrer que c’est une fonction constante que l’on déterminera.
On s’intéresse à. présent à. la droite affine (h, h’).
5) Si on a : k = k’, montrer que cette droite est l’ensemble :

{MG}, k)/ c7) E (60.60)}


des homothéties de rapport k centrées sur la droite (w, w’) et donc que
cette droite est incluse dans Dil (X)
6) Si on a k 7E k’, montrer que la droite (h, h’) est constituée d’ho-
mothéties centrées sur la droite (w, w’), à. l’exception d’une application
constante et d’une translation que l’on déterminera.
7) Déterminer l’ensemble des applications affines constituant la droite
aflîne (h, tu), où tu est la translation de vecteur v.
8) Reprendre les questions 1) à. 7) pour un triplet de translations tu, tu:
et tu". En ce qui concerne la question 4), on montrera que l’application
affine tutu: est toujours une fonction constante que l’on déterminera.
9) En déduire que l’ensemble T(X) des translations de X est une V.l.a.
de l’espace affine A(X, X) Quelle est sa direction en tant que sous-
espace vectoriel de A(X, )?
Chapitre 5

Base affine et équation


homogène

Rappelons que si X est un ensemble et K un corps, la notation K(X)


désigne l’espace vectoriel des systèmes massiques vide ou de poids fini,
et Kt(X) l’espace affine des systèmes massiques de poids t. On note
fi : K1 (X) —+ X la restriction de l’application “barycentre” à l’espace
affine K1 (X) des systèmes de poids 1. C’est une application affine dont
la direction est l’application linéaire AX : K0(X) —> qui associe à
tout système de poids nul le vecteur constant de la fonction de Leibniz
associée (cf. Exercice 3.2.6.2).

5. 1 Repère affine
On suppose d’abord que X un ensemble.

Exercice 5.1.0.24. Soit X’ C X une partie de X. Montrer que K1 (X ’ )


est un sous-espace affine de l’espace affine K1(X). Déterminer sa direc—
tion et vérifier que c’est un sous-espace vectoriel de KO(X).

On suppose à présent que X est un K-espace affine, et X’ une partie


quelconque de cet espace X.

Définition 5.1.0.25. On appelle v.l.a. engendrée par X’ la plus petite


v.l.a. de X contenant X’. On la notera (X ’ )

105
106 CHAPITRE 5. BASE AFFINE ET ÉQUATION HOMOGÈNE

Proposition 5.1.0.26. Quelle que soit la partie X’ 7è (l), la u.l.a. en-


gendrée (X ’ ) existe toujours.

Preuve. On note .7: la famille des V.l.a. de X contenant X’. On a .7: 79 (l),
puisque on a X E F. On peut donc considérer l’intersection Î =
flZEÎ Z. Il est clair que X’ C _X—’ et donc que Î aé (l) est une V.l.a. de X,
puisque les V.l.a. sont stables par intersection non vide. Par construction,
c’est évidemment la plus petite V.l.a. de X contenant X’. On a donc
Î = (X’). EI

Exercice 5.1.0.27. 1) Montrer que si X’ est une V.l.a. de X, on a alors :


(X’) = X’.
2) Si X’ est quelconque, montrer que (X’) est la V.l.a. 5(K1(X’)), à
savoir l’ensemble des barycentres des systèmes massiques de X’. Quelle
est sa direction ?
3) Si a et b sont deux points distincts de X, montrer que la V.l.a. en-
gendrée par {a, b} est la droite (a, b). Si (a, b, c) est un triangle non
dégénéré, montrer que la v.l.a. engendrée par {a, b, c} est le plan (a, b, c).
Exercice 5.1.0.28. 1) Soient X’ et X” deux V.l.a. de X. On se donne
m6 E X’ et mg E X”. Montrer que la direction de la V.l.a. (X’ U X”) et
égale au sous—espace vectoriel X’ + X” + Km.
2) On suppose dimX = 3. Soient D’/ et D” deux droites non parallèles.
Si on a : D’ fl D” = (l), montrer qu’on a : (D’ U D”) = X. La réciproque
est—elle vraie ?
Soit X’ = {a0, a1, ..., an} un ensemble fini de n + 1 points distincts
de X. Notons flx' : 1K1 (X ’ ) —> X la restriction de l’application “bary-
centre” aux seuls systèmes massiques de X’. Comme plus haut, c’est
une application affine et sa direction est AX, : K0 (X ’ ) —> .
Définition 5.1.0.29. On dira que X’ = {ao,a1, ...,an} est une famille
génératrice de l’espace X si l’application 5X: est surjectiue, qu’elle est
libre (ou encore afllnement indépendante) si flxz est injectiue, que c’est
une base afiine de X (ou un repère) si 5X; est bijective.
Il s’agit maintenant de donner une caractérisation vectorielle de ces
différents types de famille de points de X.
Proposition 5.1.0.30. La famille (a0, a1, ..., an) est génératrice de l’es-
pace affine X si et seulement si la famille B = (CÎOÎÏ, a—Oä'g’, ..., aoan’) est
5.1. REPÈRE AFFINE 107

une famille générarice de l’espace vectoriel X. Elle est libre si et seule—


ment si la famille B est libre dans . C’est une base afi‘lne de X si et
seulement si la famille B est une base vectorielle de .

Preuve. L’application affine 5X: est surjective (resp. injective, bijec-


tive) si et seulement si sa direction, à savoir l’application linéaire AX: :
K0(X’) —> , est surjective (resp. injective, bijective). Par ailleurs,
on a vu dans l’Exercice 3.2.1.5 que la famille (Q51,Çb2, ...,çbn) est une
base de KO(X’), où çb, = a,- — a0. On a vu aussi que AX/(çbi) = ao—aî.
Ainsi l’application linéaire AX: est surjective si et seulement si la famille
B = (ci—OËI’, ao—aà, ..., GÎCL—È) est une famille générarice de l’espace vectoriel
, elle est injective si et seulement si la famille B est libre dans X, et
bijective si et seulement si la famille B est une base de X. Ü

Corollaire 5.1.0.31. Si {a0,a1, ..., an} est une base aflîne de X, alors
on a dimX = n. Par conséquent toute base aflîne d’un espace afiîne X
de dimension n admet n + 1 points distincts.

Coordonnées barycentriques et homogènes

Il est clair que si X’ = {a0,a1, ...,an} est une famille génératrice


et donc si flxz est surjective, tout point :1: E X est le barycentre d’un
système massique de poids 1 d’éléments de X’, à savoir qu’il existe
n + 1 scalaires (k0, k1, ..., kn) non tous nuls et de somme 1 tels que a: =
5(ko.ao + k1.a1 + ...knan). Par ailleurs, puisque B; est aussi surjective,
pour tout vecteur u E X, il existe n + 1 scalaires (k0, k1, ..., kn) non
tous nuls et de somme nulle tels que u est la constante associée à la
fonction de Leibniz du système massique 5(k0.ao + k1.a1 + ...kn.a.,,). Si,
de plus, X’ est une base affine, du fait de l’injectivité de flxz et de XI,
ces (n + 1)—uplets de scalaires sont uniques dans les deux cas.
Définition 5.1.0.32. Soient {a0, a1, ..., an} une base affine de X, æ E X
et u E X. On appelle l’unique (n + 1)-uplet (k0,k1,...,kn) les coor-
données barycentriques du pointa: (ou du vecteur u) dans la base donne’e.
Il est de poids 1 pour les points et de poids 0 pour les vecteurs.
Dans le cas des points, on les appelle aussi coordonnées homogènes si
l’on supprime la contrainte 2,6{0,1,__,n}k,; = 1. Elles ne sont alors uniques
qu’à. un coefficient d’homogénéité près.
108 CHAPITRE 5. BASE AFFINE ET ÉQUATION HOMOGÈNE

Théorème de Ceva

Ainsi donc tout triangle (a, b, c) non dégénéré d’un plan affine X
constitue un repère affine de ce plan. Il est clair (unitarité du barycentre)
que dans ce repère les coordonnées barycentriques du point a (resp. b,
c) sont (1,0,0) (resp. (0,1,0), (0,0,1)). Celles de l’isobarycentre g du
triangle sont données par (1 /3, 1 /3, 1/3); ou, plus commodément, ses
coordonnées homogènes sont ( 1, 1, 1).
On a montré que tout point m E X admet des coordonnées ho-
mogènes (16,3], z) E 1K3. Notons {a} = (b, c) fl (a,m) si ces deux droites
ne sont pas parallèles.
Proposition 5.1.0.33. Soient (:L', y, z) les coordonnées homogènes d’un
point m dans le repère (a, b, c). Les droites (b, c) et (a, m) sont parallèles
si et seulement si on a : y + z = 0. Si elles sont concourantes, les coor-
données homogènes de leur intersection oz sont (0, y, z) dans ce repère.
Preuve. Supposons que les droites (b, c) et (a, m) se coupent en a :

0/
m
l
î Ci

7b

Le point oz étant sur la droite il existe par conséquent deux


(dmn), = 0 et k + k’ 7E 0. A partir des
scalaires k et k’ tels que [coi—ci + k’.a
coordonnées homogènes de m, on obtient :
1

D’où l’équation suivante qui fournit les coordonnées homogènes du point


a dans le repère (a, b, c) :

(k+k’.——æ—).æï+kh—y——.oîà+k'.—Z_.oîà=o
œ+y+z æ+y+z æ+y+z
5.1. REPÈRE AFFINE 109

Par ailleurs, le point a est aussi sur la droite (b, c), il est donc le bary-
centre des seuls points b et c et ses coordonnées homogènes sont donc
de la forme (0,y’, zÏ). Comme ces coordonnées sont uniques à. un sca-
laire d’homogénéité près, on a nécessairement : k + k’ ' æ+ä+z = 0, et les
coordonnées homogènes sont données à un scalaire près par le triplet
(0, k’ - Eh“? . æ+Z+z)’ soit encore (O,y, z) Ceci ne définit un point
du plan que si on a : y + z 7E O. Et comme deux droites d’un plan ne
peuvent qu’être ou concourantes ou parallèles, les droites (b, c) et (a, m)
sont donc parallèles si et seulement si on a : y + z = 0. D

Théorème 5.1.0.34. Ce’va


Soient X un plan afline et (a, b, c) un triangle non dégénéré. Soit oz
(resp. B, ’y) un point de la droite (b,c) (resp. (c,a), (a,b)) distinct des
sommets.

Alors les droites (ma), (b, fi) et (c, ) sont concourantes ou pa-


rallèles si et seulement si :

Fa n =_1
.3.
fla "r
Preuve. Supposons qu’elles sont concourantes. Soit m leur point d’in-
tersection, et (æ, y, z) ses coordonnées homogènes dans le repère du tri-
angle. La proposition précédente nous dit que celles du point a sont
(O,y, z). Ce qui signifie :

yÂÈ + z.oÎÈ = O ou encore


Si Il I I
âll
1 10 CHAPITRE 5. BASE AFFINE ET ÉQ UATION HOMOGÈNE

Dès lors l’égalité: (— 5-) (— Î.) (— ï): —1 fournit le résultat. Si les trois
droites sont parallèles, disonsa une direction B, le résultat est encore
plus aisé à. vérifier. il suffit par exemple de faire intervenir la projection
sur la droite (b, c) parallèlement à
Réciproquement supposons le produit des rapports égal à. —1. Sup-
posons d’abord que les droites (b, fi) et (cyy) se coupent en un point
m. Si les droites (b, c) et (a, m) se coupent en un point a’, nous avons,
d’après la preuve directe ci—dessus, l’égalité de gauche suivante, et celle
de droite qui est fournie par l’hypothèse :

a—Ëfl—Èv—ä OÎÊflc’ŸË a—Ë_oîà


=—1=:- ;etdonc:
a’c ,Ba î ac ,Ba :ä :;— :Ë

ce qui signifie que les points a’ et a ont mêmes coordonnées homogènes


sur la droite (b, c) et que par conséquent ils sont égaux. Ainsi m est à.
l’intersection des trois droites en question.
Il faut maintenant écarter le cas (b, c)//(a,m). Puisque b et c sont
distincts, le rapport à est nécessairement différent de 1. Sous l’hy-
pothèse concernant le produit des rapports, cela est équivalent à. :
—> —+
fic . vî _1 ou encore fla 7è 0
î Îÿé Ê—I—cyîÿé
Or ce dernier point est équivalent à. dire que les coordonnées homogènes
(1, Ï, z) du point m sont telles que (Ë + î) 7E 0, ce qui exclut le pa—
rallélisme en question d’après la proposition précédente.
Si enfin on suppose les droites (b, B) et (c, ’y) parallèles, alors la droite
(a, a) ne peut les couper, sinon on pourrait reprendre le raisonnement
ci—dessus avec le couple de droites (a, a), (b, [3), ce qui aboutirait à une
contradiction. |:|

Ce théorème (tiré d’un mémoire paru en 1678) est postérieur d’envi—


ron quinze siècles à. celui de Menelaüs (4.4.0.11) et doit lui être comparé.
Exercice 5.1.0.35. Soient {a0,a1,.. ,an} une base affine d’un espace
affine X. Soit (mi)ie{1 2 p} une famille finie de p points de X de coor-
données barycentriques (kmî .,k’) dans ce repère.
1) Montrer que les coordonnéès barycentriques du vecteur ml—mà sont
5.2. REPÈRE AFFINE ET APPLICATION AFFINE 11 1

données par (kä — kä, lof — kÏ, ..., 13,2, — 191,).


2) Soit (t1, t2, ..., tp) une famille de scalaires de somme t non nulle. Mon-
trer que les coordonnées barycentriques du barycentre du système mas-
sique 7' = 2,6{1,2,_,_,p}t,.m, sont données par le (n + 1)-uplet :

1 . 1 ' 1 '

(ïzje{1’2,m,p}tjkâ,ïzje{l,2,...,p}tjk’l)'"aïzj€{1,2wwp}tjk’l71)

à savoir par le résultat du produit de la matrice suivante avec le p—uplet

(k5 k3 këfl
u F, kï
k1..7 k.7 k?.7
Kk}, k3, kg)
3) Montrer qu’on peut remplacer les coordonnées barycentriques des
points m, par leurs coordonnées homogènes, si toutefois on donne à.
tous les “vecteurs colonnes” le même poids total.

5.2 Repère affine et application affine


Sur le modèle de ce qui se passe dans le cas vectoriel, une application
affine est caractérisée par l’image d’un repère affine :
Théorème 5.2.0.36. Soit (a0, a1, ...,an) un repère afi‘lne de X. Alors,
pour tout (n + 1)-uplet (b0, b1, ..., bn) de points d’un espace afiîne Y, il
existe une et une seule application afllne f : X —> Y telle que f (ai) = bi,
Vi E {0,1, ..,n}.
Preuve. C’est une conséquence directe du postulat d’Euclide pour les
applications aflînes par lequel l’application affine f est caractérisée au
moyen de l’image f (a0) = b0 et de la direction , et du fait que l’appli-
cation linéaire î est elle-même déterminée par l’image (äo—oË) = bob,-
de la base (äaäî, ..., W) de X, voir Théorème 7.3.5.3. Ü
Matrice d’une application affine
Soient (a0, a1, ..., on) un repère affine de X et (co, c1, ..., cm) un repère
affine de Y. Soit f : X —> Y une application affine. Elle est caractérisée
112 CHAPITRE 5. BASE AFFINE ET ÉQ UATION HOMOGÈNE

par les n+ 1 points (f(a0),f(a1), ...,f(an)) de Y. Soient (a3,aî, ...,ozfn)


les coordonnées barycentriques de f (ai) dans le repère de Y. La matrice
M ( f) de l’application affine f dans ces repères sera donc le tableau
suivant :
0 1 1; ou. a0
n \
a9

041 a1 051 0’1


K a8 a? Z n

0 1 i n
“a“ O‘j 04j 04j
O 1 i n )
\ am am I0. am .0. am

Si (x0, x1, ..., xn) représente les coordonnées barycentriques d’un point
m de X ou d’un vecteur u de dans le repére affine (a0,a1, ...,an),
celles de f (m) et 7(u) dans le repère (c0,cl, ...,cm) seront obtenues
par l’action de M(f) sur ces coordonnées, voir Exercice 5.1.0.35. On
peut remplacer les coordonnées barycentriques des f (ai) par leurs coor--
données homogènes, si toutefois on leur donne le même poids total. La
même technique permettra alors le calcul matriciel des coordonnées ho-
mogènes des points f (m), mais ne permettra plus celui des coordonnées
barycentriques des vecteurs (u).

5.3 Equation des hyperplans affines


On se donne (a0,a.1, ...,an) un repère affine d’un espace affine X.
On va montrer que tout hyperplan affine de X admet une équation
homogène dans ce repère.

Théorème 5.3.0.37. Soit (a0,a1, ...,an) un repère aflîne de X. Alors


pour tout hyperplan aflîne H de X, il existe un (n+1)-uplet (k0, k1, ..., kn)
de scalaires non tous égaux, unique à un coeflîcient d’homogénéité près,
tel que, pour tout pointm E X de coordonnées homogènes (x0, x1, ..., xn),
on ait :
mGH 4:} k0Œo+k1Œ1+...+knŒn=0

On appelle cette expression l’équation homogène de l’hyperplan H dans


le repère (ao,a1, ...,an). Réciproquement toute expression de la forme
précédente détermine un hyperplan afllne de X.
5.3. EQUATION DES HYPERPLANS AFFINES 113

Preuve. Soit H la direction de l’hyperplan affine H. C’est un hyperplan


vectoriel de et donc le noyau d’une forme linéaire non triviale w :
—> 1K. Soit m0 H et h : X —> 1K l’unique application affine telle
Ê)
que h(mo) = 0 et h = w. La v.1.a. h“1({0}) n’est rien d’autre que H,
puis u’elle a en commun avec lui le point m0 et que sa direction Kergb
est . Notons la; = h(ai) E 1K les scalaires déterminés par l’image du
repère affine. Ils ne sont pas tous égaux, sinon h est constante et la
forme linéaire est triviale, à savoir : 1,0 = 0. Alors si le point m admet
(3:0,311, ..., œn) comme coordonnées barycentriques, on obtient :

h(m) = h(:6(zie{0,1,...,n}æi°ài)) = 18(Ei€{0,1,...,n}æi-h(ai))


= zi€{0,1,...,n}æi'h(ai) = Eie{0,1,...,n}Œi-ki

Ainsi m E H = h’1({0}) si et seulement si h(m) = 2,6{0,1,___,n}k,-.:13,; = O.


Réciproquement l’expression h(m) = zi€{0,1,...,n}ki-œi détermine une
application affine h : X —> K, non constante si les la; ne sont pas tous
égaux. Et alors la variété linéaire affine h’1({0}), caractérisée par l’ex-
pression Eie{o,1,_,_,n}ki.æi = 0, est bien un hyperplan affine de l’espace
affine X. III

Le dessin suivant donne les équations homogènes de quelques droites


d’un plan affine rapporté à un repère (a, b, c) où oz est le milieu de (b, c) :

Remarque 5.3.0.38. L’exclusion du cas ou tous les coeflicients k,- sont


égaua: se comprend aisément, puisque l’errpression 2,6{0,1,__,,n}k.xi = 0 est
équivalente à 2,6{0,1w_,n}œz- = O qui est la condition caractéristique des
1 14 CHAPITRE 5. BASE AFFINE ET ÉQ UATION HOMOGÈNE

coordonnées barycentriques d’un vecteur de X, et ne peut donc produire


un point de l’espace afi‘ine X.
Corollaire 5.3.0.39. Soit (a0,a1,...,an) un repère aflîne de l’espace
afi‘ine X. Alors toute u.l.a de X est caractérisée, dans ce repère, par un
système fini d’équations barycentriques.

Preuve. En effet, dans un espace affine X de dimension finie, toute V.l.a.


est une intersection finie d’hyperplans affines. D

Exercice 5.3.0.40. Soit klæ + kzy + k3z = 0 l’équation d’une droite


affine D dans le repère affine (a, b, c) d’un plan affine X.
1) Soit u un vecteur de , de coordonnées barycentriques (u1, U2, u3).
Montrer qu’on a u E si et seulement si on a : klul + kgug + k3u3 = 0.
2) Montrer que (k2 — k3, k3 — k1, k1 — k2) sont les coordonnées barycen-
triques d’un vecteur de .
3) Expliciter la relation qui caractérise les coefficients de deux droites pa-
rallèles.

Exercice 5.3.0.41. Soit (a, b, c) un repère affine d’un plan affine X.


1) Montrer que, dans ce repère, le côté (b, c) du triangle a pour équation
homogène se = 0. Quelles sont les équations des côtés (a, b) et (c, a) ?
2) Quelles sont les équations des médianes du triangle (a, b, c) ?
3) Quelles sont les équations des droites parallèles aux côtés et passant
par les sommets opposés ?
4) Quelle est la droite d’équation —a: + y + z = 0 ?
5) Quelles sont les coordonnées homogènes des points d’intersection de
ces neuf droites (dix points) ?
6) Soient m1, m2 deux points de X. Soient (x1,y1,z1) et (:102, 3/2, Z2)
leurs coordonnées homogènes dans le repère. Montrer que l’équation de
a1 :222 a
la droite (m1, m2) est déterminée par la formule : 3/1 yg y :0.
Z1 22 Z
7) En déduire que trois points m1, m2, m3 de X sont alignés si et seule-
1E1 5132 CE3
ment si leurs coordonnées homogènes sont telles que : yl yg y3 :0.
Zl Z2 Z3

8) Soient (a, b, c, d) un repère affine d’un espace affine X de dimen-


sion 3 et m1, m2, m3 trois points non alignés de X. Donner l’équation
5.4. PROPRIÉTÉ UNIVERSELLE DE L’ESPACE K1 (X) 115

du plan (m1, m2, m3) dans le repère en question. Donner un critère de


coplanéité de quatre points m1, m2, m3, m4.

5.4 Propriété universelle de l’espace K1 (X)


On a défini la donnée d’un repère affine X’ = {a0, a1, ..., an} de l’es-
pace affine X par la donnée d’un isomorphisme affine K1(X’) 2 X,
c’est—à—dire que ce repère détermine l’espace affine X comme isomorphe
à. l’hyperplan affine K1 (X’) de l’espace vectoriel K(X’). En fait c’est
un résultat très général : on va montrer que tout espace aflîne est
(isomorphe à) un hyperplan afi‘ine d’un espace vectoriel. C’est en quoi
l’Exemple 3.1.0.18.2 est générique. Pour cela, on va procéder en deux
étapes, dont la première sera de mettre en évidence une propriété uni—
verselle de l’espace affine K1(X) des systèmes massiques de poids 1.
Exercice 5.4.0.42. Propriété universelle de l’espace K1 (X)
On suppose d’abord que X est un ensemble. On considère K1 (X) le
K—espace affine des systèmes massiques de poids 1 et 77X : X >——> K1(X)
l’application injective définie par 77X (a3) = 51'3, voir 3.2.1.
1) Soit Y un K—espace affine. Montrer que toute application f : X ——> Y
s’étend de façon unique, le long de l’application 77X, en une application
affine Î : K(X) —+ Y faisant commuter le diagramme de gauche, à savoir
telle quezfonxzf:

X>—nälK1(X) K1(X)

f if v
Y Y

La présentation diagrammatique de cette propriété universelle place à


droite ce qui se situe au niveau K—affine, et à gauche ce qui se situe
seulement au niveau ensembliste.
2) On suppose que X est lui-même un K—espace affine. Quelle est l’ap-
plication affine K1 (X) —> X déterminée par l’application “identité”
Idx : X —> X? Quelle est sa direction? On suppose à présent que
l’espace affine X est l’espace affine K1 (T) où T est un ensemble. Décrire
l’application affine 21(T) : K1 (1K1(T)) —> K1 (T) déterminée par l’appli-
cation Id : K1 (T) —> K1 (T)
3) On suppose de nouveau que X est un ensemble quelconque. Soit Z
116 CHAPITRE 5. BASE AFFINE ET ÉQ UATION HOMOGÈNE

un autre ensemble, et g : X ——> Z une application. Montrer qu’il existe


une et une seule application affine K1(g) : K1(X) —> K1(Z) faisant
commuter le carré suivant :

g èKüg) èKflg)

Z>—nz> K1(Z) IK1(Z)

Quelle est sa direction ?


4) Quelle est l’application affine K1(Idx) ? Montrer qu’on a :

K1(h o g) = K1(h) o K1(g)

5) Montrer que l’ensemble X est muni d’une structure de K-espace affine


si et seulement s’il existe une application (ensembliste) fi : K1 (X) —> X
telle que les deux diagrammes suivants commutent :

X>—"ä K1(X) K1<K1<X>fïà K1(X)


 1/3 11mm) l5
X K1 (X) fi X

6) Montrer que la commutation du diagramme de gauche est équivalente


à l’unitarité du barycentre, et celle du carré de droite est équivalente
à l’associativité du barycentre. Ainsi l’existence d’une application B
vérifiant ces seuls deux axiomes caractérise-t-elle les K-espaces affines.
Tout espace affine X est un hyperplan affine d’un espace vec-
toriel
La seconde étape donnera le résultat en question en faisant interve—
nir l’espace vectoriel A0(X) des systèmes autarciques (voir Définition
3.2.2.4), à savoir des systèmes massiques de poids nul et tels que la
constante de Leibniz associée est le vecteur nul :
Exercice 5.4.0.43. Soit X un K—espace affine. On a déjà noté que l’ap-
plication “barycentre” fi : K1(X) —> X est afiine (cf. Exercice 3.2.6.2).
1) Montrer que l’application ,8 est surjective.
2) A quel sous-espace vectoriel de la direction K0(X) de K1(X), la re-
lation nucléaire compatible R[fl] correspond-elle?
5.5. EXERCICES 117

3) En déduire un isomorphisme affine X 2 K1 (X) /A0(X), où A0 (X) est


le sous-espace vectoriel, dans la direction K0(X) de K1 (X), des systèmes
autarciques de X.
4) Montrer que la forme linéaire “poids total” 7T : K(X) —» K se fac-
torise à travers l’espace vectoriel quotient K(X)/A0(X), et détermine
donc une forme linéaire non triviale ïr : 1K(X)/A0 (X) —> K.
5) Montrer que l’espace affine quotient K1 (X) /A0 (X) est canoniquement
isomorphe à l’hyperplan affine ñ—1({1}) de l’espace vectoriel quotient
K(X)/A0(X). De là l’isomorphisme entre l’espace affine X et l’hyper-
plan affine 7'r'1({1}).

5.5 Exercices
Exercice 5.5.0.44. Soient X un plan aflîne et (a, b, c) un repère. Soit
m un point de ce plan, choisi hors des droites définies par le repère.
Reconstituer les coordonnées homogènes du point m à partir de celles,
égales à (0,310,250), du point {a} = (a,m) fl (b, c) et de celles, égales à
(51:6, 0, zô), du point {[3} = (b, m) fl (a, c).
Exercice 5.5.0.45. Soient X un plan affine et (a, b, c) un triangle
non dégénéré. Soit a (resp. fi, ’y) un point de la droite (b, c) (resp.
(c,a), (a, b)) distinct des sommets. On désigne par 01’ (resp. B’, ’7’) le
symétrique de a (resp. fi, ’y) par rapport au milieu de (b, c) (resp. (c, a),
(a, b))-
1) Montrer que les droites (a, a), (b, fi) et (c, 7) sont concourantes si et
seulement si les droites (a, 04’), (b, B’) et (0,7’) sont concourantes.
2) Si (t0, t1, t2) sont les coordonnées homogènes, dans le repére (a, b, c),
du point commun aux trois premières droites, quelles sont les coor-
données homogènes du point commun aux trois secondes ?
3) Montrer que les trois points (oz, B, ’y) sont alignés si et seulement si
les trois points (oz’, fl’, ’y’) le sont.
4) Si toæ +t1y + tgz = 0 est l’équation homogène de la droite (a, fi, ’y)
dans le repère (a, b, c), quelle est celle de la droite (a’, B’, ’y’) ?
Exercice 5.5.0.46. Soient X un espace aflîne de dimension 3 et un
tétraèdre non dégénéré (ao,a1,a2,a3). Soit aij un point de la droite
(ai, aj) distinct des sommets. On désigne par 04j le symétrique de aij
par rapport au milieu de (ai, aj).
1 18 CHAPITRE 5. BASE AFFINE ET ÉQ UATION HOMOGÈNE

1) Montrer que les quatre points (0501, 0502, a13, 0523) sont coplanaires si
et seulement si les quatre points (04,1, 04,2, 0/13, 0/23) le sont.
2) Si tgœo + 7511:1 + 7523:2 + 2533:3 = O est l’équation homogène du plan des
quatre premiers points dans le repère du tétraèdre, quelle est celle du
plan des quatre seconds ?

Exercice 5.5.0.47. Variation newtonienne


On va donner une autre preuve que les milieux des diagonales d’un
quadrilatère complet sont alignés, voir Exercice 4.5.0.14. La preuve se
fera ici à. travers l’étude d’un certain endomorphisme f du plan affine.
Soient donc X un plan affine sur un corps 1K de caractéristique
différente de 2, (a, b, c) un repère de X, et D une droite de X ne pas-
sant par aucun des points du repère. Les quatre droites en question
seront données par les trois côtés du triangles et la droite D. On note
{a’} = D fl (b,c), {b’} = D fl (c,a) et {c’} = D fl (a,b), et on va
s’intéresser à. présent à. l’unique application affine f : X —> X déterminée
par f(a) = a’, f(b) = b’ et f(C) = C’-
Notons aœ + fly + ’yz = 0 l’équation homogène de la droite D dans
le repère afiine.
1) Montrer que les coefficients oz, fi, ’y sont tous non nuls.
2) Montrer que les coordonnées homogènes de a’ (resp. b’, c’) peuvent
s’écrire sous la forme (O, à, ’71) (resp. (3,0, à), (à, ‘Î1,O)).
3) On considère le système massique de poids nul :

1
7.0 - (5
1 _,
7l“ + (5
1 — 1 ).za'+( — ).c"
a 52|!-l
EIH

Montrer qu’il est autarcique, à savoir que le vecteur associé à. sa fonction


de Leibniz est nul. En déduire que â—b’c’ + Èc’a’ + âa’b’ = 0.
4) Montrer que le triplet (fi — 7, ’y — a, a — B) constitue les coordonnées
barycentri ues dans le repère (a, b, c) d’un vecteur u qui appartient à. la
direction de la droite D.
5) Montrer que la v.l.a. f (X) est contenue dans D. En déduire que
f(X) = D et que Im =
droite vectorielle de X. On la notera
6) En déduire que Ke?" est une __>
A. Montrer que le vecteur w = âbc + Ëäi + A1763 donne la direction de
cette droite vectorielle.
5.5. EXERCICES 119

7) Soit u le vecteur de la question 4). Montrer que les coordonnées ba-


rycentriques du vecteur (u) dans le re ère (a, b, c) sont données par :
(7 — [3, a -— a). En déduire que f(u) = —ÎÏ et que la direction
71,5—:
de D n’est pas A.
8) Déterminer la nature de la restriction de Î]? à. la droite vectorielle
. En déduire que la restriction fD de f à. la droite affine D est une
symétrie centrale. On notera w son centre.
9) En déduire l’ensemble Pf des points fixes de Montrer que l’en—
f.
— (w, A) et qu’elle n’est pas
semble f 1({(.u}) est la droite affine Af—
parallèlea la droite D.
10) Soit m un point de X. On note m0 sa projection sur D parallèlement
à Â). Montrer que f (m) = f (m0).
11) En déduire, à l’aide de la question 8), que, pour tout point m du
plan, le point f (m) est le symétrique de m0 par rapport à. w.
12) En conclure que, pour tout point m, le milieu de (m, f (m)) est sur
la droite Af.
On notez’ (resp. j, k) le milieu de (a, a’) (resp. (b, b’), (c, c.))’
13) Montrer que les points 7l, j et k sont alignés sur la droite Af.
14) En déduire une construction du point fixe w de 1’endomorphisme f.
15) Donner une description géométrique de la constuction de l’image
f () d’un point quelconque m E X.

Exercice 5.5.0.48. Soient X un plan affine sur un corps K de ca-


ractéristique différente de 2, (a, b, c) un repère fixé de X et D une droite
ne passant par aucun des points du repère. On note {a’} = D fl (b, c),
{b’} = D fl (c,a) et {c’} = D r1 (a, b). On complète la figure par le
sommet â (resp. b, ê) du parallélogramme construit sur les côtés (a, b’)
et (a,c’) (resp. (b, a’) et b, c’), (c, a’) et (c,b’)). Le but de l’exercice est
de montrer que les trois points (â, b, ê) sont eux-mêmes alignés.
On a déjà montré ce résultat dans la dernière partie de l’Exercice
3.5.0.9 à. l’aide des systèmes autarciques, mais nous allons ici utiliser
une autre méthode en introduisant un certain endomorphisme affine
g : X —> X. Le parallélogramme donné par â = p(b’, a, c’) est caractérisé
par le fait que le milieu ä du bipoint (a, â) est aussi le milieu du bipoint
(b’, c’). On notera pareillement b le milieu de (c’, a’) et ä le milieu de
(a’, b’). On va considérer l’unique application affine g : X —> X définie
par 9(a) = ä, 9(5) = 5 et 9(0) =
120 CHAPITRE 5. BASE AFFINE ET ÉQ UATION HOMOGÈNE

1) Montrer que la restriction de g à la droite D détermine un isomor—


phisme affine gD : D ——> D.
Rappelons d’après l’exercice précédent que si : a3: + By + ’yz = O est
l’équation homogène de la droite D dans le repère (a, b, c), les points
a’, b’ et c’ ont (0%,?) (resp. (%,0,%), (ä,f61,0)) pour coordonnées
homogènes dans ce repère et que (B — 7,7 — oz, oz — fi) donnent les
coordonnées barycentriques d’un vecteur directeur u de la droite D.
2) Considérer le système massique : (fi — 7).ä + (7 — 00.1; + (a — B).È et
montrer que les coordonnées barycentiques du vecteur g(u) sont données
par = (älfl - "7), â-(v - a), äo(a - 5)).
3) En déduire que ÿ'D : —-> D est l’homothétie vectorielle de rapport
à et que par conséquent gD : D —> D admet un unique point fixe qu’on
notera 1,.
4) On considère l’espace vectoriel Kerÿ'. Montrer qu’il est nécessairement
. . —>
de d1men51on 1. On le notera A. Montrer que A çé B (on pourra
éventuelement se reporter à l’exercice précédent).
5) Montrer que l’ensemble g"1({L}) est la droite affine A9 = (L, Ë) et
qu’elle n’est pas parallèle à D.
6) Soit m un point de X. On note m0 sa projection sur D parallèlement
à A. Montrer que g(m) = g(mo).
7) En déduire, à l’aide des questions 3) et 4), que, pour tout point m
du plan, le point g(m) est le milieu de (L, m0).
8) En conclure que, pour tout point m, le symétrique de m par rapport
à g(m) se trouve sur la droite A9.
9) Montrer que les points ä, Î) et ë sont alignés sur la droite Ag.
10) Donner une construction du point fixe L de l’application affine g.
11) Donner une description géométrique de la constuction de l’image
g(m) d’un point quelconque m E X.
Exercice 5.5.0.49. Variation ménélaüsienne
Soient X un espace affine et hi, z' E {0, 1, 2}, trois homothéties de X de
centres non alignés.
1) Montrer que si le composé qä = hg o hl o ho est une homothétie, son
centre appartient au plan des centres des hi.
On suppose à. présent qu’on a : dimX = 3, et on considère un repère
affine (a0, a1, a2, a3). On se donne quatre pointsz' E (a0, a1), j E (a1, a2),
k E (a2,a3) et l E (a3,ao) distincts des sommets du tétraèdre. On se
5.5. EXERCICES 121

propose de caractériser la coplanéité de ces quatre points. Pour cela,


on introduit ho l’homothétie de centre 7l telle que h0(a0) = a1, hl l’ho-
mothétie de centre j telle que h1(a1) = a2, hg l’homothétie de centre
k telle que h2(a2) = a3 et enfin hg l’homothétie de centre l telle que
h3(a3) = a0.
2) Montrer que 2,0 = h3 o hg o hl o ho est une dilatation qui laisse fixe a0.
3) On suppose d’abord que les points (7l, j, k, l) appartiennent à. un même
plan P. Montrer que P ne contient aucun des sommets du tétraèdre.
4) En conclure qu’on a alors : 7,0 = IdX et :
.—> .—> —> —->

ä'ä°:°S=1
20.1
jag [60.3 lao

zao 30.1 [€612 la3

5) Réciproquement montrer que, si l’égalité précédente est satisfaite, on


a : 1p = IdX et qu’alors les points (2', j, k, l) sont coplanaires.
6) Généraliser le résultat précédent au cas dimX = n.
Exercice 5.5.0.50. Variation arguesienne (2)
Soient (a, b, c) et (a’,b’, c’) deux triangles non dégénérés d’un plan af-
fine X sur le corps K. On suppose que les trois vecteurs aa’, bb’ et cc’
sont tous non nuls et non tous égaux. On note {a} = (b, c) fl (b’, c’),
{fi} = (c,a) fl (c’,a’) et {7} = (a, b) fl (a’,b’). On veut montrer que, si
les trois droites (a, a’), (b, b’), (c, c’) sont concourantes, les points a, [3,
7 sont alignés, et étudier la réciproque. On pourra procéder de la façon
suivante, en travaillant dans le repère (a, b, c) du plan X.
1) Notons w le point commun aux trois droites et (:130,y0,z0) ses co-
ordonnées homogènes dans ce repère. Montrer que les coordonnées ho-
mogènes du point a.’ (resp. b’, c’) sont de la forme (ta,y0,zo) (resp.
(330,751), Z0), (Œ09itc))'
2) En déduire l’équation des droites (b’, c’), (c’, a’) et (a’, b’).
3) Calculer les coordonnées homogènes des points a, fi, ’y et vérifier leur
alignement.
4) On suppose que les points a, fi et ’y sont alignés. Montrer que si les
droites (a, a’), (b, b’) ne sont pas parallèles, les trois droites (a, a’), (b, b’),
(c, c’) sont concourantes.
Exercice 5.5.0.51. Applications conservant le seul alignement
des points. Soient X et Y deux K—espaces affines et f : X ——> Y une
application quelconque.
122 CHAPITRE 5. BASE AFFINE ET ÉQ UATION HOMOGÈNE

1) Montrer que, si le corps K est Z/ZZ, l’application f préserve nécessai-


rement l’alignement des points.
On suppose dorénavant que la caractéristique de K est différente de 2
et que f préserve l’alignement des points.
2) Soient (ao,a1,a2) trois points non alignés de X. Montrer qu’on a
alors: f((ao,a1,a3)) C (f(ao),f(a1),f(as)>-
3) Montrer par récurrence sur k que, pour toute famille (a0, a1, ..., ak)
de points de X, on a = f((ao, a.» c (f(ao), flal), f(ak)>-
4) On suppose désormais f surjective. Montrer que l’image d’une famille
génératrice de X est génératrice de Y.
5) On suppose de plus dimX = dimY = n. Montrer que l’image d’un
repère affine de X est un repère affine de Y. En déduire que l’image
d’une famille affinement indépendante est affinement indépendante.
6) Montrer que, si D est une droite de X, f (D) est une droite de Y.
7) On suppose à. présent f bijective et n z 2. Montrer que les images
de deux droites parallèles restent parallèles.
8) Montrer qu’alors f est un morphisme de Mal’cev. On pourra utile-
ment se reporter à. l’Exercice 4.2.2.3 et distinguer les cas où les points
(a, b, c) sont non alignés et où ils sont alignés.
La direction î : X —> Ÿ de ce morphisme est donc un isomorphisme de
groupes dont on va tenter à. présent de mesurer le rapport à. la linéarité.
9) Soit u E . Montrer que î(k.u) est colinéaire à. (u). On notera
t(k, u) le scalaire de pr0portionnalité.
10) Montrer que t(k,u) ne dépend pas de u : pour cela, on pourra
considérer un triangle (a, b, c) de X et son image par l’homothétie h
de centre a et de rapport k, puis regarder l’image de ces triangles par
l’application f. On vient ainsi de définir une application t : K ——> K telle
que ?(k.u) = t(u)..î(u)
11) Montrer que l’application t est bijective.
12) Montrer que l’application t préserve l’addition et la multiplication
des scalaires, et que par conséquent c’est homorphisme de corps.
On admettra que le seul automorphisme du corps 1R des nombres
réels est IdR.
13) En conclure que toute bijection conservant l’alignement entre
deux R—espaces affines de même dimension finie n z 2 est
nécessairement R—affine.
Chapitre 6

Convexité

On suppose dans ce chapitre que le corps des scalaires est le corps


R des réels. Le corps R étant muni d’un ordre total compatible avec la
structure de corps, on peut définir ce qu’est un réel positif, ce qu’est
l’ensemble R+ des réels positifs et montrer qu’il est stable par combi-
naison linéaire à. coefficients positifs; la géométrie affine dans R va s’en
trouver naturellement enrichie, et en particulier vont surgir de nouvelles
figures pertinentes appelées parties convexes.

6. 1 Ensemble convexe
Définition 6.1.0.52. Une partie C d’un R-espace afi‘lne X est appelée
convexe si elle est non vide et stable par barycentre de systèmes mas-
siques a coeflicients positifs.
Du fait de l’homogénéité du barycentre, cette condition est équivalente
à la stabilité pour les systèmes massiques à coefficients de même signe.
Exemple 6.1.0.53. 1) v.l.a. Toute v.l.a. de X est convexe; c’est le
cas, en particulier, de tout singleton.
2) demi-espace. Soit H un hyperplan afi‘lne de X et h : X —> R une
application affine telle qu’on ait : H = h'1({0}). On note :
1)H+={m€H/05h(m)} 3)H_f={mEH/O<h(m)}
2)H_={m€H/h(m)50} 4)HÎ={mEH/h(m)<0}
Ce sont tous des convexes appelés demi-espaces (resp. fermés et ouverts)
associés à l’hyperplan H.

123
124 CHAPITRE 6. CONVEXITÉ

3) segment. Soient a et b deux points de X. On note .'

[a, b] = {5((1 — t).a + t.b)/ 0 s t g 1}


C’est un convexe. On l’appelle le segment fermé d ’extremite’s a et b. Il
y a aussi les segments ouverts et semi—ouverts (ou semi—fermés).
4) Les segments du type pre’ce’dent sont les seuls convexes de R.
5) Soit Z un ensemble. Dans l’espace afiîne R1(Z), l’ensemble RHZ)
des systèmes massiques de poids 1 et a coefi‘lcients positifs est convexe.
La notion de segment caractérise les convexes de façon plus figurative :
Exercice 6.1.0.54. Une partie C non vide de l’espace affine X est
convexe si et seulement si pour tout couple (a, b) de points de C, on
a : [a, b] C C, c’est-à—dire si elle contient, avec tout couple de points, le
segment fermé qui les joint.
L’intérieur de la figure suivante n’est donc visiblement pas convexe :

On a les propriétés immédiates suivantes à vérifier en exercice :


Proposition 6.1.0.55. Les convexes sont stables par intersection non
vide.
Exemple 6.1.0.56. L’intersection de deux demi-espaces de X détermi-
ne’s par deux hyperplans non parallèles est appele’ un secteur hyperplan.
Si les deux hyperplans sont parallèles et les demi-espaces d’intersection
non vide, on parle de bande hyperplane. Faire des dessins dans le cas
dimX = 2.
Proposition 6.1.0.57. Les convexes sont stables par image directe le
long d’une application aflîne f : X ——> Y. L’image directe d’un segment
est un segment. Les convexes sont stables par image réciproque non vide
le long de f.
Proposition 6.1.0.58. Soient X et Y deux R-espaces aflînes, C un
convexe de X et D un convexe de Y. Alors C >< D est un convexe de
l’espace aflîne X X Y.
6.2. LE THÉORÈME DE HELLY 125

Enveloppe convexe

Définition 6.1.0.59. Soit Z une partie de X. On appelle enveloppe


conuexe de Z le plus petit convexe de X contenant Z. On le note I‘(Z).
Proposition 6.1.0.60. Quel que soit la partie Z C X non uide, l’enve-
loppe F(Z) existe. Si on note par fi : R1 (X) —> X l’application “barycen-
tre”, alors on a F(Z) = fl(Rf(Z)). C’est donc l’ensemble des barycentres
des systèmes massiques de Z a coeflîcients positifs.

Exercice 6.1.0.61. Soient X un plan affine et (a, b) un couple de


points. Montrer que le segment [a, b] est l’enveloppe convexe de l’en-
semble {a, b}. Soit (a, b, c) un triangle non dégénéré; quelle est l’enve-
loppe convexe de l’ensemble {a, b, c} ? Soient quatre points (a, b, c, d).
Quelle est l’enveloppe convexe de ces points? Reprendre la question
précédente, lorsque dimX = 3.

6.2 Le théorème de Helly


Helly a démontré le résultat suivant en 1921. Nous allons en donner
une preuve utilisant les systèmes massiques autarciques introduits par
la Définition 3.2.2.4, et leurs propriétés étudiées dans la Section 3.2.5.

Théorème 6.2.0.62. Soient X un R-espace aflîne de dimension n et


.7: = {Cz/ i E {1,2,...,p}} une famille de p convexes de X telle que
n+1 < p. Si toute sous-famille de .7: a n+1 éléments est d’intersection
non vide, alors la famille .7: est elle-même d’intersection non vide.

Preuve. On va montrer ce résultat par récurrence sur l’entier k, où k: est


tel que n+ 1 S n+k S p. Le résultat est vrai pour k = 1 par hypothèse.
Supposons qu’il est vrai jusqu’à. l’ordre k, c’est-à—dire que toute famille
de n+k convexes de .7: est d’intersection non vide. On doit montrer qu’il
est vrai à l’ordre k + 1. Soit donc ÿ une famille de n + k + 1 convexes
Ci de Î. A un changement de numérotation près, supposons que c’est
la famille des n + k + 1 premiers convexes de la famille .F. On notera ÿ.-
la famille obtenue en enlevant le convexe C7; à. la famille ÿ ; il y a donc
n + k + 1 familles ÿi.
Chaque famille ÿ. est donc formée de n+ le convexes. L’hypothèse de
récurrence nous assure que l’intersection des éléments de cette famille
126 CHAPITRE 6. CONVEXITÉ

est non vide. Soit donc 7,; un élément dans l’intersection de la famille
ÿ,. On met ainsi en évidence n + k + 1 points 7,.
Du fait que dimX = n, on sait qu’une base affine de X possède
au plus n + 1 éléments, et comme on a n + 1 < n + k: + 1, la famille
I‘ = (7,),e{1,2,___,n+k+1} n’est pas libre. Un des points de F est donc le
barycentre des autres et de là on peut construire à. partir des points de
I‘ un système çb = 2,6{1,2,.__,n+k+1}t,;xÿi qui est autarcique (cf. Exercice
3.2.5.1, question 4) et donc, en particulier, de poids nul. Faisons une
partition de I‘ en considérant F+ l’ensemble des points de I‘ à. poids
positif et P- l’ensemble des points de I‘ à poids négatif.
Le poids total de F+ est nécessairement strictement positif, disons t
et celui de I‘- est nécessairement —t. Chacune de ces parties admet donc
un barycentre, et ces barycentres sont confondus puisque le système
massique çb est autarcique (cf. Exercice 3.2.5.1 question 7). Notons g ce
barycentre commun. On va montrer que ce point g appartient à tous
les convexes Ci, 1 S z' S n + k + 1. Encore une fois, modulo une re-
numérotation, on peut supposer que F+ concerne les entiers 1 _<_ z' S m
et F- les entiersm+15i5n+k+1
Le point 7,; appartient par définition à l’intersection de tous les 0:,-
sauf Ci. Donc, si z' S m, les points 7, appartiennent à l’intersection C.
de tous les Cj à. partir de m+ 1. Cet ensemble C. est un convexe comme
intersection non vide de convexes. Le point g qui est barycentre d’un
système à. coefficients tous négatifs de points de C. est donc encore dans
CL, c’est-à—dire dans tous les convexes C’j, où m + 1 S j S n + k + 1.
Pareillement, si m+1 _<_ z', le points 7,- appartient à l’intersection 0+ de
tous les convexes Cj où 1 S j S m. 0+ est un convexe, et g est dans 0+
comme barycentre d’un système à coefficients positifs du convexe 0+.
Le point g est donc aussi dans tous les convexes Cj où 1 S j S m. Ainsi
le point g appartient donc à tous les Ci où 1 5 z' S n + k + 1 et donc à
leur intersection. [Il

6.3 Somme de Minkowski


Etant donnés une paire (C, D) de convexes et un couple (A, ,u) de
scalaires, on va pouvoir construire un nouveau convexe appelé somme
de Minkowski de C et D.
Exercice 6.3.0.63. Soient X un espace affine réel, et C et D deux
6.4. EXERCICES 127

convexes de X. Soient /\ et ,u deux réels fixés tels que À + ,u 7è 0. On


note: _
ÀC+uD = {fl(/\.c'+,u.d)/ c E Cet d E D}
1) On considère l’application h: X x X —> X qui associe à tout couple
de points (m, n) le barycentre 6(À.m + ,u. h). Montrer que h est une
application affine dont on déterminera la direction h: X X —>
2) En déduire que la partie AC + 11D de X est un convexe de X.
3) Soit f : X —> Y une application affine. Montrer que f (AC + 11D) =
/\f(C) + 14(0)-

6.4 Exercices
D’abord une illustration très figurative du théorème de Helly :
Exercice 6.4.0.64. Soient X un plan affine réel et ([ai, bi]),-E{1,2,__,,p} une
famille de p segments parallèles, avec 4 S p. On se propose de montrer
que, si ces segments admettent trois à. trois une sécante commune, alors
la famille entière de ces segments admet une sécante commune.
_)

Notons A la droite vectorielle portant la direction commune des


et Af l’ensemble des droites affines de X non parallèles a
segments
A. On a observé dans l’Exercice 3. 5.0.20 que Aÿé est un plan affine
(nécessairement réel ici, puisque X est réel). On va alors montrer que
C,- = {D E AŸÉ/ D fl [a,;, bi] 7è 0} est un convexe de ce plan. Rappelons
qu’etant donnees A et A’ deux dro1tes d1st1nctes paralleles a A, la
l I 0 0 | \ \ à

structure affine de A?é est telle que l’application :


gozAï”é —>A><A’; D+—> (m,m’), avec {m}=DflAet {m’}=DflA’
est un isomorphisme affine. On supposera ici les droites A et A’ dis-
tinctes des A,- = (ai, bi).
Notons 1p,- : Aaé —> A,- l’application définie par 1,0,(D) = DflAi. Il est
clair qu’on a : 1p,- = 7T7; o (p, avec : 7T,- : A >< A’ —> Ai, définie par
7T, (m m’)= (m, m’) flAi. On va montrer que 7T,- est affine p,ourcela, on
procèdera ainsi: les droites A, A’ et A, sont trois points distincts de la
droite affine X/ A (voir Proposition 3.3.7.1). Par conséquent, il existe
un réel k,- 9É {0,1}, telque A=—5((1—k,).À+k,.A’). On considère alors
l’application hi : X ><X —> X définie par h,(m,n) = fl((1—k,;).77'7.+k,—.h).
128 CHAPITRE 6. CONVEXITÉ

1) Montrer que hi est une application affine et déterminer sa direction.


2) Montrer que 7T.- est la restriction de h.- à. A >< A’.
3) En déduire que 1b.- est affine et que C.- est un convexe de A75
4) Montrer que la famille des convexes C.- vérifie les hypothèses du
théorème de Helly et conclure.
Puis une description de la somme de Minkowski dans un cas simple :
Exercice 6.4.0.65. Somme de Minkowski de deux segments
Soient X un plan affine réel, et C = [(1, b], D = [c,d] deux segments
de ce plan. On va montrer, en fixant un réel k gÉ {0, 1}, que le convexe
F = (1 — k)C + kD est l’intérieur d’un parallélogramme construit à,
partir des segments C et D en question.
1) On considère l’application h : X x X —> X qui associe à tout couple
de points (m, n) le barycentre ,8((1 — k) + km). Montrer que h est
.21
une affine dont la direction h: x ——> est definie
application
par: h(u, v): (1—k)...u+kv
2) Montrer que l" = f (C X D).
3) Montrer qu’il existe une application affine go : X —> R telle que
(a, b) = <p‘1({0}) et pareillement qu’il existe une application affine 1b :
X —> R telle que (c, d) = gb—1({0}).
On suppose dans un premier temps que les droites (a, b) et (c, d) ne
sont pas parallèles.
4) Montrer qu’on a <p(c) 7É <p(d) et qu’on peut choisir l’application (p
telle que <p(c) < 90(d). Montrer pareillement qu’on peut choisir gb telle
que Ma) < 10(1)).
5) On considère F1 = rb'1([(1 — k)7,b(a), (1 — k)'<b(b)]). Montrer que c’est
un convexe du plan X constitué d’une bande parallèle à. (c, d) que l’on
déterminera et dessinera en introduisant les points 2' = ,B((1— k).à+ k.c')
et j = 6 ((1 —k).b+k.d). Montrer que les bords de cette bande ne peuvent
être confondus (comparer Mi) et 10(3)). Montrer qu’on a : I‘ C F1.
6) Pareillement on considère F2 = çb—1([kçb(c), kçb(d)]). Montrer que c’est
un convexe du plan X constitué d’une bande parallèle à. (a, b) que l’on
déterminera et dessinera en utilisant de nouveau les points 7j et j. Mon-
trer qu’on a : I‘ C F2.
7) Montrer qu’on a : F = F1 fl F2.
8) Que se passe—t—il lorsque les droites (a, b) et (c, d) sont parallèles ?
Chapitre 7

Appendice

Cet Appendice réunit les rappels indispensables sur les notions consi-
dérées comme élémentaires dans ce traité. L’outil du passage au quo-
tient, qui a été particulièrement sollicité, y est particulièrement détaillé.

7. 1 Ensemble
On suppose admises les notions d’ensemble, d’application entre en—
sembles et de composition des applications. Soient T et X deux en-
sembles; on notera .7:(T, X) l’ensemble des applications de l’ensemble
T vers l’ensemble X. On supposera le lecteur familier avec les notions
d’injection, de surjection et de bijection :

Définition 7.1.0.66. Soit f : T ——> X une application :


1) elle est injective si on a : V(t, t’) E T x T, f(t) =. f(t’) => t= t’.
2) elle est surjective si on a : Væ E X, EI t E T tel que f(t) = æ.
3) elle est bijective si elle réunit les deux conditions précédentes.

Les injections seront notées T >——> X et les surjections T —+> X.

Exercice 7.1.0.67. Soient T i) X il) Y deux applications compo-


sables. Montrer que :
1) si f et f’ sont injectives, alors f’ o f est injective
2) si f’ o f est injective, alors f est injective
3) si f et f’ sont surjectives, alors f’ o f est surjective
4) si f’ o f est surjective, alors f’ est surjective

129
130 CHAPITRE 7. APPENDICE

5) si deux des trois applications f, f’ et f’ o f sont bijectives, alors la


troisième est bijective.
Les caractérisations suivantes font apparaître une symétrie complète-
ment inattendue entre les injections et les surjections. On se donne
f : T ——> X une application; montrer que l’application f :
6) est injective si et seulement si, pour toute paire d’applications (g, g’) :
WZïT,ona:g=g’ (a) fog=fog’
7) est surjective si et seulement si, pour toute paire d’applications
(h,h’):X:;Z,ona:h=h’ (à h0f=h’of.

7.1.1 Partie d’un ensemble


On supposera de même le lecteur familier avec la notion de par-
tie d’un ensemble X, de l’ensemble 73(X) des parties de X, avec les
opérations d’intersection, de réunion et de complémentation, et avec les
propriétés de ces opérations. Toute partie A C X détermine l’applica-
tion inclusion canonique, LA : A <—> X, qui à t E A associe le même
t E X. On note IdX l’inclusion canonique de X dans lui-même et on
l’appelle application “identité” sur X.
Soit f : X —> Y une application. L’image directe et l’image réciproque
d’une partie sont définies de la façon suivante.
1) image directe de X’ C X: f(X’)= {y E Y/ 3:1: E X’,
f(æ)= y}
2) image réciproque de Y’ C Y : f 1(Y’)= {en E X/ f (3:) E Y’ }
Exercice 7.1.1.1. Soient f : X —> Y une application, (X1,X2) un
couple de parties de X et (Y1, Y2) un couple de parties de Y. Montrer
les huit propriétés suivantes :

X1 C X2 => f(X1)C f(Xz) 1/1 C 1/2=>


=>—f )C "(Y2)
(Y1)Uf(Y2)
1(Y11C
f(XIUX2)=f(X1)Uf(X2) f1’(YIUY2)=f
f(X10X2) c f(X1)fl f(X2) f (YIn Y2>=r1 (Yi)flf (Y2)
X1 C f_1(f(X1)) f(f_1(Y1)) C Y1
Exercice 7.1.1.2. Soit f : X —> Y une application. Montrer que :
1) f est injective (à VX’ C X, f’1(f(X’)) = X’
2) f est surjective 4:) V Y’ C Y, f(f“1(Y’)) = Y’.
f
Exercice 7.1.1.3. On considère un couple (f, s) : X ZÏ Y d’applica—
tions telles que f o s = Idy. On dit alors que s est un scindage de f,
7.1. ENSEMBLE 131

que f est une rétraction de s ou que (f, s) est une paire scindée.
1) Montrer que 3 est injective et f surjective.
2) Montrer que l’application h = s o f : X —> X est idempotente, à
savoir telle que : h o h = h.
3) Enoncer l’exercice précédent en termes de paire scindée.
Soit h : X -—> X une application idempotente. On considère l’ensemble
Ph = {æ E X/ h(a:) = :13} des points fixes de h, et on note s : Ph >—> X
l’inclusion canonique.
4) Montrer que pour tout a: E X, l’élément h(:c) est dans Ph. Déterminer
une rétraction f : X ——> Ph de s telle que : 3 o f = h.

7. 1 .2 Ensemble produit
Soient X et Y deux ensembles. On rappelle que le produit cartésien
de ces deux ensembles est défini par :

X><Y={(a:,y)/:cEX,yEY}

L’ensemble produit est relié naturellement à. ses composantes par les


applications projections :

psXY—èX; (:c,y)I—+æ et psXY—>Y; (æ,y)I—>y

Propriété universelle du produit

Z
Cette paire d’applications a une propriété universelle : toute autre
paire d’applications (f, g) d’un ensemble T vers les ensembles X et
Y respectivement détermine une et une seule factorisation çb qui fait
commuter le diagramme suivant :

X
f
/
PX
T ...................lb.>XxY

Y
à savoir telle que f = px o çb et g = py o çb. Bien que la preuve en soit
très simple, c’est une observation très importante qui détermine une
bijection : .7-"(T,X x Y) z .7-"(T, X) x .7-"(T, Y).
132 CHAPITRE 7. APPENDICE

Preuve. 1) Unicité.
Soit t E T. On cherche à. définir le couple q5(t) = (u,v) E X >< Y. Les
égalités f = px o çb et g = py o qb imposent u = pX(u, v) = f (t) ainsi que
v = PY(U, ’U) = g(t). La définition est donc forcée par ces conditions; et
on a = W) = (f(t),g(t)).
2) Existence.
La formule précédente définit bien une application qb : T —> X >< Y qui
vérifie les conditions de la propriété universelle. Ü

La factorisation çb étant définie par la formule d(t) = (f (t), g(t)), il


est naturel de la noter çb = (f, g).
Exercice 7.1.2.1. La diagonale
Expliciter l’application 5X déterminée par la propriété universelle du
produit et la paire d’applications (IdX, IdX) :

. K.
Idx

X ......................>X x X
PÊc
Idx \

On l’appelle l’application diagonale. Expliciter l’image 6X (X) C X x X,


qu’on appelle la diagonale de X >< X et qu’on note AX.

Produit de deux applications

Soient f : X ——> X’ et g : Y —> Y’ deux applications.


Exercice 7.1.2.2. Montrer, par la propriété universelle du produit,
qu’il existe une et une seule application, notée f x g et appelée applica-
tion produit, faisant commuter le diagramme suivant :
7.1. ENSEMBLE 133

Soient deux parties A C X et B C Y. Déterminer quelle est l’image


directe (f X g)(A X B). Soient A’ C X’ et B’ C Y’. Quelle est l’image
réciproque (f X g)’1(A’ X B’)?
Exercice 7.1.2.3. Quelle est l’application IdX X Idy? Soient deux
autres applications f’ : X’ —> X” et g’ : Y’ —> Y” . Montrer qu’on a :

(f’Xg’)°(f><g)=(f’0f)><(g’<>g)

7.1.3 Ensemble quotient


Relation entre ensembles

Définition 7.1.3.1. Une relation entre l’ensemble X et l’ensemble Y


est une partie R C X X Y de l’ensemble produit X X Y. Si X = Y, on
parle d’une relation R sur l’ensemble X.
Les notations (æ, y) E R et æRy sont équivalentes. Par définition
usuelle de l’inclusion d’une partie dans une autre, on a naturellement :

RcR’ 4:) V(æ,y)eX><Y, [SUEZ/#9311731]


Exemple 7.1.3.2. On introduit les exemples et les notations suivantes :
1. E = {(a, A) /a E A} C X X 77(X) est la relation d’appartenance
qui relie l’ensemble X a l’ensemble 73(X) des parties de X
2. AX = {(œ,a:)/:c E X} C X X X est la relation d’égalité sur X.
On vérifie en efi’et : œAXx’ (à a: = 93’.
3. VX = X X X est appelée la relation grossière sur X
4. si f : X —> Y est une application,

ll = {(Œ,Œ’)/f(aî) = f(w’)} C X >< X


est appelée la relation nucléaire associée a f
5. si S est une relation sur Y, on appelle image réciproque de S par
f la relation (f X f)"1(S) sur X (et notée par abus de notation
f'1(S)) définie de la façon suivante :

Œf—1(S)Œ’ 4:) f(33)5f(33')


On observe donc que R[f] = f'1(Ay).
134 CHAPITRE 7. APPENDICE

6. si R est une relation sur X, on appelle image directe de R par f


la relation (f >< f) (R) sur Y (et notée par abus de notation f (R))
définie de la façon suivante :

vf(R)y’ ë 3(56, 56') E X ><X. [f(50) = y] A [f(Œ’) = v’l /\ [ŒRŒ'J


Exercice 7.1.3.3. Les relations nucléaires permettent de caractériser
certaines propriétés de l’application en question. Montrer que :
1) l’application f est injective si et seulement si R[f] = AX
2) l’application f est constante si et seulement si R[f] = VX.
Exercice 7.1.3.4. Soient f : X —> Y et g : Y ——> Z sont deux applica-
tions. Montrer que :
1) R[f] c R[g o f] et R[g o f] = =f"(R[g])
o f]
2) si g est injective, on a : R[f] R[g
3) si f est surjective, l’égalité R[f] = R[g o f] entraîne que l’application
g est injective.

Relation d’équivalence; classes d’équivalence

On introduit les propriétés et définitions suivantes :


Définition 7.1.3.5. Soit R une relation sur l’ensemble X ; on dit que :
1) R est réflexive si : Va: E X, xRa:
2) R est symétrique si : V(a:,:c’) E X >< X, [ŒRŒ’ => Œ’Ra']
5’) R est antisymétrique si :

V(æ,a:') E X x X, [æRæ’ /\ œ’Ra: à æ=æ’]

4) R est transitive si :

V(æ,œ’,œ”) E X x X x X, [æRæ /\ :r’Ræ” => :cRæ”].

Une relation d’équivalence sur l’ensemble X est une relation R qui est
a la fois réfleæive, symétrique et transitive. Une relation d’ordre est une
relation R qui est a la fois réflexive, antisymétrique et transitive.
Une relation réflexive R sur X 7E (Z) est nécessairement non vide.
Les exemples de relation donnés plus haut en (2), (3) et (4) sont des
relations d’équivalence. Dans le cas (5), si S est une relation d’équivalen-
ce sur Y, f“1(5) est une relation d’équivalence sur X. Dans le cas (6),
7.1. ENSEMBLE 135

même si R est une relation d’équivalence, la relation f (R) n’est pas en


général une relation d’équivalence. La relation d’inclusion sur l’ensemble
73(X) des parties de X est une relation d’ordre.
Exercice 7.1.3.6. Soit X un ensemble. Déterminer les relations R sur
l’ensemble X qui sont à. la fois relation d’ordre et relation d’équivalence.
Définition 7.1.3.7. Soient R une relation d’équivalence sur l’ensemble
X et a: E X. On appelle classe d’équivalence de a: modulo R et on note
5ER (et si s’il n’y a pas d’ambigui'té) la partie de X définie par :

5ER={zEX/zRa:}

Proposition 7.1.3.8. On se donne une relation d’équivalence R; on


observe alors que :
1) 5: 7E (l), puisque on a wRæ et donc a: E :73,
2)c:,zEX; s 4:) 52:2,
3) Væ, z E X ; 5E fl Z 7E (b Çà î: = 2 ; autement dit : deux classes sont
égales ou d’intersection vide.
Exercice 7.1.3.9. Quelles sont les classes d’équivalence des relations
Ax, VX et RU] ?

Exercice 7.1.3.10. On se donne (Ripa, une famille quelconque de re-


lations d’équivalence sur un ensemble X.
1) Montrer que R = nie] Ri est une relation d’équivalence sur X.
2) Déterminer les classes de la relation d’équivalence R; plus précisément
montrer que : 52R = fliel ÏRi.

Ensemble quotient

On peut à présent introduire la définition suivante qui est un des


outils les plus puissants de l’Algèbre, il n’est plus temps d’en convaincre
le lecteur :
Définition 7.1.3.11. L’ensemble quotient de X par la relation d’équi-
valence R, noté X/R, est l’ensemble des classes d’équivalence de la re-
lation R, à savoir :
X/R = {53/33 E X}
On note p : X —> X/R l’application définie par p(.v) = 5:. On l’appelle
la surjection canonique associée au quotient.
136 CHAPITRE 7. APPENDICE

Exercice 7.1.3.12. Quels sont les ensembles quotients X/AX et X/VX


ainsi que les surjections canoniques associées ?
Proposition 7.1.3.13. On observe que :
1) l’application p est surjective du fait de sa définition même,
2) on a : R[p] = R,
3) s’il existe g : X/R —> Y telle que f = g op

X——p>>X/R

f v
Y
alors on a : R = R[p] C R[g o p] = R[f].
Si f est donnée et' s’il existe g telle que f = g o p, on dit que f
passe au quotient et que g est le passage au quotient de f. Dans cette
formulation, l’article défini (“le” passage) est justifié du fait que, si un
tel g existe, il est unique, car l’application p est surjective, voir Exercice
7.1.0.67 question 7.
Remarque 7.1.3.14. Le point (2) ci—dessus est important. Il signifie
que, dans les ensembles, toute relation d’équivalence est une relation
nucléaire.
Exercice 7.1.3.15. De quelles applications les relations d’équivalence
AX et VX sont—elles les relations nucléaires ?

Propriété universelle du quotient

Plus importante encore, la propriété (3) de la proposition précédente


est caractéristique du passage au quotient. C’est un résultat essentiel
de la théorie des ensembles qui est appelé la propriété universelle du
quotient :
Théorème 7.1.3.16. Si R est une relation d’équivalence sur X et f :
X —> Y est une application, f passe au quotient par R si et seulement
si R C R[f].

Preuve. On vient de voir que si f passe au quotient, on a R C R[f].


Réciproquement, supposons R C R[f]. On cherche g(a—:) avec f = g o p.
7.1. ENSEMBLE 137

La définition est donc forcée : g(:î) = g(p(a:)) = go p(:c) = f(:1:). Mais, a


priori, elle n’a pas de sens, puisque, apparemment, l’image de la classe
a": dépend de son représentant a3. On doit donc montrer que cette image
ne dépend pas du choix du représentant. Soient 5c et 93’ tels que 5E = Î’,
à. savoir : :tzRœ’. Du fait de : R C R[f], on obtient :
æRœ’ => œR[f]a:’ <=> f(:c) = f(œ’)
et par conséquent g(aî) = g(a—:’). L’application g est donc bien définie.
Elle est unique, car p est surjective, on l’a déjà remarqué plus haut. III
Ce théorème a deux conséquences importantes. La première consé-
quence est la décomposition canonique d’une application en composé
d’une injection et d’une surjection, cette décomposition étant réalisée à
travers le quotient X/R[f] :
Corollaire 7.1.3.17. Soit f : X —> Y une application La propriété
universelle du quotient produit une décomposition f = f o p :

X >X/lçem

telle que l’application f est injective.


Preuve. On fait intervenir ici la relation d’équivalence R = R[f] Puisque
R[f] Ç R[f], on obtient une factorisation Î. Rappelons qu’on a : ÎŒ) =
f (3:) Il reste à montrer que l’application Î est injective. Soient :c et œ’
tels que fla?) = f(a‘:’). On a donc f(a:) = f(æ’). D’où æR[f]x’; et par
conséquent :î = 53’. [Il
La seconde conséquence est une caractérisation des surjections.
Corollaire 7.1.3.18. Soit f : X —> Y une application. L’application f
est surjective si et seulement si la factorisation f est bijective.
Preuve. C’est essentiellement une conséquence de l’Exercice 7.1.0.67,
questions 3) et 4). En effet, si f est surjective, on a f = f o p, et donc
Î est aussi surjective. Elle est par ailleurs injective, et donc bijective.
Inversement supposons Ï bijective. Elle est donc surjective. C’est
aussi le cas de p. Le composé se deux surjections étant une surjection,
l’application f = Î o p est une surjection. E]
138 CHAPITRE 7. APPENDICE

Exercices sur les relations d’équivalence et les quotients

Exercice 7.1.3.19. On définit sur l’ensemble R des nombres réels la


relation R définie par : œRy si et seulement si x2 — y2 = æ — y.
1) Montrer que R est une relation d’équivalence sur R.
2) Déterminer la classe d’équivalence d’un élément æ de R. Combien y
a—t-il d’éléments dans cette classe ?
3) On se donne f la fonction réelle définie par f (3;) = (à — :12)2 pour tout
a: E R. La fonction f passe-t-elle au quotient, c’est-à—dire existe-t-il une
application Î : R/R ——> R telle que f o p = f ?

R—p>>R/R

\lf R
Si c’est le cas, quelle est la nature de la factorisation Î ?
4) Mêmes questions avec la relation 72’ définie par : œR’y si et seulement
si cos2 :c + sin2 y = 1, et l’application g définie par g(æ) = tan2 (3:) pour
tout :1: E R.

Exercice 7.1.3.20. On considère un couple (f, s) : X (—13- Y d’applica-


tions telles que f o s = Idy.
1) Montrer qu’on a une bijection X/R[f] z Y que l’on explicitera.
Soit h : X —> X une application idempotente (Exercice 7.1.1.3).
2) Montrer qu’on a alors X/R[h] 2 Ph, où Ph est l’ensemble des points
fixes de h.
Exercice 7.1.3.21. Soient R une relation d’équivalence sur X, S une
relation d’équivalence sur Y et f : X —> Y une application.
1) Montrer qu’il existe une (et une seule) factorisation f qui fait com—
muter le diagramme suivant :

X f Y

X/R ....... ÎW> Y/S

si et seulement si on a : R C f‘1(S).
2) Montrer que f est injective si et seulement si on a : f“1(8) = R.
7.2. GROUPE 139

Exercice 7.1.3.22. Soient R une relation d’équivalence sur l’ensemble


X et S une relation d’équivalence sur l’ensemble Y. On définit sur l’en-
semble produit X >< Y la relation “produit” R x S par :

(w,y)(R >< S)(w’.y’) 4:) æRw’ /\ ySy’


1) Montrer que la relation R X S est une relation d’équivalence sur l’en-
semble produit X >< Y.
2) Déterminer la classe d’équivalence (33—,y).
3) Soient f : X —> X’ et g : Y —> Y’ deux applications, et leur produit
f x g : X >< Y —> X’ x Y’. Montrer qu’on a: R[f >< g] = R[f] >< R[g].
4) Montrer que l’ensemble quotient (X >< Y) / (R X S) est canonique-
ment isomorphe au produit X/R x Y/S par un isomorphisme 7' qui fait
commuter le diagramme suivant :

XxY ” >>(XxY)/(R><S)
/
k
X/Rx Y/S
Exercice 7.1.3.23. Soient X un ensemble et (R, S) une paire de rela-
tions d’équivalence sur X. On notera pR : X —» X/R et p5 : X —» X/S
les surjections canoniques associées.
1) Montrer que R fl S est une relation d’équivalence sur X.
2) On considère l’application (pR, p5) : X —> X/R >< X/S. Montrer que
la relation nucléaire de cette application est la relation R fl S.
3) En déduire que la factorisation ,5 donnée par le diagramme suivant :

X p >> X/(R n S)

Â/
X/Rx Y/S
est injective, et que par conséquent le quotient X/ (R n S) détermine
une partie du produit X/R >< Y/S.

7.2 Groupe
Un groupe est la donnée d’un triplet (G, ', 1) (noté le plus souvent,
par abus de notation, du seul symbole G) constitué d’un ensemble G,
140 CHAPITRE 7. APPENDICE

d’une opération binaire G x G —'> G et d’un élément 1 E G, tel que :


1) Vx, a: ' 1 = x = 1 - a" (neutralité de 1)
2) Vœ,y, z, (a: - y) - z = a: . (y - z) (associatiuité de la loi )
3) tout élément :c possède un inverse æ—l : a: . æ‘l = 1 = a:— 1 -:c
Il est dit abe’lien si la loi est commutative, à savoir telle que : az-y = yoa‘.
La loi d’un groupe abélien est, le plus souvent, notée additivement
(G, +, 0). Un homomorphisme de groupes h : G —> H est une appli-
cation qui respecte l’élément neutre et l’opération, à savoir telle que :

1) h(1) = 1, 2) h(:v ' y) = h(Œ) - h(y)


On a alors un résultat caractéristique des structures de nature algébrique.
Proposition 7.2.0.24. Soit h : G —> H un homomorphisme de groupes
bijectif. Alors l’application réciproque h‘1 : H —> G est elle-même un
homomorphisme de groupes.

7.2.1 Sous-groupe
Un sous-groupe de G est une partie K C G stable pour les données de la
structure, à savoir telle que: 1) 1 E K, 2) (51:,y) E K>< K => m'y E K,
3) x E K => æ'l E K. La notion de sous-groupe est stable par
intersection, par image directe et par image réciproque le long d’un
homomorphisme de groupes. Les conditions sur un sous-groupe K C G
font de K lui—même un groupe et de l’inclusion canonique LK : K ‘——> G
un homomorphisme de groupes.

Sous-groupe distingué

On aura besoin, d’ici peu, de mettre en avant une classe particulière


de sous-groupes.
Définition 7.2.1.1. Un sous-groupe K de G est dit distingué (ou nor-
mal) dans G si on a de plus :

VœEK,Vy€G, gap—16K

La notion de sous-groupe distingué est stable par intersection et


par image réciproque le long d’un homomorphisme de groupes. Il en
résulte en particulier que, si h : G —> H est un homomorphisme de
7.2. GROUPE 141

groupes, le noyau Kerh = h_1({1}) de l’homomorphisme h est un sous-


groupe distingué de G. La notion n’est pas stable, en général, par image
directe. Par ailleurs les sous-groupes triviaux de G, à. savoir { 1} et G,
sont distingués dans G

Exercice 7.2.1.2. Si le groupe (G, +, 0) est abélien, montrer que tout


sous-groupe K de G est distingué.

Exercice 7.2.1.3. Soit h : G —> H un homomorphisme de groupes.


Montrer que h est injective si et seulement si on a : Kerh = {1}.
Montrer que h est trivial, c’est-à—dire constant sur 1, si et seulement si
on a : Kerh = G.

7.2.2 Groupe produit


Soient G et H deux groupes. On va naturellement s’interroger sur
l’existence d’une structure de groupe sur l’ensemble produit G >< H.

Proposition 7.2.2.1. Sur l’ensemble produit G X H, il existe une et


une seule structure de groupe telle que les projections pG et pH soient
des homomorphismes de groupes. On l’appelle le groupe produit.

Preuve. On cherche une opération sur l’ensemble produit G >< H. Po-


sons : (cc,y) >l< (:L",y’) = (a, fi). Dire que pG est un homomorphisme de
groupes signifie que oz = a: - 33’, et pareillement dire que pH est un homo-
morphisme de groupes signifie que fi = y . y’. D’où l’unique définition
possible :
= ' '
(Œ,y) * (Œliy’) (1E Œlay yI)

Il reste à vérifier les axiomes de groupe, ce qui est laissé en exercice. E!

Propriété universelle du produit de groupes

La paire d’homomorphismes (pg, pH) a une propriété universelle :


toute autre paire d’homomorphismes (f, g) issue d’un même groupe T
vers les groupes G et H lui est tributaire; à. savoir : toute autre paire
d’homomorphismes (f, g) détermine un et un seul homomorphisme de
groupes çb : T —> G >< H qui fait commuter le diagramme suivant :
142 CHAPITRE 7. APPENDICE

D’après la propriété universelle du produit d’ensembles, la preuve de


l’énoncé précédent est equivalente à la preuve du résultat suivant qui
est une simple vérification laissée en exercice :
Corollaire 7.2.2.2. On se donne trois groupes T, G, H. Une applica-
tion çb : T —> G X H est un homomorphisme de groupes si et seulement
si les composés f = pG o çb et g = pH o çb sont des homomorphismes de
groupes.
Exercice 7.2.2.3. On se donne un groupe G. On rappelle que la dia-
gonale AG C G >< G est définie par: {(æ,æ’) E G >< G/ a: = æ’}.
1) Montrer que AG est un sous-groupe de G >< G.
2) Montrer qu’il est distingué dans G >< G si et seulement si G est abélien.
Exercice 7.2.2.4. Soit (G, o, 1) une structure de groupe. Montrer qu’il
est abélien si et seulement si la loi binaire . : G >< G —> G est un
homomorphisme de groupes.

7.2.3 Groupe quotient


Soient G un groupe et R une relation d’équivalence sur l’ensemble
G. La question est de savoir quand est-ce que l’ensemble quotient G/R
possède une structure de groupe. Pour cela il doit y avoir compatibilité
entre l’opération du groupe et la relation d’équivalence R.
Définition 7.2.3.1. On dira qu’une relation R est compatible avec la
loi de groupe si :

œRæ’. yRy’ => (m'y)R(Œ’°y’)


Exercice 7.2.3.2. Soit h : G ——> H un homomorphisme de groupes.
Montrer que la relation nucléaire R[h] est compatible avec la loi du
groupe G.
7.2. GROUPE 143

Exercice 7.2.3.3. Soit R une relation d’équivalence sur l’ensemble G.


Montrer que la relation R est compatible avec la loi du groupe G si et
seulement si les deux propriétés suivantes sont vérifiées :

1) œRæ’ => (a:--y)R(a:’y) et 2) æRæ’ => (y-œ)R(y-œ’)

Théorème 7.2.3.4. Si R est une relation d’équivalence compatible avec


la loi de groupe G, alors l’ensemble quotient X/R est muni d’une unique
structure de groupe telle que la surjection canonique p : X —» X/R soit
un homomorphisme. On appelle cette structure le groupe quotient du
groupe G par la relation R.

Preuve. On doit définir une opération binaire X/R >< X/R —> X/R.
Dire que p est un homomorphisme impose que : :î: ° ÿ = W. Pour que
cette formule ait un sens, il reste à. vérifier qu’elle est indépendante des
représentants des classes. C’est une conséquence directe de la condition
de compatibilité. Il reste alors à. vérifier que c’est une loi de groupe, ce
qui est laissé en exercice. Ü

Proposition 7.2.3.5. Soit R une relation compatible avec la loi du


groupe G. Alors la classe d’équivalence 1R est un sous-groupe distingué
de G.

Proposition 7.2.3.6. Soit H un sous-groupe de G, et RH la relation


définie par : ŒRHy (à sa” - y E H. Alors :
1) RH est une relation d’équivalence sur l’ensemble G
2) RH, en tant que partie de G >< G, est égal a d'1(H) ou d : G >< G —> G
est l’application “division” définie par d(a:, y) = 33—1 ' y
3) on a : Ï = H, et toute classe de RH est en bijection avec H
4) RH est une relation compatible avec la loi du groupe G si et seulement
si le sous-groupe H est distingué
5) si R est une relation compatible avec la loi du groupe G, on a :
R=Rp
Conclusion : il y a bijection entre l’ensemble des relations d’équivalence
R compatibles avec la loi du groupe G et l’ensemble des sous-groupes
K distingués de G; cette bijection respecte l’inclusion.
Dans cette bijection, si h : G —> H est un homomorphisme de
groupes, la relation nucléaire R[h] correspond au noyau Kerh. Si K
est un sous—groupe distingué, on notera le quotient G/RK directement
144 CHAPITRE 7. APPENDICE

sous la forme G/K . On observe alors que K est le noyau de l’homomor-


phisme canonique p : G —» G/K .

Propriété universelle du quotient de groupe

Cette bijection va permettre d’exprimer plus simplement, dans le


cadre des groupes, la propriété universelle du quotient.

Théorème 7.2.3.7. Si K est un sous-groupe distingué de G et h :


G ——> H est un homomorphisme de groupes, h passe au quotient par
K au moyen d’un homomorphisme h : G/K ——> H si et seulement si
K C Kerh.

Ce théorème a deux conséquences importantes. La première consé-


quence détermine la décomposition canonique d’un homomorphisme en
composé d’une injection et d’une surjection qui est réalisée à. travers le
quotient G/Kerh :

Corollaire 7.2.3.8. Soit h : G ——> H un homomorphisme de groupes. La


propriété universelle du quotient détermine une décomposition h = hop :

G—ï>G/Kerh

v
H

telle que l ’homomorphisme de groupes h est injectif.

La seconde conséquence est une caractérisation des surjections.

Corollaire 7.2.3.9. Soit h : G ——> H un homomorphisme._L’homomor—


phisme h est surjectif si et seulement si la factorisation h est un iso-
morphisme de groupes (dans ces conditions, on a donc H z G/Kerh)

Exercices sur les groupes

Exercice 7.2.3.10. Soient G un groupe et R une relation d’équivalence


sur G. Montrer que R est compatible avec la loi de groupe si et seulement
si R C G >< G est un sous-groupe de G x G.
7.2. GROUPE 145

Exercice 7.2.3.11. Soit R une relation sur G qui est réflexive et com-
patible avec la loi de groupe. Montrer alors que R est nécessairement
une relation d’équivalence (compatible).
Les deux exercices suivants sont consacrés aux relations de congruen—
ce sur l’anneau (Z, +, 0, ., 1) des entiers relatifs. On rappelle que les seuls
idéaux de l’anneau Z sont les sous-ensembles de la forme nZ, n E N,
des multiples d’un entier n. Ainsi mZ fl nZ est de la forme pZ, où p est
le ppcm (plus petit commun multiple) de m et n.
Exercice 7.2.3.12. Soit n un entier naturel. On note Rn la relation
sur Z définie par : pa (a) p — q E nZ. On l’appelle la relation de
congruence modulo n
1) Montrer que Ru est une relation d’équivalence. Montrer que toute
classe d’équivalence :î: a un unique représentant k e N, O S k S n — 1.
2) Quel est le cardinal de l’ensemble quotient, noté Z/nZ ?
3) Montrer que la relation Rn est compatible avec les lois + et - de Z.
4) En déduire que l’ensemble quotient Z/nZ est muni d’une structure
d’anneau telle que la surjection canonique pn : Z —» Z/nZ soit un
homomorphisme d’anneaux.
Exercice 7.2.3.13. Théorème chinois
Soit (m, n) une paire d’entiers naturels; on note : p = ppcm(m, n).
1) Montrer qu’il existe un unique homomorphisme d’anneaux ,5 faisant
commuter le diagramme suivant et qu’il est injectif :

z p" Z/pZ
5p
(Pm ,Pn)
V
Z/mZ x Z/nZ
On pourra se reporter à. l’Exercice 7.1.3.23.
On rappelle le théorème de Bezout, selon lequel les entiers (m, n)
sont premiers entre eux si et seulement s’il existe une paire (k, k’) dans
Z X Z telle que : k . m + k’ - n = 1. Par ailleurs, il est clair que dans ce
cas, m et n n’ayant pas de diviseur commun, on a : p = m . n
2) Montrer que dans ce cas l’homomorphisme d’anneaux (pm, pn) est
surjectif. En déduire que la factorisation ,5 : Z/m - nZ —> Z/mZ x Z/nZ
est en fait un isomorphisme d’anneaux.
146 CHAPITRE 7. APPENDICE

Exercice 7.2.3.14. Soient trois groupes et trois homomorphismes de


groupes tels que le triangle de droite suivant commute :

Ke_rf>—>G
f
19(9); g \H
v
Kerf’>—>G’ %
1) Montrer que la restriction de l’homomorphisme g au sous-groupe
Ke?"f est à. valeurs dans Kerf’ . On notera [€(9) cette restriction.
2) Montrer qu’on a : Kter/€(9) = Kerg.
3) En déduire que g est injective si et seulement si n(g) est injective.
4) On suppose de plus f surjectif. Montrer qu’alors g est surjectif si et
seulement si Fc(g) est surjectif.
5) En déduire que, sous ces conditions, g est un isomorphisme si et
seulement si Iç(g) est un isomorphisme.
Exercice 7.2.3.15. Soit f : G —> H un homomorphisme de groupes.
On suppose qu’il est scindé, c’est—à—dire qu’on a un homomorphisme de
groupes s : H —> G tel que f o s = IdH.
1) Montrer que pour tout a: E G, on a: s(f(a:‘1))—a: E Kerf.
2) On considère les sous-groupes Ke?"f et 3(H) de G. Montrer que le seul
sous—groupe de G qui contient ces deux sous-groupes est G lui-même.
On dit alors que G est le supremum de Kerf et 5(H).
3) Soit (k, k’) : G :ÿ K une paire d’homomorphismes de groupes. Mon-
trer qu’on a : k = k’ si et seulement si les homomorphismes k et k’ sont
égaux sur les sous-groupes Ke'rf et 3(H).
On suppose de plus que G est abélien.
4) Montrer que les groupes H et Kcrf sont abéliens.
5) On définit une application çb : G —> Ke?"f par çb(:1:) = s(f (cc—1)) ' a3;
montrer que çb est un homomorphisme de groupes.
6) Montrer que l’homomorphisme (çb, f) : G —> Kerf X H est un iso-
morphisme de groupes. Quel est son inverse ?

7.2.4 Action de groupe


Soit (G, -, 1) un groupe et X un ensemble. Un outil algébrique extrê—
mement utile est introduit par la notion suivante :
7.2. GROUPE 147

Définition 7.2.4.1. Une action du groupe (G, o, 1) sur l’ensemble X


est la donnée d’une application :

a:G><X—>X; (g,:c)I—>g*a:
cohérente avec la loi de G, a savoir telle que :

1) 1*:c‘=:c 2)g’*(g*æ)=(g’-g)*æ
Exercice 7.2.4.2. Montrer que la donnée d’une action a du groupe
G sur l’ensemble X est équivalente à. la donnée d’un homomorphisme
de groupes â : G —> 8X, où 8X désigne le groupe des permutations de
l’ensemble X.
Exemple 7.2.4.3. 1) Le groupe 8X agit sur X par : (çb,a:) I—> M33).
2) Tout sous-groupe G C 8X agit sur X par la même formule.
5’) Le groupe G agit sur lui—même par : (g,7) I——> g - 7 - g‘l.
4) Si E est un K-espace vectoriel, le groupe mutiplicatif (KM o, 1), ou
K. est l’ensemble des éléments non nuls du corps K, agit sur l’ensemble
E par : (k,u) +—> k.u.
Proposition 7.2.4.4. Soit oz une action du groupe G sur l’ensemble
X. On note Ra la relation sur X définie par :

œRarc’ 4:) EgEG, :c'=g*a:


Alors Ra est une relation d’équivalence sur X. Une classe de Ra est
appelée orbite de l’action a. Dans ce cadre, on note souvent a“; = OŒ.
Définition 7.2.4.5. Soit a une action du groupe G sur l’ensemble X.
On dit alors que :
1) l’action a est fidèle si l ’homomorphisme â est injectif
2) l’action a est transitive si on a : Ra = VX
3) l’action a est fidèlement transitive si elle est fidèle et transitive.
4) l’action oz est strictement transitive si l’application :

ä:G><X—>X><X (g,:c)I—>(a',g*a:)
est bijective.
Exercice 7.2.4.6. On se donne oz une action strictement transitive du
groupe G sur l’ensemble X. Montrer que tout point :130 E X détermine
une bijection 9:60 : X ——> G où 9.1.0 (æ) E G est l’unique élément 7 tel que
"y >|< 5.130 = 5E.
148 CHAPITRE 7. APPENDICE

Exercice 7.2.4.7. Démontrer qu’une action strictement transitive est


fidèlement transitive. Montrer que si le groupe G est abélien, une action
est fidèlement transitive si et seulement si elle est strictement transitive.

Action fidèle associée à une action

Le passage au quotient va nous permettre aisément d’associer à toute


action une action fidèle, et à toute action transitive une action fidèlement
transitive. Soit a une action du groupe G sur l’ensemble X. On considère
la décomposition canonique de l’homomorphisme de groupes â donné
par l’Exercice 7.2.4.2 :

G——ï> G/Kerâ

On a donc un homomorphisme de groupes 07,. qui est injectif par le


Corollaire 7.2.3.8. Il détermine, par le même Exercice 7.2.4.2, une action
du groupe quotient G/Ke'râ sur l’ensemble X, qui est fidèle et donnée
par :
(1* : (G/Kerâ) X X —> X; (ÿ,æ) I—> g>l<æ
Exercice 7.2.4.8. Montrer que si l’action o: est transitive, l’action (1*
est fidèlement transitive.

7.3 K-espace vectoriel


On va rassembler dans cette rubrique tous les énoncés concernant
les K-espaces vectoriels qui ont été nécessaires au développement de
cette monographie. Le plus souvent ils seront donnés sans preuve, car
ce n’est pas le sujet du livre, et le lecteur les trouvera aisément dans
tout traité d’Algèbre Linéaire. Par ailleurs ce ne sont fréquemment que
des extensions élémentaires des résultats et des preuves obtenus dans le
cas des groupes.
On fixe un corps commutatif 1K. On rappelle que la caractéristique
du corps K, notée x(K), est le plus petit entier n E N tel que
n

i+1+m+Î=0
7.3. K-ESPAC’E VECTORIEL 149

La caractéristique des corps Q, R et (C est 0. On rappelle que si p


est un entier, l’anneau Z/pZ (voir Exercice 7.2.3.12) est un corps si et
seulement si p est premier et qu’alors sa caractéristique est l’entier p.

Définition 7.3.0.9. Un K—espace vectoriel est la donnée d’un groupe


abélien (E, +, 0) et..d’une opération externe K X E —> E, (A, u) I—> À.u,
du corps K sur E liés par les axiomes de cohérence suivants :

1) 1.u = u 2) À.(u.u) = (/\.u).u


3) À.(u + v) = À.u + À.v 4) (A + ,u).u = /\.u + ,u.u

On appelle généralement vecteurs les éléments de E.

On a déjà noté que les axiomes 1) et 2) déterminent clairement une


action du groupe multiplicatif (K*, ., 1) sur l’ensemble E.

Exemple 7.3.0.10. Sont des Keespaces vectoriels :


1) le corps K lui-même,
2) pour tout entier n > 1, l’ensemble produit K”,
5’) pour tout ensemble X, l’ensemble .7:(X , K) des applications de l’en-
semble X vers K,
4) pour tout ensemble X, l’ensemble K(X) des systèmes massiques de
X à coeflîcients dans K, voir la section 3.2.1.2,
5) pour tout ensemble X et tout espace vectoriel E, l’ensemble .7:(X , E)
des applications de l’ensemble X vers E.

Définition 7.3.0.11. Etant donnés deux K-espaces vectoriels E et F,


une application linéaire h : E —> F est un homomorphisme de groupes
qui respecte l’opération externe, à savoir tel que .' h(À.u) = À.h(u) pour
tousÀEK etuEE.

L’ensemble Æ(E, F) des applications linéaires de E dans F est un


K-espace vectoriel. Les applications linéaires sont stables par composi—
tion et l’application IdE est clairement linéaire.
Lorsque K est défini sans ambiguïté, on parlera simplement d’espace
vectoriel et d’application linéaire. Observons tout d’abord un résultat
caractéristique des structures de nature algébrique :

Proposition 7.3.0.12. Soit h : E ——> F une application linéaire bijec-


tive. Alors l’application réciproque h—1 : F —> E est linéaire. On dit
alors que h est un isomorphisme linéaire.
150 CHAPITRE 7. APPENDICE

7.3.1 Sous-espace vectoriel


Un sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel E est une partie E’ C E
stable pour les données de la structure, a savoir : 1) E’ est un sous-
groupe de (E,+,O), 2) À.u E E’ dès que u E E’. La notion de sous-
espace vectoriel est stable par intersection, par image directe et par
image réciproque le long d’une application linéaire. Un sous-espace vec-
toriel E’ hérite de E une structure d’espace vectoriel qui fait de l’inclu—
sion canonique LEI : E’ g) E une application linéaire.

Exemple 7.3.1.1. Il est clair que :


1) {0} C E est un sous-espace vectoriel de E
2) E un sous-espace vectoriel de E
5’) si E et F sont deux espaces vectoriels, l’ensemble L(E,F) des ap-
plications linéaires de E dans F est un sous-espace vectoriel de l’espace
vectoriel .7:(E, F) des applications (quelconques) de l’ensemble E vers
l’espace vectoriel F.

Si h : E —+ F est une application linéaire, le noyau Kerh = h'1({0})


et l’image Imh = h(E) de h sont des sous-espaces de E et F qui sont
particulièrement significatifs.

Exercice 7.3.1.2. Montrer que l’application linéaire h est injective si


et seulement si Kerh = {0}; qu’elle est surjective si et seulement si
Imh = F.

7.3.2 Espace vectoriel produit


Soient E et F deux espaces vectoriels. On va s’interroger sur l’exis-
tence d’une structure d’espace vectoriel sur l’ensemble produit E >< F.

Proposition 7.3.2.1. Il existe une et une seule structure d’espace vec-


toriel sur l’ensemble produit E >< F telle que les projections pE et pF
soient des applications linéaires. On appelle cette structure l’espace vec-
toriel produit.

Propriété universelle du produit d’espaces vectoriels

Cette paire d’applications linéaires a une propriété universelle : toute


autre paire d’applications linéaires (f, g) d’un espace vectoriel T vers les
7.3. K—ESPAC‘E VECTORIEL 151

espaces vectoriels E et F détermine une et une seule application linéaire


çb qui fait commuter le diagramme suivant :

D’après la propriété universelle du produit d’ensembles, la preuve de


l’énoncé précédent est equivalente à la preuve du résultat suivant :

Corollaire 7.3.2.2. On se donne trois espaces vectoriels T, E, F. Une


application çb : T —-> E >< F est linéaire si et seulement si les composés
f = pE o çb et g = pF o (b sont linéaires.

Sur les modèles précedents, on notera la factorisation çb = (f, g).

Exercice 7.3.2.3. Déterminer quels sont le noyau et l’image de l’ap-


plication linéaire çb = (f, g).

Mirabilia I : propriété co-universelle du produit de K—espaces


vectoriels

Le produit de deux K—espaces vectoriels possède aussi une propriété


co-universelle. Observons d’abord les faits suivants :

Exercice 7.3.2.4. Soient E et F deux K—espaces vectoriels. Considérons


les applications :

LE:E>—>EXF; nI——>(u,0) et LF:F>—>EXF; oI—>(0,o)

Montrer que :
1) ces applications sont linéaires et injectives,
2) LF est un scindage de pF, c’est à. dire que pF o LF = IdF,
3) l’image LE(E) est le noyau de pF.

La propriété co—universelle du produit d’espaces vectoriels s’exprime


de la façon suivante :
152 CHAPITRE 7. APPENDICE

Proposition 7.3.2.5. Etant donne’ un K-espace vectoriel H et deux


applications linéaires f et g de même but H :

il existe une et une seule application linéaire çb telle que le diagramme


commute.

Preuue. Unicité : la définition est forcée. En effet çb o LE = f signifie :


çb(u,0) = f(u) et çb o LF = g signifie : p(0,u) = g(u). Et puisque çb est
linéaire :

45W, ’U) = Nu, 0) + (0, 71)) = 0501, 0) + #0, v) = f(U) + 9(1))


Existence : on doit Vérifier que l’application çb ainsi définie est bien
linéaire. On a :
1) qb(u,u) + çb(u’,u’) = f(u) + g(u) + f(u’) + g(u’),
2) une» + aux» = au + un v + v’) = f(u + u’) + g<v + v’)
= f(U) + f(U’) + 9(7)) + 9(v’)
car f et g sont linéaires. Mais, comme le groupe (H, +, 0) est commu-
tatif, on a aussi : f (u’) + g(u) = g(u) + f(u’), et par conséquent
q5((u, ’U) + (ul’ U,» = (NU, ’U) + ÇMUI’ ’0’)
Par ailleurs on observe : çb(/\.(u, 21)) = p(À.u, A10) = f(/\.u) + g(/\.u) =
À.f(u) + /\.f(u) = /\.(f(u) + f(u)) = /\.q5(u,u). D
Exercice 7.3.2.6. Codiagonale
Expliciter l’application linéaire déterminée par le couple (IdE, IdE) qui
est donnée en pointillé dans le diagramme suivant :

On l’appelle l’application linéaire codiagonale.


7.3. K-ESPAC‘E VECTORIEL 153

La propriété co—universelle du produit a deux applications impor-


tantes, la première concerne les applications linéaires scindées, et la
seconde les sous—espaces vectoriels supplémentaires.

Corollaire 7.3.2.7. Soient E et F deux espaces vectoriels. Et soit h :


E —> F une application linéaire scindée par s : F —> E, c’est à dire
telle que h o s = I’dF. Alors il existe un unique isomorphisme linéaire 1,0
tel que le diagramme suivant commute :

Kerh> "’ >E h >F


Il il
Kerh>—LK>Kerh><F——>F
p, Il
lIF

Preuue. Notons K = Kerh et k : K >—> E l’injection canonique. On se


trouve alors dans la situation suivante :

K
LK 11

F>—“ïK><F k

N
ÀE
La propriété co—universelle du produit d’espaces vectoriels détermine
une application linéaire qb : K x F ——> E définie par çb(:c, u) = a: + s(u).
Montrons que çb est injectif. Pour cela, déterminons son noyau. On a
(33,11) dans Kerçb si et seulement si a: + s(u) = 0. D’où h(a: + s(u)) = 0.
Mais h(a: + s(u)) = h(œ) + h(s(u)) = 0 + u = u, car a: est dans le
noyau de h. D’où u = 0 et par suite 0 = a" + s(u) = æ + s(O) = cc.
Le seul élément du noyau est donc (0,0) et le groupe Kerçb est trivial.
L’homomorphisme ([5 est donc injectif.
Montrons que çb est surjectif. Soit u E E. On a alors u—s(h(u)) E K,
car h(u—s(h(u))) = h(u) —h(s(h(u))) = h(u) —h(u) = 0, puisque on a :
hos = IdB. D’où (u— s(h(u)), h(u)) E K x B et çb(u— s(h(u)), h(u)) =
u — s(h(u)) + s(h(u)) = u. L’homomorphisme çb est donc surjectif. Ainsi
(15 est—il un isomorphisme.
Par ailleurs, il est aisé de vérifier: hoçb = pf, qboiF = s et çbOLK = k.
Enfin on pose: 2p = çb—1.D’oùpFov,b = h, 302p = LF et zfiOk = LK. Ü
154 CHAPITRE 7. APPENDICE

Soient E un espace vectoriel, E1 et E2 deux sous-espaces vectoriels


de E. Les inclusions linéaires canoniques i,- : E, >—> E produisent la
situation suivante, et donc une application linéaire a :

définie par 0(u1, U2) = a1 + U2. On note Ima = E1 + E2.


Exercice 7.3.2.8. Montrer que l’application linéaire E1 flEg >—> E1 >< E2
qui associe le vecteur (u, —u) au vecteur u détermine un isomorphisme
entre E1 fl E2 et le noyau de a. En déduire que a est injectif si et
seulement si E1 fl E2 = {O}.
Définition 7.3.2.9. On dit que les sons-espaces vectoriels E1 et E2 sont
supplémentaires, ou en somme directe, si l’application linéaire a est un
isomorphisme. On note alors : E = E1 EB E2,
On a donc E = E1 EB E2 si et seulement si on a : E = E1 + E2 et
E1 n E2 = {0}.
Exercice 7.3.2.10. Projection vectorielle
Soient E un K—espace vectoriel et (E1, E2) une paire de sous-espaces
supplémentaires. Montrer que pour tout vecteur u E E, il existe une
unique paire de vecteurs (al, U2) E E1 >< E2 telle que l’on a : a = al +u2.
On note h : E —> E l’application qui associe à tout u E E le vecteur
U2 défini par la question précédente. Montrer que h est une application
linéaire. On l’appelle la projection sur E2 le long de E1.

7.3.3 Espace vectoriel quotient


Soient E un espace vectoriel et R une relation d’équivalence sur l’en-
semble E. La question est de savoir quand est-ce que l’ensemble quotient
E/R possède une structure d’espace vectoriel. Pour cela il doit y avoir
compatibilité entre les opérations définissant la structure vectorielle et la
relation d’équivalence R; donc compatibilité avec la structure de groupe
de E et compatibilité avec la loi externe.
7.3. K-ESPACE VECTORIEL 155

Définition 7.3.3.1. On dira qu’une relation R est compatible avec la


structure vectorielle si elle est compatible avec la loi de groupe (cf.
7.2.3.1) et la loi externe, à savoir si on a :
VÀEK, œRœ’ => ÀaRÀa’
Exercice 7.3.3.2. Soit h : E —> F une application linéaire. Montrer
que la relation nucléaire R[h] est compatible avec la structure vectorielle
de E.
Proposition 7.3.3.3. Soit R une relation compatible avec la structure
vectorielle de E. Alors la classe d’équivalence 0R est un sous-espace
vectoriel de E.
Proposition 7.3.3.4. Soit E’ un sous-espace vectoriel de E, et REr la
relation definie par : uRE/v (a) v — u E E’. Alors .'
1) RE: est une relation d’équivalence sur l’ensemble E
2) on a : Ô = E’, et toute classe de RE: est en bijection avec E’
3) RE: est une relation compatible avec la loi externe sur E
4) si R est une relation d’équivalence compatible avec la structure vec-
torielle de E, on a : R = R5.
Conclusion : il y a bijection entre l’ensemble des relations d’équivalence
R compatibles avec la structure vectorielle de E et l’ensemble des sous-
espaces vectoriels E’ de E; cette bijection préserve l’inclusion. Dans
cette bijection, si h : E —> F est une application linéaire, la relation
nucléaire R[h] correspond au noyau Kerh.
Théorème 7.3.3.5. Si R est compatible avec la structure vectorielle
de E, alors l’ensemble quotient E/R est muni d’une unique structure
d’espace vectoriel telle que la surjection canonique p : E —» E/R soit
linéaire.

Preuve. On sait déjà que E/R est un groupe abélien. Il faut définir la
loi externe. Dire que p est linéaire impose que : Au = /\_.u. Pour que
cette formule ait un sens, il reste à. vérifier qu’elle est indépendante
des représentants des classes. C’est une conséquence de la condition de
compatibilité avec la loi externe. D

On notera l’espace vectoriel quotient E/RE, directement sous la


forme E/E’ . On observe alors que E’ est le noyau de l’application
linéaire quotient p : E —» E/E’ .
156 CHAPITRE 7. APPENDICE

Propriété universelle du quotient d’espace vectoriel

Cette bijection va permettre d’exprimer plus simplement, dans le


cadre des espaces vectoriels, la propriété universelle du quotient.
Théorème 7.3.3.6. On se donne E’ un sous-espace vectoriel de E et
h : E —> F une application linéaire. L’application h passe linéairement
au quotient par E’ (a savoir : au moyen d’une application elle-même
linéaire h : E/E’ —> F) si et seulement si on a : E’ C Kerh.
Sur les modèles précédents de passage au quotient, ce théorème a
deux conséquences importantes. La première conséquence est la décom-
position canonique d’une application linéaires en composé d’une injec-
tion et d’une surjection linéaire qui est réalisée à. travers le quotient
E/Kerh :
Corollaire 7.3.3.7. Soit h : E —> F une application linéaire. L_a pro-
priété universelle du quotient détermine une décomposition h = h o p :

E—JE/Igerh
,. F

telle que l’application h est linéaire injectiue.


La seconde est une caractérisation des surjections linéaires.
Corollaire 7.3.3.8. Soit h : E —> F une application linéaire. Elle est
surjectiue si et seulement si la factorisation h : E/Kerh —> F est un
isomorphisme linéaire.
Exercice 7.3.3.9. Soient E1 et E2 deux sous—espaces vectoriels de l’es-
pace vectoriel E. On considère le diagramme suivant :

LE PE
E1>—>1E1 X E2 —2—>> E2

l êa
V
E1 E p E/E1
où o(u1, u2) = u1 + u2. Montrer que le carré de gauche commute, et que
cette commutation détermine une unique factorisation linéaire ä faisant
commuter le carré de droite.
7.3. K-ESPACE VECTORIEL 157

On suppose E = E1 EB E2. Montrer que l’application linéaire ä du dia-


gramme précédent est un isomorphisme. On a donc : E/E1 z E2.
Exercice 7.3.3.10. Soient E un K-espace vectoriel et R une relation
d’équivalence sur E. Montrer que R est compatible avec la structure
vectorielle de E si et seulement si R C E X E est un sous-espace vectoriel
de E x E.
Exercice 7.3.3.11. Soit R une relation sur E qui est réflexive et compa-
tible avec la structure vectorielle. Montrer alors que R est nécessairement
une relation d’équivalence (compatible).
Exercice 7.3.3.12. Sous-espaces vectoriels du quotient
On se donne E un K—espace vectoriel, H un sous-espace vectoriel et p :
E —> E/H la surjection linéaire canonique. On note SE l’ensemble des
sous-espaces vectoriel de E et SE l’ensemble des sous-espaces vectoriel
de E contenant H.
1) Montrer que l’application “image réciproque” p—1 : SE/H —> SE est
injective, préserve l’inclusion et prend ses valeurs dans 55 . On pourra
éventuellement consulter les Exercices 7.1.1.2 et 7.1.1.3.
2) Montrer que sa restriction : SE/H —+ SË est bijective.

7.3.4 Propriété universelle de K(X)


Soit E un K—espace vectoriel, et C une partie quelconque de E.
Définition 7.3.4.1. On appelle sous-espace vectoriel engendré par C
le plus petit sous-espace vectoriel de E contenant O. On le notera (C).
Proposition 7.3.4.2. Quelle que soit C C E, le sous-espace vectoriel
engendré (C) existe toujours.

Preuve. La preuve est un classique pour les structures de nature algé-


brique. On note .7: la famille des sous-espaces vectoriels de E contenant
C'. La famille .7: est non vide puisque on a : E E .7: ; on peut donc
considérer l’intersection Ü = flZef Z. Il est clair que C C Û et que
Ü est un sous—espace vectoriel de E, puisque les sous-espaces vectoriels
sont stables par intersection quelconque. Tout sous—espace vectoriel E’
contenant C appartient à. la famille f, et on a donc : Ü C E’. Ainsi Ü
est le plus petit sous-espace vectoriel de E contenant C, et on a donc
c“: (a).
158 CHAPITRE 7. APPENDICE

Exercice 7.3.4.3. Soient E1 et E2 deux sous-espaces vectoriels de E.


Montrer que (E1 U E2) = E1 + E2.
L’existence de (C) est garantie en général, mais la proposition précédente
n’en précise pas la description. C’est là que l’espace vectoriel des systèmes
massiques va nous venir en aide.
Soient X un ensemble, K(X) l’espace vectoriel des systèmes mas-
siques de X à. coefficients dans K, et ( )X : X >—> K(X) l’application
injective qui associe à a: le système massique ponctuel i: (voir 3.2.1).
L’espace vectoriel K(X) a la propriété universelle suivante : pour tout
K—espace vectoriel E et toute application (ensembliste) d : X —+ E, il
e_xist_e une et une seule application K—linéaire çl : K(X) —-> E telle que
Ô°()X=Çbï

X>(—”>‘ K(X) K(X)


X E.4? E
e
Autrement dit l’application ensembliste d admet toujours une unique
extension K—linéaire çl le long de l’application ( )X. La présentation dia-
grammatique de cette propriété universelle place à droite ce qui se situe
au niveau vectoriel, et à gauche ce qui se situe seulement au niveau
ensembliste. Cette application linéaire Æ est définie par :

CHEiEIki-Ïi) = zieIki-W-‘L'il
Si on choisit X = E, et (b = IdE, on obtient une application K-linéaire
que l’on notera EE qui est une rétraction de l’application ensembliste
()E ï
E>ÂE K(E) K(E)
IdE YEE VEE
E E
Elle est définie par EE(T) = Euegupp(7)r(u).u et concerne donc la pos-
sibilité de la combinaison linéaire des vecteurs de E. Soit C C E une
partie de E. Pareillement, l’injection canonique ensembliste LC : C <—> E
fournit une application K—linéaire 20 : K(C’) —> E (c’est clairement la
restriction de l’application EE au sous-espace vectoriel K(C’) de K(E)).
7.3. K-ESPACE VECTORIEL 159

Exercice 7.3.4.4. Soit E un K—espace vectoriel et C C E une partie


de E. Montrer qu’on a : (C) = 1m20.

Exercice 7.3.4.5. Combinaison linéaire et structure vectorielle


1) On choisit E = K(T), où T est un ensemble quelconque. Décrire l’ap-
plication linéaire EKŒ) : K(IK(T)) —> K(T) déterminée par l’application
“identité” Id : K(T) —> K(T).
2) Soient maintenant Z un autre ensemble et g : X —> Z une applica-
tion. Montrer qu’il existe une et une seule application linéaire K(g) :
K(X) —> K(Z) faisant commuter le carré suivant :

X>—>
0x
M) M)
9 èllflg) èKŒ)
Z>—+> K(Z) K(Z)
()z

3) Quelle est l’application linéaire K(Idx) ? Montrer qu’on a :

K01 0 g) = K01) 0 K(g)


4) Montrer que l’ensemble X est muni d’une structure de K—espace
vectoriel si et seulement s’il existe une application (ensembliste) a :
K(X) —> X telle que les deux diagrammes suivants commutent :

XÀ’à‘M) K<K<X>>ï+ K(X)


K00

\ 1. 1....)1 1.
X K(X) 0'
X
Ainsi la notion de K—espace vectoriel peut—elle être définie globalement
par la seule fonction a de la “combinaison linéaire”, sans le détail de la
structure de groupe abélien et de la loi externe.

7.3.5 Familles libres, génératrices; bases


On suppose à présent que C = {un ..., un} est un ensemble fini de n
vecteurs distincts de E.
160 CHAPITRE 7. APPENDICE

Définition 7.3.5.1. On dit que la famille C = {u1, ...,un} est une fa-
mille génératrice de E si l’application linéaire 20 est surjective, qu’elle
est libre (ou encore qu’elle est linéairement indépendante) si X30 est in-
jective, que c’est une base vectorielle de E (ou un repère) si 20 est
bijective, c’est-a-dire si elle produit un isomorphisme K(C’) 2 E.
Il est clair que si C = {u1, ...,un} est une famille génératrice, et
donc si 20 est surjective, tout vecteur w G E est une combinaison
linéaire des vecteurs ui, à savoir qu’il existe n scalaires (A1, ..., An) tels
que w = 2001421 + + Anun) = Eie{1,...,n})\i'ui° Si, de plus, C est
une base affine, du fait de l’injectivité de l’application 20, ce n-uplet
de scalaires est unique.
Définition 7.3.5.2. Coordonnées d’un vecteur dans une base
Soient B = {e1, ..., en} une base de E et un vecteur w E E. On appelle
coordonnées du vecteur w dans la base B l’unique n-uplet (/\1, ..., An) tel
que 5 w = zi€{1,...,n}/\i-ei'
De plus, une application linéaire est caractérisée par l’image d’une base :
Théorème 7.3.5.3. Soit BE = (e1, ..., en) une base de l’espace vectoriel
E. Alors, pour tout n-uplet (v1, ..., vn) de vecteurs d’un espace vectoriel
F, il eæiste une et une seule application line‘aire h : E ——> F telle que
h(e,;) = v,- pour touti E {1, ...,n}.
Soit BF = (51, ..., ep) une base de l’espace vectoriel F. On note alors
( î, ..., kg) les coordonnées du vecteur v,- dans la base BF, et (t1, t2, ..., tn)
les coordonnées d’un vecteur u de E. Les coordonnées du vecteur h(u)
dans la base BF sont alors données par le p—uplet :

(Eje{1,2,...,n}tjk{> zje{1,2,...,n}tjkâa ..., zj€{1,2,...,n}tjkâ)

obtenu par le produit de la matrice suivante avec le n-uplet (t1, t2, ..., tn) :

k1 kg kz' k”
Cette matrice Mh est appelée la matrice de l’application linéaire h selon
les bases BE et BF. Dans le cas d’une matrice carrée, à savoir lorsqu’on
7.3. K-ESPAOE VEOTORIEL 161

a : p = n, on supposera connue la notion de déterminant qui permet de


caractériser par sa non-nullité l’inversibilité de l’application linéaire h.

Mirabilia II : dimension d’un K-espace vectoriel

A la notion de base est associé un invariant qui fait toute la spécificité


et la puissance de l’Algèbre Linéaire :
Théorème 7.3.5.4. Dans vn K-espace vectoriel E deux bases ont même
cardinal (z même nombre d’éléments). On appelle ce cardinal la dimen-
sion de l’espace vectoriel E. On la note dimE.
On a les résultats suivants :
1) si E’ C E est un sous-espace vectoriel : dimE’ S dimE
2) dim(E X F) = dimE + dimF
3) dim(E/E’) = dimE — dimE’
4) dimL(E, F) = dimE >< dimF.
Le point 3) est un cas particulier du Théorème du rang :
Théorème 7.3.5.5. Soit h : E —> F une application linéaire. On a
alors :
dimE = dimKerh + dimImh

Corollaire 7.3.5.6. Soient h : E —> F une application linéaire et E’


un sons espace vectoriel de E. On a alors dimh(E’) _<_ dimE’.
Exercice 7.3.5.7. Soient E1 et E2 deux sous-espaces vectoriels de E.
Montrer qu’on a : dim(E1 fl E2) + dim(E1 + E2) = dimE1 + dimEg.
Exercice 7.3.5.8. Soit h : E —> F une application linéaire. Montrer
que si h est un isomorphisme, on a alors : dimF = dimE.
On suppose que dimF = dimE. Montrer que h est injective si et
seulement si elle surjective; et que, dans ce cas, h est un isomorphisme
linéaire.

7.3.6 Le groupe linéaire


Un endomorphisme linéaire est une application linéaire h : E —> E
dont le but est le même espace vectoriel que la source. Un automor—
phisme linéaire est un endomorphisme linéaire bijectif, ou encore un
isomorphisme endomorphique. On note GL(E) C .C(E, E) l’ensemble
162 CHAPITRE 7. APPENDICE

des automorphismes linéaires de l’espace vectoriel E et on l’appelle le


groupe linéaire de E, puisqu’en effet :
Théorème 7.3.6.1. L’ensemble GL(E) est un groupe.
Preuve. Il est clair que les automorphismes sont stables par composi-
tion, que IdE est un automorphisme, et par la proposition 7.3.0.12 que
l’inverse d’un automorphisme est un automorphisme. Ü
Définition 7.3.6.2. Homothétie vectorielle. Soit le un scalaire non
nul. On appelle homothétie vectorielle de rapport k l’automorphisme
linéaire k.IdE.
On note H(E) l’ensemble des homothéties vectorielles de E. C’est
clairement un sous-groupe du groupe linéaire GL(E). Il est commutatif,
car il est isomorphe au groupe multiplicatif (KM ', 1) par l’homomor-
phisme de groupes K... —> ’H(E) qui associe kldE au scalaire k.
Proposition 7.3.6.3. Lorsque dimE = 1, on a .' 7-[(E) = GL(E).
Proposition 7.3.6.4. Les endomorphismes linéaires d’un K-espace vec-
toriel E laissant globalement invariante toute droite vectorielle D de E
sont les seules homothéties vectorielles.
Preuve. Il est clair que toute homothétie vectorielle laisse globalement
invariante toute droite vectorielle. Réciproquement soit h : E —> E
un endomorphisme linéaire laissant globalement invariante toute droite
vectorielle. Si u est un vecteur de E, il existe donc un scalaire la, tel que
h(u) = kwu. Il faut montrer que ce scalaire ku est indépendant de u.
Soit v un second vecteur. On observe que :
h(u + v) = ku+.,.(u + v) = ku+v.u + ku+,,.v et h(u) + h(v) = kwu + kwv
Et puisque les deux termes sont égaux, on tire :
(ku+., — ku).u + (ku+v — k”).v = O
A cause de la proposition précédente, on peut éliminer le cas dimE = 1.
Par conséquent, soit u et v sont linéairement indépendants et par suite :
ku+’U—ku=0 et ku+v_kv=0; dOHC kuzku+v=kv

soit ils sont dépendants, et on introduit un vecteur w indépendant de u


et de v qui lui est colinaire (ce qui est possible car dimE > 1), et alors
la, = kw = kv. D
7.3. K-ESPACE VECTORIEL 163

Par ailleurs ”H(E) est le centre du groupe linéaire GL(E), c’est-à—dire


qu’il est constitué des seuls automorphismes linéaires qui commutent
avec tous les autres.
Proposition 7.3.6.5. Si E est un K—espace vectoriel, le groupe H(E)
est le centre du groupe linéaire GL(E). Il constitue par conséquent un
sous-groupe distingué de GL(E).
Preuve. Il est clair que pour tout endomorphisme h, on a h o k.IdE =
k.h = k.IdE o h. Réciproquement, soit f un automorphisme du centre
de GL(E). Il suffit de montrer qu’il laisse globalement invariante toute
droite vectorielle de E, car, d’après la proposition précédente, ce sera
donc une homothétie vectorielle. Soient D une droite et 5D une symétrie
oblique d’axe D, à. savoir un automorphisme dont l’ensemble des points
fixes est égal à D. Soit u E D; on a (fosD)(u) = f(u). D’où sD(f(u)) =
(3D o f)(u) = (f o 3D)(u) = f(u), et par conséquent: f(u)€ D. E]
Exercice 7.3.6.6. Anti-involution vectorielle
On dit qu’un K-endomorphisme linéaire h : E ——> E est anti-involutif si
on a : h2 + IdE = O ou encore h2 = —IdE.
1) Montrer que h est alors un automorphisme linéaire tel que h“1 = —h,
et que Ker(h — IdE) = {0}. Montrer qu’on a : h4 = IdE. Si de plus on
suppose que K = R, montrer que h n’admet aucun vecteur propre.
2) Soit g : E —> E un automorphisme. Montrer que g o h o g—1 est une
anti-involution.
3) L’ensemble des anti-involutions de E est-il un sous-groupe de GL(E) ?
4) On suppose dorénavant que E est un plan vectoriel et (u, v) une base
de E. Montrer qu’il existe une et une seule anti-involution de E telle
que h(u) = v.
5) On suppose de plus que le corps K = R. Soit (e1, 62) une base de
E. Montrer que la matrice d’une anti-involution h dans cette base est
nécessairement de la forme :

( :1 “ai: 1) )
où (a, b) est un couple de réels tel que b 7€ 0. Quelle est la matrice de
l’anti—involution h“1 ?
6) Montrer que, si h et h’ sont deux anti-involutions distinctes de E, on
a : Ker(h — h’) = {0}. En déduire que l’endomorphisme h — h’ est un
164 CHAPITRE 7. APPENDICE

isomorphisme de E et qu’on a : Ker(h‘1 o h’ — IdE) = {0}.


7) Montrer que, si h et h’ sont deux anti—involutions telles que h’ 7E h’l,
on a : Ker(h + h’) = {0}. En déduire que l’endomorphisme h — h’ est
un isomorphisme de E et qu’on a : Ker(h o h’ — IdE) = {O}.

7.3.7 Espace vectoriel et extension de corps


Soit K C K’ une extension de corps (autrement dit, K est un sous-
corps du corps K’).
Proposition 7.3.7.1. Alors le corps K’ possède une structure de K-
espace vectoriel. La dimension m de ce K-espace vectoriel est appelé le
degré de l ’eætension.
Soit E un K’-espace vectoriel. La restriction à. 1K de l’opération ex-
terne de K’ sur E détermine sur E une structure de K—espace vectoriel.
On note En cette structure pour la distinguer de la précédente, et on
l’appelle la structure vectorielle induite par l’extension de corps.
Proposition 7.3.7.2. Si on a dimK/(E) = n, alors on a. dimK(Eu) =
n.m, où m est le degré de l ’eætension.
Si E’ C E est un sous K’-espace vectoriel de E, alors E’ aussi un sous
K—espace vectoriel de Eu. La réciproque est fausse : un sous K—espace
vectoriel n’est pas un sous K’-espace vectoriel; penser à l’inclusion de
R dans (C. Si l’application h : E —> F est K’-linéaire, alors h est aussi
K—linéaire, c’est-à—dire qu’elle respecte les structures vectorielles induites.
On note h“ : En —> Ffl cette application en tant que K—linéaire.

Le complexifié E IXI E d’un espace vectoriel réel E

Dans le cadre de l’extension R C (C, on va décrire une construction


inverse en associant à. tout espace vectoriel réel un espace vectoriel com-
plexe. Soit E un R—espace vectoriel. On définit sur l’ensemble E x E
une opération externe : (C >< (E >< E) —> E >< E, de la façon suivante :

(À + in).(u, v) = (Axa — ,up, ,u.u + Àp)

Il est aisé de vérifier (en exercice) que cette opération externe munit
le groupe abélien E >< E d’une structure de (C—espace vectoriel qu’on
appelle le compleæifie’ du l’espace vectoriel réel E et qu’on note E E E
7.3. K-ESPACE VECTORIEL 165

pour la distinguer de la structure de R-espace vectoriel produit, classi-


quement notée E >< E. Cette dernière d’ailleurs n’est rien d’autre que
la R—structure vectorielle induite (E l2] E)“. On peut montrer que :
dimCE IXI E = dimRE. La notion de complexifié d’un espace affine réel
est étudiée dans l’Exercice 3.5.0.23.
Du fait qu’on a z'.(v, O) = (0,7)), on obtient : (u, v) = (u, 0) +z'.(v, 0).
On peut donc formellement identifier (u, v) à u + 75.1). Par ailleurs, il est
clair que, si E’ est un sous R—espace vectoriel de E, alors E’ IZI E’ est un
sous (C—espace vectoriel de E l2 E.
Ce (C—espace vectoriel EIXIE a une propriété universelle. On a observé
que l’injection canonique L1 : E »—> E >< E, associant le vecteur (u, O)
au vecteur u, est R—linéaire; pour tout C-espace vectoriel F et toute
application R-linéaire h : E —> F", il existe une et une seule application
(C—linéaire h : E Ë E —> F telle que h“ o L1 = h :

E>——"—1>E>ç EzIE

Fn F
Cette application est naturellement définie par h(u+i.v) = h(u)+z’.h(’u).
Autrement dit, l’application R-linéaire h admet toujours une unique
extension (C—linéaire h le long de L1.
La présentation diagrammatique, ci—dessus, de la propriété univer-
selle en question place à droite ce qui se situe au niveau (C-vectoriel, et
à gauche ce qui se situe seulement au niveau R—vectoriel.

Exercice 7.3.7.3. Soient H un espace vectoriel réel et (f, g) une paire


d’applications R-linéaires E :î H. Quelle est l’application (C-linéaire
45 : E IXI E ——> H IXI H déterminée par l’application R—linéaire çb = (f, g) :

(f,g):E—>H><H=(HlZlH)u

Montrer que toute application (C-linéaire 1,0 : E XI E —> H IXI H est du


type précédent.
Exercice 7.3.7.4. Conjugaison dans E x E
Soient E un espace vectoriel réel et u +211) un vecteur de E IZI E. On
appelle u — z'xu le conjugué du vecteur u +721) et on le note u + 211). Un
166 CHAPITRE 7. APPENDICE

vecteur u + 217) de E |Zl E est dit réel s’il est égal à son conjugué, c’est-
à—dire si sa “partie imaginaire” v est nulle. Soit T une partie de E X E;
on note T l’ensemble de ses conjugués dans le (C-espace vectoriel E IXI E.
1) Montrer que si T est un sous C—espace vectoriel de E XI E, il en est
de même de T, qu’on appelle alors le sous-espace vectoriel conjugué de
T. Montrer que le conjugué de T est égal à. T et que : T fl T’ = T fl Î.
2) On dit que le sous (C-espace vectoriel T est réel si T = T. Montrer
que si T est un sous (C-espace vectoriel, alors le sous (C—espace vectoriel
T fl T est réel.
Exercice 7.3.7.5. Droites vectorielles du plan complexe E lZl E
On suppose que E est un plan réel et on se propose de caractériser les
droites (CI-vectorielles du plan complexe E Ë E.
1) Soit D une droite réelle de E. Montrer que D IXI D est une C—droite
du plan complexe E E E.
2) Montrer qu’une (C-droite T est réelle au sens de l’exercice précédent
si et seulement si elle admet un vecteur directeur réel.
3) Montrer qu’une (C-droite T est réelle si et seulement si elle est de la
forme D IZI D. On dira encore quelle est de type I.
On se propose à. présent de caractériser les (C—droites T de E IZI E qui
ne sont pas réelles; on dira encore qu’elles sont de type II.
4) Soit h : E —+ E une anti—involution du R—espace vectoriel E, voir
Exercice 7.3.6.6. Montrer que l’ensemble Th = {w + z'.h(w)/ w E E} est
un sous (C—espace vectoriel de E l2 E.
5) Soit (u, v) un couple quelconque de vecteurs du plan réel E. Montrer
que les vecteurs u + z'.h(u) et ’u + z'.h(v) sont nécessairement colinéaires
dans le (C-espace vectoriel E E. En déduire que dimCTh = 1 et que
Th est une (C-droite vectorielle de E l2 E.
6) Soit u +7241 un vecteur directeur d’une C-droite vectorielle A, tel que
les vecteurs u et v sont linéairement indépendants dans le R—espace vec—
toriel E. On note h : E —> E l’unique anti-involution telle que h(u) = v.
Montrer qu’on a : A = Th.
7) En déduire qu’il y a une bijection entre l’ensemble des droites vecto—
rielles de type II (= non-réelles) du plan vectoriel complexe E IXI E et
l’ensemble des anti—involutions du plan vectoriel réel E.
Index

affinité, 98 dimension
alignement, 33, 45 —d’un espace affine, 34
anti—involution -d’un espace vectoriel, 159
-affine, 67 direction
-vectorielle, 161 -application affine, 34
application -affine, 34 -espace affine, 33
-identité, 16, 128 —espace de Mal’cev, 13
—linéaire, 147 -morphisme de Mal’cev, 16
-produit, 130 distingué (sous-groupe), 138
automorphisme affine, 82
endomorphisme affine, 79
barycentre, 39 equation homogène
base -d’un espace affine, 104 d’un hyperplan affine, 110
-d’un espace vectoriel, 158 espace -affine, 33
—de Mal’cev, 10
caractéristique d’un corps, 146 -vectoriel, 147
centre de gravité, 90
Ceva, 107
fixe (point), 79
fonction de Leibniz, 38
complexifié
-d’un R—espace vectoriel, 162 gradient d’une application affine, 79
-d’un R-espace affine, 78 groupe, 9, 137
convexe, 121 -(action de), 14, 145
-enveloppe, 123 -abélien, 138
-somme de Minkowski, 124 -affine, 82
coordonnées -des dilatations, 93
-barycentriques, 105 -linéaire, 160
-homogènes, 105
Helly, 123
demi-espace, 121 homomorphisme de groupes, 138
Desargues, 88 homothétie -affine, 86
dilatation, 84 —vectorielle, 160

167
168 INDEX

hyperplan quotient -d’ensemble, 133


-affine, 46, 114 -d’espace affine, 54
-vectoriel, 46 -d’espace de Mal’cev, 26
-d’espace vectoriel, 153
idempotent aflîne, 81 —de groupe, 141
image -directe d’une partie, 128
-réciproque d’une partie, 128 rang (théorème du), 80
involution affine, 81 relation
isobarycentre, 40 -(image directe d’une), 132
-(image réciproque d’une), 131
loi -de Mal’cev, 9 —d’égalité, 131
—de Mal’cev autonome, 10 -d’équivalence, 132
-de groupe, 138 —de Chasles, 11
matrice —grossière, 131
-d’une application affine, 110 -nucléaire, 131
-d’une application linéaire, 158 -réflexive, 132
Menelaüs, 94 repère, voir base
morphisme de Mal’cev, 15 segment, 122
noyau somme directe, 49, 152
-d’un homomorphisme, 139 sous—espaces
— de Mal’cev, 19
—d’une application linéaire, 148
-affines, 46
Pappus, 87 —parallèles, 22, 48
parallélogramme, 9, 40 —supplémentaires, 48
postulat d’Euclide -vectoriels, 148
—application affine, 61 systèmes massiques, 36
-morphisme de Mal’cev, 16 -(espace vectoriel des), 37
—sous—espace affine, 48 -(poids des), 38
-sous-espace de Mal’cev, 22 -autarciques, 39
produit -d’ensembles, 129
-d’espaces affines, 51 Thalès, 58
-d’espaces de Mal’cev, 23 translation, 83
—d’espaces vectoriels, 148 transvection, 99
—de groupes, 139 trapèze, 90
projection -affine, 62
variété linéaire affine, 46
—vectorielle, 152
Wittenbauer, voir centre de gravité
quadrilatère complet, 96
TraiTé de géoméTrie affine

PrésenTer TouTe la géoméTrie affine eT rien que la géoméTrie affine a parTir


de la figure fondaTrice de la géoméTrie, a savoir celle du parallélogramme,
iui resTiTuer sa place au cœur de ce en quoi consisTe réellemenT « faire de
la géoméTrie », c’esT-a—dire de la maiTrise de la reIaTion affine/vecTorieI,
eT enfin donner a ceTTe discipline la digniTé d’une Théorie a parT enTière
qui nécessiTe une analyse raffinée de sa reIaTion avec l’algèbre linéaire,
voila d’abord i’ambiTion de ceT ouvrage.

Le choix des ingrédienTs :


— un peu de Théorie qui siTue la géoméTrie au cenTre d’un réseau
d’imporTanTes connexions de naTure algébrique ,'
— des exemples diversifiés eT sTimuIanTs faisanT varier le corps des
scalaires;
— des exercices soigneusemenT rédigés dans le sTe de l’ouvrage eT
archiTecTurés en sorTe de convaincre i’éTudianT des indiscuTabies
bénéfices du nécessaire invesTissemenT Théorique.

CeT ouvrage esT essenTielIemenT desTiné aux éTudianTs de licence, aux


élèves des classes préparaToires eT aux candidaTs aux concours de
I’enseignemenT.

Dominique Boum esT professeur a I ’universifé du Liffora/ (ULCO). Ses domaines


de recherche sonT la cohomologie eT la Théorie des caTégor/es.
Fotolia.com
-

Toronto

Sergey
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de

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