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ISSN: 2658-8455

Volume 3, Issue 1-1 (2022), pp.386-404


© Authors: CC BY-NC-ND

La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et son impact sur


leur Performance Financière

Corporate social responsibility (CSR) and its impact on their


financial performance

Hana ANOUAR, (Doctorante en Science de gestion)


Laboratoire de recherche prospective en finance et gestion (LRPFG)
ENCG Casablanca
Université Hassan II, Maroc

Ecole Nationale de Commerce et de Gestion-Casablanca


Adresse de correspondance : Université Hassan II, Maroc (Casablanca)
hana.anouar@icloud.com

L’auteur n'a pas connaissance de quelconque financement qui


Déclaration de divulgation :
pourrait affecter l'objectivité de cette étude.
Conflit d’intérêts : L’auteur ne signale aucun conflit d'intérêts.
ANOUAR, H. (2022). La Responsabilité Sociale des
Entreprises (RSE) et son impact sur leur Performance
Citer cet article Financière. International Journal of Accounting, Finance,
Auditing, Management and Economics, 3(1-1), 386-404.
https://doi.org/10.5281/zenodo.5920305
Cet article est publié en open Access sous licence
Licence
CC BY-NC-ND

Received: January 04, 2022 Published online: January 30, 2022

International Journal of Accounting, Finance, Auditing, Management and Economics - IJAFAME


ISSN: 2658-8455
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Hana ANOUAR. La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et son impact sur leur Performance Financière

La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et son impact sur leur


Performance Financière
Résumé
La question de la RSE est un sujet plus que jamais d’actualité. Dans un monde en perpétuelle évolution, l’enjeu de la
rentabilité des entreprises n’est plus l’unique sujet de préoccupation des dirigeants, poussés notamment par les
consommateurs qui portent un regard de plus en plus critique et exigeant vis-à-vis des entreprises.
De prime abord, la performance financière (PF) semble en dissonance avec la logique de la RSE. La responsabilité
sociale des entreprises définit la posture d'une entreprise par rapport à son environnement, tandis que la notion de
performance interroge le lien parfois délicat entre l'articulation des ressources et l'atteinte d'un ou plusieurs résultats.
Cependant, l'opérationnalisation de ces deux construits a conduit de nombreux auteurs à identifier les mêmes indicateurs
et les mêmes critères. La détermination de la nature d’interaction entre la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et
la performance financière a fait l’objet de nombreuses études empiriques. Pourtant, les preuves accumulées sur la nature
de cette relation sont équivoques.
À travers cet article, nous visons généralement à passer en revue les différentes explications théoriques quant à la relation
entre la responsabilité sociale des entreprises et la performance financière. À cet égard, nous allons, dans un premier
lieu, clarifier les principales définitions institutionnelles, managériales et théoriques de la RSE ainsi que les définitions
de certains concepts qui se rapportent à cette notion, aussi que sa genèse. Ensuite, nous allons éclaircir et analyser les
liens de causalité entre la responsabilité sociale des entreprises et la performance financière.
En effet, les hypothèses théoriques reliant ces deux notions sont nombreuses. En 2005, Allouche et Laroche en recensent
neuf, proposant l’existence d’un lien positif, négatif, mixte, neutre ou complexe entre ces deux construits. Ainsi, les
choses se compliquent lorsque l’on envisage le sens de causalité, c’est-à-dire est-ce la performance sociale des
entreprises qui influence la performance financière ou l’inverse, ou bien il existe un impact réciproque ?
En plus, les raisons communément identifiées pour expliquer les résultats divers et contradictoires sont la difficulté de
mesurer les deux concepts impliqués, l’échantillon retenu, les méthodologies adoptées et l’insuffisante prise en compte
des variables de contrôle.

Mots clés : Responsabilité sociale des entreprises, performance sociale, performance financière, parties prenantes.
Classification JEL : M14
Type de l’article : article théorique.

Abstract
The issue of CSR is more topical than ever. In a perpetual evolution world, the profitability of companies is no longer
the only concern of managers, driven by consumers who are increasingly critical and demanding of companies.
At first glance, financial performance (FP) seems at odds with the logic of CSR. Corporate social responsibility defines
the position of a company in relation to its environment, while the notion of performance questions the sometimes
delicate link between the articulation of resources and the achievement of one or more results. However, the
operationalization of these two constructs has led many authors to identify the same indicators and the same criteria.
Determining the nature of the interaction between corporate social responsibility (CSR) and financial performance has
been the subject of numerous empirical studies.
However, the operationalization of these two concepts leads many authors to identify the same indicators and the same
criteria.
Determining the relationship between corporate social responsibility (CSR) and financial performance has been the
subject of numerous empirical studies. Yet the accumulated evidence on the nature of this relationship is equivocal.
Through this article, we generally aim to review the different theoretical explanations for the relationship between
corporate social responsibility and financial performance. In this respect, we will first clarify the main institutional,
managerial and theoretical definitions of CSR, as well as the definitions of some of the concepts that relate to this notion,
also its genesis. Then, we will clarify and analyze the causal links between corporate social responsibility and financial
performance.
Indeed, there are many theoretical hypotheses linking these two concepts. In 2005, Allouche and Laroche identified nine
such hypotheses, proposing the existence of a positive, negative, mixed, neutral or complex link between these two
constructs. Thus, things become more complicated when considering the direction of causality, i.e., does corporate social
performance influence financial performance or the opposite, or is there a reciprocal impact ?
In addition, the reasons commonly identified to explain the diverse and contradictory results are the difficulty of
measuring the two concepts involved, the sample used, the methodologies adopted and the insufficient consideration of
control variables.

Keywords : Corporate social responsibility, social performance, financial performance, stakeholders.


JEL Classification : M14
Paper type : Theoretical Research

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Introduction
Dernièrement, le monde des affaires s'est de plus en plus mobilisé à propos des efforts
fournis pour la réalisation d'une prise de décision plus socialement responsable, communément
appelée responsabilité sociale des entreprises (RSE). Les entreprises intègrent régulièrement
des objectifs sociaux, environnementaux et de gouvernance dans leurs modèles économiques
en apportant des changements tangibles à tous les aspects de leurs activités (tels que les plans
de production, les méthodes comptables et la recherche et le développement). Reconnaissant
les avantages éventuels de l’amélioration des relations publiques, de nombreuses entreprises
démontrent leur engagement à l’égard de la responsabilité sociale des entreprises, et certaines
fournissent même aux actionnaires un rapport officiel sur leurs pratiques en matière de
responsabilité sociale des entreprises.
L’idée de la RSE est arrivée dans les années 50. Elle propose aux managers de s’orienter, en
plus du profit, vers la portée de leurs entreprises sur la société. L’un des ouvrages fondateurs
de l’idée de la RSE est celui de Howard R. Bowen (Social Responsibilities of the Businessman,
1953). D’après Bowen, il n’est pas possible de réduire l’entreprise à un calcul économique, elle
est influencée par des fondements éthiques (Pierre Le Bourdiec, 2017).
Si la responsabilité sociale des entreprises est désormais vue en tant qu’un outil de
changement positif, beaucoup d’entreprises s’interrogent sur la manière dont elles vont intégrer
les attentes de la société. La réponse est loin d’être claire. Tel que l’indique Pesqueux en 2003,
et qui a considéré que la RSE est un sujet ambigu et controversé que ce soit dans le monde des
affaires que dans le monde académique.
Dans le contexte marocain, la RSE est devenue une thématique d’actualité avec la réception
de la COP 22 à Marrakech en 2016, conférence des Nations unies sur les changements
climatiques, exprimant l’engagement du Royaume dans les politiques de lutte contre le
réchauffement climatique et instituant ainsi les piliers du développement durable et de la
préservation de l’environnement.
Dans ce contexte, les entreprises marocaines se voient de plus en plus interpellées sur leurs
engagements extrafinanciers (sociaux, sociétaux et environnementaux) expliquant ainsi
l’engouement vers les pratiques managériales socialement responsables par les organismes
aussi bien publics que privés (Cherkaoui Adil, 2019).
Ainsi, la CGEM a mis en place en 2006 une charte de RSE pour encourager ses adhérents à
adopter les démarches RSE. Elle a lancé également en 2007 « le Label RSE de la CGEM »
auquel peuvent postuler les entreprises pour concrétiser leur citoyenneté et leur engagement
social.
Cependant, une autre réflexion a été invitée au débat, c'est la réflexion sur la nature du lien
que nous cherchons à établir entre la RSE et la performance financière (PF). Ce débat s’explique
par le fait que les entreprises investissent massivement pour améliorer leur compétitivité dans
un environnement d'hyper-concurrence. L’intégration de la RSE, comme source de
compétitivité, aura un impact plus important sur les finances des entreprises.
Selon Gond (2010), la nature des interactions entre PSE (Performance Sociale des
entreprises) et performance financière reste largement inconnue (Amaazoul H, 2021). Plusieurs
études empiriques n’ont abouti qu’à des résultats ambigus (Allouche et Laroche, 2005 ; Vogel,
2005 ; Margolis et Walsh, 2003 ; Gond, 2001 ; Rowly et Berman, 2000 ; cité par Benlhaj &
Oumari, 2021).
Les explications théoriques visant à clarifier la nature des relations entre performance sociale
et performance financière sont nombreuses. Elles peuvent être organisées en distinguant trois
catégories : les explications postulant l’existence de relations linéaires (lien positif ou négatif)
entre ces deux variables, les explications proposant l’absence d’interaction entre les deux
construits et finalement les explications postulant l’existence de relation non linéaire.

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(complexe) entre ces deux variables (Gond & Igalens, 2016).


Le Maroc n’est pas loin de cette dynamique, des études empiriques ont été réalisées par
plusieurs chercheurs afin de mieux comprendre la nature des interactions entre ces deux notions
dans le contexte marocain (entre d’autres, El Malki T, 2010, 2014 ; Khlif et al. , 2015 ; Abbassi
et Ouriqua, 2018 ; El Yaagoubi, 2019; Amaazoul, 2021).
À cet effet, la question qui se pose est la suivante : Est-ce que la RSE exerce-t-elle un
impact sur la performance économique et financière de l’entreprise ?
Pour répondre théoriquement à cette problématique, ce travail comportera deux parties qui
seront à leur tour divisées en chapitres.
La première partie sera consacrée à la revue de littérature où nous allons éclaircir dans un
premier chapitre les principales définitions institutionnelles, managériales et théoriques de la
RSE ainsi que les définitions des différents concepts qui se rapportent à la RSE. Dans le
deuxième chapitre, nous allons aborder la genèse et l’évolution de la notion RSE.
La deuxième partie portera sur le lien de causalité entre la performance sociale et la
performance financière, où nous allons traiter dans un premier chapitre les hypothèses
théoriques relatives à la nature d’interaction entre performances sociale et performance
financière en mettant l’accent sur la construction d’un business case de la RSE. Dans le
deuxième chapitre, nous allons présenter les limites de recherche de la relation PSE/PFE.
1. La revue de littérature
1.1. Définitions
1.1.1. Définir la RSE
La notion RSE n’est pas nouvelle, elle trouve son origine dans l’ancienne Mésopotamie, vers
1700 avant JC (Tripathi et Bains, 2013). Cette notion est vue comme une obligation morale
envers la société et la communauté illustrée par le code élaboré par le roi Hammourabi.
La RSE a attiré une attention accrue de la part des entreprises et des organisations comme
les agences de notation, les institutions régionales (ex. Commission Européenne), mondiales
(ex. Banque Mondiale, ISO, OCDE), et professionnelles (ex. ORSE).
De nombreuses définitions de la RSE ont été élaborées par les chercheurs dans le passé en
fonction du contexte social, économique, politique et environnemental de chaque époque
(Rahman, 2011), ce qui a conféré à la RSE un caractère contingent et multidimensionnel. Dans
ce sens, Il est difficile, voire même impossible, de trouver une définition commune de la RSE
qui soit unanimement acceptée par tout le monde. L’objet de cette section est de présenter les
diverses définitions de la RSE.
Le tableau suivant synthétise les principales définitions institutionnelles de la RSE :
Tableau 1 : Définitions institutionnelles et managériales de la RSE.
Organismes Définitions de la RSE
La RSO est la « responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts
Norme ISO 26000
de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement,
sur la responsabilité
se traduisant par un comportement transparent et éthique qui :
sociétale des
- Contribue au développement durable y compris à la santé et au
organisations
bien-être de la société ;
(RSO) publiée le 2er
- Prend en compte les attentes des parties prenantes ;
Novembre 2010.
- Respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes
internationales de comportement ;
- Est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre
dans ses relations.

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La RSE est « l’intégration volontaire par les entreprises de


préoccupations sociales et environnementales à leurs activités
Commission
commerciales et leurs relations avec les parties prenantes » (Livre
Européenne
Vert, 2001).
La RSE est définie comme étant « la responsabilité des entreprises vis-
à-vis des effets qu’elles exercent sur la société » (2011)
Le Business for La RSE est « l’ensemble des pratiques qui respectent les valeurs
Social éthiques, les personnes, les communautés et l’environnement naturel »
Responsability
(BSR)
The World La RSE est « l’engagement continu des entreprises à se comporter de
Business Council manière éthique et à contribuer au développement économique tout en
for Sustainable améliorant la qualité de vie de ses employés et de leurs familles ainsi
Development que de la communauté locale et de la société dans son ensemble ».
(WBCSD)
www.wbcsd.org
La RSE est « l’engagement (ou l’obligation) pour le monde des affaires
Banque Mondiale de contribuer au développement économique durable, en travaillant
www.banquemondi avec les salariés, leurs familles, la communauté locale et la société au
ale.org sens large pour améliorer la qualité de vie, de façon à la fois bonne
pour le développement et pour les affaires ».
Pour le patronat marocain (CGEM), une entreprise socialement
CGEM
responsable est celle qui s’oblige, au-delà de ses obligations légales, à
(Confédération
considérer de manière systématique les différents intérêts qui sont
Générale des
affectés par son fonctionnement afin d’obtenir le meilleur impact de
Entreprises du
ses activités sur ses travailleurs, ses partenaires et sur le développement
Maroc)
durable, de manière générale ».
« Une définition de la RSE pourrait être la manière dont l’entreprise
contribue au grand défi planétaire d’un développement soutenable. La
Nicole NOTAT RSE constitue par-là, la nécessité pour l’entreprise de prendre en
Président de Vigeo compte les attentes et les intérêts légitimes de l’ensemble des parties
prenantes de son écosystème (clients, salariés, sous-traitants,
territoire…) et de redonner du sens à la prise en compte du salarié, de
l’environnement ou des territoires sur lesquels elle agit… »
Carlos GHOSN « nous concevons notre responsabilité sociale, sociétale
PDG du groupe et environnementale au quotidien : un engagement concret au service
Renault du bien commun ». Rapport RSE (2013).
Source : Élaboration personnelle
Cependant, Ces approches varient dans leur approche des structures RSE et dans les axes
privilégiés par les organisations.
Plusieurs chercheurs ont tenté de donner des définitions au concept de RSE. Celles-ci ont
évolué dans le temps et se caractérisent globalement par leur variété, en allant de définitions
restreintes à des acceptations larges de la RSE.
Le tableau suivant récapitule les principales définitions théoriques de la RSE.

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Tableau 2 : Définitions de la RSE en provenance du monde académique.


La conception axée sur le principe
La RSE comme expression de valeurs et de convictions allant au-delà de la loi
La RSE renvoie à l'obligation, pour les hommes d'affaires, de mettre en
œuvre les politiques, de prendre les décisions et de suivre les lignes de
Bowen (1953)
conduite qui répondent aux objectifs et aux valeurs considérées comme
désirables par notre société.
La RSE renvoie aux décisions et actions prises pour des raisons qui
Davis (1960)
dépassent l’intérêt économique ou technique direct de la firme.a
L'idée de responsabilité sociétale suppose que l'entreprise n'a pas
seulement des obligations légales ou économiques, mais qu'elle possède
McGuire (1963)
également des responsabilités envers la société, lesquelles vont au-delà
de ces obligations.
La responsabilité sociale de l’entreprise est d’accroître ses profits. Elle
consiste à utiliser ses ressources et à s’engager dans des activités
Friedman (1970) destinées à accroitre ses profits, pour autant qu’elle respecte les règles
du jeu c’est-à-dire celles d’une concurrence ouverte et libre sans duperie
ou fraude.
La responsabilité publique des entreprises (RPE) est meilleure que la
Preston et Post RSE puisqu’elle met l’accent sur « The importance of the public policy
(1975) process» (p.102). la RPE serait alors un ensemble de principes et
d’engagements que l’entreprise est tenue de respecter.
La RSE renvoie aux objectifs ou aux raisons qui donnent une âme aux
Backman (1975)
affaires plutôt qu’à la recherche de la performance économique.
La RSE est l’idée selon laquelle les entreprises au-delà des prescriptions
Jones (1980)
légales ou contractuelles ont une obligation envers les acteurs sociétaux.
L’acceptation volontaire des principes de responsabilité est toujours
Frederik (1994)
préférable à la réglementation ou à l’intervention contraignante.
Nous définissons la RSE comme des actions permettant d’améliorer le
McWilliams et
bien-être social au-delà des intérêts de la firme et de ce qui est requis par
Siegel (2001)
la loi.
La RSE consiste pour l’entreprise à dépasser les normes et
Dubouchet et al.
réglementations en vigueur, à être responsable vis-à-vis d’elle-même et
(2004)
de ce qu’elle fait…
Ensemble des obligations, légales ou volontaires, qu’une entreprise doit
Pasquero (2006) assumer afin de passer pour un modèle imitable de bonne citoyenneté
dans un milieu donné.
La conception axée sur les acteurs
La RSE comme capacité à satisfaire les besoins des parties prenantes
Rien n’est plus dangereux pour les fondements de notre société que
Friedman (1962) l’idée d’une RSE autre que de générer un profit maximum pour leurs
actionnaires.
La RSE renvoie à la satisfaction des attentes de tout groupe ou individu
Freeman (1984) susceptible d’affecter ou d’être affecter par l’atteinte des objectifs
organisationnels
La RSE renvoie la capacité à gérer et à satisfaire les différentes parties
Clarkson (1995)
prenantes de l'entreprise.

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RSE est l’ensemble des relations que la firme entretient avec toutes ses
Gendron (2002) parties prenantes : les clients, les employés, la communauté, les
actionnaires, les gouvernements, les fournisseurs et les concurrents.
La responsabilité de l’entreprise s’oriente vers tout individu ou groupe
Carroll et Buc-
qui revendique un ou plusieurs différents types d’intérêts vis-à-vis d’une
hholtz (2003)
entreprise.
La RSE s’inscrit dans une représentation de l’entreprise ‘encastrée’ au
Capron et al.
sien d’un réseau de relations avec les acteurs de son environnement
(2004)
social.
La conception axée sur le contenu
La RSE comme intégration de multiples dimensions sociétales
La RSE est l'articulation et l'interaction entre (a) différentes catégories
Carroll (1979) de responsabilités sociétales, (b) des problèmes spécifiques liés à ces
responsabilités et (c) des philosophies de réponse à ces problèmes.
La RSE est l’interaction sous-jacente entre les principes de
Wartick et
responsabilité sociétale, le processus de réceptivité sociétale et les
Cochran (1985)
politiques mises en œuvre pour faire face aux problèmes sociaux.
La RSE est une configuration organisationnelle de principes de
responsabilité sociétale, de processus de réceptivité sociétale et de
Wood (1991)
programmes/politiques/résultats observables liée aux relations
sociétales de l'entreprise.
La RSE est une configuration résultant d’une interaction entre macro-
Swanson (1995) principes, micro-principes de la RSE, d’une part, et culture
organisationnelle et impact social, d’autre part.
La RSE incarne la logique de la contingence, elle serait donc une
fonction d’interaction entre d’une part, les problèmes sociaux, et d’autre
Husted (2000)
part la stratégie et la structure organisationnelle qui sont inhérentes à ces
problèmes.
La RSE renvoie à la nature des interactions entre l’entreprise et la
société, et formalise l’idée selon laquelle l’entreprise, du fait qu’elle
Igalens et Gond
s’agisse dans un environnement qui est à la fois social, politique et
(2003)
écologique, doit assumer un ensemble de responsabilités au-delà de ses
obligations purement légales et économiques.
Dans une conception actuelle, la Responsabilité Sociale de l’Entreprise
intègre trois éléments : honorer des obligations à l’égard de la pluralité
Allouche et
des parties prenantes ; répondre aux demandes sociales émises par
Laroche (2005)
l’environnement socio-économique ; utiliser le concept et son champ
d’application comme outil de gestion.
La RSE renvoie aux modalités de réponse de l’entreprise aux
interpellations sociétales en produisant des stratégies, des dispositifs de
Capron et Quairel- management, de conduite de changement et des méthodes et des
Lanoizelée (2007) méthodes de pilotage, de contrôle, d’évaluation et de reddition
incorporant (du moins en principe) de nouvelles conceptions de
performances.
L’idée de la RSE répond à une représentation élargie de
Dkhili et al. l’environnement des firmes, entendue non seulement dans ses
(2014) dimensions économique et financière, mais aussi sociale, humaine et
écologique.

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La conception axée sur le processus


La RSE comme dynamique de construction collective
La RSE est un sous-système d’un système entier de performance guidé
par des normes. Il se décompose en un ensemble d’inputs transformés
Mitnick (1993) par un processus de conversion en des outputs véhiculés vers
l’environnement. L’enjeu étant d’optimiser le fonctionnement du
système
Cramer et al. Dans cette réflexion récente, la RSE en pratique est considérée comme
(2010) un processus de création de sens collectif dans les organisations.
La RSE se cristallise dans le processus par lequel les managers d’une
organisation conçoivent et discutent des relations avec les parties
Basu et Palazzo
prenantes, de leurs rôles vis-à-vis du bien commun, mais aussi des
(2008)
comportements permettant de tenir ces rôles et de s’engager dans une
relation pérenne avec les parties prenantes.
La RSE est perçue comme processus de sensemaking renvoyant à une
Angus-Leppa et
théorie importante et pertinente de la signification et de l’action pour
al., (2010)
comprendre les ambiguïtés autour de la RSE dans la pratique.
La conception axée sur la déclinaison
La RSE comme déclination du développement durable dans les entreprises.
Capron et Quairel- La RSE est circonscrite au niveau de l’entreprise comme l’application
Lanoizelée (2004) des valeurs du développement durable.
La RSE est ainsi présentée actuellement comme le « volet entreprises »,
Bodet et voire le « volet organisations » du développement durable : elle vise à
Lamarche (2013) apporter à l’échelle de l’entreprise des réponses à la crise écologique et
sociale mondiale.
Source : Adapté et enrichi de Boutiba et al.(2016).
La performance peut être défini comme un résultat quantifié obtenu, elle se traduit par des
résultats mesurés : Chiffres d’affaire, profit, vente du mois, etc (El Hammioui Linda, 2019).
Aujourd’hui nous ne pouvons admettre un tel raisonnement. Dire que la performance se
mesure par le seul enrichissement de l’actionnaire revient à déclencher un processus de
démotivation du personnel qui est pourtant principal créateur de valeur.
D’après Charreaux (1998), Si une entreprise crée de la valeur, c’est parce qu’elle possède un
avantage compétitif difficilement imitable par ses concurrents, par exemple d’un savoir-faire
qui est plus susceptible d’être incarné dans le capital humain ou organisationnel que dans le
capital financier ce qui montre la variété les indicateurs de mesure de la performance de
l’entreprise.
1.1.2. Définir la performance sociale
Dans les écrits récents, la performance n’est pas seulement financière. Nous parlons de plus
en plus de performance non financière. Accolé à « performance », le terme « global » comprend
ainsi plusieurs interprétations, c’est une sorte de mot « parapluie » pour recouvrir les résultats
obtenus par une organisation dans les différentes dimensions de l’évaluation des
comportements sociaux/sociétaux/environnementaux.
En effet, l’ambiguïté sémantique concernant la définition de la notion de performance sociale
est la première difficulté rencontrée pour son opérationnalisation. Selon Fikri Khalid (2015), la
confusion qui règne dans sa mesure est expliquée généralement par ce flou en termes de
définition : dans certains cas la performance sociale est assimilée à une mesure d’orientation
envers la responsabilité sociale (Aupperle, Carroll et Hatfield, 1984), dans l’autre cas la
confusion s’opère avec la citoyenneté d’entreprise (MaignanetFerrell, 2001).

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Dans le monde académique, l’opérationnalisation du concept de la RSE a souvent reposé sur


la mesure de sa performance sociale (PSE). Ainsi, une entreprise ayant obtenu une évaluation
élevée de sa PSE est considérée comme ayant correctement exercé sa RSE.
Dans le tableau suivant, nous présenterons trois exemples parmi les plus cités de la
performance sociale de l’entreprise (PSE).
Tableau 3 : Définition et dimensions de la PSE selon les principaux auteurs
Auteurs Définition de la PSE Dimensions de la PSE vie le modèle
Carroll L’articulation et l’interaction -Catégories de responsabilité sociale :
(1979) entre différentes catégories de économique, juridique, éthique et
responsabilités sociétales (RSE), discrétionnaire.
des problèmes pour lesquels -Domaines sociaux où surviennent des
s’exercent des RSE (problèmes problèmes : consumérisme,
sociaux) et des philosophies de environnement, discrimination, sécurité des
réponses à ces problèmes produits, sécurité au travail, actionnariat.
(processus de sensibilité -Philosophie de réponse : réactive,
sociétale) Défensive.

Wood Une configuration -Principes de responsabilité sociale : qui


(1991) organisationnelle de principes de se déclinent aux niveaux institutionnel,
responsabilité sociale, de organisationnel et managérial.
processus de sensibilité sociale et -Processus de sensibilité sociale :
de programmes, de politiques et l’évaluation et l’analyse de
de résultats observables qui sont l’environnement, la gestion des parties
liés aux relations sociétales de prenantes et la gestion des problèmes
l’entreprise. sociaux.
-Résultat du comportement social de
l’entreprise : impacts sociétaux,
programmes sociétaux et politiques
sociétales.

Clarkson La PSE est la capacité à satisfaire -Le modèle propose une typologie de
(1995) ses parties prenantes et à les gérer problèmes spécifiques pour chacune des
de manière proactive parties prenantes qu’il distingue :
employés, propriétaires/actionnaires,
consommateurs, fournisseurs, pouvoirs
publics (ex : administrations, agences de
régulation, concurrents…).
- Le niveau de réactivité par rapport à
chaque partie prenante est évalué sur une
échelle comprenant quatre positions :
réactive, défensive, d’accommodation,
proactive.
Source : Mullenbach et Gond (2004) ; cité par Jaouad EL MANZOUDI, 2017
À cet égard, nous pouvons conclure que la performance sociale (PSE) constitue l’ensemble
des obligations que les entreprises s’engagent de manière volontaire envers leurs parties
prenantes aux niveaux économique, légal, éthique, et philanthropique.

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1.1.3. Définir la Performance Financière


Pour qu’une entreprise ait une meilleure performance financière, elle doit être, en même
temps, efficace et efficiente. Généralement l’efficience désigne le rapport entre les résultats
obtenus et les moyens ou ressources utilisés pour la réalisation de ces résultats. D’un point de
vue financier, l’efficience d’une entreprise est mesurée par sa rentabilité. La rentabilité
représente la capacité d’une entreprise à procurer des profits.
Généralement, la performance financière est évaluée à partir des documents comptables, elle
peut également être entendue, selon Sahut et al, comme les revenues sortis de la détention des
actions. Les actionnaires sont le dernier maillon de la chaine à bénéficier de l’activité de
l’entreprise (Aminata Fall, 2013).
D’un autre terme, la performance financière se définit comme l’aptitude d’une entreprise à
créer de la valeur avec les fonds dont elle dispose en vue de procurer des bénéfices.
La performance financière (PF) est étroitement liée à la performance économique, elle est
mesurée par plusieurs ratios. La PF est définie à l’aide de deux indicateurs : la rentabilité des
investissements ou économique et la rentabilité des capitaux propres ou financière (NAJAR J.
et NEKHILI M., 2009). Le premier indicateur est calculé par le rapport entre l’excédent brut
d’exploitation et la somme des immobilisations brutes et du besoin en fonds de roulement. Cette
rentabilité mesure le profit par dirham investi indépendamment de l’origine des capitaux. La
rentabilité des capitaux propres mesure la rentabilité des fonds apportés par les actionnaires et
elle est calculée par le rapport entre le résultat courant et les capitaux propres. Un niveau élevé
de ce ratio permet à l’entreprise de trouver facilement de nouveaux capitaux sur le marché
financier pour financer sa croissance.
1.2. Genèse de la RSE
Les années 50 ont été marquées par la publication de plusieurs ouvrages académiques traitant
les relations entre entreprise et société. Ces ouvrages posent les soubassements du domaine
académique "Business and Society", qui s’affirmera progressivement aux États-Unis, à partir
des années 1970, comme un élément de l’enseignement à la gestion. En revanche, les travaux
réalisés dans une perspective historique ont montré que le concept de responsabilité sociale
s’est diffusé beaucoup plus tôt dans la société et les milieux d’affaires (Heald 1961, 1970 ;
Miller et O’Leary 1989 ; Epstein 2002 ; cité par Acquier et Gond, 2005).
La RSE représente une nouvelle manière de concevoir l’organisation du travail en opposition
au modèle de Taylor. En effet, ce modèle a révolutionné le processus de maximisation des
bénéfices en sollicitant les travailleurs d’exécuter des gestes répétitifs. Déshumaniser le travail
est la conséquence du travail à la chaine. La réflexion et l’intérêt au travail sont des concepts
disparus de ce modèle.
Puisque le Taylorisme est considéré comme un destructeur du développement individuel, en
1931, Dubreuil H. ; mécanicien- chercheur ; a inventé la responsabilité éthique des entreprises
(Corporate Ethical Responsability) visant à redonner du sens et de l’intérêt au travail (Gendron
et al., 2008).
Par ailleurs, plusieurs institutions internationales ont développé, au fil des années, des
normes relatives à la RSE. Ces normes ont une portée internationale avec des répercussions au
niveau des pays. L’objectif est d’uniformiser la compréhension des enjeux de la RSE et des
modèles de sa mise en œuvre en vue de faciliter les échanges et accroitre les interactions entre
les auteurs. Nous proposons ci-après une synthèse des principales initiatives internationales de
la RSE durant les trois dernières décades (Benaicha, 2017):
• 1976 : Principes directeurs de l’OCDE pour les entreprises multinationales.
• 1977 : Déclaration tripartie de l’OIT pour les entreprises multinationales.
• 1992 : Sommet de la terre à RIO (Déclaration de Rio sur l’environnement et le
développement et autres mesures).

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• 2000 : Pacte mondial des Nations-Unies (global compact).


• 2000 : Conseil européen de Lisbonne (appel à la responsabilité sociale des entreprises).
• 2001 : Commission européenne (Livre vert pour promouvoir un cadre européen pour la
RSE).
• 2002 : Commission européenne (Stratégie communautaire de promotion de la RSE).
• 2006 : Commission européenne (Mise en œuvre du partenariat pour la croissance et
l’emploi : faire de l’Europe un pôle d’excellence en termes de RSE).
• 2008 : Rapport sur la compétitivité européenne- chapitre5- RSE.
• 2010 : ISO 26000.
• 2011 : Révision des principes directeurs de l’OCDE relatifs aux entreprises et aux droits
de l’homme.
• 2011 : Commission européenne (Communication sur la RSE et stratégie 2011-2014)
• 2014 : Directive 2014 /95/UE sur le rapportage extra-financier.
• 2015 : Stratégie Europe 2020 intégrant l’ensemble des questions de la RSE.
• 2015 : Adoption des 17 objectifs de Développement Durable par l’ONU pour éradiquer la
pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous.
• 2016 : Révision des principes directeurs de l’OCDE relatifs aux principes de bonne
gouvernance des entreprises multinationales et intégration du concept de conduite
responsable des affaires.
2. Lien de causalité entre Performance Sociale et Performance
Financière
2.1. Interaction entre performance sociale et performance financière
Le concept de la responsabilité sociale des entreprises suscite un intérêt considérable. En ce
qui concerne la recherche, cet intérêt découle du fait que les chercheurs partent de l’hypothèse
implicite ou explicite qui stipule que la RSE est liée à la performance économique et financière.
Cependant, cette hypothèse n’est pas unanime. Certains chercheurs considèrent que la relation
entre ces deux construits n’est pas aussi claire. Alors que d’autres estiment que les entreprises
ne peuvent s’engager dans des investissements socialement responsable (ISR) que si ceux-ci
leur permettent d’améliorer leur rentabilité. En d’autres termes, la RSE doit être
économiquement rentable, sinon, elle est considérée comme un coût supplémentaire inutile.
2.1.1. Hypothèses théoriques relatives à la relation entre performance sociale et
performance financière (PS/PF)
Depuis un siècle, l'attention de plusieurs chercheurs, dans différents domaines (gestion,
finance, la stratégie et l’organisation de la firme…), est attirée à la détermination de la nature
d’interaction entre la RSE/PFE
De nombreuses recherches ont été menées afin d’établir cette relation, mais les résultats ont
été très contrastés et divergents. Les partisans de la théorie des parties prenantes considèrent
qu’un bon niveau de performance sociale (PSE) est une condition préalable à la légitimité d’une
entreprise dans son environnement, et donc la relation existante entre la PSE et la PFE est
positive dans le long terme (Freeman, 1984). Cependant, les opposants à cette théorie affirment
que le fait de se préoccuper à autre chose, que de générer un profit maximum pour les
actionnaires peut conduire à une rupture de confiance, ce qui peut impacter négativement la
richesse créée pour le compte de ceux-ci (la théorie classique de Friedman, 1970).
Preston et O’Bannon (1997) ont illustré la combinaison de différentes interrogations sur la
relation existante entre la PSE et la performance financière en utilisant une classification des
liens potentiels entre ces deux notions. À cet égard, les principales hypothèses théoriques, qui

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ont fait l’objet de tentatives de vérifications empiriques, sont présentées dans le tableau ci-
dessous :
Tableau 4 : Les hypothèses théoriques relatives aux relations PSE-PF
Nature de la relation entre PSE et PFE
Causalité postulée Relation linéaire
Lien positif Lien négatif
PS PF H.1. Hypothèse de l’impact social H.2. Hypothèse de l’arbitrage.
positif ou du bon management.
PF PS H.3. Hypothèse des fonds H.4. Hypothèse de
disponibles ou slack (jeu) l’opportunisme.
organisational.
PS PF H.5. Hypothèse de la synergie H.6. Hypothèse de la synergie
positive négative
PSE ∅ PFE Absence de relation
H.7. Hypothèse de l’absence de relations entre les deux entités.
PSE ∩ PFE Relations complexes :
H.8. Hypothèse de l’existence d’une relation plus complexe qu’une
relation linéaire.
Source : adapté de Gond (2001), construit par Preston et O’Bannon (1997) ; cité par Gond et Igalens, 2016.
Les explications théoriques qui ont pour objectif d’éclaircir la nature de la relation existante
entre la performance sociale et la performance financière sont très nombreuses.
- Hypothèse de l’impact social (H1)
Les tenants de la théorie des parties prenantes pensent qu’une meilleure prise en compte des
besoins des différentes parties prenantes se traduira finalement par une amélioration de la
performance financière, et vice versa (Freeman, 1984; Ulmann, 1985 ; Clarkson, 1995 ;
Donaldson et Preston, 1995 ; Balabanis et al, 1998).
D’après Cornell et Shapiro (1987), la non-réponse aux attentes des différentes parties
prenantes est susceptible d’engendrer des perturbations au niveau du marché, ce qui peut
entrainer un accroissement de la prime de risque de l’entreprise, et qui se traduira généralement
par une augmentation des coûts et/ou une diminution des profits. Toutefois, la satisfaction des
parties prenantes (employés, clients, fournisseurs…) améliore l’image et la réputation de
l’entreprise, et par conséquent sa performance financière. Inversement, le fait que l’entreprise
ne répond pas à leurs attentes peut influencer négativement sa performance financière. Par
conséquent, cette hypothèse montre qu’il existe une relation de « lead and lags » entre
performance sociale et performance financière. Cela vaut dire que c’est la PSE qui se développe
en premier (en termes d’image et de bonne ou mauvaise réputation) et impacte ensuite
positivement ou négativement la performance financière.
- Hypothèse des fonds disponibles ou slack organisationnel (H2)
Selon les travaux de McGuire et al. (1988) et qui sont confirmés par Preston et al. (1991), ce
modèle stipule que plus une entreprise est performante financièrement plus elle sera
performante sociétalement (Allouche et Laroche, 2005). En d’autres termes, ce modèle
considère que ce n’est pas la RSE qui permet d’obtenir un niveau élevé de la performance
financière, mais au contraire, les entreprises les plus performantes sur le plan financier sont
parfois les entreprises les plus performantes au niveau de la RSE.
Dans ce cas, nous remarquons que la PSE et PFE sont positivement corrélées mais cette fois
c’est la PFE qui exerce un effet sur la PSE. Cela peut être s’expliqué par le fait que seules les
entreprises procurant des profits conséquents ont les moyens matériels d’investir dans des
projets discrétionnaires, ce qui entraine par la suite à l’amélioration de la performance sociale.
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- Hypothèse de compromis ou de l’arbitrage (H3)


Généralement, cette hypothèse stipule que plus une entreprise est performante sur les plans
social et environnemental moins elle sera performante sur le plan financier.
Selon ce modèle, une implication de la démarche RSE engendrera des coûts supplémentaires
pour les entreprises.
Cette théorie postule que la PSE nécessite des investissements qui représentent des coûts
financiers supplémentaires pour la firme (Freidman, 1962 ; 1970). Autrement dit, ces coûts
supplémentaires générés par la RSE vont provoquer un désavantage compétitif en réduisant
inévitablement, au moins dans un premier temps, la rentabilité financière de l’entreprise
(Aupperle et al, 1985 ; Balabanis et al 1998 ; cité par Fikri, 2015). Cela vaut dire que les
entreprises qui ont tendance à investir de façon conséquente dans des actions socialement
responsables (ex : oeuvres de charité, protection de l'environnement, développement de
communauté, etc.) sont victimes d’un désavantage compétitif vis-à-vis de leurs concurrents qui
favorisent la performance financière aux dépenses de la PSE.
- Hypothèse de la gestion opportuniste (H4)
D’après cette hypothèse, les managers poursuivent des objectifs propres qui peuvent entrer
en contradiction avec la volonté d’implication sociale de l’entreprise. Cette hypothèse confirme
que lorsque la performance financière augmente, la PSE diminue et au contraire lorsque la
performance financière diminue, la PSE augmente. En d’autres termes, plus une entreprise est
performante économiquement moins elle sera performante au niveau sociétal.
Selon Preston et O’Bannon (1997), l’idée est que lorsqu’une entreprise réalise une
performance financière mediocre, les managers vont investir dans des programmes et actions
sociales pour pouvoir imputer à ces investissements sociétaux la faible PF. Dans le cas inverse,
lorsque la PFE est élevée, les managers opportunistes vont abandonner la politique sociétale
envers les parties prenantes en faveur de l’augmentation de leurs propres revenus, c’est-à-dire
les managers vont chercher à récupérer un gain maximum en lésant les stakeholders.
- Hypothèse suggérant une synergie positive (H5)
C’est une hypothèse proposée par Waddock et Graves (1997) (Amaazoul, 2021), selon
laquelle Il est possible d’imaginer la relation entre la PS et PF dans le cadre d’un modèle global
explicatif qui supposerait l’existence d’un cercle vertueux (synergie positive) : Elle est basée
sur les deux hypothèses ayant un lien positif (hypothèse de l’impact social et l’hypothèse des
fonds disponibles). Cette hypothèse postule qu’un niveau élevé de performance sociale
provoque un bon niveau de performance financière, ce qui va permettre à l’entreprise de
réinvestir dans de nouveaux programmes plus performants de RSE (Waddock et Graves, 1997;
Preston et O’Bannon, 1997 ; Alouche et Laroche, 2005 ; cité par Benali et al, 2021). Autrement
dit, si l’entreprise répond aux objectifs des parties prenantes cela va améliorer sa performance
économique et financière ce qui va permettre d’améliorer le niveau de performance sociale.
- Hypothèse suggérant une synergie négative (H6)
Cette hypothèse stipule qu’il existe un cercle vicieux (synergie négative) entre la PSE et la
performance financière.
Dans ce cas, une faible performance sociale mène à une baisse de la performance financière
qui limitera, par conséquent, les investissements socialement responsables. Autrement dit, les
efforts en matière de PSE diminuent la performance financière qui elle-même affecte
négativement la PSE.

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- Hypothèse suggérant une absence de relation entre PSE et PFE (H7)


Cette hypothèse trouve deux types d’explications. D’après la première, les relations entre
PSE et PF sont tellement complexes et indirectes et qu’il est impossible d’établir l’existence
d’une relation stable entre ces deux performances. L’autre explication est basée sur le modèle
d’équilibre partiel de la RSE, élaboré par McWilliams et Siegel en 2001, en postulant qu’il
existe une offre de RSE de la part des entreprises et une demande de RSE de la part des
consommateurs (cité par Amaazoul, 2021 ; Gond et Igalens, 2016 ; El MALKI et M’ZALI,
2014).
À cet égard, les entreprises sont incitées à investir dans des programmes sociaux et
environnementaux afin de répondre à la demande des parties prenantes.
En outre, le modèle d’équilibre partiel de la RSE affirme qu’un accroissement de l’offre
RSE, tout en engendrant une augmentation des coûts pour l’entreprise, provoque une
augmentation de la demande des biens incorporants de la RSE. Un coût supplémentaire est prêt
à être payé de la part des consommateurs pour s’offrir des produits plus responsables, mais
seulement jusqu’à un certain seuil.
- Hypothèse suggérant des relations complexes entre la PSE et PFE (H8)
Ce modèle consiste à postuler l’existence d’une relation parabolique en forme de U inversé
(∩) entre PSE et PF (Barnett et Salomon, 2003 ; cité par Amaazoul, 2021). Cela signifie que la
PSE a un impact positif sur la PF (investir dans la PSE augmente les profits de l’entreprise)
jusqu’à un niveau optimal à partir duquel la relation s’inverse, cela vaut dire que tout
investissement socialement responsable supplémentaire a une influence négative sur la PF.
Cependant, une autre étude, qui a été menée par Barnett et Salomon en 2006 (Gond et
Igalens, 2016), suggère l’existence d’une relation entre PSE et PF en forme de U. cette étude a
montré que, dans un premier temps, tout investissement initial en PSE constitue un coût
significatif pour l’entreprise, ce qui va décroitre sa PF. Par contre, dans un second temps,
lorsqu’un très grand nombre de critères extrafinanciers sont respectés, la PF augmente, dans la
mesure où les investisseurs se focalisent sur les entreprises les mieux gérées et donc les plus
rentables financièrement.
Enfin, nous pouvons dire que la multiplicité de ces hypothèses théoriques a conduit à
développer des tests empiriques visant à déterminer les conditions de validité des différents
mécanismes invoqués.
Les relations positives sont le principal résultat des études empiriques sur la relation RSE-
performance financière. En effet, Orlizky ; Schmidt & Rynes (2003) ont analysé 52 études
publiées entre 1970 et 2002. Le résultat de cette méta-analyse, portant sur 30 ans de recherche
sur la question, confirme l’existence d’une interaction positive entre la RSE et la performance
financière.
Une autre méta-analyse, a été menée par Wang et al. en 2016, examinant les études
effectuées durant la période 2003-2012. Une corrélation positive entre performance sociale et
performance financière prédomine dans les 42 études analysées, confirmant que c’est la
performance sociale qui impacte la performance financière et réfutant l'inverse (Benali et al.,
2021).
En 2010, El Malki a conclu que lorsqu’on utilise la dimension "employés" comme indicateur
de la performance sociale des entreprises, la performance sociale influence positivement la
performance financière des entreprises marocaines s’opérant dans le secteur textile, tandis que
dans le secteur chimique, lorsqu’on utilise la dimension "employés", "Territoires" et
"Communautés".
L’utilisation de la dimension « communauté » et la dimension « environnement » comme proxy
de la RSE, et le « MBV » comme indicateur de la performance financière a mené, Lin et al.
(2018), à trouver qu’il existe une interaction positive entre la RSE et la performance financière.

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Il existe une autre relation positive, mais cette fois entre la dimension «optimisation des
ressources et relations avec les fournisseurs », la dimension « employé » et le « Q de Tobin » à
Taiwan (Benali et al., 2021).
2.1.2. Implications managériales : construire la relation positive entre PSE et PF
D’un point de vue pratique, beaucoup d’entreprises s’efforcent de construire de telles
justifications avant d’engager des politiques de RSE en évaluant les bénéfices attendus et les
coûts de mise en œuvre de ces programmes. Il s’agit donc d’aller au-delà du questionnement
relatif à l’existence d’une corrélation générale entre PSE et PF pour chercher à comprendre
pourquoi et comment la recherche d'une performance sociale, dans une organisation spécifique,
peut aider à améliorer la performance financière.
Les principaux arguments proposés dans la littérature pour la justification de l’existence d’un
business case sont les suivants (Gond et Igalens, 2016) :
- La PSE contribue directement à la réputation de l’entreprise et lui permet d’obtenir la
légitimité nécessaire pour se procurer le soutien autorisant le déploiement de ses
opérations ;
- La PSE peut changer le jeu concurrentiel en contribuant à l’augmentation des coûts
d’entrée sur un marché et pour des concurrents en contribuant à élever les standards en
matière de réglementation du travail, de l’environnement et/ou de la santé;
- La PSE envoie un signal de qualité des emplois offerts (ex : bon traitement des
employés) qui peut accroître considérablement l’attrait d’une organisation auprès
d’employés potentiels, en particulier pour les emplois les plus qualifiés ;
- La PSE joue un rôle positif dans le processus d’achat des consommateurs et peut
notamment renforcer le caractère distinctif du positionnement d’une marque et être
perçue par les consommateurs comme attribut important du produit, elle peut donc ainsi
contribuer à augmenter le chiffre d’affaires de l’entreprise ;
- La PSE est un outil de maitrise de risques. Les entreprises les plus performantes du point
de vue de la PSE sont aussi celles qui ont les niveaux de risque les moins élevés d’après
de nombreuses études empiriques. Par ailleurs, la PSE peut parfois contribuer à
diminuer les coûts et améliorer l’efficience ;
- La PSE peut aussi être vue comme un outil de gestion des ressources humaines, car elle
peut affecter les perceptions des employés et renforcer positivement des attitudes telles
que la satisfaction au travail, l’engagement au travail.
2.2. Les limites de recherche de la relation PSE/PFE
Plusieurs limites méthodologiques sont présentées par les travaux empiriques traitant la
relation entre performance sociale et performance financière. Ces limites concernent
généralement la nature des échantillons des entreprises considérés (taille et secteur) qui se
diffère d’une étude à l’autre, ainsi que l’opérationnalisation de la PS et de la PF.
D’après El Malki (2010), les diverses limites et difficultés qui découlent de très nombreux
textes abordant la relation PSE/PFE sont essentiellement de nature méthodologique :
➢ Les problèmes liés aux échantillons retenus ;
➢ Des traitements statistiques souvent discutables ;
➢ L’insuffisante prise en compte des variables de contrôle.
2.2.1. Les problèmes liés aux échantillons retenus
Selon Cottrill (1990) et Fry et Hock (1976), les principaux déterminants de l’investissement
socialement responsables sont la taille des entreprises et leur visibilité sur le marché (Allouche
et Laroche, 2005). À cet égard, il est essentiel de prendre en considération les caractéristiques

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des entreprises dans les études visant à mieux comprendre la nature d’interaction entre la PS et
PF.
La majorité des études examinant cette relation PSE/PFE utilisent des données
intersectorielles, tandis que de nombreuses études recommandent de réaliser davantage des
recherches sur des secteurs d’activités spécifiques. En conséquence, 78% des études ont
sélectionné des populations appartenant à des secteurs différents plutôt que de se concentrer sur
un seul secteur (El MALKI.T et M’ZALI. B, 2014).
2.2.2. Des traitements statistiques souvent discutables
Les études analysant le lien entre PSE et PF ont utilisé deux grands types de traitement
statistiques (El Malki et M’Zali, 2014). Le premier type est celui de recherches qui comparent
la performance financière moyenne de plusieurs entreprises qui ont des niveaux de PSE
différents. Le second est celui de recherches visant à évaluer leniveau d’association entre la
PSE et la PF à travers des analyses de corrélation ou à travers des modèles de régression
multiple.
Ainsi, dans plusieurs recherches, la sophistication des traitements statistiques employés n’est
pas sans commune mesure liée à la qualité des données utilisées. En outre, face à la complexité
des objets de recherche, les moyens méthodologiques retenus sont le plus souvent insuffisants.
En plus, l’interaction entre la PSE et la PF est examinée, dans certaines études à travers
l’utilisation de tris croisés et de corrélations simples (Moskowitz, 1972 ; Heinze, 1976 ; Kedia
et Kuntz, 1981), tandis que dans d’autres études à travers des modèles d’équations structurelles
(Johnson et Greening, 1999).
2.2.3. L’insuffisante prise en compte des variables de contrôle
Trotman et Bradley (1981) considèrent que la relation entre la PSE et la PF peut être
impactée par d’autres facteurs (El Malki et M’Zali, 2014). Il s’agit, par exemple, de la taille des
entreprises, du secteur d’activité, du risque financier ou de l’investissement en R&D. Afin
d’appréhender la relation entre la PSE et la PF, il est essentiel de prendre en compte ces variables
de contrôle. Ainsi, la comparaison entre les résultats devient difficile et leur généralisation est
impossible parce qu’il n’existe pas un consensus entre les chercheurs sur la nature et le nombre
de variables de contrôle à prendre en compte. Cependant, ces variables ne sont pas prises dans
le modèle empirique de certaines études, ce qui peut mener à des résultats trompeurs.
En effet, la performance financière, la performance sociale ainsi que la relation entre ces
deux performances peuvent être affectées par la taille de l’entreprise (Orlitsky, 2001 ; cité par
El Malki et M’Zali, 2014). En d’autres termes, plus l’entreprise est grande, plus elle dispose
des ressources financières et donc elle peut investir dans des programmes sociaux (Fikri, 2015).
À cet égard, sa prise en compte comme variable de contrôle dans les modèles empiriques permet
alors de modifier les résultats d’une manière significative.
De la même manière, l’investissement en R&D a été considéré comme une variable qui peut
impacter la relation entre la PSE et la PF (McWilliams et Siegel, 2000 cité par Malki et M’Zali,
2014). Ainsi, l’étude menée par Graves et Waddock (1997) a déjà montré qu’il existe une
corrélation entre la qualité du management et la performance financière des entreprises. En
conséquence, la prise en compte de cette variable, lorsque cela est possible, dans les études
évaluant le lien d’interaction entre la PSE et PF est nécessaire.
Enfin, la nature de l’activité de l’entreprise (exportatrice ou non exportatrice) influence sa
performance sociale du fait que les entreprises exportatrices doivent respecter l’ensemble des
exigences de leurs clients potentiels dans les marchés étrangers, y compris la conformité à des
normes sociales et/ou environnementales.

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Conclusion
Dans un environnement caractérisé par une concurrence de plus en plus acharnée, par une
interaction de plus en plus intensive entre les parties prenantes et les organisations, l’avantage
compétitif peut être développé pour inclure la PSE et la performance financière. En
conséquence, dans cet environnement, exigeant une performance financière et une grande
efficacité en termes de réactivité vis-à-vis des parties prenantes, les entreprises essayent
d’élaborer des stratégies qui leur permettront de survivre et de s’épanouir. Autrement dit, une
entreprise peut désormais être obligée d’atteindre des performances élevées en maintenant la
qualité des produits, en respectant l’environnement naturel et en répondant aux besoins des
communautés où elle opère et des employés qu’elle emploie.
Dans ce travail, nous avons poursuivi deux objectifs principaux. Le premier était de définir
le concept RSE, en mettant l’accent sur ses principales définitions institutionnelles et
académiques, ainsi que les définitions des différents concepts qui se rapportent à la RSE à
savoir : la performance sociale des entreprises et leur performance financière. Le deuxième
objectif était de représenter la relation existante entre la performance sociale et la performance
financière. L’étude de cette relation a attiré l’attention de nombreux chercheurs dans différents
domaines gestion, finance, stratégie et organisation des entreprises, etc.).
Face à l’institutionnalisation contemporaine des pratiques, la question des retombées
financières de la RSE sera toujours posée par les gestionnaires, les dirigeants ou les financiers
des entreprises. À cet égard la clarification de l’impact de la responsabilité sociale des
entreprises sur leur performance financière a fait l'objet de nombreuses études préalables. En
1953, Bowen a analysé les arguments économiques remettant en question la RSE.
Ces travaux se sont consacrés pour la détermination de la nature des interactions existante entre
l’aptitude des entreprises à obtenir un haut niveau de RSE et leur performance financière en
examinant les interactions entre, d’une part, la performance sociale de l’entreprise (PSE) et
d’autre part, sa performance financière (PF). Trois niveaux d’analyse à travers lesquels ces
interactions ont été étudiées (Gond et Igalens, 2016). Un niveau théorique recherchant à
débrouiller les mécanismes explicatifs des liens entre ces variables, un niveau empirique
recherchant à expliquer la nature de l’interaction entre les indicateurs de mesure de ces concepts
et en s’appuyant sur des méthodes statistiques, et enfin un niveau plus pragmatique et
managérial, visant à clarifier pourquoi la PSE et la PF peuvent converger, en construisant un
business case de la RSE.
Des résultats divergents et contrastés ont été obtenus par plusieurs recherches. Cette
divergence entre les résultats peut avoir plusieurs origines dont notamment des problèmes liés
aux échantillons retenus, des traitements statistiques souvent discutables et l’insuffisante prise
en compte des variables de contrôle.
Les partisans de la théorie instrumentale des parties prenantes considèrent qu’une meilleure
prise en compte des parties prenantes est un prérequis pour l’amélioration de la performance
financière de la firme, et donc la PS et PF sont positivement corrélées. Les opposants de cette
théorie suggèrent qu’il existe un lien négatif entre la PS et la PF.
Bien que d’autres auteurs suggèrent qu’il y a aucune relation entre ces deux construits, par
contre d’autres signalent qu’il existe une relation non linéaire.
Pour conclure, et en raison de l’intérêt récent accru pour la RSE, les recherches doivent
fournir des explications plus globales de la PSE et de ses implications financières. Ces
recherches peuvent présenter un intérêt aussi bien pour les dirigeants des entreprises que pour
les agences de notation sociétale. Elles peuvent contribuer à convaincre le top management des
entreprises de l’utilité de l’investissement en matière de RSE dans l’hypothèse du lien positif
entre la performance sociale des entreprises et leur performance financière. Autrement dit, une

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bonne compréhension de la nature d’interaction entre PSE et PF aidera les chefs d'entreprise et
les investisseurs dans leur processus de décision.

Références

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l’Entreprise. (Re)Lecture et analyse d’un ouvrage fondateur : Social Responsibilities of
the Businessman d’Howard Bowen (1953) », XIVème Conférence Internationale de
Management Stratégique, Pays de la Loire, Angers, AIMS.
(2) Allouche J, et Laroche P. (2005), « Responsabilité sociale et performance financière des
entreprises : une synthèse de la littérature », Colloque ”Responsabilité sociale des
entreprises : réalité, mythe ou mystification ? ” 17-18 mars, Université de Nancy 2.
(3) Amaazoul H., (2021), « Responsabilité sociétale des entreprises et performance
financière : Etude appliquée aux entreprises marocaines », L’Harmattan.
(4) Aminata Fall. (2013). « l’évaluation de la performance financière d’une entreprise : cas
de la SAR » Mémoire en Sciences de Gestion, Vlerick Business School.
(5) Benaicha Omar (2017), « La diffusion de la RSE dans les entreprises au Maroc :
Facteurs déterminants, rôles et interactions des acteurs » thèse de doctorat en sciences
de gestion, Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des Entreprises
(ISCAE), Maroc.
(6) BENALI Mimoun, EL YAAGOUBI Jihad, MOUFDI Ghada, (2021), « Impact of CSR
on the financial performance of listed Moroccan companies », International Journal of
Financial Accountability, Economics, Management, and Auditing, Vol 3, N° 3, 132-
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ISSN: 2658-8455
Volume 3, Issue 1-1 (2022), pp.386-404
© Authors: CC BY-NC-ND

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