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Espérance conditionnelle

Etant donné (⌦, F, P) un espace de probabilité.


Désignons par :
L+ (⌦, F, P) l’espace des variables aléatoires X définies sur
(⌦, F, P) et à valeurs positives.
L1 (⌦, F, P) l’espace des (classes de) variables aléatoires X
définies sur (⌦, F, P) et à valeurs réelles telles que
E[|X |] < +1 .
Définition et Proposition :
Soit G une sous-tribu de F .
L’espérance conditionnelle d’une variable aléatoire
X 2 L+ (⌦, F, P) (respectivement d’une variable aléatoire
X 2 L1 (⌦, F, P)) relativement à G est l’unique (à une égalité
P - presque-sûre près) variable aléatoire G -mesurable, à valeurs
positives (respectivement dans L1 (⌦, F, P) ), notée E[X |G] , telle
que :
8A 2 G, E[1A Y ] = E[1A X ] . (1)
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Espérance conditionnelle

On notera que si X 2 L+ (⌦, F, P) , E[X |G] 2 L1 (⌦, F, P) si et


seulement si X 2 L1 (⌦, F, P) .
Caractérisation de l’espérance conditionnelle :
Etant donné un espace de probabilité (⌦, F, P) , G une sous-tribu
de F et X une variable aléatoire à valeurs positives
(respectivement intégrable).
L’espérance conditionnelle de X sachant G , notée E[X |G] , est
l’unique (au sens P -presque sûr) variable aléatoire G mesurable à
valeurs positives (respectivement intégrable) telle que :
Pour toute variable aléatoire U , G - mesurable à valeurs positives
(respectivement bornée),

E[UE[X |G]] = E[UX ] . (2)

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Espérance conditionnelle

Propriétés de l’espérance conditionnelle :


1 Linéarité :
8(X1 , X2 ) 2 L+ (⌦, F, P) ⇥ L+ (⌦, F, P) , 8(a1 , a2 ) 2
R2+ , E[a1 X1 + a2 X2 |G] = a1 E[X1 |G] + a2 E[X2 |G] , p.s. ,
8(X1 , X2 ) 2 L1 (⌦, F, P) ⇥ L1 (⌦, F, P) , 8(a1 , a2 ) 2
R2 , E[a1 X1 + a2 X2 |G] = a1 E[X1 |G] + a2 E[X2 |G] , p.s. .
2 Si X 0 , p.s. , alors E[X |G] 0 , p.s. .
En conséquence, E[.|G] est un opérateur croissant.
Soit X une variable aléatoire intégrable ou à valeurs positives;
on a :
3 E[E[X |G]] = E[X ] .
4 Si X est G -mesurable, alors E[X |G] = X , p.s. .
5 Si X est indépendante de G , alors E[X |G] = E[X ] , p.s. .

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Espérance conditionnelle

Théorème de convergence monotone :


Soit (Xn )n2N une suite de v.a. réelles positives telles que :

8n 2 N , Xn  Xn+1 , P p.s. .

Désignons par X = lim Xn , P p.s. .


n!+1
Alors :
E[Xn |G] ! E[X |G], P p.s. .
n!+1

Lemme de Fatou :
Si (Xn )n2N est une suite de v.a. réelles positives, on a :

E[lim inf Xn |G]  lim inf E[Xn |G], P p.s. .


n!+1 n!+1

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Espérance conditionnelle

Théorème de convergence dominée :


Soit (Xn )n2N une suite de v.a. réelles uniformément bornée par une
v.a. réelle intégrable (c’est-à-dire qu’il existe une variable aléatoire
V 2 L1 (⌦, F, P) tel que : 8n 2 N , |Xn |  V , P p.s.) et qui
converge P p.s. vers X .
Alors :
E[|Xn X | |G] ! 0, P p.s. .
n!+1

Inégalité de Jensen :
Soit X une variable aléatoire F - mesurable à valeurs positives ou
intégrable.
Si c : R ! R est une fonction convexe telle que c(X ) soit une
variable aléatoire à valeurs positives ou intégrable, alors :

E[c(X )|G] c(E[X |G]), P p.s. .

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Espérance conditionnelle
Preuve :
Comme c : R ! R est une fonction convexe, on a :
c(x) = sup(an x + bn ) , pour tout x 2 R , où (an )n2N et (bn )n2N
n2N
sont deux suites de nombres réels.
Ainsi, pour tout n 2 N , il vient :
E[c(X )|G] E[an X + bn |G] ,
= an E[X |G] + bn , P p.s. .
Prenant le sup sur n 2 N dans l’inégalité précédente, on obtient
alors :
c(E[X |G]) = sup(an E[X |G] + bn )  E[c(X )|G] , p.s. .
n2N

Remarque :
On a : ||E[X |G]||p  ||X ||p , pour tout p 1 , où
1
||X ||p = (E[X p ]) p .
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Espérance conditionnelle

Preuve :
En appliquant l’inégalité de Jensen conditionnelle à la fonction
convexe c définie pour tout x 2 R par c(x) = |x|p , où p 1 , on
a:
|E[X |G]|p  E[|X |p |G] , p.s. ,
soit, en prenant l’espérance dans l’inégalité précédente,

E[|E[X |G]|p ]  E[E[|X |p |G]] = E[|X |p ] , p.s. .


1
Comme la fonction x 7! x , x 2 R+ , p 1 est croissante, on en
p

déduit que :
||E[X |G]||p  ||X ||p , p.s. .

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Espérance conditionnelle

Emboı̂tement :
Si H est une sous-tribu de G , alors :

E[E[X |G]|H] = E[X |H], P p.s. . (3)

Sortir ce qui est connu :


Soit X et Z deux v.a. réelles telles que Z est G - mesurable; on a
alors :
E[Z X |G] = Z E[X |G], P p.s. , (4)
dans chacun des deux cas suivants :
1 les v.a. X , Z et X Z sont intégrables,
2 les v.a. X et Z sont positives.

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Processus stochastiques
Définition :
On appelle processus stochastique à temps discret sur l’espace
de probabilité (⌦, F, P) à valeurs dans un espace mesurable (E , E)
toute suite (Xn )n2N de variables aléatoires définies sur (⌦, F, P) et
à valeurs dans E .
Dans la suite, on prendra : (E , E) = (R, B(R)) ou
(E , E) = (Rd , B(Rd )), d 1.
Pour tout ! 2 ⌦, n ! Xn (!) est appelée une trajectoire du
processus (Xn )n2N .

Définition :
Une filtration (Fn )n2N sur un espace de probabilité (⌦, F, P) est
une famille de sous-tribus Fn , n 2 N , de F telle que pour tout
n 2 N , Fn ⇢ Fn+1 .
On notera : F1 = ([n2N Fn ).
Fn , n 2 N représente l’information dont on dispose à un instant
n 2 N.
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Processus stochastiques
Définition :
Un espace de probabilité filtré (⌦, F, (Fn )n2N , P) est un espace
de probabilité (⌦, F, P) muni d’une filtration (Fn )n2N .

Exemple :
Soit (Xn )n2N un processus stochastique réel.
Posons FnX = (X0 , · · · , Xn ), pour tout n 2 N.
(FnX )n2N est appelée la filtration engendrée par le processus
(Xn )n2N ou la filtration naturelle du processus (Xn )n2N .
A 2 FnX si et seulement si 1A est FnX - mesurable, soit si et
seulement il existe une fonction f : R ! R borélienne telle que :
1A = f (X0 , · · · , Xn ).
Ainsi, A est réalisé si et seulement si ! 2 A soit si et seulement si :
1A (!) = 1 = f (X0 , · · · , Xn ).
Un évènement A appartient à FnX , n 2 N, si la seule donnée de
X0 , · · · , Xn suffit à déterminer si A a eu lieu.
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Processus stochastiques

Définitions :
Soit (Xn )n2N un processus stochastique réel.
(Xn )n2N est adapté relativement à la filtration (Fn )n2N ou
(Fn )n2N - adapté si, pour tout n 2 N, Xn est Fn - mesurable.
(Xn )n2N est prévisible relativement à la filtration (Fn )n2N ou
(Fn )n2N - prévisible si, pour tout n 2 N, Xn est
Fn 1 - mesurable, avec la convention que : F 1 = ;.
(Xn )n2N est dit intégrable si, 8n 2 N, Xn 2 L1 (⌦, F, P).
(Xn )n2N est dit de carré intégrable si,
8n 2 N, Xn 2 L2 (⌦, F, P).
(Xn )n2N est dit borné si, 8n 2 N, 9K 2 R⇤+ , |Xn |  K .

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Martingales

Définition :
Etant donné (⌦, F, P) un espace de probabilité muni d’une
filtration (Fn )n2N .
Soit (Mn )n2N un processus stochastique à valeurs réelles, adapté à
la filtration (Fn )n2N tel que, pour tout n 2 N, E[|Mn |] < +1.
1 (Mn )n2N est une martingale relativement à la filtration
(Fn )n2N ou une (Fn )n2N - martingale si :
E[Mn+1 |Fn ] = Mn , P - p.s. .
2 (Mn )n2N est une (Fn )n2N - sous-martingale si :
E[Mn+1 |Fn ] Mn , P - p.s. .
3 (Mn )n2N est une (Fn )n2N - sur-martingale si :
E[Mn+1 |Fn ]  Mn , P - p.s. .

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Martingales
Propriétés :
1 Si (Mn )n2N est une (Fn )n2N - martingale alors l’application
n 7! E[Mn ] est constante.
2 Si (Mn )n2N est une (Fn )n2N - sous-martingale alors
n 7! E[Mn ] est croissante.
3 Si (Mn )n2N est une (Fn )n2N - sur-martingale alors n 7! E[Mn ]
est décroissante.
Preuve :
1 On a alors : E[M
n+1 |Fn ] = Mn , P - p.s. , pour tout n 2 N.
En prenant l’espérance conditionnelle par rapport à Fn de
l’égalité précédente, il vient, quel que soit n 2 N :

E[E[Mn+1 |Fn ]] = E[Mn ],

soit :
E[Mn+1 ] = E[Mn ].
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Martingales
Ainsi l’application n 7! E[Mn ] est constante; en particulier, pour
tout n 2 N, on a : E[Mn ] = E[M0 ]. La preuve des alinéas 2. et 3.
résulte des mêmes arguments.
Exemples :
Soit (Xn )n 1 une suite de variables aléatoires réelles
indépendantes et identiquement distribuées, intégrables telle
que E[X1 ] = µ, où µ 2 R.
Notons F0 = {;, ⌦} et Fn = (X1 , · · · , Xn ) , pour tout
n 1.
On pose S0 = 0 , Sn = X1 + · · · + Xn , quel que soit n 1 .
Pour tout n 1, E[|Sn |]  E[|X1 |] + · · · + E[|Xn |] < +1;
S0 = 0 et (Sn )n2N est alors un processus intégrable.
Par définition, Fk , k 2 N, est la plus petite tribu (au sens de
l’inclusion) sur ⌦ qui rend mesurable Xj , 1  j  k.
En particulier, quel que soit k 2 {1, · · · , n}, Xk est
(Fk , B(R)) - mesurable.
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Martingales

Comme Fk ⇢ Fn , lorsque k 2 {1, · · · , n}, Xk est également


(Fn , B(R)) - mesurable.
Ainsi, pour tout n 2 N, Sn est (Fn , B(R)) - mesurable.
Puisque S0 = 0, (Sn )n2N est donc un processus adapté à la
filtration (Fn )n2N .
Par ailleurs, comme (Xn )n 1 est une suite de variables aléatoires
indépendantes, Xn+1 est indépendante de la sous-tribu Fn ,
Par ailleurs, pour tout n 2 N, il vient :

E[Sn+1 |Fn ] = E[Sn + Xn+1 |Fn ]


= E[Sn |Fn ] + E[Xn+1 |Fn ],
= Sn + E[Xn+1 ],
= Sn + µ.

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Martingales

Ainsi, quel que soit n 2 N, on a :


8
>
<= Sn , si µ = 0,
E[Sn+1 |Fn ] Sn , si µ > 0,
>
:
 Sn , si µ < 0.

On en déduit que :
(Sn )n2N est une (Fn )n2N - martingale si et seulement si :
µ = 0,
(Sn )n2N est une (Fn )n2N - sous-martingale si et seulement si :
µ > 0,
(Sn )n2N est une (Fn )n2N - sur-martingale si et seulement si :
µ < 0.

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Martingales
Exemples : (suite)
Soit X une variable aléatoire intégrable à valeurs réelles
définie sur un espace de probabilité filtré (⌦, F, (Fn )n2N , P).
Posons, Xn = E[X |Fn ], pour tout n 1.
Quel que soit n 2 N, Xn est alors Fn - mesurable.
De plus, pour tout n 2 N, on a, en utilisant l’inégalité de
Jensen conditionnelle :

E[|Xn |] = E[|E[X |Fn ]|]  E[E[|X ||Fn ]] = E[|X |] < +1.

Quel que soit n 2 N, il vient :

E[Xn+1 |Fn ] = E[E[X |Fn+1 ]|Fn ],


= E[X |Fn ],
= Xn .

Ainsi, (Xn )n2N est une (Fn )n2N - martingale.


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Martingales

Exemples : (suite)
Soit (Xn )n 1 une suite de variables aléatoires réelles,
indépendantes et identiquement distribuées, intégrables telle
que E[X1 ] = µ, où µ 2 R.
Notons F0 = {;, ⌦} et Fn = (X1 , · · · , Xn ) , pour tout
n 1.
Yn
On pose M0 = 1 et Mn = µ n Xk , quel que soit n 1 .
k=1
Pour tout k 2 N, Xk est Fk - mesurable et puisque Fk ⇢ Fn ,
quel que soit k 2 {1, · · · , n}, Xk est aussi Fn - mesurable.
On en déduit que Mn est Fn - mesurable, pour tout n 1

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Martingales

Par ailleurs, on a, quel que soit n 1 :


" n # n
Y Y
E[|Mn |] = µ n E |Xk | = µ n
E[|Xk |] < +1.
k=1 k=1

car les |Xk |, 1  k  n, sont indépendantes.


De plus, pour tout n 2 N, il vient :
"n+1 #
Y
(n+1)
E[Mn+1 |Fn ] = µ E Xk Fn
k=1
1
=µ Mn E[Xn+1 |Fn ], car Mn est Fn - mesurable,
1
=µ Mn E[Xn+1 ] car Xn+1 est indépendante de Fn ,
1
=µ Mn µ
= Mn .

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Martingales

Exemples : (suite)
Soit (Mn )n2N une (Fn )n2N - martingale à valeurs réelles et
(An )n2N une suite croissante de variables aléatoires intégrables
(Fn )n2N - prévisibles à valeurs positives.
(Mn + An )n2N est une (Fn )n2N - sous-martingale.
En e↵et, comme (Mn )n2N est une (Fn )n2N - martingale, Mn
est Fn - mesurable, pour tout n 2 N.
De plus, An est Fn 1 - mesurable par hypothèse donc
Fn - mesurable, quel que soit n 2 N, puisque Fn 1 ⇢ Fn .
Ainsi, Mn + An est Fn - mesurable, pour tout n 2 N.
(Mn + An )n2N est bien adapté à la filtration (Fn )n2N .
Par ailleurs, quel que soit
n 2 N, E[|Mn + An |]  E[|Mn |] + E[An ] < +1, de sorte que
(Mn + An )n2N est un processus intégrable.

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Martingales

De plus, pour tout n 2 N, on a :

E[Mn+1 + An+1 |Fn ] = E[Mn+1 |Fn ] + E[An+1 |Fn ],


= Mn + An+1 ,
car (Mn )n2N est une (Fn )n2N - martingale
et An+1 est Fn - mesurable,
Mn + A n ,

puisque (An )n2N une suite croissante.


On en déduit que : (Mn + An )n2N est une
(Fn )n2N - sous-martingale.

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Martingales

Propriétés :
1 (Xn )n2N est une (Fn )n2N - sur-martingale si et seulement si
( Xn )n2N est une (Fn )n2N - sous-martingale.
2 (Xn )n2N est une (Fn )n2N - martingale si (Xn )n2N est à la fois
une (Fn )n2N - sur-martingale et une (Fn )n2N - sous-martingale.
3 Si (Xn )n2N et (Yn )n2N sont deux (Fn )n2N - martingales alors
pour tout (a, b) 2 R2 , (a Xn + b Yn )n2N est une
(Fn )n2N - martingale.
4 Si (Xn )n2N et (Yn )n2N sont deux (Fn )n2N - sur-martingales
alors pour tout (a, b) 2 R2+ , (a Xn + b Yn )n2N est une
(Fn )n2N - sur-martingale.
5 Si (Xn )n2N et (Yn )n2N sont deux (Fn )n2N - sur-martingales
alors pour tout (Xn ^ Yn )n2N est une (Fn )n2N - sur-martingale.

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Martingales

Autres énoncés de la propriété de martingale :


Soit (Mn )n2N une (Fn )n2N - martingale; posons :
Mn = Mn Mn 1 , pour tout n 1.
Mn représente un accroissement de la martingale (Mn )n2N
sur une période de temps. Pn
Pour tout n 1, on a aussi : Mn = M0 + k=1 Mk .
Par ailleurs, il vient, quel que soit n 1 :

E[ Mn |Fn 1] = E[Mn Mn 1 |Fn 1 ]


= E[Mn |Fn 1] E[Mn 1 |Fn 1 ],
= E[Mn |Fn 1] Mn 1,
= 0,

puisque (Mn )n2N une (Fn )n2N - martingale.

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Martingales

Autres énoncés de la propriété de martingale : (suite)


Réciproquement, on peut se donner des “di↵érences de
martingale” ( Mn )n 1 où ( Mn = Mn Mn 1 )n 1 est un
processus adapté et intégrable vérifiant la propriété :

E[ Mn |Fn 1] = 0,

pour tout n 1.
On obtient alors une (Fn )n2N - martingale (Mn )n2N en posant :
n
X
Mn = M0 + Mk , quel que soit n 1.
k=1

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Martingales
Autres énoncés de la propriété de martingale : (suite)
Un processus (Xn )n2N , (Fn )n2N - adapté et intégrable est une
(Fn )n2N - martingale si : pour tout (m, n) 2 N2 , m  n, on a :
E[Xn |Fm ] = Xm , P - p.s. .
En e↵et, on a :
" n #
X
E[Xn Xm |Fm ] = E (Xk Xk 1 )|Fm
k=m+1
n
X
= E[(Xk Xk 1 )|Fm ],
k=m+1
Xn
= E[E[(Xk Xk 1 )|Fk 1 ]|Fm ] =0
k=m+1

car Fm ⇢ Fk 1 , pour k 2 {m + 1, · · · , n} et (Xn )n2N est une


(Fn )n2N - martingale, donc : E[(Xk Xk 1 )|Fk 1 ] = 0.
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Martingales

Interprétation en terme de jeu :


Supposons que (Xn )n 1 représente la fortune d’un joueur à
l’instant n 1.
Ainsi, X1 est sa fortune initiale et pour tout
n 1, Zn+1 = Xn+1 = Xn+1 Xn est son gain algébrique
(éventuellement négatif) à l’issue du nième coup.
Fn = (X1 , · · · , Xn ) = (X1 , Z1 , · · · , Zn ) renferme toute
l’information sur les gains passés et présents du joueur jusqu’à
l’instant n.
Ainsi, si (Xn )n2N est une (Fn )n2N - sous-martingale, on a :
E[ Xn+1 |Fn ] 0, pour n 2 N.
Le jeu est alors favorable au joueur puisque l’espérance de
gain au (n + 1)ième coup, connaissant l’historique des
bénéfices ou pertes passés du joueur, est positive.

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Martingales

Interprétation en terme de jeu : (suite)


Si (Xn )n2N est une (Fn )n2N - martingale, E[ Xn+1 |Fn ] = 0,
lorsque n 2 N, le jeu est équitable.
Si (Xn )n2N est une (Fn )n2N - sur-martingale,
E[ Xn+1 |Fn ]  0, pour n 2 N, le jeu est alors défavorable
au joueur.

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Martingales

Transformations de martingale :
Soit (⌦, F, P) un espace de probabilité muni d’une filtration
(Fn )n2N .
Si (Mn )n2N est une (Fn )n2N - martingale et : R ! R une
fonction convexe telle que E[| (Mn )|] < +1, pour tout
n 2 N, alors ( (Mn ))n2N est une (Fn )n2N - sous-martingale.
Si (Mn )n2N est une (Fn )n2N - sous-martingale et :R!R
une fonction convexe croissante, avec E[| (Mn )|] < +1, quel
que soit n 2 N alors ( (Mn ))n2N est une
(Fn )n2N - sous-martingale.

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Martingales

Preuve :
On a : (x) = sup(an x + bn ) , pour tout x 2 R, où (an )n2N et
n2N
(bn )n2N sont deux suites de nombres réels.
Quel que soit n 2 N, la fonction x 7! an x + bn est
(B(R), B(R)) - mesurable; ainsi,
x 7! (x) = sup(an x + bn ) est (B(R), B(R)) - mesurable.
n2N
Puisque (Mn )n2N est une (Fn )n2N - martingale, Mn est
(Fn , B(R)) - mesurable, pour tout n 2 N; par suite, (Mn ) est
(Fn , B(R)) - mesurable comme étant la composée de deux
fonctions (Fn , B(R)) et (B(R), B(R)) - mesurable.
Par hypothèse, E[| (Mn )|] < +1, quel que soit n 2 N.

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Martingales

De plus, d’après l’inégalité de Jensen conditionnelle, on a, pour


tout n 2 N :

(E[Mn+1 |Fn ])  E[ (Mn+1 )|Fn ], P - p.s. .

Or, (Mn )n2N étant une (Fn )n2N - martingale, il vient, quel que soit
n2N:
E[Mn+1 |Fn ] = Mn , P - p.s. .
On obtient donc :

E[ (Mn+1 )|Fn ] (Mn ), P - p.s. ,

et ( (Mn ))n2N est alors une (Fn )n2N - sous-martingale.

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Martingales
Comme (Mn )n2N est une (Fn )n2N - sous-martingale, Mn est
(Fn , B(R)) - mesurable, pour tout n 2 N.
( (Mn ))n2N est adapté relativement à la filtration (Fn )n2N et est
un processus intégrable.
Utilisant l’inégalité de Jensen conditionnelle, il vient, quel que soit
n2N:
(E[Mn+1 |Fn ])  E[ (Mn+1 )|Fn ], P - p.s. .
Comme (Mn )n2N est une (Fn )n2N - sous-martingale, on a, pour
tout n 2 N :
E[Mn+1 |Fn ] Mn , P - p.s. .
La fonction étant croissante, on obtient alors, quel que soit
n2N:
(E[Mn+1 |Fn ]) (Mn ), P - p.s. .
Finalement, on conclut que, pour tout n 2 N :
E[ (Mn+1 )|Fn ] (Mn ), P - p.s. .
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Martingales
Transformations de martingale : (suite)
Si (Mn )n2N est une (Fn )n2N - martingale, alors
(Mn+ )n2N , (|Mn |)n2N , (Mn2 )n2N sont des (Fn )n2N - sous-martingales.

Preuve :
Les fonctions x 7! x + , x 7! |x|, x 7! x 2 étant toutes convexes sur
R , comme (Mn )n2N est une (Fn )n2N - martingale,
(Mn+ )n2N , (|Mn |)n2N , (Mn2 )n2N sont des (Fn )n2N - sous-martingales.
Intégrale stochastique discrète :
Etant donné un processus (Fn )n2N - prévisible (Hn )n 1 et (Mn )n2N
une (Fn )n2N - martingale, on définit le processus ((H • M)n )n 1
par, (H • M)0 = M0 et pour tout n 1 ,
n
X
(H • M)n = Hk (Mk Mk 1) .
k=1

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Martingales
((H • M)n )n2N est appelé l’intégrale stochastique discrète du
processus (Hn )n 1 par rapport à la martingale (Mn )n2N .
Proposition :
Si (Hn )n 1 est à valeurs bornés (c’est-à-dire 9K 2 R⇤+ tel que :
8n 2 N, |Hn |  K ), alors ((H • M)n )n2N est une
(Fn )n2N - martingale.
Preuve :
(H • M)0 = M0 est F0 - mesurable.
Pour tout k 2 {1, · · · , n}, Hk Mk est Fk donc Fn - mesurable.
Ainsi, ((H • M)n )n 1 est adapté à la filtration (Fn )n 1 .
Par ailleurs, quel que soit k 2 {1, · · · , n}, on a :
E[|Hk Mk |]  K E[(|Mk | + |Mk 1 |)] < +1,
puisque, (Mn )n2N étant une (Fn )n2N - martingale, les variables
aléatoires Mk et Mk 1 , lorsque k 2 {1, · · · , n}, sont intégrables;
aussi, (H • M)0 = M0 est intégrable, donc le processus
((H • M)n )n2N est intégrable.
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Martingales

De plus, quel que soit n 1, il vient :

E[(H • M)n+1 |Fn ] = E[(H • M)n + Hn+1 (Mn+1 Mn )|Fn ],


= (H • M)n + Hn+1 E[(Mn+1 Mn )|Fn ],
car (H • M)n et Hn+1 sont Fn - mesurables,
= (H • M)n ,

puisque (Mn )n2N étant une (Fn )n2N - martingale, on a :


E[(Mn+1 Mn )|Fn ] = 0, pour tout n 2 N.

David Lefèvre MA202

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