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Scène 1 

: Taverne
Perceval et Karadoc sont attablés, l'air grave, le tavernier passe un chiffon sur leur table, une
corbeille à la main.

Tavernier : Hé ben, hé ho ! Ils finissent pas leur coupette ?

Karadoc : Ça passe pas.

Perceval : On est noués…

Tavernier : À cause ?

Perceval : On est convoqués à la Table Ronde.

Tavernier grimaçant : Ouh là ! Vous avez fait une connerie ?

Karadoc : Ben une connerie évidement, mais de là à être convoqués !

Perceval : On a dû en faire une sévère !

Le tavernier s'éloigne.

Scène 2 : Salle de la Table Ronde


Arthur est assis et attend d'un air morose, en compagnie de Perceval et Karadoc.
Karadoc : Qu’est-ce qu’on attend, là, déjà ?

Arthur : Alors… Pour la vingtième fois, on attend une apparition de la Dame du Lac !

Karadoc : Ah oui, oui, c'est ça…

Perceval : La Dame du Lac, par rapport à vous c’est… ?

Arthur : Comment « par rapport à moi » ?

Perceval : Votre cousine ?

Arthur grimaçant après un court silence : Mais absolument pas !

Karadoc : Il paraît qu’elle accepte de voir que vous.

Arthur : Alors, pour la trentième fois, ça aussi, c’est pas qu’elle accepte de voir que moi, c'est qu’il

y a que moi qui PEUT la voir.

Karadoc : Ah, du coup, heu…

Perceval : Si elle accepte de voir que vous…

Arthur : Non… Y'a que moi qui PEUX la voir.

Karadoc et Perceval se regardent, ils n’ont visiblement rien compris.

Arthur essayant de ne pas s’énerver : Oh putain… Y'a que moi qui ai la capacité physique,

sensorielle, de la voir. Vous, vous pouvez pas.

Perceval : Ben… Si elle veut pas, on va pas la forcer…

Arthur : Oh, merde, là ! (Il s’affale sur son trône en soupirant.)

Perceval et Karadoc se regardent, toujours dans l'incompréhension.


Scène 3 : Même lieu
La Dame du Lac est à présent assise près d'Arthur.

Arthur à la Dame du Lac : Voilà, vous me les avez demandés, ils sont là.

La Dame du Lac : Vous savez, que l’un d’entre eux a une destinée tout à fait exceptionnelle, par

exemple…

Perceval interrompant la Dame du Lac : À qui vous parlez, là ?

Arthur à la Dame du Lac : Attendez une seconde… (Aux Chevaliers.) Je vous ai dit… Je m’adresse

à la Dame du Lac.

Perceval : Elle va venir ?

Karadoc à Perceval : Mais pas si on est là ! Elle veut voir que lui !

Arthur : Elle EST là. Mais… Vous pouvez pas la voir.

La Dame du Lac : Heu… Je sais pas si c’est tellement la peine d’insister, hein…

Arthur : Vous êtes sûre qu’ils ont une destinée exceptionnelle, ceux-là ?

Karadoc : Mais qui ?

La Dame du Lac : Attendez… Celui avec les jolis yeux bleus, là ? Très gros potentiel !

Arthur mi-étonné, mi-amusé : Perceval ? Vous vous foutez de moi ?

La Dame du Lac : Pas du tout…

Perceval : Mais je me fous pas de vous, j’ai rien dit !

Karadoc : Ah si votre cousine arrive on va peut-être vous laisser, hein, parce que…

La Dame du Lac : Perceval de Galles, c’est ça ?

Arthur : Ouais... Eh ben ?

La Dame du Lac : Dans vingt siècles on en parle encore !

Perceval : Sire, ça devient flippant là !

Arthur s’énervant : Ah, mais vous allez fermer vos mouilles, oui ?! Je vous répète en long, en large

en travers que je m’adresse à quelqu’un que vous pouvez pas voir !

La Dame du Lac : Ah non, non, vous vous énervez pas, hein !

Arthur continuant : Alors vous la bouclez, vous restez là et vous attendez que j’aie fini !

La Dame du Lac : Attendez ! C’est quand même pas facile à comprendre ! 'Faut se mettre à leur

place !

Arthur à la Dame du Lac : Même quand c’est facile à comprendre ils comprennent rien !

Karadoc : Mais qui ?

Arthur lutte visiblement pour ne pas s'énerver davantage, se tenant à la table.


Scène 4 : Couloirs de Kaamelott
La Dame du Lac est partie, les trois chevaliers se tiennent devant la porte de la salle.

Arthur plus serein : Voilà, ça s’est pas trop mal passé…

Perceval : Ah ben, nous, au bout d’un moment, on a préféré plus rien dire…

Arthur : Oui, ben voilà. Du coup ça, c'est pas trop mal passé. Alors… J’ai un message pour vous, de

la part de la Dame du Lac.

Karadoc : Ah, mais vous l’avez vue finalement ?

Arthur : Non, taisez-vous. (Il soupire.) Putain, taisez-vous. Taisez-vous parce que là ça… pfiut,

chut. (Il lève un doigt, faisant mine d'écouter quelque chose.) Écoutez ? Voilà.

Perceval et Karadoc ne comprennent rien.

Arthur : La Dame du Lac me charge de vous dire que vous... Alors... (Il montre Perceval.) Plutôt

vous, visiblement, seriez susceptibles d’accéder... (Il prend le temps d'articuler...) À une destinée

hors du commun.

Perceval : J’ai rien compris. (Il se tourne vers Karadoc.) Non, ou alors c’est moi ?

Karadoc : Non, moi non plus j’ai rien compris…

Arthur : Non, non, non, non, mais c’est moi. (Il joint les mains, réfléchissant.) Vous, en ce moment,

c'est pas terrible. La gloire, la légende, les quêtes, tout ça c’est… C’est… C’est pas terrible.

Les chevaliers se regardent, à moitié d’accord.

Arthur les arrête tout de suite : Ah non, mais ne réfléchissez pas ! Je vous l’affirme : c'est pas

terrible. C’est nul, nul, archi-nul, vous êtes des zéros ! Eh bien… Soyez patients, ça va aller mieux.

Perceval : Mais quand ?

Arthur : Pas d’information précise à ce sujet… À mon avis, c'est pas pour après-demain. Voilà,

tirez-vous. Tirez-vous. (Il rentre dans la salle.)

Scène 5 : Taverne


Le tavernier se penche au-dessus de la table de Perceval et Karadoc, où ils boivent cette fois de
bon cœur.
Tavernier : Eh ben ! Ils se sont pas trop faits engueuler, on dirait !

Karadoc la bouche pleine : Figurez-vous qu’on a un destin !

Perceval : Alors, regardez bien nos tronches parce que vous allez plus les voir longtemps ! On a

autre chose à foutre que de se râper les miches sur les tabourets de votre boui-boui !

Karadoc désignant sa coupe : D’ailleurs, on finit ce verre et on se tire ?

L'écran devient noir.

Perceval (voix off) : Quand je pense qu’on a failli gâcher un destin pareil à boire des canons.

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