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VALIDATION EXTERNE DES MÉTHODES D’ANALYSE ___________________________________________________________________________________________
1. Principes de validation
d’une méthode
Sélection Développement
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variabilité, on a introduit la notion d’incertitude. Ce terme doit être Pour en comprendre les fondements du calcul de l’exactitude, on
préféré à celui de précision qui a été utilisé dans trop d’acceptions peut utiliser la comparaison du tir à l’arc sur une cible. Chaque impact
différentes pour être encore clairement compris. de flèche représente la répétition d’une mesure et le centre de la cible
est la valeur vraie de l’échantillon. Plusieurs situations se présentent.
Un tireur peut utiliser un arc mal équilibré et systématiquement rater le
Selon une définition récente, l’incertitude est un « paramètre centre : on dit que ses tirs ne sont pas justes. Par ailleurs, il peut être
associé à une mesure ou à un résultat pour caractériser la dis- maladroit et disperser les différents impacts : on dit que ses tirs ne
persion raisonnable que l’on peut associer au mesurande » [2]. sont pas fidèles. En outre, ces deux types d’erreur peuvent se combi-
En outre, les textes les plus récents sur l’assurance qualité pré- ner. La figure 2 illustre les quatre situations auxquelles ces erreurs con-
voient que le laboratoire doit disposer d’une procédure pour duisent.
estimer l’incertitude de mesure « chaque fois que le client
demande les incertitudes de mesure se rapportant à des essais
spécifiques ou lorsqu’il est probable que l’incertitude compro-
mettra la conformité à une spécification ».
Il est facile de voir que cette définition, si elle est proche de celle
de l’intervalle de confiance, ne doit cependant pas être confondue
avec elle. En effet, un intervalle de confiance permet de définir une
zone où il est vraisemblable que se trouve la valeur vraie d’une sta-
tistique (moyenne, sensibilité, blanc...) en prenant le risque que
l’intervalle ainsi formé ne la contienne pas : ce risque est noté α.
Par contre, l’incertitude permettra de calculer un intervalle dans
lequel il est raisonnable de penser que se trouvent un certain pour- ni juste ni fidèle fidèle mais pas juste
centage des répétitions d’une mesure, cela indépendamment de la
valeur vraie.
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consensus ou certifiée, fondée sur un travail expérimental en colla- Quel que soit le type d’étude, chaque participant reçoit un prélè-
boration et placé sous les auspices d’un groupe scientifique ou tech- vement d’un échantillon homogène. Sur le plan technique, la prépa-
nique ou, encore, la moyenne d’une population spécifiée de ration d’un tel échantillon – parfois en grande quantité – exige un
mesures. savoir-faire et beaucoup de soin. En outre, le mode de conditionne-
ment devra prendre en compte la stabilité de l’analyte et/ou de la
C’est cette nécessité de recourir à une valeur de consensus qui va
matrice : cette remarque est particulièrement importante pour les
justifier l’organisation des analyses interlaboratoires. En effet, la tra-
matériaux qui se dégradent facilement.
çabilité des mesures chimiques ne permet pas de remonter simple-
ment à l’étalon primaire de quantité de matière (la mole) car il Par exemple, pour les matrices biologiques, on utilise de préférence
n’existe pas d’étalon figuré, comme il en existe pour la masse ou le des matériaux séchés ou lyophilisés ; si l’analyte est sensible à la
temps. lumière ou à l’oxygène le conditionnement sera opaque ou étanche,
sous atmosphère contrôlée ; une poudre sera répartie grain par grain
dans chaque flacon, à l’aide d’un distributeur spécial.
2. Analyses interlaboratoires
2.2 Répétabilité et reproductibilité
selon la norme ISO 5725
2.1 Classification
Dans la mesure où la fidélité mesure la dispersion des mesures et
que cette dispersion dépend de diverses sources de variation, on a
En fait, les analyses interlaboratoires vont permettre d’accéder à proposé deux situations extrêmes dans lesquelles deux répétitions
ces divers critères fondamentaux que sont la fidélité ou mesure de peuvent être réalisées sur un échantillon commun : à savoir les con-
la dispersion des mesures qui servira à l’expression de l’incertitude ditions de répétabilité et les conditions de reproductibilité. Elles sont
et la justesse dont le calcul nécessite la connaissance d’un écart à définies de la façon suivante dans [4] :
une valeur de référence conventionnelle. Par la suite, nous désigne-
rons par analyses interlaboratoires toute étude expérimentale qui — les conditions de répétabilité lorsque « les résultats d’essai
implique la participation de plusieurs laboratoires. Mais il faut en indépendants sont obtenus par la même méthode sur des individus
distinguer divers types, en fonction des objectifs recherchés. d’essai identiques dans le même laboratoire, par le même opéra-
teur, utilisant le même équipement et pendant un court intervalle de
• Les analyses interlaboratoires, au sens de la norme ISO 5725 [4], temps » ;
doivent réunir au moins 8 laboratoires qui vont recevoir un ou plu- — les conditions de reproductibilité lorsque « les résultats
sieurs échantillons sur lesquels ils feront de 2 à 4 répétitions. d’essai sont obtenus par la même méthode sur des individus d’essai
L’objectif principal est alors de mesurer les écarts-types de répéta- identiques dans différents laboratoires, avec différents opérateurs
bilité et la reproductibilité caractéristiques de la méthode. Elles peu- et utilisant des équipements différents ».
vent être organisées par n’importe quelle structure, par exemple, un
laboratoire ou une entreprise. La normalisation est un contexte très Les conditions de répétabilité vont donc caractériser la plus petite
classique d’organisation d’analyses interlaboratoires puisque les dispersion possible des mesures puisque toutes les modalités de
méthodes normalisées doivent être accompagnées de valeurs de réalisation sont constantes, alors que les conditions de reproductibi-
reproductibilité. Mais il est aussi possible d’étendre cette technique lité intègrent la plupart des sources de variation que l’on rencontre
à un seul laboratoire pour mesurer un écart-type de fidélité intermé- dans l’application générale d’une méthode. Ces deux concepts ont
diaire (partie 3 de la norme ISO 5725). été introduits pour des raisons économiques afin de comparer des
mesures faites par deux laboratoires différents qui représentent
• Les essais d’aptitude, comme décrits dans le projet de norme chacun les intérêts de deux partenaires commerciaux.
ISO 13528 ou le Guide ISO 43 [5], réunissent de nombreux laboratoi-
res, parfois plusieurs milliers. Les participants n’auront pas à faire
de répétitions sur les échantillons qu’ils reçoivent car le but est de C’est pourquoi, à partir de ces deux notions, on définit deux
calculer par consensus une valeur de référence acceptée qui servira caractéristiques de la fidélité :
à vérifier si un laboratoire est compétent pour exécuter un type de — la limite de répétabilité ou répétabilité (notée r) qui est
détermination. Ce bilan d’aptitude se fera après avoir classé les l’écart maximal au niveau de confiance de 95 % entre deux
laboratoires d’après leurs résultats et en vérifiant quels sont ceux résultats obtenus selon des conditions de répétabilité ;
qui se trouvent en dehors de limites de tolérance, elles aussi con- — la limite de reproductibilité ou reproductibilité (notée R)
sensuelles. Les tests d’aptitude sont généralement organisés par qui est l’écart maximal au niveau de confiance de 95 % entre
des structures interprofessionnelles et les laboratoires y participent deux résultats obtenus sur un échantillon commun par deux
de façon volontaire en fonction d’un programme analytique propre opérateurs ou deux laboratoires différents selon des conditions
à une branche d’activité. de reproductibilité.
Par exemple, on trouve des tests d’aptitude pour les produits céréa-
liers, les liants hydrauliques, l’analyse œnologique, les analyses de bio- Le modèle mathématique utilisé pour mesurer les écarts-types de
logie clinique, etc. répétabilité et de reproductibilité d’une analyse interlaboratoire est
le suivant :
• Les études pour préparer des matériaux de référence (certifiés
ou non). Elles suivent des protocoles très variés qui peuvent s’inspi- xij = µ + Li + eij (2)
rer des analyses interlaboratoires classiques. Cependant, d’une
part, on va utiliser plusieurs types de méthodes d’analyse afin de Chaque répétition xij est représentée par la somme de trois
détecter un principe analytique qui générerait un biais systémati- éléments : µ est la valeur vraie de l’échantillon, Li le biais aléatoire
que, d’autre part, les laboratoires participants ne seront pas choisis du laboratoire et eij l’erreur expérimentale. Dans ce modèle, l’indice
au hasard mais d’après leur haut niveau de compétence (a priori). i repère le laboratoire et j le numéro de répétition. Puisque chaque
Les matériaux de référence certifiés pourront être assimilés à des laboratoire a fait des répétitions, on peut calculer une variance pro-
étalons primaires et servir à vérifier la justesse d’une méthode pre à chaque laboratoire notée s i2 . Si on suppose que les variances
interne. Malheureusement, il n’existe pas encore de matériau de de laboratoires ne sont pas statistiquement différentes les unes des
référence certifié pour chaque domaine d’application. autres, on peut calculer une variance commune qu’on appelle
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s2L
SCE
s r2 = -------------r- (8)
N–p
Moyenne générale
SCE
( p – 1 ) ⎛ -------------L- – s r2⎞
⎝p–1 ⎠
Figure 3 – Modèle théorique de l’analyse interlaboratoire s L2 = -------------------------------------------------- (9)
N′
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SCE r = ∑ SCEi
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(0)
Tableau 3 – Résultats et formules intermédiaires pour le calcul des écarts-types de répétabilité et reproductibilité
A B C
15 Statistiques Valeurs Formules Excel
16 Nombre de laboratoires 11 =NBVAL(A3:A13)
17 Nombre de mesures 33 =NB(B3:D13)
18 Nombre de mesures au carré 99 =SOMME(F3:F13)
19 Nombre de mesures corrigé N′ 30 =B17-B18/B17
20 SCEr 0,26927 =SOMME(E3:E13)
21 SCEt 0,92180 =SOMME.CARRES.ECARTS(B3:D13)
22 SCEL 0,65253 =B21-B20
23 Moyenne générale x 7,61000 =MOYENNE(B3:D13)
24 Variance de répétabilité s r2 0,01224 =B20/(B17-B16)
25 Variance interlaboratoire s L2 0,01767 =(B16-1)*((B22/(B16-1))-B24)/B19
26 Variance de reproductibilité s R2 0,02991 =B24+B25
27 Écart-type de répétabilité sr 0,11063 =RACINE(B24)
28 Répétabilité limite r 0,31309 =2,83*B27
29 Écart-type de reproductibilité sR 0,17295 =RACINE(B26)
30 Reproductibilité limite R 0,48944 =2,83*B29
Lab 05
Lab 06
Lab 08
Lab 09
Lab 03
Lab 04
Lab 07
Lab 10
Lab 01
Lab 11
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Tableau 4 – Calcul de la moyenne générale robuste selon l’algorithme A de la norme ISO 5725 partie 5
Valeurs initiales Itération 1 Itération 2
Lab 02 7,200 7,580 7,580
Lab 03 7,503 7,580 7,580
Lab 09 7,623 7,623 7,623
Lab 11 7,630 7,630 7,630
Lab 07 7,643 7,643 7,643
Lab 04 7,646 7,646 7,646
Lab 06 7,660 7,660 7,660
Lab 01 7,676 7,676 7,676
Lab 08 7,680 7,680 7,680
Lab 10 7,700 7,700 7,700
Lab 05 7,743 7,713 7,713
Moyenne 7,6467 7,6483 7,6483
Écart-type 0,0445 0,0497 0,0497
Seuil 0,0667 0,0563 0,0563
Limite inférieure 7,580 7,580 7,592
Limite supérieure 7,713 7,713 7,705
Différence entre les moyennes − 1,6 · 10−3 0
0,5
x* – ϕ si x i < x* – ϕ Écart-type de reproductibilité sR
⎧
⎪ x* + ϕ si x i > x* + ϕ Écart-type de répétabilité sr
x i( r ) = ⎨ (15) 0,4
⎪x Valeur limite sR Hor
⎩ i
0,3
3) Calculer les nouvelles valeurs de x* et s* (p représente le nom-
bre de données) 0,2
∑ xi( r ) 0,1
x* = -----------------
- (16)
p
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
∑
( x i( r ) – x* ) 2 Moyenne
s* = 1 ,134 --------------------------------------
- (17)
p–1
Figure 5 – Azote Kjeldahl. Relation entre la moyenne et la fidélité
4) Recommencer au point 2) jusqu’à ce que la différence entre
deux valeurs successives de la moyenne ne diffèrent pas plus que
de 0,1 % par exemple. 2.5 Conformité d’un écart-type
À titre d’exemple, on va illustrer cet algorithme pour calculer la de reproductibilité
moyenne générale à partir des moyennes des laboratoires qui figu-
rent dans la colonne H du tableau 2. Les données sont reportées
dans le tableau 4 triées par ordre croissant. On voit que la conver- Le mode de calcul de la norme ISO 5725 s’applique à un seul
gence est extrêmement rapide puisqu’il suffit de deux itérations matériau ou échantillon. Cependant, comme la validation d’une
pour obtenir la valeur finale. Dans le même tableau ont été repor- méthode d’analyse doit porter sur son domaine d’application, il faut
tées les valeurs du seuil ϕ et des valeurs limites inférieure et supé- toujours expédier aux participants plusieurs échantillons, avec des
rieure de la formule (15). niveaux de concentration couvrant tout ce domaine. Ces résultats
vont permettre de vérifier comment la fidélité évolue en fonction du
La moyenne ainsi trouvée (7,65) se situe entre la moyenne calcu- niveau de concentration de l’échantillon.
lée avec toutes les données (7,61) et celle obtenue après le rejet de (0)
deux laboratoires décrétés aberrants (7,67). On voit ainsi tout l’inté- La figure 5 présente les mesures de fidélité de la même méthode
rêt de cette approche qui permet d’avoir des valeurs ni sous- de détermination de l’azote Kjeldahl dans 5 matériaux différents,
estimées ni surestimées. reportées au tableau 5. En fait, ce sont cinq analyses interlaboratoi-
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Tableau 5 – Résultats des cinq analyses interlaboratoires réalisées pour valider la méthode
de dosage de l’azote de Kjeldahl
Moyenne CVHor sRHor
Matrice Laboratoires sR sr CVR
(niveau) (équation (18)) (équation (21))
Lait 11 0,48 0,013 0,011 2,6 % 4,5 % 0,022
Farine blé 11 1,77 0,038 0,023 2,1 % 3,7 % 0,065
Farine dactyle 11 2,06 0,056 0,029 2,7 % 3,6 % 0,074
Viande 11 3,00 0,078 0,052 2,6 % 3,4 % 0,102
Œuf en poudre 11 7,61 0,175 0,113 2,3 % 2,9 % 0,224
CVR (%)
plus élevé que celui de la répétabilité. Ce résultat est logique si on se
réfère à la formule (3).
50
Ensuite, on constate que la fidélité de la méthode n’est pas cons-
tante et que la reproductibilité augmente en même temps que le
niveau de concentration : cette observation n’est pas propre à la CVHor
méthode étudiée mais est très générale. CVLim
lg ( 10 –2 ) –2
2 – ----------------------- 2 – ⎛ ------⎞
lg T CV Lim = 2 2 = 2 ⎝ 2⎠ = 23 = 8 %
1 – -----------
CV Hor = 2 2 (18)
Ce sont ces valeurs qui sont reportées dans l’avant-dernière
C’est un modèle empirique, résultant d’observations expérimen- colonne du tableau 5.
tales, qui ne peut en aucun cas être mis en relation avec une théorie Pour illustrer l’allure de ce modèle, on a calculé les valeurs prises
de l’incertitude ou de la fidélité. pour des concentrations allant de 10−7 kg · kg−1 (soit 0,1 ppm) à
0,1 kg · kg−1 (soit 10 %). La figure 6 illustre l’allure des deux modè-
Par ailleurs, Horwitz a montré que la grande majorité des CVR ne
les. L’échelle des abscisses est logarithmique.
dépassent pas une valeur limite CVLim calculée ainsi :
Une autre façon très simple d’utiliser le modèle de Horwitz, con-
lg T siste à calculer la valeur attendue de l’écart-type de reproductibilité
2 – ----------- sRHor pour une concentration T donnée. En effet :
CV Lim = 2 2 (19)
lg T
1 – -----------
On s’aperçoit aussi que le CVLim est le double du CVHor. C’est s RHor = 0 ,01 T 2 2
pourquoi, on a proposé comme méthode de contrôle de la confor-
mité d’une reproductibilité pour une concentration donnée de sRHor = 0,02T 0,849 5 (21)
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C’est ce qui a été fait sur la figure 5 où les valeurs de sRHor pour laboratoires candidats qui s’engagent à donner les résultats pour
chaque niveau de concentration apparaissent comme une ligne en une date donnée.
tiretés.
Deux cas peuvent se présenter :
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■ Mise en œuvre et gestion. Cette phase consiste à assurer le bon Il a été demandé aux participants :
déroulement des séquences d’élaboration et de distribution des — d’effectuer tous les quatre mois, dans un ordre indiqué, des
échantillons, en établissant notamment : mesures sur les solutions en ampoules ;
— le logigramme des opérations ; — d’indiquer la méthode utilisée et le (ou les) matériau(x) de réfé-
— le calendrier prévisionnel ; rence utilisé(s) ;
— les devis correspondant à l’ensemble des réalisations ;
— la sélection du ou des fournisseurs (matériau de référence et — d’indiquer les prises d’essais et dilutions éventuelles ;
réalisation des échantillons) si celui-ci est différent de l’organisme — de transmettre au moins trois résultats sur des prises d’essai
qui propose l’essai d’aptitude ; indépendantes, reportés sur un formulaire préétabli.
— le suivi de réalisation et la recette finale ; Par retour du courrier, ou par télécopie, le laboratoire a alors reçu
— l’appel à candidature pour la participation au circuit ; la valeur de référence et le numéro confidentiel sous lequel il allait
— l’organisation des transports ; apparaître dans le rapport final.
— le devenir des échantillons en fin de circuit, dans le cas des
méthodes non destructives laissant des échantillons réutilisables. Il était préconisé de travailler dans des conditions de « routine »,
les méthodes utilisées pouvant être :
■ Interprétation des résultats. Cette phase consiste à assurer les
opérations suivantes : — des méthodes de confirmation dites de « bilan » ;
— réceptionner les résultats de mesure ; — des méthodes de contrôle de procédé ;
— communiquer les résultats de référence et le numéro — des méthodes de contrôle de spécification.
confidentiel ;
La préparation, le conditionnement, la détermination des valeurs
— exploiter les résultats et rédiger le rapport ;
de référence, ainsi que l’envoi des échantillons ont été confiés au
— proposer d’éventuelles évolutions de mesurandes pour le pro-
LAboratoire de Métrologie des MAtières Nucléaires du CEA situé à
chain circuit.
Marcoule (LAMMAN).
Le matériau ayant servi à la préparation de la solution était un
oxyde d’uranium (U3O8) de grande pureté dont la teneur en ura-
3.3 Exemple nium a fait l’objet d’une certification préalable par un circuit interla-
boratoire. Avant toute nouvelle utilisation, une quantité suffisante
de matière avait subi un traitement thermique destiné à ramener les
3.3.1 Caractéristiques du circuit traces d’oxyde UO3 qui auraient pu se former au cours du temps à
la stœchiométrie U3O8. Des contrôles potentiométriques avaient été
Nous présentons ci-après, à titre d’exemple, les résultats d’un effectués garantissant l’efficacité de l’opération et la stœchiométrie.
essai d’aptitude sur l’analyse d’uranium en solution, organisé entre Le protocole de préparation des échantillons dans des ampoules de
1997 et 1998 par la CETAMA pour des laboratoires européens, brési- verre scellées a été validé au cours de précédents circuits et, à ce
liens et argentins. Ces laboratoires participant à ce circuit étaient jour, un plan assurance qualité (PAQ) décrit en détail les opérations
soit des laboratoires de recherche et développement, soit des labo- à effectuer et les précautions à prendre pour préparer et vérifier les
ratoires liés aux industries du domaine nucléaire, intéressés par solutions.
l’extraction et le traitement des minerais, l’enrichissement de l’ura-
nium, la fabrication de combustibles ou le retraitement de combus-
tibles usés. 3.3.2 Traitement des résultats
En début de programme, les participants ont reçu quatre 28 Laboratoires ont envoyé leurs résultats pour la première solu-
ampoules scellées de nitrate d’uranyle (uranium naturel) ayant tion (ampoule 1). C’est cette série qui sert d’exemple pour le traite-
des concentrations élevées (200 à 250 g · L−1). Les concentra- ment des résultats. La répartition des méthodes d’analyses utilisées
tions en uranium sont inconnues des participants, cependant un par les laboratoires concernés s’établissait comme le décrit le
ordre de grandeur leur a été donné au moment de l’envoi pour tableau 8.
satisfaire aux contraintes réglementaires de transport et de Par ailleurs, les matériaux de référence et les références de travail
radioprotection. utilisées par les laboratoires sont indiqués dans le tableau 9.
(0)
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Biais (%)
-1,0 %
0,6 %
0,2 %
- 0,2 %
-0,6 %
-1,0 %
-1,4 %
labo 27*
labo 28*
labo 36*
labo 29*
labo 07*
labo 12*
labo 18*
labo 11*
Labo 31
Labo 37
Labo 35
Labo 08
Labo 09
Labo 04
Labo 20
Labo 03
Labo 24
Labo 22
Labo 23
Labo 21
Labo 02
Labo 30
Labo 15
Labo 13
Labo 16
Labo 14
Labo 01
Labo 19
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(0)
En outre, afin de mieux visualiser la dispersion des laboratoires, élevé, de l’ordre de 0,5 % ou même 1 %. Les méthodes alors
ils ont été classés par ordre de leur biais relatif croissant. employées sont la fluorescence X, l’ICP/AES ou la spectrométrie
d’absorption moléculaire.
3.3.3 Calcul des performances des laboratoires L’interprétation devrait donc tenir compte de ces différents objectifs.
Pour la catégorie 1. Il y avait 23 laboratoires et on peut faire les
Une fois établie, la valeur de référence du matériau utilisée dans remarques suivantes.
l’essai d’aptitude, il existe tout un ensemble de statistiques pro-
• Le laboratoire 27 présente un écart de justesse très élevé de près
posées pour évaluer les performances des laboratoires. Le
de 3 % et un intervalle de confiance totalement anormal qui permet
tableau 11 résume les principales solutions proposées.
de supposer une mauvaise application de la méthode.
Dans le tableau 11, on désigne par X la valeur de référence, xi la
valeur fournie par le laboratoire i qui peut être une valeur unique ou • L’observation des biais relatifs montre que huit laboratoires – soit
une moyenne de répétitions, par σ̂ l’écart-type de la valeur de réfé- 35 % des participants – ont un écart de justesse relatif moyen ± 0,1 %
rence, Ui l’incertitude élargie du laboratoire, UX celle du matériau de (5 méthodes D&G, 1 gravimétrie et 2 potentiométrie). Si on tolère un
référence, et uX les incertitudes-types. écart inférieur à ± 0,25 %, on trouve 13 laboratoires : 7/13 méthodes
D&G, 3/3 gravimétries et 3/7 potentiométries. Enfin, 6 laboratoires
Une méthode très classique d’interprétation dans les circuits (soit 26 %) peuvent être considérés comme non aptes car leurs résul-
d’aptitude consiste à utiliser le z score car il est simple à calculer et tats annoncés, avec les incertitudes calculées, ne rentrent pas dans la
permet de se ramener à une loi normale. Cependant, il faut souli- plage des ± 0,2 % considérée comme correcte.
gner que des classements différents peuvent être obtenus selon le
critère que l’on va utiliser. Il est donc important que des règles clai- • L’observation des intervalles de confiance montre que
res et transparentes aient été décidées à l’avance. 9 laboratoires (39 %) ont des valeurs compatibles avec la valeur
Si les participants ont fait des répétitions, il est aussi possible ± 0,05 %, généralement admise pour cette catégorie de méthodes.
d’utiliser les deux statistiques de Mandel h et k qui sont décrites On trouve 5 méthodes D&G, 1 gravimétrie et 3 potentiométries.
dans la partie 3 de la norme ISO 5725 [4]. Le lecteur intéressé pourra Si on tolère ± 0,75 % on trouve alors 12 laboratoires (52 %) avec
se reporter à cette norme pour le détail des calculs. Si elles sont un 6/13 méthodes D&G, 2/3 gravimétries et 4/7 potentiométries. À
peu plus complexes à calculer, elles ont au moins deux avantages l’exception du labo 27 l’ensemble des laboratoires se situent dans
sur les autres : l’intervalle de confiance à 95 %, soit entre ± 0,311 %.
1. permettre une combinaison cohérente des résultats de plu- Pour la catégorie 2. Il n’y a que 5 laboratoires et les observations
sieurs essais d’aptitude effectués sur divers matériaux de valeurs de qui peuvent être faites sont les suivantes.
référence différentes ; • Quatre laboratoires ont un écart à la justesse de leur résultat
2. fournir une indication aussi bien sur la justesse du laboratoire moyen inférieur à 0,75 %. Seul le laboratoire 9 présente un écart à la
que sur sa fidélité. justesse un peu supérieur à 1 %.
En complément de ces méthodes de calcul, il est toujours recom- • Les 5 intervalles de confiance sont conformes aux valeurs géné-
mandé de réaliser une interprétation graphique, sous la forme d’his- ralement admises pour ces méthodes.
togrammes ou de diagrammes de dispersion.
Globalement, afin d’améliorer les résultats des prochains circuits,
L’interprétation des résultats du tableau 10 nécessite de prendre
deux recommandations s’imposent à de nombreux laboratoires et,
en compte le contexte particulier de ce genre de circuit. Dans cet
en particulier, à ceux de la catégorie qui utilisent des méthodes de
exemple, il y avait 2 catégories de laboratoires qui y participaient, ce
« contrôle des bilans de matière » :
qui explique une certaine disparité des méthodes et des résultats.
Catégorie 1. Ces laboratoires ont utilisé des méthodes de type 1. il est impératif qu’ils arrivent à identifier et corriger les causes
« contrôle des bilans de matière » et visaient un objectif de justesse des biais observés si ils désirent atteindre les performances qu’ils
de l’ordre de 0,1 %. On y trouve la méthode gravimétrique et diffé- affichent ;
rentes variantes de méthodes potentiométriques, telle que celle de 2. en complément, il convient de surveiller et maîtriser les incerti-
Davies & Gray (notée D&G). tudes contribuant à l’incertitude globale de la mesure, de manière à
Catégorie 2. Ces laboratoires ont appliqué des méthodes de type ramener le demi-intervalle de confiance à 95 % de leurs mesures
« contrôle de procédés » et visaient un objectif de justesse plus autour de 0,1 %.
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3.4 Tests d’homogénéité Si on se réfère à l’équation (22), on voit clairement que l’on peut
conclure à l’homogénéité, si on s’appuie sur la norme ISO/
DIS 13528 puisque l’écart-type interéchantillon est égal à environ
La nécessité de faire parvenir aux participants un échantillon 4 % de l’écart-type de tolérance du circuit, alors que la tolérance va
homogène est soulignée dans tous les textes. Il existe certains cas jusqu’à 30 %. Cependant, cette règle des 30 % reste arbitraire et on
où il est impossible de la remplir. Mais en général, une grande partie peut parfaitement choisir un autre critère, à condition de le justifier.
du savoir-faire des organismes qui réalisent des essais d’aptitude
tient à leur savoir technique dans ce domaine. L’échantillon idéal est
donc celui dont on a pu démontrer qu’il est homogène et dont les
caractéristiques évoluent de façon connue dans le temps. Ces
démonstrations sont à la charge de l’organisateur d’essai d’apti- 4. Matériaux de référence
tude.
Le principe de ces contrôles préalables, consiste à prélever aléa-
certifiés (MRC)
toirement au moins 10 échantillons (g ≥ 10) lors de la fabrication du
lot. Chaque échantillon est subdivisé en 2 sous-échantillons. Puis,
on choisit au moins un mesurande et on fait effectuer, par un labo- 4.1 Principaux fournisseurs de matériaux
ratoire spécialement sélectionné, une mesure sur chaque sous-
échantillon de façon à obtenir 2g résultats. On va se servir de ces
de référence certifiés
résultats pour montrer que l’écart-type interéchantillon ss est au
plus égal à 30 % de l’écart-type de tolérance sT du circuit.
Un certain nombre d’organismes nationaux ou internationaux
ss ≥ 0,3sT (22) proposent plus de 10 000 matériaux de référence certifiés (MRC)
dans des domaines très divers.
À titre d’exemple, nous décrivons ci-dessous un contrôle
d’homogénéité réalisé par le Bureau Interprofessionnel d’Études À titre d’exemple, le tableau 13 liste les organismes dont il est pos-
Analytiques (BIPEA) sur un matériau formé d’une eau résiduaire, en sible d’acheter les MRC soit en s’adressant directement à eux, soit en
utilisant la concentration en plomb (exprimée en mg · L−1) comme passant par des revendeurs spécialisés.
caractéristique de contrôle. Ces produits doivent toujours être accompagnés d’un certificat qui
Comme le propose la norme ISO/DIS 13528, il existe cinq façons pourra servir à la traçabilité des mesures d’un laboratoire d’essai. En
différentes de déterminer la valeur de sT. Pour ce circuit, il a été général, ce certificat est accompagné d’un dossier qui décrit le proto-
décidé d’évaluer sT à partir de la tolérance admise pour la méthode cole de certification et fournit, outre la valeur certifiée, l’incertitude
à ce niveau de concentration du matériau. L’intérêt de cette appro- associée. Du fait du prix généralement élevé de ces MRC, il est
che est de relier l’aptitude du laboratoire à la capacité de mesure de déconseillé de les utiliser en routine. Ils serviront à définir la valeur
la méthode. Ainsi, pour un matériau aux alentours de 0,5 mg · L−1, cible des cartes de contrôle, comme nous le verrons au § 5.
on se propose une tolérance de ± 0,12 mg · L−1. On a alors :
0 ,12
s T = ----------- = 0 ,06 mg ⋅ L –1 (23)
2 4.2 Certification par étude
En ce qui concerne, l’écart-type interéchantillon ss, on va utiliser
interlaboratoire
les mesures dupliquées faites sur les contrôles pour extraire par
analyse de variance, la variance interéchantillon. Les calculs sont Il n’existe pas encore de véritables normes sur la certification des
très comparables à ceux utilisés pour la variance interlaboratoire et MRC, comme il en existe pour les produits agricoles ou les entrepri-
décrits au paragraphe 2.2. En utilisant les mêmes notations et en ses de service. Cela est peut-être à rapprocher du fait que les orga-
tenant compte du fait que le nombre de répétitions est égal à 2 et nismes de certification sont généralement des établissements
que le nombre d’échantillons est g, on obtient finalement : nationaux ou internationaux qui dépendent des Pouvoirs publics ou
ni
de structures officielles. À titre d’exemple, nous développons ci-
p p
après la procédure de certification régulièrement utilisée par la
⎛∑ 2
∑ ∑ ( xij – xi ) 2⎞⎟ 1
( xi – x ) CETAMA pour certifier les matières nucléaires qui servent dans les
1 ⎜
s s2 = --- ⎜ ---------------------------------
i=1
– i------------------------------------------------
=1 j=1 ⎟ = --- ⎛ SCE SCE
-------------L- – -------------r⎞ (24) laboratoires et dans l’industrie nucléaire à garantir la justesse des
2 ⎜ g–1 g ⎟ 2 ⎝g–1 g ⎠ résultats et, en particulier, l’exactitude des bilans de matière fissile.
⎜ ⎟
⎝ ⎠ Elle s’appuie largement sur les recommandations du Guide ISO 35
[11]. La mise en œuvre de ces circuits interlaboratoires, pour la
On a réuni dans le tableau 12 les mesures faites dans le cadre du certification d’un MRC, requiert une identification préalable de
contrôle d’homogénéité du matériau « eau résiduaire ». Comme on plusieurs laboratoires particulièrement compétents et très expéri-
pouvait s’y attendre les répétitions sont très proches les unes des mentés pour déterminer les caractéristiques du matériau concerné,
autres. Finalement, l’ensemble des statistiques est le suivant. avec une faible incertitude.
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Tableau 12 – Résultats du contrôle d’homogénéité d’un matériau « eau résiduaire » en utilisant le plomb
comme caractéristique de contrôle (en mg · L−1)
Somme des Carrés des Écarts
Contrôles Répétition 1 Répétition 2 Moyenne
(SCE)
Réf 01 0,50 0,51 0,51 5,00 · 10−5
Réf 02 0,49 0,50 0,50 5,00 · 10−5
Réf 03 0,49 0,52 0,51 4,50 · 10−4
Réf 04 0,50 0,51 0,51 5,00 · 10−5
Réf 05 0,49 0,51 0,50 2,00 · 10−4
Réf 06 0,51 0,52 0,52 5,00 · 10−5
Réf 07 0,52 0,53 0,53 5,00 · 10−5
Réf 08 0,50 0,51 0,51 5,00 · 10−5
Réf 09 0,52 0,50 0,51 2,00 · 10−4
Réf 10 0,49 0,51 0,50 2,00 · 10−4
(0)
4.2.1 Matériau de référence homogène À partir de ces ni mesurages, on va calculer l’écart-type expéri-
mental du laboratoire si et l’écart-type de sa moyenne x i , selon les
Dans certains cas, le matériau est, a priori, supposé homogène. formules classiques rappelées à l’équation (25).
C’est le cas, lorsque la caractéristique certifiée est un rapport de
deux concentrations et que le matériau se présente sous la forme de ∑ ( x ij – x i ) 2
solution, ou bien si c’est un rapport isotopique qui ne risque pas j
s i2 = ----------------------------------
d’être modifié au cours de la préparation du matériau pour analyse. ni – 1
Dans ce cas, chaque laboratoire (repéré par l’indice i) reçoit alors un (25)
seul échantillon sur lequel il effectue ni mesurages ; ce nombre varie s2
s x2 = -----i-
souvent d’un laboratoire à l’autre. i
ni
Il est alors demandé au laboratoire de faire ces répétitions dans
des conditions aussi éloignées que possible de celles de la répéta- Cependant, si les conditions expérimentales le permettent, on va
bilité. Le principe de la méthode et l’appareillage ne pouvant que essayer de faire réaliser par chaque laboratoire un véritable test de
rester les mêmes pour tous les mesurages et le laps de temps entre robustesse, destiné à mettre en évidence des sources de variation
deux mesurages ne pouvant être trop allongé, il reste en général la ou d’erreur systématique. Par exemple, on décide de faire varier
possibilité de faire varier un ou deux facteurs, par exemple : selon plusieurs niveaux un facteur, supposé prépondérant, et on
— pour un dosage potentiométrique, changer la solution titrante, répète les mesurages pour chaque niveau. Ce qui peut donner le
dans la mesure où on peut supposer qu’elle peut produire un biais plan d’expérience suivant :
systématique ; — préparer plusieurs solutions titrantes et répéter les mesurages
— changer l’échantillon sur lequel est exécutée la phase finale du avec chacune ;
mesurage, si le mode opératoire comporte une préparation — si la méthode comporte une préparation préalable, répéter la
chimique ; préparation sur plusieurs échantillons ;
— changer la date du mesurage de façon générale, en particulier — répartir les mesurages sur plusieurs jours, en répétant les
si l’étalonnage est refait chaque jour. mesurages pour un même jour, ...
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Comme pour tous les plans d’expériences, il faut veiller à ce que compliqué par l’existence de corrélations entre les estimations des
les niveaux de tous les facteurs varient de façon aléatoire. En parti- variances de chaque moyenne. Ces corrélations proviennent du fait
culier, si le facteur contrôlé n’est pas la date, l’ordre chronologique que l’on utilise les mêmes estimations de la variance interlabora-
des mesurages doit être aléatoire. toire et, éventuellement, de la variance entre unités pour le calcul de
Si deux facteurs d’incertitude principaux A et B sont identifiés, on variance de chaque laboratoire.
peut appliquer deux types de plans d’expérience : Rappelons que les principes et les applications du calcul d’incerti-
— le plan pyramidal. Pour chaque modalité de B, les modalités de tude sont décrits dans les articles [R 285] réf [3], [P 260] réf [14] et
A sont différentes. Par exempte, si A est la préparation de l’échan- [R 113] réf [15].
tillon et B la date de mesurage, on prépare pq échantillons que l’on
partage en q groupes de même effectif. Puis, pour un jour donné, on
mesure les p échantillons d’un groupe particulier, n fois chacun ;
— le plan factoriel. Pour chaque modalité de B, les modalités de
A sont les mêmes. On prépare p échantillons et, chaque jour, on fait
5. Cartes de contrôle
n mesurages sur chacun d’eux.
On peut trouver dans le paragraphes A1.1.1 à A1.1.5 de la réfé- Les cartes de contrôle sont des outils utilisés pour contrôler la sta-
rence [11] un mode de calcul général des écarts-types, quel que soit bilité d’une méthode d’analyse dans le temps. Ce ne sont donc pas
le nombre de répétitions et le nombre de niveaux par facteur. Pour des outils de validation mais des outils de contrôle de la qualité. Elles
les deux plans, les erreurs expérimentales liées aux facteurs A et B sont conceptuellement simples : un matériau étalon, dont on a défini
sont supposées indépendantes. la teneur moyenne, est analysé régulièrement et les réponses obte-
nues sont reportées, dans l’ordre chronologique sur un graphique. Ce
matériau peut être un MRC mais c’est rarement le cas pour des rai-
4.2.2 Matériau de référence hétérogène sons économiques. La traçabilité à un MRC est plutôt assurée lors de
l’estimation de la valeur de référence du matériau étalon. Ensuite, si
Si le matériau se présente sous forme divisée, comme des frag- la carte montre qu’il y a des variations autres que celles liées au
ments métalliques ou des pastilles frittées, on peut alors mettre en hasard, autour de la valeur de référence, on peut supposer que le sys-
doute son homogénéité. Selon [11], chaque fragment est appelé tème de mesure est perturbé. Pour faciliter cette prise de décision, on
« unité ». Chaque unité est alors considérée comme un échantillon utilise une méthode graphique et des limites de contrôle sont dessi-
du matériau dont la représentativité est caractérisée par un écart- nées de chaque côté de la valeur attendue. Il faut que les réponses
type shet. Il faut alors estimer cet écart-type pour calculer l’incertitude restent entre ces limites. En complément, on définit les règles qui per-
de la valeur certifiée. D’un point de vue expérimental, on demande à mettent de décider si la répartition n’est plus aléatoire et les actions
un ou plusieurs laboratoires de mesurer plusieurs unités. correctrices à entreprendre pour revenir à une situation normale.
La valeur certifiée est l’estimation de la moyenne des valeurs Initialement, les cartes de contrôle ont été proposées vers 1920
vraies de la grandeur mesurée dans toutes les « unités » du maté- par Shewart pour le contrôle des procédés industriels de fabrication.
riau de référence. Elle est calculée à partir des résultats de tous les Le point de départ de ces travaux consiste à supposer qu’un sys-
laboratoires, ceux qui ont participé à l’étude d’homogénéité et ceux tème de mesure est stable s’il ne présente que des variations aléa-
qui n’ont mesuré qu’une « unité ». Cette valeur unique étant attri- toires autour d’une valeur de référence et que l’amplitude de ces
buée à chaque « unité », son incertitude doit tenir compte de l’écart variations, mesurée en nombre d’écarts-types, reste entre des limi-
possible entre la valeur vraie de la caractéristique mesurée dans une tes fixées. On dit alors qu’il est sous contrôle statistique. Ces
« unité » et la moyenne de toutes les valeurs vraies. concepts ainsi que leur utilisation et théorie sont décrits dans l’arti-
cle [R 290] réf [16]. Nous ne présenterons ici qu’une approche sim-
plifiée facilement applicable en chimie analytique.
La figure 8 fournit un exemple d’une carte de contrôle pour le
4.3 Calcul de la valeur certifiée dosage de l’azote Kjeldahl dans de la farine de blé. La ligne centrale
et de son incertitude représente la valeur cible définie par la moyenne du matériau étalon,
les lignes pleines extérieures symbolisent les limites de contrôle et
deux autres ont été ajoutées, appelées limites d’alarme.
Le Guide ISO 35 [11] propose un mode de calcul pour chaque type
de matériau de référence MR : Sur cet exemple, on voit que la méthode d’analyse n’est pas sous
maîtrise statistique puisque vers le onzième point, on obtient une
— MR homogène. Chaque laboratoire réalise le même nombre
valeur largement supérieure à la limite de contrôle. Une action cor-
de mesurages dans les conditions qui lui sont propres ;
rectrice est, par exemple, de refaire l’étalonnage du système de
— MR hétérogène. Chaque laboratoire reçoit q unités différentes
mesure.
et fait n mesurages sur chacune d’elles ; il s’agit donc d’un plan
pyramidal avec un nombre de répétitions constant. Les règles pour décider si un système de mesure doit être corrigé
varient d’un contexte à l’autre. Souvent, on prend comme bases les
Dans les deux cas, la valeur certifiée est la moyenne arithmétique
règles utilisées par la société Ford qui se résument ainsi.
générale de tous les résultats. L’incertitude associée à cette
moyenne générale est calculée en admettant que l’erreur de mesure Entreprendre une action correctrice dès que :
d’un résultat individuel est la somme : 1. une mesure sort des limites de contrôle ;
— de l’erreur intra-laboratoire dont la variance est la même pour 2. sept mesures successives sont situées toutes au-dessus ou tou-
tous les laboratoires ; tes au-dessous de la valeur cible ;
— du biais du laboratoire qui a obtenu ce résultat ;
— de l’erreur éventuelle due à l’hétérogénéité entre unités. 3. huit mesures successives indiquent une tendance systémati-
que vers le haut ou vers le bas ;
L’hypothèse fondamentale admise par ce guide, à savoir que la
variance intra-laboratoire est constante, semble peu réaliste. Aussi 4. toute répartition des mesures fait suspecter un comportement
la valeur certifiée est-elle calculée comme une moyenne pondérée non aléatoire.
des valeurs, en utilisant comme poids l’inverse de leurs variances. En appliquant ces règles aux données de la figure 8, on voit que
On peut trouver plusieurs exemples détaillés de ces calculs dans la le système de mesure n’est plus stable à partir du 14e contrôle, puis-
référence [12] et [13]. Ensuite, le calcul du nombre de degrés de que 7 mesures successives se situent du même côté de la valeur
liberté associé à cette incertitude de la valeur de référence est cible. De même, entre les points 27 et 34, les mesures sont toujours
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3
Limite inférieure 1,69 1,65
2 Incertitude faible
On a aussi proposé d’utiliser écart-type de répétabilité pour éviter
d’avoir à calculer s mais les limites ainsi construites sont très étroi-
tes, ce qui peut conduire à de fréquentes actions correctrices. Il 1
serait préférable d’utiliser un écart-type de reproductibilité interne.
Un point délicat est de prévoir la fréquence de passage du matériau
0
de contrôle. Afin d’économiser le nombre d’analyses, on peut rédi- 1 6 11 16 Numéro
ger une procédure évolutive qui permet de diminuer la fréquence de contrôle
aussi longtemps que le système de mesure reste stable. Il est en
effet classique de constater une amélioration de la stabilité au bout Figure 9 – Rôle de la capacité de mesure sur l’aptitude
de quelque temps qui indique une meilleure maîtrise, il est donc d’une méthode à contrôler un lot (données simulées)
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