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Dans les régions de Touat, Gourara et Tidikelt, qui font partie de la circonscription
administrative d'Adrar dans le sud-ouest de l'Algérie, la mise en place des nouveaux
périmètres de mise en valeur, basés sur l'exploitation des eaux souterraines, est accompagnée
par un discours sur le déclin des systèmes hydrauliques ancestraux que sont les foggaras en
Algérie, de la qanat en Iran, du falj au sultanat d’Oman, du kariz en Afghanistan et au
Pakistan, de la khettara au Maroc, de la qanat romani en Jordanie et en Syrie, du kanerjing en
Chine et de la kriga en Tunisie. Ce sont là des noms pour désigner le même principe de
fonctionnement. Elles sont réparties dans plus de 30 pays à travers le monde (BOUSTANI,
2008). C’est la qanat qui constitue la plus ancienne technique ; elle a été réalisée depuis plus
de 3 000 ans et c’est le nord-ouest du plateau iranien qui est considéré comme le foyer
d’origine de ces galeries (CRISTINI et LANGLAIS, 2004; GOBLOT, 1979; WESSELS,
2005). Plus de 50 000 qanats étaient en exploitation en Iran (GHORBANI, 2007).
Aujourd’hui, il ne reste que 22 000 qanats fonctionnelles, dont la longueur totale des drains
avoisine les 250 000 km (WULF, 1968). La plus longue qanat a une galerie d’une longueur de
50 km et se trouve dans la région de Kerman. Le falj se localise dans la partie nord du sultanat
d’Oman. Les aflajs ont été développées il y a plus de 2 000 ans (ZAHER BIN KHALID et al.,
2007). Actuellement, il ne reste que 3 017 faljs fonctionnels sur un total de 4 112, qui drainent
un débit de 680 millions de m3•an-1 pour une longueur de 2 900 km (AL GHARFI et al.,
2000). Contrairement aux qanats qui puisent l’eau des nappes souterraines, il existe trois types
de faljs :
Le falj Ghaili qui capte les eaux des oueds. Il représente 49 % des aflajs d’Oman.
Le falj Aini qui capte les sources naturelles pérennes. Il représente 28 % du total des
aflajs.
Le falj Daoudi qui puise l’eau des nappes phréatiques au pied des montagnes. Il
représente 21 % du total des aflajs.
Dans le Tafilalet au sud du Maroc, les khettaras étaient au nombre de 300 au début du
XXe siècle, pour environ 450 km de galeries. Elles se concentrent sur la rive droite de l’oued
Ghriss et au nord-est du Tafilalet. En l’an 2000, il ne restait que 150 khettaras fonctionnelles
(BEN BRAHIM, 2003).
Il est très difficile de situer avec précision le point de départ de la foggara, c’ est une
technique de captage des eaux qui a pris naissance en Iran selon GOBLOT (PNUD, 1986). La
qanat, qui alimentait Ibril en Perse, a été construite à la fin du VIIe siècle avant J.-C., ce qui
atteste des origines très lointaines de ce type de captage.
Dans le Sahara algérien, les foggaras auraient été introduites au XIe et XIIe siècles par
El Malik El Mansour, qui aurait creusé la première foggara à Tamantit (à 15 km d’Adrar)
(HASSANI, 1988). Ensuite, les foggaras ont été développées dans le Touat et le Gourara par
des tribus arabo-berbères du sud marocain (Mrabtine, Chorfa) sur la base de l’esclavage de la
main-d’oeuvre noire (Harratine) locale ou provenant des régions voisines du Mali, du Niger et
du Soudan (ARRUS, 1985).
La plus grande foggara de la région de Timimoun est celle d’El Meghier (à 200 km d’Adrar).
Elle a été forée à une époque qu’on ne peut préciser et aurait été développée par le
Marabot Sid Othmane et son fils, qui vivaient au IXe siècle de l’hégire (REMINI et
ACHOUR, 2008).
Que ce soit la qanat, la khettara, le falj ou la foggara, toutes ces techniques ont le même
principe de fonctionnement ; il s’agit de captage des eaux à l’aide des galeries drainantes
munies de puits d’aération. Cependant, la source d’eau captée diffère d’un procédé à l’autre.
La qanat et la khettara captent les eaux de la nappe phréatique au pied des montagnes, une
partie du falj capte les eaux de source et une autre partie du falj capte les eaux des oueds. En
Algérie, lorsqu’on parle de la foggara, on parle automatiquement des foggaras du Touat, du
Gourara et de Tidikelt, qui captent les eaux de la nappe albienne. Plusieurs auteurs,
notamment KOBORI (1982) et GAILLERMOU (1993), ont beaucoup cité ce type de foggaras
dans leurs études et travaux. C’est dans le but de mettre en évidence les différents types de
foggaras qui ont participé à donner la vie aux oasis du Sahara algérien que cette étude a été
menée. Selon l'Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH), sur les 2000
foggaras inventoriées à Adrar en 2016, 1278 foggaras sont taries du fait des abaissements du
niveau de la nappe. Selon la même agence, le reste des foggaras présente un manque
d'entretien et le débit total capté par les foggaras à Adrar a ainsi diminué de 3,6 m3/s en 1960
à 1,8 m3/s en 2011
1. Définition:
La foggara signifie, en arabe, Fakara (creuser). Certains auteurs croient que cette expression
provient du terme arabe El Fokr (la pauvreté). Celui qui creuse une foggara se trouverait en
effet dans l’obligation d’y investir tellement, qu’il finirait par tomber dans le besoin avant
d’en bénéficier. Par contre, d’autres auteurs croient que le mot foggara est relatif à Fakra, la
vertèbre en arabe (KOBORI, 1982).
La foggara est une technique liée à un système social de travail collectif, mené par un comité
de sages, appelé Djemaa, dont le rôle est de diriger et de surveiller l’entretien de la foggara et
la répartition de son eau.
Coupe longitudinale d’une foggara dans les oasis de la Zaouiet Kounta (Remini, 2016)
3.L’importance de la Foggara
L'importance des Foggaras pour les Oasiens ne se limite pas à l’irrigation et à l’alimentation
en eau potable. L’organisation sociale qui gravite autour de la répartition des eaux de la
Foggara ainsi que les TWIZA organisées à l’occasion des travaux d’entretien permettent de
renforcer les liens entre les familles de la région
La Foggara est de ce fait pour le Touat, Gourara et Tidikelt :
Un facteur de stabilité
Une source d’eau permanente
Une composante principale du développement économique et social
4.Méthodes et enquêtes
Cette étude a été basée sur des sorties sur le terrain et des enquêtes effectuées auprès des
oasiens et des propriétaires de foggaras. Plus d’une vingtaine de sorties de prospection ont été
effectuées durant la période 2006 à 2008, dans les oasis situées à la périphérie du Grand Erg
Occidental. Des foggaras vivantes et abandonnées de 20 oasis ont été prospectées. Il s’agit des
oasis de Moghrar (Naama), Boussemghoune (El Bayadh), Timimoun, Adrar, Beni Abbes
(Bechar), Tabalbala (Bechar), Lahmar (Bechar), Taghit (Bechar), Wakda (Bechar),
Beni Ounif (Bechar), Ouled Said (Timimoun), Kali (Timimoun), Ghardaia
Seguia d’une foggara classique dans une palmeraie de Timimoun (REMINI, 2007)
Un Madjen (un bassin de stockage) dans une palmeraie de Timimoun (REMINI, 2008).
Ce type de foggara ressemble à celui du falj Aini du sultanat d’Oman qui draine lui aussi
les eaux de source ; c’est pour cette raison qu’il porte le nom Aini (source). L’oasis de
Beni Ounif possède deux foggaras de sources qui sont fonctionnelles.
Dans l’oasis de Moghrar, qui possède deux foggaras, la foggara El Foukania (que nous
avons visitée), est constituée d’une source d’eau (Ain) représentant le puits de captage et
une galerie souterraine d’une centaine de mètres, légèrement inclinée. Elle déverse en
permanence dans le madjen collectif situé dans la palmeraie, avant d’atteindre le réseau
des seguias qui distribue l’eau dans les jardins.
V. La foggara de la montagne (nappe phréatique)
Ce type de foggara n’est plus en service dans le Sahara algérien. Les quelques foggaras qu’on
a recensées se localisent dans la région de Bechar. La foggara de Djebel capte son eau à partir
d’une nappe phréatique qui se recharge à partir des eaux de ruissellement en provenance des
montagnes périphériques (Figure 6). Ce type de foggara a beaucoup de similitude avec la
khettara marocaine, la qanat iranienne et le kariz d’Afghanistan. La caractéristique principale
de la foggara d’Al Ain est la variation de son débit durant l’année. En effet, c’est durant la
période des pluies que le débit enregistre les valeurs les plus élevées, à cause de la recharge de
la nappe phréatique. L’assèchement des foggaras s’effectue en périodes chaudes.
Suite aux différentes périodes de sécheresses depuis plusieurs années et faute d’entretien, les
trois foggaras de montagne qu’on a recensées dans l’oasis de Taghit se trouvent actuellement
abandonnées. Ce type de foggara se localise au pied de Djebel Marhoma à Beni Abbes. Elle
est caractérisée par une longueur de la galerie qui ne dépasse pas les 1 000 m. Elle est large
par rapport aux foggaras de l’Albien.
VI. La foggara des oueds
Ce type de foggara capte les eaux des oueds, comme le falj du sultanat d’Oman. La longueur
de cette foggara, creusée dans les sables grossiers des alluvions de l’oued, peut atteindre
1 500 m. C’est une foggara temporaire qui fonctionne en période humide en captant les eaux
de la nappe d’inféroflux. Pour ce type de foggaras, le puits mère ainsi que les puits d’aération
se trouvent dans le lit de l’oued, où les types de sols rencontrés sont généralement argilo-
limoneux et parfois caillouteux (Figure 7). Elles sont vulnérables aux crues et à
l’ensablement, les puits d’aération étant recouverts par les alluvions de l’oued lors des crues.
La méthode volumique
Ce type de partage est le plus répandu en Algérie. Dans toutes les oasis à foggaras albiennes,
le partage de l’eau s’effectue par la méthode volumique. Chaque copropriétaire est
destinataire d’un volume d’eau déterminé en fonction de sa contribution à l’entretien et à la
maintenance de la foggara. Cette répartition est assurée par les kasriates (pluriel d’une kasria).
Le réseau de distribution est équipé d’un nombre de kasriates qui est proportionnel au nombre
d’abonnés. Les kasriates sont disposées en forme de pyramide. À partir de la kasria lakbira
(principale), une sorte de bassin triangulaire muni d’un partiteur (peigne) reçoit la totalité de
l’eau de la foggara et répartit le débit en trois, quatre et même cinq rigoles (seguias). À partir
de la kasria principale, les seguias vont en éventail dans tous les sens. Au bout de ses seguias,
d’autres kasriates secondaires répartissent l’eau puis d’autres prennent naissance et ainsi de
suite jusqu’aux guemouns (les jardins) .
La méthode horaire
Cette méthode de partage de l’eau, caractéristique des foggaras des sources, des montagnes et
des oueds, est basée sur l’unité de temps. Le partage de l’eau s’effectue par le procédé horaire
appelé nouba, c’est-à-dire tour à tour. Il est défini comme la durée de temps suffisante pour
irriguer complètement le jardin. Le partage des eaux des khettaras de Tafilalet (Maroc) et des
qanats (Iran) s’effectue selon le mode de la nouba. En Algérie, le partage de l’eau par unité de
temps s’effectue actuellement pour les eaux des deux foggaras de Moghrar (Naama); il
fonctionne de la même façon que celui des khettaras marocaines. La répartition de l’eau entre
les copropriétaires se déroule tour à tour.
Dans la région d’Adrar, le partage des eaux de la foggara de Hanou, qui est une foggara
horaire, s’effectue au tour à tour. Il n’y a pas de kasriates comme dans les autres foggaras
avoisinantes. Des seguias relativement importantes partent directement d’un grand madjen
(réservoir). La foggara est obstruée une à deux fois par jour pour permettre de reconstituer le
niveau requis, puis l’eau est libérée pour un temps donné, proportionnel à la contribution
financière versée par le bénéficiaire (OLEIL, 1994).
7.Quantification de la part d’eau
Deux procédés de mesures des parts d’eau des ayants droits ont été mis en évidence par les
oasiens. Que ce soit pour la foggara volumétrique ou pour la foggara horaire, le procédé est
basé sur la théorie des écoulements par orifices. Pour la foggara volumétrique, le partage de
l’eau entre les copropriétaires s’effectue par unité de volume. Chaque copropriétaire reçoit sa
part d’eau en unité de volume. L’unité de mesure utilisée est la Habba qui correspond à la
section de l’anneau d’un noyau de dattes. Appelé Louh dans les oasis de Gourara et Hallafa
dans les oasis de Touat et Tidikelt, l’outil de mesures est une plaque en cuivre perforée par
des ouvertures de différents diamètres. Il est à noter que chaque région a son propre outil de
jaugeage avec ces propres caractéristiques. C’est un ainsi que le Louh de la région de Gourara
qui est une petite plaque en cuivre mais contient deux rangées de trous. La Hallaffa de la
région de Touat qui est une longue plaque de cuivre contient une seule rangée de trous. La
Hallalfa de la région de Tidikelt est plaque cylindrique et possède deux rangées de trous de
différents diamètres. A titre d’exemple, dans l’oasis de Timimoun, on utilise une plaque
rectangulaire en cuivre de dimensions 57 cm×18 cm. La plaque est percée de trous de
plusieurs ouvertures de différents diamètres dont l’unité de mesure varie d’une oasis à l’autre.
Dans les oasis de Timimoun centre, on utilise le Tmen au lieu de Habba égal environ à 0,0416
l/s. Dans les oasis d’Ouled Said (Timimoun), l’unité de mesure utilisée est la Habba qui est
égal à 2,5 l/min
Louh, utilisé dans les oasis de Gourara Hallafa (3 plaques) utilisées dans l’oisis Igzmir dans
la région de Touat
En utilisant les lois des écoulements à travers un orifice pour un écoulement permanent :
Q=Cd x S0 √2𝑔ℎ
Equation déduite du théorème de Bernoulli.
Q : débit (m3 /s)
S0 : Section de l’orifice (m2 )
Cd : Coefficient du débit
g : accélération de pesanteur (m/s2 )
Pour les oasiens, (h) est fixe. Chaque plaque de jaugeage a son propre (h)
On pose A= Cd √2𝑔ℎ : Coefficient caractéristique de la plaque de jaugeage Dans cas, le débit
est égal à : Q=AxS0, donc c’est S0 qui définit le débit de chaque part d’eau.
Le débit à travers un nombre d’orifices (n) est n = Q/A
Chaque section d’orifice correspond à 1 Habba
Le diamètre de l’orifice et la hauteur (h) de la Hallafa (plaque de jaugeage) varient d’une
oasis à l’autre. C’est pour cette raison que l’unité de volume Habba dépend du choix du
diamètre et de la hauteur.
Pour quantifier les parts d’eau des ayants droits d’une foggara horaire, on utilise différentes
techniques de quantification des parts d’eau, mais la plus utilisée est la Tassa ou le Mordjen.
Cette montre à eau est basée sur le principe des écoulements par orifice, mais dans ce cas, il
s’agit d’un écoulement non permanent contrairement à la foggara volumétrique ou
l’écoulement est supposé permanent. Le système de mesures est composé de deux sceaux en
cuivre Le plus grand est posé à terre et rempli d’eau. Le deuxième plus petit gradué et troué
au fond. On pose ce dernier sur la surface libre de l’eau du grand sceaux . L’eau s’écoule à
travers l’orifice et une fois la tasse se remplit d’eau elle descend sur le fond du grand
récipient. Dans ce cas, il s’agit de déterminer le temps du remplissage de la capsule (récipient
demi sphérique), c'est-à-dire lorsqu’elle est émergée par l’eau, on compte une part d’eau
d’irrigation.
Tassa ; la montre à eau utilisée dans l’oasis
de Moghrar pour la mesure des parts d’eau Principe de mesure par la montre à eau
agriculteurs (Remini, 2014) (Remini, 2014)
Schéma des étapes de mesures des parts d’eau d’une foggara Horaire par la montre à eau (Remini, 2019)
Ce système de mesures est très utilisé dans les oasis de la Saoura, Tamanrasset, Tindouf et
Moghrar . Le principe de cet outil de mesures est basé sur la détermination du temps de
remplissage du récipient de forme demi-sphérique à travers un orifice situé dans le fond de la
capsule. En partant de l’équation : Q=Cd x S0 √2𝑔ℎ
Après un temps de remplissage (dt), il y a un débit de remplissage : Q=dw/dt HO
Le Madjen et le nombre 24
Pour la foggara horaire, le stockage de l’eau s’effectue dans un madjen collectif qui est situé
à l’extérieur des jardins, généralement à la rentrée de la palmeraie sur le point le plus élevée
afin d’assurer un écoulement gravitaire Pour la foggara volumétrique, le stockage des eaux
s’effectue dans des petits madjens (individuels) de dimensions différentes situés à l’intérieur
des jardins. Cependant, il existe une relation entre le nombre 24 et le dimensionnement des
deux réseaux. Le madjen collectif est dimensionné de telle façon à ce qu’il se remplisse
pendant 24 h. Les madjens individuels d’une foggara volumétrique sont dimensionnés pour
que le temps de remplissage total doive être égal à 24h. La différence entre les deux réseaux
(volumétrique et horaire) réside dans le principe de stockage des eaux. Pour la foggara
horaire, les quantités d’eau des bénéficiaires sont regroupées dans le madjen collectif et que
leur utilisation s’effectue tour à tour. Cette quantité d’eau est traduite par une durée
d’irrigation. Ce temps est mesuré par la montre à eau (Tassa) ou la montre à soleil (El Hadjra)
qui sont gradués sur le nombre 24. Chaque ayant droit possède une durée d’irrigation qui
dépend de la contribution de l’individu dans la gestion de la foggara (entretien et
construction). La somme des durées d’irrigation de l’ensemble des bénéficiaires doit être
égale à 24 heures. Pour ce type de réseau, les seguias sont de sections constantes et sont
réalisés en dehors des jardins dans les ruelles pour faciliter la bonne gestion des périodes
d’irrigation des bénéficiaires
Madjen collectif de la foggara de l’oasis de Boukais Seguias de mêmes dimensions dans le réseau de
(Saoura) ( Remini, 2014) la foggara de Boukais (Remini, 2014)
En contrepartie, pour une foggara volumétrique, les quantités d’eau des bénéficiaires sont
stockées dans des madjens individuels situés sur le point le plus élevé des jardins. Ces
madjens sont dimensionnés en fonction du volume d’eau en provenance de la foggara pendant
24 heures. Ce volume est déterminé en fonction de la contribution de chaque individu dans la
gestion de la foggara. Dans ce cas, les madjens individuels sont de dimensions différentes
Madjen individuel d’une foggara d’Ouled Madjen individuel de la foggara de Feraoun
Said ( Remini, 2008) ( Remini, 2019)
A ce titre, les seguias sont dimensionnées pour véhiculer ces quantités d’eau. Dans ce cas, les
seguias du réseau de distribution d’une foggara volumétriques présentent des sections
différentes
Diemmensions diffirentes des seguias pourle reseau d’un foggara volumetrique (Cas de l’oasis de Timimoun)
Pour ce type de foggara, le procédé de mesures des débits utilisé est la Hallafa (ou le Louh).
L’unité de débit est la Habba dont la valeur diffère d’une région à l’autre. Les sous multiples
de cette unité ont été obtenus sur la base du nombre 24
Les sous multiples de Habba Z’rig de la foggara In Ghar (Tidikelt) (Remini and Ghachi,
2018)
Autres outils de quantification des parts d’eau
En plus de la méthode de Mordjen (ou Tassa), d’autres techniques ancestrales de quantification des
parts d’eau ont été utilisées dans les oasis que nous avons visitées, nous citerons les plus répondues :
Montre à Soleil Utilisée en plein jour, El Hadjra (la pierre) ou Saat Echems (la montre à soleil) réalisée
par une pierre plate gravée est basée sur le principe d’une montre. La montre contient de 32
graduations suivant un demi-cercle avec un clou (ou un bâton de bois) placée au centre du cercle. Le
temps que met l’ombre du clou entre deux segments (qui représente 5mn) représente une part
d’eau d’irrigation. Le nombre de graduation dépend des efforts fourni par l’oasien. Une graduation
correspond à une part d’eau qui représente exactement le temps de remplissage de la Tassa. Le
fonctionnement de la montre à soleil (El Hadjra) est basé sur le déplacement de l’ombre du bâton.
Un tel procédé n’est pas utilisable pendant la nuit et même en période d’hiver.
Au début, la part d’irrigation de chaque propriétaire s’effectue à l’aide d’un bâton (palmier) gradué
par des traits (généralement le bâton porte trois traits). Ce bâton est placé verticalement dans le
Madjen avant l’irrigation. Chaque part d’eau est défini par une graduation qui dépend de l’effort
fourni par le propriétaire durant la période de nettoyage et de l’entretien.
Conclusion
Ce mode ingénieux de captage des eaux n’a pas dévoilé tous ces secrets. En s’intéressant à la
partie aval de la foggara et plus exactement au partage de l’eau entre les agriculteurs.
Malgré que les lois hydrauliques actuelles méconnues à l’époque, les oasiens ont pu inventer
un outil de mesures qui permet de quantifier la part d’eau de chaque propriétaire en évitant
son évaporation du fait des hautes températures sévissant dans la région . Basé sur la
théorie des écoulements par orifices, deux procédés de mesures de débit ont été mis en
évidence selon le type d’écoulement (permanent et non permanent). C’est ainsi que deux
modes de foggaras ont été mis évidence chacune avec son propre réseau de distribution et
son outil de mesures des parts d’eau
Les foggaras sont l’héritage culturel légué par les ancêtres aux générations futures qui sont
appelées à l’entretenir pour sauvegarder la mémoire culturelle de la région du Gourara. Dès
lors, il ne serait pas exagéré d’affirmer que les premiers concepteurs de foggaras sont des
précurseurs en matière d’esthétique appliquée aux moyens de production et d’exploitation
des ressources naturelles en eau.