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Présentation générale
par Pierre FERRAND
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure d’Électricité et de Mécanique (ENSEM)
’énergie électrique est utilisée à grande échelle depuis plus de cent ans et sa
L facturation aux utilisateurs a été, dès l’origine un souci constant des compa-
gnies productrices et distributrices. Une caractéristique remarquable de l’électri-
cité est d’être une forme d’énergie qui, sauf cas particuliers, ne peut pas être
directement stockée (cf., dans ce traité, article « Stockage de l’électricité dans les
systèmes électriques »). Il est donc nécessaire de produire le courant demandé
par les clients au moment même où ceux-ci en ont besoin, la pointe de consom-
mation déterminant la capacité nécessaire des installations de production, de
transport et de distribution du courant électrique. Pour limiter le plus possible
cette capacité, les compagnies distributrices s’efforcent de proposer aux utilisa-
teurs des prix variables suivant les heures, les jours et les saisons afin de les inci-
ter à moduler leur demande, de façon à régulariser la courbe de charge des
réseaux et éviter en particulier de provoquer des pannes générales, comme cela
a parfois pu se produire. Les fabricants de compteurs ont donc été amenés à éla-
borer des systèmes de comptage plus ou moins complexes, gérant des tarifs
multiples, qui non seulement enregistrent la consommation d’énergie électri-
que, mais tiennent compte le mieux possible du prix de revient instantané de
cette énergie. Les changements de tarifs sont réalisés par des horloges, des sys-
tèmes de télécommande centralisée ou d’autres dispositifs de communication
ou de gestion. Les compteurs électromécaniques ont été longtemps les seuls
utilisés et ont bien résolu une grande partie des problèmes posés, mais les pro-
grès en cours de l’électronique et de l’informatique ont ouvert la voie à des
ensembles moins encombrants et mieux adaptés ou a des systèmes beaucoup
plus complexes, capables d’améliorer encore la gestion de l’énergie électrique.
Dans le présent article, nous rappelons d’abord quelques principes généraux
concernant les grandeurs mesurées par les compteurs d’électricité, certains
aspects relatifs à l’environnement des compteurs d’électricité, comme la tarifica-
tion, la normalisation et la réglementation, et au comptage de l’électricité lui
même, comme la technologie, les applications et l’étalonnage [D 4 950]. Dans les
articles suivants, nous développons la théorie de la tarification de l’énergie et
ses applications pratiques [D 4 951], puis les principes de fonctionnement des
différents compteurs électromécaniques et électroniques ainsi que leur réalisa-
tion pratique [D 4 952], les dispositifs auxiliaires, intégrés ou non dans les comp-
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1. Principes généraux et qui donne à chaque instant (ou pratiquement à chaque instant) le
résultat actuel de cette intégration soit sous forme convenant à une
lecture directe, soit sous toute autre forme adaptée à l’utilisation
envisagée.
■ Objet du comptage de l’électricité
L’électricité est une forme d’énergie dont les applications se sont
multipliées dans tous les domaines de l’activité économique et dans
les foyers domestiques. Comme elle n’est pas stockable, il a fallu
inventer un moyen de mesurer au fur et à mesure sa consomma-
2. Types de compteurs
tion, à savoir le compteur d’électricité. d’électricité
D’abord appareil mesurant une grandeur unique, l’énergie active,
le compteur d’électricité, sous l’impulsion conjuguée d’un besoin de
tarifications plus élaborées et des progrès techniques, est devenu de
plus en plus complexe, remplissant un nombre important de fonc- 2.1 Applications
tions directement ou indirectement liées à la facturation de l’électri-
cité.
Le comptage de l’électricité s’applique à des grandeurs électri-
■ Généralités sur la tarification ques très diverses et est utilisé pour des modes de tarification très
Dès le début de l’électrification, à la fin du 19e siècle, les sociétés variés. Pour répondre à ces différents besoins, il existe de très nom-
de distribution d’électricité ont eu à résoudre le problème de la fac- breux types de compteurs.
turation des services rendus à leur clientèle. Faute d’appareils de Dans le cadre de cet article, nous nous limitons aux compteurs les
mesure appropriés, elles ont souvent eu recours à des tarifs forfai- plus répandus qui sont les compteurs à courant alternatif concer-
taires peu satisfaisants. L’invention de compteurs d’énergie électri- nant les trois types d’énergie apparaissant dans ce contexte :
que assez précis et peu coûteux a permis d’instaurer des systèmes — les compteurs d’énergie active, appelés aussi wattheuremè-
de tarification plus élaborés. tres, mesurent l’énergie active W consommée dans un circuit où est
Cependant, il ne suffit pas de savoir mesurer les consommations mise en jeu une puissance active P. L’unité de mesure pratique utili-
d’énergie électrique pour établir des factures. L’élaboration d’une sée est le kilowattheure (kWh) qui est équivalent à une énergie de
structure satisfaisante des tarifs de l’électricité est une opération 3 600 000 joules ; pour les très grosses consommations (clients
très complexe, qui met en jeu un grand nombre de facteurs laissant industriels) on utilise aussi le mégawattheure (MWh) ;
un grand champ libre à l’imagination. Ces principes de tarification — les compteurs d’énergie réactive, appelés aussi varheuremè-
de l’énergie électrique sont plus largement développés dans l’article tres, mesurent l’énergie réactive consommée dans un circuit où est
D 4 951. mise en jeu une puissance réactive Q. L’unité de mesure pratique
Il n’en demeure pas moins que l’outil de base indispensable à utilisée est le kilovarheure (kvarh) ; pour les très grosses consom-
toute opération de tarification ou de facturation de l’énergie électri- mations (clients industriels) on utilise aussi le mégavarheure
que reste le compteur d’électricité. (Mvarh). Le var (voltampère réactif) est l’unité utilisée pour mesurer
la puissance réactive ;
■ Définition du compteur d’électricité — les compteurs d’énergie apparente, appelés aussi voltampère-
Soit x(t) une grandeur électrique (volt, ampère, watt, voltampère, heuremètres, mesurent l’énergie apparente consommée dans un
etc.) susceptible de varier avec le temps t on appelle compteur circuit où est mise en jeu une puissance apparente S. L’unité de
d’électricité un appareil qui effectue d’une façon continue (ou quasi mesure pratique utilisée est le kilovoltampèreheure (kVAh) ; pour les
continue) l’intégration : très grosses consommations (clients industriels), on utilise aussi le
mégavoltampèreheure (MVAh). Le voltampère est l’unité utilisée
t pour mesurer la puissance apparente.
∫xt
0
( ) dt Le principe et la technologie des compteurs à courant alternatif
est développée dans l'article [D 4 952].
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Notons cependant pour mémoire qu’il existe aussi des compteurs permet de déporter l’information et sa gestion et de combiner les
d’électricité pour des applications particulières plus rares, dont la résultats de plusieurs points de comptage ;
plupart sont aujourd’hui abandonnées, tels que l’ampèreheuremè- — la communication à distance des données contenues dans le
tre, le voltheuremètre, le (volt)2heuremètre, le Qheuremètre (Q est compteur permettant sa lecture par le distributeur ou le client
ici une grandeur, fréquemment utilisée en Amérique du Nord, com- depuis un point éloigné du comptage ; cette opération s’appelle
posite du watt et du var). télérelevé ou télélecture. De même, il peut être possible pour le dis-
Il existe aussi des compteurs pour le courant continu comme les tributeur d’effectuer à distance la programmation ou la configura-
compteurs de quantité d’électricité et les compteurs d’énergie tion des divers paramètres du compteur lors de la mise en service
électrique ; leurs applications sont très réduites comparées à celles ou pour les évolutions du contrat. Le rôle de ces communications
des compteurs à courant alternatif et la technologie utilisée pour est devenu si important qu’il justifie à lui seul un article spécifique
leur réalisation est électronique, tous les compteurs électromécani- [D 4 954].
ques pour le courant continu étant devenus très rapidement obsolè- Ces divers services ont longtemps été effectués par des ensem-
tes. bles matériels à l’extérieur du boîtier du compteur proprement dit,
mais les développements de l’électronique et de l’informatique ont
permis leur intégration dans le boîtier même du compteur.
Tous ces aspects sont plus largement développés dans un article
2.2 Technologie particulier consacré aux ensembles de comptage [D 4 953].
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