Vous êtes sur la page 1sur 2

SUJET 7

Thème de l’exposé : Le téléchargement de la musique sur Internet,


une menace pour les auteurs ?

DOCUMENT 1

LES PIRATES COULENT-ILS LE DISQUE ?


L’âge d’or de la piraterie est-il révolu ? Les chiffres 2 février ; il concerne un enseignant de 28 ans ayant
livrés lors du MIDEM (foire internationale du stocké et mis à disposition 10 000 fichiers musi-
disque), qui se tient cette semaine à Cannes, sem- caux ; 1 500 euros d’amende ont été requis. La SCPP
blent indiquer un déclin du phénomène. Le nombre compte intensifier l’action judiciaire en 2005. (…)
de CD piratés diminue, les téléchargements légaux
progressent. Et le marché du disque a moins Les pirates visités. La traque prend de nouvelles
régressé que prévu (–15%) en 2004. Depuis quelques formes, à la faveur de la loi pour la confiance dans
mois, la lutte contre le piratage s’est étoffée de nou- l’économie numérique (LEN) de juin 2004. Des
veaux outils, alternant prévention et répression. agents assermentés de la SCPP identifient la
Campagnes de publicité. « La musique gratuite a un présence de fichiers illégaux sur des ordinateurs et
prix » : jusqu’à 300 000 euros d’amende et trois ans transmettent l’adresse IP au juge, avec les éléments
de prison, rappelle, en mai 2004, une campagne de preuve. Ce dernier peut demander (…) de sus-
du Syndicat national de l’édition phonographique pendre l’abonnement. Une vingtaine d’internautes
(SNEP), qui regroupe les producteurs, éditeurs et ont été suspendus, et le système est appelé à se
fabricants de musique. L’illustration, un doigt développer. Ce travail se fait sous le contrôle de la
d’honneur, a été jugée insultante par beaucoup Commission nationale informatique et liberté.
d’internautes. « Pendant deux ans, dans une certaine « Seul le juge a accès aux données personnelles. Nous
indifférence, le marché de la musique se cassait la figure n’avons pas le nom des gens », précise Hervé Rony.
et il ne se passait rien. On a pris le taureau par les
cornes », se défend Hervé Rony, directeur général du Téléchargement légal. En Europe et aux États-
SNEP. Récemment, le syndicat a lancé une nouvelle Unis, 200 millions de morceaux ont été téléchar-
campagne d’affichage, plus douce, où des artistes gés légalement en 2004 (dix fois plus qu’en 2003),
invitent le public à les « télécharger » sur des sites rapportant 254 millions d’euros. Une progression
payants. De son côté, le ministère de l’Industrie a spectaculaire qui ne représente encore que 1 % du
parasité l’échange de fichiers entre particuliers: en chiffre d’affaires mondial du disque. L’offre s’est
important des fichiers musicaux, les internautes accrue. En France, les maisons de disques de la SNEP
recevaient en prime des messages anti-piraterie. ont mis en ligne 450 000 titres (0,99 euros le fichier
Cent mille messages ont été ainsi envoyés. en moyenne) sur 14 plates-formes payantes: une
goutte d’eau par rapport aux sites illégaux (jusqu’à
Procès. La pédagogie a ses limites et l’industrie du 9 millions de titres). L’offre est limitée mais, note
disque a choisi la manière forte en portant plainte Hervé Rony, « les titres les plus piratés correspondent
contre des pirates. Car, selon elle, le piratage est la aux meilleures ventes. Du coup, le numéro 1 des ventes
cause essentielle des difficultés de la hebdomadaires de singles, se vendra à 15 ou 20 000
profession. « À l’automne 2002, on s’est aperçu que exemplaires au lieu de 50 000 ». Oui, mais voilà, les
la chute du chiffre d’affaires correspondait à un essor formats de téléchargement payant sont incompa-
foudroyant des abonnements haut débit. Aucun autre tibles entre eux et ne peuvent pas être lus sur tous
élément que le «peer to peer» ne peut expliquer cette les baladeurs numériques. Les majors, unies pour
chute », tempête Hervé Rony. Si l’industrie du disque chasser les pirates, ne le sont plus du tout pour
n’a pas déposé plainte aussitôt, c’est parce qu’elle partager le gâteau de la musique en ligne.
attendait « que se mettent en place des offres légales, La voix du nord, 26 janvier 2005
alternatives, modèle auquel nous croyons ».
Une soixantaine de poursuites ont été engagées * La SCPP (Société civile des producteurs phonographiques)
contre les utilisateurs par le bureau anti piraterie regroupe 700 maisons de disques (des « majors » et des indé-
de la SCPP*. Le premier jugement sera rendu le pendants)

DALF C1
D O C U M E N T R É S E R V É A U X E X A M I N AT E U R S

SUJET 7

DOCUMENT 2

Les artistes du Nord-Pas-de-Calais ne conspuent pas le téléchargement illégal sur Internet.


Beaucoup sont des groupes indépendants qui voient là un bon moyen de se faire connaître,
gratuitement.

Marcel et son orchestre téléchargé. Nous, nous restons peu touchés, mais
Franck Vandecasteele : « CD trop chers ». « Tout nous avons constaté que quelques-uns de nos titres
le monde n’a pas les moyens d’acheter trois circulaient sur Internet. De fil en aiguille, on peut
albums par mois. Le premier combat à mener reste penser que les gens qui nous découvrent ainsi vont
celui du prix du CD, trop cher. Ce qui m’amuse par venir au concert et peut-être acheter l’album. »
ailleurs, c’est de voir les multinationales s’offusquer L’Autre Distribution
du téléchargement sur Internet, elles qui ont lancé
des graveurs de CD et qui ne voudraient pas Luc Genetay dirige cette société tourangelle* qui
qu’on les utilise ! Bien évidemment, Marcel en fait distribue la majeure partie des artistes de la région:
les frais. Mais même modestement, on a la chance « Quand l’artiste est intéressant, le public suit ».
de vivre de notre musique. Le problème se pose « Le téléchargement gratuit n’est pas un outil du
plutôt pour des artistes en devenir. Il faut que le diable. Plutôt un bel outil de promo*. On ne peut
public soutienne ceux qu’il veut voir réussir et pas en faire le bouc émissaire de toutes les failles
arrête de se plaindre d’entendre toujours les de l’industrie du disque. Le problème, c’est qu’on
mêmes. C’est pourquoi il faut mettre la main au propose au public des choses trop formatées. Du
porte-monnaie, seul moyen pour nous d’exister. » coup, il n’a pas envie de dépenser de l’argent pour
ça. Je suis convaincu que le problème se poserait
Les Blaireaux moins si les maisons de disques produisaient des
Alexandre Lenoir : « Notre public a un réflexe artistes qui ont des choses à dire et à apporter à la
citoyen ». « En tant que groupe indépendant, le musique. Quand c’est intéressant, le public suit. »
téléchargement sur Internet permet de se faire Gorgone Productions
connaître quand on n’a pas le soutien des médias.
Après, je pense que notre public a un réflexe Éric Gleizer, gérant et directeur artistique de cette
citoyen : il télécharge un titre pour nous découvrir société lilloise : « Vive le téléchargement légal ! ».
et achète ensuite notre album pour nous soutenir. « L’ensemble du marché est favorable au télé-
Je ne pense donc pas que le téléchargement est chargement légal comme nouvelle formule d’offre
responsable de la crise de l’industrie musicale. Les de titres musicaux. Le problème, c’est que pendant
responsables sont plutôt les grandes « majors », qui un certain temps, les fournisseurs d’accès à
ne prennent plus de risques avec de nouveaux Internet ont cassé les prix et attiré le client en
talents. J’en veux pour preuve les bons chiffres des faisant la promotion du téléchargement gratuit. Les
labels indépendants qui produisent des groupes gens se sont donc habitués à avoir de la musique
comme nous. Jamais ils n’ont été si bons. Parce gratuitement. Pour changer les mentalités, on est
qu’ils font un vrai travail de défricheur. » (…) favorable à un support alternatif. Nous disons
donc « vive le téléchargement légal ! ». Mais pour
Dudin répondre aux attentes du public, il faut aussi lui
2Cod : « Les « majors » ont tardé à réagir ». « Les offrir un maximum de choses. Nous, nous allons
outils de téléchargement existent depuis des années. proposer l’intégralité de notre catalogue sur le Net. »
Les grosses maisons de disques se plaignent mais La voix du nord, 26 janvier 2005
elles ont tardé à réagir. Du coup, aujourd’hui, très * tourangeau, -elle : de la ville de Tours
peu de gens peuvent dire qu’ils n’ont jamais rien * promo (familier) : promotion

DALF C1

Vous aimerez peut-être aussi