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Mark Manson - L'Art Subtil de S'en Foutre-Eyrolles (2017)
Mark Manson - L'Art Subtil de S'en Foutre-Eyrolles (2017)
Le discours ambiant nous pousse sans cesse à nous améliorer. Sois plus
heureux. Sois en meilleure santé. Sois plus intelligent, plus rapide, plus
riche, plus sexy, plus productif. Mais il faut en finir avec la pensée
positive, nous dit Mark Manson. « Soyons honnêtes : parfois tout va de
travers, et il faut faire avec. »
Depuis quelques années, à travers son blog au succès phénoménal, Mark
Manson explore les aspirations délirantes qui déforment notre perception du
monde. Il propose ici sa sagesse pratique, joyeusement insolente. C’est en
regardant en face nos peurs, nos défauts et nos incertitudes – en arrêtant de
fuir et d’éviter –, que nous pourrons trouver le courage et la confiance qui
nous manquent tant.
Mark Manson invite à un moment de parler vrai en mode je-te-regarde-
dans-les-yeux, fait d’histoires vécues et d’humour potache. Un livre-
manifeste pour construire des vies plus réjouissantes, plus ancrées.
MARK MANSON est un blogger star, suivi par plus de deux millions
de lecteurs.
Son site : markmanson.net
Mark Manson
Chapitre 1
Don’t try
Chapitre 2
Le bonheur est un problème
Chapitre 3
Tu n’as rien d’extraordinaire, tu sais
Chapitre 4
La valeur de la souffrance
Chapitre 5
Tu fais tout le temps des choix
Chapitre 6
Tu as faux sur toute la ligne (mais moi aussi)
Chapitre 7
Se planter pour bien démarrer
Chapitre 8
L’importance de dire non
Chapitre 9
… Et puis tu meurs
Remerciements
Chapitre 1
Don’t try
IL Y A de ça à peu près deux mille cinq cents ans, sur les contreforts himalayens
de l’actuel Népal, vivait dans son immense palais un roi qui s’apprêtait à
accueillir un fils. Pour ce descendant, le souverain nourrissait l’ambition
particulièrement élevée d’une vie parfaite. L’enfant ne connaîtrait ainsi pas un
seul instant de souffrance – le moindre de ses besoins, son plus infime désir
serait satisfait, toujours, tout le temps.
Le roi fit édifier de hauts murs autour de la demeure afin d’empêcher le prince
d’accéder au monde extérieur. Il le gâta, le couvrit de mets et de cadeaux,
l’entoura de serviteurs qui répondaient à tous ses caprices. Et, comme souhaité,
le garçon grandit dans l’ignorance des cruautés de l’existence.
Il finit cependant par en avoir par-dessus la tête de ce régime. Le luxe et
l’opulence n’y changeaient rien : tout lui paraissait vide et inutile. Son père avait
beau lui procurer tout ce qu’il voulait, ça n’était jamais assez à ses yeux, ça ne
signifiait jamais rien.
Alors, une nuit, le jeune homme sortit furtivement du palais, poussé par la
curiosité du dehors. Quelle ne fut pas sa surprise !
Malades, vieillards, sans-abri, agonisants… : pour la première fois, la
souffrance humaine s’étalait sous ses yeux horrifiés.
De retour au palais, il se trouva plongé dans une crise existentielle. Déboussolé
par ce qu’il avait vu, il se mettait dans tous ses états à la moindre occasion, se
lamentant à tout propos. Puis, comme tous les jeunes gens, il se mit à reprocher à
son père tout ce que ce dernier s’était efforcé de faire pour lui. Il imputait son
malheur, l’absurdité de sa vie, à ces richesses. Alors il prit la fuite.
Mais le prince ressemblait sans le savoir à son père. Lui aussi chérissait des
idées ambitieuses. Il n’allait pas seulement s’enfuir, mais également renoncer à
la couronne, à sa famille et à tous ses biens, et se passer de toit, dormir à même
le sol comme un animal. Et puis il se priverait de nourriture, mendier sa pitance
pour le restant de ses jours.
La nuit suivante, il s’échappa de nouveau, pour toujours cette fois. Pendant des
années, il vécut ainsi à la cloche, oublié de tous. Et, comme il l’avait anticipé, le
prince connut la souffrance sous toutes ses formes – la maladie, la faim, les
douleurs, la solitude et la déchéance. Il se trouva souvent à deux doigts de la
mort, se contentant parfois d’une seule noix par jour.
Les années passèrent, les unes après les autres. Mais… rien ne se passait. La
vie de souffrance ne lui apportait en rien la révélation tant espérée ni ne lui
dévoilait le mystère, la finalité ultime du monde.
Le prince comprit alors ce que le commun des mortels avait toujours su, à
savoir que souffrir, c’est moche. Et que ça n’a pas nécessairement de sens. Pas
plus que la richesse, en effet, la souffrance sans finalité n’a d’utilité. Il en
conclut que sa grande idée était archi nulle, et qu’il ne lui restait plus qu’à
changer de braquet et aller se faire voir ailleurs.
Ne sachant plus trop où il en était, il s’assit sous un gros arbre près d’une
rivière, décidé à ne pas se relever avant d’avoir conçu une autre noble idée.
La légende dit qu’il y demeura quarante-neuf jours durant, bien perplexe, mais
prenant conscience que la vie tout entière est une forme de souffrance : les riches
souffrent de leur richesse, les pauvres de leur pauvreté, les personnes sans
famille de ne pas en avoir, celles qui en ont une souffrent à cause d’elle, les gens
en quête de plaisirs matériels en souffrent et ceux qui y renoncent souffrent de
leur renoncement.
Les diverses formes de souffrance ne s’équivalent pas pour autant. Question de
degré : certaines sont en effet plus douloureuses que d’autres. Mais nul n’y
échappe.
Des années plus tard, notre prince élaborait sa propre philosophie et la
partageait largement. Son principe fondamental : la souffrance et la perte étant
inévitables, il est vain d’essayer d’y résister. Par la suite, il serait connu sous le
nom de Bouddha. Et au cas où tu n’aurais pas entendu parler de lui, sache qu’il
était une vraie célébrité.
Nombre de nos conjectures et représentations reposent sur l’idée que le
bonheur est algorithmique, qu’on peut le décrocher, l’obtenir, l’atteindre comme
on a réussi à intégrer une grande école ou à monter un Lego de milliers de
pièces. Si j’atteins tel objectif, je peux être heureux. Si je ressemble à
untel/unetelle, si je peux être avec tel(le) autre, je peux être heureux.
C’est précisément cette idée qui est problématique. Le bonheur n’est pas
réductible à une équation qu’il s’agirait de résoudre. L’insatisfaction et le
sentiment de mal-être sont partie intégrante de la nature humaine et, comme on
va le voir, ils sont même un ingrédient nécessaire à la construction d’un bonheur
tangible. Le Bouddha, dans les champs théologique et philosophique, ne disait
pas autre chose. Je développe la même idée dans la suite de ce chapitre, mais en
me plaçant du point de vue de la biologie, et en prenant l’exemple des pandas.
LA TYRANNIE DE L’EXCEPTIONNEL
Les gens sont dans l’ensemble assez moyens dans l’essentiel des domaines.
Même si tu brilles dans un truc, il y a de bonnes chances pour que tu te situes en
dessous de la moyenne dans beaucoup des autres. C’est la vie. Devenir vraiment
génial dans quelque chose implique d’y consacrer des tonnes de temps et
d’énergie. Et parce que le temps et l’énergie dont on dispose sont comptés, rares
sont ceux à vraiment sortir du lot dans plus d’une chose – pour ne pas dire dans
une seule chose.
On peut donc poser que, statistiquement parlant, la probabilité est faible pour
un individu d’obtenir des résultats exceptionnels dans tous les domaines ou
même dans plusieurs domaines. Ceux qui réussissent en affaires se prennent
généralement des râteaux dans leur vie personnelle. Les athlètes hors norme sont
souvent d’une connerie abyssale. La plupart des stars du show-biz s’avèrent
aussi ignares dans leur vie privée que les fans qui traquent leurs moindres faits et
gestes.
On est donc tous, ou quasiment, assez moyens. Or, ce sont les extrêmes qui
font la une des médias. On le sait pertinemment, mais on en parle et on y pense
rarement. Surtout, on n’évoque jamais vraiment les raisons pour lesquelles ça
pose problème.
Avoir Internet, Google, Facebook, YouTube et accès à plus de cinq cents
chaînes de télé, c’est génial. Mais notre temps de cerveau disponible est limité.
C’est qu’on n’a pas la capacité de traiter les tsunamis d’infos qui déferlent à
chaque seconde. Les seuls zéros et uns qui parviennent jusqu’à nous et captent
notre attention sont donc les infos vraiment exceptionnelles – une sur 99,999 %.
Tous les jours, du matin au soir, on est inondés d’extraordinaire. On retient le
meilleur du meilleur. Le pire du pire. Les exploits physiques les plus dingues.
Les blagues les plus hilarantes. Les nouvelles les plus renversantes. Les menaces
les plus flippantes. Tout ça en continu.
Ta vie voit ainsi défiler une multitude d’infos issues des extrêmes de la courbe
en cloche de l’expérience humaine parce que ce sont elles qui ont suscité le plus
d’intérêt de ta part, et ce qui sollicite le plus ton attention, c’est précisément ce
qui rapporte le plus de fric aux médias. Mais l’existence en elle-même se déroule
principalement au niveau du milieu de la courbe, dans le banal, l’ordinaire. La
vie, pour l’essentiel de son déroulement, n’a rien d’extraordinaire. Elle est même
assez quelconque.
Ce flot d’infos destiné à te faire réagir te donne à penser que l’exceptionnel est
la norme en vigueur. Et parce qu’on se situe tous et tout le temps peu ou prou
dans une moyenne, un tel déluge de news exceptionnelles te fait te sentir hyper
mal – tu n’es pas à la hauteur, c’est évident. Résultat : tu ressens toujours plus le
besoin de compenser prenant la pose ou en prenant de la came. Tu essaies de
donner le change en usant des seuls outils que tu connais : soit en te
survalorisant – je suis le meilleur et les autres ne m’arrivent pas à la cheville –,
soit au contraire en te dévalorisant – je suis nul et je n’arrive pas à la cheville de
mes contemporains.
Certains échafaudent des plans pour gagner rapidement un max de fric.
D’autres prennent le large et s’engagent au service des victimes de la famine en
Afrique. D’autres s’arrangent pour être toujours premiers de la classe et rafler
tous les prix. D’autres vident le chargeur de leur fusil de chasse à la sortie d’une
école. D’autres encore se mettent au défi de s’envoyer tout ce qui porte jupon ou
caleçon.
Tout ça découle du mot d’ordre en forme de base-line « parce que je le vaux
bien » que j’évoquais précédemment. Les Y sont régulièrement pointés du doigt,
accusés d’être à l’origine de cette révolution culturelle, mais c’est parce qu’ils
constituent la génération la plus connectée et la plus visible. Cette tendance à se
situer au-dessus de la mêlée relève en fait du sociétal. Je la crois liée à cette
tyrannie de l’exceptionnel orchestrée à dessein par les medias.
Le problème, c’est que l’omniprésence de la technologie et du marketing de
masse vient fausser les attentes que beaucoup de gens peuvent avoir vis-à-vis
d’eux-mêmes. La dictature de l’exceptionnel renvoie aux gens une image
dégradée d’eux-mêmes, leur laissant croire que s’ils veulent se faire remarquer
ou peser, il leur faut se montrer plus extrêmes, plus radicaux et plus sûrs d’eux.
Lorsque j’étais jeune homme, mon manque d’assurance par rapport à la
sexualité était décuplé par toutes les inepties sur la masculinité qui circulaient
via la culture pop. Elles sont d’ailleurs toujours en circulation : pour épater la
galerie, tu dois être défoncé comme une rock star ; pour être respecté, tu dois
faire craquer les filles ; le sexe est la valeur par excellence pour un individu mâle
et il mérite que tu lui sacrifies tout (y compris ta propre dignité).
Ce flux ininterrompu de conseils inapplicables, de critères impossibles à
satisfaire, affecte pour l’aggraver ton insécurité intérieure. Non seulement tu es
plombé par des problèmes insolubles, mais il faut par-dessus le marché que tu te
réveilles dans la peau d’un loser de première parce qu’une banale requête sur
Google t’a mis sous les yeux des milliers de personnes qui n’ont pas tes
problèmes.
La technologie a apporté des réponses à des problèmes économiques
antédiluviens pour nous fourguer en contrepartie de nouveaux problèmes –
psychologiques, ceux-là. Internet ne se contente pas de proposer des infos en
accès libre ; il fournit également du mal-être, du doute sur soi-même et de la
honte en veux-tu en voilà, et pour pas un rond.
La valeur de la souffrance
À LA FIN DE L’ANNÉE 1944, après presque dix ans de conquêtes, le vent tournait
pour le Japon. Son économie s’effondrait. Les armées impériales qui occupaient
la moitié de l’Asie du Sud-Est étaient à bout, et les territoires conquis dans tout
le Pacifique tombaient comme des dominos face au rouleau compresseur
américain. La défaite se profilait, inévitable.
Le 26 décembre, le second lieutenant Hiroo Onoda déploya ses hommes sur la
petite île de Lubang, dans l’archipel des Philippines. Ralentir au maximum la
progression des Américains et ne jamais se rendre à l’ennemi : telles étaient les
instructions jusqu’au-boutistes de ce qui n’était autre qu’une mission suicide
assumée.
En février 1945, les Américains débarquèrent à Lubang et prirent possession de
l’île. En quelques jours, la plupart des soldats japonais s’étaient rendus ou
avaient été tués, mais Onoda et trois de ses hommes parvinrent à se cacher dans
la jungle d’où ils entreprirent de mener la guérilla contre les forces américaines
et la population locale, attaquant des lignes de ravitaillement, ciblant les boys
égarés.
En août de la même année, la capitulation du Japon était actée, suite au
bombardement atomique d’Hiroshima et de Nagasaki.
Des milliers de sous-lieutenant nippons dont Onoda demeuraient pourtant
disséminés sur les îles et îlots du Pacifique, pour la plupart planqués dans la
jungle et dans l’ignorance de la fin du conflit. La poursuite de leur activité
combattante et les pillages associés entravaient lourdement le relèvement des
territoires libérés.
Armée US et autorités japonaises arrosèrent alors la zone Pacifique de milliers
de prospectus informant que la guerre était terminée et qu’il était temps pour
chacun de regagner ses pénates. Contrairement à beaucoup de ceux qui en
prirent connaissance, Onoda et ses gars décrétèrent qu’il s’agissait d’intox, d’un
piège tendu par les Américains pour les déloger de leur cache.
Cinq années plus tard, les GI étaient rentrés au bercail depuis longtemps et les
habitants de Lubang étaient retournés à la vie normale. Mais Hiroo Onoda et sa
petite bande étaient eux toujours là, à tirer sur les paysans, à incendier les
cultures, à chaparder le bétail et à faire leur sort aux insulaires qui avaient le
malheur de s’aventurer trop avant dans la forêt. Alors le gouvernement philippin
réitéra l’opération de com, larguant aux quatre coins de la jungle de nouveaux
flyers au message sans équivoque : « Sortez. La guerre est finie. Vous avez
perdu. »
Mais, rebelote. Ces nouveaux tracts firent chou blanc, comme les précédents.
En 1952, dans une ultime tentative pour déloger de leur repaire la poignée
d’irréductibles, le gouvernement japonais fit pleuvoir lettres et photos des
familles des soldats accompagnées d’un message de l’empereur en personne.
Nouvel échec. Onoda refusa cette fois encore de croire à la véracité de
l’information. Une fois de plus, il vit dans ce parachutage un traquenard de plus
de la part des Américains. Une fois de plus, le groupuscule s’en tint à sa ligne :
continuer le combat.
Vers la fin de la décennie, n’y tenant plus, les Philippins exaspérés de subir ces
agressions prirent les armes pour répliquer. L’un des compagnons d’Onoda se
rendit en 1959 tandis qu’un autre perdait la vie. Le dernier, un certain Kozuka,
fut abattu dix ans plus tard par la police locale alors qu’il était en train de mettre
le feu à des rizières – près d’un quart de siècle après la fin de la Seconde Guerre
mondiale, ce type faisait encore la guerre aux habitants de l’île !
Onoda, qui avait alors passé plus de la moitié de sa vie dans la jungle de
Lubang, se retrouva seul.
Parvenue au Japon en 1972, la nouvelle de la mort de Kozuka fit l’effet d’une
déflagration. Personne n’imaginait en effet la présence de soldats de la guerre
hors des frontières après tant d’années. Les médias en induisirent qu’Onoda lui-
même, le der des ders, pouvait être encore de ce monde. Les gouvernements
japonais et philippin dépêchèrent donc dans la foulée des équipes de secours à la
recherche du mystérieux lieutenant en second, mi-héros, mi-fantôme, érigé en
mythe.
Ils ne le trouvèrent pas.
L’histoire d’Onoda s’était au fil des mois muée en légende urbaine au pays du
Soleil levant – ce héros de guerre n’était-il pas trop fou pour exister vraiment ?
Beaucoup l’idéalisaient. D’autres le critiquaient. D’autres encore y voyaient une
histoire à dormir debout, persuadés que le personnage avait été inventé de toutes
pièces par ceux qui communiaient dans le culte d’un Japon éternel, disparu
depuis longtemps.
C’est à cette époque qu’un jeune type du nom de Norio Suzuki entendit parler
d’Onoda pour la première fois. Suzuki était un aventurier, un explorateur, un peu
hippie sur les bords. Né au lendemain de la guerre, il avait lâché ses études pour
passer quatre ans à parcourir les continents en stop, dormant sur les bancs
publics, dans des voitures, des cellules de prison et à la belle étoile. Il filait un
coup de main dans les fermes contre de la nourriture et donnait son sang en
échange d’un abri. L’anticonformiste à 200 %, sans doute légèrement allumé.
En 1972, toujours en quête d’une nouvelle aventure, Suzuki était de retour au
Japon mais il y étouffait. Détestant l’école, infichu de garder un boulot, ne
supportant pas les codes sociaux ni les hiérarchies, il n’avait qu’une envie :
repartir sur les routes, seul.
Il s’empara alors de la légende de Hiroo Onoda, y voyant une planche de salut.
Quelle excitante aventure en perspective ! Il serait celui qui retrouverait Onoda.
OK, les équipes envoyées par les gouvernements japonais, philippin et américain
étaient à chaque expédition rentrées bredouilles ; la police locale avait fouillé la
jungle de fond en comble pendant près de trente ans, en vain ; des milliers de
prospectus s’étaient perdus dans la nature. Mais lui, le baroudeur, le marginal,
allait mettre la main sur le vieux guerrier.
Sans arme, sans formation aux techniques de reconnaissance et tactiques de
guerre, Suzuki débarqua à Lubang et se mit à sillonner la forêt en solitaire. Sa
stratégie : hurler le nom d’Onoda et lui signifier que l’empereur s’inquiétait pour
lui.
Il ne mit pas quatre jours à le retrouver.
Suzuki passa quelque temps dans la jungle en sa compagnie. Seul depuis plus
d’un an, c’est-à-dire depuis la mort de son dernier compagnon d’armes, Onoda
avait accueilli son jeune compatriote à bras ouverts et fut désespéré d’apprendre
de sa bouche – une source sûre – ce qui s’était passé à l’extérieur. Les deux
hommes se lièrent d’amitié.
Suzuki demanda à Onoda pourquoi il était resté là, à poursuivre la lutte armée.
Onoda lui répondit qu’il avait reçu l’ordre de « ne jamais se rendre » et qu’il s’y
était conformé. C’était aussi simple que ça. Pendant près de trente ans, il s’était
ainsi contenté d’exécuter un ordre. Onoda demanda ensuite à Suzuki pourquoi
un « hippie » tel que lui était parti à sa recherche. Suzuki lui expliqua alors qu’il
avait quitté leur pays en quête de trois choses : le lieutenant Onoda, un panda et
l’abominable homme des neiges, dans cet ordre.
Deux aventuriers bardés des meilleures intentions, courant après des visions de
la gloire pour le moins décalées, tels Don Quichotte et Sancho Pança – mais,
eux, nippons et bien réels, et se voyant en héros alors qu’ils étaient seuls, coincés
au fin fond d’une jungle humide, sans rien, sans rien à faire. Deux hommes
réunis par les circonstances les plus bizarres, et par une communauté de destin
qui ne l’était pas moins : Onada avait déjà sacrifié la majeure partie de sa vie à
une guerre fantôme et Suzuki était en train de sacrifier la sienne, lui aussi. Après
avoir trouvé Hiroo Onoda puis son panda, il allait mourir quelques années plus
tard dans l’Himalaya, sur les traces de l’abominable homme des neiges.
Des humains choisissent de consacrer une partie de leur existence à des causes
qui nous paraissent dénuées de sens, destructrices ou absurdes. Difficile de
s’imaginer qu’Onoda avait pu être heureux sur son île pendant trois décennies –
à se nourrir d’insectes et de petits rongeurs, à dormir à même le sol, à faire
couler le sang. Pas facile de comprendre pour quelles raisons Suzuki était allé
au-devant de sa mort sans un sou, sans compagnon de route et sans autre but que
de rejoindre un Yeti imaginaire.
Plus tard pourtant, Onoda a fait savoir qu’il ne regrettait rien, qu’il était fier de
ses choix et de toutes ses années passées à Lubang. Il a affirmé que ça avait été
un honneur de mettre sa vie au service d’un empire qui n’existait pas. S’il avait
survécu, Suzuki aurait produit un témoignage quasi identique : il faisait
exactement ce qu’il était censé faire et il ne regrettait rien.
Ces deux types ont choisi la manière dont ils voulaient souffrir. Onoda par
loyauté à un empire défunt, Suzuki pour l’aventure, aussi folle que son idée.
Leur souffrance signifiait quelque chose à leurs yeux, répondant à une cause
supérieure à leur personne. Et parce qu’elle signifiait quelque chose, ils étaient
capables de l’endurer, et même peut-être d’en retirer du plaisir.
Si la souffrance comme nos problèmes sont inévitables, la question qu’on
devrait se poser n’est pas « Comment est-ce que j’arrête de souffrir ? » mais
« Pourquoi suis-je en train de souffrir ? Pour quelle cause ? Dans quel but ? »
Hiroo Onoda rentra au pays en 1974, y accédant du jour au lendemain au statut
de star. Il enchaîna les émissions, posa aux côtés des politiciens, publia un livre
et reçut même une coquette somme de la part du gouvernement.
Il ne se remettait pas du concentré de consumérisme occidentalisé qu’était
devenu l’archipel, aux antipodes des traditions d’honneur et de sacrifice dans
lesquelles sa génération avait été éduquée.
Onoda tenta de mettre sa soudaine célébrité au service d’un revival des valeurs
de l’ancien Japon, mais il n’entendait rien à son époque. Il était davantage perçu
comme une pièce de musée – un Japonais émergé de sa capsule témoin pour
pousser des oh ! et des ah ! tous les deux mètres – que comme un leader
d’opinion.
Comble de l’ironie, Onoda vécut ses dernières années beaucoup plus déprimé
qu’il ne l’avait jamais été pendant ces décennies dans sa jungle – là où son
existence signifiait quelque chose, là où sa souffrance était supportable et même
un chouïa désirable. De retour à la maison au sein d’une nation ressentie comme
une coquille vide, il lui fallait faire face à une vérité implacable : son combat
n’avait servi à rien, et le Japon de sa jeunesse, pour lequel il avait combattu,
n’était plus. Cette prise de conscience le transperça plus profondément
qu’aucune balle. Parce qu’il avait souffert en pure perte, gâchant au passage
trente ans de sa vie.
Alors, en 1980, Onoda plia bagage pour s’installer au Brésil où il demeura
jusqu’à sa mort.
LA VICTIMATTITUDE
La confusion entre responsabilité et faute incite les gens à laisser aux autres la
charge de résoudre leurs problèmes. S’en exonérer les tranquillise
provisoirement, leur donnant le sentiment d’être dans le « bien » et dans le
« juste ».
Malheureusement, l’un des effets pervers de l’Internet et des médias sociaux
est qu’il n’a jamais été aussi facile de faire porter le chapeau à un groupe ou à
une personne – pour la plus minuscule des infractions. Et ce type de jeu social
est même devenu très tendance ; dans certains cercles, il est d’ailleurs jugé
« cool ». Le partage d’« injustices » y suscite beaucoup plus d’intérêt que la
plupart des autres événements, suscitant des pelletées de réactions
compassionnelles, la prime allant aux victimes « professionnelles ».
La « victimattitude » fait ainsi fureur à gauche comme à droite de l’échiquier,
chez les riches comme chez les plus démunis. C’est même peut-être la première
fois dans l’histoire que tous les groupes sociaux se sentent ainsi simultanément
et injustement persécutés. Et ils n’oublient pas de surfer sur la vague de
l’indignation morale qui va avec.
Aujourd’hui, quiconque s’estime offensé pour un quelconque motif – un livre
sur le racisme recommandé à l’université, des sapins de Noël interdits au centre
commercial du quartier, une hausse de 0,5 % de la taxe sur les fonds
d’investissement – se sent le droit de s’indigner à la face du monde et considère
comme normal d’intéresser ses congénères.
L’environnement médiatique encourage ces comportements parce qu’après
tout, c’est bon pour le business. L’écrivain et chroniqueur Ryan Holiday appelle
ça le « porno d’indignation » : dénicher une info moyennement choquante, la
diffuser largement, générer de l’indignation et la diffuser tout aussi largement. Et
ainsi de suite. Ça déclenche une sorte de ping-pong de conneries entre deux
parties imaginaires et, pendant ce temps-là, tout le monde a oublié les vrais
problèmes de société. Rien d’étonnant à ce qu’on soit plus divisés que jamais !
La conséquence pernicieuse de la victimattitude, c’est qu’elle détourne
l’attention des vraies victimes. Ça revient à crier au loup. Plus il y a de gens qui
se déclarent lésés par d’infimes infractions, plus les authentiques victimes,
comme noyées dans la masse, deviennent invisibles.
Les gens deviennent accros à leur état d’indignation, se complaisant dans
l’autosatisfaction et la supériorité morale. Comme le disait le dessinateur de
presse Tim Kreider dans un éditorial du New York Times : « L’indignation est
comme beaucoup d’autres choses qui font du bien sur le moment mais qui, à la
longue, nous dévorent de l’intérieur. Et elle est encore plus insidieuse que la
plupart des vices parce que nous ne reconnaissons même pas consciemment
qu’elle est un plaisir. »
Mais ça fait partie de la vie d’une démocratie et d’une société libre : on a tous
affaire à des opinions et des gens qu’on n’apprécie pas forcément. C’est
simplement le prix à payer – on peut même dire que c’est tout l’intérêt du
système, même si beaucoup semblent l’oublier.
On doit choisir soigneusement nos combats tout en essayant de nous mettre un
tant soit peu à la place de nos prétendus ennemis. Recevons les informations
avec une dose de scepticisme et gardons-nous d’étiqueter ceux qui ne sont pas
d’accord avec nous. Ces valeurs « démocratiques » sont certes difficiles à
défendre au milieu du vacarme incessant d’un monde connecté. Mais on doit en
accepter la responsabilité et les chérir, quoi qu’il arrive. La stabilité future de nos
systèmes politiques en dépend.
* N.D.T : L’auteur comprenait « Washington B.C. » au lieu de « Washington
D.C. », et « B.C. » est l’abréviation de « Before Christ » qui signifie en
français « avant Jésus-Christ ».
Chapitre 7
EN 2009, j’ai rassemblé tout ce que je possédais, l’ai vendu ou mis au garde-
meubles, et j’ai quitté mon appart… direction l’Amérique du Sud ! À l’époque,
mon petit blog de courrier du cœur attirait quelques visiteurs et je me faisais un
peu d’argent en commercialisant des PDF et des cours en ligne. J’avais envie de
passer les deux ou trois années suivantes à l’étranger, à découvrir d’autres
cultures et profiter du moindre coût de la vie d’un certain nombre de pays d’Asie
et d’Amérique latine pour continuer de développer mon business. Le rêve du
nomade numérique… et à vingt-cinq ans j’étais prêt pour l’aventure. C’était
exactement la vie que je voulais.
Mon projet d’expatriation itinérante avait en lui-même une certaine gueule,
mais les valeurs qui me motivaient à expérimenter ce style de vie n’étaient pas
toutes si avouables. Bien sûr, certaines d’entre elles – la soif de découverte, la
curiosité, l’esprit d’aventure – étaient indéniablement positives. Mais il y avait
aussi un imperceptible sentiment de honte là-dedans. Je n’en avais pas
pleinement conscience à ce moment-là, mais je n’ignorais pas complètement non
plus ce quelque chose de déplaisant tapis là, quelque part sous la surface.
Le petit morveux de vingt ans qui se la racontait avait hérité du « vrai bordel
traumatique » de ses années d’adolescence et notamment d’un léger blocage par
rapport à l’engagement. Je venais de passer les années précédentes à
surcompenser l’inadaptation et l’anxiété sociale de mes années de teenager : sur
cette lancée, je pensais que je pouvais rencontrer et aimer qui je voulais, devenir
pote et coucher avec qui je voulais – alors pourquoi diable m’engager vis-à-vis
d’une seule personne ou même d’un seul groupe d’amis, pourquoi m’enraciner
dans une seule ville, m’ancrer dans un seul pays ? Si je pouvais tout
expérimenter à égalité, c’est que je devais le faire, non ?
Doté d’un sens de la connexion au monde à son paroxysme, j’ai sauté d’un
pays et d’un océan à l’autre comme on jouerait à la marelle sur un planisphère
géant pendant plus de cinq ans. J’ai visité cinquante-cinq pays, me suis fait des
dizaines de potes et suis tombé dans les bras de pas mal de filles – toutes
remplacées pour ne pas dire aussitôt oubliées.
Drôle de vie, débordant d’expériences inoubliables, de larges horizons, mais
aussi ponctuée de poussées d’adrénaline propres à anesthésier mon mal-être.
Tout ça m’apparaissait – et m’apparaît toujours – à la fois méga profond et ultra
insignifiant : une époque de « révélations » sur moi-même, de prises de
conscience en accéléré, et dont ressort par ailleurs la perte de temps, le
gaspillage d’énergie.
Maintenant, je réside à New York. J’ai une maison, des meubles, une facture
d’électricité et une épouse. Rien de très glamour. Rien d’excitant. Et pourtant ça
me convient parfaitement. Sans doute parce que ces folles années m’ont appris
que la liberté absolue, si elle procure des opportunités de créer du sens, ne veut
rien dire en elle-même.
Pas d’autre moyen de dégager un sens au final que de rejeter les autres
possibles, de restreindre sa liberté et de s’engager dans une seule voie –
géographique, spirituelle ou (oups !) amoureuse.
J’ai acquis cette conviction assez lentement, au fil de ces années d’itinérance.
Ne faut-il pas se noyer dans les excès pour en réaliser la vanité ? Je comprenais
davantage à chaque nouveau séjour que peu de ces expériences super géniales
me marqueraient durablement. Tandis que mes potes se mettaient en couple,
achetaient des maisons, s’investissaient dans des entreprises intéressantes ou des
causes politiques, je m’égarais dans une quête illusoire de moments forts.
En 2011, je suis allé à Saint-Pétersbourg, en Russie. La bouffe était infecte, la
météo à l’avenant (de la neige en mai ? et puis quoi encore ?), mon appart à
chier. Rien n’allait. Tout était hors de prix. Les gens étaient mal éduqués et
sentaient bizarre. Personne ne souriait jamais et tout le monde se saoulait la
gueule. Et pourtant, j’ai adoré. Ça a été l’un de mes voyages préférés.
Il y a une rudesse dans la manière d’être des Russes qui prend généralement les
Occidentaux à rebrousse-poil. Pas de place pour les faux-semblants et les faux-
culs. Pas de mamours ni d’amabilités. Pas de contorsions. Si quelque chose est
stupide, tu dis que c’est stupide. Si quelqu’un est un sale con, tu lui dis qu’il est
un sale con. Si tu apprécies vraiment quelqu’un – bon pote ou personne
rencontrée fortuitement cinq minutes plus tôt – et passes un agréable moment
avec lui, tu le lui dis direct.
La première semaine, j’étais très mal à l’aise avec tout ça. J’ai pris un verre
avec une fille dans un café et, au bout de trois minutes, elle m’a dévisagé en me
disant que ce que je venais de dire était stupide. J’ai failli tomber de ma chaise
Rien de violent pourtant dans sa manière de l’exprimer – un peu comme si elle
m’avait parlé du temps qu’il faisait ou de sa pointure, mais j’en suis resté comme
deux ronds de flan. K.-O. assis. En Occident, le parler cash à ce point est
assimilé à un affront très offensant, surtout de la part de quelqu’un que tu viens
de rencontrer. Mais là-bas c’était la norme, et je me suis d’abord senti attaqué de
tous côtés avant de m’habituer au fur et à mesure des semaines à cette franchise
brute de décoffrage.
Je prenais goût au soleil de minuit, à la vodka qui descend comme de l’eau
glacée. Et j’ai commencé à apprécier cette façon de se comporter pour ce qu’elle
était : une expression authentique. La sincérité chimiquement pure. La
communication sans arrière-pensée, sans le souci de se vendre, de se faire aimer
à tout prix.
D’une certaine manière, après avoir roulé ma bosse pendant des années, c’est
peut-être dans cet endroit – le plus « non-américain » – que pour la première fois
j’ai ressenti la saveur de liberté particulière liée à la possibilité de dire tout ce
que je pensais ou tout ce que j’éprouvais sans en redouter les conséquences.
Accepter d’être rejeté : quelle étrange forme de libération ! Et moi qui avais été
privé de cette libre expression la majeure partie de ma vie – d’abord au sein de
ma famille où les émotions étaient cadenassées, ensuite par l’effet d’une posture,
celle du gars sûr de lui. Cette liberté d’être et de parole, je m’en suis enivré
comme de la meilleure vodka. Mon séjour d’un mois à Saint-Pétersbourg est
passé à toute vitesse et, à la fin, je ne voulais plus repartir.
Le voyage est un formidable outil de développement personnel parce qu’il
t’extrait des repères de ta culture, t’exposant à des codes radicalement différents
dont tu es amené à vérifier qu’ils fonctionnent quand même. Ça t’oblige à
réexaminer ce qui passait à tes yeux pour évident, à le relativiser. L’immersion
en Russie m’a fait prendre du recul par rapport à la communication style « faux
gentil », si répandue dans le monde anglo-saxon. Ne nous rendait-elle pas encore
plus mal dans notre peau ?
Je me rappelle avoir discuté un jour de cette dynamique avec mon prof de
russe. Il avait sur le sujet une théorie intéressante. Après des générations passées
sous le régime communiste, sans opportunités économiques ou si peu, dans une
atmosphère de peur à couper au couteau, les Russes ont trouvé que la monnaie
d’échange la plus précieuse était la confiance. Or la développer implique de se
montrer sincère. Ça veut dire que quand les choses merdent, tu le dis
ouvertement et sans mettre de gants. Les manifestations de franchise brutale et
désagréable, nécessaires à la survie, étaient ainsi récompensées – tu avais besoin
de savoir, et très vite, sur qui tu pouvais compter et de qui tu devais te méfier.
Dans les pays occidentaux dits « libres », au contraire, toujours selon le prof de
russe, l’abondance d’opportunités économiques rendait plus habile de se
présenter sous un certain jour que d’être conforme à l’image de soi présentée. La
confiance s’est donc trouvée démonétisée à mesure que les apparences
devenaient des formes d’expression commercialement profitables. Connaître des
tas de gens superficiellement rapportait ainsi bien davantage que connaître
intimement une poignée de personnes.
Voilà comment les sourires et formules de politesse se sont imposés à nous
comme autant de normes hypocrites. Et c’est ainsi que les gens apprennent à
faire semblant d’être d’accord ou d’être amis : un mensonge généralisé
encouragé par le système économique.
Mais comment savoir si tu peux avoir complètement confiance en ton
interlocuteur ? C’est que les gens en viennent à « reconfigurer » leur
personnalité en fonction de la personne qu’ils ont en face d’eux.
… Et puis tu meurs
CE LIVRE n’était au départ qu’un magma informe et il a fallu plus que mes deux
pognes pour sculpter dans la masse et en tirer quelque chose de compréhensible.
D’abord, je tiens à dire merci à mon épouse, Fernanda. Belle, brillante, elle
n’hésite jamais à me dire non quand j’ai le plus besoin de l’entendre. Fernanda,
ton inconditionnel soutien et les retours constants de ta part tout au long de
l’écriture m’ont été plus que précieux, indispensables.
Ensuite, je remercie mes parents qui ont dû supporter le petit con que j’étais
pendant des années et n’ont jamais cessé de m’aimer. Il me semble que je n’étais
pas pleinement entré dans l’âge d’homme avant de comprendre la plupart des
concepts évoqués au fil des pages. L’adulte que je suis devenu s’est d’ailleurs
beaucoup réjoui d’apprendre à vous connaître, vous mes parents, ces dernières
années. Et je remercie mon frangin : je ne doute à aucun moment de la réalité de
notre attachement et de notre respect mutuel, même si des fois ça me gonfle que
toi, mon frangin, tu ne répondes pas à mes textos !
Merci à Philip Kemper et Drew Birnie – deux intellects majuscules qui se
conjuguent de telle manière que le mien apparaît beaucoup plus grand qu’il n’est
réellement. Votre super boulot et votre génie ne laissent pas de m’éblouir.
Merci à Michael Covell d’être mon crash test intellectuel, surtout lorsqu’il
s’agit de comprendre des travaux de recherche psy, et de passer au crible mes
hypothèses. Merci à mon éditeur, Luke Dempsey, d’avoir resserré sans
ménagement les boulons de ma prose et osé un langage encore plus cru que le
mien. Merci à mon agent, Mollie Glick, de m’avoir aidé à définir les contours de
ce bouquin et de l’avoir fait connaître à travers le monde, très au-delà de mes
espérances. Merci à Taylor Pearson, Dan Andrews et Jodi Ettenburg pour leur
indéfectible soutien et leurs encouragements d’un bout à l’autre de l’aventure ;
tous trois m’avez permis de rester sain d’esprit et responsable – un auteur a-t-il
besoin d’autre chose ?
Enfin, je remercie vivement les millions de gens qui, quelle qu’en soit la raison,
ont décidé de suivre une espèce de connard mal embouché de Boston qui
disserte sur la vie à longueur de post de blog. Les kilomètres de mails reçus de
ceux d’entre vous qui ont bien voulu me dévoiler les coins et recoins les plus
intimes de leur vie à moi, un parfait étranger, me font me sentir tout petit et
m’inspirent tout à la fois. À ce stade de ma vie, j’ai passé des milliers d’heures à
me documenter sur les sujets ici présentés, et à les étudier. Mais vous tous
continuez d’être mes véritables enseignants et éducateurs. Soyez-en remerciés.
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