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PARTIE I
I - L’Etat
a) – L’idée d’Etat
b) – Critères différentiels : institutionnalisation et souveraineté
c) – Les divers types d’Etat : Etat unitaire, confédération,
fédération
a) – L’idée d’Etat
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b) – Critères différentiels
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par des coups d’Etat (seuls deux sont morts dans leur lit). Le mode d’accession au
pouvoir s’effectue par le meurtre, c’est le plus fort qui gagne. Ce système ultra-libéral a
duré mais avait des inconvénients. Il y avait des périodes de paix, mais limitées.
Lorsqu’un chef remportait un rival, il n’y avait plus de guerre. Seulement, dès lors que le
pouvoir est personnalisé, le problème est que le chef va mourir. Ce pouvoir n’est pas
transmissible et la mort du chef impliquait la guerre de succession. En France, c’est le
président du Sénat qui remplace le président s’il meurt. Mais dans notre cas, tous les
sous chefs voudront être chefs, et le règlement ne sera pas consensuel. Nous avons en
France des procédures des institutions permettant de ne pas avoir à recourir aux armes
pour régler l’accession au pouvoir, c’est l’institutionnalisation. Au Moyen-Âge, on craignait
la mort du Roi, car cette mort représente des moments dangereux, d’où l’instauration de
la succession héréditaire, afin de ne pas avoir de moments sans Roi. C’est là une amorce
d’institutionnalisation.
Il n’était pas possible d’imposer des limites de Droit au pouvoir. Comment limiter
un pouvoir par le Droit à celui qui l’a conquis ? Quelle règle de Droit lui imposer ? Ses
pouvoirs n’étaient pas sans limite, comme pour le Roi de France. Tout pouvoir a des
limites de fait et il risque la rébellion s’il ne respecte pas certaines limites. Une autre
limite sont les limites religieuses (peur de l’enfer par exemple), seul moyen pour
domestiquer « la bête humaine ». Une autre limite est l’autolimitation. Certains Rois
s’autolimitaient pour le Salut de leur âme… Pour limiter en Droit, il est nécessaire d’avoir
un juge. Aujourd’hui, ce sont les juges en Droit privé qui règlent les conflits entre
débiteurs et créditeurs, et ce sont les gendarmes qui appliquent ces règlements. En
revanche, le droit public s’oppose à l’autorité publique et personne ne l’a fait respecter.
Cette idée suppose que le Droit s’applique à ceux qui sont là pour le faire appliquer. Le
pouvoir politique ne doit plus être la propriété du chef politique mais comme un
représentant d’une valeur transcendante. Cette notion qui confie le pouvoir à un individu
s’appelle l’Etat, une institution fabriquée de toutes pièces, une idée mise au point qui
permet de dire que le chef est au service de l’Etat et non au service de lui-même (idée
pensée au XVIIème siècle). Bossuet (un évêque au XVIIème siècle) s’adresse au Prince
dans La Politique tirée des propres paroles de l’écriture sainte : « Ô Prince, vous mourez
mais votre Etat doit être immortel. » C’est la construction de la théorie intellectuelle de
l’Etat.
L’Etat est une institution. C’est un être juridique, une fiction, mais ayant des
effets concrets, comme le Droit. On va organiser ce système de manière à pouvoir le
limiter, avec le Droit public. C’est une personne morale. Nous, humains, sommes des
personnes physiques, des sujets de Droit. Une entreprise, une association, est une
personne morale considérée comme une unité. L’Etat, personne morale est unique, est
une entité. Elle a un intérêt propre (comme une entreprise qui veut subsister et gagner
de l’argent), a une volonté propre (et non la connexion des volontés des gens qui la
forment) d’où des procédures de représentations (1991).
Dans une assemblée, la volonté passe par le processus majoritaire, autrement dit
par un vote. La volonté de la personne morale est la volonté de la majorité (assemblées,
entreprises…). L’Etat possède des biens (terrains, immeubles, objets d’art). Il y a des
politiques publiques menées par l’Etat. Mais ce sont des gens qui la mettent en œuvre.
L’Etat peut agir en justice, poursuivre devant des tribunaux et être poursuivi. Dans ce
derniers cas, si l’Etat est condamné, ce sont les contribuables qui payent. On retrouve
toujours des personnes physiques au bout.
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le dernier mot ne signifie pas que l’on a raison. La Révolution est un fait qui détruit le
Droit. Ce dernier ne peut être contraint qu’avec son accord. Bodin distingue l’Etat et le
Roi mais pour lui le souverain est le Roi. La souveraineté subsiste à l’échelle
internationale : en Droit international, il n’y a pas d’actes unilatéraux, mais il y a des
traités, c’est-à-dire un contrat. Le contrat existe lorsqu’il y a un accord de volonté. La
souveraineté de l’Etat a un aspect interne, lorsqu’elle a le dernier mot, et un aspect
international, lorsque l’Etat ne peut nié juridiquement, contre sa volonté. Les Etats
conçoivent des limitations de souveraineté en acceptant par exemple le statut du TPI
(Tribunal Pénal International), mais cela est remis en cause par l’UE.
Art. 1. - La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle
assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de
religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
Art. 72. - Les collectivités territoriales de la République sont les communes, les
départements, les régions, les collectivités à statut particulier et les collectivités d'outre-
mer régies par l'article 74. Toute autre collectivité territoriale est créée par la loi, le cas
échéant en lieu et place d'une ou de plusieurs collectivités mentionnées au présent
alinéa.
Les collectivités territoriales ont vocation à prendre les décisions pour l'ensemble des
compétences qui peuvent le mieux être mises en oeuvre à leur échelon.
Dans les conditions prévues par la loi, ces collectivités s'administrent librement par des
conseils élus et disposent d'un pouvoir réglementaire pour l'exercice de leurs
compétences.
Dans les conditions prévues par la loi organique, et sauf lorsque sont en cause les
conditions essentielles d'exercice d'une liberté publique ou d'un droit
constitutionnellement garanti, les collectivités territoriales ou leurs groupements
peuvent, lorsque, selon le cas, la loi ou le règlement l'a prévu, déroger, à titre
expérimental et pour un objet et une durée limités, aux dispositions législatives ou
réglementaires qui régissent l'exercice de leurs compétences.
Aucune collectivité territoriale ne peut exercer une tutelle sur une autre. Cependant,
lorsque l'exercice d'une compétence nécessite le concours de plusieurs collectivités
territoriales, la loi peut autoriser l'une d'entre elles ou un de leurs groupements à
organiser les modalités de leur action commune.
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Art. 72-1. - La loi fixe les conditions dans lesquelles les électeurs de chaque collectivité
territoriale peuvent, par l'exercice du droit de pétition, demander l'inscription à l'ordre du
jour de l'assemblée délibérante de cette collectivité d'une question relevant de sa
compétence.
Dans les conditions prévues par la loi organique, les projets de délibération ou d'acte
relevant de la compétence d'une collectivité territoriale peuvent, à son initiative, être
soumis, par la voie du référendum, à la décision des électeurs de cette collectivité.
Lorsqu'il est envisagé de créer une collectivité territoriale dotée d'un statut particulier ou
de modifier son organisation, il peut être décidé par la loi de consulter les électeurs
inscrits dans les collectivités intéressées. La modification des limites des collectivités
territoriales peut également donner lieu à la consultation des électeurs dans les
conditions prévues par la loi.
Art. 72-2. - Les collectivités territoriales bénéficient de ressources dont elles peuvent
disposer librement dans les conditions fixées par la loi.
Elles peuvent recevoir tout ou partie du produit des impositions de toutes natures. La loi
peut les autoriser à en fixer l'assiette et le taux dans les limites qu'elle détermine.
Les recettes fiscales et les autres ressources propres des collectivités territoriales
représentent, pour chaque catégorie de collectivités, une part déterminante de
l'ensemble de leurs ressources. La loi organique fixe les conditions dans lesquelles cette
règle est mise en oeuvre.
La loi prévoit des dispositifs de péréquation destinés à favoriser l'égalité entre les
collectivités territoriales.
Art. 72-3. - La République reconnaît, au sein du peuple français, les populations d'outre-
mer, dans un idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité.
Art. 72-4. - Aucun changement, pour tout ou partie de l'une des collectivités
mentionnées au deuxième alinéa de l'article 72-3, de l'un vers l'autre des régimes prévus
par les articles 73 et 74, ne peut intervenir sans que le consentement des électeurs de la
collectivité ou de la partie de collectivité intéressée ait été préalablement recueilli dans
les conditions prévues à l'alinéa suivant. Ce changement de régime est décidé par une loi
organique.
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sessions ou sur proposition conjointe des deux assemblées, publiées au Journal officiel,
peut décider de consulter les électeurs d'une collectivité territoriale située outre-mer sur
une question relative à son organisation, à ses compétences ou à son régime législatif.
Lorsque la consultation porte sur un changement prévu à l'alinéa précédent et est
organisée sur proposition du Gouvernement, celui-ci fait, devant chaque assemblée, une
déclaration qui est suivie d'un débat. »
Malgré cet effort, la France demeure un Etat unitaire. On pourrait penser qu’en
décentralisant, on aurait pu penser à obtenir différents états fédérés, mais ce n’est pas le
cas. L’article 72 énumère les collectivités locales de la République. On peut regrouper ou
supprimer des collectivités par la loi. Puis, il est question du principe de subsidiarité.
Ensuite, le texte de l’ancien article est retrouvé, et on apprend l’existence d’un pouvoir
réglementaire des collectivités (qui n’était pas dans la constitution auparavant). Ces
pouvoirs sont dans le cadre de leurs compétences, alors que l’Etat a une capacité
générale. Ce pouvoir des collectivités territoriales est délimité par des règles de
compétence. Ces compétences s’exercent dans les conditions prévues par la loi. Les
collectivités territoriales sont créées par la loi. Dans leurs compétences, les collectivités
territoriales existent, sont organisées par le moyen de la loi, or c’est la loi d’Etat, ce qui
suppose qu’elles peuvent être supprimées. On peut modifier leurs compétences et les
supprimer en révisant la Constitution. De vrais pouvoirs sont reconnus aux collectivités
territoriales, mais ils n’existent que parce que l’Etat unitaire a accepté de conférer à
certains de ses membres certaines possibilités. On accroît la décentralisation, mais on ne
remet pas en cause son unité, car ces collectivités n’ont rien à revendiquer à l’Etat. Ces
concessions pourraient être juridiquement annulées. Dans un Etat fédéral, les Etats
fédérés ont accepté de se lier. Alors que dans l’Etat unitaire, c’est l’Etat qui accepte de se
décentraliser. La décentralisation n’a pas remis en cause le caractère unitaire de l’Etat
français, c’est seulement un autre mode d’organisation. L’Etat français reste unitaire, car
il n’y a qu’un ordre juridique.
La subsidiarité = principe de commodité = on donne le pouvoir à l’autorité la plus
efficace. Il n’y a pas d’obligation juridique. Aucune influence directe sur l’Etat sans un
juge n’est possible.
- La confédération d’Etat : C’est la réunion de plusieurs souverainetés en une
même entité. Il y a pluralité d’ordres juridiques, ou une alliance d’Etats souverains. Ils
vont conclure un traité fondant la confédération (un contrat). En décidant la création d’un
organe collectif auquel ils vont confier un certain nombre de leurs pouvoirs, ils vont
décider une politique étrangère commune mais tout le reste est séparé. L’ordre juridique
est séparé, et il n’y a pas de relation entre les citoyens. Les autres Etats ne traitent
qu’avec les autres Etats. L’extension des compétences ne peut se faire que par la
révision du traité, à l’unanimité. Ce système a existé mais est apparu comme un sas
transitoire entre une union « plus intime » (selon les Américains) ou un retour à des Etats
unitaires. Par exemple, les Etats-Unis et la Suisse. Pour ce qui est des Etats-Unis, ils ont
d’abord existé sous la forme d’une confédération. La Constitution de 1787 est fédérale,
mais il y eu des articles des confédérations du 15 novembre 1777. Les Etats
indépendants et unis ont vécu d’abord de 1777 à 1787 sous la forme d’un Etat
confédéral. Les colonies conservaient leur indépendance. Il y avait un organe : le Congrès
de la confédération, où les représentants représentaient les Etats indépendants. Le
parlement des Etats-Unis s’appelle encore le Congrès. Ce système ne marchait pas et les
représentants sont passés à une union plus étroite, en 1787 avec la Constitution des
Etats-Unis : l’Etat devient fédéral. En Suisse, qui a aussi existé sous forme de
confédération (Confédération Helvétique, d’ailleurs on retrouve le sigle CH sur les
automobiles) et est passée à une fédération avec la Constitution de 1874. La
confédération est là aussi devenue fédération.
- La fédération est une situation intermédiaire entre Etat unitaire et confédération.
Il y a pluralité d’Etats membres, qui demeurent des Etats, avec des compétences et des
caractères (souveraineté, institutionnalisation). Mais il y a aussi une souveraineté unique
et un ordre juridique fédéral. Dans les confédérations, il y a des souverainetés d’Etats
juxtaposées, la fédération, elle, introduit une souveraineté unique, supérieure à la
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II – La Constitution
Ce sont des notations utilisées très souvent, et ces mots ont une
signification technique. Une des difficultés du Droit, c’est qu’on utilise tantôt des termes
techniques, et tantôt des termes non techniques. Souple et rigide sont des termes non
techniques, mais avec le substantif Constitution, ils ont une signification technique,
différente. Une Constitution souple est une Constitution non écrite, coutumière, comme la
Constitution anglaise. Elle n’a pas été adoptée et datée de manière formelle. En France,
la Constitution est précisément datée (4 octobre 1958), on sait qui l’a écrite et au terme
de quel acte elle fut promulguée (mise en vigueur de manière solennelle). La Constitution
anglaise, elle, n’est pas datée. Elle est née de pratiques lentes, suite à un très long
processus historique (qui a débuté vers 1215) et n’est toujours pas achevée. Les choses
ont cependant changé, puisque la royauté a perdu du pouvoir et que des institutions ont
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repose sur un texte qui ne précise pas les conditions spéciales de révision. La méthode
de révision des lois constitutionnelles était la même en France que pour les autres lois,
sauf que cela se faisait à Versailles. Les lois constitutionnelles de la IIIème République
étaient donc écrites et souples. Dans la majorité des cas, les Constitutions écrites sont
rigides.
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une conception antérieure, dans les années 60-70. Jusqu’au début des années 1970, le
droit constitutionnel français n’était pas fondamentalement différent ce qu’il était au
XIXème siècle. Les textes étaient différents, mais le droit constitutionnel en tant que
discipline n’est pas pareil. Il y eu la création d’un chaire à 1832, sous le régime de Louis-
Philippe, et Pellegrino Rossi a été le premier professeur de Droit constitutionnel en
France. Dans les années 70, la discipline change :
- on étudie ce qui se passe (perspective descriptive),
- on étudie l’histoire constitutionnelle,
- on étudie des systèmes étrangers (américain et britannique).
Le Droit est absent (on n’examine pas des normes avec les conséquences qu’en
tire un juge). Il n’y a pas de juge constitutionnel. Il n’y a pas de juge de la
constitutionalité. Ceux qui font les lois peuvent faire ce qu’ils veulent (les
parlementaires), et violer impunément la Constitution. Pour que la Constitution soit
violée, il faut qu’un juge le constate. Jusqu’au début des années 1970, il n’y a pas de
contrôle de constitutionalité et elle n’a pas valeur normative. En faisant une nouvelle
Constitution, on n’a pas d’Institution (par exemple après une révolution). Le texte créé
des institutions (conseil économique et social, Assemblée Nationale, conseil
constitutionnel, président de la République…). Là, la Constitution est déjà normative, car
en décrivant des événements, elle les fait advenir. Ce premier sens normatif existait déjà
avant les années 1970 puisque banalement, cela était une Constitution.
Le nouveau Droit constitutionnel est pleinement normatif : il pose des règles
contrôlées par un juge, le conseil constitutionnel (qui rend des décisions, interprète et
créé des normes). Avec ce nouveau Droit constitutionnel, on entre dans le Droit
constitutionnel avec des normes crées et interprétées par un juge constitutionnel. La
Constitution ne peut plus être violée (en théorie). Dans la situation antérieure, il n’y avait
pas de juge, ni de jurisprudence. Le point de vue ancien était institutionnel.
Aujourd’hui, le Droit constitutionnel comporte une part de contentieux (car il y a
un juge) d’où résulte une jurisprudence. Le conseil constitutionnel est créé en 1958. Mais
il a fallu du temps pour que les acteurs se mettent en place et que le Conseil
constitutionnel s’enhardisse. Les conditions principales posées en 58 se mettent en place
dans le milieu des années 70. Il y a 3 stades :
- sens descriptif qu’est-ce qui se passe ?
- sens normatif faible (ancien Droit constitutionnel). On a une Constitution qui dit
ce qui doit être mais qui s’intéresse essentiellement à la création des Institutions. Il n’y a
pas de juge, pas de normes respectées, pas de contrôle du respect de ces normes.
- sens normatif fort. C’est le cas où il existe un juge, où les règles
constitutionnelles deviennent des normes au sens fort et où un juge peut en tirer des
conséquences.
Le Droit constitutionnel normatif arrive au niveau qu’un juge pourra dire qu’une loi
est contraire à la Constitution. Auparavant, on ne parlait pas de Constitution normative.
Elle existait dans des systèmes étrangers. Dans l’arrêt Marbury v. Madison (arrêt 5 U.S.
137) rendu le 24 février 1803, la cour suprême des Etats-Unis affirme qu’elle a le pouvoir
de contrôler la constitutionalité des lois.
En France, la chose n’existe pas jusque dans les années 1970. Le Droit
constitutionnel fonctionne comme un système normatif aujourd’hui.
III – La démocratie
● On prend souvent des sens différents. Le mot « démocratie » est utilisé dans un
sens vague, qui correspond aux Droits de l’Homme. On a tendance à penser que la
démocratie, c’est le respect des Droits de l’Homme. On peut aussi avoir une autre
définition de la démocratie : que le peuple gouverne. Ce peuple peut ne pas respecter les
Droits de l’Homme (et inversement, il peut y avoir des Droits de l’Homme mais pas de
démocratie). Il y a donc la démocratie en tant que respect des Droits de l’Home et
démocratie en tant que gouvernement du peuple. La société idéale recoupe les deux
aspects.
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● Ne pas confondre non plus République et démocratie. Cela peut aussi coïncider
et diverger. Une République peut être démocratique, tout comme une monarchie (GB par
exemple). Mais une oligarchie (= gouvernement de quelques uns) peut faire fonctionner
une République (comme la République romaine par exemple, où la IIIème République en
1870). « La République sera conservatrice ou ne sera pas » Adolphe Thiers.
a) L’idée de démocratie
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n’est pas une démocratie directe car c’est un comité qui prend l’initiative de formuler la
question.
Mais avec ces deux démocraties, on n’a encore rien dit sur les démocraties
contemporaines. En Allemagne, la démocratie directe est inconnue, en Angleterre il n’y a
eu qu’un référendum en 1975 sur l’adhésion à la CE. Celui sur la Constitution européenne
aurait dû avoir lieu, mais le « non » français les a fait changer d’avis. En Amérique, la
démocratie directe est connue au niveau fédéral. En France, la procédure semi-directe
est exceptionnelle. En 58, De Gaulle voulait en faire une habitude, mais ses désirs n’ont
pas été suivis. C’est en Suisse que l’on connaît la démocratie semi-directe de façon
fréquente.
● La démocratie représentative : le mot représentatif est ambigu. Il a deux
significations. A la fin du XVIIIème siècle, c’est l’invention des systèmes représentatifs.
On veut dire que dans ces systèmes, les gouvernants représentent les citoyens, mais ils
ne parlent qu’en leur nom. Rousseau est tout à fait contre ça. La mission du représentant
est de parler au nom des autres. Les citoyens ne peuvent faire directement les Lois et
doivent déléguer leurs pouvoirs. Les représentants « veulent » à la place des gens. A la
fin du XVIIIème, c’est quelqu’un qui veut, qui fait la Loi en lieu et place des citoyens. C’est
dans ce cas là que l’on parle de mandat représentatif.
Aujourd’hui, c’est différent. Dans les sondages, un échantillon représentatif n’est
pas un échantillon qui la Loi à la place des gens mais un nombre de gens pris dans une
collectivité. C’est un système pour éviter d’interroger 10 millions de personnes une par
une. Les sondeurs ont mis au point des techniques pour avoir un résultat à peu près
fiable avec le moins de personnes interrogées. Les instituts de sondages sont des
entreprises commerciales qui ne sont pas intéressées par les avis des gens. On fabrique
un modèle réduit, avec des paramètres significatifs : l’âge, le sexe et le statut
socioprofessionnel. Si dans une société donnée, il y a 5% d’agriculteurs, on en interrogera
5 dans l’échantillon. Aujourd’hui, on confond ces deux idées. Elles sont distinctes car on
peut être représentant au premier sens mais pas au deuxième. Dans un grand nombre de
cas, on reproche aux gouvernants de ne pas être représentatifs et on mélange ces deux
sens.
Représentatif c’est la représentation (parler au nom des autres).
Représentatif au sens de la représentativité (échantillon).
L’exemple de la parité, c’est l’exigence de représentativité. C’est le fait de dire
que parce qu’il y a 50% de femmes et 50% d’homme, il faut le même nombre
hommes/femmes parmi les représentants.
Cette notion de représentativité peut s’étendre à la communauté, où l’on réserve
à des minorités des places dans des systèmes électifs. Il arrive qu’il y ait confusion entre
représentation et représentativité (et cette deuxième notion tend à chasser la première).
Par exemple, nos hommes politiques ne sont pas représentatifs des Français, car ils
avaient appelé à voter OUI en majorité, et que les Français ont voté NON. On reproche
aux représentants de ne pas penser la même chose que la majorité des Français.
Objectivement, ils ne font pas ce que la majorité de la population voudrait qu’ils fassent
au nom de la représentation. Chez les citoyens, il y eu 55% de non, alors que chez les
représentants, il n’y eu entre 10 et 15% de oui… Cet écart statistique marque une
absence de représentativité.
Deux problèmes se posent dès lors qu’on admet l’idée de représentation :
- de savoir comment sont désignés les représentants.
- primordial au XVIIIème, quelle est la nature du lien juridique qui unit les
représentés aux représentants ?
Aujourd’hui, il n’y a aucun doute sur la manière de désigner les représentants car
c’est l’élection au suffrage universel masculin et féminin. Il n’en a pas toujours été ainsi.
En 1791, on déclare que le Roi est représentant, or il n’est pas élu ! Louis XVI a été
imposé par l’histoire, et si la monarchie constitutionnelle avait durée, son fils aurait régné
après lui. Il n’est pas étonnant de dire que Louis XVI représentait le peuple alors qu’il n’a
pas été élu. Il n’y a pas de lien entre représentants et élections.
Dans le système de 1791, les juges sont élus et ne sont pas représentants comme
les maires par exemple. Le représentant, c’est celui qui fait la loi pour les autres citoyens.
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une personne nulle : « le juge est la bouche de la Loi ». Les Codes ne parlent pas tout
seuls. Le juge n’a aucune initiative propre et se contente d’appliquer la Loi. Le juge n’a
pas de capacité d’action propre et ne doit pas en avoir. Dans la conception de
Montesquieu, ce système avec prééminence du législatif doit suffire à faire régner la
liberté dans la société. Une idée n’est cependant pas évoquée, l’idée de justice
constitutionnelle.
● Problème selon la vision d’aujourd’hui.
La règle juridique est générale et abstraite. Elle doit être la même pour tous selon
la philosophie des Lumières. Le premier acte de la Révolution sera d’abolir les privilèges
et de poser le principe d’égalité devant la Loi. Mais si elle est la même pour tous, le
législateur est lui-même soumis à la Loi. Si on fait une Loi qui s’applique nécessairement
à soi-même, on ne va jamais faire une Loi mauvaise. Avec un pouvoir législatif
prééminent, cela suffit à garantir la liberté. La Loi est générale et son existence suffit à
évider l’arbitraire. Cette vision des choses a explosé avec la Révolution française. La
seconde Révolution, qui abolit la Constitution invente le concept de terreur, qui se
développe sans que l’existence d’une Loi générale puisse l’empêcher. Finalement, une
confiance trop grande fut accordée au régime construit.
Le premier exemple est la Constitution des Etats-Unis directement issue de la
théorie de Montesquieu. Les rédacteurs de la Constitution veulent mettre en place la
Liberté. Ce système ne peut être monarchique (surtout avec la rupture en Angleterre). La
contrainte qui s’exerce sur les Américains est inverse à la situation en France (obligés de
faire avec un Roi), car ils sont obligés de faire sans Roi. Les Américains créent un système
nouveau, sans précédent, sans Roi. A partir de cette contrainte, la deuxième Constitution
est rédigée (auparavant c’était une confédération) dont la principale philosophie est la
distinction des branches mettant en œuvre directement la théorie de Montesquieu.
On décrit le système américain d’une façon qui n’est pas satisfaisante en France.
Dans les 25 dernières années, l’idée était que ce système américaine était moins un
système de séparation des pouvoirs qu’un système d’équilibre ? L’idée de séparation
est-elle un clivage absolu ou des pièces d’un moteur travaillant ensemble ? Est-ce une
coupure ou une mise en réseau ? Ils sont présumés être les rouages d’un même système.
Ce qui prévaut dans la Constitution américaine est l’idée d’équilibre des pouvoirs à l’idée
de séparation des pouvoirs. On dit que la Constitution américaine est une conception
rigide de la séparation des pouvoirs mais c’est trompeur. C’est dit pour opposer au
régime parlementaire. Aux Etats-Unis, le parlement (Congrès) ne peut pas renverser
l’exécutif et l’exécutif ne peut dissoudre le parlement. C’est la séparation rigide. Au-delà,
l’idée est trompeuse car il n’y a pas de cloisonnement mais une interprétation, un
équilibre permettant à chacun d’aller du côté de l’autre. Chacun des pouvoirs a besoin
des pouvoirs de l’autre.
Le président a un droit de veto : il peut bloquer la mise en œuvre d’une loi du
Congrès. Il n’y a pas de mur entre exécutif et législatif. L’inverse marche aussi : le
pouvoir législatif pénètre dans l’exécutif par l’intermédiaire du vote du budget. L’exécutif
ne fonctionne que grâce aux deniers publics, aux crédits, alloués par le législatif.
Les deux peuvent intervenir sur le territoire de l’autre. Le Sénat des Etats-Unis
refusa de ratifier le Traité de Versailles. Il y a pénétration réciproque et cet équilibre est
mouvant car selon les conjonctures, pouvoirs du Congrès et pouvoirs présidentiels
fluctuent (il y avait un pouvoir présidentiel fort avec Nixon). Il importe de voir que le
système a été interprété comme une collaboration entre les pouvoirs.
En Europe, au contraire, cette interprétation fut différente. En 1791 (1 ère
Constitution), la théorie de Montesquieu est interprétée différemment. Il y a une
séparation nette entre les pouvoirs. Chacun est spécialisé. C’est à l’origine d’une tradition
où l’on se méfit de l’exécutif. On pense qu’il est liberticide et il y a une tendance de
défiance à son égard. Avec la première Constitution, il y a une séparation rigide.
Ce système de 1791 disparaît très vite et on met en place un autre système,
parlementaire. C’est l’Angleterre qui invente le régime parlementaire. Il faut rappeler
qu’il est le fruit d’une très longue évolution par strates successives. On réduit le pouvoir
du monarque par le pouvoir du parlement. Il y a tout de même deux révolutions, la
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première fois, le Roi est décapité, la deuxième fois, il est chassé en France. Ils arrivent
finalement dans un système où le pouvoir du Roi est renié par le Parlement.
Il y a la mise en place progressive d’un parlementarisme dualiste avec un premier
ministre qui va exercer le pouvoir exécutif grâce à la double confiance du monarque (le
titulaire de l’exécutif) et du parlement (législatif). C’est un pouvoir dualiste.
Il y a aussi une évolution vers la responsabilité politique. Quand quelque chose ne
plaisait pas, on faisait un procès suivi souvent par une décapitation du ministre. C’est la
responsabilité pénale. S’en suit l’idée de responsabilité politique que les Anglais
inventent : le ministre en question n’est plus décapité mais renversé. Le titulaire du
gouvernement va être renvoyé par le parlement, sans être accusé car il ne fait pas la
politique souhaitée par le gouvernement. C’est ça la responsabilité politique.
Aujourd’hui, on ne sait plus très bien ce que c’est, et elle tend à disparaître. Au
XVIII, le parlementarisme moniste fait son apparition, c’est l’effacement du pouvoir
monarchique. Le parlement est le seul maître du pouvoir, du système et agit sans le
contrôle du gouvernement. C’est le législatif qui gouverne à travers l’exécutif.
● Séparation des pouvoirs ou pouvoir unique ?
On invente la séparation souple des pouvoirs. Le système parlementaire est une
séparation souple des pouvoirs. C’est une rustine pour ne pas perdre l’idée de séparation
des pouvoirs. Ce système existe avec la possibilité pour le parlement seul de renverser le
gouvernement. Ce système va fonctionner avec une alternance politique (en deux partis
en Grande-Bretagne) et comme le gouvernement change (avec les changements des
majorités) tantôt libéral, tantôt conservateur, c’est le premier ministre qui détermine la
couleur du gouvernant.
Au départ, l’exécutif était soumis au législatif et à la fin, c’est l’inverse. Le vrai
chef est le premier ministre qui impose sa volonté à la majorité parlementaire.
On a donc, chronologiquement :
le pouvoir du Roi, puis
le pouvoir parlementaire,
le pouvoir dualiste,
le pouvoir moniste,
le pouvoir de l’exécutif.
En France, c’est la IIIème République qui créée un régime parlementaire (différent
du régime britannique). On voulait un système dualiste en 1875, en vain, et dès 1877 on
a un parlementarisme moniste avec prééminence du législatif, un système qui durera
jusqu’en 1958 (moment où se pose le problème de la faiblesse de l’exécutif auquel la
Constitution de 1958 donnera une solution provisoire).
La séparation des pouvoirs est essentielle depuis le XVIIIème siècle car c’est
une valeur garantissant la liberté, valeur marginalisée avec le développement du contrôle
de la constitutionalité, mais ayant touché des régimes différents (GB, France), et aussi
différents qu’ils soient, ils se réclament du concept de séparation des pouvoirs.
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PARTIE II
Remarques générales
En l’an 1000, Hugues Capet prend le pouvoir et cela ne changera pas jusqu’en
1789. L’impression de continuité est cependant trompeuse, car les gouvernements de
Louis XV et de Louis XVI n’ont plus rien à voir avec les précédents. Après 1789 il y a une
instabilité constante, résumée au milieu du XIXème siècle par Prévost-Paradol, dans La
France moderne en ce mots : « La Révolution a créé une société, elle cherche encore ses
institutions ». Le Code civil a encore été célébré pour son bicentenaire. Il y a une idée
d’égalité devant la loi que personne ne remet en cause. Les institutions changent tout le
temps. La société est stable mais les institutions changent. On a un total de 21
Constitutions en un peu plus de deux siècles ! On rencontre des problèmes de comptage,
par exemple la Constitution de l’An I, dite montagnarde, fut adoptée mais jamais mise en
vigueur. L’acte additionnel aux Constitutions de l’Empire que Bonaparte fait adopter
pendant les cent jours est adopté mais disparaît après la défaite de Waterloo. Il y eu des
régimes intérimaires (la Convention). De Juin 58 à Février 59, c’est une période transitoire
où les institutions de la IVème République fonctionnent mais où celles de la Vème
République ne fonctionnent pas encore. Elle n’entre en vigueur que le 5 février 59. On
peut ajouter les projets de Constitution. Finalement, dans la mesure où les régimes sont
nombreux, ils durent peu.
La France a été un laboratoire constitutionnel. Certaines révolutions furent
violentes. L’ancienneté est une vertu, par exemple aux Etats-Unis, la Constitution est
considérée comme un chef d’œuvre de l’intellect humain. En France, on ne peut la
vénérer car elle dure depuis peu. La IIIème République s’effondre car les armées
allemandes ont des divisions blindées qui vont rompre le front français. C’est aussi la
faute aux dirigeants de ne pas avoir doté l’armée de blindés… La France souffre au
XIXème siècle d’un doute sur la légitimité des gouvernements. Il y a un conflit entre la
légitimité républicaine, la légitimité monarchique et la légitimité impériale (des
Bonaparte), qui se veut héréditaire et démocratique (même plus démocratique que la
IIIème République). Le moteur de l’instabilité constitutionnelle est l’insatisfaction. En cas
d’insatisfaction, on a l’idée que quelqu’un d’autre pourrait gouverner mieux. La fin du
XIXème siècle vient du manque de crédibilité des trois compétiteurs. Il y eu trois cycles :
- La première phase fut inaugurée en 89 avec une phase de domination de
l’assemblée nationale, puis une stricte séparation des pouvoirs (le directoire) puis la
domination de l’exécutif (empire de Bonaparte).
- Suit un cycle où l’on rejoue la même pièce : la monarchie, la république, puis le
Second Empire. A la chute de l’Empire, les choses changent car dans les années 70 du
XIXème siècle, on était près d’une restauration monarchique qui a échoué. On met en
place la IIIème République, conservatrice. Empire et monarchie disparaissent. A partir de
là, il n’y a plus d’alternative, la solution est la République.
- Il ne peut y avoir d’alternative que le régime républicain, avec une République
avec prépondérance de l’assemblée nationale puis une république avec prépondérance
de l’exécutif.
On n’imaginait plus l’idée de changement de République car la situation
ressemblait à une évolution à l’américaine. Le gouvernement lui a changé (depuis G.
Washington jusqu’à Bush II). Cette évolution ne s’est accomplie que par des
changements marginaux, avec des changements de Constitutions (difficiles à obtenir). En
est-il encore ainsi ? Selon certaines, il faut une VIème République.
En quel sens on pouvait dire que l'ancien régime avait une Constitution ?
La Constitution était matérielle, coutumière. Les lois fondamentales du royaume
on les invoquait comme une Constitution coutumière de la France. Elles n'étaient pas
écrites. Du coup, il y avait un certain nombre d'incertitudes. Elle portait sur deux points :
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Principe de la loi salique. C'est-à-dire que les femmes n'avaient le droit de monter sur le
trône. Cette loi est née à la suite de la mort de Louis X. Son frère régna, ensuite un autre
frère puis un cousin. Donc, si le roi n'a plus de frère c'est au cousin de prendre le trône.
Une femme ne peut transmettre la couronne. Le roi est saisi par la couronne, autrement
dit, l’héritier du trône ne pouvait la refuser et abdiquer. La monarchie anglaise, elle,
connaît le principe d'abdication. C'est une vraie question car Louis XVI ne voulait pas
régner !
En 1715, Louis XIV meurt (il a régné plus longtemps que la troisième République!).
Durant ce long règne, il a vu mourir son fils et son petit fils et donc laisse à sa mort un
enfant en bas âge: Louis XV. Mais va-t-il vivre sans père, ni grand père ? Louis XIV va
dans son testament écrire que la couronne est décernée à ses bâtards. Au moment où il
meurt, le parlement de Paris va directement se réunir et là, il va déchirer le testament et
va donner la couronne à son neveu : Philippe d'Orléans.
Chapitre 2 : La Révolution
C'est un fait juridique et une période de l'Histoire. Elle va de 1789 jusqu'à la proclamation
du premier empire.
L'ancien régime est difficile. Le roi avait mal à gouverner. La situation financière était
catastrophique. L'État emprunte de plus en plus d'argent aux particuliers. Il n'arrive plus
à payer la dette. On parle de banqueroute. Pour sortir de cette situation il faut réformer
les finances de l'État et donc on fait des r réformes fiscales : les riches doivent payer des
impôts. Mais, pour cela il faut réunir les États généraux (qui n'avaient pas été réunis
depuis plus de deux siècles). On va demander aux citoyens d'écrire des cahiers de
doléances.
Rappelons que nous sommes dans une société d'ordres. Il y en a 3
-le clergé
-la noblesse
-le tiers-état
Et chaque ordre a ses propres lois.Le Tiers-état est composé de riches mais
également de très pauvres. Ces différents ordres vont rédiger séparément des cahiers de
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doléances. Les États vont se réunir ordre par ordre (délégués de noblesse, du clergé,
tiers-état). Le contenu est très divers: beaucoup parlent de Constitution, mais cela est
ambigu, on parle de beaucoup d'abus aussi. Mais personne ne réclame l'abolition de la
monarchie.
Suite à cela, les États généraux vont se proclamer assemblée constituante.
Le Roi acceptait pour des raisons financières de convoquer les Etats Généraux. Ils
vont arriver porteurs des cahiers de doléances (ordre par ordre) et dans lesquels la
population exprime ses doléances (son mécontentement) et demande des améliorations.
Les Etats Généraux de la monarchie ne sont pas là pour abolir la monarchie mais pour
améliorer la situation. Quel est le mandat que les mandants ont donné ? Ce n’est pas une
demande de Révolution. Doivent-ils suivre les cahiers de doléance ?
La représentation des ordres est telle que les élus aux Etats Généraux sont élus
ordre par ordre. Il y a deux exceptions illustres, car il y a deux représentants des ordres
privilégiés. Mirabeau (noble) et Sieyès (clergé). Le tiers état a lui seul représente 97% de
la population et estime que l’assemblée n’est pas représentative. L’abbé Sieyès dans
Qu’est-ce que le Tiers Etat ? dit que c’est un « tout » au niveau de la population et
« rien » au niveau de la représentation et qui demande à être quelque chose. C’est le
début du renversement de la société des ordres. Le clergé et la noblesse étaient peu
nombreux, mais c’étaient leurs droits (des droits acquis dirait-on aujourd’hui). Cette
question conduit au doublement du tiers. Les membres du Tiers Etat seront deux fois
plus nombreux qu’au départ. La majorité hostile aux ordres privilégiés était déjà acquise
car au sein du clergé, les dominants étaient le bas clergé, les dominants étaient le bas
clergé (curés de campagne). Il y avait une majorité contre les ordres privilégiés. Se
décide à l’assemblée qu’elle va faire une Constitution et se déclare Assemblée
constituante. C’est cela la Révolution.
Les membres de l’Assemblée ne se disent plus être les représentants de la
monarchie mais ceux de la nation. L’objectif est de tout rebâtir, à travers une nouvelle
Constitution.
Le 17 juin 1789, lorsque les Etats Généraux deviennent Assemblée Constituante,
la Révolution est faite au sens juridique, et le gouvernement (celui de l’assemblée
constitution) a changé. Louis XVI réagit mollement. Le 20 juin 1789, le serment du jeu de
Paume a lieu. Les députés (sauf un), les représentants des trois ordres, jurent et
déclarent fixer la Constitution du royaume et de ne pas se séparer « avant que la
Constitution soit établie et affermie sur des fondements solides ». C’est une réponse aux
velléités de résistance de la monarchie.
Bailly, président de l’Assemblée a dit aux représentants du Roi : « il me semble
que la nation assemblée ne peut recevoir d’ordres ». Or l’assemblée n’est pas la nation.
Dans la nuit du 4 août 1789, l’assemblée va voter l’abolition des privilèges, c’est-
à-dire l’égalité devant la loi, c’est-à-dire la disparition des nobles. A partir de là, les ordres
n’existent plus. Puis, suit une rédaction du 26 août 1789 (en 22 jours) : on rédige la
DDHC, composée de 17 articles conçus comme une préface de la Constitution.
Dans la Constitution, on change tout. La DDHC est une clef de lecture du texte
constitutionnel. Après le 26 août, on se met à la rédaction de la Constitution proprement
dite. Le travail va être long et compliqué. C’est seulement en septembre 1791 – deux ans
après – que la Constitution va être définitivement terminée. Cette longueur s’explique par
la complexité de la tâche et car naturellement les événements vont se précipiter. Une
autre difficulté est qu’on ne veut pas abolir la monarchie. Pour beaucoup, ils sont même
inquiets à l’idée que Louis XVI abdique. Tout en adoptant les articles de la Constitution,
l’assemblée gouverne. Elle met en œuvre de façon provisoire les décisions qu’elle prend.
A la fin du processus, à l’été 1791, il y a une relecture de la Constitution pour vérifier les
écrits. C’est une révision avant l’adoption finale. Il est frappant de voir que dans ce
processus, on va renforcer les pouvoirs du Roi. ON revient en arrière, par peut d’un vide
du pouvoir. Le processus d’adoption est entièrement accompli par l’Assemblée nationale.
Les élus étaient là comme élus des Etats Généraux, mais personne ne leur a donné
mandat de faire une Constitution. Cela pose le problème qu’ils parlent a nom de la nation
et du peuple sans que ces derniers leur ont donné des pouvoirs. Ils ont conscience de
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cette difficulté. Sieyès dit qu’il n’a pas reçu de pouvoir de faire une Constitution mais
qu’ils ne doivent pas l’adopter eux-mêmes mais laisser sa ratification à une seconde
assemblée.
Les députés refusent un référendum. Cette idée est écartée pour des raisons de
temps : il y a un sentiment d’urgence. Paradoxalement, les représentants pensent
affaiblir leur œuvre en la soumettant aux citoyens.
Ils vont adopter eux-mêmes la Constitution. Elle est déclarée achevée le 3
septembre 1791. On va proposer au Roi, à son acceptation, la Constitution, le 13
septembre 1791. On parle de l’acceptation du Roi.
La Constitution existe sans le Roi. Il ne peut empêcher l’adoption de la
Constitution (il n’est pas co-constituant). La Constitution est faite sans lui. Cela voudrait
dire qu’elle est un contrat. La Constitution de 1830 est un contrat. La Constitution est
achevée le 3 septembre. Le Roi peut l’accepter ou refuser. Cela ne veut pas dire qu’elle
n’existe pas. Louis XVI va accepter et le 14, il prête serment à la Constitution. Le Roi
aurait abdiqué et le dauphin, son second fils Louis XVII, serait devenu Roi. La Constitution
va fonctionner très peu de temps.
L’assemblée constituante va se séparer. Elle décide que ses membres ne sont pas
rééligibles. Le système aura ses deux têtes : l’exécutif et le législatif. Vont accéder au
pouvoir des gens nouveaux, alors que les ecclésiastiques disparaissent. Les membres de
la Constituante ne veulent pas le référendum, mais si ceux qui l’ont rédigé se présentent,
on verra combien sont élus ou non. C’est une façon de voir qui approuve la Constitution
et qui ne l’approuve pas.
Dès septembre 1792, la Constitution adoptée en 91 cesse d’exister.
1) Les principes
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vivants dans le cadre de l’Etat. Les femmes, étrangers, n’en font pas parte. Ce sont tous
les citoyens mâles. Alors que la nation, elle, désigne la collectivité française dans
l’Histoire où figurent les morts et les enfants à naître. C’est ce qui uni la totalité des
Français. C’est une collectivité idéale avec des intérêts propres. Les enfants à naître ont
par exemple le droit d’hériter d’une France propre. La nation est la collectivité idéale.
Les principes de 1791 et les institutions vont être repris ultérieurement, sauf la
monarchie. La souveraineté nationale repose sur l’idée que le souverain (prenant la place
du Roi) est la nation et non le peuple. Si c’était le peuple, on aurait une démocratie, ce
que les constituants de 1791 ne cherchent pas. On veut un système représentatif. Selon
Sieyès, la démocratie serait le partage des richesses, la violence, et donc on veut le
système représentatif impliquant la Nation. Les deux sont intimement liés. La Nation
n’étant pas la même chose que le peuple (= tous les citoyens français, réunissables, alors
qu’on ne peut réunir la Nation, idée abstraite, transhistorique car unissant les morts,
vivants, et les Français à naître). Aujourd’hui, on associe la souveraineté nationale à
l’indépendance nationale. La Nation est une collectivité, réunion très large d’individus. En
plus de sa dimension abstraite, elle a trois caractères : elle est organisée, indivisible et
souveraine.
- Une collectivité politiquement organisée et unifiée. En 1791, c’est une
grande nouveauté, car la France de l’Ancien Régime n’est pas unifiée. C’est un grand
désordre, juxtapositions de territoires rattachés à un noyau central dans un processus
long et parfois violent. Ce sont des territoires différents car il subsiste des coutumes
locales, les langues locales (patois) qui participent aussi à cette mosaïque de territoires.
La nation unifiée n’existait pas. Le seul élément d’unité était d’avoir le même Roi.
Aucune disposition ne garantit la liberté de langue. L’administration était
faite en Français, mais le reste n’avait aucune importance pratique. Comme personne ne
fut persécuté pour des raisons linguistiques, cela ne fut pas mis dans les droits naturels
de la DDHC, et ne posait pas de problème. Dire que la France est une Nation unifiée est
nouveau. Cette France n’est plus divisée en ordre, mais des individus tous soumis à la
même autorité. C’est l’égalité civile. Une organisation civile homogène est mise en place,
les départements, qui quadrillent le territoire et c’est la même organisation partout.
Aujourd’hui, faire des lois pour la Corse pose problème car les mêmes lois s’appliquent
partout au nom de l’égalité.
En 1789, on créé une Nation unifiée, mais aujourd’hui, l’unification tend à
l’uniformisation, nettement moins bonne. On a une société homogène, et un territoire en
départements.
- Une collectivité indivisible. Chaque individu concret, en 1789 c’étaient les
hommes, n’a pas un partie de la Nation et ne possède pas une partie de la souveraineté
nationale. Chacun des citoyens français aurait a lui un soixante millionième de la
souveraineté et les Révolutionnaires n’en veulent pas. Chaque citoyen est dépositaire
d’une parcelle de souveraineté et c’est pour cela qu’elle est indivisible. Le peuple lui, en
revanche, est divisible. La Nation est une personne morale. Parce que la Nation est
indivisible ou une personne morale, elle ne peut s’exprimer que par la représentation. Le
peuple, lui, peut voter et se manifester directement. La Nation, elle, en tant que personne
moral, ne peut pas voter, de même d’une société commerciale ne peut être que
représentée. C’est parce qu’on a peur de l’expression directe des citoyens qu’on met en
place un système où les élites seules gouvernent. C’est le despotisme des élites qui
gouverne pour le bien du peuple. Ils inventent ce système qu’est la souveraineté
nationale.
- Une collectivité souveraine. Elle hérite de la souveraineté monarchique (le
Roi = le souverain). Un Roi subsiste et est le représentant de la Nation, c’est un
fonctionnaire, un agent public.
- Le système représentatif est présenté comme une conséquence de la
souveraineté nationale (qui ne se manifeste pas de façon directe). Pour permettre le
monopole de l’action politique aux représentants, on a inventé la Nation. Ils se définissent
comme « habilités à faire pour un autre » (et ne sont pas représentatif de…). On ne leur
demande pas d’être représentatifs, mais on leur confie le soin d’agir pour autrui. Ce sont
des gens qui sont nommés pour parler, agir au nom de la Nation. Ce sont ceux que la
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Constitution désigne pour représenter la Nation. Ce ne sont pas des élus (ils peuvent
l’être mais ce n’est pas obligatoire). Nombre d’élus ne sont pas représentants. En 1791,
les juges sont élus, mais ne sont pas représentants. De même, les administrateurs des
districts, appelés plus tard les cantons. Aujourd’hui, les conseillers municipaux sont aussi
élus. La Constitution ne confère pas la qualité de représentants aux administrateurs
locaux. Le Roi est lui, un représentant (par la Constitution de 1791) mais n’est pas élu. Il
intervient dans le processus législatif par le Droit de veto et est donc un représentant. En
1788, l’élection est un mode de désignation contingent et il n’y a pas de liaison
nécessaire entre élection et représentation.
- La séparation des pouvoirs. Les révolutionnaires distinguent des fonctions
attribuées à des organes. Il y a la fonction législative, la fonction exécutive, la fonction
judiciaire. On peut les distinguer par l’analyse et les confier au même organe. En principe,
le Roi était sous l’Ancien Régime juge et législateur. Il n’y a pas de distinction organique
ici mais une distinction fonctionnelle. On va séparer les fonctions à des organes distincts :
- La fonction législative est confiée à l’Assemblée Nationale, qui exerce le
pouvoir législatif par des représentants.
- La fonction exécutive est confiée au Roi. Il est représentant à travers son
intervention négative qu’est le droit de veto.
- Le fonction judiciaire est confiée à des juges élus pour un temps donné.
C’est une séparation stricte, fonctionnelle et organique, n’ayant qu’une limite : le
veto royal. C’est ce rouage qui fait exploser l’ensemble du système.
2) Les institutions
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était à plusieurs degrés. On pose en règle qu’en étant électeur, on est éligible. La
Convention est donc élue le 26 août 1792 (l’émeute a eu lieu le 10). Il y a un
abstentionnisme massif (près de 90%), tout le contraire des élections de 89 où les votes
furent massifs. Les gens contre les événements passés, attachés à la monarchie, ont peut
et s’abstiennent. La Convention est élue et composée de 750 membres, avec 20 élus
jacobins (extrême gauche, ce qui est anachronique), 160 girondins (de droite, mais c’est
de nouveau anachronique). Ce sont tous des révolutionnaires. A « gauche », on parle des
jacobins ou montagnards, car dans l’hémicycle, les sièges arrières sont surélevés et ils
siègent en haut. Aujourd’hui, on a une division verticale et non horizontale comme à la
Convention. En bas, c’est la plaine, ou le marais.
Les 21 et 22 septembre 1792, l’Assemblée abolit la royauté et proclame la
République. Elle décide d’élaborer une nouvelle Constitution et de se consacrer à la
rédaction d’une nouvelle Constitution, soumise au peuple, alors que celle de 91 ne l’a pas
été. C’est un événement de toute première importance. Une commission de 9 membres
et 6 suppléants est créée. Cette commission est dominée par les girondins, la tendance
modérée, ayant eu son apogée quelques mois auparavant. Ils s’appellent les Girondins
car certains membres viennent de Bordeaux. C’est au milieu du XIXème siècle que le
terme est utilisé, dans la publication de L’histoire des Girondins de Lamartine, à l’époque,
ce sont les Brissotins, du chef Brissot. Ces girondins, anciens radicaux, dominent
l’Assemblée. Ce sont eux qui rédigent le projet de Constitution avec pour inspirateur
principal le marquis de Condorcet, un esprit, mathématicien et précurseur des sciences
sociales. Quand les Girondins sont prescrits, il se cache et se suicide, car il préfère mourir
de sa propre main que sous le coup de la guillotine. Le projet de Constitution est
essentiellement fait sous l’influence de Condorcet et comporte beaucoup d’idées. Ce
texte n’est pas adopté, à cause des luttes des factions révolutionnaires et de l’arrestation
des Girondins. Peu y survivront.
Le projet girondin est alors oublié. La majorité montagnarde n’en veut pas, car il
fut conçu par des ennemis. Le projet sert paradoxalement de base à l’adoption de la
nouvelle Constitution. Le 2 juin 1793, journée révolutionnaire, la Convention proscrit les
Girondins. Une nouvelle commission montagnarde est nommée avec Danton, présidée
par Hérault de Seychelles (élu à l’assemblée législative puis à la Convention, principal
rédacteur avec Saint-Just, nommé au comité de Salut Public et guillotiné avec Danton). Le
24 juin, le projet est finit. L’opposition entre les deux projets n’est pas une opposition de
doctrine, le projet est soumis au peuple et l’abstention est massive (1.9 millions
d’électeurs sur un total de 7 millions…). Cette Constitution montagnarde est appelée la
Constitution de l’An I. Les Révolutionnaires ont abandonné le calendrier chrétien. On lui
substitue un nouveau calendrier. Le 22 septembre 1792 est le premier jour de l’An I. En
septembre 93, c’est donc encore l’an I. Cette Constitution a une particularité : elle n’est
jamais mise en vigueur. Une fois votée, les membres de la Convention estiment qu’elle
sera en vigueur lorsque sera la paix (la France est en guerre avec presque tout l’Europe à
l’époque). Le problème est que la guerre dure plus longtemps que la Constitution… La
paix d’Amiens n’a lieu qu’au XIXème siècle, et quand la paix est conclue, Napoléon est
déjà au pouvoir et la Constitution est oubliée depuis longtemps. C’est une Constitution
mort-née.
Cette Constitution de l’An I est républicaine. Elle affirme que toute monarchie est
absurde car il est absurde de laisser le hasard de l’hérédité donner le pouvoir. La
Constitution est républicaine et déclare qu’il ne peut en être autrement. On pose le
principe de la souveraineté du peuple. Ce n’est plus la Nation qui agit. Chaque électeur
possède un sept millionième de la souveraineté. Le gouvernement n’est « représentatif
que dans toutes les choses que le peuple peut ne pas faire lui-même ». C’est Seychelles
qui le dit. Des choses secondaires peuvent être délégués et le choix de la formulation est
intentionnel. Que résulte-t-il de cette affirmation ? Une présomption fait que les
législateurs agissent conformément à la volonté du peuple dans tous les cas où le peuple
n’a pas manifesté de volonté contraire. Les représentants sont présumés agir pour le
peuple. Un mécanisme peut permettre au peuple de manifester son désaccord. Pour que
la loi soit remise en cause, pour renverser le choix des représentants, un dixième des
assemblées primaires dans la moitié plus un des départements doit demander un vote
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dans les quarante jours qui suivent l’adoption de la loi par l’Assemblée. Ces conditions
sont excessivement difficiles à réunir, notamment en raison des difficultés de transport à
l’époque). On annonce des principes démocratiques, on affirme un rejet de la démocratie
représentative, mais l’application fait que le système représentatif demeure. Les
assemblées primaires sont constituées au niveau local, auxquelles participent tous les
hommes de plus de 21 ans (même les domestiques cette fois-ci). Il faut être né ou
domicilié en France, et pour les étrangers y vivre de plus d’un an. Les assemblées
primaires votent les déclarations contre la loi, élisent les membres de l’assemblée et ont
l’initiative de la révision constitutionnelle. C’est l’initiative populaire en matière de
révision.
Le gouvernement de l’assemblée : on renonce à la séparation des pouvoirs et
c’est l’assemblée qui gouverne. L’exécutif est dominé par l’assemblée. Ce système
appelé par la suite un régime conventionnel (là où l’assemblée est législative, législatrice
et qu’elle gouverne). Cette assemblée est unique et permanente comme en 1791, elle est
élue pour un an (auparavant, c’était deux ans). Les lois/décrets ont de nouvelles
significations. Les lois sont proposées et ne sont définitives qu’après l’expiration du délai
de 40 jours. Les décrets sont rendus et exécutoires immédiatement (c’est le pouvoir
réglementaire). Dans le système de l’An I, le pouvoir législatif et le pouvoir réglementaire
appartiennent à l’Assemblée. Il y a une distinction matérielle : à la loi appartient le
budget, les matières civiles et criminelles. Les mesures d’exécution, de circonstances,
individuelles (pouvoir réglementaire) sont faites sous forme de décrets rendus par
l’Assemblée. Au-dessous de l’Assemblée, il y a un conseil exécutif de 24 membres
nommés par le corps législatif, ayant pour tâche la surveillance de l’administration
générale. Ce pouvoir de surveillance, sans veto, ne lui laisse plus la totalité du pouvoir
législatif. Il n’y a cependant pas de séparation des pouvoirs comme en 91.
En pratique la Constitution de 91 n’a pas fonctionné. Elle intervient dans une
période tragique : la France est combattue et envahie. S’installe la Terreur (l’oubli des
Droits de l’Homme), la mise en place d’un gouvernement dictatorial, animé par le Comité
de Salut Public, un organisme de fait. Sa personnalité dominante est Maximilien de
Robespierre. Ses membres sont élus devant la Convention. Le comité de sûreté générale,
lui, est là pour maintenir l’ordre. S’instaure une dictature du comité de Salut Public sur les
députés qui ne peuvent pas ne pas le réélire. Le comité de Salut Public exerce une
dictature sur la France et sur l’Assemblée. Ce sont des institutions de fait. Du point de
vue constitutionnel, on peut passer dessus. Robespierre va être renversé le 9 thermidor
et lui et ses amis sont guillotinés. La Convention reprend le pouvoir et gouverne par des
mesures d’exception. La Convention va gouverner pendant la « période thermidorienne »
(entre la chute de Robespierre et la fin de la Convention le 26 octobre 1795). Dans cette
période, le gouvernement de la Convention est sans base légale. Elle exerce une
dictature collective. Se pose la question de la Constitution. On songe à mettre en vigueur
la Constitution de l’An I. En juin 1795 (Messidor An III), on décide d’abandonner la
Constitution montagnarde de l’An I. On fait alors une nouvelle Constitution qui est
achevée le 5 Fructidor An III (22 août 1795), par une commission de 11 membres dirigée
par Boissy d’Anglas. Cette Constitution est soumise au peuple et est adoptée (950 000
électeurs sur 7 millions) par plébiscite (aujourd’hui, nous dirions référendum) avec un fort
taux d’abstention. La Constitution de l’An III est en même temps la soumission du décret
des deux tiers. Les futures assemblées devront être composées pour deux tiers d’anciens
membres de la Convention. La Convention se sépare mais garantit que les assemblées
comporteront ses membres. Les Conventionnels craignent une réaction des Français
souhaitant une restauration.
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électeurs vont être élus sur une liste de confiance d’arrondissement (c’est une référence
à la confiance venant d’en bas). Les élus de ces listes se réunissent au niveau
départemental où un dixième est sélectionné et placé sur une liste de confiance
départementale. Un dixième de leurs membres forment une liste de confiance nationale.
On a au total un millième des électeurs qui constituent la liste de confiance nationale.
Cette liste de confiance nationale ne donne rien et est un vivier dans lequel des autorités
non élues vont choisir les titulaires des fonctions publiques (maires…). Personne n’est élu
en fin de compte. La confiance vient d’en bas et c’est d’en haut que l’autorité va choisir
les responsables des fonctions politique et administratives.
L’autorité d’en haut est exercée par deux institutions au sommet que sont le
gouvernement (le mot apparaît en l’an VIII dans la Constitution) et le Sénat. Le législatif
est composé de trois assemblées (dans le Bonapartisme, il y a trois assemblées) :
- L’assemblée suprême est le Sénat ou le « Sénat conservateur ». Ce n’est pas une
idéologie conservatrice, mais il doit conserver la Constitution. Il nomme des
fonctionnaires sur la liste de confiance nationale et est juge de la constitutionnalité des
lois (pour la première fois, on parle de contrôle de constitutionnalité des lois), et nomme
les trois consuls, les trois membres du gouvernement. Les membres du Sénat sont
nommés par les fondateurs du système au début. Ils sont 60 mais seront portés à 80.
Pour nommer les suivants (de 60 à 80, puis pour les remplacements en cas de décès) il y
a un mécanisme de cooptation : ils sont choisis par eux-mêmes (comme à l’académie
française). Ils sont inamovibles. Les membres de l’Assemblée choisissent ceux qui vont
les remplacer. Les nouveaux membres du Sénat sont cooptés, choisis entre trois
candidats, l’un présenté par le premier consul, et deux par les deux autres assemblées
(le tribunat et le corps législatif en présentent chacun un). Ce n’est pas à proprement
parler un pouvoir législatif, il ne fait que contrôler leur constitutionnalité. Qui fait la loi ?
Le législatif est composé de deux assemblées : le tribunat et le corps législatif (dans la
Constitution de l’An III, c’était la réunion du Conseil des Cinq Cent et du Conseil des
Anciens).
- Le tribunat a 100 membres désignés pour cinq ans et renouvelés par cinquièmes
(tous les ans, un part). Ils sont nommés par le Sénat comme les membres du corps
législatif. Le tribunat a pour tâche de discuter les projets de lois qui sont à l’initiative du
gouvernement et émettre des vœux. C’est le gouvernement qui a seul l’initiative des lois.
Le vœu est soit positif, soit il entend trois orateurs du tribunat et il va entendre trois
orateur du Conseil d’Etat qui s’expriment devant le corps législatif qui adopte ou rejette
le texte sans le discuter (un peu comme le Conseil des Cinq Cent et le Conseil des
Anciens).
- Le corps législatif, ce sont trois cent membres nommés par le Sénat. Aucun
membre de ces assemblées n’est élu.
Le Conseil d’Etat, assemblée politique de 30 ou 40 membres servant de Conseil au
gouvernement, notamment dans la rédaction des lois. C’est le Conseil d’Etat qui rédige
les lois et les met en forme. Il est l’avocat de la loi devant le corps législatif. Il plaide pour
l’adoption, et si le tribunat plaide pour l’adoption, tout le monde plaide pour l’adoption.
Les 30 ou 40 membres sont désignés par le premier consul. C’est ce système avec en
réalité quatre assemblées qui compose le vrai corps législatif. Le gouvernement est
confié à trois consuls. Les trois consuls sont désignés par la Constitution, pour dix ans, et
au terme de ces dix ans, théoriquement, les successeurs doivent être désignés par le
Sénat, mais on n’arrivera pas au terme de ces dix années. Ce gouvernement a le pouvoir
de promulgation des lois.
Seul le premier consul compte. Il a des pouvoirs propres (promulgation des lois,
nomination et révocation des fonctionnaires). Dans les autres décisions, initiative des lois,
prise de règlements, diriger les recettes, pouvoir de la sécurité intérieure/extérieure, les
deux consuls n’ont qu’un pouvoir consultatif. Soit le premier consul décide seul, soit
après consultation des deux autres. C’est en fait la décision d’un seul.
Le gouvernement a tous les pouvoirs de l’Etat, sauf pour le budget, déclarer la
guerre et signer les traités où il faut l’accord du législatif. L’agencement complexe de la
Constitution de l’an VIII donne en réalité tous les pouvoirs au premier consul, Bonaparte.
Il ne propose par la Loi mais les membres du Sénat et des assemblées sont nommés par
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lui. La Constitution de l’An VIII va rapidement être dépassée. Bonaparte obtient une
réélection anticipée, le consulat à vie et se nomme empereur. Ces modifications de la
Constitution n’étaient pas possible par le texte de la Constitution (on ne prévoyait pas de
révision) mais on a donné au Sénat le pouvoir de la révision par un sénatus-consulte. Un
plébiscite sur le consulat à vie, puis sur l’empire au scrutin universel public, eu une
approbation massive. Le Sénat reçoit le pouvoir de réviser la Constitution. La Constitution
de l’an VIII reste en vigueur, mais le premier empire est en réalité une dictature
personnelle. Il n’y a plus de Droit public, mais Bonaparte qui mène un pouvoir personnel.
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ans plus tard. La Charte de 1814 est appliquée jusqu’en 1830. On s’aperçoit que c’est la
première Constitution française avec une application effective.
Il y a la mise en place d’un système de concours des pouvoirs (une sorte de
séparation). Les différents pouvoirs fonctionnent de concert.
Le gouvernement de la Restauration est le premier où l’on va vers un système
parlementaire. La puissance exécutive appartient au Roi, ayant besoin du vote du
budget. Les organes ne peuvent se contraindre. La chambre ne peut renverser le Roi,
mais lui peut dissoudre la chambre.
◊ Le pouvoir exécutif est confié au Roi, chef suprême de l’Etat sacré et
irresponsable. Il a l’initiative des lois, qu’il sanctionne et promulgue.
◊ Le législatif est composé de deux chambres (bicaméralisme) : le chambre des
députés des départements et la chambre des pairs.
Les pairs : c’est une chambre aristocratique, composée de nobles ayant un Droit à
siéger, mais qui ne siègent que si le Roi les y autorise. Le Roi peut nommer en nombre
illimité de nouveaux pairs, quand il le veut. Cette chambre haute est entièrement entre
les mains du Roi. Les membres de la noblesse n’y siègent qu’avec son autorisation. S’il y
a un problème, il en nomme de nouveaux. Il peut renverser la majorité. Si le Roi dit aux
pairs qu’il en fera une fournée, ils acceptent par snobisme, car la menace de fournée
ferait entrer de nouveaux membres ce que les pairs ne veulent pas. Il peut prolonger les
chambres (il y a une différence entre prolonger et suspendre). La chambre n’est pas
dissoute mais ne siège pas.
La chambre des députés peut être dissoute par le Roi. C’est un pouvoir important
du Roi : le roi a le pouvoir réglementaire.
Les deux chambres ont d’autre part des pouvoirs égaux. Le budget doit d’abord
être voté par la chambre des députés qui représentent le contribuable. Un texte ne peut
être voté qu’avec l’accord des deux chambres. Les députés sont élus pour cinq ans, puis
sept ans. La chambre, d’autre part, ne se réunie pas de son propre chef, mais par
session, sur appel du Roi. Le Roi peut dissoudre la chambre et a la possibilité de nommer
des membres de la chambre à des fonctions très rémunératrices (d’où la possibilité de
faire du chantage, avec cette technique des députés fonctionnaires). Il a y a une
possibilité de pression sur les pairs, mais le Roi a besoin du vote du budget et doit
convoquer parfois les chambres. Il est lié par l’obligation d’avoir une chambre pour
pouvoir régner. C’est le « concours des pouvoirs ».
◊ L’organe ministériel : pendant la monarchie de Juillet, il ressemble à ce qu’est
un gouvernement à l’anglaise. Le mot gouvernement apparaît avec la Constitution de l’An
VIII (avec 3 consuls). Il est différent du gouvernement étant l’organe ministériel
apparaissant avec la Restauration. Les ministres forment un corps solidairement et
politiquement responsable. Les personnes devant lesquelles le gouvernement est
responsable peuvent être l’Assemblée ou le chef de l’Etat, qui le considère comme un
tout. En 91, l’Assemblée pouvait accuser un ministre. Si le Roi veut changer le
gouvernement, il sera renversé dans son ensemble. La responsabilité du gouvernement
est collective.
Il n’y a pas de premier ministre (ou de président du Conseil comme sous la IIIème
République) ayant le pas sur ses collègues et dirigeant ses collègues. Il ne peut chasser
un ministre (cela se fera sous la IVème République). Les ministres sont des premiers
ministres.
Le Duc de Cazes, ministre de Louis XVIII, est comme un premier ministre. Monsieur
de Villèle joue aussi un rôle de premier ministre, il y a aussi le ministère Polignac, qui
entraînera la chute du régime de la Restauration. C’est un leader. Dans le gouvernement
de la Restauration, il y a des ministres sans portefeuille (= par exemple, on donne à M.
Sarkozy le portefeuille de l’intérieur. C’est un département ministériel). Portefeuille
ministériel = département ministériel. Ce sont les services administratifs placés sous
l’autorité d’un ministre. Sous la Restauration, Il y a des ministres à portefeuille et des
ministres sans, qui sont là comme membres du gouvernement pour conseiller mais sans
gérer de département ministériel.
◊ Le corps électoral élit essentiellement les députés et est censitaire (comme en
1791, en l’An III, mais pas en l’An I et en l’An VIII). Sous la Restauration, les élections sont
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disputées (un gouvernement gagne ou perd) mais il faut avoir une fortune relativement
importante. Pour être électeur, il faut avoir 30 ans et un cens est exigé (300 F. or
d’impôts directs, ce qui était une somme importante). En 1817, on compte 110 000
électeurs (sur 30 millions d’habitants), ce qui est une proportion faible. Ce suffrage se
restreint encore moins sous Charles X. Le régime semble vaciller et le nombre des
électeurs est réduit de deux manières :
- Le double vote : lors des élections, les plus imposés votent deux fois.
- On accorde des dégrèvements d’impôts : les gens payeront moins d’impôts s’ils
le souhaitent, mais ne seront plus électeurs.
En 1830, fin du régime, il n’y a plus que 88 000 électeurs. Le risque est
l’opposition et une nouvelle Révolution. Certains royalistes pensaient à la fin de la
Restauration qu’il fallait faire le contraire, et établir le suffrage universel !
Le cens d’éligibilité était de 1000 F. or d’impôts directs par an, il faut par ailleurs
avoir 40 ans, et au total, 16 000 personnes seulement remplirent ces conditions et sont
éligibles.
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La chambre est maintenant libérale et le Roi est ultra (par opposition à la situation
avec Louis XVIII). En imposant un ministre ayant sa confiance mais pas celle des
chambres, Charles X exerce un gouvernement personnel. L’opposition libérale inverse ses
positions (le Roi doit selon eux maintenant tenir compte de la Chambre).
Adolphe Thiers, avocat libéral, dans l’opposition dit : « Le Roi règne et ne
gouverne pas. » Se noue alors la fin du régime.
Les députés majoritaires envoient au Roi un document (l’adresse des 221), car les
députés signant ce document sont 221 (les autres sont ultras). Cette adresse pose un
principe fondamental : il doit exister un accord entre les vues du gouvernement et les
vœux du peuple. Il y a conflit entre la chambre qui exprime le vœu du pays, et le
gouvernement voté par le Roi.
A cette adresse, Charles X répond par la dissolution de nouveau. En 1830, de
nouvelles élections ont lieu.
Les 221 signataires sont réélus et les députés libéraux gagnent 49 sièges. C’est
un raz-de-marée libéral. Les 221 avaient donc raison, et le peuple a confirmé que le
ministère Polignac n’avait pas la confiance du pays. Le Roi refuse de tenir compte de ce
verdict et décide de se passer de la Chambre.
Charles X se sert d’une disposition de la Charte, l’article 14 de la Charte de 1814,
lui permettant de prendre des dispositions réglementaires « pour l’exécution des lois et la
sûreté de l’Etat ».
Le Roi est le chef de l’administration (ce sont à peu près les décrets d’aujourd’hui).
Cette disposition est utilisée par Charles X qui proclame 4 ordonnances :
◊ Il suspend la liberté de la presse.
◊ Il dissout la chambre une fois de plus.
◊ Il enlève le Droit de vote à certains électeurs.
◊ Il convoque les collèges électoraux pour le 13 septembre 1830, mais avec un
corps électoral épuré.
C’est la cause directe de la Révolution.
Deux de ces ordonnances sont manifestement contraires à la Charte car elles sont
des mesures ne pouvant être faites que par la Loi. La liberté de la presse et la réduction
des électeurs sont des mesures ne pouvant émaner que de la Loi. La seconde et la
quatrième mesure sont des pouvoirs du Roi, mais ils heurtent l’esprit de la Charte
constitutionnelle et suppriment potentiellement la Charte. On peut affirmer que la
possibilité de faire des ordonnances peut empiéter sur le domaine du législatif en cas de
danger quant à la sûreté de l’Etat. Comme il n’y a pas de juge constitutionnel, la situation
ne peut être tranchée en Droit. Elle va l’être en fait par la Révolution.
En 1830, le régime s’effondre à partir d’un conflit constitutionnel. Les chutes des
régimes sont soit des conflits armés, soit des coups d’Etat, ou des conflits
constitutionnels (art. 14 de la Charte : « Le roi est le chef suprême de l'Etat, il commande
les forces de terre et de mer, déclare la guerre, fait les traités de paix, d'alliance et de
commerce, nomme à tous les emplois d'administration publique, et fait les règlements et
ordonnances nécessaires pour l'exécution des lois et la sûreté de l'Etat. »). L’opposition
aux ordonnances se transforme en émeutes. Le 28 juillet 1830, l’émeute éclate à Paris, et
le 29 c’est la Révolution. Charles X essaye de brimer le mouvement en envoyant la
troupe, qui évacue Paris le 30 Juillet 1830. Ce Roi renvoie Polignac et nomme un nouveau
premier ministre annonçant le retrait des ordonnances.
Charles X abdique le 2 août au profit du comte de Chambord. Il quitte la France
sous escorte militaire et embarque pour l’Angleterre.
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tradition politique différente de la branche aînée : le duc d’Orléans, ayant eu une vie
aventureuse, il est connu, intelligent, séducteur, et apparaît comme une sorte de solution
de compromis ce qui est acceptable pour tous, sauf pour les légitimistes. Le duc
d’Orléans est acceptable pour les élites (c’est une garantie contre une République
sociale), pour les Républicains (son père s’est rallié à la Révolution, à la Nation) et
représente une alternative aux Bourbons et à l’Empire.
Le duc d’Orléans est nommé par la Chambre (qui est dans l’opposition)
« lieutenant général du royaume. » Les Chambres l’appellent au trône et lui
présentent le texte révisé de la Charte, accepté, et sur lequel le duc prête serment et
devient Roi le 9 août sous le nom de Louis Philippe.
Pour la première fois, on a un pouvoir fondé sur un pacte, un contrat. Jusqu’ici,
aucun régime précédent n’était fondé sur un accord de volonté. Auparavant, aucune
dimension contractuelle dans la prise du trône par Louis XVI. Louis XVIII est accepté car il
est l’hériter légitime du trône de France. C’est l’application d’une Loi et non l’idée d’un
pacte.
En revanche, c’est un pacte entre Louis Philippe et la Nation (les chambres) qui
forme le régime de la monarchie de juillet (car issu de la Révolution de juillet). Le régime
de Louis Philippe est appelé la monarchie de Juillet. Louis Philippe accepte la
Révolution, les principes de 89 (notamment la DDHC), l’idée de souveraineté nationale
forgée sous la Révolution et la royauté représentative (où le Roi est épaulé par une
représentation des citoyens que sont les chambres).
◊ La séparation des pouvoirs n’est pas reprise rigoureusement. Louis Philippe
prend le titre de Roi des Français, renonce au drapeau blanc de la monarchie et adopte le
drapeau tricolore. On supprime le préambule de la Charte et on dit que ce texte est
inacceptable car il paraissait « octroyer aux Français des Droits qui leurs appartiennent
essentiellement ». Louis Philippe veut un règne historique, et Dupain dira (président de
l’Assemblée en 48) que « Louis Philippe ne règne pas comme bourbon mais quoi que
bourbon ». On l’aime bien et on en oublie qu’il est bourbon.
Le régime de la monarchie de juillet repose sur un contrat. Louis-Philippe ne
règne pas comme bourbon.
Les fondements du système sont différents. Le texte constitutionnel va être peu
modifié. On conserve la Charte de 1814 en supprimant le préambule et on retouche
quelques articles : c’est la Charte révisée. On garde les institutions de la Restauration.
◊ Les retouches :
- L’article 14 ayant motivé l’insurrection, pour que le Roi ne puisse faire
ce qu’a dit Charles X.
- Les chambres vont partager l’initiative des lois avec le Roi.
- L’hérédité de la pairie est abolie (la chambre des pairs est composée de
pairs héréditaires et de pairs pouvant être nommés par le Roi). La
première catégorie est abolie. Les pairs nommés à vie ne transmettent
plus leur charge.
- Un élargissement du corps électoral. Les citoyens sont électeurs à 25
ans et éligibles à 30 ans (auparavant 30 et 40).
- Le cens d’électorat de 300 F est abaissé à 200 F. Des personnes n’ayant
pas 200 F d’impôts or par an peuvent voter si elles ont des capacités,
c’est-à-dire des gens ayant une illustration sociale suffisante pour
pouvoir voter (ce sera le cas des membres des cinq académies).
L’électorat n’est pas un droit mais peu s’acquérir.
Ces révisions déçoivent en ce qui concerne les conditions d’élection. On
espérait un abaissement du cens équivalent à celui de 1791. Et la
déception va durer.
Il y a un sentiment de stabilisation (pas de changement de la Constitution). C’est
en 1834 qu’est fondée la première chaire de Droit constitutionnel à la faculté de Droit de
Paris. Louis-Philippe veut faire croire que les institutions sont stables et appelées à durer.
C’est transparent et efficace que d’enseigner le Droit constitutionnel. Il le confie à
Pellegrino Rossi.
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Fusillades dans les rues de Paris éclatent. Selon la légende, les derniers insurgés sont
tués place du Panthéon et enterrés sur place. Cet épisode tragique change le climat
politique. Après les journées de Juin, les propriétaires (possédants, bourgeois) ont peut. Il
y a une double radicalisation qui profite au parti de l’ordre.
◊ Le mécanisme de la Constitution de 1848, avec un chef d’Etat élu au
suffrage universel. La Vème République est l’héritière du régime de 1848
- Les principes : La République et la démocratie et le suffrage universel
(important pour des raisons politiques : les gouvernants ne sont pas les mêmes s’ils sont
élus au suffrage universel ou non, et pour une raison symbolique). L’électorat est un droit
qu’ils possèdent. Lamartine : « Je te fais citoyen et électeur parce que Dieu t’a fait
Homme. » Sous ces deux réserves, et en mettant entre parenthèses la problématique du
sexe, l’électorat est un droit. Tous les Français sont électeurs (mais pas les Françaises)
ayant 21 ans (monarchie de juillet = 25 ans), âge le plus bas utilisé jusqu’en 1974, et il
faut jouir de ses droits civils et politiques. Il faut résider dans le même lieu depuis 6 mois
au moins. Un migrant n’est peut être pas qualifié pour exprimer un vote utile et cela
posait des problèmes d’organisation. Aujourd’hui encore, l’électorat des nomades et des
SDF est difficile à traiter. Au XIXème siècle, beaucoup de gens bougent à l’intérieur du
territoire. Les ouvriers sont à la recherche de travail…
Loi du 15 mars 1849 : c’est la création de la liste électorale. Pour voter, il faut être
inscrit sur la liste électorale (il n’y en a pas dans certains Etats aux Etats-Unis d’où des
problèmes pour mesurer l’abstention). Pour exercer ce droit d’électeur, il faut demander
son inscription sur une liste. Pour le reste, le vote a des caractères :
- Le vote est égal (1 homme = 1 voix)
- Le vote est unique (liste électorale)
- Le vote est direct (suffrage universel direct)
- Le vote est facultatif (en Belgique, il est obligatoire, mais il n’y a que peu de
poursuites).
- Le vote est personnel (aujourd’hui, la procuration est possible)
- Le vote est secret (l’isoloir).
En 1848, on vote au niveau du canton (au chef lieu de canton) et il se fait sur
deux jours (principe abandonné au Second Empire). Les autres règles sont toujours
d’actualité.
La Constitution pose le principe de la souveraineté populaire (article 17 : « La
souveraineté réside dans l’universalité des citoyens français »). Le système est
représentatif. Le principe de séparation des pouvoirs refait surface (art. 19 : « la première
condition d’un gouvernement libre »). Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif sont
confiés à un président de la Républiquet à une assemblée unique (principe abandonné
depuis l’an III), comme sous la Convention. Comme en 1958, on élit au suffrage universel
l’exécutif et le législatif. Le président est élu (c’est nouveau !) mais les deux branches du
gouvernement ont une légitimité égale, identique à l’assemblée pour le président ce qui
peut générer des conflits. La Constitution de 1848 est celle qui se rapproche le plus de la
Constitution américaine. On fait un régime présidentiel, le chef de l’Etat peut dissoudre
l’assemblée. Il est question de la collaboration entre les pouvoirs. La Constitution de 1848
ne prévoit pas grand-chose pour ce qui est de la collaboration entre exécutif et législatif.
Le président a l’initiative des lois concurremment avec les membres de
l’Assemblée, mais n’a pas de veto, seulement un Droit de demander une deuxième
délibération, mais il est peu probable que l’assemblée change d’avis. Le président de la
République est élu au suffrage universel, pour 4 ans (période courte, mais plus longue
que la durée de la Législative). Le président n’a pas le Droit de rééligibilité immédiate. Il
n’est pas commandant de l’armée, et ne peut agir pour gracier qu’avec l’accord du
Conseil d’Etat. Il ne peut sortir du territoire sans être autorisé par la Loi. Il a un pouvoir
important, un prestige, mais on limite son action, pour des raisons politiques.
D’autre part, les membres du gouvernement (les ministres) sont choisis par le
président, et peuvent être pris parmi les députés, et sont déclarés responsables par la
Constitution (devant le président ou devant le parlement ?). L’évolution vers le régime
parlementaire n’est pas complètement bouchée. Il manquait la dissolution. Mais après
1877, on n’aura pas la dissolution avec pourtant un régime parlementaire.
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Ce n’est pas une révolution qui produit la chute de Second Empire, mais la
défaite de la France, en 1870. Le 3 septembre 1870, l’armée française est vaincue à
Sedan et l’empereur est fait prisonnier. C’est aussi la création de l’empire allemand.
L’impératrice Eugénie doit être régente. Les Républicains, peu nombreux, vont profiter du
chaos pour opérer une Révolution, celle du 4 septembre 1870. Les Républicains font une
révolution et prennent le pouvoir pour mettre en place le gouvernement de la défense
nationale, comme n’étant pas au pouvoir mais au combat. Ils renversent l’Empire, pas
pour terminer la guerre mais pour la gagner. La guerre est alors perdue. Le 8 février 71,
les Républicains se réunissent à Bordeaux, pour élaborer une Constitution car Paris est
assiégé par les Prussiens.
Les Républicains sont nettement en minorité sur les 650 élus de l’assemblée
constituante, il n’y a que 200 Républicains, et ils sont écrasés dans les urnes. Ils ne sont
pas populaires, les majoritaires sont le parti de l’ordre s’appuyant sur les masses
paysannes votant de façon conservatrice. Les Républicains veulent de plus continuer la
guerre. Les monarchistes gagnent car ils sont le parti de l’ordre et contre la guerre. Il y a
400 monarchistes sur les 650 élus, divisés en :
- légitimistes, partisans de la branche aînée, de la descendance de Charles X, avec
un candidat, le petit fils de Charles X, enfant du miracles, né après l’assassinat de son
père. Les légitimistes l’appellent Henri V : c’est le comte de Chambord.
- orléanistes, partisans de la branche cadette, branche de Louis Philippe, et ont le
petit fils de Louis Philippe comme candidat, le comte de Paris.
Les deux ensembles ont une majorité qui ne peut être séparée. La question est de
savoir s’il y aura consensus ou non. La « fusion » est théoriquement facile car le comte de
Chambord n’a pas d’enfant. C’est homme âgé (il est né vers 1820), et la branche aînée
est en voie d’extinction. La branche aînée des Bourbons s’éteint avec le comte de
Chambord. On restaure la monarchie à son profit mais l’héritier sera ensuite le comte de
Paris. Il y a donc une descendance assurée du côté des Orléans, et s’ouvrirait une
descendance orléaniste.
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◊ Comment sont constituées les assemblées qui vont jouer un rôle capital
dans le système politique ?
Il y a deux assemblées, c’est un système bicaméral.
- L’assemblée (à peu près 500 membres) est élue au suffrage universel, la
chambre des députés est élue pour 4 ans au suffrage universel. Cette chambre siège au
palais bourbon et va être l’élément le plus important du pouvoir. Elle est équilibrée par
l’existence d’un Sénat (avec moins de membres). L’assemblée est élue avec le principe
de l’arrondissement : chaque arrondissement a un député. Le scrutin majoritaire
uninominal à deux tours est toujours pratiqué. On appliqua aussi un scrutin proportionnel
de liste départementale. C’est là qu’il devient le scrutin par excellence, toujours utilisé
aujourd’hui. Il faut avoir 25 ans pour être élu à la chambre des députés.
- Le Sénat est élu au suffrage indirect. Il faut être soit député, soit conseiller
général (représenter un canton), soit maire. On ajoutera des délégués des conseils
municipaux, proportionnels à la population, grossièrement. Le système de grands
électeurs ne sert qu’à élire 225 des 300 membres du Sénat. Le système initial, et c’est
une trace du caractère conservateur du système, on désigne 75 sénateurs inamovibles
(élus par les chambres à vie). Ils sont remplacés lorsqu’ils meurent. Ce système initial est
supprimé en 1884, dans une des fondations de la IIIème République. Après leur mort, ils
sont remplacés par un sénateur élu, et il n’y aura plus que des sénateurs élus au suffrage
universel indirect. Il faut être âgé de 40 ans (Vème République, 35 puis 30 ans).
- C’est un bicaméralisme égalitaire : les deux assemblées ont une capacité égale
de voter la loi, chacune a un droit de vote. Aucun moyen pour l’une de forcer la main de
l’autre. La chambre vote le principe du suffrage féminin à l’unanimité et le Sénat dit non.
Un texte adopté par les mêmes termes (à la virgule près) par les deux assemblées est
une loi. Il arrive que les assemblées votent des textes uniques (l’une sans l’autre) : c’est
une résolution. Cette décision d’une assemblée peut avoir une valeur proprement interne
et concerner le règlement de l’assemblée ou du Sénat. Une assemblée peut voter seule,
elle-même un texte sur l’activité gouvernementale, un ordre du jour (le jugement porté
par la chambre ou le Sénat sur la manière dont le gouvernement gouverne) peut avoir
pour conséquence la démission du gouvernement. La réunion des deux chambres en une
assemblée unique porte le nom d’assemblée nationale (≠ aujourd’hui c’est l’une des
chambres, depuis 1946). La chambre des députés est élue au suffrage universel direct.
L’assemblée nationale élit le président de la République, élu par les députés et sénateurs.
Elle, lorsqu’elle est réunie, on parle de Congrès, vote les révisions de la Constitution.
Cette réunion en Assemblée Nationale est simplement formelle. Pour qu’il y ait révision
constitutionnelle, il faut le vote de la loi comme une voix ordinaire. La chambre d’un côté
et le Sénat de l’autre votent le texte dans les mêmes termes, à la majorité simple.
L’assemblée nationale, les deux chambres, votent toujours à la majorité simple la loi
constitutionnelle.
Si on a une majorité dans chacune des chambres, on a nécessairement une
majorité à l’assemblée nationale, sauf si des élus votent différemment. En réalité, sous la
IIIème République, il n’y a pas de rigidité constitutionnelle pour la loi constitutionnelle. La
seule différence est qu’on la vote deux fois. La majorité est la même.
Politiquement et juridiquement, il n’est pas plus difficile de modifier la Constitution
que de voter une loi. La Constitution est livrée à la volonté des majorités politiques. Il n’y
a pas besoin d’un contrôle de constitutionnalité (on ne le fera qu’en 1958), puisque les
élus de la chambre et du Sénat peuvent changer de majorité.
Les membres des assemblées ont l’initiative des lois, conjointement avec le
président de la République, et les assemblées ont un pouvoir général de contrôle de
l’activité du gouvernement dont elles useront avec la pratique du régime.
◊ Le président de la République
Il y a un décalage entre l’image de la lecture du texte et la réalité. Le président de
la République est élu pour 7 ans (septennat adopté comme mesure par Mac-Mahon) et
est indéfiniment rééligible. Il est d’autre part irresponsable, car la seule possibilité est le
jugement par la haute Cour en cas de trahison, mis en accusation pas la Chambre. Il est
jugé, par le Sénat constitué en Haute Cour, mais c’est une hypothèse peu probable et la
haute trahison n’est pas définie. On n’accuse pas le président de la République pour
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Les élections ont lieu tardivement, les 14 et 28 octobre 1877. Les élections sont
précédées d’une campagne virulente. Mac Mahon et les républicains sont fortement
opposés. Le 14 août 1877, Gambetta (leader de la gauche), dit « Quand la France aura
fait entendre sa voix souveraine, il faudra soit se démettre ou se soumettre ». Les
républicains gagnent les élections et vont perdre une quarantaine de sièges, mais
demeurent majoritaires. Le gouvernement de Broglie démissionne le 20 novembre 1877.
Mac Mahon va successivement se soumettre et se démettre.
Mac Mahon se trouve devant l’alternative définie par Gambetta, et va se
soumettre d’abord en appelant Dufaure (centre gauche) au poste de président du
Conseil, poste où Jules Simon a fait une crise. Mac Mahon se soumet au verdict du pays
par un message à la chambre. C’est l’idée de parlementarisme dualiste. Il n’est plus
indispensable qu’il ait la confiance du président. Mac Mahon espère que le parti
conservateur dont il est le chef va connaître un succès au Sénat (qui se renouvelle tous
les 3 ans, et en 1878, c’est le premier renouvellement triennal du Sénat).Cet espoir est
déçu et les Républicains vont conquérir la majorité au Sénat. Mac Mahon n’a plus d’appui.
On lui demande des mesures qu’il n’accepte pas (comme mettre à la retraite des amis
militaires n’ayant pas la bonne couleur politique par exemple). Il démissionne le 30
janvier 1879 de la présidence de la République, la droite conservatrice est battue, et
immédiatement dans la journée est élu un président républicain : Jules Grévy.
- La Constitution Grévy.
Les républicains sont au pouvoir avec Grévy, et non plus les royalistes dans la
république. La chambre qui siégeait à Versailles revient à Paris et on remet en vigueur la
Marseillaise, et on décide en 1880 que la fête nationale a lieu le 14 juillet, date
anniversaire de la fête de la fédération (14 juillet 1790, soit un an après la prise de la
Bastille, qui est donc fêtée indirectement).
Le 14 août 1884, on ajoute deux dispositions à l’art. 8 de la loi du 25 février de
1875 : une disposition disant que la forme républicaine du gouvernement ne peut pas
faire l’objet d’une révision, disposition qui se retrouve dans la Constitution de 1958, et
on ajoute que les membres des familles ayant régnées sur la France ne peuvent
prétendre à la présidence de la République. On supprime les sénateurs inamovibles et
on adjoint au corps électoral du Sénat des grands électeurs, on sort du système
électoral où la représentativité n’est pas grande.
« La Constitution Grévy » est une formule inadéquate, ce n’est pas une réforme
formelle de la Constitution (comme en août 84 qui est formelle). Il faudrait dire
« coutume Grévy ». C’est l’affirmation que Grévy va faire aux chambres à l’occasion
de son élection. Il dit : « Je n’entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale
exprimée par ses organes constitutionnels. », c’est-à-dire je ne dissoudrai jamais
l’assemblée. Cette affirmation est discutable, car dissoudre est demander à la
souveraineté de s’exprimer. Ce qui compte ici n’est pas le fond des choses, mais
l’usage fait de ces notions sous la IIIème République. Ne pas entrer en conflit avec la
volonté nationale, telle qu’elle ressort des élections ordinaires, reste dominante
pendant toute la IIIème République et se créée une coutume, une doctrine, allant être
la doctrine de la IIIème République selon laquelle il est antidémocratique de dissoudre
(ce qui n’est pas exact, car c’est aussi donner la parole au peuple). Ce n’est pas une
règle constitutionnelle.
L’article 5 n’est pas abrogé (cité précédemment). La dissolution reste possible.
Vers la fin de la IIIème République, on parlera de la dissolution sans la mettre en
vigueur. L’idée de dissolution était soumise à la condition qu’est l’autorisation du
Sénat. De toutes manières, elle ne sera pas utilisée, mais elle reste possible. Elle
n’est pas supprimée constitutionnellement. La « Constitution Grévy » conduit à
l’abandon près d’un siècle de la dissolution, de 1875 à 1962, où on ne comptera que
deux dissolutions (1877, et une sous la IVème République). Aujourd’hui, cette
tradition est révolue : la dissolution n’est plus refusée. La IIIème République est en
place.
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Intéressons nous dès à présent au système. Après le départ de Mac Mahon, ce qui
caractérise la IIIème République est la primauté des chambres et la faiblesse de
l’exécutif.
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gauche, il y a un parti socialiste après 1905 (S.F.I.O) et aussi des groupes purement
parlementaires ne traduisant pas l’existence d’un parti, ce sont des noms groupés par
affinités au Parlement. Les partis politiques mesurent lors des élections un mandat de
la part des électeurs. En ce qui concerne la vie parlementaire, les deux sortes de
partis ont les mêmes pouvoirs. Ils sont plastiques, les gens en changent, et ces partis
ont quand même une influence : ce sont les centres de décision. L’assemblée et le
gouvernement ne sont que la caisse de résonance des partis, des politiques des
partis. Ainsi se met en place ce que dénonce De Gaulle, « le régime exclusif des
partis ». C’est une manière de dire que sous la IIIème République, ce n’est pas
l’intérêt du pays qui gouvernait, mais les partis politiques. Cette primauté des
chambres est une primauté de la Loi, puis une primauté des partis, ce qui pesa
lourdement sur le fonctionnement du système…
◊ La faiblesse de l’exécutif. Elle se résume en trois points : la faiblesse de la
présidence de la République, l’affaiblissement de la présidence du Conseil et
l’instabilité gouvernementale.
- La faiblesse du président de la République.
Elle est négativement une conséquence des événements de 1877/1879. Après
1879, on sait que le chef de l’Etat n’est pas un monarque républicain mais qu’il est lié
par le contreseing et ne peut plus dissoudre avec la Constitution Grévy. Le président
de la République a essayé de redresser la barre, mais c’est un échec. Plusieurs
présidents sont contraints à la démission par les chambres. Le président n’est
responsable qu’en cas de haute trahison (seul Pétain sera jugé en 45). Grévy achève
son premier septennat (1879-1886), puis est réélu en 1896, mais il est contraint de
démissionner car il est dans un scandale dû à son gendre. Ce dernier, Daniel Wilson,
est convaincu de vendre la légion d’honneur. Grévy est pris dans le scandale et les
chambres souhaitent sa démission. Il donne sa démission comme Mac-Mahon. C’est
une révocation sans procédure constitutionnelle.
Le héros malheureux, Alexandre Millerand est un homme politique très connu,
socialiste, émigre vers le centre droit : c’est une forte personnalité. En 1920, il est élu
président de la République, avec la « chambre bleue horizon » (majorité de droite), il
annonce une « présidence active », à l’opposé de ses prédécesseurs, assez effacés. Il
va recevoir et convoquer les préfets, prononcer des discours. Ce qui provoque sa
chute, c’est qu’avant les législatives de 1924, il dit qu’il souhaite l’échec du cartel des
gauches, la gauche unie. Malheureusement, le cartel gagne les élections et les
membres exigent le départ de Millerand. Là aussi, la procédure de la Haute Cour n’est
pas utilisée, mais c’est une procédure de fait, la grève des ministres. Ils refusent
que l’un d’entre eux devienne président du Conseil… et la France reste sans
gouvernement. La seule solution est la démission du président de la République. Il
nomme un président du Conseil ayant comme fonction de contresigner sa démission.
Le président ne peut démissionner tout seul. Il nomme une ami politique qui ne se
présente pas devant la chambre, mais régularise la situation de Millerand, 4 ans après
sont élection. C’est la dernière tentative de revalorisation de la fonction présidentielle.
Les présidents suivants acceptent un rôle passif.
Sous la IIIème République, le président a des fonctions importantes : il nomme le
président du Conseil et les ministres. La décision doit être acceptée par la chambre et
le Sénat. Il peut choisir les hommes, mais pas les tendances politiques : il doit prendre
un homme de la majorité. Le choix du président de la République n’est pas sans
importance. Grévy, ayant une haine contre Gambetta, s’est arrangé pour ne pas
l’appeler à la présidence du Conseil, mais des personnages autres, et il y fera appel
dans des situations défavorables, pour que Gambetta échoue. Grévy a gâché ce que
l’on pensait être la grande politique de Gambetta… Il a aussi un rôle en politique
étrangère, reçoit les ambassadeurs. Ceci est facilité par la durée. Ils sont là pour 7
ans, et connaissent les affaires dans la continuité (en matière de politique extérieure).
Le président de la République est « la mémoire de la république », car il se souvenait
d’événements politiques non connus des autres, notamment en politique étrangère.
- L’affaiblissement de la présidence du Conseil. C’est aujourd’hui le Premier
Ministre. Le président du Conseil des ministres ne préside pas le Conseil des
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ministres. C’est le président de la République qui préside. Cette institution n’est pas
inscrite dans les lois constitutionnelles de 1875. C’est une institution coutumière
créée peu après Dufaure, le premier président du Conseil avant et après la crise du 16
mai, qui demande à Mac Mahon le titre de président du Conseil le 9 mars 1876. Il a
une autorité protocolaire. Il ne peut renvoyer ses ministres (cille sous la IV/Vème
République). Il a, jusqu’en 1934, un autre portefeuille. Il ne dirige pas le
gouvernement mais a un rôle pas très important. C’est en 1934 qu’il n’a plus de
portefeuille. C’est la même année qu’il s’installe à l’Hôtel de Matignon, rue de
Varennes. En 1935, on va en outre créer des services administratifs propres, 5 ans
avant la fin effective de la IIIème République. Avec ces limites, ces pouvoirs propres
donnés à la fin du système, le président du Conseil ne peut pas tenir lieu de
personnalité forte de l’exécutif face à l’assemblée.
- L’instabilité gouvernementale, trait caractéristique du système. Les
chiffres sont éloquents, puisque de 1879 à 1940 se succèdent 95 ministères
(gouvernements), en 61 ans, soit une moyenne de 7 mois et 3 semaines par
gouvernement. Aucun n’atteint 3 ans, le plus long est celui de Waldeck-Rousseau,
avec 2 ans et demi. Les causes sont d’abord politiques, c’est l’absence de majorité
stable. Ce sont des combinaisons conjoncturelles, coalitions composées au niveau de
l’assemblée et non soumises aux électeurs. Le parti radical est renversé par exemple.
Les partenaires faisant prévaloir le règne partisan sur l’intérêt collectif fait que le
gouvernement va tomber. Des gouvernements disparaissent, le gouvernement se
liquéfie de l’intérieur. Des causes juridiques, liées au mécanisme parlementaire. Le
principe de la responsabilité. Chaque député peut interpeller le gouvernement,
interpellation suivie d’un débat et un vote, soit de défiance, soit de confiance. Elle
donne une possibilité de harcèlement du gouvernement. Il peut tomber sur une
motion de censure. La question de confiance va paradoxalement fragiliser le système.
Elle vise à le renforcer en principe. Par ce chantage, le gouvernement espère obtenir
le vote d’un texte. Compte tenu du fonctionnement des institutions, cet instrument
offensif devient un instrument de suicide. Le gouvernement se met en danger et
tombe. Il y a donc des causes juridiques et une mauvaise organisation. En 1946,
apparaît la volonté de rendre plus difficile le renversement du gouvernement.
Ce système a des conséquences extrêmement perverses. Il affaiblit encore le rôle
de l’exécutif. Le législatif n’est pas bien armé, mais structurellement une assemblée
nombreuse ne peut prendre des décisions rapidement. L’exécutif a lui une capacité
d’impulsion et de suivi des dossiers. Affaiblir l’exécutif, c’est porter atteinte à
l’efficacité de la politique suivie. Selon De Gaulle, la faiblesse de l’exécutif est à
l’origine des défaites françaises, notamment en 40 à cause des problèmes
d’armement. De Gaulle, stratège, accusait la faiblesse du gouvernement dans
l’impréparation de la Seconde Guerre mondiale. L’instabilité est aussi un facteur
d’immobilisme. Le gouvernement changeait peu. Le parti charnière, au centre,
gouvernait tantôt avec la gauche, la droite, mais était au pouvoir : les ministres
restaient les mêmes. Le système était instable et incapable d’évolution. Avec ce
système d’alternance, comme en Grande Bretagne depuis longtemps et en France
depuis 80, le gouvernement change franchement, ce qui peu avoir des inconvénients,
mais au moins il y a un choix posé à l’électeur. Sous la IIIème République, là il n’y a
pas de véritable contrôle de l’opinion publique sur le gouvernement. En France,
depuis 78, jamais une majorité législative sortante n’a été réélue. La majorité a
toujours changé. Cela empêche l’immobilisme mais cela donne un contenu au
système semi représentatif où les élus doivent tenir compte des électeurs. Avec la
IIIème République, les députés faisaient ce qu’ils voulaient, sans que les électeurs
puissent y changer quelque chose.
Exemple : lors des élections de 36, il y a l’élection d’une majorité de Front
Populaire, de gauche, soutenue par les socialistes, les radicaux et le PC. Le
gouvernement est renversé par le Sénat, puis il y aura un autre gouvernement
suivant une politique différente. La chambre élue en 36 est la même qui donne les
pleins pouvoirs à Pétain en 40. Ce revirement capital se fait sans consulter l’électeur.
Les électeurs avaient voulu ce gouvernement, qui disparaît sans le contrôle des
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citoyens. A l’époque, les représentants se réfèrent à « l’esprit public », mais ils étaient
les seuls à l’interpréter (sans sondage d’opinion, et sans autre élection que les
élections générales). La IIIème République ne se voulait pas un régime
démocratique.
Le souci de démocratie ne se manifeste qu’après la Seconde Guerre mondiale. La
IIIème République a connu deux phases :
(- La phase Mac-Mahon, finie en 79.)
- La phase où la IIIème République est efficace et où elle résiste aux attaques, aux
crises (boulangisme, Panama, Dreyfus). Selon Anatole France, « La République
gouverne mal mais se défend bien. » Elle montre son efficacité dans la guerre de
14-18, conflit où le régime fait face et fait gagner la guerre à la France. C’est un
système ayant des vices mais qui a des ressorts le faisant durer.
- A partir de 1934, le système disjoncte, à cause de la crise de 29 ayant touché la
France après les autres pays européens, la montée des périls extérieurs (Hitler en 33),
les conflits sociaux s’exacerbent (grève des cheminots en 1920, puis calme, et les
conflits reprennent) : il y a une décadence du système, la valse des ministères, et la
IIIème République semble dépassée par l’évolution du moment. Il y a des tentatives
de réformes par un président rappelé aux affaires en 34, Gaston Doumergue,
président du Conseil qui essaye avec son plan de réformes de supprimer l’autorisation
du Sénat pour la dissolution de l’Assemblée. Il échoue, les parlementaires refusent
puis il s’en va. Ses successeurs n’y parviennent pas et le système ne se réforme pas.
◊ La chute du système, le régime de Vichy et la France libre.
- La chute du système est la conséquence de la défaite militaire. La France
est entrée en guerre avec l’Angleterre contre l’Allemagne car la Pologne a été
envahie par les Allemands. Cette guerre est d’abord une guerre statique, drôle de
guerre de 39 à 40. En Juin 40, les armées allemandes rompent les troupes françaises
le 10 juin, et le front et la défaite apparaît complète. La 17 juin, le gouvernement
dirigé par le président du Conseil Reynaud démissionne. La question débattue est le
fait de savoir s’il faut capituler ou s’il faut que le gouvernement s’exile à Alger, une
ville française. La France a aussi des possessions en Asie (Indochine). « La France a
perdu une bataille mais n’a pas perdu la guerre. » dit De Gaulle, car il y a tout une
flotte et des territoires extérieurs. En 41, les Etats-Unis et la Russie entrent dans le
conflit. Contre cela, la ligne défaitiste veut demander l’armistice et sauver les
meubles.
Cette ligne, avec son chef prestigieux Philippe Pétain, à l’époque maréchal (mais le
titre lui fut retiré), chef populaire, combattant de la Première Guerre mondiale et
homme politique, marqué à droite, antisémite. Pétain pense que la guerre est perdue
que et la France doit s’entendre avec l’Allemagne. Cette ligne l’emporte.
L’autre idée est un gouvernement en exil pouvant gouverner. La Hollande fera ce
choix et le gouvernement ira s’exiler en Angleterre.
- La ligne de Pétain l’emporte, et il n’y a plus de président du Conseil depuis le 17
juin. Le gouvernement est d’abord allé à Clermont-ferrand, puis à Vichy, où il y avait
beaucoup d’hôtels où l’on pouvait installer les ministères. Pétain lui-même hésite et
songe à un coup d’Etat. Il cède finalement à Pierre Laval, vieux parlementaire,
président du Conseil sous la IIIème République, qui lui conseille de faire ce coup en
douceur. On procède alors à une révision constitutionnelle, avec la loi
constitutionnelle du 10 juillet 40. Le 9 juin, les deux assemblées votent un projet de
révision et se réunissent en Congrès le 10 à Vichy. Cette loi, avec 569 voix pour et
seulement 80 contre avec 18 abstentions est largement votée. Elle dit : « l’assemblée
nationale (= les deux chambres) donne tout pouvoir au gouvernement de la
République, sous l'autorité et la signature du maréchal Pétain, à l'effet de promulguer
par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l'État français. Cette
constitution devra garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie. Elle sera
ratifiée par la Nation et appliquée par les Assemblées qu'elle aura créées. » Les
termes « travail, famille, patrie » deviennent la devise du gouvernement de Vichy.
Après la libération, on discute de la constitutionnalité de ces lois. La solution adoptée
est le choix politique de déclarer que la loi du 10 juillet était inconstitutionnelle. Elle
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est frappée de nullité et les parlementaires ayant voté pour la loi seront inéligibles
(cette inéligibilité sera relevée). Certains auteurs soutiennent que la loi du 10 juillet
était constitutionnelle. On disait que sous la IIIème République, on ne pouvait pas
déléguer le pouvoir constituant, or là, il est délégué au gouvernement dirigé par
Pétain. Normalement, la Nation devrait accepter la nouvelle loi. L’assemblée nationale
est souveraine. On peut y appliquer le raisonnement appliqué aux décrets-lois. On
pouvait dire que l’assemblée était souveraine. En l’absence d’un juge pouvant
trancher le débat, on peut trancher. Le second argument est l’argument des
circonstances. On disait que la pression était telle qu’ils n’étaient pas libres de leur
appréciation. L’armée allemande avait percé mais c’est un fait. Les pressions sur les
parlementaires n’étaient pas décisives (80 ont refusé). L’idée de pression est donc
discutable.
C’est l’usage fait par Pétain qui est illégal : il prend le pouvoir mais ne fait pas de
Constitution. La Loi de 40 lui donne un mandat, dont il se sert non pas pour établir
une Constitution mais pour instaurer un pouvoir personnel. Mais tout le monde
connaissait l’issue du vote, bien que la lettre du texte n’ait pas été acceptée. Pétain
instaure le régime de l’Etat français, un gouvernement de faire qui glisse vers la
collaboration où il ne se passe rien constitutionnellement, rétroactivement annulé en
45. Ne seront récupérés qu’un nombre de lois, validées en 45 par l’Assemblée
Républicaine (par exemple, une loi d’administration sur les eaux et forêts n’a rien
d’idéologique et peut être conservée). Tout le reste a été considéré comme nul.
- La France libre. Elle commence le lendemain de la démission de Reynaud, le 18
juin 40. De Gaulle quitte la France pour Londres et lance son appel à continuer le
combat au côté de l’Angleterre. La France et l’Angleterre sont liées par traité, et les
deux pays ne cherchent pas de cessation du conflit sans consultation mutuelle. Pétain
renie la paix séparée, c’est une trahison de la France à l’égard de l’Angleterre. La
légitimité officielle du général De Gaulle est due à son poste de sous secrétaire d’Etat
de la IIIème République (sous un ministre), ce qui n’est pas extraordinaire. De Gaulle
pense être rejoint par des gens de notoriété supérieure auxquels il se mettra aux
ordres. Le seul personnage important qui le rejoint est le général de Laminat, mais il
se soumet à De Gaulle, car c’est De Gaulle qui a eu l’initiative.
Le 27 octobre 40, De Gaulle créé le conseil de défense de l’empire, une
organisation militaire (« défense ») et fait référence à l’empire car une partie des
colonies françaises d’Afrique noire se sont ralliées à la France libre, ce qui donne un
appui. Le 24 septembre 41, cette organisation devient le comité national français.
Le 3 juin 43, ce comité devient le CFLN (Comité Français de Libération Nationale). Le
général Giraud avait suivi Pétain et l’a quitté, en allant en Afrique du Nord d’où il veut
prendre le contrôle de l’organisation, puissamment aidé par les Etats-Unis, contre De
Gaulle. Il y a donc deux présidents (De Gaulle, chargé de la dimension civile, et Giraud
chargé de la dimension militaire). Giraud démissionne. Le 3 juin 44, le CFLN devient le
GPRF constitué à Alger, puis à Paris et présidé par De Gaulle.
IX – La IVème République
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La révision doit être décidée par une résolution adoptée à la majorité absolue des
membres composant l'Assemblée nationale.
La résolution précise l'objet de la révision.
Elle est soumise, dans le délai minimum de trois mois, à une deuxième lecture, à
laquelle il doit être procédé dans les mêmes conditions qu'à la première, à moins que
le Conseil de la République, saisi par l'Assemblée nationale, n'ait adopté à la majorité
absolue la même résolution.
Après cette seconde lecture, l'Assemblée nationale élabore un projet de loi portant
révision de la Constitution. Ce projet est soumis au Parlement et voté à la majorité et
dans les mêmes formes prévues pour la loi ordinaire.
Il est soumis au référendum, sauf s'il a été adopté en seconde lecture par l'Assemblée
nationale à la majorité des deux tiers ou s'il a été voté à la majorité des trois
cinquièmes par chacune des deux assemblées.
Le projet est promulgué comme loi constitutionnelle par le Président de la République
dans les huit jours de son adoption.
La conséquence concrète, c’est que la possibilité d’un référendum est utilisée avec
beaucoup de parcimonie (deux révisions de la Constitution seulement, sans
référendum). On concède la souveraineté populaire, mais on n’en tire aucune
conséquence directe (à part le droit de vote aux femmes).
Les organes :
- principe du suffrage universel
- suppression du Droit de vote des militaires.
Le bicaméralisme est très inégal : c’est seulement par la première chambre
(l’assemblée nationale) que le peuple exerce sa souveraineté. L’assemblée est seule à
voter la loi. Le Conseil de la République, vestige du Sénat, ne donne que des avis (qui
peuvent toujours être renversés par l’assemblée). L’assemblée est souveraine, car
elle n’est jamais liée par les choix du Conseil de la République.
- principe de la souveraineté de la loi
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catégorie était synonyme de désespoir. Face à cela, la IVème République était mal
armée pour agir, puisqu’elle était mal armée pour gouverner. Selon Mitterrand,
« l’Algérie c’était la France. »
Le régime de la IVème choisit une politique de guerre, militaire pour régler le
problème. Mais cela ne règle pas le conflit, car l’armée française ne réussit pas
véritablement à rétablir l’ordre et d’autre part, cela pose un problème au niveau
international, notamment pour l’image de la France. L’idée d’une indépendance de
l’Algérie progresse, bien qu’elle soit masquée. Elle est la cause de l’effondrement de la
IVème République. Il y a une seconde insurrection en Algérie, des activistes, les Français
d’Algérie qui se mettent le 13 mai 58 en état de sécession avec la métropole. Ils étaient
prêts à concevoir l’indépendance de l’Algérie. Les plus activistes considèrent que le fait
que Pflimlin soit investi représente un premier pas vers l’abandon, l’indépendance de
l’Algérie. Les activistes se mettent en état de sécession et se mettent à la tête de
l’Algérie. Il n’y a pas d’Alger. La Corse se solidarise avec ce pouvoir insurrectionnel et se
met aussi en état se sécession. On pourrait imaginer qu’une telle crise soit à l’origine
d’une guerre civile. La guerre civile est évitée au prix du sacrifice de la IVème
République.
Suite au 13 mai, à cette crise, la situation est figée. Le gouvernement français ne
sait pas comment faire rentrer l’Algérie dans l’obéissance. C’est dans ce contexte que
l’on assiste à l’événement extraordinaire qu’est le retour au pouvoir de De Gaulle. Il a
démissionné en janvier 46 alors qu’il était président du GPRF, mais ce n’était pas un
abandon du pouvoir dans son esprit. Il pense qu’il va être rappelé et veut transformer les
institutions (il n’y arrive pas en tant que président du GPRF et espère pouvoir le faire via
un parti politique en étant un dirigeant élu). De Gaulle fonde le RPF (Rassemblement du
Peuple Français), qui va présenter des candidats aux élections. Il espère revenir au
pouvoir par la voie démocratique. Après un grand succès initial, le dynamisme électoral
du parti est brisé. La loi scélérate dénoncée par les gaullistes permet d’empêcher la
progression du courant.
Au milieu des années 50, De Gaulle perd l’espoir de gouverner et est dans une
situation d’attente sans espoir. Il n’imagine pas les conditions dans lesquelles il pourrait
reprendre le pouvoir, c’est sa « traversée du désert ». Là-dessus arrivent les
événements de mai 1958. Ceci va, de façon inattendue, permettre à De Gaulle de
reprendre le pouvoir.
Fin mai 1958, le pire est craint. La seule solution que trouvent les dirigeants de la
IVème République est de faire appel au général De Gaulle. Il se retrouve au centre de
l’action politique, car il a acquis du prestige au cours de la guerre, il a un capital de
sympathie et des personnages qui tiennent à lui. Il est acceptable pour les deux parties
dans le cadre de la résolution du conflit entre la France et l’Algérie. Il a la réputation de
n’avoir jamais essayé de coup d’état militaire, ni d’avoir essayé d’imposer sa volonté par
la force et de s’être réclamé de procédures démocratiques et constitutionnelles.
Pour les gens d’Alger, il est vu de façon complexe. Les activistes d’Alger n’ont pas
totalement confiance en lui et ne le tiennent pas complètement acquis à leur thèse, mais
d’un autre côté, De Gaulle est sûrement attaché à la présence française en Algérie, c’est
un militaire qui remettra de l’ordre de la République… Les activistes sont aussi à la
recherche d’une solution, car tout comme les gens de Paris, ils sont coincés. Les
dirigeants de la IVème République hésitent beaucoup. De Gaulle a toujours dit qu’il ne
voulait pas le pouvoir pour le pouvoir mais pour changer les institutions. Accepter le
retour de De Gaulle, c’est accepter de changer les institutions, de supprimer la
Constitution de 1946. Le prix à payer est donc très lourd, mais ils vont s’y résoudre pour
éviter une guerre civile ou une confrontation armée entre Paris et Alger.
Le président de la République de l’époque, René Coty, va franchir le pas. En tant
que président, c’est lui qui pressent le président du Conseil. Il fait appel au « plus
illustre des Français », à De Gaulle et lui demande d’être le président du Conseil. Les
partis de gauche, de centre droite se rallient (tous à l’exception du PC, hostile au retour
de De Gaulle). La majorité de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière), le
parti socialiste, va se rallier à la solution adoptée. Cf. Pierre Mendès France, François
Mitterrand, contre.
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Article unique
Par dérogation aux dispositions de son article 90, la Constitution sera révisée par
le gouvernement investi le 1er juin 1958 et ce, dans les formes suivantes :
Le Gouvernement de la République établit un projet de loi constitutionnelle
mettant en oeuvre les principes ci-après :
1° Seul le suffrage universel est la source du pouvoir. C'est du suffrage universel
ou des instances élues par lui que dérivent le pouvoir législatif et le pouvoir
exécutif ;
2° Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif doivent être effectivement séparés
de façon que le Gouvernement et le Parlement assument chacun pour sa part et
sous sa responsabilité la plénitude de leurs attributions ;
3° Le Gouvernement doit être responsable devant le Parlement ;
4° L'autorité judiciaire doit demeurer indépendante pour être à même d'assurer le
respect des libertés essentielles telles qu'elles sont définies par le préambule de la
Constitution de 1946 et par la Déclaration des droits de l'homme à laquelle il se
réfère ;
5° La Constitution doit permettre d'organiser les rapports de la République avec
les peuples qui lui sont associés.
Pour établir le projet, le Gouvernement recueille l'avis d'un comité consultatif ou
siègent notamment des membres du Parlement désignés par les commissions
compétentes de l'Assemblée nationale et du Conseil de la République. Le nombre
des membres du comité consultatif désignés par chacune des commissions est au
moins égal au tiers du nombre des membres de ces commissions ; le nombre total
des membres du comité consultatif désignés par les commissions est égal aux
deux tiers des membres du comité.
Le projet de loi arrêté en Conseil des ministres, après avis du Conseil d'État, est
soumis au référendum. La loi constitutionnelle portant révision de la Constitution
est promulguée par le président de la République dans les huit jours de son
adoption.
René Coty
Par le président de la République,
Le président du Conseil des ministres, C de Gaulle
Le ministre d'État, Guy Mollet
Le ministre d'État, Pierre Pflimlin
Le ministre d'État, Félix Houphouët-Boigny
Le ministre d'État, Louis Jacquinot
Le garde des sceaux, ministre de la justice, Michel Debré »
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Prises de notes L1 2005-2006 dtconstit.free.fr
gens allant rédiger la Constitution n’est pas totale. Le pouvoir leur est confié à condition
qu’ils respectent ces principes.
- « Seul le suffrage universel est source du pouvoir. » Du suffrage universel
découlent le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
- « Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif doivent être effectivement séparés. »
C’est la séparation des pouvoirs.
- « Le gouvernement doit être responsable devant le Parlement. »
- « L’autorité judiciaire doit demeurer indépendante. » (« autorité » et non pas
« pouvoir »)
- « La Constitution doit permettre d’organiser les rapports de la République avec
les peuples qui lui sont associés. » La décolonisation n’est pas faite et les colonies
africaines n’accéderont à l’indépendance que sous la Vème République. C’est un enjeu
que de savoir comment sont organisés les rapports politiques entre la métropole et les
colonies.
Quatre des cinq ne disent que des choses sur lesquelles tout le monde est
d’accord. Personne ne songe à rétablir une monarchie, tout le monde veut une séparation
des pouvoirs, une indépendance judiciaire, et une indépendance de la République… Cela
ne limite pas le pouvoir des rédacteurs car personne ne songe à faire autrement. Le seul
point qui va donc préjuger de la rédaction de la Constitution est le troisième : la
responsabilité du gouvernement. Cela signifie qu’on va faire un régime parlementaire et
non un régime présidentiel à l’américaine où le gouvernement n’est pas responsable.
Après avis du Conseil d’Etat, le texte sera soumis au référendum. Les conditions
de l’opération sont clairement définies par la loi du 3 juin et il ne reste qu’à passer à la
pratique, c’est-à-dire à rédiger effectivement une Constitution. Le texte, sous l’autorité de
De Gaulle et du garde des sceaux Debré est rédigé essentiellement par des membres du
Conseil d’Etat. Les membres du Conseil d’Etat la rédigent et proposent un avant projet
arrêté par le Conseil des ministres le 29 juillet (phase de rédaction du 3 juin au 29 juillet).
Il est soumis le 27 août 1958 au Conseil d’Etat par un célèbre discours de M.
Debré. Le Conseil d’Etat va rendre son avis sur le texte et le projet est définitivement
arrêté le 3 septembre 58. Grand discours le 4 septembre 1958 (date du coup d’Etat
républicain qui renverse le IInd Empire) place de la République, pour présenter la Vème
République au peuple, cette place qui est un lieu symbolique. Suit la campagne du
référendum où la plupart des forces politiques se prononcent pour le oui, massivement
(sauf les communistes et quelques socialistes). Le référendum a lieu le 28 septembre 58
et la Constitution est adoptée à 79.2% de oui en France métropolitaine. On vote dans les
anciennes colonies françaises, et il est entendu que pour les territoires ils peuvent choisir
l’indépendance. Le non au référendum aboutit à leur indépendance. En pratique, un seul
état de l’Union Française va faire ce choix, la Guinée, qui, sous l’influence de son
principal dirigeant vote majoritairement non au référendum. Les autres colonies
françaises d’Afrique votent oui et n’accéderont à l’indépendance que dans les cinq
prochaines années.
En parlant de Constitution de 4 octobre 58, c’est la date de la promulgation par le
président de la République René Coty.
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