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2.8.

Récapitulatif 77

2.8 Récapitulatif
 La loi de comportement d’un matériau modélise la manière dont celui-ci répond aux
sollicitations (mécaniques, thermiques, électromagnétiques, etc).
 L’état de la particule est défini par : deux variables de contrôle T; " et des variables
internes « condensant » toute l’histoire de la particule, supposées non contrôlables de
l’extérieur.
 Une histoire connue des variables de contrôle doit permettre de déterminer complè-
tement celles de leurs variables duales (contraintes et entropie). Deux séries de relations
permettent d’assurer cette correspondance : les lois d’état et les lois d’évolution.
 Les lois d’état sont déduites du potentiel potentiel thermodynamique (énergie libre
spécifique de Helmholtz w (T; "; )) par :
w w w
s= ; nd =  ; And =  :
T " 
 Les lois d’évolution définissent les taux des variables dissipatives, de la forme :
q
"_ = f (d ; T; "; ); _ = f A (A ; T; "; ); = f rT (rT ; T; "; ) :
 T
Pour définir les lois précédentes, on peut adopter l’hypothèse de dissipativité normale
qui postule d’existence d’un potentiel de dissipation duquel dérivent les taux des va-
riables dissipatives.
Loi de Fourier classique : q =K  rT
avec K le tenseur des conductivités thermiques.

 Matériaux standards généralisés (cas isotherme)


Comportement défini au moyen de deux potentiels :

1. l’énergie libre w ("; ; ) donnant les lois d’état :


w("; ) w("; )
nd =  et A = 
" 

2. le potentiel de dissipation ' ou le potentiel dual de dissipation '? donnant les lois
complémentaires soit :
(d ; A) 2  "; '(_"; _ ; "; )
(_ _ ) ou (_"; _ ) 2   ;A '?(d ; A ; "; )
( d )

et dans le cas d’un potentiel de dissipation ' différentiable :



d =
_ _ ; "; )
'(";
 "_
et A= _ _ ; "; )
'(";

_
CHAPITRE 3

Thermoélasticité
"D’une manière générale, le simple est toujours le simplifié ;
il ne saurait être pensé correctement qu’en tant qu’il apparaît
comme le produit d’un processus de simplification."
G. Bachelard, Le nouvel esprit scientifique.
À la fin de ce chapitre, vous devriez savoir

 La démarche à suivre pour formuler et identifier une loi de comportement thermoé-


lastique.
 Les équations de la thermoélasticité linéaire classique.
 La loi de comportement thermoélastique linéaire isotrope.
 Déterminer la variation de température induite par une sollicitation mécanique.

3.1 Présentation
Le comportement thermoélastique est présenté par la très grande majorité des matériaux
et des structures sous des sollicitations relativement faibles. Il précède et accompagne des
comportements anélastiques induits par la plasticité, la viscoplasticité, l’endommagement,
etc.
Les effets des variations de la température sur la réponse mécanique des structures sont sou-
vent importants et non négligeables. Ils sont pris en compte par un couplage faible (unique-
ment par l’influence de la température sur la mécanique). Ceci est justifié dans la mesure où
les variations de températures induites par les sollicitations mécaniques sont en général très
faibles. Dans certains cas comme par exemple dans l’estimation des différentes sources de
chaleur en jeu dans des processus irréversibles, ou pour certaines pièces de précision, il peut
être utile de quantifier les dégagements de chaleur dus au couplage thermoélastique. L’objet
de cette section est la présentation du comportement thermoélastique avec un couplage fort,
selon le formalisme thermodynamique introduit précédemment. Le cadre considéré est celui
des transformations infinitésimales autour d’un état initial naturel ou quasi-naturel 1 . Le cas
de petites variations de température est d’abord traité avant d’aborder celui des variations
finies de température.
1. cf. Jean Salençon, Mécanique des milieux continus, tome II, Les Éditions de l’École Polytechnique ;
et P. Le Tallec, Mécanique des milieux continus, Les Éditions de l’École Polytechnique.

79
80 Chapitre 3. Thermoélasticité

3.2 Aspects expérimentaux et interprétations


3.2.1 Essais de traction isotherme et adiabatique

On considère une éprouvette cylindrique homogène, en acier. Initialement, elle est de sec-
tion A0 , de longueur utile L0 et de masse volumique 0 ; sa température est T0 et son état est
libre de contrainte. Elle est sollicitée en traction simple, d’abord suffisamment lentement pour
être considérée isotherme. On constate qu’en deçà d’une certaine force, elle ne présente pas
de déformation permanente après une décharge et les déformations restent petites. Plus en-
core, le processus est réversible. La courbe reliant la contrainte à la déformation est linéaire :
on parle alors d’élasticité linéaire. Sa pente (le rapport entre la contrainte et la déformation)
est le module de Young E du matériau considéré. Si l’essai est réalisé suffisamment vite,
on constate que l’éprouvette se refroidit (très légèrement) lors de la traction (Figure 3.1). Le
module de Young correspondant est dit adiabatique Ea . La variation de température observée
est alors linéairement reliée à la contrainte appliquée.

σ
Contrainte de traction (MPa)

300

E
O 0.015 ε
déformation

Figure 3.1 – Variation de température dans une éprouvette en acier mise rapidement en traction
élastique jusqu’à une certaine contrainte, puis déchargée à zéro : on constate que
l’éprouvette se refroidit lors de la charge (essai réalisé au LMGC à Montpellier,
communiqué par A. Chrysochoos)

3.2.2 Interprétation des essais

Dans ce contexte de déformation infinitésimale et de petite variation de température, la


relation expérimentale entre la force axiale F , le déplacement axial  et la température T est
linéaire. En posant  = AF , " = L
T0 , elle s’écrit :  = E" k :
et  =T
0 0
La quantité de chaleur totale reçue par l’éprouvette ÆQt s’exprime, en fonction de l’écart de
température  et de la variation de volume ÆV , par : ÆQt = C"  + L ÆV :
3.2. Aspects expérimentaux et interprétations 81

C" est la capacité calorifique globale de l’éprouvette et L sa chaleur latente.


La quantité de chaleur spécifique (c’est-à-dire par unité de masse) reçue est alors :

ÆQ =
ÆQt
 A0 L0
= "  + L ÆV
V
:
0 0 0

" =
C"
et
L sont des grandeurs caractéristiques du matériau et peuvent a priori dé-
 A0 L0
0  0
pendre de la température et de la déformation. Elles sont ici supposées constantes.
= =
Comme (ÆQ T Æs) et (ÆV=V0 tr "), l’expression de l’entropie spécifique s est donc :

s s0 = "

T
+ LT tr " soit s s0 = "

T0
+  LT tr " :
0 0 0

 2 w("; T )
= "w(";TT ) ; s
= 1 
2
Or
T "ij
soit
" 
; ce qui conduit à : L = T0 k :
ij 0

En résumé, ces essais uniaxiaux donnent accès aux deux lois d’état :
8
<  = E" k
: s = k tr " + T   + s0 :
0 0

Plus précisément, les constantes intervenant dans ces relations sont obtenues expérimentale-
ment de la manière suivante.
 Le module de Young isotherme E est la pente de la courbe contrainte-déformation de
l’essai isotherme.
 Le coefficient thermoélastique k est obtenu à partir d’un essai de dilatation libre, connais-
sant le module de Young :  =0
donne k E"= . =
 La capacité calorifique spécifique à déformation constante  s’obtient à partir de l’essai
de traction adiabatique : ÆQ d’où " =0 T0 k V=0 V0 . = 
L’énergie libre correspondant à ces lois d’état est une fonction quadratique des deux va-
riables d’état (la déformation et la température).

3.2.3 Modèle uniaxial du comportement thermoélastique linéaire

Le comportement thermoélastique linéaire est représenté par un modèle rhéologique formé


d’un ressort susceptible d’échanger de la chaleur avec l’extérieur. Il correspond au modèle
traité dans l’exercice 1.1 du premier chapitre. Le modèle est caractérisé par deux variables
d’état, par exemple les deux variables observables : l’allongement relatif " et la tempéra-
ture T (ou son écart  par rapport à la température initiale T0 ). Leurs grandeurs associées,
la force élémentaire  et l’entropie s, leur sont reliées par les lois d’état linéaires établies
précédemment.
82 Chapitre 3. Thermoélasticité

Figure 3.2 – Modèle rhéologique thermoélastique linéaire

3.3 Comportement thermoélastique linéaire


Un matériau thermoélastique est sans dissipation intrinsèque ; sa seule source de dissipa-
tion est thermique. Il est, par conséquent, complètement caractérisé par :
1. son énergie libre définissant les comportements réversibles ;
2. son potentiel de dissipation thermique conduisant, dans le cas linéaire, à la loi de
conduction de Fourier.
Les variables d’état choisies pour définir l’état thermodynamique sont la déformation
" et la température T . Le potentiel thermodynamique naturel, cohérent avec ce choix de
variables, est l’énergie libre de Helmholtz. Ainsi, les fonctions d’état, énergie libre et entropie,
( ) ( )
s’écrivent : w "; T et s "; T . L’état d’équilibre initial, qui sert de configuration de référence,
est défini par les variables d’état "0 =0
et T0 , leurs forces thermodynamiques réversibles
associées  0 et s0 , et la densité 0 .

3.3.1 Lois d’état

Les lois d’état s’écrivent, en l’absence de liaisons internes :


w("; T ) w("; T )
nd =  et s= : (3.1)
0
" T
Comme la dissipation intrinsèque (1.43) donnée par :
d1 = ( nd ) : "_  0 (3.2)
est nulle pour tout état, quelles que soient les vitesses de ", on obtient :

 = nd : (3.3)

On va linéariser les lois d’état au voisinage de l’état initial 2 , c’est-à-dire remplacer les ex-
2. En toute rigueur, la linéarisation se fait dans la configuration de référence, avec le tenseur de déformation de
Green-Lagrange comme variable d’état. Elle conduit à la définition du tenseur des contraintes de Piola-Kirchhoff.
Des hypothèses supplémentaires (état naturel ou quasi-naturel) sont nécessaires pour aboutir à l’expression simplifiée
du tenseur de Cauchy, obtenue dans ce qui suit (voir les cours de J. Salençon et de P. Le Tallec).
3.3. Comportement thermoélastique linéaire 83

pressions (3.1) par leur développement au premier ordre 3 en déformation et en écart de tem-
( = )
pérature  T T0 . Ceci conduit à :
8
> w(0; T0 )  2 w(0; T0 )  2 w(0; T0 )
("; T ) = + :" +
>
>
>
<    
0
" 0
"" 0
"T
(3.4)
>
> w(0; T0 )  2 w(0; T0 )  2 w(0; T0 )
>
>
: s("; T ) = :"  :
T T " T 2
w(0; T0 ) w(0; T0 )
Or  0
"
= 0 et
T
= s0 :
Si on pose
8
2 (0; T )
>
>
>
>
>
>
C =   w""
0
0
>
>
<
=   w(0; T0 ) = 
2
k (3.5)
>
>
>
>
0
T " T
>
>
>  w(0; T0 )
2
= >
:
T 2
les relations (3.4) s’écrivent ("0 = 0) :
8
>
>
>
< (";  ) = 0 + C : " k
(3.6)
= s0 + k : " +  :
>
s(";  )
>
>
:
0

L’énergie libre correspondante est donnée par :

 w(";  )
0 = 12 " : C : " k : " + 0 : "
1   2
2 0  s0  :
0 (3.7)

Interprétation des différents coefficients thermoélastiques

 C est le tenseur d’élasticité. C’est un tenseur du quatrième ordre. Dans le cas général, il
possède 21 coefficients indépendants.
En effet, l’égalité des dérivées croisées du potentiel thermodynamique,

 2 w("; T )  2 w("; T )
=
"ij "kl "kl "ij
conduit à Cijkl = Cklij
et les symétries du tenseur des déformations à Cijkl = Cijlk :
3. Autrement dit, linéariser y = f (x) au voisinage de x0 , c’est écrire : y = f (x0 ) + f 0 (x0 )(x x0 ).
84 Chapitre 3. Thermoélasticité

La relation (3.6a) entre les deux tenseurs d’ordre deux symétriques  et ", peut s’écrire comme
une relation linéaire entre deux vecteurs à six composantes via une matrice 6x6 symétrique qui
a donc 21 coefficients indépendants (voir section 3.9).
 k est le tenseur des coefficients thermoélastiques. Il est symétrique. En « notation ingé-
nieur », il s’écrit de manière identique à la contrainte. Son interprétation est obtenue
comme suit : on remarque que la quantité de chaleur spécifique reçue qu’on a coutume
d’écrire sous la forme
L
ÆQ = : " +  (3.8)

0

où L est le tenseur des chaleurs latentes relatives aux différents modes de déformation
et  est la chaleur spécifique (ou capacité calorifique) à déformation constante, est,
grâce à l’équation (3.6)b, égale à
k
T (s s0 ) = T : " + T  : (3.9)
0

Ainsi, à partir des équations (3.8) et (3.9), on obtient :


8
w 2
>
>
< L = T k =  T T " 0

(3.10)
> 2w
>
:  = T = T 2:
T

D’autre part, on remarque aussi que L = T T =  T s
" 0

 s
et donc que :
T
=  0
"
:
s
De même,  = T :
T
 Le coefficient est donc relié à la chaleur spécifique à déformation constante par :  = T :
Les propriétés des différents tenseurs physiques de thermoélasticité linéaire découlent de
l’objectivité, des symétries de la matière et de la stabilité thermodynamique des matériaux.
De plus, l’égalité des dérivées croisées du potentiel thermodynamique ainsi que la symétrie
de " ont conduit aux relations de symétrie suivantes :

Cijkl = Cklij = Cjilk et kij = kji : (3.11)

3.3.2 Loi complémentaire

La seule source de dissipation est la conduction thermique. Sa linéarisation effectuée à la


section 2.3.2 a conduit à la loi de Fourier :

q= K  rT (3.12)
3.4. Évolution thermoélastique 85

où K est le tenseur des conductivités thermiques spécifique au matériau considéré et dépen-


dant de l’état initial. Il est non négatif et symétrique,
Kij = Kji : (3.13)
En résumé, au voisinage de l’état initial d’équilibre, défini par "0 =0
; T0 ; 0 ; s0 et 0 , la loi
4
de comportement du solide thermoélastique linéaire est donnée par :
8
>
>
>
>
>
 = 0 + C : " k
<
k =T
>
>
s = s0 + : " +  
 T0
avec  T0 : (3.14)
>
>
0
>
: q = K  rT
L’énergie libre s’écrit :

 w("; T ) = 1
0
2 " : C : " k : " (T T0 ) + 0 : "
1   (T T0)2  s0 (T T0 )
(3.15)
2 T00 0

3.4 Évolution thermoélastique


Les équations de champ du problème d’évolution thermoélastique comprennent les équa-
tions universelles (conservation de la masse, équations de la dynamique, conservation de
l’énergie) et la loi du comportement.
La conservation de la masse s’écrit :
= 0 (1 div  ) (3.16)
où  désigne le champ de déplacement. Par la suite on prendra  ' 0 .
Les équations de champ de la dynamique s’écrivent :

+  F =  t2
2
div  0 0 (3.17)

avec F les forces massiques appliquées au solide.


À partir de l’équation (1.21) établie grâce à la conservation de l’énergie et au second principe
de la thermodynamique, on aboutit à l’équation de la chaleur explicitée ci-dessous :
div ( K:rT ) +  T s_ = r + d1 :
0 (3.18)
4. Les circonstances (état initial quasi-naturel, transformation infinitésimale, gradient de déplacement et dé-
formation de même ordre de grandeur) autorisant cette écriture sont explicitées dans l’ouvrage de Jean Salençon,
Mécanique des milieux continus, tome II, chap.VII.5.4. Les Éditions de l’École Polytechnique.
86 Chapitre 3. Thermoélasticité

En utilisant l’expression (3.14b) de l’entropie et la nullité de la dissipation intrinsèque, on


obtient :
div K:rT ( )+
T0 k " 0  T r : :_+ _= (3.19)

Finalement, les équations de champ du problème thermoélastique s’explicitent par :

 = 0 + C : " k
k
s = s0 + : " +  
 T0
(3.20)
0

q = K  rT

+  F =  t2
2
div  0 0
(3.21)
div(K  rT ) + r = T0 k : "_ +   T_ 0

"=
1 (r +t r)
2 (3.22)

À ces équations, s’ajoutent les conditions initiales et aux limites.

3.5 Matériau thermoélastique linéaire isotrope


On considère un matériau thermoélastique linéaire isotrope dans son état naturel. In-
tuitivement, l’isotropie signifie que les propriétés du matériau sont identiques dans toutes
les directions. De manière plus précise, ceci veut dire que l’expression de loi de compor-
tement écrite relativement à une configuration de référence reste inchangée dans tout chan-
gement de configuration correspondant à une transformation orthogonale 5 . Ainsi, désignons
( )
par w "; T l’expression de l’énergie libre relative à la configuration de référence. On ef-
fectue un changement de configuration par une transformation orthogonale de tenseur asso-
cié P . La déformation devient " ~=
P  "  tP . On a alors w "; T ( ) = (~ )
w "; T ou encore
( )= ( ) =
w "; T w P  "  P ; T ; 8"; 8P tel que P  tP 1. Ainsi, les expressions des compo-
t

santes de la loi de comportement sont les mêmes dans tout repère orthonormé. Ceci entraîne
une réduction du nombre des coefficients indépendants des différents tenseurs thermoélas-
tiques (C; k ) et thermique K. Ainsi :

5. Une transformation orthogonale est une application linéaire dont le tenseur associé P est tel que : P  tP = 1
3.5. Matériau thermoélastique linéaire isotrope 87

1. Le tenseur C ne s’écrit plus qu’en fonction de deux coefficients indépendants,  et 


appelés coefficients de Lamé.

1
En effet, la forme quadratique " : C : ", fonction scalaire isotrope du tenseur ", s’écrit d’après
2
le "théorème de représentation" , uniquement en fonction des invariants de ". Elle ne fait donc
6

intervenir ici que les deux invariants tr " et 12 tr("2 ) = 12 " : ", et est nécessairement de la forme :

1 1
" : C : " = (tr ")2 + " : " (3.23)
2 2

avec  et  deux coefficients scalaires.

2. Le tenseur k s’écrit en fonction d’un seul coefficient thermoélastique k sous la forme


=
k k1.
3. Le tenseur des conductivités thermiques K s’écrit en fonction d’un seul coefficient sous
la forme K K1. =
Finalement, si l’état initial est défini par la masse volumique 0 , un champ de déformation
nul et les champs de température T0 et de contrainte  0 , l’énergie libre de Helmholtz se met
sous la forme :

 w("; T ) = 1
2 (tr ") + " : " k (T T0 ) (tr ") + 0 : "
2
0
(3.24)
1 
2  T0 (T T0 )  s0 (T T0 )
2
0 0

et les lois d’état s’écrivent :

8
>
>
>
>
>
>
 = 0 +  (tr ") 1 + 2 " k 1
>
<
k
>
>
s = s0 + (tr ") +  
 T0
(3.25)
>
>
0
>
>
>
: q = K rT

6. Voir par exemple, Jean Salençon Mécanique des milieux continus, tome I, Annexe 5.7. Les Éditions de l’École
Polytechnique.
88 Chapitre 3. Thermoélasticité

3.6 Autres expressions en thermoélasticité linéaire isotrope


3.6.1 Décomposition de C

En écrivant le produit C : " en fonction des parties déviatorique et sphérique de ", on


obtient :
C: " =  (tr ") 1 + 2 "
= ( + 23 )(tr ") 1 + 2 dev "
= (3 + 2)( 31 1
1) : " + 2 (I 31 1
1) : "
(3.26)

= (3 + 2) J : " + 2 K : "


1
J = 1
1 et K = I J ;
où l’on a posé :
3
avec I le tenseur unité du quatrième ordre pour les tenseurs symétriques d’ordre deux.
1
" = (tr ") 1 + dev " = (J + K) : " ;
Comme :
on a :
3
I=J+K:

De plus, on vérifie que les tenseurs J et K sont orthogonaux :

J K : =K:J=0
et que :
: =J
J J et K K : =K:

3.6.2 Inversion de la loi de comportement

La première équation des relations (3.33) exprimant la contrainte en fonction de la défor-


mation et de l’écart de température peut être inversée pour obtenir la déformation en fonction
de la contrainte et de l’écart de température. L’expression obtenue
"=C 1
: ( 0 ) + C 1
: k
est écrite sous la forme :

"=
1 +  ( 0 )

tr ( 0 )

1 +  1 (3.27)
E E
E est le module de Young,  le coefficient de Poisson et le coefficient de dilatation
thermique.
Les différents coefficients thermoélastiques sont reliés par les relations :
3.6. Autres expressions en thermoélasticité linéaire isotrope 89

E E E
= = k = (3 + 2) =
(1 +  )(1 2 ) 2(1 +  ) (1 2 )
(3.28)
E=
3 + 2 =

=
k
= k(1 2 )
+ 2( + ) 3 + 2 E

3.6.3 Capacité calorifique spécifique à contrainte constante

L’équation de la chaleur (deuxième équation des groupes (3.21) et (3.34)) peut être écrite
en utilisant la chaleur spécifique à contrainte constante  définie par
s(; T )
 = T
T
et reliée à la chaleur spécifique à déformation constante par
  =   + T0 k : C 1 : k
0

=   + T0 T : C : T :
0
(3.29)

T , défini par : T = C 1 : k, représente le tenseur des coefficients de dilatation thermique.


La relation (3.29) est obtenue de la manière suivante. On part de l’expression :
k 
s = s0 +
:"+ 
0 T0
dans laquelle on remplace " par : " = C 1 : (  0 ) + C 1
: k :
On a alors
k 1 k 1
s = s0 + :C : ( 0 ) + (  + : C : k ) ; (3.30)
0 T0 0
s(; T )
d’où  = T
T
'  + T00 k : C 1 : k :
Dans le cas isotrope, la relation (3.29) devient :
  =   + 3T0k
=   + 3T0(3 + 2) 2 :
0 0
(3.31)
0

Elle est souvent écrite sous la forme :


 
 =  1+ 9T0 K 2
: (3.32)
 
0

où K = 3 +3 2 = 3(1 E 2 ) est le module de compressibilité élastique 7 .


7. Il est aussi appelé (voir J. Salençon,"Mécanique des milieux continus", tome II, les Éditions de l’École poly-
technique.) : module élastique de compression ou module de rigidité à la dilatation.
90 Chapitre 3. Thermoélasticité

3.7 Problème d’évolution en thermoélasticité linéaire isotrope


On écrit, dans le cas du comportement thermoélastique linéaire isotrope, les équations du
champ du problème d’évolution thermoélastique obtenues à la section 3.7.

8
>
>
>
>
<
 = 0 +  (tr ") 1 + 2 " k 1
k
>
s = s0 + (tr ") +  
 T0
(3.33)
>
> 0
>
: q = K rT
avec
E E E
= ; = k = (3 + 2) =
(1 +  )(1 2 ) 2(1 +  ) et
(1 2 )
8
+  F =  t2
> 2
< div 
0 0
(3.34)
  T_ KT = r T0 k (tr "_ )
>
:
0

"=
1 (r +t r)
2 (3.35)

3.8 Expressions des différents potentiels thermoélastiques


3.8.1 Énergie interne en thermoélasticité linéaire

L’énergie interne peut être choisie comme potentiel thermodynamique. Dans cette sec-
tion, on établit son expression, en thermoélasticité linéaire, en fonction de ses variables natu-
relles (l’entropie et la déformation).
On exprime d’abord l’écart de température en fonction de l’entropie et de la déformation à
partir de la relation (3.14) :
T0 T0
T T0 = (s s0 ) k:" (3.36)
  
0

Le tenseur des contraintes donné par les lois d’état (3.14) s’écrit, en utilisant l’équation pré-
cédente :
 = 0 + :"
C k
T0
= 0 + Ca : "

(s s0) k avec Ca = (C + T 0 k
k) : (3.37)
0 
3.8. Expressions des différents potentiels thermoélastiques 91

Ca est le tenseur d’élasticité isentropique.


e e
Comme  =  "
0 et T =
s
, on obtient l’expression suivante de l’énergie interne :

 e("; s)
0 = 12 " : (C + T 0 k
k) : " + 0 : "
 0
(3.38)
1
+ 2 (s s0 )2 T 0 (s s0) k : " +  T0 s :
 T0 0
0
 

Dans le cas isotrope, on a :

= C + T 0 k
k = ( + T0 k ) 1
1 + 2 I :
2
Ca (3.39)
0  0 

En posant
T0 k 2
a =  + ; (3.40)
 0

on obtient :

 e("; s) = 1 a (tr ")2 +  " : " +  : "


0
2 0
1  T00 T k
+ 2 (s s0 )2 0 (s s0)(tr ") +  T0 s ; 0
(3.41)

 

puis :
8
T0
>
>
<  = 0 + a (tr ") 1 + 2 "

(s s0) k 1
(3.42)
> T T0 k
>
: T = T0 + 0 (s s0 )
  
(tr ") :
0

3.8.2 Énergie libre de Gibbs en thermoélasticité linéaire

Dans cette section, on établit l’expression de l’énergie libre de Gibbs en fonction de ses
variables naturelles (la température et la contrainte) en thermoélasticité linéaire.
L’expression de l’entropie (3.30) en fonction de l’écart de température et de la contrainte a
été établie précédemment. Elle s’écrit :

s = s0 + k : C 1 : ( 0 ) + ( T  + k : C 1 : k)
0 (3.43)
0
 0

= s0 + T : ( 0) + T  ;
0

T0
avec T =C 1:k et  =  +

k:C 1
: k.
0
92 Chapitre 3. Thermoélasticité

En fonction de l’écart de température et de la contrainte, la déformation s’écrit :


"=C 1
: (  0 ) + T  avec T =C 1:k: (3.44)

Ces deux relations forment les lois d’état


8
g
>
>
< " =  0

= C 1 : (
 0 ) + T 
(3.45)
g
: s =
>
> = s0 + ( 0 ) : T + T   :
T 0 0

On déduit l’expression de l’énergie libre spécifique de Gibbs g (T;  ) :

 g(T; ) = 1 ( 0 ) : C 1
: ( 0 )  ( 0 ) : T
0
2
1  2 (3.46)
2  T0 
0  s0 
0

On rappelle que : g =w 1 : " .



Dans le cas isotrope, on a :

 g(T; ) =
1 +  (  ) : (  ) +  (tr ( 0 ))2
0
2E 0
1
0
 2
2E (3.47)
 tr( 0 )    s0 
2 T 0
0
0

ou encore :

 g(T; ) =
1 (  ) : (  ) 
(  )2

0
4 0 0 3 + 2 tr 0

 tr( 0 )
1  2 (3.48)
2  T0   s 0  0 0

= 1 +E ( 0 ) E tr ( 0) 1 +  1
8
>
> "
>
>
>
= 21 ( 0) 3 + 2 (tr ( 0 )) 1 +  1
<
et (3.49)
>
>
= s0 +  tr( 0 ) + T   :
>
>
>
: s
0 0

3.8.3 Enthalpie en thermoélasticité linéaire

Dans cette section, on établit l’expression de l’enthalpie en fonction de ses variables na-
turelles (l’entropie et la contrainte) en thermoélasticité linéaire.
Des équations (3.45), on déduit d’abord :

 = T 0 (s s0 )
T0
 
: ( 0 ) ; (3.50)
 0
3.9. Matériau thermoélastique linéaire anisotrope 93

puis :  
T0 T0
"= C 1

: ( 0 ) + (s s0 ) (3.51)
 
0 
h
Or : " =  0

et T = h
s
. On en déduit l’expression de l’enthalpie h(s;  ) :
 
 h(s; ) = 1 T0
0
2 ( 0 ) : C 1
 

: ( 0 )
T0 (s s0 ) 1  T0 (s s0 )2 +  T0s (3.52)
0

: ( 0 ) + 0

 2  0

On rappelle que : h = e 1  : " .


Dans le cas isotrope, on a :
 
 h(s; ) =
1 s 2
0
4 ( 0 ) : ( 0) 3s + 2 tr ( 0)
T0 (s s0 ) 1  T0 (s s0)2 +  T0s (3.53)
tr(  0 ) +
0

 2  0

 + ~ p (3 + 2) T 2
avec s = ; p = 0 ; et ~ p = 2 p ,
8
1 
3 p (3 + 2 )  

0

< "=
>
> 1 ( 0 ) 3 + 2 tr ( 0 ) 1 + T 0 (s s0) 1
s 

et 2  s 
(3.54)
T0 T0
:  = (s s0)  tr( 0) :
>
>
 0 

3.9 Matériau thermoélastique linéaire anisotrope


3.9.1 Cas général

Certains matériaux ne possèdent pas les mêmes propriétés dans toutes directions. C’est
notamment le cas des matériaux composites, des monocristaux métalliques, du bois, etc.
Néanmoins, ces matériaux, dans une configuration de référence, sont dotés de microstruc-
ture présentant des symétries qualifiées de matérielles. Cela signifie que les propriétés du
matériau sont invariantes dans toutes les transformations linéaires ou les changements de
configuration réalisant ces symétries. Il en est de même de la loi de comportement du maté-
riau. On se limite ici aux matériaux thermoélastiques linéaires. Ainsi, désignons par w "; T ( )
l’expression de l’énergie libre spécifique relative à la configuration de référence. Effectuons
un changement de configuration par une transformation linéaire du groupe GS des symétries
matérielles, de tenseur associé P . La déformation devient :
~" = P  "  tP : (3.55)
94 Chapitre 3. Thermoélasticité

On a alors

w("; T ) = w(~"; T ) soit w("; T ) = w(P  "  tP ; T ); 8"; 8P 2 GS : (3.56)

Par conséquent, les expressions des composantes de la loi de comportement sont les mêmes
dans les repères orthonormés qui se correspondent par ces symétries. Dans les exemples
qui suivent, les cas classiques de symétries matérielles sont rappelés avec les réductions
qu’elles entraînent sur le nombre de coefficients indépendants des différents tenseurs ther-
moélastiques.
On rappelle que, dans le cas général général (voir section 3.3), le matériau thermoélas-
tique linéaire possèdent 21 coefficients élastiques indépendants définissant le tenseur d’élas-
ticité C et 6 coefficients thermoélastiques définissant le tenseur k . En adoptant la « notation
ingénieur » :
2 3 2 3 2 3 2 3 2 3 2 3
1 11 "1 "11 k1 k11
6
6 2 7
7
6
6 22 7
7
6
6 "2 7
7
6
6 "22 7
7
6
6 k2 7
7
6
6 k22 7
7
6
6 3 7
7 =
6
6 33 7
7;
6
6 "3 7
7 =
6
6 "33 7
7 et
6
6 k3 7
7 =
6
6 k33 7
7; (3.57)
6
6 4 7
7
6
6 12 7
7
6
6 "4 7
7
6
6 2"12 7
7
6
6 k4 7
7
6
6 k12 7
7
4 5 5 4 13 5 4 "5 5 4 2"13 5 4 k5 5 4 k13 5
6 23 "6 2"23 k6 k23
la relation
 = 0 + C : " k  (3.58)

est écrite sous la forme :


i =  i + C ij "j + ki
0 (3.59)
avec la matrice symétrique C définie par :
2
C 11 C 12 C 13 C 14 C 15 C 16 3 2 C11 11 C11 22 C11 33 C11 12 C11 13 C11 23
3
6
6 C 22 C 23 C 24 C 25 C 26 7 6 C22 23 7
C 36 777=666 7
C22 22 C22 33 C22 12 C22 13
6
6 C 33 C 34 C 35 C33 33 C33 12 C33 13 C33 23 7
7
6
6 C 44 C 45 C 46 77 66 C12 12 C12 13 C12 23 7
7
4 C 55 C 56 5 4 C13 13 C13 23 5
C 66 C23 23

Elle possède donc bien 21 coefficients indépendants. On a alors :

 : " = ij "ji = Cij kl "lk "ji = i "i = C ij "j "i (3.60)

et l’énergie libre s’écrit :

 w("; T ) =  i "i +
1 C " " k " 1  2
0 0
2 ij i j i i
2  T0   s0  :
0 0 (3.61)

La relation de comportement inverse :

" = S : ( 0 ) + T  avec S=C 1


(3.62)
3.9. Matériau thermoélastique linéaire anisotrope 95

est écrite sous la forme :


"i = S ij (j  j ) + T i 
0 (3.63)
S S S
avec ij = ji . Les ij sont les composantes de la matrice de souplesse symétrique S;
elles sont reliées aux composantes de S par la relation :
2
S 11 S 12 S 13 S 14 S 15 S 16 3 2 S11 11 S11 22 S11 33 2S11 12 2S11 13 2S11 23
3
6
6 S 22 S 23 S 24 S 25 S 26 7 6 2S22 12 2S22 13 2S22 23 7
S 36 777=666 7
S22 22 S22 33
6
6 S 33 S 34 S 35 S33 33 2S33 12 2S33 13 2S33 23 7
7:
6
6 S 44 S 45 S 46 77 66 4S12 12 4S12 13 4S12 23 7
7
4 S 55 S 56 5 4 4S13 13 4S13 23 5
S 66 4S23 23
 
On a coutume de mettre la matrice des souplesses S sous la forme :
2 1 21 31 4;1 5;1 6;1 3
E1 E2 E3 E1 E1 E1
6 7
6 4;2 5;2 6;2
7
6 12 1 32 7
6 E1 E2 E3 E2 E2 E2 7
6 7
6 7
6 13 23 1 4;3 5;3 6;3 7
6 E1 E2 E3 E3 E3 E3 7
  6 7
S = 6
6 1;4 2;4 3;4 G5;4
7
G6;4 7
(3.64)
6 1 7
6 G4 G4 G4 G4 G4 G4 7
6 7
6 7
6 1;5 2;5 3;5 G4;5 1 G6;5 7
6 G5 G5 G5 G5 G5 G5 7
6 7
4 5
1;6 2;6 3;6 G4;6 G5;6 1
G6 G6 G6 G6 G6 G6

qui met en évidence :


1. les trois modules de Young Ei ; i = 1; 2; 3 selon les trois directions du repère considéré
(Ei = i ="i lors d’une traction selon ei ),
2. les trois modules de cisaillement Gk ; k = 4; 5; 6 dans les trois plans 12; 13; 23,
(Gk = k ="k lors d’un cisaillement dans le plan associé),
3. les six coefficients de Poisson ij;i6=j ; i; j = 1; 2; 3. ij est égal rapport "j ="i lors
d’une traction selon ei ,
4. les neuf coefficients k;i ; k = 4; 5; 6 et i = 1; 2; 3. k;i =Ei correspond à la dilatation
dans la direction i induite par un cisaillement unitaire dans le plan associé à k ,
5. les neuf coefficients i;k ; k = 4; 5; 6 et i = 1; 2; 3. i;k =Gk correspond au glissement
dans le plan associé à k induit par une traction unitaire dans la direction i,
6. les six coefficients Gk;l ; k; l = 4; 5; 6. Gk;l =Gl correspond au glissement dans le plan
associé à l induit par un cisaillement unitaire dans le plan associé dans la direction k .
S
La symétrie de implique :
ij ji k;i i;k Gk;l Gl;k
= ;
Ei Ej Ei
=G ; El
= E : (3.65)
k k
96 Chapitre 3. Thermoélasticité

3.9.2 Symétrie par rapport à un plan

Le matériau possède un plan de symétrie défini par les vecteurs unitaires e1 et e2 , qui
forment avec le vecteur e3 une base orthogonale. L’application linéaire qui laisse ces vecteurs
inchangés et transforme le vecteur e3 en e3 est définie par :
P = e1
e1 + e2
e2 e3
e3 : (3.66)
Elle transforme le tenseur des déformations " en ~" défini par
~" = P  " t P (3.67)
dont les composantes sont :
"~11 = "11 ; "~22 = "22 ; "~33 = "33 ; "~12 = "12 ; "~13 = "13 ; "~23 = "23 (3.68)
ou encore
"~1 = "1 ; "~2 = "2 ; "~3 = "3 ; "~4 = "4 ; "~5 = "5 ; "~6 = "6 : (3.69)
En égalant les expressions de w("; T ) et w(P  "  P ; T ), pour tout ", on aboutit à une
t

réduction du nombre de composantes indépendantes de C de 21 à 13, et de celui de k qui


passe de 6 à 4. Ainsi, les composantes C i5 ; C i6 ; pour i = 1; 2; 3; 4 sont nulles, de même
que k5 et k6 . La matrice (3.9.1), exprimée dans la base privilégiée (e1 ; e2 ; e3 ), devient dans
ce cas : 2 3
C 11 C 12 C 13 C 14 0 0
6
6 C 22 C 23 C 24 0 0 7
7
 
C =
6
6 C 33 C 34 0 0 7
7 :
6
6 C 44 0 0 7
7
(3.70)
4 C 55 C 56
5
C 66

3.9.3 Matériau orthotrope

Le matériau possède trois plans de symétrie orthogonaux deux à deux, définis par les
vecteurs unitaires e1 , e2 et e3 . On reprend la procédure utilisée dans le cas précédent. Les
trois applications linéaires P l ; l = 1; 2; 3 correspondant aux trois symétries par rapport aux
plans orthogonaux sont cette fois-ci considérées. L’égalité entre les expressions w("; T ) et
C
w(P l "t P l ; T ); 8"; l = 1; 2; 3, conduit d’une part, à la nullité des composantes i4;i=1;2;3 ,
C C
i5;i=1;2;3;4 , i6;i=1;2;3;4;5 qui réduit le nombre de composantes indépendantes de de 21 C
à 9, d’autre part à celle des composantes k4 ; k5 et k6 de k qui passent de 6 à 3.
2 3
C 11 C 12 C 13 0 0 0
6
6 C 22 C 23 0 0 0 7
7
 
C =
6
6 C 33 0 0 0 7
7 :
6
6 C 44 0 0 7
7
(3.71)
4 C 55 0 5
C 66
3.9. Matériau thermoélastique linéaire anisotrope 97

Le tenseur des souplesses (3.9.1) s’écrit alors :


2 3
E1
1 21
E2
31
E3
0 0 0
6 7
6 7
6
6
6
12
E1
1
E2
32
E3
0 0 0 7
7
7
6 7
6 7
 
6
6
13
E1
23
E2 E3
1
0 0 0 7
7
S = 6
6
7
7 (3.72)
6
6 0 0 0 1
G12
0 0 7
7
6 7
6 7
6
6 0 0 0 0 G13
1
0 7
7
6 7
4 5
0 0 0 0 0 G23
1

avec :
21 12 31 13 32 23
= ;
E2 E1
=
E3 E1
et =
E3 E2
; (3.73)

faisant apparaître :
1. Ei le module de Young selon la direction ei de symétrie matérielle,
2. ij le coefficient de Poisson égal au rapport "j ="i lors d’une traction selon ei ,
3. Gij le module de cisaillement dans le plan défini par ei et ej .

3.9.4 Matériau à symétrie cubique

C’est un matériau orthotrope dont les trois directions privilégiées sont équivalentes. Le
C
tenseur d’élasticité est alors :
2 3
C 11 C 12 C 12 0 0 0
6
6 C 11 C 12 0 0 0 7
7
 
C =
6
6 C 11 0 0 0 7
7
6
6 C 44 0 0 7
7
(3.74)
4 C 44 0 5
C 44

ce qui donne trois coefficients indépendants. Quant au tenseur k , il n’a plus qu’une compo-
sante dans le repère privilégié.

3.9.5 Matériau orthotrope de révolution

C’est un matériau dit aussi isotrope transverse dans la configuration de référence ; il pos-
sède un axe de symétrie e3 . Le tenseur P correspondant à une rotation d’angle  autour e3
98 Chapitre 3. Thermoélasticité

est : 2 3
os  sin  0
(P ) = 4 sin  os  0 5 : (3.75)
0 0 1
Le tenseur des déformations ~" défini par

~" = P  " t P (3.76)

a pour composantes :
8
>
>
"~11 = "11 os2  + "12 sin 2 + "22 sin2 
>
>
>
>
<
"~12 = ("22 "11 ) sin22 + "12 os 2
"~13 = "13 os  + "23 sin  (3.77)
>
>
>
"~22 = "22 os2  "12 sin 2 + "11 sin2 
>
>
>
:
"~23 = "13 sin  + "23 os 
"~33 = "33 :
Les invariants du premier et second ordre de ~" dans ces rotations, au nombre de quatre, sont
"~11 + "~22 , "~11 "~22 "~212 , "~213 + "~223 et "~33 . La forme quadratique 12 " : C : " a donc cinq termes
non nuls donnant les cinq composantes de C dans le repère privilégié :
2
C 11 C 12 C 13 0 0 0
3

6
6 C 11 C 13 0 0 0 7
7

C =

6
6 C 33 0 0 0 7
7 :
6
6
1
(C 11 C 22 ) 0 0 7
7
(3.78)
C
2
4 55 0 5
C 55

C
Le tenseur a donc 5 composantes non nulles et le tenseur k en a 2. Avec les notations
usuelles, cette matrice s’écrit :
2 3
? + 2? ?  0 0 0
6 7
6 7
6
6 ? ? + 2?  0 0 0 7
7
6 7
6 7

6
6    0 0 0 7
7
C = 6
6
7
7 (3.79)
6
6 0 0 0 ? 0 0 7
7
6 7
6 7
6
6 0 0 0 0 G 0 7
7
4 5
0 0 0 0 0 G
3.10. Comportement thermoélastique : cas de grandes variations de température 99

Le tenseur inverse, définissant la relation " = S( 0 ) + T  , est noté :


2 3
1 ? 
0 0 0
6
E ? E? E
7
6 7
6 7
6  ? 1 
0 0 0 7
6
6
E ? E ? E 7
7
6 7
6 7
  6
6

E

E E
1
0 0 0 7
7
S = 6
6
7
7
(3.80)
6 0 0 0 2(1+ ?) 0 0 7
6 E ? 7
6 7
6 7
6 7
6
6
0 0 0 0 1
G
0 7
7
4 5
0 0 0 0 0 1
G

faisant apparaître :
1. E le module de Young selon la direction e3 de symétrie matérielle,
2.  le coefficient de Poisson égal au rapport "11 ="33 lors d’une traction selon e3 ,
3. E? le module de Young selon une direction du plan perpendiculaire à e3 ,
4. ? le coefficient de Poisson égal au rapport "22 ="11 lors d’une traction selon e1 ,
5. G le module de cisaillement entre la direction e3 et son plan perpendiculaire.

3.10 Comportement thermoélastique : cas de grandes variations de tem-


pérature
On considère cette fois-ci des grandes variations de température 8 , associées à des défor-
mations infinitésimales autour de l’état initial défini par les variables d’état "0 = 0 et T0 . Le
potentiel thermodynamique naturel, cohérent avec ce choix de variables, est l’énergie libre
de Helmholtz. Ainsi, les fonctions d’état, énergie libre et entropie, s’écrivent : w("; T ) et
s("; T ). L’état d’équilibre initial, qui sert de configuration de référence, est défini par les va-
riables d’état "0 = 0 et T0 , la contrainte  0 =  ("0 ; T0 ) et l’entropie s0 = s("0 ; T0 ).

En développant le potentiel thermodynamique au second ordre en déformation, on ob-


tient :

 (w) 1  2 (w) (0; T ) : " :


w("; T ) = w(0; T ) + (0;T) : " + " : (3.81)
" 2 ""
8. Voir : D. Boussaa. Effective thermoelastic properties of composites with temperature-dependent constituents,
Mechanics of Materials 43 :8, 2011, 397-407.
100 Chapitre 3. Thermoélasticité

Les expressions, au premier ordre en déformation 9 , des lois d’état (3.1) sont alors :
8
> w 2w
>
>
> ("; T ) =  (0 ;T) +  (0; T ) : "
>
>
>
0
" "" 0

>
>
>
< = (0; T ) + C(T ) : "
w w2 (3.82)
>
> s("; T ) = (0; T ) (0; T ) : "
>
>
>
>
T T "
>
>
> k(T )
>
: = s(0; T ) + 
:":
0

Ces lois mettent en évidence les grandeurs physiques suivantes :


 le tenseur d’élasticité
 2 w(0; T )
C(T ) = 0 (3.83)
""
 et le tenseur des coefficients thermoélastiques ;

 2 w(0; T )
k(T ) =  : (3.84)
0
T "
Ce dernier terme permet de préciser l’expression de la quantité  (0; T ). En effet,

(0; T )
k(T ) = (3.85)
T
d’où Z T
(0; T ) 0 = k(v)dv ; (3.86)
T0

et par conséquent :
Z T
("; T ) = 0 k(v)dv + C(T ) : " : (3.87)
T0

Cette expression peut aussi s’écrire en faisant intervenir le tenseur des dilatations thermiques
instantanées tan (T ) défini par :

"(0 ; T )
tan (T ) = : (3.88)
T
En effet, de la relation (3.87), on tire :
Z T
"(; T ) = C 1 (T ) : ( 0 ) + C 1 (T ) : k(v)dv : (3.89)
T0

1  3 (w)
9. Ceci a conduit à ne pas prendre en compte le terme ": (0; T ) : " dans l’expression de l’entropie
2 T ""
(Éq. 3.82).
3.10. Comportement thermoélastique : cas de grandes variations de température 101

d’où !
Z T
tan (T ) = (T ) : k(v)dv ;
d 1
C (3.90)
dT T0

ou encore Z T
"(; T ) = C 1
(T ) : ((T ) 0 ) + tan (v)dv : (3.91)
T0

En définissant sec (T ), le tenseur moyen des dilatations thermiques entre T0 et T , par :


sec (T ) =
1 Z T
tan (v)dv ; (3.92)
T T0 T0

la déformation se met sous la forme :

"(; T ) = C 1
(T ) : ((T ) 0 ) + sec (T ) (T T0 ); (3.93)

et la contrainte s’écrit :

("; T ) = C(T ) : " C 1


(T ) : sec (T ) (T T0 ) +  0 : (3.94)

(0 )
Le terme s ; T peut aussi être précisé en faisant intervenir la capacité calorifique spécifique
( )
à déformation constante  "; T définie par

s("; T )
 ("; T ) = T : (3.95)
T
Elle s’écrit dans ce cas :
  !
 w(0; T ) 3 w (0; T )
 ("; T ) = T
T T
+  T 2 " : " : (3.96)

On a donc :  
 w(0; T )
 (0; T ) = T : (3.97)
T T
L’intégration entre les températures T0 et T de l’équation (3.97), donne :

w(0; T )  (0; t)
Z T

T
= s0 + t
dt ; (3.98)
T0

ce qui conduit à l’expression suivante de l’entropie :


Z T
 (0; v) k(T )
s("; T ) = s0 + dv + :" : (3.99)
T0 v  0
102 Chapitre 3. Thermoélasticité

En résumé, la loi de comportement s’écrit :


8 Z T
>
>
>
< ("; T ) = 0 k(v)dv + (T ) : "
C
T0
(3.100)
 (0; v)
+ k(T ) : "
Z T
>
>
>
: s("; T ) = s0 + dv
T0 v 0

Dans le cas où le tenseur d’élasticité, le tenseur des coefficients thermoélastiques et la


capacité calorifique varient très peu autour de leurs valeurs initiales dans la gamme de tem-
pérature considérée, on a les approximations suivantes :
C (T ) ' C(T0 ) ; k(T ) ' k(T0 ) et  (0; T ) '  (T0 ) :

En effectuant les intégrations apparaissant dans les équations (3.100), on obtient les lois
d’état : 8
> ( ) =
<  "; T 0 ( )( ) + ( ):
k T0 T T0 C T0 "

: s("; T ) = s0 +  (T0 )ln


T k(T0 )
>
T0
+ 
:";
0
8
w("; T )
>
< 
> 0
"
= 0 k(T0 )(T T0 ) + C(T0 ) : "
w("; T )
+ k(T0 ) : " :
ou encore
>
>
:
T
= s + (T )ln T 0  0
T0  0

Par intégration, on trouve l’expression suivante de l’énergie libre w("; T ) développée au


second ordre en déformation :

 w("; T )
0 = 12 " : C : " + 0 : " (T T0 )k : "
  (3.101)
T T0
  T ln 1+ T  (T T0 )s0 + w0 :
0
T 0
0

Dans cette expression, les grandeurs C; k;  ;  0 ; s0 et w0 sont évaluées à (0; T0 ). Cette dé-
pendance a été omise afin d’alléger l’écriture de l’énergie libre.

Remarque : Si on fait l’hypothèse des petites variations de température T T0  T0 , ( )


( )
un développement limité de (3.101) en T T0 permet de retrouver l’expression (3.15) de
l’énergie libre.
0n déduit les lois d’état suivantes :
8
>
>
<  = 0 + C : " k (T T0 )
(3.102)
>
>
: s = s0 + k : " + ln TT :
0 0
3.11. Récapitulatif 103

3.11 Récapitulatif

 Thermoélasticité isotrope linéarisée


Énergie libre de Helmholtz :
1
0 w("; T ) =  (tr ")2 +  " : " k  (tr ") + 0 : " 12 0 T   2 0 s 0 
2 0

Lois d’état et loi de Fourier :


8
>
>
>  = 0 +  (tr ") 1 + 2 " k 1 ou "=
1+ 
(tr ) 1 +  1
>
> E E
>
<
k
>
>
s = s0 + tr(") +  
0 T0
>
>
>
>
: q = K rT

Équation de la dynamique et équation de la chaleur :


8
+ 0 F = 0 t2
> 2
>
< div 

: 0  T_ K T = r T0 k (tr "_ )
>
>

Relations entre les coefficients thermoélastiques :

E E E
= = k = (3 + 2) =
(1 +  )(1 2 ) 2(1 +  ) (1 2 )
E=
3 + 2 =

=
k k(1
2 )
+ 2( + ) 3 + 2 = E
104 Chapitre 3. Thermoélasticité

?
Autres potentiels thermoélastiques dans le cas isotrope

 Énergie interne
0 e("; s) = 1
2 a(tr ") +  " : " + 0 : "
2

+ 21 T 0 (s s0)2 T0 k (s s0 )(tr ") + 0 T0 s ;


 0 
et les lois d’état
8
T0 T0 k 2
>
>
<  = 0 + a (tr ") 1 + 2 "

(s s0) k 1 avec a =  +
0 
T T0 k
>
>
: T = T0 + 0 (s s0 )
 0 
(tr ") :
 Énergie libre de Gibbs
0 g(T; ) =
1 (0 ) : ( 0 )
 2


4 3 + 2 tr ( 0 )
0 )
 tr(
1  2
2 0 T0  0 s0 
8
>
>
> " =
1 +  (  )  tr (  ) 1 +  1
>
> E 0 E 0 
et
>
< 1 
= 2 ( 0 ) 3 + 2 tr ( 0) 1 +  1
>
>
>
>
>
>
: s = s0 + tr ( 0 ) +   :
0 T0
 Enthalphie
0 h(s; ) =
1 (  ) : (  ) s 2


4 0 0 3s + 2 tr ( 0 )
T0 (s s0 ) 1 0 T0 (s s0 )2 + 0 T0s
tr(  0 ) +
 2 
8
"=
1 (  ) s 

T0
3s + 2 tr ( 0 ) + (s s0 ) 1
>
>
et
<
2 0
1

T0
:  =
>
>

(s s0 ) T0 tr ( 0 ) :
0 

 + ~ p (3 + 2) T 2
avec s = ; p = 0 ~ p = 2 p
1 3 p (3 + 2) 0 
et
3.12. Exercices 105

3.12 Exercices
Exercice 3.1 Thermoélasticité en transformation infinitésimale

Un élément important de la validation des modèles phénoménologiques macroscopiques est


la quantification par des moyens expérimentaux, des énergies mises en jeu par les différents
mécanismes. Des techniques comme la thermographie infrarouge sont développées pour
permettre à partir des mesures de température en surface de remonter aux puissances
thermiques afin de pouvoir contrôler l’adéquation des modèles aux observations physiques.
Cet exercice a , qui sera poursuivi en plasticité, constitue une introduction sommaire à cette
problématique.

On considère une éprouvette cylindrique, d’axe Oz , de rayon R = 1 m et de hauteur


L = 10 m. Dans cette configuration initiale prise comme référence, l’éprouvette est à l’état
naturel, à la température T0 = 200 C . Son matériau constitutif est un acier DP60 consi-
déré comme thermoélastique linéaire, isotrope et homogène. Ses caractéristiques (module de
Young E , coefficient de Poisson  , coefficient de dilatation thermique , masse volumique
, conductivité thermique K , chaleur spécifique à déformation constante  ) supposées indé-
pendantes de la température sont données dans le tableau ci-dessous.

E (MPA)  (K 1)  (kg/m3 ) K (W.m 1 .K 1 )  (J.kg 1 .K 1 )

210000. 0.3 1.5 10 5 7800. 64 460

L’éprouvette est en évolution sous l’action d’efforts surfaciques exclusivement exercés sur
ses sections extrêmes S0 z ( = 0)
et SL z ( = )
L . Sur S0 , les efforts sont : T  t ez et = ()
= ()
sur S0 , T  t ez . La surface latérale est libre de contrainte. On néglige les forces de masse.

A. Évolution adiabatique
On s’intéresse à la phase de la première traction entre t0 =0
et tf , effectuée avec une
() 0 0
contrainte imposée  t strictement croissante de à m > . On suppose cette phase suffi-
samment rapide pour que l’évolution soit considérée comme adiabatique.
1. Montrer que la température de l’éprouvette baisse quand la contrainte augmente.
2. Donner la variation de température entre les instants t0 et tf .
3. Déterminer les modules d’élasticité adiabatiques a et a ( = a (tr ") 1 + 2a " ),
et comparer les aux modules isothermes  et .
4. Établir la relation entre les capacités calorifiques spécifiques à déformation constante
(  ) et à constrainte constante(  ). Montrer que l’on a : a (3 +2 ) = (3 +2 )
a     .
a. Cet exercice a été élaboré à partir de l’article suivant : Boulanger T., Chrysochoos A., Mabru C., Gal-
tier A. Calorimetric analysis of dissipative and thermoelastic effects associated with the fatigue behavior of steels,
International Journal of Fatigue, 26, pp 221-229, 2004.
106 Chapitre 3. Thermoélasticité

B. Évolution cyclique avec échanges par convection


On s’intéresse dans la suite à la réponse thermique sous le chargement sinusoïdal

(t) = m + a sin(2ft)
0
f est la fréquence de sollicitation, les contraintes m et a > sont données. On suppose
toujours la température uniforme dans l’éprouvette, mais on souhaite tenir compte de pertes
par convection qui caractérisent les échanges de la chaleur avec le milieu environnant. On
( = )
suppose que cet échange se fait uniquement par la surface latérale r R , suivant la loi :

q:n = h(T T0 )
0
avec h > le coefficient de convection, T0 la température du milieu extérieur est aussi la
température initiale de la pièce.
5. Écrire l’ensemble des équations de ce problème de thermoélasticité couplé.
6. En utilisant l’ensemble des symétries et hypothèses du problème (géométrie, compor-
tement, chargement) et les propriétés de l’évolution quasi-statique, déduire que :

 
T
K
1  (r T ) = req
t r r r
en tout point du cyclindre, et expliciter le terme req de la source volumique de chaleur.
7. Le cylindre est élancé : R  H . La température moyennée sur la section S

T (t) =
1 Z T (r; ; t)dS
S S

est alors considérée comme une bonne approximation pour décrire l’état de la section
S.
Montrer que dans ce cas, le problème thermique se réduit à :

d
dt
+ t = T0 d
  dt
e

avec te une constante que l’on déterminera et  (t) = T (t) T0 .


8. Déterminer l’évolution de la température en fonction du temps.
9. Étudier la dépendance de 2Ta = (Tmax Tmin ) par rapport à la fréquence f .
3.12. Exercices 107

Éléments de réponse

1. La variation de la température est reliée à celle de la contrainte par :

T_ = T0 tr _ :
  + 3(3 + 2) 2 T0
2. Par intégration, on trouve :

Tf = Tf T0 = T0 m (1 2 ) :
  (1 2 ) + 3E 2 T0
Pour m = 1200MPa, on obtient T = 0; 1K.
3. En utilisant la relation entre  et tr " dans la cas adiabatique, pour éliminer  de la loi de com-
portement thermoélastique linéaire, on obtient :
2 2 2
a =  + k T0 =  +   (1E T20 )2 et a =  :
 
4. On exprime s_ en fonction de "_ et T_ puis de _ et T_ pour obtenir :

 =  + 3 kT0 ou encore (3 + 2)  = (3a + 2a )  :




e = R  :
7.
2h
8.  (t) = (Tf + A sin ')e t=e A sin(!t + ') avec A =  !
p a T0 :
 1=e2 +!2

9. T = Tmax Tmin = p4 2a fT0 2 2 :


  1=e + 4 f

Exercice 3.2 Stabilité d’un matériau thermoélastique à liaison interne


On considère un matériau thermoélastique doté d’une liaison interne : l("; T ) = 0. Montrer
qu’un tel matériau est instable, dans sa configuration naturelle. (On montrera, en choisis-
sant par exemple  et s comme variables d’état, que le tenseur d’élasticité ne vérifie pas la
condition de positivité assurant la stabilité pour des évolutions isothermes).

Éléments de réponse
La relation (3.52), définissant " en fonction de  et de s, s’écrit :
 
"= C 1 T0
: ( 0 ) + T0 (s s0 ) :
0  

On pose : A =C 1 T0
. La dérivée temporelle de la liaison interne donne la relation :
0 
l;" : "_ + l;T T_ =0:
108 Chapitre 3. Thermoélasticité

Pour des évolutions isothermes, on a donc : l;" : "_ = 0 :


puis l;" C 1 : _ = 0 . Si l;" : est non nul,
on obtient alors :

l;" : A : l;" = l;" : C 1 : l;" T0 (l; : )2 = T0 (l; : )2 < 0 ;


0  " 0  "
qui illustre un cas d’instabilité.

Exercice 3.3 Thermoélasticité non linéaire


On considère un solide thermoélastique dont le comportement, en transformation uniaxiale,
est défini par l’énergie libre spécifique de Helmholtz w("; T ) suivante :
1
w(; T ) = ET "4 + CT (1 ln T) :
2

E et C sont deux constantes strictement positives.

1. Donner l’expression de l’entropie et de l’énergie interne en fonction de la déformation


et de la température.
2. On effectue une traction isotherme. Comment varie l’énergie interne ? Donner une ex-
plication de ce phénomène en précisant ce que devient l’énergie mécanique fournie.
3. On effectue une traction adiabatique à vitesse de déformation "_ constante. Calculer la
variation de température correspondante.

Éléments de réponse
1. L’entropie est donnée par : s = w = 1 E"4 + C ln T .
L’énergie interne est donnée par :
T 2
e = w + T s = CT .
2. Dans un traction isotherme, l’énergie interne ne varie pas. Le premier principe, en quasi-statique,
_= +
s’écrit : e Pe Pcal :
Comme e _=0 , toute l’énergie mécanique fournie est évacuée vers l’extérieur sous forme de
chaleur pour maintenir la température constante.
3. Dans une transformation adiabatique, il n’y a pas d’échange de chaleur. Dans ce contexte, la
variation d’entropie est nulle, ce qui donne : s _=0
soit C TT
_ E"3 ". =2 _
CHAPITRE 4

Comportement dissipatif indépendant du


temps physique
"It is most convenient to develop the theory in terms which are ge-
neral enough to encompass relevant material behaviors but at the
same time so simple that the essential content is kept clear."
J.R. Rice, Inelastic constitutive relations for solids : an internal-
variable theory and its application to metal plasticity, JMPS, 1971.

À la fin de ce chapitre, vous devriez savoir

 La structure des lois de comportement élastoplastiques :


la forme de l’énergie libre de Helmholtz,
les trois fonctions permettant de définir de manière équivalente les lois
d’évolutions dans le cas standard généralisé.
 Reconnaître les différents types d’écrouissages (cinématiques et isotropes, linéaires et
non linéaires).
 L’estimation de l’énergie dissipée dans les différents modèles.

4.1 Présentation
Dans ce chapitre, une première classe de comportements présentant de la dissipation in-
trinsèque est abordée d’abord dans un cadre isotherme. Il s’agit de celle formée par certains
matériaux élastoplastiques ou endommageables. Le comportement élastoplastique est pré-
senté, à la température ambiante, par les matériaux métalliques soumis à des sollicitations
dépassant un certain seuil. Il se caractérise par une indépendance par rapport à la vitesse de
sollicitation et par des déformations permanentes après déchargement total. Il se manifeste
dans les opérations de formage, dans les problèmes de choc et de crash 1 .
Dans un premier temps, la structure générale des modèles de comportement élastoplas-
tiques étudiés est établie dans le cadre de la transformation infinitésimale. La déformation
plastique est d’abord définie à partir des variables internes. L’indépendance des coefficients
1. Dans les problèmes de crash, la dépendance du comportement par rapport à la vitesse de chargement est
généralement prise en compte.

109
110 Chapitre 4. Comportement dissipatif indépendant du temps physique

d’élasticité par rapport aux variables internes confère une forme particulière à l’énergie libre.
De même, les comportements étudiés, intrinsèquement dissipatifs, sont indépendants du temps
physique. Cette dernière propriété signifie que la réponse du matériau ne dépend pas de la vi-
tesse de la sollicitation et s’effectue de façon concomitante à la sollicitation. Les relations
de comportement sont alors invariantes par homothétie positive sur la variable temps et la
dissipation intrinsèque devient une fonction des flux positivement homogène de degré un,
paramétrée par les variables d’état actuelles. Elle sert alors aussi de potentiel de dissipation.
Des exemples classiques de comportement élastoplastique (parfait, à écrouissages iso-
trope, cinématique linéaire et non linéaire, etc.) sont donnés 2 en mettant en évidence la struc-
ture définie. La démarche choisie, la même dans tous les cas, part des essais uniaxiaux pour
identifier un assemblage rhéologique susceptible de rendre compte des principaux phéno-
mènes observés. Une extension tridimensionnelle de ce modèle est ensuite effectuée.
Une introduction à l’endommagement est enfin présentée dans un cadre standard généra-
lisé.

4.2 Structure de la loi de comportement


Dans cette section, la structure de la loi de comportement élastoplastique classique est
mise en évidence en utilisant des propriétés générales de cette classe de matériaux. Les hy-
pothèses qui vont être progressivement formulées sont :
 transformations infinitésimales et isothermes ;
 indépendance des modules d’élasticité par rapport aux variables internes ;
 indépendance du comportement par rapport au temps physique.

Les résultats qui en découlent, établis dans la suite de cette section, sont :
1. la décomposition de la déformation totale " en une déformation plastique "p unique-
ment fonction des variables internes et d’une déformation élastique "e fonction de
la contrainte actuelle : " = "e ( ) + "p ( ) ;
2. la séparation de l’énergie libre en deux parties : l’une dépendant de la déformation
élastique et l’autre de l’écrouissage : w("; ) = we ("e ) + w ( ) ;
3. la dissipation comme fonction positivement homogène de degré un en taux de va-
riables dissipatives : d1 ( _ ) pour tout   0.
_ ) = d1 (

Finalement, dans un cadre standard généralisé, le matériau sera décrit par deux potentiels :
l’énergie libre de Helmholtz séparable en deux parties, le potentiel de dissipation positive-
ment homogène de degré un en taux de variables internes.
2. Les formulations élégantes de l’élastoplasticité écrouissable pour dériver certains résultats d’unicité sont es-
sentiellement dues à Q.S. Nguyen, "Contribution à la théorie macroscopique de l’élastoplasticité avec écrouissage",
thèse de l’université Paris VI, 1973, et à B. Halphen & Q.S. Nguyen, "Sur les matériaux standards généralisés", J.
de Mécanique, 14, 1, pp 39-63, 1975.

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