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ISSN: 2658-8455

Volume 3, Issue 3-1 (2022), pp.79-93.


© Authors: CC BY-NC-ND

Entrepreneuriat durable, social et solidaire

Sustainable, social and solidarity entrepreneurship

Rania DERKAOUI, (Doctorante)


Laboratoire de Recherche en Gestion, Économie et Sciences Sociales (LARGESS)
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales d'El-Jadida, Maroc
Université Chouaib Doukkali d’El Jadida, Maroc.

Dounia RABHI, (Enseignant-Chercheur)


Laboratoire de Recherche en Gestion, Économie et Sciences Sociales (LARGESS)
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales d'El-Jadida, Maroc
Université Chouaib Doukkali d’El Jadida, Maroc.

Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales d’EL


Jadida
Route Nationale N°1 El haouziya. Maroc
Université Chouaib Doukkali
Adresse de correspondance :
Maroc, El Jadida
24000
Tel : +212523379301
Fax : +212523355242
Les auteurs n'ont pas connaissance de quelconque financement
Déclaration de divulgation :
qui pourrait affecter l'objectivité de cette étude.
Conflit d’intérêts : Les auteurs ne signalent aucun conflit d'intérêts.
DERKAOUI, R., & RABHI, D. (2022). Entrepreneuriat
durable, social et solidaire. International Journal of Accounting,
Citer cet article
Finance, Auditing, Management and Economics, 3(3-1), 79-93.
https://doi.org/10.5281/zenodo.6582581
Cet article est publié en open Access sous licence
Licence
CC BY-NC-ND

Received: May 06, 2022 Published online: May 30, 2022

International Journal of Accounting, Finance, Auditing, Management and Economics - IJAFAME


ISSN: 2658-8455
Volume 3, Issue 3-1 (2022)
Rania DERKAOUI & Dounia RABHI., Entrepreneuriat durable, social et solidaire.

Entrepreneuriat durable, social et solidaire

Résumé :
Afin de répondre aux besoins urgents de la société, plusieurs entreprises à but social ont vu le jour, cherchant ainsi
à réconcilier entre croissance économique, cohésion sociale et respect de l’environnement. D’une part, les
entreprises traditionnelles qui contribuent au développement durable se voient principalement dans la RSE. Leur
finalité dominante demeure la recherche de profit, alors que les dimensions sociales et environnementales sont
considérées comme objectifs dérisoires. Dans un second lieu, l’entrepreneuriat social, faisant irruption dans le
monde de l’économie sociale et solidaire, vise à répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité de manière
durable à travers la lutte contre le chômage, la vulnérabilité, et les disparités sociales, chose qui permet de garantir
un développement socialement durable qui respecte les droits de l’Homme.
Dans notre travail de recherche, nous avons opté pour une étude purement théorique. De ce fait, nous avons procédé
tout d’abord par une conceptualisation des termes phares pour clarifier l’ambiguïté entre l’entrepreneuriat social
et l’économie sociale et solidaire, vu que non seulement l’économie a fait son entrée dans les activités sociales et
culturelles, mais les pratiques sociales aussi ont intégré la gestion, les budgets, la planification et la comptabilité.
Ensuite, nous avons abordé la notion de Responsabilité Sociale des Entreprises afin de ne pas confondre une
entreprise traditionnelle optant pour la RSE avec une entreprise sociale. Dans un dernier temps, nous avons exposé
les pistes d’articulation entre les entreprises sociales et le développement durable, ou comment l’économie sociale
et solidaire et le développement durable contribuent l’un à l’autre.

Mots clés : Entrepreneuriat social, ESS, entreprise sociale, développement durable, RSE.
Classification JEL : B55, L31, Q01.
Type d’article : Article théorique

Abstract:
In order to meet the urgent needs of society, several companies with a social purpose have emerged, seeking to
reconcile economic growth, social cohesion and respect for the environment. On the one hand, traditional
companies that contribute to sustainable development are mainly seen in CSR. Their dominant purpose remains
the search for profit, while the social and environmental dimensions are considered derisory objectives. Secondly,
social entrepreneurship, bursting into the world of the social and solidarity economy, aims to meet the basic needs
of humanity in a sustainable way through the fight against unemployment, vulnerability, and social disparities,
which makes it possible to guarantee a socially sustainable development that respects human rights.
In our research work, we opted for a purely theoretical study. As a result, we first proceeded by conceptualizing
the key terms to clarify the ambiguity between social entrepreneurship and the social and solidarity economy,
given that not only has the economy made its entry into social and cultural activities, but social practices have also
integrated management, budgets, planning and accounting. Then, we mentioned the notion of Corporate Social
Responsibility so as not to confuse a traditional company opting for CSR with a social company. Finally, we
exposed the articulation between social enterprises and sustainable development, or how the social and solidarity
economy and sustainable development contribute to each other.

Keywords: Social entrepreneurship, SSE, social enterprise, sustainable development, CSR.


JEL Classification : B55, L31, Q01.
Paper type: Theoretical Research

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1. Introduction :
L’entrepreneuriat, au sens large, peut être défini comme étant « le fait de mobiliser des
ressources en vue de lancer des projets et de créer des entreprises dont les produits ou les
services répondent à des besoins de la société. Au total, l’entrepreneuriat semble être un
paradigme dynamique de création d’exploitation, d’opportunité d’affaires, ou encore
d’innovation pour la création de nouvelles entreprises génératrices de valeur » (Naouar et
Neffati, 2016, pp. 165-174). De même, un entrepreneur est un individu qui se distingue du
salarié, puisqu’il est libre d’organiser son travail selon ce qui lui convient. Selon Berry et
Deshayes (2020), l’entrepreneur a longtemps été décrit par les économistes classiques comme
étant un acteur économique qui s’intéresse surtout à la maximisation du profit. Sauf que cette
définition a été critiquée par des sociologues, notamment Shumpeter qui l’associe à
l’innovation.
Afin de renforcer le tissu social, une nouvelle forme d’entrepreneuriat a été envisagée qui n’est
rien d’autre que l’entrepreneuriat social. Ce dernier vise à trouver des solutions innovantes à
des problèmes sociaux et veille surtout au bien-être de la société à travers des actions ayant un
impact social telles que la lutte contre le chômage la pauvreté, l’exclusion …
Autant que pratique, l’entrepreneuriat social existe depuis longtemps, sauf que le terme en
question « entrepreneuriat social », qui vient de l’expression anglophone « social
entrepreneurship », n’est apparu pour la première fois aux États-Unis qu’au début des années
1980 (Janssen et Al., 2012). Selon Derkaoui et Al. (2021, pp. 240-251), l’entrepreneuriat social
peut être défini comme « une activité innovante basée sur un ensemble d’opportunités et de
missions qui créent de la valeur sociale. Ces dernières génèrent principalement des
changements radicaux impactant toutes les parties prenantes de la société ». L’objectif
primordial est donc la création de valeurs sociale et collective à finalité durable, plutôt que de
s’intéresser au profit (Alexandre, 2013).
Selon cet auteur, créer une entreprise sociale pour une cause environnementale fait partie d’une
société qui met en place des mesures de politique publique relatives au développement durable.
En effet, le développement durable signifie que la croissance doit se faire dans le respect de la
nature et des Hommes, la durabilité est alors atteinte là où les objectifs économiques, la
responsabilité sociale et la préservation de l’environnement se rejoignent. Rémillard et Wolf
(2009, pp. 29-43) admettent que le développement durable « apparaît comme une nouvelle
convention « responsable », qui oriente les conduites des entreprises selon une perspective de
création de valeur à long terme ». C’est en effet un concept qui rassemble trois préoccupations :
une préoccupation sociale, une autre environnementale et finalement économique. Par ailleurs,
les problèmes environnementaux font ressortir la nécessité de considérer l’économie dans une
perspective sociale.
Dans notre travail de recherche, nous allons procéder tout d’abord par une conceptualisation
des termes phares pour clarifier l’ambiguïté entre l’entrepreneuriat social et l’économie sociale
et solidaire, vu que non seulement l’économie a fait son entrée dans les activités sociales et
culturelles, mais les pratiques sociales aussi ont intégré la gestion, les budgets, la planification
et la comptabilité. Ensuite, nous allons aborder la notion de Responsabilité Sociale des
Entreprises afin de ne pas confondre une entreprise traditionnelle optant pour la RSE avec une
entreprise sociale. Dans un dernier temps, nous allons exposer les pistes d’articulation entre les
entreprises sociales et le développement durable, ou comment l’économie sociale et solidaire
et le développement durable contribuent l’un à l’autre.

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2. Cadre conceptuel de l’entrepreneuriat social :


Pour résoudre les problèmes sociaux, le temps est certainement venu pour développer une
nouvelle forme d’entrepreneuriat. Selon Dees (1998), l’idée de l’entrepreneuriat social combine
la passion d'une mission sociale avec une image de discipline, d'innovation et de détermination.
Il déclare que nous avons toujours eu des entrepreneurs sociaux, même si nous ne les appelions
pas ainsi. Ces derniers sont amenés ainsi à développer de nouveaux modèles afin de rendre les
institutions du secteur social plus efficaces. L’entrepreneuriat social peut inclure, en plus des
entreprises innovantes à but non lucratif, des entreprises commerciales à vocation sociale et des
organisations hybrides mélangeant des éléments à but non lucratif et à but lucratif. Dees définit
l’entrepreneuriat social alors en combinant les notions de création de valeur tirées de Say, les
agents d'innovation et de changement de Schumpeter, la recherche d'opportunités de Drucker
et le savoir-faire de Stevenson.
Selon Reis (1999), l'entrepreneuriat social est animé par deux forces majeures. Premièrement,
la nature du changement social souhaité bénéficie souvent d'une solution entrepreneuriale
innovante. Deuxièmement, la pérennité de l'organisation et de ses services nécessite une
diversification de ses sources de financement, incluant souvent la création de flux de revenus
gagnés ou un partenariat avec un organisme à but lucratif. En réponse à ces forces différentes,
mais interdépendantes, les organisations à but non lucratif et leurs dirigeants prennent des
décisions cruciales pour inventer ou développer de nouveaux modèles entrepreneuriaux.
L’exemple le plus connu des entreprises sociales est celui de la Grameen Bank créée par
Mohammed Yunus. La finalité de cette banque était de lutter contre la pauvreté à travers des
micro-crédits, accordés aux petits entrepreneurs, suffisants pour financer des entreprises
génératrices de revenus : décorticage de riz, réparation de machines, achat de vaches laitières,
chèvres, tissus, poterie, etc. (Yunus et Al, 2010).
Dans cette même voie de réflexion, Mair et Marti (2004) considèrent l'entrepreneuriat social au
sens large, comme un processus qui implique de l’innovation et de la combinaison de ressources
pour rechercher des opportunités permettant de catalyser le changement social et/ou répondre
aux besoins sociaux.
Ces définitions ont en commun le fait que la motivation sous-jacente de l'entrepreneuriat social
est de créer de la valeur sociale, plutôt que de la richesse personnelle et actionnariale. Le cadre
conceptuel de l'entrepreneuriat social fait généralement référence au phénomène d'application
de l'expertise commerciale sur le secteur social, alors que les conceptualisations plus générales
de l'entrepreneuriat social font référence à une activité innovante avec un objectif social dans
le secteur privé ou à but non lucratif, ou dans les deux. Austin JE. et Al. (2007, pp.424)
définissent l'entrepreneuriat social comme « une activité innovante et créatrice de valeur
sociale qui peut se produire au sein ou à travers le secteur à but non lucratif, commercial ou
gouvernemental. »
2.1. Définition de l’entrepreneuriat social et de ses composantes
En effet, le niveau conceptuel de l’entrepreneuriat social a fait ressortir plusieurs termes
(entreprise sociale, entreprise de l’économie sociale, entrepreneur social…etc.) qui ont été
employés indistinctement pour aborder une même idée, dont la mission centrale est sociale.
Plusieurs auteurs ont proposé des définitions que nous citerons dans le tableau suivant :

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Tableau 1 Définition de l'entrepreneuriat social et de ses composantes

Auteurs & Années Définitions


Entrepreneuriat social
Year Alvord,
Brown, &
Letts L'entrepreneuriat social crée des solutions innovantes aux problèmes
(2004) sociaux immédiats et mobilise les idées, les capacités, les ressources
et les dispositions sociales nécessaires pour des transformations
sociales durables.
Saïd Business L'entrepreneuriat social peut être défini comme une approche
School (2005) professionnelle, innovante et durable du changement systémique qui
résout les défaillances du marché social et saisit les opportunités.
Mort, L'entrepreneuriat social est une construction multidimensionnelle
Weerawardena, & impliquant l'expression d'un comportement entrepreneurial vertueux
Carnegie (2002) pour réaliser la mission sociale, une unité cohérente de but et d'action
face à la complexité morale, la capacité de reconnaître les
opportunités de création de valeur sociale et les caractéristiques clés
de prise de décision d'innovation, de proactivité et prise de risque.
Entrepreneur social
Dees (1998) Les entrepreneurs sociaux jouent le rôle d'agents de changement dans
le secteur social, en :
• Adoptant une mission pour créer et maintenir une valeur
sociale (pas seulement une valeur privée)
• Recherchant sans relâche de nouvelles opportunités pour
servir cette mission,
• s'engageant dans un processus d'innovation, d'adaptation et
d'apprentissage continu,
• agissant avec audace sans être limité par les ressources
actuellement disponibles, et
• faisant preuve d'un sens accru de la responsabilité envers les
circonscriptions desservies et pour les résultats obtenus.
Entreprise sociale
Haugh & Tracey Les entreprises sociales sont des entreprises qui commercent à des
(2004) fins sociales. Ils combinent innovation, entrepreneuriat et objectif
social et cherchent à être financièrement viables en générant des
revenus du commerce. Leur mission sociale donne la priorité au
bénéfice social au-dessus du profit financier, et si un excédent est
réalisé, il est utilisé pour promouvoir les objectifs sociaux du groupe
bénéficiaire ou de la communauté, et non distribué à ceux qui
détiennent un intérêt de contrôle dans l'entreprise.
Source : Mair & Marti, 2004
Toutes ces délimitations nous permettent de proposer une définition du concept
« Entrepreneuriat Social », qui peut être considéré comme un ensemble d’activités innovantes
qui s’appuient sur des opportunités et des missions génératrices d’une valeur sociale. Ces
dernières peuvent être la cause d’une cohésion sociale et des changements radicaux qui
s’inscrivent dans une logique solidaire.

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2.2. Les écoles de pensée de l’entrepreneuriat social :


Trois grandes écoles de pensée de l’entrepreneuriat social peuvent être distinguées à savoir :
l’école des ressources marchandes, l’école de l’innovation sociale et l’école des dynamiques
entrepreneuriales dans le 3eme secteur (Defourny & Nyssens, 2010 ; Crama, 2014).
• L’école des ressources marchandes est une école de pensée américaine qui se focalise sur
l’entreprise sociale, soutenant que la finalité sociale est le facteur qui différencie en fin de
compte l’entreprise sociale de l’entreprise classique. Elle se concentre sur la mobilisation
des ressources marchandes et le recours aux méthodes des affaires. Ceci peut être perçu
comme une solution aux problèmes de financement auxquels font face les organisations à
but non lucratif.
• L’école de l’innovation sociale, également d’origine américaine, met l’accent sur
l’entrepreneur. Elle considère que c’est la personne de l’entrepreneur social, sa créativité,
son dynamisme et son leadership, ainsi que la nature de l’innovation et l’ampleur de
l’impact social de l’organisation qui caractérisent principalement l’entreprise sociale. Ce
courant de pensée associe donc l’entrepreneuriat social au concept d’innovation sociale.
• L’école des dynamiques entrepreneuriales dans le 3eme secteur : elle est européenne.
Cette approche de l’entrepreneuriat social diffère principalement des précédentes en ce
qu’elle fait apparaître, en plus de la dimension économique et de la dimension sociale, une
dimension reflétant la structure de gouvernance, se référant aux bases du concept
d’économie sociale et solidaire. Elle insiste en effet sur des modèles spécifiques de
gouvernance comprenant deux aspects, à savoir un processus de décision démocratique et
des contraintes sur la distribution des bénéfices.

3. Distinction entre entrepreneuriat social et Économie Sociale et


Solidaire :
3.1. Définition de l’économie sociale et solidaire :
Afin de clarifier l’ambiguïté entre l’entrepreneuriat social et l’économie sociale et solidaire, il
nous semble nécessaire de mettre le point sur cette économie plutôt particulière. Non seulement
l’économie a fait son entrée dans les activités sociales et culturelles, mais les pratiques sociales
aussi ont intégré la gestion, les budgets, la planification et la comptabilité. La place de
l’économie est, cependant, soumise à une finalité sociale, ou plus exactement au développement
de la personne humaine. Defourny & Develtere (2009) admettent que le concept de l’économie
solidaire est né afin de mettre clairement en avant la solidarité comme caractéristique essentielle
de ce type d’économie, contrairement à l’économie capitaliste traditionnelle. Ça a permis de
faire une distinction entre les formes organisationnelles de l’économie sociale et les
mécanismes des organisations de solidarité plus récents à travers la mise en place des initiatives
plus participatives, tels que le soutien des enfants et des personnes âgées, les problèmes
environnementaux, les systèmes d’échanges locaux et l’agriculture durable. Ces organisations
sont fondées sur un mécanisme de réciprocité qui repose sur des ressources monétaires et non
monétaires, des ressources marchandes et non marchandes, des emplois rémunérés et de
bénévolat.
Étant donné que l’économie sociale et solidaire peut prendre diverses orientations, Boutillier et
Allemand (2010, pp. 9-14) annonce qu’« elle peut être définie par les acteurs qui en sont le
support (entrepreneurs, particuliers, salariés, etc.), par les formes organisationnelles qu’elle
revêt (société anonyme, association, fondation, coopérative, entreprise mutualiste, etc.) ou bien
encore en fonction des activités (insertion professionnelle, commerce équitable, aide aux
personnes âgées, manifestations culturelles et/ou sportives, etc.). » L’ESS se caractérise ainsi
par trois entrées : acteurs, organisations et activités.

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On peut dire alors que l’économie sociale et solidaire s’engage auprès de l’Homme et de la
nature, avec une certaine mise à distance du motif du profit. Cela ne veut pas dire que les
organisations de l’ESS ont des finalités sociales uniquement, ça reste une économie, et toute
économie a besoin d’une rentabilité pour survivre.
Plusieurs auteurs, au cours des années précédentes, ont essayé de donner une définition à
l’Économie Sociale et Solidaire. Certes, chacun d’entre eux se penche sur un élément différent
de l’autre, mais toutes leurs approches explicatives se rencontrent sur des aspects communs.
Pour délimiter le secteur de l’économie sociale, Desroche s’est basé sur des composantes
fondamentales et des composantes incertaines et Vienney a proposé une définition qui repose
sur les paramètres juridiques des organisations, leurs activités économiques et leurs structures
sociales. Defourny, de sa part, appréhende le secteur de l’économie sociale et solidaire par la
compréhension des valeurs, de ce fait, on parviendra à mettre en avant la solidarité comme
caractéristique essentielle de ce type d’économie. Parmi les définitions les plus récentes, Laville
mise sur la dimension sociopolitique de l’économie solidaire, la multiplicité des ressources
permet ainsi de configurer des rapports entre la société et l’économie. (Desroche, 2017)
3.1.1. Les finalités de l’ESS :
Plusieurs chercheurs en économie sociale et solidaire (Develtere, Lévesque, Boncler, Mendell,
Eme, Fonteneau, Boutilier…) partagent la même vision quant à la finalité de cette économie,
qu’on peut illustrer comme suit :
Figure 1 Les finalités sociales et économiques de l'ESS

Participation

Fonction
Investissement
économique et
volontaire
sociale

Economie
Sociale et
Solidaire

Dimension
Autonomie
collective

Solidarité

Source : Fonteneau et Al, 2010


En associant des objectifs sociales et économiques, l’économie sociale et solidaire entraîne un
renforcement du lien social, une autonomie de gestion, une prise de décision de façon
démocratique, une utilité collective…
3.1.2. Les composantes de l’Economie sociale et Solidaire
L’ESS regroupe des structures sous différents statuts qu’on va citer ci-dessous :

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Les coopératives :
L’Alliance Coopérative Internationale définie la coopérative comme étant, « une association
autonome de personnes unies volontairement pour répondre à leurs besoins et aspirations
économiques, sociaux et culturels communs par le biais d'une entreprise détenue conjointement
et contrôlée démocratiquement. » Ce qui veut dire qu’une coopérative, afin de répondre aux
besoins de la communauté, prend un aspect surtout associatif sans pour autant se détacher du
motif de profitabilité.
Au Maroc, la coopérative est régie par la loi marocaine n°112-12, qui la définie comme « un
groupement de personnes physiques et/ou morales, qui conviennent de se réunir pour créer une
entreprise, leur permettant la satisfaction de leurs besoins économiques et sociaux, et qui est
gérée conformément aux valeurs et principes fondamentaux mondialement reconnus en matière
de coopération. » Elle se distingue nettement des entreprises capitalistes, puisqu’elle ne
recherche ni le profit, ni la puissance maximale et qu’elle répartit entre ses membres les profits
en fonction du travail fourni.
Les associations :
Le Dahir n° 1-58-376 du 3 Joumada I, 1378 (15 novembre 1958) définit l’association comme
une « convention par laquelle deux ou plusieurs personnes physiques mettent en commun d'une
façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des
bénéfices. » On peut dire alors qu’il s’agit d’une relation contractuelle entre deux ou plusieurs
acteurs qui décident de partager leurs activités ou leurs savoir-faire pour obtenir un objet
commun autre que le partage de bénéfices. Autrement dit, c’est un organisme à but non lucratif
qui fait naitre des obligations et des droits à ces membres. Une association a donc la possibilité
de se former et d’exister librement sans autorisation ni déclaration.
Les mutuelles :
Selon le Dahir n°1-57-187 du 24 Joumada II 1383 (12 novembre 1963), les sociétés mutualistes
sont définies comme étant « des groupements à but non lucratif, qui, au moyen de cotisation de
leurs membres, se proposent de mener dans l'intérêt de ceux-ci ou de leur famille, une action
de prévoyance, de solidarité et d'entraide tendant à la couverture des risques pouvant atteindre
la personne humaine. » Par conséquent, la société mutualiste vise à rembourser une partie des
frais médicaux engagés, offrir des aides et secours, créer et gérer des œuvres sociales et enfin
créer des caisses autonomes de décès et d’allocation de retraite.
Les fondations :
Une fondation peut être définie comme étant une affectation de patrimoine par une personne
morale ou physique pour une cause publique et c’est à but non lucratif. C’est-à-dire qu’un
individu peut ouvrir une structure, dite fondation, en transférant une partie de ces biens privés
au service de quelque chose public sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire. Des
quatre grandes structures de l’économie sociale et solidaire, la fondation constitue la
composante la plus récente. (Nervaux, 2015).
3.1.3. Les dimensions de continuité et de rupture entre l’ESS et l’entrepreneuriat social :
« L’entrepreneuriat social est un mouvement d’entreprises, l’économie sociale et solidaire est
un mouvement social qui s’est tourné vers des préoccupations entrepreneuriales », c’est ainsi
que Draperi (2011, pp 43-50) a distingué entre les deux termes en ajoutant que cette économie
oublie des fois de se focaliser sur sa finalité principale qui est d’utilité sociale. À défaut de
laisser les entrepreneurs sociaux obéir au capitalisme, l’économie sociale et solidaire doit être
capable de les persuader de s’appuyer sur leurs valeurs initiales.
Selon Fraisse L. et Al. (2015), il existe quatre dimensions qui s’interrogent sur la continuité ou
la rupture entre l’ESS et l’entrepreneuriat social à savoir :
• La place de l’entrepreneur qui « s’est inscrite à la fin des années 2000 à la fois en
complémentarité et en critique de l’économie sociale et solidaire, comme dans le

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courant des années 1980-1990 l’économie solidaire avait pu le faire vis-à-vis de


l’économie sociale ». Ces auteurs ont considéré l’entrepreneur social comme une
personne capable d’apporter une réponse innovante à un problème social important, au
moyen d’une diversité de ressources renouvelées.
• La référence au marché et à l’entreprise : L’entrepreneuriat a une continuité
remarquable avec l’économie sociale, puisque les composantes de cette dernière
(coopérative, mutuelle, association) s’approprient la notion d’entreprise. Néanmoins,
l’entreprise sociale, en plus de sa finalité sociale, est menée à renforcer ses ressources
marchandes dans son budget afin d’éviter de dépendre des financements publics. Cette
hybridation de ressources fait émerger un point de rupture entre les tenants de l’ESS et
les tenants de l’entrepreneuriat social, vu que ces derniers s’intéressent surtout à
l’intégration dans le marché.
• La gouvernance et la démocratie interne : le fonctionnement démocratique « une
personne = une voix », entretenu par les organisations de l’ESS, est un principe qui
permet de les distinguer des entreprises capitalistes. Or, l’entrepreneuriat social peut
considérer la mise en œuvre d’une démarche RSE afin d’atteindre des objectifs sociaux
et environnementaux. « La différence majeure avec les entreprises pratiquant la RSE
tient au fait que, dans ces dernières, les propriétaires sont les actionnaires alors que
dans les entreprises de l’économie sociale, les propriétaires sont ses parties prenantes,
dans le cadre d’une lucrativité nulle ou limitée des fonds investis. » Ceci dit, il y’a une
rupture entre les deux concepts qui se manifeste dans la différence entre une entreprise
sociale située au sein de l’ESS et une entreprise dite sociale du fait qu’elle s’inscrit dans
une démarche RSE.
• Le projet : Cette dimension correspond à la finalité des services rendus par
l’entrepreneuriat social et l’économie sociale et solidaire. Les entreprises de l’ESS
rendent des services à leurs membres, alors que l’entrepreneuriat social vise
essentiellement à générer du profit tout en ayant une finalité sociale, sociétale, et
environnementale.

4. Genèse et définition du développement durable :


C’est dans les années 60 que les sociétés ont constaté que les activités économiques génèrent
des dommages écologiques (déchets, fumée d'usine, flux d'eau, etc.). Le concept du
développement durable s’est ainsi construit et a fait sa première apparition dans le rapport de
« notre avenir à tous ». Selon la Commission mondiale de l’environnement et du
développement, le développement durable est l’ensemble des voies de progrès humain qui
répondent aux besoins et aux aspirations de la génération actuelle sans compromettre la capacité
des générations futures à répondre à leurs besoins. L’objectif majeur est alors de satisfaire les
besoins fondamentaux (nourriture, logement, emploi…) d’un grand nombre de personnes, ainsi
que de leur offrir une meilleure qualité de vie correspondant à leurs aspirations. (Brundtland,
1987).
Brundthland (1987, pp. 29-31) annonce dans son rapport que « l'application du concept de
développement durable pour assurer la sécurité alimentaire nécessite une attention
systématique au renouvellement des ressources naturelles. Cela nécessite une approche
holistique centrée sur les écosystèmes aux niveaux national, régional et mondial, avec une
utilisation coordonnée des terres et une planification minutieuse de l'utilisation de l'eau et de
l'exploitation des forêts. » Autrement dit, il faut viser la satisfaction des besoins tout en prenant
en compte l'évolution du potentiel productif de l'écosystème. Vu la complexité de ce processus,

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le développement durable nécessite des réformes politiques, un accès équitable aux


connaissances et aux ressources, et une répartition plus juste au sein et entre les nations.
4.1. Les trois piliers du développement durable :
Le développement durable est souvent réduit à la dimension environnementale, pourtant le
concept englobe une triple préoccupation : sociale, environnementale et économique (Huens,
2007) qui peut être illustrée comme suit :
Figure 2 Les trois piliers du développement durable

Source : Huens, 2007

• Le pilier Économique : Pour que la croissance économique n’évolue pas aux dépens de
l’environnement et le social, le développement durable consiste à modifier les pratiques
de production et de consommation. Selon Hamel (2012, pp 248), « Sa durabilité
présuppose le maintien et la transmission de la capacité productive d'une génération à
l'autre. »
• Le pilier Social : Afin de maintenir ou d’obtenir une qualité de vie pour tout le monde,
le développement durable vise la satisfaction des besoins de bases, la lutte contre
l’exclusion sociale, l’accès aux biens et aux services publics, l’amélioration des
conditions de travail…etc.
• Le pilier Environnemental : cela implique de protéger et conserver les ressources
naturelles (eau, air, faune, flore) et de préserver la capacité de reproduction des
écosystèmes. (Hamel, 2012).
4.2. Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) :
Vu qu’il n’existe pas de définition concertée ni de consensus sur la responsabilité sociale des
entreprises (RSE), il faut placer des pratiques volontaires d’entreprises qui s’engagent dans des
actions sociales, sociétales et environnementales afin de délimiter cette notion (Peeters, 2004).
Quoi qu’il en soit, la commission des communautés européennes (2001) admet que « La plupart
des définitions de la responsabilité sociale des entreprises décrivent ce concept comme
l'intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs
activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes. »

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C’est dans ce sens que la norme ISO 26000 (2010) a défini la RSE comme étant la responsabilité
d’une entreprise par rapport à l’impact de ces décisions sur la société et sur l’environnement.
Son objectif est de contribuer au développement durable tout en prenant en compte les attentes
des parties prenantes.
Dans leur lecture et analyse de l’ouvrage fondateur « Social Responsibilities of the
Businessman d’Howard Bowen en 1953 », Acquier et Gond (2005) montrent que cet auteur a
défini la RSE, nommée aussi « morale d’entreprise », comme étant l’engagement des hommes
d’affaires à suivre des politiques et à prendre des décisions qui contribuent à l’amélioration de
la société. Ce qui veut dire que les entreprises doivent prioriser les valeurs de la société et les
placer en dessus des leurs. Bowen considère la responsabilité sociale de l’entreprise comme une
alternative pour concilier économie et société.
Comme indiqué dans le tableau ci-dessous, il existe une multitude de définitions proposées par
plusieurs auteurs qui montrent qu’il y a un lien explicite entre l’historique et l’évolution de la
RSE (Baba S. et Al., 2019).
Tableau 2 La genèse du concept de Responsabilité Sociale des Entreprises

Le concept Les auteurs Les fondements

Vision normative de la
Responsabilité sociale Bowen (1953) ; Carroll responsabilité sociale, frontières
des entreprises (1979); Davis (1960) entre les sphères économique et
sociale

Ackerman (1973) ; Carroll


Réactivité sociale des La capacité des entreprises à
(1979); Preston et Post
entreprises répondre aux défis sociaux
(1975)

Carroll (1979); Wood


Performance sociale (1991); Sethi (1975); Un modèle de performance sociale
des entreprises Wartick et Cochran (1985); des entreprises
Wood et Jones (1995a)

Performance sociale Clarkson (1995); Donaldson Nouvelle conceptualisation de


des entreprises et et Preston (1995); Freeman l'entreprise dans un écosystème de
parties prenantes (1984); Post et al. (2002) parties prenantes

Un modèle qui encastre les


Citoyenneté entreprises au cœur de leurs
Logsdon et Wood (2002)
d'entreprises responsabilités vis-à-vis de leurs
parties prenantes

La relation entre responsabilité


Durabilité des Steurer et al (2005); Van
sociale des entreprises et leur
entreprises Marrewijk (2003)
stabilité/durabilité
Source : Baba et Al., 2016
Ce qui pousse les entreprises traditionnelles à s’investir dans la RSE c’est leur volonté à
contribuer au développement durable, puisque c’est un créateur de valeur. Leur finalité
dominante demeure la recherche de profit, alors que les dimensions sociales et
environnementales sont considérées comme objectifs dérisoires (El Yamani K. et Al., 2019).

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Comme on l’a déjà évoqué, la finalité de l’entrepreneuriat social est en premier lieu, d’ordre
social. C’est une approche motivée par le développement de la personne humaine et de
l’environnement (Humberg K., 2014). Par conséquent, il ne faudrait pas confondre ces
entreprises avec les entreprises sociales, qui de leur côté, visent à mettre la personne humaine
au centre des préoccupations économiques. Certes, toute entreprise sociale doit être rentable,
mais uniquement pour assurer sa viabilité, du moment qu’une grande partie des bénéfices sont
réinvestis dans l’entreprise.

5. Le lien entre les entreprises sociales et le développement durable :


Selon le rapport de Brundthland (1987), le concept de développement durable implique des
limites imposées par la situation actuelle de la technologie et de l'organisation sociale aux
ressources environnementales, qui peuvent être à la fois gérées et améliorées pour faire place à
une nouvelle ère de croissance économique. D’autres limites concernent la capacité de la
biosphère à absorber les effets des activités humaines. Quelques entreprises sociales, à travers
leur capacité de sensibilisation et de transformation sociale, sont appropriées aux activités du
développement durable et cherchent à modifier le comportement des consommateurs par la
promotion d'un style de vie moins nuisible à l'environnement. C’est dans ce sens que
l’entrepreneuriat social peut s’intéresser au domaine de la gestion des déchets, par exemple,
tout en proposant des solutions innovatrices concernant la réduction et le recyclage des déchets.
La Commission de Brundthland (1987) estime que la pauvreté généralisée n'est plus une
fatalité. Par ailleurs, l’entrepreneuriat social vise à répondre aux besoins fondamentaux de
l’humanité de manière durable (Fayolle A. & Omrane A., 2014) à travers la lutte contre le
chômage, la vulnérabilité, et les disparités sociales, chose qui permet de garantir un
développement durable qui respecte les droits de l’Homme. Cependant, l’entrepreneur social
pourrait mettre en avant des principes et des valeurs éthiques tels que le développement durable,
la responsabilité sociale, le commerce équitable, la solidarité… (Boutillier, 2008)
Dans un contexte théorique, Gendron (2011, pp. 44) a identifié quatre modalités
d’articulation entre l’économie sociale et le développement durable :
Tout d’abord, le développement durable implique la modification des modes de production et
de consommation afin de mettre fin aux problèmes d’environnements causés par les déchets.
Selon cet auteur, « les questions environnementales questionnent la pertinence de
l'autonomisation de la sphère économique à travers l'idée que leur résolution nécessite une
participation des acteurs sociaux. » Ceci dit, les problèmes environnementaux mettent en
évidence la nécessité d’envisager l’économie dans une perspective sociale.
En deuxième lieu, Gendron (2011, p 44) parle de l’interface entre l’économie sociale et le
développement durable en montrant que les deux concepts ne se superposent pas en totalité.
« C'est la dimension sociale de l'économie sociale qui contribue à la dimension sociale du
développement durable, mais le développement durable comporte aussi d'autres dimensions —
l'environnement et l'économie — qui n'intègrent pas nécessairement l'économie sociale », il
faudrait alors saisir l’interface entre les deux, du moment que le développement durable
comprend d’autres aspects qui ne sont pas forcément inclus dans l’économie sociale.
Ensuite, l’idée qui revient à maintes reprises est qu’on peut considérer l’économie sociale
comme un moyen permettant d’atteindre le développement durable. Cette économie, grâce à
ses valeurs, prend un rôle primordial et privilégié axé vers les processus de transformation
socioéconomiques.
Parmi les exigences du développement durable et qui favorise l’économie sociale et solidaire,
Crétiéneau (2010) a cité :
• L’évolution des modes de production et de consommation (la simplicité volontaire,
l’agriculture biologique, l’économie de proximité, l’épargne éthique …)

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• La considération des politiques sociales et environnementales, et des politiques


d’accompagnement des projets citoyens.
• La sensibilisation et l’éducation à un développement durable.
En dernier lieu, l’économie sociale et le développement durable contribuent l’un à l’autre, du
fait qu’on trouve des caractéristiques, dans toutes les entreprises de l’économie sociale, en
harmonie avec les principes du développement durable, « notamment en ce qui concerne la
prise de décision démocratique, l'insistance sur l'implication citoyenne, la prise en compte
possible de l'internalisation des questions environnementales ainsi que la redistribution des
revenus dans la communauté. ».

6. Conclusion :
L’économie sociale et solidaire est une économie qui se caractérise par une dimension de
réciprocité, c’est-à-dire l’idée que l’on doit travailler pour la communauté, et non par obligation
légale ni pour en recevoir un revenu, mais au nom de la conscience qu’appartenant à une société,
on lui doit quelque chose et qu’elle assurera nos besoins. Ceci fait référence à des principes de
justice et d’égalité.
En outre, l’entrepreneuriat social, ayant une certaine continuité avec l’économie sociale et
solidaire, est une activité économique qui se déroule dans un environnement social qui peut
vraiment constituer un levier fondamental au développement durable. Les objectifs de ce
dernier peuvent être considérés comme des défis mondiaux complexes qui nécessitent plusieurs
actions innovantes pour les relever. Les entrepreneurs sociaux peuvent jouer un rôle important
à cet égard, en raison de leur prédisposition dans la société à résoudre des problèmes que d'autre
négligent ou ne peuvent pas résoudre de manière aussi efficace (Lubberink, 2019).
Par conséquent, le développement durable, en plus de la fusion de ces trois éléments ; équité
sociale, respect de l’environnement et réussite commerciale, permet à une entreprise sociale de
créer de la valeur d’une manière durable. De même, plusieurs entreprises sociales, pour ne pas
généraliser, en plus de leur mission sociale, accordent un grand intérêt à l’environnement
(Jansen F., De Hoe R., 2014).
De manière générale, les entreprises sociales, qu’elles appartiennent à l’économie sociale et
solidaire ou se dénomment ainsi uniquement pour leur finalité sociale et environnementale et
leur investissement dans la RSE, contribuent activement au développement durable et
participent à l’accomplissement de ces exigences.
Ce chevauchement du développement durable avec les aspirations des entreprises sociales
pourrait être considéré comme une solution alternative face aux défis posés par les crises
économiques, sociales et environnementales. On peut dire alors que la promotion de cette forme
d’entrepreneuriat durable, social et solidaire va changer la donne, plus particulièrement pour
les populations les plus vulnérables.

Références :
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