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Section 3 : le lien entre la RSE et la performance

La responsabilité sociale des entreprises prend de plus en plus d’importance dans le monde
des affaires.

La RSE fait référence à la manière dont les entreprises intègrent les préoccupations sociales,
environnementales et économiques dans leurs opérations commerciales et leurs interactions
avec les parties prenantes.

La relation entre la RSE et la performance des entreprises fait l'objet de recherches et de


débats.

1. Théorie :

D’après F. Quairel (2006), la performance globale représente la contribution de l’entreprise


aux objectifs de développement durable. Elle s’inscrit dans le cadre du contrôle de la RSE,
impliquant théoriquement l’intégration et l’équilibre entre les objectifs économiques,
environnementaux, et sociaux. 1

Selon les propos de Mocquet, A.C (2005), l'émergence croissante de la Responsabilité Sociale
des Entreprises (RSE) conduit les sociétés à revoir en profondeur ce que recouvre la notion de
performance. Cela les incite à engager une réflexion approfondie et à adopter de nouvelles
méthodes pour superviser et orienter cette performance réévaluée.

En effet, l'émergence de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) a eu pour effet


d'élargir la définition de la performance. Cela s'est réalisé en intégrant des aspects sociaux
dans les stratégies opérationnelles des entreprises, conduisant ainsi à une conception de la
performance selon trois dimensions : économique, sociale et environnementale (Gray, 2000 ;
Paine, 2003).

1
ILMEN, F. (2020). Etude de causalité entre les déterminants des indicateurs de la Responsabilité Sociale des Entreprises et le pilotage de la
performance globale: proposition d’un modèle explicatif. Revue Française d'Economie et de Gestion, 1(4).
Figure 1 : Décomposition de la performance globale

Source : Reynaud, 2003

Pour mettre en œuvre et superviser la stratégie de RSE, il est nécessaire de considérer


simultanément les trois dimensions de la performance. Cela implique de s'assurer d'une
implication stratégique des parties prenantes, qu'elles soient internes ou externes à l'entreprise.
(Kaplan et Norton, 1992 ; Porter et Kramer, 2002).

Dans ce cadre, plusieurs travaux académiques ont tenté de trouver une corrélation entre la
performance et la RSE. (Murphy, 2002 ; Patten, 2002 ; Margolis et Walsh, 2003 ; d’Orlitzky
et al., 2003 ; Mahoney et Robert, 2007).
Que ce soit dans le domaine théorique ou empirique, la majorité de ces contributions suscitent
des débats, mais convergent unanimement sur l'aspect ambigu de cette relation.

Selon (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2007), la RSE peut être envisagée comme la réaction de
l'entreprise face aux enjeux sociaux et environnementaux. Cela passe par l'adoption de
stratégies et de dispositifs de contrôle, de suivi, d'évaluation et de communication qui
intègrent de nouvelles approches pour mesurer la performance économique. Ainsi, Le concept
de RSE valorise ainsi l’idée d’une performance globale et multidimensionnelle, et non pas
seulement financière.2

Cependant, pour rendre opérationnelle la RSE et évaluer les performances liées à la société,
un concept émergent est devenu couramment connu sous le nom de « Performance Sociétale
des Entreprises (PSE) ».

Ce nouveau concept englobe l'ensemble des recherches et travaux sur la RSE. Selon Essid
(2009, p73), la notion de Performance Sociétale des Entreprises représente une synthèse
consolidée des diverses études portant sur la RSE. Il soutient que la PSE constitue la manière
dont les actions et pratiques de la RSE se traduisent en termes de performance.3

Dans cette perspective, Carroll (1979) a établi un lien fondamental entre la RSE et la
performance, contribuant ainsi à édifier les fondements d'une performance dérivée des
principes de la RSE.

Pour ce faire, l'auteur a élaboré un modèle englobant quatre catégories de responsabilités pour
les entreprises :

- Dimension économique : réaliser des bénéfices et une rentabilité pour les actionnaires.
- Dimension légale : se conformer à la réglementation en vigueur.
- Dimension éthique : adopter une conduite d'entreprise en adéquation avec les attentes
de la société.
- Dimension philanthropique : s'engager et soutenir certains groupes sociaux au-delà des
obligations imposées par la loi.

Figure 2 : La pyramide de Carroll (1979)

2
LAGUIR, Lamia Laure. Systèmes de contrôle de gestion soutenables et développement des pratiques RSE. 2016. Thèse de doctorat.
Sorbonne Paris Cité.
3
Essid, M. (2009). Les mécanismes de contrôle de la performance globale : le cas des indicateurs non financiers de la RSE (Doctoral
dissertation, Université Paris Sud-Paris XI).
Source : Golli et Yahiaoui, (2009).

2. Impact de la RSE sur la performance :

Les efforts visant à illustrer les avantages issus de l'incorporation du développement durable
dans le domaine des affaires ont motivé de nombreuses études portant sur les liens entre la
RSE et la performance. Les diverses théories examinant cette corrélation ont engendré des
conclusions empiriques diverses et variées. Alors que certains travaux mettent en évidence
une corrélation positive entre la RSE et la performance, d'autres indiquent plutôt une
corrélation négative, générant ainsi des résultats contrastés dans ce domaine d'étude.

 L’impact positive :

Plusieurs auteurs soulignent une corrélation positive entre la mise en œuvre de la RSE et une
série d'avantages significatifs. Selon Chatzoglou et ses collaborateurs (2017), l'adoption de la
RSE peut engendrer divers bénéfices tels qu'une augmentation de la qualité, une réduction des
coûts opérationnels, amélioration de la productivité, une meilleure perception de l'entreprise
et de sa marque, une augmentation de la fidélité des clients, accroitre l’engagement des
employés et surtout, une amélioration de la performance financière des entreprises
(Chatzoglou et al., 2017).
Les partisans de cette perspective, initiée par Freeman (1984), avancent que les entreprises, en
tant qu'institutions ancrées dans la société, ont un devoir social et devraient contribuer au
bien-être de la communauté (Sharma et al., 2018). Ils soutiennent également que les
entreprises doivent répondre aux besoins de leurs principales parties prenantes pour garantir la
pérennité de leurs activités (Prianto et al., 2020). Selon Baric (2017), la qualité de la relation
entre l'entreprise et ses parties prenantes représente un facteur essentiel qui influe sur la
réussite de l'entreprise dans sa volonté de se différencier de ses concurrents et de créer un
avantage concurrentiel durable.

Selon NgokEvina (2017), la RSE peut agir comme un levier pour améliorer la performance et
la rentabilité des investissements. D'autre part, Maignan et Ralston (2002) soutiennent que la
performance représente la principale motivation des entreprises dans leur adoption de
comportements RSE, ce qui signifie que l'intégration d'actions RSE impacte positivement les
divers aspects de la performance de l'entreprise.

Nous pouvons ainsi affirmer que lorsqu’une entreprise met en place une stratégie RSE
orientée soit vers ses parties prenantes internes soit vers ses parties prenantes externes, cela
engendre une amélioration globale de tous les domaines de son activité. Cette démarche
englobe l'ensemble du cycle de vie des produits, le processus de gestion, le circuit
décisionnel, et se projette à long terme en prenant en considération le respect des générations
futures. En parallèle, cette approche valorise l'image de l'entreprise et améliore la
communication avec les diverses parties prenantes qui accordent de plus en plus leur
confiance à l'entreprise. Cette confiance renforcée a un impact positif sur la performance
globale de l'entreprise.

Une représentation schématique de cette idée est présentée dans la figure ci-dessous :

Figure 3 : Conception du lien entre la démarche RSE et la performance de l’entreprise


L’adoption d’une politique socialement responsable par l’entreprise implique donc de
nouveaux principes et plans d’actions. Les principes et les plans d’actions effectivement mis
en œuvre influent directement la nature du lien entre la démarche RSE et les performances de
l’entreprise.

Ainsi, la RSE peut pousser les salariés à adopter des comportements citoyens affirment Tahri
et Igalens (2012), et les comportements socialement responsables constituent aujourd’hui un
avantage concurrentiel dans certains secteurs (Duong et Demontrond, 2003).4

En ce sens, la mise en œuvre d’une démarche RSE représente en fait une manière pour
réorienter la stratégie de l’entreprise vers des choix plus pertinents pour accompagner les
transformations de son environnement, satisfaire les intérêts légitimes des différentes parties
prenantes, et assurer sa performance globale à long terme.

 L’impact négative :

Certains analystes avancent qu'il existe une corrélation négative entre la RSE et la
performance, argumentant que les investissements dans des initiatives RSE peuvent entraîner
des coûts supplémentaires pour l'entreprise, la plaçant ainsi dans une position de désavantage
concurrentiel (Tanggamani et al., 2018). Cette perspective, portée notamment par Friedman
(1970) et d'autres économistes néoclassiques, défend l'idée que l'objectif principal d'une
entreprise est de maximiser ses profits.

4
NGOK EVINA, J.F. 2017, « vers une contribution de la RSE à la performance globale des entreprises : une étude empirique ». Disponible
sur : www.strategie-aims.com (consulté le 05/07/2019)
Plusieurs recherches ont corroboré cette argumentation en mettant en évidence une corrélation
négative entre la RSE et la performance des entreprises (Omar & Zallom, 2016 ; Tiurma &
Gantino, 2020). Par exemple, Omar & Zallom (2016) ont étudié l'impact des différentes
dimensions de la RSE sur la valeur marchande des entreprises jordaniennes. Leur analyse,
basée sur les données de 26 entreprises sur la période 2006-2010, a révélé que la RSE avait
diminué la valeur marchande des entreprises cotées à la Bourse d'Amman.

De la même manière, Tiurma & Gantino (2020) ont examiné un échantillon de 37 entreprises
opérant dans le sous-secteur des mines de charbon et des infrastructures, mettant en évidence
une corrélation négative entre la RSE et la performance financière mesurée par le ROA
(Return on Assets). Cette perspective suggère que les entreprises engagées dans des activités
de RSE subissent un désavantage concurrentiel du fait qu'elles supportent des coûts qui
auraient dû être pris en charge par d'autres entités.

La mise en œuvre de pratiques de RSE peut être coûteuse. Les entreprises peuvent avoir
besoin d'investir du temps et de l'argent dans la mise en place de nouvelles politiques et
procédures, la formation des employés, et la mise en conformité avec les réglementations
environnementales et sociales. Ces coûts initiaux peuvent avoir un impact négatif sur la
performance financière à court terme. De plus, la RSE peut également entraîner des
complications et des défis de gestion. Par exemple, la gestion des attentes et des demandes de
diverses parties prenantes peut être complexe et chronophage. De même, il peut être difficile
de concilier les objectifs sociaux et environnementaux avec les objectifs financiers.

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