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Pierre Pelouzet, Médiateur des Entreprises, présente les

principaux enjeux des acteurs de l'agroalimentaire à propos de la


loyauté des pratiques et plus particulièrement les achats
responsables

La dimension économique de la RSE est souvent négligée ou mal connue. Pourtant, il s’agit d’une
dimension essentielle des démarches de responsabilité des entreprises correspondant à une des 3
piliers du Développement durable.

L’objectif de la Médiation des entreprises, autorité placée auprès du ministre de l’Economie, est
d’examiner les pratiques commerciales entre clients et fournisseurs et de d’intervenir à l’amiable en
cas de litige pour restaurer de la confiance entre les entreprises et favoriser les bonnes pratiques.

En tant que médiateur des relations commerciales, mon rôle est d’être au service des décideurs
économiques, au service des entreprises et des acheteurs du public comme du privé. En effet, la RSE
implique la prise en compte des parties prenantes, en écoutant leurs points de vue, en contribuant à
leurs plans d’actions, pour tenir compte de leurs attentes. Concrètement, il s’agit d’examiner certains
points comme le délai de paiement des factures, les clauses contractuelles, le respect de la propriété
intellectuelle, ou le délai de visibilité sur les carnets de commande par exemple.

Chaque année, nous traitons près de mille cas de médiations. Toute l’équipe de la Médiation travaille
sur l’éthique des affaires, sur l’équilibre des relations ayant à coeur de replacer l’humain au centre
des pratiques commerciales. Ainsi lors des réunions avec les acteurs de la filière des industries
agroalimentaires, plusieurs constats sont identifiables :

• leurs plaintes répétées sur les relations déséquilibrées et brutales,


• le rapport de force omniprésent lors des négociations commerciales annuelles,
• les vives critiques des industriels vis-à-vis de la grande distribution.
Pourtant j’observe en tant que médiateur, que les acteurs économiques partagent des analyses
communes sur les tendances de leur filière, sur les changements des habitudes des consommateurs,
sur les nouveaux entrants, mais également sur les menaces qui risquent de tous les impacter, ayant
de fait une communauté de destin économique et stratégique.

Or les lois successives pour régler les relations commerciales (donner les références à l’écran), ne
peuvent pas tout régler entre les acteurs qui détiennent une partie de la solution pour améliorer
leurs relations au sein de la filière et cesser de détruire de la valeur en diffusant le concept d’achats
responsables.

Face à cette menace importante, en 2014, les grands acteurs comme l’ANIA, Coop de France et la
FCD notamment ont eu le courage de s’appuyer sur le label « Relations Fournisseurs et Achats
Responsables » (RFAR). Lancé par la Médiation des entreprises et le Conseil National des Achats, il
permet de mesurer l’état des pratiques des acheteurs dans les relations à tous les étages de la filière
et se l’approprier. Cette démarche autour du label a été très vertueuse, puisqu’elle a permis un
premier dialogue pour se mettre d’accord entre représentants de la filière sur ce qu’on appelle les
bonnes et les mauvaises pratiques. 45 structures étaient labélisées dont deux de l’agroalimentaires
pour la mise en œuvre de ce label. Cependant cela reste trop peu pour impacter les relations dans
cette filière qui connait des tensions importantes. La confiance n’est pas suffisamment installée.

Mettre en place la RSE au niveau d’une entreprise, implique


• une décision au niveau d’une direction générale,
• un engagement quotidien par chaque collaborateur
• non pas un changement spectaculaire, mais un état d’esprit permanent,
• un changement radical de conception du business qui demande d’aligner beaucoup d’actions
sur le terrain avant de devenir visible.
Il faut à la fois une vision long terme et le sens de l’action et de l’exécution, sans trop d’aversion au
risque, à l’essai, à l’erreur.

Ma recommandation, c’est de considérer que le plus grand risque en matière de RSE c’est de ne rien
faire et de ne rien essayer. Il faut donc oser se lancer et se fixer des objectifs concrets, raisonnables,
atteignables et rapides, qui vont de plus en plus et de mieux en mieux satisfaire les parties
prenantes : les clients, les fournisseurs, les collaborateurs, les actionnaires. Une fois la dynamique
enclenchée, les opportunités de progrès sont multiples y compris en matière de performance
économique.

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