Thème : Son et musique, porteurs d’information Académie de Lille

Chap. 4.2 - La musique, ou l’art de faire entendre les nombres Cours 1re Enseignement scientifique
Cours Année scolaire 2019-2020

CHAP 4.2 - LA MUSIQUE, OU L’ART DE FAIRE ENTENDRE

LES NOMBRES

Problématique
Comment combiner des sons de manière harmonieuse ?
Comment a-t-on construit, au cours des siècles, les gammes musicales ?

I. Les intervalles en musique

A. L’école pythagoricienne
Dès l’antiquité, des systèmes musicaux ont commencé à voir le jour en plusieurs endroits du globe. En Grèce,
l’école pythagoricienne, active à partir du Vie siècle, considérait les nombres entiers et leurs rapports comme
l’expression ultime de l’harmonie musicale, et de celle de l’univers tout entier. Ainsi, selon Pythagore, musique et
nombres sont intimement liés.

B. Les intervalles consonants

Intervalle (musical) entre deux sons : Rapport de leurs fréquences fondamentales.

L’écoute des différents intervalles musicaux provoque des sensations plus ou moins agréables. Les sons
consonants (qui « sonnent » bien) sont liés à des rapports simples d’entiers. Ils ont alors des harmoniques
communs. De façon générale, les accords de notes qui ont des harmoniques communs seront perçus comme
harmonieux.
Nom de Rapport de
Exemple
l’intervalle fréquences
La3 = 440 Hz /
Unisson 1/1
La3 = 440 Hz
La4 = 880 Hz /
Octave 2/1
La3 = 440 Hz
Sol3 = 393 Hz /
Quinte 3/2
Do3 = 262 Hz
Do4 = 523 Hz /
Quarte 4/3
Sol3 = 393 Hz

Deux notes séparées par une octave correspondent à une même note, à des hauteurs différentes.

Octave : Intervalle entre deux sons de rapport 2.

Quinte : Intervalle entre deux sons de rapport 3/2.

II. Les gammes dites de Pythagore

A. Définitions
Note (de musique) : Ensemble des sons dont les fréquences ont un rapport de la forme 2𝑛 (𝑛 entier).
Gamme : Suite finie de notes réparties sur une octave.

Pour construire une gamme, les disciples de Pythagore ont exploité uniquement les intervalles qu’ils jugeaient
les plus consonnants : l’octave et la quinte.

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B. Construction d’une gamme avec le cycle des quintes

 On construit la gamme à partir d’un son de fréquence 𝑓 (note 0).
 On multiplie cette fréquence par 3/2 pour former une première quinte (note 1).
 On trouve la quinte suivante en multipliant la fréquence de la note 1 par 3/2. Si la fréquence obtenue
n’est pas dans l’intervalle [𝑓 ; 2𝑓], on la « ramène » dans l’octave en la divisant par 2 (note 2).
 On continue ce procédé jusqu’à obtenir une (𝑛 + 1)e note de fréquence voisine de 𝑓. En l’identifiant à
𝑓, on obtient ainsi une gamme de 𝑛 notes réparties dans l’octave.

Principe du cycle des quintes

𝑛 0 1 2 3 4
3 9 27 81
𝑓𝑛 𝑓 𝑓 𝑓 𝑓 𝑓
2 8 16 64
Gamme de Pythagore à 5 notes. La 6e note de
243
fréquence 𝑓 ≈ 2𝑓 « reboucle » presque.
128

Les gammes dites de Pythagore sont crées par une succession de quintes (caractérisées par une multiplication
de la fréquence par 3/2) et de réductions à l’octave (caractérisées par une division de la fréquence par 2).

C. Gammes à 5, 7 et 12 notes
Le cycle des quintes retombre presque sur la fréquence de la note de départ pour
un nombre de notes égal à 5, 7 et 12.

En effet, on a : 3𝟓 ≈ 28 ; 3𝟕 ≈ 211 ; 3𝟏𝟐 ≈ 219 . Pendant des siècles, les musiciens

ont employé des gammes à 7 et 12 notes.

D. La quinte du loup
Un raisonnement mathématique montre qu’il n’existe aucune suite de note
construite sur le cycle des quintes qui « reboucle » exactement (impossible
d’avoir 3𝒏 = 2𝑛+𝑝 rigoureusement !)

La dernière gamme à 12 notes sonne un peu faux : c’est la quinte du loup.

Ex : Dans la gamme de Pythagore à 12 notes, l’intervalle entre le 𝑚𝑖# (dernière

note de la gamme et le 𝑓𝑎 est d’environ 1,0136 (au lieu de 1).

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III. Les gammes au « tempérament égal »

A. Le problème de transposition
Une transposition consiste à adapter une mélodie au registre de la voix ou d’un instrument en la « déplaçant »
vers l’aigu ou le grave.

Transposition : Opération consistant à multiplier par un même nombre les fréquences des notes d’une mélodie.

Les gammes de Pythagore ne facilitent pas la transposition, car les intervalles entre les différentes notes de la
gamme sont inégaux.

B. La gamme tempérée à 12 notes

Le modèle qui s’impose à partir du XVIIe siècle est le tempérament égal, qui permet de transposer une mélodie
dans toutes les tonalités sans la déformer.
La gamme tempérée à 12 notes est une gamme dont tous les intervalles sont égaux. L’intervalle 𝑑 entre deux
notes successives de la gamme est égale à la racine douzième de 2 :
12
𝑑 = √2 = 21/12 = 1,05946

Racine douzième : Nombre tel que si 𝑦 = 12√𝑥 , alors 𝑥 = 𝑦12 .

L’oreille humaine tolère bien le tempérament égal même si aucu intervalle, sauf l’octave, n’est dans un rapport
simple. Le tempérament égal permet une transposition plus facile.