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LES COUTUMES

DE CHÀRROUX 9

PEULIÉES POUR ki PREMIÈRE FOIS,

iR.tl)LITES ET ANNOTÉES.,

,-i i j
t - i Jz/encIt 1/11e7r,

Conseiller à la Cour ro y ale de l'oitiers, correspondant de Ijnttjtut At'adtinju de itcsvrlptiott et


belles-lettres octobre huit du CoIItIt tt des publications historiques ail rntnistt'rr de
l'instruction publique, des Sociétés des Antiquaires dc Franco, de Londres , tic L'Ouest du
Midi. de Normandie , de Picardie , de MOrliilu etc.

Ex'i Ê ' tii jj (. Soc !ï q';ir -

POITIERS,
III t IUMEIlIE DE S\EIIIN FiiEILI;s.

1813.
LES COUTUMES

DE CHÀRROUX9

(:11 PITRE PREM1 l:R

1\TII0DUCTI(I)r'i.

Exposé. - !mportance é s a ne iennes coutumes, et indication de quelques-un, de


ces documents relatifs au I'oiliuj. - Les deux coutumes de Charroiix. - Précis
Ilistoriilue sur Charro Dx. - Points de contact entre le comte de la M arche, sei emuor
suzerain de Charroii cl rabhé du rnoriastéie de cette locati1. - Première charte
de Chiarroux en latin. -Seconde charte de Charroux en IJIri!.ue vulgaire du xii!
siècle, et ses difficultés en linguistique. - Analyse raisonnée , et par ordre de ma-
tières, des deux coutumes de Charroux,eL leur appréciation sous le point de vue
(le, la législation comparée.

I. La Société (les Antiquaires de l'Ouest a. fait, pour son


vaste, territoire, qui s'etend de la Luire il la l)ønlogiie
(If's investigations clans Presque toutes les branches (les
connaissanCeS humaines qui entrent dans le cercle di' ses
attri butions. Néanmoins il (iSl. UUC spécialité JlIs(ll
dé- in
laissée par elle, qui me semble d'une grande importance.
Je Neti parler de la recherche, de l'étude (1 de la pu
bi ic.aIiou des anciennes CoUI.IIHWS et (les points de législa-
(kHI particuliers it quelques portions de notre territoire.
Or, CCS études sur les anciennes législations ont une
grande importan('e. D'abord, les coutumes adoptées par
les populations ont été le résultat de leurs besoins ou de
('O qui leur semblait juste, si elles ne leur (Hit pas été
imposées par la puissance féodale, et dans ces différentes
circonstances se rencontrent (les notions historiques Ces
lI51CS pour ('Ci.IX qui sottt antérieur., aux (OuIttIHh('s (pli

el'w
Document

il Il I il I 1111111 Ili 111H 11 Ili


0000005397075

- 4 -
nous régissaient avant la révolution (le 1789, en sont
souvent les premiers éléments , ou , s'ils apparaissent en
nième temps (111(' les 2.randes coutumes, ils les com-
plètent. Ensuite, l( se trouvent (les documents précieux,
pour ces aperçus (le législation comparée, qui ajoutent à
la science (lu jurisconsulte et lui font bien mieux coin-
Prendre les textes quil a appliquer. Magistrat depuis
longues années (3 11 . ans et plus), et ainsi adonné ittr état,
aux études judiciaires; livré par délasseinentut par goût,
depuis un quart de siècle, aux études historiques, la
spécialité (lue j'ai indiquée nie convenait h p1L1 (Fun titre,
et je m'en suis emparé, pour le Poitou et ses annexes.
Il. 1)éjh j'ai été assez heureux pour faire eonnatrc et
jXfllr connu un iquer "a savant du premier ordre Ufle
législation maritime complète, particulière ait Poi -
tou , et dont l'exemplaire pl'CS(lLI e unique existe dans ma
bibliothèque. tes t.s et eoot?flne5 d'Olonne, que M. Par-
dessus n'avait, pu (lécou\ri r ni en France, ni à l'étranger,
OU , pour sa Collection des lois maritimes , il n eu une cor-
respondance si multipliée, ont été jugés , par ce savant,
C01111110 étant (l'une grande importance. u Ce n'est point.

UIIC loi, (iii-il dans l'avertissement qui précède le tonie y


(le Sa précieuse collection, Hi mè1flt une coutume rédigée
avec l'intervention de l'autorité publique; c'est l'ouvrage
(]'titi nommé Charles Giraud, bourgeois et

maître de navire aux Sables. Il est donc du mème genre


que le Guidon (le la mer, dont j'ai donne le texte... L'auteur
parait avoir eu sous les veux le Cme.olot de la mer. li traite,
avec (le très-grands détails, de la construction (les navires,
j des obli gations respectives des patrons, matelots, arma-
teurs et chargeurs, et. (les pêches (le la morue à Terré-
Neuve.... Val in , que ses fonctions de procureur du roi à
--
la Rochelle auraient i)U mettre à portée de le connaitre
(cet. ouvrage), ne l'indique et ne le cite point. M. de la
Foiiteiielle m'a (1011e rendu un grand service en me le
communiquant. »
M. Pardessus annonce, danS Cet avertissement.. (fUC
les Us et coutumes d'Olo)tiw paratront dans le v- C et ([enlier
volume (le la Collection des lois marhmes , volume qui doit
être publié en 1 8 113- Mais le recueil d'usages maritimes
formé par 101onnais Giraud est. l'ouvrage d'un Poitevin,
et il doit, avant ([entrer dans une collection générale,
paratre dans un recueil particulier à notre contrée. IL
est donc convenu entre M. Pardessus et moi que j'im-
primerai (l'abord les Us et coutumes d'O/on.iw dans ma
Is/atù.n maritime de l'Aquitaine du nord (Poilou , Aunis
et Saintoqe , et que ce sera sur mon imprimé que. le
savant académicien prendra le document qu'il considère
comme si ciii'ieux , pour le faire trer (laflS son grand
o u V rage.
J'ai dejà donne cà entendre que je ne voulais pas vous
entretenir tic la coutume d u Poitou, quoique sa Première
rédaction officielle et sa première réformation dc. 1 51 4
puissent donner lieu à de curieuses remarques. Je déplo-
rerai ici la perte de ce coutumier du Poitou , le puis an-
cien de tous, rédigé pal' Jehan Mignol , lieutenant du
sénéchal de la province, quand elle était sous la domina-
tion d'Edwar(l , prince de (alles et duc. d'quit.aine. Ce
1)l'éCiCux manuscrit, déposé aux archives du château de

Clisson-lloisrné , près Bressuire, possédé d'abord par


la famille Mignot, passé ensuite ii trois familles, histo-
riques, les Sauvestre, les Lcscure et les la Rocheja-
quelein, avait été entre les mains de Michel des Essarts
d'abord sénéchal de cette LCiIC , 1)US j tige au tt'i
— 6 —

(Lii district (le Bressuire , et enfin ic.e-président du


I)IJ11.11

conseil sii éricur des Vendéens i Ch'ïtillon-sur.Sèvre.


[)'après une note (le la main dc dom Mazet, le coutumier
de Minot avait été u a' Ce bénédictin, et Peutètre le
lui avait-oit confié? Si le manuscrit en question est resté
dans les (91V110fl5 de Bressuire, il aura péri dans l'ifll.CfldiC
du château de Clisson ou de la maison de Corbin, habita-
lion de la famille des Essarts; s'il a été confié à dom
Mazel., il ne sera peul-ètre qu'égaré, et il se retrouvera
daiis les parties de la collection bénédictine dont cet
h is1.orio,raplic (lu Poitou paraît avoir disposé (1)
Mais, si la perle d'un tel document est irréparable, une
découverte inattendue peut au moins en consoler jusqu'à
un certain
certain pOint. Un jeune savant , un magistrat que sa
puissance de parole a enlevé à la cour royale de Poitiers,
n, il y a environ trois airs, découert à la bibliothèque
du Roi , à Paris, un coutumier du Poitou, d'une rédaction
bien antérieure à ceux que nous possédons (2), et il en
n fait faire une copie déposée aujourd'hui lit
de cette ville. M. Nicias Gaillard a le LJ 1 (Ct, quand
ses occupations de procureur général à Toulouse lui per-
mettront de revenir passer quelque temps à Poitiers, au

(Ti Voir tiiic ilote de la main de dom Riazet , note qui existe à la
bibliothèque de la ville de Ppitiers.
(2) A la fin (le ce recueil d'usages, on lit : Et finit cestuy petit livre,
on traite sur plusieurs usaiges , coustumes , stilles et gouvernement des
pais de l'oictou, computé et diligemment visité, vu, corrigé et bien
advisé , par honorables hommes et saiges maistres Jelian (le (:hanihvrtiei',
hailiif de Gastine, Jehan de la Chaussée, Loyret Moyson, Robert Tu-
tint , Piero Roygne Jacquet Boutin , tous 111-ezet ailvocaiz , lesquels
Plusieurs fois et à graiit diligeiiee se sont por cc assemblés en ta ville de
Pai'tlieiiav , en l'an mil iiii cent
X% il.
-7—
milieu de sa famille, de s'occuper de la publication du
manuscrit précieux dont il a fait la découverte. A lui ap-
partient cet honneur, et nous devons attendre avec impa-
tience l'apparition de ce livre, auquel le savoir et le
grand talent d'écrire de cet habile magistrat donneront
une grande valeur.
III. Aujourd'hui je veux m'occuper des DEUX COUTUMES
DE CIIA1UIOUX , documents (l'une véritable importance

tant sous le rapport de la linguistique que des disposi-


tions législatives qu'elles contiennent. C'est clans les ma-
nuscrits de dom Fonteneau, dans cette mine inépuisable
pour l'historien, ciime nous avons trouvé ces chartes, et
nous en avons dit un mot au congrès scientifique de
Blois. Nulle, part ailleurs il n'en a été parlé. C'est ainsi
que restent parfois inaperçus des titres précieux sous
le rapport historique.
IV. Il faut ici, de toute nécessité, dire quelques iuols
de Charroux. Ce lieu , situé en haut Poitou, aujour-
d'hui dans le. département de la Vienne et dans l'ar-
rondissement (le Civray, est à un myriamètre de cette
dernière ville. Placée à un kilomètre de la rivière de
Charente, la petite ville de Charroux, édifiée sur le pen-
chant (le deux collines, est divisée en ville haute et ville
basse )- celle-ci est sur un ruisseau qui l'inonde parfois.
Or, à la tin du viii' siècle, liotge.r ou lioger, créé. comte
(le Limoges par Karlemagne (1), et sa femme Euphrasie,
fille du comte d'Àrvernie, étaient possesseurs de la loca-
lité, alors non habitée, dont il est question ici. Bientôt,
et en 785, ils y fondèrent un monastère a (lui ils don-
Voir, pour, la fondation dc. Charroux , et pour les événements de
cette époque qui se rattachent à ce mOnastère, not re Iliskiire des rois
cl des durs d'Aquitaine et des comtes de Poitou.
nèrent (les possessions flOIflI)ICUSCS, en lui faisant ac-
quérir de grands priviléges cl cette création, lt1e Karle-
magne avait encouragée, reçut aussi de ce monarque des
biens considérables, et Ludwi g -Pieux et Lothaire y ajou-
tèrent (les biens dans les pays de Beauvais, do Reims et
dc Meaux. Cet établissement religieux , dont l'église,
consacrée d'abord pal le pape Léon 111 1 le fut encore
après sa reconstruction et en 1096, par le pape Urbain II,
s'enrichit aussi de reliques qui lui attirèrent un grand
concours de pèlerins. Parmi eux nous noterons Bau-
doiiinI', comte de Flandre (1); et, par suite (le cette visite,
les monastères d'4rdres et de Ham (2) devinrent les dé-
I)elldances de Charroux.
Mais tandis qu'en ce lieu grandissait la puissance de
l'abbé et (10 ses religieux, qu'un bourg Se bâtissait sous
le patronage (le CC monastère, en mémo t e1flIS un autre
bourg se construisait tout auprès, sous la protection
du comte de la Marche, et sur le terrain dont il s'était
réservé la possession directe, Y joignant la suzeraineté
de tout le canton , qui était une annexe de la basse
Marche. De cet état de choses, tic cctte t rot) grande proxi-
mité , il résulta plus (l'un conflit. iM Sei gneur souvent
abusa de a puissance et eut recours i la force. L'abbé
temporisa, employa les mo yens que lui offrait sa posi-
tion, et parvint surtout., en s'adressant à plus haut que
son suzerain direct, à obtenir le redressement des griefs

(t) Baudouin l'' conite de Flainlre , allant à St-Jacqucs de Compos-


telle, passa à Cliarioux, où il tomba malade. Enchanté de la science et des
ionues moeurs des religieux do cet établissement ., il emmena avec lui le
moine Gilbert,, qu' il lit al)I)é dArd re.
2; Lahha e de Ilani, tonde en 1079, fuI placée sous la juridiction et
la sIlIr(matIc de cha i 1-011x.
-9—
dont il avait i se plaindre. Mais toujours est-il qu'une
sorte de lutte résultait de possessions si rapprochées,
mélangées inème, entre UH haut seigneur et un puissant
abbé.
Nous ne donnerons point ici le récit tic tous les débats
et des transactions multipliées qui (-tirent lieu , par suite
dc cette position tic choses, entre les abbés de Charroux et
les comtes tic la Marche, suzerains de ce canton i la
suite de Iloger, et en continuant notamment var les
I3oson, les Àldebcrt, les Montgommery et les Lusignan (1).
Bornons-nous à quelques indications.
D'abord il ne s'agit pas du fait d'un comte de la Mar-
che, niais d'un autre seigneur qui avait vexé le monastère
de Charroux. En 1103, sous Pierre II, évêque de Poi-
tiers (2) , Bertrand de Rocheineau reconnait l'usurpation
faite par ses Prédécesseurs et lui sur Charroux il en était
résulté (les chevauchées, des combats, (les rapines, des
incendies et des meurtres. Bertrand remit au monastère
les droits de viguerie qu'il percevait dans la ruedex Vassaux
et dans le bourg dépendant du monastère (3) et ailleurs
sauf pour les quatre cas suivants rapt, incendie , vol et
homicide. Néanmoins cet acte peut être considérécomme
une sorte (le transaction , car les religieux (le Charroux

() On petit établir ainsi la série des premiers comtes dc la Marche


O
Roger, 20 6eoffro I, 3 Suipice , 4 Boson le Vieux, Atdebeit P,
fl Bernhard 1er , 70 Aklebert Il, 8 Boson Il, dont la soeur, Almodie, porta
la Marche dans la maison de Montgomniery. Après celte maison vint
celle de Lusignan. Voir I'Jlistoire de la Marche, par Jouilleton.
(2) Mg . de D. Fonteneau, t. iv, p. 155.
5) On trouve ici la première indicationi dit bourg du Monastère ou
de ï hbé , doni il est si souvent question (taris la seconde charte de
C lia rio u
- 'It) -
comptèrent trois cents sous à Bertrand de Ilochcmcau.
La charte qui suit est uniquement relative aux en-
treprises des comtes de la Marche sur le monastère de
Charroux. En 1176 ou 1 ,177 (1), Aldebert, comte de la
Marche, affligé de la mort de. Marquis, son fils (2), et se
repentant des maux qu'il avait faits au monastère de Char-
roux, demande pardon à Guillaume II, abbé de ce même
monastère, à raison de sa conduite passée, et opère des res-
titutions. Il lui rend notamment la jouissance paisible des
revenus qu'il lui avait enlevés dans le bourg de, l'Abbé, les
droits sur le mesurage des vins, sur la récolte des vignes,
le terrage (lu lieu, etc.. Le comte Aldebert accorde de plus
à l'abbé une foire de trois jours, et lui rend la rente de
deux éialines de sel, donnée par la comtesse Almodie, fille
du comte Bernhard et sa grand'lante. Enfin, il permet
l'abbé de construire à Charroux des étaux ou bancs pour
la viande, ce qu'il n'avait pu faire jusque-là (3).
En 'I 186 (4), Henri 11, roi d'Angleterre, en qualité de
duc d'Aquitaine, ratifia ce désistement fait par le comte
de la Marche, en reconnaissant que ce même comte avait
exigé de ses hommes plusieurs droits injustes et qu'il
avait bien fait d'abandonner.
(1) Avant ce temps, et en 1160 , Raout de Mortemer, neveu de (ui
de la Marche, du consentement d'Aldebcrt, comte de la Marche, con-
firina les dons faits à Charroux par son oncle, en se réservant ses droits
sur le fief des Chevaliers. Raoul de Mortemer se fit moine dans le monas-
tère pour lequel il (tonnait cette confirmation de droits.
(2)ce fut par suite de la mort de ce fils unique, son seul héritier,
qu'Aldehcrt vendit en décembre 1177, à Henri H Nantagenet, roi
d'Angleterre, le comté de la Marche, pour quinze mille livres, mon-
Haie angevine. (lus, de l?oberi du Dorai.
(3' Sis, de L). Fun (encan.
:4) !bd.
- -
V. Arrêtons-nous là , cl revenons, en ce qui concerne
Charroux, à des points qu'il faut préciser, pour apprécier
et concevoir ce qui concerne les textes dont nous allons
nous occuper. Le comte de la Marche, nous l'avons déjà
(lit, était le seigneur de Charroux, et y avait son bourg,
dont il était le seigneur direct; le monastère de cette loca-
lité avait son bourg à lui, placé, comme le monastère,
SOUS la suzeraineté du comte. De là des points de contact
qu'il fallait régler, en même temps que ce qui concernait
les droits et prérogatives des deux seigneurs, et les droits
et franchises des bourgeois ou habitants des deux bourgs.
Puis viennent quelques dispositions de droit civil et de
droit criminel. Or, nous passerons le tout en revue, avant
de donner les textes , leur traduction et les notes et éclair-
cissements auxquels ils prêtent tout naturellement.

V!. La première des coutumes de Charroux est sup-


posée être peu antérieure à 1177, aimée oit Àldebert 1V,
comte de la Marche, vendit toutes ses possessions à
Ilenri Il Plantagenet, roi (l'Angleterre et mari de notre
Uiénor d'Aquitaine. Ces coutumes sont (lites ètre les
mêmes que celles que les prédécesseurs d'Aldebert 1V
avaient établies, Pour être observées à l'avenir et du con-
sentement de leurs sujets de Charroux.
J'ai divisé celte première charte, écrite en mauvais
latin (le l'époque, en 16 articles, parce que j'y ai trouvé
autant de dispositions différentes. La traduction de plu-
sieurs articles, à raison des mots non latins et inintelli-
gibles, de l'emploi de cas ou de temps qui devraient être
liait autres, et même d'omissions, présenté de grandes
dilhicuRés ; je puis parfois avoir mal rendu ce qu'a oulu
(lire le texte.
- '12 -
VII. Quant à la seconde charte ou coutume, elle est
présumée de Î247, et elle est donnée par Hugues de Lusi-
gnaii, comte de la Marche, qui confirme les coutumes
antérieures de Charroux, qu'il dit arrêtées par Audehert,
comte (le la Marche, et ses prédécesseurs, de concert avec
l'abbé et les bourgeois, et confirmées par Henri 11, roi
d'Angleterre, et. par Richard soit
Ce coutumier est beaucoup plus élciidu que l'autre, et
je l'ai divisé en 52 articles.
Mais il faut surtout remarquer que cette seconde cou
turne est en langue \uhaire, c'est-à-dire dans l'idiome
qui était alors parlé dans le pays, et qui est un mélange de
la langue d'oc et de la langue d'oil. Malheureusement ce
document, qui serait d'un zrand intérêt polit la linguis-
tique, s'il nous avait été, littéralement transmis, a évidem-
ment été niai copié, et sans doute plus d'une fois. Je 'vais
établir cette 1)OSitiofl (le choses par une note que m'envoya
feu M. Raynouard, l'historien des troubadours, a. (pli
j'avais communiqué cette charte, peu avant sa mort..
« Noie sur la charte de Charrou.r. La copie de cette charte
est si défectueuse, qu'il est impossible (le hasarder quel-
ques corrections int11'cssantes, avec la certitude de ne pas
SO tromper. Àprès trois ou quatre heures de travail avec
M. C... (1), il n'a pas été possible d'è.tre rassurés sur la
manière de suppléer aux imperfections, soit des niots
soit (lit sens; car il parait assez vraisemblable qu'il
manque (les mots et (1111' d'autres ont été, estropiés.
Si quelques-uns des droits stipulés soit en faveur
des seigneurs, soit oit des vassaux, se trouvent

1) M. (ai'diii que j'avtk niib cil i dation u\ ec M. llavnouaul.


- 13 -
dans d'autres dia iles heales , on pourrait., à faveur
la de
ces exemples, établir (les corrections. Mais il ne parait
pas que, sans un pareil secours, on puisse corriger des
mots qui tendraient à restaurer des passages énonçant
(les coutumes ou (les prk iléges dont on n'aurait pas con-
naissance par d'autres moyens.
C'est un principe reconnu par les personnes qui
S'occupent cOflscienCienSemen t des manuscrits (lu moyen-
îge, qu'on ne doit pas toucher légèrement, et surtout sans
en averti r, aux mots, pour leur accor(leI' le Sens que
le manuscrit mie leur donne pas (l'une manière presque
é\ idente.
» Mais la copie de cette charte, quoiqu'il soit é ident
qu ' elle ne représente pas constamment l'original , n'en
sera pas moins, par les mots incontestables qu'elle con-
tient, très-utile pour indiquer la langue poitevine tic
l ' époque. Quelques autres documents pareils suffiraient
pour déterminer, en citant (les exemples les principaux
caractères (le l'idiome poitevin aux xii L' et XR' siècles,
lorsque, abandonnant la langue dans laquelle le comte
de Poitiers avait fait ses chansons et ses poésies, il se
rapprochait plus ou moins rapidement, surtout vers le
nord, (le la lan&ue des trouvères (1). o

(1) Je ne puis a d opter ce svstiimc de 3 1. Raynouard ; et an congrès


scientifique de Blois , tenu en4 856, où on s'est occupé de la question de
la limite (le la langue d'oc et de la langue d'oit, j'ai établi que le Poitou
était Ic pays intermédiaire entre ces deux idiomes , et. que leur mélange
constituait. l'idiome poitevin , où le langage du Nord dominait. J'ai ajouté
qu'à la même époque ou écrivait les chartes, en Poitou , clans la langue
(1'OU , et qu'on composait les poésies dans la langue d'oc, qui était. celle
(les savants et des beaux esprits. Dii reste, rapportons les termes du

dl
- 14 -
Du reste, j'ai continué, sur les (harles de Charroux, le
travail cotnmene.( du vivant de M. Raynouard, ('t ensuite
présenk au Congrès de Blois; et je crois qu'après L'avoir
beaucoup amélioré, le moment est venu de le taire pa-

compte rendu de la 4 ,1 ` session du congrès scientifiqne de Fronce , tenu ii


Blois, en 4856.
La discussion s'ouvre sur la huitième question du programme ( dé-
terminer les limites de la langue d'oc et de la langue d'oil). - M. Cardin
((le Pûitiers) pense que ladétermination des limites de la langue d'oc et
de la langue d'oil dépend (le l'appréciation des niornhineuts des diffé-
icats âges et des diverses provinces, et ne peut se faire dans le court espace
dc temps consacré ait Néanmoins il croit devoir faire part à la
section (les recherches auxquelles il s'est livré, pour la portion de la
France qui s'étend de l'embouchure de la Garonne an Berri. Le caractère
essentiel et distinctif du français du Nord , la substitution de Pc à l'a, se
retrouve dans tous les noms de lieux situés au nord d'une ligne qu'on
tirerait de Royan à la limite qui sépare le département de l'Indre de ceux
de la Haute-Vienne et de la Creuse , en passant par Saintes , Ruffcc et
Confolens. 11 appuie soli Opinion sur la citation (le différente--, chartes d'une
grande ancienneté.
M. de la Fontenelle, auteur d'un travail spécial sur la langue poite-
vine, fait remarquer d'abord que le Poitou était la légion intermédiaire
entre la langue d'oc et la langue d'oit. il en résulte, suivant lui, que
l'idiome du pays était un mélange (les deux langues, dans lequel pourtant
la langue du Nord dominait. Sous les comtes de Poitou, durs d'Aquitaiiie
et sous la domination anglo-française (les Plantageniets , à la cour (le
Poitiers , il y avait, outre la langue habituelle , une langue (les beaux
esprits, des poètes , qui était la langue romane. Aussi remarque-t-on
que , lorsque les poésies d' lépoque sont écrites dans la langue (lu Midi
les chartes sont rédigées dans la langue du Nord. Cette remarque subsiste
notamment, ainsi que l'a dit M. Cardin , en ce qui concerne Savary 1l(
Mauléon. Venant ensuite directement à la question, M. de la l"nntenelle
croit que les limites des langues (lu Midi et du Nord ne sont pas naturel-
lement formées par la Charcute. En effet j vers Confolens, la langue du
Midi se fait remarquer ; ou la retrouvi aussi près ile Montinotillon, et, en
- 15 -
rafre. Du reste,
reste, j'ai suivi les conseils du savant historien
(les troubadours , et plusieurs dispositions intelligibles
d'une des chartes m'ont servi à comprendre les articles
inintelligibles de l'autre. Ensuitej'ai beaucoup travaillé,
beaucoup cherché, beaucoup consulté (I). Ainsi le travail
essentiel sur les chartes de Charroux, la traduction et les
notes, constituent un ouvrage (l'une longue haleine.
VIII. A présent, je vais indiquer, ([ans une courte
analyse, l'esprit (lui n présidé à ces coutumes, et les prin-
cipales dispositions qu'elles contiennent (2). Et d'abord

Saintonge , la langue d'oil se rencontre l)icfl au delà de la Charcute.


Enfin , M. de la Fontenelle ajoute que, pour rechercher avec qoiri la limite
des deux idiomes , il faut un travail long et suivi. En conséquence, il
propose de renvoyer la question au programme du prochain congrès, en
l'appuyant des considérations ci-dessus indiquées. u. de Boisthibault
propose la rédaction suivante de la résolution In prendre par la section
La section pense que, dans l'état actuel des recherches historiques, on ne
peut déterminer les limites territoriales de la langue d'ail et de la langue
d'oc. -- La section , consultée sur cette piOpOsitioin , l'adopte.
(1) Je dois surtout beaucoup aux bons avis de MM !. Cardin et l4édet. On
connaît tout le savoir de ce dernier, l'un des élèves les plus distingués de
l'école des Chartes.
(2) Le passage suivant se trouve dans le volume contenant les travaux
de la quatrième session du Congrès scientifique de France, tenue à Blois
nfl septembre 1856 M. (le la Fontenelle lit une notice sur une Charte
de Charroux, en Poitou, Cette charte, offrant un mélange de deux lan-
gages, celui du midi et celui du nord de l'Aquitaine, de la langue d'oc
et de la langue tl'oil, contient une espèce (le code complet de la localité;
elle est une confirmation des privilèges accordés aux habitants de
Charroux. On ne saurait aujuste assigner l'origine des droits et Iran-
cluses accordés; la charte elle-mémo est de 1247. Son importance a eu-
gagé à consulter, sur l'interprétation (le cet acte difficile, les savants les
plus versés dans la connaissance et le texte des plus anciens titres
M. Raynionard en particulier. C'est le résultat de cet examen et de ces
disons qu'au nioven- tge il y avait, pour certaines loca-
lités du moins, des dispositions essentiellement libérales,
et (les priviléges que nos villes d'aujourd'hui revendi-
queraient avec empressement. Pouvait-il en être autre-
ment, (1uandtel seigneur, tel monastère, tenait à honneur
(l'attirer le plus d'hommes possible sous sa domination?
Mors celui qui devenait le plus puissant était le plus
habite, et celui qui faisait à propos de ces concessions
susceptibles d'attirer à lui les populations.
On voit qu'à Charroux on avait établi des dispositions
qui assuraient la liberté individuelle (1), (le telle sorte
qu'on ne pouvait arrèter un individu , ni saisir ses
biens, ni l'obliger de donner caution, s'il n'avait pas con-
trcvenii à la loi. On lui conservait sa liberté d'action (2),
po' tout ce qu'il voulait faire, s'il en avait le droit. A titre.
point de liberté : dans ces temps éloignés de nous, les
pères et mères ne pouvaient pas marier leurs filles à leur
volonté, et souvent. la jolie personne, la riche héritière,

travaux dont M. de la Fontenelle rend compte. Il traduit, anal se et ac-


compagne d'explications détaillées et judicieuses les diverses dispositions
de droit féodal et de droit civil que contient la charte cii question. Ces
explications présentent des singularités piquantes sur l'état des choses et
tIcs personnes, dans une petite localité d'une de nos provinces. Ainsi,
par exemple, le braconnage d'un lapin ou d'un lièvre entraînait une
amende de 60 sols ; un adultère cii coûtait une tic 40 ; un mot injurieux
sur le compte d'une femme se liquidait par un COUI) de poing du mari
etc. La section quatrième (histoire et archéologie) a entendu avec intérêt
cette communication curieuse sur les usages et la législation coutumière
du moyen-âge.
1) Art. 2. Les articles cii chiffres arabes sont ceux qui se trouvent
dans la seconde coutume.
('2) Art. X. Les articles en chiffres romains sont ceux de hi première
coutume.
était obligée tic s ' unir à l'époux (JU'illdiquait, son sei-
gneur. Cette sorte de contrainte, dont nous voyons nos rois
et les princes anglais délivrer les habitants de Poitiers
était anéantie à un tel point polir Charroux, qu'il était
(lit (1) que le comte de la Marche et l'abbé de Charroux
ne pouvaient même inviter une femme de ce lieu à
faire un choix quelconque, parce qu'une prière de leur
part, dans une telle occurrence, pourrait être considérée
comme un ordre.
La contrainte par coqs, POUr dettes, ne pouvait pas
avoir lieu contre un homme de Çharroux (2), et son lit
était aussi déclaré insaisissable.
Des avantages étaient offerts h ceux qui s'établ i s -
saient, clans l'tiii des diOlix bourgs. D'abord, il y avait,
exemption de droits pendant un an (3). Les habitaffis de
Charroux ne pota iont ètre forcés (l'aller plaider hors do
leur petite Nille (4). Ils pouvaient se transmettre. leurs
propriétés les uns aux autres en franchise (le droits (5)
ou les taire garder dans leur absence (6). Tenus envers
un seigneur, cette seigneurie passant au comte, ils n'en
étaieiil. pas obligés à plus (7). Les droits seigneuriaux de
banalité, pour les moulins elles fours, n'existaient pas à
9.11arrouN, et les habitants des cieux bour g s pouvaient
faire moudre leur grain et faire cuire leur pain ou ils
voulaient, et il y avait exemption (le tli'oit (10 recepl ion
pour t'habilaut de Charrotix reçu chevalier (8).
.1l était établi que si celui qui outrageait un homme de
Charroux refusait de s'amender, celui - ci pouvait agir
contre lui de la mème manière (t)), ce qui ne laissait. pas

Ait, I I. 2) Art. 46. 5) Ait, 49. (4 Art. '2i.


6 W. '20. 17\ Art. 21, 22. i 8 Art. 26. 9 . Art. II.
1g -
(lue tic présenter des inconvéiiieflts Mais un principe
(le celte législation locale est surtout (ligne (le fixer l'atten-
tion, car il consacre un des bienfaits que la Franco doit
à l'auteur de la charte (lei Ki !., à Louis XVIII. Une disposi-
tion positive (1) prohibait la confiscation; el ce passage, à
cause tic son importance, doit être rapporté textuellement
CL Si quelqu'un de Charroux, dit l'article 44 dc la se-
conde coutume, est, pour (le grands crimes, condamné à
perdre un membre, ou même est condamnéé à mort, sa
fortune en demeurera non atteinte, et les siens doivent
avoir tout ce qui peut lui avoir appartenu , soit en cas de
mort, soit en cas d'absence. »
D'après ce texte, on voit mènie que la séquestration
des biens clos accusés en fuite, mesure en vigueur chez
nous • dans le temps présent, n'avait pas été admise
par les législateurs (le Chai'roux.
Ajoutons que les priviléges (les habitants (les deux
bourgs étaient étendus aux habitants (l'une banlieue très-
vaste (2). Pour plaider à Charroux , il fallait donner cau-
tion, à raison des dépens que pouvait faire le défendeur (3).
Nous avons parlé de la suzerainete du comte (le la
Marche sur Charroux. En cas de guerre, les habitants de
cette localité devaient un service militaire à cc suzerain
jusqu'à la Vienne ou dans toute l'étendue (le la Marche,
et l'abbé de Chai-roux en recevait l'avis, p0111' faire inar-
cher son contingent (!i.). Rappelons, à ce sujet, que les
habitants du Poitou devaient suivre le comte de cette
province, pendant 40 jours, dans les pays qui s'étendent
de la Loire à la Dordogne. Du reste., le comte s'était ré-
servé, sur les habitants du bourg de l'Abbé, à Char-

J) Art .44. (2) Art. 48. 5) Art.. 23. (4 p Art. ix, 7 et U).
19 —
roux, la c o nnaissance des crimes (l ' assassinat, (le vol
d'adultère. d'homicide, de viol, cl de fausses mesures (1 ).
Inlin • il avait encore une redevance de 60 sous sur les
bouchers (le Charroux, payable la veille de Noël (2).
Nous arrivons aux droits (les seigneurs particuliers de
(harroux, c'est-à--dire du comte de la Marche, pour son
bourg, et (le l'abbé, pour le sien. Un étranger venait-il
Charroux pours'y fixer, il (1.aitvaSsal (lu Seigneur (lu lJOlIi'
dans lequel il avait couché la première nuit. ( s) . Malgré
tout, il y avait encore (les conflits entre les seigneurs (les
deux bourgs, et ou y avait, avisé (4). Les seigneurs dc Char-
roux exerçaient. (les perceptions sur les procès SOn ICn tN
(levant eux (5). Là était la fiscalité, mais elle se révèle
[)IUS encore par (les amendes, pour un c•en refusé (6),
L iO uir un droit de péage non payé (1'), pour un impôt (le
vente non soldé (8), et potil' le flofl -aC(Ittitteffiefl(, le droits
de maille et de maltôte (9) Ajoutons (111e les seigneurs de
Charroux s'étaient réservé un temps, pour la vente (le
leur vin , pendant, lequel tous les autres Cabarets étaient
fermés (10).
On rencontre, dans les textes dont je rends compte, la
reproduction de cette règle des temps anciens, que dans
la société actuelle on trouve si extraordinaire et si in-
juste, et qui a donné le titre d'une pièce de théâtre : Les
battus payent l'amende. Rien n'était pourtant plus juste
de la manière dont on l'entendait alors. Deux champions
soutenaient chacun leur cause; le ciel étaitj ungé favoriej'
ta cause juste c'était le j ugement de Dieu. Par suite, le

(tArI. 8. (2 Art, /7. Art. 5. (4) Art. 5. (5( et 4.


6) Ait. .'iii vI 15. 7 Art. y . S) Art. vu. 9) Art. vin et si. ( .
tO( Ait. 6.
- 20 -
champion vaincu, ii Charroux , (levait paver 60 sous et I
denier anevins (l) d'amende.
Nous arrivons à la législation criminelle de Charroux.
Et d'abord on voit que le coupable (l'un bourg peut se
réfugier dans l'autre et (IUC le seigneur de cc bourg a
la faculté de livrer 011 dc ne pas livrer le délinquant (2).
Le droit du seigneur pour poursuivre de son chef, lui est
(lenié, en certains cas, lorsque personne ne se plaint (3).
Mais, quand il y a poursuite et défaut de preuve, le plai-
gnant doit une amende (!i). Les peines, pour les voies de
fait, sont graduées, suivant les circonstances , et consis-
tent en amendes, d'après l'usage du temps (5). Quant
aux injures, on décide que si celui à qui elles sont adres-
sées frappe le délinquant, il est excusable (6).
On est fondé à s'étonner de ce que, pour le viol, ce crime
si grave, il n'y ait que la répression de 60 sous d'a-
mende (7). Là , évidemment., la peine n'est pas en pro-
.Portion avec
avec le délit, cl l'on voit, que l'on est encore sous
lejougde l'ancienne lé g islation germanique, où les crimes
les plus graves se rachetaient pour de l'argent. La cou-
tume de Beauvoisis, donnée par Beaumanoir (8), et, à Peu
près (lu nième temps, appliquait la peine (le mort au
viol, et (l' autres coutumes punissaient le coupable par le
bannissement.
Quant à l'adultère, on s'étonnera moins de ne lui voir
infliger qu'une amende de 60 sous, ou mème (le 40 sous

1) Art. 29. 2) Art. 4. (5) Art. xi et 44. Art. 38. 5 Art. i, vu,
28 et 55. (6) Art. 57. (7) Art. iv et 43.
(8') Voir la belle édition dc cet auteur, annotée par )i. le comte Bcu-
gnot, membre de l'institut.
- 21 -
et 1 denier (I) , quand on se reportera aux dispositions
législatives du même temps, aux coutumes de différents
lieux de l'Auvergne, par exemple, où les coupables
étaient promenés nus par la ville. Une telle punition
ajoutait 1111 scandale à un autre scandale. Ajoutons que,
d'après l'Alphonsine de itiom , il fallait que les coupables
tussent tous les deux habitants de la ville, et que si l'un
(les deux était du dehors, il y avait impunité complète.
C'était un singulier privilége accordé aux étrangers, pour
corrompre les inoetirS, dans cette cité importante (le l'an-
cienne Arvernie.
On n'était pas aussi indulgent pour un délit, bien peu
grave, à savoir .la chasse aux lapins dans les garennes,
car la peine était. la même que pour le viol (2). Ceci peint
bien l'époque. Quant à l'emploi de fausses mesures (3),
il y avait lieu à une amende moins forte; et cependant
cette contravention était jugée bien grave, puisque le
comte (le la Marche s'en était réservé la connaissance,
en même temps qu'il pouvait seul connaître des assassi-
nat s , (les homicides, des viols et (les adultères (4).
Certaines règles de procédure sont indiquées dans ces
chartes. On y trouve la mention de l'arbitrage; et, si on
s'y était soumis, et qu'il n'eût pas lieu, une amende
revenait au seigneur (5). On voit que, pour l'appel, le
juge n'était pas obligé (le répondre de sa personne, comme
dans les premiers temps (6). En co qui concerne les pro-
cès civils, pour immeubles (7) , pour dettes (8) , et I)OUt
saisie sur un débiteur (9), il échéait (les amendes au
seigneur.

(,) Art. iii et 3$. '2) Art. 50. (5 il


Art.et M. (4) Art. 8. Art. xlv.
Art. 27. (7) Art. 55, 8 Art. 54. t$ Art. 19.
- 22 -
Les deux coutil mes ont des dispositions (1) qui sem-
blent s'appliquer à la non-exécution (l'un marché; 'nais
les termes sont si inintelligibles, que j'ai essa y é plusieurs
traductions, saiis arriver à un rés ultat bien satisfaisant
Il en est de même pour un article (2) qui semble avoir
trait ait
La deuxième Coutume (le Charroux établit, la légalité
(l'une tutelle déférée par testament (3). Elle s'oecupe
aussi du douaire de la li'rnnie (4) il est de droit pour
une fille qui se marie , et facultatif s'il s'agit d'une
Veuve , ce qui explique assez l'origine du douaire. Il est
lixé au tiers (lu revenu dii mari viagèrenwnt, et à la
jouissance de la maison d'habitation. Mais on voit le mari
avoir le iiième douaire (5) , quand il a épousé une
veuve , et qu'il lui Survit. De plus, le mari , dans
certains Cas (6), héritait. (le la portion des biens de la
femme.
On unira cette rapide analyse, en rapportant l'indica-
tion d'une seule et Ufli(111e prescription (7) établie par les
deux coutu mes de Charroux. Elle est fixée à 20 ans
et
un jour, et s'applique au possesseur (le bonne foi d'un
domaine, mais avec cette seule restriction qu'il ne fallai,.
pas qu'elle fût, Opposée à Un membre (le la famille. CvU'
règle était tout à l'ait morale; on présumait, qu'un tiroprié
taire pouvait laisser jouir son parent (l'un immeuble datis
lequel il avait un droit , sans craindre qu'on lui oppost
uii jour Cette même jouissance. En un mot, le l'ait de la
jouisSance d'un domaine, entre parents, n'étant considéré

(il Art. xiv et iO. (2) Art, 59. (5) Ait. 12. )4) Ait.
12, 15 et 17.
(5) Art. 15. (6) Ait. 13, 34 et 16. (7) Art. xii et
51.

OFF
- '23 -
(1110
comme une simple tolérance, ne pouvait pas avoir
l'effet de déposséder le véritable propriétaire.
Cc qu'on vient de dire prouve, sans nul doute, l'im-
portance des deux coutumes encore inédites de Charroux,
dont on va donner le texte et la traduction.
- 24 -

CII1PITRE H.

PREMIÈRE COUTUME DE CIIARROL'X.

Invitation et mandement d'exécution. - Voies de fait à main armée. - Fausses


mesures. - Adultère. - Viol. - Refus de péage. - Refus de droit de vente. -
Voies de fait sans armes. Refus de payement des droits de maille et de mal-
tôte. - Service militnire, - Liberté d'action. - Loi du talion , pour l'injure. -
Prescription de 20 ans et 1 jour, contre des non-parents. - Refus de cens, - Exé-
cution des marchés conclus. - Rixe ne peut étre poursuivie d'office. - Arbitrage.

Coutumes de C'harroux, supposées consenties peu avant 1177 , époque où


41debert 1V, comte de la Marche, vendit toutes ses seigneuries au roi
Henri 11 d'ilngleterre, duc d'1quitiine , du chef de sa femme, la
reine ,4liénor (I).

Sancti Spiritus adiit nohis gra- Que la grce de l'Esprit saint


tia. Inde est quod per preseistium soit avec nous. Nous voulons que,
sen pta [uni presenti bus quant fu- pOU!' le présent et pou r l'avenir, les
t (iris notificari volumits quod Au- dispositions suivantes soient ob-
debertus, cornes de Marchiâ et servées, ainsi qu'Aldehert, comte
ejus predecessores cuin suis Kar- de la Marche, et ses prédéces-
rofensiJ,us homiuil)uS talem cou- seurs , les avaient reconnues,
suctudinieni liabtierunt, comme coutumes, avec leurs su-
jets (le Chai'roux.
I. Quod si quis infra villam I. Si, dans les dépendances de
Karrofeusem contra aliqitem vio- Chai'roux, quelqu'un commet des
lentiani (2) sua arma traxerit, violences it main armée , contre
Karrofensi domino sexagenta sa- un autre individu, il payera (iO
lidos persolvat. sous au seigneur de cette localité.
Il. Item si quis faIsà men- II. Item , celui qui sera con-
surù (3) reus fuci'it duodecim vaincu d'avoir fait usage d'une

(I) Cette indication, placée à la tète de la de cette coutume, 28 et 3 de l'autre.


collection de dom Foriteneau, n'a fait, (3) Voir l'article 36 de la seconde cou-
saris doute, que reproduire une mention trime, qui, pour les fausses mesures,
plus ancienne. établit une amende plus forte, et l'article 6,
(2) Pour cunnaitre le surplus de la 'm i porte Ot tri tort IIfl (le juridiction au
gislatiori de Cliarroux, sur les rixes et comte, pour ce délit.
voies de fait, se reporter aux articles Vil
- 25 -
solitios et sex dciiar. Pietav. I). fausse mesure payera 12 sous G
deniers poitevins.
III. Si quis in adultcrio (2) HI. Celui qui sera surpris cii
cum conjugatâ captus fuet'it sexa- adultère payera GO sous d'a-
gi rita sol idos etiam persolvat. mende.
IV. Si quis alicui mulieri , illâ IV. Celui qui aura commis le
nolente , se commiscebit, sexa- crime de viol sera aussi passible
il solidos etiam persolvat (3). d'une amende de 60 sous.
V. Si quis injustè redditus den. V. Celui qui injustement refu-
peage (4) retinuerit duodecim se de payer un droit de péage
solidos et sex dcnar. Pietaino- est tenu d'une amende de 12 sous
mm. 6 deniers poitevins.
VI. Si quis redditus vendarum VI. Quiconque refusera injus-
injustè (5) retinuerit, duodecim tement de payer un droit de
solidos et sex denar, Pictav. vente sera également condamné à
une amende de 12 sous G deniers
poitevins.
VII. Si quis inter se sine ar- VII. Si des hommes non armés
mis verbcra (G) faciatit, et san- venaient à se battre, et partant
guis indè fluat (7) , erhcratus qu'il y eût effusion (le sang, le
tres solidos habeut, et si ictus battu recevra 3 sous, et seulement
nutnifestè hou apparebi I , 'serbe- 24 deniers, si la blessure n'est
ratus viginti quatuor denar. mdc pas apparente. Le seigneur de
habeat I)rcilolniIlatus Karrofen- Charroux aura 3 sous à perce-
sis dominus Ires solidos S) de voir de celui qui aura frappé.

(1 La monnaie poitevine devait avoir On sait que les droits de péage étalent
surtout cours à Cjiarroux, à cause de la très-nombreux, à cette époque et beau-
siizerainelé du duc (l'JIUitaine, comte de coup plus tard. Ils étaient dus notamment
pli ileu , sur In Marche, et du voisinage qiiniiil on passait sur un pont, qu'on tra-
de I'oi tiers. versait une ville ou uni bourg. Beaucoup
(2) Voir l'art. 12 de la seconde coutume, de ces péages n'ont été supprimés , en
pour la peine, et l'art. 8 pour la juridic- Poitou, que vers la lin du xviii' siècle.
tion. () Ou fera, sur l'interprétation qu'on n
(3) Consulter l'art, 43 de la seconde cou- donnée nu texte, une observation pareille
turne, pour la peine, et, en ce qui n trait à celle fournie sur l'article précédent.
A la juridiction, l'art. S. Voir, air surplus, l'art. 9 de la seconde
(4) En traduisant entièrement et peut- coutume.
étre plus exactement le texte, on trouve- (t;) Consulter les art. I de la première
rait une amende imposée à celui qui re- coutume, et 28 et 3E) de la seconde.
tiendrait injustement un droit de péage (7) On doit croire que la plus faible
qu'il aurait perçu : alors ce serait Lino somme était fournie, quand il n'y avait
voie de contrainte contre un receveur, Mais pas effusion de sang. S'il en était ainsi,
il est plus naturel de voir, dans l'article, rio aurait dû faire une rédaction Plus
un moyen d'engager au payement exact du claire.
droit rie péage CCIIX (1iii V étaient assu- 8) Je ne pense pas qu'on puisse enten-
jettis. Cc droit de péage était établi Par un dre que les trots sous devaient étre payes
g rand nombre de coutumes. au seigneur, par le plaignant. La disposi-
Voir au surplus l'article 48 de la seconde I iii aurait été trot) injuste, s'il était venu
à gagner son procès
— 26 —
il loque lecit firifaet u ut haheat
(I .
VIII . Si quis redditus mewjla- VIII. Si qticlqu'uii refuse tu-
mm () vel maalonte (3: injustè justement les droits de maille
reti nuerit, sexaginta solidos An- et (le nuillôte , il payera aussi
degavorum etiam persolvat (4'. 60 sous angevins.
IX. Iterùm mos est consuli IX. Nous confirmons la cou-
de Marchià (5) et suis Karro- tume qui existe entre le comte de
fensis hominibus quod si consul la Marche et ses hommes de
iiiquietatus fucrit, ut iUi sequcu- Charroux , et qui est que si le
tilt' ilium cum armis per suum comte est attaqué, ses hommes le
consulatum et non ultrà ((. suivront en armes dans tout son
comté, et non au delà.
X. ltci'ùm tubs est Xarrofcii- X. Aussi il est établi comme
situn quod itullus n Karrofensibus usage que nul l)abitaut de Char-
Cd iatur quandifi quod justum roux ne peut ètre t)riV( de Sou
est facere voluerit (7. entière liberté tant qu'il ne fera
que ce qu'il n le droit de faire.
XI. Et Si (juS Kurrofciisibtis XI. Quiconque feu'a une injure
hominibus injuriant fecerit et aux hommes (le Charronx,e t relu-
emcitdare noluerit , karrofenses sera de s'amender,autorisera ceux-

:1) lOuIS les Ccisaun,es tic Ileauvriisis laiques , et ensuite, sur le 100' et le bIO de
chap. xxx des mef/is on lit Qui tiert tous les biens, Cml des laïques que des ce-
ne tait autrui, par le COUStUInC de Cler- elsiastiquc.s ; ce (tri!, dit Nicolas Cilles,
mont , hors de [rives et tl'assennment et dans la vie de Philippele lie] , fut une
hors de jol de marcie , et il na point (te exaction grande et peu aces ui uiuee . n
-une en Je batuie, cil qui bat, s'il est lLOflS Guillaume de Nangis la qualifie ainsi
de poeste, est S cinq sous d'amende; et (slalom toilant , (t la juge sic sterne.
s'il est genuix bons, li est S dix SOUS. Se Dans le cartulaire de l'hospice de Mont-
le hatnrn est fete en marcié ou eu alarit on morillon, on lit .« Ego lsieberltss de (Jas-
en venant du mandé, l'amende du paisant tiUïone doua dornui pauperem Christs
est du O) sous, et du gentithome de GO I. de )lionirnoriiio,ie omnem
Car tint cil qui sunt et marcié, ou en nent et omuem mautotam quadriguro us
aient ou venant du mande, sunt et con- Per otnne tmpus.
(luit h' conte et doivent avoir sauf nier et La maltôte (lu seigncut,dilOurente de celle
sauf venir. du roi , se louchait en Flandre , sur itt
(2) Par k' mot mea qiarum, nous en- vente du Vii].
tendons le droit de maille. (4) Ainsi , d'après cettes indication, in
Le droit de maille se percevait , en Berri. monnaie angevine avait aus i coureS Chat
sur les vendeurs, à certaines foires. Voit, i.oux.
à te sujet, le Glossaire du droit [eau- (5) On voit lexpreseiun de cousul tut-
cals 'le Latirière. ployée ici pour celle do comte, comme
(3) Nous croyons que mu /oufr est ici dans l'Anjou et autres contrées di l'Ouest.
polir Je droit de maltôte. (B) Se reporter, l)01it Ce service mili-
i7I0flt/wle , utaletdte ou mallouSe taire, eux articles 7 et lb dc la seconde
levée injuste ou dure de deniers , de toila coutume.
levée de deniers 1)1010 , niait siii e comme (7) Cet arliele et (I' il i il- grande impisi -
pour dire qusud malle inflitu r. « En 12915, lalici pli squil assili ait a tua liihilants di'
dit Méntte , oit appela dit iioni di' mou- Cliarroux leur lilisrte diilion , [tint qu'ils
toute III inip"t 'liii Ci leti ui toute la tIC ioiitii'\iuitiiitt ia' la loi. Voir aussi ltt
France, polir la ii sire s,nI I,. si di sic la seconde coutume, (liii
"iii li' l''s,i tl'il,,,ist sOi Is: ni;ireli;iiids cl ascii liUSi 1icIt'voitl'l5s,
- 27

cil f)iahl t dliii Vel suit idein Ili CI li agit' coutre lui de hi inèic
codermi (I. manière.
XII. Qtiod SI Sepè ilonirnali NIE. Si cc im'est contre des mem-
Karrofeuses aliquas pecwlias vel bres de leur famille, dans le cas
POSSeSSioflCS pet' s'iginti annos et où des habitants de Cliarroux
allant]] (lient manu tenebu LI t sine posséderaient (les sommes d'ar-
Jiltis (le ........petsscssor gent ou des domaines en leur
j het'è et al)solutc (le ('CtdI'O te- mains, et sans droit, l)eI(latIt vingt
ilelLI (2. ans et un jour, ils en demeureront
P o ssesseurs libres et absolus.
XIII. Si quis terrain censua- XIII. Si quelqu'un jouit d'une
li ter liahucrjt , si (luis censualia terre à droit de cens, et qu'il tmt-
domjmii SUi iiijustè () reteimuerit glige de payer ce nième Cens au
Ires solidos persolvat. Seigneur, il sera tenu envers celui-
ci à 3 sous d'amende.
XIV. Si quis palrnatui cum ah- XIV Si quelqu'un fait un mar-
quo faciet, nec eam persolvet ché et ne t'exécute pas, il est pas-
se ptein solidos (4) et dimidium sible dc 7 sous et demi de dédit.
indè rcddat et quod penis et su- Mais s'il j ui'e s ole nnellement qu'il
pra suicIa sanctorum jurabit ne lui demeure aucune Partie dc
quod puetuin peeuuia mn pro niini ht chose vendue, on tic peut rien
'veil ( li ti()llc non iclinquat . nec de percevoir sur son mobilier.
sito mobil j perso! vere possit.
X V. Si aliqui Karrofcnsium XV. Si une rixe survient entre
inter se verbera faciniit et er- des habitants (Il , Charroux , et
herattis tlorciii 11011 facial. aine qu ' aucun d'eux rie porte plain te
(Iflhjijil 11111 , doiniiius CtiliLIi nih il devant le seigneur, celui-ci nu
IIal)t'tjLlVis 1;).
pas le droit de poursuivre de soit
chef.
M. Item si kirrofenses inter XVI. Item, si des habitants
se pacti sunt f 'acei'e misa ((i) ) et de Charroux conviennent cri lie
Consulter, ,lit de cette légitime les voies de. fait (iii les rixes, comme 011
défense reconnue, l'article 37 ile la seconde
coutume. l'a fait iérak'jijent
én pour cette coutijine
aux anhjolations sur l'autre. Elle contient
Pour traduire l'article ainsi qu'on l'a de nombreuses dipo ition, sur cette péna-
fait , il a fallu considérer le eilflhLfleflcement lité, dans ses articles S, 28, 3!, 37, 38 et
iii' l'article comme ayant été, tronqué en 41. Voir aussi les articles I, Vil et XI ci-
le copiant, et se reporter à l'art. ài de la dessus, et les annotations sur l'art. 7.
nouvelle coutume, qui bien positivement ((i) iJi_act est pris ici pour un nI jitrae
ii'étahljt la p rescl'ltiti(Jfl de 20 ans et un qu'on appelait mise, d'après le Clossair,'
jour que sous la condition quif, celui qui (le M. le comte Beugnol , placé ii la suite
i'Cfl sert ne soit pas de ta famille
lignoje de celui L u ni elle est opposée..
on du de son édition (le Hea u manoir. Néa nrnoi ii
On n déjà dit qu'une législation de cette il Serait possihl (11111 fdt qllesiioii d'un
espèce etilil très-inorale.
Pari q ii'oii appelle encore Él ite misailh'
dans le langa g e du PcuIl,', cli POitOil. ((II
Voir l'art, "I i tic la seconde cou turne. ecIn nziil un poL'nie , lIa ils ccl (l ionie , ayant
(4 ) Se reporter à l'art. 40 de la seconde
Continue. Peur titre : lu ilJisaiIk â IOUU!J . la
g''u ru, d ' . nt,i ne.
On renverra, [Joui' cc qui concerne
- 28 -
poste pacifiant ad invicein do- eux d'un arbitrage qu'ils renon-
minus etiam trcs solidos hahebit, cent ensuite au procès, le sei-
nisi causa de furto fuerit , qund guciir retiendra seulement 3 sous,
dominus juta delectum judicare moins qu'il ne sagisse d'un vol,
(1C1)Ct délit pOLIP lequel ce mmc sei-
gneur devrait poursuivre.
- 29 -

CIIAI 5 ITRE 111.

SECONDE COUTUME DE CIIARIIOUX.

Mandement d'exécution, par lingues de Lusignan, des anciennes coutumes de


Charroux, établies par Atidebert de la Marche, et confirmées par Ilenri Il et
Richard Plantagenet. - Position de l'homme du comte allant demeurer dans le
bourg de l'abbé, et en sens contraire. — Cc qui arrive, quand un des hommes d'un
de ces bourgs prend femme dans l'autre. - Le nouvel arrivé à Charroui devient
l'homme du seigneur du bourg dans lequel il couche la première nuit. - Délin-
quant d'un des bourg se réfugiant dans l'autre; ce que peut faire le seigneur de cc
dernier bourg. - Un domicilié d'un des bourgs ne peut être poursuivi par son
seigneur, pour ce qu'il possède dans l'autre bourg. - Privilèges des deux seigneurs,
pour la vente du vin, dans chacun de leurs bourgs. —Service militaire des hommes
de l'abbé, relativement au comte. - Juridiction réservée au comte , dans le bourg
de l'abbé, pour certains délits, — Exemptlofl de certains droits seigneuriaux, pour
les habitants des deux bourgs. - Service militaire des habitants du bourg du
comte envers celui-ci. - Liberté laissée aux femmes de Charroux de se marier
à leur gré , sans le consentement du comte et de l'abbé. - Douaire légal pour la
tille (le Charroux, et conventionnel pour la veuve qui se remarie. - Attribu-
tion de droits successifs au mari, dans l'héritage d'une femme mariée ayant eu
enfant. Autre attribution au même, quand son fils survit à la mère. — Droits de
la femme, à la mort du mari, avec ou sans enfant. - Avantage accordé au gen-
tilhomme marié avec une fille, lorsque celle-cl meurt vans enfant.—Droits de la
femme dans cette position, quand elle survit à son mari. - Douaire accordé à
l'époux de cette qualité, s'il survit à sa femme. - Droit de saisie accordé aux
habitants de Charroux sur les biens de leurs débiteurs.

An 1247. Hugues de Lusignan, comte de la Marche, confirme tes usages


et les coutumes de Charrou.v établis par ,Iudsbert, comte de la
Marche, et ses prédécesseurs. de concert avec l'abbé et les bourgeois
dudit lieu, ouu observés de temps immémorial cotre eux, et confirmés par
Henri f!, roi d'Angleterre, et son fils Richard (1).

Conogue chose seit à tos ceus Soit chose connue à tous, à

(1) Comme pour la première coutume, portée sur le document que fit transcrire
cette mention , copiée dans les manuscrits cet érudit bénédictin.
de doua Fonteneau , Sc trouvait sans doute
(1(11 sulit et qui scriint à venir ceux qui Sol d. et ii cclix qui seront
A ude bers , li Con t s (le li t Marche, ii l'avenir (jUAtle1ic'rt , comte
et si ancessor aviaiit itaus cosdu- de la Marche , et ses prédécc's-
gues è uz.agcs oh l'abé de Char- seurs, étaient convenus de t'es
ros e oh tes borzeis , è li reis coutumes avec l'abbé de Char-
Henriefs d'Englclerre et Ji reis roux et avec les bourgeois, et que
Bichart si lux les [enguii'ent, le roi Hetiri d'Angleterre et le roi
tant coin il "eyqitirent et les firent Richard , son fils, tinrent tant
jurar à lor baillis cl à los priur qu'ils vécurent, et les firent jurer
de Charros par sagrainent, les soleil ticlie ment à leur 1),tilli et à
(Juaus li l)orzeis de Chai'ros ju- leur prieur de Charroux, lesquel-
rèrent tenir et garders tien com- les Coutumes les bourgeois de
mandement Audebert comte de la Charroux j tirèrent tenir et garder,
Marche, et en après, deu coman- du commandeitterit d'Audc'bc,j
demerit au roy (t) lleiirv et comte de la Marche, et du coin-
flichart son fil, et je lin g ues de mandement du roi Fleuri et de
Lezignen, coms de la Marche, en Richard, soit et que moi Hu-
après approcey è contirntcy, les- gues de Lusignan , comte de la
dictes tondugnes, les waus sujit 4archc, ai, eu après, confirmées
('taus (2). et qui sont ainsi qu'il suit.
1. Si aucuns deus hommes au L Si un homme du comte s'en
comte s'en avocit ester (3) on va demeurer dans le bourg de
l)Ourt à l'abé et il lav seroit hom l'abbé, là encore il sera l'homme
au comte , eum cret d'avant et du comte, comme il l'était précé-
gité lflt'VflIC sciioric à li ubes on demment, et le mème droit ap-
bort au comte. partient à l'abbé, relativement n u
bourg du comte.
2. Si aucuns liom de queus au 2. Si quelque homme de ceux
comte prcnt famille on hotirt à du comte prend femme dans le
l'ahé, et il aviet plus lestage (4) bourg de l'abbé, il sera tenu du
(1)Le mot roy est évidemment une faute ou autrement CL de-bel estagium et dcbe
du copiste, et aussi, plus haut, on lit rcis. eus tOIi'Uin.
l) fera cette indication, pour n'y plus re- (4) Lestagium , lastaqium , ou droit ils
venir, et en déplorant ta perte de l'original. lesta ge, ou plutôt d'estagc, estn
mentioné
En m'Il'et, si un voulait signaler toutes les dans les coutumes d'Anjou, arr. 131 et 171,
erreurs de cette espèce, un n'en finirait et du Maine, art. 144 et 194. Dans Ili
pas. Voir au surplus ce qu'on n dit, à ce du Poitou se rapprochant de l'Aojnu,
sujet, dans l'introduction. ou rencontre aussi ce droit, et il y n no-
(2)Comme on ]',a remarquer, ce texte tamment, un arrêt sans date, recueilli par
est en lionne partie de l'idiome (l'oit, mêlé Dut il let , q ni se rapporte û la sei g neurie dc
de quelques mnot de l'idiome d'oc , ronirne Saint. - Clémenti n , relevant d'Arqenton-
sagrnnieau, solamen: , ton gode , etc. (;Mteau,
(:1) Aster, estare , signifiait demeurer « Le devoir de li g e éta ge, dit de Lau-
dans un lieu. Estare , dornus obi qui stat rière , iI'sst autre chose ici que l'obligation
osa habitait. Le droit appelé estagiuni
des vassaux de résider dans la terre de leur
Consistait dans la contrainte dont le sci- sei g neur, pour gorulerson ehitteau,en temps
neur luvait user envers soi, vassal , tour de g uerre... Cet étage devait se faire eu
l'obliger de demeurer dans l'étendue de sa personne, par les vassaux, huit jours après
seigneurie , soit pour garder son cllàlelu
- 31 -
à la femme, si equil cstoit on chef de sa femme et au droit d'e.
bourt li l'ahè, et equeste meyme laye, comme s'il était du bourg
codumgue à li 108 homes à l'ab, de )'abbé ; et la même coutume
se il pi'eniant femme en soit existe pour tous les hommes de
et si il sois tornoant à lors lre- l'abbé-, qui prennent femme dans
inières maisons , il serient homo le bourg du comte; et s'ils re-
à celoy à cou il erent das'aut, tournent à leurs premières mai-
sons, ils seront hommes à ceux à
qui ils appartenaient auparavant.
3. Tous hom qui vendra à 3. Tout homme qui viendra à
Chat'roux, por ester, sera hom au Charroux, pour y demeurer, sera
seignor en oui hourt il geiru (I) homme au seigneur du bourg
la première nuit. dans lequel il couchera la pre-
mière nuit.
4. Si li home au comte faziant 4. Si des hommes du comte
meffait que il n'ozcssant ester en commettent des méfaits tellement
Son bort, è il Se )ogflusScnt metre gravesqu'ils n'oseraient résider en
ou bort à l'abé, è qui les tendroit son bourg, et qu'ils Puissent se
quites l'abé X jours 2), et entre- réfugier dans le bourg de l'abbé,
taudis parlera et forcit pais à celui-ci peut les tenir à l'abri de
eulx , si il poiet, si que no , il poursuites pendant 10 jours; et
les condurct à sau conduit on dans ce temps il peut intervenir
leur seigneur , et quito mesme auprès du seigneur de ces hom-
scignouric à li coins ons homes mes pour que celui-ci les reçoive
u l'abé eu son bort. en paix; s'il ne le s'eut, il les
conduit ii sauf-conduit à leurdit
seigneur. Et absolument la même
puissance appartiendra au comte,
pour les hommes de l'abbé réfu-
giés dans soit

qu'ils en avaient été sommés, et ils de- De 'es détails il résulte que, puisqu'on
s'aient amener leurs femmes avec leurs fa- pouvait étre ten u au droit d'eszaqe en plu-
milles, et leur famille seule, s'ils n'avaient sieurs endroits , l'habitant (t',Ill des bourgs
pas de femme; et, s'ils faisaient défaut, le ile Cinirr u y , qui prenait femme dans l'a u-
seigneur pouvait saisir leur terre jusqu'à Ire bourg, était tenu au droit envers le
ce qu'ils eussent obéi. Ils ne pouvaient s'en comte et envers l'abbé.
retourner chez eux, pendant la iigence, j 11 yeira, il couchera.
sans permission. S'ils devaient la ligence (2) On voit ici le reste de ce droit d'asile
en méme temps à plusieurs seigneurs, ils admis au moyen-âge. Mais la disposition
la faisaient successivement aux premiers ci-dessus est meilleure que le droit d'asile
requérants,et au prince avant tout autre; pur ci simpLe, puisque le seigneur du bourg
et pendant qu'ils étaient en étage d'un dans lequel se réfugiait l'habitant de l'autre
côté, de l'autre lis devaient fournir des bonr était d'abord établi comme conci-
gens suffisants aux seigneurs.,. S'ils n'a- liateur, et, s'il ne pouvait parvenir à accor-
vaient point (le maison dans le lieu, le der, après un délai, il livrait le délinquant
seigneur leur en devait fournir... à son propre seigneur.
32 -
,. Si li home t Valbé avant lot' . Si les hommes (le l'abbé ont
aveir on bort au comte, Fabé ne leur avoir ait bourg du comte,
le doit forcicr lay , tic l y coins l'abbé ne les peut pas poursuivre
laver à ses homes on bort à là; de ntirne le comte n'a aucun
l'abé. droit sur ce que possèdent ses
hommes dans le bourg de l'abbé.
G. Etau senhorie ha li coms en 6. Encore le comte ii en la 'ville
la ville de Charros que 1111g es- de, Charroux un droit (le vente
tang (1) de 12 inucy s de vin puet qui s'étend (t douze muids de vin,
faire • si a lui plaist , chacun an s'il lui plaît, chaqueannée, et l'ab-
sen plus, et l'abés autre sens plus. hé un autre, sans plus. Et si du vin
Et pal' co si 'vin eret a pertrait était apporté du dehors, ori ne
de fors ne se doit arrestei' de pourra l'empêcher de 'vendre, si
'vendre, qui qui vendre le porra, celui (lui l'a apporté jure que la
dementré , 2) que cil qui le vo- vente du seigneur n'était pas com-
droit vendre ozesset jurer que mencée, quand il a apporté son
l'estang ne sobisset d'avant que Viii.
il laportasset.
7. Etan senhorie a li coins oh 7. Et telle seigneurie ale comte,
l'al)é que si home le devoiet siegre, quant à l'abbé, que les hommes
par sou e.stober (3), de si (lue de celui-ci doivent suivre l'autre
la 'Viaiigue (4) et non pas oultre eu -armes
armes jusqu ' à la Vienne, et non
si li abés no Io commandeit. Et ait (t moins du commande-
quant li aut'ant mestier par tan ment de l'abbé; et quand il y aura
estober , li commandeineuz au pour eux devoir de marcher,
comte doit venir il ou à son l'ordre du comte doit venir à
conlmafl(Idnient face se- l'abbé, pour qu'il puisse le noti-
moudre (5) ses bornes, et si ne- fier à ses hommes; et si quelqu'un
gus en remaneit, li destrcit (6) y manque, l'amende en revient à
est à l'abé (7'. l'abbé.
Plus a de senhoric li coins 8. Plus, le comte n seigneurie
(I) L'estanq ou estanche de ',in d'un (3 Ce mot esiobcr, deux fois répété <tans
seigneur était le droit exclusif (luit avait l'article, parait s'appliquer h un état de
de rendre, du vin, dans une localité don- guerre.
nec, pendant un certain temps (quarante (4 La Viatique, la Vienne, rivière. La
jours). Il est question de cc droit do hn lettre g est ajoutée à ce mot, comme dans
de tin dans beaucoup de coutumes, iii beaucoup de mots de l'idiome poitevin
tamment dans celles d'Anjou, du Loudu- ainsi on dit qu'il inge, pour qu'il i'IzItI';
nuis et de la Marche. tangude, pour tenue., etc.
Dans tes Etablis,scnients de Si Louis, (5) Cette expression de senmondre était
chap. c.i., on lit : Hune cousturners si employée pour appeler les vassaux à la
fel LX sols d'amende.... .se il a taverne sent' guerre, ainsi qu'on le voit dans les an-
son ban de son seigneur. ciennes chroniques.
(2) Deutenlri est un mot commun aux (6) Le destrert est ici la peine pécuniaire,
langues du midi, (lui signifie pendant que. que j'ai rendue par le mot amende. Le mot
lia pris un antre sens, comme cependant, detrot , ( tans la commiutrie <le Lsave , était
qui ne signillait aussi, dans le principe, que une peine en argent imposée pat' le juge.
pendant ce temps-14. Voir aussi , su r ce (7) Le servie nijlitaire des hommes du
flint l'art. 5!, hou ra (le a t Ijarroux était ditb-
- 33 -
OIt l)Oi't à Fabt, quar o est sous li spéciale sur le bourg de l'abbe;
inurtres (I) , li larrouciits , Ii car il ajuridiction exclusive pour
a'oitres (2) , li homicide , ha les délits suivants les assassj-
faine forcée et dcu fausses (3) tiats, les vols, les adultères, les
mesures (4). homicides, les viols et les fausses
mesures.
9. Que li home à l'abé aurant 9. Les hommes du bourg de
est li (Ireiz à l'abti (5' , Ii home l'abbé ont tels droits l'encontre
t

ii l'abé ne devent douer vende (0) de l'abbé, eu ce sens qu'ils ne


(le i'iciis qu'il vendent oit bort à doivent donner aucun droit de
l'abé , ni (leu v in de lent--vignes vente de rien dc ce qu'ils vendent
ne li liGnifie aLt comte de lor dans le bourg de l'abbé, ni du
vigiles, on vendez 'aciucs (7), ne Viti de leurs vielles; et ni les
on rodage (8)ni en la disma (9) hommes du ceinte ne doivent non

rent, comme on ',a le voir, de celui des cL c'est peu avant la dieparitioui (li' l'insti-
hommes du comte. tution des vigueries , dans l'Aquitaine du
(1) Je prends ici le meurtre pour l'as- nord , cannai tre des cas d'luoini t' ide , de
stissinat, c'est-à-dire le rnein'tre. avec vo- de rapt et d'inceruit le,
buté de donner la mort et préméditation. V",) Voir l'artiele VI de la première
première cou-
Cela une semble la eonséq u ene' de ce que tu n
l'indication de l'homicide se rencontre vu- (n) Vende , renda ,di-oit rierc tu sur des
suite, Ce qui (toit étre le fait tic dot, ri 'r la objets vendus. oit trouve la mention
mort ii nui luom rut' , à un degré moindre de dans les eartulairi'.s tieSt-Jean-d'An g ély et
culpabilité. de Elourgiseil-eri-Vallée. Une charte donruue
(2) Ai.'oitre, ocouire, ar'ouere; on ap- pour construire tin bourg contient, l'indi-
pelait ainsi l'adultère, et nième ce qui en cation des privilèges suivants 'ht quo
etait k' produit. Voir, à ce sujet, les Fiahiis- nec vendant, niCi pedagiusui, nec uliquam
senuOits (te S 1 Louis, le livre (le Pierre consueludinem relinemus. I)ans les t'su
Defontaiue et Ménage. m Appelant un en- turnes de tiellae, on lit ' Cornes habel
fant dit tiabelais , en présence de ses père Belicuici,.. tendas et pedogiuin, et qui ce-
et fière, champis ois atoisti'e , c'est hua- tanuut degaqio debet 4 sol. &S'ed mites non
tièterruent et tacitement dire le père e... et dljet pedciqiusn, fleqie venaas. » Les
sa femme ribaude. » coutumes il, Bellac furent confirmées par
(3) Oit la gravité qu'on reconnais- A]tleltcrt , comte de la Marche.
sait alors à l'emploi des fausses mesures, (; J'accina, raccinia, hétes Ci cornes,
puisqu'on tact ce délit à côté des plus et lettre produits cii élèves. Vuir Ducange,
graves attentats contre les personnes et (8) Le droit de rodage ou tin rouage,' en
contre les propriétés. usage pour le vin vendu en gros et trans-
(4) Comme je lai établi dans mes Re- porté par charrette , dans le jrukii de la
cherches sur tes vigueries du l'oUors, et France, et dont Ilparle lit de Saint-
en citant Valafrid Strabon , les comtes Sever, tit. x , art.. et (J, était le devoir
S'étaient réservé, dans le principe, le juge- que le seigneur exigeait pour une char-
tuent des causes les plus importantes. Ce rette e oit de marchandises
principe résultait, du reste, des capitulaires circulant sur le chemin public, cru sus du
tic 801 et de S12 « Sous Ludsvi g-Déltttn- droitt duut t la marchandise était passible.
na ire, ai-je dit, en citant ilaluzi', oit trouve Ce droit prenait son nom de ce q ail était
indiquées, comme des affaires qu'il était exigible avant que les roues eussent tnni'né.
particulièrement donné aux COn1LCit de Voir, â ce sujet, les lettres patentes du roi
juger, les poursuites pour homicide, rapt, Jean, de janvier 1358. liés qu'on dispensait
incendie, déprédation , amputation de de ce droit les habitants de Cliarroux , il y
membre, vol cl invasion sur le bien d'an- a lieu de croire qu'il ttai t dû dans tout, ou
trui. Mais, plus laid,
1
les comtes, devenus partie de la Marche ou dru Poitou.
souverains, Ou i 1 peu Près , cessèrent de (9) La disnta de la VI-iimet jeu. D'abord
rendre euiv-rn)tuses la justice, méune pour oui fera remarquer que te mot dises, n est
Je., granule criiiiee car on voit les viguiers, de l'idiome du Midi. Quant Ci la diriic St-

£
- 3 -
de la si-Martin, ne a tu'gun gage, plus rien donner de leurs vignes
mas Ji vendier si il ne n'aviant ni de la vente de leurs hèles à
loi' vendu, que cil qui la devent cornes, ni (le leur blé, ni eu la dîme
ni la voguissaut rendre, endcvcnt (le St-Martiii , ni en donner au..
faut. DCLI horer (le ci que il avent cutis gages. Mais si le receveurdes
tor vendu et fi desmicr pal' lor VeilleS lie perçoit pas, parce que
diesme. ceux qui les doivent se refusent
tic payer , il accordera délai , et
lcd im 1er doit eu l'aire autant pour
la dîme.
lii. Et au senhorie u fi coin, 10. Et le comte u telle Seigneu-
oh ses horiés (E) et oh ses rie, que tous ses bourgeois et tous
homes, qui 10 (levent siegre 01) ses homnies le doivent suivre Cil
armes par tota la Marche et avier armes, par toute la Marche, pour
et dei'fendrc, et non alhors (2). l'accompagner et le défendre
tuais 11011 ailleurs.
11. Etau codumgne havé fi Il . Telles coutumes existent
borzes de Charios ob le comte et entre les bourgeois de Churroux,
oh l'allié, que famme de Churros d'une part, et le comte et l'abbé
ime doit estre mariée, sinon avi la dc l'autre, qu'une femme de
volonté et au conseil de ses Charroux ne peut être mariée
amys (3); ne fi coins, ne fi ahés sans sa volonté et le conseil de
ne leur cil faire preei'a, ses amis; et le comte et l'abbé ne
Martin, celait un droit qu'on percevailsur )l) On trouve ici deux caté gories de vas-
le vin, quand on le bopde, ce qui arrive saux directs du comte de la Marche à Char-
vers la fête de saint Martin , fixée au II roux: ses l'or.-ès, 1,ourgeois,etsee hommes.
novembre. Au surplus, cette dirne pouvait Or les bourgeois, d'après la coutume de
avoir prie le nom qu'elle portait, parce que Sézanne surtout, et aussi d'après celles de
saint Martin, homme d'une grande force Provins, Sens, Chaumont et Auxerre,
matérielle, est Indiqué par quelques-uns étaient les personnes de libre condition
comme ayant beaucoup bu de vin. D'autres non nobles, non clercs non bâtards, mais
croient qu'il faut rapporter le nom de la roturiers.
dime à l'époque où on la percevait. Toujours (2) (jet voit une différence dans le service
est-il qu'on célébrait la fête de ce saint, au militaire, pour les habitants du bourg du
moyen-âge , en se livrant à des libations comte à Charraux; car ceux-ci , d'après
souvent trop copieuses, et aussi le verbe cet article, doivent suivre le comte par
martineT signifiait boire à outrance. Iota la Marche, dans toute la Marchet
On n même été jUS(]1i'à comparer les tandis que, dans l'art. 7 ci-dessus, les
mardyrnlia ou fêtes de saint Martin, célé- habitants du bourg de l'abbé ric devaient
brées ainsi, avec les ft(tesde Bacchus. Lais- le service militaire au comte que jusqu'à la
sons parler à ce sujet mon ami, le docteur rivière de Vienne.
Rigollot (d'Amiens) , dans une Notice sur (3) Le défaut de liberté, pour les femmes,
une monnaie d'or ,nêroi'ingienne, por- dans le choix d'un mari, était probable-
tant le nonr de l'église de SI-Ma rlin-des- ment le droit habituel; car oit trouve des
Jumeaux d'Amiens On n encore re- exceptions ; ce principe 2 indiquées comme
gardé la fête de saint hilaire de Poltiers, priviléges, dans heancou p de documents de
qui tombe le lion 14 janvier, en l'honneur noire ancienne législation --par exemple,
duquel on buvait de l'eau et du in, sire Philippe-Auguste conlirine , en 1204, aux
le bord d'une fontaine à Croutelle, comme habitants de St-ieart-d'Angély, le privilége
remplaçant celle de hiaccit us huarts, oit de marier leurs filles à leur gré, et aux
inspirant la joie. vt'iives celui tic prendre de nouveaux ,nari
e leur volonté.

- 35 -,
qua r loi' prière est lorce '1 peuvent inème la Prier de laite un
choix donné, parce que cette
prière pourrait ètrc consid é ré e
comme un ordre.
12. Si aucuns honi de Cliarros 12. Si un homme de Charrotix
prcnt femme , si il la prent pu- prend femme, s'il la prend fille
celle (2, il li donet ode 3;, co il lui donne le douaire,
est assaver Io ters des meubles dire le tiers-des meubles qui lui
( l ue il preiit oh liey ; si il ne lit appartiennent; il peut également,
prent pucelle, li UflS douet ode ù S'il le veut, lui donner le douaire.
l'autre égaulment.
13. Et si o avient que la farne 13. S'il advient que ],a
ayet lier de son senhor op que ait hoir de son sei g neur, et qu'oit
l'oit loet crier, quant il a nacus (1 l'entende crier lors de l'accou-
et li efaiis niucre avant sa mère, chement, et que l'enfant meure
et elle murrist après sans lier avant sa mère, et qu'elle vienne
li muebles de celicy reniaint du- après à mourir sans héritier, les
rablement au marit , et Ji no meubles de celle-ci demeurent ii
inueble àsa vite tant solameiit(5), perpétuité au mari, et il a encore
les immeubles à sa vie.
(I) Il y a ici , ainsi qu'on l'a (lit (, il ren- Par l'épouse à son époux. Aussi dans one
dant compte de l'ensemble des coutumes novefle d'Alexis Coniuui ni' , on lit cette in-
de Charroux , une disposition pour assurer dication . .. . Donatio propn'r u^optias qua;n
d'autant plus la liberté tour lis person nus soit SpOnSUS interten-jeïiti' scuilo il(17e
(lu SCXC féminin, de CC marier avolonté $pOflSe,., On Na citer tin exeriuplu
sans l'intervention du pouvoir. Cette dispo- bertu,ç vohsit et conceesit gond duto demi-
sition , que je n'ai rencontrée nulle part calla Isubc'Ila habeat,.. et possèdent in...
ailleurs, est une prohibition au comte et à tel ocieum, per cursutn ritW sute,., bans
l'abbé tl'entcrvenir dans ces mariaees une charte (le la comtesse Philippe, femme
ut par nue prière, qui, comme le (lit
ume (le Guillaume VII ou IX, ceinte de Poi tou et
fort bien le texte, aurait pu être considérée duc d 'Aquitaine, charte insérée dans le car-
comme un ordre. tulaire de Montieruuiuf, on lit' .. . imam -
Du reste, l'article 2 de l'ordonnance de dem maresia dicebaautur esse (le oseUlo
Louis IX, de mai 1242, sur le bail et rachat sneo. Enfin, dans un titre recueilli par dom
eu Anjou et Maine, portait que celui qui Etiennot , on trouve cette stipulatitumi
aurait le bail d'une mineure héritière Renuncians à tous lrivlléges et bénéfices
principale d'une seigneurie,, soit la mère, (le cro ii,, donnés et à donner, et octro'és à
soit un parent collatéral, devait donner fame et à octroyer, soit par Cades, par
assurance au seigneur suzerain qu'il ne la douaire, par mariage, pour noces et entre-
marierait que du consentement dudit su- vis.
zerain et de celui des parents de l'héritière. (4) De l'ensemble de cette phrase, Il ri-
(2) Je traduis cette expression par tille suIte que l'un des membres (le cette méfie
non mariée précédemment. Cependant Il y Phrase doit se rendre O i nsi quand ISolant
o lieu de croire que si l'épouse avait au, est né. Là devait entier le mot 5,0(1(5, n.
avant son mariage, une mauvaise conduite Peut-être y avait-il quant O flaquiu, ex-
notoire et était accouchez, il n'y avait pas pression du bas Poit(iii , Insérée dans un
lieu au douaire de plein droit. Alors la sti- noël en patois, oeuvre tin Curé 4asteami,
pulation pour le douaire a dû être exigée, à) Le mode de succession étabh Par cet
on ce cas, comme pour une veuve. article est d'une nature toute particulière.
)3)OeIe, osuleo rn, osculumn, iisufruitde par- Si, dans un accouchement, l'enfant suc-
tie (les biu'iis du mari accordé à la femme combe , et que sa mère vienne à illomiril'
donation à cause de mariage , dans laquelle après, il est évident quel'enl'anL n'a pu
on faisait in tervenir le premier baiser donné
- 36 -
I i . Et si estet que la faute I î. l;t s'il arrivait tiuc la
intii'isset avant l'enfant et li enfes femme mourût avant l'enfant, et
IUIIITiSSCL après, Ii mueltks re- si l'enfant mourait après, les meu-
matient au marit è li no niueble bles demeurent au mari, et les
rctwtieiit au lignage de la immeubles retournent au lignage
faute (I). de la femme.
15. Si le mai'it mucret avant 15. Si le mari mourait avant
la lame oh ber o sens lier, la sa femme avec enfant ou sans en-
faine aui'iet son ode et son ma- fant, la femme aurait son douaire,
i'iagc (2) et b lict à so;i senhor. sa dot et le lit (le SOfl mari.
m a rie[ coma 16. Si quelqu'un se marie
16. Si aucuns se
gentis hom (3) à faute pucelle, comme gentilhomme à une fem-
et la femme murrisset sans ber, il nie non précédemment mariée, et
gaygnc tot le mariage qui li fut que la femme meure sans enfant,
promis ) co est assaver Io mueble. il gagne toute la dot qui lui avait
te promise, c'est-à-dire les men-
1)kS.
17. Et si il muriet avant liev, o 17. Et si le mari mourait , la
la ora son mariage et b tors de femme de celui-ci aurait sa dot
la rente à soit è son herber- et le tiers (lu revenu des milieu-
gcmeflt , par OSCk , à sa Viti tant l)les de sondit mari , et sa maison
solament 4). d'habitation pour douaire, à sa
vie seulement.

succéder à sa mère , Pu isqu ' il t'st mort le usufruit. Il est difficile de se rendre compte
premier. Néanmoins, dans ce cas, à raison (le cette différence, et je ne puis que la
de la proximité des deux décès, et sans faire remarquer ici.
ménke qu'il y ait incertitude sur celui qui (2) On voit que, le mari préilécédant avec
est arrivé le premier, on transfère att père OU sans enfant, la femme avait ce qui lui
de l'enfant une partie notable de lit appartenait en propre, on son maria ge ,
de la mère ,Savoir les meubles à peu- expression encore en usage parmi le peu-
pêtuité, et les immeubles en jouissance. ple , pour indiquer la dot d'une femme;
Cette disposition législative me semble tout puis elle avait son douaire; et enfin elle
à fait particulière aux coutumes de,Chai- prenait le lit de son senhor, c'est-à-dire de
roux , et, sous cc point de vue, elle est de soit ce qui indique l'espèce de ser-
nature à fixer l'attention , surtout d'après vage (tans lequel se trouvait alors le sexe
les dispositions de l'article suivant. le plus faible relativement au sexe le plus
(I) Ici (lit contoit pas trop ce qui a pu f)rt.
Porter les législateurs de Chai'roux a éta- (3) Cette expression de gentilhomme s
blir la disposition qui est à apprécier. L'es- surtout été en usage plus tard. Quoi qu'il
pèce est celle-ci t Une femme meurt en en soit , la disposition (le ]'article est pour
couches; l'enfant lui survit un peu,et cesse le cas général où la femme meurt sans
de vivre quelques heures tirs. Or, (tans enfant, ('t n'a aucunement trait aux acci-
ce cas , il semblerait que l'enfant avant dents d'une couche malheureuse, dont s'oc-
hérité de sa mère , le pire devrait venir à eu 1uent les art. 13 et 14 ci-dessus.
so it hériter de l'enfant. Le père, en (I) Cet article venant 1 la suite de celui
elfet , hérite des meubles, mais [es jrnmeu- où on parle (le quelqu'un marié comme
lies retournent aussitôt au liglua ge de la gcu liS 110m , il seunlulu-rait 11(10 le douaire
femme. Dans ce cas (tonné, le père a moins dont (lit indique l'étendue n'était accordé
(lue quand l'enctn t meurt avant la mère qu'à la t'etrurne d'un individu de condition
ças iu il ales ttieuthl un noble. Aussi on voit, dans les Premières ré-
,nnu' les 1111illeuldes ('(I dtulkius de la ,'oli (utile du l'uudinu , qui' le-
- 37 -
18. Et si tant est que il ne la 18. Et si, dans cette position
prdilget pucelle , enssameut aura le mari prend pour femme tine
li maris oseic, cum la faîne, co est veuve, il aura, lui mari, le
assaver le ters de la renda et 8011 douaire comme la femme, c'est û
herbargernent t'i sa vite (t). savoir le tiers du revenu de la
femme, et sa maison d'habitation
à sa vie.
1 1 ). Li home de Charros L)OUellt 19. Les hommes de Charrouï
prendre les choses à 1er deptor, peuvent saisir les choses à leur
par co que il lor devent, sans débiteur pour ce qu'ils leur (loi-
monstrer à seignou rage de chose vent, sans être Ol)higS de prou-
eognogui, si li deptres no dcf- ver que leur débiteur a la [)I'O-
feut de par le senlir (2). prit de l'objet saisi, si k fait
est notoire; la dette contractée
envers le seigneur n'y apporte
même pas obstacle.

femmes roturières n'avaient point de est un point à noter, car tel n'était pas
douaire dans la vicomté d'Aunay, dans les l'usage des autres coutumes, en général.
chttellenles de Niort, St-Maixent et Melle, Néanmoins l'art. I'r de lit locale
non 1>1 us qu'à Civrav, Gençay, Lusignan, de Bundan, rapporté par M. le vicomte de
Celle-l'Eveault , Morthemer,, Chauvigny liastard dans son ouvrage sur cette loca-
et Montmorlllon. Ce ne fut que plus tard lité, est ainsi concu Le mari survivant
lLl'Ofl accorda le duwiireà toutes les veuves à la femme gagne la moitié des deniers,
du Poitou , nobles ou roturières. grains et meubles constitués en dot avec les
Du reste, outre la reprise de la dot, le lits, robes et joyaux, en faisant les frais
douaire consistait, à Cliarroux, dans le tiers funéraires raisonnables de sadite femme,
do la jouissance des biens du mari, ce qui y ait enfants dudit mariage ou non, et si
fut assez généralenient adopté. Ici il y avait ii l'usufruit de tous les biens immeubles
la jouissance de la maison (l'habitation , ce constitués en (lot par ladite femme.
1° i pouvait gèner le principal héritier. (2) li semble qu'on n voulu établit ici
(I) Ce. douaire en faveur du mari, quoi- une sorte de préemption, en faveur du sei-
qu'il y ait justice, puisqu'il y u réciprocité, gneur.
- 38

(III tP!T11E IV.

SECONDE COUTUME 1W CHARItOIJX ( suite et fin).

Franchises des habitants de Charroux, envers le comte et envers l'abbé pour leurs
possessions. - Ils ne peuvent voir leur position aggravée parle fait de leurs seigneurs
particuliers. - Exemption de banalité de moulin et de four. - Garantie pour la
liberté individuelle et pour la propriété. - Habitants de Charroux dispensés
d'aller plaider hors de leur ville. - En procès, cautionnement à donner pour les
dépens. - Dispense de droit de réception, pour l'habitant de Charroux fait
chevalier. — Mode de procéder en cas d'appel du jugement du seigneur. - Peines
pour rixes à main aimée. - Le champion vaincu dans un combat doit payer l'a-
mende. - Peine contre le chasseur surpris dans une garenne. Amende pour
maltôte. - Peine pour adultère. - Amende pour procès civils devant le seigneur,
- sur les procès pour dettes, - sur procès pour voies de fait. - Amende
pour fausse mesure, - sut' injures, et excuse pour l'individu injurié qui frappe.—
Amende contre le poursuivant, pour VO1CS (le fait, si la demande n'est pas fondée.
— Cautionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . — Marché fait, et sa non-exécution.
- Le seigneur ne peut poursuivie d'office, pour rixe. —Père ou mère peut, par
testament, nommer un curateur à ses enfants et pour ses biens. - Peines pour le
viol. —En cas de condamnation à la perte d'un membre ou même, à mort., contre
un habitant de Charroux, il n'y a point lieu à confiscation. - Poursuite pour le
cens. - Un homme de Charroux ne peut être arrêté pour (lette, et on doit
méme lui laisser son lit.—Droit de charriage dû au comte, la veille de Noèl, par
les boucliers de Charroux. - Exemption de droit d'entrée, pour ceux qui résident
à la distance de six lieues de cette ville, - Etranger se fixant à Charroux, exempt
un au et lin jour de tout service envers le seigneur. - Faculté anx hommes de
ce lieu de se transmettre librement leurs biens.—Prescription de 20 ans et un jour
entre non parents.—Liberté de vente pour le blé et le vin. - Apposition d'un sceau
pal' le comte de la Marche.

20. Li home de Cliarros ont tau 20. Les hommes de Chari'oux


franchise ob le comte et oh l'abé, ont telles franchises envers le
que si à eus plas que il s'en au- comte et envers l'abbé, que, s'ils
gent ester aihors, lor possessions s'en vont résider ailleurs, leurs
et lor choses serant quites è les possessions et leurs choses seront
feraiit tenir è garder, è en ren- franches, en les donnant à gar-
dront aus seigneurs de qui il o der , t la charge par ceux qui les
tendront co, que il loi' dcx eut ; et auront en garde dc rendre aux
quant lor plera , il retornerani seigneurs dc qui elles dépendent
- 39 -.
arricre et o tendront coma les lor ce qui leur est dù. Et quand il
choses, si coin il soliant (1). leur plaira revenir, ils t iciidron t.
leurs propriétés comme ils avaient
coutume de le faire auparavant.
21. Si li hom (le Charros cou- 21. Si des hommes de Char-
riant aucune chose de fici (2) et roux possédaient quelque chose
cil qui oret le fiei de senhor n'en dans un fief, et si celui tenant le
fazait au senhor co que li liez ap- fief du seigneur ne remplissait
lJoreroit è Ifl " cquelle dcfaille li pas ses obligations envers ce sei-
sires emparoet sou fiei, Ii home gneur supérieur (le sire ou
(le Charros n'en devent faire au comte), celui-ci s'emparait du
eignor mas co que il faziant à fief: les hommes de Charroux ne
celui de qui il o reviaut, è eco lor seraient pas obligés à plus envers
doit garir li couis qui force for le seigneur supérieur
i seroit è lor miétroit (3). celui dont ils relevaient aupara-
vant, et de plus, le comte doit
leur donner toute garatitic pour
leur jouissance.
22. l\cgun home de Charros ne 22. Tout homme de Charroux
doit moidre à molin , ni cuire ii peut moudre au moulin et cuire
four, for lay o il vouldra (1). au four qu'il voudra choisir.
23. Tos hom qui est estav à 23. Tout homme qui réside à
Charros è ha heritages t)0t1f Charroux, et qui y possède un
quauque tort tine il faret tant héritage, quelque tort qu'il fasse
eum il ne Iauldra (le droit ne deit contrairement au droit, n'est pas
douer fiance (.V au seignor de la tenu de donner caution au sel-
iimeur de la ville de Charroux, cL

(I) Du Nerbe solere, avoir coutume, Poitou , art. 4 1 ; Anjou, art. 23; St-Jcan-
dont un a fait souloir'Ire.,e]1coIe très-usité d'Angély, art. 6 et 95, et la Marche , ait-
dans le langage du peuple , en Poitou. 215.
(2) On voit ici des règles sur les fiefs Du reste, le droit de moulage, moulure,
S une époque où la féodalité n'était pas ou plutôt de moultur, était la rétribution
encore bien constituée, au moins dans les prise par le meunier, qui convertissait le
rapports tics tenanciers cuvera Et's sei- blé en farine. D'après les cciii u lues de
gneurs des simples fiefs. Du reste, la 'fouis, art. 14 , et de Loilunois , I, I , ait.
disposition tliit il s'Lit eLut toute favo- 10, le meunier, si on lui donne du hie
rable aux hommes de C harroux. propre, doit rendre du boisseau ras liii
(3) La lin tIc cet article présente (les di!- comble de farine bien mou I u , ou treize.
fieultés,t' t j'ai hésité à en donner la tra- pour douze et, d'après ces nièmes cou-
duction. tumes, le boisseau devait avoir de profond
(4) Cet article accorde di' véritables pri- le tiers 'le son large. Au surpius,constil-
viIétcs aux habitants de Charroux, puis- les, sut cette matière, le Traité du droit de
qu'il les exempte de la banalité pour le mouture du conseiller Filleziu , qui a in-
moulin ii farine et pour le four, droits diqué un bon nombre de tromperies dont
seiI)euriaux à peu près d'un usage général certains meuniers se rendent coupables.
en France, sous l'empire de la féodalité. Il Ce livre a été imprimé in-5 e 1 CII 1527,
faudrait, eneffet, citer presque toutes les Paris, chez M" Huzard.
coutu,i;e. , et on se contentera de prendre (5) Cette fiance S donner au seignelil
celles du voisifltwn' de Charroux , comme est une sorte de cautionnement.
- -
ville de Charros, ni ne doit cstrc ne peut être arrêté , ni ses choses
pris (1) , ne les socs choses ne saisies, à moins que ces nièmes
devent estre sazies (2 , si tau choses aient servi à commettre le
chou se n'aveit meffait, pourquoy délit , en quel cas justice doit en
justice en deguist estre faite. être faite.
24. Tos bom de Charros ne 24. Aucun homme de Char-
deist plaidoier forst de la ville de roux n'est tenu (le plaider hors de
Charros, por clam (3) que l'on la ville de Charroux, quelque
lacet de iuy au seygnor de la plainte que Fou forme contre lui
ville devant le seigneur de la ville,
25. 'l'os liom et tota femma (5) 25. Tous hommes et toutes
de Chai'ros et de hours ne dot femmes de Charroux et du bourg,
autre appeler sans garentie en ne doivent en appeler un autre
court (6). en cour, sans donnercaution pour
les dépens.
26. Tos hom de Cliarros qui 26. Tout homme de Chari'oux
survens est o chevaliers (7) ne qui est fait chevalier est dispensé
doit donner banc (S;. des droits de réception.
27. Negushom deCharrosnedoit 27. Aucun boninie de Char-
prendre ley (), ne batailhe (10) roux ne doit prendre loi ni ba-
contre le seigneur de la ville por taille contre le seigneur (le la
aicau que il li face en sa per- ville, au sujet (les appels qu'il
sonne, mas il se deit excuser vers pourrait faire contre sa personne,

.l 'i Ou trouve ici une sûreté pour la donner banc, où on n ajouté une lettre de
personne de l'individu habitant à Cljai'roux trop au dernier mot, on veut dire que
et y possédant une propriété. Il semble l'homme de Charroux reçu chevalier était
résulter (te cc texte que l'arrestation pré- dispensé de payer les droits de réception.
ventive n'avait pas lieu, dans ce cas donné, (O Voir de Laurière, au mot loi ap-
l'encontre du délinquant. parissant. Les procès de simple lui de-
(2) Le privilége pour la personne est vaient se terminer sommairement et sans
étendu lei à la propriété de l'habitant de forme d'enquéte ou de bataille. CousulLcr
Charroux, de sorte que les objets pouvant aussi à ce sujet la coutume de !Vor
servir de pièces de conviction étalent seuls nuandie, art. b7.
passibles d'ètre mis sous la main de justice. (In) Depuis plusieurs siècles, lorsqu'on
i;l) Par l'expression clam, employée fait appel d'une décision de première in-
dans les coutumes d'Anjou, du Naine et stance, et qu'on succombe, ou en t'sl quitte
ailleurs , on (lésiofle nu ajournement ou pour une amende. Or, au moyrn-à't', il
une demande en justice. en était autrement, ut les ouvrages de
1) C'était un grand avantage pour les Pierre Defontaine, c. 22, art. 7 , et de
habitants de la localité dont il est question Beaumanoir, c. 61 et 138, nous apprennent
dans ce havait, de ne pouvoir, sous aucun que quand on faisait appel d'un jugement
prétexte, être obligés d'aller plaider ail- contre son seigneur, il fallait demander à
leurs. le combattre et renoncer à son hommage.
(à) Toto fenima. Je fais remarquer ('es lieplus, un roturier ne pouvait pas , en
mots, entre beaucoup d'autres, comme le- geni'ral , fausser le jugement (le son sel-
liant t ta lan g ue du Midi. g nvur. Dans les C,14 où il avait cette faculté,
liii I rojivo ic i I'etnlilissernsn( di' la il d,'ait cl'atjru'I paver l'zijjjcnde et si le
.1 I ndis'a'u 'n .elv/,
u Iriflf'rjt était reconnuU lion , Il était tenu
O, a ru qu'i y avait il un de payer (;0 sous au seigneur et autant à
Ilef des chevalier. chacun (les juges.
(8) Je pense que par cette expression
- -

lui tant solament par sagrament et il n'est tenu de s'excuser en-


plan (t. vers lui que pal' un simple ser-
ment.
28. Tous liom de Charros qui 28. Tout homme de Charroux
glaive esmogut traira vers autre qui , dans une dispute, tirera le
eu tenetou (2), si clams en vient glaive contre un autre, si plainte
au seigneur, et O scit proué, n'en en vient au seigneur et que le
doit donner soit :3), mes LX fait soit prouvé, il n'en doit point
solset I denierd'Engeviris,li quau sous-gage, mais 60 sous et I (le-
tic valent mas X bb sols de la mon- nier, monnaie d'Anjou, qui valent
noye cottrable (4'). Et si tot se fiert
soit ja pot' co plus de monnaie courante; si, au
n'en dera , sauve la pais à même moment, son adversaire se
celui qui sera ferus, si il n'en blesse, il ne payera que la mtwc
muerct (5). amende , saut l'indemnité qui
reviendra ait blessé, si celui-ci
n'en meurt pas.
12t). Tos hom vigoraus (6) de 29. Tout homme susceptible
Charros , qui en bat ailhe seret de porter les armes qui sera
venctis 1'7'), ne doit donner de vaincu dans une bataille ne doit
gage S',, mas quat. LX sols et donner dégage, mais seulement
I denier d'Engevins. 60 sous et I denier angevins.
30. l'os hom qui est pris en 30. Tout homme qui est sur-

(I) Cette faculté de s'exécuter par un indiquer de la monnaie courante de Char-


simple serinent (sagrantent) sur un appel roux avec la monnaie angevine.
(apcan (lit seigneur do la ville, faisait une () Voir les art. I, xii et 37, relatifs aux
position très-favorable à celui qui revenait voies de fait et blessures.
sur une décision rendue en première in- (6) Vigourous , i-igoratns. l'ai' homme
Stance. ous , on pourrait entendre un
vigour
(2) Tendon si gnifie dispute réelle, ainsi homme en état de liort'r les armes niais Il
w' le mol tenson spécialisé dans le sens s'agit ici plu&td'uti de ces champions qui,
(le.dispute littéraire. Teniton serait, un an jnoen-àge, se hattaient pour le COInh)te
substantif dérivé du participe du verbe ten- des autres.
ders (tenders inr'ice,n ) , comme tenson (7) Dégage , dcsgagiuin. C'était une sû-
dérive du substantif verbal. reté ou sorte de cautionnement qu'on
(3) Gage, sodium , dans la basselati- exigeait en certains cas; pat' exemple , de
nité , venant de l'anglo-saxon wed, et ceux qui dévastaient les eliaitips et les
exprimé aussi par le mots latins pigniis, jardins. Sans doute qu'on étendait cette
arrha, gagium, muleta domino rsljudici sorte de garantie li plus d'une espèce. (In
sol vendu. On lit dans une ordonnance in- trouve la mention du déga ge, desgagium
sérée dans le 3' vol. des Ordonnances du dans une charte d'Avrtieri , vicoffile de
Louvre Item baillivus dici dominé Rochechouart, de 1296. Cette expression
no,strj noie recipu're justitiam sels est citée par tes auteurs Sije vous trouve
gagium quous que feceru judieatam refis une autre fois (cri dommage sous-en-
parti ad.'erseque obtiniiil, » tendu) je vous dégagerai.
(4; Les caractères qui se trouvent ici, (S) C'est ici l'application de ce dicton
dans la seule copie qui existe de lit onde qui nous semble fort extraordinaire a u-
coutume (le Charrouix, ne permettent r ni-d'autrefois
hni , et qu'on considérait comme
le faire colt liai tre la relation qu'on s wulii itsti' les l'atlas patient la-
,ncnde.
- !2
la garenne pot' tes coiiik (I cl pris vii la garenne oit il était
p01 les lièvres prendre, tic doit prendre des lapins OU (les lièvres,
donner de gage, tuas quat. LX sol ne doit donner dégage, niais
et 1 denier d'Engevin au sei- seulement une amende de GO
gneur (2). SOUS et 1 denier, monnaie d'An-
jou , au seigneur.
31. En la mauthoste (3) ne ha 31. Eu matière de maltôte * il
de gage, mas LX sols et 1 denier n'y a pas de degagc, niais seule-
d'Eugevin. ment GO sous et 1 denier ange-
vins d'amende.
32. Tos ]loin toute fame qui 32. Toute homme et toute
seront pris eu avoterre (4) ne femme qui seront surpris en
devent donner des gages, mas adultère tic doivent donner dé-
c. LX sols et I denier d'Eugevin. gage , mais seulement 11) sous
et I denier angevins d'amende.

deux habitants de la ville, et que si l'un


(1) Confis, lapins. Les anciennes cou- des deux étaltétranger, il y avait impunité.
tumes parlent frequemnient des garennes C'était, on l'a dit déjà , un singulier privi
u ('01h15. lége accordé aux étrangers, pour les en-
(2) On a déjà c omparé la peine pour cc courager il séduction.
fait de chasse et e;'llc appliquée S lad ai- A Fi g eac et à Moittauliu , la peine de
a1ère. L'échelle de la pénalité ne semble pas l'adultère était encore dc courir nu par la
voir été bien rationnelle à celte époque. ville. A Vienne en Do upliiné , la pu tiitiOhi
(:l On s'est déjà occupé de la mallôge, de ce délit était proportionnée à lit
sur l'art. viii ci-dessus. du coupable. S'il était riche, on lui faisait
(i) On il vu , par l'article qui prononce payer 25 florins,de et li) seulement s'il était
une peine coutre le coupa hie , que h'ad UI - pauvre. En cas non-payement , oit fus-
1ère cet appelé ocelles, auotare. ugeait les cipabies en les promenant par
Une punition assez généralement in luée la ville, savoir, l'homme en le mettant
Plie tard, dans une partie (le la France, . au entièrement nu, et la femme couverte seu-
coupable d'adultère , était (le courir nu lement avec, une chemise prenant au-des-
dans le lieu où le crime avait été, commis. sous tics mamelles. Art surplus, si, dans le
L' ..11p/ionsine de [boni, publiée par la principe., celui qui avait surpris les ('A)u-
'fhaijmassière, porte, art. 21 11cm dul- Publes avait pour lui le lit où il les avait
1er (('1 adallera si deprehensi fue'rini in surpris, son droit fut poslel'icuremvnt ré-
adulzc'rio , cci per /uflflifles fuie dignos duit à S sous. Voici tin surplus les termes
conr'ieti fuerint , super hue. accusal',re de l'art. 7 des privilèges de la ville itt
e.ri.acn(e, et accusationem suant legitiine Vienne en Dauphiné, confirmé, par Char-
prosequenle, tel in jure con fessi foc- les V en juin 1361 , et par Charles \, I t_ni
nul, nudi corrant rji1i , tel swhis sol- mai 1391 q item Ni aliqui deprelun.ii ils
401 iptilibct I.', solides, et hoc sit in adnl(erio, oit in elertionc n-in ,
optiuue deiinquentus. Il est à remarquer (anturn rigint'i quinque florenos , et pou-
que l'amende du. 60 sous, avec option, se peret solc'ere decem /lorenos lantuns , ici
Irouve encore là. Voir aussi lit di fusliqani per riliani tiudus ru ne nu uliere
privileaes de la ville de Cleruiont en Au- jiuducta t'annisia usque mannellus , ut'
(eh giie_ apparessrit nwturalia; et il-ta s,ro adulte-
M. le ', ieom te de Ilastard, dans soit ran ges depreltenderet , non hoheauu( lec-
Iiislojrc' rie /indan , rend ainsi (liii luta , tics- aliqua de bonis ipsoruuut , Isisi
suit les termes de la c'oiilunsc de Ilium tain I um IJU1U que o1idos pet les-te, n
bI te oit lan g ue vulgaire et en la iigue D'après la coutume dc l'rissev , pres
latine, et approuvée par lu iois m .\l- Màon , ai- t. 2, les adultères étaient, futi-
piton se , frère do Si I.e u k - -Moiter et s pal la %ille, et payaiciit cii outre (3)
adullcrrt (f l ires let-aol itt adulieri ... nu 'CliC il t dciiiu'r,
cer(inl la villa. Ce un agis
qu'ilt r1 t ajou te Eului , Pu ('ri tCrinhi'î sur cette sin
fallait (IUC les. coupable, fussetil lotis les II Irre hklotion , rappelons qu'a Ca,tet-
-
:33. En Lotit clajit qui est l'ait 33. Lii Lotit proc's qui ('St lait
au seigneur, o do bois, ou de devant le seigneur pour des bois,
possessions o de languides (1), n'a pour des possessions ou pour des
de gage, mas q. lit sol de la tenues, il n'y a pas lieu à dégage,
utonriove qui corris. mais seulement ii 3 sous de
monnaie courante.
34. Si clainsdc(2) depte estfais 34. S'il est formé devant le
au seigneur, ne ia de desgages seigneur une action pour dette, il
des NI sols en sus, mais III sol n'y a pas lieu à exiger G sous en
de celui qui sera convcntus (31, sus pour dégage, mais seule-
et de VI sol eu sus de tant coin ment III sous de celui qui sera
la dcptc vauldra li tiers de des- condamné, et 6 sous, si la dette
gage. vaut le tiers du dégage.
35. Si clams est fais au sei- 35. Si plainte est faite au sei-
gneur de fait, si armes esmo- gneur pour voies de fait, et si
lues (4) ni il li sires ni a les armes tranchantes n'ont pas
des gages, mas III sols, et o été tirées du fourreau, le seigneur
celui qui sera feris doit bon faire n'a pas de droit à dégage, mais
pair, selon que li domage sera à seulement à 3 sous, et il doit
l'esgart et au conseil des prodes faire réparation du dommage cau-
homes (5). sé à celui qui a été frappé, sui-
vant l'avis (les prud'hommes,
36. Si aucus est convencus 36. Si quelqu'un est convaincu
de fausse mesure ne doit donner de s'ètre servi (le fausses me-
de dcsgage mas XV sols et I de- sures, il ne doit donner de dé-
nier d'Eugevins (6); eiters les me- gage, mais seulement 15 sous
sures qui sont establies à mesurer et 1 denier angevins. Quant aux
la sau (7). Cc sunt les émincs (8) et mesures à mesurer le sel , ce sont
les autres mesures à la san me- les émines et les autres mesures
surer que Audebers ¶ coins de la pour mesurer le sel qu'Aldebert,
Marche, donet au hormis quiptes comte de la Marche donna aux
et franches de tos gages et que il bourgeois, quittes et franches de

naudar' la peine de l'adultère se réduisait (5) Cette appréciation du dommage, ré-


à une amende de b sous. sultat d'un délit jar des prud'hommes,
l) Je rends le mot Langudes par tenues. prodes homes, est remarquable.
i 2) On arrive à une série d'articles qui (6) Le sel marin, en bas Pultou, est
parlent des actions (clam) formées devant encore appelé de la sou.
le seigneur, et il parait qu'il y avait, à l'en- r Vair l'art. il.
contre de celui qui succombait, des amen- (8 Fînina, émine, sorte de mesure em-
des nu profit du seigneur, avec une com- ployée surtout pour mesurer le sel.
plication relativementà la valeur d u dégage, Dans une charte de 11 1 6, Aldehert
qu'il n'est pas possible d'apprécier, au cnmte de la Marche, restitue au inonastêro
temps où nous vivons. de Charroux une rente de deux émines de
(3) (Joriventus, condamné. D'abord il sel , qui lui avait été léguée par sa grand'-
ne s'appliquait qu'à l'individu poursuivi. tante , la comtesse Almodie , fille du comte
( \'oinencore un article relatif au hem liard.
', OiCS (li fait ou bIrssnrc.
-
les lors duit l'aire tenir leans leurs gages et qu'on doit tenir
lisieres de la ville (l'. aux entrées de la ville.
37. Si aucun home ou aucune 37. Si un homme ou une fem-
fame appelloit autre larron, puat me appellent quelqu'un voleur, et
et digct de quei o deget pvat o pu- disent de celle-ci quelle est une
tuais, o cuvert2'( et dige acia (3), p,,. , une e..., ou une injure pa-
si cil qui est accusez se set saris reille, et si celui qui est ainsi inj u—
de tel crime è il lieret celuy de sa né frappe de sa main ou (le ce qu'il
niaiti qui l'appe(loit, o de ce que tient dans sa main celui qui l'a
il tendra en sa main , si (leu cohe injurié, si de ce coup donné il
vient clams au seigneur, i a cil vient plainte au seigneur , on ne
qui a ferit l'autre , dreit n'en fera pas droit à la plainle.
fera (i).
38. Si clams en est fait ès cou- 38. Si plainte est faite eu la
bes ne ni aient ogut et bien gent en cour pour des coups, et qu'il n'y
la court, et s'il est appelas ses- en ait pas eu de donné d'après
tuse que il rio aiet dit, ia dreit la justification de l'appelé en
n'en fera; mas que ci[ qui aura cause, celui-ci sera renvo y é de la
fait Io claiti donra au seigneur plainte , et le poursuivant payera
(U soi de dcsgage (i). au seigneur 3 SOUS de dégage.
39. Si lioni fait fernaailhe (fi) 39. Si un homme se rend cau-
au seigneur de la ville, si non tion devant le seigneur de la ville,
eret faite i rnengr..... et s'il n ' en est pas l'ait de. -

40. Si aucun fait paumée (7) 40. Si un homme fait un mar-


ob aucun et puis ne la tient, VII ché avec quelque autre, et ne le
s. et demi de la monrioyc qui tient pas, ce dernier aura droit à

(I) Parmi les droite qui appartenaient Ensuite les quelques (flots (lui suivent
aux seigneurs, celui de fournir les mesures, ii'Otit pas de sens, et il parait méine que
(tans l'étendue de leurs seigneuries, était Il tin de l'article manque entièrement.
un des plus importants. (7) Il s'agit ici d'un marché fait en frap-
(2) Cc flot de cut'ert signifiait un indi- pant dans la main; et qu'il me soit permis,
vidu placé au dernier degré de l'échelle A ce sujet, (le citer une petite pièce de
sociale, esclave , abject, perfide , sans théâtre faite par l'éloquent avocat et l'ha-
principes ni sentiments. Un passage (le la bile professeur de droit tioncenne, pièce
Bible de Guyot de Provins fait connaître que j'ai \'u jouer fi Poitiers, il y s environ
positivement le sens di' cette expression. 40 ans, et dont personne n'a parlé, pas
(3) vicia, d'après flucarige, signifie di' rHème moi , en s'occupant de, cette illus
suite; il m'a tout conté de Iii en aiguille. tration poitevine. Or, rie la pièce 'ai retenu
Petrone, du reste, a employé cette ex- ces deux vers
pression.
(4) On voit ici l'exemple (l'UIIC CXC(i5e Ah c'est en lapant dans hi s,cr,c,
fondée sur la provocation de celui qui s dit Qil on arrange hies nie affaire.
l'injure.
Ail surplus, voir les art. J, \IJ, cl 28, 318. Quoi qu'il en soit, 011 voit qu'il (aiari'oux
Encore une amende au SCiIIIIC Ur Uf se udeu r pouvait écho Il tir au marche
ouï le ïilS l( celui c ut i s'iut plaint tic 11h11 avait tait, en ilSSUfilFlt qu'il uic j101tV1iit
"(lits (le fait ne peut lus prou ver. pas fouruit la ruarehandic, ut, (le titis,
fi) Je rends frrma illa' par In 1101111 ii donnant lin ile'ilit et en payant (lire
ment; il désignait un icneral lui t Faite umeuldu ait scineur.
-
corra cii aura cil a cui la paumée 7 sous et demi (le dédit. Si ce-
estre faite et jurera sus sans que lui qui avait promis (le (tonner sa
il e co que il aveit promis à ren- marchandise jure qu'il ne lient
dre de Son muble avec iio o puis- pas la fournir , et si plainte en
set, et si Clain en vient au sei- vient au seigneur, ce dernier au-
gneur , il cil aveir III sol de ra droit ii 3 sous de monnaie
la mon noye (1Ui cort de desgages. courante (le dégage.
41. Si aucuns de cens de Char- 41. Si quelques habitants de
ros se battent entre eus, et clam Charroux se battent entre eux,
vengent au seigneur, li sires ni et que plainte n'en vienne au sei-
a negun droit (I). gneur, celui-ci n'a aucun droit
à percevoir.
42. Si de aucun homme ou 42. Si Dieu vient à disposer
d'aucune (2) fait Dcx son commati- de quelque homme ou de quelque
dcrnent que muret et cesset SCS femme (lui, par son testament,
lits o ses liihes, s'il les a et ses aurait donné l'administration dc
autres choses en bal (3), cil à cui ses enfants mÛles et femelles, et
li bals sera commandez le deit de sa fortune, celui il cette
aver et tenir en paiz. administration aurait été donnée
doit la conserver.
43. Si aucun tiom force fem- 43. Si un homme commet le
me (4) que il estre sou gré et ou- crime de viol, et que plainte vit
tre sa volonté pat' force loi face vienne au seigneur, celui-ci se
et clams eu vient au seigneur, LX fera payer 60 sous angevins d'a-
sol d'engevins en aura li sires de niende, et la femme adroit à une

(I) Je crois que, dans le texte, il y a Ce crime est, dans le texte cité, assimilé
omission d'une négation. Alors l'article est à d'autres très-graves, et puni centime
rationnel , et Il établit que , lu rsqll e pour eux. Quiconque, dit iieaumaiioir,, est
voies de fait entre habitants de Charroux pris en cas de criènie, et atains du cas si
aucune plainte n'est formée, le sire ou comme dc mordre ou de trasïnn, (l'amende,
seianenr n'a aucun droit, c'est-'i-dirC au- ou de femme efl'orcier, il doit estre tramés
cune poursuite à faire, ni amende à recou- et pendus ; et si metl'eL tout le sien -
vrer. 'i'I'O(lIIirC autrement ce texte et ne qnanques il a vaillant, et vient le ûirfetiire
pas suppléer cette négation , serait établir au segneur desoz qui il est trouvés; et en
UflC disposition toute contraire aux articles n cascuns sire 1e (lui en est troue en sa
déjà cités. segnorie. b Les Iabiissements do SI Louis
(2) Il faut sous-entendre femme après pronoucaleut la méme. peine. Mais M. Je
d'aucune. Du reste, le mot ayant d'abord comte fleuguot, dans la nouvelle édition
été lu autrement , aurait préte à une dc Ileaumanoir, fait remarquer que les
autre interprétation, mais il a été corrige chartes d'Athyes et de Tournay ne punis-
et écrit en définitive ainsi qu'on le donne. saient le viol lue de la peine du bannisse-
(3) Cii bail de mineurs était une tutelle. ment. Pour ce crime il y avait duel.
(4) lieau,nanoir , dans les Coutumes On voit qu'ici la pointa était bien minime,
de Beaucoisis, définit ainsi le viol c'est à savoir 60 sous , monnaie d'Angers
Femme efforcier si est quant aucuns au seigneur , et une indemnité pour la
prent à force carnele , conipaignie à feme femme ,d'après une évaluation des donnés
contre la volonté de la feme , et sor ce ou arbitres.
qu'ele fr1 tout son pooii' tic défendre soi.
-
dcsgag e , et la lemme dcii avet' indemnité ii fixci' pal' les arbitres
part (t Iesgart et au conseil des
(b)liliéeS.
44. Si aucun de Charros, par 44. Si quelqu'un de Cliarroux
sOit mefftit, est jugé à. perdre est, pour de grands crimes, con-
membre o darnpnés à mort, les damné à perdre un membre, ou
SOCS choses devent estre quip-
même est condamné à mort, sa
les I) , et les deveirt fi sua avcr lrtune en demeure non atteinte,
('il à ciii fi recor est , o il mesiites et les siens doivent avoir tout
si mort, ni present. ce qui peut lui appartenir, soit
cri cas de mort, soit en cas
d'absence.
45. O ns censaux de Cliari'os ha 45. Dans les censives (le Char-
itau codumgrre, quequant cens se- roux, il est d'usage que, quand
ra titre sus, s'il n'est rendus au le cens est échu, s'il n'est rendu
terme que l'on le devra rendre au terme qu'il est dû, et que pour
è par (léfaillernent de rendre en défaut de l'accomplissement du
J'ait boni peugnore (2) , cil qui b payement il y ait lieu à nantis-
deit en devra Iii. sol (3 de des- sentent, le débiteur est tenu à
gages à celui qui le cens est. 3 sous de dégage envers celui il
qui le cens est dii.
46. 110m de Charros ne det es- 46. Aucun homme de Char-
tre pris p' de.pte que il devet, roux iie peut être arrêté pour
ni fi draps de son lict (4, iregus dette, et l'on ne peut , pour la
boy s tic l)iron Charros n'a se-ne même cause, saisir ni le bois ni
mais quand malayse ou quan lia les draps de son lit.......
LX sols et I denier d'engevins (le
desgage. 60 sous et 1 denier angevins de
dégage.
(I) Cet article , qui prohibe l it rt'aliséeen Ft'ance que par la cltitriede 1814
des biens, pour perte de membre ou Disons pourtant qu'en Aquitaine on
incuue à la suite d'une condamnation à avait longtemps FCÎUSé d'admettre la con-
mort, est d'une grande importance. On fiscation.
sait combien de grandes familles ont été (2) Ces mots boni penglwrs sont du
ftiehes, POUF avoirproilté des confiscations. latin corrompu.
Citons un exemple L'argentier Jacques (3) C'était probablement pour rendre
Cour fut condamné, par le grand conseil plus exact au pavement du cens , q u 'on
séan
t à Lusignan, le 29 niai 1453 , et les mettait à l'amende celui qui était en retard
biens de cette victime de la haine et de de le payer.
la rapacité furent distribués ii ses juges. (4) Les dispositions de l'article qui ne per-
Un Goutter notamment ('lit la terre de met pas d'arreter tin habitant de Ctiari'utix
Doisy, minuit ses descendants portèrent pour dette, ni de prendre lus draps de son
longtemps le nom. Or, n'est-il pas curieux lit, Sont de ces restrictions (l ui existent
de voir, au iuu' siècle, dans la Petite ville encore dans certains cas. Quant aux mots
sic Charroux, se réaliser lit suppression de negus bois dc Biron, il est évident que le
la toi inique de la confiscation, qui dé- texte original il été tronqué dans la copie
pouillait les enfants, à catje mies ftimttcs tic et il s'agit saris dottie du hols de lit dit mie-
leurs pères, si fauteil y avait? Eh lieu hiteur. Le surplus, Jusqu'à l'indication titi
cette tiisposition si lihcrali' n'a ras pu étre Jt'rzage, ct ;lu ,si intraduisible.
-
7. Tau seignouric ha li coms 17. Telle seigneurie ii le comte
oit It's niazeliers (1) de Charros sur les bouchers de Charrou
que la veillie de Nadau li deveut que la veille de iNoël ceux-ci
(tonner L\ sols pour chartiage 2 doivent lui donner GO sous pour
charriage.
48. Tos home estaits de Char- 48. Tout homme habitant à en-
ros VI legues environ Charros ne Sit'011 six lieues dc distance de
donne passage si faire Iiuehtc (3 Chai-roux ne doit point de droits
ne eret. d'entrée,, à moins qu'il ne fasse
ouvrir la porte exprès pour lui.
49. Tous boni qui vient ii 49. Tout homme qui vient à
Chat'ros pot' estage doit estre Cliarroux pour prendre domicile
quiptesdu services au seigneur un est quitte de tout service envers
an et un jour (4. le seigneur, pendant un an et un
J ou r.
aO. 'l'os lioni de Charros puet 0. Tous les hommes de Chai'-
tiecenser li uns à l'autre terre , o roux peuvent s'accuser les tiits
vigne, o autre possession à leau à aux autres des terres, des vignes
cens co est assaer à la livre XII et autres possessions, moyennant
deniers, et à X sols VI deniers un cens légat , c'est à savoir,
de cens ; et cil qui accensset ne se- à la livre 12 deniers, et à I O
moudra lignage de celui (le qui sous G deniers de cens; et celui
il accenset et de leau accensse- qui Prendra à cens ne sera point
meut ne itrout ne vendes 5) , ne obligé de semondi'e le lignage, ni

I) [)an les titres du chapitre de St- niiers'appliqtinit à l'espèce porcine, et l'au-


Pierre de Cliaiivigny , nu trouve le mot dc tre aux autres animaux.
macl, tiret' la signification de banc de Le droit de charriage, charnaqinum
boucher. était aussi pris, pour le droitt Pertu à l'oc-
Au surplus il faut faire remarquer ici casion de la vente de la viande.
que le doit de faire construire des étaux, (3) Du verbe /tue/teI', appeler.
pour vendre la viande à Charroux, était (lu lit dans les glossaires hucher est
réservé au comte de la Marche jusqu'à cia mare, et, dans le roman de Guillaume
l ' ann ée 1176 ou 1177. Cc fut, en effet, dans au (i'onr(-j%'c',,,,, n (ail un bon hucher.
celle année que le comte Aldehert , frappé (1) On trouve ici l'indication d'uu (Ici ces
par la mort (le Marquis son lus, et en tai- mo y ens que les seigneurs employaient soit-
sant diverses libéralités au monastère de vent, au !noy en-hga, polir appeler les pullu-
Chai'ro,ix, lui accorda, pour la première lations dans leurs seigneuries. On avait un
fois, la permission de faire des étaux pour an et un jour de franchise; C'était alitant,
la viande. de bon temps, et on ne songeait guère
(2) On n confondu le droit de cluirnage, qu'un Pet' plus tard on serait laillable et
e/tarnagium, avec celui de pasuage, pas- corvéable û merci. Du resta on raisonne
stagium, qui était dù pour le pacage et ici en général; car, en particulier, il faut
la glandée des pores dans les bois. Besly, convenir, comme on l'a dit déjè, qui, la
clans son Histoire des comtes de Poilue, législation de Charroux'était favorable pour
s'occulte de ce droit, et on lit dans une les habitants des deux bourgs.
citation De pasqueris porcornm et pro- () Cet article est loin cl'trc clair, et il
prioricm et ovium omnium obendientia- est possible que ma traduction ne Soit p
rutn S. Joannis et cousuetudine quaxn lionne. Il y a, dans ce travail, de véritables
eulqari .sermonc charnalgi rocan.L.. On dillicultés, et on me tiendra saris doute
confondaitt, ii érne souvent le droit de pas- compte de ce que j'en ai lent une bonne
ittie et ecliti (te pàtura ge, sauf que le. pie- pallie,
-, liS -
honors , et si cil qui tient chose à un pavement de droit au sci -
à cens o acecnssct à autre et il gueur. Mais si celui qui tient la
1cisseit cens, la seignouric re- chose à cens, l'acense à un autre
viauit à celui qui a tregu le et en tire un cens la seigneurie
cens (I). revient à celui qui d'abord a
acensé l'objet.
I. Tos hom de Chari'os ne l. Aucun homme de Char-
deit respondre à autre tic negun roux IIC doit répondre à autrui,
héritage (IUC il ail partengu par pour nul héritage qui lui a appar-
ci pacisiablernent par XX ans et tenu par possession paisible de
un jour de inentre que il ne siet 20 ans et un jour, pendant les-
(lefailliis (le droit tiavaut le sci- quels il n'aura pas éprouvé de
guor (le qui il le tient, Si douicclues déchéance devant le seigneur de
cil qui le trait eu cause ne soit de qui il relève, à moins que celui
son lignage qui l'attaque ne soit de sa t'a-
mille.
à2. Tos hom dc Charros peut 52. Tout homme de Charroux
vendre son blat et son vin à tos.... peut vendre soit blé et son vin à
que il voudra (3); et cil qui l'a- tous ceux qu'il \'oudra , et ceux
cliatarauit l'en puent mener là où qui l'achèteront pourront le cou-
il votildront sauts ochisoit (4 de duire où ils voudront, sans excep-
seignorage, paages, lor leaus cos- tion (le seigneurie ; (le nième que
dumgucs, sautant corne li es- pendant l'existence des étangs du
lang au conte et à l'abé durant, comte et de l'abbé, aucun homme
(lue ne-us liom de Charros ne tkit de Chat-roux ne peut vendre ses
'cndi'c vin sivc l'aveit atainde vins , sans avoir attendu jusqu'à
avant les estatlgs ia lin de la réserve seigneuriale
ou abbatiale appelée les étangs.

(I) Quant à cette dernière (lispnsitiun 5) Quant à l'estany du seigneur, on


'lie ludique un dicton ruu dans le droit en a parlé déjà,
féodal , et qu'on formule ainsi C'en-s sur ) Pour en finir sur les coutumes du'
cens ne rani. Charroux, nous ferons d'abord remarquer
(2) J'ai déjà parlé de cette prescription, qu'elles n'ont rien de commun avec d'au-
sur l'art. xii de la première coutume. Mais tres coutumes relatives à une ilé1,iiulaiice
c'est ce dernier article, l'art. 51 di' la se- de Charroux, et insérées dans les ordon-
conde coutume, qui explique l'autre, et nances du Louvre et dans le 2 vol. des
fut bien voir que la condition de cette 010e , publiés par M. le comte Ibiigiail.
prescription était de n'itre pas du lignage Le titre de ce document est Associati')
de celui à qui elle était opposée. regis et I(arcifensis rncinasterii, in qui-
(3) Cette litiertéde vendre à tous soi' blé Iiusikim locss parrochiœ de Sorzaco ,
cl son sin était très-avantageuse pour ceux cesia Petragoricensi-s.
(lui elle était accordée. Nous dirons que des franchises et des
(4 L'nehison de seijnoraqe était l'espèce libertés accordées aux habitants des deux
de vexation dont la cause était prise dans bourgs de Cliarroux , il en demeurait quel-
la supériorité féodale des seigneurs. Voir la que chose à ta révolution de 1789. Eu effet,
coutume de La g nault, art. 11)4. Aussi, par on lit dans les Affirhesdu Poitou de 1114
iu'liu ésoner , on entendait prendre tara - Tous les habitants de Ctiarroux et ceux de
sioui pour vexer 01 Inquiéter iii ustement la carnpigne , qui possèdent (les domaines
quelqu'un. cl, (tans ses enviions, jusqu'à nu quart (le
- 49 -
Et que les davant dites cos- Et pour que les coutumes ci-
(lnmgncs seront fermes, estables dessus soient fermes, stables et
et durables, je davant dit, Ilu- durables, moi susdit lingues de
gues de Lezignan, coms de la Lusignan, comte de la Marche,
Marche, les av scellées de mou les ai scellées de mon sceau, l'an
sceau en l'an de l'incarnation de de l'incarnation de Jésus-Christ
Jhcsus Christ 1247. 1247 (t).

lieue de son circuit, jouissent d'un privi- golisnie, s&u(ein in. Domino. Xot'eritis
kige assez raie; ils sont exempts de payer non legisse , vides-se et diligenter in-
les lods et ventes, pour les acquisitions spexisse litteras omni muid anspicione
qu'ils font dans la ville et dans cet espace carc'ntc,e, sigillo bon memoris karissimi
d'unquart de lieue. » auj ,iostri domina !Iuguonis, eomili
(I) Il existe une confirmation de cette Mai-chie defunti sigiilatus, scripta.s
charte. Au surplus, nous allons , sur ce i'erbo adverburn per Jure i-ei'ba Cono'
point, copier le manuscrit d dom F'on- gnè chose, etc., et unit en ces termes iVes
teneau, d'autant plus qu'il dtablit l'au- vero dictas t'ornes prediclus consuetudi-
thenticité du document , et fait connaître sses approbarnus, ratifiranuis et confir-
le volumenie sur lequel 011 l'a copié. eaanius et tommes pro nobis ci probe-
u Cette pièce, dit le savant bénédietin, rudibus nostris, quod per cas de plano
n été extraite des lettres de confirmation judiretur,, et quod (j nostris baillii-is
des usages et coutumes de Charroux,par et preposilis de Ifarro fia Iidulitcr et ici-
Ilugues de Lusignan, comte de la Marche violabiter obserecnlnr, et in rei hujus
et d'Angouljme., données au mois d'avril teMimonium et firmitatem nos siqiiluns
de l'an l2t), et insérées dans le rartulaire nostrui'n presentibus littcris daximus
de l'abba ye de Charroux, (o 65. L'original apponenduni, datum mense aprilis nulle
n'est plus au trésor. Cuite con li rniation Domini niiflesinio duu'eatissu,w septua
commence ainsi t7ïiiVerSS ....... Jiugno gesinw. u
de Lezigniaco, comte illarcliiw el En-

•,1

VIN.

s
4
TABLE DES MATIÈRES.

CHAPITRE PREMIER. — INTRODUCTION, 5--I. Exposé, lb. —iL Im-


portance des anciennes coutumes, et indication de quelques-uns de ces
documents relatifs au Poitou, 4.—III. Les cieux coutumes de Charroux,
7.-1V. Précis historique sur Charroux, lb. —V. Points (le contact entre
le comte de la Marche, seigneur suzerain de Charroox, et l'abbé du
monastère de cette localité, Il. - VI. Première charte de Charroux, en
latin, M. VII. Seconde charte de Charroux, en langue vulgaire, et ses
difficultés en linguistique, 12. - VIII. Analyse raisonnée et par ordre
de matières des cieux coutumes de Charroux, et leur appréciation sous
le point de vue de la législation comparée, 15.
CHAPITRE II. — picrijjce COUTUME DE UJIARROUX, 24. - Invocation et
mandement d'exécution, lb. -- I. Voies (le fait à main armée, M. -
Il. Fausses mesures, M. - III. Adultère , 25.—IV. Viol , lb. - V. Refus
(le péage, M. - VI. Refus de droit de vente, lb. - VII. Voies de fait saris
armes, M. - VIII. Refus de payement de droit de maille et de maltôte,
- IX. Service militaire, lb. - X. Liberté daction, M. - XI. Loi
du talion , pour l'injure, M. - XII. Prescription de 20 ans et un joui'
contre des non parents, 27. - XIII. Refus de cens, lb. - XIV. Exécti-
lion des marchés conclus, lb. - XV. Rixe ne peut être poursuivie d'of-
fice , ib. - XVI. Arbitrage , lb.

clI.%P1'rRE III. - SECUNDE COUTUME DE cuÀltRoux, 29.— Mandement


(l'exécution , par Elugues de Lusignan, des anciennes coutumes de Char-
roux , établies par Audebert de la Marche, et conQrméts pal' Ilenri II et
Richard Plantagenet, lb. - I . Position de l'lioinnie du comte allant de-
meurer dans le bourg de l'abbé , et en sens contraire, 30.-2- Ce qui
arrive quand un des hommes d'un de ces bourgs prend femme dans l'autre,
M. - . Le nouvel arrivé à Charroux devient l'homme du seigneur du
- jl -
bourg dans lequel il couche la première nuit, 51.-4. Délinquant d'un
des bourgs se réfugiant dans l'autre; ce que peut faire le seigneur de ce
dernier bourg, ib. - 5. Un domicilié d'un des bourgs ne peut être
poursuivi par son seigneur, pour ce qu'il possède dans l'autre bourg, 52.
- - 6. Privilèges des deux seigneurs, pour la vente du vin, dans cha-
cun de leurs bourgs, ib. - 7. Service militaire des hommes de l'abbé,
relativement au comte, ib. -8. Juridiction réservée au comte, dans le
bourg de l'abbé , pour certains délits, ib. - 9. Exemption de certains
droits seigneuriaux, pour les habitants des deux bourgs, 35.-10. Sers ice
militaire dos habitants du bourg du comte envers celui-ci, 54.--14.
Li-
berté laissée aux femmes de Charroux de se marier à leur gré, sans le
consentement du comte et de l'abbé, M. - 12. Douaire légal pour la
femme de Charroux, et conventionnel pour la veuve qui se remarie, 55.
Il
15, Attribution de droits successifs au mari dans l'héritage d'une
-

femme mariée, ayant eu enfant, M. - 44. Autre attribution au même,


quand son fils survit à . la mère, 56.-15. Droits de la femme, à l a mort
du mari, avec ou sans enfant, M. - 16. Avantage accordé au gentil-
homme marié avec une fille , lorsque celle-ci meurt sans enfant, ib.
17. Droits de la femme, dans cette position, quand elle survit à son
mari , M. - 48. J)ouaire accordé à l'époux de cette qualité , s'il sur-
vit à sa femme, 57. - 19. Droit de saisie accordé aux habitants tic
Charroux sur les biens de leurs débiteurs, M.
CHAPITRE IV. - SECONDE COUTUME DE CllAIULOuJ (suite et fin, 38. -
20. Franchises des habitants de Chai-roux, envers le comte et envers
l'abbé, pour leurs possessions , M. - 21. Ils ne peuvent vair leur po-
sition aggravée , par le fait de leurs seigneurs particuliers , 39. -
22. Exemption de banalité de moulin et et de four, M. -23. Garantie peut'
la liberté individuelle et pour la propriété, M. - 21. Habitants de Char-
roux dispensés d'aller plaider hors de leur ville, 40. -25. En procès,
cautionnement à donner pour les dépens, ib. - 26. Dispense de droit (le
réception puni l'habitant de Charron-, fait chevalier, M. -27. Mode de
procéder, en cas (l'appel du jugement du seigneur, ib. - 28. Peines
i°'' rixes à main armée, 41. - 29. Le champion vaincu dans un com-
bat doit payer l'amende, ib. - 0. Peine contre le chasseur surpris
dans une garenne, M. - SI. Amende pour maltôte ,' 42. - 32. Peine
pour adultère, M. - 53. Amende pour les procès civils devant le sci-
giicur , 45. - 54. Soi' les procùs pour dettes, M. - 35. Sur procès pour

4
- 52 -
soies de fait, ib.-36. %mende pour fausse mesure, ib.-57. Sur injure,
et excuse p0111 l'individu injurié qui frappe , 44. - 38.. Amende contre
le poursuivant pour voies de fait, si la demande n'est pas fondée, M. -
39. Cautionnement, M. 40. Marché fait et sa non-exécution , ib.
- 44. Le seigneur ne peut poursuivie d'office pour rixe , 45. -
42. Père ou mère peut, par testament , nommer un curateur à ses en-
fants et pour louis biens, 401 . - 43. Peines pour le viol , ib.-44. En cas
i:le condamnation à la petto d'un membre , ou mémo à mort, contre un
habitant de Cliarroux , il n'y a point lieu à confiscation , 46.— 45. Pour-
suite pour le cens, ib. - 40. t ii homme (le Charioux ne petit être arrêté
pour dette , et on doit même lui laisser son lit, ib. - 47. l)roit de char.
nage dmi ait , la veille de Nioël par les bouchers (le Chairoux , 47.
-- 48. Exemption de droit d'entrée pour ceux qui résident à la distance
de six lieues de cette ville, M. -- D. Etranger se fixant à Charroux,
ccmpt, un an et un jour, de tout service envers le seigneur, ib. -
50. Faculté aux hommes de ce lien de se transmettre librement leurs
biens , ib. —SI. Prescription tic 20 ans et un joui' entre non parents, 48.
- 52. Iibei'to de vente pour le blé et le vin , M. Apposition d'un
sceau par le comte de la Marche , 49.

FUN E LÀ t4IILE DES MATIÈRES.

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