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ENTRETIEN
FANNY ARDANT
A PROPOS DES «TROIS SŒURS »
DE MARGARETHE VON TROTIA

LE PLAISIR ARDANT A la Fanny des Dames de la côte,


elle donna son prénom. Et fous
ses rôles, elle les marqua de son
nom : Fanny l'ardente, Fanny la
brûlante. L'une des rares grandes
stars de ce Festival. Elle nous
raconte ici les enthousiasmes et
les passions de son métier.
anny Ardant, donc, sera à Cannes.

F
On l'imagine déjà arpentant la
Croisette à grandes enjambées
nerveuses, comme elle arpentait,
au début de Vivement dimanche,
les trottoirs d'Hyères, son chien
Golo sur les talons. Fanny Ardant : notre
Katharine Hepburn à nous.
Car, de la grande Katharine, Fanny pos-
sède- outre la silhouette -la formidable
puissance de vie et ce don si rare qui per-
met de passer du rire aux larmes, du tra -
gique au comique, sans jamais cesser de
se ressembler. Pas besoin de « compo-
ser », puisque, gais ou tristes, ses person-
nages sont tous habités par la passion
même qui l'habite.
Les Dames Ce qu'elle explique à sa manière: « On
dela côte: dit qu'on entre dons la peau de son per-
« A l'époque, sonnage. C'est vrai. Mois c'est comme les
pour moi, poupées gigognes : on y entre avec ormes
jouer et vivre, et bagages ».
c'était pareil. » Fille d'un colonel, conseiller du Prince
Rainier, Fanny Ardant a été élevée à
Monaco, où, adolescente, elle n'a vu
qu'une seule pièce.
-C'était, je crois, Le Partage du midi,
avec Edwige Feuillère.
-Oui, et sans rien comprendre, j'ai
éprouvé une émotion incroyable. J'avais
beaucoup lu : Shakespeare, des poètes. Et
les livres que j'aimais, je les lisais à haute
voix. J'aimais les mots et les sentiments à
travers les phrases. Très jeune, j'admirais
Racine qui, dans la confusion des senti-
ments, parvenait à les cerner. J'aimais sa
clairvoyance. Mais je n'imaginais pas que
tout ce que j'aimais, déboucherait un jour
sur quelque chose de concret : un métier,
une carrière.
Pourtant, il y a eu un jour « avant » et un
jour « après». Entre les deux, cette déci-

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sion d'entrer au cours Périmony. sa vie à quelqu'un pour en devenir l'archi- ment simple mois compliqué, une femme
- Où vous êtes restée longtemps ? tecte. Même si vous l'avez subie, il suffit d'y apparemment compliquée mois simple
- Très vite, j'ai commencé à jouer. Sans mettre, après coup, de la couleur, du noir, comme ou revoir. L'idée de La Femme d'à
être prête. Je confondais tout : si un théâtre de l'or, pour que quelque chose soit sauvé. côté était née. »]
d'amateur me demandait, (acceptais. Je -Mais c'est presque l'apologie du -Elle s'est concrétisée l'année sui-
jouais n'importe où, n'importe quoi. Même mensonge? vante et Mathilde reste (avec Barbara de
un sketch chez les Mormons. J'ai joué dans - Le mensonge est plus vrai que la Vivement dimanche) votre plus beau rôle.
toute la France, dans des festivals, et (étais vérité : mentir, c'est révéler ses rêves. Mathilde vient habiter avec son mari la
très heureuse. Mais je ne voyais pas la dif- [A Noël 79, avant même la fin de la dif- banlieue de Grenoble. Dans son voisin,
férence entre jouer Polyeude, au Festival fusion des Dames de la côte, François Trut- elle reconnaît son ancien amant, marié lui
du Marais, et lire à ma sœur Les Chants de faut veut rencontrer Fanny Ardant. Il est sur aussi, qu'elle n'a jamais pu oublier. Elle va
Maldoror, debout sur un lit. C'était le même le point de commencer le tournage du Der- ranimer leur ancienne passion qui les
besoin de proclamer quelque chose : nier métro, mais il a déjà << l'arrière-pensée conduira à la mort...
quelaue chose de formidable. d'une collaboration éventuelle... J'ai tout -Elle a raison, Mathilde. C'est elle qui a
- Puis 1979 : Les Dames de la côte...
-Nina Companeez ne m'avait jamais
vu jouer au théâtre, mais des amis lui ont
parlé de moi. Elle m'a rencontrée et, tout de
suite, (ai aimé ce qu'elle disait et comment

elle le disait. Sa vivacité, sa vitalité, son


intelligence. Fanny, c' est un personnage
qui dit : Je veux vivre malgré la Première
Guerre mondiale. Elle commet des erreurs.
Elle fa it souffrir les autres. Elle a une sorte
d'égo"isme, mais -comment dire?-
c'est un égo"isme généreux.
Nina aime beaucoup les acteurs et elle
s'est servi de ma maladresse: quand je
dansais, ( avais l'air d'un grenadier de
l'Empire. Et puis, (étais entourée d'acteurs
que (admirais: Edwige Feuillère, Michel
Aumont, Françoise Fabian. Aussi, pour la
première fo is, me sentais-je portée par
quelque chose d'électrique. A l'époque, •.. et Vivement dimanche : << Les tournages de TruHaut étalent toujours gais "·
pour moi, jouer et vivre, c'était pareil.
- Dix ans plus tard, n'est-ce pas tou- de suite reconnu (en elle], a-t-il écrit, les raison : ne pas se résigner et mourir. La
jours synonyme ? qualités que (attends le plus souvent des mort purifie tout. Mathilde dit au psy-
-Ayez un peu de professionnalisme, protagonistes de mes films : vitalité, vail- chiatre : « Tout le monde me dit de tourner
disent bs gens. Ça me fait rire. Malgré le lance, enthousiasme, humour, intensité. la page, mais on ne soit pas qu'elle pèse
métier, il vous éch(]ppera tou jours quelque Mais aussi, sur l'autre côté de la balance : · mille kilos.» Arrêter la vie, ce n'est pas
chose de personnel. Et heureusement..Pour un goût du secret, un côté farouche, un manquer de confiance à son égard, c'est
mon premier contact avec la caméra, soupçon de sauvagerie et, par-dessus un choix. Je parle dans un monde où Dieu
· j'avais de la chance. Les Dames de la côte tout, quelque chose de vibrant. n'existerait pas. Car la Benvenuto d'André
parlaient de choses qui pouvaient Lorsqu'à la soirée des Césars 1980, (eus Delvaux, elle, choisit la voie voyale : la voie
m' émouvoir: famil les, déchirements, l'occasion de voir, côte à côte, Fann y mystique. Elle arrose son amour mort
« vouloir vivre » à tout prix. A la fin, Fanny Ardant et Gérard Depardieu, il me sembla comme le petit garçon du Sacrifice arrose
écrivait Les Dames de la côte. Or, pour que je tenais là un beau couple de l'arbre mort.
moi, c'est la littérature qui sublime la vie. Et, cinéma : deux grondes silhouettes, le La mort ou Dieu, il n'y a pas d'autre voie.
même si on n'écrit pas, il suffit de raconter blond et la brune, un homme opparem- Si : la folie. Mais, après, vous appartenez

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aux autres. Ils vous prennent en charge. un personnage incarné par le même
Sauf, peut-être, dans la folie douce, celle acteur, Pierre Arditi. Mais Judith parle pour
qui ne fait de mol à personne mais qui vous sauver Elisabeth ; Christine se tait pour
fait vous enfoncer en vous-même et plus sauver Pierre.
personne ne vous comprend. Comme -Avec vous les personnages les plus
Adèle H. ternes, à défaut de flamber, se consument
Il y a un film que j'aime beaucoup. C'est de l'intérieur. Tout de même, je vous pré-
L'Aventure de Mme Muir, de Mankiewicz. Il fère dans des rôles plus extravertis. Par
raconte l'histoire d'une femme dont la vie exemple, la duchesse de Guermantes (Un
est transfigurée parce qu'elle aime un fan- amour de Swann, de Schlëndorff) et sur-
tôme. Il pourrait s'appeler « Mes nuits sont tout la merveilleuse Barbara de Vivement
plus belles que vos iours. » L'amour a le dimanche, le dernier film de François
pouvoir de rendre tout flamboyant. Pour La Truffaut.
Femme d'à côté, François est parti d'un fait - Oriane de Guermantes (quel prénom
divers : deux amants retrouvés morts dans et son mari s'appelait Bazin!) n'était pas
une voiture. Est-il encore possible de mourir du tout un personnage pour moi. Proust la
d'amour aujourd'hui ? C'est cela pour moi, décrivait comme une créature blonde, éva-
le baroque : cette contradiction entre deux nescente, au rire de gorge, passant d'un
petits bourgeois sans poésie qui vivent salon à l'autre avec un mot pour chacun ...
avec leurs petites familles entre un Prisunic ce n'est pas moi. Mais ça me plaisait d'en-
et un parking et l'énormité de la chose qui trer dans la bande dessinée de Proust. Je
leur tombe dessus, cet amour grâce à quoi l'avais tellement lue, relue, et adorée. Pour
tout devient beau. Tout: le petit hôtel, le moi, c'était comme interpréter, un jour,
parking, le Prisunic. Et quand son amant Agamemnon.
s'éloigne et que rien ne pourra plus être On dit : il ne faut pas toucher aux chefs-
beau, Mathilde choisit la mort. d'œuvre. Au contraire, on peut tout leur
faire aux chefs-d'œuvre, ils s'en sortiront
«Le mensonge toujours.
Mais, avant Oriane, j'ai été Barbara .
est plus vrai « Barbara, ie suis dons l'embarras », disait
Trintignant.
que la vérité: -Barbara, c'est le plus beau cadeau
mentir c'est d'adieu que pouvait vous faire François
Truffaut: une vraie comédie .(la seule de
révéler ses rêves>> votre carrière) avec un personnage qui
semble droit sorti de la comédie améri-
caine d'antan.
- Dans L'Amour à morl, de Resnais, -Barbara aussi, c'est une amoureuse.
vous êtes Judith, la femme du pasteur Mais une amoureuse optimiste. Mécon-
(André Dussollier). Judith est l'antithèse ...Mélo : Resnais et la passion. nue, martyrisée par son patron (Jean-Louis
de Mathilde. Judith dit à Elisabeth (Sabine
Azéma) qui veut se tuer pour rejoindre
dans la mort celui qu'elle aime : << If n'y a
pas d'amour unique. >>
-Ah, j'ai eu du mal à la dire, cette
phrase ! Judith, c'était un personnage très
nouveau pour moi : serein, oublieux de soi,
tourné vers les autres. Ce n'était plus
« détruire, dit-elle», mais« Allez de l'avant
camarade ».
Pour convaincre Elisabeth de vivre, elle
lui raconte qu'à dix-huit ans, Pierre et elle se
sont aimés, qu'ensemble ils se sont ouverts
les veines et qu'ensuite, chacun d'eux a pu
connaître un nouvel amour...
-Avec Resnais (et les trois mêmes Greta Scacchi, Fanny Ardant et Valeria Golino :les trois sœurs de Trotta.
comédiens : Azéma, Dussollier et Arditi)
vous aviez tourné auparavant La vie est sainte, car elle doit tirer de son silence une Trintignant), dès le début du film, elle est
un roman et deviez tourner ensuite Mélo. sorte de plaisir. C'est une orgueilleuse, à la virée (« Vous n'aviez pas à dire à mo
-Si Judith s'oppose à Mathilde, la Mauriac. En fait, tout dépend de ce qu'elle femme d'aller se foire cuire un œuf >
>)Mais
mondaine 1914 de La vie est un roman, fera de son secret. Après avoir épousé elle reste, bien décidée à se battre.
rieuse et curieuse de tout, est le contraire de Pierre, se dira-t-elle : « Je suis heureuse », J'ai adorée .tourner avec Trintignant. Il a
Christine, la petite cousine effacée, la sou- et tournera-t-elle la page ? Ou bien va-t- une façon de vous regarder, de rire - de
rie grise de Mélo. elle ratiociner? J'aime bien l'idée qu'elle a rire sans bouger- qui vous déstabilise. Il
-Avec Christine, on a en effet l'im- toujours été secrètement amoureuse de me dis.ait : « Vous êtes nulle. Vous êtes une
pression que Resnais, pour le plaisir de Pierre, et qu'elle jouait peut-être au piano incapable>>, et je ne savais jarnois si c'était
réunir une troisième fois ses quatre du Liszt, toute seule. .. L'intensité est dans le personnage qui s'adressait à Barbara ...
acteurs favoris, vous a distribuée dans un l'attente, pas dans la réalisation. ou s'ille pensait vraiment.
rôle qui n'était guère pour vous. Quelquefois, Mélo.et L'Amour à mort se -Vous aviez aussi un autre parte-
- C'est une sainte : elle sait tout et ne dit mélangent dans ma tête :.Judith et Chris- naire : Golo, votre drôle de petit chien.
rien. Non, je retire le mot : ce n'est pas une tine ont toutes les deux aimé secrètement - Golo a joué deux · fois : dans Vive-

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ment dimanche et dons La Famille, de plaisir de retrouver choque matin les gens ment aimé Les Yeux noirs, de Mikholkov. A
Scola. Sur tous les outres tournages, il se qu'on aime ! C'est un temps béni . La la fin du film, Mastroianni avoue : « Je ne
contente de m'accompagner. Sur celui de conversation peut être légère puisqu'on me souviens de rien, seulement de la ber-
La Gronde Cabriole, le feuilleton de six soit que demain on précisera des idées, on ceuse que me chantait mo mère.» C'est
heures que N ina Componeez tourne en contredira d'outres. Sur un tournage les navrant d'avoir tout oublié de sa vie, mois
actuellement pour la télévision, il a repéré le gens sont là avec ce qu'ils ont de meilleur se souvenir de la berceuse que vous chan-
clap. Dès qu'il l'entend, il reste coi. Il a en eux. toit votre mère, c'est aussi fort que l'appel
quelque chose d'un vieux sage chinois. Il Entre les êtres, il se passe une espèce du 18 juin.
voit tout. Peut-être parce qu'il a plein de d'alch imie. Tou t vous modifie: une ré- -Mais vous aimez la retenue, la
poils dons les yeux ... flexion, un sourire. Il y o des rires, une pudeur, le non-dit. Ce sont les silences de
-Vous avez tourné avec des grands : complicité, quelque chose qui vous pro- Vélia, l'aînée des Trois sœurs, de Marga-
Truffaut, Resnais ... et de moins grands. De tège même si l'on est très malheureux dons reth von Trotta, qui vous ont poussée à
quoi est faite la direction d'acteurs ? sa vie privée. Les rapports sont tout de suite accepter le rôle.
-De quelque chose qui vient de l'âme. profonds : tout va plus vite, on gagne du - Mois non-dit et lyrisme ne sont pas
Entre un réalisateur et son interprète, il se temps. Et c'est pourquoi les heurts de contradictoires. Le non-dit, c'est une vogue
tisse le même rapport qu'entre un auteur et caractères sur un plateau me semblent tou- qui reflue à l'intérieur de vous. On soit que
son personnage. Sur le plateau, je ne suis jours du gâchis. ça va être trop compliqué à dire ; on sent
pas assez professionnelle pour m'operee- Alors le métier, là-dedans? Le métier, qu'on va pleurer ou rire, être ridicule; alors
voir que tel mouvement de caméra est pour moi, ça se résume à arriver à l'heure. on se toit. Et puis, tout à coup, les vannes
génial. Mois je suis s'ouvrent... Le revers
sensible à la qualité du non-dit, c'est le
humaine du réalisa- monologue.
teur. Il ne dit presque J'ai toujours été
rien, mois avec tant fascinée par des
de sensibilité, que personnages qui
tout à coup, cette commencent par
scène qu'on avait s'exprimer de façon
lue dons son lit s'or- lapidaire : « Oui »,
ganise autrement. « Oui, vous avez roi-
C'est comme un son. » Et qui, sou-
koléïdoscope que dain, se mettent à
l'on a légèrement parler, à parler ...
tourné. Et s'il s'agit C'est ce q ue fa it
d'un grand , il y a Judith, par exemple,
encore quelque do ns L'Amour à
chose de plus : on mort. Bien sûr, j'ad-
l'admirait et il vous a mire la dialectique.
choisi ! Ça donne On lance une idée,
des ailes. son contra ire. C'est
- Un tournage, beau comme un
qu' est-ce que ça objet d'art. Mois l'in-
représente pour Mademoiselle Lone du Paltoquet de Michel De_ville. << J'aur_ais aimé faire un telligence me fait
film à part entière ~vec cha~un de '!les partenaires. Quand te pense que mon peur si elle n'est pas
vous? personnage n'a meme pas echange un regard avec Jeanne Moreau ! » t d
-Un tournage, sous- en ue par une
c'est un bol' où l'on ne danserait pas bien Et si j'ai tant de respect et d'amour pour vibrotion. Le logicien se contrôle, prend son
s'il n'y ava it pas quelque chose de «ça», ce n'est pas parce que c'est un temps : il est sûr d'être écouté. Le lyrisme
magiq ue dons la musique el chez les métier, mois parce que c'est de la vie à la naît de la peur de n'être pas écouté jus-
outres danseurs. C est une soirée qui ne puissance 10. qu'ou bout: il y a urgence.
reviendra plus. Une soirée à la Fitzgerald . Pendant six ou huit semaines, on vit dans - Et le baroque !
C'est aussi de la joie. Pas une joie soutil- une espèce d'unité de temps, de lieu et -C'est ce qui est déplacée. C'est le
lante, mois une joie profonde, qui n'exclut d'action. Dans un univers miniaturisé qui commissaire de police de Vivement di-
ni tourments ni inquiétudes. Les plateaux de opère sa révolution dans un temps donné. manche qui se met à raconter des choses
François Truffout étaient particulièrement Vous vous souvenez de L'Ange extermina- qui n'ont rien à voir avec l'action. C est le cri
gois. Avant qu'on tourne la scène de la cli- teur, de Bunuel ? Des gens réunis dans une du consul dons lndio Song. C est tout ce
nique dons Lo Femme d 'à côté, je me sou- pièce dont ils ne peuvent sortir. Un tour- qui n'est pas productif, efficace.
viens de Gérard s'écriant ironiquement en nage, c'est pareil. On est là. On pourrait Dons L'Idiot, ce sont certains aveux du
me regardant: « Cette pauvre femme n'en s'en aller. Non, on reste. Et c'est à la fois Prince et de Nostossio Philipovno. On ne
mène pas lorge dons son lit 1 » Et François grandiose et dérisoire. comprends pas tout ce qu'ils disent, ni
riait... -Vous aimez les contradictions ? pourquoi ils le disent, mais tout à coup le
Dons Vivement dimanche, j'ai retrouvé - J'aime le baroque, le lyrique, tout ce cœur bat plus vite.
ce monde où l'on s'amuse, où le plaisir qui intensifie la vie. C'est pourquoi j'ai telle- Dans Les Yeux noirs, encore, quand
l'emporte sur l'inquiétude, et où l'on est Mastroianni dit à Sofonova : « Je ne pour-
d'autant plus gai qu'on est heureux de foire «Un tournage, roi pas vivre sons toi », je pleurais tellement
que je n'arrivais pas à voir la suite. Mais ce
ce que l'on fait, de contourner les difficultés,
d'atteindre à la plus extrême précision. Je
c'est une soirée qui qui est le plus vrai, pour nous, on ne peut
crois beaucoup ou « plaisir immédiat ».
- Etrange métier ...
-J'avais tou jours pensé que le travail
ne reviendra plus,
une so1ree
. ,
pas le formuler. Je ne sais pas expliquer
pourquoi tel roman, tel film, me boulever-
sent. Je sais seulement que l'ayant lu ou vu,
on est moins seul •
était quelque chose d'ennuyeux qu'on foi-
soit pour gagner sa vie, or je suis toujours
à la Fitzgerald» Propos recueillispar
partie sur un tournage en chantant. Quel CLAUDE-MARIE TREMOIS

40 TELERAMA N° 2001 - 18 MAl 1988

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