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Répondre aux critiques de la RSE : perspectives plurielles

Introduction

De nos jours, la science l’affirme, le changement climatique est une réalité. Le climat a
considérablement changé depuis l’ère préindustrielle, et est en continuel changement. La
concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère ne cesse d’augmenter à des
niveaux jamais atteints (Veal and Mouzas, 2010). L’activité humaine est l’instigateur du
changement climatique et est ainsi à l'origine de pertes et de dommages considérables pour les
populations et les écosystèmes (IPCC, 2022). Il existe un consensus au sein de la communité
de la recherche de la réalité et de l’origine humaine du changement climatique (Oreskes,
2004, Meehl et al., 2007, Veal and Mouzas, 2010). Il est toujours possible de suivre des
scénarios de transition qui limiteraient la hausse des températures, et ainsi les pertes et
dommages liés pour nos sociétés (IPCC, 2022). De plus, les coûts et les risques liés à
l’inaction sont significativement plus élevés que ceux d’une transition immédiate (Stern,
2006).

Il y a ainsi un appel des scientifiques à agir pour mitiger le changement climatique, que ce soit
aux gouvernements (IPCC, 2022) ou aux entreprises (UN, 2019). Cependant, durant les
dernières décennies, les analystes financiers ont donné le dessus à une vision de la stratégie de
l’entreprise qui ne cherche qu’à maximiser le profit financier, au mépris de la considération
des enjeux de responsabilité sociale et de développement durable (Martinet, 2006). Cette
vision est basée sur celle de Friedman, qui en 1970, définissait que la seule responsabilité des
dirigeants d’une entreprise est de servir les intérêts de son « employeur », l’actionnaire, et
ainsi de maximiser le profit financier de l’entreprise pour son compte (Friedman, 1970).

Ainsi, malgré cet appel à lutter contre le changement climatique, dans la pratique, on constate
que les efforts des entreprises restent de nos jours insuffisants. Les grandes entreprises
reconnaissent la menace que représente le changement climatique, et une majorité d’entre
elles mettent en place des actions pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Quand
bien même certaines aient des objectifs et actions suffisants, si l’on prend les entreprises en un
ensemble, les objectifs ne permettent pas pour l’instant de maintenir la hausse des
températures sous les deux degrés par rapport à l’ère préindustrielle (Moodie, 2015).

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Cet appel à lutter contre le changement climatique demande une prise en considération par
l’entreprise, dans la détermination de ses objectifs stratégiques, de demandes
environnementales de différentes parties prenantes qui vont au-delà de ce qui est demandé par
la loi. Cette prise en considération est la définition, que nous retiendrons dans ce papier, du
concept de responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise (RSE) (Capron &
Quairel-Lanoizelée, 2004).

On observe une multitude d’exemples qui mettent en évidence le défi par certaines parties
prenantes de la mise en place d’une stratégie de responsabilité sociale et environnementale
(RSE) au sein de l’entreprise. On peut penser à Emmanuel Faber, qui après avoir mis en place
une stratégie RSE ambitieuse chez Danone, a été licencié par des actionnaires de Danone lui
reprochant la perte de profitabilité de l’entreprise (Daniel, 2021) ou à BlackRock, boycotté et
mis sur une liste noire par le Texas et d’autres états américains pour avoir mis en place une
politique d’investissement RSE excluant les entreprises du secteur des énergies fossiles
(Godeluck, 2022).

Quand l'on connait la nécessité de l'engagement des parties prenantes clés d’une entreprise
pour la mise en place de sa stratégie RSE (Mellahi et al., 2016), pour permettre aux
entreprises de s’engager dans des efforts de mitigation du changement climatique suffisants
pour limiter la hausse des températures à 1.5° au-delà des niveaux industriels comme prévu
dans l’accord de Paris en 2015, il faut lever les barrières à l’engagement des parties prenantes
pour la mise en place d’une stratégie RSE.

Ainsi se pose la question suivante : Comment convaincre les parties prenantes réticentes et
justifier la mise en place d'une stratégie RSE dans une organisation ?

Pour lever les barrières à l’engagement des parties prenantes clés dans la stratégie RSE, les
managers et dirigeants doivent être en mesure de répondre aux critiques de celles-ci sur la
stratégie RSE de l’entreprise. Il existe de nombreuses critiques de la RSE au sein du champ de
la recherche académique qui peuvent être sollicitées par les parties prenantes en question pour
défier les managers. Ainsi, une contribution de la recherche académique à la mitigation du
changement climatique doit être d’offrir une réponse aux différentes critiques qu’elle soulève
concernant la RSE.

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Ce papier proposera une liste des critiques de la RSE contenues dans la recherche
académique, au travers de quatre différentes lunettes (fonctionnaliste, culturaliste, politique,
socio-constructiviste). Une revue des réponses apportées à ces critiques sera présentée et ce
travail mettra en évidence des critiques laissées sans réponse par la recherche académique
dans le but de présenter des pistes productives pour la recherche future en RSE.

Une approche fonctionnaliste de la RSE

Lors d’un texte fondateur en 1970, Milton Friedman a développé l’argument que l’entreprise
n’a pas de responsabilité sociale, mais seulement une responsabilité individuelle des
gestionnaires à satisfaire l’actionnaire. Selon la théorie de l’agence, de façon légale et par
contrat, la seule responsabilité du gestionnaire est de maximiser le profit financier de
l’investisseur (Friedman, 1970).

En réponse à la théorie développée par Friedman s’est construit une vision fonctionnaliste de
la RSE. Le paradigme fonctionnaliste de la RSE repose sur deux hypothèses (El Akremi et al.,
2008). La première est qu’il existe une convergence des différents enjeux dans les champs
économique, social et environnemental ; soit que l’efficacité économique est équivalente à
l’efficacité sociale et écologique. La seconde est qu’il existe une corrélation positive entre la
performance sociétale (sociale et environnementale) et la performance financière de
l’entreprise. Une corrélation positive entre performance sociétale et la performance financière
de l’entreprise réconcilierait la critique de Friedman avec l’existence de la RSE dans la
responsabilité du gestionnaire.

Cependant, le lien entre performance financière et sociétale de l’entreprise est, lui aussi, sujet
à de nombreuses critiques. Dans un premier temps, il est vrai qu’ajouter la RSE à la
responsabilité financière de l’entreprise revient à multiplier les objectifs des gestionnaires.
Quand les objectifs d’une entreprise se multiplient, le résultat qui en découle est une perte
d’efficacité organisationnelle car les gestionnaires oublient les impératifs stratégiques de
l’entreprise (Orlitzky and Shen, 2013).
Un autre aspect clé d’une stratégie permettant de mener à un avantage concurrentiel est le
positionnement unique et différent d’une entreprise par rapport à ses rivaux sur son marché

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(Porter, 1996). Cependant, on observe que l’adoption de la RSE en pratique par les
organisations se traduit en une standardisation des pratiques adoptées (Levy & Kaplan, 2008;
Pedersen & Andersen, 2006). Les multinationales, entre autres, mais les entreprises en général
copient les stratégies RSE mises en place par les autres dans une course vers la légitimité
institutionnelle aux yeux de leurs parties prenantes (Orliztky, 2015). Ce phénomène
d’isomorphisme observé en RSE est contraire aux prémices de l’obtention de l’avantage
concurrentiel énoncées par Porter. En effet, comme nous venons de le défendre, une RSE
standardisée implique des ressources et capacités qui ne sont pas uniques à une firme et ne
peut donc pas permettre l’atteinte d’un avantage concurrentiel durable.

Non seulement la RSE ne permettrait pas d’obtenir un avantage concurrentiel durable, mais
de plus, l’on observe empiriquement qu’une meilleure performance RSE d’une entreprise ne
se traduit pas en une meilleure performance financière. En allant plus loin, une étude
empirique basée sur des données KLD, un index basé sur la notation des entreprises sur des
critères E (environnement), S (social), et G (gouvernance), de 1991 à 2009 montre que
l’adoption d’une stratégie RSE et donc la mise en œuvre d’initiatives RSE a pour
conséquence une baisse de la valeur économique de l’entreprise (Di Giuli & Kostovetsky,
2014).

En réponse à ces critiques, de nombreuses études sont venues développer le lien entre RSE et
atteinte d’un avantage concurrentiel. Ces études se basent sur la théorie des parties prenantes.
La performance sociale et environnementale (CSP) permet d’atteindre un avantage
concurrentiel dans la mesure où elle cultive des relations plus coopératives, favorables et
durables avec les différentes parties prenantes clés de l’entreprise en coopérant, et en étant
transparent et fiable avec celles-ci (Jones et al., 2018). Il existe quatre arguments
régulièrement mis en avant dans la littérature pour détailler comment la performance sociale
et environnementale mène à un avantage concurrentiel.

La performance sociale et environnementale mène à une amélioration de la réputation de


l’entreprise (Brammer & Pavelin, 2006), ce qui augmente la loyauté et la confiance des
consommateurs (Vlachos et al. 2009), et ainsi leur satisfaction et leurs intentions d’achat (Luo
and Bhattacharya, 2006). Cette amélioration de la réputation mène aussi à une plus grande
attractivité et rétention des talents pour les entreprises (Turban & Greening 1997).

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Les entreprises avec une performance sociale et environnementale améliorée montrent une
plus grande satisfaction de leurs employés et une meilleure rétention de ces derniers (Zhao et
al. 2020).
Le troisième argument est qu’avoir une meilleure relation avec l’entreprise pousse les parties
prenantes à partager avec celles-ci plus d’information, ce qui permet d’augmenter
l’innovation des entreprises en question (Harrison et al., 2010).
Enfin, une bonne performance sociale et environnementale permet de réduire les risques
(Orlitzky & Benjamin, 2001).

D’autres études sont elles venues prouver la causalité positive entre performance sociale et
environnementale et performance financière de manière empirique (Lourenço et al., 2012).
Cependant, ces dernières ne tiennent pas compte des facteurs modérant cette relation, dont
l’endogénéité, dans leurs méthodes d’analyse (Zhao & Murrell, 2022). Les dernières études
empiriques menées mettent en évidence l’existence d’un cercle vertueux entre la performance
sociale et environnementale et la performance financière (CFP), mais elles omettent dans leur
méthodologie d’analyse des variables modératrices possibles de la relation comme l’intensité
de la recherche en R&D, qui peut affecter positivement aussi bien la CSP et que la CFP. Ce
cercle vertueux et cette omission de variables modératrices dans les analyses sont à l’origine
de l’endogénéité. Zhao et Murrell ont ainsi mené deux études empiriques sur des données
KLD entre 1997 et 2012, et sur des données de Sustainalytics entre 2009 et 2018, en se basant
sur une méthode d’analyse statistique prenant en compte l’endogénéité. Leurs résultats sur les
deux échantillons montrent que la performance sociale et environnementale n’a pas de
causalité positive sur la performance financière.

L’existence d’un lien positif entre performance environnementale et performance financière


est à nouveau remis en cause. Il existe ainsi des études mettant en avant une causalité entre les
deux performances quand d’autres prouvent que cette causalité n’existe pas. Deux visions
s’affrontent donc : celle où la performance RSE augmente la performance financière et celle
où elle l’ampute.

La raison à cela est liée au choix des proxys utilisés dans les études pour mesurer la
performance sociale et environnementale (CSP). Il y a une multiplicité de proxys utilisés dans
la littérature pour mener à bien les études sur le lien de causalité entre performance sociale et
environnementale et performance financière (Ali & Jadoon, 2022). Ces derniers peuvent être

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classés en 3 catégories : les notations développées par des agences de notation indépendantes
comme l’index KLD, le DJSI, Sustainability Asset Management (SAM) ranking… ; les
proxys développés par les chercheurs eux-mêmes ; et ceux basés sur une analyse des
publications extra-financières d’une entreprise. Ali et Jadoon montrent dans leur étude que la
performance sociale et environnementale explique de manière significative la variation des
cours boursiers et que la RSE soutient la création de valeur pour les actionnaires.

Bien qu’Ali et Jadoon aient développé une analyse plus robuste, basée sur le Global
Sustainability Competiveness Index (GRI) et que leur méthodologie neutralise les problèmes
économétriques tels que l'autocorrélation, l'hétéroscédasticité et l'endogénéité, il ne semble
pas possible d’analyser avec justesse et rigueur le lien entre performance environnementale et
performance financière sans des proxys universels et reconnus comme tels par la recherche
académique en RSE.

Les scores ESG sont corrélés à la quantité de divulgations volontaires liées à l’ESG, mais pas
aux antécédents de conformité des entreprises ou aux niveaux réels d’émissions de carbone
des entreprises (Raghunandan & Rajgopal, 2022). Cette contradiction montre qu’il existe
différentes stratégies RSE à la disposition d’une entreprise (la divulgation d’informations, la
réduction des émissions de gaz à effet de serre, etc…), et que ces différentes stratégies ne sont
pas forcément corrélées. En effet, la divulgation d'indicateurs ESG par l'entreprise (une
stratégie RSE) ne traduit pas une bonne performance dans d’autres stratégies RSE (conformité
légale et émissions de CO2e). Ainsi, pour définir des proxys universels, il faut définir des
sous-catégories de la RSE pour étudier leur lien avec la performance financière. Par exemple,
quel est le lien entre émissions de gaz à effet de serre et performance financière de
l’entreprise. L’enjeu pour la recherche académique en RSE est de définir quelles sous-
catégories de la RSE et quels proxys sont pertinents à étudier pour maintenir la hausse des
températures par rapport à l’ère pré-industrielle sous les 1.5 degré.

Cet enjeu de construire des proxys universels de la RSE nous mène à aborder la RSE d’un
point de vue culturaliste et politique.

Une approche culturelle de la RSE

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L’étude des critiques de la RSE fonctionnaliste faite dans la partie précédente mène à la
recherche de proxys universels comme une première étape dans la démarche de légitimer la
RSE abordée d’une lunette fonctionnaliste face à ses critiques. Etablir des proxys universels
implique de détailler le concept de RSE en des sous-concepts plus précis qui seraient
universellement reconnus comme plus pertinents que les autres. En d’autres mots, la nécessité
serait un effort de normalisation des proxys et des concepts RSE à l’échelle mondiale.
D’autres chercheurs ont souligné cette nécessité (Ortiz & Hernández, 2023) et l’Union
Européenne s’est attelée à cette tâche en mandatant l’EFRAG (European Financial Reporting
Advisory Group) pour définir des standards de reporting extra-financier pour l’ensemble des
entreprises commerçant au sein de l’Union Européenne (Ibid).

Cependant, le contexte national d’une entreprise influence la façon dont la RSE sera abordée
par une entreprise. Plus précisément, l’approche de la RSE est conditionnée par les systèmes
politiques, financiers, culturels et de travail du pays ou de la région dans lequel l’entreprise
évolue (Matten & Moon, 2008). Les multinationales font face à des défis en RSE qui diffèrent
d’un pays à l’autre. La façon dont les gouvernements les influence à répondre à ces défis varie
aussi d’un pays à l’autre (Barin Cruz et Boehe, 2010).

Les institutions, l’histoire et la culture varient d’un pays à l’autre. Les systèmes politiques,
économiques, culturels, éthiques, et légaux sont différents entre la Chine, les Etats-Unis, et
l’Europe, à titre d’exemple, (Shengtian & Li, 2014), mais seront aussi différents entre un de
ces trois régions / pays et un pays d’Afrique sub-saharienne ou un pays d’Amérique du Sud.
Tout comme la conception de l’environnement naturel est propre à chaque pays. Ainsi, la
RSE est conçue théoriquement et mise en œuvre différemment entre chacune de ces régions
(Ibid). Chaque région essaie de prendre en compte ses spécificités culturelles pour faire
émerger les concepts et les pratiques de RSE appropriés à son contexte local, bien que la
conception américaine semble servir de point de départ à ses tentatives (Rabekolo & Giraud,
2022).

Ainsi, se baser sur des indicateurs (proxys) universels n’apparaît pas comme pertinent si l’on
approche la RSE d’un point de vue culturel. Cette conclusion met en avant une limite de la
conception de la RSE dans la littérature actuelle. Comment légitimer la RSE d’un point de
vue fonctionnaliste alors que se baser sur des proxys universels n’est pas pertinent en
observant la RSE comme une spécificité culturelle ? Ou alors peut-on admettre que la RSE ne

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doit pas prendre en compte les critiques d’un point de vue culturel ? Le changement
climatique étant un phénomène global qui affecte tous et toutes, indépendamment de leur
culture et une cause à celui-ci a été identifiée universellement : les émissions par l’homme de
gaz à effet de serre (GES) (Veal and Mouzas, 2010 ; IPCC, 2022).

Ces questions présentent des pistes de recherche pour la recherche académique dans l’objectif
de répondre aux critiques fonctionnalistes et culturalistes de la RSE

Une approche politique de la RSE

En m’appuyant sur la RSE comme une prise en considération par l’entreprise, dans la
détermination de ses objectifs stratégiques, de demandes environnementales de différentes
parties prenantes qui vont au-delà de ce qui est demandé par la loi (Capron & Quairel-
Lanoizelée, 2004), j’en suis arrivé à suggérer que la RSE abordée d’un point de vue
fonctionnaliste nécessite des proxys universels pour répondre à ses critiques. L’approche
culturelle de la RSE pose la question de la pertinence d’une universalité de la RSE, malgré
l’indéniable globalité du changement climatique. Observer la RSE avec une lunette politique
amène à une critique bien plus violente de celle-ci et de la nécessité de proxys et concepts
universels de la RSE.

En effet, « Si la RSE ne réfléchit pas au contexte dans lequel elle opère, elle va à l’encontre de
son projet même et aboutit à renforcer les pratiques néocoloniales, patriarcales et impérialistes
» (Paes et al., 2022). Ainsi par la suite seront détaillés des courants majeurs de critiques sur la
RSE abordée comme un phénomène politique.

La RSE comme définie dans ce texte implique des actions allant au-delà de ce qui est
demandé par la loi. Cette auto-régulation des entreprises traduit en réalité une stratégie non-
marchande qui a pour but d’éviter le développement et le vote de « hard law » plus
contraignantes pour les entreprises par les gouvernements (Chamayou, 2018). De plus, cette
auto-régulation qu’est la RSE n’est en fait qu’une stratégie utilisée par les multinationales
pour obtenir des avantages économiques et politiques (Banerjee, 2018). Par exemple, la mise
en œuvre de stratégies RSE coûteuses par les entreprises installées dans une industrie
représente une barrière à l’entrée sur cette industrie. Ainsi, les multinationales se servent des

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stratégies RSE pour protéger leurs positions sur le marché vis-à-vis de nouveaux entrants
potentiels, souvent plus petits et donc en incapacité de mettre en œuvre des politiques RSE
similaires ou équivalentes (McWilliams et al., 2002).

Au-delà de ce constat que les entreprises usent de la RSE comme un mécanisme pour les
multinationales de se protéger de la concurrence et donc de maintenir un statut quo aussi bien
régulatoire que de marché, la RSE permet aussi aux multinationales d’obtenir un droit durable
d’exploiter les ressources de pays en développement, et cela au détriment des acteurs locaux
(Banerjee, 2003). Cette approche est une approche marxiste-institutionnaliste de la RSE : la
RSE est un mouvement idéologique conçu pour renforcer le pouvoir des plus grandes
entreprises (Banerjee, 2004).

Dans un contexte d’émergence d’institutions de gouvernance au-delà de l’État-Nation,


l’entreprise socialement responsable s’impose comme acteur politique dans un monde
globalisé, où sont apparues des dynamiques de changement des interactions entre l’État, les
acteurs de la société civile et les entreprises (Scherer & Palazzo, 2007). La RSE est de ce
point de vue présentée comme une accaparation du pouvoir politique du gestionnaire public
(soit de l’Etat) par l’entreprise multinationale. C’est l’approche habermasienne de la RSE (El
Akremi et al., 2008). Pourtant, la légitimité des entreprises à exercer un pouvoir politique
reste à prouver (Pesqueux, 2006). Les gestionnaires privés ne possèdent ni la connaissance et
le jugement, ni la légitimité de prendre des décisions à propos d’enjeux sociaux et
environnementaux à la place des gestionnaires publics (Friedman, 1970).

La RSE est ici critiquée comme étant un mécanisme de domination des multinationales aussi
bien sur les Etats développés, que sur les Etats en développement, les autres entreprises et
ainsi la société dans son ensemble.

Cette nouvelle perspective sur la RSE amène à l’envisager comme non seulement un
mécanisme de domination des multinationales, mais comme un mécanisme de domination
d’une certaine élite.

Le constat réalisé ci-dessus que la stratégie RSE d’une entreprise se substitue à la politique
d’un gouvernement démocratiquement élu. Les entreprises sont appelées à compenser
l’inaction des gouvernements dans certains domaines sociaux et environnementaux.

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Cependant, l’inaction d’un gouvernement démocratiquement élu dans un domaine traduit le
rejet par la majorité électorale de la nécessité d’actions dans ces domaines. En imposant sa
stratégie RSE et en accaparant un rôle politique, la multinationale déjuge le choix de la
majorité électorale et impose la vision de ses parties prenantes saillantes à la société dans
laquelle elle applique sa stratégie RSE (Orlitzky, 2015). La RSE se présente ainsi comme un
mécanisme de domination des parties prenantes sur le reste de la société. Deux façons
d’observer cette conclusion émergent. La première est que la RSE est un mécanisme de de
domination des pays développés sur les pays en développement, soit une vision colonialiste
de domination « du Nord sur le Sud ». La seconde est que la RSE est un mécanisme de
domination des élites économiques sur le reste de la société, soit que la RSE est un
mécanisme permettant de soutenir le capitalisme.

Le processus de gestion des parties prenantes est en effet uniquement influencé par la
rationalité économique occidentale et constitue par conséquent une nouvelle forme de
colonialisme. La théorie des parties prenantes est une forme de colonialisme qui sert à
marginaliser les communautés locales des pays en développement, celles-ci étant considérées
comme des parties prenantes légitimes aux besoins urgents, mais dépourvues de pouvoir
(Banerjee, 2000). Les parties prenantes saillantes de l’entreprise ne sont pas toujours
représentatives du territoire dans lequel les entreprises développent ladite stratégie RSE
(Munshi, 2005). Les stratégies RSE propagent des discours néocoloniaux genrés et
maintiennent les communautés locales dans un état de dépendance matérielle vis-à-vis des
multinationales (Ozkazanc-Pan, 2019). Plus simplement, les mots employés par les
multinationales pour parler des stratégies RSE, comme « responsabilité », « sociale », «
entreprise », mais aussi « don », « solidarité », « aide », « développement », sont tous des
concepts qui s’inscrivent dans une histoire et une langue qui sont celles des pays développés
occidentaux et non celles des communautés locales des pays en développement. La langue
étant déterminante pour la pensée, imposer une langue revient à performer le sens. En
exprimant leurs stratégies RSE dans leur langue, les multinationales occidentales répètent des
mécanismes de domination des pays développés occidentaux sur les pays en développement
(Paes et al., 2022).

Non seulement, la RSE maintient les communautés locales dans une dépendance matérielle
vis-à-vis des multinationales mais les discours et pratiques RSE des multinationales
contribuent à construire les sociétés des pays en développement dans un modèle où les pays

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développés sont les personnages principaux du récit. Ce sont d’eux que proviennent les
actions environnementales et sociales, et cela dévalorise les autres acteurs (Guérillot et al.,
2022). Cette critique politique de la RSE dénonce que sont les pays développés qui décident
de ce qui est bon pour les pays en développement en y développant leurs stratégies RSE
(Jacquemot, 2015).

Il faut aller plus loin pour observer la deuxième compréhension de la conclusion. Ce ne


seraient pas non plus les parties prenantes qui motiveraient la mise en œuvre de stratégies
RSE dans les pays en développement. La RSE est une tactique qu’utilisent les élites
économiques pour manipuler les parties prenantes dans le but de maintenir leur position de
pouvoir économique et leur position sociale (Orlitzky, 2015). Il a été avancé plus haut que la
RSE permettait aux multinationales de renforcer leur pouvoir. Ainsi, la RSE apparaît comme
un mécanisme utilisé par les élites économiques les dirigeant pour renforcer leur pouvoir et la
domination des pays développés sur les pays en développement induite n’en est qu’une
conséquence.

Une dernière façon d’appréhender la RSE est de la voir comme domination de l’idéologie
sociale-démocrate sur les autres idéologies. La RSE est issue d’une conception sociale-
démocrate de l’entreprise, où celle-ci possède un rôle sociétal au-delà de subvenir aux besoins
de maximisation du profit des actionnaires. La RSE est un mécanisme d’imposition de cette
idéologie au reste de la société, qui ne suit pas forcément cette idéologie. Les convaincus du
libertarisme se trouvent imposés la RSE comme concept et réalité par les élites économiques
de « gauche » (Orlitzky, 2015). La réponse de la littérature à cette critique est celle présentée
précédemment lorsqu’était abordée la conception fonctionnaliste de la RSE. La RSE comme
un mécanisme permettant de maximiser le profit des actionnaires ne trouverait plus de critique
issue de l’idéologie libertarienne.

Le développement d’indicateurs (proxys) universels pour la RSE apparaît, selon la


vision politique développée ici, comme un nouveau mécanisme de domination des pays
développés, ceux de l’Union Européenne dans ce cas précis, sur le reste du monde, pays en
développement inclus. Cependant, les critiques de la RSE fonctionnalistes poussent bien à la
conclusion suivante : la RSE doit être encadrée par un cadre légal via une régulation
internationale pour avoir un succès universel sur le dérèglement climatique dans nos sociétés
contemporaines (Swaton, 2015). Ce paradoxe interroge. Malgré les critiques d’une vision

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politique et culturaliste de la RSE, il semble toujours exister ce besoin d’encadrer avec une
régulation universelle la RSE pour qu’elle puisse remplir sa mission qui est de mitiger le
dérèglement climatique.

La recherche académique fournit-elle des réponses pour concilier l’ensemble de ces critiques
de la RSE, qu’elles soient fonctionnalistes, culturelles, ou politiques ? A défaut de pouvoir
identifier une réponse claire, il est possible d’identifier des pistes de recherche que la
recherche académique se propose à elle-même pour essayer de concilier ces critiques.

La question adressée à la recherche académique est la suivante : qui doit définir cette
régulation universelle, ces proxys universels ? Comment accepter la recommandation du
GIEC aux entreprises de participer à la mitigation en prenant en compte les critiques de la
recherche académique sur la RSE ?
Je propose que le rôle de la recherche académique est de proposer une voie pour les
entreprises d’agir en prenant en compte les critiques fonctionnalistes, politiques et socio-
constructivistes, pour mitiger le changement climatique dans un scénario limitant la hausse
des températures à 1.5 degré au-dessus des niveaux préindustriels.

La recherche action participative (RAP), la technologie sociale (TS) ou encore « l’ecologia de


los sabere » sont trois explorations possibles pour les chercheurs dans cette démarche. Ces
différentes approches permettent de mobiliser de nouveaux cadrages théoriques et d’autres
dispositifs méthodologiques pour aller au-delà des connaissances actuellement produites par
la recherche académique (Ramboarisata et al., 2022).

Une autre voie pour la recherche académique est de déconstruire le récit RSE pour laisser la
place à d’autres récits, pluriels, portés par d’autres voix. Il convient de se poser la question de
comment la RSE est pensée dans les autres cultures pour multiplier et expérimenter d’autres
mondes conceptuels que celui des pays développés (Paes et al., 2022). Par exemple,
l’innovation pourra se baser sur les concepts de jom (« dignité »), de teranga (« hospitalité »),
de kersa (« pudeur, scrupule »), de ngor (« sens de l’honneur »), d’imihigo (« engagement
envers la communauté ») et d’explorer les possibles qu’ils peuvent produire (Sarr, 2016). Une
fois libéré de la vision véhiculée dans les pays développés occidentaux, il deviendra possible
d’apprendre à exprimer non seulement d’autres concepts, mais plus largement d’autres
manières de répondre à la crise climatique (Paes et al., 2022). Pour répondre à la crise

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climatique, la « RSE » est donc conviée à disparaître pour faire émerger un nouveau concept
intégrant la vision occidentale de la RSE mais aussi les visions des autres sociétés sur ce
phénomène.

Une approche socio-constructiviste de la RSE

Cette recommandation de faire émerger un nouveau concept intégrant de la RSE nous amène
à un dernier angle d’observation de ce phénomène. Faire émerger un nouveau concept est une
démarche socio-constructiviste, qui demande de faire évoluer la vision du phénomène que
l’on admet dans nos sociétés développées occidentales sous le terme de RSE.

La RSE est indéniablement un récit, et cela met en évidence son caractère construit (Paes et
al., 2022). Il est donc possible de déconstruire ce récit. Des chercheurs se sont déjà adonnés à
cet exercice.

Shamir (2010, p. 533) a ainsi critiqué le concept de la RSE en l’analysant comme « le produit
d’une crise capitaliste de la légitimité qui est survenue précisément au moment où les
entreprises multinationales ont acquis un pouvoir politique et économique sans précédent ».
La RSE ne serait simplement qu’une récupération par le capitalisme des critiques écologiques
émanant de l’espace public. Les concepts dits « verts » comme « RSE », « développement
durable » ou encore « ESG » sont la manifestation de cette reprise de la critique écologique
par le capitalisme dans les discours managériaux (Carbou & Verdier, 2022).

Par exemple, le concept de « développement durable » élaboré dans le rapport Brundtland en


1987 reprend dans un récit capitaliste la critique écologique radicale dont le propos même est
de contester la possibilité d’un développement infini dans un monde fini. Les autres concepts
« verts » sont d’autres critiques écologiques adaptées dans un moule capitaliste : croissance
« verte », business « éthique »… La critique écologique perdure cependant et remet en cause
dans la littérature scientifique et dans l’espace public la capacité des entreprises et des
concepts « verts » à répondre à la crise du changement climatique (Carbou & Verdier, 2022).
Cette même critique écologique est une origine de la rédaction de ce papier, papier qui essaie
d’apporter des réponses aux critiques de la RSE, les écologiques comprises, pour permettre de
lever des freins à la mitigation du changement climatique par les entreprises.

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Les critiques du récit de la RSE vont encore plus loin. Le capitalisme avec son récit de la RSE
ne serait pas en mesure de répondre à la crise climatique. Ce récit de RSE ne serait devenu
qu’une stratégie des élites capitalistes pour endormir le reste de la société, avant qu’une
fracture inévitable de la société ne s’opère et l’amène vers un futur autoritaire (Caillé, 2016 ;
Latour, 2017). D’autres récits avancent que le dialogue infécond entre capitalisme et crise
écologique ouvre la voie à l’émergence d’une société alternative (Caillé, 2016).

La critique socio-constructiviste avance de façon homogène que le capitalisme et donc le


concept de RSE ne peut pas répondre à la crise climatique et environnementale. La critique
écologique et le changement climatique constituent une critique radicale du capitalisme,
remettant en cause ses fondements inaliénables : le marché, l’argent, la marchandise, la
croissance… (Carbou & Verdier, 2022).

Une revue de la littérature académique ne m’a pas permis de dégager une réponse directe à
cette critique, cependant, il existe des possibles avenues qui peuvent être sollicitées pour
permettre aux chercheurs d’y répondre.

Conclusion

Le scientifique peut être un observateur neutre vis-à-vis de son objet d’étude (Quiroz, 2019).
Ainsi, les sciences naturelles comme la science du climat peuvent refléter la réalité, en étant
libre de tout jugement et influence de la part du chercheur. En d’autres mots, les sciences du
climat peuvent être objectives. Le GIEC, un groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat, a établi un consensus scientifique sur l’existence et la réalité du
changement climatique (Oreskes, 2004). Le GIEC affirme qu’il existe des chemins pour
mitiger le changement climatique, et que la participation des entreprises à cet effort de
mitigation est nécessaire (IPCC, 2022 ; UN, 2019). Ainsi, sur la base de ces informations, une
réponse à la critique socio-constructiviste de la RSE est envisageable. La recherche
académique peut explorer les récits de la nécessité des entreprises de participer aux efforts de
lutte contre le changement climatique, en mobilisant un nouveau concept qui intègre la vision
occidentale de la RSE mais aussi les visions des autres sociétés sur ce phénomène.

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L’objectif de ce travail de recherche a été de présenter l’état de l’art dans la littérature des
critiques fonctionnalistes, culturalistes, politiques et socio-constructivistes de la RSE et de
proposer des voies possibles de recherche pour y répondre, pour que la recherche académique
puisse contribuer à lever les freins à l’engagement dans les stratégies RSE des parties
prenantes réticentes des organisations.

La principale limite de cet article réside dans la définition retenue de la RSE. La dimension
environnementale de la RSE a été retenue, dans l’optique d’appréhender la RSE comme un
outil des entreprises pouvant mitiger le changement climatique. Le concept de RSE tel
qu’entendu dans nos sociétés occidentales englobe souvent d’autres dimensions, telle la
dimension sociale. Ce postulat de départ impose un biais dans le travail. Des recherches
futures pourraient ainsi observer la RSE à travers toutes ses dimensions pour étudier son rôle
et son impact sur le climat et nos sociétés.

(5384 mots, références et titres inclus)

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