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Résumé :
Afin de répondre aux besoins urgents de la société, plusieurs entreprises à but social ont vu le jour, cherchant ainsi
à réconcilier entre croissance économique, cohésion sociale et respect de l’environnement. D’une part, les
entreprises traditionnelles qui contribuent au développement durable se voient principalement dans la RSE. Leur
finalité dominante demeure la recherche de profit, alors que les dimensions sociales et environnementales sont
considérées comme objectifs dérisoires. Dans un second lieu, l’entrepreneuriat social, faisant irruption dans le
monde de l’économie sociale et solidaire, vise à répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité de manière
durable à travers la lutte contre le chômage, la vulnérabilité, et les disparités sociales, chose qui permet de garantir
un développement socialement durable qui respecte les droits de l’Homme.
Dans notre travail de recherche, nous avons opté pour une étude purement théorique. De ce fait, nous avons procédé
tout d’abord par une conceptualisation des termes phares pour clarifier l’ambiguïté entre l’entrepreneuriat social
et l’économie sociale et solidaire, vu que non seulement l’économie a fait son entrée dans les activités sociales et
culturelles, mais les pratiques sociales aussi ont intégré la gestion, les budgets, la planification et la comptabilité.
Ensuite, nous avons abordé la notion de Responsabilité Sociale des Entreprises afin de ne pas confondre une
entreprise traditionnelle optant pour la RSE avec une entreprise sociale. Dans un dernier temps, nous avons exposé
les pistes d’articulation entre les entreprises sociales et le développement durable, ou comment l’économie sociale
et solidaire et le développement durable contribuent l’un à l’autre.
Mots clés : Entrepreneuriat social, ESS, entreprise sociale, développement durable, RSE.
Classification JEL : B55, L31, Q01.
Type d’article : Article théorique
Abstract:
In order to meet the urgent needs of society, several companies with a social purpose have emerged, seeking to
reconcile economic growth, social cohesion and respect for the environment. On the one hand, traditional
companies that contribute to sustainable development are mainly seen in CSR. Their dominant purpose remains
the search for profit, while the social and environmental dimensions are considered derisory objectives. Secondly,
social entrepreneurship, bursting into the world of the social and solidarity economy, aims to meet the basic needs
of humanity in a sustainable way through the fight against unemployment, vulnerability, and social disparities,
which makes it possible to guarantee a socially sustainable development that respects human rights.
In our research work, we opted for a purely theoretical study. As a result, we first proceeded by conceptualizing
the key terms to clarify the ambiguity between social entrepreneurship and the social and solidarity economy,
given that not only has the economy made its entry into social and cultural activities, but social practices have also
integrated management, budgets, planning and accounting. Then, we mentioned the notion of Corporate Social
Responsibility so as not to confuse a traditional company opting for CSR with a social company. Finally, we
exposed the articulation between social enterprises and sustainable development, or how the social and solidarity
economy and sustainable development contribute to each other.
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1. Introduction :
L’entrepreneuriat, au sens large, peut être défini comme étant « le fait de mobiliser des
ressources en vue de lancer des projets et de créer des entreprises dont les produits ou les
services répondent à des besoins de la société. Au total, l’entrepreneuriat semble être un
paradigme dynamique de création d’exploitation, d’opportunité d’affaires, ou encore
d’innovation pour la création de nouvelles entreprises génératrices de valeur » (Naouar et
Neffati, 2016, pp. 165-174). De même, un entrepreneur est un individu qui se distingue du
salarié, puisqu’il est libre d’organiser son travail selon ce qui lui convient. Selon Berry et
Deshayes (2020), l’entrepreneur a longtemps été décrit par les économistes classiques comme
étant un acteur économique qui s’intéresse surtout à la maximisation du profit. Sauf que cette
définition a été critiquée par des sociologues, notamment Shumpeter qui l’associe à
l’innovation.
Afin de renforcer le tissu social, une nouvelle forme d’entrepreneuriat a été envisagée qui n’est
rien d’autre que l’entrepreneuriat social. Ce dernier vise à trouver des solutions innovantes à
des problèmes sociaux et veille surtout au bien-être de la société à travers des actions ayant un
impact social telles que la lutte contre le chômage la pauvreté, l’exclusion …
Autant que pratique, l’entrepreneuriat social existe depuis longtemps, sauf que le terme en
question « entrepreneuriat social », qui vient de l’expression anglophone « social
entrepreneurship », n’est apparu pour la première fois aux États-Unis qu’au début des années
1980 (Janssen et Al., 2012). Selon Derkaoui et Al. (2021, pp. 240-251), l’entrepreneuriat social
peut être défini comme « une activité innovante basée sur un ensemble d’opportunités et de
missions qui créent de la valeur sociale. Ces dernières génèrent principalement des
changements radicaux impactant toutes les parties prenantes de la société ». L’objectif
primordial est donc la création de valeurs sociale et collective à finalité durable, plutôt que de
s’intéresser au profit (Alexandre, 2013).
Selon cet auteur, créer une entreprise sociale pour une cause environnementale fait partie d’une
société qui met en place des mesures de politique publique relatives au développement durable.
En effet, le développement durable signifie que la croissance doit se faire dans le respect de la
nature et des Hommes, la durabilité est alors atteinte là où les objectifs économiques, la
responsabilité sociale et la préservation de l’environnement se rejoignent. Rémillard et Wolf
(2009, pp. 29-43) admettent que le développement durable « apparaît comme une nouvelle
convention « responsable », qui oriente les conduites des entreprises selon une perspective de
création de valeur à long terme ». C’est en effet un concept qui rassemble trois préoccupations :
une préoccupation sociale, une autre environnementale et finalement économique. Par ailleurs,
les problèmes environnementaux font ressortir la nécessité de considérer l’économie dans une
perspective sociale.
Dans notre travail de recherche, nous allons procéder tout d’abord par une conceptualisation
des termes phares pour clarifier l’ambiguïté entre l’entrepreneuriat social et l’économie sociale
et solidaire, vu que non seulement l’économie a fait son entrée dans les activités sociales et
culturelles, mais les pratiques sociales aussi ont intégré la gestion, les budgets, la planification
et la comptabilité. Ensuite, nous allons aborder la notion de Responsabilité Sociale des
Entreprises afin de ne pas confondre une entreprise traditionnelle optant pour la RSE avec une
entreprise sociale. Dans un dernier temps, nous allons exposer les pistes d’articulation entre les
entreprises sociales et le développement durable, ou comment l’économie sociale et solidaire
et le développement durable contribuent l’un à l’autre.
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On peut dire alors que l’économie sociale et solidaire s’engage auprès de l’Homme et de la
nature, avec une certaine mise à distance du motif du profit. Cela ne veut pas dire que les
organisations de l’ESS ont des finalités sociales uniquement, ça reste une économie, et toute
économie a besoin d’une rentabilité pour survivre.
Plusieurs auteurs, au cours des années précédentes, ont essayé de donner une définition à
l’Économie Sociale et Solidaire. Certes, chacun d’entre eux se penche sur un élément différent
de l’autre, mais toutes leurs approches explicatives se rencontrent sur des aspects communs.
Pour délimiter le secteur de l’économie sociale, Desroche s’est basé sur des composantes
fondamentales et des composantes incertaines et Vienney a proposé une définition qui repose
sur les paramètres juridiques des organisations, leurs activités économiques et leurs structures
sociales. Defourny, de sa part, appréhende le secteur de l’économie sociale et solidaire par la
compréhension des valeurs, de ce fait, on parviendra à mettre en avant la solidarité comme
caractéristique essentielle de ce type d’économie. Parmi les définitions les plus récentes, Laville
mise sur la dimension sociopolitique de l’économie solidaire, la multiplicité des ressources
permet ainsi de configurer des rapports entre la société et l’économie. (Desroche, 2017)
3.1.1. Les finalités de l’ESS :
Plusieurs chercheurs en économie sociale et solidaire (Develtere, Lévesque, Boncler, Mendell,
Eme, Fonteneau, Boutilier…) partagent la même vision quant à la finalité de cette économie,
qu’on peut illustrer comme suit :
Figure 1 Les finalités sociales et économiques de l'ESS
Participation
Fonction
Investissement
économique et
volontaire
sociale
Economie
Sociale et
Solidaire
Dimension
Autonomie
collective
Solidarité
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Les coopératives :
L’Alliance Coopérative Internationale définie la coopérative comme étant, « une association
autonome de personnes unies volontairement pour répondre à leurs besoins et aspirations
économiques, sociaux et culturels communs par le biais d'une entreprise détenue conjointement
et contrôlée démocratiquement. » Ce qui veut dire qu’une coopérative, afin de répondre aux
besoins de la communauté, prend un aspect surtout associatif sans pour autant se détacher du
motif de profitabilité.
Au Maroc, la coopérative est régie par la loi marocaine n°112-12, qui la définie comme « un
groupement de personnes physiques et/ou morales, qui conviennent de se réunir pour créer une
entreprise, leur permettant la satisfaction de leurs besoins économiques et sociaux, et qui est
gérée conformément aux valeurs et principes fondamentaux mondialement reconnus en matière
de coopération. » Elle se distingue nettement des entreprises capitalistes, puisqu’elle ne
recherche ni le profit, ni la puissance maximale et qu’elle répartit entre ses membres les profits
en fonction du travail fourni.
Les associations :
Le Dahir n° 1-58-376 du 3 Joumada I, 1378 (15 novembre 1958) définit l’association comme
une « convention par laquelle deux ou plusieurs personnes physiques mettent en commun d'une
façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des
bénéfices. » On peut dire alors qu’il s’agit d’une relation contractuelle entre deux ou plusieurs
acteurs qui décident de partager leurs activités ou leurs savoir-faire pour obtenir un objet
commun autre que le partage de bénéfices. Autrement dit, c’est un organisme à but non lucratif
qui fait naitre des obligations et des droits à ces membres. Une association a donc la possibilité
de se former et d’exister librement sans autorisation ni déclaration.
Les mutuelles :
Selon le Dahir n°1-57-187 du 24 Joumada II 1383 (12 novembre 1963), les sociétés mutualistes
sont définies comme étant « des groupements à but non lucratif, qui, au moyen de cotisation de
leurs membres, se proposent de mener dans l'intérêt de ceux-ci ou de leur famille, une action
de prévoyance, de solidarité et d'entraide tendant à la couverture des risques pouvant atteindre
la personne humaine. » Par conséquent, la société mutualiste vise à rembourser une partie des
frais médicaux engagés, offrir des aides et secours, créer et gérer des œuvres sociales et enfin
créer des caisses autonomes de décès et d’allocation de retraite.
Les fondations :
Une fondation peut être définie comme étant une affectation de patrimoine par une personne
morale ou physique pour une cause publique et c’est à but non lucratif. C’est-à-dire qu’un
individu peut ouvrir une structure, dite fondation, en transférant une partie de ces biens privés
au service de quelque chose public sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire. Des
quatre grandes structures de l’économie sociale et solidaire, la fondation constitue la
composante la plus récente. (Nervaux, 2015).
3.1.3. Les dimensions de continuité et de rupture entre l’ESS et l’entrepreneuriat social :
« L’entrepreneuriat social est un mouvement d’entreprises, l’économie sociale et solidaire est
un mouvement social qui s’est tourné vers des préoccupations entrepreneuriales », c’est ainsi
que Draperi (2011, pp 43-50) a distingué entre les deux termes en ajoutant que cette économie
oublie des fois de se focaliser sur sa finalité principale qui est d’utilité sociale. À défaut de
laisser les entrepreneurs sociaux obéir au capitalisme, l’économie sociale et solidaire doit être
capable de les persuader de s’appuyer sur leurs valeurs initiales.
Selon Fraisse L. et Al. (2015), il existe quatre dimensions qui s’interrogent sur la continuité ou
la rupture entre l’ESS et l’entrepreneuriat social à savoir :
• La place de l’entrepreneur qui « s’est inscrite à la fin des années 2000 à la fois en
complémentarité et en critique de l’économie sociale et solidaire, comme dans le
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• Le pilier Économique : Pour que la croissance économique n’évolue pas aux dépens de
l’environnement et le social, le développement durable consiste à modifier les pratiques
de production et de consommation. Selon Hamel (2012, pp 248), « Sa durabilité
présuppose le maintien et la transmission de la capacité productive d'une génération à
l'autre. »
• Le pilier Social : Afin de maintenir ou d’obtenir une qualité de vie pour tout le monde,
le développement durable vise la satisfaction des besoins de bases, la lutte contre
l’exclusion sociale, l’accès aux biens et aux services publics, l’amélioration des
conditions de travail…etc.
• Le pilier Environnemental : cela implique de protéger et conserver les ressources
naturelles (eau, air, faune, flore) et de préserver la capacité de reproduction des
écosystèmes. (Hamel, 2012).
4.2. Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) :
Vu qu’il n’existe pas de définition concertée ni de consensus sur la responsabilité sociale des
entreprises (RSE), il faut placer des pratiques volontaires d’entreprises qui s’engagent dans des
actions sociales, sociétales et environnementales afin de délimiter cette notion (Peeters, 2004).
Quoi qu’il en soit, la commission des communautés européennes (2001) admet que « La plupart
des définitions de la responsabilité sociale des entreprises décrivent ce concept comme
l'intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs
activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes. »
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C’est dans ce sens que la norme ISO 26000 (2010) a défini la RSE comme étant la responsabilité
d’une entreprise par rapport à l’impact de ces décisions sur la société et sur l’environnement.
Son objectif est de contribuer au développement durable tout en prenant en compte les attentes
des parties prenantes.
Dans leur lecture et analyse de l’ouvrage fondateur « Social Responsibilities of the
Businessman d’Howard Bowen en 1953 », Acquier et Gond (2005) montrent que cet auteur a
défini la RSE, nommée aussi « morale d’entreprise », comme étant l’engagement des hommes
d’affaires à suivre des politiques et à prendre des décisions qui contribuent à l’amélioration de
la société. Ce qui veut dire que les entreprises doivent prioriser les valeurs de la société et les
placer en dessus des leurs. Bowen considère la responsabilité sociale de l’entreprise comme une
alternative pour concilier économie et société.
Comme indiqué dans le tableau ci-dessous, il existe une multitude de définitions proposées par
plusieurs auteurs qui montrent qu’il y a un lien explicite entre l’historique et l’évolution de la
RSE (Baba S. et Al., 2019).
Tableau 2 La genèse du concept de Responsabilité Sociale des Entreprises
Vision normative de la
Responsabilité sociale Bowen (1953) ; Carroll responsabilité sociale, frontières
des entreprises (1979); Davis (1960) entre les sphères économique et
sociale
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Comme on l’a déjà évoqué, la finalité de l’entrepreneuriat social est en premier lieu, d’ordre
social. C’est une approche motivée par le développement de la personne humaine et de
l’environnement (Humberg K., 2014). Par conséquent, il ne faudrait pas confondre ces
entreprises avec les entreprises sociales, qui de leur côté, visent à mettre la personne humaine
au centre des préoccupations économiques. Certes, toute entreprise sociale doit être rentable,
mais uniquement pour assurer sa viabilité, du moment qu’une grande partie des bénéfices sont
réinvestis dans l’entreprise.
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6. Conclusion :
L’économie sociale et solidaire est une économie qui se caractérise par une dimension de
réciprocité, c’est-à-dire l’idée que l’on doit travailler pour la communauté, et non par obligation
légale ni pour en recevoir un revenu, mais au nom de la conscience qu’appartenant à une société,
on lui doit quelque chose et qu’elle assurera nos besoins. Ceci fait référence à des principes de
justice et d’égalité.
En outre, l’entrepreneuriat social, ayant une certaine continuité avec l’économie sociale et
solidaire, est une activité économique qui se déroule dans un environnement social qui peut
vraiment constituer un levier fondamental au développement durable. Les objectifs de ce
dernier peuvent être considérés comme des défis mondiaux complexes qui nécessitent plusieurs
actions innovantes pour les relever. Les entrepreneurs sociaux peuvent jouer un rôle important
à cet égard, en raison de leur prédisposition dans la société à résoudre des problèmes que d'autre
négligent ou ne peuvent pas résoudre de manière aussi efficace (Lubberink, 2019).
Par conséquent, le développement durable, en plus de la fusion de ces trois éléments ; équité
sociale, respect de l’environnement et réussite commerciale, permet à une entreprise sociale de
créer de la valeur d’une manière durable. De même, plusieurs entreprises sociales, pour ne pas
généraliser, en plus de leur mission sociale, accordent un grand intérêt à l’environnement
(Jansen F., De Hoe R., 2014).
De manière générale, les entreprises sociales, qu’elles appartiennent à l’économie sociale et
solidaire ou se dénomment ainsi uniquement pour leur finalité sociale et environnementale et
leur investissement dans la RSE, contribuent activement au développement durable et
participent à l’accomplissement de ces exigences.
Ce chevauchement du développement durable avec les aspirations des entreprises sociales
pourrait être considéré comme une solution alternative face aux défis posés par les crises
économiques, sociales et environnementales. On peut dire alors que la promotion de cette forme
d’entrepreneuriat durable, social et solidaire va changer la donne, plus particulièrement pour
les populations les plus vulnérables.
Références :
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rencontre du RIUESS Réseau Interuniversitaire de l’Économie Sociale et Solidaire -
Reims.
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